(Onze heures douze minutes)
M.
Bérubé
: Je
veux réagir aux commentaires de François Legault quant aux Nordiques de Québec
et à leur retour. C'est assez amusant, la remarque de M. Legault. Il faudrait
lui dire que les Nordiques de Québec sont arrivés dans la Ligue nationale en
1979. À l'époque, il y avait un gouvernement indépendantiste à Québec. C'est
même René Lévesque qui a fait la mise au jeu officielle du premier match.
Alors, c'était à quelques mois d'un référendum qui était déjà annoncé.
Alors, ça montre, je pense, le désespoir de
M. Legault, et c'est difficile pour nous, ses anciens collègues, de constater
où il en est rendu dans son cheminement politique. Il nous rappelle de plus en
plus Camil Samson. Alors, c'est le genre d'argument qu'on s'attendait des
libéraux, mais pas de lui. Alors, mauvaise nouvelle pour lui, c'est d'abord les
affaires. Puis, en 1979, quand on a accordé quatre franchises à la Ligue
nationale de hockey, Hartford, Winnipeg, Edmonton et Québec, bien, Québec a été
choisie parce que c'était une ville de hockey. Puis, oui, il y avait un
gouvernement indépendantiste puis, en plus, il avait annoncé qu'il allait faire
un référendum quelques mois plus tard. La première mise au jeu avec Lévesque, c'est
en octobre 1979, lors du premier match contre les Flames d'Atlanta, perdu 5 à 3,
malheureusement, par les Nordiques, malgré trois buts de Réal Cloutier.
Alors, c'est ça que je voulais vous dire
sur l'affirmation de M. Legault ce matin. Je trouve ça assez particulier
d'utiliser ce genre d'argument là. Je pense que ça se retourne contre lui.
M. Boivin (Simon)
: M.
Legault dit aussi qu'il y a une leçon à tirer de l'investissement qui a été
fait dans une infrastructure sportive avant que soit confirmée l'arrivée d'une
équipe. Est-ce que vous êtes d'accord avec lui sur cet aspect-là?
M.
Bérubé
:
Bien, est-ce qu'il remet en question l'investissement qui a été fait pour
l'amphithéâtre de Québec? C'est la question que j'aimerais lui retourner, parce
que le Parti québécois a pris des risques, lui, pour qu'il y ait cet
amphithéâtre-là. Puis on n'en a pas retiré de gain politique, mais on l'a fait
parce que c'était la chose à faire à l'époque.
Et là cet amphithéâtre-là, on est fier qu'il
soit à Québec puis on est convaincu qu'on a une ville qui peut accueillir une
équipe de hockey sur la base des partisans, de la fièvre du hockey qu'on
retrouve. Et puis c'est sur cette base-là que ça va se faire. Mais je ne
comprends pas le raisonnement de M. Legault là-dessus.
M. Boivin (Simon)
:
Mais dans… On pourrait faire la même chose dans le cas du baseball à Montréal.
Est-ce que…
M.
Bérubé
:
Bien, le cas du baseball, pour bien connaître ce dossier-là puis l'avoir vécu
un peu comme ministre du Tourisme, responsable de la RIO, on est loin du
compte. Moi, j'aime beaucoup Denis Coderre, c'est un ami, il est allé à New
York plaider ça, mais on est au début d'un processus, c'est exploratoire. Donc,
je pense qu'on ne peut pas aller plus loin pour ce qui est du baseball. Le
hockey, c'est autre chose, beaucoup plus avancé dans le cas de Québec.
M. Croteau (Martin)
:
Dans un contexte d'élections partielles dans la région de Québec, est-ce que
vous craigniez que l'argument des Nordiques résonne et nuise à votre parti
dans…
M.
Bérubé
: C'est
tellement ridicule, tu sais. Puis M. Legault qui nous parle d'éthique des
affaires… J'aimerais ça qu'on aille parler à ses anciens associés d'Air
Transat, qu'ils nous parlent de l'éthique des affaires de M. Legault. Je pense
qu'il ne leur parle même plus. Alors, avant de critiquer M. Péladeau sur son
éthique des affaires, je pense qu'il devrait se questionner sur ça. C'est quoi,
lui, son éthique des affaires?
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Mais pensez-vous justement que ça a un lien avec les élections partielles, sa
déclaration de ce matin?
M.
Bérubé
:
Bien, je ne sais pas, mais on me dit que, dans Chauveau, ça ne va pas très bien
pour la CAQ. Alors là, il y a plein de gens qui ont quitté la CAQ au cours des
dernières années. D'ailleurs, on va rappeler que, s'il y a une partielle dans
Chauveau, c'est toujours bien parce que Gérard Deltell ne voulait pas rester à
la CAQ, là. C'est ça, la raison pour laquelle il y a une partielle, ce n'est
pas pour une autre raison que celle-là. Alors, s'il fallait que M. Legault
perde Chauveau, je pense qu'il y aura des réflexions à faire.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais M. Péladeau, son objectif, c'étaient les électeurs de la CAQ. Est-ce que
vous pensez que… L'objectif de M. Péladeau, c'était d'obtenir des électeurs
pour le PQ qui étaient aussi des caquistes, là. Est-ce que vous pensez que…
M.
Bérubé
: Mais
avec quelle phrase ou engagement?
M. Robillard (Alexandre)
:
Bien, il a répété à plusieurs occasions qu'il avait bon espoir de conquérir le
coeur des caquistes. Est-ce que vous pensez que la réaction de M. Legault
traduit quelque chose qui se mesure sur le terrain?
M.
Bérubé
: Ah! O.K.
Bien, je dirais qu'on sait que c'est plus difficile pour nous à Québec, mais il
est d'un volontarisme remarquable, M. Péladeau, parce qu'il fait les
partielles, il va dans Jean-Talon, il va dans Chauveau. On est confiants que
notre vote va progresser puis on aimerait remporter les deux partielles. Alors,
c'est une attitude, moi, qui me plaît beaucoup. Alors, il décide d'y aller, il
rencontre les gens puis il a une belle réponse, il est courageux, M. Péladeau.
Puis un de ses objectifs, qu'il nous a transmis au caucus puis également à ses collègues,
à l'ensemble de nos collaborateurs, c'est qu'à Québec on veut être présents
puis on veut faire des gains, puis ça commence avec ces partielles-là où on
pense qu'on va faire progresser notre vote, puis on prend les moyens pour que
ça arrive.
Alors, les caquistes, oui, mais je me
souviens des premiers sondages quand M. Péladeau est arrivé, à la fois on
allait chercher des caquistes, des gens de Québec solidaire, des gens qui ne
votaient plus aussi. Alors, ça prend une vaste coalition, et je pense qu'à Québec
on va pouvoir progresser. Je suis assez convaincu de ça.
M. Bellerose (Patrick) : …par
l'éthique des affaires de monsieur…
M.
Bérubé
: Non,
non, mais constamment, là, sur M. Péladeau, au début, il a dit que ce n'était
pas un bon homme d'affaires…
M. Bellerose (Patrick) : …
M.
Bérubé
:
Bien, il s'attaque constamment à l'éthique des affaires de M. Péladeau. Est-ce
que M. Péladeau évoque ce que bien des gens savent, à l'effet que, quand M.
Legault a quitté, bien, ça s'est fait de façon particulière? Je pense que vous
pourriez questionner ses anciens associés, ils pourraient vous en dire plus.
M. Bellerose (Patrick) : …des
attaques sur les propriétés de Québecor, donc hier sur Vidéotron, aujourd'hui
avec l'amphithéâtre?
M.
Bérubé
: Bien,
je pense, ça se retourne contre eux. Hydro-Québec, c'est une société publique;
Vidéotron, c'est une société privée. Je pense que c'est une réponse qui fait
rire les collègues de M. Arcand à court terme, mais ça ne change rien pour les Québécois
qui doivent payer les… Alors, on s'attend à plus du ministre Arcand, puis ce
n'est pas son genre. J'imagine qu'on lui a demandé de faire… On a préparé des
lignes pour tous les ministres puis on lui a dit : Aujourd'hui, Pierre,
c'est à toi à y aller, puis là Pierre s'est exécuté.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous êtes convaincu que la Ligue nationale de hockey est tout à fait
imperméable à la couleur…
M.
Bérubé
:
Bien, 1979, est-ce que quelqu'un doutait que le gouvernement Lévesque voulait
tenir un référendum dans les mois qui suivraient? La réponse, c'est non.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Les propriétaires des Nordiques… l'entreprise, là, qui était…
M.
Bérubé
:
C'était un gouvernement qui était indépendantiste, c'était un chandail
fleurdelisé, c'était une nouvelle équipe dans la Ligue nationale. Moi, je crois
que Québec est une capitale présentement, puis on est une capitale d'un pays,
et ça ne changera pas. C'est que cette ville-là est une ville de hockey, avec
des amateurs de hockey qui aiment le hockey, qui ne mélangent pas ça avec la politique.
Mais je suis surpris que l'argument vienne de M. Legault. Je trouve qu'on est rendus
dans les arguments, là, dignes de Camil Samson à l'époque du Crédit social. On
est rendus là. Moi, je suis déçu…
M. Bélair-Cirino (Marco) : …
M.
Bérubé
: Je
ne croirais pas, non. Je suis déçu un peu de ce que M. Legault est devenu.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais sur le strict, là, des sensibilités politiques, vous pensez que M.
Péladeau a autant de chances que M. Aubut?
M.
Bérubé
:
Écoutez, si M. Hamad ne l'a pas évoqué, là, ça vous montre-tu, là, qu'on
n'était pas rendus là dans les arguments? Alors, M. Hamad va là puis il parlait
d'une équipe de hockey, on en convient, mais là M. Legault va encore plus loin.
Ça fait que ça vous montre qu'on est rendus loin dans…
M. Croteau (Martin)
:
M. Charest l'avait bien dit.
M.
Bérubé
:
Bien, pas de cette façon-là, là.
M. Robillard (Alexandre)
:
Est-ce que vous pensez que M. Péladeau a autant de chances, compte tenu des
sensibilités politiques, que certains propriétaires de la LNH peuvent avoir…
M.
Bérubé
: Bien
qui d'autre était prêt à miser sur Québec à part lui? Personne.
M. Robillard (Alexandre)
:
Qui d'autre que…
M.
Bérubé
: Qui
d'autre que lui, à l'époque, avant qu'il soit en politique était prêt, à miser
sur Québec? Personne d'autre que lui. Alors, il a choisi, dans son ancienne vie,
de miser sur la ville de Québec, qu'il aime profondément, dans laquelle il
croit. Il a posé ce geste-là. Moi, c'est une démonstration supplémentaire que Pierre
Karl Péladeau aime profondément la ville de Québec. Il en parle partout dans le
monde puis il va voir le monde à Québec. Et ça, pour moi, c'est un signe
important pour les gens de Québec.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que M. Legault
est désespéré, selon vous?
M.
Bérubé
:
Bien, la nature des attaques, à la fois contre les libéraux, à la fois contre
le PQ, ça ne marque pas quelqu'un qui est en confiance. Alors, le vrai risque,
là… puis je vous le rappelle, là, pourquoi qu'il y a une partielle dans
Chauveau, parce que M. Deltell ne voulait plus rester à la CAQ. C'est ça, la
raison. S'il avait vu un avenir dans la CAQ, s'il avait vu, dans un avenir
prévisible, 2018, que la CAQ avait des chances de remporter, il serait resté,
comme tous ceux qui ont quitté.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc,
il n'est pas en confiance, mais il n'est pas désespéré, à ce moment-là.
M.
Bérubé
: Bien,
ça m'étonne, les arguments de cette nature-là, tu sais, de… Il sort ça ce
matin, puis là, une autre fois, c'est contre les libéraux. Il peut-u faire la
campagne sur la base de ses idées, puis les gens décideront.
Nous, là, on est très humbles dans les
campagnes partielles, c'est-à-dire qu'on fait notre campagne, on va voir le
monde puis on est convaincus qu'on va pouvoir progresser. Puis évidemment on ne
prend rien pour acquis, mais on travaille fort, puis je pense que ça suscite
l'admiration de ne pas prendre les électeurs pour acquis, puis de travailler
fort, puis de démontrer pourquoi on serait capable de bien faire le travail à
Québec. Puis là je vous note également, en termes de force politique, on a
autant de députés que la CAQ à Québec. Ils en ont un puis on en a un.
M. Croteau (Martin)
:
M. Bérubé, si vous me permettez de revenir à la question du baseball, le maire
rencontre le commissaire aujourd'hui. Vous qui êtes familier ce dossier-là,
quelles sont les conditions qui permettraient un retour des Expos à vos yeux? Et
seriez-vous favorable à ce que le gouvernement investisse de l'argent pour
favoriser…
M.
Bérubé
: Je
n'ai pas de réflexion personnelle là-dessus, mais le seul élément que je me
souviens, quand j'étais ministre responsable de la RIO, c'est que la Chambre de
commerce du Montréal avait commandé une étude avec Warren Cromartie — je
ne sais pas si vous vous souvenez de ça — et ce qu'ils envisageaient,
c'était un stade au centre-ville. Il y avait différents sites qui avaient été
évoqués. Donc, ce n'était pas envisageable pour le Stade olympique. Ceci étant
dit, une franchise des ligues majeures de baseball, c'est des investissements
considérables. Ça prend un nouveau stade, ça, je le sais pour y avoir été
confronté comme responsable de la RIO.
Alors, que M. Coderre aille à New
York, moi, je trouve ça… avec beaucoup de transparence, il l'a annoncé, je
trouve que c'est un volontarisme qui caractérise mon ami Denis. Je trouve qu'il
fait bien de le faire et puis je pense qu'il va… il est réaliste, mais, en même
temps, il est d'un enthousiasme qui est, je dirais, qui est intéressant pour
Montréal. Puis le sport, c'est aussi important.
M. Croteau (Martin)
:
Mais est-ce que votre formation politique verrait d'un bon oeil que le
gouvernement investisse dans un…
M.
Bérubé
: Ah!
Non, non, on n'a pas fait de réflexion là-dessus. On a une réflexion sur l'amphithéâtre,
on en a amplement parlé au cours des dernières années, mais pas sur le retour
d'une équipe. Ça, ça serait vous dire autre chose, là, que la vérité de vous
dire qu'on a une réflexion là-dessus.
Mme Montgomery
(Angelica)
: Mr. Bérubé, what do you think of this
argument that English Canadians hockey teams' owners aren't going to want to
confirm a team on this?
M.
Bérubé
: Well, let's say that when the Nordiques came to the NHL, it was
back in 1979, and the Government in place was the Parti québécois, so it's not an argument for me. And for the first faceoff the Premier
was René Lévesque, so he
made the faceoff with Marcel Aubut and John Ziegler back in 1979. So
I do think that what Mr. Legault tried to express is that he feels pretty
insecure about the result of the next by-election and maybe he feels insecure
about his party as well.
Mme Montgomery
(Angelica)
: But, in 1979, they didn't
award a team to René Lévesque. René Lévesque, the leader of Parti québécois, was not the team owner.
M.
Bérubé
: But it was a sovereignist government, and
you even had a «fleur de lis» on the shirt. So it's about hockey, it's not about politics. You have a lot of people who love hockey in Québec City, and that's the only argument. It's not about politics, it's about ice hockey.
Mme Montgomery
(Angelica)
: How do you explain that it's taking so long to
attract a team to Québec City?
M.
Bérubé
:
Oh! It could be a long debate. We lost the team because the market was not what
it is right now. So I think this week you heard a lot of people talking about
the situation back in 1995. So, now, it is different. We have a new arena, and
I think we have a mayor who want's hockey.
And you know what? The
Parti québécois want hockey as well. And what I've said in French earlier is
Mr. Péladeau believes in Québec City. As a businessman, he decided to
invest in Québec City, and, for me, this is a great thing for the people in
this city that this politician, who was a businessman before, decided to invest
in Québec City. This is a good proof of the love that
he has for the city and what he is ready to do to make sure Québec City is a great city.
Mme Plante (Caroline)
: But can Québec City
really hope to get a hockey team back when some would argue Mr. Péladeau is
creating political instability?
M.
Bérubé
:
Who say that? François Legault? Nobody else? OK. That's enough for me.
Mme Plante (Caroline)
:
…I have a question about baseball. Is there appetite at the PQ to try to get
another baseball team?
M.
Bérubé
:
If we have games at the Olympic Stadium, I'm going to be there. We don't have
any discussion on this issue, it's too early for that. I salute my friend
Denis, he was in New York City, and it's pretty clear about what he's doing,
exploration about maybe bringing back a team in Montréal. So this is really
primary.
Mme Plante (Caroline)
:
Should there be Government money to try to…
M.
Bérubé
:
We don't have any reflexion on this issue. Oui, Alexandre.
M. Robillard (Alexandre)
:
M. Bérubé, juste une petite précision. Est-ce que vous pensez que tout retard
dans le retour des Nordiques à Québec pourrait avoir un impact négatif sur M.
Péladeau?
M.
Bérubé
: Non.
Non, puis je dirais qu'il y a des gens très aguerris, des commentateurs
politiques de Québec, sportifs, à la radio, il n'y a personne qui évoque ça, il
n'y a vraiment personne. Ce n'est pas un enjeu politique, c'est un enjeu qui
est lié aux conditions du marché. Puis est-ce qu'il y aura des franchises de
disponibles? Est-ce qu'il y aura une expansion, par exemple? C'est lié à ça. C'est
du sport.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais comme il est associé, quand même, au projet, on le voit encore avec M.
Legault ce matin…
M.
Bérubé
: Non.
Bien, en tout cas…
M. Robillard (Alexandre)
:
…M. Legault fait un lien avec lui.
M.
Bérubé
: …le
Parti québécois a posé des gestes, à l'époque où on était dans l'opposition,
pour que cet amphithéâtre-là soit construit. On n'en a pas retiré un, je
dirais, un résultat politique, on l'a fait parce que c'était la chose à faire,
puis ça démontrait qu'on croyait à Québec. Et, quand il y aura une équipe, on
applaudira, nous aussi, parce qu'on aime autant le hockey que les caquistes et
les libéraux.
Alors, c'est un enjeu qui nous préoccupe
aussi, puis, quand il y aura une équipe, bien, on sera tous heureux d'y aller.
Voilà. Merci.
(Fin à 11 h 26)