(Huit heures vingt et une minutes)
M. Legault
: Oui,
bonjour tout le monde. Écoutez, ce matin, on apprend que, dans le dossier de la
saga de la cimenterie en Gaspésie, que les contribuables ont perdu un rang sur
le placement qui a été fait par Investissement Québec. Ça veut dire qu'en cas
de faillite les contribuables passeraient après les autres prêteurs.
Ce qu'on comprend, c'est que le géant
américain Blackrock, qui est un monstre financier, a exigé d'Investissement
Québec et de la Caisse de dépôt d'être en premier rang sur son prêt de 125 millions
de dollars. Ça veut dire concrètement que la valeur marchande du placement d'Investissement
Québec a diminué. Je pense que M. Couillard, là, doit en toute transparence
nous donner toutes les informations sur la transaction dans la cimenterie en Gaspésie.
Ça n'a pas de bon sens, là, que la porte-parole de Dominique Anglade réponde
que les discussions se poursuivent. Écoutez bien, là, jamais Blackrock aurait
investi 125 millions sans que les conditions soient signées concrètement.
Donc, actuellement, on a encore une preuve
de la mauvaise gestion libérale. Ce dossier-là sent mauvais depuis le début. Écoutez,
350 millions d'argent public pour créer 200 emplois, c'est plus de
1,5 million de dollars par emploi. Ça n'a aucun fondement économique,
aucun fondement financier. Ça n'a juste pas de bon sens, et le pire, c'est
qu'on semble avoir forcé la Caisse de dépôt, en plus, à embarquer dans le deal
pour 250 millions de dollars, dans un deal qui n'a pas de bon sens. Donc,
M. Couillard, qui se targue toujours d'être indépendant de la caisse, je pense
qu'il nous doit des réponses, là. Il doit nous dire exactement quelle est la
transaction, quelles sont les actions de chacun des partenaires, quels sont les
rangs des différents prêteurs. C'est important, là, qu'on connaisse aussi la
valeur marchande du placement de 350 millions.
On le sait, là, un bon gestionnaire, à
tous les trois mois au moins, évalue la valeur marchande de ses placements. Bien,
le 350 millions, il vaut combien aujourd'hui? Déjà, le président d'Investissement
Québec est venu nous dire au printemps qu'il avait eu 116 millions de
dollars d'inscrits comme pertes sur placement. Est-ce qu'on est rendu à 200, à
300 millions de pertes? Combien les Québécois ont perdu dans l'aventure
libérale de la cimenterie en Gaspésie?
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va passer aux questions en commençant par Alain Laforest. TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, M. Legault.
M. Legault
: Bonjour.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que vous considérez que Port-Daniel, c'est la nouvelle Gaspésia?
M. Legault
: Bien, il y
a un risque que ça ressemble à la Gaspésia. Actuellement, c'est un projet qui
coûte plus de 1 milliard de dollars. Les Américains n'excluent pas de poursuivre
le gouvernement parce que, bon, on nous dit que la cimenterie va avoir des
clients américains puis qu'il y aurait eu des subventions déguisées. Donc, on a
un problème de ce côté-là.
Deuxièmement, avec l'investissement de
Blackrock, là, on peut penser qu'une bonne partie du placement des Québécois a
été déjà radié et... Écoutez, si on efface les 350 millions qui ont été
investis par Investissement Québec puis qu'on efface les 250 millions qui
ont été investis par la Caisse de dépôt, peut-être que ça peut rester payant
pour la famille Beaudoin-Bombardier, mais, pour le gouvernement, pour les
contribuables, là, c'est un trou immense, c'est un échec, et on doit avoir plus
d'information.
M. Laforest (Alain) : Téo
Taxi, on apprend ce matin que M. Taillefer a obtenu 75 % du financement
concernant le taxi électrique. Vous en pensez quoi?
M. Legault
: Bien, je
pense qu'on est tous d'accord, là, pour électrifier les transports, que ça soit
dans les taxis, dans les autos, dans les camions, dans les autobus. Il faut,
par contre, s'assurer qu'on ne crée pas de monopole au Québec. Je l'ai déjà
dit, même de vive voix, à Alexandre Taillefer, c'est important qu'on garde une
compétition. C'est pour ça que la CAQ a toujours été d'accord pour la présence
d'Uber, mais même dans l'industrie du taxi traditionnel, là, il ne faudrait pas
qu'il y ait un joueur qui se ramasse avec un monopole, là. Ce n'est jamais bon
pour les consommateurs, un monopole.
M. Laforest (Alain) : À
75 % du financement, considérez-vous que c'est un monopole?
M. Legault
: Bien, ce
que je comprends, c'est peut-être 75 % du financement dans le transport
des taxis électriques, mais c'est à peu près 40 % de l'ensemble des taxis
qui sont détenus par Alexandre Taillefer. On commence à être à la limite, là.
40 %, ça commence à être proche, là, d'un contrôle de l'industrie. Donc,
il faudrait que le gouvernement s'assure que ça ne soit pas un monopole et puis
qu'on garde la compétition dans l'industrie du taxi.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Philippe-Vincent Foisy, Cogeco.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Une question sur le ministère des Transports. Ce matin, on apprend qu'il y a
des nouvelles réformes, là, qui s'installent, des sondages d'opinion pour voir
si les employés sont contents, mais il ne semble pas y avoir, pour l'instant,
rien qui va changer à la gouvernance du MTQ. Qu'est-ce que ça vous dit?
M. Legault
: Bien,
écoutez, c'est malheureux, parce que c'est le plus gros donneur d'ouvrage au
Québec, et on passe les ministres des Transports. On a actuellement un ministre
des Transports qui, à chaque jour, a à répondre à des nouvelles révélations
concernant des subventions qui ont été données à ses amis. Il ne doit pas avoir
la tête à changer la gestion au ministère des Transports.
Moi, je ne peux pas croire qu'après la
commission Charbonneau on n'ait pas réussi à réformer la façon dont on donne
les contrats au ministère des Transports, qu'on gère les extras, qu'on gère les
appels d'offres. Actuellement, là, ce que Dominique Savoie et les autres sont
venus nous dire, c'était troublant, et il n'y a pas eu de suite, puis M.
Couillard n'a pas l'air de s'en occuper, hein? On a appris que M. Couillard,
pendant deux ans, n'a pas rencontré M. Poëti. Avez-vous déjà vu un président de
compagnie qui ne rencontre pas un de ses vice-présidents pendant deux ans? Je
veux dire, M. Couillard, là, est comme à 35 000 pieds dans les airs. Il
regarde les dossiers de haut puis il devrait s'impliquer, M. Couillard,
lui-même pour s'assurer que la gestion soit plus rigoureuse au ministère des
Transports, pas juste faire des sondages chez les employés.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Mais est-ce que c'est facile de changer la gouvernance d'un si gros bateau? Je
veux dire, c'est beaucoup ce qui est demandé. Est-ce que c'est facile? Ça peut
se faire en quelques mois?
M. Legault
: Oui. Non, je
ne pense pas que ça soit facile, mais ça prend d'abord une volonté. Je ne suis
pas convaincu que Laurent Lessard a cette volonté. Je pense que Robert Poëti a
essayé, mais évidemment, là, ça commence par en haut, ça commence par le sous-ministre,
les sous-ministres, les directeurs des différentes régions. Il faut s'assurer
qu'on mette des règles et puis qu'on s'assure que ça soit les saines règles de
gestion qui soient appliquées, mais actuellement, là, ce n'est pas le cas.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.
M. Robillard (Alexandre) :
Bonjour, M. Legault.
M. Legault
: Bonjour.
M. Robillard (Alexandre) : Je
sais que vous aimez la lecture. Est-ce que vous aimez la poésie?
M. Legault
: Pas
particulièrement.
M. Robillard (Alexandre) : Pas
particulièrement?
M. Legault
: Bien, ça
m'arrive de lire de la poésie, mais je ne suis pas poète comme M. Couillard.
M. Robillard (Alexandre) :
Dans ce cas-là, compte tenu du fait qu'au Parlement, à Ottawa, il y a un poète
en résidence, est-ce que vous pensez que ce serait une bonne chose qu'il y ait
un poète en résidence à l'Assemblée nationale?
M. Legault
: Moi, je
suis ouvert à contribuer à la culture québécoise, donc on pourrait en discuter.
La Modératrice
: Merci.
D'autres questions en français?
M. Legault
: Ce serait
peut-être une meilleure job pour notre premier ministre que ce qu'il fait
actuellement comme premier ministre.
La Modératrice
: Marco
Bélair-Cirino.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que vous auriez une suggestion de personne à proposer pour le poste de
poète en résidence?
M. Legault
: Non.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Non?
Est-ce qu'il devrait être nommé aux deux tiers de l'Assemblée nationale, selon
vous?
M. Legault
: Écoutez, on
n'est pas rendus là. On n'est pas rendus là.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Très bien. Jean-François Lisée vous accusait hier — oui, ça commence
déjà — lorsque vous étiez au gouvernement du Parti québécois d'avoir
dissuadé vos collègues d'appliquer la Charte de la langue française aux
entreprises de moins de 50 employés. Est-ce que c'est le cas? Est-ce que vous
aviez des réticences, à ce moment-là, que vous n'avez plus aujourd'hui?
M. Legault
: Non.
Écoutez, ça fait partie de la position de la CAQ. On pense que déjà les petites
entreprises ont beaucoup de paperasse à remplir. Est-ce qu'on veut leur exiger
de remplir encore des papiers concernant l'application de la loi 101? Je pense
qu'il faut faire une différence. La CAQ est d'accord pour dire que, dans les
petites entreprises, on travaille en français. Maintenant, qu'on les
assujettisse à toute la paperasse exigée pour se conformer, je pense que c'est
trop, puis il y avait à l'époque, si je me souviens bien, plusieurs députés qui
n'étaient pas d'accord pour étendre la loi 101, avec tout ce que ça comporte,
aux petites entreprises.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais comment s'assurer, oui, comme qui... de vos collègues, c'est ça...
M. Legault
: Non.
Évidemment, les caucus sont secrets, hein, oui.
M. Bélair-Cirino (Marco) : M.
Lisée avait les mêmes... Mais comment...
M. Legault
: Il y a
juste Denis Lessard qui sait ce qui se passe dans les caucus, hein?
M. Bélair-Cirino (Marco) : Ce
n'est pas gentil pour... Bon. Comment s'assurer que les entreprises fassent la
promotion du français puis assurent une présence accrue du français, alors
qu'on ne les assujettit pas à la loi?
M. Legault
: Bien, plusieurs
choses. D'abord, il faudrait s'assurer que la loi 101 soit respectée dans les entreprises
de 50 employés et plus.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, mais celles de moins de 50 employés...
M. Legault
: O.K. Bon, écoutez,
je pense qu'il y a des campagnes à faire, il y a d'abord à s'assurer, comme on
l'a déjà dit, que tous les nouveaux arrivants parlent français, hein? La CAQ
est le seul parti qui veut mettre des tests de français obligatoires pour tous
les nouveaux arrivants. Écoutez, actuellement, il y a 200 000 immigrants
au Québec qui ne parlent pas français. Donc, c'est certain que, si tous les
nouveaux immigrants parlent français, ça va aider à ce que dans les petites
entreprises on travaille en français.
La Modératrice
: On va
passer aux questions en anglais, à commencer par Maya Johnson, CTV.
Mme Johnson
(Maya) : Good morning, M. Legault.
M. Legault
:
Good morning.
Mme Johnson (Maya) : Are you satisfied with the fact that you've been able to put some
pressure on the Finance Minister as a… brought him to a point where he's
considering putting pressure on Loto-Québec to respect the rules with regards
to VLT machines and reducing their numbers?
M. Legault
:
I think right now, of course, we have a Minister of Finance who said yesterday,
after many days of questions, that he will look at that. But I need to see
proof of that. Right now, this Minister is still requesting a lot of money from
Loto-Québec. He wants to keep 11,600 machines. So I hope that words will show
facts.
Mme Johnson (Maya) : And you still want to see the complete elimination eventually of
these machines.
M. Legault
:
Gradually but our proposal was to reduce right now from 11,600 to 10,000
machines and eventually to phase them out.
Mme Johnson (Maya) : If I'm not mistaken Mr. Leitão said last week that those machines
are responsible for bringing in about a billion dollars into government
coffers. So if we gradually eliminate them then what do we do about compensating
for that lack of revenue?
M. Legault
:
OK. First, the suggestion we made is to reduce the number of machines by 1,600
but to decrease by 1% only the gains that people get on those machines. So I
thought it was from 93% to 92%. It would compensate to make sure that
Loto-Québec keeps the same revenues.
La Modératrice
:
Ryan Hicks, CBC.
M. Hicks
(Ryan) : Good morning.
M. Legault
:
Good morning.
M. Hicks (Ryan) : Can you clarify what your party policy is on free votes and what
you're asking for from the other parties?
M. Legault
:
OK. I think what we want is that we have more
opportunities to let MNAs voting differently depending of what people think in
their riding. So we want that, on some subjects, and it would have to be
determined by the caucus of the «députés», to see them voting the way they
think their people would vote. So it's a general statement, but we would like
to see, like in U.K., to see more free votes.
M. Hicks (Ryan) : For your party right now, what are the exceptions to a free vote?
M. Legault
: We saw, on the gun register, that we had a free vote. We were the
only party having a free vote. So it's a good example.
M. Hicks (Ryan) : And just with the Parti québécoisleadership race
wrapping up, do you think that your party has been able to really take advantage
of the fact that the PQ has been without a permanent leader since May? Have you
been able to take advantage and benefit from the fact that they haven't had
permanent leadership?
M. Legault
: No. I think that, of course, when you have a leadership race, you have a lot of media
visibility for the different candidates. So it's even tougher during this
period. But I think that, in a few months from now, I'm anxious to see the new
leader of the Parti québécois
and have good debate about the sovereignty of Québec, because, right now, whoever will become the new leader be stuck
with the article 1 about a referendum on sovereignty. And people in Québec, they don't want to hear about it.
So, whoever it will be,
they have this problem. And it's very nice to see those debates about
education, about all other priorities, but we all know that the first priority
of the PQ is the sovereignty of Québec, and they'll be stuck with that. So I'm anxious that this race ends
and that I debate with the new leader. Thank you.
La Modératrice
:
Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher
(Raquel) : Throughout the PQ leadership race, some of the candidates have expressed concern about
the fact that increasingly more Francophones are choosing to study in English
CEGEPs or English universities and are concerned about Québec's workplace, the
working environment not being as French or increasingly having more and more
English workplaces. Is that a concern that you share? Is that something that
the CAQ is concerned about?
M. Legault
: No. I think that right now, when you see our children or all
children coming from the outside of Québec going to school from first grade to highs school in French, it's
enough. They should learn French, and it's good for everybody if they choose to
go to a CEGEP or university in English to be more bilingual. It's good for
everybody, and the CAQ has no intention to extend the Bill 101 to CEGEPs and
university. Thank you.
Des voix
:
Merci.
(Fin à 8 h 37)