(Onze heures trente et une minutes)
M. Legault
: Oui,
bonjour, tout le monde. Bien, évidemment, d'abord, je voudrais souhaiter la
bienvenue à Jean-François Lisée comme nouveau chef du PQ. C'est quelqu'un que
je connais bien, Jean-François. Évidemment, on est des adversaires politiques,
mais, quand même, je souligne et j'admire le fait qu'il a choisi de s'impliquer
davantage, donc de mettre plus de temps en politique.
Quand on devient chef d'un parti
politique, c'est certain qu'on bénéficie d'une bonne couverture médiatique.
J'ai connu ça. Évidemment, à chaque fois qu'il y en a un, nouveau chef, il y a
beaucoup de couverture médiatique. Ce n'est peut-être pas fini non plus. Mais,
tôt ou tard, la réalité nous rattrape. Et, dans le cas de M. Lisée, je
dirais que la réalité, ça prend deux formes. D'abord, la première forme, c'est
que la CAQ est le seul parti qui peut rassembler les nationalistes, qu'ils
viennent du Parti libéral ou du Parti québécois, parce que c'est clair que tous
les souverainistes sont nationalistes, mais tous les nationalistes ne sont pas
souverainistes. Donc, le seul endroit où on peut rassembler, c'est à la CAQ.
La deuxième forme que va prendre,
éventuellement, la réalité, c'est que le seul parti qui met l'économie au
centre de son programme comme la priorité, c'est la CAQ. D'abord, M. Couillard
pense qu'il n'y a même pas de problèmes économiques, donc c'est difficile de
proposer des solutions quand on pense qu'il n'y a pas de problèmes. Et, du côté
du PQ, bien, on est loin des années Parizeau ou Landry. On l'a vu dans les
dernières années, le PQ a beaucoup négligé l'économie. Et pourtant, quand on
regarde la réalité, les salaires des Québécois ont très peu augmenté au cours
des dernières années. Puis il suffit de se présenter puis de parler aux gens
sur le terrain, puis ce qui revient le plus souvent, les Québécois nous disent,
là : Les taxes, les tarifs, les impôts augmentent plus vite que mon
salaire, donc on n'arrive plus. Faites quelque chose, vous, les politiciens.
Et évidemment, quand on regarde la croissance
économique, cette année Desjardins a révisé à 1,2 % seulement sa
croissance économique, quand on est très en bas de 2 %, le gouvernement a
une responsabilité de stimuler l'économie. C'est pour ça que la CAQ propose
qu'on réduise les impôts des familles de 1 000 $. Et je suis
convaincu, là, convaincu, j'ai rencontré beaucoup d'économistes, je sais que
Mme Anglade va en rencontrer enfin, là, dans son comité, mais
actuellement, là, on n'arrivera pas à redonner confiance aux consommateurs puis
à relancer l'économie si on ne donne pas une marge de manoeuvre aux Québécois,
si on ne réduit pas leurs impôts.
Et c'est important, là, puis je veux le
préciser, quand la CAQ propose de réduire les impôts de 1 000 $ par
famille, il n'est pas question de réduire les services à la population. Ce
qu'on propose, c'est d'utiliser une partie des surplus qui sont versés au Fonds
des générations. Donc, on ne touche pas aux services, on ne touche pas non plus
à l'équilibre budgétaire, puisqu'on parle du surplus. Et, pour ce qui est de
réduire l'endettement, bien, on pense qu'il faut d'abord augmenter la
croissance économique pour être capables de le faire. Rappelez-vous, hein, la
dernière journée, il y a deux semaines, quand on a siégé, la CAQ a déposé une
motion pour réduire les impôts des Québécois. Chaque député libéral, chaque
député du PQ qui était là, ils se sont tous levés pour voter contre la motion
de réduire les impôts. Et ceux qui ont écouté le discours d'acceptation de
Jean-François Lisée vendredi dernier ont vu que Jean-François Lisée s'est
attaqué à la CAQ en disant : C'est effrayant, la CAQ veut réduire les
impôts.
Donc, ça ne peut pas être plus clair, le
choix est clair. On a aujourd'hui deux partis, le Parti libéral puis le Parti
québécois, qui ne veulent pas réduire les impôts des Québécois puis un parti,
la CAQ, qui est proche des préoccupations des Québécois puis qui dit :
C'est urgent de réduire les impôts des Québécois.
Jean-François Lisée a des idées, beaucoup
d'idées, mais, à chaque fois que Jean-François a une idée, il pense aussi à
ajouter un programme gouvernemental. Jean-François Lisée, là, c'est : une
idée, une dépense, une taxe, hein? C'est comme un réflexe chez eux, là. Et,
rappelez-vous, Jean-François Lisée, c'est celui qui a proposé de tripler la
taxe de bienvenue. Il faut le faire. Jean-François Lisée disait : C'est
une bonne idée de tripler la taxe de bienvenue. Jean-François Lisée, c'est quelqu'un
qui est loin des préoccupations des Québécois. Jean-François Lisée, en plus, maintenant,
est en train de faire la cour à Québec solidaire. Puis, pour moi, quand
j'entends «Québec solidaire», j'entends «plus de taxes». Donc, Jean-François
Lisée égale Québec solidaire, égale plus de taxes. Et les Québécois ce n'est
pas ce qu'ils souhaitent.
Donc, actuellement, on a un chef du PQ qui
veut taxer plus, on a le Parti libéral. Bien là, regardons le bilan, après deux
ans et demi, les libéraux ont augmenté les taxes et les tarifs de
1 300 $ par famille, ce n'est quand même pas rien. Donc, on a
l'impression que, vraiment, actuellement, et le chef du PQ et le chef du Parti
libéral regardent les préoccupations des Québécois de haut. Puis le seul parti
qui s'intéresse vraiment, sur le terrain, aux préoccupations des Québécois, c'est
la CAQ.
La Modératrice
: On va
commencer par les questions. Alexandre Robillard, LaPresse
canadienne.
M. Robillard (Alexandre) :
À vous entendre, M. Legault, on pourrait croire que M. Lisée est au
coeur de vos préoccupations.
M. Legault
: Écoutez,
moi, je m'attendais à ce que M. Lisée ait beaucoup d'attention médiatique,
donc je ne suis pas surpris de ce que je vois.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais vous avez l'air de lui en donner beaucoup aussi.
M. Legault
: Non.
Je pense que la dernière journée — on n'a pas eu le temps de se voir
depuis ce temps-là — jeudi il y a une dizaine de jours, chaque député
du PQ, incluant Jean-François Lisée, mais incluant aussi les députés libéraux,
ont voté contre une motion pour réduire les impôts des Québécois. C'est important,
là. J'espère que vous allez en parler un peu, là. Il y a deux partis qui ne
veulent pas réduire les impôts, puis il y a un parti, la CAQ, qui veut réduire
les impôts d'au moins 1 000 $ par famille. J'aimerais ça que ça se
rendre à la population.
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce qu'on peut vous demander qu'est-ce qui a motivé cette décision de
ramener à l'avant, justement, votre proposition sur la défense des intérêts des
contribuables, compte tenu que c'est quelque chose que vous aviez annoncé en
début d'année? Donc, qu'est-ce qui a motivé cette décision de déposer la motion
à ce moment-ci de la session parlementaire?
M. Legault
: Bien,
c'était comme un test qu'on a fait passer, là, parce qu'il y avait toutes
sortes de rumeurs, hein? Il va y avoir une mise à jour économique dans quelques
semaines du côté du gouvernement libéral. Il y a eu des rumeurs, pendant un
certain temps, qu'il y aurait des annonces de baisses d'impôt, mais, de toute
évidence, en voyant le vote des libéraux, bien, ça ne semble pas encore été
compris.
L'autre motivation que j'ai, c'est que,
quand on est rendus à une croissance économique de 1,2 %, là, il est
vraiment temps de stimuler l'économie. Puis ce n'est pas juste moi qui le dis,
là, lisez les revues économiques, regardez ce que dit le FMI. Il faut stimuler
l'économie.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais vous avez justement insisté sur le fait que ni les libéraux ni le PQ ne se
sont montrés favorables à ça. Donc, est-ce que, dans le contexte de l'arrivée
de M. Lisée, qui propose de ne pas tenir de référendum, ce qui pourrait
peut-être vous enlever un argument, cette notion de ramener de l'avant la
défense des contribuables, ça peut vous aider à vous distinguer des libéraux et
du Parti québécois de M. Lisée?
M. Legault
: Non,
j'ai dit qu'il y avait deux formes de réalités qui vont rattraper M. Lisée.
La première, c'est que, si on veut rassembler les nationalistes, le seul parti
qui peut le faire, c'est la CAQ, hein? On a beau dire : Notre référendum
sur la souveraineté n'aura pas lieu avant 2022, il reste que, quand même, je connais
beaucoup de nationalistes qui n'ont pas le goût de voter pour un référendum en
2022.
Puis la deuxième réalité, bien, c'est
l'économie. Jean-François Lisée, là, ce n'est pas Jacques Parizeau,
ce n'est pas Bernard Landry. Jean-François Lisée, c'est quelqu'un qui
aime dépenser, qui a plein, plein d'idées, puis, a chaque fois qu'il a une
nouvelle idée, c'est un nouveau programme, puis, à chaque fois qu'il y a un
nouveau programme, c'est une nouvelle dépense, c'est une nouvelle augmentation
de taxes. Il faut que les gens sachent ça, là.
La Modératrice
: Merci.
Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, M. Legault, messieurs dames. Si on regarde le sondage ce matin,
ce n'est pas très bon pour vous, là, M. Legault, là.
M. Legault
: Bien,
écoutez, moi, j'avoue que je m'attendais à ce que M. Lisée monte plus que
ça avec toute l'attention médiatique qu'il a eue. Mais ce qui est important, c'est
que moi, je reste serein, je suis patient. Je sais que notre cause est bonne.
Je le sais que le Québec a besoin d'un premier ministre qui va mettre la
priorité sur l'économie, sur les baisses d'impôt. Donc, on va continuer à faire
notre travail. On est encore un jeune parti qui a besoin de faire connaître ses
idées. On a besoin d'avoir les médias pour transmettre ces idées-là. Mais c'est
normal, là, j'ai vécu la même chose, quand il y a un nouveau chef, il y a une
espèce de lune de miel puis il y a beaucoup d'attention médiatique. Mais je me
souviens que, quand j'ai lancé la CAQ, j'étais à 50 %, donc je trouve que
Lisée à 30 %, ça ne commence pas très haut.
M. Laforest (Alain) : C'est
un stratège, M. Lisée, là.
M. Legault
: Ah oui!
Beaucoup d'idées, M. Lisée, oui, beaucoup, beaucoup d'idées.
M. Laforest (Alain) :
Vous considérez que ce n'est pas un stratège?
M. Legault
: Bien,
c'est un gars qui a beaucoup, beaucoup d'idées. Des fois, les idées, elles sont
contradictoires, mais beaucoup d'idées, beaucoup de programmes, beaucoup de
dépenses, beaucoup d'augmentations de taxes, puis là, en plus, il veut se
rapprocher, il fait la cour à Québec solidaire. Ça fait qu'imaginez-vous
comment il va y avoir des programmes, des dépenses puis des augmentations de
taxes, là, proposées par le PQ.
M. Laforest (Alain) :
Peut-être une petite complémentaire dans le dossier Yan Plante. Qu'est-ce qui
se passe actuellement?
M. Legault
: Rien.
Pas de développement.
M. Laforest (Alain) :
Toujours en contact avec la Sûreté du Québec?
M. Legault
: Oui.
M. Laforest (Alain) :
Toujours l'intention de porter des accusations criminelles?
M. Legault
:
Criminelles? Oui.
M. Laforest (Alain) :
Pourquoi?
M. Legault
:
Pourquoi? Bien, parce que c'est grave, ce qui est arrivé, là. Je comprends que M. Couillard,
ça lui a pris 24, 48 heures à comprendre que c'était grave, là, mais, moi,
je l'ai compris tout de suite que c'était grave, là.
M. Laforest (Alain) : C'est
le vol de documents qui est grave?
M. Legault
: Bien,
d'avoir pris des informations pour aller chez le compétiteur, oui, c'est grave.
La Modératrice
: Merci.
Marc-André Gagnon, Le Journal de Québec.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour, M. Legault. Vous dites que la CAQ, bon, est le seul parti qui
parle d'économie ou qui met l'économie au centre de ses priorités. Or, le Parti
libéral, on l'a vu, le gouvernement a annoncé, la semaine dernière, la création
d'un comité, là, une espèce de conseil sur l'économie. Plusieurs ont déploré l'absence,
d'une part, de femmes et de gens d'affaires de la région de Québec. Comment
vous avez réagi envers ça?
M. Legault
:
D'abord, moi, je ne trouve ça gênant, après deux ans et demi au pouvoir,
d'annoncer un comité sur l'économie. Je vous dirais, là, que la moitié des
personnes qui sont sur ce comité-là, moi, je les ai déjà rencontrées en privé
pour leur demander leurs idées pour écrire, entre autres, mon programme
économique que j'ai présenté en 2014. Qu'on soit deux ans et demi après
l'élection puis qu'on soit encore en train de chercher des idées, parce que, de
toute évidence, là, à 1,2 % de croissance économique, ça ne va pas bien,
je trouve ça un peu exagéré. Je trouve ça une mauvaise préparation de la part
de M. Couillard. Puis en plus, bien, effectivement, ils ont choisi à peu
près juste des gens de Montréal, personne de Québec, personne des régions. Il y
a des enjeux aussi dans les régions. Il y a des enjeux dans la foresterie, dans
l'aluminium, dans Internet haute vitesse en région, dans beaucoup de dossiers.
Mais là il semble que les gens qu'il consulte, c'est juste des gens de Montréal
puis deux ans et demi trop tard.
M. Gagnon (Marc-André) :
Il a été question beaucoup, dans l'actualité, de cette femme Témoin de Jéhovah,
bon, une histoire triste, là, où elle a été contrainte à refuser des
transfusions sanguines. Je sais que Mme Roy est là aussi, on parle de
laïcité. Ça vous dit quoi, cette histoire-là?
M. Legault
:
Écoutez, moi, je ne peux pas croire ça, qu'au Québec, là, on laisse mourir une
personne à cause de ses croyances religieuses. Je ne peux pas croire que ça
arrive au Québec, là. Puis il faut voir comment on peut régler ça, là, mais c'est
inacceptable, c'est triste, c'est catastrophique. Ça ne représente pas ce qu'on
est au Québec, là.
Tu veux-tu ajouter quelque chose? Non?
Mme Roy
: Non, c'est
clair.
M. Legault
: C'est
clair.
M. Gagnon (Marc-André) :
Et M. Couillard, lui, quand il se réfugie derrière la jurisprudence,
est-ce que c'est suffisant?
M. Legault
: Non,
ce n'est pas suffisant, là. Écoutez, ce n'est pas acceptable puis il ne faut
pas que ça se répète, là, puis il faut prendre les mesures nécessaires pour ne
pas que ça se répète.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Robert Dutrisac, Le Devoir.
M. Dutrisac (Robert) :
Oui, bonjour, M. Legault.
M. Legault
:
Bonjour. Bon, quelqu'un qui aime l'économie.
M. Dutrisac (Robert) :
Oui, c'est ça. Bien, écoutez, premièrement, je voudrais juste savoir, d'après
vous, là, l'éclipse dont vous avez parlé, elle va durer combien de temps?
Est-ce qu'elle va durer autant qu'avec Pierre Karl Péladeau ou elle va être
plus courte?
M. Legault
: On ne
le sait pas, on n'est pas devins, là. Ça a duré peut-être six mois avec Pierre
Karl Péladeau avant que la CAQ dépasse Pierre Karl. Je ne sais pas. On va le
vivre, là, ça va dépendre de vous.
M. Dutrisac (Robert) :
Oui, c'est ça. Mais six mois, c'est quand même long dans le contexte actuel.
M. Legault
: Bien,
il nous reste deux ans. Moi, je suis serein puis je suis patient.
M. Dutrisac (Robert) :
Oui. Maintenant, je voudrais revenir sur votre proposition de baisse d'impôt. On
sait que le gouvernement Couillard, en tout cas le ministre des Finances... se
sont entendus que les surplus seraient supérieurs à ce qui était prévu. Est-ce
que vous ne risquez pas d'être déculotté à la prochaine élection parce que les
libéraux vont arriver, justement, avec une baisse d'impôt? Est-ce que vous ne
croyez pas qu'ils se préparent à ça, essentiellement, là?
M. Legault
: Bien,
écoutez, d'abord, moi, je veux rappeler aux Québécois que le premier 1 300 $
de baisse d'impôt ou de taxes et tarifs, là, ça va juste être pour nous ramener
à zéro, à là où on était en avril 2014. Ça, c'est important de le dire.
Deuxièmement, bien, on va voir la hauteur
de ces baisses d'impôt, mais actuellement, là, il y a une urgence de relancer
l'économie, donner un peu d'espoir. Parce que l'économie, il y a une partie
psychologique, puis actuellement, là, c'est assez déprimé, donc il faut donner
une marge de manoeuvre puis il faut le faire maintenant. Puis M. Couillard
va devoir vivre, en 2018, avec son bilan économique. Puis, jusqu'à présent, là,
quand on regarde l'écart de salaire avec nos voisins, ça fait juste grandir
depuis qu'il est là, donc son bilan économique n'est pas bon. Donc, s'il attend
en 2018 pour faire des baisses d'impôt, bien, il n'y aura pas les effets
économiques positifs qu'on aurait besoin maintenant.
M. Dutrisac (Robert) :
Maintenant, vous avez été, comme parti, un parti qui prônait l'assainissement
des finances publiques. Là, vous prônez des baisses d'impôt. Les libéraux vous
ont imité largement. Est-ce que vous ne craignez pas, justement, que les
libéraux vous imitent encore une fois puis que vous ne soyez ni le parti de
l'assainissement, puisque c'est fait, ni le parti des baisses d'impôt, puisque
ça pourrait être fait.
M. Legault
: Bien,
écoutez, d'abord, je trouve que ça a été un peu exagéré de dire que les
libéraux nous ont copiés, hein? Ils ont copié notre discours, mais, dans
l'action, ce qu'ils ont fait, c'est que, plutôt que de couper dans la
bureaucratie, c'est même la Protectrice du citoyen qui l'a dit, ils ont augmenté
les tarifs puis les taxes. Donc, ce n'était pas ça que la CAQ proposait.
Donc, s'ils sont capables de tendre vers
le programme de la CAQ, bien, ce sera ça de fait. Puis moi, je pense qu'en 2018
les gens vont aimer mieux l'original à la copie.
La Modératrice
: Merci.
Nicolas Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
Dès le départ, vous tendez la main aux nationalistes, souverainistes nationalistes,
évidemment. Avec la proposition de M. Lisée de ne pas tenir de référendum,
est-ce qu'il ne vient pas vous couper l'herbe sous le pied pour la prochaine
élection, justement?
M. Legault
: Bien,
d'abord, je tends la main aux nationalistes du PQ et du Parti libéral, parce
qu'on se souvient de Robert Bourassa, puis il y a eu des chefs nationalistes au
Parti libéral. De toute évidence, M. Couillard n'a pas le début du
commencement d'une inquiétude concernant l'identité québécoise, la langue
française, nos valeurs, etc., donc je tends la main aussi aux libéraux
nationalistes. Puis, pour ce qui est des péquistes, bien, écoutez, comme je le
disais tantôt, tous les souverainistes sont nationalistes, mais tous les
nationalistes ne sont pas souverainistes.
M. Vigneault (Nicolas) :
Mais en éliminant la peur du référendum?
M. Legault
: Donc,
si on veut trouver un point commun, il faut qu'on se tienne loin de la
souveraineté, même en 2022. Parce que comment vous voulez aller de bonne foi
négocier avec Ottawa? Comment vous voulez mettre la priorité sur l'économie,
sur attirer des investissements privés? À un moment donné, là, moi, je pense
que le seul endroit où on peut rassembler les nationalistes, c'est à la CAQ.
M. Vigneault (Nicolas) :
Mais est-ce que cette stratégie-là ne peut pas vous faire mal aux prochaines
élections?
M. Legault
: Bien,
écoutez, d'abord, comme je le disais tantôt, il y a le fait qu'on est les seuls
à rassembler les nationalistes puis il y a le fait aussi, puis je le sens sur
le terrain, que les Québécois veulent qu'on s'occupe d'économie.
Bon, moi, je suis un homme d'affaires.
Jean-François Lisée, ce n'est pas un homme d'affaires, ce n'est pas quelqu'un
qui a montré une préoccupation envers l'économie. Là, il a commencé à parler de
son père puis des PME depuis quelques semaines, là, mais sinon il n'a jamais
parlé d'économie. Jean-François, c'est quelqu'un qui a plein, plein, plein
d'idées pour plein, plein, plein de programmes pour plein de dépenses puis
plein d'augmentations de taxe. Donc, c'est très différent de la CAQ, là.
La Modératrice
: Une
dernière question.
M. Vigneault (Nicolas) :
Oui. Sur le fait qu'il n'y ait personne de Québec, est-ce que le gouvernement
l'a échappé sur son comité, notamment concernant les orientations économiques?
M. Legault
: Bien,
moi, je pense qu'il l'a d'abord échappé sur le fait qu'il aurait dû faire ces
consultations-là avant avril 2014. Comme je le disais tantôt, à peu près la
moitié des personnes qui sont sur le comité, je les ai déjà rencontrées, moi,
personnellement, en privé, mais avant d'écrire mon programme. Être à la
recherche d'un programme après deux ans et demi, c'est quand même un peu un
aveu d'échec.
Journaliste
: ...
M. Legault
: Bien,
l'élément Québec aussi. Écoutez, là, qu'on mette tout des gens de Montréal, qu'il
n'y ait personne de Québec, personne des régions, je ne comprends pas, je ne
comprends pas. C'est d'être déconnecté, là.
La Modératrice
:
Patrick Bellerose, Huffington Post.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Legault. Sur le projet de loi n° 62, je comprends que
votre parti aimerait qu'on aille plus loin, qu'on impose la proposition Bouchard-Taylor.
Mais êtes-vous prêt à voter pour accepter le projet de loi n° 62 comme un
minimum qu'on pourrait faire maintenant?
M. Legault
: Non,
non. On ne fera pas comme Jean-François Lisée, là, de la stratégie de haute
voltige. Nous, on pense qu'il est temps, au Québec, là, qu'on défende nos
personnes en autorité, puis ça inclut les enseignants auprès des enfants, de ne
pas porter de signes religieux. Il est temps qu'on mette ça dans un projet de
loi. Donc, si ce n'est pas dans le projet de loi, là, on ne votera pas pour le projet
de loi. Jean-François Lisée peut bien essayer de faire des tactiques, il est
trop smart, trop smart.
M. Bellerose (Patrick) :
Mais je ne comprends pas pourquoi vous n'accepteriez pas ce minimum-là en
attendant que vous puissiez imposer vous-même…
M. Legault
: Ils
sont majoritaires, ça fait que... Nous, ce n'est pas ça qu'on veut. Nous, on
veut un minimum, là, juges, gardiens de prison, policiers et enseignants du
primaire et du secondaire, qu'on interdise les signes religieux. Je pense que c'est
important d'envoyer un signal fort, au Québec, que les personnes qui sont en
autorité, bien, on veut une neutralité de l'État. Je pense que c'est important.
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, si je comprends bien, vous ne croyez pas que le projet de loi n° 62
va venir régler le débat qu'on a depuis 10 ans sur la laïcité au Québec.
Mme Roy
: Pas du tout.
M. Legault
: Bien
non, pas du tout. Veux-tu peut-être ajouter quelque chose? Vas-y, hein, je
sens, là, que, hein…
Mme Roy
: Excusez-moi,
chef, c'est parce que vous avez parlé de laïcité. Vous avez lu le projet de
loi. Il a 18 articles, c'est très court. Le mot «laïcité» n'apparaît même
pas dans ce projet de loi. C'est une coquille vide. On parle de neutralité
religieuse, et je vous invite à voir la définition qui en est faite. En fait,
il n'y a même pas de définition. On demande aux fonctionnaires de l'État
d'utiliser leur bon jugement. C'est ça qu'il y a dans le projet de loi et c'est
la raison pour laquelle on ne peut pas voter pour ce projet de loi là tel quel.
Il faut y apporter des amendements.
Et le gouvernement libéral est incapable,
incapable de mettre sur papier le consensus minimal qui était ressorti de
Bouchard-Taylor, c'est-à-dire d'interdire le port de signes religieux aux
personnes en position d'autorité, tel que nous le demandions. Ils sont
incapables de le faire, au Parti libéral. Parce qu'actuellement, avec le projet
de loi n° 62 tel qu'il est rédigé, bien, ça, ça signifie que les
policières pourront porter le voile, que les enseignantes pourront porter le
tchador.
Alors, ça vous donne une idée, on ne
touche pas aux signes religieux. Et actuellement ce qui est très, très drôle
quand on voit le Parti québécois, c'est qu'on voit que Jean-François Lisée
recule sur l'identité. Il avance vers Québec solidaire et puis, bien, il se
distancie vraiment des préoccupations de la population. C'est très drôle.
La Modératrice
: Merci.
Martin Croteau, La Presse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour, M. Legault. Bonjour à tout le monde. Dans la dernière année, vous
avez beaucoup parlé d'immigration, de signes religieux. Je remarque que, dans
vos remarques pour commencer cette conférence de presse, vous n'en avez pas
parlé du tout. Vous avez beaucoup parlé d'économie et de taxes. Est-ce que je
comprends que l'élection de M. Lisée, qui a beaucoup fait campagne sur ces
thèmes-là, change votre stratégie de mise en marché?
M. Legault
: Non,
bien écoutez, aujourd'hui, je vous parle de baisse d'impôt, mais fierté et
prospérité, c'est ça, la CAQ. Fierté, bien, il faut défendre notre langue,
défendre nos valeurs. On a des positions qui sont claires depuis longtemps.
Nous, on veut des tests de valeurs, des tests de français pour les nouveaux
arrivants. On veut que les signes religieux soient interdits pour les personnes
en autorité. On veut réduire le nombre d'immigrants de 50 000 à
40 000 par année. Ça, c'est très clair. Mais ce qu'on veut aussi, c'est
qu'on relance l'économie. Avec une croissance de 1,2 %, là, il y a comme
une urgence d'agir aussi.
M. Croteau (Martin) :
Donc, votre plan de match ne change pas à cet égard-là?
M. Legault
:
Fierté et prospérité, hein? Fierté d'être Québécois, défense de notre identité,
mais aussi relance de l'économie. Puis j'aurais pu aussi vous parler
d'éducation parce qu'à long terme ce qui est important, c'est d'investir en
éducation pour rehausser la qualité des emplois.
M. Croteau (Martin) :
J'ai une question sur l'économie.
M. Legault
: Ah!
là, vous me faites plaisir.
M. Croteau (Martin) :
Qu'est-ce que vous pensez de la nomination de M. Chrétien comme
négociateur spécial dans le conflit du bois d'oeuvre?
M. Legault
: Je
pense que c'est une bonne nomination puis je viens de lui dire, d'ailleurs.
M. Croteau (Martin) :
O.K., mais qu'est-ce que ça va changer à ces négociations, à vos yeux?
M. Legault
: Bien,
c'est quelqu'un qui connaît bien les personnes influentes au gouvernement
américain, et c'est très important qu'on ne se fasse pas avoir, là, dans ce
dossier-là. Parce que, ne l'oublions pas, là, le Québec a une balance
commerciale négative de 20 milliards, hein? Ça veut dire qu'on importe
20 milliards de plus que ce qu'on exporte. Ça fait qu'on ne viendra pas,
là, commencer en plus à mettre des bâtons dans les roues à nos compagnies forestières
qui veulent exporter leur bois aux États-Unis, là. Il va falloir, à un moment
donné, jouer un peu plus solide. J'espère que M. Couillard va s'impliquer
aussi dans le dossier. Mais je pense que, comme négociateur, M. Chrétien
est un bon négociateur.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, si vous permettez, on va mettre de côté encore une fois l'économie pour
revenir sur le débat sur la laïcité. Quelles sont les conséquences du laisser-aller
de M. Couillard? Notamment, il ne souhaite pas qu'il y ait une
interdiction du port de signes religieux chez les employés en position
d'autorité, non plus chez les enseignants. Quelles sont les conséquences pour
la société québécoise?
M. Legault
: Moi,
je pense que, tant qu'on ne réussira pas à encadrer ce qu'on appelle entre
autres les accommodements religieux, il va y avoir un risque de dérapage, hein?
Ce qu'on voit aux États-Unis avec M. Trump, là, bien, on n'est pas à
l'abri de ça. Mais, si on veut éviter un dérapage, c'est important et urgent
d'encadrer, de dire aux Québécois, là : Voici ce qui est permis puis voici
ce qui n'est pas permis. Puis là, quand les Québécois ont des opinions, bien,
on est capables de leur dire : Bien, ça, c'est couvert, ça, ce n'est pas
couvert. Mais encadrer pour mieux permettre puis mieux accueillir les nouveaux
arrivants, c'est important de le faire, c'est urgent de le faire. Ça aurait dû
être fait par le PQ. Écoutez, là, puis moi, je suis un peu choqué,
effectivement, comme disait Nathalie, là, rappelez-vous que, lorsque le PQ
était au gouvernement pendant 18 mois, ils trouvaient que la CAQ n'allait
pas assez loin pour interdire les signes religieux. Là, ils sont rendus que la
CAQ va trop loin. Franchement, là, c'est n'importe quoi, au PQ, puis ils ont
manqué l'opportunité de faire leur travail pendant les 18 mois qu'ils
étaient là.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, on peut aller de l'avant, selon vous, tout en respectant la Charte canadienne
des droits et libertés? Il n'y a pas de risque de collusion entre une
interdiction du port de signes religieux et la charte?
M. Legault
: Bien,
écoutez, il peut y avoir effectivement des enjeux qui concernent la charte,
mais je pense que ce qui est d'abord important, là, c'est de définir ce qu'on
souhaite au Québec. Si c'est nécessaire d'aller négocier avec Ottawa, bien,
qu'on le fasse, mais c'est important, là, qu'on définisse ce qu'on veut au Québec.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Rapidement, concernant le dossier qui a été évoqué un peu plus tôt d'une Témoin
de Jéhovah, est-ce que je comprends bien que, selon vous, que l'État pourrait
contraindre une personne à recevoir des soins de santé qui pourraient lui
sauver la vie, dans le fond, même si cette personne-là refuse?
M. Legault
: Bien,
écoutez, moi, je pense, à ce moment-ci, il faut regarder toutes les solutions,
mais moi, je n'accepte pas qu'un Québécois, qu'une Québécoise, là, on la laisse
mourir pour des raisons religieuses. Je n'accepte pas ça.
Mme Roy
: Écoutez,
c'est que, dans le dossier présent — c'est plus fort que moi, parce
que je trouve ça terriblement troublant ce qui est arrivé — on n'a
pas tous les éléments. Est-ce qu'elle avait vraiment donné un consentement
libre et éclairé? Est-ce qu'il y a des gens qui ont parlé pour elle, qui ont
décidé pour elle? Est-ce qu'elle savait qu'elle allait mourir en laissant son
enfant là? Est-ce quelqu'un a pensé aux droits de l'enfant? Est-ce que quelqu'un
a pensé au devoir des médecins de sauver une vie humaine? Alors, ces questions-là
sont sans réponse. On nous dit : Elle avait mentionné qu'elle ne voulait
pas de transfusion sanguine. L'a-t-elle fait au moment où on lui a dit :
Ça va te sauver la vie puis tu verras ton enfant? On l'ignore. Il y a le
coroner qui est penché dans le dossier. Mais chose certaine, il y a de graves questions
à se poser. Comment se fait-il que ce soient des préceptes religieux qui
décident sur la vie et la mort de quelqu'un en 2016, alors qu'on a des codes
civils, des codes criminels qui pourraient s'appliquer? Il y a de graves
questions.
Et, pour revenir, vous parliez de laïcité,
dans le projet de loi n° 62, on n'édicte même pas la laïcité de l'État, on
ne dit pas que l'État est laïque, donc que l'État est au-dessus des religions.
Il me semble que ce serait un minimum à faire, et on ne le fait même pas, et ça
ne dérange même pas le Parti libéral ni le PQ.
La Modératrice
: Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : D'ailleurs,
je voulais vous poser une question parce qu'en fait c'est une liberté
fondamentale qui est reconnue, le fait de refuser des traitements médicaux.
Est-ce qu'on comprend de votre réponse que vous voudriez annuler cette
liberté-là?
M. Legault
: Bien,
écoutez, il faut regarder, effectivement, le contexte, là, mais il y a un
enfant qui est en jeu, hein? Donc, il y a une situation où, bon, on ne sait pas
pourquoi, comment cette femme-là a été convertie à cette religion. Mais, au Québec,
là, ce n'est pas dans nos valeurs, ce n'est pas dans nos façons de faire, donc
il faut se poser des questions. Je n'ai pas les réponses aujourd'hui, mais je
me dis, là : Ce n'est pas vrai qu'au Québec on va laisser mourir des gens
pour des raisons de religion. On a fait un long débat sur mourir dans la
dignité en mettant des balises claires, la personne ne doit pas avoir la chance
de s'en sortir, puis là on laisserait commencer à mourir des personnes pour des
raisons religieuses? Moi, je pense qu'il faut se poser des questions.
M. Lavallée (Hugo) :
Mais est-ce que ce n'est pas dans les valeurs fondamentales au Québec, quand
même, de respecter la liberté individuelle des gens de choisir pour eux les
traitements qu'ils veulent ou pas recevoir?
M. Legault
: Oui,
mais vous pourriez dire la même chose : Une personne qui est en fin de vie
qui demande à mourir, est-ce qu'elle a le droit de demander à mourir s'il y a
des chances qu'elle soit sauvée? Là, il y a des questions à se poser, là.
M. Lavallée (Hugo) : Et,
pour vous, donc, est-ce que cette question-là, vous l'inscrivez comme un accommodement
raisonnable?
M. Legault
: C'est
à définir, c'est à définir.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant le sondage, vous parlez d'une éclipse médiatique pour expliquer votre
résultat. Comment se fait-il donc que la CAQ soit le seul parti à souffrir de
cette éclipse-là? Parce que les libéraux sont stables, Québec solidaire aussi.
On dirait que vous êtes la seule formation politique qui a encaissé le coup.
M. Legault
: Bien,
écoutez, passer du Parti libéral au Parti québécois, c'est compliqué, là, hein?
M. Lavallée (Hugo) : On
pourrait passer à QS.
M. Legault
: Bien,
ils sont souverainistes, là, hein? Donc, je pense que c'est un peu normal, là.
Je reviens à ce que je disais tantôt : Les deux partis, le Parti libéral
et le Parti québécois, il y a des nationalistes qui pourraient se joindre à la
CAQ, puis c'est la seule façon qu'on pourrait rassembler les nationalistes.
Mais de passer du PQ au Parti libéral ou du Parti libéral au PQ, c'est
difficile, hein?
La Modératrice
: Merci.
Jean-Marc Salvet, Le Soleil.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Bonjour, M. Legault. Vous avez dit, il y a quelques instants, que, sur le projet
de loi sur la neutralité religieuse, il fallait aller plus loin si on voulait, par
exemple, éviter des dérapages comme il peut y en avoir aux États-Unis. Est-ce
que certains ne pourraient pas dire que le pays en Occident qui a été plus
loin, c'est la France, dans les interdits et qu'il y a des dérapages en France?
M. Legault
: Oui,
mais on pourrait dire aussi qu'en Allemagne il y a des tests de valeurs puis
des tests de langue; au Danemark, il y a des tests de valeurs, des tests de
langue. Donc, de juste prendre...
M. Salvet (Jean-Marc) :
Je comprends bien, mais là vous avez dit : Ne rien faire, c'est prêter
flanc à d'éventuels dérapages. Je pense que, la France, objectivement, on peut
s'entendre tous pour dire qu'elle a été loin et disons que ce n'est pas
l'harmonie qui règne.
M. Legault
: Oui,
mais là la France est allée très loin, hein? Des étudiants n'ont pas le droit
de porter un hijab dans une classe, là. Donc, je pense, il faut être prudent
quand on se compare avec la France.
La Modératrice
: Merci.
On va passer aux questions en anglais. Donc, Ryan Hicks, CBC.
M. Hicks (Ryan) : Hello. When it comes to Bill 62, how much further does it need
to go?
M. Legault
: Right now, I thought there was a consensus in Québec about the
fact that people in an authority position, that they would not have the
possibility of wearing a religious sign. Right now, that's not what the Liberal
Party proposes. So, I think that, right now, they should at least accept the Québecconsensus. We saw that in many polls, that the vast majority of Quebeckers,
they agree that religious signs must be forbidden for people in authority
positions.
M. Hicks (Ryan) : OK. So, are you going to make amendments to that effect?
M. Legault
: Sure, sure.
M. Hicks (Ryan) : And Jean-François Lisée brought up the discussion about banning the
burqa in public places. What's your position on that?
M. Legault
: No, our position is that we're requesting that all immigrants have
a value test and a French test, that's it. We don't want to start having some
piece of «vêtements»… clothes that would be forbidden.
La Modératrice
:
Merci. Max Harrold, Montreal Gazette.
M. Authier
(Philip)
: No, I'm not Max Harrold, I'm Philip Authier.
La Modératrice
:
Non, Phil Authier, Philip Authier. Sorry.
M. Authier
(Philip)
: I'm much better looking and much smarter than Max
Harrold. I hope that goes in the transcript.
M. Legault
:
Your hair is different today.
Des voix
:
Ha, ha, ha!
M. Authier
(Philip)
: The poll this morning shows that this is the worst
score, the biggest drop for you, for the CAQ in six months, and Mr. Lisée
has only been on the job a week. Are you worried that, as you said, it's more
difficult for people to go from the Liberal to the PQ party or the PQ to the
Liberals? Are you worried that the nationalists in the CAQ… that your vote is
very fluid and unstable and is willing to transfer very quickly?
M. Legault
:
No. We see this impact every time we have a new leader. Remember, when I
started the CAQ, I was at 50%. When Mr. Péladeau became leader of the
Parti québécois, he started at 37%. So, now we see that Mr. Lisée starts
at 30%. So, maybe he will go a bit higher in the next few weeks, I don't know,
but 30% is not surprising for me.
M. Authier
(Philip)
: But are you worried that your vote base is fragile?
M. Legault
:
No. I think that, after the honeymoon period, people will come back to the
reality. The reality is that the vast majority of Quebeckers, they don't want
the sovereignty of Québec and they want us to talk about the economy. And, right now, the only party proposing tax cuts is the
CAQ. 10 days ago, we had a motion to decrease, to cut taxes and it has
been rejected by the Liberal Party and the PQ. So, I think we'll come back to
the reality about the sovereignty of Québec, about the economy, about tax cuts. And I don't worry, I'm patient.
Merci, tout le monde.
(Fin à 12
h 7)