(Treize heures treize minutes)
Mme Weil
: Oui, bonjour,
tout le monde, bon après-midi. Alors, ce matin, j'ai eu le grand plaisir de
déposer le Plan d'immigration du Québec pour l'année 2017. Ce plan
confirme les orientations de la planification pluriannuelle de l'immigration
pour la période 2017‑2019 qui ont été soumises à une consultation cet été
et qui ont recueilli une vaste adhésion de l'ensemble des acteurs consultés. Il
faut comprendre que l'immigration a, de tout temps, contribué au développement
économique culturel et social du Québec. Le contexte dans lequel le Québec
évolue exige néanmoins, actuellement, une action rapide, structurée et
efficace.
Alors, j'aimerais vous parler un peu du
contexte dans lequel on dépose ce plan. C'est un contexte d'une grande réforme,
qui est vraiment différente des autres expériences personnelles et d'autres
ministres qui ont fait des planifications. Alors, c'est une grande réforme en
immigration afin de nous assurer que l'immigration puisse continuer de répondre
à nos besoins, contribue à notre prospérité.
Alors, vous vous rappellerez que nous avons
dévoilé, au mois de mars dernier, une nouvelle politique en matière
d'immigration de participation et d'inclusion intitulée Ensemble, nous
sommes le Québec, accompagnée d'une stratégie d'action dotée d'un budget de
42,5 millions sur cinq ans qui vise à mieux sélectionner, mieux intégrer
et mieux vivre ensemble. Nous avons aussi, au mois d'avril dernier, adopté une nouvelle
loi sur l'immigration au Québec, la loi n° 77, qui fournit les assises
pour la mise en place d'un nouveau système d'immigration novateur, rapide,
flexible qui permettra, et c'est ça le coeur, vraiment, de ce projet de loi,
une adéquation optimale entre les candidats sélectionnés et les besoins de
notre marché du travail. Et nous travaillons d'ailleurs actuellement à la mise
en place de ce nouveau système qui s'appuiera sur des portraits régionalisés de
ces besoins. Ça, c'est une nouveauté qui permettra au système d'immigration,
finalement, de sélectionner des gens qui pourraient répondre à des besoins dans
nos villes et régions... et ce nouveau système qui serait en place au cours de
la seconde moitié de 2017.
La nouvelle politique, la nouvelle loi et
les orientations déposées aujourd'hui prennent toutes racine dans les consensus
qui ont émergé des trois larges consultations parlementaires de l'ensemble des
acteurs concernés et intéressés par l'immigration, notamment les acteurs
économiques, syndicaux, communautaires, universitaires, municipaux et
régionaux.
Et je voudrais rajouter, sur une note
personnelle, pour moi, c'est un grand privilège d'avoir pu être à l'écoute,
honnêtement, dans ce processus quand même assez exceptionnel, trois grandes
consultations parlementaires, et je voudrais souligner que cet exercice qu'on a
fait de consultations parlementaires... et on a inscrit dans la loi que ce
serait toujours des consultations générales, ce qui veut dire tous les gens qui
veulent venir se prononcer viennent se prononcer. C'est un exercice
démocratique unique. On n'a pas trouvé d'autres gouvernements qui font cet
exercice, et je pense, personnellement, que c'est extrêmement important pour
avoir toujours, en temps constant, une bonne compréhension des enjeux, des
défis qu'on a à relever, mais aussi que les gens comprennent, et que nous,
comme gouvernement, et les parlementaires puissent sentir aussi une adhésion à
nos orientations.
Donc, qu'est-ce que nous avons entendu
lors de ces consultations? Un, tout d'abord, nous avons constaté l'adhésion
envers la sélection d'une immigration jeune — c'est l'orientation 6 — dont
le profil est bien arrimé avec les besoins du marché du travail. Alors, le
nouveau système de sélection basé sur la déclaration d'intérêts jouera donc un
rôle clé dans la réalisation de cette orientation et de nous
assurer — l'autre orientation — que 70 % de nos
travailleurs qualifiés détiennent une formation en demande sur le marché du
travail. Évidemment, pour un système d'immigration qui cherche à contribuer à
l'économie du Québec... Évidemment, c'est tous les immigrants qui contribuent
au marché du travail, mais cette orientation est très, très importante parce
qu'elle est stratégique. C'est des talents qui sont recherchés et que nos
entreprises cherchent un peu partout dans le monde.
Donc, nous porterons aussi l'immigration
économique à 63 % de l'ensemble des admissions d'ici 2019 — ça,
c'est l'orientation 2 — afin de soutenir la croissance de nos
entreprises et pallier aux besoins de main-d'oeuvre qui se font sentir dans
plusieurs régions. Et cette orientation a été accueillie, évidemment,
favorablement entre autres par la Fédération québécoise des municipalités, qui
souhaite évidemment jouer... Les acteurs régionaux souhaitent jouer un rôle
important dans la détermination de leurs besoins. Et vous l'avez vu dans le projet
de loi n° 70 de mon collègue François Blais, que la Commission des partenaires
du marché du travail travaille justement sur cet angle-là, qui est une
nouveauté. Ça peut sembler assez élémentaire, mais c'est une nouveauté. Ils ne pouvaient
pas, avant, déterminer les besoins sur une base régionalisée.
Nous avons aussi entendu que la
stabilisation des niveaux d'immigration à 51 000 immigrants par année
pour 2017 et 2018 puis à 52 500 immigrants en 2019 faisait consensus parmi
tous les acteurs. Et, je vous dirais, le commentaire... Évidemment, les acteurs
économiques, eux, ils sentent la pression de la pénurie de main-d'oeuvre, ils
le sentent et ils souhaiteraient... Puis c'est différent. En 2011, quand on a
fait la consultation où, vraiment, certains demandaient 60 000, là ils
comprennent qu'on est dans une période de transition. Et, quand on amène une
réforme aussi importante et complexe que cette réforme, la pire des choses,
c'est de mettre une pression additionnelle sur le système même de sélection.
Donc, il faut s'assurer que ce système va être capable, avec toute, toute la
réglementation qui va accompagner, toute la mobilisation des acteurs, que tout
soit bien mis en place pour avoir un système, donc, qui fonctionne bien. Donc,
ils attendent la modernisation puis ils sont très contents qu'on modernise nos
façons de faire en matière d'immigration.
Aussi, l'importance de miser sur le
potentiel des étudiants étrangers et des travailleurs temporaires. Évidemment,
je n'ai pas à le répéter, je pense que vous l'avez bien compris, s'il y a bien
une mesure qui est allée chercher l'adhésion de tout le monde, tout le monde,
tout le monde, c'est que c'est important. C'est des gens qui sont déjà ici dans
nos universités, dans nos entreprises, qui parlent français, qui aiment le
Québec. Ils sont bien ici, ils veulent rester. Alors, on se donne comme
objectif que 40 % de nos travailleurs qualifiés seraient issus de ce
mouvement de l'immigration temporaire. Donc, je vous dirais que ça, c'est une des
orientations des plus stratégiques. Et vous avez vu l'annonce de ma collègue
Hélène David aussi dans la mise à jour économique pour l'attraction de ces
étudiants étrangers. Et l'avantage aussi de cette mesure, c'est que ça
bénéficie à toutes les régions du Québec. Il y a des cégeps, il y a des
universités un peu partout. Et j'ai regardé les chiffres tout récemment pour
voir le taux de rétention pour ce qu'on appelle notre programme PEQ, c'est
quand même bon. C'est quand même bon un peu partout. Alors, c'est des gens qui
peuvent être ancrés dans leur milieu, et on va miser sur ça quand on va parler
d'intégration en emploi pour être sûrs que ces personnes-là trouvent un emploi
et vraiment fassent leur vie ici.
En ce qui concerne l'enjeu fondamental de
la vitalité du français, les consultations ont aussi révélé un fort consensus
sur l'importance que l'immigration contribue à la vitalité du français par la
sélection même de personnes francophones. Alors, notre objectif, c'est que 85 %
de nos travailleurs qualifiés connaissent le français à leur arrivée, puisque
la connaissance du français est la clé de voûte de l'intégration en emploi. Il
y a eu des discussions sur cet enjeu, certains qui disent : Bon, sélection,
mais à tout le moins francisation. Mais je vous dirais que moi, je considère,
et mon ministère aussi, qu'il faut aussi aller très fort sur la sélection. La
sélection de personnes qui parlent français, ça veut dire qu'ils vont trouver
un emploi plus rapidement et le taux de rétention est plus élevé. Alors, je
constate que c'est stratégique. Il faut faire les deux, il faut agir sur les
deux fronts. Mais, si les travailleurs qualifiés, c'est à peu près 60 % de
notre immigration, c'est là qu'on va chercher l'immigration francophone.
Parallèlement, tous les acteurs se sont
montrés en accord avec la nécessité de poursuivre les investissements
stratégiques réalisés par le gouvernement en matière d'intégration, notamment
en francisation, et j'y reviendrai dans quelques instants.
Nous avons aussi constaté que l'accueil
des personnes réfugiées et la poursuite de l'engagement humanitaire du Québec
sont en phase avec les valeurs de solidarité, de respect des droits et libertés
de la personne, d'équité, de générosité des Québécois, comme l'a clairement
démontré la mobilisation exceptionnelle de la société pour accueillir les
personnes réfugiées syriennes. C'est un engagement qui se poursuit pour les
prochaines années, puisqu'avec les personnes issues du regroupement familial et
les autres personnes immigrantes les réfugiés contribuent au développement
économique du Québec et à la richesse de notre diversité sociale et culturelle.
Nous avons eu l'occasion d'entendre, lors des derniers mois, plusieurs
histoires à succès qui corroborent la capacité incroyable des personnes
réfugiées à rebâtir leur vie et à participer pleinement en français au
développement du Québec.
J'ai parlé, il y a quelques instants, de
l'importance de l'intégration. Notre gouvernement croit profondément à la
contribution de l'immigration à la prospérité du Québec et la vitalité du
français. Et cette intégration passe par une mobilisation accrue au chapitre de
l'accompagnement des personnes immigrantes. Et je parle de mobilisation non
seulement gouvernementale, tous les acteurs gouvernementaux, mobilisation de la
société civile, mobilisation des acteurs économiques, évidemment des organismes
communautaires, mais je vous dirais qu'ils sont très mobilisés. C'est nos
partenaires, nos premiers partenaires au ministère de l'Immigration.
Nous annonçons donc aujourd'hui la
création d'un comité interministériel sur l'intégration afin d'assurer un
accompagnement continu des personnes immigrantes, de l'étranger jusqu'à leur
insertion en emploi. Ce comité veillera à l'amélioration de la coordination, de
la continuité et de l'efficacité de l'offre de services destinés aux personnes
immigrantes. Le mandat et la composition de ce comité feront l'objet d'une
annonce publique dans les prochaines semaines.
J'ai parlé de la contribution de
l'immigration à la vitalité du français, je vous ai dit que c'est fondamental,
cela passe par une offre vigoureuse de francisation adaptée aux besoins des
personnes immigrantes. Nous multiplions les efforts de francisation sur tous
les fronts grâce à une offre élargie et bonifiée de francisation à temps plein,
à temps partiel, en ligne et en milieu de travail. De nouveaux services ont été
ajoutés, pensons à l'accès aux cours de français en ligne pour les étudiants
étrangers et les travailleurs temporaires, et d'autres seront ajoutés dans les
prochains mois, notamment l'enrichissement de la francisation à visée
professionnelle.
Vous savez aussi que mon ministère mène depuis
cet été une campagne de promotion des services de francisation afin de
rejoindre les personnes immigrantes qui ne connaissent pas le français. Notre
gouvernement fait de la francisation une priorité et nous investissons cette
année des sommes supplémentaires de 31 millions de dollars en
francisation, portant le total des investissements qui y sont consacrés à
168 millions de dollars. Ces sommes concrétisent notre engagement à
répondre adéquatement aux besoins variés et évolutifs des personnes
immigrantes. Nous répondons ainsi aux attentes de la population québécoise, qui
veut une immigration qui s'intègre et participe en français à la société
québécoise.
En conclusion, avec le Plan d'immigration
du Québec pour 2017 et les orientations retenues pour la période 2017‑2019,
nous sélectionnerons des personnes jeunes, qualifiées, qui connaissent le
français, ce qui contribuera à accroître la population en âge de travailler et
à répondre aux besoins actuels et futurs du Québec. Par notre grande réforme,
l'immigration continuera d'apporter son importante contribution sociale et
économique. D'ailleurs, dans un sondage récent, Environics, une nette majorité
de Québécois, 76 %, comme les Canadiens, sont d'avis que l'immigration a
un impact positif sur l'économie.
On ne peut passer sous silence
l'amélioration marquée de cette perception au cours des 20 dernières
années, marquée par la pleine possession des pouvoirs de sélection en matière
d'immigration économique et de l'entière responsabilité de l'accueil et de
l'intégration des nouveaux arrivants par le Québec dans le cadre de l'accord
Canada-Québec. Cela, selon moi, n'est pas désincarné aussi de nombreux efforts
déployés par les gouvernements, tous les acteurs du milieu de l'immigration et
par les personnes immigrantes elles-mêmes pour réussir pleinement
l'intégration.
Avec notre réforme, nous voulons aller
plus loin, et je suis confiante que nos actions porteront fruit au cours des
prochaines années. Nous avons un plan crédible, fondé sur un consensus fort,
reconnu à la fois à l'international et par l'ensemble des acteurs du milieu de
l'immigration, un plan qui a été qualifié comme étant le bon plan par les économistes
réputés Pierre Fortin, Brahim Boudarbat et Gilles Grenier, un plan qui cible
clairement les défis, qui propose des solutions novatrices et structurantes et
qui mobilise l'ensemble de la société afin de s'assurer que tous les Québécois
puissent réaliser leur plein potentiel et participer activement à faire du
Québec une société prospère, francophone, diversifiée et engagée à favoriser le
dynamisme de ses régions parce que tous ensemble, nous sommes le Québec. Merci
de votre attention.
La Modératrice
: Merci
beaucoup, Mme Weil. On va commencer la période de questions. Je vous
demanderais de vous identifier. On va commencer avec le micro de droite.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Bonjour, Mme la ministre. Jean-Marc Salvet, du Soleil. Excusez-moi, je
ne retrouve pas le chiffre dans le document, mais, tout à l'heure, j'ai cru
voir que, pour 2017, on souhaitait sélectionner à peu près 57 000
personnes, mais que l'accueil est moindre. Est-ce que...
Mme Weil
:
51 000.
M. Salvet (Jean-Marc) :
51 000, mais, dans les sélections, on ne veut pas sélectionner davantage?
Mme Weil
: C'est
toujours l'admission, hein, le plan, c'est toujours l'admission, c'est pour ça
que c'est toujours un peu confondant, hein? Honnêtement, c'est compliqué parce
que l'admission, il y a la sélection, ça peut être très rapide, la personne
peut arriver en six mois — c'est le cas des travailleurs temporaires
et les étudiants étrangers — ça peut prendre deux, trois ans. Donc,
nous, évidemment, avec l'information qu'on a, bien, on est capables de prévoir
l'admission.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Donc, c'est pour ça qu'on sélectionne plus, on prévoit sélectionner plus, mais
pour accueillir, en définitive, 51 000 personnes.
Mme Weil
:
Sélectionner plus. C'est-à-dire qu'on veut que le pourcentage des personnes qui
seront admises... Dans l'admission, quand on parle de sélectionner plus de
personnes qui parlent français, plus de personnes issues de l'immigration
temporaire, oui, c'est vrai, c'est plus de CSQ qui vont être émis, mais, dans
l'admission, ça va se refléter dans l'admission, éventuellement. Donc, le plan,
c'est toujours l'admission, mais basé sur la sélection qui s'est passée juste
avant.
La grande différence avec la façon de
fonctionner ces dernières années, où ça pouvait prendre quelques années, dans
le nouveau système, qui sera bien implanté, je vous dirais, dans la deuxième
moitié de 2017, c'est vraiment presque en temps réel.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Sur l'année en cours, 2016, il y a plus d'admissions que prévu de façon assez
importante?
Mme Weil
: Tout à
fait, oui. C'est les réfugiés, donc, c'est les réfugiés syriens. Donc, les
réfugiés, à peu près 1 500 prévus pour 2015, mais qui sont arrivés, donc,
en 2016. Donc, le plan, c'était 3 650 en 2015, 3 650 en 2016, mais
évidemment, donc, la plupart sont venus, arrivés en 2015, mais il restait un
1 500. C'est ça qui fait la différence, donc.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Moi, j'avais compris qu'il y avait des vases communicants, c'est-à-dire que,
plus il y en aurait une année, moins on admettrait de gens dans d'autres catégories
pour ne pas dépasser le plafond. Ce n'est pas ce qui avait été dit à un moment?
Mme Weil
: Il y a
une fourchette. Je vous dirais que tous concordent que c'était une année
exceptionnelle, hein, l'arrivée des réfugiés syriens. Et il y a eu, évidemment,
cet effort monumental d'accueillir 25 000 personnes en l'espace de,
vraiment, quelques mois. Au début, on prévoyait ça pour le mois de décembre au
niveau canadien. Donc, c'est exceptionnel. Généralement, la fourchette, on est
capables de la respecter. Mais c'est vraiment le débordement, si vous voulez,
de ces réfugiés syriens qui sont arrivés en janvier qui fait la différence en
2016.
Mais, pour les années à venir, la
fourchette fonctionne très bien pour nous, je vais vous dire pourquoi. Parce
que le gouvernement fédéral va toujours nous aviser, et on va toujours dire au
gouvernement : Voici notre plan pour... Alors, ils savent quel est notre
plan. Bien, une fois que c'est déposé, on leur dit : Voici notre plan pour
2016. Ils sont capables d'ajuster. Il y a des années, par exemple, un
débordement, on l'a vu aussi pour l'année dernière, c'est le regroupement
familial. Il y a un inventaire important au gouvernement fédéral, et ça, c'est
vraiment de compétence fédérale, ils ont traité ces inventaires qui ont fait
qu'il y a plus de gens qui sont arrivés ici pour se réunir avec leurs familles.
Mais ils essaient d'ajuster pour qu'on puisse respecter. Ils le font, notre
plan.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Très bien, merci.
La Modératrice
: Micro
de gauche.
M. Vigneault (Nicolas) :
Nicolas Vigneault, Radio-Canada. Mme Weil, est-ce que 31 millions,
c'est suffisant pour, justement, franciser ces nouveaux arrivants? Parce qu'une
des grandes problématiques en immigration, c'est la rétention. Bien, on prend
l'exemple des réfugiés syriens, ici, à Québec, la plupart sont retournés du
côté de Toronto, notamment, parce qu'ils retrouvent leur communauté là-bas.
Est-ce que 31 millions, c'est suffisant?
Mme Weil
: Moi, je
vous dirais que, pour moi, il y a deux facteurs. C'est la sélection,
l'importance d'une sélection de travailleurs qualifiés qui parlent français.
Les gens vont arriver très déçus, frustrés même, s'ils ne peuvent pas trouver
un emploi, et c'est un peu la réalité qu'on constate. Donc, le taux de rétention
va être amélioré par plus de gens qui parlent français.
Mais il faut rajouter à ça, il y a les
travailleurs temporaires qui sont ici, et eux, ils apprennent la langue. Donc,
eux, ils peuvent transiter assez rapidement vers l'immigration permanente.
Donc, c'est pour ça qu'on mise aussi, pour être stratégiques, pour être sûrs
que c'est équilibré par rapport à nos besoins économiques, sur ces travailleurs
qualifiés.
Maintenant, la francisation, c'est pour
tout le monde. Pour les réfugiés syriens, il n'y a pas de temps d'attente, tout
le monde... C'est presque 80 %. Je pense que c'est entre 75 % et
80 % qui sont en francisation. Sinon, c'est un des parents qui reste à la
maison avec l'enfant. Et à peu près un quart, c'est des enfants dans tout ça.
Et, je vous dirais, globalement, en immigration, à peu près un quart de tous
ces chiffres, c'est des enfants qui sont à l'école, d'où l'importance de ce qui
a été rapporté aujourd'hui, annoncé par le ministère de l'Éducation. Il fallait
ouvrir des classes d'accueil et plus de francisation pour ces enfants. Donc là,
ça répond tout à fait à la demande.
Donc, je vous dirais, c'est un jeu des
deux, vous avez raison. Pour moi, je trouve que c'est très important qu'on
investisse efforts, énergies. Il faut que le taux de rétention soit un
objectif. Ça a toujours été à peu près 80 % au fil des années. On
comprend, il y a du mouvement entre les provinces et ça joue sur l'économie, et
tout, mais, si on baisse en dessous de 80 %, moi, je considère qu'il faut
travailler là-dessus.
M. Vigneault (Nicolas) :
Et quelle est la mesure dans votre politique qui fait en sorte qu'on aura
vraiment un taux de rétention…
Mme Weil
: Plus
élevé? C'est ce 85 % de travailleurs qualifiés qui parlent français à
l'admission, c'est les travailleurs temporaires et les étudiants étrangers qu'on
veut attirer chez nous, c'est-à-dire attirer et retenir chez nous, parce qu'ils
parlent déjà français. Donc, ils sont allés, la plupart, beaucoup dans des
universités francophones, mais aussi les travailleurs qualifiés, et on leur
donne accès, pendant l'année où ils sont ici, aux cours de francisation.
Donc, ils sont en train de franciser, vous
comprenez, et ils ont un statut temporaire. C'est vraiment une nouveauté. Moi,
je vous dirais que ça fait longtemps que je demande ça, mais là c'est une
nouveauté parce que c'est tellement stratégique, cette immigration, c'est des
gens déjà intégrés, ils sont déjà en emploi, les employeurs veulent les garder,
tout le monde veut les garder. Il manquait ce bout-là pour certains. Alors là, on
pourra les franciser avant. C'est sûr qu'il y en a beaucoup qui ont déjà la
connaissance du français, puis, si leur français est moyen, ils vont être
capables de passer... Ils doivent passer un test, hein, dans le cas de ces
travailleurs temporaires et étudiants étrangers, ils doivent passer le test, donc
on confirme qu'ils parlent français. Ceux qui sont issus des universités
francophones, non, parce qu'on présume qu'ils parlent le français, mais les
travailleurs temporaires, oui.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Micro de droite, s'il vous plaît.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour. Marc-André Gagnon, Journal de Québec. Bon, les seuils sont
essentiellement ceux que vous nous aviez présentés en juin dernier. Il y a des
nouvelles sommes pour la francisation. Est-ce que ce n'est pas en quelque sorte
un constat d'échec pour la capacité du Québec à bien intégrer et franciser les
nouveaux arrivants quand on voit que le seuil d'immigration demeure
relativement le même, là?
Mme Weil
: Ce
n'est pas un échec. L'immigration n'est jamais un échec, jamais, jamais. C'est des
gens qui, dans certains cas, cinq ans après leur arrivée, ils trouvent un
emploi, la majorité des immigrants trouvent un emploi, et ça, c'est la réalité
de l'immigration depuis toujours.
L'important, c'est qu'on s'attarde plus
finement à la coordination entre tous les acteurs. Je vous dirais que c'est le
morceau, là... L'annonce de ce comité interministériel est extrêmement
stratégique. Pensez au ministère de l'Emploi, du Travail et de l'Emploi, c'est
un gros ministère. Le ministère de l'Immigration sélectionne, oui, donne des
cours de francisation, etc., mais ensuite c'est l'intégration en emploi. Et qui
travaille avec des entreprises? Ce n'est pas évident, hein? Donc, comment
est-ce qu'on mobilise tous les acteurs dans une société? C'est ça qu'on veut
faire, et évidemment, vous le savez, le rendez-vous sur l'emploi, qui est un
dossier extrêmement important pour le premier ministre, on est tous en train de
travailler pour qu'on ait cette vision, par la formation dans nos universités
et dans nos cégeps, dans nos écoles, pour les métiers et les professions, qu'on
élimine, premièrement, les barrières de la reconnaissance d'acquis, justement,
pour les professionnels et la formation, mais la sélection et l'accompagnement
des immigrants fait partie de ce grand portrait pour répondre aux pénuries de
main-d'oeuvre à l'avenir.
M. Gagnon (Marc-André) :
O.K. Mais ces nouveaux millions de dollars là pour la francisation, est-ce que
ce n'est pas la preuve qu'il y avait, à quelque part, un rattrapage nécessaire?
Et, si la volonté de votre gouvernement est d'augmenter les seuils
d'immigration, est-ce qu'il ne faudrait pas, au contraire, en mettre encore
davantage en matière de francisation?
Mme Weil
: Bien,
moi, j'avais annoncé, dans le budget, finalement, c'est un 6 millions de
plus que le ministère de l'Immigration a. Je suis allée chercher cet argent.
Pourquoi? Parce que je crois tellement à la francisation, je pense que c'est
une mission fondamentale du gouvernement. Donc, ça, il y avait ça. C'est sûr
que, par le passé, on a toujours pu aller chercher des argents additionnels au
fil des années, mais la nouveauté, c'est qu'on fait une promotion, on fait une
campagne de promotion.
Pour ce qui est de l'éducation, évidemment,
l'éducation... et je travaille beaucoup avec mon collègue Sébastien Proulx
parce que la planification nous dit l'avenir, hein? Vous regardez les chiffres
dans la planification, vous voyez le nombre de réfugiés, vous voyez, on a le
portrait et on sait qu'à peu près un quart, c'est des enfants. On est capables
de bien faire les choses et de planifier. Donc, le ministre de l'Éducation et
le système d'éducation répondent toujours à la demande en ouvrant des cours et
des classes d'accueil, notamment, et dans les commissions scolaires pour les
cours de francisation.
Mais, je vous dirais, ce n'est pas un
échec, c'est toujours une question de s'assurer que les services publics sont
au rendez-vous. Je vous dirais que — je pense que tout le monde a
fait le constat — on sait qu'en tout temps il y a beaucoup de gens
qui sont ici, sur le territoire, qui ne parlent pas français, hein, parce que c'est
le regroupement familial, bien qu'au fil des années, parce que l'immigration est
plus francophone, on a plus de Français et plus de Maghrébins, etc., on a vu
qu'au fil des années, comparé à il y a 20 ans, le regroupement familial, les
membres du regroupement parlent plus le français. Bon, ça, c'est des choses de
statistiques.
Ceci étant dit, il faut que le gouvernement
soit proactif en la matière. C'est ce que je vous dis, j'y crois. Moi, j'ai été
francisée parce que j'ai eu des parents qui y croyaient. Un père américain, une
mère très, très, très francophile, mais je ne serais pas ici aujourd'hui...
bien, peut-être que oui, mais pour participer vraiment, là... Donc, peut-être
que je suis très, très sensible à la question, et ce n'est pas juste un niveau
de français correct, là, il faut avoir une francisation qui permet... Vous avez
vu l'étude de la Chambre de commerce de Montréal au printemps dernier, donc
certains qui ont de la misère à graviter au sein de l'entreprise parce qu'il
manque cette coche supérieure de compétence.
Alors, tout ça pour dire que le
gouvernement est mobilisé — et voici mon collègue le ministre de
l'Éducation — autour de cette question. Et la création de ce comité,
le rendez-vous sur l'emploi, c'est un enjeu fondamental. Pour répondre aux
besoins du marché du travail, il faut qu'on soit tous mobilisés actifs autour
de ces questions.
La Modératrice
: Micro
de gauche, s'il vous plaît.
M. Dutrisac (Robert) :
Bonjour. Robert Dutrisac du Devoir. Bonjour, Mme Weil. Je remarque
que les personnes réfugiées qu'on va admettre, on va en admettre davantage, 2 000
de plus qu'en 2016, un petit peu moins que l'an passé. Donc, on va continuer de
faire un effort particulier pour accueillir des réfugiés en 2017. C'est quoi, les
perspectives, de ce côté-là?
Mme Weil
: C'est
que, bon, vous voyez aussi les personnes, la catégorie de personnes en
situation semblable, vous savez ce que c'est, c'est les demandeurs d'asile. Alors,
il y a une augmentation aussi de ce nombre-là. Donc, c'est des personnes qui
deviennent des réfugiés avec tous les droits, évidemment. Les perspectives,
c'est... Évidemment, il y a cette crise qui continue, mais je vous dirais que
les gens... Nous, en disant qu'on souhaiterait augmenter à 63 % la part de
l'économie, à partir de 2019, on va voir la part de l'économie reprendre plus
de présence au sein du total. C'est ça qui est important. Oui, dans ce
sens-là — quelqu'un avait parlé de vases communicants — il
y a des vases communicants, donc, entre ces trois catégories.
M. Dutrisac (Robert) : Maintenant,
pour ce qui est de la proportion des immigrants qui connaissent le français, on
est passé, en 2014, de 59 %, on est à 51 %, donc il y en a moins. On
sait que, bon, selon les chiffres mêmes du ministère, il y a à peu près
60 % des immigrants qui ne connaissent pas le français, qui ne suivent pas
le cours de français. Donc, ça veut dire qu'il y en aurait 15 000 qui nous
arrivent, année après année, qui ne suivent pas de cours de français et qui ne
savent pas le français. Vous me parlez de promotion. C'est quoi, vos objectifs
par rapport à ces gens-là?
Mme Weil
:
Écoutez, basé sur la dernière fois que le ministère a fait une campagne de
promotion, ça a donné de très bons résultats. Je n'ai pas de chiffre en tête
c'est quoi, l'objectif, mais je le redemande à peu près toutes les semaines :
Comment va la campagne? Quels sont les résultats? Et on va voir les résultats,
c'est important de poursuivre. Là, on rentre dans une deuxième phase de la campagne
où on associe les acteurs sur le terrain, les organismes communautaires qui
sont vraiment proches de ces communautés pour en faire vraiment la promotion.
Maintenant, il y en a aussi, il faut le
savoir, qui sont déjà en emploi, beaucoup, beaucoup. Donc là, il faut bonifier
l'offre en milieu de travail. C'est une autre stratégie. Alors, c'est tout ça,
la politique, parce que toutes ces mesures sont dans la politique
d'immigration, participation, inclusion pour qu'on puisse regarder ces choses
et de vraiment voir quelle est la meilleure offre pour ces personnes-là. Mais
il y en a du regroupement familial qui sont, en effet, au travail. Donc,
mobiliser le milieu des entreprises pour offrir la francisation sur le site
même.
M. Dutrisac (Robert) :
Vous annoncez un rétablissement des dépenses en matière de la francisation,
bon, essentiellement au ministère de l'Éducation, mais aussi vous aviez eu un
4 millions supplémentaire cette année.
Mme Weil
: Six, en
fait.
M. Dutrisac (Robert) :
Six? Très bien. Maintenant, il y a eu aussi des compressions, des coupures, des
coupes qui ont été imposées aux groupes d'intégration, à différents programmes
d'intégration...
Mme Weil
: Non,
pas chez nous, pas chez nous.
M. Dutrisac (Robert) :
Pas chez vous? Pas chez vous. Peut-être une dernière question. Au fédéral, il y
a eu une étude, récemment, qui disait 461 000, je pense, immigrants qu'on
devrait accueillir au Canada. On en accueille déjà 350 000...
Mme Weil
: Oui,
450 000, c'était ça, la recommandation.
M. Dutrisac (Robert) :
Oui, 450 000 à peu près... 450...
Mme Weil
: C'est
ça.
M. Dutrisac (Robert) :
100 000 de plus que l'objectif présent. Mais, même à l'objectif présent,
pour maintenir le rythme, le Québec devrait avoir des seuils à 70 000. C'est
quoi, votre...
Mme Weil
: Bien,
ma réaction... Premièrement, assez rapidement, le ministre fédéral John
McCallum m'a dit : Non, on n'ira pas dans ce sens-là parce que ça coûte de
l'argent, hein? On peut imaginer que c'est juste ici que ça coûte de l'argent,
ça coûte de l'argent pour toutes les provinces de bien accueillir, bien
intégrer, bien angliciser ou franciser, dans leurs cas. C'est vrai pour nous
aussi. Mais je vous dirais que moi, je suis très sereine par rapport à notre
plan et nos actions. Je comprends l'enjeu de notre poids relatif,
démographique, c'est important. C'était un enjeu dans l'accord Meech, c'était
un gain important pour Robert Bourassa, mais, dans le contexte où on est, il
faut bien faire les choses. Alors, pour moi, je suis vraiment centré sur la
réforme, bien faire les choses. Et, une fois qu'on est sûrs d'avoir un bon
système, on pourra réévaluer les options. Mais, quand même, le gouvernement
fédéral, les échos que j'ai, c'est qu'ils vont rester plus conservateurs que
l'inverse.
La Modératrice
: Merci.
Micro de droite.
M. Chouinard (Tommy) :
Bonjour. Tommy Chouinard, LaPresse. C'est très détaillé,
toutes les cibles pour l'admission, c'est extrêmement détaillé. Par contre, les
chiffres sur le suivi qu'on peut faire des personnes qu'on accueille, combien
ils ont suivi de cours de francisation, pendant combien de temps, est-ce que ces
cours-là ont été abandonnés, dans quelle mesure est-ce que ces gens-là se
trouvent effectivement du travail ou pas, combien, parmi eux, qui ont été
accueillis l'année dernière, ont quitté entre-temps, tous ces éléments-là ne
sont pas connus ou très peu. Est-ce qu'on doit comprendre qu'avec le comité que
vous formez, qui vise un accompagnement continu des personnes qui sont admises
au Québec, il va y avoir, si on veut, une forme de reddition de comptes claire
quant à ceux qui vont dans les classes pour la francisation, ceux qui parviennent
à se trouver du travail, quelles sont les personnes qui quittent entre-temps
le... Vous voyez? Ce portrait-là qu'on n'a pas ou qu'on doit chercher à avoir
de façon détournée, contrairement à tout ce qui est ici pour l'admission des
personnes... Mais, une fois ici, là, il n'y a pas de suivi. Allez-vous faire
quelque chose à ce sujet-là?
Mme Weil
: Bon, premièrement,
le ministre de l'Immigration, évidemment... Un résident permanent a toutes les
libertés de mobilité que tous les résidents permanents, hein? Donc, à un moment
donné, c'est très difficile pour une société démocratique de suivre à la trace
chaque personne. Je ne pense pas qu'on voudrait vivre dans une société comme
ça. Mais je comprends votre question. Non, je comprends votre question. Et je
vous dirais que c'est la question que je me pose tous les jours : Comment
peut-on vraiment suivre? Bon. Et c'est à tout ça qu'on est en train de
regarder, et, oui, ce comité est beaucoup pour ça.
Quand on dit «accompagner», comment vraiment
avoir une offre de services qui est très complète, qui fait en sorte qu'on
prend en charge la personne qui souhaite l'être, mais avant même l'arrivée,
hein? Nous, on est capables de le faire, on le fait déjà, le ministère de
l'Immigration, justement ceux qui sont destinés aux ordres professionnels, et
ça fonctionne très bien parce qu'ils veulent aller pratiquer dans un domaine
particulier. Et je vous dirais que les ordres professionnels ont fait beaucoup
de progrès à cet égard parce qu'il y a un système informatique qui est capable
de les aider, et ensuite on les envoie là où ils devront aller.
Mais, bon, vous, c'est une question
précise sur comment suivre à la trace les gens. Le ministère de l'Immigration
le fait par d'autres types de données. Pour la rétention, c'est ceux qui sont
inscrits à l'assurance maladie, notamment. Alors, je vous dirais que le
ministère de l'Emploi et le ministère de l'Immigration travaillent très fort
actuellement sur cet enjeu, comment peut-on bien suivre ces personnes pour un
accompagnement très serré, si vous voulez. Ça ne pourrait pas nominaliser, ça
ne peut pas être, hein, par personne. Mais, en gros, je comprends le sens de
votre question. Et vous avez raison, le sens de ce comité, c'est vraiment ça.
M. Chouinard (Tommy) :
Est-ce que c'est comme ça qu'on peut mesurer si les efforts et aussi l'argent
consenti donnent des résultats?
Mme Weil
: C'est
ça. Donc, je vous dirais que moi, j'ai lancé toutes sortes de travaux,
actuellement, au ministère sur la francisation, d'avoir un genre d'engagement
ferme et une meilleure maîtrise de qu'est-ce que la personne a besoin en
arrivant, mais les travaux ne sont pas complétés. Mais vous avez les objectifs.
Et les objectifs, oui, il y a une reddition de comptes, il y a une obligation
avec ces objectifs, et le ministère ne met pas ces objectifs à la légère.
M. Chouinard (Tommy) :
Vous savez, c'est connu, vous avez déjà commenté ça, mais vous parlez des
cibles comme étant une chose qui… Ces cibles ont fait consensus, dites-vous,
dans le cadre des consultations. Il reste qu'il y a quand même deux autres
partis à l'Assemblée nationale qui ne sont pas du tout d'accord avec ces
cibles-là.
Mme Weil
: Mais on
ne sait pas d'où ça vient, honnêtement. Et là, quand on regarde le sondage, la majorité
des Québécois, une nette majorité croit que l'immigration contribue à l'économie
du Québec. Moi, je vais partout sur le terrain. Mon collègue François Blais est
en train de faire le tour des régions et il entend exactement les mêmes choses
que moi. La pénurie frappe, frappe partout.
M. Chouinard (Tommy) :
Mais qu'est-ce qui motive ces deux partis-là?
Mme Weil
: Il
faudrait que vous leur demandiez. Tout ce que je peux vous dire : C'est complètement
déconnecté de ce qu'on entend. Et là je vous parle des acteurs économiques,
même les syndicats, Mme Chabot de la CSQ, elle-même a dit : Non, je
suis d'accord avec les seuils. Tout le monde était d'accord pour dire qu'on ne
peut pas rendre la francisation obligatoire, tout le monde. Nathalie Roy a posé
la question à plusieurs intervenants de différents milieux, autant économiques
que les syndicats, que les organismes communautaires. Tout le monde prône
l'approche qu'on a de promotion, mais promotion... vraiment une action
proactive du gouvernement et l'investissement. Je vous dirais, c'est ça aussi,
le consensus. Les économistes aussi... Il faut investir dans tout ça. Mais l'argent
seul ne produira pas les fruits. Il faut qu'on ait une action coordonnée.
Donc, c'est le travail de ce comité. C'est
la politique, en fait, c'est la politique qu'on a annoncée. Il y a à peu près
10 ministères et organismes qui sont inclus dans cette politique. Alors,
ces prochaines années, c'est des années de réforme pour réformer tant la
sélection, le système de sélection, et tout ce qui se fait par la suite. Mais
globalement le Québec est perçu comme une société qui réussit son immigration.
Vous parlez à n'importe quel expert partout dans le monde, j'étais à la
conférence de Montréal, l'OCDE, le Migrant Policy Institute, ils nous ont
félicités pour notre approche et ils ont souligné le fait qu'on était la seule
société qui non seulement voulait mettre les employeurs, les entreprises en
action en amont du processus de sélection, donc offres d'emploi validées avec
des points additionnels, la personne rentre tout de suite, bon, dans ce nouveau
système, mais ils ont salué le fait que, dans notre politique, on s'attaque à
la discrimination et l'exclusion. Donc, c'est qu'on travaille sur les deux.
M. Chouinard (Tommy) : C'est
ça. Mais comment se fait-il qu'on reçoive autant de fleurs, mais que deux
partis politiques disent...
Mme Weil
: Bien,
c'est la politique. Je pense que c'est la seule réponse que je peux vous
donner, c'est la politique.
M. Chouinard (Tommy) :
La politique, mais ce n'est pas conforme au sondage.
Mme Weil
: Mais
une chose que moi, j'aimerais dire sur le sondage, je le sens sur le terrain,
l'importance d'avoir un discours vrai, réaliste et collé à la réalité, la
réalité de ce que les gens observent, l'importance... Et je pense que, depuis
20 ans, surtout, je pense, au gouvernement du Québec très largement, avec
les pouvoirs qu'on a, ça nous a beaucoup aidés, d'avoir ces pouvoirs-là parce
que je pense que les gens sont réconfortés, qu'on a le contrôle des leviers.
Oui, ce n'est pas parfait, mais la vie n'est pas parfaite, et c'est dur, et les
gens reconnaissent que ce n'est pas facile pour les immigrants. Écoutez,
c'était la moitié qui croyait que ça contribuait, maintenant on est rendu aux
trois quarts. Donc, il y a quelque chose qui fait que, selon moi, c'est tous
ces intervenants qui sont actifs en immigration, intéressés par l'immigration
qui fait en sorte que la mentalité, les mentalités changent, les gens ont moins
peur aussi de l'immigration, ils côtoient la diversité plus, de plus en plus.
Regardez la jeune génération dans les écoles, nos écoles, il y a peut-être
l'effet de la loi 101 là-dedans aussi. Donc, nos jeunes grandissent avec
des jeunes qui viennent de partout. Ils ne font pas la différence entre la
couleur de la peau, la langue, l'accent. Pour eux, c'est des amis, c'est des
collègues de classe. Alors, on s'en va vers ça. On a tellement bien évolué, la
société québécoise.
Et il y a d'autres choses dans ce sondage
qui, selon moi, quand je regarde les sondages, je sais que la société
québécoise est une société ouverte, je sais, je l'ai vu dans la réaction par
rapport aux réfugiés syriens. J'ai été absolument épatée par la réaction des
Québécois dans ce dossier-là. Jamais ils n'ont posé de questions. Ils veulent
bien faire, ils ont appelé : Qu'est-ce qu'on peut faire? Et ça, c'est
partout, partout au Québec.
Donc, ça, c'est un signal d'une société
quand même qui comprend que l'être humain, tous les êtres humains, hein, sont
égaux et sont pareils, et tout le monde a sa contribution, et je pense que c'est
comme ça qu'il faut voir l'immigration.
La Modératrice
: Merci.
Micro de gauche.
M. Authier (Philip)
: Good afternoon. Phil Authier, Montreal Gazette. We
don't have this number here, but, when Mr. Legault was saying there were too
many immigrants coming to Québec, a number that was floated around is the
actual retention rate. Could you give us that number today? What is Québec's
actual retention rate?
Mme Weil
:
Globally, it's under 80%, but what's interesting, if you look at it more
closely, you do see a reflection of where they came from. I don't have the list
in front of me, but the retention rate for French from France is very high.
M. Authier (Philip)
:
What is it?
Mme Weil
:
It's above 80%, I think it's about 85%, 86%. We have all those numbers if you
want them. But of course, when you have people who don't speak French, it's
going to be more difficult, right? So, that's why that issue is an important
issue. If we want to retain people, we want them to contribute to the economy
and we want them to have jobs, they need to speak French and, in some cases,
need to master French.
M. Authier (Philip)
:
It's just that the number is important because it skews the argument that too
many are coming, because in reality the number that actually set up shop here
is actually less than your 51,000 a year.
Mme Weil
:
You're right, you're right, the number is less than that. But, from my
perspective as Minister of Immigration, my responsibility is to make sure that
we raise that retention rate. Overall, in the last years, it's always been
around 80 %, it's dropped in certain sectors. There are different factors.
The economy is a big factor. When you have a slowdown of the economy, of
course, you know, many of them might end up in Toronto.
But I think the most
important point that I would like to make is that the fact that he wants to
lower… he pulled that number out of a hat. I have done three consultations and
I feel very privileged to have done these three general consultations. Nobody
ever asked that we lower the number. People just want to make sure that you've
got a plan, that you've got a good plan, that you're going to invest in integration,
you're going to invest in French language courses and that you're going to work
to make sure these people find a job. They want to see the unemployment rate
drop. So, that's the perspective that I took as I approached this whole
operation. So, I feel extremely confident that we have the right plan and we
have the right approach.
M. Authier (Philip)
:
And, in a few minutes, the CAQ representative will come out and say you're welcoming
too many. Do you have a response to that already?
Mme Weil
:
That it's based on nothing. That, if they look at all of the testimonials
during the three different consultations we had, not one organization asked for
that. If anything, some, mostly, I would say, those who represent employers but
also community organizations, there were two things that were expressed :
One, what are we going to do about replacing the working-age population, that
was a concern. There is a shortage of skills in our regions, how are we going
to respond to that? We understand, Mme la ministre, that you've got a reform,
we'll be patient. You know, that was their message. But there is another group
that's worried about the question that was raised by Le Devoir,
which is our relative weight in the federation. I would tell you, la TCRI, that
was a big preoccupation for them. They don't like to see that I'm imbalanced,
but I explained to them that, right now, we're in the process of doing a
reform, it's not a good time to put additional pressure, we want to make sure
our public services are well organized and coordinated.
M. Hicks (Ryan) : Ryan Hicks, CBC News. The qualified workers
that you want to bring in, do you know what sectors or what the targets…
Mme Weil
: Oh, there is a lot, yes, information technology, everything from the… there's very high-end skills in Québec City, Montréal, you saw the gaming industry, video games, information technology generally,
engineering, many in the health care sector as well, in finance sector, just
about all the sectors. And it's a list that is sort of annualized, but now the
difference is we're going to have it by region, so we will be able to actually…
Emploi-Québec will be able to
say : OK, there's a
shortage of this skill, this skill in that region. So, when we do our
selection, actually what it is, is first come, first served. So you can have,
you know, quite a number of people waiting in line to come in, but will their
profile respond to the actual job market needs? That's the problem with the
actual system. In this new system, you can tell that person : Well,
listen, there's a need for your profile, we will select you based on that, and
connect that person to the region to the extent that we can. This is what we're
working on now. So, rather than the person going to Montréal, the person goes
directly to that region because that region is looking for their skills.
M. Hicks (Ryan) : So, they're connected with a potential employer in that region?
Mme Weil
: Yes. There's going to be a job bank. They put their names in the
job bank, they consent to putting their names in a job bank and then, you know,
employers can have access to that job bank. It's not exclusively people that
have a job offer that are selected, but, if you have a job offer, as you do
now, you get a lot of points for that. So, this is the system that we're
putting in place. We'll have an option to make further announcements as we
drill down a little more into how this system will look.
M. Hicks (Ryan) : Yesterday, the House of Commons passed a motion to do something
about the Yazidi refugee crisis that's happening and they're going to put in
place a plan within four months. Have you been asked to take any action on
that? And is there anything in the future when it comes to Québec and Yazidi refugees?
Mme Weil
: Well, I've asked my Ministry to look at that. There have been
exchanges between the federal Government and the provincial Government. Anything to do with humanitarian immigration is of utmost
importance to us and to Québec,
and I particularly have preoccupation… I follow the news internationally, I
follow the horror stories, I've followed this file since the previous Government was there, in Ottawa. So we're
waiting to see, we're waiting to see. We know we have some Yazidis here, in Québec. So, we're looking at what is the
situation. That's what we're looking at right now. We can keep you informed as
this file evolves.
M. Hicks (Ryan) : You cited that poll, the Environics poll that said that 76 %
of Quebeckers feel that immigration has a positive impact on the economy and
then one of my colleagues brought that there are two opposition parties that,
really, are very skeptical of immigration. Are you worried about how far their
rhetoric will go and whether that could damage Québec's reputation in terms of attracting immigrants?
Mme Weil
: Yes, it's worrisome. Yes, it's worrisome. And I think it's
irresponsible. It's irresponsible if it's based on hot air. They don't have any
statistics to support it, they haven't done… They participated in the
consultation and come out saying the opposite, so what is that? I find that it
lacks integrity, really. But, we're the Government and it's important that we have the right discourse
and that we have an action that is based on real hard facts : what are our
needs, what are our shortages, what do our employers needs, what do our
community organisations say that we need so that they can help these people
integrate, how much money we're going to invest in all these things. That's
what my responsibility is, along with the rest of the Government.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
(Fin à 14 h 1)