(Quatorze heures trente et une minutes)
M. Gaudreault : Oui, alors,
bonjour à tous et à toutes. Écoutez, ça me fait extrêmement plaisir d'être ici
avec mes collègues, évidemment, Sylvain Rochon et André Villeneuve, député de
Berthier, porte-parole en matière d'agriculture, mais surtout avec des citoyens
et des citoyennes qui viennent de différentes régions du Québec, Centre-du-Québec,
Montérégie, Gaspésie, Chaudière-Appalaches, des gens qui vivent directement,
concrètement, sur le terrain le faux virage vert du Parti libéral qui est
cautionné de la même manière par la Coalition avenir Québec, la CAQ.
Donc, on est ici tous ensemble, et chacun
aura l'occasion de s'exprimer pour dire que le Parti québécois, avec ses
citoyens et ses citoyennes, demande ni plus ni moins que le retrait pur et
simple des règlements sur les hydrocarbures tels qu'ils ont été déposés, une
masse de 269 pages de règlements qui démontre que le gouvernement libéral,
appuyé en cela par la Coalition avenir Québec, ne veut ni plus ni moins que
vendre, vendre le territoire du Québec, vendre nos sources d'eau potable,
mettre à risque les Québécois, les Québécoises, nos parcs nationaux, nos
écoles, nos résidences personnelles aux plus offrants, qui sont des compagnies
pétrolières et gazières.
Alors, on s'oppose à ça. On s'oppose à ça et
on dénonce que le gouvernement, appuyé par la CAQ, maintenant, les masques
tombent, leur virage vert est complètement de la frime. Alors, là-dessus, je
laisse la parole à Sylvain Rochon.
M. Rochon : Merci.
Merci, Sylvain. Alors, dans quelques instants, le Parti québécois va prendre,
en effet, en Chambre, fait et cause pour les citoyens, les municipalités, l'environnement,
le climat, la santé publique avec la motion réclamant que l'Assemblée nationale
rappelle les risques associés au forage d'hydrocarbures sous les rivières, les
lacs, le fleuve Saint-Laurent, à proximité des maisons, des édifices publics,
dans l'habitat essentiel d'espèces en péril ou à la périphérie de parcs
nationaux, que l'Assemblée nationale exige le retrait des règlements sur les
activités d'exploration, de production et de stockage d'hydrocarbures sur le territoire
québécois, qu'elle demande au gouvernement de rédiger sans délai un autre
projet de règlement prévoyant notamment — c'est très important — l'interdiction
de la fracturation hydraulique, de la stimulation chimique ainsi que de tout
autre procédé similaire sur l'ensemble du territoire du Québec.
La Coalition avenir Québec, le Parti
libéral du Québec n'ont pas voulu souscrire à notre amendement, pendant l'étude
du projet de loi n° 106, visant à interdire cette technique honnie qui est
à la base de la crise des gaz de schiste. On leur donne une nouvelle chance, j'espère
qu'ils vont la saisir.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, M. Albert Geuzaine.
M. Geuzaine (Albert) : Merci,
MM. Rochon et Gaudreault, de nous avoir invités pour faire entendre la
voix citoyenne.
Je vous livre le témoignage de feu Odette
Larin, de Saint-Louis, en Montérégie, qui a connu les affres de forage à
proximité de sa demeure. Je la cite : «Mon mari et moi connaissons bien
les nuisances causées par un forage de puits de gaz de schiste, un forage à 100 mètres
de notre résidence. En 2007, les gazières Gastem et Forest Oil ont foré à trois
reprises derrière chez nous. En 2008, nous avons vécu une fracturation
hydraulique qui a duré 90 jours, 24 heures sur 24. Nous avons subi la
poussière, l'éclairage intense nuit après nuit, le bruit de tuyaux qui se
frappent les uns sur les autres, le bruit des génératrices et de 15 pompes
alimentées par d'immenses moteurs diesel, les sifflements et la lumière générés
par la torchère, la circulation de véhicules lourds dans la rue, le smog qui
brûle la gorge et les yeux. Cela nous a donné des palpitations et grugé notre
énergie. En pleine nuit, deux explosions ont fait trembler les fenêtres et les
murs de notre maison. Nous avons vécu l'insomnie, le désespoir et la révolte.»
Mme Larin est décédée à Saint-Hyacinthe le 19 mars 2016 à 69 ans.
Depuis ce temps, des études scientifiques
ont porté à la connaissance du public une prévalence de diverses affections à
la santé chez les opérateurs sur les sites de forage ainsi que chez les
habitants en proximité de ces sites, soit moins de 1 600 mètres. Les
affections les plus lourdes de conséquences sont les cancers ainsi que les
altérations du système endocrinien, qui se transmettent de génération en génération.
Merci de votre attention.
Je passe la parole à Mme Irène Dupuis,
citoyenne membre du comité de Saint-Antoine — Milieu de vie et du Comité
Vigilance Hydrocarbures de la MRC de Lotbinière. Elle va nous parler des
impacts des règlements pour les citoyens, les municipalités et les régions.
Merci de votre écoute.
Mme Dupuis (Irène) :
Bonjour. J'ai intitulé mon commentaire Un gouvernement fou de pétrole et de
gaz; fou de pétrole et de gaz, fou dans le sens de «je me fous» :
je me fous des citoyens, je me fous des municipalités et je me fous de l'environnement.
Qu'est-ce que ça veut dire, pour nous
autres, avoir un puits de gaz de schiste dans notre région de Lotbinière, des
projets qui sont déjà annoncés? Ça signifie une perte de valeur de nos maisons,
ça signifie tous les inconvénients dont on vient de parler. Qui va acheter nos
maisons? Qui va vouloir les assurer? Qui va vouloir les hypothéquer, fournir
une hypothèque pour nos maisons? Nos municipalités, maintenant, est-ce qu'elles
vont pouvoir nous protéger? Certainement pas, parce qu'on se fout des
municipalités. On a enlevé tous les pouvoirs aux municipalités. Elles n'en ont
plus, de pouvoirs sur la gestion de l'eau, sur le puisement de l'eau, sur le
zonage et sur l'aménagement du territoire. Tous les projets qui étaient déjà en
place avant qu'une industrie lourde veuille s'imposer dans nos milieux n'ont
plus de valeur parce que c'est impossible de planifier à long terme quand tu ne
sais pas trop si tu vas avoir un, deux, 1 000 puits de gaz de schiste
dans ta région. On annonce des milliers de puits de gaz de schiste au Québec,
presque toutes les municipalités sont sous claim ou sous permis. Qu'est-ce que ça
veut dire? Ça veut dire qu'il n'y a personne à l'abri, ça veut dire que toutes
les zones habitées sont à risque de voir débarquer les promoteurs du pétrole.
Le gouvernement a donné… On parlait, au
début de l'intervention, de vendre nos droits, mais ce n'est pas ça qui arrive,
c'est qu'on donne. On donne notre patrimoine, on donne nos propriétés, on donne
nos terrains, on donne nos terres agricoles, on donne nos projets collectifs.
C'est ça qu'on est en train de donner. On est vraiment en colère, on est
vraiment outrés de ce qui se passe actuellement, et puis on va en entendre
parler pour longtemps. Merci.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, Mme Michelle Théroux.
Mme Théroux (Michelle) :
Bonjour. Le Québec possède des réserves mondiales d'eau douce, 3 % des
réserves mondiales d'eau douce. Toute la vallée du Saint-Laurent est située… La
vallée du Saint-Laurent et la Gaspésie sont des terres fertiles, notre grenier
du Québec. Or, avec la loi n° 106 et les quatre règlements qui viennent
d'être déposés, toujours en cachette, les compagnies privées peuvent forer au
Québec n'importe où, n'importe quand dans les milieux hydriques et terrestres.
Avec les produits qu'ils utilisent, ça va empoisonner nos nappes phréatiques,
nos sources d'eau potable, nos rivières, nos lacs, la vie aquatique,
l'agriculture, l'eau, pour nous et pour le bétail, hein? Bon.
Que restera-t-il une fois que les
compagnies seront parties? Une fois que l'eau sera contaminée, on ne peut plus
rien, vous savez. On ne peut pas revenir en arrière, c'est contaminé. Donc, ce
sera le chaos, la dévastation, une économie brisée, la pauvreté. Parce que,
voyez-vous, quand les compagnies vont lever le camp, c'est nous qui allons
payer les pots cassés. C'est de la prospérité, ça? C'est ça, la vie? Pas du
tout. Alors, moi, je dis à ce gouvernement qu'on va lutter jusqu'au bout, et
ils ne passeront pas.
La Modératrice
: Merci.
M. Serge Fortier.
M. Fortier (Serge) : Oui,
bonjour à vous. Depuis 2010, des citoyens responsables ont pris de leur temps,
de leur argent et même de leur santé pour faire valoir le principe de
précaution face aux nombreuses menaces potentielles qu'amèneraient
l'exploitation ou l'exploration des hydrocarbures. Le gouvernement libéral, là,
est totalement inconscient et irresponsable. S'il s'entête à vouloir forer tout
le Québec sans égard à la protection de notre eau, de notre environnement et de
notre santé, il devra répondre tôt ou tard de ses actes. Encourager l'exploitation
des énergies fossiles, c'est permettre l'augmentation des gaz à effet de serre
liés aux changements climatiques, ce qui sera bientôt considéré comme un crime
contre l'humanité. Alors, MM. Couillard, Arcand et Heurtel, vous êtes en
fait la plus grande menace à la paix sociale qui pèse sur le territoire
québécois, actuellement. Votre audace à provoquer les habitants des zones
visées par les gazières et pétrolières et à menacer leurs milieux de vie risque
de se retourner contre vous.
Notre combat comme citoyens est légitime.
Nos revendications sont en respect des générations futures. Vos règlements
habillant votre Loi sur les hydrocarbures, passée sous bâillon d'ailleurs,
apparaissent tous deux illégitimes aux yeux des citoyens. Il est encore temps de
remédier à cette grossière insulte à la démocratie en les retirant dès
maintenant. Si une compagnie gazière ou pétrolière se risque à forer des puits
sur nos terres agricoles, dans nos villages, près de nos maisons, nos écoles,
nos garderies, nos sources d'eau, elle trouvera sur son chemin des citoyens
déterminés à protéger leur environnement, leur eau et leur santé, on vous en
passe un papier. Vous ne passerez pas. Est-ce clair?
Je cède maintenant la parole à
M. Richard Chartier, du comité RVHQ, de Sainte-Christine dans la MRC
d'Acton Vale. M. Chartier, entre autres, lira un texte de
Mme Lise Chartrand, qui est présidente du comité Ensemble pour l'avenir
durable du Grand Gaspé.
M. Chartier (Richard) : Merci,
Serge. C'est un honneur pour moi de représenter Mme Lise Chartrand,
une battante, une dame de Gaspé qui, depuis cinq ans, se bat. Ensemble pour l'avenir
durable du Grand Gaspé, ces mots-là disent tout. Et Lise Chartrand prend
ce moment qu'on lui a accordé aujourd'hui pour dénoncer le nouveau traitement
que subissent les citoyens du quartier Sandy Beach, Sandy Beach à
Gaspé, Haldimand 1, depuis cinq ans, en rapport avec le forage Haldimand
de l'entreprise Pétrolia. Année après année, avec le support de leur conseil
municipal, ils ont tenté, mais en vain, de faire entendre leur voix, la voix du
gros bon sens pour protéger l'air, et l'eau, et le respect à la propriété
privée.
Outillée d'avis des meilleurs experts
indépendants du Québec, Mme Chartrand dit : «Nous avons sonné
l'alarme pour faire arrêter ce projet pour qu'ailleurs au Québec personne ne se
retrouve dans la même situation. Aujourd'hui, nous nous retrouvons avec du
méthane dans des puits résidentiels et d'observation, sans parler du radon,
sous la menace de voir arriver la fracturation hydraulique derrière, sous nos
maisons. Laissés à nous-mêmes, la ville déboutée à la cour, Pétrolia et le gouvernement
libéral porteront la signature du saccage de notre santé et notre environnement
à moins que d'un revirement, qu'on ose encore espérer.» Lise Chartrand,
présidente et porte-parole pour Ensemble pour l'avenir durable du Grand Gaspé,
ça le dit. Et j'aimerais rajouter que son inquiétude, à Mme Chartrand, ça
serait que le ministère de la Santé aille leur prêter main-forte, parce qu'il y
a 73 % de méthane qui sont dans des maisons présentement depuis un an. C'est
des relevés, ils ont été précis, et c'est explosif. Et ces gens-là sont laissés
à eux-mêmes. Ils demanderaient que le ministère de la Santé s'en mêle. Merci
beaucoup de votre attention.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période des questions. Pas de question. Merci
beaucoup.
(Fin à 14 h 46)