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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le jeudi 23 novembre 2017, 13 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures dix-huit minutes)

M. Khadir : Le rapport de la Vérificatrice générale du Québec vient confirmer tous nos doutes sur les opérations à la Société immobilière du Québec qui ont été dénoncées par l'émission Enquête et qui confirment que les gens mis en place à la tête de la Société immobilière du Québec par Jean Charest et par le Parti libéral ont fait à peu près n'importe quoi, joué avec les règles de toutes les façons pour, en fait, mener à bien une opération qui a profité, à coup de dizaines de millions de dollars, à des donateurs et des amis du Parti libéral.

Ils ont, en fait, trafiqué le processus en invoquant une date butoir, dont on ne sait aucune raison, le 31 mars 2008, en stipulant que les règles commerciales faisaient en sorte que le conseil d'administration qui devait se pencher sur la vente de trois propriétés majeures n'avait pas droit à l'information, puis ensuite, une fois arrivée l'heure de la réunion, donner une heure pour leur «pitcher» tous les détails et leur faire avaler et non pas avaliser, mais avaler une vente qui, de toute évidence, était entachée d'irrégularités et de magouilles.

Et, quand on connaît ce que le gouvernement Charest et les gens que Jean Charest et son gouvernement post-it étaient capables de faire, il n'est plus permis de douter... que ce que l'émission Enquête révélait il y a plusieurs mois doit faire réagir le gouvernement. Le gouvernement doit aller chercher l'argent qu'on a perdu au profit de ces malfaiteurs et doit traduire en justice les Bartlett, les Forget... Je ne me trompe pas? L'ancien P.D.G., là, de la SIQ, nommé par...

Une voix : Fortier.

M. Khadir : Fortier et leurs acolytes. Je dis tout ça, mais, dans le fond, tout ça est mineur lorsqu'on apprend, cette semaine même, que qui va inviter le Parti libéral à son congrès? Je pense que c'est demain que ça commence. Nul autre que le suspect numéro un de la commission Charbonneau, nul autre que celui que l'UPAC devrait avoir déjà mis sous les verrous, et je parle de Jean Charest.

Quand on connaît l'ampleur des dégâts que ce monsieur, comme premier ministre, a entraînés pour le Québec, je trouve tout à fait indigne et honteux pour le Parti libéral de se lever encore en Chambre puis dire que : Ah! il a rendu de fiers services. Bien oui! Il a été premier ministre du Québec. Mais, en ayant fait autant de patronage, en ayant mis en place un stratagème frauduleux pour financer le Parti libéral, en ayant vicié le processus d'octroi des contrats publics et en attachant ça à la caisse occulte et ouverte du Parti libéral du Québec, il a nui considérablement au principe démocratique qui fait que, d'année en année, avec de l'argent sale, le Parti libéral gagne ses élections.

M. Pilon-Larose (Hugo) : M. Couillard, en Chambre, a énuméré quelques bons coups de Jean Charest, un peu plus tôt aujourd'hui. Comment vous avez réagi, lorsque vous l'avez entendu?

M. Khadir : Comme tout homme compétent, comme tout homme talentueux, comme tout homme complexe, M. Jean Charest ne présente pas que du négatif. Mais, quand on se penche sur les années Charest, c'est quand même des années de corruption qui font pâlir l'époque de Duplessis. C'est quand même un gouvernement qui... bien que le juge Bastarache n'ait pas été capable de le reconnaître, le gouvernement du post-it. Tout, tout dans le témoignage de Franco Fava et de ceux qui ont passé devant la commission qu'on connaît aujourd'hui tend à le prouver. C'est quand même un gouvernement dont l'action a nécessité la mise sur pied d'une unité permanente anticorruption puis la constitution d'une commission qui nous a coûté 50 millions de dollars, la commission Charbonneau.     Bon. Alors, une fois qu'on a dit ça, ça veut dire... Comme dans le cas de M. Mulroney, trempé dans la corruption lui aussi, comme dans le cas de Jean Chrétien, qu'on apprend aujourd'hui qu'il pratiquait les paradis fiscaux, tout comme son acolyte Paul Martin. L'histoire jugera sévèrement ces messieurs.

M. Boivin (Mathieu) : M. Khadir, vous nous avez dit que le rapport de la VG prouvait hors de tout doute la collusion, le favoritisme. Moi, je n'ai pas vu de preuve là-dedans qu'on avait détourné de l'argent de cette vente-là au profit du financement présumément illégal du Parti libéral...

M. Khadir : Ce n'est pas ça que j'ai dit. C'est que quelqu'un, qui était un des contributeurs majeurs tout au cours des années du Parti libéral, a profité de cette opération dans une vente...

Journaliste : M. Khadir...

M. Khadir : Oui, dans une vente qui lui a permis d'acquérir à faible coût un immeuble dont la valeur était plus importante, puis, en plus, de faire payer la facture des rénovations de son immeuble, à qui? Par les contribuables québécois.

Autrement dit, on s'est fait flouer. Il y a de l'argent des contribuables qui a été, en quelque sorte, donné — puisqu'on n'a pas touché cet argent-là — en favorisant l'octroi de cette vente de cet immeuble à un ami du Parti libéral.

M. Boivin (Mathieu) : Je vous suis. Bien entendu, on a posé la question à Mme Leclerc. Pensez-vous que c'est parce que M. Gantcheff était bien vu du pouvoir, à l'époque, qu'on lui a consenti des conditions aussi avantageuses?

M. Khadir : La Vérificatrice générale n'est pas placée pour faire ce genre d'affirmation.

M. Boivin (Mathieu) : Et vous?

M. Khadir : Moi, je peux le faire parce que j'ai la liberté de parole, contrairement à la Vérificatrice générale, qui doit juste s'en tenir à ses chiffres. J'ai la liberté de pensée, et de parole, et de juger ce parti que je connais depuis au moins 10 ans, pour avoir scruté sa réalité, la manière de fonctionner.

Et, quand on sait comment ce parti a placé des gens au sommet de toutes les structures de pouvoir, dont la Société immobilière du Québec, où des gens du Parti libéral avaient le contrôle sur des millions et des millions de dollars des avoirs des Québécois, je n'ai aucune difficulté maintenant à admettre que les accusations portées par d'anciens enquêteurs de l'UPAC à l'émission Enquête sont crédibles.

M. Boivin (Mathieu) : Pouvez-vous nous énumérer ce qui se fait?

M. Khadir : Qu'est-ce que disaient ces gens-là? Pourquoi est-ce qu'on a eu une émission Enquête? C'est parce qu'il y a des enquêteurs de l'émission UPAC qui étaient frustrés de voir que des preuves accumulées qui incriminaient justement ces opérations au sommet de la Société immobilière du Québec n'avançaient pas et n'aboutissaient pas. Et qu'est-ce qu'on apprenait dans l'émission? C'est que ces irrégularités avaient permis à des amis du Parti libéral de s'enrichir, dans le sens de trouver des avantages par millions dans la vente d'un immeuble qui avait été vendu à rabais.

M. Boivin (Mathieu) : Je ne vois toujours pas le lien avec le financement présumément illégal du Parti libéral, monsieur? Est-ce qu'on est capable de faire la démonstration que cette transaction…

M. Khadir : Je n'ai pas dit… Non, non, non, vous ne m'avez pas compris.

M. Boivin (Mathieu) : C'est parce que vous semblez…

M. Khadir : Non, non, vous ne m'avez pas compris. J'ai dit et je le répète qu'un donateur et un contributeur à la caisse électorale du Parti libéral bénéficie, par ailleurs, d'une gamique, d'une machination pour obtenir… Et je l'affirme ici, monsieur. Tous ceux qui sont impliqués pourraient éventuellement, s'ils trouvent matière à redire, me traîner en cour. Je dis que ces gens-là ont bénéficié d'avantages indus dans l'octroi de cette vente. Qui sont ces gens-là? C'est des contributeurs à la caisse du Parti libéral.

M. Boivin (Mathieu) : Et vous pensez qu'il y a un lien direct à faire…

M. Khadir : Bien, les liens... C'est à vous à le juger.

M. Boivin (Mathieu) : Non, non, attendez un instant, monsieur. Vous dites…

M. Khadir : Oui, je sais. Je ne veux pas vous mettre ça sur le dos, mais la population du Québec a suffisamment d'expérience avec le gouvernement…

M. Boivin (Mathieu) : Mais vous alléguez que c'est parce qu'ils sont donateurs qu'ils ont des conditions aussi avantageuses que celles-là.

M. Khadir : Bien sûr. J'en suis persuadé.

M. Boivin (Mathieu) : Qu'est-ce qui vous permet de le dire?

M. Khadir : Toute la réalité du Parti libéral au pouvoir au cours des 15 dernières années démontre qu'à chaque fois qu'il y a des gens qui sont impliqués dans le financement du Parti libéral, ils bénéficient de largesses incroyables. Voulez-vous que je vous en donne, d'autres exemples? Tony Accurso...

M. Boivin (Mathieu) : Non, mais je voudrais une preuve que c'est le cas dans ce cas-là.

M. Khadir : Bien, moi, je n'ai pas… Moi, je ne suis pas l'UPAC.

M. Boivin (Mathieu) : Vous faites de la culpabilité par association. Vous parlez de chèques…

M. Khadir : Moi, je n'ai pas le dossier de l'UPAC en main. Mais l'ex-enquêteur de l'UPAC qui s'en est ouvert à l'émission Enquête, lui, était persuadé que les preuves sont suffisamment incriminantes et il était frustré. Pourquoi il est allé voir l'émission Enquête? Il était frustré de voir qu'un dossier aussi solide rencontrait des blocages. D'accord?

Et c'est pour ça que je dis : Pour nous, il est clair, quand on connaît les symptômes… Comme un médecin, là. Moi, avant de donner un traitement à un malade, j'ai besoin d'une série de preuves directes et indirectes. Mais, avant que j'envoie mon patient à des tests diagnostiques, j'ai déjà une hypothèse basée sur mon expérience et ma connaissance du patient et de ses symptômes. Le patient nommé «gouvernement du Québec», les symptômes liés à l'oeuvre du Parti libéral au sommet du gouvernement du Québec me portent à croire que le cancer de la corruption liée au financement du Parti libéral est directement impliqué dans ce contrat.

Il y a des William Bartlett, il y a... j'oublie toujours... bien, son nom est trop difficile...

M. Boivin (Mathieu) : Gantcheff. George Gantcheff.

M. Khadir : George Gantcheff rôde alentour de la caisse électorale du Parti libéral. Et ces mêmes gens-là bénéficient de ces transactions. Les symptômes sont suffisamment graves pour que je les amène au scan. Le scan s'appelle l'UPAC. Maintenant, il y a quelqu'un, un technicien de l'UPAC qui est venu nous dire pour quelle raison le scan ne fonctionne pas. Il nous a posé la question dans l'émission Enquête, et c'est la question qui se pose aujourd'hui.

M. Boivin (Mathieu) : Dans un autre dossier, on a vu qu'il y a un gérant d'une boutique Adidas à Montréal qui a semblé faire une faveur à la population locale en prononçant quelques mots en français avant de livrer l'essentiel de son allocution en anglais. Qu'est-ce que vous pensez, premièrement, de l'attitude de cet homme-là, mais aussi du fait que la population a l'air à s'en ficher pas mal, puisqu'elle se présentait en masse, cet après-midi, à l'ouverture des portes?

M. Khadir : Oui. Bien, tout le monde n'est pas au courant du détail de ces choses-là, là. Il ne faut pas, hein, présumer que tous ces gens-là étaient parfaitement au courant, n'est-ce pas? Malheureusement pour nous et pour vous, les médias, la population n'est pas toujours au fait de tout ce que nous dénonçons et qui est rapporté.

Ceci étant dit, moi, je ne veux pas jeter le blâme sur ceux qui sont allés, mais ça traduit assez bien l'absence de respect total d'une certaine culture d'affaires qui se fiche de nos lois, qui se fiche de notre dignité, qui se fiche de nos droits, que ce soit en matière de langue, que ce soit en matière d'évasion fiscale, que ce soit en matière de lobbyisme illégal, que ce soit en matière de pratiques déloyales commerciales. C'est la culture des entreprises qui ont pris le pouvoir depuis les 30 dernières années, peu à peu, grâce à la complicité de tous ces gouvernements qu'on a dénoncés, qui pensent que le capital, et les capitalistes, et les détenteurs du pouvoir économique ont tous les droits.

 Nous, on ne pense pas ça. Québec solidaire existe précisément parce que ce système-là est un système profondément injuste et corrompu. Et la corruption, ce n'est pas juste de faire des magouilles, là, la corruption, c'est de penser qu'une compagnie est au-dessus des lois, qu'elle a le droit, par exemple, de rencontrer un ministre sans s'enregistrer au registre du lobbyisme — hein, on l'a dénoncé dans le cas d'Airbnb — de penser que, parce que c'est un pouvoir important, ils peuvent prendre le téléphone, appeler le premier ministre du Québec pour demander des comptes ou des orientations politiques en leur faveur, ou de penser que la loi 101... ou penser que le simple respect du fait que nous communiquons dans l'espace public ici en français, ça ne les concerne pas parce que c'est des capitalistes.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais là on parle... excusez-moi, mais on parle d'un gérant d'une boutique qui a utilisé le mot «accommoder» dans une phrase qu'il a prononcée hier. Qu'est-ce qu'Adidas doit faire, là, maintenant, là, à la lumière de tout ça, là?

M. Khadir : Bien, ce n'est pas... le problème... Le gérant est imbibé de la culture de son entreprise, puis cette culture d'entreprise, c'est une culture partagée par la plupart des grandes entreprises qui estiment que les gouvernements, les États, les lois, les règles, c'est moins que rien. Pour leurs commerces, pour leur marketing, pour faire prospérer leurs affaires, ils n'ont besoin de rien respecter. Voilà un autre exemple où Adidas ne respecte pas le peuple québécois. Mais ce n'est pas la faute du gérant, là.

Pour moi, le gérant, c'est juste un reflet, un symptôme du mal plus profond, qui est cette culture du milieu des affaires qui croit que le capital est au-dessus des lois, le capital est au-dessus de la culture, le capital est au-dessus du respect des nations et des peuples.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Sur la francisation et les questions linguistiques, le rapport de la VG dit entre autres que la francisation des immigrants, c'est un échec. Des immigrants qui ne maîtrisent pas le français, le tiers se sont inscrits aux cours, et, de ce tiers-là, il y en a un autre tiers qui ne s'est pas présenté ou qui ont coulé le cours. Est-ce que Montréal s'anglicise, en ce moment, là? Est-ce que c'est un constat que vous partagez?

M. Khadir : C'est sûr que, si on ne réussit pas à bien franciser les immigrants, on ne peut pas, ensuite, s'étonner de voir l'anglais progresser comme langue d'usage, langue au travail, langue de communication. C'est le constat malheureux qu'on fait, là, dans la question précédente que vous avez posée.

Et, de toute évidence, au cours des 15 dernières années, le gouvernement libéral n'était pas très attentif, était relativement indolent, sinon incompétent à assurer... Parce que ce qu'elle a dit, la Vérificatrice, c'est que le ministère de l'Immigration n'avait pas mis en place les contrôles nécessaires pour évaluer ce qu'on fait, l'argent qu'on donne, est-ce que ça atteint les objectifs, est-ce qu'on réussit à franciser suffisamment d'immigrants. On a été vraiment renversés d'apprendre que c'est aux alentours de 5 %, le taux de réussite ou d'atteinte des objectifs de francisation, là, fonctionnelle, ce qui est absolument dévastateur.

Évidemment, je suis persuadé que ce n'est pas un blâme qu'on peut jeter à la face des enseignants. C'est que, dans l'ensemble, ce qu'on fait de manière structurelle n'est pas adéquat pour vraiment attirer et surtout retenir ceux qu'on a inscrits dans les cours et ensuite de leur offrir un niveau de participation et d'enseignement qui fasse qu'à la fin ces immigrants soient compétents.

Une voix : Merci, M. Khadir.

M. Khadir : Merci à vous.

(Fin à 13 h 33)

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