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Point de presse de M. Gaétan Barrette, ministre de la Santé et des Services sociaux, et Mme Hélène David, ministre responsable de l’Enseignement supérieur et ministre responsable de la Condition féminine

Version finale

Le mardi 10 avril 2018, 10 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Dix heures trente-quatre minutes)

M. Barrette : Alors, bonjour, tout le monde. Merci d'être là et bienvenue à cette conférence de presse où nous allons faire une annonce qui, vous le comprendrez, est très importante.

Je suis accompagné aujourd'hui de diverses personnes : évidemment, ma collègue Mme David, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, mais aujourd'hui en tant que ministre responsable de la Condition féminine; mon collègue Pierre Michel Auger, député de Champlain, et vous comprendrez pourquoi il m'accompagne dans quelques instants, après vous avoir présenté Mme Annie Hardy.

Mme Annie Hardy, qui vient de la région de la Mauricie, de la région de Trois-Rivières, qui, à l'automne 2016, a été l'instigatrice d'une pétition qui avait été déposée en Chambre par mon collègue M. Auger, à propos d'un sujet qui me tient vraiment à coeur, parce que, depuis le début de ce mandat, nous préparions les démarches pour en arriver à l'annonce que nous faisons aujourd'hui.

Une annonce qui n'est pas spectaculaire en soi, mais qui est très spectaculaire pour les gens que ça atteint, et aujourd'hui nous faisons une annonce qui concerne les femmes, les femmes qui, et on le souhaite à personne, qui ont la malchance de vivre un drame personnel, celui du cancer du sein. Le cancer du sein, on le sait, c'est un drame et c'est un drame sous plusieurs aspects, pas simplement sur le fait d'avoir un cancer, qui est, en soi, un choc, c'est une épreuve, c'est une aventure. Mais dans cette aventure, il y a parfois un épisode qui est dramatique, qui est celui de la chirurgie, qu'elle soit extensive ou non.

La mastectomie, qu'elle soit radicale ou partielle, entraîne des changements physiques qui ont un impact sur la qualité de vie des femmes, un impact sur l'estime de soi, un impact sur sa propre perception, un impact sur sa propre vie. Ce n'est pas quelque chose dont on parle beaucoup sur la place publique, mais c'est quelque chose qui a un impact qui est extrêmement important et qui, à bien des égards, est encore un peu tabou. On ne parle pas beaucoup de ça.

Et pour bien comprendre la situation, il faut réaliser les options qui s'offrent aux femmes qui souffrent d'un cancer du sein. Lorsqu'elles ont à faire le choix d'avoir une chirurgie, elles ne peuvent pas choisir le type de chirurgie. C'est évidemment le chirurgien qui la propose en fonction de la situation clinique de la femme. Mais après la chirurgie, il y a des décisions qui doivent être prises, à savoir est-ce que la femme optera pour une reconstruction mammaire, qui est une chirurgie qui est très complexe et qui a son lot de problématiques, mais aussi de succès ou bien est-ce que la femme optera pour ne pas avoir de reconstruction et choisir d'avoir accès à des prothèses mammaires externes. Les prothèses mammaires externes sont des prothèses, au même titre que n'importe quelle autre prothèse, qu'on ne voit pas, évidemment, dont on parle peu.

Les prothèses mammaires externes, jusqu'à aujourd'hui, étaient remboursées par l'État à concurrence de 50 % du montant, qui est le coûtant de cette prothèse-là, pour ce qui est des prothèses totales. Pour ce qui est des prothèses partielles, il n'y avait aucune couverture du régime public d'assurance maladie. Aujourd'hui, nous annonçons donc, pour la première fois au Canada, nous sommes les premiers à aller aussi loin, nous annonçons donc aujourd'hui le remboursement complet des prothèses mammaires externes, totales ou partielles, jusqu'au plus petit des montants qui sera perçu, à savoir le montant vendu, jusqu'à concurrence de 425 $.

425 $, c'est après une analyse de marché. Un remboursement complet, jusqu'à concurrence de 425 $, pour la prothèse totale et de 250 $ pour la prothèse partielle, correspond à plus de 99,3 % du marché. Évidemment, c'est un marché. Il y a des produits qui peuvent être différents, mais vous comprendrez qu'à plus de 99 % on peut dire aujourd'hui que nous couvrons l'entièreté du coût de ces prothèses mammaires.

Ces prothèses mammaires, qu'elles soient partielles ou externes, peuvent être remplacées, si les femmes le désirent, aux deux ans. Elles n'ont pas l'obligation de remplacer leurs prothèses, mais, si elles choisissent de les remplacer… puis ça va de soi, on comprendra qu'après une chirurgie et dans la vie elle-même, à la base, il y a une évolution du corps. Alors, l'évolution du corps fait en sorte qu'évidemment il peut y avoir, par exemple, des asymétries, des problèmes d'apparence, ce genre de choses là. Et évidemment les femmes auront la possibilité de choisir ce genre d'ajustement ou de remplacement aux deux ans, pour une raison simple, évidemment : la prothèse, elle, n'évolue pas avec le temps.

Alors, je pense qu'aujourd'hui c'est un investissement qui est une réponse significative à des enjeux personnels de gens qui vivent des situations dramatiques. Mais ne sommes-nous pas là pour répondre à ce genre de problèmes là?

Et je vais en profiter en terminant, avant de passer la parole à ma collègue Mme David, pour remercier Mme Hardy. Mme Hardy a été à l'origine d'une pétition. Mme Hardy, elle est un peu dans ce secteur-là, elle en a vu beaucoup. Elle est à l'origine d'une pétition de plus de 3 000 personnes qui ont réclamé ce remboursement, parce que, même si le montant n'est pas très élevé, je pense que — Mme Hardy, vous pourriez peut-être tout à l'heure nous en dire quelques mots — il y a des gens pour qui c'est une problématique qui est réelle. Même si, sur les gens qui ont l'aide de dernier recours, on donnait plus que 50 %, 100 $ de plus, ça posait parfois des problèmes. Alors là, on parle ici de drames individuels auxquels on doit s'adresser. Nous nous y adressons par cet investissement moyen, parce que ça fluctue dans le temps, de 3,6 millions de dollars.

Vous allez certainement me poser la question : ça s'adresse à combien de personnes en moyenne par année? Environ 7 500. Alors, je pense qu'aujourd'hui c'est une bonne nouvelle pour les femmes du Québec qui ont à subir ces épreuves-là et qui, je dirais, peut-être malheureusement... en fait, je dirais malheureusement se sont beaucoup tues face à cette problématique-là d'accès aux prothèses pour des raisons financières. Et je remercie Mme Hardy d'avoir fait cette démarche-là et de l'avoir amenée en Chambre, et nous y répondons aujourd'hui.

Alors, merci à vous toutes et tous. Je vais passer la parole maintenant à ma collègue Mme David.

Mme David : Merci beaucoup, Gaétan, Mme Hardy. Cher Pierre Michel, cher Gaétan, ne sous-estimons pas, justement, l'importance de cette annonce, parce que, pour chaque femme qui vit ce traumatisme... On en parle encore ce matin dans les médias, d'une femme assez connue qui doit faire face à ce terrible fléau pour les femmes qu'est le cancer du sein.

Qui ne connaît pas, dans son entourage, entre vous, là, entre nous, une femme qui a eu un cancer du sein? Moi, je pense qu'on va tous et toutes répondre : Je connais quelqu'un. Donc, même, je suis étonnée des chiffres, Gaétan, parce qu'il me semble qu'il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup. Et qui ne va pas à une mammographie, je m'inclus, en disant : J'espère que je ne gagnerai pas à la mauvaise loterie du cancer du sein? Mais, si on pense ça, c'est que donc on connaît beaucoup de monde qui... Je regarde les femmes ici, mais je regarde les hommes aussi qui sont sûrement, dans leur entourage, des gens qui ont eu ce terrible fléau.

Et après ça devient silencieux, bataille silencieuse, bataille non seulement pour sa santé physique, mais aussi les conséquences psychologiques, les conséquences esthétiques. Et ne sous-estimons pas, particulièrement quand on a 40, 50, 60 ans, le rapport au corps qui change de toute façon, le rapport à la ménopause, le rapport à l'entièreté de ce qui, on dirait, afflige un peu les femmes en termes de vieillissement, le regard de la société. Alors, quand on rajoute ce regard d'un cancer du sein, avec une mastectomie totale ou partielle, ne sous-estimons pas l'importance de l'annonce aujourd'hui pour pouvoir, justement, au moins se redonner un peu d'estime de soi puis, dans le regard des autres, aussi de l'estime.

Alors, merci beaucoup. Merci, Mme Hardy pour votre pétition. Des pétitions, ça montre que, des fois, ça soulève des enjeux importants, des enjeux un peu invisibles. Quand Gaétan dit : Les femmes se sont tues, mais aujourd'hui, grâce à votre pétition, les femmes invisibles ont gagné. Alors, Mme Hardy, je vous félicite. Puis, comme ministre de la Condition féminine, n'importe quoi qui peut redonner de l'estime aux femmes, je serai toujours aux côtés de mes collègues qui annoncent, comme ça, des mesures qui non seulement sont aidantes, mais, en plus, qui ne sont pas des grandes mesures avec des centaines de millions de dollars, mais chaque dollar là-dedans est très apprécié. Merci, Mme Hardy. Merci, Gaétan.

M. Barrette : Peut-être quelques mots, Mme Hardy?

Mme Hardy (Annie) : Bien, tout d'abord, je voudrais remercier Pierre Michel Auger, qui est un député très à l'écoute de la société, surtout en Mauricie, M. Barrette aussi. Merci beaucoup, aussi, madame.

Je suis très fière aujourd'hui que ce programme-là prend un nouveau souffle, parce que, je vais vous dire, des femmes qui ont le cancer du sein, il y en a beaucoup, et on sait très bien qu'après 15 semaines de chômage les femmes n'ont plus rien comme revenus, comme ressources aussi. Donc, je trouvais important de faire le lien et pouvoir pousser cette affaire-là plus loin parce que c'est important qu'elles soient psychologiquement mieux dans leur peau avec une prothèse mammaire. Et je peux vous dire que j'en vois de toutes les sortes, et vraiment c'est une très bonne nouvelle aujourd'hui pour toutes les femmes qui ont subi une mastectomie, que ce soit partielle ou complète. Merci infiniment.

La Modératrice : Alors, on va procéder à la période de questions. On commencera avec le micro à droite des journalistes, sur le sujet du jour.

M. Barrette : À droite, à gauche? À gauche.

Mme Richer (Jocelyne) : Jocelyne Richer de LaPresse canadienne pour M. Barrette. Dans le passé, il y a déjà eu des problèmes avec les prothèses mammaires. Est-ce qu'on peut dire aujourd'hui, en 2018, pour rassurer les femmes, que les prothèses utilisées sont totalement sûres pour la santé des femmes?

M. Barrette : Alors, qu'on précise un peu la situation. Je pense que probablement que vous parlez des prothèses internes, alors qu'actuellement on parle de prothèses externes. Alors, ce sont des prothèses externes chez les femmes qui choisissent de ne pas avoir de reconstruction.

Juste pour préciser, comme je le disais dans mon allocution, une femme, lorsqu'elle a un cancer du sein, aura probablement à faire face à au moins une biopsie. Et, dans la gradation des interventions, il y a la biopsie, qui est la plus simple, et la moins invasive, et la moins débilitante. Après, il y a la mastectomie partielle. Une mastectomie partielle, évidemment, le nom le dit, on enlève une quantité de tissu qui est partielle. Ça peut être la moitié du sein, le tiers du sein, les trois quarts, mais il y a une partie du sein qui disparaît, et, à la fin, il y a une asymétrie mammaire, et ça, c'est très indisposant pour la femme sur le plan de l'esthétique, sur le plan de l'estime de soi, sur le plan de la façon dont la personne se voit. Il y a des gens qui font des dépressions à la suite de ça.

Et, à l'autre bout du spectre des chirurgies, il y a la mastectomie totale, radicale. Ça, ça veut dire qu'il n'y a plus de sein. Alors là, la femme se retrouve dans une situation où, d'un côté, il y a un thorax plat; de l'autre côté, il y a un sein, et ça, c'est invivable. Les femmes ne peuvent pas vivre comme ça, puis on les comprend.

Alors, face à ça, quand on arrive devant cette chirurgie-là, les femmes, à la suite de la chirurgie, ont à choisir : est-ce qu'elles vont aller vers une reconstruction mammaire, on remodèle chirurgicalement les tissus pour reconstruire un sein; ou bien on ne va pas au travers cette épreuve-là de reconstruction mammaire, on va vers la prothèse externe.

La prothèse externe, c'est une prothèse qu'on enlève le soir, mais, de jour, on la porte et, sur le plan esthétique... puis là c'est un mauvais mot, «esthétique», dans ce cas-là, c'est un mauvais mot, c'est vraiment une question de personne, d'intégrité, de perception de soi-même, de jugement de l'extérieur. Je peux vous dire qu'une prothèse mammaire bien faite, il pourrait y avoir une personne ici qui l'a, puis vous ne le sauriez pas, c'est impossible.

Alors, c'est très, très, très important pour ces personnes-là d'avoir ça. Donc, la prothèse mammaire externe n'a aucun enjeu médical autre que le confort et l'intégrité dans la personnalité de la femme qui est touchée par cette problématique-là.

Une voix : La confiance en soi.

M. Barrette : Et la confiance en soi aussi.

Mme Richer (Jocelyne) : J'aimerais vous entendre sur un autre sujet. On voit réapparaître...

M. Barrette : On va peut-être finir le sujet du jour, là.

M. Bellerose (Patrick) : Oui. Bonjour à tous. Patrick Bellerose, Journal de Québec. Pour ce qui est du nombre de femmes qui ont recours chaque année, est-ce que vous avez dit 7 500? Ça me semblait beaucoup.

M. Barrette : Oui. Bien, c'est parce qu'il y a beaucoup de chirurgies mammaires par année. Quand on a... nous, on a évidemment... il y a un remboursement actuellement qui existe, à hauteur de 50 % pour la prothèse mammaire externe totale, 0 % pour la prothèse partielle. Alors, quand on regarde les statistiques, c'est 20 % des gens qui ont de la chirurgie, essentiellement, bien, on est capables de voir le coût que ça va prendre parce qu'on sait combien de personnes ont été opérées.

M. Bellerose (Patrick) : Actuellement, pour une reconstruction du sein, est-ce que c'est couvert par l'État?

M. Barrette : Oui.

M. Bellerose (Patrick) : Oui? Donc...

M. Barrette : Attention, vous parlez de la reconstruction post-mastectomie. La réponse est oui.

M. Bellerose (Patrick) : Oui, oui. Évidemment.

M. Barrette : On n'est pas dans l'esthétique, là, ici, là. On est dans le médical.

M. Bellerose (Patrick) : D'accord. Peut-être, dans le fond, Mme Hardy ou peut-être M. Barrette aussi, pourquoi est-ce qu'une femme, dans ce cas-là, choisirait d'avoir la prothèse externe plutôt qu'une reconstruction du sein?

M. Barrette : Les femmes vont choisir essentiellement de ne pas avoir une chirurgie supplémentaire. Alors, une chirurgie de ce type-là, de reconstruction mammaire après une mastectomie totale, c'est une chirurgie complexe, qui a son lot de complications. Ce n'est pas... Il n'y a rien en médecine, dès que le... En fait, il n'y a rien en médecine tout court, et particulièrement dans le monde chirurgical, qui n'a pas de risques, qui n'a pas de complications, qui n'a pas certains problèmes.

Alors, sans entrer dans le consentement, qui doit être éclairé — il l'est au Québec — il y a des femmes qui choisissent de ne pas s'embarquer dans cette nouvelle épreuve là. Vous savez, une femme qui a un cancer du sein, c'est une épreuve en soi. Alors, prenons le cas le plus difficile, je dirais, pour la personne : chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie. C'est une épreuve, là, fois trois. Alors, il y a des femmes qui arrivent, là, puis qui regardent ça, elles disent : O.K., je vais faire ça, là, puis la quatrième, la reconstruction, on va passer.

Alors, c'est leur choix, et il n'y a pas de bon ou de mauvais choix là-dedans. C'est la personne qui choisit. Alors, quand la personne choisit de ne pas avoir de reconstruction mammaire, eh bien, là, elle a une prothèse externe, parce qu'évidemment la reconstruction, c'est dans les cas de mastectomie totale, avec les impacts que j'ai mentionnés.

Mme Hardy (Annie) : Puis ça dépend aussi de la condition de chacune, parce qu'il y a certaines femmes qui ne peuvent pas l'avoir, la reconstruction mammaire à cause de d'autres complications. Donc, la prothèse externe devient très, très profitable pour ces femmes-là, parce que sinon, elles n'ont rien.

M. Barrette : Pour faire une reconstruction, il y a des conditions physiques essentielles. Je ne veux pas rentrer dans le détail, puis c'est un peu complexe, mais faire une reconstruction mammaire, ça demande que des tissus à un endroit dans le corps soient transposables ailleurs. Ce n'est pas toujours physiquement faisable, dépendamment de la personne.

Une voix : C'est invasif aussi.

M. Barrette : Ah! c'est très, très, très invasif, là. Une reconstruction mammaire, dans certains cas, c'est une chirurgie qui peut durer 10 heures, là. Ce n'est pas des vacances au Club Med, là.

Mme Hardy (Annie) : Non, puis des fois, c'est deux à trois opérations avant d'avoir le sein complètement parfait, là. C'est...

M. Laforest (Alain) : Juste une question, Dr Barrette. En tout cas, c'est une bonne nouvelle. Pourquoi la faire là et pas avant?

M. Barrette : Bien, écoutez, c'est comme tout ce que l'on a fait dans notre mandat. Et puis vous allez me pardonner de répéter une chose que vous êtes probablement tannés d'entendre, mais, vous savez, bien gérer l'État, avoir des finances équilibrées, et avoir des marges de manoeuvre, et les utiliser judicieusement, c'est le gouvernement du Parti libéral.

Alors, c'est une chose que je n'aurais pas pu annoncer avant pour des raisons de coûts, parce qu'il y a des enjeux à gauche, des enjeux à droite, et cet enjeu-là, pour moi, il était là. Cette décision-là, dans mon esprit, était prise depuis à peu près deux ans, et j'attendais d'avoir la possibilité de le faire sur le plan budgétaire.

Vous allez me dire : 3,6 millions, ce n'est pas beaucoup dans l'océan de la santé. Vous avez raison, mais il n'en reste pas moins que 3,6 millions plus 10, plus 15, plus 100 et ainsi de suite, ce sont le genre de décisions que l'on doit prendre le moment venu, et le moment venu, essentiellement, était en 2017, et, en 2017, pour des raisons circonstancielles, je n'ai pas pu l'annoncer. Je l'annonce aujourd'hui.

M. Laforest (Alain) : Quelle est la garantie pour Mme Hardy, qui a travaillé très fort là-dessus, que ça va survivre à l'élection de l'automne?

M. Barrette : Ça, je défie n'importe quel parti aujourd'hui de ne pas prendre position sur ce dossier-là et de dire, comme ils l'ont fait parfois dans d'autres dossiers : Bien oui, c'est vrai, on va le faire, puis on va le maintenir, puis on ne touchera pas à ça. Je les défie. Là, on ne parle pas ici, là, de politique, là. On parle d'avoir des marges de manoeuvre et de les utiliser judicieusement, et là je pense qu'aujourd'hui on les utilise très judicieusement.

Journaliste : À quel point la pétition de Mme Hardy a joué dans la balance?

M. Barrette : Bien, écoutez, on se remémorait le moment de la pétition, et je rappelais à mon collègue Pierre Michel que, quand il... Et on s'avertit toujours quand il y a une pétition qui est déposée. Pierre Michel est venu me voir, il a dit : J'ai une pétition sur tel sujet. Alors, je lui rappelais que je lui avais fait un beau grand sourire parce que c'est quelque chose qui était dans mes cartons depuis effectivement 2016. Bon, j'attendais le moment et les autorisations budgétaires pour pouvoir le faire. Là, c'est aujourd'hui.

Cette décision-là, écoutez, puis je vais même être très franc avec vous, là, il y a un congrès annuel, et c'est là que je voulais le faire, mais je n'ai pas pu, circonstanciellement, qui était le... ça s'appelle le BRA Day, le Breast Reconstruction... C'est un congrès là-dessus. Je voulais le faire là, mais je n'ai pas pu pour des raisons circonstancielles.

Alors, ce n'est pas une annonce de dernière minute, on va dire. C'est mûrement réfléchi. Mais j'étais très content que...

Une voix : ...

M. Barrette : Ça, je ne le savais pas. La pétition, je l'ai appris, mais ma décision était prise, puis, quand la pétition menée par Mme Hardy est arrivée, j'ai dit : Ah! c'est un bon signe. Merci.

Mme Montgomery (Angelica) : Mr. Barrette, can you explain why it was that breast reconstruction was covered, but prostheses were not fully covered?

M. Barrette : Well, that's the situation it was before, and, as I said in my little speech, we will be as of now the one and only province in this country that will cover the full cost of those prostheses. Ontario, for instance, has the same program as we do, they cover half of the price of the prosthesis up to a bit over 400 $, like we do in Québec. In New Brunswick, I learned from Mrs. Hardy, I didn't know that, that for instance in New Brunswick they cover nothing.

We will be the one and only province that will cover it all, both total and partial prosthesis for those women who will have to go through mastectomies.

Mme Montgomery (Angelica) : Mme Hardy, parlez-vous anglais?

Mme Hardy (Annie) : Non, pas vraiment.

Mme Montgomery (Angelica) : J'ai quand même une question pour vous. Pourriez-vous juste expliquer un petit peu qu'est-ce qui a vous a motivé de lancer cette pétition?

Mme Hardy (Annie) : Bien, c'est que ça fait déjà trois ans que j'aide les femmes qui ont le cancer du sein, et je voyais toutes sortes de choses dans le sens que j'avais beaucoup de femmes qui n'avaient pas les moyens de s'acheter une prothèse, puis j'étais obligée de récupérer des prothèses d'autres femmes pour pouvoir les donner à ces femmes-là pour les aider. Ça fait que je trouvais que ça avait un non-sens, là.

Ça fait que c'est la raison pour laquelle j'ai décidé de faire une pétition, pour qu'elles soient remboursées à 100 %, parce que sinon... ces femmes-là tu sais, c'est de l'esthétique, c'est quelque chose de vraiment intime, un sein. Donc, je trouvais que ça n'avait aucun sens de donner une prothèse récupérée pour aider quelqu'un, là.

Mme Montgomery (Angelica) : Je ne sais pas si la précision a été faite. Vous êtes avec quelle organisation? Et vous étiez personnelle, vous êtes bénévole?

Mme Hardy (Annie) : Personnelle.

Mme Montgomery (Angelica) : Avec quelle organisation?

Mme Hardy (Annie) : Pardon? Je n'ai pas d'organisation.

Mme Montgomery (Angelica) : Vous êtes juste... Mais vous avez dit que ça fait trois ans que vous travaillez avec ces femmes-là. Alors, en quelle capacité est-ce que...

Mme Hardy (Annie) : Bien, c'est parce que je les aide pour ajuster des prothèses, tout ça. J'essaie de les aider du mieux possible, mais là...

Mme Montgomery (Angelica) : Sur votre propre... O.K. Vous êtes propriétaire d'une boutique?

Mme Hardy (Annie) : Oui, oui. C'est mon travail. D'une clinique, en fait.

Mme Montgomery (Angelica) : Ah! d'accord. C'est quoi le nom?

Mme Hardy (Annie) : Clinique Ajustez-moi à Trois-Rivières.

Mme Montgomery (Angelica) : Mme David, can I ask you why is an announcement like this important for women? And why is it important that women can buy new prostheses every two years?

Mme David : Because it's a question of self-esteem, it's a question of the identity of the woman. You know, as I said earlier in French, we all are really scared when we have to go through a mammography. We don't like it, we are always expecting bad news.

But when this bad news occurs and that the doctor says : Oh! there is something, can you come back we have to do a more thorough investigation, so we are really, really scared about what will be the diagnosis. And when we have this diagnosis, when the doctor says : OK, we have something and after that and after that go through the operation, etc… And because most of the women are over 40 years old, we can have a real problem with self-esteem, with the integrity of ourself, and I think those prostheses are very, very, very important to reconstruct, not internally, physically, not internally, psychologically, the image we have to face within ourself, but with people that are looking at us. And, as Dr. Barrette said, nobody could see if someone here this morning has that kind of prosthesis. It's very, very important for the self-esteem of women, and it's the least we can do to help them.

La Modératrice : Une dernière question…

M. Dion (Mathieu) : Oui, j'ai juste une petite question, M. Barrette, au niveau des chiffres. Donc, 7 500 femmes qui ont recours à une prothèse à l'heure actuelle. Vous estimez qu'il y a 10 000 de plus qui vont…

M. Barrette : Non, je n'ai pas dit ça.

M. Dion (Mathieu) : C'est elle qui m'a dit ça. O.K., mais peut-être que j'avais manqué… Donc, on estime qu'il va y avoir…

M. Barrette : C'est parce que vous couvrez la prothèse partielle aussi, alors qu'avant elle n'était pas couverte.

M. Dion (Mathieu) : Partielle. Et donc ça, ça pourrait monter à 17 500 femmes qui pourraient avoir recours à une prothèse totale ou partielle.

M. Barrette : Oui. Quand on fait une… Oui, c'est ça, tout à fait. Alors, quand on fait une projection moyenne sur quatre ans, le montant que je vous annonce aujourd'hui, c'est 3,6 millions de dollars par année, en moyenne, sur les quatre prochaines années. Ce n'est pas un programme de quatre ans, c'est un programme récurrent. Mais, quand on regarde la fluctuation au travers des années, ça donne cette moyenne-là.

M. Dion (Mathieu) : Vous estimez que ce serait 17 500, c'est ça?

M. Barrette : Oui.

M. Dion (Mathieu) : O.K. Et présentement 20 % des femmes ont recours à une chirurgie, 80 % n'ont pas recours, et, dans ce 80 % là, on retrouve les 17 500 femmes.

M. Barrette : Exactement.

M. Dion (Mathieu) : O.K. C'est beau, merci.

La Modératrice : Sur un autre sujet?

M. Barrette : Alors, oui, une question, peut-être, là.

Mme Richer (Jocelyne) : Une question pour les deux. On voit réapparaître, depuis quelques semaines, le débat sur les mères porteuses, surtout à Ottawa. J'aimerais savoir, tous les deux, qu'est-ce que…

M. Barrette : En ce qui me concerne, c'est très facile, c'est une question que vous devez adresser aujourd'hui à ma collègue Mme Vallée.

Mme Richer (Jocelyne) : Madame qui?

M. Barrette : Vallée. C'est une question de justice, là, pour le moment, là.

Mme Richer (Jocelyne) : Oui, mais, en tout cas, certainement à la ministre de la Condition féminine, que j'aimerais entendre, si c'est pertinent aujourd'hui de relancer le débat sur le… Est-ce qu'il faut légaliser le fait qu'une femme puisse louer son ventre pour faire un enfant contre rémunération? Est-ce que c'est un progrès pour les femmes ou un recul?

M. Barrette : Tu veux-tu vraiment…

Mme David : Écoutez, je n'entrerai pas dans le vif de ce débat-là qui a été lancé au fédéral. Ils vont se pencher sur la question, c'est leur choix. Dr Barrette a raison de dire que c'est un dossier qui est beaucoup chez notre collègue Mme Vallée, puis ce n'est pas parce qu'on veut nécessairement se décharger de toute responsabilité. Je dirais que c'est une question d'une immense complexité, avec des enjeux très importants, qui ne doivent certainement pas être partisans. Je ne vois aucun lien entre une partisanerie et une réflexion sur cette question-là,     parce que, comme vous l'avez dit, c'est…

On peut dire «procréation», «mère porteuse» ou… Il y a toutes sortes d'expressions pour ça, mais c'est… Effectivement, la question de la rémunération n'est pas une petite question. C'est une question d'une très grande importance. Et je vais être d'une grande prudence dans la réponse, oui ou non, là-dessus parce qu'effectivement jusqu'à maintenant on peut aider pour acheter des vêtements, des choses comme ça. C'est complètement un autre univers que celui de la rémunération.

Alors, je suis d'une très grande prudence et je ne dirai certainement pas ce matin que je suis pour la rémunération, et que tout ça est simple, et allons-y. Alors, écoutez, la réflexion n'est pas sur la table, pour l'instant, au gouvernement du Québec. Elle est sur la table au gouvernement fédéral.

Mme Richer (Jocelyne) : Le premier ministre Couillard a ouvert une porte...

Mme David : Oui, il a ouvert une porte.

Mme Richer (Jocelyne) : ...en disant : C'est un débat complexe, il faut faire le débat. Est-ce qu'il faut faire le débat au Québec?

Mme David : Bien, écoutez, le débat se fait. Lisez les journaux, déjà, il y a du pour, il y a du contre, il y a... C'est un enjeu social qui n'est pas banal du tout, là. On parle d'une location, d'une certaine façon, de femmes qui... souvent dans des pays, d'ailleurs, où les femmes font ça parce que justement elles ont désespérément besoin d'argent.

Alors, je trouve que c'est une situation tellement complexe que je n'irai pas plus loin. Mais j'ai bien vu et j'ai vu que le premier ministre avait dit : On peut ouvrir le débat. Bien, il est ouvert, le débat, de facto à cause de cette réflexion qui se fait à Ottawa. Mais, pour l'instant en tout cas, on ne nous a pas directement dit : Allez, on va faire des mesures législatives tout de suite.

M. Barrette : O.K. Alors... et on aura notre mêlée de presse habituelle lorsqu'on entrera au caucus. Alors, sur le sujet du jour, la conférence de presse est terminée. Au plaisir de vous revoir tantôt, vers 1 heure.

Une voix : ...

M. Barrette : Tout à l'heure. On aura notre mêlée de presse tantôt, comme d'habitude, juste avant 2 heures, à l'entrée du caucus... à midi, c'est-à-dire, ou à la sortie du caucus. Alors, merci de votre présence.

(Fin à 11 h 2)