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Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé et d’accessibilité aux soins, et porte-parole de l’opposition officielle en matière de soutien à domicile, et Mme Carole Poirier, porte-parole de l’opposition officielle en matière de persévérance scolaire, et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éducation primaire et secondaire

Version finale

Le mardi 1 mai 2018, 13 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures trente-quatre minutes)

Mme Lamarre : Bonjour. Alors, aujourd'hui, je dépose une pétition qui a été, en fait, initiée par des jeunes, des jeunes qui ont voulu témoigner contre l'intimidation, l'intimidation à laquelle ils ont été témoins dans les différentes écoles où ils ont étudié. C'est une pétition... et je vais nommer les gens qui m'accompagnent aujourd'hui. Alors, il y a Thalie, Tyler, Marika, Étienne, Isabelle, Guillaume, Lauranne, Cédric et Samuel. Samuel est le représentant du Comité des droits du Centre de pédiatrie sociale Hochelaga-Maisonneuve et il va lire tantôt la fin du manifeste, la conclusion du manifeste.

Il y a également des adultes qui les accompagnent : Mme Nancy Woods, Véronique Perrault, Christine Gingras, Nancy Gagnon, Laetitia Angba, Sonia Grenon et Marie-Josée Houle.

Alors, cette pétition, bien sûr, sa grande force, c'est que des jeunes y croient, des jeunes la considèrent essentielle contre l'intimidation, l'intimidation dans les écoles. Plusieurs mesures ne s'appliquent pas, et leur détermination fait en sorte qu'on est capables de voir où sont les lacunes dans notre système. Je vous en donne quelques-unes. Le protecteur de l'élève, actuellement, n'exerce pas d'autorité sur les écoles privées. Il n'intervient que pour les enfants qui sont victimes d'intimidation dans les écoles publiques. Alors, les enfants victimes d'intimidation dans toutes les autres écoles ne sont pas protégés par le protecteur de l'élève. C'est une aberration, il faut corriger ça rapidement.

Maintenant, l'autre enjeu pour lequel j'ai accepté de soutenir cette pétition, c'est beaucoup en lien avec le fait que l'intimidation, c'est un problème d'école, mais c'est aussi un problème qui, très souvent, se traduit par des complications, des problèmes de santé, de santé physique, de santé psychologique. Alors, c'est un enjeu important. Et le courage de ces jeunes de vouloir témoigner de l'impact que ça a eu dans leur environnement, ils l'ont déjà fait. Et on a l'appui de plusieurs organisations. On a l'appui de la Fondation du Dr Julien, l'appui de la Fondation Jasmin-Roy, l'appui de l'AREQ, l'Association des retraitées et retraités de l'éducation et des autres services publics du Québec. On a également la ville de Saint-Bruno et le Regroupement des organismes Espace du Québec.

Alors, je vais donner tout de suite la parole à trois personnes : Samuel, qui va lire la conclusion du manifeste, sa grande recommandation finale; ensuite, ce sera Mme Nancy Gagnon, coordonnatrice ROEQ, qui va nous expliquer un peu la vision qu'elle a de l'intimidation et de la façon dont parfois c'est traité inadéquatement dans les écoles; et finalement Mme Christine Gingras, qui va clore finalement les interventions et les revendications que l'équipe, qui est autour de moi, a à vous proposer. Alors, Samuel, à toi la lecture de cette conclusion du manifeste.

Une voix : Alors, nous vous demandons que vous, les adultes, dans le milieu familial, le milieu scolaire privé ou public, dans les services de police et de protection de la jeunesse, dans la communauté, ainsi que dans le milieu politique, preniez au sérieux nos démarches pour cesser immédiatement les actes d'intimidation et de la violence et pour prévenir ces situations qui portent atteinte de nos droits fondamentaux énoncés à la Convention relative aux droits de l'enfant.

La Modératrice : Merci. Maintenant, Mme Nancy Gagnon.

Mme Gagnon (Nancy) : À Espace, depuis 30 ans, nous demandons de distinguer, dans les milieux scolaires et même de garde, publics, ou privés, ou communautaires, de bien distinguer... de former le personnel pour distinguer ce qu'est un conflit entre enfants, deux enfants qui se chicanent dans une relation tout à fait égalitaire, qui peut se régler par une simple médiation des pairs, d'un acte de violence, d'un acte d'intimidation, qui, elle, demande une intervention d'adulte pour venir en aide à l'intimidé et intervenir sur l'intimidateur.

Donc, c'est important que tous les enfants du Québec soient protégés par le protecteur de l'élève, mais aussi par les adultes de leur entourage et leur communauté, bien outillés, bien sensibilisés sur la différence entre un conflit et de la violence. Merci.

La Modératrice : Merci, madame. Maintenant, Mme Christine Gingras.

Mme Gingras (Christine) : Oui, bonjour. En fait, le début de ces démarches-là, comme on a pu en parler au point de presse, également, du 5 décembre dernier, c'est quand nous, on a dénoncé l'intimidation que notre fille subissait et qu'à la suite de tout ça, bien, l'intimidation ne s'est pas résolue, et, en plus, il y a eu des représailles envers mes enfants. Donc, mon garçon, il me disait : Maman, il n'aurait pas fallu que tu dénonces, il ne faut pas dénoncer, maman.

Et c'est suite à ça que j'ai débuté les démarches pour que le message soit clair. Quand un enfant est victime d'intimidation, on doit dénoncer, et les adultes en position d'autorité doivent les supporter. Par la suite, on a fait des démarches avec le gouvernement, et le gouvernement nous a clairement mentionné qu'il ne pouvait pas valider la qualité des mesures des plans de lutte ni s'assurer que les plans de lutte étaient réellement appliqués. Dans notre cas, on n'a pas été avisés des actes d'intimidation que notre fille subissait, comme les trois autres mamans qui sont ici avec moi.

Donc, de fil en aiguille, voyant que les choses ne changent pas, on a sollicité l'appui... on a frappé à la porte, là, de l'appui de la Fondation du Dr Julien, parce qu'on s'est dit : La population ne réalise pas les impacts sur la santé de nos enfants quand ils sont victimes d'intimidation. Un double message compromet réellement le développement d'un enfant. Donc, se faire dire de dénoncer et qu'il ne se passe rien au bout du compte, et, quand les parents frappent aux portes du gouvernement puis qu'il ne se passe encore rien au bout du compte, bien, le double message est très, très mauvais.

Et je remercie aujourd'hui l'appui de Mme Diane Lamarre pour que les choses changent. Également, il y aura une motion à l'Assemblée nationale tantôt pour souligner leur courage, des jeunes, de dénoncer pour que les choses bougent enfin et que la voix des enfants soit entendue dans ce processus-là car ce sont eux qui ont été victimes d'intimidation. Et ils le disent tous, ça n'a rien donné qu'on dénonce.

Alors là, on se rend jusque là, dans l'espoir que vous, les médias, également, l'appui politique fassent en sorte que le ministre Proulx annonce rapidement des mesures réelles et concrètes pour que tous les enfants du Québec aient droit au respect de leur droit à la sécurité. Selon nous, c'est une base, c'est fondamental. Alors, merci de votre écoute, et on espère que les choses vont changer.

La Modératrice : Merci. On va maintenant passer à la période de questions. Est-ce qu'on a des questions ou tout était très clair? Pascal Dugas de QMI.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Oui. Mme Lamarre, peut-être préciser ce que vous demandez exactement au ministre Proulx.

Mme Lamarre : En fait, on demande qu'il donne suite au manifeste qui a été présenté. Dans les choses très concrètes qu'on peut faire, c'est élargir le mandat du protecteur de l'élève à l'ensemble des jeunes du Québec et non pas seulement à ceux des écoles privées. C'est une des mesures très concrètes qui peut être faite. Certainement, former davantage les professeurs pour être capable de distinguer, comme le disait tantôt Mme Gagnon, la résolution de conflit d'une situation d'intimidation.

Alors, il y a différentes pistes très concrètes qui doivent être faites, mais, par le manifeste, on peut très bien déjà comprendre l'ampleur de la situation et intervenir très tôt.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : O.K. Puis est-ce qu'au public le protecteur de l'élève remplit son rôle adéquatement, selon vous, en termes d'intimidation, là, dans le dossier de l'intimidation?

Mme Lamarre : En fait, je pense que les gens qui seraient les plus appropriés pour y répondre, ce sont ceux qui ont accepté de supporter, mais certainement les éducateurs sont capables de voir qu'ils ne sont pas toujours bien armés eux-mêmes pour faire en sorte que l'intimidation cesse et que la façon de l'aborder soit appropriée par rapport aux jeunes qui en subissent. Alors, moi, je pense qu'il y a aussi beaucoup d'accompagnement qui doit se faire auprès des professeurs et des directions d'école. Je vais laisser Mme Gingras...

Mme Gingras (Christine) : Justement, sur le libellé de la pétition que Mme Lamarre dépose aujourd'hui, justement, il est mentionné que, oui, l'école privée, donc les 125 000 enfants qui fréquentent le réseau privé n'ont pas accès à ce service-là du protecteur de l'élève. Et, pour répondre précisément à votre question, à l'automne dernier, le Protecteur du citoyen a déposé un rapport pour... et il mentionne toutes les lacunes qui sont présentes actuellement dans le mécanisme d'appel du protecteur de l'élève.

Et la grande demande, c'est qu'il soit neutre, donc qu'il ne relève pas des commissions scolaires, mais bien que le protecteur de l'élève, le défenseur des droits des enfants, finalement, pourrait relever d'une instance neutre pour qu'il n'y ait pas de partialité dans le traitement de ces demandes-là.

La Modératrice : Merci. Micro de gauche, Jean-Frédéric Moreau, Le Soleil.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Oui. Bonjour, Mme Lamarre.

Mme Lamarre : Bonjour.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Bonjour à tous. Pourquoi avoir accepté, vous, personnellement, là, de marrainer cette pétition-là?

Mme Lamarre : Bien, c'est un enjeu qui me touche beaucoup parce que je constate qu'il y a des conséquences au niveau de la santé. Des jeunes qui, dès l'enfance, subissent l'intimidation, ils ont très souvent des situations qu'ils transportent avec eux très longtemps durant leur vie par rapport à la confiance en soi, par rapport à la confiance à la société. Et donc tous ces enjeux, que ce soit qu'on se fasse critiquer, intimider à cause de notre poids, à cause de notre orientation sexuelle, parce que déjà chez les jeunes il y a des éléments qui paraissent, alors toutes ces dimensions-là ou même sans aucune autre raison, tout simplement parce qu'on a été ciblé par un groupe, eh bien, ça a des conséquences importantes sur la santé physique et psychologique des enfants.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Vous demandez au ministre, donc, de se pencher sur la question, mais quand même, en 2012, je vois ici que la loi visant à prévenir, combattre la violence, l'intimidation en milieu scolaire avait été adoptée. Vous demandez peut-être que le ministre pourrait légiférer.

Qu'est-ce qu'il y a de plus à faire s'il y a déjà une loi en vigueur? Qui a certaines lacunes, certes, mais quand même, qu'est-ce qu'on doit faire de plus?

Mme Lamarre : Bien, certainement, ce qu'on voit, c'est que les enfants témoignent. Tantôt, on en a entendu plusieurs expliquer comment la gestion de la dénonciation était faible dans les écoles. Alors, on ne juge pas, mais on dit : Il y a des lacunes encore qui ne sont pas comblées.

Et l'autre dimension claire, c'est vraiment la notion du protecteur de l'élève, qui est apparue tout à coup comme un grand vide, puisque tous les enfants qui ne vont pas à l'école publique au Québec n'ont pas cette référence-là, n'ont pas ce protecteur de l'élève. Alors, il y a vraiment actuellement un vide pour un très grand nombre de jeunes qui étudient dans des écoles où ils n'ont pas accès au protecteur de l'élève. Et, même lorsque le protecteur de l'élève est là, peut-être qu'il y a lieu de le relier au Protecteur du citoyen dans son indépendance complète, comme il était référé... comme Mme Gingras le disait tantôt.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Et est-ce que le problème est, selon vous, plus répandu en milieu public, privé, ou c'est assez égal?

Mme Lamarre : Je pense qu'il y en a partout, de l'intimidation, et cette intimidation-là, elle doit absolument être reconnue, nommée. Je vous dirais aussi, pour avoir rencontré des jeunes un peu plus âgés, que les gens qui ont fait de l'intimidation, eux aussi, gardent des séquelles de culpabilité.

Donc, je pense que pour l'ensemble de tous les gens à qui on permet l'intimidation, il y a des conséquences, et on doit lutter contre, vraiment, cette approche qui n'est pas acceptable, qui est un manque fondamental de respect, de dignité humaine. Et nous, on s'associe, au Parti québécois, à tous les enjeux qui contribuent à assurer la dignité humaine, et certainement que la lutte à l'intimidation en est une fondamentale.

M. Moreau (Jean-Frédéric) : Oui. Excusez, c'est juste que... Je veux juste bien comprendre parce que vous nous amenez sur une piste intéressante. Vous dites, dans le fond : Il faut évidemment s'occuper des élèves victimes d'intimidation, mais il faut aussi s'occuper des intimidateurs de l'autre côté. Comment ça, ça se fait au juste?

Mme Lamarre : Bien, c'est en agissant. Tantôt, la première remarque qui a été nommée par un jeune, c'était de dire : Il faut arrêter ça dès le début. Il faut que, dès la première manifestation de l'intimidation, il y ait tout de suite une reconnaissance que ce n'est pas un conflit, mais que c'est vraiment de l'intimidation. Et il faut que des mesures soient prises pour qu'il y ait une évaluation de qu'est-ce qui a conduit le jeune à intimider et, le jeune qui a subi l'intimidation, qu'il se sente protégé à travers cette démarche-là.

La Modératrice : Merci beaucoup. Merci à tous.

(Fin à 13 h 48)