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Point de presse de M. Pierre Arcand, chef de l’opposition officielle, et M. Sébastien Proulx, leader parlementaire de l’opposition officielle

Version finale

Le mercredi 28 novembre 2018, 17 h 08

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix-sept heures neuf minutes)

M. Arcand : Je vais faire une courte déclaration. Évidemment, vous comprenez que demain j'aurai l'occasion de revenir beaucoup en détail parce que je ferai la réplique de façon détaillée, demain, au discours du premier ministre.

Écoutez, essentiellement, ce que je veux dire, c'est que ça fait déjà deux mois que ce gouvernement-là est en poste. On n'a pas entendu beaucoup d'avancées aujourd'hui de la part de du premier ministre, surtout qu'il est clair qu'on leur a laissé 3 milliards de dollars de surplus.

C'est un discours qui, à mon avis, ressemble à un discours du début des années 2000. C'est un discours qui est sans vision cohérente. Et on voit encore une fois que les sondeurs de la CAQ ont probablement préparé une grande partie de ce discours. Vous comprenez qu'on entend souvent les mots «audace», les mots «humanisme», le mot «proximité». Alors, ce sont des mots qui sont peut-être des mots merveilleux, mais ce n'est pas des mots encore une fois dans lesquels on peut dire qu'il y a des choses qui sont vraiment réelles et concrètes.

Donc, il y a eu beaucoup de promesses, peu de mesures concrètes, aucune mention, en passant, sur leur volonté de réduire à 90 minutes le délai d'attente à l'urgence. On ignore toujours comment la CAQ compte s'y prendre.

Je vous ferai remarquer également qu'on a commencé à parler de santé, on était rendus à la 57e minute où on a parlé de ça. Maintenant, il avait parlé, durant sa campagne électorale, de déchirer l'entente des médecins. Là, ce qu'on entend c'est un plan de réajustement du mode de rémunération des médecins. On est bien loin de ça.

Il a promis de protéger le budget de l'éducation; on n'a aucun signe concret de ce que ça veut dire. Ce qu'on sait cependant, c'est qu'avec la baisse de la taxe scolaire c'est 700 millions en moins qu'il y aura au niveau de l'éducation. Alors, comment va-t-il compenser ce manque à gagner? Et avec certaines de ses promesses, je pense qu'il aura besoin de beaucoup d'argent pour financer toutes ses promesses en éducation. Ce qu'on a compris aussi, c'est que les commissions scolaires seraient abolies. Alors, lorsque le gouvernement parle de stabilité en éducation, je pense qu'il va y avoir beaucoup d'inquiétudes à ce niveau-là.

Les grands oubliés. Les municipalités, leurs demandes semblent avoir été ignorées. En matière de changements climatiques, je n'ai pas besoin de le répéter, clairement le premier ministre essaie de gagner du temps. Lorsqu'il dit qu'il n'y a aucun plan précis qui existe, je lui rappelle que nous avons mis de l'avant un plant d'électrification des transports, un plan directeur en transition énergétique et un plan de lutte aux changements climatiques. Maintenant, l'agriculture et la foresterie, c'est un volet que le premier ministre n'a à peu près pas mentionné, et pourtant l'inquiétude est grande dans ce secteur, que ce soit sur la question, pour les producteurs laitiers, des compensations, l'accaparement des terres et les taxes foncières. Enfin, pour un gouvernement qui se veut rassembleur, aucune mention de développement social, communautaire, aucune mention de logements sociaux, aucune mention de santé mentale.

Et je terminerai simplement en vous disant que ce qui me marque aujourd'hui dans le discours, c'est beaucoup de très long terme. Plusieurs de ses promesses semblent vouloir prendre des décennies à se réaliser. Lorsqu'il a parlé de péréquation qu'il voulait éventuellement abolir, il a dit : Ça va prendre des décennies à se réaliser. On sait que, sur la question des barrages entre autres, il veut faire beaucoup de barrages. Déjà, le président d'Hydro-Québec a dit que, dans le meilleur cas, les barrages commenceraient en 2038 au Québec. Donc, on parle encore là de quelques décennies. Évidemment, sur la question des changements climatiques aussi. Et je suis certain également que, sur la question des infrastructures, aussi, particulièrement en matière d'éducation, ça va prendre aussi un certain nombre d'années.

Donc, somme toute, c'est un bel exercice de relations publiques, pas très différent de ce qu'on a entendu de la part du gouvernement. Et j'aurai l'occasion, donc, demain, de réagir de façon beaucoup plus détaillée sur ce discours d'aujourd'hui.

M. Lavallée (Hugo) : Donc, vous avez fait la liste de vos insatisfactions, par exemple, ou des incohérences aussi que vous avez décelées dans le discours du premier ministre, par exemple, sur la rémunération des médecins, les choses ont changé depuis la campagne électorale, sur le financement en éducation. Est-ce donc à dire que vous estimez que la CAQ a induit la population en erreur durant la campagne électorale?

M. Arcand : Bien, en fait, ils se retrouvent avec 3 milliards à ce niveau-ci, d'abord, de surplus, d'une part, et ils ont fait, durant la campagne électorale... Hein, quand il disait : Je vais déchirer l'entente des médecins, là, ce n'était pas rien, là, c'était : Je vais déchirer l'entente des médecins. Là, on parle de réajustement. Ne serait-ce que cet exemple-là. Lorsqu'il parle de 90 minutes à l'urgence, c'est drôle, on n'en entend plus tellement parler, de cette promesse-là qui a été faite.

Tout le monde reconnaît maintenant que les approches qu'il fait en matière d'énergie, particulièrement avec l'Ontario... Moi, je considère que c'est un mirage parce qu'encore une fois l'Ontario, déjà, le lendemain, dans le Globe and Mail, on disait qu'on n'avait pas besoin d'énergie d'aucune façon en Ontario. Alors, on se rend compte qu'il y a beaucoup de ces avancées-là, c'est complètement non responsable parce que, justement, on voit très clairement que ce n'est pas la direction dans laquelle il s'en va.

M. Lavallée (Hugo) : C'est de la malhonnêteté intellectuelle?

M. Arcand : Bien, écoutez, je vous laisse le soin de définir ce que c'est. Moi, ce que je dis, c'est qu'il ne remplit absolument pas, dans ce discours-là, ses promesses.

Mme Plante (Caroline) : L'avez-vous trouvé partisan, ce discours?

M. Arcand : C'est un discours qui ressemble, en tout cas, à ce qu'on a entendu il y a un peu plus de deux mois.

Mme Plante (Caroline) : Pouvez-vous, peut-être, élaborer sur la question de règlement, donc, que ce serait un outrage au Parlement?

M. Arcand : Oui.

M. Proulx : Bien, je serai très bref parce que j'ai eu l'occasion de la faire tout à l'heure en Chambre. Le règlement est très clair, il faut d'abord que ce soient les parlementaires qui soient avisés en premier lieu des affaires du Parlement. Dans ce contexte-ci, j'ai pris connaissance en lisant sur mon téléphone, très rapidement, des extraits du discours. J'ai même été capable, avant la fin de ce discours, de retrouver l'intégral. J'ai vu même de mes propres yeux des documents sur lesquels il était écrit «embargo». Alors, pour moi, c'est un outrage qui est manifeste. Je me devais de le faire dès que je le constatais. Par respect et courtoisie pour le premier ministre, je l'ai dit, j'ai attendu qu'il termine son discours. La jurisprudence est de mon côté, est de notre côté à cet égard, et on va déposer cet avis, il y aura des plaidoiries, et le président tranchera par la suite.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, ça fait en sorte que vous allez paralyser les travaux parlementaires dès la rentrée.

M. Proulx : Bien, je ne pense pas qu'on va paralyser les travaux, mais il est certain qu'on devra disposer de cette question à l'intérieur du délai que nous devons traiter des affaires prioritaires. Nous sommes à cette rubrique. Et ce n'est pas banal, là, ce qui s'est passé.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais prioritaire, après le débat sur le discours d'ouverture du premier ministre?

M. Proulx : Bien, on va transmettre l'avis au président, le président va nous convier à un moment qui sera adéquat pour l'ensemble des leaders de l'Assemblée, et à ce moment-là on pourra discuter de cette question par échanges, par plaidoiries proprement dits. Mais clairement, ça va se faire dans cette période-ci. Nous sommes à l'intérieur, là. Au cours des deux prochaines semaines, ce qu'on va faire, en gros, c'est le débat de 25 heures sur le discours d'ouverture. Alors, durant cette période, il faudra qu'on tienne ce moment où le président devra trancher si, oui ou non, il y a eu violation des droits et privilèges des parlementaires aujourd'hui.

Mme Plante (Caroline) : Est-ce que vous essayez d'envoyer le message que vous n'en manquerez pas une?

M. Proulx : Bien, d'abord, on n'a pas l'habitude de les manquer quand elles sont aussi manifestes. Mais, deuxièmement, sincèrement, nous sommes au début de la législature, le premier ministre a dit qu'il fallait combattre la méfiance par la confiance, déjà, dès le départ, un faux pas aussi important... Vous savez, ça, c'est propre aux parlementaires, cette capacité d'avoir accès avant les autres aux informations. C'est un droit qu'il nous faut défendre dans cette Assemblée. Et, dans ce contexte-là, il y aura une décision de prise. Je ne présume pas de la décision, mais je sais, et j'ai lu la jurisprudence, et je connais mon travail, qu'il y a là, à mon avis, une violation qui est assez manifeste.

M. Bélair-Cirino (Marco) : M. Proulx, M. Arcand, vous étiez tous deux membres du gouvernement du Québec jusqu'à la mi-octobre. Selon les informations que vous déteniez, est-ce que le gouvernement québécois, le Québec était en bonne position pour atteindre ses objectifs de réduction de GES pour 2020?

M. Arcand : C'est sûr qu'il y a toujours des défis en cette matière parce que ça dépend évidemment de l'activité économique. Mais il y avait un plan qui existait au niveau des changements climatiques, qui se devait d'être fait.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que les cibles étaient atteignables?

M. Arcand : Eh bien! écoutez, quand on a fait le plan, c'était un plan qui a été fait autour de 2011, à la fin de 2011, début 2012, c'était un plan qui était certainement atteignable à ce moment-là, et on verra. Mais il faut qu'un gouvernement continue dans cette direction-là.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais, il y a un mois et demi, est-ce que les cibles étaient toujours atteignables, les cibles pour 2020?

M. Arcand : Bien, écoutez, ça, je n'étais pas ministre de l'Environnement à ce moment-là, vous poserez la question aux gens. Mais une chose est certaine, c'est que l'environnement est toujours un défi constant. Je vous rappelle que depuis 1990, c'était 25 %, entre autres, des réductions de gaz à effet de serre pour les industries. Il y avait eu également d'autres réductions à cause du recyclage, de tout ce qu'on faisait à ce niveau-là. Le grand défi, c'était le transport.

Tout ce que je vous dis, c'est que nous, on avait un plan sur l'électrification des transports, un plan sur la mobilité, c'était là, le gros enjeu, c'était dans le domaine du transport. Alors, c'est là-dessus qu'il faut qu'un gouvernement continue de travailler. Il faut qu'ils incitent les manufacturiers. On a passé la loi, je vous rappelle, zéro émission, qui force les manufacturiers à produire un certain nombre d'automobiles électriques qui vont être disponibles pour le public. Alors, c'est dans cette direction qu'il faut aller si on veut réduire les émissions de gaz à effet de serre.

M. Lavallée (Hugo) : Et donc votre plan datait d'il y a trois gouvernements, là, si je comprends bien, 2011.

M. Arcand : Bien, fin 2011, c'était... Le plan, je pense, c'était 2013... 2012‑2020, un plan 2012‑2020.

M. Lavallée (Hugo) : Est-ce que vous êtes d'accord avec...

La Modératrice : Bon, bien, Hugo, comme on a dit, on va avoir longuement la chance...

M. Lavallée (Hugo) : Mais j'ai une dernière question sur un autre sujet.

La Modératrice : On a déjà...

M. Lavallée (Hugo) : Concernant le troisième lien, M. Legault a dit que malheureusement il y a des gens qui, pour des raisons idéologiques, avaient fait du troisième lien un symbole et qu'il fallait le combattre. Est-ce que vous partagez...

M. Arcand : Bien, écoutez, c'est sûr que le problème, l'enjeu qui est devant nous, dans le cas du troisième lien, c'est que M. Legault s'est mis des échéanciers qui n'ont pas de bon sens. C'est ça, l'enjeu. Ce n'est pas... Nous, on n'est pas opposés en principe, du tout, au troisième lien. On pense que la population veut avoir des services, on pense qu'on ne doit pas nécessairement toujours mettre en combat, si on veut, le transport collectif avec le transport un peu plus individuel. Je pense qu'il y a une question réaliste qui se pose devant nous. Alors, nous, là-dessus, ce n'est pas ça, l'enjeu.

La difficulté, dans ce dossier-là, c'est que M. Legault veut absolument, à l'intérieur de son mandat, tout faire pour réaliser le troisième lien, alors qu'il y a des BAPE, alors qu'on doit faire attention, on n'a pas encore... selon les procédures qui existent au Conseil du trésor et que je connais bien. Ce sont des procédures dans lesquelles il faut s'assurer que les plans sont bien préparés, bien faits, les appels d'offres sont faits, etc. Et là il veut absolument réaliser ça d'ici 2022, alors qu'on a regardé ces dossiers-là de façon importante. Mais, ceci étant dit, on peut très bien faire du transport collectif, à Québec, et aussi avoir éventuellement un troisième lien.

Mme Lévesque (Catherine) : Vous avez fortement réagi, dans l'enseignement, sur l'immigration, surtout quand M. Legault disait : On doit éviter de regarder de haut, avec mépris, les inquiétudes légitimes de la population québécoise. Est-ce que vous vous sentiez visés à ce moment-là?

M. Arcand : Écoutez, je ne sais pas à qui il faisait référence. Une chose est certaine, c'est que nous, on sait qu'il y a un enjeu énorme. N'importe qui qui se présente dans toutes les régions du Québec actuellement voit qu'il y a des enjeux, et ça passe évidemment par l'immigration, oui, ça passe également par des crédits d'impôt pour permettre aux gens de travailler plus longtemps, ça passe par une foule de mesures. Mais la pénurie d'emploi, elle est réelle parce qu'on est, sur le plan démographique, dans une courbe actuellement où il y a plus de gens, finalement, pratiquement à la retraite que des gens qui sont disponibles pour travailler. Alors, il faut travailler dans cette direction-là pour s'assurer, justement, qu'on puisse faire en sorte qu'on règle ce problème-là. C'est un problème extrêmement sérieux. Comment voulez-vous attirer des investissements au Québec si on n'est pas sûrs qu'on va avoir la main-d'oeuvre nécessaire pour faire le travail? Alors, je pense que c'est un enjeu qui est extrêmement urgent. Et, à tout le moins, je pense que, grâce à nous, au moins, il a abordé la question dans le discours, mais c'était très timide, et il n'est pas arrivé avec des solutions très concrètes.

Mme Lévesque (Catherine) : Il n'avait pas l'air de prendre la situation au sérieux?

M. Arcand : Bien, il n'a pas l'air à avoir des grandes solutions dans ce domaine-là.

Mme Lévesque (Catherine) : C'est les mêmes que les vôtres.

M. Arcand : Bien, c'est-à-dire qu'il n'a pas parlé de crédits d'impôt, je n'ai pas entendu grand-chose là-dessus. Tout ce qu'il a dit : Ça prend des immigrants économiques. C'est ça qu'il a dit. Mais il n'y a pas juste ça. Il faut inciter les gens à travailler davantage, à leur donner les incitatifs. C'est ce qu'on a proposé depuis, d'ailleurs, les derniers mois là-dessus.

Une voix : ...

M. Arcand : O.K. Ça marche. Merci.

M. Proulx : Merci à vous.

(Fin à 17 h 22)

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