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Point de presse de M. Carlos J. Leitão, porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances, et M. Gaétan Barrette, porte-parole de l’opposition officielle pour le Conseil du trésor

Version finale

Le mercredi 27 février 2019, 11 h 09

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures neuf minutes)

M. Leitão : Très bien. Alors, bonjour. Aujourd'hui, comme vous avez probablement constaté, on a posé une question au ministre des Finances concernant deux choses, concernant d'abord l'ampleur des surplus. Nous sommes à trois semaines du budget, et je pense que, rendu à cette étape-ci, il devait avoir une très bonne idée du montant de ces surplus-là. Donc, on souhaitait avoir l'heure juste, à cet égard-là, et on n'a pas eu de réponse.

Mais deuxièmement, et c'est peut-être le plus important, c'est ce que je considère être une espèce... une dérive de la non-transparence. D'une façon un peu rapide, le ministre a annoncé, par communiqué, que le rapport mensuel qui était pour être publié le 8 mars, maintenant, ne le sera pas, il sera rendu public en même temps que le budget, au 21 mars.

Je trouve ça préoccupant parce qu'un engagement qu'on avait pris en 2014 et qui était, comme j'ai dit au salon bleu, chaudement applaudi par l'actuel président du Conseil du trésor, c'était de rendre cette information-là disponible et à date fixe pour justement éviter les tentations politiques de : Bon, ce mois-ci, on va le sauter ou ce mois-ci, on fait comme ça. Donc, à date fixe, en début d'année, on connaît les dates de publication et on y va. Et c'est important, ce rapport-là, parce qu'il nous donne vraiment l'heure juste de l'évolution des dépenses et des revenus de l'État.

Donc, moi, je trouve ça très préoccupant qu'on s'engage maintenant dans cette direction-là où on pourrait éventuellement dire : Ah! bon, ce rapport-là, ce n'est pas tellement nécessaire. Non, il est très nécessaire, il est très utile, il faut continuer à le publier mensuellement et à la date fixe pour avoir cette information qui est très utile concernant l'évolution des revenus et l'évolution des dépenses. Je ne sais pas si...

M. Barrette : Oui, tout à fait. Alors, de concert avec mon collègue, évidemment... Vous savez, le principe de la transparence est un principe que nous avons mis sur la table lors de la dernière législature. Et la transparence, ça signifie un certain nombre d'automatismes. C'est-à-dire que, de façon neutre et régulière, des données sont rendues disponibles au public. Aujourd'hui, probablement pour un effet de toge politique, on choisit, pour la première fois en plus de 60 mois, de ne pas publier à la date fixée ce fameux rapport. Alors, pourquoi? Alors, comme mon collègue l'a mentionné, est-ce que c'est le prélude à l'abandon de ou à l'instrumentalisation de quelque chose qui se doit et se veut d'être neutre? Alors, moi, pour moi, ça m'inquiète, d'une part.

D'autre part, le ministre, en réponse à la question de mon collègue, a dit qu'il voulait même améliorer les choses avec des rapports trimestriels. Parfait. Ça n'enlève pas l'importance du rapport mensuel. Si on peut l'améliorer, oui, mais, au bout de la ligne, c'est une question de transparence envers le public, ce sont toujours leur argent que l'on gère, au gouvernement. Et le fait d'avoir instauré la production d'un rapport mensuel et, maintenant, trimestriel, comme ils veulent le faire, c'est très bien, mais jamais on ne devrait jouer avec cette séquence-là. Alors, le fait qu'on joue avec, qu'on l'instrumentalise, manifestement pour des raisons politiques, moi, ça m'inquiète.

M. Lecavalier (Charles) : Qu'est-ce que le gouvernement voudrait cacher? L'ampleur des surplus parce que c'est plus difficile de faire de l'arbitrage quand on a plus d'argent?

M. Leitão : Je pense que c'est ça. C'est qu'on est à trois semaines du budget, je pense qu'ils le savent déjà, rendu à cette étape-ci, et je peux vous dire qu'on a déjà une très bonne idée de quelle va être l'ampleur de ce surplus-là, et je pense qu'il veulent garder ça pour eux jusqu'au 21 mars. Je trouve que c'est dommage. C'est dommage parce que l'information de ce rapport est très pertinente, et, quand elle sera publiée, lors du budget, le 21 mars, il y aura tellement d'autres informations que ça va être peut-être un peu perdu dans tout ce déluge.

M. Barrette : On peut aussi le voir d'une façon différente. Le ministre, aujourd'hui, a fait allusion à l'accélération des dépenses. Parce qu'on n'est pas rendus encore au 31 mars, entendons-nous. Est-ce que ce qu'il veut, dans le fond, c'est de ne pas montrer... divulguer un rapport qui montrerait qu'effectivement il y a un mégasurplus à sa disposition qu'il souhaite faire disparaître pour le budget, hein? Parce que, là, il reste encore des jours, hein, où il peut accélérer des dépenses pour faire fondre le fameux surplus.

Moi, là, rappelez-vous, dans les dernières semaines, lors de mon interpellation, le président du Conseil du trésor a dit clairement, comme le premier ministre y a fait allusion, que, dans le prochain budget, il n'y aurait pas de surplus. Là, on est en train de gérer un point de référence et on voudrait que ce point de référence là soit le plus petit possible. Une des façons de le rendre le plus petit possible, c'est de ne pas divulguer le rapport aujourd'hui, d'accélérer les dépenses pendant le mois de mars et d'arriver, en fin de compte, avec un surplus plus petit, alors qu'ils ont annoncé qu'ils voudraient n'en avoir aucun. Et, pour arriver à aucun, bien, il faut dépenser plus. Où ça va être fait, ces dépenses-là?

Il y a une manoeuvre politique, actuellement, il y a une manoeuvre de diversion qui n'est pas très élégante, alors qu'elle aurait été probablement impossible, si on avait dévoilé, divulgué les données du rapport, qui n'est pas le cas aujourd'hui. Moi, je trouve ça déplorable.

Je le répète, transparence, ça veut dire transparence, et ça passe aussi par la constance des rapports. Mon collègue, lorsqu'il a mis ça en place, c'était une avancée extraordinaire pour la société québécoise d'avoir à chaque mois un état de situation, à toutes fins utiles, inattaquable parce qu'il est neutre. Bien là, on vient de faire une entorse à ça qui est très, très, très importante, et il faut le souligner.

M. Lecavalier (Charles) : Mais, M. Leitão, dans vos budgets à vous, là, c'est déjà arrivé que vous avez engagé des dépenses non récurrentes ou devancé des dépenses pour réduire l'ampleur d'un surplus.

M. Leitão : C'est déjà arrivé.

M. Lecavalier (Charles) : Donc, le fait qu'un rapport mensuel soit déposé ou non, ça ne change pas le fait qu'un ministre des Finances peut devancer des dépenses pour réduire un surplus.

M. Leitão : Oui, tout à fait. Mais il y a deux choses. D'abord, c'est l'ampleur même du surplus. On est rendus maintenant, pour 2018‑2019, selon toutes les estimations de tous les acteurs indépendants, à quelque chose comme 4 ou même 5 milliards de dollars. C'est énorme. Nous, les trois années précédentes, on avait des surplus de l'ordre de 1,5, 2 milliards. Donc là, rendu à 4,5, 4... 4,5, c'est énorme.

Et deuxièmement, ce qui est inquiétant, c'est cette façon dont on détourne l'attention en ne publiant pas le rapport le 8 mars. Le rapport du 8 mars nous donnerait le portrait des dépenses et revenus pour les 10... les neuf premiers mois de l'année, jusqu'à décembre. On sait très bien qu'au mois de décembre c'est toujours un mois de surplus importants. Donc, le surplus cumulatif jusqu'à décembre, probablement qu'il serait de l'ordre de 5 milliards de dollars. Et c'est cette information-là que le gouvernement ne veut pas qu'on ait parce qu'il pense qu'on ne sait pas bien interpréter. Mais ce n'est pas ça du tout, là, on a besoin d'avoir l'heure juste sur...

M. Barrette : Je vais aller un pas plus loin. Est-ce qu'on nous annonce aujourd'hui qu'il n'y aura plus de rapport mensuel — ça n'a pas été dit clairement — et qu'il y aura maintenant des rapports trimestriels? Alors, comme mon collègue vient de le dire, ça veut dire que, dans le prochain mois, et le prochain mois, et le mois d'après, on pourrait voir exactement ce qui s'est passé dans ces mois-ci, qui va dans la direction de ce que vous venez d'évoquer. Alors là, est-ce qu'on est dans une opération camouflage, qui n'est pas malhonnête, mais qui est intellectuellement très critiquable? Alors, si on est un gouvernement de la transparence, ce rapport-là doit sortir maintenant ainsi que pour tous les autres mois suivants.

Et ce que j'ai entendu aujourd'hui m'inquiète parce que peut-être qu'on s'en va vers juste des rapports trimestriels, et peut-être que le premier rapport trimestriel va être à l'automne. Pourquoi pas? Parce que, là, on vient de cacher ce qui ce sera passé dans les derniers mois et on aura caché en plus le vrai surplus, qu'on va finir par savoir plus tard parce que... la loi d'accès à l'information, et ainsi de suite. Mais actuellement il est clair que ce gouvernement-là ne fait pas preuve de transparence et choisit de ne pas divulguer une information qui serait non seulement pertinente, mais qui vous inviterait, les médias, à un certain nombre d'analyses qui ne seraient peut-être pas glorieuses pour le gouvernement.

M. Leitão : Il y a un aspect qui est particulièrement préoccupant, à mon avis, mon collègue l'a mentionné, c'est que le président du Conseil du trésor a mentionné et aussi le premier ministre aussi qu'en 2019‑2020, la prochaine année, il n'y aura pas de surplus. Moi, je trouve ça grave de dire ça maintenant. Qu'est-ce que ça veut dire, il n'y aura pas de surplus en 2019‑2020? Ça veut dire qu'il n'y aura plus de provisions pour éventualités. Ca veut dire que le Fonds de suppléance, qui a toujours bien garni, il n'y en aura plus, de Fonds de suppléance, ou il sera beaucoup plus petit. Il n'y aura plus de marge budgétaire à la prévision de la dette.

Donc, il y a beaucoup d'éléments qui font partie de la prudence budgétaire. Si on dit aujourd'hui : Ah! il n'y aura pas de surplus, donc ces mesures de prudence, quoi, ne seront plus là. On va faire très attention à ça dans le prochain budget.

M. Barrette : Alors, on a un gouvernement qui est brouillon en immigration, il est brouillon en éducation. Là, il est plus que brouillon, là, il introduit, induit un brouillon dans la gestion de... la transparence des finances publiques. À un moment donné, il faut le souligner, et c'est ce que nous faisons aujourd'hui.

Des voix : Merci.

M. Leitão : Merci.

M. Barrette : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 19)

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