(Treize heures six minutes)
M. Legault : Oui. Bonjour,
tout le monde. On va commencer d'abord pour le bilan. On a 63 personnes,
actuellement, qui sont infectées. Ça, c'est le décompte à 9 heures hier
soir. Donc, si on compare avec 9 heures, la journée précédente, c'est 22 cas de
plus, mais, hier après-midi, je vous avais dit 50, là, parce que j'ai inclus
des personnes durant la journée. Est-ce que tout le monde suit? Oui. O.K. Donc,
on était à 63. Si on compare avec 24 heures plus tôt, on en a 22 plus, mais, si
on compare avec ce que je vous ai dit hier, on en a 13 de plus.
Donc, on a 3 500 personnes qui sont en
investigation, donc en attente d'avoir les résultats, 3 700 personnes qui
ont reçu un résultat négatif. C'est important, là, le nombre de tests. C'est
vraiment la priorité qu'on se donne à court terme, là, toute l'équipe,
d'augmenter de façon très importante le nombre de tests. C'est ça, la priorité,
là. On veut passer de quelques centaines à quelques milliers de tests par jour.
Donc, on veut être capables, là, de vraiment bien suivre dans les prochains
jours. Et donc il y a des personnes qui s'ajoutent, on a l'équipement. Les
laboratoires sont prêts pour faire plusieurs milliers de tests par jour, et on
a maintenant 22 cliniques désignées, on va en ajouter neuf, donc on va avoir 31
cliniques désignées pour faire les tests. Ça va nous permettre de faire des
milliers de tests à chaque jour.
Je veux, bien sûr, profiter de l'occasion
pour dire merci aux Québécois. D'abord, hier, j'ai demandé d'aller donner du
sang. La réponse était extraordinaire, là, donc on a été capable de combler la
baisse qu'on avait vue. Il faut continuer à le faire, on a besoin de sang à
tous les jours. Je comprends que les gens sont isolés, mais c'est important
d'aller donner du sang. Même chose du côté des personnes qui ont de
l'expérience ou de l'expertise en santé, on est rendu à 10 000 C.V. qu'on
a reçus. On a fait un certain tri, on en a déjà 1 800 pour qui on a envoyé
les personnes à des endroits spécifiques dans le réseau. Donc, ils vont pouvoir
concrètement venir nous aider dans le réseau de la santé. Moi, je trouve que
les Québécois sont vraiment fantastiques.
Ce matin, j'ai rencontré les trois chefs
de l'opposition. On a convenu ensemble d'adopter les crédits, le budget,
certains projets de loi. Par exemple, il y avait des projets de loi qui
touchaient aux pharmaciens, aux infirmières. Donc, on a adopté ces projets de
loi là et on ferme l'Assemblée jusqu'au 21 avril. C'est possible qu'on décide
de prolonger, mais, pour l'instant, c'est jusqu'au 21 avril. On le fait pour
deux raisons. D'abord, on est 125 personnes, habituellement, au salon bleu,
donc il faut donner l'exemple. Il ne faut pas qu'il y ait de rassemblement même
de 10, 20, 30 personnes. Donc, on veut donner l'exemple. Deuxième raison, bien,
on souhaite que les députés soient chacun dans leur circonscription pour
répondre aux questions des citoyens.
Puis là on s'est donné un mécanisme pour
être capables facilement, avec les députés puis les whips des différents
partis, de répondre aux questions des citoyens via les députés et d'être
capables aussi de recevoir des suggestions. Puis sincèrement on en reçoit, des
très bonnes suggestions, puis on est ouverts, là. Les choses se passent très
vite. J'essaie de ne pas en échapper, mais, s'il y en a qui ont des idées, ils
sont toujours le bienvenu.
Je veux peut-être revenir un peu sur
l'annonce qui a été faite un peu plus tôt aujourd'hui par le ministre des
Finances, Eric Girard. Évidemment, il y a beaucoup de personnes puis d'entreprises
qui vivent des problèmes de liquidités. Donc, on a accepté de reporter le dépôt
des déclarations d'impôt des particuliers au 1er juin. Tous les impôts et
les acomptes provisionnels sont reportés au 31 juillet. Donc, ça va
permettre, là... Ceux qui avaient un montant à payer, soit le 30 avril,
soit un acompte provisionnel le 15 juin, vont être capables de retarder
tous ces paiements-là jusqu'au 31 juillet.
Il y a d'autre aide qui s'en vient, là. Au
cours des prochains jours, entre autres, Pierre Fitzgibbon va annoncer des
mesures pour aider toutes les entreprises qui ont des problèmes de liquidités.
On essaie de s'arrimer avec Ottawa, avec la BDC, pour que ça soit le plus
simple possible pour les dirigeants, les entrepreneurs.
Un autre groupe de personnes que je veux
remercier... On a réussi, en 48 heures, à organiser des services de garde
pour le personnel de la santé puis les services essentiels. La grande, grande,
grande majorité des parents, donc, ont réussi à faire garder leur enfant. Si ce
n'est pas le cas, là, on va ajuster dans les prochains jours. Donc, je veux
remercier les éducatrices, les éducateurs. C'est très important.
Bon, aujourd'hui, j'ai un message spécial
à lancer aux jeunes. On me dit que les jeunes n'écoutent pas suffisamment les
consignes, entre autres, concernant les rassemblements. Et puis pourtant on a
vécu des expériences en Corée du Sud puis en Italie, où les jeunes ont été des
agents importants de propagation du virus. Bon, j'ai été jeune moi-même, je
sais qu'il y a une période, à un moment donné, quand on est jeune, qu'on écoute
moins les plus vieux, mais là c'est critique.
C'est vraiment sérieux, puis je veux
lancer un message à tous les leaders jeunes, là, que ce soit les artistes, les
sportifs, là. Vous allez probablement être meilleurs que moi pour lancer cet
appel-là. Ça peut être, entre autres, par les médias sociaux. S'il vous plaît,
dites aux jeunes au Québec de respecter les consignes. Ce n'est pas le temps de
faire des partys, ce n'est pas le temps de se rassembler. Il faut garder nos
distances. Et donc je fais un appel spécial aux jeunes. On va lancer une
campagne aussi, le gouvernement. La campagne va s'appeler Propagez l'info...
c'est-à-dire, je me reprends : Propage l'info, pas le virus. Propage
l'info, pas le virus. Donc, vous allez voir ça, là. J'invite nos artistes à
être créatifs aussi puis à trouver d'autres moyens de dire aux jeunes, là :
Passez le message, mais pas le virus. Donc, c'est mon message du jour pour les
jeunes du Québec.
Donc, je termine en revenant un peu sur
les directives les plus importantes, là. Quand vous avez des symptômes, quand
vous revenez de voyage, restez isolé chez vous pendant 24 heures. Puis là
je veux faire un appel spécial, parce que ça revient, là, aux employeurs. S'il
vous plaît, là, ce n'est pas le temps de demander des billets du médecin, là.
Les médecins ont d'autres choses à faire que de signer des billets pour le
personnel qui doit s'isoler. Donc, je demande la compréhension de tout le
monde. Malheureusement, on me dit aussi que certains employeurs refusent de
donner le 14 jours à ceux qui reviennent de voyage. Encore une fois, je
demande la compréhension des employeurs, là. C'est très important, c'est
critique. Il faut donner le 14 jours à la maison.
Puis évidemment, bien, je le répète, pour
les jeunes puis les moins jeunes, là, pas de rassemblement. 10, 20, 30, peu
importe le nombre, là, pas de rassemblement. Il faut tout faire pour éviter
l'augmentation rapide du virus, le nombre de personnes infectées. Donc, je vous
le dis, là, c'est très sérieux, si on limite les rassemblements, puis c'est ce
qu'on est en train de faire actuellement, on est en train de sauver des vies.
Donc, on a une grosse bataille devant nous puis on est capable, si on se met tous
ensemble, de la gagner, cette bataille-là. Merci.
Le Modérateur
: Alors,
si vous êtes prêts à prendre les questions, on va commencer avec Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour. Mme McCann, actuellement... vous avez dit hier que votre priorité,
c'était le personnel soignant. Au CIUSSS de la Montérégie-Centre, les employés,
les médecins demandent de l'équipement de protection. Il n'y en a pas. On leur
répond qu'il n'y en a pas.
Mme McCann : Bien, moi, ce que
je peux vous dire, là, c'est que j'ai reçu l'état de situation sur l'équipement
de protection, et il y en a. Alors, je vais m'assurer que les employés du
CIUSSS de Montérégie-Centre aient ce qu'il faut. J'en prends note. Au sortir de
la conférence de presse, je demande au sous-ministre de voir à la situation.
M. Laforest (Alain) : Donc,
ce n'est pas normal, pour vous.
Mme McCann : Non, non, là.
Non. On a ce qu'il faut, oui.
M. Legault : On a fait le
point sur les inventaires, là, de tous les équipements importants. Quand on
regarde au Québec, là, on est correct pour des semaines. Donc, il n'y a pas de
raison qu'en particulier, dans un hôpital de la Montérégie-Centre, qu'il y en
manque.
Le Modérateur
: Merci.
Hugo Pilon-Larose... Oui?
M. Laforest (Alain) : C'était
juste une précision, là, ça va aller très vite. Est-ce que vous êtes
consciente, actuellement, qu'il y a des employés qui volent de l'équipement
dans des hôpitaux, des masques, entre autres, pour se protéger ou protéger des
membres de leur famille?
Mme McCann : Bien, écoutez, on
a pris des mesures, il y a déjà un certain temps, de mettre sous clé des
équipements de protection comme les masques. Alors, encore une fois, on va
resensibiliser le personnel. Ces masques-là... et on a une utilisation, là, un
algorithme pour utiliser ces masques-là. Il faut être très, très rigoureux dans
l'utilisation. Donc, ça, il ne faut pas que ça se produise. Ça sauve des vies
et ça protège le personnel.
M. Legault : Je veux juste
vous dire, M. Laforest, effectivement, j'ai entendu la même remarque que vous.
Donc, il y a une question, là, de sécurité policière. Donc, on est en train de
regarder, là, ce qu'on est capable de faire pour s'assurer qu'il n'y ait pas de
vol.
Le Modérateur
: Toujours
en vous limitant à une question, une sous-question, Hugo Pilon-Larose, LaPresse.
M. Pilon-Larose (Hugo) : À la
vitesse à laquelle la pandémie se propage actuellement, avez-vous, dans vos
scénarios, un plan pour limiter davantage les déplacements des gens, un peu
comme ce qui se fait en France, là, où les forces de l'ordre sont interpelées
pour aller voir les gens qui peuvent faire des attroupements, entre autres?
M. Legault : Bien, on n'est
pas rendus là, mais oui, évidemment, ça fait partie des possibilités des
prochains jours, des prochaines semaines. Je me fie beaucoup au Dr Arruda, on
en discute à chaque matin. C'est certain, là, qu'il y a d'autres mesures qui
sont envisagées, mais, pour l'instant, on pense que toutes les mesures qu'on
annonce sont suffisantes.
M. Pilon-Larose (Hugo) : M. Arruda,
peut-être, c'est quoi, le point de bascule? Lorsqu'on regarde l'évolution du
nombre de cas, à partir de quel moment est-ce qu'on doit s'attendre, justement,
à ce qu'il y ait des mesures plus musclées qui soient prises?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, ça va être évalué au jour le jour, selon la réponse de l'application des
mesures qu'on met en place. Moi, je tiens à vous dire, là, que je suis très
fier de voir comment la majorité des entreprises prennent les devants, vont
même plus loin que ce qu'on recommande. Mais il y a toujours, dans une
population, ce qu'on appelle des gens qui vont rapidement réagir, d'autres qui
vont être un peu plus lents puis etc. Je pense qu'on n'est pas encore rendus à
la coercition intensive.
Par contre, il va y avoir, à la fois dans
les affaires de communication, dans les interventions qui pourraient être
faites sur le terrain par le corps policier, mais aussi des travailleurs
municipaux puis etc, on est en train de discuter de ça, du renforcement par
rapport à ça. Et je pense aussi qu'il va falloir que les gens s'éduquent les
uns les autres et essaient d'éviter cesdits rassemblements là qu'on parle.
Je vous dirais qu'on suit ça de très près.
On va le faire mesurer aussi pour être en mesure de voir... parce que si moi,
disons que j'ai ordonné, au nom de la ministre et du premier ministre, des
actions puis qu'elles sont appliquées à 25 % ou 30 %, le taux
d'efficacité que je vais avoir va être moins grand que si 100 % des gens le
font.
On est très conscients qu'atteindre
100 % dans une population, c'est une note qui est parfaite. Si on veut
avoir la médaille olympique d'or avec une note parfaite, donc vous savez
qu'est-ce que je veux dire... Mais moi, je veux rappeler aussi aux jeunes, puis
je suis un peu plus jeune, je pense, que le premier ministre, mais pas encore
assez jeune...
M. Legault : À peine.
M. Arruda (Horacio)
:
...pas encore assez jeune pour être le bon porte-parole pour les jeunes. Puis
je pense que déjà, j'ai vu, dans les médias sociaux... puis on est chanceux
d'avoir les médias sociaux aussi quelque part, parce qu'un jeune peut parler à
un autre jeune en étant dans sa propre... Puis je peux vous dire, moi, si
j'étais jeune... moi, habituellement, ma mère me disait : Sors dehors puis
etc., va t'amuser. C'est assez rare qu'on disait aux gens de rester à l'intérieur,
devant les écrans, mais là, maintenant, disons que ça peut être à la mode.
Transitoirement, on peut le faire.
Donc, j'invite les jeunes à utiliser les
médias sociaux. Il y a plein de créativité qui peut être faite pour avoir quand
même une vie pendant cette période-là. Et je pense que les campagnes... Vous
savez, là, quand on ordonne, des fois, là, il y a des réactions inverses. On va
monitorer la chose au jour le jour, on va prendre nos moyens... puis moi, je
vais me permettre, si vous me permettez, je ne l'ai jamais dit, il y a des
anges gardiens qui ont le système de santé qui est là.
Il y a aussi les gens de santé publique,
qui sont mes collègues à travers les territoires, qui sont aussi des anges
gardiens qui vous préviennent souvent des épidémies, vous ne vous en rendez
même pas compte. Je veux saluer mes collègues directeurs et toutes les équipes
de santé publique qui actuellement sont au front pour faire la recherche de...
J'ai donné une grande réponse, là. Moi, j'ai
terminé pour aujourd'hui.
Mme McCann : J'aimerais
ajouter là-dessus que tout le monde doit suivre ces consignes-là. Même si on
vit dans un village plus retiré, il faut que tout le monde suive. Il n'y a pas
de bingo, il n'y a pas de rassemblement, partout au Québec, tel qu'on a donné
comme directives, parce qu'on est tous responsables puis on a des cas qui ont
été infectés, qui sont dans des villages, effectivement, qui sont plus retirés.
Ce n'est pas dans les grands centres nécessairement. Alors, on lance un appel à
tous les Québécois pour faire la distanciation sociale.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : M.
Legault ou peut-être même M. Arruda, la question pourrait peut-être s'adresser
aux deux, mais on a vu qu'il y a beaucoup de touristes qui circulent au Québec.
Il y en a à Québec, hier, qu'on a vu à plusieurs reprises dans les informations,
etc., il y en a à Montréal.
Est-ce que vous pourriez demander ou
exiger de ces touristes-là qu'ils soient confinés à leur hôtel comme ça se fait
dans d'autres pays? Les Philippines ont pris ces mesures-là, les îles Canaries
ont pris ces mesures-là, demandent aux touristes étrangers de rester en
isolement dans leur chambre d'hôtel.
M. Legault
: Bon, on
est à l'étape où on le suggère. Depuis quelques heures, à l'aéroport de Dorval,
c'est très, très clair, on a même des gens de la Santé publique qui le
répètent. Donc, on suggère aux touristes américains de s'isoler pour 14 jours.
Bon. Maintenant, est-ce qu'on peut l'exiger? Ça pourrait être fait avec la collaboration
du gouvernement fédéral, mais on n'est pas rendu là. Si vous voulez ajouter.
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, c'est ça, comme je vous l'ai dit, on va monitorer, là, ces éléments-là. Je
pense qu'aussi, avec ces recommandations-là, j'ai l'impression que plusieurs
personnes qui pensaient venir au Québec vont reporter leur voyage, parce que
venir pour s'enfermer dans un hôtel, ce n'est pas très agréable. Puis, à un
moment donné, il va y avoir ce qu'on appelle une norme sociale qui s'installe,
là. Puis donc je pense, comme l'a dit le premier ministre, on évalue la situation.
Je vous dirais que les fermetures aux frontières vont avoir un impact probablement
important. Il y a des gens qui vont revenir, qui sont des ressortissants
canadiens et québécois. On les attend. Et donc, moi, je pense qu'il faut
évaluer, mais s'il faut, à un moment donné, particulièrement au moment où il y
aura de la circulation, je vous dirais, on commencera à être dans un pic, ou
etc., ou qu'on aura identifié, par exemple, un pays — puis là je
pense, ça m'étonne parce que ça vient de partout dans le monde, là — on
pourra évaluer la situation.
M. Lacroix (Louis) : Et juste
une autre question, les travailleurs de la construction, entre autres choses,
je comprends que vous voulez accélérer les chantiers de construction, etc., là,
mais il y a des travailleurs de la construction qui s'inquiètent du fait qu'eux
rentrent au travail, les employeurs ne les empêchent pas de rentrer au travail,
et il y a quand même des échanges d'outils, il y a des contacts. Est-ce que,
ça, ça représente un risque ou...
M. Legault
: Bien, de
façon générale... je vais peut-être laisser M. Arruda pour les outils, là, mais
actuellement les entreprises fonctionnent. On demande aux gens, quand ils ont
des collègues, d'être à un ou deux mètres des autres personnes. Bon, les gens
de la construction, il y en a qui travaillent à l'extérieur, il y en a qui
travaillent à l'intérieur, donc ça s'applique à eux autres aussi.
Le Modérateur
: Mathieu
Dion, Radio-Canada.
M. Dion (Mathieu) : Bonjour.
Est-ce qu'il existe des assises légales pour intervenir, pour revenir à la
question d'Hugo, pour intervenir auprès de quelqu'un qui serait imprudent, qui
aurait, supposons, un coronavirus et qui ne ferait pas attention, là, un peu
comme ça peut exister dans le Code criminel avec ceux qui vont cracher sur
quelqu'un d'autre? Est-ce qu'il existe des assises légales?
M. Arruda (Horacio)
: ...c'est
un pouvoir qui est donné au directeur de santé publique de la région de la
personne. C'est comme dans certains cas de tuberculose contagieuse, qui peuvent
transmettre la maladie à d'autres. À ce moment-là, on peut décréter l'isolement
obligatoire de la personne, la... Puis il y a même des maladies qu'on est
obligés de traiter, comme la tuberculose, qui est la seule maladie, mais ici on
n'a pas de traitement.
Donc, on a des pouvoirs légaux. Si on
avait, par exemple, l'information que quelqu'un qui est malade, qui se promène
partout puis qui contamine tout le monde, là, on a des pouvoirs légaux. Dans le
cadre des enquêtes épidémiologiques, on a tous les cas, donc on serait en
mesure d'identifier ça et d'intervenir, ce qui voudrait dire qu'on pourrait
isoler la personne dans une chambre à l'hôpital, de force.
M. Dion (Mathieu) : Est-ce
qu'Ottawa prend trop de temps pour annoncer ses mesures économiques?
M. Legault : Non.
Écoutez, il y a des discussions qui ont lieu. Ce n'est peut-être pas simple.
Évidemment, on a pris les devants concernant les travailleurs qui ne seront pas
couverts par le nouveau programme de l'assurance emploi, mais M. Trudeau
m'a dit hier que ça serait d'ici deux, trois jours, donc je me dis d'ici une
journée ou deux. On travaille fort sur l'arrimage pour les entreprises entre la
BDC puis Investissement Québec. On espère être capables d'annoncer ça
rapidement.
Le Modérateur
: Charles
Lecavalier, Le Journal de Québec.
M. Lecavalier (Charles) :
Bonjour. Bon, je reparle de l'isolement volontaire, là. Il y a plusieurs
témoignages, sur les réseaux sociaux, de gens qui s'inquiètent que des gens
dans leur famille, des amis ne respectent pas l'isolement volontaire.
Alors, qu'est-ce que l'on doit faire dans
cette situation-là, M. Arruda, si on constate qu'un proche, qu'un ami ne
respecte pas l'isolement, va dans des lieux publics, va prendre le métro, par
exemple?
M. Arruda (Horacio)
:
Des gens qui sont revenus de voyage, c'est ça?
M. Dion (Mathieu) : Oui.
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, je pense qu'on n'est pas rendus à la délation puis la Gestapo de ça. C'est
des éléments de conviction.
Et je rappelle aux gens, là, l'importance
pour laquelle on fait ça. Imaginez-vous, là, qu'on finit... parce qu'on fait
des enquêtes, maintenant... des choses, puis qu'on est en train de voir...
capables d'identifier qui a été la personne qui l'a fait, je n'aimerais pas ça,
moi, apparaître dans une liste, que les journalistes pourraient finir par
trouver, parce qu'ils seraient les éléments...
Ça fait que je pense qu'on fait appel
encore... Je veux dire, par contre, il faut voir une chose, là, si quelqu'un
est revenu de voyage puis qu'il y a des symptômes, O.K., même s'il y a une
petite proportion qui peut-être transmise avant d'avoir des symptômes, bien là,
à ce moment-là, là, il faut vraiment augmenter le ton, si vous me permettez, et
faire valoir...
Mais je peux vous dire, là, pour une
personne qui a un bon jugement, qui n'a pas une problématique de santé mentale
ou autre... parce que, ça, il faut aussi s'occuper de ces populations-là, puis
on va faire des interventions spécifiques. C'est véritablement... Puis c'est
démontré, hein, que c'est à travers le discours puis la discussion qu'on
obtient les meilleurs objectifs. Les chasses à l'homme de cette nature-là,
habituellement, ça a des effets très pervers.
Mais je veux juste vous dire, là, que, par
contre, quelqu'un qui revient de voyage puis qui a des symptômes, je pense que,
comme citoyen, c'est inacceptable qu'on ne consulte pas puis qu'on ne suive pas
les consignes. Quelqu'un qui est asymptomatique devrait quand même
s'auto-isoler, mais surtout, quelqu'un qui est symptomatique, je pense qu'il
court de grands risques d'avoir éventuellement quelque chose. Puis moi, je ne
suis pas dans de l'univers juridique civil, là, mais, si on est capable de
faire la démonstration que quelqu'un, par un comportement d'ordonnancé, que
j'ai ordonné de ne pas le faire, puis qu'il l'a fait, puis qu'il a contaminé quelqu'un,
je ne sais pas comment il va pouvoir s'en sortir, si jamais il y a une
poursuite au point de vue civil, là.
M. Legault : Mais, au-delà de
l'aspect légal, moi, là, ce que je veux dire aux gens, aux Québécois, là, c'est
sérieux. Si vous revenez de voyage, vous avez des symptômes, puis que vous
transmettez le virus à quelqu'un, puis qu'éventuellement ce quelqu'un là meurt,
bien, vous allez avoir ça sur votre conscience toute votre vie, là. C'est comme
ça qu'il faut le voir, là.
M. Lecavalier (Charles) : Sur
la durée, là, de l'isolement, mais pas nécessairement l'isolement volontaire,
mais on parle fermeture d'école, les fermetures de commerce et tout, M.
Legault, vous nous avez déjà parlé de mois. On le sait qu'en Alberta, par
exemple, ils ont carrément, je pense, annulé l'année scolaire. Dans l'État de New
York aussi, ils ferment les écoles, ils disent : On va se revoir en avril,
mais ça se pourrait que ça rouvre juste en septembre.
Est-ce que vous êtes en train de préparer
des plans pour, justement, dans les universités, les cégeps, les écoles
secondaires, les écoles primaires, sur qu'est-ce qu'on va faire si ça se
prolonge?
M. Legault : Évidemment, là,
comme quand on gère bien une crise, il faut avoir différents scénarios. Donc,
dans les scénarios qu'on a, oui, c'est possible. Il y a un scénario un peu plus
pessimiste qui nous amènerait jusqu'à l'automne, jusqu'au mois de décembre.
Donc, il ne faut pas exclure ça, mais,
actuellement, il y a beaucoup d'incertitude, là. Je pense qu'il n'y a pas
personne, même les plus grands spécialistes dans le monde, qui sont capables de
dire ça va-tu durer deux mois ou ça va durer un an? Il y a différents
scénarios, puis nous, bien, il faut être prêts pour chacun de ces scénarios-là.
M. Lecavalier (Charles) :
Bien, ma question plus spécifique, c'est : Est-ce que, dans le fond, le
réseau scolaire est en train de se préparer pour faire de l'école à la maison,
si jamais ça se prolonge?
M. Legault : Pas pour l'instant.
On n'est pas là.
Le Modérateur
: Merci.
Jocelyne Richer, LaPresse canadienne.
Mme Richer (Jocelyne) : Oui.
Bonjour à tous. J'aimerais savoir si vous songez à resserrer la directive, là,
sur les rassemblements intérieurs avec 250 personnes? M. Trudeau parlait
ce matin, peut-être 50 personnes; M. Trump, aux États-Unis, parle
maintenant de 10 personnes. Est-ce que c'est revu à la baisse ou pas?
M. Legault : Bien, écoutez,
moi, ce que je dis aux gens, là, c'est qu'à moins que ça soit absolument
nécessaire, pas de rassemblement. Que ça soit 10 ou que ça soit 250, là, pas de
rassemblement.
Mme Richer (Jocelyne) : Pour
ce qui est des interdits que vous avez énoncés depuis plusieurs jours, de
visite, etc., comment on fait pour appliquer ça, pour s'assurer qu'il n'y ait
pas trop de délinquants? Est-ce que vous songez à des amendes, à des sanctions?
Est-ce que la police pourrait intervenir? Comment vous voyez ça?
M. Legault : Bien, écoutez, à
partir du moment... je le disais tantôt, à partir du moment où ce virus-là a
déjà causé la mort de personnes, surtout des personnes plus âgées, il me semble
qu'on n'est pas obligés de parler d'amendes, là. Il me semble que toute
personne responsable doit comprendre que le virus est dangereux puis il faut
tout mettre sur notre bord pour ne pas transmettre ce virus-là. Puis souvent
les personnes porteuses du virus ne savent pas si elles sont porteuses du
virus. Mais, comme l'a dit le Dr Arruda, si la personne, elle revient de
voyage puis en plus elle a des symptômes, bien, là, c'est zéro, zéro risque
qu'elle doit prendre.
Le Modérateur
:
Isabelle Porter, Le Devoir.
Mme Porter (Isabelle) :
Oui. Bonjour, M. Legault. Vous avez dévoilé un programme pour les
travailleurs vulnérables hier. Je sais qu'il y a des choses qui s'en viennent
du côté d'Ottawa et pour les entreprises, mais est-ce qu'il va y avoir quelque
chose pour les travailleurs autonomes qui subissent des pertes de revenus, mais
n'ont pas nécessairement de symptômes?
M. Legault : Oui. Bien,
écoutez, ce qu'on me dit du côté d'Ottawa, c'est que c'est quelque chose qu'on
regarde très sérieusement. Donc, évidemment, on va attendre de voir ce qui va
être annoncé. Mais ce que je comprends, c'est qu'Ottawa pourrait inclure les
travailleurs autonomes dans leurs programmes qu'ils vont annoncer d'ici une
journée ou deux.
Mme Porter (Isabelle) : Est-ce
qu'on doit s'attendre à un élargissement de l'assurance-emploi ou à un nouveau
programme?
M. Legault : Là, il
faudrait poser la question à M. Trudeau.
Mme Porter (Isabelle) :
Pouvez-vous rassurer ces personnes-là peut-être, puisqu'il y a beaucoup
d'inquiétudes?
M. Legault : Bien,
écoutez, moi, ce que je veux dire aux personnes, là, c'est... puis c'est pour
ça qu'on a été généreux en donnant le maximum d'assurance-emploi hier,
573 $. C'est que, si vous avez besoin d'être isolé, s'il vous plaît,
isolez-vous puis n'hésitez pas pour des raisons financières. Si jamais le
fédéral ne couvre pas, on va le couvrir.
M. Gagnon (Marc-André) :
J'ai une question par courriel d'une collègue qui fait du télétravail pour Le
Journal de Québec, Geneviève Lajoie, et qui concerne un sujet qui a
été abordé tout à l'heure, soit celui de la construction, puisque la ville de
Boston vient d'annoncer qu'elle va fermer, donc, les chantiers de construction
pour freiner la propagation du virus. Donc, est-ce que c'est une possibilité
que vous pourriez avoir à envisager?
M. Legault : On n'est pas
là. On n'est pas là actuellement.
M. Gagnon (Marc-André) :
Et est-ce qu'à votre avis, à ce moment-ci, là, les chantiers de construction
sont sécuritaires?
M. Legault : Écoutez, oui,
si on se tient à un ou deux mètres des autres personnes.
M. Gagnon (Marc-André) :
À cette condition-là.
Le Modérateur
:
Maintenant, Fanny Lévesque, LaPresse.
Mme Lévesque (Fanny) :
Oui. M. Arruda, évidemment, on a mentionné qu'il y avait certains délais
pour avoir des tests et ensuite recevoir les résultats. Ça devrait être
amélioré dans les prochains jours. J'ai bien compris ça. Mais est-ce qu'il est
probable qu'on se retrouve, en ce moment, avec un nombre de cas confirmés qui est
en décalage complet avec le nombre de cas réels en circulation ou dans la
population en ce moment?
M. Arruda (Horacio)
:
C'est clair, c'est comme ça partout dans le monde, parce qu'il faut que vous
compreniez que des gens qui n'ont pas de symptômes n'iront pas consulter. Il y
a toujours des gens asymptomatiques. Heureusement... Et ils peuvent
transmettre. D'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles des fois on peut
ne pas savoir qui me l'a donné. O.K.? Par contre, c'est comme ça partout, puis
je vais vous dire, même, à un moment donné, quand il va y avoir tellement de
circulation dans la population que toute personne qui va se présenter comme une
grippe ou un rhume, quand on va être sorti de la saison de la grippe, va être
considérée comme un cas.
Prenons l'exemple, vous avez un cas, le
père attrape la maladie, la transmet à sa conjointe qui le transmet aux enfants
en même temps. Dès que le père est positif, si les gens qui vont être isolés la
font, la maladie, pas besoin de faire de test pour le confirmer. C'est comme ça
qu'on fait dans toutes les situations.
Là, ce qu'on va faire, c'est qu'au début
on va tester, tester, tester. On augmente la capacité de façon importante au
cours des prochains jours. O.K.? Puis en fonction de ce qu'on va surveiller, on
va aussi choisir les types de catégories, on va lister qui a accès au test selon
des critères scientifiques. C'est qu'on va le faire faire à ceux qui ont le
plus de bénéfices, puis ceux que ce n'est pas nécessaire... Surtout, ce qu'il
faudrait éviter, c'est de tester des gens asymptomatiques parce qu'ils ont
peur. Là, à ce moment-là, c'est un test gaspillé.
Donc, tout ça va se faire avec une
science, avec des critères qui sont établis par nos experts à la fois
cliniciens et gens de santé publique.
Mme Lévesque (Fanny) : Donc,
vous dites qu'il est probable qu'on atteigne un niveau de cas de transmission
que, là, on n'aurait même plus besoin de tester les gens, donc ce serait...
M. Arruda (Horacio)
:
C'est de même dans toutes les... Si vous me le permettez, c'est de même dans
toutes les éclosions qui sont faites. On appelle ça... Au début, il faut
caractériser les cas et les contacts, mais, quand on a une transmission
soutenue puis que les gens sont des contacts d'une personne qui a fait la
maladie puis qu'ils ont développé la maladie à la bonne période, etc., puis qui
ont le même syndrome, même s'il est moins sévère ou plus sévère, c'est sûr que
c'est un cas, on n'a pas besoin de tester. Il n'y a pas d'indication de tester,
à ce moment-là, comme telle, parce que de toute façon, le traitement est le
même. Ça, c'est une autre affaire. Si c'était un autre traitement, c'est autre
chose. Ce serait mieux de tester d'autres maladies que celle-là en particulier.
Le Modérateur
: Olivier
Bossé. Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour.
Vous parliez des jeunes. Est-ce que je comprends que dans vos chiffres, vous
avez des indications qu'effectivement les jeunes ne respectent pas... il y a
plus de cas que ce que vous vous attendiez?
M. Arruda (Horacio)
:
C'est des éléments anecdotiques qu'on nous rapporte, hein? Vous comprendrez
qu'on n'a pas mis... Moi, je ne me suis pas promené... d'ailleurs, je me
promène moins, là. Je ne me suis pas promené dans la ville de Québec pour
voir ce qu'il en est, mais les gens....
M. Bossé (Olivier) : Dans vos
63 cas, est-ce que...
M. Arruda (Horacio)
:
Oh! mais dans les cas, les jeunes, ce n'est pas nécessairement des gens qui
sont atteints, là. Ce n'est pas parce que c'est une population qui est... Les
jeunes, là, ce qu'ils vont peut-être faire, c'est attraper la maladie, peu de
symptômes, puis le transmettre à leur grand-mère, le transmettre à leur mère,
le transmettre à un autre copain qui lui va le transmettre à sa grand-mère qui
est en chimio. C'est ça, là, qu'ils vont faire. C'est que ce sont des gens qui
ont peu d'impacts, comme les enfants. Il n'y a pas beaucoup de cas... je ne
veux pas dire... Tu sais, là, dans la vie, il y a toujours une exception, hein,
mais ce n'est pas les enfants qui sont touchés, là. C'est les personnes âgées,
c'est les gens qui ont des maladies.
M. Bossé (Olivier) : O.K.
M. Legault, vous vous y connaissez un petit peu en compagnies aériennes.
Qu'est-ce que vous pensez des compagnies aériennes qui vendent des billets à
cinq, six, 10 fois le prix?
M. Legault : Bien, ce que je
comprends, c'est que le gouvernement fédéral, là, regarde pour des mesures pour
limiter l'augmentation des prix des compagnies aériennes puis, deuxièmement,
d'avoir de l'aide aussi pour ceux qui sont obligés d'acheter un billet à
5 000 $, là. Donc, le gouvernement fédéral regarde ça actuellement.
Le Modérateur
:
Michelle Lamarche, TVA.
Mme Lamarche (Michelle) :
Est-ce que je peux vous entendre... John Horgan, hier, votre homologue
britanno-colombien, disait que ça n'avait aucun sens qu'on laisse la frontière
ouverte avec les États-Unis. Lui ne comprend pas la décision d'Ottawa. Est-ce
que vous êtes d'accord avec lui? Est-ce qu'il faut pousser dans cette
direction-là?
M. Legault : Bon, la
Colombie-Britannique est dans une situation spéciale à cause de l'État de
Washington. Dans l'État de Washington, il y a eu des personnes âgées, dans des
centres de personnes âgées, qui ont été touchées. Donc, c'est pour ça qu'il y a
beaucoup plus de cas de décès dans l'État de Washington. Puis évidemment, là,
il y en a qui ont voyagé vers la Colombie-Britannique, donc il y en a
beaucoup... toutes proportions gardées, il y en a beaucoup plus qu'ici. Il y a
même des décès en Colombie-Britannique. Donc, je comprends l'inquiétude de John
Horgan.
Maintenant, bon, c'est la balance des
inconvénients, là. Bon, on voit que ça augmente beaucoup à New York aussi, là,
le nombre de cas. Donc, je sais qu'il y a beaucoup de liens entre Montréal et
New York. Donc, c'est sûr que dans un cas... dans une situation idéale, on ne
voudrait plus avoir de touristes américains, mais là, pour l'instant, ce qu'on
leur dit, c'est de s'isoler pour 14 jours quand ils rentrent au Canada.
Mme Lamarche (Michelle) :
Mais quand M. Trudeau disait, ce matin : Sur la frontière américaine,
j'écoute les experts, il écoute les experts ou il a peur de la réaction de
Donald Trump qui pourrait empêcher les marchandises de circuler? Pouvez-vous
être plus clair que lui?
M. Legault : Bien, écoutez, je
comprends que l'hiver, on achète beaucoup de fruits et légumes aux États-Unis,
hein? Donc, il faut, à un moment donné, avoir de la nourriture. On achète, à
l'année aussi, beaucoup de médicaments qui viennent des États-Unis. Donc, je
comprends, là, qu'il peut y avoir une préoccupation sur les marchandises. Je
comprends aussi qu'on pourrait, avec la collaboration des États-Unis, dire :
On laisse circuler les biens, mais pas les personnes. Mais bon, ce n'est pas
toujours simple de négocier avec le président américain, hein?
Le Modérateur
: Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour. Juste une petite précision, d'abord, sur les 63 cas, est-ce qu'on
sait combien de gens sont hospitalisés en ce moment?
M. Arruda (Horacio)
:
Dans l'information que moi, j'ai, il y en aurait trois... ou cinq, cinq qui
seraient hospitalisés. Excusez-moi, cinq. Des fois, je reste fixé sur le
chiffre des deux jours. C'est cinq.
M. Lavallée (Hugo) : M.
Legault, on y faisait allusion tout à l'heure, cette annonce importante prévue
par le gouvernement fédéral demain, annonce économique, pouvez-vous nous dire
précisément quelles sont vos attentes face à cette annonce-là? De quoi est-ce
que le gouvernement du Québec puis la population du Québec a besoin en ce
moment et que vous attendez du gouvernement fédéral?
M. Legault : O.K. Moi, les
demandes que j'ai faites depuis une semaine, là, c'est dans trois secteurs.
Premier secteur, les individus, donc, essayer de couvrir de l'aide aux
individus qui doivent s'isoler, les individus qui perdent leur emploi. Ça,
c'est le premier groupe. Deuxième groupe, c'est toute la question des
entreprises qui ont des problèmes de liquidités. Donc, on a des discussions
entre la BDC puis Investissement Québec pour que ce soit le plus simple
possible.
Pour les deux premiers groupes de mesures,
on a, je pense, des bonnes discussions avec le gouvernement fédéral. Là où il
ne semble pas y avoir beaucoup d'ouverture de la part du gouvernement fédéral,
puis c'est une demande qu'on fait, moi et Doug Ford, c'est d'avoir
rapidement un programme d'infrastructures qui serait partagé, au niveau du
coût, entre le gouvernement fédéral puis le gouvernement provincial, que ce
soit le Québec ou l'Ontario, pour accélérer les travaux d'infrastructures puis
être capables, avec de l'argent public, de remplacer des emplois qui ont déjà
commencé à être perdus dans les restaurants, dans le secteur artistique,
dans le secteur des compagnies aériennes. Donc, ça, ce bout-là, là, pour
l'instant, il est un peu moins... il n'y a pas d'ouverture à Ottawa.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant l'accès aux CHSLD, hier, on vous a posé une question là-dessus, et
vous sembliez prêt, peut-être, à faire preuve d'une certaine flexibilité en ce
qui concerne les aidants naturels. J'aimerais vous entendre plus précisément
là-dessus. Il y a beaucoup de messages qui nous sont parvenus de gens qui se
sont vus refuser l'accès alors que ce sont des visiteurs réguliers, habitués
aux normes de santé et de sécurité, qui s'inquiètent de voir le personnel
surchargé et, donc, leurs proches manquer de soins, dans la mesure où cette
interdiction-là est maintenue.
M. Legault : O.K. Bien,
écoutez, il y a deux mesures. On dit : On ne souhaite pas de visiteurs
dans les hôpitaux puis les CHSLD. Il y a une autre mesure où on a fait un appel
à tous, là, où on a reçu 10 000 C.V., des gens qui connaissent ça,
les soins qui doivent être donnés soit à des personnes aînées ou à des
personnes malades. Idéalement, c'est des retraités du réseau de la santé qui
acceptent de revenir dans le réseau. Bon, est-ce qu'une personne qui est un
aidant naturel, qui a des compétences puis une certaine expertise, pourrait
aider un certain nombre de personnes âgées dans un CHSLD, pourrait se
qualifier? Bien sûr, mais c'est l'approche qu'on prend, là.
Le Modérateur
:
Rapidement, parce que le temps file, Tommy Chouinard, LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) : Oui,
bonjour. À quel nombre de lits en soins intensifs, avec le personnel requis, on
est capable de monter dans le réseau de la santé? Et en raison de la capacité,
somme toute, là, limitée, quand même, du réseau de la santé, qu'il y a une
vague comme ça qui s'en vient, est-ce qu'il ne serait pas le temps de préparer
les Québécois au fait que, comme dans d'autres juridictions, on soit forcé, à
un moment donné, dans des situations critiques, de choisir entre quelqu'un qui
a 20 ans et quelqu'un qui a 80?
Mme McCann : Bon, moi, là, je
vais être claire là-dessus. On a 1 000 lits de soins intensifs, on a
18 000 lits d'hospitalisation au Québec. On a la possibilité, par
différentes mesures, de débloquer, là, je vais le dire comme ça,
6 000 lits à l'intérieur du 18 000 lits d'hospitalisation
en, par exemple, cessant les chirurgies électives, ce qu'on est en train de
faire, aussi en donnant aux personnes qui n'ont pas besoin de soins
hospitaliers un autre endroit où est-ce qu'on va les amener.
Alors, moi, ce que je veux dire aujourd'hui,
c'est qu'on va être capable... on a fait... on a des scénarios, effectivement,
du degré d'atteinte de la population, à quel moment... On regarde ça, surtout
avec la Direction de la santé publique, qu'est-ce qui se passe dans d'autres
pays. On fait notre planification dans ce sens-là, et avec ce qu'on a comme
information aujourd'hui, et même au niveau des lits de soins intensifs, parce
qu'on va en avoir moins besoin si on ne fait pas de chirurgie élective, on est
capable de donner les soins à notre population en faisant tout ça, mais à la
condition que la population fasse le maximum au niveau de la distanciation
sociale de tout ce qu'on a demandé comme mesure.
Alors, moi, ce que je veux dire, c'est que
le réseau va être capable de donner les soins.
M. Chouinard (Tommy) : À un
moment donné, M. Legault, est-ce qu'il va... il va arriver un moment, là,
critique, là. À un moment donné, le réseau ne sera pas capable de traiter tout
le monde avec les...
M. Legault : Regardez, là, je
veux juste qu'on comprenne bien les chiffres que vient de mentionner Danielle,
là. On a 18 000 lits, O.K.? On en a juste 1 000 pour les soins
intensifs, on en a juste besoin de 1 000 pour les soins intensifs. Donc,
la proportion de la partie lits pour soins intensifs versus lits pour les soins
autres qu'intensifs, là, il y en a... beaucoup plus besoin de lits pour les
soins qui ne sont pas intensifs.
Maintenant, à partir du
18 000 lits, on est capable d'en libérer. Danielle a déjà commencé à
faire ça en reportant des chirurgies. Elle est capable, au besoin, d'aller jusqu'à
libérer 6 000 lits. O.K.? Puis, en plus, on est en train de regarder
pour ajouter 3 000 lits. Ça peut être via des hôtels, des modulaires,
etc. Mais ce n'est pas des lits intensifs, là. Les lits intensifs...
M. Chouinard (Tommy) : La
France et l'Italie sont dans une situation où ils n'en ont pas assez, des
lits...
Le Modérateur
: Désolé,
Tommy, je...
M. Legault : Non, non, mais
des lits de soins intensifs, là, dans le pire des scénarios, on en a peut-être
besoin de 100, 200, mais ce n'est pas... Les milliers de lits qu'on va avoir
besoin, là, ce n'est pas des lits de soins intensifs. C'est ça qui est
important de comprendre, là.
M. Chouinard (Tommy) : Bon.
Mais vous savez qu'en Italie il y a des...
Le Modérateur
: ...malheureusement
on manque de temps pour les dernières questions qui me restaient par courriel.
Merci, M. Chouinard. Donc, on va passer en anglais avec Cathy Senay, CBC.
Mme Senay (Cathy) : Mr. Legault, the message that you're sending to teens today... Do
you have the impression that teenagers do not realize that they are vectors who
can transmit the, well, COVID-19?
M. Legault :
Yes. The message I have today is for youth, for teen. We've seen, in Italy and
in Korea, South Korea, that young people were very important in the
transmission of the virus, and the information we have so far is that they
don't take that seriously enough right now, the situation. They still like to
have parties and be together.
What I want to tell to
young people, what I want to say to young people today : It's not time for
the parties, it's not time to be together. Maybe, as a young guy or a young
girl, you're not really at risk of death, but you can give the virus to your
grandmother or grandfather and then they are at risk. So what I'm asking also
is to young leaders, artists or whatever : Use the social medias, please,
to help me convincing the young people that they don't have to get together for
the next weeks.
Mme Senay (Cathy) : And, as a matter of Québec's capacity — I think it's more
for you, Mrs. McCann — Québec's capacity for serious COVID cases,
what are the number of respirators, intensive care rooms, negative pressure
rooms, gloves, mask for hospitals and CIUSSS?
Mme McCann :
OK. For the protective equipment, we have what we need at this point, and we
are working with the federal Government too. The federal Government is helping
all the provinces, and we have also worked very hard to get massive, massive
orders coming in, in Québec. OK? That's the first thing.
Mme Senay (Cathy) : Do you a number in mind?
Mme McCann :You know, I
think... Because there are many protective equipment, I cannot give you the
list, but I can tell you that the... I think we have probably 20 items in
the list. So what I want to tell Quebeckers is that we're ordering and we're taking all the strategies. And
people are telling us : We have ideas about this, companies and... So we
are really having a lot of help from companies and... So I want to reassure
that we should have what we need.
In terms of the capacity,
as we said in French, we have 18,000 hospitalization beds and we have
1,000 intensive care beds. Now, we're going to free probably 6,000 beds of our hospitals
and we're going to add, on top of that, 3,000 beds outside of the
hospitals. So we're going to have a lot of beds and we'll staff them also, that
will be able to respond to the needs. We have to remember that the large
majority of people who're going to have the COVID-19 will have mild symptoms,
won't require «hospitalisation», thank you, and... but we have made models with the Public Health Department,
following what's going on in the other countries, and we have the scenarios. We
know we're going to be able to give the care, hospitalizations or intensive
care, which is really a smaller, a much smaller number. We'll be able to do
that.
Le Modérateur
: I have a question sent be e-mail from Kelly Greig, CTV. How fast
people are being tested once they have all the right signs?
Mme McCann : Well, so, I want to tell the Quebeckers that we're making a lot of efforts at this point. As I mentioned
yesterday, I'm going to talk about the laboratories. We have all the capacity
to analyze the tests. There is no problem. We have eight centers now,
4,500 tests and analyses. We have also developed many clinics of
evaluation where people go and have the test. So, now, we're going to be able
to improve the capacity, so this will be responding to the needs of the population.
The last thing we have to
do is to fix the trajectory, you know, the telephone, the 8-1-1, and we've been
discussing hour by hour and working on a new strategy because the 8-1-1 line is
very, very busy. I realize that it takes hours to get someone. Of course, it's important for people to call the
877 number, but the 877 number transfers to the 8-1-1 when need be to
refer to a clinic.
So now, what we're going
to do, because the 877 is responding very well, very well to the needs of the population, is that... and I hope I'm going
to be able to tell you tomorrow that it's confirmed, we're going to have
nurses, in those clinics that we're developing, that will answer the calls from
the 877, to have people go directly to the clinics. So that's what we are developing
right now, at this hour, so that we can give more services and that people have
more access to those clinics who are going to be able to respond to the need.
M. Gagnon
(Marc-André) : OK. And
for those who had those signs, do they need... are they automatically tested or
they need other things like underlying illness, age, or...
Mme McCann : When they go to the clinic, they get an evaluation of the symptoms.
And sometimes, they don't require testing, because there are further evaluation
that is done. So that's being done in the clinics.
Le Modérateur
: Thank you. Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : What will the impact of this crisis be on this spring flooding?
M. Legault :On the what?
Mme Fletcher (Raquel) : On spring flooding disasters. Les inondations.
M. Legault : Ah! spring flood. OK. Bon. The good news about that is that we have many hotels that are
empty. So, of course, if we need to put some people because they have some
water in their house, to put them somewhere else, we have, if we compare to
last year, a lot more rooms available. I don't see other impacts on the floods.
Mme Fletcher (Raquel) : Just one quick last question. Because you didn't mention local
transmission in you opening statements, I assume, and as most people assume,
that we are now looking at local transmission. Is that correct?
M. Arruda (Horacio)
: In fact, we are beginning to have some cases that we didn't find
immediately, the relation with a travel, that could be a first generation. But,
you know, as I told, to talk about local transmission, which is intensive one,
we need three generations. And even if there is, in one, I would say, in one
place like, I would say, anything, Laurentides or Montréal, third generation,
it's not meaning that everybody is going to be at the level of third generation
everywhere in Québec. But being... I would say, we are now working a lot with
the public health people to contain those generations and to stop it at the
second and not go to the third one.
Le Modérateur
: That's
it. Thanks everyone. Merci, tout le monde.
M. Legault : Merci, tout le
monde. Bonne journée.
(Fin à 13 h 54)