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Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre et Mme Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux

Situation au Québec quant à la COVID-19

Version finale

Le vendredi 17 avril 2020, 13 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures trois minutes)

Le Modérateur : Alors, mesdames messieurs, chers collègues, bienvenue à cette conférence de presse pour faire le point sur la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier ministre du Québec, M. François Legault, est, comme toujours, accompagné de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme Danielle McCann, et du directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda. M. le premier ministre, à vous la parole.

M. Legault : Bonjour, tout le monde. D'abord, le bilan de la journée. On a 58 nouveaux décès, donc un total de 688. Donc, je veux offrir mes condoléances aux familles et aux proches. On a maintenant 16 798 cas confirmés, c'est une augmentation de 941. Nouvelle donnée que je vous donne, que peut-être certains ont déjà, là, on a 3 068 personnes qui sont guéries. Donc, il faut quand même être un peu encouragé, puis, comme on l'a dit, on ne teste pas tous ceux qui n'ont plus de symptômes. On sait qu'il y en a au moins 3 000, là, qui sont guéries, donc c'est encourageant. On a 1 076 personnes qui sont hospitalisées, c'est une augmentation de 58, et on a 207 personnes aux soins intensifs, c'est une diminution de 2.

Bon, évidemment, je veux revenir sur notre urgence nationale, la situation dans les CHSLD. Je sais qu'il y a beaucoup de Québécois qui se demandent comment on a pu se retrouver dans la situation qu'on a, qu'on vit actuellement de ne pas… ou mieux s'occuper de nos aînés les plus vulnérables. Puis j'avoue que, moi-même, ça fait plusieurs jours, plusieurs nuits que je me demande : Qu'est-ce que j'aurais dû faire autrement, au cours des derniers mois, depuis un an et demi que je suis premier ministre? Et puis j'ai essayé de repasser dans ma tête et re-repasser dans ma tête ce que j'ai fait depuis un an et demi. Bon, d'abord, durant la dernière campagne électorale, je m'étais engagé à ce qu'on augmente le budget des CHSLD de 245 millions, dans un nouveau concept, là aussi, avec des CHSLD plus grands, qu'on voulait rebaptiser puis qu'on veut toujours rebaptiser des «maisons des aînés».

Dans les budgets qui ont été déposés, depuis que je suis premier ministre, par le ministre des Finances, il y a eu des augmentations importantes des budgets dans les CHSLD. Par contre, malgré les augmentations de budgets, beaucoup de postes ont été affichés, mais n'ont pas été comblés. Donc, vous m'avez entendu souvent, depuis un an, dire : Il faudrait augmenter le salaire des préposés aux bénéficiaires pour être plus attirant puis pour combler ces postes. Bon, je me suis dit : Les conventions collectives se terminent toutes le 31 mars 2020, donc il y a quelques jours. Donc, je me suis dit : On va attendre la négociation avec les syndicats pour augmenter les préposés aux bénéficiaires.

Aujourd'hui, je l'avoue, puis je prends la pleine responsabilité, je pense que, si c'était à refaire, il aurait fallu que j'augmente plus vite les salaires des préposés aux bénéficiaires, même sans l'accord des syndicats. On le sait, habituellement, on donne toute la même augmentation de salaire à tous les employés. Ce n'est pas simple tout le temps, négocier avec les syndicats. Mais honnêtement, là, si c'était à refaire, j'aurais augmenté plus vite les salaires des préposés aux bénéficiaires, même sans l'accord des syndicats.

Donc, j'en prends l'entière responsabilité. On est rentrés dans cette crise mal équipés. Et évidemment la situation s'est détériorée pour toutes sortes de raisons. Le virus est entré. Aujourd'hui, on est rendus à 1 800 personnes qui sont absentes dans les CHSLD. Donc, ça vient s'ajouter au problème qu'on avait déjà, à combler des postes, avant la crise.

Je veux aujourd'hui remercier encore, là... Parce que j'ai vu que certains médecins étaient choqués pour toutes sortes de raisons. Je veux vraiment puis sincèrement remercier les 2 000 médecins, là, qui acceptent de venir nous donner un coup de main dans les CHSLD, faire des tâches qu'ils ne sont pas habitués de faire, des tâches… entre autres, nourrir, soigner, laver nos aînés. Je veux sincèrement vous remercier, tous les médecins.

Je veux aussi apporter une précision. J'ai parlé hier avec la présidente de la Fédération des médecins spécialistes, Diane Francoeur, puis il y a eu comme un mauvais hasard qu'il y avait une autre négociation, qui datait depuis le mois de février, concernant certaines activités dans les hôpitaux, le fameux 211 $ de l'heure, là. C'est sûr, quand on lit cette entente-là, la question se pose : Ça s'appliquerait-u dans ce qui va maintenant se faire dans les CHSLD? Ce n'était pas clair. Mais on a convenu, là, Diane Francoeur, donc la présidente de la Fédération des médecins spécialistes et moi, que ça ne s'applique pas dans les CHSLD. Donc, ça ne s'applique pas, ce montant-là.

Puis ce n'est pas le temps de négocier combien les médecins seront payés pour le travail qu'ils viennent nous aider à faire dans les CHSLD. Ce n'est pas le temps de parler de salaire. Puis je pense que la grande, grande majorité des médecins, là, ils ne veulent pas faire ça pour le salaire, ils veulent faire ça pour aider. Donc, ce n'est pas le temps de parler d'argent, c'est le temps de sauver des vies, sauver des vies de nos aînés. Puis c'est tous ensemble, là.

Puis je veux vous dire, les médecins, encore une fois, merci, merci de venir nous aider. On a besoin de vos 2 000 paires de bras. On a besoin aussi de votre expertise. Parce que, pensons juste au matériel de protection médicale, de toute évidence, depuis un mois, on a eu un problème dans les CHSLD. On a eu un problème où on a, via certains employés, entré le virus, qui a contaminé, là, des milliers de résidents. Donc, c'est important que le matériel de protection, les masques et les autres, soit bien utilisé. Puis les médecins savent comment les utiliser. Donc, c'est important pour les résidents, mais c'est important aussi pour le personnel, là, parce qu'on a 2 000 personnes, dans notre personnel de la santé, qui sont infectées actuellement. Donc, on ne veut pas, ni du côté des résidents ni du côté du personnel, qu'il y ait des gens qui attrapent la COVID-19, là. Donc, très important d'avoir les médecins.

Puis d'ailleurs j'en profite aussi pour répéter, répéter, répéter, là, mais, bon, ça continue d'être présent un peu partout : Il ne nous manque pas d'équipement de protection individuelle. On a pour des semaines d'inventaire de matériel de protection individuelle. Ça se peut qu'il y ait quelques problèmes de distribution du matériel dans quelques établissements, mais il n'y a pas de raison que ça arrive. S'il y a un établissement, s'il y a un dirigeant d'établissement, que ça soit un CHSLD ou n'importe quel établissement, qui voit qu'il manque de matériel, bien, qu'il appelle son CISSS ou CIUSSS ou qu'il appelle au ministère, mais on en a, du matériel. Donc, ça, là, je veux être bien clair.

Bon, l'autre chose que j'ai beaucoup entendue depuis quelques jours, c'est des gens dire : Moi, je suis prêt à venir aider dans les CHSLD, mais personne ne m'a appelé, ou rappelé, ou contacté. Bon, j'ai demandé hier soir d'avoir le rapport complet, là, des personnes qui ont offert leur aide sur le site, là, qu'on appelle Je contribue!, puis je vous donne les données qu'on m'a données hier soir.

Il y a 51 957 personnes qui ont proposé leurs services. On en a contacté... pardon. On en a contacté 29 345. On en a embauché 6 773. Il y en a 2 097 qui se sont désistés de notre embauche. Donc, on en a aujourd'hui 4 676 personnes, qui se sont inscrites sur Je contribue!, qui travaillent actuellement dans notre réseau. Mais j'ai quand même demandé aux gens de la santé de refaire un tour de roue, donc de regarder les 52 000, bon, moins les 4 600 qui travaillent actuellement, de les recontacter, de revoir s'ils peuvent peut-être, dans certains cas, nous donner des périodes à Montréal et de voir s'il n'y a pas, parmi ces 40 quelque mille personnes, des personnes qui pourraient venir nous aider dans les CHSLD. Donc, j'avoue, là, j'en ai eu de vos questions, j'en ai eu des exemples, là. Je veux être bien sûr qu'on refasse un tour de roue de ce côté-là.

Autre nouvelle importante, on vient d'apprendre, il y a quelques heures, que le gouvernement fédéral va nous envoyer 125 personnes de l'armée, qui sont qualifiées en santé, dans nos CHSLD. Donc, ça, c'est une bonne nouvelle. Je veux remercier Justin Trudeau pour ça.

Mes remerciements du jour, bien, c'est pour toutes les personnes qui sont venues nous aider dans les CHSLD ou qui pourraient venir nous aider. Donc, je lance encore un appel aujourd'hui : les infirmières, des préposés aux bénéficiaires retraités, des gens peut-être aussi de certaines régions. Je donne un exemple, les besoins sont beaucoup moins grands à Québec qu'à Montréal. Est-ce qu'il y a des gens de Québec, des infirmières, des préposés, qui pourraient venir travailler dans nos CHSLD dans la grande région de Montréal? Je vous demande votre aide. Puis c'est tout le Québec qui vous remercie à l'avance de votre contribution.

Parlant justement des régions, bon, c'est important de le dire, si on exclut les CHSLD, il reste une situation qui est difficile dans le Grand Montréal, j'inclus Laval, j'inclus le 450, mais, dans le reste du Québec, bon, il y a peut-être une situation en Mauricie puis dans l'Estrie, mais, dans tout le reste du Québec, la situation est pas mal sous contrôle. Donc, juste vous dire qu'avec le Dr Arruda on est en train de regarder pour réouvrir ces régions-là d'une façon intelligente, d'une façon graduelle, en s'assurant justement qu'on suive la situation pour être certains qu'il n'y a pas de nouvelles... une nouvelle vague. Mais, comme je l'ai dit aussi, on commence par les entreprises. Donc, il n'est pas question, à court terme, même dans ces régions-là, de réouvrir les écoles. On parle des entreprises.

Parlant des entreprises, j'ai une autre demande à faire. Vous allez me dire que j'en ai beaucoup de demandes depuis un mois. Toutes les personnes qui ont perdu leur emploi depuis un mois, est-ce qu'il y en a que ça vous tenterait de venir travailler avec nos agriculteurs dans nos champs? Je l'ai dit, là, déjà, on souhaite que le Québec devienne plus autonome. On a eu peur, dans le dernier mois, que les fruits et légumes qu'on importe du Sud, là, qu'on ne soit plus capables de les avoir. Bien, c'est vrai à l'année. Là, on est en train de regarder ce qu'on peut faire avec les serres, mais, de façon générale, j'aimerais demander aux Québécois, là... C'est possible, d'abord, de travailler à deux mètres les uns des autres dans un champ. Je sais que ce n'est pas un travail facile d'aller planter, récolter, s'occuper des animaux, mais, je pense, ça serait une belle expérience pour beaucoup de Québécois.

Puis, pour vous encourager, cet après-midi, le ministre de l'Agriculture, André Lamontagne, et le ministre de l'Emploi, Jean Boulet vont vous annoncer un programme, là, qui va être là pour tout l'été, où on va ajouter à ce que les agriculteurs donnent, un 100 $ par semaine pour vous encourager à venir donner un coup de main dans nos champs. Donc, c'est un programme de 45 millions de dollars, 45 millions pour aider nos agriculteurs, mais aussi pour aider à être plus autonomes du côté de notre alimentation au Québec.

Je termine en vous disant : Oui, on vit une période très difficile dans les CHSLD, mais on est en mode solution. Puis moi, je suis fier de voir toutes les personnes, bon, à commencer par les médecins, mais aussi toutes les infirmières, tous les préposés, qui viennent dans nos CHSLD. J'espère qu'on va être capables d'en ajouter parce qu'on ne pourra pas garder les médecins là pour des mois, là. Ils sont là pour quelques semaines, le temps qu'on trouve des infirmières, des préposés. Donc, je veux vous dire, là : Ensemble, tout le Québec, on est capables de passer au travers. Merci.

Le Modérateur : Maintenant, en anglais.

M. Legault : Yes, a few words in English. Good afternoon. We continue to focus our efforts on the national emergency going on in our senior residences. We are getting more staff in the residences. We're going through a tough situation, but we're doing everything we can to take care of our elderly. We're in problem-solving mode and we'll get through this together. Thank you all.

Le Modérateur : Merci, M. le premier ministre. Alors, pour la période des questions des journalistes, nous allons débuter aujourd'hui avec Alex Boissoneault, de Radio-Canada.

M. Boissonneault (Alex) : Bonjour.

M. Legault : Bonjour.

M. Boissonneault (Alex) : J'aimerais ça qu'on revienne… je sais que vous avez abordé un peu la question hier, mais qu'on revienne sur cette façon-là qu'on va avoir d'intégrer les médecins dans les CHSLD. Il y a des gens à la FMSQ qui nous font part de leurs inquiétudes par rapport au retour, à la réintégration dans le milieu hospitalier, à savoir de quelle façon on va pouvoir le faire de façon sécuritaire. Est-ce que les gens vont être testés avant? Est-ce qu'ils vont être testés après? Est-ce qu'il va y avoir une quarantaine? Donc, quel sera le protocole à ce niveau-là?

M. Legault : Bon, juste vous dire que, de façon générale, j'ai discuté de ça avec Danielle Francoeur hier. C'est sûr qu'on veut prendre tout... Diane Francoeur. Je connais une Danielle Francoeur, agente de bord chez Air Transat. Donc, Diane Francoeur, j'ai discuté de ça avec Diane Francoeur hier.

Bon, d'abord, il faut prendre pour acquis que les médecins spécialistes, là, savent comment mettre le matériel de protection, là, pour ne pas être infectés. Donc, ce n'est peut-être pas... Il faut tenir ça en compte, là. Puis je demande aux dirigeants des hôpitaux, puis c'est vrai qu'ils ont des règles très strictes, sept jours avant de revenir, sept jours sans symptômes. D'ailleurs, j'aurais dû laisser cette question-là au Dr Arruda, là...

M. Arruda (Horacio) : Vous le faites très bien.

M. Legault : ...mais l'idée, c'est de dire : On ne veut pas prendre de risques. Donc, si ça prend sept jours avant qu'ils puissent recommencer à travailler, hein, le cas de Diane Francoeur à Sainte-Justine, bien, ça prendra sept jours. Si ce n'est pas nécessaire parce qu'ils ont fait bien attention, bien là, on va se servir de notre jugement. Mais j'aurais dû donner cette question-là à un expert.

M. Arruda (Horacio) : Bien, comme je le disais hier, ça va dépendre de l'exposition des personnes. S'ils sont en milieu où il n'y a eu aucune circulation, vous comprendrez que le sept jours n'est peut-être pas indiqué. Puis ça va dépendre de ce qu'il y a comme besoins dans l'hôpital puis, etc. Donc, je pense qu'on... Le principe, là, si vous me permettez, c'est qu'à chacun des cas, on va s'organiser pour qu'il n'y ait pas de risque de transmission, un, à la fois pour la personne puis sa famille, puis, deux, en milieu de soins.

M. Boissonneault (Alex) : L'autre question que j'aurais, c'est par rapport au retour en classe. La dernière fois, quand vous avez évoqué la possibilité d'une réouverture des écoles avant le 4 mai, vous disiez que ça devait aller de pair avec la reprise de l'économie. Parce que, là, on se retrouve dans une situation où on ouvre des secteurs de l'économie, on ouvre des entreprises, mais les parents ne peuvent plus compter sur grand-papa et grand-maman pour garder leurs enfants, et là, sans service garde et sans école, ça peut devenir difficile. Donc, pourquoi est-ce qu'on a comme oublié tout ce pan-là, lorsqu'on disait qu'on va reprendre les activités, qu'on disait que ça va venir aussi avec les services de garde, pourquoi est-ce qu'on a oublié cette partie-là, on dirait, dans le calcul?

M. Legault : Bon, bien, assez simple à comprendre. Si on prend une école, une classe, il y a beaucoup de monde dans une classe, c'est plus difficile d'avoir des mesures de distanciation dans une classe que dans une entreprise en général. Donc, évidemment, on va commencer par rouvrir des entreprises, tout en gardant en tête qu'il y a des gens qui ne pourront pas retourner travailler parce qu'il y a un des deux parents qui doit garder les enfants. Donc, très conscients de ça, mais la décision, là, puis je le dis depuis le début, ce n'est pas une décision d'abord économique, c'est une décision d'abord en santé. La journée qu'on va se rassurer qu'on est capable de retourner des enfants dans des écoles en toute sécurité, on va le faire. On ne va pas le faire pour des raisons économiques, on va le faire d'abord parce qu'on pense que c'est correct pour la santé.

Le Modérateur : Prochaine question, Andrée Martin, TVA Nouvelles.

Mme Martin (Andrée) : Oui, bonjour à vous trois. M. Legault, vous dites que vous auriez dû augmenter le salaire des préposés aux bénéficiaires bien avant, même sans l'accord des syndicats. Vous nous dites que vous en prenez l'entière responsabilité, mais est-ce que les syndicats devraient prendre, selon vous, une part de cette responsabilité également?

M. Legault : Regardez, là, moi, je suis ici pour prendre ma part de responsabilité, là. On peut tout faire, au gouvernement, par décret ou par une loi spéciale. Donc, je prends toute la responsabilité.

Mme Martin (Andrée) : Une autre question concerne, bien, les médecins spécialistes dans les CHSLD. On sait que l'annulation ou le report de chirurgies, notamment en oncologie, là, ça, ça a causé énormément d'inquiétudes chez les patients. Le stress a vraiment monté d'un cran aussi avec l'annonce de l'envoi de ces médecins spécialistes dans les CHSLD. Je voudrais savoir, concrètement, là, comment ça marche. Vous ne craignez pas de fragiliser ou de mettre en péril la reprise des activités dans les blocs opératoires? Parce que, M. Arruda, vous parlez notamment de ces personnes asymptomatiques qui transmettent le virus.

Mme McCann : Bien, de là l'importance de bien, bien utiliser les équipements de protection. Puis on sait que les médecins, là, ils savent comment utiliser le matériel de protection. Ça, c'est vraiment à la base.

Puis je veux rassurer vraiment par rapport aux gens, par exemple, qui ont un cancer. C'est sûr que le secteur de l'oncologie, là, on veut qu'il reprenne, là, graduellement, là, j'en parlais hier. Alors, vous savez, là, sur 10 000 médecins spécialistes, là, il y en a un certain nombre qui sont inactifs actuellement. Mais ce qu'on veut, c'est vraiment pouvoir sauvegarder le secteur hospitalier, là où il y a des médecins, où est-ce que c'est nécessaire qu'ils travaillent, puis, même quand ça va reprendre graduellement, de prévoir — c'est ce qu'on fait — les médecins spécialistes dont on va avoir besoin.

Alors, nous, on parle d'une tranche de médecins spécialistes qui vont être inactifs pour un certain temps. Mais ce qu'il faut ajouter tout de suite, c'est que c'est pour une période circonscrite, là, hein? C'est pour quelques semaines. Parce qu'on a d'autres renforts qui s'en viennent, hein? Par exemple, on a parlé, hein, hier, des étudiants, hein? On fait appel aux étudiants. Les étudiants en santé et services sociaux, là, c'est 17 000 de potentiel. Alors, on va aller chercher ces gens-là. Puis il y a d'autres, il y a les entreprises d'économie sociale, où est-ce qu'on a un potentiel de 1 000 personnes qui pourraient arriver. On a parlé de l'armée, 300 personnes aussi... 125, 300 personnes du côté d'une liste, là, qu'on a eue du fédéral.  Alors, on a vraiment plusieurs groupes de personnes, là, qui s'en viennent, là, et on s'organise actuellement. Puis on a Je contribue! On va rappeler tout le monde. On a une équipe qu'on met en place, là, qui va rappeler tout le monde et qui va suivre, là, avec les établissements, puis on va aller capter tout le monde qu'on peut capter pour arriver dans les CHSLD.

Alors, les médecins, ils vont rester là un certain temps, mais pas longtemps. Au moment où on va avoir pris notre vitesse de croisière avec les gens qui entrent, ils vont pouvoir quitter. Alors, ça, c'est très important de le dire. C'est une solution à très, très court terme. Et on s'organise également pour former de façon accélérée les personnes qui vont venir nous aider, par exemple, au niveau des tâches des préposés aux bénéficiaires.

Le Modérateur : Merci. Prochaine question, Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour à vous. D'abord, une question de ma collègue. M. Legault, encouragez-vous les 125 députés québécois à aller prêter main-forte dans les CHSLD de leur région?

M. Legault : Bien, je pense qu'il faut être prudent. Quand il y en a un qui est médecin, c'est une chose. Ce qu'on a surtout besoin, dans les CHSLD en particulier, ce sont des infirmières puis des préposés aux bénéficiaires qui ont une certaine compétence, des qualifications dans ce secteur-là.

Bon, on peut toujours se demander, là... Je voyais Enrico Ciccone qui disait : Mais moi, pendant que je vais laver le plancher, la préposée, elle va pouvoir faire d'autre chose. Peut-être, mais il reste qu'idéalement ce qu'on veut, c'est des gens qui sont qualifiés.

M. Bergeron (Patrice) : En complémentaire, hier, je vous ai posé, donc, la question à savoir qui devrait rendre des comptes, après tout, avec la situation qui se passe dans les CHSLD, et vous m'aviez dit que ce n'était pas le moment de désigner des responsables ou des coupables. Qu'est-ce qui s'est passé entre hier et aujourd'hui au juste dans votre réflexion?

M. Legault : Bien, je me suis posé des questions. Vous m'avez fait réfléchir. Beaucoup de gens posent la question. Moi, je me la pose depuis plusieurs jours.

C'est sûr que la priorité, là, l'urgence, là, c'est de régler la crise, là, tu sais. Puis comme je le disais tantôt pour les médecins, puis comme je le disais, puis on se le disait avec Diane Francoeur, ce n'est pas le temps de parler d'argent, c'est le temps de réduire le nombre de morts dans les CHSLD, là. C'est ça qui est la priorité.

Donc, c'est dans ce sens-là que je me disais : On pourra avoir des post-mortem, là, comment augmenter les salaires des préposés aux bénéficiaires, spécialement dans les CHSLD, rapidement, d'une façon permanente, comment attirer plus d'étudiants dans les formations comme préposé aux bénéficiaires. Tu sais, c'est tout ça qu'il va falloir se poser comme questions.

Mais là l'urgence, maintenant, même pour moi... Ça ne m'empêche pas de penser à qu'est-ce que j'aurais pu faire de différent, là. Mais moi, je suis un gars, quand même, qui regarde en avant, qui dit : Aïe! comment on reprend le contrôle dans les CHSLD dans les prochains jours? C'est pour ça, là, que j'ai lancé une invitation, presque supplié les médecins, de dire : Aïe! ce n'est peut-être pas le fun de venir faire des tâches d'infirmière dans un CHSLD, là, mais c'est la seule solution que je vois, là, à l'instant, à court terme pour régler le problème. Puis c'est ça, la priorité, là, qu'il meure le moins possible de monde dans les CHSLD dans les prochains jours. Après, on pourra trouver des coupables, parce que le problème, là, il n'a pas commencé avec l'arrivée du gouvernement de la CAQ, là. Ça fait beaucoup d'années qu'on sait qu'il y a un manque de personnel dans les CHSLD, là. Même le Dr Barrette le disait en 2015, il a lui-même essayé d'augmenter les salaires des préposés aux bénéficiaires, mais il n'a pas réussi.

Donc, ce n'est pas un problème qui est nouveau. Mais moi, j'aime bien me regarder moi-même, là, puis m'évaluer, puis me remettre en question. Je ne suis pas parfait puis je me dis : Bien, j'aurais dû augmenter le salaire des préposés, là, avant la crise.

Le Modérateur : Maintenant, au tour d'Olivier Bossé, Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : Bonjour, M. Legault. Il y a un contraste assez marqué entre votre ton de la semaine dernière, qui était plus optimiste, plus positif, et cette semaine. Évidemment, il y a eu la crise plus dans les CHSLD et le cas de Herron qui est arrivé cette fin de semaine ci. Est-ce que vous… pas regrettez, mais est-ce que vous croyez que vous vous êtes peut-être emballé un peu vite la semaine passée ou est-ce que vous êtes…

M. Legault : Bien, je ne pense pas. Puis, je le disais tantôt, si on regarde d'abord la situation à l'extérieur du Grand Montréal puis peut-être à l'extérieur de la Mauricie puis l'Estrie, là, c'est pas mal sous contrôle. Puis j'ai pas mal hâte d'avoir le O.K. du Dr Arruda pour au moins réouvrir les entreprises où les personnes sont capables de se tenir à deux mètres, là. Donc, il faut être prudent. Puis, même à Montréal, si on exclut les CHSLD, on est en train d'atteindre le sommet. Donc, on peut espérer que la semaine prochaine, en tout cas, c'est ce que j'espère, on va commencer à voir une baisse. Donc, je n'ai pas changé d'opinion là-dessus. Par contre, là, ce qui nous a frappés, bien, c'est qu'il nous manque 2 000 personnes dans les CHSLD parce qu'on a des infirmières, des préposés qui sont infectés ou qui ont peur d'être infectés, puis je les comprends. Je les comprends très bien.

M. Bossé (Olivier) : Une question pour Dr Arruda. On a parlé du pic ou du sommet de la courbe qui, semble-t-il, là, serait demain. Est-ce que vous suivez toujours cette projection-là? Et aussi le CDR a dit qu'après le pic ça prendrait idéalement deux semaines de chiffres à la baisse avant de déconfiner. Est-ce que vous êtes…

M. Arruda (Horacio) : Écoutez, le pic, je pense, effectivement, on l'a atteint en termes de… Il faut distinguer, là. On parle de cas. On ne parle pas de décès ni d'hospitalisations. Je pense qu'on l'a toujours dit, le pic de cas, actuellement, même dans la région métropolitaine, on l'aurait probablement atteint, O.K.? Puis, comme je vous disais aussi, il y a eu, au cours des dernières semaines, des changements dans la définition de cas. On a ajouté des cas, épidémiologiquement parlant, on a changé des tests qu'on faisait aussi. Quelque part, ça a tout des effets, ça, sur la courbe. Mais je pense que, si on fait des analyses seulement des régions froides, ce que j'appellerais les régions périphériques, des analyses des régions intermédiaires puis des analyses de Montréal, on se rend compte que c'est vrai qu'on l'a aplatie. Donc, ça, je pense que c'est important, parce qu'on ne s'est pas retrouvés avec une crise de soins sanitaire.

Par contre, on a ce drame des CHSLD, qui est une épidémie que je dirais qui est particulière. Mais, quand on regarde le reste, on a atteint la courbe. La descente est lente à cause... notamment, en lien avec ces décès-là, là. Mais je pense que l'histoire va nous le dire, là, je pense que, même quand on compare, actuellement, les décès, il faut faire attention à ça, par rapport aux chiffres comparables entre les différents pays, on est dans la bonne voie. Mais on a un phénomène marqué en CHSLD. C'est comme si je vous disais : Ça va bien quelque part, mais il y a des feux de forêt à des endroits spécifiques qui sont associés au CHSLD, là où on concentre des personnes très malades, puis etc. Mais le feu de forêt, il est en train de s'éteindre dans la communauté.

Et c'est pour ça qu'on va être en mesure, éventuellement, de réouvrir progressivement, mesurer les faits, s'assurer qu'il n'y ait pas d'étincelles qui font des feux dans la communauté. Mais c'est ça qu'on va essayer de faire. Mais on va s'attaquer aussi… C'est comme si je vous dirais, il faut continuer à maintenir les mesures qu'on a mises en place dans la société, mais il faut aussi s'attaquer à la problématique des CHSLD.

M. Gagnon (Marc-André) : Merci. Si je peux me permettre à mon tour. Marc-André Gagnon, du Journal de Québec et du Journal de Montréal. Comme on parle des courbes, là, quand on compare le nombre de décès par millions d'habitants, après 36 jours de pandémie, on constate, là, quand on prend les chiffres de l'OMS, que le Québec est à peu près le cinquième au monde où il y a le plus de morts, puis l'augmentation se poursuit. Donc, comment est-ce qu'on peut parler de courbe aplatie, au Québec, avec une donnée comme ça, ce rang-là et ces chiffres-là?

M. Legault : Peut-être que je vais laisser la parole au Dr Arruda, là, mais je suis ça à chaque jour. Bon, d'abord, comme je l'ai déjà dit, le problème est surtout à Montréal, une grande ville. Donc, il faut comparer avec des pays qui ont des grandes villes. Donc, il y a cinq pays en Europe qui ont des grandes villes, il faut regarder ces cinq pays là, donc l'Espagne, l'Italie, la France, le Royaume-Uni et l'Italie, il faut regarder ça, il faut regarder la situation aux États-Unis, puis là il faut se comparer. Puis, si on se compare avec ces pays-là, on est dans la bonne moyenne, on est… J'ai oublié l'Allemagne tantôt, aussi, hein? J'ai oublié l'Allemagne. Je ne sais pas comment ça que ça faisait cinq, là. Donc, la France, le Royaume-Uni, l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne. O.K., ça fait cinq, et les États-Unis, ça fait six. Bon, puis là on met le Québec. Puis là on peut regarder, là, puis ça dépend, est-ce qu'on commence notre courbe après 10 décès, ou après 1 000 décès, ou au premier décès? Mais, bon... tout regarder ça, là, puis on est quand même encore dans la bonne moyenne. O.K.?

Donc, comment ça va se comporter dans les prochains jours? Parce qu'on est en avance sur plusieurs autres pays qui sont rendus plus loin que nous autres, là. Tu sais, on est... je ne sais pas, rendus à peut-être 70 décès, 80 décès par million d'habitants. Il y a des pays qui sont rendus à 300, 400, en Europe, là, donc... mais ils sont plus loin que nous autres. Donc, où on sera quand on sera rendus avec à peu près le même nombre de jours? On pourra le dire à ce moment-là.

M. Arruda (Horacio) : Peut-être, si vous me permettez, je comprends que les gens posent la question, là... C'est parce que ce qui se passe, on a une courbe qui n'est pas montée comme ça, avec des hospitalisations, puis tout le monde est malade, des soins intensifs puis des jeunes qui sont malades aussi avec les personnes âgées. O.K.? On a une courbe, si vous regardez, seulement... vous excluez les CHSLD, on a une courbe qu'on a aplatie comme ça, mais ce qu'on a actuellement, c'est une courbe de même dans les CHSLD. Ça fait que c'est comme deux courbes qui viennent, quand on mélange les deux, donner l'impression que le Québec monte beaucoup plus.

Mais un, premièrement, puis ça, je vais me faire dire que non, ce n'est pas vrai que vous faites ça, ce n'est pas tous les pays qui déclarent les décès de la même façon. Il y a plein de décès en Italie qui n'ont pas été déclarés, qui n'ont pas été testés, puis le coroner n'est pas venu faire des tests par rapport à ça. Ça fait que ça, c'est un élément, je trouve, important. Mais nous, ce qu'on a aussi, c'est que cette concentration de personnes vulnérables à un endroit a créé une sous-épidémie. Mais dans la communauté, est-ce que vous avez vu beaucoup de gens être hospitalisés dans la communauté? Il y en a, il y en a quelques-uns, mais c'est surtout... puis regardez le groupe d'âge, c'est tous des gens en haut de 80.

Je ne veux pas minimiser l'importance que ça a, ce n'est pas ça du tout. C'est que ça ne s'est pas transmis dans la communauté. La preuve, les gens ne se sont pas exposés par la distanciation sociale. Donc, ce n'est pas du tout le même profil. Puis là ce qu'il faut faire, c'est que, un, il faut régler le problème des CHSLD, puis ensuite, celui qui est aplati, s'organiser pour qu'il reste bas... qu'il remonte un petit peu, c'est sûr que ça va remonter un peu avec la transmission qui peut arriver, mais moins d'impact sur le système de soins.

Ça fait que c'est comme deux courbes qui donnent l'impression... Et c'est sûr que vous entendez : Il y a tellement de morts, on n'a pas rien aplati. Oui, on a aplati parce que ça aurait été toutes sortes de gens qui auraient été malades, des distributions... parce que des gens malades, il y en a chez les jeunes aussi, mais ils ne sont pas hospitalisés, ils n'ont pas été... parce qu'on n'a pas laissé le virus circuler de façon extensive. Parce qu'un jour ou l'autre, il frappe quelqu'un, jeune, qui malheureusement meurt, puis on ne sait pas c'est lequel à l'avance. Ça fait que c'est tout ça qu'on a été capables de faire. Ça fait que c'est vrai qu'on l'aplatit.

Mais là, maintenant, par contre, cette histoire de CHSLD là, qui est malheureuse, à mon avis... puis ce n'est pas parce que la vie humaine d'une personne âgée n'est pas importante, mais elle touche un groupe d'âge, des gens qui ont des caractéristiques... très, très, très malades, et la moindre pénétration du virus les fait tomber malades. Heureusement, ce n'est pas tous qui vont mourir. C'est une proportion, seulement entre 15 % et 30 %, probablement. Et donc la courbe est aplatie, mais on a un problème de CHSLD.

M. Gagnon (Marc-André) : Merci. Et en sous-question, là, encore une fois, aujourd'hui, on voit que le nombre de patients aux soins intensifs diminue. Vous nous avez dit, à plusieurs reprises, là, dans les derniers jours, que c'était ça, parfois, la bonne nouvelle qu'il fallait voir dans le bilan. Mais, parmi eux, est-ce qu'il y en a qui, malheureusement, se retrouvent dans la colonne des décès? Autrement dit, est-ce que c'est possible de nous indiquer, là, combien de patients infectés sont sortis vivants de leurs passages aux soins intensifs?

M. Arruda (Horacio) : Je n'ai peut-être pas cette donnée-là devant moi. Je m'organiserai pour l'avoir au prochain point de presse, si vous me permettez. Mais ce qui est assez clair aussi, à quelque part, c'est que les gens nous disaient beaucoup qu'on ne transférait pas du tout les personnes des CHSLD vers les hôpitaux, puis etc. Déjà, dans nos soins intensifs et dans nos hôpitaux, il y a des personnes âgées qui ont été transférées puis qui sont là, qui n'ont pas été nécessairement retournées à leurs points d'origine. Donc, c'est une dynamique, là, qui... Vous le savez, en CHSLD, il y a quatre catégories de niveau de soins. Il y a des gens qui, même pour n'importe quelle autre maladie, ne veulent pas être intubés parce qu'ils sont trop malades ou ils savent qu'ils ne s'en sortiront pas. Mais il y a eu des gens, là... les gens qui étaient en niveaux un et deux ont été transférés à l'hôpital. Il y en a certains qui ont pu mourir aux soins intensifs, d'autres qui ont pu... Mais je pourrai vous donner, là, ce chiffre-là, peut-être lundi, là. On va le noter pour être bien au clair avec ça, là, pour que je puisse l'avoir, statistiquement. Si on ne l'a pas en données de tableau, on va le traiter pour l'obtenir.

Le Modérateur : Très bien, merci beaucoup. Prochaine question, Gabriel Béland, LaPresse.

M. Béland (Gabriel) : Oui, bonjour. Question, d'abord, pour le premier ministre. M. Legault, vous avez dit que les préposés aux bénéficiaires devaient être mieux payés, que ça aurait dû être fait avant, notamment ceux en CHSLD. Combien de temps, vous pensez... dont vous avez besoin, là, pour augmenter le salaire des préposés? Combien de temps ça va prendre?

M. Legault : Bien là, on a mis des primes temporaires. Bon, évidemment, dans un monde idéal, on aimerait s'entendre avec les syndicats. Ça fait partie des discussions qu'on a déjà depuis des mois avec les syndicats. Ce n'est pas simple. Je le disais tantôt, il y a des syndicats qui représentent plusieurs groupes d'employés, donc ils doivent avoir une certaine équité dans leurs demandes pour l'ensemble de leurs membres. Ça n'a jamais été fait, là. Nous, quand on a dit, depuis un an, là : On veut augmenter plus les préposés puis plus les enseignants, il n'y a pas eu, nécessairement, une réaction très positive de la part des syndicats parce que, dans l'histoire du Québec, là, que ce soient les libéraux ou les péquistes, bien, ça se négocie dans une nuit, dans le bureau du premier ministre, puis là on décide que c'est deux, un et demi, là, les augmentations, tout le monde, la même augmentation.

Donc, d'arriver puis de dire : Non, nous on veut des plus grosses augmentations pour certains groupes, ça ne sera pas nécessairement facile. Moi, ce n'est pas mon premier choix d'être en guerre avec les syndicats. Bien, mais là il y a des primes temporaires, là. Il y a des primes de quatre piastres de l'heure au privé, de 8 % au public, donc, déjà, il y a une partie, mais il faut envoyer un signal permanent, là. Pour que des jeunes choisissent d'étudier pour devenir préposés aux bénéficiaires, ils ne peuvent pas juste se fier à une prime temporaire pendant la crise de la COVID-19. Il faut que ça soit mis dans les conventions collectives de façon permanente.

Le Modérateur : Sous-question.

M. Béland (Gabriel) : M. Arruda, peut-être. Concernant... On parlait des gens plus jeunes qui sont malades mais, bon, qui ne développent souvent pas de complications. On note quand même des morts aussi. Hier, on a appris la mort d'un médecin dans la quarantaine, de 44 ans. Il y a huit personnes entre 20 et 49 ans qui sont mortes aux dernières nouvelles, là, les derniers chiffres. Est-ce qu'on sait s'il y avait des comorbidités dans tous ces cas-là ou il y avait des gens qui étaient en parfaite santé dans ces jeunes-là?

M. Arruda (Horacio) : Bien, à ma connaissance, jusqu'à maintenant, puis là, il faut faire un petit peu attention, il y avait des gens qui avaient surtout des comorbidités qui étaient associées, soit des phénomènes d'obésité ou de diabète, O.K.? Mais je n'ai pas l'analyse sur tous les cas puis avec la quantité qu'on a dans ce groupe-là, ça vient difficile de faire un profil.

Il y a des gens qui pouvaient avoir des problématiques x qui ne sont pas connues, par exemple, certaines personnes peuvent avoir certaines malformations cardiaques ou des phénomènes cardiaques mêmes, qui n'ont pas été vus, mais ça peut aussi être, ça, je pense, si on regarde l'expérience internationale, véritablement des gens qui... habituellement ce sont des jeunes, en tout cas... ou relativement jeunes, qui sont en santé, qui développent maladie, ça va bien... ça va mal, ils ne sont pas bien, ils sont vraiment très malades en termes de symptômes physiques, pas besoin nécessairement d'être hospitalisés, ça s'améliore en une journée puis là le lendemain, pouf!, tout d'un coup, ils se retrouvent aux soins intensifs où ne peut pas les sauver.

Il y a comme une hyperréaction immunologique, là. C'est comme si le système, après avoir combattu un peu, s'enflamme et remplit le poumon, je vous dirais, ce qu'on appelle des phénomènes systoliques. Je ne veux pas rentrer dans les détails, mais il y a vraiment une grosse inflammation qui s'installe, et là, si le patient n'est pas placé sous respirateur, bien, il meurt. Et s'il est placé sous respirateur, bien, il peut évoluer parce qu'on est capable d'oxygéner son cerveau puis ses organes. Des fois, on n'est plus capable, il y a de l'insuffisance rénale qui s'installe puis, etc., là. Donc, ça devient vraiment un drame.

Puis, ça, c'est difficile parce qu'on n'est pas capable de le savoir à l'avance. Ça fait que ça arrive chez les gens en bonne santé. Heureusement, c'est plus rare, mais, souvent, ça va arriver aussi que ça va venir faire décompenser quelqu'un qui a des problèmes respiratoires, autres, etc.

Le Modérateur : Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.

M. Lacroix (Louis) : M. le premier ministre, Mme McCann, M. Arruda. Ma première question est pour Mme McCann. Je suis en contact avec une enseignante de la Rive-Sud de Montréal qui s'était inscrite, le 31 mars dernier, au site Je contribue!. On l'a rappelée la semaine dernière et donc on lui a envoyé un formulaire qu'elle devait remplir pour devenir une employée, en fait, pour être payée pour son travail qu'elle voulait faire dans les CHSLD.

Mais elle, ce qu'elle dit, elle dit : Moi, je n'ai pas besoin d'être payée. Je suis déjà rémunérée pour mon travail d'enseignante et je ne veux pas être payée en double pour faire un travail que je considère être du bénévolat. Et puis on lui a dit : Bien, ce n'est pas possible, là, pour des questions d'assurance puis pour des questions syndicales, etc. Ce n'est pas possible, vous ne pouvez pas, vous devez absolument être payée. Alors, elle s'est désistée du processus, alors qu'elle avait été appelée et qu'elle avait été choisie parce que c'est une personne qui a des compétences importantes.

Ce n'est pas un peu bizarre, ça, qu'on oblige des gens à être payés pour un travail pour lequel ils sont déjà payés?

Mme McCann : Oui, et c'est prévu dans l'arrêté ministériel, là, puis on va faire un autre tour de roue avec les établissements. Écoutez, là, on va faire un rappel. Dans l'arrêté ministériel qu'on a passé, là, des gens comme madame... D'ailleurs, j'espère qu'on va retracer madame. On aimerait ça qu'elle vienne travailler bénévolement avec nous. Mais pour tous les gens, là, qui sont dans sa situation, c'est prévu dans l'arrêté, ils sont déjà payés, mais ils peuvent venir puis ils conservent leurs bénéfices, ils conservent leurs assurances. Il n'y a pas d'inquiétude, là.

Je pense que, là, il y a eu une mauvaise compréhension de l'arrêté ministériel. Alors, si on peut avoir l'information sur cette dame, moi, je l'apprécierais, mais on va faire un rappel à tous les établissements. On a besoin de ces gens-là, de gens comme la dame dont vous parlez, qui a les compétences et qui va venir nous aider, je l'espère.

Le Modérateur : Sous-question.

M. Lacroix (Louis) : Pour M. Arruda. Il y a deux semaines, je vous ai parlé des fameux tests qu'on... je vous posais la question, à savoir s'il n'y aurait pas lieu de faire des tests aléatoires dans la population. Parce que, là, en ce moment, on teste les gens dont on soupçonne, dans bien des cas, qu'ils sont atteints de la maladie, alors que ça ne nous permet pas de savoir quels sont les gens asymptomatiques, les gens qui ont la COVID-19 et qui la transmettent sans le savoir.

On en est où aujourd'hui, deux semaines plus tard? Vous nous aviez dit que vous deviez commencer ces tests aléatoires dans certains secteurs. Est-ce que c'est fait et quels sont les résultats?

M. Arruda (Horacio) : ...je ne crois pas que c'est fait, en tout cas, de façon systématique, là. Si c'est fait, je ne suis pas au courant. Il y a deux éléments. Il y a des éléments par rapport aux tests. Juste pour vous dire aussi qu'on parle beaucoup d'un test extraordinaire, qui est le test rapide, qu'on peut avoir le résultat en 15, 20 minutes, là. Déjà, j'ai discuté avec le chef... le directeur du Laboratoire de santé publique du Québec. Il faut comprendre que ce test-là, oui, il est rapide, mais il va détecter, par exemple, seulement quand quelqu'un va avoir dans son échantillon 300 virus. Le test qu'on a actuellement, ça en prend trois. Donc, juste pour vous dire, dans les faits, plus on va tester des asymptomatiques, plus ça va prendre un test sensible.

Puis là, actuellement, les gens sont en train de voir qu'est-ce qui va être le mieux pour faire ces éléments-là. Parce que, si on a un test puis que ça prend beaucoup de virus pour être positif, à ce moment-là, on ne l'a pas... ou si on n'a pas assez de virus, l'autre aurait détecté positif, lui, négatif, ça va changer le portrait épidémiologique. Mais je vous dirais que oui, on va faire des tests quand la capacité va être là. Si vous me demandez la date exacte, je ne suis pas en mesure.

Mais ce qui va être surtout important, à mon avis, c'est les études de séroépidémiologie, qui, elles, vont vraiment capter. Parce que, quand vous faites un test, vous pouvez être négatif, mais le lendemain vous allez être positif, ou le test est négatif, puis vous avez fait la maladie il y a très longtemps, puis vous n'avez plus de virus. Ce qui va être intéressant avec l'étude de séroépidémiologie, c'est qu'on va être capables de mesurer des anticorps, soit qu'ils soient récents, ce qu'on appelle les IgM, ou les IgG. Donc, ce n'est pas en cours, mais je prends note de ça.

Puis je peux vous dire que je l'annoncerai en point de presse quand les études seront... l'étude de séroépidémiologie va commencer ici, au Québec. On est aussi dans un consortium canadien puis on va essayer de le recommencer le plus tôt possible. Mais il y a encore des débats sur le choix des tests puis la meilleure approche.

Le Modérateur : Merci. La prochaine question nous provient de Marco Bélair-Cirino, du journal Le Devoir. M. le premier ministre, des immigrants préposés aux bénéficiaires, infirmières et médecins qui attendent leurs permis de travail du gouvernement fédéral et parfois aussi leurs permis de travail d'un ordre professionnel québécois sont prêts à prêter main-forte dans les CHSLD. Est-ce que vous les autorisez à contribuer à l'effort de guerre?

M. Legault : Sûrement, oui. Donc, oui, j'aimerais bien, là, je ne sais pas, trouver une façon de contacter ces personnes-là. Mais actuellement on cherche désespérément des préposés aux bénéficiaires puis des infirmières qui sont prêts à aller dans les CHLSD. Donc, qu'ils communiquent, je ne sais pas comment...

Mme McCann : Oui. Bien, on est en... D'abord, avec les ordres professionnels, il y a beaucoup d'assouplissement. Et, pour ces personnes, là, immigrantes, ce serait certainement possible de travailler comme préposés aux bénéficiaires. Alors, moi, je les invite à s'inscrire sur Je contribue!, et on va faire les suivis avec eux.

Le Modérateur : Dernière question en français, du Devoir. Pourquoi avoir décidé de tester seulement les premiers deux à cinq résidents qui présentent des symptômes de la COVID-19 dans les unités et étages des CHSLD, après avoir annoncé la semaine dernière que tous les résidents allaient subir un test de dépistage?

M. Arruda (Horacio) : Bien, c'est une approche qu'on prend en épidémiologie, même en situation de grippe, puis etc., quand... Puis on est sortis de la saison grippale de façon importante. Quand, dans un milieu, on a des personnes qui sont malades puis qu'on a une proportion assez significative de gens qui sont malades... On a trouvé, par exemple, dans un étage de 12, quatre personnes positives; les autres qui ont des symptômes à peu près similaires, là, on les considère comme étant des cas liés épidémiologiquement, puis ils deviennent confirmés.

Au sens des rapports, il y en a qui, au point de vue des données, ne vont rapporter que les cas probables, sûrs, spécifiques, testés par laboratoires. Mais on sait très bien qu'on n'arrive jamais à tester tout le monde. Et le chiffre de cas liés épidémiologiquement est plus apte dans les faits. Il y a toujours un risque d'erreur. Peut-être, quelqu'un aurait fait un syndrome pulmonaire qui n'est pas associé au COVID-19, mais de toute façon on va le traiter comme un COVID-19 pour être en mesure de ne pas transmettre la maladie à d'autres.

Donc, pour des raisons cliniques puis pour des raisons d'efficience, à mon avis, puis d'avoir la capacité, c'est tout à fait adéquat. Il faut préserver des tests pour tester le personnel, les contacts symptomatiques, puis etc. Mais une fois qu'une unité est considérée comme étant infectée, la meilleure approche à prendre, de toute façon, c'est de considérer tout le monde infecté. La plus grande erreur serait de faire des tests puis de dire : Elle, elle ne l'est pas, puis elle va l'être le lendemain. Comprenez-vous? Ça fait que c'est pour ça qu'on le fait comme ça.

Le Modérateur : Merci beaucoup. So we'll now switch in English and we'll start with Cathy Senay, CBC News.

Mme Senay (Cathy) : Good afternoon, all of you. Premier Legault, it took you a while before asking your specific needs to Prime Minister Justin Trudeau for the army, like to express that you needed the army to come and, like... And now, what are your expectations with the members' forces, the 125? What do you expect them to do? And, regarding the tragedies in CHSLDs, maybe your call should have been made, like, earlier?

M. Legault : No. We're asking Justin Trudeau, since a few days, if he's got some members of the forces having qualifications health... in health, especially nurses. We only got the final answer this morning that there are 125 people that are available to do that. So as soon as we got this information, we confirmed that we want them. So, no, we were asking since a few days how many do they have and we didn't get the answer until this morning.

Mme Senay (Cathy) : A colleague of mine did a story about families of loved ones who died in CHSLDs. And it took a while... I think, after a week the person died. They are still waiting to see where the body is. How is this possible, first of all, for you, Mrs. McCann? And then, second of all, is it this type of situation, Premier Legault, that pushed you to have this reflection about tragedies in CHSLDs and what you could have done, as a Premier, to avoid these tragedies?

Mme McCann : Well, we have to give very special attention to the families, and we will look into what you're saying. I think what we have stressed from the beginning is the importance of communication with the families, and especially to know where their loved ones are. So we will look into that. But we want that the families be informed day-to-day and we've put people in the establishments to communicate with the families. And I will even add that we need to provide support, moral support to the families who are going through what they're going through. So we will organize that. We have planned for this and we will provide support. But I will look into the situation you're talking about and talk to all the organizations to really make sure this information is provided very quickly.

Le Modérateur :Thank you. Samuel Pouliot, CTV News.

M. Pouliot (Samuel) : Hi. We're being told that some health care workers are testing positive for COVID-19 and they're still being told to go back to work because they are needed. If someone is positive or waiting for results, should they be working? And, for those who were in contact with infected people, infected colleagues, can they be retested and go back to work before the 14 days quarantine is complete?

Mme McCann : Well, I'm sure Dr. Arruda will want to provide you information on this. But our directive, orientation, is clear that people have to be asymptomatic to go back to work. Let's say, after seven days, and they are asymptomatic, all the protection has to be taken. These are very exceptional circumstances. This is not for everybody, very exceptional circumstances. And they have to take all the protective equipment, take all the measures, the temperature twice a day. And I think that, if we get all the additional people to help us, we won't have this situation anymore. There are certain areas, certain CHSLDs where we need to provide more staff right away, and that's what we're doing right now, and these are the CHSLDs that are more at risk for a shortage of staff. So we want to settle that, resolve that so we don't have even to make that special provision. Other than that, we're following the directive of the public health.

Le Modérateur : Second question.

M. Pouliot (Samuel) : Can you respond on the reports that many deaths that happened at the CHSLD Herron came after the residence was taken over by the CIUSSS and that administration of that CHSLD continues to be a problem today?

Mme McCann : Well, what I have as information is that the situation is under control right now. The CIUSSS has provided a lot of staff, is organizing all the work. We have sent… Also, I've also written a request, a written request, for a special inspector, Mr. Sylvain Gagnon, who's a very experienced manager and even has been a deputy minister, who will review all the situation. We know also that there are three «enquêtes», three investigations. So we will wait for the results of those «enquêtes» and, of course, take all the measures that we need to take.

Le Modérateur : Our next question goes a little bit in the same way, from Phil Authier, Montreal Gazette. There's a discrepancy between the timeline in what you say happened at the residence Herron in Dorval and what the CIUSSS—Ouest-de-l'Île says. The Gazette has examined the official death registry, with names and dates, and it seems those deaths happened when the CIUSSS was in control. Why is the CIUSSS hiding the true story?

Mme McCann : Well, again, I'm stressing that there are three investigations going on and there's an ex-deputy minister and «accompagnateur», an inspector that I have sent and will give me a report in a few weeks. And we want to shed all the light on this. But I'm saying at this point… is that the CIUSSS took over and is providing the best care possible to all the people in the residence. And we have to remember also that they didn't have access to the files for a few days and finally they had access to the files. So what happened exactly? I think it's better, it's really more wise, wiser to wait for the investigation and the results of the investigations and the inspector that I have sent. But I want to say that the CIUSSS is doing everything it can to provide good care to the people who are there right now.

Le Modérateur : The second question is also for you, Minister McCann. Last week, you announced that all residences and workers in the CHSLD network will be tested for COVID-19. Now, we see there is a ministerial directive to not do that. Why is that? Is this not dangerous? Many families are very worried about this.

Mme McCann : Well, again, I think Dr. Arruda would want to comment on this, but what I've said is that we will give special attention, of course, to prioritize the CHSLDs, the long-term facilities where there are an «éclosion», more cases, and we need to do that. But the way the public health is doing it, maybe I'll let Dr. Arruda explain it in English.

M. Arruda (Horacio) : In fact, it's related to the priorities that we need, we want, and the quantity of tests. It doesn't mean that we will never test everybody as well, but we... also, if we had to choose, it's going to priorities, and it's the director of public health, based on what is the situation in his region, about cases with outbreaks or not, that we'll prioritize those testing.

Le Modérateur : Thank you. Our next questions are from Raquel Fletcher, Global News. Tomorrow is supposed to be the peak or... Are we still on track for that?

M. Arruda (Horacio) : Yes. In fact, as I was telling, I think that we went through the peak. It's something different to understand, comparing that we get a lot of people dying. We're talking about the peak of cases. So, even in Montréal, we are seeing something, going into slow... down, it's slow, it's not... You know, we make the curve very flat, so it takes time to get up, but it will get time to get down, but we are still... The cases of disease dying at intensive care are related to what happens 15 days ago.

Le Modérateur : And, as a second question, what concern do you have about the management of the West Island CIUSSS?

Mme McCann : Well, I think the CIUSSS has done everything it could to provide the care at the CHSLD Herron and the care also in other CHSLD, public CHSLD in the West Island. So, again, what's important is to wait for the result of the investigations and the report of the inspector that I have sent to also review the situation at CHSLD Herron.

Le Modérateur : Thank you very much. That's all the time we have. Si je comprends bien, M. le premier ministre, on va se revoir lundi. C'est exact?

M. Legault : Exactement.

Le Modérateur : Parfait. Alors, bon week-end.

M. Legault : Merci. Bon week-end, tout le monde.

(Fin à 14 h 2)

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