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Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre et Mme Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux

Situation au Québec quant à la COVID-19

Version finale

Le vendredi 24 avril 2020, 13 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures cinq minutes)

Le Modérateur : Alors, bonjour à tous. Bienvenue à cette conférence de presse pour faire le point sur la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier ministre du Québec, M. François Legault, est accompagné de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme Danielle McCann, et du directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda.

M. le premier ministre, à vous la parole.

M. Legault : Bonjour, tout le monde. Je commence par le bilan de la dernière journée. On a 97 nouveaux décès, un total de 1 340. Donc, évidemment, mes pensées sont avec ces décès qui, malheureusement, s'accumulent, donc je pense aux familles puis aux proches de ces personnes. On a maintenant 29 616 cas confirmés, incluant les personnes guéries. C'est une augmentation, pour la journée, de 778. On a 1 460 personnes hospitalisées, une augmentation de 49. On a 227 personnes aux soins intensifs, c'est une augmentation de 20.

Je veux tout de suite apporter une précision concernant, justement, les chiffres que je viens de donner sur le nombre de personnes hospitalisées puis le nombre de personnes aux soins intensifs. Les chiffres que je vous donne sont plus élevés que ce qu'ils devraient être. Donc, ils sont gonflés par le fait qu'il y a des personnes qui n'ont plus besoin d'être hospitalisées ou qui n'ont plus besoin d'être aux soins intensifs, mais que, volontairement, on garde à l'hôpital plutôt que de les retourner dans les CHSLD. Donc, c'est une décision qui est prise pour éviter de venir surcharger le travail dans les CHSLD. Mais juste vous dire que ça vient un peu fausser les données.

Donc, ça veut dire que techniquement — et puis on va essayer de le faire à partir de la semaine prochaine — quand on regarde le nombre de personnes en soins hospitaliers ou en soins intensifs, il y en a moins que le nombre que je vous donne à cause de ces personnes qui sont techniquement guéries de la COVID-19, mais qui ne sont pas retournées dans les CHSLD.

Je veux revenir, là, je vous le dis depuis quelques jours, sur le fait qu'on vit vraiment deux mondes séparés dans le même monde, là. On a, d'un côté, la situation dans les résidences pour aînés, qui est difficile, puis on a, de l'autre côté, tout le reste de la société, qui est relativement stable.

Je veux juste vous dire, ce n'est pas unique au Québec, ça, beaucoup d'endroits dans le monde, puis, si vous lisez un peu, vous allez voir, beaucoup d'endroits dans le monde... il y a un grand pourcentage des décès qui viennent des résidences pour aînés. Je vous donne des exemples, là, c'est le cas en Espagne, en Italie, en France, en Irlande, en Belgique, au Portugal, aux États-Unis, à Singapour, en Écosse, en Australie. Donc, ça n'excuse absolument pas la situation dans laquelle on se retrouve dans les CHSLD, mais c'est juste pour vous dire, je pense que c'est partout dans le monde qu'on s'est rendu compte... mal préparés, pas seulement au Québec mais un peu partout dans le monde, que, lorsque ce virus rentre dans une résidence pour aînés, c'est un peu comme mettre le feu dans le foin, là, tout brûle rapidement, ou, en tout cas, une bonne partie des gens dans les CHSLD deviennent infectés, et ça devient comme... facilement hors contrôle. Donc, c'est une bien petite consolation, là, mais c'est juste dire, ce n'est pas unique au Québec.

Et personnellement, là, je vais parler pour le Québec, moi, j'en tire une grande leçon. Vous savez qu'on travaillait déjà sur les maisons des aînés. J'ai demandé aux gens qui s'occupent de ce dossier-là de l'accélérer. Donc, dans les prochains mois, vous allez voir, je veux qu'on corrige cette situation-là dont on n'est, personne, fier, au Québec puis qui existe depuis trop longtemps. Donc, bien sûr, mieux payer les gens, donc avoir aussi plus de personnel dans les nouvelles maisons des aînés, mais ce n'est pas suffisant, de parler du personnel. Il faut qu'il y ait plus d'espace pour éviter que le feu prenne comme, un peu, dans une grange où il y a du foin, là. Il faut absolument qu'il y ait plus d'espace. Il faut qu'il y ait plus d'espace pour séparer les personnes, plus d'espace pour le personnel. C'était déjà le concept qu'on avait dans les maisons des aînés, mais là j'ai demandé, entre autres au président du Conseil du trésor, de vraiment accélérer les choses pour qu'on soit capables et de mettre tout le personnel nécessaire, mais aussi d'avoir, le plus rapidement possible, des lieux qui évitent qu'on vive ce qu'on vit actuellement au Québec et partout ailleurs.

Je reviens sur le feu qu'on doit éteindre à court terme, parce que c'est ça qui est notre priorité. Même si, en parallèle, on travaille sur des mesures pour changer les choses à moyen terme, il reste qu'à court terme il y a un problème de manque de personnel dans nos CHSLD. Et je veux vous dire, là, quand on a commencé à répondre aux gens qui s'étaient inscrits sur Je contribue!, on exigeait deux choses : qu'elles soient qualifiées puis qu'elles acceptent de venir travailler à temps plein pour éviter d'avoir trop de monde qui rentre et sorte dans les CHSLD.

On est en train de revoir la liste, et là, aujourd'hui, je veux demander aux gens qui ne se sont pas inscrits sur Je contribue! de s'inscrire pour venir nous aider dans les CHSLD publics. C'est important. Même si vous n'avez pas de qualifications, si vous êtes disponibles à temps plein, bien, moi, je vous le demande, là, on a besoin de vous autres pour venir s'occuper de nos personnes les plus vulnérables. Et je veux juste vous dire, évidemment, là, ce n'est pas du travail bénévole qu'on vous demande. Toutes les personnes, même les personnes qui ne sont pas qualifiées, vont gagner le salaire qu'on donne, qui est le salaire le moins élevé dans les CHSLD pour ce qu'on appelle les aides de service. Donc, j'ai demandé qu'on me sorte le montant incluant les primes, là. Ça donne un montant de 21,28 $ de l'heure, 777 $ par semaine, 3 368 $ par mois. Donc, on est prêts à offrir ces salaires à toute personne qui veut venir travailler à temps plein même si c'est une personne qui n'est pas qualifiée en santé, donc qui est prête à venir donner un coup de main. On a besoin de vous autres.

Donc, je reviens sur nos deux mondes. Il reste que, si on met de côté les CHSLD, la situation est sous contrôle. C'est ce que nous disent les scientifiques. La situation est sous contrôle. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas être prudent, mais ça veut dire qu'on va réouvrir la société graduellement. On l'a dit, on va vous déposer, la semaine prochaine... Ce n'est pas la semaine prochaine que ça va commencer à ouvrir, mais on va vous déposer, la semaine prochaine, un plan pour réouvrir les écoles, réouvrir les entreprises.

C'est important, par contre, que les mesures dont on vous parle depuis longtemps restent, là. Ça veut dire, entre autres, rester toujours à deux mètres, donc à six pieds, des autres personnes. Puis, dans les cas où ce n'est pas possible, oui, on va recommander fortement de porter un masque. Donc, quand vous n'êtes pas capable, que ce soit dans le transport en commun ou dans votre travail, de rester toujours à deux mètres des autres personnes, oui, on va suggérer fortement de porter un masque.

Juste vous dire, revenir, là... parce que je sais qu'il y a encore des gens qui sont inquiets, qu'on va faire ça graduellement puis qu'on va tester aussi au fur et à mesure pour être certains que le feu ne reprend pas, là, donc qu'on soit capables de rester en contrôle. Par contre, ce que je veux vous dire, c'est qu'il restera toujours des risques. Mais, si les personnes restaient à la maison encore pour des mois, il y aurait aussi des risques de problèmes de santé mentale.

Donc, je le sais que moi, le premier, depuis des semaines, j'essaie d'entrer dans la tête de tous les Québécois qu'il faut rester à la maison. D'ailleurs, ça a bien réussi. Puis je vous remercie, là. Je suis vraiment fier de voir comment les Québécois ont respecté les consignes. Mais là il faut comme un peu se déprogrammer, moi le premier, mais vous autres aussi, pour être capable de rechanger encore d'approche, d'attitude. Donc, la vie va être différente. On va rester à deux mètres, pendant plusieurs mois, des autres personnes. Mais on a besoin que le Québec renaisse, là, on a besoin que la vie, entre guillemets, normale reprenne. On a besoin de nos amis. On a besoin, tranquillement, en étant prudents, de recommencer la vie en société. Et c'est vrai que ça ne sera pas la même vie qu'avant. Donc, on va être différents, on ne sera pas tout à fait pareils comme avant, mais je pense qu'on va sortir grandis de cette épreuve collective. Puis c'est important plus que jamais de rester unis.

Puis, oui, il reste un gros chantier dont on doit s'occuper, les résidences de nos aînés. Ce n'est pas le temps d'être découragé, là, c'est le temps de se relever les manches, régler ce problème-là puis, en même temps, reprendre tranquillement, graduellement la vie normale, retrouver l'espoir, retrouver la fierté. Et je suis certain qu'on est capables, les Québécois, de passer au travers puis de revenir graduellement à une société qui reste unie, qui reste fière. Merci, tout le monde.

Le Modérateur : Merci. Maintenant, quelques mots en anglais.

M. Legault : Good afternoon. We have now two different situations in Québec. We have our national emergency in the senior residences, where we continue to do everything we can to bring in more staff, and we have the rest of Québec where the contagion rate seems to be under control.

As I've said yesterday, we won't reopen next week, but we'll announce the timeline so everyone can prepare themselves. Everybody will have to follow the Public health instructions. We'll need to continue to keep our distances. Wearing a mask in public will also be recommended, when you cannot stay at least two meters of other people.

I know we are going through a tough situation right now, but we must prepare ourselves for the coming weeks and months. We are winning the battle against the first wave of contagion, but the war against the virus is only beginning. We must continue our efforts. We will get through this together. Thank you all.

Le Modérateur : Merci, M. le premier ministre. Alors, pour la période des questions en français, nous allons débuter aujourd'hui avec Olivier Bossé, Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : Bonjour, M. Legault. C'est très intéressant ce que vous dites sur le fait de se déprogrammer. Effectivement, vous êtes conscients que, depuis six semaines, vous venez ici, à 1 heure, chaque jour, dire : C'est dangereux, c'est dangereux, faites attention. Et là comment convaincre les gens que c'est encore dangereux, mais il n'y a pas vraiment d'autres façons que de sortir?

M. Legault : Bien, c'est ça, c'est un gros défi, là. Puis c'est vrai que je suis comme, d'une certaine façon, victime...

M. Bossé (Olivier) : De votre succès.

M. Legault : De notre succès, de mon succès ou de notre succès ensemble. Les gens ont bien écouté, puis je suis fier de ça, de voir que les Québécois, là... On se rappelle du rapport qui montrait que, dans les 60 États et provinces, c'était au Québec que les gens étaient le plus confinés, donc ils avaient accepté de changer leurs habitudes. Puis là on arrive, puis il faut leur redemander encore de changer leurs habitudes puis d'avoir une certaine ouverture à se déconfiner mais graduellement. C'est ça qui est important de dire puis c'est là qu'on peut contrôler le risque. C'est qu'en ressortant graduellement on va être capable de garder la situation sous contrôle, s'assurer que ça ne déborde pas dans nos hôpitaux.

Mais on ne peut pas attendre un vaccin. Les spécialistes sont d'accord, là, ça va prendre six, 12, 18, 24 mois avant d'avoir un vaccin. Donc, si tout le monde reste à l'intérieur pendant tout ce temps-là, il y en a qui vont avoir des problèmes de santé mentale, donc on n'aura rien réglé, donc... Mais je comprends que c'est un défi qu'on a, là, de reprogrammer notre façon de penser.

M. Bossé (Olivier) : M. Arruda, pouvez-vous nous dire où est-ce qu'on en est sur l'immunité des gens qui l'ont eu? Je sais que vous en avez glissé en mot hier. On sait qu'ils sont immunisés, on ne sait pas combien de temps. Où est-ce qu'en sont les connaissances ou les recherches là-dessus?

M. Arruda (Horacio) : Bien, elles continuent à être faites, mais on n'a pas nécessairement les réponses qu'on aimerait avoir. Puis premièrement, je voulais vous dire, pour aller dans le sens de la déprogrammation qu'a dit notre premier ministre, vous vous souvenez, je vous ai dit depuis le début que ce qui était vrai, là, je vous le disais en date d'aujourd'hui. Je savais déjà qu'un jour on allait dire : Il va falloir revenir en arrière, donc, puis c'est vrai, puis ça va être vrai aussi selon les connaissances. Puis ce plan de réouverture là, aussi, il a des conditions. Le premier ministre est bien au fait. Si, en ouvrant, on se rend compte qu'on est en train de se réchauffer puis qu'on est en train de recommencer, bien, on va peut-être avoir à ralentir la cadence ou faire même un «step back». Mais c'est vrai qu'on ne peut plus tolérer cela. Les pédiatres sont d'accord. Il y a des phénomènes de santé mentale qui s'installent puis des problèmes de toxicomanie et autres, les enfants battus, etc. Ça fait qu'il faut faire attention.

Pour votre question, écoutez, ce qu'on sait, c'est que, probablement, quand on l'a fait récemment, on a une certaine immunité. Donc, je pense que probablement que les gens qui l'ont fait à cette saison-ci, s'ils font quelque chose à l'automne, ils vont le faire beaucoup moins fort probablement que ceux qui sont complètement vierges par rapport au virus. Mais est-ce que ça va persister un an, deux ans, ne pas persister du tout après, en 2022? Je pense qu'il n'y a pas assez de recul pour ça. Il n'y a pas assez de cas. Mais on va le voir en fonction particulièrement des pays qui vont avoir des deuxièmes vagues, si vous me permettez, parce qu'on n'ira pas faire une inoculation chez des personnes qui l'ont eu pour juste checker, au cas où...

Le Modérateur : Prochaine question, Alain Laforest, TVA Nouvelles.

M. Laforest (Alain) : M. le premier ministre, le premier ministre canadien a évoqué, et vous l'avez probablement entendu, qu'il serait peut-être souhaitable de ramener la gestion des CHSLD sous la loi canadienne — oh! je vous vois lever les yeux, là — de la santé. Qu'est-ce que vous lui répondez là-dessus?

M. Legault : Bien, écoutez, on se rappelle, quand le système de santé a été mis en place, le gouvernement fédéral en finançait 50 %. Donc, c'était 50 % le fédéral, 50 % les provinces. Aujourd'hui, le fédéral finance seulement 23 % des réseaux de la santé des différentes provinces. Donc, si j'ai une demande à faire à M. Trudeau, c'est qu'il revienne à 50 %. Nous autres, on va s'occuper de gérer le réseau. Mais je pense que, si le fédéral peut faire quelque chose, là, c'est de ramener les transferts en santé au niveau original.

M. Laforest (Alain) : Actuellement, on nous rapporte, Mme McCann, qu'il y a des médecins qui vont dans les CHSLD et qui sont rappelés dans les hôpitaux. Puis c'est ce qui s'est passé, là, dans les CHSLD, le premier ministre a évoqué, là, allumer le feu dans le foin, là. Il n'y a pas un risque dans les hôpitaux actuellement?

Mme McCann : Bien, écoutez, moi, je pense que ce qui est important, c'est que le matériel de protection soit bien porté, hein? Puis on sait que les médecins, ils ont de bonnes connaissances dans l'utilisation du matériel de protection. Donc, ça, c'est la première chose.

Évidemment, ça dépend aussi... puis je vais demander à Dr Arruda d'ajouter quelque chose là-dessus parce que ça dépend où le médecin a travaillé et dans quel département il travaille à l'hôpital. Il y a peut-être des mesures additionnelles à prendre, mais, à la base, c'est de bien porter le matériel de protection, et les conseils d'usage, là... quand on sort de la zone chaude, il y a des mesures à prendre. Alors, pour la transition, je vais donner la parole à Dr Arruda là-dessus.

M. Arruda (Horacio) : Bien, effectivement, c'est évalué, je vous dirais, au cas à cas, tout dépendamment de la clientèle, si elle est à haut risque ou pas. C'est sûr que dès que le médecin a des symptômes, on ne voudra pas qu'il aille travailler. Par contre, vous allez me dire, il y a des gens qui sont asymptomatiques, c'est tout à fait vrai, mais, dans le contexte de soins, je vous dirais, les gens vont porter une attention particulière à l'équipement puis, je vous dirais, aux mesures de précaution. En contexte de soins, c'est plus facile que dans un contexte, même, de soins aigus, plus facile que dans un contexte de CHSLD, où les soins sont d'une autre nature.

Et puis je pense aussi, quelque part, qu'il y a quand même de la circulation communautaire aussi, là, donc ça ne veut pas dire que... Il y aura des risques, même aux médecins qui ne sont pas allés dans les CHSLD, de l'attraper dans le cadre de leurs activités communautaires, d'où l'importance, à mon avis, encore, tant pour les médecins, que pour les travailleurs de la santé, que pour la population, que ce déconfinement-là se fasse de façon progressive. Mais aussi ça ne veut pas dire que, le jour où on fait le déconfinement, tout le monde se retrouve avec des soupers le dimanche avec grand-papa, grand-maman, et puis le bon rôti de boeuf, etc. On a tous le goût de ça bientôt, mais on n'est pas encore rendus après la phase intensive, donc j'invite encore tout le monde à garder... Il y a un dosage, on réouvre, on réouvre dans certains secteurs, on réouvre avec des personnes qui ne sont pas nécessairement à risque, mais n'allons pas tout mêler en même temps. Parce que c'est sûr que ça va amener un vent de liberté attendue, puis ça va être difficile pour ceux qui vont avoir encore à rester un peu plus enfermés, mais il va falloir le faire comme ça.

M. Gagnon (Marc-André) : Merci. Maintenant, si je peux me permettre de poursuivre un peu sur le même thème. Marc-André Gagnon, du Journal de Québec, Journal de Montréal. Et la question est bonne autant pour M. Legault que pour Dr Arruda. Donc, vous insistez maintenant sur le besoin d'immunité collective, hein, pour justifier le déconfinement graduel. Bon, maintenant, il y a cette recommandation pour le port du masque et la distanciation, là, afin de limiter la propagation. Mais s'il faut que les personnes moins vulnérables attrapent le virus, pourquoi il faudrait porter un masque, là, à l'école, par exemple?

M. Arruda (Horacio) : Bien, écoutez, on sait que, d'emblée, si on porte les choses, mais qu'il y a toujours... les gens ne vont pas le porter parfaitement, là, il va y en avoir, de la contamination, mais on ne veut pas non plus que ça circule trop vite parce que, si ça circule trop... On ne voudrait pas se retrouver dans une situation, par exemple, dans la région de Montréal, là, où actuellement il y a plus de transmission, que les hôpitaux de Montréal aient de la difficulté à prendre soin des patients.

C'est sûr que la difficulté qu'on a, c'est... on ne peut pas prédire qui est la personne en bonne santé qui va faire la maladie, là. Les chances sont beaucoup plus faibles que les personnes âgées... que les gens ont des problèmes. Mais on y va en fonction d'une gestion du risque.

Puis, je tiens à vous dire, là, oui, on veut que les gens s'immunisent, puis ça va nous aider à diminuer la transmission, mais il y a aussi des questions d'effet pervers de confinement qu'il faut prévenir, là, de santé mentale, de gens qui n'ont pas accès... qui habituellement ont accès à des services alimentaires, des enfants qui mangeaient... qui avaient des repas dans les écoles, qui étaient servis, mais qui ne l'ont plus actuellement. Donc, il y a aussi ça qu'il faut prendre en considération dans la balance.

Ça fait que, dans le fond, c'est un peu comme un mélange de oui, on veut que ça immunise, surtout des gens qui n'ont pas de facteurs de risque, qui ne seront pas des bassins pour d'autres plus tard, mais aussi remettre un équilibre dans le confinement versus toutes les autres problématiques de santé qui peuvent survenir. Les pédiatres pourront vous le dire, ils ont des préoccupations parce... pour certaines clientèles d'enfants vulnérables.

M. Gagnon (Marc-André) : Merci. Maintenant, en 2006, là, dans le plan de lutte à une pandémie d'influenza, le ministère de la Santé mentionnait que les établissements de santé devaient dresser des listes de personnes pouvant être appelées en renfort pour le remplacement, là, de milliers de travailleurs qui seraient absents en cas de pandémie. Est-ce qu'à votre connaissance c'est quelque chose qui a été fait? Et puis, en même temps, est-ce que finalement, là, Je contribue!, ce n'est pas un peu un exemple, un autre exemple d'échec de centralisation?

Mme McCann : Bien, écoutez, je pense que, d'abord, on avait une pénurie de personnel, là, dans le réseau de la santé. Je dis «avait», avant la pandémie. Évidemment, avec les absences, ça s'accentue.

Pour ce qui est de Je contribue!, comme le premier ministre l'a dit, au départ, on cherchait des gens avec des expertises en santé, services sociaux. Mais là, évidemment, ce qu'on dit, c'est qu'on va faire un autre tour de roue. Puis l'appel du premier ministre, aujourd'hui, je pense et je l'espère, là, que ça va attirer beaucoup plus de gens. Et là, évidemment, on pourrait avoir, encore une fois, je l'espère, des milliers de personnes pour venir nous aider. Alors, je pense que Je contribue! prend un autre angle, à ce moment-ci, parce que la situation a changé. Au départ, on avait besoin d'expertise en santé et services sociaux; là, on a besoin de bras pour vraiment nous aider à prendre soin des personnes âgées. Donc, Je contribue! a une fonction très importante.

M. Arruda (Horacio) : J'aurais un point à ajouter. Oui, il y a un gros problème dans les CHSLD, puis on le reconnaît. Mais il faut comprendre que les plans de mobilisation existent. Ils existent dans le cadre de la Loi de santé publique, ils existent dans le cadre de la pandémie, des textes de pandémie.

Mais, juste pour vous donner un exemple, dans les équipes de santé publique, pour faire des enquêtes, à Montréal, alors qu'ils sont moins de 100... on est 800 personnes actuellement. Je veux dire, dans les équipes de santé publique de la Montérégie, ailleurs, on mobilise des ressources puis on est en train de les remobiliser encore plus pour la phase de mesure sur les effets de nos interventions. Puis dans le système de soins, on n'a pas eu d'enjeux, mais il y aurait eu des... on aurait ici à protéger notre système de soins de façon équilibrée.

Mais, à un moment donné, ça devient... comment je pourrais dire, on ne peut pas non plus tricoter les individus ou les cloner, mais on a des mobilisations. On a des «backups» d'équipe pour permettre aussi aux gens, comme ça dure longtemps, de ne pas tomber malade et puis de pouvoir prendre une journée de repos par semaine ou une demi-journée. Puis, dans cette demi-journée-là, on travaille pareil, mais au moins on est à la maison. Ça fait qu'il y a ce genre d'éléments là, qui...

Donc, oui, ça a été utilisé, les plans de mobilisation comme tels.

Le Modérateur : Merci. Maintenant, prochaine question, Alex Boissonneault, Radio-Canada.

M. Boissonneault (Alex) : Bonjour. Je me pose des questions sur les courbes qu'on utilise pour essayer de voir un peu l'état de la situation au Québec. Lorsqu'on parle du nombre d'hospitalisations, on se rend compte qu'il y a toujours une augmentation, des fois plus importante que d'autres fois. Or, selon ce qu'on disait, on aurait atteint le plateau de la première vague de l'épidémie, même qu'on l'aurait passé.

Comment se fait-il qu'il y ait toujours cette augmentation-là du nombre de cas d'hospitalisations et même des cas rapportés aussi d'infection à la COVID-19?

M. Legault : Je vais commencer en expliquant ce que j'ai dit tantôt, là. On va identifier combien qu'il y a de personnes qui sont hospitalisées ou même dans les soins intensifs qui ne devraient pas être là, mais qu'on a choisi de garder là parce qu'on ne voulait pas les retourner dans les CHSLD. Je pense que, si on tient compte de ça, bien, non seulement il y a une stabilisation mais il y a une baisse. Mais on va vous revenir avec des chiffres qui viennent confirmer ça la semaine prochaine.

M. Arruda (Horacio) : Puis, si vous me permettez, M. le premier ministre, c'est qu'il y a eu les cas... Les cas, on a probablement eu le «peak». C'est contaminé par l'histoire des CHSLD, là, parce qu'il faut regarder le communautaire puis les CHSLD. Le «peak» a été atteint, on dit, dans la région de Montréal, autour du 4 avril. Par contre, c'est 15 jours plus tard que les hospitalisations apparaissent, puis les décès, encore un peu plus tard, parce que ça dépend de la durée moyenne de séjour.

Et là ce qui se passe, et c'est ça qui est arrivé aussi, au tout début, il y avait même des gens qui étaient aux soins intensifs qui, dans un contexte, entre guillemets, habituel, ne seraient pas allés aux soins intensifs. On a eu même des cas de soins intensifs au début que, quand on compare avec d'autres pays, ils n'auraient pas été aux soins intensifs, mais disons qu'on avait de la place, il y a des meilleurs soins, puis on les a placés là.

Après ça, il y a des personnes aussi âgées qui sont arrivées, notamment des CHSLD comme tels, qui ont été soit aux soins intensifs ou dans l'hôpital puis qui, pour des raisons où ça... il y a des feux de forêt dans certains CHSLD, on a dit : Plutôt que de les renvoyer là où il y a un manque de personnel de soins, on va les maintenir à l'hôpital. Là, ces personnes-là vont probablement aller dans des endroits de transition où ils vont avoir des soins adaptés à leurs besoins, là, qui n'est pas les soins aigus. Puis ça, c'est venu artificiellement, je vous dirais, monter, en fin de compte, le nombre de gens qui sont hospitalisés. Et donc on va recorriger ça. On va refaire une collecte spécifique auprès des gens, puis on aura ces chiffres-là de façon plus réaliste. Ça fait qu'on pense vraiment que c'est ça comme phénomène, et c'est pour ça qu'on a comme un genre de plateau, alors que, probablement, on est en train de redescendre.

Le Modérateur : Sous-question?

M. Boissonneault (Alex) : Est-ce que vous avez des indications... Parce que vous parlez de la lourdeur du fardeau pour les Québécois, du fardeau du confinement, que ça peut avoir un impact sur la santé mentale, sur le traitement des enfants, la violence faite aux femmes, est-ce que vous avez des indications, à la santé publique, de cette lourdeur-là, des cas de violence faite aux femmes, des cas d'enfants qui n'auraient pas les services dont ils ont besoin? Est-ce que vous le sentez, ça, dans ce que vous avez comme informations?

M. Arruda (Horacio) : Bien, écoutez, ce n'est pas nécessairement la santé publique seulement, là, mais je peux vous dire qu'on fait des sondages, hein, puis on voit l'état mental des personnes, des signes de dépression. Il y a des sondages qui sont faits par différents mécanismes, soit avec la direction des communications chez nous ou d'autres sondages qui sont faits. On sent qu'il y a des indices, là, comme tel. Il semblerait qu'il y aurait eu une diminution des déclarations à la DPJ. Ça, c'est un autre phénomène parce que pour déclarer, des fois, il faut voir, hein? Puis ça, si tout le monde est confiné, c'est là. Donc, on a certains indices, là, qu'on semble voir, peut-être certains éléments d'appels au 8-1-1, en termes d'informations. Et puis, bon, les cliniciens aussi, soit du domaine psychologique ou autres, nous donnent des «inputs» de cette nature-là. Puis, de toute façon, c'est connu, là, dans la littérature, que d'enfermer les gens... Puis isoler les gens les plus vulnérables aussi, qui n'ont pas de soutien familial, c'est aussi un problème important.

Mme McCann : Mais on prépare un plan. Il est terminé d'ailleurs. On a quelques étapes encore à faire pour donner davantage de réponses dans le volet santé mentale. On veut augmenter les possibilités de réponses, que les gens puissent avoir des suivis téléphoniques aussi, bien entendu, ou en personne quand c'est requis, en santé mentale. On va vraiment bonifier notre offre de services en santé mentale à court terme.

M. Arruda (Horacio) : Si vous me permettez, un autre élément. Ma collègue, Mme Maltais, qui s'occupe des services sociaux, est aussi en train de voir un plan pour supporter les familles endeuillées parce que, qu'on le veuille ou non, il y a les problèmes de santé mentale, mais il y a des gens qui ont vécu des deuils dans un contexte qui est très différent du contexte habituel, et puis il faut probablement, à mon avis, avoir des approches auprès de ces familles-là.

Mme McCann : On va vous donner davantage d'informations, parce que ce sera un programme spécial pour les familles endeuillées parce qu'effectivement la situation est extraordinaire, actuellement, pour ces familles-là.

Le Modérateur : Très bien. Au tour de Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.

M. Lacroix (Louis) : M. le premier ministre, Mme McCann, M. Arruda. M. le premier ministre, compte tenu de ce qui s'est passé dans les CHSLD, notamment, bon, on pense beaucoup à ce qui s'est passé au Herron, CHSLD privés, dans d'autres établissements également, compte tenu de ce qu'a dit M. Trudeau ce midi concernant les CHSLD, est-ce que vous songez à nationaliser les CHSLD, de dire : Dorénavant, là, c'est l'État qui va s'occuper de tout pour s'assurer qu'on ait, à tout le moins, un minimum de standards d'État?

M. Legault : Je n'exclus pas ça. Je pense qu'effectivement, dans les CHSLD, on a des personnes fragiles qui ont besoin de soins. Au Québec, les soins, c'est un système public. Donc, est-ce qu'on devrait avoir tous les CHSLD qui soient publics? Je n'exclus pas ça. On va regarder la situation comme il faut dans les prochaines semaines, mais il ne faut pas exclure ça.

M. Lacroix (Louis) : Et est-ce que vous avez demandé justement qu'il y ait des évaluations qui soient faites en ce sens-là? Est-ce que vous avez une idée de quelle façon ça pourrait s'orchestrer? Combien ça coûterait, par exemple? Est-ce qu'il y a des démarches qui sont entreprises en ce sens-là?

M. Legault : Oui. On est en train de regarder aussi quand les contrats se terminent, parce qu'il y a des CHSLD privés conventionnés, donc il y a des durées de contrat. Puis on me dit qu'il y a quand même beaucoup de contrats, là, qui viennent à échéance bientôt. Donc, il y aurait une opportunité de transférer ces CHSLD au public de façon relativement facile. Donc, oui, on regarde ça puis on est en train de chiffrer ça.

Le Modérateur : Merci. Prochaine question, Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour à vous. M. le premier ministre, la Fédération québécoise des municipalités vous interpelle directement. Elle dit qu'il en va de la survie de beaucoup de petits commerces dans des villages et même de la survie de ces villages-là qui en dépendent, donc des stations-services, petites épiceries. Et on dit que ces commerces-là n'ont pas besoin d'un prêt. Ils ont besoin d'une aide directe d'argent, d'une petite enveloppe pour passer à travers, des 5 000 $, des 10 000 $, des 15 000 $. Est-ce que ce serait possible, pour ces petites municipalités-là, de faire un programme de ce genre-là?

M. Legault : On n'exclut pas ça. Déjà, il y a des programmes qui existent, soient gérés par les MRC, avec les FLI, soit directement chez Investissement Québec, au ministère de l'Économie. Je pense aussi que ce qui est important, c'est de les réouvrir rapidement, les petits commerces. Donc, on travaille fort là-dessus, mais, oui, on regarde pour de l'aide. Puis je suis très conscient qu'il y a des petits commerces qui en arrachent, comme on dit, au Québec actuellement puis qui ont besoin d'aide financière.

M. Bergeron (Patrice) : Par ailleurs, vous avez régulièrement fait allusion à des nouvelles politiques d'achat local, notamment en matière d'autonomie alimentaire, en matière d'achats d'équipements médicaux. Est-ce qu'il n'y aurait pas des problèmes de conformité par rapport à tout ce qu'on a comme accords internationaux en matière d'achats, d'approvisionnement? Si on fait une préférence nationale dans les achats, est-ce qu'on ne va pas en contravention des accords internationaux auxquels on souscrit?

M. Legault : Il ne faut pas négliger, effectivement, le respect des accords internationaux. Par contre, il y a possibilité d'acheter beaucoup plus local, puis je pense que le gouvernement, et ses ministères, et ses organismes devraient beaucoup plus acheter local que ce qu'on voit actuellement.

Il faut aussi ne pas être naïf. Je vais parler de la Chine, par exemple, où on exporte 4 milliards, mais où, eux, nous en exportent 12 milliards de produits. C'est très difficile de percer certains marchés comme la Chine. Donc, il ne faut pas être naïf. Si le marché, l'autre côté, n'est pas accessible par nos entreprises, je ne vois pas pourquoi on se priverait de le rendre plus difficilement accessible aussi à ces pays-là.

Donc, il y a toutes sortes de manières de contourner ces lois internationales, mais c'est certain qu'il faut davantage produire au Québec avec nos entreprises puis nos travailleurs québécois.

Le Modérateur : Au tour d'Hugo Pilon-Larose, La Presse.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Bonjour. Des agences privées de placement de personnel, présentement, gonflent leurs prix depuis le début de la pandémie. Certaines agences, même, font du maraudage dans les résidences pour aînés pour ensuite revendre leurs services de travailleurs recrutés avec une facture, bien sûr, plus élevée. On comprend que vous voulez adopter des mesures pour contrer le phénomène, mais qu'est-ce que, concrètement, vous pouvez faire pour les empêcher de faire ça?

M. Legault : Effectivement, ça n'a pas de bon sens, entre nous, que des agences profitent de la situation pour prendre un immense profit puis de profiter du fait qu'on a une pénurie de main-d'oeuvre. Donc, j'ai demandé à Danielle, en qui j'ai totalement confiance, de régler rapidement ce problème-là. Peut-être que tu peux, oui...

Mme McCann : Oui, et on n'exclue rien, on regarde tout, hein, que ce soit réglementaire, juridique. C'est inacceptable. Alors, on va procéder rapidement.

Le Modérateur : En sous-question.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Concernant les maisons des aînés, vous nous dites que vous voulez accélérer le déploiement de ces nouvelles maisons là, mais les maisons des aînés ne remplaceront pas les CHSLD, là, qui existent déjà au Québec, dans lesquels il y a des usagers. Le vieillissement de la population va également se poursuivre au cours des prochaines années. On peut penser que la demande, donc, va être plus élevée pour avoir ce type de services là.

Comment est-ce que vous allez faire pour vous assurer qu'il n'y ait pas deux classes d'aînés : les aînés qui vont avoir accès aux services AAA de la maison des aînés puis les autres qui vont avoir accès aux services qui datent d'un siècle dernier?

M. Legault : O.K. Bon, effectivement, d'abord, je n'aime pas le nom, moi. CHSLD, là, ça fait très bureaucratique, là. J'aime mieux maisons des aînés. En plus, ça fait plus personnel, puis on veut que les maisons des aînés, tout en ayant plus d'espace, aient moins de résidents au total pour que ça soit plus semblable à ce qu'on retrouve autour d'une maison. Donc, ça, c'est la première chose.

Deuxième chose, là, les gens sont trop tassés dans les CHSLD. Donc, au fur et à mesure, puis on va y aller rapidement, qu'on va construire des maisons des aînés avec plus d'espace, ça va aussi libérer des espaces dans les CHSLD actuels, où on va changer les normes, où on va aussi les embellir, les rénover. Mais, effectivement, il faut compter un certain temps. Mais je veux quand même qu'on procède très rapidement dans la prochaine année, dans les deux prochaines années, pour construire le maximum de maisons des aînés puis, le plus rapidement possible, offrir enfin à nos aînés ce qu'ils méritent, c'est-à-dire un endroit agréable où il y a de l'espace, où on ne crée pas de feu dans un paquet de foin comme on l'a vécu, là, avec le virus, donc où il y a de l'espace. Et ça va se faire le plus rapidement possible. Puis le président du Conseil du trésor travaille très fort, là, à ce que ça se mette en branle dans les prochains mois, puis qu'on se mette à l'ouvrage pour construire ces belles maisons des aînés, là, qu'on doit enfin avoir.

Mme McCann : M. le premier ministre, si vous le permettez. Alors, j'ajouterais aussi qu'on est en train de réorganiser tout le travail dans les CHSLD, notamment d'avoir des équipes dédiées, dédiées pour un CHSLD et être vraiment organisé par unité. Ça, c'est fondamental pour la prochaine année mais pour le futur parce qu'on peut parler de différentes infections aussi comme l'influenza, la gastro, etc. Donc ça, ça va rester, hein, ça, c'est une grosse réorganisation qu'on est en train de faire, et évidemment avec le personnel nécessaire. Et on est en train de mettre les conditions nécessaires pour avoir davantage de personnel.

Et j'ajouterais aussi qu'étant donné que notre population vieillit, qu'on va avoir plus de besoins, bien, il va falloir aussi qu'on donne davantage de maintiens à domicile parce qu'il faut que les gens restent le plus possible à domicile, il faut tout faire dans le plan, là, au niveau des maisons des aînés, c'est fondamental. Et, en même temps, il faut permettre le plus possible aux gens de rester à domicile. Donc, ça va être très, très important. Déjà, comme gouvernement, on a beaucoup investi dans notre première année au pouvoir, là, très important budget, et il faut continuer à permettre aux gens de rester à domicile, avoir des services importants.

M. Legault : On regarde aussi toutes sortes de solutions de transition, par exemple, l'Hôtel-Dieu, entre autres. Donc, on est en train actuellement d'utiliser l'Hôtel-Dieu rénové, donc ça aussi, ça peut donner des espaces, là, plus agréables, temporairement, le temps que toutes les maisons des aînés soient construites.

Le Modérateur : Merci. La prochaine question nous provient par courriel de Marie-Michèle Sioui, du journal Le Devoir. Les enfants, les jeunes et les personnes moins vulnérables seront appelés à se déconfiner progressivement, cet été. Est-ce que les grands-parents et les arrière-grands-parents vont pouvoir serrer leurs petits-enfants dans leurs bras? Qu'est-ce que vous leur demandez de faire pendant l'été?

M. Legault : Bien, malheureusement, là, je ne conseille pas aux gens qui ont plus de 60 ans de serrer leurs petits-enfants dans leurs bras, encore pour un certain temps. Je sais que c'est dur, c'est triste, là. Bon, est-ce qu'on sera capable, dans les prochaines semaines, au moins, qu'ils se voient à deux mètres de distance, là? Ça, c'est peut-être plus envisageable. Mais de serrer dans leurs bras des enfants... surtout le fait qu'on veut réouvrir graduellement nos écoles. Moi, la crainte la plus importante que j'ai, en réouvrant les écoles, c'est que les enfants aillent voir non pas leurs parents, mais leurs grands-parents, puis les infectent, là. Il faut protéger les personnes de plus de 60, 70 ans, c'est très, très, très important, parce qu'elles sont vulnérables. Donc, il y a des risques réels d'aller jusqu'à un décès, si elles attrapent la COVID-19, là. Donc, c'est pour les protéger qu'on fait ça, ce n'est pas parce qu'on ne les aime pas.

M. Arruda (Horacio) : Si vous permettez, M. le premier ministre. On sait le sacrifice que ça représente, parce que c'est comme un élan naturel de les prendre dans nos bras. Mais, en même temps, ce qu'on veut, comme vous l'avez, dit, c'est qu'ils puissent les prendre dans leurs bras le plus longtemps possible. Si cette hâte-là se transforme en un décès, bien, ça va devenir un drame, puis l'enfant ne pourra pas profiter de cet amour pendant quelques années de plus.

Le Modérateur : Merci. Et, en sous-question, toujours pour Mme Sioui. Selon vos estimations, combien de Québécois pourraient mourir de la COVID-19 durant la phase de déconfinement, du retour en classe jusqu'à la fin de l'été?

M. Arruda (Horacio) : Écoutez, combien, le chiffre est difficile à dire. Mais c'est sûr, c'est quelque chose qu'on va monitorer. Je voudrais que vous compreniez, là, que les premières étapes qui vont être faites vont être faites aussi dans des conditions qui ne sont pas du tout les mêmes que ce qu'on est, habituellement. On n'aura pas l'école qu'on a vue, ce n'est pas du tout la reprise de ce qui se passait en janvier ou antérieurement. Donc, ça va être un modèle qui va diminuer le risque d'exposition, on espère. C'est sûr que, dès qu'on remet du virus en circulation, il peut y avoir des personnes qui vont l'attraper, des personnes qui vont aller à l'hôpital. Mais on va mettre toutes les conditions pour diminuer l'exposition des personnes.

Puis je vais en profiter, si vous me permettez, pour parler du masque, parce que... Je vais en profiter parce qu'il faut que j'en parle.

M. Legault : ...M. Laforest va en avoir une.

M. Arruda (Horacio) : M. Laforest, avez-vous une question sur le masque ou je peux y aller, là?

M. Legault : Non, allez-y.

M. Arruda (Horacio) : Je peux y aller? Vous aurez une autre question boni, si vous êtes chanceux.

Écoutez, juste pour vous dire que... je vous l'ai dit, je vais radoter encore, le masque, dans la communauté... Les masques ou les couvre-visages artisanaux, ça ne remplace pas le lavage des mains, la distanciation. Puis, si vous avez des symptômes, vous restez à la maison, vous appelez le 8-1-1, vous allez vous mettre un couvre-masque sur le visage ou un couvre-visage, vous allez aller vous faire évaluer, puis ils vont vous donner un vrai masque.

Ce que je veux vous dire, c'est que, par contre, on comprend maintenant que si... dans le contexte où on va revenir, que dans les moyens de transport, qu'à l'épicerie ou qu'à certains endroits, on ne pourra pas respecter le deux mètres, donc on va vous proposer d'utiliser un masque que vous pouvez même fabriquer vous-même, avec couture ou sans couture. O.K.? Il y a différents modèles, pour que, si vous étiez quelqu'un qui avait des symptômes ou qui... avant les symptômes, vous vous couvriez le visage... puis, quand vous vous rapprochez des personnes, vous allez le porter et vous allez faire attention parce que ça va empêcher vos gouttelettes d'aller rejoindre les autres. Ça ne vous protège pas nécessairement, mais c'est une façon, en fin de compte, de s'aborder.

Donc, ça va devenir probablement... Il faut bien le mettre, il faut bien l'enlever, il faut laver les choses puis, pour ça, il y a des explications dans un pamphlet qu'on a fait en anglais et en français. La première partie vous rappelle les consignes, la deuxième partie vous rappelle comment en fabriquer un. Il y aura des vidéos, et Dr Vadeboncoeur, vous le connaissez, Dr Vadeboncoeur, va être dans un vidéo qui va vous expliquer comment le mettre, comment l'enlever, l'utiliser, de vous laver les mains avant de mettre le masque, de vous... puis de ne pas le toucher, de bien le placer sur son nez, de ne pas l'avoir décroché sur l'oreille, de ne pas l'avoir sous le menton. Il va vous dire quoi faire comme tel, puis on va voir, puis on va suivre ça en termes de recommandation. Alors, la question des masques, là, j'espère que les gens vont répondre.

Et il y a plein de vidéos sur le Web pour vous dire comment on peut fabriquer un masque fait maison avec un bandana. Ce qui est important, c'est d'avoir un tissu comme un coton assez tissé serré, mais qui laisse passer l'air, parce que... Un, les enfants en bas de deux ans, il n'est pas question qu'on porte des masques, les personnes qui ont de la difficulté à l'enlever eux autres même non plus. Puis les gens qui ont des problèmes pulmonaires importants, là, vous allez voir que le masque, ça enlève de l'oxygène puis etc.

Donc, vous le faites avec différentes techniques, un tissu qu'on peut laver facilement, qui ne se déforme pas... un coton, en fin de compte, comme tel. Il peut avoir... ajouter une touche de design par la couleur si vous voulez. Et puis, à ce moment-là, vous le portez, puis vous le mettez, puis vous le lavez adéquatement. Mais tout ça va vous être expliqué, vous allez pouvoir avoir un vidéo, puis il y a plein de méthodes pour le faire. Les couturières peuvent en faire, ceux qui n'ont pas de couture peuvent en faire, puis, au pire, un bon foulard plié deux places autour du visage, ça peut vous servir aussi.

Le Modérateur : On n'a plus le temps pour d'autres questions en français. Par contre, je ne sais pas si, M. Legault ou Mme McCann, vous souhaitez ajouter quelque chose sur la question des masques? Ça complète? Alors, à ce moment-là, je vous proposerais peut-être, Dr Arruda, de répéter en anglais, résumer votre proposition concernant les masques.

M. Arruda (Horacio) : OK. So everybody was asking about masks in the community. As we told you, mask is not replacing hand hygiene, distanciation... or, if you're sick, you don't go take the bus, you call 8-1-1, you put something over you face and you go consult your doctor.

But, as we're going to be more people outside, actually, as it won't be easy to have a two meter distance everywhere, especially in buses, or metros, or even when you go to grocery, what we will suggest you is to use a mask which is we call a cover of the face. We have published, I would say, a two-side pamphlet in English and in French.

Dr. Vadeboncoeur is doing a video to explain to you what to do. You wash your hands, you put your mask, how to put your mask, what not to do with the mask, if you touch it, you have to wash your hands, and the way you put it in the garbage. So, you're going to have this information.

And you will find in different videos, if you Google «mask», all kinds of recipes to do it. We have chosen one... two : one with «sewage», one without «sewage». So, it's easy with elastics that you can use for your hair. You can use them with, I would say, a piece of cotton. It's nice to be... it's two-side pieces, something that you can have some air in between. It's easy to do. You put it in your face and you use it.

But don't forget, I'm going to be a crazy guy always repeating the same thing, wash your hands, wash your hands, keep your distances. But, if you cannot, wear that kind of mask. That will be OK for you.

Le Modérateur : Thank you very much. So, now, for a question, we'll start today with Cathy Senay, CBC News.

Mme Senay (Cathy) : After this colorful presentation, good afternoon. Premier Legault, the crisis in the CHSLDs was hard enough for you to watch that you say : OK, I'm thinking about taking over all CHSLDs, even the private ones. You're at that stage?

M. Legault : I think I don't exclude that. So, I'm looking at this scenario to bring back all CHSLDs in the public sector. A reason for that is there's a part to the services that is about health care. We're proud to have, in Québec, a strong public health care sector. Everybody, rich or poor, they have access to those services. And that's why we're looking, because I want to make sure that, in the future, we'll have nice places with a lot more space. We will call them «maisons des aînés». We'll have a lot more nurses and workers. And I want to make sure that the quality of service is the best. I think that our elderly, we owe that to them.

Le Modérateur : Second question.

Mme Senay (Cathy) : Second question is regarding what you said about keeping patients that should be returned to CHSLDs. We're keeping them in the hospitals. Don't you think you're just basically putting the source of the fire somewhere else, and there are dangers to this?

M. Legault : No. We were expecting up to 7,000 people in our hospitals having the COVID-19. We're only at 1,400 at this time. And honestly, in the 1,400, we have many of them that are ready to go back to CHSLDs. But, because of the situation in CHSLDs that is tough and because we have so few numbers of people in our hospitals, I think, for now, short-term, it's better to keep some of them in the hospitals.

Mme Senay (Cathy) : ...the situation under control?

M. Legault : Yes, and it's under control.

Le Modérateur : The next question has been sent by Phil Authier, Montreal Gazette. It's a question for Mr. Legault and Mr. Arruda. For some Quebeckers, your message, Thursday, about mass immunization is hard to understand. After telling Quebeckers to stay home, now the message, is it : We'll be OK for the virus to spread, even among children? What more can you say to ease the fears of many people?

M. Legault :OK. I think that the reason why, since six weeks, I'm asking people to mainly stay at home is because the evolution was too fast of the number of cases, the number of deaths, and we needed, for a certain period of time, to slow the spread of the virus. But we know very well that we won't have a vaccine until a year or two, most probably, so we cannot ask people to stay inside for a year or two. But what we need to do is to gradually, and that's the important word, gradually, let people going out, let children going out, let the people that are not at risk, which means under 60 years-old, because, still, in all the deaths we have in Québec, 97% are people of 60 years-old or more. So what we are doing is to gradually reopening life, reopening companies, reopening schools and we'll test every week to see if we are not going too fast. But you'll see, in the plan that will be tabled next week, that it will be done gradually. We are not talking about opening next week, we are talking about a plan to reopen over many weeks.

Le Modérateur : Thank you. Phil's second question is for Minister McCann. Many families are concerned about their parents and grandparents living in residences. We have asked the ministry for a breakdown of deaths in specific residences. Your officials say they do not have this information, which seems quite basic. Can you fix this problem so that the Government is more transparent?

Mme McCann : Yes, we do have it and Public Health has the information too, so we can provide that information by residence, certainly.

Le Modérateur : Thank you. Next question is from Raquel Fletcher, Global News, for Mr. Legault. You really, really scared people into staying home. Quebeckers have respected the order to stay home better than all other Canadians. How do you get people to go back to school and work now?

M. Legault : OK. I'll try to re-explain what I said, maybe with my figures. Six weeks ago, we were... the virus was spreading very fast, at least two for one. So it means one people infecting two, then four, then eight, then 16, then 32. So what we wanted is to stop that, to stop this too fast increase. But it doesn't mean we have to stop completely everything because there is no vaccine. So what we want is to have more people that are immunized.

So it means that, if, for example, we have 50% of the population that are immunized, supposing that the factor is two, it means that then, we would have one people infecting one people, infecting another one people. So, then, the situation is under control. But it doesn't mean that we stop everything. We just have to slow the spread, slow the increase that was too fast.

Mme McCann : If I may add, from a health care perspective, that people over 60, as you mentioned, Mr. Prime Minister, and also people with chronic disease of all ages should be extra careful and follow the guidelines that we've given from the beginning.

Le Modérateur : Thank you. And now the second question. Stores are using very different safety protocols in the name of protecting clients and staff. Are stores allowed to ban healthcare workers to protect other clients and staff? What can be done to make it clear to merchants what... can and cannot do?

M. Legault : Well, it's a question of judgment. We want that everybody in stores respect the two meters between people, so sometimes you have to close the door in order to maintain this two meters. But it's a question of judgment. Sometimes, you can... everybody... it depends on the size of the store. But the key is really : Make sure that employees and customers, they always keep two meters between them.

Le Modérateur : Dr. Arruda.

M. Arruda (Horacio) : Let me add also that all kinds of enterprises or workplaces will have specific information about what they can do. Experiences from one good place, best practices can be shared with others. And, if there is no compliance to that issue, CNESST inspectors could stop or close something. So, I think we're going to help the industry, we're going to help those places to know what to do, and there's going to be sharing of good experiences. And, if there are some issues, we will have the power of the CNESST to do inspections and make sure that people respect those recommendations.

Le Modérateur : Thank you. And now two last questions for CTV News. CTV Montreal has spoken with a healthcare worker who has recovered from COVID-19, but it has taken more than a week for him to get an appointment for a test to prove he is COVID-free. In the meantime, he can't work. Should healthcare workers be given priority for testing?

Mme McCann : Absolutely, healthcare workers, but also people who are in hospitals and in CHSLD. I find it's very long, a week. So, maybe I'll look into that a little bit more. Dr. Arruda?

M. Arruda (Horacio) : Yes, I think it's not acceptable. And we've got the capacity. I don't want to comment on a specific story, what it was exactly what happened, but they must have the results as soon as possible.

Le Modérateur : Thank you. And as a very last question, the CIUSSS Centre-Sud is not allowing caregivers into its CHLSDs. How can this be allowed when there are staff shortage and when the Government announced earlier this month that caregivers will be allowed?

Mme McCann : Well, it's a case-by-case or a situation-by-situation, but the general message is that care workers can be allowed to come in and help, and it's a case-by-case because every organization has to see the implications. But we discussed this with Dr Arruda, Mr. Legault, this morning and we have to be «souple», open, more open for the «proches aidants» to come in.

So we'll discuss this again with the people responsible of the organizations. And I understand that in Montréal... because the Montréal and Greater Montréal is living a different situation than elsewhere in the province. There are issues. So we will make a point to really talk with the directors general again and really stress that they have to open up a little bit more to the «proches aidants». I think...

M. Arruda (Horacio) : ...I just want to tell you that by 11 :30, as we met with the PDGs, we tell them. So as we... The decision that we have taken this morning is always... already a share. We are going to action after...

Le Modérateur : So thank you all. Merci à tous. C'est ce qui complète pour ce point de presse. On vous souhaite un bon weekend et à lundi.

Des voix : Merci.

(Fin à 14 h 4)

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