(Treize heures cinq minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour à tous. Chers collègues, bienvenue à cette conférence de presse pour
faire le point sur la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier
ministre du Québec, M. François Legault, est accompagné aujourd'hui de la
ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme Danielle McCann, et du
directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda.
Alors, M. le premier ministre, à vous la
parole.
M. Legault : Oui. Bonjour,
tout le monde. Bon, d'abord, vous remarquez que j'ai des lunettes. J'ai vu que
le Dr Barrette a dit qu'il avait remarqué, depuis quelques jours, que
j'avais un problème avec mon oeil gauche. Il a à moitié raison. C'est mon oeil
droit. Et je veux vous dire que ce ne sont pas des lunettes roses.
Je veux revenir sur le port du masque.
D'abord, vous dire, celui que je porte — il ne faut pas toucher au
matériel, c'est ça que j'ai compris hier — a été fait par Tricots
Maxime à ville Saint-Laurent. Donc, bravo! Ils en font beaucoup. Et donc, oui,
je suggère fortement à tous les Québécois de porter un masque quand ils sortent
de chez eux.
Évidemment, la question qui est beaucoup
revenue, depuis hier, c'est : Pourquoi on ne rend pas le masque
obligatoire, par exemple, dans les transports en commun? Et la réponse, bien,
la plus importante, la plus pertinente, c'est qu'il faut que les masques soient
disponibles.
Je vous donne juste un chiffre. Dans le
métro de Montréal, en temps normal, là, on n'est pas en période normale, mais
en temps normal, il y a 500 000 personnes par jour qui passent dans
le métro de Montréal. Donc, ça veut dire que, si on voulait fournir des masques
à tous les Québécois qui utilisent les autobus, le métro partout au Québec, on
aurait besoin de dizaines de millions de masques.
Puis, en plus, bon, il y a la partie
légale. Non seulement il faut fournir les masques, mais il faut aussi que ça
soit des masques de qualité parce qu'il y a beaucoup de sortes de masques. Il y
en a qui protègent plus. Il y en a qui protègent moins. Juste vous dire… On
travaille très fort actuellement. On a une équipe qui est là-dessus depuis
plusieurs semaines pour travailler avec des compagnies québécoises qui pourraient
éventuellement nous fournir des dizaines de millions de masques, mais ça va
prendre encore quelques semaines. Donc, on n'ose pas même me donner une date,
mais on dit : Ça ne sera pas avant le 1er juin.
Donc, c'est la raison essentielle, là. On
va aider, là… Demain, je vois la mairesse de Montréal, Valérie Plante. On
est prêts à financer les masques. Mais il faut s'assurer que les masques de
qualité soient disponibles avant de penser à mettre ça obligatoire. Par contre,
bien, je veux inviter les Québécois, là… Il y a beaucoup d'exemples sur les
médias sociaux. Vous pouvez assez facilement fabriquer votre propre masque. Et
je vous invite à aller sur différents sites Web. Il y en a beaucoup,
d'exemples, là, de comment fabriquer un masque.
Donc, je reviens au bilan du jour. On a
maintenant 89 décès, un total de 3 220. Donc, d'abord, j'offre
évidemment mes condoléances à toutes les familles, à tous les proches. Puis je
veux peut-être dire aussi aux familles des victimes que, ce matin, à l'Assemblée
nationale, tous les députés qui étaient présents ont observé une minute de
silence. Et puis aujourd'hui on a mis le drapeau du Québec en berne en hommage
à toutes les victimes, là, donc, sur le mât de notre parlement. On a
aujourd'hui 39 931 cas. C'est une augmentation de 706. On a
1 876 personnes hospitalisées, 35 de plus, 194 aux soins intensifs,
une augmentation de huit.
Un autre sujet sur lequel je veux revenir,
ce sont les tests. Les fameux tests, c'est important. Ça fait partie des
conditions de l'OMS pour être capable de réouvrir. D'abord, je veux situer le
débat, là. Aujourd'hui, le Québec a fait, depuis le début de la crise, 43 000 tests
par million d'habitants. Je vous donne des exemples, en Ontario, on en a fait
31 000, en Allemagne, 33 000, aux États-Unis, 30 000, en France,
21 000. Donc, le Québec est un des endroits au monde où, jusqu'à présent,
on a le plus testé de personnes. Par contre, par contre, puis je ne veux pas me
sauver, on faisait 6 000 tests par jour, on vous a dit, il y a à peu
près une semaine, qu'on voulait augmenter de 6 000 à 14 000, or on
est monté à 9 000, 10 000 vendredi, mais là on est revenus à
9 000. Je veux juste vous dire que je n'accepte pas ça. Je ne suis pas
content, je l'ai dit aux personnes concernées, puis j'espère, dans les
prochains jours, qu'on va être capables d'augmenter à 14 000 tests.
Ça veut dire mieux s'organiser, puis ça veut dire aussi mieux informer la
population dans les différents quartiers, entre autres, de Montréal, de la
disponibilité des tests. Donc, je prends une partie du blâme en disant :
Il faut mieux expliquer que les tests sont maintenant disponibles à grande
échelle. Donc, ça, c'est pour les tests. Je veux juste vous dire, là, je suis
le dossier personnellement. Donc, je regarde ça moi-même.
Bonne nouvelle, pour la troisième journée
de suite, on a des employés qui reviennent de congé de maladie, donc qui
reviennent dans le réseau de la santé. Juste hier, on en a eu 250, employés qui
sont revenus dans le réseau de la santé. Évidemment, il faut que ça continue,
et... Mais ça, c'est quand même une bonne nouvelle.
Une autre bonne nouvelle, et puis je ne
veux pas scooper ma collègue Isabelle Charest, mais, cet après-midi, avec le
Dr Massé, elle va annoncer qu'on va permettre les sports individuels où il
n'y a pas de contact. Je vous donne deux exemples, le golf et le tennis. Je
pense, ça va faire du bien à beaucoup de monde. Moi le premier, je pense que je
serais dû pour un bon match de tennis avec un de mes deux gars, tout en n'étant
pas trop sûr que c'est moi qui va gagner, mais bon, ça, c'est une autre
affaire.
Un mot sur l'ouverture de l'Assemblée
nationale. Donc, après deux mois, on a eu aujourd'hui notre première période de
questions. Je pense, ça s'est bien passé, il y avait un bon ton de collaboration.
Je veux en profiter, comme je l'ai fait à l'Assemblée nationale ce matin, pour
saluer, féliciter la nouvelle cheffe du Parti libéral, Dominique Anglade,
remercier aussi le chef intérimaire, Pierre Arcand, qui a été là pendant la
période intérimaire.
Et mes remerciements du jour justement
vont être pour tous les députés de l'Assemblée nationale. C'est important, le
rôle des députés. Ce sont les 125 députés qui ont la responsabilité
d'écouter les citoyens de leur comté puis d'amener les préoccupations des
citoyens de leur comté à l'Assemblée nationale. Donc, c'est sain qu'on critique
le gouvernement. Pas toujours facile de se faire critiquer, mais on finit par
un petit peu s'habituer, et c'est sain pour la démocratie. Puis moi, je veux
justement remercier tous les députés, tous les partis politiques. On a eu,
depuis deux mois, une belle collaboration. Puis c'est important que ça se
poursuive. C'est ensemble qu'on va sortir de cette crise-là. Et, bien, je suis
content de voir que notre Parlement national fonctionne bien, et on en a eu un
exemple ce matin.
Je termine en vous disant… en revenant un
peu sur les consignes puis la suite des choses. C'est assez évident que, dans
les prochains mois, même, peut-être, les prochaines années, il n'y aura pas de
vaccin. On va être obligés d'apprendre à vivre avec le virus. Puis, si on veut
revenir le plus rapidement possible à une vie un peu plus normale, bien, c'est
important de suivre les consignes. Donc, on ajoute le masque, mais on n'oublie
pas non plus de toujours garder deux mètres de distance avec les autres
personnes, se laver les mains régulièrement. Et moi, je suis convaincu, puis
les Québécois l'ont montré depuis le début, ils sont capables de suivre les
consignes. On est capables, ensemble, les Québécois, de la gagner, cette
bataille contre ce virus et d'être capables éventuellement de revenir à une vie
plus normale. Donc, je compte sur vous, tous les Québécois. On est capables de
passer à travers et de revenir à une vie un peu plus normale.
Good afternoon. First, I
want to talk again about our recommendation of wearing a mask. For the moment,
we won't make it mandatory. We first want to make sure masks are available to
all the population. But I'd like Quebeckers to make a habit of wearing one in
public. If a majority of people do so, it will help us get back to a more
normal life.
I also want to say a word
about our testing capacity. We are one of the places that test the most in the
world, but we were supposed to increase from 6,000 to 14,000.
Unfortunately, we didn't deliver. We are now at 9 000, so I am not happy.
I have told the responsible people that we have to reach the 14,000 a day in
the next few days.
So, I repeat our three
rules for when you go out : you keep your distances, you wear a mask and
you wash your hands when you come back. I'm counting on you all. Thank you.
M. Gagnon (Marc-André) :
Merci, M. le premier ministre. Alors, vous avez vu, aujourd'hui, je porte le
masque. Je vais faire changement de l'habitude et je vais poser la première
question. Donc, Marc-André Gagnon du Journal de Québec et du Journal
de Montréal.
J'ai bien entendu vos précisions en
ouverture, là, sur les masques et la quantité qui serait nécessaire pour le
rendre obligatoire. Mais il reste qu'à chaque fois que vous nous avez...
Écoute, il y a eu la question du masque, vous êtes toujours revenu avec
l'argument légal, vous avez dit ça aussi encore ce matin au salon bleu. Mais
pourquoi ne pas nous avoir dit plus tôt qu'au fond, bien, c'est la question de
la disponibilité, là, qui explique la position de votre gouvernement sur le
masque? Et, à partir du moment où ça va être disponible, est-ce que vous allez
l'imposer, par exemple, dans le métro de Montréal?
M. Legault : Bon,
d'abord, c'est important de le dire, il y a une question de disponibilité mais
il y a une question aussi... Jusqu'à présent, la Santé publique en avait fait
une recommandation mais pas une obligation. Donc, on se fie aussi à ce que dit
la Santé publique. Donc, de ce côté-là, c'est très clair.
Pour ce qui est de la suite des choses, on
va commencer par s'assurer que les masques sont disponibles en grande quantité.
On va regarder aussi comment les consignes sont suivies par les Québécois avant
de rendre ça obligatoire. Et, pour ce qui est de la partie juridique, bien,
effectivement, il faut avoir des masques de qualité disponibles pour être
capable de l'obliger. Mais je pense qu'on est capable de passer par-dessus
l'aspect juridique comme on l'a fait pour le confinement dans les maisons.
Donc, un, s'assurer d'abord que c'est disponible; deux, s'assurer, si c'est le
cas, que la Santé publique demande que ça devienne obligatoire.
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, puis, si vous me permettez, en fin de compte, quand on fait une analyse
juridique, on regarde tous ces éléments-là, là. Quand on parlait des éléments
juridiques, c'est la disponibilité, la non-discrimination par rapport à
certains groupes, l'efficacité de notre mesure, puis etc. Ça fait que c'était
dans cette perspective-là que ça été dit.
Puis en plus, ce qu'on peut dire aussi,
c'est que le mouvement ou... de l'intégrer comme un élément... non plus de dire
que c'est efficace à 100 %, mais ça fait partie de l'étiquette
respiratoire, c'est une norme sociale qu'on peut maintenant décider d'imposer
comme telle. Mais, à la limite, tous ces facteurs-là, parce qu'il n'y a jamais
une seule raison, tous ces facteurs-là font partie d'une analyse légale par
rapport au fait de rendre disponible ou pas.
M. Gagnon (Marc-André) :
Merci. Maintenant, ma deuxième question est aussi pour vous, M. le premier
ministre.
Vous avez formé, avec des ministres de
votre cabinet, de votre gouvernement, donc, un groupe d'action, hein, pour la
relance économique. Ça, c'était il y a un mois et demi. Vous aviez dit que tous
vos engagements seraient revus en fonction de leur impact sur la relance. Vous
avez déjà rejeté l'idée de mettre de côté le troisième lien. Or, là, vous
souhaitez toujours poursuivre le déploiement de la maternelle quatre ans malgré
la pandémie.
Donc, finalement, est-ce qu'il y a des
projets que vous allez laisser tomber pour éviter qu'on se retrouve, là, en
bout de piste, avec un déficit qui serait trop difficile à rattraper?
M. Legault : Bon,
d'abord, pour tout ce qui était prévu pour la durée du mandat, il n'y aura
aucun projet important qui sera mis de côté. Donc, toutes les promesses
électorales, les engagements qu'on avait pris pour la durée du mandat vont être
respectés.
Maintenant, on continue d'analyser, sur
une période de 10 ans, les investissements. Est-ce qu'on peut revoir
certains investissements qui sont plus loin dans la période de 10 ans pour
être capable de tenir compte du fait qu'on va quand même avoir un déficit qui
va augmenter notre dette? C'est dans le processus d'analyse, mais, pour
l'instant... et on a conclu que, pour ce qui est de la durée du mandat, tous
les engagements qu'on avait pris vont être respectés. Donc, il n'y a rien qui
est reporté.
Le Modérateur
: Merci.
Prochaine question, Valérie Gamache, Radio-Canada.
Mme Gamache (Valérie) :
Bonjour, M. Legault. Contente de vous retrouver, d'abord. Ensuite, je
voudrais vous demander... ce matin, retour à l'Assemblée nationale, il y a
entre autres Marguerite Blais qui a tant bien que mal tenté de répondre aux
questions des oppositions. Certains disent : Bien, dans le contexte où
vous voulez réformer les CHSLD, ce n'est peut-être pas la personne la mieux
placée. Et certains vont même jusqu'à dire qu'actuellement elle a une fonction
décorative dans cette crise.
Est-ce que vous avez toujours confiance en
Mme Blais pour mener ce dossier-là?
M. Legault : Oui,
absolument. J'ai confiance en Marguerite Blais pour mener à terme ce
dossier-là. Elle le connaît tellement bien. Et je veux peut-être rapidement
quand même rappeler ce qui s'est fait depuis un an et demi.
On avait promis, en campagne électorale,
de mieux financer les CHSLD, de revoir aussi les salaires des personnes, entre
autres les préposés aux bénéficiaires, dans les CHSLD. Depuis un an et demi, on
a augmenté, de façon importante, les budgets des CHSLD. On a mis en branle...
Marguerite Blais a mis en branle aussi tout le projet des maisons des aînés, où
on veut avoir plus d'espace avec, au total, moins de résidants dans chaque
maison des aînés. Et bon, là où, peut-être, ensemble, comme gouvernement, qu'on
a fait une erreur, c'est qu'on a attendu la négociation à la fin de la
convention collective qui se terminait le 31 mars 2020 pour revoir les
salaires des préposés aux bénéficiaires.
Ce qui est arrivé dans le fond, c'est
qu'on a investi des... bien, on a investi... on a augmenté les budgets des CHSLD
de plusieurs centaines de millions, mais on a affiché des postes qui n'ont
jamais été comblés. Donc, c'est un défi. Ce n'est pas simple, négocier, là,
vous en parlerez au Dr Barrette, négocier avec les syndicats pour avoir
des augmentations de salaire spécifiques pour les préposés aux bénéficiaires.
Mais moi, je suis déterminé à y arriver, même si ça doit être fait de façon
unilatérale.
Mme Gamache (Valérie) :
Pour ce qui est du port du masque, vous dites : On n'en a pas suffisamment
pour le rendre obligatoire. Est-ce qu'il y a des démarches qui seront
entreprises par le gouvernement, justement, pour s'en procurer de ces
masques-là? Et, si c'est le cas, comment ça va se faire?
M. Legault : O.K. On est
en discussion avec plusieurs entreprises québécoises. Notre priorité, au début
des deux mois, là, qu'on a vécus, c'était d'abord l'approvisionnement en
masques pour notre réseau de la santé, donc les fameux masques N95, les
masques chirurgicaux. Donc, de ce côté-là, on a quand même une assurance. Là,
on a 30, 40 jours de réserves, là, pour ces masques-là. Donc, ça, c'est
sous contrôle.
Maintenant, pour la population, bien,
comme je vous le disais, ça prend des dizaines de millions. Donc, il y a des
compagnies qui nous disent : Bien, je peux vous en livrer 500 000,
un million. Juste dans le métro de Montréal, on ne fait même pas une
semaine avec ça, là. Donc, il faut accélérer. Moi, j'ai confiance que, disons,
d'ici un mois, on va être capable, au Québec, de fabriquer des masques pour la population
pour que tout le monde qui en veut puisse les porter.
Le Modérateur
:
Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) :
Bonjour, M. le premier ministre, Mme la ministre, M. Arruda. Bien,
justement, sur la même question des masques, je m'explique mal comment ça se
fait qu'on se prenne aussi tard pour aller acheter des... se procurer des
masques pour le transport en commun. Le métro de New York en a des millions. À
Paris, on en a 2 millions qu'on distribue dans 400 gares en ce
moment.
Des masques, comment ça se fait que, nous
autres, on ne les a pas encore? Est-ce qu'on s'est pris trop tard pour aller
chercher ces masques-là? Pourquoi c'est plus long chez nous qu'ailleurs?
M. Legault : Bien, ce
n'est pas plus long chez nous qu'ailleurs. D'abord, si vous faites une
recension, Paris, par exemple, ou l'Allemagne, ils ont donné
150 000 masques. Il faut, à un moment donné, regarder combien de
masques ont été donnés. Nous autres aussi, demain matin, on pourrait donner
500 000 ou 1 million de masques, là. Mais, après-demain, qu'est-ce
qu'on ferait?
Donc, il y a eu une course aux masques,
d'abord, à l'international. Vous l'avez vécue dans les deux derniers mois, tout
le monde cherchait des masques. Et je ne pense pas qu'on soit... je suis
convaincu qu'on n'est pas différents d'ailleurs dans le monde. Tout le monde
cherche des masques. Bon, évidemment, à New York, les gens portent beaucoup des
masques faits maison. Moi, j'invite les Québécois à se faire des masques
artisanaux le plus possible. Mais je mettrais au défi, là, je vous mettrais
défi, M. Lacroix, de me trouver 25 millions de masques ou même 10 millions
de masques, vous verriez, là, que ce n'est pas aussi simple que vous le pensez.
M. Lacroix (Louis) :
...mon travail non plus, je pense, de trouver des masques, là. Je ne pense pas
je sois spécialisé là-dedans non plus.
Vous avez dit tout à l'heure que vous
allez regarder ça, bon, on va regarder comment se comportent les Québécois
avant d'obliger. Est-ce que ça veut dire qu'on se dirige vers l'obligation, M. Legault?
Est-ce que ce que vous attendez, c'est de voir comment les gens vont réagir à
cette recommandation que vous faites depuis maintenant quelques jours avant de
voir si on l'oblige ou non?
M. Legault
: Oui,
bien, d'abord, je vous rappelle, on a commencé à recommander le port du masque
le 24 avril, donc ça fait déjà un certain temps. On ne l'a pas obligé. Je
pense qu'évidemment, avant d'obliger le port du masque, par exemple, dans les
transports en commun, il faudrait avoir une recommandation de la Santé publique
qui va dans ce sens-là. Pour l'instant, on n'a pas d'indication de la Santé
publique que ça doit être obligatoire. Je ne l'exclus pas, on ne l'exclut pas,
mais, pour l'instant, on n'est pas rendus là.
Puis, oui, je veux qu'on voie... puis je
pense que de porter, depuis deux jours, un masque en venant en conférence de
presse, je pense, ça envoie un signal aux Québécois, là. Je vois que certains
journalistes le portent aujourd'hui. Je pense qu'on va en voir de plus en plus,
des gens porter le masque. Est-ce que ça deviendra obligatoire? Est-ce que ça
deviendra nécessaire que ça soit obligatoire? Bien, ça, on va suivre la
situation dans les prochains jours, les prochaines semaines puis on va d'abord
s'assurer qu'on a des masques de disponibles pour tout le monde.
Le Modérateur
: Olivier
Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) :
Bonjour à vous trois. Mme McCann, j'aimerais savoir où en sont les travaux
du comité d'experts que vous avez nommé il y a environ un mois, si je ne me
trompe pas.
Mme McCann : Bien, ils
sont très actifs, ils sont en lien avec nous et ils ont fait plusieurs
recommandations. Je pense que c'est près de 20 recommandations qu'ils ont
faites à ce moment-ci, et on suit ces recommandations-là. Alors, c'est un
groupe d'experts qui est très actif, et ils ont fait des recommandations au
niveau des CHSLD, évidemment, parce que c'est plusieurs gériatres, hein? Alors,
c'est très aidant. Ils sont très en lien avec l'équipe de Mme Blais, la
ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, et je dois vous dire que
c'est très constructif. Ça nous aide dans les différents dossiers, notamment le
dépistage, les équipes dédiées, la prévention des infections.
Alors, c'est un apport vraiment
intéressant à l'action qu'on veut faire, et ils sont là avec nous pour un bon
bout de temps, parce qu'on le sait, hein, toutes ces choses-là, on doit les
faire à long terme.
M. Bossé (Olivier) :
M. Arruda, on vient de dépasser les 2 000 décès dans les CHSLD
en deux mois environ. Pouvez-vous nous... Pour avoir un ordre de grandeur,
au mois de mars, avril 2019, il y a combien de personnes, environ, qui sont
décédées dans les CHSLD? Je sais que vous n'aurez pas de chiffre précis, mais
juste pour nous donner une comparaison.
M. Arruda (Horacio)
:
Je pense que c'est clair qu'il y a probablement... il y a un excès par rapport
à la période. Je ne suis pas en mesure de vous le quantifier, parce que j'ai
regardé il y a quelques semaines, puis c'est un élément qui est très important
parce qu'il faut voir... On sait qu'il y a de la mortalité puis il y a de la
surmortalité. La surmortalité est associée au COVID, puis on regarde combien
elle a contribué en plus.
Mais je pourrai faire l'analyse puis
éventuellement vous la montrer pour que vous puissiez le voir. Et ça va être
une donnée excessivement importante si on veut être aussi en mesure... avec
toutes les limites que ça peut comporter encore dans les comparaisons, parce
que ce n'est pas tous les systèmes qui sont pareils, mais pour réajuster, pour
les phénomènes de déclaration, non-déclaration, entre pays. Je pense que ça va
être important qu'on le voie comme tel, particulièrement dans les pays qui sont
dans le même hémisphère, qui ont vécu à peu près la même saison grippale, je
pense, ça va être important de le voir.
Le Modérateur
:
Alain Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) : M.
le premier ministre, Mme la ministre de la Santé, M. Arruda, vous nous
avez habitués dès le début en disant, et c'est le directeur national de l'OMS
qui le disait : On doit faire quelque chose rapidement plutôt que de ne
rien faire. Est-ce que le port du masque, c'est trop tard à Montréal?
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, la contribution la plus importante, à mon avis, à réduire
l'épidémie... et là je parle de... ce n'est pas le port du masque dans la
communauté, si vous me permettez, ça a été les mesures de confinement puis de
distanciation sociale. Je ne... sans nier que le masque est un outil,
particulièrement quand il y a une grande circulation communautaire. Je ne veux
pas dire qu'à Montréal il n'y a pas eu de circulation communautaire, mais elle
n'a pas été aussi intense qu'elle l'aurait été, si on n'aurait pas fait de
confinement. On a le drame des CHSLD, on a le drame, je vous dirais, des
travailleurs de la santé qui ont été infectés, qui ont peut-être infecté des
îlots.
La contribution du masque, à mon avis, est
un outil supplémentaire, mais qui, encore, ne remplace pas l'hygiène des mains,
puis etc. Le mouvement associé au port du masque dans les sociétés
occidentales, c'est quand même relativement récent. Même l'OMS ne le
recommandait pas au début, l'ont recommandé. Le CDC l'a recommandé, ne le rend
pas obligatoire.
Si on pourrait faire tout l'historique
dans le temps comme tel, moi, je pense que le port du masque... Est-ce que
c'est trop tard? Je ne sais pas jusqu'à quel point le masque, dans la
communauté, pratiqué au Québec, à une phase où on était confinés, aurait évité
de morts? Je ne suis pas capable d'être en mesure de vous le dire. Est-ce qu'il
en aurait évité deux, trois, quatre, cinq, 1 000? Je ne pense pas que ça
aurait été à ce niveau-là.
Maintenant que le Québécois a appris à se
laver les mains, à comprendre les mesures... d'éléments, je pense que l'ajout
du masque comme méthode, je vous dirais... Puis là il faut que vous compreniez
aussi qu'on était en pénurie de masques... passer le message aux gens que ça
leur prenait un masque alors qu'on avait une pénurie de masques puis on n'avait
pas encore travaillé toute la question des masques de couverture. Je pense
qu'en termes de timing, c'est le temps. D'ailleurs, le 24 avril, je l'ai
fortement recommandé. On a fait des vidéos, on vous a démontré comment on peut
le faire avec un foulard, puis etc.
Maintenant, pour le rendre obligatoire
puis pour que tout le monde le fasse, pour que ça devienne une norme sociale,
ça prend aussi la collaboration de la population, et je pense que ça fait
partie d'une étape normale d'habituer les gens à faire les choses. C'est ce que
je peux dire pour le moment.
On verra l'histoire, on verra avec les
évaluations puis peut-être, éventuellement, voir comment ça va être un bon outil,
mais ça ne demeure pas un instrument dont les données probantes font... puis là
je parle purement scientifiquement parlant, mais je vous dirais que,
probablement même, par contre, l'effet psychologique ou l'effet de dire :
L'autre ne porte pas de masque, je vais me rapprocher pas trop de lui, puis
etc., est un facteur de distanciation sociale qui va être plus important que
l'efficacité du masque lui-même.
Ça fait que c'est pour ça que je pense
que... moi, je pense qu'on le recommande fortement. J'en porte un. Quand je
vais être à Montréal, je vais me déplacer entre les endroits, je vais être
cohérent, je vais en porter un pour donner l'exemple. Mais jusqu'avant, ni
moi-même, ni personne dans ma famille, je recommandais... Je recommandais à la
population exactement ce que je recommandais pour ma famille, compte tenu de sa
protection. Mais aujourd'hui, dans le constat actuel, moi, je pense que les
Québécois, s'ils veulent à la fois... si deux en portent, les uns se protègent
mutuellement. Je pense que ça va devenir une norme sociale, à mon avis.
Puis on verra la question, là, de le
rendre obligatoire ou pas quand on sera rendus avec les conditions, parce qu'on
ne veut surtout pas augmenter les inégalités de santé, c'est-à-dire que les
riches qui ont accès aux masques... puis là je fais une image exagérée. Même si
c'est peu coûteux, même si ça semble simple, pour certaines clientèles, ça peut
être pas facile, et je pense qu'on doit respecter aussi l'équilibre dans la
santé.
M. Legault : Peut-être rajouter,
moi, je suis un peu inquiet actuellement de la situation qu'on va vivre dans
les prochaines semaines dans le transport en commun. Je pense que, dans le
transport en commun, on peut rester plusieurs minutes en présence de quelqu'un
d'autre puis on peut parfois être à moins de deux mètres. Par contre, dans les
derniers mois, il y avait très peu de monde dans les métros, les autobus, donc
ça m'inquiétait moins. On le sait, à Montréal, pour l'instant, on n'a pas
choisi de réouvrir les commerces, les écoles. Les écoles secondaires où il y a
beaucoup de jeunes qui prennent l'autobus, le métro, ça va seulement être en
septembre.
Donc, au fur et à mesure, dans les
prochaines semaines, où il y aura plus de monde dans le métro puis dans les
autobus, là, ça deviendra vraiment important, le masque. Mais je ne pense pas...
En tout cas, moi, je ne sentais pas, dans les dernières semaines, compte tenu qu'il
n'y avait pas beaucoup de monde dans le transport en commun, je pense que
c'était important d'entrer dans la tête des gens que le deux mètres, là, c'est
la clé. Et c'est plus difficile, le deux mètres, dans le transport en commun,
surtout si le transport en commun, il y a beaucoup de monde dans les autobus
puis les métros.
M. Laforest (Alain) :
...précision parce que, vous l'avez dit, c'est pour ça que je le porte aujourd'hui,
il y a beaucoup de monde à l'Assemblée nationale, dont des gens qui viennent de
région où on est en zone rouge.
M. Legault : Il faut
juste faire attention, parce que ce que j'ai compris, c'est que, quand on
croise quelqu'un dans le corridor, là, on ne peut pas... en tout cas, ce qu'on
m'explique, on ne peut pas l'attraper, là, en passant quelques secondes à côté
de quelqu'un. Donc, c'est quand on est dans la même pièce — peut-être
ici, là, ça pourrait se poser comme question — pendant un certain
temps, où, là, les microbes peuvent se promener. Mais prendre une marche, se
croiser... Le masque, à mon avis, là, c'est quand on est à moins de deux mètres
pendant plusieurs minutes.
M. Laforest (Alain) : Ma
deuxième...
M. Arruda (Horacio)
:
Permettez-moi, juste vous dire, le 23 avril, je l'ai recommandé. Récemment,
je l'ai fortement recommandé.
Une voix
: 24.
M. Arruda (Horacio)
:
Le 23 ou 24. Excusez-moi, là, des fois, je ne sais même pas quelle journée on
est dans la semaine, donc j'ai de la misère à... Bon, donc, je l'ai fortement
recommandé. Ça fait que décodez ce que ça veut dire, fortement recommandé, mais
le rendre obligatoire, il y a des conditions qui ne sont pas au rendez-vous, notamment
pour les clientèles les plus vulnérables. Si vous pouvez vous aider les uns les
autres à vous en procurer... mais faisons-le aussi en attendant qu'on ait une
capacité manufacturière.
Le Modérateur
: Merci.
Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous trois. M. Legault, vous êtes un homme d'objectifs et de
plans. Vous aimez ça avoir des objectifs. J'aimerais savoir qu'est-ce que vous
espérez avoir comme résultats de la mission de deux jours que vous allez faire
à Montréal. Quels sont vos objectifs?
M. Legault : Bien, premièrement,
je veux rencontrer la mairesse de Montréal, les gens de la Santé publique à Montréal,
voir les contraintes, les défis, la situation. Je veux aussi rencontrer les P.D.G.
des CISSS et des CIUSSS. Donc, je veux savoir ce qui s'est passé, puis qu'est-ce
qui se passe actuellement, puis qu'est-ce qu'on peut faire pour les aider,
parce que, quand même, les P.D.G. des CISSS et des CIUSSS, bien, ce sont les
patrons des CHSLD... au moins les CHSLD qui sont publics.
Donc, j'ai beaucoup de questions à leur
poser sur ce qui s'est passé depuis deux mois puis ce qui se passe actuellement
puis de voir les façons où on peut les aider davantage.
M. Bergeron (Patrice) :
Par ailleurs, j'aimerais revenir sur la question des masques. Donc, vous avez
parlé de volume de masques que ça prendrait pour, par exemple, fournir le métro
de Montréal, mais est-ce que, d'abord, on a une idée de... On a combien de
masques en stock actuellement au Québec? Et combien que ça en prendrait
quotidiennement, au Québec, pour la région métropolitaine, là, en quantité de
masques? Parce qu'on parle du métro, mais il y a au-delà du métro aussi, là.
M. Legault : O.K. Bien,
c'est ça, là, c'est que, comme je vous disais tantôt, des N95 puis des masques
de procédures — c'est plus facile à dire — on en a pour 30
à 40 jours. Donc ça, c'est quand même sous contrôle. Puis on continue à
avoir des approvisionnements.
Bon, là, il y a plusieurs hypothèses sur
les masques pour la population, il y a des masques jetables puis il y a des
masques lavables ou réutilisables. On travaille sur les deux filières
actuellement. Disons qu'on pourrait avoir quelques millions de masques demain
matin. Mais on ferait quelques jours maximum avec ça. Donc, on est là pour
l'instant. Est-ce qu'on va réussir à aller chercher des dizaines de millions de
masques? Moi, j'ai confiance qu'on va y arriver dans les prochaines semaines,
dans le prochain mois. Mais là, on n'est pas là pour l'instant.
Le Modérateur
: Tommy
Chouinard, LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) :
Bonjour. M. le premier ministre, j'aimerais revenir sur l'enjeu des tests. Vous
avez dit que vous n'acceptiez pas la situation, que vous en avez parlé aux
personnes responsables. Je veux bien comprendre, parce qu'hier ou, en fait,
depuis quelques jours, pour expliquer l'augmentation moindre que prévu du
nombre de tests, vous disiez : Bien, les gens ne sont pas au rendez-vous,
les gens ne répondent pas à l'appel, alors qu'il y a des travailleurs de la
santé en CHSLD, des CHSLD où il y a des cas de COVID qui ne sont pas testés du
tout, on dit qu'il n'y a pas de directive à ce sujet. Donc, j'aimerais savoir,
à qui vous avez parlé, exactement, au sujet de cette question? Quelles
explications vous ont été données? Et qu'entendez-vous faire concrètement pour
corriger la situation?
M. Legault : Bon,
effectivement, là, vous avez des bonnes questions qui sont semblables à mes
questions que je pose aux gens qui sont responsables. Ce que je comprends,
c'est que les cliniques qui ont été installées, entre autres à Montréal, il n'y
a pas eu autant de personnes qu'on pensait qui s'inscriraient pour venir se
faire tester. Par contre, on a beaucoup de travail à faire encore dans les
CHSLD. Donc, ces gens-là, si on avait su que la population ne serait pas au
rendez-vous dans les quartiers chauds, bien, on les aurait mis dans les CHSLD.
D'ailleurs, c'est ce qu'on est en train de
faire, on travaille sur les deux côtés. On travaille sur l'organisation, donc,
où doit être le personnel qui fait les tests, il se situe où, là — on
espère que c'est là où il y a des besoins — puis il y a des besoins
dans la population, puis il y a des besoins dans le réseau de la santé. Donc
là, on est en train de répartir les personnes aux bons endroits. Mais
idéalement, moi, je voudrais être capable qu'on soit... je voudrais qu'on soit
capables de tout faire, donc, de bien tester dans la communauté, bien tester
aussi dans les CHSLD, entre autres.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Chouinard (Tommy) :
D'accord. Bon, il y a peut-être une partie de la question qui n'a pas été
répondue, mais peut-être que... Ma question va aller à Mme McCann,
peut-être que c'est peut-être un peu délicat d'y répondre, je ne sais pas.
Mme McCann, ça fait une dizaine de
jours que la liste des CHSLD et des résidences pour personnes âgées n'est
pas... a été retirée, où il y a des cas de COVID. Dites-moi, là, au moment où
on se parle, il y a combien de CHSLD et de résidences pour aînés où il y a un
cas de COVID? Combien il y en a-t-il qui ont au moins 15 % de cas? Combien
de CHSLD et de RPA sont dans une situation critique?
M. Legault : Bon, je veux
vous répondre parce que c'est un dossier que je suis de façon quotidienne.
Quand on regarde les résidences où il y a au moins un cas infecté, il y en a
332, O.K.? 109 CHSLD, 131 RPA, 72 RI puis 20 autres
milieux.
Donc pourquoi, et c'est la question que je
pose, pourquoi, puis je vais vous donner la réponse que j'ai eue ce matin, pourquoi
on ne l'a pas résidence par résidence, puis avec le pourcentage? C'est que les statistiques
ont été faites selon le nombre de lits. Donc on dit, on a tant de personnes
infectées divisées par le nombre de lits, ça donne... Est-ce qu'on est à
25 %, à 15 %? Donc, on sait qu'il y a des lits qui ne sont pas
occupés. Donc là, actuellement, ils sont en train de ramasser les données. On
m'a promis que, peut-être même cet après-midi, on aurait terminé au moins pour
les CHSLD.
Mais ce qu'on veut, là, ce qui nous manque
maintenant, c'est le dénominateur, c'est-à-dire le nombre de personnes
infectées. On les a. D'ailleurs, je vais vous les donner en plus du nombre. Il
y a 5139 personnes infectées, il y en a 2949 dans les CHSLD, 1162 dans les
RPA, 854 dans les RI, 174 dans les autres milieux.
Bon, là, ce qu'on veut, c'est de savoir
quel pourcentage ça représente, des résidents, et non pas quel pourcentage des
lits dans ces résidences-là. Donc ils sont en train de compléter ça, mais on
dit que, pour les CHSLD, on devrait être capables de mettre ça en ligne cet après-midi,
puis, pour les autres, demain.
Le Modérateur
:
...Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.
Mme McCann : ...
Le Modérateur
: Oui,
Mme la ministre peut-être...
Mme McCann : J'aimerais
ajouter... Vous, permettez...
M. Legault : Oui, oui,
allez-y.
Mme McCann : Alors, en
complément, en complément, on va vous donner une petite primeur, là, puis on
est toujours, toujours très prudents parce que ce n'est pas fini, mais vous
allez voir, dans le tableau, probablement, cet après-midi, on l'espère, que les
CHSLD qui sont dans une situation plus critique, les rouges, hein, les rouges,
le nombre a diminué. C'est ce que je veux vous dire, là, pour le moment. Il y a
en a autant au total, sinon plus, là. Il y en a 300, comme disait M. le premier
ministre, RPA et CHSLD, on s'entend. Mais, au niveau des rouges, hein, ceux qui
ont 25 % et plus de cas infectés, il y en a moins. Et ça, c'est parce que
des résidents guérissent aussi, hein? Il y a des résidents qui ont guéri.
Alors, ça, c'est une bonne nouvelle. Mais encore une fois on continue parce que
la situation est toujours difficile. Mais elle évolue un peu, puis on veut
qu'elle évolue davantage, évidemment.
Le Modérateur
:
Marie-Michèle Sioui... Oui?
M. Legault : Juste pour
être clair, encore plus clair, il n'y a aucune information qui est cachée, O.K.?
Moi, j'aimerais ça l'avoir, l'information que vous me demandez. Puis toute
l'information que j'ai, je vous la donne. Puis, dès que je vais avoir
l'information résidence par résidence, je vais vous la donner. Donc, il n'est
pas question de cacher, là. On est 100 % transparents, là. C'est ma marque
de commerce.
Mme McCann : Parce que
j'ai eu petite primeur étant donné que je suis la ministre de la Santé, puis il
y avait un petit peu de bonnes nouvelles. Alors, voilà.
Le Modérateur
: Alors,
Mme Sioui.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Vous avez fini? Vous êtes certains? Bonjour. Harold
LeBel, ce matin, en a parlé, là, a parlé des cas de personnes qui,
malheureusement, meurent encore seules. Il y en a eu beaucoup, des exemples
comme ça, individuels, du cas par cas, des situations où les directives ne
semblent pas se rendre. On vous a déjà demandé si l'information descend bel et
bien aux P.D.G., si elle descend bel et bien dans le réseau. En fait, la
question que je me pose, c'est… Les P.D.G. ont des obligations de moyens dans
le réseau. Qui a des obligations de résultats?
M. Legault : Non,
attendez une minute, les proches aidants, là… En haut, on a décidé pendant
longtemps qu'on ne voulait pas obliger les dirigeants des établissements
d'accepter les proches aidants. Donc, pendant longtemps, on s'est dit :
C'est la meilleure façon pour éviter la propagation du virus. Donc, on était,
en haut et en bas, responsables. La semaine dernière, avec Marguerite Blais, on
a renversé le fardeau de la preuve. On a facilité aussi les visites des proches
aidants. Ça a fait jaser un petit peu parce qu'on a dit : Maintenant, plus
besoin de tests, là. Il y a 2 600 résidences. Il y a des proches
aidants qui veulent voir leur mère, leur père, les aider à manger. Et on n'est
pas pour commencer, là, dans 2 600 résidences, à mettre un processus, là,
de tests. Donc, on va fournir l'équipement de protection, masques, blouses et
gants, et tout ce qu'on voudra, dépendamment si on est dans une zone froide ou
chaude, mais on va permettre aux proches aidants d'y aller. Et si jamais un
proche aidant se voit refuser l'accès à la personne qu'il veut voir, on veut
absolument avoir le rapport puis que l'établissement nous le dise.
Moi, ce qu'on m'a dit ce matin, c'est
qu'il y a huit dérogations qui ont été données seulement, donc huit résidences
CHSLD qui ont donné une dérogation pour des bonnes raisons pour, pendant un
certain temps, ne pas accueillir les proches aidants, mais, jusqu'à nouvel
ordre, toutes les résidences acceptent maintenant les proches aidants. Puis je
pense que c'est une question humaine, c'est une question d'équilibre entre oui,
éviter la propagation du virus, mais, après deux mois, il y a des
personnes qui ont besoin de voir leur famille puis, je pense, c'est juste
humain de le permettre.
Mme McCann : Puis c'est
une question de temps, parfois, de donner la formation, par exemple, puis que
l'établissement s'organise, là, hein. Pas pour des semaines, on se comprend,
mais peut-être pour une couple de jours. Mais les échos que, moi, j'entends,
entre autres, là, c'est qu'à certains endroits, puis je pense que ça, ça va
être général, les proches aidants sont très bien accueillis et même, ça fait du
bien au personnel, hein, on le sait, ça vient aider et ça fait du bien au
personnel que les proches aidants arrivent. Mais, ça prend un certain temps
pour s'organiser, donner la formation, mais on parle d'une couple de jours, on
ne parle pas de semaines, évidemment.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Arruda (Horacio)
:
Si vous me permettez, j'aurais l'information que M. Bossé a demandée
tantôt, là, la communication avec la montre est assez pertinente. Si vous me
permettez, au mois de mars, avril 2019, mars-avril 2019, donc, l'année
dernière, on avait 12 800 décès. Au mois de mars, avril 2020, on
est à 14 009 décès, donc ce qui fait une différence de
2 209 décès... à 2 220 ou... 2 209 décès, en fin de
compte, qui seraient en excès selon les données comparables dans les données de
décès.
Nous, au 30 avril, on vous avait mis,
dans notre système, 20-20, c'est-à-dire 2020. On a à peu près une différence,
je vous dirais, là, de 180 décès par rapport à l'excès. Un, il y a une
partie qui peut être un excès pas associé nécessairement au COVID-19, mais il y
a aussi le fait qu'au 30 avril on a encore des cas qui ne sont peut-être
pas revenus en arrière, de telle sorte... ce que ça vient de démontrer, c'est
que notre système détecte, probablement, la... on est proches de l'excès de
décès, donc, quelque part, notre système capte bien les décès comme tel. Donc
ça, c'est une bonne nouvelle, c'est ce qu'on dit depuis tout le temps, on a un
système qui capte bien les décès. On va voir, à la fin de quelques semaines,
s'il y a encore des décès qui s'ajoutent en mars, avril. C'est normal de ne pas
avoir exactement le même chiffre, mais on est à beaucoup moins de 10 % de
surmortalité.
Donc, il y a eu une surmortalité qui
correspond à 2 209 personnes, comparativement à 2 020, qu'on
vous a déclarées actuellement, là, ce qui donne à peu près 189, si je compte
bien, de différence.
Le Modérateur
: Merci.
Donc, on revient à Mme Sioui.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Je vais reprendre ma question. Est-ce qu'il y a
encore des gens qui meurent seuls? Et est-ce que, dans le réseau de la santé, tout
le monde a des obligations de moyens ou est-ce que, à quelque part, il y a des
gens qui ont aussi des obligations de résultat?
M. Legault
: Bien,
écoutez, moi, je m'attends à ce qu'il y ait des obligations de résultat
partout. Je comprends qu'à l'impossible nul n'est tenu, là. Pendant un certain
temps, il y a eu un manque de personnel important. Je pense que les postes sont
pas mal comblés actuellement, donc il n'y a pas de raison. C'est sûr que les
personnes qui sont là, incluant les soldats puis les bénévoles qui sont payés,
ils n'ont pas toutes les qualifications, peut-être, là, mais donner une
attention à une personne qui est mourante, là... Je pense que les services sont
donnés, puis les proches aidants de cette personne-là, bien, maintenant, ils
sont bienvenus.
Mme McCann : Puis il faut
se rappeler... vous permettez, M. le premier ministre. Il faut se rappeler
qu'au début de la pandémie on disait : Bien, on peut aller visiter quand
la personne est à la toute fin de sa vie. On a fait changer ça, on a parlé des soins
palliatifs puis du parcours de la personne, mais qui n'est pas en toute fin de
vie, là, les soins palliatifs qui peuvent être à l'hôpital comme dans des
maisons de soins palliatifs, soins palliatifs dans un sens large, une personne,
là, qui n'aura pas de traitement, là, et qui s'en va vers une fin de vie. Et on
a ouvert la porte à ce que les membres de la famille ou des personnes
significatives viennent, bon, évidemment, avec certaines consignes. Alors, ça,
ça devrait être appliqué partout, partout.
Donc, évidemment, si ça se passe encore,
on aimerait le savoir, parce qu'on va faire des rappels, et ça, c'est une
obligation de résultat.
Le Modérateur
: Merci.
Avant de passer en anglais, là, comme vous avez été généreux avec M. Chouinard
et qu'Alain Laforest n'a pas pu poser sa sous-question, parce qu'il y a eu
confusion avec une demande de précision, M. Laforest, en terminant.
M. Laforest (Alain) : Ça
va aller. Merci, M. Gagnon.
Le Modérateur
: Ça va
aller. Parfait. Donc, on y va avec Samuel Pouliot, CTV News, in English.
M. Pouliot
(Samuel) : Hi. There is a new Léger poll that
suggests that non-Francophones are more worried than the Francophones about the
deconfinment plan and catching COVID-19. Are you concerned your message is not
evenly accepted in the population?
M. Legault
: I think, the journalists, you have a responsibility… hein? I like to read a certain journalist of The Gazette, the specialist in
health. Sometimes, I really disagree with him. It's a question of information. So I'm trying to do me best in
French and in English, so I don't see why the result is not the same for Francophones and Anglophones. I guess maybe The Gazette
has a certain responsibility.
Le Modérateur
:
Second question.
M. Pouliot
(Samuel) : Why was testing going to close in
Montreal North? Was this premature?
M. Legault :
The what?
M. Pouliot
(Samuel) : In Montreal North, the testing was
going to close.
M. Legault :
No, no, it's not closing.
M. Arruda (Horacio) :
No, it's not closed anymore. And I know that the
mayor of this region was not happy against me because I told that there was not
enough people getting into the clinics. That was the information I got. So I'm
sorry if my information was wrong. But, in fact, what has happened is that
because the buses were not available, at the time they were planned, they
decided to keep the clinic open, and actually the things are done.
And I just called Dr.
Drouin to have the impression, how much tests have been done, and she told me
that with the center for «dépistage» and the buses she already had done,
yesterday, 2,818 tests. The objective for that… for Montreal is 3,080. So there
is around 200 tests more to be done. This is a data for yesterday. And probably
that today we will be able to catch up the 3,000 tests in Montréal. There was
also new tests done in Laval, they've done 524 tests, their objective is 750;
and in Laurentides, 365, and the objective is 705.
So things are getting up
and I hope — I will look every night or every morning, I will get the
data from the other day, the day before — that we are going to be
around the numbers I told you we were supposed to be the next Friday… last
Friday, not next, but last Friday.
Le Modérateur
:
Phil Authier, Montreal Gazette.
M. Authier (Philip)
:
Good day. Were you talking about me?
M. Legault :
No, no. Aaron something. He is on Twitter about 25 times a day.
M. Authier (Philip)
:
Ah! Question. He is… the «président» is watching me. Montreal Public Health
Director is still saying that some restrictions may have to continue in
Montréal past May 25th. Realistically, today, are you able to say you will be
able to give Montreal the kind of deconfinement status
as the other regions have after that date? Is it realistic to think or there is
still going to be a longer
haul?
M. Legault : If the situation is
not improving, we won't reopen. So we have to see an improvement.
M. Authier (Philip)
: And I wonder if you can… We've been trying to get those numbers
about the CHSLDs, the infected numbers, for quite a while. You said there are
332 which are considered hot or problematic?
M. Legault : They have at least one case.
M. Authier (Philip)
: At least one case? Is that going up? And is the number of persons
infected going up, because that information has not been available?
M. Legault : I have the information from tomorrow. So it's the same number than tomorrow… than
yesterday, sorry, and the number of people has decreased by 21 since yesterday.
M. Authier (Philip)
: …more than two weeks ago?
M. Legault : Hey?
M. Authier (Philip)
: It's more than two week ago, right, these numbers?
M. Legault : I think we were at about 300, maybe. So maybe there's 30 more, yes,
something like that. We were around 300, 310. So maybe a small difference.
M. Arruda (Horacio)
: We have more, but with only one case, you know? It depends… It's
why, with the new data that the Prime Minister announced, we're going to have a better knowledge of what is going on.
Le Modérateur
: Cathy Senay, CBC News.
Mme Senay (Cathy) : Good afternoon. You must have been surprised, Ms. McCann, to see
that cold hospitals, such as Honoré-Mercier in Saint-Hyacinthe, are seeing
outbreaks of COVID-19. And what can you do to ensure that, basically, hospitals
are not overwhelmed? And Radio-Canada was also reporting that it's due to a lack of staff, and staff
working in CHSLDs that are basically working in the hospitals. So how can you
make sure that those cold hospitals are protected from all this?
Mme McCann : Yes. We're doing everything we can to do that. And, unfortunately,
it can happen, you know, that a
hospital who is considered cold has an outbreak. It could be one or two cases
and it's certainly possible. But what I'm confident in is that the measures are
known. And now we have experience. We're not at the beginning of the
«pandémie». People know exactly what to do. We knew from the beginning, but now
we have experience. So they know exactly what to do to
really confine this situation. We've seen it in different hospitals in Montréal
too. We were able to confine the situation and prevent more outbreaks in the
hospitals. So, unfortunately, it's possible that it happens. Incidentally, we
don't want it to be a general phenomenon, obviously but
we will contain those situations,
and I'm confident that it's going to be well managed.
Mme Senay (Cathy) : Excellent. Regarding masks, can I ask one clarification about masks
and then my second question?
Le Modérateur
: Quickly.
Mme Senay (Cathy) : When I heard you talking about the strategy of getting companies on
board, the words that I had in mind is crisis management. Do you have the
impression that we should have seen masks and the need for masks coming earlier
in Québec?
M. Legault : I don't think so. I think that when people were at home, so there
was no question about should we
or should we not wear a mask. While the collective transportation was empty,
there was no question about
should we or should we not wear a mask. But, now that we're reopening,
especially outside of Montréal,
I think it may happen in buses, for example, that you be at less than
2 meters for a certain number of minutes. So, the mask is becoming more important. Same thing with the opening of
stores, there are some stores where you have many people, and sometimes people
are waiting at the cashier place to pay for more than a few minutes. So, I
think it's becoming important
to wear the mask more than it was a few days or a few weeks ago.
Mme Senay (Cathy) : And one last thing about Montréal North, the... Yesterday, you were talking about the criteria
to get tested, for example, in Montréal North or in Montréal, and the CIUSSS in Montréal say that you have to have symptoms or coming to a contact with a
person tested positive. We heard here, if I remember well, that you have to...
you said if you came into contact with someone with symptoms. So, many people
thought that they could go and get tested without symptoms because of what you
said, and now there is a lot of confusion. What's the word on the street to get
tested in Montréal?
M. Arruda (Horacio)
: Well, you must understand that the strategy for public health in
the community is based on the decision of the Director of Public Health and
what is going to be done. And just want to say is that there is going to be a
big operation with the health care workers and everybody in CHSLD that is going
to be launch actually. All the CHSLDs and even houses
for elderly people are going to be tested in a point of time in the next month.
There is more than 48 000 tests of... 48 000 workers that are
going to be in this first step, the one in CHSLD, to be tested. When there is a
case, there is testing. But sometimes the testing is only one floor or hot zones, not everywhere, but now, there is going to be a
big operation on CHSLDs.
On the communities,
actually, what Dr. Mylène Drouin recommend and what is going to be done
also in Montérégie, is that, if you have symptoms, you go. Before, we told
people : Stay home, if you don't have any symptoms, don't go outside and
stay there for 14 days. Now, we are asking those persons to go to be
tested, and their family, which has contacts, close contacts, or coworkers, to
get tested. The asymptomatic person, actually, that is not at all in contact
with a case, OK, is not recommended to be tested right now. There's going to be
another step and there's going to be also serologic studies that will be done
to catch up those asymptomatic to see what was going on.
So I think that the
best... understanding is to make sure that you go to your public health, like,
in Estrie, like in Sherbrooke, or Estrie, the director, based on his
epidemiology, could choose another. So they've got all a quota of tests that
they use in the best way, because the situation in Montréal, Montréal North, is
not all the same at the Westmount, you know, and it's why they are trying to do
that, to have the best use of the test.
Le Modérateur
: Thank you. And two last questions from Raquel Fletcher, Global
News. The first one is for Mr. Legault. What is your reaction to the
Canadian border with the U.S. remaining closed until the end of June?
M. Legault : I'm very happy. I think it's important that we keep the border
close for as long as possible, so I was happy about this decision.
Le Modérateur
: Répétez en francais, s'il vous plaît.
M. Legault : Oui. Je pense que c'est important que les frontières avec les
États-Unis, que les interdictions soient maintenues pour un bon bout de temps,
là, donc je suis content, là, qu'on garde les frontières fermées au moins jusqu'à
la fin du mois de juin.
Le Modérateur
: And the last question from Raquel is about, I think, the numbers
that you told us. We still have no updated numbers on the current situation in
CHSLDs, but anecdotal information says it's very bad. How many CHSLDs and RPAs
have infections? What percentage?
M. Legault : OK. So we have 332 centers, so it's not only CHSLDs. There are
109 CHSLDs that has at least one case, and the only reason why we're not
giving, since a week, the data per residence, it's because we don't have the
number of people living in those residences, and we expect to have this data
this afternoon for the CHLSDs and tomorrow for the other residences.
Le Modérateur
: So thank you very much. C'est ce qui complète pour cette conférence
de presse.
M. Legault : Merci, tout
le monde.
(Fin à 14 h
3)