(Huit heures cinquante-cinq minutes)
Mme Anglade : Alors, bonjour à
tous. Aujourd'hui, je suis accompagnée de mes collègues David Birnbaum et Marie
Montpetit.
Espoir, courage, patience et résilience.
Depuis le début de la pandémie, on a demandé aux Québécois et aux Québécoises
de faire preuve de toutes ces qualités. On a déployé des slogans, on s'est
toutes et tous soutenus, des personnes plus privilégiées sont venues en aide à
d'autres qui étaient plus isolées, des chaînes de solidarité sans pareil se
sont créées partout au Québec.
Aujourd'hui, on le sait, plusieurs de nos
concitoyens et concitoyennes souffrent. L'anxiété, la dépression sont en hausse
et menacent de causer des ravages. Et après deux vagues de COVID, il ne
faudrait pas que le Québec soit frappé par une vague de troubles mentaux. Il
faut donc déployer des mesures nécessaires pour l'endiguer.
Nerfs à fleur de peau, irritabilité,
déprime, troubles de l'alimentation, dysmorphie amplifiée, sentiment
d'isolement, désespoir, impuissance, plus encore. Chacun d'entre nous ici
connaît une personne qui vit plus d'anxiété aujourd'hui. Les troubles de santé
mentale touchent des gens appartenant à tous les groupes sociaux, les femmes
dont la charge mentale encore plus importante a bondi en flèche avec la
pandémie, les hommes qui hésitent davantage à consulter et qui peuvent dériver
vers des comportements qui sont plus destructeurs. La santé mentale demeure
encore un tabou.
Mais ça ne veut pas dire que les gens ne
souffrent pas. Pensons seulement aux nombreux entrepreneurs que la pandémie a
frappés de plein fouet avec les mesures de confinement. Ayons en tête les
problèmes de santé mentale, également, dans nos communautés autochtones.
Pensons finalement aux nombreuses personnes qui sont seules, qui vivent seules.
L'interdiction des visites, la fermeture de nombreux lieux de rencontre et de
socialisation, la fermeture des salles de sports, tout ceci affecte
particulièrement les personnes qui vivent seules aujourd'hui.
Tout ça pour vous dire que personne n'est
à l'abri de la maladie mentale. C'était vrai avant la pandémie et c'est encore
plus vrai maintenant.
Aujourd'hui, comme cheffe de ma formation
politique, accompagnée de mes deux collègues, nous proposons de mettre fin au
système de deux vitesses en santé mentale en adoptant un programme universel de
couverture publique de la psychothérapie par des professionnels habilités. Ce
régime va permettre de couvrir les enfants et les adultes et va permettre des
consultations rapides et gratuites pour un large spectre de troubles mentaux.
Ici, il s'agit d'abord et avant tout d'un
choix de société dans le contexte d'une pandémie qui a généré beaucoup de
détresse psychologique. Et on sait que c'est un investissement qui est à long
terme.
Quand la pandémie a frappé, au Québec, beaucoup
de gens se sont demandé si on allait revenir à ce que c'était avant, si nous
allions chercher à bâtir un monde meilleur, un monde plus juste, une société
plus forte, une société plus résiliente. Je crois que la proposition que nous
faisons aujourd'hui est une proposition qui va exactement dans cette direction.
De manière plus concrète, le programme que
l'on propose paiera jusqu'à 15 séances auprès d'un psychologique ou d'un
psychothérapeute autorisé. Pour mettre fin au système à deux vitesses en santé
mentale, on estime le coût à environ 300 millions de dollars par année.
Notre proposition instaure un système universel à une vitesse, accessible pour
tous les citoyens et qui permettrait de désengorger le réseau public, notamment
dans tous les cas où il y a des cas... Ça permettrait de libérer l'espace pour
des cas qui sont plus lourds, et on pourrait revoir par la suite ce programme.
Ce que ça signifie, c'est qu'aujourd'hui,
si vous voulez avoir accès à un psychologue, vous pourrez approcher n'importe
quel psychologue autorisé qui fait partie de l'ordre, et faire en sorte d'avoir
accès à ces soins, et que ce soit remboursé par la RAMQ. Donc, tout le monde
pourrait avoir accès à ce système gratuit.
Avant de prendre vos questions, vous allez
me permettre de saluer un collègue. Aujourd'hui, c'est la dernière période de
questions, à titre de chef intérimaire du Parti québécois, de Pascal Bérubé.
J'aimerais saluer ce collègue parce qu'il a été, et il va continuer de l'être,
un parlementaire vigoureux, mais un chef intérimaire vigoureux avec beaucoup de
fougue. Et j'aimerais le féliciter pour le mandat qu'il va terminer bientôt. Et
on va le retrouver, de toute façon, au salon bleu, mais je crois qu'il est
important de souligner le travail qu'il a fait à titre de chef.
Merci. Je suis maintenant prête à répondre
à vos questions.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bien, une question peut-être là-dessus. Avec
le budget de 300 millions, combien de Québécois... En fait, vous calculez que
combien de Québécois se prévaudraient de ce service-là...
Mme Anglade : Bien, écoutez,
il y a environ une personne sur cinq au Québec, aujourd'hui, qui souffre de
problèmes de santé mentale. Alors, vous pouvez faire... on peut faire un
estimé. Mais ce qu'on a fait, c'est qu'on l'a comparé avec ce qui se passait en
Angleterre, ce qui se passait en Australie, le nombre de personnes qui se
prévalaient du système, pour essayer d'évaluer ça. Alors, c'est comme ça que ça
a été évalué.
Mais, encore une fois, ce que ça permet de
faire, ça permet de dire à n'importe quelle personne aujourd'hui... N'importe
quelle personne, aujourd'hui au Québec, qui est en détresse psychologique, qui
a besoin d'une ressource, peut prendre son téléphone, pourrait appeler directement
un psychologue et lui dire : J'ai besoin de consulter, et de faire en
sorte que cette consultation-là et que la suite de la consultation soient couvertes
par la RAMQ.
M. Bergeron (Patrice) : C'est
quoi, le prix d'une séance au privé, puis c'est quoi, le prix que couvre actuellement
la RAMQ? Parce qu'il existe déjà... la RAMQ, je pense, peut couvrir dans
certaines circonstances, là. C'est quoi, le tarif, là?
Mme Anglade : Bien, écoutez,
ça dépend des endroits où vous allez puis ça dépend des coûts. On parle de...
parfois, c'est 150 $. Ça dépend des montants. Mais ce que je pense, ce
qu'il faut retenir ici, là, au-delà des coûts spécifiques, parce qu'on pourra
rentrer dans les coûts spécifiques, c'est qu'encore une fois les gens
pourraient avoir accès à ce système-là, peu importe où ils vont.
Mme Prince (Véronique) : ...mais
actuellement la RAMQ ne paie pas déjà des séances...
Mme Anglade : Ça, si vous
allez au public. Présentement, si vous allez voir un médecin de famille, et il
décide de vous référer à un psychologue au niveau public, cet élément-là est
couvert. Mais ça fait qu'il y a des engorgements. Donc, les gens, ce qu'ils font,
c'est qu'ils vont dans le système privé, et à ce moment-là ils sont obligés de
payer pour avoir accès à des soins. Aujourd'hui, ce qu'on dit, c'est que vous
pourriez directement aller... vous gardez la même structure, vous pouvez
directement aller voir la personne qui est au privé, mais ce serait remboursé
directement également. Donc, tu n'as plus le système où tu es obligé de passer
par le médecin pour avoir un accès au système public. Donc, tu viens
désengorger complètement ton système et faire en sorte que tout le monde peut
avoir un accès. Et on enlève le goulot d'étranglement de la référence, tu n'as
plus besoin d'avoir la référence du médecin pour avoir la gratuité. On vient
complètement désengorger le système.
M. Carabin (François) :
...nécessaires pour ça? Parce que, là, ça fait des années qu'on perd des
psychologues dans le milieu public. Ça mène à l'engorgement dont vous parlez
dans le milieu public. Ils s'en vont tous vers le milieu privé. Est-ce qu'on a
les ressources humaines pour administrer ce programme-là?
Mme Anglade : La réponse
courte à votre question, c'est que 50 % des psychologues au Canada sont au
Québec. 50 % au Québec. Donc, on a des ressources, et les personnes qu'on
a consultées pensent effectivement que nous allons être capables de le faire.
M. Laforest (Alain) : La
liste d'attente est de combien de temps?
Mme Anglade : Pour les
soins...
M. Laforest (Alain) : Pour rencontrer
un psychologue.
Mme Anglade : Ça dépend.
Alors, il y a...
M. Laforest (Alain) : Au
niveau public, je ne parle pas du privé.
Mme Anglade : Ça peut être de
six à 24 mois dans le secteur public.
M. Bergeron (Patrice) : De
mémoire, quand vous étiez au gouvernement Couillard, il me semble qu'il y avait
un parti qui avait proposé un régime ...
Mme Anglade : Nous autres.
Mme Montpetit : Nous autres.
M. Bergeron (Patrice) : O.K.
Mais c'était à la fin, en 2018, dans le fond, non?
Mme Montpetit : Non.
M. Bergeron (Patrice) :
C'était quand au juste, là, où...
Mme Anglade : Écoute, tu veux
répondre exactement, quand est-ce que c'était?
Mme Montpetit : ...
M. Bergeron (Patrice) : Mais
vous n'avez pas eu le temps de le mettre en place, c'est ça?
Mme Anglade : Il y a une
partie qui avait été mise en place, mais il n'y a pas tout qui avait été mis en
place, effectivement.
M. Bergeron (Patrice) : Il y
avait eu des estimations, puis ça tournait autour de ces coûts-là aussi ou...
Mme Anglade : Bien, écoutez,
ça tournait autour de ces coûts-là. Ce qu'on a refait, cette fois-ci, c'est
qu'on allés refaire les estimations basées sur ce qu'on voyait en Angleterre,
en Australie, on a pris d'autres exemples et d'autres comparables pour
l'estimer environ à 300 millions de dollars. C'est un estimé, mais ça
tourne autour de ça.
M. Bergeron (Patrice) : Vous
avez manqué de temps...
Mme Anglade : Pour l'implanter?
Bien, écoutez, c'était un premier pas, puis je pense qu'on va beaucoup plus
loin aujourd'hui, puis je pense que l'on constate l'importance de ce... Quand
on regarde ce qui se passe aujourd'hui, quand on regarde les gens qui sont
affectés aujourd'hui par les problèmes de troubles mentaux... On a dit que la
santé mentale, c'était important. Aujourd'hui, ça devient crucial. Et, si on ne
s'en occupe pas, on va avoir des problèmes à plus long terme.
Le message que l'on veut envoyer à la population,
avec cette proposition-là, c'est qu'on prend ce phénomène-là de manière très
sérieuse et qu'on veut qu'il y ait de l'accès pour tous et que ce soit
simplifié, qu'on n'ait pas à avoir du référencement pour pouvoir aller chercher
du soutien. En plus, lorsqu'on regarde les estimés, on se rend compte que cet investissement-là
fait en sorte que... une baisse dans tes coûts d'hospitalisation puis d'autres
problèmes qui viennent par la suite. Donc, entre guillemets, c'est la bonne
chose à faire parce que de toute façon, en termes de coûts, ça peut permettre
d'éliminer d'autres coûts, à terme.
M. Laforest (Alain) :
...hier, à Montréal, s'est inquiété du fait, là, qu'il y a encore énormément de
mouvement de personnel dans les résidences pour personnes âgées. Puis c'est un
peu la catastrophe d'une hécatombe annoncée. Qu'est-ce qu'on doit faire, là,
pour éviter qu'on se retrouve comme au mois de mars, là? Parce qu'il semble que
c'est ce qui va se passer.
Mme Anglade : Qu'est-ce qu'on
doit faire pour éviter que...
M. Laforest (Alain) :
Qu'est-ce qu'on doit faire pour éviter ce qui se fait en ce moment? Il n'y a
pas de monde.
Mme Anglade : Bien, écoutez, encore
une fois, il va...Tout le transfert de personnel, là... C'est sûr que ça a des
répercussions, s'ils ne bougent pas, mais on pense que c'est fondamental
d'arrêter ce transfert-là. Et, s'il n'y a pas de ressources... À un moment
donné, il faut qu'on fasse des choix, et le problème, c'est que, si on n'arrête
pas la roue, on va se retrouver, à long terme, le même problème que vous
mentionniez au mois de mars. Je ne sais pas si, Marie, tu veux ajouter quelque
chose là-dessus, mais...
Mme Montpetit : Oui, je peux
compléter. C'est un enjeu, depuis le début de la première vague, la question du
transfert de personnel. On l'a mentionné à plusieurs reprises durant la première
vague, puis on a un gouvernement qui nous est revenu en disant : On va
mettre un décret, on va mettre un décret. Ce qu'ils n'ont jamais fait. On est exactement
dans le même problème.
Et c'est faux de dire qu'il n'y a pas de
solution et que, par manque de personnel, le gouvernement ne peut pas agir. Je
veux juste vous amener au plan, entre autres, qui a été déposé par le ministre,
le 18 août, son plan de préparation à la deuxième vague. Il vient encadrer
les préposés aux bénéficiaires, point. Point. Point à la ligne. C'est les seuls...
qui, à l'heure actuelle, il y a une directive qui est claire pour le transfert
de personnel. Quand il parle de...
M. Laforest (Alain) : ...on
les prend où?
Mme Montpetit : Il manque...
Quand il parle de rupture de service, il n'est pas venu encadrer, entre autres,
les préposés à l'alimentation, les préposés à l'hygiène. Je suis désolée, mais
il ne manque pas de gens, c'est une question de réorganisation. Je comprends
que, sur certains corps de métiers, par exemple, au niveau des infirmières, des
infirmières auxiliaires, c'est peut-être le cas, mais il y a certainement un
pas de plus qui peut être fait pour empêcher le transfert de personnel, qui n'a
pas été fait à l'heure actuelle.
De plus, pour ce qui est des infirmières,
des infirmières auxiliaires, on voit très bien ce qui est en train de se passer
à l'heure actuelle. Les discussions ne vont pas bien avec le gouvernement. Je
pense qu'il a une responsabilité, à l'heure actuelle, de s'asseoir et de
travailler avec les partenaires, parce qu'il y a des solutions qui sont sur la
table. Il y a une façon de réorganiser le travail pour que ça fonctionne
autrement.
M. Laforest (Alain) :
Est-ce qu'il devrait forcer la négociation?
Mme Montpetit : Bien, je
pense qui doit négocier de bonne foi. Il doit s'organiser. On est en pleine
crise. Le premier ministre l'a dit hier de façon très claire, le réseau est sur
un point de rupture. On l'a vu, des soins intensifs qui ferment, des salles
d'urgence qui sont débordées, la situation, elle est extrêmement préoccupante.
Et il a une responsabilité de s'assurer qu'au niveau des infirmières la
situation se règle. On a vu, il y a plus de 1 700 infirmières qui ont
quitté juste depuis le mois de mars. Et plus le fardeau s'alourdit, plus on va
en perdre. Et à chaque fois qu'on perd une infirmière, à l'heure actuelle,
c'est un problème de plus qui s'ajoute dans le réseau.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Il y a certains membres du caucus de la CAQ qui
aimeraient qu'on reconnaisse la racisme systémique, mais pour les personnes
autochtones seulement. Est-ce que vous seriez à l'aise avec une telle
proposition?
Mme Anglade : Est-ce que
je serais à l'aise avec une telle proposition? Moi, ce que je constate, c'est
qu'au sein de leur propre caucus ils ont des enjeux. Il y a des gens qui
reconnaissent l'existence du racisme systémique de manière générale, il y en a
qui le reconnaissent pour un petit groupe. Mais je pense que ne pas reconnaître
un problème, c'est de ne pas pouvoir le régler... ne pas pouvoir le régler à
long terme. Puis honnêtement je pense que M. Legault fait preuve
d'entêtement, il fait preuve de déni. Puis honnêtement on est presque rendus à
dire en bon Québécois : Bon, il est boqué sur cette question-là.
M. Bergeron (Patrice) :
Mais, quand vous étiez au gouvernement puis que la commission... il y avait
comme une commission qu'il était censé consulter là-dessus, là, qu'est-ce qui
avait fait que vous aviez reculé à l'époque? Parce que c'était délicat, comme
sujet, déjà? Ou les gens n'étaient pas réceptifs?
Mme Anglade : Bien, je
pense qu'effectivement, dans la manière où ça avait été amené, les gens n'étaient
pas réceptifs, vous avez raison de le mentionner. Le contexte était très
différent également. Je pense qu'il y a eu de plus en plus une prise de
conscience sur les enjeux qui sont associés à ça, toute la question de la
discrimination. Vous avez vu ce qui s'est passé aux États-Unis, je pense que ça
a soulevé des questions ici, chez nous, également. Regardez ce qui se passe
dans les communautés autochtones. Alors, je pense que notre société, elle
évolue. Je pense que reconnaître le problème, c'est la première étape, puis
après ça trouver des solutions.
Mme Lévesque (Fanny) :
...sur le racisme systémique ou sur la discrimination directe pour les
autochtones, est-ce que vous verriez ça comme un pas dans la bonne direction
ou, pour vous, il ne faut pas aller là et donc il faudrait aussi reconnaître le
racisme pour les autres communautés?
Mme Anglade : Bien, je
pense qu'il faut reconnaître que ça existe partout, je veux dire, il faut
simplement le reconnaître. Puis c'est comme si vous me disiez : Il y a un
problème en particulier; je reconnais celui-là, mais je refuse de reconnaître
l'autre. Je pense qu'il faut reconnaître l'entièreté de la problématique. Et
j'espère que, lorsqu'ils vont déposer leur rapport, il va y avoir cette
reconnaissance-là et que... Je compte sur les gens qui dirigent le comité pour
avoir ces conversations-là au caucus. Je constate puis je salue les députés qui
amènent ces échanges-là, au sein du caucus de la CAQ, parce que je pense qu'ils
ont besoin d'avoir de sérieuses discussions par rapport à ça.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais, encore une fois, ça ne s'en va pas dans la bonne direction ou c'est...
Mme Anglade : Ce n'est pas
reconnaître le problème...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...pour les minorités ethnoculturelles, c'est rajouter une insulte à l'injure?
Mme Anglade : Je pense que, si
vous ne reconnaissez pas le problème dans son entièreté, c'est un problème.
M. Larin (Vincent) : ...commissions
scolaires publiques qui font appel au privé pour avoir des résultats de tests
plus rapidement, que le suivi se fasse plus rapidement. Est-ce que ce n'est pas
la démonstration que le «fast track» promis pour le domaine de l'éducation,
dans le gouvernement, est un échec?
Mme Anglade : Le problème,
c'est que je n'ai pas compris le début de votre question. Je m'excuse.
M. Larin (Vincent) : Il y a
des commissions scolaires publiques qui font appel au domaine privé pour
obtenir des suivis de test plus rapidement. Est-ce que c'est un aveu... est-ce
que ce n'est pas la démonstration que le «fast track» promis pour l'éducation
est un échec?
Mme Anglade : Bien, c'est
clair, c'est la démonstration même que ça ne fonctionne pas. C'est la
démonstration que ça ne fonctionne pas et qu'encore une fois on crée deux
vitesses à ce moment-là. Je pense qu'il faut qu'on fasse extrêmement attention
à ça.
M. Bergeron (Patrice) : ...sur
une commission d'enquête publique avec des vraies audiences publiques sur la
pandémie, la crise telle qu'on l'a vécue au printemps?
Mme Anglade : Demain matin. D'ailleurs,
on l'a demandé. On l'a demandé, mais ce n'est pas quelque chose qui est... On
l'a demandé. On l'a demandé à plusieurs reprises. On l'a demandé en Chambre.
Regardez ce qui se passe présentement. Il y a clairement beaucoup de questions
auxquelles nous n'avons pas réponse. Et les demandes d'avis publics... les avis
de la Santé publique qui devraient être rendus publics, auxquels on ne peut pas
avoir accès, toute la question de la transparence, ça soulève énormément de questions
pas pour nous, pour tous les Québécois, ça soulève des questions, là. Vous le
voyez, les gens se posent des questions. Pourquoi ces décisions-là sont prises?
Pourquoi tel choix, telle couleur? Pourquoi telle école doit se comporter de
telle manière? Toutes les questions qui sont mises de l'avant aujourd'hui
suscitent un questionnement de la part de la population. Puis je pense qu'on a
besoin effectivement d'avoir une enquête publique sur tout ce qui s'est passé, absolument.
La Modératrice
: Merci.
On va passer en anglais maintenant.
Mme Senay
(Cathy) : You're mentioning your proposition for mental health. I had a
conversation with a friend, earlier this week, he told me that in his own
entourage he had seven people that he knows that they committed suicide in the
last few weeks, but they couldn't see a psychologist because the waiting list
is too long.
Mme Anglade : Because the waiting list is too long or because they cannot have...
because it's not covered. There are two issues: there is the waiting list, but
there is also the fact that it's not covered. So, we believe that we need to do
two things. First of all, in order to see a psychologist, you don't have to get
a reference anymore to get there, to have access to any psychologist that you
need. First of all. And the second element is that it's covered, and it's paid
for. So, by doing this, you make this accessible to anybody, and opening it up
is going to create an environment where people are going to feel more secure to
consult. And that's what we need at this stage, obviously.
Mme Senay
(Cathy) : How urgent is for the Parliament to
act for mental health in the second wave of the pandemic?
Mme Anglade : This, what we're proposing, is urgent. It's not something that you
can wait for another six months and wonder, like, when you're going to
establish this. You could decide tomorrow. And we've done the homework for the Government. You could decide tomorrow that
you take this proposal, that you decide to deploy it, it takes a number of
weeks to deploy, and then you start delivering on this. This is urgent. But
also, I'd like to point out, this is not a short-term thing. It is something
that you do during the pandemic, but you're opening it up for the rest… for the
future as well.
Basically, I'll summarize
it that way: if you have a mental issue, it's exactly the same as a physical
issue, you should be able to consult, get treated rapidly, and that it's
covered.
Mme Senay
(Cathy) : …Legault's reasons about Ontario and
Québec and the fact that Ontario is doing way better, even though there's
double the population, again in the second wave. Did you buy in those reasons?
Mme Anglade : Cathy, I'm sorry, I want to hear what you're… OK, keep going.
Mme Senay
(Cathy) : …because Mr. Legault went back,
yesterday afternoon, explained the difference between Ontario and Québec, and
he would like to have the recipe of Toronto and the rest of Ontario. But how embarrassing is this right
now for the Legault Government?
Mme Anglade : For the?
Mme Senay
(Cathy) : The fact that…
Mme Anglade : The CAQ Government?
Mme Senay
(Cathy) : Sorry?
Mme Anglade : For the CAQ?
Mme Senay
(Cathy) : Yes, the Legault Government.
Mme Anglade : Legault Government,
OK. What is embarrassing is the
way we're finding answers every week, and they change all the time. So, before,
he was saying we were the best. Now, he's saying it's not too bad when we're
comparing ourselves to the worst. And I have a really hard time understanding
how we can compare ourselves to United States and think it's a good comparison. This is embarrassing. This is
embarrassing. And we should be comparing ourselves to the best provinces.
It's not that Ontario is doing great, but it's actually
doing better than us. And there are elements that they have put in place:
online learning more developed for students, the choice of, like, deciding
where the students should go, whether it's in school, whether it's online,
decisions around the masks. So, they made decisions that were different. Same
thing with British Columbia. So, when Mr. Legault says:
You know, it's different, it's an exception, and we're comparing well to the
worst regions in the world, I don't know. I don't think it's a… I really don't
think it's the right approach, and it's really in opposition to what has been
done in the past in terms of level of ambition.
Mme Fletcher
(Raquel) : What is going on, though, between
Ontario and Québec? The Health Minister suggested that it was because
Quebeckers were less disciplined than Ontarians. Do you buy that?
Mme Anglade : There's always an excuse. It was the «semaine de relâche», and then
it was the idea that maybe it was the Minister, and we changed the Minister,
and then the Deputy Minister, and then we said: You know, it's because we have
people that are not following the rules. Now, it's because we have
undisciplined people. At some point in time, you have to look at yourself in
the mirror and ask yourself: Who's responsible? It can't always be the fault of
somebody else. They have to take responsibility for what's going on today.
Mme Fletcher
(Raquel) : They also said it's the Liberal Party who is responsible for this...
Mme Anglade : Yes, the default reason is the Liberal
Party. That's always the default. But at the end of the
day, when you look at the results... Mr. Legault spent the summer going to
different regions, telling people that he was going to launch his 61 Bill and
that that's what's going to be the priority. He did not prepare for the
situation we have today. And the result is here.
Mme Fletcher
(Raquel) : Is there any truth, though, in what
he's saying about past cuts in health care, that the health care system is now
more fragile than it should be, and we all need to be extra cautious in order
to protect this fragile health care system?
Mme Anglade : Is it true that we are in the situation today...
Mme Fletcher
(Raquel) : Because of past actions of the Liberal Government.
Mme Anglade : Why is it that it's not the case in Ontario? Why are we in this situation? Why are we the worse province?
We're not the worse province because of the health care system. We were doing
fine this summer. What happened after the summer? Why did we go up? It's
because the decisions that were made obviously have an impact. And the level of
transparency that the Government is giving us is very limited. It is unacceptable for us not to have
«les avis publics... les avis de la Santé publique». It is unacceptable. Je
veux dire, je pourrais poser une question aux journalistes, ici, vous êtes
capables de me répondre : Mais qui aujourd'hui a les avis de la Santé
publique parmi vous? Est-ce que vous savez s'il y a des documents qui sont
écrits puis qui notent les décisions du gouvernement? Est-ce que vous y avez
accès? Puis, s'il y en a un entre vous qui y avez accès, dites-le-nous.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Est-ce que vous souhaitez faire équipe avec le
Parti québécois pour les réclamer?
Mme Anglade : ...je souhaite
faire équipe avec vous. Je souhaite faire équipe avec vous parce que... Je vous
relance la question. Parce que, dans une démocratie... Vous, les journalistes,
comme le Parti québécois, comme Québec solidaire, comme nous, vous n'avez pas
accès à des informations qui sont pertinentes dans une démocratie. Alors, je
pense qu'on a besoin de ce niveau de transparence là pour pouvoir comprendre ce
qui se passe au gouvernement.
La Modératrice
: Merci beaucoup.
Mme Anglade : Merci, tout le
monde.
(Fin à 9 h 18)