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Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre, et M. Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

Situation au Québec quant à la COVID-19

Version finale

Le jeudi 22 octobre 2020, 13 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures trois minutes)

Le Modérateur : Alors, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue à ce point de presse du premier ministre, François Legault. M. Legault est accompagné aujourd'hui du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, ainsi que du directeur national de santé publique, Horacio Arruda.

M. le premier ministre, la parole est à vous.

M. Legault : Oui, bonjour, tout le monde. Écoutez, la situation reste inquiétante. On a 20 nouveaux décès aujourd'hui. Bon, puis on sait un peu que ça fonctionne avec trois étapes successives. On commence par avoir des cas. Là, ça fait trois semaines qu'on a à peu près 1 000 cas par jour. Après quelques semaines, il y a une partie de ces cas-là qui deviennent des hospitalisations, puis, après quelques semaines, il y a une partie de ces hospitalisations qui deviennent des décès. Et, quand on dit 20 décès, bien, ce n'est pas juste des statistiques, là, c'est du vrai monde. C'est des pères, des mères de famille, des amis. Donc, j'en profite pour, évidemment, offrir mes condoléances. Mais tous ceux qui critiquent ou qui ont le goût de critiquer les consignes, bien, pensez à ces 20 personnes là qui sont décédées de plus.

Et malheureusement, quand on regarde les autres pays, on voit que la situation s'empire à tous les jours. Si on regarde, finalement, peut-être, les trois pays qui nous ressemblent le plus, c'est-à-dire les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, on voit que la situation est pire qu'ici à tous les niveaux, là. Puis je veux vous donner quelques chiffres, là, pour qu'on comprenne bien. Si on regarde le nombre de cas, hier, on a eu, au Québec, 122 nouveaux cas par million. Aux États-Unis, on en a eu 192, au Royaume-Uni, on en a eu 392, puis, en France, 410 par million, donc le double, le triple de ce qu'on a au Québec. Est-ce que c'est ça qui s'en vient ici? C'est qu'en Europe la première vague est arrivée là-bas avant chez nous.

Quand on regarde les hospitalisations, qui est la deuxième étape, c'est un peu la même chose. Nous autres, hier, on avait, par million d'habitants, 65 personnes hospitalisées à cause de la COVID. Au Royaume-Uni, il y en avait 95. Aux États-Unis, il y en avait 122, et, en France, il y en avait 203. Nous, on en avait 65. Ça veut dire que c'est le triple, là, de ce qu'on a, là. Est-ce que c'est ça qui s'en vient au Québec? C'est quand même très inquiétant.

Bon, si on regarde les décès, bon, même en Europe puis même aux États-Unis, on ne peut pas dire que l'effet de l'augmentation du nombre de cas des dernières semaines a encore eu toutes les résultantes, là, auxquelles on peut s'attendre, donc, mais on regarde… Nous, au Québec, hier, on a eu 2,4 décès par million d'habitants. En France, il y en a eu 2,5, au Royaume-Uni, 2,8, puis, aux États-Unis, 3,7. Donc, quand même, c'est inquiétant. Puis une chose qui est claire, c'est que la deuxième vague est là puis la deuxième vague est très forte à peu près partout dans le monde. Donc, c'est une situation... n'ayons pas peur des mots, c'est une situation qui est grave, qui est inquiétante pas seulement au Québec, à peu près partout dans le monde.

Bon, évidemment, j'entends les critiques. J'ai même des amis qui sont propriétaires de restaurant, qui m'appellent, qui m'écrivent — je devrais quasiment dire j'avais des amis qui étaient propriétaires de restaurant — qui me disent : Bien là, nous, quand on était ouverts, on respectait toutes les consignes, puis il n'y en avait pas, de problème. Bien là, il faut comprendre que c'est une question de risque. C'est qu'il y a des personnes, quand ils vont au restaurant ou dans n'importe quelle autre activité, qui ne vont pas toujours respecter le deux mètres. Ce n'est pas la faute des propriétaires de restaurant, là. Mais, si on décidait demain matin de réouvrir les restaurants, on augmenterait les risques que la propagation augmente, et aujourd'hui c'est le contraire qu'il faut faire.

Puis, honnêtement, quand on regarde, encore aujourd'hui, plus de 1 000 cas, 1 000 nouveaux cas, bien, on aurait aimé ça évidemment, là, voir une diminution du nombre de nouveaux cas, mais là ça semble être vraiment comme un peu gelé à 1 000 nouveaux cas par jour. Puis, 1 000 nouveaux cas par jour, on ne peut pas supporter ça, là. Notre réseau de la santé ne peut pas supporter les conséquences des 1 000 nouveaux cas par jour. Puis 1 000 nouveaux cas par jour, ça veut dire, comme aujourd'hui, 20 nouveaux décès par jour. On ne peut pas se dire : On accepte cette situation-là. Puis en plus, les prochaines semaines, les prochains mois, bien, l'hiver va arriver, donc plus de gens à l'intérieur, la saison de la grippe, là. Donc, ça va s'ajouter, ça ne va pas s'améliorer.

Bon, évidemment, on ne souhaite pas ajouter des consignes. Mais on regarde Boston. Ce n'est quand même pas à l'autre bout du monde, Boston, là, il y a beaucoup de Québécois qui vont à Boston, puis Boston aujourd'hui a fermé toutes les écoles publiques de Boston, là. Moi, c'est la dernière chose, là, dans la liste, que je veux faire, de fermer nos écoles publiques. Je pense qu'on doit ça à nos enfants de tout faire pour protéger nos écoles publiques.

Donc, on n'a pas le choix, tout le monde doit réduire ses contacts. Demandez-vous pas comment on peut faire pour contourner les consignes. Demandez-vous, là, comment on peut faire pour éliminer tous les contacts qui ne sont pas absolument nécessaires. Ça veut dire, par exemple, que tous ceux qui sont capables de faire du télétravail doivent faire du télétravail. Je sais que la chambre de commerce de Montréal ne m'aimera pas quand je dis ça, là, parce qu'on le sait les commerces dans les centres-villes souffrent beaucoup parce qu'il y a beaucoup de gens qui font du télétravail. Mais, moi, ce que je vous dis aujourd'hui, là, c'est qu'il faudrait qu'il y en ait encore plus qui fassent du télétravail parce que c'est quand même un endroit où il y a des infections, là, parce qu'il y a des contacts sur les lieux de travail. Donc, tous ceux qui sont capables de faire du télétravail, faites du télétravail.

Puis, en terminant, bien, je vous dirais, moi, je n'ai pas changé ma résolution, là, c'est la santé d'abord puis tout le reste ensuite. Ça veut dire que, si on n'arrive pas à contrôler la pandémie, bien, tout le reste prend le bord, là. Il faut que tout le monde comprenne ça. Puis moi, bien, aujourd'hui, je veux être très clair, là, j'ai besoin de la collaboration de tous les Québécois. J'ai besoin d'un grand effort collectif, un, pour sauver notre réseau de la santé, puis, deux, pour sauver des vies. Donc, je compte sur vous, je compte sur tous les Québécois. Merci.

Good afternoon, everyone. The number of new cases remains around a 1,000 per day, but on a weekly basis, the number of hospitalisations and deaths continue to increase. If we look at what is happening in the rest of the world, the situation isn't getting better. In United Kingdom, in United States and France, the number of new cases, hospitalisations and deaths are even higher than in Québec.

We don't want to be forced to delay surgeries, treatments for cancer or other illness. And of course, we don't want more deaths. That is why we have to close some of our activities in red zones.My vision hasn't changed since the beginning of the pandemic. It's health first. And if we're not able to control the virus, the rest will come second. So I'm calling on you all. Thank you.

Le Modérateur : Le premier ministre va maintenant répondre aux questions. Nous allons débuter avec Véronique Prince, de Radio-Canada.

Mme Prince (Véronique) : Bonjour à vous trois. La question que plusieurs personnes se posent, à partir de la semaine prochaine, la fin du 28 jours, à ce moment-là, qu'est-ce qui se passe, parce que, quand on vous écoute aujourd'hui, on a l'impression qu'il n'y a rien qui va rouvrir après le 28 jours, là.

M. Legault : Bien, écoutez, on est encore à 1 000 nouveaux cas par jour. Ça a un impact sur les hospitalisations, sur les décès. On veut prendre encore quelques jours pour regarder la situation. Donc, on devrait, là, quelque part au début de la semaine prochaine, être capables de vous dire, là, ce qu'on va faire après le 28 octobre. Mais c'est clair qu'actuellement, là, il faut réduire les contacts. Il ne faut pas augmenter les contacts. Il faut réduire les contacts.

Mme Prince (Véronique) : Pourquoi, en fait, on demeure sur ce plateau-là? Pourquoi on n'est pas capables de faire redescendre la courbe? C'est quoi, le problème, actuellement, principalement?

M. Legault : Bien, d'abord, c'est une bonne chose, au moins, qu'on ait atteint le plateau parce que, quand on regarde les autres pays, il y a une augmentation à chaque jour. Il y a une augmentation. Donc, au moins, nous, on a stabilisé. Mais, bon, il n'y a pas de secret pour réduire le nombre de nouveaux cas, il faut réduire le nombre de contacts, puis on ne semble pas être capables de le faire actuellement.

M. Dubé : Bien, peut-être pour compléter, bien, je pense, premièrement, qu'on a vu que les mesures fonctionnent. Mais, on l'a dit, rappelez-vous la présentation qu'on vous a faite, de l'INSPQ, il y a maintenant une semaine… disait que, pour avoir un impact additionnel, ça prenait une réduction de contacts, ce que le premier ministre vient de dire. On parlait d'à peu près 25 % de réduction des contacts. Alors, aujourd'hui, s'il y a un message clair, là, du premier ministre, appuyé par cette étude-là, qui a été bien expliquée vendredi dernier, ça prend au moins une réduction d'environ 25 % des contacts, alors, de moins.

Alors, rappelez-vous, dans l'étude la semaine dernière, on disait qu'avant la pandémie chacun avait à peu près huit, neuf contacts. Il y avait eu le confinement. C'était descendu à deux, trois contacts par personne au mois de mai. On a déconfiné, on a déconfiné, on est revenus à peu près à cinq contacts aujourd'hui. Puis l'INSPQ dit : Vous avez bien réussi à arrêter la vague, mais, si vous voulez baisser, ça prendrait un 25% additionnel de réduction de contacts. Alors, c'est mathématique, là. C'est pour ça que le premier ministre insiste. Dans les prochains jours, il faut continuer de trouver, dans chacun de nos cas quotidiens, comment on réduit nos contacts.

Le Modérateur : Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, M. le premier ministre, M. le ministre, Dr Arruda. Il semble y avoir dans les... quand on regarde la tendance, c'est vrai qu'on a une espèce de plateau à 1 000 cas par jour, mais on a l'impression que c'est des personnes plus vulnérables maintenant qui sont touchées. Comment vous expliquez ça? Parce que les mesures sont assez importantes. On visait quand même une certaine clientèle plus jeune parce qu'on avait remarqué qu'en début de deuxième vague il y avait davantage des gens plus jeunes, là, qui étaient touchés. Comment on explique maintenant qu'il y a davantage de cas de gens plus âgés et plus vulnérables qui sont touchés?

M. Dubé : Peut-être, Horacio, allez-y, puis peut-être je compléterai.

M. Arruda (Horacio) : Oui. Ce qu'il faut comprendre, c'est que cet été... ce qui arrive, c'est que le virus est là. Les premiers cas ont été surtout sur des jeunes, dans les populations plus jeunes, qui se sont retrouvés moins hospitalisés, mais le virus... ont continué à compléter la transmission du virus, et ça finit, à ce moment-là, par pénétrer les différents milieux, notamment les résidences pour personnes âgées. Et c'est là que les vulnérables, eux, se retrouvent hospitalisés et, après ça, de l'hospitalisation, passent au décès.

Ça fait que, dans le fond, c'est tout simplement dans la dynamique de transmission. On avait éliminé notre virus des milieux à risque pour les personnes âgées avec la baisse cet été, mais comme ça continue à se transmettre... Parce que l'autre élément qu'il faut comprendre par rapport au plateau, c'est que le virus n'a pas disparu du Québec même si cet été on a baissé jusqu'à 60 cas. Il était présent, mais il s'est répliqué avec l'augmentation des contacts puis, à ce moment-là, il finit par frapper.

Puis c'est ces trois vagues-là qu'a expliquées le premier ministre. Premièrement, des cas, des cas qui peuvent être jeunes, plus jeunes, à l'école, etc; ensuite, des gens qui se font hospitaliser; puis ensuite, si ça rentre dans les milieux, même dans les CHSLD, les gens peuvent mourir là sans être hospitalisés. Mais c'est véritablement... D'où l'importance, à mon avis, de diminuer les contacts, pour diminuer la transmission, pour diminuer la probabilité d'infecter des personnes à haut risque.

M. Lacroix (Louis) : En sous-question sur le même thème, M. Dubé, est-ce que vous vous inquiétez en ce moment de la situation dans les CHSLD auprès des personnes âgées qui pourrait mener vers des hospitalisations et donc, comment dire, à une paralysie du système de santé? On en est où en termes de risque d'engorgement du réseau de la santé en ce moment?

M. Dubé : Bien, écoutez, je vous le dis depuis le début, je suis toujours inquiet. Je pense qu'on a réussi jusqu'à maintenant, là... Je regardais des statistiques qu'on a à l'interne, où on en est aujourd'hui après 50 jours d'une deuxième vague versus 50 jours d'une première vague, on n'est pas du tout dans le même registre, là. On parle d'à peu près 320 personnes contaminées dans nos 40 CHSLD, alors qu'à la même date, puis ça, vous l'avez dans les documents qui sont sortis aujourd'hui, à la même date, à la 50e journée de la première vague, c'était plus de 2 700 personnes qui étaient contaminées dans à peu près une centaine de CHSLD. Ça fait qu'on n'est pas du tout dans le même registre. On a réussi jusqu'à maintenant, pas parfaitement… mais à contrôler l'épidémie dans les CHSLD, à l'exception de quatre ou cinq CHSLD où l'éclosion est plus importante malgré le système de prévention et de contrôle.

Alors, si vous me demandez si je suis inquiet que ça peut continuer, la réponse, c'est oui. Et c'est pour ça qu'il faut autant redoubler de mesures, comme le premier ministre vient de dire, pour ce qui est de la contagion communautaire. Mais qu'est-ce qu'on peut faire de plus dans nos CHSLD, c'est tout d'abord de continuer à s'assurer que les mesures PCI par nos employés sont bien suivies. Parce que nos employés, on le dit, ils sont fatigués, ça fait sept mois qu'ils vivent ces deux vagues-là. Puis c'est... je dirais, c'est normal... je veux faire attention, mais c'est normal qu'ils soient fatigués puis que des fois il y a un relâchement à l'heure du midi. Puis moi, je veux leur dire qu'on est en appui, mais ce n'est pas facile de toujours être aux aguets parce que le virus est sournois.

Alors là, on a mis des équipes, puis ça faisait partie de notre plan qu'on avait déposé au mois d'août, au mois de juillet. Il faut qu'on répète à nos employés... Puis c'est pour ça maintenant qu'on a ce qu'on appelle des champions PCI, dans nos CHSLD, qui rappellent les mesures. On a même mis des employés pour s'assurer que ça allait être fait. Je pense qu'on a bien réussi. Et, quand arrivent des cas, comme on a eu dans nos quatre CHSLD dans les derniers jours, bien là, on renvoie des équipes additionnelles d'intervention pour essayer de contrôler puis d'éliminer la contagion.

Je vous donne un exemple. Puis c'est pour ça que je suis encouragé quand même, même quand on a des difficultés. Cet été, début juillet, mi-juillet, on a eu deux grosses éclosions dans des CHSLD à Saint-Jérôme puis à Saint-Eustache. Maintenant qu'on est prêts puis qu'on savait que ça pouvait arriver, qu'est-ce qu'on a fait? Des équipes d'intervention. On a une belle équipe, entre autres du CHUM, qui vient en appui à ces gens-là. Bien, dans quelques jours, l'éclosion, dans ces deux places-là, a été faite. Les équipes en ce moment, là, du CUSM, du CHUM sont en train d'intervenir dans les CHSLD dont je vous parle. Ça fait que non seulement il y a une équipe régionale qui le fait, mais il y a une équipe que je vais appeler provinciale, une équipe qui vient aider.

Alors, oui, ça arrive des fois qu'une éclosion rentre, comme Dr Arruda le disait. Mais on a l'équipe pour le faire puis s'assurer le plus rapidement possible qu'on va la maîtriser puis qu'on reste dans ces chiffres-là. On a huit fois moins de contamination, après 50 jours, qu'on l'avait à la première vague. J'aimerais ça que ça soit 100 %. En ce moment, c'est 85 % de moins de contagion à la même période. Mais il faut continuer de faire un énorme travail de PCI puis d'appuyer nos employés qui sont souvent fatigués puis qui ont besoin d'être encouragés.

Le Modérateur : Merci. Alain Laforest, TVA Nouvelles.

M. Laforest (Alain) : Je vais poursuivre dans la même veine. M. le premier ministre, M. le ministre de la Santé, M. Arruda, qui est imputable de ce qui se passe actuellement dans les quatre CHSLD, parce que c'est là-dessus que vous avez basé votre action pour le deuxième plan cet été?

M. Dubé : Oui. En fait, bien, la première personne qui est imputable, c'est le directeur général, là, ce que moi, j'appelle la personne sur place. On en a mis un par CHSLD. Je peux vous dire qu'en ce moment je suis dans une analyse, là, des quatre cas pour avoir la chronologie des événements, qu'est-ce qui est arrivé, puis surtout comprendre. Puis, je le répète, est-ce que les contrôles en prévention ont été suivis, ça, c'est… La première chose qu'on va faire, là, c'est non seulement la chronologie… On a-tu été avertis à temps? Est-ce qu'ils ont mis l'équipe volante, dont je vous parlais tantôt, locale au bon moment? Je suis pas mal assuré que ces choses-là ont été faites.

Mais, pour répondre à votre question, ça, c'est la responsabilité locale des personnes qu'on a mises. Si ça n'a pas été suivi, bien, il va y avoir des gestes qui vont être posés. Mais je dois vous avouer, à cause de la rapidité avec laquelle c'est arrivé, en ce moment, je suis plus dans un mode d'intervention pour contrôler que de savoir qu'est-ce qui est arrivé. Mais on le fait en parallèle. Puis, dans les prochains jours, je vais avoir une explication très claire, là, sur les quatre cas... et de voir qu'est-ce qu'on peut faire, s'il y a des mesures à prendre.

M. Laforest (Alain) : Dr Arruda, depuis le début de la deuxième vague, est-ce que vous êtes totalement en accord avec toutes les décisions prises par le gouvernement?

M. Arruda (Horacio) : Je vous ai dit que, quand je ne serai pas en accord puis que je considérerai que c'est une décision qui n'est pas adéquate, que je ne serais pas là, que je l'exprimerais, là. Jusqu'à maintenant, je vous dirais… Comme je vous l'ai dit, il y a des choses qui sont de la science probante. Et là, actuellement, on est dans un univers où on doit porter un jugement sur la situation au Québec, qu'est-ce qu'on ferme, qu'est-ce qu'on ne ferme pas, qu'est-ce qu'on maintient, qu'est-ce qu'on ne maintient pas. Puis là il n'y a pas de réponse parfaite. Les gouvernements font des choix différents. Vous allez voir, d'un pays à l'autre, selon le contexte, ils font des choix différents.

Ça fait que moi, je tiens à vous dire, actuellement, je me sens encore confortable. On a un gouvernement proactif, si vous me permettez. On n'est pas parfaits. On a des choses à améliorer, même du côté de Santé publique, en lien avec notre capacité de chercher les cas et de les contrôler. On vient d'augmenter le nombre de ressources. On va encore l'augmenter encore plus. Moi, je rêverais qu'on baisse en bas de 1 000, qu'on soit dans une situation où les chirurgies nécessaires, les cancers, les autres soins qui sont importants et qui sont des impacts collatéraux, hein, de...

Je pense qu'il faut comprendre aussi qu'il faut qu'on regarde les effets de santé mentale, puis etc. Mais actuellement je pense qu'on a été assez proactifs en termes de mesures. Mais il y a une partie qui nous appartient, puis ça, on va le gérer, l'améliorer, continuellement l'améliorer. Puis il y a une partie aussi qui appartient aux gens par rapport au respect des consignes. Ça, c'est là qu'il faut voir.

Puis aussi tous les milieux de travail devront renforcer leurs mesures. Je pense que peut-être qu'on les a oubliés. Puis je vous le dis tout de suite, là, en milieu de travail, sur l'heure du lunch, avant le milieu de travail, après le milieu de travail, c'est très facile de revenir à moins de deux mètres. Et ça, je pense que c'est là, là, qu'est la solution. Une société qui serait à deux mètres tout le temps, c'est comme si elle était presque confinée, et ça veut dire qu'on pourrait fonctionner normalement. Mais on sait que la nature fait que ce n'est pas ça qui arrive, d'où l'importance de resensibiliser, de répéter, de répéter la même chose. Deux mètres, masque, lavage, diminution des contacts, c'est les messages clés, je pense, qu'il faut retenir aujourd'hui.

Le Modérateur : Isabelle Porter, Le Devoir.

Mme Porter (Isabelle) : Oui. Bonjour à tous les trois. On a beaucoup parlé, ces dernières semaines, du manque d'infirmières dans le réseau. Or, on constate qu'il manque encore des préposés aux bénéficiaires. Seulement au CIUSSS du Saguenay—Lac-Saint-Jean, je pense qu'il y en manque 200 en ce moment. Est-ce que vous comptez prendre des nouvelles mesures pour en recruter? On avait l'impression que tout avait été fait pour ça. C'est quoi, la prochaine étape?

M. Dubé : Bien, merci pour la question, parce que rappelez-vous qu'on en veut 10 000 et on en a eu un petit peu moins 7 000, là, 6 800 quelques. Alors, c'est sûr qu'il y en manque encore. Ces gens-là sont en formation. Alors, le plus rapidement possible, on va pouvoir les avoir… Mais ce n'est pas pour rien qu'on en demandait 10 000, parce qu'il y en manquait. Alors, notre objectif, c'est d'aller chercher ces personnes-là le plus rapidement possible.

Mme Porter (Isabelle) : Ça va être suffisant?

M. Dubé : Bien, écoutez, je pense que ça, le fait d'avoir des préposés aux bénéficiaires, je ne vous cacherai pas que ça fait partie aussi de notre plan d'avoir des infirmières additionnelles en CHSLD aussi. Alors donc… Puis comme vous savez, il n'y a pas besoin de vous dire qu'il y a une négociation qui est en cours avec la FIQ. Alors, je pense que la combinaison d'avoir le bon nombre de préposés puis d'avoir les infirmières quand la négociation sera réglée, je pense qu'on va être capables d'avoir le bon service… la bonne charge de travail pour ces deux professions-là dans nos CHSLD.

Mme Porter (Isabelle) : Puis, concernant la situation dans les CHSLD, est-ce que vous pensez peut-être resserrer les règles sur les visites dans les RPA, les CHSLD avec ce qui se passe en ce moment à plusieurs endroits?

M. Dubé : Bon, sur les RPA, puis je demanderai peut-être à Horacio de… Dr Arruda de compléter. Moi, je vais vous dire, je fais une grosse différence entre les CHSLD où on a une clientèle qui est, je vais dire, 100 % vulnérable. Quand on arrive dans les RPA, je vais mettre un chiffre, là, puis je peux me tromper de quelques pourcentages, mais est-ce que c'est 85 % ou 90 % de la population dans les RPA, c'est des gens, je vais dire, qui louent un condo ou qui louent un espace, qui sont très autonomes. Ce n'est pas une clientèle vulnérable, là, c'est des gens qui ont le droit de sortir, qui se déplacent, etc. Mais il y a quand même, dans certains RPA, des places qui ont été achetées ou des gens à clientèle vulnérable, des niveaux 3 et 4 qu'on appelle, qui sont dans ces RPA là.

Alors, moi, en ce moment, là, ce qu'on est en train de voir… parce que vous avez vu, aujourd'hui… Puis on est très transparents, là, on vous dit : Aujourd'hui, sur 1 000 cas, là, il y a à peu près une centaine de cas qui sont soit dans les CHSLD… c'est à peu près 20 cas aujourd'hui puis à peu près 70… je peux me tromper, là, mais tout près de 70 cas qui sont dans les RPA.

Donc, est-ce que ça nous inquiète à moyen terme? La réponse, c'est oui. Puis, moi, ce que je veux savoir, puis c'est ça que j'ai demandé à mon équipe, de rechercher, à l'intérieur de ces RPA là, est-ce que c'est vraiment... c'est quoi, la proportion de clientèle vulnérable qui a été touchée dans les RPA, parce qu'aller mettre des mesures supplémentaires dans les RPA, c'est comme si on demandait à tous les condos du Québec d'avoir des mesures supplémentaires. Je ne suis pas sûr qu'on est rendus là. Si c'est plus une clientèle particulière, là, comme je viens d'expliquer, qui est dans les RPA… Mais c'est sûr qu'en ce moment l'augmentation des cas dans les RPA, ça nous inquiète. On le suit de très proche. Puis, je le répète, c'est pour ça qu'on vous donne toute cette information-là, pour que les gens puissent apprécier où est le danger en ce moment. Le danger, il est partout, mais il est dans les RPA aussi.

M. Arruda (Horacio) : Si vous me permettez, parce qu'ils sont âgés, ils sont à plus haut risque de complications, et donc il faut qu'ils se comportent... Je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire. Sans qu'on ait à introduire… ou empêcher des gens de se voir, puis de sortir, puis etc., il faut qu'ils fassent attention aux rassemblements. S'il y a des cuisines communes ou si les gens vont manger ensemble puis ils ont tendance à diminuer la distanciation, là, ils se mettent à risque.

Puis il faut comprendre qu'il y a beaucoup de gens du même âge, en haut de 70 ans et plus, qui demeurent à la même place. Ça fait que, quand le virus rentre à l'intérieur de ça, si les mesures ne sont pas respectées... La différence par rapport à une personne âgée qui vit chez elle, c'est que la probabilité est moins grande de contacts avec des personnes que si elle est dans une résidence pour personnes âgées. Donc, la solution, pour eux, sans qu'on ait à introduire des... à empêcher les gens de sortir, puis etc., c'est de toujours respecter le deux mètres, de toujours faire attention puis d'éviter les occasions où ils vont se retrouver naturellement, par exemple s'ils font un bingo dans la salle commune ou etc.

Une voix : ...

M. Arruda (Horacio) : Non, non, mais à l'intérieur. Non, non, mais je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire, là, mais toute activité qui va introduire les gens ensemble, c'est à risque. Et c'est ça qu'il faut que les gens comprennent. S'ils veulent garder leur liberté de sortir, puis etc., c'est en se distanciation, en évitant les partys de famille aussi à l'intérieur parce qu'ils introduisent le virus.

Le Modérateur : Fanny Lévesque, LaPresse.

Mme Lévesque (Fanny) : Oui. M. Dubé, je voudrais vous entendre sur le CHSLD de Lambton. Ça fait six semaines qu'ils sont dans la zone rouge, là, selon la liste. Donc, pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant d'envoyer une équipe SWAT et pourquoi, donc, avoir choisi maintenant? Quel a été l'élément déclencheur pour envoyer une équipe sur place?

M. Dubé : Bien, la bonne nouvelle, je vais aller à la conclusion tout de suite, c'est que Lambton a été retiré de la liste hier soir parce qu'il n'y avait plus d'éclosion. Alors, je pense qu'il a été un petit peu trop longtemps sur la liste. J'essaie de vous résumer le cas, parce que ce qu'on essaie de... Je vais essayer de faire ça rapidement, mais, quand on a parlé justement des deux listes la semaine dernière, ou, plutôt, cette semaine, moi, je vous l'ai dit, que je voulais migrer le plus rapidement possible de la liste qu'on a, des opérations, qu'on discute avec nos P.D.G. tous les jours, puis que cette liste-là devienne la liste publique. Je ne voulais plus avoir deux listes qui causaient un problème.

Alors là, la liste que vous avez en ce moment, là, elle est en train d'être finalisée, mais ça fait deux jours que c'est la même liste que mes gens d'opérations… suivent chacune des éclosions puis qu'ils discutent tous les jours avec les P.D.G. Donc, la bonne nouvelle, c'est qu'hier soir on a dit aux P.D.G. : Comment ça se fait que Lambton est encore là, alors que l'éclosion est finie? Ça fait qu'on l'a enlevé. Alors donc...

Mme Lévesque (Fanny) : …une équipe là, quand même, aujourd'hui?

M. Dubé : Oui, mais c'est pour ça qu'on s'est dépêchés à envoyer une équipe, pour se rendre compte qu'il n'y avait pas d'éclosion. J'aime bien mieux l'avoir envoyée pour rien que de ne pas l'avoir envoyée du tout. Mais c'est pour vous dire comment maintenant on est très proches de cette réalité-là avec les P.D.G., à qui on parle tous les jours. Puis là ce n'est pas juste avec le responsable local. Le responsable local le dit à son supérieur. Ça monte jusqu'au P.D.G., et le P.D.G. prend la responsabilité, tous les soirs, de s'assurer que la liste est à jour. C'est ce qu'il a réalisé avec Lambton hier soir.

Le Modérateur : Marc-André Gagnon.

Mme Lévesque (Fanny) : Je n'ai pas de sous-question?

Le Modérateur : Vous avez déjà posé deux questions, mais allez-y rapidement.

Mme Lévesque (Fanny) : Je veux juste vous entendre, M. Legault, sur les restaurants. Je sais que ça préoccupe beaucoup de gens. On est encore à limiter nos contacts. On comprend bien, mais est-ce que... Bon, le 28, c'est dans une semaine, là. Est-ce que les restaurateurs peuvent se préparer à rouvrir ou c'est déjà décidé, c'est évident? Je pense qu'ils aimeraient ça le savoir aujourd'hui, là. S'ils n'ont pas à rouvrir, ils pourraient le savoir maintenant, ou est-ce qu'il y a encore une possibilité que ça soit rouvert?

M. Legault : Écoutez, j'ai été en affaires. Donc, je sais que c'est important, la prévisibilité. Puis, comme je vous disais, j'ai des amis propriétaires de restaurants qui me disent : Bien, est-ce que je me prépare, pour le 29, à commencer à acheter de la marchandise, et tout ça? Écoutez, aujourd'hui, là, je regarde le nombre de cas, là, les chances sont faibles. Mais on se donne jusqu'au début de la semaine prochaine pour leur dire ce qui va arriver à partir du 29 octobre.

Le Modérateur : On a fait une exception puisque c'est votre anniversaire.

M. Legault : Bonne fête!

Le Modérateur : Marc-André Gagnon, Le Journal de Québec.

M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour, M. le premier ministre. Donc, il y a une possibilité, là, que les choses empirent davantage. Si, par malheur, lors de cette deuxième vague, il y a une catastrophe qui se reproduit encore dans les CHSLD, est-ce que vous en prendrez la responsabilité personnelle?

M. Legault : J'ai appris, avec mes quelques années en politique, de tout faire attention quand une question commence par un «si», hein? Donc, je n'aime pas ça faire des hypothèses, là. Mais, écoutez, on est toujours responsables de la situation. C'est sûr que, comme le disait Dr Arruda, c'est une responsabilité qui est partagée parce que, quand on annonce des consignes, bien, on souhaite évidemment que les Québécois respectent ces consignes-là. Donc, moi, là, je n'essaie pas d'enlever ma responsabilité, là, sur ce qui se passe actuellement. Veux-tu rajouter?

M. Dubé : Oui. Moi, je vais vous dire, quand le premier ministre m'a donné ce mandat-là, il y a quelques mois maintenant, il m'a dit clairement qu'il fallait protéger nos aînés dans les CHSLD. C'était carrément ça, mon mandat. Je dors très mal ces temps-ci. Je suis préoccupé de la question de votre collègue tout à l'heure. Je me sens très responsable de cette situation-là. Je suis chanceux parce que je suis appuyé par une équipe. J'ai eu la chance, là, depuis quelques semaines, même quelques mois, d'ajouter beaucoup de personnes à l'équipe, au ministère, pour être capable de le suivre en termes opérationnels, je reviens souvent là-dessus, là, mais s'il y a quelqu'un, en ce moment, qui est responsable, là, c'est moi. Puis je peux vous dire que je vais m'assurer qu'on va rester en contrôle. Ce n'est pas facile, mais je pense qu'à date le plan fonctionne, malgré une situation difficile. Mais je suis responsable de ce qui est en train d'arriver.

M. Gagnon (Marc-André) : Très bien. Vous laissez planer, depuis un certain temps, là, la possibilité d'alléger, peut-être, en premier les restrictions qui concernent le sport, là, entre autres chez les jeunes. Alors, encore, ce matin, j'entendais la Dre Mylène Drouin dire que, bien, la plupart des éclosions, dans les dernières semaines, on les a retrouvées surtout après des activités sportives, notamment en raison de l'enjeu des aérosols puis dans les milieux de travail, pas nécessairement, donc, dans les salles à manger. J'ai entendu ce que vous avez dit, M. le premier ministre, mais est-ce qu'il ne serait pas plus logique, dans l'ordre des choses, là, de commencer par rouvrir les salles à manger avec des restrictions très sévères avant d'alléger, donc, les restrictions imposées dans le cas du sport?

M. Legault : Écoutez, c'est un équilibre, là, qui est très fragile, et ce n'est pas noir ou blanc, puis il n'y a pas de livre d'instruction, là. En tout cas, je le cherche s'il y en a un. Mais c'est certain aussi que, dans la balance, quand on parle des jeunes puis quand on parle des sports chez les jeunes, il y a aussi toute la question de la santé mentale. Bon, mais, d'un autre côté, effectivement, dans les sports où il y a des contacts, il y a un risque de propagation du virus, puis actuellement il y en a trop, de propagation du virus, là.

Donc, bon, je comprends qu'il y a des jeunes actuellement qui souffrent de ne pas faire des sports, mais, d'un autre côté, il y a trop de propagation. Donc, ça fait partie des débats. On espère, au début de la semaine prochaine, être capables, avec les chiffres de la fin de semaine, de vous annoncer la décision qu'on prendra, là, pour le 29 octobre, concernant les restaurants, les bars, les gyms, les sports pour les jeunes, tout vous dire ça, là, pour qu'il y ait un peu de prévisibilité. Mais là on veut se donner encore quelques jours pour être capables de regarder l'évolution de la situation.

Le Modérateur : François Carabin, Métro.

M. Carabin (François) : Bonjour à vous trois. D'abord, Dr Arruda, vous disiez un peu plus tôt que vous avez peut-être oublié les milieux de travail dans les restrictions imposées. Là, ça fait quelques semaines qu'on nous rapporte que c'est au-dessus de 40 % des éclosions qui proviennent des milieux de travail. Dr Brisson aussi, dans son étude la semaine dernière, parlait d'un important nombre d'éclosions qui proviennent des milieux de travail. Alors, pourquoi, aujourd'hui, vous nous dites que vous avez peut-être oublié les milieux de travail si ça fait plusieurs semaines qu'on nous en parle?

M. Arruda (Horacio) : Je ne sais pas si j'ai dit ça, écoutez, peut-être que je me suis mal exprimé, là. Je pense qu'il y a... Je n'ai pas nécessairement dit qu'on avait oublié les milieux de travail. J'ai peut-être dit qu'il faut renforcir les actions dans les milieux de travail parce que, comme partout ailleurs, il y a eu un relâchement dans la société. C'est ça que je voulais exprimer.

Mais, si vous me permettez, quand même, même s'ils représentent 40 quelques pour cent des éclosions qu'on a actuellement, leur nombre est plus petit en termes de génération de cas. O.K.? Mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas intervenir. On va intervenir. Il y a autant... il y a plus de cas, même, dans les établissements de santé ou dans certains milieux comme les RPA, actuellement, en termes de nombre de cas, que dans les milieux de travail. Mais comme il y a toute une série de milieux de travail, il y en a qui sont plus à risque, on l'a vu dans la transformation alimentaire, puis etc., il y a eu des situations. Mais ce qu'on va faire, c'est... D'ailleurs, ce matin, j'étais au C.A. de la CNESST, la CNESST, pour leur dire qu'on va refaire une grande opération, je vous dirais, de resensibilisation et, si nécessaire, d'intervention coercitive avec les pouvoirs des inspecteurs dans les milieux qui ne respecteraient pas.

Donc, oui, ça représente 46 % des éclosions, si on regarde le total des éclosions, mais, en termes de génération de cas, elles sont moins grandes. Parce que, souvent, ça peut être deux personnes au milieu de travail puis ça ne s'est pas transmis. Mais il faut quand même rappelle ça parce que ça correspond quand même à de la transmission communautaire.

M. Carabin (François) : Et, dans le même ordre d'idées, M. le premier ministre, vous dites, donc, qu'il faut travailler par télétravail, si on veut, le plus possible. Il y a une limite de 25 % de présence dans les tours à bureaux. Est-ce qu'on pourrait réduire, par exemple, cette limite à 15 %, 10 % dans...

M. Legault : Bien, il faut faire le plus possible de télétravail. Je pense que ces limites-là qu'on s'est mises, il faut que ça soit des limites maximales, pas des limites minimales, là. Donc, je pense qu'actuellement, là, avec le fait qu'après trois semaines, là, de mesures additionnelles on est encore à 1 000 nouveaux cas par jour, bien là il faut trouver comme des mesures additionnelles, mais qui ne font pas trop mal, puis je pense que le télétravail, c'est quelque chose que chaque entreprise, chaque organisation doit regarder.

Le Modérateur : Patrice Bergeron, La Presse canadienne.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour, messieurs. M. le premier ministre, simplement à titre d'explication, parce que vous avez dit qu'aujourd'hui, maintenant, la situation est grave… Et là les gens peuvent se demander : Mais qu'est-ce qui est de plus grave par rapport à il y a deux jours ou il y a une semaine? Parce qu'on est encore dans le même plateau de nombre de cas. Oui, aujourd'hui, il y a plus de morts, mais on remarque qu'il y a quand même une certaine stabilité aussi. Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui c'est plus grave que ce l'était il y a deux jours ou il y a une semaine?

M. Legault : Bien, écoutez, ce qu'on pensait, c'est qu'il y aurait un plafonnement puis qu'ensuite il y aurait une baisse suite aux mesures qu'on a annoncées au début du mois d'octobre. Là, ce qu'on voit, c'est qu'on a le plateau, mais il n'y a pas de baisse.

Bon, deuxièmement, quand on regarde la situation ailleurs, donc, entre autres, je vous donnais trois pays qui ressemblent quand même à nous autres, là, États-Unis, France et Royaume-Uni, on voit que la situation s'empire jour après jour. Donc, d'une certaine façon, c'est une bonne nouvelle pour nous qu'on a atteint un plateau, mais on n'est pas à l'abri de voir au Québec ce qui se passe ailleurs. Donc, c'est pour ça que je dis que la situation est grave.

Puis évidemment, bien, moi, je trouve ça dur, 20 décès dans une journée, là. Je trouve ça énorme et je me dis, là: Wo! est-ce que ça veut dire qu'on va avoir ça pendant un certain nombre de jours, un certain nombre de semaines, 20 nouveaux décès par jour? Ce n'est pas acceptable.

M. Bergeron (Patrice) : Très bien. Par ailleurs, ce matin, à deux occasions, des partis d'opposition sont revenus à la charge, donc, concernant la demande d'une commission d'enquête publique indépendante, et, dans deux cas, on a dit que vous aviez peur d'être blâmé, et c'est pour ça que vous ne mettez pas en place cette commission-là. Est-ce que vous avez peur d'être blâmé, vous?

M. Legault : Pas du tout. Écoutez, là, moi, je veux être jugé, et puis je suis quelqu'un qui s'assume, et puis j'assume ce que j'ai fait. Et je n'ai absolument rien à cacher. Puis Mme Castonguay, là, va faire tout le travail qu'elle souhaite faire pour essayer de voir qu'est-ce qui s'est passé exactement dans les CHSLD. Puis, moi, ce que je souhaite — moi, je suis un gars pragmatique, un gars de résultats — c'est que je ne veux pas, comme on l'a déjà vu, par exemple, avec la commission Charbonneau, que ça dure quatre ans, puis que, là, bon, tu arrives, puis tu as les résultats, puis c'est un autre gouvernement qui est là, puis tout le monde a oublié ce qui s'est passé. Une des conditions qu'on avait mise à Mme Castonguay, c'est qu'elle doit livrer son rapport puis ses recommandations au plus tard en septembre 2021. Donc, moi, je veux être jugé, là. Parce qu'à ce que je comprenne, là, septembre 2021, c'est avant octobre 2022. Donc, les gens, bien, ils voteront en octobre 2022 en ayant toutes les informations, puis je n'ai rien à cacher.

Le Modérateur : Olivier Bossé, Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : Bonjour. M. Legault, vous avez dit : On ne peut pas supporter 1 000 cas par jour. C'est effectivement ça qui se passe depuis trois, quatre semaines, je pense, c'est ça qu'on supporte, malgré le fait qu'on... Combien de temps qu'on peut encore supporter ça, 1 000 cas par jour?

M. Legault : Bien, écoutez, c'est que, là, ce qu'il faut voir... Aujourd'hui, bonne nouvelle, d'une certaine façon, pour la première fois, là, depuis un certain temps, baisse des hospitalisations. Bien honnêtement, on s'attend par contre, dans les prochains jours, à ce qu'on revienne avec des augmentations d'hospitalisations. Puis, quand on regarde la séquence dans les trois autres pays que je vous mentionnais, bien, ça déboule éventuellement sur des hospitalisations puis sur des décès. Donc, à 553 hospitalisations, c'est encore sous contrôle, mais on peut penser que ce chiffre-là va augmenter dans les prochaines semaines, puis là on va se rapprocher d'un plafond, là, qu'on ne peut pas dépasser sans être obligés de reporter certaines chirurgies, certains traitements. Bien, ce n'est pas noir ou blanc, là. Je ne sais pas...

M. Dubé : N'oubliez pas que demain, encore une fois, l'INSPQ va mettre son étude à jour, hein, tous les vendredis, pour justement faire la simulation à jour, là, du vendredi pour le nombre d'hospitalisations avec les données qui se sont déroulées dans la semaine, là. Alors, on va avoir une meilleure idée. Ça va être publié, comme d'habitude, le vendredi.

M. Bossé (Olivier) : J'ai vu, dans les quatre CHSLD qui ont reçu l'équipe d'urgence... la maison de Fargy ici, on a entre autres évoqué le fait que peut-être que le bâtiment est vétuste. Le bâtiment n'est pas devenu vétuste du jour au lendemain, ça, on le savait. Qu'est-ce qu'on peut faire pour palier d'ici... Je comprends qu'il va y avoir la construction des maisons des aînés, tout ça, mais d'ici là le bâtiment reste vétuste encore pour plusieurs mois, là.

M. Dubé : Oui. Alors, ce qu'on a fait dans plusieurs cas... Je pourrais vérifier ce qu'on a fait dans le cas de Fargy. Un des grands éléments qui est problématique, c'est les chambres doubles, les chambres triples, hein? Alors, une des choses qu'on a faites, c'est qu'on a dit : Quand on est capables d'enlever les chambres doubles, les chambres triples, même si ça a un impact négatif sur notre capacité, on le fait. On le fait pour la plupart de nos CHSLD qui sont vétustes. Je ne peux pas vous... Je ne connais pas la situation à Fargy. Je vais aller la regarder pour voir, mais c'est certain...

Maintenant, il y a une situation... Chaque CHSLD a une situation propre. Moi, j'ai demandé... c'est pour ça je vais vous revenir la semaine prochaine, on va encore se voir, mais j'aurai une meilleure idée de chacun des cas, qu'est-ce qui s'est passé. Puis je reviendrai... j'aurais eu les discussions avec les responsables pour voir ce qui s'est passé.

Mais la vétusté est un enjeu. On avait le même enjeu, je le répète. Saint-Jérôme, là, il y avait un enjeu de vétusté. Puis c'est comme ça qu'on a réussi à le contrôler, c'est de s'assurer qu'on limitait... qu'on enlevait les chambres doubles, les chambres triples. Je ne sais pas si c'est exactement ce qui est arrivé à Fargy, mais je vais le regarder.

Le Modérateur : C'est maintenant le moment de répondre aux questions en anglais. Cathy Senay, CBC.

Mme Senay (Cathy) : Hi, good afternoon. Regarding the special teams Mr. Dubé sent to CHSLDs, Dr. Nguyen, you remember him, he was part of this special committee on CHSLDs, he says : The province needs to do better, like, a better job at identifying the seniors' homes that are vulnerable and needs better infection control. And, when you intervene with 60% to 70% of infections… and that is the case for three CHSLDs, so, when you intervene with 50% to 70% infections in homes, it's too late.

M. Dubé : Well, I appreciate the question because, first, there are two levels of intervention. The first intervention is we're being made aware by the responsible the day of the eclosion. That is the rule, so... And then, the team that is responsible for protection of infection acts locally. So, that's the first thing. And I've checked this morning, it is what is done, OK?

The second thing is we have within the establishment, within the CISSS or CIUSSS, a team that is accessible to that CHSLD in particular. So, they have intervened at the beginning of the problem, OK? What we do when we send the team from, can I say, the provincial arrangement... This is to make sure that they are doing everything that should be done, OK? So, it's not that we wait until the progression is there.

So, that's the reason in those cases, because the numbers are important, that I said : I want to make sure that the intervention that has been made locally is being done properly. That is exactly what we do. So, we don't wait for the big numbers. I'm just saying there are two or three levels of intervention. And this is what I'm going to see in the next few days : Have we reacted properly, as supposed to be?

Mme Senay (Cathy) : And what do you say to restaurants… I just…

Le Modérateur : Je suis désolé, ce n'est pas votre anniversaire.

Mme Senay (Cathy) : Bien, voyons, ce n'était pas une question, c'était une clarification.

M. Dubé : Non, mais la dernière fois, vous étiez en dernier. Est-ce que je peux demander...

Le Modérateur : D'accord, si on a une dérogation ministérielle…

M. Dubé : Une dérogation, O.K.

Mme Senay (Cathy) : Merci beaucoup. Mr. Legault, you said that you have…

M. Dubé : Sorry, François.

Mme Senay (Cathy) : Mr. Legault, you said that you have some friends that are restaurant owners that don't talk to you anymore. It's more difficult. Well, what do you say to restaurant owners that argue that they should be allowed to reopen because they have not been… like, there is no case of outbreaks, they were respecting the rules. So what do you tell them? They are suffering right now.

M. Legault : OK. First, they are not responsible of this closing. I know many of them that did all what they needed to do in order to make sure that everybody respects the two meters, that they put in place all the rules. But what we see today is we have to reduce the risk of contacts. And, of course, when somebody is going to a restaurant, even before and after going to the restaurant, there's a risk of contacts. And, at this time, we need to reduce even the risk of contacts because we cannot afford to continue having about 1,000 new cases every day. So we need to do something and we have also to send a message. And so I understand that they are unhappy.

Le Modérateur : Merci. Mathieu Lapierre, The Gazette.

M. Lapierre (Matthew) : Good afternoon. We saw some disturbing numbers yesterday from Montréal about the effects of COVID on young adults. Many of them haven't been in school since February even. What are you considering about reopening CEGEPs and universities?

M. Legault : OK, again, we're talking about young people. So we're talking about sports for young people, but also what's happening in colleges and universities. And I have spoken to Ms. McCann about how can we… eventually, we don't know when, but we can eventually, for example, use very large classrooms to receive maybe one-third of the normal number of students in these classrooms. But again, and maybe I would compare that to restaurants, the problem is that you create a risk of potential additional contacts because those students, they may be positioned well in the classroom, but, before and after, you add some risks that they get closer than two meters. So, we don't want to do that right now with a thousand new cases a day.

M. Lapierre (Matthew) : And, Mr. Dubé, maybe I just didn't understand quite well, but you mentioned the Lambton CHSLD. Was a SWAT team sent there, and there was no more outbreak? What happened there?

M. Dubé : In Lambton?

M. Lapierre (Matthew) : Yes.

M. Dubé : The outbreak was finished...

M. Lapierre (Matthew) : How did it happen?

M. Dubé : ...in the last dew days. So, usually, the way... And this is something that we have improved, in the last few weeks. It's we were in transition... Sorry if I give you the details, but I think it's important. We had a list that was prepared and that was on our website. But that was not the same list that we used for operations in monitoring the outbreaks. OK? The is an operational review that we do now with Daniel Desharnais and his team. I think there was sometimes timing differences between the information on the public list, that caused some problems, and the operational list that is very strong, because we discuss that list every day with the P.D.G.

So we said : OK, let's go with one list. And what happened is when we discuss that, yesterday, that's exactly what I said, we... the guy said : Wait a minute, my outbreak in Lambton is finished. So, we removed it. That's good news because... But this is the improvement that we have done. So now, since yesterday, this is the second day today, the list that you see of CHSLD and RPA is the operational list. Very clear.

Le Modérateur : Stéphane Giroux, CTV.

M. Giroux (Stéphane) : Bonjour, M. Legault. Hello. First question. It's a subject you touched off in French. We're days away from the 28-day confinement. What are the odds that this will be prolonged, at this point, given the fact that we're still at this plateau of roughly a thousand cases a day?

M. Legault :OK. We gave us until the beginning of next week to take a decision. But, right now, the odds for some of the measures are not good that we'll change them.

M. Giroux (Stéphane) : That includes of course your restaurant friends?

M. Legault : I don't want to start talking about each of them. So, that's why I said «for some of them».

M. Giroux (Stéphane) : And, Mr. Dubé, I'd like to go back to the issue of the growing number of outbreaks in seniors' residences and CHSLD. Can we explain in simple terms why it's growing again? Haven't we learned anything from the first wave? Why aren't these people better protected this time around?

M. Dubé : Well, I think they're a lot better protected. I'll give you a statistic that, to me, is clear.

At the same time, at the first wave, say, 50 days, because that's the number that is representative of the situation, we had roughly 100 outbreaks and 2,700 people were affected, after 50 days. Today, after 50 days of the first wave, and this is a statistic that we will monitor in the next few days, few weeks, we have... I wouldn't say only because it's always too much, but we are at 320. And I try to remember... So 320 compared to 27,000, so it's almost nine times less, 87% less of people affected, comparing to the first wave.

Is it perfect? I would like this to be zero. But, in a virus that is so difficult to control, I think we've done a good job so far because you can see that, out of the 40 CHSLDs that are affected, only four are in the red zone, what we call… And, when we had outbreaks in the 36 others, we have been able to control them because the local team and the regional team have been involved to make sure that we control those outbreaks.

So, to me, I think we're better protected. Is it perfect? No. We still have people that die from it. We don't like it, but, I think, if you compare the two waves, we're in better control. And this is thanks to the PCI, the prevention and control measures, thanks to the employees that are doing a good job even though they are tired. But I think this a very different situation. But we should not let the guard… because the virus is at the doors of those places.

Le Modérateur : Raquel Fletcher, Global.

Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon. Mr. Legault, the opposition parties have been saying for some time that the Government did not prepare enough during this summer. I've heard you say a couple of times, maybe four or five weeks ago, when we were at 100 new cases a day or 300 new cases a day… you said, at least twice, you know, I don't think that we'll get to that, between 800 and 1,000 range. And now we've been there for three weeks. So did you underestimate the second wave?

M. Legault : No. I think that we were talking about probability. I think, at the time, we thought... And even the ENR — je ne sais pas trop quoi, en tout cas — the group making some forecasts, they didn't think that we would go to 1,000. But the plan was made with different scenarios, including one at this level, and it was a good thing to do so because right now we're ready.

And the situation, like Christian said, is totally different. First, we have no problem with equipment, personal equipment. We have 7,000 people more in our CHSLDs. So, the situation is really different. But right now it's still under control, regarding hospitalizations, but we have to reduce the 1,000 plateau as soon as possible.

Mme Fletcher (Raquel) : Mr. Dubé, you say that you're not sleeping very well these days. What is keeping you up at night?

M. Dubé : The number of cases, the number of people in hospital, the number of deaths every day. As I said, I take the responsibility to try to make it work. This is difficult. We make decisions every day that are difficult. I think we have a very good team. I repeat it, not only at the Minister, but in CHSLD, in hospital, people are making a tremendous work. They are tired. This is the seventh… This is the second wave in less than eight months. This is huge.

And it's not me that is important. I still sleep a little bit. But I think I want to thank the people that are making this work. And I think that, if we continue this way, and that's the reason we're repeating those measures, those directives, those advices, I think we're going to go through it. But I might have a couple of hard weeks, over the next few weeks, to make sure that I stay at night. That's reality.

Le Modérateur : Merci. La Tribune de la presse relaie, lorsque le temps le permet, des questions de journalistes qui n'ont pas de bureau sur la colline Parlementaire. Alors, c'est le cas aujourd'hui. Alors, une question de François Gariépy, de Radio X. Alors, je lis la question. Les restaurateurs du Québec demandent la réouverture des salles partout en province. Pouvez-vous répondre à la question qu'ils vous posent, à savoir : Quels sont les motifs et les données qui ont mené aux fermetures et quels sont les critères établis pour permettre la réouverture des restaurants au Québec?

M. Legault : Oui. Bien, je pense, j'ai déjà répondu à cette question-là, mais, spécialement pour Radio X, là, je vais répéter ma réponse. Ce n'est pas la faute des propriétaires de restaurant si on est obligés, dans les zones rouges, de fermer les restaurants. C'est parce qu'actuellement il y a trop de contacts, il y a trop de nouveaux cas, puis ça amène… puis ça va amener, probablement, dans les prochains jours, une trop grosse augmentation et des hospitalisations et des décès.

Donc, c'est un moyen préventif pour réduire les risques de contacts. Je comprends très bien que des restaurateurs, pendant qu'ils étaient ouverts, ont respecté les règles, entre autres le deux mètres. Mais toute occasion de contact social est une occasion de ne pas respecter le deux mètres, et actuellement, bien, il faut faire les efforts puis il faut penser aux 20 décès, là, qu'on constate de plus aujourd'hui.

Le Modérateur : Merci beaucoup. Bon après-midi à tout le monde.

(Fin à 14 h 1)

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