(Neuf heures seize minutes)
La Modératrice : Alors, je
vous remercie pour votre présence. Je cède la parole à la députée de Vaudreuil,
qui vous a convoqués pour ce point de presse.
Mme Nichols : On est ici pour
parler de la Coalition des Laurentides, qui demande en urgence un plan
spécifique. Je suis accompagnée de mes collègues André Fortin, député de
Pontiac, Guillaume Cliche-Rivard, député de Saint-Henri—Sainte-Anne, de Joël
Arseneau, des Îles-de-la-Madeleine, à qui je vais céder la parole.
D'emblée, je voulais vous dire que chaque
région du Québec a leur propre réalité, puis je peux parler, entre autres, de
Vaudreuil, où plusieurs de nos citoyens doivent se déplacer à Hawkesbury pour
avoir des services en santé. J'ai été particulièrement sensibilisée par la
Coalition Santé Laurentides face à leur réalité. Ils ont quand même six
hôpitaux sur le territoire, six hôpitaux qui sont en déficit, qui ont besoin de
sous pour mieux fonctionner, mais qui ont aussi un grand manque au niveau,
comme vous le savez, des médecins de famille, au niveau des spécialistes aussi.
Par exemple, en décembre 2022, il y avait 85 000 citoyens sans
médecin de famille, et maintenant, en octobre 2023, ils sont rendus à 115 000 citoyens
sans médecin de famille.
Pour les données techniques, évidemment,
je céderai la parole plus tard à docteure Marie-Pierre Chalifoux et à Marc L'Heureux,
qui est le président et aussi maire de Brébeuf, qui pourront vous revenir avec
de détails. Mais on est ici entre autres pour vous dire qu'aujourd'hui ça va
être la troisième motion qui va être déposée à l'Assemblée nationale pour la
coalition. La troisième motion qui est adoptée, disons-le aussi, parce que le
gouvernement, même dans la dernière motion, avait donné... était conjoint, donc
le ministre de la Santé, M. Dubé, était conjoint. Donc, il avait compris...
on pensait qu'il avait compris toute l'importance en donnant son avis à cette
motion-là, mais, définitivement, il n'y a rien qui a été fait depuis.
Donc, on espère sincèrement que cette
troisième motion qui va être déposée aujourd'hui à l'Assemblée nationale, bien,
elle sera la bonne, et que les préoccupations des Laurentides, bien, le
gouvernement de la CAQ va en tenir compte et va finalement agir.
Je vais céder la parole à mon collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne,
M. Guillaume Cliche.
M. Cliche-Rivard : Merci.
Merci, d'abord, à nos invités qui se sont déplacés jusqu'ici. Merci d'être là
aujourd'hui. C'est très important. Puis je suis très heureux de vous recevoir à
l'Assemblée nationale. J'ai eu le privilège de faire une tournée des
Laurentides cet automne dans la tournée des régions de Québec solidaire, et je
peux vous confirmer qu'en plus des crises du logement et la crise de l'inflation,
les gens étaient hautement préoccupés par la crise d'accès ou la difficulté d'accès
aux soins de santé dans les Laurentides. Les gens m'en ont parlé presque à
chaque rencontre, et je peux donc faire écho à ce que je viens d'entendre de ma
collègue.
Les Laurentides, on l'a dit, ont connu une
croissance démographique immense ces dernières années, mais l'accès aux soins n'a
pas suivi. C'est ce qui nous réunit tous aujourd'hui. On parle quand même de
plus de 115 000 citoyens et citoyennes sans médecin de famille, alors
que le financement, pour des grands projets hospitaliers prévus, ne suit pas
pour le moment. Il y a vraiment urgence d'agir.
Le ministre de la Santé doit s'assurer d'améliorer
les services aux citoyens. Est-ce que ce sera le cas avec le p.l. n° 15? Rien n'est moins sûr. Le p.l. n° 15
ne ramènera pas de travailleurs, travailleuses dans le réseau de la santé. Le p.l.
n° 15 n'améliorera pas les soins ou la qualité des
soins. Le p.l. n° 15 n'apportera pas non plus de
nouveaux projets d'infrastructure dans les Laurentides, alors que c'est ça qui
manque cruellement dans le réseau dans les Laurentides.
Alors, j'invite le ministre Dubé à prendre
des actions rapides pour améliorer la situation sur le terrain, sans délai,
pour les citoyens et citoyennes des Laurentides. Merci.
M. Arseneau : Bonjour. Alors,
c'est véritablement un travail transpartisan et une coalition qui s'élargit. D'abord,
il y a les citoyens qui réclament des services de santé à la hauteur de leurs
attentes dans la région des Laurentides, les élus locaux et également les gens
du système de la santé, du milieu économique également, les partis politiques
ici représentés, et même le ministre Dubé était partie prenante, d'un certain
point de vue, à la coalition lorsqu'il a adopté avec nous une motion le
printemps dernier pour passer à l'action. Mais ce qu'on voit, c'est que, sur le
terrain, il ne se passe toujours rien. Les gens sont inquiets parce que ça
prend du temps avant de développer des projets d'infrastructures, par exemple.
Et on a parlé des six hôpitaux qui, actuellement, attendent un plan de match,
un plan intégré qui permette véritablement une mise à niveau des
infrastructures, des installations et un rehaussement également des budgets
pour soigner une population qui est en forte croissance. En fait, la population
augmente deux fois plus rapidement dans la région des Laurentides qu'ailleurs
au Québec. Il y a un déficit de ce point de vue là qui doit être résorbé. Le
gouvernement semblait dire qu'il allait procéder, agir. Et on est toujours en
attente de gestes concrets, de gestes forts et d'un engagement politique aussi
déterminant.
Alors, je pense que c'est ce que les gens
de la coalition sont venus apporter comme message aujourd'hui, et on se rallie
à eux pour, qu'une bonne fois pour toutes, le gouvernement prenne acte des
besoins et agisse en conséquence. On souhaite que le gouvernement se rallie à
la motion qui sera déposée par ma collègue, et là-dessus, bien, vous aurez
sûrement des questions sur les détails des demandes de la coalition, et je vais
vous laisser en compagnie d'abord... est ce que... M. Fortin. Alors, je
vais laisser mon collègue député de Pontiac prendre la parole, et ensuite ce
seront les élus locaux de la région.
M. Fortin :Merci. Bonjour, tout le monde. M. Pagé, c'est un plaisir
de vous revoir. Merci d'être là. Je veux juste souligner une chose. Ce n'est
pas c'est pas un processus normal, ce n'est pas un processus habituel de voir
des maires comme ça, des élus municipaux, des gens impliqués dans la communauté
devoir se déplacer à Québec après avoir tenté de passer un message pendant des
années et des années pour dire qu'on arrive à un point, là, où ça ne fonctionne
juste plus, on arrive à un point où on a besoin d'une... au-delà de la
mobilisation citoyenne, au-delà de la mobilisation qu'ils entendent au
quotidien, on a besoin que le message soit entendu et surtout porté par les
élus de la région et le gouvernement en place. Soyons honnêtes, là, il y a des
gens dans les Laurentides aujourd'hui qui ne reçoivent pas les soins de santé
dont ils ont besoin. Il y a des gens qui quittent les urgences sans voir de
médecin. Il y a des gens qui ne savent pas où se tourner pour obtenir les
services nécessaires. Et ça, ça va avoir un impact sur leur santé, pas juste à
court terme, mais également à long terme. Alors, le cri du cœur que les maires
font aujourd'hui à leur député, à leur ministre, à leurs élus, à l'ensemble des
parlementaires, on se doit de l'entendre parce qu'il vient d'une place de
préoccupation profonde pour leurs citoyens.
M. Arseneau : J'allais le
faire. Maintenant, on va laisser la parole à Marc L'Heureux, qui est le
président de la Coalition Santé Laurentides, qui est également maire de Brébeuf
et vice-président du Conseil des préfets et des élus de la région des Laurentides
et préfet de la MRC des Laurentides.
M. L'Heureux (Marc) : Bonjour.
Bonjour à tous. Merci, Mme Nichols, d'avoir permis d'assister et de
présenter cette motion à l'Assemblée nationale. Comme vous le savez, nous
sommes à notre troisième visite à l'Assemblée nationale pour demander au
gouvernement d'agir en santé pour les Laurentides.
J'aimerais aussi, avant de continuer,
j'aimerais présenter... J'ai une collègue de la coalition qui est Marie-Pierre
Chalifoux, qui est médecin de famille au Centre multiservices de santé et de
services sociaux de Sainte-Agathe, membre du conseil d'administration de
l'Association des omnipraticiens des Laurentides et de Lanaudière et notre
porte-parole, évidemment, pour la Coalition Santé Laurentides.
Puis là, je suis très content parce que,
nous autres, on représente la coalition, 76 municipalités, dans le fond, qui
font partie de la région 15 des Laurentides, et là je suis très content
d'avoir réussi à mes côtés d'avoir plusieurs maires, dont M. Daniel
Bourdon, qui est maire de Mont-Laurier, préfet de la MRC d'Antoine-Labelle.
J'ai Xavier-Antoine Lalande, le maire de Saint-Colomban et préfet de la MRC de
la Rivière-du-Nord, où est l'hôpital de Saint-Jérôme. André Genest, préfet de
la MRC des Pays-d'en-Haut. Et ici, dans la salle, on a Sylvain Pagé, qui est
adjoint au directeur général Stratégie pour ville de Saint-Jérôme. Et sans...
non la moindre, Mme Vicki Emard, qui est notre mairesse de Labelle.
La population laurentienne, qui augmente à
vitesse grand V et vieillit deux fois plus rapidement que la moyenne
québécoise, ne dispose ni des infrastructures modernes nécessaires ni des
ressources en nombre suffisant pour assurer les besoins en santé et la sécurité
de ses résidents. Actuellement, rien ne nous indique que les choses
s'améliorent dans les 10 prochaines années. Nous voulons que MM. Legault
et Dubé prennent rapidement des engagements pour nos six établissements de
santé. Il est urgent d'avoir un plan spécifique en santé pour les Laurentides.
La Coalition Santé Laurentides exige sans délai que le gouvernement du Québec
mette les ressources financières nécessaires afin d'assurer de manière pérenne
un rattrapage pour remédier à l'iniquité des Laurentides en santé par rapport à
la moyenne des régions du Québec. Dans le fond, on veut juste avoir les mêmes
problèmes que les autres régions du Québec.
De plus, voir à l'inscription au PQI 2024-2034
la réalisation des phases en continu. Il y a déjà des montants qui ont été
établis pour trois hôpitaux, on veut que ça soit en continuité, qu'il n'y ait
pas d'arrêt entre les projets. Pour les grands projets, les hôpitaux de
Saint-Jérôme, Saint-Eustache et Mont-Laurier, puis surtout, ainsi que
l'acceptation des plans fonctionnel et technique des centres multiservices de
santé et des services sociaux de Sainte-Agathe, Lachute et Rivière-Rouge. Nous
voulons un plan d'action spécifique aux Laurentides en santé. En plus de ses revendications
historiques, la Coalition Santé Laurentides demande au ministère... au ministre
de la Santé, Christian Dubé, un engagement formel pour la mise en place d'un
projet pilote dans les Laurentides, en marge du projet n° 15...
du projet de loi n° 15, celui-ci visant à rendre le
système de santé et services sociaux plus efficace. La situation difficile qui
perdure depuis des nombreuses années nécessite aussi des actions urgentes au
niveau des médecins.
Alors, pour résumer, nos principales
demandes sont celles-ci : assurer de manière pérenne un rattrapage
financier pour remédier à l'iniquité des Laurentides en santé par rapport à la
moyenne des régions du Québec; obtenir des engagements fermes du gouvernement
du Québec pour la réalisation des grands projets annoncés en 2018 pour les
centres hospitaliers de Saint-Jérôme, Saint-Eustache et Mont-Laurier, en
inscrivant la totalité des deux phases dans le prochain PQI 2024-2034;
accepter les plans cliniques précédemment déposés en 2022 par le CISSS des
Laurentides, menant à la mise à niveau des centres multiservices de santé et
des services sociaux d'Argenteuil, de Rivière-Rouge et de
Sainte-Agathe-des-Monts; soutenir financièrement et de façon récurrente le
CISSS des Laurentides pour la mise en œuvre des mesures transitoires afin de
pallier les besoins urgents en prévision de la réalisation des grands projets
de la mise à niveau des centres hospitaliers — d'ailleurs, à cet
effet, nous apprenons que cette année, le CISSS des Laurentides accuse
d'énormes déficits, alors, ça fait juste expliquer la problématique, puis on a
peur que le gouvernement demande de couper des services à cause de ça — assurer
un rattrapage des effectifs pour l'ensemble des professionnels de la santé,
notamment en ce qui concerne les médecins spécialistes et omnipraticiens en
région.
Alors, vous pouvez facilement comprendre
pourquoi il est urgent d'agir dans notre cas. Je pense que ça a été bien dit à
maintes reprises depuis tantôt. Maintenant, j'inviterais Dre Chalifoux, notre
porte-parole, à vous adresser quelques mots.
Mme Chalifoux (Marie-Pierre) : Bonjour
à tous. Merci beaucoup, Mme la députée, vos collègues de l'Assemblée nationale,
de nous recevoir. C'est très important pour nous d'être entendus pour cette
troisième motion. Il me fait plaisir de m'adresser à vous en tant que nouvelle
porte-parole de la Coalition Santé Laurentides. Je suis une médecin de famille
qui travaille dans la région de Sainte-Agathe-des-Monts, dans la belle région
de Sainte-Agathe-des-Monts depuis bientôt 15 ans. Je suis également membre
du conseil d'administration de mon association, comme ça a été nommé tout à
l'heure, mais je suis, avant tout, une citoyenne laurentienne et je suis très
inquiète.
La situation, qui est extrêmement
difficile et qui perdure depuis plusieurs années dans notre belle région, est
vraiment difficile à vivre sur le terrain. Les équipes médicales sont
fragilisées, tant du côté de la médecine spécialisée, que de la médecine
familiale. Sur le terrain, c'est carrément l'hémorragie. L'attribution des
postes pour les nouveaux médecins qui veulent pratiquer dans une région
souhaitée est un processus complexe et qui est manipulé et manié de la part du
ministère, toujours dans un but d'équité et de répartir la pauvreté. Mais les
Laurentides sont perdantes depuis plusieurs années par rapport à la proportion
de la population. Et c'est un mécanisme qui pourrait être revu et qu'il serait
important de revoir pour pouvoir pallier au manque d'effectifs sur le terrain.
Ça a été nommé plusieurs fois, mais je le
redis encore, 115 000 citoyens qui n'ont pas accès à des services de
médecine familiale sur le terrain, au quotidien. Pour nous, les prestataires de
soins de santé, c'est extrêmement lourd à porter. C'est tous les jours qu'on se
fait demander : Pourriez-vous me prendre comme patient, docteur? Si vous
saviez comment c'est difficile de dire non lorsqu'on est déjà dépassé, débordé.
C'est une lourdeur qui doit être adressée, qui doit cesser.
Les Laurentides sont toujours tristement
en haut de la liste dans le palmarès des régions les plus mal pourvues, et nous
sommes très haut placés en termes de nombre de citoyens qui n'ont pas de
médecin de famille, tout comme d'ailleurs la Montérégie et Lanaudière, qui sont
des régions limitrophes au grand centre montréalais. Dans notre région, malgré
l'année dernière, l'octroi de 42 nouveaux postes, de nouveaux facturants,
nous sommes reconnaissants que le ministère ait entendu une partie de nos
demandes, mais malgré cet ajout de 42 nouveaux médecins de famille, à la
fin de l'exercice, nous sommes quand même à moins deux. Et ça, ça témoigne des
départs.
Il faut comprendre que nous avons de
nombreux départs à la retraite dans les Laurentides, de nombreux départs vers
le privé en raison des conditions de travail trop lourdes et aussi des départs
pour quitter la profession. Et ça, c'est très inquiétant. C'est ni plus ni
moins 30 % de moins lorsqu'on regarde en proportion par rapport à la
population. C'est un énorme écart. Nous demandons ici à la coalition un plan.
Nous demandons des actions à nos ministres, et ça a été nommé. En termes
d'effectifs médicaux, on le chiffre à une demande d'environ 100 médecins
de famille de plus d'ici mars 2025 pour essayer de répondre aux besoins de
notre population. Et vous savez, les bras des principaux intéressés, ils sont
là. Les gens veulent venir dans notre belle région, mais le mécanisme pour y
travailler est compliqué.
En terminant, peut-être un petit mot sur
nos urgences. Vous savez que les urgences sont un peu les signes vitaux de la
santé de notre système de santé. Et malheureusement, dans les Laurentides, nos
urgences gagnent souvent la palme d'or des urgences les plus occupées au
Québec. En date du 25 novembre dernier, dans la région des Laurentides, la
moyenne d'occupation sur civière était de 143 % d'occupation. Ça, ça veut
dire plus que ce qu'il est possible de placer dans une salle d'urgence. Pour
tous ceux qui ne sont pas malades, je vous invite à juste entrer dans
l'hôpital, faire le tour des corridors de l'urgence de votre région, et vous
comprendrez ce que ça représente. À Mont-Laurier, c'était 340 %
d'occupation, à Sainte-Agathe, 178 % d'occupation. Ça, c'est avant que la
vraie saison des virus respiratoires commence. Imaginez ce que ça aura l'air le
3 janvier 2024.
Je termine en vous disant que, bien sûr,
on vous a illustré les grands besoins dans la région des Laurentides, et ce
grand besoin est déjà présent, et ça a été nommé, je vous le redis encore,
l'augmentation fulgurante de notre population, le vieillissement de notre
population. Ce sont des citoyens qui ont besoin de soins. Nous n'arrivons pas à
leur offrir et c'est désolant. Je vous remercie pour votre attention, en
espérant que nous soyons vraiment entendus.
Des voix : ...
La Modératrice : Parfait.
Alors, est-ce que vous avez des questions? Oui? Parfait.
Journaliste : Comment ça se
fait que la population croît plus rapidement qu'ailleurs dans les Laurentides,
mais qu'en même temps elle vieillit plus rapidement qu'ailleurs? Est-ce que
c'est que les personnes âgées, partout au Québec, partent à la retraite puis
ils déménagent dans les Laurentides puis, là, ils ont besoin de soins de santé
et tout, là?
Mme Chalifoux (Marie-Pierre) : En
fait, c'est assez facile parce que les Laurentides, c'est une région limitrophe
à Montréal. Donc, le nombre de personnes qui possédaient déjà une propriété
secondaire et qui planifiaient d'aller y passer la retraite dans la nature,
dans la tranquillité avec les chants d'oiseaux pour se réveiller, donc, sont
soudainement arrivées pour passer les dernières années de leur vie où ils
consomment le plus de soins de santé. Ça, c'est une première réponse.
Ensuite, il faut comprendre que la
pandémie a accéléré ces déménagements. Donc, pour toutes les raisons, des
écoles fermées, des services qui étaient moins présents pour les enfants,
l'espace qui était plus restreint pour survivre à cette pandémie, il y a eu un
exode quand même des jeunes familles. Mais c'est vraiment le vieillissement des
gens qui possédaient déjà des propriétés dans les Laurentides qui y sont déjà
depuis plusieurs années et qui comptent bien y rester pour profiter de la
qualité de vie.
Mme Nichols : La saison
touristique aussi.
Journaliste : Et est-ce
que...
Mme Chalifoux (Marie-Pierre) : On
ne nomme jamais dans le nombre de citoyens les gens qui ne sont que de passage.
Donc, à Sainte-Agathe-des-Monts, à Mont-Laurier, à Tremblant, la fin de
semaine, la population triple. L'été, pendant le temps des Fêtes, la population
se multiplie par six. Donc, vous comprendrez que six fractures du fémur, à
chaque fin de semaine, de plus dans chacune des salles d'urgence en raison des
skieurs, ça fonctionne plus ou moins bien. C'est un exemple parmi tant
d'autres.
Journaliste : Puis est-ce
qu'il n'y a vraiment rien que le projet de loi n° 15
peut faire pour améliorer la situation? Je pense au ministre qui dit souvent
qu'il veut améliorer la mobilité de personnel entre les régions. Est-ce que ça,
ça ne pourrait pas aider à régler une partie du problème?
M. Fortin :Bien, le projet de loi n° 15, là,
c'est un projet de... c'est une réforme de gouvernance. Ce n'est pas un projet
qui va contribuer à attirer plus de main-d'œuvre vers le réseau. Ce n'est pas
un projet qui va contribuer à faire en sorte qu'il y a plus de médecins qui
sont formés au Québec. C'est un projet qui change la gouvernance.
Puis pour la mobilité du personnel, le
gros risque ici, de cette avenue-là, qui peut avoir des bénéfices ou qui peut
avoir des risques, c'est qu'on ne l'a pas mesuré, c'est que le ministère est
incapable de nous dire qu'est-ce qu'il prévoit comme déplacement, qu'est ce
qu'il prévoit comme mobilité de la main-d'œuvre. Est-ce qu'il y a plus de gens
qui vont aller dans les Laurentides? Est-ce qu'il y a plus de gens qui vont se
diriger vers l'avant? Est ce qu'il y a plus... On ne le sait pas parce que le
ministère n'a pas analysé ça. Alors, pour nous, là, ce n'est pas une solution,
du moins, une solution durable, comme le demandent les gens qui sont ici. Ce
qu'ils ont mis de l'avant, c'est des vraies préoccupations chiffrées par
rapport à leurs besoins, et ça, on se doit de les écouter. Mais au-delà de la
question du personnel, il y a des choses qui sont simplement des priorités
gouvernementales. Le gouvernement a fait le choix de quels projets
d'infrastructures il fait avancer et quel il met sur la sellette pendant un
temps pour des questions budgétaires ou autres. Ce qu'on constate, c'est qu'il
est plus que temps que ces projets-là avancent dans les Laurentides.
M. Arseneau : Juste pour
compléter. C'est tout à fait juste, ce que le député de Pontiac dit, et une des
demandes phares, je pense, de la coalition, c'est aussi d'investir dans les
infrastructures, dans les hôpitaux. Et ça fait au moins cinq ans que les annonces
ont été faites, mais on tarde à procéder de façon à pouvoir réaliser des
projets. Et c'est assez inquiétant de voir que l'été dernier, le gouvernement,
M. Dubé, a annoncé qu'il y avait un projet de réfection complet pour
l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Et dans le communiqué, on peut lire que ça va
couvrir la région de Montréal, de l'Est-de-Montréal, de Laval et jusqu'aux
Laurentides. Alors, on se pose la question, là, est ce que ça veut dire que
Maisonneuve-Rosemont, dans la vision du ministre, ça va couvrir jusqu'à la
région des Laurentides? C'est une question, là, qui est sérieuse puis qui est
très inquiétante pour les gens qui sont ici, avec nous. Ça, ce n'est pas dans
le projet de loi n° 15 qu'on va trouver la
réponse, c'est dans le PQI qui prévoit des investissements sur 10 ans,
puis qui, actuellement, couvre, si je me souviens bien, 25 % des besoins
exprimés par le CISSS des Laurentides.
La Modératrice : Merci.
Des voix : Merci.
(Fin à 9 h 37)