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Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d'opposition et de M. Christian Dubé, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de finances

Version finale

Le mardi 23 octobre 2012, 10 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Dix heures trente-deux minutes)

M. Legault: Bonjour tout le monde. Hier, on vous a parlé de mesures concernant l'intégrité puis le plafonnement des dépenses électorales; aujourd'hui, on veut vous parler de finances publiques. Vous l'avez vu comme nous, au cours des dernières semaines, le gouvernement de Mme Marois a joué le même petit jeu que le gouvernement de M. Charest avait joué en 2003, c'est-à-dire un nouveau gouvernement arrive, nous dit qu'il découvre des finances publiques qui sont pires que prévues et commence à renier ses engagements.
Je pense que les Québécois sont tannés de ce petit jeu, et, pour y remédier, nous allons déposer un projet de loi pour proposer la création d'un poste de directeur parlementaire au budget qui serait élu directement par l'Assemblée nationale.
Ce directeur parlementaire aurait la responsabilité, entre autres, avant une période électorale, de donner le portrait exact des finances publiques du Québec pour que tous les partis puissent travailler avec les mêmes données financières, puissent avoir un cadre financier qui est représentatif de la réalité et puisse cesser d'utiliser la vieille technique de dire: On a découvert une situation qui est pire que prévu et, par conséquent, on ne pourra pas tenir nos promesses. Donc, ça sera le premier objectif du Directeur parlementaire du budget.
Deuxième objectif et mission qui pourraient être donnés au directeur parlementaire du budget: chaque député pourrait demander au directeur parlementaire d'évaluer le coût d'une mesure. Je vous donne un exemple qu'on vit actuellement. Le Parti québécois a annoncé qu'il gèlera les frais de scolarité cette année, et là on n'est plus certains s'il va compenser ou non les universités. On voudrait savoir combien coûte ce gel des frais de scolarité pour cette année et combien est le manque à gagner pour les universités. Donc, si on avait un directeur parlementaire du budget, on pourrait demander à celui-ci de nous chiffrer cette proposition.
Je vous rappelle en terminant qu'à Ottawa ce poste existe. Je comprends qu'actuellement il y a des difficultés à obtenir certaines données de certains ministères, mais je vous rappelle quand même que c'est ce poste qui a permis de montrer des dépassements de coûts de plusieurs milliards de dollars sur les avions F-35, on s'en souvient tous.
Ce qui est important aussi de dire, c'est que, bon, l'ADQ avait proposé cette mesure, mais aussi le Parti québécois, en février 2012, donc il n'y a pas si longtemps, avait proposé, lorsqu'il était dans l'opposition, de créer un tel poste de directeur parlementaire du budget. Donc, on peut s'attendre - on devrait s'attendre - à ce que le gouvernement de Mme Marois appuie notre projet de loi. Donc, ça sera le premier parti qui serait interpellé.

Évidemment, aussi, on souhaiterait que le Parti libéral du Québec appuie aussi notre projet de loi pour créer ce poste de directeur parlementaire du budget. Je pense que c'est dans l'intérêt de tous les citoyens qu'on cesse de jouer avec les chiffres et qu'on présente la réalité des finances publiques, parce que, sincèrement, quand on parle d'un trou de 1,6 milliard de dollars, c'est beaucoup d'argent. Ça a un impact majeur. Quand vous savez que, cette année, on prévoit un déficit de 1,5 milliard, ça veut dire que, si ce trou se matérialisait, on viendrait doubler le déficit de l'année courante. Donc, ce n'est pas rien, c'est important qu'on cesse ces pratiques-là qui ont été utilisées à tour de rôle par les deux vieux partis.

Le Modérateur: On va passer à la période de questions. Paul Journet.

M. Journet (Paul): Bonjour, M. Legault.

M. Legault: Bonjour.

M. Journet (Paul): Le Parti québécois propose d'étendre le mandat du Vérificateur général aux sociétés d'État. On pourrait aussi lui demander, avant les élections, de faire un portrait neutre des finances publiques pour, comme vous le dites, permettre à tout le monde d'avoir ces cadres financiers. Pourquoi est-ce que ça ne suffit pas et qu'il faudrait créer une nouvelle structure pour faire ça?

M. Legault: Bon. On a... vous avez devant vous deux comptables agréés qui pourraient vous faire des longs discours sur le rôle d'un vérificateur général qui habituellement vient vérifier le passé, O.K.? On accuse parfois les comptables de vivre dans le passé. Mais c'est possible d'avoir un directeur du budget qui examine les prévisions financières pour l'année courante ou pour une année qui n'est pas terminée, comme actuellement. Donc, on pense que c'est différent et c'est peut-être une spécialité qu'on doit donner.

Ça existe déjà à Ottawa. Et c'est différent de regarder une mesure qui serait appliquée ou un budget qui est en cours d'année que de vérifier, comme le fait le Vérificateur général, les états financiers de l'année qui est terminée. Donc, on pense que ce genre de travail devrait être donné à une équipe spéciale. On parle, à Ottawa, d'un coût total de quelques millions de dollars. Donc, on peut penser qu'étant donné la taille du budget à Québec ce serait beaucoup moins important ici. Puis, je pense que c'est important que cette personne soit au service des députés.

M. Journet (Paul): Puis vous proposez que chaque élu puisse demander à ce directeur parlementaire du budget là de vérifier le coût de différentes mesures. Est-ce que vous ne craignez pas qu'il pourrait y avoir facilement des dérapages où tout le monde commence à demander des évaluations pour pouvoir attaquer le gouvernement? Et est-ce que vous proposez des garde-fous pour éviter ce genre de dérapages là?

M. Legault: Oui. Bien, évidemment, on parle de mesures qui seraient annoncées par le gouvernement, donc je vous donne l'exemple des frais de scolarité. On pourrait prendre l'exemple qu'on a beaucoup discuté: quel serait l'impact de la fermeture de Gentilly sur les résultats de l'année en cours, donc dans les états financiers du gouvernement du Québec? Ça pourrait aussi être une mesure. Mais on ne pourrait pas, comme députés, commencer à demander n'importe quoi; il faudrait que ça s'applique à des propositions du gouvernement.
Dans le fond, ce qu'on fait, c'est un peu comme on le fait dans une organisation qui est efficace: quand il y a des changements en cours d'année qui sont proposés, c'est normal qu'on évalue l'impact de ces changements-là. Mais ça doit être pour des changements qui sont proposés par le gouvernement.

Le Modérateur: Josée Thibeault.

Mme Thibeault (Josée): Est-ce que, M. Legault, ce directeur du budget pourrait avoir droit de vérifier les sociétés d'État, par exemple? Parce qu'on le sait, le Vérificateur général voudrait pouvoir le faire pour Hydro-Québec, par exemple, il ne peut pas vraiment. Est-ce que... ou c'est seulement le gouvernement?

M. Legault: Bien, d'abord, là, c'est important de dire que c'est autre chose quand on parle de vérifier, là. Je reviens au rôle, là, un Vérificateur général vérifie des états financiers pour une année qui est terminée. Là, on parle d'un directeur du budget qui regarderait en avant les impacts de certaines mesures.
Je vous reviens avec l'exemple de Gentilly. C'est certain qu'il y a des informations, pour être capable de savoir quels seraient les impacts de la fermeture de Gentilly sur les états financiers du gouvernement du Québec, qui seraient seulement disponibles dans une société d'État comme Hydro-Québec. Donc, il faudrait effectivement que le directeur du budget ait accès aux livres aussi des sociétés d'État. C'est en plus d'une proposition qu'on a déjà fait, on pense, là, que le Vérificateur général devrait lui aussi avoir accès aux états financiers des sociétés d'État, donc devrait avoir ce pouvoir qui est actuellement aussi... était proposé par le Parti québécois.
Mais je pense que ce qu'on cherche, là, c'est plus de transparence, c'est vrai pour le Vérificateur général pour ce qui est du passé, mais ça doit être vrai aussi dans une année en cours. Actuellement, il reste à peu près la moitié de l'année financière qui se termine le 31 mars, c'est énorme, là. Moi, je peux vous dire, pour avoir siégé quelques années au Conseil du trésor, ce n'est pas vrai, là, qu'on peut résorber 1,6 milliard sans prendre de mesures majeures soit dans les sociétés d'État, soit dans les grands ministères. Donc, moi, je pense, il commence à être temps, là... qu'on soit capable d'évaluer. Quand Nicolas Marceau nous dit: Bien, on va lutter contre l'évasion fiscale, de façon réaliste, en six mois, on ne peut pas aller chercher des milliards de dollars, là.

Mme Thibeault (Josée): Dans quelle mesure ça ne viendrait pas doubler du travail qui est déjà fait lorsqu'il y a des mises à jour économiques, par exemple, qui sont faites?

M. Legault: Bien, ce qu'on veut, d'abord, c'est qu'il y ait une personne qui soit non partisane. Donc, on le voit, là, M. Bachand nous dit: Il y a un trou de 800 millions, M. Marceau nous dit: Non, il y a un trou de 1,6 milliard. Ce n'est pas un petit écart, là, qu'on a, et c'est comme si ce n'était plus possible d'avoir le portrait exact des finances publiques. Or, le directeur parlementaire du budget se rapporterait directement à l'Assemblée nationale, donc serait indépendant des partis politiques, et je pense que c'est souhaitable, là, actuellement, dans une situation où les citoyens sont tannés de se faire faire le coup des promesses non tenues parce qu'on a découvert un trou qui n'était pas prévu.

Le Modérateur: Alain Laforest.

M. Laforest (Alain): M. Legault, pourquoi pas modifier tout simplement le mandat du Vérificateur général et lui demander de remplir cette fonction-là plutôt que de créer une nouvelle structure?

M. Legault: Bien, parce que je vous dis, là, d'abord, c'est différent de faire de la vérification. Moi, j'en ai faite dans ma vie, là, je pense que Christian en a faite aussi, on a été obligés de passer par là, tout le monde. Quand on fait de la vérification, c'est surtout sur le passé. Là, on parle d'une spécialité quand même qui serait sur des prévisions.

M. Laforest (Alain): Ce n'est pas ça que je vous dis, M. Legault. Pourquoi ne pas modifier le mandat du Vérificateur général et demander à son bureau d'avoir des gens spécifiquement pour répondre à ce type de question là?

M. Legault: Parce que je pense que c'est un mandat qui est vraiment différent et qui devrait être rempli par une personne et une équipe qui est différente, parce que ça demande des techniques qui sont différentes. Et, je pense, ça serait mieux que ça soit fait par un directeur parlementaire qui a aussi un accès plus facile aux députés. Oui?

Le Modérateur: Julie... Oui.

Journaliste: Précision: M. Duchesneau a dit ce matin que peut-être le maire Tremblay devrait suivre son exemple et se retirer, là, compte tenu des allégations. Vous en pensez quoi, vous?

M. Legault: Bien, je pense que et M. Tremblay et M. Vaillancourt devraient avoir un sérieux examen de conscience avec tout ce qu'on a entendu au cours des derniers jours. Il y a un problème, non seulement de perception, mais il y a aussi, à mon avis, un problème de gestion, de suivi qui n'a pas été bien fait par l'administration de M. Tremblay.

Le Modérateur: Julie Dufresne.

Mme Dufresne (Julie): Juste un suivi sur cette question de mon collègue. Est-ce que... bon, ils doivent faire un examen de conscience, mais est-ce que le gouvernement, est-ce que le gouvernement péquiste devrait intervenir? On sait que M. Gaudreault réfléchit à un projet de loi pour que les élus ne puissent pas continuer leur mandat. Est-ce que c'est... vous êtes en faveur de ça?

M. Legault: Bien, disons que je suis très content qu'il y ait des élections municipales de prévues dans la prochaine année. Je pense que ça va permettre, justement, aux citoyens de juger ces personnes. Mais, entre-temps, bien, il doit y avoir des mesures qui soient proposées par le gouvernement, et là, jusqu'à présent, on vous a annoncé deux projets de loi qui vont être déposés par la Coalition avenir Québec. Si c'est nécessaire et si le gouvernement du Parti québécois ne dépose pas de projet de loi concernant les municipalités, on va le faire aussi, parce qu'il doit y avoir un resserrement concernant le financement des partis politiques municipaux puis aussi concernant la vérification dans l'octroi des soumissions.

Mme Dufresne (Julie): ...sur la possibilité d'empêcher un élu de rester en poste, est-ce que vous êtes d'accord?

M. Legault: Bien, c'est qu'à un moment donné il faut avoir des preuves. Donc, dans le cas de M. Tremblay, c'est pour ça qu'on parle plus d'un examen de conscience. Est-ce qu'il a la crédibilité, l'autorité morale? Ce n'est pas évident, actuellement, la réponse, là. Donc, je pense qu'il devrait y penser comme il faut, même chose quand on voit le sondage concernant Laval aujourd'hui. Donc... mais, bon, évidemment, on doit accumuler des preuves aussi, mais il y a des questions à se poser sur la gestion, là, du département des approvisionnements de ces grandes municipalités.

Le Modérateur: Simon Boivin.

Mme Dufresne (Julie): Et sur votre annonce de ce matin, si vous permettez, à quel point est-ce que vous y tenez? C'est-à-dire, si les libéraux donnaient leur appui, par exemple, est-ce ça pourrait être assez important pour la CAQ pour pouvoir faire tomber le gouvernement?

M. Legault: Bien, écoutez, on va déposer le projet de loi. Le Parti québécois a déjà dit au mois de février 2012 qu'il était d'accord, il y a... lorsqu'il était dans l'opposition. Ils ont même fait cette proposition. Donc, je pense qu'il serait mal venu de refuser la proposition. Je pense qu'on devrait la mettre en place rapidement, puis ça permettrait, justement, au nouveau directeur parlementaire du budget de nous donner une vraie mise à jour des finances publiques du Québec, là. À combien est-on actuellement? Est-ce qu'on se dirige vers un déficit, comme c'était prévu, de 1,5 milliard ou si on se dirige vers un déficit de 3 milliards? Est-ce que c'est vrai que, l'année prochaine, on sera capable d'atteindre l'équilibre budgétaire, comme ça a été promis, comme ça a été dévoilé auprès des agences de cotation du gouvernement du Québec? Je pense que c'est très important qu'on sache où on s'en va.

Le Modérateur: Simon Boivin.

M. Boivin (Simon): Juste peut-être pour être bien clair : Au-delà de la réflexion que vous les appelez à faire, est-ce que vous leur suggérez de se retirer le temps que la lumière soit faite sur les allégations les concernant?

M. Legault: Bien, moi, là, pour l'instant, je peux juste leur dire qu'ils devraient avoir un examen de conscience. Je pense que leur crédibilité est fortement affectée. Mais on ne peut aller plus loin que ça avec les règles qu'on a en place actuellement.

M. Boivin (Simon): D'autre part, sur votre annonce du jour, je me demande dans quelle mesure est-ce que les hauts fonctionnaires qui rédigent les budgets aux finances... ils ne sont pas utilisés par les gouvernements en place pour leur faire dire ce qui est le plus avantageux en fonction de leurs intérêts partisans? Est-ce que ce n'est pas un désaveu de ces gens-là que d'être obligé de mettre un directeur parlementaire pour s'assurer que leur travail est fait correctement?

M. Legault: Bien, moi, je crois beaucoup dans le principe de la responsabilité ministérielle. Je m'excuse, là, mais, quand on est ministre des Finances, les fonctionnaires travaillent pour le ministre des Finances et, en bout de ligne, celui qui est responsable des données, c'est le ministre des Finances. Donc, actuellement, les fonctionnaires, bien, on peut leur demander de nous calculer toutes sortes de prévisions avec toutes sortes d'hypothèses, mais c'est le ministre des Finances qui est responsable, en bout de ligne, de nous donner le portrait exact.
Et, moi, je trouve ça dérangeant de voir Raymond Bachand, qui était, jusqu'à il y a quelques semaines, ministre des Finances, avoir une idée complètement différente du portrait des finances publiques que le nouveau ministre des Finances. Je pense que, avec raison, les gens sont tannés de cette façon de faire, parce qu'à chaque fois, là... On s'est fait faire le coup en 2003, bien, il y a un nouveau gouvernement qui arrive et qui dit: Je ne peux pas tenir mes promesses parce que l'ancien gouvernement m'a laissé une situation que je n'avais pas vue venir. À un moment donné, ça va faire, là.

Le Modérateur: Martin Ouellet.

M. Ouellet (Martin): Oui. M. Legault, juste pour revenir sur M. Vaillancourt et le maire de Montréal, j'aimerais que vous alliez au bout de votre pensée là-dessus. Est-ce que vous pensez vraiment que ces gens-là, compte tenu, tu sais, des informations qu'on a, ont encore l'autorité morale pour représenter leurs citoyens? Parce que les gens de Montréal, les gens de Laval sont aussi tannés, là, de ce qui...

M. Legault: Bien, écoutez, là, moi, j'habite à Montréal, j'entends des gens à Montréal être effectivement désabusés de la situation. Je pense qu'au-delà de savoir qui savait, il y a un problème de gestion à la base, et je pense qu'ils n'ont plus beaucoup d'autorité morale.

M. Ouellet (Martin): Donc, est-ce qu'ils devraient se retirer?

M. Legault: Bien, moi, je pense qu'ils devraient y penser sérieusement.

M. Ouellet (Martin): Juste pour... Juste y penser, c'est ça? Une bonne question. Pour revenir sur votre annonce du jour, là, on sait déjà qu'il y a un trou de 1,6 milliard. On sait aussi que le déficit prévu est de 1,5 milliard. Qu'est-ce qu'un directeur du budget fait? En quoi ça changerait la donne, là, de...

M. Legault: Oui. Bien, je suis content de vous l'entendre dire, parce que, moi, je ne suis pas certain qu'il y a un trou de 1,6 milliard, là.

M. Ouellet (Martin): C'est ce qu'on nous a dit.

M. Legault: Oui? Bien, moi, c'est ce qu'on m'a dit aussi, là, mais M. Bachand dit que c'est 800 millions. M. Bachand dit aussi: C'est des dépassements de coûts normaux qu'il devrait être possible de résorber d'ici la fin de l'année. Écoutez, là...

M. Ouellet (Martin): Mais, moi, ma question, c'est: En quoi ça changerait la donne?

M. Legault: ...moi, j'aimerais ça savoir c'est quoi le portrait exact, là. D'abord, c'est-u 800 millions ou si c'est 1,6 milliard? Est-ce que ce déficit-là est soufflé pour des raisons politiques, pour être prêt à éventuellement renoncer à certains engagements qui ont été pris pendant la campagne électorale? Moi, je me pose des questions puis je ne suis pas prêt à l'accepter, le 1,6 milliard.

M. Ouellet (Martin): On ne peut pas se fier aux paroles de...

M. Legault: Mais on a deux ministres des Finances qui arrivent avec deux chiffres différents. Et, à ce que je sache, là, on a tous fait, les partis politiques, un cadre financier basé sur des prévisions qui étaient dans le dernier budget du printemps dernier, qui sont des chiffres, là, qui sont très différents de ce que M. Marceau nous dit aujourd'hui. C'est un peu décourageant, parce que ça veut dire que même notre cadre financier a été fait sur une base, là, de chiffres qui n'étaient peut-être pas bons.

Le Modérateur: Antoine.

M. Robitaille (Antoine): Vous êtes comptable?

M. Legault: Oui, on est deux comptables ici, deux CA, maintenant CPA, oui.

M. Robitaille (Antoine): Combien ça coûterait avoir un directeur de ce type-là?

M. Legault: Bien, à Ottawa, ça coûte 2 milliards, un peu plus de 2 milliards pour un budget...

M. Robitaille (Antoine): Ça coûte 2 milliards!

M. Legault: 2 millions, pardon. Ça coûte 2 millions pour un budget qui, je dirais, est à peu près quatre fois plus important. Donc, on peut penser, là, que c'est peut-être autour de 500 à 600 millions, là. C'est l'ordre de grandeur...

M. Robitaille (Antoine): 500 millions?

M. Dubé: 500 000 $.

M. Legault: 500 000 $. Je suis de trop, là... J'ai trois zéros de trop, aujourd'hui. Non. On a donc un coût actuellement... C'est-u 2,3 ou 2,8?

M. Dubé: 2,8.

M. Legault: 2,8 millions à Ottawa pour un budget qui est quatre fois plus important que le budget du Québec. Donc, autour... on parle d'un budget, là, qui est sûrement en bas de 1 million de dollars.

M. Robitaille (Antoine): Ça embaucherait combien...

M. Legault: Je pense que, quand on est en train de se poser des questions - de là les milliards de dollars - à savoir: Y a-t-il, oui ou non, un trou de 1,6 milliard, de dépenser moins de 1 million pour savoir où on s'en va, pour prendre les mesures qui sont appropriées pour bien gérer notre argent, nos finances, je pense que c'est très raisonnable.

M. Robitaille (Antoine): Ça embaucherait combien de monde, combien de personnes?

M. Legault: Combien qu'il y en a à Ottawa?

M. Dubé: Bien, écoutez, pour Ottawa, on parle peut-être d'une vingtaine de personnes qui relèvent de ce département-là. Alors, c'est sûr, pour les mêmes raisons, ça serait beaucoup plus petit.
Mais, ce qui est important, comme M. Legault vient de dire, c'est ce qu'on appelle la notion coût-bénéfice. C'est des gens qui auraient une rigueur, qui auraient des principes. Et que chacune des mesures, chacune des mesures dont on parle, que ça soit les frais de scolarité ou autres, on parle des choses qui sont de 50 millions, 100 millions, 200 millions facile. Ça fait que chaque mesure qui pourrait être regardée, on parle de trois ou quatre mesures qui viendraient compenser le déficit, bien je pense que le rapport coût-bénéfice serait assez rapide, même très rapide.

M. Robitaille (Antoine): Ma deuxième question porte sur la nomination de ce personnage-là. Il serait nommé par l'Assemblée nationale. Ça me fait penser que, récemment, il y a le ministre de la Sécurité publique qui a dit des choses au sujet de la direction de l'UPAC, par exemple.
Est-ce que vous ne pensez pas que le patron de l'UPAC devrait lui aussi être nommé par l'Assemblée nationale pour assurer sa pleine indépendance?

M. Legault: Bien, écoutez, nous, on propose d'avoir un commissaire à l'intégrité, qui regrouperait entre autres l'UPAC, qui serait nommé par l'Assemblée nationale. Donc, très d'accord. Votre proposition est excellente, M. Robitaille.

Le Modérateur: Dernière question en français, Jean-Luc Lavallée.

M. Lavallée (Jean-Luc): M. Legault, juste pour finir sur Montréal et Laval, je comprends que vous dites: Ça prend des preuves. Il y a quand même des allégations, il y a une crise de confiance majeure. Dans ce contexte-là, le ministre Gaudreault devrait-il envisager la tutelle de Montréal et Laval?

M. Legault: Bien, écoutez, d'abord, il faut voir est-ce que c'est : tutelle, remplacement temporaire ou permanent du maire de l'endroit, nouvelle élection... Il faut regarder aussi des mesures. Parce que, si on met une ville en tutelle mais qu'on ne change pas les façons de faire, on n'est pas avancés. Donc, il faut voir aussi comment on rebâtit rapidement l'expertise au ministère des Transports pour être capable de venir appuyer les municipalités dans les projets importants. Il y a une série de mesures, là, qui doivent être prises. Et ce n'est pas seulement la question de remplacer un maire qui va résoudre tous nos problèmes.

M. Lavallée (Jean-Luc): Mais est-ce que la tutelle est... serait écartée d'emblée, d'après vous?

M. Legault: Je pense qu'à ce moment-ci il ne faut pas rien écarter.

M. Lavallée (Jean-Luc): Peut-être une petite dernière, rapidement. Hier, vous nous parliez de plafond de dépenses électorales; aujourd'hui, de directeur parlementaire de budget. C'est deux mesures qui étaient contenues dans votre projet de loi n° 1. Allez-vous en présenter plusieurs, là, des projets de loi en pièces détachées qui sont issus de ce projet de loi là?

M. Legault: Bien, je pense que, si c'est nécessaire, on va le faire. On va regarder, évidemment, qu'est-ce qui va être proposé par le Parti québécois, mais déjà, là, on vous annonce qu'il y aura au moins deux projets de loi qui vont être déposés par la Coalition avenir Québec: un pour plafonner les dépenses électorales, puis un autre pour créer un directeur parlementaire du budget.
S'il ne se passe rien, par exemple, dans les propositions concernant les municipalités du Québec, on va en déposer un autre. Mais je pense que c'est important d'être dans l'action. Puis on ne veut pas, là, puis je pense que c'est justifié aussi par la situation de gouvernement minoritaire... on sent, là, qu'on a une obligation, une responsabilité de participer à faire avancer les choses.

Le Modérateur: Questions en anglais. Tim Duboyce.

M. Duboyce (Tim): Mr. Legault, what can a National Assembly budget officer, like you're proposing, do that the Auditor General can't do?

M. Legault: OK. The General Auditor usually audits financial statements for a year that is completed. What we're talking about is giving an advice about the future or about the actual year. We think, right now, that it's about time we have an exact, an independent picture of the public finance because, again, we saw old parties... in 2003, it was the Liberal Party; right now, it's the Parti québécois. Both of them, they view the same old way of doing things, which is, after studying the situation, they declare that it's worst than expected and that because of that they won't be able to satisfy what was promised by them during the electoral campaign.
So we have to stop that. We have to have somebody named by the National Assembly, not by the Government but by an independent National Assembly, a budget director that would also be... can be used to study and evaluate some measures.
For example, what's happening right now with universities. The principal, for example, of McGill, Heather Munroe-Blum, she worries a lot about the actual freeze of the tuition fees, what will be the impact on her budget. I think that a budget director can answer this kind of questions, because right now we don't have true answers. Right now, we have Mr. Bachand saying that there is a hole of $800 million and Mr. Marceau saying that it's $1.6 billion. It's a lot of money.
So, I think that it's about time that, the citizens, they know exactly what's the situation and, in order to be able to do so, we need a national budget director.

M. Duboyce (Tim): So, in 2003, after the election, who was telling the truth: Yves Séguin or Pauline Marois?

M. Legault: I think at the time that the hole of something like $4 billion was exaggerated a lot by Mr. Breton. I think that the $1,6 billion should be also a lot more than the reality. I would like to know exactly what is the situation and make sure that the new government doesn't use this argument for not respecting promises.

Le Modérateur: Angelica Montgomery.

Mme Montgomery (Angelica): Yes, Mr. Legault, you say yourself you live in Montréal and there are a lot of people in that area, that they're looking at their direct elected officials and having some serious questions. What do you think about the fact that Mr. Tremblay and Mr. Vaillancourt... should they step down?

M. Legault: O.K. First, I'm very happy that we have an election next year because it's about time that we receive the judgment of the voters, of the citizens. But I think also that what is important is that right now, in the next few days, Mr. Tremblay and Mr. Vaillancourt, they should think about their future, because right now I'm not sure they have the credibility and the support to continue to do their job correctly.

Mme Montgomery (Angelica): How much moral authority do you think they have in filling their positions?

M. Legault: I think, they don't have much authority right now.

Le Modérateur: Elysia.

Mme Bryan-Baynes (Elysia): We're hearing this story out of Vaudreuil-Dorion, this family, their daughter was convulsing, they called emergency crews. When they arrived, they were trying to explain what happened to their daughter, and the person refused to speak to them in English. Now, everyone understands the importance of maintaining French as the first language, but do you think, in certain situations, certain cases, there should be some flexibility and compassion when it comes to applying the law?

M. Legault: Sorry. At the beginning, you were talking about a case where?

Mme Bryan-Baynes (Elysia): Yes, a family, their daughter was convulsing. They called ambulance technicians. The technicians arrived. They originally spoke to them in French, but, when they were trying to explain what had happened to their daughter, they switched to English. The person refused to serve them because they were speaking in English. And do you think in such cases like that, there should be flexibility and compassion when it comes to applying the law?

M. Legault: Bien, there should be flexibility, but I think that you cannot oblige all of them to be bilingual. I think that there are some services that are required to be given in English in the hospitals, but you cannot require that all people working in ambulances, that they be bilingual. But they should be accommodating, for sure.

Mme Bryan-Baynes (Elysia): And, now, turning to Gentilly, the people in the region, you know, they are concerned about their jobs. They've asked for a parliamentary commission. Other than that, what else can they do now to improve their lot or to get the Government to reason?

M. Legault: The main reason why we asked for a parliamentary commission is to get all the information. Right now, I don't have all the information regarding how much it would cost to keep, for example, keep it open. Some people are telling me that we may be able to keep it open without much cost for the next five years. Is it true? What are the real costs at the different scenarios? We need to get that. We think that the best way to get that is to go trough a parliamentary commission. But, we need the information.

Le Modérateur: Kevin, last question.

M. Dougherty (Kevin): Yes. Mr. Legault, you're proposing something that the PQ has spoken in favour of, a budget director. Do you... I'm just wondering: How you see the new session going? And, for instance, you know, they want the health tax. You're saying no. I mean... But, you say that they should cut spending rather than raise taxes. Do you see some sort of... And there hasn't been any contact, I don't believe, between the PQ and the CAQ on this, right?

M. Legault: Yes.

M. Dougherty (Kevin): I mean, how is it going... How do you see the new Assembly working with your proposals and theirs proposals?

M. Legault: Bon. I think that the Government should be the one who should meet with the Liberal Party and us. They haven't done so, so far. But I think that, in the next few weeks, you'll see that we are three parties, having about one-third of support, each of them. So, of course, we all have a responsibility to take action. So, that's why we will table two bills in order to try to get the approval from one or the two other parties, because you need two of them to advance.
So, I think, that we want to be proactive, we will propose. We will be constructive and I would like that regarding the health tax, that the Parti québécois, that they consult us for the third proposal. They haven't done so for the second proposal. They should have consulted us for the second proposal because right now... it's important right now also, with the economy situation, that we give a relief to the middle class.

M. Dougherty (Kevin): On the mayors Vaillancourt and Tremblay, you said they should do an examination of conscience. What kind of questions should they be asking themselves?

M. Legault: Bien, do they have the moral authority, do they have the credibility to continue to be mayors? That's the kind of question they should ask themselves. Should they have had more audits about their departments? This is the kind of question. I think that there was mismanagement on top of maybe problems of integrity.

Le Modérateur: Merci.

M. Dougherty (Kevin): ...time?

M. Legault: I think that they should think about it.

M. Dougherty (Kevin): OK, thank you.

Le Modérateur: Merci.

M. Legault: Merci.

M. Dubé: Merci beaucoup.

(Fin à 11:05)

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