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Point de presse de M. Jean-François Lisée, porte-parole de l'opposition officielle en matière de services sociaux, de protection de la jeunesse, de soins à domicile et de prévention, M. Harold LeBel, porte-parole de l'opposition officielle en matière de lutte à la pauvreté, de solidarité et d'économie sociale, et Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Le mercredi 25 février 2015, 11 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures quarante-six minutes)

M. Marcoux (Vincent) :Mme Massé, M. Lisée, M. LeBel, mesdames messieurs, merci d'être présents aujourd'hui. Je me présente, Vincent Marcoux, je suis directeur général de l'Association québécoise des centres d'intervention en dépendance. Je suis ici… Nous sommes ici aujourd'hui pour demander au gouvernement actuel de reculer dans un projet de règlement sur l'aide sociale.

Pour vous mettre en contexte, une personne, actuellement, qui est bénéficiaire de l'aide sociale et qui entre dans les services de thérapie pour alcooliques, toxicomanes reçoit une prestation de 747 $ par mois pour payer son loyer, son électricité, sa nourriture, son téléphone, son Internet, donc ces personnes-là… et même son traitement.

Il faut comprendre que le nouveau règlement, les coupures feraient en sorte qu'une personne sans domicile se ferait octroyer seulement un chèque de 200 $ par mois, ce qui fait en sorte qu'une personne itinérante, comment voulez-vous qu'elle se sorte de son milieu si elle n'a même pas les moyens de se payer un revenu de base?

L'argument du ministre concernant l'équité dans les services… Il faut comprendre que c'est complètement irrecevable comme règlement parce que le projet de règlement actuel, le règlement actuel, toute personne qui se fait couper un chèque de 200 $, c'est des personnes qui sont dans des ressources publiques financées entièrement par le ministère, donc autant l'hébergement que le traitement. Le nouveau projet de règlement, lui, inclut seulement un réseau de ressources communautaires à but non lucratif, et c'est le secteur de la dépendance. Donc, on a visé vraiment les alcooliques et les toxicomanes.

M. le ministre, l'association vous a fait la preuve hors de tout doute que le règlement, les coupures à l'aide sociale que vous allez faire vont augmenter de façon exponentielle les coûts dans d'autres ministères et ont des impacts majeurs au niveau social. Vous avez fait une étude d'impact où vous considériez 6,1 millions à sauver d'argent. Vous comprendrez que les coûts additionnés au ministère de la Justice, ministère de la Sécurité publique, ministère de la Santé et Services sociaux vont s'élever à 30 millions. Bref, on coupe 6,1 millions, puis ça va en coûter 30 millions. De plus, 7 300 personnes se verront menacées de ne plus avoir de services pour alcoolisme, toxicomanes. Et ça, c'est dès cette année, et c'est à chaque année, dû à la fermeture potentielle 40 ressources, et ça, c'est la perte de 800 emplois systématique.

Votre ministère ne cesse de mentionner qu'ils sont à la recherche de solutions, qu'ils sont à la recherche d'une voie de passage. Le 18 février 2015, les membres de l'AQCID se sont rencontrés en assemblée générale spéciale, et se sont dits lassés de ne pas avoir de réponse de votre part, et sont inquiets pour les conséquences pour les personnes en traitement et leurs familles. M. le ministre, nous vous demandons de reculer dans votre projet de règlement et d'entendre les solutions qu'on vous a déjà proposées. L'impact est négatif et inévitable. Des centaines de personnes qui ont des besoins immédiats sont en danger, sont concernées, et les membres de AQCID et l'AQCID ne les abandonneront pas. L'impact est réel et l'impact des centres de thérapie pour aider les personnes alcooliques, toxicomanes est réel également. C'est pourquoi aujourd'hui on va avoir deux personnes qui vont venir témoigner. Je vous les laisse, merci.

M. Poulin (Paul) :Alors, bonjour, mon nom, c'est Paul Poulin. J'ai 51 ans. Je suis un ancien résident du Centre de traitement des dépendances Le Rucher à Saint-Augustin. Moi, auparavant, dans le passé, j'ai été directeur, gestionnaire d'un restaurant pendant une période de plus de 30 ans. Je gagnais ma vie, je payais des impôts, je subvenais à mes besoins. Quand la toxicomanie a tout pris la place dans ma vie, j'ai dû avoir recours à l'aide sociale. Cette aide-là m'a permis d'avoir accès à une thérapie pour me rétablir.

Actuellement, je suis en rétablissement, tout se déroule bien. Mes projets futurs, c'est d'entreprendre un certificat en toxicomanie — d'ailleurs, je l'ai entrepris tout récemment — et de devenir intervenant, et je compte réaliser ce projet-là d'ici une période de deux ans, donc de reprendre le marché du travail et de revenir un bon citoyen, comme je l'étais auparavant. Merci.

Mme L'Espérance (Stéphanie) : Bonjour, mon nom, c'est Stéphanie.Je fais présentement partie du Pavillon de l'assuétude. Présentement, je trouve ça décevant, ce qui se passe pour l'aide sociale. Je suis là pour m'aider, puis j'avais un emploi avant d'arriver là-bas. L'aide sociale, c'est notre recours pour nous aider, puis je trouve ça très, très, très décevant pour tout le monde. Alors, j'aimerais ça que ça se place. Merci.

Mme Massé : Voyez-vous? C'est pour ça qu'on est là, à Québec solidaire, aussi avec les gens du Parti québécois, c'est parce qu'on pense qu'il existe des solutions qui prennent soin des gens, et c'est ça qu'on vient d'entendre. C'est ça qu'on vient d'entendre à travers les deux témoignages et à travers la prise de parole du responsable du réseau. Pour nous, c'est important d'être là parce que, lorsqu'un ministre de la Solidarité sociale pose des gestes, prend des décisions qui vont l'encontre de la mission de son ministère, bien, il faut être là pour le rappeler à l'ordre. Et actuellement ce qui est en train de se passer, c'est que ce ministre-là oublie qu'il y a des gens qui ont eu des «bad lucks» dans la vie, qu'il y a des gens qui se sont retrouvés dans des situations qu'ils ne voulaient pas, et que, socialement, on veut être solidaires avec ces gens-là, et on veut que ces gens-là puissent s'en sortir.

Et ces gens-là, mais c'est aussi des groupes qui les soutiennent et les appuient. Le réseau des groupes communautaires, partout à travers le Québec, fait un travail extraordinaire.Donnons-lui les moyens, faisons en sorte que ces gens-là puissent aider nos confrères et consoeurs à passer à travers leur processus de rétablissement et à venir nous rejoindre dans la société. Et, pour ça, j'espère profondément que M. Blais va reculer sur cet article-là parce qu'il s'attaque clairement et définitivement aux plus vulnérables de notre société.

M. Lisée : Bien, je tiens à remercier l'association et les gens qui sont là, qui sont des bénéficiaires d'une opération d'accompagnement de la sortie de la dépendance, de la toxicomanie et de l'inclusion sociale. C'est ce qu'on veut tous. C'est ce qu'on dit qu'on veut tous, et c'est dans l'intitulé de la mission du ministère du ministre Blais, l'inclusion sociale.

Alors, ça arrive que le Conseil du trésor cherche des économies et propose des choses qui n'ont pas de bon sens. Ça arrive. Moi, j'ai été ministre, je l'ai vu. Puis on regarde ça puis on dit : Ça n'a pas de bon sens, puis ça recule, ça recule. Mais là on n'en revient pas, il propose un règlement qui va réduire les sous disponibles pour que des gens de l'aide sociale puissent avoir des traitements qui vont leur permettre de sortir de l'aide sociale. Il propose un règlement qui va faire en sorte… ça va être une machine à itinérance. Ça va faire en sorte que 7 300 personnes par année, qui, en ce moment, ont des traitements, ne pourront plus les avoir et donc seront renvoyées à la rue ou à l'hôpital, où ça coûte 600 $ par jour. Imaginez, ils essaient d'économiser 6 $ par jour, puis ça pourrait leur coûter 600 $ par jour.

Alors, normalement, moi, je m'attendais du ministre François Blais, ancien universitaire, auteur d'un livre remarquable sur le revenu minimum garanti — imaginez! — qu'il se rende compte que ça n'a pas de bon sens et qu'il recule. En ce moment, le règlement, là, s'il n'est pas modifié, il va être appliqué tel quel dans sa forme destructrice d'ici la mi-mars. Or, je suis estomaqué d'apprendre que, dans les rencontres avec l'association, il n'y a aucune écoute de la part du ministère, il n'y a aucun mouvement vers la réparation du dommage causé. On n'a aucune indication que les arguments complètement logiques, irréfutables aient été intégrés par le ministre.

Et on vous parle, là, il va y avoir deux semaines de relâche parlementaire, donc on est ici aujourd'hui, pendant que vous êtes là, pendant que le ministre est là, pour dire : Écoutez, réveillez-vous! Et en fait quelle est la réponse du ministère à ces demandes, à ces démonstrations et même à ces informations? Parce qu'on s'est rendu compte… Le ministre l'a dit, en réponse à une de mes questions il y a deux semaines, qu'il s'est rendu compte, une fois avoir fait le règlement, qu'il y avait de la perception de la part des organismes et que, donc, il se rend compte de ça. O.K., très bien, vous avez appris quelque chose. Ajustez-vous, O.K.? Mais non seulement il n'y a aucun ajustement, non seulement ils se sont tournés vers l'association, qui a été obligée de compiler des données pour leur expliquer comment ça marchait, donc, l'impact du règlement, mais la réaction, ça a été, de la part du ministère, de faire couler à un journaliste un argument négatif envers les organismes d'itinérance. Alors, plutôt qu'être en mode solution, ils sont en mode confrontation.Mais ce n'est pas des petites guerres, là, qui se font, politiques, là, on parle de la condition humaine de 7 000 personnes qui veulent retourner à la vie active et que ce règlement est en train d'empêcher de faire.

Alors, on fait cet appel au ministre, tous ensemble, les gens de Québec solidaire, les gens de l'association et les bénéficiaires qui sont ici pour dire : Écoutez, là, est-ce qu'on peut ne pas détruire quelque chose qui fonctionne, qui fonctionne difficilement? Ces organismes-là, là, non seulement ils n'ont pas assez d'argent, ils sont obligés de faire de levées de fonds pour combler le besoin. C'est des organisations sans but lucratif, c'est des gens qui se dévouent, et on va leur rendre la vie difficile, pendant que six ministres du gouvernement vont aller en France. Franchement, hein, franchement! Un peu de tenue, là, un peu de sens des priorités. Alors, c'est encore le temps, il a 15 jours pour retirer le règlement, tout simplement. Merci.

La Modératrice : Les intervenants sont disponibles pour des apartés à côté. Merci.

(Fin à 11 h 57)