(Quatorze heures dix minutes)
La Modératrice : Bonjour et
merci d'être présents à ce point de presse concernant l'impact de l'austérité
sur les personnes vivant avec un handicap. Prendront la parole cet après-midi Mme Françoise
David, députée de Gouin, Mme Carole Cartier, présidente du conseil
d'administration d'Ex aequo, M. René Ménard, un militant d'Ex aequo
qui livrera un témoignage, ainsi que M. Jean-François Lisée, député de Rosemont
et porte-parole de l'opposition officielle en matière de services sociaux, de
protection de la jeunesse et de soins à domicile ainsi que de prévention.
Mme David (Gouin) : Alors,
bonjour, tout le monde. Nos excuses pour le petit retard que nous avons pris.
Alors, je serai très brève parce que je souhaite laisser vraiment la parole à
nos amis d'Ex aequo.
Nous sommes dans la semaine nationale des
personnes handicapées, et donc c'est très important pour nous que le
gouvernement tende l'oreille à des regroupements comme Ex aequo qui
défendent le sort des personnes handicapées. Et, comme on est vraiment dans une
période d'austérité, il faut vous dire que la vie n'est vraiment pas facile
pour les personnes handicapées du Québec. Ex aequo est un organisme
montréalais qui se consacre, depuis 1980, à la promotion et à la défense des
droits des personnes qui ont une déficience motrice. C'est, bien entendu, un
organisme sans but lucratif.
J'ajouterais simplement quelques mots, parce
que nos amis vont illustrer bien davantage ce que je vais dire. L'austérité
libérale, déjà, depuis bien des mois, depuis un an, a des conséquences
importantes sur les personnes handicapées du Québec. Par exemple, sur les
180 000 élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou
d'apprentissage, la Commission des droits de la personne nous a rappelé hier
que l'austérité peut être dommageable pour ces personnes, pour ces enfants qui
ont besoin de soutien, un soutien qu'on est portés… que le gouvernement coupe
de plus en plus. Le gel de l'enveloppe pour les contrats d'intégration au
travail empêche la création de nouveaux emplois pour des personnes handicapées.
La Protectrice du citoyen signale aussi qu'au niveau des services de santé et
des services sociaux il y a une sorte de déficit de services, manque de
réponses aux personnes qui sont en difficulté qui ont besoin rapidement d'un
diagnostic et de services. Et lundi dernier le gouvernement rendait son plan
public, son nouveau plan d'action : beaucoup de réflexions, beaucoup d'évaluations,
beaucoup de discussions, très peu d'action, pas d'argent. Bref, c'est décevant
en cette semaine nationale des personnes handicapées.
Et, pour mieux vous en parler, je cède la
parole, donc, aux représentantes et représentants d'Ex aequo.
Mme Cartier (Carole) : Merci,
Mme David. En cette Semaine québécoise des personnes handicapées, le Parti
libéral invite la population à poser des gestes concrets qui incluent les
personnes handicapées. Ironiquement, c'est justement le gouvernement libéral qui
compromet l'inclusion sociale des personnes en imposant des mesures d'austérité
qui feront reculer de plus de 30 ans les acquis de ses citoyens. C'est
pourquoi Ex aequo, qui milite depuis plus de 30 ans, 35 ans,
remet, à l'aide des partis de l'opposition, à tous les élus de l'Assemblée
nationale un livre de recettes proposant des solutions tangibles qui
permettront notre inclusion sociale, professionnelle et économique.
En tant que présidente d'Ex aequo, je
veux vous parler de la réalité quotidienne que nous vivons, mon conjoint et
moi. Il a 52 ans, il habite en CHSLD, dû à un manque de ressources
résidentielles avec des services de soutien à domicile 24 heures par jour,
sept jours par semaine. Ce n'est pas son choix d'habiter en institution ni de
se faire laver juste une fois par semaine. Il vit… qu'il vit… est inadaptée à
ses besoins, il réside avec des gens en fin de vie. Plus souvent qu'autrement,
mon conjoint se fait asperger par un vaporisateur hygiénique plutôt que de se
faire laver ou nettoyer à la débarbouillette.
Alors, maintenant, vous nous avez assez
entendus, on vous demande maintenant d'écouter, d'agir, redonner la vie dans la
dignité au lieu d'y mourir. On vous demande de stopper l'effet domino
dévastateur causé par l'austérité, qui augmente les inégalités. Aidez-nous plutôt
à sauver l'inclusion sociale des personnes handicapées, on y a droit. Merci.
M. Ménard (René) : Bonjour.
Je vais vous parler de ma situation à moi. Je m'appelle René Ménard. Moi, j'ai
été principalement affecté par la coupe au niveau des blocs repas. Ça m'oblige…
je dois débourser 48 $, à chaque mois, juste pour un service que je
qualifie d'essentiel. Mais, selon le gouvernement, ça ne semble pas être
essentiel parce qu'on vient chercher ça dans nos poches, moi qui est déjà à
faibles revenus.
Et, comme disait Mme Cartier, l'effet
dévastateur de cette coupe-là, de ce choix-là, qu'on n'a pas choisi puis qu'on
dénonce avec vigueur, il y a effectivement, dans mon cas, les blocs repas, mais
il y a aussi, dans ma coop, la fin des conventions. C'est pour bientôt. Alors,
si, en plus de payer pour mon bloc repas, je n'ai pas un logement adéquat,
bien, je fais quoi? Je frôle l'itinérance? On va laisser les personnes
handicapées à eux-mêmes? C'est inacceptable.
On ne vous demande pas, on exige une
qualité de vie, on exige une dignité qu'on nous avait promise, parce qu'il faut
se rappeler qu'on n'a pas choisi d'être handicapé. Alors, ces choix-là sont
inacceptables, c'est un gouvernement… c'est de l'inconscience sociale. Alors,
s'il vous plaît, dépêchez-vous de corriger la situation.
Un autre exemple concret qui va me
toucher, c'est la fin, possiblement, de ma mesure au niveau de l'emploi. Bien,
pour moi, travailler, c'est une façon non seulement d'être utile à la société,
mais de me revaloriser, de m'accomplir. Alors, ça, c'est très important. C'est
ça qu'on veut dire, messieurs les décideurs, le gouvernement Couillard, par l'«effet
dévastateur». Prenez conscience que vos décisions ont plus d'un impact pour nous,
les personnes handicapées, alors, s'il vous plaît, réveillez-vous!
C'est urgent de réagir à une situation
qu'on n'a pas choisie puis qu'on ne veut certainement pas vivre, parce que la
dignité, pour nous, c'est important. Ça nous empêche d'évoluer puis on veut
garder notre autonomie. Ça fait que c'est très, très important qu'on abolisse…
non pas les adoucir, les… Il n'y a pas de mots pour décrire l'inconscience du
gouvernement. Il faut abolir ces mesures-là. Il faut dénoncer ça avec vigueur.
Je ne comprends pas qu'un gouvernement qui se dit évolué puisse proposer ça aux
personnes handicapées. Je suis, en tant que citoyen, outré, déçu des choix du gouvernement.
Alors, je pense que ça se passe de mots.
On vous a donné, Ex aequo, un
témoignage clair, on a brossé une situation la plus fidèle possible de ce que
vivent quotidiennement les personnes handicapées. Ça nous pend au-dessus de la
tête comme une épée de Damoclès. Moi, j'ai l'impression d'avoir un handicap
associé : l'austérité. Alors, ce n'est vraiment, vraiment pas drôle.
On n'est pas là pour vous faire rire, on n'est
pas là pour quémander quoi que ce soit. Je pense que c'est quelque chose qu'on
doit, en tant que citoyens, s'attendre à une rectification prochaine, immédiate
de la situation. Alors, bonne journée.
M. Lisée
: Alors, d'abord,
je veux vous remercier, tous les deux, d'avoir le courage de venir jusqu'à Québec
pour porter votre message. Je tiens à vous féliciter aussi pour votre
dévouement. Vous travaillez tous les deux à Ex aequo, vous mettez l'énergie
que vous avez au service d'autres personnes handicapées pour assurer leur
insertion. Puis là, ici, on n'est pas en présence de gens qui se plaignent, on
est en présence de gens qui sont actifs, qui veulent être actifs, qui veulent
être intégrés, qui veulent contribuer à la société, qui veulent être des citoyens
à temps plein. Et, au cours des décennies, les gouvernements québécois ont
réussi à établir un certain nombre de services qui aident cette autonomie-là,
et, en ce moment, l'austérité libérale, elle retire un à un les moyens qu'on
avait établis pour aider le retour à l'autonomie des handicapés. Ce n'est...
Et là on touche aux nécessités de la vie,
hein? On n'est pas dans le gras, on n'est même pas dans le muscle, on est dans
la moelle épinière, là, on est dans la nécessité de la vie.
Ce que M. Ménard raconte sur la
réduction des services alimentaires, on l'entend constamment dans nos bureaux
de comté, des gens qui viennent puis qui disent : Bien, maintenant, ils
ont réduit le service alimentaire qu'on me donnait pour que je puisse rester à
la maison. Comment est-ce que je peux rester à la maison?
Ou bien j'ai vu un cas où on m'a expliqué :
Bien là, la personne qui venait faire de la bouffe pour une semaine, elle avait
deux heures pour le faire; maintenant, elle doit prendre ces deux heures-là
pour faire de la bouffe pour deux semaines, alors vous pensez bien que le
nombre de mets que cette personne-là me fait a été réduit, la qualité et la
diversité ont été réduites. Alors, c'est de ça dont on parle, et c'est
inimaginable, effectivement, qu'on en soit là.
Alors, c'est une question de dignité,
vivre dans la dignité, comme vous l'avez dit très bien. C'est une question de
bonnes politiques publiques parce que, si les handicapés qui sont autonomes ne
sont plus autonomes, hein, ils vont coûter beaucoup plus cher à la société. Ils
vont être plus malheureux, ça va être indigne, mais ça va coûter plus cher — ils
vont se trouver à l'urgence, c'est 600 $ par jour — ils vont se
trouver à l'itinérance, et on sait les difficultés que ça provoque.
Et c'est une question de droits aussi,
parce que l'Assemblée nationale a voté des lois qui donnent des droits, et
aujourd'hui, en cette semaine des handicapés, le président de la Commission des
droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec, M. Jacques
Frémont, a émis un communiqué. Il a dit : «La Commission des droits de la
personne s'inquiète de l'impact du contexte budgétaire actuel sur le droit à
l'égalité des personnes en situation de handicap.» Et M. Frémont dit : «Il
ne suffit pas [...] de regarder les chiffres, mais de prendre en considération
les obligations légales dans l'offre de services aux personnes en situation de
handicap. [...]Plusieurs témoignages récents [...] impliquent que certaines
décisions du gouvernement pourraient toucher directement les services de
différents organismes ou les programmes destinés aux élèves à risque ou aux
élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage dans les
commissions scolaires.» Alors donc, on est, là... l'austérité est en train de
nier le droit à l'égalité de plusieurs de nos citoyens.
Alors, aujourd'hui, Ex aequo publie
ce petit cahier, Refusons l'austérité, et donne la recette qu'une
société civilisée devrait appliquer pour respecter les droits. Je l'ai déposé à
l'Assemblée nationale ce matin à la fin d'une déclaration de député. On l'a
distribué à tous les députés. On espère que les libéraux et les caquistes, qui
sont favorables à l'austérité, vont se rendre compte que ça ne doit pas être un
handicap de plus. Comme vous l'avez bien dit, M. Ménard, qu'il y a
handicap et un deuxième handicap qui est l'austérité. Si on peut agir sur l'un
des deux, qu'on le fasse, et on appelle le gouvernement à être non seulement à l'écoute,
mais en action. Merci.
La Modératrice : Merci
beaucoup. Y a-t-il des questions?
M. Caron (Régys)
: Bonjour.
Est-ce qu'il est possible de savoir de façon précise quelles sont les mesures
qui touchent les personnes handicapées? Quelles sont les mesures qui...
M. Ménard (René) : Bien, par
exemple, les coupes au niveau des blocs repas, c'en est une.
M. Caron (Régys)
: Mais
c'est quoi, les blocs repas? C'est...
M. Ménard (René) : Je vais prendre
mon exemple personnel, là : à chaque semaine, il y a quelqu'un qui vient
chez moi pour me faire des blocs repas. Alors, avant, voilà pas si longtemps,
récemment, c'était gratuit, c'est-à-dire depuis le mois d'octobre dernier.
Alors, moi, qui est à faibles revenus, comme je l'ai dit tantôt, bien, on
m'ampute — sans jeu de mots, parce qu'on est des personnes
handicapées — de 48 $. Alors, c'est ça. Ça, c'en est une mesure,
là, qui…
Mme Cartier (Carole) : Il y a
aussi les gels aux contrats d'intégration au travail.
M. Caron (Régys)
: Les
gels aux contrats d'intégration au travail, dites-vous?
Mme Cartier (Carole) : Oui. Ceci
est un programme pour aider à pallier à nos manques dus à notre handicap, qui
fait qu'on est plus compétitifs sur le marché du travail. Il y a aussi, au
niveau du transport, le budget qui n'est jamais augmenté, malgré le fait que
l'achalandage augmente d'année en année.
J'essaie de penser, là, parce qu'on est
tellement touchés dans presque tous les aspects de notre vie quotidienne. Il y
a aussi... René a mentionné tantôt, au niveau de l'AccèsLogis. Tu peux-tu en
parler?
M. Ménard (René) : Au niveau
de l'habitation, dans ma coop, on est, présentement… on va être bientôt en fin
de convention. Alors, ça, ça veut dire que, si on n'a pas de subvention, bien,
mon loyer va augmenter de façon exorbitante. Moi qui est déjà à faibles revenus…
C'est ce que je disais tantôt, quand je parlais qu'on va peut-être frôler
l'itinérance. Bien, je suis déjà à faibles revenus, si je ne peux pas payer mon
loyer, je vais aller où, hein? Puis, en plus, ce qu'il faut mentionner, c'est
que la plus grande fierté d'une personne handicapée, c'est de garder son
autonomie, c'est de garder son indépendance.
Alors, nous ce qu'on ne veut pas, en tant
que personnes handicapées, c'est dépendre de la société, c'est dépendre de nos
familles. Moi, je ne veux pas être un fardeau pour ma famille. Je veux prendre
mes propres décisions, me réaliser en tant que personne handicapée. Alors, si
on nous coupe ça, bien, c'est comme si on était sur le respirateur artificiel.
C'est ça, présentement, là, on est sur le respirateur articifiel. Les mesures, ça
nous pend comme une épée de Damoclès. Alors, c'est très, très, très grave, là,
la situation. C'est ce que je disais tantôt, l'habitation, le moyen de se valoriser,
pour une personne handicapée, par exemple, bien, c'est l'emploi, c'est de
rencontrer des gens, c'est de se réaliser, de s'affirmer. Si on coupe tout ça,
alors, on est aussi bien de nous euthanasier, hein?
Puis il ne faut pas oublier que les
personnes handicapées sont très… peuvent être un apport important pour la
société. Oui, on a besoin d'adaptation, on a besoin de subventions pour pallier
à notre déficience physique, mais on peut tellement apporter autre chose pour
les employeurs, les organismes. Alors, il faut absolument que ça cesse,
comprenez-vous? C'en est, ça, des mesures concrètes, puis qui nous touchent quotidiennement.
M. Caron (Régys)
: Mme
la présidente, avez-vous une idée du nombre de personnes qui ont pu perdre leur
emploi, là, du fait de la coupure, dites-vous, des contrats d'intégration au
travail?
Mme Cartier (Carole) : Ce n'est
pas une coupure présentement, c'est un gel. Ça veut dire que des nouvelles
personnes sur le marché du travail n'auront pas cette option-là à offrir à l'employeur
pour pallier au manque au niveau productivité. Merci.
M. Lisée
: Je peux vous
expliquer. Alors, c'est un programme qui subventionne les employeurs parce
qu'on dit : Bien, il y a peut-être 20 % à 30 % de productivité
de moins pour employer un handicapé, donc on vous donne cette somme-là pour
intégrer le handicapé. Et l'expérience montre qu'après deux ou trois ans,
parfois, l'employeur embauche à temps plein le handicapé. Alors, c'est une très
bonne mesure d'insertion.
Le gouvernement libéral a mis un cran
d'arrêt aux nouvelles cohortes. Parce que, chaque année, il y a des nouveaux
handicapés qui veulent le faire. Ça, c'est la première chose.
Deuxième chose que M. Ménard
explique, c'est qu'il y a eu un resserrement de la qualification de centaines
de personnes, peut-être de milliers — on n'a pas le bilan
global — où on a dit : Bien, avant, on vous donnait un service
d'aide à la bouffe qui était de 100 $, puis maintenant on a décidé que c'était
seulement 50 $. Alors, c'est personne par personne, et ils affirment
qu'ils ont ajusté en fonction de l'évolution du besoin, alors que souvent le
besoin n'a pas évolué.
Troisièmement, on sait qu'en habitation le
gouvernement a renoncé même à sa promesse d'avoir 3 000 nouveaux
logements sociaux par année — il y en aura moins que
ça — et on sait que, sur l'ensemble du budget de la santé et des
services sociaux, le budget affecté à l'ensemble des services de handicap
augmente moins que l'inflation cette année, ce qui nécessite... ce qui veut
dire des coupures. Et on sait qu'il y a une augmentation importante, par
exemple, du nombre d'autistes, ou de d'autres déficiences, ou de d'autres
difficultés. Puis là on n'a même pas parlé des coupures dans les écoles, là.
C'est vraiment... c'est cumulatif, et en
plus, bien, le fait de ne pas avoir, comme on l'avait promis, augmenté les
budgets des missions des groupes communautaires fait que presque tous les
groupes communautaires au Québec, en ce moment, réduisent leurs services alors
que la demande augmente.
Mme David (Gouin) : Si je peux
ajouter, extrêmement brièvement, l'automne dernier on avait déjà dénoncé aussi
toute la difficulté d'avoir recours à ce fameux programme qui s'appelle PAAS
Action. C'est un programme d'Emploi et Solidarité sociale qui permet à des gens
éloignés du marché du travail parmi lesquels il y a des personnes handicapées
de pouvoir participer aux travaux de différents organismes communautaires, de
pouvoir avoir des cours d'alphabétisation, de pouvoir, dans le fond, s'intégrer
à une vie sociale et communautaire, et ça aussi, les budgets ont été diminués.
Donc, comme dit mon collègue, là, il y a
vraiment un effet cumulatif, sans parler, effectivement… parce qu'on en parle
beaucoup à l'Assemblée nationale, donc on ne se répétera pas trop, mais les
coupes dans le domaine de l'éducation, écoles primaires, secondaires, les
coupes des professionnels non enseignants qui viennent en aide, justement, aux
personnes handicapées, les coupes de préposés aux personnes handicapées, tout
ça s'ajoute et il y a vraiment un effet cumulatif.
M. Chouinard (Tommy)
:
Bonjour, Tommy Chouinard, La Presse. Je ne sais pas si la question a été
posée, je m'en excuse si c'est le cas, je n'étais pas là au début de la
conférence de presse. Est-ce que vous avez eu l'occasion de rencontrer des
représentants du gouvernement, ministres, pour tenter de renverser certaines
décisions que vous déplorez aujourd'hui?
Mme Cartier (Carole) : Oui,
on a l'impression d'avoir été entendus, parce qu'on parle assez souvent, mais
pas d'avoir écoutés.
M. Chouinard (Tommy)
:
D'accord. Et à qui vous avez parlé?
Mme Cartier (Carole) : On a
parlé à M. Dyotte, du bureau du ministre Barrette, qui est venu s'entretenir
avec Ex aequo, je pense que c'était au début de janvier de cette année…
Une voix
:…
Mme Cartier (Carole) : O.K.
Mme Montpetit.
M. Chouinard (Tommy)
: Est-ce
que vous avez eu l'occasion de demander une rencontre avec un ministre comme
tel?
Mme Cartier (Carole) : Mais
c'est ça, à chaque fois, on a de la misère à avoir le contact et, quand on a un
contact, on nous envoie un relationniste ou autre qu'un ministre.
M. Chouinard (Tommy)
: O.K.
Mais vous êtes ici à Québec, est-ce qu'il y a eu des tentatives de rencontrer…
Est-ce qu'on vous a dit : Ce n'est pas possible de rencontrer le
ministre — ou la ministre — comme tel, selon le cas?
Une voix
: …
M. Chouinard (Tommy)
:
Oui, oui, si vous voulez, il n'y a pas de problème. Pardon.
M. Lévesque (Pierre-Yves) :
…tu vas répéter pour moi.
Une voix
: O.K. Je vais
répéter pour M. Lévesque.
M. Lévesque (Pierre-Yves) : …
Une voix
: Ça fait déjà
plus que 30 ans que le milieu associatif rencontre le ministre. À chaque
fois qu'il y a une nouvelle élection, chaque fois qu'il y a un nouveau gouvernement
d'élu, c'est toujours à recommencer.
M. Lévesque (Pierre-Yves) : …
Une voix
: On a demandé
plusieurs fois par des lettres, par des rencontres avec, bon, M. Dyotte,
entre autres, de rencontrer M. Barrette, de rencontrer le ministre, en
fait, qui s'occupe des personnes en situation de handicap, qui s'occupe des
services à domicile, surtout, parce que c'est ça qui est le problème, là présentement,
là, surtout qu'on voit… c'est les services à domicile, entre autres, puis sans
réponse encore.
M. Lévesque (Pierre-Yves) : …
Une voix
: Peut-u
répéter, Pierre, s'il vous plaît?
M. Lévesque (Pierre-Yves) :
Non!
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Lévesque (Pierre-Yves) : …
Une voix
: Il ne veut
pas nous… O.K. Les médecins ont eu de la misère à rencontrer M. Barrette,
c'est ça?
M. Lévesque (Pierre-Yves) :
Oui.
M. Chouinard (Tommy)
: Oui,
O.K., je comprends, mais…
M. Lévesque (Pierre-Yves) : …
Une voix
: Les
organismes communautaires en défense des droits des personnes en situation de
handicap, c'est tout ce que… C'est difficile.
M. Lévesque (Pierre-Yves) : …
Une voix
: On voit… on
rencontre les attachés politiques, mais ça a resté… ça ne va pas plus loin.
M. Chouinard (Tommy)
:
…
M. Lévesque (Pierre-Yves) : …
Une voix
: Son nom est
Pierre-Yves Lévesque, c'est le directeur général d'Ex aequo.
M. Lévesque (Pierre-Yves) :
Merci.
Mme Cartier (Carole) :
Imaginez-vous que les personnes dans nos situations ont de la misère à avoir
plus d'un bain par semaine, avec la canicule qui va être… cet été, c'est… On
est considérés des hors-la-loi parce qu'ils veulent sentir bon. Quand que tu
sens bon, les gens peuvent t'approcher. Et c'est des choses «basic» comme ça
qu'on nous refuse.
Journaliste
: I'm going to do separate interviews afterwards, but I
wanted to ask you, Mr. Lisée or Mme David… Well, you were a member of a
government, we just heard that the situation has not been very good for many
years, what's the difference now?
M. Lisée
:
Well, the difference is that we had a commitment, under the Marois Government,
to make sure that there would be more funding for all these associations like
Ex aequo and others that would have more resources to help them. That's
one thing.
And the second thing is
that a lot… the key for the integration of these people is being able to stay
at home, and it was our priority, stay at home, for them and for the elderly.
The Liberal Government… Liberal Party promised a $150 million per year for
these programs and delivered zero dollars. That was a broken promise. And what
they're doing now, well, we had this program to subsidize the employers to hire
handicapped people, they have stopped the program in terms of new hires,
stopped it completely. And they are tweaking the grid
that allows people to have food services at home, always saying that you don't
need so much. And I never though that I would live to see the day where a minister
of Health would say that he does not want to guarantee two baths a week for handicapped
and elderly people. I did not think that was possible. And that's where we are
now.
So, we are on the basics
of life : food at home, just care… Mrs. Cartier just said that it's
not only the… «débarbouillettes» that is used…
Une voix
: The washcloths.
M. Lisée
: The washcloths. It went from bath to washcloths, and now it's a
vaporizer. You know, that's
where we are. I mean, I can't believe this is Québec in 2015.
Journaliste
: Mme David, you know, we've heard over and over the Government say that there's got to be a way for the agencies that are having
their budget cut to make this work without affecting direct services, and yet
we see example after example. So, is the Liberal
Government lying or is there a lack of communication with the health agencies?
What's going on?
Mme David (Gouin) : Seriously, the Liberal Government lie. It's lying to say to the people : Yes, we have to make
some measures to obtain the zero deficit, but it's without problems on social
and health services, without problem on education. I think many people know
now, because of what we see since six or 10 months, many people now know
exactly that austerity means cuts, and cuts into services, and services who are
needed by some people we respect and we want to see as citizens of our society, like handicapped people.
Journaliste
:Merci beaucoup.
(Fin à 14 h 38)