(Quinze heures vingt-neuf minutes)
Mme Anglade : Alors,
bonjour à tous. Je salue M. Luc Blanchette, ministre des Forêts, de la
Faune et des Parcs, qui est avec moi, M. André Tremblay, président-directeur
général du Conseil de l'industrie forestière du Québec; d'Unifor, nous avons avec
nous M. Steeve St-Pierre; de l'UMQ, M. Gilles Potvin; et de la FQM,
nous avons M. Pierre Renaud.
Alors, le 18 octobre dernier, nous
nous tenions exactement dans cet emplacement pour annoncer la nomination de M. Raymond
Chrétien à titre de négociateur en chef dans le dossier du bois d'oeuvre. Cette
nomination survenait une semaine après l'échéance de l'entente sur le bois
d'oeuvre avec les États-Unis, et toute l'industrie était présente et nous accompagnait
à ce moment-là, et nous nous étions engagés à défendre les intérêts du Québec,
à défendre le régime forestier du Québec.
Vendredi dernier, le lobby des producteurs
américains de bois d'oeuvre, la U.S. Lumber Coalition, a déposé une pétition
qui porte atteinte directement à l'industrie forestière. C'est une pétition qui
soutient, à tort, que les gouvernements fédéral et provinciaux subventionnent
les producteurs de bois d'oeuvre résineux, ce qui serait non conforme aux engagements
internationaux pris par le Canada. Or, ce que l'on sait, c'est que le bois
d'oeuvre n'est pas subventionné et qu'il n'y a aucune raison que l'on impose
des pénalités au Québec.
Le ministre Luc Blanchette et moi-même
avons donc acheminé hier une lettre à la ministre fédérale du Commerce
international, Mme Chrystia Freeland, pour lui faire part des préoccupations
quant à cette plainte. Et, au cours des prochains jours, le fédéral sera appelé
à s'adresser au Département du commerce américain, et nous souhaitons que le gouvernement
du Canada puisse influencer le choix de la méthode d'enquête qui sera
préconisée par les États-Unis.
Le gouvernement fédéral doit prendre dès maintenant
tous les moyens nécessaires pour défendre les spécificités du régime forestier québécois
auprès de ses interlocuteurs, notamment dans le cadre des consultations entre
le Canada et les États-Unis, dans les prochaines semaines. Je vous rappelle que
ces consultations vont influencer de manière importante et significative
l'enquête qui a été initiée par le Département du commerce des États-Unis. Nous
insistons pour deux éléments en particulier avec le fédéral. Nous souhaitons
deux choses : que l'enquête en droits compensateurs s'effectue sur une
base agrégée plutôt que par compagnie et que le taux des droits compensateurs
soit modulé par province.
De plus, nous souhaitons que le gouvernement
fédéral élabore un programme de garantie de prêt afin de permettre aux
exportateurs québécois et canadiens de continuer à avoir accès à un marché
américain, et ce, malgré l'imposition éventuelle de droits compensateurs.
Je tiens à rappeler que, même s'il y a une
plainte qui a été posée vendredi, il n'y aura pas de droits compensateurs qui
seraient imposés avant le mois d'avril, ce qui nous laisse un certain temps,
mais nous pensons qu'il est urgent d'agir maintenant. Notre gouvernement va
donc maintenir la pression avec le gouvernement fédéral afin de s'assurer que
notre industrie ait accès au marché américain.
Le 5, 6, 7 et 8 décembre prochain, M. Raymond
Chrétien sera aux États-Unis et il fera un certain nombre de rencontres, justement,
dans le cadre des négociations et dans le cadre de la situation qui nous occupe
avec le bois d'oeuvre. Et le 8 décembre prochain, nous avons demandé une
rencontre avec la ministre Freeland à Ottawa pour revoir la position du Québec
et nous assurer que la position du Québec soit pleinement bien représentée et
qu'également nous puissions discuter des droits compensatoires et du programme
qui sera mis en place pour supporter l'industrie.
Je vais maintenant céder la parole à mon
collègue Luc Blanchette, qui va parler davantage de la mobilisation de toute
l'industrie autour de la situation du bois d'oeuvre.
M. Blanchette : Alors,
merci, Dominique, chers partenaires, André Tremblay et bien sûr les gens de
l'UMQ et de la FQM, mais aussi des syndicats. Il est très important, dans ce
dossier-là, d'être tout le monde ensemble, puis je profite de l'occasion vraiment
pour faire un point sur nos attentes envers le gouvernement fédéral. Donc, il y
aura des demandes plus spécifiques dans le cadre de cette intervention que je
fais.
Il y a eu la requête vendredi dernier — c'est
une mauvaise nouvelle, mais essentiellement il n'y a pas de surprise à
l'intérieur de ça — sur laquelle on s'attend peut-être à ce qu'au
printemps il y ait soit des surtaxes, des droits compensatoires ou même des
droits antidumping qui soient soumis. Pour ça, on devra faire, dans le fond,
notre défense, et croyez-moi qu'au ministère on est très prêts de vouloir faire
cette défense-là, puisqu'on a un régime très rigoureux, très solide, inspiré,
justement, pour le Bureau de mise en marché du bois, des façons de faire du
côté américain. Donc, c'est vraiment très important. Notre régime, il est
solide, même qu'il y a d'autres provinces qui en sont un peu jalouses, de notre
régime. Et aujourd'hui, essentiellement, on unit nos voix pour défendre notre industrie
forestière québécoise pas juste à partir de Québec, mais dans toutes les municipalités,
dans tous les syndicats des travailleurs dans cette industrie-là.
Dans le fond, on va faire appel au
gouvernement fédéral afin qu'il assure que les exportations québécoises auront
un accès aux marchés, et ce, malgré l'existence d'un recours commercial. Notre
intention, en collaboration avec l'industrie forestière québécoise et nos
partenaires régionaux, c'est d'intervenir sur toutes les tribunes et de
travailler avec le gouvernement fédéral afin d'aller chercher des aides pour
soutenir, pour la durée du litige, notre industrie, nos emplois et nos régions.
Donc, première demande qu'on va adresser
au gouvernement fédéral, c'est de soutenir l'industrie par un programme de
garanties de prêt afin de permettre aux exportateurs du Québec et du reste du
Canada de continuer à avoir accès au marché américain.
Deuxième demande, comme le régime
d'attribution du bois varie d'une province à l'autre, les taux éventuels de
droits compensatoires devraient être modulés par province. C'est la partie de
ma collègue, sur le plan des accords de libre-échange, qu'elle aura à traiter.
Pour ce faire, il y aura une rencontre éventuellement — en fait, elle
est fixée pour le 8 décembre — où on rencontrera nos vis-à-vis,
c'est-à-dire M. Carr dans mon cas, et Mme Freeland dans le cas de ma
collègue Dominique. Essentiellement, le gouvernement du Québec va aussi
continuer d'appuyer les entreprises québécoises, comme il l'a toujours fait, et
les entreprises, dans le fond, dans notre démarche qu'on fait auprès du
gouvernement fédéral.
Par ailleurs, et j'ai le plaisir de vous
annoncer, parce que c'est aussi une stratégie qu'on s'est donnée, on va créer
une table des partenaires. Cette table des partenaires là couvrira les municipalités,
les syndicats, les patronats et ainsi que l'ensemble de l'industrie et de ses
associations. Cette table des partenaires là sera, dans le fond, notre table
dans laquelle on pourra planifier nos interventions auprès de commettants, que
ça soit le gouvernement fédéral ou même le gouvernement américain, ce qui
n'empêche pas les travaux en parallèle de la part de M. Chrétien,
notamment.
Vous savez, l'industrie forestière, et je
termine avec ça, ça fait partie de nos racines profondes, et ça, dans toutes
les régions du Québec. Ça fait que c'est important, elle est cruciale, cette
industrie-là, pour nous.
Et j'ai le plaisir, maintenant, de vous
présenter André Tremblay, le P.D.G. du Conseil de l'industrie forestière du
Québec, qui va prendre la parole au nom de son industrie.
M. Tremblay (André) : Mme
la ministre, M. le ministre. Le dépôt de la pétition par les producteurs
américains de bois d'oeuvre auprès de l'International Trade Commission
officialise le début d'un conflit commercial, le cinquième, entre nos deux
pays. Ce dépôt, malheureusement, va nuire au climat de négociation entre les
deux pays qui aurait permis d'avoir une entente.
Ainsi, il est impératif, comme le
soulignaient M. Blanchette et Mme Anglade, que le gouvernement
fédéral pose des gestes rapidement pour soutenir l'industrie et, par le fait
même, l'économie du Québec. Nous réitérons notre demande auprès du gouvernement
fédéral, appuyée par le gouvernement du Québec et nos partenaires, de mettre en
place rapidement un programme de prêts et de garanties de prêt. Il s'agit de
l'unique moyen de permettre à nos entreprises et à nos collectivités de faire
face aux droits compensateurs élevés qui seront injustement imposés par les
États-Unis et qui nuiront aux consommateurs américains en maintenant
artificiellement des prix élevés pour le bois d'oeuvre.
Chaque province a fait des choix. Le
Québec s'est doté d'un régime forestier rigoureux qui répond aux critères
américains de libre marché. Ainsi, nous demandons que ce choix soit respecté et
que le Québec ait un taux qui correspond à son environnement d'affaires. Par le
fait même, nous demandons également au gouvernement fédéral de veiller à ce
qu'il y ait des taux d'imposition pour chaque province et non pas un taux
unique pour l'ensemble du Canada. Merci bien.
J'inviterais maintenant M. Steeve
St-Pierre, représentant d'Unifor, à prendre la parole.
M. St-Pierre (Steeve) :
Chez Unifor, nous avons une très grande inquiétude et on craint les pertes
d'emploi de nos membres. C'est avec un climat d'incertitude que des entreprises
seront très réticentes à investir pour se moderniser, ce qui va engendrer une
hausse de leurs coûts de production. C'est certain qu'on va avoir un impact sur
la main-d'oeuvre et subir des mises à pied. En plus d'une garantie de
prêt, le gouvernement fédéral doit se préparer à mettre en place des mesures
spéciales pour les travailleurs, les travailleuses qui pourraient se retrouver
en chômage. Il faut se montrer imaginatifs en instaurant, par exemple, un
programme spécial d'assurance-emploi ou toute autre mesure qui pourrait
atténuer l'impact sur la main-d'oeuvre.
Je vais passer la parole à M. Potvin.
M. Potvin (Gilles) :
Bonjour, tout le monde, Mme la ministre, M. le ministre. Il me fait extrêmement
plaisir d'être ici avec vous cet après-midi. C'est un peu d'air frais, là, avec
la première tempête, là, ça nous rafraîchit, ça nous encourage.
Moi, au nom de l'Union des municipalités
du Québec, comme maire de la ville de Saint-Félicien, qui a un rôle important à
jouer au niveau de l'industrie, je pense que c'est réconfortant de voir qu'on
est capables de rallier les forces vives du Québec pour venir à la défense d'un
secteur qui a fait la prospérité, qui fait l'économie des régions du Québec
depuis toujours puis également du Canada. C'est pour ça qu'on se permet
d'interpeller, tout le monde ensemble, le premier ministre du Canada pour qu'il
se sensibilise aux enjeux puis qu'il reconnaisse l'importance de cette belle
industrie là à la veille du 150edu Canada, qui a été développé par
la forêt. Alors, on veut connaître encore une ère de prospérité parce qu'au
Québec c'est 225 municipalités, c'est 60 000 emplois,
imaginez-vous, ce que ça représente pour les régions. Puis il y a autant de
retombées dans la région métropolitaine puis dans la capitale également parce
que la forêt intègre à peu près tous les secteurs.
Alors, nous, on est heureux aujourd'hui de
constater ça, cette belle volonté, cette ouverture. C'est annonciateur
également — là, je passe un message au gouvernement du
Québec — d'un projet de loi qu'on attend, les municipalités, pour une
reconnaissance des nouveaux pouvoirs municipaux. Enfin, on nous reconnaît comme
partenaires, comme des acteurs incontournables. C'est nous qui avons à gérer la
crise sur le terrain à tous les jours. Alors, je pense, c'est une belle
initiative, on est heureux, on va collaborer. Depuis quelques semaines déjà, on
a eu l'occasion de rencontrer M. Chrétien, avec la permission du ministre.
On a fait des tables avec ses fonctionnaires responsables des programmes sur
certains autres enjeux. On voit qu'il y a une volonté. Nous, on est bien
heureux puis on offre toute notre collaboration et notre disponibilité, puis
tout le Québec va être gagnant là-dessus.
À l'heure où on cherche des projets de
société, qu'on remet tout en cause, je pense que la forêt est une des valeurs
qui rassemblent tout le monde. Si on n'est pas bûcheron, si on n'est pas
exploitant, on est amant de la nature, on est chasseur, on est pêcheur. Puis c'est
ce qu'on fait de mieux au Québec par rapport à notre environnement, le régime
le permet. Il nous a coûté assez cher en région, on a perdu des emplois. On a
été obligés de faire de la rationalisation, mais maintenant on est prêts à en
vivre encore mieux, mais c'est de trouver des solutions ensemble. On a des
projets de diversification qu'on est en train de mettre en place avec le
support de la ministre pour l'Innovation, je pense qu'on est capables de passer
à travers.
Alors, aujourd'hui, à la veille de Noël, je
pense, c'est un beau cadeau puis c'est un message d'espoir que le gouvernement
nous sert qu'on partage avec vous. Merci.
M. Renaud (Pierre) :
Alors, bonjour, Mme la ministre, M. le ministre, M. Tremblay, M. Potvin,
M. St-Pierre. Nous sommes réunis aussi aujourd'hui pour parler d'une seule
voix, celle des communautés forestières. Étant moi-même maire d'une
municipalité qui a perdu une usine de pâtes et papiers, je sais ce que
représente l'industrie forestière. Ces communautés sont habitées par des
dizaines de milliers de citoyens, citoyennes des régions du Québec qui
contribuent à l'occupation dynamique de notre vaste territoire. Vous le savez,
nous le répétons, M. Potvin vient de le signaler, c'est 60 000 emplois
directs, c'est un secteur économique présent dans toutes les régions du Québec
et un moteur économique de premier plan pour plus de 200 municipalités.
Nous sommes inquiets par la crise majeure
qui se trame à l'horizon, et c'est pourquoi la FQM appuie les démarches
entreprises par le gouvernement du Québec, autant auprès du gouvernement
fédéral que des autorités américaines et internationales.
D'ailleurs, afin d'élaborer un plan
complet pour la suite des choses, le conseil d'administration de la FQM tiendra
une rencontre d'urgence sur ce thème lors de son C.A. prévu cette fin de
semaine. Des actions concrètes seront proposées afin de faire face à cette
crise. Mais une chose est certaine, nous devons poursuivre le travail ensemble,
tous ensemble, et pour le bien des communautés forestières, pour le bien de nos
régions qui subiront les impacts majeurs d'une nouvelle crise du bois d'oeuvre
et pour le bien de toutes ces personnes qui doivent mettre du pain sur la table
le soir. Merci.
La Modératrice
: Donc, simplement
pour mentionner que c'était M. Renaud de la FQM, donc, voilà, juste pour
souligner. Bref, on passerait à la période de questions? Donc, oui, on y va
ici.
M. Dion (Mathieu) :
Mathieu Dion, Radio-Canada. Alors, première question : Avec Trump qui s'en
vient au pouvoir aux États-Unis, jusqu'à quel point vous avez confiance envers
le gouvernement Trudeau pour réussir, justement, dans ces négociations-là? Vous
lancez des appels aujourd'hui. Oui, ils vont peut-être être entendus, mais
jusqu'à quel point ce gouvernement-là a les moyens de fonctionner, finalement,
selon vous?
Mme Anglade : Bien, je
pense qu'il a pleinement les moyens de fonctionner. Puis, au-delà de lancer des
appels, je pense que c'est dans le travail collaboratif qu'on va faire avec
eux. La semaine prochaine, comme je le disais, M. Chrétien va être à
Washington. Il y a plusieurs rencontres d'organisées. Nous allons les
rencontrer, justement, pour évaluer de quelle manière on va être capables de davantage
contribuer à l'établissement de cette négociation. Dans les prochaines
semaines, c'est important, c'est la défense canadienne qui va devoir aller
rencontrer les homologues américains. Donc, c'est pour ça que c'est important,
les prochaines semaines, de très vite s'asseoir avec le fédéral pour aller
présenter toutes les lignes qui défendent notre système forestier. Donc, je
pense qu'ils ont pleinement les capacités d'aller représenter et le Québec et
le Canada dans son entièreté.
M. Dion (Mathieu) : On
s'entend quand même que ça va être une approche certainement protectionniste de
la part des États-Unis. Il n'y aura pas une difficulté majeure, là? Ça ne
risque pas d'être long?
Mme Anglade : Bien, moi, je
vous dirais la chose suivante : Au-delà d'aller s'asseoir avec Ottawa et
puis de nous assurer de la bonne négociation, l'important aussi, c'est de
développer un réseau de partenaires, d'alliés. Vous savez que, de l'autre côté
de la frontière, nous avons des gens qui achètent notre bois d'oeuvre, qui
aiment le libre-échange que nous avons établi au fil des années. Donc, ce que
nous voulons faire en allant de l'autre côté de la frontière, c'est non
seulement rencontrer la coalition qui a soumis la plainte, mais c'est également
de rencontrer les gens qui, eux, achètent, qui sont des alliés et de développer
des stratégies avec eux également. Et on sera plus en mesure de répondre en
détail aux questions une fois que M. Chrétien sera de retour au 8 décembre.
Donc, c'est une stratégie qui est en deux volets : le fédéral, mais
également du côté des Américains avec le développement des alliés.
M. Blanchette : Et, pour
compléter aussi, même sur le plan provincial, les Maritimes fournissent des
produits du bois, l'Ontario aussi. On a des avantages, je dirais, indéniables,
l'un et l'autre. Vous savez, au Canada, l'industrie forestière, elle est
importante dans plusieurs provinces, autant dans l'Ouest, Colombie-Britannique,
qu'aux Maritimes, d'un océan à l'autre. C'est important, dans le fond, qu'on
fasse nos représentations auprès du gouvernement fédéral. Il y a de l'ouverture
auprès du gouvernement fédéral. On la considère, mais on va mettre de la
pression pour faire aboutir, dans le fond, un programme d'aide pour accompagner
pour la durée du litige. Ça, c'est l'intention qu'on aura avec ma collègue le 8 décembre.
Et honnêtement je pense que les premiers sons de cloche qu'on a, on n'a pas de
non, de fin de non-recevoir, au contraire, on a de l'ouverture. Donc, on va
aller auprès d'eux autres pour regarder ça directement.
M. Dion (Mathieu) :
Est-ce que ça va être aussi long qu'en 2006, selon vous, pensez-vous?
M. Blanchette : Je ne
suis pas devin, malheureusement, je suis économiste. J'ai une boule de cristal,
mais plus pour la beauté de la chose puis je l'utilise rarement. Mais on va
aller sur place à Ottawa pour faire nos représentations auprès des ministres
Carr et Freeland pour avoir quelque chose de très structurant et structuré pour
passer cette période-là, qui sera la période du litige.
Mme Richer (Jocelyne) :
Oui, bonjour. L'industrie forestière dans le passé a connu plusieurs crises
importantes. Est-ce que, cette fois-ci, vous sentez un vent de panique, dans
l'industrie forestière, qui est particulier?
M. Blanchette : À chaque
fois qu'il y a un conflit qui surgit, c'est clair qu'il y a des inquiétudes,
des préoccupations très sérieuses qui se font dans chacune des municipalités.
Maintenant, cette fois-ci, on a décidé de travailler tout le monde ensemble,
gens de l'industrie, gens du gouvernement, syndicats et municipalités, parce
que c'est trop critique. Et ce travail-là ensemble, on va essayer, dans le
fond, d'influencer par nos réseaux respectifs, que ce soit sur le plan syndical
à l'international, que ce soit sur le plan municipal avec le politique du
municipal vers le fédéral ou même nous du provincial en travaillant avec le
fédéral. On veut vraiment faire bien aboutir les choses.
Maintenant, ce matin j'étais à Thurso et à
Masson-Angers pour faire des annonces dans deux usines de pâtes et papiers qui
diversifiaient et innovaient. Bien, le financement du fédéral était présent.
Moi, j'y étais aussi. Donc, on a réussi à stabiliser, pour deux communautés de
l'Outaouais, des financements, des emplois. On parle des emplois, 200 emplois
dans un cas puis 175 emplois dans l'autre. C'était essentiel de consolider
ces emplois-là. Et le fédéral participait dans une proportion encore plus
importante que la nôtre. Donc, on est capables de travailler ensemble. Et on
aura des moyens, autant du côté fédéral que du côté provincial, pour soutenir
tout projet de diversification pour sortir de l'industrie du bois d'oeuvre.
Je veux maintenir les emplois dans
l'industrie du sciage et du bois d'oeuvre, mais, si on peut, par notre
diversification, changer de secteur d'activité, on va bien le faire. Dominique
Anglade, chez elle, a développé des projets d'exportation, et on a un accord de
libre-échange avec l'Europe. Pourquoi ne pas essayer de percer ce marché-là, qui
pourrait, dans le fond, consolider les emplois qu'on a au Québec?
Mme Richer (Jocelyne) :
Mais ma question, c'était : Est-ce que vous sentez un vent de panique dans
l'industrie? Peut-être Mme Anglade, mais après, j'aimerais entendre M. Tremblay
là-dessus.
Mme Anglade : Oui, mais c'est
ça, M. Tremblay voulait justement parler de ça.
M. Tremblay (André) : Écoutez,
je vous dirais que ce n'est pas un vent de panique. L'industrie est déterminée,
déterminée à faire valoir le régime forestier que le gouvernement a mis en
place en 2010, qui s'est appliqué depuis 2013, parce que c'est l'occasion
unique qu'on aura de faire valoir que ce régime-là, qui fait l'envie de la
planète, en fait qui met en place des pratiques forestières exemplaires au niveau
de la planète, on n'aura pas d'autres occasions de faire valoir notre régime
auprès des Américains, régime qui est basé sur des règles de libre marché.
Donc, on est déterminés à le faire, et ce qu'on veut, c'est les moyens
financiers qui vont nous permettre d'aller au bout d'un processus judiciaire,
comme on le soulignait tout à l'heure, qui risque d'être long, parce qu'on sait
que le dernier processus de contestation a duré près de cinq ans. Donc, pas de
panique, mais déterminés à faire en sorte qu'on soit reconnus à notre juste
valeur et que notre régime soit évalué à sa juste valeur.
Mme Richer (Jocelyne) :
Vous interpellez aujourd'hui le gouvernement fédéral. Est-ce que, jusqu'à
maintenant, vous trouvez qu'Ottawa, le gouvernement Trudeau a été suffisamment,
justement, sensibilisé à l'importance de l'enjeu, particulièrement pour le Québec?
Est-ce qu'il a été suffisamment proactif, ou vous sentez le besoin de le faire
bouger davantage, qu'il soit davantage proactif?
Mme Anglade : Je vais y
aller. Clairement, le gouvernement Trudeau a entendu les demandes, et je vous
dirais qu'il y a eu une bonne réception. Il y a une bonne réception de la part
du gouvernement de reconnaître les spécificités du Québec et, conséquemment, de
prendre les mesures nécessaires pour la suite des choses. Puis j'aimerais peut-être
rappeler, lorsque l'on parle de la situation actuelle, qu'il y a eu plusieurs
crises qui ont été vécues, mais, chaque fois que nous nous sommes retrouvés
devant les tribunaux, nous avons gagné, au bout du compte. Il faut se rappeler
ça. Et aujourd'hui on a un régime forestier qui est plus compétitif et plus à
l'image du libre-échange que ce qu'on avait avant. Alors, on est dans une bonne
position, et je pense que c'est important de le rappeler à l'ensemble des
citoyens.
M. Bovet (Sébastien) :
Bonjour, madame, bonjour, messieurs. Pourquoi les Américains devraient être
ouverts au bois d'oeuvre canadien? Pourquoi ils ne pourraient pas protéger leur
industrie, être protectionnistes et dire : Débrouillez-vous avec vos
troubles?
M. Blanchette : Écoutez,
du côté américain, il y a les consommateurs américains, on s'entend là-dessus.
Ils ont tous des projets de construction résidentielle ou non résidentielle.
M. Trump lui-même est un gars qui vient du secteur immobilier. Donc, ils
savent à quel point le matériau bois peut être important dans le cadre de leurs
constructions. Et on a parlé, tantôt, indirectement de l'association des
consommateurs américains, de l'association des entrepreneurs en construction du
côté américain, ces gens-là préfèrent avoir un bois qui soit vraiment moins
dispendieux que s'il y avait des mesures protectionnistes, ce qui ferait
inévitablement élever le prix.
D'autre part — puis c'est une
donnée objective — le taux de change fait toute une différence, hein,
ce qui fait que les Américains, ils ont de la misère à compétitionner parce
qu'ils ont un dollar définitivement plus élevé que le nôtre, et ça les met dans
une position qu'ils cherchent à combler à armes égales, à aller chercher un
taux de change par des mesures de droits compensatoires, droits antidumping et
autres. Donc, le fait qu'il y ait une valeur de dollar américain supérieure à
la nôtre, ça les met dans une position où le bois d'oeuvre canadien passe mieux,
et ils cherchent à se prémunir contre ça.
M. Tremblay (André) : Il
y a une réalité, comme le soulignait M. le ministre : le bois d'oeuvre
canadien, c'est le tiers de la consommation américaine. Demain matin, là, les
Américains ne peuvent pas suffire à la demande. Ils n'ont pas
l'approvisionnement en forêts qui leur permet de substituer la production
canadienne qu'ils utilisent par une production américaine. Donc, si le bois ne
vient pas du Canada, il va venir de l'Europe, il va venir de l'Amérique du Sud,
il va venir d'autres pays fournisseurs. Donc, comme on est un allié commercial
important pour les États-Unis, on ne voit pas pourquoi ce n'est pas le bois
canadien qui fournirait les besoins des consommateurs pour baisser les coûts,
etc. Mais il y a une réalité purement physique, géographique, là, qui ne permet
pas aux Américains, demain matin, de se passer du bois canadien ou du volume
que représente le bois canadien. Merci.
M. Bovet (Sébastien) :
Si des droits de douane sont imposés à 25 %, si le gouvernement fédéral
n'aide pas les producteurs forestiers au Québec, combien d'emplois seront
perdus au Québec et quel sera l'effet sur l'économie québécoise?
Mme Anglade : Ce n'est
pas une situation qu'on envisage présentement. On ne l'envisage pas parce que l'écoute
d'Ottawa, elle a été bonne et on est très déterminé à faire en sorte qu'il y
ait des mesures compensatoires.
M. Bovet (Sébastien) :
Mais vous ne contrôlez rien, Mme Anglade. C'est le gouvernement fédéral et
les gouvernements américains qui contrôlent les choses, là.
Mme Anglade : Oui, vous
avez raison qu'il y a des décisions qui vont être prises par le fédéral et par
des Américains. Il n'en reste pas moins qu'il y a un impact considérable sur
l'économie du Québec, et c'est 60 000 emplois que nous avons dans
l'industrie. Maintenant, notre rôle, notre responsabilité, c'est d'aller,
justement, rencontrer le fédéral et d'expliquer les implications. Je ne pense
pas que le fédéral va rester les bras croisés en se disant : Ah, bien, si
on ne fait rien... on va laisser les choses aller.
Donc, nous, notre objectif, ce n'est pas
de travailler sur un plan où il va y avoir des pertes d'emplois, bien au
contraire, c'est de travailler sur une diversification, comme on l'a fait avec
les exportations, d'une diversification, comme on le fait avec l'innovation, et
également s'assurer qu'on a un négociateur en chef qui comprend bien les
rouages et a une influence sur Ottawa. C'est le plan de match que nous avons.
M. Blanchette : Peut-être
pour compléter, dans le fond, il y a trois fronts d'attaque. Le premier, c'est
la négociation avec les Américains, puis ça, ça se fait avec le gouvernement
fédéral, le gouvernement américain; il y a la demande d'aide de soutien pour la
période que va durer le litige; et il y a un troisième front qui est de soutenir,
par un plan B, une diversification soit de produits ou soit de marchés.
C'est trois fronts qu'on attaque, nécessairement, et, croyez-moi, c'est de la
façon qu'on veut bien défendre nos emplois, nos régions, nos municipalités qui
en dépendent fortement.
M. Potvin (Gilles) :
Peut-être ajouter un point à votre question pour relativiser l'importance du
secteur forestier. Saviez-vous que le secteur forestier, au PIB québécois,
c'est plus important que l'aéronautique, que l'aluminium puis que les mines?
C'est plus structurant puis ça contribue plus. Alors, on ne peut pas se
permettre de l'échapper. En plus, le bois québécois — je vais vous
faire une joke, là — c'est du bois vert même si on le livre sec parce
qu'on privilégie l'aménagement écosystémique, on reboise une bonne partie de ce
qu'on coupe et puis on constitue des réserves, on se préoccupe des enjeux
environnementaux, on a une bourse du carbone, on a un projet, Carbone boréal,
qui touche la forêt boréale, ce que les Américains n'ont pas. Moi, je pense que,
si on fait une proposition d'affaires à un gars comme M. Trump, qui est un
gars d'affaires, il y a une négociation avec nos crédits carbone pour leur
remise en production des secteurs énergétiques avec l'énergie fossile, qui
n'est pas pantoute, là, dans les tendances du temps. Alors, je pense qu'il y a
des éléments. Moi, je trouve ça positif avec la négociation, surtout le
négociateur qu'on a, qui est un gars d'expérience qui connaît la réalité
sociale, économique, là, des Américains, la mentalité, surtout. Je pense que M. Chrétien
est capable, avec la table qu'on vient de mettre en place... La tablée, là,
c'est vraiment la tablée familiale, puis on va tous produire chacun nos idées,
puis on est capables d'assister une négociation raisonnée, et raisonnable, et
fructueuse à très court terme. Moi, je suis confiant.
M. Bovet (Sébastien) :
Vous pouvez me rappeler votre nom, s'il vous plaît?
M. Potvin (Gilles) :
Potvin, maire de Saint-Félicien.
M. Bovet (Sébastien) : Votre
prénom, c'est quoi?
M. Potvin (Gilles) :
Gilles.
M. Bovet (Sébastien) : Gilles.
Merci.
La Modératrice
: Donc,
Philippe.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Oui, bonjour. Est-ce que vous avez espoir, la semaine prochaine, avec la visite
de Joe Biden à Ottawa, qu'il puisse y avoir une annonce positive de débouché
dans ce conflit-là?
M. Potvin (Gilles) : La
vie est faite d'espoir.
Mme Anglade : Ah oui, exactement.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Non, mais honnêtement, est-ce que c'est...
Mme Anglade : Est-ce que
c'est souhaitable? Oui. Est-ce que c'est réaliste? Probablement pas. Je veux
dire, on ne va pas être défaitistes, mais la réalité nous a montré, dans les
derniers mois, qu'espérer une entente présentement... Tant mieux si elle se
produit, on sera tous ravis, mais ce n'est pas sur cette base-là qu'on fait le travail
pour les prochaines semaines.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Puis à part demander à Ottawa d'agir, est-ce que le gouvernement du Québec peut
faire quelque chose? Est-ce que vous avez de l'argent qui est prêt en garantie
de prêt?
M. Blanchette : En fait,
on en fait... tu pourrais-tu...
Mme Anglade : Bien, je
vais te céder la parole après. Mais on fait des choses concrètement. Lorsqu'on
a annoncé la stratégie des exportations il y a quatre semaines, on a fait tout
un volet sur l'industrie forestière justement pour renforcer les possibilités,
un, de diversification, mais aussi de pénétration de marchés. Donc, quand on
parle d'innovation manufacturière, on veut également que l'industrie se
transforme. Donc, on pose des gestes très concrets et on met de l'argent sur la
table pour accompagner les manufacturiers en amont. Maintenant, en matière
d'innovation bois...
M. Blanchette : Écoutez,
au Forum Innovation Bois, là, je reviens avec ça, là, mais ce n'est pas banal,
là, il y avait un fonds pour valorisation qui est de 170 millions, on a
assoupli les critères puis les conditions d'admissibilité parce que les
critères étaient trop sévères, personne ne se classait ou il y avait peu de choses.
D'autre part, mon collègue Pierre Arcand a mis à la disposition des tarifs de
réduction de 200 millions sur une période de cinq ans. Mon autre collègue,
David Heurtel, a été mis à contribution sur la vitrine technologique pour faire
une diversification. Dominique, avec ses programmes d'exportation et d'analyse
commerciale… Non, non, on est vraiment en mouvement.
Puis ce matin, là, c'était pour de la
rayonne et des polymères qui remplacent les «bumpers», là, on est dans
l'industrie automobile. À partir de l'industrie des pâtes et papiers, la chimie
verte. On est vraiment en mouvement. Ce n'est pas vrai de dire qu'on ne fait
rien pour l'industrie. Au contraire, on a une série de programmes. On en a une
quarantaine, de mesures qui s'adressent directement à l'industrie pour faire
cette diversification-là et faire ce virage technologique là et environnemental
là.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Mais pas d'aide en termes de garantie de prêt du côté du gouvernement du Québec?
M. Blanchette : Non, mais
on va aller chercher du côté du fédéral ce type de demande là.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Si ça arrive. Parce que, là, vous croisez vos droits pour que ça arrive.
M. Blanchette : Soyez
optimiste. On est déterminés, on va aller faire les demandes. On reviendra, là,
après le 8 décembre pour échanger ensemble.
La Modératrice
: O.K.,
on va passer en anglais.
Mme Johnson
(Maya) : Hello. Maya Johnson, CTV News.
Mme Anglade, how much more difficult do you expect these negotiations to
be, given Donald Trump's election and his strongly protectionist stance?
Mme Anglade :
There's no doubt in my mind that the negotiations are probably going to be
difficult. But the message, I think, is that we are prepared. We are prepared
because we've been preparing this for a long time. We were hopeful that things
would find an agreement before the last election on November 8th, but we
were prepared to face the situation. So, we know it's going to be difficult,
and that's why we want to make sure that we engage with the federal Government
around the support of the industry right away, although the impact might only
be in the month of April. But that's why we have been taking all the steps that
we are right now.
Mme Johnson (Maya) : So, how many Québec jobs potentially are at stake here? And what
measures could be put in place to protect the industry while the negotiations
are ongoing?
Mme Anglade :
I mean, the whole industry is 60,000 people, and the plan that we have is
to make sure that we don't lose any jobs during the crisis. So, what we're
going to be asking the federal Government is to support the industry through
this transition. I'd like to remind people that, during the last two decades,
whenever we had a conflict with the United States, we always won. When we went
facing a tribunal, we always won. So, we have to be hopeful. We're very
organized, very structured and we're hopeful that we're going to be able to
make headway, knowing that it's going to be a difficult time.
Mme Johnson (Maya) : And just one more question. Outside of this National Assembly,
outside of this political bubble, why does this matter to someone who's
watching at home and isn't following all of the ins and outs of this ongoing
softwood lumber saga? Why does this matter to Quebeckers? Why should they be
concerned about this dispute?
Mme Anglade :
I think André Tremblay could answer this better than I could. But
fundamentally, we're talking about 60,000 people,
we're talking about 60,000 families and those families are located
everywhere in the province of Québec. So, I think that you have people sitting in their living room,
watching this and thinking : This is my dad, this is my brother, this is
my sister. I mean, they can really relate to the situation of the industry.
As Mayor Potvin was
saying, you know, this is something that's part of the DNA of Quebeckers and why I think it matters.
M. Hicks (Ryan) : Est-ce que quelqu'un parle anglais, de l'industrie, qui peut
commenter juste un petit peu en
anglais? For you, how are people in the industry feeling right now about this situation? Est-ce que vous pouvez juste...
M. Tremblay (André) : Yes, which situation are you talking about?
M. Hicks (Ryan) : With the softwood lumber dispute and the way things are going. How
are people feeling about that?
M. Tremblay (André) : You know, we are very anxious to see what will happen in the
future. It's clear that what's happened in the United
States in the last weeks, it's more difficult to have a
clear vision of what's going to happen in in the next… you
know. But it's why we need the support of the federal Government and to be sure that we have the tools to do this battle
until the end of it, you know.
M. Hicks (Ryan) : And, Mme Anglade, this engagement with the federal Government,
is this, I guess, the provincial Government being proactive about making sure :
OK, the federal Government is aware of how this could play out on the ground?
Mme Anglade :
Well, the federal Government is already aware of how this could play out. Now
we are entering a phase where we really need to get to the point where we get
programs in place to support the industry. The industry's going to be faced
with, probably, quotas or taxes, however they decide to define it, in April. So,
we have time between now and April to react, but we want to make sure that we
act fast, that those programs are developed and that the industry is reassured
that the federal Government is going to be there to support them. So, that's
why we need to make sure that we have those dialogues with Ottawa right now.
M. Hicks (Ryan) : And what could those programs be?
Mme Anglade :
They could be... «les prêts, des garanties de prêts», so...
M. Hicks (Ryan) : Loan guarantees.
Mme Anglade :
Loans... «garanties de prêt»...
M. Hicks (Ryan) : Loan guarantees.
Mme Anglade :
At a commercial level... a commercial rate.
M. Hicks (Ryan) : A commercial rate, OK. And my last question is : So, what is
your argument to Americans as to why they should be open to our softwood lumber?
Mme Anglade : As Mr. Tremblay was saying, they actually need the wood, they
actually need the wood. And, if they don't take the wood from Canada, from Québec, where are they going to take it from? They will need to take it
from other jurisdictions, whether it's Europe… So, it makes sense for them to
take the wood. And the reality is that you have consumers that are using this
wood on a daily basis. So, this is the reason why we want to talk to them,
because they are our best allies in this whole dispute. So, this is the
rationale : there is a business need that the wood is actually serving. Thank
you.
(Fin à 16 h 4)