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Conférence de presse de Mme Pauline Marois, chef de l'opposition officielle, M. Nicolas Marceau, porte-parole de l'opposition officielle en matière de développement économique et de finances, et de Mme Agnès Maltais, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé

Annonce importante pour les familles québécoises

Version finale

Le mercredi 8 février 2012, 13 h 30

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures trente-quatre minutes)

Mme Marois: Ça me fait plaisir de vous rencontrer. D'abord, depuis quelques années, vous le savez, au Québec, malheureusement, les familles de la classe moyenne sont pressées comme des citrons par le gouvernement de Jean Charest: hausse de la TVQ, taxe sur l'essence, tarifs d'électricité, droits de scolarité, taxe santé.
Malheureusement, là-dessus, François Legault s'est rangé derrière Jean Charest. La CAQ ne propose aucun changement. Pourtant, cette politique qui consiste à vider les poches des familles de la classe moyenne a des effets désastreux sur l'économie. Les Québécois ordinaires en ont assez de toujours payer.
Le pire exemple, c'est la taxe santé. Cette taxe constitue une véritable injustice au plan économique. Une famille avec un revenu de 30 000 $ doit payer exactement la même chose, 400 $, qu'une autre qui gagne 1 million de dollars. Nous voulons donc rétablir la justice économique. Nous voulons donner de l'oxygène aux familles et à l'économie. Un gouvernement du Parti québécois va donc abolir la taxe santé. Ainsi, il y aura 4,5 millions de Québécois qui en profiteront. Notre gouvernement retournera 400 $ dans les poches des familles québécoises de la classe moyenne. 950 millions seront ainsi injectés dans l'économie par la consommation, puisque nous augmentons ainsi le pouvoir d'achat.
En contrepartie, nous allons demander aux Québécois les plus fortunés de faire leur juste part. Les contribuables avec un revenu supérieur à 130 000 $ paieront davantage. Au bout du compte, cependant, cette opération se fera à coût nul pour le gouvernement. Il n'est évidemment pas question d'aggraver davantage l'état de nos finances publiques, mais il faut stimuler notre économie qui est actuellement à bout de souffle. Je rappelle que le gouvernement libéral est un véritable désastre pour notre économie, malgré ce qu'en dit le premier ministre. Parce qu'en plus de siphonner les poches des familles québécoises, le bilan des libéraux, c'est quoi? C'est un endettement record: 55 milliards en neuf ans, un taux de chômage record à ce moment-ci, 8,4 %, et un déficit commercial record, 24 milliards de dollars. Avec le tandem libéral-caquiste, ce sont toujours les familles de la classe moyenne qui paient et les plus fortunés qui gagnent. Avec le Parti québécois, ce sont les familles qui sortent gagnantes.
Nicolas, j'aimerais que tu expliques maintenant la façon dont nous allons procéder à l'élimination de cette taxe injuste et inéquitable.

M. Marceau: Oui. Merci, Mme Marois. Alors, je dois dire que je suis très fier de l'annonce que nous faisons aujourd'hui. La taxe santé représente, à mon avis, ce qui se fait de pire en matière de fiscalité. Cette taxe santé, elle est injuste, elle est régressive et elle est mauvaise pour l'économie. Prendre 200 $ dans les poches des Québécois ordinaires, c'est, à chaque fois, 200 $ de moins pour faire rouler l'économie.
Par ailleurs, en relevant les barèmes d'imposition des gens qui gagnent plus de 130 000 $, nous allons rejoindre peu ou proue les niveaux d'imposition du gouvernement fédéral. Ainsi, les contribuables qui gagnent plus de 130 000 $ verront leur taux d'imposition augmenter de quatre points de pourcentage et ils paieront encore un point de moins qu'à Ottawa. Ceux qui gagnent au-dessus de 250 000 $ paieront sept points de plus, soit 2 % de plus qu'à Ottawa. Nous allons également réduire de 50 % les crédits d'impôt pour dividendes et la déduction partielle applicable sur les gains en capital, sauf pour la vente de maisons dans le cas de la résidence principale.
Il est grand temps, à mon avis, d'injecter plus de justice économique dans notre fiscalité. Mme Marois l'a dit, depuis quelques années, les libéraux ont littéralement siphonné les familles québécoises de la classe moyenne. Les taxes, les tarifs, le prix de l'essence, tout ça fait en sorte que les Québécois ordinaires sont pris à la gorge. Ça suffit. Il faut que ça change, et, comme vous pouvez le constater aujourd'hui, le véritable changement, ça passe par un gouvernement du Parti québécois.

Mme Marois: Merci beaucoup, Nicolas. Si vous permettez, Antoine, je vais demander à Agnès, qui est porte-parole en matière de santé, d'ajouter quelques mots.

Mme Maltais: Simplement quelques mots. Dès le début, nous avons dit que nous étions contre cette taxe santé. Les libéraux ont choisi de taxer au lieu de gérer le domaine de la santé. Et je vous rappelle... Je me souviens très bien que le ministre délégué aux Finances aujourd'hui, alors qu'il était député, Alain Paquet, avait dit: 200 $, ce n'est pas cher, c'est presque rien. Alors, pour nous, c'était inacceptable.
Il fallait gérer la santé au lieu de taxer. Il fallait s'occuper de la prolifération des agences privées. Il fallait ne pas... empêcher l'argent de se perdre dans des dossiers comme le Dossier santé Québec. Il fallait s'occuper de gérer la santé en empêchant le nombre de cadres d'augmenter d'une façon phénoménale. Il fallait gérer d'abord la santé et surtout pas taxer la classe moyenne.

Mme Marois: Merci, Agnès.

Le Modérateur (M. Antoine Robitaille): Jocelyne Richer, Presse canadienne.

Mme Richer (Jocelyne): Bonjour, Mme Marois. En quoi l'annonce que vous faites aujourd'hui...

Mme Marois: Nous ne prétendons régler aucunement le problème récurrent de la santé. Nous prétendons cependant améliorer le sort des familles québécoises en leur mettant 400 $ dans les poches d'argent qu'autrement ils paieraient en impôt santé. Cependant, ce que nous faisons aujourd'hui, c'est à coût nul, c'est-à-dire que ce ne sont pas les mêmes personnes qui vont payer les sommes consacrées à ce fonds santé - donc, il y aura toujours ce même argent, cette même somme d'argent qui sera versée au fonds santé - mais ce sont les plus riches qui paieront, dans le cas présent, la note. Et nous libérons ainsi 400 $ pour les familles moyennes du Québec, ceux qui actuellement portent très lourdement le fardeau que leur a imposé le gouvernement de M. Charest.

Mme Richer (Jocelyne): Est-ce que vous vous souvenez, quand M. Bachand avait annoncé ça, il y avait la cotisation santé, il y avait aussi une franchise santé qui a été annulée par la suite. Mais, le problème du financement de la santé, il reste là.

Mme Marois: Nous n'avons pas l'intention d'annoncer aujourd'hui comment nous réglerons le problème du financement de la santé. Ce qu'on sait cependant, c'est qu'on ne l'empire pas avec la proposition que nous faisons aujourd'hui et que nous appliquerons dès le moment où les Québécois nous ferons confiance. Nous prenons le parti de la classe moyenne et des familles québécoises. C'est 4,5 millions de personnes qui sont ainsi touchées et qui retrouveront un peu d'espace dans leur budget.

M. Robitaille (Antoine): Est-ce que ce n'est pas... Je vais m'autoriser à poser une question. Est-ce que ce n'est pas irresponsable, au moment où on sait que le fédéral, dans les prochaines années, va baisser fidèlement ses transferts en matière de santé?

Mme Marois: Ce n'est pas irresponsable puisque nous gardons exactement la même somme en santé, là. Aujourd'hui, ce que nous annonçons, c'est qu'on déplace le fardeau qui est sur le dos de la classe moyenne et on va le mettre sur le dos des plus fortunés. On leur demande une contribution supplémentaire, mais le même argent va rentrer dans les fonds de l'État, dans les coffres de l'État, et donc dans le fonds santé, parce que je crois qu'au dernier budget on avait constitué un fonds santé. Donc, c'est neutre. Pour le budget de la santé, c'est exactement les mêmes sommes qu'ils auront demain matin qu'ils avaient hier, mais ce ne sont pas les mêmes payeurs qui sont concernés.

Le Modérateur (M. Antoine Robitaille): Donc, il y avait Alain Laforest.

Mme Marois: Oui, bonjour, Alain.

M. Laforest (Alain): M. Marceau, Mme Maltais, Mme Marois. Êtes-vous en campagne électorale, Mme Marois?

Mme Marois: On ne sait jamais quand on peut être en campagne électorale parce que malheureusement c'est le chef de l'État qui décide de ça, c'est M. Charest, et nous craignons toujours la manipulation, tenant compte de son intérêt pour cette campagne, évidemment. Nous avons une autre proposition, nous, d'ailleurs, c'est des élections à date fixe. Si on était dans cette situation-là, on ne craindrait pas qu'arrive une élection n'importe quel temps. Je vais vous dire que nous... Vous avez entendu ce que j'ai lancé comme message aux militants et aux militantes du Parti québécois: Nous sommes à travailler à nous préparer et nous ne nous ferons pas prendre comme la dernière fois.

M. Laforest (Alain): Concernant juste, si tu peux me permettre, Antoine, concernant le financement de la santé, vous savez, le fédéral s'est retiré. Là, ça ne risque pas de créer une pression supplémentaire sur les mieux nantis qui risquent, lorsqu'on regarde les chiffres que M. Marceau vient de nous redonner - puis je n'ai pas eu le temps de calculer, de vérifier, là - à 2 %...

Mme Marois: Je pense que vous avez les tableaux, hein? Vous avez les tableaux, hein?

M. Laforest (Alain): Oui. Mais à 2 % de plus que le fédéral, là, ceux qui gagnent 250 000 $ par année, ils ne seraient pas tentés de quitter pour aller travailler en Alberta? On ne risque pas de vivre un exode des hauts salariés?

Mme Marois: Non, je ne crains pas un exode de notre... des gens qui ont de hauts revenus. D'abord, il y a énormément d'avantages à vivre au Québec qu'on ne retrouve pas dans d'autres provinces, dont en particulier l'Alberta. Vous irez voir le prix payé pour des maisons comparables, vous irez voir les taxes foncières, l'accès à l'université ici est à moindre coût. Alors, toutes comparaisons faites et toutes choses étant égales par ailleurs, je ne crains pas un exode des gens à haut revenu.

Le Modérateur (M. Antoine Robitaille): Martine Biron... Pardon, Tommy Chouinard.

M. Chouinard (Tommy): Oui. Vous avez garanti que les 950 millions qu'un gouvernement péquiste irait chercher chez les plus fortunés seraient toujours... serviraient toujours au financement des soins de santé.

Mme Marois: Oui.

M. Chouinard (Tommy): On sait qu'il y a un défi pour le financement des soins de santé. C'est quand même... c'est un enjeu majeur. On cherche des nouveaux moyens pour financer les soins de santé. Quels sont ces autres moyens qui sont envisagés par le Parti québécois?

Mme Marois: Bon. D'abord, il y a une question qui a été posée par votre collègue, et je me suis rendue compte que je n'y ai pas répondu. La solution à cet égard, par rapport au fédéral, c'est, bon, de poser une fin de non-recevoir à leur décision, mais c'est aussi d'arrêter de leur envoyer nos impôts puis de les garder chez nous, hein? On est en train encore de refaire la démonstration qu'on serait gagnants à garder nos impôts puis à éliminer les dédoublements. Ça va de soi.
Agnès, dans son intervention brève mais pertinente, a indiqué entre autres qu'il y avait encore des économies à faire, par exemple sur les agences de santé. On sait aussi que, dans les propositions que nous avons adoptées et le programme que nous voulons mettre en oeuvre, mettre en place en santé, nous voudrions que les transferts aux hôpitaux et aux institutions de santé soient faits en fonction des services rendus et non pas sur des bases historiques. Il y a sans doute matière là à retrouver plus d'efficacité dans notre système sans nécessairement couper des personnels, mais, étant plus efficaces, on va mieux servir la santé à un coût comparable.
Alors, il y a encore des pistes à explorer de ce côté-là, mais aujourd'hui, pour moi, ce qui est important, c'est de dire: Le même montant reste à la santé, mais on soulage la classe moyenne et les familles de 400 $ par année.

M. Chouinard (Tommy): Est-ce que vous avez évalué ce qu'un gouvernement péquiste irait chercher en économie par, si je crois comprendre, l'abolition ou la restructuration des agences de santé et le financement sur la base de soins...

Mme Marois: On n'a pas annoncé l'abolition des agences de santé, mais on a dit qu'on évaluerait effectivement les dédoublements qui existent de fait et... puisqu'il y en a, ça va de soi. Il y a aussi d'autres économies qui auraient pu être faites et qui seront faites, mais malheureusement le gouvernement s'est lourdement traîné les pieds. Le Dossier santé, je veux dire, c'est nous qui l'avons lancé. Il était bien lancé, et le gouvernement actuel s'est plus que traîné les pieds, a vu augmenter les coûts sans que le dossier ne soit déjà en place, alors qu'il y a là matière à beaucoup d'économies. Je vous ai déjà expliqué ça, je ne reprendrai pas mon chapeau de ministre de la Santé, mais il y a énormément d'économies à faire.

M. Chouinard (Tommy): ...économies. Est-ce que vous avez évalué...

Mme Marois: Non. On ne les a pas évaluées.

M. Chouinard (Tommy): Mais donc, c'est un peu...

Mme Marois: Bien, écoutez...

M. Chouinard (Tommy): ...au moment où il y a une pression...

Mme Marois: ...soit dit en passant, nous ne sommes pas en campagne électorale, un, et, deux, nous ne... voyons, nous n'avons pas à préparer le prochain budget, parce que ça a l'air que c'est le gouvernement actuel qui va le faire.

M. Chouinard (Tommy): Est-ce que le Parti québécois entend définir, d'ici la prochaine campagne, ce qu'il entend faire pour augmenter... pour financer les soins de santé. Tous les coûts sont...

Mme Marois: Tout à fait. Nous annoncerons nos orientations. Aujourd'hui, ce que l'on dit, c'est que la mesure qui nous apparaît la plus inéquitable en matière de taxation qui concerne les familles, c'est ce 400 $ qu'on veut aller leur chercher. Que vous gagniez 1 million ou que vous gagniez 15 000 $ - il faut le faire, hein - c'est toujours le même montant. C'est complètement injuste, inéquitable.

Le Modérateur (M. Antoine Robitaille): Martine Biron.

Mme Biron (Martine): Bonjour, Mme Marois. Pourquoi est-ce que vous annoncez ça aujourd'hui? Parce que c'est quand même une annonce de campagne électorale et, dans les mesures inéquitables, là, qui existent, là, je pense que vous avez une petite liste, là, vous avez plus que celle-là. Alors, pourquoi, à ce moment-ci, cette annonce-là?

Mme Marois: D'abord, nous voulons indiquer que nous sommes prêts, nous, nous sommes préparés à aller en campagne électorale. Nous avons d'abord un programme qui a été adopté au congrès, qui est un programme audacieux, qui présente plusieurs mesures très innovatrices. Et vous avez vu qu'il y a deux semaines à peine j'ai annoncé trois candidatures de grande qualité et, pour nous, ça fait partie de notre planification, à savoir faire connaître maintenant un certain nombre d'orientations que nous voulons mettre en oeuvre lorsque nous formerons le prochain gouvernement.

Mme Biron (Martine): On comprend que cet aspect-là de la taxe en santé sera dans la plateforme électorale.

Mme Marois: C'est sûr que ce sera dans la plateforme électorale. Et en même temps vous savez que le mois de février et mars, c'est le mois des rapports d'impôt puis c'est le mois du budget, alors peut-être que le gouvernement va être sensible à notre proposition. Il pourrait l'inclure dans son budget.

Mme Biron (Martine): Est-ce que les référendums d'initiative populaire seront dans la plateforme électorale?

Mme Marois: Normalement, ça se retrouvera dans la plateforme électorale, étant entendu, je vous le répète, qu'il y aura un certain nombre de balises à adopter, à étudier, et nous le ferons en temps et lieu.

Le Modérateur (M. Antoine Robitaille): Régys Caron.

M. Caron (Régys): Mme Marois, bonjour, Mme Maltais, M. Marceau. Sur le plan fiscal, vous dites: C'est à coût nul.

Mme Marois: Nul.

M. Caron (Régys): Est-ce qu'on doit comprendre que vous n'avez pas l'intention de taxer davantage, d'augmenter les revenus fiscaux d'un gouvernement péquiste dans l'hypothèse où vous prendrez le pouvoir? Remarquez, il y a un déficit aussi à combler, là.

Mme Marois: Oui. Je suis très consciente qu'il y a un déficit à combler. Pour l'instant, c'est la mesure que nous annonçons aujourd'hui. On verra l'état des finances publiques lorsque nous arriverons au pouvoir et on verra ce qu'il y a lieu de faire.
Cependant, je peux vous dire que, dans les dernières discussions que nous avons eues, et, ça aussi, c'est très intéressant, nous souhaiterions qu'avant chaque élection il y ait une mise à jour des données budgétaires et qui soit faite, cette mise à jour, par un directeur du budget indépendant qui serait lié à l'Assemblée nationale. Et, à ce moment-là, ça nous permettrait de voir où se trouve réellement l'espace, s'il y en a, de quoi il s'agit, etc. Mais pour l'instant il faut prendre cette annonce comme étant celle-ci et il n'y a pas d'autres annonces que nous faisons d'augmentation de taxes. D'accord?

M. Caron (Régys): ...sur le plan fiscal, d'ici l'élection qui va arriver un jour.

Mme Marois: D'ici l'élection, nous aurons l'occasion de préciser nos orientations dans d'autres champs de préoccupation des Québécois. Nous pensons que les Québécois ont été littéralement étouffés par le gouvernement actuel. Il y a des problèmes qui apparaissent actuellement, que le gouvernement veut nier, mais qui sont bel et bien là. Je vous parlais de la hausse du taux de chômage. Nous sommes, en vertu des indices actuellement liés à l'emploi, septième province sur 10, donc ça ne va pas bien au Québec, et il faudra arriver avec des mesures relativement à l'emploi, relativement à l'entreprise, etc. Vous avez vu que j'ai fait une sortie la semaine dernière sur cette question avec les travailleurs de Mabe à Montréal et... c'est-à-dire concernant le dossier des travailleurs de Mabe, et, moi, je crois qu'il faut qu'il y ait une réflexion sur nos entreprises manufacturières, entre autres.

M. Caron (Régys): ...la stratégie du gouvernement pour combler le déficit. Bon, sans porter de jugement sur la façon dont ils s'y prennent, si on regarde les revenus totaux de l'État, est-ce que ça vous apparaît suffisant? Est-ce que ça vous apparaît satisfaisant pour rééquilibrer le budget?

Mme Marois: Bon, écoutez, ce qu'ils nous avaient annoncé, c'était... je pense, c'est l'équilibre pour 2013-2014?

M. Marceau: L'an prochain, oui.

Mme Marois: Bon, l'an prochain, c'est ça. Je ne me trompe pas, je suis bien certaine, 2013-2014. Nous, nous avons souhaité qu'on arrive à... que le gouvernement arrive à l'équilibre budgétaire, mais nous avons toujours dénoncé le fait qu'il y en avait trop sur les épaules des familles au Québec. Et on... aujourd'hui, donc, c'est un choix et une décision que nous annonçons, que nous allons mettre en oeuvre.

Le Modérateur (M. Antoine Robitaille): Gilbert Lavoie.

M. Lavoie (Gilbert): Oui. Mme Marois, un calcul rapide, là, ça fait un total de 144 624 contribuables, là, qui seraient touchés pour aller chercher 950 millions, ce qui fait une moyenne - je suis persuadé que M. Marceau l'a fait - une moyenne de 6 560 $ à peu près par contribuable; évidemment, les plus riches payant plus que les moins. Bon. Est-ce que...

Mme Marois: Il y a quand même au moins 28 952 de ces 144 000 qui gagnent plus de 250 000 $.

M. Lavoie (Gilbert): Oui, oui, mais on dit souvent qu'il n'y a pas suffisamment de riches au Québec et que ça pose un problème, qu'on aurait besoin de davantage de contribuables riches. Est-ce que... Ça me ramène un peu à l'autre question de tantôt. Est-ce que ça ne risque pas de nuire aux efforts de recrutement d'un certain nombre de personnes dont on a besoin, d'expertise au Québec?

Mme Marois: C'est sûr qu'on souhaiterait avoir plus de riches, mais nous croyons qu'ils ont la possibilité de payer de tels niveaux de taxation. Nous avons comparé avec ce qui se passe au fédéral, nous avons comparé avec ce qui se passe aux États-Unis. M. Obama, entre autres, a une proposition pour rehausser de façon très significative le taux de taxation des gens à hauts revenus. Je vous rappellerai que Warren Buffett a été un de ceux qui a suggéré même cette avenue-là. Et je crois que, chez nous, c'est Jean Coutu qu'il l'a dit lui-même. Et, dans un journal frère, d'ailleurs, un éditorialiste a noté au passage, en analysant ce qui se passait aux États-Unis, qu'il y avait de l'espace au Québec et qu'on pouvait se poser des questions. C'était M. Vincent Brousseau-Pouliot dans l'éditorial de La Presse du 31 janvier 2012.
Je répète ce que je répondais tout à l'heure à un de vos collègues, Gilbert, c'est il y a des avantages énormes aussi à vivre au Québec par rapport à ce qu'on ne retrouve pas à l'extérieur. Quand on va aux États-Unis, on paie des frais de scolarité très élevés, on n'a pas le régime d'assurance santé que nous avons ici, le régime d'assurance médicaments. Et quand on va dans les autres provinces, si on excepte les provinces de l'Est, les taux de taxes foncières sont plus élevés, les prix des maisons sont plus élevés, les frais d'université sont plus élevés. Alors, toutes choses étant comparables, moi, je crois que nous n'avons pas à craindre de ce côté-là.

M. Lavoie (Gilbert): Et en sous-question, bien, vous comprenez que je ne pleure sur le sort des riches, là, mais...

Mme Marois: D'accord... Bien, j'imagine que... Je ne sais pas s'il y en a beaucoup qui gagnent plus de 130 000 $ ici, là, mais...

M. Lavoie (Gilbert): Qu'ils lèvent la main.

Mme Marois: ...ou 250 000 $.

M. Lavoie (Gilbert): Mais vous savez aussi que, bon, la richesse ne se trouve pas uniquement dans le revenu imposable des particuliers. On parle souvent du monde bancaire, par exemple. Vous n'avez pas été tentés d'aller vers une autre avenue pour aller chercher de l'argent?

Mme Marois: Nous n'avons pas été tentés d'aller vers une autre avenue pour chercher de l'argent. Ce sont des avenues, comme entre autres toutes les mesures fiscales, qui pourront être éventuellement évaluées. Mais ce n'est pas ce que nous avons fait à ce moment-ci. Nous avons fait ce choix, et c'était volontaire.

Le Modérateur (M. Antoine Robitaille): Régys Caron.

M. Caron (Régys): Si le sujet est écoulé, j'aborderais un autre sujet. Mme Marois, qu'est-ce que la chef de l'opposition pense du séjour du président de la Caisse de dépôt au domaine Sagard de la famille Desmarais?

Mme Marois: Moi, je crois qu'il faut être prudent quand on occupe des fonctions comme celle-là, qu'on risque d'être en affaires, même d'avoir à investir dans les entreprises du groupe. Et comme président et chef de la direction de la Caisse de dépôt, je crois qu'il faut qu'il y ait un devoir... il doit exercer un devoir de réserve.

M. Caron (Régys): Aurait-il dû s'abstenir?

Mme Marois: Moi, je crois que, oui, il aurait dû s'abstenir.

M. Caron (Régys): Devrait-il être convoqué devant une commission parlementaire spéciale pour...

Mme Marois: Bien, c'est ce qu'on a souhaité, nous, être capables de l'entendre, et je pense que c'est raisonnable de pouvoir l'entendre.

M. Caron (Régys): Il vient à tous les ans, de toute façon.

Mme Marois: Oui. Bien, s'il ne vient pas maintenant, plus tard on posera la question, sûrement.

M. Robitaille (Antoine): Mais est-ce que c'est un titulaire de charge publique comme les autres? C'est-à-dire que, dans le monde des affaires, il doit se faire des rencontres, et on peut s'imaginer que ça fonctionne...

Mme Marois: Il n'y a rien qui empêche... Moi, je n'ai aucun problème à ce que M. Sabia rencontre des représentants de Power Corporation. C'est tout à fait normal que, dans le cadre de ses fonctions, il les rencontre. Cependant, il doit le faire dans des lieux qui sont des lieux neutres, si on veut, ou ne bénéficie pas d'une invitation spéciale de la part de la famille.

Le Modérateur (M. Antoine Robitaille): Tim Duboyce, en anglais.

M. Salvet (Jean-Marc): Je peux...

Le Modérateur (M. Antoine Robitaille): Ah! Pardon, Jean-Marc Salvet, une dernière en français.

M. Salvet (Jean-Marc): M. Khadir a dit tout à l'heure qu'il était moins une pour réfléchir à l'idée d'une éventuelle alliance électorale entre le Parti québécois et Québec solidaire. Est-ce que vous comptez utiliser cette minute-là qui reste ou le dossier est derrière vous, à ce stade-ci du calendrier?

Mme Marois: Je n'ai pas plus de commentaires à faire que j'en avais il y a deux semaines sur cette question.

M. Salvet (Jean-Marc): C'est derrière vous?

Mme Marois: Je ne vous ai pas dit que c'était derrière moi et je n'ai pas de commentaires à faire, à ce moment-ci, sur cette question.

Le Modérateur (M. Antoine Robitaille): Tim Duboyce.

M. Duboyce (Tim): Hi, Mme Marois.

Mme Marois: Hi.

M. Duboyce (Tim):

How does this commitment that you are making today distinguish the Parti québécois from the other parties?

Mme Marois: You know, the decision of the Government of Mr. Charest was to increase the taxation for the middle class and for the families in Québec, and we think that it is not just to do that, it is not equitable. So... and on the side of Mr. Legault and la CAQ, I think there is no proposal about health they want to offer to the middle class and to the families. So, that is a very different solution from our part and from our point of view.
We think it's important to reduce the tax for the middle class and for the families, and that is what we do today. That is $400 in the pocket of these families, and they will consume, you know, more. That will help the economy.

M. Duboyce (Tim): When you look at the political dynamic right now, the National Assembly will resume next week, we're moving closer to an election, how would you describe the battlefield that we're moving towards, especially compared with where things left off last December? Have things changed a lot since December?

Mme Marois: From December?

M. Duboyce (Tim): Since.

Mme Marois: Since December. I don't know, but one thing I am sure, we will be three on the field, and everybody will have the chance to win. And we will work because we want to win the next election. We want to win this election, we will work to win this election, and my caucus is very enthusiastic at this moment.

M. Duboyce (Tim): Can I just ask you, as a woman in politics, you probably saw the story about the female MP in Ottawa who is asked to leave the House of Commons with her three-month-old baby. What goes through your mind when you see that story?

Mme Marois: It was a bad decision from the president of the Parliament. We want to conciliate family and work and that should be... that could be a very nice example to give to the people of the... to the population. But that was not the case for this decision.

M. Duboyce (Tim): So, what does it say about... what does it say about the tone of the conservative reign in Ottawa?

Mme Marois: It's another example, with many other examples, because they are very conservative, more conservative than any other Parliament during the last government. Ça va?

M. Robitaille (Antoine): Qu'avez-vous pensez, Mme Marois, du vidéo de... le montage qu'on a fait de l'anglais de François Legault? Vous, on a beaucoup ri, dans le passé, de la manière dont vous parliez anglais. Est-ce que vous avez trouvé que c'était une attaque légitime?

Mme Marois: Vous comprendrez que, de ma part, je crois qu'il serait mal venu de faire quelque commentaire sur ce vidéo. J'en ai été moi-même victime, évidemment, vous le mentionniez. Bon, évidemment, c'était peut-être un peu exagéré, quoi, d'utiliser de tels moyens.

M. Robitaille (Antoine): Mais est-ce qu'un premier ministre du Québec doit absolument parler anglais sans accent, parfaitement?

Mme Marois: Non. Non, absolument pas. D'ailleurs, entre vous et moi, les premiers ministres et les présidents des États libres du monde, dans la grande majorité des cas, ne parlent pas anglais. Cependant, il y a une chose qui m'a un peu étonnée de la part de M. Legault, qui a répliqué, je crois, à cette vidéo... qu'il avait passé... il y avait... c'est-à-dire, pendant qu'il travaillait chez Air Transat, qu'il travaillait à 80 % en anglais. Ça, ça m'inquiète.

Ça m'inquiète très sérieusement parce qu'on vient de dénoncer des cas comme celui de la Caisse de dépôt et de placement, celui de la Banque Nationale où, dans nos institutions québécoises, on parle anglais, alors que les grandes entreprises québécoises devraient au contraire s'inspirer de nos institutions pour appliquer la loi 101 et parler en français dans les entreprises. Je questionne, à ce moment-là, la capacité qu'il aura de faire respecter nos lois, et en particulier la loi 101, à partir d'un exemple qui vient de sa propre expérience.

Une voix: Merci.

Mme Marois: Merci beaucoup. Bonne fin de journée.

(Fin à 14 h 1)