(Treize heures trente et une minutes)
M. Roy
: Bonjour à
tous. D'entrée de jeu, j'aimerais saluer mes collègues Martin Ouellet de René-Lévesque,
qui est avec moi, et Sylvain Gaudreault de Jonquière. Nous sommes ici pour
dénoncer les menaces qui planent actuellement sur les clubs de motoneige et son
industrie au Québec.
Depuis qu'il est en poste, le ministre de
la Faune accumule les mauvaises décisions. Après s'être attaqué aux chasseurs, pêcheurs,
aux agents de protection de la faune, voilà qu'il s'attaque maintenant aux
motoneigistes du Québec. Des clubs de motoneige sont menacés de fermeture à
Chapais et Baie-Comeau, car le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs
veut enlever aux clubs l'exclusivité de l'accès à des chemins forestiers et
leur interdire de vendre des cartes de membre.
La vente des cartes de membre est
essentielle au financement des opérations de surfaçage et pour la signalisation
des sentiers. Et la signalisation des sentiers, ça veut dire sécurisation des
parcours : annonce de courbe, annonce de traverse de chemin de fer, etc.
Donc, c'est une professionnalisation de l'ensemble des sentiers qui s'est
effectuée via les clubs de motoneige qui a permis que ça devienne une industrie
importante au Québec.
Maintenant que c'est Luc Blanchette qui
s'occupe de tout, ça devient très compliqué et extrêmement décourageant pour
les 5 000 bénévoles des clubs de motoneige au Québec. Cette année, on
parle de Chibougamau et de Chapais, car les ententes viennent à échéance en
2017. Si le ministre ne prend pas ses responsabilités, ce sont l'Abitibi, la
Gaspésie, le Lac-Saint-Jean et plusieurs autres régions qui seront touchées par
cette mesure dans les prochaines années.
L'industrie de la motoneige, c'est plus de
3,27 milliards de dollars au Québec. Ce sont des retombées économiques
importantes pour toutes les régions. C'est 14 000 emplois. Et
actuellement le ministre semble vouloir déconstruire un secteur d'activité
économique extrêmement important pour les régions du Québec.
Donc, nous, ce qu'on demande au ministre,
ce n'est pas compliqué, c'est de reculer, de prendre ses responsabilités et
d'annoncer que les ententes avec les clubs de motoneige, comme elles étaient
signées auparavant avec le ministère des Ressources naturelles, soient
reconduites intégralement.
Et je vais laisser maintenant la parole à
mon collègue de René-Lévesque, Martin Ouellet.
M. Ouellet : Merci,
Sylvain. Alors, bonjour, tout le monde. Merci. Tout d'abord, la situation dans
laquelle le ministre met les clubs de motoneige québécois est absurde. Et
justement, dans ma région, dans ma circonscription, il n'y a pas plus tard que
deux semaines, j'ai rencontré les gens du club l'AMMI de Baie-Comeau, qui avait,
par le passé, depuis 2013, une entente avec le ministère des Ressources
naturelles pour baliser, pour autoriser la circulation et pour avoir accès à
leur territoire.
Bien, ces ententes-là n'existent plus, et
là c'est le néant total. C'est tellement le néant, que ceux et celles qui ont
des propriétés, qui ont des chalets, mais ceux et celles mêmes qui vivent à
l'année ne pourront tout simplement pas avoir accès de façon sécuritaire à leur
maison pour la saison hivernale.
Alors, vous comprendrez notre aberration
et notre stupéfaction quant à la situation actuellement vécue. Et
surtout — et c'est ça qui choque le plus — c'est que le
ministère, qui est dirigé par M. Blanchette, a l'opportunité, dans la loi,
de procéder à ces modifications-là. Parce que ce qu'on nous dit, c'est
qu'anciennement c'était le ministère des Ressources naturelles, et maintenant
c'est le ministère Forêts, Faune et des Parcs qui doit s'occuper de la gestion
et surtout de l'autorisation à donner pour les clubs de circuler sur les
chemins. Bien, maintenant, là, dans la loi, les chemins multiusages, bien, le
ministre peut, s'il le décide, déterminer quelle partie peut être effectivement
donnée... accès aux clubs de motoneigistes. Et c'est ça que les gens de chez
nous revendiquent.
Écoutez, chez nous, là, j'ai une pétition
qui touche 65 propriétaires de chalets et de maisons principales qui
n'auront plus accès. Ça touche 500 motoneigistes chez nous. Écoutez, c'est
tout près de 45 kilomètres de chemin qui ne seront plus accessibles sur
notre territoire.
Alors, ce qu'on demande
rapidement — la loi le permet — le ministre cesse les... pardon,
les...
Une voix
:
Tergiversations.
M. Ouellet :
...justement, de discuter avec les clubs et qu'il puisse déjà trancher sur la
question. Elle est simple. Vous pouvez le permettre; permettez-le. C'est toute
l'industrie, et surtout c'est plus de 5 000 bénévoles au Québec qui
travaillent à l'entretien de ces chemins. Ces gens-là, ils font ça
bénévolement, alors, s'ils n'ont pas les moyens et l'opportunité de le faire,
qui va s'en occuper? Certainement pas l'État québécois.
Alors, pour nous, la motoneige, les
véhicules hors route qui circulent en forêt, même en saison hivernale, c'est un
enjeu de développement économique, c'est un enjeu touristique, c'est un enjeu
qui préoccupe beaucoup le Parti québécois. Merci.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Pouvez-vous revenir sur la problématique du départ, à savoir : Pourquoi,
tout d'un coup, c'était devenu compliqué de renouveler les ententes?
M. Ouellet : Oui. Bien,
dans le cas de chez nous, là, c'était le ministère des Ressources naturelles
qui donnait les autorisations de par la Loi des VHR. Il y a trois articles qui
permettent au ministère de faire ça. Ce qu'on a cru comprendre avec le
changement de responsabilité de gouvernance — maintenant c'est le
ministère des affaires... pas des affaires, pardon, mais Forêt, Faune et Parcs
qui s'en occupe — on applique la clause de chemin multiusage. Et donc
les chemins multiusages, ce que ça dit, c'est qu'on ne peut pas restreindre
l'utilisation à un chemin; tout le monde peut y aller : quatre-roues,
skidoos, automobiles.
Donc, c'est l'entretien à celui qui veut
bien, mais il n'y a plus de restriction quant à l'utilisation. Et ça,
malheureusement, pour certains chemins qui donnaient accès aux territoires, si
on applique le principe de multiusage, bien il n'y a pas de resurfaçage qui se
fait dans les chemins, et, à ce moment-là, ça rend la sécurité et surtout
l'accessibilité beaucoup plus difficile pour les gens qui font de la motoneige
à ce moment-là.
M. Roy
: L'idée,
c'est que, quand le ministère impose sa vision que c'est des chemins multiusages,
vous pouvez aller surfacer, vous pouvez mettre de la signalisation, mais vous
n'avez pas le droit de collecter des sous pour avoir des accès. Ça fait que ça
va faire un réseau qui va être... un petit bout, tu vas avoir accès, tu sais,
qui va être légal au sens de la loi, puis il y a un autre bout, tu ne seras pas
légal. Donc, ça fait des sentiers qui vont être dysfonctionnels, et c'est une
économie et une attractivité qui vont disparaître.
Donc, c'est complètement stupide de dire...
Ce n'est pas compliqué : On vous laisse les chemins qui, théoriquement, sont
multiusages, mais on vous donne l'exclusivité, mais vous en faites un entretien
de qualité avec une signalisation adaptée pour que la clientèle se sente en
sécurité.
Donc, on est attractifs, au Québec, de
plus en plus, au niveau de la motoneige, parce qu'on a un réseau très bien
structuré. Mais là ce que le ministre propose, c'est une déstructuration d'un
réseau de motoneige de qualité qui correspond aux attentes de la clientèle
internationale, puis ça manque de vision économique.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Puis vous dites qu'il y a même des gens qui ne seront pas capables, d'après
vous, de rentrer à la maison, tout simplement.
M. Roy
: Ce sont
des situations particulières. C'est dans le cas... Bien, je vais laisser
Martin...
M. Ouellet : Ce qu'il
faut comprendre, c'est que, si on ne peut pas l'entretenir de façon correcte, ça
va être le «free-for-all». Et donc les motoneigistes qui avaient l'habitude de
prendre un sentier damé, donc balisé, devront se rendre par leurs propres moyens
sur des chemins qui seront peu ou pas entretenus.
Donc, je ne sais pas si vous êtes adepte
de motoneige, mais, si vous faites de la motoneige et qu'il y a un quatre-roues
avec des chenilles qui va dans le chemin, rapidement ça scrape l'ensemble du fond
du chemin, et donc il ne devient plus praticable. Donc, pour des raisons de
sécurité et de rapidité, d'accessibilité, c'est pour ça que les propriétaires
de clubs vont faire de l'entretien qui donne un meilleur accès. Et dans
certains cas c'est l'accès unique.
Donc, si on permet ces chemins multiusages,
des camions passent là-dedans, des quatre-roues. Bien, pour les motoneiges, ce
serait totalement impraticable. Et, qui dit accès en forêt à l'hiver, souvent,
le véhicule le plus optimum, c'est effectivement la motoneige dans ce cas-là.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Là, les clubs de motoneige n'ont plus l'argent pour le faire parce qu'ils ne
peuvent plus avoir de membership? C'est ça?
M. Ouellet : C'est en
plein ça. Le membership, il est panquébécois, tu as accès à l'ensemble des
sentiers au Québec. Mais, si pour une certaine portion il n'est pas balisé,
donc tu ne peux plus faire de contrôle utilisateurs-payeurs, donc il n'y a pas
d'entretien, donc malheureusement, effectivement, ceux et celles qui prenaient
leur carte pour cette section-là du sentier ne la prendront pas à cause qu'ils ne
seront plus obligés.
M. Roy
: Juste en
conclusion. Il y a certaines pourvoiries qui sont déjà très inquiètes parce que
l'accès, bon, à leur site, à leur chalet, à leur auberge pourrait être anéanti
via la non-ouverture de certains tracés.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Pouvez-vous parler un peu de l'impact sur le tourisme? Je ne sais pas si...
M. Roy
: Bien, ça
peut être dramatique. Ce qui caractérise la motoneige au Québec puis les
sentiers de motoneige, c'est la qualité des sentiers que nous avons. O.K.? Et,
si les clubs de motoneige ne sont plus là pour entretenir les sites, les
sentiers balisés... Je vous le dis, quand tu arrives dans une courbe, puis c'est
indiqué courbe... C'est comme la 132, là, ou la 20. Bon, une traverse de chemin
de fer, une route, il y a une signalisation qui sécurise les acteurs ou, bon,
le tourisme, qui viennent dans les régions, et, bon, ça crée une attractivité.
On élimine les clubs de motoneige, il n'y
aura plus d'entretien des sentiers. S'il tombe trois pieds de neige, là, en 24 heures,
oubliez ça, là. Les motoneiges d'aujourd'hui, à moins d'être des motoneiges
hors piste, ne pourront pas aller dans ces sentiers-là. Les «tourings», qu'on
appelle, là, ne pourront pas pratiquer leur sport dans ces sentiers.
Donc, pas de signalisation, pas
d'entretien, et, bon, «free-for-all». Le VTT, camions, tout ce que vous voulez.
Si le gars veut aller à son chalet, il va faire rouvrir ça avec une souffleuse.
Donc, c'est une détérioration, destruction de ce qu'est un des joyaux de l'or
blanc du Québec que sont les sentiers de motoneige.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Croyez-vous qu'il y a un risque d'exode de la motoneige en Ontario, aux États-Unis?
M. Roy
: Bien, écoutez,
ça ne peut pas améliorer la situation. C'est une situation qui va amener une
diminution de l'achalandage touristique hivernal au Québec.
Dans la Baie-des-Chaleurs, je peux vous
dire qu'il y a beaucoup d'hôtels, là, qui survivent grâce à l'apport
touristique hivernal, O.K.? C'est ça qui les tient à aller. On a l'été;
l'automne, c'est tranquille; le printemps, il n'y a rien. C'est l'hiver. Donc,
ce n'est pas compliqué, hein?
M. Ouellet : Et,
souvent, si tu me permets de compléter, Sylvain, tu sais, il y a les grands
chemins, la TQ1, qu'on appelle, qui est la grande autoroute de motoneige, mais
souvent ces clubs-là, ce qu'ils font, ils bouclent des circuits alternatifs,
donc ça permet de prolonger le séjour en région. Donc, quelqu'un, exemple, qui
arrive chez nous, à Baie-Comeau, qui vient se stationner, exemple, pour passer
une journée ou deux, bien, il peut boucler d'autres sentiers, passer une
deuxième journée ou une troisième journée. Donc, ces clubs-là sont extrêmement
importants pour rendre le séjour beaucoup plus agréable, mais surtout de rendre
le séjour beaucoup plus long en région et laisser le plus de retombées possible
dans les commerces, dans les hôtels, dans les restaurants.
Et, dans des régions comme la mienne et,
je suis convaincu, comme dans les régions comme celle de Sylvain et de Sylvain,
on ne se passera du dollar économique dépensé par un motoneigiste, surtout en
saison hivernale. Merci.
(Fin à 13 h 42)