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Version finale

13e législature, 2e session
(11 novembre 1913 au 19 février 1914)

Le mercredi 11 février 1914

Ces débats, reconstitués principalement à partir des comptes rendus des médias de l’époque, ne constituent pas un journal officiel des débats de l’Assemblée législative.

Présidence de l'honorable C. F. Delâge

La séance est ouverte à 3 heures.

M. l'Orateur: À l'ordre, Messieurs! Que les portes soient ouvertes!

 

Travaux de la Chambre

L'honorable M. Gouin (Portneuf) propose, appuyé par le représentant de Drummond (l'honorable M. Allard), qu'à partir du jeudi 12 février courant, la Chambre tienne trois séances tous les jours, excepté le dimanche; que la première séance ait lieu de 11 heures du matin à midi et demi, la deuxième de 3 heures à 6 heures de l'après-midi, et la troisième de 8 heures et quart jusqu'à l'ajournement; et qu'à chaque séance l'ordre des affaires soit réglé suivant les dispositions de l'article 19 du règlement relatives aux séances du mardi, sauf en ce qui concerne les interpellations, lesquelles auront priorité sur les autres affaires inscrites au feuilleton.

Adopté.

Commissaires d'écoles protestants de Sherbrooke

M. Therrien (Sherbrooke) demande la permission de présenter le bill 209 amendant la loi concernant l'instruction publique, au sujet du bureau des commissaires d'écoles protestants de la cité de Sherbrooke.

Accordé. Le bill est lu une première fois.

Subsides

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) propose, selon l'ordre du jour, que la Chambre se forme de nouveau en comité des subsides.

Adopté.

 

En comité:

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) propose: 1. Qu'un crédit n'excédant pas soixante-douze mille piastres soit ouvert à Sa Majesté pour être distribué parmi les institutions catholiques en vertu de l'article 2937, S. R. Q. , 1909: pour les collèges classiques, $17,000; pour les écoles modèles et académiques, $55,000, pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

M. Cousineau (Jacques-Cartier) critique le chiffre des octrois accordés à nos collèges classiques. Il prétend que ces octrois sont mal distribués et que certains collèges n'ont pas eu, dans le passé, la part qu'ils méritaient. Il cite, à ce sujet, le dernier article de l'abbé Chartier paru dans la Revue canadienne 1 pour montrer quelle part minime l'État restitue aux collèges classiques et demande qu'on les mette au moins tous sur un pied d'égalité et même qu'on augmente ces subventions.

L'honorable M. Allard (Drummond) répond que les collèges ne se plaignent pas, qu'à partir de cette année ils recevront chacun la même subvention, $1,000 par année.

Comme il y a, aujourd'hui, un collège de plus, celui du Nominingue, le gouvernement, cédant aux instances du député de Labelle (M. Fortier), a décidé de faire voter $1,000 de plus.

M. Cousineau (Jacques-Cartier): Le gouvernement devrait se montrer plus généreux pour nos collèges classiques puisqu'ils sont plus importants que les écoles commerciales et les écoles techniques. C'est dans ces collèges que se forme la grande partie de notre classe intellectuelle. Ces institutions font pour cela des sacrifices considérables et il n'y en a aucune qui soit financièrement florissante. Elles font déjà beaucoup pour se tenir au courant, mais elles pourraient faire davantage si on les aidait un peu.

Pourquoi, par exemple, ne leur concéderait-on pas certains territoires à titre de fondations? Ou certains domaines forestiers où elles pourraient établir des maisons d'été pour l'usage de leurs élèves et de leurs professeurs, ou développer ces territoires avantageusement?

L'honorable M. Allard (Drummond) répond que les autorités des collèges classiques n'ont jamais fait pareille demande et qu'il n'a pas confiance dans ce mode de subvention.

Il ne croit pas du moins la chose pratique. En tout cas, il attendra qu'on en fasse la demande. Il admet cependant qu'on a déjà concédé une pointe de terre au collège Sainte-Thérèse pour en faire un établissement de villégiature.

M. Cousineau (Jacques-Cartier) demande si l'on fera la même chose pour le collège Saint-Laurent dont il plaide la cause.

L'honorable M. Allard (Drummond): Si une demande est faite, elle sera favorablement considérée.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): L'éloge des collèges classiques n'est plus à faire. Leurs oeuvres sont reconnues. Ils continuent à être dans nos centres et nos districts ruraux des foyers de lumière et de civilisation.

Cependant, ils sont critiqués exagérément, j'en suis convaincu. Toutefois, il y a encore à faire certaines améliorations nécessaires par les besoins nouveaux, augmentation de l'outillage et du nombre des professeurs, améliorations que nombre de directeurs de nos collèges de leurs revenus.

Le coût de l'enseignement est déjà considérablement augmenté depuis quelques années, et l'augmenter davantage serait nuisible aux familles pauvres qui veulent faire instruire les plus brillants de leurs enfants.

Le gouvernement ferait bien d'augmenter ces subventions qui permettraient à nos collèges de faire les améliorations nécessaires sans augmenter le coût de l'enseignement.

L'honorable M. Gouin (Portneuf) répond que ces subventions ont été augmentées récemment selon le voeu exprimé par le Conseil de l'instruction publique.

L'honorable M. Allard (Drummond) ajoute que le gouvernement verra à donner justice si jamais des collèges classiques font des demandes de cette nature.

La résolution est adoptée.

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) propose: 2. Qu'un crédit n'excédant pas quatorze mille cent vingt-trois piastres soit ouvert à Sa Majesté pour distribution parmi les institutions protestantes en vertu de l'article 2937, S. R. Q., 1909, pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

Adopté.

3. Qu'un crédit n'excédant pas vingt-cinq mille piastres soit ouvert à Sa Majesté pour l'université Laval, Québec, pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

Adopté.

4. Qu'un crédit n'excédant pas vingt-cinq mille piastres soit ouvert à Sa Majesté pour l'université Laval, Montréal (dont deux mille piastres à être payées à la faculté de droit), pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

M. Lavergne (Montmagny) cherche à savoir pourquoi l'on continue de payer une subvention spéciale de $2,000 à la faculté de droit de Montréal.

L'honorable M. Gouin (Portneuf) répond que c'est en vertu d'une entente avec Laval lorsqu'on décida de donner l'octroi de $25,000.

M. Gault (Montréal-Saint-Georges) demande si Laval de Montréal forme un tout ou n'est qu'un toit abritant différentes facultés indépendantes, et également si les facultés de droit et de médecine de Laval sont séparées du reste de l'université.

L'honorable M. Gouin (Portneuf) explique que, selon lui, les deux facultés en question sont sous la juridiction de l'université Laval, mais qu'elles sont indépendantes de la corporation qui gère les autres facultés et fait le partage des subsides à sa guise.

M. Lavergne (Montmagny): Si les différentes facultés sont indépendantes, ce n'est plus une université.

L'honorable M. Gouin (Portneuf) répond qu'il n'a pas à critiquer l'organisation de l'université. La question, ajoute-t-il, est de savoir si on va leur donner $25,000.

M. Lavergne (Montmagny): J'aimerais mieux qu'on leur donnerait $50,000. Ce serait de l'argent mieux placé que les $63,000 dépensés chaque année pour l'École des hautes études, une belle bâtisse, où l'on enseigne déjà ce qui s'enseigne ailleurs et où l'on ne compte que 64 étudiants.

M. Prévost (Terrebonne) demande si le gouvernement entend persister dans son projet d'affilier l'École des hautes études commerciales à l'université Laval.

L'honorable M. Gouin (Portneuf) répond qu'il y a actuellement devant la Chambre un bill permettant l'affiliation.

M. Prévost (Terrebonne) n'est pas satisfait de ce renseignement. Il insiste pour savoir si le gouvernement a l'intention de faire adopter ce bill.

L'honorable M. Gouin (Portneuf): Je l'ai soumis à la Chambre, et la Chambre en disposera comme elle voudra.

M. Prévost (Terrebonne): Dois-je comprendre que ce projet de loi est un projet de loi libre et que les ministériels ne sont pas tenus de l'appuyer?

M. Lavergne (Montmagny) pose aussi une question dans le même sens.

L'honorable M. Gouin (Portneuf): J'ai l'honneur de présenter ce bill comme un bill du gouvernement.

M. Prévost (Terrebonne): Alors le gouvernement va-t-il donner quand même $25,000 par année à l'université Laval de Montréal, à part le cadeau de $700,000 ou $800,000 qu'il va lui faire?

L'honorable M. Gouin (Portneuf): Nous ne donnerons rien à l'université Laval avec le bill qui est maintenant devant les Chambres.

Et il consent à laisser cette résolution en suspens jusqu'à l'adoption de ce bill.

La résolution est laissée en suspens.

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) propose: 5. Qu'un crédit n'excédant pas vingt-cinq mille piastres soit ouvert à Sa Majesté pour l'université McGill, Montréal, pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

M. Lavergne (Montmagny) proteste en disant que c'est trop. Il fait remarquer que McGill reçoit le même montant que l'université Laval, alors que la population de langue anglaise représente un sixième de la population de langue française dans la province.

La résolution est laissée en suspens.

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) propose: 6. Qu'un crédit n'excédant pas deux mille cinq cents piastres soit ouvert à Sa Majesté pour le collège Bishop, Lennoxville, pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

La résolution est laissée en suspens.

7. Qu'un crédit n'excédant pas cent trente-cinq mille piastres soit ouvert à Sa Majesté pour les écoles normales, pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

M. Lavergne (Montmagny): Très convenable! Très convenable 2!

M. Langlois (Montréal-Saint-Louis) demande quel résultat les écoles normales donnent au point de vue de l'enseignement.

L'honorable M. Allard (Drummond) répond que, l'an dernier, 78% des garçons et 75% des filles sortant des écoles normales sont entrés dans l'enseignement.

M. Langlois (Montréal-Saint-Louis): Pour combien de temps?

L'honorable M. Allard (Drummond): Oh! les filles restent là jusqu'à ce qu'elles se marient.

M. Langlois (Montréal-Saint-Louis): Quels avantages les diplômes de ces écoles donnent-ils à ceux qui les reçoivent?

L'honorable M. Allard (Drummond): Ils leur assurent un meilleur salaire.

M. Tellier (Joliette) demande au gouvernement d'être plus généreux pour l'école normale de Joliette. Il déclare qu'il s'est déjà adressé à ce sujet à l'honorable secrétaire de la province (l'honorable M. Décarie), mais n'a pas pu obtenir ce qu'il demandait.

L'honorable M. Gouin (Portneuf) fait remarquer que les demandes de cette nature sont très nombreuses au département, que lui-même en a fait et qu'il n'a pas toujours obtenu ce qu'il croyait pouvoir obtenir. Néanmoins, il prend note de la demande du député de Joliette et en causera avec son collègue le secrétaire de la province (l'honorable M. Décarie) dès que celui-ci sera rétabli.

M. Tellier (Joliette) réclame aussi un partage plus juste des bourses accordées dans les écoles normales. Il en a demandé plusieurs pour des personnes de son comté et il a éprouvé beaucoup de difficultés.

L'honorable M. Gouin (Portneuf) s'étonne de la chose. Il suppose qu'il y a là un malentendu et promet d'y voir.

M. Cousineau (Jacques-Cartier) exprime l'opinion que le système actuel pour le recrutement des institutrices au point de vue des commissions scolaires est défectueux, et il désirerait voir s'établir comme une espèce de bureau de placement pour les institutrices, où les commissions scolaires pourraient s'adresser, le cas échéant, au lieu de s'en remettre à la publicité dans les journaux.

L'honorable M. Allard (Drummond) prétend que les bureaux de placement que le député de Jacques-Cartier (M. Cousineau) suggère pour recruter les institutrices existent présentement dans les écoles normales, qui remplissent pratiquement ce rôle.

Toutefois, il trouve l'idée bonne et il promet que le gouvernement considérera l'opportunité de créer de tels bureaux de placement pour le recrutement des institutrices par les commissions scolaires.

M. Lavergne (Montmagny) parle de l'école normale Laval, à Québec, qu'il ne trouve pas de son goût comme aspect architectural ou artistique. Il dit même que c'est quelque chose d'atroce, et serait d'opinion que le gouvernement devrait faire en sorte que l'édifice de cette institution soit plus convenable et qu'il soit situé même dans un endroit plus vaste et plus salubre.

M. Prévost (Terrebonne) demande si le gouvernement ne croit pas qu'une deuxième école normale soit nécessaire dans le diocèse de Montréal et, dans l'affirmative, il recommande Saint-Jérôme, le centre de la population du nord de Montréal.

L'honorable M. Gouin (Portneuf) répond qu'en effet le comité catholique a recommandé la fondation d'une école normale à Saint-Jérôme. Il n'est pas prêt à faire une promesse qu'il y en sera fondé une, mais il convient que le besoin s'en fait sentir dans cette région.

Il croit que le gouvernement a suffisamment démontré jusqu'ici qu'il était favorable à la création d'écoles normales dans toutes les régions de la province où on en a besoin et il est tout disposé à prendre la demande en sérieuse considération dès qu'il pourra l'étudier avec son collègue l'honorable secrétaire de la province.

M. Prévost (Terrebonne) se dit heureux des bonnes dispositions du premier ministre à l'égard de la population du nord et l'en remercie de lui donner un si grand espoir que bientôt ce projet sera réalisé.

La résolution est laissée en suspens.

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) propose: 8. Qu'un crédit n'excédant pas deux mille quatre cent soixante-dix piastres soit ouvert à Sa Majesté pour les high schools, Québec et Montréal, pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

M. Prévost (Terrebonne) veut savoir pourquoi l'on accorde $2,400 aux high schools de Québec et de Montréal.

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) explique que ces écoles qu'on appelle des high schools sont en réalité des académies protestantes.

M. Lavergne (Montmagny) considère que ce montant est minime et trouve étrange que les collèges classiques français ne reçoivent pas davantage. Il accorderait $50,000 plutôt que $63,000, comme l'indiquent les comptes publics, aux écoles secondaires de langue anglaise ainsi qu'à l'École des hautes études commerciales de Montréal, qui ne compte que 64 étudiants et où l'on enseigne à peu près les mêmes choses que dans les collèges classiques. Il considère qu'il faudrait donner davantage aux collèges classiques français, qui entrent dans la même catégorie que les écoles secondaires de langue anglaise.

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) assure le député de Montmagny (M. Lavergne) que les high schools de langue anglaise ne sont pas mieux traitées que les écoles secondaires de langue française et que le département essaie d'être le plus généreux possible, sans faire de distinction entre les institutions de langue anglaise ou française.

Il fait remarquer que, lorsqu'on parle des sommes importantes accordées aux écoles protestantes, il ne faut pas oublier que le nombre de ces écoles est très disproportionné par rapport au nombre d'écoles catholiques françaises et que, si l'on tient compte de cela, les montants accordés ne sont pas hors de proportion.

La résolution est adoptée.

L'honorable M. Mackenzie (Richmond) propose: 9. Qu'un crédit n'excédant pas trente mille piastres soit ouvert à Sa Majesté pour l'École polytechnique, Montréal, en vertu de 57 Victoria, chapitre 23, section 17, tel qu'amendé par les lois 3 Édouard VII, chapitre 23, section 4; 7 Édouard VII, chapitre 28, section 1; 8 Édouard VII, chapitre 31, section 1; 9 Édouard VII, chapitre 35, section 1, et 1 George V (2e session), chapitre 30, section 2, et 3 George V, chapitre 26, section 1, pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

M. Prévost (Terrebonne) demande des renseignements sur cette école.

L'honorable M. Gouin (Portneuf) fait l'éloge de cette école qu'il considère la meilleure du genre en Amérique. On y enseigne, dit-il, toutes les branches du génie civil. Des professeurs recrutés dans les meilleures écoles de Paris y donnent des cours d'architecture, de décoration, de sculpture, etc.

La résolution est adoptée.

10. Qu'un crédit n'excédant pas dix mille piastres soit ouvert à Sa Majesté pour l'allocation pour le maintien des écoles techniques en dehors des cités de Québec et de Montréal, pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

Adopté.

11. Qu'un crédit n'excédant pas cinq mille piastres soit ouvert à Sa Majesté pour l'Institut technique de Montréal, pour l'exercice finissant le 30 juin 1915.

Adopté.

 

Résolutions à rapporter:

Le comité fait rapport qu'il a adopté sept résolutions et demande la permission de siéger de nouveau. Lesdites résolutions sont lues deux fois et adoptées.

La séance est levée à 6 heures.

__________

NOTES

 

1. Il s'agit d'un article d'Émile Chartier, professeur au séminaire de Saint-Hyacinthe; article intitulé "Mouvement des idées", Revue canadienne, vol. XIII, janvier 1914.

2. Allusion ironique à la réponse que M. Mousseau a faite au détective américain qui lui offrait un pot-de-vin (Montreal Daily Mail, 23 janvier 1914, p. 1).