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Version finale

13e législature, 4e session
(11 janvier 1916 au 16 mars 1916)

Le mercredi 12 janvier 1916

Ces débats, reconstitués principalement à partir des comptes rendus des médias de l’époque, ne constituent pas un journal officiel des débats de l’Assemblée législative.

Présidence de l'honorable C. F. Delâge

La séance est ouverte à 3 heures.

M. l'Orateur: À l'ordre, Messieurs! Que les portes soient ouvertes!

 

Présentation de pétitions:

Plusieurs pétitions sont présentées et déposées sur la table:

-du comté de Pontiac, demandant l'adoption d'une loi changeant son chef-lieu (M. Campbell);

-des commissaires des écoles protestantes de la cité de Montréal, demandant l'adoption d'une loi leur accordant des pouvoirs additionnels (M. Finnie);

-de Robert Warden Lee, demandant l'adoption d'une loi autorisant le Barreau de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Finnie);

-de Solon Eliosoph, demandant l'adoption d'une loi autorisant le Barreau de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Finnie);

-de Ridley Lightfoot Charlton et autres, demandant l'adoption d'une loi incorporant The Fire Insurance Brokers Association of Montreal (M. Finnie);

-de Louis-René Gagné, demandant l'adoption d'une loi autorisant le Barreau de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Francoeur);

-de R. H. Lipsey, demandant l'adoption d'une loi autorisant le collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Lemieux);

-de R. Lamontagne, demandant l'adoption d'une loi autorisant le collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Lemieux);

-de J.-B.-F. Houde, demandant l'adoption d'une loi autorisant le collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Lemieux);

-de Charles-Édouard Valiquette, demandant l'adoption d'une loi autorisant le collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Lemieux);

-de O. Bissonnette, demandant l'adoption d'une loi autorisant le collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Lemieux);

-de L. Larocque, demandant l'adoption d'une loi autorisant le collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Lemieux);

-de Joseph Labrèque, demandant l'adoption d'une loi autorisant le collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Lemieux);

-de J. McK. Wathen, demandant l'adoption d'une loi autorisant le collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Lemieux);

-d'Alexander Walker Thornton, demandant l'adoption d'une loi autorisant le collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Lemieux);

-de la ville de Montréal-Nord, demandant l'adoption d'une loi amendant sa charte et lui accordant certains pouvoirs additionnels (M. Lévesque);

-de la ville de Montréal-Est, demandant l'adoption d'une loi amendant sa charte et lui accordant certains pouvoirs additionnels (M. Lévesque);

-de la ville Saint-Michel, demandant l'adoption d'une loi amendant sa charte et lui accordant certains pouvoirs additionnels (M. Lévesque);

-de la ville du Sault-au-Récollet, demandant l'adoption d'une loi amendant sa charte et lui accordant certains pouvoirs additionnels (M. Lévesque);

-de la ville de la Pointe-aux-Trembles, demandant l'adoption d'une loi amendant sa charte et lui accordant certains pouvoirs additionnels (M. Lévesque);

-de la corporation de la paroisse de la Pointe-aux-Trembles, demandant l'adoption d'une loi l'érigeant en ville (M. Lévesque);

-d'Edmond Saint-Denis, étudiant en loi, demandant l'adoption d'une loi régularisant sa cléricature (M. Lévesque);

-de Hubert Desjardins et autres, demandant l'adoption d'une loi annexant la cité de Maisonneuve à la cité de Montréal (M. Lévesque);

-de Hubert Desjardins et autres, demandant l'adoption d'une loi annexant la municipalité scolaire de la cité de Maisonneuve à celle des écoles catholiques de Montréal (M. Lévesque);

-de la ville de Saint-Léonard-de-Port-Maurice, demandant l'adoption d'une loi amendant la loi George V, constituant en corporation la municipalité de la paroisse de Saint-Léonard-de-Port-Maurice (M. Lévesque);

-de Nathan Titleman, demandant l'adoption d'une loi autorisant le collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Létourneau, Montréal-Hochelaga);

-de Frank Mendel, demandant l'adoption d'une loi autorisant le collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Létourneau, Montréal-Hochelaga);

-de Moe Newton Fineberg, demandant l'adoption d'une loi autorisant le collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Létourneau, Montréal-Hochelaga);

-de la cité de Westmount, demandant l'adoption d'une loi amendant sa charte (M. Létourneau, Montréal-Hochelaga);

-de la Compagnie d'assurance mutuelle contre le feu des beurreries et fromageries de la province de Québec, demandant l'adoption d'une loi amendant sa charte (M. Létourneau, Montréal-Hochelaga);

-de Joseph-Pamphile Lemay, demandant l'adoption d'une loi autorisant le Barreau de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Létourneau, Montréal-Hochelaga);

-de T. A. Trenholme, demandant l'adoption d'une loi changeant le mode de la perception du coût des terrains nécessaires pour l'extension de l'avenue Connaught (M. Létourneau, Montréal-Hochelaga);

-de la Compagnie Lecavalier & Riel limitée, demandant l'adoption d'une loi lui permettant d'exploiter son industrie dans les limites de la cité de Montréal (M. Létourneau, Montréal-Hochelaga);

-de la Compagnie Bélair limitée, demandant l'adoption d'une loi lui permettant d'exploiter son industrie dans les limites de la cité de Montréal (M. Létourneau, Montréal-Hochelaga);

-des Catholic Trustees of the Separate Schools of the Parish of St. Michael the Archangel, demandant l'adoption d'une loi annexant leur municipalité scolaire à celle de la Commission des écoles catholiques de Montréal (M. Létourneau, Montréal-Hochelaga);

-des commissaires d'écoles pour la municipalité scolaire du village de Villeray, demandant l'adoption d'une loi annexant cette municipalité à celle des écoles catholiques de Montréal (M. Létourneau, Montréal-Hochelaga);

-du révérend Georges Dion et autres, demandant l'adoption d'une loi incorporant l'Oratoire de Saint-Joseph du Mont-Royal (M. Létourneau, Montréal-Hochelaga);

-de la cité de Maisonneuve, demandant l'adoption d'une loi amendant sa charte (M. Reed);

-de la Commission des écoles catholiques de Montréal, demandant l'adoption d'une loi lui permettant de contracter un emprunt additionnel (M. Robillard);

-de George E. Borlase et autres, demandant l'adoption d'une loi pour constituer en corporation The Civic Investment and Industrial Company (M. Therrien);

-de la corporation de la cité de Trois-Rivières, demandant l'adoption d'une loi amendant sa charte (M. Trahan);

-de The Three Rivers Traction Company, demandant l'adoption d'une loi amendant son acte d'incorporation (M. Trahan);

-de la ville de Beaconsfield, demandant l'adoption d'une loi amendant sa charte (M. Perron);

-de l'Institution catholique des sourds-muets pour la province de Québec, demandant la refonte des lois 37 Victoria, chapitre 39, et 5 Édouard VII, chapitre 102 (M. Perron);

-de Jean-Marie Richard, demandant l'adoption d'une loi permettant au Barreau de la province de Québec de l'admettre à la pratique de la profession, après examen (M. Perron);

-de Benjamin Shulman, demandant l'adoption d'une loi permettant au Barreau de la province de Québec de l'admettre à la pratique de la profession, après examen (M. Perron);

-de la ville de Montréal-Ouest, demandant l'adoption d'une loi amendant sa charte (M. Perron);

-de la North Shore Power Co., demandant l'adoption d'une loi amendant son acte d'incorporation (M. Trahan);

-de Donald Russell Mackay, demandant l'adoption d'une loi autorisant le collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec à l'admettre au nombre de ses membres (M. Vilas).

Composition des comités permanents

L'honorable M. Taschereau (Montmorency) présente à la Chambre le premier rapport du comité spécial chargé de dresser une liste des députés qui feront partie de chacun des comités permanents de la Chambre, lequel rapport se lit comme suit:

Votre comité a élu l'honorable M. Taschereau son président et rapporte la liste suivante des députés devant faire partie des comités:

Comité des règlements: les honorables MM. Caron, Mercier, Mitchell, Tessier; MM. Bernier, Campbell, Cousineau, Godbout, Létourneau (Montréal-Hochelaga), Létourneau (Québec-Est), Pilon, Reed, Stein, Sylvestre, Tellier;

Comité des bills privés en général: les honorables MM. Caron, Mercier, Mitchell, Taschereau, Tessier; MM. Bernier, Bérubé, Bissonnet, Bugeaud, Bullock, Cannon, Caron (Matane), Cousineau, D'Auteuil, Delisle, Demers, Desaulniers, Finnie, Fortier, Francoeur, Gadoury, Galipeault, Gault, Gendron, Godbout, Gosselin, Labissonnière, Langlois, Lavergne, Leclerc, Lemieux, Létourneau (Québec-Est), Lévesque, Mayrand, Morin, Ouellette, Péloquin, Perron, Phaneuf, Pilon, Reed, Robert (Beauharnois), Robert (Rouville), Robert (Saint-Jean), Robillard, Sauvé, Scott, Séguin, Slater, Smart, Sylvestre, Tansey, Tellier, Tessier (Rimouski), Therrien, Tourigny, Trahan, Turcot, Vilas;

Comité des chemins de fer et autres moyens de communication: l'honorable Sir Lomer Gouin; les honorables MM. Allard, Décarie, Mercier, Mitchell, Taschereau, Tessier; MM. Bissonnet, Bouchard, Bugeaud, Bullock, Campbell, Cannon, Caron (Matane), Cousineau, D'Auteuil, Desaulniers, Finnie, Gadoury, Gault, Gendron, Gosselin, Grégoire, Labissonnière, Langlois, Lavergne, Leclerc, Létourneau (Montréal-Hochelaga), Létourneau (Québec-Est), Lévesque, Mayrand, Morin, Ouellette, Perron, Petit, Phaneuf, Philps, Pilon, Reed, Robert (Beauharnois), Robillard, Sauvé, Scott, Séguin, Stein, Sylvestre, Tanguay, Tansey, Tellier, Tessier (Rimouski), Tourigny, Tourville, Trahan, Turcot, Vilas;

Comité des bills publics en général: l'honorable Sir Lomer Gouin; les honorables MM. Décarie, Mercier, Mitchell, Taschereau, Tessier; MM. Bernier, Bérubé, Bugeaud, Cannon, Cousineau, D'Auteuil, Fortier, Francoeur, Galipeault, Godbout, Lavergne, Létourneau (Montréal-Hochelaga), Lévesque, Mayrand, Perron, Stein, Sylvestre, Tellier, Tessier (Rimouski), Trahan;

Comité des comptes publics: l'honorable Sir Lomer Gouin; les honorables MM. Allard, Caron, Décarie, Mercier, Mitchell, Taschereau, Tessier; MM. Benoît, Bernier, Bérubé, Bissonnet, Bouchard, Bullock, Cousineau, D'Auteuil, Delisle, Demers, Finnie, Gault, Godbout, Gosselin, Lavergne, Lemieux, Ouellette, Péloquin, Perron, Smart, Scott, Sylvestre, Tanguay, Tellier, Therrien, Tourigny, Vilas;

Comité de l'agriculture, de l'immigration et de la colonisation: l'honorable Sir Lomer Gouin; les honorables MM. Allard, Caron, Décarie, Mitchell; MM. Benoît, Bernier, Bérubé, Bouchard, Bullock, Campbell, Caron (Matane), Cousineau, Delisle, Demers, Desaulniers, Dorris, Fortier, Francoeur, Gadoury, Gendron, Godbout, Grégoire, Labissonnière, Lemieux, Morin, Ouellette, Péloquin, Petit, Phaneuf, Pilon, Robert (Rouville), Robert (Saint-Jean), Sauvé, Scott, Séguin, Slater, Stein, Sylvestre, Tanguay, Tellier, Tessier (Rimouski), Therrien, Tourigny, Tourville;

Comité des industries et du commerce: les honorables MM. Caron, Mitchell; MM. Bernier, Bissonnet, Bullock, Caron (Matane), Delisle, Dorris, Finnie, Francoeur, Gault, Gosselin, Langlois, Leclerc, Létourneau (Québec-Est), Petit, Philps, Robillard, Robert (Beauharnois), Sauvé, Slater, Smart, Tansey, Therrien, Tourigny, Tourville, Vilas;

Comité du Code municipal: les honorables MM. Allard, Caron, Mitchell, Taschereau, Tessier; MM. Bérubé, Bernier, Bullock, Cannon, Cousineau, D'Auteuil, Godbout, Robert (Rouville), Stein, Sylvestre, Tellier, Tessier (Rimouski), Trahan, Vilas;

Comité des privilèges et élections: l'honorable Sir Lomer Gouin; les honorables MM. Décarie, Mercier, Mitchell, Tessier; MM. Bugeaud, Cannon, Cousineau, Galipeault, Lavergne, Perron, Sauvé, Tellier, Trahan, Vilas;

Comité de la Bibliothèque de la législature: l'honorable Sir Lomer Gouin; les honorables MM. Allard, Mercier, Mitchell, Taschereau; MM. Bernier, D'Auteuil, Desaulniers, Francoeur, Galipeault, Godbout, Létourneau (Montréal-Hochelaga), Lévesque, Tellier, Vilas;

Comité des impressions législatives: l'honorable Sir Lomer Gouin; les honorables MM. Allard, Décarie, Mitchell; MM. Cousineau, Desaulniers, Finnie, Galipeault, Gault, Godbout, Tellier.

Adopté.

 

Dépôt de documents:

Rapport des inspecteurs des prisons

L'honorable M. Gouin (Portneuf) dépose sur le bureau de la Chambre le quarante-cinquième rapport des inspecteurs des prisons de la province de Québec pour l'année 1914. (Document de la session no 17)

Rapport de la Commission des utilités publiques

L'honorable M. Gouin (Portneuf) dépose sur le bureau de la Chambre le sixième rapport de la Commission des utilités publiques pour l'année finissant le 30 juin 1915. (Document de la session no 14)

Rapport sur les compagnies d'assurances, 1914

L'honorable M. Mitchell (Richmond) dépose sur le bureau de la Chambre le rapport sur les compagnies d'assurances, 1914. (Document de la session no 40)

État des cautionnements des officiers publics

L'honorable M. Mitchell (Richmond) dépose sur le bureau de la Chambre l'état des cautionnements des officiers publics du gouvernement de la province de Québec, du 7 janvier 1915 au 20 janvier 1916, tel que requis par l'article 637 S. R. Q., 1909. (Document de la session no 13)

Adresse en réponse au discours du trône

M. Bugeaud (Bonaventure)1: M. l'Orateur, dans nos discours et nos écrits, le grand Boileau veut que le début soit simple et qu'il n'y ait rien d'affecté.

Pour me conformer au désir d'un homme compétent dans l'art d'écrire, je commencerai mon discours en disant que j'apprécie on ne peut plus l'honneur que m'a fait le gouvernement en invitant le député de Bonaventure à proposer l'adresse en réponse au discours du trône.

Cet honneur rejaillit sur tous les électeurs de ce beau et vaste comté dont je suis le représentant en cette Chambre. Je me réjouis, et avec fierté, M. l'Orateur, parce que, outre la marque de confiance que viennent de me donner mes chefs, ils rendent publiquement hommage à la race acadienne à laquelle je me glorifie d'appartenir. En ce moment, par ma bouche parlent 20,000 Acadiens du comté de Bonaventure, survivants impérissables des premiers colons français du Canada, qui eurent la gloire d'être les premières victimes du fanatisme et de l'intolérance sur cette terre canadienne. Comme leurs pères, ils parlent encore le beau verbe de France, Dieu merci, et si, dans leur façon de s'exprimer, on ne rencontre pas toujours cette correction et cette finesse de langage, partage enviable de nos frères canadiens-français, c'est que la plupart sont nés et ont vécu dans un pays où, depuis 40 ans, il n'y a pas d'école primaire canadienne-française. Mais là comme toujours notre clergé a été le défenseur non seulement de notre foi souvent menacée, mais aussi de notre langue; on ne peut pas séparer l'une de l'autre.

À notre époque, au pays de l'Acadie, fleurissent des maisons d'enseignement secondaire libre, c'est-à-dire catholiques où se forment, à la française, les champions de notre race, et, à Ottawa, un Acadien sorti de l'un de ces collèges, aujourd'hui député de Kent, M. Robidoux, aura aussi l'insigne honneur de seconder l'adresse à l'ouverture de cette session même. Ce sont deux voix acadiennes qui se font entendre presque en même temps, l'une dans la capitale fédérale, venant du Brunswick, l'autre dans la capitale provinciale, venant des limites de la province de Québec, chacune voulant dire bien haut sa sympathique admiration pour son gouvernement et toutes deux fermement décidées à mettre leurs faibles ressources au service des intérêts bien compris du pays.

N'allez pas m'accuser, M. l'Orateur, de débuter en faisant une plongée dans l'incohérence, selon l'expression typique d'un auteur contemporain. J'ai voulu seulement vous faire part des sentiments qui, dans cette circonstance, viennent tout naturellement se presser sur mes lèvres bien acadiennes et surtout très françaises.

La première pensée qui se présente à l'esprit, M. l'Orateur, je veux dire la pensée qui occupe le plus nos esprits en ces moments d'angoisse, c'est celle de la terrible guerre qui sévit actuellement en Europe, guerre qui a pris des proportions gigantesques depuis la dernière session. Après plus d'un an de lutte, les Allemands occupent encore les quatre cinquièmes de la Belgique et 10 départements parmi les plus riches de la France. Que de sang versé! Que de saccage et de massacre un peu partout depuis le mois d'août 1914!

Devant ce spectacle si attendrissant, le Canada, surtout le Canada français, n'est pas resté impassible. Notre province de Québec a fait et fait encore largement sa part. Ses enfants venant de toutes les paroisses se sont enrôlés par centaines dans les différents contingents déjà partis pour le front.

Là-bas, sur les bords de l'Yser, ils ont donné des preuves admirables de cette endurance, de cette bravoure, de cette adresse, de cette gaieté toute gauloise, signes caractéristiques de notre race. Oui, M. l'Orateur, cette fois-ci, comme en plusieurs autres circonstances mémorables de notre histoire, les Canadiens français ont prouvé leur loyalisme envers l'Angleterre et leur amour de la liberté.

L'un de nos hommes d'État a dit un jour que le dernier coup de canon tiré sur cette terre d'Amérique pour la défense de l'Angleterre le serait par un Canadien français. Je crois pouvoir dire que, s'il en est besoin, la dernière goutte de sang versée sur la terre d'Europe pour le triomphe de la liberté sera une goutte de sang canadienne. Mon district se classe au premier rang au Québec pour sa contribution financière per capita aux oeuvres patriotiques.

Et, tandis que les hommes se battent sur les champs de bataille, ici nos femmes et nos filles, par de multiples moyens que peuvent seuls leur inspirer leur esprit inventif et leur ardente charité, recueillent de l'argent et confectionnent des vêtements pour venir en aide à toutes les victimes de cette grande guerre. Quand finira-t-elle, cette guerre, M. l'Orateur? Je n'en sais rien, mais ce que je sais parfaitement bien, c'est que, tant qu'elle durera, les Canadiens français sauront faire leur devoir comme ils l'ont fait jusqu'à aujourd'hui et qu'ils sont prêts à tous les sacrifices pour que, le plus tôt possible, tout rentre dans l'ordre, la paix, avec la victoire pour les alliés, pour nous.

Avec Théodore Botrel, qui, en ce moment sur le front, oppose au vieux dieu de Guillaume notre jeune Dieu de la Crèche, je dirai:

Cette victoire très prochaine, nous la demandons par Clovis, par Jeanne la bonne Lorraine, par Bayard et Saint-Louis, par les pleurs de millions d'êtres, épouses, vieillards endeuillés par le massacre des prêtres, par les sanctuaires souillés, par notre farouche endurance, par nos otages en exil, Ô jeune Dieu, rends à la France justice et gloire. Ainsi soit-il.

Le discours du trône, M. l'Orateur, passe ensuite à l'importante question de l'agriculture. L'agriculture est le fondement et la base de la prospérité d'une nation. On a dit que les nations naissaient d'un coup d'épée sur un champ de bataille et l'on peut dire de la nation canadienne qu'elle est née d'un coup de charrue qui a été notre sauveur dans les années passées et c'est elle qui nous conduira aux hautes destinées qui nous sont réservées. Le gouvernement de cette province qui sait si bien s'identifier avec les intérêts du peuple, et qui a à coeur son bien-être et son avancement, a fait beaucoup dans ces dernières années pour encourager l'agriculture et l'une de ses plus grandes oeuvres a été de bâtir et de subventionner des écoles d'agriculture.

L'instruction agricole n'est pas moins nécessaire pour la formation d'un bon agriculteur que l'enseignement classique l'est pour la formation d'un homme qui se destine à une profession libérale.

L'institut agricole d'Oka a largement bénéficié des subventions du gouvernement, subventions qui lui ont permis de s'agrandir, et les travaux de construction d'une aile au Collège de Sainte-Anne de la Pocatière avancent rapidement. Ces deux constructions vont presque doubler la capacité de nos deux écoles d'agriculture françaises et leur permettre de recevoir plus d'élèves et de donner un meilleur enseignement. Cet enseignement répond à un besoin urgent, car nous manquions d'agriculteurs instruits. Il y a 10 ans, c'était un grand événement que de voir un ou deux jeunes gens instruits adopter la noble profession du cultivateur. On voyait bien nos classes de finissants dans nos collèges et nos séminaires fournir des sujets au sacerdoce et aux professions libérales, mais aucun d'eux ne songeait à se livrer à l'agriculture. Quand la chose arrivait par hasard, c'était une surprise générale. Pensez donc, disaient les bonnes gens, avoir tant dépensé d'argent pour faire instruire son garçon pour n'en faire rien qu'un habitant comme son père.

Grâce aux moyens permis par le gouvernement, soit en construisant des écoles d'agriculture, soit en encourageant le cultivateur de différentes manières, l'agriculture commence à être regardée comme une carrière sérieuse et noble et les bons sujets cessent de regarder les professions que l'on se plaît à appeler libérales comme étant les seules dignes d'eux et prennent le chemin des écoles d'agriculture. Au mois de septembre dernier, cinq finissants, tous bacheliers de l'un de nos meilleurs collèges classiques, le séminaire de Nicolet, sont entrés à l'institut agricole d'Oka et le Collège de Sainte-Anne de la Pocatière a donné des diplômes à 15 de ses finissants de 1915.

Actuellement, l'institut agricole d'Oka compte 119 élèves réguliers, le collège Macdonald, à l'école d'agriculture proprement dite, 105, et l'école de Sainte-Anne de la Pocatière, 86, ce qui fait au-delà de 300 jeunes qui ont fait de l'agriculture le but de leur vie et qui se préparent par une instruction raisonnée et pratique à devenir non seulement des agriculteurs d'une compétence achevée, mais encore des citoyens capables de remplir les plus hautes charges de leur pays. N'avons-nous pas dans le cabinet à la tête des affaires de cette province un ministre agriculteur (l'honorable M. Caron)? Et, dans les territoires immenses de l'Ouest vers lesquels sont dirigés tous les regards de ceux qui portent intérêt aux choses de l'agriculture, les rênes du gouvernement de l'une des plus grandes provinces de la Confédération ont été confiées à un agriculteur, je veux nommer l'honorable Crawford Norris, premier du Manitoba.

Non content de donner une instruction agricole scientifique aux jeunes garçons, le gouvernement de cette province a aussi voulu que celles qui plus tard seraient les compagnes de leur vie puissent apprendre à tenir une maison, à faire une bonne cuisine, à être au courant des choses de la ferme, et, pour cette fin, des écoles ménagères ont été établies et subventionnées par le ministère de l'Agriculture. Il y a quelques années, les quelques écoles de ce genre qui existaient ne pouvaient donner qu'un enseignement très restreint, mais, depuis, le gouvernement, au moyen d'octrois annuels, a permis à un grand nombre d'écoles de filles de s'outiller convenablement pour pouvoir donner un enseignement ménager; et les parents, comprenant l'importance de cet enseignement, ont envoyé de préférence leur jeune fille dans cette école ménagère et les directrices de couvents sentent maintenant que leur programme doit comporter un cours ménager pour attirer les élèves et pour conserver la bonne renommée de leur maison.

Un grand nombre d'institutrices, soit religieuses, soit laïques, ont suivi les cours durant la dernière vacance afin de se qualifier pour l'enseignement ménager. L'école ménagère de Saint-Pascal a reçu 65 religieuses dont 15 ont obtenu leur diplôme, celle de Roberval a préparé 34 religieuses dont 12 ont été diplômées. À Sutton, 18 religieuses ont suivi le cours, tandis que l'école ménagère provinciale de Montréal a reçu 25 institutrices laïques. Nous avons là la preuve de l'importance que prend tous les jours l'enseignement domestique. Et, tandis qu'il y a quelques années, comme je le disais, il n'y avait que trois ou quatre écoles ménagères, leur nombre d'institutions qui ont bénéficié de subventions pour l'enseignement ménager durant l'année scolaire 1914-1915 a été de 45.

Les coopératives encouragées et formées par le gouvernement ont aussi contribué à faire progresser l'agriculture. Il y a aujourd'hui dans la province de Québec 148 sociétés coopératives qui permettent aux cultivateurs de tirer un meilleur profit de la vente de leurs produits. La Société coopérative et agricole des fromagers de Québec a fait l'an dernier, avec un capital souscrit de $13,000 environ et un capital payé de $2,000, un chiffre d'affaires de $1,700,000, et elle a payé aux cultivateurs pour leurs produits un meilleur prix qu'ils obtenaient auparavant et a grandement contribué à l'avancement de l'industrie laitière par la classification de ses produits.

Un des résultats les plus importants obtenus par les coopératives a été que nos produits ont été placés en Angleterre sous leur vrai jour et appréciés comme ils le méritent. Autrefois, comme vous le savez, M. l'Orateur, les produits laitiers étaient achetés par les maisons de gros qui les divisaient en deux qualités: bon et mauvais, et le bon était envoyé en Angleterre comme venant d'Ontario et le mauvais était marqué: Québec. La coopérative, en exportant directement, a permis aux produits laitiers de notre province de prendre sur les marchés étrangers la place qui leur appartient et qui est loin d'être la dernière. D'ailleurs, notre province, malgré ce que peuvent dire ses détracteurs, est à la tête de la Confédération pour les progrès accomplis durant les dernières années en matière d'agriculture.

Nous allons prendre un peu les chiffres du dernier recensement et comparer les progrès accomplis dans Québec avec ceux des autres provinces. Ontario, étant la plus populeuse et l'une des plus vieilles provinces du dominion, nous servira de terme de comparaison. Pour ne citer que quelques items: de 1901 à 1911, Ontario a perdu 52,184 de sa population, tandis que celle de Québec augmentait de 39,951; de 1901 à 1911, l'augmentation du nombre d'acres en culture a été de 3.85% en Ontario et 8.90% dans Québec. Le nombre de cultivateurs propriétaires dans les deux provinces est plus élevé dans Québec que dans Ontario. Il était, en 1911, de 82.32% dans Ontario et de 92.28% dans Québec. L'augmentation dans la culture des fruits et des légumes se chiffre pour la même période à 77.52% pour Ontario et 183.41% dans Québec. De 1901 à 1911, le nombre d'acres en culture dans Ontario a augmenté de 109,445 acres, soit 1.18%, et dans Québec, de 561,324 acres, soit 11.93%. Québec a fourni, en 1910, 64.79% de la production totale du beurre manufacturé dans les fabriques de tout le dominion. L'augmentation de la production laitière durant la dernière décade a été pour Ontario de 24.61%, mais Québec tient encore la tête avec 87.56%.

Rien, je crois, ne peut donner une idée plus juste de l'augmentation de la province de Québec pendant ces dix années d'administration que les chiffres suivants:

En 1901, la valeur totale des terres, bâtiments, instruments, animaux de ferme dans la province était de $2,894,000. Dix ans après, elle était de $4,976,000 ou presque le double.

Ces augmentations dans la valeur et le revenu agricole, nous pouvons les attribuer surtout à l'industrie laitière et elles sont un indice des progrès accomplis grâce à la direction et à l'encouragement donnés par le gouvernement provincial qui a augmenté le crédit agricole de $217,000, en 1902, à près de $500,000, en 1915.

Ajoutons à cela les millions que le gouvernement actuel a consacrés à la construction des ponts en fer et en béton et à l'amélioration de la voirie, progrès qui sont au bénéfice direct de la classe agricole. En effet, il ne suffit pas au cultivateur d'avoir une bonne récolte, il lui faut encore des facilités afin de pouvoir transporter cette récolte sur les marchés pour en obtenir un prix rémunérateur. C'est ce que le gouvernement a compris en établissant la politique des bonnes routes. Il a ainsi encouragé indirectement l'agriculture, car ses progrès sont intimement liés à l'amélioration de la voirie provinciale.

Dans tous les pays, la voirie est l'objet d'une grande sollicitude de la part des gouvernements et, certes, elle y a bien droit. Le gouvernement de la province de Québec, avec une louable clairvoyance, a jeté les bases d'un système de routes coïncidant avec le progrès agricole et qui se développera, je l'espère, d'une manière à donner à la province d'excellents chemins, égaux sinon meilleurs à ceux des autres provinces du dominion. Je me rappelle les critiques qui ont été faites à ce sujet lorsque le gouvernement a commencé à élaborer son programme des bonnes routes. On l'appelait "la politique des bouts de chemins". L'on disait: Vous allez bâtir un bout de chemin dans chaque village, dans chaque municipalité et, le reste n'étant pas amélioré, la partie ainsi construite sera une dépense inutile et ne profitera pas au bien général.

Or, les événements se sont chargés eux-mêmes de démontrer l'à propos de cette politique. Pour ne citer que deux exemples pris parmi un grand nombre d'autres, la route Pointe-Fortune, sur la frontière de l'Ontario, se continue vers Montréal sur un parcours de plus de 50 milles et, sur toute cette distance, il n'y a guère que quatre ou cinq milles d'interruption qui disparaîtront certainement lors de la reprise des travaux. Et cette route régionale a été bâtie d'après la politique des bouts de chemins, c'est-à-dire par les municipalités bénéficiant des allocations fournies par le gouvernement.

Je pourrais signaler un grand nombre d'autres tronçons, mais je ne veux pas allonger inutilement cette liste que l'on pourra trouver d'ailleurs dans les statistiques officielles. Je me contenterai de citer une autre voie de communication complète, à peu de chose près, entre Valleyfield et Malone, dans l'État de New York.

Nos routes provinciales, route Lévis-Jackman, Sherbrooke-Derby Line, route Chambly, route Édouard VII, entièrement bâties par le gouvernement, complètent les routes régionales. Elles sont comme les lignes maîtresses auxquelles viennent se joindre les routes secondaires tracées par les municipalités.

La province d'Ontario, qui est une province très généreuse et très avancée dans la construction et l'entretien de ses chemins, a construit cette année 20 milles de bonnes routes, tandis que la province de Québec en a construit 124 milles.

Je parle de chemins construits directement par le gouvernement. En 1915, il a été fait dans Ontario 217 milles de chemins sous la surveillance de gouvernement, tandis que pendant cette même année, dans la province de Québec, il a été construit sous la direction et avec l'aide du gouvernement 295 milles de macadam, routes municipales et provinciales, et 140 milles de gravelage, laissant ainsi une jolie marge en notre faveur.

Cela forme donc un total de 435 milles de chemins construits dans la province pendant la seule année de 1915, avec l'aide et la surveillance du gouvernement, preuve évidente de la stabilité financière de notre province, puisqu'il a pu, malgré la crise actuelle, mener à bonne fin d'aussi importants travaux.

Je me permettrai, M. l'Orateur, pour terminer ces remarques, d'ajouter les quelques chiffres suivants:

Sur environ 1,100 municipalités dont se compose la province, 476 ont des règlements en vigueur pour l'entretien des chemins sous le contrôle du conseil. Ce qui est un progrès très considérable qui montre que le contribuable s'intéresse à cette question des bons chemins et vient aider le gouvernement.

Du 1er juillet au 31 décembre 1915, le ministère de la Voirie a payé près de $3,000,000. Depuis 1911, le gouvernement de la province a payé tant pour l'entretien de chemins de terre que pour la confection de macadam et de gravelage, et des frais d'administration de la voirie, $14,584,081, plaçant ainsi notre province à la tête de toutes les provinces du dominion pour les travaux de voirie.

L'aide donnée à l'agriculture a nécessairement contribué au progrès de la colonisation, car les deux sont intimement liées. En effet, qu'est-ce que coloniser? C'est défricher la terre dans un but de culture, c'est agrandir le domaine national, soit en ouvrant de nouvelles terres, soit en améliorant celles déjà ouvertes, ce qui n'est en fin de compte que de l'agriculture. Malgré ce que l'on a pu dire et d'après l'expérience pratique que je puis avoir, je ne crois pas que ce soit la terre qui manque au colon, car les statistiques établissent qu'en multipliant la moyenne du rapport d'un acre de terre par le nombre d'acres octroyés, et en divisant ce chiffre par la dépense moyenne d'un individu, le nombre d'acres de terre octroyés dans la province de Québec pourrait faire vivre une population triple de celle que nous possédons maintenant. Quoi qu'on dise, on ne peut forcer le colon à aller s'établir sur une terre nouvelle. Ce n'est qu'en encourageant l'agriculture et en la rendant plus rémunératrice que nous pourrons induire le colon à aller défricher de nouvelles terres.

L'augmentation du mouvement colonisateur dans la province depuis 10 ans a coïncidé avec l'augmentation de l'agriculture. En effet, depuis 10 ans, près de 200 nouvelles paroisses ont été érigées dans la province de Québec, 200 nouveaux clochers surmontés de la croix rédemptrice s'élancent vers la nue comme un tribut d'hommage incessant de notre foi et sont les témoins indéniables de la vitalité de la race canadienne-française.

Dans ma région, qui comprend la vallée de la Matapédia et le comté de Bonaventure, l'augmentation a été tellement considérable que le département de l'honorable secrétaire provincial a été obligé d'y établir dernièrement un autre district d'inspection pour les écoles parce que près de 200 nouvelles classes avaient été ouvertes dans cette région durant les dernières 10 années. D'ailleurs, la population des comtés de Matane et de Bonaventure a augmenté durant la dernière décade d'une manière extraordinaire si on la compare à celle des comtés qui ne sont pas des centres de colonisation à proprement parler.

Une autre région de colonisation qui a attiré l'attention dernièrement est l'Abitibi. Les magnifiques espérances que l'on avait fondées sur ce territoire nouveau comme région de colonisation sont en train de se réaliser. La belle oeuvre civilisatrice qui s'est accomplie autrefois par la colonisation des Cantons de l'Est, du Lac-Saint-Jean, de la région de Labelle se répète aujourd'hui dans l'Abitibi. Le Nouveau-Québec est appelé à devenir en peu d'années l'une des parties de la province où la colonisation fera le plus de progrès.

Les ressources illimitées de cette région au point de vue agricole ne permettent pas de douter un seul instant de l'avenir brillant qui lui est réservé. C'est en 1909-1910 que l'actuel député de Drummond (l'honorable M. Allard), ministre des Terres et Forêts, chargeait des arpenteurs d'exécuter les premiers travaux de délimitation des cantons de l'Abitibi le long du tracé du Transcontinental. L'année suivante, l'honorable M. Devlin, le regretté ministre de la Colonisation, envoyait un ingénieur de son département étudier les possibilités de colonisation dans cette région et, de concert avec l'honorable ministre des Terres et Forêts, il jetait les bases d'un programme qui a donné les meilleurs résultats. Le groupement de colons autour d'un centre choisi et déterminé d'avance comme noyau d'une future paroisse a été appliqué avec succès dans l'Abitibi.

Au printemps de 1912, l'abbé Caron, chargé par le gouvernement de recruter des colons pour ce vaste domaine, conduisait le premier groupe de colons à Amos. Le mouvement de colonisation se développa rapidement et, le 30 juin 1913, il y avait d'établies dans l'Abitibi 37 familles comprenant 329 âmes, au 30 juin 1914, 107 familles et, le 30 juin 1915, 185 familles comprenant 1,254 âmes. Depuis le 1er juillet au 31 décembre 1915, il est parti pour l'Abitibi 635 personnes, ce qui porte sa population actuelle à près de 2,000 âmes en moins de trois ans. La construction des chemins se poursuit. Presque 100 milles de la route Allard-Devlin qui traverse presque toute la région de l'Abitibi sont maintenant terminés et d'autres routes centrales faites aussi par le gouvernement établissent des liens de communication entre les différents centres de population et le Transcontinental.

Le gouvernement de la province, M. l'Orateur, a réellement droit aux félicitations de tous les bons citoyens pour l'immense travail qu'il a accompli dans cette région, comme ailleurs dans cette province, au point de vue de la colonisation. Car la colonisation en général dans la province de Québec a marché rapidement, M. l'Orateur. À l'appui de cette assertion, j'offre à votre bienveillante attention les chiffres suivants: les statistiques municipales accusent une augmentation de population dans la province, durant les cinq dernières années, de près de 260,000 âmes et, comme il n'y a que les municipalités rurales qui font un recensement chaque année tandis que les municipalités de villes donnent les chiffres du dernier recensement officiel, on peut donc dire sans crainte de se tromper que ce chiffre de 260,000 représente surtout l'augmentation de la population agricole de la province et que, par conséquent, la colonisation a été progressive.

Il est d'ailleurs un fait absolument indéniable, c'est que l'exode de nos concitoyens vers les villes ou les centres étrangers est beaucoup moindre qu'il y a quelques années.

J'arrive maintenant, M. l'Orateur, à ce passage très important du discours du trône où il est question de l'instruction publique.

De tous les problèmes sociaux dont nous avons à nous occuper dans cette Chambre, M. l'Orateur, j'estime que celui de l'instruction est de beaucoup le plus important car il concerne l'avenir intellectuel et moral du peuple de cette province. Aussi doit-on féliciter le gouvernement en général et surtout le premier ministre de cette province pour l'attention toute spéciale qu'il a portée à la cause de l'instruction publique, ce qui est d'ailleurs l'un de ses plus beaux titres de gloire.

En effet, M. l'Orateur, les bienfaits intellectuels de l'instruction sont de beaucoup supérieurs aux bienfaits matériels et sont beaucoup plus durables que ceux-ci.

Le vent et la grêle peuvent détruire les moissons, le feu peut raser les habitations et semer la ruine dans les familles, mais l'instruction acquise par le jeune homme est un héritage auquel on ne peut toucher et qui, survivant à tous les fléaux, ne s'éteindra qu'avec sa vie.

Le discours du trône, M. l'Orateur, mentionne spécialement l'augmentation du traitement des instituteurs, les congrès des commissaires d'écoles et la création d'une école normale à Sherbrooke.

J'ai étudié quelque peu les statistiques du département de l'Instruction pour constater dans quelle mesure le salaire des instituteurs avait augmenté de 1905 à 1913, c'est-à-dire pendant huit ans, et j'y ai trouvé des chiffres très éloquents que je me permettrai de porter à votre connaissance.

Voici, d'après le rapport du surintendant de l'Instruction publique, quel est le salaire moyen des institutrices:

Catholiques et protestantes en 1905-1906, salaire moyen, $155; 1912-1913, catholiques et protestantes, $224 - augmentation: $69.

Salaire moyen des institutrices catholiques seulement: 1905, $123; 1912-1913, augmentation, $40.

Ces chiffres ne sont que pour 1912, car je suis convaincu que le prochain rapport du surintendant de l'Instruction publique établira que le traitement moyen des institutrices laïques catholiques et protestantes atteindra une moyenne de $240 à $250 et celui des institutrices laïques, catholiques seulement, atteindra peut-être $180.

Dans son rapport au surintendant pour 1913-1914, l'inspecteur général des écoles catholiques établit par catégories de traitement une hausse vraiment consolante.

Institutrices catholiques:

 

 

1912-1913

1913-1914

$600 à $700

0

9

$500 à $600

8

10

$400 à $500

26

28

$300 à $400

75

142

$250 à $300

180

250

$200 à $250

547

595

$150 à $200

2,355

3,281

 

Ce qui montre les progrès extraordinaires réalisés dans une année seulement dans la seule classe de $150 à $200, au-delà de 1,000 institutrices sont montées d'un salaire moindre à un salaire variant de $150 à $200.

Le tableau pour 1914-1915 établira, j'en suis convaincu, que les institutrices recevant moins de $150 se font de plus en plus rares et que la moyenne des traitements atteindra bientôt $200. D'ailleurs, en établissant une quatrième prime pour les municipalités qui paient $200, le gouvernement a pris le meilleur moyen d'atteindre ce minimum à brève date. Déjà, dans certains districts, la moyenne des traitements dépasse $200. L'inspecteur général des écoles catholiques donne des statistiques intéressantes dans son rapport de 1913-1914 et nul doute que, dans son rapport pour 1914-1915, cette moyenne ne soit encore accentuée.

Dès l'année dernière, l'inspecteur général disait: En 1905, le nombre des institutrices recevant moins de $100 s'élevait à 766, en 1911, à 93 et, en 1914, il n'y en a plus que 10 dont huit sont des sous-maîtresses. Il y a à peine cinq ans, la grande majorité des institutrices recevait un traitement de $100 à $125; en 1913-14, il n'y en avait plus que 114 qui recevaient ce modeste traitement et le rapport de M. le surintendant, qui sera bientôt déposé devant cette Chambre, indiquera encore, je n'en doute pas, un progrès notable.

Il y a progrès non seulement dans la hausse des traitements, mais aussi dans la construction scolaire et la contribution des municipalités pour le soutien de leurs écoles.

Contributions des municipalités en 1905, $2,199,371; 1913, $6,170,380.

Sommes dépensées par les municipalités pour constructions scolaires: 1905, $263,084; 1913, $1,117,895.

Et il n'y a pas seulement progrès au point de vue matériel, il y a aussi progrès, si je puis m'exprimer ainsi, au point de vue intellectuel. Tandis qu'en 1905 il n'y avait que 587 écoles modèles, les statistiques en indiquent 698 en 1913. Tandis qu'en 1905 il n'y avait que 184 écoles primaires ou académiques, en 1913 on en trouve 278.

En 1914 seulement, le Comité catholique a accordé le titre d'école modèle à 41 écoles élémentaires et le titre d'académie à 20 écoles modèles.

Tandis qu'en 1904-1905 il n'y avait que cinq écoles normales, trois de garçons et deux de filles, en 1915 il y en avait 14, trois de garçons et 11 de filles.

Avec la nouvelle école normale de Sherbrooke annoncée par le discours du trône, la province de Québec possédera 15 écoles normales dont 12 pour les jeunes filles qui se destinent à l'enseignement. C'est là un véritable progrès. En effet, l'école ne vaut que par le maître et, en développant l'oeuvre des écoles normales avec une sagesse et une mesure que tout le monde admire, le gouvernement favorise de la meilleure façon le progrès scolaire.

En 1911, le gouvernement a nommé deux inspecteurs généraux, complétant ainsi d'une façon fort heureuse la magnifique organisation du département de l'Instruction publique, et l'on sait que, grâce à ces officiers supérieurs, notre système d'inspection produit de meilleurs résultats et que nos écoles normales sont visitées.

Tous ces progrès que je ne fais que signaler en passant, M. l'Orateur, ont sans doute pour causes le zèle du département de l'Instruction publique, le dévouement intelligent des inspecteurs d'écoles et l'appoint précieux qu'apporte le personnel de L'Enseignement, La Revue pédagogique et L'Enseignement primaire si généreusement distribués par le gouvernement à toutes les écoles de la province. Mais, outre ces excellents facteurs, je crois devoir en signaler un autre que mentionne le discours du trône, c'est la propagande opportune et pleine de sens pratique qui se fait depuis trois ans avec un zèle incessable et une méthode éprouvée; je veux parler des congrès des commissaires d'écoles.

Inaugurés le 1er septembre 1912, à Laprairie, par l'inspecteur général des écoles catholiques, ces congrès se sont continués périodiquement à travers la province et le 23e avait lieu à Montréal en novembre dernier. Chacun de ces congrès a réuni, à l'appel de l'inspecteur régional, plusieurs centaines de commissaires d'écoles et MM. les membres du clergé du district sont accourus pour entendre traiter des questions pratiques de l'instruction et de l'éducation.

L'honorable secrétaire a honoré presque tous ces congrès de sa présence et de sa parole autorisée. Le surintendant de l'Instruction publique et l'inspecteur général y ont toujours pris part, le premier exposant les grandes lignes de notre système scolaire et étudiant l'esprit de ce système dont les commissaires d'écoles sont en quelque sorte l'âme, le second traitant sur place des progrès accomplis dans la région, mais faisant surtout connaître les lacunes et les points faibles, signalant les moyens d'y remédier et indiquant aux commissions scolaires ce qu'elles devaient faire pour profiter des primes accordées par le gouvernement depuis quelques années.

Les résultats obtenus par cette propagande, qui met en contact les chefs du département de l'Instruction publique et les commissaires, sont visibles déjà et, pour ma part, je puis affirmer que celui qui a été tenu dans le comté de Bonaventure, il y a un peu plus de deux ans, a déjà produit des résultats pratiques très sensibles.

J'exprime l'espoir que ces congrès se continueront et que l'on en accentuera le caractère en les rendant accessibles non seulement aux commissaires, mais à tous les contribuables.

En effet, M. l'Orateur, l'instruction doit être de plus en plus répandue et, pour nous surtout de la province de Québec qui en général ne sommes pas très favorisés des dons de la fortune, l'instruction est le moyen mis à notre disposition par la Providence pour pouvoir maintenir dans le Nouveau Monde la place que nous devons y occuper.

En effet, si nous ne pouvons dominer le mouvement financier, nous pouvons et devons dominer le mouvement intellectuel. Et dans l'avenir le Canada aura encore un plus grand besoin d'hommes instruits qu'à l'heure actuelle, car, lorsque la grande guerre européenne sera terminée, une immigration telle que l'histoire n'en aura jamais connue se produira vers le Nouveau Monde et ce troupeau composé de tous les peuples de l'Europe se dirigera surtout vers le Canada, car nous avons ce qu'il faut pour les y attirer, c'est-à-dire la terre gratuite ou presque gratuite, et je crois qu'il n'est pas présomptueux de dire que, 10 ans après la cessation des hostilités, le Canada aura doublé sa population actuelle. Et il faudra à cette vague envahissante des chefs pour la diriger, la gouverner et la dominer, et ce sont ceux qui seront préparés au point de vue intellectuel qui pourront leur inculquer leurs idées, leurs sentiments et obtenir sur eux un ascendant qui ne s'effacera jamais.

Et nous nous donnons à nous, Canadiens, nous le devons à notre histoire, nous devons prendre les mesures pour ne pas y être relégués à l'arrière-plan.

Je m'arrête, M. l'Orateur, je n'en finirais pas s'il me fallait signaler ici toutes les oeuvres que le gouvernement a su accumuler durant ces dernières années et qui rempliraient surabondamment toute une vie, oeuvres dont quelques-unes sont en plein rapport et les autres en plein développement et grâce auxquelles la province de Québec est aujourd'hui la plus prospère et la plus riche de la Confédération canadienne.

Avant de terminer, M. l'Orateur, je crois de mon devoir de protester comme enfant de la province de Québec, que je dois considérer comme une mère, de protester, dis-je, contre des paroles malheureuses que tout dernièrement, dans une assemblée publique, un député de cette Chambre en mal de critique injuste et outrancière a prononcées en parlant de la province de Québec, lorsqu'il a osé dire qu'elle était le rebut de la Confédération2.

M. l'Orateur, je voudrais avoir 1,000 voix pour m'élever avec la plus grande énergie contre une assertion où suintent la méchanceté et la plus odieuse fausseté.

Notre chère province de Québec a connu les assauts du dehors et faut-il maintenant que les enfants qu'elle a nourris dans son sein se rangent du côté de ses ennemis et fassent chorus avec eux. Toujours debout, notre province a continué à marcher d'un pas ferme dans la voie de l'honneur et du progrès. Pourquoi n'aurait-elle pas le droit de compter sur tous ceux qui en sont pour ainsi dire les défenseurs attitrés? M. l'Orateur, on ne gagne rien à se dénigrer soi-même. Tout royaume divisé contre lui-même est destiné à périr, c'est le sage des sages qui a prononcé cette sentence que l'histoire s'est chargée de prouver à toutes les époques. Pour satisfaire une mesquine vengeance, on ne craint pas parfois de lancer non seulement l'injure, même le blasphème, à la face de ceux auxquels on devrait naturellement se joindre pour combattre l'ennemi qui crie et vocifère à nos portes.

Rebut de la Confédération, notre province! Elle qui en toutes circonstances a donné l'incomparable exemple de cette tolérance qui est presque une vertu. Et n'eût-elle que cette vertu, n'eût-elle que cette largeur d'esprit bien comprise, notre province certes aurait droit à la reconnaissance de tous les amis de la justice et de la paix sociale, quelle que soit la langue qu'ils parlent, quel que soit le parti politique auquel ils appartiennent.

Rebut de la Confédération, notre province, elle qui, d'après le dernier recensement, est la plus morale et l'une des plus instruites, et n'en soyez pas surpris, M. l'Orateur, car mon affirmation n'est pas gratuite, elle est appuyée sur les faits les plus incontestablement vrais. Notre instruction publique sans être encore parfaite marche dans la voie d'un louable progrès. Nos écoles primaires et normales sont en pleine efflorescence et que dire de notre enseignement secondaire et supérieur? Je m'incline devant cette phalange de prêtres distingués, pédagogues émérites au courant de toutes les méthodes nouvelles, la plupart diplômés de nos grandes universités d'Europe, qui se dévouent corps et âme dans nos collèges classiques, dans notre université Laval à Québec et à Montréal, à la formation des hommes qui aujourd'hui et demain remplissent et rempliront noblement leur devoir chacun dans sa profession et dont notre province est fière avec raison.

Je ne veux pas, M. l'Orateur, faire de comparaison toujours odieuse, mais, en fait d'instruction comme en bien d'autres choses, nous n'avons rien à envier aux provinces soeurs. Et je regrette que surtout dans cette question si épineuse de l'éducation un député que le choix de ses concitoyens a nommé à un poste de responsabilité et d'honneur ait eu des paroles si malheureuses et si blessantes pour sa province natale.

Rebut de la Confédération, notre province, elle la plus économe et la plus laborieuse. Demandez aux banquiers, vous serez agréablement surpris en apprenant le nombre sans cesse augmentant de succursales de banques qui s'ouvrent un peu partout sur notre territoire. Qu'est-ce que cela prouve sinon que nos gens, malgré de rares exceptions, Dieu merci, économisent, et beaucoup. Notre peuple canadien est remarquable non seulement par son économie, mais aussi par son esprit de travail. Nos campagnes comme nos villes sont des ruches d'abeilles où sans cesse se dépensent à toutes espèces de travaux les jours voire les nuits.

Non, M. l'Orateur, notre province n'est pas le rebut de la Confédération, et j'espère voir luire le jour où ses détracteurs convaincus par les faits seront forcés de reconnaître qu'ils se sont trompés.

Je termine, M. l'Orateur, en leur souhaitant un repentir sincère car la faute commise est réellement grave et peut avoir, dans les circonstances actuelles, des résultats funestes. Et je propose, secondé par mon honorable ami le député de Stanstead (M. Bissonnet), que l'adresse suivante soit présentée à Son Honneur le lieutenant-gouverneur:

À Son Honneur
le lieutenant-gouverneur
de la province de Québec

Nous, les membres de l'Assemblée législative de la province de Québec, réunis en session, prions Votre Honneur de bien vouloir agréer, avec l'assurance de notre loyauté à Sa Majesté, nos humbles remerciements pour le discours qu'il lui a plu de prononcer afin de faire connaître les raisons de la convocation des Chambres.

M. Bissonnet (Stanstead)3 signale que, dans le discours du trône, il est fait mention que la province de Québec s'est dûment acquittée de ses devoirs dans le contexte de crise qui sévit présentement. Il reconnaît que le dominion tout entier a pris une part très active afin d'aider à la poursuite des combats. Et il est particulièrement heureux de constater que la province de Québec, sa province natale, a fait preuve de dévouement et, mieux que toute autre, s'est distinguée par sa contribution en argent et en soldats anglophones et francophones.

Il précise qu'afin de soutenir les puissances alliées le gouvernement du Québec a fait don de sommes d'argent, soit $623,897.56 au gouvernement impérial, $25,000 afin d'aider le peuple belge, $5,000 à l'hôpital canadien de la province de Québec et $39,086.46 au Comité de secours national de France. Selon le rapport officiel du comité du fonds patriotique, dit-il, la province de Québec vient au deuxième rang après le Manitoba quant à l'assistance physique et morale qu'elle a apportée aux familles des soldats qui sont partis se battre pour leur pays.

Malgré ces dons importants, la situation financière du gouvernement du Québec, après la première année de la guerre, est plus que satisfaisante, car, une fois les déboursements effectués, un surplus de $194,416.01 est enregistré. Je félicite le gouvernement de cette performance et de son administration sage et avisée des affaires publiques, en ces temps tourmentés. Mais je veux surtout féliciter les Québécois, car c'est en grande partie grâce à leur prudence, à leur énergie et à leur sens de l'épargne que la province a pu traverser cette période difficile de manière aussi positive.

Si vous examinez les comptes publics, dit-il, vous constaterez qu'au cours de la dernière année le gouvernement du Québec a versé pas moins de $649,551.88 d'octrois à l'agriculture, alors que, dans la dernière année d'administration du gouvernement conservateur, ces octrois n'étaient que de $230,795.75.

Le résultat de l'augmentation des octrois à l'agriculture, continue-t-il, a été un accroissement de la production partout dans la province. Et, si vous consultez les statistiques, vous constaterez que la valeur moyenne des produits agricoles par habitant a augmenté de façon considérable. Alors qu'en 1901 la production totale par habitant était de $573.00, en 1911 elle s'élevait à $967 et, durant la même période, la valeur des terres, des bâtiments, des instruments agricoles et du bétail est passée de $2,894 à $4,976. En 10 ans, la moyenne de la production et de la valeur des produits agricoles par habitant a presque doublé.

La somme totale des octrois à l'éducation, durant la dernière année du gouvernement conservateur, était de $405,404.25, tandis que, sous la présente administration, l'année dernière, cette somme s'est élevée à $1,452,772.90.

Ces octrois ont été distribués aussi équitablement que possible à l'éducation supérieure et à l'éducation élémentaire. Il en va de même des octrois versés à l'université Laval de Québec, à l'université Laval de Montréal et à l'université McGill, qui reçoivent maintenant chacune une somme de $25,000 par année. Le collège Bishop's de Lennoxville reçoit $2,500; l'École technique de Québec, $30,000; l'École technique de Montréal, $40,000; les Hautes Études, $50,000; et neuf écoles normales, $92,000. Ces écoles sont situées à Rimouski, Chicoutimi, Nicolet, Trois-Rivières, Valleyfield, Hull, Saint-Hyacinthe, Joliette et Saint-Pascal, et on dit dans le discours du trône qu'on en ouvrira une autre à Sherbrooke, au coeur des Cantons de l'Est.

Les écoles privées ont reçu des subventions pour un montant de $50,000, et les écoles publiques, $425,000, et plusieurs autres sommes ont été versées à différentes institutions d'enseignement, comme les écoles qui dispensent des cours du soir dans les municipalités et les écoles d'économie domestique. S'ajoute à cela une augmentation substantielle des pensions des instituteurs et des sommes consacrées à l'inspection des écoles. Et je voudrais aussi féliciter le gouvernement pour avoir augmenté les salaires des instituteurs. En 1905, 766 professeurs touchaient moins de $100, cependant qu'en 1911 ce n'était le cas que de 93 professeurs et, en 1914, de seulement 10.

Le gouvernement mérite des félicitations non seulement pour avoir apporté une aide financière à l'agriculture et à l'éducation, mais aussi pour avoir su, au cours de la dernière année, grâce à une situation financière favorable et à une administration prudente des affaires de la province, remplir ses engagements et ses obligations envers les municipalités quant à la construction de chemins provinciaux et poursuivre les travaux entrepris sur les routes nationales de la province. Non seulement la construction des routes Édouard VII et Lévis-Jackman est terminée, mais il ne reste que huit milles à construire pour achever la route Montréal-Québec. Également, au début de l'automne dernier, le gouvernement avait fait compléter les travaux de construction de la Sherbrooke-Derby Line, dans les Cantons de l'Est, ce qui a été chaudement applaudi par tous les habitants du district, comme on l'a vu lors de l'ouverture officielle de cette route. La politique gouvernementale des bons chemins aura été une des plus profitables pour les agriculteurs, et je suis sûr que, depuis l'ouverture de la Sherbrooke-Derby Line, la valeur des fermes situées en bordure de cette magnifique route a augmenté de 20% à 30%.

J'espère sincèrement que les conditions économiques permettront au gouvernement de poursuivre sa politique des bons chemins, car c'est une des mesures les plus progressistes entreprises par la présente administration. Le gouvernement a été en mesure de consacrer des sommes importantes non seulement au développement de l'agriculture, de l'éducation et des bons chemins, mais aussi à celui des travaux publics, par l'acquisition de ponts et l'ouverture de voies rapides, en y consacrant depuis cinq ans des sommes considérables.

L'administration libérale, sous la gouverne sage et habile du premier ministre, accomplit de grandes choses pour faire avancer la province, non seulement en encourageant les fermiers à accroître leur production, par sa politique des bons chemins, mais aussi en leur permettant, à eux et aux habitants des grands centres, de faire instruire leurs enfants convenablement.

M. Cousineau (Jacques-Cartier) répond au proposeur et au secondeur de l'adresse. C'est la première fois que cet honneur lui incombe, et c'est aussi la première fois qu'il agit comme tel au commencement d'une session. Il parle de certains deuils ou départs.

Il retrace la carrière de M. Prévost depuis sa séparation d'avec les ministériels. Il hésita d'abord à se rallier à l'opposition, puis, de lui-même, gagné par la franchise et la liberté de pensée qu'il trouvait de ce côté, tout en conservant dans leur intégrité ses principes du plus pur libéralisme, s'unit à la gauche et ne tarda pas à déclarer que jamais il n'avait passé d'heures plus heureuses à la Chambre que depuis qu'il était dans les régions de la froide opposition. Il a toujours été un grand libéral, et c'est dans les rangs de l'opposition que notre regretté confrère a trouvé les meilleures armes pour défendre les vrais principes du libéralisme.

M. Prévost, continue-t-il, était un véritable ami de la colonisation et ses lumières en cette matière ont rendu de précieux services à la Chambre. Il rappelle son rare talent de parole qui en faisait un avocat, un jurisconsulte et un orateur parlementaire hors pair.

Grâce à sa vigueur, à son talent et à son travail, il s'était taillé une des plus belles réputations qu'un homme puisse avoir. Aussi, c'est le coeur rempli de la plus vibrante émotion que nous déposons sur le pupitre du cher disparu nos plus ardentes comme nos plus sincères sympathies.

Mais d'autres deuils ont aussi affligé la Législature. Dans l'autre Chambre, nous avons perdu dans la personne de l'honorable M. Charles de Boucherville un des hommes les plus distingués de cette province. Celui-là était l'un des derniers représentants de cette vieille et sympathique aristocratie française qui est venue s'implanter sur les bords du Saint-Laurent. Il a occupé une grande place dans l'administration de cette province. Tout le monde s'inclinait devant sa belle figure. Il était un conservateur de vieille souche; jusqu'à la fin, il a su conserver intactes les traditions de son parti. Il était la personnification de la droiture et de l'honnêteté. On se tournait instinctivement vers la noble personne de M. Charles de Boucherville lorsqu'on devait faire appel à un homme public au-dessus de tout soupçon.

Le Parti conservateur a fait aussi une lourde perte par la mort de l'honorable M. Beaubien. Il fut un ministre de l'Agriculture des plus progressistes et c'est à lui que la province doit son avancement et les progrès dans l'industrie laitière, dans l'ensilage, etc. Il était un conservateur pratique, et il tenait pour ainsi dire le milieu entre la grande aristocratie représentée par M. de Boucherville et le libéralisme intégral que représentait M. Prévost.

Il nous faut aussi tourner nos regards vers un autre disparu dans les rangs de l'opposition: M. Patenaude. Un des hommes les plus éloquents et les plus capables de cette Chambre est allé exercer son influence dans une sphère plus vaste, au conseil de la nation, dont il est l'un des ministres les plus écoutés. Cela prouve que l'on peut trouver dans nos rangs de l'opposition des gens qui ont des idées et qui, quoi qu'on dise en certains milieux, peuvent occuper des postes importants dans la grande politique.

L'opposition du Parlement de Québec a en somme été bien partagée, puisqu'elle a compté dans son sein des hommes comme ceux qu'il vient de nommer et d'autres encore comme M. Henri Bourassa, par exemple.

Nous avons aussi à regretter mais en même temps à nous réjouir de l'absence momentanée, nous espérons, du député de Westmount (M. Smart) qui, en ce moment, combat dans les rangs de notre armée pour la belle cause des alliés. Il n'a pas hésité à prendre sa part de responsabilités et de sacrifices. Nous lui souhaitons une carrière digne de lui. Le chef de l'opposition souhaite un prompt et glorieux retour au député de Westmount.

Il fait un bref éloge de M. Bugeaud dont il loue la façon correcte de s'exprimer. Les Acadiens comme les Canadiens français d'Ontario, dit-il, n'ont rien à craindre; les races qui souffrent sont celles qui vivent. Il n'y a rien de pire que de s'endormir dans la satisfaction de soi-même4. Il félicite aussi le secondeur de l'adresse (M. Bissonnet).

Parlant ensuite du système de l'instruction publique de notre province, le chef de l'opposition dit qu'il n'y a rien de pire pour une province que de s'endormir dans une trop grande satisfaction de soi-même. Le proposeur de l'adresse a-t-il vraiment raison de brûler tant d'encens à l'adresse de son gouvernement? C'est une honte pour un gouvernement de payer un salaire de $180, soit à peu près $18 par mois, à une institutrice. C'est moins que le salaire d'une femme de journée. Qu'on dise ce que l'on voudra, mais les instituteurs et les institutrices devraient être mieux payés même que les inspecteurs d'écoles, et je voudrais, dit-il, que l'on donnât aux institutrices $1,500 et aux inspecteurs le salaire d'un instituteur, car enfin ce sont les maîtres et les maîtresses d'école qui sont en contact direct avec l'enfant et qui lui façonnent le coeur et l'esprit. Ce sont ceux-là qui doivent être payés. On dira que c'est de fait des inspecteurs d'écoles. Eh bien, alors il y a un vice dans notre système d'éducation. Ce n'est pas en brûlant de l'encens sous le nez des ministres que l'on remédiera à ce mal.

Il n'y a pas de doute que, depuis un an, les produits de la ferme se sont bien vendus. Cela n'est pas dû à la situation financière du pays. Si l'on entend par cette situation l'ensemble de la position économique de la province, on ne doit pas trop se dépêcher de dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Le discours du trône, déclare-t-il, est à peu près le même que l'an dernier. Je crois qu'on l'a copié paragraphe par paragraphe et le plus simple serait de s'en rapporter pour le débat aux journaux de l'année dernière. On y dit que la situation économique dans la province de Québec a été généralement bonne. Il n'y a de si mauvais vent qui n'apporte quelque chose de bon. La guerre nous a valu cela.

Voilà bien le discours du trône, des phrases à l'eau de rose, rien de ce que se propose de faire le gouvernement et tout de suite le lendemain les requêtes pleuvent, les annonces de bills privés pullulent.

Je vois que des députés se lèvent comme par le passé et proposent de faire adopter toutes sortes de bills privés, afin d'annexer la municipalité scolaire de Maisonneuve aux autres écoles, par exemple, et ainsi de suite. Il semble que ce soit la seule fonction de ce Parlement. Les gens pensent que nous ne sommes qu'un comité des bills privés. On en est à se demander si la Législature n'est pas une machine à voter des bills privés.

Il trouve qu'il y a certains indices que tout ne va pas bien à Montréal. Cette ville entourée par la sollicitude du gouvernement provincial, dont on a changé le système d'administration, il y a quelques années, ne semble pas sur un lit de roses. Si on peut juger de la situation financière de la province par celle de sa métropole, on peut dire qu'il n'y a pas d'encens à brûler.

Québec ne vaut guère mieux. Trois-Rivières a suivi l'exemple de ses deux aînées et, s'il faut en croire ce que l'on dit couramment, Sorel ne serait ni plus ni moins qu'entre les mains d'un liquidateur. Toutes les municipalités scolaires de l'île de Montréal veulent s'annexer à la grande municipalité: "Sauvez-nous", disent-elles à la Législature. "Annexez-nous!" Sont-ce là des signes de prospérité? Il n'est donc pas étonnant que l'on envoie de temps en temps le trésorier provincial faire des pèlerinages chez Pierpont Morgan, que l'on voie dans certains journaux américains des annonces indiquant qu'il nous faut de l'argent.

Les individus ne semblent pas non plus nager dans la prospérité plus que les gouvernements. On a dû changer le format du Daily Record du palais de justice de Montréal, devant l'augmentation du nombre des faillites et des saisies. La Gazette a beau déclarer que la province n'a pas besoin d'une loi moratoire, il n'en reste pas moins vrai que la situation n'est pas rassurante. Il en prend à témoin bon nombre de députés de la droite qui possèdent des terrains à Montréal et tirent de la langue au moment de payer les impôts.

À toutes les heures du jour, à Montréal, une propriété est vendue. Tout cela laisse bien à désirer et, en somme, la sollicitude paternelle du premier ministre est prise en défaut. On aurait tort par le temps qui court de refuser une loi moratoire par pure bravade. Pour guérir ces plaies, le chef d'opposition espère que le gouvernement trouvera autre chose que des promesses et des paroles flatteuses.

Il parle de la voirie. Il n'y voit pas les mêmes raisons de satisfaction que l'orateur précédent. La route de Montréal n'est pas encore terminée et cependant, à la dernière session, le premier ministre s'apprêtait déjà à en faire l'inauguration. L'an dernier, on avait promis que plusieurs de nos grandes routes nationales seraient terminées, cette année on nous fait encore la même promesse. Mêmes retards pour ce qui est du ministère des Travaux publics. Le restaurant dont on annonce la construction depuis quatre ans dans l'annexe du parlement se compose actuellement de quatre murs.

Il ne touche qu'en passant à la question de la colonisation qui sera traitée par un spécialiste, dit-il, mais il est probable qu'on aura en cela des surprises désagréables comme en d'autres choses. Le premier ministre parlait, l'année dernière, des clochers de l'Abitibi qu'il avait vus étinceler au soleil. Les voyageurs dans cette région en sont encore à les chercher. Le chef de l'opposition l'appelle la légende de l'Abitibi. Excepté une trentaine, tous les colons qui se sont dirigés vers cette région sont passés du côté de l'Ontario.

Il parle de la guerre. Il ne trouve pas que le gouvernement provincial donne sa part à l'encouragement général. Il fait remarquer que l'opposition sera toujours heureuse de le seconder en ce sens. Le peuple de la province a répondu généreusement à tous les appels. Le gouvernement aurait tort de s'en attribuer le mérite. Il a fait un don en fromage; je me suis laissé dire qu'il avait spéculé là-dessus. Il a payé le fromage 14 centins la livre quand le prix du marché était de 12.

L'honorable M. Caron (Îles-de-la-Madeleine): Je demande pardon au chef de l'opposition (M. Cousineau), nous avons acheté le fromage en plusieurs fois, en payant toujours le prix du marché de Montréal.

M. Cousineau (Jacques-Cartier) maintient qu'il croit avoir été bien informé quand il déclare que le gouvernement a payé le fromage donné aux Belges plus cher qu'il ne l'aurait dû. Il déclare qu'il faut que nous fassions plus que nous n'avons fait jusqu'ici pour les soldats qui reviennent blessés du front. Il semble que le temps des belles paroles soit passé. Si la situation financière de la province est aussi brillante qu'on le dit, que le gouvernement donne plus d'aide aux oeuvres de la guerre. Qu'est-ce que le gouvernement a fait sous ce rapport?

Des milliers de jeunes se sont enrôlés pour se battre aux côtés des troupes britanniques et françaises, et le public donne généreusement à différentes oeuvres, cela ne fait aucun doute. Mais qu'est-ce que le gouvernement a fait pour aider les oeuvres de la guerre? Que faites-vous? Les ministres ont peut-être présidé à des réunions afin de discuter de l'organisation de la collecte de fonds, mais le temps n'est plus aux paroles.

Il faut subventionner les sociétés qui s'occupent de secourir ces soldats. Il faut que la province de Québec prenne franchement sa part de la guerre actuelle. Il est temps que l'on cesse le double jeu que l'on semble vouloir jouer jusqu'ici. Officiellement, on déclare, en effet, en certains quartiers, que M. Laurier appuie le gouvernement Borden dans la guerre actuelle et, par derrière, certains députés vont jusqu'à dire, comme récemment à la porte de l'église, dans le comté de Deux-Montagnes, à la sortie de la messe: "N'allez pas vous enrôler." Il est temps que nous nous déclarions pour ou contre la guerre.

L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Nous sommes contre la guerre5.

M. Cousineau (Jacques-Cartier): Vous dites que vous étiez contre la guerre?

L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Oui, parce que nous aurions peur de faire quelques trous de plus dans le drapeau britannique6.

M. Cousineau (Jacques-Cartier): Il n'y a plus de doute que les alliés triompheront, mais il faut pour cela le concours et l'appui de tous les citoyens et de tous les gouvernements, y compris celui de la province de Québec.

Il faut redoubler de loyalisme pour faire cesser le doute répandu par certaines théories malheureuses. C'est le devoir de tous ceux qui ont une miette de patriotisme dans l'âme d'aider à la victoire des puissances de l'Entente. Il y va de nos intérêts matériels et moraux. Nous devons donc croire qu'au cours de la session le gouvernement proposera quelques mesures pour aider aux soldats et aux institutions qui prennent soin des blessés.

La Législature devrait refuser de se mêler de certaines affaires où on lui propose de s'ingérer. Ce n'est pas son affaire de s'interposer si Baptiste veut léguer à Paul son bien comme il l'entend7. S'il y avait moins de bills privés, les sessions dureraient une quinzaine de jours et les députés auraient assez d'une indemnité de $150. C'est le moment de réaliser des économies, et j'espère que le gouvernement et les membres ministériels de la Chambre vont en donner l'exemple en se sacrifiant eux-mêmes.

Que les farceurs de Montréal ne croient pas plus longtemps que la Législature existe seulement pour eux. Sans eux, on sait que la session pourrait durer 15 jours.

Il dit un mot d'éloge à l'adresse de l'honorable M. LeBlanc, le lieutenant-gouverneur, qui s'est mis à la tête de tant d'oeuvres patriotiques menées à bonne fin, et c'est avec plaisir qu'il votera l'adresse8.

Il exprime le souhait que le gouvernement saura prendre des mesures favorables au progrès et au développement de la province.

L'honorable M. Gouin (Portneuf) propose, appuyé par le représentant de Drummond (l'honorable M. Allard), que le débat soit ajourné. Il répondra demain à la critique qu'on vient de faire de son administration.

Cette dernière proposition est adoptée. Le débat est ajourné.

La séance est levée.

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NOTES

 

1. Voici comment le journaliste du Devoir présente l'atmosphère à la Chambre au début du discours du représentant de Bonaventure: "Mouvement général sur le parquet et dans les tribunes, car l'orateur est bien mal situé à la Chambre, ayant son siège juste au-dessous de la tribune de la presse où il est difficilement visible. La longue personne de M. Bugeaud drapée dans une redingote noire, austère et hermétique, ce qui lui donne l'air, avec sa face glabre, d'un ecclésiastique, se lève lentement. Il dispose devant lui les nombreux feuillets de son discours soigneusement dactylographié, ce qui lui évite d'avoir à s'abriter derrière une barricade de livres. Sa harangue est d'ailleurs rédigée avec soin et on l'écoute sans trop de désagrément, malgré sa voix chantante et légèrement nasillarde. M. Bugeaud rappelle, au début, qu'il est Acadien, il ne le dirait pas que son masque d'un brun mat aux traits fortement accusés le laisserait deviner."

2. Selon Le Soleil (13 janvier), ces dernières paroles s'adressent au nouveau chef de l'opposition: M. Philémon Cousineau.

3. Le discours du député de Stanstead est prononcé en langue anglaise. Selon La Presse (13 janvier), sa langue maternelle est l'anglais. Voici ce que signale Le Devoir (13 janvier) au sujet de la place qu'occupe ce député à la Chambre: "M. Bissonnet, député de Stanstead, n'a pas à la Chambre une meilleure place que M. Bugeaud. Il est aussi sous la tribune, occupant à gauche la place correspondante de son collègue à droite."

4. M. Cousineau fait allusion à la lutte scolaire en Ontario.

5. Selon L'Événement (13 janvier) et la Gazette (13 janvier), c'est plutôt le premier ministre Gouin qui prononce ces paroles.

6. À ce moment, selon Le Devoir (13 janvier), il s'agit d'une allusion à l'un des amis du chef de l'opposition.

7. Selon Le Devoir, il s'agit d'une allusion au bill du journal La Presse.

8. Selon Le Devoir, cela signifie qu'on ne proposera pas d'amendement à l'adresse. Selon ce même journal, il y a trêve des partis durant cette session.