Débats de l'Assemblée législative (débats reconstitués)
Version finale
16e législature, 3e session
(7 janvier 1926 au 24 mars 1926)
Le mercredi 10 février 1926
Ces débats, reconstitués principalement à partir des comptes rendus des médias de l’époque, ne constituent pas un journal officiel des débats de l’Assemblée législative.
Présidence de l'honorable J.-N. Francoeur
La séance est ouverte à 3 h 20.
Prière.
M. l'Orateur: À l'ordre, Messieurs! Que les portes soient ouvertes!
Rapports de comités:
M. Lemieux (Gaspé): J'ai l'honneur de présenter à la Chambre le douzième rapport du comité permanent des bills privés en général. Voici le rapport:
Votre comité a décidé de rapporter, sans amendement, le bill suivant:
- bill 93 autorisant le conseil municipal de la cité de Québec à accorder une évaluation fixe, pour fins de taxes, à la Anglo-Canadian Pulp & Paper Mills Limited pendant une certaine période d'années.
Questions et réponses:
Construction de l'entrepôt de la Commission des liqueurs
M. Houde (Montréal-Sainte-Marie): 1. Combien a-t-il été payé jusqu'à ce jour pour la construction de l'entrepôt de la Commission des liqueurs de Québec, Au-Pied-du-Courant, à Montréal?
2. À qui cette somme a-t-elle été payée?
L'honorable M. Nicol (Compton): 1. $1,217,176.24.
2. J. S. Archibald, $23,000; J.-O. Turgeon, $12,500; O. Archambault, $417,617.70; Munn & Shea, $364,816; Conroy Bros., $75,663.00; J.-A. Francoeur & Cie, $35,306.90; Canadian Comstock Coy, $23,777.50; William Rochon, $21,500; F. E. Moulton & Co., $38,760.14; Canadian Tank & Pump Co., $1,700; Darling Bros., $32,520; Otis-Fensom Elevator Co., $11,265; Frick Ice & Refrigerator Co., $55,500; Armstrong Cork & Insulation Co., $65,750; Matthews Conveyor Co., $14,131; H. H. Symons & Co., $7,098; Jeffrey & Kirby, $3,053.50; Canadian Westinghouse Co., $10,515.39; Montreal Light, Heat & Power Co., $1,400; J. A. Burnett, $500; P. E. Mercier, $544.31; Annonces pour soumissions, $257.80. Total: $1,217,176.24.
Compagnies ayant des contrats d'assurance avec la Commission des liqueurs
M. Smart (Westmount): 1. Quels sont les noms des compagnies qui ont des contrats d'assurance contre le feu avec la Commission des liqueurs de Québec?
2. Quels sont les montants des risques de chacune de ces compagnies?
3. Quelqu'une de ces assurances a-t-elle été prise par l'intermédiaire de courtiers de Boston ou de New York?
L'honorable M. Nicol (Compton): 1 et 2. Alliance of London, $25,000; British General of London, $50,000; Agricultural of Watertown, NY, $55,000; Imperial Underwriters of London, $160,000; Scottish Union of Edinburg, $150,000; Niagara Fire of New York, $75,000; Springfield of Springfield, Mass., $75,000; Westchester of New York, $100,000; Hartford, New York, $100.000; Northern of London, $25,000; Alliance of Philadelphia, $200,000; Fidelity of New York, $150,000; Hartford Fire of Hartford, Conn., $100,000; United British of London, $25,000; Union of Canton, $50,000; The Palestine of London, $100,000; Glen Falls of Glen Falls, NY, $25,000; Union of Paris, $100,000; London & Lancashire of London, $150,000; National Union of Pittsburgh, $50,000; London Assurance of London, $150,000; Franklin Fire of Philadelphia, $25,000; Nova Scotia Fire, $50,000; Autocar Fire of London, $75,000; Royal Exchange of London, $175,000; North British & Mercantile, $100,000; National Fire of Hartford, $75,000; Phoenix of London, $225,000; Queen Insurance of America, $400,000; Royal Insurance $100,000; British Colonial, $100,000; Great American of New York, $100,000; Canadian Fire, $100,000; Great American of New York, $100,000; Canadian Fire, $100,000; Guardian of London, $275,000; Employers Liability of London, $150,000; New Hampshire of Manchester, $75,000; Home Insurance of New York, $50,000; Merchants Marine of London, $25,000; Globe & Rutgers of New York, $150,000; Central Insurance, $50,000; Norwish Union of Norwish, $50,000; Queensland, $100,000; Anglo-Scottish, $100,000; Royal Scottish of Glasgow, $100,000; Commercial Union of London, $50,000; Atlas Insurance of London, $50,000; Equitable of Providence, RI, $50,000; Phoenix of Hartford, $25,000; Aetna Insurance of Hartford, $25,000; British Empire Underwriters Agency, $200,000; Eagle Star & British Dominions, $252,500; Car & General of London, $100,000; Yang-Tze of Shanghai, $100,000; Mount Royal, $25,000; Liverpool & London & Globe Ins. Co., $50,000; North America, $75,000; Newark Fire Insurance Co., $50,000; Nationale de Paris, $50,000; Providence W'ton, $25,000; Firemen's Fund, $25,000; Essex & Suffolk, $100,000; Quebec Fire, $75,000; Prudential Assurance Co., $50,000; North River Insurance of New York, $1,000,000; La Nationale de Paris, $500,000 fcs.
3. Oui, l'item de $1,000,000 porté par la North River Insurance of New York.
Code civil, article 1682c
L'honorable M. Taschereau (Montmorency) propose, appuyé par le représentant des Îles-de-la-Madeleine (l'honorable M. Caron), que l'ordre du jour portant deuxième lecture du bill 151 remplaçant l'article 1682c du Code civil soit maintenant appelé.
M. Sauvé (Deux-Montagnes): Je comprends que l'honorable premier ministre veut faire faire un débat sur le bill d'un député, mais les règlements de la Chambre disent que les motions importantes ont priorité sur les bills des députés. Il serait temps que l'on s'en tînt aux règlements de la Chambre, que l'on néglige depuis longtemps, en ce qui regarde l'ordre à suivre aux séances, quant aux bills, aux questions et aux motions. Il y a une règle 122 qui définit cet ordre et qu'il faudrait suivre.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): J'admets cela, mais c'est à la Chambre à décider en ce cas.
M. l'Orateur: L'article 122 du règlement veut que l'ordre soit suivi du moment qu'un député invoque les règlements de la Chambre. Mais c'est à la Chambre à décider. La règle 122 n'est pas suivie, du moins depuis le temps que je suis à la présidence.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency) lit un autre article des règlements qui autorise le gouvernement à appeler les motions qu'il est prêt à discuter ou encore qui sont importantes. L'on s'est, jusqu'à présent, conformé à ce qui était le plus commode pour les membres de la Chambre. Je propose donc que la Chambre procède avec l'item 38.
M. Sauvé (Deux-Montagnes): Le dernier cas se présente actuellement, car l'opposition considère qu'il y a urgence à débattre sans tarder la motion Crépeau.
M. Sauvé (Deux-Montagnes) propose en amendement, appuyé par le représentant de Montréal-Saint-Georges (M. Gault), que tous les mots après "que", dans la motion principale, soient remplacés par les suivants: "les affaires inscrites au feuilleton du jour soient appelées dans l'ordre qui leur est assigné, le tout conformément à l'article 122 du règlement".
L'amendement étant mis aux voix, la Chambre se divise. Les noms sont appelés et inscrits comme suit:
Pour: MM. Bastien, Beaudoin, Bray, Crépeau, Dufresne, Duranleau, Faucher, Gault, Houde, Lafleur, Lortie (Soulanges), Plante, Renaud, Saint-Jacques, Sauvé, Smart, Tétreau, 17.
Contre: MM.Authier, Baillargeon, Bercovitch, Bergeron, Bernard, Bouchard, Bouthillier, Bullock, Caron, Charbonneau, Daniel, Delisle, Desmarais, Dufour (Charlevoix-Saguenay), Dufour (Matapédia), Fortier, Grant, Lafond, Lahaie, Lamoureux, Laperrière, Lapierre, Lemieux (Gaspé), Lemieux (Wolfe), Lortie (Labelle), Marchand, McDonald, Mercier fils (Châteauguay), Mercier (Trois-Rivières), Miljours, Moreau, Morin, Nicol, Oliver, Paquet, Perrault, Philps, Pilon, Reed, Richard, Saurette, Savoie, Sylvestre, Taschereau, Thériault, Tourville, 46.
Ainsi, l'amendement est rejeté.
La motion principale étant mise aux voix, la Chambre l'adopte.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): 38.
M. Tétreau (Montréal-Dorion): M. l'Orateur, je demanderais à l'honorable premier ministre de bien vouloir remettre le débat sur ce bill pour qu'il ait lieu en même temps que le débat sur une autre motion que j'ai inscrite au feuilleton, demandant copie de toute correspondance entre le département du secrétaire de la province (l'honorable M. David) et la Ligue de la survivance française.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Alors, très bien.
Loi des dentistes
M. Bercovitch (Montréal-Saint-Louis) propose, selon l'ordre du jour, que le bill 152 modifiant la loi des dentistes de Québec soit maintenant lu une deuxième fois.
M. Bouchard (Saint-Hyacinthe): Il s'agit de déterminer le code de l'honneur professionnel chez les dentistes.
Adopté sur division. Le bill est renvoyé au comité permanent des bills publics en général.
Subsides
L'honorable M. Taschereau (Montmorency) propose la reprise du débat sur le budget.
M. Duranleau (Montréal-Laurier) invoque les règlements de la Chambre pour discuter une motion du député de Sherbrooke (M. Crépeau), qui est sur l'ordre du jour depuis plusieurs jours, au sujet de l'affermage de concessions forestières qui doit avoir lieu le 13 février. C'est une affaire d'importance et il y a urgence. La Chambre doit donner son opinion sur la façon dont les avis ont été donnés dans la Gazette officielle. Que l'on s'en tienne aux règles de la Chambre et que l'on passe sans tarder à l'article 34 du feuilleton, la motion Crépeau.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): L'article 122 permet au gouvernement, lorsqu'il s'agit de mesures de la couronne, de présenter suivant qu'il le juge opportun les items de l'ordre du jour. Le débat sur le budget va se terminer cet après-midi. Nous prendrons la motion dont parle le député de Montréal-Laurier (M. Duranleau) tout de suite après.
M. Sauvé (Deux-Montagnes): L'honorable premier ministre sait qu'il y a urgence de discuter cette motion au sujet de la vente de limites à bois qui doit avoir lieu lundi le 13. Les annonces des affermages ont été faites dans la Gazette officielle de façon extraordinaire et discutable. L'opinion publique s'alarme, des journaux ont demandé à la Chambre de discuter la motion Crépeau avant que la vente n'ait lieu, et il importe que la Chambre, dans l'intérêt même du gouvernement, discute cette motion.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency) explique encore une fois que le débat sur le budget est avancé et qu'il ne faut pas en retarder la fin. Pourquoi commencer un débat quand un autre n'est pas fini?
M. Sauvé (Deux-Montagnes): Il est d'une extrême importance que le public sache que la Chambre s'occupe sérieusement de cette question. C'est dans l'intérêt de la Chambre et dans l'intérêt du gouvernement. Si celui-ci refuse le débat sur la motion Crépeau, on dira qu'il a peur. Le gouvernement ne doit pas retarder davantage de faire les déclarations qu'il doit à la province relativement à cette vente.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Pourquoi ne pas nous avoir fait cette demande avant votre discours d'hier?
M. Sauvé (Deux-Montagnes): L'honorable premier ministre veut-il dire qu'il a envie de faire son discours tout de suite? Je comprends que le premier ministre a hâte de faire son discours.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Je n'en ai pas plus envie que vous aviez envie de faire le vôtre, hier.
M. Sauvé (Deux-Montagnes): L'intérêt de la province exige que nous discutions cette motion au plus tôt.
Remise de l'affermage des concessions forestières
M. Duranleau (Montréal-Laurier) propose, appuyé par le représentant de Québec-Centre (M. Faucher), que la Chambre passe maintenant à l'ordre du jour portant au feuilleton le numéro 34 et concernant la motion suivante du député de Sherbrooke (M. Crépeau):
Qu'attendu que le gouvernement annonce pour le 13 février l'affermage de concessions forestières ayant une étendue approximative de 4,200 milles carrés: "Cette Chambre est d'opinion qu'étant donné la situation particulière et l'importance de chacune de ces concessions forestières, ainsi que l'insuffisance et l'irrégularité des avis de mise aux enchères, il est de l'intérêt de la province que l'affermage n'ait pas lieu le 13 février, mais soit remis à une date ultérieure, afin que l'affermage puisse se faire dans les conditions les plus avantageuses pour la province.
M. l'Orateur: Ceux qui sont en faveur de la motion diront oui; ceux qui sont contre diront non.
Des voix ministérielles: Non, non. Lost, lost.
Des voix de l'opposition: Oui, oui.
La motion étant mise aux voix, la Chambre se divise. Les noms sont appelés et inscrits comme suit:
Pour: MM. Bastien, Beaudoin, Bray, Crépeau, Dufresne, Duranleau, Faucher, Gault, Houde, Lafleur, Lortie (Soulanges), Pellerin, Plante, Renaud, Saint-Jacques, Sauvé, Smart, Tétreau, 18.
Contre: MM. Authier, Baillargeon, Bercovitch, Bergeron, Bernard, Bouchard, Bouthillier, Bullock, Caron, Charbonneau, Côté, Daniel, David, Delisle, Desmarais, Dillon, Dufour (Charlevoix-Saguenay), Dufour (Matapédia), Fortier, Grant, Guillemette, Laferté, Lafond, Lahaie, Lamoureux, Laperrière, Lapierre, Lemieux (Gaspé), Lemieux (Wolfe), Létourneau, Lortie (Labelle), Madden, Marchand, McDonald, Mercier fils (Châteauguay), Mercier (Trois-Rivières), Miljours, Moreau, Morin, Nicol, Oliver, Paquet, Perrault, Philps, Pilon, Reed, Richard, Roy, Savoie, Sylvestre, Taschereau, Thériault, Tourville, 53.
La motion est ainsi rejetée.
Subsides
Conformément à l'ordre du jour, la Chambre reprend le débat, ajourné le 9 février, sur la motion proposée le mercredi 27 janvier courant: Que M. l'Orateur quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité des subsides.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Je n'avais pas l'intention de parler sur le discours du budget, mais le chef de l'opposition a parlé pendant deux heures hier, et a dit certaines choses que je dois relever, ainsi que je dois relever certaines assertions des honorables députés de Joliette (M. Dufresne) et de Westmount (M. Smart).
Je ne saurais commencer ce discours sans féliciter la députation libérale, qui a su discuter, ces jours derniers, avec vaillance et dignité. Nos députés ont démontré qu'ils savent se battre. Je laisse la province juge de leur manière de traiter des questions et de la comparer avec celle de l'opposition.
Un auteur français a dit qu'il est des services qu'on ne peut demander qu'à des adversaires. Le chef de l'opposition, sans qu'on le lui demande, a su nous rendre un de ces services dans son discours lu et son discours improvisé, hier: il nous a enfin donné son programme, celui que nous lui reprochons de ne pas avoir et celui qu'il nous reproche de lui avoir volé. Après l'avoir entendu, je n'hésite pas à affirmer de nouveau que l'opposition n'a pas de programme. Et, quand nous disons à notre population que son chef n'a pas de programme, personne ne peut prouver le contraire. Examinons ce qu'il appelle sa politique et nous verrons où est le voleur et où est le volé. Il est muet sur toutes les questions d'intérêt vital pour la province. Il n'a rien dit des activités premières de notre administration et il s'est attardé à une foule de vaines considérations.
Voyons d'abord les discours des membres de l'opposition. On a entendu les exposés lumineux du député de Joliette (M. Dufresne), puis des députés de Montréal-Saint-Henri (M. Bray) et de Westmount (M. Smart). L'honorable député de Joliette (M. Dufresne) a été le premier à discuter avec nous; il a exposé des vues qu'il semble prendre au sérieux. J'ai honte pour son parti de ce qu'il nous a dit. Lui qui se prétend homme d'affaires, il nous a découvert un déficit de 51 millions. L'honorable chef de l'opposition n'a pu s'empêcher de rire en entendant cela. À mesure que la discussion procédait, les vues de nos adversaires se modifiaient. L'honorable député de Westmount (M. Smart) nous a dit que nous avions un déficit de quatre millions et demi et, hier, l'honorable député de Montréal-Saint-Henri (M. Bray) nous a demandé de donner notre surplus de $743,000 aux chômeurs de Montréal. Il est évident que la situation de notre déficit s'est améliorée depuis une semaine. Je ne suis pas le chef d'orchestre de l'opposition. Elle a le sien et je lui demanderai d'accorder les violons de ses partisans.
Enfin, le chef de l'opposition lui-même a fait un retour sur le passé. J'ignore si les mânes des ancêtres conservateurs, celles des Chapleau, des Ross, des Boucherville, des Taillon planent sur cette Chambre, ce que je ne souhaite pas pour leur repos, mais j'espère qu'ils n'entendent pas les grands principes de leur parti exposés par le chef actuel de l'opposition. Pour démolir sa province, le chef de l'opposition a recours à des attaques personnelles de cette valeur.
M. Sauvé (Deux-Montagnes): Mânes de Parent... vous l'avez vite oublié.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Dans son discours, le chef de l'opposition a essayé de démolir notre oeuvre et de faire triompher la cause de ses prédécesseurs, en taquinant, par des détails sans importance pour le moment, le ministre de l'Agriculture (l'honorable M. Caron), le ministre des Travaux publics et du Travail (l'honorable M. Galipeault) et votre humble serviteur. Au premier, il a dit que ses convictions politiques n'étaient pas encore fixées sur le Parti libéral, en 1897, alors qu'il sait fort bien que l'hésitation, si elle fut réelle, ne put être longue; je me représente mal le ministre de l'Agriculture aux côtés du chef de l'opposition. Au second, il a reproché d'avoir prêché la prohibition alors qu'il s'agissait simplement de la loi Scott; à moi-même, il a dit, sans apporter aucune preuve, que j'avais réprimandé, autrefois, Sir Lomer Gouin parce que j'avais mis une question à l'ordre du jour pour savoir si W. J. White, de la Gazette, allait être ministre dans le cabinet Gouin, alors que je n'étais pas encore ministre, assertion qui est fausse d'ailleurs. J'ai demandé au chef de l'opposition de me citer une attaque que j'aurais faite et il n'a pas été capable.
M. Sauvé (Deux-Montagnes): Le premier ministre me permettra-t-il une question?
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Quand l'honorable chef de l'opposition permettra au député de Beauce (M. Fortier) de l'interroger, je le lui permettrai moi aussi de poser toutes les questions qu'il voudra.
M. Sauvé (Deux-Montagnes): Si...
Des voix ministérielles: À l'ordre!
M. Dufresne (Joliette): C'est maintenant la règle de la Chambre.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Mais haussons un peu la portée de ce débat et parlons du programme, plutôt de l'absence de programme de l'opposition. Dans ce discours étrange, le chef de l'opposition nous a dit: "On accuse l'opposition de ne rien vouloir: voici mon programme!", il dit que nous lui voulons tout ce qu'il propose d'heureux pour l'administration de la chose publique.
Quel programme? Je veux, premièrement, dit-il, combattre la tuberculose. Quel est le parti qui, le premier, a entrepris la campagne antituberculose? Comparons avec le passé, bien que cela ne plaise pas au chef de l'opposition. Le public sait quel travail énorme nous avons fait pour enrayer la tuberculose, et quelles sommes d'argent nous avons distribuées aux grands hôpitaux de notre province pour hospitaliser les tuberculeux, les traiter, les soigner et parfois les guérir. Nous avons, aujourd'hui, quatre grands hôpitaux consacrés aux tuberculeux; nous avons établi partout des dispensaires, et nous espérons faire davantage. Nous y avons 800 lits, c'est-à-dire que nous pouvons y admettre chaque année 1,6001 malades, dont plusieurs peuvent être sauvés. C'est une oeuvre du gouvernement libéral que nous revendiquons avec le plus de fierté, bien qu'elle ne soit pas encore complétée. À cela, ajoutez les bienfaits de l'assistance publique, que nous reprochent si souvent nos adversaires. C'est une création du gouvernement libéral, et l'une de ses plus heureuses. Par notre loi, nous pouvons assister une foule d'hôpitaux où sont soignés les malades.
Le député de Montréal-Saint-Jacques (M. Beaudoin), qui est médecin, excellent médecin même, ignore ce que nous avons fait et ne peut nous citer que deux hôpitaux sur les quatre que le gouvernement soutient. Nous avons donné $100,000 à l'hôpital Notre-Dame, $200,000 à l'Hôtel-Dieu, $250,000 à l'Hôpital général, $150,000 à l'hôpital Sainte-Justine, etc. Voilà les montants que nous avons distribués en plus des sommes payées tous les jours pour l'entretien des malades dans ces hôpitaux. Partout nous avons suscité des hôpitaux, à Sherbrooke, à Trois-Rivières, à Sainte-Agathe et au Lac-Édouard. Chaque piastre que nous prélevons sur le fonds de l'assistance publique va au soin des malades, des orphelins, des vieillards et des infirmes. On nous a reproché un surplus dans les fonds de l'assistance publique. Or, ce surplus est placé dans le passif de la province, parce que nous considérons que la somme est due aux institutions de charité qui l'auront tout entière. Les revenus pour cette assistance publique ont été bons cette année, l'an prochain, ils seront meilleurs et nous ferons davantage, car il reste beaucoup à faire.
Ces jours derniers encore, des amis, touchant de très près au député de Westmount (M. Smart), venaient me demander de faire plus pour nos hôpitaux. Nous espérons être bientôt en mesure de les aider davantage à remplir leur but. J'invite la Chambre à comparer ce que nous avons fait avec ce que faisaient nos amis.
Lorsque nos adversaires étaient au pouvoir, on ne donnait à l'assistance publique que $75,000 par année. Aujourd'hui, nous donnons environ $1,000,0002. Nous ne nous arrêterons pas en chemin et nous donnerons davantage à mesure que les revenus augmenteront. Donc, quand le gouvernement met en tête de son programme qu'il veut combattre la tuberculose, le chef de l'opposition a tort de prétendre qu'il invente quelque chose.
L'honorable chef de l'opposition a inscrit comme deuxième article de son programme: exploitation rationnelle de nos ressources naturelles. Si c'est là son programme, ses amis ne l'ont jamais exécuté dans le passé. C'est nous qui l'avons exécuté. N'est-ce pas ce que le gouvernement a fait et continue de faire? Nous sommes le premier gouvernement qui, dans la Confédération, ait prohibé l'exportation du pouvoir électrique. On sait aujourd'hui que les États-Unis, l'Angleterre et la France ont les yeux sur nous et désirent placer des capitaux dans l'exploitation de nos richesses. Les capitaux anglais et américains affluent ici. Qui a suscité cette confiance? Qui a créé à la province une réputation aussi enviable?
Le chef de l'opposition inscrit d'une façon vague et abstraite, sur son programme, la question de nos ressources naturelles, mais l'exploitation de ces ressources est encore une autre oeuvre libérale, que nous avons créée de toutes pièces et à laquelle nous avons donné une formidable poussée dans les dernières années.
"Nous voulons, dit mon honorable ami, disséminer les industries et créer des villes nouvelles." Qui a créé les villes de Shawinigan, Grand-Mère, La Tuque et autres? Trois-Rivières, même, en 1897, n'avait que les proportions d'un village. On a vu doubler sa population. Kénogami, Jonquière et autres grands centres du Lac-Saint-Jean n'apparaissaient pas encore sur la carte. Comme le disait notre ami le député de Champlain (M. Grant), la population des villes nouvelles s'est multipliée par 10. Notre politique a été de créer des centres ouvriers, des centres industriels qui constituent de nouveaux marchés pour les produits agricoles.
Mon honorable ami nous a dit encore qu'il voulait protéger nos richesses forestières: "Le gouvernement dissipe notre domaine national, et il est impossible de trouver de nouvelles réserves forestières."
Le député de Lac-Saint-Jean (l'honorable M. Moreau), hier même, a donné là-dessus des chiffres qui le démentent. Nous reviendrons d'ailleurs là-dessus et le ministre des Terres et Forêts (l'honorable M. Mercier fils) aura son mot à dire. Nul autre gouvernement dans le dominion n'en a fait autant pour la conservation des ressources naturelles.
Quel est le parti qui, le premier, a imposé un embargo sur le bois de pulpe des terres de la couronne?
M. Sauvé (Deux-Montagnes): Qui y a pensé le premier?
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Mon honorable ami s'imagine qu'il pense à tout, mais il ne fait rien. Nous ne pensons peut-être à rien, mais nous faisons tout! Que nos amis continuent à penser et nous continuerons à agir. Le Parti libéral a mis la province à l'avant-garde du progrès et veut faire en sorte qu'elle ait les yeux tournés dans cette direction.
M. Sauvé (Deux-Montagnes): Vous avez voté contre.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Mais non.
C'est le Parti libéral qui a proposé l'embargo sur le bois de pulpe. Nous aurons été les premiers à décréter l'embargo sur l'énergie hydraulique et j'espère que c'est le Parti libéral qui proposera un jour l'embargo sur l'amiante de notre province. Nous serons probablement les premiers à empêcher l'exportation de l'amiante à l'état brut.
On dit que nous livrons nos forêts aux étrangers. Dira-t-on aussi que nous laissons détruire la forêt? Rappelons-nous que le bois est une récolte. Quand elle est mûre, il faut la couper. L'arbre mûr ne doit pas rester indéfiniment exposé à pourrir, à brûler et à mourir. Allons-nous la laisser en péril, menacée par le feu et les insectes? Notre politique forestière a changé en ces dernières années et c'est pour le mieux. Quand nous concédons des réserves forestières, nous décrétons que la coupe soit faite de façon à assurer la perpétuité de la forêt. Nous sommes en faveur de l'exploitation forestière avec prudence. La coupe annuelle ne peut dépasser 80 % de la croissance annuelle. Notre domaine se perpétue aussi sûrement et, en outre, nous recevons de substantielles redevances.
Laissons-nous l'incendie forestier faire ses ravages? Nous allons mettre fin aux incendies qui se sont avérés désastreux dans le passé. Grâce à la politique de mon collègue des Terres, nous avons diminué le nombre des feux de forêt. Jamais la forêt ne fut mieux protégée qu'aujourd'hui. 20 à 25 % des revenus forestiers vont à l'oeuvre de protection. Les méthodes employées ont prouvé leur efficacité, puisque, l'an dernier, le dommage n'a été que le vingtième des années précédentes.
Pour revenir aux concessions, je n'hésite aucunement à dire que nous devons en faire pour mettre une richesse en valeur et créer de nouvelles activités économiques, pourvu que la coupe soit bien réglementée et que les concessionnaires sachent collaborer avec le gouvernement dans la conservation de arbres. Nous sommes même disposés à vendre les forêts dans les endroits les plus reculés de notre province, pourvu que les conditions imposées aux concessionnaires assurent la croissance de celles-ci et leur protection contre le feu et les insectes.
Cependant, voici la politique qu'il faudra suivre à l'avenir. Nous ne devrons pas faire trop de concessions à de nouvelles compagnies. Nous avons, dans la province, de vieilles compagnies qui sont devenues totalement canadiennes, qui ont grandi au milieu de nous, qui sont les pionnières de l'industrie, qui connaissent mieux nos besoins et nos conditions et qui ont besoin de notre concours pour maintenir leur prospérité sans cesse. Ne devons-nous pas les protéger dans la mesure du possible? Nous leur garderons des réserves qui fourniront leurs moulins pour des années et des années, afin qu'elles continuent à participer au progrès et à la prospérité de la province de Québec. Elles ont besoin d'être assurées que la matière première ne leur manquera pas. Elles sont intéressées au progrès de notre exploitation forestière, à la conservation de nos forêts dont elles ont besoin pour grandir. Elles sont intéressées à avoir une réserve forestière.
Où voyez-vous, là-dedans, le programme du chef de l'opposition? Il n'a pas dit un mot de la législation du gouvernement. Il s'est contenté de vagues propositions et d'espoirs de prendre un jour le pouvoir. Mais il doit bien savoir que la population de Québec est trop intelligente pour ignorer ses capacités de gouvernement. Il ne dit rien de positif. Personne ne peut savoir où il va. Quelle sera son attitude sur certains problèmes?
Ainsi, quand le député de Beauce (M. Fortier) lui a posé directement la question: "Quelle est votre politique sur l'embargo?", il a refusé de répondre. Il se montre davantage prodigue de ses questions que de ses réponses. Je lui pose de nouveau la question: Que ferait-il du bois des colons et des cultivateurs? Est-il pour l'embargo? Est-il contre? Qui le sait? Sans doute, il suit l'impressionnant conseil du député de Laval (M. Renaud): "Dis-leur pas, Arthur, il vont nous le voler!" Le député de Laval a rendu là un mauvais service à ses amis. Le chef d'un grand parti a le droit et le devoir d'exposer sa politique, quand il en a une. Le chef de l'opposition veut-il que nous gardions complètement chez nous le bois qui pousse sur les terres privées?
Notre honorable ami, je lui pose la question sous une autre forme, veut-il que le marché américain soit fermé au bois coupé sur les terres des colons et des cultivateurs? Nous attendons la réponse. La question agite l'opinion publique depuis bien longtemps, mais le chef de l'opposition n'a encore jamais exprimé d'opinion claire. Il a été muet sur ce point comme sur d'autres.
M. Sauvé (Deux-Montagnes): Ça se voit.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Quand l'honorable chef de l'opposition est muet, ça ne se voit pas, mais ça s'entend.
Le chef de l'opposition semble s'intéresser à la loi des liqueurs. Dans les campagnes électorales, ses amis ont poussé leur préoccupation jusqu'à déshabiller des bouteilles sur les "hustings" et les offrir en spectacle à la foule. Mais nous dira-t-il ce qu'il veut? Est-il en faveur de l'ancien régime de commerce privé des liqueurs? Est-il pour la prohibition? Peut-être, puisqu'il apprend par coeur des discours du ministre des Travaux publics et du Travail (l'honorable M. Galipeault). Est-il contre la prohibition? Peut-être aussi. Est-il pour le régime actuel? Personne ne le sait. Or, voici un problème d'intérêt primordial, un problème qui passionne tous les esprits sérieux en Amérique, et le chef de l'opposition, qui a des sourires et des larmes pour tout, et des conseils pour ceux qui n'en ont pas besoin, ne saurait dire ce qu'il ferait s'il arrivait au pouvoir. Je le mets dans une impasse telle qu'il est présentement incapable de me répondre et de se prononcer sur ces deux problèmes, celui de l'embargo et celui de la régie des alcools.
Devant une telle négation de tout principe positif, je commence à douter de la sincérité du chef de l'opposition quand il dit qu'il va renverser le gouvernement, car il ne fait absolument rien pour se préparer à gouverner.
Une autre question sur laquelle le chef de l'opposition est resté muet - le mutisme n'est pourtant pas son défaut capital - c'est celle de l'exportation de l'énergie électrique. Veut-il l'exportation? Veut-il l'embargo? Lui qui déploie tant d'éloquence en parlant de la conservation, de l'épargne, de la confiance et du capital humain, pourquoi ne s'occupe-t-il pas de l'une des plus grandes richesses de la province?
Le chef de l'opposition aime à parler sur certaines questions abstraites. On nous parle constamment d'émigration. Sait-on que, au cours de décembre, 10,000 Canadiens sont revenus des États-Unis? Sait-on que, durant l'année, 32,729 se sont établis au Canada? Qu'on prenne connaissance des dernières statistiques.
M. Sauvé (Deux-Montagnes): Où sont-ils?
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Un peu partout; il en est revenu beaucoup dans la province. Que le chef de l'opposition aille au Lac-Saint-Jean, à Trois-Rivières et dans d'autres centres industriels de la province, il y verra de nombreux rapatriés. Grâce au merveilleux développement de l'industrie dans Québec, je ne crains pas de dire que tous ceux des nôtres qui voudront et pourront rentrer au pays natal n'hésiteront pas à le faire. Nous aurons du travail et du capital pour eux. Aux grands développements du Lac-Saint-Jean, plus de 4,500 hommes travaillent actuellement. Je ne crains point de déclarer que l'émigration a cessé.
Le député de Westmount (M. Smart), dans son discours, a comparé sans cesse Ontario, où il trouve tout bien, et Québec, où il trouve tout mal. Était-il nécessaire de rabaisser et salir ainsi notre province? Tous nos services publics, tous les domaines de notre administration, selon lui, vont mal. La colonisation est ratée, la forêt est dilapidée, la justice est une plaisanterie, l'agriculture est une farce et les finances sont dans le marasme. Dans Ontario, au contraire, tout est pour le mieux.
Eh bien, je rappellerai au député de Westmount ce proverbe anglais: "L'oiseau qui salit son propre nid est un triste oiseau." Ce qu'il y a d'humiliant dans cette campagne de dénigrement systématique, c'est qu'elle est conduite par des nôtres, ils ne cessent de dire que la province de Québec ne vaut rien et qu'il faut aller ailleurs pour trouver quelque chose de bien... Triste oiseau. Tristes oiseaux en effet ceux qui vont aux quatre coins de la province et même dans les provinces voisines pour dire bien haut que Québec est loin derrière. Tristes oiseaux, en effet.
Avec des procédés comme ceux-là, le chef de l'opposition ne peut guère espérer dans l'avenir. J'ai ici un article du Journal d'Ottawa. Je ne sais pas si tous les membres de l'opposition sont conservateurs. L'honorable député de Montréal-Saint-Henri (M. Bray) affiche souvent son libéralisme. L'honorable député de Montréal-Dorion (M. Tétreau) a été vu sur les tétreaux - pardon, sur les tréteaux - en compagnie d'un chef dont l'honorable député de Westmount a parlé comme d'un chef néfaste, M. King. J'ai entendu dire qu'un chef de l'opposition avait dit qu'il ne resterait pas longtemps dans cette Chambre mortuaire qu'est l'opposition.
M. Sauvé (Deux-Montagnes): Je n'ai jamais dit cela en Chambre. C'est le Canada qui m'a prêté ces paroles. Je prierais le premier ministre de retirer.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Je n'ai rien à retirer, j'accepte les déclarations de mon honorable ami.
M. Sauvé (Deux-Montagnes): Je ne permettrai pas à l'honorable premier ministre de faire de l'esprit...
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Quand bien même le chef de l'opposition me permettrait de faire de l'esprit, cela ne m'en donnerait pas davantage.
Pour revenir à la question, je dirai que, au moment même où nos concitoyens nous dénigrent, on fait des éloges de nous à l'étranger. Pendant que le député de Westmount, ces jours derniers, s'amusait à ravaler et à salir notre province, l'Ottawa Journal constatait les immenses progrès et la prospérité de Québec. Que dit le Journal d'Ottawa, un organe conservateur? Il dit que Québec doit être reconnu comme la province par excellence. Nous avons d'autres témoignages d'Ontario. Le Toronto Mail and Empire, organe conservateur de Toronto, commentait le discours du budget de l'honorable trésorier de la province (l'honorable M. Nicol), en citant son état financier en exemple à l'Ontario. La Gazette, pour laquelle le chef de l'opposition a tant d'affection, donnait une opinion absolument semblable. On se rappelle le témoignage que nous rendit Sir James Lougheed avant sa mort. C'était un chef conservateur et il disait: "Si j'avais des capitaux à placer, je les placerais dans la province de Québec." Il a tenu à faire un magnifique éloge de notre province à tous les points de vue: population, ressources, sage administration, bonnes finances, et le reste. Ces journaux et ces gens-là ne sont pourtant pas des libéraux. Ainsi, ce sont les autres provinces qui répondent au libelle du député de Westmount.
Vantez la province d'Ontario, nous n'en sommes pas jaloux si elle est si prospère que cela. On y prélève 40 millions chaque année; nous ne prélevons que 25 millions malgré une population peu inférieure en nombre. Si le député de Westmount trouve son paradis en Ontario, qu'il y aille demeurer. Laissons à ceux qui ne sont pas d'ici apporter des réponses supplémentaires au député de Westmount (M. Smart). Nous y perdrons peut-être, mais lui perdra sûrement. Qu'il aille satisfaire son désir. Peut-être, en regardant la province de Québec, redira-t-il, comme dans la chanson: "C'est là que je voudrais vivre et mourir."
L'honorable député de Westmount nous a dit qu'il y avait plus de taxes ici que dans Ontario. Erreur, et erreur grave. Il nous a dit que nos livres étaient moins bien tenus que dans Ontario. Le Toronto Saturday Night, comparant récemment les deux provinces, faisait remarquer que les taxes sur les propriétés immobilières étaient plus fortes à Toronto qu'à Montréal. Ce n'est pas tout. Là-bas, il y a une taxe sur les terres et une taxe municipale sur les revenus, outre la taxe fédérale. Allons-nous comparer l'actif de la province voisine et celui de la nôtre? Savez-vous de quoi est fait en partie l'actif ontarien? On y capitalise le poisson des rivières à 15 millions, les forêts à 55 millions et le subside fédéral à 45 millions. Jamais nous n'en agirons ainsi dans la province de Québec.
Quelle est la dette ontarienne? Il y a deux ans, elle était de 15 millions; l'an dernier, elle était de huit millions; cette année, le trésorier de cette province prévoit encore un gros déficit. En outre, là-bas, les chemins de fer, les compagnies de téléphone et les services publics sont quatre et cinq fois plus taxés que chez nous. La Banque de Montréal paie autant de taxes pour sa succursale de Toronto que pour son bureau-chef à Montréal. Comment le député de Westmount a-t-il pu fermer les yeux là-dessus? Il a fait comme son chef, il est resté muet.
M. l'Orateur, je lisais ce matin le discours prononcé par l'honorable ministre de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries (l'honorable M. Perrault), au Club de Réforme, hier. J'invite les membres de l'opposition à le lire. Ils apprendront que nous avons créé 400 paroisses depuis 20 ans. Depuis cinq ans, nous en avons suscité 80. La population de l'Abitibi est aujourd'hui de 22,000 âmes. C'est ce que nous donnons à la colonisation et à l'agriculture, 20 fois plus que ne donnaient autrefois nos adversaires.
Nous avons sillonné la province de bonnes routes, nous avons construit 800 ponts en fer, etc. Le budget de l'honorable secrétaire de la province (l'honorable M. David) est aujourd'hui de près de $3,000,000, et l'on y ajoutera encore cette année en augmentant les dons à la petite école et à l'université.
(Applaudissements)
Il traite de l'éducation nécessaire aux enfants des classes laborieuses et revient sur les efforts qui ont été faits depuis 25 ans dans ce domaine.
Nous avons en effet le désir d'aider à l'éducation de la base au sommet en accordant des octrois à l'école du peuple et à l'instruction secondaire. Pour y arriver, nous désirons que nos ressources naturelles y contribuent. Les chefs d'entreprises se rendront d'ailleurs avec plaisir à nos demandes. De la sorte, nous ferons pour l'instruction à peu près ce que nous avons fait pour l'assistance publique. Au lieu de leur donner un, deux, trois ou quatre millions, nous leur permettrons de contracter des emprunts pour leurs besoins. Le gouvernement - grâce aux revenus qu'il tire de l'exploitation de nos ressources naturelles - pourra payer l'intérêt et garantir les emprunts. De cette façon, je suis heureux de l'annoncer au nom du Parti libéral, l'Université de Montréal pourra renaître de ses ruines, elle remplira sa mission - instruire dans une université moderne les jeunes Canadiens français - sans parler des autres.
On a dit que Montréal avait été abandonnée par le gouvernement et que celui-ci ne pouvait songer à gagner sa confiance. L'élection de Jacques-Cartier n'indique pas tant de défaveur. Si la métropole est contre nous, c'est son droit, mais il est certain que nous lui avons donné le régime qu'elle a voulu et que nous n'avons rien à nous reprocher. Nous l'avons traitée de notre mieux. Dans le fonctionnement de la loi d'assistance publique, nous lui donnons plus que nous n'en recevons.
Il réfute les allégations selon lesquelles Montréal a été pénalisée pour son choix aux dernières élections, en affirmant qu'elle a reçu le gouvernement qu'elle désirait.
Nous nous préparons à fournir un tiers de la construction du pont de Longueuil qui restera une des oeuvres capitales des années actuelles. Cela coûtera cher, mais la députation entière sera sans doute avec nous, car Montréal est le plus grand centre de nos activités nationales. Nous l'avons dotée d'une école technique, avons construit deux excellents ponts à Sainte-Anne-de-Bellevue et à Vaudreuil, les ponts de l'île Perrot, une école des hautes études, un palais de justice, une école des beaux-arts. Qu'avons-nous donc refusé à Montréal? Nous lui avons tout donné, et nous entendons faire davantage quand ce sera possible, car un plus grand Montréal signifie un plus grand Québec, et un plus grand Québec signifie un plus grand Canada. Tous les membres libéraux de cette Chambre se préoccupent du bien-être de la métropole. Nos amis de l'opposition nous disent qu'ils ont pensé à tout cela. Nous, nous l'aurons réalisé.
Il n'est jamais venu de Montréal un seul désir légitime qui n'ait reçu de nous satisfaction immédiate et complète. La loi des accidents du travail, que nous étudierons ces jours-ci, améliorera la condition des ouvriers blessés, et cela encore intéresse la métropole.
Nous avons fait la loi des accidents du travail. Nous allons la rendre bientôt plus parfaite. Lorsque, dans quelques jours, le ministre des Travaux publics et du Travail (l'honorable M. Galipeault) présentera son nouveau projet sur les compensations, l'on verra qu'aucune province n'a jamais été aussi loin que nous en faveur de l'ouvrier. Nous donnerons le plus de sécurité et de protection possible à la femme et aux enfants de l'homme tombé à son devoir, du soldat industriel.
D'autres critiques de l'opposition resteraient à réfuter. Je m'arrête un instant à cette insinuation du député de Westmount, qui prétend que l'administration de la justice, en cette province, est mauvaise. Je suis certain que la justice fonctionne normalement dans nos villes et dans nos campagnes. Il y a amélioration considérable à Montréal. L'administration n'est pas inférieure à celle des autres provinces. À présent, il n'y a plus aucun retard à la Cour supérieure ou à la Cour d'appel, alors qu'avant que le présent gouvernement obtienne le pouvoir et abolisse la Cour de révision, certaines causes demeuraient pendantes durant plusieurs années. Le député de Westmount (M. Smart) n'a pu faire mention d'une seule cause particulière quand il a affirmé que l'administration de la justice n'était pas aussi satisfaisante dans Québec que dans la province-soeur d'Ontario. Ici, j'invite les avocats de l'opposition à provoquer un débat sur ce sujet, et je suis sûr qu'ils seront forcés d'admettre que les plaintes sont mal fondées. Laissons l'opposition dire de quelle façon l'administration de la justice a été désastreuse.
M. l'Orateur, je termine. Ma dernière prière sera pour l'opposition. Qu'on nous critique, nous en serons enchantés. Nous ne craignons pas la critique. Nous la croyons nécessaire. Qu'on constate nos erreurs, nous en sommes, puisque "errer est humain". Mais, de grâce, rappelons-nous que, sur cette terre d'Amérique, nous occupons une place unique, que nous avons des traditions, des espoirs et des fiertés de race, et que, pour ne pas nous faire une réputation mauvaise aux yeux de tous, aux yeux de ceux qui ne nous connaissent pas, qui n'appartiennent pas à notre race, qui ne partagent pas nos convictions, qui ne comprennent pas notre mentalité et qui pourraient avoir une impression erronée des conditions réelles, il est nécessaire de cesser le dénigrement de notre province, de la rapetisser, de dire que tout y est au pire. Au nom de notre province, et au nom des Canadiens français qui ont une mission à remplir sur ce coin du continent, je demande à l'opposition, tout en nous critiquant, de cesser de dire aux ouvriers et aux cultivateurs qu'ils sont malheureux, que tout va mal chez nous et que l'avenir est beaucoup plus riant dans d'autres pays, tandis qu'il est si facile de réaliser que les conditions d'existence sont plus heureuses ici que dans la plupart des autres pays affectés par la crise.
Cessons de semer le découragement et le doute chez nos colons et nos cultivateurs en disant que la terre ne paie pas, que la colonisation est négligée, que la forêt est pillée et sacrifiée. Au contraire, ouvrons à notre peuple de grands et profonds horizons et sachons, quand nous ambitionnons le pouvoir, nous tracer un programme plein d'espoir. Qu'on nous critique, qu'on dise à la province ce qu'on fera lorsqu'on prendra notre place, mais qu'on ne rapetisse pas, qu'on ne salisse pas notre province. Qu'on ne dise pas que tout se meurt chez nous. Je peux dire ceci à l'opposition, si jamais nous sommes assis à leurs banquettes - ce que je ne désire pas et que nous ne méritons pas - nous les critiquerons...
M. Sauvé (Deux-Montagnes): Violemment.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Oui, violemment, parce qu'ils le mériteront probablement. Nous les critiquerons, mais pas un d'entre nous ne dira jamais que dans notre province tout est mort et tout est désespéré. À personne nous ne dirons que la situation est désespérée quand elle ne l'est pas.
M. Lortie (Soulanges): M. l'Orateur, malgré ce que dit l'honorable premier ministre, la situation n'est pas aussi brillante dans la province. Notre dette augmente considérablement. Je propose donc, secondé par l'honorable député de Montréal-Sainte-Marie (M. Houde), l'amendement à la motion de l'honorable trésorier, que tous les mots après "que", dans la motion principale, soient remplacés par les suivants: "cette Chambre regrette qu'à la fin du dernier exercice la dette consolidée de la province s'élève au montant de $81,944,926.27 et le passif à $98,856,759.77, et que le gouvernement n'annonce aucune mesure pour les diminuer".
M. Sauvé (Deux-Montagnes): M. l'Orateur, l'honorable premier ministre m'a dit hier qu'il ferait suspendre les règlements de la Chambre pour que je lui cite les paroles dont j'ai parlé, hier, au sujet de son attitude vis-à-vis de son chef, M. Gouin.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Quelle règle de la Chambre voulez-vous suspendre? Il y en a 586.
M. Sauvé (Deux-Montagnes): L'honorable premier ministre vient de prononcer un grand discours, un de ces discours dont il a le secret; il est habile avocat. Il a prêté aux membres de l'opposition des paroles qu'ils n'avaient pas dites. Je ne veux pas rapetisser l'honorable premier ministre. Je ne veux pas me comparer à nos prédécesseurs. L'honorable premier ministre admettra qu'il n'est pas aussi grand que ceux qui l'ont précédé.
L'honorable M. Taschereau (Montmorency): Je suis plus petit qu'eux, mais je l'avoue.
M. Sauvé (Deux-Montagnes): L'honorable premier ministre a dit que le gouvernement agissait, mais ne pensait pas. On me reproche de penser; il faut d'abord penser pour mieux agir. Un gouvernement qui ne pense plus est bien près de la défaite. Quand un gouvernement en est rendu à compter sur la pensée des autres, il vaudrait autant qu'il donnât sa place. Mânes de Chapleau, a dit le premier ministre. Il n'a pas dit "mânes de Parent", car ils ne peuvent oublier la façon dont il a traité son ancien chef.
Le premier ministre a nié, hier, ce que je lui rappelais au sujet de son attitude passée contre son ancien chef. L'honorable premier ministre a dit qu'il me permettrait de citer ses paroles. J'ouvre La Patrie du 4 mai 1905 et je vois que le député de Montmorency se plaignait de voir que la ville de Québec n'avait pas assez de représentation dans le cabinet Gouin. Il se plaignait aussi, tout en protestant de sa bonne foi, que l'élément irlandais n'était pas encore représenté dans le cabinet. Sir Lomer Gouin lui répondit alors: "Je n'ai pas de leçons à recevoir." L'honorable premier ministre m'a forcé à lui rappeler ces cruelles paroles de son ancien chef.
On a parlé de notre programme. Nous voulons diriger la politique de la province de Québec vers l'épargne populaire. Nous voulons protéger l'industrie et l'exploitation de nos ressources naturelles. Les libéraux ont voté contre cette politique et ils l'adoptent aujourd'hui en prévision d'une prochaine campagne électorale. Le gouvernement n'a pas de statistiques suffisantes pour déclarer que nos forêts vivront encore 100 ans et, à ce sujet, je préfère m'en tenir à l'opinion d'ingénieurs désintéressés.
Il parle de l'exploitation forestière qu'il veut rationnelle et pas seulement au profit du capital étranger. Nous voulons, dit-il, garder nos richesses naturelles pour les nôtres et aussi nous voulons que des capitaux canadiens soient utilisés autant que possible. Il n'est pas nécessaire pour l'instant d'entrer dans les détails du programme du Parti conservateur.
On nous demande ce que serait notre politique sur l'embargo; nous saurons ce qu'il y a à faire. Nous ne nous contredirons pas comme l'a fait le premier ministre, d'après l'opinion de M. Barnjum.
Le premier ministre ne pourra plus dire que l'opposition n'a pas d'idées pratiques puisqu'il vient d'affirmer que toutes les mesures préconisées par elle ont été mises en pratique par le gouvernement. Il s'est rendu aux demandes de l'opposition et a été obligé d'adopter les mesures de celle-ci pour se maintenir au pouvoir.
Sous une apparence de sincérité, la droite essaie de faire croire que nous ne faisons pas notre devoir. Je n'ai pas honte d'avoir défendu l'autonomie de ma province en voulant séparer le Parti provincial conservateur du parti fédéral. Quels sont ceux, de l'autre côté de la Chambre, qui auraient eu le courage de faire ce que j'ai fait?
Il y a deux sortes de politiciens: l'une est faite d'hommes qui préfèrent s'enrichir et qui méprisent le public, sans tenir compte des principes élémentaires de la justice...
(Applaudissements)
M. l'Orateur: À l'ordre! L'honorable chef de l'opposition ne peut faire d'insinuations contre les députés de cette Chambre.
M. Sauvé (Deux-Montagnes): Je parlais des politiciens en général. Je vais essayer de rendre ma pensée autrement. L'autre sorte de politiciens est faite d'hommes qui sont prêts à être pauvres, mais aussi à être honnêtes et à faire leur devoir. Des politiciens qui ont du caractère et pour qui les honneurs ne sont rien. La Chambre sera d'accord pour dire que j'ai toujours fait mon devoir et que je n'ai jamais cherché à faire des millions.
On se scandalise du fait que, en critiquant les actes du gouvernement, nous ravalons notre province. Dans la dernière lutte électorale, n'a-t-on pas vu des ministres de la couronne intervenir dans une lutte qu'ils n'avaient pas d'affaire, faire du pays une peinture qui donnait envie de le quitter? Des libéraux, alors que le Parti libéral était dans l'opposition à Ottawa, criaient à la banqueroute du pays. Le premier ministre n'a donc pas de reproche à faire à ce sujet à l'opposition de Québec.
Il soutient que la situation financière de la province n'est pas satisfaisante et prédit que bientôt les conservateurs seront au pouvoir.
Je vais voter pour l'amendement qui est la négation de la politique du gouvernement. La dette augmente dans des proportions considérables, les dépenses aussi. L'amendement devrait donc être adopté.
(Applaudissements)
L'amendement étant mis aux voix, la Chambre se divise. Les noms sont appelés et inscrits comme suit:
Pour: MM. Beaudoin, Bray, Crépeau, Dufresne, Duranleau, Faucher, Gault, Houde, Lafleur, L'Archevêque, Lortie (Soulanges), Pellerin, Plante, Renaud, Saint-Jacques, Sauvé, Smart, Tétreau, 18.
Contre: MM. Authier, Baillargeon, Bercovitch, Bergeron, Bernard, Bouchard, Bouthillier, Bullock, Caron, Charbonneau, Côté, Daniel, David, Desmarais, Dillon, Dufour (Charlevoix-Saguenay), Dufour (Matapédia), Fortier, Galipeault, Grant, Guillemette, Hamel, Laferté, Lafond, Lafrenière, Lahaie, Lamoureux, Laperrière, Lapierre, Lemieux (Gaspé), Lemieux (Wolfe), Létourneau, Lortie (Labelle), Madden, Marchand, McDonald, Mercier fils (Châteauguay), Mercier (Trois-Rivières), Miljours, Moreau, Morin, Nicol, Oliver, Paquet, Perrault, Philps, Pilon, Reed, Richard, Roy, Saurette, Savoie, Sylvestre, Taschereau, Thériault, Tourville, 56.
Ainsi, l'amendement est rejeté.
M. l'Orateur met aux voix la motion principale qui se lit comme suit: Que M. l'Orateur quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité des subsides.
Adopté
En comité:
L'honorable M. Nicol (Compton) propose qu'un crédit n'excédant pas mille piastres soit accordé à Sa Majesté pour traitement de l'Orateur, Assemblée législative, pour l'exercice finissant le 30 juin 1927.
Adopté.
Résolutions à rapporter:
Le comité fait rapport qu'il a adopté une résolution et demande la permission de siéger de nouveau. Ladite résolution est lue deux fois et adoptée.
Questions et réponses:
Forêts détruites par le feu depuis 25 ans
M. Sauvé (Deux-Montagnes): Quelle est l'étendue des forêts détruites par le feu depuis 25 ans dans notre province?
L'honorable M. Mercier fils (Châteauguay): (Voir le tableau ci-dessous).
| Année | Nombre des feux | Bois marchand | Jeunes bois | Vieux brûlés | Jeunes brûlés | Bûchers récents | Autres terrains | Total |
| 1925 | 607 | 1,041.63 | 3,103.20 | 2,594.41 | 9,604.02 | 2,996.67 | 790.08 | 20,130.01 |
| 1924 | 636 | 67,707.75 | 6,634.75 | 22,777.25 | 14,973.25 | 39,236.75 | 51,933.00 | 203,262.75 |
| 1923 | 997 | 828,071.00 | 443,072.00 | 768,225.00 | 227,810.00 | 729,641.00 | 42,906.00 | 3,039,725.00 |
| 1922 | 1,608 | 232,459.00 | 54,582.00 | 80,705.00 | 100,441.00 | 169,692.00 | 105,683.00 | 743,562.00 |
| 1921 | 1,124 | 89,271.00 | 47,173.00 | 75,752.00 | 172,765.00 | 253,810.00 | 34,773.00 | 673,544.00 |
| 1920 | 539 | 86,035.00 | 35,814.00 | 78,988.00 | 35,390.00 | 80,065.00 | 5,452.00 | 321,744.00 |
| 1919 | 710 | 127,064.50 | 7,209.00 | 45,443.00 | 16,814.50 | 65,499.00 | 5,861.00 | 267,891.00 |
| | 6,221 | 1,431,649.88 | 597,587.95 | 1,074,844.66 | 577,797.77 | 1,340,940.42 | 247,398.08 | 5,269,858.76 |
| Note : Il est impossible de donner des statistiques exactes et complètes sur les incendies en forêt, antérieurement à 1919. |
Taxes à payer par la Montreal Island Power Company aux commissaires d'écoles des Écores
M. Bercovitch (Montréal-Saint-Louis) propose, selon l'ordre du jour, que le bill 70 établissant un montant fixe des taxes à payer par la Montreal Island Power Company aux commissaires d'écoles des Écores soit maintenant lu une deuxième fois.
Adopté. Le bill est renvoyé au comité permanent des bills privés en général.
Charte de Sherbrooke
M. Crépeau (Sherbrooke) propose, selon l'ordre du jour, que le bill 115 modifiant la charte de la cité de Sherbrooke soit maintenant lu une deuxième fois.
Adopté. Le bill est renvoyé au comité permanent des bills privés en général.
Shaare Zion Congregation
M. Bercovitch (Montréal-Saint-Louis) propose, selon l'ordre du jour, que le bill 68 constituant en corporation Shaare Zion Congregation soit maintenant lu une deuxième fois.
Adopté. Le bill est renvoyé au comité permanent des bills privés en général.
Conventions entre la paroisse de Saint-Joachim, comté de Montmorency,
et la Ste Anne Power & Paper Company Limited
M. Létourneau (Québec-Est) propose, selon l'ordre du jour, que le bill 114 ratifiant certaines résolutions du conseil municipal et des commissaires d'écoles de la paroisse de Saint-Joachim, comté de Montmorency, et conventions entre les mêmes et la Ste Anne Power & Paper Company Limited soit maintenant lu une deuxième fois.
Adopté. Le bill est renvoyé au comité permanent des bills publics en général.
La Chambre s'est ajournée à 3 heures, jeudi.
La séance est levée à 6 heures.
__________
NOTES
1. Dans L'Action catholique: 16,000.
2. Dans L'Action catholique: $3,000,000.