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(Deux heures et demie de l'après midi)
M. le Président: Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de comités élus.
Présentation de motions non annoncées.
Motion visant à lever l'exclusion
prononcée contre le député de Champlain
M. Johnson: M. l'Orateur, je voudrais, à cet article de la
présentation de motions non annoncées, me prévaloir de
l'article 79 du règlement qui se lit comme suit: "Quand la parole se
trouvve interdite à un député ou qu'une autre peine a
été prononcée contre lui, tout autre député
peut, par une motion non annoncée, proposer à la Chambre de lever
cette interdiction ou cette peine. Cette motion a la priorité sur toute
affaire du jour; mais elle n'interrompt pas une affaire en cours et elle ne
peut pas être débattue ni amendée, non plus que
renouvelée pendant la séance en cours."
L'article 79, je crois, M. le Président, me permet aujourd'hui de
faire une motion pour que soit relevé de la peine qu'on lui a
imposée le député de Champlain qui, on s'en souviendra, a
été expulsé vendredi dernier sur une motion amendée
par le...
M. le Président: Le chef de l'Opposition vient de lire en entier
l'article 79 dont le deuxième paragraphe est assez clair. C'est une
motion qui ne peut pas être débattue et puisqu'on donne la formule
- et c'est la formule no 9 - je crois que le chef de l'Opposition, en proposant
sa motion, est limité à proposer la motion qui ne peut pas
être débattue.
M. Johnson: M. le Président, il n'est pas question de la
débattre, mais j'espère que vous attendez de moi que je donne des
raisons, vous attendez de moi que je mentionne de quel député je
veux faire relever la peine.
M. le Président: Je suis certain que, si je donne raison au chef
de l'Opposition et qu'il donne ses raisons pour que la motion soit
adoptée, il y aura d'autres députés qui vont certainement
demander la permission de donner d'autres raisons pour lesquelles la motion
devra être adoptée ou encore des raisons pour lesquelles la motion
ne devra pas être adoptée. Je crois que c'est
précisément là-dessus que le deuxième paragraphe de
l'article est tellement précis que je ne peux pas permettre un
débat.
M. Johnson: M. le Président, vous anticipez que, si je donnais
mes raisons, il y aurait peut-être lieu pour quelques
députés de cette Chambre de me répondre. Même si je
n'admets pas parfaitement votre point de vue, je peux m'abstenir de donner les
raisons et je fais motion, secondé par le député de
Missisquoi, que l'exclusion prononcée contre M. Bellemare,
député de Champlain, soit levée.
M. le Président: La motion sera-t-elle adoptée?
Des voix: Non.
M. le Président: Qu'on appelle les députés.
A l'ordre, messieurs! Â l'ordre! messieurs! Sur la motion
proposée par le chef de l'Opposition que l'exclusion prononcée
contre le député de Champlain soit levée, que tous ceux
qui sont en faveur de l'adoption de la motion veuillent bien se lever.
Le Greffier adjoint: M. Johnson, M. Élie, M. Dozois, M. Bertrand
(Missisquoi), M. Ducharme, M. Johnston, M. Boudreau, M. Bernatchez, M.
Guillemette, M. Gosselin, M. Lizotte, M. Allard, M. Loubier, M. Majeau, M.
Nadeau, M. Lavoie (Wolfe), M. Hanley.
M. Gérin-Lajoie: Vous avez besoin d'appui, hein?
M. le Président: Que tous ceux qui sont contre veuillent bien se
lever.
Le Greffier adjoint: M. Lapalme, M. Bédard, M. Lalonde, M.
Gérin-Lajoie, M. Hamel (Saint-Maurice), M. Courcy, M. Lévesque
(Montréal-Laurier), M. Arsenault, M. Saint-Pierre, M. Cliche, M. Dionne,
M. Brown, M. Bertrand (Terrebonne) M. Lafrance, M. Pinard, M. Couturier, M.
Laporte, M. Fortin, M. Parent, M. Binette, M. Turpin, M. Roy, M. Coiteux
(Duplessis), M. Harvey, M. Morissette, M. Maheux, M. Collard, M. Coiteux
(L'Assomption), M. Hamel (Iberville), M. Crépeau, M. Fournier, M.
Théberge, M. Lacroix, M. Kennedy, M. Hébert, M. Mailloux, M.
McGuire, M. Cadieux, M. Beaupré, M. Godbout, M. Dupré, M. Martin,
M. Meunier.
M. le Président: A l'ordre, messieurs!
M. le Greffien Pour: 17; Contre: 43. Yeas: 17; Nays: 43.
M. le Président: La motion est rejetée.
Présentation de motions non annoncées. Présentation de
bills privés. Présentation de bills publics.
Création de la Commission provinciale
d'urbanisme
M. Pierre Laporte
M. Laporte: M. le Président, je vais faire une
déclaration. J'ai l'honneur d'informer les membres de cette
Assemblée que le gouvernement du Québec a autorisé la
création de la Commission provinciale d'urbanisme.
M. Johnson: Ce n'est pas nouveau, ça. M. le Président, je
soulève un point de règlement. Cela a déjà
été annoncé par le ministre.
M. Laporte: La formation de cet organisme très important fait
partie du plan que le ministère des Affaires municipales est à
élaborer pour assurer l'aménagement rationnel et harmonieux du
territoire de notre province.
La croissance rapide des grandes agglomérations présente
depuis plusieurs années des problèmes d'aménagement et de
coordination dont les incidences sociales, économiques et
financières sont profondes et complexes. La commission qui vient
d'être créée est destinée à aider
l'autorité provinciale à assumer véritablement son
rôle dans le domaine de la planification urbaine.
Selon les termes mêmes de l'arrêté ministériel
la créant, la Commission provinciale d'urbanisme a pour fonction de
conseiller le ministre des Affaires municipales a) en identifiant les objectifs
généraux de toute action de l'État en matière
d'urbanisme; b) en élaborant le schème d'une législation
d'urbanisme appropriée aux besoins du Québec; c) en faisant
enquête et rapport à la demande du ministre sur toute question qui
peut avoir des implications d'ordre général.
A mon invitation, M. Jean-Claude LaHaye, de Québec,
urbaniste-conseil de grande réputation, a accepté la fonction de
président de la Commission provinciale d'urbanisme. M. LaHaye est
diplômé en urbanisme de l'Université Harvard,
président de la Corporation des urbanistes du Québec, membre du
conseil de l'Institut d'urbanisme du Canada, membre de l'Institut d'urbanisme
des États-Unis, membre du conseil d'administration de l'Institut
d'urbanisme de l'Université de Montréal, chargé de cours
à l'Université Laval et à l'Université de
Montréal, membre du Conseil d'orientation économique.
Les autres membres de !a commission sont: M. Yves Dubé, de
Québec; Mme Blanche Van Ginkel et MM. Guy Beaugrand-Champagne et Paul
Sauriol, de Montréal; M. Charles Langlois, de Sherbrooke; M. Armand
Turpin, maire de Hull, et M. Byron T. Kerr, maire de Saint-Lambert.
Mme Blanche Van Ginkel est diplômée en urbanisme de
l'Université Harvard, bachelière en architecture de
l'Université McGill, professeur invité de l'Université
Harvard (Graduate School of Design), membre de l'Association des architectes de
la province de Québec et membre de la Corporation des urbanistes du
Québec.
Économiste, M. Yves Dubé est directeur du
département d'économique de l'Université Laval.
M. Guy Beaugrand-Champagne est diplômé en sciences sociales
et chargé de mission pour l'UNESCO. C'est un spécialiste en
organisation communautaire.
Membre de la Corporation des ingénieurs professionnels de la
province de Québec et directeur des services de la ville de Sherbrooke,
M. Charles Langlois est président de l'Association canadienne
d'urbanisme, division du Québec.
Quant à M. Paul Sauriol, c'est un journaliste de grande
réputation. Son intérêt pour tout ce qui touche à
l'urbanisme est bien connu et il date de loin.
MM. Turpin et Kerr vont présenter, au sein de l'organisme, la
perspective d'administrateurs municipaux qui possèdent une
expérience vaste et pratique des. problèmes posés par le
développement et l'aménagement des agglomérations.
Par leur formation, leur expérience et l'intérêt
qu'elles manifestent envers ce problème singulièrement important
qu'est l'urbanisme, ces personnes sont en mesure de nous apporter une
contribution très valable. Le ministère des Affaires municipales
est maintenant enrichi d'un organisme dont la création traduit la
volonté du gouvernement de prendre avec diligence des mesures positives.
On peut prévoir que la province de Québec franchira, au cours des
prochains mois, de grandes étapes dans le domaine de la planification
urbaine et régionale. La Commission provinciale d'urbanisme tiendra sa
première réunion au cours du mois de mai.
M. Johnson: M. le Président, le ministre voudra sans doute faire
déposer une copie de l'arrêté ministériel.
M. Laporte: Deux.
M. Johnson: Deux copies, ainsi qu'une copie de sa
déclaration.
M. Laporte: Voici deux copies de ma déclaration. Quant à
l'arrêté ministériel, j'en déposerai deux copies
demain.
M. le Président: Affaires du jour.
Pour M. Lesage, M. Lapalme propose que je quitte maintenant le fauteuil
et que la Chambre se forme de nouveau en comité des subsides. Cette
motion sera-t-elle adoptée? Adopté.
Comité des subsides
Étude des crédits du ministère
des Affaires culturelles
Administration
M. Bédard (président du comité plénier):
Affaires culturelles, page 8, article 1. Administration: $536,400.
M. Johnson: M. le Président, je présume que vous voulez
procéder comme le veut le règlement. Cependant, pour
éviter des difficultés, il est peut-être mieux de nous
entendre tout de suite pour procéder non seulement par article, mais,
à l'intérieur de chaque article, par les sous-articles, ou
à l'intérieur de chaque paragraphe, pour suivre le langage des
règlements, on procédera par sous-paragraphe ou subdivision. De
cette façon, je crois que nous éviterons des redites et,
deuxièmement, des difficultés quand arrive un débat. Selon
la coutume, M. le Président, c'est sur l'article 1 que, tant du
côté de l'Opposition que du côté de l'administration,
on en profite pour faire un exposé général. Je
présume que le Procureur général voudra, en commentant
l'article 1, administration, nous donner un aperçu général
des raisons qui motivent une augmentation substantielle d'environ $200,000
à cet article qu'est l'administration.
M. Lapalme: M. le Président, je viens d'écouter
attentivement le chef de l'Opposition et je suis obligé, à mon
tour, de lui poser une question. Si j'ai bien compris. le chef de l'Opposition
a dit qu'il était dans les habitudes, en comité, de discuter
d'une politique générale autant que faire se peut a l'article 1
des estimations budgétaires qui se trouve à être ici, comme
dans tous les cas, je crois, celui qui a trait à l'administration. Mais,
d'autre part, le chef de l'Opposition me pose une question précise
relativement aux raisons qui ont fait que le montant a considérablement
augmenté à l'article administration.
M. Johnson: C'est un point de départ.
M. Lapalme: Je dois dire, M. le Président, que je ne tiens pas
tellement à faire des discours en ouvrant...
M. Bertrand (Missisquoi): Vous en avez fait un à Bathurst, je
crois.
M. Lapalme: J'en ai fait un à Bathurst; c'est un cas tout
à fait particulier. Je ne sais pas, ce n'est pas une question de
goût, ni de préférence, mais je préférerais
connaître, d'abord, un peu ce que l'Opposition a à dire, quels
sont les renseignements précis qu'elle a à demander.
M. Johnson: M. le Président, sous l'article administration, il y
a un sous-article qui s'appelle traitements où l'on passe de $200,000
à $249,000. Voilà une augmentation d'environ un quart, seulement
à traitements. Par ailleurs, il s'agit d'un ministère assez
récent qui avait, l'année dernière, un personnel assez
réduit de début. J'aimerais entendre le Procureur
général nous exposer l'évolution dans ce domaine du
personnel, la division des responsabilités, les nouveaux services qui
ont été organisés de façon qu'on puisse justifier
l'augmentation de $49,000.
M. Lapalme: M. le Président, le département est tellement
jeune que rares sont les députés qui n'ont pas assisté
à sa naissance. Je crois que les députés se souviennent
que, durant l'année qui a suivi sa formation, par exemple, les
prévisions budgétaires furent, dans certains cas,
particulièrement en ce qui a trait à l'administration, plus
élevées que ce qui fut dépensé par la suite, parce
que des engagements avaient été faits dans le courant de
l'année. Par exemple, alors que nous pouvions prévoir
l'engagement d'un spécialiste pour douze mois, il est arrivé que
nous ne l'avons engagé (par exemple, le sous-ministre des Affaires
culturelles et la personne à l'Office de la langue française) que
plusieurs mois après la création du ministère. Peu a peu,
cependant, nous avons augmenté le nombre des employés qui
s'élève à l'heure actuelle - et je le donne
immédiatement parce que je crois bien que la question sera posée
- à 335. Ceci comprend...
M. Bertrand (Missisquoi): Les quatre services?
M. Lapalme: Tout le ministère des Affaires culturelles.
M. Bertrand (Missisquoi): Ah! tout?
M. Lapalme: Tout le ministère des Affaires culturelles: 335. Ceci
comprend non seulement les employés qu'il y a présentement dans
ce que j'appellerais le bureau-chef dans l'édifice Garneau,
Grande-Allée, et les employés du Musée, l'inventaire des
oeuvres d'art, mais également les employés du conservatoire, que
ces employés
soient permanents ou soient payés à l'heure. C'est
l'ensemble au moment où je parle.
L'an dernier, nous avions l'espérance d'avoir des locaux plus
grands et c'est seulement à la fin de l'été que nous avons
eu la certitude que le pavillon Mgr-Vachon, situé près de la
cité universitaire, boulevard de l'Entente, nous serait passé par
les Travaux publics pour que nous puissions y établir, autant que
possible, tous les services sous un même toit. Les travaux ne sont pas
encore terminés. Nous avons cru, il y a environ 15 jours, au moment
où j'ai fait une déclaration, en passant, devant Prudentia, que
les premiers services seraient déménagés le 6 mai de cette
année, mais je crois bien, d'aorès l'état des choses que
j'ai vu la semaine dernière, qu'il va s'écouler encore
peut-être 15 jours avant que les premiers services soient
déménagés. Il est probable que, durant le mois de juin,
tout l'édifice pourra être occupé par le ministère
des Affaires culturelles. Évidemment, il n'est pas question, on le
comprendra, de déménager là les employés qui ont
charge d'un immeuble comme le musée; mais je veux dire que tous les
services seront sous le même toit. Par exemple, la commission des
bibliothèques, qui est dans une maison séparée, s'en ira
là et le reste.
Comme principale raison de l'extension moins grande que prévu, il
y a eu le fait que nous avons été limités dans la petite
maison Garneau, sur la Grande-Allée, à quelques pas du parlement.
L'exiguïté des locaux nous a empêchés d'ouvrir des
services et d'y faire venir le personnel dont nous aurions besoin.
Je crois que c'est la veille du discours du budget. On a vu ici, par les
annexes que le premier ministre avait publiées, que le ministère,
par exemple, se proposait de créer une direction générale
des arts et des lettres. A ce moment-là, j'ai vu moi-même la
déclaration dans les journaux; j'étais chez moi, et je
présume que les députés qui n'ont pas pris connaissance du
texte en Chambre en ont certainement pris connaissance dans les journaux.
Il nous était impossible, avant cette année,
c'est-à-dire avant l'instant où nous occuperions les locaux, de
songer à établir une direction générale des arts et
des lettres. Le communiqué disait que cet organisme permettrait au
ministère des Affaires culturelles de réunir les services
correspondant aux principaux domaines de l'activité culturelle du
Québec: lettres, musique, théâtre, arts plastiques,
architecture, de même que divers services touchant à la recherche,
à la documentation, aux bourses, le jour où il nous sera permis
réellement d'en donner, au rayonnement culturel et à la culture
populaire.
En second lieu, le service du Canada français
d'outre-frontières sera développé.
Cette section de l'administration provinciale aura pour première
tâche de dénombrer l'effectif des groupes
canadiens-français du Canada et des États-Unis afin de favoriser
les relations entre ces divers groupes et leur mère patrie, le
Québec.
Le programme actuel prévoit des bourses, des expositions, des
tournées de conférences et des troupes de théâtre.
Et, enfin, qrâce à une réorganisation systématique,
le ministère entend donner à la bibliothèque Saint-Sulpice
les moyens de remplir complètement son rôle, d'une part, d'avoir
un fort rayonnement culturel et, d'autre part, de conserver une importante
collection de livres et de documents. Et la commission du Musée a
préparé un projet de réaménagement du Musée
de la province, qui deviendra essentiellement un musée d'arts.
Je cite ces choses pour la compréhension du sujet. Nous nous
trouvons donc à l'heure actuelle en face de la situation suivante en ce
qui a trait seulement à la direction générale des arts et
des lettres. Des réquisitions ont été faites à la
Commission du service civil pour avoir tout le personnel dont nous aurons
besoin pour cette création nouvelle du ministère qui était
envisagée dès les premiers mois de l'arrivée de M.
Frégault comme sous-ministre.
Je ne sais pas exactement combien de personnes nous avons
demandées. Nous en avons une quinzaine à l'heure actuelle, au
sujet desquelles demande est faite à la Commission du service civil et
qui, dès leur nomination, occuperont les locaux. Je voudrais que le chef
de l'Opposition ne perde pas de vue que je n'explique pas tellement une
politique générale que la raison pour laquelle le
ministère est jusqu'ici limité, et dans ses locaux et dans son
personnel, veut prendre de l'extension cette année et demande une
augmentation considérable des traitements. Mais, à ce point-ci,
je veux faire une correction sur le budget lui-même; lorsque la
dernière édition du budget a été envoyée
à l'impression, le ministère, à ce moment-là - je
ne sais pas comment l'erreur s'est produite - n'avait pas donné, comment
dirais-je, la dernière signature. Lorsque les imprimés sont
revenus, nous nous sommes aperçus - je vais prendre le budget de l'an
dernier - que le montant de $95,000 pour la réalisation et l'achat de
tapis était demeuré tel quel, alors que nous en faisions une
réduction et que nous portions la différence à
l'administration, ce qui augmenterait davantage le chiffre mentionné
pour l'administration.
M. Johnson: Quel poste?
M. Lapalme: Au poste 7, dans le no 1 -M. Frégault va m'aider - je
crois que nous transportons...
M. Bertrand (Missisquoi): La réalisation de films et l'achat de
copies?
M. Lapalme: Oui, par un virement là, a réalisation de
films, nous entendons porter une somme de $60,000 à administration et
garder $35,000 pour films. Sur ces $35,000, il y a déjà un film
qui est en préparation; enfin, je ne raconterai pas le
procédé pour que nous passions, à ce moment-là, par
l'Office du film, enfin l'Office provincial du film, nous avons
là-dessus un film à payer d'environ $30,000.
M. Bertrand (Missisquoi): Ayant trait à votre budget
d'administration?
M. Lapalme: Oui, ça va augmenter le budget d'administration de
$60,000.
M. Bertrand (Missisquoi): Pour le porter à...
M. Lapalme: Pour le porter de $249,000 à $309,000.
M. Johnson: Est-ce que le Procureur général en fait un
amendement?
M. Lapalme: Non, comme le chef de l'Opposition le sait, pour avoir
été ministre, nous procéderons par arrêté
ministériel, virement de fonds autorisé par la Trésorerie.
C'est quand le budget nous est arrivé imprimé
définitivement que nous avons vu cette erreur qui avait
été commise, je crois qu'il y en a une autre ailleurs. Mais le
montant demeure le même pour le total, le grand total. A l'administration
seulement, il y a à l'heure actuelle 29 employés, qui
coûtent $165,000.
M. Bertrand (Missisquoi): Et voulez-vous donner... Vous avez, je pense,
à ce service-là, l'Office de la langue française.
M. Lapalme: Ah oui! La loi créant le ministère des
Affaires culturelles, on s'en souviendra, ne contenait pas de clause entre
crochets concernant le Conseil des arts, concernant l'Office de la langue
française et le Canada français d'outre-frontières; en
sorte que les trois, si je me souviens bien -je crois que le Conseil des arts
tombe aussi sous le titre administration - le Conseil des arts, l'Office de la
langue française et le département du Canada français
d'outre-frontières, tombent sous le titre général
d'administration.
M. Bertrand (Missisquoi): Celui-là.
M. Lapalme: Oui. Je ne veux pas dire à la Chambre que c'est le
moyen idéal de présenter les choses; je crois bien que, lorsqu'un
jour nous amenderons la loi concernant la création du ministère
des Affaires culturelles, nous procéderons de façon que, plus
tard, les estimations budgétaires offrent une présentation
différente et qui donnera un meilleur tableau de la situation. Alors, en
regard des $165,000 dépensés présentement pour 29
employés de l'administration, nous demandons cette année un
montant qui s'élèvera approximativement à $307,295, alors
que le montant mentionné ici est de $309,000. Nous ne savons pas si nous
atteindrons $309,000 ou si nous atteindrons un chiffre inférieur
à $307,000. Nous avons - c'est comme dans tous les départements,
pas principalement dans celui-là - des employés qui ne sont
engagés que lorsque l'année est commencée, nous en avons
d'autres, par contre, qui ont fait baisser le montant parce qu'ils sont partis,
comme M. Moreau, chef du personnel, M. Morrisset, qui était aux oeuvres
d'art, qui est rendu à Ottawa; enfin, différents...
M. Bertrand (Missisquoi): Parmi les 29 que vous avez, voulez-vous
donner, par exemple, combien il y en a à l'Office de la langue
française? II y a là-dedans également vos
secrétaires, les secrétaires du ministre, du sous-ministre; si
vous voulez donner le détail.
M. Lapalme: Je vais le donner, soyez tranquille.
Dans l'administration, il y a M. Bélanger, qui était
autrefois au secrétariat, il y a Mlle Lise Bergeron, M. Bernier, c'est
Mme Bernier, téléphoniste (ce n'est pas marqué si c'est
féminin ou masculin, je ne connais pas tous les employés) M. L.
Boutet...
M. Bertrand (Missisquoi): Pas les noms, juste...
M. Lapalme: C'est le pourvoyeur; H. Gagnon (Mlle); L. Dallaire,
secrétaire; A. Demers, messager; F. Desrosiers, secrétaire; M.
J.-M. Grégoire, conseiller juridique; M. Maheux, secrétaire; C.
Motard...
M. Bertrand (Missisquoi): Les noms ne m'intéressent pas.
M. Lapalme: Un instant, s'il vous plaît! M. Rayer; conseillers
juridiques; Vézina, Tanguay et Caseau.
L'enseignement de la musique, Wilfrid Pelletier.
Aux informations et aux relations extérieures: M. Gosselin a
démissionné, il a été payé pour un montant
partiel, M. Palascio-Morin.
L'Office de langue française et le Conseil des arts. Il y a M.
Beaulieu, à l'Office de la langue française (Maurice Beaulieu,
c'est un spécialiste); Mlle Dion; M.
Jean-Marc Léger et Mme Blanchette.
L'Office de la langue française, a l'heure actuelle, avec le
petit personnel qu'il a, ne suffit pas à réppndre aux demandes
qui viennent de partout, soit du monde commercial ou autres demandant des
renseignements et, dans les questions spécifiques, l'office s'adresse
à des spécialistes de l'extérieur. Je ne sais pas quel nom
je pourrais citer. Par exemple, dans un cas spécial, on s'adressera
à M. Victor Barbeau et on paie pour les informations, mais ceci va sous
le titre d'honoraires ou quelque chose comme ça.
M. Bertrand (Missisquoi): Alors, il y a quatre personnes à
l'Office de langue française.
M. Lapalme: Oui, et c'est nettement insuffisant.
Au service des lettres, c'est M. Saint-Germain, autrefois de Fides, Mlle
Bérubé...
Le cabinet du ministre qui, évidemment ne reste pas là, il
fait faire une partie de son travail par le département du Procureur
général, un secrétaire exécutif, une
secrétiare, une sténo-secrétaire, un messager.
A la direction des arts et des lettres, je donne non seulement les noms,
ce que je donne, ce sont les noms de personnes qui sont là
présentement, mais en même temps je me trouve, en continuant,
à donner ce que nous voulons que ce soit durant l'année qui s'en
vient pour arriver à $307,000.
A la direction des arts et des lettres, M. Jean Octeau, qui est le
secrétaire exécutif du ministère à l'heure
actuelle, deviendrait directeur; nous avons ensuite besoin d'un conseiller
technique du théâtre; je vais donner une idée de la
classification; la réquisition que nous faisons à la Commission
du service civil indique que le conseiller technique du théâtre
serait payé $10,020, le conseiller technique des arts plastiques
$10,020, le conseiller technique en recherche $6800; il y aura un mot
spécial sur la recherche, si on me le demande; trois
sténos-secrétaires, un conseiller technique pour publication de
lettres, $6800, un conseiller technique, $7600, deux commis de classe II.
A l'Office de la langue française, un conseiller technique - nous
avons besoin d'un conseiller technique - il y a M. Maurice Beaulieu, directeur
adjoint; un autre conseiller technique, celui-ci pour la rédaction et
les revues, le premier serait pour les enquêtes; un commis principal; un
conseiller technique pour les publications; trois sténos, deux
commis-dactylos.
Au Canada français d'outre-frontières, un conseiller
technique, une sténo-secrétaire, et je crois bien que le
député de Missisquoi aura tout à l'heure l'intention de me
poser une question sur le directeur.
M. Bertrand (Missisquoi): Il y a un directeur également oui sera
là-dedans.
M. Lapalme: Le Musée de la province, des gardiens additionnels;
les autres musées, d'autres qardiens.
Et maintenant, dans les archives, est-ce que j'arrive là-dedans
aussi''
Je reste à l'administration, au titre de l'administration, parce
que je ne voudrais pas continuer à nommer tout le personnel, parce que
ça va toucher d'autres services.
M. Johnson: M. le Président, je remercie le Procureur
général de ces informations d'ordre général qu'il
vient de nous donner, je vous demande pardon, c'est le ministre des Affaires
culturelles, le titre qu'il affectionne davantage d'ailleurs. Je constate, par
un calcul rapide, que les traitements ont augmenté ou augmenteraient de
$109,000 au total, si on inclut évidemment les autres, les traitements
qui apparaissent aux autres sujets, postes 2, 3, 4, 5. Pour les autres, le
total des traitements augmenterait de $109,000; c'est évidemment un
très gros saut, et on espère qu'avec ces traitements, dont le
total approche $400,000, on pourra obtenir beaucoup plus de résultats en
1963-1964 qu'à ce jour. Évidemment, tout le monde sait que le
ministère est à s'organiser et ce n'est pas l'Opposition qui va
chercher chicane au gouvernement de n'avoir pas complètement
réalisé, exécuté le programme ambitieux qui avait
été exposé avant 1960 et qui a été ici
élaboré lors de la présentation de la loi, mais il faut
tout de même noter que, si on n'avait pas eu d'élection, on en
serait à l'avant-dernière année du mandat et qu'en 1964,
normalement, il y aurait d'autres élections avant ou vers la fin de
l'année dont on étudie les estimations budgétaires et on
constaterait que, dans un mandat de quatre ans, après en avoir
parlé beaucoup avant les élections de 1960, on n'a tout de
même pas encore réussi à mettre en train une bien grosse
machine au point de vue des affaires culturelles.
M. le Président, ce n'est pas de la critique négative,
c'est plutôt exprimer un espoir qu'avec tout cet argent-là, on va
finir par montrer des résultats qui seront dignes de la cause que l'on
veut servir et à laquelle on souscrit; l'Opposition y souscrit
évidemment avec beaucoup de plaisir.
M. Lapalme: Je voudrais répéter ce que j'ai dit au sujet
du montant total. Ça, c'est le montant que j'appellerais idéal,
le montant fixé ici, à la condition que, durant l'année
financière, les personnes dont on a besoin soient nommées. Si
nous n'avons une réponse de la Commission du service civil que dans deux
ou trois mois, alors que notre réquisition date de près d'un an,
si nous
n'avons un directeur du Canada français que dans deux ou trois
mois, c'est autant d'argent qui n'aura pas été
dépensé sur cet article. De même pour toute l'organisation
de la direction des arts et des lettres. Ça, c'est le montant
idéal. C'est le personnel idéal pour l'instant que nous
envisageons d'avoir. Quant au reste, je voudrais faire remarquer que le
ministère - on vient de parler d'élections - a réellement
commencé à fonctionner à l'arrivée de M.
Frégault en juin ou juillet 1961, pardon en 1962, l'an dernier, à
peu près à pareille date; ça faisait un an que le
ministère existait. Et depuis... M. le Président, je ne veux pas
faire porter aux autres les reproches que l'on pourrait adresser au
ministère: le soussigné, depuis près de six mois, n'a pas
été capable de donner le rendement que, normalement, il aurait pu
donner.
M. Bertrand (Missisquoi): M. le Président, le Procureur
général, non pas le Procureur général, on a
toujours ce nom-là à la bouche parce qu'on sait combien le
ministre des Affaires culturelles affectionne son poste de Procureur
général et, chaque fois qu'on se lève, on pense au
Procureur général.
M. Lapalme: J'admets l'humour avec beaucoup de plaisir.
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce que ça s'en vient?
M. Lapalme: Qu'est-ce qui s'en vient?
M. Bertrand (Missisquoi): Ce que vous avez annoncé à
Prudentia.
M. Lapalme: M. le Président, une belle nouvelle pour la Tribune
de la presse. Si le député me le permet, c'est toujours vrai,
l'histoire de ma démission. Dès l'instant où je pourrai
m'en aller dans mes locaux - le ministre des Travaux publics m'entend, je ne le
prends pas par surprise cette fois-là - du ministère des Affaires
culturelles, dès que j'aurai fait adopter les estimations
budgétaires, j'abandonnerai définitivement le poste et le titre
de Procureur général. Alors, je suis encore certain, si le
passé est garant de l'avenir, d'avoir une belle colonne dans les
journaux.
M. Bertrand (Missisquoi): Mais je pense, M. le Président, qu'il y
a connivence entre le ministre des Travaux publics et le premier ministre pour
retarder autant que possible le déménagement du Procureur
général...
M. Lapalme: Je dois dire au député de Missisquoi
qu'à un moment donné, j'ai cru que le ministre des Travaux
publics comptait sur ma mort.
M. Bertrand (Missisquoi): II est aussi cruel que ça?
M. Saint-Pierre: Cela ne paraît pas...
M. Bertrand (Missisquoi): M. le Président, je pense que le
ministre nous permettra de parler un peu de l'Office de la langue
française. D'abord, son directeur, M. Jean-Marc Léger. J'ai lu,
il me semble, dernièrement, dans le journal, la nouvelle qu'il
n'était pas impossible que M. Léger retourne au journalisme.
Est-ce que le ministre des Affaires culturelles aurait une nouvelle dans ce
sens-là?
M. Lapalme: Non, j'en ai entendu parler de la même façon
que le député de Missisquoi. Mais je ne sais pas, quelqu'un nous
dit bien: Est-ce que c'est vrai que M. Léger doit retourner au Devoir?
Nous n'avons pas reçu de communication de ce genre.
M. Bertrand (Missisquoi): Depuis près de deux ans, l'office est
établi et organisé, un an et demi, deux ans, est-ce que le
ministre a une idée plus précise du rôle que peut jouer
l'office? Dans la loi que j'ai devant moi, on dit, à l'article 13, qu'il
"doit veiller, sous la direction du ministre, à la correction et
l'enrichissement de la langue parlée et écrite". Est-ce que,
depuis son organisation, les buts que l'on recherche, que l'on veut atteindre
par l'office sont précisés? Est-ce que le ministre peut nous
donner quelques détails au sujet du rôle que l'office a
joué au sein des autres ministères pour la protection, la
correction et l'enrichissement de la langue parlée, de la langue
écrite? De même, qu'a-t-il en vue pour assurer un meilleur
rayonnement de la langue française dans le domaine du commerce, de
l'industrie dans la province de Québec?
Et j'ai ici en vue, M. le Président... On dit souvent que la
langue des Canadiens français est pauvre. On a même
déjà publié un volume sur le "joual" que nous parlerions.
Mais il est certainement un problème que les employés de nos
industries connaissent, eux qui, après quelques années seulement
à l'école, entrent dans une usine où le milieu est
anglais, où le vocabulaire utilisé est anglais. Il est certes
difficile de leur faire des reproches sévères, car eux aussi
doivent quotidiennement subir ce que j'appelle l'influence du milieu.
Est-ce que l'Office de la langue française envisage de jouer un
rôle dans ce domaine auprès des industriels de la province de
Québec? Sans doute par la persuasion, en leur demandant de faire
rayonner à l'intérieur de leur usine la langue française
et même, s'il est nécessaire, de publier un vocabulaire
français, les termes utilisés quotidiennement par ceux-là
qui travaillent dans ces manufactures.
Je n'ai pas l'intention de faire une longue déclaration à
ce sujet, mais j'aimerais connaître l'opinion du ministre dans ce domaine
du rayonnement de la langue française, d'abord et avant tout, dans la
province de Québec.
M. Lapalme: M. le Président, il y a des choses que je veux dire
et je me demande si j'en ai parlé l'an dernier. Premièrement, M.
Léger a été nommé au mois d'avril de l'an dernier.
C'est dire le peu de temps qu'il a eu à sa disposition. En second lieu,
si on examine le budget, on constate également le montant insuffisant
que nous avons pour accomplir le vaste programme qui avait été
dressé.
Ce programme, en particulier, je veux m'y arrêter un instant, et
c'est là que je demande si l'an dernier j'ai ai dit un mot. Nous avons
été invités par la commission Parent ou par un membre de
la commission Parent à comparaître devant celle-ci. Ai-je
déjà dit devant la Chambre que j'avais commencé par
refuser? Parce qu'il s'agissait d'une commission concernant l'enseignement et
que nous ne voulions pas qu'il soit dit que les Affaires culturelles voulaient
entrer dans un domaine qui appartenant à un autre ministère, du
moins dans un domaine qui n'était pas le sien. Parce que, si nous
voulions faire de la culture populaire, c'était une chose, et faire de
l'enseignement ou y pénétrer, c'était une autre chose.
A la suite d'une insistance assez particulière, je me suis rendu
devant la commission Parent, qui a siégé à ce
moment-là à huis clos, mais mes déclarations furent
cependant prises sur ruban magnétique et j'ai donné les raisons
pour lesquelles je ne croyais pas devoir envoyer un mémoire au nom du
ministère. Sans entrer dans le détail de cette conversation qui a
eu lieu entre tous les membres et celui qui vous parle, et qui a duré,
je crois, deux heures et demie, je voudrais dire qu'il a été
question - et c'était d'ailleurs non seulement un aveu, mais un tas de
choses qui me semblaient tellement claires - précisément de la
naissance de la langue à l'école. Et, pour ma part, c'est
là que je vois le mal que l'on peut faire à la langue et le bien
qu'on peut lui faire. Ça m'a semblé, au cours de la discussion,
être une opinion généralement admise.
Partant de là, sur l'invitation de la commission, j'ai
accepté qu'un mémoire soit présenté et,
après discussion avec M. Jean-Marc Léger, nous avons
demandé à celui-ci de rédiger ce mémoire suivant
les grandes lignes qui avaient fait l'objet de la discussion au sein du
ministère. Il a préparé un mémoire que nous avons
revu et à peine corrigé et qui a été
présenté devant la commission Parent, au nom du ministère
des Affaires culturelles, sur le rôle que nous entendions tenir dans ce
domaine ou que nous croyions devoir tenir si permission nous en était
donnée plus tard par une loi ou à la suite de
recommandations.
C'est une chose à laquelle je n'ai pas pensé aujourd'hui.
C'est déjà assez ancien ça, cette comparution devant la
commission Parent. C'est une chose à laquelle je n'ai pas pensé
et j'ai demandé à M. Frégault, tout à l'heure, de
prendre le texte qui a été soumis, de le faire photographier ou
imprimer par le service des impressions et de le distribuer plus tard aux
députés. Et ce texte serait la meilleure réponse que je
pourrais donner au député de Missisquoi...
M. Bertrand (Missisquoi): Mais est-ce que c'est le Procureur
général...
M. Lapalme: ...ce texte dans lequel il est question
précisément des choses dont il vient de parler, le commerce et le
reste, tout ça.
Par la suite, M. Jean-Marc Léger a formé des groupements,
a formé en particulier un groupement, je ne sais pas exactement quel nom
on lui donne ou s'il se fait assister. Est-ce que ce sont des professeurs, des
associations de linguistes, un corps consultatif Enfin, ils sont assez
nombreux. Et nous avons pris le bulletin qui était imprimé
jusque-là probablement avec une partie de l'argent donné par le
gouvernement comme subvention par l'Académie
canadienne-française. Nous avons pris à notre compte ce bulletin
qui s'appelle le bulletin de lingustique, nous avons pris ce bulletin à
nos charges, et c'est M. Léger qui s'en occupe et M. Beaulieu; d'une
circulation de 10,000, ce bulletin est passé à une circulation de
60,000. Il est envoyé dans les écoles. Il est envoyé
à tous ceux qui en ont besoin. Par exemple, l'autre soir, j'assistais au
Festival d'art dramatique des collèges métropolitains de
Montréal et une personne du théâtre qui fait de
l'enseignement m'a demandé de lui faire parvenir ce bulletin-là
parce que c'est un bulletin qui concerne tout spécialement la
terminologie.
En outre, nous n'avions pas les moyens de le faire ni par le temps, ni
à cause de l'argent. L'Office de la langue française voudrait
produire, faire imprimer une revue qui serait d'un caractère, comment
dirais-je, plus complet. Le bulletin de linguistique, qui consiste à
dire "ne dites pas ceci" ou "dites cela", ferait éditer une revue,
imprimer une revue que nous pourrions répandre; quant à
pénétrer dans le monde commercial et industriel, y
pénétrer comme, je ne sais pas, faire un travail de missionnaire,
ça me semble qu'il va s'écouler encore un certain temps avant
qu'on puisse réellement le faire. Je ne sais pas quand nous pourrions
pénétrer tous ces milieux.
M. Bertrand (Missisquoi): Le bulletin dont parle le ministre est-il
publié mensuellement?
M. Lapalme: C'est dix mois.
M. Bertrand (Missisquoi): II est envoyé à qui?
M. Lapalme: Ah, mon Dieu! J'en ai 60,000. A tous les collèges. Ce
n'est pas au primaire, c'est au secondaire.
M. Dozois: On ne pourrait pas en avoir une copie?
Une voix: Bien oui, en envoyer aux députés.
M. Lapalme: Le député de Saint-Jacques me pose une
question qui est pleine de sens.
M. Dozois: Est-ce qu'on va avoir, M. le ministre, le bulletin Le
défi maritime et puis de la météorologie? J'aimerais bien
mieux recevoir ça.
M. Lapalme: Oui, à certains moments, non seulement je voudrais,
et c'est une chose... D'ailleurs, à certains moments, le
député de Saint-Jacques sait qu'il y a des publications qui ont
été remises aux députés venant des Affaires
culturelles. Je regrette que nous n'ayons pas pu le faire dans tous les cas. Il
y a même des choses que l'on devrait remettre aux députés
et qui ne sont pas l'oeuvre des Affaires culturelles. Par exemple, nous avons
eu un certain nombre d'exemplaires de la revue Esprit qui, cette fois-ci, est
un véritable volume sur la langue française, langue vivante, et
qui à l'heure actuelle est le meilleur document sur
l'universalité de la langue française. Il y a des articles
écrits par tous les pays de la francophonie universelle. Je crois que
j'en ai envoyé une ou deux copies aux journalistes. Tout ce qui
intéresse le millieu culturel, toutes les publications que nous avons et
celles que nous pourrions nous procurer, je suis d'avis que nous devrions les
faire distribuer à tous les députés.
M. Bertrand (Missisquoi): Ça nous intéresse.
M. Lapalme: II y a eu trois numéros dans la Revue
française, je crois que les députés ont reçu le
numéro concernant la province de Québec et je crois qu'ils ont
reçu le numéro de Noël 3ur Montréal, en
français. Il y avait également le numéro anglais de la
même revue qui a été distribué au Canada et aux
États-Unis.
M. Bertrand (Missisquoi): La Revue française, sur
Montréal.
M. Lapalme: La Revue française, la revue est européenne.
Et ces bulletins-là, comme...
M. Johnson: Celle-ci?
M. Lapalme: C'est le numéro de Noël sur Montréal, je
crois. Il y a eu un numéro identique, pas tout à fait identique,
mais en anglais, pour les pays de langue anglaise. Alors...
M. Johnson: Décidément, le Procureur général
me le permettra, ça va le reposer. En partant, ce
numéro-là, je demanderais au Procureur général de
bien surveiller son agence de publicité ou celui qui a composé la
page. On a une belle annonce de Shawinigan, c'est marqué la compagnie de
Shawinigan. Mais, quand il arrive à l'Hydro-Québec, c'est
Québec Hydro Electric Commission.
M. Lapalme: Non, mais j'ai exposé au ministre comment cette
chose-là a fonctionné. Ce n'est pas un numéro que nous
avons subventionné.
M. Johnson: Non, mais l'annonce, tout de même...
M. Bertrand (Missisquoi): L'annonce est en anglais.
M. Johnson: Le titre de l'Hydro-Québec est en anglais, je
comprends que ce n'est pas le ministre qui a fait ça. La compagnie de
Shawinigan, c'est en français.
M. Lapalme: J'y reviendai, si on veut parler des trois numéros
tout à l'heure.
Alors, il y a le bulletin; on sait qu'il y a eu le bulletin de M.
Jean-Marc Léger, par exemple, qui a fait parler de lui sur certaines
expressions concernant la Loi électorale, les élections et le
reste; bon, il y a ça. Il y a une revue que nous voulons éditer
et puis il y a eu les rencontres de M. Jean-Marc Léger avec les
groupements spécialisés; il y a eu, de la part de M. Jean-Marc
Léger avec d'autres, des tentatives auprès de certains
industriels ou commerçants; enfin, je n'ai pas devant moi de rapports
détaillés de ça. En ce moment, le travail est assez
morcelé parce qu'enfin ils sont presque seuls, ils sont deux. Et je
disais tout à l'heure que les demandes - et c'est plus consolant que
tout le reste - qu'a reçues l'Office de la langue française,
venant d'à peu près tous les milieux, ont été
telles que les membres sont débordés à l'heure actuelle et
qu'il a fallu recourir à des spécialistes. Et le rêve du
département, c'est de faire de l'Office de la langue françaie
quelque chose d'infiniment plus important que ça, non pas
simplement un rôle consultatif. Et il faudrait qu'à un moment
donné - je l'ai déjà exprimé en Chambre à
l'occasion du bill de Montréal - la rédaction des lois, par
exemple, soit une chose qui, au point de vue de la rédaction
française, soit soumise à l'Office de la langue. Mais je vais
faire imprimer le mémoire du ministère des Affaires culturelles,
assez de discussion, qui est en partie l'oeuvre, avec votre approbation, de M.
Jean-Marc Léger, qui a été rédigé par M.
Jean-Marc Léger. Le mémoire a été
présenté à la commission. Alors on en prend note; on le
fera passer par le service d'impression; on le remettra aux
députés, et le député de Missisquoi verra quelle
est la pensée du ministère, en tant que la langue
française est concernée.
M. Bertrand (Missisquoi): Ce qui m'intéresse, c'est surtout le
rayonnement dans le domaine de l'industrie et du commerce, pour le moment.
M. Lapalme: Vous allez me permettre d'y ajouter quelque chose: le
premier endroit où l'on doit aller, c'est au gouvernement
lui-même.
M. Bertrand (Missisquoi): Oui, il n'y a pas de doute.
M. Lapalme: Même dans une certaine publicité, le long des
routes, des choses comme ça.
M. Bertrand (Missisquoi): Le français est toujours plus à
l'abri ici qu'il peut l'être ailleurs.
M. Lapalme: J'ai signalé quelque chose, par exemple, à
l'Office des autoroutes et on doit faire la correction. Le mot "exit", ici au
Canada français, on tient pour acquis que c'est un mot latin, on peut
l'employer autant que les Anglais. Mais non, le mot "exit" en français,
n'est pas utilisé comme voulant dire "sortie". C'est un mot latin, ce
n'est pas un mot francisé, mais en anglais "exit" signifie sortie, sur
nos routes. On a vu cela aux États-Unis; on a dit: C'est un mot latin,
alors on a mis "exit" partout. Bien, c'est "sortie". On ne trouve pas "exit" en
France, dans les pays de langue française. Je donne cet
exemple-là. Je vais donner un autre exemple...
M. Bertrand (Missisquoi): De notre esprit latin.
M. Lapalme: ... on ne voit nulle par en France le mot "détour",
on voit le mot "déviation", c'est vrai. Qu'on regarde au dictionnaire ce
que peuvent signifier réellement "détour" et "déviation".
On dit ici "route fermée", mais si elle est fermée, cela veut
dire qu'elle l'est pour toujours; c'est le sens de la loi quand une route est
fermée, en France. Quand on la ferme temporairement, on dit "route
barrée". Il faut commencer dans les propres publications
gouvernementales qui nous offrent des joyaux. Il y a ça d'abord. Cela ne
sert à rien d'aller prêcher chez les industriels ou ailleurs si
nous ne sommes pas capables d'épurer notre propre législation,
nos propres expressions.
M. Bertrand (Missisquoi): Je pense qu'il y a là un travail
énorme.
M. Lapalme: Ah! il y a un immense travail à faire. Je ne voudrais
pas faire un discours, mais je pense à l'état de la langue et
à tout ce qu'on doit faire.
M. Dozois: Le ministre me permettrait-il de parler de l'autoroute qui
utilise le mot "exit"? L'an dernier, je crois, on a ajouté dans des
slogans avant l'entrée de l'autoroute au poste de péage. On a:
"right" "prudent" et, entre autres, on a manqué "galanterie".
M. Lapalme: Comment?M. Dozois: Galanterie. M. Lapalme: Ah!
Ah! Ah!
M. Dozois: Je demanderais que l'Office de linguistique dise à
l'Office de l'autoroute qu'on utilise le terme "courtoisie"; ça serait
peut-être plus...
M. Lapalme: Je remercie le député de Saint-Jacques de
protéger comme ça, en protestant, la réputation de la
population qui s'en va dans le nord.
M. Johnson: M. le Président, c'est très
intéressant, ce domaine, mais je crois que ce n'est peut-être pas
dans ce domaine qu'on attend le plus de choses nouvelles de la part du
département. Car les bourses, les subventions, ce sont toutes des
oeuvres qui, autrefois, étaient accomplies par le gouvernement et cet
effort ordonné pour le français semble être quelque chose
de nouveau. Par exemple, on avait, même s'il y a des
précédents assez radicaux, en 1937 ou 1938, adopté une loi
selon laquelle la version française devait être la version
officielle. La loi de 1937 prévoyait que, dans les statuts, c'est la
version française qui devait primer, lorsqu'il y avait doute. Est-ce que
c'est l'intention du Procureur général de ramener cette loi que
nous avions dans le temps abolie l'année suivante, mais qu'il serait
peut-être à propos de rapporter de nouveau?Deuxièmement, dans le même ordre d'idées, je me
demande ce que pense le Procureur
général et les officiers de son département de la
suggestion de faire du Québec une province unilingue, officiellement
unilingue.
M. Lapalme: Bien, ce sont deux questions posées par le chef de
l'Opposition au ministre des Affaires culturelles et en priant le ministre des
Affaires culturelles de s'adresser au Procureur général.
Premièrement, sur la question de la loi, par la suite abolie, qui
décrétait que le texte français avait la priorité,
je dois rappeler que ceci ne sauve pas du tout la langue française, en
supposant que le texte renaisse. Je vais donner un exemple: c'est que, dans nos
lois, il y a, par exemple, l'expression suivante "les argents". Bien, ce n'est
pas du français - c'est "the moneys" -quand même on aurait un
texte français qui dirait "les argents", on n'a pas plus de
français. Il faut commencer par avoir un texte français, un texte
qui est compréhensible par quelqu'un qui, n'étant pas de chez
nous, comprend le français, sait le lire et peut le parler.
Nos textes sont remplis d'anglicismes. Je n'ai pas besoin de rappeler le
mot qu'on a retrouvé pendant des années, le mot "octroi", dans
les comptes publics, et on allait jusqu'à dire "octroi", c'est
subvention. Or, l'octroi, ce n'est pas ça; on peut octroyer quelque
chose, mais on ne donne pas un octroi. L'octroi de la ville de Paris,
c'était l'entrée où on payait un droit sur le sel; alors,
peu à peu, je ne sais pas qu'est-ce qui a fait qu'on a le mot "octroi"
et qu'on lui a donné le sens de "subvention", de "subside". Aujourd'hui,
dans la province de Québec, tout le monde emploie ça; même
un des journalistes les plus puristes a écrit, il n'y a pas très
longtemps, un article dans lequel le mot "octroi" apparaissait dans un sens
totalement faux. Qu'est-ce que ça sert d'avoir un texte que l'on croit
français et qui ne l'est pas? Ça, c'est la première chose
au point de vue des faits.
Deuxièmement, en tant que rappel d'un article ou que le retour
d'un article est concerné, il ne m'appartient pas d'aller définir
quelque chose qui pourrait définir une politique générale
du gouvernement en cette matière. Quant à la deuxième
question, c'était sur les intentions de faire du Québec un pays
unilingue; si je donne une opinion personnelle, si mon souvenir est
précis -d'ailleurs, je ne me souviens pas où ç'a
été soulevé, j'étais présent à ce
moment-là - si mon souvenir est fidèle, je ne sais pas, je ne
crois pas qu'il y ait possibilité, pour la province de Québec,
d'être unilingue en vertu de la constitution. Je ne sais pas, je n'en
suis pas certain, mais il me semble...
M. Bertrand (Missisquoi): Article 123. M. Lapalme: ... qu'il n'y a pas
possibilité, qu'il y a obligation d'un bilinguisme officiel.
M. Bertrand (Missisquoi): La même qu'au Parlement d'Ottawa.
M. Lapalme: Enfin, je ferai remarquer que la France elle-même
n'est pas capable d'empêcher, sur son territoire, qui que ce soit
d'utiliser un nom anglais, que ce soit "Chez-Maxime" ou bien aux
"Champs-Elysées" par exemple "hot dogs".
M. Johnson: M. le Président, il n'est pas question
d'empêcher qui que ce soit de parler l'autre langue. Je me demandais si
l'Office de la langue française est d'avis que rendre le Québec
unilingue par un amendement à la constitution, en supposant que ce
serait possible, c'est une des nécessités de la conservation de
la langue française et de son rayonnement comme tel. Alors, ce n'est pas
l'opinion du gouvernement, je crois que M. Léger s'est
prononcé...
M. Lapalme: En faveur.
M. Johnson: ... M. Léger a eu l'air de se prononcer en faveur en
disant que...
M. Lapalme: ... pas exactement, ça dépend à quelle
conférence ou à quel endroit, je ne sais pas...
M. Johnson: Je crois que c'est à Trois-Rivières.
M. Lapalme: Si le chef de l'Opposition me le permet, je reste assis
à mon siège. Je veux simplement dire ceci: c'est qu'un jour, il a
dit en ma présence qu'à son avis, présentement, nous
pourrions, nous devrions avoir une province unilingue et, à ce
moment-là, j'ai dit: "Je ne crois pas qu'il soit dans la juridiction de
la province de pouvoir le faire dans l'état actuel des choses."
M. Johnson: Mais, si c'était possible, est-ce que le Procureur
général trouve que ce serait souhaitable, tout simplement au
point de vue de la langue elle-même''
M. Lapalme: Oui. Je ne voudrais pas, M. le Président, donner ma
conception et ma théorie de ce qu'est le bilinguisme; on entrerait dans
des développements qui seraient un peu trop longs. Il n'y a pas de doute
qu'une langue qui est seule officielle, dans quelque pays que ce soit, a
beaucoup moins de risque d'être heurtée par une autre qui
l'influencerait.
M. Johnson: M. le Président, en attendant, on pourrait prendre
certaines
mesures, il me semble, qui ne coûtent pas cher et qui seraient
très efficaces. D'abord, il s'agit de la rédaction des lois. On
sait que plusieurs projets de lois arrivent, surtout les bills privés,
rédigés en anglais et on a le drpit de faire ça. Ces
projets sont traduits. Je dois dire tout de suite que j'ai noté une
amélioration considérable dans la qualité de la traduction
de l'anglais au français dans les projets de loi, dans les bills
privés.
Il y a du progrès. Je ne sais pas si c'est M. Chenevert qui est
responsable ou qui, mais, de toute façon, je trouve qu'il y a du
progrès si l'on juge les travaux actuels par rapport à ceux qu'il
m'a été donné de lire de très près
autrefois. Mais, est-ce qu'on ne pourrait pas commencer tout de suite à
apporter un soin particulier au service de la traduction des projets de loi? Ce
n'est pas grand-chose, mais c'est énorme, parce que, petit à
petit, avec tout simplement un personnel plus nombreux et en recherchant les
services des meilleurs spécialistes, on pourrait, à cet
endroit-là, rendre un immense service à la langue en couchant, en
termes français - non seulement en mots français, mais en mots
alignés selon le génie de la langue française - les textes
de loi. Ses bills privés et, en même temps aussi, les bills
publics qui sont malheureusement très souvent inspirés de la
législation fédérale ou de la législation des
autres provinces: par manque de temps ou manque de goût, ceux qui les
rédigent, ces bills publics, ne nous les présentent pas sous une
forme qui respecte réellement le génie de la langue
française.
Est-ce que le département a juridiction, au moins est-ce qu'il a
l'intention de suggérer qu'on renforce le service de la traduction des
bills privés et des bills publics?
M. Lapalme: Ah, si mon désir devenait réalité,
ça irait plus loin que ça. Il y aurait un secteur de l'Office de
la langue française qui serait principalement chargé de la
rédaction des lois. J'entends par ceci, non pas chargé de
rédiger un texte lorsqu'on viendrait trouver le directeur pour lui
demander: Faites donc un texte sur tel ou tel sujet, mais il s'occuperait de la
rédaction des lois lorsque les textes que l'on se propose de
présenter devant la Chambre seraient prêts: à ce
moment-là, l'Office de la langue française pourrait les expurger.
Moi, ça serait mon désir.
M. Bertrand (Missisquoi): Le Procureur général a
parlé tantôt de la langue dans les différents organismes de
l'administration provinciale. A l'article 14, on disait que le
lieutenant-gouverneur en conseil pouvait, "par règlement, prescrire
à tous les organismes de l'administration provinciale les mesures
à prendre pour coopérer au travail de l'Office de la langue
française et lui faire porter fruit".
Est-ce qu'il y a eu une réglementation de préparée,
d'adoptée et, si oui, est-ce qu'on pourrait nous en remettre une
copie?
M. Lapalme: A mon souvenir, non. J'ai manqué pas mal de
séances du conseil, mais ça me surprendrait beaucoup qu'on ait
adopté un arrêté de ce genre sans m'en parler. A mon
souvenir, non. Il y a eu, par contre, mes interventions personnelles dans
certains cas. Je ne mentionnerai pas un ministère en particulier, mais
il y en a un qui, à un moment donné a réuni ses gens
à lui et il en a fait venir d'autres pour discuter de terminologie;
effectivement, il y a eu des changements dans la terminologie. Mais là
où ça devient compliqué - c'est là que, pour ma
part, j'ai eu assez de difficulté - c'est quand, à un moment
donné, j'ai voulu faire intervenir la cause du français dans un
texte de droit municipal, je crois, ou de lois concernant les compagnies
plutôt, au sujet du mot "corporation", qui est une institution purement
anglaise, qui est un mot purement anglais, le mot "corporation" dans le sens
où on l'entend, à ce moment-là, on m'a fait faire machine
arrière parce qu'on me montrait toute la longue lignée des
statuts qui faisaient que, si nous avions changé le texte cette
année ou l'an passé, par exemple, nous aurions fait
disparaître toute une vieille jurisprudence; nous aurions
été obligés d'en créer une autre qui,
peut-être, serait entrée en conflit avec l'ancienne; on a
monté un tel mur d'objections devant moi que j'ai abandonné la
cause du mot "corporation", qui avait déjà d'ailleurs
été étudié par les journalistes lorsqu'ils avaient
ce qu'ils appelaient la table ronde. Je me rappelle avoir assisté
à une réunion des journalistes à ce sujet-là.
Dans un autre cas, il s'agissait d'une rédaction de loi du
gouvernement et j'ai vu passer un mot que je n'aimais pas, qui était un
anglicisme. J'ai fait déposer un Littré sur la table du conseil
et on en arrivait encore à la même objection, à savoir que
si, dans une série de lois qui ne sont pas la prolongation les unes des
autres, on arrivait avec des mots nouveaux, on se heurterait à des
difficultés sans nom. Est-ce que c'est vrai, oui ou non? Moi, je
prétends toujours que si, dans un texte, on disait: "dans toutes les
lois, le mot "X" voudrait dire le mot "Y", il me semble que le cas serait
réglé. Mais ça ferait tout un volume.
M. Bertrand (Missisquoi): Le ministre ne sait pas s'il y a eu une
réglementation d'adoptée?
M. Lapalme: Non, à mon souvenir, il n'y a pas eu de
réglementation.
M. Bertrand (Missisquoi): Le mot, par
exemple, "État du Québec" qui est utilisé...
M. Lapalme: Bien, ce n'est pas une question d'angiicisme.
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce qu'il y a eu une directive de
donnée dans les différents services de l'administration pour
l'utilisation du mot "État" plutôt que "province"?
M. Lapalme: Ce serait le premier ministre qui pourrait répondre.
Je sais qu'on répond au téléphone: "Gouvernement du
Québec", je crois que c'est ça; autrefois, on répondait
quoi? "Province de Québec", ou quelque chose comme ça.
M. Johnson: M. le Président, j'ai été obligé
de m'absenter trois minutes. Je m'excuse si la réponse a
déjà été donnée, mais est-ce que l'Office de
la langue française a, en plus du mémoire soumis à la
commission Parent, fait un plan complet de, disons, revalorisation de la langue
française, ou si c'est encore à l'état
d'élaboration, un plan qui comprendrait une guerre sur tous les fronts?
Je me souviens d'une expression qui était employée par le
ministre de la Jeunesse et qui faisait image; le ministre de la Jeunesse avait
déclaré, à Rimouski, qu'il fallait déclarer une
alerte quant à la langue française et qu'il fallait agir vite
dans tous les domaines.
L'une des raisons pour lesquelles nous avons, comme Opposition,
approuvé le projet de loi, c'est précisément que, nous
aussi, nous sentons qu'il est nécessaire de bonifier le français.
Le français ne survivra en Amérique que par sa qualité et
il a besoin d'une qualité exceptionnelle pour survivre. Je n'entrerai
pas dans les détails et je ne rappellerai pas ce que tout le monde
connaît, sauf qu'il est des vérités qu'il faut monter en
épingle. On entend souvent des gens, pour s'excuser de ne pas soigner la
langue française, de ne pas soigner leur langue, se servir de l'excuse,
du prétexte qu'en France, on emploie beaucoup d'expressions anglaises.
Je pense bien que c'est vrai. Il est quelquefois décourageant de lire
des journaux français, surtout dans le domaine des sports, ou il semble
que les termes anglais, les termes américains sont en train de faire un
envahissement qui, chez nous, serait un envahissement mortel.
Mais je pense qu'il faut rappeler constamment à la population que
les Français, étant riches, ont les moyens de gaspiller un peu
leur langue, tandis que nous, étant beaucoup moins riches, étant
constamment en butte aux difficultés que l'on connaît à
cause de notre milieu, à cause des media d'information, à cause
de l'influence pénétrante de l'américanisme par la
télévision et par les revues, par la radio et par les troupes
à succès, nous n'avons pas les moyens de gaspiller quoi que ce
soit. Alors que les Français peuvent se payer le luxe d'absorber ou de
tenter d'absorber des expressions anglaises pour les franciser, nous, nous
devrions constamment porter nos efforts pour les chasser de notre vocabulaire.
Deuxièmement, n'y aurait-il pas un moyen pour rendre à la mode le
bon parler français? Chacun de nous se souvient qu'au collège,
ceux qui s'efforçaient de parler un peu mieux leur langue étaient
le plus souvent exposés aux railleries de leurs confrères. M. le
Président, loin de moi la pensée...
M. Lapalme: Ils parlaient "en termes"...
M. Johnson: Ah oui, ils parlaient "en termes"!
M. Bertrand (Missisquoi): Ils parlaient comme des petites filles.
M. Johnson: M. le Président, loin de moi la pensée de me
donner comme exemple du parfait bilingue, je ne tiens d'ailleurs pas à
ce titre; loin de moi la pensée de prétendre que ma langue est
parfaite, qu'elle est entièrement dénuée d'anglicismes, et
loin de moi aussi la prétention d'avoir une élocution qui puisse
servir de modèle. Cependant, je puis dire à cette Chambre que je
fais tout mon possible et que mon possible serait tellement plus grand s'il
avait été mieux cultivé quand j'étais plus jeune.
Quand nous essayons d'inculquer à nos enfants ce goût de la belle
langue, du beau parler, d'une élocution un peu plus ferme, eh bien, nos
efforts sont constamment battus en brèche, complètement
annulés par le milieu scolaire, dans bien des cas.
A ma grande déception, alors que mes deux fils sont allés
à Stanislas, au début, les professeurs de Stanislas avaient l'air
d'encourager le parler canadien, pour ne pas dire le parler "joual", qu'ils
avaient l'air de trouver drôle. Ce milieu était plutôt un
milieu déformateur, relativement déformateur, à ma grande
déception. Cela a été pour moi une déception par
rapport à ce que j'attendais d'une instutition pareille; cela a
peut-être été localisé dans le temps tout
simplement, mais je vous avoue que cela a été une
déception pour moi à ce moment-là.
M. le Président, n'y aurait-il pas moyen que l'Office de la
langue française pousse fort, comme on l'a fait à la commission
Parent, mais pousse fort sur le ministère de la Jeunesse et, tant qu'il
survivra, le Département de l'instruction publique, le comité
catholique et le comité protestant, pour que l'on prenne les moyens
nécessaires, dans nos commissions scolaires, pour rendre à la
mode le beau parler, pour qu'on renverse complètement la situation, que
l'ambition générale soit de bien parler?
M. le Président, il y a des moyens d'arriver a ça, des
moyens pratiques, oui ne coûtent pas cher. Je verrais très bien
que l'Office de la langue française, en collaboration avec le
Département de l'instruction publique, s'il survit et aussi longtemps
qu'il survivra, encourage l'institution de concours à l'échelle
provinciale qui débuteraient évidemment sur le plan local, qui se
poursuivraient sur le plan régional et qui se termineraient sur le plan
provincial, afin que l'on proclame chaque année, dans chaque
région, des gagnants de ces concours de beau parler et de bon parler
français. Vous savez comme il est facile d'y intéresser les
enfants quand on le fait en vertu d'un plan qui est basé sur la
psychologie de l'enfant. Par exemple, je verrais que, dans tous les postes de
radio de nos petites municipalités, de nos petites villes, il y ait des
concours organisés, ordonnés en fonction d'un concours
régional, qu'on se serve de la télévision et qu'on en
arrive à la proclamation, dans une grande soirée
présidée par le ministre des Affaires culturelles, des gagnants
régionaux ou provinciaux, disons, des élèves de
troisième jusqu'à la septième année.
Je crois que tous les efforts qu'on peut faire et qu'on doit faire pour
améliorer le français chez les adultes et l'usage qu'en font les
adultes dans tous les domaines, y compris le domaine de l'industrie et du
commerce, ne rapporteront jamais des fruits aussi précieux que ce qu'on
fera auprès de la jeunesse, de la belle et tendre enfance. Il faudrait
repartir avec la génération qui pousse et, d'ici à quinze
ans, nous aurions dans la province de Québec un français qui
serait plus pur, qui serait évidemment mieux compris de ceux qui
prétendent ne comprendre que le "Parisian French".
M. le Président, loin de moi d'approuver tous ces gens qui
veulent expliquer en partie leur ignorance en disant: Moi, je ne comprends que
le "Parisian French". C'est comme si je disais: Moi, je ne comprends pas le
"Brooklyn English" ou le "limey English", le "slang" américain. Je
reconnais un chose, cependant, c'est que notre élocution, notre molle
élocution, notre manque d'énergie dans l'articulation, qui n'est
pas particulier, évidemment, aux Canadiens français, puisque les
Anglais d'Angleterre trouvent que les Anglo-Canadiens l'ont et les
Américains aussi, que ce manque d'articulation est peut-être l'une
des causes les plus sérieuses de ce manque apparent de qualité de
la langue française.
Je me souviens toujours d'un congrès du Barreau canadien à
Toronto. Nous avions, cette année-là, comme
délégué du Barreau de Paris, une dame avocate qui, dans
une allocution très courte, mais bien prononcée, m'avait ouvert
les yeux sur le problème. Mes voisins, sympathiques avocats des autres
provinces, m'ont dit: "C'est drôle, elle, on la comprend." Pourtant, elle
n'avait utilisé aucun mot qui sort de l'ordinaire; elle avait en somme
employé le même vocabulaire que celui que j'emploie, mais il y
avait cette grande différence qu'elle avait une élocution nette,
une élocution ferme. Alors, mes amis canadiens-français, qui se
piquent d'être bilinques, avaient beaucoup mieux compris cette dame
qu'ils ne comprenaient mon français auquel je n'apportais pas, dans le
temps, autant d'application qu'aujourd'hui.
M. le Président, je demande donc au ministre des Affaires
culturelles si, oui ou non, l'Office de la langue française a fait un
tel plan, un plan compréhensif en vue d'une amélioration de la
langue. Si ce plan n'est pas fait, est-ce qu'on a l'intention de le faire et de
se mettre à l'oeuvre, tout le monde, le plus tôt possible, dans le
meilleur intérêt d'un meilleur français?
M. Lapalme: M. le Président, je reviens à ce que je disais
au début, lorsque je déplorais le fait que je n'avais pas devant
moi le mémoire présenté à la commission, qui aorte
ma signature, mais dont la rédaction fut confiée à M.
Jean-Marc Léger, après discussion, correction entre lui, M.
Frégault et moi. J'ai dit que je le ferais imprimer et que je le ferais
polycopier pour le faire distribuer. Je l'ai envoyé chercher au
ministère sur la Grande-Allée; je vais donner seulement les
grandes lignes. Je dois même dire qu'il y avait deux plans: il y avait le
plan des idées et l'autre était un plan d'administration de
différents secteurs. Vous vous rappelez le tableau qui avait
été fait et qui devait comprendre les divers services de l'Office
de la langue. Cela ne sert à rien de parler de plans, car on n'a pas
encore les moyens de les mettre à exécution. Mais, sur le plan
des idées, le mémoire préconisait d'abord une entreprise
de longue haleine, dans laquelle il y aurait trois phases.
D'abord, une vaste enquête linguistique sur l'état de la
langue, parce que ce n'est pas tellement une question de purisme, car il y a
des mots qui doivent rester; il y a des mots qui sont utilisés et que
l'on met de côté, sous prétexte que, je ne sais pas, ce
seraient des canadianismes; il y a des mots par contre que l'on emploie et qui
sont des anglicismes. Donc, une vaste enquête linguistique sur
l'état de la langue. Cela dépend également des milieux;
tous les milieux ne sont pas affectés autant les uns que les autres. Je
passe sur les considérations émises en tant qu'une enquête
est concernée. Il préconisait également une campagne de
propagande; ce sont des choses dont on a besoin ici, dont la France n'a pas
besoin. Ceux qui vivent dans les secteurs étrangers minoritaires, au
Nouveau-Brunswick, en Ontario, etc., en ont encore plus besoin.
Une voix: C'est obligatoire.
M. Lapalme: Le chef de l'Opposition vient de parler de la langue, de ses
déficiences, en disant comment, à certains moments, cette langue,
qui peut être bien parlée par un enfant, finit par devenir ce que
l'on sait. Eh bien, c'est précisément à cause de cette
situation que le ministère des Affaires culturelles hésitait
à s'en aller devant une commission qui était chargée de
l'éducation et de l'enseignement. Nous y sommes allés quand
même.
Je passe des détails dans ce mémoire pour en arriver
à ceci. Par exemple, il faut ajouter ici que la pleine réussite
de la campagne nécessitera un contact constant entre l'office et les
organismes français correspondants: Office du vocabulaire
français, dont la revue est "Vie et Langage" - cela a paru -
comité des termes techniques français, comité consultatif
du langage scientifique. Tout est à faire dans ce domaine, il ne faut
pas oublier ça. Dans le domaine de l'automobile, même ceux d'entre
nous qui prétendent posséder une certaine connaissance de la
langue française seraient dans l'impossibilité de dire certains
mots français que nous disons quotidiennement en anglais. Alors,
à plus forte raison, l'employé de la Vickers, de la Davie
Shipbuilding ou d'un garage le long de la route. Le travail est énorme
de ce côté-là.
Parlant de cette grande campagne, par exemple, le mémoire parle
des loisirs, de l'alimentation, des vêtements, des méthodes de
travail, des techniques, etc., où tout est infecté d'anglicismes.
Jusqu'aux manuels, les ouvrages fondamentaux utilisés dans les
universités qui sont marqués: "USA". J'en ai l'expérience;
mon fils a étudié le génie chimique dans des volumes de
langue anglaise, comme on dit à Paris, en langue
américaine...
M. Johnson: Ah oui!
M. Lapalme: L'action éducative est peut-être celle qui
serait la plus intéressante à discuter quant à la langue
parlée, dit le mémoire: "C'est à tous Ies niveaux et
même à l'université; hélas; qu'il faudrait en
contrôler la qualité et il faudrait..." Je rejoins là le
chef de l'Opposition quand il parlait du ministre de la Jeunesse, criant
l'état d'urgence de la langue; c'est ça l'expression,
"l'état d'urgence de la langue". Je rejoins là, dis-je, le chef
de l'Opposition quand il mentionnait cette chose-là en citant le rapport
qui dit qu'il faudrait en quelque sorte mobiliser les éducateurs avec le
concours des grandes associations qui les représentent, les syndicats,
les corporations, comme avec le concours de la Fédération des
collèges classiques, la Fédération des commissions
scolaires. C'est ça que Jean-
Marc Léger a essayé (pour parler français) "single
handed" de faire depuis quelques mois. Je ne saurais trop appuyer
précisément sur ce qui vient d'être dit, à savoir
qu'on a des enfants qu'on va essayer d'éduquer dans nos familles avant
de les envoyer à l'école, auxquels on va essayer de donner une
bonne connaissance de base du français et qui, après six mois
d'école, parlent le plus pur "jouai" qui puisse se trouver dans la
province de Québec. C'est ça qui est décourageant et qui
est insultant. Je ne peux pas comprendre que les éducateurs ne
réagissent pas d'une façon draconienne.
L'autre jour, M. le Président... Oh! avant, je m'interromps, je
demanderais à la sténographe d'effacer ce que je viens de dire.
Le chef de l'Opposition dit: Je n'ai pas la prétention de parler un
français pur, moi non plus. Quand un écrivain français
comme Colette disait: "Comme il est difficile d'écrire le
français", elle ne savait pas la difficulté qu'il y a pour des
Canadiens français et pour des gens du Nouveau-Brunswick de parler
français. Nous nous heurtons constamment aux anglicismes; les
canadianismes, il y en a de très beaux. L'un de ceux qui font de belles
luttes en France pour le français international, dans "Vie et Langage",
également à la radio, disait: "Au Canada français - il
connaissait tous les canadianismes - vous avez de très beaux
canadianismes", mais là, j'ai dit: "Oui, ça c'est le beau
côté, mais parlons de l'autre." Nous parlons en public, comme le
chef de l'Opposition vient de le faire et comme je viens de le faire, et,
à certains moments, on s'aperçoit tout à coup qu'on se
fourvoie et que - c'est inconscient - on fait des anglicismes. Alors, pas
question d'aller se vanter que l'on parle mieux français que les autres.
Il faut commencer par avoir la volonté de le parler bien. Ce que je ne
comprends pas, malgré la création du ministère,
malgré la création de l'Office de la langue française,
malgré les bulletins de l'Académie canadienne-française
distribués un peu partout, malgré les mouvements que l'on peut
appeler "La semaine du français", c'est qu'on ne sente pas
particulièrement dans les milieux de l'éducation primaire un
commencement de redressement. La langue ne s'améliore pas.
Mais il n'y a pas que les professeurs, les instituteurs, qui sont
à blâmer, car eux-mêmes ont été formés
par d'autres instituteurs. Si on demandait à un instituteur du primaire
de nommer, en bon français, les parties apparentes d'un "frigidaire"
quand on ouvre la porte, il commettrait 10 erreurs sur 10. C'est
embêtant, ce n'est pas sa faute, il a été
éduqué comme cela, mais seulement il doit, à son tour,
s'apercevoir qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Si on passe dans d'autres
domaines, c'est la même chose, pas seulement dans le domaine de
l'enseignement. Où peut-on sentir un redressement? Mais qui donc
va vouloir réellement procéder à une mobilisation du
professorat jusqu'à l'université? II y a des professeurs
d'université qui ne sont même pas capables de s'exprimer en un
français passable. J'étais en France, à un moment
donné, il y avait un congrès, un universitaire
canadien-français a parlé et les Canadiens français qui y
assistaient ont dit: "Noua avions honte".
Samedi, je suis allé au Nouveau-Brunswick, à Bathurst. Ce
sont des choses émouvantes, on se sent pris par le sentiment dans ce
temps-là, on a beau faire attention... C'était toute l'Acadie qui
était là. Ce n'était pas seulement !e Nouveau-Brunswick,
c'était la Société nationale des oeuvres acadiennes.
C'était le Nouveau-Brunswick, l'Île-du-Prince-Édouard, la
Nouvelle-Ecosse, toute l'Acadie. Il s'agit d'oeuvres qui, comme on peut le voir
par le titre, sont réellement nationales, pas seulement pour les
Acadiens, mais pour nous. Quand je rencontre les minorités - il n'y a
pas seulement moi qui les rencontre, M. Frégault fait plus que sa part -
je ne prends jamais avec elles l'attitude de grand frère. Le Canada
français, c'est eux comme nous, pas plus. Ce n'est pas le Québec,
!e Canada français, ce sont toutes les minorités, les 600,000 de
l'Ontario et les plus de 40% d'Acadiens dans le Nouveau-Brunswick.
Évidemment, en y allant, on ne peut pas s'empêcher de penser au
grand dérangement, aux sacrifices énormes de ces gens qui voient
leurs rangs, chaque année, augmenter par le croît naturel de la
population, mais diminuer par l'anglicisation; en même temps, on ne peut
s'empêcher, quand on les rencontre, de parler des vieilles gloires
passées, mais, à un moment donné, on parle du
présent.
Même devant une minorité comme celle-là, qui est aux
prises avec des difficultés que nous ne connaissons pas parce qu'enfin
ils ne sont pas les maîtres de leur province, je n'ai pas pu
m'empêcher de faire un appel en faveur de la langue en disant: "Tout ce
que vous faites là, si vous laissez dégrader la langue, ça
ne servira absolument à rien". Et remarquez que les Acadiens, quand ils
ne sont pas anglicisés, parlent infiniment mieux que nous. Ils ont un
accent particulier, ils savent comment prononcer les consonnes dentales et
surtout les voyelles. Quand on les entend parler, on sa demande s'ils ne
viennent pas d'une province de France.
Je me répète, toujours dans l'espérance qu'un jour,
les Canadiens français de la province de Québec finiriont par
avoir autant de courage et de ténacité que les Israéliens
et les Turcs. Et c'est l'exempie que j'ai donné samedi après-midi
à Bathurst. L'an dernier, j'avais donné ici l'exemple
d'Israël que je n'ai pas l'intention de répéter. Mais
l'exemple turc, et ce sont des exemples de notre temps, Mustapha Kemal Pacha
devient dictateur de la Turquie. A ce moment-là, il croit qu'il faut
qu'il y ait, d'après lui, quelque chose qui fasse l'unité turque.
Avec quoi? Il n'y a qu'une chose, rien qu'un ciment, la langue.
La langue est infestée de mots persans, je crois, on voit
ça dans l'ouvrage: "Le loup et le léopard" par Benoît
Messhin. C'est très intéressant. C'est très facile
à comprendre. C'est infesté de mots persans, infiniment plus que
la langue française du Canada est infestée de mots anglais. Et en
plus l'écriture n'est pas l'écriture romaine. Ce ne sont pas des
caractères romains, ce sont des caractères persans.
Il décide de former une commission d'experts chargée
d'extirper les mots persans et de ressuciter les mots turcs oubliés qui
pourraient les remplacer. Il fait former une langue nouvelle. Il fait
disparaître la vieille écriture, des signes que nous ne
comprendrions pas, nous, impose l'alphabet tel que nous l'avons et ordonne que,
dans deux ans, tous les fonctionnaires qui ne seront pas capables d'employer la
nouvelle écriture et qui ne seront pas capables de parler et
d'écrire la nouvelle langue turque seront mis dehors. Et au bout de deux
ans, la résurrection de la langue turque telle qu'elle était dans
toute sa pureté était une chose accomplie.
Ah! nous n'en sommes pas là! Nous ne sommes pas obligés
d'abandonner des caractèrs grecs pour des caractères romains.
L'écriture, elle est là. Nous avons une langue qui est encore une
langue française, mais émaillée de tout ce que l'on sait
et puis on ne serait pas capable d'avoir autant de courage que ces
gens-là qui ont accompli ça pendant que notre
génération à nous vivait. L'exemple d'Israël, je vous
le répète, parce qu'il est encore plus près; l'ambassadeur
est venu ici la semaine dernière faire une exposition d'oeuvres d'art et
de littérature du gouvernement de l'État d'Israël qui n'a
que quinze ans.
Quelle est la langue nationale d'Israël? État né il y
a quinze ans, à minuit un certain soir, alors que quatre armées
arabes se dirigeaient sur Tel-Aviv, qui est né et qui a vécu
quand même. Il y a quinze ans, il n'y avait rien. Aujourd'hui, il y a un
État, deux millions et demi de population. On a dit: Ce sera
l'hébreu, langue morte, comme on disait aujourd'hui aux Canadiens
français: Vous connaissez une langue qui est le latin, vos prêtres
utilisent ça à l'église, eh bien, ça va devenir
votre langue nationale. Ça n'est pas le yiddish, c'est l'hébreu.
Et toute personne qui arrive en Israël, à l'heure actuelle, qui
veut être fonctionnaire par exemple ou exercer un emploi public doit
apprendre l'hébreu. Et cela s'est accompli en quinze ans. On est parti
de zéro. Et puis nous, on a
tout. On a tout dans les mains puis, malgré que beaucoup de
personnalités de tous les rancis, de tous les grades parlent depuis des
années de cette question de la langue, nous assistons encore, à
la radio et à la télévision, à des spectacles
absolument dégradants pour la langue. Sous prétexte de faire du
folklore, on est en train d'abâtardir et d'avilir...
M. le Président, j'en parle avec d'autant plus de passion
qu'à ce moment-ci, je rejoins dans la même passion le chef de
l'Opposition, parce que, tout à l'heure, il dénonçait un
état de choses précis. Dans des cas, sur des termes aussi
essentiels que ceux-là, il ne peut y avoir ici que l'unanimité.
Mais est-ce que nous ne serons jamais assez éloquents pour l'avoir,
cette unanimité, dans toute la province de Québec et que tous
ceux qui ont des responsabilités les prennent?
On a beau faire des discours ici; on a beau prendre des millions de
dollars et les jeter dans le public, les discuter entre nous, de la
façon qu'on pourrait le mieux les utiliser, tout ça, c'est bien
beau. Mais après, qu'est-ce qu'il reste de la gloriole d'un discours,
d'une discussion dont quelques lignes paraîtront dans les journaux?
Évidemment, je vais terminer par un acte d'humilité, M. le
Président; nous ne donnons pas toujours ici le spectacle de qens qui ont
une grande vénération pour la langue française.
M. Johnson: M. le Président...
M. Lapalme: Est-ce que le chef de l'Opposition me prierait de lui faire
remarquer que nous avons à la table, à la présidence, un
défenseur de notre langue, de notre race et...
M. Johnson: ... je l'ai vu jouir lorsque vous avez parlé de
l'État d'Israël.
M. Bertrand (Missisquoi): Avec raison.
M. Johnson: M. le Président, je trouve que le Procureur
général finit sur un ton un peu pessimiste. Cette discussion que
nous avons publiquement et dont, comme il dit, quelques lignes seulement
paraîtront dans les journaux, tend d'abord à établir, je
l'espère, que c'est une question au sujet de laquelle il n'est pas
question de faire de politique, de quelque politique que ce soit.
Deuxièmement, je crois que c'est, pour le gouvernement, un
stimulant de savoir que l'Opposition veut absolument que le gouvernement prenne
les moyens nécessaires, les moyens législatifs, les moyens
réglementaires pour que cette opération d'urgence en faveur du
français soit entreprise le plus tôt possible.
Maintenant, là où le gouvernement peut démontrer
son habileté à administrer, ce n'est pas nécessairement
par la somme de millions de dollars comme par des lois ou des règlements
qui sont réellement basés sur la réalité; qui
tiennent compte de la psychologie de nos qens et oui apporteront des
résultats beaucoup plus grands que des mesures coercitives. Par exemple,
le ministre nous a parlé avec beaucoup d'éloquence du cas de la
Turquie et du cas d'Israël.
En songeant au cas d'Israël, M. le Président, moi aussi j'ai
beaucoup d'admiration pour ce qui a été fait là; mais
l'expérience d'Israël n'a pas connu les siècles, n'a pas
connu encore l'épreuve du temps et, pour ma part, je ne suis pas certain
que, dans cinquante ans, dans l'État d'Israël, l'hébreu sera
encore la langue. C'est une question d'opinion. Je ne suis pas seul à
avoir cette opinion.
Mais voici pourquoi j'affirme une telle chose. C'est pour faire
ressortir en même temps que nous avons besoin, pour que le
français survive d'ici à vingt-cinq ans, dans la province de
Québec, nous avons besoin d'un plus grand miracle que celui qui a fait
vivre et survivre le français depuis la conquête.
A cause de cette période que nous vivons, et ça ne va que
s'intensifier, la langue est cent fois plus en danger aujourd'hui qu'elle ne
l'était alors qu'il n'y avait pas de communications. C'est
l'intensité et l'efficacité des moyens de communication qui,
à mon sens, peut et constitue le plus grand danger pour la langue. Et
qu'il soit dit ici à l'honneur de Radio-Canada que le service
français de Radio-Canada a été l'un des facteurs qui a le
plus contribué à la bonification ou à
l'amélioration de la langue française dans la province et
à son expansion en dehors de la province de Québec. Quelles que
soient mes critiques contre cet organisme d'État, il faut
reconnaître que, grâce tout spécialement au travail du Dr
Adrien Pouliot, Radio-Canada s'est chargée à travers tout le
Canada de cette mission pour laquelle nous devons lui être
reconnaissants. Mais nous ne pouvons pas empêcher les dix ou onze postes
américains et canadiens de langue anglaise d'influencer notre
population, M. le Président, je trouve que la langue est plus en danger
aujourd'hui qu'eue ne l'était en 1877, disons. Le Procureur
général et le ministre des Affaires culturelles, je ne sais Das
si c'est au même point que celui qui vous parle, doit reconnaître
Sa difficulté de pratiquer le bilinguisme.
C'est formidable comme la pratique du bilinguisme, ta pratique
imposée par notre métier d'avocat et imposée par notre
métier de politicien, d'homme politique, constitue pour nous un grand
effort, un effort tel qu'on se sent soulagé lorsqu'on a à parler
français dans certains milieux. J'avais un
petit peu peur de faire part de mes réactions lorsqu'on me les a
demandées après quelques jours à Paris, mais elles
étaient très simples. Mon Dieu que c'est donc reposant de voir
tant de monde et de n'avoir à parler qu'une langue! Et c'est là
que je me suis mis à analyser mon travail quotidien alors que je dois
lire trois ou quatre journaux de langue anglaise chaque jour, lire des journaux
de langue française, évidemment, ensuite consulter les
débats d'Ottawa, la législation des autres provinces, avec le
résultat que la moitié de mon temps ou un tiers ou 40% de mon
temps est consacré à lire des textes en langue anglaise, de
façon qu'à un moment donné, ça devient frustrant
pour le système d'avoir constamment à chevaucher sur deux
langues. Ce n'est pas moi qui invente ça, vous savez, M. le
Président, la difficulté du bilinguisme. J'imagine ce que
ça doit être la difficulté du trilinguisme; M. le
Président, il faudrait un bon jour que vous nous fassiez des
confidences, comment on peut pratiquer les trois langues
parallèlement.
M. Bertrand (Missisquoi): II fait de son mieux.
M. Johnson: II fait de son mieux. Alors, M. le Président, tout
ça pour vous dire qu'à mon sens, la langue française est
plus en danger en 1963 qu'elle ne l'était au temps de la
Confédération, à cause des rapports fréquents et
intenses avec le reste du continent et le reste de l'univers. C'est une
situation qui n'est pas particulière à Québec, c'est un
problème pour Israël comme c'est un problème pour tous les
petits pays. Je ne suis pas de ceux qui s'imaginent qu'il faille tout de suite
se lancer dans l'unilinguisme ou la langue unique, ou la langue commune pour
tous les peuples. Je ne suis pas de ceux qui trouvent qu'on doive apprendre le
chinois cette année, mais, si on partage l'opinion de Wendell Wilkie
dans "One World", il serait temps de commencer à apprendre le russe ou
le chinois ou les deux pour être réellement bilingue dans ce "One
World" de Wendell Wilkie.
Mais, pour aujourd'hui, en 1963, revenant aux crédits du
ministère, M. le Président, le ministère des Affaires
culturelles, et ici j'ai la conviction de parler au nom de tous les membres de
l'Opposition, peut être convaincu que tous les efforts qu'il fera pour
mobiliser toutes les bonnes volontés en faveur d'un meilleur
français, l'Opposition, dis-je, les secondera avec plaisir et nous ne
serons jamais plus heureux que d'entendre raconter dans cette Chambre les
succès que le ministère, particulièrement l'Office de la
langue française, aura pu remporter, mais tout en respectant les autres
juridictions et en faisant appel à la collaboration sur le plan
volontaire plutôt que par des diktats qui seraient mal accueillis et qui,
évidemment, fermeraient la porte à la collaboration, au lieu de
l'intensifier.
M. le Présdient, l'Office de la langue française, c'est
peut-être, dans l'article actuel, le plus important des services de ce
ministère. Nous serons heureux d'apprendre que ce service est
renforcé et équipé de manière à donner
satisfaction. Et j'espère que la Commission du service civil va se
réveiller et faire suite aux demandes du ministre.
M. Hamel (Saint-Maurice): M. le Président, je voudrais profiter
de l'occasion pour... j'ai écouté avec beaucoup d'attention les
remarques qui ont été faites des deux côtés de la
Chambre et j'ai particulièrement été
intéressé par des suggestions qu'a faites le chef de l'Opposition
concernant les concours régionaux. Je suis d'accord avec tout le monde,
M. le Président, pour dire combien la langue française
actuellement se trouve dans une période difficile. C'est
précidément pourquoi je pense qu'il est opportun de souligner
dans cette Chambre les efforts que font certains organismes pour stimuler... Je
veux profiter de l'occasion, ça ne m'arrive pas souvent, pour rappeler,
en Chambre, des choses de chez nous, pour souligner l'intérêt que
suscite un programme du poste de Trois-Rivières, CKTM-TV. CKTM-TV a un
programme, je crois, le samedi soir, qui s'appelle "Le sentier des
écoliers". Et là, on amène des étudiants et je suis
convaincu que, pour les étudiants qui sont appelés à y
participer, c'est un encouragement extrêmement précieux, c'est un
stimulant. On amène donc, je pense, une dizaine ou une douzaine
d'étudiants et on les questionne. On ne les questionne pas seulement sur
la langue française, mais on les questionne aussi sur le vocabulaire,
sur la grammaire. Je tenais à souligner les efforts que fait ce poste de
Trois-Rivières et profiter de l'occasion pour lui présenter mes
remerciements pour ce magnifique geste de civisme, à mon sens, et cette
collaboration qu'il donne à nos organismes culturels qui veulent
promouvoir la langue française.
M. Bertrand (Missisquoi): II est malheureux, M. le Président, que
le député de Champlain ne soit pas présent, car il aurait
certainement secondé les propos du député de
Saint-Maurice.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté. Tout l'article administration?
M. Bertrand (Missisquoi): Non, il y a le département...
M. Dozois: M. le Président, je ne sais
pas si c'est à ce poste-là qu'on peut demander des
questions à propos de l'assurance-édition?
Je remarque, M. le Président, que, dans la loi qui a
été votée l'an dernier, à l'article 15, on dit:
"Toutes les dépenses occasionnées par la présente loi sont
payables sur les deniers votés annuellement à cette fin par la
Législature", et comme cette loi est la responsabilité du
ministre des Affaires culturelles, je ne vois nulle part, dans les
crédits qui nous sont soumis, des crédits à cette fin.
M. Lapalme: L'assurance-édition, c'est dans les subventions.
M. Dozois: Est-ce qu'on respecte la loi, M. le Président, puisque
l'on dit que les crédits doivent être votés à cette
fin? Si on inclut ça dans les subventions, la Législature ne les
vote pas à cette fin spécifique d'assurance-édition.
M. Lapalme: Bien oui. Ils sont votés. Tout à l'heure, nous
arriverons aux subventions; par exemple, on va demander: Qu'est-ce que c'est
ça, ça se détaille comment, les subventions?
M. Bertrand (Missisquoi): II n'y a pas de détails quant au
montant versé en vertu de la loi...
M. Lapalme: Non, non. Spécifiquement, à la fin des
expressions, dans toutes les lois où il est dit qu'ils seront
votés à cette fin par la Législature, ça veut dire
qu'ils entrent sous le titre de la grande nomenclature du budget. C'est de
même que je l'interprète, ce n'est pas la seule loi qui est comme
ça.
M. Bertrand (Missisquoi): C'est mieux que ce soit
particularisé.
M. Johnson: Ce serait peut-être le temps de corriger cette
expression.
M. Lapalme: Maintenant...
M. Johnson: Je pense que l'intention du législateur dans... Si
c'est pour faire le contraste avec le fonds consolidé...
M. Lapalme: D'ailleurs... Oui, c'est pour faire le contraste avec le
fonds consolidé. Oui, c'est ça.
M. Johnson: C'est l'opposé du fonds consolidé.
M. Lapalme: C'est ça. Oui.
M. Johnson: ... les subventions qui sont tirées au fur et
à mesure qu'on en aurait besoin, à même le fonds
consolidé ou pour des sommes votées à cette fin. Mais,
quand on dit "les sommes votées à cette fin", le
député de Saint-Jacques a raison, c'est la fin dont on vient de
parler et, nulle part dans le budget, il n'y a de sommes affectées
à cette fin. C'est noyé dans...
M. Lapalme: J'aurai l'occasion de dire un mot sur la confection
même du budget tout à l'heure, parce que l'Opposition va
certainement m'en donner l'occasion en comparant le budget de cette
année avec celui de l'an dernier.
M. Dozois: M. le Président, si c'est noyé dans un montant
considérable de subventions qui sert à toutes sortes de
fins...
M. Lapalme: Oui, je l'admets.
M. Dozois: II est difficile, pour un membre de l'Assemblée
législative, de savoir si c'est $25,000, $50,000 ou $100,000 qui
seraient consacrés à l'assurance-édition.
M. Lapalme: La loi donne le maximum. Alors...
M. Dozois: Est-ce que le ministre pourrait nous dire à quel poste
du budget nous pourrons avoir des détails?
M. Lapalme: A subventions.
M. Bertrand (Missisquoi): C'est au sujet du département du Canada
français d'outre-frontières. J'ai vu dans les journaux qu'un
concours devait avoir lieu en vue de faire subir des examens aux candidats
désireux de présenter leur candidature au poste de directeur.
Est-ce qu'il y a eu plusieurs candidats, premièrement?
Deuxièmement, est-ce que, parmi ceux-là, un a été
choisi directeur? Si oui, quel est son nom?
M. Lapalme: M. le Président, je me suis aperçu que,
lorsque le rapport annuel du ministère des Affaires culturelles a
été déposé, il y a environ un mois, il n'avait pas
été distribué aux députés.
Je viens de demander qu'on le distribue.
M. Bertrand (Missisquoi): Mais oui. Je me demandais, ce matin, où
était le mien. Je suis content de...
M. Lapalme: Je viens d'envoyer un page voir au bureau et j'espère
qu'ils vont le retrouver.
La réponse est la suivante, à la question du
député de Missisquoi: Le ministre a demandé le 10
août 1962, à la commission d'instituer un concours pour le poste
de directeur, à la suite, évidemment, de tout
énoncé des qualifications qui seraient
nécessaires pour celui qui occuperait ce poste-là.
Alors que nous venons de déplorer, M. le Président, une
grande carence dans le domaine linguistique, il semble que le nombre des
candidatures ait voulu nous faire mentir et établir à la face du
monde que nous sommes un pays de grande culture, parce qu'il y a eu 107
candidatures...
M. Bertrand (Missisquoi): 107?
M. Lapalme: 107. ...pour la fonction de directeur. Sur les formules
elles-mêmes, c'est-à-dire sur le vu même des réponses
données dans les formules 45 candidats ont été
éliminés. Je n'ai pas l'énoncé des qualifications;
disons, par exemple, que l'on exigeait un diplôme, je ne sais lequel,
mais un diplôme. Si 45 candidats ne possédaient pas ce
diplôme à la face même de la formule qu'ils avaient
signée, ils étaient automatiquement éliminés.
Il y a eu 62 examens écrits. 40 candidats ont été
éliminés à l'écrit. Il y a eu 22 examens oraux. Les
examens oraux ont eu lieu à Montréal le 29 avril et à
Québec le 2 mai de cette année.
Le jury comprenait le professeur Gaston Dulong, de l'Université
Laval; M. Yvon Saindon, de la Commission du service civil, et le sous-ministre
des Affaires culturelles, M. Frégault.
M. Johnson: Avez-vous fini de faire toutes vos corrections de devoir, M.
Frégault? Oui, vous avez fini?
M. Lapalme: Alors, on s'attend que les noms, comment dirais-je, non pas
des gagnants, mais...
Une voix: Des admissibles...
M. Lapalme: ... des lauréats, enfin...
M. Bertrand (Missiquoi): Mais il doit y en avoir un...
M. Lapalme: ... des meilleurs candidats seront bientôt connus et,
même à partir de là, il va falloir encore procéder
à une autre élimination. La commission ne dira pas, du moins je
le présume, que c'est M. X qui gagne le concours. Elle peut donner les
dix premières personnes ou quelque chose comme ça. C'est de
même que l'on procède. Les dix premiers qui auront au-dessus de
70%. A même les dix, il y a un autre embarras qui survient parce qu'ils
peuvent posséder toute la formation, disons, universitaire requise; ils
peuvent avoir beaucoup d'expérience, mais, comme on sait que ce poste
nécessitera, par exemple, des qualités très grandes de
diplomate, il ne suffira pas que quelqu'un ait eu 80% pour décrocher le
poste, parce que celui oui sera le directeur du Canada français
d'outre-frontières pourra peut-être, dans une seule visite,
qâter tout le travail projeté par ce
département-là.
Personnellement, je ne sais aucun des noms de ceux qui sont en avance et
j'ai hâte de savoir qui ce sera afin que nous puissions d'abord
procéder à l'action dans le sens où nous l'entendons et
surtout nous dégager, M. Frégault et moi, des multiples
rencontres qu'on nous demande, des voyages; nous devrions être
constamment en voyage, M. Frégault et moi, tout le temps.
Il y a des invitations de partout, on a insisté
énormément, par exemple, pour que j'aille à Saint-Boniface
au cours de la semaine de Pâques au banquet de clôture du
congrès des instituteurs de langue française du Manitoba. Alors,
M. Frégault ne pouvait Das y aller et moi non plus; nous avons
envoyé M. Ernest Pallascio-Morin, ex-journaliste, passé au
ministère des Affaires culturelles, auquel j'ai demandé un
rapport que j'ai devant moi. On voit ici la grande publicité qui a
été donnée là-bas; M. Morin parle du Canada
français d'outre-frontières, parle de la relève
manitobaine, et le reste; mais j'y suis allé passer une semaine, on s'en
souvient. Je suis parti, c'était en pleine session, c'était bien
difficile de refuser; j'avais expliqué au chef du département des
relations extérieures de l'Université de Vancouver que j'avais
autre chose à faire. Mais le thème était "French Canada
today"; on considère qu'on ne peut pas refuser d'y aller. Cette
année, l'Université de Vancouver me demande d'y retourner pour un
autre séminaire; je ne sais pas s'il s'agit des étudiants
à travers le Canada.
Au moment même où l'on parle de bilinguisme, de
biculturalisme, est-ce que ce n'est pas un vrai mot français? Ce n'est
pas un vrai mot français? Au moment où l'on parle de tout
ça, on donne souvent l'impression au ministère - nous sommes
trois ou quatre peut-être qui pouvons partir - on donne l'impression aux
gens qui nous appellent de ne pas vouloir nous y intéresser; on n'est
pas capable d'aller partout. Dans l'extériorisation, si je peux dire,
d'un département qui n'existe pas encore, nous avons fait notre
possible; je suis allé à New York, je suis allé à
Vancouver, je suis allé avec M. Prévost à Portland, aux
cours d'été; je suis allé rencontrer l'Association
d'éducation canadienne-française de l'Ontario. M. Frégault
est allé à Hartford, M. Frégault est allé... Je ne
me souviens plus de tous les endroits où vous nous avez
représentés auprès des minorités; je viens
d'envoyer M. Frnest Pallascio-Morin, et le reste; on nous demande un peu
partout et je dois dire que ce n'est pas partout qu'on nous demande de
l'argent, mais on nous en demande en même temps.
Mais l'essentiel, c'est une présence, on
ne veut pas que les minorités nous reprochent à nous ce
que nous avons reproché à la France: de les avoir
oubliées. Mais la partie principale du rôle de celui qui aura la
direction de ce département du mnistère, ce sera d'abord de voir
où on en est; en Amérique du Nord, au Canada et aux
États-Unis, quels sont les besoins prioritaires et quelle est l'action,
non pas seulement que le ministère des Affaires culturelles peut
exercer, mais que d'autres organismes qui ne sont même pas politiques,
qui sont d'ordre public, pourraient faire. Toutes ces choses-là, nous
les utilisons d'ailleurs; tout à l'heure, on en dira un mot quand on
passera aux subventions.
Il y a des problèmes, évidemment, que le ministère
des Affaires culturelles n'avait pas réglés, quand ça ne
serait, par exemple, que cette demande que font les Franco-Canadiens de la
Colombie-Britannique qui, comme on le sait, grâce a des sacrifices et au
milieu de ce que j'appellerais une guerre scolaire, sont parvenus à
édifier un régime scolaire à leurs propres frais; il y a
ce problème qui consiste pour eux, après le primaire, à
désirer avoir une école supérieure; là on touche
évidemment un domaine relevant exclusivement de l'autonomie provinciale
de la Colombie-Britannique; de quel moyen pouvons-nous disposer, et le reste?
Il va y avoir, de la part de celui qui en sera le directeur, un énorme
travail à faire et évidemment, il faudra qu'il soit
secondé. En sorte qu'il n'y aura pas seulement un directeur, mais il va
y avoir tout un personnel autour de lui; nous espérons être
capables également de pouvoir obtenir le personnel dont nous avons
besoin. Et pour obtenir le personnel dont nous avons besoin aux Affaires
culturelles, pas seulement là, mais dans d'autres départements,
pour obtenir le personnel dont nous avons besoin, il va sans dire que nous
sommes obligés d'aller chercher dans les rangs des spécialistes.
Il y en a; pas tellement, mais il y en a.
Nous sommes obligés de payer des salaires élevés;
je crois qu'à l'administration même, parmi les 29 fonctionnaires,
ça représente une moyenne de salaire d'environ $7,200. Mais nous
avons perdu des gens qui, à un moment donné, auraient
été prêts à venir avec nous et qui, malgré
les salaires assez élevés que nous payons, sont allés
ailleurs.
Le Canada français d'outre-frontières, M. le
Président, je voudrais ajouter un mot là-dessus, un autre mot. Il
y aura une action directe du ministère, des rencontres avec le
représentant ou les représentants du ministère, et le
reste; il pourrait y avoir des subventions du ministère et ça,
c'est beau, mais on s'aperçoit, en visitant nos minorité, que
leur sort dépend en grande partie du prestige que la province de
Québec peut donner du fait français. Il faut que ça parte
d'ici d'abord; c'est ça qui est le principal et l'action doit toujours
demeurer centrée sur Québec, avec évidemment plus qu'un
regard sur les minorités.
Musées, archives et services culturels
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 1, administration, adopté. 2, musées, archives et
services culturels divers, $217,000.
M. Bertrand (Missisquoi): Ici, M. les Président, au sujet du
Conseil des arts, est-ce que ça entre dans le premier article?
M. Lapalme: Administration, oui.
M. Bertrand (Missisquoi): Alors, il y a là-dedans
également, je pense, les subventions?
M. Dozois: Bien, le Conseil des arts donne des subventions; alors,
à quel article sont-elles comprises?
M. Lapalme: Non, les membres du Conseil des arts reçoivent des
jetons de présence, c'est dans l'administration. Les subventions ne sont
pas données par le Conseil des arts, mais suggérées,
recommandées et tout ça, c'est à l'article subventions, 6,
je crois, subventions.
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce qu'il y a eu de nouveaux membres de
nommés au Conseil des arts, des démissions? Il y avait eu l'an
dernier, on le voit au rapport, deux démissions: celle d'Yves
Thériault et d'Alfred Pellan.
M. Lapalme: Bien, il n'y a pas eu de remplacement.
M. Bertrand (Missisquoi): II n'y en a pas eu. Est-ce que le conseil a
adopté des règlements - et là, je vais toucher à la
loi de l'assurance-édition - au sujet des montants qui sont
versés, en vertu de la loi de l'assurance-édition, à ceux
qui peuvent devenir les bénéficiaires? Est-ce qu'il y a eu une
réglementation d'adoptée?
M. Lapalme: Non.
M. 8ertrand (Missisquoi): Quelles sont les conditions que l'on
exige?
M. Lapalme: Est-ce que c'est une question à laquelle je dois
répondre?
M. Bertrand (Missisquoi): Oui, par exemple, il y a ici, à la page
35, une liste de volumes dont le Conseil des arts du Québec a
recommandé l'achat par le
ministère des Affaires culturelles.
M. Lapalme: Ah! ça, ce n'est pas l'assurance-édition;
Une voix: Ce n'est pas en vertu...
M. Lapalme; Non, non, ce sont des livres des auteurs canadiens que le
ministère achète et redistribue un peu partout, dans les
bibliothèques publiques, dans les collèges.
M. Loubien Est-ce que le député me permettrait de dire un
mot au député de Missisquoi?
M. Lapalme: C'est que la réglementation de
l'assurance-édition apparaît d'abord dans la loi; la
réglementation, le mécanisme apparaît dans la loi.
Une voix: Oui, oui.
M. Lapalme: Deuxièmement, le Conseil des arts peut refuser un
ouvrage et le ministre, à ce moment-là, ne peut pas, lui, le
faire accepter, tandis que le Conseil des arts peut accepter un ouvrage, le
ministre peut le refuser.
M. Dozois: M. le Président, à propos de
l'assurance-édition, on m'a référé tout à
l'heure au titre subventions. Je ne voudrais pas que, lorsqu'on arrive à
ce titre subventions, on ne puisse pas discuter d'organisation, de
l'application de la loi en général; je ne veux pas savoir, moi,
si M. Untel a reçu une subvention pour avoir publié tel ou tel
livre. Je veux tout simplement poser des questions sur l'application de la loi.
Est-ce qu'on doit le faire maintenant, à l'administration, ou aux
subventions?
M. Lapalme: On peut le faire tout de suite.
M. Dozois: La loi est votée depuis l'an dernier; ai-je bien
compris que les règlements n'ont pas été adoptés
par le lieutenant-gouverneur en conseil?
M. Lapalme: Non, non. Il y a la loi telle quelle.
M. Dozois: Oui. M. Lapalme: Bon!
M. Dozois Oui, mais le titre 16 dit que le lieutenant-gouverneur en
conseil peut adopter tous les règlements qu'il juge
nécessaires.
M. Lapalme: Non, non, il n'y en a pas eu. On n'a pas jugé
à propos d'en adopter.
M. Dozois: Est-ce que la loi était appliquée, est-ce qu'il
y a eu des demandes?
M. Lapalme: Ah bon!
M. Dozois: Je ne veux pas savoir lesquelles, je veux savoir si
effectivement la loi était appliquée.
M. Lapalme: Je dois dire qu'au moment de l'adoption de la loi, le
montant qui était prévu était un montant maximal de
$100,000. A ce moment-là, je ne dirais pas que nous avons pris cela pour
acquis, mais nous nous sommes dit que, si nous prenions pour acquis qu'il y
avait des manuscrits de présentés, nous pourrions peut-être
utiliser une assez grande partie du montant prévu par la loi.
L'an dernier a été, au point de vue de la production
littéraire, au dire des critiques que j'ai d'ailleurs interrogés,
une année très pauvre. Il y a eu 17 manuscrits de
présentés sur lesquels le Conseil des arts s'est prononcé
de la façon suivante: 6 ont été acceptés et je ne
transmettrai pas à la Chambre les commentaires que les membres du
Conseil des arts portent sur les ouvrages qui ont été
acceptés parce qu'enfin, on comprend ce que je veux dire.
M. Johnson: Ça coûterait plus cher pour l'assurance.
M. Lapalme: Les ouvrages présentés ont été,
d'après les membres du Conseil des arts et particulièrement des
membres de la commission chargée d'étudier les manuscrits, en
grande partie d'une qualité médiocre: j'ai assisté il y a
très peu de temps à une séance du Conseil des arts et j'ai
demandé aux membres, a ce moment-là, quelle était la
raison pour laquelle tant de manuscrits avaient été
rejatés; on m'a dit que, dans un grand nombre de cas, il aurait
même fallu refaire l'ouvrage du simple point de vue du
français.
Au ministère, nous nous étions demandé, et
d'ailleurs, cette réflexion-là, nous l'avions faite au Conseil
des arts, si les membres du Conseil des arts devaient juger de la
qualité littéraire d'un ouvrage ou simplement de sa valeur
morale. Par exemple, s'agissait-il d'un ouvrage obscène, le conseil
pouvait le rejeter pour cette raison-là; ou d'un ouvrage subversif, le
conseil pouvait le rejeter pour cette raison-là. Mais, quand il
s'agissait de la critique littéraire, enfin, de l'appréciation
littéraire d'un ouvrage, de sa forme, du simple point de vue du
français, est-ce que le conseil, à ce moment-là, devait
rendre un jugement que rendrait un critique littéraire? J'avais des
doutes sur l'opportunité qu'il y avait pour le conseil de rendre un tel
jugement.
A la suite de la rencontre que j'ai eue avec les membres, c'était
à l'époque de Pâques ou aux environs, devant le
témoignage qu'ils rendaient, je crois qu'ils ont eu raison de
procéder comme ils l'ont fait, parce que des gens très
sérieux, des écrivains bien connus, ont eu à
étudier ces oeuvres, professesurs, etc., et ils ont dit: Franchement, M.
Lapalme, si vous aviez lu certains manuscrits, vous auriez été
renversé de voir comme ils les présentaient.
Dans le moment, par conséquent, il y a eu des retards, nous ne
pouvons pas enregistrer de dépenses faites en vertu de la loi de
l'assurance-édition pour l'an passé, parce que les ouvrages ne
sont pas encore édités.
M. Dozois: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous
dire quelles catégories d'oeuvres et quelles oeuvres ont
été acceptées? Dans quelle catégorie? Je ne veux
pas qu'on nous dise nommément que telle ou telle oeuvre a
été acceptée, mais est-ce qu'il y a eu des ouvrages
scientifiques ou tout simplement littéraires, ou des romans, ou des
ouvrages de droit...
M. Lapalme: M. le Président, je suis d'abord gré au
député de Saint-Jacques de ne pas me demander de donner des
titres pour l'instant, parce que, même pour des ouvrages qui ont
été rejetés, il peut arriver que des éditeurs les
impriment et, contrairement au jugement de la critique...
M. Dozois: J'admets ça.
M. Lapalme: ...qu'ils puissent avoir un succès. Quant aux autres,
qui ont été ce que j'appellerais primés, je ne les ai pas
lus, mais je crois que M. Frégault en a lu un ou deux; il y en a un ici
qui concerne l'histoire universelle, ceci me semble être un roman. Deux
romans, un essai, un autre roman, un esssai; quatre romans et l'histoire
universelle; six.
M. Dozois: Alors, il n'y a pas eu de livres scientifiques, parce qu'on
nous en avait présenté l'an dernier?
M. Lapalme: Oui, sans mentionner les noms... D'ailleurs, il y a des noms
qui me surprennent parmi ceux-là, il y a un ouvrage de psychologie et de
pédagogie qui a été refusé à cause de sa
faiblesse littéraire. Il y a un ouvrage de... C'est de la sociologie,
ça?C'est un roman, c'est une satire qui a été
refusée a cause de son immoralité; un roman, par exemple, c'est
évident que c'est un roman, à cause de sa faiblesse
[littéraire. Il y en a un qui a été retiré de la
liste par l'auteur lui-même parce qu'il était membre du Conseil
des arts. Il y a eu des poèmes.... Remarquez bien, M. le
Président, que moi, je ne rends pas de jugement sur des manuscrits que
d'abord je n'ai pas lus et, même si je les avais lus...
M. Dozois: M. le Président, ma question avait pour but tout
simplement d'établir ceci. Lorsqu'on a présenté la loi
ici, l'an dernier, on a surtout fait valoir le fait que, dans notre pays, il y
avait des auteurs qui voulaient publier des ouvrages scientifiques ou
techniques et, comme le marché était plutôt restreint, que
ce serait surtout dans ce domaine que la loi serait utile, le but de ma
question était de savoir si cette loi de l'assurance-édition
avait eu pour effet de promouvoir la publication de ce genre d'ouvrages.
M. Lapalme: Dans les ouvrages qui ont été primés,
il y en a un qui est un ouvrage non pas scientifique, mais un ouvrage
d'histoire. Au moins un ouvrage scientifique a été refusé.
C'est difficile de juger par les titres seulement.
M. Dozois: Par les titres?
M. Lapalme: Est-ce que celui-ci n'a pas été refusé
parce qu'il avait déjà été subventionné
avant?
M. Dozois: II y a un ouvrage qui a été refusé? II
doit être bon, parce qu'il avait été subventionné
ailleurs.
M. Johnson: Mais ce n'est pas un ouvrage à caractère
scientifique que le député de Saint-Jacques entend par
là.
M. Lapalme: Régions et structures sociales, ça
c'est...
M. Johnson: C'est assez technique. Disons des ouvrages à
portée technique.
M. Dozois: Ça finit...
M. Johnson: Convenons d'un vocabulaire pour le moment.
M. Lapalme: Maintenant, sur la médecine, je n'en vois pas
ici.
M. Johnson: Sur le droit. Le député de Saint-Jacques a
parfaitement raison, nous avions compris que cette loi, c'était pour
encourager la publication d'oeuvres qui normalement n'ont pas dans notre pays,
à cause de notre population restreinte, de la petite proportion de notre
population qui est peut-être intéressée au sujet, le
rayonnement que peut avoir le roman ou d'autres volumes semblables. Quand on
songe, par exemple, à la nécessité de ce temps-ci de
travaux scientifiques, de travaux techniques sérieux, arides pour ceux
qui ne sont pas de la
discipline, je pense qu'il y aurait lieu, pour le lieutenant-gouverneur
en conseil, d'adopter des règlements, de se servir de l'article 16 et de
limiter le Conseil des arts pour le moment à ce genre d'ouvrages. On
peut aider les autres, on peut aider les romanciers par des subventions ou par
l'achat des volumes comme on le fait, comme on le faisait autrefois, et comme
on le fait encore aujourd'hui.
Mais, s'il s'agit de publications, par exemple, sur la constitution, de
travaux sur l'évolution du droit ouvrier, de travaux sur la recherche
médicale, je songe à certaines recherches qui sont faites soit
par le Dr David, soit par le Dr Bertrand, l'un en cardiologie et l'autre en
neurochirurgie, et d'autres médecins éminents, je crois qu'il est
nécessaire que le Conseil des arts soit limité par
règlement à ne considérer que cette sorte de manuscrits.
C'est précisément en donnant une préférence
à ces travaux, que j'appellerais techniques, pour les besoins de la
discussion, que l'on poussera certains de ces spécialistes de chez nous
à publier et qu'on intéressera évidemment les
éditeurs à les éditer. Autrement, on fait double emploi
avec les autres subventions; en somme, on peut aider les auteurs et
s'éviter beaucoup de désagrément quand il s'agit de les
refuser. Ce n'est pas agréable, même pour le Conseil des arts, de
refuser certains de ces manuscrits, en voyant d'abord à ce que la
préférence et peut-être l'exclusivité, pour un
certain temps, soient données à ce genre de travaux.
M. Lapalme: M. le Président, il y a un grand problème,
mais que je veux faire précéder d'une remarque à la suite
de celles qui ont été faites. D'abord, ce n'est pas le
ministère des Affaires culturelles qui va courir après les
auteurs pour leur dire de venir à l'asurance-édition...
M. Johnson: Non.
M. Lapalme: C'est la Société des éditeurs canadiens
qui nous a demandé ça l'an dernier. Je me rappelle avoir lu une
partie du mémoire et que M. Yves Prévost m'a demandé le
mémoire lui-même, que je lui ai remis. Il y a eu beaucoup
d'entrevues et on nous avait dit que ça serait une sorte de
panacée. J'ai à la mémoire un ouvrage sur lequel nous
n'avons pas encore mis la main, qui est très spécialisé et
pour lequel les Affaires culturelles ont versé une somme de $15,000 en
subventions, ouvrage édité en France. Nous ne l'avons pas encore.
Il paraît qu'il est imprimé, je ne l'ai pas vu. C'est ça;
$15,000 ou $12,000?
Une voix: $12,000.
M. Lapalme: $12,000. C'est un ouvrage très
spécialisé, avec des planches en couleur et tout ça. Ce
n'est pas donné à l'auteur, c'est l'éditeur qui attend
l'argent avant d'éditer l'ouvrage. Je donne cet exemple-là pour
l'opposer à l'assurance-édition. L'assurance-édition n'est
pas la subvention, l'assurance-édition, c'est une loi qui fait que
l'éditeur, s'il veut que son ouvrage ou l'ouvrage de son écrivain
lui rapporte quelque chose, devra en pousser la vente, la diffusion. Alors, il
y avait donc la naissance d'un talent, par exemple, qu'un éditeur ne
voulait pas supporter; il s'en venait à l'assurance-édition,
convaincu qu'il ne perdrait pas d'argent grâce à
l'assurance-édition. Si on met ça là, si on veut qu'un
éditeur tombe dans l'immobilisme le plus absolu, c'est le plus loin
qu'il pouvait aller sans perdre d'argent avec nous. Mais, s'il voulait que le
nom de l'écrivain qu'il imprimait, qu'il éditait, soit
diffusé, connu, s'il voulait que son ouvrage soit diffusé, connu,
il lui fallait, à son tour, s'il voulait faire de l'argent, pousser la
vente de l'ouvrage. Ça, c'est l'assurance-édition.
Le chef de l'Opposition a employé plusieurs fois le mot
"subvention" et c'est ça qui me fait précisément souvenir
d'un ouvrage que nous avons subventionné avant que nous ayons la loi.
Mais nous sommes présentement en face d'un problème
entièrement différent et je me demande qui fait fausse route,
à savoir la littérature subventionnée. Moi, je suis
contre. Une littérature subventionnée, dans le domaine
scientifique... On a dit que, par l'assurance-édition, on sera capable
d'empêcher un éditeur de perdre de l'argent et, s'il pousse sa
vente, il sera capable d'en faire.
La littérature subventionnée, ce n'est pas ça du
tout. Vous recevez tous une liste d'ouvrages au cours d'une année,
subventionnés par... Alors, en face d'un organisme qui donne de l'argent
tout de suite, que l'éditeur mette cela dans sa poche et l'auteur avec,
et d'un organisme qui demande que la littérature soit réellement
de la littérature et non pas une chose d'État, quel est le choix
qu'ont pu faire certains éditeurs ou certains auteurs? Je dis qu'on est
en train, présentement, de créer une littérature
subventionnée, ce qui ne se fait pas en France. On ne subventionne pas.
Il y a l'aide à la première pièce, il y a l'aide à
l'écrivain, enfin, on a tout un système auquel nous ne
parviendrons que lorsque nous aurons beaucoup d'argent, l'aide aux vieux
écrivains. Mais on ne subventionne pas une littérature qui va
devenir, à l'heure actuelle, si ça continue, une
littérature purement subventionnée.
M. Johnson: Ici, ça?
M. Lapalme: Au Canada.
M. Johnson: A quoi le ministre se réfère-t-il, entre
autres?
M. Lapalme: Mais, par exemple, je prends un écrit, un volume
purement de littérature et qui sera publié grâce à
une subvention du Conseil des arts du Canada...
M. Johnson: Vous êtes contre ça?
M. Lapalme: Non, je suis contre une littérature qui est
subventionnée. Dans le moment, vous avez tout un secteur de notre
littérature publiée qui est uniquement subventionné...
M. Johnson: Lequel?
M. Lapalme: ...alors que, dans l'assurance-édition, ce n'est pas
la subvention, c'est l'éditeur qui est garanti contre la perte, c'est
l'éditeur qui est intéressé a pousser la vente de son
ouvrage et à le diffuser. Tandis que, quand un ouvrage est
subventionné et qu'il demeure sur les tablettes, ça
n'intérese plus la vente de l'ouvrage. On est payé. Et c'est un
des arguments qui ont été avancés, paraît-il,
à un membre du Conseil des arts; on a été obligé
d'attendre un an pour être sûr qu'on ne serait pas, comment
dirais-je, dans le trou, enfin, qu'on ne serait pas en déficit et
ça va nous prendre un an pour le savoir. A ceci, je dis non. Si
l'éditeur a un bon écrivain et s'il pousse sa vente, il fera de
l'argent en vendant son édition d'abord, et c'est ça qui est
important.
Nous savons ce que c'est que d'acheter de la littérature. Ce
n'est pas subventionné. Le chef de l'Opposition sourit, puis il voit
d'avance les hangars qui peuvent être remplis de livres qu'on
achète. Mais ça, ce n'est pas la diffusion. Quand l'État
achète des livres, et nous essayons d'en faire la répartition le
plus tôt possible et au plus grand nombre de personnes, et qu'il les met
dans des hangars où ils pourrissent, où ils se font manger par
les souris, qu'est-ce que ça donne? Ça donne quelques dollars
à l'auteur et ça donne quelques dollars à
l'éditeur. Quand nous prenons la responsabilité de
dépenser $35,000, je crois, je ne me souviens pas, mais à peu
près ça, pour acheter des livres, nous devons nous charger de les
faire répandre dans les institutions publiques; nous en envoyons a Paris
également, à la délégation générale,
nous en envoyons aux bibliothèques publiques, aux universités,
aux collèges, à une foule de personnes. Nous les envoyons pour
qu'il y ait diffusion.
Alors, M. le Présdident, qu'un ouvrage spécialisé,
qu'un ouvrage difficile à vendre soit, de temps a autre,
subventionné par l'Etat lors de sa publication, c'est-à-dire
qu'on lui donne un chiffre global, on dit: Grâce à ça, vous
allez publier, très bien.
Mais on s'achemine, à l'heure actuelle, vers une
littérature qui ne vivra que parce qu'elle est subventionnée.
On peut être libre d'approuver mon attitude ou de la
désapprouver, moi, je n'approuve pas que la littérature soit une
chose subventionnée volume par volume.
M. Johnson: Peut-elle vivre autrement, au Canada français?
M. Lapalme: Ah! évidemment, on pense aux grands tirages. J'ai
été surpris de voir la liste des ventes de Julien Green, des
tirages à 10,000, un homme de renommée internationale.
Je comprends que ce n'est pas tout le monde qui peut tirer à
$120,000, comme on l'a fait, ici à Montréal.
M. Johnson: C'était combien, Green?
M. Lapalme: Le Frère Untel, je crois que c'était
120,000.
M. Johnson: Non, non, mais Julien Green?
M. Lapalme: Julien Green? 10,000.
Quand on lit les mémoires des écrivains qui vivent encore
ou qui viennent de mourir, les mémoire littéraires, on voit des
hommes qui portaient de grands noms en littérature avoir de la
difficulté à épuiser dans un an 5,000 exemplaires. Les
grands tirages, ils arrivent en France, à certains moments, à
l'époque des grands prix annuels. Le Femina donne un tirage
immédiat de 100,000. D'autres, pour des raisons comme, par exemple,
cette poussée qu'il y a eu pour le Frère Untel, vont tirer
à 200,000, 300,000. Mais ça, c'est la grande exception parmi les
innombrables ouvrages publiés en France, des centaines et des centaines
d'ouvrages. Les écrivains portant de grands noms ne tirent pas a 10,000.
J'ai demandé, au salon du livre: Combien avez-vous tiré, dans
tels cas? Ils ont dit: 40,000. J'ai dit: 40,000? J'ai demandé a une
romancière combien elle avait tiré: 10,000. Je suis
renversé. On a un tirage de 10,000 au Canada français, quand des
écrivains qui ont un plus grand nom qu'elle en France tirent à
10,000.
Les remarques que je vais faire, je ne sais pas si on va leur donner,
oui ou non, autant de publicité que quand je parle de ma
démission. Je vais peut-être m'attirer l'ire de quelques personnes
qui ont été subventionnées par le Conseil des arts. M.
Frégault, avez-vous déjà été
subventionné par le Conseil des arts? Non. J'avais peur, moi. "Le Grand
Marquis" et puis "l'Intendant Bigot", ce n'était pas
spécialisé.
M. Johnson: Mais ça se lisait bien. "Lemoyne d'Iberville"
aussi.
M. Lapalme: C'est malheureux qu'il n'écrive plus et qu'il ne
donne que tout son temps, le jour et le soir.
M. Johnson: C'est la faute du ministre qui l'a sorti de là.
M. Lapalme: Bien oui, bien oui, seulement, il faudrait qu'il travaille
pour que je commence à écrire et je ne sais pas qu'est-ce que
ça donnerait. Il faudrait que je sois subventionné, moi.
M. le Président, je donne une opinion, ce n'est pas une opinion
gouvernementale, c'est une opinion personnelle. Je ne vois pas la
littérature française, en France, être une
littérature subventionnée à tous les deux ou trois volumes
et je ne vois pas non plus une littérature subventionnée. Je vois
une littérature dans laquelle l'éditeur, l'auteur et le public
sont concernés. Nous avons procédé à la loi de
l'assurance-édition précisément sur des promesses que
faisait la Société des éditeurs canadiens. Ils nous
donnaient une série de cas; très bien. Aujourd'hui, nous nous
trouvons devant six ouvrages sur dix-sept.
M. Dozois: M. le Président, je veux faire tout simplement une
suggestion. Je pense que l'utilité d'une telle loi était
justifiée. Devant le peu de succès qu'elle a connu, est-ce que le
ministère ne devrait pas, au cours de la prochaine année, faire
une espèce d'enquête...
M. Lapalme: Un instant. Non, mais je ne veux pas l'interrompre. Cela va
donner au député de Saint-Jacques l'occasion de parler. Si le
Conseil des arts avait accepté les vingt-deux ouvrages, il y aurait eu
vingt-deux ouvrages.
M. Dozois: Très bien. Non, voici, M. le Président. On dit
que notre production littéraire a été pauvre au cours de
l'année dernière. Je ne suis pas prêt à porter de
jugement sur cette question, mais, en somme, il y a eu de l'édition en
quantité depuis quelques années et ça augmente
constamment. Je pense que l'on a parlé d'une moyenne de deux ou trois
livres par semaine qui auraient été édités a
Montréal au cours de l'an dernier. Il me semble que j'ai vu ça
quelque part. Admettons, pour les fins de la discussion, qu'il y aurait cent
publications par année. S'il y en a si peu qui demandent à se
protéger par l'assurance-édition, est-ce parce que les ventes
sont telles que les auteurs jugent qu'ils n'ont pas besoin de se
protéger et de s'assurer, en somme? Ou bien est-ce tout simplement parce
que la loi serait trop sévère, ne serait pas à la
portée de ces gens et ne rendrait pas les services qu'on attendait d'une
telle loi''
II me semble qu'il serait opportun, pour le ministre des Affaires
culturelles, de demander à certains de ses fonctionnaires de suivre, au
cours de la prochaine année, ce mouvement littéraire qui se fait,
voir pourquoi l'on ne demande pas l'assurance-édition. Peut-être
que la réponse sera que ça se vend tellement qu'on n'en a pas
besoin'' Ce serait utile de le savoir, il me semble. Et si l'on découvre
que la loi de l'assurance-édition ne rend pas les services qu'on en
attendait, il y aurait peut-être lieu de la modifier. C'est la suggestion
que je veux faire, tout simplement.
M. Lapalme: Mais il me semble que c'est 6% des cas qu'on a eus. Il y a
eu un cas qui devait venir, un cas de spécialisation si on veut, parce
que ce mot est très large, qui se préparait à venir
à l'assurance-édition. Quand on a su que, sans faire d'effort, on
pouvait s'organiser pour faire imprimer sans se déplacer pour la vente,
on pouvait avoir un montant global, on est allé chercher le montant
global, puis on a abandonné l'assurance-édition. C'est une des
raisons que j'ai données. Ça ne veut pas dire que c'est comme
ça dans tous les cas.
M. Johnson: La coordination avec Ottawa, est-ce qu'Ottawa...
M. Lapalme: Dans des cas, la coordination n'existe que pour savoir si
tel ouvrage est subventionné, si telle chose est subventionnée,
si tel programme est subventionné. Il y a cette collaboration.
M. Johnson: Le Conseil des arts du Canada subventionne certains travaux,
certains travaux techniques...
M. Lapalme: Si je ne me trompe pas, M. le Président, c'est
simplement un exemple, de mémoire, puis M. Frégault en aura
d'autres. Je vais donner un exemple. Ce sont des ouvrages que j'aime bien, ce
ne sont pas des ouvrages de spécialisation. Si je ne me trompe pas, j'ai
vu une fois Les Ecrits du Canada français subventionnés par le
Conseil des arts.
M. Johnson: Oui, oui.
M. Lapalme: Les Ecrits du Canada français, ce n'est pas un
ouvrage de spécialisation.
M. Johnson: Non.
M. Bertrand (Missisquoi): Je lis, dans le Devoir du 3 avril, qu'en
l'absence de M. Georges Lapalme, ministre des Affaires culturelles, M. Laporte,
ministre intérimaire, a annoncé que le cabinet venait de
décréter une enquête sur l'édition, la production,
la
vente et la distribution du livre dans le Québec. Est-ce que
c'est à cause des difficultés de la loi de
l'assurance-édition?
M. Lapalme: Non. Je regrette, avant de venir ici, j'avais des dossiers
devant moi, et puis j'ai trouvé, tout à l'heure, ce matin
plutôt, juste avant de venir ici à deux heures, le mémoire,
un mémoire très, très détaillé, contenant
des exemples typiques, qui nous a été adressé par le
Conseil suérieur du livre lorsqu'il nous a demandé une
enquête. Nous avions eu des entrevues. Si je me souviens bien, ils sont
venus nous voir, on a discuté de ça et, finalement, devant le
spectacle qu'offre le marché du livre à l'heure actuelle, nous
nous sommes décidés à procéder à une
enquête. Et lorsqu'est venu le moment de nommer, par un
arrêté ministériel, celui qui s'en occupe, j'étais
malade à ce moment-là...
M. Bertrand (Missisquoi): M. Bouchard.
M. Lapalme: ... je ne le connais pas, c'est M. Bouchard.
M. Bertrand (Missisquoi): M. Maurice Bouchard.
M. Lapalme: On a eu plusieurs noms et nous avons demandé à
M. Bouchard d'enquêter. C'est un problème d'ordre
économique, c'est un professeur de...
M. Bertrand (Missisquoi): Secrétaire de la faculté des
sciences sociales de l'Université de Montréal.
M. Lapalme: ... secrétaire de la faculté des sciences
sociales, à Montréal.
M. Johnson: Et M. Saint-Germain?
M. Lapalme: M. Saint-Germain, c'est un employé du
ministère, il était chez Fides. Précisément, il
s'occupe de la partie du livre; il s'occupe du livre chez nous, M.
Saint-Germain, en particulier.
M. Johnson: Est-ce qu'ils ont un terme pour leur enquête, pour
faire le rapport?
M. Lapalme: Le 31 décembre 1963. M. le Président,
même si l'étais poussé au pied du mur, si on me demandait:
Voulez-vous nous donner tous les détails pour l'enquête? je dirais
non. Je crois qu'il y a eu suffisamment, déjà, de tapage dans les
journaux. On a parlé de toutes sortes de choses, on a parlé de
soumissions publiques pour la vente des livres à des organismes.
M. Bertrand (Missisquoi): A celle de la Commission des écoles
catholiques de Montréal.
M. Lapalme: Ouais. Enfin, je donne une idée des
difficultés qu'il y a à l'heure actuelle. Des libraires qui sont
en train de disparaître, la formation de cartels dans le domaine du
livre. On est venu nous dire: Tous nos petits libraires vont mourir. Et c'est
un commerce qui est extrêmement difficile. Dans une ville, par exemple,
il y avait un libraire "bona fide", dans une petite ville de province; un type
tient un garage et, dans l'entrée de son garage, il se met à
vendre des livres, des livres de poche, vous savez, qui tournent dans les
bibliothèques tournantes en fil de fer. Alors, il s'est mis à
vendre ça, il s'est mis à vendre toutes sortes de choses; le
commerce du livre est parti de là pour aller dans un garage.
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce que le commissaire-enquêteur a
commencé à tenir des séances publiques?
M. Lapalme: Je ne le sais pas. Ah! Ils ont commencé par envoyer
des questionnaires, ils siègent à Montréal aujourd'hui et,
dans le moment, ils étudient les réponses qu'ils
reçoivent.
M. Bertrand (Missisquoi): Mais ils vont tenir...
M. Lapalme: Ah oui, ils vont entendre des témoins. Et il est
possible qu'à un moment donné, selon ce que ça va donner,
cette enquête, on aille aussi plus loin que le livre parce qu'il y a des
problèmes, ce que j'appellerais, dans l'ordre national
canadien-français, dans le domaine de la publication.
M. Bédard (président du comité plénier):
Alors, l'article 1 est-il adopté?
M. Johnson: Oui. Est-ce que, M. le Président, ça va
éviter des questions plus tard au sujet du "biculturalisme"?
M. Lapalme: Quel est exactement le mot?
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce que le mot est français?
M. Johnson: D'abord, est-ce que M. Léger devrait l'utiliser?
M. Lapalme: Est-ce qu'il l'a employé, est-ce qu'il l'a
étudié? II me semble avoir lu quelque part qu'un linguiste a
déclaré qu'il ne fallait pas dire ça.
M. Johnson: Qu'est-ce qu'on va dire?
M. Lapalme: Je ne le sais pas. Quoi qu'il en soit, demandons à la
sténo qui nous transcrira de le mettre entre guillemets.
M. Johnson: "Biculturalisme", est-ce qu'on n'aurait pas un autre mot
pour le remplacer? II me semble que c'est le temps de demander ça au
Procureur général. On connaît le ministre des Affaires
culturelles, on connaît la vieille histoire du policier à
Montréal qui était pris à faire un rapport sur la mort
d'un cheval au carré Chaboillez; il l'a tiré plus loin, on lui a
demandé pourquoi. Il a répondu: "Je ne sais pas comment
épeler "Chaboillez".
Mais, M. le Président, je voudrais bien parler du
"biculturalisme", même si le mot n'est pas acceptable aux oreilles de M.
Léger, de M. Victor Barbeau et d'autres. Il y a tout de même un
problème actuellement, c'est un problème d'actualité,
c'est l'enquête qu'Ottawa s'apprête à lancer sur le
"biculturalisme" et le bilinguisme. Est-ce que c'est avec le ministre des
Affaires culturelles ou avec un autre ministre qu'Ottawa communiquera, si
communication il doit y avoir? Ou est-ce qu'il y a eu des communications au
sujet de la formation de cette enquête?
M. Lapalme: C'est une question qui relève de politique
générale et je prierai le chef de l'Opposition d'en parler au
premier ministre.
M. Johnson: J'en parle à celui qui remplace le premier
ministre.
M. Lapalme: Je dois dire que celui qui remplace le premier
ministre...
M. Johnson: C'est lui qui est vice-premier ministre.
M. Lapalme: Je dois rappeler au chef de l'Opposition que celui qui
remplace n'est pas celui qui est remplacé.
M. Johnson: Je comprends, mais, en l'absence du remplacé, le
remplaçant a tout de même des communications avec Ottawa... Non,
mais je veux dire: Est-ce qu'on a été sollicité pour
collaborer à la formation? Si c'est non, c'est non.
M. Lapalme: Non, M. le Président, je ne peux pas le dire. Je n'ai
pas pris connaissance, moi, de la correspondance du premier ministre depuis
qu'il est question de faire une enquête sur le "biculturalisme", et je ne
prends connaissance que de la correspondance au sujet de laquelle il y a
urgence, comme dirait le ministre de la Jeunesse. Quant au reste, l'absence du
premier ministre n'étant que de quinze jours, je n'ai pas à
m'occuper de ce qui n'est pas urgent.
M. Johnson: Alors, je retiens que le vice-premier ministre, en sa
qualité de vice-
Dremier ministre remplaçant le premier ministre absent, n'a pas
reçu de communication depuis le départ du premier ministre.
M. Lapalme: Non, je n'en ai pas.
M. Johnson: Non, mais c'est que la rumeur publique veut que cette
commission soit bientôt formée et je n'aurais pas
été surpris qu'on ait communiqué avec Québec.
Est-ce qu'on a l'intention de... Bien, encore là, je retire ma question,
on va me répondre que c'est le premier ministre, et je pense qu'on a
raison...
M. Lapalme: Non, non, je ne peux pas répondre. M. le
Président. Si je me souviens bien, il est question, ou il a
été question de former une commission ou d'adopter une loi pour
former une commission chargée d'étudier le bilinguisme et le
"biculturalisme". C'est bien ça? Je ne sache pas qu'il y ait... D'abord,
le Parlement ne siège pas, je ne sache pas qu'on ait parlé de
législation et je ne sache pas que l'on ait parlé encore de
formation immédiate de commission.
Quant à moi, je n'ai pas été informé de quoi
que ce soit dans ce domaine de la formation d'une commission. Il faudra
commencer, je crois bien, par ce que l'on appelle en anglais - je ne crois pas
que ce soit français - les termes de référence; il faudra
toujours bien savoir de quoi il s'agit.
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 2, musées de la province.
M. Johnson: Au Conseil des arts, les deux démissionnaires n'ont
pas été remplacés.
M. Lapalme: Non, non.
M. Dozois: M. le Président, à propos des musées de
la province, je sais que le gouvernement subventionne des musées. Il y a
quelques musées qui appartiennent à la province, entre autres le
musée que nous connaissons ici, à Québec, et qui est
magnifique; on l'agrandit, je crois, présentement. Quel système
adopte-t-on pour acheter des oeuvres d'art? Est-ce une personne qui est
chargée de l'achat des oeuvres d'art ou si c'est un comité, ou
est-ce qu'on a recours à des spécialistes? Je sais que, pendant
longtemps, on s'est presque refusé à acheter de l'abstrait. J'ai
su dernièrement qu'on avait peut-être fait timidement une aventure
dans ce domaine. Personnellement, je ne suis pas un tenant de l'art abstrait,
pas à ce point, mais je pense cependant que tous les genres doivent
être exposés au musée. Maintenant, qui décide de
l'achat des oeuvres d'art pour notre musée?
M. Lapalme: C'était M. Gérard Morisset qui
procédait à l'achat des oeuvres d'art et les factures nous
étaient envoyées. Nous payions. Alors, un soir, ici, j'ai
donné une liste des oeuvres qui avaient été
achetées l'année précédente. Je ne voudrais pas en
parler même en souriant. Je prierais le député de
Missisquoi de garder son sérieux.
Depuis, nous avons formé un comité composé de M.
Octeau, du ministère, de M. Jean-Paul Lemieux, de M. Morisset et de M.
Claude Beaulieu. Tous les achats sont faits sur leurs recommandations et non
pas sur la recommandation d'un seul homme.
Pour la remarque faite par le député de Saint-Jacques sur
le figuratif ou le non-figuratif, je voudrais ajouter que la question est plus
étendue que cela, renferme plus de problèmes. Il s'agissait de
savoir quelle sorte de musée nous aurions. J'ai déjà dit,
l'an dernier, que nous avions un orignal à vendre et une chasse-galerie.
C'est que, moi personnellement, quand j'entrais dans le musée, passant
à côté de l'énorme canot qui avait servi du temps de
Jos. Monferrand, des orignaux, puis des bisons et des insectes...
M. Bertrand (Missisquoi): Un musée de naturalistes.
M. Lapalme: Lorsque nous avions une exposition, une distribution de prix
littéraires et artistiques, scientifiques, enfin des manifestations de
ce genre, j'avais toujours l'impression que nous entrions dans une maison dont
le but me semblait détourné.
Lorsque nous avons découvert que les animaux, pas malades de la
peste, mais quelques-uns malades - il faut leur passer le vaporisateur -
appartenaient au Département de l'instruction publique... Est-ce que
ça va?Alors, on l'a mis en demeure de
récupérer son bien et on lui a demandé de procéder
lui-même à un musée d'histoire naturelle; dans le moment,
il y a toute une salle qui est remplie des restes de ce qu'il y avait dans la
salle d'entrée et qui vont s'en... Est-ce que c'est parti? Vous ne le
savez pas. Ça s'en va ces jours-ci et ça s'en va à
l'école Saint-Stanislas - c'est ça - l'école
Saint-Dominique, et on va commencer à bâtir un musée
d'histoire naturelle.
Alors, le Musée de la province ne sera pas un musée dans
le sens où on peut l'entendre dans un collège, où on
aménage, où on peut mêler la fausse monnaie, un faux
orignal et tout ça; ce sera un musée au point de vue artistique.
Il y a de vieilles choses sur lesquelles on avait beaucoup insisté dans
le passé, les cuillères en argent, les aiguillères, enfin
on a beaucoup insisté là-dessus. A un moment donné, je me
rappelle avoir vu que l'on se préparait à payer $3500 ou $4500
pour une sorte de cuillère ou d'aiguillère, et j'avais
trouvé que c'était très cher et qu'il y en avait
déjà beaucoup. A ce moment-là, j'aurais fait divertir
cette somme vers un tableau qui nous avait été
recommandé.
Il y a eu l'agrandissement du musée, il y a une aile absolument
neuve et nous avons nommé M. Claude Piché, qui n'a pas toujours
été tendre pour moi - on s'en souvient, l'an dernier, dans un
article paru dans le Soleil -nous avons nommé M. Claude Piché,
qui va donner au musée quand cela ne serait que l'apparence
extérieure que doivent avoir les murs d'un musée. On n'est
même pas organisé pour y accrocher des peintures; ça
paraît drôle, mais accrocher des peintures, ça prend de
l'organisation.
Maintenant, je veux arriver aux détails mêmes des remarques
du député de Saint-Jacques. Moi, j'ai été
renversé par le fait que le peintre canadien-français qui est le
seul, à l'heure actuelle, à avoir son nom dans les anthologies de
ta peinture moderne n'était pas représenté au Musée
du Québec. Si on y avait vu auparavant, on aurait pu acheter une oeuvre
assez bon marché; aujourd'hui, elles sont très chères,
mais je vais dire le prix. Je ne suis pas allé à l'exposition,
elle avait lieu à Ottawa, je suis allé visiter une galerie
à Montréal alors qu'on y exposait des oeuvres de Riopel; je
voudrais rappeler au député de Saint-Jacques... Ici, j'ouvre une
parenthèse. Les beaux volumes spécialisés avec les belles
couvertures et les belles planches hors-texte, comme l'assurance-édition
aurait voulu en faire, ces beaux volumes qui traitent de la peinture moderne en
France et qu'on paie des prix fous contiennent tous les noms et des
reproductions des tableaux de Riopel. Mais seul le Musée du
Québec n'était même pas capable de présenter une
reproduction de Riopel. Alors, j'ai demandé au comité d'aller
voir, dans une galerie à Montréal, ce qu'il y avait et de nous
dire si ces messieurs avaient une préférence pour un Riopel, un
Riopel seulement. Nous avons acheté un Riopel, le prix va paraître
cher à ceux que la peinture n'intéresse pas, mais moi je suis
fier de voir qu'un peintre canadien-français qui est au niveau mondial
puisse vendre une toile $9000.
Je crois que j'ai répondu à peu près à la
question...
M. Dozois: Non, je suis parfaitement d'accord. Je le
répète, la peinture moderne n'a pas tellement d'attrait pour moi;
c'est un goût qui se cultive, apparemment, peut-être que ça
viendra. Mais j'estime que ces peintres canadiens-français qui nous font
honneur, comme Riopel, à l'échelle internationale, ont leur place
dans notre musée. Si c'est le seul tableau non figuratif qu'il y a au
musée, j'espère qu'on ne s'arrêtera pas là...
M. Lapalme: II y en a d'autres. Je
voudrais dire au député de Saint-Jacques que nous avons
acheté des tableaux de presque tous les peintres qui ont fait le fameux
tapage à Paris au sujet de Charles Deloye. Je crois que nous avons des
tableaux de tous ces peintres.
M. Dozois: Est-ce comme ça que vous avez réglé la
grève?
M. Lapalme: On ne l'a pas réglée, mais on en a eu des
répercussions; les tableaux avaient été achetés,
n'étaient pas encore payés et il y a quelqu'un, au nom de je ne
sais pas combien de peintres, qui a demandé: Est-ce que, parce qu'on a
pris cette attitude, on ne sera pas payé?
M. Johnson: Les compagnies de finance financent-elles ça, les
achats?
M. Lapalme: Ah: il y a des gens qui font de la finance, à l'heure
actuelle, avec les tableaux à Montréal, et le
député de Bagot le sait!
M. Johnson: II y en a qui font de l'argent avec ça.
M. Lapalme: II y en a qui font de la finance avec ça. Je sais
qu'il y a un peintre dont nous n'avions pas l'oeuvre ici et je me suis
informé dans des galeries ou je me suis fait informer. On m'a dit: II y
a une drôle de chose qui se passe sur le marché, aucune oeuvre de
ce peintre n'est trouvable présentement. Ça, ça veut dire:
Le marché de la peinture, tout à l'heure, paiera quelqu'un.
M. Johnson: C'est un peintre qui est malade et ne produit plus, et
toutes ses oeuvres sont actuellement à peu près toutes à
la même place, sauf pour ceux qui ont été assez chanceux
pour s'en accrocher il y a quelques années. Je sais bien que, des
tableaux que j'ai chez moi, c'est peut-être celui qui a le plus de valeur
et il a subitement pris de la valeur.
M. Lapalme: Je sais de qui le chef de l'Opposition parle, mais le
peintre auquel je fais allusion, qui est mort aujourd'hui, n'est pas
celui-là.
M. Johnson: Ah bon, c'en est un autre. Je pense bien que ce n'est pas
dans Québec qu'on va régler ce problème des peintres, ni
de la finance de leurs oeuvres. Je ne sais pas, je crois que les peintres
semblent être perpétuellement condamnés à la
misère et à la mendicité pendant leur vie, et à la
gloire après leur mort, sauf quelques exceptions.
M. Lapalme: C'est le contraire de la politique, des...
M. Johnson: Comme dit le député de Missisquoi, c'est
exactement comme les hommes politiques, qui sont évidemment
critiqués pendant leur vie et aimés après leur mort. Gare
à ceux qui sont au pouvoir, ils seront critiqués après
leur mort.
M. Lapalme: Oui, il y en a plus qui connaissent la gloire de leur vivant
qu'après leur mort.
M. Johnson: Oui, il y en a même qui n'ont pas leur monument en
dépit d'une loi de la Législature. Je sais, M. le
Président, que ce n'est peut-être pas l'endroit, que ce n'est
peut-être pas l'article; je sais que le député de
Maisonneuve, l'ex-député de Maisonneuve, serait très
heureux de savoir que... L'article 4, je vais attendre tantôt. Mais je me
demande si c'est l'endroit pour demander au ministre de nous éclairer
sur la chicane des peintres et sur le règlement. Au moment où on
s'est laissé, l'année dernière, sur ces crédits, le
ministre partait pour l'Europe à l'exposition de Bordeaux, d'abord, et
ensuite, il devait régler la chicane des peintres. Les journaux nous ont
donné des rapports incomplets. Je crois que la Chambre aimerait entendre
de la bouche du ministre quelle a été la solution adoptée
dans la chicane des peintres, si toutefois elle est réglée.
M. Lapalme: M. le Président...
M. Boudreau: Je voudrais demander au ministre s'il y a des institutions
qui ont des musées qui appartiennent à l'institution
elle-même, là où il y a des oeuvres d'art? J'ai en
mémoire le musée de l'Hôpital général
où il y a de vieilles choses et de belles choses, des oeuvres d'art.
Est-ce que le ministère a un inventaire ou un catalogue ou une liste
quelconque pour informer les gens de ces choses? Évidemment, ça
ne peut pas être exposé par le ministère, dans les
musées du gouvernement, mais, enfin, le public pourrait être
prévenu de l'existence de ces musées qui ont des choses
très attrayantes cour les amateurs d'art.
M. Lapalme: On sait que l'inventaire des oeuvres d'art dans la province
de Québec a été la grande oeuvre de M. Gérard
Morisset; et ce que l'on appelle dans les comptes publics "inventaire des
oeuvres d'art", ce n'est pas simplement l'acte d'inventorier qui coûtera
tel prix, c'est la somme des recherches, des reproductions, des photos, et le
reste, que M. Morisset a amassée au cours d'une longue carrière.
M. Morisset a également publié des volumes, en outre un nombre
infini d'articles, sur ce que l'on trouvait dans tous nos villaqes, nos
vieilles maisons, sur l'orfèvrerie, sur les tableaux. Il y a un volume
sur les tableaux
qui a été publié il n'y a pas tellement longtemps.
En dehors de la publication des archives, il n'y a pas, a ma connaissance,
d'ouvrage publié sur l'inventaire des oeuvres d'art en soi.
Une voix: II n'y en a pas?
M. Lapalme: Non, il n'y en a pas encore. Ça, ce sera une autre
affaire à entreprendre. Qu'à un moment donné, quelqu'un se
place dans cette richesse qu'est l'inventaire des oeuvres d'art et veuille en
faire un volume, ça constituera un volume spécialisé,
comme celui dont je parlais il y a déjà une heure ou deux. Un
volume, par exemple, sur le mobilier canadien ancien, moins ancien, primitif,
enfin, ou peut-être même contemporain, cela comprend des photos en
couleur, des recherches, il faut aller dans l'île d'Orléans, dans
le bas de Québec, dans la région de Montréal. Ce ne sont
pas des livres inutiles. On dira: Vous payez $12,000 pour un livre comme
celui-ci. Mais, c'est un livre qui peut servir à alimenter les
architectes, à alimenter les artisans et c'est comme ça qu'au
Danemark, à un moment donné, on a fini par faire du mobilier que
tout le monde reconnaît, Danemark ou Suède, on dit "mobilier
suédois", "mobilier danois". Avec des ouvrages de recherche comme
ceux-là qui coûtent énormément cher, un artisan, un
architecte, un ingénieur même peut arriver à faire quelque
chose qui soit réellement canadien ou fonctionnellement canadien.
M. Morisset a son travail; malgré tout, il a produit, il a
écrit des volumes, il a écrit des articles. Aux oeuvres d'art, il
faudra, à un moment donné, que quelqu'un arrive, se penche
là-dedans, y travaille peut-être pendant des années, fasse
des reproductions, des photographies en couleur ou autrement, et ce sera un
ouvrage qui coûtera extrêmement cher; ce sont des ouvrages qui
peuvent être subventionnés ou qui peuvent passer par
l'assurance-édition. Dans le moment, nous n'avons pas ça, nous
n'avons pas les moyens de le faire.
M. Boudreau: Ce que je voudrais dire au ministre, c'est que, dans ces
institutions-là comme à l'Hôpital général, il
y a des vieilles choses qui ont appartenu au premier temps ou au premier
régime de la colonie, il y a des choses qui ont appartenu à Mgr
de Saint-Vallier, par exemple. Les soeurs de l'hôpital s'évertuent
à faire connaître ça aux gens qui vont là. Moi, je
me demande s'il n'y aurait pas un concours du ministère qui pourrait
inviter les gens ou faire connaître aux gens que ces oeuvres-là ou
ces choses-là, on peut les voir, qui peut y aller, peut les voir.
M. Lapalme: Je comprends qu'il faut rendre hommage... C'est tout
inventorié, cela a été tout inventorié. Mais,
question de publicité, je ne peux pas discuter là-dessus.
M. Dozois: M. le Président, je pense qu'avec raison, il faut
rendre hommage au travail magnifique qu'a fait M. Gérard Morisset en
faisant cet inventaire des oeuvres d'art de la province de Québec. M.
Morisset a peut-être été critiqué en certains
milieux, mais je pense qu'il a rendu un immense service aux arts de la province
de Québec.
M. Lapalme: Son grand coeur.
M. Dozois: Oui. Parce qu'avant que M. Morisset s'intéresse
à nos oeuvres d'art, il y avait des antiquaires américains qui
avaient raflé, dans notre province, des trésors artistiques
formidables et M. Morisset a contribué fortement à
développer chez nos gens ce goût précisément de
l'orfèvrerie, du meuble canadien, etc., qu'aujourd'hui, les gens
s'arrachent à prix d'or. Je connais une personne qui a acheté un
bahut pour lequel une personne non initiée dans ce domaine n'offrirait
peut-être pas $50; bahut usagé, tout vieux, mais cette personne a
payé quand même $2000 pour ce vieux meuble canadien.
Malheureusement, je sais que, sans l'oeuvre entreprise par M. Morisset, les
Américains, les antiquaires américains raflaient tout ce qu'il y
avait dans la province, des choses splendides, des choses merveilleuses. Je
sais qu'ils ont fait des rafles dans nos églises, où il y avait
des vases sacrés qui avaient été faits par nos
orfèvres il y a cent ans, cent cinquante ans, et les brocanteurs
achetaient ça pour une chanson de nos curés, comme des
vieilleries qui ne les intéressaient plus. C'était malheureux;
mais, je pense que M. Morisset nous a rendu cet immense service de nous rendre
conscients de la valeur de ces oeuvres qui sont véritablement des
oeuvres d'art.
M. Lapalme: Ma réponse, M. le Président. Une chicane des
peintres, je ne veux pas qu'elle soit noyée par les questions de mes
collègues. Je ne sais pas dans combien de phrases je serai capable de
résumer ça. M. Charles Deloye, dès l'instant où fut
organisée la délégation à Paris, nous fut
recommandé par M. Charles Lussier, lequel avait reçu une
recommandation de M. Steinberg, du Musée d'Amsterdam.
M. Johnson: Du Musée d'Amsterdam?
M. Lapalme: M. Lussier disait: Je ne suis pas un expert en peinture et,
comme le marché de la peinture à Paris est le plus important du
monde, que nous avons beaucoup de peintres canadiens, je désirerais
avoir à mes côtés un conseiller technique. M.
Deloye que nous ne connaissions pas, fut ainsi engagé et devint
un fonctionnaire de la province de Québec.
Il se passa par la suite des choses qui eurent un retentissement dans
les journaux et dont je parlais en Chambre, à peu près en ce
temps-ci de l'année, au moment où je partais pour l'exposition de
Bordeaux; des choses qui nous parurent assez étonnantes. D'abord, il y
eut des rumeurs selon lesquelles il était pour être
congédié, il y a plus d'un an de ça; le tout a
débuté en janvier ou février, au moment même
où M. Robert Elie arrivait à Paris; il n'avait pas eu le temps de
prendre contact avec qui que ce soit, il voyait à son
déménagement, il était même dans l'avion lorsque les
premières attaques survinrent de Paris contre lui.
Nous avons cru, à ce moment-là, d'après les
renseignements que nous avions, que M. Deloye incitait des peintres contre M.
Robert Élie et ceci a atteint un point culminant au moment de
l'exposition de la Galerie Namère alors que nous reçumes des
protestations de la part d'un groupe de peintres de Paris et de quelques
peintres de Montréal qui furent toujours fidèles à M.
Deloye. Je dois dire que les seules revues qui publièrent des critiques
furent des revues parlant de l'exposition Namère, critiques qui ne
descendirent pas les peintres exposants. Mais les critiques qui furent
publiées dans un journal de Montréal furent des critiques
sollicitées, reçues dans des lettres qui ne contenaient pas
d'adresse du critique. Dans une revue dans laquelle écrivait Charles
Deloye, on fit, en quelques phrases, un éloge restrictif, si l'on veut,
de cette exposition qui ne fut pas le four que l'on a voulu faire.
Je regrette, je n'ai pas les revues, je les avais gardées l'an
dernier, je voulais les lire à la Chambre; je voulais également
lire les articles parus dans le Petit Journal, dans le Nouveau Journal, qui
reproduisirent de prétentieuses critiques qui n'ont jamais vu le jour
autrement que dans le Nouveau Journal. Jamais les critiques publiées
dans les journaux de France. Nous y voyons là, nous, surtout à
cause de ceux qui ne faisaient pas partie de ce que j'appellerais "le groupe
Deloye", à cause de ceux qui nous l'ont dit, nous y voyons une
drôle d'action de la part de quelqu'un qui était fonctionnaire,
parce que nous savions que des rencontres avaient eu lieu a Paris auxquelles il
avait assisté ainsi que des rencontres à Montréal
auxquelles il avait également assisté.
Rendu à Paris au mois de mai, j'ai fait venir M. Deloye. J'ai
passé une semaine, à Paris cette fois-là, à faire
du bureau exactement comme au parlement, tous les matins à 9 heures,
à la Maison du Québec.
M. Johnson: II y a autre chose a faire que...
M. Lapalme: J'ai essayé, je voulais m'occuper de ça. Et
puis les journées finissaient assez tardivement parce qu'il y avait un
tas de réunions de toutes sortes au cours desquelles, d'ailleurs, j'ai
rencontré des peintres. J'ai d'abord essayé de faire comprendre
à M. Deloye qu'il était fonctionnaire de la province de
Québec, que certains actes qu'il avait posés étaient
suffisants pour le faire mettre à la porte. A ce moment, il a
semblé vouloir comprendre. Ah! je n'ai fait rien de semblable! Il a
nié avoir incité des peintres à faire ce qu'ils avaient
fait.
Nous avions, dès ce mois de mai, avant mon départ,
déjà décidé d'aller à l'exposition de
Spolète. Mais, à notre grande surprise -j'avais montré
ça en Chambre l'an dernier -alors même que nous n'avions pas
encore reçu les détails que nous demandions à Charles
Deloye, le Nouveau Journal publiait tous les détails et disait que nous
avions refusé. Qui pouvait avoir fourni les détails?II a dit: Ce n'est pas moi. Eh non, le journaliste m'a dit que ce
n'était pas Deloye. Mais on peut parler à quelqu'un, le faire
fournir par un autre; je n'étais pas plus avancé; c'était
dans cet état d'esprit que j'arrivais à Paris au mois de mai. Il
a tout nié. Mais, au cours de rencontres que j'ai eues avec des peintres
de Paris qui ont d'ailleurs discuté avec moi avec passion, je me suis
demandé si réellement les informations que nous avions
n'étaient pas les bonnes. Ils étaient je ne sais pas combien de
peintres qui étaient prêts, à travers vents et
marées, à supporter M. Deloye, parce que, disaient-ils, c'est lui
qui a créé la peinture canadienne en Europe. Mais, par contre,
nous avons reçu un manifeste signé par à peu près
80 peintres qui étaient contre Charles Deloye. Parmi ces noms-là,
il y en avait qui comptaient; je me rappelle du nom de De Tonnancourt.
M. Johnson: Qui?
M. Lapalme: De Tonnancourt. Nous avions des peintres en France et ici
qui protestaient contre Deloye en plus grand nombre que ceux qui étaient
derrière lui et dont ils faisaient des éloges dans une des
revues. Il y avait également, ici à Montréal, des peintres
qui ne juraient que par lui. Mais, malgré tout ceci, malgré ce
climat assez brumeux, je lui ai dit, premièrement, qu'on lui donnait
encore une chance, qu'il devait se comporter comme un fonctionnaire et
qu'à la première nouvelle que j'aurais qu'il inciterait des gens
à faire ce qui s'était fait dans le passé, je
recommanderais sa destitution; deuxièmement, je lui ai parlé de
Spolète; j'ai essayé de savoir comment il ne faisait que des
choses comme celles-là s'étaient passées. Nous allions
accepter Spolète, mais on voulait savoir ce que ça
coûterait; il fut bien décidé, à ce
moment-là, que M. Deloye ne marcherait que sous les ordres du
délégué général ou du
délégué culturel et que le montant que nous donnerions
pour Spolète ne devrait pas dépasser $10,000, mais je crois que
nous avons tenu pour acquis que ça pourrait monter à $13,000. On
s'est entendu que ça ne dépasserait pas $10,000. D'ailleurs, je
crois avoir mentionné le montant ici l'an dernier.
Spolète a eu lieu. Je ne raconterai pas nos petites
difficultés à nous en tant que Spolète est
concerné. Mais, au moment où je vous parle, je ne sais pas encore
combien va coûter Spolète. Je crois qu'on est rendu à
$26,000 ou quelque chose près. On a retenu les services de gens qu'on
n'avait pas l'autorité de retenir. On a fait ce que l'on a voulu. On a
fait des dépenses que nous considérons
inconsidérées, sans aucune autorisation et, dans le moment, nous
sommes en face de cela. Quand on a un budget comme le nôtre, qui ne
comporte pas des dizaines de millions, on est obligé de faire attention
à chaque dollar que l'on dépense et particulièrement
à chaque millier de dollars. S'il avait fallu qu'à chaque
exposition à laquelle nous avons participé, on eût
dépassé du double et demi le montant fixé, je me demande
où serait rendu le budget.
Il est arrivé qu'à un moment donné, à la
Trésorerie, devant l'afflux des comptes qui arrivaient, la
Trésorerie a dit: "On demande à la Commission du service civil la
destitution de M. Deloye comme fonctionnaire incompétent".
Immédiatement, quand la nouvelle a sorti, M. Deloye a sauté dans
un avion et est arrivé au Canada. Je me demande s'il est un grand homme
incompétent ou un grand homme compétent et s'il est si
indispensable, mais il s'est acharné, par ses conférences de
presse, par ses agissements, à vouloir absolument nous forcer à
le garder comme fonctionnaire de la province de Québec. Quand on est
censé être un nom universel dans le domaine de la peinture, on
peut aisément trouver où se caser.
Maintenant, quant à la valeur de M. Deloye, je n'ai pas à
la qualifier. Je vais donner à la Chambre un exemple de son style. Quand
j'aurai terminé, et même avant, les députés
comprendront pourquoi il est extrêmement difficile de comprendre M.
Deloye. "Dès qu'il fut en possession de sa démarche propre, dit
M. Deloye en parlant d'un de nos peintres, un thème ne s'est pas
appesanti sur le terme de l'affrontement de l'expression créatrice et de
l'univers de présence qu'il suscite, oeuvre qu'il retrouve au plus
profond d'elle-même. "Il se situe d'emblée au niveau des larges
sculptures formelles, simples, cohérentes, directement données,
dont la présence immédiate aurait pu cependant, dans une
dimension de profondeur indécise et mystérieuse... Conquise sur
l'ouverture indéfinie de la lumière et enveloppée par
elle, elle se dégage sur le fond d'un au-delà illimité et
distinct, mais qui ne se situe jamais en rupture avec elle."
Je pourrais citer à la Chambre des paquets de revues de ce
style.
M. Bertrand (Missisquoi): Mais aviez-vous vu ça avant de
l'envoyer?
M. Lapalme: Bien, c'est l'exposition de Spolète, c'est ça
qui a été présenté dans le catalogue ici. Je dois
dire que, quand j'ai vu le catalogue, j'ai été quelque peu
horrifié. "Si l'articulation essentielle..." Un instant...
M. Johnson: Le député de Brome n'aime pas ça.
M. Lapalme: "Si l'articulation essentielle au langage surgit de
l'appartenance et de l'opposition simultanées de l'acte fondamental de
création, de position instauratrice et d'un registre, un
réfractaire déjà donné qui l'enveloppe, qui en
procède et s'en détache, du jeu de l'interférence des
altérités qui s'excluent et se chevauchent jaillissant une
réalité autre, brisée, oblique, paraphrasée,
aliénée, modeste... Faisance, spécification,
équivalence." On ne s'est pas compris, M. Deloye et moi.
Et, pour terminer, si le chef de l'Opposition veut me laisser ajouter
seulement une phrase, j'ai de plus en plus confiance en Robert Elie.
M. Johnson: M. le Président, je ne sais pas de quel peintre
parlait M. Deloye. Je suis certain que plusieurs des épithètes,
celles qui sont laudatives, auraient pu s'appliquer à un peintre dont
j'ai découvert l'existence et qui, je suis très heureux de le
souligner, me semble avoir beaucoup de talent. C'est le fils du ministre, du
Secrétaire de la province, et je suis très heureux de proclamer -
je ne suis pas un connaisseur - que c'est extraordinaire ce que le
député de Matapédia peut faire comme oeuvres dans sa vie,
et l'une de ses oeuvres, ce sont ses enfants. Je l'en félicite, M. le
Président.
M. Lapalme: II était un de ceux qui ont passé pour on sait
quoi; il était un des exposants de la Galerie Lemaire.
M. Johnson: Est-ce qu'il est pour ou contre M. Deloye?
Une voix: Vous êtes pour ou contre, M. Deloye?
M. Johnson: Je ne le sais pas, M. le Président, et je pense que
ça n'a pas de conséquence. Je veux tout simplement souligner que
ça m'a fait plaisir de constater que le fils du ministre avait des
talents. L'admiration que je devrais avoir pour son père, je la porte
volontiers sur les épaules du fils, avec tellement plus de
facilité, M. le Président. Je comprends que M. Deloye n'est plus
fonctionnaire, je comprends que le ministre...
M. Lapalme: Le ministre n'a pas compris?
M. Johnson: Le ministre est allé à Paris?
M. Lapalme: M. Frégault aussi. J'ai envoyé M.
Frégault. Cela a été une grosse affaire à
l'époque. Au mois de septembre, j'ai envoyé M. Frégault,
j'ai demandé à M. Frégault de partir immédiatement
pour Paris.
On ne savait plus où on s'en allait. On voulait savoir où
on en était.
M. Johnson: M. le Président, je n'ai pas à passer de
jugement sur cet événement, sauf que je voudrais dire, moi aussi,
que j'ai bien confiance en M. Elie. Je puis assurer cette Chambre, connaissant
M. Elie depuis si longtemps - M. Elie qui avait été nommé
à l'école des beaux-arts, on s'en souvient, de notre temps - que
c'est un homme compétent et un homme intègre. Maintenant, les
chicanes de peintres, les chicanes de M. Deloye, ce n'est pas un
problème politique, sauf que cela a coûté cher à la
province. J'espère que, la prochaine fois, le ministère sera
prudent quand il engagera des hommes, surtout dans ce domaine.
M. Lapalme: II y a une chose que je regrette plus que cette querelle,
c'est que, après Spolète, nous avons demandé à
plusieurs des peintres qui avaient exposé, qui sont en Europe à
l'heure actuelle, leur collaboration pour répéter... Il y avait
127 peintures à Spolète, à peu près...
Une voix: 130.
M. Lapalme: Nous leur avons demandé leur collaboration, les
peintres de Paris en particulier, et de nous passer leurs toiles pour que nous
répétions l'exposition de Spolète ici. Ils ont
refusé.
M. Dozois: M. le Président, en marge de cette querelle, je
voudrais terminer sur un mot qui, je pense, fera rire la Chambre. Au plus fort
de la querelle, j'arrive ici, à Québec, et je prends un taxi. Le
chauffeur écoutait le programme des nouvelles et l'annonceur d'un poste
local - j'imagine que l'office de linguistique pourrait communiquer avec lui -
parlant de la chicane, parlait de M. Elie et M. "Deloy" (prononcé
à l'anglaise).
M. Bédard (président du comité plénier):
La séance est suspendue jusqu'à ce soir, 8 heures.
(Reprise de la séance à 8 heures)
M. Bédard (président du comité plénier):
A l'ordre, messieurs!
M. Bertrand (Missisquoi): Le Musée de la province n'est pas
terminé. D'où vient la diminution au sous-article 1, Musée
de la province, traitements et salaires"? L'an dernier, $155,000, et cette
année, on a besoin seulement de $144,000.
M. Lapalme: Je crois que...
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce qu'il y a eu diminution dans le
personnel?
M. Lapalme: Oui, il y avait du personnel. Ah, les noms... Cela m'est
venu à l'époque. Il y avait du personnel, il y avait une section
qui s'appelait comment donc?
Une voix: Science?
M. Lapalme: Ah! oui! M. Comeau est parti! Je ne me rappelle plus, est-ce
qu'il avait atteint la limite d'âge? Qu'est-ce qui s'est passé
dans son cas?
Une voix: II a été mis à sa retraite.
M. Lapalme: II y avait M. Comeau, par exemple, qui a été
mis à sa retraite. Il y avait qui à part ça? M. Dumas.
M. Bertrand (Missisquoi): Alors, combien sont partis?
M. Lapalme: II n'y avait pas de femme là-dedans. Il y avait une
vieille employée, je crois...
M. Bertrand (Missisquoi): Qui a été mise à sa
retraite?
M. Lapalme: Oui.
M. Dozois: C'est une bonne place pour la garder, un musée.
M. Bertrand (Missisquoi): Ce n'est pas un hôpital, ce n'est pas un
hospice.
M. Lapalme: Ce sont des employés qui sont partis l'an dernier
dans le courant de l'année.
M. Bertrand (Missisquoi): Oui, mais, l'an
dernier, vous aviez eu un montant de $155,000. Vous en avez combien gui
sont partis? Deux, trois, quatre?
M. Lapalme: II me semble qu'il y en a quatre ou cinq qui sont partis. Il
y en a quatre qui sont partis.
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce qu'on a l'intention de les
remplacer?
M. Lapalme: Pour l'instant, le conservateur du musée, c'est M.
Morisset. Il est en même temps en tête du service de l'inventaire
des oeuvres d'art. M. Piché est entré au musée. Je ne sais
pas exactement quelle classification il a suivant la Commission du service
civil. Il s'appelle... Un titre? Conseiller technique, pour s'occuper tout
particulièrement de la peinture.
Je ne puis pas dire dans le moment si M. Morisset continuera à
exercer les deux, parce qu'aux oeuvres d'art, c'était son fils,
Jean-Paul, qui avait la direction de l'inventaire, et Jean-Paul Morisset est
allé travailler pour le gouvernement fédéral.
M. Dozois: Combien y a-t-il de musées? Il y a le musée
ici, à Québec, il y a le musée Sir Wilfrid-Laurier,
à Saint-Lin, je crois.
M. Lapalme: Non, non. C'est fédéral. Les musées de
la province? Je regrette, comme le député...
M. Dozois: Arthabaska...
M. Lapalme: ... que la confection du budget condense les articles qui
apparaissaient plus distinctement l'an dernier.
Les musées de la province? Il y a celui d'ici, évidemment,
c'est le grand musée de la province. Nous n'en avons pas à
Montréal. C'est une chose qui est dans les plans du ministère. Il
y a deux ans, parmi les immobilisations nécessaires pour le
ministère, nous avons donné une liste dans laquelle
apparaît un musée à Montréal.
Je regrette qu'il ne soit pas dans les immobilisations de cette
année des Travaux publics.
Il y a le musée Laurier à Arthabaska. C'est là que
le député de Saint-Jacques confond, parce qu'à Saint-Lin,
c'est un autre musée Laurier, mais qui est fédéral. Il y a
le musée Provencher, à Cap-Rouge, qui est dans une maison qui
avait été achetée par la Commission des monuments
historiques, je crois. Il y a le musée Routhier à Sainte-Foy et
un hôtel, l'hôtel Chevalier, qui sera probablement dans
Québec, dans le Vieux-Québec, le plus beau coin au point de vue
de la reconstitution. C'est là que nous rejoignons une question qui, je
crois, paraît au feuilletin d'aujourd'hui, concernant une somme
payée à un nommé Faucher, c'est bien rela, pour la maison
Faucher.
L'hôtel Chevalier est un beau type de maison française. La
Commission des monuments historiques, au cours des années, a dû
dépenser, je crois bien - par coeur, je vais Sonner un chiffre que je ne
voudrais pas donner comme étant un chiffre définitif -$300,000
à $340,000. Non seulement pour l'achat de la maison Chevalier, mais pour
les maisons qui sont collées à elle, qui n'ont pas de valeur
historique, et que l'on veut détruire de façon à
dégager la maison Chevalier pour en faire enfin une perspective qui est
infiniment plus belle que celle qu'il y a là. La maison Faucher -
question qui apparaît, je ne sais pas au nom de qui, au feuilleton - est
une de ces maisons qui ont été achetées; actuellement,
c'est une épicerie ou un salon de barbier... Quoi donc? Ah! elle a
été démolie! La maison Faucher a été
démolie. Alors, cet ensemble de maisons a été
acheté en réalité pur faire place à l'hôtel
Chevalier et, face à ça, il y avait un espace libre.
Lorsque nous avons appris que le CNR projetait d'élever là
sa gare, un édifice en verre et en métal, nous avons eu une
très longue correspondance avec les autorités du CNR, qui ont
fait venir des représentants, etc. Le CN avait obtenu la permission de
la ville de Québec. Nous n'avons pu obtenir que la gare se
déménage ailleurs, mais nous avons pu obtenir cependant qu'elle
soit située d'une façon un peu différente des plans
originaux, de façon à ne pas détuire ce plan qui avait
été dressé par la Commission des monuments historiques et
qui faisait que l'hôtel Chevalier se serait dégagé seul.
Or, l'hôtel Chevalier est une propriété qui va servir de
musée, qui sert de musée. Ce sont les seuls musées, je
crois, que nous ayons.
M. Johnson: A part Montréal et Québec, est-ce que le
ministre a des plans pour des musées en dehors de ces deux grandes
villes? Est-ce que c'est dans la politique du département de
tâcher de favoriser un peu les centres...
M. Lapalme: Ah! ça, c'est encore rêve et
réalitél On n'est même pas capable, à l'heure
actuelle, d'avoir les fonds nécessaires pour construire un musée
à Montréal qui, nous semble-t-il, devrait en mériter un,
quand Boston en a quatre ou cinq. Tant que nous ne serons pas capables de
bâtir à Montréal, nous ne faisons pas trop de rêves,
mais...
M. Johnson: Ça presse peut-être moins à
Montréal qu'ailleurs, quoi qu'en pense mon collègue de
Saint-Jacques.
M. Lapalme: Evidemment, Saint-Hyacinthe doit en réclamer un,
quelque part
dans ce coin-là.
M. Johnson: J'ai une suggestion très pratique à faire au
ministre; il a dit qu'il était bien embarrassé avec les originaux
au Musée provincial...
M. Lapalme: Ce n'est pas à nous, ça.
M. Johnson: Non, c'est aux Travaux publics.
M. Lapalme: Non, c'est au Département de l'instruction
publique.
M. Johnson: Ah bien! c'est encore pire!
M. Lapalme: L'an passé, le chef de l'Opposition m'excusera, j'ai
fait une offre, j'ai demandé: Qui veut acheter un original? Ce
n'était pas à moi, je vendais des choses qui ne m'appartenaient
pas.
M. Johnson: Le maire de Granby les préfère vivants, lui;
mais il y a, à Saint-Hyacinthe, une école de médecine
vétérinaire; il me semble que ce serait l'endroit tout
indiqué pour y établir un musée d'histoire naturelle, un
musée de zoologie; à Saint-Hyacinthe, le ministre, le
député n'est pas ici, mais je veux bien tirer la couverte du
côté de la région mascoutaine et ne pas tout laisser dans
le comté de Saint-Jacques, M. le Président; Montréal a
déjà... Le député de Saint-Jacques me rappelle
qu'il y a aussi une autre institution à Saint-Hyacinthe, c'est le centre
d'insémination artificielle, ça n'a rien à faire dans la
culture, dans le département du ministre ici, mais je crois qu'il y a du
sérieux là-dedans, M. le Président...
M. Lapalme: Dans l'insémination?
M. Johnson: C'est même grave, il y a du sérieux
là-dedans. On est porté à tout concentrer à
Montréal et à Québec. Il y a beaucoup de choses à
Montréal, beaucoup de divertissements...
Une voix: Malheureusement!
M. Johnson: ... il y a beaucoup d'occasions de récréation
à Montréal; évidemment, il . y a beaucoup de population
aussi, quand on sait que la population de Montréal, en fin de semaine,
aime à sortir de Montréal; si on avait un musée à
Saint-Hyacinthe... A Shawinigan, ce n'est pas nécessaire, on peut
attendre que le député meure; on pourra faire un
musée.
M. Hamel (Saint-Maurice): Ça va prendre du temps, ça va
prendre du temps.
M. Johnson: J'espère que ça va prendre du temps, mais,
à Saint-Hyacinthe, à Granbv, on a déjà une belle
attraction grâce à l'initiative du maire et du conseil et d'un
groupe de citoyens éclairés, mais, dans d'autres petits centres,
comme Berthier, Sherbrooke, Joliette, Shawinigan, on devrait tendre autant que
possible à centraliser les initiatives culturelles pour que ce ne soit
pas limité...
Une voix: C'est vrai.
M. Johnson: ... seulement à Montréal et à
Québec; je songe à Rivière-du-Loup, à
Rimouski...
M. Hamel (Saint-Maurice): Pour une fois.
M. Johnson: ... à La Malbaie, à Chicoutimi, à
Thetford, à Saint-Georges ou à Sainte-Marie, ou à
Saint-Joseph-de-Beauce, dans Dorchester, M. le Président, je ne sais pas
s'il y a une grosse place, à Beaumont, dans le comté de
Bellechasse, mais il faudrait rendre accessible à la population rurale
ces possibilités de culture qui en même temps servent aux gens de
la ville, parce qu'on sait qu'en fin de semaine, les gens de la ville aiment
aller à la campagne; alors, ça ne nuit à la
fréquentation de ces lieux. J'espère que le ministre songe
à la décentralisation de la culture, comme la
décentralisation est recommandabîe dans tous les autres
domaines.
M. Dozois: M. le Président, je ne suis pas pour les petits
musées au-delà de la province; j'estime que Montréal,
étant la métropole du pays, il faut nécessairement avoir
un musée de grande classe, parce qu'il y a des centaines de milliers de
visiteurs qui viennent tous les ans à Montréal, les touristes
recherchent les musées; d'ailleurs, nous savons tous que le Musée
des beaux-arts, situé rue Sherbrooke, connaît une
popularité comme il n'en a jamais eu auparavant.
M. Lapalme: Mais il ne nous appartient pas.
M. Dozois: Je sais, je sais. Au Musée des beaux-arts, rue
Sherbrooke, il y a une affluence considérable, il y a de plus en plus de
visiteurs, beaucoup d'écoliers visitent le Musée des beaux-arts
depuis quelques années et je ne sais pas, mais ceux qui
s'intéressent actuellement à ce musée ont su créer
de l'intérêt autour de ce musée, il a de plus en plus de
popularité. J'estime qu'il devrait y avoir, peut-être dans l'est
de Montréal, je trouve que l'endroit tout indiqué serait rue
Dorchester; il y a encore des terrains magnifiques qui sont disponibles,
surtout avec la construction de Radio-Canada dans l'est;
ce serait un très bel endroit et la province devrait construire
un musée à Montréal, dans les environs de la rue
Dorchester. J'espère que c'est un projet que la province pourra
réaliser à brève échéance. Est-ce qu'il y a
des plans concrets au ministère des Travaux publics? Peut-être que
le ministre des Affaires culturelles est au courant. Est-ce qu'on peut
espérer la construction d'un tel musée dans un avenir
rapproché, ou si c'est très éloigné comme
possibilité?
M. Lapalme: Dès cette année, dans la formation du budget,
et je n'ai pas eu tellement de mérite à le faire parce qu'il a
été fait exclusivement par les officiers du ministère
pendant que je songeais aux conséquences de la sécurité
routière dans mon lit, dès la confection du budget par le
ministère, disons par M. Frégault, nous avions demandé un
montant en immobilisation de $2 millions pour un musée; nous le
demandions, nous, mais comme les immobilisations n'apparaissent plus dans notre
budget et s'en vont toutes aux Travaux publics, c'était une demande qui,
passant par le ministère des Affaires culturelles, s'en allait aux
Travaux publics. Je ne crois pas que les Travaux publics, dans leur montant
cette année, aient ces $2 millions pour un musée à
Montréal; maintenant, je demande, sans vouloir le demander au
député de Saint-Jacques et au député de
Saint-Maurice, de s'entendre sur la question de savoir si on doit aller dans
les petites villes ou dans les grandes villes. Je voudrais bien qu'on
construise un gros musée à Montréal.
Je voudrais justement rappeler ce que disait le député de
Saint-Jacques tout à l'heure; le seul musée que nous ayons
à Montréal, qui n'appartient pas à la province d'ailleurs,
un musée digne de ce nom, c'est le Musée des beaux-arts. Or,
quand nous avons quelque chose à faire à Montréal, la
plupart du temps, nous sommes obligés d'aller dans cette
propriété privée, qui appartient à une corporation;
nous sommes obligés d'aller là. Je donnerais un autre exemple.
Nous allons rendre à Bordeaux ce que Bordeaux a fait pour nous l'an
dernier, et c'est à la demande même de Bordeaux, du maire de
Bordeaux... Le président de l'Assemblée nationale et la direction
des musées de Bordeaux nous ont offert de venir faire ici une exposition
des oeuvres du grand peintre bordelais Marquet. Or, pour montrer ce peintre
à Montréal, nous serons obligés d'aller au Musée
des beaux-arts, qui ne nous appartient pas. A Québec, heureusement, nous
serons capables de faire l'exposition dans le musée ici.
Chaque fois que se présentent des choses comme celle-là...
Il y a eu de grandes expositions récemment, depuis quelques mois, et
toutes doivent aller au Musée des beaux-arts. C'est bien évident.
Ce n'est pas la question de ne pas vouloir en mettre dans les petits centres,
mais là où vous avez à peu près la moitié de
la population de la province de Québec, dans le secteur
métrpoolitain, il me semble absolument indécent que nous n'ayons
pas un musée à Montréal, dans une période de temps
relativement court. A quel endroit? Je ne le sais pas, je ne prévois pas
que l'on puisse bâtir un musée de $2 millions, un musée
digne de ce nom.
Maintenant, on admettra qu'il y a plus de musées en province
qu'il y en a dans Québec et dans Montréal. Il y a de petits
musées. Quand on achète une maison historique, habituellement,
c'est pour en faire un musée. Je pourrais peut-être plus tard
parler, à l'occasion d'une loi, de la politique que nous entendons
suivre en cette matière, mais ça, c'est une autre chose. Je
voudrais rappeler qu'il y a un autre musée qui ne nous appartient pas et
c'est assez curieux; je ne sais pas s'il ne devait pas être dans les
comptes publics, je crois que c'est arrivé après. Il y a un autre
musée qui relève de nous et c'est le musée des chemins de
fer. Il y a une corporation qui s'est formée et qui a
décidé de bâtir le musée des chemins de fer dans le
comté de Laprairie, je crois. Est-ce que c'est Laprairie? Oui.
M. Johnson: A Delson?
M. Lapalme: II y avait deux villes de l'Ontario qui leur faisaient des
offres et je crois que le gouvernement ontarien était prêt
à faire quelque chose. On nous a dit, à un moment donné:
Nous autres, nous voulons construire un immeuble, nous voulons agrandir avec
les années, mais, au départ, si nous n'avons pas une aide de la
province de Québec, nous allons nous en aller, je crois, à
Kitchener ou ailleurs. Nous nous sommes demandé si le jeu en valait la
chandelle et, finalement, après ces conversations avec les
représentants qui étaient tous des gens très
cultivés, nous avons décidé de garder ici ce musée,
qui est commencé d'ailleurs et qui va devenir unique en son genre au
pays. C'est assez curieux, ça, c'est dans le comté de Laprairie.
Que Trois-Rivières, que Sherbrooke ou que d'autres villes aient besoin
de musée, oui. Mais je voudrais faire remarquer une chose: c'est que je
ne connais pas toutes les grandes maisons d'enseignement pour les avoir
visitées, mais j'en connais quelques-unes qui ont d'excellents
musées, les collèges classiques en particulier. Peut-être
a-t-on porté la chose un peu trop du côté de la faune,
parce que les orignaux, on les trouve à peu près dans tous nos
musées de collèges; mais il y a de ces musées un peu
partout en province, là où il y a des institutions classiques.
Mais Montréal et la banlieue, avec deux millions et demi de population,
n'ayant pas de musée appartenant a l'Etat,
c'est une chose qui, à mon point de vue, est indécente,
dans le sens qu'on peut l'employer quand...
M. Johnson: Le village de Chambly, qu'est-ce que c'est?
M. Lapalme: Le village de Chambly, c'est une chose qui est
indépendante, c'est un organisme privé...
M. Johnson: Oui.
M. Lapalme: ... qui achète des maisons...
M. Johnson: Est-ce qu'il est de la juridiction...
M. Lapalme: ... de vieilles maisons, qui va les transporter là et
qui veut faire une sorte de réplique de Williamsburg. Je ne me souviens
plus quelle est l'aide que nous leur avons offerte; ils ont eu des
difficultés, à un moment donné (qui est-ce qui est
allé s'installer à côté avec un bulldozer et puis
qui?). Nous nous sommes portés garants pour eux; à un moment
donné, toute leur oeuvre était en train d'être
détruite par quelqu'un qui est arrivé là, qui était
pour installer je ne sais quoi; les bulldozers se sont mis à tout
tourner le terrain à l'envers et il était question d'exproprier.
Je ne me souviens pas si c'est nous qui avons garanti la corporation dans des
procédures ou... J'ai un vague souvenir de ça, mais ce n'est pas
encore avancé; c'est une institution privée, je le
répète.
M. Dozois: M. le Président, il me semble que la province pourrait
songer à faire une entente avec la ville de Montréal pour la
construction de ce musée; il me semble qu'il y aurait un endroit
très approprié. Actuellement, on construit la Place des Arts,
à Montréal, au nord de Sainte-Catherine, entre Sainte-Catherine,
Ontario, Saint-Urbain et Jeanne-Mance; et, en face de la Place des Arts, sur la
rue Sainte-Catherine, il y a des bâtiments vétustes qui sont
presque des taudis. Je sais que la ville a déjà eu l'intention de
faire un nettoyage de tous ces bâtiments, jusqu'à la rue
Dorchester; il me semble qu'il pourrait y avoir, après entente avec la
province, la possibilité de construire le musée, disons, rue
Dorchester, qui se trouverait voisin du magnifique édifice de
l'Hydro.
M. Bertrand (Missisquoi): Dans quel comté?
M. Dozois: Malheureusement, dans le comté de Saint-Louis; mais
c'est le comté voisin du mien. Seulement, je pense que ça
intéresserait tous les Montréalais et là, il y aurait
moyen de faire un ensemble magnifique avec la Place des Arts, le musée,
avec le pendant de la Place des Arts; ça conviendrait très,
très bien, ce serait dans le même esprit et je crois que ce serait
un endroit tout trouvé pour loger le musée.
M. Lapalme: II n'y a pas de doute que nous ne procéderions pas
sans avis ou le consentement de la ville de Montréal qui travaille,
depuis quelques années, à un plan d'embellissement. C'est
d'ailleurs la méthode qui a été suivie quand il s'est agi
du palais de justice, du nouveau palais de justice; cela a été
discuté avec les autorités de la commission d'embellissement de
la ville de Montréal, de la commission d'urbanisme de la ville de
Montréal et le palais de justice est construit à l'endroit
demandé par les autorités de la ville de Montréal, par les
autorités d'urbanisme de la ville de Montréal, parce que
j'étais d'une opinion contraire, à ce moment-là, pour la
construction du palais de justice. J'avais une autre idée. L'architecte
en chef des Travaux publics partageait mon opinion et le premier ministre
partageait mon opinion, mais les autorités de la ville de
Montréal ne partageaient pas notre opinion, le ministre des Travaux
publics non plus d'ailleurs. Il était avec le maire de Montréal.
Le ministre des Richesses naturelles partageait mon opinion sur la localisation
du nouveau palais de justice. Nous avons eu plusieurs rencontres.
Le ministre, un matin, m'a promené sous la pluie. Nous avons fait
tout le tour des taudis entre Sainte-Catherine et Dorchester. Nous avions un
tout autre plan, mais la ville de Montréal, dans les bureaux de sa
commission d'urbanisme, avec toutes ses maquettes, avec tous ses plans, a
insisté fortement pour que le palais de justice fasse partie d'une
intégration qui finirait par être complétée. On
disait: Ce coin-là sera complété. Les plans du futur
hôtel de villa à l'autre bout du Champ-de-Mars, le palais de
justice à ce bout-ci, toute la rue Saint-Jacques et tout ça, ce
sera fini. Après ça, nous reprendrons autre chose.
Le jour où nous aurons des fonds disponibles pour un musée
dans Montréal, nous ne pourrons pas arriver comme ça et nous
installer n'importe où. Nous disons à la ville de
Montréal: Voici ce que nous voulons faire; dans vos plans, où
entrons-nous? Je crois que c'est le seul moyen de procéder.
M. Dozois: A proximité de la Place des Arts.
M. Johnson: M. le Président, pour le député de
Brome qui, pendant quatre ans dans l'Opposition, a parlé de son
musée à Knowlton, y a-t-il quelque chose, y a-t-il des pians pour
Knowlton?
M. Bertrand (Missisquoi): On a même versé aucune
subvention.
M. Lapalme: La Lome Historicla Society.
M. Bertrand (Missisquoi): Ça ne lui a rien donné.
M. Johnson: On pourrait suspendre cet article-là...
M. Lapalme: Je sais qu'il y a un montant, en tout cas, mais...
M. Bertrand (Missisquoi): Non.
M. Lapalme: Oui, oui, là-dedans, je ne sais pas si c'est dans
l'année courante ou l'année d'avant, il y a une subvention pas
très élevée, quelques centaines de dollars, parce qu'il ne
faut pas oublier que le député de Missisquoi a ici un rapport de
la première partie, je dirais des deux tiers de la première
année; ça se termine au 31 mars 1962.
M. Bertrand (Missisquoi): Le 31 mars 1962.
M. Lapalme: 1962, ça, c'est à l'époque... On
balbutie encore, mais c'était à l'époque
véritablement des premiers...
M. Bertrand (Missisquoi): On n'avait pas demandé sa demande
encore.
M. Lapalme: A Brome, la County Historical Association, $500.
M. Johnson: Thank you, Mr Chairman. M. Lefebvre est toujours
archiviste?
M. Lapalme: Oui, oui.
M. Johnson: Et, à Québec, M. Roy?
M. Lapalme: Non, M. Roy vient d'être transféré au
secrétariat et on a fait une demande à la Commmission du service
civil. Nous allons être obligés de payer un prix plus
élevé que celui qu'il recevait. Il recevait $9,000 et, sur la
liste de la Commission du service civil, c'est $10,200.
M. Johnson: Qui est-ce qui succède à M. Roy?
M. Lapalme: II n'est pas nommé encore.
M. Johnson: II n'est pas remplacé... M. Lefebvre, quel est son
salaire?
M. Lapalme: Ah oui! c'est vrai! M. Lefebvre relève du Procureur
qénéral, le palais de justice.
M. Bertrand (Missisquoi): Rien oui. il est au palais de justice.
M. Johnson: Les archives de la province n'ont du personnel qu'à
Québec?
M. Lapalme: II y a, depuis à peu près trois ans, à
Paris, un M. Labignette; prénom, je ne sais pas; c'est Éric,
$2,400, à Paris. Il travaille à Paris. Je ne l'ai jamais vu.
M. Johnson: Et à Québec, c'était M. Roy.
L'assistant de M. Roy, c'est qui?
M. Lapalme: II n'a pas d'assistant. M. Johnson: II n'en a pas.
M. Lapalme: II n'a pas à proprement parler d'assistant, parce
que... M. Ouellet est parti. Il y avait M. Ouellet autrefois. Quel était
son prénom? M. Ouellet a quitté les archives pour s'en aller
à la faculté de commerce. C'est lui qui était l'assistant.
M. André Vachon est parti également pour aller à
l'Université Laval. On assiste au spectacle d'un gouvernement qui
subventionne les universités qui lui enlèvent ses employés
pour les payer plus cher.
M. Johnson: Et M. Roy?
M. Lapalme: Le plus haut en grade à l'heure actuelle, si je
regarde les salaires, c'est M. R.-J. Auger, $6,000.
M. Johnson: M. Roy avait combien? M. Lapalme: M. Roy avait $9,000.
M. Johnson: Et on va être obligé de payer plus cher, si je
comprends bien.
M. Lapalme: M. Roy s'en va au secrétariat, archiviste au conseil
du secrétariat, et nous sommes obligés d'en engager un. Il s'en
va au même salaire, je crois; au même salaire, oui. Et nous sommes
obligés d'en enqaqer un à un salaire plus élevé,
parce que ceux que nous avons pressentis ne viennent pas à ce
salaire-là.
M. Johnson: La loi qui permet de microfilmer les archives est
limitative, si j'ai bonne mémoire, elle est permise seulement pour un
certain nombre de services.
M. Lapalme: C'est assez curieux, je ne me rappelle pas qu'il y ait eu
une loi permettant de microfilmer les archives.
M. Johnson: Oui, on a...
M. Lapalme: On avait les lois spéciales pour autoriser tel ou tel
organisme.
M. Johnson: La loi générale... La loi
générale, je pense bien, M. le Président, c'est qu'on ne
peut pas détruire...
M. Lapalme: Oui, c'est vrai ça.
M. Johnson: ... les documents et je crois qu'on est même
limité, qu'en doit même conserver des copies. Quand un document a
été fait en duplicata et que deux copies sont restées dans
le dossier, je crois qu'on ne peut même pas, en vertu de la loi,
détruire la copie qui nous paraît inutile. A un moment
donné, on a amendé la loi, une des lois de la province, pour
permettre que certains services mettent sur films leurs archives, les fassent
microfilmer. Entre autres, je crois que ça s'applique aux documents du
département du Procureur général, à certaines
archives judiciaires qui datent de plus de tant d'années. C'est
peut-être le temps pour le ministre de songer, au moins pour l'an
prochain, non pas seulement pour les archives historiques, disons, mais pour
les paperasses du gouvernement, à se faire autoriser le plus tôt
possible à les microfilmer pour faire un peu de place et soulager ce
pauvre ministre des Travaux publics, qu'on assaille de toutes sortes de
demandes pour des bureaux.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté. 3. Bibliothèque Saint-Sulpice: non, "Achats de
livres" avant, achats de livres, de documents historiques; ça va?
Alors 3. Bibliothèque Saint-Sulpice.
M. Johnson: Qui est le bibliothécaire au conservatoire?
M. Lapalme: M. Jasmin. M. Johnson: Encore?
M. Lapalme: M. Jasmin, oui, il prend sa retraite le 1er juin.
M. Johnson: Est-ce qu'il a un assistant?
M. Lapalme: On a procédé par concours. C'est difficile de
trouver un bibliothécaire.
M. Johnson: Peut-être de moins en moins, on a maintenant plusieurs
diplômés des écoles de bibliothéconomie.
M. Lapalme: Oui, mais il se paye des gros salaires à
différents endroits; ils ne sont pas seulement dans les services
publics.
M. Bertrand (Missisquoi): II y a une réduction
considérable dans les autres dépenses; l'an dernier, près
de $9,000 et, cette année, $3,500.
M. Lapalme: C'est parce que l'équipement de microfilms est une
chose complétée maintenant. Est-ce que le député de
Missisquoi veut parler de divers, de $8,000 à $3,000?
M. Bertrand (Missisquoi): Oui.
M. Lapalme: C'est qu'on n'a pas besoin d'équipement de microfilms
cette année.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté. 4.
Commission des monuments historiques
Commission des monuments historiques.
M. Johnson: M. Gouin est encore président?
M. Lapalme: Oui, payé; M. Gouin et M. Pelletier. Voyez-vous,
à la Commission des monuments historiques des Affaires culturelles, M.
Gouin et M. Pelletier, je ne sais pas s'il y en a d'autres, ne sont pas
payés par le ministère des Affaires culturelles ils sont
payés par le secrétariat.
M. Bertrand (Missisquoi): Par le secrétariat.
M. Lapalme: Ils sont à l'emploi du secrétariat.
M. Dozois: M. le Président, à propos des monuments
historiques, à Montréal, malheureusement, nous n'avons pu
conserver que très peu de bâtiments qui ont un caractère
historique. Heureusement, l'administration de la cité de
Montréal, avec la création de la commission Viger, a entrepris
justement d'effectuer au centre de Montréal, près de
l'hôtel de ville, la restauration des quelques édifices qui ont un
caractère historique. La province a exproorié,
précisément pour la construction du palais de justice, le
quadrilatère Craig-Notre-Dame-Saint-Laurent et Saint-Gabriel qui se
trouve incidemment dans le comté de Saint-Jacques.
M. Lapalme: Un quadrilatère?
M. Dozois: Pour le palais de justice, Craig-Notre-Dame-Saint-Laurent et
Saint-Gabriel, qui se trouve incidemment dans le comté de Saint-Jacques,
que j'ai l'honneur de représenter, il y a, dans ce quadrilatère,
une très vieille maison qui a un caractère historique, qui
était autrefois ce qui s'appelait l'hôtel de France, rue
Saint-Gabriel, immédiatement au sud de Craig. La maison est
abandonnée depuis quelque temps, je ne sais pas si la province a
complété l'exprooriation de cet immeuble. Je sais qu'il y a des
pourparler: à Montréal pour
transporter cette maison ailleurs. J'espère que la province
pourra s'entendre avec Montréal pour déménager cet
immeuble qui est vraiment historique; c'est un des rares immeubles historiques
que nous avons dans cette partie de Montréal et même dans
Montréal. Je pense qu'il y aurait un endroit tout trouvé pour
placer cette maison, ce serait en face de l'hôtel de ville.
Immédiatement à l'ouest du château de Ramezay, on a fait un
terrain de stationnement qui est fort utile; mais il me semble que cet
immeuble, qui est situé rue Saint-Gabriel, pourrait être
transporté à cet endroit. Je comprends qu'il n'a pas les
mêmes dimensions que le château de Ramezay, mais, en laissant un
dégagement, je pense, entre les deux immeubles, de façon à
pouvoir communiquer avec le terrain de stationnement qui pourrait rester
à l'arrière, on conserverait cette maison qui est vraiment
magnifique.
M. Lapalme: Laquelle? Est-ce qu'il s'agit d'un article publié
dans la Presse, il y a une quinzaine de jours? II y a eu un article...
M. Dozois: Je sais que les journaux en ont parlé
récemment...
M. Lapalme: ...au sujet d'une maison sur la Craig, je ne peux pas voir
laquelle.
M. Dozois: Au coin, en face du Champ-de-Mars, sur Saint-Gabriel. Elle a
passé au feu, dernièrement.
M. Lapalme: Pas au coin de Craig, en bas?
M. Dozois: Au coin de Craig et Saint-Gabriel.
M. Lapalme: Ah! je connais ça, ces bâtisses-là.
M. Dozois: C'est une très vieille bâtisse.
M. Lapalme: Je pense que c'est la ruelle des Fortifications et la rue
Craig, du côté ouest de Saint-Gabriel.
M. Dozois: C'est ça. C'est une maison qui a de l'allure. C'est
sûrement une des rares maisons qu'on aurait intérêt à
conserver dans le Vieux-Montréal historique. Maintenant, quelqu'un m'a
dit que ça coûterait peut-être quelque chose comme $100,000
pour démolir cette maison pierre par pierre et la transporter ailleurs.
Je ne sais pas si Montréal se résignera à dépenser
cette somme, mais je pense que ça vaudrait la peine que la province
participe aux frais occasionnés pour le transport de cette maison. C'est
en somme la province qui est un peu responsable de cette disparition puisque la
province exproprie pour la construction du palais de justice. Il serait trop
regrettable que cette maison-là disparaisse. On en a si peu à
Montréal que ça conviendrait très bien à l'endroit
que je suggère, près du château de Ramezay. Ça se
trouverait immédiatement en arrière de l'ancien hôtel
Racicot qui est en face du marché Bonsecours. C'est
précisément là que Montréal veut faire le centre
historique de Montréal. Alors, je fais la suggestion que votre
ministère, avec les crédits qui sont là ou d'autres
crédits que vous pourriez trouver, collabore avec Montréal pour
conserver cette maison.
M. Lapalme: Les avocats, la semaine dernière, m'ont
télégraphié pour me dire que toutes les expropriations
étaient terminées. Premier point. Deuxième point, j'ai
demandé à M. Gouin de me faire un rapport là-dessus; M.
Frégault vient de prendre une note. Quant à M. Frégault et
à moi, nous n'avons reçu aucune représentation.
M. Loubier: M. le Président, je sais que M. Octeau connaît
l'existence, à Beaumont, dans Bellechasse...
M. Lapalme: M. Octeau n'est pas ici. M. Loubier: Ah! excusez-moi!
M. Lapalme: Le comptable est ici, le conseiller juridique.
M. Loubier: La maison Bigot, qu'on appelait dans...
M. Lapalme: Le château Bigot?
M. Loubier: Le château Bigot était la résidence
d'été de cet intendant et la maison a brûlé il y a
quelques années. Actuellement, je sais qu'elle appartient encore aux
monuments historiques, mais elle a brûlé, il y a 8 ou 10 ans, je
pense.
M. Lapalme: Où est-ce que c'est?
M. Loubier: A Beaumont, dans le comté de Bellechasse.
M. Lapalme: A quel endroit, dans Beaumont?
M. Loubier: Entre Beaumont et Lévis. A l'entrée de
Beaumont. En direction...
M. Lapalme: Pas sur la grande route. A l'entrée du village?
M. Lacroix: Le député de Bellechasse l'a connu, ils l'ont
envoyé ailleurs, eux
autres.
M. Loubier: Si le député veut laisser parler
sérieusement ceux qui veulent le bien du ministère et de la
province, rien n'a été fait pour reconstruire cette
maison-là ou quelque travail que ce soit. J'ai communiqué, il y a
quelque temps, avec M. Pelletier, et il me disait qu'il connaissait
l'existence, évidemment, de cette maison-là, mais le sort qu'on
lui réservait, on ne le savait pas. C'est un lieu très historique
et, entre autres, il y a...
M. Lapalme: II n'a pas été détruit...
M. Loubier: Cela a été détruit par le feu.
Maintenant, quel sort va-t-on réserver à cet endroit-là?
Je sais que bien des personnes, par exemple, seraient intéressées
à acheter cette étendue de terrain qui est près du fleuve,
etc. C'est un très bel endroit de villégiature mais,
actuellement, c'est une valeur morte pour la province.
M. Lapalme: Un instant: Je vais consulter un historien.
M. Fortin: On l'appelle communément le moulin de Vincennes.
M. Lapalme: Ah! Je confondais avec une cause célèbre
concernant un certain château Bigot, il y a quelques années.
M. Allard: On a appris, M. le ministre, il y a quelque temps,
qu'à Saint-Joseph-de-Beauce, il y a un monument assez ancien qu'on
appelle chez nous le moulin des Fermes.
M. Lapalme: Le quoi?
M. Allard: Le moulin des Fermes, qui date d'énormément
longtemps et qui, à l'heure actuelle, est en train de tomber, est en
train de se défaire complètement. Il appartient à
l'organisation des terrains de jeux de Saint-Joseph-de-Beauce. Depuis quelque
temps, on a entrepris certains travaux et malheureusement on a eu des
protestations de la part des gens qui voulaient qu'on conserve ce monument,
étant donné son âge. Cela amenait des dépenses un
peu trop considérables pour l'oeuvre des terrains de jeux. Je ne sais
pas s'il y aurait possibilité de considérer cette demande qui a
déjà été faite, je crois, au
département.
M. Lapalme: Vu que nous avons la transcription de tout ce qui est dit en
Chambre, je vais demander à M. Langlois de nous passer toute la partie
qui concerne les monuments historiques, on va l'envoyer à M. Gouin.
M. Loubier: Merci.
M. Bertrand (Missisquoi): Alors, si le ministre des Affaires culturelles
le veut, en même temps il pourra le lire dans le journal des
Débats. A l'occasion d'un voyage, l'été dernier, à
l'île aux Coudres, j'ai eu l'occasion de visiter un vieux moulin qui date
de plusieurs siècles, du début de la colonie, et un vieux
citoyen, un vieux cultivateur m'a raconté l'histoire de ce vieux moulin
qui semble malheureusement très abandonné, alors, j'aimerais
attirer l'attention du ministre et de la Commission des monuments historiques
sur la très mauvaise condition de ce vieux moulin qui mériterait
d'être conservé.
M. Lapalme: Est-ce que le député de Missisquoi dit que le
moulin est en mauvais état? Je lui pose la question parce que je sais
qu'on en a un à l'île aux Coudres. Je me rappelle qu'il y a eu des
demandes de soumissions pour des travaux, je ne me souviens plus de la nature
des travaux, c'était quelques milliers de dollars de travaux de
réfection.
M. Bertrand (Missisquoi): Peut-être, c'est peut-être
celui...
M. Lapalme: Est-ce que le député sait le nom...
M. Bertrand (Missisquoi): Je ne pourrais pas donner de nom.
M. Lapalme: Est-ce que le député s'est logé
à l'hôtel de l'Anse pleureuse ou quelque chose comme ça? La
Roche pleureuse?
M. Bertrand (Missisquoi): Non. C'est à ce bout-ci de l'île.
L'hôtel de l'Anse pleureuse est à l'autre bout.
M. Lapalme: Bien, la Roche pleureuse.
M. Bertrand (Missisquoi): Non, ce n'est pas là. C'est à
l'entrée, pas très loin de l'église, du côté
sud. Alors, j'attire votre attention...
M. Lapalme: Pour l'information du député et de la Chambre,
évidemment, voici ce que nous avons à l'île aux Coudres. Il
y a deux chapelles de procession dans la paroisse. On sait ce que ça
veut dire, les chapelles de procession, n'est-ce-pas? Surtout ici, dans le
Bas-Saint-Laurent, il y en a beaucoup. C'est une chapelle à
l'extérieur du village où on se rend pour ensuite revenir
à l'église. Deux chapelles dans l'île aux Coudres.
Il y a la maison Bouchard, qui est une maison française, la
maison Jacques-Leclerc, le moulin Desgagnés et des objets divers
dans la paroisse Saint-Louis...
M. Bertrand (Missisquoi): Le moulin Desgagnés, c'est
celui-là.
M. Lapalme: Je me rappelle parfaitement qu'il y a environ un an... Bien
oui, je me le rappelle, on avait eu des difficultés avec ça. Ce
n'est pas cet automne, parce que, cet automne, je suis parti pour... L'automne
d'avant. Pas l'automne dernier, l'automne d'avant, je sais qu'on avait
demandé des soumissions à différents entrepreneurs locaux
pour faire des travaux. Je me rappelle qu'on m'a parlé de ça
à une époque où c'était pressé,
pressé, parce que les froids allaient venir et puis l'eau allait
s'infiltrer.
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce qu'il y a eu un montant de
dépensé au moulin Desgagnés?
M. Lapalme: Moi, je suis convaincu qu'il y a eu quelque chose, mais je
ne sais pas; il faudrait que je cherche, il faudrait probablement que j'aie le
nom du...
M. Bertrand (Missisquoi): C'est parce que je retourne là
l'été prochain, alors, j'aimerais...
M. Lapalme: Alors, ça empêcherait des frais de voyage de la
part d'un fonctionnaire, si le député y va: services publics.
M. Bertrand (Missisquoi): Je ferai rapport au ministre.
M. Lapalme: Avez-vous une maison historique, vous aussi?
M. Mailloux: M. le Président, pour parler de la maison historique
dont vient de parler le député de Missisquoi, je pourrais ajouter
évidemment qu'à la maison Bouchard, qui est dans mon
comté, la toiture a été rénovée l'automne
dernier.
M. Lapalme: Est-ce que le député parle de...
M. Mailloux: La maison Bouchard de l'Ile aux Coudres. A présent,
nous avons demandé récemment des crédits pour le moulin
à l'eau ainsi que la chapelle. Cette demande de crédits a
été faite récemment au ministère des Affaires
culturelles.
M. Johnson: Qui ça: "nous avons demandé"?
M. Mailloux: Les gens de l'Ile aux Coudres, appuyés par le
député de Charlevoix, ont demandé des crédits afin
de conserver, je pense, ces monuments historiques que je voudrais voir
améliorer par le ministère des Affaires culturelles, et je
remercie le député de Missisquoi d'avoir amené le
sujet.
M. Boudreau: M. le Président, j'aimerais savoir du ministre si
les travaux de reconstruction du monument Wolfe sont aux frais de la province
ou d'Ottawa?
M. Lapalme: Du FLQ.
M. Boudreau: La démolition, ou c'est ça.
M. Lapalme: C'est fédéral. M. Boudreau:
Fédéral.
M. Johnson: La question est bien à propos parce que je viens de
lire dans le Soleil, édition de cinq heures, que notre premier ministre,
en Angleterre, lors d'une conférence de presse, nous a taxés de
royalistes et que nous regardions du côté de la couronne
britannique et des Anglais de la Grande-Bretagne pour nous protéger
contre les Anglais du Canada. Je me demande si le premier ministre est rendu
dans le FLQ. Il y a longtemps qu'il est dans la Fédération
libérale du Québec, mais dans le Front de libération du
Québec, M. le Président, je ne sais pas si le premier ministre y
est rendu, et ce sont des propos qui sont un peu étonnants dans la
bouche du premier ministre. Je n'insisterai pas; il a peut-être
été mal rapporté par la Presse canadienne, ça peut
arriver; cela a peut-être été pondu en anglais, traduit en
français.
Disons que nous attendrons son retour pour faire élucider cette
déclaration pour le moins étonnante dans la bouche du premier
ministre. Ce sont des propos qu'on pouvait tenir au temps de la
Confédération; cela aurait pu passer dans l'histoire de Sir
Thomas Chapais. Mais aujourd'hui, ç'aurait été le temps de
dire qu'on est un pays, un peuple évolué, un peuple majeur qui
n'a pas besoin de la Grande-Bretagne, qui n'a pas plus besoin de la
Grande-Bretagne que des autres pays pour poursuivre son destin.
En parlant de monuments historiques, est-ce que l'église de
Saint-Hugues, comté de Bagot, Saint-Hugues de Ramezay, a
été...
M. Lapalme: Non, on n'a rien pour Saint-Hugues; non, ça finit
à Saint-Hubert, Saint-Isidore.
M. Johnson: M. le Président, à Saint-Hugues, non seulement
l'église est-elle digne d'être considérée comme un
monument historique, mais il y a là un presbytère...
M. Lapalme: Un instant! J'ai été interrompu, je m'excuse;
j'ai été interrompu
par le ministre des Richesses naturelles, qui me proposait de demander
à l'adjoint parlementaire du premier ministre s'il avait un commentaire
à faire sur la déclaration que le premier ministre aurait faite
à Londres. M. le Président...
M. Johnson: M. le Président, quand M. Duplessis s'absentait,
c'est moi qui était censé faire ça; mais comme M.
Duplessis ne s'absentait jamais, je n'ai jamais eu l'occasion de savoir si, oui
ou non, il m'aurait permis de faire une déclaration à sa
place.
M. Lapalme: Le député de Bagot a oublié une chose;
c'est qu'un soir, il s'est absenté et puis on lui a fini la session. Il
n'avait rien à faire le lendemain matin.
Je n'ai pas compris le début à cause de ceci, c'est pour
ça que j'ai dit ça; je n'ai pas compris ce que le chef de
l'Opposition a dit pour Saint-Hugues.
M. Johnson: A Saint-Hugues, il y a un presbytère qui est d'une
qualité exceptionnelle et...
M. Lapalme: Quel est l'âge de cette paroisse?
M. Johnson: Saint-Hugues, cela a au-delà de 160 ans, environ 160
ans. Déjà, en 1848, Denis-Benjamin Viger disait, au sujet du
presbytère de Saint-Hugues, que c'était l'un des plus beaux
spécimens de l'architecture canadienne, et le presbytère de
Saint-Hugues est réellement d'une qualité exceptionnelle. Ce
n'est pas parce que c'est dans Bagot, je suis bien objectif, même si j'y
mets mon coeur. Je crois que la Commission des monuments historiques devrait
jeter un coup d'oeil de ce côté-là. Il y a là
réellement un immeuble qui peut rivaliser avec les beaux, les nombreux
immeubles historiques de Québec, de Bellechasse ou de cette
région si fertile en monuments historiques. On sait que Saint-Hugues,
c'est dans le territoire de l'ancienne seigneurie de Ramezay et il y a
là des souvenirs historiques très intéressants; le prince
de Galles, à un moment donné, y a séjourné; au
cours des troubles de 1837-1838, plusieurs des patriotes y sont passés
et c'est bien riche en petite histoire. Je demande au sous-ministre de prendre
une note, je crois d'ailleurs qu'il l'a prise, et peut-être qu'une autre
année, on pourra en parler.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté? Adopté. Bureau de Paris.
Bureau de Paris
M. Johnson: Bureau de Paris, M. le Président, ça prend
soin de $48,000. Pour qui sont ces salaires?
M. Lapalme: Premièrement, M. Robert Elie; un instant, c'est
divisé en traitements, frais de voyage, frais de bureau, autres
dépenses. M. Robert Elie, je ne me rappelle plus les salaires par coeur.
Combien? $11,600, Robert Elie. Charles Temerson, un Français,
$2,654.
M. Johnson: Quelle est la fonction de M. Temerson?
M. Lapalme: II était à Match la dernière fois que
je l'ai vu, je ne sais pas s'il est encore là; alors il est officier de
presse là-bas, il établit tous les contacts avec la presse pour
les Affaires culturelles, les informations autant que possible dans les
journaux; enfin, le plus que nous avons eu jusqu'ici, et je dirais même
que c'est beaucoup, c'est M. Temerson qui s'en est occupé. Il est bien
évident qu'à ce salaire-là, il n'est pas à temps
plein.
M. Johnson: Non, mais évidemment, je connais M. Temerson, c'est
un Français malgré son nom à consonnance très
anglaise, et j'ai eu l'occasion de me rendre compte qu'il s'agit d'un homme
compétent, très alerte et très au point en matière
de publicité, mais $48,000, ça ne doit pas couvrir seulement ces
deux salaires-là.
M. Lapalme: Non, non, c'est parce que, à l'heure actuelle, je
crois que c'est passé a la Trésorerie, ça doit être
rendu à la Commission du service civil, nous avons des
réquisitions de faites pour Paris.
Les Affaires culturelles ne paient que leurs dépenses à
Paris, mais on reçoit des demandes de partout, croyant que la maison de
Paris, ça appartient aux Affaires culturelles. Dans le moment, ce que
nous avons, nous avons le secteur culturel; la maison appartient aux Travaux
publics; le reste, c'est le ministère de l'Industrie et du Commerce; le
délégué général relève de l'Industrie
et du Commerce; tout ce que nous avons là, nous avons M. Robert Elie,
payé par nous, je viens de donner son salaire, il a ses frais de
représentation qui viennent plus bas. Nous avons M. Temerson. C'est tout
ce que nous avons dans le moment; nous nous servons, je crois, parce que nous
n'avons pas de sténo encore, des sténos de l'Industrie et du
Commerce. En ce moment, on nous demande deux conseillers techniques à
$8400, ce qui fait $16,800; un pour remplacer Charles Deloye et un au point de
vue littéraire, un conseiller littéraire; un
bibliothécaire - nous avons ce spectacle de la maison de Paris - de la
maison du Québec à Paris, qui n'a pas de bibliothèque.
L'information, soit au point de vue économique, soit au point de
vue culturel et
le reste, au point de vue littéraire, manque, et c'est une des
choses que l'on demande le plus là-bas. Nous avons des
difficultés du côté de la douane, ça c'est une autre
affaire. Moi, j'ai essayé de régler le problème avec les
Affaires étrangères, département de l'Amérique du
Nord, M. Lussier s'en est occupé; chaque envoi de livres que nous
faisons d'ici coûte énormément cher de douane en arrivant
là-bas. Nous avons essayé de régler le cas avec
l'ambassade. L'ambassadeur lui-même s'en est occupé et le reste;
je ne sais pas si nous parviendrons un jour à avoir je ne dirais pas un
statut diplomatique complet, mais si on pouvait nous placer sur la liste de la
douane. Si on envoie $100 de livres, ça coûte $25 de douane, je
crois. Nous voulons avoir une bibliothèque, mais une bibliothèque
bien formée, bien faite, ayant surtout en vue les besoins d'information
qu'on a de nous, là-bas. Nous voulons avoir un bibliothécaire,
nous ne voulons pas y établir une bibliothèque n'importe comment,
par n'importe qui, qui deviendrait un fouillis; deux
sténos-secrétaires, un commis classe 4 et un commis-dactylo; deux
sténos-secrétaires à $3300, un bibliothécaire
à $5000, un commis classe 4 à $3300 et un commis-dactylo à
$2000 - je ne sais pas si, à ces salaires-là... - ce qui fait en
tout $47,954 pour les prévisions de l'année; ça ne veut
pas dire que nous allons dépenser ça, parce que je ne sais pas
quand nous aurons le personnel.
M. Johnson: Mais, depuis que la maison est ouverte à Paris, il y
a eu, à part M. Elie, des attachés de presse au moins pour un
bout de temps, temporairement.
M. Lapalme: Ça ne fait pas longtemps que l'attaché de
presse vient d'arriver.
M. Johnson: M. Temerson?
M. Lapalme: Non, l'attaché de presse, c'est - quel est le titre
de M. Giroux, de l'Industrie et du Commerce? - ah! c'est à Londres!
M. Johnson: M. Giroux est attaché de presse, mais payé par
le ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Lapalme: Lui, il est pour la délégation.
M. Johnson: Mais est-ce que le département du Procureur
général ou du ministre des Affaires culturelles n'a pas
payé des services d'attaché de presse, depuis l'ouverture?
M. Lapalme: M. Temerson.
M. Johnson: Oui, mais avant M.
Temerson?
M. Lapalme: Je ne sais pas, mais ce dont je me souvient... La maison,
c'est au mois d'octobre, je crois que M. Temerson était
déjà là, à ce moment-là. Je crois que M.
Temerson était là lors de l'inauguration de la Maison du
Québec. Oui, oui, il était là parce que j'y suis
allé avant l'inauguration, je crois qu'il était à cet
emploi, à ce moment-là, et possiblement après. C'est une
chose à laquelle je ne peux pas répondre, parce que ça ne
relève pas de mon ministère. Je crois que, pendant une certaine
période après l'inauguration de la Maison du Québec, le
ministère de l'Industrie et du Commerce a obtenu pour quelques mois les
services de M. Jacques Languirand, je n'en suis pas certain. Je ne sais pas
s'il a travaillé à salaire ou s'il a simplement aidé les
employés, je ne sais pas.
M. Johnson: Alors M. Languirand aurait été payé par
le ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. Lapalme: Ah! bien, ça, on a eu M. Paul Toupin, qui a
été employé pendant trois mois.
M. Johnson: Est-ce que ce sont les Affaires culturelles qui l'ont
payé?
M. Lapalme: Les Affaires culturelles ont payé ça, oui.
M. Johnson: Ça, c'est finalement réglé. M. Lapalme:
$1500, trois mois.
M. Johnson: M. Toupin avait-il été engagé par
arrêté ministériel?
M. Lapalme: A ce moment-là, il n'était pas engagé,
il était temporaire.
M. Johnson: Et il n'a pas pu devenir permanent?
M. Lapalme: Non, non, il n'a pas pu devenir permanent.
M. Johnson: Est-ce qu'il a quitté de lui-même ou si on a eu
certaines difficultés à le passer comme permanent?
M. Lapalme: Je crois qu'il a été refusé.
M. Johnson: Mais non pas refusé par le ministre.
M. Lapalme: Non.
M Johnson: Alors, quand ce n'est pas le ministre, c'est le Conseil des
ministres ou le Conseil du trésor.
M. Lapalme: Le Conseil du trésor. M. Johnson: Merci.
M. Loubier: J'aurais eu une petite question, concernant un article qui a
paru dans la Presse du 2 avril 1963 annonçant que le Québec
aurait sa place dans la cité internationale des arts à Paris et
qu'à cet effet, le gouvernement, par le truchement du ministère
des Affaires culturelles, avait souscrit une somme de $18,000 pour avoir un
atelier appelé "du Québec". Alors, est-ce que l'on pourrait avoir
certains détails concernant d'abord cet atelier et ce qu'on entend faire
pour...
M. Lapalme: La cité internationale des arts est ce qu'on
appellerait en bon français, dans un autre département que le
nôtre, "a joint venture" du gouvernement français et d'un
organisme privé. Le gouvernement français y attachait beaucoup
d'importance. C'est subventionné... Je ne sais pas si c'est par les lois
de l'habitation et de quelle façon exactement ce l'est, je ne me
rappelle pas les détails; mais le gouvernement français est
intéressé à cette construction de la cité des arts,
comme il peut être, naturellement, très intéressé,
disons, par la cité universitaire, alors que ce n'est pas le
gouvernement français qui est dans la cité universitaire. Mais,
dans celle-ci, le gouvernement français est directement
intéressé.
On nous a offert à nous, comme si nous avions été
un pays souverain, précisément à cause de notre
présence à Paris et des relations que nous avons là-bas,
on nous a offert un appartement, un studio dans la cité des arts;
à ce moment-là, si mon souvenir est fidèle, M. Robert Elie
nous a demandé de nous prononcer le plus rapidement possible parce que
l'occasion ne nous en serait pas donnée pour longtemps.
Les raisons - ce serait intéressant de lire toute la
correspondance - les raisons données (M. Frégault, si je me
trompe, vous me tirerez par ici, parce que c'est déjà
arrivé) les raisons données en particulier sont celles-ci: II est
très difficile pour les artistes canadiens, les musiciens, les peintres,
les sculpteurs, de trouver des studios dans Paris. Il faut voir...
Évidemment, un peintre arrivé comme Riopelle peut facilement
s'organiser, vu qu'il fait beaucoup d'argent, et quelques autres
également. Mais il faut voir comment certains peintres, certains
musiciens sont organisés pour travailler; il faut avoir une notion du
Vieux-Paris en particulier pour s'imaginer ce que ça peut être
à certaines occasions. Alors, nous avons acheté, comme cela se
fait partout dans Paris, un appartement, un studio, dans un grand immeuble,
comme font les Parisiens qui achètent un plain-pied ou le
septième étage.
Nous l'avons acheté au prix de $18,000. Nous n'avons pas encore
déterminé comment nous procéderons pour le choix de celui
qui aura mérité d'avoir le studio; nous nommerons probablement un
jury; des demandes seront faites; comme je viens de le dire. Il s'agit de tous
les arts, qu'il s'agisse de peinture, sculpture ou musique.
Pour la musique, c'est assez difficile, de la façon que les
appartements sont faits à Paris, de pianoter ou de chanter toute la
journée. Alors, un jury déterminera, on verra, lorsque les
premières candidatures viendront, comme nous ferons, comme nous
procéderons; on peut être certain que ce n'est pas le ministre qui
dira: C'est M. Untel qui va avoir le studio. Alors, le coût, c'est
$18,000; je crois qu'il y a une dépense additionnelle chaque
année d'environ $250 parce qu'on est propriétaire d'un immeuble;
mais il y a des charges que tous les propriétaires doivent supporter;
s'il s'agit de réparer le toit, s'il y a 1000 unités, les 1000
unités paient pour la réparation du toit. Et nous donnerons au
peintre, au pianiste, au chanteur, à l'artiste enfin, qui voudra avoir
le studio, un salaire nominal qui équivaudra à peu près
à la dépense que ça nous coûtera; c'est à peu
près ça, $250; ça peut varier, d'après ce qu'on
peut voir, de $250 à $400. Il n'y aura pas d'objection à ce que,
évidemment, par exemple, la bourse obtenue par un artiste serve à
ça ou bien à ce que le paiement soit sous forme de bourse.
M. Johnson: A quel endroit de Paris?
M. Lapalme: Ah! je ne l'ai pas vu! Mon Dieu! Le quai de l'hôtel de
ville, près du Marais, près de la Conciergerie.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté, 6, autres services culturels?
Autres services culturels
M. Lapalme: Voici encore cette chose que j'ai lue pour la
première fois. On se rappelle que, les années passées,
ça m'arrivait souvent de dire au ministre concerné: Comment se
fait-il que, cette année, le budget est fait comme ceci, comme cela?
Puis, on me répondait: C'est l'auditeur. Alors, là, je ne sais
pas si c'est le Trésor. Moi aussi, je me suis demandé ce que
c'était "autres services culturels". Je voudrais revenir à la
formule qui nous dit: "inventaire des oeuvres d'art, archéologie et
astronomie". Ça comprend ça, les traitements de base de $74,000
à $80,000. Maintenant, il faut que je demande tous les détails du
livre de comptabilité parce qu'ils ne sont pas ici.
Une voix: Formidable! Une voix: Astronomie?
M. Lapalme: Inventaire des oeuvres d'art, archéologie et
astronomie.
M. Bertrand (Missisquoi): Combien?
M. Lapalme: Je vais vous donner les détails dès que le
comptable et le sous-ministre vont finir par se comprendre.
M. Johnson: Avec les mnistres qu'on a, dans la lune plus souvent
qu'à leur tour, ça doit avoir augmenté, l'astronomie!
M. Lapalme: L'astronomie? M. Johnson: Oui.
M. Bertrand (Missisquoi): Quel est l'expert en astronomie au sein du
cabinet?
M. Johnson: Le député de Matapédia?
M. Bertrand (Missisquoi): A Ottawa, il y a des...
M. Lapalme: Inventaire des oeuvres d'art.
M. Bertrand (Missisquoi): Inventaire. Est-ce qu'il y a, dans le
rapport...
M. Lapalme: Un instant, j'attends qu'on me trouve l'inventaire des
oeuvres d'art; moi, je suis à lire, pendant ce temps-là.
M. Bertrand (Missisquoi): Page 47.
M. Lapalme: Mais oui, mais ce n'est pas là que je veux donner des
renseignements. On me demande la dépense de cette année;
là, on est à la fin de mars 1962.
M. Bertrand (Missisquoi): Oui, mais vous cherchez dans
celui-là.
M. Lapalme: Non, non, je fouille autre chose. Avez-vous inventaire des
oeuvres d'art? Bon, commençons par inventaire des oeuvres d'art:
$31,550. Ce sont les grands titres que je donne là. L'an prochain,
j'espère que je ne serai pas à l'hôpital quand le budget se
fera et que je pourrai voir comment ça se fait.
M. Bertrand (Missisquoi): Combien pour l'astronomie?
M. Lapalme: L'astronomie: $25,250. C'est payé.
M. Bertrand (Missisquoi): Oui, l'archéologie?
M. Lapalme: L'archéologie: $25,000.
M. Bertrand (Missisquoi): $25,000. M. Lapalme: Bon!
M. Bertrand (Missisquoi): Ça fait $81,000.
M. Lapalme: Oui, mais je vais tout rediviser.
M. Bertrand (Missisquoi): Vous demandez un budget de $109,000.
M. Lapalme: II y a inventaire, $1,000; archéologie, $4,000;
astronomie, $1,000; frais de voyage. Après ça, achat
d'instruments et de livres d'astronomie.
M. Bertrand (Missisquoi): ...qui n'est pas dispendieux.
M. Lapalme: On va en parler tout à l'heure. A l'astronomie, achat
d'instruments et de livres: $10,500; autres dépenses; à
l'inventaire, il y a $3,000; l'archéologie, $3,700; l'astronomie,
$4,700.
Dans l'inventaire des oeuvres d'art, pour reprendre, il y a les noms des
personnes: M. Leblond, M. Jacques Pierre; Eliane Pilon, je ne sais quoi; M.
Portelance, Mme Saint-Pierre. Et, l'année prochaine, nous demandons un
conseiller technique à l'inventaire des oeuvres d'art qui va nous
coûter $9,600. C'est le salaire de M. Morisset. S'il s'en va aux oeuvres
d'art, on ne peut pas le laisser au salaire qu'il reçoit au
musée.
M. Bertrand (Missisquoi): Vous en avez parlé cet
après-midi.
M. Lapalme: Un technicien en photo, $4,200; il y a des augmentations
statutaires. Il nous faut, en archéologie, un second archéologue,
$5,500, et un technicien, une sténo et des étudiants que nous
engageons pendant la période des vacances. Les étudiants,
ça s'élève à $5,790. Alors, ne me faites pas parler
des fouilles du Long-Sault. On en a assez parlé dans les journaux.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté. Article 3, le conservatoire de musique et d'art
dramatique à Montréal.
Conservatoire de musique et d'art dramatique
M. Lapalme: On ne sait pas si, à un moment donné, on en a
entendu parler ou si on l'a lu dans les journaux mais, il y a un peu plus d'un
an, au moment où il y avait une réorganisation des salaires, je
crois, dans les écoles techniques, les professeurs du conservatoire
protestaient contre le sort qui leur était fait en regard de la
nouvelle
classification qui venait de se faire aux écoles techniques. Eh
bien, le cas n'est pas du tout le même que celui des professeurs
ordinaires et c'était un cas très compliqué. Par exemple,
les professeurs qui travaillaient à l'heure, à la
leçon.
Si je me souviens bien, l'an dernier, il y avait 106 professeurs ou
quelque chose comme ça à Montréal. Alors, le
sous-ministre, M. Frégault, M. Leduc et Mlle Andrée Desautels,
qui représentait le groupe des professeurs, ont travaillé
là-dessus. Je ne sais pas combien M. Frégault a fait de voyages
à Montréal pour ça, combien de fois nous avons
communiqué avec M. Leduc et nous l'avons fait venir pour essayer de
trouver un modus vivendi avec les professeurs. Le résultat, c'est qu'il
y a eu plus de professeurs permanents et, par conséquent, diminution
dans le nombre des professeurs qui travaillaient à la leçon.
L'engagement des professeurs devenus permanents et la diminution du nombre
d'heures ou du nombre de leçons données et payées à
la leçon ont donné le résultat que nous avons aujourd'hui
une diminution.
M. Bertrand (Missisquoi): Combien d'employés permanents?
M. Lapalme: Ils sont quatorze actuellement. Nous en avions seulement un
ou deux, je crois.
M. Bertrand (Missisquoi): Combien de temporaires?
M. Lapalme: Cinquante-six actuellement à taux horaire.
M. Bertrand (Missisquoi): Cinquante-six, alors que vous en aviez cent
six...
M. Lapalme: Ah! il y avait autrefois soixante-dix professeurs à
taux horaire et il y en avait d'autres qui n'étaient pas à taux
horaire, mais à un montant fixe, par exemple, à demi-temps,
à temps fixe, tant pour donner une heure par semaine ou deux heures par
semaine, tant pour l'année. On remarquera que nous n'avons pas le
même résultat à Québec qu'à Montréal.
Nous avons une augmentation à Québec, nous avons une diminution
à Montréal.
M. Johnson: Dans le nombre d'élèves?
M. Lapalme: Non, non, dans la dépense. En réglant le cas
des professeurs du conservatoire de Montréal, nous avons réduit
la dépense et, à Québec, la dépense a
augmenté.
M. Dozois: Qui est directeur?
M. Lapalme: M. Leduc, à Montréal, est directeur du
conservatoire, parce que la loi ne dit pas deux conservatoires; elle dit un
conservatoire avec une section à Montréal, une à
Québec. Et ici, c'et le célèbre ténor Raoul Jobin,
à Québec.
M. Bertrand (Missisquoi): Oui, mais il y a un Conservatoire de musique
et d'art dramatique.
M. Lapalme: Ah oui! Comme c'est là, je parlais du conservtoire de
musique. C'est M. Jean Valcourt pour le conservatoire d'art dramatique. Le
conservatoire d'art dramatique est à la bibliothèque
Saint-Sulpice.
M. Bertrand (Missisquoi): De Montréal.
M. Lapalme: A Montréal. Il était autrefois où
était le vieux théâtre, le Monument national.
M. Johnson: M. le Président, le ministre comprendra que je
veuille juste attirer son attention sur une situation que je trouve
déplorable et qui explique la grande nécessité de
développer son service à Paris. On a dit tantôt que M.
Temerson était de Paris-Match. On pourrait peut-être se servir de
M. Temerson pour tâcher de faire une mise au point concernant un
reportage qui vient d'être fait par Paris-Match et dont la Presse nous
donne dans son édition de cet après-midi quelques extraits qui
sont franchement, disons, pour le moins, une excuse à Time Magazine
d'avoir quelquefois et très souvent des aperçus sur
Québec.
M. Lapalme: Mais est-ce qu'il y a encore dans Paris-Match la partie pour
le Canada qui s'appelait Paris-Canada?
M. Johnson: Je ne sais pas, M. le Président, je prends ça
dans le carnet de M. Raymond Guérin et ça en vaut la peine. Ce
n'est rien qui soit dirigé contre le gouvernement, mais ça
justifie le gouvernement d'intensifier son travail à Paris, franchement.
M. Guérin dit: "Simple reportage. Voulez-vous lire un reportage
succinct, intéressant, bien rédigé et véridique sur
les récentes élections fédérales au Canada? Alors,
ne prenez pas la peine de parcourir l'article publié dans le dernier
numéro de Paris-Match. Sous la rubrique Le monde en marche, le puissant
hebdomadaire parisien vous étale une pleine page qui veut commenter et
résumer le scrutin du 8 avril. Et c'est quelque chose à lire.
C'en est même ahurissant: L'article est coiffé d'un titre bien
spécifique: "Les Français qui ont fait élire Pearson: on
le tient à l'oeil."
On parle de Réal Caouette, "petit, mince, ascétique, le
nez long et en lame de couteau". "Si Caouette a le nez en lame de
couteau, dit M. Guérin, je me demande bien de quelle sorte de
couteau il s'agit là." Sans commentaire, pour ceux qui sont
organisés comme moi et d'autres. On dit, c'est entre guillemets, c'est
dans Paris-Match: "Pour ce bout d'homme passionné, la bataille, c'est la
lutte contre les Anglais. Depuis deux ans, Caouette parcourt les campagnes de
la province en criant à des paysans fumeurs de pipe, en grosse chemise
de laine: "Nous en avons assez d'être des parias, nous sommes 6,000,000
de Canadiens français, le tiers de toute la population et nous n'avons
ni amiral, ni général d'aviation, ni haut fonctionnaire."
Cette affaire d'amiral revient à plus d'une reprise. On nous
montre une photo de Lester Pearson et on explique: "Leader des libéraux,
il a promis aux Canadiens français un amiral." Et l'article de
Paris-Match continue: "Ils comptent sur lui." Alors, je vais avertir
Paris-Match qu'ils peuvent compter sur moi; je vais rappeler à M. Lesage
la promesse de M. Pearson de nous donner un amiral. Je continue l'article.
C'est du vrai folklore! On répète un peu plus loin que les
partisans de Caouette sont des "rudes bûcherons au visage tanné ou
des paysans endimanchés". Et on parle de l'épouse de M.
Diefenbaker, etc.
On en vient à parler de M. Pearson. On dit: "Cet homme paisible
n'aime rien tant que de couper du bois, lire des romans policiers, voir des
"westerns", mais uniquement à la télévision."
Franchement, M. le Président, je vous dis que Paris-Match nous
aura un jour par les sentiments. Toujours à propos de M. Pearson: "Le
diplomate Pearson négocie. Il a déjà promis aux Canadiens
français un amiral. Ils lui réclament un vrai drapeau canadien
qui porterait, ne serait-ce que dans un petit coin, au moins une fleur de lys.
Cela vous inspire, cette description? Et enfin, on mentionne le FLQ et on dit
qu'il a "déjà posé trois bombes et fait sauter une voie
ferrée." Le FLQ n'a jamais fait sauter une voie ferrée,
même s'il a peut-être tenté de le faire. "Quand je vous
disais, continue M. Guérin, que Paris-Match s'était pourfendu
d'un reportage véridique! Mais ce qui est aussi déplorable
là-dedans que les mauvaises informations fournies à la nation
française, c'est le ton, le style de l'article. Article mal
écrit. Article qu'on a voulu faire "choc", auquel on a voulu insuffler
du dynamisme, dans la pire imitation possible du genre américain; un
genre qui est bon en soi, mais qu'on ne peut traduire, fût-ce à
Paris. Tant il est vrai qu'à Paris on peut se permettre des licences que
nous n'avons pas le droit de prendre ici."
M. Lapalme: Est-ce qu'il donne la date du Paris-Match?
M. Johnson: Non, je regrette, M. le Président. Bien, on dit le
dernier numéro du Paris-Match et l'article de M. Guérin est
daté d'aujourd'hui, le mardi 7 mai. M. le Président,
évidemment, ça peut arriver à Paris-Match comme ailleurs,
mais j'espère que, par le travail de M. Elie, des officiers
d'information et des officiers de presse, on réussira à se faire
connaître dans les revues françaises sous un jour un peu meilleur
que celui que vient de révéler Paris-Match, une revue qui est
pourtant si populaire et que chacun de nous aime à lire à
l'occasion, quand ce n'est pas régulièrement.
M. Lapalme: Le chef de l'Opposition admettra avec moi que les pages de
Paris-Canada qui étaient faites par M. Charles Temerson étaient
bien faites.
M. Johnson: C'est justement.
M. Lapalme: Je crois bien qu'on les a enlevées.
M. Johnson: M. le Président, jamais je ne croirai que Termerson
aurait fait...
M. Lapalme: Ce n'est pas lui qui a écrit ça, il
connaît le Canada comme sa poche. Ça ne peut pas être
Raymond Cartier non plus. Raymond Cartier est venu ici...
M. Johnson: Oui, il me semble que M. Cartier écrit plus
sérieusement que ça.
M. Lapalme: Ce sont de ces choses qu'on trouve dans Paris-Match. On en
trouve beaucoup dans Paris-Match, et dans beaucoup d'autres revues
françaises, sur le Canada.
M. Johnson: Oui, évidemment, avant que Paris-Match puisse
"matcher". Time Magazine, ça va prendre un peu de temps. Mais, tout de
même, Time Magazine n'est pas un modèle du genre quand il s'agit
de juger de la province de Québec et particulièrement des
Canadiens français.
M. Blank (président du comité plénier):
Adopté? Québec...
M. Bertrand (Missisquoi): Québec, augmentation des
traitements.
M. Lapalme: Je voudrais faire remarquer ici qu'au conservatoire à
Québec nous n'avons pas le même succès au point de vue de
la diminution de la dépense; c'est qu'il y a moins de professeurs
à traitement annuel, mais, par contre, il y a des professeurs qui
viennent de Montréal au conservatoire de Québec. L'augmentation
des dépenses...
M. Bertrand (Missisquoi): Si le ministre me le permet, à
l'article que nous venons de
laisser, le sous-article 6, il y a une augmentation à autres
dépenses, y comoris subventions de $41,000.
M. Lapalme: $41,000. Ah oui! dans les conservatoires de Montréal!
Conservatoire de musique et d'art dramatique, avez-vous les détails
là-dessus?
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce qu'il s'agit de subventions?
M. Lapalme: Un instant, c'est d'un caractère un peu
particulier.
C'est marqué: subventions: frais de concerts et spectacles,
prévisions $9,600. Conférences et cours, $600. Contributions
à diverses associations, $1,000. Réparation d'instruments et
accord de pianos, $2,500. Divers, transport, petite caisse, $2,300. Fondation
et fonctionnement de la Compagnie du théâtre du conservatoire,
$25,000. Donc, $41,200. C'est sous le titre subventions?
M. Bertrand (Missisquoi): Quelle est la raison de l'augmentation?
M. Lapalme: Immédiatement, il y avait $17,000 en 1962-1963, au
total. Et, immédiatement avec la fondation et le fonctionnement de la
Compagnie du théâtre du conservatoire, on monte à $25,000
tout de suite.
M. Bertrand (Missisquoi): Seulement pour ça, c'est la
première année?
M. Lapalme: Oui, c'est la première année.
M. Bertrand (Missisquoi): $25,000. Est-ce que le ministre pourrait nous
donner un peu plus d'explications là-dessus?
M. Lapalme: Ce n'est pas fait, c'est à faire, c'est dans les
prévisions.
Parlons en deux mots: conservatoire d'art dramatique, conservatoire de
musique. Je me rappelle que nous avons eu des tracas du côté du
conservatoire de musique, en particulier avec un professeur, parce qu'il y
avait deux écoles à ce moment-là. Le directeur actuel du
cnservatoire, M. Leduc, et un autre professeur ne s'accordaient pas. Comme il y
eu conflit d'autorité, il a fallu que l'autre s'en aille. D'ailleurs, il
y a eu conflit, pourquoi? C'est que M. Leduc ne voulait pas que l'orchestre du
conservatoire soit un orchestre composé de professionnels; il voulait
que ce soient les gens du conservatoire qui composent l'orchestre. On
était rendu à augmenter l'orchestre du conservatoire avec des
professionnels. Alors, je ne sais pas combien il y a eu de concerts ou combien
il va y en avoir. Du côté du conservatoire de musique, il va y
avoir de la dépense pour les concerts.
Ou côté de l'art dramatique...
M. Bertrand (Missisquoi): L'art dramatique.
M. Lapalme: ...pour les spectacles, le directeur de... Bien, ici, c'est
marqué "fondation et opération". Ce qui va s'appeler la Compagnie
du théâtre du conservatoire.
M. Bertrand (Missisquoi): La compagnie du théâtre...
M. Lapalme: La Compagnie du théâtre du conservatoire.
M. Bertrand (Missisquoi): Ce sont des élèves qui vont
jouer.
M. Lapalme: II y aura là des anciens élèves du
conservatoire. Ce sera une véritable école vivante du
conservatoire, mais qui va entraîner des frais assez
considérables, parce qu'il va falloir prendre des gens issus du
conservatoire, les payer plus et essayer d'y faire passer les
élèves eux-mêmes du conservatoire, donner des
représentations qui pourront être déficitaires. Quoi qu'il
en soit, la présentation du projet, d'après les autorités
du conservatoire, pourrait entraîner une dépense d'environ
$25,000.
M. Bertrand (Missisquoi): Ce montant-là est appelé
à être voté par la suite.
M. Lapalme: Ah! il faudra venir absolument chaque soir.
M. Dozois: Est-ce que le public sera admis à ces
représentations-là?
M. Lapalme: Mais oui.
M. Dozois: Ce seront des représentations dans des
théâtres.
M. Lapalme: Mais oui. C'est pour le public. C'est comme pour les
concerts de l'orchestre du conservatoire, il faut que ce soit devant le public.
Et ça, également, devant le public. Ça ne sert à
rien de faire jouer...
M. Dozois: Un public payant.
M. Lapalme: Pardon? Bien, je ne sais pas. Mais, d'après ce que je
peux voir, ce ne sera pas payant tellement parce que ça va faire tout de
suite un déficit de $25,000 en partant, pour le conservatoire.
M. Dozois: Dans quel théâtre à Montréal?
Une voix: Est-ce que c'est payant quand ils donnent des
concerts0 Je ne pense pas, n'est-ce pas?
Une voix: Les concerts ne sont pas payants.
M. Dozois Non, ce sera payant pour ceux qui assisteront, pour les
auditeurs. Les auditeurs paieront un billet.
M. Lapalme: Ah ça! je ne sais pas s'ils paieront! Pensez-vous
qu'ils vont payer pour le théâtre?
M. Bertrand (Missisquoi): A quel théâtre ce sera?
M. Lapalme: Ah oui! M. Frégault me fait remarquer que, dans le
cas du conservatoire, un concert, c'est plus un exercice pédagogique
qu'autre chose. Tandis qu'ici, ce sera du théâtre et non pas de la
pédagogie, dramatique ou autre.
M. Bertrand (Missisquoi): A quel théâtre à
Montréal?
M. Lapalme: Je ne peux pas le dire, le mode, la location des salles, je
ne connais pas ça. Mais il est question de faire des tournées en
province, par exemple. Si la compagnie devient assez forte pour aller faire une
tournée en province, elle ira, c'est là-dedans. Je ne connais pas
toutes les modalités, tous les détails de la chose, c'est le
principe.
C'est de là que vient la grosse augmentation, le reste
s'additionne, comme je le disais tout à l'heure, avec certains
chiffres.
M. Dozois: On va donner des pièces canadiennes ou...
M. Lapalme: Comment?
M. Dozois: Est-ce qu'on va donner des pièces canadiennes,
classiques ou autres?
M. Lapalme: Je ne le sais pas. Je ne me mêle pas de l'histoire du
directeur du conservatoire. Les pièces canadiennes, d'ailleurs, j'ai
entendu à la télévision l'autre soir différentes
directrices ou différents directeurs de troupes dire que c'était
très difficile d'avoir des pièces canadiennes.
D'ailleurs, d'après l'expérience qu'on vient de faire
à Paris avec la dernière qui avait été
acceptée par la critique ici et qui a été descendue
à Paris... C'était la première expérience que nous
avons faite pour la première pièce, ce qu'on appelle l'aide
à la première pièce, ou l'aide au théâtre,
une pièce inédite. La pièce de Jacques Languirand en est
une qui vient de servir d'exemple. Elle avait été bien accueillie
par la critique de Montréal, elle a été
éreintée par la critique de Paris.
M. Bertrand (Missisquoi): Subventions, est-ce que ce sont des
subventions à des troupes?
M. Lapalme: Non, il y a seulement un montant de $1000, je crois, pour
des associations, l'association des élèves. Le reste, sous le
titre subventions, il y a des conférences, des cours, des contributions
aux associations d'élèves pour permettre aux élèves
d'avoir des billets pour aller au théâtre.
M. Loubier: A Québec.
M. Lapalme: A Québec, c'est le renseignement que j'ai
donné pour les professeurs tout à l'heure, dont plusieurs
viennent de Montréal.
M. Blank (président du comité plénier):
Adopté.
M. Bertrand (Missisquoi): Ah oui! on en avait parlé...
M. Lapalme: Oui, c'est décidé. C'était sur la
recommandation de M. Pelletier qui s'était promené dans la
province, et j'avais fait des remarques, à ce moment-là, sur ce
qu'il avait trouvé, le respect de la loi en tant que la musique est
concernée parce que, dans la loi, il est prévu que la musique
doit avoir sa part au primaire, un peu partout dans la province.
Mais, en particulier, il y avait ce problème d'un ... On a un
conservatoire, que nous appelons conservatoire. En réalité, dans
les conservatoires, on accepte des élèves qui n'entreraient pas
dans un conservatoire normalement, si le niveau musical était infiniment
plus élevé. Alors, pour faire un véritable conservatoire,
il ne faut pas que ce soient des gens qui viennent y faire leurs notes. Il faut
que ce soient des gens qui arrivent avec une connaissance acquise auparavant.
Il ne faut pas apprendre la musique au conservatoire. D'où la
recommandation de M. Pelletier d'établir un préconservatoire.
Comment faire? Comment procéder? En se promenant dans la
province, il est arrivé à un endroit qui s'appelle Val-d'Or. Il a
rencontré là M. Davignon. Et il m'a dit: Vous avez l'homme tout
trouvé pour commencer un conservatoire. A Val-d'Or, c'est bien
ça. M. Davignon, m'a-t-il dit, c'est un homme extraordinaire. Je l'ai vu
faire des choses et on va vous fournir l'immeuble pour rien à Val-d'Or.
Je ne me souviens plus qui nous fournit ça. Je ne sais pas si c'est une
communauté. Et alors, les
dépenses prévues par M. Pelletier s'élevaient
à un peu plus que ça. Je crois qu'il manquait soixante...
M. Bertrand (Missisquoi): Voulez-vous dire ...
M. Lapalme: II demandait trois conservatoires, trois
préconservatoires pour $200,000. C'est ça qu'il nous demandait.
Alors, nous commençons cette année, nous ne savons pas quand nous
allons entrer en activité.
M. Bertrand (Missisquoi): Vous commencez dans la région du
Nord-Ouest québécois?
M. Lapalme: Comment?
M. Bertrand (Missisquoi): A Val-d'Or?
M. Lapalme: A Val-d'Or. Oui.
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce qu'on a envie d'en établir
ailleurs? Et où?
M. Lapalme: Je ne me rappelle pas exactement. II y en avait trois. On
est aussi bien de ne pas le mentionner parce qu'on va avoir des
délégations.
Le projet de Val-d'Or, c'est un projet pilote, c'est parce qu'on
trouvait que l'homme qui pouvait donner naissance à ça, l'homme
par excellence, c'était M. Davignon. C'est là que nous allions
voir ce que va donner un projet pilote.
Il a évalué à $200,000 le projet de trois
conservatoires et l'établissement de trois préconservatoires.
Comme nous sommes rendus au mois de mai et que l'année se termine
le 31 mars, je ne sais pas à quel moment nous allons commencer à
dépenser l'argent.
C'est la raison pour laquelle le montant n'est que de $50,000 pour
commencer, cette année.
M. Bertrand (Missisquoi): Sans nous dire exactement à quels
endroits, est-ce qu'on a l'intention d'en établir deux autres?
M. Lapalme: Eh bien, c'est un projet pilote; quant aux deux autres, je
dois dire franchement que je ne le sais pas, j'aime autant que M.
Frégault ne le dise pas, je ne me rappelle pas les deux autres
endroits.
Une voix: A Thetford Mines?
M. Lapalme: Je ne me rappelle pas du tout. Je ne sais pas s'il y en a un
au Lac-Saint-Jean ou dans les Cantons de l'Est; je ne le sais pas.
M. Bertrand (Missisquoi): Mais, avant d'établir une
école...
M. Lapalme: Avant de s'en aller à l'aventure, dans une aventure,
nous commençons par l'endroit qui est recommandé pour un
départ par M. Pelletier.
M. Bertrand (Missisquoi): Alors, M. Pelletier fait une enquête
à travers la province pour...
M. Lapalme: II a fait des enquêtes à travers la province,
il est allé dans les écoles et le reste; M. Pelletier a
même présenté un mémoire à la commission
Parent.
M. Blank (président du comité plénier):
Adopté. 4, service des bibliothèques.
Service des bibliothèques
M. Dozois: M. le Président, au sous-article 5 de l'article 4,
subventions, le montant est porté de $400,000 à $800,000. Je vois
que c'est sous l'article service des bibliothèques publiques du
Québec; est-ce que ça comprend les subventions, par exemple, au
Musée des arts de Montréal, à l'Orchestre symphonique de
Montréal, au festival?
M. Lapalme: Non, est-ce qu'on est à l'article subventions des
conservatoires?
M. Bertrand (Missisquoi): Non, service des bibliothèques
publiques.
M. Lapalme: Ah non! Ce sont les bibliothèques publiques, c'est en
vertu de la loi.
M. Dozois: Alors, à quel article du ministère des Affaires
culturelles pouvons-nous nous informer des subventions pour le Musée des
arts?
M. Lapalme: A l'article 6, mais pas dans les détails, parce qu'il
n'y a pas de détails aux subventions.
M. Bertrand (Missisquoi): A la page 7.
M. Lapalme: II n'est pas dans le détail des subventions, c'est
dans la colonne initiale, la première page des Affaires culturelles;
à 6, subventions.
M. Dozois: Ah bon! ce n'est pas dans le détail; alors très
bien.
M. Loubier: Nous avons pris les subventions aux différentes
bibliothèques municipales et autres...
M. Lapalme: Oh: c'est beaucoup plus sérieux que ça, parce
qu'autrement... Ah oui! c'est beaucoup plus sérieux que ça, il y
a
une commission - le rapport donne une bonne idée - qui est
chargée de ça, qui est presque autonome; nous lui laissons faire
ses enquêtes, nous marchons d'après les normes et nous n'en
sortons pas. Je sais qu'il y a des députés ici qui m'ont
demandé, par exemple, d'apporter une subvention à la magnifique
bibliothèque que leur village ou leur petite ville a commencé
à bâtir. Nous avons beaucoup de sympathie pour des cas comme
ceux-là, mais nous ne pouvons pas jeter ça à la goutte
d'eau; autrement, ça ne produira rien.
Il faut d'abord qu'il y ait un effort considérable de fait par le
public lui-même à l'endroit où il s'agira plus tard de
donner des subventions, et puis qu'il y ait une certaine population; nous ne
voulons pas jeter ça comme ça, de façon que ça ne
rapporte rien. Je vais donner, par exemple, un gros cas. Là, je vais
faire plaisir à deux personnes de la Mauricie, c'est un cas important de
bibliothèque; par exemple, Trois-Rivières; ça, c'est un
des cas importants, Trois-Rivières, et la régionale qui, je
crois, dessert plus que la population de Trois-Rivières. Alors, il y a
des normes établies, c'est tant par tête et le reste, si je me
souviens bien; ça fait longtemps que je n'ai pas pris connaissance du
rapport sur les bibliothèques, mais je crois que c'est pas mal
détaillé en vertu de la loi. Ah non! ce n'est pas n'importe quel
village qui va arriver et qui va nous demander de l'argent pour avoir des
livres! Pour nous donner raison, je ne sais pas quel exemple je pourrais
donner, mais...
M. Bertrand (Missisquoi): C'est en vertu de la loi de 1959.
M. Lapalme: Ah oui! c'est M. Prévost qui a adopté
ça. L'élimination des bibliothèques paroissiales,
après étude des dossiers, du service des bibliothèques
publiques et les calculs de répartition équitable du budget. Le
service propose les subventions d'après les barèmes suivants:
élimination des bibliothèques paroissiales et des
bibliothèques d'associations à trop faible revenu local et donc
non viables. On ne s'en occupe pas. Subventions discrétionnaires
à la bibliothèque régionale, aux bibliothèques
circulantes et aux bibliothèques de la ville de Montréal, parce
que la ville de Montréal nous remplace en quelque sorte en créant
à son tour des sections dans Montréal, des bibliothèques
ambulantes; je crois qu'il y en a là. Alors, au lieu que ce soit nous,
comme la bibliothèque de Montréal était bien
organisée, c'est elle qui nous sert de représentante et on lui
donne, si je me souviens bien, $75,000, $50,000. Subventions de création
d'au moins $0.25 per capita. Là, il y a des cas qui sont
mentionnés, je ne sais pas, c'est trop long à lire. Après
ça, subventions de fonctionnement ainsi calculées pour la plupart
des autres: $0.05 per capita de la population desservie, 12,5% du budget local
équilibré plus $100 par bibliothécaire
diplômé employé. Après ça, subventions
supérieures à ces calculs dans le cas des bibliothèques
qui, éventuellement, pourraient devenir les pivots de futurs
sytèmes régionaux.
Quand une bibliothèque dépasse le stade local et qu'on
peut voir qu'elle peut devenir une bibliothèque régionale ayant
plus tard une bibliothèque circulante ou des bibliothèques
circulantes attachées à elle, la suvention augmente encore. Je
vous prie de croire que ce n'est pas nous, ce n'est pas M. Frégault ni
moi qui voyons à ça; tout ceci est étudié par des
gens qui se sont donnés, M. Martin est en tête, qui connaissent
très bien le sujet. En vertu de la loi ou des règlements, on doit
procéder à un système de rotation quant aux commissaires
qui ne peuvent pas demeurer en place...
M. Bertrand (Missisquoi): Combien sont-ils?
M. Lapalme: Six, ils ne peuvent pas demeurer en place plus de six
ans.
M. Bertrand (Missisquoi): Quels sont les commissaires?
M. Lapalme: D'abord les trois derniers, je ne me souviens plus, il y
avait une personne de langue anglaise: Maurice Séguin, André
Vachon, l'historien, et puis Mlle de Havilland, de McGill; après
ça, qui est-ce qui reste? M. Napoléon Leblanc, le père
Desrochers, jésuite, le secrétaire de l'Union des
municipalités, M. Gérard Payeur. Enfin, c'est à peu
près tout ce que je peux raconter sur les bibliothèques.
M. Blank (président du comité plénier):
Adopté. 5...
M. Bertrand (Missisquoi): Excusez, M. le Président, dans le sens
des remarques qui viennent d'être faites par le ministre, à la
page 79 du rapport, on dit: "sauf quelques très rares" - c'est
détaché, je pense, du rapport des commissaires - "sauf quelques
très rares exceptions déterminées par la commission, les
bibliothèques desservant une population de moins de 3,500 habitants ne
seront pas subventionnées." Est-ce que, dans ce cas-là, par
exemple, on va organiser le service de la bibliothèque ambulante, les
bibliobus? Il y a dans nos régions, surtout dans les Cantons de l'Est,
des centres qui sont desservis à l'heure actuelle par, je pense, un
bibliobus du collège Macdonald.
Il ne faudrait pas que les gens, que la population de moins de 3,500
habitants, que ces centres-là soient abandonnés, qu'on ne s'en
occupe pas parce qu'ils n'ont pas le
chiffre requis. Ces gens-là ont sans doute, comme ailleurs, le
goût de la lecture.
M. Lapalme: Je l'admets, mais je ne veux pas aller plus loin, parce que
je viens de dire tout à l'heure quelles sont les conclusions des
commissaires, à savoir qu'il faut se concentrer, il faut accomplir une
oeuvre et s'agrandir de développement en développement. C'est un
éparpillement, mais les commissaires disent quand même que, sauf
quelques très rares exceptions - je ne suis pas inclus - si une
population de 3,500 habitants, à un moment donné, faisait le
sacrifice financier de se monter réellement une belle
bibliothèque, pas quelque chose simplement pour dire: On a
commencé une bibliothèque, on va demander une subvention, mais
quelque chose de bien, un effort soutenu, on sortirait des normes pour faire
exception et on dirait: Ça mérite d'être
encouragé.
M. Bertrand (Missisquoi): Parce qu'il y a plusieurs petites villes dans
la province de Québec qui comptent beaucoup moins de 3,500 habitants de
population; alors, il ne faudrait toujours pas les mettre de
côté.
M. Lapalme: Mais je connais, d'un autre côté, une ville de
20,000 habitants qui s'est prononcée par un référendum
contre une bibliothèque.
M. Bertrand (Missisquoi): Dans votre ancien comté? Maintenant, il
y a une autre chose dans le même rapport, sauf encore quelques
très rares exceptions déterminées par la commission, les
bibliothèques paroissiales ne seront pas subventionnées parce
qu'elles n'ont aucune garantie de viabilité en soi. J'ignore s'il en
existe encore beaucoup, mais ça me frappe; est-ce qu'il y en a tellement
dans la province? Est-ce que celles qui existent sont...
M. Lapalme: Je ne sais pas. Dans le moment, ce que les commissaires
veulent encourager, ce sont les bibliothèques municipales; des
bibliothèques paroissiales, il y en a peut-être, je ne le sais
pas: les commissaires, s'ils étaient ici, surtout M. Martin, ils
pourraient donner des détails, parce qu'ils connaissent ça
beaucoup mieux que moi. Ce que je connais des bibliothèques
paroissiales, moi, ça ne vaut pas cher.
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce que ces pages-là sont
détachées du rapport qui a été
présenté à la commission Parent?
M. Lapalme: Attendez un peu, c'est le rapoort fait au ministre.
M. Bertrand (Missisquoi): C'est parce qu'on nous en donne seulement
quelques extraits.
M. Lapalme: C'est ça. C'est qu'on a pris ce rapport,
l'essentiel...
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce que le ministre aurait objection
à produire le rapport?
M. Lapalme: Oh non! Je ne crois pas; il a pris l'esssentiel des
conclusions de la commission pour le mettre dans le rapport de 32 pages pour
que l'on sache quelles sont les normes que la commission...
M. Bertrand (Missisquoi): C'est parce que, quand on lit votre rapport,
à la page 119, il y a deux conclusions. Si on avait les passages qui
viennent avant ces citations, cela nous permettrait de mieux comprendre.
M. Lapalme: Je vais faire un marché avec le député
de Missisquoi. A moins qu'il n'y ait à l'intérieur du rapport des
choses que je qualifierais d'interdépartementales, si le rapport n'a
trait qu'à l'état de choses dont il est question ici, je n'ai pas
d'objection à le donner intégralement au
député.
M. Blank (président du comité plénier):
Adopté?
Une voix: No 5, concours littéraires, scientifiques et
artistiques.
Concours littéraires, scientifiques et
artistiques
M. Lapalme: Les prix sont maintenant de $37,500. Pour les concours
littéraires, $36,000. En dehors du prix Nobel, je pense qu'on ne
trouvera pas des prix aussi élevés en matière
littéraire que ceux-ci.
M. Bertrand (Missisquoi): Pour les concours?
M. Lapalme: Pour les concours soit scientifiques ou littéraires,
$36,000 dans les deux cas. Les concours artistiques, c'est $40,000: en
peinture, sculpture, art décoratif, esthétique industrielle et
architecture. Les autres, les concours scientifiques, littéraires et
scientifiques, $36,000.
M. Bertrand (Missisquoi): Ah oui! les deux! Alors, ça fait
$76,000 et vous demandez $85,000.
M. Lapalme: Oui, il y a un autre montant; qu'est-ce que c'est
déjà, les $10,000? C'est un prix. Il y a les frais
généraux. Il faut payer les jurés, les juges. Il y a les
frais de voyage, il y a toujours un déjeuner, il y a des
imprévus. Après ça, on
est obligé de payer un vernissage à Québec, un
autre à Montréal, les cartes d'invitation, le transport des
oeuvres, la réexpédition, les assurances, les dépliants,
enfin...
M. Blank (président du comité plénier): La motion
est adoptée?
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce que le ministre a de la
difficulté à trouver des membres pour un jury?
M. Lapalme: C'est M. Frégault qui les cherche.
M. Bertrand (Missisquoi): Je sais qu'une année, on avait
tardé un peu pour nommer les membres.
M. Lapalme: Non, pas depuis qu'on est là. Cela avait
été oublié, une année; c'est pas nous autres.
M. Bertrand (Missisquoi): Pas oublié, on avait eu de la
misère à en trouver, je pensais que c'était...
M. Lapalme: Non, il y avait eu deux affaires qui s'étaient
passées. En Chambre, il ne s'était rien passé, mais, en
arrière du trône, ç'a avait été
drôle.
M. Bertrand (Missisquoi): Vous pourrez aller y fumer tantôt.
M. Blank (président du comité plénier):
No 6, les subventions.
Subventions
M. Dozois: Est-ce qu'on pourrait avoir une idée de ce que
représente l'augmentation de $776,000 qui est demandée? A quoi
cela sera-t-il utilisé?
M. Lapalme: En gros, si la Chambre le permet, je ne tiendrais pas
à dire quel est le montant que nous entendons mettre de
côté pour le département du Canada français
d'outre-frontières. Je ne dis pas que, dans un an, dans deux ans, nous
ne pourrions pas revenir devant la Chambre en exposant carrément ce qui
en est. Mais, à cause des demandes qui viennent à l'heure
actuelle de tous les coins de l'Amérique française, des
États-Unis et du Canada, nous sommes placés dans une situation
assez difficile. Je suis allé au Nouveau-Brunswick la semaine
dernière. Nous avons été assez généreux pour
le Nouveau-Brunswick parce que c'est la province qui, à mon point de
vue, non pas à cause du nom, mais à cause de la proportion de
Français qu'il y a là, est celle qui mérite le plus, je
crois, l'aide des frères québécois. Les demandes viennent
de tous les coins.
Il en vient des États-Unis, il en vient de partout. Je n'aimerais
pas, moi, dire devant la Chambre: "Nous entendons donner l'année
prochaine, au département du Canada français
d'outre-frontières, un montant de tant". A partir de ce
moment-là, tout le monde... Le montant d'ailleurs ne peut pas être
très élevé, parce que, si nous avons un devoir d'aider
ceux qui résident outre-frontières, nous avons également
le devoir d'accomplir des oeuvres qui sont essentielles dans la province de
Québec. Alors, je crois que, pour l'instant, pour cette année,
surtout à cause de certaines expériences que nous faisons... On a
dit, par exemple, que nous n'aidions pas le Canada français
d'outre-frontières. Évidemment, nous ne pouvons pas l'aider avec
plus d'argent que ce que nous recevons, mais, quand nous avons
empêché dans un coin de pays un poste de langue française
de se taire, nous ne leur en avons pas parlé; quand nous avons
empêché un journal franco-américain de mourir, même
s'il a continué à nous attaquer en disant qu'on ne lui en donnait
pas assez, nous n'en avons pas parlé...
M. Bertrand (Missisquoi): Un journal franco-américain?
M. Lapalme: Oui, et enfin il y a eu des excuses. Deux journaux. J'ai
déjà dit, par exemple, que nous supportions, de concert avec le
gouvernement français, le cours Claudel à Ottawa. Et j'ai le
plaisir de dire que moi, enfin, j'ai eu pour la première fois
connaissance d'un acte officiel de la France donnant une subvention, lorsque je
suis allé l'autre jour en Acadie. Le consul de France a lu un
télégramme de l'ambassadeur de France, donnant $1000 aux oeuvres
acadiennes qui comprennent... L'autre jour, à Bathurst, ce
n'était pas le Nouveau-Brunswick, je crois l'avoir dit cet
après-midi, c'était la Nouvelle-Ecosse, c'était
l'Ile-du-Prince-Édouard, c'était la province, le
Nouveau-Brunswick... Le consul de France là-bas, c'est le consul de
Halifax qui était rendu à Bathurst. J'ai demandé bien des
fois, devant des Français, devant l'ambassadeur, devant des ministres
français en France, l'assistance de la France dans l'oeuvre de la
culture française, parce que nous sommes trop petits, avec 5 millions de
personnes, pour porter sur nos épaules, à nous tout seuls, la
responsabilité de la culture à travers le continent
nord-américain. C'est la première réponse que j'ai
officiellement. Quand on a fondé à Montréal, il y a deux
ans, l'Association des universités de langue française, qui
était une initiative d'un Canadien français, Jean-Marc
Léger, j'ai compris, lorsque je suis arrivé pour le dernier
dîner, que l'association, la formation de l'association n'aurait
peut-être pas eu lieu si nous, du Québec, ne promettions pas de
l'aider financièrement. Il y avait une
promesse, à ce moment-là, j'étais autorisé
à la faire sans mentionner un montant. Par la suite, nous avons
décidé de verser aux universités de langue
française un montant de $50,000, mais nous avions dit: "Nous versons le
montant que versera le pays, enfin, le montant le plus élevé que
versera un autre pays."
Or, à venir jusquà ces derniers temps, la France n'avait
pas encore versé $10,000 ou $20,000. J'ai parlé de ça
à l'ambassadeur, il en a été question à l'ambassade
à Paris également, et on me dit que la France va régler le
montant. Il était assez étonnant que nous, nous donnions $50,000
par année pour faire vivre, à l'association des
universités, l'association internationale, les universités de
langue française. Il était assez étonnant que le roi du
Maroc eût versé, sur sa cassette personnelle, une somme de $5000
alors que la France n'avait pas encore souscrit. Enfin, on m'a laissé
entendre que le règlement serait fait ou se ferait ces jours-ci, mais
c'est tout de même la deuxième année que nous versons
$50,000.
M. Bertrand (Missisquoi): $50,000.
M. Lapalme: C'est $100,000 que nous versons à l'association, dont
le secrétaire général est M. Jean-Marc Léger, qui a
dû s'absenter à deux reprises en Europe et en Afrique, je crois,
et dont le président est le recteur, Mgr Lussier.
M. Bertrand (Missisquoi): C'est au titre des universités
partiellement ou entièrement...
M. Lapalme: Partiellement ou...
M. Bertrand (Missisquoi): entièrement?
M. Lapalme: ... entièrement de langue française, on
appelle ça l'AUPELF. J'en reviens à cette question du Canada
français d'outre-frontières. J'ai donné un exemple. Si je
citais le chiffre total, y compris le versement de $15,000 pour
l'Évangéline, qu'on a vu dans les journaux, si je donnais le
chiffre total versé par le gouvernement, les Affaires culturelles et le
Conseil exécutif depuis moins de dix mois, je verrais rappliquer
d'autres provinces avec des montants considérables parce qu'il ne faut
pas s'imaginer que le Manitoba n'a pas besoin d'aide, que la
Colombie-Britannique n'a pas besoin d'aide, ni l'Ontario non plus.
Nous ne pouvons pas être une mine d'or pour eux, c'est entendu. Je
dirais même que notre assistance sera, même si elle se traduit en
dollars, plus symbolique qu'autrement. Nous avons essayé d'accomplir des
choses en nous taisant et, jusqu'à nouvel ordre, je crois qu'il est
préférable que nous ne parlions pas tellement des montants que
nous donnons. Cependant, à mon point de vue, il est valable que nous
allions les voir. Dans bien des cas, la présence française du
Québec vaut aux minorités plus que l'argent qu'on peut leur
apporter, parce qu'elles s'aperçoivent qu'on s'occupe d'elles, qu'on ne
les met pas de côté. En un moment où, dans le Canada, tout
explose et où, dans la province de Québec également, au
point de vue du français, il y a quelque chose de nouveau - là,
je ne parle pas comme Procureur général, quand je dis que tout
explose - au moment où il se fait un grand mouvement littéraire,
artistique et tout ça, les minorités françaises
d'outre-frontières sont fières de nous.
J'inviterais n'importe qui, quelle que soit son appartenance politique,
n'importe quel député, à se promener dans des endroits
où il y a des minorités, à aller se faire connaître.
Du seul fait qu'on saura qu'il est de la Législature du Québec,
on éprouvera une fierté sans se demander à quel parti
appartient ce député. Une présence est essentielle. Nous
avons essayé d'être un peu partout dans ce domaine. Tenez, la
semaine prochaine, j'envoie - non pas le semaine prochaine, le mois prochain -
M. Frégault à un endroit dont personne n'a entendu le nom, dans
le Missouri. Nous sommes invités par les Américains pour
célébrer le 200e anniversaire d'une ville fondée par des
Canadiens français...
M. Bertrand (Missisquoi): Dans le Sud?
M. Lapalme: Dans le Missouri, je ne sais pas exactement où.
Savez-vous ce qu'on nous demande? On nous demande une représentation
gouvernementale. Evidemment, je ne peux pas y aller, moi. M. Frégault va
avoir des vacances, alors je ne sais pas si ça va être l'ouvrage
des vacances. Je lui ai demandé d'y aller. Je n'aime pas ça quand
il part parce que je n'ai pas de bureau là-bas, quand il n'y est pas, et
je suis un peu perdu. Savez-vous ce qu'on nous demande? Une
représentation gouvernementale. Je n'y vais pas, le sous-ministre va y
aller. On nous a simplement demandé - après nous avoir
indiqué que tous les noms là-bas, ce sont des noms
français, quelquefois anglicisés, et qu'il y a encore des gens
qui parlent français - de leur prêter des drapeaux de la province
de Québec pour le temps des cérémonies.
Deux gouverneurs américains seront là. Je ne sais combien
d'hommes seront là. La province de Québec va être
représentée. C'est une assistance comme une autre. Mais, pour le
reste...
M. Bertrand (Missisquoi): II y a pas mal de députés en
Chambre, quand vous êtes mal pris, dites-le-nous, on pourra
peut-être vous rendre service.
M. Dozois: M. le Président, je vois, aux pages 87, 88 et
suivantes, une liste des subventions que le ministère a versées a
différentes associations, telles que les Concerts symphoniques de
Montréal, le Musée de Montréal, le Théâtre du
Nouveau Monde, le théâtre de... Il y en a pour environ $600,000
dans cette liste. J'ai compté rapidement. Est-ce qu'on a l'intention, au
cours du prochain exercice, de maintenir ces subventions, de les augmenter
ou...
M. Lapalme: Non, pas comme ça. Non, toutes les demandes de
subventions... J'ai fait un accord avec le Conseil des arts.
Premièrement, j'ai dit: II y a une partie du budget que vous allez me
laisser parce que ça ne vous regarde pas, c'est le département du
Canada français d'outre-frontières; deuxièmement, il y a
des subventions que ni le Conseil des arts ni moi ne pouvons enlever, il y a
des institutions qui se sont basées sur ces subventions. Cela demeure
immuable...
M. Dozois: Les concerts symphoniques?
M. Lapalme: II peut survenir des cas d'urgence où on admet que le
ministre n'a pas le temps d'attendre une réunion du Conseil des arts
pour régler le cas, mais c'est le Conseil des arts, dans I'immense
majorité des cas, qui va étudier, qui va recommander. C'est
là que la direction générale des lettres et des arts dont
j'ai parlé cet après-midi va être utile parce que nous
n'avons personne chargé de la recherche. Nous sommes obligés de
nous fier sur parole aux gens qui nous envoient des budgets. Nous ne pouvons
pas vérifier. Ce n'est pas M. Frégault qui a le temps d'aller se
promener rue de la Fabrique ou bien Sainte-Adèle pour voir si un centre
d'art ou un autre organisme du genre est réellement valable, pour voir
s'il nous trompe dans ses budgets et le reste. Et nous aurons un directeur de
la section théâtre, de la section littérature et tous ces
gens-là seront au service du Conseil des arts lorsqu'il aura besoin de
renseignements, de recherches et toute autre chose. En même temps,
l'organisme de la direction des arts et des lettres sera créateur, pas
seulement un auxiliaire du Conseil des arts.
M. Dozois Mais ma question, M. le Président, était
plutôt celle-ci: Est-ce que les organismes reconnus qui reçoivent
l'aide de la province, comme les Concerts symphoniques de Québec, par
exemple, les Concsrts symphoniques de Montréal, le Musée des
Beaux-Arts et les Festivals de Montréal, peuvent continuer à
compter sur la générosité du gouvernement?
M. Lapalme: Ah oui! En théorie et en pratique! Ils ont toujours
reçu des sommes assez élevées. Je crois que Québec
a eu l'an dernier... Combien? $65,000?
M. Dozois: II a eu $30,000 et une subvention spéciale de
$35,000.
M. Lapalme: C'est l'année finissant en 1962. Bon, est-ce qu'il y
en avait une partie payée par le secrétariat et une partie par
nous? Est-ce que c'est séparé? Il y a deux ans, est-ce qu'il n'y
a pas eu deux subventions, à Québec, de $30,000 et $35,000?
M. Dozois: De $30,000 et $35,000. M. Lapalme: Bon, c'est ça.
M. Dozois: Ce sont des subventions spéciales, elles ne seront
peut-être pas renouvelées. Je note, par exemple...
M. Lapalme: Ah oui! ah oui! Cette année, on a payé encore
combien?
M. Dozois: ... que la Société des festivals de
Montréal a reçu $25,000; on marque "spécial".
M. Lapalme: Non, mais, pour l'année courante à
Québec, encore $65,000 qu'on vient de payer. Mais ça varie. A
Montréal, par exemple, le festival peut être beaucoup moins
déficitaire une année qu'une autre. Mais ce sont de grands
événements auxquels la province doit participer.
M. Dozois: D'accord.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté. Article 7, dépenses imprévues et diverses,
$5000. Adopté.
Article 8, achat de terrains, $150,000.
M. Bertrand (Missisquoi): Si le ministre veut s'entendre, nous allons
garder l'article 8 pour jeudi.
M. Lapalme: Vous n'avez pas le temps de finir l'article 8?
M. Bertrand (Missisquoi): Le chef de l'Opposition est obligé de
s'absenter, je pense qu'il aurait quelques questions à poser au ministre
sur cet article 8.
M. Lapalme: Je voudrais faire remarquer que c'est simplement $150,000
d'immobilisations pour la Commission des monuments historiques.
M. Bertrand (Missisquoi): Bon! D'accord!
M. Lapalme: Eh bien, je vais ajouter un autre détail pour que je
ne sois pas taxé,
plus tard, d'avoir trompé la Chambre. Ce montant est très
diminué, parce que je veux présenter, s'il est possible, une loi
concernant les monuments historiques qui va changer beaucoup de choses dans
l'organisation et dans la politique des monuments historiques.
M. Bertrand (Missisquoi): Cette année?
M. Lapalme: Si ça m'est possible, je la ferai adopter cette
année. Et, l'autre jour, le conseiller juridique du gouvernement m'a dit
que je le pourrais probablement, qu'elle serait prête probablement;
ça fait deux fois que nous la faisons au ministère et la
diminution qui apparaît là est en regard,
précisément, de la loi que nous allons demander à la
Chambre d'adopter.
M. Bertrand (Missisquoi) et M. Dozois: On est bons garçons, on va
passer ça.
M. Lapalme: Merci au député de Saint-Jacques, qui semble
avoir eu une grande influence sur...
M. Bertrand (Missisquoi): C'est du travail en coopération.
M. Lapalme: Du travail d'équipe.
M. Bertrand (Missisquoi): Ce n'est pas l'équipe du tonnerre.
M. Bédard (président du comité plénier):
M. Lapalme propose que les résolutions soient maintenant lues et
agrées; cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. Bertrand (Missisquoi): M. le Président, avant l'ajournement,
est-ce qu'on pourrait demander au premier ministre intérimaire, au
leader de la Chambre, quel sera l'ordre du jour de demain?
M. Hamel (Saint-Maurice): Demain, nous prendrons la motion du
député de Missisquoi. Si la Chambre ne siège pas tout
l'après-midi là-dessus, on reviendra aux crédits, avec...
C'est la seule motion de député, sauf celle du
député de Champlain, qui doit être remise à l'autre
semaine. Secrétariat et Tourisme, le Procureur général
après.
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce que le leader du gouvernement dit que
la motion du député de Champlain sera remise...
M. Hamel (Saint-Maurice): A l'autre semaine.
M. Bertrand (Missisquoi): Et demain, c'est la motion sur les Etats
généraux qui va prendre tout l'après-midi?
M. Hamel (Saint-Maurice): C'est ça.
M. Bertrand (Missisquoi): Le discours du député de
Saint-Maurice après...
M. Hamel (Saint-Maurice): Bien, on va voir ça.
M. le Président: La Chambre est ajournée à demain
après-midi, à deux heures et demie.