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(Dix heures et demie du matin)
M. le Président: Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de comités élus.
Présentation de motions non
annoncées.
Motion visant à lever
l'exclusion prononcée contre
le député de Champlain
M. Johnson: M. le Président, il ne sera pas dit que l'Opposition
n'a pas fait son devoir...
Une voix: Vote, vote.
M. Johnson: ... que nous n'avons pas fourni au gouvernement l'occasion
de réviser un jugement hâtif. M. le Président, le Procureur
général a raison, c'est la majorité de la Chambre, j'ai
donc l'honneur de proposer, secondé par le député de
Missisquoi, que l'exclusion prononcée contre M. Maurice Bellemare,
député de Champlain, soit levée.
Une voix: Prolongée?
M. le Président: A l'ordre, messieurs! La motion sera-t-elle
adoptée?
Des voix: Non.
M. le Président: A l'ordre, messieurs! Je pourrais demander que
le vote soit... Est-ce qu'on insiste pour un vote enregistré?
M. Johnson: Oui, M. le Président.
M. le Président: Qu'on appelle les députés. Je
pourrais attirer l'attention des membres sur le fait qu'on peut prendre un vote
simplement en demandant ceux qui sont pour, ceux qui sont contre. Cela n'arrive
pas souvent, mais on peut le faire.
A l'ordre, messieurs! Que tous ceux qui sont en faveur de l'adoption de
la motion proposée par le chef de l'Opposition concernant l'exclusion du
député de Champlain veuillent bien se lever.
Le Greffier adjoint: MM. Johnson, Elie, Dozois, Bertrand (Missisquoi),
Ducharme, Johnston, Bernatchez, Guillemette,
Somerville, Lizotte, Raymond, Charbonneau,
Gervais, Allard, Nadeau, Gauthier, Lavoie (Wolfe).
M. le Président: Que tous ceux qui sont contre veuillent bien se
lever.
Le Greffier adjoint: MM. Laplame, Bédard, Lalonde, Hamel
(Saint-Maurice), Courcy, Arsenault, Saint-Pierre, Dionne, Brown, Bertrand
(Terrebonne), Lafrance, Pinard, Couturier, Laporte, Fortin, Mme
Kirkland-Casgrain, MM. Turpin, Lechasseur, Harvey, Morissette, Maheux, Collard,
Vaillancourt, Boulais, Ouimet, Hamel (Iberville), Crépeau, Fournier,
Théberge, Kennedy, Baillargeon, Brisson, Hébert, Mailloux,
McGuire, Beaupré, Godbout, Dupré, Martin.
Le Greffier:
Pour: 17 Contre: 39. Yeas: 17 Nays: 39.
M. le Président: La motion est rejetée.
Présentation de motions non annoncées. Présentation de
bills privés. Présentation de bills publics.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Retrait de certaines allocations sociales
M. Bertrand (Missisquoi): M. le Président, j'aurais une question
à poser à l'honorable ministre du Bien-Être, question
d'intérêt public. Est-il vrai que les allocations sociales
payées aux célibataires, soit par la Commission des allocations
sociales, soit par les services sociaux à travers la province de
Québec, ont cessé depuis le 1er mai dernier, que les
bénéficiaires célibataires ont reçu à cet
effet une lettre les invitant à se trouver un emploi et que, à
compter de ladite date du 1er mai, l'allocation ne leur serait plus
payée?
M. Lafrance: M. le Président, je crois que le
député de Missisquoi aurait dû me prévenir de cette
question qui est assez compliquée, mais je puis dire
immédiatement que c'est sans aucun fondement. Je n'ai jamais
été informé de ce règlement ou de ce changement qui
aurait été apporté à ces pensions.
M. le Président: Affaires du jour.
M. Johnson: M. le Président, le ministre me permettra une
question supplémentaire. Il
dit que c'est sans fondement, puis il dit qu'il n'a pas
été informé. Est-il possible que ça ait eu lieu
sans qu'il en ait été informé''
M. Lafrance: Ce n'est pas possible.
M. Bertrand (Missisquoi): M. le Président, sans provoquer de
débat, il s'agit de bénéficiaires qui reçoivent
leur allocation comme célibataires inaptes, qui ne travaillent pas, qui
reçoivent une allocation à l'heure actuelle payable par le
service social de Saint-Hyacinthe. Il y a eu le cas particulier - et on m'a
informé que la politique était générale - de ce
célibataire qui a reçu une lettre l'invitant à se trouver
un emploi et l'avisant qu'à compter du 1er mai il ne retirerait plus
d'allocation.
M. Lafrance: M. le Président, si le député voulait
bien, s'il a un document, me le soumettre. C'est peut-être une initiative
qui aurait été prise par des services sociaux de la province.
Alors si le député voulait bien me mettre au courant, me donner
plus de précisions, je ferais enquête et je pourrais en informer
la Chambre à la prochaine séance.
Incidents dans un autobus scolaire et à
l'école de Brassard
M. Gervais: M. le Président, est-ce que le ministre de la
Santé aurait une déclaration à faire concernant la
mystérieuse épidémie qui frappe l'école de Brossard
et qui menace de semer la panique dans la population concernée?
M. Couturier: M. le Président, ce n'est pas une panique. Voici ce
qui est arrivé, c'est que...
M. Johnson: "Qui menace"; une menace n'est pas une panique.
M. Couturier: Ce n'est pas une menace non plus parce que voici la
réponse. Des immigrés français protestants, l'an dernier,
ont été placés dans un "high school" et rien ne s'est
passé. Cette année, le "high school" étant incapable
d'admettre ces enfants, on les a placés dans une autre école et,
au cours du printemps, ces enfants d'abord, et les parents des enfants par la
suite, se sont dits insatisfaits de ce transfert. Au cours du printemps,
à un moment donné, il s'est produit ce qu'on appelle en bon
français un "back fire" dans l'autobus, et du gaz se serait
répandu dans le véhicule. Les enfants sont sortis de là,
se mouchant, s'essuyant les yeux; ils ont badiné et ont ri de
l'incident. Les parents, qui étaient déjà "montés"
par la situation, ont fait des gorges chaudes avec ça. Le tout est
rentré dans l'ordre et les enfants auraient apporté à
l'école des matières qui donnaient de l'odeur et en auraient
répandu dans la classe à deux reprises, il y a une quinzaine de
jours et la semaine dernière encore. Le ministère de la
Santé a envové des inspecteurs; ils n'ont rien trouvé
d'anormal. Un ingénieur est allé sur les lieux, a
étudié le cubage de l'école, le cubage des fenêtres;
il a considéré et a fait rapoort que tout était normal. La
police provinciale, de son côté, a délégué
sur les lieux un inspecteur parce qu'elle avait été avertie que
ça pouvait être des bombes. La police provinciale n'a rien
trouvé non plus. Tout est rétabli, tout est dans l'ordre
actuellement. Le ministère de la Santé attend le rapport
définitif des inspecteurs. On est porté à croire que ce
sont des amusements d'enfants, rien de sérieux.
M. le Président: Affaires du jour.
Bill no 183
Deuxième lecture
M. Hamel (Saint-Maurice): No 29.
M. le Président: M. Blank propose la deuxième lecture du
bill 183 et son renvoi au comité des bills privés. Adopté?
Adopté.
Le Greffier adjoint: Deuxième lecture de ce bill. Second reading
of this bill.
Bill no 51
Deuxième lecture
M. Hamel (Saint-Maurice): No 21.
M. le Président: M. Lapalme propose la deuxième lecture du
bill no 51, Loi concernant l'augmentation du nombre des juges de la Cour
supérieure.
M. Lapalme: La note explicative est probablement ce que je pourrais
dire. Le projet a pour but d'autoriser la nomination de quatre juges de plus
à la Cour supérieure, dont trois à Québec et un
à Sherbrooke. Mais je dois cependant fournir des explications, donner
des renseignements à la Chambre, et je ne crois pas que...
M. Johnson: Est-ce qu'on pourrait faire ça en comité
plénier?
M. Lapalme: Mais voici, si...
M. Johnson: Nous sommes prêts à l'adopter. Allons
maintenant en comité.
M. Lapalme: Allons en comité immédiatement. Oui, c'est
bien...
M. le Président: Deuxième lecture,
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Greffier adjoint: Deuxième lecture de ce bill. Second reading
of this bill.
Comité plénier
M. le Président: M. Lapalme propose que je quitte maintenant le
fauteuil pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier le bill 51. La motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. Bédard (président du comité plénier):
Bill 51, article 1.
M. Georges-Emile Lapalme
M. Lapalme: Pour l'information des membres de cette Chambre, je me
permets, sans lui en avoir demandé la permission, de lire le texte d'une
lettre qu'a envoyée le juge en chef Dorion au premier ministre.
"Québec, 24 avril 1963, "Honorable Jean Lesage, premier ministre,
"Monsieur le premier ministre, "Lorsque j'ai été appelé
à prendre charge de l'administration de la justice dans le district
d'appel de Québec, au mois de mars 1961, j'ai voulu me rendre compte de
la situation dans les divers districts judiciaires sous mon contrôle.
Avec la collaboration de l'honorable Procureur général, j'ai
obtenu des protonotaires de tous les districts des statistiques qui m'ont
permis de constater quel était le nombre des causes inscrites pour
enquêtes et auditions au mérite, ainsi que le nombre des
inscriptions faites au cours d'une année. Je fais abstraction,
évidemment, du district de Trois-Rivières pour lequel, comme vous
le savez, depuis 1952, le juge en chef de Québec n'a pas de
contrôle. "Par conséquent, les districts judiciaires dont il est
question sont les suivants: Abitibi, Arthabaska, Arthabaska-Drummondville,
Beauce, Bonaventure, Chicoutimi, Gaspé, Kamouraska,
Mégantic, Montmagny, Rimouski, Matane, Roberval, Roberval-Alma, Rouyn,
Saguenay, Témiscamingue, Québec. Du 1er juin 1961 au 1er juin
1962, 4112 inscriptions ont été produites dans ces districts pour
enquêtes ou auditions au mérite. Nous sommes présentement
18 juges pour administrer la justice dans ces divers districts. Lorsqu'un juge,
au cours d'une année judiciaire, a réussi à entendre de 90
à 100 causes, il a dû fournir tout son temps et tous ses efforts.
Il faut cependant tenir compte que la moyenne des règlements survenus au
cours d'une année judiciaire équivaut au nombre de causes
entendues par les juges. Ceci veut dire qu'avec les 18 juges actuels, lorsqu'il
disparaît 3600 causes durant une année, c'est le maximum que l'on
peut prévoir. Il faut de plus tenir compte que les affaires augmentent
sans cesse et rapidement. Il ne faut pas oublier non plus que, dans chacun de
ces districts judiciaires, nous avons un terme des assises criminelles chaque
année et, ici à Québec, nous avons deux termes criminels
qui parfois durent plusieurs semaines. "C'est pourquoi, après
m'être rendu compte de cette situation, lors de la rentrée des
tribunaux au mois de septembre 1962, j'ai réclamé la nomination
de trois juges supplémentaires pour notre district. Je dois vous dire
que, lorsqu'un de nos collègues est retenu chez lui par la maladie - ce
qui peut arriver à tout le monde - cette absence crée des
problèmes parfois bien difficiles à résoudre. J'ai
été informé, après mon discours à la
rentrée des tribunaux l'automne dernier, que le Barreau des divers
districts faisant partie dudit appel de Québec a jugé à
propos d'adopter des résolutions adressées à l'honorable
Procureur général et au ministre de la Justice appuyant la
demande que j'avais faite. "Pour votre information, je dois ajouter qu'au cours
des deux dernières années j'ai adopté un système
qui donne de bons résultats, mais, malgré tous nos efforts, vous
pouvez te constater vous-même par les chiffres cités plus haut, il
nous est impossible de faire face à la situation sans la nomination de
trois juges supplémentaires. "J'ai confiance que vous accorderez une
attention sympathique à ce problème et je vous prie de me
croire..."
Le premier ministre m'a transmis la requête du juge Dorion au
sujet de laquelle je dois faire deux ou trois commentaires.
Il est vrai qu'à la rentrée des tribunaux en 1962,
c'est-à-dire à une époque qui précédait ou
accompagnait une période agitée, il a été fait
mention de ce besoin.
M. Johnson: Une autre époque.
M. Lapalme: Il en avait été fait mention également
auparavant, mais la situation qui se présentait au point de vue
judiciaire était la suivante, à savoir si nous devions
accéder immédiatement à la demande, alors qu'il y avait
des pourparlers engagés entre Québec et Ottawa, la plupart du
temps des pourparlers - pas par lettres, par entrevues ou par
intermédiaires - au sujet de la célèbre question de la
juridiction de la Cour de magistrat.
Nous en sommes venus, à la suite également de pourparlers
avec les représentants du Barreau, à la conclusion que les
députés connaissent le dépôt d'une loi qui, ensuite,
est envoyée à la Cour d'appel pour décision sur la
question de juridiction.
Quand cette question sera-t-elle
définitivement réglée? Je ne le sais pas. Mais une
chose certaine, c'est qu'il y a, comme l'exDlique le juge en chef, un
problème aigu dans le district de Québec. Nous avons donc
décidé de présenter ce projet, c'est-à-dire
d'accéder à la demande du juge en chef.
Nous avons en même temps pris note du fait que nous avions un
dossier concernant le district de Sherbrooke. Dans ce district, il y a un juge
qui va juger dans un autre district et qui prive par conséquent le
district de Sherbrooke de ses services. C'est la raison pour laquelle nous
avons, d'un côté, accepté la demande de Québec et,
de l'autre, celle de Sherbrooke.
Le chef de l'Opposition me permettra-t-il de faire la remarque suivante
en terminant? Bien que j'aie lu la lettre du juge Dorion, je ne crois pas que
nous devrions la déposer sur la table.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, je remercie le Procureur
général pour les informations qu'il nous a données. Le
problème d'augmentation du nombre des juges de la Cour
supérieure, tant à Québec qu'à Sherbrooke et
éventuellement, probablement, dans le district de Montréal, doit
être considéré à la lumière de tout le
problème, à la lumière du problème
général, que les avocats connaissent bien, de l'expédition
des affaires devant les tribunaux de quelque juridiction que ce soit.
C'en est rendu à un point, M. le Président, où on
peut dire, et ce n'est pas récent, que la justice est encore à
l'heure de la charrette et de la voiture à traction animale, alors que
nous vivons à une époque de progrès
accéléré. Il semble que l'administration de la justice
n'ait pas suivi. Il faudrait donc...
M. Lapalme: Ce n'est pas la justice elle-même. Je voulais
reprendre le chef de l'Opposition. Je crois qu'il a dit: la justice en est
à l'heure de la charrette. C'est l'administration.
M. Johnson: Évidemment, c'est une figure de style qui nous permet
d'abréger et d'être moins explicite, mais assez tout de même
pour que le Procureur général ait compris ce que je voulais dire.
L'administration de la justice qui est, à certains points de vue, une
vertu, M. le Président, a connu et connaît quelquefois des heures
bien sombres- L'administration de la justice est une institution qui, à
mon sens, n'a pas évolué assez rapidement quand on
considère le reste et les autres institutions qui l'entourent.
Évidemment il y a le problème du Code de procédure civile,
le problème des amendements au Code de procédure civile. Je sais
que le gouvernement ne peut pas tout faire d'un seul coup...
M. Lapalme: ...et la juridiction de la Cour de magistrat.
M. Johnson: J'y viens. D'abord, la procédure
démodée, lourde qui est balourde et encombrante...
M. Lapalme: ...désuète.
M. Johnson: ...désuète et découragenate pour le
contribuable. Je considère que dans bien des cas la procédure,
strictement la procédure civile, est cause de déni de justice
pour bien des contribuables.
Il y a aussi le problème de l'audition des causes et c'est
là qu'on frappe le problème de la compétence respective
des divers tribunaux. Le gouvernement, je n'y reviendrai pas parce que j'en ai
déjà parlé, a jugé bon de tenter de régler
ce problème en augmentant la juridiction, projetant d'augmenter la
juridiction de la Cour de magistrat de $200 à $500. Mais le tout, sujet,
évidemment, à un jugement qu'on espère du plus haut
tribunal du pays, quant à la constitutionnalité d'un tel
changement. Je ne discute pas le fond du problème. Je me suis
déjà prononcé; mais qu'il me suffise de dire que ça
peut prendre encore, quoi, deux, trois, quatre ans, peut-être, et, en
étant bien optimiste, on pourrait dire probablement deux ans.
Il reste donc, comme seul autre moyen - c'est pour ça que nous
avons voté pour la loi - il semble, dis-je, qu'il ne reste qu'un moyen,
pour le moment, pour régler le problème d'ici une période
de un, deux ou trois ans, soit cette augmentation du nombre des juges.
Le juge Dorion a fourni des statistiques qui ont l'air assez
convaincantes. C'est le gouvernement, en dernier ressort, qui doit les
évaluer. Me serait-il permis de dire, en passant, que les avocats en
général - celui qui vous parle et tous ceux que j'ai eu
l'occasion de consulter - se réjouissent de la nomination récente
de l'honorable juge Dorion au poste de juge en chef et de celle de l'honorable
juge Challies au poste de juge en chef adjoint pour le district de
Montréal. Il est assez rare, M. le Président, qu'on puisse
trouver dans la même personne autant de qualités qui, d'habitude,
semblent incompatibles. Il est rare qu'un homme ayant fait beaucoup de
politique soit en même temps un avocat très actif qui a
pratiqué beaucoup et qui a toute la compétence nécessaire
pour faire un excellent juge en chef. C'est le cas du juge Dorion qui, tout en
servant son pays comme député fédéral,
député indépendant, ensuite député
conservateur, je crois, a tout de même pratiqué intensément
son droit, non
seulement à Québec, mais dans les districts ruraux, de
sorte qu'il avait la préparation, une préparation exceptionnelle
pour administrer, en sa qualité de juge en chef, la justice dans le
district d'appel de Québec, et pour porter ce titre honorifique, ce
titre très honorifique, mais en même temps très lourd, de
juge en chef de la Cour supérieure de la province de Québec.
Quant au juge Challies, tout le monde, tous ceux qui ont eu l'occasion
de pratiquer le droit à Montréal connaissent les éminentes
qualités de ce juge et se réjouissent de sa nomination au poste
de juge en chef adjoint, succédant au juge Scott qui a dû prendre
sa retraite, par te jeu de la loi.
M. le Président, il reste donc que, pour Québec, il faut
s'en remettre à des statistiques fournies par le juge en chef, dont je
ne conteste pas le sérieux et le bien-fondé, mais des
statistiques qui seront interprétées et appréciées
par le gouvernement, particulièrement par le Procureur
général qui prend la responsabilité aujourd'hui de nous
apporter cette loi.
Quant au district de Sherbrooke, nous n'avons pas de statistiques; je
présume que le Procureur général en a et qu'il voudra nous
donner des statistiques qui justifieraient aussi la nomination d'un juge
additionnel à Sherbrooke. Cela aurait peut-être été
le temps pour le Procureur général de faire une réforme
qui est demandée dans bien des districts de juges résidents. Le
Procureur général n'est peut-être pas prêt à
prendre une décision dans ce domaine, il ne partage peut-être pas
l'opinion de ceux qui veulent avoir des juges résidents dans leur
district. J'aimerais bien entendre son opinion à ce sujet, parce que je
ne peux pas régler définitivement le problème de la Cour
supérieure sans en même temps tenir compte de cet aspect.
Il y a aussi l'aspect du problème de la Cour d'appel. Le
Procureur général n'ignore pas, par exemple - et ce n'est pas
trop loin du bill, M. le Président - que certains juges de la Cour
d'appel aimeraient bien que tous les juges soient groupés au même
endroit, que ce soit à Montréal ou Québec ou à
mi-chemin, à Trois-Rivières ou à Drummondville. Je suis
certain que le député de Drummondville n'aurait pas objection
à donner à sa ville un peu plus de reluisant encore, en en
faisant le siège ou la résidence de tous les juges de la Cour
d'appel. Mais il semble qu'il y a de bonnes raisons, des raisons
sérieuses à l'appui de cette réclamation de certains juges
de la Cour d'appel, qui considèrent qu'on devrait les grouper
complètement au même endroit, quitte à siéger
évidemment aux deux sièges habituels de Montréal et de
Québec. M. le Président, ça n'entre pas strictement dans
le cadre de cette loi, mais il serait très intéressant d'entendre
le Procureur général donner son opinion à ce sujet.
Enfin, il faudrait bien dire un petit mot pour les grands
oubliés, titre qu'ils se donnent volontiers, les grands oubliés
du fonctionnarisme ou du superfonctionnarisme, les juges de la Cour de
magistrat qui, de ce temps-ci, voient, la larme à l'oeil, l'augmentation
de salaire des sous-ministres, de tous les autres hauts fonctionnaires, des
membres des commissions, de la Régie des alcools et des autres et qui,
évidemment, et c'est là que vient la larme à l'oeil,
constatent que leur salaire ne bouge pas quant à eux.
M. le Président, ce n'est pas un plaidoyer de désespoir,
mais c'est pour rappeler au Procureur général que, même si
nous votons pour sa loi, tous les problèmes ne sont pas
réglés dans le domaine de l'administration de la justice.
M. Lapalme: J'ai juste un mot à dire, M. le Président,
comme je ne voudrais pas perdre l'occasion d'avoir encore beaucoup de
publicité dans les journaux. Je veux répéter, encore une
fois, que, probablement d'ici la fin de juin, j'aurai cessé d'être
Procureur général, j'attends toujours les Travaux publics, les
travaux faits au pavillon Mgr Vachon. Je viens même de passer encore une
demi-heure ce matin avec l'architecte des Travaux publics, pour lui demander
quand, enfin, on pourra entrer dans l'édifice. Je crois bien que les
services des Affaires culturelles vont arriver avant le ministre, mais, tout de
même, j'espère être là au mois de juin, à
partir de quoi je ne serai plus Procureur général. Alors je peux
parler avec une entière liberté, un détachement complet de
la situation qui, par exemple, existera dans un mois.
M. Bertrand (Missisquoi): Votre successeur est-il en Chambre?
M. Lapalme: Ah! c'est le premier ministre qui le sait. Le choix d'un
ministre, c'est le privilège exclusif du premier ministre.
M. Bertrand (Missisquoi): Mais vous êtes premier ministre
intérimaire.
M. Lapalme: Intérimaire.
M. Bertrand (Missisquoi): Vous pourriez en profiter.
M. Lapalme: Alors, si le chef de l'Opposition veut mon opinion
personnelle sur les juges résidents, moi, c'est très clair, je ne
suis pas pour ce régime. Cela, c'est mon opinion. Mon successeur fera ce
qu'il entendra. Il soumettra au Conseil des ministres ce qu'il entendra faire
à ce sujet. Je donne mon opinion purement et
simolement au moment même où le député de
Sherbrooke, le ministre d'Etat, va se lever pour donner des statistiques
fournies par le Barreau de Sherbrooke.
Je me demande Quelle est la seconde question que m'a posée le
chef de !'Opposition.
M. Johnson: Les salaires à la Cour de magistrat.
M. Lapalme: Je souhaite que mon successeur ait, auprès de la
Trésorerie, plus de succès que j'en ai eu relativement à
la pension et aux salaires des juges de la Cour de magistrat.
M. Bertrand (Missisquoi): Ah bien! il n'a pas de chance!
M. Johnson: La Cour d'appel.
M. Lapalme: La Cour d'appel, ce n'est pas nous.
M. Johnson: La résidence.
M. Lapalme: Ah! la concentration des juges de la Cour d'appel. Je dois
vous dire qu'officiellement, moi, je n'ai pas eu de demande à cet effet.
Il y a de la correspondance; oui, il y a de la correspondance, mais ce que
j'appellerais de la correspondance privée, des suggestions, mais la Cour
d'appel comme telle - à moins que cela n'ait été fait
durant ma maladie -et les juges de la Cour d'appel comme tels n'ont pas
présenté de pétition demandant que ce soit
intégré de différentes façons.
M. Johnson: Ce n'était pas unanime.
M. Lapalme: Non, ce n'est pas unanime; là, j'en suis convaincu;
évidemment, cette question, le chef de l'Opposition en parle en songeant
à cette diversité d'opinions qui peut se présenter au
moment où les cours siègent à Montréal et à
Québec, ou à peu près en même temps, et où on
peut difficilement procéder aux délibérés. Il y a
eu des exemples assez frappants d'ailleurs. Je me rappelle, quand je pratiquais
activement, avoir failli être la victime de cet état de choses,
parce qu'au moment où la Cour d'appel à Montréal rendait
une décision la Cour d'appel à Québec, presque le
même jour, avait rendu une décision contraire. Le hasard a voulu
que j'aie été du côté des chanceux, mais à ce
moment-là je me rappelle que la Cour d'appel s'était
réunie et, à un moment donné, on avait rendu une sorte de
décision, si je puis dire, disant que, dans ce genre de choses, voici
quelle était la décision unanime de toute la cour si jamais un
cas semblable se présentait, au point de vue du droit seulement.
C'était sur le moratoire, le crois, ou quelque chose comme
ça.
M. Johnson: Le Code de procédure.
M. Lapalme: Le Code de procédure. Le seul amendement que nous
présentons cette année, c'est celui qui a trait à la
péremption, parce qu'on sait que c'est un cas qui se Drésente
presque à tous les jours et qui était devenu quelque chose de
chronique, même aigu; à la fois aigu et chronique. C'est le seul
amendement. Quant au reste, je n'ai pas d'autre rapport que celui que j'ai fait
transcrire et imprimer l'an dernier, que j'ai fait mettre, si je me souviens
bien, à la disposition des députés. Et je veux me joindre
aux paroles qu'a prononcées le chef de l'Opposition relativement aux
deux nouveaux juges en chef; je n'ajouterai pas de louanges, mais, au moment
où le nom du juge Challies était prononcé, je songeais
à ces grandes choses dont on parle à l'heure actuelle et que l'on
désigne sous un mot, un vocable qui, paraît-il, n'est pas
français et qui s'appelle le biculturalisme; alors, en songeant au juge
Challies, j'ai pensé également au bilinguisme, parce qu'on sait
jusqu'à quel point le juge Challies est bilingue. Maintenant, le
député de Sherbrooke a un mot à dire pour renseigner la
Chambre sur le Barreau de Sherbrooke.
M. Carrier Fortin
M. Fortin: M. le Président, en vertu de la loi, il existe deux
juges pour le district de Saint-François depuis 1898.
M. Johnson: Pardon?
M. Fortin: Depuis 1898, il y avait deux juges résidents pour le
district de Saint-François. Le district de Bedford était desservi
par un juge de Montréal...
M. Bertrand (Missisquoi): Non, nous avons eu un juge
résident.
M. Fortin: Oui, je crois que vous avez eu un juge résident. En
1951, la Loi sur les tribunaux judiciaires a été de nouveau
amendée et les districts de Saint-François et de Bedford ont
été pourvus d'un juge. Alors, depuis 1951, il y a trois juges
dont deux pour le district de Saint-François et un qui dessert
conjointement Saint-François de Bedford. Maintenant, il semblait que
c'était temporaire, que ce juge de district de Saint-François
irait desservir Bedford et qu'en réalité c'était le juge
de Montréal qui continuerait à desservir Bedford. Mais, depuis
1951, c'est resté tel quel. En d'autres termes, nous avons trois juges
pour les deux districts.
Maintenant, au point de vue des
statistiques, je dois dire qu'en 1898, par exemple, la population des
deux districts était de 130,541 et qu'en 1962 la population est rendue
à 330,000. Et c'est pratiquement le même nombre de juges depuis
1898 qui dessert ce deux districts. Maintenant, on sait que dans les
régions industrialisées, eh bien, les litiges sont plus nombreux
et pour cause. Les statistiques de 1961 du gouvernement fédéral
nous disent que, par exemple, la production manufacturière annuelle pour
la région de Montréal était de $1,740,000,000 et que la
région qui vient immédiatement après Montréal au
point de vue de la production manufacturière, c'est celle des Cantons de
l'Est, englobant Bedford, avec $360,000,000. Alors, c'est dire que les litiges
dans ces deux districts tout particulièrement sont très nombreux.
Maintenant, les juges de la Cour supérieure du district de
Saint-François, je dois leur rendre cet hommage, travaillent
d'arrache-pied. Ils s'occupent de la Cour supérieure; ils s'occupent de
la cour de faillite qui siège à tous les lundis à
Sherbrooke pour les deux districts et enfin ils s'occupent des assises
criminelles, tant à Sherbrooke qu'à Bedford. A Sherbrooke, les
assises criminelles siègent pratiquement pendant deux mois et, à
Bedford, je crois que c'est environ un mois, un mois et demi.
Actuellement, pour le district de Saint-François, il y a 1100
causes inscrites et qui ne sont pas entendues. Nous sommes en retard sur le
rôle - c'est une expression d'avocat, si vous voulez - de la Cour
supérieure, à Sherbrooke, de deux ans et demi. Ce qui veut dire
qu'un avocat qui inscrit une cause aujourd'hui et qui est prêt pour
l'enquête et l'audition doit attendre deux ans et demi avant d'être
entendu. Ce qui est évidemment préjudiciable à tous les
citoyens. Il arrive assez souvent que, lorsque vient le temps de faire la
cause, eh bien, un ou deux témoins sont disparus, sont morts ou sont
rendus on ne sait plus où.
Dans le district de Saint-François, en 1962, nos trois juges ont
entendu 345 causes contestées, tant en matière civile qu'en
matière de faillite, et ils ont rendu jugement eux-mêmes, sur des
causes non contestées, dans 175 causes. Ils ont entendu 136 causes sur
des requêtes et des motions contestées et, enfin, ils ont rendu
des jugements dans des matières ex parte sans jugement. Dans le district
de Bedford, le juge qui est allé siéger à Bedford a
entendu 85 causes contestées. En résumé, un total de 425
jugements ont été rendus sur des causes contestées. Si
l'on songe que la Cour siège du mois de septembre au mois de juin
inclusivement, que les juges ont à peu près quatre jours par
semaine où ils siègent et qu'à travers tout ça ils
doivent, évidemment, étudier les causes en
délibéré, je crois que ces chiffres démontrent un
travail assez considérable.
Maintenant, aux assises criminelles, ils ont entendu 19 procès
devant jurés, à Saint-François, et 18 dans le comté
de Bedford. Je partage l'opinion du chef de l'Opposition à savoir que,
évidemment, l'administration de la justice n'a peut-être pas suivi
au même rythme le développement économique et social de la
province. Il y a peut-être des améliorations à apporter
dans ce domaine, mais, d'un autre côté, il ne faut pas oublier, et
c'est ce que souvent les citoyens, les contribuables oublient, que rendre un
jugement, c'est une spéculation intellectuelle et qu'on ne peut pas
rendre des jugements avec rapidité et en série comme on peut
fabriquer des objets. Il ne faut pas oublier que les témoins doivent
être entendus et que c'est souvent une épreuve pour ces
gens-là de venir à la cour. Alors, il faut leur donner l'occasion
de s'exprimer, les laisser parler. Souvent, dans les districts de Bedford et de
Saint-François, où il y a une population anglaise, nous avons des
témoins anglais, des témoins français; il s'agit souvent
de faire de l'interprétation. Et il faut également donner
l'occasion aux avocats de préparer leurs causes, de faire des recherches
dans la doctrine et la jurisprudence assez considérables et donner
également aux juges le temps d'étudier. Rendre un jugement, c'est
une question d'étude, une question de mûrissement. Il faut
également songer que, lorsque nous devons, par exemple, aller en Cour
d'appel, eh bien, il y a les factum à préparer qui sont en fin de
compte un petit volume, un petit traité de droit que chaque avocat doit
préparer. Alors la justice elle-même, l'administration de la
justice, il est impossible de lui demander de procéder avec un rythme
très rapide. Il n'en reste pas moins cependant que des modifications au
Code de procédure civile vont certainement améliorer
l'administration de la justice. Je crois qu'un juge additionnel dans le
district de Saint-François permettra au juge qui est déjà
nommé pour les deux districts de Saint-François et de Bedford de
consacrer plus de temps au district de Bedford et de décongestionner le
rôle parce que je crois que le rôle est un peu congestionné
également à Bedford. Ceci permettra également de
décongestionner le rôle de la Cour supérieure du district
de Saint-François.
Maintenant, à Sherbrooke, nous avons trois juges, il y aura trois
juges résidents, ce qui permet aux avocats de ne pas toujours plaider
devant le même juge. Je crois qu'il y a des projets en cours, et qu'ils
seront étudiés, afin de créer pour les districts ruraux
des zones où il y aurait peut-être un juge résident dans un
district rural, mais où les juges pourraient faire une espèce de
rotation entre les différents districts judiciaires. C'est pour cette
raison, M. le Président, que je crois que la nomination d'un juge
additionnel dans le district de
Saint-François s'imposait.
M. Jean-Jacques Bertrand
M. Bertrand (Missisquoi): M. le Président, j'ai
écouté avec beaucoup d'intérêt les propos du
député de Sherbrooke à l'appui de sa demande qu'un juge
additionnel soit nommé pour le district de Saint-François. A
l'heure actuelle, comme il l'a dit, nous avons dans notre région des
Cantons de l'Est trois juges, les juges Mitchell, Desmarais et Cliche. Je n'ai
pas l'intention de reprendre l'historique du problème judiciaire dans
notre région. Je veux, tout simplement attirer l'attention du Procureur
général sur le fait suivant: c'est que, dans notre région,
il ne faut pas seulement parler de Sherbrooke. Sherbrooke, c'est la ville ; le
district, c'est celui de Saint-François. Il y a également le
district de Bedford. Loin de moi l'idée de blâmer le
député de Sherbrooke d'apporter des arguments à l'appui de
sa demande, qui paraît bien fondée, mais, si on l'accorde, si on
ajoute un troisième juge avec résidence à Sherbrooke, on
ne règle pas du tout le problème du district de
Saint-François. Je n'ai pas avec moi, malheureusement, le volumineux
rapport qui a été préparé par le Barreau de Bedford
et par l'honorable juge Cliche qui, depuis sa nomination - sa nomination ayant
été faite pour les deux districts - est le seul juge à
l'heure actuelle à Sherbrooke, avec résidence à
Sherbrooke, et il a été nommé pour le district de
Saint-François et de Bedford. Les deux autres sont nommés pour le
district de Saint-François. Le juge Cliche a préparé toute
une étude avec les avocats de chez nous au sujet du problème
judiciaire des contribuables du district de Bedford. Ce district comprend trois
comtés, les comtés de Brome, de Missisquoi et de Shefford. Je ne
veux pas reprendre les chiffres, mais disons que l'augmentation de la
population, le développement économique et commercial de notre
région militent en faveur et à l'appui de la demande d'un juge
qui serait un peu comme le juge Cliche nommé pour les deux
districts.
M. Lapalme: Est-ce que le député de Missisquoi me
permettrait une intervention?
M. Bertrand (Missisquoi): Oui, avec plaisir.
M. Lapalme: La situation, en tant que le Procureur général
est ou sera concerné, varie selon qu'il s'agisse d'une demande venant
d'un district que j'appellerai fermé, par exemple Sherbrooke, ou venant
du juge en chef.
Dans le moment, je n'ai pas devant moi de demande venant du juge en chef
du district de Montréal; je ne sais pas ce que le juge Challies va faire
en prenant possession de son poste, je ne sais pas s'il va nous
présenter le résultat d'une étude globale du grand
district d'appel de Montréal. Il est fort possible qu'à une
époque ultérieure un rapport du juge Challies sera
présenté au Procureur général et qu'il demandera
peut-être que la situation soit améliorée dans
différents districts qui relèvent de sa juridiction.
M. Bertrand (Missisquoi): II ne faudrait toujours pas, M. le
Président, que le district de Bedford soit classé dans la
position d'être un orphelin.
M. Lapalme: Non, mais...
M. Bertrand (Missisquoi): Si le
Procureur général me le permet, il parle d'une demande qui
est présentée par le district de Saint-François, ou,
disons, par le bureau de Sherbrooke. A l'heure actuelle, le Barreau de Bedford,
au point de vue judiciaire, quant à l'administration de la justice,
relève de Sherbrooke, puisque le juge Cliche a été
nommé avec juridiction tant dans le district de Saint-François
que dans le district de Bedford. Si l'on examine la Loi sur les tribunaux
judiciaires, le texte n'est pas très clair, on peut avoir des doutes. Il
y en a qui émettent l'opinion que nous relevons, quant à
l'administration de la justice, de Montréal...
M. Lapalme: District d'appel.
M. Bertrand (Missisquoi): ...que c'est un juge de la Cour
supérieure qui, normalement, devrait desservir le district de
Bedford.
C'est justement parce que, lorsque le juge nous venait de
Montréal, il ne venait pas à des périodes assez
régulières que le Barreau de Bedford a demandé que nous
soyons desservis par le district de Saint-François.
Alors, dans les circonstances, si le Procureur général a
fait une demande qu'un mémoire lui soit présenté par le
juge en chef adjoint à Montréal, l'honorable juge Challies, il
peut attendre peut-être longtemps...
M. Lapalme: Quoique, non, c'est assez curieux, j'interviens encore.
C'est que dans le passé, quand il s'agissait du district d'appel
relevant du juge en chef de Québec, même de la Cour de magistrat,
quand un mémoire nous parvenait d'un Barreau, nous le transmettions pour
étude au juge en chef lui-même. Il y a eu de nombreux cas à
la Cour de magistrat qui ont été tranchés par le juge en
chef sans que nous ayons à voter une loi. Dans d'autres cas, sur la
recommandation du juge en chef, après étude de ces
mémoires, il y a eu augmentation du nombre
de juges. Tous les mémoires qui vont venir, qui sont
déjà rendus ou qui viennent du district de Montréal, du
district d'appel de Montréal, sont ou seront transmis au juge en chef
qui, le député peut croire ça, se hâtera de demander
une augmentation du nombre des juges s'il en vient à la conclusion que
tel est le cas. Alors, dans des endroits comme Trois-Rivières et
Sherbrooke, bien...
M. Bertrand (Missisquoi): Bien, il y a une règle
différente, si le Procureur général me le permet.
M. Lapalme: Bien oui, c'est différent, nous avons
là...
M. Gabias: C'est différent dans Trois-Rivières.
M. Lapalme: A Trois-Rivières, Sherbrooke et Hull, je crois, parce
que Hull c'est la même chose, oui, là nous avons des petits
royaumes que nous sommes obligés de traiter indépendamment de
toute la magistrature dans la province.
M. Gabias: C'est juste au mérite ça.
M. Bertrand (Missisquoi): II ne faudrait pas...
M. Lapalme: Arrangez-vous avec vos problèmes. On en reparlera
plus tard.
M. Bertrand (Missisquoi): Je comprends très bien, je comprends
très bien la situation. Sherbrooke, Trois-Rivières, Hull, qui
sont à la tête de régions importantes...
M. Lapalme: Le député est de mon avis, il n'est pas en
faveur de ces juges résidents, n'est-ce pas, dans...
M. Bertrand (Missisquoi): Ah non! Le Procureur général
veut faire dévier la discussion. Je dirai tout simplement ceci. Les
besoins du district de Saint-François sont grands. J'abonde dans le sens
des remarques faites par le député de Sherbrooke. Les besoins du
district de Bedford sont également grands. Le député de
Sherbrooke a cité des chiffres tantôt qui démontrent...
M. Lapalme: C'est ce qui fait qu'il y a un juge qui part de Sherbrooke
et qui va siéger dans Bedford.
M. Bertrand (Missisquoi): Ce n'est pas suffisant. Au moins, si l'on ne
veut pas, si l'on ne peut pas immédiatement accorder non pas un juge
résident pour Bedford, mais un juge qui pourrait être nommé
pour Bedford et Saint-François, on voit la distinction...
M. Lapalme: Une minute là, c'est parce que...
M. Bertrand (Missisquoi): Non pas nommé pour
Saint-François et Bedford, mais nommé...
M. Lapalme: Un instant, un instant, c'est parce que ce bill ne sera pas
en troisième lecture aujourd'hui et je veux bien saisir ce que demande
le député au cas où il y aurait des amendements possibles
à faire en troisième lecture, alors qu'on viendrait en
comité. Est-ce que le député voudrait bien
répéter ce qu'il vient de dire?
M. Bertrand (Missisquoi): Que, si on ne peut pas nommer un juge
seulement pour le district de Bedford, il y a des avantages et des
inconvénients au juge résident. Mon opinion je l'ai
exprimée, je préfère la rotation; c'est
préférable tant pour les avocats que pour les juges et les
contribuables. Mon opinion est justifiable. Si on ne peut pas nommer un juge
pour Bedford seulement, qu'on nomme un juge pour les districts de Bedford et
Saint-François, avec résidence dans Bedford, qui verra avec le
juge Cliche, qui est nommé, lui, pour Saint-François et Bedford,
à l'alternance, à la rotation. C'est dans ce sens-là que
réagissent les membres du Barreau de Bedford. Etant donné que la
loi ne sera pas adoptée aujourd'hui, je veux arrêter là mes
quelques commentaires que j'avais à faire en marge de ce projet de loi,
car il y a chez nous une situation qui est difficile.
Le député de Sherbrooke a dit tantôt qu'il y avait
des causes où les parties sont de langue anglaise. Le juge Cliche dans
la plupart de ces cas-là préfère qu'un autre juge vienne,
c'est le juge Mitchell et c'est ça qui dérange un peu le
mécanisme judiciaire à Sherbrooke. C'est assez souvent que le
juge Mitchell vient chez nous. Et l'étude du juge Cliche conclut
à la suggestion que j'ai faite de nommer un autre juge pour les
districts de Bedford et de Saint-François.
Alors, M. le Président, je n'ai pas voulu ce matin attirer
l'attention de la Chambre seulement sur les problèmes de ma
région; je sais qu'il en existe ailleurs dans le domaine judiciaire.
Mais étant donné que le Procureur général
présente à la Chambre un bill dont la note explicative dit que
c'est pour autoriser la nomination de quatre juges de plus à la Cour
supérieure, dont trois à Québec et un à Sherbrooke,
j'ai cru de mon devoir d'attirer son attention sur le problème
très important de l'administration de la justice dans le district de
Bedford, de faire écho aux demandes qui ont été
présentées par l'honorable juge Cliche et aux demandes qui ont
été formulées également par le Barreau de Bedford.
Si l'on veut, par ce bill, régler à la demande du
député de Sherbrooke
les problèmes de l'administration de la justice à
Sherbrooke, que l'on en profite en même temps pour examiner le
problème du district judiciaire et tâcher de combiner une solution
à l'avantage de ces deux districts importants dans l'administration de
la justice dans la province.
M. Roy Fournier
M. Fournier: M. le Président, j'aimerais souligner, à
l'occasion du bill 51, certaines choses s'appliquant à la province,
ainsi qu'à certains districts éloignés.
En 1941, il y avait 37 juges de la Cour supérieure et, avant
l'amendement proposé, il y en avait 59. Il y a eu des augmentations
graduelles depuis un certain nombre d'années, mais qui n'ont pas permis
de régler tous les problèmes. Quant au district de Hull, par la
loi sanctionnée le 7 mars 1951, nous avons obtenu deux juges
résidents, couvrant trois districts, Hull, Pontiac et Labelle. J'ai
vérifié certaines statistiques et j'ai obtenu certains
renseignements relativement aux jugements qui ont été rendus en
cinq mois, c'est-à-dire du 15 octobre 1962 au 27 mars 1963. Il y a eu
379 jugements incidents, 188 définitifs. Je ne veux pas dire que les 188
causes ont été contestées longtemps ou quoi. Cependant il
s'agit de juqements écrits qui ont été compilés et
qui ont été rendus par deux juges de la Cour
supérieure.
Si nous rapportons ça à des périodes mensuelles,
les juges ont rendu individuelement 37 jugements incidents par mois et 18
définitifs...
M. Lapalme: Est-ce qu'il y a eu des juges d'autres districts qui
seraient allés juger à Hull?
M. Fournier: La situation qui se présente à Hull, c'est
que, lorsque nous demandons l'aide d'un juge de Montréal, l'on exige la
présence du juge de Hull à Montréal pour le remplacer
pendant la période. Et je puis dire qu'il y a deux semaines, lors du
recomptage judiciaire qui a duré une semaine, tout le terme de la Cour
supérieure a été annulé à cause de cette
ciconstance.
Les juges ont la même obligation à Hull que dans les autres
districts. Ils peuvent siéger aux assises. J'ai déjà
mentionné que les assises durent deux mois à Hull, novembre et
décembre, qu'ils doivent siéger une semaine aux assises à
Pontiac et dans le district de Labelle, à Mont-Laurier.
La cour de pratique à Hull n'a lieu que deux fois par mois. C'est
une anomalie. C'est quelque chose qui ne devrait pas se présenter. Les
causes sommaires inscrites au mois de mai sont entendues au mois d'octobre.
C'est une situation décourageante pour les justiciables.
Je n'ai pas pu obtenir le tableau de l'ordre 19...à jour,
Cependant, au tableau de l'ordre l961-1962, il y avait à Québec
342 avocats inscrits au tableau de l'ordre. Il v en avait 61 dans le district
de Trois-Rivières. Il y en avait 60 dans le district de
Saint-François, alors qu'il y en avait 101 au tableau de l'ordre pour le
district de Hull.
M. Gabias: Deux juges...
M. Fournier: ... deux juges. J'ai fait une analyse aussi de
l'évolution de la copulation dans les trois villes concernées. Je
remarque qu'à Hull, alors que la population, en 1956, était de
49,200, elle est montée à 56,900 en 1961, soit une augmentation
de 7700: à Sherbrooke, population de 58,600 en 1956, de 66,500 en 1961,
soit une augmentation de 8000. Il y a pratiquement la même augmentation
à Sherbrooke qu'à Hull, alors que Sherbrooke a 10,000 de plus de
population. A Trois-Rivières, je ne sais pas ce qui cause le retard du
progrès...
M. Lapalme: Là, vous vous en allez vers un débat.
M. Fournier: ... 50,000 de population en 1956 et 53,000 en 1961. Il y a
une augmentation de population dans le district de Hull...
M. Gabias: Un instant, si je comprends bien, il y aurait diminution de
population?
M. Fournier: Non, non, augmentation, augmentation, mais pas aussi
rapide, pas aussi grande que dans l'ouest du Québec, à
Hull...
M. Gabias: Est-ce que le député pourrait
répéter ces chiffres, s'il vous plaît?
M. Fournier: Les chiffres sont les suivants: Trois-Rivières,
50,000...
M. Gabias: En quelle année?
M. Fournier: Ceci apparaît à la page 39 de l'annuaire de la
province: 50,483 en 1956, et 53,477 en 1961...
M. Johnson: Ça, c'est sans compter les enfants...
M. Fournier: A moins que je fasse erreur...
M. Gabias Non, non, il y a erreur certainement.
M. Fournier: II y a un autre problème que je dois souligner
relativement à la pooulation dans l'ouest du Québec, dans le
district de Hull. Le total, l'ensemble de la population des différents
comtés de la région
de l'Outaouais est de 210,000...
M. Johnson: Combien? 210,000...
M. Fournier: Oui, 210,000. Cependant, à cette population l'on
doit nécessairement ajouter le comté de Carleton, Ottawa et toute
la région environnante d'Ottawa. Et il y a une population de 352,932
dans cette région de Carleton, ce qui fait un total de 563,000 de
population. Les gens d'Ottawa vous visitent, viennent à de multiples
reprises. Les avocats pratiquants savent que la majorité des causes sont
des causes d'accidents d'automobile, que les différentes autres causes
ont perdu de l'importance, probablement, pour les clients. Les chicanes de
clôture sont disparues jusqu'à un certain point. Ce sont des
accidents d'automobile, et l'afflux de la population ontarienne occasionne un
grand nombre de causes à Hull. Dans les circonstances, étant
donné l'importance du district judiciaire de Hull, étant
donné le fait aussi que les causes ne sont entendues que 18 mois ou 2
ans après leur inscription sur le rôle général, je
demanderais au Procureur général et au gouvernement s'il serait
possible de considérer l'augmentation du nombre de juges dans le
district de Hull. Nous sommes régis par le même article 27,
paragraphe 7, qui accorde deux juges pour les districts de Hull, Labelle,
Pontiac, avec résidence à Hull. Deux juges. Je demanderais une
augmentation de un. Pour ces raisons, j'appuierai le bill parce qu'il tentera
de faire et il fera nécessairement justice jusqu'à un certain
point pour soulager les malaises qui existent au point de vue de la justice
dans la province.
M. Paul Allard
M. Allard: M. le Président, en entendant les complaintes des
différents représentants de districts, je voudrais ajouter celle
de la Beauce, puisque c'est un problème que j'ai connu alors que
j'étais protonotaire.
Il y a quelques années, dans la Beauce, nous avions sur le
rôle au-delà de 500 causes en retard et il fallait cinq ou six ans
pour entendre une cause. J'ai entendu des témoins venir raconter des
faits vieux de sept ans. A ce moment-là, même les journaux avaient
fait un certain reportage parce que les avocats s'étaient entendus pour
procéder devant un arbitre en choisissant un avocat du district pour
entendre les causes, vu qu'il nous était impossible d'avoir les services
d'un juge du district de Québec pour plus de cinq jours par semaine.
Il y a eu une certaine amélioration. A l'heure actuelle, nous
avons quinze jours par mois, c'est-à-dire dix jours de séance. Et
il reste, à ma connaissance, au-delà de trois cents causes sur le
rôle dans le district judiciaire de Beauce. Si on fait la proportion avec
le district de Sherbrooke, dont le député vient de parler, soit
environ mille causes avec deux juges résidents et un troisième
qui s'en vient, je crois que dans la Beauce, avec le nombre de causes qu'il y a
et seulement dix jours de séance par mois, la situation est certainement
aussi, sinon plus défavorable que celle qui existe dans vos
districts.
Je crois que, lorsque le nombre de juges aura été
augmenté, il y aura peut-être possibilité pour le Procureur
général de suggérer un système différent
pour le système judiciaire de la Beauce, en augmentant le nombre de
jours d'audience ou encore en faisant quelques jours de cour de pratique. Ce
qui se produit à l'heure actuelle, c'est que nous avons deux semaines,
c'est-à-dire dix jours, et à chacune de ces semaines, la
première journée est pratiquement toujours mangée, quand
ce n'est pas deux jours, par la cour de pratique. Alors, il y a un
problème qui est amélioré mais qui demande encore un
ajustement pour améliorer davantage.
Evidemment, il y a bien des causes, il y a bien des raisons. Mettre la
faute uniquement sur le manque de juges, je crois que ce ne serait pas tout
à fait exact. Il faut dire que, dans certains cas, les parties
elles-mêmes sont un peu négligentes pour se présenter le
jour où leur procès est fixé. Il leur manque un
témoin ou pour une raison ou pour une autre, assez facilement, elles ne
seront pas toujours là lorsqu'elles devraient y être. Je crois
qu'aussi, sans vouloir critiquer énormément, de la part des
avocats, il y a un certain manque, dans ce sens que lorsque les causes sont
bonnes on est prêt à les passer, lorsqu'elles sont moins bonnes on
est moins intéressé. De ce côté-là, il y a
peut-être une attention particulière à apporter. J'ai vu le
cas lorsque j'étais protonotaire. Il y a différentes raisons; il
y a des améliorations à apporter. A tout événement,
je voudrais que le Procureur général porte une attention
spéciale au cas de la Beauce.
M. Lapalme: Quant à cette dernère demande, M. le
Président, je dois dire qu'elle est couverte par la requête que
nous a faite le juge en chef du district de Québeac qui dit: "Dans le
district d'appel que j'ai à diriger, il y a le district de Beauce."
Alors, il a tenu compte des demandes générales de son district,
de l'état général de son district et probablement de
certaines situations locales lorsqu'il demande trois juges additionnels pour le
district d'appel de Québec, comprenant la Beauce.
M. Maheux: Et Mégantic...
M. Lapalme: Un instant, Mégantic est
dans Québec, oui. Quant aux remarques qui sont différentes
de celles du député de Beauce, parce qu'elles ont trait à
ce que j'ai qualifié tout à l'heure de petits royaumes
judiciaires, je me trouve dans une situation curieuse. Pour un homme qui est
contre ce que j'appellerai la résidence bien fixée des juges dans
des districts séparés, je suis appelé à
étudier des demandes qui, si elles sont acceptées, vont
concentrer davantage, je sais, je sais.
Je crois qu'il y a un autre député, deux autres
députés qui voulaient se lever tantôt. J'aimerais seulement
demander au député de Drummond, ministre de la Voirie, de nous
parler de sa situation. Je crois que dans Drummond il y a une demande pour
faire un district judiciaire séparé. Est-ce qu'il n'y a pas un
député de l'autre côté qui voulait se lever tout
à l'heure? Il semble qu'il y en a un qui voulait se lever.
M. Gabriel Loubier
M. Loubien Voici, M. le Président, seulement quelques remarques.
Tout à l'heure, je discutais avec mon ami, le député de
Mégantic. Ayant à plaider à plusieurs reprises dans le
district de Thetford, qui est assez rapproché de la Beauce, encore
là, le juge vient une semaine ou dix jours par mois. Ce qui se
présente, c'est que les causes sommaires, comme le mentionnait le
député tout à l'heure pour sa région, passent trois
à quatre mois après l'inscription, je crois. Dans le district de
Thetford, c'est un an et parfois plus longtemps. Alors, j'aimerais que le
Procureur général porte une attention spéciale à
ces deux districts de Thetford et de Beauce qui sont connexes. Il me semble
qu'il y aurait peut-être possibilité d'y amener un juge pour
desservir ces districts. Avec le nombre de causes en retard dans la Beauce,
additionnées avec celles de Thetford, j'ai bien l'impression qu'un juge
nommé à un âge vénérable pourrait finir ses
jours en épousant les causes qui sont en retard dans ce
comté.
M. Lapalme: M. le Président, les remarques que je faisais
à la suite des informations du député de Beauce
s'appliquent à celles du député qui vient de parler. C'est
entendu que ces deux districts judiciaires sont couverts par la demande du juge
en chef Dorion.
Maintenant, je ne sais pas s'il y a d'autres députés qui
ont l'intention de parler. Je ne l'espère pas, mais je ne sais pas s'il
y en a d'autres qui ont l'intention de parler sur le sujet.
J'ai dit dès le début, m'adressant au député
de Missisquoi, que je ne voulais pas faire adopter ce bill ce matin, en
troisième lecture, parce que je savais que normalement les avocats de
différents districts viendraient faire leurs observations sur la lenteur
de la justice. En outre, comme le juge Challies n'a pas encore eu le temps de
communiquer avec moi, je vais me faire donner la transcription des notes
sténographiques ou plutôt des discours enregistrés. Je vais
les transmettre aux deux juges en chef de Montréal et de Québec.
En même temps, nous allons regarder de près les statistiques qui
ont été données, particulièrement pour Sherbrooke,
Thetford et Hull. Le bill demeurera au feuilleton pendant un certain nombre de
jours, après quoi nous l'appellerons en troisième lecture. S'il y
a des amendements à faire, nous retournerons en comité en
troisième lecture pour arriver non pas à une solution
définitive du problème... Cela ne réglera pas le
problème, mais peut faciliter le règlement de certains
problèmes, parce que, comme on vient de le faire remarquer, le nombre
des juges peut signifier beaucoup dans la lenteur ou l'expédition plus
rapide de la justice. Mais les avocats et les justiciables sont responsables en
grande partie aussi des retards qu'il y a. Le juge en chef de la Cour d'appel
me faisait remarquer, il n'y a pas longtemps, que presque tout un rôle de
la Cour d'appel a été simplement appelé, je crois que
c'est en matière criminelle. Je me demande si tout le rôle n'a pas
été simplement appelé alors que pas une cause n'a
procédé, ou du moins, s'il en est quelques-unes qui ont
passé, ce n'est pas plus d'une ou deux. Alors il est impossible que ce
soit toujours uniquement la faute des juges. Quand tout un rôle est mis
de côté comme ça, il faut fatalement qu'il y ait eu quelque
chose qui se soit passé, soit à cause de la négligence des
avocats ou des parties.
M. Yves Gabias
M. Gabias: M. le Président, je n'avais pas l'intention de parler,
mais puisque le Procureur général a mis en cause le district de
Trois-Rivières en lui donnant un titre, que j'admire beaucoup, celui
d'un petit royaume, et puisque, ensuite, le même district judiciaire a
été mis en cause par le député de Gatineau,
j'aimerais tout simplement corriger peut-être une fausse impression qui a
été donnée.
En ce qui concerne la population de la ville de Trois-Rivières,
elle est déjà très près de 60,000 habitants; mais
il faut tenir compte que, immédiatement de l'autre côté de
la rivière Saint-Maurice, il y a le Cap-de-la-Madeleine qui compte
près de 30,000 personnes; or nous savons que la Cour supérieure
est distribuée entre ces deux villes qui, au point de vue judiciaire,
n'en font qu'une. Il faut également tenir compte que nos juges de la
Cours supérieure vont siéger à Nicolet, car il y a
juridiction concurrente pour le district de Trois-Rivières et de
Nicolet. Il faut également tenir
compte que nos juges de la Cour supérieure vont siéger
à La Tuque, car il y a juridiction concurrente pour La Tuque et
Trois-Rivières. Ceci voudrait dire que, si on prenait les chiffres du
député de Gatineau, aux Trois-Rivières, ça
prendrait au moins cinq juges.
Si, dans le district Hull, Pontiac et Labelle, il en faudrait trois de
la Cour supérieure, chez nous, à cause d'abord de la grande
population, évidemment de beaucoup supérieure à celle des
trois comtés mentionnés par le député de Gatineau,
chez nous, ça en prendrait au moins cinq.
Mais je dois dire ceci: Depuis quelques années, depuis qu'il y a
trois juges de la Cour supérieure dans le district de
Trois-Rivières, nous devons rendre hommage aux trois juges de la Cour
supérieure qui font tout pour administrer la justice et à
l'avantage des justiciables, des avocats et, également, de la bonne
administration de la justice. Les rôles sont presque à jour aux
Trois-Rivières et je sais qu'à la dernière réunion
du Barreau...
M. Lapalme: Ne parlez pas trop parce que vous allez vous faire enlever
des juges.
M. Gabias Non, je sais qu'à la dernière réunion du
Barreau, qui a eu lieu le 1er mai, une résolution a été
adoptée, de telle sorte que les causes d'accidents d'automobile soient
traitées de façon différente, en ce sens que l'on
prépare des rôles uniquement composés des accidents
d'automobile. Les avocats croient que les causes seront beaucoup plus à
jour si cette mesure est adoptée.
M. Lapalme: Alors, adopté?
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 1, adopté. Article 2, adopté.
M. Lapalme: J'aimerais bien recevoir des notes des députés
qui sont intéressés à fournir des statistiques. Je ne
voudrais pas me contenter de statistiques incomplètes pour
téléphoner au juge Challies, par exemple, peut-être au juge
en chef Dorion. S'il y en avait qui avaient des statistiques la semaine
prochaine.
M. Bertrand (Missisquoi): Si M. le Procureur me le permet, en ce qui a
trait au mémoire qui provient du Barreau de Thetford et du juge Cliche
qui a été préparé...
M. Lapalme: Ah ça, je le sais. Oui.
M. Bertrand (Missisquoi): Le juge Challies n'est pas au courant.
M. Lapalme: Non, mais ça, je... Oui, c'est ça. Je
comprends.
M. Bertrand (Missisquoi): Je ne crois pas, du moins.
M. Fournier: Pour le bénéfice du Procureur
général, la compilation de tous les jugements se fait depuis le
15 octobre dans le district de Hull. Je suis censé produire...
M. Lapalme: En fin de semaine, si vous pouviez mettre la main sur
certains renseignements... Ça ne veut pas dire que tout va être
accordé.
M. Bédard (président du comité plénier):
M. le Président, le comité a adopté le bill no
51.
M. le Président: Troisième lecture, prochaine
séance.
Bill no 7 Comité plénier
La Chambre de nouveau en comité plénier sur le bill no 7,
Loi de l'hôtellerie.
M. Johnson: C'est le premier article. Une voix: Est-ce que ç'a
été amendé? Une voix: Ç'a été
amendé.
M. Bertrand (Terrebonne): M. le Président, je crois qu'il y avait
eu, lors de la discussion sur le bill, un amendement apporté au
paragraphe a), à la définition du mot "hôtel". La nouvelle
définition était comme suit: "Un établissement autre
qu'une maison de logement spécialement aménagé pour que,
moyennant paiement, les voyageurs y trouvent habituellement à loger".
Deuxièmement, dans l'alinéa c), insérer, après le
mot "paiement", les mots "à la semaine".
M. Bertrand (Missisquoi): "A la semaine" Oui, on est rendu
là.
M. Johnson: Est-ce qu'on n'enlève pas les quatre derniers
mots?
M. Bertrand (Missisquoi): Oui, mais non "à manger". Et, à
la fin de c)...
M. Bédard (président du comité plénier):
Voyageurs. Après ça, camping.
M. Johnson: On n'a pas trouvé à propos d'utiliser un mot
français pour "camping"? On n'en a pas trouvé?
M. Bertrand (Terrebonne): C'est le mot qui non seulement
bénéficie de l'approbation générale, mais qui est
utilisé en Europe pour
les fins du genre. Ils disent campisme, mais c'est le mot "camping" qui
est le plus régulier.
M. Johnson: Comment le prononce-t-on en France?
M. Bertrand (Terrebonne): Camping.
M. Johnson: Est-ce qu'on n'utilise pas un autre mot en France, à
part camping?
M. Bertrand (Terrebonne): Ah, il y a le "caravaning" pour les
remorques.
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce que le problème ne pourrait pas
être soumis à l'Office de la langue française? On pourrait
peut-être tâcher de trouver un mot absolument français.
M. Bertrand (Terrebonne): Bien, je dois dire au député de
Missisquoi que, sur ce mot-là, l'Académie française s'est
prononcée, d'ailleurs, et que le mot "camping" est utilisé en
France. Il est francisé.
M. Bertrand (Missisquoi): II est francisé?
M. Bertrand (Terrebonne): Et, secondement, les associations de terrains
de camping seront appelées à rencontrer le Conseil du tourisme,
de la chasse et de la pêche pour établir leurs règlements.
On leur demandera si elles veulent nous fournir un mot autre que le mot
"camping" qui, aujourd'hui, est utilisé d'une façon
régulière.
M. Bertrand (Missisquoi): Pour donner une leçon à
l'Académie française.
M. Johnson: "Camping", M. le Président, c'est une importation qui
n'est pas, évidemment, de nature à enrichir notre vocabulaire. Le
moins qu'on puisse dire, c'est que le gouvernement ne s'est pas forcé
beaucoup pour trouver une autre expression.
Il me semble que M. Léger n'aurait pas approuvé une telle
expression. Maintenant, on va me dire qu'il s'agit de tourisme et que c'est
plus commode quand on peut trouver un mot international. Evidemment, si
"camping" est adopté, s'il est en usage en France, comme j'ai pu m'en
rendre compte moi-même, qu'il l'est aussi en Angleterre, aux
États-Unis... En Allemagne, je ne sais pas quel mot on utilise.
M- Bertrand (Terrebonne): Le même mot.
M. Johnson: Mais, même si on accepte le mot "camping", je
suggère qu'à e) on devrait au moins dire "terrain de camping",
parce que, si le mot "camping" doit être incorporé à la
langue française, "camping" ne doit pas désigner, si on veut
respecter le génie de la langue, un terrain, mais doit désigner
un sport, une activité, une modalité de séjour ou une
modalité d'abri. Le mot "camping" seul devrait, à mon sens, avoir
un sens beaucoup plus large que celui qui équivaut en anglais à
"camping ground". Le camping, c'est un sport, c'est un mode de logement, c'est
tout ce que l'on voudra, mais ce n'est pas un terrain seulement. Et, quand on
veut parler d'un terrain de camping, je suggère qu'on devrait dire,
à e), "terrain de camping"; autrement, c'est du mauvais français,
c'est de l'importation mal intégrée, mal assimilée dans la
langue française. Je ne sais pas si je peux impressionner le ministre
avec mon raisonnement, mais, si on est pour adopter "camping" dans la langue
française, qu'on l'adopte selon le qénie, qu'on l'assimile selon
le génie de la langue française et que l'expression "camping" ne
désigne pas un terrain, mais une réalité beaucoup plus
large, même une réalité abstraite.
M. Bertrand (Terrebonne): Le mot "camping", M. le Président,
désigne la même chose qu'un hôtel et vous l'avez à la
clause no 2, "d'exploiter un hôtel, un camping". Selon la
définition que l'on donne du mot dans le grand domaine touristique, un
terrain sur lequel on campe, c'est un camping; ce n'est pas autre chose, pas un
terrain de camping. Terrain, c'est encore pire. C'est un camping, tout court,
comme un hôtel, comme un motel.
M. Johnson: Alors, pourquoi, en anglais, "camping ground"?
M. Bertrand (Terrebonne): Bien, ça, c'est l'expression anglaise.
C'est l'expression anglaise; en français, c'est un camping, c'est un
motel.
M. Johnson: M. le Président, j'admets qu'au début de la
loi on puisse donner un sens restreint à un mot pour fins
d'efficacité dans la rédaction, la compréhension et
l'interprétation de la loi. Mais il faut tout de même respecter un
peu les principes élémentaires et il faut surtout, puisque c'est
la première fois que l'on retrouve l'expression dans une loi de l'Etat
du Québec, que le Procureur général voudrait unilingue, M.
le Président, l'utiliser correctement et à bon escient. Je sais
que, dans le langage courant, on dit: Un bonhomme est propriétaire d'un
hôtel et il est aussi, par exemple, propriétaire d'un camping.
C'est une abréviation, c'est une contraction.
M. Bertrand (Terrebonne): Non, c'est le mot français.
M. Johnson: Mais le camping lui-même... Alors, le ministre dit-il,
dans cette Chambre, lui qui est un journaliste, que "camping", ça veut
toujours dire exclusivement un terrain et rien d'autre?Quand on
parle du sport, quand on parle de ce mode de récréation qui
s'appelle le camping, on n'emploie pas le mot correct en disant le camping
parce que ce mot ne désignerait, d'après le ministre, qu'un
endroit, un terrain.
M. Bertrand (Terrebonne): C'est ça, M. le Président, et
c'est clair.
M. Johnson: Ce n'est pas ça et ce n'est pas clair.
M. Bertrand (Terrebonne): C'est précisément parce que
c'est un mot français que c'est camping. Un camping, en anglais, c'est
"camping ground".
M. Dozois: M. le Président, dans d'autres lois, comme la
Régie des alcools, quand on parle de salles de danse, on n'a pas
utilisé le terme qu'on utilise en France; on ne s'est pas servi de
"dancing".
M. Bertrand (Terrebonne): Ah, peut-être, mais ce n'est pas la
même loi.
M. Dozois Ce n'est pas la même loi, mais c'est un exemple,
cependant. Dans d'autres lois, pour salles de danse, on n'a pas utilisé
le mot qu'on utilise en France. Une salle de danse, on appelle ça un
"dancing". On pourrait trouver un autre mot français que "camping".
M. Bertrand (Terrebonne): Je le sais, mais est-ce que le
député de Saint-Jacques pourrait me donner un autre mot que
terrain de camping?
M. Dozois: Pourquoi pas campement?
M. Bertrand (Terrebonne); Non, ce n'est pas campement qui est le mot
touristique; c'est camping, c'est tout ça, c'est comme yachting. Vous
l'avez aujourd'hui, vous allez prendre quoi à la place? C'est un mot
international au point de vue du tourisme et dans la province.
M. Johnson: Mais pas pour désigner un terrain.
M. Bertrand (Terrebonne): Oui, pour désigner l'ensemble où
l'on va camper.
M. Johnson: Non, on vient d'avoir, au Centre de
l'Immaculée-Conception, une exposition du camping que le ministre a
inaugurée. Ce n'était pas l'exposition de je ne sais pas quoi;
c'était l'exposition du camping. Et ça ne désignait pas un
terrain; ça désignait tout un ensemble.
M. Bertrand (Terrebonne): Oui, "du" camping, l'article contracté
"du", c'est bien différent, ça, au point de vue de la langue.
M. Johnson: M. le Président, quand on parle de l'exposition du
camping qu'a inaugurée le ministre au Centre de
l'Immaculée-Conception, le mot "camping", dans cette expression,
désignait tout l'ensemble. Par le contexte, on disait: Bien, voici,
c'est un autre mode de vacances, un autre mode de récréation. Il
y a le chalet, il y a le camping, il y a le pavillon de chasse, il y a
l'auto-stop, il y a le camping. Et le ministre vient de me dire aujourd'hui que
ça veut dire tout simplement un terrain, camping. A part ça, le
ministre ne peut pas affirmer dans cette Chambre que, dans les lois
françaises, les lois de l'Etat de France, on utilise le mot
"camping".
M. Bertrand (Missisquoi): M. le Président, si le ministre du
Tourisme me le permet, j'admets et je reconnais que le mot "camping" est
accepté. J'ai ici le dictionnaire Quillet. A "camping" on dit, non pas
le terrain, mais l'action, le fait de vivre sous la tente en plein air, et on a
la précaution d'ajouter que c'est un mot anglais. Maintenant il y a le
mot "campement" dans le même dictionnaire, qui signifie exactement
l'action de camper, et le mot "camping", action de camper, mais à
"camper", on dit: Établir un camp, vivre dans un camp. Le camping,
d'ailleurs, ne signifie pas seulement le terrain, mais bien l'action. J'ai ici,
entre autres, un article qui a été publié dans une revue
qui traite du camping. On voit bien que c'est l'action. On dit: Par-dessus
tout, le camping, c'est la liberté, c'est le fait de se déplacer,
c'est le fait de voyager, c'est le fait de visiter. Il n'y aucun doute que
là où on plante la tente, c'est le camp, et il me semble, M. le
Président, que l'on pourrait à tout le moins, dans la
définition, mettre "campement" ou "camping".
M. Bertrand (Terrebonne): Non. D'ailleurs, je pense bien que le
député de Missisquoi a un dictionnaire, mais j'ai un dictionnaire
canadien ici, et le plus récent.
M. Johnson: Lequel?
M. Bertrand (Terrebonne): Celui-ci; dictionnaire canadien,
édition abrégée, français-anglais.
M. Johnson: Celui de M. Vinay?
M. Bertrand (Terrebonne): Oui, et puis c'est camping et "camp ground",
et
campement, c'est camping. Mais quand on parle d'un campement,
habituellement, c'est un campement forestier, ça ne traduit pas le mot
autorisé de "camping".
Des voix: Allons!
M. Bertrand (Terrebonne): Oui, ou n'importe quel autre campement, mais
c'est ça, camping. D'ailleurs, c'est un détail.
M. Bertrand (Missisquoi): Alors quand on était jeune et qu'on
allait camper?
M. Bertrand (Terrebonne): Oui, vous disiez camper, mais, quand on parle
du point de vue forestier, on dit un campement. Ce n'est pas un camping. On dit
campement forestier, on ne dit pas camping forestier. "Camping" est le mot
employé aujourd'hui, qui est vulgarisé, qui est employé,
et quand de nos jours on parle de l'exposition tenue à Montréal,
c'est l'exposition du camping; d'un autre côté, ceux qui l'ont
organisée étaient-ils pour dire: Exposition des accessoires?
M. Johnson: Non, mais ce qu'on a exhibé, ce n'était pas
des terrains de camping, j'espère!
M. Bertrand (Terrebonne): Mais les accessoires servaient au camping.
M. Bertrand (Missisquoi): Au campement.
M. Bertrand (Terrebonne): D'ailleurs, M. le Président, la
définition du camping, c'est un terrain, et c'est le mot habituellement
employé; je ne suis pas prêt à le retirer pas plus dans la
définition de e) que dans le paragraphe 2.
M. Bertrand (Missisquoi): Vous donnez une définition. Si le
ministre me le permet, ce n'est pas une question de querelle linguistique, mais
le ministre donne justement dans sa loi, comme définition du mot
"camping", une définition qui est absolument contraire à la
définition qui est donnée par le dictionnaire. Absolument
contraire. Dans le dictionnaire Quillet.
M. Bertrand (Terrebonne): En tout cas, je vois mal un nom qui serait
Bois-Brillant et qu'on dise terrain de camping Bois-Brillant, ce n'est pas
vrai!
M. Bertrand (Missisquoi): C'est tellement vrai.
M. Bertrand (Terrebonne): Bois-Brillant camping, camping des Brises,
terrain de camping des Brises, voyons donc!
M. Bertrand (Missisquoi): C'est tellement vrai que le mot "camping" ne
signifie pas ce que le ministre veut lui faire dire que dans les estimations
budgétaires, à la page 114, article 10, on dit "achat et
aménagement de terrains de camping".
M. Johnson: Bon, alors, c'est clair. M. Bertrand (Terrebonne): Oui,
oui.
M. Bertrand (Missisquoi): Alors si le mot "camping" signifie terrain,
pourquoi avoir à redire "terrain de camping"?
M. Bertrand (Terrebonne): C'est marqué dans la définition
à e). Moi je ne comprends pas les objections que soulève
l'Opposition quand, à e), c'est marqué: "camping, terrain..." et
que, dans l'article où on dit qu'il est défendu d'exploiter un
hôtel, un camping, on va marquer "terrain de camping" pour rendre encore
le mot...
M. Johnson: Pourquoi pas?
M. Bertrand (Terrebonne): Non, le mot "camping", on le situe
immédiatement comme motel, restaurant...
M. Bertrand (Missisquoi): Un terrain de camping spécialement
aménagé.
M. Gabias: En employant le mot "campement", vous avez exactement la
définition à laquelle on a fait allusion.
M. Bertrand (Terrebonne): C'est bien de valeur, mais je dirai au
député de Trois-Rivières que je ne changerai pas le mot
"camping". On a communiqué avec les associations de camping qui existent
dans la province de Québec, qui existent au Canada. Le camping sera un
domaine de notre industrie touristique. Il a été pesé
quand la définition a été donnée au cabinet et je
viens de donner des explications. C'est exploiter un hôtel, un motel, un
restaurant et un camping.
M. Johnson: M. le Président, le ministre vient de dire: Je
regrette mais je ne changerai pas d'opinion.
M. Bertrand (Terrebonne): Sur le mot, non, je ne changerai pas
d'opinion. Je ne changerai pas le mot "camping" dans cette loi.
M. Johnson: M. le Président, ce n'est pas étonnant.
L'Office de la langue française n'admettra jamais ça. Je le dis
publiquement ici, je n'ai pas consulté M. Léger. Que le ministre
consulte l'Office de la langue française, et je m'excuserai publiquement
si M. Léger approuve l'article tel quel avec "camping" pour
désigner un terrain
spécialement aménagé. Si - et ça c'est un
règle d'or - une langue, à un moment donné, admet un terme
étranger d'une langue différente, au moins, elle doit l'utiliser
selon le génie de la langue qui absorbe le mot. Camping ne peut pas
désigner, par aucun effort d'imagination, un terrain spécialement
aménagé. Maintenant, pour les fins de la loi, on peut dire
n'importe quoi; on peut dire que camping veut dire un terrain, mais c'est
mauvais, on donne un mauvais exemple, c'est une autre contradiction du
gouvernement actuel. Pendant qu'on a d'un côté l'Office de la
langue française qui est très sévère, on a le
ministre qui, lui, viole toutes les règles élémentaires de
la langue française par ce texte. Ce n'est pas nouveau ça, c'est
un gouvernement de contradictions, M. le Président.
M. Bertrand (Terrebonne): Votez contre, votez contre.
M. Johnson: Pendant qu'on parle de maturation, de maturité du
peuple, dans la province de Québec, on a un premier ministre qui s'en va
nous proclamer royalistes, attachés à la couronne britannique,
regardant du côté de l'Angleterre, M. le Président, pour
nous protéger contre les mauvais Anglais du Canada...
On a un gouvernement de contradictions, M. le Président.
M. Bédard (président du comité plénier):
A l'ordre! A l'ordre!
M. Hamel (Saint-Maurice): M. le Président, le chef de
l'Opposition est hors d'ordre. Il le sait et il... Pardon?
M. Bertrand (Missisquoi): II faut invoquer le règlement, pas
formuler un point d'ordre.
M. Hamel (Saint-Maurice): On n'a pas le droit, M. le Président,
en comité, de parler d'autre chose que du texte de la loi que le
ministre du Tourisme amène devant la Chambre.
M. Bertrand (Missisquoi): Je peux citer des exemples.
M. Hamel (Saint-Maurice): II peut y avoir des débats
extrêmement intéressants sur d'autres sujets, mais là, il y
a des circonstances particulières...
M. Johnson: Je sais, je sais que le ministre brûle d'envie de
prouver combien nous sommes attachés à l'Angleterre, mais, M. le
Président...
Des voix: A l'ordre! A l'ordre!
M. Johnson: ... je sais que ça ne serait pas conforme au
règlement.
M. Hamel (Saint-Maurice): Bon, bien, s'il sait...
M. Johnson: A l'appui de ma proposition, donnant un exemple additionnel
de contradiction, je prends celui qui est le plus d'actualité...
M. Hamel (Saint-Maurice): II n'a pas le droit, il n'a pas le droit.
Une voix: C'est antiréglementaire.
M. Johnson: ... celui qui est le plus frappant et celui...
Une voix: A l'ordre! M. Johnson: Pardon?M. Hamel
(Saint-Maurice): A l'ordre!
M. Johnson: Ah, non! Ah, non! M. le Président, ce n'est pas
à lui de dire: "A l'ordre".
M. Bédard (président du comité plénier):
A l'ordre!
M. Hamel (Saint-Maurice): Je soulève un point de
règlement, M. le Président. Ce que nous devons discuter, ce que
nous devons discuter... à l'honorable ministre du Tourisme, c'est
ça qu'on doit discuter et je me souviens d'avoir entendu M. Duplessis
dire: "On a le droit de dire ce mot-là." Il n'a pas raison, on a le
droit de dire ça, ils ont le droit de dire ça, mais aller
chercher, M. le Président, des voyages ou d'autres choses, dans le cas
du camping, ce n'est pas la place. Le chef de l'Opposition aura l'occasion,
s'il veut soulever des problèmes comme ceux-là...
M. Johnson: Oui.
M. Hamel (Saint-Maurice): ... de le faire s'il suit les
règlements, mais pas au comité sur le bill du tourisme.
M. Johnson: M. le Président, je remercie le ministre, il a
raison, je n'ai pas le droit de parler du voyage du premier ministre,
mais...
Des voix: Ah!...
M. Johnson: ... j'ai le droit de parler de l'opportunité
d'utiliser un mot anglais et, moi, je vous dis que je suis contre l'utilisation
de "camping", parce que, moi, je ne suis pas attaché tant que ça
à la couronne britannique, ni à son langage, M. le
Président. Je ne suis pas de ceux qui se tournent du
côté de l'Angleterre pour nous protéger contre les mauvais
Anglais du Canada. M. le Président, c'est ma mentalité, c'est
là la différence, c'est la différence entre les gens au
pouvoir et nous. Nous, nous voulons utiliser, dans notre langue, des mots qui
sont autant que possible...
M. Laporte: Le "campin"... Le camping.
M. Johnson: Est-ce qu'on voudrait modifier l'orthographe...
M. Courcy: II est plus catholique que le pape.
M. Johnson: ... des mots, M. le Président, qui sont
réellement des mots français? Par exemple, si, pour les besoins
de la publicité, des associations internationales, s'il est vrai que le
mot "camping" est si généralement accepté qu'on le dit, en
France, au moins qu'on l'utilise dans une législation selon le
génie de la langue et qu'on dise "terrain de camping".
M. Laporte: Très bien, M. "Jonson".
M. Hamel (Saint-Maurice): ... le même principe existait à
un moment donné...
M. Johnson: M. le Président, avant ça, c'est Joseph. C'est
original hein? C'est original. J'ai un point de ressemblance avec le
député de Saint-Maurice. Moi aussi j'ai Joseph dans mes
prénoms. Je suis certain que le ministre a Joseph dans ses
prénoms.
M. Hamel (Saint-Maurice): Ah oui! certainement.
M. Laporte: On l'a tous.
M. Johnson: M. le Président, ce n'est que sur le terrain, sur le
terrain...
M. Bertrand (Missisquoi): II n'y en a pas un qui peut discuter
là-dessus, on l'a tous.
M. Johnson: M. le Président, c'est seulement...
M. Hamel (Saint-Maurice): ... de mon curé dans le temps...
M. Johnson: ... sur ce terrain, ce terrain vénérable et
très respectable des sacrements qu'on peut se rencontrer, les ministres
et moi, dans le dogme du Corps mystique qui est le lien, peut-être le
seul lien qui existe entre...
Des voix: Oh:
M. Johnson: ... les ministre et moi- même. Est-ce que le ministre
a besoin que je lui explique ce que ça veut dire...
M. Hamel (Saint-Maurice): Ah non! M. Johnson: ... le Corps
mystique?Une voix: II va vous en parler.
M. Hamel (Saint-Maurice):
Certainement, à part ça, il y a une chose,
M. le Président, dès la naissance de l'enfant...
M. Johnson: A l'ordre! A l'ordre, M. le Président!
M. Hamel (Saint-Maurice): Je veux faire une mise au point, M. le
Président, je veux faire une mise au point.
Une voix: Ce n'est pas une mise...
M. Hamel (Saint-Maurice): Le chef de l'Opposition a critiqué mes
parents, qui m'ont donné mon saint patron. C'est une exigence de la
religion de donner un saint patron à ses enfants dès qu'ils
viennent au monde afin que ce bon patron les inspire par ses vertus, par
ses...
M. Johnson: M. le Président...
M. Hamel (Saint-Maurice): ... et afin que ce bon patron serve
d'intermédiaire entre le dispensateur de toutes grâces et ce
pauvre enfant...
M. Johnson: M. le Président, pauvre saint Joseph, il n'a pas
tellement réussi avec le ministre du Travail. Quand je regarde le
ministre du Travail, je serais porté à mettre en doute
l'efficacité d'un prénom aussi vénérable que Joseph
accolé à un homme qui est aussi peu travaillant que le ministre
du Travail, M. le Président...
M. Hamel (Saint-Maurice): Le député de Bagot n'a pas le
droit de dire ça...
M. Johnson: Non, je ne le dis pas.
M. Hamel (Saint-Maurice): II sait que ce n'est pas vrai.
M. Johnson: Je sais que ce n'est pas vrai. Évidemment, je sais
bien que ce n'est pas vrai.
M. Hamel (Saint-Maurice): II sait que ce n'est pas vrai.
M. Johnson: Mais il y en a qui prennent plus de temps pour comprendre la
même chose, M. le Président, qu'il travaille bien fort...
M. Hamel (Saint-Maurice): II y en a qui ont le processus mental lent et
l'Opposition est dans cette catégorie-là.
M. Johnson: M. le Président, cela a pris six ans de vie politique
et le transfert dans deux partis différents avant qu'il aboutisse au
Parti libéral. Il a le processus lent ou bien il est lent à voir
la lumière ou il est très lent à faire une erreur. M. le
Président...
M. Bertrand (Terrebonne): "Camping"...
M. Johnson: "Camping"! Le ministre admet-il... Le ministre du Travail
est de mon avis, à savoir que "camping" ne peut pas
désigner...
M. Bertrand (Terrebonne): Non, M. le Président...
M. Hamel (Saint-Maurice): Je n'ai jamais dit ça. Je suis surpris
et scandalisé et ça me rappelle mes lectures d'Ernest Hello,
quand il disait: "Les critiques stériles cherchent où il manque
une virgule dans une oeuvre de génie." C'est une oeuvre de génie
que le ministre du Tourisme apporte ici, M. le Président, une oeuvre qui
va contribuer énormément au développement du tourisme,
où on est en retard énormément. On cherche où il
manque une virgule. Ernest Hello disait: "Ce sont des critiques
stériles."
M. Johnson: Vous avez vu ça, M. le Président. Ce n'est pas
sérieux, et dire que c'est cet homme-là qui dirige les
débats dans cette Chambre. Il me semble que le ministre qui a
étudié en Belgique, qui a fait du postuniversitaire à
Louvain...
M. Hamel (Saint-Maurice): "Timeo "Danny Boy" et dona ferentes".
M. Johnson: ... devrait être le premier à appuyer
l'Opposition et à demander à son collègue d'utiliser le
mot "camping", si toutefois on doit l'utiliser, au moins selon le génie
de la langue et non pas en donnant une fois de plus un mauvais exemple dans la
législation. Qu'on soumette donc l'affaire à M. Léger,
ça va régler le problème.
M. Bertrand (Terrebonne): M. le Président, je crois qu'il s'agit
de mettre un point final à cette discussion. Les honorables
députés d'en face ont exprimé leur opinion, le
député de Missisquoi a donné une définition du
dictionnaire Quillet. Ils nous en ont trouvé une dans le dictionnaire,
un dictionnaire de chez nous, un dictionnaire canadien...
M. Johnson: Ce n'est pas un dictionnaire qui donne des
définitions, c'est un dictionnaire anglais-français. Ce n'est pas
une autorité comme Quillet ça, voyons donc.
M. Bertrand (Terrebonne): Et ce que je peux nécessairement
comprendre, c'est que je n'ai pas d'objection à donner au mot les deux
sens qui pourraient représenter le même mot "camping", la chose et
l'action, c'est-à-dire "camping" pour désigner l'emplacement et
puis en même temps pour désigner l'action, pour désigner
l'utilité, et c'est le mot courant. Tantôt le chef de l'Opposition
a dit: "L'exposition de Montréal, l'exposition du camping". Bien,
c'était assez difficile de mettre comme titre à une exposition
"L'exposition des accessoires entrant dans le domaine du camping", etc. C'est
le mot accepté par tout le monde, "camping".
C'est le mot accepté ici, c'est défini dans la loi.
"Camping": un terrain. Vous l'avez. Mais qu'on dise pour le camping: "un
terrain de campinq", je crois qu'on ôte immédiatement au mot
lui-même tout l'effet qu'il doit avoir sur le plan touristique. On dit
"un hôtel", on dira "un camping", on dira "un restaurant" et on dira "une
maison de logements". C'est le mot international accepté.
Maintenant, le chef de l'Opposition parle de langue, de l'importance
à donner à toutes nos expressions touristiques. Bien, pour une
expression qui soit excessivement française, on cherche depuis quelques
semaines une traduction convenable pour le mot "outfitter". Je pourrais
peut-être demander au chef de l'Opposition de nous la trouver, de trouver
le dictionnaire ou de trouver le manuel qui va nous la donner. Quand on prend
des mots comme "football", bien c'est international, on le trouve aussi bien en
France; le mot "hockey", pareil. Et ça, "camping", c'est la même
chose. C'est accepté aujourd'hui, parce que les déplacements sont
tellement fréquents et que, sur le plan du tourisme international, ce
sont les mêmes expressions qui priment partout.
M. Bertrand (Missisquoi): M. le Président, il ne faudrait
toujours pas nous faire passer pour des gens qui ont voulu certaines querelles
de mots. Nous avons passé tout un après-midi à discuter du
rôle de l'Office de la langue française. Soyons donc
sérieux quand il y a des mots comme celui-là et comme d'autres.
On vient de parler de "outfitter" et on demande à l'Opposition de faire
des suggestions. Nous avons un office qui a été constitué
et dont le rôle est exactement cela, lorsqu'il se présente des
problèmes de linguistique. On a tous reconnu l'importance de la langue
française, l'importance de travailler à sa conservation,
l'importance d'éviter les anglicismes, alors que l'on confie les
problèmes, comme le suggère le chef de
l'Opposition, à l'Office de la langue française.
M. Bertrand (Terrebonne): Non, M. le Président, le mot est
français, le mot est touristique, le mot a été pesé
au cabinet et il est aujourd'hui dans le texte d'une loi. C'est le mot qui
traduit, sur le plan touristique, ce que veut dire camping. Vous me parlez de
campement, non. Campement ne donne pas l'idée exacte de ce qu'est le
camping. Nous avons demandé et nous demandons à tous les terrains
de camping d'avoir des noms français. Je verrais mal "Terrain de camping
Val-Brillant", je verrais mal ça. C'est "Camping Bois-Brillant" ou
"Camping Val-Brillant".
M. Dozois: Ça pourrait être "campement".
M. Bertrand (Terrebonne): Non, et je dis au député de
Saint-Jacques que le mot "campement" ne rend pas l'expression "camping" selon
l'utilité que l'on doit en faire. Campement, c'est autre chose, c'est un
campement d'armée, c'est un campement au point de vue forestier,
ça veut dire "barraque", "campement". Tandis que "camping" dit quelque
chose dans la grande nature dans laquelle on va dresser sa tente pour fins
sportives et touristiques.
M- Dozois: II est évident qu'on ne pourra pas adopter le bill
à cette séance. J'estime qu'on devrait ne pas se prononcer d'une
façon définitive sur ce paragraphe e) et le laisser en suspens.
Lorsque nous reprendrons l'étude de ce bill, que le ministre nous
produise l'opinion de l'office de linguistique, de M. Léger.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté?
M. Bertrand (Missisquoi): Non, non, on est rendu à 12 h 30.
M. Bertrand (Terrebonne): Mais c'est "camping".
M. Dozois: Que M. Léger donne son opinion. On vote combien pour
l'office de linguistique, pour l'utiliser?
M. Bertrand (Missisquoi): On vote un montant à l'office de
linguistique...
M. Gabias: Notation de la couronne britannique.
M. Bertrand (Terrebonne): Non, je n'ai pas d'objection, mais je ne
changerai sas le mot "camping" dans le texte comme ministre du Tourisme, je
vous l'assure. Je ne le changerai pas parce que nous l'avons
étudié et c'est l'expression qui, à mon avis et selon mes
officiers, convient à la fois à la chose et à l'action. Au
point de vue touristique, c'est encore le mot qui rend d'une façon
efficace et d'une façon directe les pourquoi du "camping".
Une voix: On continuera la semaine prochaine.
M. Bédard (président du comité plénier):
M. le Président, le comité ne rapporte pas de
progrès.
Une voix: On n'ira pas "camper" en fin de semaine.
M. le Président: Quand siégera-t-il? Prochaine
séance? Prochaine séance.
QUESTIONS ORALES DES DEPUTES
Retrait de certaines allocations sociales
(suite)
M. Lafrance: M. le Président, je dois apporter une rectification
au sujet de la question qui m'a été posée ce matin par le
député de Missisquoi, et ça confirme bien des remarques
que j'avais faites ce matin. Le directeur des services de l'assistance sociale,
M. Gérard Nepveu, m'affirme qu'aucune directive n'a été
donnée de cesser le paiement d'allocations à des personnes
célibataires aptes au travail à partir du mois de mai. Cependant,
il m'a dit qu'il semblait exister une certaine coutume et que c'était
une initiative qui avait été prise par les agences sociales
depuis quelques années, à savoir que, quand une allocation
était accordée à un grand garçon ou à une
grande fille résidant chez eux ou à une personne
célibataire, on les avisait, au début de la période morte
de l'année, qu'au printemps ils devaient voir à se procurer un
emploi, sinon leur allocation leur serait enlevée. Alors, on avise ces
personnes au printemps, au mois d'avril, leur disant qu'au mois de mai
l'allocation leur sera enlevée. Mais si ces personnes peuvent
établir qu'elles ont fait des démarches pour se procurer un
emploi et qu'elles n'ont pas réussi, eh bien, on rétablit
l'allocation. Je crois donc qu'il n'y a pas un membre dans cette Chambre qui va
critiquer cette initiative de la part des agences.
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce que l'allocation sera rétablie
à compter du 1er mai?
M. Lafrance: Evidemment.
M. Hamel (Saint-Maurice): Mardi, nous étudierons les
crédits du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche et, après ça, ceux du Procureur
général.
M. Johnson: Est-ce que le premier ministre revient pour mardi''
M. Hamel (Saint-Maurice): Non, je ne pense pas.
M. Bertrand (Terrebonne): Et le "camping", à la fin de juin?
M. Hamel (Saint-Maurice): II va être ici mardi ou mercredi.
M. Johnson: Alors, je comprends qu'on continuera les crédits.
M. Hamel (Saint-Maurice): Les crédits du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Hamel (Saint-Maurice): Ensuite, ce sera le Procureur
général, ensuite le ministre des Affaires municipales qui a
demandé de passer le plus rapidement possible. Alors on pourrait
peut-être...
M. Johnson: Les Affaires municipales.
Une voix: Le plus tôt, pas le plus rapidement.
M. Johnson: Le plus tôt, ça dépend de vous, et le
plus rapidement ça dépend de nous.
M. le Président: La Chambre est ajournée à mardi
après-midi, deux heures et demie.