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(Deux heures et demie de l'après-midi)
M. HYDE (président): Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs.
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de comités élus.
M. DIONNE: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le
17e Rapport du Comité des règlements. Votre comité
recommande de prolonger au 22 mai prochain inclusivement les délais
relatifs à la présentation des bills privés.
M. LE PRESIDENT: Le rapport sera-t-il adopté? Adopté.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que c'est absolument
nécessaire qu'on étende à une date aussi lointaine la
présentation des bills privés?
M. HAMEL (St-Maurice); C'est nécessaire. Il reste à peu
près 18 bills qui sont inscrits depuis longtemps et on me dit que c'est
nécessaire de remettre au 22 mai le délai de leur
présentation.
M. JOHNSON: Qu'est-ce qu'on attend pour les présenter?
M. HAMEL (St-Maurice): Je pense qu'il y en a qui vont être
présentés cet après-midi.
M. LE PRESIDENT: Le rapport sera-t-il adopté? Adopté.
M. BINETTE: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le
10e Rapport du Comité des bills privés. Il s'agit des mimes
délais,
M. LE PRESIDENT: Délais, adoptés? Adoptés.
M. BINETTE: Il s'agit exactement des mêmes délais que dans
l'autre cas.
M. LE PRESIDENT: Au 22 mal.
M. HAMEL: Cela passe bien vite. Le temps passe rapidement. «
Tempus fugit, sequitur brève. »
M. LE PRESIDENT: Présentation de motions non
annoncées.
Présentation de bills privés.
M. BROWN: Mr. Speaker, permit me to present a bill called; An «
Act to incorporate the town of Bromont ». No 111.
M. LE PRESIDENT: Shall this motion be adopted? Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance.
M. GODBOUT: M. le Président, j'ai l'honneur de faire motion pour
qu'il me soit permis de présenter un bill intitulé: « Loi
concernant la succession de Joseph Drapeau. »
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Premièrelec-ture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance.
M. PARENT: M. le Président, pour M. Lavoie, j'ai l'honneur de
faire motion pour qu'il lui soit permis de présenter un bill
intitulé: « Loi constituant la Commission des écoles
catholiques de Chomedey ».
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. PARENT: Pour M. Lavoie, j'ai l'honneur de faire motion pour qu'il lui
soit permis de présenter un bill intitulé: « Loi
constituant la cité de Laval-Ouest et modifiant sa charte ».
M. LEPRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT; Première lecture de ce bill. First
reading of this bill,
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance.
M. CREPEAU: M. le Président, j'ai l'honneur de faire motion pour
qu'il me soit permis de présenter un bill intitulé: « Loi
modifiant la charte de la cité de Westmount et concernant un immeuble en
particulier ».
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. JOHNSON: Non, non!
M. BERTRAND (Missisquoi): Non, non!
DES VOIX: Refusée.
M. LE PRESIDENT: Adoptée. Deuxième lecture, prochaine
séance.
Présentation de bills publics. Affaires du jour.
ALQ et FLQ
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, avant de
procéder aux affaires du jour, je voudrais communiquer à la
Chambre certaines informations concernant le A.L.Q. ou le F.L.Q. « Un
important coup de filet réussi ce matin semble avoir donné le
coup de grâce à la plus importante bande d'agitateurs terroristes
qui opéraient dans la province. D'autres arrestations réussies
précédemment avaient permis à nos policiers aidés
des gendarmes fédéraux et des agents de quelques
municipalités, particulièrement ceux de Montréal, de
suivre une piste qui a mené à l'emprisonnement de plusieurs de
ceux que l'on croit être des chefs de l'armée de libération
du Québec, A.L.Q. « Du même coup, se trouvent résolus
quelques vols d'armes importants perpétrés à Shawinigan et
à l'arsenal des Fusiliers Mont-Royal. Des policiers ont aussi
retrouvé le fruit de vols à main armée réussis
à Mont-Rolland, à Rosemere, aux Caisses populaires de
Montréal et de Shawinigan ainsi que d'équipements
d'émetteurs de radio pris à Grandby. « Le dimanche 12
avril, la police opérait l'arrestation de Claude Perron inculpé
d'un vol à main armée à Rosemere ainsi que de vols dans
deux arsenaux. A partir de cette arrestation, la police a pu suivre la piste de
plusieurs autres prétendus malfaiteurs. « Au début d'avril,
la police a effectué l'arrestation de René Dion, Jean Gagnon,
alias Bé-rubé, et Jean Lasalle à la suite d'un vol
à main armée à Mont-Rolland. Ces individus ont ensuite
été reliés aux vols d'armes perpétrés
à Shawinigan. « Le dimanche 3 mai au matin, la Gendarmerie royale
et la sûreté provinciale ont travaillé de concert pour
opérer l'arrestation, à St-Hyacinthe, d'Omer Latour, Jean
Gastonguay et Jacques Prévost. Ces derniers ont été
trouvés en possession d'explosifs. « Le soir du même jour 3
mai, la Gendar- merie royale, la Sûreté provinciale et la Police
municipale de Victoriaville ont arrêté André Wattier et
Pierre Nadon impliqués dans un vol à main armée à
Mont-Rolland ainsi que dans le vol d'armes à Shawinigan. «
Toujours le dimanche 3 mai au soir, la police de Montréal
appréhendait Georges Laporte et Normand Hurtubise pour un vol de
dynamite sur les chantiers de construction du métro de la
métropole. « Ce matin du 5 mai, la Police de Montréal a
arrêté Robert Hudon qui était recherché pour vol
à main armée à Mont-Rolland et à Rosemere pour vols
d'armes à l'arsenal des Fusiliers Mont-Royal et à l'arsenal de
Shawinigan ainsi que pour d'autres méfaits. « Encore ce matin du 5
mai, la Police de Montréal a découvert une cache
considérable d'armes volées à l'arsenal des Fusiliers
Mont-Royal au cours d'une perquisition au 5814 de la Huitième avenue
à Rosemont. La Police de Montréal a aussi fait la
découverte de dix bombes de fabrication domestique munies de
mécanismes d'hologerie. »
Je tiens, M. le Président, à féliciter nos corps
policiers pour le magnifique travail qu'ils ont accompli à cette
occasion.
Village de Grenville
M. JOHNSON: M. le Président, d'après mes informations, le
24 janvier 1964, la municipalité du village de Grenville aurait
demandé une pétition de droit pour poursuivre
l'Hydro-Qué-bec pour un montant d'au-delà de $1,500,000 par suite
de l'élévation des eaux, conséquence de la construction du
barage de Carillon.
Le ministre qui n'a peut-être pas la réponse pourrait
prendre ma question comme avis. Le ministre, procureur général,
a-t-il l'intention d'accorder cette pétition de droit qui aurait
été demandée depuis au-delà de trois mois?
M. HAMEL (St-Maurice): J'ai été saisi dei cette question
la semaine dernière par un représentant des gens de Grenville et
j'ai demandé aux officiers du département de m'apporter le
dossier; on me l'a apporté. Ce qu'on attendait pour donner la
pétition de droit c'était un rapport de l'Hydro-Québec,
que nous avons peut-être reçu ces jours-ci; mais c'est mon
intention d'accorder la pétition de droit à moins que ce soit une
circonstance bien extraordinaire.
M. JOHNSON: M. le Président, le procureur général
voudrait-il nous dire s'il a l'intention d'apporter une loi pour abolir cette
pétition de droit qui est une source inutile de délai et qui
contribue à certains dénis de justice. C'est une vieille
institution qui, comme l'a dit le député de Missisquoi avec
raison, est désuète et je crois que la Fédération
libérale a déjà demandé l'abolition de cette
même institution,
M. HAMEL (St-Maurice): Cette question est à l'éluda et la
politique du gouvernement sera connue en temps et lieu par les voies
ordinaires.
M. JOHNSON: M. le Président, je félicite le procureur
général d'avoir appris par coeur la formule du premier
ministre.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. HAMEL (St-Maurice): Très
bon élève. Titre erronné
M. BELLEMARE: M. le Président, un journal du matin, « Le
Devoir », rapportait en gros titre, une nouvelle de la Presse
Associée, une nouvelle voulant que j'aie traité de communiste le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Je tiens à dire au
député de Notre-Dame-de-Grâce que je ne pense pas qu'il
soit communiste, qu'il ne l'est pas et que ce titre de nouvelle est
sûrement mal venu dans la discussion d'hier.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. JOHNSON: M. le Président, je crois que tous les
privilèges de la Chambre, les privilèges de tous les
députés, sont en jeu lorsqu'il s'agit de pareille nouvelle. Je ne
comprends pas encore comment la Presse Canadienne peut faire d'aussi
énormes erreurs et j'en ai plusieurs que je pourrais citer. Est-ce parce
que les nouvelles sont traduites en anglais ou envoyées en anglais ou,
lorsqu'elles sont envoyées en français, traduites en anglais et
retraduites en français qu'il en résulte une situation qui est
cartainementau détriment, non seulement des députés, mais
même de Sa Majesté la langue française?
M. HAMEL (St-Maurice): Numéro 18: une motion de M. Bertrand,
motion acceptée, document déposé, Je comprends que le
député de Missisquoi s'est entenduavec les hauts
fonctionnaires.
M. BERTRAND (Missisquoi): Qu'on mette donc, comme on avait mis à
l'époque, et je réfère à la page 712 des Journaux
de l'Assemblée législative de 1959-1960: j'avais
déposé sur le bureau de la Chambre les documents suivant
l'entente intervenue.
M. HAMEL (St-Maurice): C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. HAMEL (St-Maurice): Numéro 4.
M. LE PRESIDENT: Pour M. Lesage, M. Hamel propose que je quitte
maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme de nouveau en comité
des subsides. Cette motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. HAMEL (St-Maurice): Le chef de l'Opposition me fait penser au...
Subsides: Famille et Bien-Etre
M. BEDARD (président du comité des subsides): Famille et
Bien-Etre social, nous en étions à l'article 3, subdivision 1,
item 5, 6 c'est-à-dire, « Enquêtes spéciales
».
M. BOUDREAU: M. le Président, je comprends que le ministre de la
Famille et du Bien-Etre social assume une responsabilité très
grande et très lourde. Il est responsable de la protection de la famille
à peu près à tous les stades. On comprend que la
protection de la famille, ça ne veut pas nécessairement aire une
protection financière; il y a des familles dans l'aisance
peut-être, qui ont besoin du concours du ministre de la Famille pour
régler des problèmes qui se posent. Et à ce
sujet-là, M. le Président, je voudrais qu'on m'autorise à
rappeler une proposition qui a été faite ici, en Chambre, par
l'honorable député de St-Jacques.
L'honorable député de St-Jacques parlait à ce
moment-là .i'une assurance-vie devant couvrir les droits Je succession.
Je pense que ça relève ie la Famille ou ça découle
tout de même de la Famille et ça peut assurer le bien-être
des héritiers peut-être. Je comprends que ce n'est pas
l'autorité du ministre de régler ce problème-là,
mais je considère qu'en vertu de ses fonctions, il a le pouvoir de faire
les pressions nécessaires ou à tout événement,
puisqu'il fait partie du Conseil des ministres, il aura, j'imagine, l'occasion
de poser un geste qui peut être favorable à cette proposition.
Je pense, M. le Président, si vous voulez m'autorlser de lire cet
article-là, jen'aurai pas de commentaires à ajouter: « Lors
de l'étude des crédits du ministère du Revenu, M. Paul
Dozois, député de Montréal-St-Jacques, a proposé
que le ministère adopte la formule suggérée en 1936
à la Commission présidée par M. Edouard Montpetit visant
à permettre aux citoyens de prendre une assurance-vie payable au
ministère des Finances, de façon à couvrir la
totalité ou une partie des droits de succession. M. Dozois a
expliqué que cette formule existe déjà dans plusieurs
Etats américains. »
Comme on sait, cette question des droits de succession est bien
embêtante lorsque vient le moment de régler une succession. Si la
succession consiste en biens non réalisables, s'il n'y a pas d'actif
liquide souvent les héritiers sont obligés de sacrifier des
actifs intéressants et qu'il serait peut-être dans
l'intérêt des enfants de garder. Mais devant l'exigence du fisc
qui applique les droits de succession, on est souvent obligé de
sacrifié soit des immeubles ou des valeurs telles que si on attendait un
meilleur moment pour les liquider, on en aurait un meilleur revenu. Je sais
qu'actuellement il y a des gens qui prennent des polices d'assurance payables
à leurs héritiers, précisément dans ce but d'avoir
suffisamment d'argent liquide pour acquitter les droits de succession.
Dans cette optique la police d'assurance faisant partie de la masse des
successions, il faut en prendre une somme bien considérable parce que
ça devient taxable, tandis qu'une police d'assurance payable à la
province pourrait protéger les droits de succession et éviter
souvent des désastres financiers.
Nous avons dans la province des industries familiales qui, souvent,
lorsqu'arrive ce moment, causent un embarras considérable et je sais
qu'il y a des Industries qui sont vendues précisément parce que
le propriétaire sait que lorsqu'il mourra, ce sera un problème
insolvable pour ses héritiers que de pouvoir réaliser les actifs
desitnés à acquitter les droits de succession. Je pense que
ça se passe de commentaires, j'ai été témoin de
désastres familiaux, mol, à l'occasion durèglement d'une
succession.
Ja n'en ajouterai pas davantage si mes collègues n'ont pas
d'autre chose à ajouter à ce sujet-là.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 2.
M. BOUDREAU: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait
nous expliquer pourquoi il y a une réduction considérable dans
les examens médicaux, de $375,000 à $100,000?
M. LAFRANCE: Voici, M. le Président.Il y a comme vient de le dire
le député de St-Sauveur une diminution considérable. C'est
une économie qui est attribuable à la réorganisation des
services administratifs et occasionnée particulièrement par un
changement de classification et de procédure. Les examens
médicaux par spécialistes pour l'ancienne catégorie D
d'assistance publique deviennent inutiles par suite de la disparition de cette
catégorie en regard des nouveaux cas d'assistance chômage
concernant les personnes inaptes à travailler. Ces dernières sont
admissibles aux prestations d'assistance-chômage selon la
procédure normale.
C'est tout simplement qu'à l'avenir nous n'exigerons plus
d'examens médicaux et nous n'accorderons plus de pensions D. De toute
façon, que ces personnes soient déclarées aptes ou inaptes
au travail, elles ont droit à l'assistance-chômage, alors la
province va réaliser de grandes économies et nous allons
éviter à ces personnes examens sur examens, comme il fallait le
faire dans le passé.
M. BOUDREAU: Ah bien je suis content de cette explication-ll. Je voulais
justement en parler au ministre. J'ai rencontré plusieurs cas comme
ceux-là de gens qui sont inaptes au travail et qui ne sont pas
considérés invalides en vertu de la loi. Ceux-là sont
intéressés, je pense bien. A ce moment-là on exigeait un
examen médical d'un médecin désigné par le
gouvernement, là on pourra se satisfaire d'un examen médical du
patient.
Bon, là c'est quelque chose de gagné. Je vous
remercie.
Maintenant, M. le Président, une autre question sur les
enquêtes spéciales. Je voudrais parler au ministre de cette plaie
de crédit dont se plaignent plusieurs associations. J'ai ici devant moi
des journaux qui disent d'abord que la C.S.N. s'attaque à la
législation plutôt qu'aux compagnies de finance, au sujet des
crédits, des achats à crédit, des emprunts.
M. LAFRANCE: M. le Président, je ne crois pas, il ne s'agit pas
de ces crédits-là. Est-ce que le député est
à 3, sous-Item 6: enquêtes spéciales?
M. BOUDREAU: On termine cet item-là oui. Cela ne sera pas long,
je voulais simplement savoir si le ministre est au courant. Il y a beaucoup de
protestations et on accuse les législateurs de ne rien faire pour
régler ce problème qui embarrasse considérablement la
famille. On sait probablement que c'est inévitable. Il y a des achats
à crédit mais ce sont les taux qui deviennent des taux usuraires
et qui causent des troubles considérables dans la famille. Le ministre
est-il au courant?
M. LAFRANCE: Oui, oui, je suis parfaitement au courant, et je sais que
peut-être les 4/5 des demandes qui nous sont soumises sont
précisément pour des ennuis financiers,
et nous nous rendons compte, en consultant les dossiers, ou par les
enquêtes qui sont faites, que souvent ces gens-là sont aux prises
avec des ventes à tempérament. Alors le ministère se
préoccupe depuis longtemps de ce problème, il a même
publié une brochure intitulée: « Le budget familial
», où nous fournissons tous les renseignements. Je n'ai pas,
cependant, été informé des nouvelles
représentations qui ont été faites par les unions
ouvrières relativement à ce que vient de dire le
député de St-Sauveur. Est-ce qu'il pourrait me donner plus de
précisions là-dessus?
M. BOUDREAU: Avec plaisir. La C.S.N. part de nouveau en guerre contre
les institutions financières...
UNE VOIX: A quelle date?
M. BOUDREAU: « Le Soleil », mercredi, 28 août
1963.
M. LAFRANCE: 28 août.
M. BOUDREAU: Dans celui-là, c'est «L'Action »,
mercredi, 28 août 1963 également: « La C.S.N. s'attaque
à la législation, plutôt qu'aux compagnies de finance.
» « Le Soleil » du 17 décembre 1963: « Le
Québec peut punir la mauvaise foi des prêteurs ». «
L'Action », 15 décembre 1963, « Une législation pour
protéger le peuple des sociétés de financement.
»
II résulte de tout cela, monsieur le ministre, que les
associations réclament une loi concernant ces prêts, qui sont
excessifs, qui sont usu-raires...
M. LAFRANCE: Je me demande, M. le Président, si le bill 48, qui a
été adopté par la législature récemment, ne
se rapportait pas précisément aux taux usuraires qui sont
rapportés. Je crois que nous avons répondu de façon
satisfaisante aux unions ouvrières. Je croyais, lorsque le
député en a parlé il y a quelques instants, qu'il
s'agissait de représentations plus récentes. Je pense que la
législation qui a été adoptée par la Chambre, il y
a peut-être un mois ou deux, a donné entière satisfaction
aux unions ouvrières de ce côté.
M. BOUDREAU: C'est possible. Le député de Champlain, mon
collègue, me dit que le bill 48 semble prévoir des choses comme
ça, mais le bill 48 n'est pas encore applicable, c'est-à-dire
qu'il n'est pas sanctionné.
M. COURNOYER: N'importe qui peut s'en servir je crois.
M. BOUDREAU: Tant que la loi n'est pas sanctionnée, je pense bien
qu'on ne peut pas s'en servir.
M. LOUBIER: M. le Président, j'aurais tout simplement une
remarque à faire à l'honorable ministre de la Famille et du
Bien-Etre social. C'est que certaines personnes requérantes pour avoir
une allocation d'invalidité, d'assistance quelconque du ministère
du Bien-Etre social et de la Famille ont reçu la visite
d'enquêteurs, et certains enquêteurs, je ne voudrais pas
généraliser ou porter atteinte au bon esprit que manifestent tous
ces enquêteurs lors des enquêtes, mais il appert que, dans
certains cas, il se présente des enquêteurs qui demandent à
ces personnes de déclarer sous serment quels sont leurs besoins, quel
est leur actif, etc.
Pour ma part, j'ai connu certaines personnes qui ont communiqué
avec mol pour me dire qu'elles avaient été tout simplement mises
très mal à l'aise devant cette méthode de certains
enquêteurs de vouloir leur arracher des déclarations, en les
avisant que ce serait sous serment, et que le fait de manquer à certains
détails de base pourrait leur apporter, ou provoquer beaucoup de
représailles.
Or, j'attire l'attention de l'honorable ministre à l'effet que,
même si les enquêteurs du ministère sont autorisés
à employer cette formule, dans plusieurs cas, dans nos campagnes, cela a
pour effet d'apeurer nos gens, de les mettre très mal à l'aise,
et je ne crois pas que les fins du ministère de la Famille et du
Bien-Etre social soient mieux servies par cette méthode qu'ont
employée certains enquêteurs jusqu'ici.
M. LAFRANCE: M. le Président, le député de
Bellechasse n'ignore pas que c'est une coutume qui a toujours existée.
C'est dans les règlements, et nous songeons sérieusement à
la faire disparaître. Le député a raison de dire que c'est
une source d'inquiétude pour ces gens-là; il y en a d'autres,
évidemment, qu'on ne pourrait pas inquiéter facilement, qui font
des faux serments. Alors nous songeons à remplacer la procédure
présente par une déclaration statutaire, et aussi par une
meilleure procédure d'enquête. Alors je remercie le
député d'avoir attiré mon attention sur ce sujet, qui fait
l'objet d'études à l'heure actuelle.
M. LE PRESIDENT: Subdivision 2: « Service d'assistance sociale
».
M. JOHNSON: M. le Président, à ce propos-là, on
nous avait laissé entendre, lors de l'étude
des estimations supplémentaires pour l'année
écoulée le 31 mars 1964, qu'il n'y aurait aucune
hésitation à avertir tous les pensionnés, tous ceux qui
reçoivent de l'assistance sociale, soit sous forme d'allocation aux
personnes âgées, soit sous forme d'allocation aux personnes
invalides, soit encore allocation aux aveugles, allocation aux veuves et femmes
âgées de 60 ans, suppléments de pension aux personnes
âgées de 70 ans et plus, allocations d'assistance à
domicile, allocations aux mères nécessiteuses, qu'elles n'avaient
rien à craindre puisque cette administration était faite sans
aucune partisanerie politique.
Le ministre, si je l'ai bien compris, n'avait donc pas d'objection
à faire parvenir une circulaire pour avertir ces gens-là de
n'endurer aucune sorte de pression. La chose est d'urgence, M. le
Président, parce qu'on sait qu'il y aura trois élections
partielles, un jour ou l'autre; les comtés de Matane, de Dorchester et
de Saguenay sont ouverts depuis assez longtemps. Dans le cas du comté de
Matane, la vacance date du 30 juillet 1963...
M. LAFRANCE: A l'item.
M. JOHNSON: ... alors que le regretté député, M.
Castonguay, est décédé. M. Nadeau, le député
du comté de Dorchester est décédé au mois de
novembre 1963, et c'est au cours des vacances de Noël qu'est
décédé le député de Saguenay, et nous avons
tout lieu de croire qu'un jour ou l'autre le gouvernement, malgré que
ça ne semble pas bon pour lui, décidera de faire des
élections partielles.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Or, dans ces municipalités, dans ces comtés,
dis-je, il y a plusieurs récipiendaires d'allocations sociales à
divers titres. Le ministre nous a déjà donné la
réponse, à une question du député de
Lotbinière, et il y a là tout près de 2,000, je cite de
mémoire, au-delà de 2,000 récipiendaires dans chacun de
ces comtés. Je crois que, pour mettre le gouvernement et la Commission
des allocations sociales à l'abri de toute accusation qui pourrait
être faite lors d'une élection partielle, il serait très
sage pour le ministre de la Famille et du Bien-Etre social de profiter de
l'envoi d'un chèque prochain, sinon du prochain envoi de chèques,
pour y inclure une circulaire dans laquelle le ministre dirait à la
population assistée qu'elle n'a affaire à aucun
député, à aucun patroneux, de quelque côté
que ce soit, et que ces paiements sont faits statutairement, sans aucune
influence de qui que ce soit, autre, évidemment l'exercice de la
discrétion des employés normaux, des employés normalement
à l'usage de la Commission des allocations sociales. En somme, c'est le
temps pour le ministre de dire aux assistés de Matane, de Saguenay et de
Dorchester en particulier, et même des autres comtés que le
gouvernement a l'intention d'ouvrir.
C'est le temps de leur dire, dis-je, qu'ils sont des citoyens libres,
qu'ils bénéficient d'une allocation parce qu'ils y ont droit en
vertu de la loi et que ce n'est ni par l'intervention ni par les pressions du
candidat libéral ou du candidat de l'Union nationale ou d'un ancien
député libéral ou d'un ancien député de
l'Union nationale, ou vice versa, qu'on pourra modifier le montant de cette
allocation. Je n'entrerai pas dans les détails. On se rappelle que dans
cette Chambre on a produit des lettres d'un candidat libéral, élu
depuis par une très petite majorité, qui menaçait les gens
d'une façon indirecte...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Débat
antérieur.
M. LAFRANCE: Je pense que nous allons ouvrir le débat de
nouveau.
M. JOHNSON: Non, je ne fais que référer, M. le
Président. Et je réfère complètement en disant ceci
que, après avoir produit cette lettre, il y a eu une
dénégation de la part du député disant qu'il avait
envoyé une autre lettre pour avertir les gens de ne pas tenir compte de
la première lettre dont il niait évidemment la
paternité.
Je ne veux pas entrer dans ce débat, mais je veux tout simplement
y référer pour montrer l'urgence qu'il y a d'envoyer une
circulaire sous la signature du ministre, de préférence, à
ces dizaines de milliers de bénéficiaires d'allocations sociales,
et particulièrement à ceux de Dorchester au nombre de 2,388,
à ceux de Matane au nombre de 2,605 et à ceux de Saguenay au
nombre de 2,017, sans tenir compte dans aucun cas des personnes qui
reçoivent l'allocation d'assistance-chômage et qui
s'élèvent dans le cas de Dorchester à 331, dans le cas de
Matane à 201, et dans le cas de Saguenay à 231.
M. le Président, en résumé le ministre va-t-il
l'envoyer, oui ou non, cette lettre?
M. LAFRANCE: M. le Président, j'ai en effet déclaré
l'an dernier lors de la discussion des crédits, je l'ai
répété cette année lors de l'étude du budget
supplémentaire, que j'étais
disposé à envoyer une lettre ou un billet attaché
dans les mois précédant les élections avisant les
bénéficiaires qu'ils n'auraient rien à craindre quelle que
soit la façon dont ils votent.
Le ministre de la Famille est toujours dans les mimes dispositions et,
afin d'enlever à tout candidat et à tout organisateur, Union
nationale, libéral ou créditiste, j'ai bien l'intention
d'envoyer, pour ces trois comtés, attaché probablement au
prochain chèque ou le mois suivant, ce billet dont le texte est
déjà préparé, leur disant que, quelle que soit la
façon dont ils votent, ils sont assurés d'avoir l'aide à
laquelle ils ont droit d'après la loi.
M. JOHNSON: Merci, M. le Président. Je remercie le ministre. Il
nous donne deux bonnes nouvelles du même coup, d'abord qu'il va envoyer
cette lettre et, deuxièmement, qu'il va y avoir des élections
avant bien longtemps. Ce sont deux excellentes nouvelles...
M. HAMEL (St-Maurice): L'Opposition veut qu'il leur demande
de voter pour l'Union nationale. Ajoutez ça en post-scriptum.
M. JOHNSON: On pourrait se voir. S'il y a moyen de faire une entente, je
ne détesterais pas ça. Cela nous éviterait des
dépenses. Nous n'avons...
M. COITEUX (Duplessis): Présentez-vous un candidat?
M. JOHNSON: ... pas les mêmes moyens que le gouvernement de faire
de la publicité. Si le premier ministre intérimaire veut
s'engager à ajouter ce petit paragraphe, on le fera membre honoraire de
l'Union nationale.
M. BELLEMARE: Ce sera le 4e parti.
M. JOHNSON: Oui, on voudrait lui faire le tour complet...
M. LE PRESIDENT: C'est complètement hors d'ordre.
M. HAMEL (St-Maurice): Cela me semble être hors d'ordre? oui?
M. LAFRANCE: M. le Président, je voudrais bien que le chef de
l'Opposition n'interprète pas ma déclaration comme laissant
entendre que, d'ici un mois ou deux, il y aura des élections. Ce n'est
pas de mon autorité...
M. JOHNSON: Cela c'est une interprétation subj ective.
M. LAFRANCE: ... et je sais que le gouvernement a hâte.,.
M. JOHNSON: Quant à ça, j'en prends la
responsabilité. Mais la nouvelle est...
M. BELLEMARE: II a hâte d'être membre honoraire.
M. JOHNSON: ... excellente quand le ministre nous dit qu'il va envoyer
ce billet attaché à un chèque. Cela c'est une mesure
positive de « dépolitisation » et je crois que, faisant
exception à ma conduite officielle, je serai très heureux
à ce moment-là, parce que je me réserve de lire le texte
avant de faire des compliments, d'adresser des félicitations au
ministre. Et je lui donne un conseil amical: qu'il ne soumette pas ce texte au
procureur général qui, lui, ne manquerait pas de le «
politiser » d'une façon détestable qui détruirait,
en somme, tout le bon effet qu'on veut avoir.
M. LAFRANCE: Le chef de l'Opposition ne le connaît pas le
procureur général.
M. JOHNSON: Le ministre m'enverra certainement une copie de...
même si je ne reçois pas de chèque d'assistance.
M. LAFRANCE: II est décoré, lui aussi...
M. JOHNSON: M. le Président, je voudrais aussi recevoir
l'assurance de la part du ministre que la liste des assistés ne sera pas
fournie à l'organisation libérale comme l'a admis, par exemple,
le député de Berthier, dans cette Chambre...
M. LAFRANCE: E ne l'a pas admis.
M. JOHNSON: Ah oui! En 1960. Il a dit qu'il l'avait eue en 1960. Le
ministre est arrivé et il avait dit: « Mais, ce n'est pas la liste
». Il dit; « Oui, oui, c'est la liste ». « On l'avait
à la fédération libérale ».
DES VOIX: A l'ordre!
M. LAFRANCE: M. le Président, si le chef de l'Opposition veut
revenir sur ce sujet je serai peut-être obligé de retourner, moi
aussi, en arrière. Cela ne sera pas agréable pour personne. De
toute façon au sujet des listes, il y a des ordres, des directives
très sévères qui ont
été données, répétées, par
écrit, verbalement et l'officier qui se rendra coupable de remettre ces
listes à quelque candidat que ce soit ou organisateur ne restera pas en
fonction. Alors disons que c'est réglé ce
problème-là.
M. JOHNSON: D'accord. M. le Président, je suis très
heureux et je prends note de l'affirmation du ministre. Je voudrais lui aider
à être réellement efficace. Ces listes peuvent venir soit
du bureau du ministre, soit du bureau de la Commission des allocations mais
aussi d'une autre source.
M. COURNOYER: Elles venaient de l'Opposition!
M. JOHNSON: On ne les a pas encore, M. le Président.
M. COURNOYER: Cela me surprendrait.
M. JOHNSON: Et, le bureau de ... On n'a pas besoin de ces listes nous
autres. Les gens viennent nous voir et se plaignent. Alors nous avons leurs
noms automatiquement.
M. COURNOYER: Vous êtes tellement agréables!
M. JOHNSON: Mais cela peut venir aussi des bureaux diocésains.
Cela peut venir des bureaux d'assistance sociale des diocèses. Je crois
qu'il faudrait avertir ces bureaux et aller plus loin que ça,
prévoir dans les règlements qui auraient force de loi,
c'est-à-dire des règlements qui font partie de la Loi. Il
faudrait prévoir une prohibition à quelque personne que ce soit
de donner ces listes-là. Ce n'est pas seulement au point de vue
politique. Cela a aussi d'autres inconvénients. Cela peut aussi avoir
certains inconvénients au point de vue affaires. Cela peut aussi, M. le
Président, servir d'occasions pour certaines personnes d'humilier
d'autres personnes et cela c'est moins agréable.
En somme, la liste d'assistance sociale devrait être
traitée comme une liste confidentielle, c'est la dignité humaine
qui réclame ça et c'est je crois, un principe
élémentaire de bonne administration du service social.
Dans le passé,ces listes ont pu circuler. Je ne discute pas des
responsabilités, mais nous sommes en 1964, Nous sommes devant un
ministre qui a l'intention de bien faire, lui, qui ne veut pas se laisser
influencer par le procureur général et je sais, du moins
j'émets le voeu, que ce soit non seulement sincère je
crois qu'il l'est mais que ce soit efficace, et si jamais pendant
l'élection de Matane, de Saguenay ou de Dorchester, celui qui vous parle
ou un autre député ou un organisateur de l'Union nationale dans
ses élections partielles, car nous les contesterons, M. le
Président...
UNE VOIX: Bien oui! On est prêt!
M. JOHNSON: C'est le voeu unanime de toute la population dans chacun des
comtés. Si jamais nous mettons la main...
M. COURNOYER: Cela va être contesté!
M. JOHNSON: ... sur quelqu'un qui utilise ces listes ou qui utilise les
méthodes de chantage nous les dénoncerons publiquement dans cette
Chambre, à la radio et à la télévision et nous
mettrons...
M. COITEUX (Duplessis): Il n'y aura pas de pardon!
M. JOHNSON: Il n'y aura pas de pardon! Il n'y aura même pas de
pardon comme dirait le député de Duplessis.
UNE VOIX: Pas de recours en grâce.
M. LAFRANCE: Le chef de l'Opposition va donner ses directives à
ses organisateurs et de notre côté nous allons faire la même
chose.
M. JOHNSON: Voici: les directives que nous allons donner sont
très simples. Nous allons dire aux gens: « Si l'Union nationale
est élue, certains suppléments qu'on vous enlève quand
Ottawa augmente, ne vous seront pas enlevés. Ce n'est enfreindre aucun
secret.
M. LAFRANCE: Cela n'est pas juste. Ce serait de meilleure foi...
M. JOHNSON: Non, nous ne voulons pas faire de politique sur la
misère humaine. Nous aimerions avoir une administration efficace. La
Commission des allocations sociales fait un travail formidable avec une
compétence qu'on gagnerait à imiter dans d'autres services du
gouvernement.
Il n'est pas question du tout de mettre en doute ni la comptence ni
l'intégrité du président ni d'aucun des commissaires,
fussent-ils d'anciens députés libéraux. Parce que vous
savez, ça n'est pas complètement perdu un libéral. Quand
onpeut l'entourer comme il faut, on finit par le rescaper des fois. Il y en a
quelques-uns seulement qui sont incurables, que j'appelle des libéraux
in-
firmes, c'est-à-dire, ça ne se guérit pas,
ceux-là, ce ne sont pas des libéraux malades, des libéraux
infirmes...
M. LAFRANCE: L'item, l'item, M. le Président.
M. JOHNSON: ... et cette sorte-là, M. le Président,..,
M. COURNOYER: J'espère que vous parlerai des biens que j'ai
rescapés à la commission des Transports...
M. JOHNSON: M. le Président, les libéraux infirmes ne sont
pas des gens qui sont nés libéraux, ce sont des gens qui sont
venus des autres partis, comme dans le cas du procureur
général.
M. HAMEL (St-Maurice); M. le Président, il n'y a rien qu'une
chosequi m'inquiéterait, c'est que le chef de l'Opposition fasse comme
ce plaideur dont on parle dans l'histoire et qui, ayant une cause en
délibéré devant un juge, avait envoyé un cadeau au
juge avec la carte de son adversaire. Je ne voudrais pas que l'Union nationale
envoie les listes avec la carte du parti libéral.
M. JOHNSON: M. le Président, ça prend un esprit retors
pour penser à un tel truc. Jamais de ma vie je n'aurais songé
à un truc pareil!
M. LAFRANCE: Le chef de l'Opposition est bien humble.
M. JOHNSON: Mais dans le cas du procureur général, ii ne
s'agit pas d'une découverte, il s'agit d'un souvenir des méthodes
qu'il a utilisées dans le passé.
M. HAMEL (St-Maurice): C'est ce qu'on me racontait quand j'étais
à l'Université.
UNE VOIX: Adopté. DES VOIX: Non, non.
M. ALLARD: Je voudrais abonder dans le sens du chef de l'Opposition au
sujet des remarques qu'il a faites au sujet des chèques de pension. Il y
a eu tellement d'abus dans le passé que je crois qu'il est
extrêmement important qu'on fasse une publicité pour que les gens
comprennent et sachent qu'il n'y a aucune crainte pour eux de voter d'un
côté ou de l'autre quelles que soient les menaces qui peuvent leur
être faites par des petits organisateurs auxquels je ne relie pas le
ministre. Mais j'ai eu des cas concrets, lors de la dernière
élection. Dans les derniers jours, surtout les dernières
veillées, on va faire des menaces aux gens leur disant que leur vote va
décider de leur pension. On est allé plus loin dans certains cas:
on a obligé les gens à échanger leurs chèques dans
tel magasin parce qu'à ce moment-là on pouvait leur faire acheter
certaines choses. Alors, si on faisait de la publicité sur la
liberté complète qui existe en ce sens qu'il n'y a aucune
relation avec le vote, quel qu'il soit, je crois que ça serait aider
toute la population. Je voudrais, encore une fois, abonder dans ce
sens-là pour que le ministre qui semble actuellement bien disposé
pense à des mesures efficaces et que toute la population soit bel et
bien avertie.
M. LE PRESIDENT: Adopté. On était à 2, 3, etc.
M. JOHNSON: Oui, c'est que j'aurais voulu parler de
l'assistance-chômage, mais je pense qu'on est mieux d'attendre...
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. JOHNSON: ... à ce sous-item, autrement on risque d'y revenir
un peu plus tard.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 3: « Allocations aux personnes
âgées ».
M. JOHNSON: Pour le moment, il s'agit du traitement... Il n'y a pas de
changement dans le traitement des commissaires? M. le docteur Lemieux a
été nommé à quelle date?
M. LAFRANCE: A quelle date? Il y a eu une question de la part de
l'Opposition. Je n'en ai pas le texte sous la main actuellement.
M. JOHNSON: Oui, quel est le salaire?
M. LAFRANCE: Le salaire: $12,000, comme pour tous les autres
commissaires.
M. HAMEL (St-Maurice): Ils posent des questions, on y répond,
puis ils ne s'en occupent pas,
M. JOHNSON: C'est qu'il n'y a rien d'intéressant, parce qu'on
s'en occuperait. Pour bien autre chose aussi. M. le Président, est-ce
que le docteur Lemieux réside à Québec?
M. LAFRANCE: Oui, il réside à Québec.
M. JOHNSON: Les frais de bureau indiquent $16,000. Est-ce suffisant pour
des frais de bureau de la Commission, $16,000?
M. LAFRANCE: Non, les frais de bureau sont à l'article 3,
sous-item 1, sous-paragraphe 3.
M. JOHNSON: Très bien, très bien, c'est $282,500. Merci.
C'est le service d'assistance-spéciale seulement. Qui dirige le service
de l'assistance?
M. LAFRANCE: M. Gérard Neveu.
M. JOHNSON: M. Gérard Neveu. Est-ce qu'il est assisté de
quelqu'un?
M. LAFRANCE: II est assisté de M. Ar-chambault. assistant
directeur.
M. JOHNSON: Et ça couvre, ça, quelle...
M. LAFRANCE: L'assistance à domicile et le placement des
personnes, des services de l'enfance.
M. JOHNSON: Le député de St-Sauveur me dit qu'il serait
prêt à prendre l'item numéro 3, sauf...
M. LE PRESIDENT: Article numéro 3, «Allocations aux
personnes âgées de 65 à 70 ans ».
UNE VOIX: Adopté!!!
M. BOUDREAU: II y a une augmentation considérable, ce sont des
prévisions évidemment, si je comprends bien,M. le Ministre? Parce
qu'à ce chapitre-là, il y a des enquêtes qui sont faites
dans chaque cas, et pour chaque demande, et l'augmentation est en
prévision de ce qui pourrait arriver?
M. LAFRANCE: Bien voici, le nombre actuel des
bénéficiaires est d'environ 38,000, et le nombre de ces
bénéficiares qui reçoivent en plus une allocation
supplémentaire est d'environ 7,800. Le nombre des nouvelles allocations
accordées par année est d'environ 12,000; celui des allocations
refusées est d'environ 1,200, et le nombre d'annulations, causées
par les transferts à la sécurité de vieillesse par les
décès et autres raisons, est d'environ 10,000 par
année.
M. BOUDREAU: Est-ce qu'il y a des normes établies, ou si chaque
cas est jugé à son mérite?
M. LAFRANCE: C'est une loi. Chaque cas eat Jugé à son
mérite.
M. BOUDREAU: A son mérite?
M. LAFRANCE: Bien, suivant les règlements, il faut être
âgé de 65 à 70 ans, premièrement...
M. BOUDREAU: D'accord.
M. LAFRANCE: Deuxièmement...
M. BOUDREAU: II y a les conditions qui changent, les...
M. LOUBIER: II y a des normes, il y a des normes.
M. LAFRANCE: Bien oui, le député connaît bien la
loi, c'est la loi, les règlements, il n'y a rien de changé; je
crois que ç'a été envoyé à tout le
monde.
M. JOHNSON: Oui, mais vis-à-vis des personnes qui ont un capital,
disons, de $5,000, est-ce qu'on exige encore, en vertu de l'entente
fédérale-provinciale, que l'on considère comme revenu
mensuel la quote-part de ce $5,000, divisé par le nombre de mois qui
reste à courir?
M. LAFRANCE: Oui, c'est la loi fédérale.
M. JOHNSON: M. le Président, dans le temps, lorsque ces accords
ont été signés, évidemment, le ministre du temps
les avait signés, c'était l'honorable Sauvé, mais il a
souvent exprimé, dans cette Chambre, le regret qu'on n'ait pas
changé cette clause. Et après quatre ans, elle n'est pas
changée. Je voudrais bien recevoir du ministre l'assurance qu'il va
s'appliquer à changer cette loi, cette clause de l'entente
fédérale-provinciale. Il s'agit, comme on le sait, des
allocations aux personnes âgées de 65 à 70 ans, donc des
personnes qui doivent faire la preuve de leurs besoins, de se soumettre au
« mean's test »
Deuxièmement, il s'agit d'une entente
fédérale-provinciale en vertu de laquelle le
fédéral paie 50%. Il y a une entente qui contient plusieurs
clauses, entre autres cette fameuse clause où on dit: « Monsieur
ou Madame, vous avez un petit capital de $2,000, il vous reste 50 mois pour
atteindre 70 ans, vous allez diviser ce $2,000 par 50, ce qui fait $40 par
mois, et vous allez recevoir une pension, mais ce $40. »
M. le Président, ça procède d'une drôle de
philosophie. On dirait que le gouvernement fédéral et le
gouvernement provincial s'y sou-
met voudrait qu'une personne âgée, dans le besoin,
arrive toute nue à 70 ans, qu'elle se départisse totalement
même d'un petit pécule, d'un petit capital accumulé depuis
des années. On sait combien profondément est ancrée chez
nos gens, Dieu merci, cette ambition de ne pas dépendre de leurs
enfants; d'abord, leurs enfants n'ont généralement pas les moyens
d'avoir soin de leurs parents. Et des gens de coeur aimeraient ça garder
quelques milliers de dollars pour rencontrer les frais de dernière
maladie, et les frais funéraires. L'ambition de gens qui ne sont pas
riches, et j'en ai connu de très près, c'est de n'être pas
« à charge » de leurs enfants pour la dernière
hospitalisation et pour les frais funéraires.
Or en vertu de la loi, d'une entente fédérale-provinciale,
on dépouille ces gens-là, on ne leur donne pas, on réduit
leur pension en proportion du capital, fût-il très modeste, que
ces personnes ont accumulé et veulent garder en réserve,
précisément pour ces fins, les dernières maladies et les
frais funéraires. Evidemment, c'est pensé par des sociologues
dans des pays où l'Etat se charge complètement des frais de
maladie, de la dernière maladie comme des autres, et l'Etat assume les
frais funéraires. C'est pensé par des sociologues qui n'ont pas
adapté en somme certaines provisions qui viennent de ces pays à
nos conditions actuelles.
On sait qu'actuellement, et c'est un regret que j'exprime, on n'a pas
trouvé moyen de faire payer complètement les frais
médicaux des personnes assistées. Ce serait là un minimum,
d'après nous. Evidemment, on ne s'occupe pas des frais
funéraires, non plus. C'est donc injuste, dans notre contexte social,
d'exiger de se dépouiller complètement afin de recevoir une
pension alors qu'on devrait, jusqu'à un plafond par exemple, je ne dis
pas qu'on devrait payer une pension à quelqu'un qui a un capital de
$100,000 et plus, mais, jusqu'à un certain plafond, on devrait compter
le rendement de ce capital et non pas la somme principale elle-même dans
la computation des revenus de la personne.
M. HAMEL (St-Maurice): Le chef de l'Opposition, ça lui fait du
bien d'être dans l'Opposition: il étudie. Il n'étudiait pas
avant. Depuis il sort toutes sortes de choses!
M. JOHNSON: M. le Président, moi je trouve que le gouvernement
est chanceux, pour prendre le même complexe que le ministre du Revenu,
d'avoir une Opposition qui l'éclaire sur certains problèmes. Dans
notre temps, il n'y a pas de danger que ces gens-là nous auraient
donné des solutions à des problèmes pareils. Ces gens-
là passaient leur temps à nous critiquer...
M. HAMEL (St-Maurice): Du moment qu'on faisait des suggestions,...
M. JOHNSON: ... au lieu de faire des suggestions constructives.
M. HAMEL (St-Maurice): ... on se faisait assommer.
M. JOHNSON: Jamais, jamais je n'ai entendu de la bouche du
député de St-Maurice la moindre suggestion constructive. Il
était président des démolisseurs, assisté par le
ministre de la Famille. C'étaient les deux plus grands
démolisseurs, des haches à deux taillants. Jamais on n'avait
quelque chose de constructif.
M. HAMEL (St-Maurice): Vous avez chez vous des iconoclastes.
M. JOHNSON: M. le Président, les saints que nous descendons ne
sont pas aussi saints qu'ils se l'imaginent. Les iconoclastes sont ceux qui
veulent détruire les images des saints. Quand je les regarde, l'un
après l'autre, sauf le député de Westmount, il n'y a
personne qui a l'air d'un saint de ce côté-là de la
Chambre. Lui il rayonne d'indépendance, de sécurité, c'est
parfait: la communion parfaite.
UNE VOIX: C'est que la sainteté ne fait jamais de tort!
M. JOHNSON: M. le Président, on se rappelle les vertes critiques
du député de St-Maurice; je ne veux pas entrer
là-dedans,...
M. HAMEL (St-Maurice): Je vais être obligé de me
défendre.
M. JOHNSON: ... mais l'actualité nous montre de temps en temps le
procureur général en train de tenir le goupillon pour la
bénédiction et l'inauguration de certains édifices.
DES VOIX: Ah!
M. JOHNSON: C'était un sacrilège autrefois pour un
député de l'Union nationale...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: ... d'assister à une bénédiction.
Aujourd'hui on voit le ministre qui tient le goupillon.
M. HAMEL (St-Maurtce): Non, non.
M. JOHNSON: Ah oui, il tient la chasuble, lui.
M. BELLEMARE: Provincial, fédéral, tout y
était.
M. JOHNSON: M. le Président, je reviens. C'est le
député de St-Maurice qui devrait sortir, c'est lui qui nous
interrompt,...
M. LAFRANCE: Oh, pas si sûr de ça!
M. JOHNSON: ... qui nous entraîne dans le désordre, le
mauvais exemple. C'est un mauvais compagnon pour les ministres actuels.
UNE VOIX: Une mauvaise inspiration.
M. JOHNSON: Je tiens à formuler sans passion, mais avec
énormément de conviction, cette suggestion qu'on amende le plus
tôt possible l'entente fédérale-provinciale pour qu'on ne
force pas les bénéficiaires d'allocations à arriver tout
nus à 70 ans, ça n'a pas de bon sens! Alors même si
ç'a été signé dans le temps, je l'ai dit, on l'a
fait en protestant. Ce n'était pas facile de négocier avec Ottawa
à ce moment-là c'était dans le temps du
député de Montmagny-l'Islet. Il était dans le Cabinet
fédéral et je vous assure qu'on était traité du
bout du pied, les provinces, quand il s'agissait de ce domaine-là.
Aujourd'hui, il semble qu'en vertu de la formule
dufédéralisme coopératif, surtout quand on s'adresse
à ceux qui croient à l'unité des deux, qui ont foi et
espérance en la formule unitaire...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! M. JOHNSON: ... de
Favreau-Levesque...
M. LAFRANCE: Chassez le naturel, il revient au galop.
M. JOHNSON: M. le Président, il semble qu'il y aurait moyen
d'obtenir, en faveur des personnes assistées, cet amendement qui
s'inspire d'une véritable sociologie sinon chrétienne, au moins
humaine. C'est tout simplement d'avoir un peu de psychologie humaine et de
connaissance de notre milieu. Je demande au ministre quels efforts il a faits
et, s'il n'en a pas fait, quelles sont les démarches qu'il espère
entreprendre afin que l'an prochain au plus tard nous apprenions la bonne
nouvelle de cet amendement.
M. LAFRANCE: M. le Président, pour rassurer et satisfaire le chef
de l'Opposition, je lui dirai que depuis de nombreuses années,
d'ailleurs monsieur Forest qui a toujours participé à toutes les
rencontres fédérales-provinciales m'assure que, à
plusieurs reprises, des recommandations pour des amendements dans le sens dont
vient de parler le chef de l'Opposition ont été faites, mais
elles n'ont pas été acceptées. Aujourd'hui, comme vient de
le dire le chef de l'Opposition, il semble qu'un climat plus favorable se
présente. Nous continuons nos démarches et nous espérons,
surtout avec la loi unique d'assistance d'aide aux familles, pouvoir corriger
les lacunes que je considère graves et que vient de souligner le chef de
l'Opposition.
M. JOHNSON: Le ministre est-il sérieux quand il dit qu'il
espère obtenir ça de Mlle LaMarsh?
M. LAFRANCE: Nous avons obtenu des choses qui étaient
inconcevables dans le passé, que le chef de l'Opposition n'aurait jamais
espérées.
M. JOHNSON: J'espère que, dans le cas de Mlle LaMarsh, c'est
inconcevable.
M. LAFRANCE: Je ne la connais pas, je vais la rencontrer lundi
prochain.
M. JOHNSON: Je voulais savoir du ministre s'il a déjà
rencontré le ministre fédéral du Bien-Etre?
M. LAFRANCE: Lundi et mardi prochain, à une conférence
fédérale-provinciale.
M. JOHNSON: Ah, le ministre avait l'air nerveux depuis une semaine, je
le comprends. Est-ce qu'il sera assisté du sous-ministre et de...?
M. LAFRANCE: De monsieur Forest
M. JOHNSON: Je suggère d'amener le député de
Richelieu; ça pourra certainement faciliter les contacts avec le
ministre fédéral.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 4.
M. LOUBIER: M. le Président, j'aurais simplement une remarque
à soulever...
M. COURNOYER: Savez-vous que je ne l'ai jamais vue?
M. BERNATCHEZ: Cela tous donnera l'occasion de la voir.
ONE VOIX: Elle est pas mal plus vieille qua vous.
M. LOUBIER: Est-ce que l'honorable ministre de la Famille prévoit
que, avec l'adoption du nouveau plan de caisse de retraite et les
bénéfices qui en découleront, ceci affectera
considérablement les allocations qui sont versées aux personnes
âgées de 65 ans, 70 ans? Parce qu'à ce moment-là les
personnes qui auront 65 ans recevront les bénéfices du plan de
retraite et est-ce qu'il sera bien venu pour le gouvernement de verser en plus
une autre allocation? Est-ce que le ministre pourrait nous donner son opinion
à ce sujet?
M. LAFRANCE: M. le Président, ça dépendra
évidemment du montant de la pension de la retraite qui sera
payé.
M. LOUBIER: Et ça pourra affecter évidemment...
M. LAFRANCE: Oui, ça pourra affecter.
M. JOHNSON: De toute façon, il est clair que pour au moins 10
ans...
M. LOUBIER: Il sera de l'autre côté de la Chambre.
M. JOHNSON: ... la caisse de retraite n'apportera rien à qui que
ce soit, sauf au gouvernement sous forme d'argent à placer pour
l'émancipation économique. Mais il reste donc au ïr.oins 10
ans pendant lesquels ces règlements pour les personnes dans le besoin de
65 à 70 ans...
M. COURNOYER: Cela va faire l'objet d'un grand débat, je
suppose.
M. JOHNSON: Lequel?
M. LAFRANCE: Pensions de retraite.
M. COURNOYER: La question des pensions.
M. JOHNSON: Mais quand il s'agit du contact avec le
fédéral, ce sont les ébats qu'il faut éviter et non
pas les débats.
M. COURNOYER: Cela vous surprend, vous avez connu l'ancien
gouvernement.
M. JOHNSON: Au fédéral? M. COURNOYER: Oui.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai connu les anciens gouvernements
fédéraux.
M. COURNOYER: Non, non, l'ancien. M. LE PRESIDENT: Adopté.
Article 4.
M. JOHNSON: Le gouvernement dont faisait partie le premier ministre et
le gouvernement qui a été bien dirigé par M. Diefenbaker
dans le temps...
M. COURNOYER: Un grand homme !
M. JOHNSON: ... et je n'ai pas eu l'honneur de rencontrer officiellement
le nouveau gouvernement fédéral. Je n'ai que l'honneur de payer
un petit peu plus de taxes depuis qu'ils sont là, M. le
Président.
M. COURNOYER: Est-ce que le chef de l'Opposition n'admettra pas, pour
une fois, qu'on est mieux traité que sous l'ancien?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Revenez au ministère de la
Famille.
M. JOHNSON: M. le Président, si je ne réponds pas, j'ai
l'air de consentir. « Qui ne dit mot consent », je n'ai pas
l'intention de passer pour un homme qui vante la législation
fédérale.
M. HAMEL (St-Maurice): Oui ou non? M. COURNOYER: C'est oui ou non! M. LE
PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: En résumé, la Confédération n'a
jamais été aussi en danger que depuis que c'est rouge à
Québec, et rouge à Ottawa. Cela, c'est le résumé de
ma position, elle est claire, et nous aurons l'occasion d'en parler.
M. LE PRESIDENT: Article 4: « Allocations aux personnes invalides
».
M. LAFRANCE: C'est la même chose.
M. LE PRESIDENT: Article 5: « Allocations aux aveugles ».
Article 6.
M. JOHNSON: Bien voici,... les invalides...
M. LOUBIER: Les invalides, M. le Président, nous avons des cas
extrêmement pitoyables, que nous soumettons au ministère de la
Famille et du Bien-Etre social, et la réponse, dans 90% des cas soumis,
est à l'effet qu'on a décidé que la personne
n'était pas, au sens de la loi, complètement invalide.
Or, j'ai par exemple en mémoire un cas bien particulier dans mon
comté: un homme qui aune jambe amputée, qui est rendu à un
certain âge, qui ne peut pratiquement pas travailler, et la
réponse qui lui a été faite c'est qu'il n'était pas
invalide au sens de la loi. Le ministre a un cas que je lui ai soumis
dernièrement que je ne voudrais pas soulever en Chambre, mais à
ce moment-là, on le réfère à un autre
ministère. On l'envoie soit à l'assistance familiale, comme par
exemple dans le cas précité à Lévis, de là
on lui dit: « Il faudrait aller frapper à la porte du
ministère de la Santé » et en définitive...
M. LAFRANCE: Pour lire juste, il faudrait que le député
mentionne qu'il s'agissait de comptes de médecins à payer aussi.
Alors il évident que pour ça, ce n'est pas le ministère de
la Famille qui l'a référé au ministère de la
Santé.
M. LOUBIER: Non, pas dans le cas. Non, je m'excuse, M. le
Président, dans le cas que j'ai soumis au ministre, il n'aura
qu'à reviser. Lui-même m'a demandé de lui laisser...
M. LAFRANCE: ... pour payer des comptes et des honoraires.
M. LOUBIER: ... le dossier. Maintenant, il faudrait, à mon sens,
éviter ce pélerinage continuel de ces gens qui ne sont pas, au
sens de la loi, complètement invalides. On nous arrive avec
l'explication que le fédéral intervient, les médecins du
fédéral interviennent pour dire que cette personne-là
n'est pas invalide au sens de la loi. Est-ce que le ministre, en quelques mots,
pourrait nous détailler un cas bien précis de ce que les
autorités médicales du fédéral peuvent inclure
comme un cas d'invalidité soumis à cette loi?
M. LAFRANCE: Il ne m'appartient pas,... je ne suis pas médecin
moi. Il faut évidemment Qu'un certificat médical soit
présenté au méde-cin de la Commission. Il y a trois
médecins du provincial et trois du fédéral, un
comité conjoint qui, d'après certaines normes, décident
s'il est totalement invalide ou non. Une personne qui travaille, par exemple,
disons à un travail ma-nuel et qui se fait amputer une jambe peut
peut-^rtre considérée invalide, tandis qu'un personne qui
travaille dans un bureau et qui se fait amputer une jambe n'est pas une
personne totalement invalide. Alors je crois que ce sont tous des cas
individuels qui sont jugés par les médecins.
M. ALLARD: M. le ministre, justement, au sujet des causes
d'invalidité! Je comprends qu'il s'agit d'un plan conjoint, mais je me
demande s'il n'y aurait pas lieu, à un moment donné, de faire des
représentations. Parce qu'à l'heure actuelle, nous avons des cas
qui nous sont soumis, qui ne sont pas acceptables par le bureau médical
parce qu'ils ne sont pas invalides au sens de la loi, et c'est justement
là où je me demande s'il n'y aurait pas lieu de reviser les
normes de décision. On a des cas, aujourd'hui, d'invalides: un cardiaque
est un invalide.
M. LAFRANCE: De toute façon il a droit à de l'assistance
quand même, si ce n'est pas la pension des invalides, il a le droit
à l'assistance sociale.
M. ALLARD: Voici,... il a droit à de l'assistance sociale qui est
une assistance temporaire...
M. LAFRANCE: Oui.
M. ALLARD: ... à laquelle il doit recourir, subir des examens,
des enquêtes continuellement, et c'est ce qui cause un problème.
Il faut que le type qui aurait droit, par exemple, à une pension
d'invalide, jouisse d'une certaine sécurité qui lui laisse la
paix. J'ai eu des cas, M. le ministre, vous en connaissez; ce n'est pas une
critique destructive, je crois qu'il y a lieu d'étudier la question. Il
va falloir un jour ou l'autre en venir à reviser. Je comprends que c'est
un plan conjoint, où il y a du fédéral et du provincial,
mais sur la définition de l'invalidité elle-même, je
connais des cas, j'en connais, comme tous les députés; et les
gens nous disent: « Bien pour être invalide, il faut être
cloué sur un lit et ne pas être capable de grouiller tout seul
». Je crois que ce n'est pas tout à fait exact.
Il y a des invalides qui le sont réellement mais qui peuvent
encore marcher. Vous allez avoir \ des invalides qui, une journée, vont
?tre capables de faire un certain travail dans la maison mais qui, le
lendemain, vont être cloués au lit. Et dans ces cas-là on
ne peut rien obtenir. Je comprends que les normes sont établies mais je
me demande s'il n'y aurait pas lieu d'étudier et de faire une
étude spéciale pour voir à reviser.
M. BERNATCHEZ: M. le Président, pour compléter les
explications du député de la Beauce, vous me permettrez de
rappeler an ministre qu'il y a, dans la Loi des pensions aux invalides, la Loi
des pensions à 65 ans, une disposition qui permet au gouvernement
provincial de payer la pension complète, sans le concours du
fédéral, si le gouvernement provincial Juge à propos
d'accorder une telle pension...
M. LAFRANCE: Pas dans la Loi des invalides, ça n'existe pas.
M. BEKNATCHEZ: Dans les mères nécessiteuses, dans les 65
ans...?
M. LAFRANCE: Mais c'est une loi entièrement provinciale, la Loi
des mères nécessiteuses.
M. BERNATCHEZ: La Loi à 65 ans? M. JOHNSON: Cela existe...
M. LAFRANCE: Cela fait l'objet d'études, à l'heure
actuelle, de revisions et le député de Beauce, justement, a fait
une suggestion. C'est sûr que...
M. JOHNSON: Elle est excellente sa suggestion, M. le Président.
Et le ministre devrait...
M. LAFRANCE: Mais je crois que ça sera tout corrigé par la
loi unique d'assistance dont il est question et c'est une des recommandations
qui relèvent du Rapport Boucher également...
M. JOHNSON: Une loi fédérale?
M. LAFRANCE: Bien, évidemment on aura notre loi. Il en est
question au fédéral aussi mais il en est question au provincial
depuis longtemps.
M. JOHNSON: On a assez d'expérience maintenant dans l'application
de la Loi d'assistance aux invalides pour pouvoir redéfinir
l'invalidité. Elle était définie comme l'a souligné
le député de Beauce dans des termes très stricts. Il
fallait être cloué raide comme une barre sur un lit, incapable
même de s'étirer le bras pour se prendre un verre d'eau.
C'était la définition de base.
M. LAFRANCE: Le député doit connaître des centaines
de cas de gens qui sont connus invalides et qui ne sont pas dans cet
état-là. Moi, j'en connais dans mon comté qui...
M. JOHNSON: Mais c'était la définition de base,
M. BERNATCHEZ: Es ont le temps de mourir.
M. JOHNSON: C'était la définition très restrictive
qu'on donnait parce qu'on n'était pas, à ce moment-là,
décidé d'entrer aussi profondément dans l'assistance
sociale qu'on l'est actuellement.
Mais, actuellement comme le dit encore le député de
Beauce, et je le félicite pour cette suggestion, on aide ces mêmes
personnes-là qui ne rencontrent pas la définition
d'invalidité par l'assistance sociale, mais c'est tracassier, c'est
temporaire, ça doit être renouvelé à tout bout de
champ. Et ça fait une confusion à part ça dans les
statistiques. Tout le portrait est complètement obnubilé par ce
manque de réalisme dans la définition de l'invalidité. On
force la note.
Les députés intervenaient, ce doit être la
même chose aujourd'hui, auprès de la commission,
demandaient de nouveaux examens. On avait ces gens-là à nos
bureaux. Leurs parents et amis venaient nous voir. Et ça m'a l'air que.
de temps en temps la Commission des allocations sociales cédait. Avec le
résultat qu'on a un portrait là dans Québec qui nous est
dommageable. Je ne crois pas, moi, qu'on ait une proportion aussi grande
d'invalidité que les statistiques nous donnent par rapport aux autres
provinces. Ce n'est pas vrai. Mais ça vous fait un joli portrait au
détriment de Québec quand on lit les statistiques des invalides
dans Québec par rapport aux invalides dans les autres provinces. On
devrait...
M. LAFRANCE: Si le chef de l'Opposition me le permet. C'est probablement
parce que nous sommes moins sévères dans la province de
Québec, nous sommes plus larges dans l'interprétation des
règlements. C'est peut-être pour ça.
M. JOHNSON: On le dit.
M. LAFRANCE: Mais, il y aurait lieu, comme dit le chef de l'Opposition,
de redéfinir ça et c'est une loi fédérale. Et je
puis assurer le chef de l'Opposition que nous allons profiter probablement de
notre rencontre de la semaine prochaine, - je suis heureux qu'il me
fasse ces recommandations-là, pour souligner les
représentations qu'il me fait.
M. LOUBIER: A mon sens, M. le Président, ce sera d'autant plus
facile puisque le ministre a mentionné tout à l'heure que le
dialogue était bien fructueux actuellement avec le gouvernement
fédéral. Et nous anticipons que ce règlement se fera le
plus tôt possible.
Si le ministre me permet. Il 7 a un autre problème qui a
été souventefois soulevé par de mes électeurs, des
pensionnés du gouvernement. Il y a par exemple le cas où on
oblige le résident de St-Philémon de mon comté à
aller passer un examen médical chez le médecin, supposons
à 25 ou 30 milles plus loin, supposons que ce serait un médecin,
je le prends purement par hypothèse, de St-Camille, qui est le
médecin attitré, désigné par le ministère
pour faire subir ce genre d'examen.
Or, cette imperfection prend souventefois la dimension d'un vice parce
que le médecin, à ce moment-là, agit ni plus ni moins
comme fonctionnaire. Evidemment il conserve son caractère professionnel
de médecin mais il est surtout désigné par le
ministère pour procéder à ces examens. Et le ministre sait
que plusieurs fois, un malade, une personne qui sollicite une pension, soit par
gêne ou autrement n'explicite pas sa pensée ou ses malaises face
à un médecin nouveau et de la façon qui lui permettrait
d'être une candidate acceptée pour une allocation sociale.
Je demande au ministre s'il n'y aurait pas possibilité, par
exemple, d'autoriser le médecin de chaque paroisse, surtout dans nos
comtés ruraux, que le médecin de chacune des paroisses, pour le
territoire désigné de sa paroisse, pourrait être
désigné, accepté, que son rapport médical serait
accepté par la Commission...
M. JOHNSON: Tous les médecins...
M. LOUBIER: ... et ceci éviterait, à mon sens, ce que
plusieurs personnes pensent des fois, que cela puisse être un nid de
patronage ou de représailles politiques, ou encore, un nid
d'électoralisme. Eh bien, à mon sens, le gouvernement, en posant
ce geste, en autorisant tous les médecins dans nos paroisses, en les
rendant aptes à donner des rapports médicaux qui seraient
acceptés par la Commission, je pense bien que le libre choix du
médecin par les patients serait favorable non seulement au patient, mais
même au gouvernement.
M. LAFRANCE: Alors, je réitère l'offre que j'ai faite l'an
dernier aux députés de l'Opposition en leur disant que, s'ils ont
des noms de médecins à me suggérer, je les recommanderai
volontiers au président de la Commission des allocations sociales.
Et de toute façon, ce sont les médecins du
Fédéral qui exigent, la plupart du temps, un deuxième
examen par un autre médecin qui peut le faire corroborer, mais je sais
que le député a raison. J'ai de mes électeurs qui sont
obligés de parcourir dix, quinze, vingt-cinq milles; alors, autant que
possible, nous essayons de les envoyer aux endroits les plus rapprochés.
Et, je reçois souvent des représentations de la part de
députés ou de personnes me disant que c'est un endroit trop
éloigné. Alors, je m'empresse de leur demander s'ils ont un autre
médecin...
M. JOHNSON: Quel inconvénient y auraii-il à ce que le
patient ait le libre choix de son médecin?
M. LAFRANCE: Cela existe le libre choix du médecin.
M. LOUBIER: Non. Je regrette. M. ALLARD: Ah non!
M. LAFRANCE: Pour le premier examen, on est absolument libre de voir le
médecin de son choix, absolument libre pour le premier examen.
M. LOUBIER: Non, non!
M. JOHNSON: Le deuxième?
M. LAFRANCE: Le deuxième. Bien là, habituellement, c'est
un médecin suggéré par la Commission. Et, je
répète, je l'ai dit l'an dernier, si les députés de
l'Opposition ont des noms à me suggérer, nous nous empresserons
de les ajouter à la liste.
M. LOUBIER: Est-ce que nous pouvons saisir au vol l'invitation do
ministre? Pour ma part, je vais lui faire parvenir la liste des médecins
du comté de Bellechasse, et je serais extrêmement heureux de
constater que le ministre va concrétiser, par des recommandations
valables, l'invitation qu'il vient de faire cet après-midi.
M. LAFRANCE: Disons que je vais accepter du député une
liste raisonable. Qu'il ne soumette pas, pour une paroisse, cinq noms de
médecins...
M. LOUBIER: Non. Dans mon comté il n'y en a pas.
M. LAFRANCE: Cela ne peut pas exister. Cela n'a pas de sens.
M. ALLArD: Dans nos comtés ruraux, il semble y avoir une
complication. Moi, j'ai eu le cas d'un type à qui on a fait parcourir 27
milles pour aller voir un médecin. Et ce sont des gens, justement, qui
n'en avaient pas les moyens, qui ont été obligés de payer
un taxi, Je ne sais pas comment...
M. COURNOYER: Sous l'ancien régime ça!
M. ALLARD: Non, ce n'est pas sous l'ancien régime, M. le
Ministre. Cela fait exactement un mois ou deux au plus.
M. LAFRANCE: Cela existait sous l'ancien régime.
M. ALLARD: Cela existait certainement, mais vous avez telle ment
trouvé que c'était mauvais. Alors, c'est le temps de corriger. Je
dis que, quand on fait déplacer des gens, vingt-cinq trente
milles...
M. LAFRANCE: Mais, M. le Président, je crois que le
député de Beauce devrait savoir que, quand il s'agit d'un
médecin éloigné, nous payons les dépenses. Quand la
personne ne peut pas assumer ses dépenses, nous le faisons.
M. ALLARD: Les dépenses du voyage? Ah bien, je suis heureux de le
savoir, parce que les gens qui sont venus me voir m'ont dit qu'ils avaient
dû payer... Je suis heureux de les avoir.
M. LAFRANCE: Nous le faisons dans une foule de cas.
M. LOUBIER: Je comprends que le ministre trouve que, même
là, ce n'est pas raisonnable d'obliger une personne d'aller voir un
médecin à 25 ou 30 milles de chez elle alors qu'elle pourrait en
voir un autre à 5 ou 6 milles.
M. LAFRANCE: Je ne crois pas que ce soit aussi simple que ça.
Quand il s'agit par exemple d'une maladie de coeur très grave, je ne
crois pas que le médecin local soit un spécialiste. On est
obligé de référer à un spécialiste.
M. LOUBIER: Un cas d'exception. M. JOHNSON: On admet ça!
M. LAFRANCE: Il y a des cas exceptionnels. Mais disons que nous nous
entendons. Les représentations que vous faites nous les recevons
éga- lement, et nous allons nous efforcer d'y remédier le plus
possible.
M. JOHNSON: M. le Président, le député de Beauce a
admis, je pense bien, distraitement, je ne voudrais pas être lié
par cette admission, que cela se faisait sous l'ancien régime.
M. HAMEL (St-Maurice): II a admis ça?
M. JOHNSON: Qu'il fallait faire 25 ou 30 milles pour avoir un
médecin désigné.
M. LAFRANCE: C'est vrai. C'est vrai... C'est arrivé il y a plus
de 12 ans...
M. JOHNSON: M. le Président, cela se faisait peut-être
quand il n'y avait pas de médecin sur place.
M. LAFRANCE: D'Asbestos, on allait à Sherbrooke.
M. JOHNSON: Mais, dans mon cas, M. le Président, dans mon
comté, à un moment donné on m'a demandé si on avait
des médecins à recommander. J'ai recommandé tous les
médecins. Pas de problèmes. Le Bloc populaire! Pas de
problèmes!
M. LAFRANCE: Il faut dire que du temps de l'administration de nos
prédécesseurs nous ne pouvions pas suggérer de
médecins.
M. JOHNSON: Bien ce n'était pas nécessaire On les
suggérait tous.
M. LAFRANCE: Ah, Ah! DES VOIX: Ah , ah!
M. LAFRANCE: Es ne sont pas sérieux, les gens de l'Opposition. Ce
n'est pas sérieux.
M. JOHNSON: Les rouges comme bleus. Oui, c'est sérieux. Qu'on
relève les dossiers, on verra, qu'on relève les dossiers
pour Bagot, qu'on relève les dossiers pour certains comtés, je
pourrais les nommer ici.
M. COITEUX (Duplessis): C'est épouvantable.
M. LAFRANCE: Le comté que j'ai nommé ici...
M. JOHNSON: Qu'on relève le comté de Témiscouata,
entre autres. Pour n'en nommer
que deux. On verra que tous les médecins, pratiquant à ce
moment-là dans les comtés de Ba-got et de Témiscouata,
pour n'en nommer que deux, étalent qualifiés à la
Commission des allocations sociales pour faire des examens sauf,
évidemment, lorsqu'il s'agissait d'un examen devant un
spécialiste dans telle et telle discipline. C'était alors
différent.
M. COURNOYER: Un libéral!
M. JOHNSON: Sauf tout le respect que je dois à un
collègue, je ne voudrais pas que son aveu couvre, et je connais la
malice du député de Richelieu... qui saisi cet aveu
là...
M. COURNOYER: Ah!î... C'est un peu dur.
M. JOHNSON: ... et qui serait allé, avec son
éloquence...
M. COURNOYER: Je n'ai jamais eu de malice envers le chef de
l'Opposition.
M. LAFRANCE: C'est le moins malicieux de la Chambre.
M. JOHNSON: Surtout à la veille de ses crédits, c'est le
gars le plus charmant.
M. COURNOYER: Ah, je suis bien nerveux.
M. JOHNSON: Le lendemain, il est malcommode.
UNE VOIX: Adopté. DES VOIX: Non.
M. BERNATCHEZ: Est-ce ce que j'ai bien compris? Le ministre a-t-il dit
que lorsqu'un candidat à une pension est conduit chez un médecin,
le ministère paie ses déplacements, ses frais de voyages,
lorsqu'il vient, lorsqu'il est demandé de venir passer un examen
à Québec, ou lorsqu'il est invité à aller passer un
examen, disons dans le comté de Lotbinière, un citoyen de
St-Flavien qui est convoqué chez un docteur à Ste-Croix de
Lotbinière à 18 milles de chez lui? Est-ce que le
ministre...?
M. LAFRANCE: Alors, il s'agit évidemment M. le Président,
il s'agit là des postulants pour la pension d'invalidité surtout.
Alors, dans tous ces cas-là, quand la personne requérante ne peut
pas assumer ses frais de transport, elle n'a qu'à soumettre le
coût pas un coût exagéré évidemment, le
coût.
M. BERNATCHEZ: Ah! c'est...
M. LAFRANCE: Oui. Evidemment, c'est une entente comme me dit M. Forest
qui est faite avec les enquêteurs. Alors la personne n'a qu'à le
dire à l'enquêteur et la Commission assumera le déplacement
de ces personnes.
M. BERNATCHEZ: Alors, les explications du ministre ne veulent pas dire
la même chose qu'il a affirmée tout à l'heure. Il s'agit si
je comprends bien des dernières explications de cas particuliers,
lorsqu'un...
M. LAFRANCE: Mais, c'est toujours un cas particulier quand une personne
est appelée à 25, 30 milles.
M. BERNATCHEZ: Il y a une loi générale pour les
pensions.
M. LAFRANCE: Mais, il s'agit, on est à discuter là je
crois de l'item des invalides hein?
M. BERNATCHEZ: Oui.
M. LAFRANCE: Alors, pour ces cas-là.
M. BERNATCHEZ: Disons la loi en général pour les
invalides. Je veux savoir du ministre si un postulant pour une pension
d'invalide peu importe où il demeure, s'il est convoqué chez un
médecin à 10 milles à 15 milles à 20 milles de chez
lui, est-ce que automatiquement, vous lui payez ses frais de
déplacement.
M. LAFRANCE: Oui oui.
M. BERNATCHEZ: Automatiquement, sans qu'il fasse de demande.
M. LAFRANCE: Oui. Pardon?
M. BERNATCHEZ: Est-ce qu'il faut...
M. LAFRANCE: Non, non, il faut formuler la demande évidemment,
parce qu'il y a des personnes qui peuvent assumer ça, qui peuvent se
faire transporter par le...
M. BERNATCHEZ: Voici, M. le Président, la pension des invalides
est pour les personnes invalides et dans le besoin. S'il est qualifié
pour avoir une pension d'invalide, il est dans le besoin, donc il n'est pas
capable d'assumer en plus de son infirmité, les dépenses.
M. LAFRANCE: Oui, le député le sait. Es
ont peut-être des enfants ou des amis qui font le voyage qui
peuvent peut-être le faire gratuitement. Pourquoi ne pas sauver ça
à l'Etat pour le donner à ceux qui en ont plus besoin? Alors, je
pense qu'on s'entend. Inutile de se chicaner sur la façon. Disons que de
façon générale, ceux qui ne peuvent pas assumer ces
frais-là, doivent s'entendre avec l'enquêteur, et le gouvernement
paiera le déplacement.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE : M. le Président, l'an passé, j'avais
exposé au ministre une question au sujet d'un médecin avec qui
j'ai eu certains « imbroglios » au point de vue politique et j'ai
écrit personnellement au Président des allocations sociales pour
lui donner le nom, lui donner les faits, le jour, la date, les personnes qui se
sont présentées et le ministère m'a répondu
après enquête que ça se serait stabilisé, que
ça ne se répèterait pas. Je dis aujourd'hui au ministre
que ça se répète, c'est malheureux, c'est le même
homme.
M. LAFRANCE: Ah, ça se répète depuis ce
temps-là?
M. BELLEMARE: Oui.
M. LAFRANCE: Bien je pense que c'était le devoir du
député, de ne pas attendre d'être en Chambre et de me le
dire avant...
M. BELLEMARE: M. le Président, je fais mon devoir de mon
siège et je dis au ministre...
M. LAFRANCE: Oui, mais on croyait que c'était corrigé.
M. BELLEMARE: Non, non, continuellement c'est la
répétition des mêmes erreurs...
M. LAFRANCE: Non! Est-ce que le député veut
répéter? C'est-à-dire...
M. BELLEMARE: Vous avez le nom.
M. LAFRANCE: Bien, voici,... Non! Je ne l'ai pas là moi. C'est
à la Commission des allocations que s'est adressé le
député selon ce qu'il me dit. Est-ce que le député
veut écrire de nouveau?...
M. BELLEMARE: Certainement. M. LAFRANCE: Et donner...
M. BELLEMARE: Donner les faits.
M. LAFRANCE: ... répéter ce qu'il vientde me dire.
M. BELLEMARE: Certainement. M. LAFRANCE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Numéro 5, allocations aux
aveugles. Adopté?
M. CHARBONNEAU: Pardon, une minute s'il vous plait. M. le
Président, j'aurais un renseignement à demander au ministre.
C'est un cas qui m'a été soumis en fin de semaine. C'est une
personne qui est aveugle qui reçoit une pension nécessairement
dans une institution. Est-ce que je dois attendre à l'item 11 où
bien si je peux en parler au 5 là?
M. LAFRANCE: A 11.
M. CHARBONNEAU: A 11, merci.
M. LE PRESIDENT: 6, allocations aux veuves et femmes âgées
de 60 à 65.
M. BOUDREAU: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Numéro 7, supplément de pensions aux
personnes âgées de 70 ans et plus. 8.
M. JOHNSON: M. le Président, au sujet du supplément, ce
sont des remarques qui s'appliqueront au supplément, à tous les
postes, on me rapporte que récemment, des bénéficiaires
ont reçu une lettre circulaire les avertissant qu'à compter du
1er avril ou du 1er mai, je ne m'en souviens pas, le supplément qui
était dans l'instance de $18.00 ajouté à la pension de $65
était enlevé et que désormais on aurait la pension
à $75.
Lors de l'augmentation, nous avions prévu ça, nous avions
prédit cette démarche du ministre, et il semble qu'il y a
maintenant une confirmation depuis ces jours récents: les pensionnaires
bénéficiaires de supplément ont reçu une lettre les
avertissant qu'on mettait fin au supplément.
M. LAFRANCE: II s'agit d'un certain nombre de personnes seulement parce
que, pour bien clarifier la question à l'intention du chef de
l'Opposition, disons d'abord que le taux de base de $65 à $75 à
toutes les personnes qui rencontrent les conditions d'éligibilité
exigées
par la Loi, c'est automatique. Cela, c'est l'allocation de base.
Ensuite, il y a un supplément de $10 qui est accordé aux
personnes recevant déjà ce $10. Oui, oui! Je dis bien. Un $10
additionnel est accordé aux personnes qui peuvent en démontrer le
besoin. C'est à tout le monde que c'est accordé et je ne crois
pas qu'une lettre circulaire ait été envoyée à tout
le monde. C'est plutôt des cas exceptionnels: j'en al eu dans mon
comté, j'ai eu des représentations. Mais si nous recevons 5, 10
lettres, nous sommes portés à généraliser et il
s'agit seulement de cas isolés. Alors, pour bien clarifier la question:
de $65 à $75, c'est automatique à toutes les personnes qui
rencontrent les conditions d'éligibilité exigées par la
Loi; pour les autres, si elles en démontrent le besoin, elles ont droit
à un $10 additionnel. C'est clair?
M. JOHNSON: Oui. Je ne sais pas si la Commission des allocations
sociales interprète ce supplément qui vient de la Loi
fédérale comme devant remplacer un supplément dont le
besoin avait été établi...
M. LAFRANCE: Bien, ça avait été établi pour
$75, $65, avec un $10 additionnel. Nous n'avons pas le choix, nous sommes un
peu esclaves de l'entente qui a été passée, justement par
l'administration précédente; il faut en démontrer le
besoin.
M. JOHNSON: Oui, mais c'est un aveu un peu dangereux; l'entente,
l'esclavage, là! Le montant de base était $65. Le
fédéral a augmenté ça à $75 pour,
présume-t-on avec raison, tenir compte de l'augmentation du coût
de la vie. Or, le $10 supplémentaire, qui a été
accordé par décision de la Commission des allocations sociales du
Québec, n'a pas été accordé à cause de
l'augmentation du coût de la vie, il l'a été dans presque
tous les cas à cause de certains besoins particuliers, comme frais
médicaux ou frais d'assistance, d'aide de personnes de
l'extérieur ou encore augmentation des taxes.
Est-ce que j'interprète mal la Loi et les décisions de la
Commission des allocations? Mais il me semble que le supplément qu'on a
accordé et qu'on enlève de ce temps-ci est un supplément
accordé non pas pour l'augmentation du coût de la vie, mais pour
des besoins spécifiques établis à la satisfaction de la
Commission. Ces mêmes besoins-là existent et, le coût de la
vie ayant monté, les gens raisonnent, avec raison, comme suit: «
Nous devrions garder l'allocation de base, qui est maintenant de $73, et nous
devrions avoir notre supplément dont le besoin a été
établi.
Le ministre en profite, probablement sur les instructions du ministre
des Finances ou du ministre du Revenu, pour couper dans son budget. Il y a
peut-être des endroits où la Commission des allocations sociales
pourrait faire des économies, mais c'est de l'économie à
mauvais escient que celle que l'on fait en enlevant un supplément dont
le besoin a été établi à la satisfaction de la
Commission.
M. LAFRANCE: M. le Président, je n'ai rien à ajouter. Je
dis qu'au début le besoin avait été établi quand la
pension était à $65...
M. JOHNSON: Si.
M. LAFRANCE: Alors, si nous n'avons pas dans le dossier quelqu'un qui
démontre que cette personne-là a besoin d'un $10 additionnel,
nous ne sommes pas libres, d'après l'entente qui a été
signée avec le fédéral: nous sommes obligés d'avoir
des preuves, obligés de démontrer qu'ils ont besoin de $10
additionnel.
M. JOHNSON: Le fédéral contribue au paiement du
supplément...
M. LAFRANCE: Bien, 50.
M. JOHNSON: ... en proportion de 50% et jusqu'à concurrence de
quel montant total?
M. LAFRANCE: Il n'y a pas de limites: les besoins essentiels de
subsistance.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre vient de faire un aveu
ici qu'il faudra enregistrer: c'est à cause du fédéral
qu'il est quelquefois obligé de prendre certaines décisions qu'il
considérerait, si j'interprète son ton correctement,...
M. LAFRANCE: Bien, aussi longtemps que l'entente ne sera pas
modifiée, je n'ai pas le choix, je n'ai pas la liberté. Le chef
de l'Opposition le sait bien. Ce n'est pas d'aujourd'hui, il n'y a rien de
nouveaul
M. JOHNSON: C'est ça qui ne marche pas dans toutes les affaires
fédérales-provinciales...
M. LAFRANCE: Oui, oui, mais le chef de l'Opposition a dû se rendre
compte que nous ne nous contentons pas... nous faisons modifier les lois, nous
allons encore le faire; d'ailleurs, il y a d'excellentes suggestions qui nous
ont été faites, nous allons en tenir compte. Mais
le chef de l'Opposition doit savoir que ça ne peut pas se changer
dans un an ou deux, ce sont des choses de longue haleine.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est ça qui ne marche pas
dans les ententes fédérales-provinciales, c'est le
fédéral qui mène alors que ça doit être la
provincial. Quitte au fédéral à dire: « Nous
contribuerons mais jusqu'à tel plafond, arrangez vous avec le reste.
» C'était notre politique dans le temps, et c'est pour ça
que vous avez eu, à la loi d'assistarce-vieillesse de 65 à 70
ans, cet amendement qui nous permettait de payer, entièrement aux frais
de la province, les allocations en question quand le fédéral ne
pouvait pas marcher.
En somme, il ne faut pas à aucun moment que ce soit le
fédéral qui dicte, en matière d'assurance sociale, les
barèmes pour rencontrer les cas tels que nous les interprétons,
nous, dans la province de Québec. Des ententes avec le
fédéral, il en faut, nous sommes entrés là-dedans.
En attendant de récupérer entièrement ce champ
d'activité ou de compétence et le champ de taxation
correspondant, il faudra bien continuer à faire quelques ententes. Mais
il faut changer l'optique de ces ententes-là. Il faut que ce soit le
provincial qui décide, et le fédéral qui contribue dans le
mesure prévue par l'entente, et non pas le fédéral qui
décide et le provincial qui marche sous les instructions du
fédéral.
C'est une question d'optique, qui peut paraf-tre à certains
esprits superficiels peut-être pas importante, mais qui à mon sens
est fondamentale. C'est la province qui doit planifier, quid oit
décider, c'est le fédéral qui doit payer quand il y a des
ententes et c'est le fédéral qui doit sortir de ce champ de
taxation quand on réussira à le faire sortir en vertu du
fédéralisme coopératif de M. Favreau et de M.
Lévesque. Une nouvelle formule...
M. COURNOYER: II fallait que ça finisse mal.
M. JOHNSON: Comment? On est en politique, M. le Président. Ce
n'est pas quand il sera trop tard qu'il faudra dénoncer cette campagne
qui se fait actuellement pour faire avaler au public le
fédéralisme coopératif.
M. COURNOYER: J'avoue, à ce sujet, que le chef de l'Opposition a
raison de suggérer,... C'est évidemment désagréable
de lire les formules que nous avons toujours reçues et qui disaient
autrefois: « Suivant les règlements fédéraux, vous
n'avez pas droit à votre pension. » Ce n'est pas
d'aujourd'hui.
M. JOHNSON: Non.
M. COURNOYER: Alors j'étais justement en train de dire ça
au ministre: il a raison. Puis j'ai dit au ministre du Revenu: il
déplaît de lire une lettre semblable: « Considérant
les règlements fédéraux, vous n'avez pas droit à
votre pension. » C'est ça que vous voulez dire alors?
M. JOHNSON: Oui. Cela c'est juste l'extériorisation d'un
état actuel.
M. COURNOYER: Jamais vous n'aurez un homme comme M. Favreau dans votre
parti.
M. JOHNSON: Je n'ai pas dit ça, M. le Président.
M. ALLARD: II ne faut jamais dire: jamais.
M. JOHNSON: J'ai beaucoup d'estime pour M. Favreau.
M. COURNOYER: J'ai peut-être été loin un peu
mais...
M. JOHNSON: Je suis prêt à admettre M. le Président,
qu'il est fichument mieux...
M. COURNOYER: Vous admettrez que M. Favreau, tout de même, c'est
un avocat distingué, c'est un homme qui est brillant.
M. JOHNSON: II n'est pas question de ça, M. le Président,
j'ai beaucoup plus d'estime pour M. Favreau que je n'en ai jamais eu pour aucun
ministre fédéral, mais ça ne change rien à ses
idées et je me rends compte, comme toute la population, qua de ce
temps-ci, avec la coopération de M. Lévesque le bon, pas le
méchant, comme les amis du ministre du Revenu l'appellent:
Lévesque le bon, et Lévesque le méchant, avec la
coopération de M. Lévesque, de Bonaventure, on est en train
là, par un grand geste de publicité en vue de préparer les
élections fédérales, de vendre à la population le
fédéralisme coopératif, sous toutes sortes de belles
recommandations. J'ai peur d'être hors d'ordre, M. le Président,
mais l'Opposition est alerte. Elle va y voir en temps et lieu.
M. COURNOYER: Oui, votre gars de Norvège, là, on
l'attend!
M. JOHNSON: Lequel?
M. COURNOYER: J'ai hâte de voir qui vous allez nous
suggérer.
M. JOHNSON: Pour?
M. COURNOYER: Comment vous l'appelez...?
M. JOHNSON: Dites moi pas que le ministre qui est avocat n'a même
pas compris ce que c'est que 1' « ombudsman » quand, en Ontario, on
est en train de l'établir.
M. COURNOYER: Je suis plus réaliste que vous.
M. JOHNSON: Oui, je sais bien. Le ministre est partisan de cette
fonction ou de cette motion dépassée où c'est le
député qui est l'ombudsman, qui doit tout régler dans son
comté, alors que nous, nous trouvons que les droits humains, les droits
de la personne, doivent être au-dessus de toute politique et on ne peut
pas se fier aux hommes politiques, fussent-ils les plus intelligents, les plus
intègres, pour les défendre adéquatement.
M. LE PRESIDENT: Subdivision 8: « Allocations d'assistance
à domicile ».
M. LAFRANCE: M. le Président, je voudrais juste relever ce que
vient de dire le chef de l'Opposition. Je crois que le chef de l'Opposition
connaît très bien l'orientation que le gouvernement actuel est en
train de donner aux relations fédérales-provinciales. Mais tout
le domaine de la sécurité sociale, nous voulons le rapatrier et
la grosse erreur, la grosse faiblesse du Québec, c'est que nous avons
laissé le fédéral envahir certains domaines et c'est pour
ça, par exemple, justement que, lorsqu'il s'agit des allocations
scolaires, la province a immédiatement occupé le domaine. Nous
faisons la même chose pour le plan de caisse de retraite, tellement que
les autres provinces s'inspirent du Québec à l'heure actuelle.
Alors, je crois que le chef de l'Opposition connaît bien nos intentions
de ce côté.
M. BERNATCHEZ: J'ai une question qui intéresse trois
catégories de pensions par rapport à l'amendement, les
dispositions dans la loi, auxquelles je faisais allusion tout à l'heure,
à l'effet que le gouvernement provincial est autorisé à
payer 100% des pensions aux personnes âgées de 65 ans ou aux
aveugles. La même disposition est dans la pension aux aveugles, le
ministre a-t-il objection à me dire quel est le nombre des
bénéficiaires dont la pension est payés à 100% par
le gouvernement et qu'on n'obtient pas...
M. LAFRANCE: Il n'y en a pas à l'heure actuelle.
M. LE PRESIDENT: Subdivisions, «Allocation d'assistance à
domicile...
M. LOUBIER: Un instant, M. le Président. Est-ce que l'honorable
ministre a expliqué le coupure très considérable, à
l'item « Suppléments de pension aux personnes âgées
de 70 ans et plus »? En 1963-1964, on avait une prévision de
$2,750,000, alors qu'en 1964-1965, on a une prévision de $1,000,000.
Alors une diminution d'au-delà de 70% à 75% à cet item.
Est-ce que le ministre a des explications à donner à ce
sujet?
M. LAFRANCE: Voici justement une note que mes officiers m'avaient
remise. L'estimation pour 1963-1964 était de $2,750,000 alors que les
déboursés seront d'environ $1,750,000, représentant une
différence d'environ $1,000,000 at-tribuable au fait que les taux des
pensions de sécurité a été porté de 65
à 75. L'estimation de cette assistance supplémentaire pour
1964-1965 est de $1,000,000. Le nombre actuel des bénéficiaires
d'une assistance supplémentaire est d'environ 5,900. Nous
présumons que quelques uns ne pourront pas démontrer qu'ils sont
qualifiés pour recevoir le $10 additionnel, mais, de toute façon,
s'il le faut, nous pourrons recourir à un budget supplémentaire.
Il n'y a personne pouvant démontrer un besoin essentiel de ce $10
additionnel, qui en sera privé.
M. LE PRESIDENT: Subdivision 8, « Allocations d'assistance
à domicile ».
M. BOUDREAU: A l'item 8, M. le Président, je voudrais questionner
le ministre. Dans cette catégorie d'allocations d'assistance à
domicile aux personnes employables ou non, si je comprends bien, on inclue dans
ça la pension payable pour les secours d'assistance chômage, c'est
ça?
M. LAFRANCE: Oui.
M. BOUDREAU: Il y a une augmentation de $3,100,000 pour de l'assistance
chômage, j'ai l'impression que ça confirme ce qu'on dit un peu
partout, de ce temps-ci, le chômage augmente.
M. LAFRANCE: Si le député le permet, je pourrais
peut-être tout de suite, avant qu'il s'engage trop dans cette voie, je
dois dire que nous devons transférer. ... je crois que c'est 5,000
cas de mères nécessiteuses à cet item...
M. BOUDREAU: De mères nécessiteuses qui vont venir...
M. LAFRANCE: Oui, je l'ai dit d'ailleurs quand nous avons discuté
de l'augmentation du $10 additionnel pour l'allocation de base des mères
nécessiteuses. Il s'agit, évidemment, seulement de mères
nécessiteuses dont le mari est inapte au travail, dont le mari est
vivant, est à la maison. Nous avons droit, en vertu de l'entente
fédérale-provinciale, de les inclure dans cet item.
M. BOUDREAU: Dans la plupart des cas, il s'agit d'hommes qui sont
invalides temporairement, ou en permanence, et qui ont droit tout de même
à des secours en vertu de l'assistance sociale, et la mère, qui
est par le fait même devenue mère nécessiteuse, voit son
cas tomber dans cet item-là...
M. LAFRANCE: Environ 5,000.
M. BOUDREAU: ... et c'est ce qui explique cette différence de
$8,000,000.
M. LAFRANCE: Bien, non, pas de $8,000,000. Il n'y a pas une
différence... Cela ça comprend je crois un montant d'environ
$4,000,000, pour ces cas-là qui seront transférés des
mères nécessiteuses, $4,000,000 environ.
M. BOUDREAU: C'est un montant considérable, tout le monde
l'admettra, monsieur le ministre. Je pense bien qu'il est de notre devoir de
nous arrêter à y penser un peu. C'est à cause du
chômage que ce montant-là est si élevé,
incontestablement.
M. LAFRANCE: M. le Président, pour compléter un peu ce que
vient de dire le député de St-Sauveur, je dirai que ce qui veint
grever le plus à l'heure actuelle cet item, ce sont surtout les inaptes
au travail, parce que, dans le cas des aptes au travail, il y a une diminution
constante, tandis que chez les inaptes au travail, il y a une progression, Jai
des chiffres ici...
M. BOUDREAU: J'aimerais ça les avoir ces chiffres.
M. LAFRANCE: Alors voici, il s'agit des aptes au travail, j'ai tous les
mois ici de l'année 1962-1963 et 1963-1964. Avril par exemple, nous
avons payé en 1962-1963, $2,146,000, en 1963, $2,128,000, ce qui fait
une diminution de $18,000. En mai, une diminution de $81,000. En juin,
ça il s'agit des chômeurs là, en juin une diminution de
$159,000.
En juillet, une diminution de $31,000; en août, $10,000; en
septembre, $32,000; en octobre, $52,000; en novembre, $173,000; en
décembre $196,000, ce sont toutes des diminutions; en janvier, $293,000
et en février, $286,000. Alors le député constate qu'il y
aunediminuationd'as-sistance aux personnes aptes au travail.
Voyons maintenant le tableau des personnes inaptes au travail: en avril
1962, c'est-à-dire en comparaison de 1962-1963 et 1963-1964, il y a eu
une augmentation de $335,000 pour les personnes inaptes au travail; en mai,
$232,000. Est-ce que le député est intéressé aux
chiffres ou si je dois continuer? En juin, $246,000; en juillet, $240,000; en
août, $200,000 ce sont toutes des augmentations des inaptes au travail;
en septembre, $263,000; en octobre, $213,000; en novembre, $129,000; en
décembre, $153,000; en janvier, $99,000; en février, $201,000.
Alors pour les personnes aptes au travail, il y a une diminution constante
tandis que pour les personnes qui sont en chômage, les inaptes, il y a
une progression d'environ $100,000 à$200,000.
M. JOHNSON: Le fédéral contribue pour les personnes
inaptes?
M. LAFRANCE: Absolument.
M. JOHNSON: Et le ministre s'est enfin prévalu de cette
disposition-là? Il a été longtemps sans s'en
prévaloir. Le ministère a été longtemps sans se
prévaloir de cette partie de l'entente.
M. LAFRANCE: Il s'en est toujours prévalu.
M. JOHNSON: Ce sont les informations que j'ai du fédéral,
M. le Président, que la province a perdu...
M. LAFRANCE: A ma connaissance, depuis que je suis ministre on s'en est
toujours prévalu.
M. JOHNSON: ... s'est privée de très forts montants parce
qu'elle ne s'est pas prévalue de toutes les clauses de l'entente.
M. COURNOYER: S'il fallait compter là-dessus, vous auriez eu un
gros calcul à faire.
M. JOHNSON: Oui, de gros calculs, M. le Président. C'est que,
actuellement, il y en a trop
d'assistance parce qu'il y a trop de gens qui ne travaillent pas, il y a
trop de régions sous-développées. Nous serons toujours
heureux de constater que le budget baisse même si les normes demeurent ou
sont élargies.
C'est le ministre lui-même ou le premier ministre qui disait, il y
a quelques années, quelle sorte de citoyens qu'on était en train
de former. Je crois que, après Terre-Neuve, nous sommes la province
où il y en a le plus de gens qui bénéficient de ce genre
d'assistance à cause du manque d'emploi, en somme.
C'est une entente qui a été signée par le
provincial de notre temps avec le fédéral. J'ai entendu un
ministre, dans une allocution, blâmer l'Union nationale d'avoir
signé cette entente. J'ai eu envie d'envoyer ce texte au premier
ministre qui, lorsqu'il était chef d'Opposition entre 1958 et 1960, dans
une conférence de presse avait fait une descente contre le gouvernement
du temps parce que, disait-il, il n'avait pas signé l'entente
d'assistance-chômage. Dans le temps qu'il était dans l'Opposition,
il nous blâmait de ne pas l'avoir signée et maintenant qu'il est
au pouvoir un de ses ministres nous blâme de l'avoir signée. C'est
une drôle de manière de concevoir la logique, mais ça m'a
l'air qu'on est spécialisé de l'autre côté dans ce
système d'illogisme érigé en mode de vie politique.
Mais encore là, j'essaie de rester dans l'ordre et je voudrais
savoir du ministre s'il espère diminuer ces montants, s'il espère
que la situation va s'améliorer au point où on aura tellement
moins de gens obligés de vivre de la main du gouvernement provincial
même avec l'aide du fédéral. C'est une situation qui n'est
pas du tout dans l'intérêt des citoyens et de la
com-munaité en général. Quand nous avons des zones de
paupérisme qui se développent à une allure vertigineuse,
comme c'est le cas actuellement, je crois que toute la société va
en souffrir.
Ce n'est pas le temps de reviser tout ce problème et nous
espérons que, lorsque viendront les crédits du ministère
de l'Industrie et du Commerce ou du Conseil d'orientation économique,
nous espérons avoir l'occasion d'en parler. Mais le ministre devrait se
mettre de notre côté et pousser sur le premier ministre, sur le
ministre de l'Industrie et du Commerce, sur le Conseil d'orientation
économique pour que, utilisant les suggestions faites par le
député de Montmagny hier, on en vienne à
décentraliser un peu l'industrie, à créer d'autres
pôles d'atrac-tion de l'industrie que Montréal afin que le
chômage se résorbe, tout spécialement dans la région
du bas du fleuve qui en souffre d'une façon aiguë de ce
temps-ci.
M. LAFRANCE: Disons, M. le Président, que c'est l'Opposition qui
se met du côté du ministre parce que le ministre, depuis son
arrivée en fonction, a toujours dénoncé ce système
de secours direct qui, je le lisais dernièrement, développe
justement cette mentalité de dépendance qui est si mauvaise et si
néfaste à tout point de vue.
Disons par exemple, aux Etats-Unis, du temps de Roosevelt, je voyais
dernièrement une déclaration qui disait que distribuer les
secours directs de la façon qu'on le fait encore après 35 ans
c'est administrer un narcotique destructeur à l'esprit humain. C'est
encore la formule qu'on a aux Etats-Unis. Quand on songe que dans ce pays il y
a 9,500,000 familles qui reçoivent de l'aide de l'Etat, ce qui
représente environ 30,000,000 d'individus.
C'est le système qui existe dans toutes les provinces du Canada.
Et je crois que le chef de l'Opposition reconnaîtra qu'aucun gouvernement
n'a fait autant d'efforts que le gouvernement actuel pour sortir de cette
situation. Et nous commençons à en voir les résultats
puisque le nombre des aptes au travail diminue constamment.
Ce n'est pas le moment, mais je pourrais démontrer au chef de
l'Opposition que le gouvernement actuel a mobilisé toutes ses forces,
toutes ses ressources. Et puis d'ailleurs nous arrivons à des
résultats. Nous avons créé 117,000 emplois dans la
province de Québec. C'est la province où on a créé
le plus de nouveaux emplois. Il y a eu des débats sur le
chômage.
M. JOHNSON: Non, non.
M. LAFRANCE: Bien, M. le Président, voici ici
précisément ce que déclarait, je crois que c'est le
journal « Montréal-Matin », c'est ça. Cela est en
date du 17 avril 1964 par M. Clément Brown: «
Considérées sous l'item de l'embauchage, les nouvelles
statistiques révèlent que de mars 1963 à mars 1964, le
Québec comptait 117,000 nouveaux emplois alors que l'Ontario passait de
2,000,000 à 2,252,000 emplois l'an dernier, soit pour une
province...»
M. JOHNSON: Combien l'Ontario a-t-elle de nouveaux emplois?
M. LAFRANCE: Bien s'il fallait que je donne tous les chiffres...
M. JOHNSON: 250,000.
M. LAFRANCE: Non, non. C'est la province de Québec, d'ailleurs je
vais le démontrer. « Par rapport à mars de l'an dernier on
comptait au pays 93,000 chômeurs de moins. Au Québec cette
réduction a été de 30,000 soit 171,000 contre 200,000,
alors qu'en Ontario elle n'a été que de 33,000. » 117,000
nouveaux emplois dans le Québec. Alors le chef de l'Opposition doit
reconnaître que le gouvernement actuel emploie tous ses efforts, toutes
ses énergies et son argent pour essayer de corriger cette situation. Et
déjà nous connaissons des résultats.
M. BERNATCHEZ: M. le Président, j'aurais une question à
poser au ministre. A l'item 8: « Allocations d'assistance à
domicile aux personnes employables ou non », il s'agit là de
l'assistance chômage...
UNE VOIX: Les deux.
M. BERNATCHEZ: ... accorder des pensions ou des secours au chef de
famille sans emploi, qui n'a pas de revenu afin de lui permettre de rencontrer
les exigences pour la subsistance de sa famille. Quelle est l'attitude du
ministère lorsqu'une telle demande lui est formulée par un
cultivateur qui est exactement dans la même situation difficile qu'un
ouvrier?
M. LAFRANCE: Le député de Lotbinière sait combien
il est difficile évidemment d'évaluer le cas d'un cultivateur qui
fait une demande d'assistance chômage. Nous avons un comité
spécial composé de deux ou trois agronomes, je crois, et de plus
en plus nous avons élargi les règlements afin de faire profiter
le plus possible les cultivateurs. Je ne sais pas si le député de
Lotbinière est dans la même situation que le député
de Richmond.
Au cours de l'hiver dernier je faisais du bureau et des cultivateurs que
je connaissais depuis 25, 30 ans qui avaient combien, une trentaine de vaches;
au moment où leurs vaches ne produisaient pas de lait, eh bien, ils
voulaient se mettre sous l'assistance-chômage. Ils ne sont pas tous comme
ça évidemment mais c'est pour ça que c'est un cas bien
particulier.
M. BERNATCHEZ: Je comprends qu'il s'agit d'un cas particulier. Il faut
établir si réellement la personne est dans une situation
difficile. Seulement, j'ai vu une circulaire qui était adressée
aux inspecteurs ainsi qu'aux agronomes et dans laquelle on laissait entendre
assez clairement que le cultivateur n'était pas éligible à
cette assistance. Si...
M. LAFRANCE: Cela a été corrigé.
M. BERNATCHEZ: ... le cultivateur était mal pris c'est parce que
c'était une personne qui ne s'occupait pas de son affaire.
J'ai trouvé que les explications n'étaient pas acceptables. Et
d'ailleurs mon intervention, n'a pas précisément pour but de
viser les cas de cultivateurs établis. Je voudrais faire un
rapprochement avec la situation difficile dans laquelle se trouvent les
cultivateurs débutants dans les paroisses de colonisation. Nous
admettons facilement qu'un jeune défricheur qui est établi sur un
lot qui a 10, 15 ou 20 argents en culture, 25, 40 arpents même, avec
quelques têtes de bétail ne peut pas retirer de son exploitation
agricole les revenus pour faire Vivre convenablement sa famille. Or, dans le
passé au ministère de la Colonisation, il y avait
précisément un budget spécial qu'on appelait « Les
secours aux colons » et lorsqu'un colon était dans une situation
difficile, le Comité diocésain de la colonisation et les
employés du ministère étudiaient son cas, st on accordait
momentanément pour une période de temps X de subventions à
ce colon.
De même lorsqu'il s'agissait, par exemple, Je faire des
constructions, là encore, pour venir en aide au colon, on lui accordait
une subvention pour lui permettre de passer à travers ses
dépenses capitales. Mais ce budget d'aide aux colons a été
aboli précisément en nous affirmant que la loi
d'assistance-chômageprévoi-rait ces cas.
Or, chez nous, dans le comté de Lotbinière, nous avons des
paroisses de colonisation et je sais combien de difficultés les colons
rencontrent pour obtenir de l'aide absolument nécessaire. D'abord on les
refuse presque automatiquement, en vertu de cette loi, et on les envoie au
Service familial de la Rive-sud. Malgré leur bonne volonté, on
n'a pas, à ce bureau, le personnel voulu: les enquêtes prennent du
temps et les réponses se font attendre. Il y a des gens dans le besoin
qui ont formulé des requêtes, des demandes il y a trois mois,
quatre mois, cinq mois et qui sont encore à attendre la réponse.
S'il s'agissait de gens qui ne sont pas dans le besoin, bien, mon Dieu! ils
pourraient attendre. Mais lorsque l'on formule une demande, que l'on est
qualifié pour avoir de l'aide et qu'il faut attendre, quatre, cinq mois
avant d'avoir la réponse favorable et obtenir les secours voulus, je
dois dire au ministre que cela crée, dans ce milieu, une
atmosphère déprimante et le découragement.
Est-ce que les instructions ont été données pour
admettre, en vertu de la loi de l'assistance-:
chômage (ne parlons pas des cultivateurs, il peut y avoir quelques
cas particuliers, parlons surtout du colon), admettre à
bénéficier de cette loi les colons qui ont besoin d'aide, besoin
de secours pour subvenir aux besoins de leur famille.
M. LAFRANCE: Disons d'abord, M. le Président, que le gouvernement
était lié encore par cette entente qui a été
signée en juillet 1959. De cette entente, les fermiers étaient
exclus. J'ai ici les règlements qui ont été publiés
en mai 1960. Et on dit ceci: « Est éligible à des
versements d'assistance, un adulte non à charge. » Mais là,
on disait; « les fermiers employables dont le pricipal revenu provient
d'un emploi saisonnier », ces personnes-là étaient exclues.
Mais, depuis ce temps-là, nous avons élargi les règlements
et je dois dire au député de Lotbinière que des centaines
et des centaines de cultivateurs profitent de l'assistance-chômage
à l'heure actuelle. Il s'agit de cas bien particulier.
Le député vient de me parler de personnes qui ont fait des
demandes il y a trois, quatre, cinq mois, sans avoir eu d'assistance. Cela,
hélas, il y en aura toujours. Je voudrais bien que le
député, cependant, attire notre attention sur ces cas-là.
C'est beaucoup plus expéditif aujourd'hui. Je voyais les critiques qui
sont faites à l'heure actuelle, aux Etats-Unis: dans certains
états américains, on disait justement qu'il fallait signer 36
documents avant de toucher le premier chèque. Alors, on n'en est pas pas
à ce point dans la province de Québec. Le député
reconnaîtra que c'est beaucoup plus expéditif et cela va continuer
à s'améliorer.
Alors, les cultivateurs, aujourd'hui, en bénéficient. Nous
en avons des centaines. Nous sommes obligés de tenir compte de leur
logement, du chauffage, de la nourriture, d'une foule de choses. Et nous avons
des personnes qui sont particulièrement qualifiées pour faire
cette évaluation-là dans la personne d'agronomes.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. JOHNSON: Non, M. le Président. Je voudrais dire au ministre,
sans méchanceté, que, malgré les sommes
considérables que nous votons au chapitre de l'assistance sociale sous
toutes ses formes, on n'a pas l'impression que le problème de la
pauvreté est réglé. On n'a pas l'impression qu'il y a un
progrès de base. Ce n'est pas évidemment la faute du
ministère. Ce n'est pas la faute du ministre de la Famille et du
Bien-Etre si la planification dans l'établissement des industries et la
planification dans les dépenses de la province n'est pas faite
adéquatement.
Mais, même à l'intérieur de son ministère, on
n'a pas l'impression que c'est réellement organique ça. On n'a
pas l'impression que c'est réellement structuré de façon
à rencontrer les besoins tels qu'on les connaît. Sans pouvoir
mettre le doigt sur ce qui fait exactement défaut, il semble qu'on est
constamment à reprendre les formules, les enquêtes, changer les
barèmes. On ne semble pas avoir une politique réellement claire,
définie, qui réglerait le problème du moins en grande
partie, ce problème de la pauvreté, ce problème
d'assistance à ceux qui ne peuvent pas régler, qui ne peuvent pas
pourvoir à leurs propres besoins.
Il y aura toujours dans la société une certaine proportion
de gens qui ne pourront pas subvenir à leurs besoins par leur travail
où leur activité, mais il me semble que pour ceux là on
devrait et je pense qu'on est en train de le faire, avoir une loi organique qui
règlerait ce problème. Quant à l'autre problème,
celui des aptes au travail mais temporairement sans emploi, le problème
dépasse, je l'admets, la responsabilité du ministre de la
Famille, sauf en sa qualité de membre du cabinet où il doit
influencer la politique générale.
Il est assez intéressant de comparer ce qui se passe ici avec un
pays voisin les Etats-Unis. On sait que l'administration fédérale
actuelle a lancé une grande campagne contre la pauvreté et on a
procédé par exemple en diminuant les impôts et en passant
certaines législations qui viendraient en aide aux régions
sous-développées. Ici on augmente les impôts, comme j'ai
déjà eu l'occasion de le dire, et loin d'aider les régions
sous-développées, on les taxe davantage, on taxe les sections
rurales...
M. LAFRANCE: A l'ordre. M. le Président, le chef de l'Opposition
est injuste, et il relève des débats qui sont venus sans
«esse devant la Chambre et ce qu'il dit là, il sait que ce n'est
pas conforme aux faits.
M. HAMEL (St-Maurice): Le débat est fini hier seulement. Il doit
s'en souvenir.
M. JOHNSON: Non, non, mais je situe évidemment la suggestion que
je veux faire et les remarques...
M. LAFRANCE: Il répète des choses qu'il va nous obliger de
relever.
M. JOHNSON: M. le Président non, non!î Que le ministre me
réponde par exemple d'abord. Est-ce qu'il a lu le livre de Michael
Harrington sur « The Other America » et est-ce qu'il a eu
l'occasion de se rendre compte qu'aux Etats-Unis par exemple ça
ressemble beaucoup à la situation ici au Canada? Il semble que cet
état,« The welfare state » comme on dit, n'a pas
réellement atteint le but qu'on se proposait et vous me permettrez de
citer tout juste un passage de ce livre de Michael Harrington «The Other
America » un livre récent et qui se lit comme suit: « The
persistence of U.S, poverty is parodoxical in view of thirty years of new deal
and post-new deal legislation, social reforms that were supposed to help the
one third of a nation that is ill-clothed, ill-housed and ill-fed in the words
of President Franklin D. Roosevelt, apart from such direct welfare measures, as
aid to dependant children and old age assistance most of the new deal and
post-new deal social legislation as it worked out did'nt help the poor as much
as intended, says Harrington, of the so called « welfare state »
its creation has been stimulated by mass impoverishment yet it has helped the
poor least of all. Laws like Employment Compensation, the Wagner Act, the
various farm programs all these were designed for the middle third in the
cities or the organized workers and for the big market farmers. In this sense
he points out the welfare state benefits lease those who need help most.
»
M. le Président, il semble qu'il est temps de repenser au niveau
provincial, comme au niveau fédéral tout ce problème du
bien-être de la population, quant à cette partie des inaptes, des
invalides. On est en train d'y voir, d'après les assurances que le
ministre nous a données, mais je n'ai pas encore l'assurance du ministre
qu'on a réellement attaqué le problème de ceux qui sont
capables de pourvoir à leurs besoins, mais qui n'ont pas l'occasion de
le faire par manque de planification dans notre économie et manque de
planification dans nos dépenses publiques et je demanderais au ministre
de pousser sur le cabinet pour que ça se fasse le plus tôt
possible, autrement, nous le ferons.
M. LAFRANCE: M. le Président, je voudrais juste relever
brièvement ce que vient de dire le chef de l'Opposition. Il dit qu'il
n'a pas l'impression que le problème de la pauvreté est
réglé. C'est évident M. le Président que nous ne
pourrons jamais hélas régler le problème de la
pauvreté. Et nous constatons qu'aux Etats-Unis après 35 ans
d'effort, après avoir mobilisé tous les argents de l'Etat qu'on
n'a pas réussi. Bien au contraire, je crois que la situation des
Etats-Unis est pire que celle qui existe dans la province de Québec
à l'heure actuelle. Mais, ce n'est pas une raison, ce n'est pas une
excuse pour ne rien faire et le gouvernement actuel, je l'ai dit tout
à l'heure a tout mobilisé. Nous commençons à
connaître les résultats puisque c'est la province qui accuse la
hausse la plus forte de nouveaux emplois, soit 7.2% comparativement à
2.1% par exemple pour les prairies. M. le Président la province de
Québec...
M. JOHNSON: Bien oui, il n'y en a pas de chômage dans les
prairies. Qu'on arrête donc de faire des comparaisons aussi fausses.
M. LAFRANCE: M. le Président, le chef de l'Opposition
reconnaîtra qu'à l'heure actuelle dans la province de
Québec, nous faisons face à une époque de transition,
entre une économie rurale et une économie de comptant.
M. JOHNSON: Cela fait 35 ans que c'est commencé ça.
M. LAFRANCE: Nous mettons sur pied des projets de plus en plus.
D'ailleurs nous en avons mis, nous en mettrons d'autres sur pied, des
projets-pilotes, en collaboration avec les ministères de l'Agriculture
et de la Colonisation pour ajuster des niveaux d'assistance d'une façon
humaine et sans stéréliser les efforts individuels.
Alors, le chef de l'Opposition sait très bien qu'il ne peut pas
nous reprocher de ne pas faire de planification. D'ailleurs il nous a
reproché à certains moments de faire trop de planification et il
sait très bien que ce n'est pas uniquement la responsabilité du
provincial.
D'ailleurs le Rapport Boucher le dit bien, la responsabilité du
plein emploi ne relève pas du ministère de la Famille, mais de
l'ensemble de l'administration gouvernementale fédérale,
provinciale, municipale, entreprises privées et citoyens. Et
aujourd'hui, en 1964, la province reconnaît enfin ses
responsabilités en ce domaine, et la province l'a
démontré, je le répète, on a. tout mobilisé,
tous les services, tousles efforts, toutes les connaissances et les ressources
pour résoudre ce problème et déjà nous connaissons
des résultats. Il y en a qui viennent de s'annoncer, il y en a d'autres
qui s'en viennent. Le chef de l'Opposition sait bien que ça ne peut pas
se faire du jour au lendemain, c'est une chose de longue haleine. Je suis
heureux qu'il insiste, mais qu'il ne nous reproche pas de ne rien faire et de
manquer de planification. Jamais il n'y en a autant eu.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. JOHNSON: Mais il est temps que le gouvernement le prouve qu'il y a de
la planification, il est temps qu'il nous montre des résultats, il y a
quatre ans que cette équipe est au pouvoir...
M. LAFRANCE: Il yena des résultats, le chef de l'Opposition ne
veut pas les voir.
M. JOHNSON: Les résultats auxquels a fait allusion tantôt
le ministre ne sont pas probants, il parle des dernières statistiques
sur le chômage, et il ne prend que l'augmentation du nombre d'emplois de
cette année par rapport à l'année dernière, dans un
mois déterminé...
M. LAFRANCE: Comparativement aux autres provinces.
M. JOHNSON: II compare ça aux Prairies, où il n'y en a pas
de chômage...
M. LAFRANCE: Et l'Ontario, il y en a du chômage!
M. JOHNSON: ... Où on a atteint le plein emploi, ou pratiquement
le plein emploi dans certaines provinces. Il y a un moyen radical d'atteindre
le plein emploi, c'est de permettre l'émigration, ou des conditions
telles que la population n'augmente pas. C'a été le cas d'une
province dont on a parlé récemment, et il ne faudrait pas que
cela nous arrive dans Québec, et c'est ce qui va nous arriver dans
Québec si on n'y voit pas le plus tôt possible, si on ne fait pas
d'aménagement régional. Je ne veux pas revenir là-dessus,
le député de Montmagny, hier, a donné sept moyens de
régler ce problème, sept suggestions très pratiques,
très bien pensées, et je ne veux pas y revenir. Mais je
répète au ministre qu'il est temps qu'il nous convainque que le
gouvernement actuel ne fait pas seulement des études; le ministre dit
tout le temps :« Bien, nous faisons, nous mobilisons tout, nous faisons
tout notre possible, nous coordonnons le mieux possible. » Bien, si c'est
ça votre possible, il est temps qu'on change d'équipe, parce que
votre possible ne semble pas donner les résultats
désirés.
M. LAFRANCE: J'ai l'impression que c'est un dialogue de sourds. Si le
chef de l'Opposition ne veut pas se rendre compte devant
l'évidence...
M. JOHNSON: Quelle évidence?
M. LAFRANCE: ... C'est dans la province de Québec où il y
a le plus de nouveaux emplois dans tout le Canada à l'heure actuelle, et
j'ai démontré également chez les aptes au travail, une
diminution constante d'environ $100,000 jusqu'à $293,000 en un seul
mois. Alors, il me semble que le chef de l'Opposition devrait s'incliner au
moins devant ces faits qu'il ne peut pas contredire. Alors, je ne voudrais pas
que ce soit un dialogue de sourds, quant à moi, j'ai dit ce que j'avais
à dire.
M. JOHNSON: Non, non, mais ça fait des années, au moins
quatre ans, (le premier ministre prétend que c'est avant ça) que
nous avons le championnat du chômage; c'est encore dans Québec
qu'on a le plus de chômage, proportionnellement, sauf les provinces
maritimes à certains mois de l'année. Le ministre ne me
convaincra pas, en interprétant à sa façon les
dernières statistiques, fussent-elles publiées dans «
Montréal-Matin » ou n'importe queljournal; ce n'est pas là
qu'on juge le problème. Que le ministre aille donc dans le Bas du
fleuve, qu'il aille dans Dorchester, dans l'Islet, dans Montmagny, dans
Bellechasse, dans Rivière-du-Loup...
M. LAFRANCE: Je n'ai pas besoin d'y aller, j'ai les dossiers en
haut,
M. JOHNSON: ... Qu'il aille dans toutes ces régions et il verra
que les améliorations statistiques, ça n'a rien
réglé dans ces coins-là au contraire. Qu'il aille donc
à Thetford, M. le Président, il verra la situation; qu'il sorte
des régions favorisées. Ilya actuellement, malgré
certaines améliorations dans l'embauchage, des facteurs attribuables qui
ne sont pas toutes des initiatives du gouvernement, loin de là, il y a
malgré certaines améliorations, des poches de chômage, des
régions de paupérisme qui ne voient pas encore venir de
remède, qui ne sentent pas encore qu'on s'occupe d'elles d'une
façon efficace. Il y a quatre ans, je le répète, que
l'équipe actuelle est au pouvoir, et il me semble qu'au bout de quatre
ans, elle devrait avoir autre chose à montrer que des statistiques pour
un mois en particulier au sujet de l'augmentation du nombre d'emplois.
Le ministre devrait, au contraire, nous donner l'assurance qu'il est
entouré de gens compétents, et que ces gens vont mettre au point
une politique et que le Cabinet va l'exécuter. Car ce n'est pas tout
d'avoir des rapports, d'avoir des mémoires d'experts, il faut
également passer à l'action. Et jusqu'ici, les actions dont on se
vante sont les actions des autres et non pas les actions du gouvernement, si on
excepte évidemment certaines dépenses capitales qui sont plus
considérables qu'autrefois, même pas en proportion du budget plus
considérable
qu'autrefois cependant, je cherche en vain ce que le gouvernement fait
comme solution à moyen terme ou à court terme. Certaines
initiatives auront, je l'espère, un effet dans 25, 30 ans, mais d'ici
là, il y a bien des paroisses qui vont se vider, des villes qui vont
mourir, et toute une génération qui sera sacrifiée.
C'est à ceux-là que je pense, c'est à
ceux-là que le gouvernement devrait s'appliquer d'apporter une solution
le plus rapidement possible, et ne pas attendre des rendements de certaines
initiatives à long terme. Le ministre ne me convaincra pas qu'il a
raison, j'ai l'impression que je ne le convraincrai pas que j'ai raison de mon
côté, mais je suis bien convaincu pour ma part que dans la
région du Bas du Fleuve, dans Saguenay, dans Matane, dans Dorchester
pour ne mentionner que ces trois endroits, la situation économique est
loin d'être améliorée.
M. HAMEL (St-Maurice): II y a plusieurs comtés qui n'ont pas de
député actuellement, ça se limite à ça.
M. GERARD LEVESQUE: On aura probablement l'occasion de revenir sur ce
sujet lorsque les crédits de mon ministère seront
étudiés mais je veux simplement attirer l'attention de la Chambre
sur l'inexactitude de certains propos que tient présentement le chef de
l'Opposition. Je veux simplement enregistrer ma dissidence car j'aurai
l'occasion au cours de l'étude de mes crédits ou dans un autre
moment de démontrer ce que la province fait pour lutter efficacement
contre le chômage.
Il ne s'agit pas pour le chef de l'Opposition, il ne devrait pas le
faire, de faire une revue de tout ce qu'il peut trouver de moins optimiste, de
moins brillant dans l'économie. Je comprends que son rôle, tel
qu'il le conçoit, l'amène à faire de telles descriptions,
mais les responsabilités du gouvernement, on l'admettra, sont
différentes et le gouvernement a su prendre ses responsabilités,
et j'aurai l'occasion de démontrer de quelle façon le
gouvernement a pris ses responsabilités et de quelle façon le
gouvernement continue et entend continuer de les prendre, et à ce
moment-là on verra qu'il y a des régions qui
nécessairement à cause de la géographie, je ne
voudrais pas tomber dans la partisanerie en ce moment-ci puis dire ce que
peut-être il sera encore plus vrai à cause de la négligence
de ceux qui nous ont précédés, mais disons à
cause de la géographie, disons à cause de certains facteurs qui
sont inhérents à la distance, qui sont inhérents aux
moyens de communication plus difficiles, eh bien, à cause de ces
faits-là et à cause également d'une population
dissé- minée sur un territoire très vaste, il y a des
régions qui ont peut-être plus besoin de cette action
gouvernementale que nous voulons apporter d'une façon efficace; et plus
que jamais cette action-là se fait sentir dans ces
régions-là.
Je ne veux pas insister davantage mais on le sait fort bien; et le chef
de l'Opposition le disait il y a un instant, lorsqu'il admettait que le
problème était encore plus crucial du côté maritime;
et c'est évident, nous avons dans la province de Québec deux
territoires, si l'on peut diviser la province comme ça. Il y a le
territoire de l'Ouest qui est probablement celui où le chômage est
le moins grand du Canada, mais il y a cette région qui s'apparente aux
maritimes où nous avons des difficultés et s'est sur cette
région-là et dans cette région-là que nous allons
apporter le plus d'attention. C'est cette région-là qui a
été la région-pilote de tous les ministères du
gouvernement à incidence économique. C'est là que nous
avons fait porter la majeure partie de nos efforts. Nous ne nous attendions pas
à avoir des résultats immédiats, et malgré cela,
malgré le fait que nous n'attendions pas de ces résultats
immédiats, nous avons eu des résultats immédiats. Dans
plusieurs secteurs nous avons connu des succès que l'Opposition à
certains moments tente de diminuer, lorsque le chef de l'Opposition par
exemple, faisant une revue de ce qui se passe en Gaspésie semble dire:
il se passe trop de choses dans un tel comté comparativement à un
tel autre. Mais lorsque l'on songe que, il n'y a pas si longtemps, il ne se
passait rien, eh bien je dis qu'il y a là du progrès et du
progrès que nous voulons voir continuer. Nous voulons voir cette
région de l'est du Québec qui à cause de certaines
raisons, a plus de difficultés à connaître un avenir
meilleur.
J'aurai l'occasion, je le répète, de revenir sur ce sujet,
si on m'en donne l'occasion au cours de l'étude de mes
crédits.
M. JOHNSON: Le ministre peut y compter. Nous lui fournirons l'occasion.
Il pourra aussi nous expliquer comment il se fait que dans Matapédia par
exemple il y avait deux moulins, qu'on les a enlevés tous les deux, pour
aller dans le comté du ministre, dans Bonaventure. Le moulin de Lacroix,
à Causapscal, est rendu dans le comté de Bonaventure et
j'apprends que le moulin de Ulric Leblanc est en train d'émigrer encore
dans le comté de Bonaventure. Alors, si c'est sa notion de la
planification, tout chez nous et rien chez le voisin, M. le Président,
on ne marchera pas nous. Le ministre pourra nous expliquer ça à
ce moment-là.
Je pense bien que le député de Matapédia n'a pas
l'intention de demeurer en politique autrement il ne se laisserait pas
déshabiller de cette façon-là.
M. ALLARD: Il va tenir des assemblées.
M. JOHNSON: Mais, le ministre a raison. Ce n'est pas le temps de
discuter de tout ce problème, mais c'est tellement relié au
bien-être. Vous savez l'activité économique ne doit pas
être recherchée en soi. Elle doit être recherchée en
fonction du bien-être de la population et c'est pour ça qu'on en
parle à ce moment-ci. Et le bien-être de la population ça
commence d'abord pas l'occasion de travailler, le plein emploi et on n'a pas vu
encore d'initiatives proprement gouvernementales. Ah! On va se vanter d'une
usine qu'il y a ici. Evidemment le premier ministre était tellement
habitué d'en voir sortir des usines qu'il est heureux d'en voir rentrer
une. Je ne le blâme pas. Nous aussi nous sommes heureux de voir que
l'exode est en partie compensé par une nouvelle usine. Tant mieux et
j'espère qu'il y en aura trois ou quatre autres. Mais nous avons...
M. COURNOYER: Dans Richelieu, il y en a cinq.
M. JOHNSON: Oui, toutes dues à un développement à
Havre St-Pierre fait en 1954, M. le Président.
M. COURNOYER: Jamais de la vie...
M. JOHNSON: Au lac Allard.
M. COURNOYER: Jamais.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. JOHNSON: Toutes dues au développement de la Iron Ore,
développement de Havre St-Pierre, Quebec Iron and Titanium.
M. COURNOYER: Jamais.
M. JOHNSON: Cela, ce sont les industries installées à
Sorel et le ministre parle de Laurier. Il fait des bénédictions,
des inaugurations, des cocktails et le gouvernement...
M. COURNOYER: Ah, pas du tout.
M. JOHNSON: ... se vante alors qu'il était...
M. LAFRANCE: Item 8.
M. JOHNSON: ... le premier à nous critiquer vertement à
cause précisément de ces développements que nous avons
faits sur la Cote Nord et je voudrais dire très brièvement au
ministre de la pseudo-planification, celle qui ne se fait pas, mais qui devrait
se faire, le ministre de l'Industrie et du Commerce, que nous avons ouvert sur
la Côte nord l'endroit le moins hospitalier de la province
nous avons ouvert le territoire et nous avons créé en dix ans, de
1950 à 1960, le ministre pourra vérifier avec ses experts,
au moins 12,000 emplois permanents. Il s'est investi là
$2,000,000,000 sur la partie la moins hospitalière de toute la Haute
Cote nord, la Basse Cote nord à partir de Québec.
M. LAFRANCE: Ce ne sont pas les crédits de l'Industrie et du
Commerce. Pas en ce moment! ça fait plusieurs fois qu'il en est
question; on multiplie...
M. JOHNSON: Bien oui. On se vante, M. le Président, d'avoir un
moulin à scie de plus dans le comté de Bonaventure ou deux
moulins qui emploient 60 hommes ou 100 hommes, alors qu'on avait 10,000
employés. Notre erreur a été de ne pas faire de
publicité dans le temps, de ne pas faire de gros « shows ».
S'il avait fallu, M. le Président, faire venir les unités mobiles
de T.V. pour alerter l'opinion publique et tous les journaux comme on l'a fait
pendant deux jours, on aurait eu les journalistes tout le temps au Parlement.
Ce n'est pas malin parce qu'il en partait une par jour une industrie pendant 10
ans, M. le Président, dans cette province. Mais ça
n'empêche pas qu'on est heureux d'en voir arriver, puis chaque fois que
le gouvernement voudra en annoncer, tant mieux.
UNE VOIX: Cela doit faire mal.
M. JOHNSON: Et si le gouvernement contribue à les faire venir
ici, tant mieux. Ce que tout le monde recherche, gouvernement comme opposition,
c'est de l'emploi pour nos gens et dans un genre d'industrie qui sera
rémunérateur. Nous n'avons aucune objection à ça,
au contraire; mais que le gouvernement fasse si peu d'oeuvre qu'il en est rendu
à devoir se parer des oeuvres des autres, ça, c'est la limite et
c'est ça que je ne peux pas admettre. A tout événement
quant à moi j'avertis le ministre de l'industrie et du Commerce qu'il se
prépare, nous nous sommes préparés.
UNE VOIX: Nous sommes habitués à des avertissements.
M. JOHNSON: Ah, oui. On vous prend pas en traître.
UNE VOIX: Adopté.
M. COURNOYER: D'ailiers c'est l'Evangile: « estate parati ».
(soyez prêts)
M. BOUDREAU: M. le Président, avant d'adopter
définitivement l'item numéro 8, je voudrais dire au ministre que
selon les discussions qui viennent d'avoir lieu, eh bien nous admettons tous
que le chômage qui nécessite un si gros budget est une plaie qui
ne guérira jamais. Même si les budgets montent davantage, je pense
que ça ne se guérit pas avec des sommes d'argent. Le
chômage évidemment se guérira avec les efforts que, tous,
nous allons déployer, le gouvernement en particulier.
M. LE PRESIDENT: Subdivision 9, « Allocations aux mères
nécessiteuses ».
M. BOUDREAU: Numéro 9, allocations aux mères
nécessiteuses. Il y a une réduction considérable qui a
été...
M. LAFRANCE: Il y a eu tout un débat, ça été
expliqué au débat lors de l'augmentation du $10, de $75 à
$85. Je peux bien donner l'explication de nouveau au
député...
M. BOUDREAU: Non, non, je ne demande pas,... je comprends l'explication
que vous avez donnée tout à l'heure...
M. LAFRANCE: On a transféré 5,000 cas de mères
nécessiteuses à l'item numéro 8, c'est la raison.
M. LE PRESIDENT: Subdivision 10, « Allocations aux
élèves âgés de 16 à 18 ans. »
M. LAFRANCE: Je dois dire tout de suite, M. le Président, qu'il y
aura un amendement à la loi qui sera présentée au cours de
la session et à ce moment-là nous aurons amplement l'occasion de
discuter à fond tout ce problème.
M. LE PRESIDENT: Subdivision 11, «Allocations aux personnes non
employables placées en institutions ou en foyers pour soins
spéciaux. »
M. CHARBONNEAU: Voici, M. le Président, c'est un renseignement
que j'aurais voulu avoir du ministre. J'ai été informé en
fin de semaine d'une persoone qui est presque totalement aveugle qui me disait
qu'elle avait reçu dans le mois d'avril une note du gouvernement ou une
lettre, je ne suis pas trop certain, qui disait que le
gouvernement de la province a décrété une augmentation de
taux de l'allocation à l'assistance de vieillesse aux aveugles et l'aide
aux personnes invalides.
Le dernier paragraphe mentionnait: « Nous aimons croire que par
cette augmentation vous pourrez mieux satisfaire à vos besoins
essentiels de subsistance. » C'était signé par la
Commission des allocations de Québec.
Quand la personne a reçu son chèque au début
d'avril, les dirigeants de l'institution lui ont fait endosser son
chèque comme d'habitude et elle a demandé si elle avait
l'avantage d'avoir son $10 en question et puis'on lui a fait donner
l'information que ce $10 était retourné; je ne suis pas certain
si c'est au Bien-Etre social ou à la Commission des allocations et,
chose étrange, c'est que la même chose est arrivée aussi en
1962, sauf me racontait-elle, qu'on lui avait alors laissé $3 sur son
$10, mais en 1964 on l'a complètement gardé. Alors je me
demandais s'il était possible que ça retourne au gouvernement,
à la Commission, au Bien-Etre social ou si par hasard ce serait un
prétexte invoqué par l'institution pour garder l'argent.
M. LAFRANCE: M. le Président, voici la situation. Le
député de Montréal-Ste-Marie fait allusion en ce moment
à un cas qui nous a amené de nombreuses représentations
à travers la province. Plusieurs personnes qui sont en institution
espéraient que, avec la hausse de la pension, le montant qui leur est
laissé serait augmenté également. Le montant qui est
laissé à l'heure actuelle est $15 et c'est la province la plus
généreuse. J'ai fait un relevé des montants qui sont
laissés en institution dans les autres provinces et je crois que le
maximum est $8 ou $9 seulement. Alors, quand on sait que toutes les
dépenses sont payées par l'institution, je crois que le montant
de $15 devrait suffire. Alors nous avons décidé de maintenir
à $15 le montant remis à la personne qui était en
institution.
M. CHARBONNEAU: Ce qui veut dire, M. le ministre, si je comprends bien
que...
M. LAFRANCE: C'est diminué sur le « per diem » parce
que la province fournit toujours, pour une personne qui est en institution, un
certain montant.
M. CHARBONNEAU: La personne elle-
même ne se trouve pas à bénéficier du $10 de
plus; elle en bénéficie si elle a des besoins indirects autrement
dit; c'est ça?
M. LAFRANCE: Pardon? Je ne saisis pas.
M. CHARBONNEAU: Si je comprends bien, la personne elle-même ne se
trouve pas à toucher le $10 dans les circonstances, c'est
retoarné au gouvernement; c'est ça?
M. LAFRANCE: Oui.
M. CHARBONNEAU: Merci.
M. LE PRESIDENT: Article 11 adopté. Article 12; «
Assistance à l'enfance ».
M. BOUDREAU: Une augmentation de $5,000,000.
M. LAFRANCE: Pardon?
M. BOUDREAU: Assistance à l'enfance, il y a une augmentation de
$5,000,000. Est-ce qu'il y a quelque chose de particulier?
M. LAFRANCE: Eh bien! la seule raison, c'est que de plus en plus il se
fait des placements d'enfants. C'est un lieu commun, je crois, de dire que
notre société subit à l'heure actuelle de profonds
chagements sociaux et ces changements sont facilement perceptibles à
moyen et à longs termes. Ils se produisent cependant à court
terme.
Nous en avons un exemple dans le cas de l'accélération du
placement d'enfants en vertu de l'assistance publique. Cette
accélération est le résultat d'une liberté plus
grande des mères de famille à se faire soigner à
l'hôpital aussi bien que de l'usage plus fréquent qui est fait par
les médecins des ressources hospitalières; la mère de
famille étant absente du foyer pour cause de maladie, il est
nécessaire aux familles de faire appel aux ressources de l'Etat dans une
plus grande mesure que ce n'aurait été le cas autrefois, alors
que la parenté était disposée, capable d'aider; la
socialisation du secteur des hôpitaux et l'encouragement apporté
à l'activité syndicale dans le milieu hospitalier et
éducatif: cette activité syndicale se propage rapidement aux
institutions de bien-être qui ont maintenant à faire face à
des coûts d'administration plus élevés.
Il faut ajouter que notre peuple semble traverser une crise de
désorganisation familiale où les conflits entre enfants et
parents et entre les époux sont plus nombreux que jamais; ces conflits
amènent l'Etat à intervenir pour la protection des enfants.
L'augmentation des dépenses au titre de l'enfance semble
profondément reliée aux changements sociaux dont nous sommes les
témoins et qui affectent la famille et la société toute
entière. C'est une note qui m'avait été
préparée par mes officiers. Je crois qu'elle résume bien
la raison de cette augmentation du placement des enfants. Il faut le
déplorer.
S'il fallait écouter tous les parents qui veulent
démissionner devant leurs responsabilités et placer leurs
enfants, nous n'aurions pas suffisamment d'institutions pour les recevoir. Mais
quand il y a le décès du père ou de la mère,
surtout de la mère, évidemment, ou quand pour toutes sortes de
raisons, surtout la séparation des époux, je crois que
c'est une des principales causes nous sommes obligés de mettre des
enfants en institution, en protection.
M. BOUDREAU: Alors est-ce que tout ça est administré par
le Bureau de la sauvegarde de l'enfance? Est-ce que ces subventions-là
qui sont données à l'assistance à l'enfance passent par le
Bureau de la sauvegarde?
M. LAFRANCE: C'est administré par la sauvegarde et les agences
sociales.
M. BOUDREAU: Administré par la sauvegarde.
M. LAFRANCE: Oui.
M. BOUDREAU: Bon. J'ai rencontré un cas chez nous. Je ne sais pas
si ça entre dans cet item-là. Une famille nombreuse et pauvre de
chez nous; à un moment donné, la mère tombe gravement
malade; on est obligé de la transporter à l'hôpital; il y a
là-dedans une dizaine d'enfants d'âge scolaire, ça veut
dire à peu près de 1 à 12, 13 ou 14 ans.
Le père travaille comme journalier. Ils sont mal logés.
Ils ne peuvent trouver personne pour venir prendre soin des enfants. C'est le
père qui est obligé de perdre son temps, perdre du temps de son
travail pour aller prendre soin des enfants à la maison. Ils ont
essayé de trouver quelqu'un qui viendrait rester avec les enfants, mais
personne ne veut y aller avec une famille nombreuse où on manque de
tout. Je m'en suis occupé moi-même. J'ai essayé de trouver
quelqu'un. J'ai appelé au service. On n'y est pas allé. Personne
n'est allé les voir ou constater les faits à cet
endroit-là. Et je sais qu'il y a eu de la misère. Le cas est
peut-être réglé, je n'en ai pas
entendu parler depuis un mois. C'est pour ça qu'à cet
item-là, ça m'est revenu à la mémoire ce
cas-là.
M. LAFRANCE: Je crois que, dans ces cas, on doit s'adresser au Service
familial de Québec qui s'empresse toujours de se rendre sur les lieux.
Mais ce sont des cas qui se présentent de temps à autre, des cas
très pitoyables, et nous essayons d'être aussi large que possible,
aussi généreux. Et je dois dire, pour l'information du
député de St-Sauveur, que dans les cas spéciaux que nous
passons à l'Assistance sociale, nous accordons chaque semaine un montant
pour de3 aides familiales afin de maintenir las enfants à la maison au
lieu de les placer à l'institution. De moins en moins nous avons
l'intention de placer les enfants en institution, en orphelinat. Et je dois
dire que notre but, c'est de nous libérer des orphelinats afin de placer
plutôt les enfants dans des foyers nourriciers, les garder dans un milieu
familial. Alors, dans le cas auquel fait allusion le député de
St-Sauveur, il n'avait qu'à s'adresser au Service familial de
Québec...
M. BOUDREAU: Je l'ai fait. Je me suis adressé...
M. LAFRANCE: Le député aurait dû attirer mon
attention. Parce que le Service familial s'empresse...
M. BOUDREAU: Je me suis adressé à un endroit où
j'ai toujours trouvé de la bonne volonté mais, à ce
moment-là, ça n'a pas marché, malgré deux ou trois
appels consécutifs.
UNE VOIX: Adopté.
M. BOUDREAU: Oui, adopté.
M. LE PRESIDENT: 13- « Contributions et subventions ».
M. BOUDREAU: Ces contributions et subventions sont payées
à qui? Est-ce que le ministre pourrait nous dire ça?
M. LAFRANCE: L'augmentation de cier 1963- 1964 et 1964-1965 est
motivée par l'accroissement des subventions spéciales pour fins
de constructions, d'agrandissements, de réparations et
d'équipement dans diverses institutions d'assistance publique relevant
du ministère de la Famille et du Bien-être social.
Et le député me demande à qui sont payées
ces subventions? Est-ce qu'on a une liste ici? Oui. Par exemple la
Crèche d'Youville de Montréal, l'Orphelinat St-Georges de
Joliette, l'Orphelinat St-Joseph de Waterville, l'Orphelinat italien de
St-Joseph de Montréal, l'Orphelinat Notre-Dame-des-Monts de Llsbourg,
l'Orphelinat Notre-Dame-des-Champs de Sully, la Société
d'adoption et de Protection de l'enfance de Montréal, Ville-Joie
St-Dominique de Trois-Rivières, le Foyer St-Henri de Montréal,
Ville-Joie du Rosaire du Cap-de-la-Madeleine, l'Institut Louis Braille de Ville
Jacques-Cartier, la Providence de St-Joseph de Joliette, les Instituts
Dorés du « Franklin Centre », le Foyer St-Antoine Inc. de
Québec, et tant an lot de services sociaux que je pourrais
énumérés.
M. LE PRESIDENT! Article 4: « Comité d'étude et
d'information sur l'alcoolisme.».
UNE VOIX: Adopté.
M. JOHNSON: Qu'est-ce que le ministre a à montrer
là-dessus depuis un an?
M. LAFRANCE: M. le Président, je crois qua le chef de
l'Opposition aurait pu se rendre compte de ce que j'ai à montrer. Nous
avons publié un rapport que j'ai déposé à la
Chambre. Est-ce que le chef de l'Opposition voudrait qua je fasse lecture
à la Chambre de ses nombreuses activités? Je voudrais profiter de
l'occasion pour rendre un vibrant hommage aux membres du Comité: M. le
juge Eugène Marquis, le Dr Dominique Bédard, M. Léon
Cantin, travailleur social, M. Roland Lelièvere, directeur das relations
extérieures de l'Assurance-Vie Desjardins at M. Luke MacDougall,
gérant adjoint dn Royal Trust, succursale de Québec. Ils ont fait
un travail formidable, cas gens-là. J'en aurais pour au moins une heure
à l'exposer devant la Chambra. Et je veux rendre également
hommage au personnel du comité dont M. Robert Massé, avocat et
secrétaire général, Albert Forcier,
assistant-secrétaire, M. Lucien Laforêt, sociologue qui est au
service de recherche, M. Jean-Marc Bédard, sociologue qui est au service
de 1a documentation, M. Marins Poitras, commis et Mlles Huguette Bégin,
Luce Turgeon et Doris Caron qui sont sténos-secrétaires. Il y a
tout un tas d'activités.
Ils ont tenu vne dizaine de réunions au cours de l'année
et il y a un service de documentation qu'on a mis sur pied avec des recherches
dans tous les domaines. On a tout va programme de recherches à long
terme.
Dans le domaine de l'éducation, c'est formidable ce qui a
été tait On donne des statis-
tiques, par exemple, du nombre de commissions scolaires
approchées, da nombre de tracts distribués et de la
publicité faite également à la radio et à la
télévision.
Est-ce que le chef de l'Opposition voudrait que... D'ailleurs, chacun
des députés doit recevoir, s'il ne l'a pas encore, une copie de
ce rapport. Il y en a deux ou trois qui oat été
déposées à la Chambre et l'Opposition était
à même de consulter ce rapport.
M. JOHNSON: Oui. Est-ce que, malgré toutes les activités
de son comité antialcoolique l'alcoolisme diminue dans la province?
Est-ce diminué? Ce sont des renseignements que nous avons et des
déclaration faites par des autorités sont loin de confirmer les
éloges que le ministre se décerne.
Je veux bien croire que son comité d'alcoolisme siège,
approuve des projets d'annonces, de pancartes, approuve des projets de tracts.
Tout cela, je pense que c'est bien. Mais cela ne veut pas dire que c'est
suffisant. Quand on lit, bien à la hâte, seulement les
en-tête de journaux: les citoyens d'Asbestos, par exemple, 16 Janvier:
« Même les enfants fréquentent les grills », dit le
chanoine Deniers, curé. La Loi des liqueurs..
M. LAFRANCE: M. le Président, je connais le chef de 1 Opposition
comme si je l'avais tricoté. Il aime faire des personnalités pour
essayer de monter le député de Richmond. Je le préviens
que c'est une discussion qui doit venir à une autre occasion. Je n'ai
aucune objection, à ce moment-ci , à ce qu'on fasse fasse des
suggestions. Quant à 1'observance de la loi, cela ne relève pas
du ministère de la Famille et du Bien-Etre social. Qu'on fasse des
suggestions là-dessus, très bien. Si c'est une critique, je ne
crois pas que ce soit le moment, j'ai hâte cependant qu'on le fasse de
l'autre coté de la Chambre. Le chef de l'Opposition connaît
suffisamment les règlements pour savoir de quelle façon s'y
prendre.
M. JOHNSON: M. le Président, Je sais bien que la Loi des liqueurs
relève de la Régie et relève ensemble du procureur
général. Mais je pense que c'est l'occasion de dire au ministre
qne les fonds qu'il nous demande de voter pour son comité antialcoolique
sont tout à fait insuffisant. Pour établir l'insuffisance de ces
fonds, il s'agit tout simplement de regarder l'évolution du à
l'alcoolisme. Actuellement, dans la province, et ce n'est pas moi qui le dis,
je fais appel à des témoignages: l'une des causes de
l'augmentation de l'alcoolisme, que le ministre aime ça ou non
c'est l'application de la Loi des liqueurs et c'est le Dr de Grandmaison qui le
dit. « Une loi des liqueurs de la province de Québec
incomplète et mal appliquée. Une loi pas finie et mal
appliquée. Nous désirons un régime pour éviter la
noyade ».
M. LAFRANCE: M. le Président, le chef de 1'Opposition va
m'obliger à répondre. Ce n'est pas le moment, Je ne puis pas
laisser des déclarations comme celles-là qui sont injustes et
contraires aux faits. Je pourrais démontrer que jamais dans la province
l'honorable procureur général n'a recouru à des mesures
aussi radicales et aussi sévères que celles qu'il a
employées depuis quelque temps. Ce n'est pu le moment.
M. JOHNSON: Soyons sérieux!
M. LAFRANCE: Je soulève un point d'ordre, M. le
Président.
M. JOHNSON: Très bien! En temps et lieu, M. le Président,
on verra comment la loi est appliquée par le procureur
général.
M. LAFRANCE: Très bien. Dire qu'on est satisfait... Je fais
partie d'un groupe dont l'abstinence...
M. JOHNSON: Mais moi, je dis que ce comité d'alcoolisme et les
activités du ministre qui est Lacordaire et l'affiche et je l'en
félicite, cela ne sert que de paravent pour le gouvernement.
M. LAFSANCE: Ce n'est pu honnête!
M. JOHNSON: Il serait mieux de prendre cet argent qu'il nous demande de
voter pour le comité antialcoolique et essayer de convaincre son
collègue le procureur général de mieux appliquer la loi.
Il serait mieux de prendre cet argent et convaincre son collègue, le
ministre da Tourisme d'amender la Loi des hôtels de façon qu'elle
soit conforme au bon sens, de façon qu'elle ne soit pu use incitation
à faire boire les gens davantage mais qu'elle serre surtout à
protéger les hôteliers « bona fide ».
M. HAMEL (St-Maurice): Dans quel sens?
M. JOHNSON: Dans quel sens? Dans le sens de la classification des
hôtels. Il y a longtemps que cela aurait dû être fait. Je ne
veux pas entrer dans ce domaine-là et le ministre de la Famille non plus
ne rent pas entrer dans ce domaine-là.
M. LAFRANCE; Pas tout de rails. Plus tard!
M. JOHNSON: Mais Je dis que c'est mon devoir de chef de l'Opposition
d'attirer l'attention de la province et de certains organismes dirigés
par des personnes de bonne foi mais un peu naïves des lois. C'est habile
comme gouvernement: on multiplie les permis, on n'applique pas la loi, on fait
une loi incomplète, mal foutue.,.
M. LAFRANCE: M. le Président, je ne peux pas laisser ces
déclarations. Ce n'est pas conforme aux lois. Ce n'est pas vrai. Le chef
de l'Opposition ouvre des débats. Je ne peux pas laisser dire
ça.
M. JOHNSON: Mais on forme un comité antialcoolique. Là, on
prend on bon garçon ou un homme qui passe pour bon garçon,
Lacordalre, on lui fait faire de grands discours contre la boisson et on
espère, derrière ce bouclier d'un lacordalre, protéger
tout le gouvernement contre sa responsabilité.
Il y a tout de même une limite. Moi, je dis au ministre que ce
n'est pas suffisant, que ces quelques milliers de dollars qu'il nous demande de
voter pour son comité anti-alcoolique, ça ne fera pas oublier
tous les abus qui se multiplient, s'aggravent, de semaine en semaine, les abus
qui alertent évidemment l'opinion publique, et ce n'est pas par des
menaces de démissionner, si on ne change pas la réglementation
concernant la publicité, qui vont régler le problème M. le
Président Cela fait bien,...
M. LAFRANCE: Le chef de l'Opposition n'aurait pas fait ça quand
il était de ce côté ici; ça n'aurait pas
été permis ça. Il aurait démissionné
immédiatement.
M. JOHNSON: ... ça fait bien ça. Bien, il n'avait pas du
tout l'intention de démissionner.
M. LAFRANCE: Non, je sais.
M. JOHNSON: J'étais sincère, le ministre de la Famille
n'avait pas du tout l'intention de démissionner.
M. LAFRANCE: Ah, je pense que le chef de l'Opposition doit
connaître mieux que ça le ministre de la Famine.
M. JOHNSON: Un paravent M. le Président S'il était
sincère, il démissionnerait à moins qu'on change la Loi
des liqueurs; ça fait 4 ans qu'on nous dit ça. Quand ils l'ont
présentée, il n'était pas là, il était
absent
M. LAFRANCE: M. le Président, je le répète, le chef
de l'Opposiion fait des déclarations sur l'observance de la loi, sur les
amendements à la loi, qui vont m'obllger à faire des mises au
point Ce n'est pas le moment Alors, je voudrais répondre
brièvement à ce que vient de dire le chef de l'Opposition, Dire
que je suis satisfait..
M. JOHNSON: Ce n'est pas fini,...
M. LAFRANCE: ... je ne le suis certainement pas.
M. JOHNSON: Correct
M. LAFRANCE: Je fais partie d'un groupe M. le Président où
on cherche toujours à améliorer. J'ai peur qu'on ne soit jamais
satisfait, mais je crois que le chef de l'Opposition quand il dit que le
comité ne sert à rien est injuste à l'endroit des membres
du comité et il démontre par le fait même...
M. JOHNSON: Je n'ai pas dit ça.
M. LAFRANCE: ... qu'il n'a pas lu ce rapport-là.
M. JOHNSON: Je n'ai pas dit ça.
M. LAFRANCE: C'est unique. Bien c'est ce que le député a
dit Il a dit que ça ae servait à rien, qu'on serait mieux de
donner ce $200,000 pour l'observance de la Loi des liqueurs. Qu'il se donne
donc la peine de lire ce rapport, il va voir que c'est formidable. La province
est presque à l'avant-garde dans ce domaine, dans les études et
les recherches qu'elle est en train de faire.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas une promesse...
M. LAFRANCE: ... que le chef de l'Opposition soit injuste à
l'endroit du ministre de la Famille et du Bien-Etre social. C'est sa
mentalité de politicien qui prend le dessus, mais au moins qu'il soit
juste à l'endroit du comité.
M. JOHNSON: M. le Président, je n'ai pas fait de reproches au
comité.
M. LAFRANCE: Non, non...
M. JOHNSON: C'est au ministre que je fais des reproches.
M. LAFRANCE; Ah, très bien.
M. JOHNSON: Une brochure sur l'alcool. Ça va prendre plus de
temps à corriger l'alcoolisme et ça ne rattrapera jamais
l'augmentation des alcooliques créée par d'autres initiatives du
gouvernement ou par le manque d'observance de certaines lois et la
multiplication des permis. Le devoir du ministre, ce n'est pas de faire
siéger des gens intelligents, si intelligents soient-ils, pour
préparer des « posters » des grandes affiches et si bien
exécutées soient-elles. C'est de convaincre ses collègues
d'être sérieux dans ce problème de l'alcoolisme et
ça, ça va être une mesure tellement plus efficace qui
n'exclut pas nécessairement ce que le comité d'alcoolisme fait.
C'est nécessaire et du temps, ç'a été
prêché dans cette Chambre par un ministre de l'Union nationale
dans le temps. Il avait jusqu'à...
M. LAFRANCE: Il prêchait dans le désert, II était
sincère, il prêchait dans le désert.
M. JOHNSON: Oui, oui,...
M. LAFRANCE: Parce qu'on n'a jamais rien fait avant 1960. Bien voici: je
dis que dans les mesures préventives, la province n'a jamais
dépensé un sou avant 1960 et à l'heure actuelle nous
dépensons cette année plus $1,000,000. Le gouvernement
actuel...
M. JOHNSON: Elle n'en a jamais eu autrefois autant besoin...
M. LAFRANCE; M. le Président je ne puis pas laisser le chef de
l'Opposition faire des déclarations, ce n'est pas le moment, je le
répète.
M. JOHNSON: Le comité d'étude et d'information sur
l'alcoolisme, c'est devenu plus nécessaire quand l'alcoolisme augmente
et le ministre ne peut pas se lever dans cette Chambre et nous affirmer qu'il
croit sérieusement que l'alcoolisme est en régression dans la
province de Québec. Il est en progression...
M. LAFRANCE: Non!
M. JOHNSON: ... actuellement dans la province de Québec.
M. LAFRANCE: Très bien.
M. JOHNSON: ... l'alcoolisme gagne du terrain tous les jours, le
ministre connaît les chiffres...
M. LAFRANCE: Il n'y en a pas plus qu'avant.
M. JOHNSON: ... il sait lui que, actuellement, même si on
dénombre 35,000 alcooliques, il y en a peut-être 250,000 en
préparation qui sont tout proches de l'aboutissement à
l'alcoolisme. Le ministre connaît ces chiffres-là et le ministre
sait bien que depuis 4 ans ça augmente. Moi je ne suis pas d'avis que
$150,000 votés pour le comité d'études et d'informations
sur l'alcoolisme, c'est un pallatif suffisant. Au contraire, les autres mesures
du gouvernement les autres omissions du gouvernement détruisent à
toutes fins pratiques le travail fait par ce comité de l'alcoolisme.
C'est ça que je veux dire au ministre et j'espère que le ministre
à qui il faut parler bien fort pour se faire comprendre va prendre la
détermination. ..
M. LAFRANCE: Il est difficile à comprendre, le chef de
l'Opposition.
M. JOHNSON: Non, non!
M. LAFRANCE: Ah oui!
M. JOHNSON: Non, non!
M. LAFRANCE: On patine trop.
M. JOHNSON: Non, non M. le Président.
M. LAFRANCE: Ah oui!
M. JOHNSON: Le ministre volontairement ou non, inconsciemment ou non,
sert de bouclier...
M. LAFRANCE: Ah, je ne servirai pas longtemps.
M. JOHNSON: ... à tout le reste du cabinet.
M. LAFRANCE: Ce n'est pas mon impression.
M. JOHNSON: ... il sert de manteau, de faux prétexte, pour
couvrir une attitude qui contredit précisément ce que le ministre
prêche. Ça fait bien de l'envoyer en avant, lui. Ah! ça
parait bien dans les journaux, les gros titres, des belles émissions
à la TV. Pendant que lui fait des émissions contre l'alcoolisme,
la Commission des liqueurs, elle, fait des émissions de permis. Et
ça M. le Président..,
M. LAFRANCE: Le chef de l'Opposition là M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre.
M. LAFRANCE: M. le Président, le chef de l'Opposition...
M. JOHNSON: M. le Président, ça annule bien vite les
émissions du ministre.
M. LAFRANCE: Le chef de l'Opposition sait-il que ce n'est pas surtout
dans les débits que se font le plus d'abus? Sait-il que 83% de la
consommation se fait à domicile à l'heure actuelle? Et c'est
là que nous voyons précisément l'oeuvre des brasseries qui
vient détruire le travail d'étude et d'information sur
l'alcoolisme. Puis il est temps que la province mette à la raison les
gros comme les petits et l'honorable procureur général vient
justement de le faire.
Alors, nous ne comptons pas, pour diminuer les abus de boisson, sur les
mesures répressives surtout. Evidemment, il en faut et nous en prenons
en allant jusqu'à suspendre des permis, chose qui ne s'était
jamais vue, et nous ne nous arrêterons pas là. Nous comptons sur
les mesures surtout préventives. C'est la prévention et, de ce
côté, c'est exactement le travail qui s'accomplit au sein du
comité d'étude et d'information sur l'alcoolisme; les mesures
préventives.
Je dis et je répète qu'une once de prévention,
ça vaut des tonnes de médication ou de remèdes et c'est ce
que nous essayons de faire en essayant de trouver les causes. Il n'y a pas de
problème plus complexe et plus vaste que celui de l'alcoolisme. Le
comité d'étude est en train d'identifier ces causes-là et
nous allons les empêcher d'agir. Le chef de l'Opposition dit que le
ministre de la Famille, c'est un bon garçon, qu'on s'en sert comme
paravent! M. le Président, je crois qu'il doit constater par les
résultats qui commencent à se dessiner que ce n'est pas un simple
paravent.
D'ailleurs, les attitudes qui sont prises, et je dois ici rendre hommage
à l'honorable procureur général qui, à cent pour
cent, collabore avec le ministre de la Famille et du Bien-Etre social et, d'ici
quelque temps, d'autres mesures seront présentées. Je suis
heureux de rendre hommage à l'honorable procureur général
pour qui le chef de l'Opposition est souvent, presque toujours, très
injuste...
M. JOHNSON: Non!
M. LAFRANCE: D'ailleurs, il y a des résultats qui commencent
à se faire sentir!
M. JOHNSON: M. le Président...
M. HAMEL (St-Maurice): Qui aime bien châtie bien.
M. JOHNSON: Bien oui! Le procureur général sait ce que je
pense de lui. Mais le ministre du Bien-Etre et de la Famille va admettre avec
moi qu'il a un bien petit outil entre les mains avec le comité
d'étude et d'information...
M. LAFRANCE: C'est mieux que rien.
M. JOHNSON: ... pour combattre le fléau de l'alcoolisme et
combattre son aggravation actuelle. Il ne nie pas que la situation se
détériore. Evidemment, la prévention, telle que faite par
le comité d'étude et d'information, ça doit être
fait, je le crois, au point de vue éducation. Mais tout ça peut
être détruit par d'autres omissions ou par d'autres actions du
même gouvernement dont il fait partie et dont il est solidaire. Le
ministre dit; 83% de la consommation se fait dans les maisons...
M. LAFRANCE: A domicile.
M. JOHNSON: A domicile. Je ne discute pas ses chiffres, mais
admettons-les pour les besoins de la discussion. Mais il reste quand même
que les endroits d'initiation à l'alcoolisme, ce sont les endroits
publics...
M. LAFRANCE: Pour être bon prince, disons que, quant à moi,
il y en a trop.
M. JOHNSON: Ce sont les endroits publics. Bien, s'il y en a trop,
pourquoi le ministre n'y a-t-il pas vu avant aujourd'hui?
M. LAFRANCE: Bien, M. le Président, là encore, c'est tout
un débat qu'on soulève. En réalité, il y en a
moins...
M. JOHNSON: Ah bon, voyons donc!
M. LAFRANCE: ... si on considère le nombre de tolérances
qui existaient...
M. JOHNSON: Bien voyons donc! Bien voyons donc!
M. LAFRANCE: ... dans chacun de nos comtés. Alors, vous voyez
combien le problème est vaste, mais ce n'est pas le moment d'en
discuter. J'espère que le chef de l'Opposition pourra se servir d'une
motion quand arriveront les crédits en cause où, à un
moment comme ce-
lui -là, on pourra vider le problème. Chacun pourra alors
exposer son point de vue, parce qu'on ne peut pas discuter de ce
problème-là en faisant allusion à quelques aspects du
problème seulement.
M. JOHNSON: Oui, surtout pas en avançant des choses comme le
ministre vient de faire.
M. LAFRANCE: Ah, je les avance, puis je pourrai les prouver.
M. JOHNSON: II y en a moins de permis qu'autrefois si on tient compte
des tolérances,..
M. LAFRANCE: Oui, oui.
M. JOHNSON: Ce n'est pas exact...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à l'ordre!
M. JOHNSON: ... et que le ministre réponde donc à
l'accusation du curé de sa paroisse qui dit que même les enfants
fréquentent les grills chez lui, dans son comté.
M. LAFRANCE: J'ai bien l'impression que ç'a été
manigancé avec le journal qui est un journal qui représente
l'Union nationale et j'ai vu le chanoine qui dit: « Bien, écoutez,
j'ai dit quelque chose comme ça, mais je ne croyais pas qu'on allait y
accorder autant d'importance. » Mais est-ce que le chef de l'Opposition
croit que, s'il y a des enfants dans les grills à Asbestos, ça
dépend du député de Richmond? Sait-il toutes les
condamnations et les permis suspendus à ces endroits-là à
l'heure actuelle? Sait-il ça?
M. JOHNSON: Cela dépend du procureur général...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. HAMEL (St-Maurice): Cela devrait se discuter, M. le Président,
aux crédits du procureur général.
UNE VOIX: Les crédits ont avec le ciel de ces accommodements!
M. JOHNSON: Mais je ne voudrais pas que le ministre donne l'impression
qu'un curé a manigancé avec un journal.
M. LAFRANCE: Ce n'est pas le curé, c'est le journaliste qui a
manigancé ça.
M. JOHNSON: Le journaliste a cité...
M. LE PRESIDENT: Al'ordre, messieurs...
M. JOHNSON: ... ce qui semble être les paroles mêmes du
curé Demers...
M. LAFRANCE: M. le Président, je vais être obligé de
faire une mise au point. Je demande que le chef de l'Opposition soit mis en
demeure de remettre toute cette discussion-là au moment où les
règlements de la Chambre le permettent. Sinon je ne puis pas laisser
passer des affirmations comme celles-là sans les relever, je le
regrette.
M. JOHNSON: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: « Comité d'étude et d'information
»; restez un peu dans le débat.
M. JOHNSON: ... je veux demander au ministre quels sont, dans son
opinion, les moyens pour réellement mettre fin ou diminuer (pas mettre
fin, il ne faut pas rêver) l'alcoolisme, les ravages de l'alcoolisme dans
la province. Deuxièmement, a-t-il les fonds nécessaires pour
accomplir cette tâche?
M. LAFRANCE: Les moyens, M. le Président, je l'ai dit: faire son
devoir, en faisant appliquer la loi. Evidemment, il ne faut pas multiplier les
occasions. J'ai l'impression que, s'il y a trop de débits, ça
multiplie les occasions malgré que les statistiques démontrent
que ce n'est pas surtout dans les débits qu'il se fait le plus d'abus
à l'heure actuelle, où l'augmentation est la plus
considérable.
Le moyen? C'est la prévention, et c'est ça. D'abord il va
falloir empêcher les brasseries de répandre leurs
préjugés, d'associer l'idée de détente, de joie, de
bien-être, de bonheur, à la bière. Voilà une des
causes principales. La bière alcoolise, quoi qu'an disent les
brasseries, puisque dans certaines cliniques 63% des patients ont
déclaré n'avoir Jamais pris autre chose que de la bière.
Alors il va falloir empêcher de répandre des
préjugés.
Deuxièmement, par l'éducation. Et c'est ça que nous
avons commencé, et je crois que ça doit commencer à
l'école. II est inconcevable qu'une province catholique et
chrétienne comme la province de Québec n'ait pas encore
songé à inscrire, à son programme scolaire,
l'éducation à la sobriété. II ne s'agit pas de
l'abstinence, ni de la. prohibition, il s'agit de mettre les jeunes en garde
contre le danger véritable que constitue l'alcoolisme.
Je serai satisfait quand les gouvernements auront fait autant pour
combattre l'alcoolisme qu'ils ont fait, par exemple, pour enrayer la
tuberculose. En 19-14, il y avait trois grandes maladies sociales: tuberculose,
syphilis et alcoolisme. Deux maladies sont en régression, même en
voie de disparition, On a dépensé des dizaines at des dizaines de
millions pour celles-là. On n'a rien dépensé pour
combattre l'alcoolisme.
Je voudrais qu'on fasse pour l'alcoolisme ce qu'on fait pour le tabac.
On vient de découvrir que le tabac s'attaque aux poumons, que c'est une
cause de cancer. L'alcoolisme est non seulement un cancer physique, c'est un
cancer moral, c'est un cancer social. Je crois que le gouvernement
fédéral, par exemple, qui vient de décider de
dépenser $800,000 ou $700,000 pour combattre le tabac, je serais
bien heureux s'il en faisait autant pour combattra l'alcoolisme...
Alors, je réponds à la question du chef de l'Opposition de
façon, je comprends trop brave, tellement c'est un problème vaste
et complexe et je dis que c'est par l'éducation que nous y songeons et,
avant d'adopter un manuel pour nos écoles, nous voulons connaître
exactement les causes de l'alcoolisme pour pouvoir, comme je dis,
empêcher ces causes d'agir. Est-ce que ça répond à
votre question?
M. JOHNSON: Non!
M. BOUDREAU: Sur cette question-là, je comprends que votre
comité d'étude fait un travail considérable pour limiter
les ravages de l'alcoolisme. Mais il y a des moyens à prendre qui ne
sont pas rien que la publicité. Si votre comité pouvait faire des
pressions à la Régie des alcools pour limiter l'émission
du nombre des permis, ou prendra au moins les moyens nécessaires pour ne
pas multiplier inconsidérément les permis de consommation
d'alcool! Chez nous il y a des petits restaurants qui.,.
M. LAFRANCE: Si le député le veut, nous reviendrons sur
les permis à un autre moment.
M. BOUDREAU: Oui, mais...
M. LAFRANCE: Vous faites des pressions, très bien, vous faites
bien de me suggérer ce moyen-là...
M. BOUDREAU: Faire des pressions pour que la Régie arrête
d'en émettre des permis.
M. LAFRANCE: C'est un corps quasi judiciaire. Mais ça viendra en
temps opportun. Ce n'est pas ici le moment, La suggestion que fait la
député de St-Sauveur, je trouve qu'elle est très
opportune: que mon comité s'occupe at fasse des pressions très
bien, d'ailleurs il a commencé à le faire. Il a tenu des
réunions avec l'honorable procureur général, avec la
Régie, le comité d'études des cercles Lacordaire, l'Office
de l'alcoolisme, à la Santé, nous avons tenu plusieurs
réunions et nous commençons i avoir le résultat justement
de ces réunions. Alors c'est une excellente suggestion que fait la
député de St-Sauveur, que nous avons déjà
appliquée dans le passé st que nous allons continuer.
M. BOUDREAU: La Régie devrait prendre des avis des
autorités religieuses des paroisses. Dans certaines paroisses, chez
nous, on ne s'est pas occupé de ça. Il y a eu des protestations
faites par les autorités religieuses, des protestations faites par les
cercles Lacordalre.
M. LAFRANCE: Si la député veut revenir plus tard
là-dessus. La Régie relève d'un autre
ministère.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on pourra en parler lorsque viendront les
crédits du procureur général?
M. HAMEL (St-Maurice): On en reparlera suivant les règlements, M.
le Président. Mais il est évident que le ministre du Bien-Etre
social, si on parle des permis, n'a pas les renseignements dont on peut avoir
besoin pour discuter du nombra des permis.
M. JOHNSON: Je demande au procureur général si nous
pourrons parler du nombre des permis lorsque viendront ses crédits?
M. HAMEL (St-Maurice): On pourra parler de tout ce qui regarde la
Régie des alcools dans les cadres du règlement de la Chambre.
M. JOHNSON: Cela veut dire que le ministre à ce moment-là
va dire: « Non, on ne peut pas en parler sur mes crédits, il faut
faire une motion ».
M. HAMEL (St-Maurice): Le premier ministre a l'habitude de dire qu'il ne
traverse pas la rivière avant d'arriver au pont. Alors c'est la
même chose.
M. JOHNSON: Vous voyez, M. le Président; le procureur
général commence déjà à se défiler.
Il ne nous permettra pas de parler...
M. LAFRANCE; Le député sait bien comment il peut provoquer
un débat. Pourquoi essayer de laisser entendre que le procureur
général a peur d'en parler? Il sait très bien de quelle
façon il peut procéder. Cela a toujours été, depuis
que je suis en Chambre, depuis 12 ans, ç'a toujours été la
même tactique.
M. JOHNSON: Le ministre de la Famille a-t-il fait des
représentations, en autant qu'il considère que l'alcoolisme est
favorisé par le trop grand nombre de permis, au procureur
général pour qu'il en diminue le nombre?
M. LAFRANCE: Oui.
M. JOHNSON: Est-ce que cela fut fait par écrit?
M. LAFRANCE: Ah, ç'a été fait verbalement.
D'ailleurs ce n'est pas le moment de le faire. Il s'adresse au
député de Richmond et non pas au ministre de la Famille. Alors je
crois qu'en temps et lieu nous répondrons quand les crédits
seront discutés devant la Chambre.
M. JOHNSON: Ah bon. Là, quand on parle au ministre, c'est le
député de Richmond. Quand on veut parler d'alcoolisme, c'est le
procureur général; lui, il n'a rien à faire
là-dedans. Non, je trouve que le ministre, franchement là, est en
train de créer dans l'opinion publique l'image d'un homme qui
protège le reste du gouvernement...
M. LAFRANCE: Non.
M. JOHNSON: ... pendant que lui...
M. LAFRANCE: Je voudrais bien que le chef de l'Opposition vole le
courrier que je reçois à l'heure actuelle. Il serait vraiment
étonné de voir la réaction des gens, qui n'est pas du tout
celle du chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: Bien non, je le sais, puis c'est ça qui
dénote, peut-être, le manque de pureté d'intention du
ministre. Il est heureux de protéger le gouvernement, il est heureux de
voir qu'il y a des gens qui le croient, il est heureux de voir qu'il peut
tromper des gens par ces méthodes-là...
M. LAFRANCE: Est-ce que le chef de l'Op- position a le droit de dire
ça, que je trompe les gens?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LAFRANCE: Vous savez, la mauvaise foi, pour en prêter aux
autres, il faut en avoir soi-même. Je pense que le chef de l'Opposition
;!oit en savoir quelque chose.
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté?
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre tout de même vient
de dire une énormité que je ne relève pas autrement que
pour lui dire ceci; mon opinion bien franche, et je la lui dis face à
face, c'est qu'il sert de paravent au reste du gouvernement...
M. LAFRANCE: On en reparlera.
M. JOHNSON: ... auprès de gens qui sont naïfs mais
sincères, et qui s'imaginent que ce gouvernement-ci veut
réellement combattre l'alcoolisme. $175,000 pour combattre l'alcoolisme,
mais un millier de permis de plus dans l'année. Cela, c'est le
gouvernement qu'on a devant nous, M. le Président.
M. LAFRANCE: M. le Président, là, je soulève un
point d'ordre,
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LAFRANCE: Je crois que le moment est venu pour le chef de
l'Opposition de reprendre un peu ses sens et puis suivre les règlements
de la Chambre comme tous les autres.
M. JOHNSON: Que le ministre réponde à ce que je viens de
lui dire,
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté?
M. BOUDREAU: M. le Président, dans la publicité
éducative, il y a une réduction de $43,000. A-t-on l'intention de
restreindre la publicité?
M. JOHNSON: Ah, l'éducation est finie. Le ministre a fait un
discours, c'est réglé.
M. LAFRANCE: Non, voici. Au sujet de la publicité
éducative, nous allons pouvoir profiter par exemple, du Service
d'information du gouvernement. Nous allons aussi pouvoir
bénéficier d'une foule de temps et d'espace gratuit de la part
des médiums d'information de la pro-
vince et je crois que nous allons surtout supprimer la publicité
dans les Journaux ce qui n'a pas été très efficace dans le
passé.
Nous nous sommes rendu compte que notre éducation n'apportait pas
tous les résultats que nous étions en mesure d'attendre et,
d'ailleurs, si le député de St-Sauveur consulte les comptes
publics de la province, il verra qu'il y a $42,000, je crois, qui n'ont
été utilisés par la publicité. Mais je dis au
député de St-Sauveur que je me propose bien, l'an prochain, de
revenir avec un budget au moins, (je suis peut-être un peu maladroit
quand je prends des engagements aussi solennels) mais disons un budget beaucoup
plus considérable pour la publicité et ça sera une
publicité qui sera beaucoup plus efficace que celle que nous avons
utilisée dans le passé quoiqu'elle ait été
grandement améliorée.
M. BOUDREAU: A l'item de cette publicité est-ce qu'il y a des
conférenciers qui sont répartis à travers la province
comme ça pour instruire le public?
M. LAFRANCE: M. le Président, là je vois de nouveau que le
député de St-Sauveur ne s'est pas donné la peine ou n'a
pas pris le temps de consulter ce rapport...
M. BOUDREAU: Je vous dis franchement que je ne l'ai pas lu....
M. LAFRANCE: ... qui est à la disposition de tous les
députés. Les officiers du comité d'étude et
d'information ont multiplié leurs relations.. Ils ont rencontré
une foule d'organismes, de compagnies, d'associations, de clubs sociaux, je ne
peux pas les énumérer, il faudrait trop de temps, alors je dois
dire au député de St-Sauveur que nous avons, au service du
comité d'étude et d'information, des conférenciers qui
parcourent constamment la province, et de plus en plus.
M. LOUBIER: M. le Président, au sujet de ces
conférenciers; tout à l'heure, j'ai trouvé qu'il y avait
une suggestion qui pourrait être très constructive pour
éduquer nos jeunes, et le ministre avait raison de soulever le fait
qu'il y avait une carence complète dans notre système
d'enseignement pour l'éducation de nos jeunes sur les pro blêmes
d'alcoolisme. Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen, à même cette
publicité éducative, que nos conférenciers ou que nos
propagandistes se rendent jusque dans les milieux scolaires afin d'attirer
l'attention des jeunes sur ce problème et les éduquer, les
prévenir contre les mauvais effets de l'alcool sur la jeunesse?
M. LAFRANCE: Je voudrais ici souligner justement, à la page 6 du
rapport du comité, le service d'éducation a distribué la
brochure « Ce que vous devez savoir ». Je crois que chacun des
députés a reçu une copie de ce « tract », qui
est très bien fait, au sujet de l'alcool dans différents milieux
de la province. Il l'a adressé aux directeurs médicaux des
hôpitaux, des unités sanitaires, aux maisons Dom-rémy, aux
différents services sociaux diocésains, aux bureaux
régionaux du ministère de la Famille et du Bien-être Social
et à différents organismes privés. Cette brochure a
été préparée plus spécialement, et
ça répond justement au point soulevé par le
député de Bellechasse, cette brochure a été
préparée plus particulièrement à l'intention des
élèves du cours secondaire. Mentionnons que 400 commissions
scolaires et directeurs d'écoles en ont fait une demande
spontanée si forte qu'il a fallu procéder à une
troisième impression, portant ainsi le tirage, en l'espace d'un an,
à 300,000 exemplaires. Notons également qu'un certain nombre de
curés ont profité de leur visite paroissiale pour remettre un
exemplaire de cette brochure à chacune des familles. Le comité a.
distribué en outre 40,000 exemplaires, des dépliants: « Au
Service du public » et « Renseignez-vous sur l'alcoolisme
».
Je dois dire que j'ai déjà également
rencontré celui qui, je crois, deviendra le futur ministre de
l'Education, à qui j'ai causé de ce projet qui s'est
montré favorable...
M. JOHNSON: M. Arsenault?
M. LAFRANCE: Pardon? Oui... lui c'est le Secrétaire de la
province. ... il s'est montré très favorable à ce qu'on
inscrive au programme scolaire peut-être une demi-heure ou une heure par
semaine, mais je sais que la Chambre réalise la difficulté qu'il
y aura, premièrement de trouver un manuel qui sera accepté par
tout le monde, et deuxièmement de préparer des professeurs aptes
à donner ces cours ou à présider à un forum. Mais
je crois que c'est là où nous allons pouvoir faire
régresser l'augmentation de l'alcoolisme. C'est là, c'est parce
que le mal est d'abord et avant tout dans les esprits. Nous sommes,
pardonnezmoil'expression, nous sommes pourris de préjugés. Nous
voyons dans la bière et les alcools une espèce d'élixir
à tous les maux, tandis qu'on sait que c'est autre chose qu'on y
trouve.
M. JOHNSON: M. le Président, si le ministre veut une suggestion
très pratique pour son comité d'étude et d'information sur
l'alcoolis-
me, qu'il tâche donc de convaincre les autorités de
Radio-Canada de ne pas répéter le genre d'émission que
j'ai vue. C'est encore plus grave ça, et plus efficace, que toutes les
publicités de brasseries qu'on peut imaginer, un programme où une
dame bien sympathique par ailleurs, bien connue, interviewait des jeunes filles
et des jeunes gens deux dimanches consécutif s, peut-être
pas consécutifs, des petites filles de 17 ou 18 ans. On leur
demandait ce qu'on pensait de la boisson. Il y en a deux sur trois qui ont dit:
« Bien ça déniaise, ça fait du bien de prendre un
coup ». Voyez-vous la mère de famille, la bonne mère de
famille qui essaie de convaincre sa petite fille de 16, 17, 18 ans qu'il ne
faut pas prendre un coup, que c'est le commencement de bien du trouble, et puis
le dimanche à la télévision, en plein dimanche midi,
arrive l'animatrice avec ses panellistes, et puis ensuite des bouts de film, et
puis la conclusion de tout ça, bien c'est que la petite fille va voir
maman et puis elle dit: « Toi, tu es une « niaiseuse », tu es
une croulante. Ils viennent de le dire à la TV. »
M. LAFRANCE: Oui, je me souviens.
M. JOHNSON: Pensez-vous que c'est la mère qui va gagner? C'est la
TV. Quand est arrivé le tour des garçons, je sais de quoi je
parle, je le sais, je connais les faits exacts. On a interviewé les
garçons dans un collège, les garçons de versification,
belles-Lettres et réthorique, et les parents guettaient ça, le
dimanche suivant, pour voir si leurs fils passeraient à la TV. C'est un
événement dans une famille, pas un événement chez
nous, ça arrive trop souvent, mais c'est un événement pour
les parents dans bien des familles. Mais là vous pensez que ceux qui
s'étaient prononcés contre ça sont passés. Il n'y a
pas de danger. Il n'y a que ceux qui trouvaient que c'était une bonne
affaire qui sont passés à ce programme-là. Il a
été édité de façon à faire
disparaître, et je connais un cas en particulier d'un jeune qui a dit:
« Chez nous on en prend mais s'il fallait qu'on fasse des abus, ça
ne serait pas drôle, parce que le père et la mère
n'endureraient pas ça. » Bien celui-là il n'a pas
passé. Ce sont ceux qui ont dit: « Cela déniaise, cela
débourre; cela fait du bien; cela défrustre; cela
déboulonne; cela débouche, » et tout le vocabulaire
à la mode. Tout le vocabulaire des « déniaiseurs
«professionnels, actuellement.
M. le Président, cette seule émission-là, ça
a détruit tout ce qu'on vote ici. Et je suis d'avis moi, que la
première chose à faire, pas rien qu'au point de vue alcoolisme,
mais au point de vue éducation, c'est d'être un peu plus
réaliste et de mettre la main, le contrôle direct ou indirect
directement par un conseil de la TV ou indirectement, je ne sais pas comment,
par la coopération d'Ottawa, mais il va falloir mettre la main sur la
TV, parce que ce ne sont pas les parents, les curés et les frères
qui éduquent les enfants, c'est bien plus la TV que tout le reste.
Si on peut arrêter de se faire des illusions et de s'imaginer que,
parce que, de temps en temps, quand on est à la maison, et nous autres
les hommes politiques on n'y est pas souvent, on fait une petite remontrance,
qu'on a une réelle influence sur l'éducation de nos enfants, la
TV nous annule ça d'une claque. Et les pères de famille savent ce
que je veux dire ici. Alors, moi, je trouve que le Comité d'étude
et d'information sur l'alcoolisme devrait s'appliquer à étudier
non seulement la publicité, ce n'est pas mauvais en soi,
reste à discuter des détails, ça viendra à
l'occasion des crédits du procureur général, la discussion
des règlements sur la publicité, mais je pense rue le
Comité d'étude et d'information devrait, lui, étudier ou
faire observer les programmes à Radio-Canada et obtenir la
coopération, ce ne sont pas tous des gens de mauvaise foi à
Radio-Canada, vous savez; dans la haute direction de Radio-Canada, je suis
certain qu'on l'obtiendrait pour surveiller cet aspect éducationnel sur
l'alcoolisme. Et là on fera un vrai travail efficace qui n'exclut pas
évidemment la nécessité d'autres initiatives que prend
actuelleme.it le Comité d'étude et d'information sur
l'alcoolisme.
Je voudrais demander au ministre: est-ce que les règlements
concernant la publicité ont été soumis au ministre du
Bien-Etre social oui son Comité d'information sur l'alcoolisme avant
d'etre édictés?
M. LAFRANCE; Ils ont été soumis au ministre de la Famille
et du Bien-Etre social.
M. JOHNSON: Est-ce que le ministre les a approuvés?
M. LAFRANCE: Bien,M. le Président, voici; je fais partie du
Cabinet, si je ne les avais pas approuvés je pense que je ne ferais plus
partie du Cabinet. A présent j'aurai l'occasion, quand on en discutera,
de dire si je suis entièrement satisfait ou non de tout ça, mais
je ne crois pas que ce soit le moment de discuter...
M. JOHNSON: Mais quelles sont les forces qui contrecarrent le ministre
à l'intérieur du Cabinet?
M. LAFRANCE: II n'y a pas de forces qui me contrecarrent. Au contraire,
je réclamais
depuis longtemps qu'on abolisse toute la publicité par exemple,
à la télévision, tout ce qui incitait à boire,
qu'on se borne à identifier la marque de commerce. Tous mes
collègues m'ont appuyé. Alors, il n'y a personne qui me barre
à l'heure actuelle.
M. JOHNSON: Bien oui, mais si le ministre n'est pas satisfait du
règlement.
M. LAFRANCE: Bien, quel est l'homme qui est entièrement
satisfait, M. le Président? Il faut évidemment, quand on fait
partie d'une équipe, faire des concessions. Si tout le monde
était de mon avis ce serait la prohibition dans la province de
Québec tellement je suis extrémiste. Mais je sais que...
M. LOUBIER: N'allez pas trop loin!
M. LAFRANCE: ... l'on fait partie d'une démocratie et que les
gens peuvent avoir des goûts, des idées différentes des
miennes.
M. JOHNSON: Est-ce que le ministre veut mettre ça au vote en
Chambre pour voir combien il y aurait de personnes qui le suivraient
là-dessus?
UNE VOIX: Ah non!
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. JOHNSON: Un vote non partisan!
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté.
M. BOUDREAU; M. le ministre, avant de terminer cet item-là, je
dois vous dire que ce n'est pas une innovation d'avoir demandé au
ministre de l'Education d'inclure ça dans son programme. Je me rappelle,
quand j'étais au collège, j'avais un professeur qui nous faisait
un tableau des effets néfastes de l'alcool. A partir de sa composition
jusqu'aux effets nocifs. Alors, je vous dis qu'on a été
éthique à ce moment-là. Cela ne sera pas nouveau, mais, ce
n'était pas mal de le faire.
Maintenant, cette publicité va s'étendre, j'imagine bien,
aux centres d'accueils tel que Domrémy, centres des alcooliques anonymes
et le reste.
M. LAFRANCE: Oui.
M. HAMEL (St-Maurice): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 5. Subventions à diverses
institutions.
M. LOUBIER: Vous me permettez, M. le Président. Est-ce que ce
département du comité d'étude et d'information sur
l'alcoolisme a l'intention, par exemple, dans un avenir plus ou moins
rapproché de faire certaines séquences de films qu'on pourrait
présenter à la télévision qu'on pourrait reproduire
même dans nos écoles ou durant le programme
télévisé qui a été réservé par
le ministère de la Jeunesse?
M. LAFRANCE: Oui, je crois que c'est déjà fait. Mais, nous
avons l'intention d'accentuer ce travail.
M. LE PRESIDENT: Article 5: « Subventions à diverses
institutions ».
UNE VOIX: Adopté.
M. ALLARD: J'imagine que c'est ici que l'on peut parler des foyers pour
personnes âgées.
M. LAFRANCE: Non, M. le Président, je crois que le
député aura toute la latitude en « immobilisations »
s'il le préfère.
M. LE PRESIDENT: A l'article 7.
M. BOUDREAU: Est-ce qu'il s'agit de construction?
M. LAFRANCE: Il s'agit, pour l'information du député de
St-Sauveur, ici j'ai justement une carte et je crois que cela résumera
bien en quoi consiste cet item.
M. LAFRANCE: II s'agit d'apporter un encouragement des oeuvres de
bienfaisance dont le rôle est particulièrement important soit en
raison des fonctions quasi publiques qu'elles remplissent, soit parce que leur
action est susceptible de produire une économie de fonds publics.
La différence budgétaire de $500,000 à $475,000,
soit $25,000, s'explique par la disparition de certains montants payés
par le ministère à des organismes relevant, dorénavant du
ministère de la Santé, notamment « The Child Health
Association of Montreal », les Gouttes de lait et les Assistances
maternelles. Les subventions tombent dans plusieurs catégories
d'oeuvres: coordination et planification, oeuvres d'adoption et
filles-mères, oeuvres de l'enfance, garderies, réhabilitation de
prisonniers et de délinquants, aveugles, réhabilitation d'une
certaine catégorie de malades dans le monde du travail, accueil aux
itinérants, foyers et le reste.
M. BELLEMARE: M. le Président, aux comptes publics, il
apparaît à cet item de subventions, une en particulier qui m'a
surpris, « Old 3reweries », «1,000.
M. JOHNSON: Ils donnent ça à une brasserie!
M. BELLEMARE: Je ne sais pas.
M. LOUBIER: La bière d'épinette.
M. BELLEMARE: « Old Breweries », $1,000.
M. JOHNSON: Le ministre qui subventionne les brasseries.
M. LOUBIER: De la bière i « bébite »,
ça?
M. LAFRANCE: Comment? Le député doit bien deviner qu'il ne
s'agit pas d'un encouragement aux brasseries.
M. BELLEMARE: Je ne le sais pas! Page 282, « Old Breweries
», $1,000.
M. LAFRANCE: II s'agit tout simplement... D'ailleurs, quand le
député était de l'autre côté de la Chambre,
on leur accordait également une subvention.
M. BELLEMARE: Ah, je n'ai pas...
M. JOHNSON: Oui, mais nous ne faisions pas de sermon, nous.
M. LAFRANCE: Ah non, voici, ce n'est pas la réponse. C'est une
oeuvre de bienfaisance qui s'occupe des familles pauvres, puis des enfants
pauvres, qu'on place dans des camps d'été.
M. BELLEMARE: « Old Brewery »?
M. LAFRANCE: Oui, oui, « Old Brewery ».
M. BOUDREAU: M. le ministre, avant de terminer cet item-là, je
comprends peut-être mal, mais je ne m'explique pas pourquoi on dit:
« Achat, construction et transformation d'immeubles », alors qu'il
s'agit de subventions.
M. LE PRESIDENT: Ah, non, c'est le numéro 5.
M. BELLEMARE: C'est le numéro 7, ça.
M. LE PRESIDENT: 5 et 6 adoptés. On va garder 7.
M. LAFRANCE: Alors, on garde 7.
M. LE PRESIDENT: La séance du comité est suspendue
jusqu'à 8 heures.
Reprise de la séance à 8 h p.m.
M. BEDARD (président du comité des subsides): A l'ordre,
messieurs. Ministère de la Famille, article 7, « immobilisations
». Adopté?
M. BELLEMARE: Non, non. M. le Président, à l'item «
immobilisations», je voudrais rappeler ici au ministre une
conférence qu'il a faite le 12 octobre 1963, au Foyer Biermans de
Montréal, où il a dépeint la situation des couples
âgés dans des termes fort éloquents. Et comme il disait:
« Si vous le savez, les premières institutions qui recevaient de
ces personnes âgées furent les hôpitaux ». Et en
particulier il citait, dans sa conférence, l'hôpital St-Joseph des
Trois-Rivières comme une des pionnières dans ce domaine de
l'hospitalisation pour les vieux et les vieilles.
Il disait: « Nous voyons donc que les instruments que la
société a développés pour venir en aide au groupe
des personnes âgées est d'une certaine façon le produit de
l'histoire. Il importe périodiquement pour le gouvernement, comme pour
l'ensemble de la communauté, de prendre des mesures du besoin qui
justifie l'existence des programmes et des institutions à venir. »
Et il disait à ce moment-là, le 12 octobre 1963, que « la
période de l'âge avancé est associée à un
déclin de force physique et pose dans le coeur de chaque personne
âgée une question angoissante par rapport à l'avenir,
d'où le besoin exprimé d'une plus gran-de sécurité
physique et le devoir que nous avons d'organiser nos maisons de façon
à ce qu'elles donnent cette sécurité aux vieux et aux
vieilles ».
Et, M. le Président, il ajoutait que « dans tous les cas,
la province ne devrait pas prendre l'initiative de construire ces centres
d'accueil. » Et il disait: « Il est très sage que l'on en
confie l'administration à des corporations privées. Je crois
qu'il n'est pas sain d'envisager le moment où la province sera
propriétaire de ces institutions pour personnes âgées,
» disait-il.
Ceci m'amène à soumettre au ministre le cas particulier de
notre région, Cap-de-la-Madeleine, Trois-Rivières. En 1962,
l'édifice des révérends Pères Franciscains,
l'ancien collège séraphique aux Trois-Rivières, au coin de
la rue Laviolette et St-Maurice, est devenu libre. Et à ce
moment-là, on a fait un relevé des personnes de 65 ans et plus et
la compilation a produit le chiffre assez remarquable de 11,000 à 11,500
personnes âgées qui vivaient dans le diocèse de
Trois-Rivières.
Je comprends que ce n'est pas ces 11,000 personnes qu'il s'agit
d'abriter, mais il y avait à ce moment-là seulement comme
disponibilité 400 lits environ pour les personnes de sexe masculin et
les personnes du sexe féminin, c'est-à-dire les hommes et les
femmes seuls. Mais pour avoir des centres d'accueil pour couples
âgés, il n'y avait aucun lit disponible en 1962.
M. le Président, le ministre va nous répondre: «
Mais pourquoi ne les avez-vous pas bâtis de votre temps? » Je
prends sa conférence où il nous dit, et surtout, le passage
où il nous dit ceci: « II importe périodiquement pour le
gouvernement, comme pour l'ensemble de la communauté, de prendre des
mesures du besoin qui justifie l'existence des programmes et des institutions
». Nous en sommes à ce stade. La grande maison de formation des
Pères Franciscains, le collège Séraphique, est une
excellente bâtisse, pas très vieille, toute en brique, finie semi
à l'épreuve du feu, une bâtisse dont le site est fort
remarquable puisqu'elle est construite au centre des affaires, près des
magasins près des églises, facile d'accès pour les vieux
et les vieilles. Il y a des terrains libres alentour où l'on pourrait
facilement établir des endroits de repos pour les vieux et les vieilles.
Il y a aussi des parcs de stationnement qui sont prêts et qui
appartiennent à l'institution, et tout ça, depuis deux ans, c'est
libre, c'est vide.
Les révérends Pères Franciscains ont offert
même d'en assurer le service religieux, etplus que ça, enl960...
J'avais envoyé au ministre cette déclaration des
Révérends Pères Franciscains: « Il y a à peu
près quelques mois, le 23 décembre 1963, les travaux pour
convertir l'ancien collège Séraphique en centre d'accueil pour
les vieux couples, débuterait dès avril 1964. » Mais je
comprends, lorsque le ministre aura lu cet article-là, ce serait
l'initiative personnelle des Pères Franciscains et je crois que, comme
il l'a dit dans son discours du 12 octobre au Foyer Biermans, que ça
serait probablement une bonne chose que l'intérêt public soit
associé à ce mouvement et que le gouvernement décide qu'il
y ait là une participation et de l'Etat et des révérends
Pères Franciscains qui sont propriétaires de ce grand
collège classique qui est fermé maintenant, dans lequel il
n'existe absolument rien, qui est absolument désaffecté, qui est
chauffé l'hiver par les révérends Pères, et dans
lequel il n'y a rien depuis deux ans. Je pense qu'on construirait un
édifice comme celui-là pour un million, ou un million et demi,
quand il pourrait peut-être y être souscrit $500,000 pour les
réparations et demain matin, peut-être dans trois mois, il serait
prêt à opérer.
Je soumets cette idée-là au ministre en di-
sant que, dans notre province, plus que jamais, les vieux et les
vieilles tendent aujourd'hui vers la sécurité et tendent surtout
vers ces centres d'accueil pour se loger. Quand on sait que, dans la province
de Québec, il y a 31 personnes en haut de cent ans, 1,679 de 90 à
cent ans. Il y en a 18,640 de 80 à 90 ans. On en trouve 54,000 de 70
à 80 ans, cela veut dire un total complet d'à peu près de
70,000 personnes dans la province de Québec.
Alors il y a là une longivité accrue, chez la femme
l'âge de la longivité est de 66 ans, et chez l'homme l'âge,
la moyenne de la longivité est de 64 ans. Devant des faits aussi
probants, pour notre région surtout, au Cap-de-la-Madeleine où il
y a une population de 28,000 âmes et à Trois-Rivières une
population de 65,000 âmes, ce qui fait au total environ 90,000 âmes
dans les deux grandes cités, je pense que ce centre d'accueil, cette
bâtisse qui est offerte par les Révé-rends Pères
Franciscains, et ça été offert dans un éditorial
que je remets au ministre, dont le ministre peut prendre connaissance. Il
était écrit: « Les religieux eux-mêmes semble-t-il,
accepteraient de prendre la direction de cette maison, en assurant à
leurs pensionnaires les secours de la religion. L'institution serait
admirablement située à cet égard puisque l'on peut se
rendre, par l'intérieur du collège Séra-phique, à
la chapelle conventuelle, etc., etc. »
Et je dis au ministre que ce serait pour notre région une
institution toute trouvée qui coûterait bien meilleur
marché que de bâtir à un million ou deux millions, et si le
gouvernement décidait, demain matin, de souscrire une partie pour les
réparations, je suis assuré que l'autre partie pourrait
être souscrite par le public, qui serait heureux de souscrire, dans une
grande campagne qui serait lancée par une corporation privée. Le
gouvernement pourrait, par un octroi assez minime rendre service à toute
une région,
M. LAFRANCE: M. le Président, le député de
Champlain vient de nous donner des statistiques sur le nombre de personnes
âgées dans la province. Je tiens à lui dire tout de suite
que l'objectif ultime du ministère de la Famille et du Bien-Etre
social...
M. BELLEMARE: Pardon?
M. LAFRANCE: ... l'objectif ultime du ministère de la Famille et
du Bien-Etre social, c'est d'en héberger le moins possible dans ces
maisons-là. Nous voulons, autant que possible, les laisser dans leur
propre logis, leur propre maison. Il faudra évidemment un certain nombre
d'institutions où on pourra recevoir de ces personnes pour certaines
raisons, et je dois dire que le député de Champlain vient de
plaider une cause qui est déjà gagnée d'avance, la
proposition nous a été soumise depuis longtemps et nous attendons
que l'amendement à la Loi pour les personnes âgées soit
voté par la Chambre, Une loi sera présentée très
prochainement où la province garantira les emprunts qui seront
effectués en vertu de la Loi de la Société centrale
d'hypothèques. Alors je peux rassurer le député de
Champlain en lui...
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre me permet une question
supplémentaire?
M. LAFRANCE: Oui.
M. BELLEMARE: Est-ce que déjà il y a eu des entrevues avec
les Révérends Pères Franciscains dernièrement au
sujet de ces transformations qui devraient commencer au mois d'avril?
M. LAFRANCE: Evidemment à ce moment-là on s'attendait que
la loi serait peut-être votée, soumise à la Chambre. Elle
le sera très prochainement.
M. BELLEMARE: Le ministre...
M. LAFRANCE: Alors pour les dernières entrevues, c'est
peut-être en décembre, je crois.
M. BELLEMARE: Les articles sont en décembre. Il v a un article en
décembre et un autre en avril.
Le ministre m'assure que déjà il y a eu des
communications, des ententes verbales en autant que la loi sera amendée
pour permettre de garantir ces montants-là. Nous pourrons compter que
dans la région du Cap-de-la-Madeleine et de Trois-Rivières, le
centre d'accueil pour couples âgés se développera au
Collège séra-phique.
M. LAFRANCE: C'est déjà approuvé par le
ministère, il ne reste que l'approbation là de...
M. BELLEMARE: Je suis très heureux de dire au ministre combien je
me réjouis de ce que mon intervention a été utile pour
faire connaître aux gens de notre région ce qu'il voulait tenir
caché.
M. ALLARD: M. le Président, pour conti-
nuer dans le même ordre d'idée je me réfère
aussi à la conférence que le ministre prononçait et dans
laquelle il énonçait à cette époque ce qui semblait
être la politique du ministère en regard de ces foyers pour
personnes âgées. A ce moment-là, le ministre disait qu'un
nouveau programme s'élaborait dans lequel le projet, pour favoriser la
mise en place d'institutions d'un nouveau genre qui mettraient à la
disposition des personnes âgées à la fois des logements
modestes et des services d'hôtellerie, était encouragé.
Le ministre semblait recommander aux groupes intermédiaires, aux
gens dans chacune des localités, dans chacun de ces endroits, de faire
des études spéciales, d'examiner la situation et de prendre une
part active à la création de ces centres. Et même on
encourageait à recueillir parmi la population des sommes facilitant la
mise initiale de capitaux leur permettant d'entreprendre le
développement ou la création de ces centres tout en assurant les
autorités gouvernementales de leur sens de responsabilité, et par
après, le ministre suggérait, comme moyen, le financement par
l'entremise de la Société centrale d'hypothèques et de
logement.
M. le ministre, certains groupements se sont réunis, ont fait des
études, ont même monté des organisations assez bien
préparées, mais lorsqu'ils sont venus consulter la
Société centrale d'hypothèques, ils ont été
découragés de constater qu'à ce moment-là l'aide
que pouvait apporter la Société centrale ne représentait
pas grand-chose.
Un des points que je tiendrais à souligner au ministre, c'est que
la Société centrale d'hypothèques soumet des plans et des
projets établis d'avance, comme elle le fait dans le cas des maisons
pour particuliers, et dans la plupart des cas soumis, les projets ne sont pas
faciles à adapter à notre province et à notre
région. J'ai eu l'expérience, car un comité s'est
formé chez nous, a fait une étude spéciale pour arriver
à rencontrer les exigences et...
M. LAFRANCE: Est-ce que le député pourrait préciser
la date de ces...?
M. ALLARD: L'automne dernier. M. LAFRANCE: L'automne dernier.
M. ALLARD: ... et je crois qu'à cette même période
on vous. avait déjà soumis un mémoire qui a
été présenté au mois de novembre 1963 et je veux
parler ici de la corporation du foyer Mgr Roy, de St-Joseph de Beauce, qui par
des études spéciales, avait fait un travail très bien
préparé. Un moment donné, je crois que certains officiers
du ministère, pour ne pas dire le ministre lui-même, avaient
laissé croire que le ministère accorderait une aide, un octroi
qui équivaudrait un peu à ce qui est accordé au
ministère de la Santé, c'est-à-dire à tant par lit.
Par après on a changé d'idée, mais on a encore
laissé croire qu'on apporterait une aide quelconque.
Malheureusement, lorsque des démarches définitives furent
faites, on a eu la réponse qu'on ne pouvait pas compter du tout sur
l'aide du ministère, sinon que le ministère s'engageait à
endosser la Corporation auprès de la Société centrale
d'hypothèques mais ne l'assurait pas d'une aide pour les
nécessiteux.
Le cas particulier que j'ai à la mémoire actuellement,vous
en êtes au courant, vous avez reçu un mémoire très
bien préparé et étudié Je me permettrais de dire au
ministre que si à un moment il a besoin d'informations sur des
études sérieuses faites pour la formation d'un foyer pour
vieillards, pour personnes âgées, je crois qu'il pourrait
facilement référer à ces personnes qui, en certaines
circonstances, ont démontré plus d'expérience que les gens
qu'on rencontrait au ministère, et ceci sans vouloir
déprécier qui que ce soit.
Ces gens ont fait une étude sérieuse, ils ont
considéré tous les services qu'il y aurait possibilité de
donner. Us ont étudié les modes de vie qu'on pourrait
établir au foyer, ils ont calculé le nombre de personnes qu'on
pourrait y recevoir. On a établi le coût de la construction d'une
telle bâtisse, on a même calculé comment on arriverait
à la financer. A ce moment-là, on avait prévu une aide
gouvernementale pour une construction d'environ $180,000. On avait pensé
souscrire localement $50,000 obtenir un emprunt par l'entremise de la Caisse
populaire locale de $75,000 et recevoir un octroi d'environ $50,000 du
ministère.
Evidemment, le ministère n'a pas voulu donner suite, et a
même, je crois, refusé d'accorder une aide dans ce cas-là.
De toute façon, la Corporation qui s'est formée a
décidé de continuer son travail et a organisé une
souscription locale où il s'est souscrit $55,169.59 pour une population
de 4,000 habitants. A date on a perçu et payé $40,000.15 et on a
l'assurance d'un prêt par la Caisse populaire de $70,000.
Evidemment, devant le refus du ministère d'accorder une aide
quelconque, on a décidé de changer les plans, de façon
à être en mesure d'arriver quand même à construire ce
qui est pour la localité et la région une nécessité
excessivement urgente. On a décidé que si le mi-
nistêre n'était pas en mesure d'aider, la population
prendrait ses responsabilités et trouverait le moyen de réaliser
ce projet. Actuellement les soumissions sont sorties et d'ici une semaine la
construction va commencer. Mais, où je dis que le ministère a
manqué un peu, c'est que si on refusait une aide financière, au
moins on aurait dû donner l'assurance qu'on obtiendrait le permis
nécessaire pour recevoir et hospitaliser les nécessiteux. Je
crois que le ministère a refusé ce permis.
S'il s'était agi d'un projet qui n'aurait pas été
mûrement réfléchi, qui n'aurait pas été
pesé dans tous et chacun de ses détails, je comprendrais
facilement que le ministère puisse apporter des objections.
Mais on a fait une étude locale dans tous les domaines, on a
couvert tous les aspects, on a considéré la population locale, on
a considéré les déboursés qu'il y aurait à
faire, on a considéré les revenus qu'on pourrait en retirer.
Cette étude a été présentée mais sans aucun
succès, sans aucun apport, sans aucune aide de la part du
ministère. Et je crois qu'il aurait dû, à ce
moment-là, encourager l'initiative car, si une population est
prête à faire un effort aussi grand que celui qu'on voit dans ce
cas-là, je crois que c'était une manière d'encourager le
développement de ces foyers dont on a besoin un peu partout.
Actuellement je ne sais pas quelle sera l'attitude du ministère.
On a dit, à un moment donné, que le ministère ne voulait
plus aider en aucune manière à la réalisation
financière de ces édifices. Et lorsqu'on a commencé la
construction de celui de Drummondville, l'automne dernier, alors que le
gouvernement a dû donner un octroi d'au-delà de $1,000,000, on a
spécifiquement déclaré que c'était le dernier.
Mais, je ne vois pas pourquoi on a, à ce moment-là, dit que
c'était le dernier, alors qu'il s'agissait d'une région qui n'en
avait peut-être pas plus besoin que d'autres. Et pourquoi faire le point
final à ce moment-là? Les autres populations n'étaient pas
aussi exigeantes. Elles demandaient tout simplement une aide convenable qui
aurait servi.
Lorsqu'une population souscrit 1/3 de la construction d'une
bâtisse, je me demande s'il n'est pas juste que le ministère fasse
au moins sa part. S'il n'est pas en mesure d'assurer une aide
financière, pourquoi, au moins, ne pas permettre que lorsque cette
construction rencontre toutes les exigences que le ministère peut
exiger, pourquoi, lorsque cette construction sera complétée, ne
pas donner au moins l'assurance à cette corporation que les personnes
nécessiteuses qui y seront hospitalisées pourront l'être et
recevoir l'aide du ministère? A l'heure actuelle, on n'a même pas
cette assurance. On semble leur avoir refusé catégoriquement ce
permis.
Si on fait une étude régionale, on réalise que des
vieux foyers qui n'ont pas les exigences, les commodités de ceux qu'on
propose actuellement, ont déjà des avantages énormes. Il
en existe un à St-Honoré-de-Shenley, qui n'a pas du tout les
exigences de celui de St-Joseph qui est actuellement en construction au prix de
$450,000,à St-Georges de Beauce, et qui aura toutes les
commodités, mais auquel on refuse d'avance le permis d'hospitaliser des
nécessiteux.
Et c'est là-dessus, M. le Ministre, que je voudrais me permettre
de faire certaines suggestions de manière à encourager un effort
aussi loyal que celui qui est fait de la part de ces personnes dans une
localité donnée. Ce foyer, qui actuellement se construit, sera
probablement le premier d'une série parce qu'à la suite de
celui-ci les municipalités, chacune dans leurs limites, vont essayer de
s'organiser et suivre le mouvement créé à cette
occasion-là. C'est un besoin pour chacune des municipalités.
Je voudrais suggérer au ministre qu'au moins on leur facilite
certains avantages pour leur permettre d'établir ces maisons, des
maisons à but non lucratif, mais tout simplement pour rendre un service
à une localité donnée. Je demanderais au ministre de bien
vouloir prendre en sérieuse considération les remarquas que je
fais non pas pour critiquer mais pour mettre en lumière ce qui se
produit actuellement, espérant qu'il y aura possibilité d'obtenir
certaines améliorations dans un avenir prochain.
M. LAFRANCE: M. le Président, le député de Beauce
vient d'attirer mon attention sur un cas qui me semble très sympathique.
Mon sous-ministre me dit qu'il est déjà au courant. Je suis fort
surpris qu'on ait refusé, qu'on ait découragé les gens. Je
crois qu'ils sont de bonne volonté, et nous voulons au contraire
encourager au ministère de la Famille et du Bien-Etre social.
J'ai l'impression que ce plan-là a peut-être
été soumis un peu trop tôt. Depuis ce temps-là, il y
a eu des changements à la Loi de la Société centrale
d'hypothèques. II y en aura d'autres également. Et je voudrais
profiter tout de suite de l'occasion pour bien établir la politique du
gouvernement en ce qui concerne la construction de centres d'accueil pour
personnes âgées.
Disons d'abord que, pour ce que vient de dire le député de
Beauce, à peu près tous les députés
ministériels, en commençant par chacun de mes collègues du
Cabinet, sont à peu
près dans la même situation. Tous, depuis trois ou quatre
ans, essaient de réaliser la construction d'un centre d'accueil. Et je
dois dire que cela fait l'objet, en certains milieux, d'une certaine
exploitation. Des dizaines et des dizaines de projet nous ont été
soumis. Il s'agissait de motels, d'hôtels ou autres maisons commerciales
qu'on voulait convertir en centre d'accueil pour personnes
âgées.
Beaucoup de gens ont vu dans ces centres d'accueil une espèce de
commerce qu'on voulait exploiter à l'avantage des municipalités.
En général, je crois que le souci des gens est de venir en aide
à ces personnes. Alors, je voudrais bien établir, pour
l'information de tous les députés, quelle sera à l'avenir
la politique du ministère de la Famille et du Bien-Etre social.
Les nouveaux projets devraient comprendre un certain nombre de petits
logements complets, avec leur cuisinette, et aussi simplement des chambres, une
salle à manger commune pour les personnes qui ne pourraient cuisiner
elles-mêmes, et des salles communes de séjour. Ces nouveaux
établissements devraient être de modestes dimensions, et
bâtis à proximité de l'église paroissiale pour
permettre la plus grande intégration possible des personnes
âgées à la vie de la paroisse. Les nouveaux centres
devraient être conçus non loin des établissements
hospitaliers, de façon à profiter des services existants et
spécialisés. Tous les efforts devraient être tentés
pour permettre et encourager l'indépendance des personnes
âgées, et leur vie active, après condition établie
de leur bonne santé.
Il est bien entendu que les nouveaux centres doivent être
organisés pour recevoir non seulement des personnes seules, mais les
couples qui pourront désormais continuer de vivre leurs jours ensembles.
Un souci tout spécial devrait être accordé pour donner aux
personnes âgées, inquiètes de ce qui pourrait se passer, la
plus grande sécurité possible. Les constructions devraient
prévoir des rampes le long des corridors, des dispositions
spéciales pour les salles de bain, tout un appareil de clochettes
d'alarme, et enfin la présence sur place d'un personnel résident.
Les personnes en résidence devraient cependant être
limitées, et ne pas remplacer l'entraide que pourraient se donner des
voisins.
La province ne prendra pas l'initiative de construire elle-même,
dorénavant, ces centres de logements pour personnes âgées,
mais offre aux groupes locaux, aux communautés religieuses, aux
représentants des municipalités, de les aider à
réaliser leur projet. Elle pourra les habiliter à recevoir des
personnes âgées en vertu des lois. Le coût capital de ces
projets devra par ailleurs être financé en ayant recours aux
ressources existantes à la Société centrale
d'hypothèques et de logement, comme cela se fait dans un bon nombre de
provinces canadiennes. Cette Société offre des prêts
pouvant aller jusqu'à 90% de la valeur totale et à des taux qui
comptent parmi les plus bas sur le marché. Présentement 5 1/8%.
Ces prêts sont remboursables par versements égaux
échelonnés sur des périodes variant de 40 à 50 ans.
Seules sont éligibles des corporations sans but lucratif. La province,
pour sa part, donnera aux promoteurs l'assurance qu'ils pourront rencontrer
leurs obligations, permettant aux personnes âgées qui ne
pourraient payer leur loyer ou qui auraient besoin de soins spéciaux de
le faire à même les revenus additionnels d'assistance sociale sous
forme de pension, ou autrement.
Les groupes locaux devraient s'assurer des contribuables, du public
directement, ou par l'entremise des conseils municipaux, une somme qui ne
serait pas inférieure à 10% du coût de la construction.
Déjà, dans plusieurs endroits de tels groupes ont
réussi à recueillir des fonds, indice sérieux que le
besoin de logements pour personnes âgées dans ces localités
est bien senti, qu'il existera des groupes sérieux,
déterminés à procurer une solution à leurs
problèmes.
On pourra se procurer des renseignements sur la procédure
à suivre au ministère de la Famille et du Bien-Etre social.
M. le Président, nous voulons faire comprendre aux citoyens qu'il
y a là une responsabilité, non seulement du gouvernement, mais
une responsabilité des citoyens, une responsabilité de la
municipalité, et des organismes aussi.
Le gouvernement évidemment, doit surtout se soucier de ceux qui
sont considérés comme des nécessiteux.
Nous voulons, autant que possible, multiplier à travers la
province des petits centres, afin que ces personnes puissent demeurer
près des leurs, près de leurs enfants par exemple, et nous avons
réussi avec quelques projets-pilotes et ici, je suis heureux de rendre
hommage à mon sous-ministre, M. Marier, qui est un ex-officier de la
Société centrale d'hypothèques, vice-président, je
crois, qui a une très vaste expérience en ce domaine et qui,
depuis près de deux ans, a consacré tous ses efforts à
réaliser cette nouvelle politique que nous allons pouvoir appliquer
aussitôt que cet amendement à la loi aura été
voté par la Chambre.
Alors, nous avons réussi déjà à diminuer
à $5,000 par lit le coût de construction, ce qui était
autrefois $10,000 et $12,000; nous avons aussi réduit le maximum du
personnel d'entretien.
De quelle façon procéder pour obtenir l'autorisation pour
la construction d'un centre d'accueil? D'abord, je dirais à nos amis de
St-Joseph-de-Beauce qu'ils sont mieux de ne pas construire avant d'avoir
l'autorisation du ministère de la Famille et du Bien-Etre social. Il est
évident qu'il leur faut un permis. Ils ne peuvent pas opérer sans
permis et je suis fort supris des remarques que vient de faire le
député de Beauce. Il me semble que, au ministère de la
Famille et du Bien-Etre social, la délégation a dû
certainement être mieux accueillie que vient de le soutenir le
député de Beauce.
M. ALLARD: Us ont un permis de construire, mais ce qu'ils n'ont pas,
c'est l'assurance que, une fols qu'ils auront construit, les nécessiteux
qui seront hospitalisés...
M. LAFRANCE: C'est évident qu'ils auront ça puisqu'ils ont
un permis, c'est sûr,...
M. ALLARD: Evidemment, ça ne leur a pas été
déclaré. Ah, si le ministre veut confirmer qu'ils vont l'avoir,
je ne demande pas mieux, mais je sais, on m'a averti, qu'ils n'avaient pas
cette assurance-là.
M. LAFRANCE: S'ils ont un permis de construction, c'est évident
qu'ils vont pouvoir bénéficier de l'assistance publique pour les
personnes qui sont nécessiteuses.
M. ALLARD: Ah, tris bien dans ces conditions-là,
M. LAFRANCE: Absolument, jamais, je crois, aucun officier n'a pu
écrire ça, c'est contraire à la politique du
ministère. Alors, à l'avenir, je voudrais bien établir la
procédure.
Il faudra d'abord en démontrer le besoin. Nous avons une
expérience par exemple à Notre-Dame-de-la-Guadeloupe, où
on a construit un centre d'accueil pour contenir 55,60 personnes, et quand est
venu le moment d'ouvrir cette maison, à notre grand étonnement,
il y avait une trentaine de personnes seulement qui étaient
qualifiées pour occuper les places.
Alors, il faudra d'abord établir les besoins Il appartient
à cette corporation de le démontrer. Nous avons justement
à cet fin un questionnaire à remplir et nous avons des
enquêtes qui seront faites par les services sociaux de la région.
Deuxièmement, il faut une corporation à but non lucratif et
à ce moment-là, cette corporation pourra voir un architecte et
avoir ce que l'on appelle une esquisse préliminaire qui sera soumise aux
officiers de mon ministère. Troisièmement, il faudra une
rencontre avec les officiers de mon ministère et de la
Société centrale d'hypothèques pour soumettre le projet.
Quatrièmement, l'approbation du conseil des ministres.
Cinquièmement, les soumissions publiques.
Mais, je tiens à dire tout de suite que nous aurons une autre
excellente occasion pour discuter à fond cet important problème
auquel tous les députés de cette Chambre s'intéressent et
je crois que c'est tout à l'honneur de la Chambre, quand nous
présenterons très prochainement un amendement à loi
d'établissement des personnes âgées.
M. ALLARD: Je remercie le ministre et je constate que le foyer dont je
parlais remplit exactement toutes les exigences. L'étude a
été faite dans tous les sens; le détail est complet.
M. LAFRANCE: C'est un permis municipal de construction qu'on a obtenu,
je crois?
M. ALLARD: Oui.
M. LAFRANCE: Ah, bien, ça n'est pas la même chose, je tiens
à le dire bien amicalement au député de Beauce, il
faudrait absolument, avant qu'on entreprenne une construction de cette
importance, qu'on obtienne l'approbation de mes officiers. Je suis sûr
que, d'après ce qu'il vient de me dire ce soir, on ne peut pas le leur
refuser.
M. ALLARD: J'ai un mémoire, soumis en novembre 1963 où
l'étude était complète et détaillée,
comprenant tout ce que vous venez de mentionner. Le mémoire est
préparé parfaitement. Ce fut de peine et de misère. On a
fait des voyages à Québec, on a fait des déplacements
considérables sans succès. Dernièrement, voici ce qui
paraissait dans le journal: c'est que si on n'était pas capable de rien
obtenir du ministère, on s'en passerait. Je ne crois pas que c'est la
meilleure solution, mais tout de même...
M. LAFRANCE: Il y a longtemps que le député est au courant
du problème?
M. ALLARD: Je l'ai appris il y a à peu près un mois.
M. LAFRANCE: Le député aurait pu m'en dire un mot, je
pense.
M. ALLARD: Bien voici, me disant que vous aviez en main tout le
mémoire au complet, que vos officiers avaient été
consultés...
M. LAFRANCE: Nous en avons des centaines.
M. ALLARD: Oui, peut-être, mais celui-là on n'a rien
trouvé à leur dire sur ce qui manquait. J'espère que le
ministre pourra prendre connaissance de ces renseignements que je lui ai
donnés et ses officiers pourront référer au mémoire
présenté. Et si à ce moment-là, c'était
insuffisant, je me ferais un devoir de compléter.
M. LOUBIER: M. le Président, je regarde aux comptes publics,
à la page 279, il y a eu une somme de $63,673.72 d'accordée
à l'hospice St-Bernard-de-St-Damien. Est-ce que le ministre pourrait
m'expliquer le pourquoi de cette somme qui aurait été
versée à l'hospice St-Bernard? Est-ce que c'est une construction
ou un agrandissement, ou des réparations?
M. LAFRANCE: Bien voici, je croyais que mes officiers avaient une carte
à ce sujet-là, nous ne l'avons pas dans le moment. Est-ce qu'on
ne reçoit pas des enfants dans cette institution-là?
M. LOUBIER: A l'hospice même, je ne pense pas.
M. LAFRANCE: C'est à St-Damien de Bellechasse?
M. LOUBIER: Oui.
M. LAFRANCE: Ce sont des « per diem » d'enfants, les «
per diem » qui sont payés pour le placement d'enfants. C'est ce
que me disent mes officiers.
M. LOUBIER: Maintenant, est-ce que le ministre est au courant
qu'à St-Damien, où est la maison-mère des religieuses
Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, qu'en 1960 il y avait eu des travaux
préliminaires de faits pour la. construction du Foyer St-Bernard? Il y a
eu excavation, les fondations ont été faites, et on a
dépensé une somme d'au-dessus de $63,000. A cette somme, il y
aurait lieu d'ajouter la perte, une somme due pour le ciment qui a
été perdu, des honoraires d'architecte, etc., et qui peuvent
totaliser une somme d'environ $75,000 à $100,000.
Or, j'entendais tout à l'heure le ministre dire que dans les
nouveaux plans de son ministère pour la construction de centres
d'accueil, une condition était qu'autant que possible on voulait que ce
soit à proximité d'un hôpital. Et dans Bellechasse, je dois
vous dire, M. le Président, qu'on n'est pas chanceux. On a eu encore
là des débuts pour la construction d'un hôpital que j'ai
qualifié à un moment donné d'hôpital portatif, parce
qu'on ne l'a jamais vu, ç'a peut-être été construit
la nuit, on l'a emporté dans un autre comté, mais je me demande
si on n'a pas fait la même chose avec le Foyer St-Bernard; et je suis en
train de me demander s'il ne serait pas prudent d'informer mes vieux et mes
vieilles du comté de Bellechasse de faire attention pour ne pas se faire
voler eux-autres aussi, puis de se voir transporter dans un autre
comté.
M. le Président, sans vouloir badiner plus longtemps avec ce
problème qui me semble extrêmement essentiel auquel ces
religieuses se sont dévouées avec beaucoup de zèle et avec
beaucoup de distinction, nous sommes aujourd'hui devant un fait qui est des
plus pitoyables, c'est que ce début de construction n'a jamais
été continué par le gouvernement actuel malgré
qu'il y ait eu un coulage d'environ $75,000.
Je demanderais au ministre pourquoi? Est-ce qu'il a pris connaissance de
ces faits et pourquoi le gouvernement actuel n'a pas donné suite
à ce projet qui avait été commencé et où il
y avait eu des sommes tellement importantes de dépensées.
Actuellement c'est un immense trou et des fondations entourent ce trou immense
qui nous fait regretter à chaque jour le geste qu'a posé le
gouvernement, malgré les nécessités extrêmement
urgentes au point de vue social et géographique, pour notre comté
de Bellechasse. Est-ce que le ministre aurait des commentaires à faire
à ce sujet.
M. LAFRANCE: M. le Président, c'est l'un de ces projets, l'un de
ces trous qu'on a pu creuser de façon trop précipitée,
quelques semaines seulement avant la dernière élection, et la
province, à cause de raisons d'ordre administratif et budgétaire,
n'a pas pu poursuivre la réalisation de ce projet. Il y en a
quelques-uns qui ont été abandonnés comme celui-là.
Peut-être les reprendrons-nous plus tard, pour le moment, c'est en
suspens.
M. HAMEL (St-Maurice): Adopté.
M. LOUBIER: Mais, voici, c'est que j'ai
raison de dire qu'on n'est pas chanceux dans Bellechasse: on perd un
hôpital dont la construction, les fondations sont faites, et je suis
rendu à m'interroger pourquoi ça nous arrive à nous
autres, dans notre comté, parce que, à ce moment-là, ce
n'était pas une promesse du gouvernement, du parti qui a
précédé celui qui est au pouvoir actuellement;
c'était une promesse du parti actuel, pour mon hôpital; et pour la
question de l'hospice,..
M. LAFRANCE: La question de l'hospice, M. le Président, c'est le
4 avril 1960.
M. LOUBIER: Alors qu'on dépense un million à
Drummondville, il me semble que dans mon comté, on aurait pu
bénéficier de la bienveillante attention des autorités
gouvernementales et qu'on continue au moins ce projet, ou qu'on donne des
raisons valables, des raisons très sérieuses pour empêcher
la réalisation de ce projet; soit qu'on donne des raisons d'ordre
géographique, des raisons d'ordre sociologique, des raisons, n'importe
quelles raisons qu'on aurait pu présenter à la population et qui
auraient pu être acceptées; mais, actuellement, on se pose des
points d'Interrogation, et nous nous demandons pourquoi ce traitement est
infligé au comté de Bellechasse, dans les circonstances.
M. HAMEL (St-Maurice): Le ministre a répondu.
M. LAFRANCE: Ce sont des raisons d'ordre prioritaire, surtout, les
besoins qui se faisaient sentir étaient plus...
M. LOUBIER: Mais est-ce que le...
M. LAFRANCE: D'ailleurs, je ne crois pas qu'on puisse attribuer ce
retard uniquement à des raisons partisanes; si nous prenons le cas par
exemple de Louiseville, nous aurions eu, là aussi, d'excellentes raisons
de ne pas continuer ce projet.
M. JOHNSON: Cela vous a pris du temps.
M. LAFRANCE: Il y avait des raisons d'ordre prioritaire
également.
M. JOHNSON: Trois ans.
M. LOUBIER: Juste pour terminer, si le député de
Missisquoi me le permet. Est-ce que le ministre me permet de lui apporter toute
la documentation voulue afin de lui prouver qu'il s'agit d'une question
prioritaire également dans Belle- chasse. Au point de vue besoin, c'est
un besoin prioritaire que la construction de cet hospice; et si le ministre
écoute d'une oreille bienveillante les représentations qui lui
seront faites, j e suis persuadé qu'il souscrira au désir
quej'exprime de voir réaliser le plus tôt possible ce proj et dans
le comté de Bellechasse.
M. LAFRANCE: Je l'Invite tout simplement.
M. BERTRAND (Missisquoi): M. le Président, je voudrais tout
simplement relever la déclaration du ministre à l'effet que le
projet de St-Damien-de-Bellechasse a été décidé
d'une manière précipitée à la veille de la campagne
électorale, de 1960. Le ministre fait erreur, s'il consulte le dossier,
ou les dossiers, au suj et des centres d'accueil à l'époque,
l'honorable Paul Sauvé, qui était alors titulaire, avait
décidé de la construction d'us centre dans le comté de
Bellechasse de même qu'à Louiseville, à Trois-Pistoles,
à Sherbrooke et à Drummondville, et je note que, des cinq projets
dont le gouvernement avait alors décidé, quatre de ces projets
ont été continués. .. les dossiers avaient
été préparés en 1959, et en 1960 la décision
a été prise, elle avait été prise d'ailleurs
à l'automne 1959, et nous l'avons...
M. BELLEMARE: Les travaux étaient commencés,
M. BERTRAND (Missisquoi): ... nous avons autorisé.
M. HAMEL (St-Maurice): Elle avait été annoncée
durant la campagne électorale.
M. BERTRAND (Missisquoi): ... ces constructions au printemps de 1960.
Depuis plusieurs années, plusieurs mois auparavant, les études
étalent faites par les officiers du ministère, et d'ailleurs le
ministre a lui-même admis, tantôt, qu'il avait continué
quatre des projets qui avaient alors été étudiés et
sanctionnés. Je comprends que le député de Bellechasse est
surpris que le projet que l'on devait établir dans le comté de
Bellechasse n'a pas été continué par le ministère
du Bien-Etre social.
A l'époque, on avait fait une étude, non seulement pour le
comté de Bellechasse mais également pour la région, et
l'établissement d'un centre d'accueil à St-Damien semblait
répondre aux besoins non seulement du comté, mais de toute la
région avoisinante.
M. LOUBIER: Je remercie le député de Missisquoi d'avoir
apporté ces éclaircisse-
ments. Si le ministre me permet d'ajouter qu'au point de vue personnel,
à St-Damien, nous avons ce qui est le plus qualifié au point de
vue professionnel, au point de vue technique et au point de vue
dévouement et sens de la mission accomplie des religieuses de
Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, qui sont toutes prêtes à
accorder leur entier concours et à continuer à travailler dans le
même sens.
Le ministre voudra bien admettre avec moi que, lorsqu'il a
exprimé le désir que les hospices ou les centres d'accueil soient
à proximité d'un hôpital, soyez assuré que j'y
concours à 100% et j'espère qu'un bon matin je me lèverai
et que mon hôpital d'Armagh sera revenu à Armagh et qu'on aura
commencé à construire le Foyer St-Bernard, et ça fera
plaisir au ministre, ça rentrera dans les normes du ministre à
l'effet qu'un foyer soit construit près d'un l'hôpital.
M. LAFRANCE: Alors, je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai
déjà dit sinon que le projet de St-Damien recevra la même
attention que tous les autres projets.
M. LOUBIER: Je remercie le ministre.
M. DUCHARME: M. le Président, je voudrais soumettre au ministre
la question d'un projet de construction d'un centre d'accueil pour vieillards
dans mon comté de Laviolette, à St-Tite. Le ministre est
parfaitement au courant de cette question. C'est un projet qui n'est pas
nouveau, qui date de plusieurs années et qui, même avait eu un
commencement de réalisation...
M. HAMEL (St-Maurice): C'est pendant une période
électorale, si mon souvenir est exact.
M. DUCHARME: Je demande pardon au député de St-Maurice,
cette construction-là avait été décidée en
1959, même avant l'élection de 1960. Et en 1960...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs 1 M. GOSSELIN: Vous avez l'air de
bouffons.
M. DUCHARME: II me semble que je ne parle pas tellement souvent en
Chambre qu'on devrait avoir l'obligeance de me laisser parler.
En 1960, un contrat avait été accordé, les
fondations ont été faites; il y a eu une centaine de mille
dollars, pas loin de là dans tous les cas, qui fut
dépensée pour commencer la construction de ce centre d'accueil
pour vieillards.
Et ce qui s'est produit, c'est que dès que le Parti
libéral a pris le pouvoir, on a arrêté complètement
les travaux et les raisons qu'on a fait valoir dans le temps, j'ai
déjà fait des interpellations en Chambre à ce sujet, j'ai
eu l'occasion d'en conférer avec le ministre personnellement, les
raisons principales que l'on invoquait c'est que le terrain où on
voulait construire le centre d'accueil en question ne répondait pas aux
besoins, il n'était pas assez solide pour supporter une semblable
construction.
Or, je dois dire, le ministre est au courant, je n'en doute pas,
que le curé de St-Tite est venu rencontrer ici le premier
ministre et j'ai lieu de croire que le ministre du Bien-Etre social et de la
Famille devait être présent lors de cet entretien. A tout
événement, c'est le curé de St-Tite qui m'a dit
lui-même être venu rencontrer le premier ministre; on a soumis
cette objection du sol qui n'était pas capable de supporter une telle
construction et il a réfuté absolument la chose en disant que la
construction de ce centre d'accueil était à proximité de
l'église, une bâtisse en pierres solides beaucoup plus pesante que
n'aurait été le centre d'accueil en question, qui est bâtie
sur le même sol, sur le morne terrain et que cette construction n'a
jamais bronché. Il y a également à proximité de
là un couvent auquel une annexe a été construite il y a
quelques années et, encore là, il s'agit d'une bâtisse
beaucoup plus considérable et beaucoup plus pesante que ne l'aurait
été le centre d'accueil en question et le sol était en
très bon état: la bâtisse n'a pas bronché et le
centre d'accueil pouvait y être bâti.
D'ailleurs, j'ai eu des conversations avec le ministre et je crois que
le ministre en est venu à la conclusion que réellement cette
question du sol n'était pas primordiale et qu'il y avait moyen de
s'entendre à ce sujet-là. Des sondages ont été
faits avant que ne commence la construction de l'édifice en question, et
ce par des gens compétents, et on en est venu à la conclusion que
le terrain était absolument propice et assez solide pour recevoir la
construction en question.
Je me demande s'il va falloir passer parles nouvelles procédures
auxquelles a fait allusion le ministre tout à l'heure et si l'on va
laisser ce montant d'argent considérable qui a été
dépensé pour creuser un trou béant en plein centre de
St-Tite, à proximité de l'église, sans rien faire, sans
donner suite à cette construction.
Comme le disait le ministre tout à l'heure, on a construit
à Louiseville le centre d'accueil et ça avait été
décidé absolument en même temps
que celui de St-Tite. Et le premier ministre du temps, d'ailleurs,
l'honorable Duplessis, l'avait déclaré à la Chambre, lors
d'une interpellation d'un député de l'Opposition qui lui a
demandé s'il y avait des projets en vue et le nom de la ville de St-Tite
avait été donné en même temps que
St-Damien-de-Bellechasse et en même temps que les autres places
auxquelles a fait allusion tout à l'heure le député de
Missisquoi. Alors je demande au ministre quelle est l'attitude qu'il entend
tenir à ce sujet et je serais bien aise d'entendre ses commentaires.
M. LAFRANCE: M. le Président, je sais comment le
député de Laviolette se soucie de la construction de ce projet.
Il m'en a parlé à plusieurs reprises et je tiens ce soir à
la remercier du ton toujours conciliant qu'il a adopté quand il m'a
causé de ce projet-là.
Je dois lui dire que lui comme tous les membres de cette Chambre, qu'ils
soient d'un côté ou de l'autre, devront se soumettre aux nouvelles
procédures que nous avons adoptées. Mais je dois rétablir
cependant ce que vient de dire le député de...
M. JOHNSON: Sauf à Drummondville.
M. LAFRANCE: ... de Laviolette quand il parle du terrain. M. le
curé peut être un excellent curé mais je ne crois qu'il
soit un expert quand il s'agit des fondations du terrain, du sous-sol. Et, ici,
je vais faire, à l'intention de la Chambre pour pouvoir
l'éclairer à la suite des déclarations du
député, un petit historique de ce projet. Le 27 mai
l'élection avait lieu au mois de juin le 27 mai 1960, l'honorable
Jean-Jacques Bertrand, ministre du Bien-Etre social, confirme par écrit
l'acceptation des esquisses préliminaires que M. Robert Johansen a
préparées...
M. CREPEAU: Chantage!
M. LAFRANCE: ... selon ses instructions, et confie à ce dernier
la préparation des plans et devis définitifs ainsi que la
surveillance du projet se rapportant à la construction d'un centre
d'accueil pour personnes âgées à St-Tite, comté de
Laviolette.
M. le Président, si le procureur général ne voulait
pas m'interrompre, je pourrais...
Dans la même lettre, il confirme aussi l'engagement des
ingénieurs-conseils suivants: Lalonde & Lavoie de Montréal
pour la charpente; MM. Letendre et Montil pour la plomberie, le chauffage et la
ventilation; M. François Langlais, ingénieur de Québec,
pour la partie d'é- lectricité. Il est toutefois entendu que le
coût de ce nouvel établissement ne devra pas excéder la
somme de $1,200,000, y compris les honoraires professionnels, et sa
capacité devra se limiter à un maximum de 150 lits, compte tenu
des pensionnaires, religieux et employés.
Le 31 mai 1960, c'est avant le changement de gouvernement, un rapport
des ingénieurs Piette, Audy et Lepinay a été transmis
à M. Robert Johansen, établissant que la résistance du
terrain pouvait se limiter à 800 livres le pied carré et
permettant ainsi la préparation des plans des fondations sur cette
base.
Le 7 juin 1960, survient la convention entre le ministère du
Bien-Etre social et Rheault & Frères, entrepreneurs
généraux. Celle-ci désigne l'agent du gouvernement de la
province de Québec pour l'exécution et la surveillance des
travaux se rapportant à la construction du foyer Ducharme sur une base
rémunératrice de 5% et 2% sur la somme totale du prix des travaux
à titre de bénéfice et frais d'exécution.
Le 6 juillet 1960, les ingénieurs en charpente, Lalonde et
Valois, ont exigé des essais additionnels par « National Bowering
Sounding Incorporated » a cause du comportement du terrain. Or, le
rapport de ces derniers ingénieurs conseil, en date du 28 septembre
1960, montre que la résistance maximum du sol n'est que de 500 lbs au
pied carré, et leurs conclusions mentionnent clairement qu'il n'y a pas
d'autre alternative que de démolir et enlever du site tous les
empattements qui ont été coulés
précédemment, et ensuite recommencer à nouveau, ou
augmenter la partie des fondations sur la base de 500 lbs au pied carré,
ce qui serait plus onéreux.
Depuis ce rapport, évidemment, tout a été
gardé en suspens. Et des plans qui avaient d'abord été
préparés sur une base de résistance du terrain à
800 lbs au pied n'ont pas été refaits sur la nouvelle base de 500
lbs au pied carré, et nous attendons les événements.
Alors, M. le Président, la seule raison, ce n'est pas la seule
mais l'une des principales raisons, c'est que, d'après les
ingénieurs, le terrain ne convenait pas pour cette
construction-là, ou il aurait fallu modifier les plans, ce qui aurait
côté encore plus cher. Mais je répète ce que j'ai
dit au député, il pourra recevoir la même attention que
tous les autres projets, si la corporation veut bien soumettre de nouveau son
projet I l'étude.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. JOHNSON: Non! Quand j'entendais le ministre féliciter le
député de Laviolette pour son ton conciliant, je ne pouvais pas
m'empêcher de songer que le seul projet qui a bougé, c'est celui
de Louiseville, dans les comtés de l'Opposition, et c'est à cause
précisément du ton tout autre que conciliant qu'a eu le
député de Maskinongé dans cette Chambre. En 1961, le
ministre s'est fait parler. En 1962, il s'est fait parler, et ç'a
démarré et ça marche. Mais le député de
Laviolette, lui, a été conciliant pour le ministre, et il n'a
rien eu à date.
M. le Président, la politique du gouvernement dans ce
domaine-là, ça m'a l'air de faire de la politique. Prenez le cas
de St-Georges, le cas de Louiseville qui a démarré finalement, le
cas de Guadeloupe, le cas de St-Damien, le cas de St-Tite...
UNE VOIX: Guadeloupe... comté ministériel.
M. JOHNSON: ... et le cas de Drummondville. Regardez-moi le portrait
là, pas d'argent et une politique nouvelle, sauf Drummondville,
$1,800,000 et quelques mille dollars. Partout ailleurs, pas d'argent.
Louiseville également pour les circonstances que j'ai données
tantôt mais partout ailleurs...
M. PINARD: On ramasse les gens de Bagot avec ça nous.
M. JOHNSON: Moi, je les aime trop pour leur souhaiter d'aller dans le
comté du ministre tant qu'il sera là. Pas d'argent et des
nouveaux règlements, sauf pour un comté de ministre. Le ministre
encore une fois, qui sert de paravent dans d'autres domaines, m'a l'air de
servir de paratonnerre dans celui-là. Pendant que les autres
ministères et les autres ministres étatisent, voici un ministre
qui supplie les groupes autonomes, les corps intermédiaires largement
autonomes, mais collaborant avec les autorirés gouvernementales, de
s'occuper de ce problèmes-là. Voici un gouvernement qui
étatise l'électricité, voici un gouvernement qui est
tellement contre l'initiative privée qu'il étatise même les
coopératives. C'est une loi que nous avons devant nous et que nous
discuterons...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: C'est un gouvernement qui, dans le domaine de
l'hospitalisation, a tout fait pour décourager l'initiative
privée, particulièrement des communautés...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. PINARD: A l'ordre!
M. JOHNSON: ... et si on veut un exemple qu'on songe à l'Institut
Prévost, qu'on songe à certains sanatoriums ou l'on s'est
empressé...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs !
M. JOHNSON: M. le Président, je discute de la nouvelle politique
du gouvernement qui dit...
M. LE PRESIDENT: Discutez de ça là?
M. JOHNSON: ... « Nous nous fions à des corps
intermédiaires, à la bonne volonté des gens, et au
bénévolat pour avoir soin des vieux, » Dans tous les autres
domaines, voici le gouvernement qui croit à l'action étatique,
voici le gouvernement qui intervient partout. Voici le gouvernement qui a
détruit les corps intermédiaires dans plusieurs domaines, ou qui
a contribué à les détruire. Voici un gouvernement qui,
dans le domaine de l'hospitalisation, a été trop heureux à
un certain moment de commander des enquêtes qui pouvaient faire dommage
à certaines corporations privées...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: ... et aujourd'hui, ce même gouvernement, quand il
s'agit du bien-être des personnes âgées, veut maintenant
recourir à l'entreprise privée et au bénévolat.
M. le Président, les communautés et les groupes locaux qui
ont goûté à cette mentalité du gouvernement
peuvent-ils croire à la sincérité du ministre?
Peut-être! Mais, ils ne peuvent pas tabler et ne peuvent surtout pas
tabler sur sa pérennité et encore moins escompter qu'il sera
là encore pendant plusieurs années.
Comment voulez-vous que les groupes locaux soient enclins à
prendre des risques? Le député de Beauce a donné le cas de
St-Georges où un groupe que je ne connais pas a quand même pris
certaines initiatives mais qui ne reçoit aucun encouragement du
gouvernement.
Je pense que le fond de l'affaire c'est que le gouvernement ne veut pas
consacrer d'argent à ce domaine. Le gouvernement ne peut pas en
consacrer à l'heure qu'il est parce qu'il est engagé trop
profondément dans d'autres domaines. Le gouvernement n'a pas de
renseignements complets. Le gouvernement n'a pas après quatre ans un
plan général. Il n'a pas
de priorité d'établie là-dedans. Il n'a aucune
prévision pour le vieillessement de la population. En somme, depuis
quatre ans que le présent groupe administre; depuis trois ans qu'on a un
ministre avec le titre de ministre de la Famille, il n'y a encore aucune trace
de plan général.
Tout ce qu'on peut dire c'est « ite ad Ottawa, »
allez à Ottawa, allez à la centrale d'hypothèque.
On disait autrefois dans la paroisse du député de Richmond
« ite ad Joseph » mais là c'est « ite ad Pearson
». On envoie tout le monde à Ottawa aller chercher de l'argent. On
a de l'argent pour les chemins. On a de l'argent pour tous les autres domaines,
mais on n'a pas d'argent, même sur un budget de $1,500,000,000 pour
répondre à des besoins urgents. On a certaines constructions qui
se feront cette année. Tant mieux. Ce sont tous des projets, les
principaux, qui avaient été autorisés du temps de l'Union
nationale avant 1960, particulièrement sous l'administration du
député de Missisquoi, alors ministre du Bien-Etre social et de la
Jeunesse et ce sont des projets cependant qui ont marché au ralenti.
On a tout fait, on a « zigonner » de tout bord et de tout
côté, on s'est fait tirer l'oreille, on a forcé dans le cas
de la Guadeloupe des gens à changer tous les membres de la corporation.
En somme on a laissé les patroneux s'emparer de ces choses-là et
aujourd'hui pieusement, le ministre dit; « Vous, les communautés,
les corps intermédiaires, les groupes locaux et les
municipalités, venez donc nous aider. » C'est ça qui est
décourageant. Cela fait pitié de constater qu'on a rien dans ce
domaine vital, dans ce domaine souverainement important, dans ce domaine
où les libéraux devraient selon ce slogan qu'ils avaient
popularisé dans le temps, pour montrer leur esprit social s'ils en
avaient... « Etre libéral c'est être social » disait
l'ancien chef de l'Opposition.
Il serait plus exact de dire: « Etre libéral c'est
être socialiste » quand il s'agit d'économie...
DES VOIX: Ah, ah, ah!
M. JOHNSON: ... et c'est manquer d'esprit de civisme et manquer d'esprit
social quand il s'agit du bien-être des vieux.
On est beaucoup plus alerte, on est beaucoup plus vociférant et
on est beaucoup plus libéral avec les fonds des contribuables. On n'a
pas peur de s'engager dans des centaines de millions de dollars, on n'a pas
peur d'un million de dollars de dettes par jour comme le disait le
député de Champlain, hier. On n'a pas peur, comme le disait le
ministre du Revenu de se lancer dans des grands déficits, des gens qui
ont peur des grands déficits sont des petites gens, dit le ministre. Eh
bien, je dis que vous montrez beaucoup de petitesse lorsqu'il s'agit du
bien-être de la population.
J'aurais aimé entendre le ministre nous esposer son plan
d'ensemble, nous dire qu'il a réellement des études à
point qui prévoient qu'à cause du vieillissement de la
population, qu'à cause de l'évolution de l'urbanisation,
qu'à cause du déplacement de l'activité industrielle dans
cette province, il a prévu pour chacune des régions,
comtés d'Opposition, comme comtés représentés par
les libéraux, selon une priorité raisonnable
l'établissement de facilités convenables pour nos vieux et nos
vieilles qui doivent être le premier souci d'un gouvernement qui voudrait
être réellement social.
M. LAFRANCE: M. le Président je n'ai pas l'intention de relever
les déclarations que vient de faire le chef de l'Opposition. Comme
toujours, quand il se laisse dominer par l'élec-toralisme, il est
très injuste, mais s'il savait combien il est injuste pour mes officiers
qui, depuis des mois et des mois, se sont acharnés à trouver .
une solution à ce problème. D'ailleurs, nous pourrons
répondre de la façon la plus éloquente au chef de
l'Opposition par les réalisations que nous avons faites depuis...
M. JOHNSON: Ils ont copié la réglementation de la
Société centrale d'hypothèques.
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre.
M. LAFRANCE: Alors, avec le chef de l'Opposition, je me rends compte
qu'en ce domaine comme dans bien d'autres domaines, c'est un dialogue de
sourds. Je n'ai pas l'intention, selon l'expression qu'il a employée, de
« zigonner » avec lui. Il est insatiable. Nous avons une politique
que la province connaît, que nous allons pouvoir exposer quand les
amendements à la loi seront présentés et, comme
d'habitude, ils ne pourront pas satisfaire l'Opposition qui est- toujours
déçue de voir que le parti libéral tient ses engagements
de plus en plus.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre voudrait nous
impressionner, et impressionner la province, avec ce qu'il appelle une
nouvelle
politique. Eh bien sa nouvelle politique là, de remettre
ça entre les mains de la Société centrale
d'hypothèques...
M. LAFEANCE: Si l'Opposition n'en veut pas, qu'elle s'en trouve un
plan...
M. JOHNSON: M. le Président, c'est vieux, c'est vieux! Tout ce
qu'il a là, c'est une copie de réglementation que je connaissais,
en 1959, de la Société centrale d'hypothèques. Ce n'est
pas nouveau, il y a des années que la Société centrale
d'hypothèques...
M. COURNOYER: Qui est-ce qui était au pouvoir dans ce temps
là?
M. JOHNSON: ... a des plans pourdes résidences de vieillards qui
prévoient, au centre, une salle communautaire, qui prévoient,
dans les appartements, des ameublements à la portée des gens afin
qu'ils ne soient pas obligés de s'étirer, ou de monter, ou de se
forcer le coeur, il y a des années que la Société centrale
d'hypothèques et je ne serais pas surpris que ç'ait
été fait du temps où le sous-ministre était a la
Société centrale d'hypothèques, je pense que c'est
ça, c'est dans ce temps-là que ç'a été fait
et après 4 ans, après 4 ans de publicité, des
grands discours, on aboutit en Chambre avec une copie d'un plan de la
Société centrale d'hypothèques. C'est tout ce qu'on a
à nous montrer. Tout de même/qu'on ne nous fasse pas prendre des
vessies pour des lanternes, qu'on ne vienne pas essayer de jeter de la poudre
aux yeux! Il est un fait indéniable, le ministre ne peut pas
répondre à ça, il n'a aucun plan d'ensemble, il n'a aucun
plan d'étude complet qui prévoit le vieillissement de la
population, il n'a aucun plan de distribution selon les besoins des
régions. Tout ce qu'il a, depuis 4 ans, c'est de l'improvisation;
$1,800,000 pour un comté de ministre, mais pas même $50,000 pour
un groupe qui veut, lui, aider la population à St-Georges de Beauce.
M. LAVOIE (Laval): M. le Président, j'étais heureux tout
à l'heure d'entendre justement la nouvelle politique du ministère
du Bien-être social et de la Famille.
M. JOHNSON: C'est magnifique pour les notaires puis les
spéculateurs.
UNE VOIX: À l'ordre.
M. LAVOIE (Laval): Je me demande ce qu'il y a de mal lorsqu'un ministre
propose de se servir, nous, du Québec, des centaines de millions mis
à la disposition de tous les citoyens du Canada par l'entremise de la
Société centrale d'hypothèques et de logements. Je crois
que, depuis longtemps, on aurait dû puiser à cette source, non
seulement pour les maisons de vieillards et de retraites, dans d'autres
domaines que je voudrais mentionner également, dans le domaine de la
rénovation urbaine. Alors, que ces fonds de la Société
centrale d'hypothèque sont votés par le gouvernement
fédéral à Ottawa, sont puisés à même
les revenus de tous les citoyens du Canada, des dix provinces, on a
été trop longtemps à tirer de la patte, et je crois,
aujourd'hui, que c'est une ressource extraordinaire d'aller emprunter de
l'argent à 5 1/8%. Qu'est-ce que le chef de l'Opposition
propose,...?
M. JOHNSON: Cela a pris 4 ans pour s'en rendre compte de ça.
M. LAVOIE (Laval): M. le Président qu'est-ce que le chef de
l'Opposition propose? Il propose que les fonds soient avancés par la
province...
M. JOHNSON: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. LAVOIE (Laval): ... soient avancés par le ministre de la
Famille et du Sien-être social, quand la province emprunte actuellement
à 5 1/2%, 5 3/4%, 6%, alors qu'on peut l'avoir d'Ottawa, notre argent,
nous Canadiens, à 5 1/8%!
Je suis des plus heureux que cette politique générale soit
proposée par le ministre et, encore une fois, ça va
décentraliser l'administration du ministère, alors que ce sont
justement les gens d'un milieu social déterminé dans une
municipalité, dans une région, dans un comté, qui
connaissent les besoins sociaux de leur région. Et c'est certainement
une mesure progressive à l'échelle de la province et le «
per diem », je crois, s'appliquera partout et dans chaque
municipalité, dans chaque paroisse, dans chaque comté. On
décidera, et ça fera partager justement le fardeau de
l'administration de personnes de la société des jeunes ou des
vieillards, par ceux du milieu qui connaissent les besoins.
M. le Président, en passant je me demande ce qui se passe du
coté de l'Opposition lorsque tous les députés de
l'Opposition, à tour de rôle: Beauce, Bellechasse, Laviolette, se
lèvent pour des maisons de retraite et des hospices, je me demande s'ils
voient avec appréhension la prochaine élection et s'ils se
cherchent un lieu de repos.
M. ALLARD: Tandis que le ministre, lui, il l'a pour rien.
M. JOHNSON: Le député de Laval a gâté son
intervention par quelques remarques qui ne sont pas de son style; ça m'a
l'air qu'il a écouté un souffleur et il a tort d'écouter
les souffleurs. Le député de Laval a des convictions. Il
prétend, lui, qu'on doit aller puiser au fédéral, c'est
son opinion, il a le droit; mais je pense que ça n'aurait pas dû
prendre quatre ans pour découvrir qu'il y avait une
Société centrale d'hypothèques avec ce genre de
prêts. Quatre ans, quatre ans...
DES VOIX: Seize ans, seize ans.
M. JOHNSON: ... quatre ans pour faire une copie...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: Quatre ans pour avoir une copie de la réglementation
fédérale dans ce domaine.
M. COURNOYER: Est-ce que le chef de l'Opposition me permet une question?
N'est-il pas vrai que jamais vous n'avez voulu reconnaître la
Société centrale d'hypothèques, alors que vous
reconnaissiez la Metropolitan, puis toutes les compagnies de New York, et puis
d'Amérique et d'Angleterre, alors que jamais vous n'avez voulu
reconnaître la compagnie du Canada...?
M. JOHNSON: Comme d'habitude, le ministre, quand ce n'est pas son
ministère, là je lui donne le bénéfice du
doute jusqu'à tantôt, parle à travers son chapeau.
D'abord, il n'est pas exact qu'on n'a Jamais reconnu la Société
centrale d'hypothèques; elle a été reconnue avant
1960.
M. COURNOYER: Moi, j'étais là, j'étais ici.
M. JOHNSON: Oui, au sujet des prêts de l'habitation.
M. COURNOYER: Moi, j'ai été quatre ans ici avant qu'elle
ne soit reconnue.
M. PARENT: La veille des élections.
M. JOHNSON: Deuxièmement, M. le Président, ça ne
nous intéressait pas de payer un octroi sur les constructions de maisons
ou sur les hypothèques, alors que la Société centrale
d'hypothèques faisait des profits et payait des taxes à Ottawa,
de l'impôt sur les corporations.
Il y a tout de même une limite, prendre l'argent de la province de
Québec pour réduire l'intérêt sur des prêts de
maisons familiales unifamiliales ou à deux familles pour que la
Société centrale d'hypothèques paie de l'impôt sur
les profits à Ottawa, Cela n'avait pas de sens, au taux, à part
ça, où la Société centrale prêtait. Mais
là n'est pas le problème.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: C'est que le député de Laval s'en rend compte
comme tout le monde dans cette Chambre: après quatre ans on n'a pas de
plan d'ensemble. Tout ce qu'on a c'est une copie des règlements de la
Société centrale d'hypothèques qui sont vieux de trois ou
quatre ans. C'est tout ce qu'on a trouvé en quatre ans au
ministère pour avoir soin des vieux...
M. PARENT: C'est beaucoup plus que ce que vous avez fait en seize
ans.
M. JOHNSON: Non! Nous avions décidé la construction de
plusieurs de ces choses: centre d'accueil à Louiseville, Foyer
Notre-Dame-des-Neiges à Trois-Pistoles, Centre Notre-Dame-de-1'Enfant
à Sherbrooke, Centre d'accueil à Drummondville. M. le
Président, nous avions décidé toutes ces
constructions.
M. PARENT: Où est-ce que vous logiez les vieillards?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Le gouvernement les a continuées, sauf qu'il ne veut
pas continuer celui de St-Tite; sauf qu'il ne veut pas continuer celui de
Bellechasse, M. le Président, mais il continue celui de Drummondville;
il a $1,325,000 pour celui-là. Je ne dis pas que celui de Drummondville
n'est pas nécessaire, mais je prétends, à la suite du
députe de Laviolette et du député de Bellechasse, que ces
deux centres sont aussi importants que les autres. Pourquoi fermer la porte,
alors que ces centres-là ont été commencés il y a
quatre ans? On va maintenant instaurer une nouvelle politique après
avoir pris soin de faire une exception pour le député de
Rivière-du-Loup, le député de Sherbrooke, le
député de Drummond et le député de Louiseville, qui
dans cette Chambre avait semonce le ministre à un tel point qu'il en a
eu peur l'année suivante et il avait déjà des
crédits de votés.
Eh bien, moi je dis au ministre que sa nouvelle politique n'est pas
nouvelle, que son plan d'ensemble n'est pas fait, et que c'est une honte
qu'on n'ait pensé aux vieux et aux vieilles de cette province
seulement au bout de quatre ans et en copiant les réglementations
fédérales. Quelle trouvaille!
M. LE PRESIDENT: Adopté.
UNE VOIX: Non, non.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. BOUDREAU: Avant d'écouter l'article No 7, on va prendre le No
8.
M. JOHNSON: Qu'est-ce que c'est ça « autres projets
»?
M. BOUDREAU: M. le Président, je voudrais demander au ministre
s'il voudrait nous donner une liste des autres projets dont il est fait
mention.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y en a un pour Bagot?
M. COURNOYER: Ce n'est pas un comté ça, Bagot!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Avant de passer à la subdivision 8,
je tiens à faire remarquer au comité une rectificatipn à 3
et 4. 3: Centre Notre-Dame de l'Enfant, Sherbrooke, au lieu de $1,230,000
devrait se lire $1,330,000. Et 4: Centre d'accueil, Drummondville, au lieu de
$1,800,000 devrait se lire $1,200,000.
UNE VOIX: C'est effrayant.
M. LE PRESIDENT: Mais ça ne semble pas global, l'erreur
était dans ces chiffres-là.
M. BERTRAND (Missisquoi): Le total reste le même?
M. LAFRANCE: Alors, les autres, pour répondre à la
question que vient de me poser le député de St-Sauveur, voici les
autres projets. Il y a d'abord l'Institut des sourds -muets à
Montréal, l'agrandissement d'un Foyer, et construction d'une
école de métiers. Le patronage St-Charles à
Trois-Rivières, institution pour inadaptés mentaux
éducables et des modifications qui doivent être apportées
à diverses institutions et également je crois qu'un certain
montant sera attribué pour un centre d'accueil pour jeunes
délinquants à Sherbrooke.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. ALLARD: Est-ce que le ministre pourrait nous dire, je vois à
l'item 5: « Cité des jeunes, Val d'Espoir » en quoi consiste
le $100,000 qu'on voit d'inscrit à cet item-là?
UNE VOIX: Un instant.
M. LAFRANCE: Cette somme est prévue pour défrayer les
travaux de transformation aux bâtisses existantes, je crois que
c'était une école d'agriculture, de terrassement et d'articles
d'aménagement afin de permettre l'ouverture de cette école vers
septembre 1964. Actuellement les plans sont terminées et des soumissions
seront demandées incessamment.
M. ALLARD: Est-ce que le ministre est au courant que cette école
justement était une école d'agriculture qui appartenait au
ministère, qui a été délaissée en 1960; dans
le courant de l'année 1960-1961 on a littéralement vidé
cette bâtisse de tous les accessoires de chauffage, de toilettes,
lavabos, etc. Est-ce qu'à un moment donné, il y a eu une
autorisation quelconque pour débâtir cet immeuble? Aujourd'hui on
doit affecter une somme de $100,000 pour la remettre en était de
servir?
M. LAFRANCE: Cette bâtisse va servir à d'autres fins,
d'ailleurs ça relevait du ministère de l'Agriculture, alors je
n'ai pas les informations pour pouvoir répondre à la question que
vient de me poser le député de Beauce mais je crois qu'il va y
avoir énormément de transformations, de changements à
faire au sein de cette bâtisse, de toute façon il fallait
procéder ainsi.
M. ALLARD: A quoi va servir cette bâtisse?
M. LAFRANCE: A la rééducation des enfants de la
Gaspésie.
M. ALLARD: Pardon?
M. LAFRANCE: Pour la rééducation d'un certain nombre
d'enfants de la Gaspésie.
M. ALLARD: Mais $100,000 c'est pratiquement le coût d'une
construction; il y aune bâtisse qui existe de deux ou de trois
étages, ce n'est pas précisément une vieille
bâtisse, il me semble que c'est un coût excessif.
M. LAFRANCE: M. le Président, je me fie moi à nos
officiers, à nos ingénieurs qui eux, ont demandé des
soumissions publiques.
M. ALLARD: Je crois qu'il y aurait intérêt pour le ministre
à faire faire une enquête, pour savoir comment il se fait que
cette bâtisse-là a été vidée, et
qu'aujourd'hui on doive la recons-tuire.
Subsides; Transport et Communications
M. LE PRESIDENT: Adopté. Ministère du Transport et
Communications, page 142, article 1, « Administration ».
M. BELLEMARE; M. le Président, avant de commencer l'étude
de ce ministère, je voudrais demander au ministre s'il y aurait
possibilité qu'en vertu de la loi de ce ministère, votée
en 1949, le ministère a été organisé en
1952, il était dit qu'il y avait un amendement apporté
à l'article 53 pour changer dans l'ancienne loi, l'article 23D de la loi
édictée par l'article 8, de la loi 13, George VI, chapitre 47:
« est modifié en remplaçant la troisième ligne du
premier alinéa et dans la première ligne, deuxième ligne
du dernier alinéa, les mots « procureur général
» par lès mots « ministre des Transports ».
C'était une obligation, dans l'ancienne loi, de faire rapport au
ministre. La Régie des services publics devait faire rapport au ministre
de ses activités, et il donnait par exemple les demandes faites à
la Régie et les ordonnances qu'elle a rendues depuis son entrée
en fonction, selon le cas, depuis son rapport précédent, le
nombre, la nature et le résultat des enquêtes faites pendant la
même période. « Elle doit en outre fournir au procureur
général, » et on a remplacé ça par « le
ministre du Transport, tout autre renseignement qu'il requiert. »
Ceci pour demander au ministre s'il n'y aurait pas possibilité
d'amender la Loi des Transports et Communications pour qu'il soit soumis,
à tous les ans, un rapport du ministère des Transports, comme il
y en a un dans tous les autres ministères de l'administration. Il serait
facile je crois de résumer dans un livre, dans un fascicule toutes les
activités du ministère et il serait plus facile pour les
députés d'y retrouver les différentes activités et
franchement toutes les statistiques dont nous aurions besoin.
M. COURNOYER: J'ai compris le sens des remarques du député
de Champlain, j'abonde entièrement dans son sens et je crois qu'il a
raison. C'est le seul ministère, je crois, qui n'est pas obligé,
en vertu de la loi, de produire un rapport, quoique cependant j'en aie de tout
le monde, et cette année, à la demande du député de
Missisquoi...
M. BERTRAND (Missisquoi): L'an dernier, vous l'aviez promis.
M. COURNOYER: J'avais promis et puis il va être prêt, je
pense, la semaine prochaine ou dans deux...
M. BERTRAND (Missisquoi): II va être prêt après
l'étude des crédits.
M. COURNOYER: Vous êtes capable de passer le vaisseau à un
autre? Je peux répondre à n'importe quelle question sur n'importe
quel sujet, et l'an prochain, je crois que nous pourrons avoir un rapport.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il faudrait que le ministre amende la loi
à cet effet-là?
M. COURNOYER: Oui, peut-être. D'ailleurs c'est mon
intention...
M. BELLEMARE: Pour qu'il soit...
M. COURNOYER: ... probablement qu'il y aura un amendement à la
Loi des Transports avant la fin de la session, alors probablement que je vais
en profiter pour insérer cette clause-là dans la loi.
UNE VOIX: Adopté.
M. ALLARD: Je ne sais pas si on ne pourrait pas, comme pour la
Santé, remettre à plus tard les études du budget pour
avoir le rapport, comme le ministre de la Santé a bien voulu faire?
M. BELLEMARE: II y a à « administration » simplement
une question...
M. ALLARD: Vous n'êtes pas obligé!
M. BELLEMARE: ... d'administration générale. Il y a une
baisse de traitement, peut-être qu'il y a eu des changements? Oui,
$231,000 contre $227,000 cette année. Est-ce que le nombre des
employés est le même ou s'il y a eu des permutations? Il y avait
l'an passé $231,000, et cette année il n'y a plus seulement que
$227,000, il y a $4,000 de différence. Ce n'est pas énorme, mais
je demande au ministre si c'est le même personnel et si les salaires qui
nous ont été fournis d'ailleurs à une question que nous
avons posée...
M. COURNOYER: C'est une question de comptabilité et, je ne sais
pas si vous le savez,
depuis que nous avons le service des véhicules automobiles il y a
un changement qui se produit assez régulièrement dans le
changement du personnel. Il y a des démissions, il y a des gens qui s'en
vont et puis nous avons £ peu près 1,200 à 1,400
employés. Généralement je crois plutôt que les
salaires ont augmenté: d'abord les salaires statutaires puis d'autres
salaires ont été augmentés sur recommandation du
ministre.
M. BELLEMARE: II y a une grosse augmentation aussi dans les frais de
bureau. Il y a presque $40,000 de plus cette année simplement à
l'item: « Administration générale du ministère
».
M. COURNOYER: Ici j'ai une note, par exemple, qui indique que, je
voulais lire ça au début mais le député de
Champlain avait plus d'enthousiasme que moi; il est parti le premier...
M. BELLEMARE: Non, mais c'était mon rapport.
M. COURNOYER: ... et puis le ministre des Transports compte
présentement dans tous ses services 1,034 employés plus 166
émetteurs de permis à commission, formant un grand total de
1,200, et un certain nombre d'employés sont groupés au bureau des
véhicules automobiles, soit 735. Au cours de la dernière
année fiscale $269,350 ont été accordés lors des
revisions des salaires ou pour augmentation statutaires.
UNE VOIX: Adopté.
M. JOHNSON: Quand est-ce qu'on parle des accidents?
UNE VOIX: Cela s'en vient.
M. JOHNSON: Où est-ce qu'on parle de la sécurité
routière? A l'article 1?
M. COURNOYER: Là, c'est moins drôle.
M. JOHNSON: Au point de vue administration, le ministre semble
prévoir beaucoup de voyages cette année. Non, je demande pardon,
ce sont les frais de bureaux.
M. COURNOYER:. Qu'est-ce que vous dites?
M. JOHNSON: Le ministre paie-t-il, à même l'item 1, les
conférenciers dans les écoles ou si c'est sous l'item 5?
M. COURNOYER: Vous savez, je ne serai pas scrupuleux sur la marche
à suivre pour la discussion des crédits. On peut...
M. JOHNSON: Vousallezpeut-être nous permettre de discuter
n'importe quoi?
M. COURNOYER: ... franchement discuter tout de suite ou plus tard.
M. JOHNSON: Quand c'est douloureux, le ministre aime autant passer
ça tout de suite.
M. COURNOYER: Pardon?
M. JOHNSON: Est-ce que le ministre aime autant passer tout de suite les
affaires douloureuses...
M. COURNOYER: II y a longtemps que j'attends. Vous savez j'étais
en famille longtemps, j'étais après le ministre de la
Famille.
UNE VOIX: Adopté.
M. GODBOUT: (président): Article 2: « Service d'inspection
».
M. BELLEMARE: M.le Président,le ministre pourrait-il nous dire
combien il y a d'employés dans ce Service d'inspection?
M. PINARD: Plusieurs.
M. BELLEMARE: Merci, M. le ministre de la Voirie. Vous avez fait un bon
voyage à Toronto?
M. PINARD: Oui, monsieur.
M. BELLEMARE: M. le Président, ces services d'inspection des
véhicules moteurs qui...
M. COURNOYER: Je viens de le dire là, 1,078.
M. BELLEMARE: 1,078. M. COURNOYER: 1,034, pardon! M. BELLEMARE: 1,034.
UNE VOIX: Adopté.
M. BELLEMARE: M. le Président, ce service comprend du personnel
de bureau, à part les inspecteurs...
M. COURNOYER: Oui, oui, au complet.
M. BELLEMARE: Au complet. Est-ce que ce service d'inspection...
M. COURNOYER: Vous savez que nous avons des bureaux pour
l'émission des permis; il y en a qui sont à commission. Je dois
déclarer que la politique du ministère c'est de faire
disparaître les bureaux à commission. Alors là j'ai
donné le nombre d'employés i commission I même le montant
total.
M. BELLEMARE: M. le Président, ces inspecteurs qui travaillent
à l'inspection ne sont pas attachés à des bureaux
régionaux ni à des bureaux locaux. Ce sont des inspecteurs qui
sont, par exemple, nommés pour surveiller avant l'émission des
permis, faire l'inspection des véhicules automobiles...
M. COURNOYER: Les inspecteurs. M. BELLEMARE: Les inspecteurs.
M. LOUBIER: Quel est leur travail dans l'ensemble?
M. COURNOYER: Leur travail c'est de faire appliquer la loi. Cela a l'air
curieux de dire ça. Je ne veux pas que vous pensiez que je veux rire de
quelqu'un...
UNE VOIX: C'est une vérité de la Palice.
M. COURNOYER: ... mais vous savez, il y a des camionneurs qui ont un
permis, n'est-ce pas, pour aller d'un endroit à un autre, et puis le
rôle des inspecteurs c'est de surveiller que ces gens-là ne
dépassent pas leur juridiction, leur pouvoir et leur droit.
M. BELLEMARE: C'est-à dire que ce sont les inspecteurs des permis
de transport émis par la Régie, Si par exemple un camionneur a un
permis d'une zone...
M. COURNOYER: Exactement.
M. BELLEMARE: ... pour le transport du ciment de Montréal
à Grand-Mère ou du papier de Grand-Mère à
Montréal, ils vérifient le permis du transport, la pesanteur, le
nombre de roues et s'il a les licences qu'il faut pour répondre à
chacun des permis.
M. COURNOYER: Et le député admettraque c'est pas mal
d'ouvrage.
Il y en a combien maintenant?
M. BELLEMARE: Il y en avait, je pense dans notre temps une douzaine.
Est-ce qu'il y en a plus...
M. COURNOYER: Plus que ça,
M. BELLEMARE: Il y en a deuxqui gagnent plus de $5,000. Il y a M.
Beaudoin et M. Ferland, je pense qui gagnent plus de $5,000. Mais les autres on
ne peut pas les voir dans les Comptes publics parce qu'ils n'y apparaissent
pas. Us sont sous un item global de $159,000...
M. COURNOYER: Mais la plupart gagnent au-dessus de $4,000...
M. BELLEMARE: Oui mais parce que les Comptes publics ne reproduisent pas
les noms,
M. COURNOYER: ... et là nous en avons 50.
M. BELLEMARE: II y a 50 employés présentement pour
vérifier...
M. COURNOYER: Bien peut-être 51, vous savez. Je peux les donner,
je les ai ici.
M. BELLEMARE: Une minute.
M. LOUBIER Est-ce que...
UNE VOIX: Il n'y a pas de femme?
M. COURNOYER: II y en a une. Je viens de voir un nom de femme.
M. BELLEMARE: Ah! C'est une employée de bureau.
M. COURNOYER: C'est une secrétaire, Michelle Jobin. On va la
recommander i M...
M. LOUBIER: Si je comprends bien, est-ce que le ministre a voulu dire
que tous ces inspecteurs ont pour fonction unique de surveiller que la
réglementation de la Régie des Transports et
Communications...
M. COURNOYER: Oui, il faut ajouter également qu'ils
peuvent-être auxiliaires à la Police Provinciale dans
l'application du code de la route en ce qui concerne les camions.
M. LOUBIER: Pour la pesanteur des camions?
M. COURNOYER: La pesanteur, la vitesse et puis...
M. LOUBIER: Est-ce que ça relève de leur autorité
aussi de vérifier si la pesanteur.
M. COURNOYER: Oui, nous avons un service au transport, nous avons un
avocat au service légal et qui communique avec le ministère du
Procureur général lorsqu'il y a des procédures à
intenter et ça arrive assez fréquemment. J'ai même quelque
chose ici là...
M. LOUBIER: Alors ces auxiliaires-là...
M. COURNOYER: Il y a plusieurs causes qui sont intentées.
M. LOUBIER: Maintenant ils ont mandat ou s'ils ont autorité de
rédiger des infractions pour transmettre au bureau du Procureur
général...
M. COURNOYER: Le procureur du ministère des transports fait un
rapport au Procureur général parce qu'il n'y a aucun
ministère qui a le droit de prendre l'initiative de procédure. Je
pense que le député est au courant de ça. Alors tout
relève du ministère du Procureur général. Ainsi
quand nous avons un rapport d'un de nos inspecteurs, il fait rapport à
notre officier légal qui lui fait rapport au Procureur
général qui à son tour intente des procédures.
M. BELLEMARE: Il y a eu un cas particulier dans la région du Lac
St-Jean. Le ministre est au courant que les inspecteurs ont eu
énormément de difficulté, un inspecteur tout
particulièrement. Je pense que le ministre connaît le nom de cette
grosse entreprise qui se vantait un peu d'avoir la protection au
ministère...
M. COURNOYER: Pas mol?
M. BELLEMARE: Non, non, pas du ministre je n'ai pas dit ça. Mais
probablement certaine protection Je ne le sais pas. J'ai lu cet
après-midi dans des notes, peut-être que le ministre m'a
passé accidentellement une en particulier. On disait que ce
monsieur-là après bien des incursions avait réussi
à prendre le pas. Alors je ne le nommerai pas pour ne pas...
M. COURNOYER: Oh! Vous savez, j'ai tâché d'être le
plus aimable possible pour tout le monde. Alors je pense bien que ça ne
va pas si mal que ça.
M. BELLEMARE: Est-ce que c'est dans ce ministère-là qu'on
parle de la Régie des transports aussi? Non, je ne pense pas.
M. COURNOYER: Si vous voulez...
M. BERTRAND (Missisquoi): Article 6.
M. LE PRESIDENT: Non, à l'article 6.
M. BELLEMARE: Il y a le numéro 6: « Régie des
transports » particulièrement.
M. COURNOYER: ... n'importe où, n'importe quand.
M. BELLEMARE: Très bien, adopté. M. LE PRESIDENT: Article
3...
M. BELLEMARE: Une minute, le député de Bellechasse,
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre pourrait nous dire combien
d'unités de camions ou d'automobiles sont à la disposition de ces
inspecteurs pour la vérification? Est-ce que ce sont des automobiles
fournies par le ministère ou si ces inspecteurs ont leur propre
véhicule automobile,
M. COURNOYER: Ils sont une cinquantaine. On me dit qu'on a une vingtaine
d'unités au service parce que plusieurs ont leur véhicule
privé. On les paie suivant le parcours.
M. LE PRESIDENT: Article 3: « Service central de
transport aérien ».
M. BELLEMARE: Ah, M. le Président, cela va devenir
intéressant. Il fallait entendre le député de St-Maurice
dans l'Opposition quand il parlait du service de transport des
députés par des avions de la province.
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'ai jamais parlé de ça!
M. COURNOYER: M. le Président, on n'en a jamais parlé.
Cela n'existait pas.
UNE VOIX: Ah oui, il y en avait
M. BELLEMARE: Voyons donc, M. le Président, Lemarier,
c'était engagé de notre temps. Voyons donc!
UNE VOIX: On avait une bonne équipe.
M. COURNOYER: On va en parler. M. HAMEL (St-Maurice): C'est
ça!
M. BELLEMARE: M. le Président, il s'est dépensé,
à ce moment-là, des sommes réellement minimes et quand je
vois, cette armée, un $500,000 pour le réseau aérien, de
la province, je me dis qu'il se dépense beaucoup d'argent.
M. COURNOYER: Le député pourra peut-être regarder
les revenus...
M. BELLEMARE: Ah oui! Mais je m'en vais continuer là, s'il ne
veut pas me déranger. Il serait question, bien plus que ça,
d'acheter une quinzaine de Canso. Dans un article écrit par « La
Presse », « Les autorités provinciales songent à
acheter une quinzaine de bimoteurs Canso d'ici 1968. Ces appareils qui
viendront s'ajouter au sept ou huit Canso déjà
propriété...
M. COURNOYER: Si le député me permet, il faudrait tout de
suite l'arrêter dans son envolée. Cela a été
démenti. Il n'y a absolument rien de fondé.
M. DOZOIS: Dans les envolées aériennes, c'est le temps de
parler des envolées.
UNE VOIX: Je ne volerai pas haut. UNE VOIX: Non, non!
M. BELLEMARE: Je vais rester avec les sept.
M. COURNOYER: En toute justice pour M. Gagnon, c'est un rédacteur
je ne sais pas pour quel journal qui l'a appris par..., on l'a
circonvenu et alors on a parti toute une nouvelle avec ça. Il n'y a
absolument rien de fondé là-dedans.
M. PINARD; Il voulait faire un tour d'avion!
M. BELLEMARE: M. le Président, il est dit dans un autre article
que le capitaine Gagnon de Québec a déclaré sans fondement
certains renseignements à la suite desquels « La Presse »
écrivait que la province avait décidé de porter à
24 sa flotte de Canso.
Mais, dans l'article il était question de huit Canso. Est-ce que
c'est le nombre que possède présentement la province?
M. COURNOYER: Nous avons sept Canso actuellement.
M. BELLEMARE: Sept Canso, actuellement.
M. COURNOYER: Je ne sais pas si le député est au courant,
il me semble que cela rend des services énormes à la province et
le ministre des Terres et Forêts...
UNE VOIX: Il vient justement de sortir! M. COURNOYER: Et puis nos Canso
pour...
M. BELLEMARE: L'an passé le ministre pourrait
peut-être me laisser terminer lors de l'étude du budget du
ministère des Transports, il avait été bien entendu avec
le ministre qu'il nous fournirait, pour l'étude des crédits de
cette année, les heures de vol de chacun des ministres, et les heures de
vol qui ont été payées à la province.
M. COURNOYER: Je les ai.
M. BELLEMARE: Bien je sais que vous les avez, mais nous ne les avons
pas. Il avait été entendu, l'an passé, que nous les
aurions pour l'étude des crédits et particulièrement
à cet item 3.
M. PINARD: Vous n'êtes pas « dispatcher »:
M. BELLEMARE: M. le Président, je voudrais bien savoir quel est
le ministre qui vole le plus, dans les circonstances?
M. COURNOYER: Ce n'est sûrement pas moi!
M. BELLEMARE: Est-ce que c'est le procureur général ou le
ministre des Affaires culturelles?
M. COURNOYER: Non, non! Le procureur général...
M. PINARD: Lui, il voyage en bateau! M. COURNOYER: Non, je veux...
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre pourrait me donner les
renseignements qu'il a et qu'on ne peut pas avoir?
M. COURNOYER: Je n'ai pas compris... M. BELLEMARE: Est-ce que le
ministre
peut nous les déposer toujours? Les heures de vol?
M. COURNOYER: Non, mais les heures de vol, je les ai.
M. BELLEMARE: II y a un livre de bord d'abord...
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y en a un ou deux?
M. COURNOYER: Un instant. Alors, vous avez le montant, n'est-ce pas, que
nous coûte le service d'avion. Vous l'avez par les estimations.
M. BELLEMARE: Oui. Mais ce n'est pas ça. Je veux avoir les
détails des livres de bord. Combien est-ce que chaque ministre a
volé... ?
M. COURNOYER: Alors je vais vous dire en détail, si vous voulez,
ce que cela nous rapporte parce que, contrairement à ce qui se faisait
sous l'ancien régime, nous louons à chaque ministère nos
avions. Aux Affaires culturelles, aux Richesses...
M. BELLEMARE: Oui, mais c'estpayéavec l'argent de la province,
pareil. C'est sur l'argent des taxes.
M. COURNOYER: Oui, mais seulement à qui payiez-vous vous autres,
dans votre temps?
M. JOHNSON: II n'y avait pas d'avions.
M. BELLEMARE: Certainement! Bien voyons donc.
M. COURNOYER: Alors, là prenez, par exemple...
M. BELLEMARE: On payait trois fois par année.
M. COURNOYER: Nous recevons des Terres et Forêts $240,957.93. Mais
c'est de l'argent que les Terres et Forêts aurait payé...
M. PINARD: A des entreprises privées.
M. COURNOYER: Us auraient payé ça à des entreprises
privées.
M. BELLEMARE: Oh, ils auraient moins voyagé.
M. COURNOYER: Et puis vous avez ici Tourisme, Chasse et Pêche,
$26,000; Richesses naturelles, $76,000. J'aimerais savoir combien les Richesses
naturelles payaient dans le temps où vous étiez ministre,
vous?
M. JOHNSON: J'ai été deux ans ministre moi, je n'ai jamais
eu d'avion, je ne me suis jamais fait bâtir une piste
d'atterrissage...
M. COURNOYER: Vous vous êtes servis d'avions privés.
M. JOHNSON: ... je n'ai jamais pris d'avion privé; je n'ai jamais
loué d'avion pour me faire transporter à des assemblées
politiques avec des gens du fédéral; autrefois, il n'y en avait
pas de ça. Là tous les ministres se promènent, se font
faire des pister d'atterrissage, se font amener à des assemblées
politiques, puis tout ça est payé avec les fonds des
contribuables.
M. HARVEY: O'Connell ne veut plus. UNE VOIX: J'ai essayé cela une
fois. M. COURNOYER: Alors, c'est ça.
M. BELLEMARE: Est-ce que, M. le Président, le ministre,...
M. COURNOYER: Nous avons retiré des différents
ministères, pour location, $378,326.14.
M. LOUBIER: C'est payé quand même par la province.
M. COURNOYER: Bien oui, mais sous votre régime c'était
payé à des industries privées.
M. LOUBIER: Bien non.
M. COURNOYER: Bien oui, voyons.
M. COURNOYER: Et puis il faut admettre qu'aujourd'hui la méthode
moderne de voyager, c'est l'avion.
M. JOHNSON: Vous êtes des dépensiers aujourd'hui.
M. COURNOYER: On a un budget d'un milliard. Pensez-vous qu'on va se
promener à pied?
M. BELLEMARE: Non, non, volez, volez, seigneurs, volez, volez. Volez,
volez il en restera encore toujours. M. le Président, le mi-
nistre pourrait-il nous déposer la liste du livre de bord tel
qu'il nous l'avait promis l'an passé pour chacun des ministres dans
chacun des ministères?
M. COURNOYER: Bien non.
M. BELLEMARE: S'il ne peut pas, nous allons poser une question au
feuilleton...
M. COURNOYER: Mais si le député veut, je peux lui donner
ce que nous avons collecté des différents ministères.
M. BELLEMARE: M. le Président, l'année passée, le
ministre...
M. COURNOYER: Nous en avons discuté assez longuement. Quant
à produire le livre de bord, on calcule que ça n'est pas dans
l'intérêt du public.
M. BELLEMARE: ... nous a dit: « Nous allons vous fournir, la liste
du cahier de bord de chaque ministre pour être bien sûr que
c'était pour des occasions spécifiques. » Nous avons dit:
« Très bien, nous allons attendre, le ministre va nous la faire
parvenir. »
M. COURNOYER: Ce n'est pas la première fois qu'il m'a dit
ça.
M. PINARD: II n'a jamais dit ça.
M. COURNOYER: C'était la première fois j'ai eu tort.
M. LOUBIER: Voyons, le ministre des Transports l'a dit.
M. COURNOYER: Je vais vous donner par exemple, tant que vous voulez, le-
nombre de milles et puis je peux vous donner ce que chaque ministère
nous a payé et puis ce que ça nous a coûté et...
M. ALLARD: Avez-vous honte?
M. COURNOYER: ... vous savez que l'aviation c'est, somme toute, un
service qui coûte pas cher à la province.
M. JOHNSON: Qui coûte des millions.
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, je demanderais au ministre
pour la dernière fois, pour cet item-là, s'il veut avoir
l'obligeance de nous fournir la copie du livre de bord, de chaque avion. C'est
possible, M. le Président, il nous l'a dit l'an passé et...
M. PINARD: Vous ne comprendriez rien là-dedans.
M. BELLEMARE: ... nous allons le demander, par questions, selon les
règlements de la Chambre, le livre de bord de chaque unité soit
déposé.
M. CREPEAU: Ce n'est pas dans l'intérêt public.
M. COURNOYER: On me dit qu'ici, ça n'avancera pas le
député de Champlain, le livre ne donne pas le nom des passagers.
Il donne juste l'heure du départ, l'heure d'arrivée et puis c'est
ça que je vous offre.
M. JOHNSON: Non, non. Est-ce que, en vertu des règlements
fédéraux en cette matière, il ne faut pas enregistrer le
nom de toutes les...
M. PINARD: Québec n'est pas une province comme les autres.
M. JOHNSON: ....personnes qui voyagent? Deuxièmement, pour les
fins des assurances, il faut mentionner le nom des passagers. L'année
dernière le ministre nous a.».
UNE VOIX: II faut qu'ils signent aussi.
M. JOHNSON: L'année dernière, le ministre nous a dit dans
cette Chambre qu'il déposerait une copie du livre de bord pour chacun
des avions du ministère et nous n'avons pas insisté depuis, mais
là cette année nous devons insister parce que la somme commence
à être considérable...
M. COURNOYER: Bien non...
M. JOHNSON: $497,000, M. le Président.
M. COURNOYER: ... j'ai expliqué au chef de l'Opposition, il n'est
pas considérable, ça nous coûte quoi en somme?
M. JOHNSON: $497,000.
M. COURNOYER: Bien non, on reçoit $378,000 des autres
ministères.
M. JOHNSON: D'accord. Le ministre dit que son ministère
reçoit $390,000 des autres ministères, ils reçoivent cela
de qui? Du payeur de taxes.
M. COURNOYER: Bien oui, mais avant Ils recevaient ça de je ne
sais pas qui là.
M. JOHNSON: M. le Président, qu'on fasse une étude si on
veut du passé, mais on ne découvrira pas pour un total d'un
demi-million de dollars de frais d'aviation, de frais de transport.
M. CREPEAU: C'est O'Connell qui payait cher.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. PINARD: O'Connell n'avait pas un contrat de voirie, lui.
M. JOHNSON: M. le Président, si le ministre veut faire des
personnalités, on pourrait lui parler des avions privés qui
servent à certains ministres et on aurait raison de se demander
pourquoi.
M. BELLE MARE: Les hélicoptères.
M. PINARD: Les hélicoptères, les
hélicoptères du gouvernement.
M. JOHNSON: Oui, il y a des ministres qui se font transporter dans des
avions privés et si on avait la même mentalité que le
ministre de la Voirie, on dirait que c'est parce qu'ils ont des contrats.
M. BELLEMARE: C'est arrivé, ça.
M. JOHNSON: Mais c'est une coïncidence s'ils en ont.
M. PINARD: C'est-à-dire que vous n'êtes pas capable de dire
que je voyage dans des avions privés, c'est ça qui vous
fatigue.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre de la Voirie
travaille...
M. PINARD: L.intendant Bigot, il ne m'aura pas.
M. JOHNSON: Il voyage, lui, dans les bulldozers le ministre?
M. PINARD: II n'est pas sur la bonne vole. M. JOHNSON: Il voyage dans
les bulldozers? M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LOUBIER: Le ministre a eu des beaux exemples de patronage dans son
ministère.
M. JOHNSON: Le ministre, ça ne change rien au problème, M.
le Président, nous avons le droit de demander cette question: nous
voulons avoir le livre, une copie du livre de bord pour chacun des avions.
M. COUTURIER: Il n'y en a pas de livre de bord.
M. COURNOYER: Si j'ai une suggestion, mais je ne veux pas engager, je ne
suis pas prêt à penser qu'on va avoir des successeurs...
M. JOHNSON: Et ce livre de bord doit contenir le nom des passagers pour
chacune des envolées, c'est une exigence des règlements
fédéraux et une exigence des compagnies d'assurances.
M. CREPEAU: Pourquoi se laisser mener par Ottawa?
M. JOHNSON: Le député de Mercier est un converti
récent de l'autonomie, c'est pourtant lui qui avait fait passer une
résolution pour définir qu'un rouge à Québec,
c'était la même chose qu'un rouge à Ottawa, avant les
élections fédérales. Je sais que c'est une
résolution qu'il regrette d'ailleurs, il est maintenant pour la
séparation le député de Mercier.
M. CREPEAU: Ah, je ne veux pas me compromettre.
M. JOHNSON: Non, pas encore, est-ce que ça pourrait changer?
Alors, le livre de bord, est-ce que nous l'aurons, M. le Président?
M. CREPEAU: C'est contre les règlements de l'aviation, je
pense.
M. COURNOYER: Est-ce que le chef de l'Opposition serait
intéressé à connaître un chiffre très
important? Le nombre d'heures d'envolées des ministres, ça
représente à peu près 23% et ça, ça
représente les secrétaires, les sous-ministres et puis les autres
fonctionnaires du bureau. Ce n'est pas toujours le ministre qui est dans les
airs, Il y a des fonctionnaires qui vont dans les airs aussi.
M. JOHNSON: $100,000 pour les tenir en l'air.
M. HAMEL (St-Maurice): Adopté.
M. JOHNSON: C'est $100,000 pour les tenir en l'air. 23 pour cent de
$500,000. M. le Président, qui, à part des ministres, a le droit
de se servir, aux frais des contribuables, des avions du gouvernement?
M. PINARD: Les pilotes.
M. JOHNSON: Les sous-ministres évidemment, à part
ça.
M. COURNOYER: Les sous-ministres et les fonctionnaires autorisés
par le ministre.
M. JOHNSON: Est ce que les secrétaires de ministre ont le droit
de réquisitionner l'avion...
M. COURNOYER; Ou .bien quand un ministre, par exemple, est invité
à aller en quelque part pour représenter la province, eh bien
évidemment, si on envole un fonctionnaire, c'est lui qui y va.
Maintenant, il faut que vous pensiez qu'aujourd'hui, les Ressources naturelles,
c'est un autre ministère qui s'est développé et là
on se sert beaucoup d'hélicoptères, on se sert beaucoup du DC3
pour aller recueillir des sauvages là-bas, des Esquimaux.
Il faut les récupérer.
M. JOHNSON: Les Esquimaux! est-ce que l'on s'en sert pour aller à
Fort Chimo?
M. COURNOYER: Je m'étais bien promis de ne pas en parler.
M. DOZOIS: Est-ce vous autres qui avez transporté les Karons en
Europe?
M. COURNOYER: Et puis à part ça, il faut que le chef de
l'Opposition...
M. BELLEMARE: C'est un vrai tour!
M. COURNOYER: ... sache, peut-être qu'il serait
intéressé à savoir les activités de nos Canso.
M. JOHNSON: Je veux avoir la liste complète des appareils, leur
capacité...
M. COURNOYER: Oui...
M. JOHNSON: ... et Je veux savoir leurs activités aussi.
M. COURNOYER: J'ai tout ça ici.
M. JOHNSON: Alors, les Canso, commençons par ceux-là, le
ministre a l'air de les préférer ceux-là.
M. COURNOYER: Alors J'ai tout le nombre des avions ici avec leurs
lettres, et puis avec leur nombre d'heures d'envolées, et puis leur
nombre de talonnage, et le nombre de sorties.
M. BELLEMARE: Vous les avez, mais vous ne les donnez pas.
M. COURNOYER: Cela va venir, je l'ai promis.
M. BELLEMARE: C'est bien beau de dire que vous les avez.
M. COURNOYER: Tiens, on va vous l'envoyer.
M. PINARD: Envoie le donc faire un petit tour. Envoie donc le
député de Champlain faire un petit tour une fois.
M. BELLEMARE: Ah non, j'ai assez peur de ça moi.
M. COURNOYER: Alors on peut dire que l'année 1961...
M. PINARD: On le lâchera au dessus de Champlain.
M. COURNOYER: ... le nombre de gallons d'eau qui a été
déposé dans nos forêts en feu.
M. PINARD: Cela c'est intéressant.
M. JOHNSON: Les quarante onces sont-ils compris?
M. COURNOYER: 4,226,000. Et puis le nombre d'arrosages, c'était
5,473.
M. HAMEL (St-Maurice): Adopté.
M. COITEUX (Duplessis): Tandis qu'on est sur la question
d'arrosage...
UNE VOIX: En forêt.
M. COITEUX (Duplessis); ... c'estuneques-tion qui, comme forestier, me
tient énormément à coeur.
M. BELLEMARE: Je pensais que vous aviez été
échaudé vous?
M. COITEUX (Duplessis): Et je puis vous dire, M. le Président,
que si on veut prendre un instant, et faire le calcul de ce que
représente un mille carré de territoire boisé, qu'on
sauvera avec les avions, et comprend un peuplement disons de dix cordes
à l'acre pour un mille carré, cela représente 6,400
cordes. Mettez-les au prix de la province, à $20 la corde, et vous en
arrivez à $138,000 par mille carré de territoire.
Cs qui veutdire que pour les années passées ou de l'aveu
de tous, avec l'organisation que le ministre des Transports et son
équipe ont mise en place, c'est admis par tout le monde qu'ils ont
sauvé des milles et des milles carrés de territoire.
Alors Je ne suis pas d'accord du tout avec 1e chef de l'Opposition
lorsqu'il dit que les quelque $500,000 qu'on a dépensés, on est
allé les chercher dans la poche des contribuables. C'est faux parce que
si on a sauvé 100 milles carrés de territoire, nous
dépassons facilement les millions de dollars qu'on a
épargnés aux payeur s de taxes de la province.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est tout i fait hors d'ordre. Le
ministre nous a déclaré qu'environ 23% des heures de vol
était consacré au transport des ministres. On ne me fera pas
croire que, durant ces heures-là, le ministre arrosait les forêts.
23%, M. le Président, c'est près de $100,000...
M. COURNOYER: Le chef de l'Opposition est souverainement Injuste. Ce
n'est pas ça que j'aidit.
M. JOHNSON: C'est ce que le député vient de dire.
M. COURNOYER: J'ai dit qu'il y avait des sous-ministres et je veux
parler du personnel attaché aux ministres. Il y a une
différence.
M. JOHNSON: M. le Président,...
M. COURNOYER: D'ailleurs il 1e sait...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on reste en l'air à dix heures?
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté?
M. JOHNSON: Non, non.
M. PINARD: Il nous amène au feu, des fois.
M. BEDARD (président du comité des subsides): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté des résolutions et qu'il demande la permission de
siéger de nouveau.
M. HYDE (président): Quand siégera-t-il?A la prochaine
séance? A la prochaine séance. M. Hamel propose que les
résolutions soient maintenant lues et agréées. Cette
motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. HAMEL (St-Maurice): Je propose l'ajournement à demain,
à deux heures et demie. Nous prendrons les Transports et Communications,
la Santé, les Richesses naturelles, le Secrétariat provincial et
1e procureur général.
M. BERTRAND (Missisquoi): Continuez, continuez.
M. HAMEL (St-Maurice): C'est valable pour demain seulement.
M. JOHNSON: Je voudrais dire au ministre qu'il n'est pas
nécessaire qu'on dérange le ministre des Richesses
naturelles...
M. PINARD: Alors.
M. JOHNSON: ... qui doit être en retraite an Lac-à-l'Epaule
ou quelque part,
M. LE PRESIDENT: La Chambre est ajournée à demain, deux
heures et demie.