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(Deux heures et demie de l'après-midi)
M. HYDE (président); Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs. Affaires courantes.
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus. Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. LESAGE: A.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose la première lecture d'une
« Loi des agents de réclamations ». Cette motion sera-t-elle
adoptée?
UNE VOIX: Adoptée.
M. LESAGE: Le projet de loi s pour but de réglementer, sous un
régime de permis, la profession des agents de réclamations, le
plus souvent connus sous le nom d'ajusteurs, d'assurances. C'est le
surintendant des assurances qui sera chargé de l'administration de la
loi et de l'émission des permis.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée?
UNE VOIX: Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture prochaine séance.
Obligations d'épargne
M. JOHNSON: Le premier ministre s'est sans doute préparé
à nous donner des bonnes nouvelles aujourd'hui, relativement à la
campagne de vente d'obligations de la province.
M. LESAGE: Ah oui! Evidemment, je n'ai pas les derniers chiffres. J'ai
les chiffres de ce qui était entré hier. Il reste encore certains
rapports à recevoir. Il y a tout lieu de croire que le montant global
prêté à la province lors de la dernière
émission d'obligations d'épargne sera de près de
$95,000,000.
Il est clair que, l'an dernier, si nous avons pu obtenir un chiffre
record qui n'avait même pas été prévu, cela
était dû à deux facteurs principaux: une conversion
d'obligations d'épargne du Canada qui s'est élevée
à plus de $60,000,000, alors que les conversions, cette année,
n'ont atteint qu'environ $10,000,000 et, ensuite, le fait que, Pan dernier,
nous pouvions compter sur des épargnes accumulées depuis de
nombreuses années, alors que, cette année, il s'agit en presque
totalité des épargnes d'un an, ce qui est, à mon sens, M.
le Président, je vous le soumets et je le soumets aux membres de
la Chambre, un succès retentissant, une marque de confiance
inébranlable, de la part de la population du Québec, envers le
gouvernement qui en dirige les destinées.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que le premier ministre ne
perd pas son pari de vingt-cinq cents avec un de ses collègues?
M. LESAGE: Non. je l'ai gagné, Je vais dire ce que c'était
ce pari: on avait prétendu que j'étais un ultra-optimiste;
j'avais dit que nous atteindrions certainement, à mon sens, la
moitié du chiffra de l'an dernier. Alors nous l'avons
dépassé,
M. BELLEMARE: M. le Président... Anniversaire
M. LESAGE: M. le Président, sur une question de privilège,
C'est aujourd'hui, je crois, l'anniversaire de naissance de l'ancien ministre
des Travaux publics, le député de Papineau, que nous n'avons pas
vu beaucoup en Chambre à cette session-ci à cause de son
état de santé.
Je l'ai rencontré à quelques reprises. Je l'ai toujours
considéré comme un homme affable, d'un commerce agréable,
et je crois que tous les députés de la Chambre se joindront
à moi pour lui offrir nos meilleurs voeux à l'occasion de son
anniversaire de naissance, il est encore jeune, et pour lui
offrir surtout nos meilleurs voeux de complet retour à la
santé.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai fait parvenir privément
à l'ancien ministre des Travaux publics des voeux de bon anniversaire,
et des voeux de santé au député de Papineau.
Evidemment, je suis de ceux qui n'aiment pas souligner publiquement les
maladies ou la maladie qui peut affliger un membre de cette Chambre, mais je
crois qu'il est bon que tout le monde sache que si l'honorable
député n'est pas en Chambre, c'est à cause de son
état de santé, et à cause de l'état de santé
de son épouse. Il a été rudement éprouvé
depuis deux ou trois ans, et c'est avec beaucoup d'amitié que nous lui
avons fait parvenir ces voeux de bon anniver-
saire, et particulièrement des voeux de bonne santé.
Le député de Papineau représente son comté
depuis 1935, sans interruption, et phénomène un petit peu
paradoxal croiront certains membres de la droite, il a augmenté sa
majorité et en 1960 sur 1956, et en 1962 sur le résultat de
1960.
M. le Président, plus ça va, mieux ça va dans le
comté, et j'espère qu'il pourra recouvrer complètement sa
santé afin de revenir en Chambre, et continuer le magnifique travail
qu'il avait déjà accompli en faveur de ses électeurs et
pour le mieux être de la province.
M. LESAGE: Les majorités accrues du député de
Papineau pourraient peut-être servir de leçon à ceux qui
parlent trop de l'autre côté.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce l'explication au silence de
la plupart des députés du pouvoir? Ont-ils peur qu'en ouvrant la
bouche ils puissent dire assez de bêtises qu'ils seront battus...
M. LESAGE: Un peu d'humour, monsieur, un peu d'humour!
M. JOHNSON: Cela dépend de ce qu'on dit. A ce compte-là le
premier battu ce sera le premier ministre et le deuxième ce sera moi;
j'admets ça avec...
M. LSSAGE: Nous avons tout de même certaines
responsabilités.
M. JOHNSON: M. le Président, je pense que ce n'est pas un
modèle à imiter, le silence. La population s'inquiète
actuellement du silence presque coupable du procureur général
particulièrement quand il s'agit des taxes qu'on impose à
Shawinigan et aux ouvriers.
M. BELLEMARE: M. le Président, au risque de me faire
battre...
M. LESAGE: Cela, ça s'appliquerait!
M. BELLEMARE: Ah! J'ai des petites nouvelles,
M. LAPORTE: Il n'y a même plus de risques.
M. BELLEMARE: Ah! vous vous êtes essayés. Vous aviez un
gros canon en 1960 et puis un autre gros en 1962...
M. MEUNIER: Celui-là ne tombera pas!
Canadian Electrolytic Zinc
M. BELLEMARE: M. le Président, dans le monde ouvrier on
s'inquiète avec beaucoup d'à propos des déclarations qui
ont été faites à l'endroit et contre la CRO par un chef
d'une association de la compagnie Canadian Electrolytic Zinc de Valleyfield, M.
Robineau qui a déclaré publiquement, d'ailleurs j'ai
prévenu le ministre de ma question, qui a déclaré
publiquement que la certification que demandaient les métallos
était retardée à la Commission des relations
ouvrières pour se venger des métallos, et elle retarde
indéfiniment les procédures légales devant la CRO. C'est
la déclaration de M. Robineau.
J'ai dit au ministre que je m'étonnais fort de cette
déclaration qui a été signalée d'une manière
particulière par M. Louis-Philippe Brous-seau, et je demande au ministre
si la Commission a l'intention de faire une déclaration pour justifier
son prestige et pour démentir cette affirmation éhontée et
tendancieuse d'un membre d'une union.
M. FORTIN: M. le Président, le député de Champlain,
la semaine dernière, m'avait prévenu qu'il me poserait cette
question et j'avais apporté avec moi certains documents pour pouvoir lui
répondre mais comme la question nsest pas venue, il y a
déjà une semaine d'écoulée, j'ai laissé les
documents à mon bureau.
Mais de mémoire je vais lui dire ceci: il y a une association
indépendante qui a présence une requête. La compagnie l'a
contestée dans les délais requis. Quelques jours après la
commission avait mis cette requête pour audition au mois de janvier, mais
au 31 décembre 1963 la CSN à son cour a présenté
une requête pour être reconnue.
M. BELLEMARE: Pas la CSN, ce sont les métallos!
M. FORTIN: Oui, les métallos affiliés à la FTQ.
Alors la Commission, évidemment, lorsqu'elle a reçu cette
deuxième requête a fait faire immédiatement une
enquête et toutes les parties ont contesté mutuellement leurs
requêtes et la Commission dans les délais requis. sans perdre
aucun temps, a fait parvenir copies des procédures à toutes les
parties. Finalement les métallos qui devaient répondre à
une procédure n'ont pas répondu et malgré leur absence de
réponse la Commission a mis toutes ces requêtes pour audition au
mois de juin.
Il y a 175 causes, je crois, actuellement sur le rôle du mois de
juin, Hyena probablement qui vont être réglées hors cours.
La requête
des métallos est la 143e et elle viendra à son tour.
Actuellement, il y a un surcroît d'ouvrage à la Commission des
relations ouvrières; il y a plusieurs requêtes, et beaucoup de
procédures et les commissaires ne peuvent faire davantage. Les
délais sont raisonnables dans les circonstances et la Commission ne
donne aucune faveur à qui que ce soit; il n'y a pas de requêtes
qui sont entendues de préférence aux autres. La cause est sur le
rôle et elle suivra son tour.
M. BELLEMARE: Si le ministre me le permet, ma question était
celle-ci: est-ce que la Commission des relations ouvrières va nier
formellement qu'elle est contrôlée par la Compagnie Noranda?
M. FORTIN: II appartient au président de la Commission des
relations ouvrières de faire les déclarations qui s'imposent. Je
n'ai aucune instruction à donner au président de la commission
à ce sujet-là.
M. BELLEMARE: Bien oui, mais c'est le prestige de la commission qui est
attaqué.
Mise au point
M. LAPORTE: M. le Président, juste une mise au point. J'ai lu ce
matin dans un journal, je n'ai malheureusement pas pris connaissance du
compte rendu des débats de la Chambre, que le
député de Trois-Rivières aurait déclaré que
quatre ministres, dont le ministre des Affaires municipales, seraient
opposés à l'établissement de la sidérurgie
québécoise à Bécancour.
N'étant pas un expert, loin de là, dans ces questions, je
n'ai pas exprimé d'opinion ni pour ni contre. Je désire seulement
que la sidérurgie s'installe à l'endroit où elle sera le
plus susceptible d'être le succès que toute la province
espère.
M. DOZOIS: M. le Président, je désirerais poser une
question au ministre du Travail. D'avance je lui dis que, s'il ne peut y
répondre aujourd'hui, qu'il la prenne comme avis et demain, il pourra
répondre.
Relativement au décret qui a paru dans « La Gazette
officielle » et concernant les employés des établissements
faisant la distribution ou la vente des produits alimentaires, le ministre
pourrait-il nous dire s'il a reçu beaucoup d'opposition ou d'approbation
quant à ce règlement, et si ce décret entrera en vigueur
la semaint prochaine? Car je crois, si je me rappelle bien l'avis qui a
paru dans « La Gazette officiel- le », qu'il devait entrer
en vigueur 30 jours après sa publication, qui a été faite
le 2 mai.
M. FORTIN: Nous avons reçu de nombreuses objections venant de
plusieurs magasins de Montréal et nous attendons l'expiration du
délai de 30 jours pour étudier toutes les oppositions. Mais ce
n'est pas parce qu'il y a délai de 30 jours que nécessairement le
décret va entrer en vigueur à l'expiration de ce délai.
S'il n'y a pas d'objection, règle générale, le
décret entre en vigueur, mais s'il y a de nombreuses objections, la
procédure suivie par le ministère, est de faire parvenir aux
requérants une copie de toutes les objections pour pouvoir avoir leur
réponse ou les objections que les parties ont elles-mêmes à
faire. Lorsque toute la documentation sera rentrée au ministère,
nous allons convoquer probablement les parties, les entendre, discuter avec
elles. Mais vous pouvez être certains que le décret n'entrera pas
en vigueur la semaine prochaine.
M. DOZOIS: Très bien.
M. GABIAS: M. le Président, en premier lieu je tiens à
faire quelques remarques à la suite des remarques du ministre des
Affaires municipales...
M. MEUNIER: Une question, pas de débat.
UNE VOIX: A l'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: Je pense bien qu'on doit avoir le privilège, si le
ministre des Affaires municipales a eu le privilège de rectifier...
M. MEUNIER: A l'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Le ministre des Affaires municipales n'a pas
demandé un privilège. Il s'est levé sur une question de
privilège pour expliquer quelque chose qui a été dit,
je comprends qu'il n'était pas en Chambre, et il a
simplement fait une déclaration. Ce n'est pas l'occasion à ce
moment-ci de soulever un débat ni de faire des commentaires
là-dessus.
M. GABIAS: Sur une question de privilège, M. le Président.
Le ministre a mal interprété ce que j'ai déclaré.
Et j'ai le droit de rectifier...
DES VOIX: A l'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Même s'il invoque une autre question
de privilège, je ne suis pas pour permettre au député de
soulever un débat sur la déclaration du ministre. La
déclaration qu'il a faite était catégorique et elle
n'était pas de nature à soulever un débat. Et
d'après les règlements de la Chambre je ne peux pas permettre un
débat là-dessus.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre a fait une
déclaration à cette Chambre et, au cours de sa
déclaration, il aurait fait certaines affirmations que le
député de Trois-Rivières peut trouver non pas
diffamatoires mais erronées quant à lui.
M. LAPORTE: Quelle déclaration?
M. JOHNSON: Tous ceux qui ont entendu le ministre des Affaires
municipales...
M. LAPORTE: ... savent qu'il n'a pas provoqué de
débat.
M. JOHNSON: ... non, mais ont l'impression très nette que le
député de Trois-Rivières aurait erronément
donné une responsabilité au ministre des Affaires municipales
relativement à la location de la sidérurgie ou du complexe
sidérurgique.
Si le député de Trois-Rivières sent qu'on a mal
interprété ses paroles, s'il a raison de croire que les paroles
du ministre peuvent être interprétées comme le mettant en
défaut, je pense bien que le président ne devrait pas avoir
d'objection à ce qu'une mise au point soit faite immédiatement,
car le règlement le dit: « Cette question doit être
soulevée dès qu'on en a connaissance »,
Je pense que vous devriez laisser le député de
Trois-Rivières expliquer son point de vue.
M. GABIAS: Je voudrais ajouter, M. le Président, les paroles
suivantes: c'est que le ministre va être cité demain dans les
journaux, me citant incorrectement; j'aurai le droit demain de me lever sur une
question de privilège et de dire ce que j'ai à dire
présentement. S'il faut s'en rendre à votre décision, M.
le Président, cela voudrait dire qu'il faudrait attendre 24 heures avant
de pouvoir rectifier une erreur qui a été commise par le
ministre...
UNE VOIX: On peut se tourner la langue aussi.
M. GABIAS: ... et attendre que le dommage soit fait.
UNE VOIX: II n'y a pas de...
M. GABIAS: Si c'est votre décision, je vais attendre à
demain.
M. LE PRESIDENT: Je dois faire remarquer au député de
Trois-Rivières que ce n'est pas nécessaire de continuer de
commenter mes décisions. Tout ce que je fais, c'est appliquer le
règlement de la Chambre, et c'est la chambre qui va décider. Je
n'ai pas d'autorité ici, à cette place, autrement que
l'autorité que la Chambre va me donner.
Tout ce que je fais c'est appliquer le règlement. Je ne
prétends pas être parfait dans l'application du règlement,
mais j'explique le règlement. Si la Chambre décide que j'ai tort,
c'est la Chambre qui va décider, ce n'est pas moi personnellement
M. GABIAS: Mais vous admettrez, M. le Président, que si vous
n'avez pas d'objection, la Chambre va en avoir beaucoup moins. A tout
événement j'attendrai à demain pour rectifier.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. LESAGE: Numéro...
Sidérurgie
M. GABIAS: J'ai une question à poser, M. le Président. Le
9 janvier dernier, le premier ministre confirmait le choix de Bécancour.
Il était accompagné du président de la
Société générale de financement, M. Filion au cours
d'une conférence de presse. Je demanderais au premier ministre si cette
confirmation du 9 janvier, à l'effet que le choix pour le complexe
sidérurgique qui était Bécancour, est devenu, depuis ce
temps, une possibilité, et pourquoi est-ce devenu une
possibilité?
M. LESAGE: Est-ce que le député de Trois-Rivières
voudrait bien me donner la référence de son affirmation, tout de
suite.
M. GABIAS: Oui. Voici, j'ai avec mol une coupure du journal « Le
Nouvelliste », une autre de « La Presse », et une
autre...
M. LESAGE: Bien lisez en une, cela va suffire.
M. GABIAS: Et voici ce quel'ondit le jeudi, 9 janvier 1964: Le premier
ministre Jean Lesage et le président de la Société
générale de financement, M. Gérard Filion ont
confirmé à tour
de rôle l'implantation du complexe sidérurgique à
Bécancour. A quelques heures d'intervalle...
M. LESAGE: Ont confirmé...? M. JOHNSON: A tour de rôle. M.
LESAGE: A tour de rôle, quoi?
M. GABIAS: « A tour de rôle, l'implantation du complexe
sidérurgique à Bécancour, A quelques heures d'intervalles,
le premier ministre s'en remmettait à M. Filion, pour toute
déclaration concernant le complexe, et le président de la
Société générale de financement confirmait que
l'achat de cinq terres, par le Trust général du Canada, à
Bécancour, était directement relié au projet de
l'industrie sidérurgique.
M. LESAGE: Oui!
M. GABIASî « Le Nouvelliste » avait prédit,
dès le début du mois de juin 1963, l'établissement de la
sidérurgie dans cette région de la rive sud, en face de
Trois-Rivières, et avait continué d'y croire autant qu'à
la construction du pont sur le St-Laurent « Est-ce que vous voulez que je
continue?
M. LESAGE: J'en ai assez pour pouvoir dire, M. le Président, que
la prémisse de la question du député de
Trois-Rivières n'était pas exacte, puisqu'il a dit qu'au cours
d'une conférence de presse conjointe, le premier ministre et le
président de la Société générale de
financement avaient annoncé l'achat de terrains en vue de
l'établissement du complexe sidérurgique à
Bécancour. Ce qui est vrai, c'est que, lorsque les journalistes m'ont
questionné j'ai dit: « Il s'agit d'une transaction de la
Société générale de financement, et veuillez vous
adresser à M. Filion ».
C'est tout ce que j'ai dit On s'est adressé à M. Filion et
on a demandé à M. Filion si l'achat des terrains à
Bécancour était directement relié avec la
possibilité de l'établissement d'une usine sidérirgique.
M. Filion a répondu avec raison: oui.
Mais ce que je puis dire et répéter, ce que j'ai toujours
dit et répété, c'est ceci: lors de nos discussions avec M.
Filion, il a toujours été entendu que si, d'un côté,
l'achat des terrains à Bécancour était devenu
nécessaire à cause de l'expiration des options, il était
possible que, éventuellement, le complexe sidérurgique y soit
établi mais que, de toute façon, s'il devait être
établi ailleurs, les terrains en ques- tion pourraient toujours
être un site idéal pour toute autre industrie.
Il n'y a jamais eu, de ma part, une déclaration à l'effet
que les terrains achetés par la Société
générale de financement à Bécancour serviraient
nécessairement pour la sidérurgie et que la sidérurgie y
serait définitivement établie.
Comment, d'ailleurs, M. le Président, auriez-vous voulu qu'un
premier ministre qui a le sens des responsabilités puisse faire une
telle déclaration alors qu'il n'avait pas encore reçu le rapport
des experts?
M. GABIAS: M. le Président, je prends en bonne note les...
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. Il n'y a pas de débat.
M. GABIAS: Je demande de poser une question supplémentaire, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Posez la question. A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: J'ai le temps au moins de dire, M. le Président, que
je prends en bonne note les considérations du premier ministre.
UNE VOIX: Très bien dit.
M. LE PRESIDENT: J'ai appelé les affaires du jour. A l'ordre,
messieurs.
M. GABIAS: Bien voyons, c'est le bâillon, ça, M. le
Président
M. LE PRESIDENT: Je rappelle le député de
Trois-Rivières à l'ordre et je n'accepte pas cette
déclaration du député de Trois-Rivières.
M. LESAGE: Faites-lui retirer ses paroles.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Je demande au
député de Trois-Rivières de retirer l'expression qu'il
vient d'employer à mon endroit
M. GABIAS: M. le Président, je retire cette parole.
M. LE PRESIDENT: Très bien. A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: J'aurais une autre question à poser, M. le
Président
M. LE PRESIDENT: Si le député de Trois-Rivières
veut poser une question supplémentaire, qu'il pose la question sans se
croire obligé de faire des commentaires qui vont provoquer un
débat. C'est aussi simple que ça. S'il désire avoir
d'autres renseignements, qu'il pose la question.
M. GABIAS: Est-ce que j'ai bien interprété la
déclaration du premier ministre en pensant que le site sera ailleurs
qu'à Bécancour?
M. LESAGE: M. le Président, je ne puis que répéter
ce que j'ai dit: aucune décision n'est prise dans le moment quant au
site de la future sidérurgie; ça peut être à
Bécancour ça peut être ailleurs. Aucune décision
n'est prise. Toute décision prise, quant au site, le sera sur la seule
base de la rentabilité du pro-jet.
M. BELLEMARE: Le curé a fait chanter sa messe trop vite.
M. JOHNSON: M. le Président, la Société
générale de financement a-t-elle demandé ou a-t-elle fait
part au gouvernement de son intention d'établir un complexe
sidérurgique à Bécancour?
M. LESAGE: Non, M. le Président! C'est évident que non!
C'est clair que non! La Société générale de
financement a créé une compagnie subsidiaire pour acquérir
les terrains, étant donné que les options se terminaient. Cette
décision a été prise dans mon bureau je crois que M.
Paré était présent, avant la date mentionnée, avec
M. Paré et M. Filion.
M. JOHNSON: Mais est-ce que la Société
générale de financement consulte le premier ministre pour ses
opérations?
M. LESAGE: Dans ce cas-ci, oui.
M. JOHNSON: Est-ce que la province n'est pas représentée
au bureau de direction? La province est minoritaire.
M. LESAGE: Voici, un cas qui était considéré d'une
telle importance que l'on a cru devoir consulter le premier ministre pour
savoir où en étalent rendus les études sur le complexe
sidérurgique, chose dont les directeurs représentant le
gouvernement à la Société générale de
financement, n'étalent pas au courant.
M. JOHNSON: M. le Président, je pose une question: ne serait-il
pas plus simple de dire à cette Chambre que Bécancour est encore
considéré comme un site possible?
M. CADIEUX: C'est ce qu'il a dit.
M. LESAGE: Je n'ai jamais dit autre chose, M. le Président. J'ai
dit que le site qui serait choisi, Bécancour ou un autre, le serait sur
la base du seul critère du plus grand degré de rentabilité
possible.
M. CADIEUX: On a tous compris ça, nous-autres.
M. JOHNSON: A la lumière des renseignements que possède le
premier ministre, et sans dévoiler des choses qui ne doivent pas, dans
son idée à lui, être dévoilées, les gens de
la Cote nord peuvent-ils encore espérer que l'aciérie sera
installée sur la Côte nord?
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre.
M. LESAGE: M. le Président, je n'ai absolument rien à
ajouter à ce que j'ai dit. Je n'ai rien à dévoiler; je
n'ai pas en main les facteurs définitifs qui permettent à nos
économistes d'établir l'endroit où la sidérurgie
pourra être rentable au maximum.
M. GABIAS: Le rapport qui a été remis au premier ministre
concernant la...
M. LESAGE: Je n'ai pas compris le début de la phrase.
M. GABIAS: Le rapport qui a été remis par les experts,
concernant l'aciérie, ou le complexe sidérurgique, ne situait-il
pas le complexe à Bécancour?
M. LESAGE: M. le Président, je n'ai pas reçu le rapport du
comité d'étude. Le président de ce comité est M.
Deschamps, le sous-ministre de l'Industrie et du Commerce, et il n'a pu me
remettre le rapport avant son départ. Il sera de retour au début
de juin, et je m'attends à ce qu'il me remette le rapport à ce
moment-là. Et suivant son contenu, je devrai juger s'il est utile ou
nuisible de le rendre public.
M. GABIAS: J'avais compris que l'honorable premier ministre se
proposait...
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre.
M. GABIAS: ... se proposait de lire ce rapport au cours des vacances de
Pâques.
M. LESAGE: M. le Président, je ne l'ai pas reçu.
M. BELLEMARE: M. le Président, au ministre du Travail...
M. LESAGE: Bien, il y a une différence aussi; c'est que moi, je
n'en ai pas eu de vacances de Pâques.
M. BELLEMARE: Ah, vous en avez eu des vacances!
M. LESAGE: Je n'ai pas eu de vacances de Pâques, je regrette.
Durant l'interruption de la session, à Pâques, durant la Semaine
sainte, j'ai préparé la conférence, l'attitude que nous
avons tenue à la conférence fédérale-provinciale,
et dans la semaine qui a suivi Pâques, eh bien, j'ai participé,
toute la semaine, à la conférence
fédérale-provinciale.
M. GABIAS: Vous avez une preuve additionnelle que le premier ministre se
prend pour le Parlement. J'ai parlé des vacances, évidemment, de
la Législature, et non pas des vacances véritables.
M. LESAGE: Bien oui, mais je comprends, mais ce n'était pas des
vacances pour moi.
M. GABIAS: Ce ne sont pas des vacances pour personne.
Dominion Textile
M. BELLEMARE: M. le Président, au ministre du Travail; depuis
quelques jours, une ombre plane sur le mouvement ouvrier,
particulièrement à la suite du rapport du conciliateur, M. Pilon,
et le ministre vient de nommer, pour la Dominion Textile de Drummondville, un
enquêteur spécial, un conciliateur spécial, dans la
personne de M. Lande. Est-ce qu'il a reçu un rapport préliminaire
à la suite de la dernière réunion du mouvement syndical,
dimanche dernier, qui recommande la grève à 97%?
M. FORTIN: Monsieur l'avocat Lande a été nommé
médiateur spécial vendredi, et les séances
spéciales de médiation ont commencé hier matin à
dix heures. Depuis ce temps-là, je n'ai pas eu de rapport.
Usine d'automobiles
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre peut-il
confirmer la déclaration de
Son Excellence l'ambassadeur de France, à l'effet qu'une
décision doit être prise d'ici quinze jours pour
l'établissement d'une usine d'automobiles Peugeot et Renault, dans la
province de Québec?
M. LESAGE: M. le Président, je crois qu'il serait absolument
inconvenant de ma part d'apporter des commentaires aux déclarations de
l'ambassadeur de France au Canada.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. LESAGE: Le numéro 7, je
crois. M. JOHNSON: Et vice versa.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose qu'à sa prochaine
séance la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier la résolution relative au bill No 39 intitulé:
« Loi des agents des réclamations ». Cette motion
sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. LESAGE: No 12.
Bill 34
M. LE PRESIDENT: M. Lafrance propose la troisième lecture du bill
No 34: « Loi du Conseil supérieur de la famille ». Cette
motion sera-t-elle adoptée?
M. JOHNSON: M. le Président, il s'agit de la troisième
lecture de cette loi. Je n'ai pas l'intention d'être long; je voudrais
tout simplement réitérer, afin qu'on ne l'oublie pas, l'attitude
officielle de l'Opposition.
C'est que le ministre, de toute évidence, a besoin d'un Conseil
supérieur de la famille pour l'aviser, tel que le dit le projet de loi.
Evidemment, ce n'est pas une cure à tous les problèmes dont notre
société souffre et qui ont été éloquemment
exposés par le premier ministre. Je ne crois pas qu'un Conseil
supérieur de la famille puisse suppléer à toutes les
carences qu'on a au moins constatées lorsqu'on a, hier soir,
éloquemment parlé de ces problèmes de la jeunesse,
particulièrement vis-à-vis l'autorité.
Qu'il me suffise de dire, M. le Président, que la jeunesse pousse
à la limite logique, les principes qui lui ont été
enseignés venant de bien haut quelquefois, que la jeunesse selon son
tempérament est d'une rigoureuse logique, et croit que certains
principes, qu'on a prêchés, devraient intégralement
s'appliquer.
Le gouvernement actuel particulièrement a
ouvert les écluses et aujourd'hui s'il ne peut contrôler le
flot, il doit d'abord battre sa propre coulpe, mais je crois que la nomination
d'un Conseil supérieur de la famille, même si ça ne
règle pas tous les problèmes, ça peut quand même
rendre certains services au ministre et nous attendrons avec beaucoup
d'intérêt les résultats qui seront apportés.
Je ne suis pas satisfait, comme bien des membres de l'Opposition, des
réponses qu'a données le ministre. Nous ne sommes pas beaucoup
plus avancés; nous ne savons pas par exemple quels sont les mouvements
qui seront appelés à déléguer un membre pour
siéger sur ce conseil; nous n'en connaissons pas la composition, sauf
quant au nombre. Je ne suis pas satisfait non plus qu'au point de vue technique
législative, on ait rempli, les obligations ou les règles
imposées par la loi de la législature et par le règlement,
règles qu'on a suivies dans la rédaction de tous les autres
projets, mais quand même, M. le Président, quitte à amender
le bill plus tard si c'est nécessaire, nous sommes d'avis que ce bill
devrait être accepté en troisième lecture à
l'unanimité.
M. LE PRESIDENT: La motion en troisième lecture sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LE PRESIDENT: No 11.
Bill 35
M. LE PRESIDENT: M. Kierans propose la troisième lecture du bill
No 35: « Loi modifiant la loi de l'impôt sur la vente en
détail ». Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. JOHNSON: M. le Président, je serai bref. Il s'agit de la
troisième lecture d'une loi imposant une taxe nouvelle qui frappera
particulièrement les régions qu'on a classées par
l'autorité fédérale, comme régions de
détresse.
Il s'agit d'une loi nouvelle qui affectera également plusieurs
gens des villes, une taxe qui affectera particulièrement les comptes de
téléphone et d'électricité, dans certaines villes
ou dans certaines zones où la taxe n'était que de 4% sur ces
services.
Il s'agit d'une loi qui, évidemment, comporte un impôt, une
taxe additionnelle de 2% pour en faire une taxe générale de vente
de 6% qui n'est pas une vraie taxe de 6% quand on l'examine de près, qui
est une taxe de 6.66% puisque cette taxe de 6% sur toutes les ventes au
détail, sauf sur les articles exemptés évidemment par
l'article 12, cette taxe de 6% vient s'ajouter à une taxe de 11% qui est
imposée par le fédéral et dont le montant est
incorporé dans le prix des articles lorsqu'on les achète au
détail.
C'est particulièrement cruel pour certains contribuables,
particulièrement ceux qui ont l'intention de se construire des maisons
ou qui ont commencé la construction de ces malsons. Par exemple, on
admet que pour la construction d'une maison de $12,000 on doivent
débourser $8,000 en matériaux de construction, ces
matériaux de construction étaient jusqu'à
récemment, jusqu'à l'arrivée du groupe qui prône le
fédéralisme coopératif, ces matériaux de
construction étaient exemptés de la taxe fédérale
de 11% et on sait qu'au premier janvier, elle sera intégralement
appliquée au taux de 11% sur tous les matériaux de
construction.
En conséquence, quelqu'un qui veut se construire une modeste
maison de $12,000 devra payer en taxe fédérale, M. le
Président, $880 sur les matériaux et on devra payer 6% sur ce
$880 additionné au $8,000, donc 6% sur $8,880 ce qui fait $532.80. M. le
Président, $532.80 de taxe provinciale, $880 de taxe
fédérale, ça fait un grand total de $1432.
La même personne voulant construire une maison du même prix
qui requérait la même somme ou la même proportion de
matériaux, soit $8,000 sur $12,000, en 1960 n'avait que $160 à
payer comparé à $1432. Ce qui fait une différence en taxe
de $1,272, M. le Président. $1,272 c'est le prix que la population
ouvrière, les jeunes qui veulent se marier devront payer pour avoir du
rouge à Québec et rouge à Ottawa. Et si c'est rouge
à Ottawa on doit dire merci paraît-il au premier ministre et
particulièrement au ministre du Revenu qui a fait un travail de
géant pour mettre M. Pearson...
M. LE PRESIDENT: Le bill 35.
M. JOHNSON: ... au pouvoir à Ottawa par son immense
travail...
M. LE PRESIDENT: Le bill 35.
M. JOHNSON: ... soi-disant bénévole et indépendant
contre le chef d'un autre parti, un autre groupe politique qui se
présentait au fédéral.
M. le Président, cet impôt est donc un impôt, comme
nous l'avons dit, qui place la province de Québec au premier rang quand
il s'agit des taxes. Nous serons la province la plus taxée puisque la
plus élevée des taxes de vente est plafonnée à 5%
et je crois que c'est en Colombie-Britannique. Nos voisins, le
Nouveau-Brunswick et la province d'Ontario, ont une taxe de vente de 3%. Nous
serons donc la province la plus
taxée et nous aurons cet autre championnat dont le
détenteur et le porteur de trophée sera le ministre du Revenu,
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. le Président, cette taxe, le prétexte qu'on a
donné pour l'imposer, c'est qu'il fallait établir une commune
mesure de justice entre tous les contribuables de cette province. E fallait
absolument, dit le ministre, qu'il n'y ait pas deux catégories de
contribuables dans cette province, ceux qui paient 6% et ceux qui ne payaient
pas 4%. Il semble, comme je l'ai dit, je n'y reviens pas longuement, tout
simplement pour rappeler cet aspect du problème, il semble que le
ministre et le premier ministre ont complètement manqué ou font
semblant de manquer la base de-cette taxe. Elle n'est pas une taxe provinciale
à l'origine, comme le dit si bien le mémoire de la ville de
Montréal, déposé hier devant la Com-.-. mission
Bélanger.
C'est une taxe qui a été permise, ou rendue accessible aux
municipalités, afin que les municipalités puissent financer des
services qui, en partie, sont à l'avantage non seulement des
contribuables de la ville en question, mais de tous les contribuables de la
région, de tous ceux qui utilisent en somme les services fournis par
telle, ville déterminée, et ç'a été une taxe
qui permettait à une ville, à mesure qu'elle grandissait, qu'elle
se développait, de percevoir des revenus additionnels provenant d'une
plus grande activité économique, sans avoir à se rabattre
tout le temps et exclusivement sur l'impôt foncier qui devient un peu
alarmant, et qui met en danger, d'après plusieurs autorités, la
notion même de propriété.
Le gouvernement; sous prétexte de traiter tout le monde sur le
même pied, sous prétexte, de faire disparaître des points de
pression qui s'élevaient à un millier, dit le ministre, le
gouvernement porte à 6% une taxe qui appartenait aux
municipalités, et qui, dorénavant, ne leur appartiendra plus, une
taxe qui ne pesait pas sur les épaules des contribuables habitant les
régions anémiées au point de vue économique. Le
gouvernement, sous prétexte de. traiter tout le monde sur le même
pied, écrase tout le monde par une taxe additionnelle qui, à mon
sens, est injuste, qui est mal distribuée, et qui retournera, il est
vrai aux municipalités, en partie, mais sans aucune garantie. En effet,
c'est là...
M. LESAGE: Pas en partie. C'est injuste de dire en partie. Elle
retournera, et plus encore.
M. JOHNSON: Tant mieux, M. le Président, si tel est le cas, mais
ce n'est pas ce que la loi dit.
M. LESAGE: Bien voyons donc! $2.50 de minimum par tête dans les
petites municipalités.
M. JOHNSON: La moyenne, M. le Président, par tête, c'est
$18; $18 par tête est la moyenne...
M. LESAGE: Bien oui, dans des petites municipalités.
M. JOHNSON: ... une taxe de 2%. Alors on en retournera, on en garantit
$2.50. Lorsque le premier ministre a prononcé son discours sur le
budget, il a fait siennes les propositions contenues dans le rapport
intérimaire de la Commission Bélanger. Ces propositions
prévoyaient que le maximum qu'une municipalité pouvait retirer,
c'était 15%.
A la suite de la visite du maire de Montréal et du
président de l'exécutif M. Saulnier, venus en vitesse de New
York, on a annoncé, par un mémoire déposé en cette
Chambre par le ministre du Revenu, que la ville de Montréal pourrait
retirer ou retirerait un remboursement de 24%, plus, je crois, 2% de commission
de perception.
M. le Président, le ministre, depuis ce temps-là, a
affirmé catégoriquement en Chambre, ses propos ont
été répétés partout dans la province par les
moyens d'information, ses propos ont été repris par les
ministres du présent Cabinet, et ces propos, c'est que toutes les
municipalités qui imposaient la taxe de vente de 2% recevraient cette
année, 1964-1965, un remboursement ou une subvention égale
à ce qu'elles avaient, à ce que cette taxe avait rapporté
l'année précédente, plus 24%, plus 2%. M. le
Président, si tel est le cas, pourquoi ne pas le dire dans la loi?
Pourquoi ne pas dire dans la loi que toutes les municipalités qui, avant
le 25 avril, avaient une taxe de vente de 2% au détail, pouvaient
compter sur un remboursement équivalent à ce qui a
été perçu l'année dernière, plus «ne
augmentation minimale de 24%?
Il me semble, que si le gouvernement est sérieux, il devrait
donner cette garantie. Cette garantie, à mon sens, est nécessaire
premièrement, parce que les municipalités ont besoin de savoir ce
qu'elles vont retirer en vue de planifier leurs dépenses. La plupart des
municipalités de cette province établissent, opèrent dans
une année financière correspondante a l'année de
calendrier.
Ces administrations municipales préparent leur budget d'avance.
Elles doivent au plus tard, je pense bien, en septembre ouoctobre faire des
plans pour savoir quelles seront les dépenses capitales qu'on inclura,
quelles seront les augmentations de salaires qu'on accordera, quels seront les
services nouveaux qu'on instaurera, ou quelles sont les améliorations
qu'on a l'intention ou qu'on projette d'apporter aux services
déjà existants.
Or, pour faire leur budget, ces municipalités aimeraient bien
savoir sur quel montant elles doivent compter. Or, ces municipalités
savent déjà ou approximativement, d'une approximation en tout cas
assez serrée, ce qu'elles ont retiré l'année
dernière. Au mois de septembre, on sera en mesure d'établir, avec
la coopération du ministère du Revenu, quel est le montant exact
que la taxe de 2% a pu rapporter dans les limites de telle municipalité
ou de telle zone.
Or, au mois de septembre, la municipalité X, ramassant un texte
du bill 35 actuellement à l'étude, pourra dire, si on veut
inclure l'amendement que j'ai l'intention d'apporter: « C'est bien, nous
pouvons maintenant compter sur tel montant (disons $100) plus une augmentation
minimale de 24% (soit $124.) »
Cette suggestion a été faite au cours de la discussion en
comité plénier ou en comité des résolutions, mais
le ministre l'a rejetée. Peut-être a-t-il changé
d'idée! Peut-être est-il maintenant décidé à
accorder aux municipalités cette garantie! Et elle est d'autant plus
nécessaire; c'est mon deuxième point; que la présente loi
que nous passons ne vaut que pour un an. C'est-à-dire que tout le monde
sait bien que la taxe de 6% va demeurer, mais le remboursement aux
municipalités n'est pourvu ou prévu que pour un an. Qu'est-ce qui
arrivera après? On ne le sait pas.
J'ai tenté d'obtenir du ministre une déclaration
d'intention qui pourrait fournir aux administrateurs municipaux quelques
indications de la politique générale du gouvernement afin de les
éclairer dans la préparation de leur planification chacun dans
leur municipalité. Mais le ministre s'y est refusé.
La situation n'est pas du tout rose pour les municipalités quand
elles ne savent pas, sept ou huit mois à l'avance, ce qu'elles recevront
pour l'année dont on prépare le budget et la situation n'est pas
du tout intéressante quand on ne sait pas du tout ce qui nous attend au
bout d'un an, c'est-à-dire à l'expiration de cette clause
prévoyant le remboursement.
Non seulement tout le monde sait que la taxe de 6% va demeurer, mais
tout le monde sait, et tout le monde s'attend, dis-je, qu'elle soit même
augmentée à un moment donné, mais au profit de qui? Pour
faire entrer de l'argent dans les municipalités ou à la province?
Personne encore ne peut en jurer.
Nous avons tout lieu de croire que la province se servira et continuera
de se servir comme elle se sert évidemment abondamment par la
présentation de la présente loi, puisque, d'après les
chiffres fournis par le ministre, sur $53,000,000 additionnels qu'on
espère faire entrer par cette loi, le gouvernement n'en remettra que
$23,000,000 ou $25,000,000 en gardant environ $30,000,000 pour ses propres
fins.
Personne ne me fera dire dans cette Chambre que la population de la
province de Québec refuse de payer des taxes augmentées pour des
services augmentés. Mais la population de la province de Québec a
lieu d'être sévère pour ceux qui avaient promis d'accorder
ces services augmentés sans augmentations de taxes. La population de la
province de Québec aaussiraison d'insister pour que la
répartition du fardeau fiscal soit faite de façon qu'on ne
surcharge pas ceux dont les revenus n'augmentent pas, ceux dont les revenus
diminuent même, alors que l'on décharge ceux dont les revenus sont
à l'échelon le plus élevé.
M. le Président, pour toutes ces raisons, et
particulièrement pour permettre aux municipalités de planifier
leurs dépenses, de savoir un peu où elles en sont dans leurs
relations avec le gouvernement provincial, j'ai l'honneur de proposer,
appuyé par le député de Frontenac que tous les mots
après « que » dans la motion en discussion soient
retranchés et remplacés par les suivants: « Le bill 35,
intitulé: « Loi modifiant la Loi de l'impôt sur la vente en
détail soit retournée au comité plénier avec
instruction de l'amender de façon à garantir aux
municipalités une compensation majorée d'au moins 24%.
M. LESAGE: M. le Président, j'aurais bien voulu répondre
au fond, aux arguments du chef de l'Opposition, mais évidemment, il est
de mon devoir d'attirer votre attention, M. le Président sur le fait que
l'amendement proposé est absolument contraire aux règlements.
Je vous réfère à l'article 155 qui dit ceci:
« Nulle motion ayant pour objet direct ou devant entraîner
directement l'allocation ou l'affectation l'affectation de
deniers publics, l'imposition ou l'augmentation de quelques charges sur le
peuple, la remise totale ou partielle de quelques sommes dues à la
Couronne où la concession de quelques biens appartenant à la
Couronne, ne peut être mise en délibération ni aux voix
à moins que le lieutenant-gouverneur
n'en ait au préalable recommandé l'objet pendant la
session en cours et qu'elle n'ait été renvoyée à un
comité plénier et rapporté par ce comité. »
II est clair que le comité plénier ne pourrait donner suite aux
instructions que lui donnerait la Chambre si nous adoptions l'amendement du
chef de l'Opposition; ce comité plénier ne pourrait adopter
l'amendement parce qu'il n'y a pas eu de résolutions d'adoptées
par la Chambre touchant une motion ayant pour objet l'affectation de deniers
publics. C'est clair.
M. JOHNSON: M. le Président, vous connaissez notre opinion qui
est d'ailleurs celle que vous partagiez lorsque vous étiez dans
l'Opposition relativement à ce genre de motion.
M. LESAGE: Bien non!
M. JOHNSON: Nous savons, M. le Président, que vous avez depuis
quelque temps rendu des décisions relativement à des
problèmes semblables. Je ne veux pas argumenter longtemps, je vous
répète tout simplement que je crois la Chambre souveraine, que je
crois que la Chambre pourrait voter cette motion, quitte au ministre du Revenu
de préparer une résolution en conséquence...
M. LESAGE: Bien oui!
M. JOHNSON: ... d'aller voir le lieutenant-gouverneur et de la faire
approuver avant que nous ne la...
M. LESAGE: C'est pour ça que votre motion...
M. JOHNSON: ... discutions en comité plénier. Il n'est pas
nécessaire, M. le Président...
M. LESAGE: Oui mais alors le chef de l'Opposition admet tout de
même, M. le Président, que sa motion est
irrégulière.
M. JOHNSON: II n'est pas nécessaire, M. le Président, que
la Chambre ait connaissance de l'approbation du lieutenant-gouverneur avant
qu'il ne soit temps d'aller en comité plénier. C'est au stade du
comité plénier, juste avant qu'on y entre que le ministre se
lève et dit que: « Son Excellence le lieutenant-gouverneur
informé de la teneur de la présente résolution a bien
voulu en permettre ou en autoriser la présentation. »
M. LESAGE: C'est ça! Mais il ne pouvait pas le dire!
M. JOHNSON: M. le Président, la motion que nous présentons
aujourd'hui forcerait évidemment le ministre à aller voir le
lieutenant-gouverneur à se faire autoriser par lui à
étudier une motion en comité plénier.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: C'est exactement la raison pour laquelle votre motion est
illégale.
M. JOHNSON: M. le Président, nous voulons que la Chambre
notre prétention c'est que la Chambre a le droit de donner des
instructions au ministre en lui disant: « Allez vous munir d'une
résolution approuvée par le lieutenant gouverneur. »
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LAPORTE: Il est évident, M. le Président, que le
problème que soulève l'amendement suggéré par le
chef de l'Opposition est un des plus fondamentaux du Droit parlementaire.
J'ai eu l'occasion, l'an dernier, d'étudier un petit peu cette
question-là et de toutes les questions que les auteurs anglais, les
auteurs canadiens, je pense à Campion je pense à
Mays, je pense à Beauchesne, de toutes les questions que
les auteurs discutent, c'est sur celle-là qu'ils insistent le plus.
Ils demandent le respect absolu de cette règle voulant que seul
un ministre de la Couronne puisse faire voter des crédits et
deuxièmement que la recommandation du lieutenant-gouverneur est
essentielle. D'ailleurs notre règlement lui-même le prévoit
M. le Président, la règle ci-dessus ne s'aplique pas aux motions
qui expriment seulement une opinion abstraite, et on peut dire que dans ce
cas-là, « in clusio unius » illustre la règle de
droit connu, puisqu'on précise en quelles circonstances on peut accepter
une motion, qui, de façon générale, dit qu'il serait
peut-être bon que le gouvernement songe à faire telle chose; mais
dès qu'il est question d'allocations de subsides on ne le peut pour deux
raisons, parce que seul un ministre doit le proposer et deuxièmement,
parce qu'on ne pourrait pas le voter. 790, « -Aucune allocation de
deniers publics ne peut être votée à moins qu'elle n'ait
été demandée par la Couronne et proposée par un
ministre » premièrement; et deuxièmement à 793,
« -Aucune proposition portant directement soit affectation de deniers
publics et le reste... ne peut être votée à moins que le
lieutenant-gouverneur en ait recommandé l'objet pendant la session en
cours » et le chef de l'Opposition
a lui-même cité l'exemple en disant qu'on ne votera pas
à moins que nous n'allions en comité et il a lui-même
ajouté que juste avant que nous n'allions en comité, le ministre
responsable de la présentation des crédits doit dire: « Mis
au courant de la résolution, il a plu à Son Excellence ... Il ne
pourra pas le dire.
Alors, pour ces deux raisons, M. le Président, absence
d'initiative de la part du ministre pour l'allocation des crédits, et
deuxièmement, absence de la recommandation du lieutenant-gouverneur, il
est clair que ce serait une violation flagrante du droit parlementaire que
d'étudier cet amendement.
DES VOIX: Vote.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Mais, il est évident que,
moi je n'ai pas d'autre alternative, même si le chef de l'Opposition me
rappelle que j'avais voté contre de telles décisions dans le
passé et qu'il vient aujourd'hui à mon ancienne opinion. Tout ce
que je peux faire c'est d'appliquer ce que la Chambre a toujours soutenu, et de
déclarer que la motion...
M. BERTRAND (Missisquoi): Là vous êtes mal pris!
M. LE PRESIDENT: ... est contraire aux règlements, en
particulier, le règlement 155 et 793. Alors la motion est...
M. LESAGE: Adoptée en troisième lecture ou bien si...
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture adoptée?
M. JOHNSON: Non, non, je vais passer outre à votre
décision M. le Président, je regrette.
UNE VOIX: Est-ce qu'on a le droit d'en appeler?
M. LAPORTE: C'est enregistré au procureur ça.
M. LESAGE: Est-ce que je comprends que vous allez en appelez?
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a quelqu'un qui voudrait prendre la
parole sur la troisième lecture?
M. JOHNSON: Non, non, on en appelle de votre décision.
M. LESAGE: Non, non! le chef de l'Opposition dit qu'il en appelle de
votre décision.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
M. JOHNSON: Cela n'allongera pas les procédures. Cela fera un
vote également sur la troisième lecture.
M. LESAGE: Je voulais être sur que j'avais bien compris parce
que...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Que tous ceux qui sont en faveur
du maintien de la décision veuillent bien se lever.
LE GREFFIER ADJOINT: M. Lesage, M. Bédard, M. Lalonde, M.
Gérin-Lajoie, M. Hamel (St-Maurice), M. Courcy, M. St-Pierre, M. Cliche,
M. Dionne, M. Brown, M. Kierans, M. Lafrance, M. Pinard, M. Couturier, M.
Laporte, M. Fortin, Mme Kirkland-Casgrain, M. Parent, M. Binette, M.
Lechasseur, M. Roy, M. Meunier, M. Harvey, M. Morissette, M. Maheux, M.
Collard, M. Vaillancourt, M. Laroche, M. Boulais, M. Coiteux (L'Assomption), M.
Ouimet, M. Cré-peau, M. Fournier, M. Théberge, M. Fortier, M.
Dallaire, M. Lacroix, M. Kennedy, M. Hébert, M. Mailloux, M. McGuire, M.
Cadieux, M. Beaupré, M. Godbout, M. Dupré, M. Martin.
M. LE PRESIDENT: Que tous ceux qui sont contre veuillent bien se
lever.
LE GREFFIER ADJOINT: M. Johnson, M. Elie, M. Dozois, M. Bertrand
(Missisquoi), M. Bellemare, M. Caron, M. Ducharme, M. Johnston, M. Cottingham,
M. Boudreau, M. Gabias, M. Guillemette, M. Somerville, M. Gosselin, M. Lizotte,
M. Raymond, M. Charbonneau, M. Gervais, M. Allard, M. Loubier, M. Majeau, M.
Cloutier, M. Gauthier, M. Lavoie (Wolfe).
LE GREFFIER: Pour; 46. Contre; 24. Yeas: 46. Nays: 24.
M. LE PRESIDENT: La décision est maintenue. La motion de
troisième lecture sera-t-elle adoptée?
DES VOIX: Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Adoptée?
M. BELLEMARE: Non.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai dit tout
à l'heure que je ne pouvais pas traiter du fond de la question
paxce que je devais faire une objection de forme. Je voudrais dire deux mots
seulement en réponse au chef de l'Opposition. Ce sera évidemment
une répétition, mais lui-même s'est
répété. Il y a certaines choses que je ne puis laisser
passer, et je ne touche qu'à l'essentiel.
Le chef de l'Opposition a dit qu'il s'agissait d'une nouvelle taxe. Or,
il ne s'agit pas d'une nouvelle taxe. Il s'agit de l'extension d'une taxe
existante au profit des municipalités et surtout au profit des petites
municipalités, particulièrement des municipalités rurales.
29% seulement des municipalités, au point de vue population, est
touché et le montant additionnel de taxe municipale à 2%,
là je ne compte pas évidemment les montants additionnels qui
seront perçus parce que nous éviterons l'évasion, parce
que nous aurons des meilleurs moyens de perception, le montant
additionnel perçu dans ces petites municipalités, où il
n'y a pas de taxe municipale de 2% à l'heure actuelle, sera d'environ
$7,500,000 seulement.
C'est donc, non pas une nouvelle taxe mais l'extension d'une taxe
existante; non pas au profit du gouvernement provincial mais au profit des
municipalités et, plus particulièrement, des petites
municipalités.
Au moment où nous avons reçu la recommandation
intérimaire de la Commission Bélanger, presque à chaque
semaine, et j'en prends mes collègues à témoin,
plusieurs municipalités, comme c'était leur droit,
demandaient d'étendre à leur territoire (et le plus souvent il
s'agissait de groupes de municipalités adjacentes ou contiguës qui
demandaient d'étendre à leurs régions ou à leurs
municipalités) l'imposition de la taxe municipale de 2%.
Nous avons cru, après avoir reçu le rapport de la
commission Bélanger, que, avec une proportion d'au-delà de 70% du
territoire de la province sujet à cette perception d'une taxe municipale
de 2% que, pour toutes les raisons qui ont été données au
cours du débat en deuxième lecture et en comité
plénier, qu'il y avait lieu de l'étendre à toute la
province, obtenant ainsi, non seulement pour les municipalités qui ne
bénéficiaient pas de cette somme additionnelle de 7.5%, mais les
bénéfices additionnels d'une perception plus parfaite.
Je ne pourrais donner le nombre d'exemples de gens qui partent de
Québec, de Trois-Rivières et de partout dans la province, pour
aller acheter les choses les plus dispendieuses dont ils ont besoin, à
Montréal. Je ne puis non plus compter le nombre de gens des
municipalités où il existait une taxe municipale de 2%, qui
venaient acheter ici à Québec.
Il suffisait de se faire livrer la marchandise pour ne payer que 4% de
taxe de vente, et c'était la responsabilité de l'acheteur ou de
l'acheteuse le plus souvent, de payer à sa propre municipalité,
de son propre chef, le 2% municipal. Je me suis enqui à l'hôtel de
ville de Québec s'il y avait beaucoup de dames ou de messieurs, qui
faisaient la remise de 2%, et, évidemment, j'ai fait rire de moi. Il n'y
a personne qui le faisait; ça c'est l'évasion de la taxe.
M. JOHNSON: Personne, personne, personne?
M. LESAGE: Quelques rares exceptions, pour des montants minimes. Quand
on sait, moi je le sais, la proportion de gens qui vont acheter à
Montréal, par exemple des manteaux de fourrure extrêmement
dispendieux, eh bien il y a évasion de taxe; il y a bien mieux que
ça. Souvent, ils s'en reviennent à Québec avec le nouveau
manteau, se font livrer le vieux manteau, et la livraison compte comme si elle
avait été faite à Québec. On ne paie que 4%, et la
ville de Québec, la région de Québec, devrais-ie dire,
dans ce cas-ci, ne bénéficiait pas de cette taxe de 2% à
laquelle, pourtant, elle avait droit.
M. JOHNSON: Oui, mais Québec il y a 6%.
M. LESAGE: Il n'y avait aucun moyen. Eh bien oui, Québec a 6%,
mais simplement il n'y a aucune obligation. Il ne pouvait pas y avoir aucune
obligation. C'est une taxe directe. Le marchand de Montréal ne pouvait
pas percevoir 2% pour le compte de la ville de Québec.
M. JOHNSON: Non, mais...
M. LESAGE: S'il livrait comptant, il percevait pour la cité de
Montréal, et la cité de Montréal en
bénéficiait. Si l'objet est livré, le marchand n'est pas
tenu, n'est pas obligé, ne peut pas être obligé de tenir
une comptabilité spéciale.
M. JOHNSON: Oui, mais il percevait 6% quand même,
M. LESAGE: Non, c'est 4%. C'est justement ça que le chef de
l'Opposition ne comprend pas...
M. JOHNSON: Pour les gens de Québec?
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Voyons donc.
M. LESAGE: Certainement. La femme de mon voisin s'en va, par exemple, un
riche citoyen de Québec s'en va chez Renfrew, ou n'importe où,
chez Morgan à Montréal, s'achète un manteau de vison de
$10,000, il y en a de ça, s'achète un manteau de
vison de $10,000 oui, il y en a.
M. BERTRAND (Missisquoi): II n'y en apas beaucoup.
M. LESAGE: Oh oui, chez les anciens riches de l'Union nationale il y en
a. Ceux qui se sont enrichis sous l'Union nationale, il y en a.
UNE VOIX: Dans le parti libéral il y en a plusieurs.
M. LESAGE: Bien mettez-les à $5,000; il y en a des manteaux de
vison à $10,000.
M. JOHNSON: Les voisins du premier ministre.., on en connaît
quelques-uns qui bénéficient du patronage libéral.
M. ALLARD: II y a le ministre des Affaires municipales qui est
voisin.
M. LESAGE: Parmi les voisins immédiats du premier ministre, il y
a un homme à sa retraite qui, évidemment, ne fait rien. Quant
à son voisin de droite, il est président d'une commission, il a
été nommé par l'Union nationale. C'est un ancien
conseiller législatif. Je n'ai rien à dire contre lui, et je ne
pense pas que le chef de l'Opposition ait quoi que ce soit à dire contre
lui, contre M. Jean Mercier.
M. JOHNSON: Mais le voisinage, c'est...
M. LESAGE: Je ne pense pas que le chef de l'Opposition veuille critiquer
M. Jean Mercier.
M. JOHNSON: Non, mais je ne veux pas que le premier ministre laisse
entendre que c'est madame Mercier qui va acheter un manteau de $10,000.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est du poti-nage.
M. LESAGE: Ce n'est pas du potinage, M. Jean Mercier est mon voisin; le
potinage, il vient du chef de l'Opposition.
M. BERTRAND (Missisquoi): Du placotage... M. LESAGE: Prenez si vous
voulez, mettons que c'est $5,000 qu'une Québécoise paie pour son
manteau de fourrure. Chez Morgan, chez Renfrew, ils chargent 4%. Es ne sont pas
organisés pour percevoir pour la cité de Québec, ou encore
pour la ville de Rimouski, ils ne chargent que 4%, et il appartient...
C'est une taxe sur le consommateur, c'est une taxe directe. Il
appartient au consommateur de payer sa taxe de 2% à la ville de
Québec ou à la ville de Rimouski. Eh bien, 2% de $5,000, si je ne
m'abuse, ce n'est pas loin de $100.
M. JOHNSON: Alors la femme de Québec faisait envoyer ça
où? A quelle adresse?
M. LESAGE: Chez elle à Québec. M. JOHNSON: Chez elle? M.
LESAGE: A Québec, oui.
M. JOHNSON: Le marchand de Montréal devait charger 6%.
M. LESAGE: Non, c'est justement ça... M. CADIEUX: 4%.
M. LESAGE: ... que le chef de l'Opposition n'a jamais compris.
M. JOHNSON: Non, ce n'est pas exact.
M. LESAGE: Je regrette, mais c'est ça la situation.
M. JOHNSON: Non!
M. LESAGE: C'est exactement ça la situation...
M. JOHNSON: Non!
M. LESAGE: ... que le chef de l'Opposition devrait connaître parce
qu'il a été ministre dans le gouvernement. Le seul cas où
l'évasion n'était pas possible, c'était dans le cas des
automobiles à cause de l'enregistrement des véhicules moteurs et
que là, ce qu'on appelle « enforcement » si vous voulez, se
faisait par le bureau des véhicules moteurs et le garagiste était
tenu responsable par le ministère du Revenu.
M. CADIEUX: C'est ça.
M. LESAGE: Là, on pouvait éviter l'évasion. Dans
tous les autres domaines, c'est impossi-
ble. Je regrette, M. le Président, d'avoir été
obligé d'attendre en troisième lecture pour faire comprendre au
chef de l'Opposition ce qui se passait...
M. JOHNSON: Mais non, ce n'est pas exact. M. LESAGE: ... mais c'est
ça qui se passe.
M. JOHNSON: Ce n'est pas exact. Que le ministre prenne l'article 3A, il
est clair. Le marchand de Montréal devait charger 6% s'il vendait
à une personne résidant dans une zone de 6%.
M. LESAGE: Je regrette, ce n'est pas ça. Cela ne se faisait pas
parce que les marchands n'étaient pas obligés de tenir une
comptabilité spéciale pour toutes les municipalités de la
province. C'est ça.
M. BELLEMARE: Québec.
M. LESAGE: Ah! Pas seulement à Québec, Rimouski,
Trois-Rivières, Champlain, Cap-de-la-Madeleine...
M. BELLEMARE: C'est 6%.
M. LESAGE: ... là où c'était 6%, on ne chargerait
que 4%. Mais, M. le Président, je le sais personnellement.
M. BELLEMARE: Moi aussi.
M. LESAGE: C'est un fait et le fait s'explique facilement: c'est une
taxe directe due par le consommateur. Et pour un objet livré à
Québec, acheté par une personne à Montréal, on n'a
pas le droit de collecter le 2% de taxe municipale de Montréal. Il
appartient à la personne qui achète, qui est le consommateur, de
payer sa taxe municipale de 2% à la ville de Québec ou à
la ville de Trois-Rivières ou encore,... bien au Cap-de-la-Madeleine
ça ne s'applique pas parce que c'est dans la zone de
Trois-Rivières. C'est ça la loi.
Si j'achète au comptoir, évidemment, personne ne sait
d'où je suis et alors le marchand ne prend pas de chance, il
réclame 6%. Lorsque j'arrive pour m'acheter une cravate ou un habit
à Montréal, je paie comptant, je me fais livrer l'habit, on ne me
demande pas d'où je viens, on me réclame 6%. Mais si l'objet est
livré par exemple en dehors de la ville où il est vendu, on a
réclamé suivant la loi 4% et il appartenait au
consommateur de payer le 2% à la ville de sa résidence. C'est
ça qu'il ne faisait pas.
Si l'augmentation prévue par le ministre du Revenu est si
considérable, c'est que la chose ne sera plus possible avec l'extension
de la taxe municipale de 6% à travers la province. C'est que c'est la
province qui va percevoir et qui va distribuer suivant les barèmes
énoncés dans le projet de loi que nous avons étudié
en seconde lecture et en comité plénier. C'est là. que
l'évasion se faisait. C'est aussi simple que cela, excepté pour
les automobiles parce que là c'était surveillé par le
bureau des véhicules moteurs.
J'espère qu'on a bien compris, ça c'est injuste. Qu'on
demande au député de Gaspé, qu'on demande au
député de Kamouraska s'ils ne sont pas au courant de choses qui
se passent comme ça; des gens qui vont acheter à Québec et
à Montréal et qui ne paient que 4% de taxe de vente en se faisant
livrer chez eux. Il y a seulement le chef de l'Opposition qui ne sait pas
ça. Tout le monde sait ça en Chambre; seulement le chef de
l'Opposition qui l'ignore.
M. BERTRAND (Missisquoi): On lui demande à ce moment-là si
chez nous,... si le premier ministre me le permet?
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND (Missisquoi): . Si on achète à Montréal
par exemple...
M. LESAGE: Oui, mais chez vous...
M. BERTRAND (Missisquoi): ... j'y allais avec ma femme.
M. LESAGE: ... est-ce 4% ou 6%?
M. BERTRAND (Missisquoi): Chez nous c'était 4%.
M. LESAGE: Ah! Il n'y a pas d'évasion.
M. BERTRAND (Missisquoi): Alors on nous demande « chez vous est-ce
4%...?
M. LESAGE: Non, non.
M. BERTRAND (Missisquoi): ... on se base sur la déclaration de
l'acheteur.
M. LESAGE: Non, ce n'est pas comme ça que ça marche.
M. BERTRAND (Missisquoi): Mais quand une personne, ce qui me renverse,
quand une personne qui, ici, est astreinte à la taxe de 6%, à
Montréal elle devait déclarer qu'à Québec ce
n'était rien que 4%?
M. LESAGE: Non, non, ce n'est pas ça du tout. C'est que le
marchand n'a pas à percevoir d'un résident de Québec le 2%
de taxe municipale pour de la marchandise livrée à
Québec.
Il n'y a pas de problème dans le cas dont parle le
député de Missisquoi, quant à chez lui, parce que chez lui
c'est 4%. Alors il n'y a pas d'évasion de la part de la personne de
Sweets-burg ou de Cowansville qui va acheter à Montréal. Mais
dans le cas de la personne de la ville de Québec ou de la ville de
Montréal ou de Trois-Rivières qui va acheter à
Montréal, là il y a évasion parce que ni la personne de
Trois-Rivières, ni la personne de Québec ne remet le 2% de taxe
municipale à l'institution ou à l'organisme auquel le 2% est
dû, c'est-à-dire sa propre ville. Et l'évaluation de ces
évasions est de combien?
M. KIERANS: $21,000,000.
M. LESAGE: $21,000,000 d'après les enquêtes que nous avons
faites. Quand on sait le chiffre d'affaires qui se fait dans Montréal
seulement, en ventes à des personnes de l'extérieur de
Montréal où la taxe est de 6%. Pas surprenant que les
enquêtes nous aient révélé que nous pouvions
récupérer jusqu'à un montant de $21,000,000 dans une
année, montant qui constituait une évasion.
Ce n'est juste pour personne: ce n'est pas juste pour la cité de
Québec, ce n'est pas juste pour les marchands de Québec, ce
n'était pas juste pour les marchands de Trois-Rivières. Il y
avait avantage à aller acheter à Montréal pour payer 2% de
taxe de moins et puis de se faire livrer chez-soi. C'est ça, la
situation que l'on corrige. On la corrige en donnant l'extension
complète.
M. BELLEMARE: A Shawinigan il n'y en avait pas.
M. LESAGE: A Shawinigan c'était à 4%, il n'y avait pas
d'évasion.
M. BELLEMARE: II y en a peut-être qui allaient là.
M. LESAGE: Bien oui! Alors le député de Champlain
lui-même allait acheter à Shawinigan pour payer 4%.
DES VOIX: Ah!
M. BELLEMARE: M. le Président, je n'ai pas dit ça. J'ai
dit qu'il y en a peut-être qui allaient là.
M. LESAGE: Ah! Excusez-moi!
M. BELLEMARE: Voyons donc!
M. LESAGE: M. le Président, je m'excuse. J'ai mal compris et je
retire mon allusion personnelle au député de Champlain. Mais il
n'y a aucun doute qu'il y avait des gens de Trois-Rivières et puis du
Cap-de-la-Madeleine qui allaient acheter à Shawinigan pour éviter
le 2%. C'est évident, si c'était un gros morceau le moindrement,
sauf une automobile parce que là, encore une fois, il n'y avait pas
moyen de jouer avec ça.
UNE VOIX: Surtout dans la fourrure.
M. LESAGE: Mais, je ne sais pas si Shawinigan c'est un grand centre de
vente de fourrures, ça je l'ignore, mais par exemple, je vais vous
donner un exemple: les bateaux, ça coûte cher ça, les
yachts puissants, je ne sais pas combien ça coûte mais ça
peut aller jusqu'à...
UNE VOIX: Les Cris-craft!
M. LESAGE: Pardon?
DES VOIX: $25,000, $30,000, $35,000!
M. LESAGE: Oui, un Cris-craft puissant.
M. LAPORTE: $1,000 le pied au moins!
M. LESAGE: Un marchand de Québec va acheter chez Morgan à
Montréal, et fait livrer à Québec.
M. JOHNSON: Pour le « St-Barnabé » avez-vous
chargé la taxe de vente?
M. LESAGE: Non, non, la seule taxe qu'il y a eu à payer,
ç'a été le « satchel » à Wilbrod.
M. JOHNSON: Cela n'est pas raisonnable, ce n'est pas exact.
M. BERTRAND (Missisquoi): Cela, c'est injuste! Le premier
ministre...
M. LESAGE: Quand on ne veut pas se...
M. BERTRAND (Missisquoi): Non, non, mais on parlait de taxe.
M. LESAGE: Oui, mais quand on ne veut pas se faire pincer, bien, on ne
commence pas à pincer.
M. BERTRAND (Missisquoi): Ah! non.
M. LESAGE: De toute façon, je suis absolument convaincu que cette
loi était devenue essentielle pour en arriver à une application
juste de la loi de la taxe de vente, pour accorder aux municipalités,
surtout celles qui en ont le plus besoin, des revenus additionnels, surtout aux
petites municipalités qui n'osaient pas imposer une taxe municipale de
2% parce que ça ne valait pas la peine. Il y a peut-être un
marchand dans toute la petite municipalité rurale et les choses qu'il
vendait le plus souvent n'étalent pas sujjettes à la taxe de 2%.
Alors qu'aujourd'hui avec l'extension de la taxe suivant les exemples qu'a
donnés le ministre du Revenu, eh bien! cette petite municipalité
rurale sera assurée de recevoir un minimum de $2.50 par tête comme
étant sa proportion de la taxe de vente.
Je considère que c'est une des meilleures lois qui aient
été apportées devant cette Chambre pour le
bénéfice des municipalités et, au lieu de toujours crier,
comme l'Opposition le fait, que nous tentons d'agir pour ne protéger que
tes gros centres ou les bourgeois, voici un cas bien spécifique
où nous prenons des précautions additionnelles, par cette
garantie de $2.50 par tête, pour protéger les petits cultivateurs,
les colons et leurs municipalités.
M. le Président, ce n'étaient pas les petits qui
essayaient d'éviter la loi. Ce n'étaient pas eux qui
étaient coupables d'évasion, c'étaient les gros...
M. JOHNSON: Mais là on va les faire payer, par exemple, les
petits...
M. LESAGE: Alors c'est exactement une loi favorable à ceux que
prétend aimer le chef de l'Opposition. Ce sont les gros qui vont payer,
et ce sont les petits qui vont recevoir. Pour une fois.»
M. BERTRAND (Missisquoi): Il ne peut pas s'empêcher de rire!
M. LESAGE: Non, je ne m'empêche pas de rire, parce que je vois
rire le chef de l'Opposition, parce qu'il est obligé d'admettre que,
pour une fois, je lui apporte une loi suivant les principes qu'il prêche
à travers la province.
Il y a une loi là. Qu'il la vote donc à deux mains, s'il
est sincère. Je vais lui permettre deux votes s'il veut, pour une fois,
pour prouver sa sincérité dans ses déclarations
abstraites. Voici qu'il peut, par un acte concret, dé- montrer la
sincérité de ses affirmations, et je l'invite à le faire.
Je serai le premier à le féliciter chaleureusement, et
sincèrement.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est votre programme de 1960?
M. BELLEMARE: M. le Président, je n'ai pas besoin de vous
dire...
M. CADIEUX: M. le Président...
M. BELLEMARE: ... que, lorsque je relis le discours du Trône, et
que je constate avec quel sentiment le lieutenant-gouverneur en lisait un des
paragraphes, je ne suis pas surpris de constater avec tous combien il est vrai
de dire, au nouveau député de Notre-Dame-de-Grâce: «
Nous lui souhaitons la plus cordiale des bienvenues. L'honorable Eric Kierans
... »
M. LE PRESIDENT: Bill 35.
M. BELLEMARE: Oui, c'est ça, « ...apporte à
l'Assemblée législative, ainsi qu'à la direction du
ministère du Revenu, une précieuse expérience
financière » et c'est là qu'arrive le bill 35
qui sera fort utile à notre administration et il aurait pu
ajouter « déficitaire ».
M. BERTRAND (Missisquoi): On a rien à perdre.
M. BELLEMARE: Dans une déclaration aussi ronflante pour saluer
l'arrivée dans cette Chambre et à la Législature
provinciale du nouveau ministre du Revenu, le premier ministre savait qu'en
allant chercher le président de la Bourse de Montréal, il
s'y connaît en bourse ...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. Je dois demander au
député de Champlain... Ce n'est pas un bill pour louer ou pour
condamner le ministre du Revenu.
On est en troisième lecture, et le débat sur toute motion
de troisième lecture d'un bill public peut porter sur l'ensemble et les
détails du bill, mais il doit être restreint au contenu de
celui-ci.
M. BELLEMARE: M. le Président, je dirai comme le premier
ministre. Vous ne savez pas prendre l'humour. Alors, je continue donc...
DES VOIX: Ah!
M. LESAGE: Pourtant Dieu sait que s'il y en a un qui a le sens de
l'humour, c'est bien l'Orateur de la Chambre.
M. BELLEMARE: Bien, je ne le sais pas. Pas aujourd'hui.
M. LESAGE: Bien, moi je le sais.
M. BELLEMARE: Partout actuellement dans le monde, pour activer
l'économie et surtout pour donner aux affaires plus d'expansion, les
gouvernements pensent au rabais des impôts. Et particulièrement
chez nos voisins, les Etats-Unis, on a passé une législation pour
décongestionner le crédit et donner, par une exemption de base
aux impôts, plus de latitude aux consommateurs et redonner à
l'économie nationale plus d'activité.
Mais chez nous, on constate depuis quelques années, et
particulièrement depuis quatre ans, une recrudescence d'imposition de
nouvelles taxes. Et celle d'aujourd'hui en est une, particulièrement,
qui fait mal aux gens de la province de Québec, pas seulement aux
gagne-petits, mais à tout le monde.
Et je dirai simplement ceci, lorsque le premier ministre de la province
déclare que c'est une taxe provisoire, à caractère
provisoire, le chef de l'Opposition a essayé pendant le
débat de lui faire concrétiser cette idée pour donner plus
de solidité à l'argument des municipalités qui veulent
savoir combien de temps durera ce « provisoire », je
rappelle le premier ministre à son discours sur le revenu, le 24 avril
1964: « On voudra bien noter le caractère provisoire de cette
taxe. En effet, elle s'applique uniquement pour l'année
financière 1964-1965. ». Et plus loin il dit: « Je
réitère qu'il ne s'agit que d'une solution temporaire, en
attendant l'élaboration d'un remède plus définitif...
Donc, une taxe provisoire, une taxe provisoire qui va être
provisoirement permanente et qui va le demeurer, parce que, lorsqu'on entend
l'argumentation qu'à faite cet après-midi l'honorable premier
ministre, en parlant surtout de l'évasion possible de la
récupération, de ce que l'on appelle l'évasion, il a
employé un terme assez long pour essayer de trouver un manteau afin de
se couvrir en disant: « Je vous impose une taxe qui n'est pas une taxe,
mais je vous impose une taxe qui va être provisoire mais surtout qui va
empêcher l'évasion. C'est une méthode de justice que nous
employons pour tâcher de récupérer, dans la province, un
montant considérable que doit collecter la province, mais je dis et je
répète qu'elle sera provisoire, mais qu'elle est surtout une
mesure de justice. »
M. le Président, taxer est une mesure de justice. Taxer surtout
qui? Ceux qui, dans nos paroisses rurales, vont payer en moyenne $18 par
année de taxe de vente qu'ils ne payaient pas autrefois recevront de la
province $2,50 par tête. Mais la différence de $18 en moyenne que
paiera chaque électeur dans la partie rurale et qui recevra $2.50 se
manifeste quand l'honorable ministre du Revenu admet que c'est une taxe qui
rapportera $53,000,000 et sur les $53,000,000, $23,000,000 seront
redistribués par un per capita selon la méthode
désignée, c'est-à-dire, comme s'exprime le premier
ministre dans son discours du budget, « selon, la base de l'impôt,
selon l'accroissement et selon le minimum. » Ce sont les trois facteurs
qui vaudront dans la distribution de la taxe de vente.
Ces $23,000,000 que recevront les municipalités, il ne faudra pas
oublier qu'il y a, au ministère du Revenu, des redevances de plusieurs
municipalités rurales, de plusieurs cités et villes, de la grande
ville de Montréal et de la ville de Québec et qui se chiffrent
à un total de $16,303,111 et ce $16,503,111, je l'ai dit dans cette
Chambre et je le répète à la suite de mon collègue
de Montmagny qui avait demandé cette question et qui. a
été produite aux journaux de l'Assemblée
législative, page 342 et page 450, ces municipalités se verront
et je ne dis pas que c'est injuste que l'on paie ses redevances à
la province mais se verront dans l'obligation, avant de toucher ce per
capita, de payer ou de prendre des arrangements pour payer leurs dus.
C'est là une chose assez extraordinaire dans l'application de
cette présente taxe.
Les revenus de la province de Québec sont très bas
puisqu'on impose de nouvelles taxes, puisqu'on essaye par tous les moyens
possibles de récupérer actuellement, de prendre le dernier sou
disponible dans le gousset de nos électeurs.
M. le Président, vous allez-dire: « Une taxe de 2%, c'est
rien au municipal, c'est rien. » Non, ce n'est pas beaucoup à 2%
à chaque fois qu'on achète mais cela représente $18 en
moyenne. Ce n'est pas beaucoup $0.05 par jour dans le parcomètre, trois
fois par semaine, cela représente $0.15 mais, au bout d'un mois, on a
payé $0.60 et au bout d'un an cela représente $7.20 pour un
propriétaire d'automobile.
C'est une taxe qui ne paraît pas, mais c'est une taxe qui quand
même, fait mal au propriétaire. Cette taxe, elle est
imposée par un gouvernement qui avait dit, comme l'ont rappelé le
député de Missisquol dans cette Chambre et les autres, que
« jamais de nouvelles taxes ne seraient imposées ».
M. CADIEUX: Ce n'est pas une nouvelle taxe!
M. BELLEMARE: Je voudrais bien, M. le Président, avoir la paix!
Je suis debout pour parler et si le député veut se lever, qu'il
parle après moi. Il n'a pas le droit, en vertu de l'article 285,
d'interrompre sans un motif sérieux.
M. CADIEUX: Sur une question de privilège, M. le
Président. Le député de Champlain a dit que c'était
une nouvelle taxe; j'ai dit que ce n'était pas une nouvelle taxe.
M. BELLEMARE: M. le Président, ce n'est pas une question de
privilège. Il pourra répondre autant qu'il le voudra après
l'affirmation.
M. CADIEUX: Ce n'est pas une nouvelle taxe. Dites la
vérité.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE: M. le Président, je vous demande de faire respecter
le règlement par ce député qui ne veut pas respecter le
règlement.
M. CADIEUX: Dites la vérité, dites la
vérité!
M. BELLEMARE: Ce n'est pas nouveau, M. le Président, ces
interpellations. On les retrouve le lendemain matin dans le Journal des
débats et le député ne s'est' seulement pas levé
pour parler. C'est disgracieux pour une Assemblée législative
d'avoir un député comme ça..
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. CADIEUX: Dites la
vérité!
M. BELLEMARE: M. le Président, l'honorable premier ministre
disait: « Le chef de l'Opposition devrait se lever et remercier le
gouvernement d'imposer une nouvelle taxe. »
Non, M. le Président. Il est le digne successeur de ceux qui,
dans la province ont taxé les petits. Et quand on regarde les 112 taxes
qui ont été imposées par les ancêtres de ces
libéraux qui sont en face de nous, ces 112 taxes imposées
frappaient toujours les gagne-petit: taxe sur les automobiles, les camions et
les autobus, taxe sur la gazoline, taxe sur lés postes de gazoline, taxe
sur les produits laitiers, taxe sur les patinoires, sur les clubs de
récréation, taxe sur le chômage, taxe sur les tavernes,
taxe sur la prévention des incendies, taxé sur les installations
électriques, taxes sur les plombiers, taxes sur les mesureurs de bois;
et c'en est une autre taxe qui vient frapper aujourd'hui le petit, qui vient
frapper la partie rurale en particulier.
Comme il avait raison de dire en 1949, le 17 juin 1949, le procureur
général d'aujourd'hui: « plus une province se donne aux
libéraux, plus son revenu est bas ».
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à l'ordre, messieurs. Je
dois rappeler encore une fois, au député de Champlain, qu'en
discussion de la motion de troisième lecture, il n'a pas le droit de
lire des textes qui ne se rapportent pas directement à la loi en
discussion.
M. HAMEL (St-Maurice): Des textes qui datent de quinze ans...
M. LE PRESIDENT: Je crois que tout le monde comprend que j'avais
laissé une certaine latitude au chef de l'Opposition et au premier
ministre en discutant assez généralement du problème, mais
je dois demander aux autres députés de s'en tenir aux
règlements et de discuter du bill, du contenu du bill 35, qui est
à l'étude devant la Chambre.
J'ai été obligé de défendre au
député de Champlain de lire un écrit, un imprimé ou
quelque extrait d'écrit ou imprimé qui ne se rapporte pas
directement au sujet du débat en cours, ça c'est l'article 285,
et je demande au député de Champlain d'essayer de s'en tenir aux
règlements.
M. BELLEMARE: M. le Président, je continue donc à vous
exposer, à vous et aux autres membres de cette Chambre, le point de vue
qui me frappe particulièrement dans l'imposition de cette nouvelle taxe,
qui est une taxe discriminatoire à l'endroit des petits qui n'avalent
jamais payé, avant, ce 2%. Pour se couvrir du manteau de la non
responsabilité, on dit, c'est pour se protéger de
l'évasion. Dans le discours du Trône il n'est pas question de
taxe. Ah non: « les Chambres seront appelées à voter une
loi pour l'inspection de la viande, une loi pour la concession des
terres...
M. LE PRESIDENT: Bill 35.
M. BELLEMARE:... et le reste et le reste. On dirait que vous n'aimez pas
ça M. le Président quand je me lève. Je vais me lever
pareil.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. BELLEMARE: Il va falloir que je continue quand même à
remplir mon mandat. Certainement, même si...
M. LE PRESIDENT: Je rappelle le député de Champlain
à l'ordre.
M. BELLEMARE: Oh! c'est pas nouveau. Voulez vous que je sorte?
M. LE PRESIDENT: Pour la deuxième fois, je rappelle le
député de Champlain à l'ordre, et je lui demande d'essayer
d'avoir un peu de respect, pas pour la personne du président, mais pour
la fonction du président dans cette Chambre. Et j'essaie d'expliquer au
député de Champlain, comme à n'importe quel autre
député en Chambre, que la seule chose qui m'intéresse,
c'est d'appliquer le règlement, et de suggérer, de demander la
coopération des députés, quand ils ont la parole,
d'exercer leur droit de parole suivant le règlement qui est prévu
pour tous les membres de cette Chambre.
M. BELLEMARE: M. le Président, je dis que c'est une
ingérence du gouvernement, dans le domaine des choses municipales. Le
député de Trois-Rivières vous l'a démontré
que c'était une ingérence, que c'était un droit autrefois
qu'avaient les municipalités de se financer et d'aller chercher par
cette imposition, les sommes dont elles avaient besoin; mais aujourd'hui, et
demain, quand la loi sera sanctionnée, ça ne sera plus un droit,
ça sera une question de privilège, une question de
discrétion qui pourra être changée à la
volonté du gouvernement, et c'est ça qui est grave, et c'est
ça qu'on n'a pas assez répété dans cette
Chambre.
Le gouvernement actuellement a fait un accroc considérable
à l'autonomie municipale. En voulant aider les municipalités, en
voulant se montrer bon prince et généreux, on va chercher, on va
dans les municipalités leur enlever un droit qu'elles avaient d'imposer
une taxe et de se financer. Mais aujourd'hui, il faudra être à la
dépendance du gouvernement, il faudra suivre les bonnes et les mauvaises
humeurs, les bons ou mauvais jours du gouvernement, et il n'y en a pas de
municipalité dans la province de Québec qui recevront des
cadeaux, comme dit le ministre du Revenu, pas plus le Cap-de-la-Ma-deleine
qu'ailleurs.
Quand on regarde depuis les quatre dernières années, 1961,
1962, 1963 et 1964, cette année, on sait que le gouvernement ne nous
fera pas de cadeau, mais Ira chercher directement 25% de la distribution de la
taxe de vente dans Trois-Rivières, il ira chercher notre 25% avec
$371,000 c'est ça.
C'est ça le cadeau du gouvernement quand il nous donne à
peu près $4,000 ou $5,000 de différence? Est-ce que le ministre
du Revenu veut écrire au maire du Cap-de-la-Madeleine pour lui demander
si le député s'oppose? Ce n'est pas avec du chantage de la sorte
de la part d'un ministre qu'on peut aider véritablement les
municipalités qui ont assumé des responsabilités au point
de vue scolaire et au point de vue municipal que la province aurait dû
assumer.
C'est dans leur programme de 1960 qu'on le retrouve. Quand on y lisait:
« Dès la prochaine session, un système de
péréquation municipale sera établi dans la province de
Québec. » I y a déjà quatre sessions que c'est
promis et il n'a pas été dit; « Ce système de
péréquation sera établi en enlevant la taxe de vente.
»
Non! Dans le programme libéral de1960, il était
spécifiquement dit: « Nous établirons dès la
prochaine session un système de péréquation. » Ce
système de péréquation n'a pas été
établi, mais le 23 mars, par exemple, on est allé chercher
à la Commission Bélanger un avis qui nous a donné une
lumière verte pour imposer cette nouvelle taxe, en prétendant que
la Commission Bélanger avait recommandé, dans un rapport partiel,
la généralisation de la taxe de vente.
Eh bien, aujourd'hui, on a enlevé un droit aux autorités
municipales et c'est surtout pour empêcher les cultivateurs qui, par leur
président, M. Sorel, ont fait une menace, ont lancé un ultimatum
au gouvernement, c'est à cause de ça qu'on a voulu les apaiser en
trouvant une formule détournée. 23 mars, M. le Président;
17 mars, la déclaration de M. Sorel. Vous n'y voyez pas une certaine
analogie?
Je dis, à la suite de tous ceux de mes collègues du
côté de l'Opposition qui ont protesté contre cette
généralisation de la taxe de vente, je dis que c'est une
ingérence de la part du gouvernement, que c'est une taxe qui fait mal
aux gagne-petit, qui fait mal aux ruraux et sur les épaules desquels,
dans les circonstances que l'on connaît, à cause du malaise qui
existe au sein de la classe rurale, on vient ajouter un fardeau qui est trop
lourd à porter et que, par générosité, on leur
remettra$2.50 par tête, quand ils en auront payé $18 en moyenne
par année.
M. le Président, je voterai donc avec le groupe de
l'Opposition...
UNE VOIX: Pour?
M. BELLEMARE: ... contre cette loi, M. le Président, contre cette
loi et Je voterai avec plaisir pour remplir mon mandat dans cette Chambre qui
est de défendre ceux qui m'ont mandaté de les représenter
et de dire au gouvernement que c'est la 23e taxe qu'ils imposent depuis quatre
ans, la 23e, Ils détiennent le re-
cord de tout ce qu'un gouvernement peut Imposer. La 23e taxe, et ce
n'est pas la dernière, et tous le savez, M. le Président. Vous en
verrez d'autres taxes did quelques années, d'ici un an parce que le
terme finit dans un an et demi.
Mais ces gens qui sont devant nous viennent nous dire: « C'est une
excellente taxe, un excellent moyen de rendre justice, d'empêcher
l'évasion, » Mais c'est un excellent moyen aussi,
détourné, d'aller chercher dans la poche du contribuable les
quelques sous disponibles qui leur restent.
M. CADIEUX: M. le Président, seulement quelques mots...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs,
M. CADIEUX: ... pour souligner un aspect de ce bill qui n'a pas
été soulevé. Depuis le début, je crois bien que
nous avons analysé la majorité des aspects de ce biîî
numéro 35. Nous venons d'entendre le député de Champlain.
Pendant même une minute, il a fait sa petite crise quotidienne, mais il
n'a rien apporté, de nouveau dans la discussion. Depuis que le bill est
devant cette Chambra, j'ai rencontré un grand nombre de marchands du
comté de Beauharnois. Je suis personnellement dans la commerce depuis
déjà plusieurs années et je puis affirmer que ce nouveau
bill qui est devant cette Chambre va énormément aider les
commerçants de la province de Québec,
Tous ceux qui venaient de l'extérieur des municipalités
où était imposée une taxe de 6% demandaient aux
commerçants une charge de 4% seulement et il y avait là des
discussions interminables. Et si le commerçant donnait suite aux
discussions avec les cultivateurs ou bien avec les gens des autres
municipalités et n'exigeait que 4% de taxe de vente, il devait faire une
livraison à l'extérieur de sa municipalité et ced
obligeait les petits commerçants comme tous les autres à avoir un
service de livraison extrêmement onéreux.
Je connais la situation, comme je vous l'ai dit, pour être
commerçant à Salaberry-de-Valleyfield et je sais que nous
étions obligés, dans plusieurs occasions, de livrer de la
marchandise à l'extérieur de Valleyfield dans les petites
municipalités et même dans des villes où il y avait une
imposition de 6% pour pouvoir nous conformer à la loi et ne charger que
4%.
Je crois que tous les commerçants que j'ai rencontrés sont
satisfaits de cette uniformisation de la taxe à 6% et tous les maires
des municipalités, quoi qu'en disent le député de
Trois-Rivières et le député de Champlain, sont très
heureux des montants qui leur sont versés à la suite de
l'adoption de ce bill numéro 35.
M. GABIAS: Et les payeurs de taxes, les électeurs?
M. LE PRESIDENT: La motion de troisième lecture sera-t-elle
adoptée? Adoptée. Même vote enregistré qu'on avait
tantôt.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. JOHNSON: « It is over ». M. LE PRESIDENT: Affaires du
jour. M. HAMEL (St-Maurice): Numéro 8. Comité des subsides:
Procureur général
M. LE PRESIDENT: Pour M. Lesage, M. Hamel propose que je quitte
maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme de nouveau en comité
des subsides. Cette motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. JOHNSON: Adoptée. Envoyez, on a hâte nous aussi.
Le Procureur général a-t-il un adjoint? A-t-il un adjoint
parmi les députés?
M. HAMEL (St-Maurice): Non.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il en a demandé un au premier ministre?
M. HAMEL (St-Maurice): Pas encore, mais ça peut venir.
M. JOHNSON: Est-ce que le Procureur général a besoin d'une
suggestion? J'en aurais une à faire.
M. HAMEL (St-Maurice): Ah, bien si le député de Bagot a
des suggestions à faire, il peut toujours les faire.
M. BERTRAND (Missisquoi): Le député de Mercier...
M. JOHNSON: Est-ce que ça nuirait à un
député libéral en particulier si je suggérais
publiquement qu'il doive être nommé adjoint du Procureur
général ou si ça lui aiderait.
M. CREPEAU: Cela lui nuirait probablement.
M. JOHNSON: Le député de Mercier me fait signe que
ça nuirait, alors je ne le mentionnerai pas.
M. BERTRAND (Missisquoi): Je regrette, je retire ce que j'ai dit.
M. BEDARD (président du comité des subsides): M. le
Procureur général, article 1: administration.
M. JOHNSON: Voici, M. le Président, il y a évidemment
plusieurs questions à traiter concernant ces items et nous aimerions
éviter autant que possible la duplication et je pense qu'il y a lieu de
s'entendre sur l'ordre de la discussion et qu'il y a lieu peut-être de
donner un préavis au ministre lorsqu'il reviendra dans d'autres
séances, quand un de ses officiers sera arrivé je lui donnerai
ça, on pourra prendre note. Je voudrais traiter de certains sujets mais
je sais que le ministre aura besoin de ses dossiers.
J'ai déjà donné avis à ses fonctionnaires
supérieurs que j'aurais aimé à parler du dossier d'un
percepteur du Revenu, à Baie St-Paul, qui qurait été
récemment poursuivi, aprèsavoir été l'objet d'une
enquête. Je pense bien que les officers du Procureur
général ont dû fournir ce renseignement ou apporter ce
dossier.
M. HAMEL (St-Maurice): C'est un administrateur ça?
M. JOHNSON: Non, un percepteur du revenu.
M. HAMEL (St-Maurice): Un percepteur du revenu.
M. JOHNSON: J'aurais préféré ne pas donner son nom,
mais il a été poursuivi, alors il y a une poursuite judiciaire.
J'ai donné le nom aux officiers. Je pense qu'il n'y a aucun
intérêt public à ce que je donne le nom publiquement du
moment qu'on réfère à la cause on saura de quoi on parle.
Il s'agit d'une poursuite donc qui a été intentée par
dénonciation signée le vingt-cinquième jour du mois
d'avril 1964. Et ça faisait suite à une enquête sur...
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'en ai pas entendu parler.
M. JOHNSON: Alors, j'aurais des questions à poser au ministre
quand on arrivera à cet item-là. J'aurais voulu aussi demander au
ministre...
M. HAMEL (St-Maurice): C'est l'item « poursuite au criminel
»
M. JOHNSON: Très bien. J'aurais aussi demandé au ministre
de faire sortir la correspondance entre son ministère et le directeur de
la Sûreté provinciale au mois de janvier 1962, relativement aux
différents entrepreneurs de pompes funèbres ou directeurs de
funérailles, qui sont habilités à recevoir, à
transporter des cadavres à la suite d'un accident ou d'un homicide
quelconque, ou d'une mort subite, de même qu'à fournir des locaux
pour la tenue de l'enquête du coroner, pour les comtés de Bagot,
Saguenay, Dorchester, Matane, l'Assomption, Montcalm, St-Hyacinthe.
M. BERTRAND (Missisquoi): Est-ce que c'est rien que là qu'il y a
des morts?
M. JOHNSON: Alors, M. le Président, on a bien compris ma
question. Il s'agit d'instructions qui auraient été
envoyées par le ministère du Procureur général au
directeur de la Sûreté provinciale pour que celui-ci dirige les
policiers vers certains établissements pour le transport des corps et
pour l'utilisation de locaux aux fins d'enquêtes du coroner.
M. HAMEL (St-Maurice): Je vais regarder si ça n'entre pas dans
les exceptions prévues a 696, 6 ou 7. Je regarderai ça.
M. JOHNSON: Comme dit le député de Missisquoi, c'est une
question mortelle.
M. HAMEL (St-Maurice): Ah! C'est certainement une question lugubre.
M. JOHNSON: Alors, il s'agit quand même d'instructions qui sont,
je crois, des mesures administratives. Et je voulais aussi avoir les
instructions, s'il en existe, données par le procureur
général au directeur de la Sûreté provinciale quant
aux endroits où les véhicules automobiles des policiers, des
membres de la Sûreté, doivent être réparés ou
alimentés en essence, en huile et en autres genres de services?
Nous sommes informés, je donne le canevas au ministre, ça
va être plus simple, que les policiers, les agents reçoivent des
instructions de leur supérieur d'aller seulement à tel ou tel
établissement dans telle ou telle région ou telle ou telle
cité. Par ailleurs...
M. HAMEL (St-Maurice): On pourrait parler de ça lors de
l'étude des crédits de la Sûreté provinciale.
M. JOHNSON: Je suis informé par ailleurs
que le directeur de la Sûreté s'en lave les mains et dit
que ce sont des instructions qui lui viennent du bureau du procureur
général.
M. HAMEL (St-Maurice): On va regarder ça.
M. JOHNSON: Alors je voudrais savoir lequel fait le patronage, M. Brunet
ou M. Hamel? Le procureur général ou le directeur de la police?
C'est aussi simple que ça. Et sur quel critère,
évidemment, on se base si c'est le procureur général?
M. HAMEL (St-Maurice): C'est bu bon patronage, ça? Est-ce du bon
patronage ou du mauvais patronage?
M. BERTRAND (Missisquoi): Vous nous 1« direz.
M. HAMEL (St-Maurice): Alors « Administration ».
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre pourrait nous dire sur quel item
nous allons parler de la Loi de l'observance...?
M. HAMEL St-Maurice): « Poursuites au criminel. »
M. BELLEMARE: « Poursuites au criminel. » Merci!
M. JOHNSON: Justement, « Poursuites au criminel » comprend
aussi les poursuites pour infractions à la Loi des liqueurs,
évidemment toutes les poursuites?
M. HAMEL (St-Maurice): Oui, parce qu'aujourd'hui l'escouade des liqueurs
est avec la Sûreté provinciale.
M. JOHNSON: Quant à la réglementation concernant la
publicité des compagnies de bière, à quel item
pourrons-nous en parler, M. le Président?
M. HAMEL (St-Maurice): Bien, je ne sais pas si on peut strictement en
parler à l'item des « Poursuites au criminel ». Si le chef
de l'Opposition faisait une motion, il y aurait peut-être moyen d'en
discuter sur une motion, mais je verrai, quand nous serons rendus aux «
Poursuites au criminel » parce que ça constitue des poursuites
tout de même.
M. BERTRAND (Missisquoi): S'il y a des poursuites à la suite des
manquements...
M. HAMEL (St-Maurice): Cela peut entraîner des poursuites. Je
pense bien qu'aux « Poursuites au criminel » on pourra en
parler.
M. JOHNSON: M. le Président, je vais me permettre d'ouvrir le feu
en demandant au ministre si la réorganisation dont il avait
été question publiquement est amorcée, c'est-à-dire
la division en divers services. Si le ministre veut bien nous donner, dans
l'affirmative, les noms des directeurs de chacun de ces grands services?
M. HAMEL (St-Maurice): Ma réponse est « oui », M. le
Président. Nous avons d'abord commencé par nommer un directeur de
tous les services, qui est M. Paul Lemelin.
Nous avons établi ce poste de façon à
libérer nos avocats, qui étaient des conseillers juridiques et
qui étaient pris par l'administration que peut faire un type qui n'est
pas avocat, qui n'est pas conseiller juridique.
Nous avons établi un service d'information. Le service
d'information est dirigé par M. Guy Bourdon, ça ne fait que
commencer, et il n'y en avait pas, auparavant, de service d'information. Alors,
il examine la situation à. ce moment-ci.
Nous voulons établir un service de criminologie. Le service de
criminologie sera établi le 1er juillet.
Nous voulons aussi établir un service de bibliothèque, une
bibliothèque destinée aux travaux du procureur
général et comprenant, non seulement les causes et les rapports
judiciaires, mais la documentation dans le domaine de la criminologie. Nous
voulons avoir une bibliothèque pour ça. Nous ne l'avons pas
encore établie parce que nous attendons du ministère des Travaux
publics des locaux nécessaires à l'établissement de cette
bibliothèque-là.
M. BELLEMARE: M. Bourdon est-il en bonne santé?
M. HAMEL (St-Maurice): M. Bourdon? Ah! La dernière
nouvelle que j'ai eue, il était en bonne santé.
M. JOHNSON: M. le Président, quand M. Lemelin est-il entré
au service du gouvernement?
M. HAMEL (St-Maurice): C'est au mois d'avriL
M. JOHNSON: Non, mais c'est un homme qui est entré
récemment?
M. HAMEL (St-Maurice): Le X3 mars.
M. JOHNSON: Ah, bon! Il n'a pas été promu des rangs
mêmes du Service civil actuel?
M. HAMEL (St-Maurice): Non! Il a été pris de la Commission
du Service civil, transféré au ministère du procureur
général où il avait déjà
travaillé.
M. JOHNSON: Bon! Quand onl'apris au procureur général, il
était àl'emploi de la Commission du Service civil.
M. HAMEL (St-Maurice): Il était à la Commission du Service
civil.
M. JOHNSON: Depuis longtemps?
M. HAMEL (St-Maurice): Depuis longtemps? Depuis quelques années,
je ne sais pas au juste.
M. JOHNSON: Pas plus que trois ans? M. HAMEL (St-Maurice):
Possiblement!
M. JOHNSON: Est-ce que c'est plus que quatre ans?
M. HAMEL (St-Maurice): Non. On me dit que non.
M. JOHNSON: Ah! M. Lemelin a-t-il été
transféré à la suite d'un concours qui a été
tenu?
M. HAMEL (St-Maurice): M. Lemelin a été
transféré à la suite d'une demande, c'est-à-dire
que nous avons demandé à la Commission du Service civil de nous
donner un directeur des services administratifs et la Commission du Service
civil a décidé de nous envoyer M. Lemelin que nous avions
d'ailleurs suggéré nous-mêmes.
M. JOHNSON: Ah! bon.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'était un concours de
circonstance!
M. JOHNSON: M. le Président, quel est le salaire de M.
Lemelin?
M. HAMEL (St-Maurice): Pardon? M. JOHNSON: Le salaire?
M. HAMEL (St-Maurice): C'est $12,000 je crois.
M. JOHNSON: Quand à M. Guy Bourdon, est-il un employé
entré récemment au service de la province ou si c'est un vieil
employé?
M. HAMEL (St-Maurice): Depuis un mois et demi ou deux mois.
M. JOHNSON: Depuis un mois et demi ou deux mois.
M. HAMEL ( ST-Maurice): Oui. M. JOHNSON: D'où venait-il?
M. HAMEL (St-Maurice): Il venait du C ap-de-la-Madeleine.
M. JOHNSON: Est-ce une recommandation en soi?
M. HAMEL (St-Maurice): Cela ne constitue pas une objection. Il y a des
honnêtes gens et des gens compétents au Cap-de-la-Madeleine comme
il y en a ailleurs.
M. BELLEMARE: Pardon! M. le Président le ministre a dit que M.
Bourdon venait du C ap-de-la-Madeleine.
M. HAMEL (St-Maurice): On m'a dit, en autant que je me rappelle que son
adresse était au Cap-de-la-Madeleine ou peut-être à
Trois-Rivières.
M. BELLEMARE: Ah! oui.
M. HAMEL (St-Maurice): Mais j'étais sous l'impression que son
adresse était au Cap-de-la-Madeleine.
M. JOHNSON: M. Bourdon est officier de l'information à quel
salaire?
M. HAMEL (St-Maurice): $8,400.
M. JOHNSON: $8,400. Quelle coordination existe-t-il entre sa fonction et
le service d'information officielle du Secrétaire de la province,
dirigé par M. Monpetit?
M. HAMEL (St-Maurice): Voici: c'est que M. Bourdon est d'abord
chargé de corriger si on veut les informations du ministère du
procureur général qui peuvent être d'intérêt
public et qui peuvent être nécessaires pour renseigner le public
et aussi servir, examiner les plaintes qui peuvent être faites du public
au procureur général, pour voir s'il n'y a pas moyen d'y
remédier dans le cas où ça peut se faire.
M. JOHNSON: Est-ce M. Bourdon qui a déjà eu un journal sur
la Côte nord, à Sept-Iles?
M. HAMEL (St-Maurice): Je ne sais pas s'il a eu un journal à
Sept-Hes. Ce que je sais c'est qu'il a été dans le journalisme
assez longtemps.
M. JOHNSON: C'est un nomme de quel âge?
M. HAMEL (St-Maurice): Je dirais de 35 à 40 ans.
M. JOHNSON: Ah! Ce n'est pas le même Bourdon. Je n'ai pas eu de
réponse, du moins je n'ai pas saisi quant à la juridiction
respective de M. Bourdon et de M. Monpetit ou du service de M. Monpetit.
M. HAMEL (a-Maurice): Bien voici, M. Bourdon est d'abord chargé
d'établir le service au ministère du procureur
général et quand il l'aura établi au ministère du
procureur général, à ce moment-là il sera en
communication avec M. Monpetit pour insérer le service, d'information du
procureur général dans le cadre du service d'information
générale.
M. JOHNSON: M. Bourdon a-t-il un assistant?
M. HAMEL (St-Maurice): Pas encore!
M. JOHNSON: Il en a demandé un, je présume.
M. HAMEL (St-Maurice): Pas encore! M. JOHNSON: E a une
secrétaire? M. HAMEL (St-Maurice): Oui. M. JOHNSON: A quel salaire? M.
HAMEL (St-Maurice): $2,500.
M. GABIAS: M. Bourdon est à la publicité, à
l'information?
M. HAMEL (St-Maurice): Il est à l'information.
M. GABIAS: Il porte bien son nom, Bourdon « bourre donc t
»
M. JOHNSON: M. le Président, sous le premier item il était
de tradition, je dirais, de parler de réhabilitation, libérations
condition- nelles, ça nous est déjà arrivé
en tous cas, de revision des statuts, la loi des dépôts
volontaires, la criminalité en général, les statistiques
sur les crimes, la loi des coroners et on parlait aussi de la Régie des
alcools des fois sur le premier article et j'aurais voulu aussi parler,
à un moment donné du protecteur public, de l'ombudsman.
M. HAMEL (St-Maurice): De l'ombudsman!
M. JOHNSON: Je ne sais, M. le Président, à quel article le
ministre aimerait...
M. HAMEL (St-Maurice): Je crois que en ce qui concerne la
réhabilitation, la criminologie, je crois que c'est sur les prisons ou
à poursuites criminelles qu'on devrait discuter de la
réhabilitation des prisonniers. Je crois que l'ombudsman ce serait
encore là aussi parce que c'est pour protéger les citoyens dans
le cas de poursuites criminelles.
D'ailleurs je ne sais pas exactement ce que le chef de l'Opposition
entend par l'ombudsman, on le verra dans le temps; mais je crois que ça
devrait se discuter ça aux poursuites au criminel et quant à la
réhabilitation sur l'article 6: « Administration des palais de
justice e: prisons », parce que ça entre dans l'administration des
prisons.
M. JOHNSON: Le jambon, ça vient à l'administration des
prisons?
M. HAMEL (St-Maurice): Ce doit être aux prisons ça aussi,
parce que je ne crois pas que l'on serve de jambon ailleurs; pas dans les
bureaux d'enregistrement.
M. JOHNSON: Et les statuts refendus, la revision?
M. HAMEL (St-Maurice): La revision des statuts refondus, je pense bien
que ça relève du Secrétariat. C'est ce qu'on me dit.
M. JOHNSON: Ah, c'est vrai. Il y a un montant voté pour
ça.
M. HAMEL (St-Maurice): Vous en avez discuté. Vous l'avez
oublié, mais vous en avez discuté à ce moment-là.
En autant que je me rappelle, il a été annoncé que ce
serait prêt au mois de décembre.
M. BERTRAND (Missisquoi): On n'en a pas discuté encore. Les
crédits du Secrétariat ne sont pas adoptés.
M. JOHNSON: Et le salaire des juges?
M. HAMEL (St-Maurice): Bien, il y a des itsm là. Je comprends que
ce sont des item statutaires. De toute façon si on ne peut pas discuter
les item statutaires, nous n'aurons pas d'objection à en discuter,
disons, à « Cour du bien-être social. »
M. JOHNSON: Très bien, et la Régie des Alcools, ça
à l'occasion, seulement sous l'angle de poursuite?
M. HAMEL (St-Maurice): « Poursuites au criminel. »
M. JOHNSON: Quant à la Loi des coroners?
M. HAMEL (St-Maurice): II n'y a pas un item là pour la Loi des
coroners? Il me semble quelque part, là?
M. JOHNSON: Ah, il y a un item. Je vous demande pardon.
M. HAMEL (St-Maurice): Item 8: « Coroners et laboratoire
médico-légal. »
M. BERTRAND (Missisquoi): Oui, à l'item 3.
M. JOHNSON: M. le Président, j'avais donc commencé
à demander au ministre si sa grande réforme était en
marche. Il nous annonce qu'il a nommé un directeur des services, M. Paul
Lemelin, et qu'il a un directeur de l'information, M. Guy Bourdon, et qu'il a
espoir de nommer, pour le 1er juillet, un directeur de la criminologie. Est-ce
qu'il...
M. HAMEL (St-Maurice): II est nommé. M. JOHNSON: Qui est-il?
M. HAMEL (St-Maurice): Il doit entrer en fonction le 1er juillet. C'est
un M. Maurice Gauthier.
M. JOHNSON: De?
M. HAMEL (St-Maurice): De Montréal. Il est actuellement à
l'Institut Leclerc, je pense qu'il est directeur de l'Institut Leclerc; il est
docteur en criminologie et possède une grande expérience pratique
dans les prisons, les pénitenciers, et dans certaines
sociétés de réhabilitation.
M. JOHNSON: Quelle sera la fonction de ce service de criminologie?
M. HAMEL (St-Maurice): Nous l'avons demandé
précisément pour établir ce service-là et nous
voulons, avant de dire exactement ce qu'il sera, qu'il entre en service et
qu'il nous donne son opinion sur la fonction que doit exercer, dans notre
ministère, ce service-là.
M. JOHNSON: Et le ministre avait aussi annoncé d'autres grands
services, comme les poursuites au civil qui seraient sous la direction d'un
chef de service. Est-ce que cette réforme est...?
M. HAMEL (St-Maurice): Voici, nous avons invité M. Jacques
Lapointe, un avocat de grande expérience, qui a 31 ans de service, qui
est arrivé au bureau pour s'occuper du droit civil,
particulièrement de la législation.
M. JOHNSON: Et quels sont les autres services que l'on avait
annoncés et qui ont été établis, ou sont sur le
point de l'être?
M. HAMEL (St-Maurice): Je ne crois pas que d'autres services aient
été annoncés.
M. DUCHARME: M. le Président, le ministre pourrait-il me dire
s'il a nommé récemment un nouvel officier en loi dans la personne
de l'avocat Roy de la Tuque?
M. HAMEL (St-Maurice): Le député de Laviolette va
être content. Je vais lui répondre « oui ».
M. DUCHARME: Bien, ce n'est pas moi qui l'ai recommandé à
tout événement. Je suis bien satisfait pour lui. En quoi vont
consister les fonctions de Me Roy?
M. HAMEL (St-Maurice): C'est un conseiller juridique qui s'en vient au
ministère parce que nous n'avons pas suffisamment de conseillers
juridiques.
M. DUCHARME: Et il n'aura pa.s une branche spéciale, il n'aura
pas un domaine spécial où il...?
M. HAMEL (St-Maurice): Il va s'occuper particulièrement de causes
criminelles, là où le ministère est actuellement
débordé à caused'un manque de conseillers juridiques.
M. DUCHABME; Quel sera le salaire de Me Roy?
M. HAMEL (St-Maurice): $10,200.
M. DUCHARME: Merci.
M. ALLARD: Chanceux!
M. HAMEL (St-Maurice): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Item 1, adopté?
M. JOHNSON: Non, non. M. Cantin est encore au ministère?
M. HAMEL (St-Maurice): M. Cantin est encore au ministère, et est
en excellente santé.
M. JOHNSON: Qui est l'assistant, ou l'adjoint de M. Cantin?
M- HAMEL (St-Maurice): M. Paul Frenette.
M. JOHNSON: Et quel est le titre exact de M. Frenette?
M. HAMEL (St-Maurice): Assistant procureur général
adjoint, quant à M. Frenette. Il est ici, au bureau. Maintenant, il y a
un assistant procureur général adjoint à Montréal
dans la personne de M. Tourangeau et ici, à Québec, dans la
personne de M. Jean Bienvenue.
M. GABIAS: Cela c'est le procureur, M. Bienvenue est le procureur
principal de la Couronne, il n'est pas assistant, il est le procureur principal
de la Couronne alors que M. Tourangeau est l'assistant procureur adjoint
à Montréal.
M. HAMEL (St-Maurice)s Ils ont le même titre tous les deux.
M. GABIAS; Bien il faudrait que le ministre se plaigne à son
collègue, le ministre Secrétaire de la province, parce que dans
le bottin administratif du Québec 1964, qui a été
publié après que le ministre a été consulté,
nous trouvons ici: cadres supérieurs, évidemment après
qu'on a eu nommé le procureur général M. René
Hamel, plus son secrétaire exécutif, Lauréat Beaulieu,
là, on tombe dans les cadres supérieurs et on y trouve, assistant
procureur général, M. Cantin, assistant procureur adjoint;
Québec, Paul Frenette; assistant procureur adjoint; Montréal, G.
Tourangeau; procureur principal de la Couronne, J. Bienvenue; conseillers
juridiques en matière criminelle, H. Pelletier, G. Savard, D.J. Doyon,
J.C. Duchesneau; conseillers juridiques en matière pénale et
civile,
F. Drouin, J.-M. Fortin; conseillers juridiques en matière de
circulation routière, G, Bornais, M. A. Lavoie; conseiller juridique en
matière de commerce de liqueurs alcooliques, A. Savard; directeur de
l'Institut médico-légal, Montréal, R. Fontaine; chef du
service des bureaux d'enregistrement, R. Roy; inspecteur des prisons, P.S.
Quart; gouverneur des prisons, Québec, Létourneau,
Montréal, Tanguay. Nombre des employés au 31 mars 1963,
3,309.
Est-ce que les renseignements que nous trouvons dans ce bottin, et qui
ont certainement été publiés après approbation du
procureur général, sont aussi inexacts que celui que vient de
nous donner le procureur général concernant le poste de M.
Tourangeau, à Montréal.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, l'impression du bottin,
la préparation du bottin ne relève pas du procureur
général. Cette impression relève je crois, du
Secrétaire de la province, et je pense que la distribution relève
des Travaux publics. Nous recevons ces documents là au bureau, comme
tout le monde. Il est possible que la raison pour laquelle ce ne soit pas
inscrit c'est qu'autrefois, M. Tourangeau était seulement assistant
procureur général adjoint et que, quand nous avons nommé
un assistant procureur, général adjoint de Québec, avec
chef ou principal avocat de la Couronne pour le district d'Appel de
Québec, nous avons fait la modification pour avoir la même chose
avec M. Tourangeau.
M. GABIAS: Lorsque le Secrétaire de la province nous a fait
distribuer ce bottin par le ministre des Travaux publics, il nous a bien dit,
en cette Chambre que ces renseignements-là lui avaient été
fournis par chacun des ministères, et que c'est après avoir
consulté ces ministères qu'il pouvait publier ce bottin. Il
ajoutait qu'il pouvait y avoir certaines erreurs. Je comprends qu'il puisse y
avoir des erreurs sur des points d'importance secondaire, mais sur un point
d'importance comme celui du poste d'assistant procureur adjoint, je crois qu'il
y aurait intérêt pour le ministre de communiquer ou faire
communiquer son secrétaire exécutif avec le secrétaire de
la province au plus tôt, pour que l'erreur ne se répète pas
l'an prochain, ou encore que M. Tourangeau soit nommé à ce
poste-là, mais les deux...
M. HAMEL (St-Maurice): On va y penser!
M. GABIAS: Il ne s'agit pas d'y penser, il s'agit de le faire.
M. JOHNSON: Quel est le salaire de M. Bienvenue, et le salaire de M.
Tourangeau?
M. HAMEL (St-Maurice): $16,000.
M. JOHNSON: $16,000. Est-ce que M. Tourangeau est payé $16,000
aussi?
M. HAMEL (St-Maurice): Oui.
M. JOHNSON: Est-ce qu'ils doivent consacrer tout leur temps au service
de la province?
M. HAMEL (St-Maurice): Oui.
M. JOHNSON: Ont-ils le droit de pratiquer à part ça.
M. HAMEL (St-Maurice): Non.
M. JOHNSON: Ont-ils le droit de faire partie de certains bureaux?
M. HAMEL (St-Maurice): Non.
M. JOHNSON: Est-ce qu'ils ont un bureau au Palais de justice, chacun
d'eux?
M. HAMEL (St-Maurice): Oui.
M. JOHNSON: Quelle est la juridiction relative ou respective de Me Guy
Desjardins et de M. Tourangeau?
M. HAMEL (St-Maurice): Me Guy Desjardins est avocat en chef de la
Couronne pour Montréal spécifiquement.
M. JOHNSON: Et M. Tourangeau est...?
M. HAMEL (St-Maurice): M. Tourangeau est avocat principal de la Couronne
pour le district d'Appel de Montréal.
M. JOHNSON: Est-ce que M. Tourangeau a juridiction sur M.
Desjardins?
M. HAMEL (St-Maurice): Ah oui!
M. JOHNSON: M. Desjardins doit prendre ses ordres, je n'aime pas
l'expression, ses instructions de M. Tourangeau?
M. HAMEL (St-Maurice): M. Tourangeau est le représentant du
ministère du procureur général à Montréal.
C'est le premier homme à Montréal.
M. JOHNSON: Quelle est la rémunération de M.
Desjardins?
M. HAMEL (St-Maurice): $11,000.
M. JOHNSON: $11,000, et il a le droit, évidemment, de pratiquer
dans d'autres domaines.
M. HAMEL (St-Maurice): Oui.
M. JOHNSON: C'est à temps partiel.
M. HAMEL (St-Maurice): Oui.
M. JOHNSON: Mais si quelqu'un trouvait que M. Desjardins ne travaille
pas pour son $11,000, c'est M. Tourangeau qui serait à blâmer
puisque c'est lui qui a juridiction sur M. Desjardins.
M. HAMEL (St-Maurice): C'est M. Tourangeau qui a juridiction
immédiate sur M. Desjardins.
M. JOHNSON: A Québec, quel est le « M. Desjardins »
de Québec?
M. HAMEL (St-Maurice): C'était M. Jean Bienvenue, parce qu'il
était d'abord avocat en chef de la Couronne, et il n'a pas
été remplacé comme avocat en chef pour le district de
Québec même.
M. JOHNSON: Le ministre pourrait-il nous dire combien il y a d'avocats
de la Couronne à Montréal, et combien à Québec?
M. HAMEL (St-Maurice): Mais ça n'entre pas sous
l'administration.
M. JOHNSON: Ah, je tombe dans la poursuite criminelle là, c'est
très bien.
M. HAMEL (St-Maurice): Cela va rentrer là.
M. JOHNSON: Je vais attendre M. le Président.
M. HAMEL (St-Maurice): Un instant, il est possible qu'on ait des avocats
de la Couronne sur le nombre...
M. BERTRAND (Missisquoi): Cela tombe sur...
M. HAMEL (St-Maurice): Poursuites « au criminel ».
M. JOHNSON: Poursuites « au criminel ».
M. HAMEL (St-Maurice): C'est là qu'il va être le plus
gros...
M. JOHNSON: Us sont payés à la poursuite aussi.
M. HAMEL (St-Maurice): Ils sont payés à la poursuite au
criminel.
M. JOHNSON: A l'item, poursuites « au criminel ».
M. HAMEL (St-Maurice): Oui.
M. JOHNSON: Mais MM. Bienvenue et Tourangeau sont payés à
l'item 1.
M. HAMEL (St-Maurice): Oui, M. Bienvenue et M. Tourangeau, c'est
à litem 1 ça.
M. JOHNSON: Ah oui. La Commission, qui est la commission d'enquête
Brossard, relativement à un livre célèbre,
M. HAMEL (St-Maurice): Cela, le chef de l'Opposition sera invité
à parler de ça sous l'item 11: « Honoraires, subventions et
autres dépenses. » C'est là que sont les Commissions.
M. JOHNSON: Celles qui fonctionnent, et celles qu'on pourrait
suggérer.
M. HAMEL (St-Maurice)j On est prêt à écouter les
suggestions sérieuses du chef de l'Opposition.
M. BERTRAND (Missisquoi): A une enquête sur celle-là.
M. JOHNSON: Alors, quant à moi, j'ai...
M. HAMEL (St-Maurice): 1 adopté?
M. JOHNSON: Un instant.
M. LE PRESIDENT: Article 1 est-il adopté?
M. GABIAS: Dans frais de bureaux, est-ce que ce sont des bureaux qui
sont loués ça?
M. HAMEL (St-Maurice): Frais de bureaux, un instant.
UNE VOIX: Subdivision 3. M. GABIAS: Je vois qu'il y a un écart de
$30,000 avec l'an passé, alors est-ce que le ministre a
été obligé de louer de nouveaux bureaux?
M. HAMEL (St-Maurice): Alors, frais de bureaux, c'est
téléphones, télégrammes et express, timbres et
divers.
M. GABIAS: Est-ce qu'il y a augmentation dans le nombre de bureaux entre
l'an passé et cette année?
M. HAMEL (St-Maurice): Pardon?
M. GABIAS: Est-ce qu'il y a augmentation du nombre de bureaux?
M. HAMEL (St-Maurice): Il y a une différence cette année
de..,
M. GABIAS: De $30,000.
M. HAMEL (St-Maurice): Il n'y a pas d'augmentation du nombre de bureaux,
c'est Québec et Montréal, il y a l'augmentation pour le
téléphone à la suite de l'établissement du
système Centrex. .
M. GABIAS: Est-ce ici qu'il faut en parler du système
Centrex?
M. HAMEL (St-Maurice): Bien, ici on en parle quant au procureur
général, mais je pense que c'est aux Travaux publics?
M. GABIAS: Oui, oui, c'est quant à l'efficacité. Quant
à l'efficacité de ce système-là,.,
M. HAMEL (St-Maurice): Pas quant à l'efficacité, c'est
peut-être au département des Travaux publics. Seulement si le
député de Trois-Rivières a des questions à poser
là-dessus, si on est en mesure de répondre pour nous...
M. GABIAS: Bien voici, c'est parce que le procureur
général, c'est lui qui s'en est le plus vanté de
l'installation de ce système Centrex.
M. HAMEL (St-Maurice): Moi? M. GABIAS: Certainement.
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'en ai jamais parlé comme procureur
général, jamais.
M. GABIAS: Bien à moins que je confonde avec un autre
système.
M. HAMEL (St-Maurice): Ah, le système de
télécommunications et de communications.
M. GABIAS: Ce sont deux systèmes différents?
M. HAMEL (St-Maurice): Non, ça ça vient à la
Sûreté provinciale. Le système de
télécommunications, à la Sûreté
provinciale,
M. GABIAS: Centrex, c'est le système de
téléphone?
M. HAMEL (St-Maurice): Ce sont les changements qui ont été
faits: 693 pour tous les autres départements.
M. GABIAS: La même chose que dans nos bureaux ici là? Si on
veut téléphoner interurbain. Alors, ce n'est pas sous cet item
la, je retire ce que je disais du procureur général à
l'effet qu'il avait vanté ce système, il s'en était
vêtu de...
M. HAMEL (St-Maurice): Le système Centrex, je ne l'ai pas
vanté.
M. GABIAS: Nous nous reprendrons, aux télécommunications,
sur...
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'en ai pas parlé.
M. GABIAS: ... l'item police provinciale, M. HAMEL (St-Maurice):
Très bien. M. LE PRESIDENT: Subdivision 4.
M. BELLEMARE: Non, non, dépenses de voyages M. le
Président. Dans les comptes publics de l'année passée, le
procureur général pourrait-il nous donner, en 1963, à la
page 416, il y a deux comptes en particulier, un pour M. Lapalme, $2,400
dépenses de voyages, et un autre $10,775, Auclalr,
M. JOHNSON: Un instant. M. HAMEL (St-Maurice): 416
M. BELLEMARE.- Page 416, un M. Auclair, $10,775 de dépenses de
voyage; M. Lapalme, $2,400, frais de voyage.
M. HAMEL (St-Maurice): Alors, M. Auclalr fait environ 60,000 milles par
année dans la province, il est chargé d'enquêtes
spéciales et c'est pour ça que ses dépenses de voyage sont
plus élevées.
M. BELLEMARE: Mais combien gagne-t-il M. Auclair?
M. HAMEL (St-Maurice): Son salaire doit être inclus là, il
a $8,200 d'indiqué en 1963 dans les comptes publics, aujourd'hui il a
$9,000.
M. BELLEMARE: Il a $9,000 puis il avait $8,200 puis $10,775 de
dépenses de voyage?
M. HAMEL (St-Maurice): Oui, il voyage tout le temps.
M. BELLEMARE: Cela, c'est voyager à $10,000 par année,
$11,000 il faut qu'il voyage.
M. HAMEL (St-Maurice): C'est vrai, il voyage aussi.
M. BELLEMAEE: C'est $1,000 par mois.
M. HAMEL (St-Maurice): Bien, ce n'est pas $1,000 par mois, mais c'est
beaucoup.
M. BELLEMARE: Ah, c'est $1,000 par mois parce qu'il y a certainement 30
jours au moins de fêtes, de dimanches et puis de vacances. De travail,
ça représente 11 mois, ça représente au-dessus de
$1,000 par mois. Maintenant, M. Auclair s'occupe d'enquêtes pour le
compte du ministre particulier ou bien pour tous les ministères?
M. HAMEL (St-Maurice): Pour différents ministères.
M. BELLEMARE: A la demande du procureur général?
M. HAMEL (St-Maurice): Oui.
M. BELLEMARE: Ce sont des enquêtes privées ou des
enquêtes publiques?
M. HAMEL (St-Maurice): Bien,ce ne sont pas des enquêtes publiques,
ce sont des enquêtes dans l'intérêt public.
M. BELLEMARE: Il ne relève pas de la police provinciale, du chef
Brunet?
M. HAMEL (St-Maurice): Non.
M. BELLEMARE: II relève directement du procureur
général?
M. HAMEL (St-Maurice): Oui.
M. BELLEMARE: Comme détective privé?
M. HAMEL (St-Maurice): Bien, pas détective privé.
M. BELLEMARE: Bien oui, mais comment vous appelez ça?
M. HAMEL (St-Maurice): Ce n'est pas un détective privé,
c'est un enquêteur spécial.
M. GABIAS: Secret.
M. HAMEL (St-Maurice): Bien, secret, si vous voulez.
M. GABIAS: Est-ce que c'est le M. Auclair qui a été
réengagé en 1960?
M. HAMEL (St-Maurice): M. Auclair est à l'emploi du gouvernement
depuis à peu près 25 ans, on n'a pas la date exacte de son
entrée, mais ça fait à peu près 25 ans.
M. GABIAS: Continu?
M. HAMEL (St-Maurice): Continu.
UNE VOIX: Adopté?
M. GABIAS: Dans les mêmes fonctions?
M. HAMEL (St-Maurice): Non, il a été dans la
Sûreté provinciale un certain temps jusqu'en 1961 et après
ça il est devenu enquêteur spécial.
M. BELLEMARE: Dans le cas de Lapalme, est-ce que ce sont des
enquêtes, frais de voyages, $2,400? Est-ce qu'il va faire des
enquêtes? Je vois ça à la page 416, frais de voyages,
$2,400.
M. HAMEL (St-Maurice): Bien, je crois que ce sont ses frais de
séjour à Québec ça.
M. BELLEMARE: Ses frais de séjour à Québec?
M. HAMEL (St-Maurice): Il me semble que c'est ça... oui, oui,
c'est ça.
M. BELLEMARE: Non, non, ça va sur l'exécutif, ça ne
va pas là certain. Le procureur général doit avoir une
autre raison, une meilleure que ça, ou bien il a fait un voyage à
Paris ou il est allé aux Indes.
M. HAMEL (St-Maurice): C'est une allocation fixe de $200 par mois.
Adopté?
M. LE PRESIDENT: Subdivision 4, « matériel, articles de
bureau, impressions et abonnements ».
M. JOHNSON: M. le Président, non, non, je voudrais tout
simplement dire au ministre sans faire de débat que j'aimerais ça
l'entendre nous suggérer une réforme réellement
fondamentale, non seulement du ministère, mais de la fonction
elle-même de procureur général. J'ai été
impressionné par les institutions de certains pays où il semble
qu'on a beaucoup de respect pour la justice, qu'on a beaucoup de respect pour
le procureur général et pour les tribunaux. La fonction de
procureur général n'est pas facile, M. le Président, elle
ne l'a jamais été et elle ne le sera jamais..
Evidemment, c'est un domaine particulier parce que l'on traite là
de problèmes humains et on doit prendre des décisions
extrêmements graves; par malheur, c'est un ministère qui a
toujours été en tandem pendant des décades. Du temps de M.
Mercier, je ne le sais pas, du temps de M. Gouin non plus, mais je sais que
dans tout le temps de M. Taschereau, ou pratiquement le premier ministre et le
procureur général c'était en tandem. Du temps de M.
Duplessis, ç'a été en tandem aussi jusqu'à 1959, je
pense bien, alors que M. Rivard est devenu procureur général,
ayant comme principal souci le ministère du procureur
général.
Autrefois, ça pouvait se justifier et les avocats étaient
moins nombreux dans le gouvernement et évidemment le gros
ministère, c'était le procureur général. Et le
premier ministre voulait bien avoir l'oeil constamment sur ce ministère.
On a heureusement scindé la fonction ou on l'a rendue autonome en 1959
et je vois que le gouvernement actuel continue.
Je ne veux pas faire de commentaires sur le choix des titulaires, ce
serait désagréable pour un absent, mais je pense qu'il s'est
créé dans la province une impression très nette, à
tous les paliers, et nous n'y sommes pour rien, nous le l'Opposition, sauf par
quelques critiques en Chambre, que c'est un ministère qui a
été négligé, qui n'a pas reçu toute
l'attention et j'emploie des euphémismes qui n'a pas
reçu toute l'attention qu'il mérite.
Deuxièmement, nous vivons à une période où
les jeunes, comme l'a dit le premier ministre hier soir dans une homélie
intéressante à écouter, même si on ne partage pas
toutes ses idées, les jeunes d'aujourd'hui, pour des raisons que je ne
discute pas, ont perdu con-
fiance dans toutes nos institutions et particulièrement tout
système judiciaire. Je crois que nous devons battre notre coulpe, nous
les avocats d'abord, deuxièmement les législateurs, pour n'avoir
pas apporté assez tôt les réformes radicales dans cette
institution fondamentale dans toute société civilisée: le
système judiciaire. Or, le noeud du problème, c'est-à-dire
le pivot de tout le système, à mon sens, c'est le procureur
général. Il faut comme procureur général un homme
qui soit détaché de toute préoccupation politique.
Malheureusement, notre système en fait un autre du club qui doit se
battre et, drôle de coïncidence, depuis les deux derniers
titulaires, ç'a été deux des plus grands bagarreurs du
parti: le député d'Outremont et maintenant le
député de St-Maurice.
UNE VOIX: Il est bien calmé.
M. JOHNSON: Oui, admettons que depuis qu'il est procureur
général, il semble évidemment, sous le manteau qui doit
lui peser sur les épaules, qui pèse sur les épaules de
n'importe quel avocat qui prend cette fonction, que le ministre semble
s'être calmé un peu. Il reste quand même, abstraction faite
de la personne du procureur général actuel, que cette fonction
devrait être, comme dans certains pays, détenue par un homme qui
n'a pas à être élu et qui n'a pas à faire de
compromis avec la politique, qui n'a pas à plaire à qui que ce
soit en politique.
Il y a eu une mesure, un commencement de progrès dans ce
domaine-là, qui me plaît, c'est la nomination de procureurs de la
Couronne permanents. Evidemment, en nommant des gens qui étaient
censés, en théorie, venir des deux partis différents, on
sanctionnait d'une façon assez maladroite, à mon point de vue,
l'existence de la politique ou des intérêts politiques dans la
nomination de l'officier de justice.
Mais quand même, une fois que ces gens-là sont
nommés, j'espère que, quel que soit le gouvernement à la
direction des affaires de la province après la prochaine
élection, ces officiers permanents, à moins évidemment de
raisons majeures, seront maintenus en fonction et on pourra ainsi
développer un groupe d'avocats, jeunes ou un peu moins jeunes, qui
feront carrière, en somme, indistinctement de leur origine politique et
sans avoir à faire quoi que ce soit pour plaire aux autorités, au
parti au pouvoir.
J'ai eu des remarques extrêmement laudatives envers certains de
ces procureurs per- manents. Je suis très heureux, sans faire ici de
discrimination, de faire part à cette Chambre et au public que
quelques-uns de ces procureurs permanents sont en train de s'établir de
très belles réputations et de revaloriser ainsi le système
judiciaire.
Il faudrait aller plus loin. Il faudrait le plus tôt possible,
à mon sens, en arriver à choisir les juges de juridiction
criminelle à même ces gens-là, qui ont été
formés dans ce milieu-là, et ce ne sera pas sur le plan mondial
innover, puisqu'on sait qu'en certains pays les juges sont choisis soit
à la sortie de l'école de magistrature, soit dans le
fonctionnarisme judiciaire. Je connais par exemple un pays où de jeunes
avocats, en sortant de l'Université, après avoir pris quelquefois
des doctorats, s'en vont d'abord comme secrétaires du juge en chef,
secrétaires des juges, préposés à la recherche,
greffiers, assistants-greffiers et font toute une carrière dans ce
domaine.
J'ai eu le plaisir de rencontrer un de ces fonctionnaires qui occupe
aujourd'hui, dspuis récemment, le poste de présidant de la Cour
suprême de son pays. C'était un jeune homme brillant dans le
temps, qui aval; obtenu un doctorat, qui s'en est allé comme
secrétaire du juge en chef, qui est devenu greffier, adjoint à la
recherche, préposé à la rechercha pour les juges, qui est
devenu juge, professeur d'université en marne temps, procureur
général nommé à vie, inamovible sauf par le
président et à la suite de procédures que les Anglais
appellent des « Impeachment proceedings », des procédures
faites devant un groupe de parlementaires, et qui est devenu récemment,
comme je le disais président de la Cour suprême de son pays.
M. le Président, le seul fait ds choisir des gens de ce calibre,
de les intégrer dans ce que j'appellerais le fonctionnarisme
judiciaire,de les laisser en place malgré les changements de
gouvernement, de leur payer un salaire qui est convenable et qui se compare au
revenu qu'on peut avoir dans des professions similaires ou dans des occupations
auxquelles on pourrait normalement se consacrer avec cette préparation,
en tirant les Juges de ce réservoir de fonctionnaires judiciaires,
apolitique, M. le Président, c'est là Je crois la seule
manière de revaloriser l'institution judiciaire, tout l'appareil
judiciaire dans notre province.
Je ne veux laisser entendre, loin de moi, que le système
judiciaire dans la province de Québec est pire qu'ailleurs. Je pense, M.
le Président, que dans toute l'Amérique du Nord nous sommes dans
la même catégorie au point de vue
système judiciaire, et au Canada nous n'avons pas cette
institution que personnellement Je n'aime pas, je ne lie personne en disant
ça, nous n'avons pas au moins l'élection des juges. Nous ne les
soumettons pas à ce procédé soi-disant démocratique
de l'élection.
M. le Président, je ne veux pas critiquer le système des
autres pays d'Amérique du Nord, mais comme je le disais tantôt, je
ne voudrais pas non plus laisser entendre que notre système est pire
qu'ailleurs. Mais je constate qu'il y a actuellement dans l'opinion publique
une laisse très grave dans l'estime que l'on porte envers cette
institution. C'est partie d'un complexe psychologique de notre jeunesse qui a
perdu aussi le respect d'une foule d'autres institutions. Et elle l'a perdu
pour diverses causes que je ne critique pas, que je ne mentionne pas au long,
mais qui en pratique se ramènent toutes à la même, des
adultes les ont critiquées un peu avec outrance, les jeunes ont cru les
adultes et en arrivent maintenant aux conclusions logiques.
Mais, de toute façon, il est temps de revaloriser toutes les
professions, il est temps de revaloriser toutes les institutions. Et à
la tête de tout le système judiciaire, je verrais un jour, et
j'aimerais que le procureur général me dise qu'il partage mon
opinion, un homme qui ne vient pas de la politique active et qui sera
placé, non pas au-dessus de la politique, car je pense qu'il n'y a rien
au-dessus de la politique, c'est le plus noble des métiers, je voudrais
être bien compris là-dessus, je pense que tous mes
collègues vont m'appuyer. Mais placé en dehors de la politique,
en dehors des courants politique, un homme en somme qui pourra consacrer en
toute liberté d'esprit son énergie et ses talents à la
meilleure administration possible de la chose judiciaire.
M. le Président, je souhaite que le procureur
général actuel perde le plus tôt possible son poste de
procureur général pour être remplacé par un
procureur général qui ne soit pas sorti de la politique et qui ne
soit pas exposé à la politique. Et comme suggestion
complémentaire, j'aurai l'occasion en d'autres circonstances
d'élaborer sur ce deuxième point, mais je crois M. le
Président, qu'il faudrait pour la bonne administration de la justice et
surtout le bon renom de la justice qu'il y ait à côté de
cette institution d'un procureur général permanent apolitique et
tout un système judiciaire, y inclus la nomination des juges à
même des gens qui sont à côté de la politique au lieu
d'être dedans, qu'il y ait, dis-je, cette institution d'an protecteur
public.
M. le Président, je n'ai pas l'intention d'en- trer dans tous les
détails de cette fonction sauf pour dire ceci: l'un des effets les plus
admirables de la fonction du protecteur public telle qu'elle est
pratiquée dans certains pays, c'est que le citoyen qui se croit
lésé à tort ou à raison a un endroit où il
peut aller se confier, obtenir des informations et se faire renseigner. Et de
la bouche même d'un de ces protecteurs publics, J'ai entendu cette
sentence qui m'a évidemment donné une confiance
inébranlable dans cette institution, c'est que dans 95% des cas et
au-delà les gens qui vont se plaindre retournent satisfaits et ne
demandent pas qu'on aille plus loin. Us ont reçu soit du protecteur
public ou de la kyrielle d'avocats qu'il a comme assistants, pour un petit pays
il y en a six, très petit pays il y en a six, mais dans 95% des cas,
dis-je le citoyen repart content et voilà un foyer de
mécontentement qui est éteint.
Alors que dans notre système à nous, quelqu'un qui n'est
pas satisfait, disons d'un jugement rendu, quelqu'un qui s'en va chez lui et
qui passe son temps à dire; « Le juge a été
acheté, l'avocat de la Couronne c'est un rouge, c'est parce que
c'était un juge rouge ou un juge bleu. » Eh bien! il va passer
toute sa vie avec ça sur le coeur et il va dans son entourage
détruire la confiance des gens dans le système judiciaire. Ou
bien donc il va aller voir le député de l'Opposition (il s'adonne
que c'est nous dans l'Opposition). Or, dans l'Opposition, nous n'avons pas
d'autres moyens que de nous lever à un moment donné et dire:
« M. le Président, nous sommes informés qu'à la
Régie, » disons des transports (je n'ai aucun cas particulier,
je prends celle-là parce que je sais qu'elle ne prête pas
flanc, à autant de politique que d'autres; on a gardé les
mêmes qu'autrefois); « à la Régie des transports, le
président ou l'un des commissaires aurait fait telle injustice.
»
Quand c'est un homme qui a été nommé par le
gouvernement au pouvoir, il semble presque automatique que le ministre se
lève et prenne la défense du commissaire en question et le
problème devient tout de suite politique; l'Opposition attaque et le
gouvernement se défend; l'Opposition qui n'est renseignée que par
cet individu, et peut-être mal renseignée comme c'est
déjà arrivé, et le gouvernement qui répond tout de
suite sans prendre de renseignements la plupart du temps.
Le problème devient politique dès ce moment-là. Il
y a contestations liées mais politiques. Alors que lorsqu'on a, comme
dans certains pays, ce protecteur public, l'homme qui viendrait me voir pour se
plaindre d'un jugement ou d'une sentence de la Régie des transports
serait référé par moi à cet homme, et
c'est là qu'il recevrait des informations prises par le
protecteur public ou un de ses assistants et, dans la plupart, c'est ce qui est
arrivé dans un pays, dans 95% des cas les gens retournent satisfaits et,
je le répète, ce foyer de mécontentement est
éteint, cette source de critique contre l'institution est tarie et la
confiance règne envers les institutions.
Pour y ajouter plus de sûreté, les dossiers de ce
protecteur public sont ouverts à la presse et chaque matin, à
tour de rôle, les journalistes se rendant à ce service, le service
du « pool » comme on l'appelle, passent chez le protecteur public
et vont prendre connaissance des nouvelles plaintes ou vont consulter les
dossiers. C'est la politique suivie. C'est aéré dans les
journaux. Il n'y a de cachettes pour personne. Il n'y a d'abri et de
pitié pour personne.
De cette façon, j'ai cru constater qu'il y avait beaucoup plus de
confiance dans les institutions que nous en avons ici. J'ai pu constater que
les députés sont déchargés de ce rôle qui
consiste à attaquer le gouvernement ou à faire semblant ou
à paraître l'attaquer sur des questions semblables. Les ministres
sont évidemment libérés de cette obligation de
défendre quasi automatiquement des gens qu'ils ont nommés
à des postes parce que ces gens-là leur avaient rendu service
quand ils étaient dans l'Opposition ou, de toute façon, pendant
la période électorale.
Vouz voyez, M. le Président, que j'essaie de tenir ce
débat ou cette suggestion sur un ton qui est loin d'être provocant
pour le procureur général. Vous savez que, connaissant le
procureur général depuis 1952, l'ayant vu à l'oeuvre dans
cette Chambre, il me serait facile de le déclencher. Je sais exactement
où presser pour que le procureur général embarque et nous
fasse une de ses sorties. Mais je pense...
UNE VOIX: II est nerveux!
M. JOHNSON: ... qu'avec moi il admettra qu'il est temps, quelles que
soient les causes, de faire un effort considérable pour revaloriser
toute l'institution judiciaire et ma suggestion c'est de commencer par la
nomination d'un procureur général non politique et d'un
protecteur public, à côté de lui, pour satisfaire les
citoyens.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, je n'ai pas l'intention
de discuter bien longtemps. Je dois dire d'abord que le ministère est
absolument satisfait de notre système d'avocats permanents choisis
à différentes écoles politi- ques. Nous sommes absolument
satisfaits de ce système-là et nous songeons à
l'étendre davantage.
M. JOHNSON: Le ministre me permettrait-il une question, pour
régler ce point-là en partant? Qui le ministre consulte-t-il pour
savoir si X, Y ou Z appartient au parti de l'Union nationale? Je vous dis que
ce n'est pas le chef de l'Opposition...
M. HAMEL (St-Maurice): Je me demande si j'ai procédé
moi-même à une nomination.
M. JOHNSON: ... sauf deux cas où j'ai eu l'occasion d'être
consulté.
M. HAMEL (St-Maurice): Je pense que j'ai procédé à
la nomination de M. Lefrançois...
M. JOHNSON: Je ne le connais pas:
M. HAMEL (St-Maurice): ... qui est un associé de M. Noël
Dorion.
M. JOHNSON: Oui, mais ça ne veut pas dire que c'est
automatiquement...
M. HAMEL (St-Maurice): Non, non, je comprends.
M. JOHNSON: Il est peut-être Crédit social.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est un de ses amis s'il est Crédit
social.
M. JOHNSON: C'est peut-être une manigance pour nommer un de ses
anciens amis quand le procureur général était
Crédit social. Non, je n'ai...
M. BERTRAND (Mlssisquol): Ils portaient le béret en même
temps!
M. JOHNSON: ... pas l'honneur de connaître M. Lefrançols ni
ses activités politiques. Mais ce que je voulais déclarer ici,
c'est que j'ai été consulté dans un cas par M. Cantin et
j'ai pris l'initiative, à la demande de certaines autorités,
entre autres quelqu'un du ministère du procureur général,
de dire que X était réellement quelqu'un qui avait fait des
activités dans l'Union nationale; dans deux seuls cas.
M. HAMEL (St-Maurice): Il était devant le tribunal.
M. JOHNSON: Et les deux fois à la demande
des fonctionnaires du ministère du procureur
général, M. Cantin dans un cas (le cas de M. Grenier à
Québec) et l'assistant procureur général de
Montréal, M. Yves Leduc (dans le cas de M. Drouin). Ce sont les deux
seules fois où j'ai été consulté.
M. HAMEL (St-Maurice): Dans le cas de M. Laganière?
M. JOHNSON: Je n'ai pas été consulté. Non, je ne
dis pas que c'est un libéral. Ma question c'est; qui consulte-t-on pour
déclarer qu'un tel est...?
M. HAMEL (St-Maurice); Je dois dire en toute vérité que
nous n'avons pas encore organisé un système de consultation. Je
dois le dire en toute franchise...
M. JOHNSON: Dépêchez-vous avant de remplir tous les
cadres.
M. HAMEL (St-Maurice)s Oui, nous allons étudier
sérieusement ce problème-là, Mais dans le cas de M.
Lefrançois, on m'a dit (qui? « on » là? c'est
difficle à dire), c'était la commune renommée, si je peux
dire. Jusqu'ici on s'est peut-être limité à consulter la
commune renommée à l'exception des cas où le chef de
l'Opposition dit qu'il a été consulté. Mais, il faut dire
que, chez nos permanents, il y a trois écoles. Il y a ceux qui viennent
de l'école libérale, ceux qui viennent de l'école de
l'Union nationale, et il y a aussi les neutres. On en a quelques-uns à
Montréal qui étaient déjà dans le fonctionnarisme
fédéral et qui sont extrêmement intéressés
à venir dans nos services.
Maintenant, précisément pour rencontrer la suggestion du
chef de l'Opposition à l'effet que nous intéressions les avocats
plus jeunes à entrer au service du gouvernement comme avocats de la
Couronne, nous avons demandé à la Commission du service civil
d'établir plusieurs classes. Actuellement, chez nos avocats de la
Couronne, chez nos avocats permanents, nous n'avons qu'une seule classe. Nous
avons demandé à la Commission du service civil de nous donner
deux ou trois ou quatre classes de façon à prendre nos gens
dès la sortie de l'université, ceux qui sont
intéressés, pour les intégrer dans le service
régulier.
Quant à la nomination d'un procureur général qui
serait apolitique, je pense bien que ce problème-là pourrait
être discuté au Conseil exécutif. C'est le premier ministre
qui nomme le procureur général. Je comprends que pour la question
de principe, on pourrait peut-être pré- tendre que, si on nommait
un procureur général, un ministre de la Couronne apolitique, qui
n'est pas obligé de se faire élire, ce serait un accroc à
la responsabilité ministérielle. On pourrait discuter ce
point-là. De toute façon, ça relève du Conseil
exécutif.
Maintenant, en ce qui concerne la nomination des juges, j'ai
moi-même commencé à examiner la possibilité de
prendre des avocats permanents de la Couronne, pour les faire accéder
graduellement à la magistrature...
M. JOHNSON: Ah boni
M. HAMEL (St-Maurice): Je ne suis pas prêt à dire que c'est
réglé, le problème, mais que, actuellement, nous y
pensons. Ce n'est peut-être pas avec un objectif aussi
désintéressé que celui du chef de l'Opposition, C'est
parce qu'actuellement c'est un fait que nous avons un peu de difficulté
à...
M. JOHNSON: ... à recruter...
M. HAMEL (St-Maurice): ... recruter des conseillers juridiques. Je ne
parle pas, quand je parle de magistrature, spécifiquement ou
exclusivement des avocats de la Couronne, mais même de certains
conseillers juridiques. Ma raison, pour quoi j'y pense, e'est que nous avons
quelques difficultés à recruter des conseillers juridiques.
M. JOHNSON: M. le Président, je remercie le minisire. Il ne ferme
pas complètement la porte. J'allais justement lui dire que ça
serait une manière de faciliter son recrutement s'il y avait, à
l'autre bout, des nominations de juges.
M. HAMEL (St-Maurice): C'est ça.
M. JOHNSON: Et je pense qu'il faudra en venir, peut-être pas cette
année, à légiférer dans ce sens-là afin
qu'il y ait là une porte ouverte. Les jeunes qui finissent à
l'université savent que le fonctionnarisme judiciaire peut conduire
éventuellement au Banc et que c'est réservé à ceux
qui ont du fonctionnarisme judiciaire. Il faudrait en venir et ça
ce n'est pas facile, mais il faut commencer à un point donné
aussi à obtenir de l'autre juridiction, de la juridiction
fédérale, que les nominations à la Cour d'appel, par
exemple, soient faites, quand on a besoin d'avocats qui s'y connaissent
en criminel à même des juges de la Cour des sessions de la
paix qui sont venus du fonctionnarisme judiciaire.
Le fonctionnarisme judiciaire, cela peut comprendre l'assistant
procureur général, cela, peut comprendre M. Tourangeau, tous esux
qui sont actuellement dans Pengrenage,
Les avocats de la Couronne a temps partiel, cela n'est pas du
fonctionnarisme judiciaire.
M. HAMEL (St-Maurice): Non.
M. JOHNSON: C'est du patronage judiciaire dans leur nomination. Ce sont
des gens qui se sont battus pour un parti et qui sont nommés là.
C'était de même dans notre temps. Cela n'a pas changé. Le
lendemain de l'élection, dehors tous les gens de l'Union nationale et
tout de suite Guy Desjardins et Gérard Levesque...
M. BELLEMARE: Bienvenus.
M. JOHNSON: ... et toutes les vedettes des congrès de la
Fédération libérale.
M. HAMEL (St-Maurice): On nous dit... UNE VOIX: Et Laganière,
lui?
M. JOHNSON: On en a parlé tantôt. Je parle des avocats de
la Couronne qui ne sont pas permanents.
M. HAMEL (St-Maurice): On Pa fait le lendemain: « Il faut que cela
change ».
M. JOHNSON: Alors, je définis la portée du terme «
fonctionnarisme judiciaire ». Il faudrait obtenir d'Ottawa ( je pense que
c'est mûr à part de ça; nous avons un ministre de la
justice que je connais très bien, je sais qu'il a de bonnes intentions
dans ce domaine-là; ii n'a pas eu de chance de la prouver beaucoup par
ses dernières nominations, mais je sais qu'il est bien
intentionné). Si le Barreau voulait nous appuyer, si le Barreau voulait
s'attaquer à fond à ce problème-là il demanderait
à Ottawa que les juges de la Cour d'appel viennent des bancs de la. Cour
supérieure, pas nécessairement, mais des bancs de la Cour
supérieurs assez souvent, et du fonctionnarisme judiciaire civil.
Ja sais que le procureur général, ou son assistant
particulièrement, serait vivement intéressé à avoir
de jeunes et brillants avocats qui s'engageraient dans la carrière
d'administration des Palais de justice et des greffes. Aujourd'hui, il faudrait
améliorer la rémunération. J'en connais quelques-uns qui
sont des as dans l'administration de la Cour supérieure et de la Cour
d'appel. J'en connais quelques-uns qui sont des gens capables de devenir des
juges mais il faudrait systématiser ça pour que, à la
sortie de l'université, les jeunes puissent s'engager soit dans la
branche criminelle, soit dans la branche civile, dans le fonctionnarisme
judiciaire, avec l'ouverture possible sur le Banc de l'un ou l'autre et
promotion d'un Banc à l'autre, grace à une entente entre le
fédéral et îe provincial.
M. le Président, on a Pair de rêver, on à Pair de
prêcher l'idéal, mais je crois que c'est une réforme qu'il
faudra réaliser le plus tôt possible si nous ne voulons pas que
toute l'institution, y inclus le Barreau, en souffre dans l'opinion
publique.
M. HAMEL (St-Maurice): Il y a un point auquel je n'ai pas
répondu, c'est celui du protecteur. Je sais que le Barreau canadien a
étudié ce problème-là à sa dernière
réunion au château Frontenac. J'ai reçu le texte d'un
mémoire qui a été présenté à cette
occasion-là, je l'ai reçu seulement cet après-midi. Je
croyais que ce problème-là serait discuté dans "(
Poursuites criminelles".
Evidemment, je suis intéressé à l'étude de
ce problème-là et je veux voir comment les choses se passent
là où on a ce protecteur pour voir si nous n'avons pas,
jusqu'à un certain point, peut-être l'équivalent ici. Je
sais que nous avons par exemple, un Service d'aide judiciaire au Barreau de
Montréal qui ast très développé: au Barreau de
Québec, ici, dans les différents Barreaux de la province, il y a
un système d'aide judiciaire.
M. GABIAS: A Trois-Rivières il y en a un. Le ministre devrait
savoir ça.
M. HAMEL (St-Maurice): Je crois que même à
Trois-Rivières il y en a un...
M. GABIAS: Vous pouvez être certain qu'il y en a un.
M. HAMEL (St-Maurice): II y en a? M. GABIAS: Certainement!
M. HAMEL (St-Maurîce):: Alors il faut voir, dans les autres pays
où on a ce protecteur là, s'il y a aussi le Service de l'aide
judiciaire que le Barreau assure actuellement et, pour la première
année, avec une contribution de la province quant au Barreau de
Montréal,
M. JOHNSON: M. le Président, je remercie le ministre. Je pourrai
compléter ses renseigne-
ments en disant que le conseiller juridique du premier ministre
assistait à cette réunion et qu'il n'est pas un emballé de
l'institution. Alors, j'avertis d'avance le procureur général
qu'il va avoir de la difficulté à vendre son idée au
premier ministre quand le conseiller juridique du premier ministre n'est pas
emballé, mais de cela, on pourra en discuter dans d'autres
circonstances.
Je voudrais qu'il soit clair qu'il y a là deux problèmes.
Le problème de l'égalité des citoyens devant le
système judiciaire. Cela c'est le problème de l'assistance
judiciaire et c'est le procureur général des Etats-Unis, M.
Robert Kennedy, qui déclarait ces jours derniers que, à son point
de vue, le citoyen à faibles moyens, à faibles revenus, à
moins de chances que le citoyen en moyens.
Je pense qu'il y a là un principe très important et c'est
pour tâcher de réduire cette inégalité que certains
avocats (je parle du système que je connais, celui de Montréal),
certains avocats, dont le député de Mercier ont donné
beaucoup de leur temps à l'assistance judiciaire.
Il y a un adage anglais qui dit « Give the devil his due »
M. le Président, je rends à César ce qui appartient
à César. Mais, je crois que ce qui est bien...
M. GABIAS: Il faudrait qu'ils en fassent beaucoup de causes comme
ça.
M. JOHNSON: ... qui est plus urgent M. le Président que
même le protecteur public, c'est de voir à ce que l'assistance
judiciaire soit adéquatement organisée et subventionnée si
nécessaire dans tous les districts de la province de Québec.
Cela, je pense que c'est le point de départ et malgré tous les
efforts du député de Mercier, à venir à tout
récemment, il n'y a eu aucune aide de la part du procureur
général, l'année dernière le député
de Mercier en a fait un grief public, poliment, c'est le temps où il est
le plus doux dans ses expressions, mais on a fait un grief au procureur
général, je suis prêt à appuyer le
député de Mercier, je pense que tous les avocats dans cette
Chambre le feront pour demander au procureur général de mettre
sur la liste des priorités, l'organisation efficace de l'assistance
judiciaire dans toute la province de Québec et les subventions si
nécessaires. Si on peut s'en passer, tant mieux. Il semble qu'on en a
besoin.
M. HAMEL (St-Maurice): Dès que j'ai été
nommé procureur général, le député de
Mercier m'a parlé de ces problèmes-là, et je puis dire
qu'au cours du mois, je crois que c'est le mois de mars, ou avril, j'ai fait
accepter par le bureau de la trésorerie, une subvention de $12,000 pour
le Barreau de Montréal, parce qu'ils ont une organisation assez
élaborée et probablement qu'on aura l'occasion d'en discuter sur
un budget supplémentaire s'il en vient un d'ici à la fin.
M. GABIAS: Je comprends que le procureur général a
acheté sa paix avec le député de Mercier. Autrement, il
pouvait..
M. BELLEMARE: C'est parce qu'il n'avait pas été
nommé.
M. GABIAS: ... avoir un concurrent sérieux et deuxièmement
bien, il n'aurait pas eu d'autre temps que celui de le subir dans ses demandes.
Mais, il y a un point sur lequel, je crois qu'il est très important
d'insister et c'est principalement sur l'établissement de bureaux
d'assistance judiciaire, dans tous les districts. A Trois-Rivières, et
je le dis au Bâtonnier de notre Barreau qui est le procureur
général, il ignorait qu'il y avait un bureau d'assistance
judiciaire dans le district de Trois-Rivières. Le Bâtonnier en
était informé, je poursuis en demandant au procureur
général de soulager un peu le ministère de la Famille et
du Bien-Etre. Actuellement, une personne qui veut bénéficier
d'assistance judiciaire doit être autorisée, par le centre du
service social qui lui, autorise l'assistance judiciaire et recommande a tour
de rôle un avocat de la région. Cela devient d'autant plus
compliqué qu'il faut que cette demande faite au centre du service social
soit ensuite acceptée par le ministère de la Famille et du
Bien-Etre et il s'écoule un délai assez long, et cela se
comprend, ensuite il faut que l'enquête soit faite et une fois
l'enquête faite, il faut que l'autorisation soit demandée et
ensuite ça revient au centre du service social puis là, on
cherche un avocat. Il y a des cas qui doivent être rapidement
autorisés.
Si une subvention était accordée au centre du service
social ou à l'assistance judiciaire de Trois-Rivières, je crois
que ça irait beaucoup plus rapidement. Personnellement, je crois que
ça relève du procureur général car, si nous nous
reportons au chapitre 46 qui prévoit les fonctions du procureur
général, nous y voyons que « le procureur
général doit veiller à ce que les affaires publiques
soient administrées conformément aux lois. Il a également
la haute surveillance sur toutes les matières concernant
l'administration de la justice par l'Etat. C'est
ainsi que le procureur général agit comme conseiller du
gouvernement; etc.
Je crois que ça devrait plutôt relever du procureur
général et, s'il donnait des subventions, il favoriserait
sûrement l'établissement de bureaux d'assistance judiciaire dans
tous les districts. Ce n'est sûrement pas la perfection, que ce soit
Montréal, Québec ou Trois-Rivières, mais je peux affirmer
ici que de nombreuses personnes ont bénéficié de services
d'avocats alors qu'elles en auraient été privées s'il n'y
avait pas eu de bureau d'assistance judiciaire.
J'en profite également pour féliciter les avocats qui
s'intéressent à ces cas, car nous savons qu'ils les acceptent
librement et que, dans la majeure partie des cas, ils renoncent pratiquement
à tous leurs honoraires. Il arrive parfois qu'il y a un petit montant
d'honoraires qui est versé, mais très, très peu; si peu
que ça paie à peine les déboursés
occasionnés non pas pour la cour qui, eux, sont remboursés, mais
les frais de. lettres, les frais de sténographes et les frais de bureau.
Alors, j'en profite pour féliciter les avocats qui, eux, acceptent,
souvent sans hésitation, plusieurs causes qui leur sont confiées
par les bureaux de l'assistance judiciaire. Comme dernier mot...
M. HAMEL (St-Maurice): Actuellement l'assistance judiciaire est...
M. GABIAS: Un instant, si vous permettez juste une seconde. Maintenant
que l'honorable premier ministre est arrivé, je comprends que le
procureur général n'est pas enthousiaste pour faire part au
premier ministre de la suggestion du chef de l'Opposition à l'effet que
le procureur général soit une personne apolitique.
M. HAMEL (St-Maurice): Il faudrait que ça soit discuté au
Conseil exécutif. C'est là que le problème du chois des
ministres doit être discuté.
M. JOHNSON: Je suis prêt à m'y rendre.
M. BERTRAND (Missisquoi): Bien, il est trop tard dans votre cas,
là.
M. LE PRESIDENT: Alors, « administration », adopté.
Article 2: « Officiers de justice ».
M. JOHNSON: « Officiers de justice », non, c'est qui
ça? Est-ce qu'il y a eu une reclassification et des augmentations de
salaires autres que les augmentations de salaires découlant de
l'arrêté ministériel du mois de novembre 1959?
M. HAMEL (St-Maurice): Les officiers du département ont
préparé une classification pour nos divers officiers de justice.
Comme on le sait, il y a des officiers de justice qui sont à salaire, et
d'autres qui sont à honoraires. Evidemment, nous essayons, je ne dis pas
que nous réussissons toujours, mais nous essayons de mettre à
salaire le titulaire lorsqu'il y a un remplacement, même s'il
était à honoraires.
Et y a des problèmes qui se posent parce qu'à un moment
donné, vous avez dans un district quelconque le protonotaire qui est en
même temps, souvent greffier de la Cour de Magistrat, greffier parfois de
la Cour des sessions de la paix, alors c'est difficile, mais nous avons
demandé à la Commission du Service Civil, nous avons fait des
suggestions quant à la classification. La discussion porte sur le point
de savoir comment régler le cas où le protonotaire est en
même temps greffier, parce que la base principale de
l'établissement de l'échelle des salaires pour un protonotaire ou
pour un greffier, c'est le nombre de brefs émis. Or le nombre de brefs
émis ne donne pas toujours l'image complète du travail de
l'officier de justice, parce que, si pour fixer le salaire du protonotaire, on
se fie uniquement sur les brefs émis à la Cour supérieure,
eh bien, s'il est greffier en même temps, il faudrait tenir compte des
brefs émis à la Cour du magistrat. Alors, nous avons reçu
une réponse à la suggestion que nous avons faite et si ça
intéresse l'Opposition, vous pourrez à huit heures indiquer quel
est le projet actuellement à l'étude.
M. GABIAS: A huit heures.
M. LE PRESIDENT: La séance du comité est suspendue
jusqu'à huit heures.
Reprise de la séance à 8 h p.m.
M. BEDARD (président du comité des subsides): A l'ordre
messieurs. Procureur général, article 2, « Officiers de
justice ».
M. JOHNSON: Le ministre est en train de nous dire que ses officiers
avaient préparé une reclassification des officiers de justice
afin de les faire bénéficier évidemment d'une augmentation
de salaire. J'en déduis qu'il n'y a pas eu de reclassification depuis
l'arrêté ministériel du 8 novembre 1959 et qu'il n'y a pas
eu d'augmentation de salaire sauf les augmentations de salaire statutaires ou
prévues dans cet arrêté ministériel.
M. HAMEL (St-Maurice): Voici, il n'y a pas eu depuis 1959 une
reclassification générale, il y a eu quelques reclassifications
individuelles depuis 1959. Maintenant le projet que nous avons soumis à
la Commission du service civil et qui a été accepté,
établit les salaires pour les ré-gistrateurs par exemple de
$3,900 à $12,800. Il y a neuf classes. Les
députés-registrateurs, il y a sept classes, de $2,700 à
$8,800. Maintenant c'est basé sur le nombre, quant aux
régis-trateurs, c'est basé sur le nombre d'actes
enregistrés. Quant aux protonotaires, ça part de $5,500 à
$12,800, il y a cinq classes. Les dé-putés-protonotaires, il y a
sept classes, de $3,300 à $9,600. Pour les shérifs, il y a cinq
classes, $3,600 à $12,800.
M. GABIAS: Sur quoi vous basez-vous pour les shérifs?
M. HAMEL (St-Maurice): Pour les shérifs, un instant.
M. GABIAS: Sur le nombre de pendaisons?
M. HAMEL (St-Maurice): Pardon?
M. GABIAS: Sur le nombre de pendaisons?
M. HAMEL (St-Maurice): C'est basé sur le nombre de cellules et de
prisonniers dont il est responsable et ça part de $3,600 à
$12,800. Maintenant, comme greffier, nous avons cinq classes, $4,500 à
$9,600. Député-greffier, quatre classes, de $3,600 à
$6,500. Les bureaux d'enregistrement, les protonotaires, les greffiers, c'est
basé sur le nombre d'actes enregistrés au cours de l'année
dernière, pour les shérifs sur le nombre de cellules et de
prisonniers dont il est responsable.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. GABIAS: Le procureur général pourrait-il nous dire
combien il y a eu au cours de l'année écoulée, combien il
y a eu de protonotaires qui sont décédés, combien ont pris
leur retraite et combien ont été destitués?
M. HAMEL (St-Maurice): Nous n'avons pas ici le nombre, mais nous
pourrons le donner évidemment, n'importe quand. Mon officier de
personnel me dit qu'il y en a deux ou trois protonotaires qui ont laissé
ou qui ont atteint l'âge.
M. GABIAS: Est-ce que le procureur général pourrait nous
dire quel est le nombre approximatif de protonotaires qui prendront leur
retraite au cours de la prochaine année?
M. HAMEL (St-Maurice): Deux ou trois, et celui de Trois-Rivières
que nous avons prolongé d'ailleurs.
M. GABIAS: Le procureur général m'a vu venir probablement
puisqu'il mentionne la retraite du protonotaire de Trois-Rivières. Ce
n'est pas à moi à insister pour que son temps soit
prolongé ou qu'il prenne ou ne prenne pas sa retraite, c'est son affaire
personnelle. Mais je tiens à dire qu'il a été un excellent
protonotaire. Excellent pour l'administration de la justice et je voudrais lui
rendre ce témoignage ce soir. Mais je veux surtout attirer l'attention
du procureur général sur le problème de son remplacement,
du remplaçant qui sera nommé à la place de monsieur
Lamothe. Nous savons tous dans un district judiciaire comme
Trois-Rivières, que les rumeurs circulent rapidement.
M. LESAGE: Chez nous, non.
M. GABIAS: Surtout à Trois-Rivières, oui, il y a une
rumeur à l'effet que le premier ministre va y aller cette semaine. Je ne
sais pas si elle est fondée.
M. LESAGE: Ce n'est pas une rumeur, c'est une réalité, j'y
serai demain.
M. GABIAS: J'espère que l'honorable premier ministre trouvera des
paroles aussi éloquentes que celles qu'il a eues hier, lorsqu'il a
parlé de la famille et de la jeunesse. Mais je veux attirer l'attention
du procureur général sur le remplacement du protonotaire.
Larumeur veut que le remplaçant de M. Lamothe ne fasse pas partie du
fonctionnarisme présent, qu'il ne
s'agisse pas d'un fonctionnaire depuis longtemps à l'emploi de la
province, mais qu'on irait chercher une personne qui pourrait être
compétente comme avocat, mais dont la principale qualité aurait
été d'avoir fait des campagnes électorales en faveur du
procureur général actuel. Je souligne en cette Chambre qu'il y a
un député-pro-tonotaire en fonction depuis de nombreuses
années, à qui on n'a rien à reprocher, ni pour sa
participation à des élections, ni pour de la par-tisanerie
politique, et qui a accompli son devoir au moins 11 ou 12 ans, et que cette
personne est pleinement qualifiée pour succéder à M.
Lamothe. Alors je soumets cette requête au procureur
général de bien vouloir tenir compte, surtout après ce
qu'on a entendu de lui voulant que l'on bonifie la situation des fonctionnaires
dans son ministère ou dans son département, que l'on rende plus
alléchant le travail accompli par ces gens, et également leur
donner le goût de demeurer dans le fonctionnarisme, et également
pour donner le goût à des jeunes d'y entrer. Si le procureur
général « faisait un accroc » en ne nommant pas le
député-protonotaire actuel comme remplaçant de M.
Lamothe,. je dis qu'il irait à l'encontre de ce qu'il a
énoncé avant le souper, tantôt, qu'il nuira au
fonctionnarisme, au bon fonctionnarisme.
M. HAMEL (St-Maurice): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2: « Officiers de justice
», adopté. Article 3: « Bureaux d'enregistrement
».
M. BELLEMARE: M. le Président, dans les bureaux d'enregistrement,
je reviens encore cette année avec le bureau du comté de
Champlain, le bureau d'enregistrement du comté de Champlain. Le ministre
me voit venir, il a reçu des requêtes probablement pour le
déménager, ou bien le réparer. Est-ce qu'il peut me dire
si, cette année, il est prévu au budget, ou à sa
connaissance, que des réparations majeures seront opérées
au bureau d'enregistrement de Ste-Geneviève-de-Batiscan: s'il est
question de le déménager d'abord, deuxièmement s'il est
question de réparations considérables, parce que c'est
demandé par le régistrateur actuellement, à cause de
l'espace? Ce bureau d'enregistrement est un des plus considérables de la
province, le ministre sait ça, à cause du développement
phénoménal que le comté de Champlain a connu depuis 15 ou
16ans,et je voudrais savoir si le ministre peut nous répondre quant
à l'opportunité d'abord, de changer d'endroit, s'il va demeurer
là, et ensuite de ça si des réparations doivent être
faites.
M. HAMEL (St-Maurice): Je puis dire qu'il y aura sûrement des
modifications dans la division d'enregistrement, dans les divisions
d'enregistrement de la Mauricie. Actuellement il y a un bureau d'enregistrement
dans Maskinongé, il y a un bureau d'enregistrement dans Berthier, il y a
un bureau d'enregistrement dans Trois-Rivières, il y a un bureau
d'enregistrement dans le comté de Laviolette, il y a un bureau
d'enregistrement dans le comté de Champlain...
M. BELLEMARE: La Tuque?
M. HAMEL (St-Maurice): ... il n'y a pas de bureau d'enregistrement dans
le comté de St-Maurice.
M. BELLEMARE: Ah, c'est ça!
M. HAMEL (St-Maurice): Mais il va y en avoir un.
M. GABIAS: Je n'ai pas d'objection...
M. BELLEMARE: C'est la cinquième fois que vous l'annoncez. Est-ce
que ça va être vrai cette fois-ci?
M. HAMEL (St-Maurice): Cela a toujours été vrai. Le
député de Champlain trouve que je n'ai pas été
assez vite?
M. BELLEMARE: Non, non.
M. HAMEL (St-Maurice): Il devrait être prudent.
M. BELLEMARE: Je trouve que le ministre fait faire à la province
des dépenses qui ne sont pas justifiées. Parce que
déjà tous les gens de Shawinigan peuvent facilement retourner au
vieux bureau d'enregistrement de Ste-Geneviève. D'ailleurs, tous les
dossiers sont là pour le comté de St-Maurice, ou à La
Tuque, si c'est plus facile pour eux autres, à cause de
Grand'Mère.
M. HAMEL (St-Maurice): Le député de Champlain peut
être assuré que les gens de Shawinigan, de Shawinigan-Sud, de
Grand'Mère ne retourneront pas au comté de Champlain, à
Ste-Geneviêve-de-Batiscan. Cela, c'est certain.
M. BELLEMARE: Pourquoi?
M. HAMEL (St-Maurice): Je sais qu'actuellement 11 y a des demandes du
Cap-de-la-Ma-delelne qui voudraient que le bureau de Ste-Ge-
neviève, au lieu de rester à Ste-Geneviève, soit
déménagé au Cap-de-la-Madeleine. Parce que,
évidemment, il y a 32,000 de population dans le Cap-de-la-Madeleine.
Changer un bureau d'enregistrement, ça comporte évidemment
certains problèmes. On me suggère, dans certains cas, de prendre
le secteur du Cap-de-la-Madeleine, au point de vue enregistrement, pour
l'envoyer à Trois-Rivières.
M. BELLEMARE: Ah bien non! Ce n'est pas à cause de mon
collègue.
M. HAMEL (St-Maurice): Alors, ce que je puis dire au
député de Champlain, c'est que la décision
définitive quant aux modifications précises n'est pas encore
prise définitivement, mais que la décision définitive est
prise quant à l'établissement d'un bureau d'enregistrement
à Shawinigan, qui prendra une partie probablement de
Trois-Rivières et de Champlain et de Laviolette.
M. GABIAS: M. le Président, je crois que c'est une bonne nouvelle
pour les gens de Shawinigan. Cela va leur permettre d'économiser un peu
à la suite de la taxe de 2% que vient d'imposer le ministre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: Mais je veux surtout souligner que, comme il y aura un bureau
à Shawinigan, je ne m'objecterai pas, à la condition que le
ministre ne vienne pas prendre celui de Trois-Rivières pour le
transporter à Shawinigan, comme il a fait dans de nombreux autres cas,
depuis 1960.
M. BELLEMARE: C'est vrai, ça.
M. GABIAS: Je me réjouis que le ministre donne des services
additionnels à sa population.
Il a tellement de choses à se faire pardonner. Cela va faire du
bien. Mais, qu'il ne vienne pas, de grâce! les prendre dans
Trois-Rivières pour les transporter à Shawinigan. Parce que,
à ce moment-là, il devient injuste pour la population de
Trois-Rivières.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, je n'ai pas l'intention
d'entrer dans toute cette discussion-là. Je veux simplement dire ceci;
nous n'avons rien enlevé à Trois-Rivières, et si
Trois-Rivières s'Inquiète du moment que nous voulons mettre le
comté de St-Maurice au niveau des autres comtés je l'ai
dit tan- tôt, un bureau d'enregistrement dans le comté de
Champlain, un bureau d'enregistrement dans Trois-Rivières, un bureau
d'enregistrement dans Laviolette, un bureau d'enregistrement dans
Maskinongé: un petit comté de 12,000 âmes, et pas de bureau
d'enregistrement dans le comté de St-Maurice...
M. GABIAS: Le ministre a raison.
M. HAMEL (St-Maurice): ... et ç'a été la même
chose pour une foule d'autres services.
M. GABIAS: Ah non!
M. HAMEL (St-Maurice): Nous avons commencé à
rétablir la justice et nous allons continuer. Sans injustice pour
personne.
M. GABIAS: Je le répète, M. le Président, si le
ministre veut donner des services à son comté, j'en suis. Mais je
ne partage pas du tout son opinion si, pour en donner à son
comté, il vient dépouiller le comté de
Trois-Rivières, il vient désorganiser des services bien
établis dans la région pour favoriser politiquement et faire du
patronage avec ces bureaux...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. GABIAS: ... pour les installer dans son comté. Et le ministre
le sait. Il le sait tellement bien que le ministère de la Voirie a
été obligé de ramener dans Trois-Rivières le bureau
de la voirie, après s'être rendu à la demande du procureur
général pour l'installer à Shawinigan,
M. HAMEL (St-Maurice): Je crois qu'il n'entre pas dans le cadre de la
discussion des crédits du procureur général d'aborder les
problèmes de la Voirie.
M. GABIAS: C'est exact!
M. HAMEL (St-Maurice): Seulement, je suis prêt à discuter
de tous ces problèmes-là, aux item prévus dans les
différents ministères.
M. GABIAS: Très bien!
M. HAMEL (St-Maurice): Je dois dire ceci, que nous n'avons rien
enlevé à Trois-Rivières, seulement, quand nous
établissons par exemple, un Bureau de placement, Trois-Rivières
s'imagine qu'on lui enlève son Bureau de placement. Qu'est-ce que vous
voulez!
M. GABIAS: Bien non! Le ministre ne veut pas comprendre.
M. BELLEMARE: M. le Président, le ministre sait, pour avoir
été élevé dans la région, que le Bureau
d'enregistrement de Ste-Geneviève de Batiscan est l'un des plus vieux de
la province. Il appartenait depuis plusieurs années, par tradition,
à ce chef-lieu de comté, et toutes les affaires se sont
traitées là depuis 75, 80 ans. D'ailleurs, le Bureau
d'enregistrement, présentement, est logé dans l'édifice du
conseil de comté. Il est à loyer dans cet édifice, et
c'est la province qui, depuis quelques années, en a assumé les
réparations. Mais, que le ministre, comme le disait si bien mon
collègue de Trois-Rivières, décide d'établir un
Bureau d'enregistrement à Shawinigan, j'en suis. Mais qu'on
n'élimine pas celui du comté de Champlain. Le ministre n'a pas
répondu à ma première question, je serais heureux de
savoir si le Bureau d'enregistrement va demeurer à Ste-Geneviève
de Batiscan, et deuxièmement, si des réparations importantes
seront exécutées durant l'année à
Ste-Geneviève de Batiscan?
M . HAMEL (St-Maurice); Est-ce que je peux demander au
député de Champlain quelle est sa suggestion concernant le Bureau
d'enregistrement de Ste-Geneviève?
M. BELLEMARE: Oui. J'ai vu venir le premier ministre. Je le connais le
premier ministre, sur ses patins, moi. C'est garanti, quand il se lève
pour aller trouver un autre ministre et que je suis debout, je me méfie
de la question du ministre. C'est justement ça que le premier ministre
est venu demander. « Demandez-lui donc, au député de
Champlain? »
M. HAMEL (St-Maurice): Non. non. M. BELLEMARE: Non? Voyons donc!
M. HAMEL (St-Maurice): Non, ce n'est pas ça!
M. BELLEMARE: M. le Président, le député de
Champlain n'a pas honte de ses convictions. Le député de
Champlain est pour le Bureau d'enregistrement là où il est depuis
des années. C'est la tradition qui veut ça, et je suis fier de
dire que le Bureau de Champlain est situé au centre du comté. Je
suis content de le dire. Le ministre ne m'a pas embêté. Il pensait
que j'étais pour dire: « Le Cap-de-la-Ma-deleine ». Non.
Non, le Bureau...
M. HAMEL (St-Maurice): Il n'en veut pas au Cap-de-la-Madeleine.
M. BELLEMARE: Non. Je le veux à Ste-Geneviève de Batiscan,
là où il est, et je suis convaincu...
M. HAMEL (St-Maurice): Très bien!
M. BELLEMARE: ... si vous voulez mettre une sous-agence au
Cap-de-la-Madeleine pour le Bureau d'enregistrement, un sous-bureau
d'enregistrement, cela serait très bien. Mais, je dis qu'actuellement,
le Bureau de Ste-Geneviève de Batiscan est bien situé, il y a une
tradition voulant qu'il soit là. D'ailleurs je n'ai pas à me
départir. Au Cap-de-la-Madeleine, cela ne peut pas m'affecter au point
de vue votes. Ce n'est pas sur ça que je compte, comme le ministre le
fait pour se faire élire à Shawinigan, en amenant à
Shawinigan un Bureau d'enregistrement pour tâcher d'avoir quelques petits
votes de plus. C'est ça qui est son intention au ministre. La mienne est
bien plus loyale! Non, M. le Président, Ste-Geneviève de
Batiscan. Alors, le ministre lui, qu'est-ce qu'il répond? Est-ce qu'il
dit qu'il va rester à Ste-Geneviève ou au Cap?
M. HAMEL (St-Maurice): Je dis que la décision définitive
quant à ça n'est pas prise. Mais quand le député de
Champlain dit que je fais cela pour me faire élire, M. le
Président, j'ai été élu depuis 1952 malgré
toutes les menaces, malgré tout le chantage.
M. BELLEMARE: Battu par toutes les paroisses de votre comté,
battu dans toutes les paroisses de votre comté!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE: ... Il n'a pas été capable se se faire
élire dans la partie rurale...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: ... il n'y a rien qu'avec votre organisation dans
Shawinigan...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: ... et on sait avec quelle organisation...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. BELLEMARE: Le ministre le sait avec quelle organisation
dans la partie rurale, battu à plate-couture...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE: C'est ça qu'il est, c'est le patroneux par
excellence, le procureur général, dans Shawinigan. Oui, dans
Shawinigan!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. BELLEMARE: C'est rien que ça qu'il a fait dans Shawinigan.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: Dans les autres paroisses rurales c'est la lamentation.
Allez voir ce qui se dit contre le ministre.
UNE VOIX: C'est un fait!
M. BELLEMARE: Le ministre ne le sait pas ce qui se dit dans les
paroisses rurales. Qu'il passe dans les paroisses rurales, qu'il aille dans son
comté le demander, il verrait qu'il va avoir des petites surprises.
DES VOIX: A l'ordre!
M. BELLEMARE: II dit que c'est seulement qu'au point de vue
électoral, oui, dans Shawinigan, au point de vue électoral pur et
simple. Que le ministre ne vienne pas me dire ça à moi.
M. HAMEL (St-Maurice): La seule difficulté que j'éprouve
dans certaines campagnes, c'est parce qu'ils avaient été
habitués par l'Union nationale à un patronage
éhonté, puis je n'en fais pas de patronage
éhonté.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE: Ah bien! On va lui citer des noms au procureur
général s'il veut rentrer dans le patronage éhonté
de son comté.
M. HAMEL (St-Maurice): Bon, c'est correct! Oui, là...
M. BELLEMARE: On va commencer par M. Boisveri, qu'est-ce qu'il fait lui,
à sa place...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Bureau d'enregistrement là, est-ce
que...
M. BELLEMARE: ... Oui, on lui demandera s'il ne donne pas des ordres,
des ordres spécifiques oui, on lui dira au ministre...
M. HAMEL (St-Maurice): Oui. Correct. M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
messieurs!
M. HAMEL (St-Maurice): Je pense bien que ça ne fera pas changer
les choses.
M. BELLEMARE: M. le Président, je reviens aux choses
sérieuses, oui, je ne parle plus du ministre! Le ministre me dit qu'il
n'est pas question de déménager le bureau d'enregistrement cette
année, parce qu'il n'y a rien de décidé. Est-ce qu'il est
décidé par les autorités du procureur
général de faire certaines réparations au bureau
d'enregistrement de Ste-Geneviève?
M. HAMEL (St-Maurice): Non, parce que, avant de décider ce
point-là, il faut décider du bureau lui-même.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: M. le Président, c'est un des rares bureaux
d'enregistrement qui est à commission, celui de
Ste-Geneviève.
M. HAMEL (St-Maurice): Oui, il y en a quelques-uns, là je ne les
ai pas tous. Il y en a 60 qui sont à commission sur 81.
M. BELLEMARE: 60 qui sont à commission...
M. HAMEL (St-Maurice): Qui sont à honoraires.
M. BELLEMARE: Celui du comté de Champlain est un des plus
considérables de la province, je pense. Est-ce qu'on peut retrouver dans
les comptes publics ce que rapporte le bureau d'enregistrement?
M. HAMEL (St-Maurice): On ne peut pas trouver ça individuellement
pour chacun des bureaux.
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre peut nous donner le chiffre qu'a
rapporté le bureau d'enregistrement l'an passé? Le regis-traire
est M. Lafontaine.
M.. HAMEL (St-Maurice): Pour Champlain? M. BELLEMARE: Pour Champlain,
oui.
M. HAMEL (St-Maurice): En 1962, ce sont les derniers chiffres que j'ai,
le bureau d'enregistrement de Ste-Geneviève a rapporté brut:
$37,144.
M. BELLEMARE: Et net?
M. HAMEL (St-Maurice): Net: $20,000 en chiffre rond.
M. BELLEMARE: $20,000 juste?
M. HAMEL (St-Maurice): En chiffre rond, oui.
M. BELLEMARE: Pour les deux registrai-res?
M. HAMEL (St-Maurice): Bien, pour le bureau d'enregistrement.
M. BELLEMARE: Non, non, mais ils se divisent le montant, les deux
registraires?
M. HAMEL (St-Maurice): Est-ce qu'ils sont deux à Batiscan?
M. BELLEMARE: Il y a M. Lafontaine et M. St-Arnault.
M. HAMEL (St-Maurice): Alors, $20,000 à peu près.
Evidemment que c'est pour les deux. C'est le bureau qui a rapporté
ça.
M. JOHNSON: Le ministre a-t-il fini de mettre dehors les registraires
qui étaient en fonction avant 1960 ou s'il lui reste encore quelques
têtes à couper?
M. HAMEL (St-Maurice): En autant que je me rappelle, M. le
Président, je n'en ai pas mis un seul dehors, je pense. Cela ne m'a pas
frappé, parce que, si j'avais été sévère,
ça m'aurait frappé; ça n'est pas dans mon
tempérament.
M. BELLEMARE: Quelle belle nature!
M. JOHNSON: C'est le premier compliment que j'entends de la part du
député de St-Maurice envers son prédécesseur. Il
semble que la seule fonction qu'ait bien remplie le député
d'Outremont, ç'a été de couper les têtes de tous les
registraires qui étaient en fonction du temps de l'Union nationale et je
pense que, le travail étant pratiquement accompli,
complété, le procureur général n'a plus à
être cruel; son prédécesseur s'en est chargé.
M. HAMEL (St-Maurice): Je dois dire que mon prédécesseur a
procédé et a occupé ses fonctions avec un esprit de
justice extrêmement développé.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 4, adopté. Article 5.
M. JOHNSON: Non, M. le Président, est-ce que l'homme
chargé des exécutions capitales est un officier de justice, au
sens des estimations, là? Est-ce que le nom de l'homme chargé des
exécutions capitales paraît dans les comptes publics?
UNE VOIX: Dans les bureaux d'enregistrement.
M. JOHNSON: II va me répondre quand même, ça va
être plus court. Il enregistre les têtes.
M. HAMEL (St-Maurice): II a un autre emploi que celui-là
évidemment, parce que ça n'arrive pas tellement souvent. Mais il
n'est pas de tradition de le nommer.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il est à honoraires, commission ou
salaire?
M. HAMEL (St-Maurice): Il occupe un autre emploi pour lequel il
reçoit un salaire.
M. JOHNSON: Ah bon! Alors, il n'est pas payé pour le travail
spécifique d'exécution.
M. HAMEL (St-Maurice): Non.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il est employé de la police
provinciale?
M. HAMEL (St-Maurice): Bien, M. le Président,...
M. BELLEMARE: Tirez ça au clair.
M. JOHNSON: Bien oui, dans les comptes publics, est-ce que son nom
paraît, oui ou non?
M. HAMEL (St-Maurice): Non, on me dit que non.
M. JOHNSON: Cela ne paraît pas, selon une tradition,
évidemment, que je suis prêt à admettre, mais c'est une
question qui...
M. HAMEL (St-Maurice): On ne lui fait pas de publicité, il ne
réclame pas de clients.
M. JOHNSON: Je voudrais demander au ministre, au procureur
général, si après les élections de 1960 on avait
changé, est-ce que c'est le même qui était en fonction
avant 1960?
M. HAMEL (St-Maurice): Cela fait 15 ans qu'il est en fonction. Je ne le
connais pas, moi.
M. JOHNSON: Le ministre ne le connaît pas personnellement?
M. HAMEL (St-Maurice): Non. M. BELLEMARE: Non, certain?
M. JOHNSON: Il n'y a pas de libéral qui a fait application, M. le
Président, pour la fonction?
M. HAMEL (St-Maurice): Non, il n'y en a pas et je crois que c'est une
des rares fonctions pour lesquelles je n'ai pas eu de demande d'emploi, je n'ai
personne.
M. LE PRESIDENT: Article 4, « Sûreté provinciale
».
M. JOHNSON: Un instant.
M. LE PRESIDENT: Alors, « Sûreté provinciale »,
« traitements ».
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: « Sûreté provinciale »,
adopté?
M. JOHNSON: « Sûreté provinciale », M. le
Président.
M. HAMEL (St-Maurice): Le député de St-Henri nous
recommande d'attacher nos ceintures.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que le ministre a pu retracer
les documents que je lui ai demandés de produire pour ce soir?
M. HAMEL (St-Maurice): Non, nous gardons la question du chef de
l'Opposition en réserve et nous pourrons en discuter quand la
réponse sera prête, si le chef de l'Opposition le juge à
propos.
M. JOHNSON: Cela veut dire quand ça, M. le Président?
M. HAMEL (St-Maurice): La prochaine fois que je reviendrai avec mes
crédits.
M. JOHNSON: Une autre année?
M. HAMEL (St-Maurice): Cette année, cette année.
M. JOHNSON: Non, mais si l'item est adopté?
M. HAMEL (St-Maurice): Ah, mais à moins que ça soit fini
ce soir, je ne le sais pas là.
M. BELLEMARE: II est optimiste.
M. JOHNSON: M. le Président, les questions dont j'ai donné
avis au ministre concernaient surtout la sûreté provinciale.
Peut-être que le ministre peut répondre sans qu'il soit
nécessaire de faire produire des documents. Est-ce que les instructions
que reçoivent les policiers de faire réparer leurs
véhicules à. tel et tel garage, instructions qui leur viennent de
leurs supérieurs, sont des instructions qui émanent d'un «
motu proprio » de M. Brunet ou si ce sont des instructions qui viennent
du ministère du procureur général?
M. HAMEL (St-Maurice): Voici, c'est précisément ça
que je veux vérifier, M. le Président, je ne suis au bureau du
procureur général que depuis quelques mois et il m'est
arrivé, moi, d'écrire au directeur de la Sûreté
provinciale quand quelqu'un me disait, par exemple, qu'un garagiste
était traité injustement dans sa région, dans sa paroisse,
dans son comté. Alors, j'écrivais au directeur de la
Sûreté provinciale lui faisant part de ce qu'on me rapportait et
de voir à ce qu'il soit traité avec justice. Est-ce qu'il y a eu
avant que j'arrive des instructions générales? C'est ça
que je vérifierai dès demain matin.
M. JOHNSON: Récemment, M. le Président, le ministre
affirme-t-il qu'il n'a pas donné d'instructions aussi récemment
qu'au mois de février 1964?
M. HAMEL (St-Maurice): Je ne me souviens pas d'avoir donné
d'instructions générales. Je n'ai pas donné d'instructions
strictement, mais j'ai soumis le cas de ceux qui se plaignaient comme
étant traités avec injustice.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que ces plaintes
émanaient d'un député ou d'un garagiste qui s'est
adressé directement au...?
M. HAMEL (St-Maurice): Il y en a qui originaient de
députés, et il y en a qui originaient de garagistes.
M. JOHNSON: Quelle est la norme de justice que le ministre adopte pour
établir si oui ou non un garagiste a sa part? Est-ce que tous les
garagistes dans une localité déterminée et qui ont la
compétence reconnue ont une égale chance d'avoir de l'ouvrage de
la part des officiers, des gendarmes, ou des employés, en tout cas, de
la police provinciale.
M. HAMEL (St-Maurice): Voici, mon sous-ministre m'indique qu'en ce qui
concerne les réparations, le Service des achats envoie au procureur
général une liste que nous transmettons à la
Sûreté provinciale. En ce qui regarde l'achat d'essence, les
agents de la Sûreté provinciale ont un carnet qui leur permet
d'acheter n'importe où.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est tout de même drôle
qu'on fasse juste l'inverse. Dans les autres ministères, c'est le
ministre ou son service de comptabilité ou pourvoyeur qui communique
avec le Service des achats pour transmettre une requisition et c'est le Service
des achats qui, lui, dirige et les achats et la méthode de faire les
achats, avec ou sans demande de soumissions publiques, ou sur invitation.
Tandis que là, le ministre vient de nous dire que c'est le Service des
achats qui envoie au procureur général la liste des garagistes
qualifiés pour exécuter certains travaux sur les véhicules
de la police provinciale et que le procureur général, lui,
transmet cette liste au directeur de la police provinciale.
M. le Président, pourquoi procède-t-on à l'envers
dans le département du procureur général?
M. HAMEL (St-Maurice): Cela me semble facile à comprendre. Voici.
La Sûreté provinciale, je pense, a 625 voitures.
UNE VOIX: Combien de bulldozers?
M. HAMEL (St-Maurice): Elle a 714 voitures. Alors, quand il y a des
petites réparations à faire, il est évident qu'on n'a pas
le temps de faire une réquisition pour aller au bureau des achats et
faire revenir ça. Il y a quelque Ghose qui cloche sur une automobile; on
ne peut pas la laisser paralysée pendant des jours. Alors, c'est pour
ça que la sûreté provinciale a une liste qui vient du
Service général des achats; cela, c'est pour les petites
réparations.
Quant aux réparations plus considérables, à la
suite d'accidents d'automobiles, par exemple. Nous avons un estimateur des
dommages, qui est un monsieur Côté, et monsieur Côté
dit, après avoir reçu des estimations de quelques garages,
où nous devons aller pour faire les réparations. Maintenant, nous
faisons confiance à la Sûreté provinciale quand il s'agit
de ces réparations-là parce que nous avons confiance dans
l'honnêteté de la sûreté provinciale.
M. JOHNSON: M. le Président, le procureur général
ne répond pas à ma question. Je présume qu'il ne veut pas
répondre. Mais, je demanderais au procureur général:
est-ce que monsieur Roger Jobin est employé à la police
provinciale et quelle est sa fonction?
M. HAMEL (St-Maurice): M. Jobin est inspecteur général
à Québec.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il n'est pas chef inspecteur et secrétaire
général, pour être plus exact?
M. HAMEL (St-Maurice): Chef inspecteur.
M. JOHNSON: Chef inspecteur et secrétaire général.
M. J.-M. Healey, quelle est sa fonction?
M. HAMEL (St-Maurice): Inspecteur en charge des affaires
criminelles.
M. JOHNSON: Pour quelle division?
M. HAMEL (St-Maurice): La sous-division de Québec.
M. JOHNSON: M. le Président, je pense qu'on a dans un document
les noms des principaux officiers de la police, et je ne voudrais pas faire
perdre de temps à cette Chambre en demandant une foule de questions.
Mais je voudrais bien savoir si on a une liste sélective, une liste
fermée de garages et, si cette liste est transmise aux officiers de la
police provinciale, par qui l'est-elle? Deuxièmement, comment cette
liste a-t-elle été confectionnée? Comment se fait-il que
ce sont seulement des garagistes qui sont évidemment marqués
comme des garagistes libéraux?
M. HAMEL (St-Maurlce): M. le Président, il y a une chose
certaine, je ne ferai pas d'hypocrisie ici, il y a une chose certaine, les
libéraux ne sont pas exclus des possibilités de faire affaires
avec le gouvernement, que ce soit avec
la Sûreté provinciale ou avec n'importe quel service du
ministère du procureur général. Ils ne sont pas exclus.
Etant donné que nous avons pris beaucoup plus de votes que l'Union
nationale, il est possible qu'il y ait plus de garagistes rouges qu'il en ait
des bleus, c'est possible. C'est la loi de la moyenne.
La liste est transmise au directeur ou à la Sûreté
provinciale par le ministère du procureur général. Nous,
nous la recevons, le ministère la reçoit du service des achats.
Comment elle est confectionnée au service des achats, personnellement je
ne le sais pas de façon précise.
M. BERTRAND (Missisquoi): Vous vous en doutez.
M. HAMEL (St-Maurice): Bien, je me doute que les libéraux ne sont
pas exclus et je l'espère.
M. BELLEMARE: Vous ne faites pas qu'espérer, vous avez
travaillé pour.
M. JOHNSON: M. le Président, peut-être qu'ils sont inclus
au point de devenir un monopole. A Montmagny par exemple quels sont les
garagistes qui sont abilités selon les instructions du procureur
général à faire les réparations aux
véhicules de la police?
M. MEUNIER: C'est très sérieux comme question du chef de
l'Opposition. Grand pas par en avant.
M. JOHNSON: Chabot Autos pour l'information du ministre.
M. HAMEL (St-Maurice): Montmagny, on m'indique ici Chabot Autos.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y en a d'autres à Montmagny qui sont
abilités?
M. HAMEL (St-Maurice): A Montmagny, je n'en vois pas d'autre.
M. JOHNSON: Bon. Est-ce que c'est le seul garagiste compétent
à Montmagny?
M. HAMEL (St-Maurice): Je l'ignore.
M. JOHNSON: Pourquoi n'y a-t-il qu'un garagiste à Montmagny qui
est recommandé?
M. HAMEL (St-Maurice): Parce que le service des achats ne nous a
donné que ce nom-là.
M. BELLEMARE: Ne partez pas à rire.
M. JOHNSON: A Rivière-du-Loup, M. le Président, le
ministre semble avoir la liste?
M. HAMEL (St-Maurice): A Rivière-du-Loup je vois Rino Thibault
Autos Limités.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y en a d'autres?
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'en vois pas d'autre dans cette
liste-là.
M. JOHNSON: Monopole. St-Jean-Port-Joli?
M. HAMEL (St-Maurice): Camille Robi-chaud.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y en a d'antres qui sont
recommandés?
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'en vois pas d'autre.
M. JOHNSON: Un autre libéral qui a le monopole. St-Pascal?
M. HAMEL (St-Maurice): Je ne le sais pas, je ne le connais pas, M.
Robichaud. S'il est libéral, tant mieux, il ne sera pas exclus poor
ça.
M. JOHNSON: M. le Président, St-Pascal?
M. HAMEL (St-Maurice): St-Pascal, Landry Autos.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y en a d'autres de recommandés?
M. HAMEL (St-Maurice): Bien, j'en vois à
St-Eleuthère-là, c'est dans le comté de Kamouraska.
M. BERTRAND (Missisquoi): St-Pascal?
M. JOHNSON: A Notre-Dame-du-Lac, Rivière Bleue?
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'en vois pas ici.
M. JOHNSON: Garage Landry Limitée.
M. HAMEL (St-Maurice): Pardon?
M. JOHNSON: Garage Landry Limitée.
M. LACROIX: C'est un dépositaire d'automobiles.
M. JOHNSON: St-Malachie?
M. HAMEL (St-Maurice): St-Malachie, Lapointe et Brochu.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y en a d'autres que Lapointe et Brochu?
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'en vois pas. M. JOHNSON: St-Magloire? M.
HAMEL (St-Maurice): St-Magloire? M. JOHNSON: Non, à St-Georges?
M. HAMEL (St-Maurice): Le chef de l'Opposition a la même liste que
moi, M. le Président. Vous voyez comment on a rien à cacher? Le
chef de l'Opposition a la même liste que moi.
M. JOHNSON: Dans Bagot?
M. HAMEL (St-Maurice): Bagot? Oh! C'est dans le district de
Montréal ça. Nous ne les avons pas actuellement pour le district
de Montréal, nous les aurons demain matin seulement.
M. JOHNSON: A St-Pamphile, comté de L'Islet?
M. HAMEL (St-Maurice): A St-Pamphile, garage Paul Legros.
M. JOHNSON: A St-Georges, on a garage National tous les deux?
M. HAMEL (St-Maurice): A St-Georges? M. JOHNSON: A St-Georges.
M. HAMEL (St-Maurice): Attendez un peu, je ne sais pas si... St-Georges
de Beauce?
M. JOHNSON: Oui.
M. HAMEL (St-Maurice): Pour moi, le chef de l'Opposition fait plus de
patronage que moi.
M. JOHNSON: M. le Président, à Québec, Montcalm
automobile?
M. HAMEL (St-Maurice): St-Georges de Beauce, je ne n'ai pas, je cherche
St-Georges de Beauce.
M. JOHNSON: A droite au milieu de la page.
M. HAMEL (St-Maurice): Qu'est-ce qu'il dit là, à
Québec.
M. JOHNSON: Montcalm Automobile sont-ils qualifiés?
M. HAMEL (St-Maurice): Montcalm Automobile, pour Québec... Ma
liste est incomplète, je crois.
M. GABIAS: Le ministre est encore en retard!
M. HAMEL (St-Maurice): Cela me surprend que...
M. BELLEMARE: Ah! oui.
M. JOHNSON: Non, non, ils ne sont pas sur la liste, je le demandais au
ministre mais ils ne sont pas sur la liste.
M. HAMEL (St-Maurice): Je vois ici Québec, parc des Laurentides
et Ste-Anne de Beaupré, garage Genest & Frères, garage
Fournier et Root.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y en a d'autres?
M. HAMEL (St-Maurice): Je vois Lévis, A. Blais Auto
Limitée.
M. JOHNSON: La Malbaie?
M. HAMEL (St-Maurice): La Malbaie, St-Siméon? Garage
Frontenac.
M. JOHNSON: Baie St-Paul?
M. HAMEL (St-Maurice): Baie St-Paul, garage Frontenac.
M. JOHNSON: Ah! bon. Alors c'est le garage Frontenac de la Malbaie qui
dessert Baie St-Paul et la Malbaie, de même que St-Siméon. C'est
le garage Frontenac, de la Malbaie.
M. HAMEL (St-Maurice): Oui, c'est ça. M. JOHNSON: A St-Joseph de
Beauce? M. HAMEL (St-Maurice): Cliche Auto.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y en a d'autres que Cliche?
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'en vois pas. M. JOHNSON: St-Prosper?
M. HAMEL (St-Maurice): Les petites réparations seulement. Cliche
Auto à St-Joseph de Beauce.
M. JOHNSON: Pour les petites affaires seulement.
M. HAMEL (St-Maurice); Toute la liste que j'ai là c'est pour les
petites réparations...
M. JOHNSON: Aht bon.
M. HAMEL (St-Maurice): ...pour lesquelles les gens de la
Sûreté vont conduire leur voiture, c'est pour éviter toutes
sortes de retards ici et là. Et d'après ce qu'on nous dit, ces
garagistes-là sont compétents et chargent le prix normal.
M. JOHNSON: Deschaillons?
M. HAMEL (St-Maurice): Deschaillons? Vous avez la même liste que
moi. Garage Deschaillons Incorporé.
M. JOHNSON: Portneuf?
M. HAMEL (St-Maurice): Portneuf, Pascal, J.-B. Pascal, Cap
Santé,
M. JOHNSON: Au Cap-de-la-Madeleine?
M. HAMEL (St-Maurice): Cap-de-la-Madeleine, Bellemare Auto.
M. BELLEMARE: Ah! non, non.
M. HAMEL (St-Maurice): Cap-de-la-Madeleine c'est dans le district, au
point de vue SÛ-reté provinciale, c'est dans le district de
Montréal.
M. BELLEMARE: Trois-Rivières.
M. JOHNSON: Le ministre n'a pas la liste de patronage pour le district
de Montréal.
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'ai pas la liste des personnes qui nous ont
été recommandées par le service des achats pour le
district de Montréal, mais je l'aurai probablement demain matin. Ah!
bien le chef de l'Opposition ne devrait pas m'humilier, il devrait garder son
document jusqu'à ce que j'aie le mien, on les comparera.
M. JOHNSON: M. le Président, je n'ai pas le document, et je pense
bien que le ministre admet avec moi, et je ne voudrais pas faire un long
débat sur la question, admet avec moi qu'il semble y avoir des
instructions, c'est-à-dire qu'il y a des instructions du procureur
général à la police provinciale, à M.Brunet,ou
pardessus la tête de M. Brunet, je ne le sais pas, pour indiquer aux
autorités de la police où doivent être
réparés les véhicules. M. le Président, en soi ce
n'est pas grave que le ministère du procureur général
prenne cette initiative, cependant il me semble que quelqu'un qui a promis
d'abolir le patronage devrait, lorsqu'il s'agit de réparations mineures,
comme c'est le cas que nous traitons, donner une liste compréhensive,
une liste qui comprend tous les garages compétents organisés pour
donner du service. Il est évident que cette liste est basée sur
des recommandations de libéraux. J'ai demandé à mes
collègues, j'ai fait quelques téléphones pour savoir
quelle était l'allégeance connue de ces garagistes. Dans presque
tous les cas...
M. HAMEL (St-Maurice): Presque!
M. JOHNSON: Je n'ai pas fait le tour de la région, mais dans tous
les cas où j'ai demandé des renseignements, il s'agissait de
garagistes reconnus comme des garagistes d'allégeance libérale,
des libéraux très actifs. Il y a des représentants de
Ford, de Chrysler, de General Motors. Cela varie avec les endroits. Mais tous
sont des libéraux notoires. Ce n'est pas une objection...
UNE VOIX: Ce sont des dépositaires.
M. JOHNSON: Ce n'est pas un empêchement dirimant que ces
gens-là reçoivent comme clients les véhicules de la
sûreté provinciale. Mais en vertu de quel principe? Si on veut
réellement abolir le patronage, peut-on éliminer, par exemple,
à St-Joseph-de-Beauce les autres garages et se limiter à un seul
garage, le garage Cliche.
M. LACROIX: Si c'était des gars de l'Union nationale vous nous
accuseriez de vouloir les acheter.
M. JOHNSON: M. le Président, n'y a-t-il que le garage Cliche qui
soit compétent à St-Joseph? Quelle est la raison?
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, le sous-ministre...
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que je pourrais demander une
question au chef de l'Opposition. Est-ce que comme moi, il n'a pas un garage
dont il se sert régulièrement? Il ne va pas de garage en garage
pour faire faire ses petites réparations.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre a raison. Moi,
j'ai un garage préféré, J'ai mes raisons d'aller
là...
M. LESAGE: Moi, je ne sais même pas si c'est un rouge ou un
bleu.
M. JOHNSON: J'administre ce qui m'appartient mais...
M. LESAGE: C'est ça.
M. JOHNSON: ... quand j'administre ce qui appartient à la
province, qui appartient à tout le monde...
UNE VOIX: Cela serait bien heureux dans le gouvernement.
M. JOHNSON: ... quand on administre des fonds qui appartiennent à
tout le monde, si on veut être conséquent, si on veut pratiquer ce
qu'on a prêché, il faut que tous les marchands en semblable
matière, que tous les garagistes « bona fide » et
compétents soient traités exactement de la même
façon. C'est une exigence fondamentale pour ceux qui ont opté
pour l'abolition du patronage, qui ont promis que ce patronage sera aboli.
M. CREPEAU: Moi, pour ma part j'ai opté contre le vol, non pas
contre le patronage. Et sous l'Union nationale c'était un système
de vol organisé dans tous les secteurs de l'activité
gouvernementale.
UNE VOIX: Ah!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: M. le Président, ce sont les paroles les plus...
M. GABIAS: Faites-le soigner, il est malade!
M. JOHNSON: ... légères et en même temps les plus
stupides que j'aie entendues dans cette Chambre de la part d'un avocat. Cela
prend un homme qui est déréglé pour parler comme le
député de Mercier vient de le faire. Et par- ce qu'il y a des
gens qui volent dans le gouvernement actuel, jamais je ne me lèverai
dans cette Chambre pour dire que tous les libéraux sont des voleurs.
DES VOIX: Ah!
M. LACROIX: Nommez-les!
M.LESAGE: M. le Président...
M. JOHNSON: C'est une légèreté impardonnable de la
part d'un avocat...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: ... je me lève comme chef du gouvernement...
M. GABIAS: La malice!
M. LESAGE: Ah! Je suis bien calme et je me lève sur une question
de privilège que je crois extrêmement importante. Si le chef de
l'Opposition affirme qu'il y a des membres du gouvernement qui volent, il est
de son devoir, s'il ne veut pas le révéler publiquement ce soir,
en Chambre, de me le dévoiler à moi et cela, pour le plus grand
bien de la province et qu'il me le dévoile avec preuve à
l'appui.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai dit au député de
Mercier que s'il y a des gens qui volent dans le gouvernement actuel, moi je
n'accuserai pas tous les libéraux d'être des voleurs.
M. LESAGE: Ce n'est pas exactement ce qu'a dit le chef de
l'Opposition.
M. JOHNSON: M. le Président, qu'on relise mes paroles. En temps
et lieu, pour chacune...
M. LESAGE: II a dit qu'il y avait des membres du gouvernement qui
volaient.
M. MORISSETTE: II a été positif.
M. JOHNSON: ... des infractions que le député de Mercier
veut mentionner spécifiquement dans cette Chambre, je m'engage à
lui en donner deux de même nature.
UNE VOIX: Oh!
M. JOHNSON: Et que le député de Mercier
s'exécute.
M. HAMEL (St-Maurice): Revenons-donc M. le Président, à
l'item de la Sûreté provinciale.
M. JOHNSON: Je demandais au procureur général, je suis
très heureux que le premier ministre soit en Chambre, il pourra
répondre à la place du procureur général. Quand on
professe que le patronage doit être aboli, que le favoritisme ne doit pas
régner, quand on professe ou fait semblant de professer que c'est un
crime que de diriger du travail chez des gens parce que ces gens-là nous
rendent des services au point de vue politique, quand on professe de teis
principes, on doit traiter tout le monde sur le même pied parce qu'il
s'agit des deniers publics et chaque citoyen de cette province, qu'il soit de
n'importe quelle race, de n'importe quelle couleur et de n'importe quelle
appartenance politique, a un droit égal. D'après certains, il
serait même illégal et criminel de discerner entre celui-ci et
celui-là pour des fins politiques. Pourquoi le procureur
général n'applique-t-il pas ce principe d'égalité
pour tous les garagistes vis-à-vis la police provinciale?
S'il a une raison personnelle, s'il a une raison qui peut expliquer la
préférence, une raison autre que la raison politique, je devrai
m'incli-ner. Mais il est évident, par les manifestations des
députés qui entourent le procureur général, qu'il
s'agit dans chaque cas de garagistes recommandés par les
libéraux, de gens qui veulent avoir leur part, comme ils disent, du
patronage.
Qu'on se décide. Si on est pour l'abolir, qu'on prenne les moyens
de l'abolir, mais si on le pratique, qu'on cesse de se voiler la face.
M. LESAGE: M. le Président, on a pris l'exemple, tout à
l'heure, de St-Jean-Port-Joli, je crois, et de Montmagny. Je crois qu'à
chaque endroit une voiture de la police de la Sûreté y a sa
base.
Les raisons qui militent en faveur de l'argument que je donnais tout
à l'heure au chef de l'Opposition et pour lesquelles il a son garagiste
pour sa voiture, et les raisons pour lesquelles, moi, j'ai mon garagiste pour
ma voiture (dans mon cas, je le dis tout de suite, je ne connais même pas
sa couleur politique), c'est qu'il est bon que ce soit le même garagiste
qui suive notre voiture. Il la connaît Il la suit. Il voit au changement
d'huile, il voit à son inspection, il connaît ses menus
défauts et il faut que ce soit le même mécanicien. Ce n'est
pas pour faire plaisir a l'Opposition ou auxlibéraux, d'un
côté ou de l'autre, que les principes qui s'appliquent dans le cas
de l'intérêt d'un individu de faire suivre sa voiture par le
même mécanicien doivent être changés lorsque l'on
administre la chose publique. Au contraire!
On doit administrer la chose publique comme un bon père de
famille. Lorsque je vois à ce que ce soit le même garagiste qui,
au point de vue réparation et entretien de ma voiture, s'en occupe,
j'agis en bon père de famille. Je considère que, lorsqu'il y a
une voiture de la Sûreté à Montmagny, une à
St-Jean-Port-Joli, il est normal que ce soit le même mécanicien
qui suive ladite voiture, lorsque le gouvernement agit ainsi, ce n'est pas par
patronage, il agit ainsi parce qu'il agit en bon père de famille, comme
fait le chef de l'Opposition pour son propre bien et comme je le fais pour mon
propre bien, ma propre propriété, sa propre
propriété. C'est aussi simple que ça.
M. JOHNSON: M. le Président, la démonstration du premier
ministre pèche à la base.
M. LESAGE: Bien, je ne vois pas quelle base!
M. JOHNSON: D'après quel critère a-t-on choisi tel
garagiste? Est-ce parce que c'était un libéral ou parce qu'il
était compétent?
M. LESAGE: Il est clair, M. le Président, que ce n'est
certainement pas après avoir consulté le chef de l'Opposition
parce qu'il n'a pas démontré, dans le passé, qu'il pouvait
administrer la province en bon père de famille,
M. JOHNSON: Me voilà libre, en tout cas, de toute accusation
d'avoir participé à l'indication des garagistes,
M. CADIEUX: Depuis 1960!
M. JOHNSON: Si je n'ai pas été consulté, M. le
Président, depuis 1960 (même avant je ne l'étais pas! non,
même avant je ne l'étais pas! cela va surprendre ces
patroneux-là.) ...
UNE VOIX: Il en avait assez de l'Hydro...
M. JOHNSON: M. le Président, même à l'Hydro...
UNE VOIX: Honte, Honte.
M. JOHNSON: II n'y a personne de mon comté qui a
été favorisé à l'Hydro pendant que j'ai
été ministre...
M. LACROIX: II n'était pas assez gros. Il vous passait par dessus
la tête.
UNE VOIX: Le comté est trop petit,
M. JOHNSON: Je me demande si on peut en dire autant aujourd'hui. Sur
quel critère a-t-on choisi tel garagiste plutôt qu'un autre? Ce
n'est pas sur la recommandation de l'Opposition, est-ce sur la recommandation
du député du comté?
M. LAVOIE (Laval): M. le Président en ce qui me concerne dans le
comté de Laval, peut-être, non seulement peut-être, mais qui
est sûrement le plus populeux de la province de Québec, et
où se trouve peut-être le plus grand nombre de stations de
gazoline, je sais que en ce qui me concerne, c'est laissé au bon
jugement du conducteur d'automobiles, et il achète, dans mon
comté autant chez les bleus que chez les rouges. Ce n'est pas
laissé à la discrétion du procureur général,
ni des officiers, ni des députés.
Comme le disait le procureur.général tout à
l'heure, les conducteurs de la police provinciale ont des bons, et ils
achètent eux-mêmes où bon leur semble, et où ils ont
besoin d'essence; c'est ça que je peux vous dire. Mais j'ajouterais que
c'est un peu ridicule ce débat, surtout, lorsque ces questions sont
posées par le chef de l'Opposition. Il devrait avoir la décence
de laisser ces questions à une nouvelle figure dans cette Champre, qui
n'a jamais trempé dans l'ancienne administration, tel, peut-être
le député de Trois-Rivières. Il me fait penser, le chef de
l'Opposition, il me fait penser un peu à Marie-Madeleine qui,
après avoir renoncé à ses péchés...
M. BERTRAM) (Missisquoi): Elle a été par
donnée.
M. LAVOIE (Laval): ... prêchait, j'imagine qu'elle ne
prêchait pas la même chose que le chef de l'Opposition aujourd'hui.
On sait ce qu'il a fait pendant ses années au pouvoir, comment, ce n'est
pas nécessaire de tout répéter comment ça se
passait dans tous les ministères j'espère; on perd
déjà assez de temps dans cette Chambre. S'il fallait faire le
procès de l'ancienne administration dans tout, dans le ministère
du chef de l'Opposition comme ailleurs, où c'était toujours les
mêmes qui avaient les contrats, toujours les mêmes, sans
soumission! Laissez donc aux autres, aux nouvelles figures de l'Union
nationale, le soin de poser les questions que vous posez ce soir.
M. JOHNSON: M. le Président, vous avez entendu la vierge
offensée parler. Vous avez entendu le plus paironeux des
députés libéraux, où personne ne peut respirer ou
faire un achat dans le comté de Laval sans que ça passe par son
factotum M. Clermont lui-même, qui a imposé ses hommes dans toutes
sortes d'organismes, qui s'est mêlé de toutes les élections
municipales, qui a trempé dans des fabrications de sceaux M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs!
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, je soulève un
point d'ordre...
M. JOHNSON: ... qui est sous le coup d'accusations publiques, M. le
Président et qui s'en vient apporter ici... M. le Président, je
n'endurerai pas, je n'endurerai pas que vous laissiez le député
de Laval avancer ce qu'il a avancé ce soir sans ce que je lui
réponde.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Voulez-vous suivre le
règlement.
M. HAMEL (St-Maurice): Je soulève un point d'ordre M. le
Président. Nous discutons actuellement de la sûreté
provinciale. Je crois que ce débat est inutile. Je le crois, et si on
continue trop loin dans cette affaire-là, je préviens qu'il se
produira des choses malheureuses qui rendront des gens malheureux inutilement.
Cela ne changera rien. Je dis, en ce qui concerne la gazoline, les agents de la
sûreté provinciale...
M. JOHNSON: Est-ce que c'est sa question de privilège ça
M. le Président, j'avais la parole.
M. HAMEL (St-Maurice): Très bien. Parlez. J'ai soulevé mon
point d'ordre.
M. JOHNSON: M. le Président, j'avais la parole, et le procureur
général vient d'empirer les choses plutôt que de les
régler.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est du chantage.
M. JOHNSON: Il vient M. le Président encore une fois de sortir le
spectre du chantage.
M. HAMEL (St-Maurice): Non.
M. JOHNSON: Oui. En disant: « si on va trop loin dans ce
domaine-là, il se produira des choses inutilement, inutilement
malheureuses... »
M. HAMEL (St-Maurice): Oui.
M. JOHNSON: ... M. le Président, « inutilement »,
d'après son propre aveu. Je voudrais dire une fois pour toutes au
procureur général et à tout le monde dans cette Chambre
que Jamais cette sorte de chantage n'empêchera de faire mon devoir.
Jamais!
On a dépensé des centaines de dollars pour touiller dans
les affaires de l'Hydro et au ministère des Ressources
hydrauliques...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: ... pour tâcher de me trouver en défaut.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre...!
M. JOHNSON: ... et actuellement, le député de St-Hyacinthe
conduit une enquête pour tenter, encore une fois, de m'attraper
ailleurs.
M. CREPEAU: Vous n'êtes pas si important que ça.
M. JOHNSON: Vous, Je vous attends depuis longtemps et vous l'aurez.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il me semble que le chef de l'Opposition a
assez d'expérience pour savoir que, lorsque le président du
comité, quel qu'il soit, se lève pour essayer de maintenir
l'ordre, il devrait, au moins à ce moment-là, le maintenir et
attendre que le président se soit prononcé et non pas se
retourner du côté de la Galerie de la presse pour continuer
à parler.
Il me semble qu'actuellement on est entré dans des
considérations tout à fait en dehors des crédits,
même des crédits généraux du procureur
général. Actuellement, nous sommes à l'article 4, «
Sûreté provinciale ». Même si, depuis une heure, on
pose des questions qu'à mon sens je considère plutôt
secondaires, mêmetrès secondaires, quant à l'administration
de la province et surtout du département, j'ai laissé poser ces
questions détaillées sur les achats de la Sûreté
provinciale, mais je ne puis pas permettre qu'on aille plus loin que ce qui a
été permis jusqu'ici. Alors, je demande au chef de l'Opposition
de s'en tenir à l'item 4.
M. JOHNSON: M. le Président, vous allez me laisser
répondre au député de Laval qui a porté deux
genres, oh! trois, si l'on veut, trois genres d'accusations.
D'abord, l'expression Marie-Madeleine, M. le Président. Le
député est bien libre de choisir ses comparaisons où il
veut, mais il tombe facilement dans des comparaisons genre Marie-Madeleine. Il
dit que le chef de l'Opposition devrait laisser à d'autres de poser ces
questions, lui qui a trempé dans des choses semblables du temps de
l'Union nationale.
Calmement, sans passion, sans vouloir gonfler le problème, j'ai
posé des questions au député, au procureur
général et au premier ministre pour établir un principe
concernant le patronage. C'est le député de Laval qui se
lève, qui dit: « Quand on a trempé dans l'ancienne
administration de l'Union nationale, on devrait laisser à d'autres de
poser des questions pareilles. » Ce n'est pas exact, M. le
Président. Quand bien même j'aurais trempé, mais ça
n'est pas établi et c'est nié de ma part, dans quoi que ce soit,
tant que je serai chef de l'Opposition ce serait mon devoir de le faire et si
je n'avais pas le courage de parler comme je parle ce soir, je devrais
démissionner comme chef de l'Opposition et non pas me servir de mon
poste pour me couvrir, non pas me taire pour empêcher qu'on me salisse,
M. le Président.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est vrai!
M. JOHNSON: Et si je métais cru vulnérable, je n'aurais
pas recherché le poste que j'occupe. Et si je me sentais
vulnérable, je démissionnerais. Si je sentais qu'à aucun
moment on peut me museler, je démissionnerais; pour laisser la place
à un homme libre...
M. LAVOIE (Laval): On n'y tient pas.
M. JOHNSON: ... mais je suis libre, M. le Président. Je suis
libre et je voudrais dire au député de Laval qui a affirmé
tantôt que dans mon ministère les contrats étaient toujours
donnés aux mêmes sans soumission, je dis qu'il tronque la
vérité, qu'il parle de choses qu'il ne connaît pas.
L'enquête a été faite dans mon ministère par mon
successeur et s'il était ici, il me confirmerait quand j'affirme
qu'aucun contrat, tout le temps où j'ai été ministre des
Ressources hydrauliques, n'a été donné sans soumission et
n'a pas été donné au plus bas soumissionnaire dans mon
ministère quand j'en ai eu la responsabilité, M. le
Président
M. LE PRESIDENT: « Sûreté ».
M. LESAGE: M. le Président, puis-je demander que l'on revienne
aux crédits du procureur général?
M. JOHNSON: C'est ça! Je n'ai pas le droit de répondre
à une affirmation du député de Lavai
M. LESAGE: M. le Président, continuant sur le point d'ordre,
n'est-ce pas, j'ai soulevé un point d'ordre et il me semble que j'ai le
droit de m'expliquer.
M. BELLEMARE: A l'ordre, il est debout.
M. JOHNSON: Le député de Richmond qui fait asseoir le
président.
M. BELLEMARE: Oui, imaginez-vous! M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: Tout ce que j'ai dit c'est ceci: l'accusation qui a
été portée d'une façon générale par
le député de Laval était contre l'administration qui nous
a précédés et non pas contre'le chef de l'Opposition ou
son administration...
M. BERTRAND (Missisquoi): Voyons donc! M. LESAGE: ... de
l'Hydro-Québec...-.. M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: ... et le, chef de l'Opposition aura beau dire, ça je
ne l'ai pas vérifié, que tous les contrats de son
ministère ont été accordés après demandes de
soumissions, je n'ai pas fouillé, je ne le sais pas. Mais je sais
pertinemment, par exemple, que, sous l'administration dont il faisait partie,
les contrats s'accordaient régulièrement sans soumission.
M. JOHNSON: M. le Président, les propos du premier ministre ne
changent rien à l'accusation...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. JOHNSON: ... portée par le député de LavaL
M. LE PRESIDENT: J'ai cru de mon devoir de laisser le chef de
l'Opposition jusqu'au moment à peu près où le
règlement a été invoqué dire ce qu'il a dit parce
que je considérais que les propos du député de Laval tout
en s'ap-pllquant à l'administration s'appliquaient évidemment en
même temps au chef de l'Opposition en tant que membre de cette
administration..
M. LESAGE: Ils s'appliquaientàI toute l'administration.
M. LE PRESIDENT: Alors, J'ai cru de mon devoir de laisser le chef de
l'Opposition, en autant que son ministère était
intéressé, faire la mise au point qu'il a faite et je
considère qu'il l'a faite d'une façon complète et
satisfaisante. Je demande maintenant que l'on revienne au crédit du
Procureur général, article 4: Sûreté
provinciale.
M. JOHNSON: Je regrette, M. le Président, j'ai été
l'objet d'une accusation non pas par le premier ministre...
DES VOIX: A l'ordre.
M. JOHNSON: ... mais par le député de Laval.
M. LE PRESIDENT: C'est ce que je viens de dire à l'instant.
M. JOHNSON: Et le député de Laval, je lui demande de
retirer ses propos.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Le député de Laval, encore une
fois je l'ai dit, a porté son accusation d'une façon
générale, mais étant donné que le chef de
l'Opposition faisait partie de l'administration auquel il a fait allusion, j'ai
cru de mon devoir de laisser le chef de l'Opposition faire la rectification et
la mise au point qu'il a faite en autant que son ministère, des
ressources hydrauliques autrefois, était intéressé.
Maintenant, je ne puis tout de même pas me permettre d'aller plus loin
que ça, ce qui engendrerait un débat tout à fait inutile
et hors d'ordre. Alors, je demande maintenant aux deux côtés de
revenir à l'article 4: Sûreté provinciale.
M. JOHNSON: M. le Président, je crois que de bonne foi vous errez
parce que vous n'avez pas entendu ce que j'ai entendu. Le député
de Laval a dit: quand le député de Bagot était ministre,
dans son ministère, les contrats allaient toujours aux mêmes et
sans soumissions.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: C'est une accusation directe.
M. LE PRESIDENT: Justement, c'est ce que je viens de
répéter deux fois...
M. JOHNSON: Non, non.
M. LE PRESIDENT: ... du fait que le député de Laval avait
porté une accusation...
M. JOHNSON: Directe.
M. LE PRESIDENT: ... directe à l'ancienne administration...
M. JOHNSON: Non, non, directement..
M. LE PRESIDENT: ... et qui se rapportait-position, en autant que le
ministère des Ressources hydrauliques, je le répète une
troisième fois, était intéressé. J'ai cru, je crois
encore qu'il était de mon devoir de laisser faire la mise au point qu'il
a faite, et je considère qu'il avait le droit de la faire d'une
façon complète telle qu'il l'a faite; et maintenant je demande de
revenir au ministère du Procureur général,
Sûreté provinciale, article 4.
M. JOHNSON: M. le Président, est ce que votre décision a
pour effet de m'empêcher de demander au député de Laval de
retirer les propos lui-même plutôt que de les faire couvrir par le
premier ministre?
M. LE PRESIDENT: Eh bien voici, c'est une question qu'on me pose, alors
je considère que les propos du député de Laval
étaient sujets à rectification ou à négation mais
n'étaient pas en soi des propos qui au sens du règlement
comportaient des paroles ou des termes anti-parlementaires, mais qui donnaient
droit tout de même, je le répète une quatrième fois,
au chef de l'Opposition, de faire une mise au point qu'il a faite. Je l'ai
laissé faire, parce qu'il était de mon devoir de le faire.
Maintenant je demande de revenir à l'article 4: Sûreté
provinciale,
M. BELLEMARE: M. le Président, si vous me permettez... le
député de Laval, je voudrais simplement vous soumettre ce
point de vue, a répété deux fois, pas seulement
qu'une fois, mais deux fois, « si j'étais à la place du
chef de l'Opposition, lui qui a fait partie d'une ancienne administration, Je
demanderais à un autre député de poser ces
questions-là. »
M. MEUNIER: E n'y a rien d'anti-parlementaire.
M. BELLEMARE: M. le Président, de quel droit, peut-il
indirectement accuser le chef de l'Opposition de la sorte. C'est une insulte et
c'est manquer... c'est une question de privilège...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. BELLEMARE: ... que je soulève, il n'a pas le droit de laisser
supposer...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Il me semble que le député de
Champlain...
M. BELLEMARE: Merci, M. le ministre.
M» LE PRESIDENT: ... doit avoir compris aussi bien que les autres
que si nous sommes allés jusqu'où nous sommes allés
c'était à cause des propos qui avaient été tenus
d'abord de la droite et ensuite de la gauche. Je considère que
l'incident est clos parce que j'ai permis au chef de l'Opposition de justifier
sa conduite dans son ministère des Ressources hydrauliques, alors qu'il
était ministre, et je demande une dernière fois, à tous
les membres du comité de revenir à la question, et la question
est l'article 4: Sûreté provinciale,
M. JOHNSON: M. le Président, je vous pose la question: allez-vous
empêcher le député de Lava! de se lever et dire qu'il a
avancé des propos qu'il ne peut pas prouver ou simplement que ses
paroles ont dépassé sa pensée car je le
répète du temps où j'étais ministre, tant dans mon
ministère qu'à l'Hydro, les soumissions ont été
demandées et ce sont les plus bas soumissionnaires qui ont eu les
contrats.
M. LE PRESIDENT: Alors, « Sûreté provinciale
».
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre dit: « On
va vérifier ça. »
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Dépensez encore$100,000...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. « Sûreté
provinciale », article 4.
M. JOHNSON: Il y a quatre ans que le premier ministre cherche, lui et
ses sbires...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
M. JOHNSON: ... à réduire au silence le
député de Bagot. C'est dommage, mais le député de
Bagot ne sera pas réduit au silence...
UNE VOIX: Laissez-le parler.
M. JOHNSON: ... par aucun chantage de la nature de ceux que le procureur
général a faits tantôt quand il dit qu'il sortirait des
choses malheureuses.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: Et j'avertis le député de StHyacinthe...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: ... de ne pas perdre son temps avec l'enquête qu'il
lait mener...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: ... actuellement avec un vain espoir encore de m'atteindre,
M. le Président, sous un couvert, sous un air d'innocence.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. JOHNSON: Il cherche, le député de St-Hyacinthe, comme
ministre des Travaux publics...
M. LE PRESIDENT: A L'ordre.
M. JOHNSON: Oui, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Une deuxième fois, je rappelle le chef de
l'Opposition à l'ordre.
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Il me semble que le chef de l'Opposition doit se rendre
compte actuellement que ce dont il se plaignait tout à l'heure, il est
à le faire avec emphase. Il accuse le procureur général,
qui n'était pas en cause à ce moment-là, de chantage.
M. JOHNSON: Si. Il s'est levé puis il nous dit que si on ne se
taisait pas, ça arriverait.
M. LE PRESIDENT: Il me semble qu'il doit y avoir moyen de discuter les
crédits budgétaires sans que, de part et d'autre, on se lance
toutes sortes de quolibets ec d'accusations de cette nature.
Je demande une dernière fois, j'attire l'attention du
comité, de tous les députés sur l'article 74 du
règlement. J'ai essayé à plusieurs reprises de rappeler
à la question le chef de l'Opposition. Je n'ai pu le faire parce
qu'évidemment à ce moment-là, encore une fois, au lieu
d'essayer de voir à ce que le décorum soit respecté, il
s'adressait plutôt de l'autre côté de la Chambre.
Alors une dernière fois, et cette fois j'espère être
compris, une dernière fois je rappelle le chef de l'Opposition et tous
les députés à la question et, à moins qu'on s'en
tienne à cette décision, je n'aurai d'autre alternative que de
déclarer l'article 4 adopté.
M. JOHNSON: M. le Président, je vous demande une décision
sur le point suivant: le procureur général a-t-il le droit de se
lever dans cette Chambre et dire: « Si l'on continue à questionner
dans cette veine, il y aura inutilement des gens qui seront embarrassés
ou qui seront blessés ou peinés », M. le Président?
Je vous pose une question.
M. LE PRESIDENT: Alors...
M. HAMEL (St-Maurice): Un instant, M. le Président, je peux
préciser ma pensée. Si le chef de l'Opposition le veut, je n'ai
aucune objection à ça.
M. LE PRESIDENT: Un instant. A l'ordre. A la question posée par
le chef de l'Opposition, je dois répondre que, d'un côté
comme de l'autre, je ne puis pas nier que ce droit existe, mais mon devoir est
d'empêcher justement qu'on entre dans les considérations qui sont
tout à fait en dehors non seulement de l'article, mais de la discussion,
telle que je la comprends, des crédits budgétaires.
Il me semble qu'il y a assez de choses importantes à discuter,
qui concernent les crédits de l'administration de la province, sans
qu'or. en fasse, de part ou d'autre une tribune politique pour essayer de
trouver toutes sortes de ... (je ne dirai pas le terme qui me vient à
l'esprit), mais toutes sortes de motifs pour ne pas prendre en
considération peut-être ce qui est le plus important et chercher
des choses, pendant une heure et quart actuellement qui, à mon sens,
n'avancent pas les travaux ni du comité, ni de la Chambre, ni de la
province.
Alors, j'ai demandé, je crois, d'une façon assez claire et
précise, qu'on étudie l'article 4: « Sûreté
provinciale », sur tous ses aspects, mais suivant le règlement. Et
je demande une dernière fois qu'on étudie l'article 4: «
Sûreté provinciale ». Sinon je devrai, ce sera mon devoir,
le déclarer adopté.
M. JOHNSON: M. le Président, je vous demanderai de quitter le
fauteuil si vous n'avez pas juridiction, mais je veux invoquer l'article 193.
Les propos du procureur général que j'ai cités
tantôt constituent, à mon point de vue, un atteinte à la
liberté des délibérations de la Chambre.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président,
je crois de mon devoir de rectifier si j'ai été mal
interprété. Voici les faits: le chef de l'Opposition nous accuse
de faire du patronage.
M. ALLARD: C'est vrai.
M. HAMEL (St-Maurice): Bien, j'ai déjà dans cette Chambre
exposé ma théorie là-dessus bien clairement. Je l'ai dit
encore ce soir. Quelqu'un n'est pas exclus parce qu'il est un libéral.
Ce que je voulais dire c'est que si nous embarquons dans cette
discussion-là, je serai obligé de montrer, de déposer des
documents qui sont un aveu de patronage que j'appelle éhonté. Je
fais la distinction entre le patronage éhonté et puis, comme dit
mon collègue de la Voirie, le bon patronage.
M. ALLARD: II ne connaît pas ça, lui! Lui il en fait du
patronage, du vrai! Lui il en fait du patronage.
M. HAMEL (St-Maurice): Alors, ce que je voulais dire...
M. ALLARD: Le contrat de $50,000 coupé, là!
M. HAMEL (St-Maurice): ... c'est que l'Union nationale ne peut pas se
défendre d'avoir fait du patronage. C'est ça, M. le
Président, ce que je veux dire, c'est tout.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre ne vient que d'empirer
ses propos.
M. HAMEL (St-Maurice): Bien voyons donc!
M. JOHNSON: Que l'Union nationale ai fait du patronage? Non, là
n'est pas la question. Comme député de cette Chambre, comme
men-bre de l'Opposition, comme chef de l'Opposition c'est mon devoir comme
c'est le devoir de mes collègues, si nous jugeons que c'est dans
l'intérêt public, de faire ressortir certaines pratiques que la.
population n'approuve pas même si elles ont été
pratiquées dans le passé.
Le passé de l'Union nationale n'est pas un critère pour
juger l'administration d'aujourd'hui. Le passé de l'Union nationale
soumis à l'électorat en deux circonstances ne peut pas servir
d'excuse pour la répétition et l'aggravation des mêmes
choses par les gens qui ont prêché contre ces choses.
Et c'est contre la liberté de délibération de cette
Chambre qu'un ministre se lève et dit, en résumé ça
veut dire ceci, je m'excuse d'abréger: « Si vous n'arrêtez
pas de questionner dans cette ligne-là, il y aura des gens
embarrassés de l'autre côté ». Eh bien! je dis au
ministre si c'est dans l'intérêt public d'embarrasser quelqu'un,
de m'embarrasser ou les autres, c'est son devoir de le faire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Procureur général,
maintenant article 4.
M. MEUNIER: ... du député de Chicoutimi. M. LE PRESIDENT:
A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: M. le Président, il y a une limite pour
Montréal également. Je voudrais bien entendre les propos du
ministre, M. le Président, qui seront enregistrés même si
le premier ministre lui fait signe de ne pas les répéter.
M. LAFRANCE: Quel ministre?
M. JOHNSON: Le ministre de l'Agriculture, l'organisateur en chef du
parti.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre,messieurs.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre a parlé, il a
tenu des propos qui seront enregistrés et que je n'ai pas saisis et que
je jugerai peut-être susceptibles d'une mise au point et je ne voudrais
pas que le président de la Chambre me dise demain qu'il était
trop tard pour invoquer le règlement à l'encontre de ses paroles
parce que je ne les ai pas entendues. J'ai demandé au ministre de les
répéter...
M. LESAGE: M. le Président, voici: le ministre de l'Agriculture
s'est tourné vers moi et il a dit deux mots qui s'adressaient à
moi personnellement et qui n'ont rien à avoir avec le débat en
cours et qui ne sont pas des paroles antiparlementaires.
M. LAFONTAINE: Le ministre aurait été capable...
M. JOHNSON: Et qui seront enregistrées quand même... le
ministre pourrait...
M. LESAGE: Je ne crois pas qu'elles soient enregistrées. Si elles
le sont... bien nous y verrons demain.
M. LE PRESIDENT: Sûreté provinciale, article 4. A l'ordre,
messieurs.
M. LAFONTAINE: Je dis que le ministre est capable de se défendre
tout seul.
UNE VOIX: Le premier ministre est très nerveux.
M. LESAGE: Le député de Lafontaine...
M. LAFONTAINE: De Labelle.
M. LESAGE: ... est assis sur son siège.
M. LAFONTAINE: Je dis que le ministre aurait pu répondre sans
l'aide du premier ministre. Que le premier ministre a l'air nerveux! Il est
entré tout de suite en Chambre et puis il a pris tout de suite la
défense quand le ministre de l'Agriculture s'est levé pour
répondre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: Je ne suis aucunement nerveux, contrairement au
député de Lafontaine. J'étais à fumer une cigarette
comme il le fait,...
UNE VOIX: Labelle, de Lafontaine!
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: J'étais à fumer une cigarette tranquillement
comme fait le chef de l'Opposition souvent en arrière et le ministre de
l'Agriculture m'a lancé un mot et c'est tout, je lui ai dit non.
M. LAFONTAINE: Ce que je trouve curieux dans l'attitude du premier
ministre c'est que le premier ministre est entré vite; et quand le
ministre de l'Agriculture s'est levé, le premier ministre s'est
levé et il a coupé la parole à son collègue de
l'Agriculture....
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. LAFONTAINE: Alors ç'a l'air excessivement nerveux de la part
du premier ministre d'agir de cette façon-là.
M. LESAGE: M. le Président, ce n'est pas une question de
nervosité; c'est une question de responsabilité que comprend
évidemment difficilement le député de Labelle.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LAFONTAINE: II va avoir encore une fleur à son chapeau.
M. JOHNSON: M. le Président, « Lafontaine de Labelle
» et « Labelle de Lafontaine ». Pour ceux qui font des
gorges-chaudes là-dessus, surtout le député de Mercier,
ça pourrait être « la belle et la bête » aussi
facile que ça. Mais c'est un titre de fable.
M. LE PRESIDENT: « Sûreté provinciale >>.
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition ne me reproche pas de m'être
trompé sur le nom du député...
M. JOHNSON: Non, non. C'est le ministre de la Voirie en arrière
qui a fait sortir son esprit.
M. LE PRESIDENT: « Sûreté provinciale »,
article 4.
M. LESAGE: Ce sont des choses qui arrivent à tous les
députés.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je suis très heureux que
le premier ministre se trompe sur le nom du comté. Le comté de
Labelle ou le comté de Lafontaine, les deux sont égaux, ont la
même signification.
M. LESAGE: J'ai l'impression que le fait que je parle du
député de Lafontaine lorsque je m'adresse au député
de Labelle devrait être pris par le député de Lafontaine
comme une marque de considération à son endroit puisque c'est son
nom.
M. LAFONTAINE: Je le reconnais.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre de l'Agriculture est en
Chambre. Il est disposé à parler. Pourquoi ne
répète-t-il pas ce qu'il a dit?
M. COURCY: M. le Président, j'attendais justement ça.
C'est que lorsque j'ai été dans cette Chambre, dans l'Opposition,
je ne faisais pas d'insinuation...
M. JOHNSON: Moi non plus.
M. COURCY: ... j'accusais directement le ministre en face de moi...
M. JOHNSON: Ce n'est pas ce que vous avez dit tantôt.
M. COURCY: ... et si l'Opposition se souvient, quand j'ai accusé
le ministre de la Colo-
nisation du temps de payer, de faire du patronage éhonté
en payant à des barbiers, des cantonniers,...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. COURCY: ... des forgerons, 10 cents la livre plus cher que le prix
régulier pour...
M. ALLARD: Qu'est-ce que vous en avez fait de Scalibrini?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
UNE VOIX: Vous faites pire.
M. COURCY: J'accusais le ministre.
M. ALLARD: On vous a accusés et vous l'encouragez encore.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. Je demande au comité, des
deux côtés de la Chambre, d'essayer de discuter d'une façon
sérieuse et objective si possible de l'article 4, «
Sûreté provinciale ».
Il doit y avoir certainement assez de questions importantes et
pertinentes sans perdre des minutes et des heures avec des attaques depart et
d'autre, des réparties qui n'ont rien à voir et qui n'aident
aucunement les travaux de la Chambre, du comité et qui ne seront
certainement pas à l'avantage des députés dans le Journal
des débats.
M. JOHNSON: M. le Président, le procureur général a
une liste. Je pense qu'il n'aura pas d'objection à m'en donner une copie
officielle demain et il existe aussi une liste pour le district de
Montréal. Deux listes qui origi-nent du ministère du procureur
général...
M. HAMEL (St-Maurice): Non.
M. JOHNSON: ... du service des achats mais qui ont été
transmises par le procureur général ou un de ses officiers
à la Police provinciale. Je demanderais au ministre de bien vouloir
produire ces deux listes demain. Comme je vous le disais tantôt, je n'ai
pas voulu faire un gros cas de patronage mais c'est une question de
principe...
M. LE PRESIDENT: Un instant s'il vous plait. C'est une question de
procédure. Je tiens à faire remarquer au comité qu'on ne
peut pas demander qu'un document quelconque soit produit au comité parce
que, les députés doivent le savoir, le comité n'a pas
d'archives, ne peut d'aucune façon recevoir ou enregistrer des
documents.
M. JOHNSON: Très bien, vous avez raison.
M. LE PRESIDENT: Si l'on veut prendre connaissance de documents, il faut
que ce soit lorsque la Chambre siège soit par motion ou par question en
Chambre et non pas au comité. C'est une question de procédure que
je tiens à rappeler lorsque nous sommes à l'étude des
crédits budgétaires.
M. JOHNSON: Très bien, M. le Président. Je demanderai au
ministre demain de lire cette liste à moins qu'il ne nous en ait fourni
une copie et que nous nous déclarions satisfaits. Autrement je lui
demanderai de lire la liste.
J'ai posé la question parce qu'il y a, en plus de ce principe du
patronage, purement sur une question de principe, on peut avoir la
théorie qu'on voudra là-dessus, mais qu'on soit conséquent
avec celle qu'on prêche. Deuxièmement, il y a un autre principe en
jeu, c'est que voici une administration, la Sûreté provinciale,
voici un service, un directeur.
Je me demande en vertu de quel principe le ministre croit qu'il faille
soumettre les achats ou les réparations ordinaires de la
Sûreté provinciale quant aux fournisseurs, c'est à-dire
à la procédure du service des achats, aux recommandations des
députés et au patronage.
M. le Président, à l'Hydro, l'Hydro ne soumet pas ses
achats au département, au gouvernement de Québec. Les directives
ne viennent pas du Service des achats. l'Hydro a l'autonomie dans
l'administration.
UNE VOIX: Bien oui, ce n'est pas...
M. JOHNSON: Je me demande pourquoi on n'accorderait pas à M.
Brunet et à ses hauts officiers pas ce privilège mais cette
responsabilité d'administrer des choses pareilles. Cela éviterait
des interventions des députés, dont on veut faire des
législateurs, dans des affaires de patronage du genre.
Je sais, j'ai assez d'expérience pour savoir qu'ils
reçoivent la visite d'organisateurs libéraux, garagistes, qui
leur disent: « On veut avoir notre tour. Vous n'avez pas d'affaire
à encourager celui-là qui est un « bleu ». »
Ils ont des plaintes, les députés libéraux, de certains
garagistes libéraux qui leur disent; « Mais les gens
achètent de l'essence là, chez un « bleu ». »
Et le député se fait enguirlander
par ses organisateurs libéraux. Si c'était fait à
l'abri de toutes ces pressions politiques, cela serait déjà un
bon pas dans l'abolition du patronage, principe qu'on a mis de l'avant,
principe que l'on professe.
Dans le comté d'Abitibi-Ouest, c'en est rendu que même les
gens qui travaillent pour le gouvernement ne peuvent pas acheter d'essence
autrement que chez des garagistes libéraux; autrement, ils sont avertis
par le secrétaire du ministre quand ce n'est pas le ministre de
l'Agriculture lui-même. Et j'affirme ça publiquement.
J'espère qu'il est ici. Dans le comté d'Abitibi-Est, on ne peut
pas respirer sans que ça passe par M. Vien.
Dans Abitibi-Est, la Fédération libérale, j'ai lu
ça dans le journal du député...
DES VOIX: Ah, ah!
M. JOHNSON: ... vient d'organiser un ministère, un ministre pour
chacun des départements. Dans la Fédération
libérale d'Abitibi-Est, il y a un membre, un officier de la
Fédération, qui est ministre de la Colonisation, de
l'Agriculture; il y en a un qui est ministre des Terres et Forêts...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre! Un instant.
J'espère que le chef de l'Opposition se rend compte qu'encore une fois
il vient de faire ce qu'il reprochait, ce qu'il a reproché
amèrement tout à l'heure, au député de Laval et au
procureur général.
Il vient justement, là, d'entrer dans une discussion tout
à fait d'abord en dehors de l'item 4 et qui nécessitera de la
part du député, ministre des Terres et Forêts, une
réponse qui finira quand? Je ne le sais pas.
Alors, une dernière fois, je demande au comité, s'il y a
des questions pertinentes à poser à l'article 4:
«Sûreté provinciale», de le faire, sinon, c'est de mon
devoir de déclarer l'article 4: « sûreté provinciale
», adopté.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. MEUNIER: II ne peut pas faire autrement que de descendre à son
niveau.
M. JOHNSON: M. le Président, vous avez entendu la remarque du
député de Bourget. Je pense que cela le dépasse, ces
questions de principe. Je pense que je ne ferai pas perdre le temps de la
Chambre non plus pour en parler.
DES VOIX: Ah, ah!
UNE VOIX: Adopté.
M. JOHNSON: Mais, je voudrais répéter au ministre la
question que j'étais en train de lui poser. On m'interrompt et on fait
dévier les propos. En vertu de quel principe refuse-t-il de laisser la
responsabilité administrative, au moins à ce niveau-là, de
réparations ei de fournitures, au service qui s'appelle la police
provinciale?
M. HAMEL (St-Maurice); M. le Président, le chef de l'Opposition a
fait une comparaison tantôt avec l'Hydro. Ce sont deux choses qui ne se
comparent pas. L'Hydro se finance elle-même tandis que la
Sûreté provinciale est financée par le gouvernement. Nous
sommes responsables, à la Chambre, des sommes que nous payons ou que
notre ministère paye. Or, nous donnons ces listes, nous en avons la
responsabilité et si on disait: « Faites ce que vous voulez
»... D'abord il y a une chose certaine. Ne nous voilons pas la face. Cela
ne sert à rien de se voiler la face.
M. HAMEL (St-Maurice): ... si c'est l'agent qui choisit sa place, il va
aller chez un ami, puis qu'est-ce que vous voulez, je ne lui en ferai pas de
reproche. Je ne lui en ferai pas de reproche.
M. GABIAS: Vous voilez la face de vos collègues.
M. HAMEL (St-Maurice): Nous ne voilons la face de personne. Alors, le
service d'achat, nous euvoie une liste, nous la transmettons au directeur de la
sûreté...
M. ALLARD: Résistez au patronage.
M. HAMEL (St-Maurice): Maintenant, je le répète. En ce qui
concerne la gazoline, chez nous M. le Président, et le chef de
l'Opposition l'a fait déjà aussi, quand c'est un bleu qui fait
affaires avec ta sûreté provinciale, on nous accuse de faire de la
corruption. Moi on m'a accusé de ça chez nous, moi, parce qu'il y
a des garagistes... En autant que je me rappelle dans St-Maurice...
M. ALLARD: Un sur cinquante.
M. HAMEL (St-Maurice): ... le type qui vend de la gazoline, je pense que
c'est le même, je ne sais pas depuis combien d'années, celui qui
en vend le plus, parce qu'il est central.
M. BELLEMARE: Non.
M. HAMEL (St-Maurice): Je crois que c'est le même depuis un grand
nombre d'années.
M. BELLEMARE: Non.
M. HAMEL (St-Maurlce): Quant aux automobiles, ça arrive des fois
M. le Président; chez nous, ce sont des bleus qui se sont adonné
à vendre les dernières automobiles.
M. ALLARD: Pas chez nous. M. HAMEL (St-Maurice): Bien...
M. CADIEUX: Vous ne voulez pas que ce soient les bleus partout qui
vendent!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. JOHNSON: M. le
Président... M. ALLARD: Cela ne me fait rien.
M. JOHNSON: ... la police provinciale, doit donc choisir ses
fournisseurs, selon un système établi selon des ordres qu'elle
reçoit du procureur général, et le procureur
général nous dit que c'est le service des achats qui
prépare telle liste. Admis.
Mais le procureur général ne donne-t-il pas des
instructions à la Sûreté provinciale également quand
c'est au sujet du transport de cadavres et la tenue d'enquête de
coroners? N'est-il pas vrai que la Sûreté provinciale
reçoit du ministère du procureur général des
instructions pour établir où doivent être
transportés les corps que la police provinciale doit recueillir à
la suite d'accidents ou à la suite de toutes autres causes de mort
subites où la police intervient. M. le Président, c'en est rendu
là. Du patronage avec les morts.
DES VOIX: Ah, Ah, Ah.
M. JOHNSON: Et quand il y a, quand il y a trop...
M. LACROIS: C'est tout simplement ridicule.
M. JOHNSON: ... de rouges dans le même comté, eh bien on a
un système de justice distributive parmi les rouges M. le
Président. Si le procureur général veut regarder ses
dossiers, il s'apercevra qu'à un moment donné, on a donné
des instructions à la police provinciale d'encourager tour à tour
trois entrepreneurs de pompes funèbres libéraux à chacun
son cadavre, chacun son tour M. le Président. Pas de jalousie à
même les libéraux; le premier corps c'est toi qui l'a, le
deuxième corps ira chez l'autre libéral et le troisième
coups, chez le troisième libéral. On recommencera ensuite,
M. le Président on n'a pas l'air de croire ça? On ne croit
pas ça?
M. COURCY: Répétez-nous donc ça.
M. CADIEUX: Qui est-ce qui va avoir le cadavre de l'Union nationale?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. PINARD: On peut toujours
organiser...
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai demandé au ministre,
procureur général de produire des lettres d'instruction de son
ministère à la police provinciale, au sujet de l'encouragement
aux entrepreneurs de pompes funèbres pour l'utilisation de la morgne et
le transport des cadavres. C'en est rendu là et dans un comté,
comme il y avait trois libéraux entrepreneurs de pompes funèbres
actifs en politique, eh bien on a règlé l'affaire à la
Salomon, chacun son cadavre, chacun son tour.
M. MEUNIER: Quel comté?
M. JOHNSON: Maintenant, les instructions ne sont pas claires: s'il y a
deux morts en même temps, est-ce qu'on en envoie un dans une paroisse et
l'autre à l'autre libéral? Je ne le sais pas. Mais je demanderai
au ministre demain d'expliquer ces instructions qui ont été
données par son département à la police provinciale.
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté? MM. BELLEMARE ET ALLARD:
Non.
M. BELLEMARE: M. le Président, la nouvelle échelle de
salaires...
M. CADIEUX: Qui est-ce qui va l'embaumer « la belle mort
»?
M. BELLEMARE: ... telle qu'établie, M. le Président,
comment?
M. LACROIX: Le troisième mort.
M. CADIEUX: Avez-vous besoin d'un embaumeur?
M. BELLEMARE: Ne me le souhaitez donc pas. C'est ce que je vous souhaite
avec ma bénédiction à la fin de la vie!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: M. le Président, la nouvelle échelle de
salaires qui a été produite le 6 mars 1963 et qui a
été rapportée ici en Chambre par l'ancien procureur
général a-t-elle subi des changements dans l'application?
A ce moment-là, il y avait eu une distribution
générale faite quant aux postes et quant aux salaires minima et
quant aux salaires au bout de la deuxième, troisième
aimée. Il y avait les agents, il y avait les caporaux, il y avait les
sergents, les sergents d'état-major, les sergents-majors, les
sous-inspecteurs, les inspecteurs, les inspecteurs en chef,
l'assistant-directeur et les directeurs généraux adjoints.
A ce moment-là,on nous avait donné une liste de salaires
qui a été reproduite dans les journaux. Je voudrais savoir du
ministre s'il y a eu, depuis cette passation de l'arrêté
ministériel, des changements à chacun de ces titres?
M. HAMEL (St-Maurice): II y a eu des changements, les salaires ont
été augmentés. Voici: il y a eu des augmentations pour
toutes ces classes-là et ça commence à $4,000 par
année pour l'agent qui débute...
M. BELLEMARE: Non, il nous avait donné $4,300, $4,500,
$4,750.
M. HAMEL (St-Maurice): $4,000, c'est pour la recrue, ça. C'est
celui qui entre à l'école.
M. BELLEMARE: $4,300.
M. HAMEL (St-Maurice): Pas pour la recrue qui entre à
l'école?
M. BELLEMARE: L'agent.
M. HAMEL (St-Maurice): L'agent, c'est $4,300 et la recrue qui entre
à l'école, c'est $4,000. L'agent, c'est $4.300 et l'agent va
jusqu'à $5,000. Autrefois, c'était jusqu'à $4,700, je
pense.
M. BELLEMARE: $4,700 et maintenant ça va à $5,000; $5,000
juste?
M. HAMEL (St-Maurice): $5,000 juste. Maintenant les différents
grades...
M. BELLEMARE: Au bout de la quatrième année ou de la
troisième année?
M. HAMEL (St-Maurice): Au bout de la quatrième année.
Première année, $4,300; deuxième année, $4,500;
troisième année, $4,700; et quatrième année,
$5,000. Maintenant les autres ont eu une augmentation à peu près
semblable.
M. BELLEMARE: Les caporaux? $5,000, $5,200, $5,400 et...?
M. HAMEL (St-Maurice): $5,300, $5,800... M. BELLEMARE: Non, non,
non.
M. HAMEL (St-Maurice): $5,300, $5,500, $5,700...
M. BELLEMARE: $5,000, $5,200...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre.
M. BELLEMARE: Bien, il nous avait donné ça.
M. HAMEL (St-Maurice): $5,300, $5,500 et $5,700. Les sergents:$6,000,
$6,200 et $6,400. Sergents d'état-major: $6,700, $6,900, $7,200.
Sergents-majors: $6,700 à $7,200.
M. BELLEMARE: Cela, il n'y a pas de changement.
M. HAMEL (St-Maurice): Sous-inspecteurs : $7,600 à $8,000.
Inspecteurs: $8,300 à $8,700. Inspecteurs-chefs: $9,000 à $9,400.
Assistants-directeurs; $9,700 à $10,500.
M. BELLEMARE: II n'y a pas de changement.
M. HAMEL (St-Maurice): Directeur général adjoint: $11,000
à $12,200.
M. BELLEMARE: Pas de changement. M. le Président, M. Lesage a
ajouté que le corps policier a besoin d'un effectif minimum de 1,800
officiers, sous-officiers et agents. Je lisais hier une déclaration dans
laquelle le chef, M. Brunet, disait qu'ils vont atteindre prochainement le
chiffre de 2,500...
M. HAMEL (St-Maurice): Non. M. BELLEMARE: 2,500.
M. HAMEL (St-Maurice): 2,500? C'est 2,050, l'autorisation.
M. BELLEMARE: L'autorisation pr la loi, 2,050.
M. HAMEL (St-Marice) Ce n'est pas par la loi.
M. BELLEMARE: Par arrêté ministériel.
M. HAMEL (St-Maurice): Par arrêté ministériel.
M. BELLEMARE: M. le Président, combien actuellement, combien y
a-t-il de policiers en service dans la police provinciale?
M. HAMEL (St-Maurice): 1,886 actuellement.
M. BELLEMARE: Combien d'agents en formation?
M. HAMEL (St-Maurice): Il y en a 56 à l'école
actuellement.
M. BELLEMARE: Plus que ça puis que le chef a dit que ça
ferait 2,000 qu'il se rendrait à 2,050.
M. HAMEL (St-Maurice): A la fin de l'année à 2,050. A la
fin de l'année financière.
M. LESAGE: Le cours ne dure pas un an.
M. HAMEL (St-Maurice): Le cours ne dure que six semaines.
M. BELLEMARE: Six semaines.
M. HAMEL (St-Maurice): Us tiennent des cours plusieurs fois par
année.
M. BELLEMARE: Combien de policiers ont été démis de
leurs fonctions durant l'année?
M. HAMEL (St-Maurice): Durant cette année?
M. BELLEMARE: Durant cette année en cours?
M. FORTIER : Deux et demi.
UNE VOIX: Plus que ça.
M. HAMEL (St-Maurice): Destitutions: 257.
M. BELLEMARE: II y a eu 257 destitutions cette année.
M. HAMEL (St-Maurice): Pas rien que pour cette année, depuis le
23 juin 1960.
M. BELLEMARE: Non, non, je vous demande cette année.
M. HAMEL (St-Maurice): Du 1er avril 1963 au 31 mars 1964: 48
destitutions.
M. BELLEMARE: 48 destitutions. Combien y a-t-il eu de
démissions?
M. HAMEL (St-Maurice): 59 démissions.
M. BELLEMARE: Combien de départs par maladie?
M. HAMEL (St-Maurice): Par maladie... M. BELLEMARE: Accidents ou
maladies?
M. HAMEL (St-Maurice): II y en a 4 par décès... dont un
cette année par décès.
M. BELLEMARE: Un par décès?
M. HAMEL (St-Maurice): Nomination révoquée, cause de
maladie : un.
M. LE PRESIDENT: Adopé? M. BELLEMARE: Non.
M. JOHNSON: M. le Président, plusieurs policiers se plaignent de
ce système de rotation établi par le directeur de la police. On
sait que c'est la coutume, dans certains corps policiers, de déplacer
les officiers pour les changer de district, d'établir une sorte de
rotation.
Il est arrivé, si mes renseignements sont exacts, des ordres du
directeur qui avaient l'air, évidemment, de motifs enveloppés
pour en somme forcer à la démission certains des officiers: quand
un homme est marié, ses enfants installés dans des écoles,
et qu'il reçoit l'ordre d'aller occuper un poste à l'autre bout
de la province, ça équivaut très souvent à placer
cet officier dans une position quasi impossible, où il n'a qu'à
démissionner.
Je ne discute pas du bien-fondé de la rotation, c'est une
question d'opinion; je pense que les tenants de ce système ont
certainement dé bons arguments pour le justifier, comme les adversaires
du système ont des arguments assez impressionnants.
... Cependant je voudrais attirer l'attention du ministre afin que le
directeur de la police choisisse son temps pour faire les mutations. Une
année scolaire, c'est connu ça. On sait qu'une mutation qui est
ordonnée au mois de janvier ou de février, ça cause plus
de complications qu'une mutation qui entrerait en vigueur, disons, au mois de
juin ou juillet d'une année déterminée.
Quand l'officier est averti d'avance, il peut voir à
l'inscription de ses enfants dans les institutions de la nouvelle
localité où il sera installé, où il devra
travailler. Mais quand on fait ça au cours d'une année, ce n'est
pas humain, ce n'est pas une politique qu'on peut approuver quand on
connaît les difficultés que les parents rencontrent aujourd'hui
surtout pour l'inscription de leurs enfants.
M. le Président, est-ce qu'il y a eu plusieurs de ces mutations
au cours de l'année dernière?
M. HAMEL (a-Maurice): L'officier de la Sûreté me dit qu'il
pourrait dire lé chiffre demain matin, mais qu'il ne l'a pas par coeur
actuellement.
M. JOHNSON: Très bien.
M. BELLEMARE: M. le Président, il y a deux ans et demi, un
citoyen de Ville-Emard du nom de Boutin était mort subitement dans sa
cellule. A la suite de ce décès, on a intenté une action
de négligence criminelle contre deux agents de la police provinciale: M.
Florent Landry, sergent, et M. Armand Gagnon, caporal, reconnus dans la police
provinciale comme deux officiers au passé irréprochable. On les a
suspendus à ce moment-là.
Pendant deux ans et demi, ces policiers n'ont pu trouver d'ouvrage nulle
part et, dernièrement, il y a à peine quelques jours, le
procureur général à la reprise du procès, a
déclaré, par M. Jean-Guy Bollard, que le procureur
général de la province désirait retirer les plaintes
contre ces deux officiers.
M. le Président, je voudrais savoir si le procureur
général a pris les dispositions nécessaires pour au moins
réinstaller ces deux officiers et, s'il y a eu une compensation pour la
perte de salaires et de temps qu'ont dû subir ces deux policiers?
M. HAMEL (St-Maurice): On va étudier le cas.
M. BELLEMARE: Comment?
M. HAMEL (ST-Maurice): On va étudier le cas.
M. BELLEMARE: Le ministre doit le savoir, c'est le procureur
général qui a donné les ordres de retirer la plainte.
M. HAMEL (St-Maurice): Nous avons retiré la plainte parce qu'il y
avait quatre inculpés dans cette affaire-là et il y en a deux qui
ont été acquittés et les deux que la Cour a
acquittés nous semblaient les plus responsables. Alors devant ces
faits-là, on a dit: "Cela ne sert à rien de continuer avec les
autres plaintes. Les deux que nous considérions plus coupables ont
été acquittés par la Cour." Alors c'est pour ça
qu'on a retiré les plaintes contre les autres.
M. JOHNSON: Les plaintes contre ces deux officiers, Gagnon et l'autre,
ont été retirées après le jugement dans la cause
de...?
M. HAMEL (St-Maurice): Oui, dans la cause de qui donc?
M. JOHNSON: M. Rose?
M. HAMEL (St-Maurice): Maroni et Rose.
M. JOHNSON: Messieurs Maroni et Rose ont été
acquittés.
M. HAMEL (St-Maurice): Acquittés.
M. JOHNSON: Et ensuite on a retiré les autres plaintes?
M. HAMEL (St-Maurice): On a retiré les autres plaintes.
M. JOHNSON: Je pense qu'en soi c'est assez raisonnable; ça ne
servait à rien d'essayer de gagner des causes si on considérait
la cause contre les deux autres moins bonnes encore. Mais le point
soulevé par le député de Champlain en est un
d'importance.
Voici quatre officiers, j'en ai connu un dans le groupe, les
autres je ne les connais pas, du moins je ne me souviens pas de les avoir
rencontrés dans le temps, mais voici quatre officiers qui ont
été sans ouvrage depuis deux ans, deux ans et demi. La
législature a passé certaines lois pour prévoir une
compensation à des ouvriers qui étaient renvoyés pour
activité syndicale, ou injustement renvoyés, et l'employeur doit
rembourser entièrement l'employé pour tout le temps où il
a été suspendu.
Je crois, M. le Président, qu'il y a là une question de
principe, ce n'est pas une question de personnes. Quelle est l'attitude du
ministère dans de telles circonstances? Est-ce lapo-
litique du ministère d'indemniser ceux qui ont perdu leur salaire
par suite d'une plainte qui s'est avérée non fondée?
M. HAMEL (St-Maurice): Voici, c'est qu'il y a les plaintes
formulées en vertu du code criminel, mais il y a aussi les
règlements de discipline de la police. Alors il est possible, à
un moment donné, que quelqu'un, accusé au point de vue
strictement juridique, de juridiction criminelle, ne soit pas coupable, mais
qu'au point de vue discipline de la police, il soit passible de la
pénalité, de la destitution. Dans le cas de ces quatre là
je pense qu'ils étaient accusés de « manslaughter
»; ou, il n'y avait pas de « manslaughter » mais,
d'après la Sûreté, ils s'étaient comportés de
façon inacceptable pour des représentants de la paix.
M. BELLEMARE: Je pense que si le ministre lit les journaux de ce
temps-là et ceux d'aujourd'hui, il verra les déclarations qui
sont faites par tous les journalistes indépendants à l'effet que
c'étaient des agents irréprochables, à conduite
irréprochable, et c'est admis dans tous les journaux, c'est de commune
renommée.
Alors si le ministre admet, ce soir, qu'il y a eu un manquement à
la discipline de régie interne, les journaux vont rapporter demain
qu'ils avaient quelque chose à se reprocher tandis que c'est connu, de
commune renommée, d'après tous les journaux que j'ai ici, que
c'étaient des employés modèles et de conduite
irréprochable.
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté? M. BELLEMARE: Non, non! M. LE
PRESIDENT: Article 4 adopté. DES VOIX: Non, non, non.
M. HAMEL (St-Maurice): Le problème était... Dans la
circonstance, à l'occasion de cette affaire de Boutin, c'est qu'ils ne
sont pas comportés comme des policiers responsables devaient le
faire.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y a eu une décision de rendue, dans ce
sens-là, par les autorités de la police, avant que les causes ne
soient intentées?
M. HAMEL (St-Maurice): Avant? Us ont été destitués
avant.
La « Sûreté provinciale » est-ce que c'est
adopté?
M. BELLEMARE: Non, non, non. Ah non!
M. HAMEL (St-Maurice): C'est dommage parce que ça ferait un bel
item d'adopté.
M. GABIAS: Où est rendu la pelle qui a servi au premier ministre
pour enlever la première pelletée? On ne sait plus où elle
est.
M. HAMEL (St-Maurice): Ce sont les Travaux publics...
M. GABIAS: Non, mais comme le procureur général va
à Trois-Rivières, il pourrait peut-être faire enquête
demain.
M. HAMEL (St-Maurice): Si le ministre des Travaux publics nous fait des
demandes, on va faire enquête certainement.
M. GABIAS: Je comprends que le ministre va se laisser distraire par les
jolies daines qu'il va voir...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. LESAGE: Le député de Champlain prétend qu'elle
est rendue au Cap.
M. BEDARD (président du comité des subsides): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que le comité a
adopté des résolutions et qu'il demande la permission de
siéger da nouveau.
M. HYDE: Quand siégera-t-il? A la prochaine séance? M.
Lesage propose que les résolutions soient maintenant lues et
agréées. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. LESAGE: M. le Président, à cause de l'absence du
procureur général nous entreprendrons demain l'étude des
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce et si
l'étude de ces crédits est terminée avant six heures,
l'étude des crédits du secrétariat de la province. Le
ministre des Richesses naturelles devra s'absenter demain à partir de
quatre heures.
Cela c'est pour demain: Industrie et Commerce d'abord et ensuite
secrétariat si on n'a pas terminé l'Industrie et le Commerce.
Pour jeudi, jeudi matin, nous commencerons, comme on le sait,
l'étude du bill des ingénieurs au comité des bills
publics. Il est clair qu'il ne saurait être question de terminer
l'étude de ce bill dans le cours de l'avant-midi. Je pense bien que des
questions de prin-
cipes en jeu seront étudiés toute la journée, au
moins jusqu'à six heures. Comme je préside ce comité et
que pour des raisons personnelles je ne pourrai pas présider le
comité et être en Chambre jeudi soir à huit heures, nous
reprendrons à ce moment-là et pour jeudi soir seulement
l'étude des crédits du procureur général. Quant
à vendredi matin, nous entre- prendrons l'étude des amendements
apportés par le Conseil législatif au bill 16 et d'autres
législations que j'annoncerai jeudi.
M. LE PRESIDENT: La Chambre est ajournée à demain
après-midi à deux heures et demie.