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(peux heures et demie de l'après-midi)
M. HYDE (président): Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs. Affaires courantes.
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus.
M. DIONNE: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le
23e rapport du comité des règlements.
M. LE PRESIDENT: Présentation de motions non
annoncées.
Présentation de bills privés.
M. DIONNE: M. le Président, pour M. Brown, je fais motion qu'il
me soit permis de présenter un bill intitulé « Loi du
Collège des podiatres ».
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance.
Présentation de bills publics.
Décès d'un ancien
député
M. LESAGE: M. le Président, nous déplorons, aujourd'hui,
le décès d'un ancien député de cette Chambre, M.
Henri-Louis Gagnon, qui fut député libéral du comté
de Frontenac de 1931 à 1936. Il est décédé ce
matin.
M. Gagnon était un nomme d'affaires bien connu de Lambton. Je ne
l'ai pas connu autant comme député que comme client de
l'étude légale dont je faisais partie au début de ma
pratique. C'était un gentilhomme, une personne d'une affabilité
assez extraordinaire, homme d'affaires averti. Son épouse lui survit,
ainsi que de nombreux enfants et petits enfants, et aux membres de toute la
famille, je suis sûr que tous les députés voudront offrir,
avec moi, l'expression de nos sincères condoléances.
M. JOHNSON: M. le Président, je me joins au premier ministre pour
que les sympathies ou les condoléances adressées à la
famille soient unanimes. Je n'ai pas eu moi non plus le plaisir de
connaître M. Henri-Louis Gagnon, député libéral de
Frontenac, non pas parce qu'il était député
libéral, mais parce que, de 1931 à 1936, mes
préoccupations étaient tout à fait éloignées
de la politique. Mais ce métier de député crée une
certaine solidarité entre tous ceux qui l'ont exercé, et ceux qui
l'exercent encore, et je me joins au premier ministre pour prier Madame Gagnon,
et sa nombreuse famille, d'agréer l'expression de nos vives
sympathies.
M. GUILLEMETTE: M. le Président, je ne puis faire autrement,
aujourd'hui, que d'unir ma voix, qui est celle du comté de Frontenac,
à celles du chef du gouvernement et du chef de l'Opposition, pour offrir
mes condoléances personnelles, ainsi que celles de tous les membres de
ma famille, à l'occasion du décès de M. Henri-Louis Gagnon
de Lambton, comté de Frontenac, ancien député
libéral.
Les familles Gagnon, de façon générale, dans le
comté de Frontenac, ont été des familles de pionniers. Le
frère de M. Gagnon, particulièrement, était un
constructeur d'églises, et la province de Québec lui doit
plusieurs édifices assez bien construits, et les familles Gagnon, dans
mon district, dans mon comté, ont une renommée qui n'est pas
prête de s'éteindre même si ceux de cette
génération-là, les uns après les autres, sont en
train de partir.
Il devait avoir, cet homme, un ascendant très considérable
sur ses concitoyens, tant au point de vue civique, qu'au point de vue religieux
et au point de vue politique, et particulièrement au point de vue
politique, parce que Lambton est resté une des rares paroisses du
comté où jamais nous n'avons pu prendre une majorité Union
nationale, ou d'autres couleurs. Alors mes condoléances à Madame,
aux enfants et à toute la famille.
L'enquête sur le chômage
M. LESAGE: M. le Président, hier, le député de
Champlain m'a posé une question que je résume; «M. le
Président, dans le rapport qui nous a été soumis par le
premier ministre vendredi dernier, c'était an sujet du
chômage, une enquête sur le chômage, il était
question que les experts, les membres du bureau du comité d'étude
devaient tenir deux séances pilotes dans la province, cela avait
été décidé le 27 février. Est-ce que le
premier ministre est au courant si le comité a décidé de
siéger quelques jours dans ces deux régions pilotes »?
J'ai pris des information dès hier après-midi, et ce matin
voici les renseignements que j'ai reçus du Conseil d'orientation
économique.
Le comité a siégé le premier mai à
Chicoutimi, une journée; le 12 mai à Gaspé, une
journée. En outre, il a tenu des séances privément.
Il projette de siéger le 25 juin à Rimouski. Il y a
déjà eu une remise pour accommoder le comité
économique régional du Bas St-Laurent, et deuxièmement,
à la mi-août en Abitibi. Le comité du chômage
saisonnier travaille de concert avec les comités économiques
régionaux, là où il y en a. Il y a de tels comités
dans les régions du Saguenay et Lac St-Jean, Gaspésie,
Iles-de-la-Madeleine et Bas du fleuve. Il n'y en a pas en Abitibi.
Il s'agit de lancer le travail, et d'amorcer avec les gens de diverses
régions, une étude sur les besoins au point de vue aide technique
et problème social dans chacune de ces quatre régions, de
façon que chacune, non seulement constate son problème
économique et social, mais surtout suggère des solutions. «
Comme les réunions sont faites conjointement avec les comités
économiques régionaux, les dates projetées peuvent
changer. Le comité du chômage saisonnier retournera dans chacune
de ces quatre régions à compter de la fin d'août ou au
début de septembre pour recevoir des mémoires sur les
études à la suite des premières réunions. «
Au cours de l'été, les conseils économiques
régionaux prépareront leur mémoire avec l'aide du
personnel du Conseil d'orientation économique du Québec,
informations, statistiques, aide technique, etc. Le travail du comité
vaudra pour toute la province de Québec bien qu'il siège dans les
régions les plus défavorisées, mais ses études
peuvent être « exten-sionnées » par déduction
à l'ensemble de la province. « Il se peut, si besoin en est, qu'il
siège ailleurs que dans les quatre régions mentionnées
mais il devra tenir compte du fait qu'il y a ou qu'il n'y a pas de conseils
régionaux dans les endroits où il siège. Le comité
espère pouvoir produire un rapport au moins préliminaire d'ici la
fin de l'année. »
Prêts aux municipalités
M. LAPORTE: M. le Président, en réponse à une
demande formulée hier par le député de Champlain, je
dépose deux copies de l'arrêté ministériel modifiant
les conditions des prêts provinciaux-fédéraux aux
municipalités. Je tiens cependant à souligner que cet
arrêté ministériel a été publié le 6
juin dans la « Gazette officielle » et je pense que les
députés ont reçu copie ce matin de la lettre qui a
été envoyée à tous les maires des
municipalités québecoises, les informant des modifications.
Les mineurs de Thetford
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, j'aimerais poser une question
au ministre des Richesses naturelles, s'il vous plaît. Il devait y avoir
une entente entre le gouvernement, la CSN et les propriétaires de mines
pour les 205 mineurs qui sont congédiés actuellement à
Thetford, et j'aimerais en savoir les résultats.
M. RENE LEVESQUE: Il y a eu effectivement, M. le Président, une
entente, à la suite d'une réunion qui s'est tenue au
ministère des Richesses naturelles, entre la CSN, la compagnie,
maintenant, minière d'Asbestos et le gouvernement
représenté par trois ministères à ce
moment-là et aussi les deux villes de Thetford et de Black Lake. Et il y
a justement de prévue pour vendredi de cette semaine, à Thetford,
une réunion complète du comité qui a été
formé et qui est en marche.
ARDA et M. Maurice Sauvé
M. GUILLEMETTE: M. le Président, si les journaux ont bien
rapporté les déclarations que le ministre fédéral
des Forêts, responsable aussi de l'application de la Loi ARDA, M.
Sauvé, déclarations qu'il a faites samedi dernier à Matane
et qu'il a répétées à La Pocatlère dimanche
après-midi, concernant le projet d'aménagement de la côte
sud, l'application des plans ARDA semblerait s'acheminer vers une impasse et
les prérogatives et droits du Québec sembleraient aussi
être en danger dans ce domaine. Pourrions-nous connaître l'attitude
du ministre de l'Agriculture et de la Colonisation au sujet de ces
déclarations?
M. COURCY: M. le Président, la question du député
de Frontenac, et je le remercie de m'en avoir prévenu, va me permettre
de faire une très nécessaire déclaration de principe sur
ce que doivent être les relations d'Ottawa et de Québec en
matière de programmes ARDA.
J'ai déjà dit et je répète que l'actuel
gouvernement du Québec est favorable au programme conjoint ARDA mais, je
veux rappeler ici, que dès le début, c'est-à-dire en
octobre 1962, avant même la signature de la première entente
générale ARDA, nous avons fait savoir au ministre
fédéral de l'Agriculture du temps, l'honorable Hamilton, que
Québec participerait au programme de développement agricole et
d'aménagement rural sans jamais rien abdiquer de sa juridiction
première dans la mise en valeur des richesses naturelles du
Québec, ce qui voulait dire, en pratique, que tout projet ARDA,
qu'il
s'agisse de recherche ou qu'il s'agisse de mise en valeur doit
être recommandé et approuvé par le Québec. Par
conséquent, si le Québec juge inopportun et même impossible
de donner immédiatement suite à un projet de recherche en
aménagement rural, il n'appartient aucunement à l'actuel ministre
des Forêts, l'honorable Maurice Sauvé, de commenter publiquement
la décision du Québec venant ainsi s'immiscer dans nos
affaires.
M. JOHNSON: Très bien! M. GABIAS: Quoi?
M. COURCY: Je tiens à avertir M. Sauvé que je ne puis
admettre cette manière d'agir du ministre fédéral des
Forêts.
UNE VOIX: Encore, encore.
M. COURCY: Je lui recommande de s'employer plutôt à faire
accepter les annexes que le Québec a suggéré d'ajouter
à la deuxième entente d'aménagement rural et de presser
l'acceptation, par son gouvernement, en plus des 116 projets déjà
acceptés, des 29 projets spécifiques qui ont été
soumis par le Québec au montant de $7,500,000 et pour lesquels nous
attendons encore une réponse.
M. GABIAS: Ils vont avoir peur! Ils vont se sauver!
M. HAMEL (St-Maurice): Cela, c'est être « Maîtres chez
nous ».
UNE VOIX: ... en paroles.
M. GABIAS: Après avoir donné la maison, c'est bien le
temps.
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordrel UNE VOIX: Il faut
espérer...
M. JOHNSON: M. le Président, la réponse du ministre
équivaut à une déclaration ministérielle, c'est
d'ailleurs ce qu'il a dit lui-même. Est-il nécessaire de lui dire
que chaque fois qu'il revendiquera, même à l'intérieur de
son parti, l'autonomie de la province, il aura l'appui de toute la Chambre, au
moins de l'Opposition.
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. JOHNSON: Et ce problème d'ARDA est tellement important qu'il
mérite évidemment que le ministre y porte une attention tout
à fait spéciale et s'il a besoin du concours de la Chambre, je
puis l'assurer que pour notre part, nous de l'Opposition, nous appuierons
toutes démarches qui auront pour effet de faire fonctionner le plan dans
le respect des droits de la province.
Comme dit le ministre des Affaires culturelles, « tous pour un et
un pour tous » quand il s'agit des droits de la province.
J'ai une question à poser, mais cela faciliterait la tâche,
M. le Président, si le ministre dans ses discours politiques
était un peu moins politique.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Non, le ministre souffre de schizophrénie...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Affaires du jour.
M. JOHNSON: ... indiscutablement, il souffre de schizophrénie. M.
le Président...
M. COURCY: Laissez continuer le chef de l'Opposition et je serai dans
l'obligation de lui répondre. Oui, je serai obligé de faire un
discours.
Problèmes du travail
M. JOHNSON: Ah, Dieu nous garde, M. le Président, d'une pareille
épreuve! J'ai une question à poser au ministre du Travail dont
les services auraient été requis par le Syndicat des
employés chez Dupuis Frères. Je croyais que le ministre
était ici et on pourra prendre, à titre d'avis, la question que
je veux poser.
M. LESAGE: Non, je ne crois pas que le ministre du Travail soit de
retour avant jeudi, après les funérailles de son
secrétaire et de deux fils de ce dernier, puisque un deuxième
fils est maintenant disparu.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre de l'Industrie et du
Commerce est député de Bonaventure. Aurait-il, lui, à nous
communiquer des nouvelles relativement à ceux qui lui ont demandé
son aide, c'est-à-dire les camionneurs qui, à New Richmond, ont
fait un arrêt de travail concerté?
M. LEVESQUE (Bonaventure): D'abord, il faut s'entendre sur les mots
« arrêt de travail concerté ». Il s'agit du cas d'un
syndicat de camionneurs qui voulait que la compagnie Ba-
thurst Power & Paper utilise les camions du syndicat. Le syndicat
n'avait pas de reconnaissance ou de certification et le syndicat a simplement
décidé de bloquer une route afin d'empêcher le chargement
d'un bateau par la compagnie. Il y a eu une injonction et, pour faire observer
l'ordre à la Cour, le procureur général a
délégué une équipe de policiers. A la suite de
cette intervention, les camionneurs se sont retirés du chemin public
qu'ils bloquaient illégalement et, à la suite de cela, J'ai
reçu un télégramme des camionneurs qui m'ont
demandé d'intervenir et de me rendre à New Richmond hier matin
pour dix heures. Je ne me suis pas rendu à cet endroit mais j'ai
plutôt reçu...
M. GABIAS: Il n'y avait pas assez de policiers?
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... le représentant du syndicat des
camionneurs et nous avons eu à ma résidence une conversation au
cours de laquelle le représentant du syndicat m'a fait part des
désirs du Syndicat des camionneurs qui voulait évidemment que ce
soient les camionneurs de la région qui soient employés de
préférence dans les travaux qui avaient lieu dans le comté
et, particulièrement, à New Richmond.
L'affaire est maintenant close. Les camionneurs se sont retirés
et tout s'est passé dans l'ordre, le plus complet et sans
nécessiter de choses qui seraient peut-être, enfin... Je n'ajoute
rien!
UNE VOIX: Sans attrait.
M. JOHNSON: M. le Président, le procureur général,
ancien député dans l'Opposition pour le comté de
St-Maurice, voudrait-il nous dire combien de policiers il a
expédiés à New Richmond pour maintenir l'ordre?
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'ai pas le nombre exact. Mais nous en avons
envoyé suffisamment pour que la loi soit respectée...
M. JOHNSON: Non.
M. HAMEL (St-Maurice): ... sans qu'on soit obligé de se servir de
matraques. Et j'attirerai l'attention du chef de l'Opposition qu'il n'y a pas
eu de sang de versé, il n'y a pas eu d'usage de matraques. Les policiers
sont allés. Ils ont convaincu les gens qu'ils étaient dans
l'illégalité et les gens de la Gaspésie, les gens de New
Richmond ont compris que, étant dans l'illégalité,
ça ne pouvait pas durer et ils sont retournés chacun chez eux et
faire ce qu'ils doivent faire: discuter avec les gens intéressés
au problème.
M. GOSSELIN: Ils n'ont pas voulu faire face aux mitrailleuses.
M. JOHNSON: M. le Président, il y a lieu de se réjouir
qu'il n'y ait pas eu de troubles à...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: ... New-Richmond, mais s'il y avait eu, comme autrefois,
des...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Je ne peux pas permettre un
débat.
M. JOHNSON: Non, je vais poser une question, M. le Président.
Est-ce qu'il y a eu, comme autrefois à Asbestos, des politiciens
intéressés à créer des problèmes à la
police?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à l'ordre.
M. HAMEL (St-Maurice): A l'ordre, à l'ordre!
M. LAFRANCE: Les politiciens étaient du côté de
l'Union nationale.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'ai jamais eu connaissance que les
politiciens soient intervenus à Asbestos pour créer des
problèmes.
M. JOHNSON: Mais moi, je le sais.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LAFRANCE: Je n'étais même pas dans la politique à
ce moment-là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: Est-il vrai que le premier ministre porte un
intérêt bien particulier à l'implantation de la brasserie
O'Malley de Québec Limitée dans la cité de
Québec?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Je crois que Je devrais demander au
député de Trois-Rivières de poser sa question au
feuilleton. Ce n'est pas une question d'intérêt
général.
Sidérurgie
M. GABIAS: Le gouvernement a-t-il autorisé ou le premier ministre
a-t-il autorisé le député du comté de Duplessis
à annoncer que la sidérurgie de Québec serait
implantée à Sept-Iles, sur la Côte-Nord?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Je ne peux pas permettre la
question. A l'ordre, messieurs. Affaires du Jour.
M. GABIAS: M. le Président, J'ai d'autres questions.
M. JOHNSON: M. le Président, au sujet de la sidérurgie, je
pense bien qu'il y a des questions urgentes. Malgré la
déclaration du premier ministre, il y a des membres de son Cabinet qui
en parlent. Et je voudrais savoir si le ministre du Revenu, quand il a
parlé de ce problème, quand il a révélé
certaines données vraisemblablement contenues dans le rapport de
rentabilité, parlait au nom du gouvernement et avec l'autorisation du
premier ministre?
M. LESAGE: Ce que j'ai lu dans les journaux, quant au discours
prononcé par le ministre du Revenu, concerne toutes choses
déjà connues de tout le monde.
M. JOHNSON: Ah non!
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. ALLARD: M. le Président, je voudrais savoir du procureur
général si je puis espérer recevoir réponse aux
questions que j'ai déposées il y a un mois au feuilleton et ce,
avant que les crédits du procureur général soient
épuisés?
M. HAMEL (St-Maurice): Dans le plus bref délai possible.
M. ALLARD: Voici, M. le Président, j'aurais une question
secondaire. La semaine dernière, j'ai demandé au procureur
général s'il voulait faire diligence. Il m'a répondu oui.
Là, il me répond: espérance. J'aimerais mieux avoir une
réponse.
M. HAMEL (St-Maurice): J'attirerai l'attention du député
de Beauce qu'autrefois les questions restaient sur le feuilleton à la
fin de la session.
M. ALLARD: C'est votre problème, ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Affaires du jour.
M. ALLARD: Ils ont été jugés. C'est vous autres
qu'on juge à l'heure actuelle.
M. BERTRAND (Missisquoi): Explication de fuyard!
M. GABIAS: M. le Président, j'ai une question à poser au
ministre de la Voirie. Est-ce que le ministre de la Voirie maintiendrait
aujourd'hui la même réponse qu'il faisait hier concernant les
terrains de M. Jos. Levasseur à l'effet...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Je crois que, pour les mêmes raisons,
je dois demander au député de Trois-Rivières de
déposer sa question au feuilleton.
M. GABIAS: Bien voici, M. le Président, si vous me permettez
d'ajouter ceci: le ministre a donné une explication hier qui n'est pas
conforme aux faits. Je pense bien...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Alors, dans ce cas-là, je ne peux pas
permettre un débat sur la réponse donnée par le
ministre.
M. GABIAS: C'est pourquoi je demande au ministre s'il maintient
aujourd'hui sa même réponse.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. JOHNSON: M. le Président,
M. LESAGE: Numéro...
M. JOHNSON: Avez-vous des directives comme remède
approprié lorsqu'un ministre de bonne foi, je veux bien, aurait
trompé la Chambre ou le public dans certaines réponses...?
M. LE PRESIDENT: Je me ferais un plaisir de donner un cours en
procédure parlementaire, mais je ne crois pas que c'est convenable
à ce stade des procédures. Il y a bien des remèdes, il y a
bien des motions que l'Opposition pourra faire, mais pas à ce stade des
procédures.
M. BERTRAND (Missisquoi): La semaine prochaine.
M. LE PRESIDENT: La semaine prochaine.
M. JOHNSON: M. le Président, vous savez qu'en vertu du
règlement, il est permis à n'importe quel député de
vous demander des directives et c'est ce que j'ai fait, bien humblement.
M. HAMEL (St-Maurice): Il y en a eu des directives à plusieurs
reprises.
M. LE PRESIDENT: Pour le moment, je ne crois pas que le règlement
prévoit que je suis supposé être capable de donner un cours
en procédure parlementaire sur n'importe quel sujet, à un moment
d'avis, mais il y aura la motion pour l'ajournement de la Chambre, il y aura la
motion pour aller en subsides; il y a bien d'autres moyens: il y a des motions
qu'on peut mettre au feuilleton, et probablement qu'il y a d'autres moyens,
mais en voilà trois qui donnent l'occasion à des
députés, s'ils ont des plaintes à faire, de les faire.
M. GABIAS: L'honorable premier ministre est-il au courant que le Trust
général du Canada avise les citoyens qui ont vendu des terrains
pour la future sidérurgie que rien ne sera fait avant le 1er novembre
1964?
M. LESAGE: Non, M. le Président.
M. BELLEMARE: M. le Président, me serait-il permis de vous
demander de retirer ma motion No 41, du feuilleton, après les
explications et surtout l'entente que nous avons faite avant la séance,
l'honorable ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et
moi-même. Il me produira après la session, d'ici au 1er septembre,
les documents demandés. Il m'a donné comme raison que ça
occuperait trop de personnes dans son ministère présentement et
que dès la session finie il pourrait me remettre ces documents.
J'accepte cette déclaration du ministre et surtout cette promesse.
M. BERTRAND (Terrebonne): M. le Président, j'ai discuté de
cette question avec le député de Champlain,
nécessairement. Il s'agit de 1,200 baux et si je comprends bien la
demande du député de Champlain, il demandait également le
nom de tous les locataires, et en parlant de locataires, je dois comprendre
qu'il s'agit de chacun des membres qui fait partie d'une organisation de clubs
privés, de chasse ou de pêche. Je lui al exposé qu'à
cette période-ci de l'année, alors que les vacances
commençaient, il me faudrait du personnel additionnel pour lui donner
cette réponse avant la fin de la session et j'ai convenu avec lui que
les documents demandés lui seraient remis pour le 1er septembre.
M. LE PRESIDENT: Alors, ce n'est pas l'orateur qui donne la permission,
c'est la Chambre qui donne le consentement unanime.
M. LESAGE: Entendu.
M. LE PRESIDENT: Que la motion soit retirée...
M. BELLEMARE: Je voudrais bien, M. le Président, même si
l'honorable ministre est nommé au conseil législatif entre temps
avoir ma réponse.
M. LESAGE: Consentement unanime. M. LE PRESIDENT: Motion retirée:
41. Camionnage
M. LOUBIER: Je voudrais poser une question à l'honorable ministre
intérimaire des Transports et Communications en l'occurence, le ministre
des Affaires municipales. Ultérieurement à sa réponse
l'autre jour, à l'effet qu'un troisième essieu qui pouvait
être de fabrication personnelle, était actuellement
toléré dans la province de Québec Or,
ultérieurement à sa réponse, quelques camionneurs m'ont
avisé que son acceptation, sa permission n'avait pas
répercuté partout, parce que plusieurs officiers de circulation,
actuellement, ne toléraient pas ce troisième essieu de
fabrication personnelle.
Est-ce que le ministre pourrait prendre les mesures nécessaires
pour aviser la sûreté provinciale, les officiers de Transports et
Communications, à l'effet qu'actuellement le ministère des
Transports et Communications acceptait et tolérait l'usage d'un
troisième essieu et conséquemment permettait l'augmentation de
poids sur ces camions?
M. LAPORTE: Je référerai la demande du
député aux officiers du ministère.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. LESAGE: Numéro 17.
Les rentes contributives
M. LE PRESIDENT: La Chambre se forme de nouveau en comité
plénier sur la motion de M. Lesage concernant les rentes
contributives.
M. BEDARD (président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs.
M. JOHNSON: M. le Président, au moment de l'ajournement, vous
veniez de prendre le fauteuil de président du comité, à la
suite d'une entente qui a reçu le consentement unanime de la Chambre et
qui se résume à ceci: au lieu de discuter en Chambre de la motion
et de ses modalités, on ferait comme si on était en comité
plénier sur un bill ou sur une résolution; et, si j'ai bien
compris, le premier ministre à ce moment-là a aussi admis que,
sur l'article 1 ou le premier paragraphe, nous pourrions couvrir...
M. LESAGE: Le premier paragraphe est de nature très
générale d'ailleurs.
M. JOHNSON: ... tous les terrains et faire nos remarques
générales. M. le Président, je dois tout de suite vous
avertir que je n'ai pas l'intention d'être très long. J'ai pris la
peine pour être bref de réduire les nombreuses remarques que je
pourrais faire à un texte ou à des notes copieuses.
M. le Président, il s'agit d'étudier non pas un bill, une
loi établissant une caisse de retraite universelle et transportable,
mais il s'agit d'étudier une résolution.
Le premier ministre nous propose de nous prononcer une fois de plus par
voie de résolution sur l'opportunité d'établir un
système et il nous apporte évidemment une délimitation des
structures générales de ce système. Est-il
nécessaire de vous rappeler, M. le Président, que l'Union
nationale comme telle s'est prononcée à plusieurs reprises en
faveur d'un système de pensions universelles et transportables qui a
fait l'objet d'un des articles du programme, lors de l'élection de 1962
au cours de laquelle nous avons, à chacune de nos apparitions en public,
vanté le système de caisse de retraite comme répondant
à la fois à un besoin social et à un besoin
économique dans la province.
Pour les fins du dossier, j'aimerais vous lire ici textuellement cette
proposition contenue au programme de l'Union nationale: « En
collaboration avec les organisations ouvrières et patronales, mise en
vigueur le plus tôt d'un système de pensions universelles et
transportables. »
Comme je l'ai dit, nous ne manquions jamais l'occasion, tant celui qui
vous parle, que tous les candidats de l'Union nationale, de prôner
l'établissement, le plus tôt possible, d'un tel système,
tant à cause de ses avantages économiques que de ses avantages
sociaux et dont la démonstration n'est pas à faire.
Quand le nouveau gouvernement libéral a été
formé à Ottawa, lorsque l'honorable Judy LaMarsh est devenue
ministre de la Santé et du Bien-Etre social, dans le domaine
fédéral on a commencé à bouger, on a
commencé à ce morn ent-là, à parler d'un
système fédéral, et comme ça ne bougeait pas ou
ça n'avait pas l'air de bouger à Québec, nous avons, le 6
juin 1963, proposé une motion, et je me permets ici de citer le journal
de l'Assemblée législative, ou les journaux de l'Assemblée
législative pour la session 1963 à la page 471: « M.
Johnson propose, par voie d'amendement, secondé par M. Dozois, que la
motion en discussion soit amendée en remplaçant tous les mots
après « que » par les suivants: la Chambre tout en
étant prête à voter à sa Majesté les subsides
nécessaires à l'administration de la province, regrette que le
gouvernement n'ait pas pris les dispositions nécessaires pour
protéger les droits et les intérêts de l'Etat du
Québec en présentant dès lors, dès la
présente session, une loi établissant un système
provincial de pensions transportables. Le consentement unanime de la
Chambre...
M. LESAGE: M. le Président, je m'excuse d'interrompre le chef de
l'Opposition, j'étais distrait. Quelle est la date?
M. JOHNSON: Le 6 juin, 1963. M. LESAGE: 1963.
M. JOHNSON: ...du consentement unanime continue le rapport de la
séance du 6 juin du consentement unanime de la Chambre le
débat sur la motion de M. Johnson est suspendu, et la motion principale
est adoptée. En conséquence la Chambre se forme de nouveau en
comité des subsides ».
On se souvient, M. le Président, que la présentation de
cette motion en l'absence du premier ministre, ou dû à un retard
au retour d'un événement pas tellement gai à rappeler,
avait soulevé lire du président de l'Exécutif du
présent gouvernement, même si j'avais offert, à ce
moment-là, à celui qui dirigeait les travaux de la Chambre, de
suspendre toute discussion sur cette motion, et même de la retirer de
façon à la convertir en motion de fond, ce qui permettrait aux
membres de la droite de voter pour la motion sans risquer de manifester un vote
de non confiance au gouvernement libéral.
Un peu plus tard, soit le 23août, à l'occasion d'une courte
session ou d'une session spéciale convoquée par le premier
ministre, le 8 août, aux fins principalement d'approuver un accord
ou d'autoriser le gouvernement à conclure un accord avec les
autorités fédérales concernant les prêts aux
municipalités; une motion a été présentée
par le premier ministre lui-même, et qui disait ceci, voir à la
page 17 des procès-verbaux de l'Assemblée législative pour
cette session, et ce procès-verbal porte le No 3: « La Chambre
dit le procès-verbal reprend le débat sur la motion
de M. Lesage proposant qu'il y a lieu pour la Législature de la province
de Québec d'adopter le plus tôt possible une loi instituant une
caisse de retraite publique et universelle sur une base de calculs d'actuaires,
alimentée par une contribution obligatoire de tout employeur et
salarié, comme de tout travailleur indépendant, applicable
à tout salaire ou gain jusqu'à un niveau déterminé
».
A ce moment-là, M. Hamel (St-Maurice) propose que la motion soit
amendée en biffant tous les mots après le mot « d'actuaires
» et en les remplaçant par les mots « et de contributions
». L'amendement est adopté. Le député de Bagot, M.
Johnson, propose secondé par M. Dozois Je cite toujours la page
17 du procès-verbal de cette séance du 23 août que
la motion en discussion soit amendée, en ajoutant après les mots
« de contribution » les mots suivants « et qu'il y a lieu de
créer immédiatement un comité parlementaire chargé
de préparer à ce sujet un projet de loi qui devrait être
soumis à la Législature avant la reprise de la session
fédérale actuellement suspendue. « L'amendement
proposé par M. Johnson est rejeté après division des voix.
La motion principale telle qu'amendée est adoptée à
l'unanimité ».
Vous voyez par ces trois documents que je viens de citer, d'abord que
l'Union nationale est en faveur d'un système de caisse de retraite,
deuxièmement que l'Union nationale a présenté une motion
pour hâter la préparation d'un projet de loi, troisièmement
que l'Union nationale a demandé qu'un comité spécial de la
Chambre soit formé afin d'élaborer ce projet de loi.
Or, nous voici aujourd'hui, le 15 juin, plus d'un an après la
première motion que nous avions présentée dans cette
Chambre, non pas devant une loi, non pas devant un projet de loi, mais encore
devant une motion de la Chambre. Vous comprendrez que nous soyons un peu
déçus que nous n'ayons pas ici un projet en bonne et due forme
puisque le gouvernement, quant à l'aspect québecois du
problème, était prêt, ou devait être prêt au
moins dans les quelques mois qui ont suivi la présentation du rapport du
comité interministériel présidé par M. Wheeler
Dupont, et que j'appellerai pour fins de la discussion le « comité
Dupont ».
Québec avait et a encore juridiction pour établir un plan
bien à lui. Québec a un rapport très bien
préparé qui aurait permis d'élaborer une loi. Il y a lieu
de se demander pourquoi nous sommes devant une motion, au lieu d'un tel projet
de loi.
Je crois qu'il est presque oiseux de poser la question. Cette
assemblée, comme le public, sait que le retard vient du fait qu'on a
voulu accommoder Ottawa. Le retard vient du fait qu'on a voulu s'embrigader
dans le fédéralisme coopératif, c'est-à-dire un
système où Ottawa fournit tout le fédéral, et
Québec fournit toute la coopération.
Nous avions, je le disais, un rapport extrêmement bien
préparé, qui aurait permis de faire une loi. Mais devant la
motion que nous avons a étudier, et qui sera examinée paragraphe
par paragraphe, il faut se demander si le premier ministre a suivi les
indications principales du « rapport Dupont », ou s'il a
plié devant le fédéralisme coopératif de Mme
LaMarsh et de M. Pearson.
Ce comité interministériel, que j'appelle le
«comité Dupont », propose à la Chambre, ou a
proposé à la Chambre, un plan conçu par des
Québécois en fonction des besoins particuliers du Québec.
Ce comité a bien travaillé, et il faut lui en rendre
témoignage.Peut-être le plan qu'il nous propose n'est-il pas
parfait. Peut-être y a t-il lieu de l'améliorer de concert avec
tousles organismes québecois intéressés. Mais tel qu'il
nous a été soumis dans le rapport du comité dont copie a
été distribuée à tous les députés, ce
plan,préparé entièrement par des fonctionnaires et des
spécialistes du Québec, est infiniment supérieur à
celui qui résulte des modifications empruntées à un plan
fédéral préparé par des fonctionnaires
fédéraux, et des spécialistes travaillant dans une optique
pancanadienne.
Pourquoi aurions-nous plus confiance aux experts
fédéraux...
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition n'est pas au courant.
M. JOHNSON: ... qu'à nos propres experts, surtout quand il s'agit
de bâtir un sytème fait à notre mesure et conforme à
nos aspirations, dans un domaine où nous avons incontestablement la
priorité des droits.
Il est clair que les Québecois sont mieux que quiconque en mesure
de savoir ce qui convient à leurs vrais besoins, à leur
mentalité et à leur philosophie de la vie. Une présomption
favorable doit donc exister au départ en faveur du plan strictement
québecois.
Mais il ne s'agit pas uniquement d'une question de présomption,
il s'agit d'une question de fait. Tant au point de vue social qu'au point de
vue économique, le plan québecois préparé par le
comité Dupont est nettement supérieur à celui que propose
le gouvernement à la suite de ses pourparlers avec Ottawa. Et je
l'établis par dix propositions. 1 Le plan Dupont est plus
favorable aux petits salariés et aux économiquement faibles.
M. LESAGE: Cest le contraire!
M. JOHNSON: En effet, il prévoit une exemption de base de $1,000
au lieu de$600 tel qu'accepté par le premier ministre.
M. LESAGE: Justement, cela prouve que le chef de l'Opposition ne
comprend absolument rien. Le plan proposé ici est plus favorable aux
petits salariés.
M. BELLEMARE: Vous répondrez tout à l'heure. Prenez des
notes.
M. JOHNSON: Il prévoit en effet une exemption de base de $1,000
au lieu de $600.
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Le cultivateur gagnant $2,000 par année...
M. LESAGE: Il ne comprend rien.
M. JOHNSON: ... paierait 4% de $1,000...
M. LESAGE: Bien oui, mais...
M. JOHNSON: ... soit $40 avec le plan Dupont.
M. LESAGE: Vous êtes bien mieux d'attendre qu'on arrive au
paragraphe... Vous ne comprenez rien.
M. JOHNSON: Avec le plan tel que modifié à la demande
d'Ottawa...
M. LESAGE: Vous ne comprenez rien.
M. JOHNSON: ... selon les exigences d'Ottawa, il devra payer 3.6 de
$1,400 soit $50.40
M. LESAGE: Oui. Ce qui équivaut à 2. quelques pour
cent.
M. JOHNSON: Un ouvrier gagnant $3,000 paierait 2% de $2,000 en vertu du
plan Dupont soit $40. Avec le plan d'Ottawa, il paiera 1.8 de $2,400, soit
$43.20. Et je ne tiens pas compte du fait que dans...
M. LESAGE: Soit 1.44%
M. JOHNSON: Et je ne tiens pas compte du fait suivant, c'est que dans
certains cas, le patron s'arrangera pour faire absorber par l'ouvrier,
même le .8 par le réaménagement des fonctions et par la
réorganisation du travail et tout ce que l'on veut. Par contre, ceux qui
touchent de gros salaires paieront moins en vertu des modifications qu'Ottawa a
exigées qu'il n'aurait payé avec le plan Dupont, car la partie
cotisable du salaire s'arrête à $5,000 au lieu du maximum
prévu de $6,000 dans le plan provincial.
M. LESAGE: Mais au maximum de $5,000, c'est exactement la même
chose.
M. JOHNSON: Soit un homme gagnant $25,000 par année, M. le
Président...
M. LESAGE: Oui, oui.
M. JOHNSON: Prenons cet exemple. Avec le plan Dupont, le plan
provincial, cet homme aurait...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: ... payé 4% de $5,000, soit $200.
M. LESAGE: Ah non, il y avait une alternative dans le rapport, 5 ou
6.
M. BERTRAND (Missisquoi): Prenez 5 d'abord.
M. JOHNSON: Prenez 5 pour le moment.
M. LESAGE: Prenez 5, c'est là une des éventualités
de l'alternative.
M. JOHNSON: Prenons 6, M. le Président, qui est une des
éventualités de l'alternative.
M. LESAGE: Prenons 5.
M. JOHNSON: Il aurait payé...
M. LESAGE: Il aurait retiré bien plus.
M. JOHNSON: ... $200, cet homme qui gagne
$25,000. Avec le plan modifié par suite des exigences d'Ottawa,
ce même contribuable au revenu de $25,000 ne paiera que 3.6 de $4,400,
soit $158.40 ou $41.60 de moins.
M. LESAGE: Au lieu de $200.
M. JOHNSON: Au lieu de $200.
M. LESAGE: Pardon. $158.40 au lieu de $160.
M. JOHNSON: Non, M. le Président.
M. LESAGE: Au lieu de $160.
M. JOHNSON: Je parle de la recommandation du plan Dupont...
M. LESAGE: La recommandation offre une alternative.
M. JOHNSON: Le premier ministre l'expliquera tantôt J'ai le droit
de prendre les deux cas de l'alternative.
M. LESAGE: Oui, mais attendez d'être rendu aux articles. Si vous
choissisez l'un des termes de l'alternative, il vous faut le comparer avec le
même montant qui est le revenu maximum de $5,000.
M. GABIAS: Il s'imagine être tout seul à comprendre!
M. LESAGE: Le coût est de $158.40 et, dans le cas de $5,000 dans
le rapport Dupont, le coût était de $160. Cela fait une
différence de $1.60. La raison pour laquelle on en est venu à
cette décision c'est à cause du raccourcissement de la
période de transition de 20 ans à 10 ans parce qu'autrement on
favorisait trop les gros aux dépens des petits.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre...
M. LESAGE: Attendez donc de prendre les articles, vous allez
comprendre.
M. JOHNSON: Non, non, non...
M. BELLEMARE: Attendez, laissez-le faire son discours.
M. JOHNSON: Le premier ministre sait bien que la critique...
M. LESAGE: Je ne sais pas qui a écrit ça pour le chef de
l'Opposition mais c'est un gars qui ne connaît rien.
M. JOHNSON: ... la critique de base que l'on fait avec justesse contre
la plan c'est que l'on fait porter par ceux qui ne gagnent pas plus que $5,000
tout le poids...
M. LESAGE: C'est le contraire!
M. JOHNSON: M. le Président, tout le poids que peut comporter un
tel plan, c'est-à-dire que les risques seront répartis sur une
échelle réduite, et s'appliquant surtout à ceux qui
gagnent le moins, c'est-à-dire sur une échelle, s'étendant
de $600 à $5,000, alors que dans le plan Dupont on avait une
recommandation pour $1,000 à $6,000 et que la CSN proposait un plan qui
s'étendrait de $1,500 à $8,000.
M. LESAGE: Cela au profit de ceux qui gagnent de $5,000 à $8,000
principalement.
M. JOHNSON: M. le Président, non, c'est de faire porter à
ceux...
M. LESAGE: Je vous l'expliquerai tantôt.
M. JOHNSON: Même à ceux qui gagnent $8,000 un poids plus
élevé qu'ils ne porteront...
M. LESAGE: Mais non, parce que...
M. JOHNSON: ... en fonction du plan actuel...
M. LESAGE: Mais non, parce que leurs bénéfices...
DES VOIX: A l'ordre.
M. LESAGE: ... parce que leurs bénéfices sont
considérablement plus élevés, c'est ça que le Chef
de l'Opposition oublie...
M. JOHNSON: A la fin bien sûr. M. LESAGE: Mais tiens.
M. JOHNSON: M. le Président, s'il fallait que tout le monde qui
entre dans un plan de pension, vive de 65 à 85 ans, il est bien
évident que ceux qui ont des gros revenus auraient une plus grosse
pension,...
M. LESAGE: C'est clair.
M. JOHNSON: ... Mais comme il y en a qui meurent avant 65 ans...
M. LESAGE: C'est vrai pour tout le monde.
M. JOHNSON: ... leurs contributions M. le Président,... c'est
vrai pour tout le monde...
M. KENNEDY: C'est vrai pour tout le monde.
M. JOHNSON: ... le risque M. le Président est mieux
partagé et partagé sur un éventail plus large, sur des
épaules plus fortes, celles de ceux qui gagnent plus cher si on fait, et
si on établit une période ou un « range » comme
disent les gens d'Ottawa entre $1,500 et $8,000 que si on l'établit
entre $600 et $5,000, comme l'a accepté le premier ministre,
malgré les recommandations du plan Dupont. M. le Président, si le
premier ministre veut, je vais être très bref. Il pourra prendre
des notes et je regrette de ne pas avoir de copies, je pourrais peut-être
m'en procurer une; je lui enverrai ça, quitte à lui de
préparer ses réponses et...
M. LESAGE: Non. non, je vous répondrai au fur et à mesure
sur chacun des articles, parce qu'il est clair que vous n'avez rien
compris.
M. JOHNSON: M. le Président, j'en ai trop compris pour la
tranquillité, et la sérénité du premier
ministre...
M. LESAGE: Ah non! Un plan...
M. JOHNSON: ... de plus le plan fédéral fera payer la
même cotisation à celui qui gagne $990 qu'à celui qui ne
gagne que $610 soit $7.20. C'est toujours le petit qui est
désavantagé dans ce système tel que modifié par les
exigences fédérales. Deuxièmement, en augmentant les
contributions des petits et en diminuant celles des plus fortunés, le
plan modifié accentue l'un des inconvénients majeurs du
système qui consiste à faire financer surtout par les
économiquement faibles le coût de l'expansion
économique.
L'un des buts de la caisse de retraite, c'est en effet de créer
par l'accumulation des contributions patronales et ouvrières un
réservoir de capitaux qui pourraient être utilisés pour
favoriser la croissance industrielle de la province, mais ce sont surtout les
petits revenus qui seront mis à contribution. Qu'un homme gagne $10,000,
$20,000, ou $30,000 par année, il ne contribuera toujours que $158.40 ce
qui représente une proportion infime de son salaire comparativement
à celui qui gagne entre $600 et $5,000. Ce dernier sera cotisé
sur tout son salaire moins l'exemption de base de $600 alors que les autres ne
seront cotisés que sur $4,400 même s'ils gagnent le double ou le
triple.
Le financement de l'expansion économique reposera donc
principalement sur les petits salariés, ce qui est une injustice
évidente. L'injustice aurait été moins grande, si la
partie cotisable du salaire avait été de $1,000 à$6,000
comme dans le plan Dupont. Les pauvres auraient contribué un peu moins
et les riches un peu plus au financement de l'expansion économique.
Troisièmement, en abaissant la période de transition de 10 ans au
lieu des 20 ans prévue par le plan Dupont, le plan de
fédéralisme coopératif avantage encore les gros
salariés au détriment des petits.
M. LESAGE: C'est le contraire.
M. JOHNSON: Ce système comporte en effet de nombreux
inconvénients exposés aux pages 62 et 63 du rapport Dupont. Il
nous approche du « pay as you go » proposé par le rapport
Lesage-King de 1950 aux pages 123 et 124, et nous éloigne dans la
même mesure d'un système basé sur les contributions, donc
sur l'épargne et la responsabilité personnelle. Il augmente les
avantages immédiats au détriment des avantages futurs.
Il crée en somme une classe de privilégiés qui
draineront la caisse au détriment des futurs retraités qui auront
payé des cotisations pendant 47 ans de leur vie, et naturellement, ce
sont les gros salariés qui draineront davantage la caisse. Ils auront
droit à leur pleine pension après dix ans, soit normalement
après les dix années les mieux rémunérées de
leur carrière. La pension de ceux qui auront contribué à
la caisse pendant 47 ans, sera calculée sur la moyenne revisée de
leur salaire annuel, compte tenu des années de vaches maigres, alors
qu'ils auront péniblement commencé au bas de
l'échelle.
De plus, par le fait de cette période de transition
réduite à dix ans, la caisse seraplus vite diminuée, et le
réservoir d'épargnes disponibles pour l'expansion
économique sera amoindri d'autant. On fait donc porter aux jeunes
d'aujourd'hui, et aux générations futures, une part
disproportionnée du coût du projet, pour procurer plus tôt
une pension complète à ceux qui atteindront dans quelques
années la fin de leur carrière. Dans bien des cas, le total
cumulatif de la pension de retraite, de la pension de sécurité de
vieillesse, et des bénéfices des plans privés,
dépassera le montant du salaire annuel des dernières
années. Evidemment, on me dira là-dessus qu'il faut bien avoir
soin des gens qui, d'ici 20 ans, atteindront l'âge de 65 ans, mais on
pourrait, à même le fonds consolidé, leur
venir en aide quand c'est nécessaire, sans avoir à faire
porter tout ce fardeau par ceux qui entreront dans le plan au début de
leur carrière, c'est-à-dire dès l'âge de 18 ans, et
qui devront pendant au moins 47 ans, s'ils vivent tout ce temps-là,
contribuer, avec l'espoir de ne retirer qu'une pension égale, en somme,
toute proportion gardée, à celle que ceux qui n'ont
contribué que 10 ans retireront, dix ans après l'entrée en
vigueur de la présente loi.
Quatrièmement. Le plan Dupont est beaucoup plus avantageux pour
les familles nombreuses que le plan modifié pour plaire au
fédéral. Dans le premier cas, la rente des orphelins est de $25
par mois par enfant, quel qu'en soit le nombre. Mais dans la motion du premier
ministre, basée sur le plan fédéral, on ne donne rien
au-delà du cinquième enfant, si j'ai bien compris, car les
prestations d'orphelins d'une même famille sont limitées au
maximum de rente de retraite alors possible. Si le maximum possible n'est que
de $50, on ne paiera que pour deux orphelins.
Cinquièmement. Le plan Pearson-Lesage pénalise les
salariés de 65 à 70 ans, qui continuent de travailler, en les
obligeant à poursuivre leurs cotisations, alors qu'en vertu du rapport
du comité Dupont les cotisations cesseraient à l'âge de 65
ans.
M. LESAGE: C'est contraire à ce que vous venez de dire,
ça.
M. JOHNSON: Le plan provincial est ici plus juste et plus simple. Il
simplifie la perception, et il ne décourage pas le travail des personnes
âgées. C'est socialement et économiquement mauvais de
forcer indirectement à l'oisiveté des gens qui peuvent encore
contribuer efficacement à la richesse de la nation.
Sixièmement. Les prestations au décès sont quatre
fois plus petites avec le plan modifié qu'avec le plan
préparé par le comité Dupont. Elles sont
l'équivalent de six mois de rente, dans le premier cas, et de deux
années complètes dans le second. Le plan fédéral
limite même la prestation de décès à $500. Encore
là, le gros salarié reste plus favorisé que le petit; six
mois de rente, c'est peu de chose pour la famille de celui qui gagnait peu,
puisque sa rente est basée sur la moyenne revisée de son salaire
annuel. C'est pourtant cette famille qui perd le plus par le
décès de son gagne-pain; c'est elle qui a le plus besoin d'argent
au décès du père.
Septièmement. Le plan exigé par Ottawa est plus
inflationnaire que le plan Dupont du fait qu'après les dix
premières années, l'ajustement des revenus cotisables ne se fera,
non plus en fonction de l'indice des prix à la consommation, mais en
fonction de l'indice général des salaires. Le premier ministre
lui-même, dans un rapport fait à la conférence
fédérale-provinciale de Québec, a déclaré
ceci et je cite: « L'ajustement des revenus servant au calcul des rentes
au moyen de l'indice des salaires dans le régime du Canada aura un effet
inflationnaire, étant donné que cet indice augmente plus
rapidement que l'indice des prix à la consommation. » On aura
compris que lorsque le premier ministre, à la conférence
fédérale-provinciale, parlait d'un régime du Canada, il
parlait évidemment du plan de Mlle LaMarsh, et tel qu'on peut...
M. LESAGE: Pas celui qui est devant vous.
M. JOHNSON: Qui fait partie, je crois bien, du bill qui est le bill C
-75 d'Ottawa.
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: C-75 du 16 mars 1964.
M. LESAGE: Ce qui nous était exposé par Mlle LaMarsh
à ce moment-là n'était pas le plan tel que proposé
au parlement fédéral.
M. JOHNSON: Non, non, mais quand le premier ministre parlait du
régime fédéral, il parlait du plan de pension du
fédéral comme il disait dans son langage à Ottawa: «
Embodied in bill C-75 ».
M. LESAGE: Non, c'était celui qui avait été
décrit en détail dans une résolution du 18 Juillet
1963.
M. JOHNSON: Mais, ça ne tenait pas compte des modifications
contenues dans le bill C-75?
M. LESAGE: Non. M. JOHNSON: Le bill C-75... M. LESAGE: C-75
M. JOHNSON: ... est-ce que le premier ministre ne considère
pas...
M. LESAGE: Il est postérieur à la conférence
fédérale-provinciale.
M. JOHNSON: Non.
M. LESAGE: Quelques jours avant, je pense.
M. JOHNSON: Il a été déposé le 17 mars. M.
LESAGE: Mais il va être amendé. M. JOHNSON: Première
lecture le 17 mars. M. LESAGE: Mais oui.
M. JOHNSON: Et la conférence n'a eu lieu qu'à la fin
mars.
M. le Président, à tout événement...
M. LESAGE: Il va être amendé, il suffit de lire la lettre
que M. Pearson m'a adressée, et que j'ai lue hier pour savoir que le
bill C-75 va être amendé.
M. JOHNSON: Oui, ça on le sait que ça va être
amendé.
M. LESAGE: Bon.
M. JOHNSON: M. le Président, J'ai une huitième proposition
qui ferait certainement plaisir au premier ministre encore et qui se formule
comme ceci: « Une exemption de base de $1,000 tel que prévu par le
plan Dupont aurait été beaucoup moins tracassière pour les
petits salariés, de même que pour les cultivateurs et pour les
travailleurs autonomes ne gagnant que de faibles revenus. En effet, elle aurait
coïncidé, avec l'exemption de base de l'impôt sur le revenu,
elle aurait été basée sur le rapport d'impôt, tel
que mentionné à la page 45, volume 1, du rapport Dupont. Et
comment se fera le contrôle des revenus inférieurs à $1,000
M. le Président? Est-ce qu'on va désormais obliger tous ceux qui
gagnent $600 ou plus à faire un rapport d'impôt?
M. LESAGE: Entre $600 et $2,000 non, ça va être un chiffre,
c'est pour $200 et $7.20, $14.40.
M. JOHNSON: On n'exigera pas que les gens qui gagnent entre $600 et
$1,000...
M. LESAGE: Du moment qu'ils gagnent moins que $1,000...
M. JOHNSON: ... fassent un rapport d'impôt?
M. LESAGE: Du moment qu'ils gagnent moins que $1,000 et plus que $600
c'est lui qui nous le déclare, et puis il a avantage à nous le
déclarer parce qu'ainsi il peut ajouter en contribuant un montant aussi
minime que $7.20 par année, si son employeur évidemment, comme il
sera obligé de le faire lui-même, contribue $7.20, ce qui pourra
ajouter à sa pension de vieillesse. C'est pour ça.
M. DOZOIS: Quel que soit le montant?
M. LESAGE: Oui, c'est $200. $7.20, $14.40 pour un an.
M. JOHNSON: Pour employer...
M. LESAGE: Excusez-moi, 3.6% de $200, c'est $7.20.
M. DOZOIS: S'il gagne $601 il paie $7.20. S'il gagne $999, il paie
$7.20.
M. BERTRAND (Missisquoi): Même chose. M. JOHNSON: C'est
ça.
M. LESAGE: Oui, mais il bénéficie comme s'il avait
contribué pour une valeur de $200.
M. JOHNSON: C'est un « flat rate » pour employer le
langage...
M. LESAGE: Justement pour éviter l'objection que le chef de
l'Opposition vient de mentionner.
M. JOHNSON: Oui, mais celui qui gagne $601 M. le Président, va
payer $7.20 pour avoir autant..
M. LESAGE: Et ça c'est pour les raisons que vient de mentionner
le chef de l'Opposition. C'est $7.20 divisé par deux, ça fait
$3.60.
M. JOHNSON: Oui, si c'est un employé,
M. LESAGE: Bien oui. $3.60 par année, ça fait combien de
paquets de cigarettes?
M. BERTRAND (Missisquoi): Ce n'est pas de même que ça
s'évalue pour eux autres.
M. JOHNSON: Là, avec des nouvelles taxes, que le gouvernement a
imposées, vous savez il est rendu qu'il n'aura plus les moyens de
s'acheter des cigarettes.
M. BERTRAND (Missisquoi): Ils ne pourront plus fumer ni payer.
M. JOHNSON: Alors, même avant l'emprunt...
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition va être bien
embêté s'il n'a plus les moyens de s'acheter des cigarettes.
M. BERTRAND (Missisquoi): Les gens qui gagnent...
UNE VOIX: Et le premier ministre?
M. JOHNSON: Les gens qui n'ont que $600 de revenu par année n'ont
pas les moyens de s'acheter une petite bière par semaine.
M. LESAGE: Non, mais ils s'en roulent.
M. JOHNSON: C'est bien chanceux s'ils peuvent se payer le luxe
même de se rouler des cigarettes.
Une exemption de base donc de $1,000 tel que prévu par le plan
Dupont aurait été beaucoup moins tracassière.
Neuvièmement, le rapport Dupont a l'avantage de pouvoir
être adopté tout de suite. Nous n'aurions pas été
obligés d'attendre les appoints d'Ottawa au moyen d'une
législation appropriée. Nous aurions pu tout de suite passer
à l'action, une législation appropriée, qui pourrait
être préalablement soumise aux corps intermédiaires par le
comité des bills publics.
Il s'agit ici d'un domaine où nous avons tous les droits,
où nous sommes maîtres chez nous. Pourquoi ne pas en profiter pour
nous donner une loi faite par des Québecois pour le Québec?
Pourquoi perdre un temps considérable à tenter, par des
concessions réciproques, de faire un plan qui soit également
acceptable au reste du pays au risque d'en arriver en définitive
à un résultat qui ne satisfera pleinement ni le Québec ni
le reste du pays? Pourquoi se donner un mal fou pour faire un plan hybride au
lieu de laisser les deux communautés culturelles se donner chacune le
plan de leur choix? Pendant qu'Ottawa et Québec négocient
péniblement, nous perdons un temps considérable qui risque de
retarder l'application du plan qu'on aura finalement arrêté.
Dans sa recommandation 19, par 112 du rapport, volume 1, le
comité Dupont dit expressément que « le projet de loi doit
être mis en vigueur en 1964, si l'on veut que le plan débute en
janvier 1966. De tels délais, dit-il, constituent des impératifs
minima et à la condition que l'appareil administratif soit mis sur pied
dans les premières semaines qui suivront l'adoption de la loi
».
En d'autres termes, il faut se hâter. La meilleure façon de
faire vite, c'est, pour le Québec, de se donner un plan basé sur
le Rapport Dupont, un plan bien à lui, et non pas un régime
beaucoup moins avantageux fondé sur des négociations qui n'en
finissent plus. Il sera toujours temps de négocier plus tard en vue de
rendre les pensions transférables d'une province à l'autre.
M. le Président, que l'on veuille des pensions
transférables d'une province à l'autre, c'est normal, nous en
sommes; mais il n'est pas nécessaire de saboter tout un plan
homogène conçu par des spécialistes chez nous à la
mesure de nos besoins et à la taille de nos institutions actuelles pour
assurer cette transférabilité d'une province à l'autre.
Cette transférabilité aurait pu et pourrait se coordonner par
d'autres méthodes même si la loi avait été
passée ou était passée à la présente session
sans tenir compte du plan d'Ottawa.
Dixièmement, le Rapport Dupont offre enfin cet avantage
d'être entièrement basé sur des études actuarielles.
Ces études ont demandé des mois, même des années de
travail. Mais, si l'on fait un plan en mêlant ensemble des
éléments empruntés au plan d'Ottawa et des
éléments empruntés au plan Dupont, ne faudrait-il pas
faire reprendre certaines études actuarielles avant de l'incorporer dans
une loi? Qu'est-ce qui nous dit que les changements proposés
n'affecteront pas la solvabilité de la caisse? Ce ne sont pas de petits
changements que de faire commencer les cotisations, par exemple, à $600
au lieu de $1,000 et de réduire la période de transition de 20
à 10 ans.
Dans sa recommandation numéro 21, le comité Dupont dit en
toutes lettres qu'aucune modification ne devrait être apportée au
régime « sans exiger au préalable, au moyen d'études
actuarielles, une analyse de l'effet sur les taux des cotisations
présents et futurs et sur l'accumulation de la réserve ».
A-t-on fait cette analyse pour chacune des modifications proposées par
Ottawa et qui sont incorporées dans la présente motion? Bien
sûr que non! On n'avait matériellement pas le temps de faire des
études complètes sur chaque modification proposée. Mieux
vaut y aller sûrement avec le plan proposé par nos propres experts
que de procéder à l'aveuglette avec un plan socialement et
économiquement mauvais cuisiné par mademoiselle LaMarsh et les
gens d'Ottawa.
M. le Président, il y aurait bien d'autres remarques à
faire sur cette motion. Je me réserve de poser des questions. Je tenais
seulement à donner, en dix propositions, ce que je considère
être les critiques les plus sérieuses contre le projet de loi. Le
premier ministre comprend et cette Chambre l'admet, c'est le devoir de
l'Opposition de faire entendre dans cette Chambre des critiques qui
émanent normalement de tous les milieux de la province de
Québec
contre quelque projet de loi que ce soit.
Mais il y a plus que ça dans les propositions que je vous ai
soumises, M. le Président, nous épousons ces propositions parce
que nous en avons étudié la portée bien attentivement et,
sauf quelques erreurs, sauf mauvaise interprétation, ce qui peut
toujours arriver, ces propositions représentent pour nous l'attitude
fondamentale que le parti doit tenir envers le projet de loi.
En résumé caisse de retraite, nous en sommes. Qu'elle nous
soit donnée le plus tôt possible nous en sommes. Nous avons
demandé, l'année dernière, qu'un comité soit
formé pour préparer une loi, nous n'avons cette année
qu'une motion. Nous avons exigé que ce projet de loi soit soumis aux
corps intéressés. Le premier ministre nous a donné hier
l'assurance que telle soumission serait faite en temps et lieu par
l'intermédiaire du comité des bills publics, et cela, c'est tant
mieux.
Il reste que, d'ici au projet de loi définitif, nous aurons
certainement d'autres modifications au plan. Mais je voudrais avertir le
premier ministre que l'opinion publique est extrêmement
soupçonneuse de ce temps-ci par suite, non pas de l'attitude du premier
ministre de la province de Québec, mais par suite de la réticence
qui avait Pair toute calculée du premier ministre du Canada.
Cela a pris quatre séances et quatre questions ou sous-questions
différentes pour amener le premier ministre du Canada à dire, et
pas encore clairement, qu'il y aurait une loi séparée pour
Québec, pour lui faire dire, et puis pas encore trop clairement, que la
loi au Québec ne serait pas intégrée à la loi
fédérale.
Le premier ministre de la province de Québec, si on ne le lui a
pas dit, il est temps que je lui apprenne, doit être mis en garde contre
les gens d'Ottawa. Je me sens un peu dans un rôle exceptionnel quand je
dis au premier ministre de prendre garde à Ottawa, comme s'il n'y
était jamais allé à Ottawa, comme s'il ne connaissait pas
ce milieu-là. Le premier ministre sait bien que c'est le deuil dans
l'âme que Mlle LaMarsh, ministre du Bien-Etre social et de la
Santé nationale, a accepté de modifier ce qu'elle voulait, elle,
être un plan unique, unitaire, uniforme, régimentaire pour tout le
Canada régimenté par le ministre national de la Santé.
Le ministre fédéral n'a pas caché ses intentions.
Je pense que l'honorable ministre féminin n'a pas non plus voulu tromper
la population, au contraire! Elle a été brutale dans ses
déclarations, et je m'excuse d'employer un mot pareil qui sied
très mal pour désigner une déclaration d'une femme, mais
elle a été quand même dure dans ses déclarations,
catégorique. Elle a dû changer d'opinion par suite de
l'intervention du premier ministre du Canada. Je ne donne pas le crédit
au premier ministre de la province de Québec d'avoir fait changer
d'opinion à Mlle LaMarsh. Je sais qu'il ne s'est pas mêlé
de cette partie-là. Il a procédé...
M. LESAGE: J'ai pourtant fait mon possible. Elle était ma voisine
à la conférence fédérale-provinciale.
M. JOHNSON: Est-ce qu'elle était de la conférence?
M. LESAGE: Elle était ma voisine.
M. BELLEMARE: Il a assez de la sienne ici!
M. LESAGE: Ah! je n'ai pas de misère. Je n'ai jamais de
misère avec les femmes, moi! Je ne suis pas comme le
député de Champlain.
M. BELLEMARE: Ah! Vous n'allez pas loin, non plus!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: M. le Président, un homme qui dit publiquement qu'il
n'a jamais de misère avec les femmes c'est ou un inconscient ou un
prétentieux...
M. LESAGE: Non, vous avez mal compris; c'est autre chose.
M. JOHNSON: ... ou un célibataire, comme le député
de Lac-St-Jean.
M. le Président, Ottawa se résigne très mal
à ce que Québec ait un plan qui ne dépende pas d'Ottawa,
c'est tellement dans la mentalité des hauts fonctionnaires! Je ne
critique pas. Ils ont droit à leur opinion, ces gens-là, mais je
constate que c'est tellement dans leur mentalité d'avoir « one
country, one government, one system » que nous devons être
extrêmement sur nos gardes et nous devons, nous de l'Opposition,
aiguillonner, si nécessaire, le gouvernement pour qu'il ne se laisse pas
gagner par certaines propositions d'Ottawa.
Je le répète pour la quatrième fois la
transférabilité est souhaitable en faveur des ouvriers, des
Canadiens qui voyagent d'une province à l'autre, de Québec en
dehors ou d'en dehors à Québec. Mais tout le système ne
doit pas être défiguré parce qu'on veut donner cet
attribut, attribut qui peut être collé au système,
même
à un système déjà établi, même
à une loi qui serait déjà établie.
Il ne me revient pas, M. le Président, de donner des suggestions
en ce domaine extrêmement technique mais on m'en a fait une, de la part
d'une personne qui s'y connaît dans ces plans: on pourrait passer
immédiatement une loi et accorder la transférabilité sans
avoir à s'inquiéter de tous les aspects tels que nous aurons
à les étudier ici, sans avoir à s'occuper du
système fédéral tout simplement par le truchement d'une
pension différée qu'on accorderait à quelqu'un qui s'en
irait, ou d'un crédit qu'on accorderait à celui qui arriverait
sur le marché de travail du Québec.
M. le Président, est-il nécessaire d'en dire plus? Je ne
le crois pas. Le premier ministre a bien voulu nous faire siéger en
comité.
Il a avec lui M. Dupont, le président de ce comité, M.
Castonguay, un actuaire de très grand talent, qui a une excellente
réputation, et je sais qu'à l'aide de ces deux voisins, il sera
beaucoup plus en mesure de nous répondre, qu'il ne le serait si
c'était ses voisins habituels.
Il s'agit d'un problème tellement technique. Il s'agit d'un
problème excessivement difficile, et je cache les difficultés que
j'ai eues à comprendre même la lettre du premier ministre Pearson,
lettre que le premier ministre Lesage a bien voulu me transmettre au
début de la fin de semaine dernière. Et c'est avec beaucoup
d'hésitation que je me résigne à ne pas lire cette lettre,
quand ce ne serait que pour donner à la Chambre un modèle des
complications que peut comporter une pareille entente avec le
fédéral...
M. LESAGE: Nous serons obligés d'en lire, au cours de la
discussion article par article, des extraits...
M. JOHNSON: Il serait peut-être édifiant pour la
postérité que le premier ministre...
M. LESAGE: Nous en lirons... Je l'ai déposée.
M. JOHNSON: ... la lise au complet, afin qu'elle paraisse au «
Journal des débats »...
M. LESAGE: Bien écoutez! Elle est bien longue.
M. JOHNSON: Je me résigne à ne pas le faire. Je serais
bien tenté de le faire, mais je ne voudrais pas être accusé
de faire perdre le temps de la Chambre.
M. LESAGE: On ne ferait pas perdre le temps de la Chambre en ce
faisant.
M. JOHNSON: Non! En lisant la lettre de M...
M. LESAGE: Bien, clairement que non parce que, d'ailleurs tous les
députés en ont eu une copie.
M. JOHNSON: Mais ce qui faciliterait peut-être l'affaire, c'est si
je demandais qu'elle soit consignée au « Journal des
débats», je n'aurais pas à la lire.
M. LESAGE: Bien oui, mais elle est déjà
déposée comme document sessionnel depuis hier.
M. JOHNSON: Elle a été déposée, mais est-ce
qu'elle fait partie du...
M. LESAGE: Pas du « Journal des débats ». Je peux
demander qu'elle soit annexée au « Journal des débats
» d'aujourd'hui, avec le consentement unanime de la Chambre. Il n'y aura
certainement pas d'objection.
M. JOHNSON: Très bien. Que la lettre et le tableau...
M. LESAGE: ... et l'annexe qui comprend plusieurs tableaux.
M. JOHNSON: ... oui, les tableaux soient... M. LESAGE: Je n'ai aucune
objection.
M. JOHNSON: ...placés en annexe au « Journal des
débats » aujourd'hui. Je crois que ça facilitera
énormément le travail de ceux qui voudront s'intéresser
à ce problème extrêmement important.
M. le Président, la Législature de Québec, du moins
dans toute la mesure où je puis m'engager pour tous mes
collègues, sera unanime à appuyer un système de caisse de
retraite.
J'espère que c'est purement une coincidence. Au moment où
je disais, « que dans toute la mesure où je puis m'engager au nom
de mes collègues »; un collègue traversait la Chambre et
s'en allait du côté des libéraux.
M. LESAGE: Je me passe de commentaires.
M. PINARD: C'est ce qu'on appelle un « parti transportable
»!
M. JOHNSON: L'Assemblée législative de
cette province est unanime à souhaiter l'établissement, le
plus tôt possible, d'un système appelé à rendre de
très grands services à la collectivité québecoise,
tant au point social qu'au point de vue économique.
Cependant, fidèle à sa mission, l'Opposition ne se
gênera pas pour critiquer, et les principes, et les modalités,
dans toute la mesure où l'Opposition croit, par une telle critique
constructive, pouvoir améliorer ce système et intensifier les
avantages que nous attendons tous d'une caisse de retraite universelle et
transportable.
M. LESAGE: M. le Président, je vais essayer d'être aussi
bref que possible dans ma réponse de caractère
général au chef de l'Opposition, malgré qu'il ait
lui-même touché à plusieurs points particuliers qui font
l'objet des sous-paragraphes de la résolution, et sur lesquels j'aurai
évidemment à revenir. Je suis sur d'ailleurs que lui-même
voudra poser des questions.
Pour ce qui est de la longueur du travail, c'est évidemment pour
les actuaires, pour les membres du comité présidé par M.
Dupont, un travail long pénible, ardu et constant. On a voulu parler de
politique. Eh bien, c'est que, dans notre programme de politique de 1958 nous
proposions l'établissement d'un système de rentes
contributives.
Des 1960, M. Hamel, qui était alors titulaire du ministère
du Travail, chargeait M. Bregha de commencer les premières études
à cet égard. Et quelques mois plus tard, comme M. Bregha avait
quitté le ministère du Travail, avait quitté l'emploi du
gouvernement, eh bien conjointement avec le ministre du Travail, j'ai à
ce moment-là, demandé à Me Wheeler Dupont, qui est
à ma gauche, de bien vouloir continuer le travail en suivant
particulièrement les études qui se faisaient dans la province
voisine d'Ontario, non pas sur l'établissement d'un fonds de retraite
complet « per se » mais sur la passation d'une loi contrôlant
les régimes de retraite privés et tentant à en assurer la
transférabilité. Cela a été le premier travail fait
par M. Dupont.
Les choses ont évolué et, après les rapports que
j'ai reçus de M. Dupont, une équipe a été
formée autour de lui composée de M. Edouard Laurent...enfin de
ceux qui ont signé le rapport que nous avons tous; leurs signatures
apparaissent au rapport.
C'était en novembre 1962. On peut s'imaginer facilement le
travail considérable que représente la préparation des
volumes 1 et 11 du rappprt que nous a fourni ce comité. Je ne pense pas
qu'il y ait qui que ce soit en cette Chambre qui puisse reprocher le temps qui
a été pris pour faire une étude très
sérieuse de la situation et des possibilités
d'établissement d'une caisse de retraite provinciale universelle, telle
que voulue unanimement par l'Assemblée législative.
La motion de l'Opposition datait du 6 juin 1963, alors que
l'équipe était au travail. Le 8 août 1963, j'en savais
suffisamment sur le travail du comité, malgré que je n'avais pas
reçu de rapports écrits, n'est-ce pas, j'en savais suffisamment
par les rapports verbaux ou même par des lettres que m'écrivait M.
Dupont, mais surtout par les rapports qu'il me faisait: le. travail
était suffisamment avancé pour que nous puissions proposer la
résolution que j'ai soumise à ce moment-là à
l'approbation de la Chambre.
A ce moment-là il est vrai que la résolution mentionnait
« sur une base de calculs d'actuaires » mais, il est certain, et je
veux bien régler le cas tout de suite, que le rapport du comité,
tel qu'il nous a été présenté, n'est pas
entièrement et parfaitement basé sur les calculs actuariels. Ce
n'est pas je ne sais pas comment le dire, « fully funded »
en anglais, c'est l'expression que je connais le mieux et on appelle ça,
c'est l'accumulation intégrale sur une base actuarielle.
M. JOHNSON: En français, cela veut dire: « Self sufficient
».
M. LESAGE: Bien, il faut les payer. « Fully funded ».
M. JOHNSON: A certains points de vue, « self sufficient
».
M. LESAGE: Oui, à certains points de vue puisqu'il comportait
déjà une période de transition de 20 ans. Du moment qu'il
comporte une période de transition de 20 ans, il n'est plus
intégralement « fondé » ça c'est
peut-être de l'anglicisme, mais enfin! intégralement
« fondé », mais il comporte une partie de paiements au fur
et à mesure, c'est-à-dire « the pay as you go ».
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: La seule différence entre la période de
transition de 20 ans et celle de 10 ans c'est que la partie actuarielle perd
relativement de son importance par rapport à la partie paiements au fur
et à mesure. C'est ça qui est la principale différence
entre les deux.
On me demande: « Pourquoi pas de loi à l'heure actuelle
?» « Pourquoi n'y a-t-il pas
de loi de prête ? » Nous avons reçu la
première partie du rapport au moins d'avril 1964, alors que nous
étions en pleine session, et le deuxième volume au mois de mai
1964: il a, en réalité, été imprimé
seulement au début de juin, je crois. Il est daté de mal 1964,
nous ne l'avons reçu qu'au mois de juin 1964 et nous sommes encore dans
le mois de juin: commencement de juin, fin de mai.
Ce qui veut dire qu'il fallait tout de même que celui qui vous
parle et ses collègues, sinon tous, et les députés de la
Chambre aient le temps de digérer le rapport pour en tirer les grands
principes qui font l'objet de la résolution, amendée, il est
vrai, pour les raisons que je donnerai au cours de la discussion qui aura lieu
article par article, mais auxquelles je voudrais tout de même faire
allusion, à ce moment-ci, en réponse au chef de l'Opposition.
Le chef de l'Opposition a voulu laisser entendre que les membres du
Comité, particulièrement M. Castonguay, avec mon appui et mon
consentement, avaient accepté d'Ottawa des changements tels que le
projet qui était présenté sous forme de motion, et qui est
devant la Chambre et qu'il n'était plus celui qui a été
soumis en détail dans les rapports, mais qu'il était devenu une
copie plus de celui d'Ottawa que de celui de Québec.
Or, je dois dire que c'est exactement le contraire qui s'est produit, et
d'ailleurs tous les journaux l'ont reconnu. C'est le projet de Québec,
qui a servi de base aux discussions qui ont eu lieu à Ottawa, ça,
c'est indubitable. D'ailleurs, on sait quels ont été les
commentaires, immédiatement après la conférence
fédérale-provinciale, et les réactions, tant d'Ottawa que
des autres provinces, lors de la déclaration que j'avais faite, donnant
les grandes lignes des trois premiers chapitres de la première partie du
rapport dont j'avais pu prendre connaissance à ce moment-là.
En résumé évidemment, pas au complet mais en
résumé. Le chef de l'Opposition dit que le rapport est nettement
supérieur au bill C-75, ou encore à la résolution
fédérale de juillet qui était présentée
à la Chambre des communes par le gouvernement fédéral en
juillet 1963, je suis pleinement d'accord. Ce sont d'ailleurs les principes de
ce rapport qui ont servi de base aux discussions qu'a eues M. Castonguay
d'abord, et ensuite, M. Castonguay et les membres du comité avec les
officiels d'Ottawa pour tenter d'en arriver, non pas à un compromis,
mais pour tenter d'en arriver, par un échange de vues mutuelles,
à établir les bases du meilleur système possible. C'est
ça. Pas une question de « partisanerie » poli- tique, il
s'agit d'établir les bases du meilleur système possible.
Pour ce qui est de la période de transition de 20 ans au lieu de
10 ans, j'attirerai tout de suite l'attention de la Chambre sur un article de
M. Claude Ryan, dans « Le Devoir » du 11 avril 1964, ce qui
était bien avant n'est-ce pas, la réception du
télégramme de M. Pearson daté du 15 avril,
télégramme dont M. Ryan n'avait certainement pas pris
connaissance puisqu'il m'a été envoyé le 15, et M. Ryan,
n'était certainement pas au courant des détails de la discussion
qui se poursuivait. Et M. Ryan disait: « le projet fédéral
avait prévu une période de 10 ans, le projet du Québec
prévoit une période, une transition de 20 ans; cela veut dire que
seuls les travailleurs âgés de moins de 45 ans au moment de la
mise en vigueur, ça, c'est moi qui l'ajoute, au moment de
la mise en vigueur du système, pourront bénéficier,
à compter de 1984, il se trompe évidemment, c'est 1986,
de prestations complètes. Les travailleurs de 45 ans et plus
devront se contenter, à l'âge de la retraite, de prestations au
rabais. Nous devinons les soucis actuariels qui ont inspiré cette
clause, nous les trouvons cependant inacceptables. » C'est-à-dire
que « Le Devoir », dès ce moment-là, nous critiquait
vertement parce que nous avions trop de soucis actuariels, et pas suffisamment
de soucis de paiements au fur et à mesure.
Trop d'importance au côté actuariel par rapport au facteur
paiement au fur et à mesure.
Oui, oui, évidemment au côté social, c'est toute
l'affaire, c'est clair; c'est-à-dire qu'il allait attendre à
l'âge de, il n'y avait que ceux qui avaient 45 ans qui pouvaient en
profiter, tandis qu'aujourd'hui, la période de transition étant
de 10 ans, tel que proposé dans la motion qui est devant nous eh bien,
à partir de 1976, des droits entiers à la pension seront acquis,
suivant le système qui est écrit dans la motion, à la
pension gagnée.
Evidemment, il y a d'autres aspects à souligner, j'arrive
à ça, parce que c'est un point que le chef de l'Opposition a
soulevé plus tard, et comme je voulais suivre les notes que j'avais
prises au fur et à mesure que le chef de l'Opposition parlait, je
réponds dans l'ordre.
Le chef de l'Opposition prétend que nous voulons faire financer
par les faibles le coût du plan de retraite. Rien ne peut être
moins exact. Rien ne peut être moins exact, parce que les
bénéfices sont en comparaison des cotisations, et s'il fallait
avec une période de
transition de 10 ou 20 ans, que le maximum du revenu cotisable soit par
exemple de $7,000 $8,000 ou de $10,000, ce sont les salariés de plus de
$5,000 qui en profiteraient, alors que la moyenne des salaires dans la province
de Québec est approximativement, à l'heure actuelle, de
$3,600.
J'attire l'attention des députés sur la page 41 du volume
1 du rapport, où l'on dit: « Le projet de régime de
pensions du Canada comporte un revenu maximum de $4,500. Il faut cependant
mentionner qu'il n'y a pas de revenu minimum déductible. »
Voyez-vous toute la différence qui existe? C'est qu'on a accepté
et ça, c'est un des principaux points du système
québecois, c'est qu'il y a un montant déductible. Or, en vertu du
projet de régime de pensions du Canada, il n'y avait pas de montant
déductible. Et la loi ontarienne sur les pensions transférables
fixe le revenu maximum à $4,800 sans déduction d'un revenu
minimum.
Selon le recensement de 1961, on constate que dans le Québec
14.2% des travailleurs dépendants, masculins et féminins, 14.2%,
ont un salaire de $5,000 ou plus et 7.5% ont un salaire de $6,000 ou plus
seulement. En outre, le salaire moyen s'élève à $3,469
il est maintenant de $3,600 pour les travailleurs masculins de
$1,920 pour les travailleurs féminins. Bien qu'il n'y ait pas de
statistiques correspondantes au sujet des travailleurs indépendants, il
a été possible d'établir que leur revenu moyen ne
diffère pas de façon significative de celui des travailleurs
dépendants. Le comité a donc conclu à $6,000, continuez et
vous verrez toutefois pour les fins d'étude et de discussion...
M. BERTRAND (Missisquoi): Continuez là-dessus.
M. LESAGE: Bien oui, je continue, c'est ça que je dis. « A
conclu que la fixation du montant de revenu maximum à $6,000 est un
montant raisonnable et...
M. BERTRAND (Missisquoi): Compromis.
M. LESAGE: ... si l'on compte un montant de revenu minimum
déductible de $1,000 entre les différents points de vue, tout en
étant très près du montant adopté en Ontario et
envisagé dans le régime de pensions du Canada. Toutefois, pour
les fins d'étude et de discussion, le comité présente en
plus des estimations basées sur un revenu maximum de $6,000, au chapitre
sur le système financier du régime, les estimations de coût
et d'accumulation des cotisations basées sur un revenu maximum de
$5,000.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est ça.
M. LESAGE: C'est donc dire que le comité a envisagé les
deux possibilités, celle de$6,000 et celle de $5,000.
M. BERTRAND (Missisquoi): Non.
M. JOHNSON: Ce n'est pas ça que ça dit.
M. LESAGE: Evidemment, qu'est ce que ça donnait au comité
de nous fournir tous les chiffres pour $5,000, s'il ne s'imaginait pas qu'on en
tiendrait compte, qu'on pourrait éventuellement en tenir compte?
M. BERTRAND (Missisquoi): $6,000 moins $1,000: $5,000. Le coût est
cumulatif...
M. LESAGE: Non, non.
M. BERTRAND (Missisquoi): ... aux cotisations basées sur un
revenu maximum.
M. LESAGE: Non, non, non. Qu'on lise comme il faut, qu'on lise comme il
faut tout de même. Non, non, ce n'est pas $6,000 moins $1,000,
c'était $6,000 moins $1,000 dans la première alternative...
M. DOZOIS: Les deux séries de tableaux.
M. LESAGE: ... et $5,000 moins $1,000 dans la deuxième
alternative. Pardon?
M. BERTRAND (Missisquoi): Les deux tableaux.
M. DOZOIS: Cependant, les commentaires se font sur le maximum de
$6,000.
M. LESAGE: Oui, de $6,000 avec une déduction de $1,000.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est ça.
M. DOZOIS: Oui, on ne fait pas beaucoup de commentaires sur l'aspect qui
a basé le plan sur un maximum de $5,000.
M. LESAGE: Oui, oui. Maintenant voici, c'est que plus le montant est
élevé, plus contrairement à ce que dit le chef de
l'Opposition nous favorisons les classes élevées.
M. JOHNSON: Au moment de la pension. M. LESAGE: Surtout dans la
période de
transition, parce que, à ce moment-là, c'est divisé
par dix.
M. JOHNSON: Bien oui, si on prend dix ans.
M. LESAGE: Ah, si c'est 20 ans, c'est divisé par 20, c'est la
même chose. On favorise plus si on va trop haut. Du moment qu'il y a du
« pay as you go », ça je suis sûr que le
député de St-Jacques et le chef de l'Opposition le comprennent,
du moment qu'il y a une partie de « pay as you go », que ce soit 20
ans ou 10 ans, il est clair que plus le montant, le maximum est
élevé, plus on favorise durant cette période de
transition, quelle qu'elle soit, les gens à revenus
élevés. Cela, c'est contraire à ce que le chef de
l'Opposition a dit. Et si nous avons accepté, si nous en avons conclu
sur la recommandation du comité, il y avait lieu d'amender la
proposition du comité pour que le maximum soit de $5,000.
D'un autre côté, une des particularités du plan qui
a le plus impressionné les représentants des autres provinces,
c'est le fait qu'il y ait un revenu, une partie du revenu qui soit
déductible. Ainsi par exemple, pour un revenu de $1,000, le revenu
cotisable est de $400, et $400 seulement, et la cotisation de 3.6% du revenu
cotisable est de $14.40, c'est pour $1,000. Pour ceux entre $600 et $1,000,
c'est 3.6% de $200, c'est-à-dire $7.20, $3.60 pour l'employé.
Pour le cultivateur, qui gagne moins que $1,000, eh bien pour lui c'est
$7.20.
M. DOZOIS: Dois-je comprendre que c'est un taux uniforme pour tous ceux
qui gagnent entre $601 et $1,000?
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est ce qu'il a dit tout à
l'heure.
M. LESAGE: Pour ceux qui ne sont pas salariés?
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Oui, $7.20.
M. DOZOIS: Ceux qui sont salariés eux, paient $3.60.
M. LESAGE: Le montant régulier. M. DOZOIS: Sur le montant
réel. M. LESAGE: Au-dessus de $600. M. DOZOIS: Au-dessus de $600.
M. LESAGE: Oui, parce que là, c'est vérifiable, c'est
l'employeur qui en est responsable.
M. DOZOIS: $400, 3.6%.
M. LESAGE: Non, 3.6% de ce qui est gagné au-dessus de $600, si
c'est $100, c'est $3.60, c'est-à-dire $1.80 par l'employé et
$1.80 par l'employeur. Pour ceux qui ne sont pas employés...
M. BERTRAND (Missisquoi): Autonomes d'emploi.
M. LESAGE: Autonomes, justement, qui ne sont pas obligés de faire
de rapport d'impôt, alors c'est fixé arbitrairement, c'est $200.
Il est évident que ce n'est pas volontaire, c'est obligatoire; mais
simplement, celui qui ne veut pas se protéger, qu'est-ce que vous voulez
qu'on y fasse, je ne peux pas aller le chercher de force.
M. DOZOIS: La résolution est plutôt vague sur cette
question, si le premier ministre me permet...
M. LESAGE: Non, je veux vous donner des précisions.
M. DOZOIS: On doit comprendre que le travailleur
indépendant...
M. LESAGE: Autonome.
M. DOZOIS: Autonome, paiera toujours $7.20, quel que soit son gain, du
moment qu'il est situé entre $600 et $1,000.
M. LESAGE: Entre $600 et $1,000. M. DOZOIS: Et puis sa pension...
M. LESAGE: Un travailleur autonome qui gagne...
M. DOZOIS: ... sa pension sera-t-elle basée sur $800. ou sur son
gain réel?
M. LESAGE: Sur ces cotisations. M. JOHNSON: C'est-à-dire $800. M.
LESAGE: C'est-à-dire $800. M. JOHNSON: Sur une base de $800. M. BERTRAND
(Missisquoi): C'est ça.
M. LESAGE: C'est ça, s'il gagne $1,000, eh bien il paiera
$14.40.
M. DOZOIS: S'il gagne $999?
M. LESAGE: Monsieur, le travailleur autonome, le cultivateur par
exemple, tout dépend comment il évalue ce qu'il prend pour sa
maison, mais il n'y en a pas beaucoup en bas de $1,000.
M. DOZOIS: C'est pour ça que le comité voulait l'enlever,
puisqu'il n'y en a pas beaucoup.
M. LESAGE: C'est le revenu du travail; ce n'est pas le revenu
d'investissement, mais le revenu du travail.
M. DOZOIS: C'est pour ça que le comité voulait les enlever
en bas de $1,000.
M. LESAGE: Pardon?
M. DOZOIS: C'est pour ça que le comité recommandait de les
enlever en bas de $1,000. Il dit, précisément parce qu'il n'y en
a pas beaucoup.
M. LESAGE: Oui, mais justement, c'est qu'en les enlevant, on enlevait
à ceux qui en ont peut-être le plus besoin, le moyen de se
créer un supplément à leur pension de vieillesse
universelle, et là je reviens à ce que le chef de l'Opposition
disait au sujet des 65 à 70 ans. Il ne faut pas qu'il oublie que le
gouvernement fédéral, que tout ça, même notre plan,
est basé sur l'engagement du gouvernement fédéral, qui
était antérieur à la rédaction du rapport, de
permettre aux personnes, à partir de 65 ans, de demander leur pension
universelle anticipée à un taux réduit.
M. JOHNSON: Un engagement, de quelle nature?
M. LESAGE: Oh, engagement public. Il est dans le bill C-75, dans
l'annexe.
M. JOHNSON: C'est vrai.
M. LESAGE: Puis à part de ça, il y a eu un engagement
public pris au cours des conférences
fédérales-provinciales. Ce fut même là une des
grosses discussions que j'ai eues à Ottawa avant la présente
conférence fédérale-provinciale. On en a parlé au
mois de novembre, j'en avais parlé auparavant avec M. Pear- son. Une des
grosses difficultés. C'était justement cette difficulté
qu'a soulevée le chef de l'Opposition; c'est sans doute par oubli qu'il
n'a pas mentionné ce droit pour les personnes de 65 ans et plus à
une pension anticipée à un taux réduit.
M. JOHNSON: Ce n'est pas encore de la législation, ça.
M. LESAGE: Non, non, mais c'est entendu que ça va l'être,
parce que...
M. JOHNSON: Oh oui, mais...
M. LESAGE: Oui, mais M. le Président, c'est dans le...
M. JOHNSON: Avec tous les changements d'attitude à Ottawa, sur
tous les problèmes.
M. LESAGE: M. le Président, je regrette infiniment, mais le plan
fédéral ne peut pas marcher tel qu'il le propose. C'est aussi
simple que ça.
M. JOHNSON: Oui, mais je voudrais M. le Président, qu'il soit
bien clair que je ne puisse pas...
M. LESAGE: Je ne parle pas du plan provincial, je parle du plan
fédéral; il ne peut pas marcher sans ça.
M. JOHNSON: Je ne peux pas me faire une opinion relativement au plan
provincial, en me basant sur des projets de loi d'Ottawa qui n'ont pas
encore...
M. LESAGE: Ah!
M. JOHNSON: . effet de loi et dont je ne connais pas le sort. Il y
a eu assez de variations, il y a eu assez de changements d'attitude à
Ottawa...
M. LESAGE: M. le Président, le plan fédéral
lui-même ne peut pas fonctionner tel que conçu sans que la loi de
la pension universelle de retraite soit amendée pour permettre aux
récipiendaires de faire une demande à partir de 65 ans.
D'ailleurs, la décision d'Ottawa est beaucoup plus précise que
ça; c'est qu'on pourra...
M. JOHNSON: L'article 85.
M. LESAGE: Non, non, je n'ai pas affaire au bill C-75, pas une
miette.
Alors, voici: en 1963, on pourra demander une pension anticipée
à Ottawa à partir de l'âge de 69 ans. En 1967, à
partir de l'âge de 68 ans. En 1968, à partir de l'âge de 67
ans. En 1969, à partir de l'âge de 66 ans. Et en 1970, là
c'est 65 ans et c'est $50.55...
M. BELLEMARE: Là, ça existe déjà dans les
plans de pension.
M. JOHNSON: $51. M. LESAGE: $51.60.
M. JOHNSON: Et à 65 ans et 1 mois, c'est $51.40...
M. LESAGE: Et ça correspond exactement au $600 d'exemption.
M. BELLEMARE: Mais là où ça existe
déjà dans les plans de pension, ces ententes-là?
M. JOHNSON: On n'en tient pas compte.
M. LESAGE: Les plans de pension s'ajusteront...
M. BELLEMARE: Cela existe déjà.
M. LESAGE: ... et il sera bien dit dans la loi, c'est marqué dans
la résolution que « tous les droits acquis par les ouvriers en
vertu de plans de pension en vigueur à l'heure actuelle, tous ces droits
ne pourront être touchés par quelque entente que ce soit
».
M. BELLEMARE: Parce que ça existe déjà.
M. LESAGE: C'est dans la résolution queje vous
présente.
M. BELLEMARE: Oui, mais ça existe, ces plans de
pension-là, à Ottawa. Ces plans sont « in advance
».
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Avec les compagnies, oui.
M. LESAGE: Bien oui, dans des plans privés, ça existe.
M. BELLEMARE: Avec les compagnies.
M. LESAGE: Oui, avec les compagnies. Non, non, la pension universelle de
retraite, le droit à la pension anticipée commencera pour les
personnes de 69 ans en 1966...
M. BELLEMARE: Pour ceux qui n'ont pas de plan?
M. JOHNSON: Même pour ceux qui ont des plans.
M. LESAGE: Même pour ceux qui ont des plans...
M. JOHNSON: Parce que c'est une pension, ça sans preuve de
moyens...
M. LESAGE: Il n'y a aucune preuve de moyens. Puis, c'est une pension qui
est payée à même les fruits de la taxation et non pas
basée sur les cotisations. C'est payé à même les
fruits de la taxation et non pas sur base de cotisations.
M. JOHNSON: En somme, il est exact de dire qu'aucune de ces lois
n'affecte ou ne tient compte des plans qui existent déjà sur une
base privée?
M. LESAGE: Jusqu'à maintenant, tout ce que je vous ai dit, non.
Nous y verrons plus loin dans la résolution. Mais une chose est certaine
c'est qu'il est bien dit dans la motion que tous les droits acquis par les
travailleurs, par qui que ce soit, par les travailleurs autonomes ou
salariés, tous ces droits ne peuvent être touchés, les
droits acquis au moment de l'entrée en vigueur de la présente
loi, et que tous les arrangements futurs pour l'ajustement des plans
privés avec le plan proposé ne peuvent valoir que pour
l'avenir.
Mais l'avantage, j'en reviens là, l'avantage qu'il
y a à baisser le minimum à $600 c'est que pour les personnes qui
gagnent entre $600 et $1,000, il leur est possible d'ajouter, par le paiement
de leur cotisation à la pension qu'ils vont recevoir
éventuellement. Là-dessus le chef de l'Opposition a dit: «
Oui, mais ils peuvent le perdre. Les gros ont plus d'avantages ».
La proportion des petits et des gros qui meurent... La mort fauche sans
égard au revenu des individus. Et pour les actuaires, elle fauche
suivant les moyens qui évidemment ne tiennent pas compte des revenus de
l'individu. C'est une moyenne universelle ou une moyenne par province. La
mortalité infantile, par exemple, peut varier de province en province et
de pays en pays. Le taux de mortalité varie de pays en pays, mais dans
la province de Québec le taux de mortalité a tendance
évidemment à diminuer
au fur et a mesure que la santé de la population
s'améliore.
M. BOUDREAU: Est-ce que le premier ministre veut me permettre une
question?
M. LESAGE: Oui.
M. BOUDREAU: Qu'est-ce qu'il arriverait à un ouvrier, par
exemple, qui gagnerait cette semaine $100, la semaine suivante $95, qui
n'aurait pas un salaire fixe?
M. LESAGE: Je vais vous répondre. La moyenne
pondérée...
M. BOUDREAU: Parce que c'est déductible. M. LESAGE: ... de son
salaire.
M. BOUDREAU: Oui, mais comment établir la moyenne?
M. LESAGE: Mais c'est son revenu annuel...
M. BOUDREAU: Sa base ce n'est pas un salaire fixe.
M. LESAGE: Non, mais c'est ce qu'il reçoit dans
l'année.
M. BOUDREAU: A la fin de l'année, mais la cotisation est
déductible à chaque...
M. LESAGE: Cest la même chose que pour l'impôt.
M. BOUDREAU: Il y aurait un rajustement qui viendrait...
M. BERTRAND (Missisquoi): Ils seraient remboursés.
M. JOHNSON: Il y a des tables, je suppose, de déduction.
M. LESAGE: Des tables de déduction c'est clair et l'employeur ne
fera pas rapport à l'impôt, il va faire rapport à la
Régie des rentes.
M. BERTRAND (Missisquoi): Elle remboursera la partie qu'il aura
payé en trop.
M. LESAGE: C'est clair!
M. JOHNSON: Avec intérêt, J'espère.
M. LESAGE: Ce n'est pas mon opinion.
M. BERTRAND (Missisquoi): Probablement non.
M. LESAGE: Je n'ai pas l'impression que ce soit...
M. BERTRAND (Missisquoi): Ce n'est pas l'habitude.
M. LESAGE: ... la recommandation que je reçoive du comité,
sans vouloir évidemment...
M. BERTRAND (Missisquoi): La Couronne n'a jamais abusé dans ce
sens-là.
M. LESAGE: Non, ni de votre temps ni du nôtre.
M. BERTRAND (Missisquoi): Je dis la Couronne.
M. LESAGE: Le type qui gagne $8,000, $10,000, $15,000, une autre
objection qu'il y a à le faire participer, parce qu'évidemment
ces prestations seraient beaucoup trop au-dessus de la moyenne, c'est qu'il
faut bien penser que lui paie de l'impôt progressif et que celui qui
gagne $8,000, $10,000 ou $12,000 est très souvent celui qui paie
l'impôt pour la pension de base de $75 par mois, c'est-à-dire tous
les députés de cette Chambre. Pensez-y!
M. JOHNSON: C'est rendu à 4% là.
M. LESAGE: Oui, oui. N'oubliez pas que le père de famille de
trois enfants qui gagne $3,600 par année ne paie pas d'impôt, lui,
en vue de sa pension de base de $75, et puis pourtant $3,600 par année
c'est la moyenne des salaires dans la province de Québec. Il faut penser
à ça aussi, et puis la pension de base, elle est payée par
ceux qui paient l'impôt avec un maximum qui est maintenant de $120 qui
était à $60 au début quand nous avions fait notre rapport
en 1950; c'est rendu à $120 je pense maintenant.
M. JOHNSON:C'est ça!
M. LESAGE: Cela est passé de 2% à 4%.
M. JOHNSON: Mais pour être juste il faut dire que le
père...
M. LESAGE: Non, je dis que ce sont les facteurs dont il faut tenir
compte et que le chef de l'Opposition n'a pas mentionnés.
M. JOHNSON: Oui mais ]e pense que le premier ministre devrait ajouter et
même voudrait ajouter que le père de famille qui gagne $3,600,
s'il ne paie pas d'impôt il paie tout de même un 3% qui est dans la
taxe de vente fédérale...
M. LESAGE: Non, mais il y a la taxe de vente.
M. JOHNSON: ... qui est incorporée dans tout ce qu'il
achète.
M. LESAGE: Bien oui, dans la taxe de vente.
M. JOHNSON: Alors il achète pour combien? $2,000 dans toute
l'année.
M. LESAGE: Bien oui, je le sais, mais simplement ça
évidemment qu'il paie cette partie, c'est la partie non progressive, si
vous voulez, de la perception de l'impôt en vue du paiement des pensions
universelles. Bien oui, mais il le paie, mais n'oubliez pas qu'il y a 4%
d'impôt sur le revenu des particuliers et puis 3% d'impôt sur les
corporations...
M. JOHNSON: Et 3% de taxe de vente.
M. LESAGE: ... et 3% de taxe de vente. Par conséquent c'est
beaucoup moins que la moitié du total des deux autres. C'est la
différence entre l'impôt progressif et l'impôt non
progressif, la taxe de vente étant un impôt non progressif,
l'impôt sur le revenu des particuliers étant un impôt
progressif.
Il y a une chose aussi que le chef de l'Opposition a oubliée,
c'est le point de vue social, quand il parle des petits. Dans le rapport qui
nous est soumis, il y a des avantages sociaux...
M. JOHNSON: Des prestations supplémentaires.
M. LESAGE: ... oui dans les prestations supplémentaires,
n'oubliez pas qu'il y a une base de $25 plus 37 1/2% pour la veuve plus 37 1/2%
de la pension à laquelle le mari aurait eu droit plus $25 par enfant,
pour base, pour les orphelins.
M. JOHNSON: Oui mais ce sont toutes des choses qu'on paie par d'autres
législations actuellement, dans bien des cas.
M. LESAGE: Ah! non, pas nécessairement, parce que là il
s'agit de droits acquis en vertu de cotisations, il ne s'agit pas d'assistance
chômage, d'assistance sociale. Il s'agit de droits acquis au point de vue
social, ça fait une jolie différence. La veuve qui dit: «
J'ai des droits acquis, c'est à moi ça », elle n'est pas
sur le dos...
M. JOHNSON: C'est très bien!
M. LESAGE: ... ce n'est pas pour six mois le $25...
M. JOHNSON: 18 ans ou 25 ans.
M. LESAGE: ... c'est pour 18 ans ou 25 ans si l'enfant continue d'aller
à l'école et si l'enfant est invalide, tout le temps que dure
l'invalidité, ce sont des choses, et c'est $25 par mois et ça
devient la partie sociale de l'assurance, mais ça devient un droit
acquis tout de même par le paiement de la cotisation du cotisant, et
c'est là que ça favorise le petit.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: C'est évident que c'est là que ça
favorise le petit parce qu'en dehors de tout cela, le petit par rapport
à son revenu global, sa contribution en pourcentage est beaucoup moins
élevée que la contribution de celui de $5,000.
Par rapport à son revenu de $1,000 la cotisation équivaut
à 1.44%, cotisation globale. Si c'est un employé c'est la
moitié. 2.52% pour celui de $2,000, et 3.17% pour celui de $5,000.
C'est-à-dire que, là encore, il y a un aspect social
protégeant les petits, en faveur des petits. Et c'est justement cet
aspect fondamental du rapport qui a été accepté par
Ottawa. On n'est pas à la remorque d'Ottawa, c'est Ottawa qui est
à notre remorque là-dessus.
UNE VOIX: Bah!
M. LESAGE: Certainement, c'est ça qui a été
accepté par Ottawa. C'est l'aspect social de notre proposition. C'est
cela qui les a frappés. Qu'on ne l'oublie pas. Cela c'est l'aspect
fondamental du système proposé dans les deux volumes du rapport
que nous avons devant nous.
M. JOHNSON: C'est ce qui a frappé les autres provinces aussi.
M. LESAGE: Bien également.
M. JOHNSON: Parce que c'est un bon moyen de décharger la
trésorerie provinciale de paiement d'allocations aux mères
nécessiteuses...
M. LESAGE: Non, pas du tout. C'est parce que c'est un bon moyen de
protéger les gagne-petit.
M. JOHNSON: Très bien. On n'est pas contre ça. Au
contraire, on essaie d'expliquer pourquoi ç'a été
adopté avec enthousiasme par les autres provinces.
M. LESAGE: Bien, je le dis pourquoi ça les protège; et
pourquoi les autres provinces et le fédéral se sont
montrés bien intéressés? C'est à cause de l'aspect
social du programme que nous proposons.
M. BERTRAND (Missisquoi): Tant mieux s'ils ont copié un peu.
M. LESAGE: Ils ne l'ont pas copié un peu. Us le copient...
M. JOHNSON: Ils l'ont copié beaucoup?
M. LESAGE: Ce principe-là, ils le copient, point. Ils
l'adoptent.
M. BERTRAND (Missisquoi): Tant mieux.
M. BELLEMARE: Au point de vue d'administration de budget, sûr.
M. LESAGE: Pas seulement au point de vue de l'administration de leurs
budgets, ça ne se fera pas sentir avant des années, à
cause de la période de transition.
On a parlé de l'arrêt à 65 ans. Bien j'en ai
parlé de ça. J'ai dit pourquoi. Mais la différence entre
la proposition suggérée dans le rapport, et celle que nous avons
maintenant devant la Chambre, c'est celle-ci: c'est que la prestation de
décès, qui était plus élevée que $500,
très bien, n'était payable que lorsque les héritiers, si
vous voulez, la veuve ou les orphelins, n'avaient pas le droit à une
rente de veuve ou d'orphelins, alors qu'ici le $500, d'après la
proposition qui est devant vous, est payable à la veuve ou aux
orphelins, s'il n'y a pas de veuve, même s'ils ont droit à une
pension de veuve ou d'orphelins; alors que dans la proposition initiale
c'était seulement dans les cas où il n'y avait pas de pension de
veuve et d'orphelins que la prestation de décès était
payable comme une espèce de remboursement partiel des rentes
versées. Tandis que la prestation de décès, maintenant,
est payable dans tous les cas.
Cela, c'est encore pour ajouter à l'aspect social de la mesure
que nous présentons. Cela n'a pas été inventé par
Ottawa. C'était un changement qui est survenu parce qu'on a voulu donner
l'aspect le plus social possible à la présentation que nous
faisons.
Ceux qui m'entourent, vous savez, ont étudié pendant deux
ans et demi toute cette question. Ils en ont discuté, pas seulement avec
les gens d'Ottawa, ils en ont discuté avec les membres du Cabinet, ils
en ont discuté avec moi; et quand nous leur avons demandé de
toujours essayer de donner le plus grand aspect social à la proposition
qu'ils nous faisaient, ils avaient le droit de réexaminer, de
réajuster leur mire, comme on dit, et de nous suggérer des
amendements. C'est ce qu'ils ont fait.
Quel est l'homme intelligent qui, au cours d'une discussion, n'a pas,
à un moment donné, admis le point de vue qui lui était
soumis? S'il ne l'a pas fait, ça prouve qu'il n'est pas intelligent. Et
de ce côté-ci de la Chambre, comme de l'autre côté
d'ailleurs, j'ai vu des gens honnêtement changer d'avis devant les
explications qui leur étaient données; à moi, ça
m'est arrivé. Je considère que celui qui ne change jamais d'avis,
on ne peut pas avoir confiance beaucoup dans son intelligence.
M. JOHNSON: Cest Bismarck qui a dit ça: « Il n'y a que les
sots qui ne changent jamais d'avis. »
M. LESAGE: Oui, j'avais oublié le...
M. BERTRAND (Missisquoi): Alors, comme on ne veut pas être sot, on
change d'avis.
M. LESAGE: Maintenant, pour ce qui est de l'arrêt de travail
à 65 ans. On dit qu'il est injuste qu'il soit obligé de continuer
à payer ses cotisations s'il continue à travailler entre 65 et 70
ans. Ce n'est pas injuste, parce que...
M. JOHNSON: Je n'ai pas dit que c'était injuste. Cest socialement
malsain.
M. LESAGE: Bien non, parce que ça va prendre combien
d'années avant qu'on aie atteint 47 ans moins 10%
M. JOHNSON: Cela va prendre 37 ans.
M. LESAGE: Non, ah bien là! Le chef de l'Opposition me prouve
qu'il ne sait pas compter. C'est 47 ans moins 4 ans et huit mois.
M. JOHNSON: Très bien.
M. BELLEMARE: Moins 4 ans et 8 mois.
M. JOHNSON: C'est simple.
M. LESAGE: Quarante-sept ans moins quatre ans et huit mois ou huit mois
et demi à peu près. Et, alors, il faudra combien d'années
avant que cela constitue un encouragement à l'arrêt de travail
à 65 ans, parce que plus il va cotiser, plus sa pension sera forte
à 70 ans. Et plus elle sera forte, non seulement de ce qu'il recevra en
vertu de notre plan de retraite, mais plus elle sera forte de ce qu'il recevra
de la pension universelle, parce que s'il prend sa pension universelle avant
l'âge de 70 ans elle est réduite en conséquence, sur une
base d'actuaires.
M. JOHNSON: Le premier ministre n'aura pas d'objection à nous
dire sur quelles données on s'est basé pour fixer, pour faire
tous ces calculs. Par exemple, est-ce qu'on a anticipé que l'expectative
de vie serait prolongée à 75, 77 ans.
M. LESAGE: Ah oui. Il est sûr - (n'est-de pas que vous avec tenu
compte de la prolongation... )
M. JOHNSON: C'est parce que vous savez... M. LESAGE: Le chef, M.
Castonguay...
M. JOHNSON: Grosse pension à 70 ans, puis se faire enterrer
à 72 là, ce n'est pas riche.
M. LESAGE: Oui, mais c'est un risque qu'on prend en assurance. On peut
payer des grosses primes d'assurance-feu tout sa vie, et ne jamais passer au
feu.
M. JOHNSON: D'accord!
M. LESAGE: On peut payer des grosses primes d'assurance sur son
automobile et je me croise les doigts ne pas avoir
d'accident.
M. JOHNSON: Mais, une bonne manière pour ne pas avoir d'accident,
c'est de faire comme le premier ministre, ne pas conduire sa voiture.
M. LESAGE: Mais tout cela là, pour ce qui est des calculs
d'actuariat sur des prévisions de vie prolongée on pourra les
trouver dans les annexes, à la fin du deuxième volume, et c'est
très long.
M. DOZOIS: Les expectatives de vie?
M. LESAGE: Oui.
M. DOZOIS: Vous ne les garantirez pas d'avance!
M. LESAGE: Mais non. Non, c'est l'expérience qui est là.
Ce sont des moyennes et cela revient à ce que je disais tout à
l'heure.
M. JOHNSON: Mais les prestations au décès compensent un
peu pour celui qui aurait payé et qui n'en bénéficie
pas.
M. LESAGE: Et qui n'en bénéficie pas, puis dans le cas
où il y a veuve et orphelins, bien, cela constitue en même temps,
un avantage social.
Pour ce qui est de la transférabilité, évidemment,
nous aurons l'occasion d'en parler lorsque nous étudierons plus en
détail les articles de la motion qui ont trait à la
transférabilité.
Voici, si l'on veut bien voir à la page 301, du volume 2: «
Dans un régime général, le problème de la
conservation des droits, en cas de changement d'emploi est réglé
automatiquement. Il n'existe, en effet, suivant le programme, suivant le plan,
aucune nécessité de transfert des créances de rentes, sauf
quant aux participants du régime qui quittent le territoire du
Québec, ou qui, pour toutes autres raisons cessent d'y participer.
»
Et, je disais, lors de la conférence depresse que je donnais le
20 avril 1964: « Afin de faciliter davantage la
transférabilité des bénéfices de notre
régime québecois de rentes à travers le Canada, et d'en
arriver à établir, si possible, un régime de pension
uniforme pour tous le pays, nous avons entrepris, après la
conférence de Québec, un examen des deux systèmes en
présence, celui du gouvernement canadien connu sous le nom de «
régime de pension du Canada », et celui du Québec connu
sous le nom de: « régime de rentes du Québec ».
Comme notre projet avait soulevé un énorme
intérêt auprès des autres provinces ainsi qu'auprès
du gouvernement fédéral lui-même, il nous a semblé
que les deux systèmes pourraient s'ajuster l'un à l'autre de
telle sorte que le public canadien se voit offrir un seul régime de
pension plus avantageux de façon générale. Les discussions
que nous avons eues avec les représentants du gouvernement central ont
réussi, et nous nous sommes entendus sur les ajustements suivants.
» Cela ne veut pas dire que deux régimes ont besoin
d'être absolument identiques pour qu'il y ait
transférabilité. Il peut y avoir des différences. C'est
entendu.
Et nous en discuterons plus tard.
Ainsi par exemple, le gouvernement de Québec est libre au cours
des années qui vont venir, d'apporter des ajustements à sa loi,
des changements. Le gouvernement fédéral est libre de le faire.
Un autre gouvernement provincial qui établira son régime sera
libre de le faire. Mais, à toutes les fois, le gouvernement en question,
le Parlement en question aura intérêt à s'interroger sur
les conséquences au point de vue transférabilité, à
cause des milliers et des milliers de transferts d'une province à
l'autre qui ont lieu chaque année. On en estime 40,000 dans le
Québec seulement.
M. BERTRAND (Missisquoi): Par année?
M. LESAGE: Par année, dans le Québec seulement, dans les
deux sens. Ce sont des facteurs dont il faut tenir compte. Mais cela ne veut
pas dire, par exemple, que nous sommes gelés, que le
Fédéral est gelé, qu'une autre province est gelée.
Mais, c'est un facteur dont tout Parlement, toute législature devra
tenir compte, cette proportion assez élevée au point que le
député de Missisquoi en est surpris, de ces transferts d'une
province à l'autre.
M. BERTRAND (Missisquoi): Voici pourquoi, si le premier ministre me le
permet...
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND (Missisquoi): ... c'est parce que dans le tableau, à
la page 344, on s'est basé sur une migration d'à peu près
20,000 par année et non pas de 40,000.
M. LESAGE: C'est 20,000 dans un sens, 20,000 dans l'autre. Il y a
migration complète et...
M. BERTRAND (Missisquoi): à 40,000 à ceux qui viennent,
ceux qui partent d'ici pour aller là.
M. LESAGE: Bien oui.
M. DOZOIS: C'est un va et vient.
M. LESAGE: C'est un va et vient de 40,000 en tout.
Le chef de l'Opposition a dit enfin, qu'il y avait eu de longues et
pénibles négociations avec Ottawa, que nous allions succomber ou
je ne sais pas, que nous étions raccrochés à Ottawa sur le
période transition.
Voici: les négociations qui ont eu lieu avec
Ottawa n'ont été ni longues ni pénibles au
contraire en ce qui touche les pensions de retraite. Il est clair que les
conversations auxquelles les messieurs qui m'accompagnent n'ont rien eu
à faire, mais qui avaient trait à l'impôt sur le revenu,
qui avaient trait aux allocations scolaires, qui avaient trait aux prêts
aux étudiants, il est clair que ça, ça a peut-être
été plus dur et plus pénible parce que ce ne sont pas tant
des négociations qui ont eu lieu que des conversations entre gens du
métier qui connaissaient leur métier comme mes deux compagnons de
ce jour M. Dupont et M. Castonguay.
Ce sont des gens qui discutaient leur langage, un langage qu'ils
comprenaient eux, le langage de l'actuariat. Jusqu'à quel point les
chiffres qu'ils avaient établis comme actuaires, d'un côté
et de l'autre, pouvaient-ils donner les plus grands avantages sociaux tout en
permettant l'accumulation de fonds qui seraient intéressants pour le
développement, dans notre cas, de la province de Québec.
C'était ça le point.
Qu'il y ait eu, qu'il y ait dans la proposition que nous faisons
aujourd'hui des choses qui soient un peu différentes, de celles qui sont
contenues dans le rapport, cela n'est pas surprenant. La base de tout
changement a été d'abord le fait qu'on a admis notre point de vue
ailleurs, sur le fait qu'il devait y avoir un montant déductible pour
permettre qu'il y ait graduation quant au taux de la cotisation sur le revenu
total du salarié. Cela, c'est un point essentiel au point de vue
social.
Le deuxième point, c'était le point de la période
de transition, et là-dessus, déjà, des journaux de la
province de Québec comme « Le Devoir » nous reprochaient de
porter trop d'attention à ce que j'appellerais la rigidité
actuarielle et pas assez au point de vue social.
C'est un résumé de ce que je lisais de l'article de M.
Ryan, il y a quelques instants, pas de la première colonne, mais au haut
de la deuxième colonne.
M. BELLEMARE: Il en a écrit deux. Il y en a un autre...
M. LESAGE: Bah, peut-être qu'il en a écrit un autre.
M. BELLEMARE: ... le 21 mai 1964.
M. LESAGE: Oui, oui! En tous les cas, bien j'ai celui-là ici,
c'est le 21 avril.
M. BELLEMARE: Oui, mais il y en a un le 21 mai aussi qui en parle.
M. LESAGE: Ah bien là,...
M. BELLEMARE: ... il a changé d'opinion un peu.
M. LESAGE: De toute façon, je vous parle du 11 avril, au moment
où l'affaire était en discussion. C'est à ce
moment-là qu'il a écrit ça, parce que la conférence
fédérale-provinciale s'était terminée le 2 avril et
le 21 avril lorsqu'il a écrit, c'est à la suite de la
conférence de presse que J'avais donnée le 20 avril, au cours de
laquelle J'avais annoncé les changements.
Oui, mais c'est sur les régimes privés que...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: Ah oui, mais c'est l'adaptation ça. Oui, mais l'on
comprend...
M. BELLEMARE: Oui, mais qui dit que là aussi, ça ne les
affectera pas.
M. LESAGE: Bien oui, mais c'est dans la résolution que nous avons
devant nous.
M. BELLEMARE: Oui, mais déjà... il donnait son point de
vue sur le système en entier mais avec les réserves qui sont
comprises dans son éditorial du 21 mai.
M. LESAGE: Oui, oui, je ne l'ai pas lu. De toute façon, nous
croyons sincèrement. On peut se tromper, c'est clair, mais nous croyons
sincèrement, oui, c'est la recommandation que j'ai de mes conseillers
que le projet qui est résumé dans la motion qui est devant la
Chambre est le meilleur que nous puissions penser réaliser ou mettre en
oeuvre dans les circonstances. Il reste la question de délai. On dit
pourquoi est-ce que vous ne présentez pas un projet de loi?
J'ai ici une lettre de M. Castonguay. Datée le 9 juin, cette
lettre de sept pages comprend des annexes et résume tout le travail et
toutes les décisions qu'il y a à prendre avant de pouvoir
rédiger un bill; elle expose l'organisation formidable qu'il va falloir
mettre sur pied aussitôt que possible si l'on veut que la loi soit
opérante le 1er janvier 1966. Et ce n'est pas tant la préparation
de la législation que l'organisation du mécanisme, la formation
d'abord du nucleus d'hommes qui devront mettre sur pied l'organisation;
l'emploi des personnes compétentes; location d'espace et de
calculatrices électroniques. Imaginons un peu: préparation d'une
mécanographie qui sera prête, sur une base électonique,
avant le 1er janvier 1966.
M. GABIAS: C'est dangereux ça, l'électronique.
M. LESAGE: J'ai l'impression que le député de
Trois-Rivières n'y connaît pas grand chose parce qu'il n'y a rien
de moins dangereux que l'électronique à l'heure actuelle: les
machines électroniques servant à la computation, toutes les
précautions nécessaires y sont prises et il paraît que
même le député de Trois-Rivières ne pourrait pas s'y
blesser, ce n'est pas peu dire.
M. GABIAS: Un instant. Le premier ministre m'a mal
interprété: c'est dangereux pour les erreurs. Demandez au
ministre de l'Education. C'est dans ce sens-là.
M. LESAGE: M. le Président, qui ne fait pas d'erreurs dans la
vie, mais simplement... Raison de plus pour prendre notre temps, pour
être sûrs de ne pas faire d'erreurs. Alors, merci de son argument,
si c'est ça qu'il veut dire.
J'ai annoncé hier, n'est-ce pas, que je terminerais
l'étude du budget supplémentaire que je présenterai
à la Chambre d'ici à la fin de la semaine. Je puis dire
dès maintenant que, suivant l'estimation de mes experts, je me devais de
demander à la Chambre la permission d'avancer à la Régie
des rentes, à être créée d'ici le 31 mars 1965, une
somme globale de $1,500,000 pour faire le travail qu'il y a à faire pour
donner au peuple du Québec l'information, principalement aussi, cette
information, à ceux qui actuellement gèrent des plans
privés pour qu'il soient en mesure de s'ajuster dès le 1er
janvier 1966...
M. BELLEMARE: Parce qu'ils vont être régis par eux
antres?
M. LESAGE: Parce qu'ils vont être régis par eux,
certainement! Bien oui, mais au lieu d'être régis par le
Surintendant des assurances, ils vont être régis par eux. C'est
ça dans le fond, c'est ça la situation, c'est la seule
différence. Parce que le gouvernement, non plus que la Régie,
n'interviendra pour imposer des ajustement des régimes existants au
régime actuel. La Régie ne verra qu'à ce que le
régime universel que nous proposons soit mis en oeuvre par tous les
employeurs, même s'ils ont des systèmes privés. Mais elle
devra aussi, cette Régie, s'assurer que les ajustements sont tels que,
au point de vue actuariel, c'est défendable et que ça se tient et
que les droits des salariés, des contributeurs sont
préservés dans ces ajustements.
Alors, ça prendra une somme considérable de
dépenses seulement pour l'information, échange de
correspondance; il faut établir là, tout de suite, aussitôt
que cette somme sera approuvée par l'Assemblée
législative; il faudra mettre sur pied une équipe de base et
ensuite un organisme presque gigantesque qui se compare à celui de la
Commission des accidents du travail, si vous voulez, et même plus,
d'après ce que me dit M. Dupont qui est bien au courant du travail qui
s'accomplit à la Commission des accidents du travail. Bien oui,
ça va couvrir beaucoup plus de monde, oui, ça couvre 2,000,000 de
personnes. Alors, il n'y a pas de retard. Nous agissons avec toutes la
célérité que commande une nécessaire prudence.
M. DOZOIS: M. le Président, étant donné que le chef
de l'Opposition a couvert passablement de terrain dans l'analyse de cette
importante motion que la Chambre est appelée à étudier
aujourd'hui, je voudrais faire juste quelques remarques sur des points
particuliers et plus en détail que ne l'a fait le chef de l'Opposition.
Avant de faire ces quelques remarques, je voudrais dire combien j'ai eu de
plaisir à lire ces deux rapports de la commission qui a
enquêté sur ce problème.
M. le Président, c'est un rapport qui est présenté
d'une façon tellement compréhensive que ces experts qui nous ont
présenté un problème technique, ils l'ont
présenté de telle façon que j'imagine que tous les
députés de la Chambre ont très bien saisi les nuances, la
portée des recommandations et tout ce que contiennent ces volumes. J'ai
remarqué, de plus, que ce comité ne s'est pas contenté
d'étudier un problème et de viser un but et de défendre un
point de vue, mais le comité a analysé, pour chacune des
recommandations, les différentes possibilités qu'il y avait
d'atteindre le but que nous pouvions viser dans l'établissement d'un
système de rentes dans la province.
On l'a fait avec beaucoup d'objectivité et je voudrais les
féliciter et je pensais que si c'est le propre des actuaires de
s'exprimer de façon aussi claire et de nous faire comprendre aussi
facilement un problème aussi technique, j'en serais venu à
souhaiter que tous les professionnels étudient au moins onze ans avant
de pratiquer.
M. le Président, ce problème est sûrement complexe.
Je l'ai dit il y a un instant, les recommandations du projet Dupont, nous avons
convenu de l'appeler ainsi, étalent à mon avis un projet complet,
qui pouvait répondre, comme l'a dit le chef de l'Opposition, aux
aspirations des Québecois, aux conditions qui sont peut-être
particulières à la province de Québec.
Aujourd'hui nous sommes appelés à nous prononcer sur une
motion qui est quelque peu différente de ce que recommande la plan
Dupont. Evidemment, on dira que ce projet diffère très peu, qu'en
fait on a changé peut-être des chiffres, que le plan part de $600
au lieu de $1,000, que la période de transition n'est que de dix ans au
lieu de vingt ans, que la pension des invalides est peut-être prise en
tout temps et non pas seulement qu'à 60 ans, mais dans ce domaine,
précisément, lorsqu'on change un chiffre, on en change tous les
principes, car il est évident que si l'on établissait par exemple
qu'une pension peut être prise à 55 ans au lieu de 65 ans, c'est
juste un chiffre que l'on change, mais ça change toute l'économie
du système de rentes que l'on voudrait instituer.
Or, ce projet Dupont qui, à mon avis, était un
modèle de projet de rentes, a été changé,
changé considérablement. On peut se demander, on peut se poser
des questions: pourquoi en est-on arrivé à des changements que je
qualifierais, en certains domaines, de changements radicaux? Ces changements,
on les a faits, à mon avis, très rapidement. Si l'on se reporte
aux nouvelles qui ont paru dans les journaux ces derniers mois, on constate que
le 25 mars, les journaux rapportent que, à une question du chef de
l'Opposition à Ottawa, M. Pearson a répondu que son gouvernement
n'avait pas reçu le projet du Québec: nous sommes au 25 mars.
M. LESAGE: Il ne pouvait pas l'avoir reçu, il n'était pas
publié.
M. DOZOIS: Justement, alors, c'est pour vous dire, M. le
Président, que le premier ministre n'y était pas lorsque j'ai
posé les prémisses de ce que je vous dis.
M. LESAGE: Je m'excuse.
M. DOZOIS: Je disais donc que les changements entre le projet Dupont et
la résolution que nous avons devant nous ont été faits
rapidement. Or, le 1er avril, je crois, à l'issue de la
conférence fédérale-provinciale, le premier ministre a
déposé ce projet devant les délégués qui
assistaient à la conférence fédérale-provinciale,
et, pour la première fois, les gens en ont pris connaissance.
M. LESAGE: C'est-à-dire les gens de la conférence.
M. DOZOIS: Les gens de la conférence en ont pris
connaissance.
M. LESAGE: Et je n'avais que les trois premiers chapitres du premier
volume.
M. DOZOIS: Les réactions que nous avons connues par les journaux
ont tout de suite été favorables au projet Dupont. Les
réactions étaient même élogieuses.
Et nous constatons par des nouvelles parues dans les journaux que le 9
avril et je lis la nouvelle telle qu'elle est, « Le secrétaire de
Pearson à Québec ». L'on dit que M. Tom Kent a pris l'avion
hier à destination de Québec afin de discuter avec les
représentants du gouvernement de Québec au sujet du projet de
caisse de retraite contrlbutoire. »
M. LESAGE: Je l'ai dit hier.
M. DOZOIS: Oui. Or, on constate également à la lecture des
journaux de cette époque, dans un temps tellement restreint, que ce
projet plaisait considérablement à tous les gens. Je vois un
commentaire ici dans le journal « Le Devoir » signé de
Marc-Henri Côté, qui dit du projet Dupont, ceci: « Des
impératifs sociaux ont présidé à
l'élaboration du projet de caisse de retraite du Québec qui a
obtenu l'assentiment tacite dans ses principes généraux des
autres provinces à la conférence de Québec. » L'on
voit également en date du 22 avril, donc à peine 14 jours
après la venue de M. Kent à Québec que l'on énonce
à peu près, non seulement à peu près, mais ce qui
est contenu dans la résolution d'aujour d'hui.
C'est-à-dire, M. le Président, qu'entre le 8 avril et le
20 avril l'on a chambardé le plan Dupont pour nous présenter
celui que nous avons devant nous aujourd'hui. Et voici un commentaire, à
mon avis, qui est significatif, paru dans « Le Devoir » du 23 avril
et signé Jean-Pierre Founder, correspondant du « Devoir »
à Ottawa, qui titre son article comme ceci: « L'aspect social du
régime de retraite a été sacrifié à des
impératifs politiques. Déjà négligé
antérieurement l'aspect social du régime de retraite l'est
davantage dans le projet qui résulte de l'entente conclue la semaine
dernière par le gouvernement fédéral et le gouvernement
québecois. »
M. LESAGE: Est-ce que je pourrais poser une question? Est-ce que le
député de St- Jacques a également en main l'article de M.
Marcel Thivierge, daté le 28 avril où M. Thivierge détruit
l'article de M. Fournier?
M. DOZOIS: Non.
M. GOSSELIN: Cela a été payé par les
libéraux.
M. DOZOIS: Je vais me servir de celui-ci et le premier ministre se
servira de celui-là.
M. GOSSELIN: Cela a été payé par le
gouvernement.
M. BERTRAND (Missisquoi): Vous pourriez vous servir du nôtre.
M. LESAGE: Je peux vous passer celui-là.
M. DOZOIS: Non, le premier ministre s'en servira...
M. LESAGE: L'ensemble sera complet.
M. DOZOIS: ... moi, j'ai digéré celui-ci, probablement que
le premier ministre a digéré l'autre.
M. LESAGE: J'ai digéré les deux mot
M. DOZOIS: Et un peu plus loin, M. Fournier dit: « En plafonnant
$5,000 par an de revenu ainsi cotisable, il charge de ce fardeau le gagne-petit
et les cotisations deviennent un impôt régressif...
M. LESAGE: J'ai répondu à ça.
M. DOZOIS: Proportionnellement, les personnes gagnant de $1,000 à
$5,000 par an verseront à la caisse de retraite des cotisations beaucoup
plus élevées que celles gagnant $10,000, $15,000 et $25,000 par
an, en retour davantage beaucoup moins que dans la plupart des cas. »
Or, M. le Président, ce projet Dupont que je qualifiais tout
à l'heure de magnifique, de plan excellent répondant aux
aspirations de la province, répondant aux conditions locales justement,
on a sacrifié les aspects sociaux de ce projet. Je ne sais pas si c'est
une coïncidence, M. le Président, mais dans un autre domaine, j'ai
déjà eu l'occasion de dire que dans l'impôt sur le revenu,
et je ne ferai qu'une allusion à ce fait, puisqu'on ne peut pas revenir
sur un débat antérieur, j'ai déjà dit que pour
l'impôt sur le revenu, l'on avait pas tenu compte des gagne-petits et que
l'on chargeait plus les gagne-petits que ceux qui gagnaient davantage.
Or, il est assez curieux de constater que par le changement
apporté au projet Dupont, il résulte la même
conséquence. On n'a qu'à faire certains calculs, M. le
Président, et j'en
envoie immédiatement une copie au premier ministre si ça
l'intéresse, j'ai fait ici un tableau pour des salaires de $1,500,
$2,000, $3,000, $4,000 et $5,000. Et je mets en regard les contributions selon
le projet Dupont, c'est-à-dire 4% avec $1,000 de déductible et
3.6% avec $600 de déductible. Alors l'on constate que pour un salaire de
$1,500 à 4% la contribution était de $20, à 3.6% elle sera
de $32.40. Comme pourcentage du salaire, de 4% ne représentait que 1.33%
du salaire, la contribution au fonds de pension ne représentait que
1.33%. En changeant le système de pension...
M. LESAGE: Toujours à $1,500?
M. DOZOIS: Toujours $1,500. En changeant le système de
contribution à 3.6% avec $600 de déductible, le pourcentage monte
à 2.16% et la pension visée reste la même, c'est
à-dire $375 puisque c'est un quart du salaire et en prenant pour acquit
que la personne gagnerait $1,500 toute sa vie.
M. LESAGE: Oui, très bien. Mais comme la période de
transition est réduite de moitié, ça réduit tous
les chiffres de moitié.
M. DOZOIS: Pas nécessairement.
M. LESAGE: Oui, pour les vingt premières années du
régime.
M. DOZOIS: Cette réduction ne vaudra que pour les gens qui...
M. LESAGE: Pour les vingt premières années du
régime.
M. DOZOIS: ... pour les vingt premières années,
d'accord!
M. LESAGE: Alors, il faut en tenir compte.
M. DOZOIS: Mais, on n'établit pas quand même, M. le
Président, un projet de rentes seulement pour dix ans ou vingt ans. Il
faut tenir compte de ce que l'on demande à tous les contribuables de
payer pour s'assurer une retraite à l'âge de 65 ans et, lorsque la
loi sera passée, là on demandera au jeune de 18 ans qui gagnera
$1,500 par année de verser $32.40 au lieu de $20.
UNE VOIX: C'est ça!
M. DOZOIS: Or, M. le Président, on constate que, pour chaque
dollar de contribution, nous obtenons à 4% une pension de $18.75 tandis
que le 3.6 va chercher une pension de $11.57.
M. LESAGE: Oui.
M. DOZOIS: Et l'on constate, pour $2,000, que la contribution à
4% est de $40, à 3.6%, elle augmente à $50.60; en pourcentage 4%
représentait 2% du salaire; à 3.6% cela augmente à 2.55%;
la pension reste la même, $500; on allait chercher pour chaque dollar
$12.50 de pension; on ira chercher $9.92.
Pour un salaire de $3,000, contribution à 4%, $80; à 3.6%,
$86.40. On voit que la marge diminue à mesure que les salaires
augmentent. Pour $1,500, la marge était de $12.40; entre le 4% et le
3.6%, à $3,000, la marge n'est plus que $6.40.
M. LESAGE: C'est évident, c'est parce que c'est $600 de
déduction au lieu de $l,000.
M. DOZOIS: D'accord, d'accord, mais je pense qu'il est important qu'on
le dise.
M. LESAGE: Oui mais la chose extrêmement importante qu'oublie le
député de St-Jacques c'est que ceux qui sont le plus mal pris
à l'heure actuelle sont les 45 ans et plus qui n'ont pas de fonds de
pension. Il oublie que ce sont eux que nous protégeons.
M. DOZOIS: Je vais revenir à ça, M. le Président.
Alors $3,000, pourcentage du salaire à 4%, représentait 2.66;
à 3.6%, 2.88; la marge s'aménuise. Le montant de la pension,
toujours $750; chaque dollar va chercher $9.37 à 4%, $8.68 à
3.6%. $4,000, 4%, contribution $120; 3.6%,$122.40. Il n'y a plus que $2.40 de
différence entre les deux projets. Pourcentage du salaire 4%, ça
représentait 3% du salaire; 3.6% ça représente 3.06%; il
n'y a pas 1/10 de 1% de différence. Pension, la même, $1,000 dans
les deux cas; on allait chercher $8.33 par dollar, on va aller en chercher
$8.17.
Ceux qui gagnent $5,000. La contribution à 4% aurait
coûté $160; à 3.6%, elle coûtera $158.40. On voit, M.
le Président, que celui qui gagnait $1,500 subit une augmentation de
$12.40 dans sa contribution; celui qui en gagne $5,000 profite d'une
diminution, lui, de$1.60. Son pourcentage à 4% était de 3.2%, son
pourcentage tombe à 3.16%; le montant de la pension reste le même,
$1,250, et chaque dollar va chercher une pension, à 4%, de $7.81 et,
à 3.6%, une plus forte pension, $7.89.
M. LESAGE: Cela provient du fait qu'en acceptant la période de
transition de 10 ans...
M. DOZOIS: Bien oui, absolument!
M. LESAGE: ... nous donnons un avantage social aux petits.
M. DOZOIS: M. le Président, cela provient du fait que l'on a
baissé la base déductible de $1,000 à $600...
M. LESAGE: Mais il le fallait, au point de vue actuariel, pour compenser
la différence de la période de transition.
M. DOZOIS: Bien justement, M. le Président, et lorsqu'on sera
rendu à certains articles, je me suis demandé et je voulais le
dire tout à l'heure, si dans cet espace de temps du 8 avril au 20 avril,
en l'espace de 12 jours, est-ce que les actuaires ont pu modifier leur rapport
qui avait été établi sur une période d'au moins 15
mois? On a pris 15 mois à élaborer ce projet sur des bases
actuarielles et, en l'espace de 12 jours, l'on a modifié d'une
façon radicale la base actuarielle du projet. Est-ce qu'on l'a fait?
M. LESAGE: Je puis dire tout de suite au député de
St-Jacques que, dès le 4 septembre 1963, j'avais en main les chiffres
actuariels basés sur une période de transition de 10 ans
préparés par M. Castonguay. Alors ça ne s'est pas fait
dans dix jours, je les avais en main en 1963.
M. DOZOIS: M. le Président, il n'y a pas que la période de
transition qui affecte la base actuarielle du projet. Il y a les pensions
d'invalides...
M. LESAGE: Je n'ai pas dit ça!
M. DOZOIS: ... et il y a les pensions d'orphelins. Alors ma question
était, et je demanderais, si c'est possible... Je n'ai pas interrompu le
premier ministre...
M. LESAGE: Mais c'était prévu dans le rapport.
M. BERTRAND (Missisquoi): Laissez-le finir! Vous parlerez
après.
M. DOZOIS: ... pendant que le premier ministre parlait, j'ai
été bien tenté souvent, au moins dix fois, plus souvent
que je ne l'ai fait, de lui poser des questions. Je n'ai pas voulu
l'interrompre. Je lui demanderais de suivre le même procédé
à mon égard,... de prendre des notes...
M. LESAGE: Très bien.
M. DOZOIS: ... s'il le veut et me contredire à loisir, tant qu'il
le voudra.
M. GOSSELIN: Il a tout mêlé ses experts, et puis il veut
nous mêler.
M. LESAGE: Je ne comprends pas très bien. Est-ce qu'il y a un
monsieur qui connaît mieux ça que M. Dozois qui vient de
parler?
M. GOSSELIN: Non, non. Ce n'est pas ça. J'ai dit que vous aviez
tout mêlé vos experts et que vous essayiez de nous
mêler.
M. LESAGE: Qu'est-ce qu'il a dit là?
M. DOZOIS: M. le Président, je le dis, peut-être que c'est
involontaire, mais l'on trouve dans ce projet la même manifestation que
l'on a retrouvée dans d'autres domaines, spécialement dans le
domaine de la taxation. C'est quand même assez curieux que le projet que
nous avons devant nous coûtera un peu plus cher aux petites gens, et un
peu moins cher à ceux qui ont des revenus substantiels. Et c'est
peut-être un des aspects sociaux du régime de retraite qui a
été sacrifié à des impératifs politiques
dont parlait M. Fournier. Mais ce n'est pas le seul.
Tout à l'heure le premier ministre a dit que l'on avait
baissé la base déductible de $1,000 à $600
précisément pour avoir soin de cette classe de gens qui gagnent
moins que $1,000. Lorsqu'on lit le rapport de la commission Dupont, la
commission Dupont explique précisément pourquoi elle recommande
qu'il y ait une base déductible de $1,000 et que les gens qui gagnent
moins que$l,000 ne soient pas compris dans le système de rentes et l'on
dit quelque part, je ne me rappelle pas à quel article ni à
quelle page, que les lois sociales prennent soin de ces gens-là.
Et c'est bien mon avis, car l'on peut se demander ce que ça
pourra donner, ce système de rentes, à une personne qui gagne
moins que $1,000. Le premier ministre tout à l'heure, je le lui ai fait
préciser, a dit que tous les gens gagnant entre $600 et $1,000
paieraient 3.6% sur $200, soit une contribution de $7.20. Et j'ai
précisé ma pensée en lui posant la question: ? Si la
pension serait basée sur $800 ou sur le gain réel de la personne?
» J'ai cru comprendre par sa
réponse que la pension serait basée sur un gain de $800
pour tous ceux qui gagnaient entre $600 et $1,000.
Or, comme le plan de retraite prévoit une pension de 25% du gain
moyen, supposons que cette personne qui fait peu de revenu passe sa vie
à gagner $800, à 65 ans cette personne aura droit à une
pension de $200, plus la pension de retraite à 65 ans qui sera
diminuée à $600. Ce qui lui ferait un total de $800. Dans quelle
situation cette personne se trouve-t-elle avec le régime que nous
connaissons dans le moment? Une personne qui gagne $800 actuellement et qui a
gagné $800 une partie de sa vie, à 65 ans je crois bien qu'elle
ne possède pas de capital. Elle est en droit de s'attendre à
retirer la pension d'assistance-vieillesse qui lui donne $75 par mois, soit
$900 par année, c'est-à-dire plus que cette personne ne recevra
du système de rentes après avoir contribué pendant toute
sa vie! Si c'est le cas d'un jeune qui commence à dix-huit ans et qui
gagne $800 par année jusqu'à 65 ans, il aura versé pendant
47 ans la somme de $7.20 pour retirer $100 de moins que ce que nos lois lui
donnent dans le moment.
On dira que, en plus, cette personne jouit de bénéfices
qu'elle n'aurait pas autrement: pension d'invalide ou pension à sa
veuve.
M. LESAGE: Et aux orphelins, pensions qui sont complètement
disproportionnées à leur cotisation.
M. DOZOIS: La pension aux invalides. Admettons que cette personne soit
blessée, ou a une maladie et que, à l'âge de 35 ans, elle
ne peut plus travailler. Elle aurait droit à une pension de $200 par
année pour le reste de ses jours parce qu'elle est invalide. C'est
évidemment insuffisant, et elle devra demander l'assistance au
ministère du Bien-Etre social et, au lieu de demander une allocation du
genre qu'elle demande aujourd'hui, elle demandera un supplément à
son $200 et elle devra avoir recours, la même chose, à
l'assistance publique ou au ministère du Bien-Etre social.
S'il meurt, sa veuve, et j'estime qu'il faudra préciser la
résolution, car la veuve normalement aurait droit à $25 par mois,
qui est la pension de base, soit $300 par année, et à 37 1/2% de
la pension qu'il aurait méritée à l'âge de 65 ans.
Comme sa pension était possible de $200, ça lui fera $75, soit au
total $375. Mais j'attire immédiatement l'attention de la Chambre sur le
fait que, à l'article k, on dit: « Le montant total pour une
même famille ne pourra excéder le montant maximum de rente de
retraite alors possible », et, dans ce cas-là, c'est $200. Si ce
n'est pas ce que la résolution veut dire, j'espère qu'on
l'amendera.
Parce que là, la personne qui aura contribué, et que la
Commission Dupont recommandait d'exempter parce que les lois sociales en
prenaient soin, pourra faire verser à la veuve de cette personne une
pension de $200, ce qui sera insuffisant, et que cette veuve devra
réclamer du ministère du Bien-Etre social de l'aide
supplémentaire parce qu'il est évident qu'elle ne pourra pas
vivre avec $200 par année.
Pension aux orphelins, M. le Président? Pension aux orphelins,
$25 par mois mais dans le cas de cet homme qui gagne moins de $1,000 par
année, et qui aura droit à une pension maximum de $200, la
pension d'orphelin ne jouera pas du tout, puisque, à l'article K, on dit
que le montant maximum qu'une famille peut recevoir est la pension possible, et
dans le cas du bonhomme...
M. LESAGE: Pour salaire.
M. DOZOIS: Pardon?
M. LESAGE: Pour le plus gros salaire.,
M. DOZOIS: Pour le plus gros salaire.
M. LESAGE: Cest ça que ça veut dire.
M. DOZOIS: Je soumets à cette Chambre, M. le Président,
l'hypothèse d'une personne qui a toujours gagné $800 par
année, et qu'elle a droit à une pension qui est basée
précisément sur un gain maximum de $800. En vertu de la loi, le
montant maximum que sa veuve, les orphelins ou que lui, comme invalide, ou que
lui même s'il atteint 65 ans d'âge, le montant maximum de la rente
sera de $200 par année, à moins que l'on change la
résolution.
M. LESAGE: M. le Président, je ne veux pas interrompre le
député de St-Jacques, mais le mot «possible»,
à la fin du paragraphe « K » veut dire une rente
basée sur un revenu cotisable de $4,400.
M. DOZOIS: Bien tant mieux si c'est ça! Tant mieux si c'est
çal
M. LESAGE: Ce sont les calculs d'actuaires. D'ailleurs, j'ai les
tableaux ici, qui donnent exactement ça.
M. DOZOIS: Parce que je remarquais, M. le Président, que pour la
pension d'orphelin précisément, le rapport Dupont
prévoyait $25 par enfant, et sans maximum.
M. LESAGE: J'ai dit que cela avait été changé.
M. DOZOIS: Alors j'espère que la phraséologie de la
résolution sera changée de façon qu'il n'y ait pas
d'équivoque, et que la pension possible, ce soit la pension, comme le
disait le premier ministre, de $1,250. Mais même-là, ce sera
inférieur à ce que la Commission Dupont recommandait parce que la
Commission Dupont recommandait pour les orphelins $25 par enfant, sans
limite.
De toute façon, j'estime que si l'on a inclus ces personnes qui
gagnent moins que $1,000, je ne sais pas pour quelle raison; mais c'est
sûrement Ottawa qui a eu cette exigence puisque la commission Dupont
justifiait ce déductible de $1,000, donnait d'excellentes raisons pour
ne pas l'inclure, et que si l'on avait maintenu le $1,000 d'exemption, les
petits salariés auraient contribué moins, et on n'aurait pas les
résultats obtenus par le tableau que j'ai lu tout à l'heure. La
contribution de celui qui gagnait $1,500 aurait même baissée au
lieu d'augmenter. Elle aurait même baissée.
Un autre aspect de la résolution que nous avons devant nous est
la prestation au décès. Le chef de l'Opposition l'a dit, dans le
rapport Dupont, cette prestation au décès pouvait atteindre deux
ans de rentes. On l'a réduite à 6 mois de rentes avec un maximum
de $500.
Je remarque dans ce document qui accompagnait le dernier rapport soumis
par la Commission Dupont, et qui était une analyse comparative de
régime des rentes du Québec et du régime de pension du
Canada, régime de pension qui était connu au mois de mars dernier
que, quant à la prestation de décès, les experts faisaient
le commentaire suivant: « par suite de l'élément
prononcé d'épargne dans un régime universel de rentes de
telles prestations de décès sont nécessaires, autrement
les cotisations prennent la nature d'une taxe ou impôt. » Et, ils
ont raison.
Dans le rapport, les experts, aux pages 85 et 88 nous donnent les
raisons qui motivent le déboursé de cette prestation de
décès, et l'on recommande qu'une personne qui est
célibataire, une personne qui ne laisse aucun individu susceptible de
faire ouvrir une rente, qu'il y ait remboursement. La Commission nous
détaille toutes les études qu'elle a faites à ce
sujet.
Dans des régimes particuliers, par exemple, une personne a le
droit de se faire rembourser ses contributions si elle a dépassé
dix ans de contributions; elle a droit à une certaine proportion des
contributions de l'employeur, etc.. certaines compagnies c'est avec
intérêts, d'autres c'est sans intérêt.
On analyse tous les aspects de ce problème et l'on en vient
à la conclusion qu'il est juste de rembourser par exemple soit la
personne célibataire, qui a contribué toute sa vie,
peut-être pendant 40 ans, au fonds de pension. La Commission
établit qu'il serait juste de lui verser une prestation de
décès, quand bien même ça ne serait, et on dit dans
le rapport, que pour payer sa dernière maladie, ses frais
funéraires. Alors, là on le limite à six mois de rente
avec un maximum de $500. Dans le cas d'une personne qui gagne $2,000 par
année, qui aurait droit à une pension de $500, ça veut
dire qu'on lui remettra, comme prestation de décès, la somme de
$250.
Or, M. le Président, on voit que l'on rejoint par cette
disposition précisément une des remarques des commissaires
à l'effet que, sous cette forme, les contributions au régime de
rentes deviennent une taxe purement et simplement; car, une personne qui aurait
un salaire de $2,000 et qui aurait contribué pendant 40 ans, au taux de
$25 par année (ce qui veut dire à peu près $1,000 et
pendant 40 ans avec intérêt composé, cela représente
une somme considérable) elle ne recevrait qu'un maximum de $250. Alors
j'estime que c'est à revoir, cet aspect du problème; ce n'est
sûrement pas suffisant et ça ne répond pas sûrement
aux voeux des commissaires qui avaient étudié cet aspect d'un
régime de rentes, d'une façon complète.
M. le Président, je voudrais dire quelques mots
supplémentaires maintenant sur la période de transition.
Période de transition, on a expliqué que ça serait
à l'avantage des travailleurs. En effet, ça sera à
l'avantage des travailleurs qui actuellement atteignent 45, 50 ou 55 ans. Cela
leur permettra de retirer une rente plus considérable. Mais j'estime
qu'il serait peut-être important de considérer que l'on se
rapproche, le chef de l'Opposition l'a dit, de la politique du « pay as
you go ».
M. LESAGE: Bien oui.
M. DOZOIS: Plus on raccourcit la transition, plus on s'en approche. Je
me demande ce qui va arriver pour la stabilité de la caisse. Est-ce que,
dans cet espace de douze jours, les actuaires ont eu le temps de calculer
toutes les implications que cela représentait sur la solidité de
la caisse? Car, il ne faut pas oublier que plus la période de transition
est courte, plus on rapproche la période où il sera
peut-être né-
cessaire d'augmenter les taux. Les experts établissent que la
période de transition de vingt ans, ça pourra prendre à
peu près vingt-cinq ans avant que les cotisations soient
l'équivalent des prestations.
Mais, qu'adviendra-t-il si les pensions sont payées en
totalité au bout de dix ans? Est-ce que les actuaires pourront tout
à l'heure, lorsque nous étudierons cet article, nous donner des
chiffres pour corriger les tableaux contenus dans leur rapport? Car il ne faut
pas oublier que si l'on prend, par exemple, un homme de 55 ans, qui gagne
$4,000 par année, si la période de transition est de dix ans,
cette personne aura droit à 65 ans à une pension de $1,000,
tandis que si la période est de vingt ans, sa pension n'est que de %500.
On voit immédiatement la différence que cela peut faire et quelle
conséquence cela peut avoir sur le fonds lui-même.
M. LESAGE: De 4% à 5%.
M. DOZOIS: Mais M. le Président, de 4% à 5 %?
M. LESAGE: Oui.
M. DOZOIS: Très bien, on demandera des explications
supplémentaires tout à l'heure lorsque nous étudierons en
détail les différents paragraphes de la résolution.
Mais je pense qu'il est important, même si je suis convaincu que
tous les membres de la Chambre ont lu les rapports, de relire à haute
voix ce que la Commission pense de ce problème et de méditer les
pages 62 et 63. Je commence au paragraphe D: « L'existence de ces
dispositions de transition occasionne cependant une redistribution de
ressources financières en faveur des premiers cotisants au
régime.
En d'autres termes, la valeur des cotisations versées par
l'ensemble de ces travailleurs, c'est-à-dire les premiers cotisants,
sera inférieure à la valeur des prestations qu'ils recevront, et
la différence sera comblée par les cotisations versées par
les futurs cotisants. Cela veut dire qu'éventuellement parce qu'on
abaissé la période de transition de 20 à 10 ans, il sera
peut-être nécessaire, en l'année 1996, d'augmenter. Au lieu
de charger 3.6%, il faudra peut-être charger je ne sais pas 4%, 4.6%,
peut-être 6%.
En somme, on sait ce qui est arrivé aux Etats-Unis avec la
politique du « pay as you go », et par cette période
raccourcie, on se rapproche de la politique du « pay as you go »,
et ça peut avoir cet effet-là. J'espère que les actuaires
pourront nous rassurer sur ce point, car il serait souverainement injuste,
à mon avis, de donner à une personne qui a atteint 45, 50 ou 55
ans, des privilèges que l'on fera payer par celui qui aura
contribué toute sa vie, c'est-à-dire au jeune de 18 ans qui
commencera avec le fonds, de lui faire payer à lui, des prestations
qu'une personne de 50 ou 55 ans n'a pas gagnées. Si c'est un
problème social, j'estime que ce sont les taxes de la population qui
doivent prendre soin de ces cas que la Législature pourrait juger comme
des cas méritants.
Je continue, M. le Président, car c'est sûrement une des
pages les plus intéressantes du rapport: « Le comité est
d'avis que les dispositions de transition soient basées sur une
période de 20 années parce que la redistribution qui
résulterait de périodes plus courtes auraltpour effet: a)
d'avantager le travailleur dont les revenus sont plus élevés
et là il y a une référence (explication de
ce phénomène est donnée au chapitre traitant du
système financier du régime); et b) d'éloigner d'avantage
le régime d'un système basé principalement sur
l'épargne » c'est-à-dire que l'on se rapproche de la
politique du « pay as you go ».
Je saute quelques lignes pour lire ceci: «Une aussi courte
période l'on parle de la période de dix ans une
aussi courte période peut sembler plus attrayante pour les premiers
bénéficiaires, mais elle est difficilement justifiable. »
En douze jours, on a mis tout ce principe de côté et l'on a dit:
« C'est justifiable. » On disait dans le rapport que c'est
difficilement justifiable, mais en douze jours on a trouvé que
c'était justifiable.
M. JOHNSON: Un miracle du fédéralisme
coopératif.
M. DOZOIS: « Cet aspect du projet fédéral a
cependant été fortement cirtiqué parce qu'il a pour effet:
a) de faire porter aux générations futures une partie
disproportionnée du coût de ce projet; et b) de trop avantager les
participants dont les revenus sont les plus élevés par la suite
de la redistribution qui s'effectue en leur faveur; et c) de permettre à
un certain nombre de bénéficiaires qui ont cotisé un
régime privé de retraite de recevoir un revenu total de retraite
plus élevé que leur salaire final. » Et j'estime que c'est
un exemple très frappant qui justifie, à mon avis, la
période de transition de 20 ans, et vous me permettrez de continuer la
lecture: « Comme une situation analogue se produirait si le régime
du Québec comportant des dispositions de transition basées sur
dix années, nous donnons ci-dessous un
exemple qui illustre le bien-fondé de cette dernière
critique: prenons comme exemple un travailleur d'une entreprise dont le
régime de retraite accorde, et il y en a passablement dans la province,
après 35 années ou plus de service une pension de 70% du salaire
moyen des cinq dernières années de service. Si cet employé
compte 35 années de service, qu'il a 55 ans au moment de la mise en
vigueur du régime du Québec, et que son salaire est de $6,000, il
recevrait à 65 ans, un revenu de retraite total de $6,307 par
année, c'est-à-dire la pension de la sécurité de
vieillesse anticipée de $607 par année, et b) une pension de
$4,200 par année selon le régime de retraite de son employeur, et
ceci même si ce régime est amendé lors de
l'établissement du régime de Québec. Et là,
on dit qu'il ne sera pas amendé, les droits acquis sont
conservés. Et c) une rente de $1,500 par année, selon le
régime du Québec, 25% de son revenu moyen ajusté.
Le comité est d'opinion que de telles situations doivent
être évitées d'autant plus que la valeur des cotisations
versées par ce travailleur au régime du Québec serait de
beaucoup inférieure à la valeur de ses prestations. On constate
par cet exemple que l'utilisation de dispositions de transition basée
sur vingt années, a pour effet de réduire la rente du travailleur
dans le régime du Québec, ci-dessus à $750 par
année. Le revenu de retraite total de ce travailleur devient donc de
$5,557 au lieu de $6,307 dans les conditions envisagées du projet du
Canada.
Or, M. le Président, cet exemple était basé sur un
maximum de $6,000 et l'on voit que le travailleur convert par un plan
privé de régime de retraite, recevrait à sa mise ne
retraite $307 de plus que le salaire qu'il recevait alors qu'il
s'épuisait à la tâche.
Or, le projet que nous avons devant nous réduit à $5,000
le salaire maximum qui peut être cotisé. Alors j'ai fait les
même chiffres, M. le Président, pour un salaire de $5,000. La
pension de sécurité de vieillesse anticipée serait de $607
comme dans l'autre cas, une pension de 70% de $5,000 serait de $3,500 et la
pension au lieu d'être de $1,500 serait de $1,250 ce qui ferait $5,357,
c'est-à-dire un supplément de $357. Les experts trouvaient que
c'était mauvais à $6,000 pour se donner un revenu de $307,
là c'est encore pire. Le retraité dans ces conditions recevra
$357 soit $50 de plus que lorsqu'il travaillait.
M. BERTRAND (Missisquoi): De plus.
M. DOZOIS: Tandis que si la période de transition avait
été de vingt ans, il n'aurait reçu que $4,732. M. le
Président, j'estime précisément que cette période
de transition aurait dû être maintenue. J'estime qu'il est
important et si l'on veut utiliser l'argument à l'effet que des
personnes qui actuellement ne sontpas couvertes par des fonds de pension et qui
sont rendues à 45, 50 ou 55 ans, et que l'on trouve que la pension en
vertu d'une période de transition de vingt ans n'était pas
suffisante, on n'avait qu'à prévoir des compensations à
même les taxes.
J'estime qu'il est injuste pour le fonds de pensiton que l'on veut
établir, la caisse de retraite, de l'hypothéquer pour l'avenir,
et de punir éventuellement les gens qui auront peut-être
contribué toute leur vie en obligeant peut-être dans 20, 25 ou 30
ans, sur rapport des actuaires, de modifier le taux et d'aller chercher chez
ces gens qui auront contribué toute leur vie une plus forte somme au
bénéfice de qui? Au bénéfice de gens qui n'auraient
contribué que pendant une période de dix ans et peut-être
moins.
J'estime, M. le Président, que c'était une des
recommandations les plus formelles de la commission Dupont, que l'on n'aurait
pas dû céder sur ce point et que le fonds aurait été
de beaucoup plus solide et plus raisonnable sur cette base que prônait la
commission Dupont. M. le Président, j'aurai d'autres commentaires
à faire sur le projet que nous avons devant nous. J'estime qu j'ai fait
les commentaires les plus importants, surtout après le discours qu'a
fait le chef de l'Opposition. Je reviendrai lorsque nous étudierons la
résolution, paragraphe par paragraphe. J'aurai quelques commentaires
à faire sur certains paragraphes, et quelques questions à poser
également sur la portée de la résolution telle qu'elle
nous est présentée.
Je ne voudrais pas terminer M. le Président, sans
réitérer mes félicitations aux membres de cette
commission; je l'ai dit le premier ministre n'y était pas,
c'est un travail magnifique qui a été fait là et je lui
répète que c'est présenté d'une façon
tellement claire que c'est vraiment un plaisir que de lire un tel rapport et
j'ai dit pendant que ni le premier ministre nie le chef de l'Opposition n'y
étaient, que si les actuaires peuvent s'exprimer de façon aussi
claire, ce serait à espérer que toutes les professions fassent au
moins onze ans d'étude avant de pratiquer leur profession.
M. BERTRAND (Missisquoi): Vous avez raison.
M. LESAGE: M. le Président, je ne veux pas revenir sur ce que
j'ai dit. Il est évident que
cette partie du rapport, aux pages 62 et 63, était dictée
par les impératifs actuariels. Et que le gouvernement présentant
cette motion a tenu plus compte des impératifs sociaux. C'est toute la
différence, c'est ça, dans le fond, le principe. Cela, ce sont
des impératifs actuariels...
M. JOHNSON: Vous ne voudriez pas qu'on admette ça!
M. LESAGE: ... l'autre, ce sont des impératifs sociaux, et la
preuve, c'est l'article de M. Ryan que j'ai lu, c'est exactement ce que disait
M. Ryan dès le 11 avril dans l'article que j'ai lu...
M. JOHNSON: M. Ryan est dans le beurre, royalement.
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: M. Ryan est dans le beurre royalement.
M. LESAGE: Bien, vous lui écrirez pour le lui dire.
M. JOHNSON: Non, non, il doit le savoir. Complètement dans le
beurre, il prend le plan comme si c'était...
M. LESAGE: C'est l'opinion de...
M. JOHNSON: ... tout le plan de législation sociale, alors qu'il
y a d'autres manières de régler les problèmes
soulevés par M. Ryan, et les remarques faites et rapportées par
le député, ne sont pas des remarques d'actuaires, ce sont les
remarques du sociologue qui siégeait sur la commission. C'est clair.
M. LESAGE: Non, je m'excuse ce sont les impératifs actuariels
qu'a lus le député de St-Jacques. D'ailleurs M. Castonguay me le
confirme. Et je dis que les impératifs sociaux nous indiquaient d'agir
autrement, c'est tout. C'est ça qui nous a fait changer
d'idée.
M. JOHNSON: Puis on va emprunter...
M. LESAGE: Bien oui, mais même si on discutait jusqu'à
demain.
M. JOHNSON: Non, non. Le premier ministre va admettre une chose...
UNE VOIX: Il est six heures.
M. JOHNSON: ... c'est que c'est le rapport qui le dit: on va
emprunter.
M. LESAGE: Oui, mais je dis...
M. JOHNSON: ... En somme on va payer à crédit sur les
cotisations à venir à être payées par les jeunes
dans les générations futures...
M. LESAGE: On n'emprunte pas.
M. JOHNSON: ... pour payer des pensions à des gens dix ans avant
le temps.
M. LESAGE: On n'emprunte pas.
M. JOHNSON: C'est ça que ça veut dire.
UNE VOIX: Cela c'est fait par des compagnies.
M. LESAGE: M. le Président, on n'emprunte pas. Le fonds va monter
graduellement, mais simplement une chose est certaine, c'est que les gens qui
ont de la difficulté à se trouver du travail à l'heure
actuelle, ce sont les gens de 45 ans et plus...
M. JOHNSON: Très bien.
M. LESAGE: ... parce qu'ils n'ont pas acquis de droit à des
pensions transférables. C'est un mal social. Une des choses qui les
empêche de se trouver du travail, c'est que les compagnies les
considèrent trop vieux pour pouvoir faire partie de leur plan de
pension.
DES VOIX: C'est ça.
M. LESAGE: Alors, l'apect social l'a emporté sur l'aspect
actuariel dans notre opinion. Un point c'est tout. Maintenant, pour ce qui est
des veuves et orphelins, je vais juste avoir le temps de le mentionner avant
six heures, c'est à la page 107 du volume 1. Le comité recommande
que le montant total des prestations ne doit, en aucun cas, excéder...
Pardon?
M. JOHNSON: L'horloge recule à ce qu'on dit. Il était six
heures quand j'essayais de parler... quand j'essayais de parler, il
était six heures.
M. BELLEMARE: Il est six heures.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LESAGE: Il est six heures à ma mon-
tre, j'ai peut-être de l'avant; j'achève, ça va
prendre deux secondes. «... Que le montant total des prestations ne doit,
en aucun cas, excéder le revenu moyen ajusté du travailleur lors
de son décès. » Cela c'était la recommandation. Pour
toutes les prestations, page 107...
M. DOZOIS: Page 107.
M. LESAGE: ... chapitre 7, des modalités relatives aux
prestations, pas question de prestation de décès. Cela s'applique
aux prestations aux veuves et...
M. DOZOIS: On pourra tenir compte de toute autre prestation de
sécurité sociale payable au bénéficiaire,
soit...
M. LESAGE: Bien oui, mais c'est la recommandation, ça.
M. DOZOIS: ... la Commission des accidents du travail, par exemple.
M. LESAGE: Bien oui, mais ça c'est la recommandation. Or, ce
n'est pas la résolution qui est devant... Il y a un changement là
aussi et, si l'on veut interpréter le mot « possible » au
paragraphe k), on a qu'à étudier, à la page 9 de l'annexe
à la lettre de M. Pearson, les prestations payables aux veuves ayant des
enfants et l'on verra que cette limite n'existe plus. Cela je voulais le dire
avant huit heures.
M. DOZOIS: Là, M. le Président, si le premier ministre me
permet, précisément puisqu'il réfère à la
page 9, j'avais regardé à la page 9 avant de faire mon
commentaire. Puis, je lui fais la remarque suivante: en bas on dit: « a)
la prestation de veuve équivaut à 37 1/2% de la prestation de
retraite du mari plus $25. La prestation de chaque orphelin est de $25
jusqu'à un maximum familial de 25% du gain contributoire au
maximum...
M. LESAGE: Mais annuel?
M. DOZOIS: ... et annuel pour les trois années se terminant par
celle où se fait la demande. »
M. LESAGE: Oui, mais ça va jusqu'à $104.17 par mois pour
quelqu'un qui gagne $ 600 par année.
M. DOZOIS: J'ai bien vu ça, M. le Président, seulement
qu'avec la note en bas, c'est à n'y rien comprendre.
M. LESAGE: Bien oui, c'est compréhensible. M. DOZOIS: Bien je ne
pense pas, moi. M. LESAGE: Le tableau est là.
M. DOZOIS: Le tableau est contredit par la note en bas.
M. LESAGE: Je regrette, quand nous étudierons le cas, je donnerai
au député de...
M. DOZOIS: Très bien!
M. LESAGE: ... St-Jacques toutes les explications.
M. DOZOIS: Je suis bien désireux de les avoir!
M. LESAGE: Il est clair que...
M. BERTRAND (Missisquoi): Faites donc rapport au Président: il
est six heures!
M. LESAGE: Bon très bien, alors je continuerai à huit
heures.
M. LE PRESIDENT: La séance du comité est suspendue
jusqu'à huit heures.
Reprise de la séance à 8 h p.m.
M. BEDARD (président du comité plénier): A l'ordre
messieurs. Est-ce qu'on commence à l'article...
M. LESAGE: M. le Président, en réponse à une des
questions posées par le député de St-Jacques à
savoir quel serait l'effet des changements apportés sur la caisse
elle-même. D'après les actuaires, au cours des dix
premières années du régime, la caisse sera
légèrement plus élevée que le montant, il
est mentionné à la page 139 du rapport, qui est de
$2,209,000,000 légèrement plus élevé.
A compter de la dixième année...
M. DOZOIS: Est-ce que le premier ministre me permet? Quel sera le
montant des prestations à ce moment-là au lieu de
$69,000,000?
M. BERTRAND (Missisquoi): De $76,000,000.
M. LESAGE: Evidemment comme nous avons raccourci la période de
transition de moitié, ce sera à peu près
doublé.
M. BERTRAND (Missisquoi): Doublé?
M. DOZOIS: Ce sera à peu près $135,000,000?
M. LESAGE: Je ne peux évidemment pas donner de chiffre exact
à ce moment-ci pour les raisons mêmes qu'a données le
député de St-Jacques cet après-midi. C'est que le travail
s'est fait rapidement et les actuaires me disent qu'ils sont satisfaits, que
tous les changements seront d'une nature mineure en pourcentage aux
réponses que je donne. Evidemment je ne voudrais pas être
accusé, lorsque je présenterai le bill l'an prochain et que nous
aurons des chiffres absolument exacts, de mêtre trompé de
$200,000,000 ou $300,000,000 sur un chiffre, ou de 5% ou de 8% sur ces
chiffres-là.
M. DOZOIS: Si le premier ministre me permet? Je comprends que...
M. LESAGE: Oui, oui.
M. DOZOIS: ... les actuaires n'ont pas eu le temps de refaire tous ces
tableaux.
M. LESAGE: Non, mais ils ont eu le temps d'en faire suffisamment
cependant. M. Castonguay et ses associés ont eu le temps de faire
suffisamment de chiffres pour s'assurer que les marges de différence
seraient telles que le total en caisse en 1976 suggère ce que je dirai
tantôt et qui avait été calculé à
$2,209,000,000. Il sera un peu plus élevé, mais je ne puis me
risquer à des chiffres, évidemment.
M. DOZOIS: Est-ce que le premier ministre me permettrait de lui demander
si...
M. LESAGE: Mais la marge de sécurité, me disent-ils, est
absolue.
M. DOZOIS: ... le $8,000,000 de prestations en 1968 deviendra environ
$16,000,000 et le $12,000,000 environ $24,000,000...
M. LESAGE: Je ne comprends pas très bien.
M. DOZOIS: Est-ce que les chiffres de prestations doublent?
M. LESAGE: Bien clairement, parce que la période de transition
est de dix ans au lieu de vingt. C'est pour ça que c'est tellement
difficile de donner une réponse précise; c'est parce qu'elles
doublent, pour ce qui est des prestations de retraite proprement dites. Mais
pour ce qui est des prestations versées aux veuves, aux orphelins, aux
invalides et les prestations de décès, il y a variation. Le $25
de base demeure toujours lui.
M. DOZOIS: Alors est-ce que ça veut dire, puisqu'on anticipe que
le montant de la caisse en 1976 sera légèrement supérieur
à $2,209,000,000...
M. LESAGE: Oui.
M. DOZOIS: On doit par conséquent conclure que les cotisations en
1976 seront plus élevées que $247,000,000?
M. LESAGE: Auront été plus élevées au cours
des dix années, oui.
M. DOZOIS: De combien environ? Le premier ministre ne le sait pas?
M. LESAGE: Oui, j'ai une note ici, mais évidemment il y a la
réduction de taux de 4% à 3.6% mais il faut ajouter 3.6% de $400
pour les travailleurs inclus dans le projet du comité et ajuster les
cotisations.
M. DOZOIS: Mais en fait, c'est un taux effectif plus
élevé.
M. LESAGE: Pardon?
M. DOZOIS: C'est la cotisation, parce que le taux effectif est
plus élevé.
M. LESAGE: Bien, les cotisations seront... c'est parce que pas le
taux effectif est plus élevé, mais parce que la couverture est
plus grande.
M. DOZOIS: Oui, mais la cotisation perçue de chaque
employé sera plus considérable pour la grande majorité des
travailleurs.
M. LESAGE: Bien voici: elle sera en pourcentage du revenu,
c'est-à-dire du salaire net, mais il y aura plus de
bénéfices, surtout en ce qui concerne les bénéfices
pour les veuves et les orphelins, les invalides, etc..
M. DOZOIS: D'accord!
M. LESAGE: C'est-à-dire que comme je l'ai dit cet
après-midi, c'est qu'après reconsidération, il a
été décidé de donner aux impératifs sociaux
une importance un peu plus considérable que ces impératifs
avaient dans le rapport du comité, et aux impératifs actuariels,
une importance un peu moins considérable. C'est tout. C'est
l'explication.
M. JOHNSON: Mais le 4% du provincial, du projet Dupont,
équivalait à 2.9%. C'est le premier ministre lui-même qui
le disait souvent...
M. LESAGE: Oui, il équivaut à 3% maintenant.
M. JOHNSON: Pardon?
M. LESAGE: Cela équivaut à 3%.
M. JOHNSON: Et l'autre équivaut à 3%?
M. LESAGE: 3%. Un dixième de 1% de différence. Sur le
salaire moyen de $3,600, 3.6% ou .01%.
M. JOHNSON: Oui, sur le salaire moyen, mais sur le petit?
M. LESAGE: Un dixième de 1%.
M. JOHNSON: A l'échelon le plus bas, au lieu de 2.9%, cela veut
dire combien?
M. LESAGE: Ce n'était pas 2.9%, l'échelon le plus bas.
2.9% c'était la moyenne. La moyenne est de 3%. La moyenne, au plus bas,
évidemment c'est-à-dire en bas de $1,000, était de
zéro, parce qu'il était exclu. A $1,000 juste, c'était 2%.
A $1,000 de revenus cotisables, c'était 2% et à
évidemment il n'y a pas de correspondance à $1,400 de
revenus cotisables, c'est 2.52%. A $4,000 de revenus cotisables, selon le
rapport du comité, c'était 3.20%. A $3,400 de revenus cotisables,
c'est 3.06%. A $2,000 du revenu du travail, c'est 2.52%. C'était 2%.
Evidemment tous ces points ont été mis en évidence
par le député de St-Jacques, cet après-midi. Le tableau
qu'il a fourni est exactement conforme à celui que j'ai devant moi
ici.
M. DOZOIS: M. le Président, est-ce que le premier ministre
pourrait nous dire si l'augmentation des cotisations peut se situer aux
environs de 10%, 12% de plus?
M. LESAGE: Entre 8% et 10%, augmentation des cotisations...
M. DOZOIS: Puisque, si on additionne les cotisations montrées
dans la première colonne-là, de 1966 à 1976 cela fait un
total de $1,273,000,000.
M. LESAGE: Oui, entre 8% et 10%.
M. DOZOIS: Par contre, les prestations devraient augmenter de $
129,000,000, et le premier ministre dit que le montant de la caisse va
être légèrement supérieur à $2,000,000,000.
Alors il faut nécessairement, si on veut en arriver à ce
résultat, que les cotisations augmentent d'au moins 10%.
M. LESAGE: Entre 8% et 10%. Mais, vous avez parlé de 71.
M. DOZOIS: 76.
M. LESAGE: C'est $247,000,000.
M. DOZOIS: Oui.
M. LESAGE: Ce n'est pas $201,000,000.
M. BERTRAND (Missis.): Non, $247,000,000.
M. LESAGE: $247,000,000.
M. DOZOIS: ... de cotisations...
M. LESAGE: ... de cotisations.
M. DOZOIS: ... je dis, lorsqu'on additionne. Lorsqu'on additionne les
dix années...
M. LESAGE: Ce n»est pas additionné ici.
M. DOZOIS: ... de 66 à 76, on arrive à $1,273,000,000.
Alors, si ça augmente de 10%, ça fait $129,000,000 de cotisations
de plus, $127,000,000. D'un autre côté, les prestations...
M. LESAGE: Non, mais, M. le Président, est-ce que je pourrais
faire remarquer au député de St-Jacques, lui demander quels
chiffres il a pris pour 72, 73, 74, 75?
M. DOZOIS: Dans les cotisations? M. LESAGE: Oui.
M. DOZOIS: Je prends les chiffres de la colonne.
M. LESAGE: Oui, oui, mais 72, 73, 74, 75 ne sont pas
mentionnés.
M. DOZOIS: Ils ne sont pas mentionnés?
M. LESAGE: Bien non, vous ne pouvez pas les additionner.
M. DOZOIS: C'est vrai. Bon, d'accord. Je n'avais pas remarqué
ça.
M. BERTRAND (Missisquoi): Ils n'y sont pas.
M. LESAGE: Il nous manque l'addition évidemment...
M. DOZOIS: Alors, bien il manque également les prestations pour
ces années-là.
M. LESAGE: C'est la même chose.
M. DOZOIS: Oui, il manque aussi les intérêts.
M. LESAGE: Oui. C'est parce qu'il manque cinq années.
Après les cinq premières années, les chiffres sont
donnés à tous les cinq ans seulement; alors
évidemment...
M. BERTRAND (Missisquoi): Oui, on le voit là.
M. LESAGE: ... dans le tableau que je donne, il faut penser aux quatres
années intermédiaires pour faire une addition.
M. BERTRAND (Missisquoi): ... 81, 86.
M. DOZOIS: D'accord.
M. LESAGE: Mais à compter de la dixième année par
exemple, les revenus cotisables seront ajustés suivant l'indice
général des salaires. Evidemment ça, c'est un
impondérable.
M. DOZOIS: Oui.
M. LESAGE: Ils auront été ajustés pour huit ans
à l'indice général des prix, qui lui aussi est un
impondérable. C'est vous dire que je ne peux pas vous dire aujourd'hui
quel sera exactement le montant de la caisse. Mais comme l'on sait que la
tendance de l'indice des prix est à la hausse, que les
économistes n'ont pas raison de croire qu'il y ait une baisse dans cette
tendance, qu'en outre de l'augmentation légère que je viens de
mentionner sur $2,209,000,000 il y aura probablement aussi une augmentation due
à l'indice des salaires étant donné que les cotisations
sont plus élevées que les prestations...
M. DOZOIS: Oui.
M. LESAGE: ... et au bout de la dixième année, bien
évidemment là, ça s'accentuera encore plus, étant
donné que ce sera basé sur l'indice des salaires et non sur
l'indice des prix. La raison de baser pour les dix premières
années sur l'indice des prix au lieu de l'indice des salaires je ne
c'est compliqué tout ça,
M. DOZOIS: Oui.
M. LESAGE: Il faut faire bien attention. L'indice des prix
au lieu de l'indice des salaires, c'est justement à cause des avantages
considérables donnés à ceux qui
bénéficieront de la période de transition.
M. DOZOIS: Mais ça, c'est un autre sujet sur lequel les experts
ne recommandaient pas de nous baser sur l'indice des salaires.
M. LESAGE: Mais au bout de dix ans... M. DOZOIS: Je disais que... M.
LESAGE: Oui, mais je comprends... M. DOZOIS: ... c'était un indice.
M. LESAGE: Mais ça c'est vrai en autant, c'est beaucoup plus vrai
durant la période de transition qui aurait été de vingt
ans d'après le rapport. C'était beaucoup plus vrai pour la
période de transition à cause... bien oui, à cause des
avantages...
M. DOZOIS: Les experts mettaient cette méthode-là de
côté complètement...
M. LESAGE: Oui, mais à cause des avantages plus
considérables que ça donne à ceux qui recevront durant la
période de transition. Je ne sais quel est l'âge du
député de St-Jacques, mais, il n'est pas loin d'être dans
ceux là.
M. DOZOIS: Ah je vais presque me qualifier.
M. LESAGE: Presque. Je vous ai qualifié vous pour la
période de transition, alors,...
M. DOZOIS: Je...
M. LESAGE: Tandis qu'une fois la période de transition
terminée, de baser le tout...
M. DOZOIS: En discutant, je n'ai pas pensé à mon
intérêt personnel.
M. LESAGE: Non, non, je le sais. M. DOZOIS: C'est évident. M.
LESAGE: Je le sais. M. DOZOIS: C'est évident
M. LESAGE: Tandis que par la suite évidemment, après la
période de transition, toute chose étant égale, que la
hausse du niveau des salaires évidemment les cotisations sont plus
élevées et les bénéfices seront plus
élevés d'autant.
Evidemment, c'est encore une des raisons pour lesquelles il est
difficile de donner des chiffres absolus. Les chiffres qu'on peut donner, c'est
sans tenir compte de la hausse de ces indices, parce qu'ils peuvent être
calculés à l'avance, ça c'est clair, ce sont des
impondérables.
Comme me le fait remarquer au moment même M. Castonguay, il me
dit, en d'autres termes, ce que j'ai dit tout à l'heure; c'est qu'on
était contre, dans le rapport, l'adoption de l'indice des salaires
à court terme; mais à long terme c'est tout à fait
différent. Justement, principalement à cause de la période
de transition.
Je viens de vous dire ce qui va se passer durant les dix
premières années. Durant les dix années
subséquentes, eh bien, il en résultera malgré tout,
pendant une quinzaine d'années, une diminution de la différence
développée au cours des dix premières années parce
que la période de transition sera terminée. Puis, après la
vingt-cinquième année du régime, l'effet du changement de
la période de transition disparaîtra graduellement et deviendra
nil.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe « a ».
M. DOZOIS: Paragraphe « a ». Est-ce que le premier ministre
pourrait nous expliquer ce qu'il entend par « à l'exception de
certaines catégories exclues pour raison administrative ou
constitutionnelle »? Qu'est-ce que l'on entend inclure dans les diverses
catégories? Est-ce que le premier ministre a une idée de ce que
ça peut inclure ou exclure?
M. LESAGE: Oui. Les gouvernements d'autres pays. Evidemment, ce sont les
ambassadeurs...
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est bien.
M. LESAGE: Les employés d'ambassades, les consuls, les
employés de consulats. Pour ce qui est des organismes internationaux,
particulièrement I.A.T.A. à Montréal.
M. DOZOIS: Cela, ce sont les organismes internationaux, ça je
comprends ça.
M. JOHNSON: Oui, ils sont nommément désignés
ceux-là?
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: I.A.T.A. est nommément inclus dans 1?
M. LESAGE: Il n'est pas nommément inclus.
M. JOHNSON: Non, je regrette, l'expression est mauvaise. Il n'est pas
nommément inclus. I.A.T.A. est couvert par une exception, le « 1
» d'une deuxième catégorie d'exceptions; on cherche la
première catégorie.
M. LESAGE: Ce que j'étais à expliquer c'est que la
première catégorie ce sont les ambassadeurs, les employés
d'ambassades, les consuls, les employés de consulats.
M. BERTRAND (Missisquoi): Cela, c'est bien.
M. LESAGE: Deuxièmement, les organismes internationaux, les
employés d'I.A.T.A. Ce sont des exemples que je donne. Il peut en
venir
d'autres organismes internationaux s'établir à
Montréal ou à Québec, mais je choisis l'exemple d'un
organisme international qui a son siège social à
Montréal.
M. BERTRAND (Missisquoi): Très bien.
M. LESAGE: Les employeurs qui, en vertu d'un accord de
réciprocité avec le gouvernement d'un autre pays, prenons par
exemple les employés de chemins de fer qui voyagent
régulièrement entre New York et Montréal.
M. BERTRAND (Missisquoi): Les Etats-Unis et Montréal, Boston and
Maine et tout ça.
M. LESAGE: Oui, c'est ça, les employés de chemins de fer.
Ils peuvent être des citoyens américains résidant au
Canada, travaillant sur cette ligne de chemins de fer.
M. JOHNSON: Mais certaines catégories...
M. LESAGE: Cela peut être aussi des employés de compagnies,
des ingénieurs qui viennent travailler temporairement, des marins.
M. BERTRAND (Missisquoi): Les employés du
fédéral?
M. LESAGE: Voici pour ce qui est des employés du
fédéral. Ils ne sont pas mentionnés, mais il est possible
que le cas serait couvert par « exclus pour raisons administratives ou
constitutionnelles ». Pour raisons administratives ou constitutionnelles,
l'on peut considérer, par exemple, les employés de la Gendarmerie
royale qui ont un système de pension bien spécial à eux:
ils peuvent prendre leur pension au bout de 20 ans.
M. DOZOIS: Les forces armées?
M. LESAGE: Les forces armées, c'est l'autre exemple que je
voulais donner.
M.. JOHNSON: Le National Canadien?
M. LESAGE: Il n'en est pas question, non, d'après les entretiens
que j'ai eus.
M. BERTRAND (Missisquoi): Ils vont tomber sous cette loi-là?
M. LESAGE: Oui, tous les employés fédéraux dans la
province de Québec...
M. BERTRAND (Missisquoi): Tous les em- ployés
fédéraux dans la province de Québec.
M. LESAGE: Oui, mais je viens de donner deux exceptions, n'est-ce
pas.
M. BERTRAND (Missisquoi): Oui, oui.
M. LESAGE: Il peut y en avoir d'autres, je ne dis pas que je les
mentionne toutes, mais les deux exceptions qui me viennent à l'esprit
sont les employés des forces armées, et les employés de la
Gendarmerie royale. Il peut y en avoir d'autres, mais dans le moment, il n'est
pas question entre Ottawa et Québec, que des employés
fédéraux employés dans le Québec ne soient pas
couverts par le plan du Québec.
M. BERTRAND (Missisquoi): Mais est-ce qu'il y a, M. le premier ministre
me le permettra, est-ce qu'il y a, à l'heure actuelle, entre les
autorités du Québec et les autorités
fédérales, une entente à ce sujet-là?
M. LESAGE: Il y a eu des conversations, et il a été
entendu à un haut niveau que des employés du gouvernement
fédéral, et des corporations de la Couronne du
fédéral, travaillant dans le Québec, seraient couverts par
le plan québecois.
M. JOHNSON: Alors on peut affirmer là que les...
M. LESAGE: Et vice versa, c'est là que je vais vous le dire,
qu'un résident de Hull employé civil à Ottawa, serait lui,
couvert par le plan fédéral.
M. JOHNSON: On peut prendre pour acquit...
M. LESAGE: Ce serait l'endroit de l'emploi qui serait
déterminant, mais non pas l'endroit de la résidence.
M. JOHNSON: Radio-Canada, Canadien-National...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Employés des services interprovinciaux,
employés...
M. LESAGE: Inter-provinciaux. M. JOHNSON: ... maritimes,
M. LESAGE: Non, non! Maritimes, je l'ai mis dans les exceptions, alors
ce n'est pas une
raison constitutionnelle ça. Bien, c'est « employeurs qui,
en vertu d'un accord de réciprocité avec le gouvernement d'un
autre pays », sont exempts.
M. JOHNSON: Non, non, je parle des navigateurs des grands lacs.
M. LESAGE: Ah bien alors ce serait pour les questions administratives,
il faudrait s'entendre avec l'Ontario ou le fédéral suivant les
circonstances. Là ce serait pour les questions non constitutionnelles,
mais les questions administratives.
M. DOZOIS: Mais, M. le Président, si le premier ministre me le
permet: en se référant au deuxième volume, le rapport du
comité, à la page 285, le chapitre 2 traite du secteur public, on
parle de la pension des employés de l'Hydro-Québec, de
régime des fonctionnaires de l'enseignement, et de régime des
pensionnaires et fonctionnaires, et à la page 288: le régime de
pensions des employés de la ville de Montréal et d'autres
municipalités. Est-ce que c'est l'intention du gouvernement, M. le
Président, d'établir une catégorie spéciale et de
traiter d'une façon différente les fonds de pension, par exemple,
qui couvrent les policiers de nos municipalités?
M. LESAGE: Eh bien je vais donner...
M. DOZOIS: Si le premier ministre me le permet, je vais expliquer
brièvement...
M. LESAGE: Au point de vue, je vais donner l'exemple, ultime par
exemple, je ne vois pas pourquoi par exemple; il y a des cas qui sont bien plus
compliqués que ça, il y a le cas des députés.
M. BERTRAND (Missisquoi): Vous voulez vous en prendre aux
députés?
M. LESAGE: Il y a le cas des juges, sur lequel il va falloir prendre des
décisions qui ne sont pas prises.
M. JOHNSON: Des murmures partout.
M. LESAGE: Il faut bien le comprendre. Ce sera dans le bill, mais il va
falloir évidemment, avoir des consultations avec la cité de
Montréal, la cité de Québec, et il va nous falloir prendre
des décisions en ce qui concerne la pension des juges.
Quant à la pension des députés, si je puis exprimer
une opinion personnelle, et je suis ab- solument comme on dit, pour me servir
d'un anglicisme, « ouvert à conviction », je pense que les
députés devraient participer à ce plan de pension
général, indépendamment de leur plan qui est incomplet,
parce qu'il ne leur assure pas définitivement une pension.
M. DOZOIS: Dans nos affaires personnelles, on va être
obligé d'y participer.
M. LESAGE: Bien, c'est ce que...
M. BERTRAND (Missisquoi): Non, mais comme avocat, on va y
contribuer.
M. LESAGE: Non, mais dans mon cas, moi je ne peux pas avoir d'affaires
personnelles.
M. BERTRAND (Missisquoi): Non, mais nous autres on le peut.
M. LESAGE: On sait le salaire, c'est celui que je reçois.
M. BERTRAND (Missisquoi): Comme avocat, comme député.
M. LESAGE: Bien oui, évidemment pour le député qui
est ici, qui pratique la médecine, qui exerce le droit, il est
obligé de payer, d'une façon; mais ça se présente
dans mon cas, si l'on veut alors que les seuls salaires que je reçoive
sont de député et de premier ministre.
M. JOHNSON: Est-ce que le premier ministre est employé à
plein temps?
M. BERTRAND (Missisquoi): Cela ne durera peut-être pas
longtemps.
M. LESAGE: Je considère que le sourire du chef de l'Opposition,
quand il a posé la question était un compliment.
M. GABIAS: Est-ce que les revenus,... une personne qui ne travaille pas,
mais qui a des revenus est-elle couverte? Pas du tout?
M. LESAGE: Non. C'est le revenu du salaire. C'est bien
déterminé tout au long d'ailleurs; c'est bien
expliqué.
M. GABIAS: Et les revenus ne sont pas du salaire?
M. LESAGE: Pardon?
M. GABIAS: Les revenus ne sont pas du salaire?
M. LESAGE: C'est évident que ce sont des revenus de placement, ce
ne sont pas les revenus du salaire.
M. GABIAS: Celui qui administre... M. LESAGE: Pardon?
M. GABIAS: Celui qui est administrateur du travail est-ce qu'il est
payé comme tel?
M. LESAGE: Oui, mais s'il est salarié.
M. GABIAS: Mais s'il est autonome, et qu'il administre.
M. LESAGE: S'il administre sa fortune? Non, il n'est pas couvert,
à moins qu'il y ait une compagnie limitée qui lui paie un
salaire.
M. GABIAS: Autonome. Absolument autonome.
M. LESAGE: S'il y a une compagnie limitée qui lui paie un
salaire, ma réponse est oui. S'il administre personnellement sa propre
fortune, la réponse est non.
M. DOZOIS: M. le Président, je voudrais faire
préciser...
M. LESAGE: Et d'abord il faudrait évidemment,... il n'en a pas
beaucoup besoin de sa pension de retraite si tout ce qu'il a à faire est
d'administrer sa fortune...
M. JOHNSON: La veuve?
M. LESAGE: ... Il n'a qu'à s'arranger pour ne pas la perdre.
M. JOHNSON: Mais pour sa veuve?
M. LESAGE: Pour sa veuve, bien il faut, évidemment, lorsqu'elle
s'est mariée qu'elle ait pris les précautions nécessaires
pour s'assurer qu'une partie de sa fortune lui reviendrait
M. JOHNSON: M. le Président, je connais un cas, le
ministre du Revenu le connaît peut-être, non pas par ses fonctions,
moi je le connais par certain milieu...
M. LESAGE: Là, on est loin du sujet.
M. JOHNSON: ... d'un bonhomme qui est mort laissant $3,500,000. Il a
laissé une pension à sa veuve de $200 par mois.
M. LESAGE: J'en connais un cas, moi.
M. JOHNSON: Je pense qu'elle est à la veille d'aller voir le
ministre du Bien-Etre social...
M. LESAGE: Je le connais.
M. JOHNSON: ... même si son mari...
M. LESAGE: Je connais un cas, même s'il n'est pas exactement
semblable, même si ce ne sont pas exactement les mêmes chiffres, je
connais un cas qui lui ressemble joliment
M. JOHNSON: Si le ministre sans portefeuille du comté de
Jacques-Cartier était ici, je lui dirais que c'est un des mauvais effets
de la législation du bill 16...
M. LESAGE: Ah non! Ça été fait avant que le bill 16
soit sanctionné ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. JOHNSON: Un manque de restriction au droit d'ester, mais tout
ça c'est en dehors de la question. Je m'excuse, M. le
Président
M. CADIEUX: Quel est le caractère de la veuve?
M. DOZOIS: M. le Président, le premier ministre tout à
l'heure a parlé justement de la police, de la gendarmerie royale du
Canada, qui avait un fonds de pension qui sortait de l'ordinaire parce que ces
gens-là peuvent prendre leur retraite après 20 ans de service, et
obligatoirement après 25 ans de service, je crois.
M. LESAGE: Oui, ça dépend du rang qu'ils occupent
M. DOZOIS: Ils peuvent la prendre après 20 ans, mais
obligatoirement après 25 ans, selon le grade.
M. LESAGE: Non, ça dépend, ça peut être plus
de 25 ans suivant le grade.
M. DOZOIS: Oui, je pense que c'est en bas de « Sergeant
»?
M. LESAGE: Ah, ça je ne m'en rappelle pas.
M. DOZOIS: En bas de « Sergeant », c'est automatique
après 25 ans de service...
M. LESAGE: Oui, peut-être.
M. DOZOIS: ... et en haut de ce grade ils peuvent prendre leur pension
après...
M. LESAGE: Cela varie suivant le grade occupé.
M. DOZOIS: ... plus d'années de service. Or, il arrive...
M. LESAGE: Parce que le chef de la gendarmerie royale a certainement
plus que 25 à 30 ans de service.
M. DOZOIS: ... il arrive, M. le Président, que le fonds de
pension des policiers de Montréal, je ne connais pas celui de la
ville de Québec, mais c'est sûrement la
généralité des fonds de pension qui couvre nos policiers,
à un peu cet aspect du fonds de pension de la gendarmerie royale.
Les policiers de Montréal peuvent prendre leur pension après 25
ans de service...
M. LESAGE: Je suis au courant.
M. DOZOIS: Comme les policiers de Montréal, la plupart sont
engagés à 19 ans ou 18 ans et demi même; ça veut
dire qu'un policier peut prendre sa pension à 43 ans et demi.
M. LESAGE: Puis?
M. DOZOIS: Les contributions pour ce fonds de pension
s'élèvent actuellement à 19% 8% payé par
l'employé, et 11% payé par la cité de Montréal. Il
est évident...
M. LESAGE: Oui, mais ils s'ajusteront.
M. DOZOIS: Bien s'ajuster, précisément, M. le
Président, ça peut être difficile, parce que ce taux
élevé pour les policiers de Montréal est
précisément de cette nature parce qu'il y a une possiblité
de pension très considérable, puisque les policiers peuvent
prendre leur pension dès 43 ans et demi.
M. LESAGE: Mais il y avait une autre raison aussi.
M. DOZOIS: Comme la possibilité de vie est aux environs de 67 ans
et demi, on voit tout de suite qu'il peut y avoir une période de 24 ans
et demi de pension, et comme la pension est très élevée,
elle peut aller jusqu'à 80% du salaire dans certains cas,
et qu'aujourd'hui la majorité des policiers reçoivent le salaire
maximum prévu par ce plan de pension, $5,000 - $5,500...
M. LESAGE: Si le député de St-Jacques me le permet, la
possibilité de vie d'un homme de 43 ans, ce n'est pas 67 ans et demi,
c'est au-dessus de 75 ans.
M. DOZOIS: Peut-être.
M. JOHNSON: Pas chez les pompiers.
M. LESAGE: Non, non, on parle de la possibilité de vie, c'est
ça qui compte. Et puis une autre chose que je dois faire remarquer au
député de St-Jacques, c'est que l'une des raisons pour lesquelles
les contributions au fonds de pension des policiers et pompiers de
Montréal sont si élevées, c'est parce que dans le
passé il y avait eu des déficits accumulés
considérables.
M. DOZOIS: Je ne suis pas prêt à soutenir ça, parce
que le fonds a été complètement réorganisé
il y a une dizaine d'années...
M. LESAGE: Il est réorganisé avec une augmentation des
taux.
M. DOZOIS: ... il a été placé sur des bases
actuarielles...
M. LESAGE: Mais c'est ça, c'est là qu'ils ont
été obligés de mettre ça à 8 et 11.
M. DOZOIS: Non, pas nécessairement, M. le Président. Le
fonds de pension, la contribution est élevée
précisément parce que l'on accorde des pensions très
élevées, qui peuvent aller jusqu'à 80% du salaire des cinq
dernières années du salaire de l'officier de police...
M. LESAGE: Ce sera ajusté, c'est tout
M. DOZOIS: Et le point que Je veux soumettre aujourd'hui, M. le
Président, est qu'un fonds de pension qui coûte actuellement 19%
du salaire, je me demande comment il peut supporter une augmentation de 3.6%
parce que le taux de 19% pour les policiers de Montréal est
préciséement fixé pour leur assurer cette pension.
Est-ce qu'on peut leur demander de payer 3.6% de plus pour aller
chercher, eux, une
pension supplémentaire de $1,250 pendant en moyenne deux ans et
demie. Parce que les taux sont basés sur la possibilité de vie de
ce groupe-là et l'expérience c'est que la moyenne de vie des
policiers de Montréal c'est 67 1/2 ans. Il y en a qui vivent
jusqu'à 94 ans peut-être.
M. LESAGE: C'est évident.
M. DOZOIS: La moyenne s'établit à 67 1/2 ans. Alors dans
les calculs actuariels...
M. LESAGE: Non, non, la moyenne de l'homme qui se retire à
l'âge de 43 ans est au-dessus de 75 ans, à l'heure actuelle et
elle est à la hausse, et puis la position des pompiers et des policiers
de Montréal, celle des pompiers et et des policiers de Québec
serait exactement la même que la situation de tous les employés de
toutes les industries ou commerces où il existe un fonds de pension. Ils
pourront facilement avec l'aide d'actuaires ajuster leurs pensions sans qu'il
leur en coûte plus cher en payant la moitié du 3.6%, 1.8%
jusqu'à un maximum de $4,400 de revenu cotisable et l'ajuster. C'est un
calcul d'actuaires et on m'assure que ça ne coûtera rien de plus
et que les avantages seront plus considérables.
M. DOZOIS: Bien, M. le Président, le premier ministre ne m'a pas
laissé terminer la pensée que je voulais émettre. Sans
prendre le temps de cette Chambre je veux tout simplement expliquer que le
taux, le 19% des policiers...
M. LESAGE: Sera baissé.
M. DOZOIS: ... est fixé en tenant compte que dans ce groupe la
moyenne de vie est de 67 ans même si généralement, dans la
province, c'est de 75 ans. Leur taux de 19% tient compte du fait que dans ce
groupe particulier la moyenne de vie est de 67 1/2 ans. Or, j'estime, M. le
Président, si on veut me laisser finir ma pensée, j'estime...
M. LESAGE: Pas au moment où ils commencent à cotiser?
M. DOZOIS: ... que le taux de 19% ne pourra pas être réduit
de 3.6% parce que leurs taux prévoient une trop longue période de
pensions, c'est-à-dire de 43 ans et demie à 67 1/2 ans. Alors je
me demandais, surtout si on se base sur le paragraphe 4 de la page 288,
où l'on dit: « Ces organismes auront ainsi le droit d'exercer une
option en faveur d'un régime spécial qui pourra être
établi de façon à servir les intérêts de
toutes les collectivités administratives locales ». Et ma question
était: Est-ce qu'on a l'intention de donner suite à ce voeu
émis par la Commission Dupont?
M. LESAGE: Nous voulons généraliser tant que nous pourrons
le système que nous proposons. Nous voulons qu'il soit universel et nous
ne croyons pas qu'il y ait quelque système à l'intérieur
de la province même oui ne puisse pas être ajusté d'une
manière ou d'une autre.
M. DOZOIS: Alors, je demanderais tout simplement que, d'ici à ce
qu'on présente la loi, on étudie d'une façon
spéciale ce cas-là.
M. LESAGE: Oui mais aux Etats-Unis il n'y a aucune exclusion pour les
policiers, pour qui que ce soit, il n'y en a pas.
M. BERTRAND (Missisquoi): Pas du tout! M. LESAGE: Oui.
M. DOZOIS: Oui mais ce n'est pas la même base.
M. LESAGE: Et leurs systèmes de pensions sont ajustés en
conséquence pour ne pas que ça leur coûte plus cher de
cotisation et puis ils en retirent des bénéfices accrus surtout
dans le cas des orphelins, des veuves, d'invalidité.
M. LE PRESIDENT: Adopté. B.
M. DOZOIS: B, c'est très bien.
M. LE PRESIDENT: C.
M. JOHNSON: M. le Président, à B,...
M. LESAGE: A quoi?
M. JOHNSON: ... à B, le travailleur et son employeur, s'il est
salarié, ç'a l'air que c'est une rédaction qui est un peu
lourde, un peu équivoque tandis qu'en anglais on dit: « The worker
and his employer if he has one ».
M. LESAGE: Bien oui.
M. JOHNSON: Mais là c'est du bien mauvais français. M. le
ministre des Affaires culturelles bondirait s'il était ici. « Le
travailleur, et son employeur, s'il est salarié » ç'a l'air
que c'est l'employeur qui est salarié et s'il est salarié, son
employeur cotisera.
M. BERTRAND (Missisquoi): Oui, oui! Comme rédaction, c'est plus
français.
M. LESAGE: Très bien.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est l'office de la langue française
qui nous propose ça?
M. LESAGE: D'accord. «... et, si les salariés et son
employeur pas de virgule cotiseront. »
M. LE PRESIDENT: C-.
M. JOHNSON: Cela voudrait dire que le gouvernement, dans le cas des
députés par exemple, paierait 1.8% au fonds ?
M. LESAGE: Evidemment, c'est ça, il est l'employeur. Mais est-ce
qu'on peut dire que le gouvernement est l'employeur des députés?
Qu'est-ce que vous en pensez?
M. JOHNSON: Bien, c'est là le point.
M. BERTRAND (Missisquoi): Non, pas au point de vue juridique.
M. LESAGE: Au point de vue juridique, je ne crois pas.
M. JOHNSON: Je pense qu'il s'agit de reconnaître...
M. LESAGE: C'est une indemnité.
M. DOZOIS: On est indemnisé mais on n'est pas salarié.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est une indemnité.
M. LESAGE: Mais le salaire du premier ministre, par exemple, comme
premier ministre...
M. BERTRAND (Missisquoi): Et des ministres.
M. LESAGE: ... et des ministres, comme ministres, sont évidemment
des salaires parce qu'ils sont des fonctionnaires.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est ça.
M. JOHNSON: Est-ce le cas du chef de l'Opposition?
M. LESAGE: Mais malgré que les députés... Les
députés, oui. Le chef de l'Opposition aussi, je suis sûr,
parce qu'il occupe une fonction officielle, mais les députés tout
de même, et les conseillers législatifs sont
considérés...
M. JOHNSON: Je n'ai pourtant pas passé d'examens...
M. LESAGE: ... en vertu d'un jugement à la Cour suprême
comme des fonctionnaires. Il faudrait que j'examine la chose plus à
fond.
M. JOHNSON: Je n'ai pourtant pas passé le concours de la
Commission du service civil.
M. LESAGE: A certains points de vue, les conseillers législatifs
et les députés sont considérés comme des
fonctionnaires...
M. BERTRAND (Missisquoi): Pas les députés?
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND (Missisquoi): Pas en vertu de notre loi ici?
M. LESAGE: Ah oui! Oui, monsieur. Cela a été
décidé par la Cour suprême. C'est la même loi un peu
partout dans les législatures, et tout ce qui s'applique aux conseillers
législatifs s'applique aux députés. C'est la même
loi, et tous sont considérés comme des fonctionnaires.
M. JOHNSON: M. le Président, cela, ça fait l'objet d'un
débat devant les tribunaux!
M. BERTRAND (Missisquoi): Je n'ai jamais compris...
M. LESAGE: Oui, mais c'est l'effet d'un jugement de la Cour
suprême.
M. JOHNSON: ... mais je pense, comme cette question fait l'objet d'un
débat devant les tribunaux...
M. LESAGE: Cela ne fait pas l'objet d'un débat devant les
tribunaux. Cela a été décidé par la Cour
suprême.
M. JOHNSON: Mais ça ne nie pas la Législature, un jugement
de la Cour suprême. C'est une interprétation, c'est une provision
de la loi de la Colombie britannique.
M. LESAGE: Une tempête dans un verre d'eau!
M. DOZOIS: Mais si on est considéré comme des
fonctionnaires, on n'est pas soumis à l'article 60 de la Loi de la
Commission du service civil?
M. LESAGE: Non, vous n'êtes pas considérés comme des
employés...
M. BERTRAND (Missisquoi): On va tous être congédiés
demain matin.
M. LESAGE: On serait tous congédiés. Les
députés ne sont pas considérés comme des
employés du Service civil.
M. BERTRAND (Missisquoi): On travaille pour le peuple.
M. JOHNSON: Alors «c »-?
M. LESAGE: « Le travailleur et, s'il est salarié, son
employeur » alors est-ce qu'on peut considérer le
député comme un salarié même s'il est fonctionnaire?
Je ne crois pas parce que c'est bien une indemnité que reçoit le
député.
M. LE PRESIDENT: A la trosième ligne: « son » au lieu
de « sont », « son dix-huitième anniversaire
».
M. LESAGE: Oui, évidemment. M. LE PRESIDENT: C-.
M. JOHNSON: « C », M. le Président, c'est le
problème qui a été mentionné par le
député de St-Jacques et par moi-même. J'aimerais tout
simplement ajouter que, en plus de la recommandation du comité Dupont
pour un revenu de $6,000 ou un revenu de $5,000, il y eut d'autres suggestions
entre autres par la C.S.N. qui recommandait que le salarié, le revenu de
salarié soit cotisé jusqu'à $8,000, mais soit
exempté jusqu'à 15%. Evidemment, cela aurait eu pour effet, comme
je l'ai dit, d'étendre le risque sur un éventail plus
considérable. Il y aurait eu plus de gens à gros revenus qui
auraient contribué pour soutenir ce fonds, ou cette caisse de
retraite.
C'est à propos de cette limite à $5,000 que certains
sociologues ont manifesté à l'égard du plan des
réticences, disant qu'il était antisocial parce qu'il faisait
porter un poids trop lourd sur ceux qui ont de maigres revenus, alors qu'on
exemptait trop facilement ceux qui avaient un plus fort revenu.
Le gouvernement a fait son lit, le gouvernement a pris une
décision. Il restera toujours que, dans l'opinion publique, on pourra se
demander avec raison; « Est-ce que le gouvernement a changé les
recommandations du rapport du comité interministériel parce qu'il
n'acceptait pas les conclusions de ce rapport ou est-ce qu'il a
été obligé de le faire pour accorder la loi provinciale au
projet de loi fédéral?
Je n'ai pas à insister davantage. Le problème est ainsi
posé et ce n'est pas en répétant à
satiété les mêmes arguments que je pourrai convaincre le
premier ministre et ce n'est pas par des réponses fulgurantes qu'il
pourra, de son côté, m'amener à penser que c'est purement
par un souci social.
Je crois que, quelles que soient les paroles du premier ministre,
quelles que soient ses protestations, il reste que son plan, celui qu'il nous
présente dans cette motion et qui est le résultat de
négociations avec Ottawa, est un plan moins social que celui qui lui
avait été recommandé par une commission. Il est antisocial
particulièrement par ce fait qu'il est trop lourd sur les revenus de
gens déjà trop taxés et ne fait pas porter une part assez
considérable par ceux qui auraient les moyens de la payer.
Evidemment, M. le Président, vous vous rendez compte que je me
pénalise et je pénalise tous ceux qui sont dans cette Chambre en
parlant ainsi ou en souhaitant qu'il en soit ainsi dans un plan. Mais ces
choses étant dites, convaincu que je ne ferai pas changer l'opinion du
premier ministre, je m'arrête là.
M. LESAGE: M. le Président, je veux simplement
réitérer que l'objet justement de faire participer les
salariés à partir de $600 au lieu de $1,000 est pour
protéger cette classe, permettre à cette classe de participer aux
pensions de retraite. Et ça, entre $600 et $1,000, c'est une moyenne
annuelle. Il peut fort bien arriver que, durant les premières
années de sa vie, un jeune homme ne gagne que $600 à $1,000 et on
peut s'attendre à ce qu'il augmente évidemment les revenus
provenant de ses salaires. Mais, une des raisons, c'est pour que les
années où il n'aura contribué que sur le montant qu'il
aura gagné au-dessus de $600 puissent compter dans l'addition des
années nécessaires, nombre d'années qui sert de base ou de
quotient, si l'on veut, à l'établissement de la moyenne
pondérée de ses salaires et qu'il se rapproche plus du 47 ans
maximum, moins 10% qu'il peut éliminer des années les plus
basses. Moins 10% de 47 ans.
Est-ce que l'on sait qu'aux Etats-Unis le maximum est de $5,400 et qu'il
n'y a pas d'exemption?
M. JOHNSON: On sait aussi qu'ils sont mal pris.
M. LESAGE: Est-ce que l'on sait qu'aux Etats-Unis, M. le
Président, le niveau de vie et le niveau de salaire, la
différence de niveau de vie, le niveau de salaire principalement, est
beaucoup plus forte que la proportion de $5,000 à $5,400. Et pourtant
c'est le système qu'on a. Pourquoi? Pour protéger les petits afin
qu'ils puissent participer.
Tandis que plus on élève le montant, et c'est ça
qu'il faut comprendre, si on le met $8,000, les avantages que recevront ceux
qui auraient été cotisés sur une base de $8,000 moins la
déduction seraient proportionnellement beaucoup plus
considérables que les avantages que retirent les petits pour les
contributions qu'ils font, c'est ça qu'il faut comprendre. C'est
ça qui est la partie sociale du régime, cela avec la
période de transition de dix ans qui permet à ceux qui,
aujourd'hui, ont 55 ans, de pouvoir, au bout de' dix ans, à 65 ans, se
retirer du marché du travail et retirer s'ils ont eu un revenu annuel
moyen de $1,000, $250.
Mettons une moyenne de revenu annuel de $2,000, c'est petit ça?
Il aura droit à $500 plus, à 65 ans, sa pension réduite de
$51 et quelque chose, par mois; alors ça lui fera $51, plus $41.67.
C'est ça l'effet de la période de transition. Et s'il continue de
travailler jusqu'à 70 ans, pour continuer à y contribuer, eh
bien, il y trouvera encore plus d'avantages et, là, il aura droit
à la pension universelle de $75 en plus.
M. Castonguay attire mon attention sur la page 153 du rapport. Section
3, redistribution des ressources financières du régime: a)
introduction; b) redistribution provenant de la définition du revenu
cotisable. Suivent plusieurs pages qui démontrent que, plus on
élève le maximum de revenu de salaire, plus c'est à
l'avantage des gros et plus c'est au désavantage des petits.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre mêle le
bon grain et l'ivraie. Evidemment, je ne veux pas l'accuser de faire
exprès pour essayer de noyer le poisson. Je demande au premier ministre
pourquoi on n'est pas allé chercher les cotisation chez eux qui gagnent
plus que $5,000?
M. LESAGE: C'est parce que l'on va être obligé de leur
payer, M. le Président...
M. JOHNSON: Bien oui.
M. LESAGE: ... des prestations qui vont être plus
élevées.
M. JOHNSON: God knows. M. le Président, le premier ministre
dit... D'abord, sait-il qu'au Etats-Unis, c'est $5,400...
M. LESAGE: Comment? Chez ceux qui gagnent plus que $8,000, on va aller
chercher des cotisations sur $4,400. Comprenez-nous bien...
M. JOHNSON: Je comprends ça, mais disons jusqu'à $5,400 ou
jusqu'à $6,400 ou jusqu'à $7,400.
M. LESAGE: Bien oui, mais plus on fait ça, bien plus on avantage
les gros aux dépend des petits.
M. JOHNSON: M. le Président, ce n'est pas tout à fait
exact.
M. LESAGE: Bien qu'on lise...
M. JOHNSON: Je répondrai ceci au premier ministre: moins on a de
gros dans un plan pour payer des grosses cotisations et plus on doit charger
cher aux petits pour payer les mêmes prestations.
M. LESAGE: Mais non, moins on est obligé de payer...
M. JOHNSON: Mais voyons, M. le Président, c'est bien
évident.
M. LESAGE: C'est un système d'assurance. Moins on est
obligé de payer de grosses prestations, surtout...
M. JOHNSON: Je comprends ça.
M. LESAGE: ... et surtout dans la période de transition de dix
ans.
M. JOHNSON: Le premier ministre va-t-il prétendre que celui qui,
disons, gagne $1,000 et qui est cotisé pour $400 en met autant dans le
fonds qu'il en retirera éventuellement? Mais non...
M. LESAGE: Il en met bien moins.
M. JOHNSON: Bon! Il y a quelqu'un qui en met plus quelque part. C'est
qui?
M. LESAGE: Bien non.
M. JOHNSON: Bien écoutez, pour combler le déficit, il faut
qu'il y ait quelqu'un qui en mette plus...
M. LESAGE: Ce n'est pas comme ça que ça marche.
M. JOHNSON: C'est celui qui a le plus gros revenu et c'est normal qu'il
fasse un plus gros effort. C'est aussi simple que ça. Or là, le
premier ministre dit; « On a baissé ça de $1,000 à
$600. » C'est-à-dire que le rapport Dupont recommandait qu'une
personne gagnant moins que $1,000 ne contribue pas au fonds et,
évidemment, ne retire rien du fonds. Le premier ministre dit: « On
a baissé ça à $600 parce qu'on voulait que les petits qui
gagnent au-dessous de $1,000 aient une chance de participer à ce plan.
» Très bien! L'intention est magnifique, le résultat est
magnifique aussi. Mais d'abord je voudrais dire que j'espère qu'on va
faire disparaître le plus tôt possible les gens qui ne gagnent que
$600 par année dans la province,...
M. LESAGE: C'est évident.
M. JOHNSON: ... car j'ai hâte qu'on les fasse
disparaître.
M. LESAGE: Oui, mais il y en a.
M. JOHNSON: Alors, l'avantage c'est qu'on peut...
M. LESAGE: Il y en a pas beaucoup d'après les chiffres de
l'impôt, en tous les cas.
M. JOHNSON: L'avantage que cette classe pourrait retirer ne durera pas
longtemps, j'espère. Deuxièmement...
M. LESAGE: Mais c'est seulement les travailleurs à temps partiel,
ça...
M. JOHNSON: Je dis que ceux qui ne gagnent que $600 ou $800 ou $1,000,
qui ont déjà d'autres taxes à payer que je n'ai pas besoin
d'énumérer, que le gouvernement connaît parce que c'est lui
qui les a imposées presque toutes; celui-là n'a pas les moyens de
payer une bien grosse prestation.
M. LESAGE: Il ne la paiera pas non plus.
M. JOHNSON: Il en a une à payer...
M. LESAGE: Mais oui, mais voulez-vous un système ou si vous n'en
voulez pas un?
M. JOHNSON: Je ne dis pas que je ne veux pas un système, mais je
dis que, si vous aviez inclus dans le plan des gens qui gagnent plus cher, vous
auriez pu faire porter une plus grosse part du fardeau, un plus gros coin du
piano, le coin qui pèse le plus, par ceux qui ont le plus de revenus;
parce que c'est bien évident que si ceux qui ne gagnent, disons, que
$1,000 en mettent beaucoup moins qu'éventuellement ils vont en retirer,
il y a quelqu'un quelque part qui en a mis et qui doit en mettre plus
qu'éventuellement il n'en retirera. Cela, c'est évident, c'est
clair. Je pense qu'il n'y a pas un député dans cette Chambre qui
ne me suit pas là-dessus, qui n'admet pas que j'ai raison.
Alors, si on multiplie le nombre de gens qui ont de plus gros revenus,
si on va en chercher plus pour les inclure dans notre groupe de contributeurs
ou de cotisés et qui vont payer de plus grosses primes, eh bien, on a
des chances que la prime soit moins pesante à porter pour les petits.
Plus le risque, en somme, est distribué...
M. LESAGE: Au contraire.
M. JOHNSON: Plus le risque est distribué, M. le Président,
et moins, évidemment, la prime devrait être élevée.
C'est un principe qui est tellement évident qu'il n'y a pas un actuaire
qui va me faire changer d'opinion là-dessus. Il reste...
M. LESAGE: Si vous avez la science infuse, c'est une autre affaire.
M. JOHNSON: Non, non, non. Il y en a d'autres qui ont écrit
là-dessus; il y en a d'autres qui ont étudié ces
problèmes.
M. LESAGE: Est-ce que le chef de l'Opposition me permettrait de le
référer à la page 155, volume 1 du rapport?
M. JOHNSON: Oui, puis?
M. LESAGE: Bien, si vous voulez le prendre.
M. JOHNSON: Qu'est-ce qu'il va me prouver?
M. LESAGE: Il va vous prouver le contraire de ce que vous avancez.
Prenez page 155.
M. JOHNSON: Est-ce que le premier ministre va me laisser finir?
M. LESAGE: Bien oui, mais c'est parce que le chef de l'Opposition se
trompe totalement, puis je n'aime pas ça que ce soit inscrit au «
Journal des débats » des paroles du chef de l'Opposition
démontrant qu'il ne connaît rien.
M. JOHNSON: Le premier ministre aimerait mieux inscrire au «
Journal des débats » que lui a prouvé que je ne connaissais
rien; ça il aimerait bien ça.
M. LESAGE: Ce n'est pas moi, c'est le rapport des actuaires.
M. JOHNSON: M. le Président, si tel est vrai que je me trompe et
si c'est vrai qu'il a la réfutation, et si c'est vrai qu'il ne veut pas
que ça paraisse au « Journal des débats », je ne
comprends pas pourquoi il insiste pour parler.
M. LESAGE: Bien voyons!
M. JOHNSON: Ce n'est pas moi qui recommande ça. C'est à la
suite d'une étude extrêmement sérieuse faite par les gens
de la C.S.N. entre autres; c'est le comité qui a suggéré
à un moment donné, alternativement, je l'admets $6,000 et
$5,000.
Au fédéral, M. le Président, on voulait commencer
à zéro, et si on est arrivé à $600 c'est
évident pour n'Importe qui, qui connaît la politique et les
méandres du fédéralisme coopératif, c'est parce
qu'on voulait trouver un compromis, genre de compromis deux drapeaux,
rencontre-moi à mi-chemin, toi tu mets $1,000 nous autres on met
zéro, on va se rencontrer à $500, là on a...
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: ... on a maquillonné et, finalement, on s'est entendu
sur $600 pour que Mlle LaMarsh ne perde pas trop la face et pour que
Québec ne perde pas complètement la face. Cela a
été évidemment la cause réelle de ce compromis
à $600.
M. CADIEUX: Vous ne manquez pas d'imagination.
M. JOHNSON: Non, M. le Président, je ne manque surtout pas de
réalisme.
M. CADIEUX: Imagination.
M. JOHNSON: Je commence à les connaître les libéraux
et ça paraît tellement quand on regarde le tableau
préparé et expliqué cet après-midi par le
député de St-Jacques, tableau qui montre comment, par ce
compromis, on a fait en sorte que le petit va payer davantage et que le gros va
payer moins que d'abord prévu par le plan soumis par le comité
inter-ministériel. Mais, cela comporte un aspect social indiscutable. Je
ne voudrais pas être mal interprété. Les gens qui gagnent
très peu, les gens qui sont, disons, des guides dans certains coins de
la province, certains journaliers dans nos villages, qui voudront participer
à ce plan, y verront certainement des avantages
considérables.
C'est qu'à leur mort ils auront une pension comme a
expliqué le député de St-Jacques, pension pour leur veuve
et les orphelins, à leur mort. Il y aura des prestations de
décès s'ils n'ont personne pour bénéficier, s'ils
n'ont pas des bénéfices supplémentaires comme on les
appelle, mais il reste que ces bénéfices-là ils y ont
droit actuellement en vertu de la loi de la province, et ça ne leur
coûte pas une taxe spéciale.
Là, ça va leur coûter une contribution, si minime
soit-elle, $7.20, au minimum, ça va leur coûter une contribution
pour leur sécurité sociale; ça équivaut à
certains points de vue, sous un aspect que tout le monde voit comme moi,
à une taxe de sécurité sociale pour des
bénéfices auxquels ils avaient droit avant. Ils y ont droit
actuellement en vertu des lois de la province et des lois
fédérales, et auxquelles Ils ne devront plus recourir quand ils
pourront bénéficier du présent régime de rente du
Québec.
M. le Président, le premier ministre a déjà
donné son point de vue, j'ai donné le mien et si je me trompe je
me corrigerai avec plaisir, mais je ne serai pas seul à me tromper. Je
suis en bonne compagnie.
M. LESAGE: Alors, est-ce que le chef de l'Opposition voudrait bien
prendre la page 155, du volume 1, du rapport, et faire la comparaison entre la
proposition d'un revenu salaire annuel de $2,000 et de $6,000 cotisables
suivant la recommandation d'alors à $1,000 et $5,000, évidemment
les mêmes principes s'appliquent parce qu'ici on a réduit de
$5,000 à $600, et l'on verra que la cotisation annuelle variait
de $40 à $200; le montant annuel de rente de $500 à $1,500; la
cotisation totale pour un homme de 40 ans était de $1,699 pour l'homme
ayant un revenu de salaire de $2,000; $1,699 et de $8,495 pour celui qui avait
un revenu total de $6,000.
Alors les prestations avaient, à l'âge de 65 ans, une
valeur actuelle, capitale pour celui
de $2,000, de $5,045 alors que pour celui de $6,000 il avait une valeur
de $15,135 soit une différence dans le premier cas de $3,346 de
redistribution de ressources et dans le deuxième cas $6,640.
Si vous arrivez avec l'exemple de l'homme de 45 ans, bien c'est encore
pire. Pour une cotisation de $l,215 dans le cas du revenu annuel de $2,000,
vous aviez une cotisation de $6,074 au total pour l'homme de $6,000. La valeur
actuelle des prestations à 65 ans était de $5,000 dans le cas de
celui de $2,000 et de $15,000 dans celui avec un revenu de salaire de $6,000.
Ce qui faisait une redistribution de ressources dans le premier cas de $3,830
et dans le deuxième cas de $9,061 et plus vous montez à $7,000,
$8,000 plus la différence s'accentue entre les deux en vertu des calculs
actuariels.
Maintenant, voyons à la page 157. Quels sont les avantages pour
les petits. Revenu annuel de $2,000, montant de la rente de la veuve sans
enfant, revenu annuel $2,000, cotisable $1,000, montant annuel de rente $488,
valeur de la rente au moment de la mort du mari $9,823. Pour celui de $6,000,
valeur de la rente, valeur actuelle capitalisée de la rente, au moment
de la mort, $17,619. Alors que la valeur de la rente par rapport au revenu
cotisable était de $9,823 dans le cas de celui de $2,000, du revenu de
salaire de $2,000 et de $3,523 seulement dans le cas du revenu de $6,000. C'est
le contraire de ce que prétendait le chef de l'Opposition.
Et maintenant, pour ce qui est de la rente d'invalidité,
là c'est encore plus. Dans le cas des rentes d'orphelins par rapport au
revenu cotisable dans le cas de $2,000 c'est 8.56, dans le cas de $6,000 c'est
1.71. Il me semble que c'est clair, que tout a été fait pour
donner d'abord la plus grande couverture possible à ceux qui
malheureusement trop souvent ne travaillent qu'à temps partiel pour
qu'au moins ils puissent faire compter leurs années comme des
années de cotisation s'ils ne travaillent qu'à temps partiel
pendant quelques années.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Et ça, c'est important.
M. JOHNSON: Ce qu'il y a de drôle, c'est qu'il fallait les
négociations avec M. Pearson pour que le premier ministre voit cet
aspect-là.
M. LESAGE: Mais non, pas du tout.
M. JOHNSON: C'est extraordinaire, M. le Président.
M. LESAGE: Pas du tout.
M. JOHNSON: Cela a commencé juste lors des négociations
avec Ottawa. Là, le premier ministre a vu cet aspect tout à coup
et le premier ministre me répond à côté de la
question et il le sait. Il cite des tableaux...
M. LESAGE: Pas quand je cite le rapport.
M. JOHNSON: ... il cite des tableaux qui concernent les dispositions
transitoires. Le premier ministre parle des bénéfices...
M. LESAGE: Pas quand je parle des orphelins et des veuves.
M. JOHNSON: Très bien, mais le premier ministre parle de la
comparaison entre les prestations; ça ce sont les pensions...
M. LESAGE: Je parle de celui de 40 ans... M. JOHNSON: M. le
Président...
M. LESAGE: Il en a pour 25 ans à contribuer.
M. JOHNSON: Le premier ministre explique à cette Chambre que si
on montait évidemment le plafond du revenu cotisable, les prestations
à l'autre bout seraient plus fortes, c'est évident...
M. LESAGE: Pour un très grand nombre d'années, ce serait
à l'avantage considérable des gros revenus.
M. JOHNSON: Mais ce qui ne règle pas le cas du petit, c'est qu'il
a à payer désormais une taxe de sécurité
sociale.
M. LESAGE: Ce n'est pas une taxe.
M. JOHNSON: ... une contribution de sécurité
sociale...
M. LESAGE: C'est une cotisation.
M. JOHNSON: ... pour bénéficier, comme l'a expliqué
longuement le député de St-Jacques avec ses exemples cet
après-midi, je n'y reviens pas, pour
bénéficier d'avantages qu'il a déjà, en vertu des
lois de la province...
M. LESAGE: Non. La charité publique.
M. JOHNSON: Admis, M. le Président, qu'il y a une
amélioration au fait que ça devient la participation à un
plan général de finances...
M. BRISSON: Cela c'est très bien!
M. JOHNSON: .. de sécurité sociale si on veut.
M. LESAGE: D'assurance.
M. JOHNSON: Mais le danger, M. le Président, c'est qu'on se serve
de ce plan, et qu'on veuille faire passer ce plan pour une panacée
à l'assistance sociale. Tant mieux...
M. LESAGE: Non, non, je n'ai jamais dit ça.
M. JOHNSON: Tant mieux si on règle plusieurs cas avec ça
et on va certainement régler plusieurs cas individuels. Il y a quelque
chose de constructif dedans, d'ailleurs on est en faveur de ça.
UNE VOIX: Adopté.
M. JOHNSON: Mais on est en faveur de $600 et avec la CSN, je trouve avec
les économistes sociologues qui ont travaillé pour la CSN qu'on
aurait dû monter ça un peu plus haut.
M. LESAGE: Oui, mais les actuaires, M. Gastonguay vient de me le
dire, ont étudié à fond les propositions de la CSN,
etpour les raisons que je viens de donner et les raisons qu'ils donnent aux
pages que je viens de mentionner au 1er volume de leur rapport, cela donnait
justement au chef des syndicats, et aux gros salariés des syndicats, des
avantages considérables par rapport aux petits.
M. JOHNSON: En tous cas, le plan qui est exposé dans la motion
n'est pas conforme au rapport qui a servi de base...
M. LESAGE: Je suis informé que le rapport de la CSN n'a jamais
été examiné par un actuaire...
M. JOHNSON: M. le Président, il reste que le plan à
3.6%...
M. LESAGE: ... excepté les nôtes, évidemment.
M. JOHNSON: ... M. le Président, il reste un fait qui n'a pas
été nié par le premier ministre, c'est qu'après son
« Canossa » avec M. Pearson, il a...
M. LESAGE: Maudite politique!
M. JOHNSON: Le premier ministre a vu la lumière rien que
d'Ottawa. Lui, c'est à ce moment-là qu'il a changé
d'opinion.
M. CADIEUX: Vous ne la verrez jamais vous!
M. JOHNSON: Et son changement d'opinion coûte $12.40 de plus par
année à celui qui a un salaire de $1,500. Il coûte $10.40
à celui qui a $2,000, il coûte $6.40 seulement à celui qui
a $3,000, il coûte $2.40 seulement à celui qui a $4,000. Il est
bien évident, à lire ce tableau clair, précis, que le
député de St-Jacques a préparé, il est bien
évident, dis-je, que le petit salarié, celui de $1,500 et $2,000
est désavantagé par les amendements apportés à la
suite des négociations avec Ottawa, c'est-à-dire par le
changement de taux à 3.6% à partir de $600 plutôt que 4%
à partir de $1,000 tel que d'abord suggéré. Et ça
veut dire qu'on fait porter par ceux qui gagnent $1,500 et $2,000 un fardeau
plus lourd que celui qui était prévu avant les accords avec
Ottawa, c'est bien évident.
M. LESAGE: Relisez donc ce que j'ai dit!
M. JOHNSON: C'est évident, M. le Président, le premier
ministre n'a pas nié ces chiffres et ne peut pas les nier.
M. LESAGE: Non, mais ce que je dis, par exemple, c'est que les avantages
sont plus considérables. Cest que, suivant le rapport Dupont, pour ce
qui est de l'invalidité c'était à partir de 60 ans, tandis
que ici, les pensions d'invalidité sont payables du moment qu'on devient
invalide.
M. JOHNSON: Il y a un avantage douteux qui a été
exprimé ici en chiffres par le député de St-Jacques cet
après-midi, chiffres qui ne sont pas contredits. D'après le
premier plan, le plan d'avant Ottawa, pour $1, celui qui gagne $1500 par
année achetait $18.75 de pension; il n'en achète plus que $11.57,
même s'il doit payer $12.40 de plus, et celui qui gagne $2,000, qui doit
payer $10.40 de plus, parce que le premier ministre a fait une entente pour
accorder notre plan avec celui que propose Ottawa, celui-là
à $2,000 n'achète plus que $9.92 de pension pour chaque
dollar, alors qu'il en achetait pour $12.50 dans le régime
proposé par la commission Dupont.
C'est clair mais, à mesure qu'on s'élève
évidemment, les inconvénients quant aux modifications sont moins
considérables et se rendent à zéro au point de $5,000 de
salaire. Cela veut dire que les avantages additionnels que donne le plan, les
avantages additionnels accordés aux gens de $600 à $1,000, et les
avantages additionnels accordés à tout le monde relativement
à l'allocation en cas d'invalidité seront payés par la
masse des salariés qui gagnent entre $1,000 et $4,000. C'est ce que
ça veut dire clairement, en vertu de ce tableau qui a été
déposé, dont le premier ministre a une copie et dont les chiffres
n'ont pas été même mis en question ou mis en doute par le
premier ministre lui-même.
M. LESAGE: M. le Président, référant au tableau
dont vient de parler le chef de l'Opposition, il n'a pas encore compris que,
pour les dix premières années du régime, les chiffres de
la dernière colonne doivent être doublés, doivent
être multipliés par deux. Il sait ce que ça veut dire
« doublés »: multipliés par deux! Ce qui rend les
avantages, pour les dix premières années, de beaucoup plus
considérables à ce que cela aurait été avec vingt
années de période de transition. Et ça continuera...
Pardon?
M. DOZOIS: En vertu de quoi?
M. LESAGE: Bien, évidemment que ça va être
doublé. C'est clair parce que ça va être divisé par
dix au lieu de diviser par vingt...
M. DOZOIS: Pas du tout, Je l'ai compté à la pleine
pension.
M. LESAGE: Cela va être divisé par dix au lieu de par
vingt.
M. DOZOIS: Je l'ai calculé à la pleine pension.
M. LESAGE: Bien oui, mais vous oubliez la période de transition.
C'est bon pour celui qui aura payé pendant 47 ans ce que vous dites
là.
M. DOZOIS: Certainement, c'est ça mon exemple.
M. LESAGE: Bien oui, mais ça donne beau- coup moins à ceux
qui ont le plus besoin et qui sont les travailleurs de 45 ans et plus à
l'heure actuelle et qui n'ont pas de plan de pension. Ce sont eux autres qui
sont le plus dans le besoin, qui ont le plus besoin. Et c'est là qu'on
les protège par la période de transition.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Et, au lieu d'être $11.57 qui était prévu
pour une période de transition de vingt ans, bien c'est deux fois
ça parce qu'on divise par dix au lieu de diviser par vingt.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est là que je voulais que
le premier ministre arrive. Il veut, par cette modification, dit-il, aider les
gens qui sont difficiles à placer, cette classe, ces travailleurs de 45
à 65 ans.
M. LESAGE: 45 ans, parce que ça c'est bon pour 55 ans le 1er
Janvier 1966...
M. JOHNSON: Très bien.
M. LESAGE: ... mais ça va en s'estompant.
M. JOHNSON: Bon, ces gens-là ont besoin, dit le premier ministre,
d'être aidés. D'accord.
M. LESAGE: Cela ne veut pas dire qu'ils vont retomber. Cela se
comprend.
M. JOHNSON: Mais pourquoi faire porter ce fardeau de l'aide qu'on veut
donner à ces employés de 45 ans et plus par les petits
salariés? C'est là le problème.
M. LESAGE: Pas par les petits, par tout le monde.
M. JOHNSON: On fait payer $12.40 de plus...
M. LESAGE: Par tout le monde.
M. JOHNSON: ... par celui qui gagne $1,500. On taxe celui qui gagne
$2,000 de $10.40 de plus par année...
M. LESAGE: Et on lui donne en plus la pension d'invalidité.
M. JOHNSON: ... parce que précisément il faut aider ces
gens-là. Je dis qu'il est vrai qu'on doive aider les employés de
45 ans et plus qui ont besoin et qui n'ont pas de plan de pension
régulier ou privé, comme on dit.
Mais je dis que ce fardeau ne doit pas être porté
uniquement par ceux qui gagnent moins que $3,000, mais par tous les payeurs de
taxe de la province et par Ottawa...
M. LESAGE: Mais il ne sera pas porté seulement ...
M. JOHNSON: Comment se fait-il que ça coûte plus cher
d'abord? ... si l'homme n'a absolument rien. Il faudra continuer à lui
payer de l'assistance sociale. C'est évident. Il va être
porté partiellement, par ce programme et principalement par l'assistance
sociale, mais il faut l'établir à un moment donné le
programme, il faut l'établir le système, sur la base la plus
juste possible au point de vue social. C'est ce que nous faisons. C'est aussi
simple que ça. Et, nous voulons lui donner la plus grande
universalité possible pour que même le jeune qui commence à
travailler et qui travaille seulement une partie de l'année, mais qui
gagne au moins $600 puis cotiser un minimum, même si c'est rien que
$1.00.
M. JOHNSON: Et commencer à se qualifier.
M. LESAGE: Et son année compte. Il se qualifie.
M. JOHNSON: Très bien!
M. LE PRESIDENT: Alors C, accepté? Paragraphe D.
UNE VOIX: Adopté.
M. LESAGE: Puis, il ne se qualifie pas rien que pour ça...
il ne faut pas oublier qu'il ne se qualifie pas seulement pour sa pension
à lui mais qu'il se qualifie également...
M. JOHNSON: Cela compte dans l'année des trois dans lesquelles il
doit contribuer avec un minimum de deux, pendant six ans.
M. LESAGE: Oui, puis cela compte pour les rentes de veuves et
d'orphelins. Et on se souvient des chiffres que j'ai donnés et qui
apparaissent à la page 9 de l'annexe à la lettre de M. Pearson,
où c'est le nombre d'années qui compte beaucoup plus que le
montant du revenu.
M. LE PRESIDENT « D », est-ce qu'il y a des commentaires.
« E ».
M. DOZOIS: Cela fait partie des critiques générales...
M. BERTRAND (Missisquoi): Oui, qu'on a faites cet après-midi,
M. LE PRESIDENT: « F ».
M. LESAGE: L'article 2, c'est la recommandation 4 à la page 42 du
volume 1.
M. LE PRESIDENT: L'article 2 de « F ».
M. LESAGE: Pardon? Ah, vous êtes rendus à « F
»? Ah, excusez-moi.
M. JOHNSON: Non, non,
M. DOZOIS: Ah oui, 1, c'est plus long que je pensais.
M. BERTRAND (Missisquoi): On est rendu à « F ».
M. LE PRESIDENT: Il n'y a pas d'autres commentaires à « F
»?
M. DOZOIS: Oui, correct.
M. JOHNSON: Il y a une petite faute de français là,
M. LE PRESIDENT: A quelle ligne?
M. JOHNSON: Première ligne, page 11. « Serant » au
lieu de « sera ».
M. LE PRESIDENT: « F ». Nous étions à «
F ».
M. JOHNSON: J'ai une question à poser à « 2 »,
« 2F ». M. le Président,...
M. LESAGE: Oui, évidemment, il y a une faute de français
à 1, 4e ligne, c'est « seront ».
M. JOHNSON: Mais à 2, dans « F », j'aurais un
éclaircissement...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: ... à demander. 2, se lit comme suit: « La
moyenne des revenus ainsi ajustés est calculée en divisant la
somme par 47 ou par le nombre d'années comprises entre le début
du régime et le 65e anniversaire du cotisant, si ce nombre est
inférieur à 47, ou pendant, les premiers dix ans du régime
par dix
au moins, 10% des années de cotisation pourront être
exclues s'il y en a plus de dix. »
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Il y a évidemment, une faute de ponctuation,
peut-être là aussi. Est-ce que c'est un point qu'on a après
« dix au moins »?
M. LESAGE: Bien évidemment.
M. JOHNSON: Bon. Et le reste qualifie... j'ai tellement
barbouillé ma copie là que je ne voyais plus si c'est un point ou
un point virgule, ou une virgule.
M. LESAGE: Oui. C'est un point, oui, qu'il y a après...
M. JOHNSON: Qu'est-ce que ça veut dire exactement ça,
clairement là, pour qu'on puisse expliquer ça à nos
électeurs?
M. LESAGE: Je vais essayer d'expliquer ça.
M. JOHNSON: Ils n'ont pas tous fait des cours d'actuaires, puis ils
n'ont pas tous travaillé dans une compagnie d'assurance ou n'ont pas
tous été président de commission à Ottawa et n'ont
pas des facilités extraordinaires dans les mathématiques.
M. LESAGE: Les revenus ajustés, c'est le revenu moyen de chaque
année de travail et la moyenne des revenus ainsi ajustés est
calculée en divisant la somme par 47, c'est la somme...
M. JOHNSON: La somme, très bien!
M. LESAGE: ... par 47, c'est 25% du revenu moyen ajusté du
cotisant. La rente de retraite sera égale à 25% du revenu moyen
ajusté du cotisant. Ce revenu sera calculé en deux étapes
comme suit...
M. JOHNSON: Premièrement:
M. LESAGE: ... premièrement: les revenus de son travail pendant
chacune de ces années de cotisation, jusqu'à concurrence du
maximum admissible, seront ajustés sur la même base que
celui-ci.
M. JOHNSON: Bon, alors, pour fins de calcul, l'on dit là: vos
revenus subiront les mêmes ajustements que les prestations,
c'est-à-dire le même système d'ajustement:.,.
M. LESAGE: Bien ça, c'est clair.
M. JOHNSON: ... 2%, pas plus que de 2%...
M. LESAGE: Bien oui, c'est ça.
M. JOHNSON: ... variant sur l'indice à la consommation...
M. LESAGE: C'est ça.
M. JOHNSON: ... et, après dix ans, variant sur l'indice des
salaires.
M. LESAGE: C'est ça. M. JOHNSON: Bien ça va.
M. LESAGE: Puis les prestations vont varier suivant les mêmes
barêmes, les mêmes principes.
M. JOHNSON: Bon. Puis ensuite, qu'est-ce qu'on fait là?
M. LESAGE: Bien la moyenne des revenus ainsi ajustés...
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: ... est calculée en divisant la somme globale par
47...
M. JOHNSON: Disons que c'est $4,000. On divise ça par 47...
M. LESAGE: Bien non, on ne divise pas $4,000 par 47, bien non!
M. JOHNSON: Et on devrait inclure le mot « globale »...
M. LESAGE: ... $4,000 pendant 47 ans. M. JOHNSON: Pardon?
M. LESAGE: $4,000 pendant 47 ans. Pas $4,000, qu'on divise par 47.
M. JOHNSON: Ah non, c'est la somme globale gagnée.
M. LESAGE: Globale de ses revenus ajustés.
M. JOHNSON: Gagnée pendant... M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: D'accord!
M. LESAGE: Ces salaires qu'on divise par 47, soit la différence
entre 18 et 65. De là l'avantage pour celui qui commence à
contribuer, par exemple qui fait des études jusqu'à l'âge
de 24,25 ans, delà l'avantage pour lui de continuer à travailler
jusqu'à 70 ans, parce que, alors, 11 a des chances d'avoir ses 47 ans si
on en soustrait le 10% de la dernière phase qui est quatre ans et huit
mois. Est-ce qu'on me suit là?
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: On me suit, bon! Ou par le nombre d'années comprises
entre le début du régime, le 1er janvier 1966, et son 65e
anniversaire de naissance. C'est ça, la période de transition
qu'on comprend.
M. JOHNSON: Disons 16 ans.
M. LESAGE: Disons 16 ans, on divise par 16.
M. JOHNSON: Correct.
M. LESAGE: Ou pendant les premières dix années du
régime: par 10...
M. JOHNSON: D'accord.
M. LESAGE: C'est ça, c'est là. Est-ce que le chef de
l'Opposition comprend là? Vous avez saisi, là, ça va
bien?
M. JOHNSON: Cela va très bien.
M. LESAGE: Bon, c'est ça la période de transition.
M. JOHNSON: « In cauda venenum »; c'est là que
j'attends, là.
M. LESAGE: Bien oui, mais c'est ça là, la période
de transition; c'est là l'avantage.
M. JOHNSON: Cela va bien.
M. LESAGE: Et puis, quelqu'un peut être malade, pendant un an ou
deux ne pas gagner de salaire, ou encore peut avoir gagné un salaire
très restreint. Il a le droit de soustraire 10% de ces
années.
M. DOZOIS: Il choisira ses plus mauvaises années.
M. LESAGE: C'est ça, puis s'il y a des années de
zéro, bien, il sera bien chanceux, elles n'y seront pas.
M. DOZOIS: Non, elles n'y seront pas.
M. LESAGE: Elles n'y seront pas, mais elles n'affecteront pas la
moyenne...
M. DOZOIS: Si c'est sur 47.
M. LESAGE: Non, mais je veux dire, s'il y a des années de
zéro, elles n'affecteront pas sa moyenne...
M. DOZOIS: Mais c'est sur 47 ans?
M. LESAGE: ... jusqu'à concurrence de 10%. Excusez-moi.
M. DOZOIS: Il a cotisé pendant 46 ans, il va diviser par 46. Sauf
qu'il aura droit à 10% là-dessus.
M. LESAGE: Oui, mais supposons, par exemple, l'homme qui le 1er janvier
1966 aura 35 ans? Il aura 65 ans en 1996. Alors il divisera lui par 30.
M. DOZOIS: Par 30 ans, il aura le droit d'enlever trois ans en divisant
par 27 la différence.
M. LESAGE: Il aura droit d'enlever 10% c'est-à-dire trois
ans.
M. DOZOIS: Il divisera la différence par 27. M. LESAGE: C'est
ça.
M. JOHNSON: Alors, ce « pourront être exclus », c'est
à l'option de qui?
M. LESAGE: Du travailleur, évidemment.
M. JOHNSON: Non, M. le Président, il y a quelqu'un qui va
calculer ça et je pense que c'est la Régie. Et « pourront
être exclus s'il y en a plus de dix », tel que rédigé
là, il semble que ce n'est pas à l'option,
nécessairement.
M. LESAGE: Bien oui, mais...
M. JOHNSON: Evidemment, ce n'est pas le projet de loi
définitif...
M. LESAGE: Bien non.
M. JOHNSON: Mais je crois que c'est notre devoir d'attirer l'attention
du gouvernement sur ce point afin que le projet de loi nous arrive le plus
parfait possible.
M. DOZOIS: Il faudrait que ce soit le privilège du cotisant.
M. JOHNSON: Il faut l'indiquer. Tel que c'est là, cela semble
à la discrétion de la Régie.
M. LESAGE: Non, non, non. Il est certain que le type ira à la
Régie, puis se fera faire des calculs et puis ce sera son option.
M. JOHNSON: Alors, dans ce cas-là il ne faudrait pas dire «
pourront » ; on dira « quand il y en a plus...
M. LESAGE: Bien oui, mais ce n'est pas la loi qu'on étudie.
M. JOHNSON: S'il y en a plus que 10, 10%...
M. LESAGE: Il faudrait lire ça à la lumière du
rapport.
M. JOHNSON: Et non pas marquer « pourront ».
M. DOZOIS: Il faudra dire: « au choix du cotisant ».
M. LESAGE: C'est à la lumière du rapport ici. Evidemment,
la recommandation du comité était pour un nombre d'années
déterminé; de 21 à 25 ans, c'était un an; de 26
à 30 ans, deux ans; de 31 à 35 ans, trois ans; 36 à 40
ans, quatre ans; de 41 à 45 ans, cinq ans; ça revient à
10%.
M. DOZOIS: Vous permettez? Disons, par exemple, qu'un homme de quarante
ans gagne actuellement $7,000 par année. A 65 ans, il gagne encore
$7,000, puis il aura toujours gagné $7,000. Il n'aura pas
intérêt, lui, à se servir de ce privilège, ça
ne lui donnera rien.
M. LESAGE: Absolument pas, «pourront», c'est pour ça
qu'on dit « pourront ».
M. DOZOIS: Bien non, sur son salaire. Il aura intérêt
à utiliser ce pouvoir uniquement lorsqu'il y aura eu des années
où il aura gagné moins.
M. KENNEDY: Il y a progression.
M. LESAGE: Merci, M. Dozois.
M. KENNEDY: Je ne suis pas comme le député de
Trois-Rivières, je ne veux pas allonger les débats.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe « g ». M. DOZOIS: On
établit... M. LE PRESIDENT: « h ».
M. DOZOIS: Il peut avoir droit au maximum n'est-ce pas?
M. LESAGE: Pardon?
M. DOZOIS: Il peut avoir droit au maximum, même s'il a
été cotisé seulement pendant un an?
M. LESAGE: S'il a été cotisé seulement pendant un
an? Bien non. Au début du régime, oui.
M. DOZOIS: S'il a 69 ans?
M. LESAGE: Cela va lui donner 10% de la pleine rente au début du
régime.
M. DOZOIS: Oui, 10%, parfait.
M. LESAGE: Cela, c'est pour le début du régime
ça.
M. DOZOIS: Très bien.
M. JOHNSON: « h. - La période de transition de dix ans
entre l'instauration du régime et le droit à la pleine rente de
retraite ne s'appliquera pas aux autres prestations. »
M. LESAGE: C'est-à-dire que ce n'est que dans dix ans
qu'entreront en vigueur les prestations aux veuves... Pardon!
M. JOHNSON: Est-ce que ce n'est pas l'inverse?
M. LESAGE: Ah oui, c'est la période de transition qui ne
s'applique pas; oui c'est le contraire.
M. BERTRAND CMissisquoi): C'est ça, c'est le contraire.
M. JOHNSON: Vous voyez, M. le Président, c'est écrit en
toutes lettres là-dedans. Le premier ministre me dit que je ne me
réfère pas au rapport...
M. LESAGE: Bien oui, j'ai eu un lapsus.
M. JOHNSON: Il était après dire exactement
l'inverse...
M. LESAGE: J'ai eu un lapsus.
M. JOHNSON: Je suis certain qu'il ne voudra pas que ça parraisse
dans le rapport sténographié de la Chambre qu'il a fait une
erreur pareille.
M. LESAGE: J'ai eu un lapsus.
M. JOHNSON: Et je n'insisterai pas.
M. BERTRAND (Missisquoi): Il est trop tard, ça paraît.
M. LESAGE: Bien oui, j'ai fait un lapsus.
M. JOHNSON: Je trouve que la rédaction, M. le Président,
la rédaction est quand même très amplifiée...
M. LESAGE: J'étais distrait, je pensais à autre chose.
M. JOHNSON: Je sais; ça arrive à n'importe qui ça,
M. le Président, et je voudrais que le premier ministre se rende compte
que des fois nous pouvons être distraits, nous autres. C'est vrai, on a
moins d'occasions que lui d'être distrait: lui, il a la galerie des dames
devant lui alors que nous ce sont des hommes généralement!
M. le Président, la période de transition de 10 ans ne
s'applique pas aux autres prestations. Je pense qu'on devrait tourner ça
à la française; là, c'est typiquement anglais, la
formule.
M. LESAGE: Mais non, c'est pas pris de l'anglais.
M. JOHNSON: Ce n'est pas la période qui ne s'applique pas; c'est
la réduction des bénéfices pendant la période
de...
M. LESAGE: Il n'y a pas de réduction.
M. JOHNSON: ... pendant la période de 10 ans, c'est-à-dire
l'exclusion des bénéfices absolus ou des bénéfices
totaux ne s'applique pas aux prestations supplémentaires.
M. LESAGE: Evidemment, si...
M. JOHNSON: Il y aurait d'autres rédactions à faire.
M. LESAGE: Pour faire plaisir au chef de l'Opposition, je suis bien
prêt à accepter « les dispositions de transition sur une
période de 10 ans entre l'instauration du régime ». Les
dispositions...
M. JOHNSON: ... de transition. M. LESAGE: Non, non.
M. JOHNSON: « Les dispositions de la période de transition
».
M. LESAGE: ...de transition sur une période de 10 ans ».
C'est pas beaucoup mieux comme français, au contraire! C'est un peu plus
lourd, mais ce n'est rien, si ça fait plaisir au chef de l'Opposition,
ce n'est pas une loi.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe « i ».
M. JOHNSON: M. Pearson dans sa lettre utilise une expression pour les
antres prestations, il les appelle les « prestations
supplémentaires ».
M. LESAGE: Oui. Nous, nous les appelons « les autres prestations
».
M. JOHNSON: Pour une fois je dois dire que l'expression de M. Pearson
est plus correcte.
M. LE PRESIDENT: Plus élégante?
M. LESAGE: C'est celle qui apparaît dans l'amendement
constitutionnel que nous avons voté presque unanimement hier.
M. JOHNSON: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Cela va pour « i »?
M. JOHNSON: Qu'est-ce que ça veut dire presque unanimement?
M. LESAGE: 48 à 1.
M. LE PRESIDENT: « j » ?
M. PINARD: Avec une grosse majorité.
M. JOHNSON: Si on demandait au premier ministre: pourquoi s'est on
arrêté à 37.5%. Evidemment on sait qu'il y a un montant de
base de $25 mais comment en arrive-t-on à 37.5? Je
ne veux pas une explication compliquée.
M. LESAGE: Evidemment, dans le calcul de leur proportion, les actuaires
ont dû tenir compte de plusieurs facteurs, principalement le montant des
cotisations qui pouvaient se justifier au point de vue actuariel, les
prestations. Alors, s'ils avaient pris le montant idéal pour une veuve
ou des orphelins, pour les prestations d'invalidité, on en serait
arrivé à une charge qui aurait été beaucoup trop
forte pour l'économie, d'abord, et trop forte pour les individus,
ensuite, parce qu'il faut tout de même, même si durant une
période initiale de 25 ou 35 ans les dispositions transitoires
affecteront la qualité actuarielle du fonds, il faut tout de même
le protéger, eh bien on en est arrivé à cette proportion
de 37.5%. Autrement ça aurait été beaucoup trop
élevé et l'explication apparaît au complet sous le titre de
la rente de veuves à la page 74 du volume...
M. BERTRAND (Missisquoi): 74 et 75... M. LESAGE: ... 74 et 75 du volume
1.
M. JOHNSON: Très bien, merci. Je vous avoue...
M. LESAGE: Volume 1.
M. JOHNSON: ... que je ne l'ai pas étudié celui-là.
37 et demie, là j'aimais bien mieux me fier...
M. LESAGE: Non, mais il y a la charge sur l'économie, il y a la
charge sur l'individu.
M. JOHNSON: J'attire l'attention du gouvernement en vue de la
rédaction définitive de la loi sur l'alinéa, du
deuxième paragraphe qui se lit comme suit: « Pour être
admissible à cette rente, la veuve devra prendre soin d'un enfant de
moins de 18 ans ou de plus de 18 ans s'il fréquente assidûment une
école. Si la veuve n'a pas d'enfant et si elle n'a pas atteint 45 ans,
le montant de la rente de veuve sera réduit partiellement ou totalement
selon son âge. Le paiement de la rente de veuve cessera au
décès ou au remariage. En outre, le paiement du montant de base
de $25 par mois cessera lorsque la veuve recevra sa pension de
sécurité de vieillesse. »
M. LESAGE: Evidemment, le $25 c'est un montant de base qui n'a rien
à faire...
M. JOHNSON: Très bien.
M. LESAGE: ... avec les cotisations du mari. Et pour ce qui est de la
diminution à partir de 45 ans notre intention c'est que ce soit 10% par
année jusqu'à 35 ans.
M. JOHNSON: Mais là n'est pas mon point. Je voudrais attirer
l'attention du premier ministre sur la rédaction. Evidemment, une veuve
qui prend soin d'un enfant de moins de 18 ans.
M. LESAGE: C'est ça.
M. JOHNSON: Bien, c'est un enfant à elle, un enfant à son
mari, un enfant adopté...
M. LESAGE: Bien oui, c'est ça, ça peut être un
enfant adopté, ça peut être un enfant de son mari
aussi.
M. JOHNSON: Il faudra le définir.
M. LESAGE: Non, mais ça peut être un enfant de son mari par
un premier mariage.
M. JOHNSON: Quelqu'un me faisait remarquer, M. le
Président,...
M. LESAGE: Si on avait dit son enfant, vous auriez été
peut-être le premier à vous lever pour dire si c'est l'enfant de
son mari d'un premier mariage.
M. JOHNSON: Bien, il faudrait le définir quelque part dans la
loi.
M. LESAGE: Bien oui, mais ce n'est pas une loi.
M. BERTRAND (Missisquoi): Dans la loi.
M. JOHNSON: Dans la loi définitive, il faudrait le définir
parce que...
M. LESAGE: Il fallait garder le terme assez vague pour protéger
l'enfant du mari décédé.
M. JOHNSON: Oui, mais c'est là qu'on va arriver en conflit,
c'est-à-dire...
M. LESAGE: Pour protéger la plainte...
M. JOHNSON: ... mais c'est là qu'on va avoir des ajustements
à faire avec l'interprétation que dans les autres provinces on
donne. C'est là qu'entrent évidemment en action nos institutions
juridiques différentes...
M. LESAGE: Oui, ça ne change rien.
M. JOHNSON: ... c'est là qu'il faudra...
M. LESAGE: Cela ne changera pas grand-chose.
M. JOHNSON: ... définir les...
M. LESAGE: On a seulement à marcher suivant nos lois, c'est
tout.
M. JOHNSON: Quelqu'un qui a lu ça, M. le Président, m'a
dit: ça va porter les étudiants de 18 ans à se faire
adopter par des veuves.
M. LESAGE: Cela a été dit en farce.
M. JOHNSON: Les veuves vont avoir un intérêt à
adopter un étudiant.
M. LESAGE: Bien à $25, l'intérêt ne sera pas
pécuniaire.
M. JOHNSON: ... parce que la loi dit, M. le Président... Ah! je
voulais dire un intérêt pécuniaire, M. le
Président.
M. LESAGE: Je vous demande pardon.
M. JOHNSON: Cela donne $25 par mois plus 37.5% de la rente de son
défunt mari et sans compter les inconvénients que ça peut
créer, 18 ans s'il fréquente assidûment une école.
Il y a des gens malins qui lisent ça pour nous, ils nous font des
remarques et des rapports. C'est un député libéral qui m'a
fait remarquer ça.
M. LESAGE: Il ne pense qu'à ça.
M. JOHNSON: M. le Président, je venais de dire que c'était
un député libéral qui m'a fait penser à
ça.
M. PINARD: Nous antres on est distrait, mais vous, vous êtes
tenté.
M. JOHNSON: Pardon?
M. LESAGE: Elle est bonne!
M. PINARD: J'ai dit: nous, nous sommes dstraits, mais vous, vous
êtes tenté.
M. JOHNSON: Mais j'ai devant moi à la journée longue des
éteignoirs de concupiscence, M. le Président.
M. LESAGE: J'admets,... j'en suis rendu là.
M. JOHNSON: Ah, c'est vice-versa, il n'y a pas d'erreur.
M. LE PRESIDENT: Adopté. M. JOHNSON: Oui, « J ». M.
LE PRESIDENT: «K».
M. DOZOIS: M. le Président, « J » parle de la rente
de veuve et puis dans tout l'article on parle de veuve alors que le rapport
à la page 78 prévoit dans certains cas des rentes pour des
veufs...
M. LESAGE: Mais oui.
M. DOZOIS: Alors, est-ce qu'on ne devrait pas...
M. LESAGE: Je vais vous dire une chose: ce sera dans la loi.
M. DOZOIS: Oui mais est-ce qu'on ne devrait pas le mettre dans la
résolution?
M. LESAGE Bien ce n'est pas nécessaire, c'est entendu.
M. DOZOIS: Peut-être « et de veufs » dans certains
cas.
M. LESAGE: Je peux bien le mettre si vous voulez mais c'est prévu
ça, c'est entendu, c'est prévu dans le rapport, c'est
prévu dans la lettre de M. Pearson...
M. BERTRAND (Missisquoi): A la page 118. M. LESAGE: ... c'est
prévu partout.
M. DOZOIS: C'est prévu dans la lettre de M. Pearson?
M. LESAGE: Bien oui. Bien, je l'ai lue en tous les cas.
M. DOZOIS: Bien moi aussi je l'ai lue rapidement, et puis je ne voudrais
pas qu'après ça...
M. LESAGE: Pour les veufs, quand c'est la femme... Cela y est quelque
part. Attendez. Si c'est la femme qui a contribué...
M. DOZOIS: Oui, quand la femme a contribué...
M. LESAGE: C'est ça!
M. DOZOIS: ... et puis on est rendu à la page 78.
M. LESAGE: Cela y est ça!
M. DOZOIS: « Conformément au principe énoncé
à l'alinéa précédent, le comité recommande
de ne pas accorder de rentes de veuf à moins que ce dernier soit
invalide. Les dispositions relatives à la rente de veuf
s'appliqueraient, « mutatis mutandis », à la rente de veuf.
»
M. BERTRAND (Missisquoi): Alors, qu'est-ce qu'ils vont appliquer?
M. LESAGE: Boni A la page 4 de la lettre de M. Pearson: « Les
prestations aux orphelins seront payées au décès du
père ou de la mère, si elle était le seul soutien de la
famille. » Dans les cas des orphelins, « un nouveau mariage de la
mère ne mettrait pas fin à la prestation aux orphelins
».
M. DOZOIS: Dans l'annexe ou dans la lettre même?
M. LESAGE: Dans la lettre. M. DOZOIS: Dans l'annexe? M. LESAGE: Dans la
lettre: l-e-t-t-r-e!
M. DOZOIS: En tous les cas, je n'ai pas la lettre sous la main. Je
prends la parole du premier ministre.
M. LESAGE: Si l'on veut regarder aussi à la page 4 de l'annexe de
la lettre de M. Pearson, on lira: « Veuve avec enfants à charge,
veuves invalides et veufs invalides ».
M. DOZOIS: « Veufs invalides ».
M. LESAGE: « La portion uniforme des prestations, plus 37 1/2% de
la prestation proportionnelle au gain de l'époux défunt.
»
M. BERTRAND (Missisquoi): Autrement dit, vous allez appliquer la
recommandation du rapport...
M. LESAGE: On va appliquer la recommandation du rapport...
M. BERTRAND (Missisquoi): ... à la page 78.
M. LESAGE: ... d'ailleurs ce sera dans le plan. On le rend aussi
uniforme que possible.
M. LE PRESIDENT: A.
M. DOZOIS: A la page 4, dites-vous, le premier ministre Pearson en parle
de ça?
M. LESAGE: La page 4, oui, de l'annexe.
M. DOZOIS: Voulez-vous me la citer parce que...
M. LESAGE: Bien oui.
M. DOZOIS: Ah! de l'annexe.
M. LESAGE: Non, non, à la page 4 de la lettre...
M. DOZOIS: Quel paragraphe, s'il vous plaît?
M. LESAGE: ... il est question, à la page 4 de la lettre, des
orphelins.
M. DOZOIS: Oui.
M. LESAGE: A la page de l'annexe, au milieu de la page sous le titre
« Montant des prestations », on peut lire « Veuves avec
enfants à charge, veuves invalides et veufs invalides ». A la
colonne de gauche, M. le député de St-Jacques, c'est
souligné.
M. JOHNSON: On me faisait remarquer, M. le Président, le
premier ministre me corrigera si cette remarque n'estpas exacte, qu'en
vertu de la dernière phrase de l'alinéa 2 du paragraphe 2 de J),
il semble que c'est moins généreux et moins avantageux que
l'assistance-vieillesse.
M. LESAGE: C'est possible. Ce sera complété par
l'assistance-vieillesse. C'est-à-dire qu'il y aura avantage. Ce n'est
pas moins généreux que l'assistance-vieillesse, ça ne peut
pas l'être.
M. JOHNSON: Bien...
M. LESAGE: Non, excusez moi!
M. JOHNSON: Il faut qu'on fasse le calcul.
M. LESAGE: C'est qu'au-dessus du paiement de la pension d'assistance
vieillesse il y a un revenu permissible. Alors il faut tenir compte de
ça.
M. JOHNSON: Mais on dit le paiement de la rente...
M. LESAGE: Cela fera partie du revenu permissible et la pension ne sera
peut-être pas diminuée si la pension, en vertu de la loi, ici, ne
dépasse pas la différence entre le maximum de la pension
d'assistance...
M. BERTRAND (Missisquoi): Les deux montants.
M. JOHNSON: Quand elle atteindra le stade de la sécurité
de vieillesse elle ne perdra que le 25 par mois...
M. LESAGE: Cest ça!
M. JOHNSON: ... et elle continuera de retirer sa rente.
M. LESAGE: C'est ça! Mais entre 65 et 70 ans, par exemple, le
montant qu'elle recevra sera considéré pour les fins de la loi,
ou qu'il recevra pour les fins de la loi de l'assistance-vieillesse comme
faisant partie du revenu permissible.
Cela ne veut pas dire que la pension de vieillesse en sera
diminuée d'autant. Elle en sera diminuée d'autant, moins la
différence entre le revenu permissible et le maximum de la pension
payable.
M. JOHNSON: Mais...
M. LESAGE: Bien oui, c'est ça.
M. JOHNSON: Très bien. Je pense qu'on fait bien de planifier,
mais ni le premier ministre, ni moi, ni M. Pearson, ni personne ne peut
réellement s'imaginer exactement ce qui arrivera dans dix ans. On le
chambardera probablement.
M. LESAGE: Ce peut-être dans cinq ans.
M. JOHNSON: Non, mais dans dix ans, disons. Je donne un petit peu
plus...
M. LESAGE: Dans dix ans? Bien, à mon âge, j'ai bien
l'impression d'avoir connaissance de tout ce qui va se passer dans dix ans.
M. JOHNSON: Oui, je comprends, mais le premier ministre ne sera
peut-être pas au centre de la fabrication ou de l'application des lois
à ce moment-là.
M. LESAGE: Cela, j'espère que non. M. JOHNSON: Bien là, on
s'entend!
M. LESAGE: Au centre de l'application de la loi, je veux dire. Je n'ai
pas l'intention d'être nommé président de la Régie
des rentes, pas une miette. J'aime autant rester ici à la place
où je suis et puis avoir le chef de l'Opposition là où il
est.
M. BERTRAND (Missisquoi): Vous ne voulez pas avoir cette
promotion-là!
M. JOHNSON: Tiens! comme le premier ministre est fort en
mathématiques, et puis il connaît ça. Moi, je lui fais une
promesse: on va le battre aux prochaines élections et puis on le nommera
à la commission des rentes.
M. LESAGE: Ah! Faites bien attention à ça.
M. JOHNSON: On va le nommer membre de la commission des rentes...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: M. le Président, le chef de l'Opposition l'a
déjà faite la promesse et puis il s'en est mordu les pouces, il
n'a presque plus d'ongles.
M. JOHNSON: Je ne me suis pas mordu les pouces du tout. M. le
Président, à l'ordre,...
M. DOZOIS: Dans le dernier paragraphe, M. le Premier ministre, lorsqu'on
dit « En outre, le paiement sera sur une base de $25. », est-ce que
« en outre » est bien nécessaire là? Est-ce qu'on ne
devrait pas l'enlever et puis dire tout simplement: « Le paiement du
montant de base de $25 par mois cessera lorsque la veuve recevra sa pension
»? On dirait qu'elle va tout perdre à sa pension de
vieillesse.
M. LESAGE: Mais non.
M. DOZOIS: Bien, il me semble que ce serait plus clair si on enlevait
« en outre » et si on disait: « Le paiement de $25
disparaît ».
M. LESAGE: Oui, mais « le paiement de la rente de veuve cessera au
décès », à son décès, c'est
évident, « ou au remariage; mais, en outre, le paiement du montant
de base de $25 par mois cessera lorsque la veuve recevra sa pension de
sécurité de la vieillesse. » Ce sont deux choses
différentes.
M. DOZOIS: Bien oui, mais alors pourquoi dire « en outre »?
Il me semble que...
M. LESAGE: Vous pouvez bien enlever « en outre ».
M. DOZOIS: ... ça serait plus clair.
M. LESAGE: Cela m'est égal. On va mettre un point, si vous
voulez.
M. BERTRAND (Missisquoi): Mettez donc un point et puis faites une phrase
avec.
M. LESAGE: On va mettre un point et puis on va faire une phrase
spéciale, très bien. Je ne suis pas chicanier, comme vous
voyez.
M. BERTRAND (Missisquoi): Un grand « L ».
M. LESAGE: Bon, on est rendu à « K ». Il est dix
heures moins cinq. On n'a pas l'espérance de finir, non?
M. DOZOIS: A « k », je puis faire une suggestion?
M. LESAGE: Je n'ai pas l'impression...
M. DOZOIS: Si on disait, dans l'avant-dernière ligne de la page,:
« Le montant total de rentes d'orphelins pour une même famille ne
pourra excéder le montant maximum de rentes de retraite alors possible.
»
M. LE PRESIDENT: La première ligne en haut de la page 8?
M. DOZOIS: Cest parce qu'on n'a pas le même texte, Je suppose.
Moi, je suis en bas de la page 9. Ce n'est pas le même feuilleton.
M. BERTRAND (Missisquoi): Ce doit être en bas de la page 7.
M. LESAGE: Alors c'est « des rentes ».
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on fait la modification dans le montant
total?
M. BERTRAND (Mlssisquol): On la fera demain.
M. LESAGE: Alors je vais examiner « k » et puis demain
après-midi, si vous voulez,...
M. BEDARD (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité n'a pas
fini de délibérer et qu'il demande la permission de siéger
de nouveau.
M. HYDE (président): Quand siégera-t-il? A la prochaine
séance? A la prochaine séance.
M. LESAGE: Demain, M. le Président, c'est mercredi. Nous ne
siégeons que dans l'après-midi alors je pense bien que quand nous
aurons terminé l'étude de cette résolution nous
reprendrons le débat sur la motion d'amendement du député
de Trois-Rivières. Puis nous irons en subsides du...
M. BERTRAND (Missisquoi): Du procureur général.
M. LESAGE: ... du procureur général.
M. JOHNSON: Y a-t-il une sanction demain?
M. LESAGE: Jeudi.
M. JOHNSON: Jeudi?
M. LESAGE: Jeudi à 5 heures ou 5 h 15.
M. GABIAS: Vous me permettez, M. le Président, une seconde?
M. LE PRESIDENT: Il est 10 heures. UNE VOIX: Il y en a une demain!
M. GABIAS: Cela va prendre dix secondes. Est-ce que l'honorable premier
ministre a eu le temps de penser à quelle date le Comité des
comptes publics était pour se réunir?
M. LESAGE: Non, M. le Président, je n'ai pas eu le temps
dépenser à ça aujourd'hui, c'est sûr!
M. GABIAS: Mardi le 30?
M. LESAGE: Je ne crois pas parce que le 1er juillet est congé et
ce sera le jour de la séance du Conseil des ministres.
UNE VOIX: C'est ça!
M. LE PRESIDENT: La Chambre est ajournée à demain
après-midi à deux heures et demie.
Appendice A
Ottawa, le 6 juin 1964.
L'honorable M. Jean Lesage,
Premier ministre de la province de Québec,
Québec, Qué.
Mon cher Premier ministre,
Dans mes lettres aux Premiers ministres le 16 avril je vous al
présenté, entre autres choses, les grandes lignes d'une
proposition au sujet des pensions, acceptée par les deux gouvernements
le gouvernement fédéral et le gouvernement du
Québec qui avaient préparé des régimes de
pension.
La réaction favorable à cette proposition m'a
encouragé à l'exposer dans ses détails. A la
présente lettre est joint un sommaire des résultats.
Les principaux domaines nouveaux que nous proposerions, sous
réserve de l'approbation de l'amendement à la Constitution, ont
trait aux prestations supplémentaires, pour les veuves, les orphelins et
les cotisants invalides.
Les prestations supplémentaires doivent s'adapter à des
conditions fondamentalement différentes de celles des pensions de
retraite, parce que ces dernières seraient combinées comme revenu
avec les prestations uniformes de sécurité de la vieillesse. Il
est donc proposé que les prestations supplémentaires
diffèrent des prestations de retraite de deux façons:
(l) Elles seraient relativement plus avantageuses par l'apport de leur
propre élément d'uniformité. Ce serait au début un
montant de $25 par mois (variable, comme toutes autres prestations en vertu du
régime, selon l'Indice des prix aux consommateurs).
(ii) Parce que ce $25 est encore bien inférieur au montant de la
pension de vieillesse, les prestations seraient trop minimes pour être
payables au cours des premières années si elles étaient
assujéties à la même période de transition de dix
ans (i.e. 10 p. 100 de la prestation entière pour chaque année)
que les pensions de retraite. Au lieu de cela, il y aurait quelques
dispositions spéciales concernant l'admissibilité: a) Aucune
prestation d'invalidité ne serait versée avant 1971 (i.e. cinq
ans après le début du régime); b) Toutes prestations
supplémentaires seraient subordonnées au versement de cotisations
pendant au moins deux ans et à l'égard d'au moins un tiers du
nombre total d'années possibles de la part du cotisant.
La partie des prestations supplémentaires proportionnelle aux
gains serait exprimée comme pourcentage de la pension de retraite que le
cotisant aurait eue, si sa période ouvrant droit à pension
s'était terminée non pas à 65 ans, comme dans le cas
normal, mais au moment où il est décédé ou est
devenu invalide.
La prestation d'invalidité serait de $25 plus 75 p. 100 de la
pension de retraite comme il est défini ci-dessus. (Ceci voudrait dire
que, pour un cotisant à la limite des gains, elle serait de fait la
même que la pension de retraite; pour des cotisants ayant un revenu
inférieur, elle serait plus élevée.)
La prestation à la veuve de moins de 65 ans serait de $25 plus 37
1/2 p. 100 de la pension de retraite de son défunt mari. Cette
prestation serait payable aux veuves qui sont invalides (ainsi qu'aux veufs qui
sont invalides), aux veuves de tout âge qui ont des enfants à leur
charge, et aux autres veuves âgées de 45 ans et plus lorsqu'elles
deviennent veuves ou cessent d'avoir des enfants à leur charge.
Un enfant à charge serait un enfant entretenu effectivement par
la mère, âgé a) de moins de 18 ans, ou b) de 18 à 25
ans et encore aux études, ou c) de tout âge mais invalide.
Pour une veuve sans enfant à charge et de moins de 45 ans, qui
aura normalement l'occasion de travailler, la prestation serait réduite
de 10 p. 100 pour chaque année de son âge qui est
inférieure à 45 ans lorsqu'elle devient veuve ou lorsque,
étant déjà veuve, elle cesse d'avoir un enfant à sa
charge. Ainsi, une femme qui devient veuve à l'âge de 35 ans ou
moins ne serait pas considérée comme pensionnée si elle
n'a pas d'enfant à sa charge à moins, évidemment,
qu'elle ne devienne invalide, ou jusqu'à ce qu'elle atteigne l'âge
de 65 ans.
Le droit à la prestation entière de veuve serait
subordonné à la condition d'avoir été mariée
pendant trois ans. (La prestation entière ou partielle serait
accordée dans d'autres cas, s'il n'y avait aucune raison de supposer que
la question de prestation avait motivé son mariage.) Un nouveau mariage
mettrait fin à la prestation de veuve.
Les prestations aux orphelins seraient payées au
décès du père, ou de la mère si elle était
le seul soutien de la famille. Elles seraient payables jusqu'à
l'âge de 18 ans, ou de 25 ans s'ils sont encore aux études. La
prestation consisterait en un montant uniforme de $25 par mois, mais l'ensemble
de la prestation pour tous les orphelins dans une même famille ne doit
pas dépasser une pension entière (i.e. au début $104.17
par mois, ou juste un peu plus que la prestation pour quatre enfants).
Un nouveau mariage de la mère ne mettrait pas fin à la
prestation aux orphelins.
Une personne invalide atteignant l'âge de 65 ans pourrait opter
pour la pension de retraite de 100 p. 100 au lieu du $25 plus 75 p. 100. De
fait, ce changement serait obligatoire à l'âge de 70 ans ou si la
pension de sécurité de la vieillesse est prise plus tôt,
parce que le montant uniforme de $25 ne s'appliquerait plus.
Une femme qui devient veuve avant 65 ans aurait le choix, lorsqu'elle
atteint 65 ans, de continuer sa pension sur la base antérieure ou de
changer selon qu'il serait à son avantage normalement pour
le genre de pension disponible à toute personne en veuvage après
65 ans. Cette pension serait fondée sur ses cotisations et celles de son
mari, et serait du montant le plus favorable, savoir (1) toute sa propre
pension de retraite plus 37 1/2 p. 100 de celle de son mari, ou (2) 60 p. 100
des pensions réunies. En vertu de l'une ou l'autre de ces formules, la
pension du mari serait calculée d'après sa période ouvrant
droit à pension jusqu'à l'âge de 65 ans (i.e. sur une base
inférieure, s'il est décédé avant 65 ans, à
celle qui sert à calculer la pension de la veuve avant qu'elle ait
également droit à sa propre pension de retraite).
Toute combinaison de prestations de cette façon serait
limitée en ce sens qu'elle ne doit pas dépasser le montant d'une
pension entière (i.e. 25 p. 100 de la moyenne courante des limites de
gains à l'égard des trois dernières années).
Le régime proposé prévoierait également des
prestations de décès allant jusqu'à $500.
Toutes ces dispositions sont énumérées avec des
détails techniques plus élaborés dans le document
ci-joint, et dans les tableaux on donne quelques exemples de prestations.
A l'égard de quelques autres points, il serait utile d'ajouter
aux propositions que je vous ai indiquées le 16 avril.
J'avais alors préconisé que la limite des gains en vertu
du régime, et le calcul des pensions, varieraient selon les changements
dans les gains dont la moyenne serait établie sur une assez longue
période. Après étude, il est proposé que cette
moyenne soit de huit ans. Ce qui veut dire que la limite pour 1976 serait
calculée en 1975 en augmentant la limite de 1975 dans la mesure
où les gains calculés en moyenne pour les années 1967
à 1974 inclusivement excéderaient les gains calculés en
moyenne à l'égard des années 1966 à 1973
inclusivement. La base de variation des gains individuels, aux fins du calcul
de la pension de chacun, serait la moyenne de ces limites pendant les trois
dernières années de cotisation. L'effet total est que le niveau
de pension payé refléterait les niveaux généraux de
gains au cours des onze années précédant la retraite. Ceci
serait comparable aux bons régimes existants.
Cette méthode de variation n'entrerait pas en vigueur avant 1976,
alors que la limite initiale de $5,000 pourrait être devenue
désuète. Il est donc proposé qu'au cours de la
période de transition la limite varie selon les changements dans
l'indice des prix aux consommateurs mais sans tenir compte, en aucune
année, des changements de moins de un pour cent ou de plus de deux pour
cent. Les changements dans la limite seraient toujours par unités de
$100.
Le taux de cotisation, pour les employeurs et les employés,
serait de 1.8 p. 100 sur des gains de plus de $600. Ceci veut dire, sur des
gains moyens de $3,600, une cotisation de $54, égale à 1 1/2 p.
100 des gains.
Ma lettre préconisait la participation obligatoire des
employés gagnant plus de $600, et des travailleurs à leur propre
compte seulement lorsque leurs gains excèdent $1,000; les personnes
travaillant à leur propre compte et gagnant moins de $1,000 mais plus de
$600 pourraient participer au régime de façon volontaire. On a
étudié de façon plus détaillée le moyen d'en
arriver essentiellement à ce résultat. La participation serait
obligatoire pour les travailleurs à leur propre compte pourvu que leurs
gains au total soient d'au moins $800. En pratique, ceci voudrait dire que
plusieurs des travailleurs à leur propre compte qui ont un revenu minime
participeraient, de leur propre initiative, à la condition qu'ils
versent une cotisation minimum de $7.20 par année.
Il reste encore un point que j'aimerais à clarifier. Les gens qui
continuent à travailler après 65 ans verseraient obligatoirement
une cotisation jusqu'à l'âge de 70 ans. Ils pourraient ainsi,
grâce à cette période se constituer une période
supplémentaire « de soustraction » (drop out), en plus du 10
p. 100 de la période normale ouvrant droit à pension.
J'aimerais connaître vos observations à l'égard de
ces propositions. J'ai l'intention de les rendre publiques dans quelques jours,
mais je vous demanderais de les tenir confidentielles pour le moment. Je crois
savoir que le gouvernement
du Québec a l'intention prochainement de demander à sa
Législature d'approuver son intention de préparer la mesure
législative qui aurait le même effet que les propositions que j'ai
énumérées ici. Les représentants officiels du
fédéral ont étudié avec soin, de concert avec les
représentants officiels du Québec, les méthodes
administratives qui permettraient à une administration
fédérale des pensions de fonctionner de pair avec une ou
plusieurs administrations provinciales.
Si vous désirez que ces propositions soient discutées de
façon officielle ou officieuse, je vous serais reconnaissant de me faire
savoir ce qui, à votre avis, semble le plus approprié à
cet égard. Vous pouvez compter sur la collaboration du gouvernement
fédéral.
Veuillez agréer, mon cher Premier ministre, l'expression de ma
haute considération.
L. B. Pearson
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APPENDICE B Référer à la version PDF page 4033
APPENDICE B Référer à la version PDF page 4034
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TABLEAU Référer à la version PDF page 4037
TABLEAU Référer à la version PDF page 4038
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