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(Deux heures et demie de l'après-midi)
M. HYDE (président): Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs. Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
M. McGUIRE: Pour M. Cadieux, je désire proposer, secondé
par M. Brisson, que les articles 615 et 616 du règlement soient
suspendus et qu'il me soit permis de présenter la pétition du
Centre médical Claude Bernard Medical Centre, demandant l'adoption d'une
loi changeant son nom en celui de l'Institut de Diagnostic et de Recherches
Cliniques de Montréal, et que cette pétition soit maintenant
présentée, lue et reçue.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
Lecture et réception de pétitions. Présentation de
rapports de comités élus. Présentation de motions non
annoncées.
M. BELLEMARE: M. le Président, je voudrais proposer que
M.AllardremplaceM.Clou-tier comme membre du comité spécial pour
étudier le bill 20 intitulé « Code de procédure
civile ».
M. LAPORTE: Vote!
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. LAPORTE: A.
M. LE PRESIDENT: Pour M. Arsenault, M. Lesage propose la première
lecture d'une Loi modifiant la Loi des pouvoirs spéciaux des
corporations. Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. JOHNSON: Explications.
M. LESAGE: On se souviendra que, l'an dernier, nous avions
apporté un amendement à la Loi des compagnies en vertu duquel
nous changions le système existant quant aux administrateurs. Les
administrateurs d'une compagnie constituée par une loi spéciale.
C'est que nous voulons couvrir par ce bill, le fait que les administrateurs
peuvent actuellement passer un règlement pour augmenter le capital de
cette compagnie seulement lorsque la totalité du capital-actions a
été répartie et versée. L'objet de l'amendement
proposé est de faire disparaître cette restriction, comme on l'a
fait l'an dernier pour les compagnies constituées par lettres patentes
en vertu de la 1re et de la 3e parties.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LE GREFFIER: Première lecture de ce bill. First reading of
this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance.
M. LAPORTE: B, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte propose la première lecture d'une Loi
modifiant la Loi de l'assurance-édition. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. LAPORTE: M. le Président, il s'agit de quelques changements
qui nous paraissent assez importants dans la loi telle qu'elle apparaît
dans les statuts. Le délai pour réclamer le paiement de
l'assurance est uniforme, c'est douze mois. Nous modifions le délai, qui
sera au maximum de neuf mois, pour les oeuvres d'imagination parce que la
période de vie ou de vente d'un roman, par exemple, est à peu
près terminée après neuf mois et elle sera de 24 mois pour
les autres ouvrages dont la vente est plus lente.
M. JOHNSON: Rétroactivement?
M. LAPORTE: Non. Ensuite au lieu d'acheter au prix coûtant les
exemplaires invendus, nous avons un nouveau système qui va être
une invitation à l'éditeur à favoriser, à pousser
la vente de ces oeuvres. Troisièmement, nous portons de 10% à 12
1/2% la redevance payable à l'auteur. La prime d'assurance, qui
était de $50 et de $100 selon le prix de vente du livre, est
ramenée à $35 dans tous les cas. Et au lieu que ce soit le
Conseil provincial des arts qui est chargé d'examiner les manuscrits,
ça pourra être un comité consultatif nommé par le
ministre.
M. JOHNSON: Ah bon!
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture est
adoptée? Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. COURCY: M. le Président, il me fait plaisir de déposer
le rapport...
M. JOHNSON: J'étais debout.
M. COURCY: ... du ministère de l'Agriculture pour l'année
se terminant le 31 mars 1964.
M. JOHNSON: M. le Président, le procureur général
a-t-il comme nous tous pris connaissance des journaux, particulièrement
en ce qui concerne l'identité des accusateurs qui ont signé un
mémoire sous le nom de Parti civique de Chomedey?
M. WAGNER: M. le Président, j'ai pris connaissance de tous les
journaux et j'espère que les accusateurs s'identifieront auprès
du procureur général et non pas par l'entremise des journaux.
UNE VOIX: Très bien.
M. JOHNSON: M. le Président, je crois que toute la population est
intéressée à savoir si oui ou non, dans chaque cas, le
procureur général exige, avant de faire quelque enquête que
ce soit, qu'un accusateur s'identifie à lui?
M. WAGNER: M. le Président, le procureur général,
comme tout procureur de la Couronne, se méfie de ceux qui se cachent
derrière l'anonymat.
M. JOHNSON: Le procureur général, M. le Président,
a-t-il des informations qui lui permettent de dire que Jean-Louis Léger
et Albert Gagnon sont des allas ou constituent de l'anonymat?
M. WAGNER: M. le Président, je n'ai pas l'honneur de
connaître ces gens-là et je ne sais pas à quel groupement
ils appartiennent.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. JOHNSON: Le Parti civique de
Chomedey. M. LESAGE: Cela n'existe pas.
M. LAPORTE: Est-ce que...
M. JOHNSON: A part cela, M. le Président, il faut que la
population sache, que le procureur général sache que...
M. LESAGE: Bien oui, mais, M. le Président nous sommes à
une période où le chef de l'Opposition n'a pas le droit de donner
des informations, il a le droit de poser des questions brèves sur des
sujets urgents, brûlants d'actualité et qui ont une importance
provinciale.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que le nom du parti
libéral est enregistré? Le procureur général
pourrait-il nous le dire?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Affaires du jour.
M. LAPORTE: II ne faut pas oublier qu'il y a des partis reconnus en
vertu de la loi.
M. LESAGE: De la loi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: J'ai, M. le Président, une question à poser au
procureur général...
M. LESAGE: En vertu de la loi électorale, l'Union nationale et le
parti libéral sont des partis reconnus dans la province de
Québec.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai une question très
sérieuse à poser au procureur général.
M. LAPORTE: Oui, ah bon.
M. JOHNSON: Enfin, peut-il donner l'assurance à tous les citoyens
de cette province que s'ils s'approchent de lui, ils ne seront pas
matraqués?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Affaires du jour.
M. WAGNER; M. le Président, si c'est ça que le chef de
l'Opposition appelle une question sérieuse, je ne sais pas quoi
penser.
M. BELLEMARE: M. le Président, ça ne prendra pas un gros
coup. J'ai avisé...
M. LESAGE: Pour lui, non.
M. BELLEMARE: ... Le ministre intérimaire de l'Education que je
lui poserais en Chambre cet après-midi une question. Est-ce que le
ministre peut informer la Chambre sur l'état d'urgence qui existe
à l'Ecole de papeterie quant aux plans et devis pour la reconstruction
d'un nouvel institut de papeterie aux Trois-Rivières pour
répondre aux besoins nouveaux et selon la déclaration et la
lettre qu'il a reçues du président général, M.
Desjardins...
M. LESAGE: Les plans et devis.
M. BELLEMARE: ... L'union générale des étudiants du
Québec.
M. LESAGE: On n'est pas pour commencer...
M. LAPORTE; M. le Président, c'est clairement une question qui
n'est pas urgente et qui est très complexe et qui devrait normalement
être inscrite au feuilleton.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Le ministre est prêt à répondre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Voyons donc, la lettre de la loi...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Je comprends que le
député a donné avis de la question au ministre
concerné mais ça ne change pas le règlement. C'est une
courtoisie, c'est quelque chose que j'avais suggérée, que j'avais
demandée à tous les députés qui voudraient poser
des questions à l'appel des affaires du jour. J'ai attiré
l'attention de la Chambre sur le fait que c'est non seulement une courtoisie
qu'on demande à d'autres juridictions, mais ça fait partie du
règlement. Alors, j'avais suggéré à ce
moment-là qu'on donne les avis quand c'est possible, mais le simple fait
d'avoir donné un avis privé au ministre concerné ne change
pas le règlement et ça ne change pas la nature de la question. Et
je crois que la nature de la question que vient de poser le
député de Champlain c'est une question qui certainement devrait
être posée au feuilleton.
M. BELLEMARE: M. le Président, les unions ouvrières ont
protesté avec véhémence contre le gouvernement. Je pose la
question au premier ministre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. PINARD: A l'ordre.
M. BELLEMARE: Je demande au premier ministre, s'il est prêt
à déposer les rapports concernant la sidérurgie et
à son établissement.
M. LESAGE: Question déjà posée, j'y ai
déjà répondu. Si on veut la reposer au feuilleton, qu'on
la repose; je donnerai la même réponse.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre des Richesses naturelles
est-il convaincu qu'il y aura une aciérie et qu'elle serait
établie à Bécancour?
M. LAPORTE: On n'a pas demandé d'opinions!
M. LESAGE: Cette question hypothétique a été
posée à plusieurs reprises et j'y ai répondu. Je ne sais
pas si M. Fillion est de retour d'Europe. S'il ne l'est pas, je l'attends ces
jours-ci. Il doit me faire rapport et c'est à la suite du rapport que me
fera M. Fillion que les décisions nécessaires seront prises.
M. BELLEMARE: Je demanderais au ministre du Travail s'il est au courant
que deux cents employés de la compagnie Windsor qui appartiennent
à la Domtar seront mis à pieds sous peu, et quels sont les moyens
qu'il a pris quand il aura permis à cette compagnie-là de
travailler le dimanche?
DES VOIX: A l'ordre.
M. LESAGE: M. le Président...
M. FORTIN: M. le Président, je dois dire que je suis au courant
depuis très longtemps qu'il y aura probablement une mise à pied
de 178 employés de la compagnie Domtar à Windsor. Le
ministère du Travail a pris les moyens nécessaires pour
coopérer avec la compagnie et le syndicat pour aider à la
reclassification de ces employés et au moment où je vous parle,
il y a déjà des délégués du ministère
du Travail qui sont à Windsor pour étudier le
problème.
M. BELLEMARE: Je savais que la compagnie avait demandé de
travailler le dimanche.
DES VOIX: A l'ordre.
M. BELLEMARE: ... le ministre aurait dû prendre ses
précautions.
M. LESAGE: M. le Président, sur cette question du travail du
dimanche, il y a eu un rapport d'une commission royale d'enquête
présidée par un homme dont la réputation est intouchable,
M. le juge Richard Alleyn.
M. BELLEMARE: Oui, puis?
M. LESAGE: ... et composée également de M. Fuller, de
l'industrie du papier, et M. Geoffroy représentant des syndicats. Et le
rapport, si le député de Champlain veut bien prendre la peine de
s'y référer puisqu'il a été déposé en
Chambre, dit que dans le cas de l'établissement par Domtar d'une
industrie du genre de celle qu'elle établira à Matagami, c'est
une nécessité technique que l'opération soit continue.
M. BELLEMARE: Voyons donc.
M. LESAGE: C'est bien différent, ça n'a rien à
faire avec l'affaire de Windsor.
M. BELLEMARE: Voyons donc!
M. LESAGE: Et j'espère, M. le Président...
M. RENE LEVESQUE: Qu'est-ce que vous connaissez? Qu'est-ce que vous
connaissez là-dedans?
M. LESAGE: ... qu'on a fini...
M. BELLEMARE: Voyons donc! Je vis dans une région de papier, j'ai
de mes frères qui ont travaillé pendant des années dans le
papier...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: M. le Président, on en a...
M. LESAGE: ... fini...
M. BELLEMARE: Voyons donc!
M. LESAGE: ... à tenter de faire...
M. BELLEMARE: Un message.
M. LESAGE: Bien c'est ça, je cherchais un mot pour ne pas dire
démagogie parce que ce n'est pas parlementaire.
M. RENE LEVESQUE: De la pure démagogie.
M. LESAGE: C'est d'induire la population en erreur que de tenter de leur
faire croire que l'on peut transporter des chômeurs de Windsor dans les
Cantons de l'Est à Matagami pour faire un travail de six jours au lieu
de sept jours alors que le travail de sept jours, l'opération continue
est une nécessité technique et non pas une question de bras.
M. BELLEMARE: Les ouvriers chômeront deux jours par semaine.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Au lieu de travailler sept jours, ils travailleront cinq
jours par semaine, puis ils travailleront le dimanche, c'est ce qui va
arriver.
M. LESAGE: Evidemment, M. le Président...
M. BELLEMARE: Des semaines de quarante heures d'ouvrage.
M. LESAGE: ... il est clair que l'Union nationale
représentée en ce cas-ci par le député de
Champlain...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre...
M. BELLAMARE: Le démagogue il est là. Elle est là,
la démagogie.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: C'est le premier ministre qui en parle de la
démagogie.
M. LE PRESIDENT: Al'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Il viendra dire après ça que les autres sont
démagogues. De la vraie démagogie.
M. PINARD: Gros farceur.
M. LALONDE: Mon petit coeur après neuf heures.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. J'ai l'impression que les
questions et les réponses semblent sur le point d'engager un
débat.
M. LESAGE: It is a normal statement Sir. M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
messieurs.
II y a d'autres questions, d'autres sujets. M. BELLEMARE: Oui, oui. M.
JOHNSON: M. le Président, un journal... M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
messieurs.
M. PINARD: Respectez votre chef, il est debout, il veut parler.
M. JOHNSON: ... bien connu, Metro-Express...
M. LESAGE: Metro quoi? M. JOHNSON: Metro-Express... M. LESAGE : Oui,
journal quoi? M. JOHNSON: Très bien connu. M. LESAGE: Ah! ah!
M. JOHNSON: ... titre: Cellule infecte pour Hébert, entendons
Jacques Hébert. Le procureur général est-il au courant des
conditions d'hygiène qui prévalent dans cette prison de
Québec que les experts reconnaissent comme étant la pire prison
de toute l'Amérique du Nord?
M. WAGNER: M. le Président, le chef de l'Opposition a bien de la
misère à se tenir loin du sub judice. Voici...
M. JOHNSON: Non, non, il est en prison.
M. WAGNER: Oui, oui, il est en prison et puis actuellement il y a une
demande devant la Cour d'appel pour un cautionnement il y a également
une procédure devant la Cour suprême en habeas corpus.
Alors, il n'est pas d'usage pour qui que ce soit de faire quelque
commentaire que ce soit...
M. BERTRAND: Bien, vous pouvez...
M. WAGNER: ... sur quelque personnage que ce soit qui se trouve devant
les tribunaux, qu'il s'y trouve physiquement...
M. BELLEMARE: Ce n'est pas après nous autres qu'il...
M. WAGNER: ... devant les tribunaux ou dans une cellule ou ailleurs.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre vient...
M. BERTRAND: Drôle de philosophie!
M. JOHNSON: ... d'énoncer les principes qu'on attribue à
son manque de connaissances pour ne pas employer un autre mot.
DES VOIX: Ah, ah!
M. LAPORTE: Pourquoi?
M. JOHNSON: En vertu de quoi, M. le Président, les conditions
hygiéniques dans lesquelles...
M. LESAGE: Vous ne le savez pas. Bien, ce n'est pas vrai!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: ... est détenu M. Hébert...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. JOHNSON: ... peuvent être sub judice?
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition n'est jamais allé à la
prison de Québec?
M. JOHNSON: Non.
M. LESAGE: Moi, j'y suis allé pour voir des clients et c'est
propre et c'est bien tenu.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: Ne prenez pas de risque parce qu'ils vont vous appeler!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BERTRAND: Métro-Express! Il ne dit pas la
vérité.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! premièrement, il n'est pas
permis de citer les journaux pour poser des questions.
UNE VOIX: C'est ça!
M. LE PRESIDENT: Deuxièmement, c'est une question qui devrait
être posée au feuilleton.
M. BERTRAND: Ah, il a le temps de sortir.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: II a le temps de mourir aussi!
UNE VOIX: II est aussi bien traité qu'un autre.
M. LESAGE: Est-ce que le chef de l'Opposition voudrait qu'on lui loue
une chambre au Château-Frontenac?
M. JOHNSON: Non. Mais, il pourrait être aussi bien traité
que certains témoins dans...
UNE VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. JOHNSON: ... l'affaire des faux certificats.
DES VOIX: Oh, oh!
M. JOHNSON: M. le Président, je comprends que manger des
fèves au lard une fois de temps en temps pour un banquet de l'Union
nationale ç'a de l'allure, mais trois fois par jour, ça doit
devenir ennuyant ça!
UNE VOIX; A l'ordre, à l'ordre!
M. JOHNSON: Alors que Omer Fontaine mangeait des steaks.
UNE VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. A l'ordre, messieurs! Affaires du
jour.
UNE VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. JOHNSON: Est-ce que le ministre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Affaires du jour.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que le ministre va...
M. LESAGE; On ne peut toujours pas commencer à avoir le menu!
M. JOHNSON: ... mettre au courant. Non, mais c'est le temps que
l'opinion publique soit éclairée. Si c'est faux qu'on le
dise.
UNE VOIX: On va aller veiller à la prison. M. JOHNSON: Est-ce que
les conditions à la prison de Québec sont celles qui sont
décrites aujourd'hui dans certains journaux?
M. LESAGE: On ne le sait pas.
M. CREPEAU: Ce n'est pas comme au Château!
M. WAGNER: Les conditions à la prison de Québec sont
celles qui conviennent aux prisonniers actuellement.
UNE VOIX: Oh!
M. JOHNSON: Au singulier, le « prisonnier » ou au
pluriel?
M. WAGNER: Au pluriel, pardon!
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LOUBIER; M. le Président, excusez-moi, j'aurais...
M. LAPORTE: II n'est pas pour faire ça à tous les
jours.
M. LOUBIER: Ilier, j'ai prévenu le ministre intérimaire de
l'Education d'une question...
UNE VOIX: Plus fort! Un peu plus fort!
M. LOUBIER: ... une question intéressant le rapport Parent.
Est-ce que le ministre pourra répondre aujourd'hui?
M. LESAGE: Un instant. Il me semble, M. le Président,...
M. LOUBIER: II est prêt, il est prêt.
M. LESAGE: Un instant. Je crois que la question doit être
formulée pour savoir s'il s'agit d'une question d'urgence qui doit
être posée à ce moment-ci.
M. LOUBIER: Voici, M. le Président. Hier, le ministre
intérimaire de l'Education, je lui avais donné un préavis
et il avait décidé de répondre aujourd'hui à cette
question-là et effectivement il est prêt à le faire.
M. LESAGE: Le ministre a-t-il une question? Quelle est cette
question?
M. LOUBIER: La question était à l'effet de savoir s'il
était vrai que des instructions avaient été données
par le ministère de l'Education aux
autorités des écoles normales pour que les
élèves étudient le rapport Parent et passent des examens
sur le rapport Parent.
M. LESAGE: D'accord. M. BINETTE: La réponse est non. M. LE
PRESIDENT: Affaires du jour. M. LAPORTE; M. le Président,...
M. JOHNSON: M. le Président, je crois que cette question
est...
M. PINARD: Un autre article de journal?
M. JOHNSON: ... d'urgence et d'intérêt public. On aurait
refusé, devant les tribunaux, à un accusé de subir son
procès, dis-je, devant un jury de langue française alors que
l'accusé se prétend de langue française. Le ministre
procureur général a-t-il une déclaration à faire
à ce sujet?
M. WAGNER: M. le Président, en réponse à cette
question du chef de l'Opposition, on réfère au cas d'un
nommé Caza et je dois dire qu'il y a eu un jugement de la part de
l'honorable juge Prévost de la Cour supérieure. Je ne suis pas
une Cour d'Appel pour le juge Prévost.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LAPORTE: M. le Président, je propose que les bills
apparaissant aux item 48, 49 et 50 soient lus une deuxième fois et
référés au Comité des bills privés.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxièmelec-ture de ces bills. Second
reading of these bills.
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre pourrait nous dire que si ces
bills-là viendront mercredi matin ou jeudi?
M. LESAGE: Non, M. le Président, c'est inutile. On a eu une
séance, l'autre jour, où nous avions cinq bills; la séance
a duré 45 ou 50 minutes. A l'heure actuelle, je pense que nous n'avons
que quatre bills non municipaux et un bill municipal.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. LESAGE: Je calcule que, pour occuper une pleine séance, il
faudrait avoir, suivant leur nature, neuf ou dix bills non municipaux et quatre
ou cinq bills municipaux pour une autre séance. Il faut attendre que les
impressions soient faites, que cela ait été étudié,
traduit et je dois dire à la Chambre que les traducteurs sont, à
l'heure actuelle, extrêmement occupés à la traduction de la
législation gouvernementale.
M. BELLEMARE: Le premier ministre comprendra que c'estpourorganiser
notre stratégie.
M. LESAGE: Oui, oui, oui, puis, M. le Président, j'aide beaucoup
le député de Champlain en l'avisant que je ne prévois pas
que nous siégions aux bills privés d'ici quinze jours.
M. LAPORTE: Numéro 26, M. le Président. M. PINARD:
Entendez-vous, l'autre bord!
M. LE PRESIDENT: Numéro 26, c'est reprise du débat sur la
motion de M. Laporte, proposant la deuxième lecture du bill 13, M.
Bellemare.
M. BELLEMARE: J'en étais donc rendu, M. le Président, au
cinquièmement de mon discours.
M. LAPORTE: II y en avait cinq, des « ment » ?
M. BELLEMARE: Cinq. Le ballon politique, c'était le
quatrième.
M. PINARD: II a été crevé hier soir.
M. BELLEMARE: Les déclarations du ministre...
M. PINARD: Soufflez-en un autre; il a été crevé
hier soir.
M. BELLEMARE; Ah non, non. Il y a des ministres qui ont
communiqué avec moi et ont dit: « C'est vrai ».
M. LAPORTE: Oui?
M. BELLEMARE: M. le Président, je ne voudrais pas recommencer
tous les arguments qui ont sûrement saisi le ministre et qui ont
apporté sûrement dans cette Chambre le point de vue de toute une
population.
Mais quand je considère que ce bill 13 est un bill pour assurer
plus de démocratie dans la province de Québec, je demande
immédiatement au leader de la Chambre: qui, dans les différentes
associations qui groupent nos corps municipaux, a bien pu lui demander
formellement d'enlever le référendum pour qu'on puisse faire du
regroupement volontaire des municipalités? Qui, M. le Président?
Peut-être a-t-il eu une demande d'un certain député dans
cette Chambre, maire d'une grande ville, peut-être, d'une ville qui
cherche plus que jamais à faire du regroupement. Peut-être! Mais
je dis que le ministre qui, aujourd'hui, apporte ce bill numéro 13pour
le regroupement volontaire des municipalités, brime les droits des
citoyens et ils seront brimés. Et ce n'est pas seulement moi qui l'ai
affirmé. Le député de St-Jacques, qui est un homme
d'expérience, l'a prouvé en blanc et en noir hier dans cette
merveilleuse intervention qu'il a faite. Le ministre a pu se rendre compte du
sérieux des arguments qu'il avait apportés et, surtout, sa voix
autorisée a été entendue dans la province. Parce que, ce
matin, en relisant les journaux...
M. LAPORTE: Je n'ai pas reçu de télégramme depuis
qu'il a parlé, ç'a été fini!
M. BELLEMARE: Cela confirme une chose, c'est que les maires des
différentes municipalités ont plus confiance en nous autres qu'en
vous autres, c'est ça.
M. LAPORTE: Je ne pensais pas que ça prouvait ça.
M. BELLEMARE: C'est entre bonnes mains. C'est pour ça qu'ils ont
dit: « Pas besoin d'envoyer d'autres télégrammes, c'est
entre bonnes mains ».
M. le Président, la liberté des individus, je l'ai dit
hier, ça ne se mesure pas à genoux, ni devant un ministre,
même le mieux intentionné qu'il soit. Ce n'est pas en augmentant
les pouvoirs du ministre en certaines juridictions qu'on va donner plus de
liberté aux individus et aux associations, et surtout aux
municipalités. Je dis donc que ce bill-là sera un bill
anti-démocratique.
Et je m'appuie sur le témoignage de M. Claude Ryan, même
s'il ne connaît pas ça, comme l'a dit le ministre hier. Je dis
que, M. le Président, c'est l'avis du ministre, je suis d'un autre avis.
Je prétends que M. Ryan, c'est un homme excessivement bien versé
dans toutes les questions de législation, qu'il les fouille et qu'il les
étudie avec un esprit détaché. Et aujourd'hui s'il
amène un épithète de la sorte sur le titre du bill 13
comme étant un bill antidémocratique, je dis qu'il a parfaitement
raison, et on prétend qu'il n'y aura plus de démocratie. On veut
regrouper plusieurs paroisses, plusieurs villes, mais faisons attention
à une chose, qu'en voulant faire tout ce bien, on manque le but qu'on
s'est donné, que ça ne rencontre pas du tout le but qu'on
recherche, et le but qu'on recherche, c'est d'intensifier plus que jamais la
participation de l'électeur à l'administration de la chose
publique et plus un électeur sera amené à prendre
conscience de ses responsabilités vis-à-vis de ses élus,
mieux l'administration sera sauvegardée. Mais je dis que le ministre se
trompe, qu'il en prenne comme exemple tous ces gens qui ont battu la province
pour que le dimanche soit la journée de votation pour être
journée plus libre afin que l'exercice du droit de vote puisse se donner
plus librement. Prenez les expériences qui ont été
tentées dans la province depuis quelque temps, entre autres, pas loin de
chez nous. II y a eu une élection partielle dans un corps municipal et
on a dit: on va voter le dimanche, c'est sûr et certain que les gens vont
porter plus d'attention à la chose publique et vont venir plus nombreux
voter. Ça été une déception, les gens se sont
rendus voter seulement qu'à 43%, ils avaient voté
précédemment à 57% un jour de semaine. Alors je dis, M. le
Président, que plus vous éloignez le peuple de son
administration, plus vous éloignez le payeur de taxes de
l'administration municipale, vous le noyez dans un grand tout, moins vous
rendez service à la collectivité et à la
démocratie.
M. LAPORTE: Est-ce que je peux me permettre une question?
M. BELLEMARE: Certainement
M. LAPORTE: 57%, est-ce que c'était une élection
générale?
M. BELLEMARE: Oui, c'est ça, une élection
générale.
M. LAPORTE: C'est ça.
M. BELLEMARE: Bien voici, c'est ça,... n'allons pas trop vite,
c'est ça.
M. LAPORTE: Oui, c'est ça. Dans les élections partielles,
vous savez comme c'est difficile de déplacer les gens.
M. BELLEMARE: Vous en avez fait l'expérience, vous?
M. LAPORTE: Oui, c'est difficile de les convaincre d'aller voter.
M. BELLEMARE: Cela dépend toujours de la bonté ou de la
mauvaiseté du gouvernement. Si les gens sont indifférents
à un mauvais gouvernement, ils n'iront pas voter, ils vont attendre
l'élection générale, parce que dans notre temps on en a
fait des élections partielles, et les gens votaient bien plus...
M. LAPORTE: Oh oui, eux autres...
M. BELLEMARE: Oh oui, M. le Président, presque tous les candidats
libéraux ont perdu leur dépôt.
UNE VOIX: Les morts votaient aussi. M. MEUNIER: Même les morts
votaient.
M. BELLEMARE: II n'y en a pas un seul qui a perdu son
dépôt.
M. BERNIER: Des télégraphes. UNE VOIX: Même les
morts votaient.
M. BELLEMARE: Qui est-ce qui parle des télégraphes?
C'est vous qui parlez des télégraphes? Eh bien c'est
effrayant, M. le Président, le député de Matane qui parle
des télégraphes.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: C'est lui qui était le spécialiste
reconnu...
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement pour
deux raisons...
M. GOSSELIN: Commencez à...
M. LAPORTE: Tiens: Je vais commencer par vous..»
UNE VOIX: Le bon exemple...
M. LAPORTE: ... d'abord ce n'est pas du tout ce que l'on discute,
deuxièmement le député de Champlain aura des occasions de
parler sur Matane.
M. BERNIER: Ah oui, je l'attends. M. BELLEMARE: Moi aussi.
UNE VOIX: II y en a d'autres aussi dans cette Chambre qui
l'attendent.
DES VOIX: Oui, oui, correct, n'importe quand.
M. BELLEMARE: On parlera aussi si vous voulez de l'élection de
Saguenay.
M. LAPORTE: Ça je suis moins au courant.
UNE VOIX: Le bill 13.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Oui, oui, oui, c'est d'accord.
M. LE PRESIDENT: Le bill 13.
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. LAPORTE: N'importe quand.
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, je dis que plus on
éloigne, plus on noie dans un grand tout le payeur de taxes, celui qui
doit assurer la vie et la continuation de la vie municipale par sa surveillance
et par son intérêt, plus on l'éloigne, plus on le noie dans
un grand tout, moins efficaces sont les résultats. Et c'est un fait.
Vous avez par exemple des municipalités où il y avait un budget
moyen qui était administré par une municipalité rurale, on
l'a à un moment donné incorporé, on en a fait un gros
budget. Je veux parler de la ville de Repentigny, par exemple, qui est devenue
un grand tout. Eh bien aujourd'hui il y a un désintéressement
total. Remarquez! Pourquoi? Parce qu'on se sent plus loin de l'administration.
Il s'agira demain, probablement, d'établir dans cette province une
nouvelle orientation quant à l'établissement des industries. J'en
suis, M. le Président, nous en sommes tous pour la
décentralisation des industries, des grandes cités comme
Montréal, qu'on puisse répandre partout cette manne salutaire
à nos municipalités par l'établissement de nouvelles
industries et non par la centralisation spécialement à
Montréal, dans le grand tout métropolitain.
Mais je dis que plus nous allons donner aux municipalités le
pouvoir de s'administrer et surtout sans les y contraindre, plus on va rendre
service aux élus. Moi je suis convaincu, je le répète
encore aujourd'hui, que si le ministre des Affaires municipales ou si le
député de St-Jacques était parti en tournée
provinciale
pour aller prêcher cette doctrine-là sans bill, il y aurait
eu plus de regroupement municipal qu'il va y en avoir avec le bill
antidémocratique qu'est le bill 13. Cela c'est une question
d'éducation populaire. Cela ne peut pas être une question de
contrainte. Jamais le peuple n'acceptera ça. Il faut connaître nos
conseils municipaux, surtout dans les régions rurales, pour savoir
comment ces gens-là sont extrêmement prudents, sont
extrêmement craintifs. Ils ne veulent jamais subir la brimade,
jamais.
Donc mon cinquième point étant établi je termine en
disant au ministre que personne ne lui a demandé d'enlever le
référendum, que c'est un ballon politique pour redresser le
panache du député de Chambly.
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement.
Même si ce sont des intentions désagréables, le
député n'a pas le droit de me prêter des intentions.
M. BELLEMARE: Bon, bien disons, M. le Président, que c'est un
ballon politique.
M. LAPORTE: II va se déssouffler comme tous vos autres, ce n'est
pas compliqué.
M. BELLEMARE: Non, non, comme vos mythes à vous autres, comme vos
mythes qui sont après vous manger. M. le Président, je dis donc
que c'est un bill antidémocratique, que personne n'a demandé le
retrait du référendum dans la loi, personne, sauf peut-être
le député de Laval. Peut-être que ce bill-là aura
comme conséquence de brimer les droits des citoyens, que ce
bill-là fera du ministre un jugearbitrai-re, oui, oui arbitraire, parce
que c'est l'article de M. Ryan qui dit: « cette responsabilité
administrative confiée à ce nouvel organisme donnera probablement
au ministre des pouvoirs arbitraires et amènera des intrigues.
»
M. LAPORTE: Ce n'est pas la loi qui dit ça.
M. BELLEMARE: Non, ce n'est pas la loi mais c'est un jugement sur
celle-ci. C'est un jugement sur la loi.
M. LAPORTE: Je comprends.
M. BELLEMARE: Et, M. le Président, le ministre deviendra encore
en titre un nouvel arbitre. Ah! le ministre ne fera jamais de politique, je
vous l'assure. Non, M. le Président. Il est tellement gentil et puis il
fait ça avec une courtoisie tellement aimable que franchement c'est
intéressant de le voir naviguer en certai- nes circonstances! Je lui
rends le témoignage, M. le Président. J'ai été
moi-même à son bureau, j'ai été reçu comme un
député doit être reçu, je lui en rends le
témoignage. J'ai été lui exposer une situation bien
particulière.
Il a pris en considération les arguments que j'apportais pour
justifier la revendication d'un corps municipal et généreusement
il les a entendus et écoutés et surtout exaucés. Bon,
c'était la loi...
M. LAPORTE: Je ne vous dis pas pourquoi, j'ai perdu mon droit de
parole . Mais si vous me le permettez, je vais vous le dire.
M. BELLEMARE: M. le Président, je termine donc en
demandant...
M. le Président, il n'y en a pas beaucoup qui auraient le courage
que j'ai de me lever en Chambre; il n'y en a pas beaucoup parmi eux autres.
UNE VOIX: Pour dire autant de folies, non.
M. BELLEMARE: Vous pensez que c'est facile pour moi de parler quand tous
ces gens-là sont à m'interrompre? Cela me fait un acte de
générosité à chaque fois.
M. MEUNIER: Ne soyez pas tellement généreux.
M. BELLEMARE: En tous les cas, M. le Président, je vous remercie
d'être indulgent pour moi.
Je termine et je dis donc que la liberté des individus dans ce
bill va être sûrement mise en veilleuse par ce bill qui n'a
été demandé par personne, surtout par le retrait du
référendum qui n'est pas autre chose qu'un ballon politique. Le
ministre va être le seul arbitre; il n'a pas dans son ministère
tous les rouages nécessaires pour exercer l'organisation d'un tel
regroupement et, enfin, je dis que ce bill est inopportun et qu'il n'apportera
sûrement pas le regroupement municipal désiré actuellement
par les autorités.
M. GODBOUT: M. le Président, le bill 13... M. BOULAIS: M. le
Président... M. BELLEMARE: A l'ordre. M. BOULAIS: Allez-y.
M. BELLEMARE: Est-ce que ça en prend deux pour me
répondre?
M. GODBOUT: M. le Président, le bill 13 a pour but de favoriser
la fusion volontaire des municipalités. Auparavant, cette fusion
était possible au moyen d'un référendum. Aujourd'hui, on
veut donner aux municipalités, aux conseils municipaux, le pouvoir d'en
décider à la majorité des conseillers qui
présentent au lieutenant-gouverneur une requête à laquelle
peuvent s'opposer les citoyens.
Les discours qui ont été faits jusqu'ici ont
apporté, avec sérieux, avec jovialité quelquefois, des
particularités, des statistiques et des matières contingentes. Je
pense, M. le Président, qu'en raisonnant certains principes, en offrant
certaines considérations spéculatives, il y aura lieu de bien
voir, de bien comprendre le problème. Et pour ce faire, je pense qu'il
faut poser deux questions, deux seules. La première: le regroupement des
municipalités dans la province, sous certaines conditions et lorsqu'il
est possible, est-il recommandable? La deuxième question: s'il faut
répondre affirmativement à la première question, de quelle
façon peut ou doit se faire ce regroupement municipal?
Pour étudier la première question, c'est-à-dire le
regroupement est-il recommandable? Et y répondre, je crois qu'il n'y a
pas grandes difficultés. D'abord le gouvernement, par son bill et par
ses déclarations ministérielles, de même que l'Opposition,
par les assurances données par le chef de l'Opposition et les autres
députés, reconnaissent que la fusion de certaines
municipalités est recommandable.
De plus, les rapports des commissions Blier, Sylvestre et autres,
concluent, dans certaines circonstances, au regroupement des
municipalités ou de quelques-unes d'entre elles. En troisième
lieu, les circonstances, les faits et la pensée politique contemporaine
favorisent le regroupement des municipalités. En veut-on des exemples?
Les municipalités scolaires ont été regroupées et
par l'effet de la loi, à la suite d'une décision
ministérielle seulement, pour favoriser l'éducation. De
même l'on parle de la reconstitution des domaines en agriculture.
Par conséquent, pour rencontrer les méthodes et les moyens
modernes et pour favoriser la vie municipale comme le bien de la province, il
semble qu'il faut répondre: oui, sans ambages et sans discussion,
à la première question: il est recommandable.
Il est même fortement recommandable en certains cas de fusionner
des municipalités. La deuxième question soulève le
débat, le litige en cette Chambre. D'une part le gouvernement dit
« J'offre un nouveau moyen, je laisse l'ancienne formule de la loi et
j'abandonne pour ce cas le référendum et j'offre un nouveau
moyen, une nouvelle méthode de procéder ». L'Opposition
répond: « Que faites-vous, vous abandonnez le
référendum, vous reléguez au second plan l'électeur
et vous allez abandonner certains principes démocratiques, certaines
façons de procéder reconnues dans notre droit ». Et bien,
pour bien comprendre le problème, je voudrais faire trois
hypothèses, trois hypothèses que pouvait envisager le
gouvernement pour en arriver à une décision, pour en arriver
à présenter sa loi. Il y avait trois moyens; d'abord le moyen
coerci-tif ou obligatoire; en second lieu, le moyen facultatif ou alternatif et
en troisième lieu le moyen volontaire. Je les reprends. Le moyen
coercitii ou obligatoire, c'était pour le gouvernement de dire en face
de certaines représentations, en face de plusieurs mémoires
d'experts, devant la vérité que comportait pour le bien commun
l'union de municipalités. « Je dois agir, charger la Commission
municipale ou toute autre commission de décider la fusion de deux ou
plusieurs municipalités », d'obtenir une décision, un
jugement et d'imposer le devoir aux corporations municipales de s'unir. Ce
moyen, le gouvernement l'a refusé. Il l'a refusé parce que c'est
un moyen de coercition, un moyen arbitraire, un moyen qui peut constituer un
abus. Il y avait le second moyen facultatif ou alternatif, c'est-à-dire,
que le gouvernement informé des difficultés financières,
du manque de services publics dans certaines municipalités, des
difficultés auxquelles devaient faire face certaines
municipalités, du sous-développement dans certaines
régions de la province, le gouvernement pouvait offrir l'alternative
suivante. Il pouvait dire au conseil municipal ou aux électeurs d'une
municipalité: « Faites ceci en vue de votre bien et du bien commun
ou je vais rendre une ordonnance et vous imposer la fusion ». Il lui
offrait le choix. Encore là, il y avait dans cette faculté de
choisir une contrainte, une pression et une possibilité de critiquer le
gouvernement, d'agir de haute main. Et bien, le gouvernement n'a pas pris ce
moyen. Il a voulu respecter la liberté des municipalités. Il
offre un moyen volontaire, un moyen volontaire qui comporte un aspect
administratif et un aspect populaire. L'aspect administratif, c'est que ce sera
maintenant de par son désir, suivant une majorité des
conseillers, que le conseil municipal pourra agir et que si deux ou plusieurs
conseils municipaux donnent leur assentiment au regroupement, à l'union,
et bien, en sera saisi le ministère des Affaires municipales de
même que les électeurs seront avisés par avis public formel
et pourront s'opposer.
M. le Président, je dis que ce moyen consti-
tue un pas vers la tendance actuelle de l'administration municipale sous
l'autorité de l'Etat central. De plus, il constitue une
réorganisation de la base de la vie municipale telle qu'on commence
à la comprendre aujourd'hui suivant une théorie qui est nouvelle
en un sens et qui apporte des améliorations. Quant au
référendum qui est l'aspect populaire de cette question, je dis
ceci, c'est un mode ancien qui perd peu à peu de sa
fréquence.
Et pourquoi, M. le Président? Un seul exemple manifeste,
évident va vous le prouver. Si une ville de trois mille votants
désire se prononcer sur la fusion, 51% du vote annulera, repoussera 49%
du votre contraire. C'est-à-dire que 49% des électeurs qui
diraient non, seraient en face d'une majorité de 51%. C'est beaucoup 49%
qui disent non et qui voient leur non refusé définitivement sans
appel, la majorité agit. C'est le référendum. Avec la
nouvelle loi...
M. DOZOIS: Quatre contre trois là ça va être
bien.
M. GODBOUT: ... 10% des votants, c'est-à-dire 300 ou moins de 300
quand la ville aura plus de trois mille votants, 10% seulement des votant
pourront faire valoir leur non. Non seulement ils pourront le donner, le
manifester, mais ils pourront porter leur négation par écrit
à un tribunal qui est le ministère, à ses organismes,
à ses experts, ils pourront se défendre alors que si auparavant
49 sur 100 étaient battus d'avance et leur non sans recours, 10%
aujourd'hui ne seront pas battus d'avance. Ils auront le droit d'un appel, ils
auront le droit d'un débat, ils auront droit d'une cause, ils auront le
droit d'être entendus et d'obtenir une décision en la
matière.
Par conséquent, M. le Président, est-ce renoncer à
la démocratie? Je déclare ceci au sujet de la démocratie.
J'ai souvent parcouru l'histoire de la plus belle démocratie du monde,
celle qui est la créatrice de la nôtre, celle des Grecs, et
lorsqu'à Athènes , les gens du peuple, les citoyens se
réunissaient pour faire les lois ou pour mandater des archontes,
mandater des despotes éclairés, pour gouverner, tout cela
était bien.
Mais M. le Président, quand la démocratie a déchu,
quand elle est devenue lourde, quand son engrenage est devenu pesant et qu'il a
marché lentement, qu'il fallait réunir sur l'Agora 500 citoyens
pour juger une offense pénale, à partir de ce moment-là,
ce n'était plus la démocratie, c'était un abus,
c'était une décadence démocratique et c'est pourquoi
aujourd'hui je pense que la population comprend qu'on ne peut pas faire appel
à elle à tout propos et pour toute question et qu'elle a
déjà manifesté son désintéressement en bien
des circonstances et que par conséquent si le citoyen désire
rester, d'une certaine façon, silencieux et faire confiance à ses
mandataires, qui sont ses élus, eh bien, le jeu en vaut la chandelle et
la solution peut être absolument bonne. Si les opposants ne sont pas
bâillonnés, si les opposants ne sont pas rejetés, mais
qu'ils trouvent une échappatoire, qu'ils trouvent un moyen de gravir les
échelons de l'opposition et de faire valoir leur argumentation
contraire, la démocratie est respectée.
Parce que la démocratie, M. le Président, ce n'est pas
l'appel constant et insistant à chaque citoyen en beaucoup de
circonstances, la démocratie, c'est l'assurance que les droits de chaque
citoyen vont être intégralement et respectueusement
considérés, que chaque citoyen va être respecté dans
ses privilèges et dans ses prérogatives et que les hommes qui le
servent, seront des hommes honnêtes, vertueux qui prendront en
considération ce que le citoyen doit recevoir de l'Etat.
M. le Président, en France on a parlé de la France, en
France, il y a un grand nombre de municipalités, par milliers, je veux
bien parler de la France, mais il faut établir les distinctions.
D'abord, notre droit municipal dérive du droit anglais et le droit
municipal qui dérive du droit anglais reconnaît une autonomie aux
conseillers municipaux, à la municipalité, dans les limites de la
loi, n'est-ce pas?
Mais, en France, ce n'est pas la même chose. En France, au-dessus
du maire et des échevins il y a le préfet, le sous-préfet
qui sont des agents de l'Etat et qui constituent une hiérarchie
supérieure au maire et au conseil municipal. Il y a, en plus, le conseil
général, il y a les commissions départementales, il y a
les commissions interdépartementales; tous officiers publics, hauts
fonctionnaires, toutes organisations étatiques supérieures au
conseil municipal et qui requièrent, qui exigent des approbations
constantes pour la police, les travaux, les budgets municipaux.
Par conséquent, l'intervention de l'Etat central, en France, est
bien plus considérable, bien plus hiérarchisée, bien plus
constante et efficace que dans le droit municipal anglais où une grande
autonomie est donnée à la municipalité. Donc, quand on
invoque l'exemple de la France, il faut bien signaler que, s'il y a un grand
nombre de municipalités, leur rôle n'est pas tout à fait le
même que celui des municipalités sous le droit anglais et que la
tutelle de l'Etat central, par son préfet, ses sous-préfets, son
conseil général, ses commissions départementales, ses
com-
missions interdépartementales, est plus un moyen de
contrôle que dans notre pays, par exemple.
On a dit: pourquoi, en France, ne s'unissent-elles pas, les milliers de
municipalités? Eh bien, parce que l'Etat central n'en voit pas
l'utilité. Pourquoi? Parce que pour s'unir, c'est l'Etat central qui
doit le décider en France. Ainsi, pour changer les limites d'un
territoire d'une municipalité, en France, ce ne sont pas les
électeurs qui votent. Ce n'est pas un référendum qui en
décide. C'est la loi, la loi de l'assemblée des
députés, la loi du Parlement français ou le Conseil d'Etat
qui entend le conseil général.
Ceci dit au sujet de la France maintenant, pourquoi le principe du bill
13 est-il un principe sain? Je dis que le principe du bill 13 est un principe
sain parce qu'il est conforme, d'abord, à la liberté politique;
deuxièmement, aux intérêts des collectivités;
troisièmement, aux fins des sociétés;
quatrièmement, à l'autonomie municipale et, cinquièmement,
à l'évolution de la procédure.
Je reprends ces chapitres. Le bill 13 est conforme à la
liberté politique. On sait que la liberté politique
s'énonce d'une façon qui est vulgarisée par les deux
expressions suivantes. D'abord, « ce qui n'est par permis est
défendu». C'est la doctrine ou la théorie du passé,
d'autrefois, et des Etats sous dictature. D'autre part, on dit, dans les Etats
libres et les Etats démocratiques, « ce qui n'est pas
défendu est permis ». C'est ce que l'on considère,
aujourd'hui, une meilleure formule.
Par conséquent, il faut se demander à quoi vise le bill
13? Le bill 13 ne vise pas à dire que, si ce n'est pas permis, ce sera
défendu et, s'il faut un référendum et le consentement de
tous les citoyens et qu'il n'est pas obtenu, il n'y aura pas d'union ou de
fusion. On voit à quelles difficultés cela peut conduire. Le bill
13, au contraire, tend vers cette formule qui dit que tout ce qui n'est pas
défendu est permis. Pas totalement, évidemment. Mais il dit;
aujourd'hui, nous n'exigerons plus de majorité de tous les
électeurs, l'assentiment des conseils municipaux suffira, l'opposition
des électeurs devra se manifester dans telles conditions et le
ministère viendra assister les électeurs et les conseils, les
municipalités à se fusionner dans l'intérêt
commun.
Je dis, M. le Président, qu'il faut accorder la bonne foi aux
conseillers municipaux et ne point les traiter d'avance d'hommes qui vont se
laisser influencer ou se vendre. Cela n'est pas vrai. Ces hommes sont proches
de leurs électeurs, de leurs concitoyens.
Ils veulent, comme eux, le bien commun et par conséquent, avant
d'adopter une mesure au conseil municipal, ils l'auront étudiée
et ils penseront à leur petite collectivité locale. Oui, il faut
leur accorder la bonne foi. Je dis, M. le Président, qu'ils auront
l'avantage d'exprimer leur volonté; s'ils ne veulent pas, ils n'ont
qu'à n'en pas faire usage du bill 13, personne ne les force à en
faire usage et l'influence qui pourra être exercée sur eux est de
la nature d'une conviction. Si elle est de la nature d'une conviction, elle est
une bonne influence, elle est une influence bonne comme celle du père
sur ses enfants, ou celle de l'ami sur ses amis, n'est-ce pas?
Par conséquent, M. le Président, je dis aussi que le bill
13 est conforme aux intérêts des collectivités et partant
conforme aux intérêts des individus. Prenons deux exemples: la
petite municipalité que nous connaissons tous est quelquefois
impuissante à réaliser ses ambitions légitimes et les
désirs de ses électeurs. Elle manque de moyens financiers, elle
n'est pas capable de donner les services appropriés ou même requis
d'une façon suffisante. Elle ne peut établir une
équivalence avec les municipalités voisines plus
fortunées; il est de son intérêt de s'unir quelquefois pour
obtenir des biens ou des standards de vie que l'on veut maintenant dans toute
la province. Considérons maintenant la grande municipalité; il
arrive très souvent que son propre territoire devienne trop restreint
pour les possibilités industrielles et commerciales qu'elle
possède. Son développement est arrêté, comme
à Québec, à Québec il n'y a plus de territoire, le
progrès même de la ville va devenir stationnaire, elle va
rétrograder et par conséquent elle subit préjudice des
cadres et de la camisole de force qu'on lui impose.
Je dis, M. le Président, que c'est l'avantage de la petite et de
la grande municipalité de considérer toutes les
possibilités de s'unir en vue du bien de leurs ressortissants. C'est
aussi l'intérêt des collectivités en regard des projets et
des planifications pour l'avenir M. le Président, rien ne doit rester
stable et ne jamais changer. La vie est un changement perpétuel et le
mort d'aujourd'hui est peut-être une fourmilière de vie autre pour
demain. Par conséquent, ce qu'on a appliqué en planification pour
les écoles, pour les fermes, pour l'industrie et pour le commerce vaut
aussi pour les municipalités.
Je dis que le bill 13 est conforme aux fins des sociétés
et de la société proprement dite. Le but de la
société, ce n'est pas la division, la diversification, la
multiplicité, c'est l'union, c'est l'effort commun, c'est la mise en
commun des biens; c'est le contact, c'est le partage entre
tous. Or, M. le Président, si l'administration locale, la petite
administration est paternaliste et peut facilement rejoindre l'électeur,
par contre la grande administration possède une efficacité, un
pouvoir général à l'avantage de tous. Sans doute, il peut
arriver que certaines petites questions bien mesquines demeurent non
réglées, mais les grandes questions, les grands services publics,
l'avancement de tous est probablement mieux fait par la grande
administration.
M. le Président, il y a des avantages à l'union; je n'ai
pas besoin de le répéter. Ils sont économiques. Il y a une
limite à l'union, et je veux en parler, et cette limite; c'est la
complexité de l'ampleur. Quand l'union deviendra tellement grande
qu'elle comportera une complexité de par ses proportions mêmes,
alors il y a lieu d'arrêter l'union et, par conséquent, le
ministère des Affaires municipales, qui sera l'ordonnateur
définitif, sera en mesure à ce moment-là d'évaluer
avec les intéressés dans quelle mesure les problèmes sont
devenus tellement vastes, tellement grands, tellement épan-dus qu'il y a
lieu de cesser d'augmenter une municipalité.
II y a des désavantages à la désunion, M. le
Président, le morcellement, la faiblesse résultant des petites
parties, les oppositions, les rivalités, le carcan des
particularités, des distinctions. J'affirme que l'intérêt
de la société comme ses buts exigent autant que possible, la main
dans la main et les coudes serrés.
J'ajoute que le bill 13 est conforme à l'autonomie municipale
parce que, dans un monde moderne, ce qu'il faut, ce n'est pas se retirer, se
mettre à l'écart, c'est avoir la capacité d'agir, la
capacité de décider. Or, est-ce que les petites
municipalités sans finance, sans avantages matériels, quelquefois
pas trop malheureuses mais d'autrefois sous-développées, ont les
moyens suffisants d'une action aussi progressive, aussi rapide que les grandes
municipalités? Elles sont souvent l'objet de servitude, de
dépendance vis-à-vis les plus forts et les plus riches. Quelle
voix prépondérante peuvent-elles avoir vis-à-vis l'Etat
central lorsqu'elles sont isolées et minimes comparées aux
grandes institutions municipales?
Enfin, le bill 13 est conforme à l'évolution de la
procédure. Je veux prendre un seul exemple. Tous les ans, devant le
comité des bills privés, devant cette législature,
viennent des bills pour permettre aux municipalités d'exercer des
pouvoirs qui exigeaient le référendum et pour leur permettre de
les exercer sans le vote des électeurs. « Permettez-nous,
autorisez-nous à emprunter », disent les conseillers municipaux.
« Autorisez-nous à annexer ou à exproprier, demandent-ils
encore, sans le vote de nos ressortissants. »
Je prends un autre exemple. Je ne veux pas insister, mais la politique,
depuis quelques années, a été la suivante: enlever le
référendum ou le vote de chaque électeur lorsque cela
n'était pas absolument essentiel ou n'était pas dans
l'intérêt de tous. Je prends un exemple dans le Code municipal,
les zones résidentielles. Au début, la loi disait qu'une zone
résidentielle ne peut être changée sans que les
électeurs propriétaires intéressés aient
été appelés et aient voté en faveur du
règlement modifiant la zone.
La loi a été amendée plusieurs fois. On a d'abord
dit: on n'appellera pas tous les électeurs, on va leur donner un avis
public, il se présentera un maximum, ils feront l'opposition, et alors
le règlement sera en vigueur ou sera rejeté. Puis, on a descendu
le nombre des électeurs appelés à un minimum, de sorte
que, aujourd'hui, ce n'est plus le consentement des électeurs que l'on
demande, ce n'est plus la volonté des propriétaires, de chacun
d'eux, qu'on exige, non. On fait appel aux opposants. Et si les opposants ne se
présentent pas en quantité requise ou déterminée
par la loi à l'heure voulue, au lieu voulu, eh bien, le règlement
est en vigueur. On voit que c'est un renversement de la situation
passée. Auparavant on demandait à tous les propriétaires;
aujourd'hui on appelle les opposants, et il faut qu'ils soient en nombre
suffisant. C'est le Code municipal, cette législation date de plusieurs
années et son changement est commencé depuis plusieurs
années.
Certaines chartes des grandes villes contiennent déjà des
dispositions permettant l'union de municipalités ou de parties d'entre
elles par de simples résolutions des conseils municipaux ou
règlements. Ainsi, la charte de la cité de Québec contient
une telle disposition et j'ai moi-même, comme avocat de la cité,
annexé une partie de la municipalité de St-Michel-Archange par
simple résolution du conseil de la cité de Québec et
simple résolution du conseil de la municipalité de
St-Michel-Archange.
M. JOHNSON: St-Michel-Archange?
M. GODBOUT: St-Michel-Archange, parce que c'est une municipalité
composée d'un conseil municipal de religieuses, de
révérendes dames religieuses.
M. JOHNSON: Et les patients ne pouvaient pas se prononcer, eux?
M. GODBOUT: Les patients ne votaient pas.
D'ailleurs, ils se seraient peut-être prononcés contre et
cela aurait été à leur détriment.
M. le Président, l'arbitrage de l'Etat fait partie de
l'évolution de la procédure. Il est nécessaire maintenant.
Imagine-t-on toutes les questions diverses et difficiles, onéreuses qui
se présentent lorsqu'on veut annexer des municipalités? Les
pouvoirs, les obligations présentes et futures de même que les
dettes passées, la répartition des taxes, les impositions, les
droits respectifs de chacune des parties? A l'heure actuelle les petites
municipalités comme les moyennes qui sont le plus grand nombre dans la
province, sont en face de problèmes tellement considérables
qu'elles n'envisagent pas beaucoup la possibilité de s'unir. Mais
lorsqu'elles sauront qu'elles peuvent compter sur les experts du
ministère, sur l'assistance des gens avertis, sur les conseils de la
commission municipale de Québec, eh bien, M. le Président, le
problème leur paraîtra moins laborieux, moins pesant et je suis
sûr qu'à ce moment-là, éclairées, convaincues
des bénéfices que une, deux ou trois municipalités
pourront retirer mutuellement, elles seront probablement heureuses de tenter
l'expérience, de tenter une aventure contemporaine.
Enfin le bill 13 est conforme à l'opinion publique et, M. le
Président, je ne veux pas recommencer de discussions mais je dis ceci:
M. le Président, les citoyens doivent en toutes circonstances pouvoir
s'opposer, toute loi qui leur empêche d'exprimer leur opinion, qui
enlève le respect à leurs pensées, à ce qu'ils
désirent ne serait pas, à mon avis, une bonne loi. Mais lorsque
la loi prévoit un mode, prévoit une méthode de leur
permettre de s'exprimer, de dire leur avis et leur permet avec des formules
efficaces, je dis que c'est une bonne loi.
D'ailleurs, on recherche aujourd'hui, dans la population
l'identité d'administration. Est-il quelque chose de plus
décourageant que d'avoir affaire à des centaines et des centaines
d'administrations? Le simple voyage en automobile à travers la province
vous fait passer de règlements municipaux, de petites tracasseries en
petites tracasseries.
M. BERTRAND: On va tous les abolir.
M. GODBOUT: M. le Président, lorsqu'une grande
municipalité sera formée de deux ou trois petites
municipalités à leur avantage, que l'uniformité de
législation, de réglementation prévaudra et qu'une
identité d'administration sera reconnue, je soumets respectueusement
qu'il y aura un avantage certain pour les gens de la province.
Aujourd'hui, M. le Président, n'est-il pas vrai que les
concentrations industrielles et manufacturières, les concentrations
commerciales, l'union de tout ce qui fait l'argent, la production et la
distribution est bien vue, entre dans ce que pense le monde moderne? Et un seul
exemple, prenez les magasins à chaîne, par exemple. Que sont-ils?
Que représentent-ils dans l'opinion de la population? Prenons les zones
industrielles et commerciales que crée toute ville, nous sommes dans la
bonne tendance, dans la bonne pensée politique actuelle.
M. le Président, si l'on additionnait les quelques oppositions
qui sont venues, même une petite pile de télégrammes, ce
serait une infime protestation et je crois que si l'on pouvait rencontrer
chacun des protestataires contre le bill et leur expliquer de quelle
façon ils peuvent le refuser, ce serait résoudre le
problème. Mais enfin, si on m'offre quelque chose et que l'on ne me
force pas à le prendre, quel préjudice est-ce que je subis qu'il
existe une chose que mon voisin voudra ou dont se serviront les tierces
parties?
M. le Président, je dis que le bill 13 est un outil nouveau,
précieux qui ne doit pas être rejeté, qui servira à
ceux qui pourront s'en servir et qui sera mis de côté par ceux qui
n'en auront pas besoin.
Par conséquent, M. le Président, je pense que je voterai
avec plaisir pour le bill 13.
M. JOHNSON: M. le Président, la culture et la faconde du
député de Québec-Est nous intéressent toujours,
mais vous avez remarqué, comme moi, aujourd'hui que le coeur n'y
était pas dans cette cause qu'il s'est appliqué à
défendre de son mieux. Mais c'est un homme d'une telle
sincérité, tout le monde le sait, que ça paraît tout
de suite qu'il n'aime pas la cause qu'on lui a confiée. Et le ton qu'il
a mis dans ce discours contrastait énormément avec le ton
d'agressivité et d'assurance qu'apporte le député de Laval
lorsqu'il plaide cette cause. Il est évident que les
intérêts de l'un et de l'autre ne sont pas comparables dans ce
bill.
J'ai, M. le Président, été presque
scandalisé par le député de Québec-Est. Il aurait
pu, pour une mauvaise cause, s'éviter d'utiliser certains arguments,
surtout le dernier quand il a dit par exemple; ce bill est conforme à
l'opinion publique. Et on a vu avec quel dédain on rejetait les
protestations d'une petite quantité de gens, d'un petit nombre de gens.
On a vu d'avance quelle bienvenue on réserve à ce 10% qui
viendra, à ses frais et dépens, protester contre une
résolution du conseil, passée à la majorité du
conseil et prévoyant la disparition de leur municipalité en vertu
d'une loi qui est fausse jusque
dans son titre.
Pour l'édification du député de Québec-Est
entre autres, je voudrais lui donner une énumération des quelques
messages que j'ai apportés ici en Chambre et ces messages ne
représentent qu'une faible proportion de ceux que nous avons
reçus. Des protestations minimes, M. le Président, écoutez
moi la liste. Oh! D'abord vous me permettrez de dire que j'ai ici deux messages
qui approuvent, l'un totalement et l'autre en partie, le bill en question. J'ai
un message de M. Jean-Marc Martineau, maire de Batiscan, et qui se lit comme
suit; « Corporation municipale de St-François-Xavier de Batiscan
appuie projet bill 13, Loi pour faciliter la fusion volontaire des
municipalités ». Et j'ai ici un message signé Marcel
Villeneuve, maire, et qui se lit comme suit; « Maire et échevins
de ville St-François-de-Laval félicitons ministre des Affaires
municipales pour le bill 13, clarifiant la Loi des annexions volontaires.
Protestons énergiquement contre suppression des droits
démocratiques de la population. Suggérons que les annexions
soient décidées par règlement avec avis de motion.
Marcel Villeneuve, maire. »
M. LAPORTE: II faut l'avis des deux bords.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai été très
heureux de donner cette mince consolation au ministre. Par ailleurs, voici une
liste incomplète, je le répète, de messages qui m'ont
été adressés et je me contente de les identifier. D'abord
de Ste-Agathe-des-Monts, au nom de la Corporation du village de Ste-Agathe-Sud,
un message par Roland St-Jean, maire.
Est-il nécessaire de vous dire que tous ces messages sont, comme
je le dirai tantôt, des expressions d'opinion contre le bill 13? Son
honneur le maire et MM. les échevins de la cité d'Outremont, la
Ligue de l'autonomie municipale de l'Ile-Jésus, par Jean-Charles
Brouillard, secrétaire, 3150 rue Fernand à Fabreville. Le Conseil
municipal de la ville de St-Joseph-de-Sorel. La ville de Ste-Agathe-des-Monts
par Louis Pellerin, maire. Paroisse Ste-Agathe-des-Monts par Léopold
Guay , maire. Les maires et conseillers de la ville de Vaudreuil. Le Conseil
municipal d'East-Angus réuni en assemblée spéciale.
M. le Président, je m'arrête ici pour souligner que cette
protestation qui me parvient via le secrétaire-trésorier en est
une officielle à la suite d'une réunion tenue au lieu et
ordinaire des séances du Conseil d'East-Angus, lundi le 22
février 1965. Et je continue l'énumération: ville de
Haute-Rive, la municipalité de Ste-Thérèse-Ouest, le maire
de Ste-Rose M. Olier Payette, M. Claude Gagné, maire de
Laval-des-Rapides, Fernand Bibeau, maire de Laval-sur-le-Lac.
M. LAVOIE (Laval): Surprise!
M. JOHNSON: Le conseil municipal de la cité de St-Jean, la
cité de Verdun, officiellement par son greffier.
M. LAPORTE: Particulièrement bon celui-là.
M. JOHNSON: La ville de St-Romuald d'Et-chemin, comté de
Lévis.
M. MEUNIER: Connais pas.
M. JOHNSON: Le conseil de la ville de Hampstead, la ville de
Mont-Laurier, la corporation du village de Clermont, son honneur le maire et
les conseillers de la corporation municipale de Pointe-au-Pic, le maire et le
conseil de Ville Mont-Royal, la ville de Dorion, la cité de No-randa, le
conseil municipal de Courville, le conseil de la cité de St-Laurent, la
ville de Fabreville, la cité de Ste-Rose, ce qui surprendra certainement
le député de Laval.
M. LAPORTE: Mais comment se fait-il qu'on en reçoive de la
cité de Ste-Rose et du maire de Ste-Rose? Est-ce pour en faire deux
ça?
M. JOHNSON: Non, M. le Président, le maire a d'abord
envoyé un télégramme et ensuite...
M. LAPORTE: Et après il en a envoyé un autre.
M. JOHNSON: ... et ensuite les conseils municipaux se sont réunis
un peu partout et ici particulièrement, lundi une séance
régulière pour étudier...
M. LAPORTE: Ce n'est pas ça que je demande au chef de
l'Opposition. Je dis que le maire Payette a envoyé un
télégramme personnellement et sa municipalité en a
envoyé un ensuite. Cela fait deux.
M. JOHNSON: C'est ça. Cela prouvait que son conseil, cette
résolution du conseil prouve que le maire avait raison d'envoyer son
télégramme et que son attitude est soutenue par le conseil.
M. LAPORTE: Cela prouve qu'il voulait en envoyer deux.
M. JOHNSON: Et elle serait soutenue par la population et s'il y en a un
qui est au courant de la situation c'est le maire Payette qui sait que ce bill
constitue un deuxième coup de force apporté par le
député de Laval avec la complicité du ministre des
Affaires municipales.
M. LAPORTE: J'espère que vous alleznous prouver ça tout
à l'heure.
M. JOHNSON: Cela va venir, patientez. M. le Président, il y a
aussi des associations qui ont protesté. Je voudrais vous lire un bref
message libellé comme suit; « Aujourd'hui à la demande de
150 propriétaires de Pont-Viau, nous nous objectons énergiquement
au bill 13 qui enlève le droit de décision des contribuables dans
la municipalité. René Patenaude, Bruno Faucher et M. Farley,
échevin de Pont-Viau.
Il existe, comme le député de Laval le sait, l'Union des
municipalités métropolitaines, quia envoyé à chacun
de nous un message ainsi libellé: « Union des municipalités
métropolitaines composée de trente-six municipalités de la
région économique de Montréal endosse sans réserve
attitude prise par Union des municipalités province de Québec, 13
février, que référendums doivent être maintenus
comme droit fondamental de tout citoyen Stop Liberté d'expression
principe de base, démocratie assurée au niveau municipal lorsque
population peut exprimer opinion sur question importante par l'entremise
référendum Stop Bill 13 violation flagrante de ce principe Stop
Pour cette raison croyons que bill 13 doit être amendé pour
prévoir référendum Stop A cette condition seulement
fusions volontaires qu'il espère encourager seront volontaires en fait
et en théorie Stop Faisons appel au gouvernement et Législature
modifier bill 13 avant adoption afin protéger droit essentiel
population. Signé Union des municipalités métropolitaines.
Art.-E. Séguin, Olier Payette ».
M. le Président, nous en avons reçu aussi libellés
en anglais et le député de Wolfe en a lus quelques-uns à
cette Chambre au soutien de la motion que nous faisions pour que soit
retardé au moins de quelques jours l'étude en deuxième
lecture du bill numéro 13. J'en reçois un aujourd'hui de
Chambly-Bassin, dans le comté du ministre lui-même. Un message qui
origine de Chambly-Bassin à Home Owners Association Incorporated, P.O.
Box 968 Chambly, Quebec.
M. LAPORTE: Chambly! (à l'anglaise) M. JOHNSON: M. le
Président,...
M. BERTRAND: Stop.
M. JOHNSON: ... le message se lit comme suit; « We, the
undersigned, strongly protest bill 13 in its present form. We charge that the
democratic rights of the individual taxpayer will be abrogated if there is no
opportunity for the taxpayer to express his wishes through his vote. The voter
elected his council to administer the existing municipality, he did not give
them a mandate to dissolve the municipality. We feel that this bill in its
present form allows collusion on the part of as few as four councillors for
personal benefits. We propose that the bill be amended to include the right to
vote by referendum on the same requirements as article 10 of bill 13. We
contend that if the government persist on bill 13 in its present form that a
general provincial election be held as a referendum on this issue.
M. LAPORTE; Un référendum dans tout le Canada à
part de ça!
M. JOHNSON: Pardon?
M. LAPORTE: Un référendum par tout le Canada à part
de ça!
M. JOHNSON: M. le Président, quand le gouvernement avait en vertu
d'une loi datant de dix-huit ans le droit d'acheter des actions des compagnies
d'électricité, il a décrété sous
prétexte de la démocratie une élection
générale. Vous voyez on se sert de la démocratie comme
d'un masque quand ça fait son affaire.
Quand il s'agissait, M. le Président, de couvrir certains aspects
d'une administration, aspects inquiétants pour le gouvernement, on a
utilisé ce magnifique argument de la démocratie, disant; on
voudrait avoir un mandat du peuple. Eh bien, M. le Président, je dis
qu'aujourd'hui, ces mêmes gens veulent encore tromper la population et
c'est triste d'entendre un député comme le député
de Québec-Est argumenter qu'un tel bill est un bill démocratique.
M. le Président, il y a des gens qui l'ont étudié ce bill,
il y a des gens qui connaissent le problème, beaucoup mieux que ne le
connaît le député de Québec-Est, beaucoup mieux que
je ne le connais moi-même, beaucoup mieux que le connaissait le ministre
des Affaires municipales avant d'entrer...
Qu'il cesse donc de rire de M. Ryan. En connaissait-il plus long que M.
Ryan avant de devenir ministre des Affaires municipales, lui, M. le
Président? Où a-t-il pris son expertise? Si ça continue,
tout ce qu'il va apprendre dans ce mé-
tier-là, le ministre des Affaires municipales, c'est de devenir
dictateur des municipalités de la province de Québec. Et c'est
contre cela que je viens protester aujourd'hui, appuyé par toute la
population. Et ça devrait frapper le député de
Québec-Est de constater que ce sont des maires et des échevins
qui nous demandent de nous opposer à ce bill. L'argument est facile de
la part du ministre de dire: « Ils n'auront qu'à ne pas s'en
servir. » Mais, ces gens-là savent à quelle tentation ils
sont actuellement exposés. Ces gens-là ne sont pas sûrs que
leurs successeurs ne succomberont pas aux combines de certains
spéculateurs. Mais moi, je suis sûr d'une chose. C'est que le
présent bill nous ne l'aurions pas devant nous si nous avions dans notre
législation une loi qui devrait y être depuis longtemps
empêchant la honteuse spéculation qui se fait sur les terrains,
dans certaines municipalités de la province au détriment, tout le
temps, du petit payeur de taxes. Quand on voudra des exemples, on n'aura
qu'à retourner aux articles qui étaient publiés dans le
temps où le ministre était un journaliste. Qu'on retourne aux
enquêtes faites par les grands journaux. Le défunt Nouveau
Journal, entre autres, sur les manigances pas trop recommandables qui se
passaient dans les municipalités avoisinantes de Montréal.
Ce bill, et c'est M. Ryan qui le laisse entendre d'une forme bien
subtile et bien polie, employant ses propres termes je dis que ce bill ouvre la
porte à l'arbitraire et à l'intrigue. A l'arbitraire et à
l'intrigue, cela veut dire que ce bill, dans certaines conditions
déterminées que le ministre et le député de Laval
connaissent que certains conseillers municipaux qui ont des
intérêts dans des terrains quiprendront de la valeur du seul fait
de la fusion de plusieurs municipalités n'hésiteront pas à
la fin de leur mandat de voter à la majorité cette
résolution. Et c'est ça qui est mauvais. Et c'est l'avertissement
que je donne au ministre. Il n'a pas le droit d'ignorer les situations de fait
que des enquêtes publiques, des enquêtes du procureur
général, des enquêtes que certaines commissions ont
révélées. Et, sans entrer dans un sujet qui n'affecte pas
directement le bill mais tout simplement comme argument à l'appui de mon
opposition à ce bill 13, je voudrais vous dire que la clé de tout
le problème c'est la spéculation effrénée sur les
terrains. C'est la montée en flèche de la valeur de certains
terrains parce que bien « connectés » et j'emploie
à dessein cet anglicisme, avec le conseil municipal, onpeutfaire
décréter la pose de certains services et réaliser des
profits exorbitants qui sont portés par le petit propriétaire.
C'est là qu'est tout leproblème.
M. MEUNIER: Parlez-en donc au maire de Ville d'Anjou! Parlez-en donc de
ça, au maire de Ville d'Anjou.
UNE VOIX: II va vous en parler aussi! UNE VOIX: A l'ordre, à
l'ordre!
M. JOHNSON: M. le Président, le député de Bourget
devrait être prudent. Il m'a déjà appuyé pour
demander une enquête dans Rec-Stone et son appui m'a été
vite retiré quand on lui a dit qu'on frappait là un « nid
de rouges ». Et on a vu plus tard ce qui arrivait derrière Sefkind
et ses associés. Ce qui explique le silence du député de
Bourget. Mais moi, je continue d'en parler de Rec-Stone et je continue de
demander des questions et une enquête sur Rec-Stone.
UNE VOIX: Non, non!
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement. Nul
besoin, évidemment, de plaider longtemps pour dire que le chef de
l'Opposition n'est pas dans l'ordre. S'il veut poser des questions, il n'a
qu'à les inscrire au feuilleton. Il n'est pas question de
spéculation dans ce bill-là. J'aimerais bien qu'il nous parle un
peu du principe de ce bill-là et nous dise en quoi il est
antidémocratique, par exemple.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai été interrompu
par le député de Bourget. Je ne peux pas demander au feuilleton
pourquoi il garde le silence relativement à cette enquête sur
Rec-Stone.
M. MEUNIER: Vous le saurez en temps et lieu.
M. LAPORTE: Le bill 13, le bill 13.
journaux de Québec. L'Action du 23 février titrait une
nouvelle: « Le bill 13: c'est de la dictature », par Serge Gagnon:
« Le bill 13, je le trouve dangereux pour l'autonomie municipale. Si le
contribuable n'a pas son mot à dire, si on supprime le
référendum, alors ça s'appelle de la dictature.
»
M. MEUNIER: L'article 8 de la loi.
M. JOHNSON: « La fusion volontaire, un danger pour l'autonomie des
municipalités. » Cela, c'était l'Evénement du 23
février, sous la responsabilité du journaliste André
Bellemare: « Le projet de loi concernant la fusion volontaire des
municipalités, le fameux bill 13, c'est un numéro malchanceux et
dangereux pour l'autonomie municipale. C'est une marche vers la dictature et on
s'en approche vite. Ne pas s'opposer à une telle loi, c'est laisser les
contribuables à la merci du gouvernement provincial. »
Cela commence à être sérieux. Quand même le
Montreal Star, qui semble avoir le préjugé favorable envers le
gouvernement, qui est toujours prêt parce qu'il est animé d'un
« fair play » britannique indiscutable, qui est toujours prêt
à donner raison au gouvernement, même en cas de doute, les doutes
les plus sérieux, titrait hier soir un éditorial que vous avez
certainement lu, M. le Président, et je cite: « A bad bill. The
provincial government's Bill 13 - Voluntary Amalgamation of Municipalities Act
- is a bad law which should be scrapped immediately or drastically overhauled,
however excellent the intention might be to make it easier for municipalities
to amalgamate if they so desire. » Et l'éditorialiste continue:
« It makes too little provision for consideration of the views of
property owners of the towns which might be involved. People establish
municipalities for cooperative purposes; other people choose to join them
subsequently for a variety of reasons. Those who invest in homes and industry
have an interest which should not be brushed lightly aside. « Where
existing machinery is so complex, that difficult procedures must be followed in
the interest of the greater efficiency amalgamations might offer, it should be
simplified. However, the current proposal leaves far too much to the discretion
of town councillors and the minister of Municipal Affairs. »
M. le Président, Métro-Express, en éditorial, le 24
février (il arrive queM.Turcot signe ses éditoriaux, mais il
arrive aussi que certains des éditoriaux du journal ne sont pas
publiés), Métro-Express titrait hier: « Non au bill 13.
» Je me contente de lire la conclusion: « Pour que la politique du
regroupement municipal, politique souhaitable et de bon sens s'il en est une,
soit positive, elle devra trouver un véhicule plus adapté aux
besoins actuels que ce que nous propose M. Pierre Laporte. Et en attendant ce
nouveau véhicule, il faut se joindre aux municipalités du
Québec et dire; non au bill 13. » Cela commence, M. le
Président, à être des témoignages...
M. BERTRAND: Désintéressés!
M. JOHNSON: ... assez éloquents pour qu'un député
sérieux ne vienne pas dire dans cette Chambre que c'est un bill conforme
à l'opinion publique.
Evidemment, dans certains milieux, on parle de ce bill comme si nous
étions opposés, en principe et en tout temps, au regroupement
municipal. Je n'ai pas l'intention de reprendre l'excellent discours du
député de St-Jacques qui a très bien formulé la
politique du parti dans cette Chambre et qui a dit substantivement ceci:
« Du regroupement, on en est, mais on est contre l'abolition du
référendum, sauf dans certains cas particuliers, et à ce
moment-là, c'est le gouvernement, la Législature, qui devront
prendre leurs responsabilités après des auditions publiques.
»
C'est clair, nous ne sommes pas contre cette tendance au regroupement
qui doit être encouragée. Certaines parties du discours du
député de Laval étaient extrêmement
intéressantes. Son plaidoyer était éloquent. Mais c'est
aux électeurs municipaux qu'il fallait aller le faire. La vraie
démocratie demande que l'on convainque la population.
Quand le député de Laval dit que, de plus en plus, les
citoyens demandent plus de services, de meilleurs services, il a raison. Quand
il dit qu'il faut rapprocher le gouvernement du peuple le plus près de
l'individu, et que le palier municipal est plus près que le palier
provincial, il a raison, à mon point de vue. Mais, quand on agit comme
le gouvernement actuel, on va précisément à l'encontre de
la thèse que le député de Laval exposait avec un certain
brio.
Est-ce vrai, oui ou non, que le contribuable au niveau municipal veut
plus de services? Est-ce qu'il n'est pas, lui, en état de comprendre
où est son intérêt? Est-ce qu'on a renoncé à
l'éduquer? J'ai été scandalisé, comme bien des
gens, quand j'ai lu certains passages du rapport Sylvestre où, en somme,
on semble laisser entendre que les électeurs de l'Ile-Jésus ne
sont pas assez évolués pour comprendre leur propre
intérêt.
M. LAPORTE: Cela, c'est de la démagogie.
M. JOHNSON: M. le Président, le référendum...
M. LAPORTE: C'est l'interprétation qui est de la
démagogie.
M. JOHNSON: ... est antidémocratique. Et les contribuables
municipaux ne sont pas assez au fait pour se prononcer sur la question de
fusion et d'annexion.
M. LAPORTE: Bon!
M. JOHNSON: Est-ce que ce n'est pas ça que dit le rapport?
M. LAPORTE: Non, ce n'est pas ça qu'a dit le chef de
l'Opposition, qu'ils n'étaient pas assez évolués, qu'ils
n'étaient pas assez au fait, pas assez renseignés sur les
faits.
M. JOHNSON: Si les électeurs de l'Ile-Jésus, de quelqu'une
des municipalités de cette fie ne sont pas assez au fait pour se
prononcer sur la question de fusion et d'annexion, eh bien, je viens de
comprendre la sorte de député qu'ils nous ont envoyé.
M. LAPORTE; Ah ça, c'est encore un gros argument.
M. JOHNSON: Voici, ils étaient assez évolués...
M. LAVOIE (Laval): Votre candidat a perdu son dépôt.
M. JOHNSON: Bien oui, ils étaient assez compétents pour se
prononcer sur la nationalisation de l'électricité, mais ils ne
sont pas assez compétents pour se prononcer sur les fusions de
municipalités.
M. LAPORTE: Où est-ce que vous lisez « compétents
», dans le texte du rapport Sylvestre?
M. JOHNSON: M. le Président, ils ne sont pas assez
renseignés pour se prononcer sur la fusion mais ils étaient assez
renseignés pour se prononcer sur la nationalisation et faire perdre leur
dépôt aux candidats de l'Union nationale. Comment expliquez-vous
ça, M. le Président? Mais seulement il y a une chose que les
électeurs de l'Ile-Jésus savent, par exemple, c'est que le
territoire de l'Ile-Jésus est un nid à spéculations et que
ce bill,,.
M. LAPORTE: A l'ordre. M. le Président, j'invoque le
règlement. Il va finir sa phrase, regardez ça. M. le
Président.
M. JOHNSON: Pourquoi m'accuser? je ne l'ai pas finie.
M. LAPORTE; Non, mais je voyais la tentation sur votre figure.
M. JOHNSON: Vous me prêtiez une intention.
M. LAPORTE: M. le Président...
M. PINARD: En vertu de la vitesse acquise, oui.
M. LAPORTE; ... si le gouvernement décide, lorsque le
gouvernement aura décidé s'il le décide de mettre en
application toute ou partie des conclusions du rapport Sylvestre sur l'Ile
Jésus, il a été déclaré publiquement que
c'est le gouvernement qui prendra à sa charge la présentation
d'un bill public qui sera référé au comité des
bills privés pour que tous les intéressés puissent se
prononcer. Nous aurons donc l'occasion de discuter le cas échéant
à fond ce problème. Pour l'instant, pourrait-on s'en tenir, M. le
Président, au principe du bill 13, la fusion volontaire des
municipalité dans la province de Québec?
M. JOHNSON: Oui. M. le Président, la fusion volontaire des
municipalités c'est le bill dans son essence que nous avons à
étudier. Le gouvernement a une drôle de conception du volontariat.
C'est plutôt, comme l'a déclaré un organisme, un bill de
conscription de toute la population. Je dis, pour ma part, que ce bill a pour
effet de défranchiser virtuellement tous les électeurs ou
contribuables des municipalités ou tous les électeurs
abilités à voter dans les 1,500 municipalités de la
province de Québec.
M. LAPORTE: Est-ce que le chef de l'Opposition nous dirait comment ils
sont défranchisés?
M. JOHNSON: Oui, je vais le dire.
M. LAPORTE: Qu'on précise un peu. On lance des choses comme
ça. Comment sont-ils défranchisés?
M. JOHNSON: M. le Président, même dans certaines tribus
indiennes de la Nouvelle-France on était plus démocrate qu'avec
les libéraux actuels.
M. CREPEAUX: Une nouvelle loi électorale.
M. JOHNSON: II y avait des référendums dans certaines
tribus, M. le Président, il y avait des référendums.
M. BERTRAND: Demandez au Secrétaire provincial.
M. JOHNSON: Les chefs n'avaient pas la discrétion que veut
s'accorder le ministre des Affaires municipales.
M. GODBOUT: Le chef de l'Opposition me permettrait-il une question?
M. LAPORTE: Ah! Il n'y répondra pas, il va passer à
côté, comme il vient de faire.
M. GODBOUT: Le chef de l'Opposition sait que le bill 13 n'abroge pas les
anciennes lois et que le référendum existera toujours pour ceux
qui voudront un référendum.
M. JOHNSON: Pour qui ceux?
M. GODBOUT: Pour les municipalités qui voudront le
référendum.
M. JOHNSON: Agissant comment? Par le conseil ou directement des
contribuables?
M. GODBOUT: De concert, les électeurs avec le conseil.
M. JOHNSON: Oui, allons-y voir. M. le Président, vous avez
entendu cette énormité, ce qui n'est pas défendu par la
loi...
M. LAPORTE: Expliquez-la donc l'énormité que vous avez
entendue!
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. PINARD: Pas de personnalité, s'il vous plaît.
M. JOHNSON: Oui, l'énormité de cet après-midi dans
le discours du député de Québec-Est quand il disait;
« Tout ce qui n'est pas défendu est permis ».
M. LAPORTE: Ce n'est pas ça qu'a dit le député de
Québec-Est.
M. JOHNSON: Substantiellement, c'est ça.
M. BERTRAND: « Tout ce qui n'est pas permis est défendu
».
M. LAPORTE: Je comprends mais ce qu'il vient de dire là. Il a dit
que si les municipalités ne sont pas satisfaites du bill 13, la loi
générale demeure.
M. JOHNSON: Le règlement est joliment silencieux sur bien des
questions dans cette... Est-ce que vous me permettriez de faire tout ce qui
n'est pas défendu dans ce règlement, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: J'ai déjà répondu à cette
question.
M. PINARD: Vous, vous essayez souvent!
M. DOZOIS: Oui, M. Bouchard avait réglé la question.
M. PINARD: Déchirez les pages si ça ne fait pas votre
affaire.
M. JOHNSON: M. le Président, le député de
Québec-Est me dit que le référendum subsiste. Pourquoi, si
le référendum subsiste encore dans tous les cas, pourquoi est-il
nécessaire de passer la présente loi?
M. GODBOUT: Un cadeau au progrès.
M. JOHNSON: Un cadeau au progrès. L'expression, M. le
Président, mérite de passer dans une anthologie.
M. BERTRAND: Timeo Danaos et dona fe-rentes.
M. JOHNSON: Cadeau au progrès que celui... M. BERTRAND: Cadeau de
Grecs.
M. JOHNSON: ... qui permet à quatre éche-vins sur six,
à la fin de leur mandat, quatre éche-vins
intéressés depuis un mois ou quinze sus...
M. GODBOUT: Je fais confiance aux hommes.
M. JOHNSON: ... un mois ou quinze ans à des terrains qui
prendront de la valeur du moment qu'on fusionnera les deux
municipalités. Cadeau au progrès que de permettre à ces
hommes, et on connaît la faiblesse humaine...
M. GODBOUT: Les conseillers que j'ai connus étalent
honnêtes.
M. JOHNSON: M. le Président, tellement clairvoyant le
député de Québec-Est que le do-
maine dont il était responsable a dû faire l'objet d'une
enquête publique actuellement à Québec.
M. PINARD: A l'ordre. A l'ordre.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne parle pas de la vertu du
député, mais c'est lui qui dit: tout le monde que j'ai connu
était honnête.
M. LAPORTE: Cela, ce sont des tactiques.
M. JOHNSON: J'ai le droit de dire qu'il est naif.
M. FORTIN: Les conseillers.
M. JOHNSON: Les conseillers, oui, oui. Les conseillers se fiaient
à d'autres.
M. LAPORTE: J'ai posé une question à laquelle je n'ai pas
eu de réponse. Il avait accepté que je pose cette question.
M. JOHNSON: Quelle est la question?
M. LAPORTE: Comment les électeurs sont-ils
défranchisés? Je repose la question espérant avoir une
réponse.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est clair.
M. LAPORTE: Ah bon! J'espère, montrez-moi ça.
M. JOHNSON: Et ce sont des gens de Chambly qui l'expliquent d'une
façon très claire...
M. LAPORTE: Non, non, le bill. Alors, si les gens de Chambly...
M. JOHNSON: Les propriétaires de Chambly disent, et c'est le cas
qui s'applique à toute la province: quand on a élu nos
conseillers municipaux, c'était pour administrer la
municipalité.
M. LAPORTE: Cela ne répond pas à ma question.
M. JOHNSON: Ce n'était pas pour la faire disparaître. Et
là des gens que, en ma qualité de propriétaire, j'ai
élus pour administrer la municipalité vont me la faire
disparaître, à sa face même. Cela, c'est une
défranchisation de tous les électeurs. Et ils pourront le faire
sans me consulter comme propriétaire alors que la loi actuelle les
force...
M. LAPORTE: M. le Président, je m'excuse d'intervenir. Mais,
est-ce que le chef de l'Opposition affirme sérieusement, après
avoir lu le bill 13, que l'annexion ou la fusion pourra se faire sans que les
électeurs propriétaires n'aient l'occasion de s'exprimer? Est-ce
qu'il affirme ça sérieusement?
M. JOHNSON: M. le Président, bien sûr que j'affirme
ça...
M. LAPORTE: Ah bon!
M. JOHNSON: ... c'est clair, c'est évident. Autrement on n'aurait
pas besoin de cette loi. On n'a qu'à amender les lois existantes et
à rendre le référendum plus facile, moins
onéreux.
M. LAPORTE: Comment le rendez-vous plus facile et moins onéreux?
Expliquez-moi ça.
M. JOHNSON: M. le Président, nous l'avons rendu...
M. LAPORTE: Un demi-référendum.
M. JOHNSON: ...plus facile. Le référendum, si on veut me
laisser poursuivre.
M. LAPORTE: Oui, je m'excuse, je vais me retirer pour...
M. JOHNSON: ... quelques minutes sans interruption, je vais
abréger mes remarques, convaincu d'avance que je ne convaincrai pas le
gouvernement, mais persuadé que bien des députés dans
cette Chambre aimeraient avoir la liberté des députés de
l'Opposition pour ne pas sanctionner un bill que toute la presse responsable,
que tous les gens sérieux qualifient de bill
antidémocratique.
La meilleure preuve, c'est encore l'aveu de la partie adverse. Et l'aveu
peut être constitué quelquefois par des omissions à
répondre. C'est le député de Champlain, que je
félicite de son intervention, qui posait la question au ministre: mais
qui a demandé que telle loi soit passée? Quels sont les corps
représentatifs qui ont fait pression sur le gouvernement pour que telle
loi soit amenée devant nous si rapidement? Quelles sont les
municipalités qui ont demandé au ministre de faciliter la fusion?
Quels sont les députés libéraux qui l'ont demandé,
sauf le député de Laval?
M. CREPEAU: Châteauguay.
M. JOHNSON: Pourquoi cette précipitation à étudier
ce bill? Qu'est-ce qui presse? Qui est-ce qui est en péril? Des
populations qui ont besoin de nouveaux services ou des capitaux qui ont peur
d'être dépréciés si les fusions ne se font pas dans
certains coins de la province? C'est ça qui est grave.
M. le Président, le référendum étant un
moyen de démocratie directe, on veut le remplacer par de la
démocratie interposée et si j'avais le style fleuri du
député de Québec-Est, je comparerais certaines
dispositions de cette loi aux coutumes d'autrefois, le mariage par procuration,
alors qu'on voulait, soit consolider des empires, sauver des fortunes ou
augmenter des dots ou éviter la ruine. On va permettre par ce bill, s'il
passe, que certaines personnes engagent tout un groupe de propriétaires
dans des mariages forcés afin d'empêcher la ruine de certaines
municipalités mal administrées, afin de permettre à
certains spéculateurs de vendre plus chers les terrains dont le prix va
monter en flèche dès que ces terres seront annexées, ces
municipalités où il y a encore beaucoup d'espace seront
annexées à d'autres capables de donner des services. C'est une
loi qui, au lieu de mettre fin à certains abus qui ont été
rendus publics et pour lesquels on blâmait le gouvernement du temps,
même s'il n'avait rien à faire là-dedans, c'est une loi qui
va permettre, comme le dit M. Ryan, aux intrigues de jouer et de jouer à
plein et de jouer avec des chances de succès.
Démocratique le bill parce qu'il abolit le
référendum? Quel inconvénient y a-t-il à traiter la
fusion de municipalités au moins à l'égalité
d'autres problèmes qui ont été mentionnés par le
député de St-Jacques et j'y reviens tout simplement pour vous
rappeler cette énumération. On exige des
référendums pour l'attribution d'octrois pour travaux publics, on
exige des référendums pour la souscription d'actions dans des
compagnies de télégraphe et de téléphone. On a
exigé des référendums pour la rémunération
des maires et des échevins, on a exigé des
référendums, évidemment on le sait, pour des
règlements de construction et de zonage ou des règlements
d'emprunts et on a même exigé pour la ville de Montréal, un
référendum lorsqu'il s'est agi, à l'occasion d'une
élection, de donner le pouvoir au conseil municipal, d'établir la
carte d'identité pour permettre un mandat de quatre ans au lieu de trois
ans, comme on Pavait fait d'ailleurs pour étendre le mandat de deux ans
à trois ans, non pas pour étendre par un acte de la loi, comme on
l'a fait l'année dernière, le mandat des maires et conseils de
l'Ile-Jésus qui devaient se présenter àl'électorat,
mais pour étendre le mandat à partir des élections
générales.
Constamment, nous avons, depuis que je suis dans cette Chambre, tant
d'un côté que de l'autre, des administrations qui se sont
succédé depuis 1960, les deux administrations libérales
ont pris soin de maintenir le référendum tout en le rendant moins
difficile, moins complexe et moins coûteux et nous en étions mais
pourquoi ce revirement soudain? Pourquoi cette précipitation, je le
répète?
Je ne comprends pas ou je crains de trop comprendre, M. le
Président. C'est encore un cas où pour régler un
problème spécial on s'amène avec une loi
générale et un masque qu'il est de notre devoir d'arracher pour
réveiller la population.
Quand un gouvernement en est rendu, M. le Président, à se
rire de la démocratie, au point de nous présenter un bill comme
le bill 13, et dinsister pour qu'il soit étudié avec
précipitation, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. C'est un
gouvernement qui doit comprendre des gens pressés, pas pressés de
servir la démocratie, mais bien pressés de régler certains
problèmes. Et c'est ça que nous n'aimons pas, c'est ça que
nous ne pouvons pas approuver, et en terminant, je dirai à cette Chambre
que les députés de l'Opposition qui ont toujours collaboré
avec le gouvernement, qui ont très souvent voté pour le principe
de certaines lois, ne peuvent pas devant le projet, le bill 13, en accepter le
principe parce qu'il est évidemment antidémocratique parce qu'il
détruit un système accepté, un système qu'on aurait
pu faire évoluer.
Je le répète, nous sommes d'accord, il faut des
regroupements. Toute mesure qui le rapprochera du peuple, de l'individu
lui-même, les services du gouvernement, nous en serons, mais il est un
grand principe en législation, principe auquel on ne peut manquer
impunément, c'est qu'une loi doit correspondre au point précis
d'évolution où se trouve la mentalité de la population.
Une loi doit être acceptée si on veut qu'elle soit efficace et
opérante. L'opinion publique n'est pas prête à approuver
une pareille loi. L'opinion publique n'a pas été
préparée adéquatement. Ah, je sais qu'on me dira que le
référendum qui, en soi, est un instrument essentiellement
démocratique a aussi été l'arme dans certains cas des
dictateurs.
Mais au moins ces dictateurs prenaient la peine de préparer
l'opinion publique, d'éduquer avec la vérité ou des
demi-vérités, la population, mais dans le présent cas, M.
le Président, sous un couvert et un titre anodin, on nous apporte une
loi qui, à mon sens, n'a jamais été aussi clairement
antidémocratique, une loi que la population ne peut pas accepter, une
loi qui en apparence faciliterait la tâche de certains
conseils municipaux, mais tellement antidémocratique que
même les gens, qu'elle prétend servir, nous demandent de protester
et j'en connais quelques-uns de ces protestataires, je connais le contexte dans
lequel ces protestations sont faites, et je sais que ces gens-là sont
honnêtes. Le gouvernement vient de commettre une erreur
irréparable à moins qu'il ne retire le bill 13 comme l'en
conjurent plusieurs éditorialistes et plusieurs personnes responsables
dans cette province.
Que d'autres fassent le message au premier ministre qui a dû
s'absenter et au ministre des Affaires municipales, mais une retraite sur le
bill 13 sera moins dommageable, même aux intérêts du parti
libéral que sa persistance à vouloir passer rapidement un bill
qui constitue une violation de la démocratie, un coup de force que nous
n'approuvons pas, que la population désapprouve, qu'elle aura hâte
de condamner.
M. MEUNIER: M. le Président, le bill 13, actuellement devant la
Chambre vise à simplifier la procédure de regroupement des
municipalités. Une fois ce bill adopté par les Chambres et
sanctionné par le lieutenant-gouverneur, la consultation populaire par
voie de référendum ne sera plus requise pour la fusion volontaire
de deux ou plusieurs municipalités dont les territoires sont contigus.
Ceux qui s'opposent à cette nouvelle mesure, ils sont d'ailleurs
très peu nombreux et pour la plupart directement ou indirectement
intéressés, prétendent, et j'utilise ici le texte d'un
télégramme: « Le peuple doit être consulté
lorsque son sort est en jeu. » Je pense que la question qui se pose est
la suivante. Lors d'une fusion, devons-nous obligatoirement consulter les
contribuables et s'il n'y apas consultation populaire, posons-nous par le fait
même un geste réellement antidémocratique comme on l'a
prétendu de l'autre côté de la Chambre?
S'il était possible, lors d'un référendum,
d'attirer suffisamment l'attention de la majorité des contribuables
d'une municipalité et de leur démontrer bien clairement le pour
et le contre du projet de fusion et s'il était aussi possible de
permettre à ces mêmes contribuables de s'exprimer librement,
peut-être, à ce moment-là, donnerions-nous au mot
référendum un sens réellement démocratique. J'ai
bien l'impression que l'expérience pratique en matière de
référendum ne conduise pas à cette conclusion.
Certains référendums tenus sur l'île de
Montréal, tout particulièrement dans mon comté, m'ont
permis de conclure qu'une poignée de personnes intéressées
peuvent facilement obtenir un référendum positif ou
négatif selon qu'ils veulent nuire ou aider à l'administration en
place.
C'est le cas de ville de Pointe-aux-Trembles.
Le 3 septembre 1964, les électeurs contribuables de ville de
Pointe-aux-Trembles ont été appelés à se prononcer
sur l'opportunité de s'annexer à la ville de Montréal. Et
là, il n'y avait que le référendum. Il n'y avait pas
d'élection. Sur 4,134 électeurs possibles, seulement 1,547 se
sont prévalus de leur droit de vote. Et le résultat du vote a
été le suivant: En faveur, 871; Contre 676. Donc, par ce premier
référendum tenu le 3 septembre 1964, la population de cité
de Pointe-aux-Trembles se prononçait en faveur de l'annexion.
Exactement deux mois plus tard, le 2 novembre 1964, lors d'une
élection générale dans la municipalité il y avait
à ce moment-là4,137 électeurs. Il y en a 2,341 qui se sont
prévalus de leur droit de vote. On peut voir, lors d'une
élection, il y a beaucoup plus d'intérêt. Et, à ce
moment-là, le résultat du vote, qui avait été
donné deux mois auparavant, a été renversé, et on
obtient en faveur de l'annexion 1,057 oui et 1,141 non. On a rejeté 143
bulletins.
On a beaucoup parlé de l'importance du référendum.
On a même dit que c'était obligatoire si on voulait respecter la
démocratie. Je viens de dire, dans un paragraphe précédent
que l'on peut obtenir ce que l'on veut comme résultat dans une
municipalité. Eh bien, nous en avons la preuve ici.
Il est bien évident que lors d'un référendum, on
n'a pas suffisamment d'intérêt chez la population pour
déplacer les gens et obtenir réellement l'opinion de la
population. Ce que nous obtenons en fait, c'est le résultat du travail
d'un petit groupe de personnes qui ont des intérêts dans l'affaire
publique de la municipalité.
On peut conclure que le référendum a une valeur relative
et que dans certains cas le rendre obligatoire peut même fausser le jeu
de la démocratie. M. le Président, on a dit hier, on a voulu
laisser croire à la Chambre que les conseillers municipaux
d'ailleurs les conseillers municipaux n'avaient pas de mandat pour fusionner la
municipalité, c'est vrai mais on a voulu laisser croire que ces
mêmes conseillers-là prenaient la décision finale pour
fusionner. Or, M. le Président, il suffit de lire la loi pour se
convaincre que ces mêmes conseillers municipaux-là ne peuvent que
présenter une requête au lieutenant-gouverneur en conseil et que
c'est à la suite de l'étude de la requête que le
lieutenant-gouverneur en conseil prend une décision. Ce ne sont pas les
conseillers qui la prennent.
Là où on respecte le désir de la population et
là où on n'enfreint pas les droits des électeurs, c'est
par l'article 8 de la loi qui dit
ceci: « Les propriétaires des municipalités
requérantes qui s'opposent à la fusion peuvent, durant le mois
qui suit celui au cours duquel l'avis a été publié, faire
connaître les motifs de leur opposition en s'adressant par écrit
à la commission. »
M. le Président, j'ai bien plus confiance, moi, dans les
représentations d'un groupe de personnes sérieuses qui se donnent
la peine d'écrire à la commission municipale qu'au
résultat d'un référendum qui, bien souvent, est
préparé par une petite clique. Et je pense que le gouvernement a
été bien sage de prévoir une occasion, pour ceux qui
veulent s'objecter, de le faire d'une façon absolument légale, en
ayant tout le temps nécessaire pour faire valoir les raisons qui
motivent leur opposition.
Et, M. le Président, ce n'est pas tellement compliqué
d'obtenir le nombre suffisant de personnes pour s'objecter. On dit ici environ
10%; si le nombre de personnes résidant dans la municipalité
n'est pas supérieur à 200, on ne requiert que 20 signatures. Or,
si les droits des contribuables sont réellement mis en danger, je pense
bien qu'il sera facile d'obtenir 20 signatures et de faire les
représentations à la commission municipale pour que le projet de
fusion soit tout simplement arrêté par le gouvernement.
Je suis un peu surpris de voir que nous insistons tellement sur le
référendum. M. le Président, je ferai remarquer que la
Législature a formé un comité, le comité de
revision de la carte électorale; si les députés
s'entendent, nous modifierons complètement les limites de tous les
comtés de la province; et nous n'irons pas demander aux contribuables
s'ils sont d'accord. Il ne sera pas question d'aller dans chaque comté
pour demander un référendum...
M. BELLEMARE: Est-ce que le député dit que tous les
comtés de la province vont être modifiés?
M. MEUNIER: J'ai peut-être exagéré, M. le
Président, mais disons que la grande majorité des comtés
de la province devront être modifiés dans leurs limites.
M. BELLEMARE: Ah, il est renseigné.
M. MEUNIER: C'est mon opinion personnelle, une bonne partie.
M. BELLEMARE: Vous vous prononcez avant le comité.
M. LAVOIE (Laval): C'est son opinion personnelle.
M. BELLEMARE: II n'a pas le droit de se prononcer, il y a un
comité qui est institué par la Chambre pour ça. Il n'a pas
le droit de se prononcer avant.
M. MEUNIER: Alors, M. le Président, quelle différence y
a-t-il entre la modification des limites d'une municipalité et la
modification des limites d'un comté?
Si c'est la Législature, si c'est la Cabinet des ministres qui
prend...
M. BELLEMARE: Voyons donc.
M. MEUNIER: ... ses responsabilités et qui, de toute
autorité, procède aux modifications qui s'imposent dans
l'intérêt général, M. le Président, j'attends
la réponse du chef de l'Opposition.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas une assemblée contradictoire.
M. MEUNIER: M. le Président, on s'est laissé bien
impressionner, et à juste titre, par le rapport Parent. Le rapport
Parent parle de fusion de commissions scolaires. Il n'est pas que de
référendum.
M. BELLEMARE: Le député devrait savoir qu'il y a une loi
de l'Instruction publique, à l'article 77. Qu'il commence à
regarder sa loi.
M. MEUNIER: M. le Président, il y a plusieurs lois. On est
justement ici pour faire des lois. Si, à chaque fois que nous avons
à modifier une loi, il faut passer un référendum, eh bien,
à ce moment-là, il n'est pas nécessaire de se faire
élire. On n'a tout simplement qu'à passer un
référendum chaque fois qu'on veut passer une loi.
M. BELLEMARE: M. le Président, je soulève un point
d'ordre. Est-ce que le député dit qu'il y a des
référendums au scolaire?
M. MEUNIER: M. le Président, ce n'est pas un point d'ordre.
M. LAPORTE: M. le Président, ce n'est pas un point d'ordre, le
député le sait très bien.
M. BELLEMARE: Mais il n'a pas le droit d'affirmer des choses de
même en Chambre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Ce sont des erreurs colossales.
M. CREPEAU: A l'ordre, à l'ordre.
M. LAPORTE: M. le Président, on va tâcher de discuter
ça calmement. Le règlement dit justement que ce n'est pas une
raison, parce qu'un député exprime un avis qui n'est pas
partagé par un député de l'Opposition, pour soulever un
point d'ordre. Autrement, on va en soulever continuellement quand je vais
parler.
M. BELLEMARE: Il n'y a pas de danger. Au moins je n'irai pas dire ce qui
est contre la loi!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. On à une discussion assez
large et j'espère qu'on ne sera pas obligé d'entrer dans tous les
détails des élections scolaires. Je crois qu'on devrait laisser
de côté la question scolaire et le rapport Parent, et discuter des
Affaires municipales.
M. MEUNIER: M. le Président, j'ai tout simplement voulu donner un
exemple d'un cas où il n'est pas question de référendum,
même s'il est question de fusion. C'est dans un rapport que tout le monde
connaît.
Le chef de l'Opposition s'est montré bien surpris. Il a
posé des questions relativement à l'urgence, relativement
à la précipitation, comme il a dit, de cette loi. Je comprends
très bien que le chef de l'Opposition ne comprenne pas. Lorsqu'il
faisait partie du Cabinet, il faisait justement partie d'un Cabinet qui ne
comprenait pas l'urgence de prendre en considération les
problèmes des municipalités. Alors,...
M. JOHNSON: Cela, c'est brillant!
M. MEUNIER: ... aujourd'hui que nous avons un gouvernement qui se rend
compte de l'importance de grouper les municipalités, de les rendre
fortes et de leur donner ce dont elles ont besoin pour bien s'administrer, le
chef de l'Opposition est tout surpris et il prétend que nous
précipitons l'adoption d'une loi pour des intérêts
particuliers. Je ne peux pas qualifier en Chambre l'attitude du chef de
l'Opposition lorsqu'il prétend de telles choses.
M. le Président, la structure de l'économie de notre
province, à mon sens, a comme fondations les cités et les villes
et, pour un Québec fort, il faut, à la base, des
municipalités admi- nistrées scientifiquement; il faut, à
la base, des municipalités capables de faire face à leurs
dépenses capitales; il faut, à la base, des municipalités
dotées d'un plan directeur d'urbanisme pour assurer un
développement rationnel. Or, la très grande majorité des
petites municipalités de notre province se trouve privée des
services techniques essentiels et des garanties financières
nécessaires pour assurer ce développement. Le gouvernement actuel
a constaté que la première correction qui s'impose c'est celle du
regroupement municipal. Ce regroupement municipal ne peut se faire rapidement,
sans éviter cette série de référendums inutiles et
que l'on interprète trop souvent d'une façon fausse.
M. JOHNSON: Dire que ce sont ces gens-là qui ont élu le
député.
M. CREPEAU: A l'ordre!
M. JOHNSON: Ces mêmes gens-là qui ont élu le
député de Bourget.
M. MEUNIER: M. le Président, je ne sais pas si le chef de
l'Opposition veut protéger des intérêts de certaines
personnes...
M. BELLEMARE: II n'en a pas.
M. MEUNIER: ... qui veulent que les petites municipalités restent
la proie de certains parasites et exploiteurs. Je me pose la question. Ils ont
eu, ces mêmes exploiteurs-là, la protection du gouvernement de
l'Union nationale dans le temps, M. le Président.
M. JOHNSON: Nommez-les donc! M. MEUNIER: Pardon?
M. JOHNSON: De quoi le député parle-t-il? Rec Stone?
Sefkind? C'est de votre temps que ça s'est passé ça. Rec
Stone, Sefkind,...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. MEUNIER: Comme disait le député de Champlain, on aura
des petites nouvelles pour vous.
M. BELLEMARE: On en a des fraîches là nous autres.
M. MEUNIER: Alors, M. le Président, je termine en disant
que...
M. JOHNSON: C'est la RCMP qui fait notre ouvrage, nous autres.
M. MEUNIER: ... que le bill 13...
M. JOHNSON: En anglais mais on traduit.
M. DOZOIS: En anglais.
M. MEUNIER: ... est une mesure indispensable et que c'est urgent que ce
bill soit adopté le plus tôt possible. Maintenant, M. le
Président, je termine en disant que c'est tout à l'honneur du
gouvernement actuel et je pense, d'après les remarques que j'ai eues ces
jours derniers, que le gouvernement gagne l'adminiration de toutes les
personnes objectives et bien pensantes qui veulent le progrès de la
province.
M. CLOUTIER: M. le Président, je voudrais ajouter quelques
réflexions sur le projet de loi actuellement devant la Chambre, projet
de loi qui permet à quatre échevins d'une municipalité de
se fusionner avec quatre échevins d'une autre municipalité. Ce
projet de loi est devant l'opinion publique. On a mentionné tout
à l'heure que les conseils municipaux suivent de près la
discussion qui se fait ici. On a même fait parvenir en nombre assez
impressionnant, pour y porter une attention spéciale, les avis et les
opinions de ces municipalités et si l'assemblée
générale des conseils municipaux qui doit se tenir lundi prochain
normalement, le premier lundi du mois, si cette séance avait eu lieu
à ce moment-ci je pense également que nous aurions des
échos d'une foule de municipalités qui sont régies
notamment par le code municipal et qui désireraient exprimer leur
opinion sur ce bill 13.
Je voudrais, M. le Président, très brièvement,
souligner deux points, deux aspects principaux de ce projet de loi, aspects qui
ont été traités l'un sensiblement dans la même
optique, celle de l'opportunité du regroupement et l'autre dans des
optiques complètement différentes et des opinions
diamétralement opposées à savoir si on doit conserver ou
éliminer le référendum. Je voudrais d'abord
considérer sous des aspects différents les municipalités.
Le problème du regroupement, M. le Président, ne se pose pas de
la même manière pour les municipalités qui sont
régies par le code municipal et pour celles qui sont régies par
la loi des cités et villes ou par des chartes spéciales.
Dans les municipalités qui sont régies par le Code
municipal, je pense que l'on s'entend à ce moment-ci pour dire qu'il n'y
a pas de problèmes angoissants, que l'opinion généralement
admise c'est qu'il faut un regroupement et que ce regroupement, comme l'a
expliqué le député de St-Jacques et le chef de
l'Opposition il y a un instant, ce regroupement ne peut apporter dans la
majorité des cas, s'il est fait dans une bonne intention, ne peut
qu'apporter des bénéfices à la municipalité.
Je n'en énumérerai que quelques-uns: d'abord en augmentant
la population, en augmentant l'évaluation, le crédit de cette
municipalité, la mise en commun des ressources, un début
d'aménagement régional et évidemment, par voie de
conséquence, une économie de frais. Sans entrer dans les
détails, M. le Président, on n'a qu'a prendre le rapport
financier des municipalités, rapport financier préparé par
le ministère des Affaires municipales à l'état des
dépenses et de parcourir la liste pour s'apercevoir que les
municipalités régies par le Code municipal qui se fusionneraient
ainsi réaliseraient des économies substantielles. Je ne veux
mentionner qu'au poste de l'administration générale, au service
des incendies, de la police, des travauxpublics, et ainsi de suite.
Mais, M. le Président, prenons dans ces comtés, un
exemple, dans un comté voisin du mien, le comté de Bellechasse:
en procédant à ce regroupement municipal qui, d'après moi,
est parfaitement logique, on prend dix municipalités au moins, et on les
ramène à cinq. Il y a dix municipalités dans Bellechasse
qui sont composées d'une municipalité de village et d'une
municipalité de paroisse. Alors je ne pense pas que l'administration de
ces municipalités y perde en efficacité, même c'est tout le
contraire, je pense qu'elles y gagneraient à se fusionner pour
régler en commun leurs problèmes. La même chose se produit
dans le comté deMontmagny, où on pourrait évidemment, je
le dirai plus loin, tout en conservant l'opportunité aux
électeurs de se prononcer, c'est le même problème pour la
ville de Montmagny et la paroisse de Montmagny. La ville qui est
paralysée dans son expansion par une municipalité de paroisse qui
l'entoure, qui l'encercle et qui à ce moment-ci avec les projets que
caresse la ville de Montmagny empêche la réalisation de certains
de ces projets. Et la ville de Montmagny qui a une population d'environ 5,000,
la paroisse qui a une population d'environ 6,000 se verraient avec ce
regroupement avec une population de 11,000, population très importante
pour ce centre industriel et qui serait de nature, je pense, à leur
amener, à leur donner un rayonnement et un pouvoir qu'elles souhaitent
avoir dans le domaine de l'attraction du point de vue industriel.
Je n'entrerai pas, M. le Président, dans le problème des
fusions de cette troisième classe de municipalités qui sont
régies par des chartes spéciales et plus particulièrement
celle de l'Ile de Montréal et de l'Ile Jésus et celle de la
périphérie de Québec. Il y a des rapports qui vien-
nent d'etre déposés, rapport de la Commission Blier, de la
Commission Sylvestre et je pense qu'en d'autres circonstances, nous aurons
l'occasion d'y revenir.
M. le Président, si on admet l'importance du regroupement
municipal comme la plupart des orateurs, même je dirais tous les orateurs
qui ont participé à ce débat l'admettent, tout de
même il faut se demander, il faut étudier un autre aspect
important de la vie municipale, à savoir: est-ce qu'on doit conserver ou
éliminer le référendum? Et j'aimerais ici dire tout de
suite que la question du référendum est une question beaucoup
plus vaste que celle qui est concernée directement par le projet de loi
No 13.
Je pense que cette question du référendum pose tout le
problème de la démocratie en domaine municipal et au palier
municipal celui que l'on se plaît à appeler, le palier qui est
près de la population. A ce moment-ci, je dirai que je me rallie
à la deuxième thèse, celle qui est défendue par
l'Opposition sur ce projet de loi et je dis qu'il est prématuré
d'enlever ce droit de référendum aux municipalités.
M. LAPORTE: Est-ce que je peux poser une question au
député?
M. CLOUTIER: Certainement, si ça peut éclairer.
M. LAPORTE: Est-ce que le député affirme qu'en vertu du
bill 13 nous faisons disparaître le référendum qui existe
en vertu du Code municipal?
M. CLOUTIER: Non, non, je dis que le bill 13, en soulevant la question
du référendum, à mon avis, soulève beaucoup plus
que la question du référendum directement reliée au bill
13.
M. LAPORTE: Je vais poser ma question autrement, c'est une question
sérieuse. Je vais la poser autrement: Est-ce que je dois comprendre que
le député dit qu'en vertu du code municipal il y a un
référendum pour les annexions et qu'en vertu du bill 13 il n'y en
aura pas?
M. BERTRAND: C'est ça.
M. CLOUTIER: Dans la question du bill 13, dans la question de fusion
volontaire, il n'y a pas de référendum,,
M. LAPORTE: Et en vertu du code municipal il y en a un.
M. DOZOIS: II y a annexion. M. BELLEMARE: Une annexion.
M. LAPORTE: Je vais poser ma question très clairement.
M. CLOUTIER: Est-ce que le ministre n'admet pas que c'est un
système boiteux?
M. LAPORTE: Non, non, je pose une question très claire. Est-ce
que le député dit qu'en vertu du code municipal, il y a un
référendum dans le cas d'annexion et qu'il n'y en aura pas en
vertu du bill 13?
M. BELLEMARE: Oui, annexion.
M. LAPORTE: La réponse c'est oui. Merci, on en reparlera ce
soir.
M. BELLEMARE: Question de fusion, ce n'est pas pareil.
M. LAPORTE: Je vais poser la même question au député
tantôt,
M. CLOUTIER: Je dis, M. le Président, que c'est un
procédé boiteux.
M. BERTRAND: Code municipal, annexion, voyons donc!
M. LAPORTE: Bien je vais vous poser la question à vous ce soir
sur ça.
M. BERTRAND: Bien on peut passer pardessus avec cette loi-là.
M. DOZOIS: Le ministre a fait justement la différence entre
l'annexion et la fusion dans une remarque.
M. LAPORTE: C'est bien, j'ai posé ma question, j'ai eu une
réponse, merci.
M. CLOUTIER: Est-ce que le ministre admet tout de même que ce
projet de loi ne serait pas prématuré à ce moment-ci, si
on apporte au cours de la même session le projet de refonte du code
municipal, alors qu'il sera question des annexions, des fusions, de toutes ces
procédures-là; je me demande quelle hâte il y avait de
présenter ce bill No 13 alors qu'on sait qu'au cours de cette même
session plus particulièrement dans le domaine des municipalités
régies par le code municipal, il y aura
revision complète. Est-ce que ce projet de loi également
n'est pas prématuré alors que l'on sait qu'il y aura un projet de
revision de carte électorale qui on vient de le dire il y a un
instant va modifier sensiblement ou dans la majorité des
comtés, j'emploie l'expression du député de Bourget, et
que dans ce bill on dit que deux municipalités de village ou de campagne
ne pourront se fusionner si elles ne font pas partie du même
comté?
On parle également, et j'imagine que dans le projet de refonte du
Code municipal il y aura revision des structures et du rôle des conseils
de comté. Est-ce que le projet de loi n'est pas encore
prématuré M. le Président, quand on ne sait pas quel
esprit va animer ce proj et de loi municipale qu'est-ce qu'on réserve
aux conseils de comté, est-ce que dans toute cette procédure de
regroupement et de fusion, on aurait pas pu attribuer à ce conseil de
comté rajeuni, est-ce qu'on aurait pas pu lui attribuer certaines
responsabilités et peut être une certaine juridiction en ce
domaine? M. le Président, le député de St-Jacques
après avoir analysé d'une façon complète et
très objective le projet de loi non seulement il en a fait une critique,
il a ajouté des projets de solution. Je lis à la page 2 de la
bobine 875, je cite M. Dozois, le député de St-Jacques: «
M. le Président, j'estime que l'on devrait tout simplement suivre la loi
qui est dans les statuts et qui prévoit comment on doit procéder
pour fusionner ou annexer. Si elle n'est pas parfaite qu'on l'amende, mais
qu'on laisse d'une façon générale le privilège aux
électeurs de se prononcer d'une façon démocratique et
efficace sur cette question. » Et un peu plus loin, à la bobine
numéro 877 page 1, M. Dozois faisait une suggestion: «Le
gouvernement pourrait peut être procéder comme on le fait en
France, dans le cas des regroupements de municipalités, créer un
comité de Législature lorsqu'il y aurait de telles lois. Tout le
problème serait étudié objectivement et le Parlement
prendrait ses responsabilités lorsqu'il y aurait eu un cas
spécial de fusion ou les gens ne peuvent pas s'entendre même
où les gens ont voté contre le référendum et
j'estime que les députés se rendraient aux arguments du
gouvernement et aux rapports de la Commission municipale si l'on nous
démontre que dans ce cas particulier, il est nécessaire de passer
outre à la loi générale, et de mettre de côté
même le référendum. Mais l'on statuera sur un cas que nous
connaîtrons dans tous ses détails et chaque membre de la Chambre
prendra ses responsabilités ». Et le député de
St-Jacques également faisait une proposition à mon sens qui vaut
d'être retenue et qui me semble importante, c'est de confier à un
organisme qu'il a appelé le Conseil d'orientation économique le
soin de faire une étude sur tout ce problème du regroupement
municipal.
M. le Président, qu'on confie cette étude au Conseil
d'orientation économique ou qu'on le confie à un secteur du
ministère des Affaires municipales, je pense que la suggestion est
heureuse et qu'avec la collaboration de tous les organismes qui s'occupent des
municipalités comme l'Union des municipalités, l'Union des
conseils de comté, les organismes régionaux d'aménagement
et de planification, de Chambres de Commerce, je pense qu'on pourrait en
arriver après une étude où on y aurait mis le temps, une
étude faite en toute sérénité avec la collaboration
de la population. Je pense qu'à ce moment-là, les fusions des
municipalités partiraient sur un bien meilleur pied, parce qu'on aurait
convaincu la population de l'opportunité des dites fusions et que sous
ce nouveau régime qu'elles auraient commencé en commun, deux
municipalités auraient donné leur approbation entière et
totale.
M. le Président, pour toutes ces raisons que j'ai
mentionnées il y a un instant, parce qu'à mon avis, ce bill est
antidémocratique et qu'il est certainement prématuré parce
qu'il y aurait avantage à faire participer la population à
l'élaboration de ce regroupement, je propose, secondé par M.
Raymond, député de Témiscouata, que la motion en
discussion soit amendée en en retranchant le mot « maintenant
» et en y ajoutant les mots « dans six mois ».
M. LAPORTE: Vote, vote.
M. LE PRESIDENT: La motion d'amendement sera-t-elle adoptée?
UNE VOIX: Vote!
M. LAPORTE: Vote. C'est la motion classique des...
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
Sur la motion d'amendement proposée par le député
de Montmagny pour remettre à six mois la deuxième lecture du bill
13. Que tous ceux qui sont en faveur veuillent bien se lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Johnson, Elie, Dozois, Bertrand, Bellemare,
Ducharme, Johnston, Bernatchez, Russell, Gosselin, Lizotte, Raymond,
Charbonneau, Gervais, Allard, Cloutier, Lavoie (Wolfe).
M. LE PRESIDENT: Que tous ceux qui sont contre veuillent bien se
lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Lesage, Laporte, Courcy, Wagner, Arsenault,
Cliche, Dionne, Lafrance, Lalonde, Couturier, Fortin, Mme Kirkland-Casgrain,
Morissette, Binette, Beaupré, Boulais, Roy, Coiteux (Duplessis), Harvey,
Fortier, Lavoie (Laval), Meunier, Blank, Maheux, Collard, Vaillancourt,
Laroche, Coiteux (L'Assomption), Crépeau, Baillargeon, Kennedy,
Dallaire, Brisson, Hébert, Mailloux, McGuire, O'Farrell, Bernier,
Maltais, Trépanier, Godbout, Dupré, Martin, Hardy, Hanley.
M. LE GREFFIER: Pour: 17. Contre: 45. Yeas: 17. Nays: 45.
M. LE PRESIDENT: La motion d'amendement est rejetée. Est-ce qu'il
y a d'autres députés qui désirent prendre la parole sur la
deuxième lecture?
M. BOULAIS: M. le Président, au début des quelques
remarques et je vais tenter d'être le plus bref possible
avant de donner les avantages qui ont été énoncés
ici, dans cette Chambre, depuis déjà près de deux jours,
avantages que tous et chacun d'entre nous reconnaissent, avantages des fusions
volontaires des municipalités, permettez-moi de faire brièvement
une comparaison entre deux termes sociaux importants par la bonne
compréhension de l'évolution normale qui se fait actuellement,
non seulement dans la province de Québec, mais aussi dans le monde. Ces
deux termes sociaux sont les suivants; autonomie contre bien commun.
Actuellement, étant donné le développement, je
pourrais dire gigantesque et rapide, qui se produit dans le Canada et dans le
monde et aussi dans notre province, on est tenté de penser, et à
raison, que le bien commun ne doit pas enlever l'autonomie, mais doit attirer
l'attention de nos hommes publics, de nos administrateurs municipaux pour les
fins actuelles du débat.
Ce bien commun doit être dans l'esprit et réalisé
par nos administrateurs municipaux d'une façon concrète. Or, lors
d'une élection municipale, tous et chacun d'entre nous savons d'une
manière claire et précise que nous déléguons
à certains d'entre nous, dans une municipalité, le devoir de
diriger notre municipalité pour le bien, pour ce bien commun.
Nécessairement, lors d'une élection municipale, nous ne
pouvons prévoir, si intelligents que soient certains administrateurs
municipaux, tout ce qui peut, pourra ou pourrait se produire dans une
période de trois ou quatre ans. Tout à coup, les administrateurs
municipaux autour de la table, et je vous donnerai quelques exem- ples qui se
passent près de chez nous, par conséquent ailleurs, ces dits
administrateurs municipaux doivent décider d'une dépense
quelconque, par exemple; dépense de services publics, dépense
pour un plan d'ensemble, un plan d'urbanisme et autres, tel qu'il a
été mentionné ici, dans cette Chambre, depuis
bientôt deux jours.
Mais, pour faire cette dépense, ils prévoient que si la
fusion de la municipalité dont ils dirigent les destinées peut se
faire avec une autre, ils hésitent, ils reculent la décision. Ils
se disent; « Cette dépense devra être faite en fonction
d'une municipalité qui sera peut-être la nôtre ou avec nous
dans quelques mois ou dans quelques années ». Et alors, qu'est-ce
qu'il arrive pour le bien commun? C'est que cette dite dépense, M. le
Président, est retardée. Par exemple, dans les
municipalités qui me concernent, où je demeure, où enfin
d'autres de mon comté demeurent, surtout autour de chez moi, il y a les
dépenses inhérentes, par exemple, au service d'aqueduc. Ces
dépenses du service d'aqueduc dans la municipalité, mettons, de
Mont-St-Hilaire, qui est une municipalité englobant l'ancienne dite
municipalité qu'on appelait le village de St-Hilaire qui est aujourd'hui
la ville; elle l'englobe de toute part, de trois côtés. Cette
municipalité dite de Mont-St-Hilaire, pour son service d'aqueduc, doit
venir dans la municipalité de St-Hilaire pour avoir ce service.
Actuellement, dans une partie de la paroisse, il y a ce que l'on appelle
un centre industriel, ce centre industriel a besoin pour se développer
d'ailleurs le développement est déjà
commencé, une industrie est déjà en construction a
besoin pour se développer, du service d'aqueduc et du service
d'égout. Or, par la fusion de ces deux municipalités,
immédiatement cette nouvelle municipalité deviendra comme celle
de St-Hilaire actuellement, deviendra membre d'une commission qu'on appelle la
commission d'eau de la vallée du Richelieu, et alors, devenant membre de
cette commission, la dépense occasionnée pour l'achat de l'eau
d'une municipalité à une autre, sera réduite, sera
diminuée et sera aussi facilitée par cette fusion qui doit
incessamment se faire, qui a été retardée, et plusieurs
des problèmes municipaux, entre ces deux municipalités sont
retardés parce que le processus de fusion ou d'annexion était
assez complexe, surtout tous et chacun d'entre vous savez que quand on dit
annexion on fait peur à bien des gens.
Laquelle des deux municipalités prendra le nom de l'autre,
laquelle des deux municipalités s'accaparera de tels ou tels actifs, de
telles ou telles municipalités, c'est ce que l'on
appelle un peu en terme pratique, l'esprit de clocher. Loin de moi la
pensée de dire qu'à certains moments l'esprit de clocher n'a pas
été un stimulant pour le développment de certaines de nos
municipalités, mais l'esprit de clocher poussé à
l'extrême, l'esprit de clocher, qui diminue ou qui empêche le
progrès général d'une région comprise par deux,
trois ou quatre municipalités, d'une région économique, et
je me rappelle que durant ce débat, quelques-uns parmi nous ont
mentionné l'évolution que nous devons donner aux conseils de
comtés, c'est entendu que ces organismes de conseils de comté ont
rendu d'immenses et rendent encore d'immenses services, mais d'autre part, si
on pouvait simplifier à l'intérieur de ces conseils de
comté, ces administrations, vous auriez M. le Président, une
administration beaucoup plus efficace, beaucoup plus nette, beaucoup plus
franche, et par conséquent qui porterait ses fruits d'une manière
beaucoup plus évidente. L'intérêt est la mesure des
actions, or, dans un projet intéressant deux ou plusieurs
municipalités, cet intérêt joue un rôle
prépondérant et souvent retarde les réalisations comme je
le disais tout à l'heure, de certains projets quand ils ne constituent
pas un refus systématique à toute entente.
On en arrive ensuite aux limites territoriales. Les limites
territoriales de nos municipalités, vous prenez par exemple ces trois
municipalités qui bornent le village de St-Hilaire, il y a à
peine vingt ans formaient la seule et unique municipalité. Bien entendu,
pour des raisons d'ordre économique, le village s'est
séparé de la paroisse comme d'ailleurs dans toute la province,
parce que les gens de la paroisse, chez nous comme ailleurs, ne voulaient pas
porter le fardeau des dépenses capitales que les gens du village, de la
ville aujourd'hui, sont obligés de supporter, parce qu'à ce
moment-là, dans l'esprit des administrateurs municipaux, il n'y avait
pas et surtout dans la pratique, il n'y avait pas ce mode de répartition
des dépenses capitales, soit au pied linéaire ou à
l'évaluation de ceux qui reçoivent les services.
Par conséquent, chez nous, les pomiculteurs, chez vous les
agriculteurs, ne voulaient pas porter ces fardeaux. Alors ils se sont
séparés. Quelques années après, la paroisse de
St-Hilaire comme certaines autres dans la province s'est fendue en deux, s'est
séparée en deux. Une autre partie du territoire s'est
séparée de la paroisse encore pour une raison de services
publics. Aujourd'hui nous nous trouvons devant une agglomération
d'environ huit à dix mille de population avec trois unités
municipales, avec trois services d'aqueduc, trois services d'incendie, trois
services de police et trois secrétariats.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député me permet une
question?
M. BOULAIS: Certainement.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député est sûr,
aujourd'hui, que la nouvelle loi va régler ce problème-là
chez lui?
M. BOULAIS: Je dirais à l'ex-candidat à la mairie et au
futur candidat à la mairie que ces trois services-là vont se
tondre en un seul.
M. BELLEMARE: Cela va se faire avec la loi?
M. BOULAIS: Exactement, étant donné un seul et unique
conseil.
M. BELLEMARE: Vous pensez que ça va le faire le regroupement
municipal, ça?
M. BOULAIS: Exactement.
M. BELLEMARE: Bien voyons donc!
M. BOULAIS: Par un seul et unique conseil.
Il y a dans une des municipalités, par exemple, un service
d'incendie qui est inférieur à celui de l'autre, exactement
l'autre mettant ses actifs ensemble va nécessairement refaire son
service d'incendie général. Les centres municipaux, les centres
de loisirs, les centres d'administration, nous avons trois secrétaires
qui, ces trois secrétaires gagnent un salaire, comme vous le savez,
assez restreint parce que chacune des municipalités n'a pas les moyens
personnellement de payer un salaire à chacun de ses employés
municipaux et surtout à ses secrétaires.
Tout à l'heure le député de Montmagny qui, par sa
profession, par sa pratique analyse des bilans de municipalités a
donné un visage très réel et très réaliste
et très véridique de cette situation-là. Par
conséquent...
M. RUSSELL: Cela peut se faire avec la loi actuelle. Même
chose.
M. BOULAIS: Cela peut se faire, non. Si les fusions sont difficiles,
nécessairement là il y a une question de mentalité...
M. BELLEMARE: Il ne changer a pas encore d'idées.
M. BOULAIS: ... chez les gens.
M. JOHNSON: Démocrate pas démocrate...
M. BOULAIS: La démocratie chez certaines gens n'est pas comprise
de la même façon que chez certaines autres, c'est toute la
différence dans tout ce débat-là.
M. JOHNSON: C'est évident. M. BOULAIS: C'est clair et net. M.
BELLEMARE: En avant marche!
M. BOULAIS: Seulement renseigner une population, ça ne veut pas
dire que les gens d'une municipalité ne sont pas capables de comprendre
le bien-être matériel qu'une fusion pourrait avoir mais faire
comprendre à cinq, six, sept, huit mille personnes ou voteurs d'une
population ces avantages à certains moments il est assez difficile de le
réaliser.
Ce problème, chez nous comme chez vous, comme dans toutes les
municipalités, tout le monde est en faveur, seulement il n'est pas
compris au même degré par tous et chacun, peut-être par des
intérêts. D'un côté comme de l'autre, je l'avoue,
mais comme il est urgent actuellement étant donné la
répartition des budgets de différentes municipalités, la
répartition des budgets du ministère des Affaires municipales et
des autres ministères qui aident directement ou indirectement les
municipalités par des octrois, cette répartition doit être
faite selon un plan. Supposons, par exemple, que la municipalité de
St-Hilaire demande un octroi pour sa pompe à incendie et qu'à
côté la municipalité Otterburn demande le même octroi
pour encore une pompe à incendie dont une serait suffisante pour les
deux municipalités, je dirais pour les trois.
M. BELLEMARE: C'est ça le bill?
M. JOHNSON: Mais il n'y a pas des petites pompes, des moyennes pompes
puis des grosses pompes?
M. BOULAIS: Peut-être. Cela, il y a des pompes funèbres
puis il y a des pompes d'enterrement, puis il y a des pompiers.
M. RUSSELL: L'enterrement de la démocratie, celle-là.
M. BOULAIS: Voyez-vous, vous le savez, ne venez pas chez nous. Qu'est-ce
qu'il arrive...
M. JOHNSON: Le député va me permettre...
M. BOULAIS: Les pompiers, ne venez pas chez nous, c'est dangereux, va
chez eux, puis c'est ci, puis c'est ça. Un tas de difficultés
entre conseils pour régler les comptes. Un tas de difficultés qui
vont des fois jusqu'à des procédures entre deux voisins. Vous
savez, on a un tas de difficultés dans nos municipalités.
L'Opposition dit: bien, on vous force...
M. BELLEMARE: On vous... quoi?
M. BOULAIS: On vous force à vous unir, messieurs, mesdemoiselles
les municipalités. On vous force à ça. Est-ce qu'il y a un
article, dans cette loi-là, qui force quelqu'un? Il n'y a rien qui force
qui que ce soit dans cette loi-là de s'en prévaloir.
M. BERNATCHEZ: Ce n'est pas l'article, c'est l'esprit du bill.
M. BOULAIS: Ah!
M. BERNATCHEZ: C'est l'esprit du bill de les forcer à
s'annexer.
M. BOULAIS; Alors vous prêtez des intentions à qui que ce
soit, je ne dis pas à moi, je ne dis pas au ministre, je ne dis pas au
gouvernement. Vous prêtez des intentions. C'est simple, c'est clair.
Est-ce que, par exemple, un conseil de ville qui veut s'unir avec un conseil
d'une autre ville ou village va être favorable à une annexion?
Est-ce qu'ils sont élus ou s'ils ne sont pas élus, ces
gens-là? Ils sont élus. Est-ce qu'ils seront favorables à
une annexion s'ils savent que, dans la municipalité, il n'y a personne
ou à peu près personne qui le veut? Vous savez bien que la
démocratie agit tant et aussi longtemps qu'elle agira sur les officiers
municipaux. Vous savez qu'elle agit comme elle agit aussi sur les
députés. De la même façon.
Pensez-vous qu'un conseil de ville ou de village va se lancer dans une
aventure sachant d'avance, d'abord, que la mentalité n'est pas
prête, que les gens ne sont pas consentants à comprendre le bien?
Si ce n'est pas prêt, c'est donc que quelque chose n'est pas pratique
dans la fusion. Mais il s'agit d'avoir une clé pour aller plus vite, une
clé pour solutionner ce problème-là sans les complications
légales de ci, de ça, sans entourer le tout d'un mystère.
C'est ça qu'est l'esprit de la loi.
M. JOHNSON: Bon!
M. BOULAIS: II n'y a pas de miracle là-dedans.
M. JOHNSON: Non, c'est bien évident.
M. BOULAIS: Il n'y a pas de mystère. Nécessairement quand
on veut...
M. BERTRAND: Ce n'est pas un bill qui garde le secret!
M. BOULAIS: ... c'est le rôle de l'Opposition de chercher la
petite bête. Ils l'ont trouvée, puis ils essaient de la mettre
plus grosse. L'élimination des limites territoriales et la fusion
permettent une utilisation plus rationnelle du territoire en prévenant
la multiplication des zones industrielles.
Encore un cas. Voici trois municipalités. Aucun terrain de zone
industrielle, sauf dans l'une d'elles. Or il y a une de ces trois
municipalités-là comprenant presque exclusivement des
résidences privées...
M. RUSSELL: Otterburn Park.
M. BOULAIS: C'est ça. Qu'est-ce qu'il arrivera dici cinq ans ou
dix ans avec Otterburn Park?
M. RUSSELL: Cela va profiter, ça va grandir.
M. BOULAIS: Je ne le nomme pas pour faire de la « partisanerie
». La répartition des taxes foncières ne sera que sur de la
propriété privée. Aucun commerce, ou à peu
près pas, quelques-uns; aucune industrie, aucun terrain pour faire un
parc industriel. En fin de compte, c'est limité.
M. RUSSELL: Ils n'en veulent pas.
M. BOULAIS: Cela, ce n'est pas un mystère, le
député de Shefford le connaît, lui qui est venu maintes et
maintes fois chez nous. Le député de Missisquoi aussi.
Quelquefois le député de Bagot: il venait voir son frère
à St-Hilaire.
Alors dans ce cas-ci (ce n'est qu'un cas, il peut y avoir d'autres
avantages ailleurs), voici que Otterburn, Mont-St-Hilaire et St-Hilaire...
Mont-St-Hilaire possède son parc industriel. Mont-St-Hilaire se
fusionnant avec les autres, il y aura donc dans cette municipalité,
qu'ils appelleront comme ils voudront, un parc industriel qui dans une
période X d'années prendra sur ses épaules, ou les
épaules de lindustrie, une certaine répartition des taxes.
Par conséquent, voici au point de vue économique
déjà un avantage important. Il ne fautpas attendre à
certains moment (pourquoi des fois on simplifie cette procédure) il ne
faut pas attendre tout de même que le mal soit fait pour essayer de le
corriger. C'est ça qui est dangereux, c'est ça que tous et chacun
des administrateurs municipaux qui sont dans cette Chambre savent.
Un plan d'urbanisme et de zonage, tout le monde en veut ici, il n'y a
personne qui voterait contre, ça j'en suis convaincu, mais un plan
d'urbanisme et de zonage qui est fait sans tenir compte de l'autre
municipalité parce que dans l'autre municipalité il y a certains
autres intérêts qui se trouveraient à bloquer le
développement de ce plan, automatiquement, ce plan sera retardé
ou sera inefficace et alors une dépense, et vous savez qu'est-ce que
ça coûte de faire un plan d'urbanisme, vous savez que ce sont des
milliers de dollars, qu'est-ce que vous voulez, c'est le tarif, c'est le
travail nécessaire pour réaliser ce plan.
Alors s'il n'est que parcellaire c'est ce que j'appellerais aujourd'hui
chez nous comme dans d'autres municipalités, un plan parcellaire, ce ne
serait pas un plan général et alors, devant la difficulté
qu'il y a à certains moments de faire comprendre parfaitement les
bienfaits d'une fusion mais que la population dans l'ensemble comprend, et bien
voici qu'arrive une loi qui facilite ce transfert purement et simplement. Ce
n'est pas plus difficile, il n'y a pas de miracle là-dedans.
M. le Président, la fusion volontaire des municipalités
aide aussi à regrouper les entités municipales dans une zone
divisée au point de vue économique, parce qu'en somme, comme je
le disais au début de mes remarques, les limites territoriales des
municipalités sont souvent basées sur de l'arbitraire et non pas
toujours sur quelque chose d'économiquement bon, soit le goût
d'avoir un rang de plus, un rang de moins pour certains conseils municipaux,
soit le goût d'avoir un petit bout de plus dans la ville, ce n'est pas ce
que j'appellerais économiquement rentable.
Ainsi par exemple, quand il s'agit de faire une zone de région
économique, je connais dans la province de Québec le
député n'est pas Ici près du Lac St-Jean, je
connais une zone où il y a eu une étude de région
économique et chaque conseil s'est entendu pour étudier les
mêmes problèmes dans toute la région, mais quand arrive, je
ne dirais pas que c'est directement, excusez-moi M. le Président si je
fais une petite digression, quand arrive le temps de faire une véritable
région avec les conseils qui seraient ensemble et qui deviendraient les
membres de cette région économique pour pouvoir en fin de compte
faire une planification dans toute la région, eh bien là vous
avez des zones qui,
au point de vue économique, sont dans d'autres conseils de
comté, une ou deux ou trois municipalités qui séparent.
C'est une preuve de quoi ça? C'est une preuve que souvent nos
comtés provinciaux, les limites de nos comtés provinciaux ne sont
pas toujours basées sur les limites d'une région
économique. Ainsi par exemple, j'ai une partie du comté de
Rouville qui est rattachée économiquement au comté de
Shefford, ça tout le monde le sait.
Il y a au moins deux, trois paroisses qui économiquement vont du
côté de Shefford, du côté de Granby, et dans tous nos
comtés de la province on a ces troubles-là. Je comprends que ce
n'est pas cette loi-là qui va corriger le facteur, mais seulement, il
existe la même chose au point de vue municipal. Donc, il faut non pas
peut être hâter au-delà de la nécessité mais
hâter, parce qu'en somme, les organismes ne sont pas encore prêts,
vous avez des administrateurs municipaux ici dans cette Chambre. S'il fallait
dans certaines grosses municipalités, que l'union se fasse
immédiatement, il y aurait nécessairement des heurts. Mais dans
la plupart des 1,600 municipalités de notre province qui ne
possèdent pas les services, qui ne possèdent pas le personnel
voulu, qui n'ont pas les moyens de s'engager des urbanistes, des
ingénieurs, des architectes, ou enfin d'avoir un service de travaux
publics important et efficace, ça c'est le cas d'à peu
près je pourrais dire 50% de nos municipalités de la province de
Québec. Eh bien alors, M. le Président, il faut y penser, il faut
essayer dans ces cas-là, de donner une procédure pratique,
réaliste et en même temps qui ne touche pas à l'autonomie.
Pensez-vous qu'à n'importe quels de ces ministères et surtout au
ministère des Affaires municipales, M. le Président, croyez-vous
qu'étant donné une résolution par exemple qui nous
arriverait de deux, trois comtés, de deux trois conseils de ville et qui
arriveraient aussi des résolutions opposées ou des demandes de la
part de contribuables selon le minimum requis par la loi, que la Commission
municipale agirait en dictateur? Vous savez bien et ceux qui sont ici, l'ancien
ministre des Affaires municipales, connaît très bien...
M. DOZOIS: C'est la Commission qui va décider?
M. BOULAIS: C'est la commission qui va enquêter par exemple.
M. DOZOIS: Pardon?
M. BOULAIS: C'est la Commission qui va nous apporter les
renseignements.
M. DOZOIS: Elle va les apporter, mais elle ne s'en occupera pas.
M. BOULAIS: Ah!
M. LAPORTE: Qu'est-ce que ça change à la situation
actuelle?
M. BOULAIS: Cela ne change absolument rien.
M. LAPORTE: Qu'est-ce que ça change avec la situation
actuelle?
M. DOZOIS: Cela change beaucoup.
M. LAPORTE: Oui? Bien vous m'expliquerez ça. Vous avez droit de
parole, on en reparlera en comité.
M. BOULAIS; J'ai été au courant de certaines annexions de
territoire chez nous entre deux municipalités, des annexions d'une
municipalité qui a annexé un territoire en 1958-1959 par
exemple...
M. DOZOIS: Oui.
M. BOULAIS: Quand l'autorisation du ministre de l'ex-ministre qui
était rendu chez nous il a pris la Commission municipale, le rapport de
la Commission que des enquêtes ont été faites chez
nous.
M. DOZOIS: Ils ont suivi la loi.
M. BOULAIS: ... Il a pris, une enquête qui avait été
bien faite...
M. DOZOIS: Ils ont suivi la loi.
M. BOULAIS: ... puis il a suivi la loi. Seulement si l'enquête
avait prouvé dans ce cas-là que ce n'était pas opportun,
c'est la Commission municipale qui l'a faite l'enquête chez nous. S'il
l'avait prouvé que ça n'était pas opportun...
M. DOZOIS: La procédure est... a été suivie.
M. BOULAIS: ... le ministre aurait hésité à faire
passer un ordre en conseil pour annexer ce territoire-là d'une
municipalité à l'autre.
M. DOZOIS: II n'a pas de choix.
M. BOULAIS: Il n'a pas de choix, il n'a pas de choix, il aurait
hésité sil n'avait pas été recommandé par la
Commission municipale, il ne l'aurait pas donné. Il l'a donné
parce que ç'a
avait été recommandé par la Commission
municipale.
M. DOZOIS: Il n'y avait pas eu de vote?
M. BOULAIS: Un référendum souvent pour le bien commun. Je
parlais tout à l'heure, je parlais de la commission d'eau de la
vallée du Richelieu, pour le bien commun.
Il n'y a pas eu de référendum pour ça, parce qu'il
y a eu une ordonnance.
M. DOZOIS: Le Parlement a pris sa responsabilité, on
présente un bill.
M. BOULAIS: Puis on a présenté un bill, si vous vous
rappelez bien, M. le Ministre...
M. DOZOIS: C'est justement ce que j'ai dit.
M. BOULAIS: ... M. l'ex-ministre, pardon. Si vous vous rappelez bien, M.
le Président, nous avons présenté un bill pour
légaliser cette situation-là sans référendum et
c'était marqué en toutes lettres. Et c'était toujours une
dépense très convenable. Par conséquent, c'était
pour le bien commun à ce moment-là.
M. DOZOIS: C'est ce que j'ai dit hier.
M. BOULAIS: Et, aujourd'hui, c'est pour le bien commun qu'on simplifie
la procédure de fusion. Et, le titre le dit. En conséquence,
devant ces quelques énoncés d'ordre pratique, non pas des grands
principes, mais de la pratique prise chez nous comme d'ailleurs c'est pris dans
certains autres comtés. Vous voyez-là les inconvénients
qui existent actuellement pour faire ces fusions. Vous voyez un bill
présenté devant cette Chambre pour simplifier ces
inconvénients-là. Et alors, je suis certain que la
majorité des municipalités, peut-être pas aujourd'hui, mais
la majorité des municipalités dans quelques années,
admettra le bien fondé de cet effort actuel du ministère des
Affaires municipales et de son ministre, des officiers du ministère des
Affaires municipales, admettront avec nous, je me rappelle, il y a trois ans,
dans une municipalité d'un comté voisin, il y a eu une
dépense, par référendum d'accord, d'environ $1 million.
Cela a été gagné par un ou deux pour cent. Un peu comme le
référendum de quelqu'un qui a mentionné le fait ici, tout
à l'heure, le référendum a été gagné
par 51%. Donc, il y en avait 49% qui étaient contre.
M. BERTRAND: C'est la majorité. Cela arrive dans...
M. DOZOIS: Vous faites pareil vous autres, quatre sur sept.
M. BOULAIS: C'était un charivari dans la municipalité.
Aujourd'hui, pour cette dépense capitale de $1 million, je retournais
il n'était pas question en dernier, dans cette
municipalité-là, cela faisait à peine deux ans que la
dépense était faite je retournais dans cette
municipalité-là et j'ai demandé à des gens dans une
assemblée, à l'hôtel de ville : «Puis êtes-vous
content de cette dépense aujourd'hui où vous êtes à
l'aise pour faire c'était une dépense pour service
administratif, un hôtel de ville quoi, ce n'est pas compliqué
cette affaire-là . Alors ils disaient: « jamais, on aurait
dû lutter contre ». « Mais, à ce moment-là,
j'ai dit: pourquoi, vous en aviez 49% qui étaient contre? ». Ah
bien, c'est ci, c'est ça, c'est ci, c'est ça.
Alors c'est souvent le manque de vision, non pas volontaire, ah non! Les
gens qui sont opposés aux fusions, jamais ce n'est volontaire leur
manque de vision. Au contraire, c'est tout simplement par une mauvaise
compréhension du problème.
En conséquence, devant ces différents détails que
j'ai donnés et ceux qui ont été donnés par les
députés du gouvernement, je voterai donc en faveur du principe de
ce bill en deuxième lecture.
M. BERTRAND: Alors, M. le Président, il est six heures.
M. LAPORTE: Ah, vous avez une montre qui avance,... très bien,
très bien!
M. BERTRAND: ... presque.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut dire qu'il est six heures?
M. LAPORTE: Disons qu'il est six heures, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: II est six heures. La séance est suspendue
jusqu'à huit heures.
Reprise de la séance à 8 h p.m.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BERTRAND: M. le Président, depuis deux jours, les
députés ont rendu hommage à la démocratie.
La déesse a pris plusieurs allures. Elle a eu celle d'abord, je
dirais Spartiate du leader de la Chambre, le député de Chambly.
Cet après-midi, elle a pris l'allure athénienne du
député de Québec-Est.
Franchement, on rend beaucoup d'hommages à la démocratie.
C'est un mot magique, c'est un mot qui soulève l'enthousiasme et qui
nous a valu, cet après-midi, les propos du député
très pittoresque de Champlain. Nous lui rendons tous hommage, et cette
fois à l'occasion d'un bill qui est présenté par le leader
de la Chambre, le ministre des Affaires municipales.
Pourtant, malgré tous ces hommages qu'on lui rend d'un
côté comme de l'autre, il me semble qu'il doit y avoir certains
principes que l'on doit appliquer lorsque l'on parle de démocratie.
Il y a deux jours, nous demandions de retarder l'étude du bill.
Nous nous sommes rendu compte, après deux jours de réflexion, que
non seulement les députés de l'Opposition demandaient que cette
mesure soit retardée, mais que l'opinion publique dans la province de
Québec, manifestée par les journaux, par les groupes
intermédiaires, par les municipalités, demandait beaucoup plus
que cela. Elle demandait que le bill 13 ne soit pas adopté. C'est
pourquoi cet après-midi, l'Opposition a jugé bon de demander que
la mesure soit reportée à six mois.
J'ai la conviction que cette mesure, même si elle est
adoptée par l'Assemblée législative de Québec, ne
viendra certainement pas en vigueur avant au moins un an, car il y a une autre
Chambre, et là siège, en particulier, un conseiller
législatif, ancien député du comté de Verdun, qui,
par la voix du conseil dont il est le maire, a exprimé son opposition
catégorique au bill 13.
J'ai en main, M. le Président, le texte d'un
télégramme qui a été envoyé au bureau de
l'Opposition par le conseil de la cité de Verdun, par son greffier et
qui se lit comme suit; « A l'unanimité, le conseil de la
cité de Verdun catégoriquement opposé aux principes du
bill 13 » et l'on donne la raison: à cause de la suppression de la
procédure de référendum, mesure que l'on considère
au conseil de Verdun comme absolument antidémocratique.
M. BELLEMARE: Très bien!
M. BERTRAND: Or, M. le Président, le nom de Verdun rappelle des
propos...
M. LAPORTE: « Ils ne passeront pas. »
M. BERTRAND: ... le nom de Verdun rappelle ces propos fameux d'un
général français: « Ils ne passeront pas! » M.
le Président, à la demande formelle et catégorique de
notre ancien collègue, M. O'Reilly, maire de la cité de Verdun,
une des belles cités de la province de Québec, à la
demande de tout son conseil, je prie le leader de la Chambre et le gouvernement
de respecter la demande formulée par le conseil de Verdun par
celui-là qui vous ménage un stop dans l'autre Chambre quant votre
bill y sera envoyé.
M. LAPORTE: Pourriez-vous me relire le télégramme?
M. BERTRAND: Le télégramme, je l'ai lu.
M. LAPORTE: Excusez-moi, c'est d'accord. Parce que ça va
être bon tout à l'heure.
UNE VOIX: Le ministre doit en avoir... M. LAPORTE: Je l'ai.
M. BERTRAND: On parle de suppression de procédure, on aurait
dû dire que le bill devrait contenir une clause prévoyant une
consultation populaire.
M. LAPORTE: Cela c'est Verdun. M. BERTRAND: C'est Verdun. M. LAPORTE:
Très bon!
M. BERTRAND: II y en a d'autres. Il y a des maires du comté de
Jacques-Cartier qui s'opposent catégoriquement au bill 13 et les
représentants de ce comté sont des gens qui veulent respecter la
démocratie.
MME KIRKLAND-CASGRAIN : Ah! oui.
M. BERTRAND: Et voulant la respecter, à titre de maire en
particulier de la ville de Pointe-Claire, le maire et son conseil...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Une ville sur 18.
M. BERTRAND: ... demandent et formulent
à l'endroit du gouvernement la requête qui a
été présentée par le conseil de Verdun en disant au
ministre des Affaires municipales: « Stop » et que le bill 13 soit
ou retiré ou amendé pour y prévoir une formule de
consultation populaire. »
M. le Président, s'il nous fallait lire en Chambre tous les
télégrammes qui sont parvenus à l'Opposition, s'il nous
fallait lire tous les articles qui ont été publiés depuis
deux jours, ce serait long mais tout cela pour démontrer que
l'Opposition, dans le parlement de Québec, se fait l'écho
véritable de la voix populaire lorsqu'elle demande au ministre des
Affaires municipales de retirer ou d'amender son bill 13.
M. le Président, malgré toutes ces demandes
répétées, malgré l'éloquent plaidoyer de mon
collègue, le député de St-Jacques, au ton toujours calme,
pondéré qui a présenté à la Chambre les vues
de l'Opposition, non seulement de l'Opposition parlementaire, mais de
l'opposition populaire en dehors de cette Chambre, malgré tout cela le
ministre des Affaires municipales persiste dans sa détermination
d'imposer par une majorité numérique à l'Assemblée
législative, le bill 13 qu'il a conçu pour régler quels
problèmes? Le problème du regroupement municipal.
M. le Président, ai-je besoin de déclarer que le
regroupement des municipalités est un problème aigu. Je n'ai pas
l'intention de reprendre les propos de mon collègue, le
député de St-Jacques. Au moment où l'on parle de
planification et surtout de planification démocratique, il est clair que
le regroupement municipal doit s'insérer dans tout ce domaine de la
planification économique, de la planification industrielle, il doit y
avoir également une planification municipale. Tous les esprits bien
pensant, tous ceux qui ont à coeur un développement rationnel en
particulier de l'économie rurale, souhaitent ce regroupement, veulent le
favoriser par toutes les mesures possibles, mais ne veulent pas l'imposer.
Ils veulent qu'au moins, comme on le fait et je veux citer cet
exemple au ministre des Affaires municipales dans un autre domaine,
celui de l'opération 55 pour les écoles régionales, le
ministre a constitué ce qu'on appelle des comités de
planification consultatifs qui doivent travailler, où les
représentants des commissions scolaires doivent travailler avec des
représentants des groupes de pression et des corps intermédiaires
en étroite coopération, en étroite collaboration avec les
commissions scolaires régionales.
Or, M. le Président, ici dans le domaine du regroupement
municipal, le ministre n'utilise pas pareille formule. Le ministre dit: ce re-
groupement municipal qui s'impose et le rapport Tremblay en a
déjà parlé il y a quelques années, et les propos
que l'on a écrits à l'époque sont encore vrais, il
est clair que pour un meilleur aménagement territorial, en vue de la
décentralisation industrielle, il est clair qu'en plusieurs cas
l'insuffisance de l'organisation municipale dans les régions
excentriques est une cause de centralisation industrielle. Il est clair que par
le regroupement municipal dans plusieurs cas on verra à aider à
cette décentralisation industrielle.
Et d'ailleurs des orateurs ont utilisé toutes sortes d'arguments
pour montrer l'acuité des problèmes municipaux qui se retrouvent,
non seulement à l'Ile-Jésus, mais que l'on retrouve
également dans tous nos comtés. J'ai chez moi des centres de
villégiature autour de la Baie Missisquoi et il y a là, il n'y a
aucun doute, probablement trop de municipalités. Il y aurait
intérêt pour elles, de travailler à une fusion, mais j'ai
la conviction que si on laisse cette fusion s'opérer par le jeu
seulement des conseillers municipaux qui représentent les habitants de
ces municipalités, nous allons provoquer un tollé tel que cette
fusion ne réussira pas dans le sens suivant, elle sera imposée et
on aura un manque de coopération et de collaboration des gens.
Suivant les modes démocratiques habituelles, je sais que la
démocratie parfois est difficile à atteindre. C'est un
idéal qui est éloigné mais serait-il utopique de
prétendre que la démocratie peut se réaliser par une
meilleure éducation du sens civique denos populations, par une meilleure
présentation des nombreux problèmes municipaux par exemple, par
une vulgarisation de tous les aspects de ces problèmes? Nos gens sont
intelligents, ils ont l'esprit ouvert et à l'occasion d'une consultation
populaire, ils exprimeront leur opinion en allant voter sous la forme d'un
référendum et ils appuieront le geste posé par les
représentants qui siègent au conseil municipal. Regroupement
municipal donc, nous en sommes tous là ou le regroupement s'impose mais
c'est par une véritable action démocratique que nous le
réussirons et c'est par l'appui de la majorité des habitants de
ces territoires qu'elle deviendra un véritable succès.
M. le Président, à l'heure actuelle, comment peut
s'opérer le regroupement municipal? Le ministre cet après-midi a
posé à mon collègue, le député de Montmagny,
des questions. Il m'en a posées à moi également ainsi
qu'au député de St-Jacques, au sujet du référendum.
Il m'a demandé: « Est-ce qu'il y a un référendum
lorsqu'en vertu du Code municipal une annexion s'opère »? J'ai dit
qu'il y avait un mode de manifestation de la volonté populaire. Or, cela
est
tellement vrai qu'en vertu de l'article 35 du Code municipal, le
lieutenant-gouverneur peut, à la demande des intéressés,
ériger des municipalités de village ou de campagne, diviser ces
municipalités, les annexer en tout ou en partie à d'autres
municipalités, même de cités de villes ou de villages dans
un seul et même comté. Et comment? A la demande de la
majorité des propriétaires de biens-fonds compris dans les
limites du territoire dont l'érection en municipalité ou la
division ou l'annexion à une municipalité existante est
demandée. II est clair que dans l'article 35 du Code municipal on ne dit
pas un référendum, mais la formule de consultation populaire.
M. LAPORTE: Est-ce que je peux poser une question?
M. BERTRAND: Oui.
M. LAPORTE: Pourquoi est-ce que 24 des 26 télégrammes nous
accusent d'abolir le référendum?
M. BERTRAND: 24 des...?
M. LAPORTE: ... des 26 télégrammes qu'on a reçus ou
la majorité disent: « Vous faites disparaître un
référendum qui n'existe pas ».
M. DOZOIS: C'est justement ce qu'il vient d'expliquer.
M. BERTRAND: M. le Président, ce que l'on veut dire par cela, le
mot référendum, pour tout le monde, signifie consultation
populaire.
M. LAPORTE: Magnifique! Article 8 du bill.
M. BERTRAND: Signifie manifestation de la volonté du peuple.
M. LAPORTE: C'est ça, article 8.
M. BERTRAND: Alors, le mot lui-même n'est pas dans la loi, mais la
formule de consultation du peuple y est. Lorsque l'article 35 du Code municipal
parle de la majorité des propriétaires de biens-fonds, le
ministre ne pourra toujours pas prétendre qu'il s'agit là d'abord
d'une minorité, pourra toujours pas prétendre qu'il s'agit
là de quatre échevins, pourra pas prétendre qu'il s'agit
là d'un conseil municipal, il s'agit de la majorité de
ceux-là qui apparaissent au rôle d'évaluation comme
étant des propriétaires de biens-fonds, donc qualifiés
pour manifester la volonté populaire du territoire où la
municipalité est située. Cela est en vertu du Code municipal. Je
n'ai pas l'intention de lire d'autres articles où l'on parle de
territoires non organisés, je n'en parlerai pas.
Il s'agit là d'exceptions où le lieutenant-gouverneur peut
agir à la demande d'un ou de quelques intéressés.
En vertu de la loi des cités et villes, au chapitre de
l'annexion, nous avons également des articles où l'on
prévoit des modalités pour réaliser une annexion. Il y a
l'action d'abord du conseil qui veut annexer. L'adoption d'un règlement,
et l'on sait comment cela procède; avis d'abord, première
lecture, deuxième lecture et, le règlement étant
adopté, il est transmis à la municipalité voisine. A ce
moment-là, la municipalité dont le conseil voisin demande
l'annexion peut agréer la requête formulée par le conseil
voisin ou la municipalité voisine.
A ce moment-là, supposons qu'on l'agrée, il y a
convocation d'une assemblée où les gens se rendent et le greffier
est invité à lire la requête contenant les modalités
de l'annexion et la majorité présente indique au greffier s'il
doit, de lui-même, demander un vote, si les gens sont pour ou contre. A
ce moment-là, même s'il est clair, à l'occasion de cette
assemblée publique, que l'immense majorité des contribuables
électeurs est en faveur de cette annexion, est en faveur de la
requête qui vient de la municipalité voisine, même si ce
désir est manifeste, il peut y avoir vote si cinq des électeurs
présents demandent qu'il y ait un vote enregistré où
l'électeur, en présence de tout le monde, doit aller publiquement
manifester ou qu'il est en faveur ou qu'il est contre, par un oui ou par un
non.
Je connais d'autant plus cette procédure qui permet l'annexion ou
la fusion des municipalités que nous l'avons vécue chez nous,
lors de la fusion de Sweetsburg et de Cowansville. Je n'ai pas besoin de vous
dire que les gens de chez nous étaient fiers de leur petite
municipalité, de leur petit village, comme les gens de Cowansville
étaient fiers de leur grande ville. Et lorsqu'il s'est agi de poser
à la population le problème de l'annexion, sur le coup il y a eu
un tollé. Mais, dès l'instant où les contribuables
électeurs de la municipalité ont su, après avoir
consulté les avocats, qu'ils avaient droit de manifester leur
consentement à l'annexion ou leur désapprobation, le climat a
changé.
On s'est mis à discuter, on a recherché d'abord à
se renseigner, auprès du conseil local, auprès du conseil de la
ville qui voulait annexer le village. On a obtenu les détails au sujet
des conditions de l'annexion, conditions qui peuvent couvrir une foule de
domaines, depuis l'établissement du zonage, de l'urbanisme, de
meilleurs
services municipaux. Tous ces problèmes ont été
examinés. Lorsque le jour du vote s'est présenté, sur
l'ensemble des contribuables de la municipalité, à peine quatre
ou cinq, une très infime minorité a voté contre
l'annexion.
Mais, s'il eût à ce moment qu'on imposât cette
annexion, vous auriez préparé pour des années à
venir des luttes. Vous auriez semé un climat, je ne dirai pas de haine
mais d'animosité, alors que, ayant utilisé des moyens
démocratiques, malgré que certaines personnes aient
recherché des moyens en vue de l'imposer pour que cela se fasse plus
rapidement, avec précipitation, à ce moment-là on l'a vu
et nous avons obtenu un succès.
Aujourd'hui, tout est calme. Les deux villes travaillent ensemble. Le
village et la ville travaillent dans un parfait esprit de coopération.
Nous avons utilisé la procédure prévue par la loi
générale au chapitre des annexions, les articles que l'on
retrouve, 33 et suivants de la Loi des cités et villes.
Donc, dans nos municipalités, dans les municipalités en
général, le conseil a mis en pratique ceci, qu'il est le
représentant des habitants et des contribuables de la
municipalité, qu'il est le représentant pour des actes
d'administration et que lorsqu'il s'agit de fusion ou d'annexion, il s'agit
d'un acte de disposition qui dépasse de beaucoup les attributions
conféré-rées aux conseils municipaux de poser des actes de
gérance et d'administration de la municipalité.
Donc, dans ce domaine-là, deuxième moyen de pratiquer le
regroupement municipal. Il y en a eu d'autres qui ont été
utilisés à mon souvenir, au comité des bills
privés, depuis plusieurs années, où nous avons eu
l'occasion de recevoir la visite de corporations municipales des quatre coins
de la province de Québec et je me souviens encore du cas que nous avons
cité l'autre jour, de la municipalité d'Alma.
Le problème nous a été présenté, aux
législateurs, aux représentants du peuple. Nous avons
examiné tous les aspects du problème. Cela s'est fait à la
suite d'études qui avaient été faites tant par la
Commission municipale, le ministère des Affaires municipales que par la
ville ou les villes ou les territoires intéressés. On est venu et
nous avons, à ce moment-là, effectué la fusion des
municipalités en vue d'assurer un regroupement municipal pour
répondre, dans une région, aux besoins de 1965, pour
répondre aux besoins de l'époque.
Voilà un autre moyen qui est utilisé. Celui des lois
spéciales. Dans des cas d'exception, là où à la
suite d'études en profondeur par les officiers du ministère, par
les gens d'une ré- gion, l'on constate qu'il est urgent que le bien
commun commande d'adopter des mesures immédiatement. Et, dans ces
cas-là, de porter atteinte, c'est clair, mais à cause du bien
commun et de l'intérêt public, au principe de la consultation
populaire.
Ce sont là des moyens. Comment regrouper les
municipalités? A l'heure actuelle, le ministre nous dit: « Je veux
y ajouter un autre moyen, celui du bill 13. » Le ministre nous
déclare que le principe de son bill est dans la clause 2. Il s'agit de
désirer la fusion, de le manifester, deuxièmement, par la
majorité absolue des membres et du Conseil par l'adoption d'une
résolution qu'on désire se fusionner. A ce moment-là, il
s'agit, on l'a dit, de quatre conseillers, quatre représentants, quatre
élus. Quatre dans chaque conseil. Huit personnes qui représentent
les habitants et les contribuables de deux municipalités.
Or, M. le Président, le représentant, qu'est-ce que le
représentant? J'emprunte ici à un historien des propos qui sont
toujours d'actualité, c'est Taine, qui dans ses « Notes sur
l'Angleterre », une étude qu'il avait faite des institutions
anglaises, nous décrit le rôle du représentant. Il
écrit: « Représenter une personne ou une
société, grande ou petite, de n'importe quel genre, c'est la
rendre présente là où elle n'est pas: décider,
commander, faire à sa place et pour elle ce que, par absence, ignorance,
insuffisance ou tout autre empêchement, elle ne peut faire qu'en
substituant à sa volonté incapable la volonté capable de
son représentant ». Et il ajoute: « Dans les affaires
publiques comme dans les affaires privées, mon véritable
représentant est celui dont les décisions s'appuient sur mon
adhésion ferme ». L'adhésion ferme; lorsque, M. le
Président, nous avons élu dans chacune de nos
municipalités un représentant pour aller siéger au conseil
municipal, nous avons voulu qu'il administre les biens, les affaires de la
corporation.
Le député de Montréal-Bourget disait cet
après-midi, lorsqu'il s'agit, par exemple, de la redistribution
territoriale ou du remaniement de la carte électorale, le gouvernement
n'a pas reçu de mandat, n'a pas demandé à la population de
l'appuyer là-dessus, mais oublie-t-il que dans le programme de son
parti, il y avait à l'occasion des dernières élections un
article dans le programme, si mon souvenir est bon, où on soumettait
à la population un des articles prévoyant le remaniement et la
redistribution électorale. Si on croit aux programmes des partis
politiques, on pourrait dire qu'au moins à ce moment-là la
population a été avertie qu'il y aurait, de la part du
gouvernement, s'il
prenait le pouvoir, probablement une loi en vue de redistribuer la carte
électorale ou les comtés dans la province de Québec.
M. MEUNIER: Le député me permet-il une question?
M. BERTRAND: Oui.
M. MEUNIER: Est-ce que le député de Mis-sisquoi veut dire
que dans son comté, par exemple, la population a
interprété le programme du parti libéral comme voulant
dire que son comté se verra modifier dans ses bornes?
M. BERTRAND: A ce moment-là, l'article du programme du parti
libéral énonçait une idée à l'effet qu'il
devrait y avoir un remaniement ou une redistribution de la carte
électorale. Il est clair qu'à ce moment-là le parti
libéral n'est pas arrivé dans les comtés en disant:
« Votre comté va être coupé ou taillé à
tel ou tel endroit de son territoire et qu'une partie de ce qui s'appelle,
à l'heure actuelle, le comté de Missisquoi s'en ira dans le
comté d'Iberville ». Mais le problème, en principe, a
été posé devant l'électorat de la province de
Québec, alors que lorsque vous votez pour un conseiller ou un
représentant que vous envoyez siéger au conseil municipal, il
n'en est pas question. Vous lui demandez d'aller administrer le territoire qui
existe à ce moment-là, d'aller gérer les affaires de la
municipalité et ce représentant, il est clair, doit s'il pose un
acte comme celui d'une fusion... D'ailleurs toute l'économie de nos lois
municipales conserve un mode quelconque de consultation populaire. Ce n'est que
dans le bill 13 que nous retrouvons que les conseillers eux-mêmes
pourront décider et que leur décision ne sera pas soumise
à l'adhésion volontaire et libre de ceux-là qu'ils
représentent dans le conseil municipal.
C'est là qu'est tout le problème, M. le Président.
C'est là le problème queposedevantl'o-pinion publique le bill 13.
Le ministre est surpris de l'entendre cataloguer, ce bill,
d'antidémocratique...
M. LAPORTE: Très surpris.
M. BERTRAND: ... mais il n'a pas à s'en surprendre.
M. LAPORTE: Non?
M. BERTRAND: II est élémentaire qu'il serait
préférable pour lui de dire; c'est un accroc à la
démocratie telle que nous l'avons toujours pratiquée dans le
domaine municipal.
M. LAPORTE: Me permettez-vous une question?
M. BERTRAND: Oui.
M. LAPORTE: J'ai demandé à tous vos collègues de me
dire en quoi il est antidémocratique. Je n'ai pas eu de réponse.
J'aimerais ça que vous me le disiez, vous.
M. BERTRAND: Bien, voici, je viens de le dire.
M. DOZOIS: Le leader comprend plus vite que ça d'habitude.
M. LAPORTE: Dites-moi en quoi. M. BERTRAND: Voyons!
M. LAPORTE: Bien oui, pas voyons. En quoi?
M. BERTRAND: II est démocratique pour vous.
M. LAPORTE: Non, non, dites-moi en quoi il ne l'est pas.
M. BERTRAND: Je viens de le dire.
M. LAPORTE: J'ai été accusé de ça depuis
deux jours.
M. BERTRAND: Est-ce que le ministre, entre deux manières de
pratiquer la démocratie, celle qu'il utilise de quatre échevins,
de quatre échevins multipliés par deux, deux conseils municipaux,
huit, qui manifestent leur volonté de fusionner deux territoires, et le
vote direct des électeurs propriétaires se déclarant
favorables ou défavorables à la mesure, le ministre va me dire
que le moyen que nous suggérons est moins démocratique que le
sien? En vertu de quel principe le déclare-t-il?
M. LAPORTE: Pourquoi expliquez-vous rien que la moitié de la
procédure?
M. BERTRAND: Le reste, M. le Président... M. LAPORTE; Le reste,
oui. M. BERTRAND: Je vais y venir.
M. LAPORTE: Ah bon! "C'est là que c'est démocratique
justement.
M. BERTRAND: Bien oui, mais on n'a pas
l'habitude de discuter clause par clause.
M. LAPORTE: Non, mais je vous demande pourquoi c'est
antidémocratique.
M. BERTRAND: C'est vous-même qui avez dit, dès les premiers
moments de votre discours, vous avez déclaré que le principe de
la loi se retrouvait surtout dans la clause numéro 2, là
où les quatre échevins peuvent manifester la volonté
populaire par leur vote, sans consulter ceux-là qui les ont
envoyés siéger au conseil.
D'ailleurs, on est dans un domaine où il y a des opinions. On
peut utiliser le mot démocratie du bout des lèvres. Ce ne sont
pas les paroles qui font que l'on vit ou non la démocratie. Ce sont les
actes. Les actes du ministre à l'heure actuelle, par le bill 13,
démontrent clairement qu'il a une bien petite idée de la
manière que l'on doit pratiquer la démocratie dans les
institutions municipales.
D'ailleurs, M. le Président...
M. LAPORTE: Est-ce que je dois comprendre que vous avez répondu
là, à ma question? D'accord, merci.
M. BERTRAND: Entre huit personnes et la manifestation de la
volonté populaire par le vote direct des électeurs
propriétaires d'un territoire, le ministre va prétendre qu'il est
plus démocratique de procéder de la manière qu'il a
choisie? C'est son opinion. C'est sa manière de pratiquer la
démocratie?
M. le Président, à ce moment-là, il est inutile de
discuter. Son opinion est bien arrêtée: pour lui, c'est la
meilleure manière de favoriser l'expression démocratique des
électeurs propriétaires d'une municipalité quand seulement
quatre échevins voteront en faveur d'une mesure. Drôle de
manière de vivre la démocra-tie!
D'ailleurs, le député de St-Jacques lui a rappelé
des propos qu'il a déjà utilisés à Arvida le 7
octobre 1963, lorsqu'il déclarait: « Je désire affirmer
sans équivoque que la loi générale suivra son cours et
qu'aucune municipalité ne sera annexée, en tout ou en partie,
à une ou à plusieurs de ses voisines sans que les
différentes autorités municipales concernées n'aient
été consultées... »
M. LAPORTE: Premièrement.
M. BERTRAND: «... et sans que les citoyens concernés ne se
soient prononcés... »
M. LAPORTE: Deuxièmement.
M. BERTRAND: « ... par référendum. »
UNE VOIX: C'est ça que je digère mal.
M. LAPORTE: Lisez mon bill. C'est ça qu'il ne dit jamais.
M. BELLEMARE: C'est dans le bill le référendum.
M. BERTRAND: Or, M. le Président, trouvez-moi dans le bill 13 une
clause qui permette à l'électorat de se prononcer par
référendum, trouvez-la-moi et nous retirons notre opposition au
bill.
M. LAPORTE: Lisez-le dans le code municipal.
M. BERTRAND: Alors, M. le Président, 11 est clair que le ministre
a une mauvaise cause à défendre.
M. LAPORTE: Vous m'aidez.
M. BERTRAND: Le ministre n'aime pas qu'on lui rappelle...
M. LAPORTE: Vous êtes après m'aider. M. BERTRAND: ... ses
écrits...
M. LAPORTE: Non, je vais les citer moi-même.
M. BERTRAND: ... ses propos. Il va les citer à sa
manière.
M. LAPORTE: Non, textuellement. Vous vérifierez!
M. BERTRAND: II va vous déclarer, M. le Président...
M. LAPORTE: Ah! bien ne faites pas mon discours.
M. BERTRAND: ... « Le député de Missisquoi
prétend qu'il n'y a pas de consultation populaire, qu'il n'y a pas de
manifestation de la part des électeurs, de leur volonté de
s'opposer aux modes choisis par le conseil municipal de procéder
à la fusion ». Il va déclarer: « Il n'a même
pas lu le bill. Il n'a pas lu la clause où l'on prévoit à
l'article 8 que les propriétaires
des municipalités qui s'opposent à la fusion peuvent,
durant le mois qui suit,... M. le Président, vous me regardez et sans
doute voulez-vous me dire que je n'ai pas le droit d'étudier le bill
article par article mais je suis obligé de le faire parce que le
ministre va justement utiliser ce moyen pour tenter de démontrer que la
bataille que nous faisons au sujet de la consultation populaire est une
bataille qui ne mène à rien parce qu'il y a la clause 8. Je dois
donc lui répondre parce que je ne pourrai pas parler après lui,
je lui réponds avant sachant que c'est l'argument qu'il va utiliser.
M. LAPORTE: Vous ferez un peu de consultation.
M. BERTRAND: Consultation populaire. Le ministre dit: « C'est une
consultation populaire ». Vous vous opposez à l'acte de votre
conseil, les quatre conseillers dans l'une et l'autre municipalités ont
déclaré qu'ils favorisaient la fusion. Ils ont
présenté une requête conjointe qui est envoyée
à Québec, à la Commission municipale et moi,
électeur propriétaire, je m'oppose, mes voisins s'opposent, alors
nous allons consulter probablement, comme c'est la coutume, un avocat. Nous
demandons au procureur, à la suite de l'exposé des motifs que
nous formulons ou que nous voulons formuler à l'encontre de la mesure,
l'avocat dresse toutes les raisons, prépare une requête que les
propriétaires intéressés signent et la requête s'en
vient à Québec.
D'abord, M. le Président, il appelle ça une consultation
populaire. Qui devra défrayer les dépenses? Qui devra payer
l'avocat?
M. LAPORTE: Un timbre, ça coûte quatre sous.
M. BERTRAND: Qui devra payer ceux qui seront appelés, comme on le
sait, à faire les démarches auprès de la Commission
municipale? Qui devra faire ça? Moi, électeur propriétaire
qui m'oppose à l'action de la majorité absolue des membres du
conseil, je n'aurai pas les bénéfices d'une consultation
populaire organisée par la municipalité dont les dépenses
seraient défrayées par la municipalité dont l'organisation
du scrutin serait défrayée par la municipalité. Non, vous
vous opposez, messieurs, organisez-vous! Faites valoir votre opposition! Et
celui qui va examiner... Oui, avec plaisir.
M. LAPORTE: En vertu du Code municipal, celui qui s'oppose, est-ce qu'il
ne s'organise pas pour sa requête?
M. BERTRAND: Celui?
M. LAPORTE: En vertu du Code municipal, celui qui s'oppose, est-ce qu'il
ne s'organise pas pour sa requête, lui-même?
M. DOZOIS: Non, ce sont ceux qui veulent s'annexer qui doivent
s'organiser.
M. LAPORTE: Et puis ceux qui sont contre ils n'ont pas le droit de se
prononcer?
M. BERTRAND: Bien oui. Ce n'est pas la même chose.
M. DOZOIS: Parce qu'ils ne peuvent rien faire.
M. BERTRAND: M. le Président, il y a une grande
différence. Cela, écoutez, le ministre peut faire des
gestes...
M. LAPORTE: C'est un droit démocratique.
M. BERTRAND: ... le ministre peut à l'aide de ses mains repousser
les arguments que nous lui envoyons, ça le regarde. Mais, entre nous, ce
ne sont pas des arguments très forts qu'il apporte. Celui qui s'oppose
par exemple en vertu du Code municipal à l'annexion, à
l'érection, à la fusion, celui qui s'oppose, c'est sûr, va
faire des dépenses, mais au moins à ce moment-là la
majorité des électeurs propriétaires a manifesté sa
volonté clairement. On renverse la vapeur, ça devient avec le
bill 13 l'exercice de la démocratie par la minorité. On renverse
le régime de la majorité. C'est une drôle de
démocratie, M. le Président, que celle que le ministre des
Affaires municipales veut nous faire pratiquer dans le Québec.
Consultation populaire, mais c'est tellement clair.
Ceux qui s'opposent, s'ils représentent la majorité des
contribuables n'ont aucune garantie que l'expression de leur opinion ou de leur
opposition, sera respectée par la commission municipale, ni par le
ministre des Affaires municipales.
DES VOIX: C'est ça.
M. DOZOIS: C'est la différence.
M. BERTRAND: Si on nous disait au moins que dans le cas où la
majorité des électeurs propriétaires s'opposerait à
la mesure de fusion, que la Commission municipale ne l'entérinera pas,
très bien. En principe on pourrait dire qu'on respecte un mode de
consultation
populaire par la requête des électeurs propriétaires
qui ont manifesté leur opposition, les formalités du bill 13 ne
s'appliqueront plus.
Je constate malheureusement, M. le Président, que le ministre
n'est pas ouvert à la conviction, le ministre refuse d'écouter la
voix de l'Assemblée législative, de l'Opposition. La seule voix
qu'il écoute c'est la voix du député du comté de
Laval. Celle-là, il l'écoute car tout son bill repose sans qu'on
le dise sur les suggestions du rapport Sylvestre. Il est clair que le ministre
veut mettre de côté le référendum, que le ministre
veut mettre de côté ce mode dont le député de
Québec-Est cet après-midi disait qu'il était
désuet. Il est désuet, M. le Président, d'après le
député de Québec-Est, de consulter le peuple? Il est
désuet de renseigner le peuple pour que le peuple puisse donner un vote
éclairé et libre? Il est désuet à l'occasion de la
fusion que l'on veut volontaire de deux municipalités, de demander aux
électeurs propriétaires d'exprimer par un vote direct leur
approbation ou la désapprobation de la mesure qui est soumise?
Franchement, au nom de la démocratie on aura commis beaucoup de crimes,
on aura posé beaucoup d'actes antidémocratiques et je me demande
si le ministre ne serait pas mieux d'abord ou de remettre son bill ou de
l'adapter.
M. LAPORTE: Cela, ce n'est pas...
M. BERTRAND: ... mais en y insérant une ou des clauses qui
prévoiraient la consultation populaire. Ce faisant, M. le
Président, il respecterait beaucoup plus les propos qu'il a
écrits alors qu'il vivait probablement dans un climat
d'indépendance comme journaliste. Il respecterait beaucoup plus les
principes qu'il atoujours prônés de respect véritable de la
démocratie et de la volonté populaire.
Il respecterait également ce qu'il a déjà
écrit au sujet d'une opposition qui, véritablement cette fois,
est encore l'écho de l'opinion publique dans la province de
Québec. Au lieu de cela, il s'entête. Au lieu de cela, il
persiste. Le jugement du peuple sera sévère à l'endroit du
ministre des Affaires municipales. Ce jugement sera fondé en particulier
sur le bill No 13 qui consacre sa volonté ferme et bien
arrêtée de confier les intérêts de la population dans
des actes importants de la vie municipale à quatre représentants
au lieu de les remettre aux citoyens qui pourraient manifester par leur vote
leur adhésion à l'acte posé par ces
représentants.
M. le Président, les municipalités le jugeront. Mais
d'après le ton des télégrammes que nous avons
reçus, le jugement est déjà rendu et il est sans appel: le
ministre des Affaires muni- cipales devient le symbole vivant de
l'antidémocratie dans la province de Québec.
M. BERNATCHEZ: M. le Président, depuis déjà deux
jours, vous entendez de part et d'autre des arguments contre le bill 13.
Egalement, vous avez entendu de la part des députés
ministériels des efforts en vue de justifier ce projet de loi dans le
texte qui nous est présenté.
Je ne voudrais pas répéter les arguments nombreux,
invoqués par mes prédécesseurs de l'Opposition, qui ont
exprimé l'opinion, je dirais, de la population de la province au sujet
de ce bill, si nous en jugeons par les nombreuses déclarations qui ont
été faites sour forme de télégrammes, sous forme
d'entrevues ou encore par des mises au point ou des déclarations dans
les journaux.
On a invoqué toutes sortes d'arguments. Je voudrais, pour ma
part, attirer votre attention sur un argument, entre autres, qui m'a
frappé et qui a été invoqué par le
député de Champlain: celui de faire des gens en autorité
les responsables de l'administration publique.
Tous ceux qui de loin ou de près s'intéressent à
l'administration publique reconnaissent que la population malheureusement se
désintéresse trop de la politique municipale. Nous sommes tous
d'avis que les contribuables devraient apporter une part plus soutenue, une
attention plus soutenue à l'administration municipale et je suis de
ceux-là qui se demandent si c'est avec des lois, des projets de lois,
comme celui que nous avons devant nous, le bill 13, que nous allons
réellement intéresser la population à l'administration
municipale.
Voici un projet de loi en vertu duquel, si cette loi-là
était passée, les municipalités pourront se fusionner sans
même consulter les contribuables intéressés.
M. le Président, il y a des municipalités
d'organisées dans la province, le ministre dit et c'est un gros
argument il dit que dans le Québec nous avons 1,600
municipalités...
M. LAPORTE: Pardon 1,700.1,700 vous n'avez pas dit ça en route
là.
M. BERNATCHEZ: ...1,700, en Ontario seulement 800.
M. LAPORTE: 1,749.
M. BERNATCHEZ: M. le Président, ces municipalités ont
été organisées pour répondre à des besoins
en tenant compte de la volonté de la population, en tenant compte de la
mentalité des problèmes d'une région donnée. Je
suis
d'accord avec le ministre, je suis d'accord avec ceux qui soutiennent
que, dans certains milieux, il peut y avoir avantage à des fusions de
municipalités. J'ai entendu plusieurs démonstrations, plusieurs
exposés d'opinion et dans certains milieux on prétend que
d'ailleurs le député de Rouville en a parlé avant le
souper avec la fusion des municipalités, nous allons pouvoir,
disait-il, simplifier l'organisation des services publics.
Est-ce que M. le Président il faut, fusionner les
municipalités pour pouvoir dans certains milieux simplifier les services
publics, les services de protection incendie, les services d'aqueduc, la
protection civile par la police, l'organisation policière? M. le
Président, ces municipalités peuvent conclure entre elles des
ententes. Ces municipalités peuvent faire des ententes en vue de
faciliter, de régler en commun leur problème d'aqueduc pour une
ou deux ou trois municipalités. Elles peuvent également faire des
ententes, des conventions pour assurer un système de protection
incendie. Il y a des services publics qui peuvent s'organiser en commun par
deux, trois municipalités sans pour ça exiger la fusion des
municipalités. Mais je n'en suis pas sur le fait que dans certains
milieux, je ne veux pas soutenir que la fusion n'est pas nécessaire,
n'est pas recommanda-ble même dans certains milieux. Mais pourquoi M. le
Président. Sous prétexte que cette fusion est recommandable, est
nécessaire, est à conseiller, pourquoi inclure dans ce projet de
loi des dispositions qui vont affecter, qui vont autoriser, qui vont mettre
toutes nos municipalités sur le même pied? M. le
Président...
M. LAPORTE: Vous ne voulez pas qu'elles soient toutes sur le même
pied, les municipalités?
M. BERNATCHEZ: Je veux qu'elles soient toutes sur le même pied
à condition...
M. LAPORTE: Ah bon!
M. BERNATCHEZ: ... que les populations puissent se prononcer,
j'entendais le député de Rouville soutenir que ces questions, ces
demandes, ces requêtes d'annexion seront soumises à des experts,
à la Commission municipale et qu'en dernier ressort le ministre des
Affaires municipales donnera son approbation ou non et on aura recours
disait-il à des experts. Moi, je suis de l'opinion de ceux qui
prétendent que les véritables experts, M. le Président, ce
sont ceux qui vivent dans les milieux concernés, ce sont les payeurs de
taxes.
M. le Président, nous aurons par ce projet de loi, on l'a
démontré tout à l'heure, à plusieurs reprises, nous
allons permettre aux membres du conseil à quatre personnes élues
en vue d'assurer l'administration des affaires municipales, dans une
municipalité donnée, en vertu de cette loi, ces conseillers vont
avoir même le droit d'abolir la municipalité, de la fusionner avec
une autre municipalité, ce n'est pas là leur mandat.
Comment peut-on encourager les contribuables à suivre les
activités municipales avec des dispositions comme celles-là? On
va prendre des décisions sans tenir compte de l'opinion des
contribuables et il est évident que ce bill, ce projet de loi est un
projet de loi antidémocratique puisqu'on ne tient pas compte de
l'opinion des contribuables. On a intitulé le bill; « Loi de la
fusion volontaire des municipalités. » Je crois qu'il serait
beaucoup plus approprié de l'intituler; « Loi de la fusion
pressée ou forcée des municipalités. » Si la fusion
est réellement avantageuse, je dis que c'est une insulte à faire
à la population que de soutenir que la population n'est pas capable de
juger d'elle-même de l'opportunité, de la nécessité
d'une telle fusion.
Il me semble que les contribuables appelés à se prononcer,
appelés à exprimer leur opinion sur l'opportunité d'une
fusion de leur municipalité avec une autre, par le fait même, les
contribuables vont étudier la question. Il vont peser le pour et le
contre, les avantages et les inconvénients possibles et ce
serait-là, à mon sens, un moyen d'éveiller l'attention de
la population. Comment peut-on savoir si cette fusion peut-être bonne? Du
côté ministériel on soutient que la loi est bonne. C'est un
pas vers le progrès. Comment se fait-il que ceux qui vivent tous les
jours, la vie municipale, les problèmes municipaux, s'opposent à
la passation de cette loi dans les termes telle qu'elle est
présentée?
M. le Président, vous avez eu l'occasion, certainement, de lire
les journaux depuis que ce projet de loi a été
déposé en Chambre. Vous avez probablement eu l'impression de
certaines personnes qui ont pu prendre connaissance des conclusions du rapport
de la Commission Sylvestre. Les gens ne se prononcent pas contre la fusion des
municipalités où c'est nécessaire, mais les gens disent
que c'est un geste dictatorial que de permettre aux membres du conseil de deux
municipalités de décréter la fusion de ces
municipalités sans consultation populaire.
Ici, dans une municipalité de la banlieue de Québec,
Charlesbourg, un échevin, M. Caseault déclarait; « A tous
les ans, a-t-il dit, et à chaque session du gouvernement provincial nous
perdons un morceau de notre autonomie. Si nous
ne restons pas debout, si nous ne nous opposons pas à de tels
projets de loi, nous devrons bientôt subir la dictature, ce qui approche
vite. » Une autre municipalité, Québec-Ouest, s'objecte
à faire disparaître tout recours des contribuables à un
référendum. Lisez tous les journaux. Et, le bill n'est
déposé que depuis vendredi dernier, c'est-à-dire que
seulement depuis le début de la semaine les conseils municipaux, la
population en général a pu prendre connaissance des dispositions
de ce bill.
M. le Président, je suis d'accord avec le député de
Montmagny lorsqu'il disait, cet après-midi: « Si ce bill
était venu en Chambre après que les conseils municipaux eussent
eu leur assemblée régulière de chaque mois, vous auriez eu
des télégrammes d'à peu près toutes les
municipalités de la province de Québec. » M. le
Président, je répète que sous prétexte de
régler un problème, problème qui existe, j'en suis
convaincu, dans certains milieux, nous ne devons pas, par une loi, par une
législation, brimer les droits du contribuable et laisser uniquementaux
membres du conseil des municipalités intéressées le
pouvoir, l'autorité de décréter la fusion. Si c'est trop
grand, la fusion ne peut pas faire autrement que d'augmenter les
responsabilités sur les épaules des contribuables et si les
contribuables, si la population, actuellement, est inquiète devant ce
projet de loi, c'est qu'elle peut avoir raison de s'inquiéter. Elle a
connu des législations qui ont été passées depuis
quelques années et qui lui ont apporté beaucoup plus de tracas,
beaucoup plus de soucis et d'obligations qu'elle n'en avait prévus.
M. le Président, il me semble que ce ne serait pas de nature
à nuire, ce ne serait pas de nature à empêcher la
réalisation des fusions nécessaires en stipulant dans la loi que
les contribuables concernés devront exprimer leur opinion. M. le
Président, j'entendais le député de Rouville, avant
souper, dire: « Ce ne sont pas aux contribuables de décider
ça. » Mais il a changé d'opinion, M. le Président,
le député de Rouville; je l'ai déjà entendu
soutenir, avec raison, qu'essayer de faire d'un cultivateur un
coopérateur de force...
M. LAPORTE: A l'ordre, à l'ordre.
M. BERNATCHEZ: ... ne réussit à rien...
M. LAPORTE: M. le Président, à l'ordre.
M. BERNATCHEZ: Je donne un exemple, M. le Président. Vouloir
faire la fusion des municipalités de force, vous ne convaincrez pas les
contribuables de l'opportunité, du bien fondé de cette fusion. M.
le Président, c'est tout le contraire qu'on devrait faire...
M. LAPORTE: Qu'est-ce qu'on devrait faire? Expliquez-nous donc
ça!
M. BERNATCHEZ: On devrait utiliser tous les moyens possibles pour
essayer d'éveiller l'attention de la population, pour essayer de
convaincre les contribuables de l'opportunité, du bon côté
d'une telle fusion. Mais le ministre sait que la population n'est pas
mûre pour ce projet de loi; depuis l'automne passé, depuis
l'année passée que le ministre en parle. Nous savons qu'il y a eu
des programmes à la télévision, programmes
orchestrés pour vendre cette idée de fusion des
municipalités, et, M. le Président, les maires ou les
participants à ces programmes qui sont venus exprimer leurs opinions, un
sur dix peut-être était favorable à une fusion dans ce
sens-là. Alors, malgré toute la publicité, on n'a pas
encore convaincu la population, les contribuables de l'opportunité de ce
projet de loi.
M. le Président, on dit que ce projet de loi porte le nom de
fusion volontaire; volontaire sonne faux quand on prend la peine de lire ce
projet de loi. Il sonne aussi faux que le mot « gratuité scolaire
dans la province de Québec».
M. le Président, si le ministre est réellement
désireux d'aider les municipalités, s'il veut que cette fusion
nécessaire, en certains milieux, se réalise dans la paix, dans
l'ordre, le bon esprit, qu'il insère dans la loi une disposition en
vertu de laquelle les contribuables et payeurs de taxes pourront librement
exprimer leur opinion. Oh! il nous dit très bien...
M. LAPORTE: Cela y est déjà dans la loi.
M. BERNATCHEZ: II dit: oui, en vertu de l'article 8, les contribuables,
les opposants pourront présenter une requête. On en a parlé
à plusieurs reprises, de cette fameuse requête, on sait ce que
ça vaut, le ministre sait également ce que ça vaut.
M. LAPORTE: Cela ne vaut pas cher une requête, hein? Le Code
municipal, c'est ça que ça demande.
M. BERNATCHEZ: Lorsque le conseil municipal a un problème
important à solutionner, à régler, lorsqu'il a une
dépense importante à faire, il soumet ce projet à un
référendum ou à une expression d'opinion de la population,
lorsqu'il y a un règlement important à faire, il le soumet
à l'approbation des contribuables et,
M. le Président, il arrive que des règlements ont
été acceptés par la majorité du conseil et que ces
règlements ont été désapprouvés par les
contribuables dans leur expression d'opinion. Alors, je crois que nous avons
suffisamment de ce côté-ci de la Chambre, nous avons suffisamment
exposé nos points de vue, nous avons fait valoir les arguments qui, il
me semble pourront justifier le ministre à modifier ce projet de loi
afin de permettre aux contribuables d'exprimer leur opinion, mais il ne faut
pas que ces honorables messieurs mettent de côté leurs engagements
sur les tribunes publiques. Il y a, on se rappelle, qu'il y a des candidats aux
dernières élections...
M. LAPORTE: II va probablement être hors d'ordre.
M. BERNATCHEZ: ... qui parlaient d'autonomie des conseils municipaux
dans la province. On s'engageait à respecter l'autonomie des
municipalités et le présent projet de loi...
M. LAPORTE: En quoi? M. BERNATCHEZ: En quoi? M. LAPORTE: Oui.
M. BERNATCHEZ: Parce que vous permettez...
M. LAPORTE: Oui, ça ce n'est pas violer...
M. BERNATCHEZ: ... aux conseillers municipaux...
M. LAPORTE: Oui.
UNE VOIX: Au conseil.
M. BERNATCHEZ: ... à deux conseils...
M. MEUNIER: Conseillers élus.
M. BERNATCHEZ: ... de décréter la fusion de deux
municipalités sans demander l'approbation des contribuables.
M. MEUNIER: Cela c'est faux.
M. BERNATCHEZ: ... l'expression d'opinion des contribuables.
M. LAPORTE: Cela, c'est leur enlever leur autonomie aux conseils?
M. BERNATCHEZ: Parce que vous leur imposez des obligations, vous les
placez dans une situation qu'ils n'ont pas prévue, qu'ils n'ont pas
acceptée et pour prendre votre propre expression, qu'ils n'ont pas
étudiée.
M. le Président...
M. LAPORTE: Si vous me permettez, si je comprends bien, respecter
l'autonomie des conseils municipaux, c'est leur ôter des obligations.
M. BERNATCHEZ: Non, non.
M. LAPORTE: Bien, c'est ce que vous venez de dire.
M. BERNATCHEZ: Non, M. le Président, respecter l'opinion,
l'autonomie des municipalités c'est de permettre aux contribuables de
s'exprimer lorsqu'ils ont des intérêts importants qui sont en jeu,
et je ne sache pas qu'il y ait de problème plus important que celui de
la fusion des municipalités. M. le Président, le Rapport
Sylvestre, dans une de ses conclusions déclarait: nous estimons
antidémocratique le fait de demander au peuple de statuer sur une
question fort complexe dont on ne l'avait pas instruit au préalable.
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. BERNATCHEZ: C'est l'opinion des commissaires.
M. MEUNIER: A l'ordre, à l'ordre.
M. LAPORTE: M. le Président, on a, cet après-midi,
tenté d'invoquer le rapport Sylvestre. D'abord, si le
député voulait citer le rapport Sylvestre, il pourrait en avoir
le texte pour citer exactement ce que le rapport a dit. Deuxièmement, il
n'est nullement question du rapport Sylvestre, il est question du bill 13 et je
le répète pour l'édification du député:
« sur la fusion volontaire des municipalités. »
M. BERNATCHEZ: On parle du bill 13, M. le Président?
M. LAPORTE: Oui, c'est ça! Cela vous surprend?
M. BERNATCHEZ: Le rapport de la commission Sylvestre...
M. LAPORTE: Il est temps que vous le sachiez!
M. BERNATCHEZ: Le bill 13 parle de fusion des municipalités et la
Commission Sylvestre parle également...
M. LAPORTE: Je n'en sortirai pas.
M. BERNATCHEZ: ... de la fusion de municipalités et on arrive,
à la fin du rapport Sylvestre, avec la conclusion que j'ai citée
tantôt, qu'il considérait comme antidémocratique le fait de
demander à une population de se prononcer sur un problème qu'il
n'avait pas étudié. Et, M. le Président, c'est l'attitude
que prend le ministre avec son bill qui est antidémocratique. Si la
population n'est pas renseignée sur la question de fusion, c'est le
devoir du ministère des Affaires municipales de prendre les moyens
à sa disposition pour renseigner la population et de demander ensuite
à la population de se prononcer sur la fusion ou non. Alors, pour toutes
ces raisons, et devant les arguments invoqués par les membres de
l'Opposition et surtout devant la faiblesse des arguments invoqués par
le ministre et les députés ministériels, nous votons
contre ce projet de loi.
M. LAPORTE: M. le Président, j'entends exercer mon droit de
réplique. Je me permettrai d'abord de dire que j'aurai rarement entendu
en deux jours autant de sophismes, autant d'arguments portant à faux et
autant de discussions qui ne se rapportent que très
légèrement au bill qui est à l'étude.
Nous allons, M. le Président, d'abord...
UNE VOIX: Soulever le point d'ordre.
M. LAPORTE: ... régler le cas du télégramme de
Verdun, évoqué avec beaucoup de satisfaction et
d'éloquence, je veux le lui signaler, par le député de
Missisquoi. Voici le texte de ce télégramme et j'ai
insisté pour qu'il nous le relise tout à l'heure...
M. BERTRAND: Je l'ai lu.
M. LAPORTE: Je vais le relire, si vous permettez, c'est tellement
émouvant, la démocratie. Cela fait tellement plaisir, ça
fait tellement chaud au coeur.
M. BERTRAND: Cela fait du bien au député de Verdun
actuel.
M. LAPORTE: C'est ça! « A l'unanimité, conseil de la
cité de Verdun, catégoriquement opposé au principe du bill
13, stop. (Là il était essoufflé.)
M. BERTRAND: Oui, arrêtez.
M. LAPORTE: Suppression de procédure de référendum
est antidémocratique. » « Catégoriquement
opposé au principe du bill 13, stop. Suppression de procédure de
référendum est antidémocratique. » Et là le
député de Missisquoi, qui a quand même des lettres, s'est
écrié avec éloquence: « Verdun, ça rappelle
des souvenirs!
M. BERTRAND: Et à vous aussi.
M. LAPORTE: Et ils ne passeront pas! » Bien imaginez-vous, M. le
Président, qu'ils sont passés. Imaginez-vous, M. le
Président, que la ville de Verdun qui m'a envoyé un
télégramme se déclarant catégoriquement
opposée, non pas au référendum, à la disparition du
référendum dans les annexions. « Suppression de
procédure de référendum ». La ville de Verdun,
ça me rappelle l'ancien député de Verdun, XII, 13,
Elizabeth II, 1964. Cela ne ramène pas à la guerre de 1914,
ça.
M. BERTRAND: L'an dernier.
UNE VOIX: Ils ont passé en 1940, par exemple.
M. LAPORTE: Bill privé de la ville de Verdun, article 5,
demandé par la ville de Verdun elle-même qui est si
catégoriquement opposée à la disparition de la
procédure de référendum. Article 5:
La cité de Verdun est autorisée sans autre
formalité que l'adoption d'un règlement par son conseil municipal
et l'approbation de ce règlement par le ministre des Affaires
municipales et la Commission municipale à emprunter par émission
d'obligations ou autrement les sommes suivantes; $100,000 pour la
reconstruction et le revêtement des bordures de trottoirs; $30,000 pour
la pose d'une conduite maîtresse d'eau; $50,000 pour l'aménagement
et l'amélioration de parcs; $90,000 pour la reconstruction des avenues
Ouimet et Galt; $25,000 pour la reconstruction du toit de l'auditorium; $25,000
pour la reconstruction des bassins cataliseurs...
M. BERTRAND: ... frais de l'administration.
M. LAPORTE: ... et $180,000 pour des améliorations et la
reconstruction du système. Pourquoi ce projet de loi? Parce que
ça avait été battu au référendum.
M. BERTRAND: Voyons donc.
M. LAPORTE: Cela avait été battu au
référendum, M. le Président. La cité de Verdun est
autorisée sans autre formalité que l'adoption d'un
règlement par son conseil...
M. DOZOIS: C'est ce que je disais hier. Le Parlement a pris ses
responsabilités.
M. LAPORTE: Oui, mais M. le Président... M. DOZOIS: C'est
ça.
M. LAPORTE: ... quand on est catégoriquement opposé au
référendum, c'est antidémocratique.
M. DOZOIS: Justement, ils sont venus devant nous.
M. LAPORTE: On vient ici demander ça et...
M. DOZOIS: C'est très bien.
M. LAPORTE: ... deuxièmement la cité est autorisée
sans autre formalité à emprunter jusqu'à $500,000...
M. DOZOIS: Certainement.
M. LAPORTE: ... pour l'aménagement du terrain situé le
long de la rive du fleuve St-Laurent...
M. DOZOIS: Parfait.
M. LAPORTE: Et plus que ça, M. le Président, la ville de
Verdun...
M. BELLEMARE: Oui, mais ils ont donné des avis.
M. LAPORTE: Ah, ils ont donné des...
M. BELLEMARE: S'il y avait eu des protestations, il y a eu des avis
publics aussi.
M. DOZOIS: C'est le Parlement qui l'a apporté.
M. LAPORTE: Ils ont envoyé un télégramme aussi.
M. BELLEMARE: Oui, oui, mais ils eu des avis publics.
M. BERTRAND: Il n'était pas question de fusion
là-dedans!
M. LAPORTE; J'avoue quelorsque le député de Champlain
commence à m'interrompre, j'aime ça parce que le coup a
porté, j'aime bien ça.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas compris.
M. LAPORTE: J'ai dit: quand le député de Champlain
commence à m'interrompre c'est parce que j'ai trouvé un bon
argument. Je le remercie, ça me fait plaisir.
M. BELLEMARE: Celui-là n'est pas fort.
M. LAPORTE: Deuxièmement, M. le Président, la ville de
Verdun, aussi scrupuleusement attachée au référendum,
ça fait deux ans de suite qu'ils viennent me voir, non pas pour des
règlements, mais vous disent: tâchez donc de nous soustraire
définitivement au référendum pour tout ce qu'on veut
faire. C'est ça le sacro-saint référendum de la ville de
Verdun.
M. BELLEMARE: Cela, ce sont des menteurs.
M. LAPORTE: Pardon?
M. BELLEMARE: Ce sont des menteurs publics.
M. LAPORTE: Je ne vous le fais pas dire, mais je leur dirai que vous
l'avez dit.
M. BELLEMARE: Non, non, c'est vous qui le dites publiquement. Je vais
faire un rapport au Conseil législatif.
M. LAPORTE; C'est le député de Champlain qui est un homme
rapide, qui a fait le rapprochement entre les deux puis qui a tiré la
conclusion.
M. BELLEMARE: Je n'ai jamais dit, M. le Président...
UNE VOIX: A l'ordre.
M. BELLEMARE: ... j'ai dit que la position que prend présentement
le ministre...
M. CREPEAU: Hors d'ordre.
M. BELLEMARE: ... fait dire au télégram-
me que ce sont des menteurs publics.
M. LAPORTE: Deuxièmement, M. le Président, nous aurions
reçu un certain nombre de télégrammes. J'ai
écouté après-midi la nomenclature faite par le chef de
l'Opposition et je les ai moi-même reçus. J'ai reçu 22
télégrammes de villes, de provinces ou de municipalités
régies par le Code municipal qui sont contre. J'ai reçu des
télégrammes de 16 villes, Montréal et Ile-Jésus,
qui sont contre. J'ai également reçu 13 télégrammes
de villes ou de municipalités qui sont en faveur du bill 13, mais
j'oublie ces 13 télégrammes probablement pour coïncider avec
le bill 13.
M. DOZOIS: Malchanceux.
M. LAPORTE: Mais les autres, M. le Président, ça fait 38
télégrammes, et là je vais utiliser le chiffre du
député de St-Jacques pour ne pas soulever un point d'ordre, 38
télégrammes sur à peu près 1,650
municipalités dans la province de Québec, ça fait
2%...
M. DOZOIS: Mille six cent soixante-dix-sept.
M. LAPORTE: Oui, 2% qui n'ont pas été prévenues, M.
le Président. L'Union des municipalités de la province de
Québec qui s'occupe de ses affaires a envoyé une lettre ou un
télégramme à toutes les cités et villes du
Québec demandant d'enregistrer leur approbation ou leur dissidence. Les
deux cent trente quelque cités et villes de la province de Québec
ont été prévenues de la passation du bill. Elles ont
été informées du texte du bill, puisqu'on l'a
photocopié et qu'on le leur a envoyé et elles ont
été invitées à nous envoyer des approbations ou des
protestations et de ces cités et villes nous en avons reçu 38,
c'est-à-dire moins de 2% et l'on pourrait citer, par exemple, celle qui
vient de la cité de Rimouski et qui indique bien que c'est l'Union des
municipalités qui a fait la consultation populaire; « M. Marcel
Lambert, Directeur général,
Union des municipalités de la province de Québec. «
Cher monsieur, Je suis chargé d'accuser réception de votre lettre
du 20 février et de la copie du bill 13 qui l'accompagnait et en
réponse, je dois vous informer que le Conseil de la cité de
Rimouski, siégeant en comité plénier hier, le 22
février, a étudié le projet de loi et il appuie à
l'unanimité les principes. » Quel con- seil
antidémocratique! Il appuie à l'unanimité les principes
émis par le bill 13. Le député de Champlain dit que
ça ne sera pas utile. Messieurs du conseil sont d'avis, ils doivent
connaître ça, ils ont été élus pour faire ces
choses-là, messieurs du conseil sont d'avis qu'une telle loi vient tout
à fait à point, tout à fait à point...
M. BELLEMARE: Bien cuisinée.
M. LAPORTE: ... puisque des projets de fusion se dessinent, sont
dessinés tranquillement, des projets de fusion se dessinent
déjà à l'horizon pour la réalisation du grand
Rimouski. M. le Président, si ça avait été, quand
ça a été le télégramme de Verdun.
M. DOZOIS: M. le Président, je voudrais soulever un point
d'ordre.
M. LAPORTE: Vous soulevez un point d'ordre.
M. MEUNIER: C'est choquant.
M. DOZOIS: M. le Président, en vertu de l'article 268 le
député dans son droit de réplique doit se borner à
répondre au préopinant.
M. LAPORTE: On a tous préopiné dans ce sens-là.
M. DOZOIS: II ne lui est pas permis d'avancer des faits ou des arguments
nouveaux à l'appui de la proposition en discussion. Or, je
prétends que le ministre à l'heure actuelle nous apporte des
arguments nouveaux puisqu'il 'nous lit un télégramme dont on n'a
jamais entendu parler avant et qui contient des arguments pour supporter son
bill.
M. LAPORTE: C'est bien.
M. BERTRAND: On ne peut pas répondre.
M. DOZOIS: Alors j'estime que vous devez le rappeler à l'ordre,
M. le Président.
M. BELLEMARE: II ne la relira pas.
M. LAPORTE: M. le Président, je fais amende honorable.
M. BELLEMARE: Excepté si le ministre... M. MEUNIER: Le point
d'ordre.
M. BELLEMARE: Oui, je parle sur le point d'ordre.
M. LAPORTE: J'ai fait amende honorable.
M. BELLEMARE: Excepté si le ministre nous permet de
répondre, le règlement y pourvoit. C'est l'article 3.
M. LAPORTE: M. le Président, pour éviter d'imposer
à la Chambre un autre discours du député de Champlain.
M. BELLEMARE: Ah! ça ça serait intéressant. Je me
sentirais en forme.
M. LAPORTE; Je vais m'en tenir aux vieux télégrammes des
deux derniers jours.
M. BERN1ER: Un par jour c'est assez. M. JOHNSON: La
Fédération libérale...
M. LAPORTE: Bien ce sont ceux que vous avez cités hier,
peut-être. Tous des télégrammes contre. Alors si la
Fédération libérale a assez de liberté d'esprit
pour faire ça, je suis d'accord.
M. BELLEMARE: Elle est enregistrée comme compagnie, elle?
M. JOHNSON: Vous êtes plus dictateur que je ne le pensais.
M. LAPORTE: ' Le chef de l'Opposition, il y a des fois où il
parle trop vite. Il y a des fois où il a le « starter »
bloqué, mais d'autres fois il parle trop vite. Hier il avait le
démarreur en désordre.
M. JOHNSON: Le quoi? Le « starter »?
M. LAPORTE; A Paris ça s'appelle un starter.
M. LAVOIE (Laval): Un démarreur.
M. JOHNSON: En Israël comment dit-on ça?
M. LAPORTE: M. le Président, si on veut sérieusement que
je termine avant dix heures, je promets de ne pas dépasser l'heure. En
Israël, on vous dira ça dans la langue d'Israël, n'importe
quand.
M. le Président, je lis quelques télégrammes que
j'ai pris au hasard; « Protestons suppression droit
référendum. La ville de Laprairie proteste suppression de
droit au référendum. Protestons suppression au droit au
référendum, Village de Ste-Agathe-Sud et ainsi de suite,
référendum, référendum. » M. le
Président, on va tenter de régler le cas des
référendums au sujet desquels on affirme que le gouvernement est
en train de le supprimer. Pour le supprimer, il faudrait d'abord se demander
s'il existe.
M. BERTRAND: Il n'existe pas.
M. LAPORTE: Ah tiens! il n'existe plus maintenant que je vais en
parler.
M. BERTRAND: Le ministre ne nous fera pas dire des choses qu'on ne dit
pas. Je dis que la consultation populaire n'existe pas dans le bill 13, c'est
clair.
M. DOZOIS: M. le Président, c'est le ministre qui est en train de
se dédire.
M. BELLEMARE: Mais le ministre n'a pas envie de dire qu'il n'a pas dit
qu'il l'enlevait le référendum.
M. DOZOIS: ... le ministre qui a dit qu'il l'enlevait le
référendum!
M. BELLEMARE: Une minute, je soulève un point d'ordre. Le
ministre lui-même, à la page 481...
M. CREPEAU: Quel article ça, le point d'ordre?
M. BELLEMARE: ... dit ceci; «J'admets au départ que le bill
13 met de côté le référendum.
M. DOZOIS: C'est le ministre qui .dit cela. C'est le ministre
lui-même qui l'a dit.
M. BELLEMARE: Et il continue en disant...
M. LAPORTE; Ne continuez pas vous par exemple.
M. BELLEMARE: Ah, non,non, c'est bien.
M. LAPORTE: M. le Président, j'ai affirmé qu'en vertu du
bill 13 il n'y a pas de référendum et l'Opposition me l'a assez
dit souvent pour que tout le monde le sache.
M. BELLEMARE: Vous admettez que vous le mettez de côté au
départ.
M. LAPORTE: M. le Président, je comprends que je suis
peut-être en train de réussir à entrer dans les arguments
de l'Opposition...
M. JOHNSON: C'est donc dur.
M. LAPORTE: ... mais je voudrais bien qu'il me laisse parler
tranquille.
M. BELLEMARE: Vous avez fait la même chose quand on a
parlé.
M. LAPORTE: Oui, puis je me suis excusé à chaque fois.
J'ai le tempérament, je peux vivre comme les députés!
M. BELLEMARE: Moi aussi je m'excuse!
M. LAPORTE: Ne recommencez pas. Ayez surtout le ferme propos!
M. BELLEMARE: Ah bien ça, c'est bien difficile, quand je vous
entends parler!
M. LAPORTE: M. le Président...
M. JOHNSON: La tentation est trop forte I
M. BELLEMARE: J'ai bien trop de plaisir!
M. LAPORTE:... le référendum que nous faisons
disparaître de la façon la plus antidémocratique. Voyons
d'abord ce qui se passe actuellement, pas en vertu du bill 13, ce qui se passe
en vertu du Code municipal de la province de Québec dans les cas
d'annexion. Ce sont les intéressés qui signent une requête
et le député de Lotbinière disait; on sait ce que c'est
une requête. Effectivement le député de St- Jacques
a probablement une certaine expérience également dans ce
domaine-là effectivement il nous arrive au ministère de
recevoir une requête en faveur d'une annexion et quelques jours plus tard
de recevoir une requête dans le sens inverse, et quand on compare les
signatures, il y a des mêmes noms qui apparaissent sur les deux. C'est
connu ça, M. le Président...
UNE VOIX: Ils ont le droit de faire ça.
M. LAPORTE: ... il y a des gens qui s'en vont faire le tour de la
paroisse puis ils disent: Aye! on a une requête pour une annexion; signe
donc ça. Puis deux jours après, les adversaires font le tour puis
disent: « Dis-moi pas que tu as signé ça. Mais qu'est-ce
que c'est que tu as pensé? » Ils signent sur l'autre
requête. Cela c'est la seule façon qui existe actuellement en
vertu du Code municipal; c'est la requête. Il n'y a pas de
référendum en vertu du Code municipal et tous les
télégrammes qui m'ont été envoyés de la part
de municipalités et régis par le Code municipal nous accusant de
faire disparaître le référendum, je dois simplement
déclarer que les faits nous prouvent qu'elles ne savent pas de quoi
elles parlent parce que dans le Code municipal, il n'y a pas de
référendum, il n'y a qu'une requête qui doit être
signée par 50% des électeurs et comme le chef de l'Opposition va
m'interrompre, je lui dis non d'avance. Deuxièmement M. le
Président, non, je ne veux pas.
M. JOHNSON: Ce sont ces gens-là, M. le Président, le
ministre va me permettre...
M. LAPORTE: Oui, oui.
M. JOHNSON: Ce sont ces mêmes gens-là, là qui ne
savent pas de quoi ils parlent qui vont décider à une
majorité du conseil de fusionner des villes.
M. LAPORTE: Cela, on verra ça tout à l'heure, on verra
ça tout à l'heure. Le chef de l'Opposition, s'il veut avoir la
patience d'écouter, il va être convaincu complètement
tantôt!
M. JOHNSON: Ah! Ste-Anne!
M. LAPORTE: Voyez-vous il a déjà peur de se faire
convaincre!
M. MEUNIER: C'est donc, qu'il ne veut pas comprendre!
M. DOZOIS: Le ministre me permettrait une question?
M. CADIEUX: Le chef de l'Opposition n'aura pas de chance.
M. DOZOIS: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous
dire si en vertu du Code municipal, une annexion peut se réaliser si les
propriétaires en majorité ne l'ont pas demandée?
M. LAPORTE: M. le Président, la réponse c'est non.
M. DOZOIS: Bon!
M. LAPORTE: La réponse est non.
M. DOZOIS: C'est ça.
M. LAPORTE: Ce n'est pas ça qu'on discute. On dit quelle est la
consultation populaire...
M. DOZOIS: C'est ça.
M. LAPORTE: ... et un de vos députés a
précisément dit que la seule garantie est une requête puis
il a dit: on sait ce que c'est qu'une requête. Cela, c'est la seule
garantie qu'il y a actuellement, puis on nous accuse de faire disparaître
le référendum. Je dis qu'il n'existe pas. Une requête ce
n'est pas un référendum, c'est un citoyen qui va de porte en
porte utiliser les arguments qu'il veut, pour faire signer des gens. C'est
envoyé au ministère des Affaires municipales...
M. DOZOIS: La fusion ou l'annexion, c'est important.
M. LAPORTE: ... qui les envoie aux conseils qui sont
intéressés, qui sont visés par l'annexion et quand
même que les conseils municipaux s'opposeraient à ce
moment-là, le ministre n'est pas tenu de prendre connaissance ou de
tenir compte des objections des municipalités. Pas du tout. Joindre le
Code municipal, ce n'est pas l'arbitraire ça?
M. DOZOIS: Ah bien s'il n'y a pas une requête, le ministre ne peut
pas agir voyons.
M. LAPORTE: Bien le député de St-Jacques s'il
écoutait ça lui éviterait de poser des questions. Je dis
qu'une fois que le conseil municipal a été informé de la
requête, même s'il s'y oppose le conseil municipal,...
M. DOZOIS: Oui d'accord.
M. LAPORTE: ... le ministre n'est pas obligé de tenir compte de
cette opposition, c'est ça l'autonomie que vous voulez
défendre?
M. DOZOIS: Non.
M. LAPORTE: Mais qu'est-ce que c'est que l'autonomie municipale? Le
conseil est défranchisé complètement dans ce
cas-là.
M. DOZOIS: C'est effrayant.
M. LAPORTE: Ah, c'est effrayant...
M. DOZOIS: II ne comprend pas.
M. LAPORTE: Non. Quatrièmement et c'est un autre point, sur
lequel je veux insister parce qu'on a tellement trouver effroyable la
discrétion que l'on donne au ministre en vertu du bill 13, en vertu du
Code municipal que le député de
Champlain disait; Béni le jour où nos municipalités
sont nées dans la paix, la concorde, en vertu du Code municipal de la
province de Québec, n'est-ce pas? Or en vertu du Code municipal, le
ministre a absolument discrétion pour recommander ou non l'annexion
quand même que 100% des électeurs propriétaires se seraient
prononcés en faveur de ça.
UNE VOIX: Le bill.
M. LAPORTE: 100%. Il l'a la discrétion complète. Cela,
c'est le référendum qui n'existe pas en vertu du Code municipal
et qu'on nous accuse de faire disparaître.
M. BELLEMARE: Ce que le ministre dit qu'il met de côté. Ce
n'est pas impressionnant. Il le met de côté.
UNE VOIX: Cela, c'en est une.
M. LAPORTE: Deuxièmement, la Loi des cités et
villes...
M. BELLEMARE: Quand le ministre dit qu'il le met de côté ce
n'est pas impressionnant.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il existe? Bien, si le député de
Champlain veut comprendre sérieusement...
M. BELLEMARE: Non, non!
M. LAPORTE: ... mon discours a dit qu'en vertu du bill 13, nous mettons
de côté le référendum. Il n'y en a pas dedans. C'est
ça que ça veut dire.
M. BELLEMARE: Ah non, non. Ce n'est pas ça.
M. LAPORTE: Bon.
M. BELLEMARE: Ah non, non. M. le Président, je soulève un
point d'ordre.
M. LAPORTE: Ah bon!
M. BELLEMARE: Ah non. Ce n'est pas ça. Le ministre n'a pas le
droit de donner une mauvaise information à la Chambre.
M. LAPORTE: Ah je n'ai pas le droit din-tervenir?
M. BELLEMARE: Non, M. le Président, pas comme
celle-là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE: Je soulève un point d'ordre.
M. LAPORTE: Le député de Champlain va maintenant
interpréter mon discours.
M. BELLEMARE: Je soulève un point d'ordre, M. le
Président, Parce que le ministre a pris la peine de citer quatre
différentes parties de la Loi qui a été amendée, en
citant, là où il a dit... de référendum.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. A l'ordre!
UNE VOIX: Un discours dans le discours! M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
messieurs. M. BELLEMARE: Qu'est-ce qu'il veut?
M. LE PRESIDENT: J'attire l'attention du député de
Champlain qu'il n'a pas le droit...
M. BELLEMARE: Il va en ramasser un, un de ces matins, tu vas voir
ça rien qu'une fois!
M. LE PRESIDENT: J'avertis le député de Champlain
puisqu'il ne veut pas écouter, j'avertis le député de
Champlain que s'il continue d'interrompre, je serai obligé de prendre
d'autres mesures.
M. BELLEMARE: Il reste quarante minutes. Ce n'est pas trop pire!
M. LAPORTE: M. le Président, je répète donc qu'en
vertu du Code municipal il n'existe pas de référendum
actuellement dans la province de Québec. Deuxièmement, la Loi des
cités et villes. L'initiative de l'annexion en vertu de la Loi des
cités et villes appartient au conseil qui veut annexer une
municipalité. Le règlement décrétant cette annexion
est envoyé après sa première lecture au conseil de la
municipalité dont une partie ou tout le territoire doit être
annexé.
M. BERTRAND: C'est ça!
M. LAPORTE: Si l'autre conseil accepte, on fixe une date pour
l'assemblée publique qui est présidée par le maire. Et
puis c'est lui, le maire, qui décide. Si les personnes qui sont dans la
salle, s'il y a plus de personnes pour qu'il n'y en a de contre et la loi ne
l'oblige même pas, vive la démocratie à
vérifier si les gens qui sont dans la salle sont des contribuables de la
municipalité. La loi ne l'oblige pas à faire ça.
UNE VOIX: Ah oui!
M. LAPORTE: Je ne dis pas que ce n'est pas son devoir de le faire.
M. DOZOIS: S'il y en a cinq qui demandent le vote?
M. LAPORTE: Un petit instant. S'il y en a cinq qui demandent le
vote...
M. DOZOIS: C'est ça!
M. LAPORTE: ... à ce moment-là, il n'y a pas de
référendum dans la population. Seulement les électeurs
propriétaires qui sont dans la salle sont invités à voter
immédiatement.
M. DOZOIS: C'est ça! M. BERTRAND: C'est ça!
M. LAPORTE: Bon.
M. DOZOIS: Us ont été avisés là.
M. LAPORTE: Et là, ce n'est pas un vote secret...
M. DOZOIS: Ils ont été avisés là.
M. LAPORTE: ... ce n'est pas un vote démocratique, c'est un vote
par un oui ou par un non. Quand bien même il y aurait un pour cent de la
population qui est présent, cela vaut pour toute la population. Cela,
c'est la démocratie de la Loi des cités et villes. Si vingt
électeurs décident de demander un référendum, ce
n'est pas en vertu de la Loi ou du chapitre sur les annexions, c'est en vertu
d'un article général où vingt électeurs peuvent
demander la tenue d'un référendum. C'est l'article 380 A, de la
Loi des cités et villes. Et, est-ce que l'autorité municipale est
obligée d'accorder le référendum? Non, M. le
Président, la loi dit que la municipalité peut accorder un
référendum, qu'elle est libre de dire oui ou de dire non.
A 362, on va y arriver, M. le Président. 375. 380 A.
M. DOZOIS: Dans le Code ça?
M. LAPORTE: Oui, oui, la Loi des cités et villes.
M. DOZOIS: Ah, la Loi des cité s et villes.
M. LAPORTE: S'll y a vingt électeurs c'est dit que la
municipalité peut, elle n'est même pas obligée. Or, le
référendum obligatoire, le référendum
définitif n'existe ni en vertu de la Loi des cités et villes ni
en vertu du Code municipal.
M. DOZOIS: Quel article? UNE VOIX: 380 A.
M. LAPORTE: On va le trouver et puis on va le lire, M. le
Président.
M. DOZOIS: Très bien.
M. LAPORTE: J'avais mis un signet et puis je l'ai perdu.
M. DOZOIS: Ah!
M. LAPORTE: Ah non, excusez. J'ai le Code municipal. C'est pour
ça que j'avais un petit peu de problème.
M. DOZOIS: Très bien. Oui. Très bien!
M. LAPORTE: Article 380 A, M. le Président. « De sa propre
initiative ou à la demande d'au moins vingt contribuables, le conseil
peut...
M. DOZOIS: Sous n'importe quel titre.
M. LAPORTE: ... soumettre aux électeurs municipaux toute question
pouvant faire l'objet d'une décision du conseil ».
M. DOZOIS: Oui.
M. LAPORTE: Alors, M. le Président, conclusion, il est temps que
la population sache de quoi l'on parle dans ce débat. IL n'y a de
référendum ni en vertu du Code municipal ni en vertu de la Loi
des cités et villes.
UNE VOIX: Bien non!
M. LAPORTE: Dans un cas, il y a une requête et dans l'autre il y a
une assemblée des propriétaires sans qu'on soit même
obligé de vérifier qui est là. C'est ça, M. le
Président qui est la situation.
M. DOZOIS: Est-ce que le ministre me permettrait une autre question?
UNE VOIX: C'est effrayant!
M. LAPORTE: C'est ça, M. le Président, qu'est la
situation.
M. DOZOIS: Est-ce que le ministre me permettrait une autre question?
M. LAPORTE: Bien oui.
M. DOZOIS: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous
dire si, en vertu de la Loi des cités et villes, la majorité des
propriétaires votant contre un projet d'annexion, est-ce que l'annexion
peut se réaliser?
M. LAPORTE: Ma réponse est encore une fois non, M. le
Président, ce n'est pas ça qu'on discute...
M. BERTRAND: Bien, voyons donc!
M. LAPORTE: ... on est en train de parler de ce processus
démocratique dont on nous a corné les oreilles depuis deux
jours.
M. BERTRAND: Ne vous choquez pas.
M. LAPORTE: Ah bien ça, ce n'est pas le député de
Missisquoi qui va reprocher aux autres de parler fort, j'espère!
M. BERTRAND: Ne vous choquez pas!
M. LAPORTE: M. le Président, je dis qu'il n'y a de
véritable référendum, ni dans un cas, ni dans l'autre et
que là aussi, M. le Président, qu'une fois les décisions
prises à la manière dont on le dit ici: « Le ministre a
absolument discrétion pour décréter ou ne pas
décréter l'annexion. » C'est ça qui se passe en
vertu des lois actuelles, M. le Président. Veut-on savoir ce que l'Union
des municipalités de la province de Québec, un corps que je
respecte, pour qui j'ai beaucoup d'estime, croit elle-même au sujet des
référendums? Ah, il y a bien eu une déclaration dans les
journaux; « L'Union des municipalités dit que le droit au
référendum est sacré. » Mais je pense que c'est
sacré seulement quand on est en présence de problème comme
celui-là, quand il y a une petite campagne d'orchestrée parce
qu'il est arrivé également à l'Union des
municipalités de la province de Québec de venir demander au
gouvernement certains changements à sa loi. L'Union des
municipalités, lorsqu'il s'est agi des problèmes ouvriers,
relations patronales-ouvrières avec les municipalités, on est
venu dire à ce moment-là: « Mais pour quelle espèce
de raison qu'on veut toujours soumettre les conseils municipaux à toutes
sortes de procédures?» Et on dit: « Telle
législation devrait constamment tenir compte du fait qu'il s'agit
d'un gouvernement où la démocratie s'exerce de la même
manière qu'elle s'exerce aux paliers supérieurs. »
Qu'est-ce que ça veut dire ça, M. le Président?
L'Assemblée législative, elle est souveraine dans ses
décisions; le Conseil législatif, il est souverain dans les
décisions qu'il rend. Les conseils municipaux, par l'Union des
municipalités, est venue nous demander de les rendre souverains dans
leurs décisions et je leur réponds que nous faisons un petit bout
de chemin dans ce sens-là avec le bill 13 que nous
présentons.
L'Union des municipalités, c'est le 18 mars 1963: « Nous
demandons que l'approbation des règlements municipaux, par les
électeurs propriétaires dans les municipalités de moins de
50,000 habitants, ne soit sujette à un référendum que si
telle procédure est exigée par au moins 200 des électeurs
c'était six autrefois 200 des électeurs
propriétaires intéressés tout en conservant le minimum,
qui a été augmenté avec les années, le minimum
actuel de 20. Nous demandons, de plus, que les règlements
prévoyant la construction d'aqueducs, d'égouts, de rues et de
trottoirs ne soient plus sujets au référendum. »
M. le Président, ça ce sont les référendums
qui sont sacrés, et remarquez que je suis d'accord avec l'Union des
municipalités, lorsqu'elle vient faire des demandes comme
celle-là que nous sommes disposés à étudier avec
infiniment d'attention, mais l'Union des municipalités ne peut pas en
même temps demander au gouvernement d'abolir le référendum
et de nous dire que le référendum est un droit sacré.
L'Union des municipalités de la province de Québec, 1965, 12
janvier; « Que l'Union des municipalités de la province de
Québec demande au gouvernement de la province, dès sa prochaine
session, de bien vouloir amender la Loi des cités et villes ainsi que le
Code municipal à l'effet que les conseils municipaux puissent
décréter, par simple règlement, une
rémunération payable aux maires et aux échevins pour leurs
services comme tel. » L'Union des conseils de comté, 3
décembre 1964: « Il est suggéré que le Code
municipal soit modifié afin de permettre de payer une indemnité
aux maires et aux conseillers par simple règlement, sans
référendum, à moins que 25 contribuables dûment
qualifiés soient présents à l'assemblée pour le
réclamer, le tout soumis pour approbation au ministre des Affaires
municipales. »
M. le Président, encore une fois, je ne dispute pas à
l'Union des municipalités son désir de moderniser sa
procédure, d'avoir le moyen de réaliser les tâches pour
lesquelles les con- seillers municipaux sont élus, mais encore une fois
on ne peut pas être à la fois pour et contre les
référendums. M. le Président, est-ce que le
référendum a un tel effet dans la province de Québec
actuellement?
Le chef du contentieux des Affaires municipales me dit que dans 90% des
cas où un conseil adopte un règlement qui prévoit des
procédures de référendum, le référendum
n'est pas demandé par les électeurs propriétaires, 90% des
cas, on est donc en train de faire cette bataille au nom de la soi-disant
démocratie pour 10% des cas dans la province de Québec.
M. le Président, nous allons nous demander ce que c'est que le
référendum, est-ce que c'est la seule façon de consulter
les citoyens? Il y en a trois façons, il y a la requête, il y a
l'assemblée publique et il y a le référendum, et
j'écoutais hier soir, à la télévision, un
professeur de droit, à l'université de Mpntréal, membre je
pense de la Ligue des droits de l'homme, défenseur avéré
de tout ce qui est démocratique dans la province de Québec, et ce
monsieur déclarait ceci, je résume à large trait son
opinion, j'ai pris des notes pendant qu'il parlait; « Je ne crois pas
à la magie du référendum, c'est un des moyens pour
consulter le peuple, le référendum devrait-il de toute
façon, disait-il, être autre chose qu'un avis dont le gouvernement
devrait tenir compte, mais qui ne va pas nécessairement influencer sa
décision. »
Et son argument était très simple: « imaginez que le
conseil municipal soit d'avis qu'il est nécessaire de faire telle chose,
imaginez que la commission municipale de Québec soit convaincue
elle-même que ce que le conseil municipal veut faire c'est
nécessaire, et que le ministre et le Conseil des ministres soient
également convaincus, il y a un référendum qui dit non.
Est-ce que vous pensez qu'à ce moment-là le Cabinet, le Conseil
des ministres doit refuser de prendre ses responsabilités?
M. le Président, c'est pour ça que ce professeur de droit
disait que de toute façon; « Le référendum qui n'est
pas le seul moyen de consulter les citoyens ne doit être qu'un avis dont
les administrateurs publics doivent tenir compte mais qui n'est pas
nécessairement décisif. » Et il disait en terminant;
« il faudrait réfléchir avant de dire qu'on doit conserver
à tout prix le droit au référendum.
M. le Président, je passe brièvement sur des choses que
j'ai dites hier. Y aurait-il que dans la province de Québec où la
démocratie serait en danger quand on adopterait une politique comme
celle du bill 13? Ça existe actuellement en Ontario où c'est
beaucoup plus sévère
qu'ici, ça va beaucoup plus loin puisque le ministre des Affaires
municipales, la commission municipale de l'Ontario peut, d'autorité,
fusionner des villes, et je ne sache pas que la démocratie soit
enterrée dans l'Ontario.
Je vais tenter de résumer les principaux arguments
apportés par l'Opposition contre le bill. Oh, je passe rapidement sur
une thèse assez étourdissante du député de
Champlain, qui commence, (étourdissante pour moi. J'ai le droit
d'être étourdi. Ça m'a étourdi votre thèse)
qui a d'abord prouvé de la façon la plus concluante que tout le
monde est contre le bill, que ça va être une catastrophe dans la
province de Québec, le bill, et le député ajoutait que le
ministre va être jugé très sévèrement,
c'était terrible,...
M. BELLEMARE: C'est le député de Mis-sisquoi qui a dit
ça.
M. LAPORTE: ... et le député de Champlain ajoutait: que le
ministre fait ça pour se faire du panache. Je vais mettre tout le monde
de mauvaise humeur pour me faire du panache!
M. BERTRAND: Cela va être un panache antidémocratique.
M. LAPORTE: On aprétendu, c'est le député de
St-Jacques, je résume le discours du député de St-Jacques
que j'ai lu. « On veut éviter, en somme, dit-il, que les citoyens
ne se prononcent. » Cela m'étonne. J'ai cru comprendre que le
député de St-Jacques n'avait pas lu le bill 13. On prévoit
une requête...
M. DOZOIS: Vous allez vous apercevoir que je l'ai lu à
l'étude en comité plénier.
M. LAPORTE: On va voir que... quoi?
M. DOZOIS: En comité plénier vous allez vous apercevoir
que je l'ai lu.
M. LAPORTE: On va être deux à l'avoir lu.
Inquiétez-vous pas!
M. DOZOIS: Cela n'a pas l'air que vous l'avez lu.
M. LAPORTE: On prévoit une requête, M. le Président,
on prévoit une enquête de la Commission municipale, on
prévoit un rapport au ministre et on dit qu'on prend les moyens pour
éviter que les citoyens ne se prononcent. Ils ont deux mois, ou presque,
pour faire valoir leur dissidence, la Commission municipale, dans certaines
circonstances, est tenue de tenir une enquête, et on veut éviter
que les citoyens ne se prononcent. Cela, ça reste encore assez
incompréhensible dans mon esprit.
M. DOZOIS: Le ministre fait à sa tête, après.
M. LAPORTE: « On pourrait faire un coup de force », et puis
là le député de St-Jacques a bâti une thèse
qui est absolument terrible. « Quatre conseillers municipaux profitent de
l'absence du maire pour passer une résolution juste à la fin de
leur mandat », et puis là il s'est aperçu que ce
n'était pas suffisant, il a dit « Evidemment, il faut que l'autre
conseil municipal fasse pareil. »
M. DOZOIS: Je n'ai pas parlé de la fin du mandat.
M. LAPORTE: M. le Président, si le député veut que
je relise son texte...
M. DOZOIS: Je n'ai pas parlé de la fin du mandat.
M. LAPORTE: Non, alors c'est un autre, c'est d'accord. Alors je vais
retirer « la fin du mandat ».
M. BELLEMARE: Retirez vos rires, vous autres!
M. LAPORTE: M. le Président, ça, c'est pour parler
sérieusement de la crainte du député. Disons d'abord que
nous devons, et c'est normal, lorsque nous adoptons de la législation,
présumer de la bonne foi des citoyens. Nous ne pouvons pas
légiférer ou refuser de légiférer parce que nous
prenons pour acquit que des gens ou des administrateurs vont être de
mauvaise foi. Il y a des lois pour s'occuper de ces gens-là.
M. DOZOIS: Des précautions élémentaires.
M. LAPORTE: Nous devons présumer... On va les voir les
précautions.
M. DOZOIS: Les précautions élémentaires.
M. LAPORTE: Les précautions élémentaires. Il
pourrait y avoir collusion, très bien. Est-ce que la collusion, lorsque
des citoyens qui envoient un certain nombre de demandes à la Commission
municipale obtiennent automatiquement une enquête publique dans la
municipalité? est-ce que le danger de collusion est plus grand qu'en
vertu du code municipal, ou des individus
que le chef de l'Opposition aurait qualifiés de gens qui veulent
manoeuvrer sur les terrains? est-ce que c'est plus dangereux que des gens peu
scrupuleux fassent le tour d'une municipalité, utilisent les moyens
qu'ils voudront pour faire signer une requête à l'abri de toute
vérification par qui que ce soit? Où est-ce qu'il est le danger
de collusion? Dans ma loi ou dans le Code municipal, M. le
Président?
M DOZOIS: Dans votre loi.
M. LAPORTE: II y a un bonhomme qui peut partir et puis faire trois,
quatre rues autour des terrains qu'il veut mettre en valeur parce que le
conseil municipal de la ville à laquelle il appartient refuse de se
rendre, disons, à ses demandes injustifiées; il peut faire signer
une requête avec les moyens qui lui sont propres. Là je
présume la mauvaise foi, comme le député de St-Jacques a
présumé de la mauvaise foi. Il peut faire signer une
requête avec les moyens qu'on peut imaginer; il n'y apersonne qui peut
vérifier il n'y a personne qui peut le surveiller, alors que dans la loi
que nous proposons il suffit que vingt électeurs, il suffit qu'un
pourcentage des citoyens envoient une demande à la Commission municipale
pour qu'elle soit obligée de tenir une enquête.
Je dis que, s'il y a danger de collusion entre des gens de mauvaise foi,
le danger est infiniment plus grand dans le Code municipal qu'il peut
l'être dans le bill 13 que je propose.
Le ministre aura trop de latitude. Cela ouvre la porte à
l'arbitraire. M. le Président, je viens de citer deux exemples: en vertu
de la Loi des cités et villes, puis en vertu du Code municipal, le
ministre a toute la latitude qu'il veut. Toutes les semaines, toutes les deux
semaines, j'apporte au Conseil des ministres les arrêtés en
conseil pour des fusions de municipalités. Si le ministre décide
de ne jamais les apporter, il a la discrétion complète. Qu'est-ce
que ça change avec la loi actuelle? Pourquoi n'est-ce pas grave, pas
dangereux cette discrétion-là quand c'est dans le Code municipal
et quand c'est dans la Loi des cités et villes? Et ça devient un
drame extraordinaire quand on le met dans le bill 13. C'est la
répétition de pouvoirs qui existent déjà.
M. BELLEMARE: On n'a pas besoin de la presse.
M. LAPORTE: M. le Président, le député a dit qu'il
faudrait faire, avec les annexions, un certain nombre de cas spéciaux
qui viendront ici devant la Législature débattre leurs
problèmes. C'est précisément une des lignes de force que
nous avons adoptée depuis quelques mois avant que le gouvernement ne
change, que l'ancien gouvernement a commencé à mettre sur pied et
que nous avons poussée, que toutes les municipalités de la
province de Québec doivent être sur le même pied,
régies par les mêmes lois afin d'éviter le plus possible
que les municipalités soient obligées de venir faire les
dépenses et venir déranger, retarder indûment le travail de
la Législature. Nous avons pris le nombre de bills privés des
municipalités à 85 à peu près par session et nous
sommes rendus à 20 ou 25 actuellement parce que nous avons dit: si c'est
bon pour les deux Châteauguay d'avoir une loi qui leur permette de se
fusionner, c'est bon pour toutes les municipalités de la province de
Québec. Si c'est bon pour une municipalité d'avoir tel pouvoir
nouveau, c'est bon pour toutes les municipalités de la province de
Québec et, au lieu de continuer à multiplier les bills
privés, nous avons amendé les lois générales.
M. BELLEMARE: Vous faites des bills publics comme pour la ville de
Chomedey, pour reporter les élections.
UNE VOIX: A l'ordre.
M. LAPORTE: Oui, bien il ne faudrait pas qu'on le dise au
député de St-Jacques, il dit que c'est précisément
le genre de bill qu'on a l'occasion de discuter, qu'on a l'occasion de
présenter publiquement...
M. BELLEMARE: Ce n'était pas une élection, ça,
c'était une prolongation des pouvoirs. C'était de retarder les
élections.
M. DOZOIS: La différence est que vous n'avez pas voulu le
référer au comité des bills publics pour entendre les
municipalités qui pouvaient s'y objecter.
M. CREPEAU: A l'ordre.
M. LAPORTE: Est-ce que le député de St-Jacques est
prêt à suivre le député de Champlain dans des
digressions comme ça?
M. DOZOIS: Non, non.
M. LAPORTE: On aura l'occasion d'en reparler.
M. DOZOIS: Vous invoquez le bill de l'an dernier.
M. CREPEAU: A l'ordre. A l'ordre.
M. LAPORTE: Je n'invoque pas le fait du bill de l'an dernier, j'invoque,
on est en train d'étudier le bill 13 et que je dis que nous
n'accepterons pas, comme le suggère le député de
St-Jacques, de faire une série de cas spéciaux avec des bills de
municipalités qui veulent se fusionner parce que c'est un gaspillage
d'argent, c'est un gaspillage d'énergie et ça peut retarder
indûment le travail de la Chambre. On ferait une loi
générale, les municipalités qui n'en voudront pas ne s'en
serviront pas, c'est tout.
M. le Président, une loi antidémocratique? je vais le dire
moi pourquoi elle est démocratique. Je leur ai demandé toute la
journée de me dire pourquoi elle est antidémocratique, je n'ai
pas eu l'ombre du début d'une réponse.
M. BELLEMARE: Vous n'avez pas voulu comprendre.
M. LAPORTE: Vous relirez votre discours. Je pensais qu'après
l'avoir demandé au chef de l'Opposition, l'avoir demandé au
député de Champlain, je pensais que le député de
Missisquoi me le dirait.
M. BERTRAND: Quelle suffisance!
M. LAPORTE: C'est plutôt votre discours qui a été
insuffisant.
M. DOZOIS: Ce n'est pas votre article 8 qui le rend
démocratique.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. LAPORTE: M. le Président, premier signe de démocratie,
c'est une décision qui est prise par les élus du peuple, les gens
qui ont été élus pour administrer la municipalité.
Cela commence là, ça c'est démocratique. J'en invite au
moins un à se lever pour dire que ça c'est pas
démocratique. Deuxièmement, lorsque les élus du peuple ont
pris leur décision, il y a un deuxième geste démocratique,
la consultation des citoyens. Ils peuvent pendant deux mois faire
connaître leur opposition. Troisièmement, afin de connaître
tout ce qui s'est passé dans la municipalité, enquête de la
commission municipale. Cela, je trouve que c'est bien plus démocratique
parce qu'on consulte les élus, on consulte les citoyens et on consulte
les experts. Cela est une loi qui est démocratique.
M.BERTRAND: On ne consulte pas les électeurs.
M. LAPORTE: Si on voulait me donner cinq minutes, je terminerais.
DES VOIX: Oui.
M. LAPORTE: Je vous remercie. Alors nous allons simplement tenter en
terminant de savoir encore une fois de quoi il s'agit. Le Code municipal,
puisque des journalistes m'ont posé la question, demeure, il n'y a
absolument rien de changé dans la procédure d'annexion du code
municipal. Il n'y a pas de référendum, il y a seulement une
requête des citoyens. Deuxièmement, la loi des cités et
villes demeure, il n'y a absolument rien de changé dans la loi des
cités et villes, il n'y a pas de référendum obligatoire
dans la loi des cités et villes. Troisièmement, le comité
des bills privés demeure pour les cas qui sont vraiment d'une nature
spéciale, comme par exemple, deux municipalités qui ne seraient
pas situées dans le même comté municipal, ça
ça prendrait un bill privé, le même comté
municipal.
Nous ajoutons un autre moyen. Nous avons entendu l'Opposition depuis
deux jours à tour de rôle, le député de St-Jacques,
le député de Missisquoi, le député de Champlain, le
chef de l'Opposition, le député de Lotbinière, faire leurs
petits compliments, leurs petits saluts à la nécessité du
regroupement municipal.
M. BERTRAND: Voyons donc!
M. LAPORTE: Cela en est un moyen,un autre. Ce qui existe
déjà demeure, et nous l'avons assez scruté, nous aurons
l'occasion de le voir en comité plénier. Je dis que c'est une loi
qui ajoute un moyen de plus de se mettre en route, dans le domaine du
regroupement municipal, c'est une loi qui ressemble à celle qui est en
Ontario et qui donne satisfaction et où personne n'est tenté de
crier à l'antidémocratie. C'est une loi qui, déjà,
a rallié la ville de Rimouski, a rallié les deux
municipalités de Châteauguay, a rallié les deux
municipalités de Chambly, a rallié la municipalité de
Cowansville, où demeure le député de Missisquoi, où
j'ai reçu un magnifique télégramme me disant qu'on est en
faveur.
M. BERTRAND: On a réglé notre problème en vertu de
la loi...
M. LAPORTE; Je vous dis que le maire de votre municipalité a
envoyé un beau télégramme pour dire que c'est une loi
progressive. C'est une loi taillée à la mesure de nos besoins
modernes. Voilà sur quoi je vais terminer, M. le
Président. Je suis plus fier que jamais d'être le parrain
de ce bill, et nous aurons l'occasion d'ici un an ou deux de savoir quel
résultat il aura donné.
M. LE PRESIDENT: La motion en deuxième lecture sera-t-elle
adoptée?
DES VOIX: Un vote.
M. LE PRESIDENT; Qu'on appelle les députés.
M. LESAGE: Vote renversé.
UNE VOIX: Quel vote?
M. LESAGE: II y a eu un vote sur...
M. LAPORTE: Sur l'amendement à six mois. On a eu un vote sur
l'amendement. Même vote renversé? Vu qu'il est dix heures.
M. LE PRESIDENT: Même vote que cet après-midi?
M. LESAGE: Renversé. Et d'autant plus que le chef de
l'Opposition...
M. BERTRAND: Enregistré.
M. LE PRESIDENT: Même vote renversé et
enregistré.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Et la motion de deuxième lecture est
adoptée.
M. BERTRAND: Ah! Ce n'est pas battu!
M. LESAGE: En comité, oui.
M. LAPORTE: En comité, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: M. Laporte propose que je quitte maintenant le fauteuil
et que la Chambre se forme en comité plénier pour étudier
le bill. Cette motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. DOZOIS: Article 1.
M. BERTRAND: Faites rapport au président.
M. BEAUPRE (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité demande
la permission de siéger de nouveau.
M. LE PRESIDENT: Quand siêgera-t-elle? A la prochaine
séance?
M. LAPORTE: A la prochaine séance? M. LE PRESIDENT: A la
prochaine séance.
M. LESAGE: M. le Président, avec la permission de la Chambre, je
voudrais annoncer qu'à moins de difficultés imprévues dans
l'impression, je devrais être en mesure de déposer le budget des
dépenses pour l'année 1965-1966, mardi prochain.
M. DOZOIS: A quand le discours? Vous ne le savez pas encore?
M. LESAGE: J'espère pouvoir être en mesure de le faire
avant les vacances de Pâques que je suggère aux
députés du 9 au 25 avril je pense?
M. BERTRAND: Au 27.
M. LESAGE: Au 27 avril. C'est ça.Aumar-di, 27 avril.
M. DOZOIS: Adopté.
M. LESAGE: Et j'espère pouvoir faire mon discours du budget le 8
avril, au soir.
UNE VOIX: Cela va être juste pour les vacances.
M. LESAGE: Cela peut changer. Je ne puis pas prendre d'engagement
définitif.
M. LAPORTE: M. le Président, quelques députés ont
demandé si nous allions siéger lundi, la réponse est non.
Nous allons siéger mardi.
M. le Président, je propose l'ajournement de la Chambre à
demain matin à dix heures et demie.
M. DOZOIS: Qu'est-ce qu'on va faire demain matin?
M. LAPORTE: Nous allons allés en Comité
plénier...
M. DOZOIS: On est bien mieux...
M. LAPORTE: ... et comme ça ne sera pas long...
DES VOIX: Ah!
M. LAPORTE: Ah!
M. LE PRESIDENT: La motion sera-t-elle adoptée?
M. DOZOIS: C'est un vendredi et c'est le bill 13.
M. LE PRESIDENT: Adoptée. La Chambre est ajournée à
demain matin à dix heures et demie.