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(Deux heures et demie de l'après-midi)
M. HYDE (président): Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs. Affaires courantes.
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus.
M. DIONNE: Pour M. Beaupré, j'ai l'honneur de déposer le
6e rapport du comité des bills privés en
général.
M. LE PRESIDENT: Présentations de motions non
annoncées.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. LAPORTE: A.
M. LE PRESIDENT: M. Lechasseur propose la première lecture d'une
loi modifiant la charte de Les religieuses hospitalières de St-Joseph de
l'Hôtel Dieu de Sorel. Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. JOHNSON: Je présume que c'est un bill qui normalement serait
venu par l'autre vote, celle des bills privés? Qu'on a voulu
évidemment...
M. LESAGE: C'est la décision de la construction, d'un
agrandissement, n'est-ce pas...
M. JOHNSON: ... contourner les règlements...
M. LESAGE: Non, non, non, on ne contourne pas les règlements.
M. JOHNSON: ... et peut-être avec raison...
M. LESAGE: Il n'est pas question de contourner les
règlements.
M. JOHNSON: Voici...
M. LESAGE: Non, c'est une charte.
M. JOHNSON: ... on avait donné l'avis qu'il n'y aurait plus de
bills privés.
M. LESAGE: Ce n'en est pas un, c'est un bill public.
M. JOHNSON: Non, mais le bill originant d'individus ou d'une corporation
dans la province.
M. LESAGE: C'est un bill public.
M. JOHNSON: Pourquoi en a-t-on fait un bill public?
M. LAPORTE: M. le Président, il avait été entendu
qu'aucune pétition ne serait reçue après le 1er mars. Il a
été impérieux de respecter les délais pour que les
gens s'habituent. Nous avons fait une exception, celle que l'on connaît,
et deuxièmement l'hôpital de Sorel avait un besoin absolu
d'amender sa charte dans l'immédiat. Alors, nous avons eu recours
à cette procédure en ne violant évidemment aucun des
règlements, puisque le règlement permet de présenter un
bill de cette façon-là.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée?
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance.
Anniversaire de M. Daniel Johnson
M. LESAGE: M. le Président, cette assemblée comptera
demain et j'espère que je vais prononcer le mot sans bafouiller
un quinquagénaire de plus.
Il y aura cinquante ans demain, en effet, que le monde
émerveillé entendait le premier discours de mon honorable ami
d'en face, qui se signalait déjà par une vigueur oratoire qu'il
n'a jamais démentie.
Pendant la dernière session, M. l'Orateur, alors qu'il
prononçait, paraît-il, d'après des statistiques que j'ai
lues, 23.5% des paroles dans cette Chambre et que je n'en prononçais que
10.4%, il m'arrivait assez souvent pendant que s'établissait cette
différence de pourcentage en sonorité vocale de l'étudier,
non sans admiration, car ilI faudrait être aveugle ou de mauvaise foi
pour ne pas reconnaître les ressources multiples de son intelligence. Par
exemple, lorsqu'à vec une habilité supérieure il patine au
son de la musique d'une valse « hésitation », lorsqu'il est
gauchiste de droite ou séparatiste-fédéraliste, lorsque
ça lui arrive de faire, lorsqu'il fait un hachis politique et social des
doctrines les plus hétéroclites, lorsqu'il est démocrate
en prêchant ne pas l'être, lorsqu'il est «
peut-être-iste », c'est-à-dire peut-être ceci ou
peut-être cela, lorsaue, comme ce personnage de je ne sais trop quel
conte de Stephen Lea-cock, il enfourche son cheval et part au galop
dans toutes les directions à la fois, je le soupçonne
franchement d'être, malgré sa grande facilité à
faire illusion, miné par sa trop lucide intelligence.
A l'occasion de son anniversaire de naissance, je lui souhaite de
conserver longtemps tous ses talents dans la force du quinquagénaire. Je
lui souhaite de demeurer toujours le lutteur des longues heures de travail et
que ces longues heures de travail n'émoussent jamais
l'efficacité. Et je lui souhaite de conserver intacte une santé
que son dévouement l'empêche de ménager.
Comme il est mon meilleur agent de publicité, en plus
d'être pas mal mon entraîneur, j'ai été parmi ceux
qui, l'automne dernier, s'inquiétaient le plus de ne pas le savoir
à son maximum de santé et même de lui voir un air
défait. Je suis aujourd'hui parmi ceux qui se réjouissent le plus
de le savoir en excellente forme.
Si mon amitié pour lui triomphe aussifacile-ment des
circonstances quotidiennes où, ni lui, ni moi, ne cherchons à
retenir la force de nos coups, hier, par exemple, c'est lapreuve qu'elle est
réelle et sincère et je serais profondément
déçu si je croyais que c'est moi personnellement que ses coups
veulent blesser. Ses attaques, j'en suis sûr, font abstraction de l'homme
et quand, emporté par sa propre éloquence, il qualifie le premier
ministre de traître à la nation, je suis sûr qu'il ne
condamne pas l'ami. Et si jamais, le séparatisme ayant un jour
triomphé du fédéralisme, il devient dictateur de la
Laurentie, eh bien, M. le Président, je serai certain de lui
créer un dilemme cornélien lorsqu'il examinera la liste des
traîtres à la nation qu'il devra faire fusiller.
Mais, M. le Président, à chaque jour suffit son plaisir.
Je veux aujourd'hui m'inspirer d'une amitié réelle pour souhaiter
au chef de l'Opposition tout le bonheur qu'il mérite comme homme et
comme chef de parti. Je lui souhaite d'éprouver toujours la satisfaction
d'avoir livré tous les combats qu'il aura cru nécessaire
d'engager. Je lui souhaite une excellente santé et je le prie de
transmettre à Mme Johnson, ainsi qu'à ses enfants et
particulièrement à ses deux fils aînés que je
connais l'expression de mon hommage et de notre amitié. Et je
suis sûr, M. le Président, que j'exprime l'opinion de tous,
malgré nos différences politiques, en répétant
combien tous nous sommes heureux de voir le chef de l'Opposition revenu en
pleine forme, après avoir passé à travers certaines
difficultés au point de vue de la santé. Tout semble être
rentré dans l'ordre, et je lui souhaite sincèrement de garder
cette belle forme qui nous permet de le garder où il est.
M. DOZO1S: M. le Président, vous me permettrez, au nom de l'Union
nationale et tant au nom de tous ceux qui sont ici présents que
des absents de me faire l'interprète des collègues de la
gauche auprès de notre chef, M. Johnson, qui demain, comme l'a
souligné aimablement le premier ministre, célébrera son
anniversaire de naissance.
C'est avec joie que nous de l'Union nationale, nous voulons offrir
à notre chef des voeux de santé, des voeux de bonheur et des
voeux de succès. Personnellement, je pourrais ajouter, M. le
Président, que M. Johnson est un ami depuis près de 25 ans; nous
avons oeuvré dans les mêmes associations, notre amitié
remonte au temps de la Chambre de commerce des jeunes de Montréal et
elle ne s'est jamais démentie depuis, même si au cours d'un
congrès j'appuyais un autre candidat. Mais, précisément
parce que M. Johnson ne sera jamais un dictateur, qu'il est un grand
démocrate, il a accepté cette façon de ma part de lutter
dans le parti de l'Union nationale et dès que la lutte a
été terminée, je me suis retourné vers lui pour lui
offrir une collaboration qui ne s'est jamais démentie.
Le chef de l'Union nationale est pour nous un encouragement, vraiment un
chef de file. Souvent nos adversaires ont fait allusion aux difficultés
que le parti pouvait avoir par ses divisions...
M. LESAGE: Avait traversées.
M. DOZOIS: Pardon?
M. LESAGE: Avait traversées.
M. DOZOIS: Avait traversées. Peut-être. Mais, je dis: pas
seulement ce que le premier ministre vient de dire, mais ce que l'on a
répété, depuis quelques années. Eh bien, je peux
vous dire, M. le Président, que ces difficultés que tous les
autres voyaient n'étaient pas des difficultés pour nous et que,
de toute façon, si difficultés il y a eu, je pense que depuis le
21 mars, non seulement les gens qui sont actifs dans la politique, mais toute
la population de la province s'est rendue compte qu'il n'y a pas de
difficultés dans l'Union nationale et que nous sommes tous en
arrière, solidement en arrière de notre chef qui, nous sommes
sûrs, conduira la province de Québec et le peuple
québécois vers sa destinée et fera sûrement sa part
pour atteindre les buts que nous visons. Personnellement j'offre mes meilleurs
voeux, et je me fais l'interprète de tous mes collègues, pour que
M. Johnson, je le dis, soit en bonne santé. On a pensé qu'il
avait
été gravement malade récemment, mais il s'est tout
simplement donné un « new look »,il est...
M. LAPORTE: Ah, c'est ça, la façon nouvelle?
M. DOZOIS: ... en meilleure santé que jamais, peut-être au
grand désespoir de ses adversaires. Je pourrais même dire qu'il
est dangereusement bien.
Je m'associe donc au premier ministre pour lui offrir, ainsi qu'à
madame Johnson et à toute sa famille, au nom de l'Union nationale, nos
meilleurs voeux de bonne fête.
M. JOHNSON: M. le Président, les jours se suivent et ne se
ressemblent pas. Pour un homme habitué à lutter, les compliments
sont généralement plus difficiles à accepter que les
critiques et, devant les compliments que m'ont présentés le chef
du parti libéral et le député de St-Jacques au nom de mes
collègues, M. le Président, je perds pratiquement tous mes
moyens.
Je les remercie tous deux, ainsi que ceux au nom desquels ils parlaient,
pour ces bons voeux et je les remercie particulièrement pour cette
délicate attention qu'ils ont eue d'offrir des hommages à mon
épouse et à ma famille qui sont les premières victimes de
cette vie politique au même titre, évidemment, que les
épouses et les enfants des autres députés de cette Chambre
et de tous ceux qui oeuvrent dans la vie publique à divers
échelons.
Evidemment, le premier ministre m'a rendu la tâche un peu plus
facile en poivrant et vinaigrant ses compliments...
M. LESAGE: Non! pas vinaigrés! M. JOHNSON: ... d'une
façon... M. LESAGE: Un peu de poivre.
M. JOHNSON: ... d'une façon charmante, M. le Président,
mais qui dénote l'homme en même temps. Le premier ministre se
trahit lui-même constamment dans toutes ses interventions, qu'elles
soient faites sur le ton badin ou sur le ton sérieux.
Il a commencé d'abord par une erreur. Il a fait allusion à
ma prime jeunesse il y a cinquante ans. Il a fait allusion à mes
premiers discours prononcés il y a cinquante ans. Je lui dirai que ma
mère m'a toujours rappelé que, de ses dix enfants, j'avais
été à la fois le plus sage, le plus docile...
M. LESAGE: Ah, M. le Président, je comprends, il se reprend pour
ce temps-là.
M. JOHNSON: ... et le moins...
M. LAPORTE: On a hâte à votre deuxième jeunesse.
M. JOHNSON: Et le moins difficile, évidemment, à endurer
car vous voyez une mère de famille qui a dix enfants, c'était, M.
le Président, une tâche qui n'était pas du tout facile,
surtout quand on sait que le père était un humble commis de
magasin qui a connu l'insécurité de l'emploi à cause du
manque d'organisation d'unions ouvrières dans le temps et qui a souffert
un peu de persécution à cause de ses convictions politiques.
C'est peut-être là que j'ai conçu un jour l'ambition
d'apporter à la politique ma contribution la plus sincère. Le
premier ministre a tenté de démontrer mes hésitations et
mes valses d'hésitation, comme il dit dans une formule heureuse. Le
premier ministre voudrait bien avoir lui aussi un émule car moi j'ai
déjà comparé le premier ministre à un
métronome, tantôt à gauche, tantôt à droite et
à quelqu'un qui me disait; « Mais pourquoi ne dépassez-vous
pas le parti libéral par la gauche? »
M. LAPORTE: II est aux trois places en même temps.
M. LESAGE: II n'y a pas de place. Il prend toute la place au
centre-gauche, et si on essaie de me dépasser à droite ou si on
essaie de me dépasser à gauche on va dans le fossé.
M. JOHNSON: C'est justement, M. le Président, ce que j'ai dit aux
gens, je voudrais bien le dépasser par la gauche ou par la droite...
M. LESAGE: Vous n'êtes pas capable, vous allez tomber dans le
fossé.
M. JOHNSON: ... mais il conduit le véhicule de l'Etat comme un
chauffeur dont les facultés sont affaiblies...
M. LESAGE: Je tiens le milieu du chemin, il n'y a plus de place.
M. JOHNSON: ... il caracolle d'un côté à l'autre de
la route, M. le Président. Au moment où l'Union nationale
aimerait le dépasser a gauche, il vous donne un coup de barre à
gauche, et quand on tente de le dépasser à la droite, il se
trouve un homme comme le secrétaire de la province pour vous donner un
de ces coups à droite! Mais quand on suit les pistes de ce
véhicule, je vous assure qu'on aurait une cause prima facie pour enlever
le permis, et c'est ce qui va arriver aux prochaines élections. M. le
Pré-
sident, les gens me demandent souvent et je suis certain que la
question est posée au premier ministre; « En dehors de la Chambre,
comment vous comportez-vous l'un envers l'autre? » Les gens se demandent
si nous pouvons nous parler en dehors de la Chambre sur le plan personnel. Je
dirai, M. le Président, que je connais le premier ministre depuis
au-delà de 25 ans et, à sa grande surprise, je lui apprends
aujourd'hui que j'avais décelé sa vocation définitive
d'homme politique. J'avais à ce moment-là eu le plaisir de le
rencontrer à Québec lors d'une réception sociale. Nous
étions jeunes avocats tous les deux, il m'avait dit sans aucune
hésitation: «Moi c'est la politique avant tout, c'est ma
carrière et j'en ferai un succès. »
M. le Président, aux gens qui me posent la question, en dehors de
vos chicanes en Chambre, de vos prises de bec qui sont assez violentes
quelquefois, comment vous comportez vous dans l'intimité? Bien je leur
dis: « II y a un peu la solidarité du métier et moi j'ai
pour le premier ministre beaucoup d'estime. » Je sais comme chef de parti
que c'est une fonction extrêmement difficile, et la fonction de chef de
parti nous cause peut-être à tous deux plus de problèmes
que la fonction respective de premier ministre et de chef d'Opposition. Mais je
dois dire ici publiquement que mon estime et mon amitié pour le premier
ministre sur le plan personnel vient de la grandeur des problèmes qu'il
a comme chef de parti et, quand j'en ai quelques-uns, moi, je me console. Je me
dis: « Mon Dieu, comparé à ceux qu'a le premier ministre,
les miens sont des pécadilles et des petits problèmes. » Et
vous avez vu comme toute la province récemment comment un chef de parti
peut être heureux de sentir qu'il a l'appui unanime, l'appui franc, loyal
donné en toute liberté dans un climat de démocratie...
M. LAPORTE: Vous avez poussé un vrai soupir de soulagement.
M. JOHNSON: ... un appui, M. le Président, qui redonne au lutteur
fatigué et éprouvé temporairement par la maladie cette
vigueur dont nous croyons avoir donné depuis quelque temps des exemples
éclatants.
M. le Président, je ne puis m'empêcher de vous rappeler
aujourd'hui un incident et un échange de remarques que j'avais entendu,
jeune député, entre le chef du parti de l'Union nationale et son
prédécesseur à ce poste qui était devenu maire de
Montréal, M. Camilien Houde. On se souvient qu'en 1933 le maire de
Montréal avait déclaré publiquement après la
convention de Sherbrooke: « Ils périront ou je périrai
»
( C'est-à-dire « ils » désignait à ce
moment-là M. Duplessis et son groupe et dont était
évidemment le député de Yamaska). Et quant après la
réconciliation en 1948, M. Houde s'est amené ici pour discuter du
bill de Montréal, il s'était absenté du comité des
bills privés comme il se doit afin de ne pas participer à cette
discussion concernant son droit à la pension. Quand il est revenu dans
la salle qui était archicomble, tout le monde s'est mis à
taquiner M. Houde, M. Duplessis d'un côté, M. Marier qui
était chef parlementaire du parti libéral de son
côté et on s'est échangé de bons souhaits jusqu'au
moment où M. Duplessis a dit à M. Houde: « Tâchez de
vivre longtemps, de bénéficier longtemps de votre pension,
l'autre côté je ne vous verrai pas car moi, je serai au ciel
». Et M. Houde, après avoir laissé tomber les rires,
s'était retourné vers M. Duplessis et lui avait dit: « Mais
tout le monde sait qui m'aura fait damner »!
M. le Président, d'avance j'admets, et je prie le futur ministre
de la Justice d'enregistrer mon aveu, que si jamais le premier ministre est
damné, j'en serai en partie responsable en accomplissant mon devoir de
chef de l'Opposition.
Je remercie tous les députés de cette Chambre pour ces
voeux bien sentis, je n'ai aucune restriction à faire envers qui que ce
soit, l'humain dépasse le métier à un moment donné
et sur le plan humain j'ai beaucoup d'admiration pour tous ceux qui oeuvrent
dans la politique et si quelquefois il m'arrive de donner des coups, que le
premier ministre soit bien rassuré, ce n'est pas l'homme que je vise,
c'est la fonction. Notre système le veut ainsi, le chef de l'Opposition
doit faire valoir, avec autant de vigueur que ses talents le lui permettent,
les arguments d'une façon éclatante à un moment
donné.
Je regrette d'avoir été mal cité. Je n'ai jamais
accusé ni le premier ministre, ni le ministre de l'Education
d'être des traîtres...
M. LESAGE: Vous l'avez dit en Chambre.
M. JOHNSON: ... j'ai dit que leurs gestes étaient une trahison
envers la nation.
M. LESAGE: Non, non. M. le Président, je l'ai très bien
entendu en Chambre, le chef de l'Opposition, me trailer de traître
à la nation.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre a raison
d'Interpréter ça...
M. LESAGE: C'est depuis ce temps-là que je pense que je suis sur
la liste des gars à fusiller.
M. BELLEMARE: L'exécution, ce n'est pas pour demain.
M. LAPORTE: Vous voulez dire qu'on ne peut pas ajourner ce
débat-là à demain?
M. BELLEMARE: Ce n'est pas pour demain.
M. JOHNSON: Je regrette, M. le Président, que même dans une
occasion pareille je doive faire des mises au point. J'envisage pour la nation
canadienne-française une destinée qui ne sera pas à la
merci d'une majorité et qui a des intérêts divergents aux
nôtres. J'envisage pour la nation canadienne-française dans
l'égalité ou l'indépendance si c'est nécessaire,
des destinées que lui méritent deux cents ans de lutte et trois
cents ans de fidélité. J'envisage pour cette nation à
laquelle je suis soudé par la culture française, même si
mes origines sont mixtes, j'envisage pour elle un grand avenir même s'il
fallait le faire dans l'indépendance. Mais j'ai prétendu que
notre parti est celui qui pourrait le faire dans l'ordre, dans le respect des
droits individuels et des droits collectifs.
La démocratie, ça nous connaît et j'invite tous les
libéraux qui veulent venir à l'école de la
démocratie de traverser la Chambre et ensuite, M. le
Président...
M. LAPORTE: II n'y a pas de règlement qui limite les
remerciements à son anniversaire?
M. LESAGE: C'est permis dans les règlements, ces
vantardises-là?
M. JOHNSON: M. le Président, quand, dégagés de
l'esprit de parti, les députés qui ont le goût de
franchir...
M. LESAGE: Est-ce qu'il y a moyen d'avoir une grande épingle pour
dessouffler la « ba-loune »?
M. JOHNSON: ... cet espace qui nous sépare nous serons assez
nombreux pour ensuite aller former de l'autre côté un
gouvernement.
M. LESAGE: Est-ce qu'il existe des épingles assez longues pour
dessoufler les « ba- lounes »?
M. JOHNSON: Je voudrais remercier le premier ministre dans la mesure
où il a été sincère, et vous comprendrez que
ça me prenne un peu de temps...
M. LESAGE: C'était très sincère.
M. JOHNSON: ... si on mesure sa sincérité à la
longueur de mes remerciements... mais je crois plutôt qu'il faudrait
mesurer la longueur de mes remerciements à l'embarras que j'avais
à déceler quelle était la sincérité et quel
était l'aspect humour, quel était l'aspect politique de ses
compliments.
M. LAPORTE: Vous ne parlez pas du député de
St-Jacques?
M. JOHNSON: Je remercie le premier ministre et le député
de St-Jacques avec sa franchise...
M. PINARD: Cela commence à être compliqué votre
affaire là.
M. JOHNSON: ... sa franchise qui le caractérise avec sa
gentilhommerie...
M. LAPORTE: C'est pour ça que vous aviez de la misère
à déceler si c'était vrai.
M. JOHNSON: ... sa gentilhommerie qui lui acquiert tant d'amis est l'un
des adversaires à la convention qui s'est rallié le plus
rapidement et qui a bien voulu donner sans réticence sa
coopération. Il a là établi un exemple et un
précédent que tous mes collègues ont suivi, et je regrette
si cela rend le premier ministre malheureux...
M. LESAGE: Ah! ça ne me rend pas malheureux.
M. JOHNSON: ... mais jamais nous n'avons été aussi
prêts à former un gouvernement que nous le sommes
actuellement.
Message du Conseil
M. LE PRESIDENT: Message du Conseil législatif. Le 8 avril 1965.
« Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec un amendement, qu'il la prie
d'agréer, le bill suivant, bill No 8 intitulé « Loi des
mines ».
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
»
Un amendement.
M. LAPORTE: Les honorables messieurs de la Chambre haute ont
scruté à la loupe les 317 articles du bill 8, Loi des mines, et
ont
trouvé un amendement à l'article 130 que l'on propose de
modifier. Sous certaines circonstances, le ministre, en vertu de la loi telle
que votée par l'Assemblée législative, pourrait
révoquer le bail ou la concession qui avait été
accordée. Le Conseil législatif suggère que nous fassions
disparaître les mots "par le ministre",ce qui veut dire que
l'article se lirait comme ceci: « Toute infraction à ces
dispositions rend le bail ou la concession révoquable » et l'on
ajoute à cet article un quatrième paragraphe qui se lirait comme
suit: « Les articles 206 à 213 s'appliquent à cette
révocation, ce qui veut dire que la révocation passe de
l'autorité du ministre à l'autorité du
lieutenant-gouverneur en conseil. Ce sont les deux seuls amendements ou le seul
amendement. Si on voulait l'adopter immédiatement, ça permettrait
à ce bill d'être sanctionné à 5 h 15 cet
après-midi lorsqu'il y aura sanction.
M. BELLEMARE: On avait fait justement remarquer à l'honorable
ministre lors de l'étude du bill 8 en bas en comité que
c'était une anomalie. Je suis très heureux de voir que le Conseil
législatif a remis...
M. LESAGE: Non, c'est venu par nous autres.
M. BELLEMARE: Par vous autres? Très heureux de voir qu'il y a
encore des communi-cateurs.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Adopté. Affaires du jour.
M. LAPORTE: Numéro 7.
M. GERARD LEVESQUE: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel pour 1964 de la Compagnie canadienne de
l'Exposition universelle 1967.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre est-il...
M. LESAGE: En forme? Oui. M. BELLEMARE: Pas bien bien.
M. JOHNSON: ... certain que son télégramme ou son message
télégraphique adressé au parti civique de Chomedey n'a pas
été livré?
M. LESAGE: Bien, j'ai dit ce que j'en savais, M. le Président.
J'ai reçu le télégramme des
télécommunications du Canadien National et je n'ai pas eu de
nouvelles depuis.
M. BELLEMARE: Ah!
M. JOHNSON: M. le Président, je tiens à informer le
premier ministre et la Chambre...
M. LESAGE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: ... si le chef de l'Opposition a des informations à me
donner, au sujet de ma correspondance, il me les donnera privément. Il
est ici pour poser des questions, non pas pour donner des informations à
ce stade-ci des procédures. Je le rencontrerai pour lui serrer la main
en arrière du Trône et il me donnera les renseignements.
M. LAPORTE: Dans la main, il aura son message.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LESAGE: Je ne veux pas donner les informations à la Chambre.
Il m'a posé une question, j'ai répondu.
M. JOHNSON: ... j'ai une question à poser au premier ministre.
A-t-il reçu un télégramme?...
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: ... du parti civique de Chomedey?
M. LESAGE: Non. M. le Président, je n'ai reçu aucun
télégramme ce matin ni hier, jamais...
M. JOHNSON: ... accusant réception de son
télégramme daté du 6 avril...
M. LESAGE: M. le Président, la réponse est non. La
réponse est non.
M. JOHNSON: Oui, mais pas à la même question.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LESAGE: La réponse est non. Je n'ai pas reçu de
télégramme du parti civique de Chomedey.
M. LAPORTE: Je pense que la question vous intéresse plus que la
réponse.
M. LESAGE: Je n'ai pas reçu... M. JOHNSON: M. le
Président... M. LESAGE: ... de télégramme... M. LE
PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: ... le procureur général a-t-il apporté
pour dépôt en Chambre la lettre qu'il a reçue de deux,
signée conjointement par deux personnes, et prenant la
responsabilité des écrits signés le parti civique de
Chomedey?
M. WAGNER: Le chef de l'Opposition devrait savoir que la lettre qui
m'avait été envoyée référait à un
mémoire antérieur soumis sous le nom de comité civique. Je
n'ai reçu aucune lettre additionnelle concernant le mémoire que
le chef de l'Opposition a entre les mains.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. LAPORTE: Numéro 7.
M. DOZOIS: M. le Président, j'aurais aimé m'abstenir de
faire cette intervention aujourd'hui, surtout dans le climat qui
présidait à nos délibérations il y a quelques
minutes, mais comme la Chambre doit s'ajourner demain, et que depuis une
dizaine de jours à plusieurs reprises, nous avons demandé la
production du dépliant distribué aux contribuables de l'île
Jésus et que nous ne l'avons pas encore reçu, j'estime, M. le
Président, qu'il est inconcevable que le ministre des Affaires
municipales...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je comprends que le député de
St-Jacques parle sur la motion..,
M. DOZOIS: Motion d'aller en subsides. M. LE PRESIDENT: ... d'aller en
subsides.
M. DOZOIS: Oui. J'estime M. le Président qu'il est inconcevable
que le ministre de s Affaires municipales après nous avoir
informés qu'il faisait préparer ce dépliant et
après l'information erronée qu'il avait donnée lors de
l'étude de ses crédits, à l'effet que ce dépliant
ne serait pas prêt avant le 1er avril, et que ce dépliant ayant
été envoyé à tous les contribuables, les citoyens
de l'île Jésus, il y a déjà plus de dix jours, et
malgré les interventions que nous avons faites en cette Chambre pour lui
demander la production de ce document... Et encore hier, M. le
Président, à la période des questions, j'ai posé
cette question, je trouve inimaginable, M. le Président, qu'un document
payé avec les deniers du gouvernement qui est envoyé par
plusieurs milliers de copies à des contribuables sur une question qui
intéresse tout le monde mais en particulier la députation,
puisque c'est une attitude du ministère des Affaires municipales, je
dis, M. le Président, qu'il est inconcevable que le ministre des
Affaires municipales traite en somme les députés de cette
façon. Il me semble que dans un Parlement comme le nôtre, il est
élémentaire, M. le Président, que lorsqu'il y a des
communications qui intéressent d'une façon particulière
les députés et des communications qui découlent
précisément des crédits votés par cette Chambre, il
me semble qu'il est de la plus élémentaire politesse pour ne pas
dire davantage que ces documents soient déposés surtout
lorsqu'ils sont demandés à plusieurs reprises.
Je ne sais pas de quelle façon le ministre a
procédé mais je sais que des gens de lfle Jésus ont
reçu cette littérature lundi de la semaine dernière. Lundi
de la semaine dernière il y en a qui ont reçu cette
littérature par la poste. Or voici que de ce dépliant, lorsque
les crédits ont été votés, on nous a donné
le caractère qu'il devait avoir. Nous avons demandé des
explications sur son contenu, on nous adit; « Vous en verrez le contenu
quand il sera imprimé. » Or, le dépliant est
distribué par milliers à la population et nous n'en avons pas
encore vu un seul exemplaire en cette Chambre. Je trouve, M. le
Président, cette chose inadmissible. La conduite du ministre des
Affaires municipales dans les circonstances est absolument condamnable et je ne
puis croire qu'avant l'ajournement des Chambres il ne prendra pas les
dispositions nécessaires pour que nous ayons tous et chacun un
exemplaire de ce document. Je le répète, c'est une question qui
intéresse non seulement la population de lfle Jésus, qui
intéresse les membres de cette Chambre parce que nous avons d'abord
reçu un exemplaire des mémoires présentés par la
Commission Sylvestre. Le ministre a annoncé, en dehors de cette Chambre,
que le gouvernement avait pris une décision quant à l'attitude
qu'il prendrait sur cette question. Et il me semble que le ministre, la
première chose qu'il aurait dû faire, surtout après se
l'être vu demander plusieurs fois, il aurait dû, au moins, nous
faire tenir des exemplaires de cette littérature.
M. JOHNSON: M. le Président, pourrions-nous avoir au moins une
explication de la part du ministre à la suite d'un geste qui est
clairement, évidemment antidémocratique? L'attitude du ministre
telle, que décrite bien sobrement par
le député de St-Jacques, en est une qui, à mon
sens, viole les privilèges de cette Chambre. Il y a quand même une
limite à ce qu'un gouvernement, responsable de la dépense de
l'argent des contribuables, puisse faire en vue de mettre en vigueur une loi
qui viendra peut-être devant nous, un projet de loi qui n'est même
pas encore couché en termes appropriés.
Si mes renseignements sont exacts, la brochure a été
distribuée par les bureaux de poste ou par le bureau de poste. Si mes
renseignements sont exacts je les puise dans un journal qui est sorti ce
matin, un journal de 111e Jésus on aurait omis de distribuer des
exemplaires en langue anglaise et les contribuables de langue anglaise de
l'île Jésus, avec raison, sont frustrés en constatant
qu'ils ne peuvent obtenir le texte de ce document émanant du
gouvernement dans leur langue, comme c'est leur droit strict en vertu de la
Constitution et des coutumes suivies dans cette province.
M. le Président, si nos renseignements sont exacts et le
ministre en profitera certainement pour nous contredire si nous faisons erreur
le ministre non seulement a demandé et obtenu, malgré
l'Opposition, les sommes nécessaires pour faire de la propagande en
faveur d'une thèse qu'on peut défendre mais qui est quand
même discutable, mais, le ministre aurait complètement omis,
négligé de soumettre même un exemplaire de ce document,
payé à même les fonds des contribuables, aux membres de
cette Chambre qui par le député de St-Jacques en ont fait la
demande en plusieurs occasions.
M. le Président, il me semble que le ministre devrait nous
expliquer comment il conçoit, lui, la démocratie et les
privilèges de cette Chambre. Il me semble que le ministre devrait nous
expliquer pourquoi cet acharnement à endosser une thèse
litigieuse à la remorque d'un homme qui est lui-même dans la vie
publique...
M. PINARD: A l'ordre.
M. JOHNSON: ... et qui, évidemment, se présente au poste
de maire, ce qui est son droit. Que le ministre le veuille ou non, il a l'air
de prendre part à la campagne électorale de l'île
Jésus. Et le lendemain où le député-maire de
Chomedey annonç ait sa candidature aux élections du 3 mai, le
ministre se rendait à l'île Jésus, à l'invitation
d'une ligue de propriétaires formée récemment, rencontrer
un groupe plus ou moins important de propriétaires, dont un grand nombre
avaient été invités par les soins mêmes du ministre,
par l'intermédiaire d'une firme de relations extérieures: la
société Desroches, Poirier et autres. M. le Président, je
ne connais pas de précédent à une telle ligne de conduite.
Je ne connais pas de précédent dans cette province, ni dans les
autres pays.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre, messieurs. Je dois faire
remarquer au chef de l'Opposition que du moment qu'il commence à
critiquer la conduite, et j'attendais justement qu'il emploie un terme
dans ce sens-là, il doit savoir qu'il va complètement
à l'encontre de l'article 154 qui dit que « La conduite du
lieutenant-gouverneur, de l'Orateur, du président des comités ou
d'un membre de l'une ou de l'autre Chambre ne peut être mise en question
que par une motion directe, de fond et préalablement annoncée
».
Je n'ai pas d'objection, si le chef de l'Opposition veut faire certaines
critiques, mais il n'a pas le droit de critiquer la conduite d'un
député et dans le terme « député »,
c'est évident qu'un ministre est compris.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne critique pas la conduite du
député de Chambly, je ne critique pas sa vie privée, je ne
critique pas ses actes publics autres que ceux qu'il pose comme ministre. C'est
en vertu du principe, si éloquemment énoncé hier par le
premier ministre, de la responsabilité ministérielle, que je pose
aujourd'hui des questions. Le ministre qui a demandé des fonds à
cette Chambre doit rendre des comptes à cette Chambre de la façon
dont il les a dépensés. Or, M. le Président, j'affirme
dans cette Chambre que, selon les renseignements puisés à bonne
source, les fonds votés dans cette Chambre malgré nous, l'argent
des contribuables a servi, par la conduite du ministre, en sa qualité de
ministre, donc ayant à rendre compte en vertu du principe de la
responsabilité ministérielle à cette Chambre de ses actes
lorsqu'il dépense l'argent des contribuables de sa conduite, M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre, messieurs. C'est
précisément là que, si le chef de l'Opposition voulait
critiquer la conduite du ministre ou de n'importe quel autre" membre de la
Chambre, il faudrait procéder par une motion directe de fond et
préalablement annoncée. On ne peut pas le faire à cette
étape des procédures sur la motion pour aller en subsides.
M. JOHNSON: M. le Président, prétendez-vous que je devrais
mettre au feuilleton une motion de censure contre le ministre plutôt que
de profiter d'un débat où l'on a le droit de parler de ces
choses, pour permettre au ministre de nous expliquer le pourquoi de ses
faits
et gestes relativement à la dépense de ces sommes?
Je n»al pas d'objection, M. le Président, ce ne serait pas
élégant, ce serait un précédent que je n'aimerais
pas poser. Mais, M. le Présidents! vous me réduisez au silence,
à ce stade de la procédure, je serai bien obligé de faire
mon devoir et poser un précédent extrêmement
désagréable pour quelque membre que ce soit dans cette
Chambre.
M. LE PRESIDENT: Je dois dire simplement au chef de l'Opposition que ce
n'est pas l'Orateur qui défend à qui que ce soit en Chambre de
dire ce qu'il veut, c'est le règlement de la Chambre et c'est le devoir
de l'Orateur de la Chambre d'appliquer le règlement. C'est tout ce que
je fais.
M. JOHNSON: M. le Président, je m'incline et je me contente de
demander au ministre à l'occasion de cette motion pour aller en
subsides, de nous expliquer ce qui s'est passé à cette
réunion, convoquée par une firme au service du gouvernement ou du
ministère...
M. LAPORTE: Quelle réunion convoquée par une firme?
M. JOHNSON: La réunion de lundi dernier. M. LAPORTE: Voyons
donc!
M. JOHNSON: M. le Président le ministre pourra nous expliquer si
oui ou non mes renseignements sont exacts...
M. PINARD: C'est du commérage.
M. JOHNSON: Un journal rapporte aujourd'hui que l'un des participants a
dit au ministre, parlant des fusions: En somme, M. le ministre, même si
vous vouliez me convaincre que j'économiserais sur le chauffage en
allant vivre avec ma belle-mère, moi je préfère vivre
cheznous, être maître chez nous.
M. LAPORTE: Et je lui ai répondu que ses histoires de famille ne
nous intéressaient pas beaucoup.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre devrait au moins nous
rendre compte de l'argent qui a été dépensé...
M. LAPORTE: Je vois de plus en plus qu'il faut vous éclairer.
M. JOHNSON: ... à l'occasion de cette réunion. Est-il
exact que c'est la firme Desroches, Clavel et autres, qui a convoqué la
réunion? Est-il exact que cette firme reçoit des honoraires et
que partie de son travail a consisté à préparer cette
réunion à laquelle le ministre a assisté lundi dernier?
Est-il exact, que le dépliant aété mis à la poste
le 1er avril? Est-il exact qu'il n'a pas été traduit en anglais
et que les électeurs de langue anglaise de l'île Jésus ne
peuvent s'en procurer un exemplaire dans leur langue, comme c'est leur droit
strict? Est-il exact que cette réunion a été fixée
justement à un moment psychologique dans une conjoncture
extrêmement favorable à celui qui se présente au poste de
maire de Chomedey? Est-il exact qu'une telle réunion pouvait avoir comme
conséquence de décourager des candidats à se
présenter dans d'autres municipalités, puisque le ministre
aurait, d'après les journaux, annoncé lors de cette
réunion de lundi dernier, qu'il y aurait probablement cette année
un bill concernant la fusion plus ou moins volontaire? M. le Président,
est-il exact que dans le premier rapport Sylvestre on s'était
prononcé en faveur d'un référendum et qu'on
suggérait entre autres que tous les électeurs de 18 ans et plus,
propriétaires ou non, aient le droit de voter? Est-il exact qu'entre les
deux rapports, le rapport préliminaire et le rapport définitif,
les commissaires aient changé d'opinion en vue évidemment des
résultats qu'ont rapportés certains référendums
dans l'île de Montréal? Est-il exact que plus souvent qu'à
son tour, le maire de Laval siégeait avec la commission, à Pont
Viau, dans l'hôtel de ville? Que le maire de Chomedey siégeait
avec les commissaires?...
M. LAPORTE: Vous lancez des accusations comme ça, là,
avec...
M. JOHNSON: Que le ministre réponde.
M. LAPORTE: ... la responsabilité que vous avez de chef de
l'Opposition.
M. JOHNSON: M. le Président, est-il exact...
M. LAPORTE: Oh oui, répétez, posez des questions.
M. JOHNSON: Ce sont...
M. LAPORTE: Elles seront toutes dans les journaux de demain.
M. JOHNSON: Ce sont, M. le Président...
M. LAPORTE: Avec votre responsabilité comme chef de
l'Opposition.
M. JOHNSON: ... des informations qui circulent...
M. LAPORTE: C'est ça.
M. JOHNSON: ... sur l'île Jésus...
M. LAPORTE: C'est ça.
M. JOHNSON: ... qui sont publiées dans les journaux de
l'île Jésus...
M. LAPORTE: Et dont vous faites votre pâture.
M. JOHNSON: Ce sont, M. le Président, des renseignements qui sont
publics dans uncertain milieu de la province. Qui ont quand même une
incidence qui dépasse l'île Jésus puisque tout ce
problème se rattache au principe de la responsabilité
ministérielle et de la notion qu'on peut avoir de la démocratie.
Est-il normal, dans l'opinion du ministre, qu'on prenne de l'argent du peuple
pour faire une pareille cabale? Il n'y a que dans les pays totalitaires qu'on a
vu de telles choses et je ne connais pas de précédent ni dans la
province ni au Canada. Ça dépasse les bornes de la
décence. C'est ça que les gens disent dans le public, ceux qui
sont libres de parler, et les journaux qui sont libres de critiquer le
gouvernement, c'est là que le débat se place, ce n'est pas une
question de personnalité, c'est une question de principe et c'est le
devoir de l'Opposition, chaque fois qu'un gouvernement veut brimer les
libertés individuelles ou collectives, d'élever la voix
même si c'est extrêmement désagréable d'avoir
à le faire contre des hommes pour qui j'ai, sur le plan personnel,
beaucoup d'estime.
M. le Président, le gouvernement actuel, et le ministre
à l'occasion de me contredire si je fais erreur, montre dans
cette affaire de l'île Jésus une attitude tout à fait
incompatible avec les principes élémentaires de la
démocratie. Il démontre, par des actes qu'il pose publiquement,
qu'il n'a pas le respect que nous sommes en droit d'attendre envers les
députés de cette Chambre qui devraient être informés
avant qui que ce soit quand on fait des publications avec de l'argent
voté par cette Chambre.
M. le Président, c'est le temps pour le ministre de nous
expliquer si oui ou non il y a autre chose que la solidarité partisane
dans toute cette affaire de l'île Jésus, du Rapport Sylvestre et
des montants qu'on nous a fait voter dans cette Chambre. C'est l'occasion,
toute gratuite, donnée au ministre de nous donner la
vérité et si j'ai fait erreur en faisant l'écho ici en
Chambre de ce qui circule dans l'île Jésus, dans les journaux,
publiquement ce matin, eh bien tant mieux, c'est le temps de tuer les mythes si
toutefois ce sont des mythes. C'est le temps de faire éclater la
vérité si ces renseignements sont erronés et je pense que
le ministre, au lieu de se choquer, devrait remercier le député
de St-Jacques de lui avoir fourni l'occasion de rétablir les faits afin
que les gens ne perdent pas confiance trop rapidement dans l'administration
actuelle et dans le sérieux de cette Chambre.
M. LE PRESIDENT: La motion principale sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. LAPORTE: M. le Président, je n'ai pas l'intention d'être
long parce que mon impression majeure c'est qu'on est tout simplement en train
de créer en préparation de l'étude d'un certain projet de
loi un climat pour tenter d'ameuter l'opinion publique comme onl'a fait
systématiquement depuis le début de la session chaque fois qu'il
a été question de regroupement municipal. Je suis très
désireux de voir unjour ce parti poliqique prendre position sur le
problème du regroupement municipal dans la province de Québec,
représenté de façon précise par le problème
très difficile que nous avons à régler sur l'île
Jésus. J'ai entendu dans tous les discours qui ont été
prononcés sur le bill 13 par exemple.
M. JOHNSON: A l'ordre.
M. LAPORTE: Je ne parle pas du bill 13, je suis en train de dire
pourquoi...
M. JOHNSON: On n'a pas le droit de référer à un
débat antérieur.
M. LAPORTE: Dans tous les débats qui ont eu lieu sur le bill 13,
j'ai entendu tous les députés qui ont parlé donner un
magnifique coup de chapeau à la nécessité d'un
regroupement municipal. Mais chaque fois qu'on a tenté de poser des
gestes concrets, on a tout fait pour tâcher de bloquer, de retarder, pour
tâcher d'empoisonner l'atmosphère du regroupement municipal dans
la province de Québec.
L'Ûe Jésus? Le problème n'est pas simple, mais
l'attitude du ministre, elle est infiniment simple et claire. Le chef de
l'Opposition a parlé de démocratie? Je me demande quel est le
genre de démocratie qu'il veut propager dans la pro-
vince de Québec. Je me demande si le genre de démocratie
qu'il a en tête est bien défendable lorsqu'un ministre, disons,
qui tâche d'avoir quelque peu le sens des responsabilités se rend
compte que 47% des citoyens de l'île Jésus n'ont jamais entendu
parler du rapport Sylvestre, 47% de 170,000 personnes... C'est peut-être
un climat que lui, le chef de l'Opposition, trouve démocratique. C'est
peut-être un climat qu'il trouve lumineux. Mais moi, j'ai
été impressionné par ça. J'ai dit: il n'est pas
possible que, devant un problème aussi grave que celui-là,
près de 50% des citoyens ne le connaissent pas.
Puis on va me faire un drame d'avoir voulu renseigner la population?
Parce qu'en somme c'est ça qu'on fait. C'est un précédent?
Jamais ça ne s'est vu, dans la province de Québec, un ministre
qui veut renseigner la population.
J'ai rencontré un certain éditorialiste qui a fait un
article sur ça, garçon d'ailleurs pour qui j'ai la plus grande
estime et avec qui on peut discuter. J'ai discuté du problème
avec lui, je suis allé le voir. Il m'a dit: Si vous aviez fait comme le
ministre de la Jeunesse, si vous aviez entrepris une série de discours,
ça aurait été correct. J'ai dit: Comme ça, si je
prends l'argent des contribuables pour aller faire des discours, c'est correct,
mais si je prends le même argent pour faire des brochures, ce n'est plus
correct. Je ne peux pas comprendre cette situation-là. Parce que j'ai
dit même: Si j'allais faire des discours, je serais peut-être
inquiet de la façon dont je les ferais parce que j'ai l'habitude,
dit-on, de parler sur un ton un peu passionné.
M. JOHNSON: Non, non.
M. LAPORTE: Disons que ça m'arrive...
M. JOHNSON: Ah, ce sont des médisances.
M. LAPORTE: Cela doit être des médisances.
M. JOHNSON: Ah, c'est de la médisance.
M. LAPORTE: J'aimerais mieux que vous disiez calomnie, j'aimerais que
vous disiez que ce sont des calomnies.
Mais j'imagine, M. le Président, que je pars pour faire une
tournée sur l'île Jésus, de municipalité en
municipalité. A ce moment-là, très bien, tout le monde
trouve que c'est merveilleux et je sais que je vais employer à ce
moment-là...
M. JOHNSON: A l'occasion des élections municipales.
M. LAPORTE: Oublions cela, si vous voulez, on va discuter
sérieusement. Les élections, on va en parler tantôt. Puis
si vous voulez, je ne vous ai pas interrompu tout à l'heure, je
considère que ce que je fais là comme extrêmement
important...
M.JOHNSON: Moi aussi.
M. LAPORTE: ... puis j'ai l'intention de recommencer sur d'autres
sujets. Alors j'aimerais autant expliquer mon point de vue tout de suite.
Si j'étais parti sur l'île Jésus pour faire une
tournée de conférences, je sais bien ce que j'aurais fait.
J'aurais d'abord prononcé une courte causerie puis, après
ça, j'aurais invité les citoyens à poser des questions,
ça j'aime ça. Mais je ne sais pas si, à ce
moment-là, j'aurais donné aux citoyens de l'île
Jésus justement ce calme, cette sérénité dont ils
ont besoin pour se renseigner sur leurs propres problèmes. Je ne suis
pas d'avis, et je ne voudrais pas que cette Chambre croit que le
député de St-Jacques ou le chef de l'Opposition souhaitent que
les citoyens de l'fle Jésus ne soient pas renseignés. Cela, je ne
peux pas croire ça, je ne le crois pas d'ailleurs.
M. DOZOIS: Oui, mais on voudrait bien savoir comment vous les
renseignez...
M. LAPORTE: Un instant, on va venir à ça.
M. DOZOIS: ... par ce dépliant mystérieux qu'on n'est pas
capable d'avoir.
M.LAPORTE: Ah, je suis pas mal convaincu que le député de
St-Jacques l'a depuis un bout de temps.
M. DOZOIS: C'est faux, M. le Président.
M. JOHNSON: Cela fait dix jours qu'on le lui demande...
M. DOZOIS: Je déclare sur mon honneur que je n'ai jamais vu ce
dépliant et c'est la raison pour laquelle j'en demande un
exemplaire.
M. LAPORTE: Bon, alors j'accepte, j'en ai un seul exemplaire ici. Je
vais l'envoyer au député de St-Jacques.
M. BELLEMARE: Ils sont rares!
M. LAPORTE: Bien, les autres ne sont pas arrivés, je vous l'ai
dit tantôt, je vais peut-être les recevoir cet après-midi.
Alors comme je suis convaincu, au moins je ne leur ferai pas
l'injure à l'un ou à l'autre de penser qu'ils ne veulent
pas que la population soit renseignée il s'agit de savoir comment la
renseigner.
Or, j'ai cru que la meilleure façon de les renseigner de
façon objective et sereine, et ça dans cet article auquel je me
réfère, il était dit que si on lit les documents, on
s'aperçoit que ça a été fait d'une façon
objective. J'ai cru que c'était la meilleure façon de renseigner
les citoyens sur leurs problèmes leur laissant ensuite le soin de tirer
leurs propres conclusions. Cela est supposé être un drame
extraordinaire. Comme il eût été facile pour le ministre
des Affaires municipales de dire: «Il y a 50% des gens qui n'en ont pas
entendu parler. Ceux-là ne m'achaleront pas. » Cela aurait
été la solution facile et aux yeux du chef de l'Opposition,
c'était la solution démocratique. Moins il y a de gens
renseignés, plus on a la paix. Cela rappelle la phrase de ce vieux
politicien d'il y a vingt ans. Je suis certain que le chef de l'Opposition la
connaît, qui s'en va voir le ministre et dit: « Est-ce que je
pourrais avoir telle chose pour les gens de mon comté? » Il lui a
dit: « Est-ce qu'ils vous l'ont demandé? » Il dit: «
Non ». Alors il dit; « Faites-leur donc pas penser. »
J'aurais pu prendre cette façon facile; ne pas leur faire penser.
J'avais 50% des gens de l'île Jésus qui n'auraient pas entendu
parler du problème de la fusion ou de l'annexion ou du rapport
Sylvestre. Je vais m'en aller chez nous. Je dis: « Je n'ai plus que 50%
à convaincre. » Je n'ai pas voulu faire ça. Cela est
supposé être terriblement antidémocratique. Je ne suis pas
de cet avis-là. Nous avons fait faire une brochure bien faite,
illustrée, qui répond à des questions, lesquelles
questions sont tirées du rapport Sylvestre et on l'a envoyée
à quelques amis, à quelques personnes qui étaient
gagnées d'avance au rapport Sylvestre? Non monsieur. Nous avons
envoyé ça à toutes les famille de l'île
Jésus, par la poste. Le chef de l'Opposition a raison. C'est le facteur
qui a apporté ça de maison en maison pour s'assurer que tout le
monde la recevrait. Et aujourd'hui, on a au moins l'impression que ces
gens-là sont plus renseignés et ça nous fait plaisir. Mon
Dieu que ça a l'air de faire de la peine à l'Opposition qu'ils
soient plus renseignés ces gens-là, On les a tout simplement
renseignés sur des problèmes qui les intéressent. Cette
brochure, je le dis devant cette Chambre, je le dis devant l'opinion publique
de la province de Québec, j'ai l'intention de récidiver. Chaque
fois que je vais croire, avec l'approbation du Conseil des ministres, avec
l'approbation du Conseil de la trésorerie, chaque fois que je vais
croire qu'il y a lieu de faire connaître les politiques du
ministère des Affaires municipales, je vais recourir à ce
moyen-là et il va y en avoir d'autres. Le bill 13 par exemple, il y a
une brochure qui va être en préparation aussitôt que je vais
avoir les approbations voulues. Ce serait un drame ça?
M. JOHNSON: Non pas là.
M. LAPORTE: C'est ça que je trouve curieux aussi.
M. JOHNSON: Une loi qui est passée.
M. LAPORTE: Dans un an on prend 25, 30, 40 décisions importantes.
C'est curieux quand on arrive en Chambre on n'a jamais réussi à
prendre la bonne. Or, si j'avais fait une brochure sur le bill 13. Cela aurait
donc été parfait! J'ai osé en faire une et...
M. JOHNSON: Oui, mais il a été adopté, le bill 13.
C'est une loi de laprovince. On a raison ensuite de publier une brochure pour
faciliter la compréhension des lois. C'est vrai. Mais l'autre loi n'a
même pas été présentée et la brochure est
publiée à l'occasion d'élections municipales pour
favoriser un collègue intéressé à ce que cette
fusion passe, qui fera de l'argent avec la fusion, il fera une fortune avec la
fusion. C'est là tout le problème.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LAPORTE: Vous avez là un exemple du très grand souci
qu'a le chef de l'Opposition de défendre les citoyens de l'île
Jésus. C'est simple toute sa thèse. Il en veut à un homme.
S'il pouvait avoir la tête du député de Laval, l'île
Jésus ne l'intéresserait plus.
M. JOHNSON: M. le Président j'invoque le règlement.
M. LAPORTE: J'aurais pu l'invoquer quand vous êtes parti dans
votre digression.
M. JOHNSON: Le ministre sait bien, M. le Président, qu'il n'a pas
le droit de me prêter ces intentions.
M. COURNOYER: En avez-vous?
M. LAPORTE: Vous n'en prêtez pas vous au député de
Laval, en son absence dire qu'il va faire de l'argent avec la fusion?
M. JOHNSON: M. le Président,...
M. LAPORTE: Tiens, regardez-le repartir, M. le Président,
là.
M. JOHNSON: Le ministre me pose une question, je vais lui
répondre... ce que je dirai...
M. LAPORTE: Je vous demande, monsieur, si vous avez respecté le
règlement, l'article 154 en accusant directement...
M. JOHNSON: ... dans cette Chambre, je ne craindrai pas d'aller le
répéter à l'extérieur, M. le Président.
M. LAPORTE: Vous allez le répéter dans cette Chambre, M.
le Président, en vertu de l'article 154 du règlement. Je demande
au député de Bagot de porter directement l'accusation contre le
député de Laval comme quoi il va faire de l'argent avec la
fusion. Je demande de porter une accusation ou de retirer ses paroles. Ou de
retirer ses paroles.
M. JOHNSON: M. le Président,... M. WAGNER: Patinez...
M. JOHNSON: ... il est évident, que le ministre de la Justice...
Ne me dites pas que lui aussi est intéressé...
M. WAGNER: Patinez, patinez...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à l'ordre. A l'ordre,
messieurs. A l'ordre. Je dois faire remarquer qu'on est en Chambre, on n'est
pas en comité plénier, c'est le ministre des Affaires municipales
qui a la parole.
M. LAPORTE: M. le Président...
M. JOHNSON: M. le Président, j'avais invoqué le
règlement. Le député de Chambly animé d'un
désir bien compréhensible...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Le chef de l'Opposition veut invoquer le
règlement, il n'a pas le droit de faire un discours en invoquant le
règlement.
M. JOHNSON: Non.
M. LE PRESIDENT: II doit indiquer en quoi consiste le point de
règlement qu'il voudrait invoquer.
M. JOHNSON: M. le Président, vous aime- riez savoir, je
présume, avant de rendre jugement sur quelle question ou quelle partie
des remarques j'ai à invoquer le règlement?
M. LE PRESIDENT: Exactement, pas plus que ça.
M. JOHNSON: Je pense que vous aimeriez savoir ça avant de vous
prononcer, M. le Président. Le ministre animé de bonnes
intentions, à son point de vue, me prête des motifs dans cette
lutte, motifs qu'il n'a pas le droit de me prêter, ce n'est pas...
M. LAPORTE: Très bien.
M. JOHNSON: ... la tête d'un député libéral
qui va satisfaire l'opinion publique ou le chef de l'Opposition, c'est le
respect d'un principe, qui est celui de ne pas ridiculiser...
M. LAPORTE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LAPORTE; ... pour simplifier...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, je vais demander au ministre des Affaires
municipales de retirer quelques imputations qu'il avait prêtées au
chef de l'Opposition.
M. LAPORTE: M. le Président, jeretireles imputations que j'ai
prêtées au chef de l'Opposition, et j'invoque moi-même une
question de privilège pour le député de Laval. Comme le
règlement m'y autorise, je demande au chef de l'Opposition ou de retirer
les paroles d'ailleurs antiparlementaires qu'il a eues envers le
député de Laval en disant clairement: « Il va faire de
l'argent avec la fusion » ou alors de respecter le règlement de
cette Chambre, l'article 154 et de faire les motions prévues.
M. JOHNSON: M. le Président, 542 contribuables de ville Chomedey
ont appuyé une requête...
M. LAPORTE: M. le Président, vous n'allez pas lui permettre de
faire un discours.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LAPORTE: Vous n'allez pas lui permettre de faire un discours sur une
question de privilège?
M. JOHNSON: ... ont appuyé une requêtede-mandant une
enquête publique.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LAPORTE; J'ai simplement demandé de retirer ses paroles.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, la question soulevée par
le ministre des Affaires municipales était bien simple, c'était
de demander au chef de l'Opposition ou de retirer ses paroles ou de
déclarer qu'il portera une accusation formelle d'après les
règlements de la Chambre.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne retire pas mes paroles, et je
demande une enquête royale sur toute l'affaire de Chomedey telle que
réclamée par 542 contribuables.
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, je dois demander au chef de
l'Opposition pour la deuxième fois de retirer les paroles qui ont
été indiquées ou de déclarer qu'il a l'intention de
porter une accusation formelle d'après les règlements, le
règlement numéro 154 de nos règlements.
M. JOHNSON: M. le Président, je regrette, aucun
député de cette Chambre, aucune majorité ne me forcera
à choisir entre retirer mes paroles ou porter une accusation
formelle.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Dans ce cas-là, je demande
purement et simplement au chef de l'Opposition de retirer l'expression qu'il a
tenue contre le député de Laval indiquant qu'il était pour
faire de l'argent avec la fusion de Chomedey. Je lui demande de retirer ces
paroles purement et simplement.
M. JOHNSON: M. le Président, vous allez me permettre,
malgré tout le regret que cela me cause de ne pas me rendre à une
telle demande de votre part. Je crois qu'il est de mon devoir de faire
écho, en cette Chambre, à une requête signée par 542
électuers, propriétaires...
UNE VOIX: Ce n'est pas officiel!
M. JOHNSON: ... de Chomedey qui sont identifiés chez le procureur
général, qui ont demandé une enquête royale
relativement au conflit d'intérêt qu'a le député de
Laval maire de Chomedey dans cette Chambre.
M. le Président, si cela peut régler le pro- blème,
je retirerai les paroles en demandant une enquête royale au nom...
M. LAPORTE: Vous n'avez rien à ajouter après avoir
retiré vos paroles.
M. JOHNSON: ... de tous ces contribuables de Chomedey.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je considère que j'ai
donné toute la latitude au chef de l'Opposition de s'expliquer. Il a
donné son explication. Je lui demande de retirer purement et simplement
les mots qu'il a employés indiquant que le député de Laval
aurait fait de l'argent avec la fusion des municipalités de l'île
Jésus. Je lui demande, pour la dernière fois, j'espère, de
retirer purement et simplement ces paroles-là.
M. JOHNSON: M. le Président, pour donner un exemple à
cette Chambre, je retire ces paroles...
M. LE PRESIDENT: Très bien. Alors, c'est le ministre des Affaires
municipales qui a la parole.
M. JOHNSON: ... parce que je veux garder mon droit de parole.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: Je reviendrai à la charge. M. GERIN-LAJOIE: Ah, on
n'en doute pas! M. LAPORTE: On vous feraencore reculer!
M. BELLEMARE: Ce n'est pas bien gentil pareil! Ce n'est pas bien gentil
ça, de...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE: Ah oui, c'est la majorité qui fait reculer!
M. LAPORTE: Est-ce qu'il n'y a que ce qu'on dit qui n'est pas
gentil?
M. BELLEMARE: Non, non, mais, votre dernière phrase.
M. JOHNSON: Donnez donc une enquête royale au lieu de...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE: ... surtout après la décision. C'est parce
que vous avez la majorité, mais il n'en reste...
M. LAPORTE: Je vais simplement demander au...
M. BELLEMAREs Je vais y aller, moi, après.
M. LAPORTE: ... député de Champlain, pourquoi on ajoute:
« Je reviendrai à la charge ».
M. DOZOIS: M. le Président, je soulève un point
d'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je considère qu'il n'y a
pas eu de menaces. Le chef de l'Opposition...
UNE VOIX; Préparez-vous à faire vos Pâques.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Le chef de l'Opposition
asimplement remarqué: « Je vais revenir à la charge
», et le ministre avait répondu « On va être
prêt ou on va vous faire reculer. » C'est le ministre des Affaires
municipales qui a la parole.
M. LAPORTE: Ah c'est vrai, j'étais après oublié
ça.
M. COURNOYER: Il a oublié qu'il avait la parole.
M. LAPORTE: Alors, M. le Président, quant à la brochure,
l'affaire me paraît très simple, l'affaire me paraît claire.
Non seulement je n'ai aucun remords d'avoir fait préparer et distribuer
cette brochure. J'en suis fier. Je recommencerai s'il y a lieu pour renseigner
les citoyens...
DES VOIX: Ah, ah!
M. LAPORTE: ... tout simplement. Je n'ai rien à ajouter à
ce chapitre là. J'ai également participé à un
dîher orgainisé par la Fédération des ligues de
propriétaires de l'île Jésus. Pardon?
M. ALLARD: Combien est-ce que ça fait de temps que c'est
passé?
M. LAPORTE: Un an. M. ALLARD: Un an.
M. LAPORTE: Un an, d'après les renseignements qu'ils ont
donnés le soir même. Le premier discours, ça
été le président qui a dit: « Nous existons depuis
un an etc. » Qui groupe 14 ligues de propriétaires de l'île
Jésus...
M. JOHNSON: Oui.
M. LAPORTE:- ... qui avait convoqué, avait organisé un
dîner pour parler des problèmes de l'île Jésus, ligue
des propriétaires qui m'a invité, il y a déjà
plusieurs semaines, d'ailleurs. Il n'y a que dans l'esprit pas de
commentaires du chef de l'Opposition où on voit toujours cette
espèce de jumelage entre la présence du ministre des Affaires
municipales sur l'île Jésus et puis l'élection. Il y a
toujours des complots terribles dans l'esprit du chef de l'Opposition.
Pourtant, s'il se renseignait seulement sur les faits les plus simples! Est-ce
que je savais, au moment où j'aiaccepté l'invitation d'aller sur
l'île Jésus, qu'il y aurait en mai des élections sur
l'îls Jésus? Je n'avais pas vérifié.
Deuxièmement...
M. JOHNSON: Non?
M. LAPORTE: Ah, le chef de l'Opposition pourrait au moins prendre pour
acquit que si ce que je dis je ne le croyais pas, je ne le dirais pas. Je
dirais exactement le contraire. Si j'étais allé là sachant
qu'il y avait des élections, je ne serais pas gêné pour le
dire.
M. JOHNSON: La firme payée par vos fonds là, elle y a
pensé à ça.
M. LAPORTE: Oui, oui, ça c'est un autre drame ça chez le
chef de l'Opposition. Une firme payée par nos fonds, ça c'est
laid, c'est donc laid! J'ai engagé, j'ai retenu les services de gens qui
étaient compétents pour faire la brochure, et les journaux ont
dit qu'elle était très objective...
M. JOHNSON: C'est Goebbels qui faisait ça, Goebbels faisait
ça, lui aussi.
M. LAPORTE: Oui, Goebbels avait à son service la firme de
Desroches, Clavel et compagnie, vous avez parfaitement raison!
M. JOHNSON: Non, non, il avait le même système,
M. LAPORTE: Vous avez complètement raison.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LAPORTE: M. le Président, je suis allé sur l'île
Jésus, non pas dans la ville de Chome-dey, à...
M. LOUBIER: Cela aurait été terrible.
M. LAPORTE: Pourquoi je ne suis pas allé la?
M. JOHNSON: Cela aurait bien trop paru.
M. LAPORTE: Evidemment, bien cela aurait paru, voyez-vous? C'est
beaucoup plus simple que ça...
M. JOHNSON: Le ministre est plus habile que ça.
M. LAPORTE: C'est beaucoup plus simple que ça, M. le
Président: je ne suis pas allé à Chomedey parce que le
dîner avait lieu à St-Vincent-de-Paul. C'est pour ça que je
suis allé là: c'est là qu'ils m'ont invité. Et pour
éviter les jeux de mots faciles du chef de l'Opposition, c'était
en effet au collège Laval, juste à côté du
pénitencier, oui.
M. BERNATCHEZ: OÙ était la patinoire? M. JOHNSON: A
l'institut Leclerc.
M. LAPORTE: Non, ce n'était pas là la patinoire, le
député est en retard là. Il se prépare pour le
prochain hiver, le député...
M. JOHNSON: Qui est-ce qui arrosait ce soir-là?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LAPORTE: Alors, M. le Président, on va revenir...
M. ALLARD: Accrochez vos patins!
M. LAPORTE! C'est un des vôtres qui avait lancé ce mot
fameux d'ailleurs. M. le Président, je suis allé dans la
municipalité de St-Vincent-de-Paul où il y avait 500 ou 600
personnes. Seulement des gens qui étaient en faveur de la fusion? Pas du
tout. Le monsieur qui a posé des questions là, certainement; le
directeur d'une revue minicipale, M. Bédard, il était là.
Même que c'était interdit, en vertu des règles qui avaient
été établies par le président, de poser des
questions orales: on mettait ça, pour que chacun ait le loisir de poser
des questions. Et M. Bédard a posé des questions écrites
et, à un moment donné, il a levé la main et j'ai dit:
« Pour tous les autres ce ne serait pas permis, mais vue que c'est vous,
M. Bédard, posez-les donc vos questions. »
M. JOHNSON: Mais ce n'était pas le président qui dirigeait
les débats?
M. LAPORTE: Oui, oui, maintenant c'est-à-dire que, quand on a eu
notre série... Ah, un autre drame, M. le Président, il vient de
trouver un autre drame! C'est sa journée, aujourd'hui! Heureusement que
ce n'est pas son anniversaire tous les jours parce que le parti s'en irait dans
l'Opposition pour 100 ans à venir.
M. LOUBIER: Ah monsieur!
M. LAPORTE: Ce n'est pas sa journée, il est trop ému, trop
ému. M. le Président, on a reçu en avant une série
de questions. On en a fait le triage pour mettre celles qui étaient de
même nature ensemble, puis après ça il m'a dit: « M.
le Ministre, voici une dizaine de questions. Allez donc au microphone et
répondez donc. » Puis, à un moment donné, j'ai
répondu à une question de M. Bédard, puis M. Bédard
a levé la main. Cela, c'est un autre drame, M. le Président.
Alors je dis: ce dîner...
M. JOHNSON: Cela, ce n'est pas le président, mais le ministre qui
a donné, qui a fait une excaption aux règlements...
M. LAPORTE: Cela, c'est nébuleux...
M. JOHNSON: C'est dans son tempérament.
M. LAPORTE: Je vous avoue qu'en m'en revenant, j'avais des remords, ma
conscience, me le reprochait!
M. ALLARD: Cela paraît encore!
M. LAPORTE: Quand on pense que ce n'est pas le président, c'est
moi qui ai dit au gars de parler, j'ai trouvé cela terrible. J'ai
trouvé cela effrayant, j'en reviens à peine.
M. ALLARD: Cela paraît!
M. LAPORTE: Alors, M. le Président, j'ai lu le texte d'une
conférence à ce dîner où il y avait sept à
huit cents personnes. C'est vrai qu'à un moment donné il y avait
bien « standing room »: des gens étaient venus de toutes les
mu-
nicipalités, y compris des gens férocement opposés
à la fusion. Je pourrais en nommer.
Alors, c'était une réunion d'information et les ligues de
propriétaires, ce n'est pas la maison Clavel qui a organisé cela;
ça, c'est de la foutaise. Si on veut discuter sérieusement, c'est
la Fédération des ligues de propriétaires de l'île
Jésus qui a organisé un dîner et qui a invité le
ministre des Affaires municipales.
Pourquoi inviter le ministre des Affaires municipales? Ah! Cela
ça doit être encore un drame effroyable!
La réponse, c'est malheureux, la réponse n'a rien de
tragique, c'est parce qu'ils voulaient parler de lafusion de l'île
Jésus, c'est pour ça qu'ils m'ont invité. Ils ont
prétendu...
M. JOHNSON: Pour connaître l'opinion du ministre.
M. LAPORTE: C'est ça. Ils l'ont connue. Ils l'ont connue,
l'opinion du ministre.
M. JOHNSON: Le ministre a été clair?
M. LAPORTE: Pardon?
M. JOHNSON: Le ministre a été clair?
M. LAPORTE: Disons, qu'exceptionnellement ce soir-là, ça a
paru clair à tout le monde.
M. JOHNSON: Oui.
M. LAPORTE: II y en a à peu près 60% qui ont applaudi, et
les autres, eh bien j'ai présumé que c'est par délicatesse
qu'ils se sont retenus.
M. LOUBIER: Vous avez ouvert la porte à tout le monde, hein?
M. LAPORTE: Oui. Alors, c'est ça, le banquet. C'est tout. Et le
seul reproche que je fais à ce dfiier, c'est que ç'a fini
à une heure du matin parce qu'on a eu trop de choses
intéressantes à se dire, ils ont posé trop de
questions.
M. BELLEMARE: II y avait trop de brume.
M. LAPORTE: Trop de?
M. BELLEMARE: Trop de brume.
M. LAPORTE: Non, ça c'était au retour. Alors, c'est
ça. La plaquette, c'est une tragédie effroyable, pourtant c'est
simplement un document. J'ai voulu renseigner les citoyens parce que je m'en
remets à ce mot d'un homme poli- tique qui disait: Faites la
lumière et les citoyens trouveront leur chemin. C'est tout. Cela m'a
embarassé de...
Oui, oui, vous allez tous en avoir un, peut-être cet
après-midi, je m'excuse je ne les ai pas apportés.
M. JOHNSON: Avant ou après lafusion qu'on va l'avoir?
M. LAPORTE: Non, parce que je pense bien qu'avant la fusion nous aurons
l'occasion de reparler de ces problèmes-là.
D'ailleurs, vous ne serez pas invités à voter sur ces
problèmes-là dans l'île Jésus même. Les
élections de monsieur le maire, imaginez-vous donc, encore un drame, non
seulement j'ai été participer à la
réélection ou à l'élection du maire de Chomedey,
mais j'ai dû aller participer aux élections de bien d'autres. Il y
a sept élections dans l'Ile Jésus, sept. Alors quand on
prétend que je suis allé aider ou peut-être nuire, si c'est
vrai qu'une certaine presse prétend que toute l'Ile Jésus est
contre la fusion, eh bien je présume que le maire de Laval qui s'est
pronon-sé pour, va se faire battre. Alors, je trouve que c'est
complètement en dehors de la question de prétendre que ma
présence sur l'île Jésus ait pu aider ou nuire au maire de
Chomedey, pas plus qu'aider ou nuire à tous les maires qui vont venir
à l'élection ou à la réélection dans
quelques semaines. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Est-ce
qu'il y avait lieu, pour discuter d'une chose aussi simple, de désir
aussi démocratique de renseigner les citoyens, d'autant plus, vous allez
voir quelle espèce de logique on peut trouver chez ces gens-là et
c'est pour ça que je dis que tout ce qui compte actuellement, c'est de
créer un climat, quand va arriver, si ça se fait cette
année, l'étude du bill sur l'île Jésus. Il faut que
tout le monde soit dans un climat tel que ça fasse une bataille vingt
fois plus que ce ne sera nécessaire. Mais j'ai voulu renseigner les gens
avant. Sur le bill 13, qu'est-ce qui est arrivé? On a
déposé le bill 13...
M. JOHNSON: A l'ordre.
M. LAPORTE: Non, non, je veux voir, je veux montrer, je ne me
réfère pas au bill 13, je veux montrer une contradiction de
l'Union nationale. A ce moment-là, qu'est-ce qu'on m'a dit? Ils ont dit:
le député, le ministre n'est pas logique, il nous arrive tout de
go, comme ça, avec un bill, les gens pas au courant, les maires de la
province de Québec sont aux abois parce que, quand on les entend, la
population est toujours inquiète. Vous auriez dû les
renseigner
avant, M. le Président, je cite un extrait d'un discours: Premier
pas à faire, à mon avis, refaire la législation. Quant au
regroupement, j'estime que le gouvernement serait beaucoup mieux de
procéder en tentant de convaincre les citoyens qu'il y a avantage pour
eux de se fusionner. Cela c'est sur le bill 13, ils m'ont dit à ce
moment-là...
M. LE PRESIDENT: Je dois demander au ministre des Affaires municipales
de, il pourra référer à un débat mais il n'a pas le
droit de citer ce qui s'est passé dans un autre débat, même
de référer, excepté par exemple, pour citer des
exemples.
M. LAPORTE: Merci, M. le Président.
Je dis simplement que lors d'un débat, lorsque ç'a fait
l'affaire, on m'a dit: vous auriez dû renseigner la population avant.
Evidemment, vous savez quel respect je tâche d'avoir pour les avis que me
donne l'Opposition, et je l'ai fait. J'ai dit avant de déposer le bill
sur l'île Jésus: on va renseigner la population. Je l'ai fait,
puis là c'est devenu un crime effrayant. 'C'est pour ça que je
disais, M. le Président: quoi qu'on fasse on aurait dû faire le
contraire. On les renseigne avant, on aurait dû les renseigner
après. On a dit non, on s'est trompé. On les renseigne
après, on aurait dû les renseigner avant. Ce n'est jamais bien! Je
me rappelle quand j'étais allé en France à un moment
donné j'avais demandé la route du fameux centre de ski de
Chamonix, ... donnez-moi un coup de main, le chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: Grenoble.
M. LAPORTE; ... est-ce que vous me donneriez la route de Chamonix? Ils
m'ont dit « Bien monsieur veut sans doute dire Chamonix ». Oh j'ai
dit: ça je le sais pour toujours. Alors au carrefour suivant j'ai
demandé: « Voulez-vous me donner la route de Chamonix »,
j'ai prononcé le contraire, là ils m'ont dit; « Monsieur
veut sans doute dire Chamonix ». J'ai dit; « Evidemment, il suffit
qu'on dise l'un pour que je dise l'autre! »
Sur le bill 13 je n'ai pas fait de publicité avant et puis on me
l'a reproché, (le député de St-Jacques) et sur l'île
Jésus j'ai fait de la publicité avant pour renseigner la
population, respectant scrupuleusement ce qui avait été dit,
convaincre les citoyens qu'il y a avantage pour eux de se fusionner. C'est de
là que je suis parti pour faire la brochure, M. le Président,
d'une demande de l'Opposition. Je l'ai fait.
M. DOZOIS: Qu'est-ce qu'il y a dans le dépliant que le ministre
ne veut pas qu'on voie?
M. LAPORTE: Comment?
M. DOZOIS: Qu'est-ce qu'il y a dans ce dépliant que le ministre
ne veut pas qu'on voie?
M. LAPORTE; J'ai peur que vous soyez convaincu, vous allez faire de
nouveaux discours sur ça.
M. DOZOIS: Grosse raison.
M. LAPORTE: Je vais le faire distribuer pour deux raisons, parce que je
veux que les députés soient renseignés et puis ça
va raccourcir la session d'une semaine, M. le Président. La brochure n'a
pas été distribuée pour une seule raison, d'abord il n'y a
aucune espèce de coutume, je ne dis pas que le député de
St-Jacques n'a pas raison de la demander, mais quand on en fait unargument pour
dire: « Je n'ai jamais vu une pareille chose, la responsabilité
ministérielle et que ce serait manquer aux privilèges de la
Chambre » mais en vertu de quoi est-ce que je peux être
obligé de la distribuer la brochure? Je pourrais simplement dire au
député de St-Jacques; « Si vous la voulez, faites une
motion au feuilleton ». Je ne lui demande pas de faire ça, mais
quand on fait un crime...
M. DOZOIS: J'ai fait une motion pour demander le rapport Gallup et puis
on a refusé.
M. LAPORTE: Oui, oui, ,ça je vous ai dit pourquoi, parce que ce
n'est pas dans l'intérêt public, à moins que vous vouliez
encore mettre de l'huile sur le feu. Si c'est votre seul objectif, mais je
prétends que ce n'est pas le moment, c'est pour ça que je dis que
ce n'est pas dans l'intérêt public.
M. DOZOIS: Le rapport Gallup mettrait de l'huile sur le feu?
M. LAPORTE: Alors, M. le Président, je dis: si on veut simplement
que les députés reçoivent une copie de la brochure, je
trouve ça normal, on va la faire distribuer mais qu'on en fasse un
crime, qu'en ne la distribuant pas j'aie violé les privilèges de
la Chambre, bien je demande à ces messieurs de l'Opposition de dire en
vertu de quel règlement, en vertu de quelle coutume, en vertu de quoi
est-ce que j'étais obligé de la distribuer? En vertu de quoi?
M. DOZOIS: Vous l'aviez promis.
M. LAPORTE: En vertu d'une entente, et j'ai dit déjà deux
fois au député de St-Jacques que ce n'est pas moi qui va les
apporter les brochures, je ne les apporterai pas, je n'irai pas les chercher
à Montréal. J'ai demandé qu'on me les envoie
aussitôt et puis à part de ça il n'y a pas péril en
la demeure. C'est un débat qui va avoir lieu au complet à un
moment donné, si on dépose un projet de loi. Vous l'aurez
amplement à temps, j'espère l'avoir cet après-midi, au
moins au retour vous l'aurez. Mais il n'y a rien qui m'y obligeait, c'est ce
principe-là que je veux établir de façon claire. Quand on
me demande; « Est-ce que vous voudriez distribuer cette brochure? »
je dis oui, mais quand on se lève pour dire que le ministre avait le
devoir, je dis « non ». Il n'y avait rien qui m'y obligeait, ni
règlement, ni coutume ni rien. Est-ce qu'on va, à l'aide des
discours du chef de l'Opposition, modifier tranquillement les règlements
pour nous créer des obligations que nous n'avons pas?
Les rapports que nous sommes obligés de déposer sont
indiqués chaque année par le règlement et puis on les
dépose autant que possible à temps. Les autres, il y a deux
façons de les faire distribuer: c'est de mettre une motion au feuilleton
pour qu'ils soient déposés et puis l'autre c'est de dire: «
Bien, si vous vouliez bien, vous distribueriez ça ». Je dis: Oui,
avec plaisir. Mais aujourd'hui on est en train de me faire un reproche
constitutionnel de ne pas l'avoir distribué. Je dis que c'est absolument
folichon. M. le Président, je résume. Il paraît que je
finis toujours mes discours en les résumant, je ne vais pas changer
d'habitude. Cette brochure-là je l'ai fait distribuer pour une raison
bien simple, c'est que j'ai été absolument inquiet de constater
que 47%, admettons un nombre très important de citoyens de l'île
Jésus, n'étaient pas renseignés. Cette brochure a
été faite objectivement de l'avis mime de ceux qui, dans les
journaux, m'ont critiqué le plus sévèrement. Et je me
réfère particulièrement à M. Claude Ryan.
Troisièmement, non seulement je ne prétends pas avoir
violé quelque règlement, mais jepré-viens cette Chambre
que chez nous c'est le début d'une politique. Et que nous allons, quand
nous le jugerons à propos, demander les autorisations nécessaires
à la trésorerie ou au Conseil des ministres et que nous ferons
des brochures objectives pour faire la publicité aux politiques du
gouvernement.
Vous voyez comme on se trouve dans certains dilemnes parfois. On a dit;
comment on va signer ça cette chose-là? Il y en a qui m'ont
suggéré; vous devriez signer ça Pierre Laporte, ministre
des Affaires municipales. J'ai dit; non parce qu'il y a des gens qui vont dire:
le ministre évidemment veut se faire de la publicité. Alors j'ai
dit: on va enlever ça complètement de la brochure. Il ne faut pas
s'imaginer qu'on se lève un matin puis qu'on dit; qu'est-ce qu'on ferait
bien contre les citoyens ce matin? Ce n'est pas comme ça qu'on
procède. On a des conseillers puis on a des gens autour de nous puis on
dit; voici, il y a un problème sur l'fle Jésus, comment peut-on
le régler? Il ya une commission d'enquête qui a fait une
étude très sérieuse et puis qui conclut à une
mesure très énergique, fusion de 14 municipalités.
On a dit: comment va-t-on procéder? Est-ce qu'on doit se
contenter de ce que la commission a publié? Est-ce qu'on doit se
contenter des déclarations reproduites dans les journaux par divers
groupements, par des maires? Est-ce que les citoyens sont au courant de ce qui
se passe chez eux? Ils sont les premiers intéressés. Chacun se
réclame de la majorité de la population, autant le maire de
Chomedey que les autres. Quand j'en rencontre un toute la population de l'fle
Jésus est contre puis quand j'en rencontre un autre toute la population
de l'fle Jésus est pour. Je me suis levé un matin puis j'ai dit;
il doit y en avoir un des deux qui se trompe.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y a eu référendum?
M. LAPORTE; Oui, minute, minute. Ah, j'ai hâte de vous entendre
parler des référendums, du référendum à sens
unique. D'abord à sens unique, ça été
ordonné en vertu de 380-A de la Loi des cités et villes, il y
avait des représentants seulement de ceux qui étaient
opposés à la fusion et dans presque la totalité des cas,
le vote a été de 30 à 50%. Analysons ça
sérieusement là en tâchant simplement de prendre nos
responsabilités. Imaginez-vous qu'il y a un ministre des Affaires
municipales qui s'appelle Daniel Johnson qui est à son bureau, là
il est en dehors de toutes les contingences politiques de la Chambre puis il a
un problème devant lui, là il a un rapport Sylvestre et il aies
référendums qui ont posé une question aux citoyens
à sens unique, publicité en un seul sens...
M. JOHNSON: Ah bon!
M. LAPORTE: Mais qu'est-ce que vous voulez? Mais oui, il n'est pas
question de rapport, je parle d'une question de fait que les
référendums ont été ordonnés par les
conseils municipaux qui étaient opposés à la fusion. Cela,
c'est un fait. Et il n'y a pas eu de représentant de l'au-
tre partie. Quand on parle de démocratie puis qu'on fait des
reproches au ministres des Affaires municipales d'avoir osé renseigner
la population, j'aimerais ça si le chef de l'Opposition n'avait pas
épuisé son droit de parole, tiens, on va confier ça au
député de Champlain de me parler du sens démocratique de
ces référendums organisés où il n'y a que des
représentants de l'Opposition. J'aimerais ça qu'il m'en
parle.
M. JOHNSON: Main non. Il y avait toute l'organisation à M.
Lavoie...
M. LAPORTE; Voyons donc.
M. JOHNSON: ... qui faisait campagne.
M. LAPORTE; Voyons donc. M. Lavoie avait son organisation dans toutes
les villes où il y a eu?...
M. JOHNSON: Vous ne saviez pas ça?
M. LAPORTE: C'est-à-dire que vous vous ne le saviez pas, mais
vous l'affirmez parce que ça fait votre affaire.
M. JOHNSON: Moi, je le sais.
M. LAPORTE: Vous ne le savez pas.
M. JOHNSON: Oui.
M. LAPORTE: C'est absolument faux, mais dans le climat actuel, des
déclarations comme celles-là, que je juge absolument
irresponsables contribuent à créer ce climat de terreur,
d'inquiétude que vous êtes en train de préparer, c'est
tout.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre n'a pas le droit de me
prêter de pareils motifs. Tout ce que j'ai dit, c'est que M. Lavoie, qui
est député provincial, a une organisation dans chaque
municipalité et elle a travaillé en faveur de la fusion à
l'occasion des référendums. C'est tout ce que j'ai dit, M. le
Président.
M. LAPORTE: C'est tout cequevousavez... M. JOHNSON: Et c'est exact. M.
LAPORTE: Cela, M. le Président,... M. JOHNSON: Tout le monde sait
ça.
M. LAPORTE: Ah oui, ça c'est généralement une
façon, « tout le monde sait ça », je suis certain que
le député de Témiscouata était au courant de
ça.
M. JOHNSON: Dans l'île Jésus.
M. LAPORTE: Le député de Yamaska aussi. Tout le monde est
au courant de ça. Imaginez-vous, tout le monde est au courant dans
l'île Jésus, dit le chef de l'Opposition, que le
député de Laval et maire de Chomedey avait une organisation
partout alors que le rapport Sylvestre a eu une publicité fantastique
dans tous les journaux.
Il y avait 50% qui n'en avaient jamais entendu parler. Imaginez-vous si
on peut prendre au sérieux une affirmation semblable.
M. JOHNSON: J'aimerais avoir le rapport, le Gallup poll. Le ministre a
refusé de le produire à la demande du député de
St-Jacques. Il s'appuie sur un document qu'il ne veut pas produire. Vrai?
M. LAPORTE: J'ai donné les raisons pour lesquelles je ne le
produis pas. C'est une diversion.
M. JOHNSON: Qu'il cesse de s'en servir.
M. LAPORTE: Pas du tout. Je dis qu'il y a 50%... Si le
député de Bagot est tellement renseigné sur les
problèmes de l'île Jésus, il doit en savoir encore
plus que moi , il a l'air tellement renseigné cet
après-midi! Il doit savoir encore plus que moi que c'était vrai
que 50% des gens qui ne le savaient pas.
Or, ces référendums-là, je l'ai dit d'ailleurs le
soir même à la population, j'ai dit: « Cela ne peut pas
faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre parce que c'est
une expression d'opinion qui a été conditionnée. C'est une
expression d'opinion qui a été minoritaire dans presque tous les
cas ». Je dis que si le chef de l'Opposition avait la
responsabilité ministérielle, il se poserait de terribles
questions quand il y a un référendum où on dit que 32% des
gens se sont prononcés. Mais les 68 autres %, qu'est-ce qu'on va en
faire? On va les mettre de côté. La démocratie nous permet,
quand on fait un référendum, de mettre de côté 70%
des citoyens.
M. JOHNSON: II y a des députés qui sont élus avec
32% des votes, puisqu'ils sont en Chambre ici. Ils sont payés $15,000
par année.
M. LAPORTE: La très grande majorité des
députés ont la majorité des voix.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: La majorité des voix. Ce n'est pas exact. La
majorité des voix données.
M. LAPORTE: C'est ça.
M. JOHNSON: Or, ça a voté à 60% dans certains
comtés et il y a des députés qui sont ici avec 30% des
électeurs. La liste totale.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LAPORTE: Ces référendums qui ont eu lieu dans quelques
villes sont pour nous un indice. Pas plus. Quant au reste, nous allons nous en
remettre à une chose bien simple, bien difficile en même temps,
faire ce que nous croyons être notre devoir.
Il arrive que le ministre des Affaires municipales est convaincu que la
seule façon d'aider les citoyens de l'îe Jésus à
régler leurs problèmes, c'est de faire une seule ville. Qu'est-ce
que je dois faire à partir de là?
Encore une fois, ce serait tellement plus simple pour moi de ne pas
bouger. Je le sais dans quelle sorte de bataille je m'engage actuellement.
Pensez-vous que je m'y lance pour le simple plaisir de me battre? Ce serait
tellement plus facile pour ma quiétude personnelle de ne pas m'occuper
de l'île Jésus, de dire: « Que les problèmes
augmentent » 1
Il faut se placer en face d'une réalité. C'est que, dans
vingt ans, en 1985, il va y avoir 500,000 personnes sur l'île
Jésus. Ceux qui auront refusé de prendre leurs
responsabilités, aussi difficile que ce soit, ceux qui auront
refusé de faire leur devoir ou ce qui leur apparaît comme
étant leur devoir, je ne suis qu'un humain, je peux me tromper
sur la solution que je propose mais aussi longtemps que je crois que
c'est mon devoir et que je suis convaincu que c'est la bonne, je dois la mettre
de l'avant. Alors, en 1985, lorsque les problèmes seront insolubles, les
gens diront: «Il y avait une administration, il y avait un ministre des
Affaires municipales à Québec qui, pour sa tranquilité
personnelle, a refusé de régler les problèmes ». Et
je serai l'objet, avec raison, à ce moment-là, de la vindicte
populaire.
Je dis que nous allons faire ce qui est possible pour continuer à
renseigner la population de l'île Jésus. La campagne publicitaire
elle-même est terminée. Nous allons inviter les gens qui ont
quelque chose à dire à s'exprimer et nous allons prendre nos
responsabilités. L'Opposition nous appuiera? L'Opposition nous combattra
lorsque nous déciderons de passer aux actes et de fusionner les 14
municipalités de l'île Jésus en une seule? C'est son
privilège et sa respon- sabilité. Quant à moi, je vais me
rendre jusqu'à la limite de ce que je crois être mon devoir, qui
est double: voir à ce que les citoyens soient renseignés et
prendre, ensuite, mes responsabilités législatives lorsque je le
juge nécessaire.
M. BELLEMARE: M. le Président, juste quelques réflexions
très courtes pour appuyer d'emblée les remarques qu'on faites le
député de St-Jacques et l'honorable chef de l'Opposition surtout
quand on entend dans la bouche de celui qui m'a précédé,
le leader du gouvernement dans cette Chambre, les propos qu'il vient de tenir.
Surtout après avoir vécu et avoir établi toute sa
carrière de journaliste et de politique sur la défense de la
liberté individuelle et des libertés collectives. D'abord M. le
Président, « je n'ai pas besoin de vous dire que l'Opposition doit
avoir la liberté d'exprimer toute sa pensée, c'est clair. Le
gouvernement doit avoir toute la patience, sinon d'écouter, sinon
d'attendre sans murmurer que ces messieurs de la gauche aient fini, car c'est
plus agréable d'encenser le gouvernement que de le critiquer. Mais la
critique est plus nécessaire que les vapeurs d'encens. » Cela, M.
le Président, c'est une phrase merveuileuse écrite il y a
quelques années, par celui qui vient de terminer son bref exposé,
l'honorable leader du gouvernement dans cette Chambre. L'Opposition aujourd'hui
qu'on voudrait peut-être un peu plus silencieuse, a une
responsabilité extraordinaire dans le présent débat. Comme
disait si bien, le journaliste dans Le Devoir, le 9 de décembre 1954,
l'Opposition doit être le chien de garde du gouvernement, le chien de
garde surtout plus aujourd'hui que jamais, quand on voit l'Etat se transformer
en publi-ciste et que le ministre vient de dire ce n'est que le commencement.
Je m'en vais rentrer de plain-pied dans ce domaine là et tant et aussi
longtemps que je croirai que c'est mon devoir de faire ce que j'ai fait, je
recommencerai, je recidiverai. Je dis que l'on est en face d'un nouveau
rôle du ministre et du gouvernement.
Le gouvernement va devenir un agent de publicité, ce n'est pas
son rôle, pas du tout. Je crois, et je suis sûr de rencontrer ici
l'assentiment de la population, et surtout de tous ceux qui ont écrit
des éditoriauxpour condamner l'attitude du ministre. Il le sait, il les
a lu ces éditoriaux-là, il en a cité un tout à
l'heure. Un éditorialiste de renom et ça fait deux fois
que ce journaliste écrit des articles assez sévères contre
le ministre des Affaires municipales, une fois sur le bill 13 et
aujourd'hui il vient d'écrire...
M. LAPORTE: Si je peux me permettre, quant au bill 13, je sais que le
député de Champlain est assez monsieur, soyez complet, il a
rétabli les faits deux jours après.
M. BELLEMARE: ... Après que le ministre eut changé son
idée, après que le ministre eut amendé son bill, oui,
après que le ministre eut été obligé de ravaler une
partie d'un discours qu'il a fait en Chambre. Ça tout le monde sait
ça. Ce journaliste a dit: ce n'est pas le rôle de l'Etat d'entrer
comme publiciste surtout dans un conflit où les intérêts
sont immenses, ce n'est pas le rôle d'un ministre des Affaires
municipales de vouloir diriger une barque municipale et surtout une barque
d'annexion, ce n'est pas le rôle, disait M. Ryan, de prendre l'argent de
l'Etat, l'argent des payeurs de taxes, pour en faire un médium
payé de publicité en faveur d'un particulier, M. Ryan a
été sévère. On a dit qu'on l'avait peut-être
rencontré, mais je dis que M. Ryan n'a pas changé d'impression,
surtout s'appuyant lui M. Ryan sur les déclarations et sur les faits,
les faits véridiques. Le ministre tout à l'heure a traité
un peu, je ne dis pas au ridicule, mais il a traité
légèrement l'affaire des référendums
organisés en vue de l'annexion de six villes dans l'île
Jésus au mois de janvier 1965.
M. le Président, que le ministre admette le bien-fondé des
référendums ou non, il y a eu, quand même, un appel
général, de la publicité, qui a été faite
à travers toute lfle Jésus où l'on a demandé
à six municipalités en particulier, à la population par de
la propagande faite des deux côtés, pas seulement d'un
côté, comme disait le ministre. Le résultat a
été dans la proportion de 82.69% des contribuables qui se sont
prononcés contre les annexions. C'était à ce
moment-là un vote clair, une appréciation nette du sentiment qui
animait la population de lfle Jésus, Et vous croyez que le débat
date seulement de quelques jours? Non. Il date de longtemps. On a essayé
par toutes sortes de moyens de convaincre les électeurs pour que la
fusion se fasse. Il faut remonter à la démonstration qu'avait
faite, dans lfle Jésus, le maire de Chomedey d'aujourd'hui quand il
s'est agi d'annexer trois villes. Les arguments qu'il employait à ce
moment-là, et surtout les moyens qufl a pris pour faire taire certaines
oppositions sont connus. Nous avons eu connaissance de ça, nous autres
ici, au comité des bills privés, en bas. Il ne faudrait pas avoir
la mémoire bien longue pour oublier ces faits. Cela continue
aujourd'hui. La motion et la déclaration que vient de faire l'honorable
député de St-Jacques, c'est que nous nous surprenons de voir
qu'à la veille des va- cances parlementaires nous n'ayons pas
reçu encore ce fameux fascicule. Nous sommes bien
intéressés à voter les sommes du budget des Affaires
municipales, nous sommes intéressés aussi à savoir ce que
le ministre va en faire. Quand on voit des articles comme ceux-ci
intitulés: « La solution Sylvestre, une affaire de bien commun.
» En grande page, dans les journaux de la province de Québec. Ces
journaux ne sont pas de vieille date. Ce sont des journaux de ces jours
derniers. C'est en date du 1er avril 1965.
M. LE PRESIDENT: J'espère que le député n'a pas
l'intention de citer ces articles...
M. BELLEMARE: Non, non, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: ... parce qu'il n'a pas le droit. Il n'y a aucune
question devant la Chambre alors, on ne peut pas commencer à citer des
journaux à moins que ça réfère directement au
débat. Il n'y a pas de débat, il n'y a pas de discussion, pas de
question devant la Chambre.
M. BELLEMARE: M. le Président, je continue donc sans vouloir le
citer, mais je dis que l'argent a été employé
déjà par le ministère des Affaires municipales pour faire
une publicité dans les journaux et que ce que demande le
député de St-Jacques, le document qui va servir pour
établir le bien-fondé d'une annexion, nous ne l'avons pas encore
reçu. Nous ne l'avons pas eu. Le ministre dit que 47% sur une population
de 170,000 n'ont jamais entendu parler du rapport Sylvestre. Bien, on en a eu
une démonstration ce matin, bien éloquente, au comité,
quand la ville de Hull a été obligée d'annexer à un
bill un article spécial pour faire engager un contrôleur de
finance. Pourquoi? Parce qu'ils n'avaient pas eu la majorité non plus.
Mais c'était nécessaire. Mais, l'apathie des gens, je crois
qu'elle n'est pas si grande qu'on le prétend. Le ministre dit: «
J'aurais dû, moi aussi, peut-être, partir et puis faire une
tournée dans l'île Jésus. » Qui nous dit qufl ne la
fera pas prochainement? On sait qu'il y a des événements qui vont
se produire dans l'île Jésus très prochainement. Mais
avez-vous remarqué, M. le Président, le « timing » du
ministre? Avez-vous remarqué là, toutes ces combinaisons «
accidentelles », dira le ministre. Mais cette combinaison de tout moyen
pour créer une ligne de pensée, juste à la veille d'une
élection municipale importante peut-être pour eux. Mais toute
cette création, tout ce « timing » tous ces faits
extraordinaires qui s'agencent bien les uns dans les autres pour
produire peut-être un effet dans quelques temps, dans quelques
semaines.
Tout ça sous le couvert bien respectueux des règlements et
puis, surtout, la publication d'une plaquette pour instruire la population.
M. LAPORTE: M. le Président, si je peux me permettre. Est-ce que
le député de Champlain insinue, par exemple, que cette
espèce de machination dont il parle, si elle existe vraiment dans son
imagination, aurait été pensée et organisée par le
ministre des Affaires municipales?
M. BELLEMARE: Ah, je n'ai pas dit ça, M. le
Président...
M. LAPORTE: Ah bon, ah bon.
M. BELLEMARE: J'ai dit, M. le Président, que je trouvais
ça extraordinaire le « timing»! Je fais une constatation: je
dis que je trouve ça extraordinaire, accidentel ou non, que ça
arrive que tous ces éléments-là entrent en cause les uns
après les autres, s'agencent bien dans un tableau d'ensemble. On dirait
que ç'a été prévu d'avance, on dirait que
ç'a été minuté! Cela, M. le Président, c'est
de la planification des moyens nécessaires pour atteindre un but. C'est
tellement fait habilement, surtout, avec cette dévotion et surtout ces
hommages qu'on lance à la démocratie quand on se penche sur ces
pauvres gens non-instruits en qui on veut, malgré eux autres, entrer ces
documents, surtout cette ligne de pensée.
Je n'ai pas besoin de vous dire que ça aurait été
soumis, ça, à un bureau d'ingénieurs-conseils pour
préparer tout le « timing » n'aurait pas été
plus arrangé à la minute et à la seconde. Le ministre se
lève et il défend ça. Pourquoi le ministre n'a-t-il pas
fait la même chose quand il s'est agi de respecter la liberté
d'expression d'autres municipalités, d'autres cités et villes qui
ont voulu elles autres aussi annexer? Oui, il n'y a pas si longtemps...
M. LAPORTE: Quelle?
M. BELLEMARE: Montréal. Qu'est-ce que vous avez fait? Il
était question, là aussi, d'annexion. Il y a des gens qui ont
pris des risques; il y a eu des gens qui ont pris sur eux autres leurs
responsabilités d'administrateurs...
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LAPORTE: J'invoque le règlement. Ce que dit le
député de Champlain est en train de déformer
complètement la prise de position que j'ai exposée tout à
l'heure. Je n'ai pas défendu, comme ministre, la fusion ou la
non-fusion. J'ai résumé dans une brochure un rapport fait par une
commission nommée par mon ministère. Cela n'était pas le
cas lorsqu'il y a eu des fusions à Montréal. Je n'avais pas
d'affaire à intervenir à ce moment-là, voyons donc!
M. BELLEMARE: M. le Président, mais c'est contre, totalement
contre ce qu'il a prêché pendant des années...
M. LAPORTE: Dites-moi comment?
M. BELLEMARE: Comment? Tous ces articles, quel est le rôle de
l'Opposition, quel est le rôle de la liberté d'expression, quel
doit être le rôle du gouvernement, pourquoi ne pas continuer cette
ligne de liberté d'expression? Quand on voit ces articles écrits
par un journaliste de son calibre, qui protestait à chaque instant
contre ceux qui brimaient la liberté, qui essayaient d'imposer leurs
vues, qui voulaient créer des moyens d'action, qui voulaient
établir une pensée politique, et qui disait: « C'est du
brimage! Vous êtes en train de saboter la démocratie. »
J'ai entendu ça, j'ai lu ça dans ses articles, M. le
Président, et c'est cet homme-là aujourd'hui qui se lève
en Chambre et puis qui dit: « C'est mon rôle d'aller instruire les
non-instruits; c'est mon rôle d'aller porter la lumière à
cette pauvre phalange de gens amorphes qui ne connaissent pas le rapport
Sylvestre. » Mais, il a donc bien changé, cet homme qui
défendait les libertés individuelles et les libertés
collectives!
M. LAPORTE: Dites-moi donc en quoi j'ai changé? En
renseignant...?
M. BELLEMARE: Vous avez changé parce qu'aujourd'hui vous
êtes l'agent, vous êtes celui qui servez d'outil pour justement
brimer ces libertés. Est-ce que le ministre pourrait voter demain matin
$25,000 au Parti civique pour qu'il ait les mêmes moyens d'action?
M. LAPORTE: Il n'est pas question de Parti civique dans ça.
M. BELLEMARE: Non, il n'y apas de danger,
il fait voter $50,000, par exemple, par la Chambre pour exposer son
point de vue, le point de vue annexionniste, le point de vue du brimeur...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LAPORTE: M. le Président, je m'excuse, je...
M. BELLEMARE: Cela va faire 8 fois.
M. LAPORTE: Bon, bien alors je n'interviens pas, très bien. Si
c'est pris comme ça, là, mon désir de mettre au point,
très bien, je n'interviendrai plus. Mais ça ne veut pas dire que
vous allez avoir raison tout le long, par exemple.
M. BELLEMARE: On va voir le document?
M. LAPORTE: Non, j'ai dit: ça ne veut pas dire que vous aurez
raison et que vous respecterez le règlement. Je voulais simplement vous
demander en quoi envoyer des brochures sur ltle Jésus, ça brime
la liberté des gens, la li'î berté d'être
renseignés peut-être?
M. BELLEMARE: M. le Président, quand certains pays totalitaires,
sous d'autres motifs, empoisonnaient, faisaient des lavages de cerveaux,
c'était les mêmes méthodes, c'était les mêmes
arguments.
Qu'on ne se voile pas la face aujourd'hui pour dire: je défends
la démocratie, je ne vais pas brimer les libertés, au contraire,
je m'en vais les renseigner. C'est du lavage de cerveaux, c'est clair, on a
décidé coûte que coûte de faire l'annexion, on va
prendre tous les moyens, et on commence, par le lavage des cerveaux, on prend
de l'argent voté par les Chambres, de l'argent payé par des taxes
et on l'applique dans un « one way ». Pourquoi le ministre des
Affaires municipales...
M. LAPORTE: Une question, M. le Président.
M. BELLEMARE: ... ne voterait pas $50,000 pour le parti civique, pour
qu'eux aussi qui payent des taxes puissent...
M. LAPORTE: Est-ce que je peux poser une question, une petite
question?
M. BELLEMARE: Oui.
M. LAPORTE: Vous allez être content que je la pose d'ailleurs.
Comment est-ce que le député de Champlain peut-il
prétendre que c'est du lavage de cer-vaux, la brochure, alors qu'on me
reproche justement de ne pas l'avoir distribuée, vous ne la connaissez
pas.
M. BELLEMARE: M. le Président, on sait ce qui s'en vient, voyons
donc. Surtout quand on voit des articles comme ça publiés par le
ministère dans les journaux maintenant.
M. LAPORTE: Ah bon,
M. BELLEMARE: On le sait, pourquoi étaler ça dans les
grands journaux, dans les grands quotidiens, à grande page ces
arguments, c'est le commencement. On devine ce qui va suivre, le ministre nous
prévenant, par ces annonces payées par son
département.
M. LAPORTE: Je vous l'ai dit ce qui va suivre.
M. BELLEMARE: Oui, c'est le commencement, quand on résume la
synthèse qui est comprise dans ce rapport, dans cette annonce, on devine
comment est-ce que va être rédigée la plaquette. Ah, on n'a
pas besoin de trop, trop chercher, surtout quand on connaît
l'habileté du ministre. Sous les signes de grandeur, de libertés
individuelles, du respect, de la démocratie...
M. LAPORTE: C'est pas moi qui l'ai faite, la brochure.
M. BELLEMARE: M. le Président, le ministre essaie de se sortir
d'un mauvais pas en disant; ce n'est pas moi.
M. LAPORTE: Ah bien non, par exemple.
M. BELLEMARE: C'est comme Pilate, il s'en lave les mains.
M. LAPORTE: Ah bien non, par exemple, c'est juste parce que...
M. BELLEMARE: C'est le ministre qui a fait voter l'argent.
M. LAPORTE: ... vous avez dit l'habileté...
Oui, j'en prends la responsabilité, mais quand vous dites:
l'habileté du ministre est connue, ce n'est pas moi qui l'ai
écrite la brochure. Que j'en prends la responsabilité à
fond,...
M. BELLEMARE: Est-ce que c'est le ministre qui a demandé de la
préparer?
M. LAPORTE: Certainement. J'en prends la responsabilité,
M. BELLEMARE: Le ministre a demandée de la préparer.
Est-ce que c'est le ministre qui a préparé cette
annonce-là?
M. LAPORTE: Non, non. Je l'ai revisée. M. BELLEMARE: Vous l'avez
lue. M. LAPORTE: Eh bien, tiens! M. BELLEMARE: Beaucoup.
M. LAPORTE; Si je l'ai lue beaucoup, quand je la vois, je la vois
complètement.
M. BELLEMARE: Vous l'avez révisée, totalement?
M. LAPORTE: Cela ne m'arrive pas de lire un petit peu.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LAPORTE: Excusez-moi, je vais vous écouter d'en
arrière. Je ne vous dérangerai pas.
M. BELLEMARE: M. le Président, quand je lis ça, je
retrouve les mêmes expressions qu'il y avait dans les écrits de
1954, 1955, 1956, quand il défendait la démocratie, qu'il
défendait les libertés individuelles, les mêmes termes,
pour envelopper la même sorte de poison, j'ai le droit de dire ça,
M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Non.
M. BELLEMARE: Je le dis pas.
Mais les mêmes choses qui ne sont pas bonnes. Et surtout quand on
veut, dans un conflit comme celui-là, où l'on est actuellement
àcréer un climat qui va être bien différent de celui
qui devrait exister dans un climat de liberté, dans un climat où
ça devrait être des gens libres de toute attache, sans lavage de
cerveaux, qui devraient, eux les propriétaires, qui ont
décidé d'avoir des maisons, qui ont décidé d'avoir
dans ce patelin leur demeure, qui devraient eux autres aussi avoir la
responsabilité de décider si oui ou non il doit y avoir annexion.
Mais, M. le Président, est-ce que le ministre serait prêt à
voter un montant d'argent pour le parti civique pour qu'il continue à
défendre leur point de vue, c'est un autre côté de
médaille, M. le Président?
M. LAPORTE: Est-ce que c'est une question?
M. BELLEMARE: Oui.
M. LAPORTE: M. le Président, étant donné qu'il ne
s'agit ni de faire campagne pour, ou de faire campagne contre, mais qu'il
s'agit simplement de renseigner la population sur le contenu d'un rapport
préparé par des experts, j'ai déjà
déclaré, je n'ai pas l'intention de payer une polémique
entre deux partis qui seraient pour ou contre la fusion. Nous avons simplement
voulu renseigner les citoyens.
M. BELLEMARE: M. le Président, pour faire suite au ministre,
à la remarque du ministre, je voudrais attirer son attention sur le
rapport préliminaire des commissaires en juin 1964, et je pense que ces
gens-là étaient extrêmement bien placés pour dire
ceci: « Cependant, nous tenons à souligner que la majorité
des tenants de toutes les théories proposées croient qu'il serait
juste et pratique, avant toute décision finale, que les électeurs
de 111e aient soit localement soit dans l'ensemble de l'Ile l'occasion de
s'exprimer sur un tel choix par le plébisciste », non pas par une
loi, non pas par une dictature.
Je n'accuse pas le ministre d'une dictature d'opération
économique faite sciemment et habilement manoeuvrée. Cela doit
être légal. A ce publiscite ne devrait voter...
M. LAPORTE: Je ne me pensais pas terrible comme ça!
M. BELLEMARE: «... que tous les électeurs âgés
de 18 ans et plus excluant tout vote en valeur ». Cela, M. le
Président, juin 1964. Aujourd'hui, publicité secrète,
publicité cachée justement parce que c'est de la propagande. Car
si ce ne l'était pas, elle serait sortie au grand jour dans l'opinion
publique, on la connaîtrait. Mais parce que c'est justement de la
propagande systématiquement organisée, on ne le connaît
pas. Ceci en est la raison. Elle est là, la vérité, ce
sont les faits, le ministre ne peut pas nier ça.
M. LAPORTE: Je n'ai plus le droit de parole!
M. BELLEMARE: M. le Président, c'était adressé
à l'honorable Pierre Laporte ceci, il n'en a jamais parlé...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je pourrais rappeler au député
de Champlain encore une fois qu'il n'a pas le droit de citer des journaux?
M. BELLEMARE: Ce ne sont pas des journaux, ça c'est le rapport de
la commission.
M. LE PRESIDENT: II n'a pas le droit de lire un écrit, un
imprimé ou quelque extrait d'écrit ou d'imprimé qui ne se
rapporte pas directement au sujet du débat en cours. Il n'y a pas de
sujet de débat en cours, il n'a pas le droit de citer aucun
écrit. J'ai laissé continuer le député de Champlain
parce que je pensais qu'il voulait citer simplement quelques lignes mais s'il
est pour continuer je ne pourrai pas le lui permettre.
M. BELLEMARE: Oui, oui, c'est ça. Vous pouvez être certain
que je n'irai pas vous lire tout ça. Non, cet après-midi c'est
impossible.
M. LE PRESIDENT: J'espère que non.
M. BELLEMARE: Ah! non et puis vous avez été tellement
gentil et tellement indulgent pour moi depuis le début, M. le
Président, que je ne voudrais pas contrevenir à votre
décision, mais je dis que pour faire un discours en Chambre ça va
devenir assez difficile, il va falloir être des experts en patinage de
fantaisie parce qu'avec l'application des règlements comme vous le
faites, ça nous limite à un champs assez restreint.
M. LE PRESIDENT: Je vais dire tout simplement au député de
Champlain que si les membres de l'Assemblé voulaient prendre la peine de
lire les règlements, son interprétation deviendrait très
simple comme son adoption deviendrait très simple. Quant à moi
j'aurais le plus grand plaisir au monde à ne plus être
obligé de vous interrompre. Ce n'est pas par plaisir que j'interromps
quelqu'un qui enfreint les règlements. Je le fais parce que c'est mon
devoir.
M. BELLEMARE: N'allez pas penser que ça nous fait plaisir, nous
autres aussi! je vous garantis que c'est dur pour nous autres. Mais d'un autre
côté, qu'on cesse dans la province de Québec d'essayer de
prêcher une doctrine et de dire aux gens: vous savez l'argent qu'on a
fait voter pour le rapport c'était nécessaire mais les
éditorialistes ont dit: « C'est le meilleur moyen que prend le
ministère aujourd'hui, en créant une nouvelle tangente, pour que
demain, sous le couvert de l'administration publique, se fassent des abus
regrettables. »
M. LAPORTE: Cela vous devez surveiller ça.
M. BELLEMARE: Oui, on peut surveiller ça.
M. LAPORTE: C'est votre devoir.
M. BELLEMARE: Mais quand le ministre sera rendu, et je crois, qu'il est
pas mal avancé, pour prendre des décisions, comme il l'a prise,
de nous annoncer en Chambre à un moment donné qu'il y a un
rapport qui va être publié sous sa recommandation et que $50,000
de l'argent du public seront investis, à ce moment-là l'honorable
député de St-Jacques a dit: « Mais est-ce que le ministre
va faire la même chose pour l'autre partie? » Le ministre a dit:
« Non, moi mon rôle c'est d'éclairer, de montrer ce que
c'est que le rapport Sylvestre. » J'ai été à la
bibliothèque ce matin, et je serais heureux que les membres de
l'Assemblée législative viennent faire un tour pour voir, sur les
tablettes le nombre de rapports d'enquêtes qui ont été
faites depuis 1927.
Sur toutes sortes de choses, sur toutes sortes de sujets, le nombre de
commissions d'enquête qui ont siégé et c'est la seule fois,
depuis 1927, qu'un rapport comme celui-là, qu'un écrit qu'une
plaquette comme celle-là est sortie du ministère des Affaires
municipales. La seule fois.
Est-ce qu'il n'y avait pas, dans d'autres circonstances,
l'intérêt public en jeu? Est-ce qu'on n'aurait pas eu raison,
après certaines commissions d'enquête, de sortir un rapport
très détaillé, avec la meilleure foi du monde, pour
établir dans le peuple la véritable situation? Non!
Il y a eu une commission d'enquête dernièrement sur un
sujet crucial, je ne veux pas revenir sur le débat de l'Agriculture,
mais il y en a eu un rapport qui a été fait par une commission
d'enquête. Une enquête merveilleusement bien conduite, qui a
condamné le gouvernement. Est-ce qu'à, ce moment-là on l'a
publié ce rapport, pour l'avantage des cultivateurs qui en avaient
extrêmement besoin? Non!
Mais aujourd'hui, dans un sujet extrêmement discuté;
aujourd'hui, dans une circonscription territoriale où les esprits sont
réchauffés, où il s'établit des clans, où on
sent les lignes de parti se dessiner, c'est le gouvernement qui décide
de prendre part, et de quel côté se branche-t-il? Du
côté du plus fort. Du côté de celui qui a tout
écrasé jusqu'ici, de celui qui a fait fi des
référendums tenus dans six municipalités en janvier 1965.
Le gouvernement avec sa puissance, le gouvernement avec son ministre des
Affaires municipales, édite une plaquette et la fait distribuer.
M. le Président, je dis que c'est un mauvais principe. Quand bien
même ce serait pour $1, comme disait le ministre des Affaires municipales
ce matin, c'est le même principe en jeu.
Et ce principe de droit de liberté, ce principe de droit qu'ont
les citoyens propriétaires de ne pas se laisser influencer par qui que
ce soit, pas même par le gouvernement, vont subir un préjudice
parce que, dans l'alignement des forces en présence, il y aura ceux qui
ne veulent pas, et ils sont pour 82.69% ceux qui ont voté dans les six
paroisses, dans les six villes de l'île Jésus en janvier 1965 qui
se sentiront écrasés par la machine toute-puissante, surtout
à cause des noms qu'on a jetés dans le débat, des noms de
ceux qui y figurent comme étant les leaders et on sait quel est le
leadership dans l'île Jésus présentement.
Et, c'est ça qui est condamné par les
éditorialistes, c'est ça que l'Opposition, avec l'honorable chef
de l'Opposition et le député de St-Jacques, nous condamnons.
L'introduction, l'immixtion du ministre des Affaires municipales dans un camp!
Cela, nous disons que ce n'est pas de la vraie démocratie, nous disons
que ce n'est pas exercer dans cette province les droits, le respect qu'ont les
citoyens propriétaires de les exercer librement. Je suis assuré
que le ministre regrettera sincèrement comme un ami, pas comme
politique, comme un ami je lui dis que c'est un geste qu'il pose
aujourd'hui qu'il n'est pas justifié de faire, mais il le fait parce
qu'il est en partage entre son amitié pour quelqu'un ou pour quelques
personnes et, de l'autre côté, l'intérêt public.
Non, le ministre va regretter ça! Et je dis que c'est
débalancer les forces en présence que d'apporter la
toute-puissance du gouvernement pour établir, voulez ou ne voulez
pas, comme dit M. Ryan un système qui sera condamnable et sur
lequel les administrateurs auront énormément de misère
plus tard.
Et comme le dit ici M. Jean-Marc Léger: « Ce sera le
crépuscule de la démocratie parlementaire. » Oui, c'est
avec des gestes comme pose aujourd'hui le ministre que la foi dans les hommes
politiques va disparaître dans la masse populaire. On ne croira plus aux
hommes politiques. On traverse aujourd'hui une crise assez difficile à
cause des événements qui se traduisent par des procès
retentissants. Déjà la foi populaire est ébranlée
dans les hommes politiques. Et aujourd'hui quand on verra arriver la
toute-puissance du gouvernement avec en tête le leadership de l'île
Jésus qui est un député et justement en arrière le
ministre des Affaires municipales par son autorité avec sa plaquette,
qu'on le veuille ou qu'on ne veuille pas, on l'impliquera au ministre des
Affaires municipales. Et là, dans la masse populaire, ceux qui auront
été écrasés, ceux qui auront été
subjugués, ceux qui seront appelés à dis- paraître,
à voir anéantir leur droit à la liberté
d'être propriétaires libres et de se prononcer librement diront:
« C'est le crépuscule du parlementarisme. » Je proteste et
je suis sûr de rencontrer ici l'assentiment de bien des
députés libéraux. Oui, il y a des députés de
l'autre côté de la Chambre qui n'aiment pas ça. Oui, il y a
des députés libéraux qui seraient prêts, si ce
n'était pas la solidarité ministérielle, de voter contre
ça. Mais ils ne le feront pas à cause de l'alignement des partis.
Us ne le feront pas parce qu'il a été décidé, lors
d'un caucus, que c'était ça qui devait être fait. Et j'ai
des petites nouvelles, et elles sont bonnes. Le caucus a dit aux
députés: « II y a seulement qu'une solution et c'est
celle-là. Nous allons adopter telle méthode, nous allons faire
telle chose, nous allons amener telle chose en tel temps. » C'est de
même que ça s'est organisé. Il n'y avait pas besoin d'un
bureau conseil pour le faire. Le caucus l'a réglé. Je dis en
terminant qu'il y a des députés libéraux dans cette
Chambre qui voteraient contre, qui ne sont pas satisfaits du dommage
extraordinaire que cause à leur parti cette affaire malheureuse de
l'île Jésus et surtout quand on voit des titres comme ceux-ci dans
les journaux de la province: « Lavoie devrait être chassé de
la fonction publique, soutient le dossier du Parti civique. » Cela ne
fait pas de bien au parti libéral.
M. le Président, je termine et je suis sûr d'avoir
exprimé cet après-midi un sentiment d'amiitié pour le
ministre, un sentiment de liberté en faveur de ceux qui vont être
opprimés, d'avoir été la voix de celui qui a crié
contre l'injustice qui s'en vient.
M. LAPORTE: Dans le désert.
M. BELLEMARE: Oui, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, à
cause de votre force, ce serait peut-être un désert. Il y aura des
victimes quand même. Il y aura des opprimés. Il y aura des gens
qui crieront: « Vengeance » contre vous, contre le gouvernement. Et
vous verrez qu'un jour, on a connu d'autres gouvernements qui pensant que
c'était immortel le pouvoir ont peut-être commis des abus de
confiance. Vous savez comment le peuple réagit dans ce temps-là.
Oui, le peuple sera sévère. Oui, le peuple sera sûrement
exigeant et le peuple se révoltera un jour et ça ne sera plus le
temps, quand les cadavres se balanceront au bout d'une corde. Ah! on va rire
dans cette Chambre mais vous êtes à préparer cette petite
révolution tranquille en posant des gestes comme aujourd'hui. C'est
ça qui exaspère les petits. C'est ça qui exaspère
ceux qui n'ont pas les moyens
de lutter contre un gouvernement puissant, qui prend tous les moyens
pour brimer leurs libertés. Vous riez aujourd'hui! Il y en a d'autres
qui ont déjà ri et quand sont arrivés les
événements, ils ont dit: « C'est trop tard. » Eh
bien, pour éviter ça, nous nous levons dans cette Chambre et nous
essayons de demander au ministre de ne pas voir seulement un côté
de la médaille mais les deux côtés.
Et, si c'est juste pour le ministre d'accorder $50,000 pour faire voir
un côté du rapport Sylvestre, qu'il ait donc, M. le
Président, la même générosité pour faire voir
l'autre côté afin qu'on ne l'accuse pas d'être
intransigeant.
M. LAPORTE: Sur division M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La motion est adoptée, d'aller en subsides?
M. LAPORTE: Les Travaux publics. M. LE PRESIDENT: Je quitte le
fauteuil.
M. BEDARD (président du comité des subsides): Travaux
publics, page 161 résolution numéro 1, « administration
».
M. GOSSELIN: M. le Président, à l'article numéro 1,
« administration », cette année il y a une augmentation
assez considérable dans les crédits demandés. Est-ce que
l'honorable ministre des Travauxpublics pourrait nous donner des détails
sur cette augmentation?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je voudrais premièrement
déposer en Chambre un addendum au rapport annuel du ministère des
Travaux publics, c'est-à-dire quatre feuilles qui indiquent le nombre de
dépôts, et la superficie en pieds carrés. C'est une
omission que nous voulons corriger qui permettra à tous ceux qui
étudient le budget d'être renseignés en entier sur le
ministère des Travaux publics.
M. LE PRESIDENT: Je suggérerais au ministre de déposer ce
document dès que nous retournerons en Chambre, le comité n'a pas
d'archives et ne peut pas recevoir de documents.
M. SAINT-PIERRE: Bon, très bien, je le déposerai en
Chambre. A la première question là, sur l'augmentation du montant
des crédits votés pour les salaires, je voudrais répondre
ceci: premièrement c'est que l'augmentation n'est pas très,
très forte elle est de l'ordre de...
M. GOSSELIN: $400,000.
M. SAINT-PIERRE: ... $400,000 c'est probablement dû aux
augmentations de salaire qui sont statutaires aussi à l'addition de
quelques employés dont j'ai une liste et dont je pourrais donner des
renseignements additionnels. Je voudrais mentionner à ce point-ci que le
personnel clérical qui était de 504 est maintenant de 521. Il y a
donc eu durant l'année des augmentations de salaire et en outre il est
à remarquer que la moyenne des salaires du personnel clérical
dans le ministère sera de $5,003.
M. GOSSELIN: $5,003.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il y a eu augmentation du personnel?
M. SAINT-PIERRE: Oui, il y a eu augmentation du personnel, il y a une
augmentation de 17.
M. RUSSELL: De nouveau? Il y a eu combien de congédiements?
M. SAINT-PIERRE: Des congédiements? Je pourrais vous le dire. Par
congédiement évidemment, c'est peut-être, je ne pense pas
qu'il y en ait beaucoup. Il y en a qui sont partis durant l'année pour
prendre leur pension. Des congédiements, je ne sais pas s'il y en a eu.
Dans deux minutes je pourrai vous les donner. Vous pouvez poser une question en
attendant. Onpour-rait peut-être accepter le budget avant six heures.
M. RUSSELL: Avant cinq heures peut-être.
M. GOSSELIN: Non, je ne crois pas que nous adoptions le budget avant
cinq heures, M. le Président, mais je trouve que le ministre a beaucoup
de difficultés à nous donner la justification d'un montant aussi
considérable que $400,000 sur l'item administration, et je ne suis pas
tout à fait satisfait de la réponse donnée jusqu'ici.
J'aimerais que l'honorable ministre nous donne des détails
complets sur cette augmentation: combien de cette somme de $400,000 y a-t-il
pour les augmentations statutaires? Combien y a-t-il pour les employés
surnuméraires, cette année, les employés additionnels que
le ministère a à son emploi et, en plus, combien
d'employés ont été mis à leur retraite au cours de
l'année qui vient de s'écouler et combien de nouveaux
employés et à quel palier ont été
engagés.
M. SAINT-PIERRE: C'est certainement j'ai à
côté de moi, ici, premièrement le sous-ministre et
l'assistant du sous-ministre et, en arrière de moi, les membres
de...
DES VOIX: Les députés!
M. LOUBIER: Les membres de l'Assemblée législative.
M. SAINT-PIERRE: ... les députés. Le sous-ministre adjoint
pourrait vous donner la réponse. D'ailleurs vous savez, nous avons
passé des heures à attendre et tout le personnel n'est pas
ici...
M. RUSSELL: Vous étiez impatient!
M. SAINT-PIERRE: ... présent, puisqu'il est 5 heures.
M. GOSSELIN: Est-ce que l'honorable ministre aimerait mieux que nous
ajournions et que nous reprenions, à la prochaine séance, la
discussion des crédits? Il y a une quinzaine de minutes avant la
sanction. Si l'honorable ministre est plus à l'aise pour répondre
à tout ça.
M. SAINT-PIERRE: Non. Je peux donner des informations additionnelles. Je
voulais tout simplement je pensais qu'on me poserait des questions sur
le nombre d'architectes et puis tout ça pour être un peu au
courant du ministère.
M. GOSSELIN: J'ai posé cinq ou six questions.
M. SAINT-PIERRE: Puisqu'on s'inquiète seulement à savoir
s'il y en a qui ont été congédiés, eh bien, je
dirai ceci. Je vais répondre d'une façon très très
explicative et prendre le temps voulu afin que vous ayez tous les
renseignements que vous désirez tout en voulant pénétrer
davantage dans le sujet, si vous voulez, de façon à ce que tout
soit bien dit. Alors, si on regarde la différence, tel que l'a
demandé le député de Compton, dans l'administration, cette
différence, à l'item « administration »,
l'augmentation est due au fait que les frais téléphoniques et
postaux ne sont plus remboursés par les autres ministères. C'est
qu'autrefois, à la fin de l'année, nous chargions à chacun
des ministères les frais postaux et téléphoniques.
M. GOSSELIN: Si c'est aussi mêlé dans le ministère
comme vous l'êtes, ça doit être beau.
DES VOIX: Ah, ah!
M. SAINT-PIERRE: Je ne suis aucunement...
M. BERNIER: Quel mot spirituel!
M. HEBERT: Le grand administrateur!
M. SAINT-PIERRE: C'est toujours le petit mot du commencement du
député de Compton. C'est un cocktail pour nous inviter à
participer davantage et plus profondément à ce sujet. Mais je
tiens à dire que le député de Compton, évidemment,
s'instruit davantage tous les ans quand il discute mon budget. Je lui donne des
renseignements qui l'intéressent beaucoup et il me dit toujours,
à la fin, qu'il est très satisfait de la manière,
il va le dire, d'ailleurs, sa phrase est préparée, que
tout a été bien discuté, que tout a été bien
fait. Il commence par le cocktail mais il finit avec le dessert.
Au point de vue des retraites, durant l'année, il y en a eu 34 en
tout dans le ministère, mais 6 parmi les employés de bureau. Des
mutations, d'un ministère à un autre, il y en a eu neuf.
Employés terminés ou révoqués, trois. Les
démissions, 23; et les décès, deux. Alors 43 qui sont
partis et 60 nouveaux, ce qui fait une augmentation de 17. Est-ce que je
réponds bien à la question?
M. GOSSELIN: On va accepter ça.
M. SAINT-PIERRE: Vous n'êtes pas obligé.
M. GOSSELIN: Alors, sous-item 1, M. le Président,
adopté.
M. LE PRESIDENT: D'accord. Sous-item 2, « Bureau de poste
».
M. GOSSELIN: « Frais de voyage ». on ne prend pas...
M. LE PRESIDENT: Sous le sous-item 2. M. RUSSELL: Sous-item 2, hein?
M. SAINT-PIERRE: Frais de voyage, le montant était de...
M. GOSSELIN: Le même. M. LE PRESIDENT: $45,000.
M. RUSSELL: Est-ce que le montant de $45,000 de l'an dernier a tout
été dépensé?
M. SAINT-PIERRE: Le $45,000 de l'an dernier a été
dépensé, vous l'avez, je pense, dans l'item au budget,
c'est-à-dire aux comptes publics. Aux comptes publics, les item sont
indiqués avec les dépenses de chacun. Les frais de voyage, cette
année, c'est$43,000, c'est vrai que c'est un an en arrière
ça,$43,000 sur $45,000.
M. LE PRESIDENT: Bon. « Frais de bureau ».
M. SAINT-PIERRE: Frais de bureau, c'est...
M. GOSSELIN: Une augmentation assez considérable dans les frais
de bureau.
M. SAINT-PIERRE: Dans les frais de bureau, oui.
M. GOSSELIN: Qu'est-ce que l'honorable ministre a l'intention de faire
avec l'augmentation qu'il y a cette année? Est-ce qu'il y a des projets
nouveaux?
M. SAINT-PIERRE: Pour les frais de bureau, je vais vous le dire
là. Quel item est-ce ça? Les frais de bureau, c'est de $110,000
à $113,000, c'est ça?
M. GOSSELIN: $900 l'an dernier, $8,000 cette année.
M. SAINT-PIERRE: Dans les frais de poste, c'est la même chose,
téléphones et télégrammes il y aura $5,000 de plus,
pour le ministère ça. Les messageries, c'est la même chose,
mais évidemment il y a $11,000... Téléphones, c'est $5,000
de plus et messageries $2,000 de moins. Ces frais de bureau là,
ça doit être une erreur d'impression là, l'an
passé...
M. GOSSELIN: $7,100 de plus cette année.
M. SAINT-PIERRE: Je ne comprends pas ça. $7,100 ici, je ne sais
pas ce que ça doit être, probablement qu'on n'avait rien
acheté l'an passé.
M. RUSSELL: Estce que le montant de l'an dernier a tout
été dépensé?
M. SAINT-PIERRE: Il a dû. Le montant de l'an dernier était
de $900 d'après ce qu'on indique et cette année c'est $8,000,
$7,100; on peut le prendre en note parce que ces chiffres de l'an passé,
$900 là, il me semble que c'est un peu faible.
M. GOSSELIN: Le ministre ne peut pas nous expliquer pourquoi?
M. SAINT-PIERRE: Je peux le savoir, par exemple, et vous le dire.
M. GOSSELIN: Est-ce que vous avezposé des lignes additionnelles
entre... ?
M. SAINT-PIERRE: Non, non. Voyez-vous, s'il y a $90,000, c'est
l'impression parce que d'après ce que nous avons ici, l'an passé
c'était $86,100.
M. GOSSELIN: A la page 163 du livre du projet de budget que nous avons
cette année, au sous-item 3, « frais de bureau et de voyage
», en-dessous dans l'Item 1, vous avez « frais de bureau »,
$8,000 pour 1965/1966, et en 1964 vous aviez $900.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça, c'est ce que je vois.
M. GOSSELIN: Il y a une augmentation de $7,100.
M. SAINT-PIERRE: Nous avions ici là de dépenses de faites,
c'était $79,800, c'est imprimé $900 là, je ne sais pas
pourquoi.
M. RUSSELL: Ce n'est pas $7,000?
M. SAINT-PIERRE: Les vrais chiffres, c'est $79.900 puis le montant qui
était voté, ce devait être $90,000.
M. RUSSELL: Quelle a été la dépense de
1964/1965?
M. SAINT-PIERRE: En 1964/65, ce qu'on demande de voter, actuellement,
c'est $90,000.
M. RUSSELL: $90,000 et puis le ministre avait...
M. SAINT-PIERRE: C'est ce qu'on a demandé, et puis ce qu'on a
obtenu, c'est $80,000. Alors vous avez, c'est-à-dire $8,000, et l'an
passé c'était...
M. GOSSELIN: $900.
M. SAINT-PIERRE: $900, c'était une erreur, ça ne se peut
pas.
Pour le $9,100 de plus, en tous les cas, on peut vous dire ce que c'est.
C'est que les frais de...
M. GOSSELIN: C'est $7,100 de plus.
M. SAINT-PIERRE: Les menues dépenses de bureaux sont de $6,000;
les messageries de $2,000, ce qui fait $8,000. Alors il y a $2,000 pour les
messageries et les menues dépenses de bureau, $6,000, ce qui fait
$8,000.
M. RUSSELL: Cela c'est les prévisions des demandes du budget.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça.
M. RUSSELL: Quel a été le montant dépensé
l'an dernier?
M. SAINT-PIERRE: On va le trouver, on va vous le donner. Moi je dis
ça d'après les chiffres qu'il y a ici.
Alors, voulez-vous passer à un autre item? ou bien...
UNE VOIX: On y reviendra.
M. SAINT-PIERRE: ... si vous ne voulez pas accepter, on peut le garder
en note.
M. LE PRESIDENT: No 4: « Matériel, articles de bureau
» $113,000.
M. GOSSELIN: $113,000. Est-ce que l'honorable ministre peut nous donner
des explications sur cette dépense?
M. SAINT-PIERRE: Sur l'Item 4?
M. GOSSELIN: Sous-item 4, article 1.
M. SAINT-PIERRE: C'était $110,000, à présent c'est
$113,000?
M. GOSSELIN: Oui.
M. SAINT-PIERRE: La différence de l'augmentation est: à la
mécanographie, il y a une augmentation. On n'en payait pas; maintenant
on paye $18,000 pour la mécanographie.
M. RUSSELL: Elle vous a coûté combien, l'an dernier, la
mécanographie?
M. SAINT-PIERRE: On ne la payait pas, l'an passé. C'est un
nouveau service qui est donné par le centre de mécanographie.
Alors on paye notre part d'impression.
M. RUSSELL: Le ministère des Travaux Publics n'avait aucune
charge l'an dernier?
M. SAINT-PIERRE: Aucune. Aucune en travaux de mécanographie l'an
dernier. Pour cet item-là, c'est la première année que
nous avons $18,000 à voter pour payer ces frais.
M. RUSSELL: Mais par contre, il y a seulement que $3,000 d'augmentation,
puis vous allez avoir une dépense additionnelle de $18,000! Vous allez
en manquer.
M. SAINT-PIERRE: II y a des réductions, évidemment, dans
certains item. L'an passé, voyez-vous nous avions $14,000 de moins pour
l'entretien des machines à bureau; fournitures de bureau, la même
chose; impressions, $1,000 de moins, et puis les divers c'est la même
chose. Alors, la différence existe entre le coût des travaux de
mécanographie cette année et la réduction qu'il y a dans
les machines de bureau, l'entretien des machines à bureau, et les
achats.
M. GOSSELIN: Cependant, M. le Président, vous remarquerez que
l'honorable ministre a beaucoup de difficulté à nous donner ces
renseignements. Au sujet du montant de $110,000, l'an passé, est-ce que
tout a été dépensé ou si vous en avez eu un
solde?
M. SAINT-PIERRE: Vous trouvez qu'on ne dépense pas assez?
M. GOSSELIN: En somme, le ministre nous parlait tout à l'heure de
$78,900, et qui devrait se lire $88,000, il prétendait qu'il y avait
même une erreur dans le rapport de ce premier article, mais si on se
reporte aux additions telles qu'elles sont faites ici, on volt qu'elles sont
bien précises et qu'elles sont exactes, Or, nous aimerions avoir des
renseignements sur ces dépenses. Ce sont des item qui sont très
importants et des sommes d'argent assez considérables qui vont
être dépensées. Je crois que nous sommes justifiés
de demander des explications plus précises.
M. SAINT-PIERRE: On vous avait parlé, premièrement, M. le
Président,... On a parlé du peu de dépense qu'il y a eu
à cet item-là l'an passé, puisqu'on votait $900 et que,
moi, je dis que c'est un chiffre qui me semble pas très
élevé.
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre me permettrait juste une question
lorsqu'il parle du $900? Avec le budget de l'année passée, quand
on regarde les quatre budgets qui ont été déposés,
quand on regarde les quatre budgets à la page 154, vous voyez
$78,300.
M. SAINT-PIERRE: Cela c'est l'an passé.
M. BELLEMARE: Oui, et puis $90,000, 1964/1965 justement au frais de
bureau.
M. SAINT-PIERRE: Moi, c'est ce que j'ai dit tout à l'heure...
M. BELLEMARE: C'est d'accord. Est-ce que le ministre l'a le budget de
l'an passé.
M. SAINT-PIERRE: Moi je ne l'ai pas, j'ai assez du mien cette
année sans m'occuper de l'autre.
M. BELLEMARE: Non ce n'est pas la question de dire mais nous autres
aussi on en a assez du vôtre de l'année passée.
M. SAINT-PIERRE: Vous comprenez que si j'avais les livres tout
étendus ici là...
M. BELLEMARE: Non, non mais le budget lui-même, ce qui a
été voté par les Chambres.
M. GOSSELIN: Ce ne sont pas de gros volumes, ce sont des volumes
officiels.
M. SAINT-PIERRE: Celui de l'an passé, je ne l'ai pas. Je suis un
peu... je voudrais donner une réponse plus satisfaisante au sujet de ce
montant quand on parlede$900 alors qu'il est ici indiqué à
$79,800 et dont la dépense semble avoir été sur un
montant... vous aviez $90,000 l'an passé, n'est-ce pas?
M. BELLEMARE: Ah! $90,000 a été voté par les
chambres $90,000 et là cette année ils rapportent dans le budget
seulement $900.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. BELLEMARE: Qu'est-ce qui est arrivé de la différence?
Le ministère s'est fait voter $90,000 à cet item de frais de
bureau et puis cette année, à frais de bureau, pour
l'année passée ils rapportent $900. Il y a $89,100 où
est-ce que c'est, il n'a pas été utilisé?
UNE VOIX: Dans son compte de banque. M. BELLEMARE: Cela doit, oui.
M. SAINT-PIERRE: C'est une chose que je peux vous expliquer, je ne
comprenais pas tout à l'heure.
M. BELLEMARE: Ah! je comprends vite des fois.
M. SAINT-PIERRE: Vous, vous comprenez, moi je ne comprenais pas. Je suis
assez humble pour le dire.
M. BELLEMARE: Ah! c'est d'accord, moi aussi vous savez.
M. SAINT-PIERRE: C'est que $79,800 avaient été
votés l'an passé...
M. BELLEMARE: 1963/1964.
M. SAINT-PIERRE: $90,000 avaient été votés.
M. BELLEMARE: L'annéepassé, 1964/1965
M. SAINT-PIERRE: On a dépensé seulement $900 parce que la
différence est qu'actuellement que les frais
téléphoniques, ça avait été voté
ça pour les frais de téléphone pour le ministère et
puis ça été transféré à l'item;
téléphone.
M. BELLEMARE: Le téléphone où? M. SAINT-PIERRE:
C'est un transfert.
M. BELLEMARE: Non, mais où est-ce que ça été
mis?
M. SAINT-PIERRE: A l'item téléphone, l'item 1-3. Vous avez
un item, maintenant, qui est marqué, qui est intitulé comme ceci:
service téléphonique, item 3.
M. BELLEMARE: M. le Président, l'année passé il
l'avait. Le ministre ne nous a pas dit qu'il ne l'avait pas.
M. SAINT-PIERRE: Certainement qu'on l'avait.
M. BELLEMARE: L'année passée il y avait $225,000 qui
étaient votés et puis $238,000 l'année
précédente, service téléphonique à la page
154. Il ne dira pas que cette année c'est un nouveau service.
M. SAINT-PIERRE: Bien oui je dis ça mais, vous avez $900 qui est
annoncé comme un montant ici, on l'a retranché. Ici,
moi-même, dans le livre que j'ai ici, qui est le détail complet,
je vois que cet item-là il y a actuellement... Je suis très
heureux de vous renseigner là-dessus même si ça prend un
peu de temps.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas pour le prendre en défaut, au
contraire...
M. SAINT-PIERRE: C'est parce qu'il y a des petits chiffres comme
ça.
M. BELLEMARE: ... mais on cherche la lumière. Le ministre nous
donne comme réponse; « Bien on a changé ça cette
année, on a établi une nouvelle « braquette » qui
s'appelle la « braquette 3 ».
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas moi qui l'ai changée.
M. BELLEMARE: Bon bien je regarde dans la « braquette » 3 de
l'année passée elle existait pour $225,000 et puis l'année
précédente elle existait encore pour $238,000. Et puis ça
ne peut pas être un transfert.
Il s'était fait voter pour cet item-là, $90,000 pour
l'année passée, le budget d'avant $78,000, cette année il
nous rapporte dans le budget de 1965/66, dans le budget dépensé
$900, il s'en était fait voter $90,000.
M. SAINT-PIERRE: Je suis certain d'être capable...
M. BELLEMARE: Quand on prend les comptes publics pour vérifier et
qu'on arrive là à $89,000...
M. SAINT-PIERRE: C'est additionné et ça arrive à ce
prix-là. Tel qu'il est là à $900 il est exact dans
l'addition...
M. BELLEMARE: Bien oui, mais...
M. RUSSELL: Dans les comptes publics.
M. SAINT-PIERRE: II n'est pas dans ce ministère-là
maintenant, c'est ce qu'on ne comprend pas dans le moment.
M. BELLEMARE: Bien oui, mais si le ministre ne comprend pas...
M. SAINT-PIERRE: Les appels téléphoniques...
M. RUSSELL: Ce n'est pas nous qui ne comprenons pas.
M. GOSSELIN: Comment se fait-il qu'il était là l'an
dernier?
M. SAINT-PIERRE: Bien oui, mais comment se fait-il que vous n'êtes
pas au même bureau que l'an dernier, vous étiez dans...
M. GOSSELIN: M. le Président, le ministre veut faire de l'esprit
et ça ne prend pas du tout.
M. SAINT-PIERRE: Non, ce n'est pas de l'esprit.
M. BELLEMARE: On ne veut pas embêter le ministre...
M. SAINT-PIERRE: Lorsqu'on sera rendu à l'item...
M. BELLEMARE: Là ses employés vont trouver pourquoi cette
année dans le budget, l'année passée dans le budget qui
nous est remis pour étude 1965/66, il y a une appropriation pour
l'année 64/65 juste à côté, c'est marqué
$900. On vérifie avec le budget 64/65, il s'était voté
$90,000, on vérifie avec les comptes publics puis il y en a $89,000 de
dépensés. Puis on dit bien écoutez donc, il y a $900 qui
paraît ici.
M. SAINT-PIERRE: Je comprends bien. Si vous voulez on va le laisser de
côté puis on vous donnera un rapport détaillé.
M. LE PRESIDENT: Sous-item 2, « Bureaux de poste »...
M. SAINT-PIERRE: Pas demain, mais après les vacances.
M. RUSSELL: On va suspendre 3 et 4.
M. SAINT-PIERRE: On va suspendre 3 et 4 parce que moi je vois les
chiffres que vous mentionnez dans voore rapport tandis que le détail
dans celui-là ça n'existe pas. Qu'est-ce que vous voulez?
M. GOSSELIN: Vous comprendrez, M. le Président, que ce sont les
seuls documents que nous ayons pour pouvoir scruter les dépenses
gouvernementales. Nous pouvons constater tout de suite qu'au premier item il y
a une marge très considérable si l'on s'en rapporod aussi au
livre des comptes publics aux pages 608 et 609 pour voir les crédits et
prévisions qu'on avait obtenus en 1963 qui étaient au montant de
$238,000 et que par la suite on voit qu'il peut y avoir eu une dépense
en plus ou en moins de $32,310.82. Alors je crois que nous devrons avoir des
plus amples informations sur cet article alors nous allons suspendre les
articles 3 et 4 à l'item 1.
M. LE PRESIDENT: D'accord. Alors item 2, « Bureau de poste
».
M. GOSSELIN: Est-ce que ce sont les nouveaux changements que l'honorable
ministre des Travaux publics a fait et dont nous pouvons
bénéficier qui entraînent une dépense additionnelle
de quelque $14,000 supplémentaires cette année?
M. SAINT-PIERRE: Je puis répondre. Evidemment,
l'amélioration du service tel que le mentionne le député
de Compton, l'amélioration des services téléphoniques a
amené certainement une augmentation de dépenses pas très
considérable si on prend en considération les salaires qu'il faut
payer et enfin la hausse du coût en général des services.
J'aurais d'ailleurs, j'en reviens toujours à l'item 1, «
Administration », lorsqu'il parle de $900 contre $800, c'est une
différence de $100 pour les frais de bureau, je vous dirai franchement
que...
M. GOSSELIN: M. le Président, nous sommes rendus au sous-item 2,
« Bureau de poste », « Traitements et salaires »,
$114,700 pour 65/66.
M. SAINT-PIERRE: C'est une augmentation raisonnable.
M. RUSSELL: Salaires, il n'y a pas de...
M. GOSSELIN: On ne critique pas si c'est une augmentation raisonnable ou
non, ce que nous désirons savoir c'est si c'est d'abord en partie des
augmentations statutaires et si il y a des nouveaux employés à ce
service.
M. SAINT-PIERRE: Les augmentations sont celles-ci. L'item traitement de
salaires est augmenté. Il était, l'an passé, de $100,300
et maintenant il est à $114,730. La différence est qu'aux
traitements mêmes, d'après les bordereaux de paye, c'est
monté de $74,000, de quelques mille dollars. Mais l'item principal est
celui-ci: les nouvelles nominations qui sont montées de $3,955 l'an
passé à $14,600 cette année. Ce qui fait une
différence d'environ $14,000. Est-ce que je réponds à la
question?
M. GOSSELIN: Voici. Comment voulez-vous que nous puissions comprendre
les explications que nous donne le ministre alors qu'il nous dit que les
augmentations statutaires se sont élevées à $75,000? Par
la suite, il revientpour dire que l'an passé c'était $100,300, ce
que nous pouvons voir d'ailleurs dans le projet de budget, et que cette
année il y a une augmentation de $14,700 qui peut être
justifiée par les augmentations statutaires et, en plus de cela, il y
aurait eu, d'après les dires du ministre, de nouveaux
employés.
M. SAINT-PIERRE: Je vais vous expliquer ça. Ce ne sera pas long.
Le bureau de poste, comme vous l'avez constaté, est
amélioré de 100% depuis un an. Ce n'est aucunement le même
service qu'il y avait un temps. Il y a une économie extraordinaire.
M. RUSSELL: Ce n'est pas là la question.
M. SAINT-PIERRE: Non, je suis à donner une explication.
M. RUSSELL: Cela ne répond pas à la question.
M. SAINT-PIERRE: Il faut, pour expliquer quelque chose, non pas
seulement dire les chiffres.
M. LOUBIER: Vous voulez ouvrir un débat?
M. SAINT-PIERRE: Vous avez constaté vous-mêmes que le
service postal est meilleur?
M. RUSSELL: Oui, on a trouvé ça.
M. SAINT-PIERRE: Il est beaucoup amélioré et cela a
amené des dépenses additionnelles.
M. BELLE MARE: C'est-à-dire qu'il est plus bas.
M. SAINT-PIERRE: Il a toujours été très bas parce
qu'il est dans le sous-sol.
M. BELLEMARE: Vous l'avez descendu dans la cave.
M. SAINT-PIERRE: Le vôtre? M. BELLEMARE: Le nôtre.
M. SAINT-PIERRE: Je vous ai posé la question et vous avez dit que
vous étiez satisfaits.
M. BELLEMARE: Je suis bienheureux.
M. SAINT-PIERRE: On a été très délicat. Vous
avez remarqué qu'on vous a parlé de ça.
M. BELLEMARE: Vous devriez dire cela plus fort.
M. SAINT-PIERRE: Alors tout ça, cette différence dans le
budget de $14,000 s'expliquepar
l'augmentation du personnel. Il y a des augmentations de salaires
premièrement.
M. RUSSELL: Cela représente quoi?
M. SAINT-PIERRE: La reclassification, si vous voulez. Nous avons un
maître de poste. En outre, il y a un assistant maître de poste; il
y a un commis surveillant; il y a 19 commis de poste. Le total du personnel est
de 25 et l'amélioration du service est en conséquence.
M. RUSSELL: Si je comprends bien, il me semble que c'est assez simple:
l'an dernier on a voté $100,000. Si ce montant-là a
été dépensé, il s'agit de justifier $14,000. Tout
le monde sait, tous les membres de cette Chambre savent qu'il y a eu une
augmentation de salaires, une augmentation statutaire. Combien
représente l'augmentation? Combien est-ce que ça coûte de
plus pour le personnel, les nouveaux engagés que le ministre a? Cela va
être aussi simple que ça.
M. SAINT-PIERRE: Il y a cinq employés nouveaux, ce qui fait une
augmentation de $11,000. Les augmentations statutaires c'est la
différence. Il y en a peut-être qui sont restés...
M. GOSSELIN: Vous ne les payez pas cher. J'ai dit qu'ils ne sont pas
payés cher. Cinq nouveaux, $11,000. Ce n'est pas une grosse moyenne.
M. SAINT-PIERRE: Cela c'est pour une partie de l'année. Cela ne
veut pas dire qu'on les a engagés exactement le lendemain où
l'année fiscale a commencé. Durant l'année, on peut
engager quelqu'un le dernier mois, le dernier jour, aussi bien que le premier
jour de l'année fiscale. Cela ne veut pas dire que c'est un salaire
complet qu'on leur paie.
M. RUSSELL: M. le Président, si je comprends bien, le ministre
nous dit qu'il prévoit d'engager cinq nouveaux employés.
M. SAINT-PIERRE: Dans le budget?
M. RUSSELL: S'ils sont déjà à l'emploi ils sont
à l'emploi depuis le 1er avril, l'année fiscale commence le 1er
avril.
M. SAINT-PIERRE: Oui, ils ont commencé dernièrement.
M. RUSSELL: Donc dans ce cas-là, ils vont travailler une
année entière. Cela veut dire qu'ils les payent $2,000.
M. SAINT-PIERRE: II y a les augmentations statutaires puis il y a
l'emploi dans ça, il y a les augmentations statutaires et l'emploi de
cinq personnes que nous allons engager.
M. GOSSELIN: Il n'y a pas de doute que vous allez manquer d'argent.
M. SAINT-PIERRE: Alors, comme je l'expliquais là, cela se
pourrait qu'on en manquerait.
M. RUSSELL: Cela va arriver.
M. SAINT-PIERRE: Cela arrive. Pourquoi faire qu'on n'en manquerait
jamais?
M. RUSSELL: Vous en manquez souvent parce que...
M. GOSSELIN: Dommage qu'on n'ait pas la télévision.
M. SAINT-PIERRE: C'est naturel ça. C'est normal. Je vous remercie
de m'avoir avisé.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. RUSSELL: Sous-item 2, « frais de voyage », l'an dernier,
il n'y avait pas de frais de voyage, cette année le ministre a mis
$1,000 qui est-ce qu'il veut faire voyager cette année?
M. SAINT-PIERRE: C'est pour le maître de poste.
M. GOSSELIN: Est-ce que le ministre s'est acheté des
pigeons-voyageurs?
M. SAINT-PIERRE: C'est le maître de poste, il a $1,000 de
plus...
M. RUSSELL: C'est nouveau, ça.
M. SAINT-PIERRE: Le maître de poste fait des inspections, puis on
l'envoie prendre des contacts avec, premièrement, Ottawa, il est en
contact avec Ottawa...
UNE VOIX: Toronto.
M. SAINT-PIERRE: ... Toronto, il y a des conférences, il y a des
endroits où il est appelé à aller, et pour $1,000
bien...
M. RUSSELL: Il n'en a pas gros.
M. SAINT-PIERRE: ... il n'en a pas gros.
M. RUSSELL: Mais tout de même c'est un nouvel item.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas exactement ce que dit le
député de Compton, il dit qu'on ne sait pas commnt
dépenser notre argent. On le dépense d'une manière,
très, très très économique si vous voulez, on
économise tout, même les chiffres.
M. LE PRESIDENT: Numéro 3, « frais postaux ».
M. GOSSELIN: Ah, le ministre nous donne des explications qui sont
désarmantes. Désarmantes.
M. LE PRESIDENT: Frais postaux $35,000...
M. GOSSELIN: Peut-être que le ministre va pouvoir justifier ses
écarts parce qu'il y a une baisse assez considérable; alors, on
ne le chicane pas.
M. SAINT-PIERRE: Dans les frais postaux? M. RUSSELL: Oui, $35,000.
M. SAINT-PIERRE: $35,000 de moins, dû à
l'amélioration des services.
M. GOSSELIN: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Numéro 3 «service
téléphonique ».
M. SAINT-PIERRE: Adopté. N'allez pas trop vite parce que...
M. GOSSELIN: Je pense qu'on va finir par retrouver tous les chiffrs du
ministre dans sa macédoine, le cocktail qu'il me parlait au
début, ça m'a l'air plutôt d'une macédoine.
Message du Conseil
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, nous allons suspendre la
séance pour un message.
M. RUSSELL: On pourrait bien adopter cet item-là.
M. HYDE (président): On pourrait continuer; je vais lire, on va
accepter...
A l'ordre, messieurs, message du Conseil législatif, le 8 avril
1965. « Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté sans amendement les bills suivants:
Bill No 9 intitulé: « Loi des droits sur les mines
»;
Bill No 21 intitulé: « Loi modifiant le Code de la route
»
Bill No 22 intitulé: « Loi visant à augmenter le
revenu des producteurs de lait destiné à la fabrication
»;
Bill No 24 intitulé: « Loi visant à améliorer
la qualité des agneaux à la ferme »
Bill No 25 intitulé: « Loi visant à améliorer
la qualité du porc à la ferme »
Bill No 26 intitulé: « Loi modifiant la Loi de
l'amélioration des fermes »
Bill No 27 intitulé: « Loi modifiant la Loi du
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation ».
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
»
Conseil législatif, le 8 avril 1965. « Le Conseil
législatif informe l'Assemblée législative qu'il a
voté, avec un amendement qu'il la prie d'agréer, le bill suivant:
Bill No 31 intitulé; « Loi du changement de nom ».
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
»
M. LAPORTE: M. le Président, il s'agit d'un amendement. D'abord,
le bill 31, c'est la Loi du changement de nom. A l'article 5, il est
prévu que le requérant doit donner un avis dans la Gazette
Officielle ainsi que dans un journal quotidien français et un journal
quotidien anglais. L'amendement est à l'effet de faire
disparaître, dans les troisième et quatrième lignes, le mot
« quotidien » ce qui veut dire que ce sera dans un journal
français et un journal anglais et, dans la version anglaise, fait
disparaître, à deux endroits aussi, le mot « daily »
.Alors, je propose que cette Chambre agrée l'amendement proposé
par le Conseil législatif.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée?
UNE VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adoptée. Alors, denou-veau en comité.
M. LAPORTE: De nouveau en comité jusqu'à temps qu'on ait
le message, s'il vous plaît. On va retourner en comité en
attendant le message.
M. LESAGE: C'est ça!
M. BEDARD (président du comité des subsides): Est-ce que
tous les crédits sont adoptés? Les officiers sont partis.
M. LAPORTE; Est-ce que les officiers sont partis?
M. LE PRESIDENT: Nous en étions au « Service
téléphonique ».
UNE VOIX: « Service téléphonique »?
M. LE PRESIDENT: « Service téléphonique ».
M. RUSSELL: « Service téléphonique »? On
était rendu aux « Frais de voyage », sous-item 2...
M. LE PRESIDENT: Pardon?
M. RUSSELL: Sous-item 2, « Service téléphonique
» hein?
M. LE PRESIDENT: Sous-item 2, « Frais de voyage »,
$2,000.
M. RUSSELL: M. le Président, de quellefa-çon le ministre
justifie la baisse des dépenses? Est-ce que, l'an dernier, il n'a pas
dépensé le $3,000 qu'on a voté?
M. SAINT-PIERRE: Evidemment, avec le nouveau système que nous
avons là, le système Centrex, on a des économies, on n'a
pas dépensé le montant. Alors on a un montant plus petit cette
année, c'est-à-dire $2,000.
M. RUSSELL: Combien a-t-on dépensé l'an dernier sur le
$3,000 qu'il y avait de voté?
M. GOSSELIN: Le printemps va être long!
M. SAINT-PIERRE: Nous avons dépensé $2,010.47.
M. RUSSELL: Ah bon!
M. LE PRESIDENT: Trois. « Standard et appels interurbains
».
M. GOSSELIN: M. le Président, est-ce que ce sont des
dépenses faites uniquement pour les appels interurbains et le standard
qu'il y a ici dans l'édifice du gouvernement ou si ce sont dans les
divers ministères qui sont sous la juridiction du ministère des
Travaux publics? J'entends par là qu'il y a d'autres bâtiments,
commeles édifices qui sont situés soit à Montréal
ou à l'extérieur de la ville de Québec. Est-ce que ce
montant total de $1,950,000 représente les dépenses faites par
tous les standards de tout le réseau téléphonique du
gouvernement ou si cette dépense représente uniquement ce qu'il y
a eu de dépensé ici?
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que vous entendez une dépense ou si vous
entendez une prévision?
M. GOSSELIN: Bien voici, l'an passé, vous avez eu une
dépense de $1 million. Vous aviez demandé des crédits pour
$1,900,000. Et si on se reporte aux dépenses qu'il y a ici, au livre des
comptes publics, aux pages 608 et 609, je crois qu'il y a eu une dépense
très considérable faite l'an dernier et nous sommes
justifiés d'avoir des explications afin de savoir exactement si
ç'a été dépensé seulement dans les
édifices du gouvernement, ici, ou à l'extérieur.
M. SAINT-PIERRE: Cela a été dépensé à
travers la province.
M. GOSSELIN: II n'y a pas de doute. J'espère que c'est dans la
province!
M. SAINT-PIERRE: Chaque ministère, je peux vous donner l'exemple
du montant, que nous demandons cette année de voter pour l'année
en cours, de $1,950,000 pour les standards et appels interurbains, c'est
divisé dans chacun des ministères. Et le total qui est de $1
million, d'après nous de $1,932,110, comme prévisions se
compare... Je peux vous donner les dépenses de l'an passé...
M. GOSSELIN: Est-ce que chaque ministère ne rembourse pas au
ministère des Travaux publics les appels téléphoniques
dont il fait les dépenses? Ou si le tout est centré dans un seul
service?
M. SAINT-PIERRE: Dans tous les centres, où il y a centralisation,
les frais sont payés par les Travaux publics. Lorsqu'il y a une
bâtisse, c'est administré, dans les petits bureaux,
évidemment, dans une maison privée, par exemple, où un
agronome a une salle, si vous voulez, louée dans une maison ou enfin,
ça... il fait son compte de téléphone puis il l'envoie
à son ministère. Tout est contrôlé, c'est assez
difficile, je peux vous l'expliquer, mais c'est assez difficile à
comprendre. Pardon?
M. RUSSELL: On va être patient, le ministre peut nous expliquer
tout ça.
M. SAINT-PIERRE: Très bien, monsieur, asseyez-vous. Dans chacun
des ministères, évidemment, il y a eu des changements pour
l'amélioration du système, il y a eu beaucoup de changements
faits. Il y a le système Centrex qui s'est établi pour
améliorer le service et qui permet, évidemment, beaucoup plus
d'efficacité, mais en même temps cela a amené un changement
complet dans toute l'organisation. Et alors que des ministères, durant
un certain temps, évidemment ces services-là qui sont
donnés à chacun des ministères sont additionnés
pour la dépense de chacun des ministères; et ensuite lorsque le
compte est produit à la fin de l'année, il arrive que nous voyons
par exemple que l'an passé, il s'est dépensé $1,892,853.50
pour les standards et appels interurbains. Et il reste un crédit,
évidemment, dans le total, de $9,696. Quant aux standards, les
engagements pour cette année sont de $1,950,000.
M. RUSSELL: Des demandes de crédit.
M. SAINT-PIERRE: Des demandes de crédit, oui, l'engagement qu'on
voulait prendre et l'estimation que nous avons faite, c'est juste un surplus
que nous avons demandé un peu, c'est $1,932,110. Il y a $17,000 de jeu.
$1,950,000, c'est ça, $1,932,000 prévu. L'an passé, pour
les dépenses jusqu'à la fin de l'année, ce fut, comme je
l'ai dit tout à l'heure, $1,892,853.50. En demandant $1,950,000, nous
croyons que cela est dû surtout au fait qu'il y a plus de bureaux qu'il y
en avait; parmi les locaux, il y en a plus de loués, d'ouvertures
à cause de l'augmentation du personnel dans les ministères et
cette augmentation-là semble raisonnable, d'après l'étude
qui a été faite, c'est-à-dire qu'on a semblé
vouloir inclure une augmentation sur le montant qui avait
été...
M. GOSSELIN: Est-ce que ce montant de $1,950,000 représente
également le personnel ou ça ne représente seulement les
dépenses encourues à la suite d'appels
téléphoniques et de l'entretien des standards?
M. SAINT-PIERRE: Seulement les comptes du téléphone.
M. GOSSELIN: Cela, c'est seulement les comptes du
téléphone?
M. SAINT-PIERRE: Le Bell Téléphone puis Northern
Telephone.
M. GOSSELIN: Toutes les compagnies.
M. RUSSELL: M. le Président, si je comprends bien, ce que le
ministre appelle « standard », c'est le téléphone
dans chaque département de la bâtisse.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça, c'est le « switchboard
»
M. RUSSELL: L'intercommunication.
M. SAINT-PIERRE: C'est ce qu'on appelle le « switchboard »
en « français ». Cela c'est compris dans tous les
services.
M. RUSSELL: Bon.
M. SAINT-PIERRE: Comme service, le standard, c'est le «
switchboard » en « français ».
M. RUSSELL: Combien de lignes directes avec Québec et
Montréal entre les départements?
M. SAINT-PIERRE: Il y a 36 lignes.
M. RUSSELL: Quelle est la charge annuelle par ligne ou pour les 36
lignes?
M. SAINT-PIERRE: Pour Montréal? Ça c'est un
problème qui est assez difficile à vous dire, si vous voulez
savoir : connaître la charge exacte, parce que c'est
contrôlé. C'est à peu près un travail d'une heure
parce que c'est un problème ce qu'on appelle un problème du
Tel-Pack. Le montant est envisagé global, il est reparti sur des lignes,
les lignes en prennent une partie, un pourcentage et non pas suivant les
appels: Si vous voulez, on va vous sortir le rapport en détail et on
vous le lira, mais c'est assez compliqué, là pour en parler de
même.
M. RUSSELL: Je crois que le ministre complique bien plus les choses.
M. SAINT-PIERRE: Non, je ne les complique pas, mais seulement.
M. RUSSELL: Bien voici, il me semble que c'est assez simple. Vous avez
des lignes directes de Montréal, est-ce que le personnel qui travaille
sur ces lignes, est payé par le Bell Téléphone ou s'il est
payé par le gouvernement?
M. SAINT-PIERRE: Non, non. Par le gouvernement, d'ailleurs, si vous
parlez du personnel, vous ne parlez pas des appels, vous ne parlez
pas des câbles eux-mêmes, des fils. Mais les lignes, combien
ça coûte par ligne, c'est pas ça que vous voulez
savoir?
M. RUSSELL: Oui, c'est ça.
M. SAINT-PIERRE: Mais ça, c'est pas le personnel.
M. RUSSELL: Mais non.
M. SAINT-PIERRE: Les lignes de téléphone c'est pas le
personnel, ça.
UNE VOIX: C'est le matériel.
M. GOSSELIN: M. le Président, je ne voudrais pas que le ministre
se mêle pour rien.
Au tout début, j'ai posé une question qui, il me semble,
était fort simple. J'ai demandé à l'honorable...
M. SAINT-PIERRE: Elle vous a paru simple.
M. GOSSELIN: ... ministre, si le montant de $1,950,000 comprenait
seulement que les tarifs, ou encore les charges des appels
téléphoniques et l'entretien des standards ou si ça
comprenait également le personnel. Nous savons qu'ici, le
ministère des Travaux Publics a des réception- nistes qui
opèrent les standards de téléphone et c'est la
différence que je voulais avoir, alors...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
UNE VOIX: A la semaine prochaine. At magnam. Est-ce que c'est ça
qu'ils disent?
M. BEDARD (président du comité des subsides): M. le
Président, le comité n'a pas fini de délibérer et
demande la permission de siéger à nouveau.
M. HYDE (président): Quand siégera-t-il, à la
prochaine séance? A la prochaine séance.
Faites entrer le messager. Let the messenger in.
L'HUISSIER A LA VERGE NOIRE: M. le President, Son Excellence le
lieutenant-gouverneur désire la présence des membres de cette
Chambre à la salle du Conseil législatif.
Mr. Speaker, it is his Honour the Honourable the Lieutenant-Governor's
desire that the Members of this Honourable House attend in the Legislative
Council Chamber.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut dire qu'il est six heures? Il est six
heures. La séance est suspendue jusqu'à huit heures.
Reprise de la séance à 8 h p.m.
Discours du budget
M. LESAGE: M. le Président, d'année en année, on
constate une augmentation croissante des dépenses publiques au
Québec. Cette tendance dépend des responsabilités
nouvelles que notre population a voulu confier à son gouvernement et
dont ce dernier essaie de s'acquitter avec le plus d'efficacité
possible.
On sait aussi que, par son action, l'Etat peut exercer une influence
majeure sur la situation économique générale. Il s'agit
là d'une des fonctions auxquelles un gouvernement moderne ne peut
échapper.
Dans l'annexe I de ce discours, on trouve un exposé de la
situation économique générale du Québec. Dans une
seconde annexe, il s'agit des activités et des projets des divers
ministères du gouvernement. Ces deux annexes ont été
déposées en Chambre hier. Nous avons pensé ajouter
à ce discours une troisième annexe, soit un rapport de la
Commission royale d'enquête sur la fiscalité à cause de son
influence sur certaines propositions que le gouvernement soumettra à
l'Assemblée législative.
Comme par les années passées, un premier chapitre traite
de la situation financière du Québec, et un second de la
situation économique actuelle. Au troisième chapitre, qui est
beaucoup plus long que les deux premiers, je vous entretiendrai des
prévisions pour l'exercice financier 1965-66. Chapitre premier, la
situation financière du Québec.
Je tiens tout d'abord, M. le Président, à résumer
très brièvement les résultats définitifs de
l'exercice 1963/64 pour lesquels les comptes publics ont été
distribués au début de la session. Je passerai ensuite à
une revue sommaire des revenus et des dépenses de l'exercice qui vient
de se terminer et, dans un dernier chapi- tre, je viens de le dire,
j'examinerai les prévisions pour l'exercice 1965/66.
Premièrement les résultats définitifs de l'exercice
1963/64.
Les résultats définitifs de l'exercice 1963/64 se sont
avérés plus favorables que ceux que j'avais annoncés dans
le discours du budget du 24 avril 1964.
Les revenus ont été de$8,875,527 supérieurs
à ceux que j'avais alors prévus. Cette amélioration de
0.95% est surtout attribuable à une hausse de paiements de
péréquation ($4,237,275), au rendement accru de l'impôt sur
les sociétés ($2,867,647) et des revenus de la Régie des
alcools du Québec ($1,520,283). Je parle de 1963/1964, Par ailleurs,
pour un certain nombre de postes, les revenus sont restés
légèrement inférieurs aux sommes que j'avais
prévues en avril dernier.
D'autre part, les dépenses ordinaires sont restées de
$1,536,905 inférieures aux prévisions, soit une réduction
de 0.17% par rapport au total indiqué il y a un an.
La hausse des revenus et la légère baisse des
dépenses se sont traduites par une amélioration de $11,412,432 du
surplus au budget ordinaire qui a été ainsi porté de
$25,185,400 au chiffre de $35,597,832 publié dans les comptes
publics.
Les prévisions pour les immobilisations ont été
dépassées de $433,201, soit de 0.27%, alors que les
dépenses extraordinaires sont restées de $14,052, soit 0.04%,
inférieures à l'estimation du discours du budget.
Je suis justement fier de l'exactitude de ces pronostics et je tiens
à féliciter les fonctionnaires du ministère des Finances,
du ministère du Revenu et du Bureau du contrôleur de la
trésorerie qui les ont établis.
En résumé, je donne ici la comparaison entre les
prévisions du discours du budget du 24avril 1964 et les chiffres
définitifs.
Tableau Référer à la version PDF page 1999
Deuxièmement, l'exercice financier 1964/65, a) situation
budgétaire
Pour ce qui est de l'exercice qui s'est terminé il y a huit
jours, on se rappelle que le budget des dépenses pour 1964/65 qui avait
été déposé en Chambre le 24 février 1964, et
qui était résumé au tableau 4 de mon dernier discours,
s'établissait à $1,229,378,600.
Par la suite, à la lumière de l'augmentation progressive
des revenus et en raison, d'une part, de la législation
édictée après le dépôt du budget initial et,
d'autre part, de faits nouveaux tels que l'augmentation des traitements des
fonctionnaires provinciaux de façon à tenir compte des
présentes normes du marché du travail, quatre budgets
supplémentaires et deux mandats spéciaux ont été
adoptés. En voici l'énumération:
II importe ici de souligner que l'énumération des
dépenses votées ne constitue qu'un plafond qui n'est jamais
entièrement atteint: c'est ainsi qu'il est arrivé que des
crédits aient fait l'objet d'une nouvelle inscription dans un budget
supplémentaire pour remédier à une phraséologie
défectueuse et, d'autre part, l'expérience prouve que bien
souvent des projets ne peuvent être réalisés en cours
d'exercice et que certains crédits restent inutilisés en tout ou
en partie.
Au total de $1,300,047,900, j'ajoute divers crédits
autorisés par statuts, Pour l'exercice 1964/65, le plus important
crédit autorisé par statut est la part de la taxe de vente
attribuée aux municipalités, soit une somme de $83.5 millions
payable à même le fonds consolidé du revenu, en vertu de la
loi-12-13 Eliz. II, c. 28.
On se souviendra qu'à la suite du rapport provisoire soumis par
la Commission d'enquête sur la fiscalité, la taxe de vente fut,
à compter du 25 avril 1964, uniformiséeà6% à
travers toute la province. Les principales raisons qui ont motivé
l'adoption de cette mesure peuvent se résumer ainsi: a) La fermeture des
voies d'évasion qui provenaient de la multiplicité des taux de la
taxe de vente, soit 4%, 5% ou 6% suivant les municipalités; b) La
nécessité d'augmenter le revenu des municipalités et
d'atténuer ainsi les pressions qui ne cessaient de s'exercer sur
l'impôt foncier; c) introduction d'un début de
péréquation municipale, grâce à
l'établissement d'une remise minimum de $2.50 par tête à
chaque municipalité de la province.
ATableau Référer à la version PDF page 2000
Il est important de se souvenir de cette augmentation de la part
municipale de 40.3% durant l'exercice 1964-65 par rapport à l'exercice
1963-64 à cause de ce que j'aurai à dire dans la troisième
partie de mon discours.
Comme je l'ai expliqué dans mon discours du budget de l'an
dernier il s'agissait là d'une mesure purement temporaire qui maintenait
l'ancien système de répartition par zones, mais qui permettait
à toutes les municipalités de bénéficier de
l'accroissement général du rendement de la taxe de vente et
d'être assurées d'un montant minimum de $2.50 par habitant.
Pour l'exercice 1964/65, chaque municipalité recevra la somme
qu'elle a touchée en 1963/64 plus sa part de l'accroissement
général du rendement de la taxe de vente. Lors du débat
sur le budget, mon collègue, le ministre du Revenu, avait estimé
à 24% le taux d'accroissement général de la taxe de vente.
Je suis heureux d'affirmer aujourd'hui que ce pourcentage dépassera nos
prévisions et qu'il s'établira à plus de 25% probablement
autour de 27%.
Ce revenu accru, plusieurs maires me l'ont affirmé au cours de
l'année, a permis aux municipalités d'assumer des
responsabilités nouvelles et même dans certains cas de
réduire l'impôt foncier.
Dans mes prévisions du 24 avril 1964, j'avais estimé
à $189 millions le rendement de la taxe de vente pour l'exercice
1964/65. Je tiens à signaler qu'il s'agissait là du montant net
revenant à la province une fois effectuée la remise aux
municipalités. Les états financiers que je dépose
aujoud'hui montrent au tableau 1 que le rendement de la taxe de vente sera de
$285 millions pour l'exercice 1964/65. Il s'agit du montant global qui aura
été perçu en taxes de vente. La somme attribuée aux
municipalités, estimée à $83.5 millions, apparaît au
tableau 2 comme dépense du ministère du Revenu.
Et c'est à ce point que je crois important que soient
insérés au journal des Débats les tableaux 1 et 2. Le
tableau 1 intitulé: Prévision des revenus pour l'année
financière 1964/65, revenus pour onze mois et évaluation pour un
mois. De même que le tableau 2: Prévision des dépenses
ordinaires et en immobilisation 1964/65, dépenses effectives pour onze
mois et évaluation pour un mois.
Je dépose en même temps les tableaux comme documents
sessionnels.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je peux prendre pour acquit, à moins
qu'il y ait des discussions ou objections, qu'il y a consentement unanime pour
la production de ces tableaux?
M. LESAGE: Je vous remercie, M. le Président, parce que si l'on
veut, je vais référer à ce tableau maintenant.
ANNEXE Référer à la version PDF page 2001
ANNEXE Référer à la version PDF page 2002
ANNEXE Référer à la version PDF page 2003
Dans mes prévisions budgétaires de l'an dernier, j'ai
dû indiquer le montant net de la taxe de vente, et non le montant brut,
parce que la législation uniformisant la taxe de vente à 6%
à travers toute la province n'était pas encore adoptée. Si
mon souvenir est bon, elle a été adoptée, elle a
été sanctionnée, la loi, au mois de juin 1964. J'ai
dû suivre la procédure en vigueur à ce
moment-là.
En comparant les prévisions budgétaires faites lors de mon
exposé du 24 avril 1964 avec les états provisoires des revenus et
dépenses (tableaux 1 et 2), que je viens de déposer, une remarque
analogue à celle que je viens de faire relativement à la taxe de
vente doit être faite en ce qui regarde l'impôt sur le revenu des
particuliers et la compensation monétaire au titre du retrait de
certains programmes conjoints. Au cours du dernier trimestre, à savoir
pour la période du 1er janvier au 31 mars 1965, c'est-à-dire le
premier trimestre de l'année de calendrier mais qui est le dernier
trimestre de l'année financière, les prévisions de
plusieurs ministères ont été profondément
modifiées par le retrait du Québec de 29 des 44 programmes
conjoints auxquels il adhérait. Ce retrait, s'est effectué
moyennant une compensation fiscale de vingt points relative à
l'impôt sur le revenu des particuliers et à une compensation
financière égale à la différence entre le rendement
de la compensation fiscale et le coût réel des programmes.
Encore ici, une somme importante a été ajoutée aux
revenus sous les rubriques de l'impôt sur le revenu des particuliers et
de la compensation au titre du retrait des programmes conjoints. Un autre
montant a été ajouté aux dépenses des
différents ministères pour lesquels il y a eu retrait de
programmes conjoints.
Dans le cas de la taxe de vente, ainsi que dans celui du retrait de
certains programmes à frais partagés, il ne s'agit donc pas
d'estimation fautive, mais de montants, qui, à la suite de lois ou
d'ententes ultérieures à la présentation de mon budget de
l'an dernier, ont été ajoutés à la fois aux revenus
et aux dépenses, ne modifiant en rien le résultat net des
opérations financières du gouvernement. En fait, le surplus
probable de l'exercice financier 1964-65 soit $35,715,000 est analogue à
celui qui avait été prévu l'an dernier lors de mon
discours du budget du 24 avril, $35,476,400. Est-il besoin d'ajouter que ce
surplus probable de $35,715,000 ne peut pas être un chiffre
définitif, le chiffre définitif ne pouvant être connu qu'au
moment de la complétion des comptes publics?
Je dois aussi rappeler que les dépenses afférentes aux
investissements universitaires et à l'Exposition de 1967 ont
été autorisées par des lois spéciales et qu'elles
n'entrent pas dans le calcul des dépenses ordinaires et en
immobilisations.
Les fonctionnaires du ministère des Finances ont
étudié attentivement les suggestions que l'honorable
député de St-Jacques avait formulées dans son intervention
du 30 avril 1964 en réponse à mon dernier discours du budget.
D'abord pour ce qui est de sa demande, au sujet d'un bilan comparatif,
je puis donner un bilan comparatif au 29 février 1964 et au 28
vé-vrier 1965.
Examen fait de la situation, mes fonctionnaires en sont venus à
la conclusion que la période extrêmement limitée qui
s'écoule entre le 20 mars (date à laquelle sont devenues
disponibles les prévisions pour l'exercice en cours dont la
comptabilité reste ouverte jusqu'à la fin d'avril) et le
début d'avril (date normale du discours du budget) rend virtuellement
impossible la confection d'un bilan provisoire au 31 mars.
Il faut, en effet, souligner que le système « recettes et
déboursés » qui est suivi par le gouvernement
fédéral et les autres provinces est beaucoup plus simple que
celui des « revenus et dépenses » en vigueur au
Québec depuis 1932. En effet, dans notre cas, bien des chiffres ne
peuvent être établis que par une étude de la
comptabilité des ministères, étude postérieure
à la fermeture des livres, Il s'ensuit que les différences
importantes risqueraient de se produire entre un tel bilan provisoire et le
bilan définitif qui est généralement dressé en
septembre après la parution de l'état des revenus et des
dépenses dans la Gazette Officielle du dernier samedi du mois
d'août.
Le député de St-Jacques avait aussi demandé un
état de la dette consolidée au 28 février et au 31 mars
1965. Bien que cet état comporte une estimation des revenus des fonds
d'amortissement et des remboursements des obligations d'épargne au cours
du mois de mars, tout porte à croire que le chiffre final se rapprochera
de très près de celui qui figurera au bilan définitif.
Le député de St-Jacques a également demandé
un état comparatif indiquant les principales dépenses ordinaires
mentionnées au budget de certains ministères dont la
dépense probable pour 1964/65 sera supérieure à $50
millions. En plus d'indiquer les dépenses réelles pour 1963/64 et
les dépenses probables pour 1964/65, une colonne fait ressortir les
prévisions de dépenses pour 1965/66.
ANNEXE Référer à la version PDF page 2005
ANNEXE Référer à la version PDF page 2006
ANNEXE Référer à la version PDF page 2007
Il n'a pas été possible de donner suite à la
suggestion de publier des états analysant les dépenses
d'après leur nature et leur fonction.
Rappelons en effet que depuis 1956 ces tableaux statistiques figurent
sous leur forme actuelle aux comptes publics. Leur établissement
nécessite toutefois de longues études. Il n'est donc pas possible
de procéder immédiatement et rapidement aux analyses
détaillées des chiffres qui, pour la plupart, ne sont disponibles
que beaucoup plus tard que maintenant.
J'ajoute qu'au fur et à mesure de la mécanisation de nos
opérations, nous nous proposons d'utiliser sur une plus grande
échelle les techniques de codification. Nous pourrons ainsi, à
l'avenir, publier des documents statistiques plus nombreux. Deuxième
partie, b, mouvement des emprunts
Dans le discours du budget que j'ai prononcé le 24 avril dernier,
j'avais évalué nos besoins d'emprunt pour l'année à
venir à environ $550 millions dont $350 millions pour la province et
$200, millions pour l'Hydro-Québec.
En fait, les émissions de la province se sont
élevées à un total de $293,908,000. Par ailleurs, l'Office
des autoroutes a emprunté $50 millions pour rembourser partiellement les
avances que la province lui avait consenties et pour la construction de
l'autoroute des Cantons de l'Est. Quant à l'Hydro-Québec, elle a
elle-même emprunté $235 millions. Le total d'ensemble s'est ainsi
élevé à $578,908,000.
D'avril 1964 à janvier 1965, les intérêts sur le
marché des obligations ont manifesté une tendance à la
baisse en raison, entre autres, des efforts de la Banque du Canada pour
réduire l'écart entre le rendement des emprunts au Canada et aux
Etats-Unis. Depuis février, toutefois, cette tendance s'est
renversée à la suite des directives du gouvernement des
Etats-Unis, directives destinées à remédier au
déficit de la balance américaine des paiements et de là,
à enrayer l'érosion des disponibilités monétaires
grâce à une réduction sensible des emprunts que les
Canadiens pourront effectuer aux Etats-Unis.
ANNEXE Référer à la version PDF page 2008
ANNEXE Référer à la version PDF page 2009
La première émission d'épargne en date du 1er avril
1963 avait connu un succès sans précédent puisque les
ventes avaient atteint $177,289,200.
On ne pouvait s'attendre à ce que pareil élan, puissamment
soutenu par un vif enthousiasme et par des ventes massives d'autres obligations
analogues mais d'un rendement inférieur, soit susceptible de se
poursuivre d'année en année. Le 1er mai 1964, une seconde
émission d'obligations d'épargne eut lieu et les ventes, je viens
de le dire, atteignirent $93,908,000.
La particularité des obligations d'épargne est qu'elles
peuvent être encaissées en tout temps au pair plus les
intérêts courus: elles sont donc achetées par des
épargnants et par des personnes désireuses d'effectuer des
emprunts à court terme en attendant l'occasion de replacer leurs fonds.
Il s'ensuit, et c'est normal, que les remboursements sont relativement
élevés. Ainsi, au 28 février 1965, 21.54% des obligations
du premier et 14.10% du second emprunt avaient été
remboursés; les obligations en cours avaient ainsi été
ramenées à $139,095,700 et à $80,667,700
respectivement.
L'émission à la British Columbia Hydro and Power Authority
de $100 millions de billets à 5.05% échéant de 1965
à 1968 mérite également d'être signalée.
Le 1er septembre 1964, Columbia Storage Power Exchange a émis sur
le marché des Etats-Unis un emprunt de plus de $300 millions afin
notamment de payer au gouvernement de la Colombie Britannique, par l'entremise
du gouvernement canadien, une somme de $254,400,000 pour, et je cite: «
acheter les droits du Canada à la moitié de la capacité de
l'énergie accru sur la rivière Columbia ». En d'autres
termes, ce qui est communément connu comme les « downstream
Benefits ». Comme les travaux qui seront exécutés en
Colombie-Britannique doivent être échelonnés sur plusieurs
années, le gouvernement de cette province disposait de sommes
importantes qu'il désirait placer à court terme. A la suite de
négociations entre le premier ministre de la Colombie-Britannique et
moi-même, aux conférences tenues l'été dernier
à Jasper et à Charlottetown, nous en sommes venus à une
entente. Fait à noter, les frais de l'émission se sont
limités à un très modeste
« finder's fee » comme question de fait, c'est $25,000 pour
un emprunt de $100 millions payés à l'établissement
financier qui, grâce à plusieurs voyages à Québec et
à Victoria, a élaboré à ce propos les bases de
l'accord entre les deux gouvernements.
Jamais je n'ai vu d'argent emprunté à si bon
marché. $25,000 pour un « finder's fee », je n'ai pas
trouvé le moyen de le traduire en français, pour un emprunt de
$100 millions.
M. JOHNSON: Payé à qui?
M. LESAGE: C'est McLeod Young de Toronto.
D'ailleurs ça apparaît à une réponse
complète que j'ai donnée sur le sujet la semaine dernière,
une réponse que j'ai donnée à une question du
député de St-Jacques.
On sait que le gouvernement doit emprunter non pas nécessairement
au moment même où il a le plus besoin d'argent, mais lorsque les
conditions du marché s'y prêtent. Il s'ensuit qu'à
certaines époques de l'année le ministre des Finances dispose de
fonds dont il n'a pas un besoin immédiat, et qu'il doit les replacer
à court terme par des prêts aux banques et aux
sociétés de fiducie ou à l'Hydro-Québec, si
celle-ci a temporairement besoin de fonds pour l'exécution de ses
travaux. Du 1er avril 1964 au 28 février 1965, les intérêts
encaissés grâce à ces opérations se sont
élevés à $1,379,723.90.
Et voici maintenant la liste des emprunts de deux autres organismes de
la Couronne; ces emprunts sont garantis par le gouvernement:
ANNEXE Référer à la version PDF page 2010
Le deuxième chapitre, La situation économique du
Québec
Si l'année 1963 fut une période d'expansion pour
l'ensemble des pays industrialisés de l'hémisphère
occidental, l'année 1964 a cependant offert des contrastes saisissants
quant à l'évolution économique des deux côtés
de l'Atlantique. A ce sujet, je vous réfère à l'annexe I
de ce discours, annexe déposée hier. La situation
économique canadienne
Au Canada, après l'arrêt brusque de l'expansion au
deuxième trimestre de 1964 le taux d'augmentation par rapport au
premier trimestre n'a été que de 1% le produit national
brut en 1964 a enregistré tout de même uneaugmen-tation de 8% et
l'indice du volume de la production pour les onze premiers mois a atteint
212.8, la base est en 1949 à 100, soit une hausse de 9.1%. Les
dividendes payés par les compagnies pendant les neuf premiers mois ont
dépassé de 6.7% ceux de la même période de
l'année précédente. Les immobilisations de l'ordre de $10
milliards ont augmenté de 16.4% par rapport à 1963. C'est surtout
l'augmentation des exportations de 18% en 1964 qui a imprimé à
l'économie canadienne une nouvelle impulsion.
Parmi les exportations traditionnelles, minerais et produits de la
forêt, ce sont les exportations du minerais de fer, de la pâte de
bois et du papier qui ont enregistré la hausse la plus importante. On
évalue les exportations canadiennes en 1964 à $8,200,000,000
contre$7 milliards seulement en 1963. Pour la première fois la valeur
des exportations de produits manufacturés au Canada dépasse le
milliard de dollars. Cette tendance s'est traduite par une baisse du
déficit du compte courant qui de $557 millions qu'il était en
1963 à $453 millions en 1964.
Un autre facteur important a été la baisse graduelle du
chômage depuis 1961, de sorte que le taux de chômage,
d'après les chiffres corrigés de leurs variations
saisonnières, avait atteint, au mois d'août 1964, pour le Canada,
3.4%, soit le taux le plus bas depuis 1957. Et à ce moment-là,
à 3.4%, on est tout près de ce que l'on peut considérer
comme le plein emploi. En 1964 ce taux s'établissait à 4.7% pour
l'année. L'évolution de l'économie
québécoise en 1964
Au Québec, l'expansion économique entre dans sa
cinquième année, je ne veux pas faire de politique mais
c'est une curieuse de coincidence, et 1964...
M. BELLEMARE: II manquait de piquant-là. M. LESAGE: Les chiffres,
c'est très froid.
M. BELLEMARE: II n'y a que vous qui avez le droit d'être
piquant.
M. COURNOYER: Oui, ça ne ment pas. M. BELLEMARE: Les chiffres
sont là.
M. LESAGE: Alors je répète qu'au Canada, au Québec,
l'expansion économique entre dans sa cinquième année et
1964 pourra être considérée comme l'année la plus
marquante de cette période d'essor, si l'on en juge par le taux
d'augmentation du produit national brut au Québec qui a
été de l'ordre de 9%. On se souviendra du chiffre que j'ai
donné pour l'augmentation, pour le Canada tout entier, qui était
de 8% seulement. Le Québec est au-dessus de la moyenne nationale,
l'augmentation a été de 9%. Il faut remonter à 1956, alors
que l'influence de la politique du gouvernement fédéral dont je
faisais partie se faisait sentir, pour retrouver une progression comparable
(8,9%).
UNE VOIX: De plus ou de moins.
M. LESAGE: L'année 1962 considérée pourtant
exceptionnelle avait connu un taux de 7%.
M. COURNOYER: Avant et après.
M. LESAGE: Les postes qui ont le plus progressé sont les
bénéfices des sociétés avant impôt (12.5%),
le revenu du travail (9.2%) et les intérêts, dividendes et loyers
(8.8%). La seule baisse, je l'ai déjà dit d'ailleurs, s'est
produite dans le revenu net de l'agriculture. Et sur ce point nous avons
donné des explications complètes dans le Livre blanc
déposé par le ministre de l'Agriculture. Elle est attribuable
dans une certaine mesure aux conditions dans lesquelles se sont
effectuées les récoltes en 1964 et, comme le dit le Livre blanc
du ministre de l'Agriculture, au coût croissant des frais d'exploitation
qui s'élèvent à un rythme beaucoup plus
élevé que les prix des produits et denrées agricoles.
Ce haut niveau d'activité dans l'ensemble se reflète dans
tous les secteurs: 7 à 8% d'augmentation pour la valeur des
expéditions des fabricants, 3.6% pour la population active
employée et surtout 17.8% pour les immobilisations, ce qui
démontre la confiance des entreprises dans la vigueur de
l'économie du Québec.
ANNEXE Référer à la version PDF page 2012
D'abord pour ce qui est de la production
L'année 1964 demeurera une année record pour la production
dans tous les domaines, excepté l'agriculture, je le
répète, où la production, bien qu'ayant augmenté en
volume, a diminué en valeur, surtout à cause de la baisse des
prix des produits animaux, en particulier des oeufs et des volailles. Or, les
agriculteurs tirent 39.8% de leur revenu monétaire de la vente des
produits laitiers et 46.7% des ventes de bétail et de produits animaux
excluant le lait. Notons que l'indice des prix des produits agricoles à
la ferme a augmenté de 3.1 points depuis 1961, alors que l'indice des
prix des biens et services utilisés sur les fermes a augmenté de
22.9 points pendant la même période.
La valeur des captures de pêche a atteint $5.4 millions, soit 2.1%
de plus qu'en 1963, bien que le volume des captures en 1964 ait
été nettement inférieur à celui des années
précédentes. La hausse des prix a largement compensé la
baisse en volume.
M. JOHNSON: Les poissons mordent moins!
M. LESAGE: Il y a aussi, M. le Président, un autre mal que nous
avons l'intention de corriger et la correction sera apportée si la
Chambre y consent par une législation que nous présenterons
devant la Chambre et qui sera de nature à augmenter le volume de la
production de nos pêcheries maritimes surtout. Et cela vien-dre durant
cette session.
L'industrie forestière a connu, l'an dernier, une année
record. Le volume des bois coupés a atteint 1,024 millions de pieds
cubes, soit une hausse de 13.6% par rapport à 1963. Cette hausse de la
production est due en grande partie à l'amélioration du
marché des Etats-Unis au- quel cette industrie est
particulièrement liée. Le bois à pâte figure pour
66% de la valeur de la production.
L'industrie minière, autre secteur en vive expansion chez nous, a
augmenté sa production de 24.5% en 1964. Les minéraux
métalliques ont accru leur valeur de 34.8%. Ils représentent
environ 70% de la production minière totale. Cette industrie est
également en relation étroite avec les marchés
extérieurs. Au niveau de la transformation maintenant, les hausses les
plus importantes sont enregistrées par le zinc, le cuivre, le fer et
l'amiante. Les augmentations résultent en partie de l'ouverture de trois
nouvelles mines: Mattagami Lake Mines, Orchan Mines Limited et Lake Dufault
Mines Limited, Les projets annoncés laissent entrevoir de nouveaux
développements dans le secteur minier en 1965. Plusieurs nouvelles mines
doivent, en effet, commencer leur production en 1965.
Dans le secteur manufacturier, on a constaté un progrès
généralisé. La valeur des expéditions, en 1964, a
été estimée à $8,993 millions, soit une hausse de 7
à 8% par rapport à l'année dernière. Dans ce
secteur seulement, et vous savez combien de fois j'ai prêché que
ce qui était important pour remédier au chômage dans le
Québec c'était l'établissement d'industries secondaires,
c'est-à-dire d'industries de transformation des matières
premières en produits semi-finis ou finis. Or, dans ce secteur des
manufactures seulement, 30,000 nouveaux emplois ont été
créés au cours de 1964, soit 47% du total des nouveaux emplois
pour toute l'année 1964 dans notre province. Soulignons également
que, dans ce secteur, plus de 1,000 nouveaux établissements, aux
différents niveaux de la production, se sont établis au
Québec en 1964. La semaine moyenne de travail, qui était
demeurée stable depuis trois ans, s'est prolongée en 1964 de
2.4% par rapport à 1963. Parmi les industries les plus
importantes du Québec, l'industrie des pâtes et papiers atteignait
en 1964 une valeur estimée de $717 millions pour ses expéditions,
ce qui représenterait un gain de 7.6% par rapport à 1963. Les
expéditions en dehors du Québec se sont accrues de 14.8% pour les
papiers et cartons et de 4.8% pour la pâte de bois. La valeur des
expéditions de l'industrie de l'affinage et de la réduction des
métaux a atteint $748.7 millions, soit 7% de plus qu'en 1963. Ces deux
industries augmentent actuellement leur rendement et modernisent leur
outillage, ce qui leur permet de réduire leurs coûts de
production. Les nouveaux projets achevés ou annoncés en 1964 sont
nombreux. Parmi les industries qui s'affirment de plus en plus, notons
l'industrie chimique qui prend une importance grandissante et l'industrie
textile qui, après avoir élargi ses marchés d'exportation,
a accru sa production de 6.1%.
M. JOHNSON: Dire qu'on doit tout ça au député de
Laurier!
M. LESAGE: Ceci est dû à l'action collective du
gouvernement et des citoyens de la province de Québec de même
qu'en la confiance des investisseurs dans la stabilité, le jugement et
le bon sens du gouvernement actuel.
M. JOHNSON: Je pensais que le premier ministre allait dire que
c'était le jugement du député de Laurier.
M. COURNOYER: Vous autres, vous étiez habitués dans les
petites affaires.
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition n'en a pas eu assez il en veut un peu
plus, est-ce qu'il veut poser une autre question?
M. JOHNSON: J'étais certain que... M. LAPORTE: Wilfrid...
M. JOHNSON: ... le premier ministre voulait rendre hommage au
député de Laurier.
M. LESAGE: Je rends hommage, M. le Président, à tous mes
collègues, à tous les hommes d'action d'action positive, mais je
ne puis pas rendre hommage aux destructeurs de l'action positive qui
siègent en face de nous.
M. JOHNSON: Regardez à droite...
M. COURNOYER: Ahj des petits monsieurs.
M. JOHNSON: ... a droite regardez à votre droite un peu,
ça aide.
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: A la droite du premier ministre...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: II y a des éléments positifs quant aux
investissements, le député de Laurier.
M. LESAGE: II y a autour de moi des éléments
positifs...
M. JOHNSON: Variés.
M. LESAGE: ... partout autour de moi, sauf directement en face de moi.
M. le Président, le chef de l'Opposition veut que nous continuions
à célébrer sa fête qui commence à
minuit...
M. JOHNSON: A cinquante ans. M. COURNOYER: C'est une bonne.
M. LESAGE: ... je suis prêt à veiller, faire la
veillée d'armes avec lui, en ami, je suis heureux...
M. JOHNSON: OÙ est-ce qu'on tient ça? M. LESAGE: Ici
même, ici même. M. COURNOYER: Dans Laurier.
M. LESAGE: S'il continue de m'interrom-pre, et si je fais la même
chose lorsqu'il parlera, nous serons encore ici à minuit. La hausse qui
s'est produite...
M. JOHNSON: On pourrait se faire inviter chez le ministre de la
Famille.
M. LESAGE: ... dans le volume de la construction est due en grande
partie aux travaux...
UNE VOIX: II nous les donne.
M. LESAGE: ... de génie etaubâtiment dans les secteurs
industriels, commerciaux, institutionnels et autres. La construction
domiciliaire, bien qu'ayant légèrement augmenté, n'a pas
donner à l'ensemble du secteur l'impulsion escomptée en
dépit du prolongement des différentes mesures gouvernementales.
La prédominai!-
ce de la construction lourde s'explique par la mise en place d'un
programme de travaux routiers et par l'édification des bâtiments
rendus nécessaires pour l'expansion industrielle et commerciale. b)
population, emploi et chômage
En 1964, la population québécoise s'élevait
à 5,624,000 personnes, soit 28.9% de la population canadienne. Le taux
d'accroissement naturel de 1954 à 1963 a été de 20.7 par
millier, ce qui est nettement supérieur à celui de l'Ontario, qui
est de 17.5 par millier. L'augmentation plus rapide de la population ontarienne
est donc le résultat d'une immigration plus forte, plutôt que d'un
accroissement naturel, c'est clair.
La population employée au Québec a été de
1,815,000 personnes, un record, soit une augmentation de 3.6% par rapport
à 1963. Le taux d'accroissement de la population active totale a
été de 2.4% et je viens de dire que, pour la population
employée, il y a eu une augmentation de 3.6% alors que l'augmentation de
la population employable était de 2.4% seulement.
L'emploi a donc augmenté dans une proportion supérieure
à la population active, ce qui évidemment s'est traduit par une
baisse du chômage. Il est à noter que le nombre de personnes
actives, par mille habitants au Québec, est inférieur à
celui du Canada et de l'Ontario. Et cela tient à la structure de notre
population dont la proportion des personnes de moins de 20 ans est plus
importante qu'ailleurs.
Si l'on considère la population active employée par
secteur, on constate qu'il s'est produit une forte augmentation de l'emploi
dans la construction, 9.6%; une augmentation élevée dans les
services, 6.9%; une quasi-stabilité dans les mines et les forêts,
2.8%, et une hausse notable de 6.6% dans le secteur manufacturier, où
l'emploi n'avait progressé que très très faiblement depuis
1956.
En 1964, le chômage a atteint son point le plus bas depuis 1957,
c'est-à-dire depuis l'année où le gouvernement dont
je faisais partie, à Ottawa, a perdu le pouvoir soit en moyenne
6.4% de la population active. Les groupes d'âges les plus frappés
par le chômage sont ceux de 14 à 19 ans, 12.4%, et de 20 à
24 ans, 7.9%. Vous voyez l'importance de maintenir les jeunes à
l'école. Dans les groupes adultes, on enregistre des taux plus faibles:
4.9% pour le groupe de 25 à 44 ans et 5.5% pour celui de 45 à 64
ans. Il faut se rappeler cependant, que, dans les groupes de 14 à 19 ans
et de 20 à 24 ans, on ne tient compte que de la population active,
c'est-à-dire sur le marché du travail. Il s'agit donc ici des
jeunes qui ne fréquentent pas les institutions d'enseignement,
d'où l'importance primordiale de pousser de plus en plus loin
l'éducation chez nous.
Dans le tableau qui apparaît ci-dessous, on trouvera le taux
mensuel de chômage de janvier 1962 à février 1965 pour le
Québec, l'Ontario et l'ensemble du pays. Ce tableau démontre une
amélioration nette de la situation de l'emploi au Québec.
ANNEXE Référer à la version PDF page 2014
En 1964, le revenu personnel au Québec a atteint $8,823 millions,
soit une hausse de 7.3% par rapport à 1963. Les salaires et gages
versés constituent la part la plus importante du revenu personnel,
c'est-à-dire un peu plus de 68%. Le revenu du travail s'est
élevé à $6,195 millions en 1964, un progrès de 9.2%
sur 1963. Presque toutes les catégories de revenus ont d'ailleurs
augmenté dans de fortes proportions: 8.8% pour les
intérêts, dividendes et loyers; 12.5%, pour les
bénéfices des sociétés avant impôt; 3.5%,
pour le revenu net des entreprises individuelles non-agricoles. Seul le revenu
net des agriculteurs dans leur ensemble a légèrement
diminué à cause de la baisse intervenue dans le revenu brut.
Notons par ailleurs que le coût croissant de l'équipement, je le
répète, contribue à réduire le revenu net agricole
depuis plusieurs années. c) Les dépenses en biens et
services
La grande partie des revenus des Québécois a
été dépensée en biens et services. Le montant de
ces dépenses s'est élevé à $7,460 millions, ce qui
représente une hausse de 7.2% par rapport à 1963. Dans le budget
des Québécois, le logement et l'alimentation occupent les postes
les plus importants. En 1964, contrairement aux années
précédentes, la demande s'est portée davantage vers les
biens durables que vers les biens non-durables. En effet, les ventes de biens
durables excluant les automobiles ont augmenté de 5.4% alors qu'en 1963
l'augmentation n'avait été que de 6.1%. Si l'on tient compte des
automobiles qui représentent pour le consommateur un achat de longue
durée, cette augmentation est de 6.3%. Quant aux ventes de biens
non-durables, elles se sont accrues de 4.9% comparativement à 8.7% en
1963. L'augmentation pour l'ensemble de toutes les ventes au détail a
été de 5.3%. d) les dépenses des gouvernements
Les dépenses courantes du gouvernement du Québec se sont
élevées, pour l'exercice financier 1964, à $976 millions,
soit une hausse de 16.2% sur l'exercice précédent. Les
immobilisations qui ont été de $222 millions ont montré
une augmentation encore plus grande, soit 35.3%. Soulignons que ces chiffres
représentent les sommes réellement dépensées par le
gouvernement provincial à l'exclusion de toute contribution au
gouvernement de la province. Les domaines où ont été
dirigés la plus grande partie des investissements provinciaux sont
l'éducation, la santé, la voirie et les travaux publics. Ainsi,
la politique budgétaire actuelle réflète les op- tions
fondamentales du gouvernement en faveur de l'augmentation et de
l'amélioration du capital humain et social du Québec.
Les dépenses des municipalités ont atteint $475 millions
pour l'année civile 1964. Ces dépenses augmentent d'année
en année et les revenus sont généralement insuffisants
pour couvrir les besoins. Les municipalités doivent donc recourir dans
une large mesure à l'emprunt. Cela explique que, dans le compte
détaillé de leurs dépenses, le service de la dette soit le
poste le plus élevé. Et l'autre poste important est celui,
évidemment, des travaux publics de tout genre. e) les investissements
privés
En 1964, la part du Québec dans le total des investissements
canadiens s'est établie à 26.1%; en 1961, elle était de
24.5% seulement. Le montant des immobilisations pour 1964, ce qui est un
chiffre provisoire, a été de $2,686 millions, non compris les
réparations et l'entretien au total de $833 millions.
En valeur absolue, les services publics absorbent le plus fort montant
des investissements nouveaux, soit $765.6 millions. En valeur absolue toujours,
ce secteur est, depuis plusieurs années, en progression marquée,
car il est étroitement lié à l'évolution
démographique et au niveau du revenu par habitant. Néanmoins,
sapart relative dans l'ensemble des Investissements a tendance à
diminuer légèrement: de 26.6% qu'elle était en 1960,elle
est passée à 21.1%en 1964. Cela s'explique facilement car, au
cours des dernières années, d'autres types d'investissements ont
augmenté à une allure encore plus marquée, notamment dans
le secteur manufacturier et le secteur primaire. Ainsi dans ces deux secteurs
réunis on a investi, au Québec, $984.1 millions en 1964. Il faut
se rappeler, à ce propos, que les mouvements expansionnistes dont nous
sommes témoins depuis 1961 s'appuient surtout sur ces deux secteurs.
C'est le secteur primaire, particulièrement dans les mines et les
forêts, qui a bénéficié de la hausse la plus
considérable dans l'Investissement en 1964, soit 14%. Cependant, cette
augmentation ne représente que les sommes investies au cours de 1964. Et
on sait que dans ce domaine, les projets d'expansion portent souvent sur
plusieurs années.
Disons enfin qu'en 1964 le secteur de la construction domiciliaire, sans
avoir montré une croissance aussi impressionnante que d'autres secteurs
comme celui des mines et des forêts, a tout de même
été l'objet d'Investissements considérables, soit $716.4
millions.
Maintenant, quelles sont les perspectives économiques pour
1965?
Pour 1965, on escompte la poursuite du mouvement d'expansion actuelle,
en s'appuyant sur l'amélioration des marchés mondiaux et sur la
confiance des hommes d'affaires. Cependant, quelques ombres apparaissent sur
l'économie internationale: la situation difficile de la livre sterling,
mentionné dans le discours du budget du chancelier de l'Echiquier
prononcé avant-hier, je crois, hier ou avant-hier?...
M. COURNOYER: Avant-hier.
M. LESAGE: ... avant-hier, et les mesures qu'il a dû prendre, le
déficit persistant de la balance des paiements américains qui
nécessitera la limitation des investissements privés à
l'étranger et l'aggravation de la situation dans certaines zones
troublées du monde, particulièrement au Vietnam, sont autant de
facteurs qui risquent d'influencer défavorablement les exportations
canadiennes.
Malgré tout, cependant le Canada détient, pour certains
produits, une position de force, oui de grande force, sur les marchés
mondiaux. Et par ailleurs, la vague d'investissements qui semble se poursuivre
donnera à notre industrie un pouvoir concurrentiel accru, tout en
contribuant à stimuler la demande intérieure.
Pour ce qui est du Québec, en nous fondant sur l'allure du
développement au cours des dernières années et sur les
effets d'entraînement à court terme qui proviennent des
progrès que l'on remarque dans les différents secteurs
d'activité, on peut prévoir que l'expansion économique au
Québec se prolongera au-delà de l'année 1965.
En effet, les prévisions de dépenses à tous les
niveaux, qui sont à la base des mouvements conjoncturels, manifestent
une tendance évidente à la hausse, notamment dans les
dépenses courantes et les immobilisations du gouvernement.
D'après les chiffres préliminaires, les immobilisations
dans les divers secteurs de l'économie québécoise ont
été supérieures en 1964 aux estimations de la fin de 1963.
Quant à 1965, les taux d'augmentation des immobilisations devraient
varier de 8 à 44%, selon les secteurs. Globalement, on estime qu'elles
seront supérieures de 18.2% par rapport à 1964, dépassant
ainsi de 4.5 points celle du Canada dans son entier. Seul le secteur primaire
pourra voir ses immobilisations diminuer de 15%, ce qui serait assez normal,
étant donné les développements considérables qui
ont eu lieu dans ce domaine depuis quatre ans.
Cette tendance ascendante générale, soutenue par les
efforts conjugués des gouvernements et des agents économiques
dans la poursuite d'une meilleure utilisation de nos ressources, ne laisse
raisonnablement aucune inquiétude quant au maintien du dynamisme de
l'économie québécoise et à la continuation du
mouvement expansionniste actuel.
Un des symboles les plus éclatants du renouveau économique
du Québec est l'établissement prochain, sur notre territoire,
d'un complexe sidérurgique grâce auquel nous entrerons de plain
pied dans le secteur de l'industrie lourde. Nous aurons franchi, avec ce
complexe sidérurgique, une étape essentielle de notre croissance
économique. Les investissements considérables qui seront
effectués dans cette entreprise créeront un effet
d'entraînement de nature à Influencer, pour plusieurs
années à venir, le développement du territoire du
Québec et le niveau de l'emploi. De plus, le fait que SIDBEC sera
situé dans une région jusqu'ici insuffisamment
développée contribuera pour beaucoup au mouvement de
décentralisation industrielle que le présent gouvernement
encourage et veut soutenir. Grâce à sa croissance des
récentes années, le Québec était devenu un
territoire fortement industrialisé sur lequel notre population
exerçait cependant peu de contrôle. Avec la sidérurgie et
grâce aux autres Initiatives prises par son gouvernement ou
suscitées par lui, directement ou indirectement, le Québec est en
voie de s'affirmer comme une puissance économique avec laquelle il faut
compter. Troisième chapitre:Prévisions pour l'exercice
financier 1965/1966.
L'envergure des tâches qui incombent au Québec en raison de
son développement de plus en plus rapide s'est de nouveau traduit par
l'accroissement de son budget. Si l'on tient compte de certaines
activités de caractère extraordinaire, l'ensemble des
dépenses proposées dépasse $2 milliards. Cependant, comme
je l'expliquerai plus loin, la majeure partie de l'augmentation par rapport
à l'exercice 1964/1965 s'explique par des réaménagements
de revenus qui n'augmentent pas le fardeau des contribuables.
ANNEXE Référer à la version PDF page 2017
ANNEXE Référer à la version PDF page 2018
Les dépenses
Le budget brut des dépenses du gouvernement pour l'année
financière 1965/1966 atteint un chiffre record de $1,971,783,700, soit
le budget net de $1,781,896,400 que l'on voit au tableau 4 plus des
contributions du gouvernement du Canada au montant de $142,591,300 pour les
programmes conjoints auxquels le Québec continue d'adhérer et
$47,296,000 pour les autres contributions et remboursements. Voici le tableau,
en millions de dollars, du budget net des contributions fédérales
et pour faire suite à la demande du député de St-Jacques,
des autres contributions, des remboursements du budget en dollars, du budget
net en dollars et du budget net en pourcentage. Ce sont des chiffres absolument
détaillés.
ANNEXE Référer à la version PDF page 2019
Par rapport à l'exercice qui vient de se terminer, l'augmentation
des dépenses provient de deux causes bien distinctes qu'il importe de
souligner pour en déterminer l'influence réelle et pour
apprécier exactement les différences qui existent entre le budget
de 1965/1966 et celui de l'an dernier.
Entre les deux exercices financiers, en nous fondant sur les chiffres de
l'exercice 1964/1965, tels qu'ils apparaissent dans le budget des
dépenses 1965/1966, l'accroissement global des dépenses est de
$526,279,100. L'accroissement réel n'est cependant que de $181,714,000.
C'est ce dernier chiffre qui mesure la hausse véritable des
dépenses du gouvernement du Québec entre 1964/1965 et le budget
principal de 1965/1966.
Le solde de l'augmentation globale, à savoir $344,565,100 est
imputable aux deux facteurs suivants qui ne constituent pas une charge
nouvelle:
(Je suis bien humain, j'ai demandé le résultat de la
partie de hockey).
M. BELLE MARE: Deux à zéro.
M. LAPORTE: Ce pourrait être inscrit au journal des Débats,
après cette déclaration là.
M. BELLEMARE: Vous allez avoir le score des taxes tout à
l'heure.
M. LESAGE: Ah, il n'y a pas grand chose, c'est un bien petit score.
M. BELLEMARE: Ah! une belle petite nouvelle!...
M. LESAGE: a) D'une part, une somme, évidemment si le
député de Champlain est un millionnaire, ça peut lui
coûter cher, mais ça ne coûtera rien aux petits.
M. BELLEMARE: Ah non. Le premier ministre en compte encore plus dans son
gouvernement.
M. LESAGE: a) D'une part, une somme de $234,565,100 a dû
être ajoutée...
M. BELLEMARE: Le maire de Chomedey!
M. LESAGE: Qu'est-ce que le maire de Chomedey vient faire dans mon
budget pour l'amour du bon Dieu? Je ne l'ai pas consulté.
M. BELLEMARE: Qu'est-ce que le député de Champlain vient
faire dans notre discours?
M. LESAGE: C'est le député de Champlain qui
m'interrompt.
M. BELLEMARE: Pauvre vous!
M. LESAGE: Comment, pauvre vous? C'est moi qui vous plains de vous
fâcher à propos de rien. Moi je ne me fâche pas.
M. BELLEMARE: Je ne me fâche pas du tout. Je suis content du
budget!
M. LESAGE: Je suis tellement heureux de présenter ce budget
merveilleux.
M. BELLEMARE: J'ai eu le malheur de parler des taxes, et il a pris
mouche!
M. LESAGE: Les sommes ainsi ajoutées auraient normalement
été versées par le gouvernement du Canada lui-même
dans le cadre des programmes conjoints si le Québec avait
continué à y adhérer et, comme auparavant, ne seraient pas
apparues dans les crédits des ministères touchés par la
nouvelle politique. Comme on le sait, le Québec a déjà
commencé à bénéficier, au titre des revenus, d'une
équivalence fiscale et financière correspondant aux
dépenses nouvelles qu'il assume.
Et voici la répartition, entre les ministères
touchés par cette politique nouvelle, de cette somme globale de
$234,565,100:
ANNEXE Référer à la version PDF page 2020
b) D'autre part, une somme de$110,000,000, sur celle-là je veux
attirer l'attention parce que j'y reviendrai plus longuement tout à
l'heure, a été ajoutée au budget des dépenses du
ministère du Revenu pour 1965/66 afin d'assurer aux municipalités
leur part de la répartition de la taxe de vente. L'an dernier, les
versements aux municipalités ont été effectués
suivant les dispositions de la loi 12-13 Elizabeth H, chapitre 28, je le
répète, à même le fonds consolidé du
revenu.
En résumé, l'analyse à laquelle je viens de
procéder montre que l'augmentation réelle du budget, au moment du
dépôt du Livre bleu, à la charge des contribuables du
Québec est bien inférieure à ce que l'on pourrait
être porté à déduire d'une lecture rapide du budget
des dépenses. On remarque par ailleurs que la part du lion du budget net
des dépenses est consacrée à six ministères qui se
partagent 83.2% du total, soit $1,482 millions sur un total de $1,781
millions.
Et le tableau qui suit indique la part en pourcentage des chacun des six
ministères par rapport au budget net total.
ANNEXE Référer à la version PDF page 2021
Avant de terminer mes commentaires sur les dépenses de l'exercice
1965/66, je dois signaler les dépenses extraordinaires qui figurent au
bas du tableau 4 et qui ont été autorisées par des lois
spéciales. Il s'agit en l'occurrence des investissements immobiliers des
universités et des collèges ainsi que des investissements en
vertu de la Loi concernant l'exposition universelle de 1967. Les
dépenses qui seront laites en vertu de ces lois seront couvertes par des
emprunts; elles n'entrent donc pas dans le cadre des dépenses
annuelles.
Passons maintenant, si vous le voulez, à un bref examen des
principales augmentations budgétaires des ministères. Je rappelle
que, là encore, les comparaisons sont faites entre les crédits de
1965/66, Livre bleu, et ceux qui s'appliquent à l'exercice financier
1964/65 dans le budget des dépenses que j'ai déposé le 2
mars dernier.
Affaires municipales
Un nouveau crédit de $200,000 a été prévu
pour la création d'un service de recherches. Le ministère
disposera ainsi des fonds nécessaires pour procéder à
l'engagement d'experts chargés d'étudier les demandes relatives
au regroupement de municipalités et d'y répondre.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'une augmentation de crédit, je tiens
aussi à souligner que le ministère distribuera encore cette
année $38,450,000 de subventions aux municipalités pour les
travaux d'hiver, la prévention des incendies et l'établissement
de services d'aqueduc, d'égout et d'usines d'épuration des eaux.
Comme le prévoit le détail du budget des dépenses, le
gouvernement du Canada, dans le cadre des travaux d'hiver, contribue une somme
de $17,700,000.
Agriculture et colonisation
L'augmentation des crédits, au budget, au livre bleu, au chapitre
des dépenses ordinaires est de $8,806,000. De cette somme, $1,397,100
représentent le montant qu'il a fallu ajouter aux dépenses du
ministère à la suite du retrait de la province de certains
programmes conjoints.
Les crédits de l'enseignement agricole sont augmentés de
près de $1 million, les contrats pour travaux de drainage de près
de $1.5 millions et les crédits nets pour ARDA de près de $4.4
millions. En vertu du programme ARDA, cette somme contribuée par le
Québec permettra une dépense totale de $15,200,000 pour
l'aménagement rural et le développement agricole.
Quant aux crédits ouverts pour les dépenses en
immobilisations, ils accusent une hausse de près de $2 millions. Il
s'agit principalement de constructions et de projets d'aménagement rural
et de développement agricole de nature urgente.
L'éducation
Le budget des dépenses ordinaires passe c'est ce qui monte
le plus vite avec la Santé et des fois la Voirie de $330.2
millions en 1964-65 à $375.7 millions pour l'exercice 1965-66. On voit
l'effort que le gouvernement veut faire pour répandre de plus en plus
l'éducation à travers notre jeunesse, comme je le disais tout
à l'heure. Et ce dernier montant comprend une somme de $15 millions
environ provenant du retrait de certains plans conjoints.
Au poste de l'enseignement spécialisé, l'augmentation
nette est d'environ $4 millions. Elle est attribuable principalement à
l'ouverture de nouvelles écoles et de nouvelles classes.
Les crédits pour subventions aux commissions scolaires
s'élèvent au montant de $257 millions pour l'exercice 1965-66.
Seulement les subventions sont plus élevées que le fameux
règlement ou supposé règlement des dettes fait par l'Union
nationale en 1946 et échelonné sur une période de je ne
sais combien d'années, et cela pour sauver la race.
Ces subventions pour l'année ont été
augmentées de $13.1 millions.
M. COURNOYER: Vous n'êtes pas prêts de nous battre.
M. LESAGE: Entre autres subventions, celles qui ont trait à la
rémunération du personnel enseignant je ne l'oublie pas et
que les professeurs ne l'oublient pas et à l'organisation du
cours secondaire, passent de $74 à $78 millions et celles qui
s'appliquent au transport des élèves, sans compter l'augmentation
que cela amène aux dépenses du ministère de la Voirie,
sont portées de $13 millions à $19 millions.
Le gouvernement a porté à $20 millions le crédit
pour les bourses d'étude du service de l'aide aux étudiants, soit
une augmentation de $2.2 millions environ par rapport à 1964-65. Au
même poste, le budget prévoit un remboursement de $8.8 millions
environ, qui représente la partie des bourses que les
bénéficiaires doivent rembourser.
Le ministère formera au cours de l'année un service dit de
la « Coopération avec l'extérieur » doté d'un
crédit de $800,000 en plus des dépenses d'administration.
$150,000 sont prévus pour l'organisation des stages en France dans les
cadres de l'ASTEF et $600,000 pour l'exécution d'un programme
d'échange en matière d'éducation. Une entente relative
à ce programme, et pour laquelle je tiens à féliciter
particulièrement le vice-président du conseil et le ministre de
l'Education, a été signée à Paris à la fin
de février, par des représentants du Québec et de la
France, dont le ministre de l'Education.
Et quand j'entends le chef del'Oppositionpar-ler du rôle
international du gouvernement du Québec, il n'y a pensé
qu'après la signature de l'accord par le ministre de l'Education.
Nous y travaillons déjà depuis des années sans dire
un mot, nous sommes des hommes d'action, des hommes de réalisation, mais
on n'essaie pas de voler les réalisations des autres, en essayant d'en
faire paiement une espèce de mi-tout dans un programme
hétoroclite.
En portant de $27.4 millions en 1964/65 à $35.5 millions en
1965/66 les crédits destinés à subvenir aux
dépenses courantes des universités, le gouvernement a
donné une nouvelle preuve de son vif intérêt pour la
formation des jeunes et pour l'épanouissement de notre culture.
Le ministère de l'Education projette aussi de construire des
écoles d'enseignement spécialisé dont le coût
s'établira cette année à $37,800,000. La part de la
province sera de $10,900,000, soit une contribution de près de $3
millions supérieure à celle de l'année 1964/65.
Famille et Bien-être social
Le budget des dépenses ordinaires, au total de $218.9 millions
est de$77.6 millions plus élevé que celui de l'exercice qui vient
de se terminer. La majeure partie de cet écart est attribuable à
la réduction de la contribution du gouvernement du Canada, à la
suite du retrait de plusieurs programmes conjoints, réduction
naturellement compensée par une équivalence fiscale et
financière au titre des revenus de la province.
Procureur général
Le budget des dépenses ordinaires duprocu-reur
général passe de $33.8 millions à près de $37.2
millions pour 1965/66. C'est à la Sûreté provinciale que
l'accroissement est le plus marqué: $2,600,000. L'effectif
autorisé doit en effet passer de 2,050 à 2,300 hommes et cette
augmentation entraînera nécessairement la hausse d'autres
dépenses comme les traitements du personnel de bureau, l'achat
d'automobiles, frais de bureau, etc.
La province sera dotée, au cours de la prochaine année,
d'un réseau radiophonique intégré au système
téléphonique. Une partie de ce réseau fonctionne
déjà dans la région de Montréal, les régions
de Québec, Chicoutimi, Rivière-du-Loup
bénéficieront des mêmes avantages au cours de l'automne
prochain.
La Santé
Les estimations budgétaires des dépenses ordinaires pour
1965/66 se totalisent à $396,430,200, soit une augmentation de
près de $202 millions par rapport au budget de 1964/65. De ce montant,
$156 millions proviennent du retrait du Québec de l'assurance
hospitalisation.
L'augmentation réelle du coût net de ce programme par
rapport à 1964/65 est de $29 millions. Celle-ci est attribuable à
deux facteurs principaux, soitl'accroissement des traitements et salaires
dupersonnel hospitalier et l'augmentation de la population et du nombre de
jours d'hospitalisation.
II est intéressant de rappeler ici, qu'en On-
tario la majeure partie du coût du programme d'hospitalisation est
à la charge des citoyens de la province qui, jusqu'au 30 juin 1964,
versaient indépendamment de leurs impôts, c'est-à-dire en
plus de leurs impôts, une contribution mensuelle de $2.10 par individu
sans charge de la-mille et de $4.20 par famille. Pour l'année 1962/63,
ces contributions se sont élevées à $91,925,000 et le
déficit par rapport aux dépenses totales a été
comblé par le gouvernement provincial. Pour tenir compte de
l'augmentation du coût du programme, les contributions ont
été portées respectivement à $3.25 et$6.50 à
compter du 1er juillet 1964. Je mentionne ces chiffres pour montrer que
certaines comparaisons que l'on fait parfois entre le fardeau des impôts
dans le Québec et en Ontario sont souvent sujettes à caution.
Le traitement des maladies mentales, seulement coûtera à la
province environ $13 millions de plus cette année pour atteindre un
coût net de $46,300,000.
Le ministère dépensera cette année autant pour
l'achat, la construction et la transformation d'hôpitaux et de
dispensaires qu'en 1964/65, soit $12,700,000. De cette somme, un demi-million
sera à la charge du gouvernement du Canada.
Le Secrétariat de la province
Les crédits pour les dépenses ordinaires du
Secrétariat de la province pour l'exercice financier 1965/66 accuse une
augmentation de $3,800,000.
Pour les projets en vue de la collaboration à la
célébration du Centenaire de la Confédération au
Canada, la part de la province dépassera $4,900,000 soit une
augmentation de $3,400,000 sur les crédits du dernier exercice. Ce
crédit servira à défrayer les subventions en vue de la
construction de centres récréatifs et culturels à travers
toute la province et aussi à l'aménagement de parcs dont le Parc
Dollard Desormeaux à Carillon et le Parc Montmorency aux chutes du
même nom.
L'exécution de l'ensemble des pro jets se traduira par une
dépense de $8,348,000, dont $3,712,000 seront à la charge du
gouvernement du Canada,
Un nouveau crédit de $300,000 a été prévu
pour diverses campagnes d'information. Par décision du Conseil
exécutif, ce crédit pourra être mis à la disposition
des ministères susceptibles de l'utiliser.
Terres et Forêts
Bien que l'augmentation des dépenses ordinaires ne soit que de
$1,600,000, il convient de signaler que le service forestier du
ministère consacrera $925,000 soit $600,000 de plus qu'au cours de
1964/65 à des contrats d'inventaires forestiers et à des
études économiques.
Tourisme, Chasse et Pêche
Le budget net des dépenses en immobilisations a été
porté de $630,000 pour 1964/65 à $2,830,000...
M. COURNOYER: C'est $3 millions.
M. LESAGE: $2,830,000 pour le présent exercice. Au total,
près de $4 millions pourront ainsi être dépensés par
ce ministère pour l'établissement de terrains de camping et la
construction de chemins touristiques ainsi que l'achat, la construction et la
transformation d'immeubles.
Au ministère du Travail
Le budget du ministère du Travail pour l'année 1965/66
s'élève à $8,568,600. L'augmentation de $2,700,000 par
rapport à l'an dernier vise presque exclusivement le crédit pour
l'Aide à l'apprentissage et autres subventions qui a été
porté à une somme nette de $3,300,000 environ. En vertu de ce
programme, des subventions au montant de c'est encore
l'éducation, voyez-vous en vertu de ce programme des subventions
au montant de $7,400,000 seront consacrées à la construction de
maisons d'enseignement où les apprentis et autres élèves
perfectionneront leurs connaissances. Ces subventions font partie d'une somme
totale de près de $9 millions à laquelle le gouvernement du
Canada contribue un montant de quelque $5,700,000.
Aux Travaux publics
Le budget de ce ministère passe de $59.9 millions en 1964/65
à $64.9 millions en 1965/66. Alors que les dépenses courantes ont
pu être maintenues approximativement au même niveau qu'en 1964/65,
les dépenses en immobilisations ont été portées de
$34,600,000 à $39,400,000, soit une augmentation de $4,800,000.
Parmi les projets de construction prévus pour 1965/66 on peut
citer le nouveau Palais de Justice de Montréal et il me fait
plaisir
de dire que j'ai appris, aujourd'hui, qu'il sera probablement possible
de demander des soumissions pour les fondations de ce nouveau Palais de Justice
à Montréal, avant la fin du mois d'avril ou dans les premiers
jours du mois de mai il faut aussi compter l'édifice de la
Sûreté provinciale à Montréal, la nouvelle prison de
Québec plus sûre et les Palais de Justice à
Percé, St-Jérôme et Sept-Iles ainsi que plusieurs autres
bâtiments et ponts établis à travers la province. Le plus
important de ces ponts est celui qui sera construit au-dessus du fleuve
St-Laurent, à Ste-Foy, et les travaux commenceront dès le
printemps.
Je sais que les derniers contrats d'ingénieurs, les
dernières ententes sont intervenues lundi et mardi.
Eu égard à l'envergure de ces projets susceptibles
de se traduire par une dépense de l'ordre de $150 millions et aux
raisons que j'énoncerai tout à l'heure le gouvernement a
décidé de planifier ses dépenses d'immobilisations et
d'échelonner sur plusieurs années l'exécution de son
programme de travaux publics.
La Voirie
La nécessité d'améliorer le réseau routier
provincial explique l'augmentation de $43,600,000 entre 1964/1965 et 1965/1966.
Le budget du ministère atteint ainsi le chiffre record de
$261,400,000.
La hausse des dépenses ordinaires, qui passent de $67,800,000
à $74,400,000, s'explique par la prise en charge de nouvelles routes
ainsi que par l'augmentation normale des coûts.
En ce qui concerne les dépenses en immobilisations, les
crédits pour la construction et les réfections des routes sont
portés de $100 millions à $137 millions et ceux de la route
transcanadienne demeurent à environ $50 millions.
Par ailleurs, le gouvernement s'est engagé à avancer
à l'Office des autoroutes du Québec, pendant 1965/1966, $40
millions pour l'exécution des travaux en cours ainsi que pour subvenir
aux charges d'intérêt et d'amortissement qui ne peuvent encore
être compensées par des revenus équivalents.
Trois facteurs inspirent actuellement lapolitique générale
du gouvernement en ce qui concerne la planification des dépenses pour
les travaux publics, dont la voirie: 1- La construction et l'aménagement
des bâtiments et terrains de l'Exposition de 1967 accaparent la
main-d'oeuvre spécialisée et la capacité des entrepreneurs
québécois. Il s'ensuit que toute extension exagérée
du programme d'immobilisations se traduirait nécessairement par une
mesure d'inflation qu'il importe d'éviter. Je me souviens de
l'expérience connue à Bruxelles, lors de l'Exposition mondiale de
Bruxelles. 2- Le gouvernement tient compte des circonstances
quiprévaudront pendant l'époque et encore icijepense
àl'expérience de Bruxelles oui, qui prévaudront
pendant l'époque qui suivra l'Exposition et qui pourraient
s'avérer une période d'ajustement difficile pour les entreprises
et les travailleurs de la construction. Le gouvernement tient donc à
limiter pour le moment les nouveauxprojets de construction, qui seront plus
tard exécutés à meilleur prix et qui fourniront du travail
aux ouvriers qui risqueraient autrement de tomber dans le chômage. 3- Les
directives du gouvernement américain ont temporairement eu pour effet de
restreindre aux Canadiens le marché des capitaux des Etats-Unis. Pendant
une période dont la durée est encore indéterminée,
les provinces et les municipalités canadiennes seront obligées de
restreindre leurs emprunts à ceux qui pourront être
effectués au Canada où les capitaux, comme on le sait, ne sont
pas illimités.
Les considérations que je viens d'esquisser sur le budget des
dépenses pour 1965/1966 reflètent la situation telle qu'elle se
présentait lors de l'établissement des chiffres qui furent
arrêtés définitivement vers la mi-février.
Depuis lors, la situation a évolué dans certains domaines.
J'estime donc de mon devoir de signaler, dès à présent,
qu'en vus des crédits déjà inscrits au budget pour
1965/1966 des dépenses supplémentaires doivent être
envisagées. Certaines d'entre elles feront l'objet de demandes de
crédits au budget supplémentaire qui sera présenté
avant la fin de la présente session, probablement au mois de juin;
d'autres seront prélevées sur le fonds consolidé du
revenu.
La mise en oeuvre des recommandations formulées dans le Livre
vert, « L'élaboration d'une politique de revenus agricoles »
fait l'objet de six projets de loi qui viennent d'être sanctionnés
cet après-midi. Ces nouvelles initiatives se traduiront par des
dépenses supplémentaires évaluées à environ
$15 millions. Pour l'exercice 1965/66, celles-ci seront payées à
même le fonds consolidé du revenu, mais il faudra les payer.
Conformément à une recommandation de la Commission royale
d'enquête sur la fiscalité, le
gouvernement à décidé que de nouveau, en 1965/66,
il remboursera à chaque agriculteur de la province ou paiera à
son acquit 25% de la taxe scolaire sur sa ferme, y compris ses bâtiments
agricoles et sa résidence. Il s'agira là d'un
déboursé de quelque $5 millions, ça fait $20, ça,
pour les cultivateurs.
Il faut aussi noter qu'en raison des conditions climatériques
(gels tardifs désastreux, sécheresse dans certains comtés
et pluies trop abondantes dans d'autres) les récoltes ont
été compromises l'année dernière, à
l'automne dernier, dans plusieurs régions. Il a fallu faire une
étude d'ensemble de ces pertes et on vient seulement d'en avoir le
résultat. Le ministère de l'Agriculture devra acheter, pour les
distribuer aux cultivateurs sinistrés, comme on les appelle, des graines
de semence pour une valeur de $1,200,000, pour leur venir en aide, pour
reconstruire.
De plus, dans la déclaration dont j'avais donné lecture
à l'Assemblée législative, le 26 vé-vrier 1965,
j'avais indiqué qu'il serait nécessaire d'ajouter un budget une
somme supplémentaire pour subvenir à l'augmentation
générale des traitements accordée avec effet
rétroactif à compter du 5 novembre 1964 ainsi que pour d'autres
reclassifications encore à l'étude. La somme
supplémentaire nécessaire, comme je l'ai mentionné
à ce moment-là, sera pour les fonctionnaires de $12,500,000 pour
1965/66. D'autre part, la hausse du tarif horaire des gages des ouvriers de la
Voirie, à elle seule, se traduira, par une augmentation de $3,500,000,
non prévu au budget principal.
Enfin, en ce qui concerne le ministère de la Santé, on
prévoit un accroissement de dépenses de façon à
couvrir les frais de services externes. Cette nouvelle initiative occasionnera
des déboursés d'environ $13 millions. On sait que depuis novembre
1962, les services suivants font partie des services externes assurés:
a) Soins d'urgence b) Chirurgie mineure c) Electrochocs et
insulinothérapie d) Soins de jour et de nuit en psychiatrie.
Au cours de la prochaine année financière,
c'est-à-dire de cette année financière, je devrais dire,
nous nous proposons d'y ajouter les services suivants: a) Traitements de
radiothérapie b) Traitements de physiothérapie c) Examens
radiologiques d) Examens de laboratoires.
C'est tout ça qui coûtera $13 millions, ces quatre.
Nous prévoyons que le fait d'étendre ces services externes
aura pour effet de réduire les listes d'attente dans les hôpitaux
publics et dans certains cas, le nombre des hospitalisations. Nous sommes en
effet d'avis qu'un grand nombre de personnes hospitalisées pour fins de
diagnostic pourraient subir certains examens, tels que radiographies, en
clinique externe.
Actuellement, un patient qui subit ces examens avant son hospitalisation
doit en assumer les frais. Pourtant ces examens sont gratuits lorsqu'ils sont
effectués durant la période d'hospitalisation. Et il faut bien
comprendre les médecins qui sont des humains, M. le Président, et
lorsqu'ils ont affaire à des clients de moyens modestes, qu'ils
cherchent à hospitaliser leurs clients pour leur permettre d'obtenir ces
soins, ou ces examens, gratuitement.
De cette façon, en rendant gratuits les services externes, les
mêmes services pour les patients de l'extérieur, la pression sur
l'hospitalisation sera moins forte et nous obtiendrons un double but.
Premièrement, diminuer le nombre des cas d'hospitalisation que les
médecins ordonnent par humanité, et je ne puis pas les
blâmer de le faire, et deuxièmement, mettre à la
disposition d'un beaucoup plus grand nombre de gens de modeste conditions, les
moyens de soins et de vérification qui ne sont pas à leur
portée à l'heure actuelle.
Il faut noter, M. le Président, cependant que tous les examens
préventifs appelés ordinairement « check up », comme
ceux que subit avec prudence le chef de l'Opposition et moi aussi, ne font pas
partie des services assurés, que le patient soit hospitalisé ou
non.
On peut donc constater, par ce qui précède, que le budget
des dépenses du gouvernement du Québec s'est sensiblement accru
entre 1964/65 et 1965/66. Les responsabilités nouvelles du secteur
public rendent facilement compte de cet accroissement. Nous avons entrepris, il
y a cinq ans, de fournir à la population du Québec le s services
qu'elle était en droit d'attendre de son gouvernement. Nous ne sommes
d'ailleurs pas la seule province dans ce cas, même sien ce qui nous
concerne l'effort est peut-être relativement plus intense à cause
des retards que nous devons rattraper par la suite de 15 ans d'insomnie, et je
suis poli. Et pour fins de comparaison, il est intéressant de consulter
un tableau statistique provenant du bureau fédéral de la
statistique fondé sur les estimations les plus récentes.
Evidemment ces chiffres ne sont pas définitifs, mais ils donnent une
bonne idée de l'importance relative des dépenses gouvernementales
ef-
fectuées dans les diverses provinces du pays pour
l'éducation, la santé le bien-être social et les transports
et communications qui compren- nent évidemment la construction des ponts
et la voirie. C'est le tableau 9.
ANNEXE Référer à la version PDF page 2026
On aura remarqué, M. le Président, que j'ai dit que
l'augmentation des dépenses telles qu'elles apparaissent au budget
principal, c'est-à-dire au Livre bleu des estimations
budgétaires, étaient de $181 millions quelques cent milles
dollars plus élevées en 1965/1966 qu'en 1964/1965, compte tenu du
retrait des programmes conjoints et des effets de l'inclusion au budget des
rentrées et des sorties de la taxe de vente.
Mais à ces $181 millions d'augmentation il faut dès
maintenant, le jour où je vous parle, le 8 avril, ce que je ne pouvais
pas faire au début de mars lorsque j'ai déposé le budget
principal, ajouter une somme d'une cinquantaine de mil- lions de dollars que je
viens d'énumérer, dépenses à même le fond
consolidé pour $15 millions dans le cas de l'agriculture et
dépenses qui seront prévues, nous le savons, à un budget
supplémentaire montant d'au-delà de $35 millions, ce qui fait $50
millions. Nous sommes donc assurés que l'augmentation des
dépenses sera au moins de l'ordre de $231 millions.
2) Les revenus
Un des sujets sur lequel j'ai le plus souvent insisté, il s'agit
des revenus, au cours des dernières années, c'est la
nécessité absolue pour le Québec de disposer des revenus
qui lui sont
essentiels pour s'acquitter des tâches qui relèvent de sa
juridiction. Lors des conférences fiscales, notre point de vue
appuyé par la force politique du Québec a finalement
été compris et accepté. Les progrès à ce
sujet, lorsqu'on les compare à la situation qui existait
antérieurement, sont tout à fait remarquables. Cette
année, par exemple, le Québec perçoit lui-même 44%
de l'impôt sur le revenu des particuliers; l'an prochain cette proportion
s'établira à au moins 47%.
Parce qu'il est fort possible qu'à la lumière de
l'expérience et des additions au programme d'assurance-hospitalisation,
par exemple, les 14 points prévus pour la compensation fiscale, dans ce
cas de l'assurance-hospitalisation, soient augmentés. Je ne serais pas
du tout surpris que l'an prochain la part provinciale de l'impôt sur le
revenu des particuliers dépasse les 50%.
M. COURNOYER: Ce n'est pas un gouvernement de 5%.
M. LESAGE: Non, c'est dix fois 5%. Une législation à cet
effet, pour le 44%, sera présentée au cours de la session. On
proposera dans le projet de loi d'augmenter de 3 à 9 % le crédit
relatif aux dividendes de corporations canadiennes imposables. C'est facile,
c'est 20%, 44% d'impôt, deux fois 44, 8.8, alors on fait
bénéficier le contribuable de 0.2 et on met le crédit
à 9% dans le cas de 44%. Il y aura lieu à revision
évidemment de ce 9% au fur et à mesure que la part du
Québec augmentera, comme elle augmentera sans doute, chaque
année, tant et aussi longtemps que le gouvernement qui dirige les
destinées de la province sera au timon du navire.
Vous comprendrez, M. le Président, que le gouvernement a bien
l'intention de maintenir cet encouragement...
M. JOHNSON: C'est un hors-texte.
M. LESAGE: ... de 3 à 9% à ces investissements suivant la
croissance de sa part de l'impôt sur le revenu des particuliers. Quant
à l'impôt sur les successions, la part du Québec, de 50%
qu'elle était, s'établit maintenant à 75% et l'on peut
être assuré que je vais continuer tous mes efforts pour obtenir ce
que j'ai demandé à chaque conférence
fédérale-provinciale, 100% de l'impôt fédéral
sur les successions...
M. JOHNSON: Non, non. M. LESAGE: ... même si,...
M. JOHNSON: Non, non.
M. LESAGE: Est-ce qu'on peut me laisser finir, M. le
Président?
M. JOHNSON: Attendez.
M. LESAGE: ... même si pour fins de vérification
d'impôt sur le revenu des particuliers au fédéral, il
devenait nécessaire de laisser un taux très nominal d'impôt
sur les successions au fédéral pour fins de vérification,
vérification qui sert non seulement pour le fédéral, mais
pour le provincial même. Evidemment, il y en a qui aiment mieux ne pas
être vérifiés, cela on le sait. Nous avons obtenu
compensation fiscale pour les programmes conjoints dont nous nous sommes
retirés et pour les allocations scolaires...
M. JOHNSON: C'est la même chose au chapitre de la police...
M. LESAGE: ... sans compter l'élargissement graduel du champ
d'imposition provinciale. A cette compensation fiscale s'ajoute une
compensation financière destinée à couvrir l'écart
susceptible d'exister entre la compensation fiscale et le coût des
responsabilités nouvelles du Québec. La compensation
financière s'applique également au régime
fédéral de prêts aux étudiants, régime auquel
le Québec n'adhère pas. Dans un autre ordre d'idée, je
rappelle aussi que, grâce à nos négociations et à la
fermeté dont nous avons fait preuve, nous établirons au
Québec, dès le 1er janvier prochain, notre propre régime
universel de retraite. Et notre propre caisse de dépôt.
Il s'agit là, M. le Président, d'une première
tranche de gains importants. Nous avons l'intention bien ferme d'aller de
l'avant et de compléter la tâche entreprise. A cet effet, comme on
le sait, le Québec, c'est-à-dire le Québec moderne et
agissant, pas ceux d'en face, a mis sur pied un comité d'experts
chargés de préparer la documentation de base qui servira,
dès cette année, à la négociation au sein du
comité fédéral-provincial du régime fiscal. Le
travail de ce comité, rattaché au ministère des Affaires
fédérales-provinciales, est très avancé, il est
sous la direction d'un homme d'une compétence reconnue, M. Jacques
Parizeau. Déjà, des projections de dépenses et de revenus
sont prêtes et on met un terme à des études sur le partage
des revenus en fonction des responsabilités provinciales. Il s'agit d'un
travail énorme, M. le Président, d'une nature très
technique, qui est indispensable et qui sera d'une extrê-
me utilité pour nous qui avons à discuter constamment avec
les autorités du fédéral d'un ordre de priorité
à établir entre les besoins provinciaux et les besoins
fédéraux.
En somme, on peut voir que, non seulement le gouvernement a fait tout
son possible pour que les revenus du Québec correspondent à ses
droits et à ses besoins, mais qu'il est déterminé à
poursuivre sa tâche, il maintient d'ailleurs cette attitude positive dans
tous les autres domaines qui intéressent l'affirmation économique
et politique du Québec.
Pour en revenir maintenant au budget des revenus pour l'exercice
financier qui vient de commencer, on constate au tableau 3, que j'ai
déposé tout à l'heure, que ceux-ci, les revenus,
s'établiront à $1,552,582,500 comparativement à
$1,222,443,100 l'an dernier.
Cette augmentation provient de plusieurs facteurs, en particulier la
rétrocession par le gouvernement du Canada de 20 points de l'impôt
sur le revenu des particuliers à la suite du retrait du Québec
d'un grand nombre de certains progammes conjoints, de l'application des
arrangements fiscaux d'avril 1964 et de la croissance naturelle du rendement de
certaines taxes, telle la taxe de vente dont le produit l'an prochain
augmentera de quelque $45 millions. (L'an prochain, c'est-à-dire pour
l'année courante. Nous sommes au 8 avril. Cela a été
écrit avant le 1er avril).
Compte tenu du budget des dépenses déposé il y a
quelques semaines, c'est-à-dire au début de mars, et en nous
fondant sur les facteurs que j'ai énumérés, on arriverait
à un surplus au compte ordinaire de $18 millions. Cependant, j'ai
déjà signalé des dépenses ordinaires additionnelles
de l'ordre de $50 millions. Ce qui voudrait dire un déficit au compte
ordinaire de $32 millions et ces dépenses de $50 millions, je ne les
répète pas, je les ai expliquées tout à l'heure. Et
ces nouvelles dépenses étant supérieures au surplus de $18
millions qui avait été prévu, supérieures de $32
millions, elles causeraient un déficit au compte ordinaire de ce
montant.
Or le maintien du crédit de la province exige que l'on boucle le
budget par un excédent au compte ordinaire. Il est vrai que l'on peut
toujours supposer que certains montants prévus, c'est normal, cela
arrive à tous les ans, au budget ne seront pas totalement
dépenses. On peut être encore plus optimiste que l'on ne
l'était lorsqu'on a pensé très optimiste lors de
l'évaluation du rendement des impôts connus, mais il serait
très imprudent de la part du gouvernement de ne compter que sur ces
facteurs à ce moment-ci de l'année car on ne doit pas oublier que
d'autres dépenses imprévues peuvent aussi survenir. Il en
survient chaque année. Nous en sommes donc venus à la conclusion
qu'il fallait accroître les revenus par des réaménagements
dans l'assiette de la taxation de façon à obtenir des ressources
additionnelles de l'ordre de $25 millions.
M. JOHNSON: Réaménagements, c'est un euphémisme
pour augmentation.
M. LESAGE: Certainement que c'est un réaménagement parce
qu'il a prolongation de certaines taxes, extension, diminution de d'autres.
C'est un réaménagement de l'assiette fiscale.
M. JOHNSON: Cela s'appelle augmentation.
M. LESAGE: Ce $25 millions est d'ailleurs compris dans l'estimation des
revenus que je viens de mentionner, soit $1,552,582,500 et qui apparaît
au tableau 3.
C'est ainsi que le gouvernement a décidé de majorer de 1
cent la taxe sur les carburants.
UNE VOIX: Applaudissez là.
M. JOHNSON: Applaudissements.
M. LESAGE: J'aurais pu mettre 3 cent et j'aurais été
encore en bas de bien d'autres provinces.
M. LAPORTE: Pensez-vous qu'on va applaudir pour 1 cent?
M. LESAGE: Elle établit ainsi à .16 cent pour l'essence et
à .22 cent pour le carburant à moteur Diesel.
M. DOZOIS: Cela a été demandé à part de
ça.
M. LESAGE: La Chambre de commerce des jeunes que j'ai reçue il y
a dix jours m'a fait la demande d'augmenter de 1 cent la taxe sur la gazoline.
La Chambre de commerce des jeunes.
M. JOHNSON: C'est vrai.
M. LESAGE: Pour augmenter les dépenses de la voirie et la
sécurité routière.
M. JOHNSON: Non?
M. DOZOIS: II les indiquait chaque année.
M. LESAGE: ... et c'est écrit dans leur mémoire, c'est
écrit dans leur mémoire, puis ça
vient de la Chambre de Commerce, M. le Président...
M. JOHNSON: Ah oui...
M. LESAGE: ... ça veut dire que ce sont des gens qui savent
prendre leurs responsabilités, contrairement à mes honorables
amis d'en face.
Ah! d'ailleurs la jeune Chambre de commerce en ont fait partie et le
chef de l'Opposition et le député de St-Jacques.
M. GERIN-LAJOIE: C'est devenu plus sérieux aujourd'hui.
M. LESAGE: Evidemment ils sont plus responsables. C'est clair.
M. PINARD: Ils sont moins jeunes.
M. LESAGE: Je tiens à signaler première- ment que
même à ce niveau, à $0.16, la taxe sur les carburants
demeurera l'une des plus basses dans les provinces de l'Est du pays.
M. JOHNSON: Dans l'Ouest, comment est-ce?
M. LESAGE: Dans l'Est dy pays, on vit dans l'Est du pays, on ne vit pas
dans l'Ouest à côté des puits d'huile, nous autres. Je n'ai
pas un puits d'huile à côté de ma maison et le
député de Bagot non plus.
UNE VOIX: Envoyez-le donc dans l'Ouest lui.
M. LESAGE: Voici quelques comparaisons à ce sujet:
M. JOHNSON: Si vous voulez bien on ne parlera pas du puits.
M. LESAGEî La taxe sur l'essence au Nou-veau-Brunswick, chez nos
voisins immédiats.
ANNEXE Référer à la version PDF page 2029
L'Ontario $0.15, elle nous a suivi l'Ontario, elle nous suit toujours un
an en arrière dans l'augmentation de la taxe sur la gasoline. Je
m'attends à ce que ça arrive l'année prochaine.
M. JOHNSON: C'est une bonne nouvelle.
M. LESAGE: Mon collègue, le ministre de la Voirie, lors de
l'étude des crédits de son ministère, nous a montré
ce qui a été fait, ce qui se fait et ce qui se fera pour assurer
à toutes les régions du Québec un réseau routier
approprié.
M. JOHNSON: Il n'a pas parlé de ça.
M. LESAGE: Les efforts, il n'a parlé que de ça
malgré les interruptions de l'Opposition, malgré les questions de
bouts de chemin, bouts de chandelle, malgré que l'Opposition
rêvait encore des beaux jours du patronage qu'elle a vécus et dans
lesquels elle a nagé avec tant de bien-être et de
satisfaction...
M. COURNOYER: Politique de broche à foin.
M. LESAGE: ... et elle empêchait pendant ce temps-là
à plusieurs reprises le ministre de la Voirie de donner le
résultat de sa planification complète des travaux...
M. JOHNSON: Non.
M. LESAGE: ... de voirie sur un nombre d'années
considérables à venir pour l'avancement économique de la
province de Québec et non pas pour l'avancement financier
immédiat des amis du régime.
M. COURNOYER: Elle a de l'enthousiasme. M. JOHNSON: Ce n'est pas
sérieux. M. COURNOYER: On n'applaudit pas. M. JOHNSON: Ce n'était
pas dans le texte.
UNE VOIX: Laissez-le faire, il est capable de parler sans texte.
M. LESAGE: M. le Président, je suis capable de parler sans texte,
et d'ailleurs ça m'a l'air que quand je parle sans texte, ça
pique plus le chef de l'Opposition. J'ai envie de tout laisser ça
là, tiens...
M. JOHNSON: Bien oui, oui.
M. DOZOIS: Mettez votre texte de côté, ça va faire
une autre...
M. LESAGE: ... des efforts considérables sont accomplis
actuellement dans la région de Montréal ou plusieurs routes de
grande circulation ont été construites, sont en construction Moi
je suis un pauvre québécois, toutes les fois que je vais à
Montréal, j'en ai connaissance. Je ne conçois pas que deux
Montréalais comme le député de Bagot puis le
député de St-Jacques ne se soient pas aperçus de
l'immensité des travaux qu'effectue le ministère de la Voirie
à Montréal. Je pense au pont Mercier, je pense à la, route
transcanadienne, je pense aupont-tunnel de Boucherville. Ils ne voient rien de
ça, le boulevard Métropolitain, l'élargissement de la
route numéro 3, l'élargissement... de la côte de Liesse,
les approches du pont Champlain, ils n'ont rien vu de ça. Non, ils
demeurent à Montréal, M. le Président.
M. COURNOYER: Oui.
M. JOHNSON: Il y a le viaduc de ville St-Pierre.
M. LAPORTE: Vous regardez ailleurs. M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: Il y a le viaduc de Ville St-Pierre.
M. LESAGE: J'appelle cela les approches du pont Mercier, au-dessus du
canal Lachine, où il faut passer à 70 pieds au-dessus du canal
Lachine.
M. LALONDE: C'est un peu trop haut pour le chef de l'Opposition.
M. LESAGE: J'ai l'impression bien nette, M. le Président, que,
quand le député de Bagot va à Montréal, il a le
vertige rien qu'à voir ces colonnes et il en perd le nord...
M. LAPORTE: Il en perd lepouvoir!
M. JOHNSON: Le premier ministre a oublié un autre grand
travail...
M. LESAGE: Bien, ça ne doit pas être celui que vous
faites!
M. JOHNSON: Non, non. Ils sont en train de faire des fossés dans
le comtéde Bellechasse...
M. LESAGE: Des fossés?
M. JOHNSON: Ah oui, des fossés-là, deux pieds de
creux...
M. COURNOYER: Pour enterrer le député. M. JOHNSON: Et dans
la planification... M. LESAGE: Ce doit être pour le député
ça. DES VOIX: Houp, houp!
M. LOUBIER: C'est pour vous enterrer à la prochaine
élection.
M. LESAGE: Il est sorti de son fossé.
M. LOUBIER: C'est pour enterrer le premier ministre à la
prochaine élection, ça.
M. LESAGE: Pardon?
M. LOUBIER: Le fossé qu'on creuse à Bellechasse, c'est
pour enterrer le premier ministre à la prochaine élection.
M. LESAGE: M'enterrer dans un fossé dans Bellechasse?
M. LOUBIER: C'est ça!
M. LESAGE: Eh bien, j'invite le député Lou-bier à
essayer de me faire ça dans Bellechasse aux prochaines élections
et il va voir la pilule qu'il va manger dans son comté.
M. LOUBIER: Attendez, attendez, attendez! Les gens sont
intelligents!
UNE VOIX: Ils vont être obligés de prendre la parole.
M. LESAGE: Il m'apparaît important, M. le Président, de
signaler que ce développement routier ne se fait pas seulement en
prévision de
l'Exposition universelle de 1967, comme on a tendance à le
croire.
M. JOHNSON: Mettez-en, ce n'est pas de l'onguent!
M. LESAGE: Le gouvernement considère en effet que le
développement économique relativement plus rapide dont jouit
présentement la région de Montréal ne pourra
s'étendre rapidement aux autres régions de la province à
moins qu'un réseau routier adéquat ne relie ces dernières
au centre de l'activité économique et commerciale. Somme toute,
l'extension de la zone économique de Montréal par la
multiplicaton des routes modernes permettra de créer un énorme
marché de consommation susceptible de favoriser l'implantation
d'industries nouvelles là où le coût de
l'établissement est nécessairement inférieur à
celui qui prévaut dans la région métropolitaine. Et par
conséquent, contrairement à ce qu'on peut penser, plus les routes
rayonnant de Montréal sont modernes, sont facilement utilisables, plus
nous encourageons la décentralisation de l'industrie parce que ce qui
importe, c'est de rapprocher le facteur marché en essayant de diminuer
le facteur production. Et c'est ce que nous réussissons par la
construction des routes modernes. On serait pourtant porté à
penser, au contraire, que cela amène la centralisation. C'est le
contraire et que l'on demande à n'importe quel économiste qui
connaît son affaire et il pourra prouver que si vous avez un immense
centre d'où sortent comme d'une étoile de nombreuses routes de
décentralisation, vous encouragez la décentralisation
industrielle et commerciale.
M. JOHNSON: Mon Dieu que c'est clair! C'est clair!
M. LESAGE: Et l'extension de la zone économique de
Montréal, par la multiplication des routes modernes d'un autre
côté, permettra de créer un énorme marché de
consommation susceptible de favoriser l'implantation d'industries nouvelles
là, comme je viens de le dire, où le coût de
l'établissement est nécessairement inférieur. C'est
là un élément important de la politique du gouvernement en
matière de croissance économique puisqu'en intégrant au
centre le plus dynamique et le plus populeux un rayon de plus en plus
étendu du territoire environnant, il se trouve à diffuser les
effets de la prospérité dans une fraction toujours plus
considérable de la population.
Le développement du système routier est donc une condition
essentielle à notre expansion économique.
M. JOHNSON: Très bien!
M. LESAGE: C'est pourquoi nous avons consacré des sommes de plus
en plus importantes au budget de la Voirie.
M. JOHNSON: Très bien!
M. LESAGE: Pour le prochain exercice, le budget de dépenses
totales pour la Voirie augmente de près de $44 millions (l'augmentation
de la taxe rapportera $13 millions)...
M. JOHNSON: Ah!
M. LESAGE: ... pour atteindre le chiffre record de $261 millions, et je
ne tiens pas compte ici des dépenses des autres ministères pour
le réseau routier. De tous les ministères, y compris ceux de
l'Education et de la Santé, c'est celui de la Voirie, en
éliminant les dépenses qui résultent du retrait des
programmes conjoints (et qui ne sont pas, en fait, des augmentations de
dépenses réelles), qui accuse la plus forte augmentation de
dépenses. Le budget du ministère augmentera en effet cette
année de quelque 20% par rapport à l'exercice
précédent.
Le gouvernement fait donc un effort exceptionnel dans ce domaine. La
chose s'avère nécessaire pour les raisons que je viens de
mentionner. Sans doute, tous les Québécois en
bénéficient, mais cet effort profitera en tout premier lieu aux
automobilistes et aux propriétaires de véhicules commerciaux.
Ce n'est évidemment pas l'intention du gouvernement de faire
supporter par les seuls automobilistes ou propriétaires de
véhicules commerciaux le développement du système routier,
même s'ils en sont les premiers bénéficiaires. Il
paraît toutefois juste et normal qu'ils défraient à ce
titre au moins une partie de l'augmentation des dépenses car il serait
difficile de justifier que l'usager et le non-usager de la route, ou encore que
l'usager à faible fréquence et l'usager à forte
fréquence, contribuent de façon identique au financement de ce
développement routier. La justice fiscale requiert donc qu'on ait
recours à un impôt, préférablement un impôt
relié à l'usage du bénéfice. Il est évident
que, dans notre cas, c'est la taxe sur l'essence et sur le carburant à
moteur diesel qui est la plus appropriée puisqu'elle est reliée
précisément à l'usage de ce bénéfice. En
d'autres termes, le citoyen apporte une contribution proportionnelle aux
avantages qu'il récolte.
Cette augmentation de l'impôt apportera un revenu additionnel
de$13 millions, pour 1965/66, soit moins de 30% de l'accroissement total
des
dépenses de Voirie. L'augmentation entre en vigueur à
compter de minuit ce soir.
M. JOHNSON: Applaudissements.
M. LESAGE: Le gouvernement... Oui, oui, j'applaudis parce que c'est une
excellente politique.
M. COURNOYER: C'est demandé par les gens.
M. LESAGE: C'est une excellente politique, c'est une politique de
justice fiscale et de justice sociale.
M. DOZOIS: Vous êtes seul à applaudir.
M. LESAGE: Oui, je m'applaudis, M. le Président, et je suis fier
de mon discours du budget.
Le gouvernement a aussi l'intention de hausser l'impôt sur le
tabac, les cigarettes et les cigares.
M. JOHNSON: Applaudissements. M. LESAGE: Ah oui, ah ça, oui!
M. COURNOYER: Cela, c'est une bonne affaire.
M. LESAGE: Le cancer du poumon.
M. LALONDE: Vous en savez quelque chose!
M. COURNOYER: C'est pour entretenir...
M. JOHNSON: Ce n'est pas pour augmenter les revenus, c'est pour diminuer
le cancer des poumons, elle est bonne.
M. LESAGE: Pour le tabac et les cigares, pour les cigarettes aussi
d'ailleurs...
M. JOHNSON: Cela va diminuer le cancer, ça n'augmentera pas les
revenus.
M. LESAGE: ... la taxe sera portée de 10% à 12% et
s'appliquera sur le prix total au détail. Dans le cas des cigarettes, la
taxe provinciale étant augmenté de 10% à 12% se trouvera
augmentée de 1/25 de cent par cigarette...
M. JOHNSON: Ce n'est pas gros.
M. LESAGE: Non, ce n'est pas beaucoup.
Ce qui équivaut, par exemple, à $0.01 la taxe par paquet
de 25 cigarettes.
M. DOZOIS: Pour le paquet de 20?
M. LESAGE: Le paquet de 20? Bien, 8/10 de cent.
M. JOHNSON: Un cent pareil?
M. LESAGE: Non, non, ça dépend du marchand. Et surtout
s'il les vend au carton, il y a une concurrence assez forte dans ce
domaine-là qui demeure et il n'y a rien qui empêche le marchand de
faire bénéficier de la différence de 0.2 cent,
c'est-à-dire de 2/10 de cent, absolument rien qui l'empêche de le
faire..»
M. DOZOIS: 20%.
M. LESAGE: Le commerce est libre, le commerce est absolument libre.
M. LOUBIER: Pas le peuple!
M. LESAGE: Nous ne fixons pas le prix, nous augmentons le prix de...
M. DOZOIS: Vous fixez la taxe.
M. LESAGE: ... la taxe de 10% à 12%, on ne fixe pas d'autres
choses. Pardon?
M. DOZOIS: Vous fixez la taxe.
M. LESAGE: Oui, nous fixons la taxe, c'est tout. Dans le cas des
cigarettes... pardon?
M. LOUBIER: Vous n'avez pas peur de la nicotine, c'est de la taxotine
que le peuple va avoir peur!
M. COURNOYER: Vous, c'est le tabac à sucre qu'il vous
faudrait.
M. LESAGE: Je m'excuse, M. le Président, je n'ai pas très
bien compris.
UNE VOIX: Cela, c'est une farce de Bellechasse.
M. LESAGE: Ah, ça vient d'un fossé de Bellechasse.
M. LOUBIER: C'est ça, où vous avez été
élevé.
M. LESAGE: Non, j'ai été élevé dans la
ville
de Montréal, M. le Président, je regrette. J'ai
été élevé dans la ville de Montréal et dans
la ville de Québec, je suis allé quelques fois dans Bellechasse
au cours de campagnes électorales...
M. LOUBIER: Vous n'avezpas été chanceux!
M. LESAGE: ... pour aider des amis, qui généralement se
sont fait élire et j'espère que j'aurai le même
succès lors de la prochaine élection provinciale...
M. LOUBIER: Ah! ce n'est pas sûr!
M. LESAGE: ... qui m'amènera dans le comté de Bellechasse,
où j'apuierai un candidat qui saura débarrasser la Chambre d'un
député qui ne pense qu'à vivre dans les fossés!
M. LOUBIER: Ah non! Ah non!
M. LESAGE: Alors, cette augmentation qui prendra effet à compter
de minuit ce soir également devrait rapporter $6,250,000 à la
province cette année...
M. JOHNSON: Une autre bonne nouvelle!
M. LESAGE: Certainement que c'est une bonne nouvelle, excellente
nouvelle pour la province, parce que ça maintient le prestige de la
province.
Cela nous permet d'aller de l'avant dans l'expansion économique
et sociale de la province. Nous en avons besoin, et c'est justement parce que
nous avons augmenté les budgets de la province, grâce à ce
que nous avons obtenu d'Ottawa, grâce à l'accroissement
économique, dû à la politique gouvernementale, qui a
augmenté le rendement des mêmes impôts, grâce à
ce que nous avons arraché d'Ottawa, que l'Union nationale n'avait jamais
pu obtenir...
M. LOUBIER: Parce que vous étiez là à ce
moment-là.
M. LESAGE: ... grâce à une nouvelle conception.
UNE VOIX: Vous étiez à Ottawa à ce
moment-là.
M. LESAGE: Grâce à une nouvelle conception de la
fiscalité que le chômage a diminué et que nous pouvons
entretenir, M. le Président...
M. LOUBIER: Ah non.
M. LESAGE: ... sur l'avenir économique du Québec, les
pronostics enthousiastes que je faisais à la fin du deuxième
chapitre de ce discours, parce que nous comprenons ce que c'est que la
fiscalité, et nous le comprenons avec notre sens de la justice sociale
et de son effet sur la progression économique du Québec.
Après tout, le gouvernement a considéré que le
tabac était un produit qui pouvait subir une augmentation de celle de
l'ordre que nous proposons, 1/25 de cent la cigarette. Il est vrai qu'il est un
objet de consommation courante, surtout pour le chef de l'Opposition et pour
moi, mais il ne s'agit pas d'un produit essentiel, il l'admettra comme moi.
M. JOHNSON: Il va falloir arrêter de fumer comme Judy LaMarsh.
M. LESAGE: Je ne pense pas qu'elle ait arrêté de fumer pour
sauver un cent.
On peut signaler que plusieurs provinces ont haussé ou sont sur
le point de hausser l'impôt sur le tabac...
M. JOHNSON: Ah!
M. LESAGE: Notamment en Saskatchewan et au Manitoba. Dans le cas de
cette dernière province, celle du Manitoba, la taxe totale sur le tabac
à l'heure actuelle est de 20%, alors que celle du Québec monte de
10 à 12 seulement, 12% au Québec, 20% au Manitoba, et l'on a vu
ce que l'on vient de faire en Angleterre. Les paquets de cigarettes se
vendaient 63 cents et on vient d'ordonner une augmentation considérable
additionnelle de la taxe.
M. JOHNSON: On est en retard sur les taxes. M. LESAGE: M. le
Président, actuellement... UNE VOIX: Pardon? M. JOHNSON: On est en
retard sur les taxes.
M. LESAGE: Ah oui, nous sommes en retard, M. le Président, c'est
peut-être la seule chose sur laquelle nous sommes en retard, pour le
reste nous sommes en avant. Actuellement, les repas et les boissons alcooliques
vendus dans les restaurants, hôtels et motels et établissements du
même genre, sont sujets à une taxe de 5%. Le gouvernement a
décidé de la hausser à 6% et de l'appliquer aux repas ou
mets pré-
parés par un restaurant ou établissement du même
genre, pour consommation à l'extérieur, ainsi qu'à la
location des chambres. Cette dernière pratique est fort répandue
aux Etats-Unis et en Europe, il n'y a pas d'erreur.
M. JOHNSON: Une autre bonne nouvelle.
M. LESAGE: Oui, certainement, c'est une excellente nouvelle, M. le
Président.
M. LALONDE: L'Opposition veut détruire, tandis que nous autres on
veut construire.
M. LESAGE: Parce qu'une taxe sur les chambres d'hôtels ne frappe
pas le petit, elle ne frappe pas le résident dans la plupart des cas. M.
le Président, cette taxe sur les chambres d'hôtel frappe les gens
qui voyagent par affaire, ils peuvent la déduire, cette dépense,
de l'impôt sur le revenu des particuliers s'ils agissent pour
eux-mêmes, s'ils agissent pour une corporation, leur compte de
dépense est déductible au point de vue de la loi sur les profits
des corporations au fédéral et au provincial, ce sont des choses
déductibles, et s'ils voyagent par plaisir, eh bien, M. le
Président, c'est un luxe.
M. JOHNSON: Sauf que dans ces pays...
M. LESAGE: Et, par conséquent, M. le Président, nous ne
touchons pas au petit puisque nous voyons bien à ce que les chambres
louées au mois par les ouvriers qui travaillent à
l'extérieur ou par les étudiants qui étudient ne sont pas
taxables.
M. JOHNSON: Sauf que dans ces pays la taxe on la laisse aux
municipalités.
M. LESAGE: On va donner autre chose aux municipalités. Le chef de
l'Opposition est trop pressé. Il ne perdra rien pour attendre, ça
s'en vient, les municipalités...
M. COURNOYER: Fall ball!
M. LESAGE: ... et les municipalités ne perdront rien.
M. COURNOYER: La balle est perdue dans les estrades!
M. LESAGE: Oui, oui. En Europe peut-être, mais pas dans certains
états des Etats-Unis, ce n'est pas municipal.
M. JOHNSON: Lesquels?
M. LESAGE: States. J'en donnerai la liste au chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: Une autre bonne nouvelle.
M. LESAGE: Dans le but particulier, je le répète, de
libérer de cette taxe les travailleurs et les étudiants, le
gouvernement exemptera les chambres louées pour un mois ou plus, sauf
dans les hôtels de villégiature parce que là,
évidemment, il s'agit d'un luxe encore. Il exclura de la taxe les repas
de $1.24 et moins au lieu de ceux de $0.99 et moins, comme à l'heure
actuelle. Alors nous protégeons les petits.
M. GERIN-LAJOIE: Une autre bonne nouvelle.
M. LESAGE: Ces deux mesures atténueront en très bonne
partie le fardeau de cette taxe pour les gens à faible revenu ou revenu
modeste. Ces modifications à la taxe sur les repas qui rapportent
à la province une somme additionnelle d'environ $5,500,000 entreront en
vigueur à compter du premier mai 1965.
Le gouvernement a aussi décidé d'imposer une taxe de 6%
sur les appels téléphoniques interurbains...
M. JOHNSON: Une autre bonne nouvelle!
M. LESAGE: ... les télégrammes... Ah! oui, le parti
civique de Chomedey va payer...
M. LAPORTE: Mais on ne saura pas où « collecter.
»
M. LESAGE: Mais ça va être de collecter la taxe du parti
civique de Chomedey.
M. JOHNSON: Mais les appels que le premier ministre fera à M.
Pearson...
M. LESAGE: ... alors la télétypie... Pardon?
M. JOHNSON: Les appels entre le premier ministre de Québec et M.
Pearson, ça va être taxé ça?
M. COURNOYER: M. Diefenbaker et vous?
M. LESAGE: Oui c'est taxé mais ça dépend
d'où l'appel émane.
M. JOHNSON: Cela va apporter de la mélasse!
M. LESAGE: Cela dépend tout le temps d'où
l'appel émane où encore s'il y a location au mois de
ligne.
M. JOHNSON: Ah! bon. Vous avez une ligne directe avec M. Pearson.
M. LESAGE: Je n'ai pas d'affaire à dévoiler mes secrets au
chef de l'Opposition!
M. JOHNSON: Me semblait!
M. LESAGE: Tout ce que j'ai à dire c'est que j'ai
déjà dit que j'avais bien des tours dans mon sac pour
réussir et faire réussir la province. Je ne suis pas
obligé de montrer mon jeu au chef de l'Opposition. Mes as je les
dépose sur la table, moi, quand tout le monde a fini de gager.
M. JOHNSON: Une autre carte dans sa manche!
M. LESAGE: Ah! j'en ai plein mes manches, M. le Président!
M. DOZOIS: C'est un autre bluff!
M. LESAGE: Pardon?
M. DOZOIS: C'est un autre bluff!
M. LESAGE: Ah! je suis un excellent joueur de poker. Si le
député de St-Jacques en est un, nous pourrons nous essayer un bon
soir!
M. JOHNSON: The greatest bluffer on earth!
M. LESAGE: Nous ne voyons pas de raison particulière d'exempter
les services de télécommunication d'autant plus qu'ils sont
surtout utilisés par les personnes les plus fortunées ou par les
entreprises. Dans le cas des entreprises, c'est évidemment une charge
déductible pour fins d'impôt. Cette taxe rapportera environ
$3,250,000 et aura effet à compter du 1er mai. L'on n'oubliera pas
qu'une taxe de 6% frappe déjà les services
téléphoniques, la location des meubles des
téléphones locaux...
M. JOHNSON: Ah! oui.
M. LESAGE: ... mais que les interurbains ne sont pas taxés.
M. JOHNSON: On va faire tous nos interurbains avant le 1er mail
M. LESAGE: Ils le sont en Nouvelle-Ecosse. On remarquera que, dans
toutes ces modifica- tions fiscales, le gouvernement s'est efforcé de ne
pas toucher dans la mesure du possible les classes les moins fortunées.
En outre, les revenus additionnels dont j'ai parlé serviront plus
particulièrement à combler en bonne part les dépenses
accrues destinées aux cultivateurs, aux fonctionnaires et aux malades de
conditions modestes. C'est un paiement de transfert venant des couches sociales
plus fortunées vers les couches sociales de modeste condition.
Cela, c'est une politique sociale, humaine, qui doit être
encouragée. Moi, j'aime mieux, M. le Président, imposer une taxe
raisonnable sur les chambres d'hôtel, imposer une taxe raisonnable sur
les télécommunications, sur les appels interurbains, j'aime mieux
imposer des taxes raisonnables à la voirie pour les usagers des routes
plutôt que de priver les pauvres des services externes de
l'assurance-hospitalisation, de priver les fonctionnaires de salaires
raisonnables au lieu de leur laisser des salaires de crève-faim qui nous
venaient de l'Union nationale.
M. JOHNSON: Pas de politique.
M. LESAGE: Ou plutôt ou encore, M. le Président, de laisser
les cultivateurs dans la situation difficile dans laquelle ils se sont
trouvés et de ne pas les aider comme nous voulons les aider. Nous allons
chercher l'argent ailleurs pour l'envoyer à ceux qui en ont besoin.
C'est ce que le chef de l'Opposition lui-même a
répété des centaines de fois dans cette Chambre. Et j'ai
bien hâte de voir si ce soir, ou lorsqu'il reprendra le débat le
28 avril, il se contredira encore une fois pour dire; ce n'est pas vrai, je
n'ai jamais dit ça. Mais tout le monde l'a entendu ici.
M. JOHNSON: Dire quoi, donc?
M. LESAGE: Dire que, lui, il comprenait que nous devions aller chercher
l'argent où il se trouvait pour l'envoyer là où il n'y en
avait pas. C'est ce que nous faisons.
M. JOHNSON: C'est vrai.
M. LESAGE: Même s'il ajoute un grain de poivre ou un grain de sel
ou une petite goutte de vinaigre en disant que j'ai appris sur le tard, il
admettra que j'ai suivi ses conseils.
M. JOHNSON: Enfin!
M. LESAGE: Enfin! Merci, M. le Président, au chef de l'Opposition
qui me félicite de ma politique fiscale.
M. JOHNSON: La seule chose qui ne sera pas taxée...
M. LESAGE: D'autre part, M. le Président, le gouvernement a
décidé de supprimer...
M. JOHNSON: Le premier ministre me permettra?
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: La seule chose qui n'est pas taxée maintenant, ce
sont les pensions de vieillesse et puis les allocations aux mères
nécessiteuses. Il n'y a à peu près que ça.
M. LESAGE: Non, il y a autre chose. Il y a autre chose qui ne sera pas
taxé parce que le gouvernement a décidé de supprimer,
à compter du 1er mai prochain, le droit de 1% prélevé sur
les deniers perçus par vente en justice de meubles et d'immeubles...
M. JOHNSON: Cela, c'est important!
M. LESAGE: Non, ce sont des taxes de nuisance, M. le
Président.
M. DOZOIS: Quel soulagement!
M. LESAGE: Vous demanderez, M. le Président, aux
cultivateurs...
M. JOHNSON: Réaménagement.
M. LESAGE: ... expropriés, lorsque le gouvernement dépose
l'argent en cour, s'ils aiment bien ça payer un droit pour retirer leur
argent. C'est pour aider les cultivateurs, M. le Président. Il est
contre, évidemment!
M. COURNOYER: Vous avez parlé trop vite.
M. LESAGE: Sur les ventes d'immeubles par les shérifs, curateurs,
liquidateurs ou syndics. Et comme cette décision provoquera une
diminution du revenu des shérifs, le gouvernement devra leur accorder
une compensation en revisant leurs salaires à la hausse. Cette revision
est actuellement à l'étude, étant donné que le
changement prendra effet le 1er mai.
M. DOZOIS: Combien?
M. LESAGE: Quelques centaines de mille piastres.
M. DOZOIS: Ah, ce n'est pas grand chose. Des « peanuts
»!
M. LESAGE: Ah non, j'ai dit que c'étaient des taxes de nuisance.
Je nettoie. Au cours de l'année 1964/65... Là on a parlé
des municipalités tantôt, on va en parler.
M. JOHNSON: Bon.
M. LESAGE: Au cours de l'exercice 1964/ 65...
M. JOHNSON: Une autre bonne nouvelle.
M. LESAGE: ... la taxe d'amusement a rapporté $2 millions
à la province et $2 millions nux municipalités. La surtaxe a
rapporté $700,000 au gouvernement du Québec. La taxe d'amusement
est de 10% du prix d'entrée. Elle est perçue par les
municipalités qui doivent en remettre la moitié au trésor
provincial. Dans le but d'aider les municipalités, le gouvernement a
décidé de leur laisser totalement cet impôt à partir
du 1er mai.
M. JOHNSON: Très bien.
M. LESAGE: Ceci leur procurera un revenu additionnel de $2 millions par
année et le gouvernement a également décidé
d'abolir, à compter de la même date, la surtaxe totalement, la
surtaxe de 2.5%.
M. JOHNSON: Bravo!
M. LESAGE: Alors ça veut dire, pour que tout le monde comprenne
ici, qu'un billet de hockey de $3 qui se vendait $3.38, se vendra $3.30, que le
.30 cent qui était perçu par la municipalité et dont elle
remettait .15 cent à la province, que le .30 cent restera à la
municipalité.
M. LOUBIER: II n'y aura plus de taxe sur les matraques.
M. LESAGE: Restera à la municipalité. La province ne
retirera plus un cent de la taxe d'amusement.
M. COURNOYER: On va la retirer.
M. LESAGE: Et maintenant nouveau mode, et ça c'est important pour
les municipalités encore plus que ce que je viens d'annoncer.
M. JOHNSON: Taxe sur le téléphone.
M. LESAGE: Le nouveau mode de répartition de la taxe de vente. La
taxe sur le téléphone ça va faire du bien au chef de
l'Opposition,
peut-être qu'il va se faire moins enguirlander par ses
partisans.
M. LAPORTE: A frais renversés toujours! M. JOHNSON: Ce n'est pas
ça que j'ai dit.
M. LESAGE: Je voudrais maintenant déposer comme troisième
annexe à ce discours le rapport de la Commission royale d'enquête
sur la fiscalité concernant la répartition d'une partie de la
taxe de vente entre les municipalités. J'en dépose deux copies.
Le chef de l'Opposition en a une copie en main et chacun des
députés de cette Chambre en a une copie dans son casier à
l'heure actuelle en même temps qu'une copie du discours du budget.
M. GERIN-LAJOIE: L'Opposition est disparue.
M. LESAGE: Ils sont convaincus du bien-fondé de la redistribution
de la taxe de vente.
M. COURNOYER: Le combat cessa faute de combattants!
M. LESAGE: Je demanderais à l'Opposition absente, ou presque
absente, de donner son consentement unanime à ce que ce rapport de la
Commission Bélanger pour la bonne compréhension du discours du
budget soit une annexe qui est l'annexe 3 du discours du budget que je viens
déposer comme telle soit imprimée en annexe au journal des
Débats d'aujourd'hui. Ce qui me permet de raccourcir très
sensiblement les explications que je vais donner maintenant verbalement.
M. GERIN-LAJOIE: On n'a pas d'opposition? M. LAPORTE: Adopté.
M. COURNOYER: Les plus loyaux sont restés là.
M. LESAGE: Ai-je besion d'ajouter qu'en acceptant cette proposition,
l'Opposition va aider à la diffusion du rapport Bélanger sur ce
point, diffusion qui doit être faite nécessairement à tous
les maires, les secrétaires de municipalités, cela se comprend,
et nous ferons faire purement et simplement un tiré à part du
journal des Débats d'aujourd'hui comprenant le discours du budget, la
réponse du chef de l'Opposition et l'annexe 3, le rapport
Bélanger et ce sera distribué aux municipalités qui
sauront exactement à quoi s'en tenir dans chacun leur cas. C'est le
moyen le plus économique de le faire, au point de vue coût.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que c'est le consentement unanime de la Chambre
pour publier en annexe? C'est seulement la troisième annexe.
M. LESAGE: Oui, seulement la troisième annexe.
M. LE PRESIDENT: C'est le consentement unanime de la Chambre?
M. CLOUTIER: Le député de Montmagny accepte la suggestion
de l'ancien député de Montmagny.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: Je n'avais aucun doute que le député actuel de
Montmagny au provincial accepterait cette suggestion. C'est un excellent
comptable qui s'est occupé beaucoup d'affaires municipales et il sait
l'intérêt que les autorités municipales et leurs
conseilleurs auront à consulter ce document.
M. JOHNSON: Il n'y aura pas de brochure comme dans le cas de l'île
Jésus?
M. LESAGE: L'île Jésus ici? Je ne sais pas pourquoi. Hier
on m'a reproché parce que j'avais dit qu'on blasphémait contre la
démocratie, mais le chef de l'Opposition a toujours le mot Jésus
à la bouche.
M. DOZOIS: Pour d'autres c'est une obsession. De votre côté
c'est une obsession.
M. LESAGE: Tout de même!
M. JOHNSON: C'est un paradoxe.
M. LESAGE: On sait que l'an dernier, à la suite des
recommandations de la Commission Bélanger, la taxe de vente a
été uniformisée à 6% à travers toute la
province afin de mettre un terme à l'évasion fiscale et
d'augmenter les revenus des municipalités.
Cette mesure a ainsi permis la récupération de plusieurs
dizaines de millions de dollars. Les résultats des changements
apportés, joints à une activité économique intense
et un contrôle plus efficace de la perception, se sont traduits par un
rendement accru de plus $60 millions, dont $7 millions seulement provenait
d'une hausse de la part municipale de la taxe.
La formule proposée était toutefois purement
temporaire et le rapport que la Commission vient de me remettre propose
une formule de répartition totalement nouvelle.
Je tiens à dire immédiatement que le gouvernement est
entièrement d'accord, et que la nouvelle formule sera en vigueur, pour
le présent exercice financier, si la Chambre et le Conseil approuvent le
projet de loi que nous proposerons en ce sens, lors du retour, après les
vacances de Pâques.
Alors je dis que la nouvelle formule sera en vigueur pour le
présent exercice financier et s'appliquera au tiers du produit de la
taxe de vente, soit $110 millions, estimés comme revenu pour
1965/66.
Le nouveau mode de répartition tient compte, en leur accordant
une pondération différente, de trois éléments: la
perception locale à 50%, la perceotion régionale 40% et la
perception provinciale 10%. En d'autres termes, la taxe de vente revenant
à une municipalité sera calculée de la façon
suivante: 1) En premier lieu, on lui remettra 16 2/3% de la taxe de vente
perçue dans son territoire, ou si l'on veut 50% du 2%, parce que 50% de
2%, c'est 16 2/3% du $0.06.
M. JOHNSON: En?
M. LESAGE: En ce qui... bien demandez au député de
St-Jacques...
M. JOHNSON: Très bien. Cela va.
M. LESAGE: Qu'est-ce que vous voulez 50% de 6...
M. JOHNSON: Ah c'est... je viens de trouver. M. LESAGE: Oui, c'est 16
2/3... M. JOHNSON: La pondération...
M. LESAGE: En second lieu... bien oui, on pondère les
chiffres.
M. LAPORTE: Il y a des cours du soir qui se donnent.
M. LESAGE: Comme on peut pondérer ses élans.
M. LESAGE: En second lieu, elle recevra...
Il y a encore des choses dont le chef de l'Opposition n'est pas
instruit...
M. JOHNSON: C'est vrai. Je suis un des non-instruits.
M. LESAGE: En second lieu, elle recevra... J'ai dit que c'était
le principal, M. le Président. Les non-instruits, oui, et surtout quand
on dit ça, on prouve joliment. Les non-instruits.
M. JOHNSON: Les non-instruits, M. le Président.
M. LESAGE: En second lieu elle recevra une part proportionnelle à
sa population d'un montant équivalent à 13 1/3% de la taxe
perçue dans la région économique où elle est
située. Enfin, elle recevra également une part, proportionnelle
à sa population, d'un montant équivalent à 3 1/3% de la
taxe de vente perçue dans toute la province. Alors ce qui veut dire, M.
le Président, par exemple, que dans la cité de Montréal,
qui fait partie de la région économique numéro 10, (ce
sont les vôtres vos régions, M. le ministre de l'Industrie). La
région numéro 10, qui est formée de toute l'île
Jésus et toute l'île de Montréal, de toutes les
municipalités.
M. JOHNSON: Encore l'île Jésus.
M. LESAGE: Ah oui, je suis bien obligé, c 'est son nom. Ce n'est
pas moi qui la nomme le plus souvent.
M. LAPORTE: On ne peut pas revenir sur un débat qui a eu
lieu.
M. COURNOYER: On n'a pas le droit. M. LOUBIER: C'est une provocation
cela.
M. LESAGE: Il y aura... la ville de Montréal recevra 50%, 50% de
ce qui aurait été perçu dans le territoire de la
cité de Montréal, plus sa proportion, suivant sa population par
rapport à la population de la région. Ah oui, le 40% de ce qui
est perçu dans la région. Ce n'est pas difficile ça.
M. JOHNSON: Ah que c'est clair! M. LESAGE: Bon, évidemment...
M. PINARD: Il est fatigué un peu, il ne faut pas trop lui en
donner.
M. LESAGE: Il s'agit purement et simplement de mettre un chiffre, un
trait, puis un autre chiffre. La population de Montréal un trait, la
population de la région, puis la fraction de 40%...
M. JOHNSON: De quoi? De 6 ou de...?
M. LESAGE: Du 6.
M. JOHNSON: Ah, du 6! D'accord.
M. LESAGE: Ou 13 1/3 du 6 ou 40 du 2.
M. JOHNSON: Ah que c'est clair!
M. LESAGE: 13 1/3 du 6 ou 40 du 2.
M. PINARD: On va le recommander à une bourse d'études.
M. LESAGE: C'est ça. Alors on va lui donner une bourse
Rhodes en mathématiques.
M. LAPORTE: Une bourse d'études, M. le Président, c'est
clairl
M. JOHNSON: C'est de l'algèbre.
M. LESAGE: Ce n'est pas de l'algèbre, pas du tout.
M. JOHNSON: Non?
M. LESAGE: C'est de l'arithmétique pur et simple qu'un enfant de
neuf ans est capable de faire.
M. JOHNSON: Ah c'est ça!
M. LESAGE: S'il fallait que mon fils ne soit pas capable de faire
ça, je serais découragé pour son avenir.
M. PINARD: Avec la méthode Cuisenaire il comprendrait
ça!
M. LESAGE: II est en 4e année, s'il fallait qu'il ne soit pas
capable de faire ça il serait aussi bien d'abandonner ses
études.
UNE VOIX: II serait bon pour l'Opposition!
M. PINARD: On va lui donner un cours avec des réglettes.
M. LAPORTE: On va vous donner des réglettes!
M. LOUBIER: Cela ferait un bon député de l'Opposition!
M. LESAGE: Plus, M. le Président, et je reprends la formule, la
population de Montréal sur la population totale de la
province,...
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: ... sa part de 3 1/3% du total de la taxe perçue.
M. JOHNSON: Non, non, 13 1/3%.
M. LESAGE: Trois et un tiers. Dix pour cent le tiers de 10 c'est
3 et 1/3, M. le Président, il y a toujours un bout.
M. PINARD: Bien écoutez donc!
M. LESAGE: On va lui en acheter, des baguettes!
M. JOHNSON: Allez donc me cherchez le ministre des Richesses naturelles.
Il va faire un tableau là.
M. LESAGE: Alors, la ville de Montréal, ainsi par exemple,
recevra en 1965/66...
M. LOUBIER: On ne comprend rien.
M. PINARD: II va vous le faire sans lui en parler!
M. LESAGE: ... une somme d'environ $11 millions de plus qu'elle n'a
reçu en 1964/65. Et elle recevra également $1 million de plus par
suite du fait que nous lui laissons notre part de la taxe d'amusement.
Augmentation pour la cité de Montréal de $12 millions de
revenus.
M. JOHNSON: Bon, bon!
M. LESAGE: La ville de Québec, région de
Québec...
M. JOHNSON: Son autonomie...
M. LESAGE: ... même règle appliquée, recevra au
titre de la taxe de vente $1,300,000 de plus de $200,000 de plus pour la part,
que nous lui laissons de la taxe sur les amusements. Donc,
bénéfice pour la ville de Québec $1,500,000. Un million et
demi. Ce sont, M. le Président, il y aura un minimum, il y aura une
période de transition. M. le Président, la période de
transition, je suis mieux de ne pas commencer à l'expliquer parce que
là, évidemment, c'est fini, fini, fini, fini, fini! Je vais
laisser le chef de l'Opposition étudier le rapport Bélanger
particulièrement aux pages...
M. LOUBIER: Dix-sept, vingt...
M. GERIN-LAJOIE: Cela ne sera pas les mêmes pages dans le journal
des Débats.
M. LESAGEs Non, dans le journal des Débats. C'est aussi bien de
ne pas le mentionner, mais pour ce qui est de la période de transition,
c'est la recommandation numéro 4.
M. JOHNSON: Le premier ministre aimerait-il avoir un tableau noir avec
une...
M. LESAGE: Ah, je n'aurai pas besoin de tableau noir pour l'expliquer,
la période de transition, elle est bien facile, je pourrais lui faire un
dessin!
UNE VOIX: Un tableau rose.
M. LOUBIER: Pas avec une baguette, il va nous taper ça sur la
tête!
M. LESAGE: C'est que le maximum en 1965/66 c'est 133 1/3% de ce qu'une
municipalité a reçu en 1964/65.
M. JOHNSON: C'est clair!
M. LESAGE: En 1966/67, 166 2/3 et en 1967/68, 200%.
M. LOUBIER: C'est bon!
M. LESAGE: Et par la suite, l'augmentation est limitée à
50% de l'année précédente.
M. JOHNSON: C'est bien! M. LOUBIER: C'est clair!
M. LESAGE: Pas besoin de lire. Est-ce qu'il a compris là?
M. LOUBIER: C'est clair. C'est bien clair!
M. LESAGE: C'est ça, la période de transition.
M. JOHNSON: Tout le monde reçoit plus et personne ne paie
plus.
M. LOUBIER: Tout le monde a compris et puis tout le monde paie des
taxes.
M. LESAGE: Tout le monde reçoit plus... M. JOHNSON: ... et
personne ne paie plus! M. LESAGEs ... et personne ne paie plus...
M. JOHNSON: Cela, c'est bon!
M. LESAGE: ... parce que nous évitons l'évasion fiscale et
que nous faisons profiter les villes, surtout les grandes villes et les petites
municipalités rurales...
M. DOZOIS: C'est du Crédit social, ça!
M. LESAGE: ... qui en ont le plus besoin de l'augmentation de la
croissance économique du Québec qui se réflète dans
des perceptions accrues de taxes de vente.
M. JOHNSON: C'est ça! C'est meilleur que le Crédit
social!
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: C'est presque aussi bon que le Crédit social!
M. LESAGE: Oui, monsieur, c'est meilleur que le Crédit social
parce que je n'ai pas besoin d'imprimer de piastres. Il s'agit de les
redistribuer.
M. JOHNSON: Vous n'avez qu'à les collecter.
M. LESAGE: Pour ce qui est du minimum, parce qu'il est
nécessaire, aucune municipalité ne recevra annuellement, au titre
de la taxe de vente, un montant inférieur à celui reçu
pour l'année 1964/65. Il y a des maximums...
M. JOHNSON: On appelle ça un plancher.
M. LESAGE: Et il y a un plancher.
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LOUBIER: Puis il y a une cave.
M. LESAGE: Alors, il y a des municipalités qui ont reçu,
en 1964/65 en vertu du minimum établi, $2.50 par tête, la plupart
de celles-là seront sujettes au maximum; les municipalités
rurales, $3.30, l'année suivante $4.40, l'autre année près
de $6. Les petites municipalités rurales, dont certaines ont presque
aboli leur taxe foncière,...
M. JOHNSON: Pardon?
M. LESAGE: Certainement, certainement, mais le chef de
l'Opposition...
M. LOUBIER: Voyons donc, voyons donc, le premier ministre veut rire?
M. COURNOYER: Dans son comté, à part ça...
M. LESAGE: ... il n'est pas renseigné, dans son propre
comté..»
M. LOUBIER: Grand farceur!
M. LESAGE: ... grâce à la redistribution temporaire de la
taxe de vente. Imaginons ce que ce sera avec cette nouvelle formule si
ingénieuse qui a été mise sur pied par la Commission
Bélanger.
M. LALONDE: Certainement.
M. LESAGE: Mais, évidemment, le chef de l'Opposition aime
mieux...
M. LOUBIER: Pas si ingénieuse, sitaxeuse.
M. LESAGE: Evidemment, elle est si taxeuse pour lui. Se boucher les
oreilles et les méninges, les yeux, et essayer de ne pas voiries
bienfaits d'une politique intelligente et intelligemment appliquée.
M. LOUBIER: A l'appui de taxes.
M. LESAGE: Et l'un des nombreux avantages, c'est malheureux que
le député de Champlain ne soit pas ici, de ce mode de
répartition, c'est l'abolition des zones, il n'y a plus de zones.
C'est-à-dire qu'on ne calculepas. Finies les chicanes entre
municipalités d'une zone donnée, Montréal et sa zone,
Québec et sa zone, Trois-Rivières et sa zone, Sherbrooke et sa
zone, Chicoutimi et sa zone! Pour savoir quelle va être la
répartition entre les municipalités d'une même zone, qui va
faire partie de la zone, qui n'en fera pas partie, chicane constante entre les
municipalités. Finies, disparues, il n'y a plus de zones, sauf les zones
économiques et les critères sont fixés à
l'avance.
M. JOHNSON: Les amazones!
M. LESAGE: Ah, je sais que, rendu à cette heure-ci du soir, le
chef de l'Opposition a l'esprit plus tourné vers les amazones que vers
les chiffres!
M. LOUBIER: Tous les deux, il leur manque quelque chose de bref.
M. JOHNSON: C'était la mode il y a 30 ans, ça!
M. LESAGE: Bien évidemment, je peux toujours me reprendre en
disant que je pensais que le chef...
M. JOHNSON: Très bien, censuré, censuré.
M. LESAGE: ... de l'Opposition songeait aux pays chauds et rêvait
de l'Amazone, le fleuve.
M. JOHNSON: Ah oui, évidemment.
UNE VOIX: A 50 ans!
M. LOUBIER: Il est plus pratique que ça!
M. LESAGE: Eh bien, cette référence, je le
répète, à la perception locale, régionale
etpro-vinciale nous apparaît aussi juste qu'ingénieuse. Il semble,
en effet, tout à fait légitime d'açcor-der une
pondération plus forte à la perception locale en assurant
à chaque municipalité 50% de la part municipale de la taxe de
vente. Cela leur permet, comme le signale la Commission Bélanger, de
bénéficier de leur propre dynamisme économique. Et comme
je viens de le prouver, évidemment, cette distribution est
particulièrement juste à l'égard des grands centres
commerciaux comme Montréal, Québec et autres.
L'élément de distribution régionale,
complété par la garantie d'un minimum, permet, par ailleurs,
d'équilibrer la taxe de vente entre les municipalités
commerciales et résidentielles.
Cette distribution, en assurant un montant de base, fait profiter toutes
les municipalités du Québec de la croissance des centres
industriels et commerciaux. Un tel mode de répartition nous semble donc
particulièrement juste, je le répète, envers les
municipalités rurales.
La Commission Bélanger mentionne d'ailleurs dans son rapport que
les municipalités rurales, toutes proportions gardées, seront les
principales bénéficiaires de cette formule. Au moment même
où le gouvernement entreprend, par des mesures vigoureuses, d'aider le
milieu rural et particulièrement le milieu agricole, il est heureux de
constater que, grâce à l'adoption de cette formule, il ajoutera
une nouvelle mesure importante dans la poursuite de son objectif.
La plupart des grands centres commerciaux, comme Montréal et
Québec, profiteront de ce nouveau mode de répartition. Le
gouvernement n'y voit évidemment aucune objection car il tient à
continuer de favoriser le dynamisme exceptionnel de la ville de Montréal
et est heureux de pouvoir contribuer à alléger les
problèmes financiers de la ville de Québec.
La Commission Bélanger admet que le nou-
veau mode de répartition peut être un peu moins avantageux
pour certaines municipalités, surtout celles de banlieue, que l'on
connaît souvent sous le nom de villes-dortoirs. Cependant, le pire qui
puisse arriver est le fait qu'elles seront privées pour quelques
années d'une croissance de revenus au titre de la taxe de vente. Il ne
faut pas oublier qu'elles ont reçu pour le dernier exercice, elles, une
augmentation de revenus de l'ordre de 25%, j'ai dit 27% tantôt, que nous
atteindrions peut-être 27%, et que la garantie du minimum se fait pour
elles à un moment particulièrement favorable.
Il est impossible de prévoir le montant exact que recevra chaque
municipalité puisque la formule est fondée sur la perception
courante du présent exercice. Cette perception est estimée
à $330 millions pour l'ensemble de la province et son taux de croissance
varie inévitablement selon les municipalités.
Le gouvernement accueille, je le répète, avec satisfaction
ce nouveau mode de répartition dont il sera heureux de proposer la mise
en oeuvre à compter du 1er avril 1965, c'est-à-dire pour
l'ensemble de l'année fiscale.
La dette publique
Face aux besoins actuels du Québec, le gouvernement a
adopté une politique moderne et dynamique d'emprunt public. En 1965/66,
cette politique sera maintenue car les besoins qui s'expriment chez nous depuis
plusieurs années n'ont pas été pleinement satisfaits.
Les réalisations du gouvernement actuel dans le domaine des
immobilisations se sont, comme je l'ai signalé dans mes discours
précédents, nécessairement traduites par une augmentation
graduelle de la dette publique. On n'a qu'à parcourir les artères
qui relient nos grandes villes et particulièrement les
améliorations considérables apportées au réseau de
la région de Montréal améliorations
effectuées avec célérité dans le but
immédiat de l'exposition universelle pour se rendre compte des
progrès immenses qui ont été accomplis. Il en est de
même pour les constructions du ministère des Travaux Publics. Je
dois également rappeler l'édification de nombreux bâtiments
pour les universités qui se préparent à recevoir un nombre
toujours accru d'étudiants.
L'administration provinciale devra d'abord combler un écart de
$229,313,900, c'est-à-dire le montant par lequel les dépenses en
immobilisations dépasseront le surplus au compte ordinaire. Elle aura
aussi à financer d'autres investissements extra-budgétaires,
comme ceux de l'Office des autoroutes qui poursuit la cons- truction de la voie
des Cantons de l'Est de Magog à la frontière américaine,
le tronçon Montréal-Berthierville de l'autoroute
Montréal-Québec sur la rive nord du St-Laurent et d'autres
travaux au nord de Montréal. Parmi les autres investissements
extra-budgétaires je signale la contribution du gouvernement à la
Compagnie de l'Exposition universelle canadienne, les investissements
universitaires, le montant net des nouvelles avances à l'Office du
crédit agricole pour le bénéfice des cultivateurs ainsi
que d'autres déboursés qui ne font pas l'objet de crédits
budgétaires.
Le 1er décembre de cette année, la première tranche
des billets vendus à la British Columbia Hydro ans Power Authority au
montant de $40,000,000 arrivera à échéance. Enfin, sur la
base de l'expérience déjà acquise, il y a lieu
d'évaluer à une somme de $40 millions le rachat des obligations
d'épargne des séries 1963, 1964 et 1965.
Par ailleurs l'Hydro-Québec poursuit l'exécution de
gigantesques travaux d'arnachement des vastes territoires qu'elle inonde
progressivement au nord de Baie-Comeau ainsi que l'étude de la mise en
valeur de régions déshéritées en d'autres endroits
de laprovince. Aces fins, elle s'attend devoir emprunter $200 millions au moins
par voie d'émissions d'obligations.
Compte tenu de tous ces éléments, j'évalue donc
à $600 millions le montant que la province et l'Hydro devront emprunter
sur le marché au cours du présent exercice.
M. JOHNSON: Bravo.
M. LESAGE: De ce montant. Certainement, bravo, certainement...
M. COURNOYER: Essayer d'emprunter ça, vous.
M. LESAGE: Parce que la province en a besoin à ce moment-ci,
parce que pendant quinze ans, alors qu'on aurait pu avoir de l'argent à
3%, pour construire les routes de la province...
M. COURNOYER: C'est ça.
M. LESAGE: ... a aimé mieux arriver ici ensemble et puis dire:
« On a un surplus cette année, on ne fait rien. »
M. LOUBIER: Comme à Ottawa.
M. LESAGE: « On ne fait rien, on a un surplus cette année,
on ne fait rien » alors...
M. LOUBIER: Ils ne collectaient même pas les taxes.
M. LESAGE: ... qu'on aurait dû faire comme le gouvernement de
l'Ontario, emprunter d'abord...
UNE VOIX; Et puis collecter les taxes.
M. LESAGE: ... première chose nationaliser les compagnies
d'électricité, quand ça aurait coûté bien
meilleur marché que ça nous a coûté, à des
taux d'intérêt beaucoup plus bas, comme l'Ontario-Hydro l'a fait
depuis 1905.
M. JOHNSON: Cela ce n'est pas clair.
M. LESAGE: ... deuxièmement améliorer
considérablement le réseau routier de la province de
Québec, comme l'Ontario avait commencé à le faire, en
empruntant à des taux d'intérêt beaucoup plus bas; mais
pendant ce temps-là ici à Québec, on se complaisait dans
le petit patronage...
M. LOUBIER: A Ottawa aussi. Surtout à Ottawa.
M. LESAGE: ... et dans les bouts de chemin et les bouts de chandelle en
disant: « Nous avons des surplus », et les surplus qui menaient au
marasme, M. le Président. Connaissez-vous beaucoup d'épiciers ou
de marchands qui sont devenus de grands épiciers, de grands marchands,
sans avoir recours à l'emprunt, sans investir? Est-ce que l'on
connaît beaucoup de compagnies de papier qui ont connu de
l'expansion...
M. LOUBIER: Papetose.
M. LESAGE: ... des compagnies d'utilité publique, comme le Bell
Téléphone, qui ont connu de l'expansion sans emprunter pour leurs
dépenses d'investissement? J'en connais pas. Mais l'Union nationale,
rattatinée dans ses vieilles habitudes, se refusait d'emprunter pour
grandir et aimait mieux annoncer des petits surplus et se complaire dans son
patronage pour se rapetisser.
M. LOUBIER: Ottawa, $500 millions de surplus à Ottawa...
M. LESAGE: Oui.
M. LOUBIER: Quand le premier ministre était là. $500
millions de surplus à Ottawa.
M. LESAGE: ... de ce montant de $600 millions, que grace à la
politique du gouvernement, la province n'a pas de difficulté à
obtenir, à cause du renom du gouvernement de la province et du
crédit que nous savons maintenir...
M. LOUBIER: C'est ça. Laissé par qui? M. LESAGE: ... pour
la province. M. JOHNSON: A quel coût?
M. LESAGE: Au coût du marché, M. le Président...
M. LOUBIER: C'est un licou.
M. LESAGE: ... qu'on examine. D'abord il est curieux, M. le
Président, que ce sont toujours les deux qui ne savent pas compter qui
ont la bouche ouverte: le député de Bagot et puis le
député de Bellechasse.
M. LOUBIER: Les B.B.
M. LESAGE: C'est entendu ils ne savent pas compter, ils l'admettent. Je
vais leur acheter des baguettes à Pâques, certain! Cela va
être mon cadeau...
M. LOUBIER: On va vous taper sur la tête après.
M. LESAGE: ... Je vais leur envoyer mon petit garçon qui va leur
expliquer comment ça marche pour savoir multiplier, additionner,
soustraire,...
M. LOUBIER: C'est un futur député de l'Union nationale,
votre petit garçon.
M. LESAGE: Cela va faire du bien à ces deux pauvres petits
élèves qui ne comprennent absolument rien.
M. JOHNSON: On me dit qu'il est brillant comme sa mère. Dieu
merci!
M. LESAGE: Et quand on ne connaît rien on ne se mêle pas
d'en discuter. S'il vous plaît, laissez donc faire le
député de St-Jacques.
M. JOHNSON: En temps et lieu.
M. LESAGE: La troisième série annuelle des obligations
d'épargne qui sera émise le 1er mai prochain est également
comprise dans la somme de $600 millions. Comme l'an dernier le rende-
ment des obligations sera de 25% en moyenne, trois à 5%, trois
ans à 5 1/4%, quatre ans à 5 1/2%. Je rappelle tout ce que j'ai
dit au sujet de ces émissions d'obligations d'épargne. Les
limites de $15,000 par individu, par chaque résident ou successions, et
ces obligations ne sont pas cessibles, mais remboursables en tout temps.
Le mouvement des emprunts obligataires sur lesquels j'ai aussi
donné des précisions il y a quelques minutes affectent
directement la dette consolidée, nette, à la fin des deux
derniers exercices financiers et je donne ici un tableau et je demande qu'il
soit inscrit au journal des Débats.
La dette consolidée nette, au 31 mars 1965, est estimée
à $1,061,338,078, soit une augmentation de $212,741,292, par rapport
à la situation au 31 mars 1964.
Dans l'Ontario, la dette consolidée nette évo- lue
également à la hausse mais dans une proportion moindre.
L'Ontario, je le répète, a en effet investi en immobilisations
des sommes beaucoup plus considérables que le Québec pendant la
période qui s'étend de 1945 à 1960.
Le total de la dette consolidée nette du Québec au 31 mars
1964 peut sembler impressionnant, mais il n'en reste pas moins que,
relativement aux revenus annuels, et ça c'est important, le fardeau en
était inférieur à celui de 1939. Ainsi, le 30 juin 1939
(si je ne me trompe pas, c'est l'Union nationale qui était au pouvoir),
la dette consolidée nette (bons du trésor compris)
s'élevait à $289,996,564 et les revenus de l'exercice financier
annuel formaient un total de $60,836,100. Cependant, le 31 mars 1964, la dette
consolidée nette s'élevait à $848,596,786 et les revenus
nets de l'exercice formaient un total de $941,355,127.
En d'autres termes, en 1939, la dette consolidée nette
était cinq fois plus élevée que les revenus de l'exercice
financier, alors qu'en 1964 celle-ci leur était inférieure. C'est
ça, le crédit de la province. Quand la dette consolidée
d'une province est inférieure à son revenu annuel net, est-ce que
cette province n'est pas dans une situation meilleure, au point de vue de son
crédit, que lorsque ses revenus annuels sont cinq fois inférieurs
à la dette consolidée nette? J'ai hâte d'entendre le
député de St-Jacques sortir de celle-là. En faisant le
tour.
M. DOZOIX: Non, non. Vous allez voir.
M. LESAGE: Cette amélioration remarquable de la dette
consolidée par rapport aux revenus du gouvernement n'est-elle pas de bon
augure, n'est-elle pas de nature à donner confiance aux prêteurs
à un moment où rien ne permet d'escompter un fléchissement
substantiel du montant qui devrait être emprunté au cours des
prochaines années et grâce auquel nous regagnerons, j'en suis
certain, le temps perdu pendant les quinze années de stagnation sous
l'Union nationale, les quinze années qui ont suivi la deuxième
guerre mondiale.
Par rapport à la situation dans les autres provinces, le fardeau
de la dette au Québec est encore bien modeste. C'est ainsi que si l'on
divise des chiffres extraits d'une publication du Bureau fédéral
de la statistique en date d'octobre 1964 (« Financial Statistics of
Provincial Governments 1963 (fiscal year ended March 31, 1964) Interim »)
par une estimation officielle de la population au 1er octobre 1964, on
constatera que le fardeau de la dette du Québec par tête est
encore la plus basse au pays, abstraction faite de la Colombie anglaise qui
elle, se finance par des émissions garanties et de l'Alberta qui a
été tellement avantagée par les redevances sur le
pétrole. Voici les chiffres:
ANNEXE Référer à la version PDF page 2045
ANNEXE Référer à la version PDF page 2045
Il convient d'ailleurs de ne pas attacher à tous ces chiffres une
interprétation trop littérale puisque certains d'entre eux sont
sujets à des variations et qu'ils ne sont pas tous strictement
comparables. Le tableau établit toutefois qu'en tout cas, pour quelques
années à venir, on peut s'attendre à ce que la dimension
relative de la dette soit moins étendue dans le Québec que dans
presque toutes les autres provinces du pays.
Quoi qu'il en soit, nous ne devons pas considérer la dette
publique comme un phénomène isolé mais plutôt la
situer dans un contexte, dans une perspective plus réaliste, celle de la
croissance économique du Québec dont elle est partiellement
à la fois une cause et une conséquence. Et comme je l'ai dit dans
le deuxième chapitre de ce discours, l'année 1965-66 s'annonce
très prometteuse. Les progrès que nous avons accomplis dans
plusieurs domaines vont se maintenir et l'expansion industrielle du Qué-
bec ne montre aucun signe de fléchissement, au contraire. Nous avons
donc tout lieu d'être optimistes, car dans les circonstances actuelles,
être optimistes, je le déclare, avec le gouvernement qui dirige
les destinées de la province, être optimistes c'est en même
temps être réalistes. 1965-66 sera donc une autre année au
cours de laquelle se poursuivra j'en suis sûr et malgré
l'Opposition la marche en avant...
M. JOHNSON: Des taxes.
M. LESAGE: ... du peuple du Québec grâce à
l'assiette fiscale et à l'impulsion donnée dans les domaines de
la politique, de l'économique et du social, du constitutionnel et de
l'international par le gouvernement que les citoyens du Québec ont la
chance à ce moment crucial de leur histoire d'avoir à leur
tête pour leur montrer le chemin.
M. LESAGE: M. le Président, non je ne recommence pas.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il recommence?
M. LESAGE: J'ai en main les bills suivants: le bill 32: Loi supprimant
des taxes sur les ventes en justice, bill 33: Loi supprimant la surtaxe sur les
divertissements, bill 34: Loi modifiant la Loi de l'impôt sur le tabac,
bill 36: Loi concernant la taxe sur les repas et l'hôtellerie, bill 37:
la Loi de la taxe sur les télécommunications. Je demanderais le
consentement unanime de la Chambre étant donné que j'ai
donné des explications sur chacune de ces lois pour qu'elles soient
déposées maintenant et lues une première fois afin
qu'elles puissent être distribuées dès maintenant aux
députés et connues du public, étant donné surtout
qu'une couple d'entre elles entrent en vigueur à minuit et que d'autres
entreront en vigueur le 1er mai et que nous serons absents de la Chambre
à partir de ce soir jusqu'au 27 avril. C'est pour rendre service aux
députés et au public en général. Evidemment, si
l'Opposition s'y refuse, je vais les distribuer quand même et ils ne
seront pas lus en première lecture.
M. JOHNSON: En première lecture?
M. LESAGE: Oui en première lecture, c'est tout.
M. PINARD: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Première lecture de ce bill adoptée?
Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. DOZOIS: M. le Président, je voudrais tout d'abord remercier le
chef de l'Opposition qui m'a demandé de répondre à cet
important discours.
C'est un honneur mais c'est en même temps une lourde tâche
et je tenterai avec mes faibles moyens de m'en acquitter au meilleur de ma
connaissance.
M. le Président, après avoir écouté ce
discours, très long, je voudrais tout d'abord remercier le premier
ministre d'avoir accédé peut-être à 75% ou 80% aux
demandes que j'avais faites lors du débat sur le budget de l'an dernier,
il n'y a pas de doute que les états supplémentaires qu'il a
déposés, seront d'une grande utilité et j'espère
qu'il continuera les efforts pour fournir les autres états que j'avais
demandés également.
M. le Président, ce discours du premier ministre, ministre des
Finances je pourrais le comparer en utilisant une figure du ministre de
l'Industrie et du Commerce et dire que c'est un Picasso passable. Si il
n'était pas sorti de son texte, je pense qu'on aurait pu dire que
c'était un Picasso passable, je trouve qu'en sortant de son texte il a
gaspillé ce qui aurait pu être une peinture moderne
acceptable.
M. LESAGE: Il paraît que ça prend un peu de
barbouillage.
M. DOZOIS: Oui en effet, M. le Président, le premier ministre a
le mot juste, il a barbouillé son discours.
M. LESAGE: J'ai été aidé grandement par le chef de
l'Opposition.
M. DOZOIS: M. le Président, pour la cinquième année
consécutive le gouvernement a réussi à manquer à sa
promesse du 1er juin 1960, alors qu'il disait: « Le programme du parti
libéral sera réalisé sans aucune augmentation de taxe et
j'insiste sans aucune augmentation de taxe,» citation du Devoir le 2 juin
1960. M. le Président, c'est ce qu'on peut appeler une constance
opiniâtre dans la violation de ses engagements.
M. COURNOYER: Ah: non? $0.20
M. DOZOIS: M. le Président, en somme qu'est-ce que nous dit ce
discours du budget? Il nous annonce comme par les années passées
de nouvelles augmentations de taxe. Et plusieurs augmentations de taxe. La
gasoline $0.01 de plus, l'huile Diesel $0.01 de plus qui rapportera $13
millions, le tabac$0.01 de plus par 25 cigarettes, une augmentation de 20% qui
ira chercher dans les $6,250,000 les repas sont portés de 5% à 6%
même si l'on a monté l'exemption de $0.99 à $1.24 ça
reste quand même une taxe additionnelle qui ira chercher dans les $5
millions avec cette nouvelle taxe de la location des chambres.
Le premier ministre à ce moment nous a expliqué qu'il
voulait taxer les gens fortunés car d'après son raisonnement,
ceux qui fréquentent les hôtels, ceux qui louent une chambre
d'hôtel sont des gens fortunés. Je doute fortement, M. le
Président, que ce qui a poussé le premier ministre ou le ministre
des Finances à taxer la location des chambres, ce soit de pouvoir
rejoindre des gens riches, je crois que son ministre du Revenu avec son
puissant réflecteur qui fouille dans tous les coins et recoins a
dû lui signaler qu'il y avait encore une chose qui n'a-
vait pas encore été taxée dans la province de
Québec et que c'était la location des chambres et le premier
ministre s'est empressé de combler cette lacune, imaginez-vous M. le
Président qu'il y avait encore une chose qui n'était pas
taxée. Alors, il s'est empressé de corriger cette situation. Il y
a également cette taxe de 6% sur les appels interurbains les
télégrammes et les messages par télétype.
Il y a également une déduction que l'on doit tirer des
estimations budgétaires, des estimations du revenu de l'exercice en
cours: il découle de ces estimations qu'il y aura sûrement une
augmentation également dans le prix des boissons alcooliques car l'on va
chercher, sur l'estimation de l'an dernier et non pas sur le revenu
réel, une somme de $8 millions. Alors, M. le Président, lorsqu'on
regarde la progression des revenus de cette source, $8 millions d'augmentation
sur les prévisions, je précise qu'il s'agit des prévisions
parce que les revenus anticipés pour l'exercice en raison de la
grève sont inférieurs aux prévisions de l'an dernier. Mais
sur les prévisions de l'an dernier il y a une augmentation de $8
millions. A mon avis, pour aller chercher $8 millions de plus dans les revenus
de la Régie des alcools, il faudra nécessairement que le
gouvernement aille chercher ce supplément par une majoration des prix
des boissons alcooliques.
Quant à la taxe de vente, il est encore trop tôt pour voir
ce que ça donnera. Tant mieux si c'est un meilleur partage de la
distribution de la taxe de vente à nos municipalités. La
Commission Bélanger qui s'est penchée sur ce problème en
fait une recommandation. Je n'ai pas eu le temps de parcourir tout ce rapport.
Il est possible que ce soit une excellente mesure. Si c'est une excellente
mesure, nous l'appuyerons certainement avec plaisir.
Il découle également, M. le Président, et je
vais être très bref, c'est quelques remarques que je veux faire
tout simplement, il découle de la présentation de ce
discours du budget que cet exercice financier se soldera par un déficit
minimum de $268,913,000. C'est un autre déficit qui s'ajoute aux
déficits des années précédentes mais un
déficit toujours de plus en plus considérable. Il découle
également, et c'est une vue à vol d'oiseau, je crois, de
tout cet exposé financier, que la dette consolidée, le
premier ministre l'a dit, s'établit à $1,061,000,000 et la dette
indirecte s'établit à $2,269,000,000. On retrouve ces chiffres au
bilan comparatif qui accompagne le discours du premier ministre pour faire un
total de passif direct et indirect de$3,330,000,000. Les emprunts durant de
l'exercice en cours, la province em- pruntera $400 millions et l'Hydro$200
millions. C'est encore une autre augmentation considérable des emprunts.
C'est la politique des emprunts massifs qui se continue et...
M. LESAGE: Pour plusieurs années.
M. DOZOIS: ... où cela nous conduira-t-il? J'espère que
lorsque je reprendrai ce débat, le 27 ou 28 avril, j'aurai d'autres
considérations beaucoup plus élaborées sur ce sujet.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que je pourrais dire au
député de St-Jacques, que je lui laisse le choix de sa date? Le
27 ou le 28.
M. DOZOIS: Merci. Le 28 ça nous accommode.
M. LESAGE: II nous le dira ce soir.
M. DOZOIS: Très bien. Merci. Je termine dans quelques instants,
M. le Président. Je dis qu'il faut vraiment que le gouvernement soit
acculé au pied du mur pour imposer, avant le rapport final de la
commission Bélanger la commission Bélanger doit
déposer son rapport le 31 décembre. Non seulement...
M. LESAGE : Mais est-ce que je pourrais poser une question au
député de St-Jacques? Est-ce que le député de
St-Jacques s'imagine que j'ai fait ce réaménagement fiscal sans
consulter la Commission Bélanger, pour une minute?
M. DOZOIS: M. le Président, la Commission Bélanger doit
soumettre son rapport final le 31 décembre; elle a soumis un rapport
intérimaire concernant la taxe de vente seulement ou la redistribution
de la taxe de vente, mais je dis, M. le Président, qu'il est
inconcevable que le gouvernement impose avant la déposition du rapport
Bélanger qui doit se faire à la fin de cette année, 1965,
non seulement les augmentations des taxes anciennes, mais des taxes totalement
nouvelles, comme la taxe des chambres d'hôtel.
M. le Président, avec ces nouvelles augmentations de taxes, ces
nouveaux emprunts, ces dettes augmentées, les gens vont se demander
sérieusement si c'est vrai que l'Etat est un outil de croissance
économique, ils vont se demander si l'Etat n'est pas plutôt un
outil d'étranglement économique. M. le Président, je
continuerai ces observations sur ce discours de plusieurs heures et j'aurai
sûrement plus de détails à donner sur la politique de
l'Union nationale dans ce domaine de la finance publique et je demande
l'ajournement du débat.
M. LE PRESIDENT: La motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
Le débat est ajourné.
M. LAPORTE: M. le Président, Juste avant l'ajournement, l'on me
permettra de faire en deux mots le bilan de la première période
de la session. Nous avons, cette année, adopté les crédits
de onze ministères en dix semaines. Nous avons également
réussi à voter et à faire sanctionner 26 lois du
gouvernement. L'an dernier, à la même période, nous avions
4 budgets de votés complètement et 2 qui étaient
votés partiellement, il y avait eu 25 lois du gouvernement de
votées. Pour la deuxième partie de la session, nous aurons 10
budgets à voter.
Et d'après les prévisions, nous aurons approximativement
25 lois du gouvernement à voter, plus une soixantaine de bills
privés, et je crois que si nous y mettons la même bonne
volonté de part et d'autre, que nous avons notée depuis le
début de la session, il nous sera possible de travailler avec la
même célérité. Je voudrais, à titre de
leader, remercier tous les députés de cette Chambre, pour la
façon dont le travail s'est déroulé, cette année.
Je pense que nous allons réussir à avoir une session plus
brève que celle de l'an dernier.
On me permettra également, M. le Président, de
présenter à tous les députés de cette Chambre, au
premier ministre, au chef de l'Opposition, à tous les
députés, les voeux les meilleurs pour un repos, une vacance bien
méritée, voeux de joyeuses Pâques à tout le monde et
que nous ayons le plaisir de nous retrouver tous, à la reprise de la
session le mardi 27 avril, à trois heures de l'après-midi, alors
que nous continuerons des crédits du ministère des Travaux
Publics et que très probablement, au comité des bills
privés, nous entreprendrons l'étude des crédits du
ministère des Richesses Naturelles et le lendemain, le 28, ce sera la
continuation du débat sur le budget. Le député de
St-Jacques ayant la parole.
M. le Président, il est déjà annoncé que le
29 c'est le bill de Québec. A ce moment-là, il y aura des
dispositions particulières de prises, si le débat devait se
prolonger au-delà de la durée normale. Alors, M. le
Président, je propose l'ajournement de la Chambre au mardi 27 avril,
à trois heures de l'après-midi.
M. JOHNSON: M. le Président, vous me permettrez de constater, moi
aussi, que le travail a avancé plus rapidement cette année.
Est-ce dû à la nomination d'un leader? Est-ce dû à
une meilleure coopération de l'Opposition? Je laisse le soin...
M. LESAGE: Les deux.
M. JOHNSON: ... de faire ce jugement, à chacun d'entre nous; mais
je voudrais à mon tour offrir des voeux de bonnes vacances et de
joyeuses Pâques à tous les membres de cette Chambre, et pour ma
part, n'engageant que moi-même, je prendrai une bonne résolution,
celle de faire choquer moins souvent le premier ministre.
Celle de parler un peu moins longtemps afin que le Secrétaire de
la province ne sorte pas des statistiques massacrantes mais celle de
défendre encore plus vigoureusement la liberté des citoyens, des
droits des députés de cette Chambre et évidemment le bien
commun.
M. le Président, mes meilleurs voeux à tous et chacun et
même à vous, M. le Président, puisque j'ai encore le droit
de parole que j'ai failli perdre aujourd'hui, je voudrais vous dire
publiquement que je vous pardonne, M. le Président, avant que je ne me
fasse imposer par mon confesseur comme pénitence de vous pardonner
encore.
M. le Président, je vous remercie, vous avez été
bien patient cette année et moi aussi. Je vous souhaite un bon repos
mérité, ce n'est pas facile et je souhaite
particulièrement au premier ministre une occasion de se reposer puisque
nous avons constaté, tout le monde, qu'il avait dû, malgré
une grippe, à laquelle il n'a pu échapper, travailler quand
même très fort à la préparation d'un discours. Vous
savez, c'est difficile pour un gouvernement d'augmenter les taxes sans
paraître les augmenter, c'est difficile de parler de
réaménagements au lieu de nouvelles taxes.
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition est poli pour décrire le genre
de maladie dont j'ai souffert.
M. JOHNSON: M. le Président, je n'ai pas donné de
détail, je ne suis pas un médecin mais tout le monde a
constaté que le premier ministre tenait quand même à faire
lui-même ce discours. Il me semble que son adjoint parlementaire, le
député de St-Henri, aurait pu faire ça à sa
place.
M. LALONDE: Je peux recommencer! UNE VOIX: II était
là.
M. LE PRESIDENT: Alors messieurs, la motion d'ajournement sera-t-elle
adoptée? Adoptée. La Chambre est ajournée jusqu'à
mardi le 27 avril à trois heures.
ANNEXES Gouvernement du Québec COMMISSION ROYALE D'ENQUETE SUR
LA FISCALITÉRAPPORT
SUR LA RÉPARTITION ENTRE LES MUNICIPALITES D'UNE PARTIE DE LA
TAXE DE VENTE
Québec, mars 1965
ANNEXE Référer à la version PDF page 2050
INTRODUCTION
Le 23 mars 1964, nous avons déposé un rapport provisoire
sur l'uniformisation, à travers tout le Québec, de la taxe de
vente. Les raisons qui nous avaient amenés à présenter ce
rapport pouvaient se résumer ainsi: 1- Fermeture des voies
d'évasion relatives à la partie municipale de la taxe de vente;
2- Nécessité d'augmenter le revenu des municipalités et
d'atténuer ainsi les pressions qui s'exerçaient sur l'impôt
foncier; 3- Introduction d'un début de péréquation
municipale, grâce àl'établissement d'une remise minimum de
$2.50 par tête.
En avril de la même année, la Loi de l'impôt sur
la vente en détail fut modifiée par le bill 35, afin de
donner suite à nos recommandations. La formule de répartition que
nous avions alors soumise n'était proposée que pour une
année et avait pour but l'application immédiate d'une mesure qui
s'est révélée très avantageuse pour la province,
comme pour l'ensemble des municipalités. Elle a permis, en effet, la
récupération de plusieurs dizaines de millions de dollars, en
mettant fin à l'évasion fiscale provenant de l'existence de taux
multiples. Les résultats des changements apportés, joints
à une activité économique intense et à un
contrôle plus efficace de la perception, se traduisirent donc par une
forte augmentation du rendement de cet impôt. Le tableau suivant pourra
en donner une juste idée:
ANNEXE Référer à la version PDF page 2051
Cet accroissement de revenu, dépassant $60 millions, dont une
somme de $7 millions seulement peut être attribuée à une
augmentation de l'impôt, a permis au gouvernement du Québec et aux
administrations municipales de faire face à de nouvelles
responsabilités. Il a empêché certaines
municipalités de majorer l'impôt foncier et, dans plusieurs cas,
il en a même favorisé la réduction. Ce revenu accru a
également permis à nombre de municipalités
d'améliorer la qualité de leurs services. Cette réforme
n'était toutefois qu'une première étape, importante sans
doute, mais qui maintenait de sérieuses anomalies dans les
modalités de la répartition de la part attribuée aux
municipalités. La Commission avait d'ailleurs mentionné à
cet égard qu'elle avait l'intention de recommander, dans son rapport
définitif, un autre système plus équitable et de
caractère permanent. Malheureusement, il nous sera impossible de
soumettre notre rapport final avant quelques mois. L'absence de données
de base dans plusieurs secteurs et la multiplicité des problèmes
fiscaux aux niveaux provincial, municipal et scolaire expliquent ce
délai. Toutefois, comme nous nous étions engagés à
le faire dans notre rapport provisoire du 23 mars 1964, nous soumettons un
nouveau mode de partage de la taxe de vente attribuée aux
municipalités.
Avant d'établir cette nouvelle répartition, nous avons
étudié la possibilité de retirer la taxe de vente comme
mode de financement municipal, pour y substituer d'autres sources de revenu.
Toutes les possibilités étudiées sont alors apparues comme
impropres à la solution du problème fiscal dans son ensemble.
Nous avons ainsi constaté, en particulier, qu'il fallait doter les
municipalités d'une assiette fiscale suffisamment diversifiée et
qui puisse leur laisser une plus grande latitude. La taxe de vente étant
un impôt qui offre beaucoup de dynamisme, il y a un avantage certain
à permettre aux municipalités d'en tirer une partie de leur
revenu, car il est admis que le produit de cette taxe est un indicateur
représentatif de la prospérité économique. En
outre, les sommes attribuées aux municipalités, pour
l'année en cours, représentent près de 20% de leurs
revenus globaux, ce qui constitue un appoint très substantiel. Enfin, et
c'est peut-être l'aspect le plus important, le mode de répartition
que nous proposons permet d'atténuer, dans une certaine mesure, les
inégalités de richesse entre les municipalités.
Nous n'abordons pas ici l'étude de l'assiette de la taxe de
vente, puisque celle-ci sera considérée dans notre rapport final.
De plus, il ne paraît pas nécessaire d'Insister sur le fait que
cette réforme de la fiscalité municipale ne sera qu'un
élément de solution, parmi plusieurs autres proposés par
la Commission, en vue d'assainir les finances municipales. Il sera donc prudent
d'attendre notre rapport final avant de porter un jugement définitif sur
la situation financière des municipalités.
A - CONSTATATIONS
Dans son examen de la répartition actuelle de la taxe de vente
aux municipalités, la Commission a dû principalement
considérer le système des zones. Ces dernières, au nombre
d'environ 150, sont nées en général de l'union de deux ou
plusieurs municipalités pour les fins de l'imposition et du partage de
la taxe de vente. Le montant est perçu dans un territoire donné
et distribué aux municipalités selon l'entente intervenue entre
elles. Un certain nombre de zones ne sont formées que d'une seule
municipalité, à qui le ministère du Revenu remet la taxe
perçue dans leur territoire.
Ces zones ont été formées afin d'enrayer
l'évasion fiscale, inhérente à la présence de taux
différents dans deux ou plusieurs municipalités limitrophes. Il
est évident que le territoire était étendu, plus il
devenait difficile ou onéreux pour le consommateur résident de se
soustraire à la taxe de vente, alors uniformisée au sein de ce
territoire. Il va de soi que les municipalités à forte
activité commerciale avaient un intérêt évident
à conclure ces ententes, afin de prévenir une évasion
facile au profit des résidents des localités voisines. Toutefois,
l'évasion fiscale d'une zone à l'autre demeurait un
problème majeur. En effet, l'acheteur n'avait qu'à faire livrer
sa marchandise à l'extérieur d'une zone pour éviter le
paiement de la taxe, puisque le marchand cessait alors d'être mandataire
de la municipalité pour les fins de la perception de la taxe municipale;
car c'est l'acheteur qui devait remettre lui-même le montant de cette
taxe, chose dont il s'embarrassait rarement. Ce n'est donc vraiment qu'à
la suite de l'uniformisation du taux de la taxe de vente à travers toute
la province, qu'a pris fin cette évasion de nature
géographique.
La seconde raison d'être des zones, corollaire de la
première, avait trait à la répartition du produit de la
taxe de vente entre les municipalités d'un territoire. Comme les
résidents d'une municipalité achetaient indistinctement dans leur
municipalité ou dans une autre de leur choix, il était impossible
de répartir le produit de la taxe selon le lieu de résidence de
l'acheteur. L'existence des zones permettait ainsi aux municipalités
résidentielles de récupérer une partie de la taxe
payée par leurs résidents et perçue par la
municipalité commerciale.
II n'y a rien d'étonnant à ce que ces ententes soient
devenues une source de conflits, car il était facile à chaque
partie d'invoquer lésion. L'examen de ces ententes démontre que,
dans nombre de cas, le partage se fait de façon arbitraire et
capricieuse. Ainsi, l'on constate que, dans un cas, telle municipalité
se réserve avant tout partage, au titre des frais de répartition,
25% du montant perçu dans la zone; dans d'autres cas, ce sera 10% ou
encore 1%.
Il faut admettre, cependant, qu'il n'est pas facile de partager entre un
chef-lieu et sa banlieue un montant qui est perçu dans celui-là,
mais qui est payé dans une proportion inconnue par les résidents
de celle-ci. La municipalité qui perçoit la taxe peut
alléguer qu'elle a droit au montant global de la perception dans son
territoire. D'autre part, la municipalité où réside
l'acheteur peut également prétendre avoir droit au montant de la
taxe, puisqu'elle est payée par son contribuable. Ces
prétentions, qui ont toutes deux une justification apparente,
aboutissent donc nécessairement à des conflits qui ont
été résolus par des solutions provisoires et souvent
aléatoires.
A cet effet il est à craindre que, toute possibilité
d'évasion géographique étant maintenant
éliminée, les municipalités résidentielles ainsi
que les municipalités dites de paroisse perdent leur meilleur argument
dans la négociation de toute entente future avec les chefs-lieux,
villages et autres centres commerciaux. Ces derniers trouveraient
sûrement peu d'avantages à partager le produit d'une taxe
perçue sur leur territoire, alors que toute possibilité
d'évasion géographique est désormais exclue. Quant au
droit de recours des municipalités de banlieue pour
récupérer la taxe payée par leurs contribuables, il serait
en effet plutôt faible, puisqu'elles ne pourraient jamais en
préciser le montant. Il est donc tout à fait plausible d'affirmer
que plusieurs municipalités s'opposeraient dorénavant au
renouvellement des ententes actuelles et réclameraient tout simplement
la totalité du montant perçu dans leur territoire.
B - RECOMMANDATIONS
1- La détermination de la
part municipale
La taxe de vente municipale, là où elle était
imposée, constituait généralement le tiers du taux global,
soit 2% par rapport à 6%. Toutefois, le montant effectivement
perçu a toujours été nettement inférieur à
cette fraction, en raison de l'évasion fiscale que favorisait un
impôt à paliers multiples. Ainsi, pour l'exercice 1963-64, la taxe
de vente municipale à 2% a rapporté $59.5 millions. Si l'on
ajoute à cette somme le montant de $7 millions, qui représente
l'équivalent de cette taxe dans les territoires non assujettis à
cette époque, on obtient une somme de $66.5 millions; or ce montant ne
représente que 29.7% des recettes globales de la taxe de vente au
Québec pour cette année-là. C'est donc dire que la partie
municipale de la taxe de vente n'a jamais rapporté plus de 30% du
rendement global de cet impôt pour l'ensemble des municipalités
où il était prélevé.
Pour l'exercice qui se terminera le 31 mars 1966, le rendement global de
la taxe de vente a été estimé a une somme variant entre
$325 millions et $330 millions. Comme nous l'avons vu
précédemment, cet impôt rapportera $285 millions pour
l'année en cours. L'augmentation de $40 millions à $45 millions
peut s'expliquer de la façon suivante. En premier lieu, il ne faut pas
oublier que la réforme proposée l'an dernier pour mettre fin
à l'évasion fiscale n'a pu s'appliquer que sur dix mois du
présent exercice financier. L'an prochain, la situation sera
différente et nous en avons tenu compte dans notre estimation. Si
l'uniformisation s'était appliquée sur tout l'exercice 1964-65,
le rendement global de la taxe de vente aurait été de quelque
$300 millions au lieu de $285 millions. En second lieu, si nous admettons un
taux de croissance d'environ 9%, nous obtenons ainsi un rendement de $325
millions à $330 millions pour l'exercice qui se terminera le 31 mars
1966.
Même si la part municipale de taxe de vente n'a jamais
été supérieure à 30% du rendement global de cet
impôt pour l'ensemble des municipalités où il était
levé, nous croyons qu'elle devrait être de 33 1/3%,
c'est-à-dire l'équivalent d'une taxe de vente municipale de
2%.
RECOMMANDATION 1
ANNEXE Référer à la version PDF page 2054
La part municipale de la taxe de vente devrait être établie
à 33 1/3% soit l'équivalent d'une taxe de vente municipale de 2%
à travers toute la province.
Voici un tableau qui fait voir la croissance, dans les diverses
municipalités, des revenus au titre de la taxe de vente au cours d'un
certain nombre d'années:
Si nous comparons, dans ce tableau, les revenus municipaux provenant de
la taxe de vente en 1960, avec ceux estimés pour l'exercice 1966, nous
constatons une augmentation considérable, presque du simple au triple.
Si nous comparons par ailleurs le revenu précédant
l'uniformisation recommandée par la Commission, soit celui de l'exercice
1964, avec celui estimé pour l'année 1966, nous constatons une
augmentation de quelque $50 millions, soit près de 85% en deux
années. Les municipalités bénéficient donc
globalement, en un court laps de temps, de revenus considérablement
accrus. 2- L'abolition des zones actuelles
Nous avons examiné plus haut les sérieux
inconvénients du présent système de quelque cent cinquante
zones. Ceux-ci mettent en relief la nécessité de réformer
le mode de répartition de la part municipale. L'abolition des zones
actuelles apparaît donc comme une condition nécessaire à
l'établissement de toute répartition nouvelle.
RECOMMANDATION 2
Le gouvernement du Québec devrait abolir les zones actuelles de
répartition de la taxe de vente attribuée aux
municipalités.
Il reste donc à proposer une formule de rechange qui, sans
supprimer les imperfections inhérentes à tout mode de partage de
ce genre, distribuera aussi équita-blement que possible la part de la
taxe de vente attribuée aux municipalités.
Parmi les diverses formules qu'elle a considérées, la
Commission a éliminé au départ l'hypothèse d'une
répartition établie uniquement selon le lieu de perception. Un
tel partage aurait pour effet de pénaliser injustement les
municipalités résidentielles et les municipalités rurales.
Nous avons aussi écarté l'hypothèse d'une redistribution
purement régionale, c'est-à-dire d'un partage, par tête, du
montant perçu dans les différentes régions
économiques du Québec Cette formule, en effet, supprimerait toute
relation entre le montant attribué à la municipalité et le
montant perçu par celle-ci, transformant ainsi une source de revenu
locale en un impôt régional. En outre, cette méthode de
redistribution traiterait de façon identique les municipalités
commerciales et les municipalités résidentielles, alors que les
premières, en raison précisément d'une concentration du
commerce, doivent encourir des déboursés additionnels que les
autres n'ont pas, ne serait-ce qu'en raison de l'accroissement des
problèmes de circulation.
Pour les mêmes motifs, la Commission a aussi écarté
le partage, par tête, du montant global perçu dans toute la
province. Une telle distribution de la taxe de vente aurait pour effet certain,
et dans une mesure nettement plus importante que dans le cas de la
redistribution régionale, de défavoriser les grands centres, qui
canalisent la majeure partie du commerce et qui, pour ces raisons, doivent
développer un capital social important. De plus, selon les chiffres qui
nous ont été fournis pour cette année et les
prévisions de l'an prochain, une telle répartition
décuplerait presque, en une seule année, les revenus de cette
source pour 976 municipalités rurales. En effet, au cours de l'exercice
1964-65, ces municipalités auront bénéficié du
minimum de $2.50 par tête, puisque dans tous ces cas le montant
perçu est inférieur à ce minimum. Or, la somme
prévue, l'an prochain, pour les fins de redistribution aux
municipalités étant d'environ $110 millions et la population du
Québec, au dernier recensement, étant de 5.3 millions, on obtient
une redistribution par tête, au niveau de la province, d'environ $21,
soit plus de huit fois le minimum de cette année.
Enfin, nous n'avons pas retenu la suggestion qui proposait de
redistribuer le montant perçu en fonction de la résidence de
l'acheteur, puisque cette formule serait manifestement inapplicable du simple
point de vue administratif. Comment, en effet, s'assurer que les entreprises
fassent correctement remise à toutes les municipalités de la taxe
perçue de leurs contribuables?
Il parait opportun de préciser que la recherche d'une formule
appropriée n'a pas été facilitée par le nombre
considérable de municipalités (près de 1,700), qu'elles se
nomment cités, villes, villages ou paroisses et dont la dimension, la
structure socio-économique ainsi que la richesse varient
énormément. 3- La répartition de la part municipale
La Commission propose un mode de répartition qui tient compte, en
leur accordant une pondération différente, de trois
éléments: laperception locale (50%), la perception
régionale (40%) et la perception provinciale (10%). En d'autres
termes,
la moitié de la part municipale de 33 1/3%, soit 16 2/3% du
montant global perçu en taxe de vente, serait distribuée selon la
perception locale; une proportion de quarante pour-cent, soit 13 l/3%du montant
global, le serait selon les quatorze régions économiques; enfin,
un dixième, soit 3 1/3% du montant global, tiendrait compte de la
perception provinciale tout entière. Pour atténuer les variations
trop brusques, nous avons prévu une période de transition ainsi
que l'établissement d'un plafond et d'un plancher. a) Le mode de
répartition
La taxe de vente revenant à une municipalité serait donc
calculée de la façon suivante: i) En premier lieu, on lui
remettrait 16 2/3% de la taxe de vente perçue dans son territoire. il)
En second lieu, elle recevrait une part, proportionnelle à sa
population, d'un montant équivalant à 13 1/3% de la taxe
perçue dans la région économique où elle est
située. iii) Enfin, elle recevrait également une part,
proportionnelle à sa population, d'un montant équivalant à
3 1/3% de la taxe de vente perçue dans toute la province.
Le dernier recensement fédéral serait utilisé afin
de déterminer la population de la province, celle des régions et
celle des municipalités.
RECOMMANDATION 3
Le mode de répartition de la taxe de vente consentie aux
municipalités serait fondé sur trois éléments de
pondération différente: la perception locale (50%), la perception
régionale (40%) et la perception provinciale (10%). On remettrait donc
à chaque municipalité: i) 16 2/3% de la taxe perçue sur
son territoire; ii) une part, proportionnelle à sa population, de 13
1/3% de la taxe perçue dans la région économique où
elle située; iii) une part, proportionnelle à sa population, de 3
1/3% de la taxe perçue à travers toute la province. b) La
période de transition
La Commission croit à la nécessité d'établir
une période de transition de trois ans, afin d'éviter un
changement trop brusque du revenu des municipalités. A cette fin, elle
propose que l'augmentation du montant reçu au titre de la taxe de vente
soit limité dans chaque cas: pour la première année,
à un tiers du montant reçu pour l'exercice 1964-65; pour la
deuxième année, au deux-tiers de ce montant; pour la
troisième année, à 100% de ce montant.
RECOMMANDATION 4
Les montants qu'une municipalité pourrait toucher au titre de la
taxe de vente ne devraient pas dépasser: i) pour l'exercice 1965-66, 133
1/3% du montant reçu en taxe de vente pour l'année 1964-65; ii)
pour l'exercice 1966-67, 166 2/3% du montant reçu en taxe de vente pour
l'année 1964-65; iii) pour l'exercice 1967-68, 200% du montant
reçu en taxe de vente pour l'année 1964-65. c) L'accroissement
annuel maximum
La Commission estime également qu'au delà de la
période de transition, le montant reçu au titre de la taxe de
vente pour une année ne devrait pas dépasser 150% du montant
reçu au cours de l'année précédente. En d'autres
termes, le pourcentage d'accroissement annuel ne devrait Jamais excéder
50%.
RECOMMANDATION 5
A compter de l'année 1968-69, le montant attribué à
une municipalité au titre de la taxe de vente ne devrait pas
dépasser 150% des sommes reçues à ce titre au cours de
l'année précédente. d) Le montant minimum
Enfin, dans le but de sauvegarder les droits acquis, nous croyons
qu'aucune municipalité ne devrait recevoir annuellement, au titre de la
taxe de vente, moins que le montant qui lui aura été
attribué pour l'exercice 1964-65.
RECOMMANDATION 6
Aucune municipalité ne devrait recevoir annuellement, au titre de
la taxe de vente, un montant inférieur à celui reçu pour
l'exercice 1964-65. 4- L'analyse des éléments de la nouvelle
répartition
Ce nouveau mode de répartition ne vise pas à la
perfection. Il contient, de fait, un certain empirisme, rendu nécessaire
par la situation présente. La possibilité de modifications
éventuelles n'est donc pas écartée, mais il apparaît
clairement à la Commission que, pour l'avenir prévisible, la
formule proposée répond pour le mieux aux exigences d'une
répartition équitable et économiquement acceptable.
La Commission a amorcé un début de
péréquation provinciale qui avantage nécessairement les
régions les plus pauvres et, dans une plus large mesure, un début
de péréquation régionale qui, comme nous le verrons,
avantage singulièrement
les petites et les moyennes municipalités. Son application se
fera globalement et sans que l'on tienne compte des besoins particuliers de
chaque municipalité. Ainsi, tout en constituant un pas dans la bonne
direction, il ne s'agit pas d'une péréquation complète. De
toute façon, il aurait été prématuré, ne
serait-ce qu'en raison de l'absence d'un système d'évaluation
uniforme, de recourir immédiatement à une telle mesure. Au
surplus, il y a lieu de se demander si la taxe de vente, étant une
source de revenu autonome et traditionnellement réservée aux
municipalités, à titre particulier ou régional, doit faire
l'objet d'une péréquation absolue. La Commission est favorable
à un système de péréquation municipale. Elle
traitera d'ailleurs de ce sujet dans son rapport final.
La Commission, comme on vient de le constater, a essentiellement
fondé le nouveau mode de redistribution en fonction du territoire, que
ce soit au niveau provincial, au niveau régional ou au niveau municipal.
L'appréciation de chacun de ces éléments est
nécessairement quelque peu arbitraire. Le choix des proportions
reflète simplement la contribution que nous avons imputée
à la localité, à la région et à la province
dans le partage de la taxe de vente. Nous reconnaissons ainsi le fait
économique bien admis de la triple appartenance provinciale,
régionale et locale du consommateur québécois.
On aura constaté que, dans le mode de répartition
proposé, la Commission utilise les quatorze régions
économiques de la province, telles qu'elles ont été
définies par le ministère de l'Industrie et du Commerce. On
trouvera au tableau 1, à la fin du présent rapport, une
description sommaire de chaque région. Cet emploi se fait à
défaut de régions économiques plus organiques, lesquelles
seront éventuellement définies par le Conseil d'orientation
économique. Il incombera alors au ministère du Revenu de faire la
mise au point de la répartition proposée. Dans l'intervalle, les
régions actuelles apparaissent suffisamment représentatives pour
justifier qu'on s'y réfère dès maintenant. De toute
façon, elles sont beaucoup plus représentatives du milieu
économique que les quelque cent cinquante zones actuelles.
La prépondérance a été attribuée au
critère de la perception locale. Chaque municipalité recevra
ainsi 16 2/3% de la taxe de vente perçue dans ses limites, soit la
moitié de la part réservée aux municipalités. En
effet, nous croyons que le caractère local de cette source de revenu
doit être maintenu, même dans le cadre des modifications
apportées aux modalités de distribution. En d'autres termes, une
municipalité doit pouvoir bénéficier, dans une mesure
importante, de son propre dynamisme économique et de l'initiative
déployée par ses citoyens, facteurs qui se reflètent
nécessairement dans le montant perçu au titre de la taxe de
vente; et, pour soutenir ce dynamisme, une municipalité doit faire face
à des déboursés accrus.
Tout en admettant que le critère de la perception locale doit
être considéré comme prépondérant, il
apparaît légitime, dans le but d'équilibrer la
répartition entre les municipalités commerciales et les
municipalités résidentielles, d'utiliser aussi la région
comme norme de distribution dans une province où les efforts de
développement économique se font de plus en plus au niveau
régional. De plus, une partie notable de la consommation s'effectue sur
une base régionale plutôt que sur une base purement locale. Le
mouvement a surtout pris de l'ampleur au cours des dernières
années, avec le développement des banlieues résidentielles
et l'amélioration des moyens de communication. Dans le même ordre
d'idées, il y a lieu aussi de signaler le fait que d'importantes
compagnies ou des organismes semi-publics paient à une
municipalité donnée la taxe de vente sur des biens qu'ils
utiliseront dans une partie ou dans l'ensemble de la région.
La redistribution régionale facilite également, dans une
certaine mesure, la transition entre l'ancien système des zones et la
nouvelle formule, à la différence toutefois que, selon l'ancien
système, les modalités du partage variaient selon les
zones, la durée des ententes et aussi la puissance relative des
municipalités intéressées, alors que, d'après la
formule proposée, le partage sera uniformément appliqué
à travers la province, selon des critères identiques bien
définis.
Le choix d'une pondération régionale de 40% est
nécessairement quelque peu empirique. La Commission n'a
évidemment pas cherché à obtenir un chiffre optimum pour
chacun des trois critères de redistribution; comment aurait-elle pu le
faire? Mais elle a plutôt opté pour des ordres de grandeur et,
dans cette optique, il lui est apparu que le facteur régional avait une
importance indéniable, quoique quelque peu inférieure à
celle de la contribution locale. La traduction en chiffres de ces options
devenait chose relativement facile dès lors que l'on admettait au
surplus la nécessité d'un critère de partage au niveau de
la province. Ce dernier s'obtenait, en effet, en restreignant quelque peu
l'importance de la distribution régionale, ce qui assurait du même
coup une priorité à la perception locale.
En ce qui a trait au partage de la taxe de vente sur une base
régionale, la Commission tient à signaler un problème
particulier à la région de Montréal. En vertu de la Loi
modifiant la charte de la cité de Montréal (9-10 Elizabeth
II, 1961, chapitre 97) et de la Loi de la place des arts (13 Elizabeth
II, 1964, chapitre 19), les municipalités de la zone de Montréal
contribuent au Conseil des arts de la région métropolitaine de
Montréal et au déficit d'exploitation de la Régie de la
place des arts. Il est possible que cet état de choses soit
éventuellement modifié si de nouvelles structures
régionales ou métropolitaines étaient établies.
Dans l'intervalle, il paraît opportun de continuer à utiliser le
produit de la taxe de vente à ces fins. Toutefois, ce financement devra
s'effectuer dans le cadre du nouveau mode de répartition. En d'autres
termes, les sommes requises devront être prises à même la
part régionale de 40%. Comme le territoire de la région de
Montréal comprend un plus grand nombre de municipalités que celui
de la zone actuelle, certaines municipalités seront ainsi mises à
contribution. Cependant, ces mêmes municipalités participeront,
pour la première fois, au produit de la taxe de vente perçue dans
la région de Montréal. Ceci compensera largement la contribution
qu'elles seront appelées à faire à la Régie de la
place des arts et au Conseil des arts de la région métropolitaine
de Montréal.
En attribuant 10% de la part municipale pour les fins d'un partage au
niveau de la province, la Commission a essentiellement pour but de faire
bénéficier toutes les municipalités des achats
effectués sur tout le territoire québécois, quelle que
soit la municipalité ou la région. Il apparaît donc
équitable qu'il y ait une redistribution qui soit faite à cet
égard.
Nous avons choisi le recensement fédéral pour
déterminer la population des municipalités, des régions et
de la province, parce qu'il paraît le seul outil à cette fin, qui
puisse conférer aux chiffres utilisés un caractère de
validité. Signalons au surplus qu'un recensement fédéral
de la population a lieu tous les cinq ans, ce qui fixe le prochain recensement
à l'an prochain.
La Commission ne croit pas nécessaire d'insister outre mesure sur
l'utilité d'une période de transition. La répartition
proposée est nettement différente de celle qui existait depuis
l'an dernier ou encore de celle qui était en application auparavant. Il
y a donc lieu de s'attendre, nos recherches le démontrant amplement,
à des variations prononcées, en plus et aussi en moins, des
montants attribués aux municipalités. La période de
transition a pour but de ramener ces écarts à des proportions
convenables. En effet, les plafonds qui sont proposés permettent de
doubler en trois ans le montant reçu en 1964-65 et établissent
ainsi un taux de croissance maximum qui ne devrait pénaliser aucune
localité.
C'est aussi en vue d'assurer une progression ordonnée des revenus
que nous avons établi un plafond, plus élevé cependant,
pour les années subséquentes à la pé-
riode de transition. Ce plafond, qui sera purement théorique pour
les municipalités urbaines et semi-urbaines, a pour but d'étaler,
dans une mesure raisonnable, les hausses spectaculaires de revenu qui
résulteront, dans le cas de plusieurs petites municipalités, de
la nouvelle distribution et qui se poursuivront au-delà de la
période de transition envisagée. En effet, de même que
l'établissement d'un minimum de $2.50 a procuré, au cours de
l'exercice 1964-65, à de nombreuses municipalités rurales, des
recettes considérables, de même l'existence d'une double
allocation, régionale et provinciale, agit dans le même sens et
fait naître la nécessité d'une certaine planification des
revenus. D'ailleurs, la marge d'accroissement autorisée annuellement est
suffisamment large pour enlever aux municipalités tout sentiment de
frustration. Il sera évidemment loisible au gouvernement d'abolir ce
plafond lorsque son utilité sera devenue nulle.
Pour éviter des diminutions imprévues dans l'état
des revenus et aussi pour respecter les droits acquis, nous croyons
justifié l'établissement d'un montant minimum. Il paraît
raisonnable que ce soit le montant reçu au titre de la taxe de vente
pour l'année 1964-65. Ainsi, aucune municipalité n'aura à
souffrir de la nouvelle répartition. De plus, le coût de cette
garantie sera, au total, à peu près compensé par les
sommes excédentaires provenant de l'application du montant maximum. Il
se peut que l'excédent, au cours de l'exercice 1965-66, soit
supérieur au coût de la garantie, mais, comme la situation sera
vraisemblablement contraire au cours des années subséquentes,
à cause de la majoration du maximum, il y aura équilibre dans
l'ensemble. De toute manière, si, au terme de la période de
transition de trois ans, soit à la fin de l'exercice 1967-68, il restait
un excédent, la Commission croit que celui-ci devrait être
ajouté à la partie (10%) de la répartition, qui est
distribuée par tête au niveau de toute la province.
Enfin, il reste à prévoir les conditions d'application du
nouveau mode de répartition dans le cas de la fusion de deux ou
plusieurs municipalités ainsi que dans celui de l'annexion d'une partie
du territoire d'une municipalité à une autre.
Dans le premier cas, celui de la fusion,la solution est simple,
puisqu'il s'agira tout simplement de faire le compte des montants qui seraient
attribués aux anciennes municipalités, que ce soit pour la
répartition elle-même ou pour les montants, s'il y a lieu, de la
garantie et du maximum.
Dans le cas de l'annexion partielle d'une municipalité à
une autre, le nouveau mode de répartition devra évidemment tenir
compte de la modification de territoire qui en résultera. En raison de
la répartition régionale (40%) et de la répartition
provinciale (10%), il faudra, si l'annexion se fait entre deux recensements,
établir la population des municipalités impliquées. A
cette fin, la Commission croit que la population de la municipalité qui
a accru son territoire devrait comprendre sa propre population au dernier
recensement, plus une partie de la population de l'autre municipalité,
proportionnelle à la portion du territoire annexé. Inversement,
la population de la municipalité qui cède une partie de son
territoire devrait être égale à sa propre population au
dernier recensement, moins la partie de sa population qui est proportionnelle
au territoire cédé. Par exemple, si une municipalité
cédait un tiers de son territoire à une autre
municipalité, sa population serait, pour les fins de la
répartition régionale (40%) et de la répartition
provinciale (10%), censée avoir été réduite du
tiers. En revanche, la population de la municipalité qui a agrandi son
territoire serait censée avoir été accrue du tiers de la
population de la municipalité qui a cédé le sien.
Pour ce qui est des montants de la garantie et du maximum, le même
principe devrait sappliquer. En d'autres termes, ces montants seraient, dans le
cas de la municipalité qui cède une partie de son territoire,
réduits en proportion du territoire cédé. Us seraient
alors ajoutés à ceux de l'autre municipalité.
Le recours au critère de la superficie s'explique par les
difficultés d'établir un chiffre valable de population entre deux
recensements. De toute façon, les cas de cette nature seront
vraisemblablement peu fréquents. En outre, on pourrait permettre aux
municipalités de faire autrement le partage, pourvu que celui-ci fasse
partie des conditions de l'annexion. 5- La portée fiscale de la nouvelle
répartition
Les principaux bénéficiaires de la répartition
suggérée seront, toutes proportions gardées, les
municipalités rurales. En effet, 976 d'entre elles
bénéficient, au cours de l'année 1964-65, du montant
minimum de $2.50 par tête. Or, avec la répartition provinciale qui
devrait s'élever à $2 par tête environ et la
répartition régionale qui devrait s'établir à un
minimum de $3 pour les régions les plus pauvres, les
municipalités rurales seront donc assurées d'un minimum de $5
à $7 par tête. Ceci constituera un accroissement substantiel de
revenu, auquel il faudra ajouter la moitié de la part municipale
perçue sur le territoire de la municipalité. Le nouveau mode de
partage va donc contribuer à doubler, et même davantage, pour
près de 1,000 municipalités les revenus au titre de la taxe de
vente. La période de transition, comme on vient de le voir,
étalera toutefois cette augmentation sur trois ans, mais il sera
désormais loisible aux municipalités de planifier en
conséquence. La Commission ne voit évidemment pas d'objection
à une augmentation importante du revenu de ces municipalités qui
font presque toutes partie des régions moins développées
de la province. S'il en résulte en même temps un allégement
de la pression exercée sur l'impôt foncier, l'avantage sera
double. D'ailleurs, il paraît juste, du moins d'un point de vue global,
que ce soient les municipalités rurales qui bénéficient
davantage de la répartition provinciale et régionale, puisque,
à cause de la petitesse de leur localité et du choix commercial
limité qui en résulte, l'achat à l'extérieur est,
dans leur cas, beaucoup plus fréquent.
Cette augmentation exceptionnelle du revenu de centaines de
municipalités rurales tient à plusieurs facteurs. Il y a
évidemment l'élément de péréquation globale
introduit dans notre formule de l'an dernier et amplifié dans le nouveau
mode de répartition. Mais il y a surtout le fait que toutes ces
municipalités recevaient auparavant très peu à ce titre.
Une participation purement normale et légitime à une forte
croissance de revenus de la taxe de vente provinciale signifie donc pour elles
une croissance beaucoup plus forte que pour les municipalités plus
populeuses qui avaient un plancher de revenus nettement plus
élevé.
On comprendra, toutefois, que la Commission mette la population en garde
contre toute dilapidation à cet égard. Il ne faudra pas que
l'augmentation considérable, en quelques années, des revenus des
petites municipalités conduise à des abus. Le ministère
des Affaires municipales devrait donc exercer, avec une attention
particulière, son droit de surveillance, afin d'empêcher une
mauvaise utilisation des sommes accrues que recevront les municipalités
au titre de la taxe de vente. Dans les cas d'abus, des sanctions, comme la
réduction de certaines subventions, pourraient s'avérer
nécessaires. Dans l'état de ses revenus actuels et de ses
besoins, le gouvernement du Québec ne peut se permettre aucune mauvaise
allocation de ses ressources.
On ne saurait exagérer l'importance de ce contrôle du
ministère des Affaires municipales et la nécessité
pressante de lui fournir tous les moyens de l'exercer de façon
appropriée. Il devrait être en mesure, aussi rapidement que
possible, au moyen d'un personnel qualifié et suffisant en nombre, de
s'assurer d'une saine utilisation des montants versés aux
municipalités. A cet égard, la responsabilité de ce
ministère est certaine, car il lui incombe d'exercer son droit de
surveillance normal sur l'emploi de montants dont l'importance et
l'accroissement considérable sont dus à des décisions du
gouvernement lui-même.
Cette nouvelle répartition, en fournissant des revenus accrus aux
petites municipalités, peut être considérée comme
une mesure favorable à la lutte contre le sous-développement
rural. Il est donc essentiel que son application soit positive et profite, dans
sa pleine mesure, à ces régions moins développées
de la province.
Une autre catégorie de municipalités qui seront
vraisemblablement favorisées par le nouveau mode de répartition
sont les centres commerciaux. On a déjà mentionné que
leurs besoins financiers, pour remplir précisément leur fonction
commerciale, nécessitaient que la formule de répartition leur
soit également favorable. A cet effet, celle-ci devrait contribuer, en
particulier, à maintenir le dynamisme des grands centres industriels et
commerciaux, particulièrement Montréal.
Il reste les municipalités résidentielles du milieu urbain
ou semi-urbain. Certaines d'entre elles subiront une baisse de revenu,
théorique toutefois, puisque l'application du minimum jouera en leur
faveur. Elles sont peu nombreuses, probablement 150 municipalités sur
près de 1,700, soit à peine 9% du total et sont pour la plupart
des municipalités résidentielles urbaines ou semi-urbaines. Ces
municipalités bénéficieront donc du minimum
suggéré et recevront pour l'année 1965-66 un montant
identique à celui qu'elles recevront pour l'exercice 1964-65. Ce
plancher est toutefois établi à un moment favorable où le
produit de la taxe de vente qui leur est attribué connaîtra, pour
l'année en cours, une hausse de l'ordre de 25%. Il était
toutefois inévitable que certaines municipalités cessent, du
moins en partie, de bénéficier d'une situation
privilégiée à laquelle les municipalités
commerciales auraient, de toute façon, mis fin à la
première occasion.
Il est juste de remarquer, toutefois, que l'application du minimum sera
dans la plupart des cas, purement temporaire, puisque, avec l'augmentation
prévue du produit de la taxe de vente au cours des prochaines
années, ces municipalités dépasseront rapidement le
minimum qui leur est présentement garanti.
Evidemment, il peut se trouver des municipalités qui devront,
pendant un certain nombre d'années, se contenter du montant qui leur est
garanti. Toutefois, nombre d'entre elles sont parmi les municipalités
les plus fortunées de la province. En outre, le système actuel,
par suite du partage au sein des zones, a probablement été un
facteur qui a permis, dans plusieurs cas, de maintenir un taux de l'impôt
foncier municipal sensiblement plus bas que celui des municipalités
voisines.
Parmi celles qui devront se contenter du minimum pour un certain temps,
il y a aussi quelques municipalités dont la situation économique
est moins prospère que les autres. La répartition leur sera moins
favorable; mais, comme on l'a dit plus haut, elle n'a pas pour but de servir
d'instrument de péréquation pour les cas particuliers. Ces
municipalités, lorsqu'un système adéquat de
péréquations sera établi par la province, pourront alors
obtenir une aide financière si celle-ci est justifiée. De toute
manière, elles profiteront, par l'établissement du minimum
à un niveau élevé, d'un avantage important.
Encore une fois, la Commission veut signaler l'aspect fragmentaire de ce
rapport. Il traite d'un sujet important, mais tout à fait partiel, de la
fiscalité municipale et ce n'est que le rapport définitif qui
permettra de juger la véritable portée des recommandations qui
précèdent.
TABLEAU 1 LES 14 REGIONS ECONOMIQUES DU
QUÉBEC
Désignation des régions
Comtés
compris dans
_________________________
chacune des
régions
1- Gaspésie Iles-de-la-Madeleine
Gaspé-Est
Gaspé-Ouest
Bonaventure 2- Bas-St-Laurent Matapédia
Matane
Rimouski
Rivière-du-Loup
Témiscouata
Kamouraska
L'Islet 3- Saguenay - Lac St-Jean Chicoutimi
Lac St-Jean-est Lac St-Jean-ouest 4- Québec Charlevoix-est
Charlevoix-ouest Montmorency No 2 Montmorency No 1 Québec
Portneuf 5- Chaudière Montmagny
Bellechasse
Lévis
Dorchester
Beauce
Lotbinière
Frontenac 6- Mauricie Champlain
St-Maurice
Nicolet
Maskinongé 7- Bois-Francs Wolfe
Mégantic
Arthabaska
Drummond
8- Cantons-de-1'Est Compton
Richmond
Sherbrooke
Stanstead
Shefford
Brôme
Missisquoi 9- Richelieu Bagot
Yamaska
Richelieu
St-Hyacinthe
Rouville
Iberville
St-Jean
Chambly
Verchères
Laprairie
Napiervllle
Huntingdon
Châteauguay
Beauharnois
Soul anges
Vaudreuil 10- Montréal ne-Jésus
Ile-de-Montréal 11- Laurentides Berthier
Joliette
Montcalm
L'Assomption
Terrebonne
Deux-Montagnes
Argenteuil
Labelle 12- Outaouais Papineau
Hull
Gatineau
Pontiac 13- Abitibi-Témiscamingue Abitibi
Témiscamingue 14- Côte-Nord - Nouveau-Québec
Saguenay