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(Deux heures et demie de l'après-midi)
M. LeCHASSEUR (président): Qu'on ouvre les portes.
Affaires courantes. Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports des
comités élus.
M. ROY: M. le Président, j'ai l'honneur de présenter le
premier rapport du comité conjoint sur l'assurance-maladie au sujet de
l'élection des présidents conjoints et du choix du
secrétaire du comité. Le comité a ensuite
décidé que les organismes ou les individus
intéressés à la question de l'assurance-maladie qui
désirent soumettre un mémoire sur la question, ou être
entendus par le comité, devront faire connaître leur intention au
secrétaire du comité au plus tard le 18 mars prochain et devront
produire leur mémoire au plus tard le 25 mars prochain.
M. LE PRESIDENT: Ce rapport sera-t-il adopté? Adopté.
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de bills privés. Présentation de bills publics.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer la
copie d'une lettre que j'ai adressée au premier ministre du Canada, le
17 février dernier, en réponse à une lettre qu'il
m'écrivait le 26 janvier, lettre qui, elle-même, était une
réponse à une lettre que je lui avais écrite le 20
janvier.
M.. JOHNSON: Relative à?
M. LESAGE: A la constitution.
M. BINETTE: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer
l'état financier consolidé au 31 décembre 1965, de
l'Hydro-Québec.
M. LAPORTE: M. le Président, je voudrais faire motion pour que,
sur le comité des crédits de la Voirie, le nom de M. McGuire soit
remplacé par le nom de M. Hamel. M. McGuire est à
l'hôpital.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. HYDE: M. le Président, tel que demandé par le chef de
l'Opposition, il me fait plaisir de déposer une copie du rapport de la
commission d'enquête sur les faillites, liquidations, concordats et
cessions de biens connue sous le nom de commission Mercier.
Je crois qu'il y a des copies pour tous les députés.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. JOHNSON: M. le
Président,...
M. JOHNSON: Je m'excuse, M. le Président, j'aurais voulu aussi
présenter une motion.
M. LESAGE: D'ailleurs, le ministre est absent; à moins que ce
soit...
M. JOHNSON: Non, non, c'est une motion que je voulais faire dans le
même sens que la motion du leader pour remplacer le nom de M. Cottingham
par celui de M. Russell au comité des crédits qui doit
étudier les crédits de la Voirie.
Questions et réponses
M. JOHNSON: M. le Président, avant qu'on ne passe à
l'ordre du jour, j'aurais quelques questions à poser.
Je sais bien que le premier ministre ne sera pas surpris que je lui
demande les raisons pour lesquelles ce n'est pas M. Cholette qui dirige
l'équipe des négociations du gouvernement mais bien Me Yves
Pratte.
M. LESAGE: M. le Président, depuis quelque temps
déjà, M. Cholette, qui est le directeur général de
la Direction générale des relations de travail au gouvernement,
organisme qui relève de l'exécutif, avait donné avis aux
négociateurs du Syndicat de la fonction publique, qui est un des huit
syndicats avec qui le gouvernement doit négocier, que lorsque les
négociations devraient être conduites avec plusieurs unités
de négociation, il devrait abandonner lui-même la table des
négociations pour être remplacé par un autre parce qu'alors
il se verrait forcé d'assumer... c'est-à-dire que son travail,
qui consiste à diriger le travail de négociation de toutes les
équipes gouvernementales de négociation prendrait tout son temps
et qu'il ne pourrait plus siéger au comité de
négociation.
Or, le moment qu'il avait prévu est arrivé et le
comité de négociation de la SPEQ siège presque
constamment; le comité de négociation du Syndicat des
fonctionnaires siège constamment, hier matin, hier
après-midi, hier soir,
ce matin encore, on va siéger cet après-midi, et il
y a d'autres négociations en cours. Toutes ces négociations,
quant au gouvernement, sont sous la direction de M. Cholette, y compris les
négociations avec le Syndicat de la fonction publique, ces
négociations se faisant autour de la table avec comme chef de
l'équipe gouvernementale, Me Yves Pratte.
Au SPEQ, c'est Me Claude Lavery, mais toutes ces équipes de
négociation font rapport à M. Cholette qui est le directeur
général. Alors si M. Cholette ne siège plus, c'est parce
qu'il n'a plus le temps de siéger étant donné que sa
fonction de directeur de toutes les équipes de négociation, y
compris celle qui est dirigée par M. pratte, prend tout son temps. Et
comme question de fait, c'est M. Cholette qui fait rapport au Conseil
exécutif par le président du Conseil exécutif. Et toute
insinuation à l'effet que M. Cholette aurait été
limogé n'est pas exacte. Je sais, je suis convaincu que ça n'a
pas été fait de mauvaise foi, que les circonstances ont pu
laisser croire que tel était le cas, mais je tiens à affirmer que
tel n'est pas le cas, et c'est M. Cholette qui a la direction
générale de toutes les négociations y compris la
négociation dans le domaine de la fonction publique, mais que le chef
négociateur à la table pour cette négociation, une sur
huit, est Me Yves pratte qui fait rapport à M. Cholette.
M. JOHNSON: Alors la négociation qui est dirigée par Me
Yves Pratte ne concerne que les fonctionnaires et les fonctionnaires
ouvriers.
M. LESAGE: C'est ça. Une des huit unités de
négociation.
M. JOHNSON: Et est-ce qu'il yena d'autres à part de SPEQ qui, de
ce temps-ci...
M. LESAGE: Je les al toutes nommées hier après-midi au
cours de l'étude des crédits...
M. JOHNSON: Mais est-ce qu'elles sont toutes en négociation?
M. LESAGE: Je n'ai pas ça devant moi.
M. JOHNSON: Est-ce que l'interprof est en négociation de ce
temps-ci?
M. LESAGE: Oui, sauf qu'il y en a où on négocie la
reconnaissance syndicale; c'est à divers stades. Il y a huit
négociations de front, huit unités de négociation, mais il
y a divers stades. D'ailleurs, j'ai tout déposé ça en
Chambre hier.
M. JOHNSON: Oui, j'ai vu ça.
M. LESAGE: Il y en avait bien huit? J'ai déposé huit
documents hier qui doivent apparaître au journal des Débats.
M. JOHNSON: Mais ça n'établit pas que ces huit-là
siègent de ce temps-ci.
M. LESAGE: Cela ne veut pas dire qu'ils siègent tout le temps,
mais il y a une chose certaine que Je sais, c'est que nous avons des rapports
constants et tous les jours sur les négociations avec SPEQ et avec les
fonctionnaires. Même s'ils ne siègent pas, il faut quand
même préparer le travail, même s'il s'agit seulement d'une
reconnaissance syndicale. En plus de ces huit équipes, il y a aussi la
direction d'un sous-comité qui devra siéger pour
déterminer quels sont les services essentiels dans la fonction publique
et il y a également l'équipe qui doit plaider devant la
Commission des relations de travail la question de savoir quels sont les
services essentiels dans l'enseignement spécialisé. Et, là
encore, c'est un autre représentant du gouvernement, c'est Me
François Mercier de Montréal, et dans le cas de la
négociation quant aux services essentiels dans la fonction publique, eh
bien c'est une autre personne que M. Cholette, comme directeur
général des relations de travail, avec qui M. Cholette devait
communiquer ce midi ou cet après-midi pour lui demander d'assumer cette
fonction. Mais c'est M. Cholette qui faisait le travail comme directeur
général des relations de travail, c'est ça sa
fonction.
Et, s'il a négocié, c'était purement et simplement
à cause de sa vaste expérience et parce que cela permettait
à de nombreux fonctionnaires ou autres qui seront appelés, ou
sont appelés à négocier pour le gouvernement avec ses huit
unités de négociation de pouvoir suivre le travail et faire une
espèce d'apprentissage, quoi! Et c'est pour cela que, maintenant que
d'autres négociations se préparent, qui sont en voie de se faire,
l'équipe gouvernementale aux négociations de la fonction publique
est diminuée d'autantparceque ceux qui étaient pour ainsi dire
à l'école sont maintenant à l'ouvrage.
M. JOHNSON: A la suite d'une demande que j'avais faite dans cette
Chambre àplusieurs reprises, le procureur général du temps
avait ordonné une enquête dans le cas de Rec-Stone. Le ministre de
la Justice pourrait-il nous dire s'il a reçu un rapport
intérimaire d'abord de M. Tourangeau, qui plus tard fut nommé
juge, et si l'enquête continue?
M. WAGNER: Je peux répondre au chef de l'Opposition que
l'enquête se continue et, à ce moment-ci, je ne puis pas donner de
détails additionnels.
M. JOHNSON: Le ministre a-t-il reçu un rapport intérimaire
de M. Tourangeau qui avait été nommé par le procureur
général du temps, le député de St-Maurice, pour
faire cette enquête dans le cas Rec-Stone?
M. WAGNER: Je ne saurais le dire.
M. JOHNSON: Le ministre pourrait peut-être me donner une
réponse demain.
M. WAGNER: Si le chef de l'Opposition veut inscrire la question au
feuilleton, j'y répondrai.
M. JOHNSON: Le ministre aura-t-il une déclaration à faire
relativement à l'enquête entreprise à la suite du meurtre
de Me François Payette, avocat, du Barreau de Montréal?
M. WAGNER: Je n'aipas de détails à donner. Cette
enquête est menée de façon fort compéten- te par la
Sûreté municipale de Montréal en coopération avec
les officiers de mon ministère. Nous sommes tenus au courant, mais pour
le moment, il n'est pas dans l'intérêt de la justice de
révéler quoi que ce soit.
M. LAPORTE: Je propose que lesprojets de loi apparaissants aux articles
51, 52, 54, 55, 56 et 57, l'ordre du Feuilleton, soient
référés au comité des bills privés de
l'Assemblée législative et je propose que le projet de loi
apparaissant à l'article 53 soit référé au
comité des bills publics.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée? Adoptée
et référée au comité des bills privés et au
comité des bills publics selon le cas.
M. LESAGE: Mercredi prochain et jeudi prochain, c'est 92.
Troisième lecture du bill des locataires.
M. LAPORTE: No 15.
M. LE PRESIDENT: M. Arsenault propose la deuxième lecture du bill
12 intitulé: Loi prolongeant et modifiant la Loi pour favoriser la
conciliation entre locataires et propriétaires. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. LESAGE: Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Adoptée, sur division. M. LAPORTE: Numéro
13.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose que je quitte maintenant le fauteuil
et que la Chambre se forme de nouveau en comité des subsides. Cette
motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
Comité des subsides
M. LAPORTE: M. le Président, je fais motion pour que le
comité des crédits de la Voirie siège au comité des
bills privés de l'Assemblée législative et je rappelle
qu'il se compose de MM. Hamel, Bellemare, Russell, Dionne, Hébert,
Lafontaine, Meunier et Pinard.
M. JOHNSON: Cette motion n'est pas débattable en vertu du
règlement, mais j'aimerais bien rappeler ici que tous les
députés ont droit de participer aux travaux du comité.
M. LAPORTE: Disons qu'on ne le répétera pas à
chaque fois qu'un comité ira siéger, mais tous les
députés sont toujours libres de participer aux travaux de tousles
comités. S'il survient un vote, ne peuvent voter que ceux qui sont
membres du comité.
M. LESAGE: Quant à moi, si tous les députés de
l'Opposition veulent aller au comité des crédits de la Voirie, je
suis bien d'accord.
M. LAPORTE: J'aimerais à discuter cette motion!
M. BELLEMARE: Il va en rester un, toujours.
M. JOHNSON: Le premier ministre en aura assez de disposer du
député de Champlain et des questions qu'il doit lui poser.
M. LESAGE: Je n'ai pas compris.
M. JOHNSON: Entre les mains du député de Champlain ce
domaine est complètement et très bien couvert...
M. LESAGE: Ah oui, oui, je suis d'accord.
M. JOHNSON: Mais on pourrait peut-être faire motion pour que les
deux s'en aillent ailleurs, le premier ministre et le député de
Champlain. Qu'on aille siéger ailleurs.
M. LESAGE: Qu'on aille siéger ailleurs? M. BELLEMARE: A
Miami!
M. LESAGE: Nous pourrions aller siéger dans mon bureau pour
régler ça.
M. BELLEMARE: A Miami!
Affaires culturelles
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le comité plénier adopte le
rapport du comité des Affaires culturelles?
M. JOHNSON: Non, M. le Président... M. LESAGE: Oui, il est
adopté.
M. JOHNSON: ... évidemment on sait, qu'en vertu du
règlement, nous n'avons pas restreint le pouvoir d'aucun
député de cette Chambre de poser des questions sur aucun des
articles qui ont été adoptés par le sous-comité des
subsides. Je dois déclarer cependant que le rapport que m'a fait le
député de Missisquoi, chargé tout spécialement de
l'étude de ces crédits pour les députés de
l'Opposition, est assez satisfaisant. Il m'a dit qu'il avait eu des
réponses à la plupart de ses questions, sinon à toutes,
mais il semble que certains aspects n'ont pas été couverts. Je
songe entre autre à l'établissement éventuel d'une agence
de presse québécoise de langue française. Je ne reviendrai
pas sur le sujet...
M. LAPORTE: M. le Président, je ne voudrais pas interrompre le
député. S'il me le permet, sur une question d'ordre,
l'établissement d'une agence de presse québécoise ne
relève nullement du ministère des Affaires culturelles, mais
relève du Secrétariat de la province, sous la direction duquel
vient l'office d'information et de publicité. Alors, je crois qu'il
serait préférable pour que les crédits soient
étudiés normalement que le chef de l'Opposition conserve ses
remarques pour l'étude des crédits du Secrétariat de la
province. Cela ne relève aucunement de ma juridiction.
M. JOHNSON: M. le Président, en parlant sur l'objection soumise
par le député de Chambly, je dirai que c'est
précisément là où le député de
Chambly et moi-même ne nous entendrons pas. Une agence de presse
canadienne-française, je ne voudrais pas pour tout l'or au monde que ce
soit sous la responsabilité du Secrétariat de la province. M. le
Président, jamais je n'ai eu même l'ombre d'un soupçon
d'intention de confier tel projet à un homme aussi habile, aussi expert
en propagande que le ministre, le Secrétariat de la province...
M. LAPORTE: C'est presque choquant pour moi.
M. JOHNSON: ... qui a déjà entre les mains, M. le
Président, trop d'argent pour que la démocratie se porte bien
dans la province de Québec. Au contraire, M. le Président, une
agence de presse canadienne-française devrait relever de l'Office de la
langue française, car c'est sous cet aspect que nous croyons à
l'utilité d'une telle agence. Par exemple, j'ai, il y a trois ans, dans
cette Chambre, expliqué comment le français des journaux...
M. LAPORTE: Je m'excuse, M. le Président, j'insiste sur
l'objection que j'ai soulevée. Bien que je puisse respecter l'opinion du
chef de l'Opposition sans la partager, ce n'est pas son désir à
lui de voir une agence de publicité relever d'un ministère
plutôt que de l'autre, qui crée la responsabilité d'un
ministère.
M. le Président, j'ai invoqué un argument à l'effet
que si l'on doit créer une agence de presse, française ou
anglaise ou dans quelque langue que ce soit, dans la province de Québec,
cela relève normalement du Secrétariat de la province et
particulièrement de l'Office d'information et de publicité.
Cela peut plaire ou ne pas plaire au chef de l'Opposition, c'est son
privilège, mais ceci ne relève pas de la juridiction du
ministère des Affaires culturelles de la façon dont la
juridiction est actuellement répartie. Je n'ai pas d'objection à
en discuter en temps et lieu j'aurai personnellement, certainement des
choses à dire sur ce projet mais encore une fois ça ne
relève pas du ministère des Affaires culturelles et j'aimerais
bien que, sur le point d'ordre, à moins que le chef de l'Opposition ait
autre chose à ajouter, l'on sache à quoi s'en tenir.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est le privilège de tout
député dans cette Chambre à l'occasion de l'étude
d'un poste de faire des suggestions pour augmenter ou diminuer un crédit
et pour discuter de la façon dont on a utilié l'argent. Je
soutiens et c'est là que j'accroche ma suggestion que
l'Office de la langue française devrait avoir plus d'argent afin de
pouvoir en disposer en faveur d'un organisme qui mettrait sur pked une agence
de presse canadienne-française qui ne serait pas du tout sous la tutelle
d'aucun gouvernement. Et c'est sous cet aspect que je voudrais en discuter; non
pas comme responsabilité du gouvernement de donner de l'information mais
comme responsabilité du ministère des Affaires culturelles de
veiller à ce que la langue française dans laprovince de Que-
bec reçoive un meilleur traitement et qu'elle puisse être
respectée par le véhicule le plus communément
utilisé, les journaux. C'est sous cet aspect que je voudrais en
parler.
M. LAPORTE: M. le Président, pourdonner un exemple, est-ce que je
dois supposer que dans le ministère des Affaires culturelles le chef de
l'Opposition pourrait discuter de l'opportunité de donner plus de
crédit à ce ministère pour construire un hôpital
pour les immigrants par exemple ou pour bâtir des écoles
spécialement pour les immigrants? Il faudrait discuter de ces choses
pendant l'étude des crédits du ministère de la
Santé ou de l'Education parce qu'à ce moment-là vous
pourriez repasser à peu près n'importe quel article ou n'importe
quel poste du budget de la province en disant: Nous souhaitons que pour le bien
des immigrants ou pour le bien de la langue française on fasse ceci ou
cela. Alors à ce moment-là autant remettre le cahier entier au
chef de l'Opposition et dire au chef de l'Opposition: Choisissez au hasard et
puis faites un débat en disant: J'y pense en fonction des Affaires
culturelles. C'est pour ça que ça va conduire au désorde
et rien n'empêchera à ce moment-là le chef de l'Opposition
quand viendront les crédits du Secrétariat de la province de
dire: Voilà le ministère qui devrait le créer, et plus
recommencer le débat entier.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne ferai pas de ces
contradictions évidentes du moins. Le ministre sait par ailleurs que je
pourrais cet après-midi faire une motion de non confiance
précisément sur cet objet comme je pourrais le faire en n'importe
quelle autre occasion.
M. LAPORTE: C'est-à-dire que vous auriez pu!
M. JOHNSON: Or, M. le Président, je pourrais le faire
demain ou en n'importe quel autre moment.
M. LAPORTE: Ah oui, c'est très bien!
M. JOHNSON: M. le Président, cela ne change rie. Il est
évident que le ministre n'est pas prêt à discuter de cette
question. J'aurais peut-être dû l'avertir, je m'en excuse. Mais il
me semble qu'en toute logique c'est l'Office de la langue française qui
devrait se préoccuper de la qualité du français dans nos
journaux. Et l'Office de la langue française c'est un mécanisme
qui relève des Affaires culturelles et pour lequel on vote un montant de
$181,600 cette année.
Alors, M. le Président, je disais donc que j'ai, il y a trois
ans, fait cette suggestion d'une agence de presse canadienne-française.
Elle a été reprise par certains corps intermédiaires et
elle a fait l'objet d'une résolution, si ma mémoire est
fidèle, de la Fédération des sociétés
St-Jean-Baptiste.
Je ne veux pas qu'aucun de mes propos ne soient
interprétés comme une critique amère contre un service de
presse qui s'appelle la Presse canadienne, traduction de Canadian Press
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque une fois de plus le
règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LAPORTE: J'invoque le règlement et cette fois-ci je cite
l'article 382: « En comité des subsides il ne peut être
proposé en étudiant un budget d'augmenter un crédit
demandé. » C'est précisément ce que le chef de
l'Opposition vient de suggérer.
M. JOHNSON: Que l'on continue.
M. LAPORTE: Je vais continuer:... « d'augmenter... ou d'attacher
à un subside une condition ou une expression d'opinion mais il est
permis de discuter de l'à-propos qu'il y aurait d'augmenter un
crédit demandé et d'en changer la destination. »
M. JOHNSON: Ah bon!
M. LAPORTE: Je maintiens encore une fois...
M. JOHNSON: C'est clair.
M. LAPORTE: Oui, oui, c'est clair, très bien. Ce n'est pas
l'endroit pour le demander. Et est-ce que je pourrais vous prier, pour ne pas
discuter deux fois la même chose, de nous dire et je n'aurai pas
d'objection à me rendre sans discussion à votre décision
s'il est permis de discuter de la création d'une agence de presse
de langue française à cet article ou non? Après cela je
serais très disposé à discuter.
M. JOHNSON: M. le Président, vous allez me donner aussi le droit
de parler trois fois sur le même point d'ordre. Le ministre
évidemment vient de s'embarquer en lisant seulement la première
partie de l'article 382. C'est précisément...
M. LAPORTE: Oui, mais il n'est pas nécessaire de le
souligner.
M. JOHNSON: ... c'est précisément l'article qui me permet
de faire ce que je veux faire cet après-midi. Lisons-le attentivement et
lisons le deuxième paragraphe.
D'abord, au premier paragraphe; «En comité des subsides, il
ne peut être proposé, en étudiant le budget, d'augmenter un
crédit demandé, de changer la destination d'un crédit
demandé ou d'attacher un subside, une condition ou une expression
d'opinion; mais, il est permis de discuter de l'à-propos qu'il y aurait
d'augmenter un crédit demandé ou d'en changer la destination.
» C'est précisément ce que je voudrais dire, qu'il serait
à-propos d'augmenter le crédit demandé pour l'Office de la
langue française, afin d'en affecter une partie aux fins que je voulais
déterminer ou expliciter tantôt.
Deuxième paragraphe; « Quand on désire augmenter un
crédit demandé, il faut ou bien présenter un budget
supplémentaire... »
M. LAPORTE: C'est ça.
M. JOHNSON: « ... ou bien retirer le budget à
l'étude et en présenter un nouveau. »
Troisième paragraphe; « Le comité des subsides peut
refuser ou réduire un crédit demandé. »
Quatrièmement; « Tout crédit peut être
retiré, même après avoir été réduit.
» Donc, le gouvernement pourrait retirer cet article et le ramener avec,
au bout de l'affectation, un montant plus élevé qui permettrait,
si je réussis à convaincre le ministre et,
particulièrement, le premier ministre, d'y inclure un montant
additionnel pour prévoir un subside, par exemple, à des journaux,
au pro rata de leur circulation, afin qu'ils puissent, sur une base
coopérative et en toute liberté, établir une agence de
presse, qui, elle, nous éviterait ces gâchis dont nous sommes trop
souvent témoins dans la transmission des nouvelles par la Canadian Press
et son service français. Je soutiens respectueusement que j'ai le droit,
à ce stade, de parler ainsi et je vous demande de me donner raison.
M. HYDE: Est-ce que je pourrais ajouter seulement un mot, M. le
Président, pour votre considération, en décidant de ce
point-là? C'est que nous sommes en comité des subsides, c'est
vrai qu'on discute des crédits de tout un ministère,
d'après le rapport d'un sous-comité, mais notre règlement
prévoit que les mêmes règles sont applicables sur l'article
381 en comité des subsides; « Chaque article du budget des
dépenses est pris en considération séparément et
suivant les règles prescrites pour l'examen des articles d'un bill
».
Et si on regarde la note numéro 2, sous-paragraphe 1; « Le
débat doit porter exclusivement sur l'article à l'étude
». Et on réfère à l'article 342 qui donne la
même règle pour l'étude en comité
plénier.
Le chef de l'Opposition prétend que l'article 382 lui donne le
droit de discuter généralement de l'application des fonds, mais
je crois que l'interprétation qui a toujours été
donnée en comité des subsides, c'est que le comité est
restreint par la note 2, que je viens de lire, sous l'article 381 que le
débat doit porter exclusivement sur l'article à l'étude.
Et, comme le leader de la Chambre l'a souligné, il y aura d'autres
opportunités dans l'étude des crédits d'autres
ministères pour discuter précisément du sujet dont
voudrait traiter le chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: Ce n'est pas clair.
M. LE PRESIDENT: Voici. Je crois que c'est l'article 382 qui a son
application ici. Il aurait peut-être été
préférable de ne pas référer au deuxième
paragraphe de l'article. Celui qui s'applique directement, c'est le premier
paragraphe et le chef de l'Opposition fait surtout état de la
deuxième partie du premier paragraphe de l'article 382, et en se
référant d'une façon plus précise au poste
budgétaire 2 du ministère des Affaires culturelles, il a
manifesté l'intention d'exprimer son opinion sur l'à-propos
d'augmenter les crédits de ce ministère pour y rattacher une
agence de presse de langue française. C'est ce que j'ai cru comprendre.
Alors, dans cet article et en regard du règlement tel qu'il existe, je
me dois de laisser le chef de l'Opposition faire son exposé.
M. DOZOIS: Parfait.
M. JOHNSON: Je vous remercie. M. le Président.
Je disais donc qu'il y a trois ans j'ai fait une telle suggestion qui a
été reprise par plusieurs corps intermédiaires dont la
Fédération des sociétés St-Jean-Baptiste.
Que l'on me comprenne bien, M. le Président, il s'est fait des
progrès dans la diffusion coopérative des nouvelles lorsqu'on a
établi le service français de la presse canadienne, de la
Canadian Press. Je sais aussi qu'un tel service est extrêmement
coûteux. Je sais troisièmement, qu'il n'est pas facile de faire
des suggestions d'aide gouvernementale à la presse, sans du même
coup, mettre en danger cette liberté de la presse. Conscient de ces
progrès qui ont été faits et de ces obstacles que
rencontre ma suggestion, je voudrais quand même, très
brièvement, vous faire part des inquiétudes qu'ont
tous ceux qui veulent voir le français progresser dans cette
province. J'aurais pu vous apporter, M. le Président, plusieurs exemples
de mauvais français diffusé par les services de la Presse
canadienne qui ne peut, à cause de ses structures actuelles, donner
véritablement du meilleur français, et je m'explique: d'abord,
les représentants de la Canadian Press qui sont postés en Europe
doivent envoyer la plupart du temps il y a peut-être des
exceptions leurs nouvelles en anglais, ces nouvelles rendues au
siège principal ou à l'une des succursales de la Canadian press,
ces nouvelles sont hâtivement traduites en français et
disséminées aux journaux qui sont abonnés à ce
service, ce service coopératif, or, il est arrivé qu'un discours
du général de Gaulle, prononcé évidemment en
français et transmis par fil en langue anglaise, est traduit ici
à la hâte dans un bureau de la Presse canadienne, avec le
résultat que nous avons du De Gaulle déformé et joliment
dévisagé lorsque nous le lisons dans nos journaux de langue
française.
M. le Président, il m'est arrivé comme à tous les
hommes en politique, d'être trahi par la traduction, et ce n'est pas
seulement au service de la Canadian Press que de telles infortunes nous
surviennent. Le ministre a assez d'expérience dans le monde des journaux
pour savoir que ceux-ci étant faits à la hâte, les
journalistes devant travailler avec cette menace de l'heure de tombée,
doivent quelquefois, quand il s'agit de traduction, y aller un peu
négligemment ou en tous cas sans prendre le temps de vérifier
réellement si la traduction est exacte.
M. le Président, il arrive donc que la nourriture quotidienne de
nos gens de langue française dans la province de Québec qui est
constituée quand il s'agit de nouvelles internationales surtout, par les
journaux, cette nourriture n'est pas de qualité, est une nourriture
culturelle qui est en train d'abaisser le standard de notre langue
écrite et par conséquent de notre langue parlée.
Comment remédier à la situation? Je ne veux pas, M. le
Président, vous faire une suggestion qui ne serait pas du tout
susceptible d'amendements. Disons que j'élimine au départ la
possibilité d'établir une agence gouvernementale, que je me
prononce carrément contre la gouverne de la nouvelle par le
gouvernement. Il serait trop dangereux de confier à quelque ministre que
ce soit, sous quelque gouvernement que ce soit, la diffusion des nouvelles. Ce
serait reculer dans cette évolution démocratique qui suppose la
liberté et l'objectivité de l'information et je n'ai pas
hâte, pour ma part, de me retrouver dans un Etat totalitaire. Et l'un des
moyens d'établir un Etat totalitaire c'est de manipuler la nouvelle; et
l'un des moyens de manipuler la nouvelle, c'est d'en laisser le contrôle
à un gouvernement, quel qu'il soit, comme je l'ai dit, à un
ministre, quel qu'il soit, et a fortiori lorsqu'il s'agit du gouvernement que
j'ai devant moi et du ministre qu'on affecte à la propagande.
Donc, pas d'agence gouvernementale. Par ailleurs, comment subventionner
une telle agence et demander au gouvernement de fermer les yeux sur la
façon dont les subventions sont dépensées? Tout le monde
admet au départ que le gouvernement qui affecte une somme quelconque a
un but déterminé a la responsabilité devant la Chambre et
devant la population de voir à ce que cet argent soit
dépensé à bon escient, qu'il ne soit pas gaspillé
et qu'il serve le bien commun.
Comment, donc, établir une agence qui ne serait pas
gouvernementale et qui serait en même temps subventionnée, sans
contrôle? Je crois, M. le Président, que la solution pourrait se
retrouver dans la suggestion que j'ai à vous faire. Pourquoi le
gouvernement, après une étude sérieuse, après une
rencontre avec la Presse canadienne, n'en viendrait-il pas à
établir une subvention statutaire à chacun des journaux de langue
française, subvention qui serait basée sur la circulation
établie de chacun de ces journaux? Cette subvention devrait
nécessairement être affectée soit àun abonnement
à une agence de nouvelles, une coopérative de nouvelles
internationales et interprovinciales de langue française, soit au
paiement d'un abonnement à la Presse canadienne, au service
français de la Presse canadienne déjà existant, mais
amélioré de façon à ce que le reporter qui couvre
les événements puisse faire ses comptes rendus en français
et que ses comptes rendus et ses nouvelles soient transmis sans être
dilués dans une traduction faite de bonne foi, je n'en doute pas, mais
pas toujours par des gens compétents ou encore par des gens qui, quoique
compétents, n'ont pas eu le temps d'y porter réellement
attention. Il me semble que de cette façon on respecterait la
liberté de la presse et que l'on s'assurerait d'une meilleure
transmission des nouvelles.
On respecterait la liberté de presse car tous les journaux en
vertu du statut qu'on adopterait dans cette Chambre recevrait une subvention
basée sur leur circulation et le ministre sait aussi bien que moi, et
même mieux à cause de son expérience passée, que la
circulation, ça peut s'établir d'une façon objective parce
qu'il
y a un organisme dont le ministre connaît très bien les
rouages, un organisme extrêmement sévère qui s'appelle
l'ABC, l'Audit Bureau of Circulation, dont c'est précisément le
rôle d'établir, surtout pour les fins des agences de
publicité, la circulation réelle et non seulement la circulation
que souhaiteraient avoir certains journaux et que certains directeurs
n'hésitent pas à déclarer en faisant un petit peu bon
marché de la vérité et de l'objectivité.
M. le Président, subvention statutaire à tous les journaux
de la province de Québec publiés en langue française,
subvention statutaire basée sur leur circulation établie par un
organisme qui ne dépend pas du gouvernement et dont la réputation
n'est pas à faire, subvention qui serait payée, qui devrait
servir soit à un abonnement de tous ces journaux au service
français de la Presse canadienne, mais amélioré, ou bien
servir pour l'abonnement à un nouveau service de presse, un nouveau
service de nouvelles sous forme coopérative que pourraient
établir ces journaux.
M. le Président, on pourrait poser comme condition, si cette
subvention est destinée à payer l'abonnement au service
français de la Canadian press, on pourrait poser comme condition que la
Canadian press ait dans les capitales des autres provinces un journaliste qui
est reconnu comme de culture française et dont le français
évidemment est la langue habituelle de travail. On pourrait exiger, si
ces subventions statutaires basées sur la circulation réelle des
journaux devaient aller au service français de la Canadian Press, que la
Canadian Press poste en Europe, en France, en Italie, en Angleterre, en
Belgique et dans d'autres pays, particulièrement les pays où on
parle le français, des journalistes réellement reconnus comme
compétents en langue française.
Ce n'est pas seulement une question d'habileté à
écrire les deux langues et je connais certains journalistes de la
galerie de la presse qui ont cette très grande faculté de pouvoir
écrire très bien leur français et très bien leur
anglais mais c'est plutôt une exception. Ils ne sont pas légion.
Je connais parmi ces journalistes particulièrement doués certains
d'entre eux qui passent pour être parfaits bilingues, mais quand on a
l'oreille et les yeux un peu habitués à l'une et l'autre langue
on s'apreçoit vite dans quelle langue la nouvelle a été
conçue par ce journaliste et on s'aperçoit très vite s'il
a une mentalité française ou une mentalité
façonnée par la culture anglaise.
Je pense, M. le Président, que placer le même journaliste
devant le même orateur, disons le général de Gaulle,
certains journalistes que je vois ici à la galerie qui écrivent
en français mais qui sont de langue anglaise et un autre Canadien de
langue française mais qui écrit en anglais, on n'aurait pas de la
part de ceux deux journalistes un rapport authentique car celui qui a
été formé dans la culture française aurait une
autre optique que celui qui a été formé selon la
mentalité anglaise.
Et tout ça, ça se réflète dans les journaux
quotidiens qui sont la nourriture la plus commune, la plus communément
répandue de notre culture.
Comment voulez-vous que nos gens puissent parler un excellent
français quand ils passent leur temps quand il s'agit de
nouvelles internationales ou originant des autres provinces surtout
à lire du français qui n'est que du français de
traduction.
C'est peut-être là un argument qui paraft un peu
tiré par les cheveux, mais le ministre a dans son ministère des
spécialistes, il en connaît lui-même qui lui diront que j'ai
parfaitement raison et qu'à la longue, à force de lire du
français de traduction, nous sommes façonnés et l'esprit
nous est formé par ce genre de langue.
Vous me permettrez de faire appel à un souvenir personnel.
Evidemment, je passe pour être bilingue, même si ma langue
maternelle est le français et si j'ai fait toutes mes études dans
des institutions de langue française. Or, à l'occasion de mon
premier voyage en Europe, j'étais à Paris depuis quelques jours
et mon compagnon de voyage m'a dit; « Quelle est votre impression?
» Je lui ai dit: « C'est peut-être enfantin mais grand Dieu
que c'est reposant de passer trois jours dans une grande ville à ne voir
que du français et à n'utiliser que du français. »
Et c'est là que je me suis rendu compte que je devais consacrer tout
près d'un tiers de mon temps à lire des journaux anglais, des
statuts rédigés en anglais et des rapports conçus et
rédigés en anglais et tout le temps que je consacre à lire
de l'anglais, ce temps-là je ne le consacre pas à lire le
français qui est ma langue maternelle et, par conséquent, le
vocabulaire s'en ressent.
Il est évident que le bilinguisme est lourd à porter et il
le sera toujours. Il est extrêmement lourd à porter dans notre
province et je ne suggère pas qu'on l'abolisse, mais je suggère
que le peu de temps ou la proportion de temps que je consacre a penser et
à lire en français, ce soit dans le meilleur français
possible avec des outils qui sont façonnés à la
française et qui permettront d'enrichir au lieu d'avilir ma culture.
Je crois que le ministre est de mon avis
sur ce sujet. Je crois que le ministre est de mon avis et qu'il
comprendra combien il est urgent pour l'Etat du Québec, pour l'Etat
français du Québec, de se donner les meilleurs instruments
possibles. C'est déjà un défi pour nous que de vouloir
demeurer français dans cette mer d'anglophonie qu'est Amérique du
Nord.
Est-il nécessaire de vous rappeler que la culture
française, à mon point de vue, est actuellement plus en danger
qu'elle ne l'a jamais été dans le passé? Elle est plus
exposée que jamais elle ne l'a été au cours de son
existence sur cette terre d'Amérique. Autrefois, nos gens étaient
isolés à la campagne. Quelques-uns recevaient un journal et il
n'y a pas tellement longtemps qu'on a des journaux quotidiens. Si on regarde la
vie de notre peuple depuis 1660... et d'autres recevaient les annales de
Ste-Anne qu'on se passait d'une famille à l'autre quand on se
rencontrait une fois par semaine, c'était entre parlants
français, à l'église, puisque c'était le seul lieu
de rencontre pratiquement ou au conseil municipal une fois par mois, on
n'entendait que du français. Mais depuis l'accroissement des moyens de
communication, depuis la radio, la télévision, dans ce pays
où nous sommes inondés non seulement de postes canadiens
diffusant en anglais mais dans cette province où nous sommes, je dirais
les trois cinquièmes au moins, sinon les trois quarts de la population,
sous l'influence du courant américain en ayant qu'à tourner un
bouton pour capter les ondes d'un poste de télévision ou de radio
américain.
M. le Président, il est extrêmement important que nos
organismes d'information, postes de radio, postes de télévision,
journaux quotidiens et journaux hebdomadaires et périodiques, puissent
diffuser, dans le meilleur français possible, les nouvelles et
contribuer à enrichir notre vocabulaire, plutôt que de contribuer
à l'avilir, comme c'est actuellement la situation»
M. le Président, comme le premier ministre, mais pour d'autres
raisons, je suis un perpétuel optimiste et je crois que ces moyens de
communication qui mettent en danger actuellement la culture française,
plus qu'autrefois, seront précisé ment des moyens de sauver la
culture française, lorsque, par un développement qui viendra
d'ici quelques années seulement, nous serons abouchés, nous de
langue française de la province de Québec ou du Canada, avec les
parlants français de pratiquement tous les pays au monde.
M. le Président, en attendant, et même, lorsque ce jour
sera arrivé, il faudra veiller à ce que le peu de culture
française que nous avons en Amérique du Nord soit, non seulement
conservé, mais soit constamment nourri et enrichi par les meilleurs
instruments possibles et l'un de ces instruments, c'est une agence de nouvelles
canadienne-française subventionnée, mais de façon à
respecter la liberté de la presse.
M. LAPORTE: M. le Président, très brièvement. Le
chef de l'Opposition propose la création d'une agence de presse de
langue française subventionnée par le gouvernement. Il a fait
allusion au travail que doivent s'imposer les journaux quotidiens pour publier
rapidement et efficacement l'information qui leur vient des quatre coins du
monde.
Il faut avoir vécu dans l'atmosphère d'un journal
quotidien pour bien apprécier cet axiome qui veut qu'un journal qui
paraît tous les jours soit un miracle quotidien. Et ceci nous permet
également, quand on est de la maison et quand on a cessé de faire
partie de l'équipe de rédaction d'un journal quotidien, ceci nous
permet d'être non pas indulgent, parce qu'il n'est ni un journaliste ni
un journal qui réclament l'indulgence de qui que ce soit, mais quipermet
d'être au fait des problèmes et de comprendre que, si on n'est pas
tous les jours satisfait de la façon dont les nouvelles sont
rapportées, on a soi-même péché peut-être plus
souvent que les autres. Je dis donc que nos quotidiens, avec les moyens qui
sont actuellement les leurs et qui sont nombreux, rendent d'immenses
services.
Pour parler d'agence de nouvelles, je me souviens qu'à
l'époque où j'ai commencé à travailler au Devoir,
il n'existait, à la Presse canadienne, que le secteur anglais. Je me
souviens que les journaux de langue française avaient toute une
équipe qui était uniquement affectée à la
traduction en langue française des nouvelles qui nous arrivaient en
langue anglaise, et le fait que citait le chef de l'Opposition tout à
l'heure d'un discours du général de Gaulle, qui est
évidemment prononcé en français qui est traduit en anglais
et retraduit en français ici, je pense que point n'est besoin d'aller
aussi loin; je crois me souvenir qu'à Noël, une certaine
année, le message du Jour de l'An du premier ministre, le très
honorable M. St-Laurent avait été prononcé en
français, traduit en anglais par la Presse canadienne, retraduit en
français à Montréal, si bien que le texte orginal qui
avait été donné par M. St-Laurent et qui avait
été reproduit dans les journaux différait sensiblement,
surtout par la qualité du français.
C'était à l'époque un handicap sérieux pour
les journaux moins importants, non pas par le re-
flet qu'ils voulaient ête de la pensée, mais moins
importants par leur tirage. C'était un handicap sérieux que de
devoir non seulement payer les frais de la Presse canadienne, mais ajouter les
frais d'un certain nombre de traducteurs malgré que je croie qu'entre
les journaux de langue française et les journaux de langue anglaise il y
avait une compensation pour les frais de traduction.
Grâce à certains hommes qui se sont, année
après année... Lorsque j'étais directeur de l'information
au Devoir, j'ai eu l'occasion d'assister chaque année au congrès
de la Canadian Press qui avait généralement lieu à Toronto
et où j'ai vu des hommes comme M. A.-F. Mercier, du Soleil, comme
Gérard Filion, du Devoir, réclamer la création d'un
secteur français à la Presse canadienne. Ils ont finalement
emporté le morceau et l'on a créé, ce qui était une
amélioration évidente, une section française de la
Canadian Press, appelée Presse canadienne. Nous avons aujourd'hui ce
service. Et quand on dit que tout est traduit de l'anglais au français
pour être retransmis aux journaux, je me demande si ça n'est pas
une exagération. Je crois savoir qu'il y a bon nombre de nouvelles et
d'articles spéciaux, particuliêrement ce qu'on appelle les «
features », qui sont écrits directement en français et
transmis aux clients de langue française de la Presse canadienne
directement en français.
Il y a également une autre chose qui s'est graduellement
introduite au Canada français, c'est France-Presse. France-Presse est
évidemment une agence française qui autrefois, à cause de
circonstances d'ordre économique, était de fait limitée
presque exclusivement aux plus grands quotidiens et qui, aujourd'hui, semble
être à la portée de plus d'un journal, puisque nous lisons
fréquemment dans certains journaux des reportages de France-Presse.
Toutes ces choses, je l'admets, ne sont pas complètement
satisfaisantes. Sinous avions dans la province de Québec et
j'oublie strictement les références qui ont pu être faites
à des subventions si nous avions dans la province de
Québec une agence de presse strictement de langue française
où les nouvelles seraient pensées, écrites, transmises et
reproduites en français, non seulement pour l'information des citoyens
de langue française de la province de Québec, mais
également pour l'information des étrangers sur ce qui se passe
dans la province de Québec, je crois que ce serait une
amélioration sérieuse. Nous pouvons nous fier à la bonne
foi des journalistes qui viennent ici pour faire des reportages sur la province
de Québec. Je méfie à cent pour cent à ceux qui
sont installés ici à demeure, par- ce qu'à l'usage, ils
comprennent très bien la mentalité, peuvent placer les divers
événements dans leur perspective réelle et
présenter de la province de Québec une image vraie. Mais il
arrive quand même que ceux qui nous viennent de l'étranger, de
l'extérieur de la province de Québec, des Etats-Unis ou d'autres
provinces canadiennes viennent parfois ici bien malgré eux et avec
certains préjugés, avec certaines idées
préconçues. Si nous n'avions pas les mêmes
préjugés malgré nous, les mêmes idées
préconçues quand nous allons à l'extérieur, nous
pourrions leur en faire grief, mais ils viennent quand même ici et
retournent chez eux ayant souvent trouvé dans la province de
Québec ce qu'ils espéraient y trouver.
Avec une agence de nouvelles strictement québécoise, nous
pourrions probablement présenter aux autres provinces une image plus
vraie de ce qui se passe ici à la condition que nous ayons la
coopération des journaux de l'extérieur.
Un exemple pour montrer que je n'exagère pas. Il y a eu à
Halifax, la semaine dernière, la « French Week », semaine du
Canada français... Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle dans
ça.
M. JOHNSON: C'est parce que je songe aux mises au point qu'ont dû
faire certains journalistes...
M. BELLEMARE: Oui, sur la fin du discours de M. Lamontagne.
M. JOHNSON: M. Ryan entre autres.
M. LAPORTE : Oui, disons que ce n'est pas le sujet de ce que je veux
dire.
M. BELLEMARE: Non, mais c'est pour ça...
M. LAPORTE: Ils ont reçu successivement le maire de
Québec, M. Lamontagne...
M. BELLEMARE: Oui, M. Ryan.
M. LAPORTE; M. Claude Ryan, du Devoir; M. Michel Brunet, historien; le
secrétaire général de l'université Laval, M.
Laberge, et le ministre des Affaires culturelles.
M. JOHNSON: Ancien du Devoir. M. LAPORTE : Lequel? M. JOHNSON: Le
ministre.
M. LAPORTE: Oui, oui, je le connais bien, je l'ai déjà
rencontré. Alors, ces cinq personnages-là ont été
invités pour présenter une image du Canada français 1966.
Effectivement, le résultat ou les réactions que j'ai eus des
étudiants que j'ai rencontrés, 200 ou 300 avec des citoyens qui
étaient là en grand nombre, après la conférence que
j'ai prononcée, très nombreuses questions, vif
intérêt pour ce qui se passe ici, nous avions l'impression qu'un
contact s'était établi, et le président de
l'université, qui m'avait dit en me présentant; « Je suis
heureux, bla, bla, bla, mais je tiens à dire au ministre, qui va nous
parler de leur statut spécial pour la province de Québec, je suis
contre ». Et la première phrase que j'ai dite; « M. le
Président, je vous remercie d'au moins me permettre de lire mon discours
». Et quand ça a été fini, quand ils eurent
posé des questions, M. Hicks, président de l'université de
Dalhousie, est venu me trouver en disant; « Je n'aurais pas un mot
à enlever à votre texte ». Ce qui veut dire que ça
avait peut-être convaincu certaines gens, mais ce n'est pas ce que
je voulais dire dans les journaux d'Halifax, m'a-t-on dit, pendant toute
la semaine, pas un seul mot, rien, boycottage complet.
M. GABIAS; Vous n'avez pas aimé ça!
M. LAPORTE: Comment voulez-vous... Je m'excuse que les règlements
m'empêchent... Dans toute cette chose qu'on discute actuellement qui me
paraît fondamentale, pour l'image de la province de Québec en
dehors... « Le ministre n'a pas aimé ça! »
Pensez-vous que la publicité qu'ils peuvent me faire à Halifax,
ça me dérange ou ça ne me dérange pas? Voyons
donc!
M. JOHNSON: Il y a peut-être quelques copies qui vont chez vos
anglophones du comté?
M. LAPORTE: Mais oui, cela n'a pas été utile de toutes
façons, cette fois-là. Il n'y avait rien. Alors, j'ai
rencontré justement, il y a quelques jours, des Anglais de mon
comté qui m'ont dit: « Nous autres, on comprend les objectifs de
la province de Québec, on sait pourquoi vous voulez un statut
particulier. Pourquoi n'allez-vous pas en dehors, les ministres, les gens
influents des deux partis politiques, pour dire pourquoi vous voulez ça
»? Bien, j'ai dit: je vais vous donner un bel exemple. On est
allé, par seulement moi, M. Ryan, qui passe pour un gars
modéré, etc., ceux que j'ai nommés, puis il n'y a
absolument rien. Alors, comment voulez-vous que les gens de Halifax, en dehors
du petit groupe que nous avons rencontré, en dehors des gens qui
écoutent la radio, parce qu'il y a eu de très courts reportages
à la radio, comment voulez-vous qu'ils soient au courant de ce qui se
passe ici? Que nous ayons une agence de presse, ça ne réglerait
pas ce problème-là, sauf si on veut bien présenter de la
province de Québec une image qui ne soit pas nécessairement celle
qui va plaire à des lecteurs qui, comme nous avons les nôtres, ont
certainement leurs préjugés.
M. le Président, une agence de presse serait également
intéressante du point de vue de la présentation de ce que nous
faisons, et nous faisons beaucoup au point de vue culturel, au point de vue
scientifique, au point de vue des arts et des lettres, pour le présenter
sur la scène internationale. Toutes ces choses que nous faisons, j'en
suis convaincu, pourront rester sans écho véritable si nous
n'avons pas, une agence de presse, ou un service d'information avec ouverture
sur l'extérieur qui va aller présenter à
l'extérieur l'image de la province de Québec.
Il y aurait des avantages, et je viens d'en énumérer
quelques-uns, de présenter au Québec quelque chose qui soit pour
nous d'une consommation facile, c'est-à-dire qui serve vraiment les fins
culturelles de la langue française dans la province de
Québec.
Deuxièmement, avantage de présenter une image
réelle, constante, de la province de Québec dans le reste du
Canada et, également ouverture sur l'international.
On propose de donner des subventions. On voit immédiatement le
danger, les écueils nombreux auxquels on pourrait se heurter. Premier
écueil. Le chef de l'Opposition dit: Pour assurer une justice totale,
sans discussion possible, la subvention serait basée sur le tirage.
Malheureusement, j'ai entendu utiliser quelquefois le mot circulation, je me
suis fait corriger assez souvent au Devoir. Cela s'appelle le tirage. Ce serait
probablement une première erreur. Je vais vous dire pourquoi. Le Devoir,
évidemment, n'est pas un journal riche et il l'a déjà
été beaucoup moins qu'aujourd'hui...
M. JOHNSON: Il paie des dividendes.
M. LAPORTE: Oui, mais il l'a déjà été
beaucoup moins qu'aujourd'hui. Or, nous étions membres de la Presse
canadienne, comme le journal l'est encore aujourd'hui, et la Presse canadienne
disait; Vous êtes dans le marché de Montréal, vous avez
à votre disposition un marché d'un million de lecteurs ou de X
centaines de mille lecteurs, allez les chercher. Les mêmes nouvelles,
exactement, qui étaient vendues au Devoir à
l'époque $26,000 par année, étalent vendues au
journal de Granby, la Voix de l'Est, $6,000, parce que c'était
basé strictement sur le tirage. Or, il arrivait que les plus grands
quotidiens de Montréal: La Presse, Le Star, la Gazette payaient le
même prix que nous, au Devoir et on disait...
M. JOHNSON: Ce n'était pas basé sur le tirage,
c'était basé sur le marché.
M. LAPORTE: Oui, oui, c'est ce que je dis.
M. BERTRAND: C'est le marché qui paie le tirage.
M. JOHNSON: Vous venez de dire le tirage.
M. LAPORTE: C'était basé sur le marché
potentiel.
M. JOHNSON: C'est bien.
M. LAPORTE: Alors si vous basez vos subventions sur le tirage, il est
fort possible que vous aidiez davantage les journaux qui en ont le moins
besoin. Dans la préparation d'une chose comme celle-là, c'est
l'écuell majeur d'éviter d'abord toute possibilité
d'orientation idéologique; deuxièmement, toute possibilité
de censure. Nous en distribuons actuellement, des subventions. Pas aux
journaux, évidemment. Nous en distribuons à des artistes dans la
province de Québec, artistes de toute discipline, et eux-mêmes, en
dépit des précautions exceptionnelles que nous prenons pour
éviter toute ingérence possible, c'est-à-dire que tous
ceux qui entrent dans telle catégorie en reçoivent
automatiquement, etc... et pourtant les artistes se réunissent pour nous
dire qu'il y a du danger, qu'ils considèrent les subventions comme
quelque chose qui attache les artistes, qui peut éventuellement leur
faire perdre de cette fraîcheur qui est absolument essentielle pour la
création artistique, cette liberté totale. C'est un danger que
ces gens-là voient. Est-ce que la Presse canadienne, puisque le chef de
l'Opposition dit que nous pourrions peut-être trouver un moyen terme
entre une agence strictement québécoise, assistée par le
gouvernement du point de vue financier... Il y aurait peut-être la Presse
canadienne qui recevrait des subventions. Mais je pose la question. Est-ce que
la Presse canadienne elle pourra peut-être nous répondre
par ses directeurs, par son président est-ce que la Presse
canadienne, à quelque condition que ce soit, accepterait d'être
subventionnée par quelque gouvernement que ce soit? Je crois que la
réponse est non. Elle ne l'a jamais voulu, d'aucune espèce de
façon. Cela se comprend. Quelle que soit la façon dont on donne
une subvention, il y a toujours le danger de contrôler ou alors de
retirer. L'autre jour, je discutais avec des gens de théâtre qui
demandaient une subvention assez importante et pendant la discussion l'on se
demandait si l'on ne devrait pas plutôt créer un
théâtre d'Etat. Ils ont dit: Théâtre d'Etat! Le
danger, monsieur, du contrôle idéologique! S'il fallait qu'on joue
telle pièce de théâtre plutôt que telle autre, le
gouvernement pourrait être mécontent. Mais j'ai dit; Où est
la différence?
M. JOHNSON: Vous feriez jouer « Aurore, l'enfant martyre »,
vous?
M. LAPORTE: Oui, on pourrait peut-être ressortir le «
Tartuffe ».
M. BERTRAND: Le premier ministre a déjà joué dans
« Le baiser de minuit ».
M. LAPORTE: Dans « Le baiser de minuit »?
M. BERTRAND: Oui.
M. LAPORTE : Ah, mais les heures ont tourné depuis ce
temps-là.
Alors je leur disais: où est la différence?
Vous demandez une subvention massive actuellement pour votre compagnie
de théâtre afin qu'elle demeure une entreprise privée, mais
si à un moment donné, pour les mêmes raisons, un
gouvernement qui veut influencer dit: « Si vous jouez telle chose,
terminée la subvention, le contrôle est exactement le même.
Dans les deux cas ils sont exposés à disparaître
».
Il y a donc un danger réel, non seulement danger à cause
du contrôle idéologique que l'on peut craindre mais aussi à
cause des sommes d'argent très considérables que cela
représente. Je trouve personnellement que si nous pouvions
établir une agence de presse de langue française dans la province
de Québec ce serait une chose souhaitable à laquelle je
rêve, mais ce n'est pas tout de rêver d'une chose pour dire qu'elle
soit souhaitable ou même réalisable. Souhaitable, on pourrait
peut-être; réalisable, il faudrait penser aux millions de dollars
que cela représenterait. C'est bien beau d'avoir des journalistes dans
les diverses capitales du pays mais pour avoir une agence de presse il faut, ou
avoir des ententes avec France-Presse, ou alors envoyer ses propres
représentants dans d'autres pays et la première chose qui va nous
être dite c'est que, étant donné que nous
voulons une agence québécoise, il faudrait que nous ayons
nos propres représentants au moins dans les grandes capitales du monde.
On dit actuellement qu'on quotidien, de quelque importance, qui veut vraiment
renseigner ses lecteurs de première source doit avoir un correspondant
à Paris, à Londres, à Washington et à New-York au
moins; ça c'est le strict minimum. Pas parce que les agences ne sont pas
indépendantes, non pas que les agences ne sont pas de bonne foi, mais
parce que l'agence, quand on la ramène à sa plus simple
expression est représentée par un journaliste qui écrit et
que, si on se fie actuellement à ces agences-là le plus grand
reproche qu'on fait aux journaux américains c'est que si vous changez le
titre, du journal, le « Masterhead », le nom, vous pouvez avoir le
même journal dans tous les coins des Etats-Unis et malheureusement du
Canada aussi parce que les mêmes nouvelles viennent des mêmes gens
par les mêmes agences et que si vous lisez les grandes chroniques qui
viennent de New-York, qui viennent de Washington, qui viennent de Londres, vous
avez toujours les mêmes noms de journalistes absolument compétent
compétentes qui s'appellent Reston, qui s'appellent Philippe Dean, des
gens qui sont extrêmement intéressants à lire mais qui
donnent la pensée dans le monde entier de Charles Reston, la
pensée de Philippe Dean, la pensée de ces grands journalistes,
Alstop et autres. Alors si on veut que le lecteur du Devoir, que le lecteur de
la Presse, que le lecteur du Soleil, les lecteurs de langue française
aient, eux, une vue qui peut être différente de ces
gens-là, il est essentiel qu'ils aient des représentants dans les
grandes capitales du monde.
Je dis donc que, du point de vue pécuniaire, c'est une chose
extrêmement difficile à réaliser, parce qu'on sait que,
dans le monde occidental, actuellement, il n'y a que la France qui a cru bon de
constituer, après la dernière guerre, une agence de presse
gouvernementale. Même aujourd'hui, en dépit des précautions
que l'on a prises, il arrive souvent que l'agence France-presse soit
accusée d'ingérance politique, même si l'agence Associated
press, l'AP, est absolument indépendante du gouvernement
américain, combien de fois il arrive que cette agence soit
accusée d'être le reflet de la pensée de Washington? A plus
forte raison, si nous avions une agence de presse québécoise
serait-il dangereux d'être accusé par les gens mêmes qui
nous la demandent aujourd'hui. Et je ne parle pas du chef de l'Opposition
nommément mais de ce que sera un jour l'Opposition, dans les
années à venir.
M. BELLEMARE: Vous autres.
M. LAPORTE: Pourquoi rêver? Quand le député de
St-Jacques dit des choses comme ça et que je vois rire le chef de
l'Opposition, je pense toujours à cette caricature qui va être
célèbre avant six mois, avant un an, de ce réveille-matin,
dans le Devoir, avec de la dynamite à côté qui
représente le chef de l'Opposition qui voit avancer les aiguilles. Cela
ça va devenir célèbre. D'ici là...
M. BELLEMARE: Il y en a une autre aussi dans le Devoir.
M. LAPORTE: D'ailleurs, je ne voudrais pas me laisser aller à
ça parce que je m'étais toujours promis qu'une année
d'élection, j'écoutais ça d'en haut les gens qui disaient;
« Vous allez voir qu'on va gagner, vous allez voir ça qu'on va
vous battre ». Je voulais donc me tenir en dehors de ces défits,
bientôt ou plus tard, comme disait le ministre des Travaux publics,
bientôt ou un peu plus tard les électeurs vont être
appelés à trancher cette chose-là. Je crains bien qu'ils
vont retrancher l'Opposition, mais je ne le dirai pas ici en Chambre.
M. DOZOIS: Vous ne reviendrez pas personne?
M. LAPORTE: Pardon?
M. DOZOIS: Il n'y en a pas un de vous autres qui va revenir? Vous dites
qu'ils vont retrancher l'Opposition.
M. LAPORTE: Bien vous vous pensez déjà au pouvoir? Ce
n'est pas un président que ça nous prend ici, c'est un
psychiatre, M. le Prési- dent,ils se pensent au pouvoir: M. le
Président, j'ai tenté,disons, en résumé...
M. JOHNSON: C'est ce qu'on pensait depuis une demi-heure.
M. LAPORTE: ... d'établir d'une part les avantages ou
l'Intérêt qu'il y aurait à avoir une agence de presse de
langue française dans la province de Québec.
J'ai également souligné les écueils certains que
cela comporte. Comme je suis très disposé à étudier
ce problème que ce soit avec le concours du Secrétariat de la
province...
M. BERTRAND: Ah non! M. JOHNSON: Jamais.
M. LAPORTE: Voyez-vous, M. le Président, comment ils courent, ils
sautent aux conclusions pour être certains que ces gens-là ne
porteraient pas contre mon collègue leurs mêmes accusations
vieillottes, dépassées. Je n'ai pas dit secrétaire, j'ai
dit le Secrétariat de la province, ils ont dit: « Ah non!
».
M. BERTRAND: Est-ce qu'il s'en va de là?
M. LAPORTE: Le secrétariat va rester là, ne vous
inquiétez pas.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il devient ministre d'Etat, lui aussi?
M. DOZOIS: Il est roi.
M. LAPORTE: Il y en a plusieurs de l'autre côté qui
seraient heureux d'être ministre d'Etat vous savez, M. le
Président. Mais il y a une seule chose qui les sépare
fondamentalement, c'est que de ce côté-ci tous les
députés libéraux peuvent espérer devenir ministre,
mais pas les autres parce que pour cela il faut être au pouvoir.
M. DOZOIS: Le député de St-Henri, cela fait longtemps
qu'il espère.
M. JOHNSON: Le député de Gaspé.
M. LALONDE: Je n'en veux pas, j'ai refusé.
M. LAPORTE: Lui, il peut continuer à espérer. Pour le
député de St-Jacques, cela va devenir un cauchemar
rapidement.
M. le Président, on m'entraîne dans des digressions, je
devais parler trois minutes, cela fait 33 minutes. Je dis donc que nous allons
étudier cette chose avec plaisir, que si nous pouvons trouver une
solution qui soit non seulement satisfaisante du point de vue sentimental, cela
serait intéressant d'avoir une agence de presse de langue
française dans la province de Québec, c'est la partie
sentimentale. Si nous pouvons régler non seulement du point de vue
sentimental mais de deux points de vue absolument fondamentaux: la
liberté totale de la presse dans la province de Québec et le
point de vue économique, nous verrons à ce moment-là ce
qu'il y aura lieu de faire.
M. JOHNSON: M. le Président, très brièvement je
voudrais ajouter quelques considérations qui m'ont échappé
tantôt. Je ne croyais pas réellement que nous aurions à
discuter de cela cet après-midi. Pour couvrir tout le terrain, je pense
qu'il faut rappeler à cette province la part immense de Radio-Canada
à la diffusion de la culture française et une culture de
qualité. Radio-Canada a été même si j'ai
critiqué souvent cet organisme d'Etat a été,
admettons le, l'instrument de la présence française, et d'une
présence de qualité. Et c'est toujours agréable pour les
auditeurs de la radio et de la télévision d'entendre des
reporters qui directement d'Ottawa, dans une langue châtiée, ont
recueilli la nouvelle et nous la transmettent avec leur mentalité de
citoyen de la province de Québec, de Canadien français de vaste
culture.
M. le Président, on a noté aussi avec beaucoup de
satisfaction que Radio-Canada récemment, a ouvert un poste de radio
faisant des émissions de langue française exclusivement à
Toronto et que Radio-Canada a maintenant, un représentant pour la
télévision à Toronto en la personne de M. Jean
Charpentier. Ce sont là des gestes concrets, ce sont là des
initiatives qui sont de nautre à favoriser la diffusion de la culture
française, en même temps qu'un apport de qualité à
cette culture et c'est dans cet esprit-là que nous aimerions que la
Canadian Press par son service français ou une autre agence
exclusivement québécoise donne des rapports qui sont
conçus par des gens qui ont notre mentalité. Ce n'est pas du
fanatisme, ni du racisme, c'est une question de simple bon sens, des ententes
avec des agences de presse internationales, fut-ce France Presse.
Je suis d'accord dans certains domaines mais encore là, je
préférerais, et je pense que le ministre est de mon avis, que
cette agence québécoise, ou ce service français
amélioré de la Presse canadienne ait des journalistes
québécois.
M. le Président, le ministre y voit quelque danger. Je n'ai pas
fait ma suggestion en prétendant que c'était la seule qui puisse
régler le problème. Je l'ai soumise avec l'intention de la faire
étudier par le gouvernement pour le peu de temps qu'il lui reste
à être au pouvoir et je l'informe que, de notre côté,
par certains organismes du parti, nous étudions ce problème. Et
nous serons en mesure, en prenant le pouvoir, de donner à tous ceux qui
espèrent cette agence, des réalisations et non seulement des
rêves et des espoirs pieux comme ceux que le ministre a exprimés
tantôt.
M. LAFRANCE: Le rêve passe.
M. LAPORTE: On en reparlera dans vingt ans.
M. JOHNSON: Je sais bien que le gouvernement souffre déjà
du mal qui a conduit tous les gouvernements antérieurs à la
défaite. Comme je me souviens du climat qui régnait de l'autre
côté de la Chambre à la veille des élections de
1960! Et je vois le ministre des Affaires culturelles, particulièrement,
être pris du mal qui possédait certains d'entre nous en 1960,
juste à la veille de la défaite.
M. LAPORTE: Qu'est-ce que c'est que ce mal-là?
M. JOHNSON: Et pour un oeil exercé comme le mien, tous les
symptômes de la défaite sont actuellement visibles dans plusieurs
des députés et ministres de la droite. On les voit dans leur
suffisance...
M. LAPORTE: C'est votre oeil?
M. JOHNSON: On les voit dans leur suffisance rire des adversaires que
certains congrès de nomination leur ont donnés. C'est le signe
infaillible de la défaite et je voudrais que le député de
Charlevoix soit le premier à le noter.
M. LAPORTE: Le Star semblait plus intéressé à votre
nez qu'à votre oeil l'autre jour.
M. JOHNSON: Qu'est-ce que vous voulez? On a la face qu'on peut et je ne
changerais pas la mienne pour celle du ministre des Affaires culturelles.
M. LAPORTE: J'espère. Revenons àl'agen-ce française
de nouvelles.
M. JOHNSON: Le ministre a promis d'étudier. Cela ne me surprend
pas. Ils ont besoin d'étudier, les libéraux, mais il me semble
que, depuis six ans, au moins depuis quatre ans, depuis l'institution du
ministre des Affaires culturelles, le gouvernement aurait pu s'attaquer
à ce problème. Il nous manque des données
évidemment, à nous de l'Opposition. Le gouvernement aurait pu se
les procurer. Est-il nécessaire, en terminant, d'insister sur un aspect
particulier qui caractérise nos journaux? Je lis assez
régulièrement les journaux de langue anglaise je dois le
faire pour me tenir au courant de ce qui se passe dans les autres provinces
et j'ai remarqué la qualité exceptionnelle des journaux de
Toronto et de certains journaux de l'Ouest. J'ai remarqué surtout les
pages d'information internationale.
Ce qui nous manque actuellement dans nos journaux, en
général, c'est plus d'information et de la meilleure information
internationale. On ne permettra pas à notre peuple de s'affirmer
réellement si on ne le nourrit pas à ces sources mondiales. Nous
vivons à une époque où l'homme ne peut pas s'isoler,
où un Etat ne peut pas s'isoler. Mais comment voulez-vous que la Voix de
l'Est, le Nouvelliste, la Tribune, avec un tirage limité,
forcément limité, puissent se payer le luxe de
correspondants?
Comment voulez-vous que certains autres journaux, même le Devoir,
puisse payer des correspondants à l'extérieur? Et je sais que
tous les journaux de ce temps-ci, tous les quotidiens passent par une crise et
ont des problèmes, des problèmes financiers. Ce n'est pas
révéler quoi que ce soit d'indiscret que de dire qu'en
général les journaux, particulièrement depuis deux ans,
ont de grandes difficultés financières. Alors, cette subvention
qui serait statutaire, qui servirait à l'abonnement de tous les journaux
à une agence de presse ayant des services de qualité garantie,
aiderait des journaux, qui ont déjà une grande circulation,
à améliorer leur tenue dans d'autres domaines si ça
arrive comme un surplus mais aiderait tous les journaux à assurer
un minimum d'informations provenant des autres provinces et des autres pays et
dans une langue qui favorisera le développement de la culture au lieu de
l'avilir, comme c'est trop souvent le cas, à cause de circonstances
économiques, j'en conviens. Ce n'est pas de la mauvaise foi de la part
de M. Mercier, ce n'est pas de la mauvaise foi de la part de ce regretté
M. Major, qui a été un des pionniers dans le domaine de
l'établissement du service français de la Presse
canadienne...
M. LAPORTE: J'aurais dû mentionner son nom tout à
l'heure.
M. JOHNSON: Ce n'est pas, de la part de M. Mercier, de la mauvaise foi
non plus. Je sais tous les efforts que lui et ses collaborateurs ont faits pour
doter la presse de langue française de la province de Québec d'un
service de nouvelles en français, mais je crois que, par leur propre
moyen, ils n'arrivent pas à nous donner, en même temps que la
quantité, la qualité dont nous aurions besoin pour l'avancement
de notre culture. Donc, M. le Président, dans six mois, l'Union
nationale verra à établir telle agence, à moins que le
gouvernement ne l'ait fait d'ici à ce temps-là, ce dont je doute.
Mais je suis certain que le gouvernement, après mon intervention, va la
promettre. Ah! il va la promettre aux prochaines élections. Mais il y a
six
ans déjà qu'ils sont au pouvoir et qu'ils auraient pu
faire quelque chose dans ce domaine-là, et je pense bien, M. le
Président, que le public se rendra compte, qu'après trois ans
d'insistance, le chef de l'Opposition avait raison de blâmer le
gouvernement de n'avoir pas encore agi.
M. LAPORTE: M. le Président, juste un mot. Si l'Union nationale
fait ça dans six mois ça sera un événement
historique, parce que ce sera la première fois qu'un parti de
l'Opposition établit une agence de nouvelles.
M. DOZOIS: M. le Président, j'ai assisté à la
première séance du comité des crédits des Affaires
culturelles et, malheureusement, j'ai été pris en Chambre et je
n'ai pu assister aux autres séances. L'objet de mon intervention,
à ce moment-ci, est juste de poser quelques questions
supplémentaires sur l'assurance-édition. J'ai relu la
transcription, je sais que le sujet a été largement
discuté, que le ministre a donné des explications sur cette loi
qui, en passant, semble être inopérante. Le ministre a dit
pourquoi. Mais la question que je voudrais lui poser est celle-ci, c'est
qu'à la page 68 de la transcription, à une question du
député de Missisquoi, qui lui demande combien d'éditeurs
ou d'écrivains ont bénéficié de la loi au cours de
la présente année, le ministre des Affaires culturelles
répond: six, et il les nomme. Ma question est celle-ci: Est-ce qu'il y a
eu des éditeurs qui ont soumis des manuscrits ou qui ont demandé
de l'aide et qui ont été refusés, car la procédure
prévue par la Loi de l'assurance-édition est que l'éditeur
doit faire sa demande; sa demande doit être étudiée par le
Conseil des arts, qui doit faire rapport au ministre. Alors là, le
ministre a dit combien d'éditeurs avaient bénéficié
de la loi, ma question est: Est-ce qu'il y en a qui ont demandé l'aide
de cette loi de l'assurance-édition et qui ont été
refusés?
M. LAPORTE: M. le Président, évidemment, j'avais les
renseignements lorsque nous étions au comité en bas. Je ne crois
pas qu'il y ait eu des demandes de faites et qui ont été
refusées. Je vais, toutefois, pour donner une réponse bien
précise m'en assurer et fournir le renseignement demain matin au
député de St-Jacques.
M. DOZOIS: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Affaires culturelles, adopté.
M. BELLEMARE: Une minute!
M. JOHNSON: Au chapitre, M. le Président, de l'Office de la
langue française, encore une fois, je voudrais sans forcer le ministre
àfaire des répétitions, avoir quand même une
déclaration assez claire sur ce fameux Livre blanc quant à
l'aspect de l'unilinguisme. On sait, M. le Président, que le ministre
s'est prononcé en faveur du français comme langue prioritaire,
qu'il a été ouvertement pris à partie par deux de ses
collègues, notamment le député de Jacques-Cartier et
ministre des Transports, Mme Claire Kirkland, et le député de
Verdun, le ministre de la Justice, M. Claude Wagner.
M. le Président, je ne sais pas, parce que je n'ai pas eu le
temps de voir toutes les coupures, et je n'ai pas eu le temps non plus de lire
les Débats, la transcription de ce qui s'est dit en bas au
sous-comité des subsides, mais j'aimerais bien avoir une
déclaration du ministre. Est-ce que, oui ou non, ce Livre blanc sera
approuvé? Deuxièmement, est-ce qu'il contient un chapitre
concernant l'unilinguisme? Est-ce que cette question de l'unilinguisme a
été étudiée ou sera étudiée dans
toutes ses implications, notamment yes implications économiques?
M. LAPORTE: M. le Président, je suggère au chef de
l'Opposition de lire ce que j'ai dit devant le comité parce que je n'ai
pas l'intention de rien ajouter.
M. JOHNSON: Très bien!
M. LE PRESIDENT: Adopté. Affaires culturelles, adopté.
Articles 1 à 11.
Conseil Exécutif
M. LESAGE: Alors on pourrait peut-être finir les
résolutions avant de revenir aux achats?
M. BELLEMARE: J'aurais justement une question si le premier ministre me
permet. J'ai été obligé de m'absenter quelques minutes
avant la fin de la séance...
M. LESAGE: Oui, j'ai compris!
M. BELLEMARE: ... pour une raison particulière.
M. LESAGE: Oui. Ce n'est pas de mes affaires!
M. BERTRAND: Un grand discours à prononcer!
M. LESAGE: Ce n'est pas de mes affaires!
M. BELLEMARE: J'avais une conférence devant...
M. LESAGE: Moi aussi, mais la mienne était plus tard que la
vôtre.
M. BELLEMARE: Mais j'étais obligé de prendre le train pour
aller à...
M. LESAGE: La mienne était plus tard que la vôtre et elle
était à Québec.
M. BELLEMARE: Je comprends.
M. LESAGE: La mienne était à Québec.
M. BELLEMARE: Oui, c'est que je... Je voulais poser à l'honorable
premier ministre la question numéro 5, la direction
générale des relations du travail.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: La question est celle-ci. Comment se fait-il que c'est le
seul gouvernement dans le Canada où les relations du travail sont
à l'exécutif? Après une recherche assez fouillée au
Féféral comme dans les différentes provinces, ces
relations du travail qui concernent le fonctionnarisme relèvent
directement du ministère du Travail. Alors je suis surpris le
premier ministre va me donner la réponse, c'est sûr de voir
que tout ce qui regarde actuellement les relations de travail,
négociations, en fin de compte unité des négociations,
discussions à la table ronde, budget. Quand on a au ministère du
Travail toute une équipe...
M. LESAGE: De conciliateurs.
M. BELLEMARE: De conciliateurs et de gens...
M. LESAGE: Dans les négociations le gouvernement est le patron,
il n'est pas négociateur.
M. BELLEMARE: Oui, j'admets ça! Mais c'est parce qu'à ce
moment-là le premier ministre va me comprendre on fait
jouer un drôle de jeu, un drôle de rôle au ministre du
Travail.
M. LESAGE: Non!
M. BELLEMARE: Dans l'opinion publique on discrédite, actuellement
le ministre du Travail en gardant ça à l'exécutif.
M. le Président, je voudrais donner mon point de vue. Je dis que
je crois sincèrement que le ministre du Travail qui est en
autorité dans tout ce qui regarde les relations de travail devrait
être en confiance avec le gouvernement pour assurer, lui personnellement,
comme le grand responsable. Quand il s'est agi des fonctionnaires à
Ottawa, quant il y a eu...
M. LESAGE: Non. C'est le ministre du Revenu qui a
négocié.
M. BELLEMARE: M. Starr était le délégué
officiel...
M. LESAGE: Quand il y a eu la difficulté avec les postiers...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: ... ce n'est pas le ministre du Travail, c'est le ministre du
Revenu M. Benson, je crois.
M. BELLEMARE: M. Benson?
M. LESAGE: C'est lui qui a négocié.
M. BELLEMARE: Je dis à monsieur...
M. LESAGE: Et je dirai pourquoi dans un instant.
M. BELLEMARE: C'est très bien. Mais je dis que lorsqu'on
considère le statut qui régit les différents services de
l'administration et qu'on arrive au ministère du Travail et qu'on lit ce
pourquoi le ministère du Travail est formé, on retrouve là
les arguments nécessaire à la...
M. LESAGE: Pour qu'il ne s'occupe pas des relations de travail au
gouvernement.
M. BELLEMARE: Au contraire.
M. LESAGE: Bien non, c'est ça, je vais vous donner...
M. BELLEMARE: Nous différons totalement d'opinion...
M. LESAGE: C'est clair.
M. BELLEMARE: ...le premier ministre et moi.
M. LESAGE: D'optique, d'optique.
M. BELLEMARE: Mais je donne mon impression...
M. LESAGE: Oui, oui.
M. BELLEMARE: J'ai le droit, je pense bien de la manifester, mais je
partage mon avis.
M. LESAGE: C'est mon opinion et je la partage, comme on dit.
M. BELLEMARE: Mais je dis que tout le monde redemande, actuellement dans
la province de Québec, pourquoi le ministère du Travail existe.
Quand il s'agit de l'unité de conciliation la plus considérable,
actuellement, dans toute la province, c'est sûrement un nouveau credo
syndicaliste qui s'établit et je dis que le ministre du Travail devrait
jouer un rôle des plus importants. Si le premier ministre prétend
que cette unité de négociation relève exclusivement du
comité exécutif parce que le patron c'est le gouvernement et que
le premier ministre, c'est le ministre des Finances, je dis qu'il y a
peut-être une raison qui peut valoir ou au moins un argument, mais le
premier ministre ne devrait pas être exclu, ne devrait pas du tout
être exclu, de ces unités de négociation. Je
prétends que cet article: Direction générale des relations
de Travail devrait être confié au ministère du Travail et
qu'à tous les ans nous pourrions revenir lorsque nous faisons
l'étude des crédits du ministère du Travail avec nos
objections et surtout nos suggestions.
M. LESAGE: Nous avons longuement discuté cette question au
Conseil des ministres, comme on se l'imagine bien, et la Direction
générale des relations de travail s'occupe, pour le gouvernement
employeur, des négociations alors que le rôle du ministre du
Travail est un rôle de conciliation, de conciliation. Lorsque, par
exemple, le Syndicat des fonctponnaires, au début de décembre, a
donné l'avis de la demande de nomination d'un conciliateur, à qui
l'a-t-il donné en vertu du code du travail? Au ministre du Travail. Mais
il n'y a pas actuellement de conciliations; c'est une négociation entre
le gouvernement, employeur et les syndicats de fonctionnaires, employés.
Le ministre du Travail n'intervient pas dans les négociations de
contrats de travail, entre un employeur privé et ses
employés.
M. BELLEMARE: Oui...
M. LESAGE: ... il intervient comme conciliateur à la demande
l'une des parties. Or, jus- tement, nous n'avons pas voulu que le ministre du
Travail dirige la Direction générale des relations de travail
pour que soit bien préservé, dans les faits, en droit, et dans
l'opinion publique, son rôle qui est un rôle ce conciliation entre
les parties, qui exclut son intervention au stade des négociations. Le
ministre du Travail n'intervient pas dans les négociations entre les
parties.
M. BELLEMARE: Non? Quelquefois, oui.
M. LESAGE: Non, seulement, seulement si une partie demande la nomination
d'un conciliateur parce que son rôle n'est pas un rôle de
négociation mais un rôle de conciliation.
M. BELLEMARE: Mais la tradition veut que ce soit souvent
arrivé.
M. LESAGE: Ah! non! Et c'esttoutela différence du monde, et c'est
justement...
M. BELLEMARE: C'est souvent arrivé.
M. LESAGE: ... pour protéger l'image du ministre du Travail
indépendant et de ses officiers, indépendant entre les employeurs
et les employés, que ceux qui représentent la partie patronale
dans ce cas-ci, au cours des huit négociations avec les huit
unités de négociation, dépendent directement
del'exécutif qui est l'employeur, c'est le gouvernement du
Québec, et de l'exécutif dont le premier ministre est le
Pré- sident. Pensez-vous, M. le Président, pour un instant que
j'y tiens, que c'est par plaisir que je l'ai fait, c'est purement et simplement
par principe, pour sauvegarder le principe de l'indépendance du
ministère du Travail, pour que le ministère du Travail n'assume
pas un rôle de patron, dans des négociations avec des
employés, que pour qu'à la face de toute la province il continue
d'être le conciliateur indépendant entre le patronat, les
syndicats et les unions. C'est pour cela, c'est une raison fondamentale en
fait, en droit, et vis-à-vis l'opinion publique.
Nous l'avons discuté à fond, nous l'avons discuté
avec nos conseillers juridiques, le ministre du Travail a pris part aux
discussions, ce sont des discussions qui ont eu lieu au Conseil des ministres
et nous en sommes venus à cette décision, après
très mûre réflexion, justement, pour protéger le
rôle du ministère du Travail et l'image que l'on doit se faire
dans le public de l'indépendance du ministère du Travail dans les
relations patronales ouvrières.
M. BELLEMARE: Je ne veux pas faire un débat sur la question.
M. LESAGE: Non, non, d'ailleurs...
M. BELLEMARE: Tout simplement pour attirer l'attention...
M. LESAGE: Non, mais je voulais purement et simplement expliquer
pourquoi nous avons agi comme ça.
M. BELLEMARE: C'est bien, je suis ici du point de vue du gouvernement,
mais j'ai une conception différente.
M. LESAGE: Oui, oui, je l'ai dit: nous n'avons pas la même
optique.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas une conception légale, j'ai une
conception syndicaliste. Je me fais une idée, comme syndicaliste, que le
ministère du Travail doit être celui...
M. LESAGE: Mais il n'est pas le patron.
M. BELLEMARE: ...qui régit, qui administre comme dit la loi
formant...
M. LESAGE: Mais il n'est pas le patron.
M. BELLEMARE: Un instant... Mêlez moi pas.
M. LESAGE: Oui, mais c'est ça.
M. BELLEMARE: Mais écoutez. Je veux dire à la Chambre, je
veux dire au comité, M. le Président, que comme syndicaliste, je
crois que le ministre du Travail, d'après le chapitre 15 du statut
refondu 1964, il est clairement dit: pour l'administration des affaires de la
province, le ministère du Travail est formé. C'est pour
l'administration des affaires de la province qu'il a été
établi...
M. LESAGE: C'est pour la conciliation dans les différends
ouvriers.
M. BELLEMARE: La loi formant les ministères, pour
l'administration des choses de la province, alors il est formé...
M. LESAGE: Je ne peux régler les différends ouvriers en
Ontario.
M. BELLEMARE: C'est tellement vrai que même en vertu de la loi, le
ministère du Travail doit intervenir, même avec le gouvernement,
même avec son unité de négociation, et même avec ses
fonctionnaires.
M. LESAGE: Il pourrait intervenir, il a le droit d'intervenir.
M. BELLEMARE: Il doit.
M. LESAGE: En vertu du code du travail, il peut intervenir.
M. BELLEMARE: Il doit. L'article 75, la commission des relations du
travail.
M. LESAGE: Bien, oui, la commission des relations du travail, la preuve
c'est que...
M. BELLEMARE: Qui est dépendante du ministère du
Travail.
M. LESAGE: C'est une commission quasi-judiciaire...
M. BELLEMARE: Ah bien, écoutez!
M. LESAGE: ... et c'est elle qui va décider quels sont les
services essentiels.
M. BELLEMARE: L'article 99 du code du travail, c'est clair, l'article
99.
M. LESAGE: Oui. Très bien, c'est ça.
M. BELLEMARE: Au moins huit jours, ensuite de ça une injonction
jugée à propos pour empêcher cette grève, et y
mettre fin.
M. LESAGE: Mais est-ce que... M. BELLEMARE: C'est clair.
M. LESAGE: ... que le député de Champlain me permet? Je
pense que le député de Champlain vient de donner justement
l'argument frappant. Il dit la commission des relations ouvrières fait
rapport à la Chambre par l'intermédiaire du ministre du
Travail.
Or, justement, c'est à elle, corps indépendant, corps de
conciliation, corps d'arbitrage, c'est à elle que le gouvernement et les
fonctionnaires, dans le cas de SPEQ s'adressent...
M. BELLEMARE: Pas seulement le SPEQ, toutes les autres.
M. LESAGE: Non, mais actuellement, je parle dans les faits...
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. LESAGE: ...pour déterminer quels sont...
M. BELLEMARE: Les services essentiels. M. LESAGE: ... les services
essentiels. M. BELLEMARE: D'accord!
M. LESAGE: Alors, ça relève du ministère du
Travail, c'est notre juge. Alors, est-ce qu'il conviendrait que le ministre du
Travail soit celui qui aille plaider devant la commission?
M. BELLEMARE: Alors, si le premier ministre veut, je vais...
M. LESAGE: Ou qu'on plaide en son nom. Non,...
M. BELLEMARE: ... je vais résumer...
M. LESAGE: ... on plaide au nom du gouvernement, au nom de
l'exécutif, et c'est le président de l'exécutif...
M. BELLEMARE: M. le Président, il y a eu des déclarations
faites par M. MacEachen à Ottawa...
M. LESAGE: M. MacEachen.
M. BELLEMARE: ... M. Starr, ministre du Travail. Il y a eu des
déclarations faites par le ministre du Travail en Ontario, que j'ai
découpées, concernant...
M. LESAGE: Oui, mais ils n'ont pas le droit de grève, ils n'ont
rien de tout ça.
M. BELLEMARE: ... les unités de négociation des
fonctionnaires.
M. LESAGE: Ils ne sont pas aussi avancés que nous autres.
M. BELLEMARE: Mais je dis, M. le Président, pour ne pas faire un
long débat...
M. LESAGE: Ils ne sont pas aussi avancés que nous autres. Bien
oui, mais vous le savez.
M. JOHNSON: Ils ne sont pas menacés d'une grève.
M. LESAGE: C'est parce qu'ils n'ont pas le droit de faire la
grève.
M. BELLEMARE: Non, seulement qu'en Saskatchewan ils l'ont.
M. LESAGE: Non, non, mais je parle d'ailleurs.
M. BELLEMARE: M. le Président, il reste un fait certain, c'est
que le prestige d'un ministre du Travail, sutout dans un débat comme
celui qui est en cause, sûrement l'honorable premier ministre dit
que...
M. LESAGE: D'ailleurs, il a été terminé hier.
M. BELLEMARE: ...jamais le ministre du Travail n'intervient. Maintes et
maintes fois on a vu, depuis quelque temps, l'honorable ministre du Travail
intervenir personnellement entre les deux parties, pour essayer de trouver la
solution...
M. LESAGE: A la demande des parties.
M. BELLEMARE: ...au problème. A la demande des parties, mais
même il intervient. Que le premier ministre ne dise pas qu'il
n'intervient pas. Il intervient.
M. LESAGE: Mais non...
M. BELLEMARE: Et, M. le Président,...
M. LESAGE: Il intervient comme conciliateur, non pas comme
négociateur.
M. BELLEMARE: ...s'il vous plaît...
M. LESAGE: Bien oui, c'est bien facile à comprendre.
M. BELLEMARE: ... le premier ministre est tenace dans ses idées,
mais il est surtout impertinent de ne pas me laisser exposer mon point de
vue.
M. COURNOYER: Bien oui! mais vous aussi vous êtes tenace!
M. LESAGE: Allez-y! C'est la troisième fois que vous
l'exposez.
M. BELLEMARE: Bien j'y tiens, moi aussi. M. COURNOYER: Vous, vous
êtes toqué!
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, je termine cette...
M. LESAGE: Digression.
M. BELLEMARE: ...digression?... Non, mais je suis sûr que le
ministre du Travail aurait là un champ d'action extraordinaire et puis
qui serait...
Dans une province, un ministre, qui est ministre des Travaux publics, a
les attributions que lui donne son ministère. Dans le ministère
de la Voirie, au Secrétariat de la province, dans le ministère de
l'Education, il y a des domaines, même dans le ministère de
l'Education, qui dépassent même l'éducation, même
l'instruction, qui sont confiés au ministère de l'Education.
Alors je dis que là j'y verrais plutôt un changement de poste.
M. LESAGE: Juste un mot.
C'est exactement pour qu'il n'y ait pas de perte de prestige, pour le
ministre du travail, que la direction générale des relations de
travail, qui est chargée de négocier, se rapporte directement au
président de l'exécutif.
M. BELLEMARE: Mais je comprends difficilement pourquoi on lui met en
main ce code du travail.
M. LESAGE: Bien oui, mais c'est ça aussi, c'est justement parce
qu'il a en main le code du travail qu'il ne peut pas agir pour le patron.
M. BELLEMARE: Ah non! c'est très bien, dans quelques mois on
verra à ça. M. le Président, on a passé, durant mon
absence, les subventions...
M. LESAGE: Oui, si vous voulez y revenir. On avait passé cinq
aussi.
M. BELLEMARE: Oui, juste...
M. LESAGE: Je n'ai pas dit un mot
M. BELLEMARE: ... pour une question que vient de poser...
M. LESAGE: Certainement.
M. BELLEMARE: ... le chef de l'Opposition, c'est la subvention à
la Fédération des gardes paroissiales.
M. LESAGE: Moi, j'en ai donné une, mais est-ce que le
gouvernement n'en a pas donné une?
M. BELLEMARE: Oui, $1,500, depuis six ans, c'est la même. On
l'avait augmenté, en 1957, de $1,000 à $1,500...
M. LESAGE: Elle est à $1,500.
M. BELLEMARE: Actuellement, ils sont 6,000...
M. LESAGE: Elle n'est pas à $1,500?
M. BELLEMARE: Elle est à $1,500. Le premier ministre m'avait dit
en 1962: « Le député de Champlain a raison, je vais lui
faire plaisir, on va remonter ça. » En 1963, le premier ministre a
dit « Je l'ai oublié. »
M. LESAGE: Je n'y ai pas repensé.
M. BELLEMARE: En 1964, le premier ministre a dit: « Bien,
ça doit être fait. » Là, en 1965, je suis revenu
à la charge et il a dit: « C'est certain que c'est
réglé. » En 1966, je reviens pour demander, si
c'était possible, à cause...
M. LESAGE: Ce n'est pas en 1957 que ç'a été
monté de $1,000 à $1,500, c'est tout récemment, à
la suite de l'intervention du député...
M. BELLEMARE: Non, non. De $1,000 à $1,500, c'est de notre
temps.
M. LESAGE: En tous cas...
M. BELLEMARE: Oui, oui, qu'importe, s'il y avait possibilité de
leur donner une augmentation, le lieutenant-colonel en serait très
heureux.
UNE VOIX: C'est du patronage.
M. LESAGE: Alors, nous en étions aux réceptions, j'avais
déjà donné certaines réponses à l'article
10.
M. BELLEMARE: Je n'ai rien, moi, là. M. LESAGE: Bon, bien alors
adopté. M. LE PRESIDENT: Article 10, adopté.
M. LESAGE: Article 11, les honoraires, eh bien! on a eu une discussion
assez longue au cours du débat sur l'Adresse en réponse au
discours du Trône. Est-ce qu'on va recommencer?
M. BELLEMARE: Il y a là une augmentation de...
M. LESAGE: Bien, on sait la raison, je l'ai donnée au cours du
débat.
M. BELLEMARE: ... $15,000. Au comité l'autre jour...
M. LESAGE: Au lieu d'avoir seulement M. Pigeon, j'ai maintenant M.
Pigeon et M. Pratte.
M. BELLEMARE: Seulement dans les honoraires juridiques, il y a un
article qui m'a surpris extraordinairement, M. le Président Vous me
permettrez peut-être d'attirer l'attention du premier ministre à
la page 219, il y a: honoraires à l'archevêché de
Québec $6,000...
M. LESAGE: C'est bien possible.
M. BELLEMARE: ... et j'ai trouvé ça drôle; j'ai dit
comment peut-il se faire qu'il y ait des honoraires pour
l'archevêché de Québec pour $6,000? A la page 219,
honoraires à l'archevêché de Québec pour $6,000.
M. JOHNSON: Est-ce que ce n'est pas l'étude de la refonte...
M. BERTRAND: Ah! la Loi des fabriques.
M. LESAGE: Non, non, ce ne sont pas des honoraires.
M. BELLEMARE: C'est marqué honoraires et frais juridiques et
autres dépenses, $6,000.
M. LESAGE: Autres dépenses! C'est lorsque Son Eminence le
Cardinal Roy a reçu le chapeau cardinalice, ç'a été
le cadeau de la province, ses habits sacerdotaux...
M. BELLEMARE: Quand il a...
M. LESAGE: ... $6,000. Nous avons acheté ses habits
sacerdotaux.
M. BELLEMARE: Bien oui, mais ça, ce sont les comptes publics de
1964, il n'était pas nommé cardinal, bien non!
M. LESAGE: Bien sûr. C'est là qu'est le $6,000.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas ça.
M. LESAGE: Il n'y a pas autre chose.
M. BELLEMARE: Ah non! ce n'est pas ça.
M. LESAGE: Bien! je ne me souviens pas d'autre chose.
M. BELLEMARE: Cela, ce sont les comptes publics...
M. LESAGE: ... 1964/65, c'est ça.
M. BELLEMARE: Bien oui, mais il n'était pas nommé.
M. COURNOYER: Cela fait deux ans au moins qu'il est nommé.
M. LESAGE: Je sais que le cadeau de la province ç'a
été publié dans le temps était les
habits...
M. BELLEMARE: Pourquoi a-t-on mis ça dans honoraires?
M. LESAGE: ... sacerdotaux de Son Eminence et puis que ça
coûtait $6,000; puis ç'a été chargé à
cet article « Autres dépenses ».
M. BELLEMARE: Très bien, dès que c'est ça, je n'ai
plus rien à dire...
M. LESAGE: Parce qu'il n'y a pas d'autres $6,000 qui ont
été payés à l'archevêché.
M. BELLEMARE: C'est ça que je voulais savoir.
M. LESAGE: Evidemment, le gouvernement ne pouvait pas acheter
lui-même les ornements sacerdotaux. Alors, je me suis informé du
coût et puis on m'a donné le coût et j'ai versé le
montant.
M. BELLEMARE: M. le Président, dans cet article-là, il y a
d'autres dépenses...
M. LESAGE: Bien, c'en est.
M. BELLEMARE: Non, non, il y a eu de dépensé moins que
prévu, $17,000...
M. LESAGE: Cela arrive, bien oui.
M. BELLEMARE: Non, non. Un instant Il y a eu de dépensé en
moins $17,000...
M. LESAGE: Oui, cela veut dire que ça « ménage
».
M. BELLEMARE: ... et cette année, il y avait, à cet
article-là, $75,000, il y en a eu $57,000 de dépensés.
Cette année, on demande un crédit de $90,000.
M. LESAGE: On a ajouté $40,000 par le budget
supplémentaire No 3. Cela faisait $115,000.
M. BELLEMARE: Non, non, je prends dans les comptes publics ici. Dans les
comptes publics, il paraît $75,000.
M. LESAGE: Oui, pour 1964/65.
M. BELLEMARE: Non, pour 1965/66.
M. LESAGE: En 1965/66, c'est là que Me Pratte est entré en
service et lorsque nous avons discuté le budget supplémentaire No
3, il y a quinze jours, trois semaines, j'ai demandé $40,000 de plus que
$75,000 et j'ai donné l'explication à ce moment-là. Cela
faisait $115,000 et la demande est pour $90,000. Je ne suis pas sûr que
nous en ayons assez, mais le montant de $90,000 avait été
fixé évidemment, au moment où, comme tout le monde, mon
chef de cabinet, qui est le sous-ministre de l'Exécutif, M. LaRue,
s'était basé sur les années antérieures, avait
évalué à $90,000 mais c'était le 15 octobre. Parce
que les budgets doivent être remis à l'officier en charge des
budgets, M. Langlois, le sous-ministre adjoint des Finances, le 15 octobre de
chaque année pour le 1er avril suivant. Alors, il est probable qu'il me
faudra un budget supplémentaire. Je n'aurai pas assez de $90,000.
M. BELLEMARE: Alors, c'est pour les deux personnes.
M. LESAGE : Oui, pour les deux, et d'autres honoraires, la traduction,
il y a un déboursé pour une étude sur un litige avec
Québec-Téléphone à Réal Therrien et
Associés, $5,800. Il y en a plusieurs. Il y a des frais de recherches,
$100, la traduction, dans les divers, il y a un cadeau à Leurs
Majestés impériales le shah d'Iran et l'impératrice Farah
Diba. Il y a par exemple des frais d'enregistrement, des frais de traduction.
Il n'y a pas seulement les honoraires des deux procureurs.
M. BELLEMARE: Le premier ministre sait que dans les comptes publics de
1964-65, il y paraît pour toute autre dépense, $2,400. Ce serait
pour toute autre dépense dans les frais honoraires, $2,400. Alors, les
comptes publics de cette année que nous n'avons pas, donneront
peut-être un autre montant de $5,000 ou $6,000 pour toute autre
dépense.
M. LESAGE: C'est pour les dépenses en bas de $5,000. Il n'y en a
pas beaucoup.
M. BELLEMARE: Je voudrais comprendre une chose; c'est vrai que le
premier ministre nous a dit que c'était $30 l'heure. Ces
personnes-là travaillaient au moins 10 heures par jour, six jours par
semaine.
M. LESAGE : Non! M. Pigeon à cause de la situation dans laquelle
il a été à la suite de sa maladie récemment, ne
travaille pas dix heures par jour et ne travaille pas six jours par
semaine.
M. BELLEMARE: M. Pratte?
M. LESAGE: M. Pratte travaille dix heures par jour et sept jours par
semaine, comme il le faut, au moins. Prenez la nuit dernière, il a dormi
deux heures et demie. Il a dormi deux heures et demie la nuit dernière
et il n'a pas mangé. Il était pris aux négociations et il
va être pris comme cela à travailler jour et nuit.
M. BELLEMARE: Oui c'est bien, mais il va être payé par la
direction générale des relations du travail.
M. LESAGE: Non, il va être payé à honoraires de $30
l'heure. Où cela va être pris? Je ne le sais pas, moi.
M. BELLEMARE: Il va gagner beaucoup plus que le premier ministre.
M. LESAGE: C'est mon comptable qui va s'en occuper.
M. BELLEMARE: Non, mais il va gagner beaucoup plus que le premier
ministre. Le premier ministre a des responsabilités extraordinaires.
C'est un homme qui travaille. Il se lève de bonne heure le matin; il va
à la messe.
M. LESAGE: Je ne suis pas le seul premier ministre qui a des gens qui
travaillent pour lui et qui sont payés plus que lui. Le président
du CNR est payé plus que le premier ministre du Canada.
M. COURNOYER: Mickey Mantle est payé plus cher.
M. BELLEMARE: Non, mais si le premier ministre me dit qu'il travaille
six jours par semaine...
M. LESAGE: Il y a des joueurs de baseball qui sont payés plus
cher que moi. Il y a des joueurs de hockey qui gagnent le même salaire
que moi.
M. JOHNSON: Ils encaissent de pires coups.
M. BERTRAND: Il n'est pas frappé aussi bas en tout cas.
M. LESAGE: J'admets cela, les coups de l'Opposition ne sont pas
très...
M. JOHNSON: Cela ne défigure pas le premier ministre.
M. BELLEMARE: Le premier ministre a-t-il un record de points? A-t-il son
cinquantième but pour cette session?
M. LESAGE: Ce n'est pas moi qui tient les minutes de la Chambre. C'est
le député de Champlain. Et quand j'emploie le mot « minute
», je l'emploie à double sens.
M. BELLEMARE: Oui, je comprends. Les « minutes » oui. Mais
je vais peut-être écrire un petit volume.
M. LESAGE: Un volume.
M. BELLEMARE: ... Il y a des choses intéressantes. Un livre
blanc. « Le vrai visage de la Chambre ».
M. LESAGE: Etez-vous sûr qu'il va être blanc?
M. BELLEMARE: Bien oui. Mais $30 l'heure, 10 heures: $300...
M. LESAGE: Il ne sera peut-être pas virginal, même s'il est
blanc.
M. BELLEMARE: ... six jours, $1,800; 44 semaines, $79,000.
M. LESAGE: Bien oui, il ne travaille pas constamment pour la
province.
M. BELLEMARE: Non, non, mais 44 semaines, je lui en donne huit de
vacances.
M. LESAGE: Bien oui, il ne travaille pas constamment pour la province,
il a son bureau d'avocat.
M. BELLEMARE: Oui, puis $1,800 par semaine, en 44 semaines: $79,000.
C'est beaucoup plus que le premier ministre.
M. LESAGE Il a des dépenses de bureau à son bureau
d'avocat.
M. BELLEMARE: Non, ce n'est pas ça, je dis seulement qu'ici, pour
la province...
M. LESAGE: Il ne nous charge pas les frais de sa secrétaire. Dans
le $30 l'heure est compris le salaire de sa secrétaire.
M. BELLEMARE: Le premier ministre me dirait-il si un avocat à
l'Hydro, gagne autant que ça?
M. LESAGE: A l'Hydro, ah oui! Il y a des gens qui ont travaillé
pour l'Hydro qui ont eu plus que $30 l'heure.
M. BELLEMARE: Je demande au premier ministre s'il y a aujourd'hui un
avocat à l'Hydro qui gagne autant que ça, $80,000.
M. LESAGE: Bien non, non, M. Lessard a $35,000.
M. BELLEMARE: Non, mais comme avocat? Comme conseil? Voici une
entreprise qui est...
M. LESAGE: Bien si vous prenez sur une base annuelle...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: ... les honoraires de certains avocats-conseil, qui
travaillent de temps à autre pour l'Hydro, la base annuelle serait
nécessairement plus élevée que $35,000 par
année.
M. BELLEMARE: Oui, mais c'est $80,000 qu'on parle pour un homme.
M. LESAGE: Bien oui, sur une base horaire, $30 l'heure pour un avocat,
et j'incite le député de Champlain à s'en informer aux
membres du Barreau, à Montréal, c'est un prix très
raisonnable. Il y a de très nombreux avocats qui vont charger $50, $75
et même $100 l'heure, à Montréal. Et j'invite le
député de Champlain à s'enquérir. A $30 l'heure, un
avocat ne charge pas cher, d'après les standards d'aujourd'hui, surtout
des hommes de la compétence de M. Pratte et de M. Pigeon. C'est loin
d'être cher, nous considérons que c'est un prix de faveur. Qu'on
aille s'informer à Montréal et on verra que des avocats chargent
jusqu'à $100 l'heure.
M. BELLEMARE: Ecoutez, ce qui n'est pas bon, M. le Président,
c'est quand on dit que c'est une faveur qu'on leur fait pour $80,000 par
année.
M. LESAGE: Je ne dis pas que c'est une faveur que nous leur faisons, je
dis que $30 l'heure est un prix qui, au Barreau, pour un avocat
compétent...
M. BELLEMARE; $80,000 par année ce n'est pas bon. Dans l'opinion
publique, ce n'est pas bon.
M. LESAGE: ... est un bas prix.
M. BELLEMARE: Oui, je ne voudrais pas passer pour un homme qui n'aime
pas les avocats; au contraire, je les envie bien des fois, mais je dis que les
gens...
M. LESAGE: Je pense que le député de Champlain devrait
s'informer à ses deux voisins.
M. BELLEMARE: Alors M. le Président, que le premier ministre
avait dit, l'année passée, au député de St-Jacques
qui le questionnait, le 5 juillet 1965, sur les crédits du Conseil
exécutif, qu'il y avait une amélioration à faire à
la traduction. Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire aujourd'hui si
le système de la traduction, si au bureau des traducteurs, il y a eu
amélioration quant à l'efficacité et au nombre de
traducteurs?
M. LESAGE: Mon chef de cabinet, M. LaRue, me dit que, dans le rapport
déposé hier par le Secrétaire de la province, on donne
tous les progrès qui ont été faits à ce service, au
Secrétariat de la province.
M. BELLEMARE: Cela relève du Secrétaire de la province et
non pas de l'Exécutif?
M. LESAGE: Cela relève du Secrétaire de la province et non
de l'exécutif.
M. BELLEMARE: Cela ne relève pas de la législature non
plus?
M. LESAGE: Il y en a ici oui.
M. BELLEMARE: Je parle d'ici là.
M. LESAGE: Ici, bien c'est le président de la Chambre.
M. BELLEMARE: Oui. Bon, il en avait été question le 5
juillet au sujet du comité exécutif. On avait demandé au
premier ministre à ce moment-là, parce qu'il y avait un retard
considérable dans la préparation des lois...
M. LESAGE: Bien oui, oui, mais j'avais parlé des traducteurs de
l'exécutif.
M. BELLEMARE: Il y en a aussi à l'exécutif?
M. LESAGE: Non, des traducteurs, excusez-moi, qui travaillaient à
la législation...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: ... et j'avais répondu, comme je réponds
souvent à des questions qui ne relèvent pas de mes
crédits.
M. BELLEMARE: Non, non, non, je comprends ça. Mais actuellement
est-ce que le premier ministre est satisfait de la manière que...
M. LESAGE: Oui, cette année, ça va beaucoup mieux,
d'autant plus que c'est beaucoup plus facile, parce que nous n'avons pas
donné de délai pour les bills privés, ça fait une
grosse différence.
M. BELLEMARE: Ah oui! d'accord. Mais le nombre a été
augmenté, puis la qualité.
M. LESAGE: Il y a eu un concours de la Commission du service civil, puis
il y a eu des nomination de faites.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Une minute!
M. LE PRESIDENT: Poste 11, adopté.
M. LESAGE: Alors nous revenons au poste 3.
M. BELLEMARE: Il y a le poste 12 aussi: Achats.
M. LESAGE: Y a-t-il un poste 12?
M. BELLEMARE: Oui, poste 12 de l'autre côté de la page.
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Achat, construction et transformation d'immeubles.
M. LESAGE: Un instant. Cela va avec la Commission
d'aménagement.
M. BELLEMARE: Oui, je vois le...
M. LESAGE: C'est le poste 7. On traitera le poste 11 en même temps
que le 12, si vous voulez.
M. BELLEMARE: Aucune objection.
M. LESAGE: Le poste 12 en même temps que le 7. Quand nous
étudierons le poste 7 nous irons au poste 12 immédiatement.
M. BELLEMARE: D'accord!
M. LESAGE: Et je ferai entrer, à ce moment-là, le
président de la Commission d'aménagement et le
secrétaire.
M. BELLEMARE: Mais à ce moment-là, on pourrait
peut-être aussi avoir des détails concernant certaines
expropriations. Je voudrais demander au premier ministre la liste des...
M. LESAGE: Oui, oui. Justement. Bien ils doi- vent l'avoir.
M. BELLEMARE: Parce qu'il existe dans le...
M. LESAGE: Je suppose qu'ils l'ont. Bien je ne le sais pas, moi. Je n'en
connais pas de listes, moi.
M. BELLEMARE: C'est parce qu'en vertu des comptes publics, il y a
des...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Cela doit être sûrement des expropriations qui
paraissent à la page...
M. LESAGE: Oui, il y a eu des expropriations, il n'y a pas de doute.
M. BELLEMARE: ... 217 et à la page 220.
Il y a là toute une...
M. LESAGE: Oui, M. Gignac me dit que nous avons la liste.
M. BELLEMARE: D'accord! Très bien. Adopté pour moi.
Adopté.
M. LESAGE: Et nous revenons maintenant aux achats. Quant à moi,
c'est fini.
M. BELLEMARE: Ah non, non!
M. LESAGE: Non! Mais je dis quant à moi.
M. BELLEMARE: Oui, très bien! Nous parlions l'autre jour, M. le
Président, de la manière...
M. LESAGE: Moi, j'avais fini de parler. Quand nous avons terminé,
l'autre jour, il y en a un qui me reprochait de...
M. BELLEMARE: Ah non, non!
M. LESAGE: ... ne pas demander de soumissions, l'autre me reprochait
d'en demander. Je ne savais plus à quoi m'en tenir alors j'ai
décidé de ne plus répondre.
M. BELLEMARE: M. le Président, à l'ordre! On ne va pas
recommencer. On est objectif, je pense...
M. LESAGE: Oui, oui. Mais je ne savais plus quoi répondre l'autre
jour. Si je disais blanc, on me disant que je devais faire noir et si je disais
noir on disait que je devais faire blanc. Alors je me suis assis.
M. BELLEMARE: Non, non! on était à: Spoumissions par
téléphone.
M. LESAGE: Oui. Il y a des règlements.
M. BELLEMARE: Ah oui. C'est tellement réglementé qu'on dit
même à la suite d'une demande de soumission faite par
téléphone: Voulez-vous me confirmer maintenant par
écrit...
M. LESAGE: Par écrit.
M. BELLEMARE: ...sur une formule.
M. LESAGE: Exactement. Je vous l'ai envoyée.
M. BELLEMARE: Oui, je l'ai. Seulement, M. le Président, vous
n'étiez peut-être pas dans cette Chambre quand certains honorables
amis de l'autre côté nous reprochaient amèrement, au
Service des achats, de demander des soumissions par téléphone.
Ah! C 'était effrayant! Imaginez-vous donc, M. le Président!
C'était terrible! L'Union nationale demandait par
téléphone des soumissions en circuit fermé! Et
après six ans d'une administration assez laborieuse, on retrouve dans le
chapitre, assez bien fait, de l'assainissement des finances
publiques du programme libéral, des choses
intéressantes.
UNE VOIX: Vous avez encore ça, vous!
M. BELLEMARE: Oui! Etablissement d'un contrôle très
sévère sur toutes les dépenses publiques afin de faire
disparaître le népotisme, le favoritisme, le gaspillage.
M. LESAGE: C'est très bien, ça!
M. BELLEMARE: Soumissions publiques! Pas par téléphone! Ah
ça, c'était criminel. On ne devait pas. On a passé des
arrêtés ministériels pour dire: « Par soumissions
partoutl Mais jusqu'à $5,000, par exemple, c'est par
téléphone en circuit fermé,
M. COURNOYER: Jusqu'à quel montant?
M. BELLEMARE: C'est tellement vrai, M. le Président, que le
Service des achats...
M. LESAGE: Elle est bonne celle-là! Il y a un
député derrière moi qui demande si le député
de Champlain voudrait que ce soit en circuit télévisé?
M. BELLEMARE: Non, non! En circuit commandé plutôt!
M. COURNOYER: Mais pour quel montant?
M. BELLEMARE: M. le Président, voici quelque chose de très
important. Le premier ministre, l'autre jour, dans sa déclaration
à la suite des renseignements qu'il a obtenus auprès du directeur
général du Service des achats...
M. LESAGE: Non, par téléphone jusqu'à $900, $1,000,
$100? Au-dessus de $100, c'est par écrit. On ne procède par
téléphone que pour les petits achats.
M. BELLEMARE: Les balais et les pelles.
M. LESAGE: Ou alors une couple de balais, une demi-douzaine de balais,
comme le CPR achète.
M. BELLEMARE: Une couple de boîtes de cure-dents. Mais le premier
ministre a dit l'autre jour, en Chambre, il a dit: « Vous savez...
M. LESAGE: Non, non, j'ai dit: Demandes de soumissions publiques
à partir de$5,000.
M. BELLEMARE: Oui, d'accord. Une minute!
M. LESAGE: Mais en bas de $5,000, demandes de soumissions en circuit
fermé.
Pour les petites commandes, on procède par urgence, on
procède par téléphone. Evidemment, si on a une
demi-douzaine de balais à acheter, on n'est pas pour dépenser
$250, d'annonces de journaux.
M. BELLEMARE: Le premier ministre pourrait peut être, dans ce
cas-là, poser les questions et puis donner les réponses
lui-même.
M. LESAGE: C'est ce que je suis en train de faire.
M. BELLEMARE: C'est aussi bien. Je n'aurais pas, besoin d'y
être.
M. LESAGE: Cela irait bien plus vite.
M. BELLEMARE: M. le Président, le premier ministre a dit,
après informations prises auprès du directeur du Service des
achats; En bas de $5,000, ça représente 10% du budget de $100
millions.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Bon, $100 millions, 10% cela fait $10 millions qui sont
fait sans soumission...
M. LESAGE: Bien non, avec demandes de soumission.
M. BELLEMARE: Un instant, je n'ai pas fini! En circuit fermé,
bon! Je n'ai pas le temps de finir mes phrases. Il y a toujours une... C'est
antiparlementaire! En circuit fermé, $10 millions de demandes de prix
qui sont faites en circuit fermé. Je répète l'argument que
j'ai employé l'autre jour; dans notre région, c'est un
drôle de hasard, ce sont toujours les mêmes. Cela arrive de
même qu'est-ce que vous voulez? Ce sont toujours les mêmes qui ont
toujours les mêmes contrats...
M. COITEUX (Duplessis): Est-ce que ce sont des bleus?
M. BELLEMARE: ... en bas de $5,000. Et c'est drôle qu'ils sont
presque tous de la fédération libérale. La grande FLQ,
ça, c'est quasiment une médaille qu'il faut porter.
M. COURNOYER: Ils sont habitués à la misère, les
libéraux.
M. COITEUX (Duplessis): Est-ce que ce sont de vos amis?
M. BELLEMARE: Non, ce sont de bien braves gens, je n'ai pas d'ennemis,
moi, j'ai des adversaires politiques, mais je n'ai pas d'ennemis. Je n'en veux
pas non plus. Je ne tiens pas à en créer. Ils viennent me le
dire, je suis bien content. Seulement, pourquoi ne pas pratiquer ce qu'on a
prêché? On a reproché à un gouvernement justement ce
que vous faites. Ce n'est pas bon. On a dit: C'est de la discrétion. Pas
bon! On a dit: C'est du patronage, ça n'existe plus dans la province
ça, le patronage. Pas vrai! Ça n'existe plus, il n'y en a plus de
ça?
M. LESAGE: C'est vrai.
M. BELLEMARE: Il n'y en a jamais eu. Vous avez institutionalisé,
diacre sous diacre, vous autres? C'est fantastique, mon cher monsieur. Venez
voir ça dans mon comté. Il y a le chef, le sous-chef, l'assistant
sous-chef, puis après ça il y a le petit chef, puis il y a le
petit bourreau. Cela a 5 degrés. Je les connais, moi, je les vois faire.
Quand ils viennent dans le Parlement, ici, avec des délégations,
on passe près, puis ça sent le patronage à plein nez.
Où allez-vous? Ah! on s'en va par là. Vous savez bien, je le sais
bien où ils vont, puis je sais bien ce qu'ils vont faire. Le patronage
ça n'existe pas. Venez donc pas nous dire ça à des grands
garçons comme nous autres. On le voit faire. Mais seulement il faut
toujours au moins être raisonnable, hein! Vous avez prêché
une doctrine, vous avez écrit dans un programme politique qu'il fallait
détruire ces tentacules du patronage, nous en sommes.
C'est le chef de l'Opposition, c'est le député de
Missisquoi, c'est le député de Trois-Rivières, c'est le
député de Champlain, qui ont répété: C'est
bien que ça disparaisse, que la province administre avec des bases, sur
des subventions statutaires, avec des demandes de soumissions publiques, nous
en sommes. Le pagronage, c'est une bête, c'est une pieuvre à sept
têtes et c'est mauvais. Qu'on apporte sur l'administration publique, plus
que jamais, un système d'affaires, un véritable système
d'affaires, nous en sommes. Mais qu'on ne fasse pas, comme les pharisiens: se
poudrer, sembler avoir jeûné pendant quarante jours, hein! passer
pour des sépulcres blanchis, puis des gens qui passent... Les
pharisiens, ils se frottaient les mains. Notre-Seigneur disait: « Ne
faites pas ce qu'ils font, mais faites ce qu'ils vous prêchent. »
Ah oui! mais ne vous poudrez pas pour rien, en disant il n'y a pas de
patronage. On vous voit. On les voit faire les députés qui font
du patronage, c'est à la journée.
Il faudrait que, dans la province, même l'achat de $100, soit
contrôlé puis donné « at large ». Dans notre
région, dans toute la Mauricie, on les reconnaît les gens qui ont
les commandes. Je ne suis pas contre ceux qui en ont, au contraire; mais quand
dans la même spécialité, quand dans le même domaine
du commerce, quand ils payent eux aussi les mêmes taxes, pourquoi ne pas
avoir l'avantage, eux-aussi, de bénéficier, dans un circuit
fermé, d'une demande de soumissions publiques?
M. MAHEUX: Dites-nous comment ça marchait, dans votre temps.
M. BELLEMARE: Nous avons été battus parce que vous avez
fait ce qu'on nous reprochait d'avoir fait.
M. MAHEUX: Vous admettez comme ça qu'il y avait du patronage dans
votre temps.
M. BELLEMARE: J'admets, M. le Président, je n'admets rien, je dis
par exemple que j'en ai plein les yeux à tous les jours, d'une doctrine
que vous avez prêchée et que vous ne pratiquez pas. Vous
êtes des non pratiquants, des non croyants. M. le Président, bref,
sans chicane, ne faites donc pas ça, c'est pas beau.
M. LESAGE: Non, c'est bien.
M. BELLEMARE: M. le Président, conformément à votre
programme...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: ... à ce que vous avez prêché...
M. LESAGE: Bon.
M. BELLEMARE: ... et puis on prouvera en certaines circonstances aux
comptes publics, avec des documents, dans les demandes de soumissions
publiques, même pour jusqu'à un million il y a eu...
M. LESAGE: Quoi?
M. BELLEMARE: ... des choses difficiles à comprendre.
M. LESAGE: Je pourrais les expliquer.
M. BELLEMARE: Non, vous ne m'aurez pas aujourd'hui.
M. LESAGE: Non, non, mais si vous me demandez de les expliquer, je peux
vous les expliquer.
M. BELLEMARE: Attendons. Là, ce n'est pas ça, c'est
l'exécutif,
M. LESAGE: Non, mais demandez-moi tout ce que vous voudrez.
M. BELLEMARE: Ah oui.
M. LESAGE: Je suis prêt à vous donner toutes les
explications dont vous avez besoin, si vous me le demandez.
M. BELLEMARE: Attendons.
M. LESAGE: Cela pourra vous libérer l'esprit de tous les doutes
qui vous empêchent de dormir.
M. BELLEMARE: M. le Président, le premier ministre veut
m'accorder n'importe quoi aujourd'hui.
M. LESAGE: Toutes les explications que vous voudrez.
M. BELLEMARE: Qu'il mette donc un terme à ça, aux
patroneux, là.
M. LESAGE: Et je vais vous prouver que c'est fait.
M. BELLEMARE: Non, non, vos députés ne peuvent pas, qu'ils
se lèvent donc en Chambre, les députés qui n'ont jamais
fait de patronage, qu'ils se lèvent donc ceux qui ne sont jamais
allés voir les ministres, qui ne sont jamais allés nulle part
dans les ministères pour faire du patronage.
M. LESAGE: M. le Président, savez-vous que comme avocat, il
vaudrait $100 l'heure comme il faut?
M. BELLEMARE: M. le Président, il n'y en a pas un seul qui n'est
pas coupable, un seul, ils sont tous entachés de patronage, tous.
M. MAHEUX: M. le Président, le bras droit de celui qui m'a
précédé ici représentant du comté de
Mégantic est un marchand de fer, qui avait tout, qui vendait tout, et
aujourd'hui, il apparaît qu'il a eu cet été encore des
commandes du bureau des achats.
M. BELLEMARE: Cela prouve que vous faites du patronage pareil. Cela
prouve que vous en faites.
M. MAHEUX: Cela prouve que ses prix ont été
acceptés.
M. BELLEMARE: Laissez donc faire ça par les autorités, par
ceux qui sont nommés, qui ont l'administration, comment savez-vous
ça, vous?
M. MAHEUX: Vous avez peur que je vous mette la vérité dans
la face.
M. BELLEMARE: Vous avez été sentir s'il en avait ou s'il
n'en avait pas? Ce n'est pas votre devoir de faire ça. Votre devoir, le
premier ministre vous l'a dit, c'est d'être un législateur, pas un
patroneux.
M. MAHEUX: Sachez, mon cher monsieur, que dans le comté de
Mégantic, ils sont traités également, même vos
anciens amis.
M. BELLEMARE: M. le Président, je dis et je répète,
sans faire d'esclandre, sans faire de chicane à personne, que ce n'est
pas bien, on ne devrait pas, M. le Président, prêcher une doctrine
et en pratiquer une autre. Le chef de l'Opposition l'a dit souvent, on
prêche la vertu et puis en catimini, là, on pratique le vice.
M. LESAGE: Ah, ça arrive, ça arrive à bien du
monde.
M. BELLEMARE: Ah bien ça.
M. LESAGE: Vous ne venez pas de rien inventer, vous savez: Je l'ai
entendu dire en chaire, bien souvent.
M. BELLEMARE: Ah oui, ça c'est vrai, c'est pour ça que
Notre Seigneur a fait une religion avec des confessionnaux.
M. LESAGE: On n'a pas besoin de confessionnaux!
M. BELLEMARE: Autrement, il n'y aurait pas de confessionnaux. Il n'y
aurait personne pour nous les pardonner nos péchés.
Alors, M. le Président, au service des achats,
Je voudrais que l'on soit assez large mais que ce ne soit pas les
députés qui aillent recommander plus un que l'autre. Il ya des
députés qui prennent un téléphone puis qui disent:
Avez-vous reçu une soumission de monsieur untel? Cela pourrait
peut-être se faire, ça se fait peut-être, les
députés qui prennent le téléphone: Avez-vous
reçu une soumission de monsieur untel? C'est un bon garçon, vous
savez. Est-elle plus basse? Est-elle plus haute? peut-être que ça
se fait, je ne suis pas sûr, mais tout d'un coup que ce serait vrai, tout
d'un coup qu'il y aurait des députés pour l'achat d'un petit
bateau, il aurait téléphoné, il aurait dit: Est-ce lui le
plus bas soumissionnaire? Je vais demander un petit bateau, oui, ah oui, eh
bien y a-t-il moyen d'arranger ça? Peut-être que ça s'est
fait, je ne sais pas,...
M. LESAGE: Il ne faudrait pas prendre un vote de popularité sur
M. Bussières, chez les députés libéraux.
M. BELLEMARE: Ah ça, je ne me laisse pas détourner de mes
suppositions, mais c'est peut-être arrivé des fois, certains
vendeurs qui étaient bien intéressés à vendre, qui
ont peut-être été voir leur député et puis
ils ont peut-être dit au député: Si vous donnez un petit
coup de pouce, peut-être je pourrai vendre un peu plus, pas beaucoup,
j'ai bien contribué moi, par mon dévouement puis par mes
activités a votre parti.
Vous l'avez, votre élection, vous avez de la chance de
m'avoir!
UNE VOIX: Vous la devez!
M. BELLEMARE: Oui, puis vous me la devez et puis vous allez en avoir une
autre prochainement. Voyez donc à cela!
M. COITEUX (Duplessis): Vous connaissez ça, vous!
M. BELLEMARE: Le député dit: Cela commence à
être dangereux. Il va le perdre celui-là. Il prend le
téléphone: Ecoutez donc. Peut-être que ça se
fait...
M. COITEUX (Duplessis): De la façon que vous décrivez
ça, vous connaissez ça, vous!
M. BELLEMARE: Mais, M. le Président, ce n'est pas bon. Je ne dis
pas que cela se fait, ou ne doit pas se faire, mais des fois, au cas où
ça arriverait. Oui, et cela se fait encore. Les soumissions qui sont
arrivées dans Charlevoix, un matin, étaient bien
organisées.
M. MAILLOUX: Que le député de Champlain trouve des
soumissions de Charlevoix qui n'ont pas été allouées au
plus bas soumissionnaire. Qu'il en trouve! Qu'il en trouve une!
M. BELLEMARE: On vous en trouvera.
M. MAILLOUX: Trouvez-en une! Cela fait trois ans que vous cherchez.
M. BELLEMARE: C'est un Warren qui va vous le prouver. Il va y avoir un
Warren qui va vous le prouver.
M. MAILLOUX: Cherchez-en!
M. BELLEMARE: M. le Président, pour redevenir sérieux, sur
l'affaire des achats on n'a pas le droit, je pense, de favoriser seulement dans
le commerce ceux qui professent une foi politique qui fait plaisir au
gouvernement. Dya des marchands dans la région de Trois-Rivières
et puis du Cap-de-la-Madeleine et de la Mauri-cie qui n'ont jamais reçu
une commande. Ce sont des marchands qui font affaires avec de grosses
responsabilités au point de vue financier, qui ont des commerces
intéressants, qui sont prospères et qui sont en affaires. Ils
sont en affaires pour tout le monde, ils sont même en affaires pour la
province et on devrait changer de temps en temps d'adresse.
M. LESAGE: Bon! M. le Président, seulement un mot parce que je
voudrais bien prouver par un exemple ou quelques exemples et par une
exposition, d'une nature plus générale, que ce que j'ai
prêché dans ce volume: « Lesage s'engage » a
été mis en pratique. J'ai ici devant moi une réquisition
du ministère des Travaux publics, division de Montréal, une
réquisition pour 300 gallons de peinture d'intérieur, fini mat,
couleur blanche, devis je ne sais pas quoi, signée par M. Léo
Lahaise, avec un certificat du comptable à l'effet que les
crédits sont disponibles et les initiales du sous-ministre adjoint, M.
Gagnon, des Travaux publics à Montréal.
M. BELLEMARE: Quel prix?
M. LESAGE: Il n'y a pas de prix, c'est la réquisition.
M. BELLEMARE: C'est la réquisition, merci.
M. LESAGE: La réquisition est envoyée... M. BELLEMARE:
C'est d'accord.
M. LESAGE: ... à M. Bussières. Alors, le service des
achats publie, il s'agit d'une affaire en bas de $5,000 et il fait des demandes
de prix en circuit fermé par lettre.
M. BELLEMARE: A trois personnes.
M. LESAGE: A quarante-quatre personnes.
DES VOIX: Ah!
M. LESAGE: Et je vais les nommer en disant si elles ont répondu
ou si elles n'ont pas répondu. La quincaillerie Lambert, Ltée,
6254, St-Hubert, Montréal, P.Q., n'a pas répondu; la
quincaillerie Loranger Ltée, 1337, Montréal-Est n'a pas
répondu; la quincaillerie Prévost, 1500 Est, rue Fleury,
Montréal, a fait une soumission; la quincaillerie A. Roberge enrg.,
2225, Chemin Chambly, Jacques-Cartier, Chambly, a présenté une
soumission; la quincaillerie Ste-Claire inc., 2319, rue desOrmeaux,
Montréal, n'a pas soumissionné; Guy Racine Ltée, 215,
Labelle, Chomedey, Montréal, n'a pas soumissionné; Riverside
Hardware Reg., 7584, Centrale, Ville LaSalle, Montréal, a
soumissionné; St-Lambert Hardware Co., 434, Victoria, St-Lambert,
Chambly, a soumissionné; Tremblay & Fils Ltée, 347, Est rue
St-Paul, Montréal, a soumissionné; F.-X. Valiquette, 1915
boulevard Laurentide, ville de Vimont, Laval, Montréal, a
soumissionné; les agences de Châteauguay Enrg., 94, rue de
Châteauguay, Longueil, n'a pas soumissionné; A. Filiatreault, 4385
Marquette, Montréal, n'a pas soumissionné; J.-E. Gauthier Cie
Ltée, 1280, Est, rue Ontario n'a pas soumissionné.
Henri Gougeon Enr., 4202 rue St-Jacques ouest, Montréal, n'a pas
soumissionné. Roland Hébert Lumber Inc., 9995 boulevard Pie IX,
Montréal-Nord, a soumissionné. Alex. L'Heureux & Fils
Ltée, 2339 Tillemont, Montréal, a soumissionné. Jean
Martin Inc., 4800, montée St-Charles Pierrefonds, Jacques-Cartier, n'a
pas soumissionné. Henri Miron, 27, 5e Avenue, Ville St-Pierre,
Montréal, a soumissionné. Model Electric Hardware Ltd., 2453,
Rockland Road, Ville Mont-Royal, a soumissionné. Notre-Dame Lumber Inc.,
2315 rue Cadillac, Montréal, a soumissionné. Outremont Hardware,
1224 Van Horn Avenue, Montréal 8, n'a pas soumissionné. Paquet
Limitée, 2773, Ontario est, Montréal, n'a pas
soumissionné. E. Préfontaine & Fils Ltée, 224 rue
Grant, Longueil, n'a pas soumissionné. Quincaillerie Alvo Ltée,
15 boulevard des Laurentides, Pont-Viau, a soumissionné. Quincaillerie
de la Plaza Enr., 550 St-Zotique est, Montréal, a soumissionné.
Quincaillerie André Dufour Enr., 2421 Lafontaine, Montréal, a
soumissionné. CE. Adam Enr., 1950 Laurier est, Montréal, a
soumissionné. Arbour Hardware, 170 avenue Centrale, Cote Ste-Catherine,
Montréal, n'a pas soumissionné. Atwater Hardware Compagny, 707
Atwater, Montréal, a soumissionné. Albert Bélanger, 195
rue St-Louis, a soumissionné. Alex. Bremner Ltd., 1155 avenue Ducharme,
Outremont, Montréal, a soumissionné. Centre de rénovation
Hébert Inc., 1418 Charlevoix, Montréal, a soumissionné.
W.L. Comeau Enr., 4585 est rue Ste-Catherine, n'a pas soumissionné. J.B.
D'Aoust Inc., 27 rue Ste-Anne, Ste-Anne-de-Bellevue, a soumissionné. La
Ferronnerie Voyer, 707 Bord-du-Lac, Dorval, comté de Jacques-Cartier, a
soumissionné. La Ferronnerie Brien, 275 boulevard Poirier ouest,
Jacques-Cartier, n'a pas soumissionné. La Ferronnerie Hudon, 227 rue
St-Zotique est, a soumissionné. B. & M. Fortin Inc., 3444 Ontario,
Montréal, n'a pas soumissionné. Gagné Hardware Stores, a/s
M. Lucien Gagné, 5200 rue Gatineau, Montréal 26, a
soumissionné. Durand Hardware Enr., 808 rue St-Jacques ouest, a
soumissionné. La Quincaillerie Beaulne Ltée, 2174 Mont-Royal est,
n'a pas soumissionné. La Quincaillerie Lambert Ltée, 6254 rue
St-Hubert, Montréal, n'a pas soumissionné. Building Materials
Corporation, 259 Jean-Talon ouest, n'a pas soumissionné. La
Coopérative fédérée de Québec, 1055 ouest
boulevard Crémazie, n'a pas soumissionné.
Alors 44 vendeurs à qui des soumissions ont été
demandées et dont 24 ont soumissionné. J'ai ici les soumissions.
Le plus bas soumissionnaire était la Quincaillerie Durand Ltée,
804 ouest rue St-Jacques, Montréal, qui a soumissionné pour la
somme de $906 avec un escompte de 2% si on payait dans les trente jours, ce qui
ramenait son prix à $887.88. Par conséquent, la Quincaillerie
Durand Ltée avait le prix le plus bas parmi les 24 soumissionnaires et
le contrat lui a été accordé. C'est ainsi que l'on
procède. C'est de cette façon-là et tout le monde peut se
faire mettre sur la liste. J'ai dit l'année dernière la
façon de procéder pour faire inscrire son nom sur la liste. C'est
facile, on n'a qu'à s'adresser au Service des achats et tout est
mécanographie, pour ceux qui vendent de la peinture dans telle
région, il y a un fichier.
Il y avait 44 noms, on a envoyé 44 demandes de soumissions.
N'importe quel député qui veut faire soumissionner, ou n'importe
quel citoyen qui veut soumissionner, pour vendre de la marchandise dont le
gouvernement a besoin dans la région n'a qu'à donner son nom et
il recevra éventuellement des demandes de soumissions, même
lorsqu'elles sont en circuit fermé. S'il
s'agit d'un achat de moins de $5,000 il s'agit ici un achat de
$900 on a demandé sur l'île de Montréal ou
immédiatement près de Montréal, sur l'île
Jésus ou au sud de Montréal. On a étendu à la
région de Montréal les demandes de soumissions et on a
demandé des soumissions à ceux dont les noms apparaissent, par
numéros, sur la liste mécanographiée. C'est aussi simple
que ça et c'est de cette façon que sont remplis les engagements
que j'avais pris.
On ne peut pas avoir un exemple plus frappant que celui que je viens de
donner. Je puis même aller jusqu'à dire, je répète
ce que j'ai dit l'an dernier: Les firmes, les individus qui veulent vendre au
gouvernement, doivent demander une copie du formulaire en français ou en
anglais qui s'intitule je l'ai envoyé hier au
député de Champlain « Rapport de votre genre de
commerce ». Et, sur réception du rapport, la classification est
faite de tous les objets que le vendeur en puissance offre en vente. C'est
contrôlé d'abord, c'est classifié ensuite, c'est
mécanographie, et nous avons ces feuilles qui ne sont que des
numéros, où on ne voit même pas de noms. C'est
mécanographie complètement. Alors, il n'est pas question de
choisir des noms. On procède par numéros. C'est
mécanographie.
Présentement, je termine et je veux être bref, la province
de Québec a des procédures d'achat qui se comparent favorablement
avec celles des entreprises privées et publiques les mieux
organisées. Le prestige de la province bénéficie de cette
administration rationnelle. Nous croyons qu'avec le système que nous
avons établi et, nous devons énormément à M.
Bussière et à ses collaborateurs pour avoir établi ce
système eh bien! avec ça, nous réussissons d'abord
à assainir la politique, et Dieu sait les efforts que j'ai faits, depuis
1960, dans ce but-là d'assainir la politique, deuxièmement, de
revaloriser la fonction publique, parce que les fonctionnaires ne se sentent
plus obligés d'obéir aux ordres d'un parti politique
représenté par un ministre, un député ou un
organisateur. Et enfin, il nous a été possible d'axer la vie
économique, parce que $100 millions d'achat, c'est un gros acheteur qui
achète pour $100 millions d'achat. Eh bien! il nous a été
possible d'axer la vie économique sur une gestion bien acceptable. J'ai
dit que 90% des demandes des achats se faisaient actuellement à la suite
de demandes de soumissions publiques annoncées dans les journaux, et
l'exemple que je viens de donner, c'est dans le 10% qui reste. Des demandes en
circuit fermé, 44 vendeurs.
Des gens qui ont envoyé leur nom et qui ont dit; Nous nous
vendons de la peinture, et le di- recteur des achats et ses fonctionnaires ont
vérifié si les messieurs vendaient bien de la peinture, ils
vendent de la peinture alors sous l'article peinture il y a des numéros
de code qui identifient chaque vendeur de peinture de la région de
Montréal et lorsque le ministère des Travaux publics a besoin de
peinture, il fait une réquisition comme je l'ai dit tout à
l'heure. On sort la liste, le code et on envoie des demandes de soumissions par
écrit à tous ceux dont les noms apparaissent sur la liste. Si je
disais, M. le Président, que je ne crois pas connaître une seule
des personnes que j'ai mentionnées tantôt moi-même, je ne
pense pas d'en connaître une seule...
M. BELLEMARE: On n'a pas d'objection.
M. LESAGE: ... je ne pense pas en connaître une seule des
quarante-quatre que j'ai nommées, je n'ai reconnu aucun nom de personnes
que je connais. Cela n'a rien à faire avec le parti politique au
pouvoir, c'est une méthode rationelle d'achat que nous avons
établie comme nous nous étions engagés à le
faire.
M. BELLEMARE: M. le Président, le premier ministre peut-il me
dire en demandant à son directeur des achats si ça se produit
là dans quarante-quatre fois, les soumissions sont demandées
quarante-quatre fois pour tous ces achats-là en bas de $1,000 ou si
c'est un cas d'exception?
M. LESAGE: Cela dépend de quoi on achète...
M. BELLEMARE: Non, non, dans combien de cas...
M. LESAGE: ... non, mais là c'était de la peinture.
M. BELLEMARE: ... y a-t-il eu quarante-quatre d'appelés une seule
fois?
M. LESAGE: Bien, ça dépend de ce qu'on vend. Si ce sont
des balais on demande ça à des vendeurs de balais.
M. BELLEMARE: Il y a eu cette fois-là peut-être...
M. LESAGE: Cela dépend du nombre de fournisseurs qui ont fait
application dans une ligne donnée.
M. BELLEMARE: Dans $10 millions d'achat,
je n'ai pas interrompu le premier ministre pas du tout.
M. LESAGE: Il m'a questionné, alors je réponds.
M. BELLEMARE: Oui, d'accord, je ne le questionne plus.
Sur $10 millions d'achat, M. le Président, il peut y avoir un
pourcentage bien minime où il y a quarante-quatre appelés, mais
il peut y en avoir un...
M. LESAGE: Bien il peut y en avoir quarante-deux.
M. BELLEMARE: Là je ne vous questionne pas, M. le
Président, je ne questionne pas le premier ministre.
M. LESAGE: Ah! bon.
M. BELLEMARE: Il peut y avoir sur $10 millions d'achat des cas
d'exception. D'ailleurs, on apprend ça dans la grammaire que les
exceptions ça prouve une règle, c'est sûr, en grammaire,
ça prouve une règle.
M. LESAGE: Pas ici.
M. BELLEMARE: Bon alors, il y a peut-être sur $10 millions d'achat
là un petit pourcentage où il y a eu quarante-quatre
d'appelés et le premier ministre se dépêche,
quarante-quatre, monsieur...
M. LESAGE: Non, non, c'est choisi au hasard.
M. BELLEMARE: Un instant, M. le Président, le premier ministre je
ne lui pose pas de question.
M. LESAGE: Tout de même.
M. BELLEMARE: ... et je dis que sur les 10% des $10 millions il y a
peut-être un pourcentage de peut-être 2%, 3% où il y a eu
des demandes de quarante-quatre ou de cinquante fournisseurs, mais je dis
encore que la plus grande partie du temps les demandes sont faites en circuit
fermé puis c'est le premier ministre lui-même, c'est
consigné au journal des Débats qui nous a dit: On appelle trois
ou quatre personnes. Cela, il ne peut pas le nier, c'est écrit, si
c'était appelé devant les tribunaux il faudrait dire que c'est
vrai, c'est là, alors que voulez-vous. Puis là, cet
après-midi, bien il a dit; Ecoutez, on va en apporter un exemple, il en
apporte un, très bien.
M. LESAGE: Est-ce que le député de Champlain serait
intéressé à ce que je lui prouve que, si ça avait
été dans le comté de Champlain, qu'on aurait eu besoin de
peinture, je peux lui dire à qui les soumissions auraient
été demandées tout de suite? Je peux vous le dire.
M. BELLEMARE: Oui, je n'ai pas d'objection.
M. LESAGE: Non, non, je vais vous le dire. D'abord je voudrais dire au
député de Champlain; On va parler de son comté là,
le numéro de code de son coté, il est chanceux, c'est 01,
numéro 1...
M. BELLEMARE: Oui, je pensais que c'était Q.
M. LESAGE: Non, non, le comté de Champlain, il a le code 01 1
premier...
M. BELLEMARE: Imaginez-vous, ça, ça me renverse, je vais
me présenter aux prochaines élections, je vais dire mes chers
électeurs; je représente 01...
M. LESAGE : Bien oui, c'est le code, c'est le code de
mécanographie...
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LESAGE: ... c'est le code de mécanographie, alors 1 c'est le
comté de Champlain.
M. BELLEMARE: Merci. 0. Cela c'est l'Opposition, ça doit
être ça.
M. LESAGE: Alors je vais donner, non, non, il y a cinq... non, non je
m'excuse.
M. BELLEMARE: Opposition, hein?
M. LESAGE: Non, le comté de Verchères c'est le
comté du président de la Chambre c'est 55.
M. BELLEMARE: Puis, en avant pas de 0 lui?
M. LESAGE: Le comté du vice-président de la Chambre
Québec-Comté c'est 93.
M. BELLEMARE: Il n'y a pas de 0 devant, c'est marqué.
M. LESAGE: Le comté de Maskinongé, le comté de mes
ancêtres, c'est 95., le comté de Chambly, leader du gouvernement
en Chambre, c'est le numéro 96.
M. BELLEMARE: Mais y a-t-il un « R » devant? « Rouge
» ou bien un « O » pour « Opposition »?
M. LESAGE: Non. Il n'y a absolument rien! Ah non, je peux envoyer la
feuille.
M. BELLEMARE: Qu'est-ce qui arrive, M. le Président?
M. LESAGE: Maintenant voici pour le comté de Champlain, si nous
avons besoin de peinture en bas de $5,000, nous allons envoyer...
M. BELLEMARE: Oui, pourquoi faire un cas particulier?
M. LESAGE: Bien non, mais c'est parce que...
M. BELLEMARE: Je vais être obligé de...
M. LESAGE: Mais non, M. le Président, on a dit: « Ce n'est
pas toujours 44 ». Je dis oui, c'est vrai. Si on avait besoin dans le
comté de Champlain de peinture ce serait...
M. BELLEMARE: Je vais vous dire mes couleurs!
M. LESAGE : Vous direz ce que vous voudrez, moi je ne connais pas la
couleur, je vais vous donner les noms. Je ne connais pas la couleur de ces
gens, je ne les connais pas ces gens-là que je vais nommer. Vous, vous
les connaissez, pardon, le député de Champlain les connaît,
moi je ne les connais pas.
M. BELLEMARE: Oui. Allons-y!
M. LESAGE: Bon! L-08790, cela c'est le numéro de code du
vendeur.
M. BELLEMARE: Qu'est-ce que ça me dit ça à moi?
Cela ne me dit rien!
M. LESAGE: Laganière, J. Maurice, CP-160,
Ste-Anne-de-la-Pérade, comté de Champlain.
M. BELLEMARE: Organisateur libéral!
M. LESAGE: Bon! M-1550, Massicotte, H & Frères
Limitée, 395, Boulevard Ste-Made- leine, Cap-de-la-Madeleine,
comté de Champlain.
M. BELLEMARE: Bord en bord!
M. LESAGE: M-33700, Morin & Frères Incorporé, 65, BouL
Ste-Madeleine, Cap-de-la-Madeleine, comté de Champlain.
DES VOIX: Ah, ah!
M. BELLEMARE: Je ne suis pas sûr!
M. LESAGE: Q-03940, Quincaillerie Albert Rochefort, 5 rue Bellerive,
Cap-de-la-Madeleine, comté de Champlain.
M. BELLEMARE: C'est vendu ça!
M. LESAGE: Je ne le sais pas. Je ne le connais pas.
M. BELLEMARE: C'est vendu à un autre ça.
M. LESAGE: Bon, alors! P-29531, Pronovost et Fils Limitée, 283,
de l'Eglise...
M. BELLEMARE: Bord en bord! DES VOIX: Bord en bord!
M. LESAGE:... St-Narcisse, comté de Champlain.
M. BELLEMARE: Cent six pour cent!
M. LESAGE: St-Narcisse, comté de Champlain.
M. BELLEMARE: Ah oui, 106%! M. LESAGE: Cinq. Il y a cinq noms.
M. BELLEMARE: On est bon! On en a la moitié d'un!
M. LESAGE: Vous en avez un? M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: Bon! Alors, si les demandes de soumissions en circuit
fermé étaient demandées pour la peinture dans le
comté de Champlain, les demandes de soumissions seraient
demandées à ces cinq là et si d'autres marchands de
peinture du comté de Champlain envoient la demande de se faire inscrire,
donnent la preuve qu'ils sont des vendeurs bona fide, eh
bien, leur nom sera ajouté et on leur donnera un numéro de
code et on leur demandera des demandes de soumissions, lorsqu'il y aura une
demande de soumission en circuit fermé.
M. BELLEMARE: M. Frigon, St-prosper, M...
M. LESAGE: Bien oui, mais vous avez seulement à les faire
ajouter.
M. BELLEMARE: ... A.J. Veillette à St-Narcisse, M. Henri-Paul
Thibaut, Notre-Dame-du-Cap-de-la-Madeleine.
M. LESAGE: Là c'est vous qui faites du patronage moi je donne des
listes...
M. BELLEMARE: M. Jean Martel...
M. LESAGE: Je donne des listes codifiées.
M. BELLEMARE: Non, non, mais je donne des noms de gros vendeurs
aussi.
M. LESAGE: Bien oui, mais envoyez-les!
M. BELLEMARE: Qu'est-ce qui arrive, M. le Président, quand la
demie de un pour cent de ces noms-là arrive au même prix qu'un
autre?
M. LESAGE: Quand il arrive au même prix? M. BELLEMARE: Quand la
demie...
M. LESAGE: Quand il y en a plusieurs qui arrivent au même
prix...
M. BELLEMARE: L'un à côté de l'autre!
M. LESAGE: Quand il y en a plusieurs qui arrivent au même
prix...
M. BELLEMARE: Vous tirez ausort!
M. LESAGE: Nous tirons au sort et puis c'est arrivé
dans un chapeau, ah oui, dans un chapeau...
M. BELLEMARE: Cela...
M. LESAGE: ... ou encore, je vais aller plus loin que cela...
M. BELLEMARE: Ah non, ah non, M. le Président,...
M. LESAGE: Est-ce que je puis continuer? M. BELLEMARE: Oui,
certainement!
M. LESAGE Il est arrivé des cas et plusieurs où nous
avions trois ou quatre plus bas soumissionnaires qui avaient le même prix
et nous n'avons pas accordé le contrat au plus bas soumissionnaire. Les
noms de ces soumissionnaires ont été révélés
au ministère de la Justice à Ottawa en demandant au
ministère de la Justice de faire des enquêtes en vertu de la loi
des coalitions. Et la soumission est allée au suivant.
M. BELLEMARE: Très bien! Mais ce n'est pas ça, ... M.
Hamel, l'ancien député de St-Maurice va vous renier. Après
ses professions de foi qu'il a faites ici dans le parlement quand il
disait...
M. LESAGE: Oui, mais enfin!
M. BELLEMARE: « A prix égal, je vais encourager les miens.
»
M. LESAGE: Non, non, je vous dis...
M. BELLEMARE: Cela s'est dit ici dans la Chambre...
M. LESAGE: Riez tant que vous voudrez, je sais qu'on a tiré les
noms...
M. BELLEMARE: « A prix égal je vais encourager les miens.
Cela fait assez longtemps que vous en avez... »
M. LESAGE: ... dans un chapeau.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs!
M. BELLEMARE: « Cela fait assez longtemps que vous en avez. A prix
égal on va encourager les nôtres. » Cela, c'était la
politique libérale.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE: La politique du ministre de...
M. LALONDE: Voyons!
M. BELLEMARE: Lorsqu'il était dans l'Opposition parlait contre
les octrois discrétionnaires. Celui qui vilipendait le gouvernement.
« A prix égal on va encourager les nôtres. »
M. LALONDE: Certainement!
M. BELLEMARE: Et là, on vient d'apprendre que c'est pile ou face.
Tiré à pile ou face. Même parmi les quatre, les cinq, les
six noms qui ont été nommés.
M. LALONDE: ... on va encourager l'Union nationale...
M. BELLEMARE: ...un demi de un pour cent.
M. LESAGE: C'est facile de demander des soumissions à 50
personnes. Ce n'est pas plus d'ouvrage que d'en demander à une.
D'accord. Nous avons l'adressograph, le code, absolument tout est
mécanisé, et on prend la feuille avec le code et automatiquement,
la demande de soumissions est envoyée à ceux qui, dans la
région, peuvent soumissionner.
M. BELLEMARE: M. le Président, le premier ministre était
bien heureux, cet après-midi, de nous apporter une enveloppe avec 44,
pour nous prouver que c'est de même que ça marche.
M. LESAGE: Non, non, je vous en ai donné un cas où il y en
aurait 5.
M. BELLEMARE: Je dis que ça représente...
M. LALONDE: Il est incrédule, il ne croit à rien.
M. BELLEMARE: ... ça représente un pour cent de $10
millions. Un pour cent. Puis quand ça arrive égal, pile ou
face.
M. LESAGE: Le directeur des achats vient de me faire une suggestion, il
ne peut pas parler en cette Chambre, il invite cordialement le
député de Champlain et tous les députés que cela
Intéresse...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: ... à se rendre au bureau demain à 4 heures,
alors que de nombreuses soumissions, dans plusieurs domaines, seront
ouvertes.
M. BELLEMARE: Vousimaginez-vous, si on va là, lorsqu'on
reviendra, comment serons-nous taxés? Hein?
M. LESAGE: Non, non!
M. BELLEMARE: On va être taxé de patroneux lorsqu'on
reviendra, vous avez vu ça les patroneux: Non, non on n'ira pas.
M. LESAGE: C'est le contraire, que le député de Champlain
aille, il est cordialement invité avec tous les députés de
la Chambre qui voudront y aller. Il y a une ouverture de soumissions à
onze heures demain matin, mais, comme la Chambre siège, j'ai dit: A
quand la suivante? Et M. Bussières me dit à 4 heures demain
après-midi. Nous ne siégeons pas demain après-midi. Quatre
heures, demain après-midi, et le député de Champlain est
cordialement invité.
M. BELLEMARE: Merci, je n'irai pas, je n'irai pas certain.
M. LESAGE: Les autres aussi.
M. BELLEMARE: M. le Président, est-ce que le premier ministre,
par votre intermédiaire, pourrait demander à son directeur des
achats s'il y a déjà des députés libéraux
qui ont assisté à l'ouverture des soumissions?
M. LESAGE: Non, pas à la connaissance des officiers.
M. COURCY: On fait confiance au directeur général des
achats.
M. BELLEMARE: Oui, monsieur!
M. LESAGE: Si le député de Champlain veut commencer le
système, je l'invite. Tous les jours, les fournisseurs y vont, vous
savez.
M. BELLEMARE: Je donnerai quelques noms au directeur des achats, si vous
me permettez, de gens qui, dans certains domaines, après avoir
écrit, après avoir rempli les formulaires, quatre, cinq, six,
sept fois, n'ont jamais été demandés.
M. LESAGE: C'est parce qu'il n'y a pas eu besoin d'acheter...
M. BELLEMARE: Je ne veux pas souligner, en pleine Chambre, les noms pour
ne causer aucun préjudice à personne, mais je donnerai des noms
spécifiques au directeur des achats...
M. LESAGE: Je suggère...
M. BELLEMARE: Ces gens-là ont rempli six, sept fois des formules.
Leurs noms ont été inscrits sur la liste. Ils n'ont jamais
reçu une demande de soumission.
M. LESAGE: Très bien, alors, j'invite le député de
Champlain à avoir une entrevue avec M. Bussières; il va relever
les dossiers, il va donner au député de Champlain toutes les
explications qu'il voudra. Nos livres sont grand ouverts comme notre coeur et
notre âme.
M. BELLEMARE: Ah! ainsi soit-il.
M. GABIAS: L'an passé, on a remis un organigramme du Service
général des achats. Je demanderais, comme première
question, si cette année, c'est encore le même organigramme qui
est en vigueur et, comme deuxième question, quel est le nombre de
personnes qui ont une fonction au Service général des achats?
M. LESAGE: Quatre-vingt-sept.
M. GABIAS: Et est-ce qu'il s'agit du même organigramme que l'an
passé?
M. LESAGE: Oui, c'est le même organigramme.
M. GABIAS: Je crois comprendre que le premier ministre s'est
engagé à déposer une liste des 87 personnes qui
sont...
M. LESAGE: Je ne me suis pas engagé à ça. Mais
simplement, si le député veut inscrire la question au feuilleton,
je la déposerai.
M. GABIAS: Mais voici, le premier ministre s'est engagé à
nous fournir la liste...
M. LESAGE: Quatre-vingt-dix-huit employés.
M. GABIAS: ... avant-hier, je crois.
M. LESAGE: Pas pour les achats, je ne pense pas.
M. GABIAS: Oui, parce que...
M. LESAGE: Non, la liste que je me suis engagé à fournir,
c'est la liste des employés de l'exécutif, les achats compris.
J'ai dit que je donnerais ça a, b, c et nous allons la fournir...
M. GABIAS: Oui, les employés...
M. LESAGE: Elle est en préparation. M. GABIAS: Bon, parfait!
M. LESAGE: Je la fournirai, quand elle sera prête.
M. GABIAS: Maintenant, est-ce que le premier ministre sait qui est en
charge de la section un, dite animaux vivants, automobiles, avions,
bateaux?
M. LESAGE: M. Georges Cloutier. Je répète ce que l'on me
dit. Je ne le sais pas.
M. GABIAS: Je comprends. Je demande...
M. LESAGE: Je donne les informations qui me sont transmises par mes
officiers, c'est M. Georges Cloutier.
M. GABIAS: Nous avons tout lieu de croire que les informations que vous
nous donnez vont être les bonnes.
M. LESAGE: Eh bien, évidemment, je me fie absolument à mes
fonctionnaires.
M. GABIAS: Qui est en charge de la section: électronique,
électricité?
M. LESAGE: Je n'ai pas compris.
M. LE PRESIDENT: Electricité. M. LESAGE: M. Fernand Barry. M.
GABIAS: Qui est en charge...
M. LESAGE: Qui s'occupe de quincaillerie,
d'électricité?
M. GABIAS: Qui est en charge de la section 3: dite explosif, chauffage,
etc?
M. LESAGE: Egalement M. Barry.
M. GABIAS: Qui est en charge de la section équipement
anti-incendie, soudure, etc?
M. LESAGE: Egalement M. Barry. Il y a cinq sections au lieu de huit.
M. GABIAS: Qui est en charge de la section 4: équipement de
laboratoires?
M. LESAGE: M. Marcel Côté.
M. GABIAS: Qui est en charge de la section 5: vêtements,
marchandise sèche, etc?
M. LESAGE: M. de la Sablonnière.
M. GABIAS: Qui est en charge de la section 6: section fournitures et
accessoires de bureaux?
M. LESAGE: M. de la Sablonnière.
M. GABIAS: Qui est en charge de la section alimentation, section 6,
alimentation?
M. LESAGE: Egalement M. de la Sablonnière.
M. GABIAS: De la section 7: matériaux de construction, peinture,
vitrerie, etc?
M. LESAGE: M. Georges Cloutier.
M. GABIAS: Qui est en charge de la section 7 dite machinerie et
équipement lourd?
M. LESAGE: M. Georges Cloutier.
M. GABIAS: Qui est en charge de la section 8: section appareils
domestiques, couvre-planchers, etc?
M. LESAGE: M. Georges Cloutier.
M. GABIAS: Qui est en charge de la section 9: dite impressions et
volumes?
M. LESAGE: M. Albert Parent.
M. GABIAS: Qui est en charge de la section 10, dite calcium, sel,
équipement, etc?
M. LESAGE: M. Fernand Barry.
M. GABIAS: De la section 10, dite section combustible et carburant?
M. LESAGE: M. Fernand Barry.
M. GABIAS: Est-ce qu'il y a d'autres sections qui ont été
ajoutées à celles qui nous ont été fournies l'an
passé?
M. LESAGE: On me dit, non.
M. GABIAS: Maintenant, dans les documents qui ont été
fournis l'an passé, il était dit que lorsque il y a un
dépôt de garantie qui est fourni par les soumissionnaires,
celui-ci sera confisqué si le soumissionnaire retire son offre
après l'ouverture des soumissions. Est-ce qu'au cours de l'année
couverte par les comptes publics, il y a des dépôts de garantie
qui ont été confisqués conformément à une
des conditions du service général des achats.
M. LESAGE: Réponse: Non.
M. GABIAS: Est-ce qu'il y en a qui auraient pu être
confisqués et qui ne l'ont pas été?
M. LESAGE: Réponse: Je ne le sais pas.
M. GABIAS: Maintenant, le premier ministre pourrait peut-être
informer cette Chambre, quel est le jeu exact des équivalences.,,.
M. LESAGE: Bien, c'est le jeu des équivalences.
M. GABIAS Il y a des demandes de soumissions qui sont transmises par
téléphone et à ce moment la demande est faite par
différentes personnes et on nous informe que souvent il arrive qu'on ne
demande pas la même marchandise ou la même qualité de
marchandise à tous ceux que l'on appelle. Or, et c'est là que le
jeu des équivalences...
M. LESAGE: Comment le jeu des équivalences...
M. GABIAS: ... et c'est là que le jeu des équivalences
entre et favorise ceux que l'on veut favoriser.
M. LESAGE: C'est imprimé, les demandes de soumissions sont
imprimées au multilith, ça ne peut pas changer d'une demande
à l'autre.
La même chose est demandée à tout le monde.
M. GABIAS: Je parle des demandes faites par téléphone.
M. LESAGE: Oui mais ça, c'est... M. GABIAS: Quelles
garanties...
M. LESAGE: C'est la même chose; on demande la même chose
mais ce sont des affaires de $50, $75, $100, par téléphone. Si on
veut me donner un cas pratique.
M. GABIAS: Non, non, je pose la question. Quelles garanties...
M. LESAGE: Ma réponse est non.
M. GABIAS: Le premier ministre fait de grandes déclarations,
c'est son droit...
M. LESAGE: Je ne fais pas de grandes déclarations, je dis...
M. GABIAS: ... je demande quelles garanties sont prises pour que la
même demande soit faite à tous les fournisseurs.
M. LESAGE: C'est au multilith.
M. GABIAS: Cela, c'est pour les demandes...
M. LESAGE: Pour les journaux, évidemment, c'est la même
pour tout le monde, c'est dans les journaux. En circuit fermé, c'est au
multilith.
M. GABIAS: M. le Président, lorsqu'il s'agit de demandes par
téléphone... Quand il s'agit d'une demande par soumission
publique publiée dans les journaux, le premier ministre ne devrait pas
faire perdre de temps, c'est clair, c'est la même chose qui est
publiée. Lorsqu'il s'agit d'une demande de soumission par écrit
envoyée à 40 marchands, j'imagine bien qu'on ne change pas la
demande écrite, mais lorsqu'il s'agit de demandes faites par
téléphone...
M. LESAGE: Je dis: Combien votre douzaine de balais aujourd'hui,
monsieur? Quelle sorte de balais? Un balai pour la « caboase » du
CPR.
M. GABIAS: ... quelles sont les garanties qui sont prises à
l'effet que c'est la même marchandise qui est demandée? C'est la
demande qui est faite et je pense bien que la réponse devrait être
donnée s'il y en a. S'il n'y en a pas, qu'on nous le dise.
M. COITEUX (Duplessis): Avez-vous confiance en votre femme, vous?
M. LESAGE : Bien oui. M. LALONDE: Adopté.
M. LESAGE: Il y a au plus 200 demandes de soumissions par année
qui sont faites par téléphone et même dans ces
cas-là, ceux à qui on a téléphoné pour
demander des prix et qui n'ont pas eu de contrat reçoivent l'avis
suivant: « Cher Monsieur, nous vous remercions pour l'attention que vous
avez portée à notre demande de cotation. Nous regrettons de ne
pouvoir accepter votre soumission car nous avons obtenu des prix plus
favorables. » Deux lignes en blanc pour donner le prix obtenu. « Si
vous désirez de plus amples informations au sujet de l'octroi de ce
contrat, veuillez communiquer avec le Service général des achats.
Signé, la direction. » Cela est envoyé à tout le
monde et les gens vont régulièrement voir les dossiers; une
cinquantaine de personnes par jour, des vendeurs qui reçoivent cet avis
qui est envoyé à tous ceux qui soumissionnent par
téléphone ou à la suite de demandes de soumissions en
circuit fermé ou encore à la suite de demandes de soumissions par
voie des journaux et qui reçoivent cet avis s'ils ont
soumissionné et n'ont pas eu le contrat. Et je suis informé qu'il
y a une cinquantaine de fournisseurs qui, tous les jours, vont au bureau des
achats pour examiner les dossiers à l'invitation du directeur des
achats. Franchement, moi, je ne vois pas ce qu'on peut faire de plus.
M. GABIAS: Est-ce que le premier ministre peut assurer que les
téléphones sont faits à...
M. LESAGE: Bien, je ne suis pas là quand ils
téléphonent. Voyons! Laissez-moi tranquille, pour l'amour du Bon
Dieu! Allez-y! Allez-y donc, au Service des achats, et puis installez-vous
là, attendez qu'il y en ait un qui téléphone et puis
écoutez-le faire! Moi, je n'ai pas le temps. Vous êtes
invité à aller écouter les téléphones,
monsieur.
M. GABIAS: M. le Président, est-ce le premier ministre qui est
responsable...
M. LESAGE: Je vous invite à écouter les
téléphones et puis ils sont confirmés par écrit les
téléphones, à part ça. Alors le
député de Trois-Rivières est invité et je l'invite
à le faire avec grand plaisir. Qu'il y aille pendant les heures de la
Chambre, on perdra moins de temps, M. le Président.
M. GABIAS: Le premier ministre est responsable de ce service?
M. LESAGE: Oui, j'en prends la responsabilité et si le
député de Trois-Rivières veut aller s'installer là,
il peut y aller à demeure et puis guetter tout ce qui va se faire. Je
l'invite à le faire, je l'y autorise. Qu'il aille écouter les
téléphones, il va être payé quand même.
M. GABIAS: Je demande au ministre responsable du Service des
achats...
M. LESAGE: Vous irez la prochaine fois. M. GABIAS: ... s'il veut assurer
à cette
Chambre que tous les marchands dont les noms apparaissent sur le cardex
sont appelés lorsqu'il s'agit d'achats par téléphone ou de
demandes d'achat par téléphone.
M. LESAGE: On n'appelle pas cinquante personnes pour acheter un balai ou
deux, ou bien un écrou et une vis. En tout cas, allez donc vous
installer là puis écoutez les téléphones, vous
allez le savoir.
M. GABIAS: M. le Président, vous voyez que comme réponse,
ça peut nous faire douter de la bonne organisation qui peut exister
à cet endroit...
M. LESAGE: Allez voir.
M. GABIAS: ... si l'on s'en rapporte aux réponses du ministre
responsable du Service des achats.
M. LESAGE: Oui, mais allez voir.
M. GABIAS: Je pense bien, M. le Président, que ce n'est pas de
nature à rassurer la population sur l'excellence de l'organisation qui
existerait à cet endroit. A tout événement, dans le
discours du budget, discours qui a été prononcé le 8 avril
1965, le premier ministre annonçait qu'en 1965-1966 un comité
étudierait les problèmes achats-approvisionnement, examinerait
les objectifs du service, déterminerait comment on peut les
atteindre...
M. LESAGE: Cela a été fait.
M. GABIAS: ... s'arrêterait au problème de la
rationalisation des achats...
M. LESAGE: C'est ça.
M. GABIAS: ... pour les différents entrepôts, ses postes
à travers la province...
M. LESAGE: C'est le résultat ça, que je vous donne.
M. GABIAS: ... est-ce que le comité a été
nommé...
M. LESAGE: Oui, je vous donne le résultat, là.
M. GABIAS: ... est-ce que le comité a été
nommé et qui en faisait partie? Est-ce que le comité a
étudié et est-ce qu'un rapport de ce comité...
M. LESAGE: C'est interministériel, puis les rapports ne sont pas
publics...
M. GABIAS: ... a été fait?
M. LESAGE: ... ce sont des rapports confidentiels et ce qui a
résulté de tout ça, c'est que l'organisation la plus
moderne d'achats qu'il y ait au Canada, c'est la nôtre et nous en sommes
fiers.
M. GABIAS: Qui faisait partie de ce comité? M. LESAGE: Je ne m'en
souviens pas. M. GABIAS: Est-ce que... M. LESAGE: Il y avait cinq
ministres.
M. COURCY: René Levesque, Courcy, Cliche, M. Kierans et
Gérard D. Lévesque, ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. BELLEMARE: Pourquoi « monsieur » à Kierans?
M. COURCY: M. Kierans était ministre des Finances dans le
temps.
M. BELLEMARE: Pourquoi dites-vous « monsieur » seulement
à lui puis pour les autres, leur nom?
M. GABIAS: Est- ce que ce comité a engagé...
M. LESAGE: M. le Président, je regrette. Les comités
interministériels n'ont pas de rapport à faire en Chambre.
M. JOHNSON: Bon!
M. LALONDE: Cherchez et vous trouverez. M. GABIAS: M. le
Président, je me... M. LESAGE: Ils font rapport au cabinet.
M. GABIAS: ... reporte au discours du budget du premier ministre dans
lequel il annonçait à toute la population et à cette
Chambre qu'en 1965-1966 un comité étudierait les
problèmes.
M. LESAGE: C'est fait.
M. GABIAS: Les achats, l'approvisionnement, examinerait les objectifs du
service, etc...
M. LESAGE: Cela a été fait.
M. GABIAS: Je viens d'apprendre qu'il y a eu un comité. Je l'ai
appris du ministre de l'Agriculture et de la Colonisation, le ministre
responsable ne le savait pas...
M. LESAGE: M. le Président, je regrette infiniment, j'ai dit,
avant que le ministre de l'Agriculture et de la Colonisation ne se lève,
j'ai dit qu'il y avait eu un comité interministériel. C'est un
comité de ministres ça. Si le député de
Trois-Rivières ne le sait pas, un comité interministériel,
c'est un comité de ministres.
M. GABIAS: Et cinq ministres faisaient partie de ce comité. Je
demande peut-être que le ministre de l'Agriculture pourrait
répondre, puisqu'il faisait partie de ce comité si les
services d'experts ont été retenus par le comité pour
faire suite à ce qui apparaissait dans le discours du budget du premier
ministre responsable du Service des achats, discours prononcé le 8 avril
1965.
M. LESAGE: M. le Président, si des avis d'experts ont
été données à un comité
interministériel, ça regarde le comité
interministériel et le Cabinet.
M. JOHNSON: Grosse annonce.
M. LESAGE: C'est évident qu'il y avait des experts, mais le
secret du Conseil des ministres j'en suis le gardien et je n'ai pas à le
dévoiler en Chambre.
M. JOHNSON: Bon.
M. GABIAS: Je comprends qu'on ne veutpas répondre si les services
d'experts ont été retenus par le comité
interministériel formé de cinq ministres...
M. LESAGE: C'est comme si on demandait au député de
Trois-Rivières: « Battez-vous encore votre femme? » Non,
mais est-ce que ça peut être bête des questions de
même?
M. GABIAS: Remarquez bien que c'est le premier ministre qui pose la
question et c'est lui qui la qualifie. Je sais que c'est antiparlementaire. Il
reconnaît que sa question était bête. Est-ce que des
précautions sont prises par le Service des achats pour donner suite
à un autre voeu du premier ministre, dans son discours du budget, du 8
avril 1965, où il disait qu'un pouvoir d'achat serait orienté de
façon à encourager l'expansion économique du
Québec? Est-ce que des dispositions ont été prises par le
Service des achats pour que les produits fabriqués dans le Québec
reçoivent une attention particulière du Service des
achats..»
M. LESAGE: Oui, j'ai tout expliqué ça l'année
dernière.
M. GABIAS: ... et non pas seulement le marchand ou le fournisseur? Je
parle du producteur.
M. LESAGE: Exactement, j'ai tout expliqué ça l'an dernier.
La préférence de 10% pour les produits du Québec.
M. GABIAS: Oui, je comprends mais, en pratique, ce n'est pas tout de
l'annoncer...
M. LESAGE: En pratique, la préférence de 10% sur les
produits manufacturés auQuébec.
M. GABIAS: Il s'agit de savoir si la politique suivie par le Service des
achats est en conformité avec cette déclaration. C'est parce que
les journaux nous rapportent que de nombreux produits ontariens sont
achetés par le Service des achats.
M. LESAGE: C'est possible.
M. GABIAS: Des produits qui sont fabriqués en Ontario, alors que
le même produit ou un produit équivalent quant à sa
qualité, quant à sa fabrication et quant à son
utilité, le même produit est fabriqué ici, dans la province
de
Québec, et on ne l'achète pas de fournisseurs qui
s'approvisionnent aux producteurs québécois. Alors, c'est pour
cela, je crois que c'est bien dans le ton et c'est bien le moment...
M. LESAGE: La réponse c'est oui, oui, oui.
M. GABIAS: Quelles sont les précautions prises?
M. LESAGE: Toutes les précautions possibles.
M. GABIAS: Quelles sont les précautions prises par le Service
général des achats pour que les produits québécois
reçoivent une attention particulière?
M. LESAGE: Toutes les précautions raisonnables et possibles.
M. GABIAS: Mais quelles sont en fait ces précautions qui sont
prises par le Service des achats?
Il est bien beau de traiter cette question d'une façon
négligeable, je comprends que, pour le premier ministre, c'est
négligeable, et la déclaration a été
importante.
M. LESAGE: Le député de Trois-Rivières n'a pas le
droit de m'imputer des motifs. C'est une question extrêmement importante
à laquelle j'ai toujours attaché extrêmement
d'importance...
M. GABIAS: ... l'attitude du premier ministre.
M. LESAGE: ... nous donnons une préférence 10%, tout le
monde le sait et Dieu sait ce que ça me coûte, lorsque je vais en
conférence fédérale-provinciale et que je me fais
enguirlander. Cela le député de Trois-Rivières le sait et
c'est la politique que nous suivons, nous prenons toutes les précautions
possibles, raisonnables, c'est inscrit sur les demandes de soumissions et je
n'ai plus rien à ajouter. Le député de
Trois-Rivières fait perdre le temps de la Chambre.
M. JOHNSON: Cela ce sont des mots.
M. GABIAS: M. le Président, est-ce que le premier ministre peut
nous fournir cette formule où c'est inscrit sur la demande...
M. LESAGE: Oui, M. le Président. M. GABIAS: ... sur les
demandes...
M. LESAGE: Oui, certainement, lieu de fabrication, pourcentage, province
de Québec, nous le demandons...
M. GABIAS: Quel est le numéro de la formule?
M. LESAGE Il sera tenu compte du lieu de fabrication au moment de
l'évaluation des offres.
M. GABIAS: Quel est le numéro de la formule?
M. LESAGE: Ah, sur toutes demandes de soumission c'est dessus.
M. GABIAS: Cela y est, mais sur quoi?
M. LESAGE: C'est une des clauses de cha- que demande de soumission. Ce
n'est pas un numéro de formule, c'est une des clauses de chaque, j'ai
ici des demandes de soumission pour...
M. GABIAS: Je crois comprendre...
M. LESAGE: ... des feuilles d'aluminium, la clause y est, j'ai ici
une...
M. GABIAS: Très bien, très bien.
M. LESAGE: ... des feuilles d'aluminium, la clause y est ici. Vous
voulez en avoir une autre? Pour la peinture, ça doit y être. Ici,
oui, lieu de fabrication, vous l'avez sur toutes les demandes de
soumission.
M. GABIAS: Sur toutes les demandes. Maintenant, M. le Président,
est-ce qu'il y a des chiffres?...
M. LESAGE: Tiens, j'en ai une autre c'est imprimé ce qu'ils
demandent, puis il y a une préférence de 10%, tout le monde le
sait. Si vous ne le savez pas, lisez les journaux des autres provinces, voyez
donc comment je me suis fait enguirlander à Winnipeg l'année
dernière à la conférence interprovinciale sur ce
sujet-là, vous n'avez pas lu les journaux?
M. JOHNSON: En pratique.
M. GABIAS: M. le Président, si...
M. LESAGE: Par les premiers ministres des autres provinces.
M. GABIAS: ... le Service des achats porte une grande attention à
cette question et que sérieusement on a voulu mettre enpratique...
M. LESAGE: Vous n'avez pas lu les journaux quand j'ai défendu
ça à Winnipeg cette politique-là?
M. GABIAS: M. le Président, est-ce que vous pourriez demander au
premier ministre de rentrer dans l'ordre?
M. LESAGE: Bon Dieu ça c'est le bout. On aura tout vu, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. GABIAS: ... pour savoir, M. le Président, si vraiment le
premier ministre était sérieux lorsqu'il a annoncé
à cette Chambre qu'un pou-
voir d'achat orienté de façon à encourager
l'expansion économique du Québec a été vraiment
suivi au Service des achats. Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire,
sur $100 millions qui ont été achetés par le Service des
achats, quel est le pourcentage de produits québécois
fabriqués dans Québec a été acheté par Le
Service des Achats?
M. LESAGE: Qu'on inscrive la question au feuilleton, nous allons faire
l'inventaire complet et d'ici quelques semaines, quelques mois, le
député de Trois-Rivières aura une réponse.
M. GABIAS: Est-ce que le premier ministre peut nous dire si des
statistiques ont été...
M. LESAGE: Qu'il inscrive la question au feuilleton.
M. GABIAS: Est-ce que le premier ministre...
M. LESAGE: Il sait fort bien, le député de
Trois-Rivières, que je ne peux pas répondre à cette
question-là, il va falloir faire un inventaire qui va prendre des
milliers d'heures de travail...
M. GABIAS: Non, je demande, c'est une question bien simple, M. le
Président...
M. LESAGE: La question est très simple, mais la réponse
est très compliquée.
M. GABIAS: Elle est très simple. Est-ce que le Service des achats
a tenu compte des pourcentages lorsqu'ils ont acheté, s'ils achetaient
un produit québécois?
M. LESAGE: Oui, M. le Président. Et puis, justement à
cause de ça, je me suis fait enguirlander par les premiers ministres des
autres provinces. Cela a été sur tous les journaux. Je l'ai
défendue, cette politique, devant les premiers ministres des autres
provinces.
M. GABIAS: Ce n'est pas cette politique que j'attaque. Je demande s'il y
a eu un état de pourcentage tenu par le Service des achats. Maintenant,
c'est pour savoir si ça valait la peine qu'on attaque dans les autres
provinces où que les premiers ministres des autres provinces attaquent
le premier ministre de Québec. Si par contre les chiffres
démontrent qu'il n'y a que 20% de tout ce qui est acheté par le
Service des achats a été produit dans Québec et que 80% a
été produit à l'extérieur, est-ce qu'à ce
moment-là le premier ministre ne pourrait pas répondre aux autres
premiers ministres et leur dire que les attaques sont injustifiées?
M. COITEUX (Duplessis): Vous lui ferez son prochain discours.
M. GABIAS: Il serait bon, M. le Président, qu'au plus tôt
cette Chambre soit informée du pourcentage sur le $100 millions d'achats
du Service des achats, pourcentage des produits achetés qui ont
été fabriqués dans la province de Québec par des
Québécois et pour savoir également, en fin de compte, si
dans le discours du budget de l'an passé le premier ministre
était vraiment sérieux lorsqu'il annonçait qu'il avait
été décidé qu'au Service général des
achats on orientait les achats de façon à encourager l'expansion
économique du Québec. C'est un des gros moyens, un des seuls
moyens efficaces de savoir si vraiment on met en application ce que l'on
annonce officiellement dans le discours du budget. Ce n'est pas nous qui avons
déclaré que nos acheteurs, dans cette province, étaient le
gouvernement. Ce n'est pas nous qui avons parlé de $100 millions. C'est
le premier ministre lui-même qui nous dit que c'est le plus gros
acheteur. $100 millions par année. C'est également le premier
ministre qui nous annonce, par son discours du budget de 1965, que toute la
politique d'achat du Service général des achats qui relève
du premier ministre va orienter sa politique de façon à ce que
ça favorise l'économie du Québec. La meilleure
façon de le savoir, la seule façon de savoir si le plus gros
acheteur est sérieux, c'est de nous dire ici en cette Chambre quel est
le pourcentage sur le $100 millions payés par des
Québécois, qui a été utilisé pour des
produits fabriqués dans la province de Québec.
UNE VOIX: Bon!
M. LESAGE: Adopté.
M. BELLEMARE: Non.
M. LESAGE: Bien, vous n'en avez pas eu assez?
M. JOHNSON: A ce propos-là, tout le monde est...
M. LESAGE: Bon, six heures moins dix, c'est l'heure du chef de
l'Opposition!
M. JOHNSON: ... tout le monde sera un peu
démoralisé...
M. LESAGE: Il est six heures, on connaît ça: Il n'en manque
jamais!
M. JOHNSON: Tout le monde est un peu démoralisé de voir
que le premier ministre après avoir fait tant de belles promesses, de
comités de spécialistes...
M. LESAGE: Bien oui, mais...
M. JOHNSON: ... de comités interministériels...
M. COURNOYER: C'est démoralisant!
M. JOHNSON: ...n'est pas en mesure de nous dire ce qu'a donné
cette politique qu'il annonçait.
M. LESAGE: Cela a donné que nous avons acheté des produits
au Québec.
M. JOHNSON: Bien oui, mais est-ce qu'on va croire...
M. LESAGE: Qu'on me pose la question au feuilleton et je vais faire
faire les recherches.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on va croire que c'est sérieux ces
déclarations d'intention quand...
M. LESAGE: Oui, c'est sérieux!
M. JOHNSON: ... on ne peut pas un an après venir nous dire:
Voici, sur $100 millions il y a telle proportion des achats qui est
allée pour des produits manufacturés dans Québec?
Deuxièmement, que la clause...
M. LESAGE: Bien évidemment...
M. JOHNSON: ... de préférence de 10% a dû
s'appliquer dans tel nombre de cas pour un total de et ça
coûte...
M. LESAGE: Les béliers mécaniques qui ne sont pas
fabriqués dans Québec, il y a de l'acier, il y a...
M. JOHNSON: ... à la province de Québec un montant
additionnel de tant de milliers ou de tant de cent milliers de dollars...
M. LESAGE: ... Il y a de l'acier, il y a des matérieux de
charpentes qui sont fabriqués seulement à l'extérieur du
Canada... Bon, mais inscrivez la question au feuilleton, puis on vous
répondra...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à l'ordre!
M. JOHNSON: M. le Président, si c'était bien mené
cette affaire, avec tous les fonctionnaires que le gouvernement a, avec tous
les comités qu'il fait siéger, si c'est sérieux, on aurait
des chiffres sérieux, on aurait autre chose que...
M. LESAGE: C'est ça, la scène de six heures moins dix,
moins cinq.
M. JOHNSON; ... les lamentations du premier ministre qui dit: «
Mais vous n'avez pas lu les journaux vous n'avez pas vu comment je me suis fait
enguirlander par les autres premiers ministres? Vous ne savez pas ce que
ça me coûte d'engueulades des autres, parce que j'applique cette
politique. Ce n'est pas ce qu'on veut savoir, mais votre politique...
M. LESAGE: Posez la question au feuilleton.
M. JOHNSON; est-elle réellement appliquée? M. LESAGE: Mais
oui, elle l'est.
M. JOHNSON; Cela coûte combien à la province, cela combien
de plus à la province pour encourager des manufacturiers de la province
de Québec?
M. LESAGE: Cela coûte cher.
M. JOHNSON: Quelle incidence cela comporte dans tout le portrait
économique de la province de Québec? Le premier ministre devrait
nous dire ça.
M. LESAGE: Je ne suis pas en mesure de le dire. Posez la question au
feuilleton...
M. JOHNSON: M. le Président, c'est la première question
que le premier ministre devait s'attendre...
M. LESAGE: Mais non, je ne suis pas en mesure de répondre.
M. JOHNSON: ... à la suite de l'annonce qu'il a faite
l'année dernière, le député des
Trois-Rivières a eu raison de rappeler, même s'il n'était
pas en Chambre à ce moment-là, de rappeler, M. le
Président, les phrases prononcées par le premier ministre. C'est
toujours la même chose avec le gouvernement actuel, des grands mots, des
grands projets, des huit co-
lonnes, des émissions de télévision, de la
propagande à fortes doses avec l'argent des contribuables, et quand on
veut savoir ensuite ce que ç'a donné ça, là, il
faut attendre 2, 3, 4, 5, 6 mois, et peut-être qu'à la fin de la
session, on n'aura pas encore la réponse. Le député de
Trois-Rivières et je le félicite vient de
détecter, une fois de plus, où est la faiblesse du gouvernement.
Comme a souvent dit le député de Champlain; grosse enseigne,
petiti commerce; gros projets, M. le Président, mais les
réalisations il n'y a jamais moyen d'en connaître
l'étendue, afin qu'on puisse juger si, oui ou non, le gouvernement n'est
qu'une machine à propagande ou si, en fait, le gouvernement suit les
politiques qu'il annonce à grand éclat de voix et à
grandes dépenses de propagande et de publicité. C'est là
tout le problème, et je suis déçu; les
députés de cette Chambre sont déçus. M. le
Président, un homme qui conduit une petite industrie prospère,
comme le député de Laprairie-Napierville, pourrait vous dire, au
jour le jour, d'où viennent ses achats, combien ça lui
coûte et si, oui ou non, il donne des préférences à
des manufacturiers de la province de Québec. Dans un commerce bien tenu,
on peut, au jour le jour, au moins une fois par semaine, ou, au pis-aller, une
fois par mois et à plus forte raison une fois par année, pouvoir
produire des chiffres qui donnent non seulement le total des achats, qui
donnent non seulement le noms de tous les patroneux libéraux qui ont
été encouragés, mais qui donnent aussi l'incidence
économique de ces achats, de la direction de ces achats.
M. le Président, c'est décevant, le premier ministre vient
de prouver une fois de plus qu'il est très fort en propagande, mais
très faible quand il s'agit de nous faire connaître les
résultats et de le faire devant les membres de cette Chambre.
M. le Président, quand on est le plus gros acheteur de la
province et qu'on énonce une politique en termes aussi
élégants, aussi formels et aussi clairs que ceux qu'a
utilisés le ministre des Finances, dans son discours du 8 avril, on se
donne la peine, l'année suivante, de dire: Voici le résultat de
cette politique que j'ai annoncée. Et là, on pourrait dire: C'est
sérieux. Mais non, la seule réponse que l'on a: Mais mon Dieu,
est-ce que je peux savoir! Vous ne lisez donc pas les journaux, vous ne vous
rendez pas compte que je me fais abîmer par les premiers ministres des
autres provinces quand je vais ailleurs? Mais, M. le Président, ils ont
peut-être tort de l'abîmer, le premier ministre; peut-être
que ça ne représente que 5% des achats ou 10% des achats, je ne
le sais pas; mais je suis certain qu'au service des achats, je suis certain que
si M. Bussières est aussi bon homme qu'on le dit et je crois
qu'il est bon homme lui, il le sait.
M. le Président, on ne me fera pas croire... Ce sont des
applaudissements de patroneux satisfaits. Ils peuvent devenir compromettants
pour le directeur des achats.
M. le Président, ces applaudissements...
M. COITEUX (Duplessis): Précisez.
M. JOHNSON: ... des députés peuvent être
interprétés comme des remerciements à M. Bussières
de les avoir encouragés ou d'avoir encouragé leurs amis. C'est
extrêmement dangereux. Le premier ministre pourrait peut-être nous
dire...
M. LESAGE: Je pourrais lire une petite lettre écrite par le
député de Bagot pour prouver qu'il était un expert en
patronage, lui.
M. JOHNSON: Pas d'objection!
M. LESAGE: Mais non, je ne lui ferai pas de peine.
M. JOHNSON: Je n'ai pas d'objection. Le premier ministre peut sortir
toutes les lettres que j'ai écrites...
M. LESAGE: Ah oui!
M. JOHNSON: Tout le temps que j'ai été... N'importe
quand.
M. LESAGE: Il dit à M. Lorrain ministre des Travaux publics:
C'est un bon bleu qui nous a laissé, mais là, il a l'air à
revenir, il faudrait lui donner un coup de main...
M. JOHNSON: Si le premier ministre est honnête, il dira que dans
cette lettre, c'est dit à la fin: « J'espère que vous lui
demanderez des soumissions ».
M. LESAGE: Non!
M. JOHNSON: Ah! le premier ministre est aussi bien de la lire...
M. LESAGE: S'il veut...
M. JOHNSON: ... d'un bout à l'autre, la lettre.
M. LESAGE: Je vais la lire au complet.
M. JOHNSON: Bon, il est six heures, à huit heures.
M. LESAGE: Et le terme employé...
M. JOHNSON: Un instant, M. le Président, si vous permettez...
M. LESAGE: ... « Ce fut, un temps, un bleu de l'espèce la
plus pure », et M. le Président, « depuis une douzaine
d'années... »
M. JOHNSON: M. le Président, vous allez me permettre de
répondre.
M. LESAGE: « ... créé bien des problèmes
à l'organisation! Il s'est présenté, lors des
élections au fédéral comme candidat indépendant et
a recueilli environ 800 votes dans les comtés de Bagot et de
St-Hyacinthe. Il en mène particulièrement large dans certains
coins de St-Hugues. Il n'y a pas de doute que, si M. Marcotte voulait se ranger
avec nous et se discipliner un peu, il pourrait être un actif
intéressant ».
M. JOHNSON: Je n'ai jamais dit ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: M. le Président, j'espère que le premier
ministre va me laisser...
M. LESAGE: J'en aurai une photocopie pour huit heures, ça va vous
rappeler des souvenirs.
M. JOHNSON: Cela ç'a l'air fabriqué, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LESAGE: Imaginez-vous, M. le Président, que le
député de Bagot était rien que patroneux dans ça,
il n'était pas encore député.
M. JOHNSON: Ah! bon. Ce n'est pas le député de Bagot qui a
écrit...
M. LE PRESIDENT: Il est six heures.
M. LESAGE: Ah! non, c'est le député de Bagot actuel qui,
le 12 janvier 1946, préparait son élection.
M. JOHNSON: Je n'étais pas député.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Le député libéral vivait. On vient de
découvrir que c'est l'avocat...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: ... Daniel Johnson qui écrivait...
M. LESAGE: Bien oui, le patroneux Johnson...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieur! La séance du comité
est suspendue jusqu'à huit heures.
M. LESAGE: Il pratiquait le patronage éhonté qu'il a
continué par la suite.
M. BELLEMARE: On va en avoir des petites lettres, nous autres aussi,
quand on va être au pouvoir.
Reprise de la séance à 8 h 4 p.m.
M. BEDARD (président du comité des subsides): A l'ordre,
messieurs!
M. LESAGE: M. le Président, il serait injuste vis-à-vis le
chef de l'Opposition que je ne réponde pas à sa
prétention, cette lettre du 12 janvier 1946 à M. Roméo
Lorrain, ministre des Travaux publics, au sujet d'un M. L.H. Marcotte, maire de
la paroisse de St-Simon. Et le chef de l'Opposition a prétendu qu'il
terminait sa lettre...
M. BELLEMARE: Il va venir dans cinq minutes, attendez-le.
M. LESAGE: ... en demandant que les soumissions...
M. BERTRAND: Il sera ici dans quelques minutes.
M. LESAGE: Ah oui!ça va être fini dans cinq minutes.
M. BELLEMARE: Non, non, j'aimerais mieux qu'il y soit.
M. LESAGE: C'est très bien!
M. BELLEMARE: Vous avez dit qu'on ne parlait pas des absents.
M. LESAGE: Très bien, alors. Je suis d'accord.
M. BELLEMARE: C'est très bien.
M. LESAGE: C'est juste un mot, ce n'est pas pour...
M. BERTRAND: Il arrive aujourd'hui.
M. LESAGE: D'ailleurs, c'est une affaire remonte à 1946, je
traînais le papier dans mes poches depuis deux ans, puis je
m'étais promis que, si le chef de l'Opposition continuait longtemps sa
patente de six heures moins dix, qu'un bon jour...
M. BELLEMARE: Cela, c'est une promesse que vous avez tenue.
M. LESAGE: ... je m'amuserais à ses dépens. Pardon?
M. BELLEMARE: Cela, c'est une promesse que vous avez tenue.
M. LESAGE: Deux ans. M. BERTRAND: Deux ans?
M. LESAGE: Cela fait deux ans que j'ai ça dans mes poches.
M. JOHNSON: Moi, j'en ai que je traîne depuis quatre ans.
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: Il y en a que je traîne depuis quatre ans.
M. LESAGE: « Mais, à tout événement, »
comme continue d'ailleurs la lettre à M. Lorrain au sujet de M. L.-H.
Marcotte, qui était maire de la paroisse de St-Simon, le chef de
l'Opposition a dit cet après-midi: « Je terminais ma lettre en
demandant qu'on lui...
M. JOHNSON: Non, non, j'ai posé une question.
M. LESAGE: ... demande des soumissions. » Alors, il serait juste
pour le chef de l'Opposition que je lui envoie d'abord une copie de la lettre,
je pense bien, c'est le moins que je puisse faire, et que je lui lise la fin de
sa lettre. « A tout événement, en attendant que j'aie
l'occasion de rencontrer M. Marcotte, il y aurait peut-être lieu
d'accueillir d'une manière très sympathique sa demande. Je
pourrai plus tard vous donner d'autres renseignements sur M. Marcotte et son
état d'esprit. J'espère que cela répond à votre
attente, et vous m'excuserez de vous suggérer une ligne de conduite.
» Ce n'est pas une demande de soumission.
M. BELLEMARE: Bon!
M. LE PRESIDENT: Alors, adopté?
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LESAGE: Non, non, le député de Bagot n'était pas
député, il était patroneux du comté de Bagot.
UNE VOIX: Ah! c'est ça!
M. LESAGE: Bien oui, c'était le patroneux pour le comté de
Bagot.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est une lettre qui date du 12
janvier...
M. LESAGE: Ah! je le sais, j'ai dit que je m'étais
amusé.
M. JOHNSON: ... 1946.
M. BERTRAND: Cela fait deux ans que vous vous amusez avec.
M. JOHNSON: Ma première conclusion, M. le Président, c'est
que, si le premier ministre et les ministres en sont rendus à sortir des
lettres qui datent du 12 janvier 1946, c'est qu'il n'ont rien trouvé
pour toute la période pendant laquelle j'ai été
député de Bagot, du 18 décembre 1946 à ce jour.
M. LESAGE: J'ai tout ce qu'il faut dans les dossiers des ponts. Je me
suis engagé à ne pas les sortir.
M. JOHNSON: Même dans les dossiers des ponts. Je sais que le
premier ministre doit cette trouvaille « sensationnelle » à
mon bon ami le député de St-Hyacinthe qui n'a cessé de
fouiller et de faire fouiller pour tâcher de mettre en mauvaise posture
le député de Bagot depuis 1960 et sans succès même
si cela a coûté bien cher à la province de Québec.
Je voudrais dire que le premier ministre...
M. LESAGE: Je voudrais immédiatement clarifier une chose, c'est
que la lettre ne m'a pas été remise par le ministre des Travaux
publics. Ce n'est pas lui qui a eu le dossier en main, c'est un autre
ministre.
M. JOHNSON: C'est une lettre personnelle écrite par un
avocat...
M. LESAGE: Elle n'est pas personnelle...
M. JOHNSON: ... qui s'appelait Daniel Johnson et dont le bureau
était situé dans la suite 2200, à 507 Place d'Armes,
Montréal-1, Canada, et c'était signé: « Votre tout
dévoué, Daniel Johnson. » Mais ce que le premier ministre
n'a pas dit, c'est que c'était une réponse que j'adressais au
ministre lui-même qui m'avait demandé des renseignements...
M. LESAGE: Mais pourquoi le ministre demandait-il des renseignements
à un avocat de Montréal?
M. JOHNSON: Je n'ai pas à discuter des motifs...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: Pourquoi avait-il pu deviner qu'un avocat de Montréal
pouvait lui donner des renseignements?
M. JOHNSON: On avait dans ce temps-là des ministres qui
agissaient en connaissance de cause.
M. LESAGE: Ils connaissaient les « patron-neux » dans chaque
comté.
M. JOHNSON: Le gouvernement s'informait, à ce moment-là,
et les ministres, de l'arrière-plan, disons, des problèmes qu'ils
avaient à discuter. Et je constate qu'on avait instauré à
ce moment-là un système...
M. LESAGE: ... de bon patronage.
M. JOHNSON: ... que le gouvernement actuel et la
Fédération libérale ont institutionnalisé. A une
réunion de la Fédération libérale, on en est venu
à la conclusion que le gouvernement devrait avoir dans chaque
comté des gens sur qui il pourrait se fier pour obtenir des
renseignements. On a trouvé un mot pour cela, et dans les comtés
représentés par des gens de l'Union nationale, il y a un homme de
contact. On a un mot pour ça dans la Fédération
libérale : qui fait des représentations auprès du
gouvernement.
A ce moment-là M. le Président en 1946, M. Lorrain, un
honnête homme, écrivait à un avocat qu'il connaissait bien
et qui oeuvrait en politique parce qu'il avait fait les campagnes dans Bagot.
Il avait un bureau d'avocat à part ça, M. le Président,
à Acton Vale, il ne faut pas oublier ça, même si la lettre
a été écrite de Montréal, M. Lorrain avait
écrit à cet avocat pour lui demander si, oui ou non,
c'était raisonnable ou déraisonnable ce que demandait le
maire.
M. le Président, je connaissais bien ce monsieur Marcotte qui a
été bien malcommode, comme on le sait, qui continue de
l'être, évidemment le lion devenu vieux est un peu moins
difficile mais je puis vous dire, M. le Président, qu'il n'a
jamais cessé d'être libéral et que malgré qu'il
fût libéral, j'avais recommandé au ministre qu'on donne
suite à sa demande qui me semblait très raisonnable et qui me
semblait dans l'intérêt des gens du comté de Bagot.
M. LESAGE: Non, non! bleu de l'espèce la plus pure.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Le premier ministre a ouvert une porte, je comprends qu'il
le fait pour s'amuser, il a quand même ouvert là une porte...
M. COITEUX (Duplessis): Je ne dis pas qu'il était
libéral.
M. JOHNSON: ... où je me dois d'entrer pour expliquer
l'apposition.
M. HARVEY: Bleu d'une espèce la plus pure.
M. JOHNSON: J'ai à plusieurs reprises, comme les
députés de l'Opposition, déploré que le
gouvernement actuel tienne au courant de ses décisions des candidats
battus plutôt que d'en informer le député de comté.
Je ne comprends pas, et le public ne comprend pas, comment il se fait par
exemple que des ministres ou des fonctionnaires écrivent à des
secrétaires je songe à un exemple en particulier un
secrétaire de commission scolaire régionale et mentionnent en bas
de la lettre, que copie de cette lettre a été envoyée
à M. X. qui est un candidat battu à la dernière
élection, un candidat libéral battu, et copie de la lettre
envoyée au député libéral fédéral du
comté.
M. LESAGE: C'est ce qui va compter.
M. JOHNSON: M. le Président, dans un domaine scolaire, j'ai un
exemple, frais à la mémoire...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: ... une lettre qui provient de M. Méthé...
UNE VOIX: Pas Méthé Marcotte?
M. JOHNSON: ... du ministère de l'Education, adressée au
secrétaire d'une commission scolaire régionale...
M. LESAGE: Oui, puis?
M. JOHNSON: ...concernant l'achat d'un terrain...
M. LESAGE: Bien oui...
M. JOHNSON: St-Gabriel-de-Brandon...
M. LESAGE: Puis après?
M. JOHNSON: . dans le comté de Berthier. Pourquoi
copie au député du comté? Député
provincial...
M. LESAGE: C'est normal.
M. JOHNSON: Pourquoi ça ne serait pas normal, quand il s'agit de
pareille chose dans nos comtés, pourquoi ça ne serait pas normal
d'envoyer une copie au député de l'Union nationale qui
représente le comté en question? Deuxièmement, pourquoi
copie à M. Yanakis?
M. LESAGE: Bien, il est député fédéral.
M. JOHNSON: Député fédéral, en quoi cela
peut-il concerner le député fédéral le site d'une
école dans le comté de Berthier?
M. LESAGE: Bien, si c'est une école technique, le gouvernement
fédéral paye 75%.
M. JOHNSON: Si c'est une école technique...
M. LESAGE: Bien oui, ou une école secondaire, moitié
secondaire, moitié technique une école régionale le
gouvernement fédéral paye 75% du coût.
M. JOHNSON: Et ils auraientplus d'affaires, ces gens-là, que les
députés de l'Union nationale qui sont ici et qui ne
reçoivent jamais, sauf quelques exceptions peut-être, des copies
de pareille correspondance traitant de semblables sujets?
M. LESAGE: Bien oui. Mais les deux députés de Berthier
sont dans notre cas, c'est M. McGuire qui est actuellement à
l'hôpital, je crois, à la suite d'un accident d'automobile et qui
a reçu normalement une copie de la lettre et quant à M. Yanakis
qui est député fédéral, c'est parce que le
gouvernement fédéral paye 75% du coût des écoles
techniques et des écoles secondaires techniques.
M. BELLEMARE: On en a acheté nous autres dans notre région
des terrains.
M. BERTRAND: On en a jamais reçu une. M. LESAGE: C'est aussi
simple que ça. M. BELLEMARE: C'est simple, mais...
M. LESAGE: D'ailleurs, c'est un document public. Dans la lettre, ils ne
disent pas qu'il est libéral de l'espèce la plus pure.
M. JOHNSON: Libéral de quoi?
M. LESAGE: L'espèce la plus pure, c'est l'expression dans votre
lettre. Ce fut un temps « un bleu de l'espèce la plus pure.
»
M. HARVEY: Il voulait dire bleu raisin.
M. JOHNSON: M. le Président, pour la première fois le
député de Jonquières-Kênogami a une remarque qui
n'est pas blessante, qui est un peu amusante.
M. LESAGE: J'aimerais que le chef de l'Opposition nous décrive
quelle est l'espèce la plus pure de bleu qui existe.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est facile.
M. LESAGE: Est-ce qu'il y en a des purs d'abord chez les « bleus
» ?
M. JOHNSON: Des « bleus purs » ? Oui. M. LESAGE: Oui, il y
en a?
M. JOHNSON: Jusqu'à ce qu'ils deviennent libéraux, M. le
Président, ils sont purs. Et puis là ils se font souiller quand
ils deviennent libéraux.
M. le Président, donc le gouvernement devrait expliquer comment
il se fait quand on a à prendre des décisions concernant des
comtés de l'Opposition pourquoi on n'envoie pas copie de la
correspondance aux députés de l'Union nationale alors qu'on le
fait systématiquement pour les députés
libéraux.
Pourquoi envoie-t-on des copies aux patroneux du comté,
c'est-à-dire le candidat défait au lieu de tenir au courant du
problème le député qui représente réellement
toute la population, qu'il soit Union nationale ou qu'il soit
libéral?
M. le Président, l'une des réformes que je me suis plu
à préconiser dans cette province et c'est une idée
qui est chère au député de Missisquoi et qui en a
parlé publiquement lui aussi en plusieurs occasions c'est que,
dès que nous prendrons la responsabilité du gouvernement, il y
aura un bureau du gouvernement dans chaque comté et il y aura un
fonctionnaire désigné par le député, qu'il soit
libéral ou qu'il soit de l'Union nationale qu'il soit arriviste ou
crédit social...
UNE VOIX: Tirez votre plan là!
M. JOHNSON: ...afin que toute la population du comté, et dans
chaque comté de la province, soit servie sans danger et sans tentation
de discrimination à cause de leurs allégeances politiques. Je ne
sais pas pourquoi le gouvernement actuel n'a pas pris cette initiative qui
rendrait à notre démocratie un peu de vigueur et à notre
système parlementaire actuel un peu plus de prestige, et sans compter
que cela enlèverait au député beaucoup de travail de
cuisine alors que le député pourrait s'occuper davantage de
rencontrer les corps intermédiaires, de rencontrer les groupes de
pression et réellement de pouvoir suivre les activités
économiques sociales de son comté et devenir un porte-parole
autorisé non seulement pour faire des demandes auprès des
ministères mais également pour participer à
l'élaboration de la législation. Si on veut réellement
amener notre système parlementaire à l'heure de 1966, si on veut
le revaloriser, si on veut endiguer cette vague de mépris et de haine
des jeunes contre un système qu'ils considèrent
dépassé dans plusieurs de ses aspects, il faudra prendre des
mesures de la nature de celles que je viens de décrire, mesures que je
préconise avec plusieurs de mes collègues et que nous mettrons en
application à la première occasion favorable.
M. le Président, pour revenir à mon ami M. Marcotte, je
disais et je me sens obligé de lire la lettre dans les parties qui n'ont
pas été mentionnées par le premier ministre afin que le
public puisse être renseigné complètement. «
Honorable Roméo Lorrain, Ministre des Travaux Publics, Hotel du
gouvernement, Québec.
Cher monsieur,
J'accuse réception de votre communication du 8 courant dans
laquelle vous attachez copie d'une lettre que vous a fait parvenir M. L. H.
Marcotte, maire de la paroisse de St-Simon.
Je puis difficilement trouver la demande de M. Marcotte
déraisonnable. Il se contenterait probablement pour cette année
des services d'une enquête faite par vos ingénieurs suivie d'un
estimé et vous pourriez, l'an prochain, réserver une tranche de
votre budget pour nos amis de St-Simon. »
M. JOHNSON: M. le Président, jusque là, c'est une
recommandation qui a de l'allure...
M. COURNOYER: ... chloroforme avant d'arracher la dent!
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre a lu l'autre
paragraphe.
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Il n'est pas nécessaire que je le
répète.
M. LESAGE: J'aimerais ça vous l'entendre lire.
M. CADIEUX: Lisez au complet!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieursl
UNE VOIX: On a des copies!
M. LESAGE: J'aimerais vous l'entendre lire! si vous voulez...
M. JOHNSON: Le dernier paragraphe, M. le Président...
M. LESAGE: ... en mettant l'accent sur « le bleu de
l'espèce la plus pure ».
M. CADIEUX: On aime ça vous entendrel UNE VOIX: On en a des
copies!
M. JOHNSON: M. le Président, je vais me rendre à la
demande du premier ministre, et vous pourrez constater qu'il y a vingt
ans...
M. LESAGE: Oui, je l'ai dit. C'est ça qu'il y a de
drôle!
M. JOHNSON: ... un bleu des Trois-Rivières avait un
précurseur dans le comté de Bagot.
Cependant il y a peut-être quelque chose d'inusité dans la
démarche de M. Marcotte dont vous connaissez peut-être l'histoire
politique. Il fut à un certain moment un bleu...
M. LESAGE: ... il y a plus que ça.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LESAGE: « ...de l'espèce la plus pure ».
M. JOHNSON: ... on, pourrait remplacer le nom Marcotte par un autre que
le premier ministre connaît bien, et qui est rendu dans le camp
libéral à la suite de tractations...
M. LESAGE: Mais il ne m'a pas créé de problèmes
d'organisation.
M. JOHNSON: ... du Secrétaire de la province. Cependant, il y a
peut-être quelque chose d'inusité dans la démarche de M.
Marcotte dont vous connaissez peut-être l'histoire politique. Ce fut
à un certain moment un bleu de l'espèce la plus pure...
M. LESAGE: Pure!
M. COURNOYER: Avez-vous conservé votre pureté?
M. JOHNSON: Mais depuis une douzaine d'années il a
créé bien des problèmes à l'organisation...
M. LESAGE: Ah, ça arrive.
M. JOHNSON: ... quand on a un petit peu de finesse dans
l'interprétation, on comprend ce que ça veut dire...
M. LESAGE: Mais c'est ça, je voulais montrer la finesse du chef
de l'Opposition.
M. JOHNSON: Cela voulait dire un bleu genre de...
M. LESAGE: Caille, caille.
M. JOHNSON: ... un genre qui traverse du côté
libéral...
M. LESAGE: ... non, non, qui caille des fois.
M. JOHNSON: ... qui avant de traverser dans le parti libéral
comme c'est le cas pour M. Balcer, ont créé des problèmes
dans l'organisation du parti qu'ils venaient de quitter.
M. LESAGE: Oui, il s'est présenté...
M. JOHNSON: Il s'est présenté lors des élections
fédérales comme candidat indépendant.
M. LESAGE: Mais il n'y avait pas de candidat bleu, c'étaient tous
des candidats indépendants en 1945...
M. JOHNSON: ... et a recueilli environ 800 votes dans les comtés
de Bagot et de St-Hyacinthe.
M. LESAGE: ... oui, mais c'étaient tous des indépendants
en 1945...
M. JOHNSON: ... il en mène particulièrement large dans
certains coins de St-Hugues, il n'y a pas de doute...
M. LESAGE: ... on n'en avait pas de candidat bleu contre nous...
M. JOHNSON: ... que si M. Marcotte voulait se rendre avec nous, se
discipliner un peu, il pourrait être un actif intéressant, mais
c'est peut-être demander l'impossible.
M. LESAGE: Même le ministre actuel...
M. JOHNSON: M. le Président, j'aurais pu écrire la
même recommandation pour M. Balcer.
M. LESAGE: Non, mais le secrétaire... Mais M. Balcer ne s'est pas
présenté en 1945. J'étais candidat libéral, moi,
à l'élection de 1945, dans Montmagny-L'Islet, mais je n'avais pas
de bleu de l'espèce la plus pure. Cela en était un bleu de
l'espèce la plus pure que j'avais contre moi, et il s'appelait
indépendant, lui aussi. Et c'était comme ça dans tous les
comtés de la province; ils se présentaient comme
indépendants. C'étaient les petits arrangements dont je faisais
part l'autre jour et dont M. Sévigny a eu connaissance. Cela a
existé avant le temps de M. Sévigny, les ententes entre M.
Duplessis et M. Drew à ce moment-là, puis avec les chefs
conservateurs.
M. JOHNSON: Est-ce que l'on parle des ententes entre le premier ministre
et le député de l'Union nationale du comté de
Montmagny-L'Islet?
M. LESAGE: Non, il n'y a jamais d'entente entre nous; au contraire, nous
nous sommes entre-déchirés.
M. JOHNSON: Est-ce que l'on parle des feuilles roses et des lettres de
recommandations que le premier ministre, alors député
fédéral, envoyait pour faire du patronage au ministère
provincial de la Santé?
M. LESAGE: Non, je regrette infiniment, lorsqu'il y avait des gens qui
devaient agir...
M. JOHNSON: Est-ce que l'on parle des offres que faisait le premier
ministre, des offres de contrats qu'il faisait à certains imprimeurs?
Est-ce que l'on parle...
M. LESAGE: Je n'ai jamais fait d'offre de contrats à des
imprimeurs, M. le Président.
M. JOHNSON: ... de son patronage à Ottawa, M. le
Président? Est-ce que l'on veut parler...
M. LESAGE: Je n'en ai jamais fait; je ne connais pas ça, moi.
M. JOHNSON: ... des machines fabriquées dans le comté de
Dorchester...
M. LESAGE: Des machines?
M. JOHNSON: ... qui étaient achetées par le
ministère du premier ministre à Ottawa, le ministère des
Affaires du Nord...
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: On pourrait parler de sa carrière comme «
patroneux » fédéral avant de devenir le vertueux
provincial...
M. LESAGE: Non, rien n'avait été acheté par le
ministère des Affaires du Nord.
M. JOHNSON: ... ce serait assez intéressant. M. le
Président, d'entrer dans ce domaine-la. On pourrait en parler, mais je
pense que ce serait hors d'ordre, M. le Président, vous ne me laisseriez
pas aller plus loin.
M. CADIEUX: C'est une lettre qui vous a fait perdre ça.
M. JOHNSON: M. le Président, ce que je voulais dire...
M. COURNOYER: Ah bien, on va revenir.
M. JOHNSON: ... On va revenir aux choses sérieuses...
M. CADIEUX: Aux plus pures.
M. JOHNSON: Je voulais dire ici, en toute déférence pour
un vénérable vieillard du comté de Bagot, M. Marcotte, que
je comprends qu'il a pu être un peu « malcommode » au point
de vue politique, mais M. Marcotte est quand même un honorable
citoyen...
M. LESAGE: Certainement.
M. JOHNSON: ... et je veux lui rendre hommage publiquement, même
s'il n'a jamais voté pour moi.
M. LESAGE: Certainement, je n'ai pas d'objection.
M. JOHNSON: M. le Président, je n'aime pas traîner le nom
de M. Marcotte...
M. LESAGE: Alors, il ne crée plus de difficulté à
l'organisation, là ça va.
M. JOHNSON: ... parce que M. Marcotte...
M. LESAGE: Alors, il est redevenu bleu de l'espèce la plus
pure.
M. JOHNSON: Ah non, non. Il est rouge, de espèce la plus...
M. LESAGE: Ah! il est libéral? Ah bon.
M. JOHNSON: ... crasse, M. le Président. C'est un
pléonasme car ils sont tous crasses. M. le Président...
M. LESAGE: Il est redevenu libéral, il a vu la
lumière.
M. CADIEUX: M. le Président, article numéro 3.
M. JOHNSON: M. le Président, pour revenir aux achats, le premier
ministre a fait une démonstration cet après-midi qui pourrait
paraître convaincante aux naïfs, mais comme l'a dit le
député de Champlain: « Ne venez pas dire ça à
des gens de notre âge et de notre expérience ».
M. LESAGE: Cela, on le sait depuis 20 ans, au moins.
M. JOHNSON: Le public, je fais appel, non pas à des faits
précis pour déprécier un tel ou un autre, mais que l'on
aille, par exemple, dans le comté de Charlevoix, comme par hasard, M. le
Président, des gens qui étaient cassés avant les
élections sont devenus subitement très à l'aise, comme par
hasard...
M. MAILLOUX: Est-ce que le député de Bagot...
M. JOHNSON: ... des gens qui ne vendaient jamais de véhicules
sont les seuls vendeurs de véhicules automobiles...
M. MAILLOUX: Est-ce que le député de Bagot me permettrait
une question?
M. JOHNSON: Pardon?
M. MAILLOUX: Est-ce que vous voudriez me permettre une question, s'il
vous plaît?
M. JOHNSON: Bien sûr.
M. MAILLOUX: Est-ce que vous auriez un nom à donner par
hasard?
M. JOHNSON: Pourquoi tramer des noms?
M. MAILLOUX: Portez donc une accusation directement.
M. JOHHSON; Pourquoi traîner des noms?
M. MAILLOUX: Portez une accusation. Des insinuations, c'est la
cinquième que vous faites.
M. JOHNSON: Pourquoi trafner des noms?
M. MAILLOUX: Sans vous gêner, faites une accusation
directement.
M. JOHNSON: Je ne voudrais pas frapper...
M. MAILLOUX: Faites une accusation directement, sans vous
gêner.
M. JOHNSON: Je vais en donner, des noms. M. MAILLOUX: Sans vous
gêner.
M. JOHNSON: Dans un comté que je connais bien,...
M. LESAGE: Vous changez de comté, vous patinez?
M. MAILLOUX: Restez dans Charlevoix.
M. JOHNSON: M. le Président, pourquoi trafner ici les noms de
personnes que, lui, connaît? Tout le monde sait...
M. MAILLOUX: Parlez de Charlevoix.
M. JOHHSON: ... qu'un ingénieur dans le comté de
Charlevoix...
M. MAILLOUX: D'accord!
M. JOHNSON: ... est devenu très prospère depuis 1960, a
été bourré d'ouvrage. Vrai ou faux?
M. LESAGE : Oui, tous les ingénieurs ont de l'ouvrage.
M. MAILLOUX: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LESAGE: Nous manquons d'ingénieurs dans la province.
M. MAILLOUX: ... si l'ingénieur dont parle le
député de Bagot a tellement fait de profit dans Charlevoix, qu'il
regarde quel contrat cet ingénieur-là a eu dans le comté
de Charlevoix même.
M. LESAGE: Il n'en a pas eu.
M. MAILLOUX: Qu'il m'en nomme un.
M. JOHNSON: M. le Président, le député de
Charlevoix pourrait nommer aussi des vendeurs de véhicules qui,
autrefois, en vendaient au gouvernement au temps de l'Union nationale et ils
n'en vendent plus.
M. MAILLOUX: Les vendeurs d'automobiles, M. le Président, ont
vendu comme plus bas soumissionnaires en aucun temps, et je mets le
député de Bagot au défi de prouver qu'un véhicule
dans Charlevoix ne se soit pas vendu à la plus basse soumission et
même le prix le plus bas dans la province de Québec.
M. LESAGE: Il y a des soumissions publiques pour les automobiles.
M. JOHNSON: M. le Président, dans cette Chambre, le ministre de
la Santé nous a décrit comment les véhicules
étaient achetés par lui. Il demandait le prix de liste le
ministre de la Santé du temps, au sujet d'une Chrysler, entre autres. Il
a décrit de système et il a dit; On choisit le vendeur. Est-ce
que ça été changé? Est-ce qu'on demande des
soumissions pour chaque véhicule que l'on achète?
M. LESAGE: Des demandes de soumissions publiques.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y a eu des soumissions publiques pour chacun
des véhicules vendus par l'organisateur du député de
Charlevoix qui est garagiste à Pointe-au-Pic ou garagiste à La
Malbaie?
M. MAILLOUX: M. le Président, tous les véhicules vendus au
gouvernement dans Charlevoix, du premier au dernier, ont été
achetés par le service des achats à demandes de soumissions
publiques, et c'est seulement, dans tous les cas, le plus bas soumissionnaire
qui a obtenu la soumission.
M. JOHNSON: Je voudrais entendre le premier ministre affirmer
ça.
M. LESAGE: Je crois qu'il s'agissait de l'ancien ministre de la
Santé qui est maintenant ministre du Tourisme. Le ministre de la
Santé dans le temps, il était question de son automobile,
c'est-à-dire l'automobile du gouvernement qui était à sa
disposition, qu'il avait achetée à Rivière-du-Loup. Pour
ce qui est des achats d'automobiles, il y a eu des demandes de soumissions
publiques pour achat d'automobiles pour le ministère de la Justice, le
15 février, pour ouverture le 25 février, demande de soumissions
publiques par les journaux numéro 478, pour Québec.
M. JOHNSON: Combien de véhicules?
M. LESAGE: C'est marqué $40,000, 22 voitures. Numéro 479,
automobiles Montréal, $60,000, 31 voitures pour Montréal,
à la Sûreté. Numéro 480, $9,000, des automobiles
pour St-Hubert, 4 automobiles, demande de soumissions par les journaux. Demande
No 481, pour Mégantic, $7,000, 4 automobiles. No 482, à Hull,
$8,500, 4 automobiles. Numéro 483, pour St-Jean, Québec, $8,500,
4 automobiles, quatre ou cinq. Demande de soumission, No 484, St-Hyacinthe,
$14,000, demandes de soumissions publiques, cinq automobiles.
Montcalm: 4 automobiles, no 485; no 486, pour l'Abitibi-Est: 4 voitures.
Ce sont toutes des demandes de soumissions publiées le 15 février
et les soumissions ont été ouvertes le 25 février.
M. JOHNSON: Très bien, ça tombe bien. M. LESAGE: Cela,
c'est sur les journaux. M. JOHNSON: Cela tombe bien.
M. LESAGE: Comment ça tombe bien? Cela ne tombe pas bien, c'est
comme ça que nous achetons.
M. JOHNSON: A la veille de son budget, le premier ministre a toujours
quelques exemples de demandes de soumissions publiques.
M. LESAGE: M. le Président, je regrette infiniment, ce n'est pas
à la veille du budget. Est-ce qu'il me sera permis de mentionner que
c'est à la suite de l'adoption du budget supplémentaire et qu'au
budget supplémentaire était prévu l'achat d'une centaine
de voitures. Cela a été discuté lors de l'étude des
crédits du budget supplémentaire no 3 pour l'année
courante. Alors ce n'est pas un « adon »; les demandes ont
été faites le 15 février, après que le bill des
subsides eut été sanctionné. Immédiatement, les
demandes de soumissions ont été faites et elles ont
été faites dans les journaux, demandes de soumissions publiques.
Cela n'a pas été fait pour « adonner » avec
l'étude des crédits du premier ministre, pas du tout. Cela a
été fait après la sanction des crédits
supplémentaires no 3.
M. JOHNSON: M. le Président, depuis 1960, pour revenir au
comté de Charlevoix, combien de garagistes ont vendu des automobiles et
quels sont-ils? Est-ce que c'est chaque fois à la suite de demandes
d'offres publiques? Deuxièmement, est-ce que c'est à la suite de
demandes d'offres en circuit fermé, par téléphone, ou
encore sont-ce des commandes directes? Et ensuite, M. le Président, on
devrait dire à cette Chambre combien ces mêmes garagistes ont
vendu de véhicules à l'Hydro-Québec.
M. LESAGE: L'Hydro-Québec procède également par
demandes de soumissions publiques...
M. JOHNSON: M. le Président, quand le premier ministre pourra
répondre à cette question avec des précisions, et non
seulement des affirmations très vagues...
M. LESAGE: L'Hydro-Québec procède par demandes de
soumissions publiques.
M. JOHNSON: ... nous serons pas mal plus satisfaits.
M. LESAGE: Le directeur des achats m'assure que l'Hydro-Québec
procède également par demandes de soumissions publiques pour
l'achat de voitures automobiles.
M. JOHNSON: M. le Président, pour ce qui concerne le comté
de Charlevoix j'aimerais avoir une réponse pour tous les
véhicules achetés par le gouvernement et par l'Hydro depuis 1960
et savoir selon quelles modalités, ils l'ont été.
M. LESAGE: Posez la question au feuilleton et je vais vous
répondre.
M. MAILLOUX: M. le Président, je ne répondrai pas aux
questions posées par le chef de l'Opposition alors que je n'avais aucun
mandat entre 1960 et 1962. J'ai souvenance que plusieurs garages de mon
comté ont vendu des automobiles au ministère de la Justice ou
à d'autres ministères mais toujours, à ce que je sache,
par soumissions publiques. Il y a une chose que le député de
Bagot ne sait pas pour ce qui est de Charlevoix: c'est que chez nous, que les
gens soient rouges ou bleus...
M. LESAGE: En circuit fermé.
M. MAILLOUX: ... pour ce qui est des automobilistes, tout le monde
travaille dans le comté et je le mets au défi de trouver des gens
qui, systématiquement, ont été mis de côté
simplement en raison de couleur politique.
M. JOHNSON: M. le Président, nous aurons des précisions,
puisque la question sera posée au feuilleton.
M. LESAGE: Posez-là au feuilleton, je vais répondre et
l'on me dit...
M. JOHNSON: Quels sont les garagistes, les vendeurs d'automobiles...
M. LESAGE: ... M. Bussières n'est pas là depuis 1960, mais
ses assistants sont là depuis 1960 et ils me disent qu'en toute
circonstance les automobiles ont été achetées, sauf
peut-être les automobiles pour l'utilisation des ministres cela je
le sais parce que celles-là passent au Conseil de la trésorerie
ont été achetées soit à la suite de demandes
de soumissions publiques, soit après demandes de soumissions en circuit
fermé, avec concurrence évidemment. Il y a toujours eu de la
concurrence, m'assure-t-on.
M. JOHNSON: M. le Président, pour la dernière
année, celle qui est en train d'expirer...
M. LESAGE: C'est expiré, ç'a été ouvert le
25 février.
M. JOHNSON: Non, pour la dernière année
financière.
M. LESAGE: Onze soumissions ouvertes aujourd'hui.
M. JOHNSON: Combien de véhicules ont été
achetés dans le comté de Charlevoix?
M. LESAGE: On n'en a pas acheté, les soumissions ont
été ouvertes aujourd'hui.
M. JOHNSON: Non, non, depuis le 1er avril 1965.
M. LESAGE: Si vous voulez inscrire au feuilleton, je vais faire des
recherches.
M. JOHNSON: Le premier ministre n'a pas ça?
M. LESAGE: Non, non, je n'ai pas ça.
M. JOHNSON: Ses officiers n'ont pas ces chiffres?
M. LESAGE: Si on veut inscrire la demande au feuilleton, je vais faire
faire les recherches.
M. JOHNSON: M. le Président, on rejoint là, la suggestion
faite par le député de Champlain, de publier des rapports qui
groupent les achats par catégories d'achats et j'ajouterai aussi, pour
les fins du dossier, que nous avons suggéré déjà
devant le comité des comptes publics que le gouvernement publie chaque
quinzaine ou chaque mois au moins, un livre blanc ouvert il le colorera
comme il le voudra qui contienne tous les paiements faits au cours de la
période couverte avec indications du destinataire du paiement, du
montant du paiement et de l'autorité en vertu de laquelle le paiement a
été fait et ainsi que les fins pour lesquelles ce montant est
dépensé. De cette façon, la Chambre pourra par ses
députés suivre ce travail essentiel et s'acquitter, dis-je, de
cette fonction fondamentale de l'Opposition, la surveillance des
dépenses publiques.
M. LESAGE: D'accord.
M. JOHNSON: M. le Président, avant de me rasseoir, je voudrais
remttre la politesse au député de St-Hyacinthe qui pourra
lire...
M. LESAGE: Ce n'est pas lui qui m'a remis cette lettre.
M. JOHNSON: ... dans les débats, M. le Président, les
exemples que je connais très bien. A St-Hyacinthe, tout le monde sait
que plusieurs honorables cassés sont devenus honorables cossus depuis
1960...
M. LESAGE: Il n'est pas ici le député de St-Hyacinthe.
M. JOHNSON: Non, non, je lui donnerai... M. LESAGE: Lorsque...
M. JOHNSON: Pour qu'il se prépare pour son budget.
M. LESAGE: M. le Président, un instant s'il vous plaît.
Lorsqu'à huit heures j'ai voulu référer à la
lettre, le député de Champlain et le député de
Missisquoi m'ont fait remarquer que le député de Bagot
n'était pas présent. J'étais pour laisser la lettre de
côté, je me suis rassis et à ce moment-là le
député de Bagot est entré. Mais en son absence, lorsque
son absence m'a été signalée, j'ai cessé de causer
d'une affaire qui le concernait.
M. JOHNSON: M. le Président, à St-Hyacinthe comme
ailleurs, alors cela couvre les députés qui sont ici, tout le
monde en a été témoin, des gens sont devenus
prospères, très prospères par suite de leurs
activités dans le parti libéral. M. le Président, c'est
trop facile...
M. COURNOYER: Tout le monde dans la province est prospère.
M. JOHNSON: Où est le député de St-Jean?
M. THEBERGE: Parlez donc de ceux qui sont ici.
M. JOHNSON: Oui, mais la prospérité
s'accélère, le phénomène de
l'accélération de la prospérité. M. le
Président, je ne connais...
M. THEBERGE: Parlez donc de ceux qui sont ici.
M. JOHNSON: Pardon?
M. THEBERGE: Parlez donc des députés qui sont ici.
M. JOHNSON: C'est un peuloin, le Témiscamingue.
M. THEBERGE: Oui, très bien, allez-y.
M. LESAGE: Allez-y contre le docteurThéberge.
M. JOHNSON: Mais on me dit que le député de
Témiscamingue en arrache moins qu'avant 1962, il a moins de temps pour
pratiquer l'art dentaire depuis qu'il est député.
M. THEBERGE: Si c'est tout ce que vous avez à dire contre le
député de Témiscamingue, ça va bien.
M. JOHNSON: M. le Président... Il n'y a tout de même pas
beaucoup de cheveux à arracher au ministre, mais j'ai bien peur qu'il
perde le reste d'ici le 25 mars.
M. LESAGE: Quoi? Le 25 mars? Qu'est-ce que c'est le 25 mars? Y a-t-il
une autre élection le 25 mars?
M. JOHNSON: Il va même perdre son duvet. M. FORTIN: Je lui laisse
le champs libre.
M. JOHNSON: M. le Président, il n'y a personne dans la province,
surtout dans les comtés ruraux où les gens se connaissent qui
croient le premier ministre lorsque avec des accents de sincérité
et une élocution, un air angélique qui fait concurrence à
l'air du ministre de la Justice.
M. LESAGE: Merci.
M. JOHNSON: Entre les deux, je me demande lequel a l'air le plus
vertueux.
M. LESAGE: C'est ça, nous nous sentons mutuellement
complimentés.
M. JOHNSON: Maintenant qu'il a gagné le con- cours de
beauté, il veut avoir le concours de vertu. Qu'il en laisse un au moins
au ministre de la Justice, il ne faut tout de même pas accaparé
tous les prix, les trophées.
M. LESAGE Il y a beaucoup plus de mérite au deuxième qu'au
premier.
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. LESAGE: Demandez au député de Champlain.
M. JOHNSON: M. le Président, tout le monde, surtout dans nos
comtés composés de paroisses rurales et de petites villes, tout
le monde s'esclaffe quand le premier ministre dit: Il n'y a plus de
patronage.
Tout le monde rit. A Acton Vale, les seuls qui ont eu à fournir
des prix, ce sont les libéraux,
M. LESAGE: Ce n'est pas la liste que j'ai donnée au
député de Champlain, cet après-midi, les 44 marchands de
peintures?
M. JOHNSON: Le premier ministre ne pourrait pas me nommer un seul
organisateur de l'Union nationale, propriétaire de commerce, vendeur
bona fide, dans le comté de Bagot, qui a pu vendre quoi que ce soit au
gouvernement, même pour des commandes dans le coin.
M. LESAGE: Il y a eu du 1er avril 1964 au 28 février 1965, des
achats dans le comté de Bagot pour la somme de $330,705.41, alors que
des biens consommés et achetés pour le gouvernement, il n'y en a
eu que pour $99,868.09. Achats, $330,705, dépenses, $99,000. Alors,
comme l'on peut voir, le comté de Bagot est assez bien
favorisé.
M. COURCY: Ils sont aux petits oignons! M. JOHNSON: Qui sont ces
fournisseurs? M. LESAGE: Je ne le sais pas.
M. JOHNSON: Le premier ministre doit avoir la liste pour Bagot.
M. LESAGE: La liste, je pourrai bien la donner. $330,000 d'achat dans le
comté de Bagot.
M. JOHNSON: A tout événement, je ne veux pas prendre le
temps de la Chambre sur cette question. Tout le monde s'esclaffe quand le
premier ministre proteste de la mort du patronage.
M. HARVEY: Accompagnez M. Gabias sur sa chaise.
M. JOHNSON: Mais ce qu'il y a de paradoxal, c'est quand le premier
ministre s'élance en Chambre ici pour dire que le patronage est aboli,
il n'a pas d'applaudissements. C'est lorsqu'il dit: Il reste quand même
que certains libéraux ont des commandes. Et là, tous les
députés libéraux applaudissent. Et, cet après-midi,
quand j'ai dit que M. Bussière était un excellent fonctionnaire,
les députés libéraux, surtout les « back benchers
» ont applaudi avec une ardeur de patroneux qui devenait embarrassante
pour le directeur du service. Ils l'ont fait rougir, si c'est encore possible.
Je comprends qu'il ait des problèmes de conscience, de ce temps-ci, le
directeur. J'ai appris c'est le temps, je pense bien, de vider l'affaire
j'ai appris que le directeur du service avait l'intention de
démissionner. J'ai demandé au premier ministre si tel
était le cas.
M. LESAGE: Je vous ai dit que vous aviez entendu des mauvaises langues
ou que vous deviez rêver, que vous avez autour de vous des langues de
vipères. Je vous l'ai dit l'autre jour. Faites attention! Vous entendez
des voix.
M. JOHNSON: Lepremier ministre voudrait-il nous dire combien de pages,
combien de feuillets contenait la lettre de M. Bussière?
M. LESAGE: Je n'ai pas reçu de lettre de M. Bussière
m'offrant une démission ou me parlant de démission.
M. JOHNSON: Je suis obligé de prendre la parole du premier
ministre»
M. LESAGE: Certainement, et c'est la vérité aussi.
D'ailleurs, je pourrais le faire publiquement et M. Bussière
également.
M. JOHNSON (souriant): M. Bussière fait signe que non quand le
premier ministre vient de dire que c'est la vérité.
M. LESAGE: Cela est absolument injuste. M. Bussière faisait signe
que non, qu'il ne m'a pas envoyé de lettre. Cela est malhonnête de
la part d'un député.
M. JOHNSON: Bien non, bien non! C'est le danger pour les fonctionnaires
de manifester de quelque côté que ce soit en Chambre. Il faisait
non, alors que le premier ministre disait...
M. LESAGE: Je regrette infiniment, mais voici que le chef de
l'Opposition, profitant du fait que le directeur du Service des achats est ici,
à ma gauche, assis en Chambre à son devoir où il doit
être, sachant que lui n'a pas le droit de parole, affirme qu'il m'a
envoyé une lettre de démission. Moi, j'ai le droit de me lever et
de dire: Non. Et le chef de l'Opposition émet des doutes sur la
véracité de mon affirmation, il est normal, pour un homme
intelligent de faire la dénégation: Non, ce n'est pas vrai, je
n'ai pas donné ma démission. Et là, le chef de
l'Opposition, franchement ne peut pas honnêtement traduire ce signe de
tête: « Non », comme étant un démenti au
premier ministre. C'était un démenti au chef de l'Opposition, et
il le sait fort bien, d'ailleurs.
M. JOHNSON: Evidemment, je comprends que le premier ministre veuille
éclairer les gens qui liront les Débats...
M. LESAGE: C'est clair.
M. JOHNSON: ... mais le premier ministre s'est aperçu dans quel
esprit je l'ai fait et avec quel sourire je le faisais.
M. LESAGE: Oui, mais le sourire ça ne paraît pas
malheureusement dans les Débats.
M. HARVEY: Ni dans les journaux.
M. JOHNSON: C'est dommage pour moi, mais c'est bon pour le premier
ministre que ses colères et son ton ne paraissent pas nonplus dans le
journal des Débats.
M. LESAGE: Je ne suis pas en colère, pas du tout. J'ai un peu mal
à la gorge, je suis obligé de parler fort.
Je suis comme le député de Champlain, j'ai une voix
forte.
M. JOHNSON: J'ai personnellement beaucoup de respect pour le directeur
du service, et j'avais entendu dire qu'il songeait à
démissionner...
M. LESAGE: Vous avez des langues de vipères autour de vous.
M. JOHNSON: Non, ce ne sont pas des langues de vipères, ce sont
des gens bien renseignés d'habitude...
M. LESAGE: Bien, ils sont bien mal renseignés.
M. JOHNSON: ... mais je suis obligé de prendre la parole du
premier ministre qui me dit qu'il n'a pas été question de
démission...
M. LESAGE: Oui, vous êtes obligé de dire la
vérité.
M. JOHNSON: ... c'est classique en politique on dit au garçon:
Bien, reprenez-la votre lettre, alors je peux prétendre que je ne l'ai
pas reçue.
M. LESAGE: M. le Président, c'est faux. M. JOHNSON: Très
bien!
M. LESAGE: J'ai dit que je n'avais pas reçu de lettre et je n'ai
pas reçu de lettre, point.
M. JOHNSON: M. le Président, dans quelques mois, on verra.
M. BELLEMARE: M. le Président, juste pour ne pas envenimer le
débat, seulement je voudrais bien dire à l'honorable premier
ministre que j'ai aujourd'hui, hier, et avant-hier, parlé de patronage
en des termes qui l'ont un peu stigmatisé, mais j'étais en
compagnie du président de la Fédération libérale de
mon comté, M. Leroux.
M. LESAGE: Oui, comment s'appelle-t-il?
M. BELLEMARE: M. Leroux, qui lui, M. le Président, a
traité ça les patroneux de chez nous, parmi le parti
libéral, de monstres sacrés engendrés, mon cher monsieur,
dans le parti libéral et viciés dans le parti libéral.
M. LESAGE: Est-ce qu'il est président de la
Fédération?
M. BELLEMARE: Il a été président de la
Fédération...
M. LESAGE: Il n'a pas été candidat N.P.D.?
M. BELLEMARE: Il a démissionné puis il s'est
présenté N.P.D. parce qu'il ne pouvait plus...
M. LESAGE: Ah! c'est ça.
M. BELLEMARE: ... M. le Président, ce n'est pas parce qu'il a
démissionné... Il a laissé le parti libéral,
justement, il l'a dit fédéral...
M. LESAGE: Il n'est pas devenu bleu de l'espèce la plus pure.
M. BELLEMARE: Non, non, non, il a dit en démissionnant de la
Fédération libérale: « Je sors des rangs du parti
libéral parce que je suis écoeuré ». Il était
écoeuré du patronage qui se faisait là.
M. LESAGE: Il a été désappointé.
M. BELLEMARE: Non, non, écoeuré. Il a dit, M. le
Président, que tout n'allait pas pour le mieux au sein de la
Fédération libérale...
M. LESAGE: Bien non! il n'avait pas fait un cent.
M. BELLEMARE: ... et encore il existe un patronage condamnable et
virulent...
M. LESAGE: Il en voulait, puis il n'en a pas eu.
M. BELLEMARE: ... dans le comté de Champlain, nous avons
créé une barrière et nous avons créé, de
toutes pièces, des monstres sacrés qui se sont viciés au
sein même de notre organisation, c'est devenu aujourd'hui des boulets,
dans cette histoire de patronage, deux patroneux en particulier, et je les
nommerai en temps et lieu, ils sont du Cap-de-la-Madeleine.
M. LESAGE: Ah bon! lui, c'est un brave!
M. BELLEMARE: M. le Président, c'est fantastique, qu'on dise
ça, Marcel-Irénée Leroux, président de la
Fédération libérale de Champlain.
M. LESAGE: C'était sa circulaire électorale. Mais vous
croyez encore à ça? Même aux vôtres, les circulaires
électorales là?
M. BELLEMARE: M. le Président quand le président
libéral de mon comté demande un nettoyage au sein même de
la fédération de son parti, dans mon comté...
M. LESAGE: Non, ce n'était pas de son parti, il était
candidat de N.P.D.
M. BELLEMARE: Non, non, non, pas là, M. le Président, le
27 février 1965, il n'était pas candidat...
M. LESAGE: Non, mais il était dehors.
M. BELLEMARE: Il était président de la
Fédération libérale...
M. LESAGE: Il a été mis dehors.
M. BELLEMARE: Ah non! non, il n'a pas été mis dehors, non,
non, non. Anne lui dites pas ça. Non, il a démissionné, et
j'en sais quelque chose parce que j'ai de mes oreilles...
M. LESAGE: Ah! c'est vous qui l'avez acheté?
M. BELLEMARE: Ah! le premier ministre me prend-il, mon cher monsieur,
pour un autre Bona Arsenault? Un traficant de têtes?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: Ah non! non, on ne trafique pas de têtes, M. le
Président. Bona achètera ceux qu'il voudra, mais pas moi, je n'ai
jamais acheté personne. Mais est-ce que c'est beau pareil, un franc
libéral, un président de fédération. Ce n'est pas
un organisateur de l'Union nationale, ce n'est pas un vrai bleu pur là,
comme vous appeliez tout à l'heure. Un vrai rouge ç'a
toujours été de père en fils, des rouges
organisateurs qui sort de la Fédération...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! M. LESAGE: Mais c'était
sur quel journal?
M. BELLEMARE: Ah! ce n'est pas moi qui l'ai imprimé,
c'était le Nouveau Samedi, 27 février 1965.
M. LESAGE: Le Nouveau Samedi, c'est très bien.
M. BELLEMARE: M. le Président, ç'a paru dans le
Nouvelliste aussi, en gros titre: « Le président de la
Fédération libérale...
M. COURNOYER: Payé.
M. BELLEMARE: ... menace les libéraux de son comté de
faire des dénonciations. »
M. COURNOYER: Annonce payée.
M. BELLEMARE: ... Et, M. le Président...
M. LESAGE: Est-ce qu'il les a faites?
M. BELLEMARE: Ah bien oui! il y en a un qui se prépare à
être candidat contre moi, un de ces patroneux-là.
M. LESAGE: Est-ce qu'il a fait les dénonciations?
M. BELLEMARE: Va-t-il en manger une, celui-là, M. le
Président!
M. LESAGE: Non, mais est-ce qu'il a fait des dénonciations?
M. BELLEMARE: Il est vice-président de la compagnie...
M. LESAGE: Non, mais est-ce que, le député de Champlain,
est-ce qu'il a fait des dénonciations...
M. BELLEMARE: Ah oui! il a dit: « Nous avons bâti des
monstres sacrés... »
M. LESAGE: Non, non, ce n'est pas ça.
M. BELLEMARE: « ... au sein même de l'organisation
libérale. » Imaginez-vous donc l'atmosphère...
M. LESAGE: N'est-il pas vrai que M. Leroux a dû décamper du
comté de Champlain?
M. BELLEMARE: Ah bien! écoutez bien, ça, c'est une affaire
personnelle, je ne la connais pas. Mais je sais qu'à ce temps-là,
il a décampé de la Fédération libérale, par
exemple.
M. LESAGE: Non, il est décampé du comté aussi.
M. BELLEMARE: Oui, mais, M. le Président, est-ce que c'est vous
qui l'avez fait faillir?
M. LESAGE: M. le Président, ce que je sais c'est qu'il est parti
du comté...
M. BELLEMARE: Mais, M. le Président, l'avez-vous fait chanter
parce qu'il s'est présenté entre les deux?
M. LESAGE: Je ne le connais même pas, je ne l'ai jamais
rencontré.
M. BELLEMARE: C'est parce que vous en parlez en connaissance de
cause.
M. LESAGE: On vient de m'informer que...
M. BELLEMARE: « On vient de m'informer... » vous aussi vous
avez des langues et puis des langues qui sont empoisonnées.
M. LESAGE: Ce ne sont pas des langues de vipères ce sont des
langues bien informées,
M. BELLEMARE: Ah, vous avez l'oreille tendre un peu!
M. LESAGE: Non, j'ai l'oreille fine surtout! UNE VOIX:
Adopté.
M. BELLEMARE: M. le Président, pour revenir à des choses
sérieuses...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: ... quand on parle de patronage et qu'on entend ça
de la bouche d'un président de la Fédération
libérale lorsqu'on dit qu'en 1965, ce n'est pas en 1960 en
1965 après avoir navigué...
M. LESAGE: Il n'y a rien à garantir...
M. BELLEMARE: ... au pouvoir il dit, mon cher monsieur, comme
président de la Fédération libérale; « Nous
avons créé des monstres... »
M. LESAGE: Des quoi?
M. BELLEMARE: « Des monstres. « ...qui se sont viciés
au sein même de notre organisme. » Ce sont des monstres
sacrés. M. le Président, cela vaut bien des petites lettres
écrites par un avocat en 1946.
M. LESAGE: ... c'est le cas, vous avez bien raison!
M. BELLEMARE: Ah, elle est bonne, le premier ministre la trouve bonne.
Oui certain, el-
le est bonne. Ah oui, elle est bonne. Je ne voulais pas la sortir, moi
non plus. Cela faisait quelques jours que je l'avais et là je n'ai pas
pu résister. Je me suis dit, il faut que je la sorte. Alors on est
quittes hein? Mais le patronage existe pareil. Le premier ministre le sait
qu'il existe. Mais il fait bien son possible, le Premier, il a bien de la
misère des fois, avec ses présidents et surtout avec ses monstres
sacrés, il ne peut pas les attacher tous. Quand je vois le premier
ministre sortir une petite lettre d'un avocat, de 1946: « Je vais vous
lire ça, moi, les purs, les bleus les plus purs ». Ah! et puis il
était heureux, monsieur. Je suis là, à mon siège,
M. le Président, et je suis là je me tortille disant: Vais-je la
sortir, ne la sortirai-je pas? Ah! et puis je n'étais plus capable.
Alors, M. le Président, je reviens au patronage qui n'existe pas
en apparence mais qui en fait, on le sent, je dis que...
M. LESAGE: Mais, pour ça vous avez le nez fin, vous êtes
habitué...
M. BELLEMARE: Ah! Monsieur, oui!
M. LESAGE: Vous en avez fait votre part!
M. BELLEMARE: Bien écoutez, M. le Président, si le premier
ministre veut me porter une accusation de patronage, je pense bien qu'il va
être assez gentil de dire; M. Bellemare...
M. LESAGE : Je suis aussi sérieux que le député de
Champlain l'est en s'amusant à parler des monstres probables, des
monstres sacrés.
M. BELLEMARE: Non, je veux dire au premier ministre que j'ai
été un bon député qui a eu soin des veuves et des
orphelins.
M. LESAGE : Il faut faire attention! J'en connais qui ont eu soin des
veuves et puis il y a eu le pensionnat des orphelins après!
M. BELLEMARE: C'est une prohibition... Je ne suis pas très
instruit mais le code civil appelle ça mon cher monsieur « de la
fidéicommis ». Je ne sais pas comment ils appellent ça,
celui qui agit comme bon père de famille dans l'administration des biens
de l'Etat. Alors, M. le Président, là on a oublié la
lettre du député de Bagot. Vous oublierez bien celle-là
hein?
M. LESAGE: C'est très bien! Nous allons parler des achats. Vous
me l'enverrez.
M. BELLEMARE: Mais certainement! Je vais vous en faire faire deux ou
trois exemplaires, parce qu'il y a peut-être d'autres
députés qui voudraient la lire.
M. LESAGE: Oui!
M. BELLEMARE: M. le Président, est-ce qu'il y a, au Service des
achats, écoutez bien, je veux être bien honnête, je ne porte
pas d'accusation contre personne non, je n'ai pas ma lettre je ne
porte pas d'accusation contre personne, mais je pense que ma question...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: ... mérite d'être posée. Est-ce qu'il
n'y a pas eu au Service des achats des démissions qui ont
été ordonnées à la suite de certaines
enquêtes et qu'un ou deux employés ont été
remerciés de leurs services à la suite d'une enquête qui
aurait prouvé qu'il y aurait eu malversation ou patronage ou bien
indirectement des indiscrétions qui auraient été commises
et qui auraient été découvertes? Je ne voudrais pas
prononcer de noms dans cette Chambre, c'est bien sûr que ce sont des gens
qui m'ont donné une information et qui me semblent honnêtes.
M. LESAGE: Evidemment, si le député de Champlain... moi je
vous avoue, M. le Président...
M. BELLEMARE: Non, mais est-ce que le directeur du Service...
M. LESAGE: Je ne m'en souviens pas.
M. BELLEMARE: Je sais que ça relève de la fonction
publique.
M. LESAGE : M. Bussières me dit que depuis qu'il occupe sa
fonction il n'est pas arrivé...
M. BELLEMARE: Je le demanderai à M. Fournier, qui est
président du Service civil, tout à l'heure...
M. LESAGE: Bien, M. Fournier vient d'entrer. Je n'ai pas souvenir de
ça et je m'en souviendrais il me semble.
Mais ma mémoire peut faire défaut. Non, mon chef de
cabinet ne se souvient pas de ça, moi non plus, et M. Bussières
me dit: Pas depuis qu'il est là. Non.
M. BELLEMARE: Combien y a-t-il d'employés qui ont
démissionné cette année de leurs fonctions au service?
M. LESAGE: Non, non, il y a eu des transferts mais il n'y a pas eu de
démissions.
M. BELLEMARE: Il n'y en a pas aucune démission cette
année? La grosse Bertha?
M. LESAGE: Oui, un jeune Plamondon qui travaillait à
l'entrepôt, il a démissionné pour aller travailler
ailleurs, c'est tout.
M. HARVEY: Il y a un M. Hardy qui était là autrefois.
M. LESAGE: Il y a eu trois mutations à d'autres
ministères.
M. BELLEMARE: Ah oui, j'ai toutçaici.
M. LESAGE: Voulez-vous que je donne les noms? Il y a eu trois
mutations.
M. BELLEMARE: Non, je les ai, merci je les ai, ces trois-là.
M. LESAGE: Il y a eu quatre démissions. M. BELLEMARE: J'ai celui
de Plamondon.
M. LESAGE: J'ai les gens qui sont allés travailler ailleurs.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. LESAGE: Les quatre démissions qu'il y a ici ce sont des gens
parfaitement honnêtes, parfaits travailleurs, qui sont allés
travailler ailleurs.
M. BELLEMARE: Je vais attendre, je vais poursuivre mon enquête
personnelle.
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: Puis si je découvre le nom on aura le droit de
revenir à un moment donné.
M. LESAGE: Certainement, et si le député de Champlain veut
me donner un nom.
M. BELLEMARE: Non, pas tout de suite.
M. LESAGE: ... à moi, je pourrai certainement faire
enquête.
M. BELLEMARE: Ah non, Irénée Leroux, ça c'est
très bien je peux vous le donner mais pas celui-là.
M. LESAGE: Ah, non, non. Je veux dire si le député de
Champlain ne veut pas donner le nom pour ne pas risquer de faire tort à
qui que ce soit.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. LESAGE: ... et qu'il veut me demander de faire enquête, je peux
le donner par...
M. BELLEMARE: Je demanderai au directeur du service ou encore M.
Untel...
M. LESAGE: Ah oui, c'est ça.
M. BELLEMARE: ... au téléphone ça il n'y a pas de
patronage là, je demanderai au téléphone par Untel...
M. LESAGE: Non, il n'y en a pas de patronage, ni au
téléphone ni autrement.
M. BELLEMARE: Alors, il y a une chose dont je suis surpris aux achats
c'est à la page 213, il y a une compagnie. Pages 213 et 214 des comptes
publics 1964-65 il y a là une compagnie qui s'appelle Xerox of
Canada.
M. LESAGE: Mais oui.
M. BELLEMARE: ... oui, oui, je comprends, qui apparaît sous trois
articles différents...
M. LESAGE: C'est bien possible.
M. BELLEMARE: ... qui apparaît d'abord à Matériel,
articles de bureau, à la page 213 dans l'administration et qui
apparaît ensuite de ça dans l'autre Service général
des achats, à la page 214: Matériel et articles de bureau et il
apparaît ensuite de ça pour $37,000. en bas complètement,
dans l'avant-dernière ligne. Si c'est la même compagnie qui
fournit l'outillage, le service mécanique, pourqouoi ne pas le faire
figurer au même endroit dans le Service des achats et ne pas le diviser
en trois sections?
M. LESAGE: C'est parce que c'est loué, ce n'est pas acheté
ça.
M. BELLEMARE: Non, non, un instant, ça c'est sur... Mais ma
question... Pourquoi en trois?
M. LESAGE: Je vais l'expliquer là. C'est parce qu'il y a une
machine qui est au bureau du premier ministre. On comprendra qu'il faut une
machine à polycopier.
M. BELLEMARE: Ah oui. Cela c'est celle qui est à
l'administration?
M. LESAGE: Au bureau du premier ministre.
M. BELLEMARE: Cela c'est le $7,000.42. M. LESAGE: Il y en a deux...
M. BELLEMARE: Au bureau du premier ministre?
M. LESAGE: Il y a deux machines. Il y en a une aussi au bureau du
premier ministre et il y en a une au bureau du greffier du Conseil
exécutif.
M. BELLEMARE: Là il y en a trois?
M. LESAGE: Non, non, c'est deux, une à mon bureau...
M. BELLEMARE: Ah bon, bon.
M. LESAGE: ... et une au bureau de M. Tanguay.
M. BELLEMARE: Celles qui figurent à administration, $7,000.?
M. LESAGE: $7,000, cela ce sont deux machines.
M. BELLEMARE: Bon, très bien.
M. LESAGE: Une à mon bureau et l'autre au bureau du Conseil des
ministres.
M. BELLEMARE: Bon d'accord. Ensuite on tourne au Service
général des achats...
M. LESAGE: Service général des achats, il y en a une au
Service général des achats.
M. BELLEMARE: Bon, puis en bas de la page complètement
l'avant-dernière ligne, $37,000 pour la même compagnie encore?
M. LESAGE: C'est l'entrepôt, c'est l'achat de divers produits pour
les ministères et organismes du gouvernement. Premièrement:
poudre pour impressions.
M. BELLEMARE: De la poudre pour $37,000?
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: $37,000 de poudre!
M. LESAGE: Moi, je ne connais pas ça je n'ai jamais
manoeuvré une machine...
M. BELLEMARE: Moi, non plus. $37,000 de poudre. Ce n'est pas de la
poudre à canon.
M. LESAGE: C'est ça qui sert àimprimer.
M. BELLEMARE: C'est ce qui remplace l'encre?
M. LESAGE: C'est ce qui remplace l'encre, mais ça se vend en
poudre et puis c'est de la poudre pour impression, c'est l'encre ça:
$25,815.47.
M. BELLEMARE: $25,815.47 de poudre?
M. LESAGE: Puis il y a une autre poudre. De la poudre pour
développer.
M. BELLEMARE: Oui...
M. LESAGE: Une c'est $708, l'autre...
M. BELLEMARE: ... il y a du talc et il y a de la poudre à
farine.
M. LESAGE: L'autre poudre, c'est $9,700.22.
M. BELLEMARE: Les femmes font ça, deux sortes de poudre.
M. LESAGE: Je savais que vous en parleriez. Ensuite, il a fallu acheter
des nettoyeurs, « film remover », c'est comme...
M. BELLEMARE: Pour les ongles.
M. LESAGE: C'est comme pour les ongles...
M. BELLEMARE: Cela va bien.
M. LESAGE: C'est $775.57. Cela c'est pour enlever. Il y a un liquide
à correction, aussi, qu'on appelle « snowpake »...
M. BELLEMARE: Pour mettre sur les ongles.
M. LESAGE: $888.95, ce qui fait un total de $35,188.21. Mais ça,
c'est pour tous les ministères.
M. BELLEMARE: Très bien. M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BELLEMARE: Non, non, une minute.
M. le Président, ces explications me satisfont, surtout celles
des poudres. A la page 213, M. le Président, il y a une question que je
voudrais poser parce qu'elle revient aussi aux pages 214 et 215. Il y en a une
à 213 de General Purchasing, service de « warehouse », 214,
même compagnie pour un montant de $3,963 et dans le General Purchasing
à 214, c'est$7,604.32 et là M. le Président, on retrouve
à la page 215, au...
M. LESAGE: Mais oui,...
M. BELLEMARE: ... conseil économique, $3,000 ce qui fait un total
de $14,690.
M. LESAGE: Un instant là, General Purchasing Service, c'est la
traduction anglaise de Service général des achats, ce n'est pas
une compagnie ça.
M. BELLEMARE: Non, non, mais M. le Président, une minute, c'est
le « warehouse ».
M. LESAGE: Bien « warehouse », c'est la traduction
d'entrepôt.
M. BELLEMARE: M. le Président, dans l'équipement,...
M. LESAGE: Cela c'est « equipment ».
M. BELLEMARE: ... pour le service, pour les entrepôts.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Je voudrais savoir du ministère... Je ne suis pas
innocent, surtout un « brakeman », monsieur, qui parle anglais. On
est obligé de parler anglais dans notre métier nous autres aussi,
M. le Président. On n'est pas assez innocent pour ne pas savoir que
« warehouse »... On a des « cabooses », et puis on a
des « warehouses » mais je voudrais dire au premier ministre
que...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: ... les entrepôts...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: « Warehouse » si vous voulez, ou «
caboose », si vous voulez...
M. COURCY: Qu'est-ce qui ne va pas?
M. BELLEMARE: C'est clair. Quand il y en a pour $14,690, c'est
situé où, ça? C'est ça, c'est loué
où?
UNE VOIX: Dans la province de Québec.
M. LESAGE: Il y en a un à Québec et un à
Montréal.
M. BELLEMARE: Ah oui.
M. LESAGE: Ici, il est au centre industriel, sur la rue
Massé.
M. BELLEMARE: Non, mais c'est loué de quelqu'un, ça?
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: C'est loué de quelqu'un. Parce qu'on paie $3,000.
On pale $14,000, alors...
M. LESAGE: Ce sont les Travaux publics qui louent, ce n'est pas ici,
ça.
M. BELLEMARE: Non, non, mais... M. LESAGE: Les locations...
M. BELLEMARE: Ce sont des locations pour le dépôt des
marchandises.
M. LESAGE: Oui, mais ce n'est pas le prix de la location.
M. BELLEMARE: Pour emmagasiner le... comme pourvoyeur...
M. LESAGE: Non, mais c'est au crédit des Travaux publics que l'on
va trouver les locations.
M. BELLEMARE: Non, non, c'est ici. M. LESAGE: Non, non.
M. BELLEMARE: Le Service des achats a payé $14,000 pour les
entrepôts.
M. LESAGE: Non, non, c'est de la marchandise achetée,
ça.
M. BELLEMARE: Mais non, M. le Président, voyons donc. C'est
marqué: entrepôt. Ce sont des entrepôts qu'on loue, pour
loger les articles de bureaux.
M. LESAGE: Non, c'est parce que nous gardons de la marchandise en
entrepôt.
M. BELLEMARE: C'est ça, c'est ça.
M. LESAGE: Ce n'est pas la location de l'entrepôt.
M. BELLEMARE: On paie $3,600 pour louer des entrepôts
sûrement pour déposer de la marchandise.
M. LESAGE: Mais non.
M. BELLEMARE: Voyons donc! Le premier ministre est...
M. LESAGE: C'est le Conseil exécutif. On a dit qu'il y a $100
millions d'achats, n'est-ce pas...
M. BELLEMARE: Ne me changez pas de « switch » encore.
M. LESAGE: Non, non, je ne « switch » pas. Non, non, si l'on
veut regarder...
M. BELLEMARE: Vous pouvez regarder.
M. LESAGE: Il y a une soustraction quelque part, là...
M. BELLEMARE: Une soustraction de quoi?
M. LESAGE: Dans l'entrepôt, il y a de la marchandise à la
disposition de tous les ministères et si l'on regarde à la page
40... Je vais essayer d'expliquer ça au député de
Champlian. A la page 40...
M. BELLEMARE: Il veut m'expliquer ça!
M. LESAGE: ... on verra, article 3, sous-article 2...
M. BELLEMARE: Entrepôts, matériel. M. LESAGE:
Entrepôts: $1,300,000.
M. BELLEMARE: Cela, ce n'est pas ça du tout.
M. LESAGE: Imputations $1,299,000...
M. BELLEMARE: Les articles de bureaux.
M. LESAGE: ... il reste $1,000
M. BELLEMARE: Ce sont les articles de bureaux pour les différents
ministères.
M. LESAGE: Un instant, non, non, non. M. BELLEMARE: Oui, oui, oui.
Voyons. M. LESAGE: Articles de bureau...
M. BELLEMARE: Articles de bureau et autres achats pour tous les
ministères.
M. LESAGE: Oui, et autres achats.
M. BELLEMARE: Pour tous les ministères.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Bien, on en trouve dans tous les autres
ministères.
M. LESAGE: Bien oui, mais c'est ça que je suis en train
d'expliquer au chef... bien, je l'appelle toujours le chef...
M. BELLEMARE: Non, non, ne me prenez pas pour un autre.
M. LESAGE: ... au député de Champlain, c'est que le
conseil exécutif a acheté de l'entrepôt, je me sers du
terme...
M. BELLEMARE: A acheté l'entrepôt.
M. LESAGE: De l'entrepôt, du service des achats. Sur les
$1,300,000, le conseil exécutif a obtenu du service des achats,
provenant des entrepôts, des marchandises pour $3,963.95 et tous les
ministères en ont également obtenu.
M. JOHNSON: En somme, le service des achats a un magasin.
M. LESAGE: Il a des entrepôts. Il achète en grande
quantité par demandes de soumissions publiques et il faut qu'il ait
constamment des réserves. Les poudres Xérox, par exemple, sont
achetées et placées en entrepôt. Les crayons sont dans
l'entrepôt, car ils sont achetés en grande quantité et
lorsqu'un ministère se fait livrer de la marchandise qui vient de
l'entrepôt...
M. BELLEMARE: C'est d'accord!
M. LESAGE: ... c'est inscrit aux comptes publics: pour tant de
marchandises venant de l'entrepôt.
M. BELLEMARE: C'est d'accord. On ne demande pas de soumissions,
là.
M. LESAGE: On a demandé des soumissions lorsqu'on a acheté
la marchandise pour qu'elle aille à l'entrepôt. Le service ne
demande pas de soumissions pour avoir de la marchandise de
l'entrepôt.
M. BELLEMARE: C'est évident. Je savais bien qu'il aurait pris. On
vient de comprendre. M. le Président, mon collègue de
Trois-Rivières aurait une question à vous poser, je pense...
M. LESAGE: Pardon?
M. GABIAS: M. le Président, des formules de classification des
fournisseurs nous ont été remises l'an passé concernant le
dossier complet des procédures et formules. Il fallait, suivant les
instructions qui étaient données, que des demandes de
renseignements soient faites au service Dunn & Bradstreet of Canada Ltd et
au service Quebec Credit Bureau. Je voudrais savoir, puisqu'il s'agit de deux
formules: pièce E et pièce F, s'il y a deux enquêtes sur
chaque cas, soit une enquête par Dunn & Bradstreet of Canada Ltd. et
une autre enquête par Quebec Credit Bureau.
M. LESAGE: Si l'information se trouve déjà dans le volume
de Dunn & Bradstreet, évidemment, aucune demande n'est faite, nous
avons l'information dans le volume de Dunn & Bradstreet. Si la personne ou
la société n'est pas inscrite dans le volume de Dunn &
Bradstreet. on demande indifféremment à Dunn & Bradstreet, ou
au Credit Bureau des informations sur la personne ou la société.
Si les informations reçues de l'une ou l'autre firme sont quelque peu
ambiguës, il se peut qu'on demande de pousser l'enquête, soit
à la même firme, soit à l'autre.
M. GABIAS: Est-ce qu'il y a un contrat de la part du service des achats
avec Dunn & Bradstreet ou Quebec Credit Bureau ou si une facture est
envoyé pour chacune des enquêtes qui est faite et est-ce qu'il y a
un prix pour chacune des enquêtes?
M. LESAGE: Avec Dunn & Bradstreet, il y a un contrat de $1,400 par
année. Cette année, c'est $1,400 et puis c'est valable pour 400
à 450 enquêtes alors qu'avec le Credit Bureau, c'est tant
l'enquête, il n'y a pas de contrat.
M. GABIAS: Est-ce qu'il y a un prix fixe pour chacune des
enquêtes?
M. LESAGE: Pardon?
M. GABIAS: Est-ce qu'il y a un prix fixe ou si le coût varie
suivant le nombre d'heures?
M. LESAGE: C'est un prix fixe. Ici on me dit qu'on croit que c'est
$1.25.
M. GABIAS: Pour chacune des enquêtes? M. LE PRESIDENT:
Adopté? M. BELLEMARE: Ah non.
M., GABIAS: M. le Président, toujours suivant la pratique en
vigueur au service général des achats, est-ce qu'il y a eu de
nombreuses recommandations, d'altérations ou d'annulations de
fournisseurs qui ont été inscrits sur la formule CF-2 à la
suite de la mise en application de la réglementation
distribuée?
M. LESAGE: Il y en a qui faillissent, il y en a qui meurent, il y en a
qui abandonnent les affaires...
M. GABIAS: Oui.
M. LESAGE: ... alors évidemment à ce moment-là leur
nom est retiré de la liste.
M. GABIAS: La question est la suivante: combien y a-t-il eu...
M. LESAGE: Bien, je ne le sais pas.
M. GABIAS: ... de recommandations...
M. LESAGE: De recommandations, pourquoi?
M. GABIAS: ... à la suite d'altérations
premièrement, soit parce que la fourniture ne correspondait pas à
ce qui avait été commandé. Pour être plus clair, je
vais vous référer, c'est la page 2, Annulations ou
altérations. Ce sont des directives qui ont été
données par M. Raoul Bergeron, l'assistant-directeur: « Si l'on
porte à votre connaissance soit un changement dans la raison
sociale d'un fournisseur, soit un changement d'adresse, soit une
addition ou une discontinuation d'une ligne de produits, il est
impérieux que cette information soit transmise à la section
classification des fournisseurs sous la responsabilité de mademoiselle
Banville, et lorsqu'un fournisseur abandonne son commerce pour cause de
décès, faillite, etc., ou que l'expérience dans les
négociations passées est défavorable soit en service de
livraison, qualité de la marchandise, refus de soumissionner, etc., la
section classification des fournisseurs doit en être informée
immédiatement. »
Je voudrais savoir combien il y a eu de recommandations...
M. LESAGE: Bien, je ne le sais pas, ça prendrait des recherches
très fouillées, si l'on veut inscrire la question au feuilleton,
d'ici quelques semaines ou d'ici quelques mois nous pourrons donner la
réponse. Mais on ne peut pas paraly- ser tout le service des achats pour
faire des re- cherches aussi fouillées.
M. GABIAS: Non, non, je demande si les statistiques ont
été tenues, c'est tout.
M. LESAGE: Oui, qu'on inscrive la question au feuilleton et puis nous
allons faire la recherche. Je ne peux pas paralyser les services
départementaux pour faire des recherches qui prennent le temps de
centaines de personnes.
M. GABIAS: Non. Je veux simplement savoir si on tient en
filière...
M. LESAGE: Non, ce n'est pas mécanographie, alors?
M. GABIAS: ... le fait que la recommandation...
M. LESAGE: Lorsque nous aurons la mécanographie complète
des opérations au service des achats, il est clair que nous pourrons
donner à l'instant la réponse à toutes ces questions.
Actuellement, nous sommes envoie de mécanographier le
système.
M. GABIAS: C'est le premier ministre qui nous a mis dans cette
atmosphère qu'il s'agissait d'un service parfait...
M. LESAGE: Bien oui, c'est un service parfait, oui.
M. GABIAS: ... qui pouvait à cause de la
mécanisation...
M. LESAGE: Mais il n'estpas complètement mécanisé
encore.
M. GABIAS: ... qui existait, alors j'apprends qu'il n'est pas
complètement mécanisé. Alors l'an prochain,
probablement...
M. LESAGE: On verra s'il est complètement
mécanisé.
M. GABIAS: ... ce service pourra être complet, que nous aurons au
fur et à mesure...
M. LESAGE: Je vous le dirai. Je ne le sais pas, vous ne serez
peut-être pas là. Probablement.
M. GABIAS: Maintenant, je vois à la page 214 des comptes publics,
Simpson, Riddel, Stead and Partners, $24,000.
M. LESAGE: C'est l'étude qui a été faite sur
l'organisation du service des achats.
M. GABIAS: Est-ce qu'il s'agit de l'étude dont parlait le premier
ministre dans son discours sur le budget et qui a été transmise
au comité interministériel...
M. LESAGE: C'est ça.
M. GABIAS: C'est de cette étude...
M. LESAGE: Oui, c'est ça.
M. GABIAS: ... que le premier ministre nous annonçait le 8 avril
1965...
M. LESAGE: Oui, nous avons eu le résultat de l'étude.
M. GABIAS: ... que l'étude était terminée depuis au
moins le 31 mars...
M. LESAGE: C'est ça, qu'on est à mettre en application, ce
rapport-là, et c'est ainsi que les procédures sont
mécanographiées, etc.
M. GABIAS: Maintenant, ce rapport...
M. LESAGE: Et tout le système-là, les formules proviennent
des suites des recommandations qui ont été faites.
M. GABIAS: Est-ce que ce rapport de Simpsons et Compagnie traitait des
problèmes d'achat et d'approvisionnement?
M. LESAGE: Evidemment, c'était là-dessus qu'ils faisaient
enquête.
M. GABIAS: Est-ce qu'il traitait également des objectifs et du
service?
M. LESAGE: Cela dépend, qu'est-ce que vous entendez?
M. GABIAS: C'était dans votre discours du 8 avril 1965.
M. LESAGE: Evidemment, les objectifs, c'est d'acheter la meilleure
marchandise au meilleur prix possible, en décentralisant les achats dans
la mesure du possible pour favoriser toutes les régions de la
province.
M. GABIAS: Est-ce que le rapport détermine ou fait des
suggestions quant à déterminer comment on peut les atteindre ces
objectifs-là?
M. LESAGE: Oui et nous les mettons en pratique.
M. GABIAS: Est-ce que ce rapport traite également des
entrepôts? A quels endroits vont-ils être placés les postes
à travers la province?
M. LESAGE: Non, c'est un entrepôt à Québec, un
entrepôt à Montréal.
M. GABIAS: Quant à leur nombre, est-ce qu'il y a des suggestions
à l'effet que leur nombre soit augmenté?
M. LESAGE: Je ne me souviens pas, non.
M. GABIAS: Est-ce que le rapport traite égale ment des produits
qui doivent être achetés localement et ceux qui doivent être
achetés régio-nalement?
M. LESAGE: Non, ça c'est l'expérience au Service des
achats qui le démontre.
M. GABIAS: Est-ce que le premier ministre a l'intention de produire ce
rapport?
M. LESAGE: Non, ce rapport est pour l'administration.
M. GABIAS: Est-ce que ce rapport traite de la classification des
produits?
M. LESAGE: Oui.
M. GABIAS: Est-ce qu'il parle également de la réception,
des contrôles physiques des stocks?
M. LESAGE: Oui.
M. GABIAS: Il traite de la nécessité des bureaux d'achat
régionaux?
M. LESAGE: Il parle de la possibilité, je crois, sans
précision.
M. GABIAS: Est-ce qu'il parle de l'établissement de laboratoires?
Est-ce qu'il suggère ou recommande rétablissement d'un
laboratoire d'épreuve et de vérification?
M. LESAGE: Je ne m'en souviens pas. Il y en a un à la Voirie, un
laboratoire d'épreuves pour contrôler certaines choses que nous
achetons comme le gravier.
M. GABIAS: Il ne relève pas du Service des achats?
M. LESAGE: Le ciment, la peinture, mais c'est à la Voirie, le
laboratoire.
M. GABIAS: Le gravier et l'asphalte ne re-làvent pas du Service
des achats?
M. LESAGE: Non, mais la peinture, oui. C'est analysé à la
Voirie, au laboratoire de la Voirie.
M. BELLEMARE: Il y a bien des laboratoires dans la province qui en font
des expertises. Il n'y a pas seulement la Voirie.
M. LESAGE: Non, mais je dis que, lorsque nous faisons des achats de
peinture, les expertises sont faites au laboratoire de la Voirie.
M. BELLEMARE: Les expertises qu'ils font pour l'asphalte, par
exemple?
M. LESAGE: C'est évident, je ne prétends pas que le
gouvernement est le seul à faire des expertises.
M. BELLEMARE: Ils en font pour le ministère.
M. LESAGE: C'est possible, mais on est à discuter ça
encore.
M. GABIAS: Est-ce que le Service des achats va prendre en
considération les onze régions qui ont été...
M. LESAGE: C'est dix.
M. GABIAS: Dix, pardon, dix régions qui ont été
déterminées?
M. LESAGE: C'est évident que le Service des achats va tenir
compte, au point administratif, de la division de la province en dix
régions. Comme d'ailleurs tous les services du gouvernement auxquels la
chose est applicable. On comprendra, par exemple, que, pour ce qui est de la
Justice, même les districts d'appel, les districts judiciaires...
M. GABIAS: Est-ce qu'il est dans l'intention du Service des achats
d'établir, dès cette année, des bureaux
régionaux?
M. LESAGE: Des bureaux de quoi?
M. GABIAS: Des bureaux régionaux d'achat?
M. LESAGE: Non.
M. GABIAS: Pas cette année?
M. LESAGE: Non.
M. GABIAS: Est-ce qu'il est dans l'intention de les établir dans
un avenir assez rapproché?
M., LESAGE: Je n'ai pas ma boule de cristal.
M. GABIAS: Parce que nous avons vu que le premier ministre hier...
M. LESAGE: Toutes les possibilités sont toujours à
l'étude et, tant que les décisions ne sont pas prises, je ne les
annonce pas.
M. GABIAS: ... à prêcher la décentralisation.
M. LESAGE: Cela ne veut pas dire qu'il est nécessaire
d'établir un bureau d'achat à un endroit pour acheter à
cet endroit-là. C'est évident.
M. GABIAS: A l'encontre du président de Sidbec...
M. LESAGE: On cherche actuellement à mettre en contradiction M.
Filion et moi et, si on veut bien examiner, scruter à fond les deux
textes, on verra qu'il y a peut-être des nuances, mais il n'y a pas de
contradictions.
M. GABIAS: Quant au Service des achats, il n'est pas dans l'intention du
responsable du premier ministre de régionaliser les bureaux d'achat?
M. LESAGE: Je ne parle pas des bureaux d'achat, je parle de
régionaliser les achats.
M. GABIAS: Non, mais les bureaux d'achat?
M. LESAGE: J'ai dit que non. Il n'était pas question
d'établir des bureaux régionaux d'achat dans le moment. Et que,
pour l'avenir, je n'avais pas ma boule de cristal. C'est clair ça?
M. GABIAS: Quant aux achats, il va être question par exemple de
les régionaliser.
M. LESAGE: Mais ils le sont.
M. GABIAS: Ils le sont présentement. Dans tous les cas, ou
seulement dans les cas où il y a...
M. LESAGE: Non, en autant que la chose est possible.
M. GABIAS: Est-ce qu'on peut...
M. LESAGE: Si nous avons besoin d'acier, par exemple, on ne peut pas
acheter ça à Gaspé...
M. GABIAS: Evidemment. Evidemment.
M. LESAGE: Même si c'est pour un pont à Gaspé, il
faut bien l'acheter ailleurs.
M. GABIAS: Non plus qu'à Bécancour... M. LESAGE: Pas dans
le moment.
M. GABIAS: C'est sûr que ça ne peut pas être
acheté en Gaspésie.
M. LESAGE: Pas dans le moment à Bécancour.
M. GABIAS: Cela peut difficilement être acheté dans la
province de Québec, également, tout dépend de la
sélection.
M. LESAGE: Mais il s'en vend tout de même à
Montréal.
M. GABIAS: Il s'en vend.
M. LESAGE: Il se vend, il se fabrique à Montréal des
profilés, des barres.
M. GABIAS: Maintenant dans la...
M. LESAGE: ... il se fabrique de l'acier inoxydable à Tracy. Il
se fabrique même des chaudrons dans la province de Québec. Il y a
des députés comme celui de Trois-Rivières qui s'arrange et
pour se mettre les pieds dedans régulièrement.
M. GABIAS: Je n'ai pas saisi, M. le Président, la remarque
agréable du premier ministre.
M. LESAGE: Non, non, c'est très bien.
M. GABIAS: C'est comme d'habitude ça n'a pas d'importance.
M. LESAGE: Cela n'a pas d'importance, il se vend des tambours aussi pour
ceux qui résonnent comme des tambours.
M. GABIAS: Oui, vous en avez donné une bonne démonstration
aujourd'hui. Le premier ministre a donné une bonne démonstration
aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté?
M. LESAGE: Oui, adopté, je suis « tanné »,
moi,
M. GABIAS: Très bonne démonstration. M. LE PRESIDENT:
Article 6.
M. GABIAS: Non, non, je n'ai pas fini. Est-ce que le premier ministre
peut nous dire, avec les renseignements qu'il a, si des soumissions ont
été demandées pour l'achat qui apparaît à la
page 294: Kruger Paper Company Limited, $35,197?
M. LESAGE: Bien je ne le sais pas. Posez la question au feuilleton, je
vous répondrai. Posez la question au feuilleton, je ferai les
recherches.
M. GABIAS: Alors je comprends que le responsable du Service des achats
n'a pas l'intention...
M. LESAGE: Comment voulez-vous que je sache, moi, si à la page
214 pour un achat de $35,000 sur un budget de $2 milliards il y a eu des
demandes de soumissions. Cela peut être plusieurs achats. Ah Dieu, posez
la question au feuilleton, puis soyez raisonnable. Tout de même, tout de
même, ne donnez pas l'exemple d'un homme complètement
déraisonnable qui fait de l'obstruction pour le plaisir d'en faire.
M. GABIAS: M. le Président, le premier ministre n'a pas le droit
de m'imputer des motifs, n'a pas le droit de m'empêcher de...
M. LESAGE: Ah, je n'impute aucun motif, M. le Président, mais
simplement...
M. GABIAS: ... faire mon devoir, pas plus que j'ai le droit...
M. LESAGE: ... Qu'on pose la qeustion au feuilleton et je
répondrai.
M. GABIAS: Alors pour le moment, je n'ai pas d'autre question, M. le
Président.
M. BELLEMARE: M. le Président, juste une minute, là.
Est-ce que pour résumer un peu tout le débat qui s'est fait sur
le Service des achats...
M. LESAGE: Ah bien, ne commencez pas un résumé, ça
ne finira plus.
M. BELLEMARE: Non, non, un instant. Ah non! Moi, je n'ai que deux
petites affaires à vous demander, ça n'est pas long,
M. LESAGE: Très bien.
M. BELLEMARE: Il apparaît aux comptes publics là toute une
série de librairies, je pense qu'il doit y en avoir onze.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Onze, toutes des librairies pour un quart de million
d'achats...
M. LESAGE: Cela doit être des livres probablement.
M. BELLEMARE: Un instant, je pense, des enveloppes aussi.
M. LESAGE: Peut-être.
M. BELLEMARE: Peut-être aussi des sceaux...
M. LESAGE: Je ne sais pas.
M. BELLEMARE: Pas ceux qu'on pense.
M. LESAGE: Ce n'est pas...
M. BELLEMARE: Alors M. le Président, ça ne doit pas
être des livres de bibliothèques, ça ne doit pas être
des livres qui servent au ministère de l'Education, ça doit
être plutôt de la papeterie: enveloppes...
M. LESAGE; On m'informe que ce sont des articles de bureau en
général, des volumes pour les Affaires culturelles...
M. BELLEMARE: Des volumes.
M. LESAGE: ... pour les écoles techniques.
M. BELLEMARE: Tout ça, c'est demandé par des soumissions
publiques, toujours, à toutes les librairies.
M. LESAGE: Bien, si c'est en haut de $5,000.
M. BELLEMARE: Ah oui, oui, d'ailleurs... M. LESAGE: Cela, c'est le total
des achats.
M. BELLEMARE: Oui, oui, je comprends, c'est ça.
M. LESAGE: Si on veut savoir combien il y a eu d'achats, il faudrait
poser la question au feuilleton.
M. BELLEMARE: Oui, oui, je suis d'accord, je ne veux pas... M. le
Président, au cours de ce débat sur le Service des achats, le
premier ministre nous a promis deux choses: d'abord, qu'il essaierait de nous
avoir un volume, un cahier assez détaillé des achats de $100
millions, comme cela se pratique un peu dans le livre « Selling to
Canadian Government » là...
M. LESAGE: Oui, aussitôt que ce sera mécanographie.
M. BELLEMARE: Bon, très bien; ça nous rend bien
service.
M. LESAGE: Lorsque ce sera mécanographie, parce qu'on ne peut pas
faire ça à la main.
M. BELLEMARE: Mais le gouvernement pourrait peut-être nous donner,
en partant, au début peut-être, un résumé possible,
parce que c'est une dépense...
M. LESAGE: Ce n'est pas le ministère qui pourrait faire
ça, c'est l'auditeur qui pourrait le faire.
M. BELLEMARE: Oui, d'accord. Mais je sais que la réquisition peut
venir du premier ministre, aller au directeur des achats qui, lui, irait voir
l'auditeur.
M. LESAGE: Non, non, c'est l'auditeur qui le fait pour tous les
ministères.
M. BELLEMARE: Oui. Mais le ministère...
M. LESAGE: Mais le Service des achats ne tient pas la
comptabilité des ministères quant aux montants des achats qui
sont faits pour chaque ministère.
M. BELLEMARE: M. le Président, le premier ministre ne me
convaincra pas qu'on a de la difficulté à trouver de l'ordre au
Service des achats.
M. LESAGE: Non, non, mais ce n'est pas le Service des achats qui tient
la comptabilité des ministères.
M. BELLEMARE: Il a des formulaires pour toutes sortes de choses.
M. LESAGE: Pour les achats.
M. BELLEMARE: Il doit y en avoir pour le $100 millions des achats.
M. LESAGE: Oui, mais la comptabilité des $100 millions, c'est
dans chaque ministère.
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. LESAGE: Et la preuve, je l'ai donnée.
M. BELLEMARE: Non, mais le premier ministre va comprendre que le
directeur des achats contrôle le $100 millions d'achat. Lui, il peut nous
dire, par exemple, qu'en janvier il y a eu tant d'achats, tant de
ministères, tant de choses.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Le rapport mensuel. C'est tellement facile.
M. LESAGE: Cela, oui. Oui, mais c'est très long à
préparer.
M. BELLEMARE: Ah non! non. Pas pour lui. Ils l'ont déjà
dans leur cahier.
M. LESAGE: Combien de demandes de soumissions? Il y a au-delà de
1,000 transactions par jour.
M. BELLEMARE: Oui, oui. Mais je pense bien que, si le premier
ministre... Bien oui, pour faire $100 millions par année, il faut qu'il
y en ait certainement...
M. LESAGE: Il y a 1,000 transactions par jour.
M. BELLEMARE: Mais qu'il y ait un résumé par mois. Voici:
nous avons investi $28 millions dans différents ministères cette
année: huile, carburant, papeterie, location de machines à
polycopier comme la compagnie...
UNE VOIX: Xerox.
M. LESAGE: Xerox.
M. BELLEMARE: Pardon.
M. COURCY: Dans chacun de nos ministères il faudrait
sortir...
M. BELLEMARE: Non, pas ça. Le ministre voudra bien nous laisser
finir là, parce que...
M. COURCY: Cela ne finira pas.
M. BELLEMARE: Ne commencez pas. Ce sera assez, à l'Agriculture,
tous les deux, on va en avoir pendant plusieurs jours. Alors, M. le
Président, deuxième chose, en terminant sur ce, pour moi
personnellement, le premier ministre nous avait dit qu'il nous retrouverait la
liste complète de tous les taux horaires autorisés pour les
locations.
M. LESAGE: J'ai communiqué... Ah bon, j'ai ça dans mes
poches, excusez-moi. J'ai téléphoné à six heures
avant-hier soir. Je vais essayer de retrouver ma note. J'ai appelé M.
Gariépy, l'assistant, de l'Auditeur. Oui, j'ai ça ici.
M. BELLEMARE: Je pensais que vous aviez changé d'habit!
M. LESAGE: J'ai changé d'habit, mais j'ai changé mes
papiers de poches. Excusez, je vais remettre mes notes. J'en traîne un
peu partout là.
M. BELLEMARE: Des lettres aussi!
M. LESAGE: Oui, oui. Bien les lettres sont ici. J'en ai d'autres. J'en
ai en réserve. Mais ça, ce sont des notes ici, avec des
cigarettes.
M. BELLEMARE: Ah oui! d'accord. Et puis en arrière?
M. LESAGE: En arrière, je n'ai que mon mouchoir et un bon «
lighter ». Mon argent, je ne prends pas de chance, je le mets dans ma
poche de droite.
M. BELLEMARE: Je pensais que c'était votre chapelet!
M. LESAGE: Il n'y a pas grand chose là!
M. BELLEMARE: Cela aurait pu être votre chapelet.
M. LESAGE: Mon chapelet, c'est dans ma poche gauche.
M. BELLEMARE: Ah bon! Là je suis au courant partout! Je suis au
courant.
M. LESAGE: Le député de Champlain est content, il vient de
faire l'inventaire de mes poches. Il a fait mes poches! Il ne deviendra pas
riche à ce jeu-là! Je serais peut-être plus riche si je
faisais les siennes!
M. GABIAS: On ne perd pas notre temps, continuez!
M. BELLEMARE: Ah là! on va commencez quelque chose qui va
être long.
M. LESAGE: Bon voici ce que m'a dit M. Gariépy au
téléphone, à six heures, mardi soir.
M. BELLEMARE: Bon!
M. LESAGE: La location se fait directement par les ministères au
taux qui a été fixé en 1962, mais il y a des exceptions,
exemple, les territoires éloignés, exemple aussi, il y a
on appelle ça des attaches d'accessoires...
UNE VOIX: C'est ça!
M. LESAGE: Alors, le taux est plus élevé et il n'est pas
fixé d'avance. Il n'a pas été fixé le prix en
1962.
M. BELLEMARE: Est-ce que le premier ministre veut parler des «
loaders » là, les...
M. LESAGE: Je ne sais pas. Les « attaches ». Je ne connais
pas ça.
M. COURCY: Les...
M. LESAGE: Bon! Alors, la location se fait directement par chaque
ministère, au prix fixé en 1962 par le comité dont j'ai
parlé l'autre jour.
M. BELLEMARE: M. Levasseur était président.
M. LESAGE : Oui, bon! et l'auditeur, lorsqu'il reçoit la
recommandation de paiement du ministère, vérifie les taux; si ce
sont les taux de 1962, il paie, si le dossier est régulier
évidemment, et s'il y a une exception, soit parce que c'est plus
éloigné ou encore parce qu'il y a des « attaches »
spéciales d'utilisées, et, si les explications ne sont pas
à la satisfaction de l'Auditeur, quand je dis l'Auditeur, je
parle du bureau de l'auditeur, eh bien! il y a revision des comptes,
discussions avec le ministère en question. Une nouvelle étude se
fait depuis le mois de novembre et décembre et elle a été
faite par l'auditeur et il y avait eu des plaintes à l'effet que les
taux de 1962, c'est-à-dire la nomenclature des taux, en 1962,
n'était pas suffisamment complète. Il valait mieux prévoir
des prix pour les « attaches ». De plus, les taux de 1962, avec la
hausse des coûts, étaient devenus trop bas, il y avait des
plaintes de la part des propriétaires de machineries, me dit M.
Gariépy.
M. BELLEMARE: D'ailleurs, la taxe sur les carburants...
M. LESAGE: Oui, c'est ça, oui.
M. BELLEMARE: ... que vous nous avez imposée.
M. LESAGE: Alors, il y avait des plaintes, on a demandé une
revision, la revision a été faite chez l'auditeur; elle a
été commencée en consultation avec les ministères
intéressés, et, actuellement, le dossier est à la
trésorerie. Alors, j'ai téléphoné au
contrôleur de la trésorerie et je lui ai demandé qui avait
le dossier, et il m'a dit que c'était un de ses assistants, M. Marcel
Lefebvre. J'ai rejoint M. Marcel Lefebvre chez lui, et M. Marcel Lefebvre m'a
dit qu'il avait en effet le dossier sur son pupitre, que, malheureusement, il
n'avait pas eu le temps de l'examiner, mais qu'à la suite de mon
téléphone, il l'examinerait le plus tôt possible pour
s'entendre avec l'auditeur et les ministères, afin de proposer au
conseil de la trésorerie une liste de taux modernisées, mise
à jour et à date. Alors, je pense...
M. BELLEMARE: Je remercie le premier ministre et je lui soumets ma
dernière question. ..
M. LESAGE: J'ai fait tous ces téléphones là pour
donner tous les renseignements et...
M. BELLEMARE: D'accord, et je demande, comme dernière question,
si, lorsque le conseil des ministres l'aura ratifié...
M. LESAGE: Le conseil de la trésorerie, je pense.
M. BELLEMARE: Si le conseil de la trésorerie le ratifie...
M. LESAGE: C'est le conseil de la trésorerie.
M. BELLEMARE: ... est-ce qu'il pourrait en déposer une copie sur
la table ou m'en faire parvenir une?
M. LESAGE: Cela, je demanderais au député de Champlain de
me renouveller la mémoire, parce qu'au conseil de la trésorerie,
nous passons des centaines d'ordres, tout...
M. BELLEMARE: Il serait encore plus facile, dans le feuillet du conseil
de la trésorerie, qu'on reçoit tous les mois, il pourrait
l'inclure dans ça.
M. LESAGE: En tout cas, si le député de Champlain veut
bien me renouveller la mémoire de temps à autre, aussitôt
que ça passera... Il en passe tellement au conseil de la
trésorerie.
M. BELLEMARE: En autant que le premier ministre...
M. LESAGE: Je vais essayer de me souvenir du député de
Champlain.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: J'écrirais bien une lettre, mais j'ai peur que ce
soit du patronage.
M. LESAGE: Ah non! ah ça! elle est drôle, mais ce n'est pas
correct.
M. BELLEMARE: M. le Président... M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BELLEMARE: Non.
M. LESAGE: Voyons, vous allez vous passer la balle bien longtemps comme
ça? Vous avez des idées de faire durer ça jusqu'à
dixheures.
M. BELLEMARE: Ah! pas moi.
M. LESAGE : Vous êtes aussi bien de me le dire tout de suite, je
vais faire venir un livre de lettres à signer, si vous avez
décidé de parler jusqu'à dix heures.
M. GABIAS: Est-ce que les instructions du mois d'octobre 1964, à
l'intention des acheteurs, instructions qui ont été
données par Raoul Bergeron, sont encore les mêmes ou si ces
instructions ont été changées?
M. LESAGE : Quelles instructions?
M. GABIAS: Instructions aux acheteurs, instructions qui ont
été données au mois d'octobre 1964...
M. LESAGE: Oui, mais lesquelles?
M. GABIAS: « Procédures à l'intention des acheteurs
suivants; Audet, Baril, Boucher, Cloutier, de la Sablonnière, Roland
Dumais, Léopold Gauthier...
M. LESAGE: Est-ce que le député pourrait me prêter
le document? Je vais lui retourner.
M. GABIAS: Ah, sûrement!
M. LESAGE: Je vais le montrer au directeur des achats et je vais lui
demander.
M. GABIAS: Il en est de même pour la procédure à
l'inscription, une minute...
M. LESAGE: Oui, attendez, il y a d'autres documents.
M. GABIAS: Et la même chose, si c'est la même
procédure relative à l'inscription de nouveaux fournisseurs,
directives qui ont été données par M. Raoul Bergeron, le
16 du neuvième mois 1964, ou si elles ont été
changées, modifiées ou remplacées.
M. LESAGE : C'est lui, M. Bergeron, il va me le dire.
M. GABIAS: Heureusement que lui veut répondre toujours.
M. LESAGE: Vous imaginez-vous que c'est moi qui donne les instructions
sur les procédures de la Chambre, voyons donc.
M. Bergeron dit que ces instructions étaient tellement bien
faites qu'elles sont encore en vigueur.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. GABIAS: Alors, si on veut me retourner mes documents, s'il vous
plaît.
M. LE PRESIDENT: Adopté Numéro 6. Le conseil d'orientation
économique.
M. BELLEMARE: A l'année prochaine. Est-ce que la fonction
publique a été passée hier, le service civil, oui.
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: Avec 4 et 5.
M. LE PRESIDENT: Nous sommes à 6, Conseil d'orientation
économique.
M. BELLEMARE: Conseil d'orientation, un instant, je l'ai. Conseil
d'orientation économique. Président, directeur
général, M. Roland Parenteau.
M. LESAGE: Oui, c'est ça, à ma gauche.
M. BELLEMARE: Enchanté, très heureux. Au salaire de?
M. LESAGE: De $25,000 par année.
M. BELLEMARE: Il s'occupe exclusivement du Conseil d'orientation ou de
d'autres fonctions dans l'administration de la province?
M. LESAGE: Et directeur général, directeur du Conseil
d'orientation économique à plein temps, suivant les règles
de la fonction publique.
M. BELLEMARE: A plein temps, oui?
M. LESAGE: Oui, mais il travaille plus que 32 heures et demie par
semaine.
M. BELLEMARE: Oui, d'accord. Je ne veux pas, le premier ministre ne veut
pas me prêter des intentions de malveillance envers M. Parenteau.
M. LESAGE: Non, mais je ne suis pas malveillant quand je dis que...
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LESAGE: ... mais il y a des gens qui travaillent rien que 32 heures
et demie par semaine, mais le contrat...
M. BELLEMARE: Je ne voulais pas qu'il dise ça, c'est ça
qui est le mauvais climat qu'il crée...
M. LESAGE: Mais oui, mais...
M. BELLEMARE: On le sait de ce qu'il veut parler, nous autres aussi.
M. LESAGE: Quoi?
M. BELLEMARE: On ne dit pas ça.
M. LESAGE: Non, mais si c'est comme le député de Champlain
sa semaine à 32 heures et demie, le lundi soir quand il se couche elle
est finie, s'il avait une semaine de 32 heures et demie, il serait en
congé le mardi, le mercredi, le jeudi, le vendredi, le samedi, parce que
ses 32 heures et demie, il travaille toute la journée du dimanche et
toute la journée du lundi.
M. BELLEMARE: Pourquoi jeter ça dans le débat, ce point
jaune, là?
M. LESAGE: C'est un compliment, ce n'est pas un reproche, je fais un
compliment au député de Champlain.
M. BELLEMARE: Mais on se sert du député de Champlain,
là, pour empoisonner les négociations, c'est pas bon,
ça.
M. LESAGE: Lui, 32 heures et demie, c'est deux jours d'ouvrage.
M. BELLEMARE: Pas bon, pas bon, voyez la mentalité conservatrice,
la vieille mentalité conservatrice.
M. LESAGE: Deux jours d'ouvrage. M. BELLEMARE: Du conservatisme.
M. LESAGE: Mais non, ce n'est pas du conservatisme.
M. BELLEMARE: Oui, oui, antisyndicaliste. M. LE PRESIDENT: A
l'ordre.
M. BELLEMARE: Non, ça sent bord en bord de la Chambre.
M. LESAGE: C'est pour montrer à la province jusqu'à quel
point le député de Champlain travaille.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas besoin de ça, M. le Président,
je suis satisfait de mon travail, puis je suis content de travailler, seulement
le premier ministre, son 32 heures et demie là, c'est du poison
actuellement, c'est du pétrole sur le feu, on n'en jette pas quand on
est après brûler, on est quasiment à vif.
M. LESAGE: Comment, on brûle?
M. BELLEMARE: Bien voyons donc, ça sent le brûlé les
négociations-là, vous ne sentez pas ça?
M. LESAGE: Oh non.
M. BELLEMARE: Cela passe par les corridors...
M. LESAGE: Il fume sa pipe.
M. BELLEMARE: Oui, il fume sa pipe, mais il la fume vrai.
M. LESAGE: Ah oui, c'est vrai, elle s'éteint souvent, puis il
faut qu'il rallume.
M. BELLEMARE: Il y a le député de Québec, le
premier ministre qui va lui fournir la braise quand il en manque.
M. LESAGE: La quoi?
M. BELLEMARE: La braise.
M. LESAGE: Ah non!
M. BELLEMARE: Merci pour le $25,000 qu'il donne à M.
Parenteau.
M. LESAGE: Comment, le$25,000, vous avez bien besoin de dire ça,
vous.
M. BELLEMARE: L'information, excusez-moi. Secrétaire du conseil
d'administration, Mlle Blanche Coulombe, c'est encore ça, oui?
M. LESAGE: Mais oui.
M. BELLEMARE: C'est quel salaire, mademoiselle Coulombe?
M. LESAGE: C'est $7,250.
M. BELLEMARE: C'est $7,250. Il y a des conseillers techniques, M. Yvon
Tremblay qui est là, est-il encore là, M. Tremblay?
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: M. Tremblay gagne quel salaire?
M. LESAGE: $8,800.
M. BELLEMARE: Est-ce que M. Germain Dallaire est là encore?
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: A quel salaire?
M. LESAGE: $8,800.
M. BELLEMARE: Merci. M. Pierre Clément?
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Qui l'a remplacé?
M. LESAGE: Je ne le sais pas.
M. BELLEMARE: M. Parenteau le sait, lui.
M. LESAGE: A-t-il été remplacé?
M. BELLEMARE: Bien oui!
M. LESAGE: Par M. Robert St-Louis.
M. BELLEMARE: Bon, je savais bien qu'il était pour me le dire. A
quel salaire?
M. LESAGE: $6,000.
M. BELLEMARE: Jean Comtois?
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: A quel salaire?
M. LESAGE: $6,500.
M. BELLEMARE: M. Jean Simon?
M. LESAGE: Oui, $6,250.
M. BELLEMARE: M. Lucien Bertrand à la documentation?
M. LESAGE: Oui, $6,750.
M. BELLEMARE: Les bureaux sont toujours situés, M. le
Président, à 614, Grande-Allée?
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Ils ont été aménagés depuis un
an à peu près définitivement?
M. LESAGE: On me dit trois ans. M. BELLEMARE: Trois ans.
M. LESAGE: Je n'y suis jamais allé.
M. BELLEMARE: Je pense que, depuis que la propriété de M.
Houde est terminée, je pense, ils occupent le loyer-là.
M. LESAGE: Je n'ai aucune idée où c'est.
M. BELLEMARE: Non, mais c'est la pharmacie de la Grande-Allée, en
haut.
M. LESAGE: Bon, c'était autrefois près de la pharmacie, me
dit-on, là, je me reconnais. On me dit que c'est maintenant dans
l'édifice au coin de la Chevrotière où étaient les
Affaires culturelles.
M. BELLEMARE: Au coin de la Chevrotière...
M. LESAGE: Oui, oui, la Chevrotière...
M. BELLEMARE: Où était l'Office d'information?
M. LESAGE: ... une rue perpendiculaire à la
Grande-Allée.
M. BERTRAND: L'Office d'information.
M. LESAGE: Vous devez connaître l'endroit, c'est l'ancien bureau
de M. Hardy, l'acheteur.
M. BELLEMARE: Je ne me souviens pas. Je n'ai jamais été
assez hardi pour aller là.
M. LESAGE: C'est pas mal ça comme aveu.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas l'aveu que le premier ministre pense.
M. LESAGE: Non, non, j'ai très bien compris.
M. BELLEMARE: J'espère.
M. LESAGE: C'est que le député de Champlain a toujours
été assez prudent..,,
M. BELLEMARE: Je n'ai jamais fait de patronage.
M. LESAGE: ... pour ne pas mettre les pieds là.
M. BELLEMARE: M. le Président, ce n'est pas ça que j'ai
dit, parce que le député de Champlain a toujours respecté
la consigne de son mandat.
M. LESAGE: Bien oui, il a toujours été prudent.
M. BELLEMARE: Ah! non, il a pu téléphoner.
M. LESAGE: D'accord, j'en sais, le député de Champlain
m'en a donné plus que j'en demandais.
M. BELLEMARE: M. le Président, à la commission
d'orientation économique, il y a un paiement de jetons.
M. LESAGE: Un paiement de quoi7
M. BELLEMARE: De jetons de présence.
M. LESAGE: Oui, oui, des jetons, oui.
M. BELLEMARE: Il y a un paiement de jetons pour $215,000,
approximativement...
M. LESAGE: il y a des comités là-dedans. M. BELLEMARE: ...
pour 1964 et 1965... M. LESAGE: Il y a des comités là-dedans.
M. BELLEMARE: Oui, oui, je comprends, mais il y en a eu pour $215,000 de
jetons de présence payés.
M. LESAGE: Oui, c'est salaire et jetons de présence.
M. BELLEMARE: Je voudrais, en quelques mots, avoir des détails
quant au prix fixé par jeton de présence et surtout à qui
c'est donné.
M. LESAGE: Bien c'est $50 par jour...
M. BELLEMARE: Une minute là, un instant.
M. LESAGE: $50 par jour... M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: ... à chacun des membres du Conseil d'orientation et
des comités du conseil d'orientation...
M. BELLEMARE: Et des comités, oui.
M. LESAGE: ... et des membres des comités, de chaque membre des
comités.
M. BELLEMARE: Oui, oui, on va y arriver là.
M. LESAGE: En outre de ce qu'il en coûte à chacun pour
assister aux assemblées.
M. BELLEMARE: Alors, c'est $50 plus les dépenses.
M. LESAGE: Ou $25 par demi-journée. Puis le temps normal, pour se
rendre aux réunions du conseil ou des comités et en revenir est
compté pour les fins de cette allocation de présence pour une
journée ou une demi-journée. Les paiements de l'indemnisation de
ce qu'il en coûte pour assister aux assemblées, et l'allocation de
présence sont effectués sur production d'un état
détaillé, avec pièces justificatives, adressé au
Secrétariat du conseil.
M. BELLEMARE: Oui, mais le premier ministre a ajouté tout
à l'heure, c'est $50...
M. LESAGE: Je ne l'ai pas ajouté, c'est le commencement...
M. BELLEMARE: ... a dit, après avoir donné $50 par jour,
il y a aussi les frais de déplacement...
M. LESAGE: Oui, oui.
M. BELLEMARE: ... en plus.
M. LESAGE: Oui, si quelqu'un par exemple, un membre...
M. BELLEMARE: Est-ce que ce sont des frais de séjour?
M. LESAGE: Non, des frais de déplacement sur paiement des
pièces justificatives, des frais de voyage.
M. BELLEMARE: Bien oui.
M. LESAGE: Et s'il faut qu'il couche! l'hôtel, ici à
Québec, par exemple, il y a une réunion qui commence à
huit heures et demie, le vendredi matin...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: ... ici à Québec, il y a plusieurs membres du
conseil qui sont de Montréal. J'en connais que je pourrais nommer, il y
a M. Paré, il y a monsieur...
M. BELLEMARE: D'ailleurs on va arriver là...
M. LESAGE: ...il y a le président de l'Hydro, alors ils partent
de Montréal et viennent coucher à l'hôtel, ils ont droit,
soit à leur avion, soit à leur chemin de fer, leur chambre
d'hôtel, leurs repas, et $50 par jour, $25 par demi-journée, y
compris le temps nécessaire pour le voyage.
M. BELLEMARE: Chacun a dû présenter des comptes...
M. LESAGE: Détaillés.
M. BELLEMARE: ... détaillés pour l'année.
M. LESAGE: Bien, au fur et à mesure. Chaque mois.
M. BELLEMARE: Chaque mois. Le président du Conseil d'orientation
économique doit avoir, lui, dans ses dossiers, ce que l'on a payé
à chacun des membres.
M. LESAGE: Pas lui, c'est le comptable qui a ça.
M. BELLEMARE: Bien oui, mais le président doit être au
courant de ce chapitre.
M. LESAGE: Je ne pense pas que le président tienne compte de
ça, parce que...
M. BELLEMARE: Ah bien oui! pour qu'il puisse l'additionner...
M. LESAGE: Non, non, c'est le comptable de l'exécutif qui tient
ça.
M. BELLEMARE: Mettons le comptable de l'exécutif, ça
provient sûrement de son acceptation...
M. LESAGE: Non, non, non.
M. BELLEMARE: Le président doit accepter?
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Il faut qu'il tienne ses comptes.
M. LESAGE: Non, c'est transmis par chaque membre directement au
comptable de l'exécutif, M. Gignac.
M. BELLEMARE: Mais il y a un secrétaire au Conseil d'orientation,
mademoiselle Blanche Coulombe.
M. LESAGE: Bien oui, mais le président initiale les comptes.
M. BELLEMARE: Le président initiale les comptes qui sont
faits...
M. LESAGE: Le directeur général initiale les comptes.
M. BELLEMARE: Le directeur général initiale les comptes.
Donc...
M. LESAGE: ... initiale les comptes, ce n'est pas lui qui en fait la
liste.
M. BELLEMARE: Non, non, mais...
M. LESAGE: C'est M. Gignac, le comptable de l'exécutif.
M. BELLEMARE: Le comptable de l'exécutif pourrait-il nous fournir
la liste des sommes payées, en jetons, à chacun, plus les
dépenses dans chaque cas? Si le premier ministre aime mieux la
déposer au journal des Débats...
M. LESAGE: Un instant, je vais regarder. Non, je ne l'ai pas en
détail. J'ai les noms des membres. Non, je ne l'ai pas en
détail.
M. BELLEMARE: Alors, est-ce que le premier ministre pourrait me la
fournir la liste?
M. LESAGE: Oui, M. Gignac prend note, il va me donner ça. Est-ce
que vous la voulez ou si vous voulez que je la dépose?
M. BELLEMARE: J'aimerais mieux que vous la déposiez.
M. LESAGE: Je la déposerai.
M. BELLEMARE: Vous la déposerez pour que tout le inonde puisse la
retrouver au journal des Débats.
M. LESAGE: Oui, oui. Le comptable me dit justement, d'ailleurs, il faut
fournir à l'impôt les T-4.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. LESAGE: Alors, on a seulement à les ramasser...
M. BELLEMARE: Parce que c'est une somme d'un quart de million, cela
représente un quart de million...
M. LESAGE: Pas $215,000 pour les jetons de présence.
M. BELLEMARE: Pardon?
M. LESAGE: Pas $215,000 pour les jetons de présence.
M. BELLEMARE: A la page des comptes publics, M. le
Président...
M. LESAGE: Cela comprend les traitements. M. BELLEMARE: ... à la
page 215...
M. LESAGE: C'est Honoraires et autres dépenses. C'est $49,000.
Traitements; $152,000, jetons de présence, $26,910, frais de voyage;
$23,257.
M. BELLEMARE: Oui mais au budget cette année, il nous
apparaît $312,000, salaires et traitements. Dans cela est compris les
jetons de présences et les dépenses.
M. LESAGE : Oui, il y en a mais il faut faire attention mais qu'on
regarde les comptes publics, il ne faut pas laisser l'impression que c'est
$215,000 pour des jetons de présence.
M. BELLEMARE: C'est $26,000 pour les jetons de présence.
M. LESAGE: C'était $26,000 pour 1964/65 comparé à
$152,000 de salaires.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LESAGE: Je ne sais pas la proportion de cette année.
M. BELLEMARE: Très bien. Je n'insiste pas. M. Paré est
encore président général?
M. LESAGE: Oui, il est président.
M. BELLEMARE: Est-ce que M. Carl Goldenberg est encore là?
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Oui, il est encore là. Les membres sont M.
Jean-Claude Lahaie. M. Jean Marchand vient d'être remplacé...
M. LESAGE: Un instant, je vais vous donner la liste. MM. Jean-Claude
Lahaie, Marcel Bélanger, M. Roland Parenteau.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LESAGE: M. Paul Normandeau, Mlle Huguette Plamondon, M.
Charles-Hubert Perreault, M. Jules Lavigne, M. Lionel Sorel, le
président de l'UCC.
M. BELLEMARE: Oui, M. Sorel, président de l'UCC.
M. LESAGE: M. Georges-Henri Dubé qui est le président du
BAEQ. Rimouski, M. Armstrong, M. Jean-Jacques Gagnon, le vice-président
de l'Aluminium, M. Eugène Lawrence Neal, Gaspésia Pulp and Paper,
le moulin de Chandler.
M. BELLEMARE: C'est lui qui a remplacé M. Terrence Flahiff.
M. LESAGE: M. Flahiff était avec la Quebec North Shore mais
après la mort de M. Schmonn. Il a démissionné, il n'avait
plus le temps.
M. BELLEMARE: Comment l'appelez-vous?
M. LESAGE: M. Neal, c'est un Québécois, marié
à une Québécoise.
M. BELLEMARE: M. Sorel a remplacé qui?
M. LESAGE : M. Lemoine, et ça fait longtemps. C'est M. Robert
Sauvé qui a remplacé M. Jean Marchand. Alors, vous avez tout.
M. BELLEMARE: Il y avait les membres adjoints.
M. LESAGE: Oui, les membres adjoints, M. Jean-Claude Lessard, M. Ernest
Mercier,
M. Paul-Emile Auger, M. Arthur Tremblay, M. Jean Deschamps qui sera
évidemment remplacé lorsqu'il abandonnera son poste de
sous-ministre de l'Industrie et du Commerce prochainement pour aller comme
président de SGF par M. Michel Bélanger qui va le remplacer comme
sous-ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. JOHNSON: Vous enlevez une des positions à M. Filion?
M. LESAGE: J'ai annoncé ça il y a...
M. BERTRAND: Il décentralise les positions.
M. LESAGE: Cela fait au moins un mois que j'ai annoncé
ça.
M. JOHNSON: Oui, oui, mais c'est une décentralisation des
positions.
M. BERTRAND: Une décentralisation des positions.
M. LESAGE: M. Filion m'a demandé d'être
déchargé de ses fonctions, à la Société
Générale de financement parce que Sidbec prenait tout son
temps...
M. BELLEMARE: M. le Président...
M. LESAGE: ... et M. Deschamps a accepté le poste de directeur
général à la Société générale
de financement et j'ai demandé à M. Michel Bélanger s'il
accepterait d'être sous-ministre de l'Industrie et du Commerce et il a
accepté.
M. BELLEMARE: Il y a, M. le Président, au Conseil d'orientation
économique une dépense de $80,000 pour les frais d'honoraires et
d'expertise. Il y a au dernier poste, alors je pense...
M. LESAGE: Ah oui. Ah oui... Puis j'ai les listes.
M. BELLEMARE: ... que ça serait bien justifié si le
premier ministre pouvait par votre entremise nous fournir la liste de ces
experts qui ont fait des études...
M. LESAGE: Oui. Je peux dire ça tout de suite.
M. BELLEMARE: ... et pour le Conseil d'orientation parce que dans le
rapport il est question que beaucoup d'études sont à se
faire.
M. LESAGE: Oui, mais c'est un ancien rapport. Je l'ai, la liste...
M. BELLEMARE: Ah bon. Est-ce qu'il y a un nouveau rapport qui a
été donné?
M. LESAGE: Ah oui, il a été déposé en
Chambre au début de la session.
M. BERTRAND: Oui, on l'a.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. LESAGE: Je vais vous donner le mien.
M. BELLEMARE: Non, non, j'en al un certain.
M. LESAGE: Non, non, non c'est très bien, vous allez
vérifier. Donnez donc ça au député de Champlain,
donnez-lui donc la liste aussi tenez, j'aime autant tout vous donner.
M. BELLEMARE: Comment cela se fait-il? Je n'aime pas ça me faire
prendre en défaut. Je l'avais certain...
M. LESAGE: M. le Président je n'ai rien souligné. Cela
n'est pas de ma faute.
M. BELLEMARE: Non, non. Je vais avoir le temps de lire ça ce
soir.
M. LESAGE: On a le temps définir très tôt. Bien oui,
je viens de donner tous mes renseignements, je ne suis même plus capable
de répondre aux questions.
M. BELLEMARE: Je vais vous en faire une photocopie.
M. LESAGE: Le député de Champlain est en mesure de poser
des questions puis de donner les réponses, je lui ai donné tous
mes renseignements.
M. BELLEMARE: Je vais vous en donner une copie. Je vais mettre ça
dans ma poche.
M. LESAGE: Là il peut poser les questions puis se donner les
réponses lui-même.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Une minute, une minute.
Il y a M. le Président, il y a eu des éditoriaux assez
sévères qui ont été écrits contre le Conseil
d'orientation économique...
M. LESAGE: Non. Envoyez-moi ça.
M. BELLEMARE: Oui. Je sais que le premier ministre a dû en prendre
connaissance...
M. LESAGE: Montréal-Matin ça?
M. BELLEMARE: Non, non, non dans le Nouvelliste ça?
M. LESAGE: Dans Le Nouvelliste, ah oui l'évangile du
député de Champlain?
M. BELLEMARE: ... disgrace du Conseil d'orientation
économique...
M. LESAGE: Qu'est-ce qu'il a fait, ce pauvre Conseil? Quelle date,
ça?
M. BELLEMARE: « Sans la décentralisation, c'est le
désastre, et en premier lieu... »
M. LESAGE: Bien oui, mais il n'y a rien contre moi quand on me dit:
« Sans la décentralisation, c'est le désastre. C'est ce que
j'ai prêché hier soir.
M. BELLEMARE: En premier lieu la décentralisation, M. le
Président... Je ne veux pas lire tout ça à l'honorable
comité, ce serait trop long. Mais dans tous ces éditoriaux, il se
dégage un peu toujours la même pensée. On travaille
peut-être intensément au Conseil d'orientation
économique.
M. LESAGE: C'est clair!
M. BELLEMARE: Mais tout le monde se demande où sont les
résultats tangibles.
M. LESAGE: Je l'ai dit hier soir au Club de Réforme.
M. BELLEMARE: Tout le monde se demande...
M. LESAGE: Pourquoi n'êtes-vous pas venu? M. BELLEMARE: Ah non, ah
non, non!
M. LESAGE: Si vous étiez venu au Club de Réforme hier
soir.
M. BELLEMARE: Voici un organisme, le Conseil d'orientation
économique...
M. LESAGE: Bien vous lirez mon discours!
M. BELLEMARE: ... qui a coûté à la province
sûrement presque $2 millions jusqu'à maintenant, en études,
en salaires, en toutes sortes d'organisations.
M. LESAGE: M. le Président, je suis obligé de faire
remarquer au député de Champlain qu'il n'a pas lu le rapport que
j'ai déposé parce que s'il l'avait lu, il le saurait ce qu'il a
fait.
M. BELLEMARE: Le premier ministre essaie de me prendre...
M. LESAGE: Non. Lisez le le rapport. Vous en parlerez demain
après avoir lu le rapport.
M. BERTRAND: On l'a lu! Il y en a d'autres qui l'ont lu!
M. BELLEMARE: M. le Président, je ne me laisserai pas
décontenancer...
M. LESAGE: Non, non, je n'essaie pas ça! Non!
M. BELLEMARE: ... par les arguments futiles du premier ministre.
M. LESAGE: Ah pardon!
M. BELLEMARE: Mais j'emploierai...
M. LESAGE: Je n'ai pas employé d'arguments du tout! J'ai
demandé au député de Champlain de lire le rapport du
comité sur le Conseil avant de dire qu'il n'a rien fait.
M. BELLEMARE: M. le Président, rien ne changera l'opinion que se
fait le public présentement du Conseil d'orientation, puisque...
M. LESAGE: Mais est-ce que le député de Champlain se prend
pour le public?
M. BELLEMARE: Non, mais mes deux oreilles, par exemple, écoutent.
Mes antennes fonctionnent bien!
M. LALONDE: C'est de la bouillie pour les chats!
M. BELLEMARE: Et je n'ai pas de statique sur mon regard! C'est clair
ça, M. le Président. Mais j'ai mes entrées là!
M. LESAGE: Vous faites mieux de changer de longueur d'onde, je
pense!
M. BELLEMARE: Ah non, non! Mais je dis donc que le Conseil d'orientation
économique souffre d'une mauvaise publicité. Et puis...
UNE VOIX: Adopté.
M. BELLEMARE: ... son travail ne paraît pas du tout.
M. LESAGE: Qui ça? Le Canadien ou le...? UNE VOIX: Non, ils sont
encore à... à zéro!
M. BELLEMARE: Le Conseil d'orientation économique, celui qui doit
aujourd'hui...
M. LESAGE: Bien lisez le rapport avant de...
M. BELLEMARE: ... établir dans les dix régions
économiques qui sont désignées et qui sont aujourd'hui
à un point de stratégie dans tout le décor...
province...
M. LESAGE: C'est lui le Conseil d'orientation économique qui a
fait l'étude.
M. BELLEMARE: ... devrait, lui infuser un sang nouveau et surtout donner
à ce principe de la décentralisation beaucoup plus d'avantages
dont on se rend compte actuellement.
M. LESAGE: Oui, mais c'est lui le Conseil qui a fait l'étude, qui
a amené la division en dix régions.
M. JOHNSON: Ce n'est pas ce que le rapport dit, M. le Président.
Le premier ministre est en train d'induire la Chambre en erreur. Le rapport dit
que le Conseil a coopéré...
M. LESAGE: Bien oui, avec le ministère de l'Industrie et du
Commerce.
M. JOHNSON: Le ministre Bernier vient de dire que c'est le conseil qui a
fait cette étude.
M. LESAGE : Il a coopéré, ils étaient deux à
le faire, le ministère de l'Industrie et du Commerce et le Conseil
d'orientation économique.
M. JOHNSON: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. LESAGE: Bien voyons, ce n'est pas un trainage de monde.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BELLEMARE: Laissez-moi le temps de le lire le rapport.
M. LE PRESIDENT: Article 7: « Commission d'aménagement du
Québec » adopté?
M. BELLEMARE: Non, une minute.
M. LESAGE: Page 1. C'est très bien. Conseil d'orientation
économique, adopté.
M. BELLEMARE: Donnez-moi dix minutes.
M. LESAGE: Il faut que M. Parenteau revienne demain.
M. BELLEMARE: Non, il faut que je le lise aussi, M. le
Président.
M. HARVEY; Vous en avez lu assez.
M. BEDARD (Président du comité des subsides): M. le
Président le comité a adopté des résolutions et
demande la permission de siéger à nouveau. Quand le comité
siègera-t-il de nouveau?
M. LeCHASSEUR (président): A la prochaine séance.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose que les résolutions soient
maintenant lues et agrées. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. LESAGE: Demain matin, dix heures et demie.
M. LE PRESIDENT; M. Lesage propose que la Chambre soit ajournée
à demain matin à dix heures et demie. Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
La Chambre est ajournée à demain matin dix heures et
demie.