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(Trois heures de l'après-midi)
M. LeCHASSEUR (président): Qu'on ouvre les portes.
Affaires courantes. Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports des
comités élus. Présentation de motions non
annoncées. Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
M. LAPORTE: A.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte propose la première lecture d'une loi
intitulée: «Loi concernant la cité de Jacques-Cartier
». Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. LAPORTE: M. le Président, en juin 1961, la cité de
Jacques-Cartier avait obtenu du gouvernement la garantie sur un emprunt de $5
millions. C'est le renouvellement de l'emprunt, nous accordons la garantie sur
le résidu, $3 millions et quelque cent mille dollars, le taux
d'intérêt est porté au maximum de 4 à 6%.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il y a une raison particulière d'avoir un
bill du gouvernement?
M. LAPORTE: C'est pour remplacer le bill du gouvernement
présenté à l'époque du député de
Champlain, oui, la même chose.
M. BELLEMARE: Dans le temps, ce n'était pas pareil, il y avait
des délais qui étaient trop courts, comme c'est là, ce
n'est pas pareil.
M. LAPORTE: M. le Président, ce sont des questions auxquelles je
pourrai répondre en deuxième lecture, il y a une raison
véritable, ce n'était pas possible de procéder
autrement.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. LE GREFFIER-ADJOINT: première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance.
M. LAPORTE: B).
M. LE PRESIDENT: M. Laporte propose la première lecture d'une loi
intitulée: « Loi concernant la ville de Bécancour ».
Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. LAPORTE: M. le Président, il s'agit de prolonger de douze
mois, c'est-à-dire jusqu'au 15 mars 1967, la loi interdisant le
lotissement et la construction dans la nouvelle municipalité de
Bécancour.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. LE GREFFIER-ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance.
Affaires du jour.
Questions et réponses
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre voudrait-il nous
dire où en sont les négociations entre le gouvernement et les
représentants des syndicats, des fonctionnaires et des ouvriers?
M. LESAGE: L'équipe de négociateurs du gouvernement
négocie rapidement avec l'équipe de négociateurs du
syndicat. J'ai rencontré à l'heure du lunch M. Marcel Pepin et
séparément Me Yves Pratte. Les choses semblent marcher
rondement.
M. JOHNSON: Le ministre de la Justice a-t-il fait d'autres
démarches pour obtenir du gouvernement fédéral que soit
établie une commission d'enquête sur le crime?
M. WAGNER: M. le Président, je n'ai pas fait d'autres
démarches, la parole appartient maintenant aux autorités
fédérales.
M. JOHNSON: Le ministre a-t-il l'impression que M. Pearson va
céder encore une fois?
M. WAGNER: Je n'ai pas de commentaires à ajouter.
M. JOHNSON: Merci. La conférence à laquelle le ministre a
assisté au mois de janvier avait-elle pour but d'étudier les
moyens de contrôler un peu mieux le crime?
M. LESAGE: Les buts d'une conférence passée il y a
quelques mois... Je ne vois pas beaucoup l'urgence, c'est une question pour le
feuilleton.
M. JOHNSON: M. le Président, je voudrais savoir pouquoi le
ministre n'a pas demandé, lors de la conférence convoquée
spécifiquement pour la lutte contre le crime...
M. LESAGE: M. le Président, au feuilleton.
M. JOHNSON: ... pourquoi il n'a pas demandé cette enquête,
alors qu'il fait semblant de la demander aujourd'hui?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: Il n'y a absolument rien d'urgent et c'est justement le genre
de questions qui n'est pas approprié à la période des
questions verbales.
M. LE PRESIDENT: Autres questions?
M. BELLEMARE: M. le Président, est-ce que le premier ministre a
pris connaissance de l'imposition d'un honoraire d'enregistrement particulier
qui est imposé aux compagnies en ce qui regarde l'application des
régimes assurés? On charge présentement une taxe de $100
pour la production des régimes assurés pour ceux qui ont plus que
100 employés.
M. LESAGE: M. le Président, si le député de
Champlain veut bien gentiment poser sa question au feuilleton, je ferai faire
enquête.
M. BELLEMARE: M. le Président, une question
supplémentaire, ça apparaît dans une réglementation
qui vient d'être émise, c'est pour ça que je demande au
premier ministre...
M. LESAGE: M. le Président, si le député de
Champlain veut bien poser sa question au feuilleton, c'est une question pour le
feuilleton.
M. JOHNSON: D'autres taxes!
M. LE PRESIDENT: Autres questions?
M. GABIAS: M. le Président, au ministre des Affaires municipales.
Est-ce que le ministre a accepté la demande du conseil municipal de
Trois-Rivières pour que l'article 7 du chapitre 177, Loi des travaux
municipaux, s'applique, c'est-à-dire que le lieutenant-gouverneur,
malgré qu'il n'y ait pas eu un règlement d'adopté suivant
la loi générale, qu'il n'y ait pas eu non plus de
règlement d'emprunt soumis aux contribuables, vu qu'il y avait urgence,
est-ce que le ministre a accepté la demande et agréé la
demande du conseil municipal de Trois-Rivières?
M. LAPORTE: M. le Président, de mémoire, je crois que la
demande est arrivée ce matin.
M. BELLEMARE: A l'honorable ministre du Travail. Au sujet des quelques
petites grèves qu'il y a dans la province, est-ce que le ministre a des
petites nouvelles, surtout sur la plus considérable d'entre toutes,
celle de la Dominion Textile de Drummondville?
M. FORTIN: Pour ce qui est de la Dominion Textile de Drummondville, les
représentants sont venus hier au bureau du ministère du Travail
et notre ministère fait tous les efforts possibles pour apporter la paix
dans cette industrie. En ce qui concerne Rock Island, le député
de Champlain m'avait posé des questions la semaine
dernière...
M. BELLEMARE: Merci.
M. FORTIN: ... je ne voudrais pas vous donner de fausses
espérances, excusez-moi...
M. BELLEMARE: Cela va venir encore assez vite.
M. FORTIN: ... je dois dire ceci: c'est une industrie qui est construite
à cheval sur la frontière américaine; une moitié
aux Etats-Unis et une moitié dans la province de Québec...
M. BELLEMARE: Oui.
M. FORTIN: Or, l'autre jour, ce sont les ouvriers des Etats-Unis qui ont
fait la grève et dans la moitié de la province de Québec,
on n'a pas fait la grève. C'est pourquoi je n'ai pas été
averti. La machine IBM qui fait la paie étant dans la section des
Etats-Unis, les ouvriers des Etats-Unis ont été assez gentils de
ne pas faire de « piquetage »; ils ont permis que la paie pour les
ouvriers du Canada soit faite.
M. JOHNSON: Quant à ce qui se passe aux Etats-Unis, le ministre
de la Santé pourrait peut-être nous donner des informations?
M. BELLEMARE: Le ministre du Travail semble bien au courant de ce qui se
passe aux Etats-Unis. Est-ce que Bedford c'est sur la ligne frontière
aussi, la grève de Bedford? La Eastern Rebuilders à Bedford?
M. FORTIN: Vous me posez ça par comté. La question est
trop vaste. Avez-vous des cas plus précis?
M. BELLEMARE: Oui, oui, Eastern Rebuilders.
M. FORTIN: Bien, je n'ai pas de réponse encore sur ça ce
matin.
M. BELLEMARE: Cela n'est pas sur la ligne. Est-ce que les
employés de Coca-Cola vont faire la grève aux Etats-Unis parce
que les employés de la compagnie Coca-Cola font la grève à
Québec et à Montréal?
M. FORTIN; Ah, je ne peux pas vous dire. Tout ce que je peux dire, c'est
qu'il s'agit d'une grève liquide.
M. BELLEMARE: Une grève liquide que vous cherchez à
liquider, j'espère?
M. FORTIN: Oui.
M. BELLEMARE: Je trouve que ça prend du temps. Pour ce qui est
des 400 employés de garages qui sont en grève à
Montréal, est-ce que le ministre du Travail peut nous donner...?
M. FORTIN; Les conciliateurs du ministère sont là, ils
essaient de faire la paix entre les parties. C'est une grève qui est
absolument légale.
M. BELLEMARE: C'est effrayant comme le ministre du Travail a de
l'ouvrage.
M. FORTIN; Je ne fais pas lagrève.
M. BELLEMARE: Vous n'avez pas le temps.
M. JOHNSON: Le ministre de la Justice a sans doute pris connaissance des
commentaires de certains journaux relativement au peu de progrès de
l'enquête concernant le meurtre de l'avocat François Payette.
M. WAGNER: Et puis après?
M. JOHNSON: Le ministre a-t-il des déclarations à faire
à ce sujet-là?
M. WAGNER: Non, pas de déclaration.
M. JOHNSON: Est-ce que la direction des recherches est confiée
à la police de Montréal, à la police de
Montréal-Nord ou à la police provinciale?
M. WAGNER: J'ai déjà répondu au chef de
l'Opposition. C'est la Sûreté municipale de Montréal qui a
la direction de l'enquête et il n'est pas bon à ce moment-ci de
dévoiler quelque détail que ce soit.
M. JOHNSON: J'avais demandé au ministre s'il avait reçu un
rapport intérimaire concernant Rec-Stone. Le ministre ne le savait pas.
Il a dû avoir le temps de s'informer.
M. WAGNER: J'ai demandé au chef de l'Opposition de bien vouloir
inscrire sa question au feuilleton.
M. JOHNSON: Mais c'est plus simple de dire oui ou non.
M. WAGNER: C'est plus simple de donner une réponse
complète si vous en désirez une complète.
M. GERIN-LAJOIE: Peut-être bien que non.
M. JOHNSON: A question complète, le ministre a-t-il reçu,
oui ou non, un rapport intérimaire?
M. LESAGE: Au feuilleton.
M. WAGNER: Inscrivez la question au feuilleton.
M. JOHNSON: La réponse complète, ce serait oui ou non.
M. LESAGE: Au feuilleton.
M. JOHNSON: Est-ce que c'est trop compliqué pour le ministre?
M. WAGNER: Au feuilleton.
M. LAPORTE: Ce n'est pas une réponse ça, oui ou non.
M. LESAGE: Le premier ministre a dit: Non. Donc, c'est non.
M. JOHNSON: Un autre obéissant.
M. LESAGE: C'est vous qui n'avezpas compris.
M. GABIAS: Au ministre de la Justice. J'ai donné un
préavis vendredi dernier. Est-ce qu'à la suite d'une demande du
procureur général de 1962, à la Commission des valeurs
mobilières, concernant Sulphur Converting Corporation? Est-ce que la
Commission des valeurs mobilières a fait rapport au
ministère?
M. LESAGE: Au feuilleton.
M. WAGNER: Je dois dire au député de Trois-Rivières
qu'à la suite des recommandations du procureur général,
une enquête a été faite, une plainte a été
portée et l'accusé a été acquitté.
M. GABIAS: A l'honorable premier ministre. Est-ce qu'il est exact que
l'ajournement de l'Assemblée législative du Vermont avant
d'adopter un projet de loi concernant une entente avec l'Hydro-Québec
porte un rude coup à l'Hydro-Québec dans l'établissement
ou dans l'aménagement des chutes Hamilton?
M. LESAGE: Je suggère que la question soit portée au
feuilleton de l'Assemblée législative de l'Etat du Vermont.
M. JOHNSON: Le premier ministre est-il en mesure de nous dire si les
négociations entre l'Hydro et les acheteurs éventuels de
l'électricité produite aux chutes Churchill sont encore en
cours?
M. LESAGE: Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai
déjà dit sur le sujet.
M. JOHNSON: Ce n'est pas riche.
M. BELLEMARE: Le ministre de la Santé pourrait-il dire à
la Chambre si une entente est intervenue entre les médecins quant
à assurer pour le 1er avril prochain les services aux nécessiteux
dans la province?
M. KIERANS: Les négociations sont encore en cours et l'on
siège encore aujourd'hui même.
M. JOHNSON: Au ministre de la Santé. Les travaux ont-ils repris
à Arthabaska pour la construction d'un hôpital? A Arthabaska,
est-ce que c'est encore en panne, la construction d'un hôpital?
M. KIERANS: Nous avons construit un hôpital à Arthabaska
qui est assez grand pour les besoins de la région.
M. JOHNSON: Est-ce que le projet de St-Hyacinthe est encore en panne ou
si l'autorisation a été accordée?
M. KIERANS: On considère le projet d'un hôpital pour
St-Hyacinthe et nous donnons à ce projet une très grande
priorité.
M. LOUBIER: Que pense le premier ministre de la suggestion du maire
Lamontagne à l'effet de transformer la Morrin's College en
résidence officielle pour le lieutenant-gouverneur? Il a fait cette
suggestion hier à la télévision...
M. LESAGE: Je ne connais pas l'endroit en question.
M. LOUBIER: ... sur la rue St-Stanislas.
M. LESAGE: Je regrette, je ne connais pas l'endroit.
M. LOUBIER: Vous ne connaissez pas l'endroit?
M. LESAGE: Non.
M. LOUBIER: C'est une suggestion qui a été faite par le
maire Lamontagne hier...
M. LESAGE: Oui, je l'ignore. Je ne suis pas au courant.
M. LOUBIER: Vous n'êtes pas au courant de cette
suggestion-là? Quand le premier ministre sera au courant, est-ce qu'il
pourra nous donner une réponse?
M. LESAGE: Au feuilleton.
UNE VOIX: Au feuilleton duVermont.
M. LOUBIER: M. le Président, il y a eu un rapport...
M. LESAGE: Sur la rue St-Stanislas? Il y en a qui m'ont dit que
c'était sur la rue Ste-Anne.
M. LOUBIER: Les journaux rapportent sur la rue St-Stanislas.
M. LAPORTE: Est-ce que le député connaît
l'endroit?
M. LOUBIER: Oui, oui, je ne l'ai pas fréquenté
cependant.
M. LESAGE: Je n'ai aucune idée de l'endroit dont il s'agit.
M. LOUBIER: Vous n'avez pas idée de l'endroit?
M. LESAGE: Aucune idée.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre du Travail a pris connaissance du
prapport publié récemment par le Dr Irving Selikoff à
l'effet
que les milieux de l'amiante du Québec mettent en doute les
propensions cancérigènes...
M. LESAGE: Pardon?
M. LOUBIER: ... du minerai, autrement dit en...
M. LAPORTE: Au feuilleton.
M. LOUBIER: ... termes plus propices à notre language, que
l'amiante causerait le cancer chez les employés de l'amiante.
M. FORTIN: Bien, j'ai vu la nouvelle dans le journal mais le docteur ne
m'a pas encore fait parvenir son rapport.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre a l'intention, par le truchement de
son service de l'hygiène industrielle, de faire approfondir cette
question?
M. FORTIN: Posez-moi la question au feuilleton et je vais faire obtenir
les rapports des fonctionnaires du ministère.
M. LOUBIER: Bien, M. le Président, je pense bien que c'est une
question d'urgence, d'intérêt général, à
savoir si l'amiante cause réellement le cancer pour les employés
du milieu.
M. LAPORTE: M. le Président, comment cela peut-il être une
question d'urgence, quand le rapport n'est même pas déposé?
C'est ce qu'on vient de dire.
M. LOUBIER: Le rapport a été présenté il y a
plusieurs mois.
M. LAPORTE: Il n'est pas rendu ici.
M. LOUBIER: Bien est-ce que le ministre pourrait demander qu'une remise
soit faite de ce rapport...
M. LESAGE: M. le Président, tout de même.
M. LOUBIER: ... mais cela a paru dans tous les journaux. Je pense que
c'est de nature à causer la panique dans les milieux de l'amiante.
M. LAPORTE: M. le Président, au feuilleton.
M. LOUBIER: Ce n'est pas une conférence, c'est la remise d'un
rapport.
M. FORTIN: A quel endroit?
M. LOUBIER: Vous avez lu la nouvelle ce matin dans les journaux. C'est
aux Etats-Unis, et les milieux québécois...
M. LAPORTE: Ah!
M. LESAGE: Posez la question dans l'Etat approprié.
M. HYDE: M. le Président, j'invoque le règlement...
M. LOUBIER: ... les milieux québécois ont mis en doute le
rapport.
M. BERTRAND: A l'ordre. M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. HYDE: Mais je crois, M. le Président, que la question que
vient de poser le député de Bellechasse devrait attirer
l'attention de tous les députés sur les règles qui
s'appliquent pour les questions...
M. BERTRAND: Etes-voux président? Il y a un président.
M. LOUBIER: A l'ordre, messieurs.
M. HYDE: M. le Président, j'ai invoqué le règlement
pour attirer votre attention, et par votre entremise, l'attention de tous les
députés sur les articles du règlement.
M. LOUBIER: A l'ordre. Vous n'avez pas d'opinion à émettre
sur ça.
UNE VOIX: Nous n'avons pas à recevoir de leçon.
M. JOHNSON: S'il continue il va recevoir des tartes.
M. HYDE: ... en commençant par l'article 671, la question que le
député de Bellechasse vient de poser.
M. BELLEMARE: C'est manquer de déférence à votre
endroit. Voyons donc!
C'est manquer de déférence au président. A l'ordre,
M. le Président, je soulève un point d'ordre, on n'a pas le droit
de dire ça en Chambre.
M. le Président, on n'a pas le droit de vous
donner de ces leçons-là en Chambre. C'est manquer de
déférence à l'endroit de notre président.
M. LOUBIER: M. le Président...
M. HYDE: S'il y a quelqu'un en Chambre qui manque de
déférence à votre égard et à l'égard
de la Chambre entière, c'est le député de Champlain.
M. BELLEMARE: Mais vous n'êtes plus président, nous avons
bien de la chance.
Vous m'avez sorti une fois, vous ne me sortirez pas de nouveau.
DES VOIX: A l'ordre.
M. PINARD: Mettez-y du tigre.
M. LESAGE: Cequ'onavaitfait... Cesont les $50 des banquets.
M. BELLEMARE: C'était $100.
M. LESAGE: $100. Vous avez bien fait de lui charger $100.
UNE VOIX: Il mange comme deux.
M. LESAGE: Il a les moyens, il paye...
M. BELLEMARE: Cela n'a pas d'affaire là du tout.
M. HYDE: Je voudrais vous citer, M. le Président, un article que
vous connaissez très bien, l'article 671 du règlement. Une
question ne doit se référer ni à un article du journal ni
à la déclaration d'un particulier ou d'un corps non officiel ni
à une assertion faite par un député. Je prétends
que toutes les questions posées par le député de
Bellechasse contreviennent carrément à cet article du
règlement...
M. BELLEMARE: Au feuilleton, vous aussi.
M. HYDE: ... et je comprends que c'est difficile dans votre position.
J'ai raison de le savoir. C'est difficile...
M. BELLEMARE: Vous connaissez ça!
M. HYDE: ... d'intervenir chaque fois, mais je crois que, quand les
députés insistent sur des questions qui sont complètement
hors d'ordre, c'est là qu'on est obligé d'intervenir, et je vous
demande, M. le Président, d'attirer l'attention du député
sur ce point.
M. JOHNSON: M. le Président, parlant sur le point d'ordre
soulevé par le député de Westmount qui n'est pas
réellement un point d'ordre, mais plutôt un point de sermon ou de
semonce, destiné à vous, M. le Président. Vous
n'êtes pas...
DES VOIX: Ah, ah!
M. JOHNSON: ... vous êtes un homme entièrement libre, vous
n'êtes pas du tout lié par la jurisprudence, bonne ou mauvaise,
qui aurait pu être établie par votre prédécesseur.
Il n'est qu'un autre député dans cette Chambre...
M. LAPORTE: Bien oui!
M. JOHNSON: ... et je voudrais protester contre le ton paternaliste
qu'il a employé, M. le Président, pour vous donner une
leçon quant à l'interprétation du règlement qui est
votre rôle dans cette Chambre.
M. HYDE: Je n'ai pas de leçon à recevoir du chef de
l'Opposition non plus.
M. JOHNSON: M. le Président, nous avons le droit de poser des
questions. Il est vrai que nous n'avons pas le droit de lire des journaux, et
on sait pourquoi, ce serait du...
M. HYDE: De référer à un journal.
M. JOHNSON: ... mais il faut quand même que nous puisions nos
renseignements quelque part. Et ce ne serait qu'un tour oratoire que de dire:
Je suis informé que, ou j'ai lieu de croire qu'un rapport a
été déposé à tel endroit concernant tel
sujet. Est-ce que le ministre a des commentaires à faire? Mais on est
assez franc pour dire que notre source, c'est un journal
déterminé, et je ne pense pas qu'une question doive être
déclarée non avenue tout simplement parce qu'elle est
puisée dans un article de journal.
M. LAPORTE: M. le Président, je vais ajouter juste un mot. Il
faudrait bien que l'on sache ce qu'est la période des questions. Il n'y
a absolument rien dans notre règlement, sauf l'article 114, je crois,
qui prévoit des questions. Absolument rien. Théoriquement, toutes
les questions doivent être inscrites au feuilleton de l'Assemblée
législative, et c'est le bon sens même. Cela n'a pas
été inventé les questions au feuilleton, ou les questions,
pour tenter de mettre le gouvernement en contradiction avec lui-même. Les
questions sont faites pour obtenir des renseignements qui sont d'une nature
urgente et d'intérêt public. Quelle serait l'attitu-
de du gouvernement s'il était obligé de répondre
à toutes les questions qui ne sont pas d'une nature urgente et qui sont
complexes, et qu'ensuite, on vienne dire: Le ministre a répondu hier et
il a trompé la Chambre? Les questions doivent être inscrites au
feuilleton pour que le gouvernement ait le temps, non pas de chercher à
prendre l'Opposition en défaut, lui non plus, mais de chercher le
renseignement qu'on lui a demandé et donner une réponse
complète dont il peut se porter garant. Il doit, en fait s'en porter
garant. C'est pour cette raison que c'est le président de
l'Assemblée législative qui a toute autorité pour
déclarer qu'une question est recevable ou qu'elle n'est pas recevable.
Et, à Ottawa, cela fonctionne à peu près bien. C'est le
président lui-même qui se lève et qui dit: Voulez-vous
inscrire votre question au feuilleton? Et un député a dit, M. le
Président, je crois que j'ai le droit de la poser immédiatement.
Il a simplement dit: « Je diffère d'opinion avec l'honorable
député ». Et puis la question est inscrite au
feuilleton.
UNE VOIX: Mais ils prennent moins de temps à répondre.
M. LAPORTE: A Ottawa, ils ne répondent pas plus rapidement
qu'ici.
M. GABIAS: Ah bien Seigneur!
M. LAPORTE: Et, M. le Président, si on veut parler des
réponses aux questions, on n'a qu'à remonter... Nos sessions
à nous...
UNE VOIX: Oui.
M. LAPORTE: Le mercredi, vous allez voir demain là. Le mercredi
la journée des députés, nous avons pris l'habitude de
répondre, chaque semaine, à un très grand nombre de
questions. On ne peut pas prétendre, sauf le document que j'ai remis, au
nom du ministre des Transports, au député de Champlain au
début de la session. C'était un document épais comme cela
sur les transports en avion.
M. BELLEMARE: C'était...
M. LAPORTE: Alors ça, ça ne pouvait pas se faire dans
vingt-quatre heures. Mais le mercredi, nous avons pris l'habitude de
répondre aux questions, et personne ne peut prétendre que ces
questions sont au feuilleton pendant un délai indu, si ce n'est pas trop
long. Alors, M. le Prési- dent, il serait bon que l'on s'en tienne
à des questions urgentes, d'intérêt public...
UNE VOIX: Et courtes.
M. LAPORTE: ... et courtes.
M. BELLEMARE: M. le Président...
M. LEVESQUE (Laurier): C'est trop court!
M. LAPORTE: Je sens déjà qu'elle est illégale votre
question.
M. BELLEMARE: Oui, mais ce n'était pas ça le sujet de mon
intervention. La commission royale d'enquête Lacroix a produit un rapport
sur la chiropraxie.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Quelques députés ont peut-être
reçu un rapport. Je sais que certains journalistes en ont. Les
députés seraient très heureux s'ils pouvaient en avoir
quelques copies supplémentaires.
M. LESAGE: Bien, il est à l'impression.
M. BELLEMARE: Le premier ministre ne prévoit pas qu'on en aura
sous peu des...
M. LESAGE: Je ne sais pas. Il va falloir que je m'enquière.
M. BELLEMARE: C'est parce que je sais que presque tous les journalistes
en ont.
M. LESAGE: Je vais m'enquérir. M. BELLEMARE: Très bien!
Merci! M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LOUBIER: Sur le point d'ordre qui a été
soulevé...
UNE VOIX: Ah non.
M. LOUBIER: ... par le ministre des Affaires municipales qui attira
l'attention de la Chambre sur l'article 114, il est clairement établi
par le texte de cet article que je me permets de lire, 114, deuxième
paragraphe: « Immédiatement après l'expédition des
affaires courantes et avant que la Chambre entende les affaires du jour, un
député peut soulever une question de privilèges, donner
des explications, etc, etc. Et un peu plus loin, au milieu du paragraphe, on
retrouve que le député « peut demander à la Chambre
ou donner des renseignements au sujet de la
conduite des travaux de la Chambre ou au sujet de quelque autre affaire
d'intérêt public ».
M. LAPORTE: C'est ça.
M. LOUBIER: Or, dans la question que j'avais posée au ministre du
Travail, qui m'a demandé d'inscrire cette question au feuilleton, je
pense bien qu'une question de l'importance de celle du cancer dans l'industrie
de l'amiante est d'intérêt public et d'urgence, si l'on veut
éviter que ces nouvelles, que ce soit sous formes de rumeurs ou
autrement, se répandent et causent un remous chez les employés de
l'amiante. Je pense que c'est d'intérêt public et que c'est
d'urgence que le ministère du Travail, par l'intermédiaire d'un
service qu'on appelle « l'hygiène industrielle », s'occupe
immédiatement d'aller aux faits de la question et d'étudier tout
ce rapport afin d'apporter une décision ou un commentaire qui pourra
satisfaire l'opinion publique.
M. LESAGE: Affaires du jour.
Comité des subsides
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. Lesage propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme de nouveau en comité
des subsides. Cette motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. LAPORTE: M. le Président, je fais motion pour que le
comité des crédits sur le ministère de la Voirie
siège immédiatement au comité des bills privés et
que je rappelle qu'en font partie MM: Hamel, Bellemare, Cottingham, Russell,
Dionne, Hébert, Lafontaine, Meunier et Pinard. Immédiatement, au
comité des bills privés de l'Assemblée
législative.
M. JOHNSON: Vu l'absence de quelques collègues qui doivent
arriver plus tard cet après-midi, nous sommes bien prêts à
continuer l'étude des crédits, mais il faudrait permettre
à d'autres collègues qui ne sont pas membres du comité, de
poser des questions...
M. PINARD: ... de poser les questions. En autant que ça ne
paralysera pas notre après-midi.
M. BEDARD: (Président du comité des subsides): Motion
adoptée? Adoptée. Nous étions rendus à Conseil
exécutif, page 41, poste numéro 6: Conseil d'orientation
économique.
Six, adopté.
M. BELLEMARE: Une minute, une minute. Non, non, on est prêt
à procéder. D'ailleurs, je suis debout pour procéder. Je
ne savais pas que le premier ministre avait terminé son intervention. On
pensait vendredi, qu'il avait encore énormément de
matières à nous exposer. Vu que le temps était
limité.
M. LESAGE: Oui, mais comme j'ai énormément d'autres
articles à faire adopter dans les divers ministères dont je suis
chargé, j'essaie de parler le moins possible...
M. BELLEMARE: Oui, vous aviez l'air à avoir un gros
discours...
M. LESAGE: Ah oui, mais, les meilleurs sont souvent ceux qu'on ne
prononce pas.
M. BELLEMARE: Mais on va en prononcer quelques-uns, quand
même.
M. LESAGE: Cela vaut pour tout le monde. Autant pour le
député de Champlain que pour moi.
M. JOHNSON: Ce n'est pas la chambre du silence, ici.
M. LESAGE: Il y a des fois que nous aurions...
M. JOHNSON: ... intérêt...
M. LESAGE: ... nous aurions moins de regrets.
M. JOHNSON: Ah que le premier ministre parle pour lui-même.
M. LESAGE: Un peu plus que...
M. BELLEMARE: Le Conseil d'orientation, M. le Président, durant
l'année, a formé différents autres sous-comités. Il
y en a un, en particulier, qui m'a vivement intéressé, dans le
rapport qui nous a été soumis par le premier ministre l'autre
soir, sur les activités du Conseil d'orientation économique;
c'est celui du comité de l'étude du chômage saisonnier.
M. LESAGE: Quelle page?
M. BELLEMARE: A la page 6.
M. LESAGE: Je vous remercie, c'est parce que ça va plus vite si
je vous le demande.
M. BELLEMARE: Et il est dit là, M. le Président,
qu'après un arrêté en conseil du 30 octobre 1963, un
comité particulier a été établi pour analyser
l'influence du chômage saisonnier sur le niveau moyen du chômage,
et la répartition du sous-emploi saisonnier, par industrie et par
région.
On voit, M. le Président, à la page 7, que le
comité a tenu 20 réunions, au cours de l'année, et a tenu
sept séances d'audition: à Rimouski, à Alma, à
Québec et à Montréal. En passant là, je vois qu'il
n'a pas tenu de réunion dans notre région spécifique, dans
le Coeur du Québec. Au cours de ces réunions, seize organismes et
autres citoyens ont présenté 21 mémoires. Maintenant, on
dit, un peu plus loin, que le Conseil, à la séance du 12 mars, a
fait un rapport provisoire au comité d'étude, au...
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: ... après avoir remis au Conseil d'orientation
économique...
M. LESAGE: Au conseil?
M. BELLEMARE: ... le comité d'étude a
présenté la première partie de son rapport final...
M. LESAGE: Au Conseil.
M. BELLEMARE: ... à la séance du Conseil du 17
décembre 1965. Ce rapport, M. le Président, on dit qu'il sera
prêt au cours des premiers mois de 1966. Est-ce que l'honorable premier
ministre pourrait nous donner quelques bribes des structures qui seront
comprises dans ce rapport préliminaire puisque...
M. LESAGE: Mais je ne le sais pas, je ne l'ai pas vu.
M. BELLEMARE: Le comité d'orientation économique...
M. LESAGE: Non, non, le comité d'étude... M. BELLEMARE:
... a dû faire un rapport...
M. LESAGE: ... a fait un rapport au Conseil d'orientation dont je ne
fais pas partie.
M. BELLEMARE: Non, mais lui a fait un rapport officiel au 31
décembre 1965. Il a dû. Certainement, il pourrait...
M. LESAGE: Je n'ai eu aucun rapport du Conseil d'orientation
économique. Le Conseil d'o- rientation économique n'a pas
reçu le rapport complet du comité d'étude.
M. BELLEMARE: Le premier ministre, dans son discours sur l'adresse en
réponse au discours du Trône, a fait mention ici, dans cette
Chambre, qu'il avait des statistiques récentes concernant le
chômage...
M. LESAGE: Bien oui, mais je les ai données.
M. BELLEMARE: ... saisonnier...
M. LESAGE: Je les ai données au cours de mon discours sur le
débat.
M. BELLEMARE: ... qui avait un implication directe sur l'influence
saisonnière au niveau provincial...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: ... et régional...
M. LESAGE: J'ai donné ces chiffres-là, lors de mon
intervention dans le débat sur l'adresse en réponse au discours
du Trône.
M. BELLEMARE: Oui, oui, c'est pour ça, je crois que ces
renseignements qu'il a obtenus, il a pu les puiser...
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: ... au comité, dans le rapport du comité
d'étude.
M. LESAGE: Les renseignements que j'ai obtenus, je les ai obtenus du
bureau de la statistique du ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. BELLEMARE: Je serais très heureux, M. le Président, que
ce comité-là puisse produire son rapport le plus rapidement
possible.
M. LESAGE: Moi aussi, M. le Président.
M. BELLEMARE: Parce qu'il y a peut-être là des statistiques
fort intéressantes...
M. LESAGE: Je suis d'accord.
M. BELLEMARE: ... pour les membres de la Chambre, dont on pourrait se
servir comme étude et comme document important, pour favoriser certaines
discussions qui ont lieu dans
cette Chambre. Alors, M. le Président, sur le comité de
chômage, je vois, à la page 7 aussi, qu'on a établi le
comité de la recherche scientifique.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: On dit que ce comité-là a fait rapport et
que c'est à la suite de ce rapport-là qu'il y aura en Chambre,
une loi...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: ... une loi qui définira l'objet...
M. LESAGE: Elle y est, elle est déposée.
M. BELLEMARE: Oui, oui, c'est ça.
M. LESAGE: Je l'ai lue en première lecture.
M. BELLEMARE: Une loi en vue d'un Conseil provincial de recherche et
d'un centre de recherche industrielle. Les deux lois sont
différentes.
M. LESAGE: C'est le bill 6 et le bill 7.
M. BELLEMARE: C'est ça, 6 et 7. Mais M. le Président,
est-ce que, pour l'étude de ces deux lois qui sont maintenant en
première lecture, nous pourrions obtenir, du Conseil d'orientation
économique, le rapport qui s'est fait pour recommander que cette
procédure...
M. LESAGE: Non...
M. BELLEMARE: ... soit mise en marche?
M. LESAGE: ... ce n'est pas l'habitude de déposer en Chambre les
rapports du Conseil d'orientation économique qui sont destinés au
Conseil des ministres pour la préparation de la législation.
M. BELLEMARE: Bien, je pense que... m. LESAGE: Non, ce n'est pas pour
rien cacher, mais simplement, c'est une question de principe.
M. BELLEMARE: Non, non, mais admettons que c'est un principe que je
respecte, mais je dis à l'honorable premier ministre que ce serait
peut-être fort utile que nous autres aussi, que nous puissions prendre
connaissance des thèses pour lesquelles le peuple a payé.
Le peuple a payé des honoraires à certains avocats ou
à certains juristes ou à certains économistes qui ont
valu, aujourd'hui, la préparation de la loi. Nous avons peut-être
le droit de différer d'opinion avec certaines personnes, et pour la
passation de la loi, ce serait utile que nous puissions avoir en main certains
documents de base qui ont coûté énormément cher
à la province et ont été payés par l'argent des
taxes pour nous aider, nous aussi dans l'Opposition, à apporter certains
arguments utiles. Nous sommes des législateurs et nous ne voulons pas
empêcher l'action du gouvernement de s'exercer mais nous voulons
peut-être, dans les recherches qui ont été faites et qui
ont été demandées, comme le dit le Conseil d'orientation
économique, par des experts, nous voudrions, nous aussi, en prendre
connaissance. Il y a peut-être là des arguments qu'on pourrait
faire valoir au gouvernement. Si le premier ministre voulait simplement
demander au Conseil d'orientation économique de nous le produire, le
rapport qui a été fait pour la formation du Conseil scientifique
de recherches, ça nous rendrait service. Le premier ministre ne voudrait
pas qu'on pense... Je sais qu'il ne veut rien cacher, mais ce serait utile
qu'on l'ait. Cela n'appartient pas à un parti en particulier, cela
appartient au gouvernement, cela n'appartient pas un ministère en
particulier. Cela appartient à un organisme.
M. LESAGE: Les recommandations sont les deux bills.
M. BELLEMARE: Pardon?
M. LESAGE: Les recommandations, ce sont les deux bills.
M. BELLEMARE: Non, non, vous les avez lus, très bien. Vous les
avez consultés, très bien. Vous en avez fait de la
législation, d'accord. Mais il y a toute une marge entre la
législation que nous avons devant nous et l'étude qui a
été payée en honoraires à certains experts pour
amener la réalisation de ces deux lois-là. Je demande simplement,
s'il y aurait moyen de les consulter, si le premier ministre... Il me semble
que ce ne serait pas si extraordinaire que ça...
M. LESAGE: Non, mais c'est le précédent que ça
crée.
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LESAGE: On ne publie pas les rapports des experts qui servent...
M. BELLEMARE: Ce sont des rapports qui ont été
écrits...
M. LESAGE: ... à la préparation de la législation,
cela ne se fait pas.
M. BELLEMARE: M. le Président, s'il y a un rapport de
préparé au sujet du chômage et puis s'il y a une
législation qui vient contrecarrer certains effets nocifs du
chômage, est-ce que le premier ministre ne nous montrera pas avec grand
éclat le rapport qui sera fait à ce moment-là?
M. LESAGE: Je vais voir à ça.
M. BELLEMARE: Ah! oui, j'attends encore des rapports que je vous ai
demandés depuis le début de la session, quatre ou cinq rapports
que je n'ai pas encore reçus.
M. LESAGE: Vous allez les avoir.
M. BELLEMARE: Je n'encouragerais pas le premier ministre à faire
des promesses parce qu'il n'est pas bon dans ça.
M. LESAGE: En temps et lieu. Je me fie sur mon chef de cabinet.
M. BELLEMARE: Il est bon peut-être pour en faire plusieurs, mais
pour les tenir là...
M. LESAGE: Bien non, mais je compte sur mon chef de cabinet.
M. BELLEMARE: Alors je... Comment est-ce que je lui demanderais bien
ça?
M. LESAGE: Quel aveu! Non, mais ce n'est pas nécessaire de...
M. BELLEMARE: Alors, vous ne voulez pas me les donner, vous ne voulez
pas que j'aille les voir?
M. LESAGE: Non, je ne vous ai pas dit ça, je vous ai dit que j'y
penserais.
M. BELLEMARE: Je sais que je ne les aurai pas quand même, je les
aurai après l'adoption des deux lois. M. le Président, dans le
Conseil d'orientation économique, le premier ministre nous permettra
aussi d'attirer son attention sur le comité des capitales
régionales. Il y a eu là, le premier ministre le sait, de la
discrimination qui a été faite à l'endroit de certains
districts.
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Oui. Et le premier ministre sait ce que je veux dire, M.
le Président, quand je parle de discrimination. On a donné des
capitales régionales à certains groupes de villes, de villages,
d'agglomérations et l'on s'est tourné du côté de la
Gaspésie et on a mis tout dans un groupe, de Québec à
aller jusqu'à l'Atlantique, jusqu'à Percé, je dis que
là, on subit le juste retour d'une politique mal appliquée. Vous
aviez peut-être, quand vous avez conçu cette idée de
capitale régionale, eu une pensée heureuse, mais là, vous
venez de détruire cet effet-là en faisant concurrencer des
municipalités, des villes ensemble.
M. LEVESQUE (Bonaventure): De quelle façon?
M. BELLEMARE: De quelle façon? En englobant tout dans
Québec. Ce n'est pas raisonnable de mettre Québec comme la
capitale régionale de toute une agglomération qui se
développe. Vous avez des développements qui se font dans le
comté de Bonaventure présentement, vous en avez à
Rimouski. Rimouski est une ville importante, vous avez Matane qui est encore
une ville très importante. On a régionalisé, pourquoi?
On nous dit: Ah, les raisons qu'on a pu vous donner, c'est parce que
Québec c'est plus central, imaginez-vous!
M. LESAGE: Non, non ce n'est pas ça.
M. BELLEMARE: C'est complètement à l'autre bout...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le député ne semble pas avoir
compris les...
M. BELLEMARE: Non, mais si l'honorable ministre, qui se prépare
à me répondre sur l'heureuse suggestion de l'honorable premier
ministre, veut attendre, je lui donnerai tout le temps qu'il veut pour
l'écouter.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non, mais je ne voudrais pas que le
député s'aventure...
M. BELLEMARE: Vous me reprendrez et vous direz le député
s'est trompé, mais d'ici à ce temps-là, M. le
Président, j'ai la parole, vous me l'accordez, je n'ai pas encore
donné à l'honorable ministre la permission de m'interrompre. Je
continue donc...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je croyais rendre service au
député de Champlain en...
M. BELLEMA.RE: Je vais essayer de rendre service aux populations que
vous avez lésées, puis vous vous reprendrez.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le député de Champlain semble
persister à vouloir commettre des imprudences, à dire des choses
qu'il devra retirer, c'est son affaire.
M. BELLEMARE: Cela, c'est la pensée du ministre de la Justice. Il
lui a passé ça en catimini, j'ai entendu ça d'ici. M. le
Président, il n'a pas le droit de souffler comme ça. Cela va
prendre une enquête royale si ça continue.
Non, mais je dis que le comité sur les capitales
régionales a causé et a déçu
énormément les villes progressives comme l'était Rimouski,
comme l'était Matane et qui s'attendaient, dans la redistribution de ces
capitales régionales, à être nommées elles aussi
responsables d'un certain territoire. Mais on n'a pas voulu accorder cette
priorité à ces villes particulières, on leur a dit: quand
plus tard l'une d'entre ces villes très importantes, aura fait sa
marque, on pourra décider plus adéquatement quel est le
véritable centre, à ce moment-là nous déciderons.
Mais, dans notre région, je n'aipas besoin de vous dire que dans la
Mauricie, le Cap-de-la-Madeleine se développe énormément
peut-être plus vite, à un rythme plus progressif que celui de
Trois-Rivières, malgré que j'aie beaucoup d'estime pour mon
distingué collègue, et puis on a choisi Trois-Rivières.
Shawinigan, c'est une ville industrielle. La Tuque se développe à
un rythme vertigineux. Mais on a dit Trois-Rivières, c'était le
centre économique, c'était Trois-Rivières. On est heureux
que ce soit Trois-Rivières, on s'en réjouit, mais on n'a eu
personne pour jalouser l'une ou l'autre. Mais pourquoi ne pas établir
dans la Gaspésie ou dans le Bas du fleuve une capitale régionale?
Non, on l'a laissée à Québec, on a pensé que
Québec devait tout diriger et c'est là qu'est l'erreur»
L'erreur, M. le Président, qui va décourager
énormément de personnes. La première organisation du
Conseil d'orientation économique s'est fondée dans le Bas du
fleuve, ç'a été là la première organisation
du Conseil d'orientation économique qui s'est formée, ç'a
été le Conseil du Bas du fleuve.
Et aujourd'hui le Conseil d'orientation économique arrive puis il
fait une distribution qui ne semble pas être partagée par tous les
hommes d'affaires, par tous ceux qui veulent l'avancement de cette
région particulière du Bas du fleuve. On aurait pu
peut-être en nommer une et si l'autre prend plus d'expansion un jour ou
l'autre, eh bien on dira: messieurs, devant les faits établis, nous
sommes obligés de reconnaître que cette ville c'est mieux que
l'autre parce qu'il y a plus de développements. Mais là, on a
dit: Québec, tout centrer sur Québec. Ce n'est pas de la
décentralisation, M. le Président, et là si le ministre
veut, ou d'autres députés, je serais très heureux de
l'entendre.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je n'ai pas l'intention évidemment de
faire tout l'historique de cette question, mais je veux simplement rappeler
à la Chambre et au député de Champlain en particulier que
les résultats de ce travail arrivent à la suite d'études
très poussées faites conjointement par le Conseil d'orientation
économique du Québec et par le Bureau de recherches
économiques de mon ministère.
On n'en est pas arrivé à des résultats comme
ceux-là simplement par hasard. Le ministère a consulté, si
ma mémoire est fidèle, 1,500 municipalités. On a
consulté l'entrepriseprivée et étudié les
réseaux de vente de plusieurs sociétés importantes. On a
vu comment était divisée la province dans l'optique de divers
ministères. On a étudié la valeur de l'équipement
en place. On a étudié les habitudes de la population dans les
divers secteurs de la province.
Enfin, ceci n'est pas le jeu du hasard, mais le résultat
d'études scientifiques très poussées. Le besoin de diviser
d'une façon uniforme la province vient justement de cet état
d'anarchie causé par le fait que, tant dans le secteur public que dans
le secteur privé, on semblait diviser la province de façon
différente. Au gouverne ment du Québec en particulier, il y avait
40 façons différentes de diviser la province pour les fins de
chaque ministère ou de chaque organisme gouvernemental. Je crois que le
but que nous poursuivons est bien au-dessus de toute considération
mesquine ou partisane.
Nous avons voulu avoir un réseau unifié afin de pouvoir
justement atteindre un développement régional rationnel. Nous
avons voulu recueillir des données statistiques sur un même
territoire pour les diverses activités et les divers objectifs du
gouvernement. On comprendra facilement qu'il était difficile, pour les
fins de chaque ministère, de recueillir des statistiques sur des
territoires 40 fois différents. Les buts poursuivis étaient donc
des buts nobles, justifiables et pleinement justifiés.
Nous avons ainsi divisé la province en dix régions
économiques pour les fins administratives du gouvernement. A
l'intérieur de ces régions, nous avons décelé des
territoires
homogènes que nous avons appelés des sous-régions.
Il y en a vingt-cinq. A l'intérieur de ces régions et
sous-régions, nous avons voulu indiquer ]es villes ou
agglomérations qui avaient ou manifestaient certaines qualifications, ou
certaines conditions pouvant les amener à jouer un rôle de
métropoles ou de sous-centres ou de centres intermédiaires.
Sept villes dans les dix régions semblaient répondre,
d'après nos experts, à la description de métropoles
régionales. Dans trois régions, il y avait des doutes et des
doutes sérieux. Nous avons donc laissé en blanc ces trois
métropoles régionales pour ces trois régions. Pour le
moment, nous avons indiqué Québec, en attendant. Nous avons fait
cela pour le Nouveau-Québec, pour la Côte Nord et pour le Bas
St-Laurent-Gaspésie. Nous l'avons fait en toute objectivité, avec
le sentiment que l'intérêt commun et le bien public seraient mieux
servis de cette façon.
Nous n'avons pas éliminé la possibilité qu'un jour
il faille désigner une métropole dans ces régions, mais
non pas d'une façon artificielle, non pas dans le but de plaire à
l'un ou l'autre des éléments en cause. Lorsque l'on parle de
Rimouski, de Matane et des autres endroits que le député de
Champlain a mentionnés, il n'y a aucun doute que nous avons rendu
justice à ces villes en les classant, soit comme centres
sous-régionaux ou comme centres intermédiaires, indiquant par
là qu'elles constituaient un pôle d'attraction et qu'elles avaient
justement une vocation de pôle régional. Mais de là
à les appeler chacune, ou l'une et l'autre, une métropole, je
crois qu'il fallait que le Conseil d'orientation économique et que le
Bureau de recherches économiques s'en tiennent aux conditions
préalablement indiquées pour que ces villes soient choisies selon
des critères, comme je l'ai mentionné, et préalablement
déterminés.
Il est facile devant un travail d'envergure comme celui-là, qui a
exigé tellement de recherches et d'études, de critiquer. Le fait
même d'avoir réussi à présenter la province d'une
façon aussi claire, aussi logique, avec des divisions qui
répondent aux tableaux véritables que constitue la province sur
le plan économique et administratif était un défi en
lui-même.
M. BELLEMARE: Cela ça n'est pas sûr.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il peut y avoir des erreurs, le tableau n'est
pas rigide, il est encore flexible, nos études se poursuivent, mais
chose assurée, ce qui est fait est satisfaisant et s'il est vrai que
errare humanum est dans ce cas-ci je crois que nous avons, grâce au
Conseil d'orientation économique et grâce au bureau de recherches
économiques du ministère de l'Industrie et du Commerce,
réussi au moins à mettre la province sur la bonne voie d'une
planification et d'un développement régional harmonieux et
équilibré.
M. JOHNSON: M. le Président, je remercie le ministre pour ses
renseignements, mais je comprends que cette division de la province en dix
régions, l'indication de métropoles a été faite ou
sanctionnée du moins par un arrêté ministériel. Le
cabinet a donné...
M. LESAGE: Non.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non.
M. JOHNSON: J'ai lu quelque part une déclaration d'un
fonctionnaire disant que le cabinet avait modifié le plan qui avait
été soumis.
M. LESAGE: Ah oui. C'est-à-dire qu'avant que... Voici la
modification qui a été faite: je l'ai expliqué
déjà en Chambre d'ailleurs, et je n'ai aucune objection à
le redire, c'est que, le premier projet qui nous a été
soumis...
M. JOHNSON: Soumis par qui? Soumis par le Conseil d'orientation?
M. LESAGE: Conjointement par... Cela venait évidemment en dernier
lieu du ministère de l'Industrie et du Commerce...
M. JOHNSON: Très bien.
M. LESAGE: ... comportait une capitale régionale pour la
région du Bas St-Laurent et de la Gaspésie.
M. JOHNSON: Quelle était-elle?
M. LESAGE: Rimouski. Mais j'ai dit que le cabinet avait
étudié la situation, avait consulté à nouveau le
bureau de recherches du ministère de l'Industrie et du Commerce et que
d'accord avec le bureau de l'Industrie et du Commerce et j'ai dit ensuite que
d'accord avec le directeur du Conseil d'orientation économique, nous
avions décidé qu'il valait mieux pour le moment ne pas fixer
définitivement la capitale régionale de la région Bas
St-Laurent, Gaspésie et cela pour toutes les raisons que j'ai
déjà données en Chambre, lors du débat sur
l'adresse en réponse au discours du Trône. Je le dis de nouveau:
Rimouski est excentrique à la ré-
gion, il s'agit surtout d'une capitale a mission institutionnelle et
commerciale et capitale de services et qu'il est beaucoup plus prudent
d'attendre pour voir quels pourront être, à la suite des
études du BAEQ, du Bureau d'aménagement de l'Est du
Québec, quels seront les développements industriels ou les
développements des ressources humaines et matérielles du milieu,
à savoir s'ils se concentreront en un point donné ou encore
à savoir si le développement de ces ressources humaines et
matérielles justifiera une localisation parce que ce n'est pas
nécessairement un point à déterminer ou une ville à
choisir, ça peut être deux ou trois villes connexes ou tout
proches l'une de l'autre qui amènera une localisation, nous permettant
de déterminer quelque chose, un endroit où une localité,
si l'on veut qui soit moins excentrique. Nous avons considéré
qu'il était imprudent dans les circonstances de déterminer
dès maintenant Rimouski comme capitale régionale et qu'il valait
mieux attendre pour voir quels développements se produiraient à
la suite des études très intensives que fait le BAEQ dans le Bas
St-Laurent et la Gaspésie.
Que l'on comprenne bien qu'il y a des usines à New-Richmond et
à Chadler. Nous avons le port de Ste-Anne-des-Monts. Il y a Matane. Il y
a Mont-Joli. Il y a dans la vallée de la Matapédia des villes
assez importantes. Il y a l'industrie du cuivre, c'est-à-dire les mines
de cuivre de la Gaspé Copper sur le plateau gas-pésien. Et,
encore une fois, il y aura ce développement de Matane qui commencera le
23 avril avec le début des travaux de construction de l'usine de la
Canadian International Paper. Le 23 avril.
Nous avons donc cru, au Conseil des ministres, qu'il serait plus prudent
pour le moment que la capitale régionale soit Québec afin de ne
pas risquer de commettre une erreur dont nous aurions à nous repentir
plus tard. Parce qu'une fois la capitale régionale fixée, il est
bien difficile, sinon impossible, de la changer. Lorsque nous avons fixé
les capitales régionales dans les sept autres régions, les sept
régions où la capitale régionale est situé dans la
région, il y avait une certitude que cette capitale était
là pour un nombre d'années indéterminé. Dans le cas
de la Côte-Nord, dans le cas du Bas St-Laurent et de la Gaspésie,
de même que dans le cas du Nouveau-Québec, nous avons cru qu'il
était impossible, pour le moment, de la déterminer sans risque de
faire des erreurs que nous pourrions nous reprocher, de la déterminer
pour des années à venir, parce qu'encore une fois, il est presque
impossible de reculer une fois que la capitale régionale est
déterminée, qu'il était impossible de la fixer
définitivement et qu'il valait mieux que Rimouski soit un centre
sous-régional. Il y a d'autres centres sous-régionaux, parce que
la Gaspésie et le Bas St-Laurent ont été divisés en
sous-régions, avec des centres intermédiaires, également,
ce qui est absolument nécessaire, de toute façon, parce que la
région est très vaste et qu'il faut plusieurs pôles
d'attractions pour le développement économique du Bas St-Laurent
et de la Gaspésie. Alors nous verrons quels pôles d'attraction
prendront le plus d'importance suivant les lois de l'économique et
suivant les besoins, les possibilités matérielles et humaines. Et
il sera alors possible... Je ne dis pas que ce ne sera pas Rimouski, bien que
Rimouski soit excentrique et situé à l'extrémité
complète sud-ouest du secteur ou de la région. Je ne dis pas que
ce ne sera pas Rimouski. Mais il est plus prudent pour le moment d'attendre et
le conserver Rimouski comme capitale sous-régionale.
M. JOHNSON: Mais quels sont les objectifs...?
M. LESAGE: Je dis exactement ce qui s'est passé et je ne cache
rien. C'est la situation.
M. JOHNSON: Quels sont les objectifs que l'on recherche lorsque l'on
établit définitivement que la capitale ou la métropole
régionale sera telle ville? Et deuxièmement...
M. LESAGE: Le centre... Excusez-moi!
M. JOHNSON: ... si le premier ministre me le permet, cela
m'évitera de me lever de nouveau, quels sont les critères qu'on a
utilisés pour déterminer ces capitales..
M. LESAGE: Je vines de les mentionner, là!
M. JOHNSON: ... et deuxièmement quelle est la valeur...
M. LESAGE: Je viens de les mentionner, les critères,
là.
M. JOHNSON: ... relative des critères? Est-ce la concentration de
la population? Est-ce l'existence d'industries? Est-ce surtout à cause
des possibilités de développement? Est-ce à la suite d'une
extrapolation, pour employer des termes à la mode?
Quels sont en somme les facteurs décisifs les plus importants
pour établir...
M. LESAGE: Je pense, M. le Président, que
cette étude a été faite surtout au ministère
de l'Industrie et du Commerce, au Bureau des recherches économiques.
Evidemment, ces questions et tous les critères sont ceux qui ont
été utilisés par le Bureau des recherches
économiques du ministère de l'Industrie et du Commerce, et mon
collègue de l'Industrie et du Commerce aura en main, lors de
l'étude de ses crédits, tous les détails
nécessaires pour répondre aux questions du chef de l'Opposition.
Les critères, leur poids relatif, à chacun, si l'on veut,
n'est-ce pas?
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LESAGE: Alors, tout cela est dans l'étude qui a
été faite par le Bureau de recherches économiques du
ministère de l'Industrie et du Commerce, étude qui a servi aux
décisions qui ont été entérinées par le
Cabinet, sauf l'exception que j'ai mentionnée, exception qui a
également reçu l'approbation tout de même, avant l'annonce.
Non, Rimouski, d'ailleurs, ne répondait pas aux critères.
M. JOHNSON: Mais quand même Rimouski avait été
recommandé...
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... avait été
mentionné.
M. LESAGE: Comme possibilité.
M. JOHNSON: C'est le Cabinet qui prend la responsabilité...
M. LESAGE: Non, non... avait été mentionné comme
possibilité, et le Cabinet a eu des doutes. Pardon?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Même le Bureau avait des doutes.
M. LESAGE: Oui, oui, même le Bureau des recherches
économiques... je n'ai pas dit que le Bureau des recherches
économiques avait fait une recommandation, j'ai dit qu'il avait fait une
mention, dans le cas de Rimouski.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, mais il y avait des doutes.
M. LESAGE: ... mais avec des doutes. Et le Cabinet, après avoir
évalué la situation, est retourné au Bureau des recherches
économiques pour dire que ces doutes dans le cas de Rimouski
étaient très sérieux, comme dans le cas de la
région du Bas St-Laurent et de la Gaspésie.
Et moi-même, j'en ai parlé avec M. Parenteau, le directeur
général du Conseil d'orientation, et nous en sommes venus
ensemble à la conclusion qu'il valait mieux attendre, dans le cas du Bas
St-Laurent et de la Gaspésie, et fixer temporairement Québec. Ce
qui ne pose aucun problème parce que, quand on fixe temporairement
Québec comme capitale régionale, qu'il s'agisse du Bas
St-Laurent, de la Gaspésie, de la Côte-Nord ou du
Nouveau-Québec, il est facile d'établir que ce n'est pas
Québec qui sera jaloux de se départir de son titre de capitale
régionale temporaire du Bas St-Laurent et de la Gaspésie, non
plus que de la Côte Nord, non plus que du Nouveau-Québec.
M. JOHNSON: Est-ce que le Conseil d'orientation économique ou le
bureau de recherches du ministère de l'Industrie et du Commerce avait
recommandé Thetford-Mines comme capitale?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non, Thetford-Mines était un centre
intermédiaire.
M. JOHNSON: Et qu'est-ce qui est arrivé?
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est resté tel quel.
M. LESAGE: Le seul changement est celui que j'ai mentionné tout
à l'heure.
M. JOHNSON: Le seul changement.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je dois dire, cependant, que j'ai reçu
du maire de Thetford-Mines et de la Chambre de Commerce des
représentations à l'effet que Thetford-Mines pourrait être
reconnus comme sous-centre régional plutôt que comme centre
intermédiaire, de la même façon que St-Georges de
Beauce.
M. JOHNSON: St-Georges de Beauce, c'est un centre?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Sous-régional.
M. JOHNSON: Sous-régional. Qui gravite sur?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Québec. Alors Thetford-Mines...
M. JOHNSON: Ah bon. Ce n'est qu'un sous-centre ou un...
M. LESAGE: Centre intermédiaire.
M. JOHNSON: Intermédiaire.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le centre intermédiaire n'est pas un
centre, disons...
M. JOHNSON: C'est la ligue des Pee-Wee. M. LESAGE: Pardon?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je dis que le chef de l'Opposition
serait...
M. LESAGE: La ligue des Pee-Wee.
M. JOHNSON: On pourrait classer Thetford dans les Pee Wee.
M. LESAGE: Non, non, non.
M. JOHNSON: St-Georges dans les Bantams.
M. LESAGE: Il faudrait que je consulte mon petit code, il faudrait que
je l'amène avec moi.
M. JOHNSON: Rimouski est hors concours.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le chef de l'Opposition devrait, je crois, se
situer dans une région donnée et non pas sortir d'une
région et comparer la ville d'une région avec celle d'une autre
parce qu'à ce moment-là, on va prendre Ste-Anne-des-Monts, par
exemple, qui est sous-centre régional et on va prendre Drummondville qui
est centre intermédiaire. Alors ce n'est pas ça qui
détermine la grosseur de la ville ou la grandeur ou l'expansion...
M. LESAGE: Ce n'est pas la grosseur de la ville qui
détermine...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non, ce n'est pas la grosseur de la ville qui
détermine ce titre-là, mais c'est à l'intérieur de
la région que se déterminent ces diverses appellations.
M. LESAGE: Un des principaux facteurs est aussi la facilité
d'accès au coeur d'une sous-région pour ce qui concerne les
sous-centres administratifs.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si le chef de l'Opposition veut attendre pour
poser ses questions, lorsque nous étudierons le budget du bureau des
recherches économiques, nous donnerons les critères qui ont
présidé au choix de ces diverses villes.
M. JOHNSON: Et l'on donnera en détail les objectifs aussi?
M. LESAGE: Oui.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Certainement.
M. JOHNSON: Le ministre pourrait-il nous dire brièvement en
fonction de quel objectif surtout?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui. Pour les fins administratives du
gouvernement.
M. JOHNSON: Ah bon.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Comme je l'ai mentionné il y a un
instant, il y avait 40 façons différentes de diviser la province.
Chaque ministère, selon ses buts, ses fins, ses objectifs ses besoins du
moment, divisait la province, les uns par exemple à la Santé pour
les unités sanitaires, à la Voirie pour les divisions de
l'administration, pour la Colonisation, de la même façon,
Agriculture selon les divisions agronomiques, le ministère de
l'Industrie et du Commerce, et délégués régionaux.
Même au ministère de l'Industrie et du Commerce, il y avait trois
ou quatre différentes façons de diviser la province,
c'était pour les pêcheries pour les statistiques, pour les
délégués régionaux, enfin chaque ministère,
selon ses besoins, divisait la province. L'Hydro-Québec, d'autres
organismes comme ceux-là divisaient également la province d'une
autre façon. Alors, on a dit, au moins le gouvernement devrait donner
l'exemple d'une certaine homogénéité, diviser cette
province d'une façon uniforme, mais cela ne veut pas dire que, du jour
au lendemain, tout l'équipement va changer de place. Disons que c'est un
plan qui est là pour guider les ministères dans leur projection
et dans la façon qu'ils diviseront la province à l'avenir, et
s'ils ont des équipements à mettre en place eh bien qu'ils
regardent donc cette façon d'entrevoir la province, cette façon
de la diviser, de concevoir les divers pôles d'attraction afin de pouvoir
apporter au public car c'est pour lui en définitive que l'on
travaille les services gouvernementaux et les grouper par contre, dans
les régions afin que les lonction-naires en place puissent se consulter
sur le même territoire donné pour servir ensemble un même
territoire. C'est le but que nous recherchons.
M. JOHNSON: Mais, en somme, ça n'a rien à faire, cette
division de la province en dix régions, avec la décentralisation
industrielle?
M. LESAGE: Mais oui, M. le Président. Si le chef de l'Opposition
voulait bien prendre le
rapport du Conseil d'orientation économique, à la page 23,
et prendre la peine de lire les pages 23, 24 et 25, il verra, 26 aussi...
M. JOHNSON: Je pense que M. Filion devrait les lire. Est-ce qu'il en a
reçu une copie?
M. LESAGE: Il a dû...
M. JOHNSON: Il faudrait lui en envoyer une copie...
M. LESAGE: Je ne le lui ai pas demandé. Je pense que le chef de
l'Opposition a la réponse à ses questions, en lisant les pages
23, 24, 25 et 26 du rapport du Conseil d'orientation économique.
Evidemment, ce que nous venons de donner, là, la division en
régions, ce que l'on pourrait appeler le contenant de la politique de
développement régional, quant à la politique de
développement régional, elle est elle-même en
préparation dans les comités de travail du Conseil d'orientation,
tel qu'on le voit à la page 12, « Groupes de travail de la
politique de développement régional », à la page 12
du rapport et pour la description du travail qui se fait, on trouve à la
page 23: « Politique de développement régional ». Je
n'ai pas l'intention de tout mettre ça au journal des Débats,
c'est un document qui a déjà été
déposé en Chambre.
M. JOHNSON: En somme après six ans on a un plan sur papier qui
est définitif pour 9 régions...
M. LESAGE: Non, non, je m'excuse... M. JOHNSON: ...qui est...
M. LESAGE: Non, non. Il n'y a jamais rien de définitif, et
à tout jamais sur la terre, pas plus dans la province de Québec
qu'ailleurs, c'est la première chose qu'il faut comprendre. C'est
qu'à un moment donné il peut pousser une ville dans la province
de Québec, qui va prendre tellement d'importance que les jeux vont
être changés, cela ne veut pas dire que ça va aller pour
cent ans, deux cents ans, trois cents ans, mais pour le moment, nous croyons
que c'est là le contenant qui doit recevoir le contenu qui est la
politique de développement régional qui est en voie
d'élaboration au Conseil d'orientation économique et tel
qu'expliqué au rapport annuel du Conseil d'orientation
économique, pour l'année se terminant le 31 décembre
1965.
Et l'on traite de ce sujet particulièrement aux pages que j'ai
mentionnées il y a quelques instants au chef de l'Opposition. Mais qu'il
ne vienne jamais me parler d'affaires définitives à tout jamais,
ça n'existe pas...
M. JOHNSON: Bon!
M. LESAGE: ...sur la terre. Il y a seulement le bon Dieu qui est infini,
nous ne le sommes pas, personne.
M. JOHNSON: Alors, après six ans, pour adopter un vocabulaire
très précis, on a un plan qu'on a accepté comme mesure
provisoire...
M. LESAGE: Qu'on ne fassepas croire qu'on a pris six ans pour ça.
Le Conseil d'orientation économique s'est occupé de bien d'autres
choses. D'année en année, c'est absolument injuste.
M. JOHNSON: Je n'ai pas dit que le conseil avait pris six ans à
le faire; mais après six ans de gouvernement, le régime actuel,
après cinq ans d'existence d'un Conseil d'orientation économique,
tout ce qu'on a, pour le moment, c'est un plan qui agrée, pour le
moment, au cabinet, sauf quant à une région, celle qui est
à l'est de Québec.
M. LESAGE: Non, je regrette. C'est faux ça, ce n'est pas
ça. Il n'est pas juste de dire qu'il agrée au gouvernement, sauf.
Ce n'est pas le processus, on a parlé des technocrates récemment;
bon, bien je vais en parler.
M. JOHNSON: Bon!
M. LESAGE: Ce sont des technocrates qui, se basant sur des
critères qui sont donnés n'est-ce pas, lors de l'étude des
crédits du ministère de l'industrie et du Commerce et suivant des
études scientifiques, ont préparé la division de la
province en régions et sous-régions, avec capitale
régionale, sous-régionale et centres intermédiaires.
Préparée par la division des recherches, discutée avec le
Conseil d'orientation économique on a changé plusieurs
fois, évidemment, suivant l'évaluation des critères
on a présenté, au Conseil des ministres, une recommandation. Mais
dans un cas, ce n'était pas une recommandation déterminée
comme dans les autres cas. Il s'agissait de la capitale régionale de la
région du Bas-St-Laurent et Gaspésie. On mentionnait, dans ce
cas-là, au lieu de recommander, et ça, ça venait des
technocrates et des aviseurs du gouvernement, le Conseil d'orientation
économique. Le Conseil des ministres, composé des hommes qui ont
la responsabilité, a examiné la chose, a eu des doutes
sérieux quant à l'acceptation de Rimous-
ki, immédiatement et pour un temps indéterminé,
comme capitale régionale du Bas-St-Laurent et de la Gaspésie.
Alors, la décision par le gouvernement n'a pas été de
renverser la décision des technocrates. Elle a été de
reconsulter les technocrates et les aviseurs et, après consultation des
deux groupes, tous ont été d'accord pour dire qu'il valait mieux
attendre avant de déterminer une capitale régionale. Par
conséquent, qu'on ne vienne pas dire que « cela a
été accepté sauf », cen'est pas ça.
M. JOHNSON: Alors en pratique, M. le Président, quand on songe
à la décentralisation, on peut dire qu'il s'est fait, depuis six
ans, quelque chose, et ce quelque chose, c'est un plan. Nous en sommes rendus
là. Comme réalisation, au point de vue décentralisation
industrielle, quelles sont les initiatives attribuables au Conseil
d'orientation économique?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ce n'est pas à moi de
répondre.
M. JOHNSON: J'imagine, M. le Président, que le ministre de
l'Industrie et du Commerce...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Bien, évidemment, si le chef de
l'Opposition veut savoir quels sont les développements...
M. LESAGE: C'est comme si je demandais au chef de l'Opposition s'il bat
encore sa femme. C'est à peu près le genre de question qu'il
vient de poser.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si le chef de l'Opposition veut savoir quels
sont les développements dans les régions excentriques de la
province...
M. LESAGE: C'est le genre de question... c'est la farce en anglais,
quand on pose une question du genre que le chef de l'Opposition pose on
répond en anglais: « Should I ask my honourable friend if he still
beat his wife? »
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est à peu près ça.
M. BERTRAND: C'est embêtant des fois.
M. JOHNSON: C'est une de ces questions, M. le Président, qui
pourraient réellement créer un problème.
M. LESAGE: C'est ça. Ce sont les questions du chef...
M. JOHNSON: Il y en a une autre que je donnerai au premier ministre,
qu'il pourra utiliser. Il n'y a jamais de commentaires par aucun mari quand on
la donne celle-là aussi.
M. LESAGE: C'est évident, d'ailleurs, c'est pour montrer que
c'est une farce.
M. JOHNSON: Ce n'est pas dans nos moeurs en tout cas chez nous de
procéder de même.
M. LESAGE: Non, mais c'est la façon, n'est-ce pas, qu'on a de
signifier une question du genre.
M. JOHNSON: Mais je voudrais savoir...
M. LESAGE: ... qualifier une question du genre de celle du chef de
l'Opposition vient de poser.
M. JOHNSON: ... le public voudrait savoir qu'est-ce qui s'est
fait...
M. LESAGE: Lisez les rapports.
M. JOHNSON: ... au point de vue de la décentralisation
industrielle dans la province de Québec.
M. LESAGE: Si vous voulez que le public le sache, payez des annonces
dans les journaux de la province, puis faites publier tous les rapports annuels
du Conseil d'orientation économique.
M. JOHNSON: Bien, on le sait...
M. LESAGE: Vous avez de l'argent, vous venez d'avoir deux banquets
à $50 du couvert, bien payés.
M. JOHNSON: Je remercie le premier ministre pour sa souscription. Non,
mais la publicité que le premier ministre m'a faite, ça m'a
aidé...
M. LESAGE: Certainement.
M. JOHNSON: ... ç'a a accéléré la vente de
billets.
M. LESAGE: J'y tenais beaucoup.
M. JOHNSON: Ah oui, il n'y a pas de honte à l'admettre qu'on a
besoin d'aide. Quand on est le parti du peuple, vous savez, on n'est pas
riche.
M. LESAGE: On ne me l'a pas présentée, l'invitation.
M. JOHNSON: Non, je pense que c'est M. LaRue qui a souscrit
personnellement.
M. LESAGE: Ah, c'est bien possible, il en est bien capable, depuis le
temps qu'il ramasse. Il est bien généreux.
M. JOHNSON: Depuis le temps qu'il ne dépense pas.
M. LESAGE: Ce n'est pas un dépenseux, M. LaRue,
M. JOHNSON: L'homme public se dit: mais qu'est-ce qui se fait au point
de vue décentralisation? Evidemment on sait...
M. LESAGE: Ce qui se fait, eh bien évidemment...
M. JOHNSON: ... qu'il y a des usines...
M. LESAGE: ... Matane, le 23 avril, Domtar à
St-Félicien...
M. JOHNSON: ... surtout dans le comté...
M. LESAGE: ... Pontica, Beauharnois, Bécancour...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Bonaventure, Carleton.
M. LESAGE: Bonaventure, New-Richmond...
M. JOHNSON: ... dans le comté de Bonaventure, il s'est
installé des industries.
M. LESAGE; ... Ste-Anne-des-Monts... M. LEVESQUE (Bonaventure):
Chandler... M. LESAGE: ... Chandler, Pointe-Noire.
M. JOHNSON: Dans le comté de Gaspé, on en connaît
très peu.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Rivière-aux-Renards qui va avoir un
complexe de $4 millions, un complexe de pêcheries.
M. JOHNSON: Evidemment, c'est peut-être une question qui serait
plus à propos...
M. LESAGE: Valleyfield, Québec.
M. JOHNSON: ... au moment de l'étude des crédits...
M. LESAGE: Trois-Rivières.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si le chef de l'Opposition veut bien
attendre, on va lui répéter ces chiffres-là, ces
noms-là une autre fois.
M. JOHNSON: Alors, est-ce le Conseil d'orientation économique qui
a suggéré que l'usine de General Motors s'installe à
Ste-Thérèse?
M. LESAGE: On ne l'a pas mis au Cap-de-la-Madeleine, le pont.
M. JOHNSON: A Ste-Thérèse, General Motors!
M. LESAGE: Le Conseil d'orientation économique évidemment
n'a pas été consulté par General Motors sur la
localisation de l'industrie de General Motors, General Motors a
décidé de la localisation de son industrie après avoir
fait faire elle-même une étude par ses économistes, une
étude scientifique de l'épicentre de son marché, et,
à partir de certaines règles bien connues pour ce qui est de la
distribution des produits sur un marché concentré donné,
on est parti de l'épicentre pour tracer deux lignes dont l'une menait
à Oshawa et l'autre exactement au Nord immédiat de
Montréal. Il est clair que General Motors n'est pas allé crier
à tout le monde qu'elle avait l'intention de s'établir à
Ste-Thérèse, elle l'a dit à quelques personnes seulement,
elle s'est empressée de faire prendre des options sur les terrains par
une compagnie de fiducie pour ne pas être obligée de payer trop
cher.
M. JOHNSON: Ils n'ont pas fait comme la Régie des Alcools.
M. LESAGE: Je n'ai pas le droit de dire ce qui se passe dans une
enquête, mais c'est ce que, d'après ce que je comprends, c'est
sensiblement ce que la Régie a voulu faire à LaSalle.
M. JOHNSON: Alors pour d'autres industries comme Sidbec, par exemple,
est-ce que ç'a été établi à Bécancour
sur la recommandation du Conseil d'orientation économique?
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Est-ce que la...
M. LESAGE: Pas uniquement évidemment, il
y a eu le bureau de recherches économiques, il y a eu aussi le
Conseil d'administration de Sidbec, des rapports de rentabilité.
M. JOHNSON: Est-ce que le Conseil...
M. LESAGE: Tout ça est allé entre les mains du Conseil
d'orientation économique.
M. JOHNSON: ... d'orientation économique a fait des
recommandations quant aux structures de cette corporation?
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: Le premier ministre a fait à un moment donné
une déclaration...
M. LESAGE: Bien, j'ai reçu un document... M. JOHNSON: Oui, un
papier...
M. LESAGE: ... il y a longtemps de ça, c'est
dépassé.
M. JOHNSON: Un petit papier hein! M. LESAGE: C'est
dépassé.
M. JOHNSON: Qui disait qu'on recommandait que ce soit
étatique.
M. LESAGE: C'est dépassé.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on ne recommandait pas à ce
moment-là...
M. LESAGE: C'est dépassé.
M. JOHNSON: Est-ce que le Conseil d'orientation...
M. LESAGE: Les recommandations du Conseil d'orientation
économique au gouvernement ne sont pas publiques.
M. JOHNSON: M. le Président, ç'a été
publié dans tous les journaux.
M. LESAGE: Cela se peut Ce n'est pas moi qui les ai publiées.
M. JOHNSON: Est-ce que le Conseil d'orientation économique n'a
pas recommandé au Cabinet de faire de Sidbec un complexe
étatisé, ou étatique si l'on veut?
M. LESAGE: C'est vague. En tout cas, ça n'a pas d'importance dans
la situation actuelle.
M. JOHNSON: Alors, ce papier du Conseil d'orientation
économique...
M. BERTRAND: Ces feuilles volantes.
M. JOHNSON: ... ça devait être un papillon.
M. BERTRAND: Un amendement.
M. LESAGE: Dans le contexte actuel, ça...
M. JOHNSON: C'est ça, ce n'est pas important, le Conseil
d'orientation économique. C'est bon pour servir de couverture, cela fait
de la propagande, des grands mots, ça fait l'objet de beaux grands
discours, bien débités. Cela coûte des millions, des
centaines de milliers de dollars par année, mais, quand il s'agit d'une
affaire aussi importante...
M. LESAGE: Répétition du discours de vendredi.
M. JOHNSON: ... d'une industrie sidérurgique, d'un complexe
sidérurgique: On a peut-être reçu un papier, mais c'est
dépassé. Mais, je pensais que ces gens-là étaient
précisément chargés d'étudier le problème du
développement économique de la province, de l'orientation
économique, le mot le dit, de l'orientation économique de la
province. Je croyais, dans ma naïveté, que le premier ministre et
le cabinet prendraient en considération les recommandations du Conseil
d'orientation économique. Là, j'apprends aujourd'hui que c'est un
petit papier qu'on a reçu et que c'est complètement
dépassé. Pourquoi payer tout ce monde-là? Pourquoi les
faire travailler si on n'a pas plus de respect pour leurs recommandations que
celui que le premier ministre a manifesté à l'occasion de la
remise de ce petit papier, et respect qu'il manifeste encore aujourd'hui d'une
façon qui est bien évidente, du moins pour ceux qui voient le
premier ministre à l'oeuvre.
M. le Président, je ne veux pas couvrir tout le terrain, mais il
reste que je voudrais dire au premier ministre que, pour une fois, je m'entends
avec lui. M. Filion, récemment, s'est mis à se poser des
questions sur la valeur de la décentralisation industrielle.
M. LESAGE: Il l'a fait sous forme de question.
M. JOHNSON: C'est ce que j'ai dit, aussi.
M. LESAGE: Je veux insister sur le fait que le chef de l'Opposition,
pour une fois, pose bien le problème.
M. JOHNSON: Pour une fois, le premier ministre m'a compris quand
j'étais subtil. M. Filion s'est donc posé des questions sur
l'opportunité de la décentralisation industrielle et
particulièrement quant au complexe de Sidbec. L'erreur, ou du moins
l'imprudence de M. Filion, c'est de s'être posé ces
questions-là publiquement. Alors, quand on se pose à
soi-même des questions»..
M. LESAGE: Dimanche soir, le chef de l'Opposition a été
bien imprudent, lui aussi. Mais il ne se posait pas de question. Il aurait
été mieux de s'en poser plutôt que de faire les
affirmations qu'il a faites.
M. JOHNSON: Lesquelles donc?
M. LESAGE: Evidemment, il a parlé deux fois dimanche soir. C'est
ce qui avait été enregistré dimanche après-midi:
« Conférence de presse ».
M. JOHNSON: J'ai au moins un auditeur fidèle, le premier ministre
de la province.
M. LESAGE: Je voudrais que le chef de l'Opposition sache bien que...
M. BELLEMARE: Que c'est bon.
M. LESAGE: Non, ce n'est pas ça. Cela n'a pas été
bon. J'ai de quoi m'amuser. D'ailleurs, j'attends que nous arrivions aux
affaires fédérales-provinciales. Là, je vais me payer une
pinte de bon sang. J'espère que le chef de l'Opposition va être
là. Ce qu'il y a c'est que je n'écoute pas la
télévision, mais j'ai une femme et des enfants qui ont beaucoup
d'estime pour le chef de l'Opposition et, lorsqu'ils l'entendent à la
télévision, ils viennent me chercher dans ma bibliothèque
et m'invitent à écouter. Alors, je le fais toujours avec grand
plaisir.
M. JOHNSON: « Papa, dépêche-toi, voilà
l'ennemi. »
M. LESAGE: Non, je regrette, ce n'est pas de cette façon que le
chef de l'Opposition est traité dans ma famille.
M. JOHNSON: C'est le méchant, le « critiqueux ».
M. LESAGE: Non, ce n'est pas de cette façon que le chef de
l'Opposition est traité dans ma famille. Dans ma famille, on appelle le
chef de l'Opposition: M. Johnson, et on a beaucoup de respect pour lui.
M. JOHNSON: Cela me fait bien plaisir, et j'ai beaucoup d'estime pour la
famille du premier ministre. Savez-vous que j'aimerais autant avoir sa famille
en avant de moi plutôt que lui?
M. LESAGE: C'est ce à quoi je m'attendais. Cela, je n'ai pas de
doute là-dessus.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: Je pense qu'on s'entendrait bien.
M. BELLEMARE: Il y a deux oppositions officielles.
M. JOHNSON: M. Fillion s'est donc posé des questions à
lui-même, mais il l'a fait publiquement.
Ce qui a eu comme conséquence le premier ministre le sait
bien d'embrouiller un peu la situation. Au moment où le
gouvernement fait ou semble faire un effort de décentralisation
industrielle, au moment où plusieurs économistes entre M.
Harvey... au moment où plusieurs hommes publics y inclus les gens de
l'Opposition encouragent le gouvernement et même stimulent l'affaire de
la décentralisation, voici que le président de la
Société générale de financement et président
de Sidbec se pose publiquement une question: Est-ce qu'il ne serait pas
préférable de développer le potentiel, développer
au maximum le potentiel de Montréal, et de sa région avoisinante,
avant de songer à faire de la décentralisation industrielle?
M. le Président, M. Filion a le droit de changer d'opinion mais
c'est lui qui avait écrit en 1960 un éditorial retentissant
intitulé: « Montréal et le désert
québécois » où M. Filion plaidait avec beaucoup de
talent, la cause de la décentralisation industrielle. M. Filion, dans sa
récente causerie au club de vente et publicité, avait l'air de
mettre en doute la sagesse de la décision concernant
l'établissement de l'aciérie à Bécancour. Qu'est-ce
qu'il y a derrière ça, M. le Président? Est-ce une
manoeuvre pour retarder encore l'établissement de la sidérurgie?
Il y a six ans qu'on en parle, il y a cinq ans qu'on l'a promise dans cette
Chambre, c'est le député de Chambly qui, au moment de l'adoption
de la loi concernant la Société générale de
financement, avait dit: « Notre aciérie, nous l'aurons ».
Quel est le motif qui a poussé M. Filion a oublier ou à feindre
d'oublier les impératifs sociologiques, les impératifs sociaux
qui justifient la décentralisation industrielle? Car évidemment,
tout le monde admet, que, purement sur la base économique, du moins
en surface, la décentralisation est coûteuse mais si on
tient compte des autres résultats qu'obtiendront des politiques de
décentralisation, quelquefois il s'avère que ces politiques en
apparence non économiques sont en réalité très
économiques. Seulement, on a lieu de se demander, et il y a des gens
sérieux qui se demandent: Est-ce qu'on plaide encore du délai?
Est-ce qu'on va prendre prétexte de cette divergence d'opinions, du
moins en apparence, entre le président de Sidbec et le gouvernement pour
ne pas mettre en chantier ce complexe sidérurgique dont on parle depuis
si longtemps et au sujet duquel l'Opposition est si peu renseigné
à cause de l'obstination du gouvernement à ne pas fournir les
rapports que nous demandons depuis des années?
M. LESAGE: Je peux répondre tout de suite, si le chef de
l'Opposition...
M. JOHNSON: M. le Président, je dirai au premier ministre...
M. LESAGE: ...me le permet, je peux répondre tout de suite
à cette question-là.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: C'est que, il n'y a pas de divergence d'opinion fondamentale
entre M. Filion. Evidemment, tout dépend souvent de la façon dont
certaines choses sont rapportées.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Il est assez difficile le chef de l'Opposition est
dans la vie publique depuis assez longtemps pour le savoir de rapporter,
le ton, le sourire, l'expression de la figure au moment où l'on prononce
certaines paroles. Or, j'ai entendu M. Filion à la
télévision lorsqu'il prononçait le discours auquel vient
de faire allusion le chef de l'Opposition et il s'agissait
définitivement de questions laissées sans réponse, et on a
interprété ces questions comme voulant dire que lui-même
favorisait la centralisation alors qu'il n'y avait rien ni dans son ton ni dans
sa façon de présenter les questions, du moins de la façon
qu'il a posé les questions, qui pouvaient laisser croire cela.
Evidemment cela a pu surprendre bon nombre de gens. Je l'admets, comme
le chef de l'Opposition surtout, après les positions absolument fermes
prises par M. Filion. Et cela apu laisser croire à un grand nombre de
gens que M. Filion avait changé d'idée parce qu'il posait des
questions. Pour ma part, je n'ai pas eu l'impres- sion que M. Filion avait
changé d'idée.
J'ai tenu, dans un discours récent, à dire quelle
était la pensée du gouvernement sur la décentralisation
industrielle, et je remercie le chef de l'Opposition d'avoir dit qu'il
était parfaitement d'accord avec ce que j'avais dit à ce
moment-là, et je ne crois pas que M. Filion soit d'idée
contraire. Pour ce qui est de Sidbec à Bécancour, l'on sait que
le contrat final de génie a été confié à
quatre bureaux d'ingénieurs: Sofrisid...
M. JOHNSON: Kaiser.
M. LESAGE: Kaiser, Asselin, Benoit, Ducharme, Lalonde et Valois. On
m'avait dit, que nous aurions le rapport vers le début d'avril.
Là il semble que ce sera prêt à mon retour des vacances de
Pâques, vers le 17 ou le 18. Quand nous reviendrons en Chambre
nous revenons le 19 cinq jours avant les élections du chef de
l'Opposition. Il est à la veille de partir, c'est vrai.
M. JOHNSON: Mais moi, je ne les ferai pas un dimanche!
M. LESAGE: Est-ce qu'il est en campagne actuellement? Si je comprends
bien, le chef de l'Opposition d'ailleurs, c'est sa dernière
journée, il part en campagne.
M. JOHNSON: Oui, oui!
M. LESAGE: Bon alors, invitation spéciale pour le 31 mars, pour
le discours du budget, suspendre sa campagne électorale pour venir
écouter le discours du budget.
M. JOHNSON: Je suis parti en campagne le 13 novembre 1962!
M. LESAGE: Bien non. Le chef de l'Opposition a dit que son
élection avait lieu le 24 avril. Je lui souhaite bonne chance. Je ne
sais pas s'il va réussir à s'entendre avec le Dr Jutras et puis
avec comment s'appelle-t-il? Legault, Bourgault et puis Chartrand, PSQ,
et puis enfin, je ne sais pas si cela va être l'unité
sacrée des choses les plus différentes au monde.
M. BELLEMARE: Ils ont engagé comme conseiller technique...
M. LESAGE: En tout cas, je lui souhaite bonne chance le 24 avril.
M. BELLEMARE: ... M. Leroux!
M. LESAGE: Mais quand même, s'il pouvait bien prévoir, on
sait qu'un itinéraire de campagne électorale est toujours
difficile et long à préparer. Alors j'espère qu'il a bien
prévu d'être ici le 31 mars.
M. BELLEMARE: Conseiller technique, M. Maurice Leroux!
M. LESAGE: Cela peut le renseigner dans sa campagne s'il vient
écouter le discours du budget, entre le 31 mars et le 25 avril.
M. BELLEMARE: Sidbec!
M. LESAGE: Alors je lui souhaite un bon voyage, je comprends que durant
sa campagne électorale il avancera en âge d'un an aussi. Alors, je
regrette tout ça. Nous ne pourrons pas le voir à ces
occasions-là. Il va être à travers la province...
M. BERTRAND: Où est Sidbec dans tout ça?
M. LESAGE: ... après faire la campagne électorale. Mais je
l'attends. Je l'ai dit. Alors, je souhaite bonne chance au chef de
l'Opposition.
M. BERTRAND: Le premier ministre est désorienté.
M. LESAGE: Je lui souhaite de ne pas perdre ce qu'il lui reste de plumes
et...
M. BELLEMARE: A l'ordre! A l'ordre!
M. LESAGE: ... quand il aura perdu son élection, le 24 avril, il
viendra nous revoir et puis on gardera son siège au chaud.
M. BELLEMARE: Bon!
M. BERTRAND: Ainsi-soit-il!
M. BELLEMARE: Il ne nous a pas parlé de Sidbec toujours!
M. JOHNSON: M. le Président,...
M. LESAGE: Le député de Champlain est jaloux, il pensait
que ce serait lui qui le remplacerait!
M. BELLEMARE: Non, je pensais que c'était Maurice Leroux qui
était le conseiller technique...
M. LESAGE: Non. M. Maurice Leroux, travaille pour le ministre de
l'Education.
M. BELLEMARE: M. Maurice Leroux? M. JOHNSON: L'ancien... M. BELLEMARE:
Ah tiens!
M. LESAGE: Bien, il paraît! J'ai entendu dire ça! Ce sont
des langues qui m'ont dit ça!
M. JOHNSON: L'ancien « coach » du premier ministre!
M. BELLEMARE: Des empoisonneurs!
M. JOHNSON: L'ancien entraîneur du premier ministre!
M. BERTRAND: Vous allez prendre le risque de...
M. LESAGE: Il n'est pas aussifortque Reggie Chartrand!
DES VOIX: Adopté.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre sait aussi bien
que moi que les propos de M. Filion ne sont pas de nature à aider le
gouvernement dans sa politique de décentralisation.
M. LESAGE: Bien, je pense que j'ai dit pas mal ce que je pensais de
ça!
M. JOHNSON: Il semble que M. Filion, à la tête du complexe
très important de la Société générale de
financement, devrait non pas faire censurer ses propos loin de moi cette
idée mais il devrait avoir la prudence de ne pas jeter un doute
pareil sur la sagesse de ceux qui ont choisi Bécancour comme site. Pour
être bien franc avec le premier ministre, il n'y a pas beaucoup d'hommes
d'affaires qui croient que l'Etat du Québec avec le gouvernement actuel
sera en mesure d'emprunter les sommes nécessaires pour faire de Sidbec
un complexe étatique.
M. LESAGE: Cela n'a rien à faire avec ça! M. JOHNSON: M.
le Président...
M. LESAGE: J'attends le rapport des ingénieurs.
Cela n'a rien à faire là-dedans.
M. JOHNSON: Ah oui! après six ans. En tout cas, le premier
ministre est un peu comme M. Taschereau, le pont de l'Ile d'Orléans lui
a ser-
vi, pendant vingt ans, sinon trente ans, à faire ses
élections. Et le premier ministre, qui a fait l'élection de 1960,
en faisant croire qu'on aurait tout de suite une aciérie, qui a fait
l'élection de 1962 en répétant cette promesse
d'aciérie, voudrait faire l'élection de 1966 en disant aux gens:
« Mais elle s'en vient l'aciérie, patientez, vous allez l'avoir
».
M. LESAGE: M. le Président, il y avait un de mes collègues
à la Chambre des Communes, qui était député dans un
comté... Non, non, il l'est encore, lui; qui était
député...
M. JOHNSON: M. Pearson?
M. LESAGE: Non, non, c'était un bon mot franchement, ce
n'était pas mal. C'était un de mes collègues du Cabinet,
il était député de Hull, et puis un bon jour, nous
étions ministres; non, c'était avant que je sois ministre.
C'était en 1953. Il dit: « Jean, je ne me représente pas,
je vais être nommé juge à la cour de l'Echiquier ».
J'ai dit « Comment ça vous ne vous représentez pas »?
Bien, il dit: « Ecoute, ça fait depuis 1935 que je me fais
élire, en disant que l'Imprimerie Nationale serait à Hull;
à présent, qu'elle est rendue à Hull, il n'y a plus de
moyen, je ne puis plus rien promettre, je ne me représente pas ».
C'est aussi bon que l'histoire de M. Taschereau au sujet du pont de l'Ile.
M. JOHNSON: J'ai connu un autre homme politique qui disait que «
L'espoir est meilleure cabaleuse que la reconnaissance ».
M. LESAGE: C'est la Bible aussi qui parle de la promesse, de
l'importance de la promesse.
M. JOHNSON: A tout événement, des études avaient
été faites avant 1960 sur la possibilité d'établir
une aciérie, des études faites, une entre autres faites par
Kaiser Engineering, des études qui concluaient favorablement à
l'établissement d'une aciérie. L'une des études a
été faite précisément par cette compagnie que j'ai
mentionnée tantôt, Kaiser Engineering, que la corporation Sidbec a
engagée, et les gens commencent à se demander si le gouvernement
est sérieux, si Sidbec a réellement l'intention de
procéder et, deuxièmement, si Sidbec aura les moyens de
prélever les montants nécessaires pour faire de ce complexe un
complexe étatique et non un complexe dominé par l'entreprise
privée. Ce n'est peut-être pas l'endroit pour en parler...
M. LESAGE: Au sujet de l'affaire deSidbec, j'attends ce rapport de
l'Engineering, je ne peux rien dire de plus, sauf que je pense que le chef de
l'Opposition aurait peut-être intérêt, étant
donné qu'il parle de promesses... Sir Wilfrid Laurier, était un
jour, avec un de ses organisateurs, et son organisateur lui dit: «Untel,
vous savez, il va voter contre vous, cette année. Oui, Sir Wilfrid de
dire: oui, pourtant, je ne lui ai pas rendu service.
M. JOHNSON: Oui, c'est de la haute philosophie politique, et on pourrait
s'en échanger de même des journées de temps ou des
soirées de temps.
M. LESAGE: Oui...
M. JOHNSON: Si on avait le temps pour veiller en Chambre.
M. LESAGE: Oui, mais j'ai veillé au conseil des ministres
jusqu'à une heure et quart hier soir...
M. JOHNSON: On n'a pas beaucoup de veillées libres de ce
temps-ci. Quant à Sidbec, j'ai essayé d'avoir une réponse
sérieuse...
M. LESAGE: Je viens de vous répondre que j'attendais le rapport,
qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus?
M. JOHNSON: Oui, mais ça fait six ans, qu'on attend
ça.
M. LESAGE: Très bien!
M. JOHNSON: Cela fait quatre ans qu'on nous refuse des copies de
rapports, même des copies qui ne contiendraient pas tout le rapport qui
seraient écourtées des passages qui pourraient, disons, mettre en
danger l'entreprise vis-à-vis ses concurrents. Il y a quatre ans que
nous demandons, dans cette Chambre, le député de
Trois-Rivières, quand il y était, était persistant, il
revenait chaque jour. J'ai moi-même tenté, à plusieurs
reprises, de convaincre le gouvernement de nous renseigner, de renseigner la
population; c'est toujours un rapport d'ingénieur. C'était
d'abord le rapport de Ducharme-Asselin, ensuite ça a été
le rapport des...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Cela ne fait pas quatre ans. Il y a à
peine trois ans que l'étude a été confiée à
des ingénieurs.
C'est en décembre 1962 que l'étude a été
confiée...
M. JOHNSON: A Irsid.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non, aux ingénieurs de Bruxelles et de
Paris, et de Montréal.
M. LESAGE: Coppé Damiron, Asselin et Benoît.
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est en décembre 1962, parce que je
me rappelle, j'arrivais au ministère de l'Industrie et du
Commerce...
M. LESAGE: Coppé, Damiron.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... et i ly avait là un document, un
contrat confiant l'étude de rentabilité à des
ingénieurs Belges, Français et...
M. LESAGE: Coppé, Damiron, Asselin et Benoît.
M. JOHNSON: Mais ce n'était pas le premier rapport,
ça.
M. LESAGE: Non, le premier rapport, Irsid c'est un tout autre
rapport.
M. JOHNSON: Oui. On a demandé un rapport avant 1962,
j'espère.
M. LESAGE: Oui, à Irsid.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, mais le rapport de rentabilité
d'une industrie sidérurgique intégrée a été
comité au mois de décembre 1962 seulement.
M. JOHNSON: Et on est rendu au mois de mars 1966.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ce n'est pas le rapport, il ne s'agit pas
d'un rapport, il s'agit de la date où on a confié cette
étude, mais le rapport n'est venu que un an ou deux après, je ne
me rappelle pas de la date.
M. JOHNSON: Mais quand allez-vous vous décider, c'est ma
question aupremier ministre, de renseigner les députés en
cette Chambre sur cette question?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Deux ans après.
M. LESAGE: Aussitôt que j'aurai reçu un rapport des
ingénieurs que j'ai mentionnés tantôt, quand j'aurai
reçu les recommandations de Sidbec et que le Cabinet aura eu le temps de
les étudier.
M. JOHNSON: 1960 et...? M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: Non, en même temps que la gratuité scolaire, en
1972?
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'on a fini 6, là?
M. BELLEMARE: Non, non.
M. JOHNSON: M. le Président, non.
M. LESAGE: D'ailleurs, cela ne regarde pas 6.
M. JOHNSON: Non, je voudrais, je sais que ça ne regarde pas
directement...
M. LESAGE: Cela n'a rien i faire avec 6, je laisse, M. le
Président, je n'ai pas invoqué le règlement pas une fois
parce que j'aime autant régler toutes ces questions-là pendant
que je suis ici à signer mes lettres.
M. JOHNSON: Non, M. le Président, je pourrais faire ici une
motion de blâme, mais je m'en abstiendrai pour ne pas déranger les
députés qui travaillent dans d'autres comités, mais il
reste que je voudrais enregistrer ici une protestation à l'effet que le
gouvernement a agi d'une façon antidémocratique. Le gouvernement
en ne renseignant pas les députés, le gouvernement n'a pas l'air
de se hâter et j'ai fortement l'impression que le gouvernement n'a pas
les moyens de faire de l'aciérie, un complexe étatique, et c'est
dommage, M. le Président, nous aurons encore là, si
l'électorat avait le malheur de retourner le même gouvernement,
nous aurons là encore une conséquence de la mauvaise
planification du gouvernement du régime actuel. Je ne voudrais pas
formuler autrement cette motion de non confiance, mais je voudrais que le
public sache que nous avons fait notre possible pour nous renseigner, que nous
avons tenté d'obtenir des rapports ou des résumés de
rapports et que le gouvernement s'est obstiné à ne pas
répondre ou quand il répondait, c'était pour retarder
l'échéance en prétextant qu'il y avait un autre rapport,
et du premier rapport au deuxième, et du deuxième au
troisième, et
maintenant au quatrième, que l'on attend Dieu sait quand,
et on s'attend paraît-il à l'avoir en avril . Eh bien, le
gouvernement aura réussi à amuser la population pendant quatre
ans à faire croire qu'il bougeait, mais je crois que la population ne
sera pas heureuse de constater qu'après une période de temps
aussi considérable, on ne voit pas de réalisations mais qu'on n'a
que des plans et des rapports et des espoirs.
M. le Président, c'est dommage. Pendant tout ce temps-là
le progrès industriel de Québec est retardé et ralenti,
pendant tout ce temps-là, l'infrastructure dont parle le premier
ministre n'est pas mise en place, et pendant ce temps-là, on perd un
temps précieux, temps qui devrait être consacré à la
préparation de situations nouvelles et lucratives pour nos jeunes qui
sortent de nos écoles. M. le Président, dommage que le
gouvernement n'ait pas bougé plus vite et nous demanderons à la
population, car, je commence ma campagne électorale
immédiatement, c'est encore une assez bonne tribune, je demande,
nous demanderons à la population de retirer sa confiance à un
gouvernement qui n'a pas voulu faire confiance à ses
représentants en communiquant des informations qu'il devait
communiquer.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: No 6 adopté?
M. GABIAS: M. le Président, on nous demande d'adopter une somme
de $418,000 pour un organisme qui a été enfanté en 1961
dans un concert d'éloges et avec des promesses de réalisations
extraordinaires, promesses de réalisations qui avaient encore
été inconnues dans cette province pour la mise en place d'un
organisme gouvernemental. On attachait beaucoup d'importance à cet
organisme et le premier ministre y attachait également beaucoup
d'importance puisqu'il en était le responsable vis-à-vis des
Chambres.
C'est à l'occasion de l'étude de ce crédit que je
voudrais, M. le Président, rappeler brièvement la mission qui a
été confiée au Conseil d'orientation économique.
Cette mission était, dans l'idée du premier ministre au mois de
décembre 1960: « La conception que l'on doit se faire du Conseil
économique est à la fois simple et fort complexe. C'est simple si
l'on se base ou si l'on se borne à ne s'en faire qu'une idée
générale. En effet, un conseil économique, c'est un corps
consultatif qui a pour mission d'aviser le gouvernement sur tout ce qui peut
toucher, de près ou de loin, au développement économique
du Québec. « Mais si l'on entre dans l'analyse du travail qui est
confié à ce conseil: la forêt, les pêcheries,
l'industrie, le commerce, la finance, sans parler de l'élément
principal qui est l'homme lui-même, le problème devient alors fort
complexe et, de continuer toujours le premier ministre en parlant du Conseil
d'orientation économique, pour cela, il faut organiser le
développement. Ce sera le rôle de notre Conseil d'orientation
économique. Il fera des études sur toutes nos richesses
naturelles: agriculture, colonisation, mines, forêts, pêcheries,
etc. Il suggérera des moyens pratiques de développer ces
richesses naturelles suivant un plan équilibré et bien
ordonné. Il examinera nos besoins et nos possibilités en hommes
et sous cet aspect, son rôle s'étend jusqu'à la
préparation de nos gens à jouer un rôle économique
dans le Québec. »
Déjà, en 1960, on prévoyait la mission de ce
Conseil d'orientation économique.
On prévoyait cette mission avec une idée bien
arrêtée du rôle prépondérant de cet organisme,
de l'importance qu'il devait tenir dans l'agencement gouvernemental. On
désirait quoi, en somme, en créant cet organisme? On
désirait relancer l'économie de la province. On désirait
également planifier l'économie de la province. On voulait en
somme décentraliser, on voulait également que les régions
défavorisées ne le soient plus à l'avenir. On voulait
également qu'il y ait équilibre dans les diverses régions
de la province pour que la population bénéficie d'un
bien-être supérieur à celui qu'elle avait connu
jusqu'à ce jour.
Cette mission, le gouvernement l'a consacrée dans sa loi
instituant le Conseil et l'article 3 nous dit bien qu'il s'agit d'une mission;
« Ce conseil a pour mission, sous-paragraphe a) d'élaborer le plan
de l'aménagement économique de la province en prévoyant
l'utilisation la plus complète de ses ressources matérielles et
humaines; b) de conseiller le gouvernement, de sa propre initiative ou sur
demande, sur toute question économique. »
En lisant le discours qu'a prononcé le chef du parti
libéral et chef du gouvernement en décembre 1960 et l'article 3
du texte de la loi, nous devons convenir qu'il y a eu une suite à cette
déclaration du mois de décembre 1960. La loi a été
instituée en confiant cette mission au Conseil d'orientation
économique. Des après sa formation, un volume a été
publié, en date du 21 septembre 1962; il contient 38 résolutions
du Conseil d'orientation économique. C'est cela qui constituait la
grande charte de la mission qui
était confiée au Conseil d'orientation
économique.
Les membres de ce conseil ont bien compris leur rôle. Ils ont
compris qu'il s'agissait d'une mission qui était voulue par le
gouvernement, une mission qui était consacrée par une loi et ils
ont publié leurs 38 résolutions suggérant de plus
certaines solutions à certains problèmes. Le président de
cet organisme déclarait, dès après la formation du Conseil
d'orientation économique, qu'il comprenait bien la mission qu'on lui
confiait et qu'il était possible pour cet organisme de faire en sorte
que le premier plan quinquennal, soit le plan prévu dans la publication
de 1962, commence à s'appliquer en 1965 et s'applique jusqu'en 1970.
Le domaine des affaires s'est réjoui de cette annonce. Puisque
l'on publiait déjà au début de 1963 que l'année
1963 marquerait le grand départ. Quel était-il, ce grand
départ? Le grand départ, après la nationalisation de
l'électricité, c'était la production électrique
nationalisée, c'était la Société
générale de financement a l'oeuvre, c'étaient nos caisses
populaires qui se tournaient vers l'industrie, c'était la Bourse de
Montréal qui n'était plus en tutelle, c'était l'Exposition
de Montréal qui s'organisait, c'était la province qui
émettait ses propres obligations d'épargne. On promettait $400
millions à l'enseignement technique, on s'apprêtait à cons-
truire l'aciérie. C'était ça, le grand départ qui
faisait suite à d'adoption de la loi du Conseil d'orientation
économique et à d'autres lois qui avaient été
adoptées à la suite des suggestions faites par le Conseil
d'orientation économique.
Il n'y a pas seulement le domaine des affaires et la population en
général qui ont cru que le Conseil d'orientation
économique était pour jouer un grand rôle dans cette
province, qu'il était un organisme possédant non seulement les
pouvoirs mais également les qualifications pour accomplir sa
mission.
On a attaché énormément d'importance à toute
cette publicité que l'on a faite autour du Conseil d'orientation
économique. On a attaché même de la confiance à
cette publicité qui accompagnait chacun des gestes posés par le
Conseil d'orientation économique. On redoublait de confiance envers cet
organisme parce que, se disait-on, au moins, voilà un organisme à
qui on a donné les pouvoirs de suggérer et de conseiller le
gouvernement et voilà un organisme qui comprend la mission qu'on lui a
confiée. Puisque dès après sa formation, après
avoir travaillé d'arrache-pied, les membres de cet organisme
produisaient, dès le 21 septembre 1962, la grande charte de la
planification, la grande charte de la planification et de la
régionalisation dans cette province.
La population a cru vraiment à regain de notre économie.
La population a cru que cet organisme sérieux serait
écouté par le gouvernement, que les suggestions faites seraient
reçues par des personnes désireuses du bien de la province, du
bien économique et également du bien-être de la population
de cette province. Mais après 1962, après la production des 38
résolutions et des solutions suggérées en 1962, qu'est-il
advenu de cet organisme dans lequel et sur lequel on fondait tellement d'espoir
et en lequel on croyait telement? C'est à compter de cet instant, de cet
événement que le Conseil d'orientation économique a
cessé de jouer un rôle important.
Il était annoncé dans le discours de décembre 1960,
du premier ministre actuel, que cet organisme s'attaquerait surtout aux
richesses naturelles. Or, les mines et on mentionnait les mines
sont certainement une richesse natuelle et, dès le 28 avril 1962, on
soustrayait les mines du contrôle suggestif du Conseil d'orientation
économique. Dès le début, on n'entendait pas que les mines
puissent être du domaine du Conseil d'orientation économique et
pourtant, la loi accordait à cet organisme, le pouvoir d'élaborer
un plan d'aménagement économique de la province en
prévoyant l'utilisation la plus complète de ses ressources
matérielles et humaines, de conseiller le gouvernement de sa propre
initiative ou sur demande, sur toute question économique. Dès le
début, on enlevait ce pouvoir discrétionnaire du conseil de
toucher au domaine des mines.
C'était une façon de lui enlever de son autorité et
c'était également une façon de lui enlever, à cet
organisme, le désir et le vouloir de remplir le rôle que la loi
lui avait confié. Il est arrivé ensuite la question de
l'aciérie québécoise. Est-ce qu'on a donné toute
l'importance voulue aux suggestions du Conseil d'orientation économique
quant à la localisation de l'aciérie? Quant aux structures que
devait avoir l'aciérie projetée? Est-ce que le Conseil a
été consulté?
Et pourtant s'il y a un domaine qui touchait à notre
économie, s'il y a un domaine qui pouvait aider notre économie,
c'était bien ce domaine de l'aciérie. Et aujourd'hui nous
apprenons pour la deuxième fois en quelques jours, nous apprenons que le
Conseil d'orientation économique a fait une recommandation mais que
cette recommandation n'a pas tellement d'importance puisqu'on en garde un vague
souvenir et que de toute façon c'est dépassé, que de toute
façon l'opinion, en d'autres termes, du Conseil d'orientation
économique n'affectait nullement l'opinion qu'en avait le
gouvernement.
M. LESAGE: Ce n'est pas ça que j'ai dit, je regrette.
M. GABIAS: Je ne dis pas, M. le Président, que le premier
ministre a dit cela, je dis que son attitude...
M. LESAGE: Ah! Alors on n'a pas le droit de me prêter de
motifs.
M. GABIAS: Ce n'est pas un motif, M. le Président...
M. LESAGE: Ah bien c'est très bien, je ne vous interromprai plus.
Continuez votre discours. Continuez, ça n'a pas d'importance. Allez-y.
Ce que vous dites n'a pas d'importance, personne ne vous écoute.
M. GABIAS: ... l'attitude du premier ministre, M. le Président,
elle est bien connue vis-à-vis le Conseil d'orientation
économique. Il reçoit les suggestions et les accepte quand cela
fait son affaire, ne les reçoit pas et ne s'en occupe pas, lorsque cela
ne fait pas son affaire. Et c'est le plus sûr moyen de détruire la
confiance publique dans un organisme que l'on a voulu fort et puissant, dans un
organisme que l'on a voulu, dès le début, charger d'une mission
qui était primordiale pour la province de Québec.
Qu'est-il advenu par la suite? Il est survenu que les rapports du
Conseil d'orientation économique se sont limités, les rapports
qu'on nous a distribués annuellement se sont limités à
nous faire une énumération des études qui ont
été faites par le Conseil ou des études qu'on a
demandées au Conseil de faire. Une énumération pure et
simple, pas un seul rapport, pas une seule partie du rapport concernant une
question donnée concernant nos richesses naturelles, concernant
l'aciérie, concernant la nationalisation de l'électricité,
concernant la Régie des rentes, concernant le chômage saisonnier,
pas un seul rapport n'a été remis à cette Chambre. Et
pourtant la loi dit bien que cet organisme est au service du gouvernement que
cet organisme n'est pas au service du ministre, n'est pas au service du premier
ministre, n'est pas au service du conseil des ministres et d'aucun service du
gouvernement et pas un rapport n'a été remis n'a
été distribué à ceux dont on veut revaloriser la
fonction. S'il y a un domaine M. le Président ou chacun des
députés dans cette Chambre est conscient d'un devoir qu'il a,
c'est bien celui de l'économique.
Je ne connais pas un seul député, en cette Chambre, qui ne
soit pas prêt à travailler, à étudier pour aider au
développement économique de cette province. Et une des
façons qui est certainement la plus logique, une des façons qui
serait la plus méritoire, ce serait bien, je le crois, de pouvoir
contribuer à étudier ces suggestions qui sont faites par le
Conseil d'orientation économique. On s'arroge des droits que la loi ne
donne pas. C'est comme si on demandait à une commission de faire
enquête au nom du gouvernement, et ensuite qu'on tiendrait ce rapport
caché. Je me souviens des premières semaines passées en
cette Chambre, combien on a critiqué le gouvernement de l'Union
nationale, parce que certains rapports n'avaient pas été rendus
publics. Il n'y a rien qu'on n'a pas dit dans le temps. Il me semble voir le
premier ministre, il me semble voir le ministre de l'Education, aujourd'hui, se
lever en cette Chambre et jeter l'anathème à l'Union nationale et
à l'honorable Duplessis, parce qu'un rapport n'avait pas
été rendu public à la suite de la nomination d'un
enquêteur et non pas d'une commission. Et nous sommes en présence
d'un organisme gouvernemental qui a pour mission de renseigner le gouvernement,
et pas un seul rapport nous a été remis, sauf le rapport annuel,
qui est une nomenclature, non pas des études, mais une nomenclature de
ce qu'a étudié le Conseil d'orientation économique.
Et lorsque l'on compare la publication du 21 septembre 1962, où
il y a trente-huit résolutions bien comprises et également des
projets d'avenir concernant notre économie, concernant le
développement de nos régions, quand l'on compare ce document
à celui qui nous a été distribué pour
l'année terminée le 31 décembre 1965, je dis qu'il y a
quelque chose qui ne va pas au Conseil d'orientation économique. Alors
que l'on avait des buts bien précis, alors que l'on faisait des
recommandations bienprécises, nous retrouvons, dans ce rapport, et nous
pouvons prendre n'importe quelle page, ce n'est que description de ce que l'on
a fait: comité d'étude du chômage saisonnier Quels
ont été les résultats de ce comité?
comité de la recherche scientifique. Quels ont été les
résultats? comité des conseils économiques
régionaux...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Les résultats se trouveront dans la
loi qui est au feuilleton.
M. GABIAS: Quels ont été les résultats?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il y a deux lois aux feuilleton.
M. GABIAS: Je connais les deux projets de loi, M. le Président,
bill six et bill sept, qui
sont déposés. Très bien! Mais ces projets de loi
sont venus à la suite d'une étude qui, je crois, est une
conclusion logique, études qui ont été faites par les
membres du Conseil d'orientation. Il n'y a rien dans cela qui nous dit que les
projets de lois six et sept sont bien les recommandations qui nous sont faites
par le Conseil d'orientation économique,,
M. LEVESQUE (Bonaventure): J'aurai l'occasion, en présentant les
deux projets de loi de faire part aux députés de cette
Chambre...
M. GABIAS: Si le ministre veut me répondre, je dis que, dans le
rapport qui nous a été remis, il n'y a rien dans ce
rapport...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Mais, dans chacun des ministères, la
même chose se répète. On ne retrouve pas dans les rapports
annuels tout ce qui se fait dans chaque ministère. Cela prendrait des
volumes.
M. BELLEMARE: Non, non. Pas des rapports où il y a eu des
déboursés de faits par des experts payés.
M. GABIAS: Il n'y a rien dans ce rapport, M. le Président, qui
nous indique, qui nous met au courant des études qui ont
été faites par les membres du Conseil d'orientation
économique et qui nous seraient profitables. Aucun de ces documents ne
nous a été remis.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le rapport indique qu'il y a eu des
études.
M. GABIAS: Pourquoi? Est-ce que le Conseil d'orientation
économique est tout simplement un organisme qui doit servir au parti
libéral, ou si c'est un organisme qui doit servir au gouvernement du
peuple du Québec?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le gouvernement...
M. GABIAS: Et c'est la grande question.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Qui est le gouvernement?
M. GABIAS: Nous en faisons partie ou nous n'en faisons pas partie.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le député de
Trois-Rivières ne fait pas partie du gouvernement à ma
connaissance.
M. GABIAS: Le député sait fort bien, que dans une loi
lorsque l'on parle de gouvernement, ce n'est pas celui qui est au pouvoir, pas
plus celui qui est dans l'Opposition.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il n'y a pas de gouvernement dans
l'Opposition que je sache.
M. GABIAS: C'est justement, comme il n'y en a pas dans l'Opposition,
tout le monde doit en bénéficier. Tous les membres de cette
Chambre doivent en bénéficier en autant que
l'intérêt public n'est pas en jeu. Qu'on me dise que
l'intérêt public est en danger! très bien!
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le public est...
M. GABIAS: Tant qu'on ne prouvera pas que l'intérêt public
est en danger, nous devrions, il est normal, profiter des études de cet
organisme, afin, que l'on puisse nous aussi, faire les suggestions qui doivent
être faites.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Justement le public va
bénéficier du travail du Conseil d'orientation économique.
Il y a deux lois de déposées à la suite des études
du Conseil.
M. GABIAS: Si l'honorable député veut me répondre,
il aura toute la latitude. J'ai attendu trois heures, je n'ai pas dit un mot,
j'ai l'occasion d'en dire quelques-uns...
M. LEVESQUE (Bonaventure): D'accord.
M. GABIAS: Je vais continuer, sauf évidemment si je viole le
règlement, et si je le faisais, je compte sur vous, M. le
Président, pour me rappeler à l'ordre. Immédiatement je me
soumettrai à votre décision, ou à votre appel à
l'ordre. Mais, ce qu'il y a de plus tragique, c'est que ce même rapport
qui nous a été remis, pour l'année terminée le 31
décembre 1965, nous convainc que l'on met de côté, une
partie, si non la partie la plus claire, qui nous a été
distribuée en 1962, la partie du travail ou des suggestions ou des
recommandations du conseil. On recommence à étudier. A la page
23, entête 8, Projets en cours, Politique du développement
régional. Et on nous fait part du nombre de comités qui ont
été nommés pour tout simplement nous dire ce que ces gens
vont étudier au cours des prochaines années. Mais le plan
quinquennal qui était urgent d'application, qui était la
sauvegarde de l'économie de la province, qui était même en
retard, trente ans
en retard. « Pendant trente ans, nous a-t-on dit, vous avez
retardé de mettre en application cette planification qui aurait
assuré la prospérité de la province. Il était
urgent d'appliquer en 1965 le premier plan quinquennal, nous n'avons
qu'à nous rapporter au discours du budget, du premier ministre, qui nous
annonçait, triomphal et triomphalement, que la première partie,
que le plan numéro 1, 1965-1970, entrerait en application en 1965; nous
sommes rendus au mois de mars 1966 et je ne sache pas qu'on ait commencé
à appliquer le plan numéro 1 de la planification dans cette
province.
En aucun des domaines. Non plus que dans le domaine industriel, non plus
que dans le domaine de l'agriculture, non plus que dans le domaine
régional. Dans aucun des domaines, on n'étudie encore. Et, comme
le disait si bien le chef de l'Opposition, après six ans on se relance,
on se relance dans une autre étude. Le Conseil d'orientation
économique a une mission et je me demande pourquoi.
Les membres de cet organisme nous donnent l'impression qu'ils ne croient
plus en cette mission. Il faudrait que l'organisme, qui a des pouvoirs qui lui
sont conférés par la loi, se ressaisisse, il faudrait qu'il
prenne la vigueur qu'il avait au début, qu'il impose ses études,
non pas en forçant le gouvernement, parce qu'il ne le peut pas, mais
qu'il force par exemple un bon entendement du gouvernement, en
présentant des projets que le gouvernement sera obligé d'accepter
et de mettre en application. Il ne faudrait pas que l'organisme se trade les
pieds, il faudrait qu'il croie, comme en 1961, en sa mission, qu'il fasse un
travail constructif et qu'il ne se décourage pas, même devant ce
que j'appellerai l'apathie du gouvernement actuel devant ses recommandations.
Parce qu'il est triste, M. le Président, de constater qu'en 1965 un
professeur d'université, M. François Gauthier, disait ceci au
sujet du Conseil d'orientation économique; « L'expression
désormais populaire: ça bouge au Québec, témoigne
au moins verbalement des transformations qui s'opèrent dans notre
province, nos hommes politiques actuels et nos bruyants journalistes se
plaisent apparemment à nous rappeler que nous sommes engagés dans
un sentier nouveau qui nous mène, hélas, on ne sait trop
où. »
Au cours de la même étude dans le temps
c'était le président de la Confédération des
syndicats nationaux aujourd'hui, l'honorable Marchand, qui en parlant de
la révolution tranquille au Québec, se compare disait-il, au
lancement d'une fusée, le premier étage de la fusée est
parti, mais on ne sait ce qu'il adviendra des deux autres. Je dis que devant de
tels té- moignages, il est certain que le Conseil d'orientation
économique a mis de côté cet enthousiasme qu'il avait
lorsqu'on lui a confié cette mission. Je dis que les membres du Conseil
d'orientation ont cessé, nous semble-t-il, de croire qu'ils pouvaient
encore remplir cette mission et qu'ils ont mis de côté cet
enthousiasme et cette croyance qu'ils avaient pour aider au
développement harmonieux, au développement progressif de
l'économie de notre province.
Je voudrais comme cet organisme a le pouvoir de faire des
suggestions dans tous les domaines, que ce soit les richesses naturelles, que
ce soit la finance, soit quelque domaine que ce soit je voudrais
demander au Conseil d'orientation économique, de prendre bonne note
d'une suggestion qui a été faite par le président de la
Bourse de Montréal du temps, aujourd'hui le ministre de la Santé
de la province, qui disait ceci, le 12 mars 1963, causerie reproduite dans le
journal Les Affaires: « A mon point de vue, voilà le moment venu
pour le Québec d'exiger que tous les partis politiques prennent position
face au problème fondamental de la suppression des barrières
commerciales, vis-à-vis des pays occidentaux. Je demanderai et
c'est l'honorable Kierans qui parle je demanderai en particulier au
parti libéral fédéral s'il a l'intention de
réactiver ses principes fondamentaux de libéralisme commercial,
principes qui sont restés sur la glace depuis que Laurier a disparu.
»
Une telle promesse aurait une importance capitale pour l'avenir du
Québec, parce que le succès du travail qui se fait actuellement
pour l'accroissement de nombre de nos débouchés et de nos
possibilités en dépend. C'est certainement un sujet
d'étude qui pourrait être fait par l'organisme du Conseil
d'orientation économique. Je suggérerais également, M. le
Président, que le Conseil d'orientation prenne en considération
cette suggestion qui est faite par le président de la Banque canadienne
impériale de commerce, qui est la suivante: « Quelque
désirables que soient les programmes de sécurité sociale
et quelque grand désir que l'on ait de leur accorder la priorité,
leur unique source de soutient est la production des biens matériels.
Celle-ci exige une économie saine et en voie d'expansion, qui repose sur
la fonction des capitaux et leur investissement. Pour chaque dollar de
prestation supplémentaire de sécurité sociale auquel il ne
correspond pas de production supplémentaire, nos frais de production,
qui se réflètent dans les prix de revient et de vente, montent
d'autant. A l'heure actuelle, les prestations sociales que nous appelons par
euphémisme, paiement de transfert, atteignent,
estime-t-on, 12% du revenu personnel disponible à rapprocher, par
exemple, d'un chiffre correspondant de 7% aux Etats-Unis. Ces frais vont monter
davantage lorsque la Régie des rentes du Canada commencera
évidemment, celle du Québec également commencera a
effectuer des prestatios pour garantir les indemnités.
Et c'est surtout sur ce point que je suggère au Conseil
d'orientation de faire une étude, sur l'incidence qu'il y aura dans
l'avenir, pour garantir les indemnités du Régime de rentes, des
calculs actuariels indiquent un taux de cotisation global, employeurs a
employés, sur les salaires assujettis de plus du double du
prélèvement initial de 3.6%, pour présenter la question
différemment. Les inconséquences et injustices extraordinaires
que comporte ce régime vont procurer, selon les calculs des actuaires,
un don de $9,500 à chaque adulte actuellement âgé de 55 ans
et de $3,700 à chaque adulte de 40 ans.
Mais c'est ici que ça devient grave. Les travailleurs du groupe
d'âge de 25 ans ne reçoivent rien de tel, le taux initial de 3.6%,
toutefois, ne sera pas suffisant pour assurer aux nouveaux travailleurs leurs
propres indemnités, sans compter celles de vieux
bénéficiaires. Bref, les futurs travailleurs et la production
future seront obligés de supporter le fardeau des rentes des membres
plus âgés de la population. Avec les années, les
cotisations nécessaires pour garantir l'équilibre du
régime de rentes devront être majorées
considérablement, ce qui fera monter d'autant le prix de revient et les
prix de vente.
Qu'allons-nous faire en ce qui concerne ces problèmes? Je fais la
suggestion, M. le Président, au Conseil d'orientation économique
d'étudier cette question qui est posée, ou plutôt ce
problème qui est posé, dans la province de Québec,
à notre économie, qui est également posé à
notre régime des rentes.
Le Conseil d'orientation économique, c'est son devoir de faire
cette étude, c'est son devoir d'informer le gouvernement à savoir
si ces prétentions sont bien fondées ou si elles ne le sont pas.
Si ces prétentions sont bien fondées, il faut prévenir
cela, il faut éviter ces injustices, il faut également
éviter ces conséquences graves qui sont actuellement
prévues dans l'application de la loi telle qu'elle est
présentement et dans son application.
Je voudrais également suggérer au Conseil d'orientation
économique, puisqu'il peut faire des recommandations sur les finances au
gouvernement, je voudrais que le conseil étudie également, je le
suggère bien humblement, l'incidence de l'impôt qui retarde et
jusqu'à quel point l'incidence de l'impôt retarde
l'éclosion de la confiance en soi dans notre pays ou dans notre
province. Ce fardeau notamment pour les mieux qualifiés, pas seulement
dans le commerce et l'industrie, mais dans l'ensemble de . la
communauté; a dépassé le point des rendements
décroissants. Ces revenus procurent relativement peu de gains au
gouvernement, mais ils découragent l'esprit d'entreprise.
En 1964, les impôts sur les successions qui sont en fait un
prélèvement sur le capital des gouvernements
fédéral et provinciaux, ont fourni moins de 2% de leurs recettes
budgétaires et l'impôt fédéral sur le revenu
au-delà du taux de 50% a rapporté moins de 1% des recettes de
l'impôt fédéral sur le revenu des particuliers et moins de
1/3% des recettes totales du gouvernement fédéral. Pourtant, ce
sont ces impôts qui rapportent si peu au trésor de l'Etat qui
viennent confondre les esprits entreprenants et Imaginatifs en encourageant
l'exode des gens capables et de ceux qui ont des capitaux vers des climats
fiscaux plus favorables. C'est sûrement une étude qui pourrait
beaucoup profiter au développement économique de notre province
et à son progrès social.
Je ferai une dernière recommandation, une dernière
suggestion au conseil d'étudier la structure fiscale et les meilleurs
stimulants fiscaux parce qu'il y a un problème immédiat à
résoudre. Les taux élevés de la consommation personnelle
et des investissements de capitaux pour l'instant absorbent toutes nos forces
productives et engendrent des hausses de prix de revient et de prix de vente et
des déficits croissants dans notre balance des paiements. Jusqu'à
quel point la situation actuelle peut être défavorable dans notre
province? Ce sont des points que le Conseil d'orientation économique
pourrait étudier, dont il pourrait nous faire rapport et ainsi je crois
que le conseil remplirait vraiment la mission qu'on lui a confiée et je
crois que nous pourrions, comme législateurs dont on veut revaloriser la
fonction, nous pourrions nous rendre encore plus utiles en étudiant les
recommandations qui sont faites par les membres du Conseil d'orientation
économique, par les experts dont ils retiennent les services, dont ils
demandent les avis et ainsi nous pourrions, nous, au moins demander au
gouvernement de mettre en application ce que, eux, du Conseil d'orientation
économique ont à suggérer au gouvernement, croyant
véritablement que le progrès économique de la province en
bénéficierait.
Je voulais, M. le Président, parler de Sidbec. Le chef de
l'Opposition a vraiment fait ressortir le point capital, à savoir si on
veut ou si
on ne veut pas construire Sidbec. Si on cherche une autre raison en
soulevant une polémique entre Sidbec et le gouvernement concernant la
localisation de l'industrie.
Je me souviens, avoir lu dans « Structure et croissance
économique du Québec » par M. Reynaud, livre publié
en 1961 et où il y a une étude sérieuse sur la
localisation d'une aciérie dans la province de Québec ou partout
ailleurs, quels sont les critères qui doivent être pris en
considération avant de choisir un site. Et M. Rey-naud, qui est un
économiste reconnu, semblait favoriser un endroit situé dans un
rayon d'environ 30 à 35 milles de Montréal.
J'ai lu également un article de M. Roland Parenteau sur la
localisation de l'aciérie et il semblait également favoriser la
localisation de l'industrie tout près, dans un rayon d'environ 20, 25 ou
30 milles d'un grand centre. Je crois que nous retrouvons cette étude,
cette étude que je peux citer, qui est bien écrite, où
l'on favorise l'établissement de l'aciérie dans un numéro
du journal Les Affaires du 26 février 1963. Je vous fais grâce de
la lecture de cet article où M. Parenteau me semble pas favoriser non
plus, je crois, une aciérie étatique.
Je vous lis les conclusions.
M. LESAGE: De qui?
M. GABIAS: De M. Roland Parenteau.
M. LESAGE: Imprimé dans quoi, quel jour, à quelle
date?
M. GABIAS: Le journal Les Affaires, j'ai dit tout ça. Si le
premier ministre m'avait écouté...
M. LESAGE: C'est M. Parenteau qui attire mon attention.
M. GABIAS: Je n'ai pas d'objection à répéter. Le
journal Les Affaires, 26 février 1963, volume 35, numéro 2,
à la page 1, et c'est intitulé: Le succès de
l'aciérie, par Roland Parenteau, de l'Institut d'économie
appliquée de l'Ecole des hautes études commerciales. «
Comment nous pouvons assurer le succès de l'aciérie ». Je
peux lire tout l'article.
M. LESAGE: Vous n'aurez pas le temps, il ne vous reste que cinq
minutes.
M. GABIAS: Je pourrai le produire.
M. LESAGE: Lisez le bout qui intéresse M. Parenteau.
M. GABIAS: « Ajoutons que l'entreprise ne devra pas se contenter
d'approvisionner en totalité ou en partie le marché du
Québec, mais offrir ses produits à l'extérieur. On aura la
meilleure preuve de son succès lorsqu'elle réussira à
vendre en Ontario et aux Etats-Unis voire en Europe. Elle pourra y arriver si,
au lieu d'essayer de garder l'exclusivité du marché
québécois, pour toutes les variétés des produits de
l'acier, elle se spécialise dans certaines d'entre elles. L'association
avec des entreprises européennes est de nature à favoriser cette
spécialisation avantageuse pour tous ».
M. LESAGE: Cela n'a rien à faire avec la localisation.
M. GABIAS: « La solution qui offre à la fois les meilleures
chances de succès, qui sauvegarderait au maximum les
intérêts du Québec, c'est l'organisation d'une entreprise
mixte dans laquelle la Société générale de
financement, pour le compte des habitants du Québec, et une ou deux
entreprises sidérurgiques européennes, grouperaient leurs
ressources. On serait ainsi assuré de disposer d'un pivot de techniciens
de premier ordre et de capitaux suffisants, etc. ». Quant à la
localisation, c'est dans la première partie de son article qu'il se pose
des questions à savoir où on doit installer
l'établissement... De toute façon, je soulignerai...
M. LESAGE: Oui...
M. GABIAS: ... oui, oui. « Mais une industrie sidérurgique
est de celles qui agissent comme des pôles de développement,
c'est-à-dire qu'autour d'elle se déploieront une série
d'activités satellites... »
M. LESAGE: Oui, oui, c'est ce qu'on a dit
M. GABIAS: ... oui, oui, un instant « L'abaissement du prix de
l'acier sur le marché du Québec, conséquence logique du
projet, est sensé de plus encourager l'implantation de nouvelles
industries manufacturières et créer ainsi des nouvelles sources
d'emploi dont la province a si grand besoin. »
M. LESAGE: Oui, d'accord.
M. GABIAS: C'est pour cela qu'on réclame l'implantation de la
sidérurgie le plus tôt possible, et on semble vouloir
l'éloigner maintenant, M. le Président, qu'on a perdu le
marché de l'Expo 1967, suivant les connaisseurs...
M. LESAGE: Quoi? Il n'a jamais été question que
l'aciérie soit prête pour 1967.
M. GABIAS: M. le Président, je peux sortir...
M. LESAGE: Bien non.
M. GABIAS: ... des documents à la dizaine où le premier
ministre...
M. LESAGE: Continuez, continuez. Vous n'avez pas été
capable de...
M. GABIAS: ... en tête...
M. LESAGE: Oui, mais votre prétention à l'effet que M.
Parenteau avait dit que la sidérurgie devait être à
Montréal, vous n'êtes pas capable de la prouver.
M. GABIAS: ... M. le Président, je vais y revenir...
M. LESAGE: Vous allez y revenir, mais vous allez attendre trois minutes
que votre temps soit écoulé complètement là.
M. GABIAS: Je puis sortir... C'est autant de minutes que je gagne quand
le premier ministre m'interrompt. M. le Président, je puis sortir des
documents à la dizaine où le premier ministre annonce que le
commencement de la sidérurgie, le commencement de la construction, c'est
en 1964 le plus tard; des documents où M. Laporte, le ministre des
Affaires municipales...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non, c'est impossible.
M. GABIAS: ... annonce...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que le député veut citer
un de ces documents?
M. GABIAS: Ah! j'en ai des dizaines, M. le Président...
M. LESAGE: Oui, citez.
M. GABIAS: Si vous vouliez me donner le temps...
M. LESAGE: Non, non. Le chef de l'Opposition est à la veille de
dormir là, il vient de se pincer pour se réveiller.
M. GABIAS: M. le Président, comme c'est gentil de la part du
premier ministre...
M. JOHNSON: Ce n'est pas pour la raison que le premier ministre
pense.
M. GABIAS: Comme c'est gentil de la...
M. LESAGE: C'est peut-être parce qu'il s'est couché trop
tard, mais en tout cas, il dormait.
M. JOHNSON: Je suis assez fatigué de regarder le premier
ministre.
M. GABIAS: C'est peut-être parce qu'il regarde constamment le
premier ministre, M. le Président, mais ce qui est important...
M. LESAGE: Je l'ai vu se pincer.
M. GABIAS: ... pour le Conseil d'orientation économique, c'est de
reprendre la vigueur qu'il semblait avoir au début...
M. LESAGE: Il lui reste encore une minute.
M. GABIAS: ... c'est de vouloir remplir la mission qu'on lui a
confiée, ce dont, depuis 1962, on semble ne pas vouloir continuer
à réaliser la mission qu'on avait vraiment voulu remplir, suivant
les promesses faites par le premier ministre, au mois de décembre 1960,
et suivant la loi qui a été adoptée en 1961.
M. le Président que les membres de la corporation, que les
membres du Conseil d'orientation économique du Québec reprenne la
vigueur qu'ils avaient et qu' ils remplissent la mission qui lui aura
été confiée, la province de Québec s'en portera
beaucoup mieux.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que l'on pourrait
considérer que nous sommes en Chambre, je regrette, mais j'avais
complètement oublié à trois heures de déposer le
rapport du ministère des Affaires fédérales-provinciales
pour l'année se terminant le 31 janvier 1966.
M. BERTRAND: Parfait.
M. LE PRESIDENT: Alors article 6, adopté?
M. BELLEMARE: Juste une question, si le premier ministre voulait me
dire...
M. LESAGE: Votre heure est-elle finie?
M. BELLEMARE: Juste une question si le premier ministre voulait me dire:
« Etude sur la possibilité d'établir une usine
sidérurgique », à la page 223, un montant de $3,000
payé à mademoiselle Laforest. Est-ce qu'elle est encore là
au service actuellement?
M. LESAGE: Page quoi?
M. BELLEMARE: Mlle Laforest et on lui a payé $3,114.37, pour une
étude sur la possibilité d'établir une industrie
sidérurgique?
M. LESAGE: C'est la secrétaire de M. Cyrille Dufresne, puis elle
a quitté.
M. BELLEMARE: M. Cyrille Dufresne n'a pas chargé d'honoraires,
mais il a chargé des dépenses de voyage pour $1,174.
M. LESAGE: Cela doit...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il était au gouvernement avant
d'être à Sidbec.
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: Ce qui est assez extraordinaire c'est qu'il ne charge pas
de traitement, mais il charge des dépenses de voyage.
M. LESAGE: Cela doit être ailleurs. C'est son voyage aux
Etats-Unis.
Il avait un salaire de $17,000 par année. Il était
payé par le... je ne sais pas par qui. Il avait $17,000 par
année.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il y a eu des démissions cette
année au Conseil d'orientation économique, M. le
Président?
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Oui, M. Marchand!
M. LESAGE: Pardon?
M. BERTRAND: Il y en a qui sont partis.
M. BELLEMARE: M. Marchand.
M. LESAGE: Ah bien oui. Je l'ai annoncé ça. Je l'ai
remplacé par M. Pépin.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il y en a eu d'autres parmi les
ingénieurs et parmi les consultants, parmi les experts?
M. LESAGE: Il a été remplacé non pas par M.
Pépin mais par M. Sauvé. Je l'ai annoncé en Chambre.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BELLEMARE: Il n'y aurait pas eu de dé- mission cette
année au Conseil d'orientation économique? Parmi les
membres...
M. LESAGE: Bien, les membres ou les fonctionnaires?
M. BELLEMARE: Les fonctionnaires.
M. LESAGE: Ah, des fonctionnaires. Cela c'est une autre affaire!
M. BELLEMARE: Combien de fonctionnaires ont démissionnés
du Conseil d'orientation économique?
M. LESAGE: Deux. M. Joseph Sandor. M. BELLEMARE: Ah bon. Il y en a
un.
M. LESAGE: Conseiller technique. Je pensais qu'on parlait des membres du
Conseil.
M. BELLEMARE: Non, les fonctionnaires.
M. LESAGE: M. Joseph Sandor. Il avait un salaire de $6,750.
M. BELLEMARE: Sandor? M. LESAGE: Sandor. M. BERTRAND: Il s'endort!
M. LESAGE: Bien ce n'est pas moi! C'est le chef de l'Opposition
ça!
M. DOZOIS: Cela était symbolique pour le Conseil!
M. LESAGE: Et puis M. Jacques Toussaint.
M. BELLEMARE: Jacques...
M. LESAGE: Toussaint.
UNE VOIX: Il s'endort!
M. LESAGE: M. Jacques Toussaint.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Non, non. Juste une minute.
M. LE PRESIDENT: Adopté. M. BELLEMARE: Une minute!
M. BERTRAND: M. le Président, vous êtes bien pressé
là!
M. LE PRESIDENT: Une question.
M. BELLEMARE: Le premier ministre nous a fait distribuer une
liste...
M. LESAGE: C'est possible.
M. BELLEMARE: ... du Conseil d'orientation économique...
M. LESAGE: Bien je n'ai pas... j'ai donné... ... c'est la seule
copie que j'avais en main et je l'ai donnée...
M. BELLEMARE: Ah bien je vais la retourner au premier ministre, j'en ai
d'autres.
M. LESAGE: Non, non. Je lui laisse.
M. BELLEMARE: J'en ai d'autres. Je vais vous retourner la
vôtre.
M. LESAGE: Non. J'en ai une autre ici. C'est très bien!
M. BELLEMARE: J'en ai une autre. J'ai la vôtre ici.
M. LESAGE: Très bien! J'en ai une autre ici.
M. BELLEMARE: C'est parce qu'il y a sur la liste des honoraires le
détail au 11 février 1966 là, Société
d'étude pour le développement économique et social,
$3,646.36. Qu'est-ce que c'est ça?
M. LESAGE: Je ne sais pas. Je vais demander à M. Parenteau.
M. BELLEMARE: Cela ça doit être des études, je
suppose?
M. LESAGE: Oui, il y a eu... UNE VOIX: Où est-ce?
M. BELLEMARE: Société d'étude pour le
développement économique et social sur la liste que nous a remise
le premier ministre, détail au 11 février 1966.
M. BERTRAND: Cela a l'air d'une société
d'étude!
M. BELLEMARE: C'est marqué Société d'étude
pour le développement économique et social. Cela doit être
des études...
M. LESAGE: Je ne trouve pas ça.
M. BELLEMARE: En bas tout à fait là. Non, non, non!
M. LESAGE: Bon! C'est une société française dont le
sigle est Sedes.
M. BELLEMARE: C'est une société française?
M. LESAGE: Et qui a fait des études préliminaires pour le
Conseil d'orientation économique, étant donné son
expérience en France, quant au plan français de
développement économique.
M. BELLEMARE: Cela ne paraît pas dans le rapport, pas même
un fragment de note.
M. LESAGE: Cela a été crée par la Caisse de
dépôts et de consignations en France.
M. BELLEMARE: Oui, d'accord, mais ça n'apparaît pas au
moins...
M. LESAGE: Bien non, je ne l'ai pas vu, moi non plus, ça a
été donné à ce comité d'études du
Conseil d'orientation économique qui est mentionné à la
page 12 du rapport annuel.
M. BELLEMARE: C'est probablement à la suite de ce
rapport-là qu'on a abandonné l'idée du plan quinquennal
qu'on nous avait proposé...
M. LESAGE: Non, non, j'avais proposé...
M. BELLEMARE: ... le Conseil d'orientation économique.
M. LESAGE: Non, non, non.
M. BELLEMARE: C'est un non qui ne me fait pas tellement confiance.
M. LESAGE: Sedes, « qui sedes addexteram patris ».
M. BELLEMARE: Ah! monsieur, là, il parle anglais le premier
ministre.
M. LESAGE: Anglais? voyons! Qui sedes ad dexteram patris. Vous
connaissez ça?
M. BELLEMARE: Je sais: « sicut erat in principio »,
toujours, ça va faire pareil. Comme il était au commencement,
comme il sera toujours.
M. LESAGE: Vous qui êtes assis à la droite * du
Père.
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: Qui sedes ad dexteram patris.
M. BELLEMARE:: Mais ce que j'ai trouvé extrêmement plaisant
à lire, ça a été la réponse faite à
ma question. L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce, dans une
question que je lui avais posée au feuilleton...
M. LESAGE: Voulez-vus bien me dire quel intérêt ils ont
à trafher ça?
M. BELLEMARE: Comment?
M. LESAGE: Quel intérêt vous avez à traînner
comme ça?
M. BELLEMARE: Vous êtes bien ici, avec nous autres, il y a trop de
problèmes en dehors...
M. LESAGE: Oui, mais j'ai de l'ouvrage à faire.
M. BELLEMARE: Il y a des problèmes en dehors qui pourraient
mettre le feu aux poudres.
M. LESAGE: Oui, mais...
M. BELLEMARE: Vous êtes bien avec nous autres, non, non vous
êtes bien ici.
M. LESAGE: ... vous me faites travailler toutes les nuits, parce que je
suis obligé de rester ici dans le jour.
M. BELLEMARE: Non, non, il y a des choses qui se passent en dehors, puis
vous êtes bien ici avec nous autres.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Vous avez bien moins de troubles.
M. LESAGE: Oui, mais j'ai mes troubles la nuit. Au lieu de dormir, je
suis obligé de travailler parce que vous me tenez ici toute la
journée.
M. BELLEMARE: Non, non, écoutez, mais le premier ministre a voulu
passer ses crédits les premiers.
M. LESAGE: Oui, bien je veux les passer, ce n'est pas pour vous
écouter placoter...
M. BELLEMARE: On les passe. Il n'y a pas une question que j'ai
posée au premier ministre sans qu'il me donne une réponse. Il n'y
a pas une chose que nous avons faite en Chambre...
M. LESAGE: Très bien! très bien! merci du compliment, je
donne des réponses.
M. BELLEMARE: Bon, oui, quand je peux les avoir, il y a des fois que je
ne les ai pas, les documents. Ce n'est pas ça. C'est le ministre de
l'Industrie et du Commerce à qui j'ai posé une question à
savoir... Quels sont les fonctionnaires qui ont démissionné du
Conseil d'orientation économique?
M. LESAGE: Mais ce ne sont pas ses crédits, au ministre de
l'Industrie et du Commerce.
M. BELLEMARE: Oui, mais au Conseil d'orientation économique, on
me dit; M. Maurice Joubert, muté dans un autre service. Cela, c'est la
réponse qu'a faite le ministre.
M. LESAGE: Cela, c'est l'année dernière. M. BELLEMARE:
Non. M. LEVESQUE (Bonaventure): pardon? M. BELLEMARE: Pardon?
M. LEVESQUE (Bonaventure): La référence s'il vous
plaît.
M. BELLEMARE: Page 244.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Quelle année? Quel journal?
M. BELLEMARE: Une minute, je vous dis qu'il faut des détails.
Page 244...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: ... numéro 31.
M. LESAGE: M. Joubert a démissionné comme directeur
général du Conseil d'orientation, en août 1964.
M. BELLEMARE: Oui, mais la réponse du ministre est dans le
numéro 31, procès-verbaux de l'Assemblée
législative...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Dans quoi? Le numéro 31 de?
M. LESAGE: Dans les procès-verbaux.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Dans les procès verbaux. C'est moi qui
ai répondu?
M. BELLEMARE: Oui. C'est ça, réponse de M.
Lévesque.
M. LESAGE: procès-verbaux de l'année dernière.
M. LEVESQUE (Bonaventure): L'an dernier. La réponse a
été?
M. BELLEMARE: La réponse par M. Lesage.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ah bon!
M. BELLEMARE: L'honorable premier ministre. Je relis: Jean Lesage qui me
dit que M. Joubert...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je savais que la question n'avait pas
été posée et je n'ai pas répondu.
M. LESAGE: Il a été invité d'abord et ensuite il
est parti.
M. BELLEMARE: Il est parti. Et à la minute, quand j'ai
posé la question, le 17 novembre 1965, il n'y avait pas acuité,
il était parti parce qu'il était en désaccord...
M. LESAGE: Il venait de partir, à ce moment-là, je
suppose.
M. BELLEMARE: ... en désaccord total.
M. LESAGE: Pourquoi en désaccord?
M. BELLEMARE: En tout cas.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: ... chicané avec lui.
M. GABIAS: Je voudrais rectifier, M. le Pré- sident. Il est exact
que dans l'article cité, il n'est pas question du tout que
l'aciérie soit pla- cée près d'un grand centre, dans
l'article de M. Roland Parenteau, le succès de l'aciérie.
M. LESAGE: Lui, son heure est expirée.
M. GABIAS: J'ai fait erreur, M. le Président, j'ai dit que
c'était près de la réalisation. En 1963, M. Parenteau
disait ceci, c'est là qu'était mon erreur: « La venue d'une
mission économique belge, il y a quelques semaines, le présent
voyage du ministre des Richesses naturelles en Europe avec un groupe d'experts,
sont des signes avant-coureurs qui ne trompent pas, quelque chose de
sérieux se prépare. » Quant à la distance de grands
centres, il n'en est pas question dans cet article.
M. LE PRESIDENT: D'accord. No 6 adopté. No 7: Commission
d'aménagement du Québec.
M. BELLEMARE: Le premier ministre attend ses experts.
M. LESAGE: Non, non, allez-y. Qu'est-ce que vous voulez savoir?
M. BELLEMARE: Pas grand-chose. M. LESAGE: Bon, ça s'adonne
bien.
M. BELLEMARE: Bon, vous n'êtes pas prêt à me dire
grand-chose.
M. LESAGE: Non, mais...
M. BELLEMARE: M. le Président, il y a dans les comptes publics,
d'abord, des honoraires qui sont payés à des membres et des
jetons, pour un montant qui figure pour un montant de $5,000.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Le premier ministre nous a dit que, en ce qui concerne le
Conseil d'orientation économique, il doit nous faire parvenir la liste
complète des honoraires qui ont été payés, puis des
jetons. Maintenant est-ce que le premier ministre pourrait nous donner la liste
quand même?
M. LESAGE: Je vais demander ça. Chaque membre de la commission
d'aménagement de Québec, à l'exception du président
et du vice-président, qui reçoit une allocation de
présence aux assemblées de la commission, de $50 par jour ou de
$25 par demi-journée.
M. BELLEMARE: Il y en a pour $9,128.
M. LESAGE Il y a le comité directeur, aussi, dont les membres
sont MM. John Grant, directeur de l'école d'architecture de
l'université McGill à Montréal; Guy Desbarats, directeur
de l'école d'architecture de l'université de Montréal;
Noël Mainguy, directeur de l'école d'architecture de
l'université Laval; Jean-Claude Lahaie, urbaniste conseil et
président de la corporation des urbanistes de Québec; Edouard
Fiset, conseiller technique de la commission d'aménagement de
Québec. Le secrétaire du comité est M. Florent Legendre et
le président est M. Gabriel Desmeules, évidemment à part
du président et du secrétaire. Les membres du comité
directeur reçoivent $100 par jour de séance, sous forme de jetons
de présence.
M. BELLEMARE: M. le Président, ce qui me surprend le plus c'est
que ce comité qui a été créé, ce
comité de la commission, le comité de la commission
d'aménagement de Québec, qui date de 1961...
M. LESAGE: Non, non, cela a été créé
l'année dernière.
M. BELLEMARE : ... a depuis 1961 fait énormément de
paperasse, énormément de comités, de sous-comités.
Exemple, un comité avait été formé par cette
commission pour établir d'une manière positive la direction de la
circulation du transport dans la région de Québec...
M. LESAGE: Oui, c'est ça.
M. BELLEMARE: ... alors imaginez-vous, M. le Président, que ce
comité-là a étudié pendant...
M. LESAGE: Oui, il étudie encore.
M. BELLEMARE: ...plusieurs mois sous la présidence de M. Gabriel
Desmeules...
M. LESAGE: Il étudie encore.
M. BELLEMARE: ...et après avoir étudié pendant
longtemps, ce comité de MM. Henri Perron, Ludger Gagnon et Arthur
Piché, a décidé, dans un geste extraordinaire,
après une étude fouillée, après tout ce travail
immense accompli avec beaucoup de paperasse, d'avoir avec l'honorable M.
Pinard, ministre de la Voirie, une entrevue pour lui dire; « Bien, M. le
ministre, vous êtes bien au courant de ce qui se passe dans ce
domaine-là. Si vous le voulez, nous allons vous transmettre tous nos
documents et puis vous allez, mon cher monsieur le ministre, vous y
référer avec votre service technique et puis vous allez vous
occuper de ça ». Cela, c'était le résultat
extraordinaire qu'a obtenu la commission d'embellissement de la ville de
Québec, la commission de l'aménagement de la ville de
Québec. Après avoir étudié des mois et des mois,
les membres de cette commission, ont sorti un gros rapport, formé un
gros comité pour étudier la circulation et c'est eux-mêmes
qui disent à la page 10 de leur rapport: « Conséquences de
cette entente, toutes les données relatives à la
pré-enquête ont été référées au
service technique du ministère de la Voirie, où un projet de
contrat a été préparé et les autorités de la
commission ont rencontré l'honorable M. Bernard Pinard qui a
accepté volontiers que son ministère se charge de reviser, de
contrôler toutes les parties techniques ». Voici, M. le
Président, la commission de patronage par excellence.
M. LESAGE: M. le Président,...
M. BELLEMARE: Oui, M. le Président, c'en est une, commission
d'embellissement...
M. LESAGE: ...le député de Champlain n'a pas le droit de
dire qu'il s'agit d'une...
M. BELLEMARE: Oui, M. le Président.
M. LESAGE: Le député de Champlain fait des affirmations
gratuites et irresponsables.
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LESAGE: Il ferait bien mieux de voir le travail immense qui est
accompli, de lire d'abord le rapport de la commission d'aménagement de
Québec au lieu de faire des affirmations gratuites et insultantes a
l'égard de citoyens honorables comme le maire de Québec. Le maire
de Québec et le président de la Chambre de commerce font partie
de la commission d'aménagement.
M. BELLEMARE: M. le Président, vous m'aviez donné...
M. LESAGE: Il sait qu'il insulte...
M. BELLEMARE: En vertu des règlements, M. le
Président...
M. LESAGE: ... les premiers citoyens de la ville de Québec.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: ...le premier ministre n'a pas le droit de m'enlever la
parole.
M. LESAGE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Il m'interrompt, je n'ai pas manqué au
règlement. J'ai le droit...
M. LESAGE : Il a manqué au règlement. M. LE PRESIDENT: A
l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: J'ai le droit d'affirmer, M. le Président, ce que
je crois juste mais ce n'est pas le premier ministre...
M. LESAGE: Il a manqué au règlement, M. le
Président,
M. BELLEMARE: ...qui va, sûrement pas dans ce
débat-là, certainement pas, M. le Président...
M. LESAGE: Il a manqué au règlement, M. le
Président.
M. LAPORTE: Quel exemple!
M. LESAGE: Il insulte le maire de Québec! Si j'insultais le maire
du Cap, moi?
M. BELLEMARE: M. le Président, que le premier ministre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. BELLEMARE: ... j'avais la
parole. M. LE PRESIDENT: A l'ordre. M. LESAGE: Ce sont des insultes
gratuites... M. BELLEMARE: Il y a toujours une limite.
M. LESAGE: ... aux citoyens les plus honorables de Québec. Me
voyez-vous insulter le maire du Cap-de-la-Madeleine?
M. LE PRESIDENT: Quels que soient les motifs, on a invoqué le
règlement. Alors à ce moment-là, il me semble que le
député de Champlain devrait au moins reprendre son siège
et attendre qu'on ait fait valoir..»
M. LESAGE: Puis surtout sa tête.
M. LE PRESIDENT: ... le point de règlement.
M. BELLEMARE: M. le Président, j'ai commencé avec beaucoup
de sérénité...
M. LESAGE: Oui, mais c'est ça...
M. BELLEMARE: ... à exposer mon point de vue.
M. LESAGE: ... d'être serein. Il insulte le maire de
Québec, puis il est serein.
M. BELLEMARE: ... que le gouvernement aime ça ou n'aime pas
ça, j'ai le droit de lui faire des reproches...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: ... j'ai le droit de dire que cette commission-là
fondée en 1961, ç'a été une commission de
paperasse. Ils se sont institués des comités sur des
comités et l'architecte le plus favorisé, le plus
patronise...
M. LESAGE: Qui?
M. BELLEMARE: ... de toute l'administration provinciale, M.
l'architecte, Edouard Fiset qui est nommé à l'exposition de
Québec...
M. LESAGE: Ah non, pas à l'exposition de Québec.
M. BELLEMARE: ... est encore ici une des âmes dirigeantes, un de
ceux qui ramassent encore...
M. LESAGE: $100.
M. BELLEMARE: ... des sommes fantastiques plus la construction de
l'édifice du ministère de l'Education, il y a une limite à
dire que ce n'est pas du patronage.
M. LESAGE: Ce n'est pas du patronage.
M. BELLEMARE: Un nid à patronage. Voyons donc. Je vois l'Union
nationale au pouvoir avec l'autorité...
DES VOIX: Ah non.
M. LESAGE: Ah non, je ne vois pas...
M. BELLEMARE: ... dans l'Opposition venir...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: ... nous parler de ceux qui ont gradué dans des
cours d'étude. Oui, ils ont gradué dans des cours d'études
de sept ans...
M. LESAGE: Quoi?
M. BELLEMARE: ... à patroner, M. le Président.
M. LESAGE: Des cours de Satan?
M. BELLEMARE: Et quand je regarde le rapport et que je regarde les
immenses sommes d'argent qu'on met à leur disposition, $418,000 cette
année encore...
M. LESAGE: Bien oui?
M. BELLEMARE: ... $312,000 cette année, l'année d'avant
$331,000...
M. LESAGE: Bien, le maire de Québec trouve que c'est loin
d'être assez.
M. BELLEMARE: ... $1,500,000...
M. LESAGE: Oui, mais le maire de Québec se plaint que ce n'est
pas assez.
M. BELLEMARE: ... pour une commission de patronage et puis ensuite de
ça on dira qu'il n'y en a pas? Vous en avez une, là, une
description de la mentalité, on établit une belle commission, on
nomme des grands messieurs...
M. LESAGE: C'est contre le règlement ça, M. le
Président...
M. BELLEMARE: ... on nomme des anciens sous-ministres...
M. LESAGE: ... appeler une commission dans cette Chambre...
M. BELLEMARE: ... on nomme des grosses braquettes...
M. LAPORTE: C'est contre le règlement.
M. BELLEMARE: ... on nomme des grosses braquettes...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: ... puis on dit: Vous allez vous autres pontifier...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. UNE VOIX: Est-ce qu'il est sourd?
M. BELLEMARE: Oui, mais je n'ai vu personne. Je ne les regarde pas quand
je parle, parce qu'ils m'interrompent.
M. LAPORTE: Oui, mais tâchez de regarder avec vos yeux et avec vos
oreilles.
M. BELLEMARE: Oui, qu'est-ce qu'il y a?
M. LAPORTE: Quand vous entendez qu'on dit: M. le Président, c'est
parce qu'on...
M. BELLEMARE: Vous avez soulevé un point d'ordre?
M. LAPORTE: Je voudrais vous laisser reposer pour deux minutes.
M. BELLEMARE: Ah, je ne suis pas fatigué du tout.
M. LAPORTE: M. le Président, il est évident...
M. LESAGE: Il commence à être fatigué pas mal.
M. BELLEMARE: Vous fatiguer? Oui.
M. LAPORTE: Il est évidemment contraire au règlement de
cette Chambre de prétendre que le gouvernement avec des fonds publics a
créé une commission de patronage.
Il est certainement permis au député de prétendre
que cette commission a fait trop de travail, qu'elle n'en n'avait pas fait
assez. Mais il n'a pas le droit de dire qu'on a créé une
commission de patronage.
M. BELLEMARE: Je continue, et le ministre des Affaires culturelles dit
que le député a le droit de dire qu'elle n'en a pas fait assez ou
qu'elle en a trop fait. Mais je dis qu'elle n'en a pas fait du tout. C'est
assez clair.
M. LAPORTE: Alors, il ne lisait pas le rapport dans ce
cas-là.
M. BELLEMARE: Je dis qu'on a saisi l'occasion pour renommer une
commission d'embellissement qui avait été fondée en 1941,
1942, 1943 sous le régime Godbout. On a fait revivre pour placer des
amis politiques.
M. LESAGE: Qu'est-ce que vous pensez de la cité parlementaire, la
rue St-Cyrille?
M. BELLEMARE: Pour étudier à $350,000 par année la
récompense des états de service. Quand je vois l'architecte Fiset
qui en a pardessus la tête avec l'Exposition universelle de 1967, qui en
a encore dans la bâtisse de l'Education, quand il en a partout! Le voir
figurer dans des plans et des revues où l'on constate je n'ai pas
besoin de vous le dire des choses extraordinaires, et sur du papier, et
quand on va voir ce qui s'est fait en réalité dans les rues et
aux alentours de la colline parlementaire, c'est quasiment le désastre.
Qu'est-ce qu'on voit? Des bâtisses abandonnées. Tout le monde qui
nous visite est scandalisé de voir que rien ne se fait. Il serait
important de donner une réévaluation à notre parlement. Si
véritablement on a l'intention de faire quelque chose pour la colline
parlementaire.
M. LESAGE; Si vous arrêtiez de parler, on pourrait travailler.
M. BELLEMARE: Cela fait longtemps qu'on aurait dû donner des
ordres et les faire effectuer. Cela ne prend pas des comités,
sous-comités et un autre comité pour régler ça.
$350,000 pour faire un cours d'étude, $350,000 encore l'année
suivante pour monter de classe, encore un autre $ 350,000 pour aller dans le
secondaire.
M. LAPORTE: Allez chercher votre diplôme et on va s'entendre.
M. LESAGE: On va aller manger, si ça ne vous fait rien.
M. LE PRESIDENT: La séance du comité est suspendue
jusqu'à huit heures.
Reprise de la séance à 8 h p.m.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Conseil exécutif, article
7. Adopté?
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: M. le Président, à l'heure du dfner, je
voulais avec beaucoup d'objectivité attirer l'attention du
gouvernement...
M. LESAGE: Avec beaucoup de force.
M. BELLEMARE: ... sur un problème qui est devenu difficile et
surtout qui semble n'avoir pas d'issue. M. le Président, quand la Loi
concernant l'aménagement de la région de Québec a
été sanctionnée, le 10 juin 1961, on disait en particulier
que les pouvoirs de la commission étaient de faire des règlements
pour sa régie interne, d'acquérir et posséder,
améliorer, entretenir des parcs, des places, des voies publiques,
bâtiments ou constructions alliéner, louer et concéder de
tels biens, participer à toute entreprise de concert avec une
municipalité ou un corps public pour lui accorder une subvention en vue
de l'acquisition, d'aménagement, d'embellissement ou l'entretien de ces
biens. » Cela M. le Président, c'étaient les pouvoirs; il y
avait un autre pouvoir aussi d'acquérir ou de posséder des biens
meubles et d'en disposer et collaborer avec la Commission des monuments
historiques. Cela ce sont les pouvoirs de la commission.
M. LESAGE: C'est ce que la commission a fait.
M. BELLEMARE: La commission s'est mise à l'oeuvre et a
commencé par écrire des mémoires, elle a commencé
par former des comités et ensuite elle a présenté un
mémoire. Je n'ai pas besoin de vous dire quand on regarde
l'opération 1960-1961, 1965 de la commission et qu'on voit dans un
raport qui nous a été distribué, en marge de quelques
aspects du grand projet de la Cité parlementaire de
réaménagement du secteur limitrophe on voit un peu ce que ces
honorables messieurs, ces hommes désintéressés, surtout
n'ayant aucune attache à ce vil métal qu'on appelle l'argent,
faisant partie d'une commission extraordinaire et là ils nous ont
donné l'historique, le rappel historique, de la commission
d'aménagement de Québec. Cela doit être très
important puisqu'on a décidé de le mettre dans un rapport
officiel et on dit en avril 1962, la commission d'aménagement du
Québec, CAQ, dresse un plan-
projet de Cité parlementaire et de réaménagement du
secteur limitrophe, décembre 1962.
Imaginez-vous, avril, mai, juin, juillet, août, septembre,
octobre, novembre et décembre 1962, le Service d'urbanisme du
Québec, SUQ, dresse un plan de réaménagement de l'aire
numéro 3. Nouvelle affaire.
Et, M. le Président, cela c'est un travail consciencieux.
On retrouve, ensuite de ça, janvier, rien; février, rien;
mars, rien; avril, rien; juin 1963.
UNE VOIX: Ah bon!
M. BELLEMARE: Bon! Là on retrouve une activité
extraordinaire. Le Service de l'urbanisme de Québec, SUQ, soumet un
nouveau plan illustré par une maquette. Cela c'était important,
M. le Président. Alors, juillet, août, septembre, octobre. Oh,
octobre 1963, arrêtons-nous. La Commission d'aménagement de
Québec, CAQ, soumet son rapport pour l'aménagement de la
Cité parlementaire et du secteur limitrophe avec plans et maquette. Eh
bien! Après ça, novembre, décembre, janvier,
février, mars, avril, mai, juin 1964. La ville est saisie de diverses
demandes de développer la zone 4 par le SUQ. Eh, M. le Président,
cela va, juillet, août, septembre, octobre, novembre, décembre,
janvier, février. Oh! début de février 1965. Des maquettes
préparées par le groupe TAC, groupe « USQ » par
l'affaire Walker, Tessier, Bissonnette et Corriveau sont
présentés au premier ministre. Pour diverses raisons dont
certaines dérogations aux projets de réglementation de la
Commission d'aménagement de Québec l'étude de ces projets
est confié de nouveau à un nouveau comité ad hoc
présidé par Me Pratte. Après avoir fait tout ça, M.
le Président, après avoir siégé pendant quatre ans,
on apprend que Me Yves Pratte vient d'être chargé d'un
comité ad hoc qu'il va présider pour organiser... le
comité Pratte a pour mandat d'étudier tous les projets
présentés au premier ministre et de lui soumettre ses
recommandations pour l'aider dans cette tâche. Le comité retient
les services de Jean-Claude Lahaie, urbaniste-conseil.
M. le Président, $1 million et quelque cent mille dollars depuis
1961 par la Commission d'embellissment. Il y a toujours une limite
d'étudier et de réétudier et de dire: On avance. De
l'expropriation, oui, il y en a eu de fait D'accord! Démolition?
Oui.
Mais un fouillis lamentable tout le tour dans 1' « area »
principal.
M. LACROIX: La quoi?
M. BELLEMARE: L' « area ». M. LESAGE: L'aire, area.
M. BELLEMARE: Area en anglais. Merci. Le premier ministre est bilingue,
il est heureux.
M. LESAGE: Moi, quand je me fais chicaner, j'aime une langue ou l'autre,
les deux à la fois...
M. BELLEMARE: J'ai remarqué que quand je vous chicane, vous me
distrayez souvent, pour essayer de me faire perdre le fil.
M. LESAGE: Non, non ce n'est pas moi qui fait le bilingue
simultané, c'est le député de Champlain.
M. BELLEMARE: Je reviens... quand je regarde le parlement du
Québec...
M. LESAGE: C'est ce qu'on appelle du bilinguisme simultané.
M. BELLEMARE: ... dans la ville, dans la capitale de la province,
entouré de décombres.
M. LESAGE: De quoi?
M. BELLEMARE: De décombres. On voit toute cette
dévastation tout le tour du parlement. Est-ce que ce n'est pas la plus
belle image du gouvernement qu'on a?
M. LESAGE: C'est ça. Quelle trouvaille!
M. BELLEMARE: Les gens qui nous visitent se demandent ce qui se passe.
Un jour, l'honorable M. Duplessis s'en venait au parlement, on était en
train de tirer les joints. Il rencontre l'ancien ministre des Travaux publics,
l'honorable juge Galipeault c'était durant les ententes
fédérales-provinciales quand le premier ministre était
à Ottawa dans une autre juridiction, et puis dans ce temps-là
c'était 5% et comme on avait mis des échafaudages, M.
Galipeault demande: « Maurice qu'est-ce qu'ils font donc là?
» « Comment, tu n'as pas compris ça, toi? Tu ne sais pas que
je suis à le « crater » pour leur envoyer à
Ottawa». Alors c'est ça. Si on avait dans le temps...
M. LESAGE: Il en fait de plus drôles.
M. BELLEMARE: Ah oui, il en a de bonnes, mais celle-là, vous la
comprenez bien...
M. LESAGE: Ah oui, mais il en fait de plus drôles.
M. BELLEMARE: ... elle vous affecte un peu.
M. LESAGE: Ah pas du tout.
M. BELLEMARE: ... ce n'est pas le premier ministre que je blâme,
ce sont ceux qui sont des parasites, qui sont dans la commission
d'embellissement puis qui ne font rien, qui ne produisent rien, que des
décombres que l'on voit tout le tour du parlement. Est-ce qu'il se fait
quelque chose pour redonner une pleine valeur à la
propriété du gouvernement, du parlement? Non. Il se fait quoi? On
se le demande. Un million et quelques centaines de mille dollars. Cette
année $312,500, encore, pour la commission d'embellissement. Qu'est-ce
qui se fait? Où sont les réalisations que l'on peut voir
après six ans?
M. LESAGE: Lisez le rapport.
M. BELLEMARE: Ce sont des projets avec des SUQ, des CAQ et puis groupe
USQ, puis Walker, puis Corriveau... Encore des commissions avec des honoraires
qui étudient pour pouvoir faire des rapports. Non, non, je ne vous
chicane pas plus qu'il le faut, mais je constate que c'est
épouvantable.
M. LESAGE: Quand ça...
M. BELLEMARE: ... que d'avoir une commission qui siège depuis
1961 et de n'avoir rien réalisé de beau, de constructif;
$1,200,000 pour étudier, pour avoir une organisation qui fasse quelque
chose, pour redonner de la valeur au parlement, à la cité
parlementaire. On parle dans les journaux de ce matin et d'hier d'agrandir pour
les arts, la Place des arts, en haut, d'acheter le boulevard, le terrain des
Dominicaines pour avoir plus d'espace...
M. LESAGE: Non, non.
M. BELLEMARE: ... et on fait de gros titres. Mais qu'est-ce qui se fait
tout le tour du parlement? Les députés se demandent...
aujourd'hui les ministres sont obligés de s'en aller avec leur
ministère à l'autre bout de Québec...
M. BERTRAND: On démolit.
M. BELLEMARE: ... exemple la commis- sion municipale de Québec
qui est rendue à l'autre bout du boulevard Charest...
M. LESAGE: Et ce n'est pas fini.
M. BELLEMARE: Et pourquoi...
M. LESAGE: Ce n'est que le commencement.
M. BELLEMARE: ... ne pas centraliser l'administration
véritablement dans le centre des bâtisses du parlement?
M. LESAGE: Certainement.
M. BELLEMARE: Et, M. le Président, c'était dès le
début, quand j'ai entendu le premier ministre en Chambre, parler de la
Commission d'embellissement de la ville de Québec, il dit: « Nous
allons centraliser les différents bureaux de l'administration, nous
allons faire du Parlement de Québec, la cité parlementaire, une
des plus belles qui existent au Canada. » Un an, deux ans, trois ans,
quatre ans, cinq ans, six ans, on commence la septième année avec
$1,200,000 de dépensé et rien, sinon des choses qui ont
été faites par comité qui n'ont pas été
étudiées, encore bien plus drôle, M. le Président,
dans le comité, imaginez-vous donc, la commission qui a du temps
à perdre, a dit: « Nous allons nous occuper à faire des
monuments historiques de toute la ville de Québec. » Mais, avant
de s'occuper des monuments historiques, qu'elle s'occupe donc de revaloriser la
Cité parlementaire. La commission a alors offert à la cité
de Québec une subvention de 75% jusqu'à concurrence de $15,000
à la condition que les travaux de rénovation nécessaires
soient effectués sous la surveillance des monuments historiques.
M. le Président, voyons donc. Quand on est rendu dans la
rivière St-Charles, je me demande si, mon cher monsieur, on revalorise
la cité parlementaire, si on est après faire quelque chose de
bien, centraliser les bureaux de l'administration pour que les
députés et ceux qui y ont à faire ne soient pas
obligés de parcourir la ville de Québec. Le premier ministre
avait dit au début: « Nous allons l'organiser, nous allons essayer
d'ôter ce que l'Union nationale a payé en trop à des amis
du parti, nous allons bâtir des édifices publics et
l'administration va être sur la Colline parlementaire. » Vous
n'avez qu'à regarder la question au feuilleton, puis regarder la
réponse qui a été donnée l'année
passée par le ministre des Travaux publics pour vous apercevoir ce que
ça coûte, encore aujourd'hui, le loyer à l'administration
provinciale, ça n'a pas changé, M. le Président, au
contraire. Ce qui a changé, ce sont
les amis peut-être, et je dis qu'aujourd'hui dans notre
système parlementaire, ça, c'est un fait typique de patronage,
typique. J'étais dans cette Chambre quand nos adversaires, les
libéraux, étaient dans l'Opposition, et une commission qui
après deux ans n'avait pas fait de rapport, c'était
extraordinaire ce qu'on entendait du député de Richmond et du
député d'Outremont. M. le Président, nous étions
des gens qui faisaient suivre des cours universitaires à des
commissions. Les rapports se faisaient par téléphone,
disaient-ils, mais là ce sont des rapports qui se font et qui se
transmettent d'une commission à l'autre, sans avoir de comité
réel et surtout sans avoir une réalisation pratique. Nous sommes
en faveur d'une cité parlementaire et depuis longtemps,
aménagée et bien synchronisée. Dans l'administration
provinciale aujourd'hui, le gouvernement fédéral nous en a
donné des exemples. Prenons ce qui est bon à Ottawa et laissons
ce qui est mauvais, mais le gouvernement fédéral nous en a
donné des exemples, il a revalorisé la Colline parlementaire
à Ottawa, ils ont engagé un célèbre
Français, un architecte, un ingénieur extraordinaire pour faire
un plan d'ensemble...
M. LESAGE: Et son assistant était M. Edouard Fiset.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il est encore rendu dans ça?
M. LESAGE: C'est lui qui avec M. Gréber a préparé
le plan de la capitale fédérale.
M. BELLEMARE: Il est encore à la crèche, il a
changé de crèche.
M. LESAGE: Bien, c'est lui qui apréparé le plan de la
capitale fédérale.
M. BELLEMARE: Parce qu'il était àOttawa en même
temps que vous?
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: Il était à Ottawa en même temps que
vous?
M. LESAGE: Il n'était pas à Ottawa.
M. BELLEMARE: M. Gréber a présenté un
travail...
M. LESAGE: C'est lui qui était le premier assistant de M.
Gréber.
M. BELLEMARE: ... mais seulement la dif- férence qui existe entre
le plan Gréber et celui que l'on a aujourd'hui, le plan Boulanger, c'est
que M. le Président...
M. LESAGE: Il n'y a pas de plan Boulanger, M. le Président.
M. BELLEMARE: ... il ne fait rien.
M. LESAGE: Il n'y a pas de plan Boulanger.
M. BELLEMARE: M. le Président, je me demande en bonne
vérité quand vont arrêter ces « sittings » de
comités qui ne produisent rien et qui coûtent à la province
$300,000 par année. En voilà de l'argent qui est
dépensé et on dit: Où voulez-vous que l'on fasse des
économies? Mais en voilà un endroit où la province doit
faire des économies, dans un domaine comme celui-là, où
l'on jette par les fenêtres à des amis politiques de l'argent qui
ne rapporte rien, une commission qui a siégé, commission
d'embellissement, eh, M. le Président, un bel embellissement, regardez
tout autour du Parlement, essayez de sortir sans caoutchoucs vous allez voir ce
qui va arriver.
M. COURNOYER: Cela s'en vient.
M. BELLEMARE: Essayez de monter une côte, M. le Président,
tout au tour, c'est fantastique. Je dis que je m'insurge contre cette
dépense, surtout devant ce rapport.
Et quand je vois des noms comme celui de M. Fiset apparaître dans
les comptes publics, apparaître ici pour des sommes considérables,
je dis qu'il est temps que quelqu'un les dénonce. Il est temps qu'on
attire l'attention du public sur ce qui se fait.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: M. le Président, je voudrais tout de même dire
quelques mots. La commission d'aménagement de Québec n'est pas
chargée de s'occuper seulement de l'aménagement de la cité
parlementaire, mais ses pouvoirs et ses devoirs s'étendent à une
région beaucoup plus vaste qui est la région de tout le
Québec métropolitain.
Depuis ses débuts, la commission d'aménagément de
Québec s'est préoccupée du plan d'aménagement
général de la région immédiate de Québec en
s'occupant plus particulièrement des grandes voies de communication.
C'est une étude sur un sujet extrêmement complexe; les voies de
dégagement de Québec sont difficiles à déterminer
et coûteuses à réaliser. Une des pre-
mières tâches de la commission d'aménagement a
été de s'occuper du boulevard Champlain qui était et qui
demeure une nécessité absolue, le boulevard Champlain
étant ce boulevard qui va de la traverse de Lévis vers l'ouiest
mais qui, éventuellement, rejoindra le système routier des deux
ponts de Québec en passant le long du St-Laurent. Le boulevard Champlain
est terminé dans les limites de la ville de Québec, des
expropriations ont été faites et continuent de se faire dans la
cité de Sillery, le long du fleuve. Un montant considérable a
été dépensé pour le déménagement d'un
d'au moins un, toujours, immense réservoir d'essence. Le coût du
déplacement de ce réservoir pour continuer le boulevard Champlain
le long du fleuve St-Laurent et poursuivre jusqu'au pont de Québec a
été de $100,000. En même temps, la Commission
d'améganement de Québec s'occupait d'acquérir les
édifices de la rue Ste-Julie et du côté sud de la rue
Artillerie pour la prolongation de ce qui est maintenant le boulevard
St-Cyrille que la ville n'a pas encore terminé. Mais la ville construit
le boulevard St-Cyrille du côté sud sur des terrains qui ont
été acquis par le gouvernement de Québec, aux frais du
gouvernement de Québec, et cela comme contribution à
l'embellissement de Québec parce que Québec est la capitale de la
province.
On dit que le gouvernement provincial ne fait rien de particulier pour
sa capitale; voilà une chose qu'il a faite. Et la commission
d'aménagement s'occupe actuellement et s'occupera l'an prochain
d'acheter des immeubles sur la côte Ste-Geneviève pour son
élargissement en vue du dégagement des édifices
parlementaires vers la basse-ville et bien plus, d'ici la fin du mois, le
gouvernement acquerra de la cité de Québec l'hôtel Montcalm
qui doit être aboli incessamment et encore une fois c'est au-delà
de $400,000 que la ville a déposés pour l'acquisition par
expropriation, de ce vieil hôtel Montcalm.
Mais c'est le gouvernement du Québec qui paiera pour le
coût de ce terrain, d'abord pour aider la cité de Québec,
qui en a besoin, et de plus, en prévision du dégagement possible
de la cité parlementaire vers la rivière St-Charles, probablement
voie surélevée au-dessus de la rue St-Paul, au-dessus des voies
de chemin de fer, au dessus de la rivière St-Charles et il y aura
jonction avec le prolongement vers l'est du boulevard Champlain, pour continuer
sur une nouvelle voie qui sera construite éventuellement par le
ministère de la Voirie sur les battures, ce que l'on appelle les
battures de la Côte de Beaupré, pour aller rejoindre la route 15,
passé le pont de l'Ile d'Orléans.
Ce sont des plans qui ont été préparés
conjointement par la commission d'aménagement et le ministère de
la Voirie. Mais nous les réalisons au fur et à mesure que la
chose est physiquement et financièrement possible et nous aidons la
ville de Québec, par la Commission d'aménagement, non seulement
dans l'établissement des plans, mais dans l'acquisition des
propriétés.
Pour ce qui est de la cité parlementaire, elle-même, un
comité directeur a été formé; on ne peut
certainement pas reprocher à la commission de rechercher les meilleurs
avis possibles quant à l'aspect, à l'architecture de la
cité parlementaire. Et alors, un comité a été
formé, sous la président de M. Gabriel Desmeules, architecte, qui
est le vice-président de la Commission d'aménagement, qu'on
appelle le comité directeur qui est formé des doyens des trois
facultés d'agriculture, trois hommes éminents, de Mc-Gill, de
Montréal et de Laval...
M. DOZOIS: Agriculture?
M. LESAGE: D'architecture. Est-ce que j'ai dit agriculture?
M. DOZOIS: Oui.
M. LESAGE: Je m'excuse. C'est à cause de l'année de
l'agriculture.
M. JOHNSON: Le premier ministre était dans les patates.
M. LESAGE: Non, je n'étais pas dans les patates, je pensais
peut-être aux cultivateurs, comme j'y pense souvent. Mais c'est
l'architecture, je remercie le député de St-Jacques. Ce sont les
doyens des facultés d'architecture.
M. DOZOIS: Le comité mentionné à la page 6,
c'était le comité spécial qui avait recommandé
l'adoption du bill 47?
M. LESAGE : Non. Un instant si vous voulez... M. DOZOIS:
présidé par M. pratte.
M. LESAGE: Il faudrait tout de même que je regarde la page, que je
voie le nom des membres. A la page 6, oui. C'est le comité qui avait
recommandé l'adoption du bill 47, mais je parle du comité
directeur.
M. DOZOIS: Ah bon!
M. LESAGE: Le comité directeur dont les
membres sont mentionnés je les ai mentionnés cet
après-midi à la page 4 du rapport. Alors, les trois doyens
des facultés d'agriculture de McGill, Montréal et Laval...
M. JOHNSON: D'architecture...
M. LESAGE: ...d'architecture plus...
M. DOZOIS: C'est une manie.
M. LESAGE: ...M. Jean-Claude Lahaye, plus M. Edouard Fiset. Et
d'ailleurs, c'est la seule rémunération que reçoit M.
Fiset, actuellement, comme membre du comité directeur...
M. BELLEMARE: $22,000?
M. LESAGE: Non, $100 par séance, mais c'est dans les
années passées ça, c'est avant qu'il soit tellement
préoccupé ou occupé, si vous voulez, par l'Exposition
universelle, mais actuellement il est seulement membre de ça. Mais il
est chargé quand même de préparer les plans.
M. BELLEMARE: De préparer un projet de $30 millions?
M. LESAGE: Oui, mais il a des associés ici à
Québec.
M. BELLEMARE: $30 millions.'
M. LESAGE: Oui, mais il a un bureau, bon, il a des associés.
M. BELLEMARE: Cela doit être encore un prix de faveur.
M. LESAGE: Et les plans sont en préparation, mais il est clair
que les plans, pour les édifices qui seront situés,
l'édifice de l'Education d'abord, immédiatement à l'ouest
des édifices D et E, communément connus comme les édifices
de la Voirie et de l'Agriculture, ayant face sur la rue St-Cyrille, les
édifices du ministère de l'Education puis celui où nous
entendons loger le ministère de la Famille et du Bien-être
social.
Nous attendons les recommandations de ce comité directeur quant
à l'architecture, de la même façon que ce comité
directeur est celui qui a fait les recommandations quant à
l'architecture du développement on appelle ça un
développement commercial et domiciliaire recommandé pour
la partie C-4 de l'aire No 3 qui est juste au nord de l'édifice C, et il
y aura j'ai reçu la visite, hier, d'un des procureurs de la
société qui doit construire l'ensemble commercial et domiciliaire
comprennent un hôtel, le président de la société qui
est décédé récemment, c'était le
sénateur Bouffard et l'on doit commencer les travaux dès
ce printemps, les travaux de démolition, en face, sur le
côté nord de la rue St-Cyrille. Le comité directeur nous
donnera ensuite ce qu'il conçoit comme hauteur et comme apparence pour
l'édifice de l'Education et l'édifice de la Famille et du
Bien-Etre social. C'est prévu qu'il doit nous le donner.
M. BELLEMARE: Il vous l'a donné, c'est dans le rapport.
M. LESAGE: Je regrette, nous ne l'avons pas eu encore.
M. BELLEMARE: Ah bien oui! on l'a, nous autres, la hauteur, la grandeur,
tout cela.
M. LESAGE: Si vous l'avez, ce n'est pas bon.
M. BELLEMARE: A la page 23, la hauteur.
M. LESAGE: La hauteur de l'édifice de l'Education, je ne l'ai pas
ici.
M. BELLEMARE: Le recul même. M. LESAGE: Quelle page 23?
M. BELLEMARE: A la page 23 ru rapport, celui de l'Observation en marge
de quelques aspects du plan-projet de la cité parlementaire.
M. LESAGE: C'était avant le comité directeur. Je regrette,
il nous faut la silhouette des édifices.
M. BELLEMARE: On l'a, la silhouette.
M. LESAGE: Oui, mais ce n'est pas la bonne.
M. BELLEMARE: C'est sorti dernièrement ça.
M. LESAGE: Non, c'est le rapport Pratte ça.
M. BELLEMARE: Le 20 avril 1965.
M. LESAGE: Le comité directeur a été nommé
après ça.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il y a un autre sous-comité qui
siège?
M. LESAGE: Mais non, c'est le comité directeur formé des
doyens des facultés d'architecture.
M. BELLEMARE: Cela a été formé après
celui-là?
M. LESAGE: Cela a été formé après ce
rapport-là.
M. BELLEMARE: Bon.
M. LESAGE: Et nous attendons, c'est à la suite de ce rapport.
C'étaient les recommandations d'architectes, mais, simplement, nous
avons tout confié au comité directeur qui, lui, a changé
d'abord C-4.
M. BELLEMARE: Oui, c'est ça C-4 et R-4.
M. LESAGE: Oui, mais le comité directeur a changé les
normes. Oui, il les a changées et il ne nous a pas encore donné
les normes de l'édifice de l'Education, non plus que pour
l'édifice de la Famille et du Bien-Etre.
M. BELLEMARE: Cela veut dire que le travail ici n'est pas bon.
M. LESAGE: Non, c'étaient les plans préliminaires
préparés par les architectes.
M. BELLEMARE: Le premier ministre n'est pas correct là.
M. LESAGE: Qu'est-ce que vous voulez que je dise?
M. BELLEMARE: Il discrédite sa propre commission.
M. LESAGE: Je ne discrédite rien, je dis la vérité,
purement et simplement.
M. BELLEMARE: Voyons donc! C'est bien pire que de dire du mal du maire
de Québec.
M. LESAGE: Alors, le ministère de l'Education et le
ministère de la Famille et du Bien-Etre social occuperont l'espace au
sud de la rue St-Cyrille, et ce sont les deux seuls édifices parce qu'il
faudra des espaces verts et des espaces pour le stationnement, sous terre et
sur terre. Il y aura des espaces nécessaires pour le stationnement pour
les édifices A, B, C, D,
E, plus l'édifice de l'Education, plus l'édifice de la
Famille et du Bien-Etre social, plus et là on est rendu à
Scott et Claire-Fontaine plus l'édifice du Centre culturel. Pour
ce qui est du stationnement au Centre culturel, en attendant, contrairement
à ce que bien des gens ont dit, il y a des centaines de places de
stationnement, immédiatement en face, du côté nord de la
rue St-Cyrille, en arrière des quartiers généraux de la
Sûreté provinciale, là où se trouve l'édifice
du Crédit agricole.
C'est un immense quadrilatère borné au sud par la rue
St-Cyrille, au nord par la rue Lock-well, à l'est par la rue
Claire-Fontaine et à l'ouest par la rue Turnbull. Il y a de la place
pour cinq à six cents automobiles là, et c'est juste de l'autre
côté de la rue, du Centre culturel. Alors, tout ce qui a
été écrit dans les journaux, là... il y a cinq
à six cents places là.
M. BELLEMARE: Cela ne venait pas du président de la
commission?
M. LESAGE: Je ne le sais pas.
M. BELLEMARE: Encore en train de les discréditer.
M. LESAGE: Je ne discrédite personne, mais moi, je sais qu'il y a
de cinq à six cents places là, par exemple.
M. BELLEMARE: Ah oui, c'est sûr, ça aussi. Je les ai
vues.
M. LESAGE: Bon. Alors, le député est d'accord avec
moi.
M. BELLEMARE: Ah oui, mais...
M. LESAGE: ... et ça sans compter les espaces de stationnement
qu'il y aura. Maintenant, pour ce qui est des édifices du boulevard de
l'Entente, les besoins sont tellement grands et nous avons tellement
l'intention de donner suite aux plans que nous avons d'être
propriétaires des édifices où sont logés les
services gouvernementaux, qu'en outre de l'achat de l'ancienne académie
où est logé le Revenu, en outre de l'achat des trois
édifices du boulevard de l'Entente que nous avons achetés de
l'université et où sont logées les Richesses naturelles et
les Affaires culturelles, nous allons construire là, sur le terrain
acheté de la famille Chalifour, un immense terrain, de la succession
Chalifour, je crois...
M. BELLEMARE: C'est-à-dire en arrière de l'école de
Chimie.
M. LESAGE: ... l'année dernière.
M. BELLEMARE: L'ancienne école de Chimie.
M. LESAGE: Oui, mais là nous avons acheté d'autres
terrains sur le boulevard de l'Entente et les plans sont en préparation.
Là, ça n'a pas besoin d'être un édifice avec une
architecture aussi soignée que celle que nous désirons pour
l'ensemble parlementaire ici, sur la rue St-Cyrille en allant vers le centre
culturel. Cela peut être plus utilitaire et des plans sont en
préparation pour un édifice qui aura 800,000 pieds carrés
de plancher, pour y loger le ministère de la Voirie au complet, le
ministère de l'Agriculture au complet et le ministère des Terres
et Forêts au complet.
M. BELLEMARE: La Voirie?
M. LESAGE: Voirie, Agriculture et Terres et Forêts, et la Voirie
pour l'excellente raison que les garages et les ateliers pourront être
sur nos terrains qui vont jusqu'au boulevard Charest, en bas de la côte,
à partir du boulevard de l'Entente, descendant le cap jusqu'au boulevard
Charest. Les ateliers pourront être situés là, avec sortie
sur le boulevard Charest, en face ou aux alentours de l'endroit où est
situé l'édifice du ministre des Finances, là où se
trouve la mécanographie du ministère, actuellement là. Et
ça aussi, c'est un édifice que nous avons construit,
l'édifice de la mécanographie. Et tout près...
M. BELLEMARE: Ah oui, pas loin il y a O'Malley.
M. LESAGE: ... de l'édifice où se trouve logées les
Affaires municipales. C'est donc dire qu'il y aura deux centres principaux: la
Cité parlementaire proprement dite, ici, puis les services que je viens
de mentionner, plus d'autres services parce qu'il y a de l'espace pour
bâtir d'autres édifices sur les terrains que nous avons acquis sur
le boulevard de l'Entente et le boulevard Charest. Et avec tout l'espace
suffisant pour le stationnement et pour de la verdure. Il y aura donc ces deux
centres principaux...
M. BELLEMARE: Il va y en avoir un autre plus loin, la RAQ.
M. LESAGE: Ah, la RAQ c'est un entrepôt.
M. BELLEMARE: Ah non, ah non, ce sont des beaux bureaux.
M. LESAGE: Bien il y a des bureaux, et les entrepôts de la
Régie des alcools...
M. BELLEMARE: Le premier ministre n'est pas allé voir
ça?
M. LESAGE: Bien non, je passe devant quand je vais à
l'aéroport, mais on ne voit rien, c'est tout couvert. Comment
appelez-vous cette toile qu'on met l'hiver là.
M. BELLEMARE: Du polythène. M. LESAGE: Du polythène.
M. BELLEMARE: Ah oui, mais ça ne fait rien.
M. LESAGE: On m'a dit que c'était la Régie des alcools.
J'ai vu le nom Vigneron dessus. Il paraît que c'est l'entrepreneur
général.
M. BELLEMARE: Ah! Ah! Ah! Le premier ministre ne sait pas ça,
lui. Il ne connaît pas M. Vigneron?
M. LESAGE: Non, je sais qu'il y a un nommé Vigneron qui
était le plus bas soumissionnaire pour la construction. Il y a eu un
appel d'offres et c'était le plus bas soumissionnaire, c'est tout ce que
je sais. Il s'appelle François, tenez.
M. BELLEMARE: Ah bien c'est un vieux souvenir que le premier ministre a
découvert. Il a trouvé ça, le premier ministre?
M. LESAGE: Bien non! C'est que je me souviens, c'est ma mémoire
visuelle, sur la plaque il y a là, François...
M. BELLEMARE: Mémoire visuelle! C'est un autre Marchand!
M. LESAGE: Maintenant, nous entendons construire, éventuellement,
un nouvel édifice pour la Sûreté provinciale, près
de la prison des femmes.
M. BELLEMARE: Eh monsieur!
M. LESAGE: Alors ces plans sont faits conjointement par la Commission
d'aménagement, le ministère des Travaux publics. C'est un plan
d'ensemble auquel nous procédons graduellement, suivant les moyens
physiques et financiers. Mais il est certain que le premier des édifices
qui sera prêt cela ne veut pas dire
que ce sera le premier commencé, mais qui sera prêt
probablement le premier qui sera commencé, sera celui de 800,000 pieds
de plancher sur le boulevard de l'Entente. Il sera suivi immédiatement
par la construction de l'édifice du ministère de l'Education sur
la rue St-Cyrille ou, entre-temps, l'édifice de l'Education sera
commencé pendant qu'on terminera l'autre. Alors il y a une
planification. Nous voulons que la cité palementaire soit belle. Nous
voulons nous assurer par la compétence des membres du comité
directeur que l'architecture, la silhouette, la beauté
extérieure, l'utilité intérieure, des édifices de
la colline parlementaire soit vraiment digne de la capitale du Québec.
Nous ne prenons pas de risque. C'est la raison, d'ailleurs, pour laquelle
l'année dernière nous avons passé le bill 47. C'est pour
cela que nous avons pris tant de précaution par ce comité
directeur qui fait rapport à la Commission d'aménagment de
Québec pour voir à ce que la construction dans ces quatre
édifices telle qu'elle soit ne dépare pas la cité
parlementaire et n'on bloque pas la vue complètement par les espaces
entre les tours élevées.
Alors, M. le Président, il y a peu de monde à la
Commission d'aménagement. Très peu de monde. Mais on a recours
aux meilleures compétences pour assurer que dans l'avenir Québec
dans sa Cité parlementaire, par ses édifices gouvernementaux, par
ses voies de dégagement, sera vraiment une ville de beauté
à laquelle on aura, par ailleurs, conservé son cachet par la
collaboration qui existe entre la cité de Québec, la Commission
d'aménagement, le ministère des Affaires culturelles ainsi que de
la Commission des sites et monuments historiques. Il faut la collaboration de
tous, de tous les corps intermédiaires de ces corps publics pour assurer
d'abord la conservation du vieux Québec et je ne crois pas que personne
ait critiqué le ministère des Affaires culturelles pour la
décision que le gouvernement a prise au sujet de la Place Royale, la
conservation du vieux Québec et pour que le Québec moderne, en
autant que le gouvernement est concerné et en autant que le gouvernement
peut aider à la cité de Québec et même aux villes
qui l'entourent immédiatement, eh bien, que le gouvernement fasse ce
qu'il faut pour aider principalement la ville de Québec qui, à
cause de la structure de son assiette foncière a plus besoin que
d'autres, et c'est d'ailleurs, M. le Président, une des raisons pour
lesquelles l'on voit dans les crédits du ministère des Finances,
et j'en parle plus tôt que je ne devrais mais je ne fais qu'y faire
allusion,,
Nous prévoyons un montant pour le paiement à la ville de
Québec et à d'autres villes pour valoir comme paiements de taxes
foncières aux municipalités où sont situés des
édifices gouvernementaux. Nous avons donc décidé d'aider
réellement la ville de Québec, nous le faisons. Et, pour notre
part, nous y allons avec prudence, nous y allons avec sûreté, avec
assurance. Nous ne voulons prendre aucun risque pour que Québec soit une
ville dont les résidents soient fiers, où les
députés se sentent chez eux et fiers de se sentir chez eux,
même s'ils viennent du Cap.
M. BELLEMARE: La dernière partie du discours est peut-être
la plus belle de celle du premier ministre, mais je voudrais bien voir cela
pendant que je siégerai dans cette Chambre, s'il me reste encore dix
à douze ans à siéger je voudrais bien voir ces
réalisations avant que ce soit un autre député.
M. LESAGE: Ah, vous avez l'air jeune encore, mais il vous faudrait vous
faire réélire dans votre comté, ce n'est pas
l'âge.
M. BELLEMARE: Pardon.
M. LESAGE: C'est la popularité.
M. BELLEMARE: Cette année surtout, c'est une affaire bien
importante. Je vous dit que ce n'est pas fini, je cherche un candidat et j'ai
de la misère. Le premier ministre a donné une belle dissertation
sur ce qu'il prévoit et surtout ce qu'il souhaiterait voir se
réaliser pour la Cité parlementaire dans Québec, d'ici
cinquante ans. Je suis porté à lui dire qu'il est peut-être
bien beau rêveur et qu'il a surtout énormément d'esprit
imaginatif. Le premier ministre n'a pas le temps de lire certains documents
parce que c'est sûr et certain qu'il n'a pas lu tous ces documents qui
ont paru à la suite des études qui ont été faites
surtout par l'urbaniste, M. Jean-Claude Lahaie, qui a défini dans
chacune des zones, particulièrement la zone C-4 et R-4, la hauteur des
édifices et comment est-ce que ça devrait subir les reculs, les
descriptions de contrôle et toutes les largeurs des immeubles,
l'orientation des immeubles, les stationnements, les plans d'ensemble, les
superficies construites etc, etc, pour chacun des édifices dont vient de
parler le premier ministre. Le travail est fait. Je me demande si tout cela est
prêt. A quoi servent les $318,000 cette année?
M. LESAGE: Mais non, c'est le comité directeur formé des
sept personnes que j'ai mentionnées cet après-midi, que j'ai
nommées à nouveau ce soir.
M. BELLEMARE: Je dis que le comité vieillit
énormément, et ne produit pas grand-chose.
M. LESAGE: Il vieillit moins que vous.
M. BELLEMARE: Tout ce que réalise actuellement à la Place
Royale, les Affaires culturelles, est-ce que la commission d'aménagement
de la cité de Québec s'en est occupée?
M. LESAGE: Quoi?
M. BELLEMARE: Tout ce que réalise actuellement le
ministère des Affaires culturelles à la Place Royale, est-ce que
la Commission d'aménagement de la cité de Québec s'en est
occupée?
M. LESAGE: Par le premier ministre certainement.
M. BELLEMARE: Oui, mais non pas par la commission d'embellissement?
M. LESAGE: Oui, oui, la commission d'embellissement s'en est
occupée.
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LESAGE: J'ai eu les conseils des commissions.
M. BELLEMARE: Ah oui les conseils écrits puis des conseils
téléphoniques.
M. LESAGE: Oui, oui, j'ai eu la recommandation de la commission
d'aménagement.
M. BELLEMARE: Mais, le ministre des Affaires municipales c'est
dans l'argument du premier ministre que je retrouve la réponse
à donné une preuve évidente que lorsque l'on veut
réaliser quelque chose rapidement et sans que ça soit trop
dispendieux, on en trouve la formule.
M. LESAGE: Cela va prendre quatre ans.
M. BELLEMARE: Oui, mais ça prend sept ans, puis on a rien
actuellement.
M. LESAGE: Cela n'a pas pris sept ans.
M. BELLEMARE: Ah, c'est terrible depuis 1961 puis on est rendu en 1967,
l'année prochaine. C'est fantastique.
M. LESAGE: Attendez, vous allez être battus en 1967, ne vous
pressez pas.
M. BELLEMARE: Non, non, je parierais avec le premier ministre cette
année. En dehors de la Chambre par exemple, mais je vais parier avec
vous. J'ai ma majorité absolue.
M. LESAGE: C'est dans votre poche?
M. BELLEMARE: Non, il y a longtemps que je n'ai pas cru aux miracles,
mais j'y crois depuis que je suis élu.
M. LESAGE: Il y a une loi qui limite les dépenses
électorales.
M. BELLEMARE: C'est vrai, très bien. Et sur ça, on
reviendra au chapitre de la Loi électorale tout à l'heure.
M. LESAGE: Il y a un comité qui siège, on n'a pas le droit
d'y toucher.
M. BELLEMARE: Ah, il y a un comité qui siège sur la Loi
électorale?
M. LESAGE: Il y a une loi, oui. Il y a toute la Loi électorale
avec ses modifications.
M. BELLEMARE: Sub judice.
M. LESAGE: ...et devant un comité spécial de la
Législature.
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LESAGE: Oui, oui, certainement. Il y a un bill modifiant la Loi
électorale...
M. BELLEMARE: On avait dit que les règlements de la Chambre
auraient priorité...
M. LESAGE: Non, non, je regrette.
M. BELLEMARE: Oui, M. le Président.
M. LAPORTE: Bien oui, mais c'est la Chambre elle-même qui a
référé ça à un comité.
M. BELLEMARE: Cela n'a jamais été
référé encore.
M. LESAGE: Bien oui, ça l'a été, bien sur. UNE
VOIX: Les amendements.
M. LESAGE: Oui, mais le comité est libre de faire tous les
amendements, adopter la loi.
M. BELLEMARE: Bien voyons donc!
M. LESAGE: Toute la loi est devant le comité.
M. BELLEMARE: Le premier ministre ne voudrait tout de même pas
qu'on ne parle pas de la loi électorale tout à l'heure dans ses
crédits.
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition ne se souvient pas de l'entente que
nous avons eue tous les deux, qu'il pouvait faire les propositions qu'il
voulait, c'est l'entente que nous avons eue.
M. JOHNSON: ... depuis une semaine...
M. BELLEMARE: M. Boulanger a-t-il encore $14,000 par année?
M. LESAGE: Qui?
M. BELLEMARE: M. Boulanger a-t-il encore $14,000 par année?
M. LESAGE: Oui, un salaire convenable.
M. BELLEMARE: M. Gabriel Desmeules, $12,000?
M. LESAGE: Oui, c'est le vice-président de la commission, c'est
un architecte.
M. BELLEMARE: M. Wilfrid Hamel, il est remplacé par M.
Lamontagne?
M. LESAGE: Oui, il est remplacé par M. Lamontagne.
M. BELLEMARE: M. Alexandre Labrecque...
M. LESAGE: Il est président de la Chambre de commerce.
M. BELLEMARE: Il est remplacé?
M. LESAGE: Il n'est pas remplacé, c'est le président de la
Chambre de commerce.
M. BELLEMARE: Le notaire Carter, le maire de Ste-Foy?
M. LESAGE: Oui, il n'est pas notaire.
M. BELLEMARE: M. Edouard Fiset, architecte-urbaniste, son $22,000 qui
apparaît aux comptes publics de 1964/65...
M. LESAGE: Il n'a pas été payé.
M. BELLEMARE: Il n'a pas été payé, le $24,000,
c'est sûr, ça figure ici au, le $22,000 à la page 216,
voyons donc.
M. LESAGE: C'est l'année dernière, ça.
M. BELLEMARE: Voyons donc.
M. LESAGE: C'était pour l'édifice de l'Education,
ça.
M. BELLEMARE: Oh, M. Fiset il a déjà reçu
$21,000...
M. LESAGE: Non, c'est autre chose.
M. BELLEMARE: C'est $21,416.92, page 205.
M. LESAGE: C'était pour la Cité parlementaire.
C'étaient les études pour C-4.
M. BELLEMARE: M. Guy Desrivières... M. LESAGE: C'est le
secrétaire, ça.
M. BELLEMARE: C'est le secrétaire, ça. C'est M. Couture
qui est le secrétaire le conseiller juridique.
M. LESAGE: Conseiller juridique, oui.
M. BELLEMARE: Lui, il a combien? $1,200 par année?
M. LESAGE : Il a $500 par mois.
M. BELLEMARE: Cela fait $6,000 par année.
M. LESAGE: Oui $6,000 par année.
M. BELLEMARE: M. Desrivières, $6,000. Bon. M. Fiset, c'est bien
ça, bon, M. Florent Legendre agit comme...
M. LESAGE: Bien, c'est le secrétaire adjoint, puis il est
secrétaire...
M. BELLEMARE: Combien retire-t-il, M. Legendre?
M. LESAGE: Je ne sais pas. Il est secrétaire du comité
directeur. Il a $9,400.
M. BELLEMARE: M. Legendre,$9,400.
M. LESAGE: C'est lui qui s'occupe de l'achat des
propriétés.
M. BELLEMARE: Ah bon. $9,400. M. LESAGE: C'est un...
M. BELLEMARE: M. Desrivières est à plein temps?
M. LESAGE: C'était un agent d'immeubles...
M. BELLEMARE: Non, mais M. Desrivières est là à
plein temps?
M. LESAGE: Bien non, non.
M. BELLEMARE: Rien qu'un après-midi par semaine?
M. LESAGE: Je ne le sais pas. C'est le procureur.
M. JOHNSON: Non, un par mois.
M. LESAGE: Non, mais simplement que...
M. BELLEMARE: Est-il à $30 l'heure, lui aussi?
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il est à $30 l'heure?
M. LESAGE: Non, il est $500 par mois, à forfait.
M. BELLEMARE: A combien de séances M. Desrivières a-t-il
assisté à peu près?
M. LESAGE: Bien, il assiste à toutes les séances.
M. BELLEMARE: Il y en a combien par année? Douze?
M. LESAGE: Je ne sais pas, je n'y vais pas, je ne suis pas
invité.
M. BELLEMARE: Le président est en arrière, il pourrait
vous le dire.
M. LESAGE: Je ne suis pas invité.
M. BELLEMARE: Non, mais le président pourrait vous dire
ça.
M. LESAGE: Quinze à dix-huit.
M. BELLEMARE: Quinze à dix-huit. Alors quinze à dix
huit.
M. LESAGE: Oui, mais c'est à part des avis légaux qu'il
doit donner.
M. BELLEMARE: Quinze séances, ça fait $400 par
séance.
M. LESAGE: Non, mais il doit donner des avis légaux, voyons donc,
il fait du travail légal.
M. BELLEMARE: M. le Président, pour moi ce sera la
dernière intervention, ce sera celle-ci, dans le rapport que nous
soumet, tous les ans, le rapport annuel de la Commission de
l'aménagement. Est-ce qu'il y aurait possibilité qu'il soit plus
détaillé, par exemple qu'il y ait un rapport plus complet des
ententes avec la société centrale d'hypothèques, s'il y en
a parce qu'en vertu du rapport, ici, M. le Président...
M. LESAGE: On aura ça l'an prochain.
M. BELLEMARE: ... et tout autre organisme qui en dépend comme par
exemple, la société, en vertu de l'article 113 L de la nouvelle
loi...
M. LESAGE: Nous aurons ça pour l'an prochain, là pour C4,
n'est-ce pas, dont la construction va commencer.
M. BELLEMARE: Alors, les ententes avec la Société centrale
d'hypothèques...
M. LESAGE: S'il y en a.
M. BELLEMARE: Deuxième chose,...
M. LESAGE: Il n'y en a pas eu de signées encore.
M. BELLEMARE: ... est-ce que dans ce rapport pourraient apparaître
aussi les expropriations qui ont été faites...
M. LESAGE: Mais j'ai la liste.
M. BELLEMARE: Oui, eh bien si le premier ministre...
M. LESAGE: Je peux bien vous la donner.
M. BELLEMARE: Non, non, il y en a une liste qui paraît...
M. LESAGE: J'ai une liste ici, je vais la donner à...
M. BELLEMARE: Il y en avait une liste aus-
si dans la page 220, dans les comptes publics pour 1964 et 1965.
M. LESAGE: Oui, mais là j'ai l'année 1962/63....
M. BELLEMARE: Dans les nouvelles listes, mais pourquoi ça ne
figurerait pas l'année prochaine...
M. LESAGE: Comment?
M. BELLEMARE: Pourquoi ça ne figurerait pas l'année
prochaine dans le rapport de la commission...
M. LESAGE: Tiens, je vais vous le donner, je vous le donne. Tiens je
vais vous l'envoyer.
M. BELLEMARE: Je vais vous le retourner. On va le faire faire de
suite.
M. LESAGE: Oh non, c'est correct, j'en ai d'autres copies.
M. BELLEMARE: Ah bon, je vais en faire faire pour mes
collègues.
M. LESAGE: C'est le nom des gens dont les propriétés ont
été achetées, avec le montant payé.
M. BELLEMARE: Pour finir, pour finir mon rapport, d'abord les ententes
avec la Société centrale d'hypothèques...
M. LESAGE: Oui, oui, il n'y en a pas de signées.
M. BELLEMARE: Les expropriations. M. LESAGE: Bien, vous les avez.
M. BELLEMARE: Très bien, mais l'année prochaine dans le
rapport.
Troisièmement, les graphiques...
M. LESAGE: Les graphiques?
M. BELLEMARE:... concernant les nouveaux immeubles...
M. LESAGE: On fera une exposition ici, à l'Assemblée
législative et quand je présenterai mes estimations
budgétaires, vous aurez làtout ça, comme ça!
M. BELLEMARE: Des graphiques à peu près pour la
hauteur...
M. LESAGE: Pendant que le député parlera, tout le monde
pourra examiner, les silhouettes des édifices...
M. BELLEMARE: Non, non, il y en a qui sont intéressés
à ce que je dis des fois.
M. LESAGE: ... les paysages.
M. BELLEMARE: M. le Président, est-ce qu'il y a,
présentement, des causes en appel dans des expropriés?
M. LESAGE: Je ne le sais pas, moi. UNE VOIX: C'est devant la
Régie.
M. BELLEMARE: C'est la meilleure manière de na pas donner de
réponse.
M. LESAGE: Le seul cas où il n'y a pas eu d'entente à
l'amiable pour l'acquisition des propriétés, c'est dans le cas de
l'édifice de la Banque d'Economie, au coin de Ste-Julie et
St-Augustin.
M. BELLEMARE: En bas là?
M. LESAGE: Oui, et puis c'est devant la Régie ça.
M. BELLEMARE: La Régie des services publics.
M. LESAGE: Le jugement est sorti cet après-midi.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il y a d'autres expropriés?
M. LESAGE: Non, c'est le seul cas où... M. BELLEMARE: C'est le
seul qui a été...
M. LESAGE: ... nous n'avons pas pu nous entendre à l'amiable.
M. BELLEMARE: Est-ce que le premier ministre pourrait me dire s'il y a
eu une entente avec les Soeurs Dominicaines, à la Place des Arts?
M. LESAGE: Non, les Franciscaines. Bien sûr! mais ça fait
trois ans, quatre ans.
M. BELLEMARE: Oui, mais il n'y a pas eu de proposition pour un achat de
terrains supplémentaires?
M. LESAGE: Non, mon chef de cabinet en a causé avec les
religieuses, et elles ont besoin de ce qui leur reste de terrain. D'ailleurs,
nous n'en avons pas besoin, nous en avons assez.
M. BELLEMARE: D'accord!
M. BOUDREAU: M. le Président, on comprendre qu'un
député de la ville de Québec ne veuille pas se
désintéresser de ce que vient de dire le premier ministre,
concernant l'aménagement de la ville de Québec. J'ai
écouté avec beaucoup d'intérêt ce que le premier
ministre nous a dit au sujet de la Cité parlementaire et j'ai
constaté, comme tous ceux qui l'ont entendu ont pu le faire aussi, j'ai
constaté que ces projets étaient des projets de longue haleine,
des projets qui ne sont pas prêts de se réaliser. Il a même
ajouté que le projet qui aurait la préférence serait celui
du boulevard de l'Entente. C'est donc dire qu'autour du parlement, ici, on
attendra encore quelques années avant de voir entreprendre les travaux
qui devront constituer la cité parlementaire.
Est-ce que ça presse énormément? Je me rappelle que
l'année dernière, lepremier ministre avait été plus
catégorique, alors qu'il a dit: « Si la ville de Québec
n'est pas prête à procéder avec l'aire no 3, nous allons y
aller quand même, nous, à la Cité parlementaire, sans nous
occuper de la ville de Québec ». Je me rappelle que le premier
ministre avait dit ça. Il semble s'être adouci cette
année...
M. JOHNSON: Il est cassé!
M. BOUDREAU: ... et probablement mieux disposé envers
l'administration actuelle de la ville. Quoi qu'il en soit, comme le
député de Champlain l'a dit, c'est une disgrâce de voir
autour du parlement, ces maisons abandonnées, à moitié
démolies, ces trous béants, qui sont tout autour du parlement et
qu'on voit tous les jours et que les étrangers peuvent voir en n'importe
quel temps. Nous avions espéré au moins que, cette année,
nous verrions disparaître tout ça, nous aurions
espéré que, cette année, nous aurions vu mettre en branle
la construction des édifices ici, autour du parlement, ce qui aurait
donné un cachet, ce qui aurait au moins masqué toutes ces
démolitions qui ne sont pas prêtes à se faire, selon ce que
vient de dire le premier ministre.
L'aire no 3 est là, les maisons sont abandonnées depuis
très longtemps, et on se demande encore ce que la ville fait pour ne pas
nettoyer tout ce terrain-là. Bien plus que ça, la ville vient
d'exproprier l'hôtel Montcalm; voisin de l'hôtel
Montcalm, il y a un trou béant qu'on a creusé
l'année dernière avec l'idée de construire un
édifice là-dessus.
Le permis a été refusé apparemment et le trou est
resté là en plein centre de la ville, au coeur de la ville. Ce
trou béant, vaseux, qui fait jurer tous ceux qui passent dans ce
coin-là. On sait ce que c'est quand on doit voyager tous les jours dans
cette partie-là. On sait tout ce que ça amène comme
malpropretés et comme risques de briser nos automobiles et
d'éclabousser les piétons qui montent la côte le long de ce
trou-là.
Si, l'année dernière, avant de creuser ce trou, la ville
avait obtenu le permis, au moins, ou si on lui avait défendu de
construire à cet endroit-là, on n'assisterait pas à ce qui
se passe aujourd'hui. Un an après, on apprend que la ville refuse le
permis de construire aux propriétaires de l'hôtel Montcalm parce
qu'il n'y a pas de place, pas assez d'endroits pour le stationnement. Ce
n'était pas suffisant. Eh bien, je trouve que c'est l'année
dernière qu'on aurait dû s'apercevoir de ça, qu'on aurait
dû prévoir ça et que défense aurait
été faite aux propriétaires de l'hôtel Montcalm de
commencer la construction et de creuser en vue de la construction.
M. LESAGE: Ce n'est certainement pas le gouvernement qui a permis de
creuser le trou.
M. BOUDREAU: Non, c'est bon. Mais le gouvernement, la ville de
Québec vient de dire aujourd'hui que la Commission d'aménagement
avait été autorisée d'acheter cette partie-là.
M. LESAGE: Je n'en ai jamais eu connaissance...
M. BOUDREAU: Ce sont les journaux qui rapportent ça.
M. LESAGE: Bien oui, mais ce n'est pas ça que la Commission
d'aménagement était autorisée à acheter, je viens
de le dire, c'est le vieil hôtel Montcalm. S'il y a une route,
c'est-à-dire si la voie d'accès dont j'ai parlé vers la
basse-ville ne passait pas au-dessus du trou béant qui existe, elle
passerait évidemment au-dessus de l'hôtel Montcalm actuel,
à l'emplacement de l'hôtel Montcalm actuel.
M. BOUDREAU: Oui, mais là, les journaux nous rapportent
aujourd'hui que ce trou-là...
M. LESAGE: Bien, les journaux, je ne le sais pas.
M. BOUDREAU: ... fait partie de l'ensemble de l'hôtel
Montcalm.
M. LESAGE: Je ne les ai pas lus, les journaux. Moi, je sais ce que je
veux; les journaux je ne sais pas ce qu'ils disent.
M. BOUDREAU: D'accord, tant mieux.
M. BELLEMARE: C'est effrayant, une insulte à la galerie de la
presse.
M. LESAGE: Je n'insulte pas les journaux. Je dis que je ne les ai pas
lus. Mais moi, je sais ce que je veux.
M. BELLEMARE: Si M. Duplessis avait dit ça.
M. LESAGE: Quoi donc? Je n'ai pas dit que les journaux ne savaient pas
ce qu'ils voulaient, j'ai dit: Je ne les ai pas lus.
M. BELLEMARE: Vous lisez ce que vous voulez.
M. BOUDREAU: M.lePrésident,onadit tout à l'heure aussi que
la Commission d'aménagement, de concert avec le ministère des
Affaires culturelles, avait préparé le terrain pour acheter, ou
développer, ou embellir toute la Place Royale d'abord, et les rues
principales à l'intérieur des murs. Evidemment, on n'est pas
contre ça, au contraire...
M. LESAGE: C'est la Commission des monuments historiques...
M. BOUDREAU: ... je suis en faveur d'une chose comme celle-là
mais je me demande si là, il n'y a pas conflit da juridiction...
M. LESAGE: Non, ça va très bien.
M. BOUDREAU: ... entre lesdeux. Bon, alors tant mieux. J'espère
que ces travaux-là vont débuter et que...
M. LESAGE: C'est la responsabilité des Affaires culturelles.
M. BOUDREAU: Alors tant mieux. La Commission d'aménagement n'a
pas d'affaire à ça du tout!
M. LESAGE: Non, nous avons planifié. Le ministre des Affaires
municipales avec la Commission des monuments historiques et puis moi, de mon
côté, avec la Commission d'aménagement nous en sommes
arrivés à une entente.
M. BOUDREAU: Tant mieux. Espérons que ce projet-là va se
réaliser bientôt.
M. LESAGE: Dans quatre ans. Cela va prendre quatre ans.
M. BOUDREAU: Tant mieux.
M. LESAGE: Nous avons déjà commencé à
acquérir...
M. BOUDREAU: Le premier ministre tout à l'heure dans son discours
a parlé aussi du boulevard Champlain qui s'étend maintenant du
Cap Blanc jusqu'au pont de Québec. Il y a aussi le boulevard
Montmorency...
M. LESAGE: C'est de celui-là que j'ai parlé.
M. BOUDREAU: Oui, qui a été mis en branle, mais il reste
encore des parties. Est-ce que le gouvernement...
M. LESAGE: J'ai dit que le plan de la Voirie et de la Commission
d'aménagement était d'avoir la continuation du boulevard
Champlain à travers la basse-ville à Québec, pour passer
probablement au-dessus des cours de 1'Anglo-Canadian Pulp and Paper et ensuite
rejoindre la berge, pas le boulevard Montmorency actuel, pour construire dans
l'eau, sur la batture.
M. BOUDREAU: Pour aller jusqu'au pont de l'île. Alors, ça
c'est un excellent projet.
M. LESAGE: A six voies.
M. BOUDREAU: Mais est-ce que ça sera mis en branle
bientôt?
M. LESAGE: Ah oui! ça sera mis en branle aussitôt que nous
aurons de l'argent. Le député de St-Jacques n'y est pas, mais il
prétend que je dépense trop, que j'emprunte trop. Alors, tout
ça évidemment... et je dois tenir compte des capacités
financières.
M. BOUDREAU: La question a été soulevée à
diverses séances des conseils de ville des municipalités de la
côté de Beaupré. Vous savez ça?
M. LESAGE: Certainement. Je suis d'accord. D'ailleurs, le
député de St-Sauveur est assez bien servi au point de vue de la
voirie dans son comté.
M. BOUDREAU: Je ne parle pas de mon comté.
M. LESAGE: Le boulevard Charest, avec ses quatre voies
séparées au centre, ses voies de services. C'est dans le
comté de St-Sau-veur...
M. BOUDREAU: Je ne parle pas de mon comté, je parle en
Québécois.
M. LESAGE: ... qui est très bien servi au point de vue de la
voirie. Le boulevard Hamel qui va rejoindre la route No 2.
M. BOUDREAU: Je parle en Québécois, parce que je suis un
Québécois, moi aussi.
M. LESAGE: Même que j'ai trouvé que le ministre de la
Voirie avait un faible pour le député de St-Sauveur aux
dépens du député de Québec-Ouest.
M. BOUDREAU: Il reste encore beaucoup de choses à faire, et si
jamais le ministre de la Voirie ou le premier ministre veulent le savoir, je
suis prêt à donner une liste de tout ce qui reste à
faire.
M. LESAGE: Franchement, si le député de St-Sauveur pouvait
m'aider à avoir un peu plus pour Québec-Ouest, parce qu'il m'a
l'air à avoir pas mal d'influence sur le ministre de la Voirie, le
député de St-Sauveur.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il est aidé d'un côté par
St-Georges?
M. BERTRAND: Comme à « côté »
là?
M. JOHNSON: Le premier ministre renie-t- il son candidat?
M. LESAGE: Ah! St-Georges Côté? Je ne sais pas. Je ne l'ai
pas vu depuis un bout de temps. La dernière fois que je l'ai
rencontré, c'est à un studio de télévision, il
était bien de bonne humeur.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il revient comme candidat?
M. LESAGE: Je l'ignore, je ne lui en ai pas causé.
M. BOUDREAU: On parle beaucoup aussi des voies de communication du
Québec métropolitain avec la ville de Québec. Le premier
minis- tre nous a signalé qu'il y avait des voies en construction, qu'il
y en aura d'autres évidemment. Je voudrais savoir si le plan fait par
Gréber autrefois et qui prévoyait la disparition des traverses
à niveau dans la ville de Québec, je voudrais savoir si on va
tenir compte de ce plan-là.
M. LESAGE: C'est le maire de Québec qui s'en est occupé
avec les compagnies de chemin de fer. Il est allé à
Montréal dernièrement. J'ai vu ça dans les journaux.
M. BOUDREAU: Il n'est pas le premier à s'en être
occupé.
M. LESAGE: Je n'ai pas dit que le maire de Québec était le
premier à s'en être occupé. J'ai dit que j'ai vu
récemment sur les journaux que le maire de Québec était
allé rencontrer M. Gordon à ce sujet-là, ou M. Crump, je
ne sais trop. Mais M. Gordon, je suis sûr. J'ai vu la photographie du
maire de Québec avec M. Gordon dans ses bureaux à
Montréal.
M. BOUDREAU: Le plan Gréber prévoyait la construction
d'une gare centrale autour des terrains de l'exposition, afin d'éviter
que les trains entrent dans la ville.
M. LESAGE: Il faut tout de même que les wagons de fret se rendent
au port.
M. BOUDREAU: Oui, mais peut-être en faisant un tour par
Limoilou.
M. LESAGE: Ou par le milieu du fleuve.
M. JOHNSON: Non, qu'ils montent sur la côte et on les laissera
descendre jusqu'au port.
M. BELLEMARE: Aie! vous autres, çac'est mon secteur.
M. LESAGE: Il ne faudrait pas rendre le député de
Champlain jaloux et se mettre à parler de chemins de fer.
M. BELLEMARE: C'est à moi ça.
M. BOUDREAU: Enfin, je voudrais qu'on insiste davantage pour que
disparaissent de la ville de Québec toutes les traverses à
niveau.
Et, s'il est nécessaire d'appuyer le conseil de ville, de mettre
la force du gouvernement...
M. LESAGE: Je vais en parler à M. Gordon et à M.
Crump.
M. BOUDREAU: ... le service de l'hôtel de ville, bien qu'on le
fasse.
M. JOHNSON: Non, non, non. Non, non, ce n'est pas l'affaire de M. Gordon
ou Crump.
M. LESAGE: C'est le CNR et le CPR.
M. JOHNSON: Non, non, il y a une commission à Ottawa.
M. BERTRAND: A Ottawa la commission des chemins de fer.
M. LESAGE: Oui, oui, je comprends mais, simplement, les chemins de fer
ne peuvent pas opérer.
M. BELLEMARE: Ils ne règlent jamais ça, eux.
M. BOUDREAU: M. le Président, c'est en quelques mots,
évidemment ce que je prévoyais de plus important pour la ville de
Québec. Il y avait autre chose, mais c'est ce qui presse le plus,
l'aménagement de la Cité parlementaire et des abords de la
Cité parlementaire, l'aménagement de l'aire No 3. Le premier
ministre avait promis son concours l'année dernière...
M. LESAGE: Je l'ai donné, ça commence.
M. BOUDREAU: Cela commence, ça commence, ce n'est pas
commencé encore.
M. LESAGE: Oui, mais ça va commencer là. Au printemps.
M. BOUDREAU: Ah oui, on a dit ça l'année dernière
aussi; ce n'est pas commencé.
M. LESAGE: Non, pas au printemps. M. JOHNSON: C'était tout
réglé ça.
M. LESAGE: Le maire vient de déclarer que les travaux
commenceraient incessamment. Il a rencontré, hier, les promoteurs comme
on les appelle là, les gens de la compagnie, je suis allé luncher
au club de la Garnison hier puis je les ai vus, je leur ai donné la main
en passant, je leur ai demandé comment ça allait, ils m'ont dit
que ça allait très bien, que toute leur affaire marchait et
qu'ils s'attendaient de commencer incessamment. C'est tout ce que j'en sais, je
les ai rencontrés par pure coïncidence.
M. BOUDREAU: D'accord. Mais il reste que la ville elle-même n'a
pas les moyens de se mettre en branle, de mettre de l'argent, d'investir de
l'argent, c'est ça. Il y a aussi des choses qui pressent et pour
lesquelles nous demandons le concours du gouvernement, c'est pour
l'aménagement des terrains de jeux de la ville de Québec et de la
banlieue. J'espère qu'il sera possible à la commission
d'aménagement de faire quelque chose dans ce sens-là. M. le
Président, ce sont les remarques que je voulais faire à
l'occasion des crédits de la commission d'aménagement,
j'espère que l'année prochaine nous n'aurons pas à revenir
encore avec ces questions-là.
M. JOHNSON: M. le Président, très brièvement, je
voudrais dire au premier ministre que nous voulons, nous de l'Opposition,
stimuler le gouvernement à l'action.
M. LESAGE: D'accord.
M. JOHNSON: Nous ne sommes pas du tout dans le cas de la ville de
Québec, nous ne sommes pas du tout jaloux que le gouvernement consacre
de l'argent à l'aménagement de la ville de Québec et qu'il
fasse de la capitale provinciale un joyau, car la capitale provinciale
ça n'appartient pas uniquement à nos amis qui habitent
Québec, mais ça appartient autant aux gens de St-Pie, aux gens
d'Acton Vale qu'aux gens de Limoilou.
M. LESAGE: D'accord.
M. JOHNSON: Notre capitale provinciale, nous aimerions en être
fiers, nous aimerions pouvoir la faire visiter par nos amis qui viennent d'un
peu partout ou du Canada ou encore des pays étrangers. Actuellement, je
dois dire que Québec présente un charme pour le touriste, pour
nos visiteurs des pays étrangers, c'est avec extrêmement de
fierté que nous leur faisons visiter certains coins, mais nous devons
à regret éviter d'aller dans d'autres coins de la ville, qui y
gagneraient à être aménagés.
Nous avons dans la ville de Québec des trésors qui ne
demandent qu'à être conservés. Quand on songe qu'aux
Etats-Unis par exemple, la fondation Rockfeller a dépensé $50
millions pour reconstituer la ville ou l'Indépendance avait
été discutée et tandis qu'ici à Québec, on a
à l'état vrai, les vrais monuments, les vraies maisons, le vrai
quartier, des vraies institutions du début de la colonie. Il s'agit tout
simplement de légiférer d'abord pour que ces quartiers ne soient
pas dépréciés par un mercantilisme de mauvais aloi;
deuxièmement, il
s'agit, je pense, d'aider la ville de Québec à s'acquitter
d'une obligation qui n'est pas, dont le coût ne doit pas être
porté exclusivement par les contribuables de la ville de Québec,
mais dont le coût doit être réparti sur tous les citoyens de
la province de Québec.
M. le Président, pour revenir à cette question des
passages à niveau qu'a soulevée avec bien de l'à-propos le
député de St-Sauveur, je voudrais rappeler au premier minstre
qu'il y a une commission à Ottawa qui est chargée
précisément de régler ces problèmes et que
généralement cette commission édicté des
ordonnances qui distribuent le coût des passages à niveau,
c'est-à-dire des viaducs ou des tunnels entre l'autorité
fédérale un fonds fédéral est voté
à cette fin le chemin de fer intéressé et la
province.
Il arrive que les villes soient aussi appelées à
contribuer. C'est arrivé à Montréal à plusieurs
reprises. Mais je crois que la ville de Québec, dans les circonstances
actuelles son dernier bilan le démontre, son dernier budget nous
en a convaincus n'a pas les moyens de consacrer des sommes qui
normalement seraient déboursées par la ville en collaboration
avec les chemins de fer et le gouvernement fédéral.
M. le Président, je crois que c'est un cas où la province
devrait assumer cette responsabilité à cause de la situation
financière particulièrement difficile de la ville de
Québec.
M. LESAGE: Je pensais que vous aviez dit que nous étions en
faillite.
M. JOHNSON: M. le Président, il s'agit d'établir des
priorités.
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Donnez moins d'honoraires aux avocats et un peu plus de
subventions.
M. LESAGE: Bien voyons donc! Cela, M. le Président, c'est de la
démagogie!
M. JOHNSON: Non!
M. LESAGE : Parce qu'on sait fort bien que les quelques honoraires qui
sont payés aux avocats, c'est la moitié d'une goutte d'eau dans
un immense bassin, comparé à ce que coûtent les
aménagements routiers, les aménagements de la ville de
Québec.
M. JOHNSON: M. le Président, la ville de Québec, le
premier ministre le sait, a un problème, c'est celui...
M. LESAGE: Bien, nous allons lui verser des paiements au lieu des taxes
cette année...
M. JOHNSON: ... de la présence sur son territoire...
M. LESAGE: ... ce que l'Union nationale n'a jamais fait.
M. JOHNSON: Ce n'est pas exact, M. le Président.
M. LESAGE: Or, les $250,000 par année, nous les continuons; nous
nous sommes engagés à continuer de les payer. Nous allons les
payer en dehors de ce montant-là.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre sait que ce
n'est pas exact. Du temps de l'Union nationale, la ville de Québec a
reçu de l'aide...
M. LESAGE: $250,000 par année que nous allons continuer de payer
et puis ce n'était pas pour tenir lieu des taxes. Je m'excuse!
M. JOHNSON: ... plus $2 millions, ou $10 millions pour...
M. LESAGE: $250,000 par année pendant dix ans.
M. JOHNSON: Ah oui, mais il y avait d'autres projets.
M. LESAGE: C'était ça, le paiement. $250,000 par
année pendant dix ans et puis nous allons continuer de payer. Ce devait
être le dernier paiement cette année et j'ai dit que nous
continuerions de payer. Et puis ce n'était pas pour tenir lieu des
taxes. C'était pour aider. C'était le remboursement d'une dette
d'assistance publique que Québec n'avait pas les moyens de rembourser au
gouvernement provincial. C'était fait sous forme de subvention.
M. JOHNSON: M. le Président, pourriez-vous rappeler le premier
ministre à l'ordre? M. le Président, rappelez-le donc à
l'ordre. Vous n'avez rien à perdre.
M. LESAGE: Ah, il n'a rien à perdre, c'est sûr!
M. JOHNSON: Vous n'avez rien à perdre, M. le
Président.
M. LESAGE: Non, parce que je vais obtempérer
immédiatement.
M. JOHNSON: Il y a quatre ans que vous attendez!
M. LESAGE: Je vais obtempérer immédiatement.
M. JOHNSON: Il est trop tard! M. le Président, la ville de
Québec a donc un problème particulier. C'est la présence
sur son territoire d'institutions hospitalières, d'institutions
éducatives et d'institutions gouvernementales qui occupent beaucoup de
terrain, qui causent évidemment des dépenses pour les services
mais qui ne rapportent pas les taxes que normalement d'autres édifices
rapporteraient à une ville comme la ville de Québec.
M. LESAGE: Nous allons payer pour la première partie.
M. JOHNSON: En 1962, entre autres, nous avons inclu à notre
programme et nous en avons parlé à plusieurs occasions, nous
avons inclu cette proposition qui a été reprise, je le vois, par
la commission Bélanger, de payer non seulement à la ville de
Québec, mais à toutes les villes qui supportent...
M. LESAGE: Partout!
M. JOHNSON: ... des services à caractère régional
et à plus forte raison quand ils sont de caractère, de
portée provinciale, des subventions égales au montant des taxes
que retirerait cette ville si ces immeubles tombaient sous le coup de la loi
normale.
M. LESAGE: A la page 74 du budget, poste 7, au ministère des
Finances, subventions en guise d'impôts fonciers municipaux,
$1,500,000.
M. JOHNSON: Oui pour toute la province. M. LESAGE: C'est prévu
pour cette année. M. JOHNSON: Pour toute la province. M. LESAGE: C'est
la première fois.
M. JOHNSON: C'est un progrès, c'est un premier pas, et
j'espère que la ville de Québec sera libéralement
servie.
M. LESAGE: Elle sera servie au prorata.
M. JOHNSON: Je le répète il n'y a pas de ville, il n'y a
pas de village, il n'y a pas de paroisse et il n'y a pas de véritable
Québécois, dans cette province, qui ne sera pas fier de voir le
gouvernement porter une attention spéciale à la ville de
Québec et à ses problèmes les plus urgents, car nous la
voulons prospère, nous la voulons belle et nous aimerions qu'on se
hâte davantage. Le député de St-Sauveur l'a
souligné, l'année dernière, ils avaient l'air
réglés tous ces problèmes-là, on avait l'air de
s'engager réellement dans des réalisations. Il nous semblait,
à ce moment-là, que l'ère de la planification, que la
période des comités, des sous-comités, des commissions et
des sous-commissions, était révolue et qu'enfin on passait
à l'action; mais il semble que le gouvernement, ou n'en a pas les
moyens, ou n'a pas encore eu le temps de s'attaquer à ce problème
d'aménagement de la Cité parlementaire. Nous sommes un peu
déçus, comme les Québécois, du peu d'action, depuis
douze mois. Et nous cherchons en vain, comme l'a bien démontré le
député de Champlain, où sont les réalisations. Nous
avons constaté, comme tout le monde, des démolitions. Le
parlement est entouré de ruines, et, comme l'a dit le
député de Champlain, c'est bien symbolique de la situation
créée par l'administration actuelle, non seulement pour
Québec, mais pour toute la province.
Seulement, encore une fois, je dis au premier ministre: l'Opposition ne
lui barrera pas la route, quand il s'agira de faire de Québec une
capitale digne de l'Etat du Québec, une capitale dont tous les citoyens
de l'Etat du Québec seront fiers, et nous espérons que le
gouvernement passera à l'action.
Evidemment, cette année, il y a des élections, et
très tôt. Le premier ministre va probablement...
M. LESAGE: Avril, hein? Vous partez demain matin?
M. JOHNSON: ... promettre une foule de bâtiments. Ce n'est pas de
ma faute si le premier ministre a changé ses plans, à cause de la
grève des fonctionnaires.
M. LESAGE: Ce n'est pas vrai, je n'ai pas changé mes plans. J'ai
toujours ri du chef de l'Opposition quand il parlé d'élections au
mois d'avril, il ressemblait à ce qu'il est: un poisson d'avril.
M. JOHNSON: Le premier ministre, à cause de la grève qui
menace tout le domaine de la fonction publique, est évidemment joliment
perdu dans ses plans.
M. LESAGE: Moi, je suis perdu? Ah non, non!
M. JOHNSON: Tout son jeu a été défait
récemment.
M. LESAGE: Non, non, j'ai entendu et j'ai vu le chef de l'Opposition
à la télévision dimanche, lui, il était perdu par
exemple. J'ai le texte ici, c'est bon à lire. Lui, il n'en avait pas de
plan. Tout ça c'était pour être dans le programme...
M. JOHNSON: C'est quoi, qu'est ce que c'était donc ça?
M. LESAGE: A la télévision dimanche soir,
conférence de presse. Je n'ai jamais vu, c'était un patinage de
fantaisie pasordinaire. Attendez, sur le ministère des Affaires
fédérales-provinciales, je vais avoir l'occasion de...
M. JOHNSON: Le premier ministre m'a écouté, m'a
regardé...
M. LESAGE: Oui, oui, non seulement ça, je vous ai
enregistré.
M. JOHNSON: ... durant toute la conférence de presse? Le premier
ministre va-t-il m'envoyer une copie de la bobine?
M. LESAGE: Certainement, avec plaisir, j'en ai plusieurs copies.
M. JOHNSON: Moi, je ne garde pas cela. M. LESAGE: Il va se relire avec
délice.
M. JOHNSON: Moi, je n'ai pas 125 fonctionnaires pour me faire
ça,
M. LESAGE: Ah non! je n'ai pas de fonctionnaire, j'ai une machine chez
moi. Je fais ça moi-même.
M. JOHNSON: Ah! le premier ministre s'amuse avec des « bebelles
», hein?
M. LESAGE: Oui, évidemment, quand j'écoute le chef de
l'Opposition, c'est le cas de le dire.
M. JOHNSON: Les petites « bebelles », les petits «
pitons », hein...
M. LESAGE: Quand j'écoute le chef de l'Opposition, c'est le cas
de le dire que je m'amuse avec des bebelles.
M. JOHNSON: ... les petites manettes, là, le premier ministre. Ah
bien! vous savez, il y en a qui jouent avec des trains
électriques...
M. LESAGE: Comment les petites manettes? Non, non, ce n'est pas
difficile, vous tournez purement et simplement un bouton, et puis ça
s'enregistre tout seul.
M. JOHNSON: Ah, ça coûte trop cher, moi, je n'ai pas pu
m'en acheter une machine comme cela.
M. LESAGE: Cela, ça ne coûte presque rien. M. JOHNSON: Ah!
ça coûte cher.
M. LESAGE: Je vais contribuer, si le chef de l'Opposition veut, je vais
l'aider.
M. JOHNSON: M. le Président, donc le premier ministre, cette
année, va de nouveau promettre une foule d'améliorations...
M. LESAGE: D'ailleurs, ça ne m'appartient pas, ça
appartient à mon fils qui en a besoin pour ses cours.
M. JOHNSON: Lequel donc? Le gardien de but? Le jeune?
M. LESAGE: Non, pas le gardien de but, l'autre, c'est le professeur.
M. JOHNSON: Le gardien de but est bien sympatlque.
M. LESAGE: Ah lui! oui.
M. JOHNSON: C'est bien sympatique. Il commence...
M. LESAGE: C'est lui qui vous appelle M. Johnson.
M. JOHNSON: ... jeune à s'entrafner à l'Opposition,
après avoir arrêté les rondelles.
M. LESAGE: C'est lui qui vous appelle M. Johnson.
UNE VOIX: Il est chargé de la bloquer, lui.
M. JOHNSON: Il est chargé de la bloquer, oui. Il en laisse passer
quelques-uns.
M. BELLEMARE: Au feuilleton!
M. LESAGE: Ah! ça le désappointe bien gros.
M. DOZOIS: Il n'a pas pu arrêter la rondelle samedi.
M. LESAGE: Pardon?
M. DOZOIS: Il n'a pas pu arrêter la rondelle samedi soir.
M. LESAGE: Non, c'est moi qui l'ai reçu sur la cheville...
M. JOHNSON: On s'apprêtait à envoyer des sympathies au
premier ministre, en croyant entrer avec une canne.
M. BELLEMARE: Je le pensais venu parler avec le Cardinal.
M. LESAGE: Je m'excuse?
M. BELLEMARE: Quand le cardinal est allé à la
télévision.
M. LESAGE: Non, je l'avais vu entre la première et la
deuxième période.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre, cette
année, va promettre ce qu'il avait déjà promis, ça
va être du réchauffé évidemment, une année
d'élection, ça fait bien de promettre une foule de choses, de
laisser miroiter des améliorations; mais pour nous, en Chambre, ce n'est
pas nouveau, l'année dernière c'était clair, ça
devait être fait tout de suite, on commençait. Je pense bien que
le fond du problème, c'est que le gouvernement est « cassé
», M. le Président...
M. LAPORTE: Est cassé?
M. JOHNSON: « Cassé ». Le gouvernement est à
sec, les coffres du gouvernement sont vides au point où on doit, M. le
Président, aller sur le marché alors que les conditions sont
très mauvaises.
M. LESAGE: Nous allons parler de cela au service de la
dette,ças'envient;si vous arrêtez de parler pour ne rien dire,
comme vous faites, nous allons arriver à ça.
M. JOHNSON: M. le Président, je sais que, pour le premier
ministre, c'est fatiguant de s'entendre rappeler qu'il a promis
déjà...
M. LESAGE: Non, non, non, je vous ai dit que je suis prêt à
en parler.
M. JOHNSON: ... des améliorations et de se faire rappeler que
deux ans, un an ou deux ans après, on n'a rien d'autre chose à
montrer que des ruines. Alors, je voudrais que le premier ministre sache que,
pour une fois, il ne sera pas critiqué par l'Opposition s'il passait
à l'action, au lieu d'en rester au stade de la planification, des
comités, des sous-comités, des commissions et des
sous-commissions. Un peu plus d'action, et les Québécois croiront
que le premier ministre est sincère. Evidemment, il faudra couper
ailleurs, si on manque de fonds, mais je crois que l'aménagement de
Québec doit occuper une place assez élevée dans la liste
des priorités, si toutefois le gouvernement procède pas des
priorités.
M. LAPORTE: Adopté.
M. JOHNSON: J'ai plutôt l'impression que le gouvernement
procède au petit bonheur, qu'il improvise à mesure qu'il
gouverne, qu'il gouverne en improvisant ou improvise en gouvernant.
M. LAPORTE: Mais il gouverne.
M. JOHNSON: En tous cas, il gouverne, d'ici aux élections,
ça c'est sûr; après, c'est moins certain.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. JOHNSON: Cela vous va, hein? Vous dites que c'est adopté cette
proposition-là? Je vous remercie, M. le Président.
M. LESAGE: Il faudrait tout de même que je dise au chef de
l'Opposition que nous avons payé régulièrement $250,000
chaque année à la cité de Québec, mais que nous
avons décidé de continuer à payer chaque année ces
$250,000; que, de plus, pour le boulevard Champlain, nous avons versé
depuis 1961/62, à la cité de Québec, un total de
$1,250,000; que nous avons acheté des propriétés pour
l'aménagement du boulevard St-Cyrille pour la somme de $1,306,000,
depuis l'année 1962/63; que de plus, nous paierons, d'ici le 31 mars,
une somme suprérieure à $400,000 pour l'achat de l'emplacement de
l'hôtel Montcalm, parce que nous achetons l'emplacement de la
bâtisse démolie, et que, en outre, nous allons verser à la
cité de Québec un montant pour tenir lieu de taxes à
même les $1,500,000 qui apparaissent à l'article 7 du budget du
ministère des Finances.
M. JOHNSON: Quand on y arrivera, le premier ministre sera en mesure de
nous dire combien...
M. LESAGE: Non, je ne serai pas en mesure, l'évaluation des
propriétés, à travers la province, n'est pas
terminée.
M. LE PRESIDENT: No 7, adopté. Article 8, Comité de
recherche sur l'assurance santé.
M. GABIAS: A ce même article, il y a enquête sur la
circulation dans le Québec métropolitain, $100,000. L'an
passé, on avait prévu $100,000 est-ce que c'est cette
somme-là qui n'a pas été dépensée?
M. LESAGE: On a engagé $69,000 jusqu'à présent,
$69,600.
M. GABIAS: Sur les... qui...
M. LESAGE: La Voirie, c'était sous la direction de la Voirie.
M. GABIAS: Le ministère de la Voirie qui envoie une...
M. LESAGE: Mais nous avons engagé $69,600.
M. GABIAS: Est-ce qu'il y a une entente entre toutes les
municipalités?
M. LESAGE: Non, c'est fait par la Voirie et par la Commission
d'aménagement.
M. GABIAS: Sans le concours des municipalités.
M. LESAGE: Non, c'est nous qui payons. C'est une étude.
M. GABIAS: Mais quand je parle de concours, je ne parle pas
nécessairement du concours...
M. LESAGE: Oui, oui, mais les ingénieurs de chaque
municipalité sont consultés.
M. GABIAS: Ils sont consultés par...
M. LESAGE: Par ceux qui font l'enquête, les enquêteurs qui
sont V andry et Jobin, de Luke Peter et associés et la firme Canadian
Urban Economies Limited, filiale de Larry Smith Company. Les travaux sont
placés sous la surveillance des ingénieurs du ministère de
la Voirie. Le montant engagé cette année est de $69,600.
M. GABIAS: Est-ce que le premier ministre a le montant qui a
été payé à chacune de ces compagnies?
M. LESAGE: Non, je n'ai pas ça. Non, ça, ça va dans
les comptes publics.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 8: Comité de recherche
sur l'assurance-santé.
M. LESAGE: Bien il siège en bas.
M. BELLEMARE: L'arrêté ministériel du 28
décembre, est-ce que le premier ministre pourrait me dire si c'est le
comité d'étude relatif aux activités de certaines
institutions financières...
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: ... sur certaines institutions financières relevant
de la juridiction de la province?
M. LESAGE: Ce n'est pas ça, ce n'est pas ce
comité-là.
M. BELLEMARE: Non, je veux savoir où on pourrait en parler.
M. LESAGE: Je ne le sais pas, il faudrait que je demande à
M...
M. BELLEMARE: M. Bélanger.
M. LESAGE: Non, à M. Langlois, le sous-ministre adjoint des
Finances. Quand il sera ici pour l'étude du budget du ministère
des Finances, ce sera plus facile de me poser ces questions-là.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 8: Comité de recherche
sur l'assurance-santé, adopté.
M. LESAGE: C'est ça, il siège en bas. M. LE PRESIDENT:
Article 12.
M. BELLEMARE: La loi électorale, le premier ministre dit que
c'est...
M. LE PRESIDENT: Article 12: Achat, construction, transformation
d'immeubles.
M. LESAGE: Bien, on en a parlé.
Affaires fédérales-provinciales
M. LE PRESIDENT: Article 12, adopté? Adopté. Affaires
fédérales-provinciales, page 19, détail page 20, article
1: Administration.
M. JOHNSON: On pourrait commencer une chicane avec le ministre des
Affaires municipales en attendant.
M. LAPORTE: Vous pouvez toujours essayer.
M. BELLEMARE: L'unilinguisme.
M. LAPORTE: Le livre blanc.
M. BERTRAND: Le livre blanc, il est blanc.
M. LAPORTE: Le député de Missisquoi a essayé un
peu.
M. BERTRAND: On sait qu'il est blanc. M. LESAGE: Alors, ça va.
UNE VOIX: Adopté?
M. LE PRESIDENT: Article 1: Administration.
M. BERTRAND: Est-ce que le premier ministre a de nouveaux
employés à son ministère?
M. LESAGE: Je ne le sais pas, je vais demander ça à...
M. BERTRAND: Vous ne le savez pas, il s'en vient là.
M. LESAGE: Ce n'est pas lui qui va me dire ça, c'est le
sous-ministre. Il y en a un: M. Jacques Martin...
M. BERTRAND: Qui?
M. LESAGE: ... économiste.
M. BERTRAND: Martin?
M. LESAGE: Oui, Jacques Martin, économiste.
M. BERTRAND: Quel salaire?
M. LESAGE: $5,500, frais émoulu...
M. BERTRAND: Il n'est pas à plein temps?
M. LESAGE: Oui, oui.
M. BERTRAND: Il n'est pas à plein temps?
M. LESAGE: Oui, il est frais émoulu de l'université. Nous
les prenons jeunes.
M. BERTRAND: Quel âge a-t-il?
M. LESAGE: Bien, je ne le sais pas, mais nous faisons beaucoup
d'engagements de jeunes professionnels alors qu'ils sont à terminer leur
dernière année. La concurrence, pour les jeunes
ingénieurs, les jeunes économistes, les architectes, enfin toutes
nos facultés d'université, est telle, les employeurs leur font
signer des contrats d'engagement alors qu'ils sont encore aux études
avant qu'ils passent leurs examens.
M. BERTRAND: Combien d'experts avez-vous au ministère?
M. LESAGE: Ah, c'est seulement ça.
M. BERTRAND: Combien de conseillers juridiques?
M. LESAGE: Un conseiller juridique. M. BERTRAND: Qui?
M. LESAGE: Me Louis Bernard. Lui, nous l'avons engagé alors qu'il
était au London School of Economies. Il y a un conseiller juridique,
trois économistes, deux spécialistes en science politique...
M. BERTRAND: Quel est le salaire de Me Louis Bernard?
M. LESAGE: Me Louis Bernard a... Evidemment, ils sont maintenant
payés par le ministère de la Justice...
M. BERTRAND: Ah, il relève du ministère de la Justice?
M. LESAGE: Tous les conseillers juridiques relèvent maintenant du
ministère de la Justice. De la même façon que les services
comptables relèvent du ministère des Finances. Il a$9,400. C'est
un excellent juriste, il vaut plus que ça.
M. BERTRAND: Mercédès Chartier est-elle encore
là?
M. LESAGE: Oui, c'est une économiste, je crois que oui, Madame
Gauvin, elle a $8,200.
M. BERTRAND: Il faudrait suggérer au sous-ministre, l'an
prochain, de nous donner son
rapport n'est pas volumineux l'an dernier il était de huit
pages, cette année de quinze pages. Il pourrait peut-être donner
la liste de tous les employés, ce n'est pas compliqué.
M. LESAGE: C'est bien facile, tenez.
M. BERTRAND: Non, non, la mettre au rapport du ministère, cela
lui fera une quatorzième page, et nous le donner à temps dans les
quinze premiers jours de la session. Le premier ministre était un mois
en retard.
M. LESAGE: Je m'excuse, M. le Président, mais c'est que c'est le
rapport de l'année prochaine que j'ai déposé. C'est le
rapport qui était censé être déposé
l'année prochaine parce que c'est le rapport pour l'année se
terminant le 31 janvier 1966.
M. JOHNSON: Il est en avant de son temps. M. BERTRAND: Où est
l'autre?
M. LESAGE: Nous l'avons toujours déposé un an à
l'avance.
M. BELLEMARE: Puis avec un mois de retard.
M. LESAGE: Non, un an à l'avance. UNE VOIX: Onze mois.
M. LESAGE: Bien, si vous voulez, onze mois à l'avance.
M. BERTRAND: Mais, d'ailleurs, ce que le premier ministre nous dit dans
le rapport, ce n'est pas compliqué...
M. LESAGE: J'espère que non.
M. BERTRAND: Il pourrait le déposer cette année le rapport
de ses activités...
M. LESAGE: Non, je pense bien que les conférences
fédérales-provinciales sur les structures...
M. JOHNSON: J'espère que le ministère a conservé
les stencils.
M. LESAGE: ... particulièrement en ce qui concerne
l'aménagement fiscal vont être très importantes cette
année.
M. JOHNSON: Mais le ministère a conservé les stencils,
j'espère, pour passer le rapport de l'an prochain.
M. LESAGE: Non, on vous donnera ça au 31 janvier 1967.
M. BERTRAND: Non, taquinerie à part, on sait que le sous-ministre
est un bon sous-ministre, un travailleur...
M. LESAGE: C'est très bien.
M. BERTRAND: ... je le connais, nous avons été à
même de le voir à l'oeuvre et nous avons hâte de le revoir
à l'oeuvre...
M. LESAGE: Bien oui, qu'est-ce que vous attendez...
M. BERTRAND: ... comme secrétaire du comité parlementaire
de la constitution.
M. LESAGE: ... pour siéger?
M. BELLEMARE: Il ne nous demande pas.
M. BERTRAND: Et je vais justement, pendant que le leader est ici, il
faudrait d'abord on en parle dans le rapport du comité
parlementaire de la constitution premièrement, il faudrait que
nous ayons une motion...
M. LAPORTE: Une quoi?
M. BERTRAND: ... qui n'a pas été présentée
pour faire revivre le comité.
M. LAPORTE: On la présentera à la fin de la session. On
l'a présentée à la fin de la petite session.
M. BERTRAND: Oui, mais on l'a fait en octobre.
M. LESAGE: Vous existez.
M. BERTRAND: On l'a fait en octobre.
M. LAPORTE: La motion était à l'effet de pouvoir
présenter le rapport à la session en cours. A la fin de la
session, si on n'a pas terminé, il faudra prévoir pour la session
suivante.
M. BERTRAND: Alors, pendant que le leader est là, le
président du comité n'y est pas, il faudrait absolument que le
comité parlementaire siège.
M. LESAGE: C'est bien ce que je pensais. M. LAPORTE : Je suis bien
d'accord.
M. BERTRAND: Deuxièmement, pour siéger, il faut nous
convoquer.
M. LESAGE: Cela est prêt aussi.
M. BELLEMARE: On lui a écrit pour lui dire qu'on avait
hâte.
M. BERTRAND: Pour nous convoquer, il faut qu'il communique avec nous
autres. On n'en entend pas parler depuis le début.
M. LAPORTE: On va s'entendre parfaitement si vous continuez comme
ça.
M. BERTRAND: Est-ce qu'on peut demander au leader d'en parler au
président du comité, de nous convoquer le plus tôt, de
manière a ce que nous puissions écouter d'abord les derniers
mémoires, la présentation des derniers mémoires! Je pense
qu'il y a encore les mémoires de l'UCC, de la Fédération
américaine du travail, de la CSN et également d'une
société St-Jean-Baptiste. Alors, est-ce que le leader veut
s'occuper d'avertir le président?
M. LAPORTE : La réponse est oui.
M. BERTRAND: Maintenant, est-ce que nous allons siéger avant
Pâques?
M. LAPORTE: Evidemment, il est inutile de me demander de consulter le
président si je dois vous donner la réponse ce soir. Je vais le
consulter et je vous répondrai après.
M. BERTRAND: Cela fait exactement un mois et demi que nous avons
commencé les travaux parlementaires et on n'en a pas entendu parler du
tout.
M. LAPORTE: C'est précisément la question que me pose le
député; Est-ce que le leader de la Chambre voudrait en parler au
ministre président du comité? Je réponds oui. Je ne peux
pas répondre en même temps quand nous allons siéger.
M. BERTRAND: Non, mais je vous en ai déjà parlé,
d'ailleurs.
M. LAPORTE: Oui, mais pas officiellement comme ce soir.
M. BERTRAND: A tout événement, on peut compter
siéger avant Pâques?
M. LAPORTE: Je ne m'engage ni à ça... M. St-Pierre est
ici, je pense que je vais rappeler son mot; « Bientôt ou un peu
plus tard. »
M. BERTRAND: Parce qu'il ne faut pas oublier que ça fait
exactement trois ans que le comité parlementaire a été
formé. Cela fait trois ans. Nous avons durant, disons les premiers mois,
nous n'avons pas reçu de mémoire, mais depuis trois ans nous
avons reçu à peu près tous les mémoires qui
pouvaient nous être présentés. C'est donc dire que le
comité a été à même non seulement de recevoir
les mémoires, de les lire et il me semble qu'il est temps que nous
passions à l'action dans ce domaine-là. Les gens ont
exprimé des opinions, au début, à l'effet que le
comité parlementaire serait tout simplement pour endormir, qu'il n'y
aurait pas de travail positif d'accompli. Il y a lieu, je pense, sur les
crédits du ministère des Affaires
fédérales-provinciales, de déclarer au moins qu'il y a eu
des études qui ont été préparées. Il y a une
étude assez complète sur l'intégrité du territoire
de Québec, sur l'immigration, sur les relations extérieures.
Alors, toutes ces études doivent être complétées par
d'autres.
M. LESAGE: Nous n'avons pas ça ici parce que c'est un
comité qui ne relève pas du ministère des Affaires
fédérales-provinciales.
M. BERTRAND: Je comprends mais on en parle, le sous-ministre est
secrétaire.
M. LESAGE: C'est de l'Assemblée législative que ça
relève.
M. BERTRAND: On en parle dans le rapport du ministère.
M. LESAGE: Cela dit que le sous-ministre a agi comme secrétaire
du comité.
M. BERTRAND: Oui, je comprends.
M. LESAGE: C'était pour justifier son salaire.
M. BERTRAND: Mais nous autres nous voulons justifier non seulement la
nécessité du comité mais également l'importance. On
a parfois l'impression que le premier ministre, qui avait été le
deuxième parrain de la motion, quand nous avons formé le
comité, on a l'impression
que le premier ministre préfère que le comité ne
poursuive pas sa tâche trop rapidement.
M. LESAGE: Je passe mon temps justement à dire; Quand est-ce que
je vais avoir le rapport?
M. BERTRAND: Ah! Vous l'attendez?
M. LESAGE: Vous le savez, j'en ai parlé même à M.
Pearson.
M. JOHNSON: Ce n'est pas au premier ministre que le rapport doit
être adressé. C'est à l'Assemblée
législative.
M. BERTRAND: A la Chambre.
M. LESAGE: Non, mais quand vais-je avoir, comme député, le
rapport?
M. JOHNSON: Bon, c'est bien.
M. BERTRAND: Il y a dans les études qui ont été
préparées, des choses, qui peuvent intéresser, même
à l'heure actuelle.
M. LESAGE : Je vais apporter ça en vacances.
M. BERTRAND: Le ministère des Affaires
fédérales-provinciales.
M. LESAGE: Mon sous-ministre était là.
M. BERTRAND: Je tiens à en parler. Il y a l'étude, par
exemple, sur le territoire. Il y a une suggestion qui est faite par Me Jacques
Bronsard...
M. LESAGE: Bien oui, je comprends, mais simplement tout de
même.
M. BERTRAND: Il est important, et je veux attirer l'attention du
ministère, sur le fait qu'il y a des gens qui sont là qui
pourront travailler dans ce domaine-là. Par exemple, il paraît
opportun de dresser un inventaire précis et
détaillé...
M. LAPORTE: Cela ne relève pas de ça.
M. BERTRAND: ... de toutes les propriétés
fédérale situées en territoire
québécois.
M. LESAGE: Cela ne relève pas des affaires discutées en
Chambre.
M. LAPORTE: M. le Président, je pense que le député
de Missisquoi a eu l'occasion de poser une question au leader de la Chambre
pour savoir si le comité allait siéger. Je vais le demander au
ministre de l'Education qui préside le comité et je ferai rapport
au député de Missisquoi, mais il n'est pas permis et il le
sait fort bien , de discuter d'un comité qui n'a pas encore fait
rapport à la Chambre.
M. BERTRAND: C'est admis, ça.
M. LAPORTE: Alors, parce qu'il ne s'agit pas de jouer « à
la cachette » avec ce comité important, j'admets la question du
député de Missisquoi qui demande quand nous allons siéger.
Il faudrait autant que possible siéger avant Pâques, c'est admis,
mais de là à entrer dans des discussions sur le comité, le
député sait fort bien que ça n'est pas...
M. BERTRAND: Ce ne sont pas...
M. LAPORTE: ... de référer à une affaire
envoyée à un comité...
M. BERTRAND: Ce ne sont pas des questions sur les travaux du
comité proprement dit, mais il y a à l'heure actuelle, et
j'invite le sous-ministre...
M. LESAGE: Je ne suis pas membre du comité, moi.
M. BERTRAND: ... qui est le secrétaire, à porter attention
à des suggestions qui sont faites...
M. LESAGE: Ah oui, oui.
M. BERTRAND: ... de manière à hâter...
M. LAPORTE: Ce sont des suggestions faites au comité?
M. BERTRAND: Pas nécessairement au comité.
M. LAPORTE: C'est fait par le comité.
M. BERTRAND: ... elles s'adressent autant... et d'ailleurs j'ai
déjà entendu des discours qui ont été...
M. LAPORTE: ... laissez faire là, deux cent...
M. BERTRAND: ... prononcés au sujet, par exemple, des accords
France-Québec à l'époque où on parlait d'un
rôle possible sur le plan international dans les matières relevant
la juridiction du Québec.
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: J'ai entendu des discours qui avaient été
assez...
M. LESAGE: Oui, mais en dehors de la Chambre.
M. BERTRAND: ... largement puisés dans des études qui ont
été préparées par le comité
parlementaire.
M. LESAGE: Pas ici en Chambre.
M., BERTRAND: Pardon?
M. LESAGE: Pas ici en Chambre.
M. BERTRAND: Et je ne blâme personne.
M. LESAGE: Je veus dire: pas ici en Chambre.
M. BERTRAND: Non mais elles ont été utilisées, le
premier ministre...
M. LESAGE: Bien, oui, il faut comprendre, il faut bien comprendre...
M. BERTRAND: ... le sait, en dehors de la Chambre...
M. LESAGE: ... que le règlement est là et que de plus, il
est difficile au ministre des Affaires fédérales-provinciales de
discuter de ce qui s'est passé devant un comité dont il ne fait
pas partie.
M., BERTRAND: Je n'ai pas l'intention, le premier ministre peut en
être sûr...
M. LESAGE: Le président du comité n'est pas ici.
M. BERTRAND: ... de traiter d'aucun des problèmes. J'attire
l'attention du ministre des Affaires fédérales-provinciales,
son sous-ministre est ici, il est secrétaire du
comité parlementaire... on parle de porter une attention
particulière aux suggestions qui sont faites dans certains des travaux
qui sont très bien faits et qui sont préparés à
l'attention du comi- té parlementaire, mais également, et je le
sais, à l'attention du ministère des Affaires
fédérales-provinciales. Et ce n'est pas moi qui blâmerai en
aucune circonstance, ou le premier ministre, ou des ministres d'utiliser
certaines des suggestions qui sont faites dans ces rapports, dans ces
mémoires d'étude en matière constitutionnelle, de les
utiliser soit pour des discours ou soit à l'occasion de
conférences fédérales-provinciales. Et c'était le
seul point que je voulais soulever en parlant du comité parlementaire de
la Constitution, de tâcher de mettre en branle immédiatement les
suggestions qui sont présentées de manière à ce que
tout le comité parlementaire de la constitution que le ministère
des Affaires fédérales-provinciales obtiennent toute la
documentation requise afin que nous soyons au comité de la constitution
en position de présenter un rapport plus complet.
M. JOHNSON: Très bien!
M. BERTRAND: C'est dans ce sens-là, M. le Président, que
j'avais l'intention de parler du comité parlementaire de la
Constitution. Les membres ont tous à coeur que le comité qui
siège agisse. C'est tout!
M. LAPORTE: M. le Président, mais oui...
M. BERTRAND: On doit avoir le droit de faire deux ou trois
remarques.
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque formellement le
règlement. Le règlement n'a pas été fait seulement
pour empêcher bien si vous vouliez reprendre votre siège,
j'ai l'intention d'invoquer le règlement de façon formelle.
M. BERTRAND: Je vais attendre que le président me le demande. Ce
n'est pas vous qui me ferez asseoir! C'est au président.
M. LESAGE: Bien non. Du moment que quelqu'un se lève sur une
question de règlement. C'est le règlement.
M. BERTRAND: Cela a été une remarque tout simplement en
passant.
M. LAPORTE: Je dis, M. le Président, qu'en vertu de l'article 285
il n'est pas permis de se référer aux travaux d'un comité.
Ce n'est pas pour empêcher les députés d'exprimer leur
point de vue. C'est que dans les propos qu'expriment ce soir le
député de Missisquoi, je pourrais être tenté de
répondre. Certainement, j'ai assisté aux séances du
comité. Je sais ce
qui s'y est passé. Je sais quels travaux ont été
faits. Mais je ne suis pas préparé. Si on laissait le
gouvernement ou l'Opposition invoquer à n'importe quel moment d'une
session, quand ça n'est pas permis, n'importe quel sujet, on pourrait
toujours prendre le gouvernement par surprise. J'aurais pu ce soir apporter les
documents. Le ministre des Affaires fédérales-provinciales aurait
pu faire de même, mais nous n'avions aucune raison de prévoir
qu'il serait question ce soir du comité de la constitution parce qu'en
vertu de l'article 285, c'est très clair: « Défendu de se
référer à une affaire envoyée à un
comité... » Nous n'avions pas raison de croire que cela viendrait
ce soir. « ... inscrite au feuilleton ou annoncée dans le
feuilleton ». Et l'article 12: « De se référer aux
opérations ou aux délibérations d'un comité avant
qu'elles soit rapportées à la Chambre ».
Je dis donc, M. le Président, qu'encore une fois, quand le
député de Missisquoi a suggéré que l'on fasse
siéger le comité c'était disons pas tout à fait
conforme aux règlements, mais c'est admissible. Mais quant à
entrer dans un débat ou une discussion sur le travail du comité
sur les rapports qui ont été soumis aux comités, je trouve
que c'est abuser du règlement. Il y aura d'autres occasions de faire
ça.
M. BERTRAND: Si le ministre me permet, ce n'est pas tellement
compliqué. Il n'a pas pris connaissance du rapport.
M. LAPORTE: Non. Je prends connaissance du règlement, par
exemple.
M. BERTRAND: Non, non. Mais moi j'ai pris connaissance du rapport du
ministère des Affaires fédérales-provinciales. A la page
10 « C », le comité parlementaire de la Constitution en 1965
comme en 1964, le ministère a fourni au comité parlementaire de
la Constitution les services de secrétariat nécessires à
son fonctionnement. Merci. Il s'est également chargé de
surveiller la marche des diverses études juridiques effectuées
pour le compte du comité.
M. LAPORTE: Oui, mais...
M. BERTRAND: Or, M. le Président, tout ce que j'ai dit et j'ai
déclaré que je ne sortirais pas de là, c'est que le
ministre, les membres du comité savent qu'il y a eu des études
juridiques. On l'indique. Je dis tout simplement au ministre, je voudrais le
dire directement au sous-ministre, mais je suis obligé de passer par le
ministre. Je dis au sous-ministre...
M. LAPORTE: Il peut peut-être vous entendre quand même!
M. GABIAS: Un mauvais détour!
M. BERTRAND: ... de porter une attention toute particulière aux
suggestions qui sont faites.
J'en ai énuméré une tantôt, de manière
à ce qu'autant le ministère que le comité parlementaire
aient en main tous les renseignements qui leur seront nécessaires dans
l'élaboration du rapport. Ce n'est pas plus compliqué que cela.
Et si le ministre avait lu le rapport du ministère, il ne serait pas
intervenu pour demander l'application du règlement, parce que ce
n'était pas hors d'ordre du tout. Et quant à moi...
M. BELLEMARE: D'ailleurs, onze ne s'applique pas à ça du
tout.
M. LAPORTE: Ah, ah!
M. BERTRAND: D'ailleurs, le ministre n'avait pas pris connaissance de ce
rapport.
M. LAPORTE: Mais enfin je peux simplement répondre que ce n'est
pas parce qu'on met un paragraphe dans un rapport annuel, que ça sort du
règlement de la Chambre. Ce n'est pas ça qui vous autorise
à discuter...
M. BERTRAND: On doit avoir le droit d'en parler pendant cinq
minutes.
M. LAPORTE: Si le député a terminé j'aime autant
qu'on n'insiste pas sur le point d'ordre.
M. BERTRAND: J'ai fini, ce n'est pas compliqué .
M. LESAGE: J'ai 11...
M. BELLEMARE: Onze, c'est seulement pour les bills.
M. LAPORTE: Voyons.
M. JOHNSON: Je note que le rapport est fait pour l'année de
calendrier. C'est une faute de frappe 66, évidemment. C'était
l'année de calendrier 1965.
M. LESAGE: Non, non, c'est le 1er février 1966, il n'y a pas de
faute de frappe.
M. JOHNSON: Non, non, qu'on prenne la page frontispice.
M. LESAGE: Hein, bien oui, il n'y a pas de faute de frappe. Il m'a
été adressé le 1er février 1966.
M. JOHNSON: Rapport pour l'année se terminant le 31 janvier
1966.
M. LESAGE: C'est ça. Il m'est adressé le 1er
février, le lendemain.
M. JOHNSON: Le premier ministre a raison de dire que janvier c'est en
1966, mais l'année...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: ... du ministère ça doit être la
même année...
M. LESAGE: 31 mars 1965.
M. JOHNSON: ... que les autres ministères? Est-ce que nous avons
eu le rapport pour la période terminée au 31 mars 1965?
M. LESAGE: L'année dernière, oui; nous avons
présenté le rapport couvrant jusqu'au mois de janvier ou
février. Oui, il chevauche. Il y a chevauchement.
M. JOHNSON: Oui, mais est-ce que le rapport que nous avons ici couvre la
période...
M. LESAGE: Ce que nous faisons, c'est d'essayer de donner un rapport
aussi à jour que possible.
M. JOHNSON: C'est certainement une excellente intention, mais je me
demande si c'est régulier. D'abord je veux savoir si ce rapport couvre
la période du 1er avril 1965...
M. LESAGE: Si c'était régulier, nous l'avons donné
l'an dernier.
M. JOHNSON: ... jusqu'au 31 janvier 1966?
M. LESAGE: Vous ne vous en êtes pas plaints, l'an dernier? Vous
l'avez accepté.
M. JOHNSON: Est-ce que, l'an prochain, on pourra avoir un rapport un peu
plus détaillé, comme l'a demandé le député
de Missisquoi? Je vois qu'au début, on a fait des considérations
assez générales qui sont d'ailleurs très bien
exprimées, mais ça n'a pas l'air d'être l'objet d'un
rapport normal. On dit que le ministère des Affaires remplit quatre
fonctions essentielles: l'élaboration des politiques, la coordination,
la recherche et la documentation. Un peu plus loin, ce qui m'amuse et
m'intéresse, c'est de voir avec quelle élégance on
s'exprime en disant: « L'équilibre délicat institué
entre la souplesse nécessaire de ses moyens d'actions et la permanence
de ses objectifs colore tout le comportement du ministère et en oriente
les activités. »
M. LESAGE: C'est très bien dit.
M. JOHNSON: Ah! c'est splendidement dit, c'est...
M. BERTRAND: C'est imagé.
M. JOHNSON: ... presque de lapoésie, M. le Président.
M. LESAGE: Pourtant, l'auteur n'a pas l'air d'un poète.
M. JOHNSON: Ah non! il s'en défendrait bien. Il n'a pas l'air
d'un « beatnik »! Il n'a pas l'air des partisans que le premier
ministre me donnait l'autre jour.
M. BERTRAND: Ce n'est pas un barbu! M. LESAGE: Des quoi?
M. JOHNSON: Des partisans que le premier ministre...
M. LESAGE: Je parlais, il y a bien des gens qui ont des barbes et qui ne
sont pas des barbus. Le chef de l'Opposition sait très bien ce que je
veux dire.
M. JOHNSON: Alors, le premier ministre pourrait-il nous donner quelques
détails sur la coloration du comportement du ministère? Ce qui
m'intéresse, c'est la coloration du comportement du
ministère.
M. LESAGE: Oui, il est très coloré.
M. JOHNSON: Alors, le premier ministre pourrait-il m'expliquer en quoi
ça consiste, en quoi...
M. LAPORTE: C'est un excellent comportement, d'ailleurs.
M. JOHNSON: ... la souplesse nécessaire des moyens d'action du
ministère et la permanence de ses objectifs ont pu, au cours de
l'an-
née à l'étude, colorer tout le comportement du
ministère?
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Qu'est-ce que ça veut dire?
M. LESAGE: Cela veut dire que nous ne voulons pas nous attacher à
une politique rigide, mais que la politique du ministère doit
s'assouplit, doit être souple, suivant les circonstances, s'adapter auc
circonstances pour toujours obtenir la reconnaissance des droits fondamentaux
du Québec, dans le domaine des relations fédérales
provinciales. On ne peut pas évidemment se poser une ligne de conduite
rigide, et il faut agir, il faut avoir un comportement...
UNE VOIX: Coloré.
M. LESAGE: ... quoique nous ayons toujours la même fin, avoir le
comportement qui est le plus de nature à nous faire atteindre le plus
rapidement et le plus pleinement la fin que nous nous proposons.».
M. BERTRAND: ... que vous poursuivez...
M. LESAGE: ... et que nous poursuivons, qui est la pleine reconnaissance
des droits du Québec.
M. BERTRAND: C'est parfait. Dans quel domaine ont porté les
recherches. On dit que le ministère remplit quatre fonctions
essentielles.
M. LESAGE: C'est le comité...
M. BERTRAND: L'élaboration...
M. LESAGE: ... du régime fiscal.
M. BERTRAND: Mais sous quel aspect?
M. LESAGE: Fiscal.
M. BERTRAND: Oui, je comprends, fiscal...
M. JOHNSON: J'espère, j'espère.
M. LESAGE: C'est tout, ça dit tout, je suis tenu au secret.
M. BERTRAND: Vous êtes tenu au secret?
M. LESAGE: Absolu.
M. BERTRAND: Et ceux qui participent...
M. LESAGE: Oui, c'est secret.
M. BERTRAND: C'est tout le secret.
M. LESAGE: Absolument. Parce qu'au comité du régime
fiscal, nous prenons connaissance des projections de revenus et de
dépenses des autres gouvernements, mais nous ne pouvons en prendre
connaissance qu'à la condition que le tout soit secret: c'est un «
gentlement agreement », autrement, comment voulez-vous que nous
marchions?
M. JOHNSON: Le premier ministre est-il satisfait du huis-clos dans
lequel se tiennent en général les conférences
fédérales-provinciales?
M. LESAGE: C'est la seule façon de procéder...
M. JOHNSON: M. le Président, je ne discute pas de la
nécessité du huis-clos lorsque l'on veut dans certains cas faire
des projections de revenus de certaines provinces et il peut y avoir...
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: ... d'excellentes raisons...
M. LESAGE: Pas seulement de revenus mais de dépenses.
M. JOHNSON: ... de revenus et de dépenses des provinces et du
fédéral? Mais les conférences
fédérales-provinciales qui ont une portée
considérable de ce temps-ci...
M. LESAGE: C'est pour éviter les discours électoraux comme
ceux que prononce constamment le chef de l'Opposition en Chambre.
M. JOHNSON: M. le Président, si on croit à la
démocratie on va arrêter d'amender la constitution dans les suites
d'hôtels et dans les chambres des comités.
M. LESAGE: La constitution n'a pas été amendée dans
les suites d'hôtels, je regrette.
M. JOHNSON: Bien, M. le Président, au Reine Elizabeth une
rencontre entre le premier ministre...
M. LESAGE: Nous n'avons pas amendé la constitution.
M. JOHNSON: ...de la province et M. Pearson cela a conduit un beau
jour...
M. LESAGE: Il n'était pas question d'amender la constitution.
M. JOHNSON: ... à un amendement, en pratique du moins, et une
autre rencontre...
M. LESAGE: Pas du tout.
M. JOHNSON: ... au Holliday Inn à Québec pendant les
élections fédérales ça aussi M. le
Président, ç'a eu de l'influence.
M. LESAGE: Est-ce que le chef de l'Opposition me permet un mot?
M. JOHNSON: C'est moi qui avait la parole.
M. LESAGE: Lorsque j'ai rencontré M. Pearson à
l'hôtel Reine Elizabeth, ce dont il a été question
c'était de l'entente culturelle et l'entente sur l'éducation avec
la France, c'étaient des ententes internationales. D'ailleurs, j'ai
suivi un exemple qui avait été suivi par d'autres premiers
ministres. Je me souviens d'une certaine rencontre à l'hôtel
Windsor entre M. St-Laurent et M. Duplessis, et le chef de l'Opposition
était ministre dans le temps et il ne l'a pas reproché à
son chef. Il s'en est vanté même.
M. JOHNSON: M. le Président, il est vrai qu'il y a eu une
rencontre et on comprend que les hommes politiques doivent se rencontrer mais
à la suite de la rencontre de M. St-Laurent et de M. Duplessis on a eu
d'abord comme conséquence un désaveu...
M. LESAGE: Bien là aussi il y a eu des conséquences.
M. JOHNSON: ... du discours qu'avait fait le premier ministre actuel le
14 avril 1954dans lequel il voulait nous limiter, évidemment,
$0.05...
M. BELLEMARE: $0.05.
M. JOHNSON: ... l'autonomie à 5% de l'impôt
fédéral. Deuxièmement, ce qui s'en est suivi ce fut un
amendement à Ottawa, un amendement soumis aux Chambres, un amendement
public tandis que les rencontres de M. Pearson et du premier ministre de la
province, bien ce sont des combines...
M. LESAGE: Ce ne sont pas des combines, ç'a donné lieu aux
ententes culturelles...
M. JOHNSON: Bien oui, il n'y a pas eu de loi qui a suivi ça
à Ottawa, il n'y a pas eu de loi à Québec. Il
s'agissait...
M. LESAGE: Des ententes publiques, internationales.
M. JOHNSON: ... pourtant d'un domaine extrêmement important, la
capacité des provinces ou de la province de Québec dans le
domaine international, les relations internationales, extrêmement
important.
M. LESAGE: Oui, nous avons réussi.
M. JOHNSON: Je n'ai pas vu de projet de loi à Ottawa pour
clarifier la situation. Au contraire, j'ai lu moi aussi une série de
déclarations contradictoires entre le premier ministre, M. Martin,
certaines scènes, certaines reculades, certaines mises au point, une
exégèse différente de l'un et de
l'autre,fédéralisme coopératif c'est-à-dire quelque
chose de nébuleux qui se trame dans des suites d'hôtels ou de
motels comme au Holiday Inn pendant les élections
fédérales et qui aboutit à quoi?
M. LESAGE: De motels?
M. JOHNSON: Oui, au Holiday Inn.
M. LESAGE: Ah ça. Ici à Québec?
M. JOHNSON: Pendant l'élection fédérale.
M. LESAGE: Ah, je suis allé dire bonjour à M. Pearson.
M. JOHNSON: Cela a pris du temps pour dire bonjour.
M. LESAGE: C'était normal. Le premier ministre du Canada vient
à Québec puis est-ce que le chef de l'Opposition va s'imaginer,
je suis dix minutes puis il arrive de l'aéroport, je suis en route pour
l'aéroport, je passe par le Holiday Inn et je n'irais pas lui serrer la
main? Voyons, je suis un homme poli, tout de même.
M. BELLEMARE: Les journalistes n'on pas dit ça eux autres.
M. JOHNSON: J'espère que vous vous êtes offert chacun un
jus d'orange au moins?
M. LESAGE: Non, c'était le matin à bonne heure...
M. JOHNSON: Oui, ça convient le jus d'orange le matin.
M. LESAGE: Non, pas même deux tasses de café.
M. BERTRAND: Ah!
M. LESAGE: Non, j'étais à la course, ç'a
duré dix minutes.
M. JOHNSON: Cela a duré combien de temps? M. LESAGE: Une dizaine
de minutes.
M. JOHNSON: Entre libéraux, on se comprend vite.
M. LESAGE: Oui, très vite.
M. JOHNSON: Quand il s'agit de stratégie électorale.
M. LESAGE: Très vite.
M. JOHNSON: Combien le premier ministre...
M. LESAGE: Je pense que je me comprends plus vite avec M. Pearson que le
chef de l'Opposition avec le docteur Jutras.
M. JOHNSON: Ah oui, il n'y a pas d'erreur.
M. LESAGE: D'après ce que le docteur Jutras a dit, malgré
que le chef de l'Opposition à la télévision dimanche soir
a dit qu'il était prêt, appelez ça du séparatisme,
s'il faut aller jusque là, on ira. Mot à mot.
M. BERTRAND: Ce n'est pas dans le rapport.
M. JOHNSON: Bon, pourquoi pas?
M. LESAGE: C'est le chef de l'Opposition à la
télévision à la conférence de presse dimanche
soir.
M. JOHNSON: Bien sûr, et ce n'est pas la première fois.
M. LESAGE: C'est ça, alors menace de séparatisme. Il y a
longtemps que je voulais le savoir, le chef de l'Opposition l'admet, il est
prêt au séparatisme.
M. JOHNSON: M. le Président, dans cette
Chambre, ici, vis-à-vis les premiers ministres de toutes les
provinces et le premier ministre du Canada, le fondateur du parti de l'Union
nationale disait la même chose: si ça ne fait pas votre affaire,
on en sortira de la Condéfération.
M. LESAGE: Oui, mais est-ce que le chef de l'Opposition...
M. JOHNSON: C'est ça la différence, M. le
Président.
M. LESAGE: ... dit qu'il envisage maintenant, présentement la
solution séparatiste?
M. JOHNSON: Non.
M. BELLEMARE: Non.
M. LESAGE: C'est ce qu'il a dit dimanche.
M. BELLEMARE: Voyons donc.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai dit, ce que j'ai dit, je le
répéterai quand ça fera mon affaire et je le dirai en
anglais...
M. LESAGE: Qu'est-ce que vous allez dire.
M. JOHNSON: Je le dirai en anglais même si le premier ministre
espère par, là établir une certaine compensation avec les
propos démagogiques, avec les propos raciaux...
M. LESAGE: Cela n'a rien à faire. Qu'est-ce que vous
répondez à ma question?
M. JOHNSON: ... de nationalisme infantile, qui sont tenus par certains
ministres de son cabinet.
M. LESAGE: Etes-vous séparatiste ou si vous ne l'êtes
pas?
M. JOHNSON: Le premier ministre saura une fois pour toutes...
M. LESAGE: Est-ce qu'il a peur de me répondre, le chef de
l'Opposition? Cela est du patinage de fantaisie.
M. JOHNSON: Il y en a qui veulent sauver la confédération
même au prix de la nation canadienne-française.
M. LESAGE: Ce n'est pas ça que j'ai demandé au chef de
l'Opposition.
M. JOHNSON: Or, nous, nous voulons l'épanouissement de la nation
canadienne-française même au prix de la
confédération. C'est clair.
M. LESAGE: Affilez vos patins.
M. JOHNSON: C'est clair ça? Le premier ministre ne comprend pas
ce que je veux dire.
M. LESAGE: Est-ce que M. Johnson est séparatiste?
M. JOHNSON: Le premier ministre voudrait évidemment se trouver
une planche de salut au moment...
M. LESAGE: Non, je voudrais essayer de situer le chef de
l'Opposition.
M. JOHNSON: ... ou nous sommes en train de démasquer son faux
autonomisme.
M. LESAGE: Je voudrais le placer, le chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: Au moment ou nous sommes en train de prouver a la population
que le premier ministre de la province de Québec, pour satisfaire ses
ambitions qui sont légitimes en soi, est prêt à faire
toutes les pirouettes et deuxièmement est prêt à sacrifier,
comme il le faisait quand il était a Ottawa, l'autonomie et la
souveraineté de la province de Québec pour des fins politiques.
La différence entre l'Union nationale et le parti libéral, c'est
que nous avons vu clair dans la formule Fulton-Favreau et si ce n'eût
été de l'Opposition, nous serions aujourd'hui enfermés
dans le carcan de la centralisation grâce au premier ministre de la
province de Québec.
M. LESAGE: Est-ce que c'est vrai ce que vous avez dit dimanche que vous
êtes un séparatiste? Vous vous êtes organisé. Montrez
votre couleur maintenant.
M. JOHNSON: Cela va être le thème de la campagne. Maurice
Leroux du RIN a été un ami intime du premier ministre.
M. LESAGE: Je ne l'ai pas vu depuis longtemps.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il ne travaille pas au ministère de
l'Education m'a dit le premier ministre cet après-midi?
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE-. Le premier ministre a dit ça cet
après-midi.
M. LESAGE: Je pensais qu'il avait travaillé au ministère
de l'Education,
M. BELLEMARE: Cela n'a pas marché. La FLQ, il s'est trompé
de bord.
M. BEDARD (président du comité des subsides): M. le
Président, le comité a adopté des résolutions et
demande la permission de siéger à nouveau.
M. LeCHASSEUR (président): Quand le comité
siégera-t-il à nouveau? A la prochaine séance.
UNE VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose que les résolutions soient
maintenant lues et agréées. Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LAPORTE: M. le Président, alors la Chambre siégera
demain à deux heures et demie, parce que c'est une chose urgente. Nous
commencerons par un bill qui devrait être assez rapidement adopté,
Loi concernant la cité de Jacques-Cartier. Deuxième lecture de ce
bill-là demain.
M. BERTRAND: Oui, c'est le jour des députés.
M. LESAGE: Bien oui, mais je me suis entendu avec le
député de Champlain pour qu'il n'y ait qu'une motion et, pour me
libérer aussi rapidement que possible de mes crédits, le
député de Champlain a aimablement accepté de remettre
l'étude de sa motion à mercredi de la semaine prochaine.
M. LAPORTE: Alors, pour commencer, nous répondrons à un
bon nombre de questions demain, nous appellerons les motions des
députés pour production de documents, nous étudierons en
deuxième lecture la Loi sur la cité de Jacques-Cartier, nous
continuerons l'étude sur les crédits du ministère des
Affaires fédérales-provinciales, suivie des Finances. La Voirie
ira au comité des bills privés et, si la Voirie terminait demain,
nous commencerions les Affaires municipales en bas. Cela ne vaut que pour
demain.
M. GABIAS: Est-ce qu'il y a du comité demain matin?
M. BERTRAND: Demain matin, il y a du comité.
M. LESAGE: Pardon? Demain matin à dix heures trente.
M. LAPORTE: Demain matin, à dix heures trente, aux bills
publics.
M. LESAGE: Aux bills publics.
M. LAPORTE: Alors, M. le Président, je propose l'ajournement
à demain après-midi à deux heures trente.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée. La Chambre est ajournée à demain
après-midi à deux heures trente.