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(Onze heures et demie de la matinée)
M. PAUL (Président): Qu'on ouvre les portes! A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
comités élus. Présentation de motions non
annoncées.
M. LESAGE: Je propose que MM. Beaupré, Brown, Coiteux et Parent
soient remplacés comme membres du comité des bills publics par
MM. Gérin-Lajoie, Goldbloom, Houde et Pearson.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Présentation de bills privés.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Westmount.
M. HYDE: M. le Président, pour M. Beaupré, j'ai l'honneur
de faire motion qu'il me soit permis de présenter le bill no 114,
intitulé Loi modifiant la Loi constituant la Corporation
générale des instituteurs et institutrices catholiques de la
province de Québec.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture de ce bill à une
séance subséquente.
Présentation de bills publics.
M. JOHNSON: Un instant, M. le Président. Article A.
Loi des autoroutes
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre, pour l'honorable ministre
de la Voirie porpose la première lecture d'une loi modifiant la Loi des
autoroutes. Cette motion est-elle adoptée?
L'honorable premier ministre.
M. JOHNSON: Evidemment, pour obtempérer aux objurgations du
député de Drummond, nous avons appelé la première
lecture de ce bill. Les amendements que nous attendions de l'Office des
autoroutes ne sont pas encore complétés. Alors, nous allons
passer la loi telle qu'elle était d'abord rédigée, quitte,
un peu plus tard, s'il y a lieu, à adopter les amendements que
suggère l'autoroute. Disons qu'on fait disparaître l'article A,
qui est là depuis trop longtemps et qui intrigue. En somme, tout ce
qu'il y a dans le bill, c'est...
M. LESAGE: Quel est le principe du projet de loi?
M. JOHNSON: L'Office des autoroutes devra soumettre son budget au
lieutenant-gouverneur avant le 15 octobre.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture de ce bill à une
séance subséquente.
M. JOHNSON: B.
Subventions à Québec
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la première lecture d'une loi autorisant l'octroi de subventions
spéciales à la ville de Québec.
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. DOZOIS: M. le Président, il s'agit d'un projet de loi
autorisant le ministre des Affaires municipales à donner à la
ville de Québec des subventions pouvant se totaliser à
$11,350,000 pour des fins d'administration pour permettre de participer
à la construction d'une usine de filtration, de deux usines de pompage
ainsi qu'au mur de soutènement pour l'aménagement de la
rivière Saint-Charles.
M. LESAGE: Si je comprends bien, c'est pour donner suite aux engagements
pris par le gouvernement vis-à-vis de la ville de Québec lors de
l'étude du bill de Québec en comité des bills
privés.
M. DOZOIS: Exactement.
M. LAPORTE: Cela sera payé sur un nombre de combien
d'années?
M. DOZO1S: Aux conditions que déterminera le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. LESAGE: Vingt ans, vingt-cinq ans? M. DOZOIS: Oh non, pas du
tout!
M. LAPORTE: Est-ce que ça remplacera les $250,000 qui sont
payés sur une base annuelle actuellement?
M. DOZOIS: Non, c'est un surplus.
M. BELLEMARE: Vous devriez être contents.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. LAPORTE: Nous sommes contents. Nous voulons des détails. Nous
voulons que votre loi soit complète.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture de ce bill à une
séance subséquente.
M. LESAGE: Est-ce que le bill est imprimé? M. DOZOIS: Il va
être distribué.
M. LESAGE: Parce qu'il n'est pas indiqué au feuilleton comme
étant imprimé.
M. JOHNSON: Article C.
Subvention à Laval
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la première lecture d'une loi autorisant l'octroi d'une subvention
spéciale à la ville de Laval.
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. DOZOIS: Il s'agit de donner suite à ce que nous avions promis
à la ville de Laval et d'accorder à cette municipalité une
subvention de $5,500,000 payable sur une période de dix ans.
M. LAPORTE: Une période de dix ans.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture de ce bill à une
séance subséquente.
Questions et réponses
Programme législatif
M. LESAGE: Est-ce que le premier ministre sera en mesure de dire aux
députés combien il reste de bills du gouvernement à
présenter d'ici à ce qu'il propose l'ajournement ou la
prorogation?
DES VOIX: Il ne le sait pas.
DES VOIX: Plusieurs.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. JOHNSON: Il y en a deux en appendice, il y en a une vingtaine qui
sont dans la machine à fabriquer...
M. LAPORTE: Est-elle bloquée quelque part?
M. JOHNSON: ... la machine des juristes et peut-être quelques
autres que nous pourrons mener à terme. Maintenant il est un peu trop
tôt réellement pour donner un chiffre exact.
M. LESAGE: Trop tôt? M. LAPORTE: Il est un peu trop tôt! M.
GERIN-LAJOIE: Il est trop tôt! M. JOHNSON: Oui, oui...
M. LESAGE: Il y a sept mois que nous sommes en session et le
gouvernement n'est pas prêt?
M. JOHNSON: Le gouvernement est en session depuis, oui, sept mois et le
gouvernement n'a pas d'objection à continuer la session.
M. LESAGE: Nous non plus.
M. LAPORTE: Nous non plus, mais à la condition qu'il y ait des
lois à voter.
M. JOHNSON: On a de l'ouvrage pour la semaine. On en aura pour la
semaine du 10, on en aura pour les autres semaines.
M. LESAGE: Bien, c'est ça. M. le Président,
étant donné l'échange de propos qu'il y a eu entre
le premier ministre et moi, jeudi, il y a douze jours, je voulais savoir du
premier ministre si ses intentions sont toujours les mêmes de proposer
l'ajournement le 29, c'est-â-dire jeudi de cette semaine jusqu'au 10
juillet? Parce qu'il est clair qu'il y a des députés qui,
à cause de leurs obligations de famille, ont à prendre des
engagements.
M. JOHNSON: Oui, je puis confirmer ça.
M. LESAGE: Alors nous ajournerons à cinq heures et demie le 29
jusqu'au lundi, 10 juillet.
M. JOHNSON: Il y aura peut-être une sanction le 29, alors...
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: ... disons à cinq heures et demie, six heures.
M. LESAGE: Bien oui.
M. JOHNSON: Disons que la sanction sera à cinq heures et
trente.
M. LESAGE: Oui, il y a le budget supplémentaire qu'il faudra
sanctionner.
M. JOHNSON: A cinq heures ou cinq heures et quart.
M. LESAGE: Cinq heures ou cinq heures et quart jeudi, mais nous
ajournerons jeudi jusqu'au 10 juillet
M. JOHNSON: C'est ça. Le 10, c'est lundi? M. LESAGE: C'est lundi,
le 10. M. JOHNSON: Le 11 juillet. M. LESAGE: Le 11 juillet. M. JOHNSON:
D'accord.
M. LESAGE: Est-ce que le premier ministre croit que sa
législation sera suffisamment prête à ce moment-là
pour que nous puissions ajourner pour le 23, à l'occasion de la visite
du général de Gaulle?
M. JOHNSON: C'est le Président...
M. LESAGE: Bien, c'est le premier ministre qui peut nous dire s'il croit
que sa législation sera prête.
M. JOHNSON: M. le Président, nous ajournerons certainement pour
la visite du général de Gaulle. Nous ne siégerons pas le
dimanche ni le lundi, je pense bien, le 24. A ce moment-là, combien de
lois nous restera-t-il à passer? Je ne le sais pas. L'Opposition le sait
mieux que moi.
M. LESAGE: Le gouvernement ne connaît pas son programme
législatif.
M. JOHNSON: L'Opposition le sait mieux que moi à ce
moment-là. Est-ce que l'Opposition fera une longue lutte sur certains
problèmes?
M. LESAGE: Non, non, ce n'est pas là la question. Je demande si
le chef du gouvernement connaît le programme législatif de son
gouvernement.
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. LESAGE: Alors, est-ce qu'il pourrait le donner aux
députés de la Chambre?
M. JOHNSON: Non.
M. LESAGE: Pourquoi le premier ministre a-t-il objection à donner
à cette Chambre une idée du programme législatif qu'il
nous reste à étudier d'ici la fin de la session?
M. LAPORTE: M. le Président, puisque nous sommes en session
depuis le 1er décembre 1966 et que les lois ne sont pas encore
présentées, celles qui ne le sont pas, il ne s'agit manifestement
pas de lois d'urgence, c'est clair. Parce que j'imagine que le gouvernement les
aurait apportées avant.
Il est évident que nous sommes rendus à la fin de juin et
que les députés, comme tous les autres citoyens de la province de
Québec, ont des familles, et nos familles, ça devient «
tannant » de les élever par téléphone à
l'année longue. Ce serait peut-être une décision sage du
gouvernement, même pour ceux qui peuvent trouver ça drôle
que nous ayons des familles, puis que nous aimions ça être avec
nos enfants pendant l'été comme tout le monde. Cela peut
paraître drôle pour certaines gens. Etant donné que la
législation ne semble pas être prête, étant
donné que, manifestement, ce ne sont pas des lois urgentes, est-ce qu'il
ne serait pas préférable, pour la bonne conduite des travaux de
la Chambre, pour que les députés,
comme les autres citoyens de la province de Québec, puissent
mener une vie aussi normale que possible, que nous ajournions le 29 ou le 30 et
que nous reprenions la session dans les premiers jours de septembre, quand la
législation sera prête et que nous puissions, à ce
moment-là, la voter assez rapidement? Je ne vois pas quelle serait
l'objection que le gouvernement aurait le temps, alors que la Chambre ne
siégera pas, de consacrer de plus longues périodes d'étude
à sa législation et qu'il pourrait nous convoquer au début
de septembre pour l'adopter le plus rapidement possible.
M. JOHNSON: M. le Président, je suis d'accord sur le fond.Il
faudrait tenter, dans toute la mesure du possible, de permettre aux
députés de passer des vacances avec leur famille.
M. LESAGE: Pas nécessairement des vacances.
M. JOHNSON: M. le Président, il n'y avait pas l'Expo en 1965, ni
en 1964; ce n'était pas un nouveau gouvernement, c'était un
gouvernement qui en était à ses cinquième et
sixième sessions, mais on nous a fait siéger jusqu'au 31 juillet
en 1964 et, en 1965, jusqu'au 7 août.
M.LESAGE: Oui, mais la session avait débuté à la
fin de janvier dans les deux cas et non pas le 1er décembre.
M. JOHNSON: Et il n'y a pas eu de récriminations ni de
scènes de la part des gens de l'Opposition...
M. LESAGE: Ah oui!
M. LAPORTE: On ne trouvait pas ça plus drôle dans ce
temps-là.
M. LESAGE: Nous avions commencé à la fin de janvier,
cependant.
M. JOHNSON: Il restait, à un moment donné, une seule loi
sur le feuilleton, j'ai vérifié: le gouvernement n'était
pas prêt, avait jugé à propos d'attendre ou devait
consulter...
M. LESAGE: Non, non, la législation était au
feuilleton.
M. JOHNSON: Non, le feuilleton a été réduit
à une seule loi en 1964, à un moment donné...
M. LESAGE: Il y avait d'autres lois...
M. JOHNSON: ... et, une fin de semaine il nous est arrivé une
série de lois.
M. LESAGE: C'est parce qu'il y avait des lois qui étaient devant
les comités.
M. JOHNSON: Pardon?
M. LESAGE: Il y avait des projets de loi à l'étude devant
les comités.
M. JOHNSON: M. le Président, je voudrais donner l'assurance aux
députés de cette Chambre que nous ne retardons pas l'ajournement
pour le plaisir de le retarder; nous faisons notre possible et il est aussi
grand notre possible que celui de l'ancien gouvernement en 1964 et en 1965. 31
juillet, 7 août, pas de récriminations, pas de ton
courroucé, pas de grandes scènes comme celle que vient de faire
le député de Chambly!
M. LESAGE: Non, c'était le député de Champlain qui
les faisait, les scènes, à ce moment-là.
M. JOHNSON: Jamais.
M. LESAGE: Oui, oui, et le député de Bagot.
M. JOHNSON: L'homme le plus pacifique, M. le Président, qu'on ait
jamais vu dans l'Opposition...
M. GERIN-LAJOIE: Il est violemment pacifique.
M. JOHNSON: Violemment pacifique, oui. M. BELLEMARE: C'était le
ton.
M. JOHNSON: Pacifiquement violent. Donc, M. le Président...
M. GERIN-LAJOIE: On connaît son grand coeur.
M. JOHNSON: ... le 29, et nous reviendrons le 11. Nous tenterons de
réduire au minimum les projets de loi qui devront recevoir l'attention
immédiate de cette Chambre.
M. LESAGE: Mais si le premier ministre... M. JOHNSON: D'autres projets
de loi pour-
raient mûrir sur la table pendant les vacances, ce qui permettrait
à certains députés de travailler, même pendant
l'été, et de se préparer pour l'automne. Ils auront du
pain sur la planche, des projets de loi intéressants à
étudier, mais qu'il ne faut pas passer à la vapeur.
M. LESAGE: Alors, si je comprends bien, M. le Président, le
premier ministre déclare à cette Chambre qu'il y a des projets de
loi qu'il faudra étudier avant l'automne et, deuxièmement, qu'il
y a des projets de loi qui seront déposés en première
lecture afin que les députés puissent les étudier à
loisir durant l'ajournement ou encore après la prorogation en attendant
une nouvelle session. Alors, je reviens à la question initiale que
j'avais posée au premier ministre. Est-il en mesure de nous dire, s'il y
a deux genres de projets de loi, premièrement, ceux qui doivent
être étudiés avant l'ajournement ou la prorogation et,
deuxièmement, ceux qui seront déposés? Ne serait-il pas en
mesure de nous dire quel est son programme législatif? C'est une
question absolument normale qui a été posée
régulièrement par le député de Bagot, alors qu'il
occupait mon siège. Je me souviens très bien que, lorsque l'on me
posait cette question-là, je répondais immédiatement ou je
disais que je répondrais le lendemain et j'arrivais avec une liste de
projets de loi dont je faisais connaître la nature ou au moins les
titres. Est-ce que le premier ministre n'est pas en mesure de suivre la
même pratique?
M. JOHNSON: Disons que, probablement jeudi, je pourrai satisfaire, en
très grande partie du moins, la curiosité légitime du chef
de l'Opposition.
M. LESAGE: Ce n'est pas tant la curiosité du chef de l'Opposition
que le besoin de savoir des députés de cette Chambre, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. L'honorable député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, sur la même question, on
me permettra d'ajouter un mot. Le premier ministre a voulu
référer à ce qui s'était passé en 1964 et
1965. Le premier ministre se souvient très bien qu'à ce
moment-là, la Loi de la Législature n'était pas ce qu'elle
est aujourd'hui et que les députés n'étaient pas
rémunérés de la même façon qu'ils le sont
aujourd'hui, pas pour le même montant et pas avec des versements suivant
les mêmes modalités. Il a été convenu à
l'unanimité de cette Chambre, je pense, M. le Président, non
seulement par les textes de loi que nous avons adoptés, mais par les
discours qui ont été faits, que nous visions tous, des deux
côtés de la Chambre, désormais, à avoir des sessions
plus ou moins à l'année longue, en prévoyant des vacances
pendant la période de l'été, des vacances parlementaires,
ce qui n'est pas nécessairement des vacances individuelles pour toute la
durée.
Alors, M. le Président, je m'étonne de voir le premier
ministre référer à ce qui s'est passé autrefois et
je m'étonne de ne pas voir chez lui un plus grand intérêt
pour établir les travaux de l'Assemblée législative
suivant un nouveau calendrier. Autrefois on a eu des sessions qui allaient de
janvier ou de la fin de janvier au début du mois d'août, c'est
arrivé. Mais je pense que le désir unanime de cette Chambre
s'était exprimé pour que nous ayons des sessions plus tôt,
de septembre à juin.
Et, je me demande si, dans cette perspective, M. le Président
et enchaînant avec ce qui a été dit il y a quelques
instants le premier ministre n'accepterait pas de reviser son programme
législatif avec ses collègues et de bien se demander si certains
des projets de loi qu'il avait en vue de nous soumettre, y compris ceux qui
apparaissent en appendice, ne pourraient pas être remis à
l'automne? Je comprends que le premier ministre n'est pas fixé, c'est ce
qu'il vient de dire au chef de l'Opposition. Alors, dans cette perspective, je
lui demanderais de bien vouloir examiner la question que je viens de lui
soumettre, parce que je me souviens très bien que le premier ministre a
manifesté une certaine sensibilité au fait que les membres de
cette Chambre sont pour la plupart des pères de famille.
Il a exprimé souvent le désir que ces pères de
famille se retrouvent dans leur milieu, leur famille, leur comté pendant
la période de l'été au lieu de s'y retrouver pendant le
mois de septembre, le mois d'octobre et le mois de novembre. C'est dans cette
perspective que je fais appel au premier ministre comme je viens de le faire
depuis quelques instants.
M. JOHNSON: Très bien. M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
La grève de 1'Hydro
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai le plaisir de faire part
à la Chambre que depuis minuit hier soir, la décision a
été prise par les syndicats de mettre fin à toute forme de
grève, grève tournante ou grève générale,
à l'hy-dro.
J'ai l'intention de faire une déclaration plus
élaborée, demain probablement, afin de renseigner
complètement les députés de cette Chambre sur
l'état de la question et les modalités du règlement.
Est-ce qu'on peut prendre... Oui, faites votre message, s'il vous
plaît.
Message du Conseil législatif
M. LE PRESIDENT: Qu'il me soit permis de communiquer à cette
honorable Chambre un message reçu du Conseil législatif. «
Conseil législatif, 27 juin 1967.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec des amendements qu'il la prie
d'agréer, les bills suivants:
Bill numéro 160 intitulé: Loi concernant la succession de
Sam Veremeichik.
Bill numéro 181 intitulé: Loi concernant The Canada and
Gulf Terminal Railway Company.
Attesté Léonard Parent greffier-associé du Conseil
législatif. »
M. LE PRESIDENT: Ces amendements sont-ils agréés?
M. LESAGE: J'en ai pris connaissance, il n'y a pas d'objection de ce
côté-ci.
M. JOHNSON: Pas d'objection. Relativement au bill 160, il s'agit d'un
changement de forme seulement et, relativement au bill 181, on a inscrit le nom
français de la compagnie de chemin de fer.
M. LESAGE: Oui, à la suite de la suggestion que j'avais faite au
comité des bills publics.
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre propose que les
amendements apportés par le Conseil législatif aux bills dont
j'ai donné lecture soient maintenant agréés. Cette motion
est-elle adoptée? Adopté.
Bills de Québec et de Laval
M. JOHNSON: M. le Président, on pourrait peut-être, avec le
consentement de la Chambre, étudier deux bills, celui de Québec
et celui de Laval.
M. LESAGE: Je voudrais au moins les lire. M. JOHNSON: Ils sont
très courts.
M. LESAGE: Il faudrait que je les lise.
M. JOHNSON: En deuxième lecture, le ministre des Affaires
municipales les lira...
M. LESAGE: Est-ce que le ministre des Affaires municipales doit quitter
dès midi?
M. JOHNSON: Oui... Non. Demain.
M. GERIN-LAJOIE: Si tous les députés faisaient ça,
ce serait beau, n'est-ce pas?
M. JOHNSON: Faisaient quoi?
M. GERIN-LAJOIE: Que le premier ministre tienne donc compte de ce qu'on
a dit tantôt, nous sommes tous dans la même situation. J'en ai dit
assez, je pense.
M. JOHNSON: Je ne comprends pas.
M. GERIN-LAJOIE: Je n'en dirai pas plus long pour ne pas manquer de
délicatesse, mais je pense que le premier ministre comprend que ce que
je viens de dire se relie à ce que j'ai dit tout à l'heure. Je ne
veux pas manquer de délicatesse. Je n'en dis pas plus long.
M. LESAGE: Alors, pour être délicats, nous allons accepter
de passer ces deux bills, deuxième lecture, comité,
troisième lecture.
M. DOZOIS: Tout de suite?
M. LAPORTE : Faites la procédure.
M. LESAGE: C'est fait.
M. JOHNSON: Quel respect du formalisme!
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime, l'honorable ministre des
Affaires municipales propose la deuxième lecture, l'étude en
comité, le rapport des comités et la troisième lecture des
bills: Loi autorisant l'octroi des subventions spéciales à la
ville de Québec et Loi autorisant l'octroi d'une subvention
spéciale à la ville de Laval. Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
M. DOZOIS: Il aurait fallu que je dise avant la deuxième lecture
que, pour les deux bills, le lieutenant-gouverneur ayant pris connaissance de
la teneur de ces bills en recommande l'étude à la Chambre.
M. LAPORTE : Il faut tout recommencer!
M. LESAGE: Est-ce qu'on me permettrait? Le premier ministre, hier, a
annoncé que nous étudierions probablement aujourd'hui les
crédits du Conseil exécutif.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Pourrais-je demander si nous aurons, en temps utile, entre
autres, les réponses aux questions numéros 1 et 2?
M. JOHNSON: Nous sommes rendus à l'ordre du jour depuis
longtemps.
M. LAPORTE: Les questions aussi sont là depuis longtemps]
M. LESAGE : Il me semble que le premier ministre pourrait être
aussi aimable que je viens de tenter de l'être pour lui et son ministre
des Finances.
M. JOHNSON: Oui, à l'occasion de l'étude des
crédits, aux articles appropriés, nous pourrons parler des choses
qui font l'objet de ces questions.
M. LESAGE: Je n'ai pas compris ce que vient de dire le premier ministre.
C'était sibyllin.
M. JOHNSON: A l'occasion de l'étude des crédits du Conseil
exécutif, nous pourrons parler à l'article approprié des
choses qui font l'objet de ces questions.
M. LESAGE: Le premier ministre et le leader du gouvernement en Chambre,
le député de Champlain, s'étaient engagés à
déposer en particulier la réponse à la question no 1 avant
l'étude des crédits du Conseil exécutif, et j'ai besoin de
cette réponse en autant que les crédits de la Commission de la
fonction publique sont concernés, et ça, pas besoin d'être
grand clerc pour le savoir.
M. JOHNSON: Moi aussi, j'en aibesoin.
M. LESAGE: Alors, je ne vois pas pourquoi, si c'est prêt, on ne
les déposerait pas. Est-ce que le gouvernement a décidé de
traiter l'Opposition d'une façon aussi méprisante, quoi?
M. JOHNSON: Non.
M. LESAGE: Alors pourquoi ne donne-t-on pas la réponse à
la question no 1 qui a été posée il y a plus de cinq
mois?
M. JOHNSON: Parce qu'on ne nous a pas encore fourni les renseignements
que nous demandions, et j'espère que cet après-midi je serai en
mesure de pouvoir répondre en très bonne partie à cette
question. Si les renseignements sont complétés, tant mieux, je
vais tout de suite prendre les informations. Mais si les renseignements ne sont
pas complétés, eh bien, on les donnera plus tard.
M. LESAGE: Nous pourrons suspendre l'étude des crédits de
la fonction publique.
M. JOHNSON: Comme on voudra, on verra dans le temps. Article 18.
Bill no 51
M. LE PRESIDENT: La Chambre se forme de nouveau en comité
plénier pour étudier le bill no 51: Loi de
l'assurance-dépôts du Québec. Article 1.
M. BOURASSA: M. le Président, le premier ministre, au cours de
son exposé, a parlé d'une taxe additionnelle possible. Je ne sais
pas si cela vient à cet article-là, mais je me demande s'il ne
pourrait pas être plus précis. Est-ce une taxe qui s'appliquerait
à certaines entreprises, certaines institutions ou une taxe de nature
plus générale?
M. JOHNSON: Je regrette, je ne crois pas qu'il soit
d'intérêt public de dévoiler la nature de la taxe. Je pense
que, selon la coutume, il ne serait pas sage de la dévoiler. D'abord, je
n'ai parlé que d'une taxe possible et, deuxièmement, cela n'a pas
rapport du tout à cette loi-ci, sauf en incidence. On sait bien qu'en
comité plénier, on étudie la loi, article par article.
Article 1, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 1.
M. LESAGE: Articles 1, 2, 3, 4, 5, adoptés.
M. LE PRESIDENT: Articles 1, 2, 3, 4, 5, adoptés. Article 6.
M. LESAGE: A l'article 6, est-ce que le premier ministre a une
modification à suggérer quant à la durée du mandat
des membres?
M. JOHNSON: Oui, évidemment, j'ai pris note des propos du chef de
l'Opposition. Comme première étape, disons que nous
préférons ne pas fixer un terme.
M. LESAGE: Ne pas fixer de terme?
M. JOHNSON: Non.
M. BOURASSA: Pour quelle raison?
M. JOHNSON: Peut-être que nous en viendrons là, et que nous
demanderons plus tard un amendement pour placer ces gens-là exactement
au même palier que d'autres qui ont des fonctions similaires. Ce n'est
pas facile de recruter des gens qui ont toute la préparation voulue pour
jouer le rôle que nous attendons de ces messieurs. Disons que, pour le
moment, nous avons besoin d'un peu de souplesse. Lors d'une autre session,
peut-être plus tard au cours de la session, nous pourrions
peut-être demander de confirmer leur mandat en leur donnant une
sécurité. C'est extrêmement important, cette fonction. On
l'a évoqué lors de la deuxième lecture, il y a là
des pouvoirs extrêmement étendus.
M. LESAGE: Raison de plus, justement. M. JOHNSON: Oui, oui.
M. LESAGE : C'est justement parce que des pouvoirs
discrétionnaires extrêmement larges sont accordés aux
membres de la régie qu'il est important qu'ils ne soient pas asservis au
gouvernement et que par conséquent, ils soient nommés pour un
terme donné, qu'ils ne soient pas nommés là au gré
et au plaisir du prince... Evidemment, il y en a en cette Chambre qui ne
semblent pas comprendre les expressions consacrées par notre
jurisprudence. Ce sont des termes qui sont régulièrement
employés en cour et devant les assemblées
délibérantes. Le prince, ça veut dire l'autorité
gouvernementale. C'est ce que ça veut dire. Lorsque l'on parle de
discrétion et d'arbitraire, il est normal que ça veuille dire ce
que ça veut dire, au gré du prince.
M. BERGERON: Merci pour la leçon de français.
M. LESAGE : Alors, je pense que le premier ministre m'a très bien
compris; il sait fort bien qu'il n'y a aucune connotation là-dedans,
c'est une expression juridique consacrée.
M. BERGERON: On comprend ça.
M. LESAGE: Je dis que c'est dangereux de consacrer l'arbitraire. Le
premier ministre le sait aussi bien que moi, surtout étant donné
les pouvoirs immenses que j'ai mentionnés l'autre jour. Prenons par
exemple le cas des caisses populaires. Aucune caisse populaire ne pourra ouvrir
ses portes sans un permis de la régie. Si les régisseurs, les
membres de la régie sont totalement asservis au gouvernement... Il y a
déjà trois fonctionnaires, si les deux autres membres sont
nommés au bon plaisir et n'ont aucune sécurité dans leur
emploi, ehbien,je dis que c'est le gouvernement qui, en définitive,
pourra déterminer quel doit être le champ d'action, par exemple,
des caisses populaires. Je dis que c'est mauvais en soi. Je ne dis pas que le
gouvernement va le faire, mais je dis qu'il peut le faire et que le
gouvernement se doit de donner toutes les garanties qu'une telle chose n'est
pas possible. Alors, fixer une durée pour les deux membres qui ne sont
pas fonctionnaires me semble impératif.
M. JOHNSON: Nous n'avons pas hésité à le faire dans
deux autres cas similaires: la régie de l'assurance-récolte et la
Société d'habitation. Cependant, ce n'est pas pour rien que j'ai
annoncé la mise sur pied d'un nouveau ministère, celui des
compagnies et des institutions financières. Et pour qu'il y ait une
coordination très étroite, nous songeons à ce que
peut-être le sous-ministre du nouveau ministère soit en même
temps l'inspecteur général ou ait cette responsabilité
d'inspecteur général. Alors, il aura évidemment le statut
de sous-ministre et l'on sait que c'est un statut assez stable que celui de
sous-ministre.
M. LESAGE: Oui, mais quand même...
M. JOHNSON: Je n'en fais pas une question de principe.
M. LESAGE: J'en ai fait une question de principe, moi, et j'aimerais
entendre le premier ministre là-dessus.
M. JOHNSON: Non, non, je n'en ferai pas non plus une question de vie ou
de mort. Je suis très ouvert à des suggestions que l'on pourrait
faire, mais on devrait songer cependant que trois de ces régisseurs
seront des fonctionnaires, de toute façon. Le directeur
général sera probablement le sous-ministre des compagnies et des
institutions financières. Il reste un commissaire là, qui a la
patte en l'air comme on dit, je ne sais pas... peut-être qu'il y aurait
lieu... Si on voulait suspendre cet article-là, je vais y
réfléchir à l'heure du déjeuner pour voir comment
ça peut s'imbriquer avec le nouveau ministère.
M. LESAGE: Si le sous-ministre est membre de la régie, il va
être un des trois fonctionnaires.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Alors, il va y avoir deux personnes non fonctionnaires. Donc,
il y aura avec le sous-ministre deux fonctionnaires et il y aura deux autres
personnes dont une sera directeur général, mais qui ne sera pas
fonctionnaire.
M. JOHNSON: Je vais suspendre, et pendant l'heure du
déjeuner...
M. KIERANS: M. le Président, if the administration of this bill
is not the strongest possible that we can devise in this Province, what is
obviously going to happen will be an impact and a poor impact, a weakening of
our credit. We have to build the team to administer this bill that will inspire
confidence, not only among the companies that are subject to the regulations
and to the laws but among the depositors themselves. If the administration of
this bill is not the strongest, what will happen is that depositors outside of
the Province of Quebec will have the advantage of stronger administration
whether it is under the Federal Act or the Ontario Act: that these depositors
will have better insurance than our own people, our own depositors in this
Province.
Now, the strength of an administration depends primarily on the man that
is going to head the Board. If this man is not indépendant, if this man
se trouve au bon plaisir du gouvernement, il manque évidemment
d'indépendance. Et ainsi la régie manque d'indépendance
envers le gouvernement. There is a complete weakening in the whole
administration; in the Board itself. Not only are you going to find it
difficult, to find a man of sufficient stature what man of sufficient
stature will accept a job, the terms and conditions of which can be changed
over night? you are going to have to accept a person whose, perhaps,
primary objective is to obtain a political appointment and not a person who has
sufficient pride in his own confidence and ability to make a choice among a
number of possible careers. I think we must insist, Mr. President, that the
very independence, the life of this whole Act depends on this article being
changed and providing a fixed term for the general manager of this Board.
M. JOHNSON: I agree with the honourable Member. The appointment of the
gentleman who will make up this Board is one of the most important things we
have to do. A lot of the credit towards this organization will be flowing from
exactly the kind of personnel that will be appointed there. Now, it has
happened in the past to every administration to make a mistake in one year in
appointment, and one year stuck for ten years with the mistake, it is a little
embarrassing. Je pense que la jurisprudence récente est assez claire. La
sécurité des gens est assurée, en tout cas elle a
été en pratique assurée par leur maintien en fonction. Le
grand danger, et Dieu nous garde que ça arrive trop tôt, ce serait
un changement de gouvernement.
M. KIERANS: Il faut envisager une telle possibilité.
M. JOHNSON: Disons que c'est le devoir même du président de
la fédération libérale de travailler dans ce
sens-là, mais je ne voudrais pas conclure que, du fait que son
équipe prendrait le pouvoir, il couperait tout de suite la tête
à des bons hommes parce qu'ils n'ont pas de sécurité de
six ans.
M. LESAGE: Cela n'a rien à faire, c'est un « red herring
».
M. KIERANS: Cela dépend de la psychologie de votre candidat.
M. LESAGE: Ce qui est important, c'est l'indépendance de ces
gens-là...
M. JOHNSON: Deuxièmement, nous n'avons que peu de
précédents, mais il y en a un, c'est celui qui a
été établi en Ontario récemment et, avec votre
permission, je pense qu'il serait intéressant d'entrendre la lecture de
l'article 4 que je lis dans son texte original.
M. LESAGE: Quelle loi?
M. JOHNSON: La loi, c'est « An act ot establish the Ontario
Deposit Insurance Corporation », Bill 24. 1) « The Board shall
consist of the person appointed as the Chairman and the persons who for the
time being hold, respectively, the offices of the Deputy Provincial Treasurer,
the Comptroller of Finance, the Deputy Minister of Financial and Commercial
Affairs and the Registrar, and such other persons as may be appointed by the
Lieutenant Governor in Council. » 2) « In the event of the absence
or incapacity of any director of the Corporation other than the Chairman, the
Minister may appoint, for a period not exceeding thirty days, an alternate
for such director who shall serve on the Board during such absence or
Incapacity and who shall, while so serving, be deemed to be a member of the
Board. » 3) « A member of the Board shall be paid by the
Corporation reasonable travelling and living expenses incurred by him while
absent from his ordinary place of residence in the course of his duties as a
director, but no director of the Corporation, other than the Chairman, shall
receive any other remuneration for his services on the Board. » Article
5: 1) « The Lieutenant Governor in Council shall appoint a person to be
the Chairman. » 2) « No person is eligible to be appointed or to
continue as Chairman who, a) is not a Canadian citizen, etc. b) is a member of
the Senate of House of Commons... c) is a director, officer or employee of a
member institution, or d) has reached the age of seventy years. » On n'a
ici aucune sécurité pour ces gens. Je crois, M. le
Président...
M. LESAGE: Bien, il s'agit de hauts fonctionnaires.
M. JOHNSON: Non, le « Chairman » n'est pas
nécessairement un haut fonctionnaire.
M. LESAGE: Tous les autres.
M. JOHNSON: Et les autres ne le sont pas tous nécessairement. Il
y a un groupe... On s'est donné beaucoup de latitude, on a inclus des
fonctionnaires en les désignant par fonction et ensuite on a
ajouté « and such other persons au pluriel as may be
appointed by the Lieutenant Governor in Council ».
M. LESAGE: Evidemment, il faudrait savoir quels sont les pouvoirs
donnés à cette régie par la loi...
M. JOHNSON: Il s'agit de savoir si on va prendre le risque de nommer
quelqu'un c'est arrivé dans le passé qu'on ait fait des
erreurs puis être collé pendant dix ans avec son erreur.
C'est un inconvénient de ces nominations à terme fixe. Et tout le
monde a le droit de faire des erreurs.
M. LESAGE: C'est l'indépendance des membres qui est
importante.
M. JOHNSON: Au début, il y a toute une pé- riode
d'organisation. On s'en est rendu compte en deuxième lecture. Il y a
là du terrain neuf, il y a là un réaménagement des
fonctions de plusieurs ministères. Cette régie, de même que
le nouveau ministère seront graduellement amenés à
s'occuper de tout le secteur privé commercial et financier.
Alors, est-ce qu'on ne devrait pas se garder un peu de mobilité
au départ? Je croyais, moi, que c'était préférable,
contrairement au cas de la régie de l'assurance-récolte et de la
Société d'habitation. Dans le cas de la Régie de
l'assurance-récolte et de la Société d'habitation, on
avait des gens, le chef de l'Opposition le sait, qui ont travaillé
depuis très longtemps à ces projets et qui sont des candidats
très forts.
M. LESAGE: Reconnaissables.
M. JOHNSON: Oui. Tandis que sur l'autre, les gens qui ont
travaillé à ces projets-ci sont aussi d'excellents candidats,
mais disons qu'ils sont très occupés ailleurs et qu'on n'a pas
l'intention de les immobiliser dans une régie, alors qu'on pourrait
tenter d'en trouver ailleurs.
M. LESAGE: Je pense que le voisin de droite du premier ministre vient de
perdre le « job ». Il n'y tient pas, je pense.
M. JOHNSON: Ah non! je pense qu'il ne tient pas à aller se
renfermer là.
M. LESAGE: Je pense qu'il n'y tient pas.
M. JOHNSON: En tout cas, je ne veux pas vous donner de certificat public
limité, je serais plutôt porté à donner un
certificat illimité, c'est-à-dire qu'il a de la compétence
dans plusieurs domaines et le limiter à celui-là, serait
peut-être, M. le Président, ne pas appliquer ce principe que je
mentionne très souvent: l'utilisation optimale des compétences.
Pour les utiliser au maximum, il faut avoir la possibilité de les
envoyer là où le feu prend à un moment donné.
M. LESAGE: Ah! c'est bien utile une équipe de pompiers...
M. JOHNSON: Ah oui!
M. LESAGE: ... bien qualifiés.
M. JOHNSON: Rapides, qui ont de l'endurance, qui peuvent se passer
même de dormir quand c'est nécessaire. M. le Président,
disons quand même que j'en discuterai avec mes collègues
pendant l'heure du déjeuner. Ce n'est pas une question de
principe, là, c'est une question de prudence encore une fois. Si on
trouvait une personne compétente qui voudrait tenter de relever ce
défi, elle nous demanderait peut-être une sécurité
pour cinq, dix, douze ou quinze ans. La loi fédérale
établissant la Société d'assurance-dêpôts du
Canada accorde une sécurité de cinq ans: « Le
président est nommé pour une période de cinq ans, sauf
mauvaise conduite et il peut être nommé de nouveau à
l'expiration de son mandat, mais il peut, au cours de tout mandat, faire
l'objet d'une révocation motivée de la part du gouverneur en
conseil. »
M. LESAGE : Ce n'est pas si mal.
M. JOHNSON: Alors, ce n'est pas seulement pour mauvaise conduite.
M. LESAGE: Non, non, mais je dis ce n'est pas si mal. Il y a tout de
même un bon degré de garantie, ce n'est pas le bon plaisir. Il
faut que ce soit motivé.
M. JOHNSON: Ce serait peut-être une formule, ça.
M. LESAGE: Qui est mieux que ce qu'on a dit.
M. JOHNSON: L'objet d'une révocation motivée. On sait
comme c'est délicat; sans donner de noms, l'ancien ministre des
Finances, le chef de l'Opposition, sait bien qu'à un moment donné
on est pris avec des gens en place, ils ont une réputation. On n'ose
pas. les déplacer, même si on se rend compte que cela bloque
joliment tout le travail dans ce secteur.
M. LESAGE: Cela vaut des deux côtés parce que, s'ils sont
nommés durant bon plaisir, eh bien, on ne peut pas même
espérer de terme et il faut les révoquer de toute façon.
L'argument vaut des deux côtés.
M. JOHNSON: Là, on hésite à les
révoquer...
M. LESAGE : Bien, on n'a pas besoin de les révoquer. Si c'est
pour cinq ans, on est sûr qu'au bout de cinq ans cela va tomber.
M. JOHNSON: ...parce qu'on ne veut pas leur faire perdre leur
réputation, on ne veut pas affecter le rang social de ces gens-là
et celui de leur famille. C'est assez délicat. On cherche des «
Irish promotions », on cherche des façons de
réaménager nos cadres de façon à les utiliser un
peu mieux, mais s'ils sont nommés pour une période de dix ans,
là ce n'est pas facile de les changer. Par exemple, à la Bourse,
l'on ne nommait pas un homme pour dix ans?
M. KIERANS: Non, j'avais confiance en moi.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on le nommait pour dix ans?
M. KIERANS: Non, je ne pense pas.
M. JOHNSON: Non. M. Ilees avait-il été nommé pour
dix ans?
M. KIERANS: Non, très bien, est-ce que je peux expliquer la
distinction?
Mr. President, on both sides of the House we are searching for the same
thing. It is the best administration possible of this Act. If we do not find
the best administration possible, it simply means that people who are insured
under the Federal Act or under other Provincial Acts will have a better
insurance than our own people. This is not what we are looking for.
Now, I realize that the Prime Minister has pointed out some very real
disadvantages of naming a person for a stated number of years, let us say 10
years. Ile has also mentioned the fact that they have not done this in Ontario.
Well, I want to bring up something a little delicate here, but let us say that
we are working for the best of the Province and for the best administration of
this bill. Perhaps we, in Quebec, have to promise a little bit more to the
President of a « telle régie » than Ontario. Why? Now, I am
not referring to the present Government and I am not referring to the
Government of my leader, but in the history of Quebec, whether it is the regime
of Mr. Taschereau or the regime of Mr. Duplessis, it is a fact that the
Government of Quebec have not always been kind or tender or even generous
towards their public servants.
This is a fact. I think that it is one of the greatest realizations of
the previous Government and one that will be continued, I hope and believe, by
the present Government, that this tradition has changed in this Province and
that it has changed for the better. But people who may be convinced in this
House that this ancient tradition has changed are not so easely convinced
outside of the House. The Prime Minister has raised my personal
case that I had not exacted a term of office with the Exchange. Well the
Exchange had not the reputation for changing people after changes in the Board
of Governors or by changes of administration. I think that if such a job were
offered to me or to others, that we would have to take into account the past
history of Governments in this Province, except for the present Government and
except for the previous Government.
I think that in view of what the Prime Minister wants, and in view of
what the Opposition wants, it would be well that he does consider, as he has in
fact said, this article very seriously.
M. JOHNSON: Ilow does the Member react to this clause in the Federal
Act, five year period?
M. KIERANS: Pas si mal du tout.
M. LESAGE: C'est certainement mieux que le bon plaisir. Parce qu'il faut
que ce soit motivé.
Il y a un terme et pour qu'il y ait remerciement, si l'on veut, avant
terme, il faut que ce soit motivé, ça c'est beaucoup mieux que le
bon plaisir.
M. JOHNSON: Oui, ça m'a l'air d'une disposition qui permet de
dire gentiment à quelqu'un: Bien disons qu'on a des motifs, et là
il y a tout de suite une visite chez le cardiologue.
M. LESAGE: Ce n'est pas tout à fait aussi difficile que «
l'impeachment » d'injure, mais quand même.
M. JOHNSON: Je ne voudrais certainement pas m'embarquer dans cette
explication et je ne voudrais pas, non plus, être collé avec un
homme qui ne fait pas son boulot pendant dix ans.
M. LESAGE: S'il ne fait pas son boulot, il y a un motif valable. La loi
fédérale couvre ce cas. Mais que le premier ministre y pense
donc, nous allons suspendre l'étude de l'article.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Je voudrais aussi que le premier ministre se souvienne de ce
que j'ai mentionné hier au sujet du paiement d'honoraires additionnels
ou d'allocations aux fonctionnaires. Je crois que c'est très mauvais
d'établir ce principe dans plusieurs projets de loi. C'est le
deuxième en deux jours. C'est encore à l'article 6.
M. JOHNSON: C'est le même principe.
M. LESAGE: C'est le même principe que celui d'hier, je crois, je
tiens à le souligner. C'est un mauvais principe que de payer des
honoraires aux fonctionnaires en dehors de la rémunération qui
est prévue pour les fonctionnaires en vertu de la Loi de la fonction
publique. C'est une chose que nous avons vu à éliminer durant les
six ans où nous avons été responsables de l'administration
de la province: le paiement de deux salaires au même fonctionnaire. Si
nous voulons protéger l'indépendance des fonctionnaires
vis-à-vis du gouvernement au pouvoir, pour autant qu'il est
l'émanation d'un parti politique, nous croyons que ce gouvernement ne
doit pas avoir le pouvoir de les rémunérer plus ou moins. C'est
à la fonction publique qu'il appartient de déterminer les
conditions de salaires des fonctionnaires.
M. JOHNSON: Alors, on suspend l'étude de l'article 6.
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Les articles 6 et 7 peut-être.
M. LESAGE: L'article 6 seulement.
M. JOHNSON: Article 7, adopté?
M. LESAGE: Les articles 7, 8, 9,10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
adoptés. Article 17.
M. LE PRESIDENT: Les articles 7 à 17, adoptés.
M. LESAGE: Sauf l'article 17.
M. BOURASSA: Sur l'article 17, il semble bien que le pouvoir
d'enquête qui a été accordé dépasse le champ
de l'application de la loi, puisqu'on confère un pouvoir d'enquête
auprès des personnes et non seulement des institutions, alors que la loi
parle d'institutions. Cela veut dire qu'on pourra enquêter chez tous les
particuliers et, comme les pouvoirs d'enquête sont fort étendus,
il y aurait lieu d'avoir des explications sur ce point-là.
M. LESAGE: Est-ce que je pourrais rappeler également au premier
ministre qu'en mentionnant le mot « personne » on inclut les
banques?
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Alors que le mot « institution » ne les inclurait
pas, et je crains que ce soit inconstitutionnel.
M. JOHNSON: Si le député de Bourassa me permet, on va
d'abord disposer du point qu'avait soulevé, lors de la deuxième
lecture, le chef de l'Opposition et je crois qu'il serait sage d'incorporer ici
toute personne autre que la banque.
M. LESAGE: Cela comprend les notaires, les avocats.
M. JOHNSON: Mais oui.
M. BOURASSA: Alors, est-ce que le premier ministre pourrait expliquer la
justification d'une mesure qui paraît, à première vue,
exorbitante aux objectifs de la loi?
M. JOHNSON: M. le Président, c'est dans la quatrième ligne
du troisième alinéa: « de toute personne autre qu'une
banque». D'accord? Maintenant, quelle est la critique du
député de Mercier?
M. BOURASSA: Je dis que la loi permet ou accorde des pouvoirs
d'enquête, non seulement auprès des institutions qui se trouvent
couvertes par le projet de loi, mais aussi auprès des personnes. Alors,
ceci comprend les avocats, les notaires et ceci veut dire que les responsables
pourraient enquêter avec les pouvoirs fort étendus que
confère la loi auprès d'individus qui ne se trouvent pas couverts
par la loi, puisqu'ils ne sont pas des institutions. Il y a le problème
du secret professionnel qui se trouve également impliqué dans
cette question.
M. LESAGE: Je ne comprends pas pourquoi c'est nécessaire pour les
avocats, alors qu'il y a déjà une garantie par le Barreau et que,
de plus, il y a là toute la question du secret professionnel.
M. JOHNSON: D'abord, les sommes d'argent reçues par les avocats
et les notaires pour leurs clients, et non pas comme placements, dans le
règlement d'une affaire quelconque ne seront pas
considérées comme des dépôts au sens de la loi de
l'assurance-dépôts.
M. LESAGE: Oui, mais il y en a qui sont reçues comme
placements.
M. JOHNSON: Deuxièmement, c'est l'intention du gouvernement de ne
pas permettre aux professionnels, à l'avenir, de recevoir de l'argent et
de le placer selon leur bon gré, même dans des affaires qui leur
appartiennent ou dans lesquelles ils ont des intérêts. Il faut que
cela cesse si on veut éviter ce qui, depuis quelques mois, a fait
l'objet des manchettes. Le temps du...
M. LESAGE: Il ne faut pas prendre peur à cause d'un cas, non
plus.
M. JOHNSON: Non, seulement il faudrait...
M. LESAGE: Le premier ministre m'a répondu hier que la Chambre
des notaires envisageait pour l'immédiat la possibilité de
garantir, au même titre que le Barreau le fait...
M. JOHNSON: La Chambre des notaires a déjà un
système d'indemnisation des clients, système purement volontaire,
discrétionnaire. La décision est tout à fait à la
discrétion de la corporation. Or, ce n'est pas un système
suffisant qui a une couverture assez vaste.
M. BOURASSA: Si je comprends bien la réponse du premier ministre,
c'est qu'étant donné que les dépôts qui ne sont pas
sollicités mais qui sont reçus par les individus ne se trouvent
pas sous la juridiction de la loi, il...
M. JOHNSON: Il n'y aura pas...
M. BOURASSA: Il ne devrait pas y avoir d'enquête.
M. JOHNSON: Les fonds détenus en fiducie par un avocat ou un
notaire à l'occasion de l'exercice de leur profession respective ne sont
pas des dépôts dans le sens ordinaire du terme.
De cette façon-là, nous n'aurons pas à exercer les
pouvoirs de l'article 1 auprès de ces personnes. Il pourrait arriver que
certaines personnes se promènent en campagne et sollicitent des
dépôts auprès des gens; il faudrait bien qu'on puisse les
attraper quelque part.
M. LESAGE: Oui, mais, si au lieu de solliciter les dépôts,
un avocat reçoit un dépôt qu'il n'a pas
sollicité...
M. JOHNSON: Un dépôt au sens de la loi et des
règlements?
M. LESAGE: Bien.
M. BOURASSA: Comment établir le lien entre la sollicitation et la
réception, là?
M. JOHNSON: Evidemment, un avocat qui en ferait un commerce de recevoir
des dépôts et de les placer, il faudrait bien pouvoir l'attraper,
celui-là. La même chose pour un notaire. On doit comprendre qu'il
faut donner un coup de barre actuellement. Pour calmer les appréhensions
légitimes de quelques membres de cette Chambre, je dirai que nous sommes
en négociation avec la Chambre des notaires et il y a de la part de la
direction de la Chambre des notaires une très grande
compréhension et une excellente coopération. Si, après
l'adoption par cette Chambre de ce bill en troisième lecture, la Chambre
des notaires n'était pas satisfaite, elle pourra toujours faire des
représentations en temps utile pour le conseil. Il ne s'agit pas
d'exclure tout le monde, mais de prendre des mesures assez radicales pour
éviter...
M. LESAGE : Il faut de la protection, mais il faut aussi sauvegarder le
secret professionnel.
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. BOURASSA: Justement, le public va être craintif ou peut avoir
des appréhensions si le secret professionnel est touché.
M. JOHNSON: Je ne vois pas en quoi le secret professionnel pourrait
être...
M. BOURASSA: Les pouvoirs de l'article 17, je pense, sont assez larges
pour permettre...
M. JOHNSON: Oui, le deuxième paragraphe est assez large, oui,
mais je crois...
M. LESAGE: « L'accès en tout temps aux livres, registres,
comptes et autres dossiers de toute personne passons les mots si l'on
veut qui sollicite » ou...
M. JOHNSON: C'est un pouvoir qu'on a accordé...
M. LESAGE: « Pour toute personne qui accepte des
dépôts d'argent ».
M. JOHNSON: ... à la Régie des rentes, hein? C'est un
pouvoir qui n'est pas utilisé bien souvent, même par la
Régie des rentes...
M. BOURASSA: Mais du moment qu'il existe, il peut créer des
appréhensions.
M. JOHNSON: ... et qu'on a cru sage de lui accorder dans le temps.
M. LESAGE: C'est parce que je vois le cas où un client...
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: ... se présente...
M. JOHNSON: Si l'on veut me permettre de compléter les
renseignements, il y a la Loi des agents de réclamation, article 18,
deuxième alinéa, qui contient cette même prescription, ces
mêmes pouvoirs.
M. LESAGE: Oui, très bien.
M. BOURASSA: Ce ne sont pas les mêmes objectifs, M. le
Président. Même si on invoquait une autre loi, comme le
Régime des rentes, ce qui est l'objet de la discussion, ce sont les
dépôts que les individus ou les personnes peuvent faire et s'ils
ne sont pas assurés du secret professionnel, ça peut constituer
un obstacle sérieux dans certains cas.
M. JOHNSON: Il faudrait quand même que la régie puisse se
rendre auprès d'un notaire ou d'un avocat, puis voir s'il ne
reçoit pas de dépôts ou s'il en reçoit de temps
à autre, sans en solliciter.
M. BOURASSA: Mais les pouvoirs sont plus larges que ça.
M. JOHNSON: Ou bien encore s'il sollicite et en fait commerce. A ce
moment-là...
M. BOURASSA: Les pouvoirs accordés sont plus larges.
M. JOHNSON: ... il faudra appliquer les sanctions.
M. LESAGE: Enfin, que le gouvernement prenne ses responsabilités,
mais il y a certainement un danger. D'un autre côté, il y a la
protection du public.
M. BOURASSA: Il est sûr que la protection du public doit avoir
priorité sur des cas particuliers.
M. LE PRESIDENT: Article 17, adopté. M. JOHNSON: Article 18.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 18.
M. JOHNSON: ... on sait que c'est assez normal, c'est une
conséquence...
M. LESAGE: Adopté jusqu'à l'article 23. M. JOHNSON:
Pardon? Jusqu'à... M. LESAGE: Jusqu'à l'article 23.
M. LE PRESIDENT: Articles 18 à 23, adoptés. Article
24.
M. BOURASSA: M. le Président, à l'article 25...
M. KIERANS: L'article 23, M. le Président: « Nul individu
ne peut solliciter des dépôts d'argent du public ». Dans ce
cas, que deviennent les courtiers en valeurs mobilières? Parce que ce
sont des individus qui font des dépôts fréquemment. Est-ce
que les courtiers en valeurs mobilières sont touchés? Je
m'excuse, M. le Président, parce que mon collègue, le
député de Bonaventure, m'a référé à
l'article 26-B. D'accord. « Les courtiers en valeurs mobilières
sont sous la juridiction de la Commission des valeurs mobilières
».
M. JOHNSON: Evidemment, le député de
Notre-Dame-de-Grâce le sait mieux que quiconque, les courtiers, ceux qui
vendent ou négocient des actions à la Bourse ne peuvent pas
être incorporés.
M. KIERANS: Non, c»est ça.
M. JOHNSON: Mais ce n'est pas leur fonction non plus de recevoir des
dépôts pour placer de l'argent dans n'importe quelle valeur
cotée à la Bourse. Ce n'est pas leur fonction.
M. KIERANS: Non, mais après la vente de quelques actions, il peut
arriver qu'ils aient un dépôt pour quelques mois, avant que le
client n'achète d'autres actions...
M. JOHNSON: Disons qu'ils ont la garde d'une certaine somme
d'argent...
M. KIERANS: En fiducie, mais...
M. JOHNSON: ... mais ils n'ont pas solli- cité cet argent
d'abord, et ce n'est pas leur rôle essentiel, le député le
sait de solliciter de l'argent pour ensuite le placer dans diverses valeurs. Et
si jamais des courtiers en valeurs se mêlaient de faire un pareil travail
de sollicitation, il faudrait bien pouvoir les attraper. On sait que ça
s'est probablement fait, soyons gentils, par certains employés de
maisons de courtage qui disaient: Bien, passez-moi $2,000, je vais vous les
faire fructifier. Alors ça, il ne faudrait pas que ça se
répète, c'est le genre d'opérations qu'il faut
empêcher.
M. KIERANS: Oui, vous avez raison, mais c'est la responsabilité
de la vérification interne de la Bourse même d'enquêter sur
les opérations de ses membres.
M. JOHNSON: Tout de suite, je voudrais dire que tout ce qui pourra
être délégué à des corporations
professionnelles, à des groupes d'institutions financières
je pense que la régie en a le pouvoir, d'ailleurs la régie
s'impressera de le faire. Par exemple, le service d'inspection des caisses
populaires. Il est jugé de très bonne qualité, me dit-on.
Alors rien ne nous empêchera de laisser les caisses populaires faire leur
inspection. Mais si on est averti, à un moment donné, qu'il y a
un début d'inciendie quelque part, eh bien, on contactera les caisses
populaires, mais peut-être qu'on ira directement aussi. Il faut se garder
ce pouvoir. Mais l'autodiscipline par des corps professionnels ou des groupes
d'institutions, tant mieux, la régie verra à ce que ça se
continue et même à ce que ça soit fortifié,
solidifié Et s'il y a un groupe qui a l'air de s'auto-discipliner, c'est
bien celui des courtiers en valeurs mobilières. Mais de temps en temps,
il faudra aller y faire un tour et voir ce qui se passe. Juste une petite
causette avec les responsables.
M. LE PRESIDENT: Article 23, adopté. M. BELLEMARE: Article 23 et
24.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Les travaux du comité sont suspendus
jusqu'à...
M. JOHNSON: Jusqu'à trois heures à cause des amendements
à préparer.
M. LE PRESIDENT: Trois heures.
Reprise de la séance à 3 h 3 p. m.
M. JOHNSON: M. le Président, si on voulait revenir à
l'article 6, j'ai quelques commentaires à faire. J'aurais d'abord un
amendement à proposer. Il s'agit de remplacer les deux dernières
lignes du premier alinéa par les mots suivants: « que, s'il y a
lieu... »
M. LESAGE: Je n'ai pas très bien compris, premier alinéa
ou deuxième?
M. JOHNSON: Premier alinéa, deux dernières lignes.
Remplacer les mots...
M. LESAGE: Oui. « La régie est administrée par un
conseil d'administration, formé d'un directeur de la régie,...
»
M. JOHNSON: « ... de même que, s'il y a lieu, le traitement
additionnel, les honoraires ou les allocations des autres membres du conseil.
»
M. LESAGE: Cela, c'est un amendement similaire à celui qui a
été apporté...
M. JOHNSON: D'accord, à la Société
d'habitation.
Et, éventuellement à l'assurance-récolte. Quant
à la suggestion faite par...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'honorable premier ministre voudrait
répéter?
M. JOHNSON: Pardon?
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y aurait possibilité de
répéter l'amendement?
M. JOHNSON: Oui, oui, avec plaisir. Premier alinéa, article 6,
deux dernières lignes, remplacées par les mots suivants: «
que, s'il y a lieu, le traitement additionnel, les honoraires ou les
allocations des autres membres du conseil. »
M. LESAGE : Cela tient compte partielle ment de la deuxième
remarque qui avait été faite par les membres de l'Opposition.
M. JOHNSON: Oui. Quant à la première, nous avons
réfléchi, discuté, consulté et, pour le moment,
à cause de la nouveauté de toute cette nouvelle direction que
prend l'administration et à cause de la formation de ce nouveau
ministère dont j'ai déjà parlé, je pense qu'il
faudrait se garder un peu de latitude.
Cependant, la Chambre se réunira. Ce n'est pas notre
dernière session ni même la fin de la première et nous
pourrons, si nécessaire, demander à la Chambre d'amender cet
article, mais, pour le moment, je ne vois pas que nous devions l'édicter
immédiatement, quoique j'aie été assez favorablement
impressionné par le texte de la loi fédérale et que j'aie
l'intention de le faire étudier pour voir si on ne pourrait pas
l'utiliser dans toutes les autres.
M. LESAGE: L'utiliser d'une façon plus
générale?
M. JOHNSON: Oui, très générale. Un travail
extrêmement intéressant a été fait par un professeur
de l'université d'Ottawa, et ce professeur m'a l'air drôlement
bien documenté...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: J'ai été impressionné par certains de
ses travaux que j'ai lus, et si on peut sortir des menaces de grèves
tournantes et pas tournantes et...
M. LESAGE: Si le gouvernement pouvait être prêt avec sa
législation pour que nous puissions ajourner la session.
M. JOHNSON: ... avoir quelques heures pour réfléchir et
discuter, nous pourrons prendre une décision qui s'appliquera à
plusieurs régies. On n'ignore pas qu'il est question aussi de modifier
la Loi de l'Hydro-Québec, je l'ai déjà laissé
entendre. Il faudrait examiner toutes ces régies en fonction des devoirs
relativement nouveaux de planification du gouvernement. Autrefois, les
gouvernements, quels qu'ils soient, ne se donnaient pas la peine de planifier
toute l'économie, mais aujourd'hui, avec l'importance de
l'administration, les répercussions des décisions administratives
sur le secteur privé, il faut, je pense, avoir toutes les cordes tendues
pour qu'il n'y ait aucune solution de communication entre le gouvernement et
ces organismes. Il ne faut pas que certains de ces organismes agissent à
contre-courant. En somme, il faut non pas les mettre sous la férule du
gouvernement, mais les structurer de telle façon que la
coopération soit plus facile, la coordination assurée, tout en
sauvegardant, évidemment, la liberté d'action de certains de ces
organismes qui ont besoin de beaucoup de liberté. Je songe à la
caisse de dépôts.
Il n'est pas question d'amener sous la férule du gouvernement, ni
même sous le prétexte de
la planification, un organisme comme la caisse de dépôts.
Pas plus qu'il ne serait prudent de permettre à un gouvernement, quel
qu'il soit, à Ottawa, de pouvoir dicter la conduite au gouverneur de la
Banque du Canada. Mais il faut aussi protéger le citoyen contre certains
abus de pouvoir possibles. Je pense que de plus en plus le public exige que
l'Etat prenne ses responsabilités et que l'Etat planifie son action et
ne se serve pas de l'excuse d'un manque d'institutions ou d'un manque
d'organismes de coordination pour se laver les mains d'une situation qu'on
pourrait déplorer.
Et dans ce secteur des institutions financières, je crois qu'en
suivant la recommandation du comité des institutions financières
nous allons contribuer à assainir le secteur, à redonner
confiance aux investisseurs, à renforcer du même coup nos
structures économiques et à en garder un contrôle
raisonnable sous l'autorité du gouvernement provincial.
En somme, il faut que les institutions privées comme les autres
entrent dans le jeu, dans le grand jeu qui est celui de relever un défi
au point de vue économique dans cette province, d'ordonner les
activités, et du secteur privé et du secteur public, en fonction
du bien-être ou du mieux-être de la population.
Je retiens donc la suggestion qui a été faite et elle
servira probablement dans d'autres circonstances, et peut-être même
pour cette loi-ci.
M. LESAGE: M. le Président, je regrette que le premier ministre
n'ait pas cru bon de retenir la suggestion qui a été faite par
les députés de l'Opposition à l'effet que, pour garantir
l'indépendance des membres de la Régie de
l'assurance-dépôts, il aurait fallu, au moins pour les membres qui
ne sont pas fonctionnaires, qu'un terme soit fixé pour la période
de leur engagement.
Le premier ministre a dit qu'il ne voulait pas pour le moment retenir
cette suggestion qu'il ne voulait pas non plus pour le moment emprunter le
texte ou la rédaction de la loi fédérale de
l'assurance-dépôts. Il désire étudier ce texte et le
faire étudier par des autorités, et il a mentionné une
autorité pour qui j'ai énormément de respect.
Il faudrait cependant, me semble-t-il, ne pas aller trop loin lorsqu'il
s'agit de modifier les lois existantes. Il ne faudrait pas que le premier
ministre oublie que, si l'on emprunte la rédaction de la loi
fédérale de l'assurance-dépôts pour la substituer
aux articles de nos lois de régie qui comportent des termes fixes,
à ce moment-là, il est possible que l'on touche aux droits de
personnes qui ont accepté de faire partie de régies
gouvernementales dans le contexte des garanties d'indépendance et de
sécurité d'emploi que leur donnait la loi au moment de leur
engagement. Je suis sûr que le premier ministre ne voudrait pas, par des
modifications à nos lois, créer une situation d'injustice ou
d'insécurité pour les hommes de valeur qui ont accepté de
servir à des conditions déterminées.Je suis certain que le
premier ministre gardera cette espèce de « caveat » en
tête si jamais il propose de changer les termes et les droits existants
pour autant que la durée du service des régisseurs de nos
diverses régies est concernée.
J'ai été, je ne devrais pas dire surpris, parce que ce
n'est pas la première fois que le premier ministre agit ainsi, quand il
a mentionné spécifiquement l'Hydro-Québec. Il a
laissé entendre des choses qui sont bien difficiles à saisir. Il
a parlé des régies qui devaient suivre la politique
générale du gouvernement. Est-ce que ce qu'il a dit au sujet de
l'Hydro est un avis à peine voilé aux membres de la Commission
hydro-électrique du Québec qu'ils doivent entrer dans le rang,
qu'ils doivent suivre en tous points les instructions du gouvernement? Qu'ils
n'ont plus de liberté d'agir? Qu'ils sont totalement sous la
férule du gouvernement? Est-ce que c'est cela que le premier ministre a
voulu faire lorsque, excusez-moi l'expression, il a tourné autour du pot
pendant cinq bonne minutes?
Il a commencé à parler de l'Hydro, je le
répète, et ensuite du fait que les régies gouvernementales
devaient suivre la même politique que le gouvernement et qu'il fallait,
à cette fin, que le gouvernement ait les pouvoirs nécessaires sur
les régisseurs ou les membres des commissions. Si c'est cela que le
premier ministre a voulu dire, j'avoue que la chose m'inquiète, qu'elle
m'inquiète beaucoup, parce que cela voudrait dire que le gouvernement ne
veut pas souffrir que des régies gouvernementales, qui existent dans un
but défini, puissent poursuivre les politiques que les membres de ces
régies croient les plus susceptibles d'atteindre les fins pour
lesquelles les régies ont été créées.
Est-ce que réellement le premier ministre veut les mettre au pas?
Est-ce qu'il veut leur imposer la politique du gouvernement dans tous les
domaines et est-ce que ce qu'il vient de dire est un avertissement à
peine voilé? C'est ainsi, pour ma part, que je le comprends. Je ne puis
qu'exprimer l'espoir que je me trompe, mais il était bien difficile de
comprendre autre chose à tout ce qu'a dit le premier ministre sur un ton
bon enfant, comme si de rien n'était, mais servant, comme à
l'habitude, ses avis indirects aux
intéressés. Le premier ministre va très loin et il
devrait franchement avoir confiance en des hommes de valeur qui ont
été nommés à des postes, soit par lui, soit par
ceux qui l'ont précédé ou ceux qui ont
précédé ceux qui l'ont précédé, pour
remplir des fonctions dont ils s'acquittent bien, même si tout n'est pas
toujours exactement comme le voudrait le gouvernement. C'est arrivé au
gouvernement précédent et, à la réflexion, le plus
souvent, on s'aperçoit qu'il y en a plus dans plusieurs têtes que
dans une ou dans un groupe de têtes, le groupe de ceux qui forment le
gouvernement. Il ne faut pas se précipiter pour tirer des conclusions;
il faut être très prudent et ne jamais partir du principe que des
gens agissent autrement que de bonne foi.
M. JOHNSON: M. le Président, le chef de l'Opposition se veut un
exégète qualifié.
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: Il se veut un exégète qualifié.
M. LESAGE: Ah!
M. JOHNSON: Il part d'un ton et d'une très subtile allusion pour
développer toute une thèse et bâtir un épouvantail
à corneilles, comme on dit.
M. LESAGE: Non, non! Je connais assez le premier ministre pour savoir
qu'il n'a pas dit pour rien ce qu'il a dit tantôt.
M. BELLEMARE: Il n'a pas dit un mot, tandis que...
M. JOHNSON: Les gens de l'Hydro savent qu'il va y avoir une
réorganisation. On connaît le statut des gens de l'Hydro; je suis
très conscient que c'est tout à fait hors d'ordre, mais je dois
répondre pour calmer les inquiétudes qui pourraient naître
à la suite de la publication des propos du chef de l'Opposition, et je
ne voudrais pas que ceux qui sont portés à faire des
ulcères parmi les commissaires se retrouvent à l'hôpital
ces jours prochains.
M. LESAGE: Ce n'est pas beaucoup mieux, vous savez.
M. JOHNSON: Les gens de l'Hydro n'ont pas cette sécurité
de dix ans, prévue par une loi, comme c'est le cas, par exemple, pour
des postes beaucoup plus importants. Vous savez, administrer l'autoroute, c'est
important et il faut donner une sécurité de dix ans à
quelqu'un qui administre ça. Et administrer des liqueurs, tout
ça. Il faut lui donner une sécurité de dix ans, c'est
important, ça. Et puis administrer à part ça... Ah! la
Commission d'aménagement, c'est drôlement important d'assurer
à un homme une sécurité de dix ans, il court un gros
risque en s'en allant là.
Mais vous savez, un bon gérant, un bon administrateur de la
Régie des alcools, un bon administrateur des autoroutes, un bon
administrateur d'une commission d'aménagement, mon Dieu, s'il doit
partir, à un moment donné, il doit être capable de se
placer ailleurs. Tout le monde en cherche des bons administrateurs pour des
grosses affaires, des gros commerces, des grosses industries.
L'Hydro-Québec, bien, il n'est pas question je rassure
tout de suite M. Poliquin, le colonel Boulanger et M. Power là, tous des
bons bleus, évidemment il n'est pas question de leur couper la
tête, ni par une législation générale, ni par une
législation particulière. Quant aux gens de l'Hydro... En 1944,
l'Hydro a été formée; il y avait un M. Bouchard qui
était là et c'est celui qui l'avait nommé qui l'a mis
dehors, on s'en souvient, à la suite d'un discours fameux au
Sénat, je pense bien. Ensuite, tous les gens en place en 1944 sont
demeurés en place. Il y a eu des additions au fur et à mesure
qu'il y avait des retraites ou des mortalités et, en 1960, comme par
hasard, il y en a trois qui se sont fait couper la tête...
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. JOHNSON: ... dont deux et on aura l'occasion d'en discuter
d'une façon très illégale, en leur donnant une
pension dans des circonstances qui n'étaient pas du tout
agréables. En 1966, il n'a pas été question de les
changer; un membre, le président, m'a offert sa démission, il m'a
dit qu'il était prêt à partir. Je lui ai dit: Non,
monsieur, je ne vous demande pas de partir; si vous jugez à propos de
partir, c'est votre affaire, mais je ne vous demande pas de partir. Il y en a
d'autres, dans d'autres commissions, qui m'ont offert leur démission;
j'ai dit: Je ne l'accepte pas pour le moment; je vous demande d'y
réfléchir, car ce serait interprété comme un manque
de confiance et je ne manquais pas de confiance ni envers M. Lessard, ni envers
les membres d'autres commissions, qui m'ont offert leur démission. Donc,
nous allons réorganiser l'Hydro, mais il s'agit d'une restructuration de
la commission. Pour ce qui est des droits
acquis, les personnes en place n'ont pas à s'inquiéter.
C'est déjà une assurance, ce n'est pas du tout une façon
d'administrer que de changer d'administrateurs, s'ils sont bons, dès que
le gouvernement change.
Je dois dire, cependant, que l'Hydro, comme d'autres organismes du
gouvernement, devra apprendre à planifier avec le gouvernement et
surtout à agir d'une façon qui ne soit pas incompatible avec les
grands objectifs du gouvernement. Alors, il devra y avoir là une
façon de coopérer qui fera en sorte que si une politique
salariale est acceptée par le gouvernement, ces organismes n'aillent pas
la déranger, la saboter ou encore descendre toute la structure que nous
aurions montée de peine et de misère. Vous savez, la masse
salariale est tellement importante aujourd'hui dans le secteur public que le
temps est arrivé d'avoir une politique claire, définie...
M. LESAGE: Oui, mais, alors, est-ce qu'on pourrait vider cet
abcès-là? Cela fait deux ou trois fois que le premier ministre
parle de ça.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Qu'est-ce qui n'a pas marché avec l'Hydro au sujet de
la politique salariale?
M. JOHNSON: Cela va mieux que ça allait.
M. LESAGE: Il me semble que ce serait aussi bien d'en avoir le coeur
net.
M. JOHNSON: Cela va mieux que ça allait. C ela a pris deux rondes
au lieu d'une pour arriver.
M. LESAGE: Cela a pris deux rondes au lieu d'une. Quelle était
exactement la différence d'opinion?
M. BELLEMARE: La première c'était A; la deuxième
c'était B.
M. LESAGE: Un instant.
M. JOHNSON: La première ronde, c'était A, la
deuxième c'était B.
M. LESAGE: Quelle était la différence d'opinion?
M. BELLEMARE: Bien, voyons donc.
M. JOHNSON: Des facteurs tellement importants ont été mis
à jour, à l'occasion de la grève des hôpitaux, de la
grève des instituteurs et de la grève de l'Hydro, que nous sommes
en mesure maintenant de tirer, disons, les conclusions et de donner dans
une communication que je ferai demain, j'y ai fait allusionce matin au
début de la séance quelques indications sur l'état
de la question. Aujourd'hui, on envisage de procéder davantage dans
cette direction et je dirai comment nous allons nous y prendre pour
procéder avec ordre et méthode. Alors si on veut bien, M. le
Président, demain, j'éclairerai la Chambre et la presse par un
communiqué dont la rédaction est commencée,
d'ailleurs.
M. LESAGE: C'est la suite de la politique qui avait été
annoncée en janvier 1966, l'établissement d'une politique
salariale.
M. JOHNSON: Ah oui! les uns annoncent et les autres réalisent.
C'est ça qui...
M. LESAGE: Non, non, M. le Président, on se souviendra qu'en
janvier 1966, j'avais indiqué clairement dans au moins deux domaines,
celui de l'éducation et celui de l'hospitalisation, quelles
étaient les bases d'une politique salariale. Si je comprends bien, cette
politique salariale, d'après le gouvernement, est étendue
à l'Hydro et à d'autres secteurs. J'espère que la
déclaration que fera le premier ministre couvrira non seulement le
secteur de l'Hydro, mais également la politique salariale du
gouvernement dans tous les domaines où le gouvernement paie directement
ou indirectement des masses de salaire.
M. JOHNSON: Oui, je me souviens très bien de cette excellente
déclaration du premier ministre au mois de janvier 1966...
M. LESAGE: Janvier 1966.
M. JOHNSON: ... qui m'avait vivement intéressé. Quand nous
avons hérité de la responsabilité, je m'attendais de
trouver en place tous les mécanismes nécessaires pour appliquer
cette politique. Il y avait quand même, je dois l'admettre, un noyau
très actif et nous avons, sans structures formelles, permis le
développement de ce noyau et tout ce travail va être
chapeauté maintenant par un ministère de la Fonction publique que
nous espérons...
M. LESAGE: Cela fait combien de nouveaux ministères? Il y a la
fonction publique, les institutions financières...
M. JOHNSON: Puis, on nous en demande d'autres.
M. LESAGE: Et d'autres, les loisirs et les sports...
M. JOHNSON: Les loisirs et les sports, on nous en demande un pour
l'hôtellerie, on nous en demande un tout à fait autonome pour
l'immigration, on nous en...
M. LESAGE: Ce n'est pas ce que l'on demande. Je parle de ce que le
premier ministre a annoncé.
M. JOHNSON: Si cela continue, je vais être obligé d'aller
chercher des membres de l'Opposition pour remplir les postes.
H, LESAGE: C'est justement ce qui m'inquiétait, parce que, moi,
je voudrais bien garder mes clients de mon côté.
M. COURCY: Il n'en trouve pas en arrière de lui.
M. LAPORTE: Est-ce que vous songez à faire votre remaniement de
ce côté-ci?
M. JOHNSON: J'ai consulté l'ancienpremier ministre et il m'a dit:
J'ai eu assez d'ennuis avec ces gars-là, n'en choisis pas parmi eux.
M. LAPORTE: Cela bougeait.
M. JOHNSON: Cela bougeait, mais justement, personne ne pouvait tenir les
cordeaux. Alors, il y aura un ministère de la Fonction publique.
J'espère apporter le projet dès le 11, prêt à
être étudié. Si j'avais une ébauche assez
intéressante, je la ferais parvenir, même avant, au chef de
l'Opposition. A tout événement, c'est une des
priorités.
Donc, pour revenir à nos oignons...
M. LESAGE: Oui, vous êtes loin de
l'assurance-dépôts.
M. JOHNSON: ... article 26, M. le Président...
M. LESAGE: Je suis heureux de la correction que le premier ministre a
apportée ou des précisions qu'il a apportées.
M. JOHNSON: Ah! j'admettrai une chose, le chef de l'Opposition est comme
une mère poule, il protège ses amis qu'il avait placés un
peu partout. Il a de la sollicitude pour ces gens-là.
M. LESAGE: J'ai de la sollicitude pour la bonne administration de la
province.
M. LE PRESIDENT: Article 6, adopté? M. BOURASSA: Non. Non,
non.
M. JOHNSON: Parlons-en. A l'ordre! Article 26, j'aurais un amendement
à apporter...
M. LESAGE: Je crois que le député de
Notre-Dame-de-Grâce a des remarques.
M. KIERANS: Article 6, pas adopté. M. LE PRESIDENT: Article
6.
M. KIERANS: M. le Président, tout le monde sait que la
régie va assumer des risques assez grands et très graves. Et l'on
peut demander à ce moment ce qu'est la régie. Si on lit les
articles 49, 50, 51, 52, 54, etc., on peut facilement conclure que la
régie, c'est le gouvernement, parce que c'est le gouvernement qui devra
payer pour toutes les erreurs de cette régie, pour une mauvaise
administration de la régie. Je cite, par exemple, comme appui à
mon argument, l'article 51: « Le ministre des Finances peut, avec
l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil et aux conditions qu'il
détermine, garantir le paiement de tout engagement de la régie
la régie c'est le gouvernement les sommes que le
gouvernement peut être appelé à payer en vertu de cette
garantie sont prises sur le fonds consolidé du revenu. »
Mais pour limiter ces risques, M. le Président, je veux signaler
comme question d'urgence la nécessité, premièrement, d'un
collaboration très étroite entre les autres gouvernements
provinciaux et le gouvernement fédéral d'une part, et le
gouvernement de la province de Québec d'autre part. Mais si notre
gouvernement fait de la politique avec les nominations à cette
régie, je pense que ce sera très difficile pour notre
gouvernement de conclure des ententes avec les autres provinces, parce que les
autres provinces vont demander à ce moment la garantie du gouvernement
fédéral pour ceux qui font des dépôts dans nos
institutions inscrites.
D'autre part et j'ai insisté là-dessus il
faut la création d'une régie forte, efficace et
indépendante. Indépendante de quoi? Indépendante de toute
influence politique. La régie sera sous la direction du ministre des
Finances, c'est très bien. C'est mieux que de placer cette institution
sous la juridiction du Secrétaire de la province. Mais si le directeur
général...
M. JOHNSON: Visez donc quelqu'un qui est en Chambre.
M. KIERANS: ... est nommé par le lieute-
nant-gouverneur en conseil et si la durée de ses fonctions n'est
pas déterminée, n'est pas fixée, il se trouve
évidemment nommé durant le bon plaisir de nos amis d'en face et,
évidemment, n'a aucune sécurité d'emploi ni
indépendance d'action. Et, si le directeur général n'a pas
d'indépendance d'action, cela vaut aussi pour la régie.
C'est-à-dire une administration faible, et une administration faible de
cette loi va certainement affaiblir notre crédit, le crédit de
notre province, de notre gouvernement. Et ce sont ceux qui font des
dépôts dans nos institutions inscrites qui vont porter le fardeau
de cette administration faible. On peut assurer à tous les autres qui
font leurs dépôts dans d'autres institutions, même dans les
succursales de nos compagnies de fiducie en dehors de la province, une
meilleure garantie qu'à ceux qui font leurs dépôts ici dans
la province.
Je pense qu'il faut, comme l'a dit le chef de l'Opposition ce matin, que
le gouvernement prenne ses responsabilités mais je pense, M. le
Président, que c'est une erreur très grave de ne pas assurer au
gérant général un terme fixe de son mandat.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est le droit du
député de Notre-Dame-de-Grâce de conclure comme il l'a
fait, mais je crois qu'il est de mon devoir de relever certains propos et de
les contredire.
Je ne sais si je vais donner libre cours à un début de
colère qui s'est emparé de moi lorsque je l'ai entendu tenir pour
acquis d'abord qu'on ne nommerait que des gens qui soient des partisans et
uniquement parce qu'ils sont des partisans.
Je pense avoir nommé trois présidents de régie ou
administrateurs, et entre autres, M. Power, le colonel Boulanger et Guy
Poliquin, qui étaient des exemples frappants de nomination de partisans.
Je demande si on peut m'en citer autant depuis un an que nous sommes au
pouvoir. Et tout ça s'est fait en moins d'un an après leur prise
du pouvoir, cette sorte de nomination.
M. KIERANS: On peut facilement répondre à cette question
du premier ministre.
M. JOHNSON: Je n'ai pas fini.
M. KIERANS: C'est la première initiative qu'il a montrée
à la Chambre.
M. JOHNSON: Je n'ai pas terminé. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce, évidemment, peut trouver un auditoire aux
propos qu'il vient de tenir. Dans le reste du Canada, là où on le
connaît moins, il a encore des gens, des amis qui vont le croire, des
journalistes qui vont rapporter ses propos et, oubliant à un moment
donné qu'il est député et agissant plutôt comme
président de la Fédération libérale il ne manque
pas son coup pour perpétuer ses bobards d'administration corrompue,
d'administration incompétente. Un an avant de prendre le pouvoir, qu'on
se réfère à Maclean et on en verra la preuve que, lorsque
j'avais été interrogé par une rédactrice au sujet
des fonctionnaires, j'avais déclaré que j'étais
très heureux de voir les améliorations qui se faisaient dans la
fonction publique. Elle m'avait demandé, c'était Mlle Lauzon:
Est-ce qu'en prenant le pouvoir, si vous le prenez, vous allez vous dispenser
de leurs services? J'ai dit: Cela prendrait un imbécile pour se
dispenser des services de ces bons hommes. Cela a été mon
intention proclamée un an avant les élections; c'est la conduite
que j'ai suivie depuis ce temps-là, et c'est celle que je continuerai de
suivre jusqu'à preuve que ces gens-là ne font pas leur devoir. Je
n'en ai pas pour le moment. Je n'ai même pas mis de côté un
ami intime du député de Notre-Dame-de-Grâce qui a pris la
peine de me dire par écrit qu'il était libéral de la
nuance Lévesque-Kierans et qu'il demeurait libéral de la nuance
Lévesque-Kierans.
M. BOURASSA: Il vous rend service quand même.
M. JOHNSON: Il y a d'autres experts aussi bons...
M. KIERANS: On parle d'une nouvelle nomination, des gars de même
taille que ceux qui sont à vos côtés, à gauche et
à droite.
M. JOHNSON: De même taille que ceux que le député de
Notre-Dame-de-Grâce et d'autres se sont plus à descendre
récemment à l'occasion de certains crédits. Mais là
n'est pas le problème. On aura remarqué qu'il s'agit d'une
majorité de fonctionnaires à cette régie d'abord. Pourquoi
tenir pour acquis que nous allons nommer là des incompétents?
Pourquoi tenir pour acquis que nous allons faire les mêmes erreurs que le
gouvernement précédent a pu faire en nommant certaines personnes
et en leur donnant une sécurité?
M. KIERANS: J'insiste seulement sur le fait qu'il faut donner à
un homme de taille une certaine sécurité d'emploi, une certaine
indépendance d'action. C'est ça. C'est tout.
M. JOHNSON: La seule raison qui nous inciterait à donner une
telle garantie, c'est qu'il s'agirait d'un homme qui aurait peur du retour des
libéraux et peur que, du seul fait d'avoir été
nommé du temps de l'Union Nationale, il serait tout de suite
décapité, parce qu'il y a des gens dans la province qui se
souviennent de quelle façon on a décapité même des
membres de commissions. La tradition de maintenir en fonction les hauts
fonctionnaires et les membres de régie n'a pas de profondes racines,
elle ne vient même pas de 1960. Elle date d'un an seulement.
M. BOURASSA: La qualité du fonctionnaire a changé
aussi.
M. KIERANS: Elle s'est améliorée pas mal.
M. JOHNSON: Deuxièmement, je ne sais pas pourquoi, au moment
où nous songeons à créer un organisme aussi important, on
voudrait d'avance nous mettre du plomb dans l'aile et, du même coup,
laisser entendre que l'assurance-dépôts fédérale est
meilleure, qu'elle est bonne, excellente. Evidemment, à Ottawa, on ne
nomme pas des amis; on ne nomme que des gens extrêmement
compétents. C'est le préjugé qu'on a toujours
laissé courir...
M. KIERANS: Pas du tout.
M. JOHNSON: C'est le bobard qu'on a toujours engraissé. Nous
sommes capables de nommer...
M. LESAGE: Il n'est pas question de bobard. Le premier ministre a
discuté sérieusement de cette question, tantôt. C'est une
question sérieuse de savoir s'il vaut mieux ou non de fixer un terme
au...
M. JOHNSON: Oui, mais contrairement au chef de l'Opposition, le
député de Notre-Dame-de-Grâce y a glissé, lui, un
tas de considérations partisanes. Il oublie de changer d'habit quand il
arrive en Chambre. Il n'est pas président de la fédération
libérale, là; il est député de
Notre-Dame-de-Grâce, avec une réputation réelle et surfaite
dans le domaine financier.
M. LESAGE: Le premier ministre était de bonne humeur,
tantôt. Il parlait sur un ton paternel et il faisait des petites
insinuations.
M. JOHNSON: Aucune partisanerie, cependant. Les faits, « cold
facts ».
M. LESAGE: Il profitait des circonstances pour aller sur les «
cold facts » d'une façon très détournée. Il
avait la masse salariale sur le coeur.
M. JOHNSON: Le député de Notre-Dame-de-Grâce doit
s'en souvenir, il y a à peine quinze minutes que je l'ai dit. J'ai
été bien intéressé par la suggestion faite ce
matin, mais parce qu'il s'agit d'un domaine nouveau, parce que nous avons en
vue l'établissement d'un ministère, parce que «
L'embouvetage », disons, entre la régie et le ministère
reste à établir, nous ne sommes pas prêts à fermer
de façon définitive tout ce domaine. Il se pourrait que, pour un
temps limité, on demande à un fonctionnaire d'agir comme
directeur général. Il se pourrait aussi que ce soit un
fonctionnaire qui le devienne. Nous ne le savons pas, mais ce qui presse, c'est
d'édicter la présente loi, c'est de voir à ce que
certaines de ses clauses soient mises en vigueur immédiatement afin que
la concurrence ne joue pas contre nos institutions financières, surtout
quant à leurs opérations en dehors du Québec C'est
là un domaine extrêmement important que certains membres de cette
Chambre connaissent bien. Je crois que nous rendons service à la
communauté québécoise et à ses grosses
institutions, comme les compagnies de fidéicommis, en procédant
avec célérité, en ne fermant aucune porte. Si le besoin
s'en fait sentir, nous reviendrons. Je n'ai pas rejeté l'idée
complètement, mais je demande un peu plus de latitude au
départ.
Comme dirait le député de Notre-Dame-de-Grâce:
« I want a little more elbow space, » au départ, un peu de
jeu. Je demande ce qu'on lui a refusé à son poste de
président de la fédération libérale.
M. LE PRESIDENT: Article 6, adopté? M. LESAGE: Nous en
étions à l'article 26. M. LE PRESIDENT: Article 24,
adopté?
M. BOURASSA: L'article 25, M. le Président. Au cours de son
exposé, le premier ministre a parlé de presque tous les
dépôts qui seraient couverts. A une question qui lui a
été posée, il a dit qu'il référerait
à la discussion en comité pour donner plus de précisions.
Est-ce que le « presque » réfère à l'article
26 et à ces deux exceptions?
M. JOHNSON: Articles 25 et 26 à lire ensemble. Il y aura
d'ailleurs un amendement à 26. Il serait peut-être
d'intérêt que je le fasse connaître immédiatement
pour qu'on puisse discuter de ce problème.
M. BOURASSA: D'accord.
M. JOHNSON: Je proposerais, à 26, qu'on ajoute un alinéa,
un paragraphe, c) M. le Président, je vous en envoie une copie.
Je le lis pour l'inscription au journal des Débats. On ajouterait
c),qui se lirait comme suit: « Les sommes payables en vertu d'un contrat
d'assurance ou de rentes souscrit par une compagnie d'assurance, ou
société de secours mutuels, ou société charitable,
autorisées à transiger des affaires en cette province
conformément à la Loi des assurances ».
M. BOURASSA: A l'article 26 b). M. JOHNSON: b)?
M. LESAGE: Excusez-moi, j'ai écouté la lecture rapide
faite par le premier ministre, il n'y a pas l'exception que l'on trouve aux
paragraphes a) et b) et qui se lit comme suit: « A moins que les
règlements n'y pourvoient autrement ».
M. JOHNSON: Non.
M. LESAGE: Alors très bien. Je n'ai pas alors à c)
l'objection fondamentale que j'ai à a) et à b).
M. JOHNSON: Voici, on sait...
M. LESAGE: Parce qu'on peut légiférer par
règlements en vertu de l'article 26 a) et b).
M. JOHNSON: Oui, je dois l'admettre. Je dois admettre que c'est voulu et
que c'est nécessaire pour les raisons que j'expliquerai si on est
intéressé.
M. LESAGE: Le premier ministre admet avec candeur les choses qu'il faut
éviter.
M. JOHNSON: Oui, oui, la règle générale, c'est
qu'il faut éviter de légiférer par règlements.
M. LESAGE: Oui, mais c'est un peu plus que de légiférer
par règlements ici, c'est modifier la loi par règlements.
M. JOHNSON: On sait que l'exception dont nous demandons l'autorisation a
quand même plusieurs précédents. On verra que le mot
« dépôt » n'est pas défini.
M. BOURASSA: Vous disiez tantôt...
M. JOHNSON: Il n'est pas facile à définir.
M. BOURASSA: D'accord. Au cours de la deuxième lecture vous
disiez...
M. JOHNSON: On m'assure que, dans plusieurs pays, on a tenté de
le faire, même dans des pays où on a une très grande
connaissance de la langue française, mais on n'a pas réussi
à définir l'expression « dépôt ». On le
fait d'une façon descriptive. On aura remarqué qu'à
l'article 25, on dit: « Sont notamment réputés être
des dépôts », et là on donne une série de
quatre catégories. Ensuite à l'article 26, on exclut trois
catégories sauf...
M. LESAGE: « Sauf si le lieutenant-gouverneur veut les inclure...
»
M. JOHNSON: ... si le lieutenant-gouverneur veut les inclure, et voici
la raison...
UNE VOIX: Bon, on retourne là-dedans.
M. JOHNSON: Voici la raison qui va certainement intéresser les
députés qui ont étudié ce problème. Tout
ça a commencé avec le fédéral et ensuite avec
l'Ontario. Ces règlements sont aujourd'hui publics, les
règlements de l'assurance-dépôts fédérale.
Ces règlements prévoient une assurance-dépôts qui
couvrira des valeurs dont le terme va jusqu'à cinq ans. Je ne crois pas
qu'on soit tellement heureux d'avoir à assurer des dépôts
à si long terme, ce genre de dépôts. Mais il a fallu le
faire pour établir une certaine concordance avec la loi de l'Ontario. Il
nous faut, nous, beaucoup de souplesse au cas où le
fédéral réussirait à faire machine arrière,
au cas où les provinces s'entendraient en elles ou entres elles avec le
fédéral pour que cette notion de dépôt soit
restreinte. C'est un domaine extrêmement complexe, les
spécialistes le savent, mais il faut nous garder beaucoup de
mobilité. Il nous faut pouvoir, sans retard, nous aligner sur les lois
des autres provinces ou obtenir que les autres provinces s'alignent sur nos
lois. Il faut que nous nous entendions avec le fédéral sur une
foule de modalités qui sont très complexes et au sujet desquelles
nous sommes en négociation.
M. LESAGE: Lorsque nous étions au stade de la deuxième
lecture, j'ai attiré l'attention du premier ministre sur le fait qu'en
vertu de l'article 25 b), sont réputés être des
dépôts d'argent « les fonds confiés à une
compagnie de fidéicommis dans le but de les faire placer par elle en sa
qualité de fidéicommissaire ou d'agent lors-
que cette compagnie a garanti le remboursement de ces fonds ou le
paiement d'un intérêt à un taux convenu ». Est-ce
qu'il ne faudrait pas restreindre les pouvoirs de la régie de
l'assurance-dépôts, pour autant que les compagnies de
fidéi-commis sont concernées, aux dépôts seulement?
Parce que les compagnies de fidéicommis sont déjà sujettes
au contrôle gouvernemental en vertu du chapitre 287 des statuts refondus
qui leur est consacré. C'est la Loi des compagnies de
fidéicommis. Si l'on ne veut pas qu'il y ait chevauchement, il me semble
qu'il faudrait restreindre le contrôle de la régie, dans le cas
des compagnies de fidéicommis, aux cas de dépôts seulement,
parce que tous les pouvoirs de contrôle sur les compagnies de
fidéicommis se trouvent déjà au chapitre 287 des statuts
refondus. Il y aurait donc chevauchement de juridiction.
M. JOHNSON: Oui, c'est dans la loi...
M. LESAGE: C'est la Loi des compagnies de fidéicommis.
M. JOHNSON: ... article 7? M. LESAGE: Chapitre 287.
M. JOHNSON: M. le Président, le texte de l'article 7, paragraphe
1, est assez clair. Elles ne pourraient pas recevoir des sommes d'argent, elles
ne pourraient pas emprunter des deniers par la réception de
dépôts ou l'émission de bons et d'obligations, quel que
soit le nom sous lequel ces bons ou obligations peuvent être
désignés, mais on dit « sauf » les dispositions
contraires contenues dans une charte spéciale ».
M. LESAGE: Bien oui, les compagnies de fidéicommis
reçoivent des dépôts...
M. JOHNSON: C'est clair.
M. LESAGE: ... mais il faudrait bien que cette Loi de
l'assurance-dépôts s'applique aux dépôts seulement et
pas aux autres...
M. JOHNSON: Elles émettent des...
M. LESAGE: ... opérations financières des compagnies de
fiducie.
M. BOURASSA: Il peut y avoir conflit! M. LESAGE: Au moins
chevauchement.
M. BOURASSA: Je suppose que c'est votre ministère qui va
régler ça.
M. JOHNSON: Alors, M. le Président, on sait que les compagnies de
fiducie émettent des reçus, des certificats de
dépôts.
M. LESAGE: Bien sûr. C'est exactement ce que je dis. C'est que
dans ces cas-là, la Régie de l'assurance-dépôts
devrait avoir le pouvoir...
M. JOHNSON: Devrait...
M. LESAGE: ... mais pas en ce qui concerne les autres opérations
des compagnies de fiducie parce que ces autres opérations sont
contrôlées par la Loi des compagnies de fidéicommis.
M. JOHNSON: Comment pourrait-on, d'abord, diviser les opérations?
Deuxièmement, on oublie peut-être que c'est l'intention du
gouvernement d'avoir un système unique d'inspection. Elles ne seront
alors inspectées qu'une fois, mais toutes les coutures seront
inspectées.
M. LESAGE: Prenons-le autrement si l'on veut. Est-ce qu'il ne faudrait
pas dire qu'en ce qui concerne les dépôts, seule la Loi de
l'assurance-dépôts s'applique?
M. BOURASSA: En attendant la formation de votre ministère.
M. JOHNSON: En attendant... Ah! ça ne sera pas long.
M. LESAGE: Il s'agit d'éviter...
M. JOHNSON: Le titulaire est même choisi!
M. LESAGE: ... le chevauchement de deux lois sur un type
d'opérations.
M. JOHNSON: Oui, je comprends qu'on voudrait éviter que la
compagnie de fiducie, disons Royal Trust, pour en nommer une...
M. LESAGE: N'importe laquelle.
M. JOHNSON: ... reçoive un inspecteur qui viendrait passer
à travers tous leurs livres quant à
l'assurance-dépôts...
M. LESAGE: C'est ça.
M. JOHNSON: ... et ensuite un autre qui arrive le lendemain pour faire
une inspection...
M. LESAGE: Sur les mêmes dépôts, en vertu de la Loi
des compagnies de fidéicommis.
M. JOHNSON: ... un rapport sur l'actif. Or, c'est l'intention du
gouvernement de déclarer et même, dans certains articles qu'on
verra plus loin, de voir à établir des normes d'inspection qui
vont s'appliquer à toutes les opérations d'une compagnie dont une
partie des opérations sont des dépôts. Il ne faut pas,
évidemment, que se répètent certaines complications que le
chef de l'Opposition connaît probablement là, ces «
pyramidages » de compagnies; il y en a une qui était censée
ne faire que telle sorte d'opérations et l'autre, telle autre, mais on
ne s'est pas gêné pour mêler les patrimoines. Alors, quand
l'inspecteur, sous la direction du directeur général de la
régie, ira dans ces compagnies, il passera à travers tout, mais
elles seront exemptées de recevoir la visite d'un autre inspecteur.
C'est peut-être l'aspect le plus intéressant de la loi;
c'est un des effets, disons les plus...
M. BOURASSA: Bénéfiques.
M. JOHNSON: ... bénéfiques de la loi que cette inspection
que nous allons établir.
M. LESAGE: D'accord, mais que l'on dise dans la loi que c'est cette
inspection-là qui va compter pour les dépôts.
M. JOHNSON: Quand on aura établi le système d'inspection
générale unique, on ne voudrait pas...
M. LESAGE: Cela n'a pas l'air très clair tout ça.
M. JOHNSON: Ah oui! c'est très clair. Mais je suis limité
par mon secret professionnel pour le moment.
M. LESAGE : C'est toujours le secret professionnel.
M. BOURASSA: Avez-vous fait votre «homework »
là-dessus?
M. COURCY: C'est triste.
M. JOHNSON: Si on veut d'autres détails, je pourrai en donner,
mais c'est bien clair que les députés de l'Opposition veulent
trouver des punaises.
M. LESAGE: Non, non, ça nous amuse de faire passer un examen au
premier ministre.
M. JOHNSON: Oui, oui, je sais que ça amu- se l'Opposition et,
moi, ça m'amuse beaucoup de le passer aussi.
M. LESAGE: Oui, mais jusqu'à présent les réponses
n'ont pas été très claires.
M. BELLEMARE: Il va passer à la tête quand même.
M. LESAGE: Non, non, le minimum n'a pas été obtenu
encore.
M. BELLEMARE: Il va monter de classe.
M. LESAGE: N'y aurait-il pas moyen d'inscrire dans la loi que, pour ce
qui est des compagnies de fidéicommis, pour autant que les
dépôts sont concernés, la Loi
d'assurance-dépôts seule s'applique?
M. JOHNSON: Oui, mais les compagnies de fidéicommis sont sujettes
à l'inspection, pas seulement à cause des
dépôts.
M. LESAGE: Je le sais, mais je dis... M. JOHNSON: Bon, alors nous
avons...
M. LESAGE : ... pour autant que les dépôts sont
concernés, que la loi devrait dire que seule la Loi
d'assurance-dépôts s'applique et non pas la Loi des compagnies de
fidéicommis.
M. JOHNSON: M. le Président, je l'ai, dans le temps, clairement
exprimé à cette Chambre. Nous voulons établir un
système unique d'inspection qui couvrira et l'aspect des
dépôts et l'aspect de la solidité et l'aspect de la
liquidité et l'aspect de l'honnêteté et le respect, disons,
de toutes ces lois.
M. LESAGE: Eh bien, le premier ministre ne veut pas, alors...
M. JOHNSON: Non, le premier ministre ne veut pas.
M. LESAGE: ... inutile d'insister.
M. JOHNSON: Article 24, adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 25, adopté?
M. LESAGE: Quand tous les intéressés auront...
M. JOHNSON: Article 26, l'amendement est-il adopté?
M. LESAGE: ... dit que le gouvernement de la province de Québec
impose des lois tracassières, là, le premier ministre verra clair
et viendra suggérer des modifications.
M. LE PRESIDENT: Article 26, est-ce que l'amendement est
adopté?
M. LESAGE: Demandez-leur ça, à eux.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 26, adopté.
M. LESAGE: Ce n'est pas mon enfant. M. LE PRESIDENT: Article 27.
M. BOURASSA: M. le Président, à l'article 27, j'avais
soulevé en deuxième lecture la question des petites institutions
financières qui pourraient être particulièrement
affectées par l'établissement de cette loi, étant
donné qu'elles ne seraient peut-être pas en mesure de
répondre immédiatement aux normes qui seraient établies.
Je suppose que les normes vont être suffisamment exigeantes pour
protéger la sécurité de ceux qui investissent, mais est-ce
que le premier ministre prévoit une période de transition pour
les petites institutions financières?
M. JOHNSON: Oui, très bien, M. le Président. D'abord,
à l'article 57 qui sera modifié, on prévoit que la loi
entrera en vigueur le jour de la sanction, sauf certains articles entre autres
les articles... Un Instant, je vais tout de suite donner l'amendement, on
pourra peut-être en prendre note: « Sauf les articles 23, 24, 29,
et 33 ». Il est bien évident qu'au départ, il va falloir
prendre les institutions dans l'état où elles se trouvent. Il y a
un article qui prévoit qu'on les assure dès qu'on les accepte. On
prend la compagnie dans l'état où elle se trouve et,
graduellement, on va les amener à une inspection plus
sévère, plus efficace. Du jour au lendemain, elles auraient des
difficultés, certaines d'entre elles, à se qualifier. On leur
donnera une période raisonnable qui pourrait être un an ou deux
ans dans certains cas.
M. BOURASSA: Mais vous dites que c'est prévu.
M. JOHNSON: Ce n'est pas une loi qui a l'intention de tuer les
institutions. Au contraire, c'est pour les fortifier.
M. BOURASSA: M. le Président, cette période de transition
qui vient d'être proposée, cela va être établi par
règlement.
M. JOHNSON: Pardon?
M. BOURASSA: Cela va être établi par règlement ou si
c'est la régie, selon les cas particuliers, qui va fixer le temps qui
sera accordé à une institution.
M. JOHNSON: Il faudra évidemment des règlements
généraux, mais il faudra aussi beaucoup de souplesse, et c'est
là qu'on se rend compte qu'il est nécessaire...
M. BOURASSA: Très bien, mais j'ai souligné cette
nécessité.
M. JOHNSON: ... d'avoir un très grand pouvoir de
réglementation, tant que nous n'aurons pas pu amender toutes les lois
qui concernent ces Institutions financières, à commencer par la
Loi des compagnies, la Loi des valeurs mobilières. Il va falloir
être tolérants, mais pas dans le mauvais sens du mot. Il va
falloir être compréhensifs, il va falloir, par des
règlements généraux, établir des standards minima,
mais ensuite serrer la vis au fur et à mesure qu'on pourra le faire sans
tuer ces institutions, mais toujours en vue de protéger le public
C'est assez normal, M. le Président, qu'au début un
gouvernement demande beaucoup de latitude dans sa réglementation et
beaucoup de latitude même dans les normes de placement des fonds
reçus en dépôts. Ce n'est pas un domaine où il y a
une longue tradition, c'est un domaine où nous sommes en train de
créer de nouvelles modalités d'opération. Il va falloir y
aller avec prudence, mais avec fermeté. Je pense que...
M. BOURASSA: M. le Président, le premier ministre me permettra
seulement de lui souligner un danger. Je suis d'accord avec lui. Je vous
l'avais dit en deuxième lecture qu'il faut un certain degré de
souplesse dans la loi à cause des problèmes du début, mais
le fait demeure qu'il serait toujours possible que des pressions soient faites
malheureusement des pressions partisanes pour étendre le
délai dans le cas de certaines institutions financières, afin de
retarder le respect intégral des normes qui auront été
établies par la régie. Car je comprends que c'est la régie
qui va décider du délai selon les cas particuliers. Si j'ai bien
compris, c'est la régie qui va décider du délai. Je tiens
seulement à souligner ce danger.
M. JOHNSON: Adopté 27. Article 28.
M. LE PRESIDENT: Article 27, adopté. Article 28,
adopté.
M. JOHNSON: Article 29.
M. LESAGE: Appelez donc l'article 30.
M. LE PRESIDENT: Article 29, adopté. Article 30?
M. KIERANS: M. le Président, je veux demander pourquoi tout
permis expire un an après la date de sa délivrance et peut
être renouvelé. Pourquoi un renouvellement chaque
année?
M. JOHNSON: C'est comme les Pâques annuelles, c'est pour mettre de
l'ordre dans la maison une fois par année.
M. BOURASSA: Oui, mais cela augmente l'insécurité.
M. KIERANS: Est-ce nécessaire?
M. JOHNSON: Pas pour une bonne compagnie.
M. BOURASSA: Sujet à renouvellement annuel.
M. KIERANS: Est-ce que c'est nécessaire?
M. JOHNSON: Non. On aura remarqué que la régie est
obligée d'émettre un permis si les conditions établies par
règlements ont été observées. Alors on
s'enlève graduellement de la discrétion. C'est l'article... Ah
oui! justement au paragraphe 2, de l'article 27: « La régie
délivre le permis ». En anglais: « The Board shall issue the
permit ». Si l'institution requérante remplit les conditions
prescrites par les règlements. Il n'est pas question de dire non. Alors
disons qu'au départ il y aura des règlements
généraux qui serviront de guide pour amener vers l'objectif
ultime, qui est la solidité financière, de bonnes méthodes
administratives et certaines conditions de liquidité, toutes et chacune
de ces compagnies qui bénéficieront de cette loi,
c'est-à-dire chez qui le déposant sera assuré
jusqu'à $20,000 au maximum.
M. LE PRESIDENT: Article 30, adopté.
M. JOHNSON: On aura remarqué aussi que l'Inspection doit
être annuelle.
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Alors, évidemment, l'inspection donnera le bulletin
de santé. Si...
M. LESAGE: Article 31, adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 31, adopté. Article 32.
M. LESAGE: Article 32. Est-ce que vous pourriez, M. le Président,
en suspendre l'étude pour que nous la fassions conjointement avec
l'étude de l'article 36, dans quelques instants?
M. JOHNSON: Articles 32 et 36?
M. LESAGE: Oui, quand nous arriverons à l'article 36, j'aurai
certaines remarques à faire qui...
M. LE PRESIDENT: Etude de l'article 32, suspendue. Article 33.
M. LESAGE: Article 33, très bien. Article 34, je ne comprends pas
très bien.
M. LE PRESIDENT: Article 33, adopté.
M. LESAGE: Est-ce que le premier ministre voudrait...
M. JOHNSON: Un instant.
M. LESAGE: ... suivre le français de 34 parce que là, il
semble que les mots « avec l'autorisation du gouverneur
général en conseil », à cause de la ponctuation,
s'appliqueraient aux institutions inscrites constituées en vertu d'une
loi de la province. J'ai trouvé ça étrange.
M. JOHNSON: Oui, oui, c'est...
M. LESAGE: L'autonomie du premier ministre, j'ai trouvé qu'il en
faisait bon marché.
M. JOHNSON: Cela a été réglé, M. le
Président, ou ce sera réglé par un amendement qui est
préparé depuis quelques jours. Les trois dernières lignes
du premier alinéa devraient être remplacées comme suit:
« d'une loi de la province, ou à une banque si celle-ci est
autorisée à cette fin par le gouverneur général en
conseil. »
M. LESAGE: Le gouverneur général en conseil ne peut pas
donner de validité à une loi inconstitutionnelle ou à une
partie d'une loi qui est inconstitutionnelle.
M. JOHNSON: Un instant.
M. LESAGE: Il est inconstitutionnel de garantir aux banques. Alors le
gouverneur général en conseil ne peut pas remédier
à l'inconstitu-tionnalité d'une disposition par un
arrêté ministériel.
M. JOHNSON: M. le Président nous avons eu des discussions
extrêmement intéressantes sur la constitutionnalité de la
loi.
M. LESAGE: Je ne parle pas de la loi, je parle de cet article.
M. JOHNSON: Oui, oui, oui, de toute l'économie de la loi et on
aura découvert que nous avons finalement trouvé l'endroit
où passer.
M. LESAGE: Oui, je l'ai fait remarquer hier.
M. JOHNSON: Nous assurons le citoyen qui dépose dans une
institution acceptée, une institution inscrite. Donc, ça ne
regarde personne d'autre que la province, si on...
M. LESAGE: Pour autant qu'elle n'aura jamais rien à payer
à la province.
M. JOHNSON: Si on veut. Pensez-vous que l'assurance-dépôts
fédérale aura quelque chose à payer quant aux banques?
M. LESAGE: Non, mais encore moins l'assurance-dépôts
provinciale parce que les banques sont déjà assurées au
fédéral malgré qu'elles n'aient pas besoin
d'assurance.
M. JOHNSON: C'est ce qu'on voudrait bien éviter, mais il est
possible qu'on ait besoin de toutes ces cartes pour compléter un
jeu.
M. LESAGE: Ce ne sont pas des assurances qui coûtent cher, c'est
clair. Il n'y a pas de risque.
M. JOHNSON: C'est le genre de risque qu'on aime à prendre en tout
cas.
M. LESAGE: C'est pour ça que ça n'a pas d'importance que
ce soit constitutionnel ou non. C'est simplement pour le plaisir d'en discuter
parce que, de toute façon, ça n'a pas de portée pratique.
Avec l'amendement suggéré par le premier ministre,
évidemment, ça ne soumet pas les institutions provinciales
à un arrêté ministériel fédéral.
Alors, l'erreur de construction française est corrigée.
M. BELLEMARE: Alors, adopté, 33.
M. JOHNSON: Amendé.
M. BELLEMARE: Article 34, amendé. Articles 35, 36.
M. LESAGE: Article 36.
M. LE PRESIDENT: Article 35, adopté.
M. LESAGE: Je voudrais bien attirer l'attention du premier ministre sur
le fait que les dépôts faits après la révocation ou
la suspension du permis ou de la police ne sont pas garantis par
l'assurance-dépôts.
M. JOHNSON: Article 36?
M. LESAGE: Article 36, oui. Il y a garantie jusqu'à la
révocation du permis pour tout dépôt fait avant la
révocation ou la suspension du permis ou de l'assurance. Si.de bonne
foi, une personne fait un dépôt étant convaincue que
l'institution est assurée, cette personne ne peut savoir normalement
qu'il y a eu révocation ou suspension de permis parce qu'en vertu de
l'article 32, la régie n'est pas obligée de donner de la
publicité à ses décisions. Alors on comprend pourquoi j'ai
voulu étudier 36 et 32 ensemble.
On comprend bien? C'est une personne de bonne foi qui fait un
dépôt immédiatement après qu'il y a eu
révocation ou suspension. Il n'y a pas eu de publicité.
M. JOHNSON: Une personne de bonne foi qui s'en va déposer
jusqu'à $20,000 le lendemain du jour où le permis a
été suspendu.
M. LESAGE: C'est ça.
M. JOHNSON: D'abord, faisons tout de suite une distinction. Au
fédéral, ce sont les institutions qui sont assurées et,
deuxièmement, le fédéral ne s'est pas donné le
pouvoir de prohiber les dépôts de telle ou telle institution,
comme il ne s'est pas donné le pouvoir non plus de prohiber aux
institutions le droit de recevoir des dépôts. Tandis que nous,
nous faisons à une institution désignée une prohibition de
recevoir des dépôts. Deuxièmement, par 32, il y aura un
système de publicité qui sera établi, c'est-à-dire
que ce qu'on envisage...
M. LESAGE: La régie peut donner.... M. BOURASSA: C'est
facultatif.
M. JOHNSON: Ce qu'on envisage évidemment, c'est un cadre ou une
rondelle ou un macaron, on peut appeler ça comme on voudra, qui
indentifie telle institution comme étant accréditée
à recevoir des dépôts assurés. Il est évident
et je m'excuse d'utiliser cette comparaison qu'on pourrait
assimiler ça à la Régie des alcools. Vous êtes assis
à un bar, et si vous vous apercevez que le cadre n'est plus là et
que la police vous ramasse, c'est votre faute.
M. LESAGE: C'est plus grave que ça.
M. JOHNSON: Vous n'aviez qu'à regarder s'il y avait le petit
cadre.
M. LESAGE: C'est plus grave ici tout de même.
M. JOHNSON: Alors là, on n'aura qu'à se rendre compte si
oui ou non l'institution a encore son petit cachet de certification.
M. LESAGE: Tout de même, si ça arrive le lendemain, il me
semble que la garantie devrait exister jusqu'à la publication faite par
la régie de toute décision révoquant ou suspendant le
permis.
En toute justice pour les déposants, il me semble qu'il y a un
moyen d'ajouter un article disant que les déposants de bonne foi voient
leur dépôt garanti jusqu'à ce qu'il y ait publication de la
suspension du permis.
M. JOHNSON: Il y a un peu plus loin, on le sait, des
pénalités pour une institution qui, n'ayant plus de permis,
reçoit des dépôts.
M. LESAGE: Je comprends, mais cela ne guérit pas le mal du
déposant de bonne foi.
M. JOHNSON: Cela ne guérit pas le mal du déposant de bonne
foi. Je me demande si on pourrait trouver une façon de garantir
davantage...
M. LESAGE: Donnons une garantie jusqu'à ce que la décision
de révoquer ou de suspendre le permis ou la garantie ait
été publiée. Cela règle le cas.
M. JOHNSON: Oui, peut-être. Si on veut mettre ça en
suspens, je vais faire travailler ces messieurs sur une formulation...
M. LESAGE: Jusqu'à ce que la publicité ait
été donnée en vertu de l'article 32.
M. BOURASSA: Ce n'est pas tellement compliqué.
M. JOHNSON: Article 36. M. BELLEMARE: Article 32.
M. LESAGE: Non, non. Articles 36 et 32, ce sontles deux articles dont
nous discutons.
M. BERGERON: Alors, on suspend l'étude de l'article 36. L'article
32.
M. JOHNSON: On pourrait renforcer 32, en disant: « doit
».
M. KIERANS: Oui, c'est exact. Cela règle le cas. C'est
ça.
M. LESAGE: Cela règle le cas.
M. JOHNSON: A ce moment-là, il y aurait...
M. LESAGE: Il faudrait expliquer l'article 36.
M. JOHNSON: ... un avis dans les journaux pour dire: A partir de demain
matin, n'allez pas déposer à la caisse libérale, car il
n'y a plus d'assurance.
M. LESAGE: Ce n'est pas l'assurance qui manque, ce sont les fonds.
L'assurance des partisans est très forte, mais les fonds sont moins
lourds.
M. JOHNSON: L'article 36, adopté, donc? 37...
M. KIERANS: On va changer 32, seulement: « La Régie doit
donner... »
M. JOHNSON: Oui, « doit ».
M. KIERANS: Est-ce que je peux souligner ceci? Si je me rappelle bien,
notre commission des valeurs mobilières ne publie que rarement ses
décisions. C'est un autre exemple, tandis qu'en Ontario, la commission
des valeurs mobilières publie un bulletin mensuel. Dans le domaine
financier, le meilleur chien de garde de l'intérêt public est
évidemment la publicité. Je suis bien heureux que vous ayez
accepté ce changement.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: 36, adopté. 37, adopté. 38, 39.
M. BELLEMARE: 40.
M. LE PRESIDENT: 40, adopté.
M. BELLEMARE: 41, le règlement.
M. BOURASSA: Je ne sais pas si je peux soulever ce point à cet
article. Pour l'institution financière qui perd son permis, je constate
qu'il n'y a à peu près pas de recours ou de droit d'appel pour se
plaindre ou se justifier si elle se sent lésée; il n'y a pas
encore d'ombudsman dans la province. Alors, est-ce qu'il y a quelque chose de
prévu?
M. JOHNSON: Je suis toujours sympathique à des suggestions
semblables, mais je regrette qu'on n'ait pas prévu un système
d'appel. Pour le moment, on ne voit pas d'autre recours d'appel qu'un recours
au lieutenant-gouverneur en conseil.
M. BOURASSA: Vous admettrez avec moi que...
M. JOHNSON: C'est le cas...
M. BOURASSA: ... ce n'est pas tellement efficace.
M. JOHNSON: C'est le cas quand il s'agit de décision de
fonctionnaire. C'est le cas...
M. BOURASSA: Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'inclure un autre
recours? Je comprends que le lieutenant-gouverneur en conseil a d'autres choses
à faire dans les cas particuliers des institutions financières
qui se sentiraient lésées,
M. JOHNSON: Non, non, je suis d'accord en principe, mais en pratique,
comment le faire, c'est une autre affaire. Mais il faudrait un système
d'appel pour qu'une institution qui se sentirait lésée, soit
parce qu'on lui refuse un permis, soit parce qu'on lui a enlevé son
permis, devrait pouvoir exercer un recours en appel qui serait... Je pense que
ce problème devrait être étudié en même temps
que celui qui survient à l'occasion de l'application d'autres lois. On
sait qu'il n'y a pas de droit d'appel des décisions de la Loi de la
commission des valeurs mobilières. Il n'y en a pas. Alors il faudrait
peut-être inclure ça dans le mandat de ce tribunal, là.
M. BOURASSA: C'est parce que là on accorde des pouvoirs tout
à fait exceptionnels. Je pense que tout le monde est d'accord
là-dessus. Je comprends qu'il y a des nécessités pratiques
dont il faut tenir compte. Mais si, en plus de cela, contrairement à
d'autres lois, on n'a pas de droit d'appel, bien là, je pense qu'on
demande un peu trop aux institutions financières en voulant qu'elles se
fient à la sagesse de ceux qui vont diriger la régie.
M. JOHNSON: Alors, quand nous époussette-rons la Loi des valeurs
mobilières, nous songerons à un système d'appel et pour
les décisions de la Commission des valeurs mobilières et pour la
présente régie de l'assurance-dépôts.
M. BOURASSA: A l'article 41-h), c'avait été
interprété par plusieurs éditorialistes, entre autres par
le Montreal Star, comme donnant le pouvoir au gouvernement de forcer plus ou
moins les institutions financières à acheter des obligations de
la province.
M. LESAGE: Est-ce qu'il est nécessaire de rappeler au premier
ministre que, dans le cas des caisses populaires, dans le cas de la caisse de
dépôts, c'est la loi qui détermine les règles et
normes relatives à la gestion des affaires, à la composition de
la liquidité, aux placements?
M. JOHNSON: Il ne faut pas interpréter cette disposition...
M. LESAGE: Telle qu'elle est écrite.
M. JOHNSON: ... comme si elle était tout à fait
isolée. Elle est contenue dans une loi qui est destinée d'abord
à assurer la protection de l'épargnant.
M. LESAGE : Elle est contenue tout de même.
M. JOHNSON: Il est Important, pour protéger l'épargnant,
que les institutions qui reçoivent les dépôts aient une
liquidité jugée suffisante pour la protection de ces mêmes
épargnants. Le comité des institutions financières
étudie tous ces problèmes de liquidité actuellement, et
nous attendons des suggestions sur d'autres aspects, si vous voulez, que le but
recherché par la présente loi. Mais, dans la présente loi,
il s'agit de déterminer, pour chaque classe d'institutions inscrites,
donc institutions qui permettent à leurs clients de jouir de
l'assurance-dépôts, les règles et normes relatives à
la gestion de leurs affaires et à la composition de la liquidité
de leur actif, y compris les catégories de placements permis et les
nor-
mes quantitatives et qualitatives applicables à chaque
catégorie.
M. LESAGE: Mais c'est là que c'est très grave.
M. JOHNSON: C'est là que c'est grave, oui. Je pense qu'il y a
cependant des précédents. Le chef de l'Opposition, si ma
mémoire...
M. LESAGE: Il y a le cas des caisses populaires, il y a le cas des
compagnies d'assurance, puis le cas de la caisse de dépôts. Dans
ces trois cas-là, c'est la législation elle-même qui
détermine les règles concernant les catégories de
placements qui peuvent être faits, et cela tant qualitativement que
quantitativement. C'est par la loi et non pas par des règlements. Cela
veut dire que le gouvernement pourrait diriger totalement par règlements
les placements des institutions financières. Il me semble que ça
devrait être dans la loi.
M. JOHNSON: Je pense qu'éventuellement...
M. LESAGE: Je le répète. Le premier ministre parle de
précédent, mais le précédent, c'est dans le cas des
caisses populaires, dans le cas des compagnies d'assurance et dans le cas de la
Caisse de dépôts et de placement. Or, c'est la loi qui, dans
chaque cas, détermine les catégories de placements,
quantitativement et qualitativement.
M. JOHNSON: Quand il s'agit des régimes supplémentaires de
rentes...
M. LESAGE: Les régimes supplémentaires de rentes?
M. JOHNSON: Oui. Qui est-ce qui détermine la
liquidité?
M. LESAGE: Bien, il faudrait que je réexamine la loi.
M. JOHNSON: Qui détermine les placements? C'est la Régie
des rentes...
M. LESAGE: Oui, c'est la Régie des rentes... M. JOHNSON: ... ou
la Caisse de dépôts?
M. LESAGE: ... très bien, mais, dans ce cas-ci, il s'agit de
biens qui sont détenus pour une fin déterminée,
c'est-â-dire le paiement de rentes à ceux qui ont payé des
cotisations.
M. JOHNSON: Je suis d'accord, il faudra en venir à établir
par statut les proportions d'investissements dans telle ou telle
catégorie de valeurs, mais nous sommes d'abord au début d'une
réorganisation du secteur. Il y a un chantier assez
considérable...
M. LESAGE: C'est un gros début, vous prenez la bouchée
grosse!
M. JOHNSON: ... à entreprendre, c'est celui de la modernisation
et de la mise au point de toutes nos lois qui affectent ce secteur. C'est un
pouvoir assez large, admis par règlement. Ce n'est pas un état
qui devrait durer indéfiniment.
M. LESAGE: La régie pourrait...
M. BOURASSA: Ils ont confiance à la sagesse des
administrateurs...
M. JOHNSON: Est-ce qu'on devrait tout de suite, dans la loi, attacher la
régie à des normes ou s'il ne faut pas plutôt...
M. LESAGE: Bien, si le gouvernement n'est pas prêt à nous
proposer une législation!
M. JOHNSON: ... laisser la régie fonctionner, lui donner des
normes assez générales au départ et assez rigides, puis la
laisser, évidemment, se rendre compte de la situation dans nos
institutions? En somme, comme le disait un collègue qui a
participé à la rédaction de cette loi, nous ne serions pas
du tout obligés de présenter cette loi si, depuis des
années, les divers gouvernements, fédéral et provinciaux,
s'étaient occupés d'inspection d'une façon efficace.
M. LESAGE: Mais il vaut mieux commencer...
M. JOHNSON: Mais il y a eu un laisser-aller général dans
ce domaine-là.
M. LESAGE: Au lieu de commencer par le commencement, on prend une
bouchée totale.
M. JOHNSON: Non.
M. LESAGE: Ce faisant, on donne des pouvoirs qui pourraient être
utilisés je ne dis pas qu'ils vont l'être au
détriment de certaines de nos institutions. On a toujours
réservé à la législation la détermination
des caté-
gories de placements, tant au point de vue qualitatif que
quantitatif.
M. JOHNSON: Alors, j'ai hâte de me trouver en mesure, un jour,
de...
M. LESAGE: Nous allons voir... M. JOHNSON: ... statuer...
M. LESAGE: ... quelle utilisation la régie va faire de ce pouvoir
et j'exprime le voeu que la régie suggère au gouvernement des
règlements tels qu'il pourra proposer à la Législature de
les incorporer à la loi, ce qui serait beaucoup plus normal.
M. JOHNSON: Il serait assez imprudent, je crois, de fixer par statut
immédiatement les normes de liquidité parce que l'inspecteur va
aller sur place pour se rendre compte dans quel état se trouve telle ou
telle institution, qui a demandé un permis, qui l'a obtenu ou qui en
demande le renouvellement et nous pourrons, en partant de données
réalistes, établir des normes qui pourront ensuite être
transposées, du moins les principales, dans une législation.
Je pense que l'inspection ne peut pas se faire à moitié,
même au début. Il faut pouvoir fouiller tout le domaine. Il faut
tout de suite se rendre compte de la situation exacte dans laquelle se trouve
la compagnie qui demande un permis ou qui en demande le renouvellement. On ne
peut pas avoir la moitié du pouvoir d'inspection et attendre encore des
années avant d'en avoir l'autre moitié. Si nous voulons agir
efficacement et rapidement, il nous faut ce pouvoir, du moins pour le
début, quitte à nous diriger un peu plus tard vers
l'établissement de normes statutaires. Ces normes statutaires devront
être examinées en fonction de 981-0 qui vient d'être
amendé et qui devra peut-être l'être de nouveau, même
dans le sens qu'a proposé l'Opposition.
M. BOURASSA: En attendant, c'est un chèque en blanc que vous
demandez pour les administrateurs de la régie.
M. JOHNSON: Comme à la Commission des valeurs
mobilières.
M. BOURASSA: Laissez faire les autres commissions, on parle de
l'assurance-dépôts, c'est important, les institutions
financières...
M. JOHNSON: Cela fait longtemps que la Commission des valeurs
mobilières a une discrétion très grande pour
protéger les acheteurs de valeurs.
M. LESAGE: Il le faut.
M. JOHNSON: Alors là, on veut protéger les gens qui
déposent de bonne foi dans des institutions qui se présentent
comme compétentes.
Il faut que, les ayant qualifiées, nous soyons très
alertes pour voir comment leurs placements se font, quelle est leur
liquidité...
M. LESAGE: D'accord.
M. JOHNSON: Si on avait fait certaines inspections il y a deux ans, on
ne serait pas au bord du désastre dans certaines compagnies.
M. LESAGE : Si on les avait faites il y a douze mois... Le premier
ministre dit: Il y a deux ans. Si ça s'était fait, cette
inspection-là, il y a douze mois...
M. JOHNSON: Bien, je dis deux ans parce que je sais que la situation se
détériore depuis deux ans dans un cas en particulier. Alors
voici, on n'a pas oublié, je l'espère, que ces règlements
seront publiés dans la Gazette officielle et que tout le monde pourra
s'en rendre compte, les critiquer, faire des suggestions.
M. LESAGE: Oui. Est-ce que, justement, étant donné les
immenses pouvoirs de réglementation qui existent, il n'y aurait pas lieu
de procéder, au sujet des règlements, comme on l'a fait dans
plusieurs lois, d'exiger que les projets de règlements soient
publiés dans la Gazette officielle et que les règlements ne
soient sanctionnés par le lieutenant-gouverneur en conseil que dans les
quinze jours de leur publication dans la Gazette officielle? Il y a une formule
qui existe dans plusieurs lois. C'est parce que, s'il y a des gens, des
institutions ou des catégories d'institutions qui ont objection, ils
pourront au moins faire des représentations au lieutenant-gouverneur en
conseil avant que les règlements n'aient force de loi, c'est le cas de
le dire.
M. JOHNSON: Oui, c'est un mécanisme que l'on connaît bien
et qui s'applique surtout dans le cas des associations professionnelles. On
publie le projet, on donne aux gens le temps de faire des
représentations et dans un délai spécifié les
règlements entrent en vigueur, avec ou sans modification. C'est le
système complet. C'est le système des décrets. C'est le
système pour les règlements de corporations professionnelles.
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Mais là, il va falloir agir vite dans certains
domaines. Nous avons, comme on l'a noté bien à propos, beaucoup
de souplesse, beaucoup de pouvoirs de réglementation, nous pourrons les
changer sur recommandation.
M. LESAGE: Est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux, c'est une affaire de
quinze jours, que les règlements ne soient sanctionnés par le
lieutenant-gouverneur en conseil que dans les quinze jours de leur publication?
Ce serait une garantie aux institutions ou aux catégories d'institutions
dont on déterminerait les placements. Il me semble que c'est
raisonnable. Comme le bill doit être revu au sujet d'un autre article,
est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de le revoir et de prendre l'une des formules
consacrées par d'autres lois?
M. JOHNSON: Oui. On me rappelle que c'est la régie, en somme, qui
aura soumis au lieutenant-gouverneur ses règlements. Je ne crois pas
qu'il faille considérer comme acquis au départ que la
régie va préparer et présenter ses règlements sans
avoir consulté les gens.
M. LESAGE: Oui, mais même...
M. JOHNSON: Mais il y a là au départ, je le sais, une
situation d'urgence, il va nous falloir agir très vite pour que des
institutions québécoises faisant affaire dans les autres
provinces ne soient pas en état d'infériorité sous
l'aspect de la concurrence. Il va falloir agir vite.
M. LESAGE: Bien oui, mais ce bill-là va être adopté
demain.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Ou même ce soir, si on lui apporte cette modification.
C'est assez rapide.
M. JOHNSON: Non, je ne voudrais pas décerner tout de suite, avant
même de la créer, à cette régie un certificat
d'imprudence.
M. LESAGE: Ce n'est pas ça du tout.
M. JOHNSON: J'ai tout lieu de croire que cette régie va d'abord
bénéficier, je n'en doute pas du tout, de toutes les
études qui ont été faites par le comité des
institutions financières et ensuite qu'elle va consulter les
organisations professionnelles intéressées à ce genre de
commerce. Je songe, entre autres, à la Société des
compagnies de fiducie. Elle consultera aussi les gens qui tomberont sous
l'objet des règlements.
On sait que, dans ce domaine des institutions financières, les
gens s'atteignent facilement. Ils sont habitués à s'atteindre
facilement. On n'est pas du tout dans une situation comparable à celle
d'un décret où on veut fixer le salaire d'un ouvrier pour une
région qui s'étend sur une longueur de 150 milles par 600
milles.
Donc, M. le Président, je pense que ce ne serait pas
nécessaire, quoique ce serait plus près de la perfection,
moyennant certaines modalités qui resteraient à établir,
et ce devrait probablement être la régie qui publierait d'abord
ces projets de règlement et qui entendrait les parties et les personnes
qui se croient lésées, avant de les soumettre au
lieutenant-gouverneur. Autrement, on rend le lieutenant- gouverneur en conseil
responsable d'arbitrage, de cour d'appel, des décisions de la
régie.
M. LESAGE: Cela existe dans d'autres lois. M. JOHNSON: Comme?
M. LESAGE: Depuis le début de la session, à deux reprises
au moins, sinon trois, une législation a prévu que des
règlements ne deviendraient en vigueur que sur approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil et que ce dernier ne donnerait son approbation
que dans les quinze jours de la publication dans la Gazette officielle,
etc.
M. KIERANS: M. le Président, je réfère à
l'article 41 k): « déterminer, pour chaque classe d'institutions
inscrites, la forme des rapports qu'elles doivent fournir, les renseignements
que doivent contenir ces rapports et l'époque à laquelle ils
doivent être produits. » J'espère que le gouvernement va
demander des renseignements assez détaillés. Mais, je demande
maintenant, M. le Président, si le gouvernement va exiger les rapports
ou les bilans mensuels ou trimestriels ou annuels, ou quoi? Parce que dans ce
domaine, M. le Président, la situation peut changer « overnight
»...
M. JOHNSON: Il y a peut-être lieu d'en arriver un jour à
exiger des rapports trimestriels. Au départ, je pense bien qu'on va se
contenter de demander des rapports annuels. Deuxièmement, on va tenter
de les uniformiser ou d'en uniformiser la présentation, non seulement
quant à toutes les compagnies, à toutes les catégories,
mais aussi quant à la réglementation qui régit les
compagnies dans les autres provinces.
Il faut en arriver, même sur la plan canadien, à un
système où nous allons nous comprendre sans trop de
complications.
Il y a, je l'ai souligné, un effort concerté de la part
des provinces pour uniformiser leur législation en matière de
surveillance des opérations commerciales, industrielles et
financières, surtout commerciales et financières. Nous voulons,
évidemment, avoir ce pouvoir de déterminer la forme des rapports.
Quant à leur fréquence annuelle, trimestrielle ou mensuelle,
disons que, pour le moment, quant à moi, je ne suis pas prêt
à promettre qu'on va passer tout de suite au stade des rapports
mensuels. Cela serait peut-être l'idéal, mais ce serait
peut-être aussi, au départ, imposer aux institutions des
obligations un peu trop onéreuses. On va les apprivoiser d'abord, on va
essayer d'uniformiser la présentation de leur rapport; on verra un
peu...
M. LESAGE: J'ai l'impression que le premier ministre veut apprivoiser un
tas de monde.
M. JOHNSON: Oui, il va falloir le faire.
M. LESAGE : Tantôt, il voulait apprivoiser l'Hydro, puis ensuite
les institutions financières.
M. JOHNSON: Il va falloir protéger...
M. LESAGE: Il veut mettre tout le monde au pas.
M. JOHNSON: ... les gens contre eux-mêmes. Le chef de l'Opposition
a assez d'expérience et là je saute à 1 pour
se rendre compte que des bilans vérifiés, audités comme on
dit en utilisant un anglicisme, ce n'est pas toujours tellement solide quand on
regarde au début là, ce qu'on appelle la prière du
vérificateur...
M. LESAGE: Bien.
M. JOHNSON: ... qui dit: J'ai, dans toute la mesure du possible, selon
les renseignements qu'on m'a remis...
M. LESAGE : Examiné les livres qu'on m'a remis, qu'on m'a
fournis.
M. JOHNSON: ... examiné les livres qu'on m'a fournis et, à
l'aide des renseignements qu'on a bien voulu me transmettre, j'ai tout lieu de
croire que ce que je dis là est vrai.
M. LESAGE: Il se protège bien.
M. JOHNSON: Et il arrive que certains employeurs, qui sont les clients
de ces vérifica- teurs, bien, laissent entendre que si le
vérificateur devient trop dur, bien, peut-être qu'on changera.
Mais quand tous les vérificateurs sont obligés, pour les
institutions financières assurées, de nous donner un rapport
exact sur telle ou telle modalité d'inspection... Je ne donne que
ça à titre d'exemple, M. le Président, une
vérification très poussée sur un aspect, disons. Est-ce
qu'il y a des traces de jeu par les directeurs? Des directeurs qui joueraient
sur marge, dans les compagnies dont ils sont les administrateurs? Il y a une
foule de renseignements, là, que nous allons exiger par règlement
au départ et les vérificateurs pourront dire à leur
client: Bien voici, changez de vérificateur si vous voulez, mais l'autre
est obligé par la loi de faire exactement comme je fais. Nous allons lui
fournir de cette façon l'épine dorsale qui lui manque
peut-être ou les moyens de se défendre contre certains de ses
clients.
M. le Président, je ne voudrais pas ouvrir un débat, mais
je dois dire ici, à la décharge de ceux qui sont responsables de
ces amendements qui ont été apportés il y a quelques
années, que la loi électorale, en limitant les dépenses,
par exemple, a rendu service à bien des candidats qui disaient: Ecoutez,
on ne peut pas, la loi nous défend de faire telle chose; si on le fait,
on est disqualifié. Qu'est-ce que vous voulez, un député
qui pourra rester là ou un député qui va se faire
diqualifier? C'était une protection pour tout le monde, c'était
excellent, ça. La comparaison est peut-être assez
éloignée, mais il faut que les vérificateurs soient
placés face aux institutions financières dans une position telle
au départ qu'ils puissent dire à leurs clients: C'est la loi qui
exige ça. Changez de vérificateur si vous voulez, vous serez
obligés de répondre aux mêmes questions.
M. LESAGE: Est-ce que le premier ministre est prêt à
modifier la loi de façon que les projets de règlements soient
publiés dans la Gazette officielle quinze jours avant leur sanction par
le lieutenant-gouverneur? Ma question est aussi simple que ça.
M. JOHNSON: Qu'est-ce que ça donne?
M. LESAGE: Très bien.
M. JOHNSON: Il faudrait les changer.
M. LESAGE: Le premier ministre ne veut pas.
M. JOHNSON: Bien oui, c'est nous qui deviendrions les juges.
M. LESAGE: Le premier ministre ne veut pas.
M. BOURASSA: Article suivant.
M. LE PRESIDENT: Article 41, adopté. Article 42. Article 42,
adopté. Article 43, adopté. Article 44, adopté. Article
45, adopté. Article 46, adopté. Article 47, adopté.
Article 48, adopté. Article 49, adopté. Article 50.
M. BOURASSA: A l'article 50, je voudrais signaler simplement une
remarque que j'ai encore faite à l'occasion de la discussion en
deuxième lecture, c'est que le crédit de la province pourrait
être sérieusement affecté par le fait que tous les risques
pris par la régie vont être assumés par la province. Je ne
sais pas si le premier ministre voit la portée possible de cet
article.
M. JOHNSON: C'était l'une des objections du ministre des Finances
et même de celui qui vous parle.
M. BOURASSA: Pardon?
M. JOHNSON: C'était une des objections majeures à cette
clause, mais des négociations ont été entreprises sans
délai avec Ottawa, et, sans pouvoir dévoiler exactement
l'état de ces négociations, je puis dire qu'elles sont en
excellente voie. Nous avons rencontré à Ottawa des gens qui ont
vite compris et qui nous ont manifesté un désir non
équivoque de coopérer pour nettoyer ce domaine. On se souvient
que c'est la province de Québec d'ailleurs qui a demandé une
conférence fédérale-provinciale sur les institutions et on
sait que nous avons pris le leadership dans ce domaine car nous sentions que
c'était vital pour la province et nous ne sommes pas prêts, dans
un domaine comme celui des institutions financières, à
créer des barrières. Au contraire, nous cherchons à
uniformiser. Or, le fédéral a compris ou semble avoir compris, et
nous avons bon espoir que le crédit de la province ne sera pas trop
engagé.
M. LE PRESIDENT: Article 50, adopté. Article 51, adopté.
Article 52, adopté. Article 53, adopté. Article 54.
M. BOURASSA: Est-ce que le premier ministre aurait une idée du
coût pour la première année?
M. JOHNSON: Les seules indications qu'on est en mesure de me fournir
pour le moment, c'est que nous pensons pouvoir nous en sauver avec $2 millions,
$2 1/2 millions la première année, y compris les frais
d'organisation et d'administration.
M. BOURASSA: $2 1/2 millions pour la première année?
M. JOHNSON: Oui. Ce n'est pas facile de...
M. BOURASSA: C'est une somme substantielle.
M. JOHNSON: Oui, mais à même ces $2 1/2 millions, nous
constituons des réserves. Il ne faut pas oublier que c'est la Caisse de
dépôts qui va administrer. Il nous faut construire des
réserves, et ces réserves devront être d'autant plus
importantes, ou imposantes je devrais dire, que nous n'aurons pas de garantie
ailleurs. Mais dans la mesure où nous pourrons nous aboucher ailleurs,
en cas de désastre, nous pourrons nous contenter de réserves
moins considérables. Pour la première année, y inclus les
réserves, disons que c'est environ $2 1/2 millions.
M. LE PRESIDENT: Article 54, adopté. Article 55, adopté.
Article 56, adopté. Article 57, adopté.
M. JOHNSON: M. le Président, après 29, à la
troisième ligne, on dit « 29 et 33 » et on enlève
« a 40 », ainsi que la virgule, de sorte que l'article se lira
comme suit: « La présente loi entre en vigueur le jour de sa
sanction, sauf les articles 23, 24, 29 et 33 qui entreront en vigueur sur
proclamation du lieutenant-gouverneur en conseil dont avis d'au moins 30 jours
aura été donné dans la Gazette officielle de
Québec. »
M. BOURASSA: Ceci va permettre aux petites institutions
financières, comme je le signalais, de ne pas subir un traitement trop
radical au début de l'application de la loi.
M. LEBEL (président du comité): M. le Président,
j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a adopté le bill 51
avec des amendements.
M. PAUL (président): L'honorable premier ministre propose que les
amendement adoptés par le comité soient maintenant reçus,
lus et agréés. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. BELLEMARE: Troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre propose la
troisième lecture du bill 51, Loi de l'assurance-dépôts du
Québec. Cette motion est-elle adoptée?
M. JOHNSON: Adopté.
Bill no 5
M. LESAGE: M. le Président, si le premier ministre le
désire, nous sommes disposés à adopter le bill no 5. Nous
l'avons examiné.
M. JOHNSON: Le bill no 5?
M. LESAGE: Loi modifiant la Loi des autoroutes. Deuxième lecture,
comité, troisième lecture.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on a pris le temps d'appeler le
député de Drummond?
M. LESAGE: Non, le député de Drummond avait dit avant son
départ ce qu'il pensait du bill.
M. BELLEMARE: Du gouvernement...
M. LESAGE: Et il était convaincu que ce bill serait
tronqué au point de devenir insignifiant.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. JOHNSON: Non, c'est qu'il n'a pas été augmenté
au point de faire mal.
M. LESAGE: Le premier ministre me comprend très bien.
M. LAPORTE: On ne s'inquiète pas. Cela ne bougera pas là
non plus. Passez-le comme ça, cela va bien.
M. JOHNSON: D'accord.
M. LESAGE: Cela ne fait que consacrer une coutume.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre d'Etat à la Voirie propose
la deuxième lecture, l'étude en comité, la
réception du rapport et la troisième lecture du bill 5, Loi
modifiant la Loi des autoroutes. Cette motion est-elle adopté?
Adopté,
Changements au comité des bills publics
M. BELLEMARE: M. le Président, est-ce que vous permettriez, avec
l'assentiment unanime de la Chambre... Est-ce que la Chambre me permettrait
d'obtenir son unanimité pour...
M. LESAGE: Pour faire la prière sur le bill 5?
M. BELLEMARE: Non, non, c'est pour changer des noms au comité des
bills publics pour l'université de Montréal demain. MM. Picard,
Geroges-T. Gauthier, Russell, seront remplacés par les honorables
députés de Sherbrooke, M. Fréchette, M. Gardner,
d'Arthabaska et M. Bousquet de Saint-Hyacinthe.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. LAPORTE: C'est la même motion.
M. LESAGE: Grosse amélioration!
UNE VOIX: Sommes-nous en Chambre, là?
M. LAPORTE: Pour la même fonction, je proposerais que le nom de M.
Lafrance soit remplacé par le nom de M. Ilarvey.
M. BELLEMARE: Vote.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de l'honorable député de
Chambly est-elle également adoptée?
M. BELLEMARE: Oui.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances propose que je quitte
maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme de nouveau en comité
des subsides. Cette motion est-elle adoptée?
Bill no 45
M. LESAGE: L'assurance-récolte. Nous nous étions entendus
hier que ce serait l'assurance-récolte.
M. DOZOIS: Le premier ministre revient, les crédits...
M. LESAGE: Non, non, pour les crédits du Conseil exécutif,
je n'ai pas mes documents.
M. JOHNSON: J'ai tellement hâte de passer mes crédits.
M. LESAGE: Non, mais il était entendu hier que ce serait
l'assurance-récolte qui suivrait l'assurance-dépôts.
M. JOHNSON: Est-ce que le député d'Abitibi-Ouest doit
s'absenter, quoi?
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: Est-ce que le député doit s'absenter?
M. LESAGE: Non, mais...
M. LAPORTE: Est-ce que le ministre doit s'absenter?
M. LESAGE: J'aimerais bien avoir les documents en réponse aux
questions que j'ai posées concernant la fonction publique et l'Office
d'information et de publicité avant d'entreprendre l'étude des
crédits du Conseil exécutif. Alors je veux donner une chance au
premier ministre de produire les documents.
M. JOHNSON: On peut en faire un petit bout aujourd'hui.
M. LESAGE: Nons n'avons pas objection du tout à procéder,
tel qu'entendu hier d'ailleurs...
M. JOHNSON: On peut en faire...
M. LESAGE: ... à l'étude du bill de
l'assurance-rêcolte. Nous pouvons procéder en comité tout
de suite.
M. JOHNSON: Non, je n'étais pas lié hier à
l'ordre...
M. LESAGE: Oui, mais je n'ai pas ma documentation. J'ai apporté
les documents que je devais apporter, suivant l'ordre des affaires
indiqué hier soir par le premier ministre.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il manque des joueurs dans l'équipe?
M. LESAGE: Non, mais je n'ai pas de dossier. Les dossiers que j'ai
devant moi, ce sont les dossiers de l'assurance-récolte.
M. JOHNSON: Oui, mais les autres sont très loin... On pourrait
ajourner trois minutes pour permettre au chef de l'Opposition d'envoyer
chercher ses dossiers.
M. LESAGE: Est-ce que le premier ministre hésite à assurer
les cultivateurs, même partiellement?
M. JOHNSON: Ah oui, ah oui, ah oui! Cela, c'est parce que nous n'aimons
pas les cultivateurs que nous allons retarder jusqu'à ce soir...
M. LESAGE: Non, il vaudrait peut-être mieux dire que vous
n'êtes pas satisfait...
M. JOHNSON: ... ou demain matin l'adoption de la loi de
l'assurance-récolte.
M. LESAGE: ... de l'assurance que vous leur donnez.
M. JOHNSON: Là, les crédits de l'exécutif.
M. LESAGE: C'était entendu hier que c'était le bill de
l'assurance-récolte. Le premier ministre se complaît à
être déplaisant.
M. BELLEMARE: On peut avoir certaines raisons, voyons.
M. JOHNSON: Non, non, disons que je vais être très
agréable, je vais être très accommodant et que je vais
demander. Je vais changer d'idée là pour faire plaisir aux gens
de l'Opposition.
M. LESAGE: Non, pour tenir sa parole.
M. JOHNSON: Vous savez, le chef de l'Opposition a si peu de plaisir dans
son métier, ses collègues, la fédération
libérale, lui font tellement de misère que, quand je peux lui
être agréable, moi...
M. LESAGE: Ils ne me donnent pas grand-misère !
M. JOHNSON: Cela me faut donc plaisir.
M. LESAGE: Ils ne me donnent pas grand-misère. S'ils me donnent
de la misère, ils ne sont pas nombreux, depuis une couple de jours, pour
m'en donner.
M. JOHNSON: Non, mais si le député de
Notre-Dame-de-Grâce voulait prendre exemple sur nous et se rendre compte
comment on peut être gentil pour un chef de parti...
M. LESAGE: Le député de Notre-Dame-de-Grâce est
très aimable...
M. JOHNSON: ... pour se rendre à ses désirs au lieu...
M. LESAGE: ... très gentil. Il collabore très bien avec le
chef de son parti.
M. JOHNSON: Il a changé?
M. LESAGE: Il n'a pas changé, il a toujours fait ça.
M. JOHNSON: Il s»est amélioré? M. LESAGE: Il a
toujours fait ça.
M. KIERANS: Même hier soir, j'ai fait les éloges de mon
chef dans le comté de Nicolet, même hier soir.
M. BELLEMARE: Cela arrive tellement peu souvent !
M. JOHNSON: Il sent le besoin d'en parler, hein?
M. BELLEMARE: Il sent le besoin d'en parler.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. KIERANS: Je n'ai pas fait la même chose pour le
député de Nicolet, non.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! En écoutant les échanges que
je trouve fort intéressants, je ne puis me retrouver dans le feuilleton
du jour.
L'honorable ministre des Finances me demande d'inviter la Chambre
à ce que consentement soit donné à la motion qu'il
voudrait retirer pour que je quitte le fauteuil et que nous puissions passer
à la deuxième lecture du bill 45. L'honorable ministre de
l'Agriculture et de la Colonisation propose la deuxième lecture de cette
loi, Loi de l'assurance-récolte.
L'honorable ministre de l'Agriculture et de la Colonisation.
UNE VOIX: Adopté.
M. Clément Vincent
M. VINCENT: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur de
la province a pris connaissance de ce bill et il en recommande l'étude
à la Chambre. Nous avons l'honneur, après la première
lecture et après avoir discuté le bill 45 en comité, de
présenter devant cette Chambre la Loi de l'assurance-récolte du
Québec pour la deuxième lecture.
Il s'agit ici d'une nouvelle législation de base destinée
à rendre d'importants services aux agriculteurs du Québec. Il est
temps que notre population agricole puisse jouir des avantages d'une loi lui
permettant de protéger ses cultures contre certains risques naturels,
imprévisibles et inévitables qui, à cause de leur
caractère de calamité, ne peuvent pas être couverts par des
contrats d'assurance ordinaire.
J'aimerais insister d'abord, M. le Président, sur les avantages
et la nécessité de l'assurance-récolte avant d'exposer les
grandes lignes du plan que le gouvernement du Québec offre aujourd'hui
aux agriculteurs de la province. Comme tout le monde le sait, l'assurance est
devenue une pratique normale de la vie courante. L'homme avisé et
prudent cherche à assurer presque tout ce qu'il possède: sa
maison, ses meubles, son automobile et le reste. Il agit ainsi parce qu'il sait
qu'avec ces contrats d'assurance, il bénéficie d'une protection.
Il possède un sentiment de sécurité, car il demeure
convaincu que, si ses propriétés sont endommagées ou
détruites, il ne perdra pas complètement tout le travail accompli
ou encore toutes les économies réalisées et tous les
sacrifices endurés au cours de longues années de labeur pour
accumuler ces biens.
L'agriculteur, l'homme qui nous intéresse surtout par rapport
à la nouvelle loi de l'assurance-récolte, se procure les diverses
commodités de la vie uniquement avec les revenus de son exploitation
agricole. En effet, c'est avec l'argent de ses récoltes annuelles qu'il
améliore sa propriété rurale, achète des animaux,
de l'engrais chimique, des semences, de la machinerie agricole, paie ses taxes,
paie pour l'éducation de ses enfants et paie aussi les versements sur
ses prêts ou son prêt agricole. Son existence et celle de sa
famille sont intimement liées à la valeur de la production qui
lui vient de la terre. Si ses récoltes sont bonnes, il aura de quoi
vivre et il pourra augmenter son actif agricole. Si ses récoltes
subissent des dommages assez élevés à cause d'un
désastre quelconque, il sera aux prises avec des difficultés
financières et, pour reprendre le dessus, il devra s'endetter davantage.
Si les agriculteurs cherchent à garantir leurs biens matériels,
tracteur, maison et autres bâtisses, ils ne devraient pas, d'un autre
côté, prendre le risque de spéculer avec la nature qui, le
long des années et des saisons, détermine la réussite ou
la perte des récoltes. C'est pour cette raison que
l'assurance-récolte lui est absolument nécessaire.
Maintenant, quels sont les avantages de l'assurance-récolte et
quelle est la nécessité d'avoir
un système ou un régime d'assurance-récolte dans la
province de Québec? D'abord, l'assurance-récolte accorde une
protection contre une diminution de rendement des récoltes.
L'assurance-récolte- a pour résultat d'amortir sensiblement le
choc causé par la destruction partielle ou totale de certaines
productions agricoles en accordant aux agriculteurs une protection
financière contre divers risques de la nature ou aléas de la
température qu'ils ne sauraient ni prévenir ni
maîtriser.
L'établissement d'un régime d'assurance-récolte
fournit aux exploitants agricoles les moyens d'organiser leur propre
défense contre l'action des éléments naturels qui peut
endommager une récolte et leur donne droit ainsi à une
compensation pour toute perte que pourraient subir leurs cultures.
Deuxième point, l'assurance-récolte assure la
stabilité des revenus agricoles. L'assurance-récolte, en
contribuant dans une large mesure à garantir un niveau convenable de
revenus sur la ferme, favorise par ricochet un climat de stabilité dans
l'ensemble de l'économie provinciale.
Troisièmement, l'assurance-récolte améliore les
facilités de crédit et protège les investissements. En
effet, l'assurance-récolte améliore la situation des agriculteurs
en ce qui a trait au crédit pour fin agricole. Par la protection
sûre qu'elle offre contre la perte des récoltes, cette forme
d'assurance met un frein à l'augmentation imprévisible des dettes
sur la ferme quand il se produit une mauvaise saison. De nombreux agriculteurs
font un investissement majeur dans leurs cultures annuelles. Il leur faut de
l'argent pour payer la main-d'oeuvre, pour acheter des semences, des engrais
chimiques, de l'essence, des insecticides et pour supporter la lourde
dépréciation de la machinerie agricole. Plusieurs d'entre eux
sont dans l'obligation d'emprunter pour financer leur récolte et, si
cette dernière fait défaut, ils ne sont plus en mesure de
rembourser leur prêt. A cause de cela, on refusera peut-être
à l'agriculteur d'autres crédits absolument nécessaires
pour l'organisation physique de sa ferme. Il se trouvera donc dans une position
financière désavantageuse en ce qui regarde la mise en valeur des
cultures subséquentes.
Mais s'il possède une assurance-récolte, il bonifie
considérablement ses facilités de crédit, car il peut
utiliser son certificat d'assurance comme garantie additionnelle en cas de
prêt et se servir du montant de sa compensation comme remboursement
à la banque ou à la caisse populaire si sa récolte vient
à manquer. Il s'ensuit donc que, si l'assurance-ré- colte
améliore la situation économique des agriculteurs, elle contribue
aussi à renforcer la structure des institutions de crédit pour
fin agricole.
Quatrième point. L'assurance-récolte favorise le
progrès de l'agriculture. Ayant conscience du fait qu'ils
bénéficient d'un plan d'assurance-récolte
protégeant leur production agricole, les exploitants hésitent
moins à mettre en pratique de nouvelles méthodes de culture et
à effectuer certains placements profitables sur leur terre, qui ont pour
résultat d'augmenter et le rendement des récoltes et les revenus
de la ferme. L'assurance-récolte demeure donc un facteur de
progrès économique, parce qu'elle engendre la confiance et la
sécurité.
Peu importe sous quel angle on l'envisage. Le problème de
l'assurance-récolte ne comporte que des avantages tant au point de vue
économique que social.
Maintenant, j'aimerais faire quelques constatations. Dans notre
province, les modifications nombreuses et profondes, qui transforment assez
rapidement la structure même de notre économie rurale, exigent
peut-être beaucoup plus aujourd'hui qu'hier un régime
d'assurance-récolte pour nos exploitants agricoles. Ces derniers ont
besoin à l'heure actuelle d'une plus grande protection et d'une plus
grande sécurité à cause de leurs responsabilités
accrues et de leurs investissements de plus en plus lourds dans une nouvelle
forme de culture intensive et mécanisée.
Les chiffres sont là pour le prouver. En dépit de la
diminution assez prononcée du nom-tre de fermes dans le Québec,
85,777 en 1961 comparativement à 134,336 en 1951 et 109,529 en
1956t le revenu brut de nos exploitations agricoles conserve une
tendance à la hausse. En 1953, le revenu brut total des agriculteurs
dans la province se chiffrait à $447,870,000, tandis qu'en 1963, il
s'établissait à$554,290,000, soit $106,510,000 de plus à
dix ans d'intervalle.
Cela signifie que nos cultivateurs, moins nombreux en 1963 qu'en 1953,
mettent en application de meilleures méthodes de culture sur une
superficie agricole moins étendue et réussissent ainsi à
obtenir de meilleurs rendements. Mais ce n'est là qu'un
côté de la médaille. En même temps que
s'accroît le revenu brut de nos agriculteurs, on constate une
augmentation constante des frais d'exploitation sur la ferme, ce qui a pour
objet de réduire le revenu net total de nos exploitants. Au cours de
l'année 1953, dans la province de Québec, les frais
d'exploitation agricole totalisaient $228,598,000 par rapport à un
revenu brut de $447,780,000, laissant donc un revenu net aux agriculteurs
de
$238,144,000. En 1963, par contre, les frais d'exploitation
étalent de $365,238,000 par rapport à un revenu brut de
$554,290,000, donnant un revenu net de seulement $189,052,000. Ces chiffres
nous indiquent donc qu'en 1953, alors que les frais d'exploitation
étaient moins élevés que ceux de 1963, la classe agricole
du Québec, tout en produisant moins, avait gagné à cette
époque $39,546,000 de plus en revenu net. On note que les frais
d'exploitation des fermes tendent à augmenter considérablement
dans une période de dix ans.
Si on prend toujours comme point de comparaison les années 1953
et 1963, on trouve un écart très sensible entre certaines
dépenses principales d'exploitation, comme l'Illustrent les chiffres que
j'ai l'intention de vous donner. D'abord, pour les frais d'exploitation
agricole en 1953, les taxes payées par les cultivateurs totalisaient
$15,943,000. En 1963, les taxes totalisaient $29,149,000, soit une augmentation
de 46%. Les grains de provende achetés par les producteurs du
Québec en 1953 totalisaient $75,122,000, alors qu'en 1963 nous avons un
total de $124,716,000, une augmentation de 40%. Le cultivateur du Québec
payait en 1953, en salaires aux employés, $16,552,000. En 1963, il en
payait 28% de plus, une hausse de 28%, soit $23,133,000. En 1953, les
intérêts sur dettes payés par le cultivateur totalisaient
$6,090,000 et en 1963, une hausse de 50%, soit$12,122,000. En 1953, l'achat de
tracteurs, $10,863,000. En 1963, $22,549,000, 52% de hausse. Réparation
de machines, en 1953, $7,879,000, en 1963, 55% d'augmentation, $17,225,000.
Energie électrique, $1,935,000 en 1953, $4,283,000 en 1963, soit une
hausse de 55%. Dans les engrais chimiques, il y a aussi une hausse de 46%,
$9,017,000 en 1953, comparativement à $16,531,000 en 1963.
Donc, il y a là, M. le Président, une moyenne
d'augmentation de 45% des frais d'exploitation agricole dans la province de
Québec. La moyenne d'augmentation étant donc de 45% pour cette
période étudiée, cette période de dix ans, est-ce
que nous pouvons dire que l'accroissement des revenus pécuniaires
provenant de la vente des produits agricoles pour cette même
période équivaut à cette augmentation de 45%? Non, car
l'augmentation pour cette même période n'a été que
de 12% environ. Maintenant, à cause justement de ce décalage, Il
devient urgent d'accorder une plus grande protection aux agriculteurs qui
investissent des montants de plus en plus élevés dans la mise en
valeur de leur terre et qui comptent sur de bonnes récoltes, non
seulement pour faire vivre leur famille, mais aussi pour rembourser les dettes
con- tractées pour diverses fins agricoles.
Concernant ce dernier facteur, il est à remarquer que le nombre
de prêts consentis aux agriculteurs de la province par l'Office du
crédit agricole tend à augmenter d'année en année.
Le nombre de prêts en cours le 31 mars 1964 était de 41,666, pour
un montant global de $162,238,512 recouvrables des débiteurs.
M. le Président, à l'heure où les dépenses
agricoles de toute nature s'accroissent, où les agriculteurs font des
placements de plus en plus élevés pour améliorer leur
entreprise et où ils se fient davantage à un bon rendement annuel
de leurs cultures et ce pour vivre, progresser et rencontrer leurs obligations,
le gouvernement, soucieux du bien commun, doit prendre immédiatement les
mesures nécessaires pour mettre en vigueur un plan général
d'assurance-récolte afin de donner à nos agriculteurs une
sécurité plus grande et une meilleure protection.
M. LESAGE: Cela détonne un peu. Voilà déjà
trois ou quatre mois que nous étudions ça en comité. Le
gouvernement ne vient pas de décider de faire ça.
M. BELLEMARE: Qu'est-ce que cela peut faire? Il a le droit de le dire
comme ministre de l'Agriculture.
Me LESAGE: C'est parce que nous perdons notre temps.
M. BELLEMARE: Bien non!
M. VINCENT: M. le Président, je dois ajouter ici que les
cultivateurs eux-mêmes, par la voix de leur association professionnelle
et par celle d'autres groupements intéressés directement aux
progrès de l'agriculture, réclament l'établissement d'un
système d'assurance-récolte comportant la participation de l'Etat
et de la classe agricole.
M. le Président, c'est un projet de loi que nous soumettons en
deuxième lecture à l'Assemblée législative
il a été soumis en première lecture, il y a quelques
semaines: il a été étudié en comité, tant
d'un côté de la Chambre que de l'autre que nous voulons
mettre à la disposition du cultivateur québécois. Je suis
certain qu'avec ce projet de loi, dont je vais vous donner les
particularités, eh bien, les récoltes seront assurées, les
revenus des cultivateurs seront protégés jusqu'à une
certaine limite.
Maintenant, cette loi d'assurance-récolte, quelles en sont ses
particularités? En effet, il
y a quelques autres provinces du Canada qui possèdent à
l'heure actuelle un système ou un régime
d'assurance-récolte, mais la plupart de ces régimes ne couvrent
que les cultures spéciales. Le Manitoba, la Saskatchewan assurent
surtout les céréales; Ile-du-Prince-Edouard, les pommes de terre;
la Colombie -Britannique, les vergers. Quant à l'Ontario, qui vient de
mettre en vigueur un plan pour assurer d'abord le blé d'hiver, cette
année, sur une base d'essai, seulement dans deux comtés, cette
province assure les plantes fou-ragères.
Par la présente législation, le Québec veut faire
davantage pour rendre service à la classe agricole. En plus de garantir
les diverses cultures spéciales, il tient à accorder une
protection appropriée à la majorité des agriculteurs de
cette province, en assurant leurs récoltes de grandes cultures
destinées principalement à la nourriture du bétail sur la
ferme, soit le foin, l'ensilage des céréales et les
pâturages. Ce genre d'assurance présentera des
caractéristiques qu'on ne rencontre dans aucun pays de l'Amérique
du Nord. Son principe consiste surtout à protéger le rendement
des récoltes dans les exploitations agricoles orientées vers
l'industrie laitière et l'élevage en général. Il
s'agit ici de valeurs assurables d'environ $130 millions. Quel est le genre de
protection que fournit le régime d'assurance-récolte? Ce
régime d'assurance-récolte du Québec, M. le
Président, prévoit une compensation pour la perte,
c'est-à-dire la différence entre le rendement réel et le
rendement assuré par suite de l'action d'un certain nombre
d'éléments naturels. Ces risques sont généralement
non assurables, dans l'état actuel du marché des assurances.
Dans le cas de la grande culture, la protection sera de 80% du rendement
moyen, tandis que dans les cultures spéciales, le régime
d'assurance-récolte cherchera à atteindre l'équivalence du
coût de production, mais sans jamais dépasser 80% du rendement. Ce
rendement sera le rendement moyen de cette culture échelonné sur
une période d'années relativement longue.
Le principe du financement du programme d'assurance -récolte.
La contribution du gouvernement du Québec sera égale
à l'ensemble des cotisations des assurés. Le taux de la
contribution totale sera déterminé et vérifié
chaque année pour chaque culture par la régie de
l'assurance-récolte, après consultation du surintendant des
assurances, eu égard à l'expérience et selon les exigences
de l'actuariat. L'évaluation de la perte sera toujours établie
par expertise soit indi- viduelle ou encore collective. Cette expertise a pour
objet de déterminer le rendement réel après la perte.
La compensation générale est basée sur la
différence entre le rendement réel et le rendement assuré.
De plus, pour la grande culture, comme pour la culture spéciale
et je crois que ce point est assez important pour que nous le soulignions de
nouveau il existe une compensation particulière pour les travaux
effectués par l'assuré en vue d'éviter ou de
réduire une perte. Il existe, toutefois, deux catégories de
compensations supplémentaires pour la grande culture.
Premièrement, une compensation pour la perte d'usage de
pâturage et, deuxièmement, une compensation dite de remplacement
pour achat de nourriture destinée aux animaux gardés sur la
ferme.
Admission à l'assurance-récolte
L'admission à l'assurance-récolte demeure volontaire. Ce
régime d'assurance est facultatif et contributoire. Les agriculteurs
pourront s'assurer de droit pour la grande culture dans toutes les
régions de la province. Quant aux cultures spéciales, le plan
permet à la régie de procéder par étapes à
mesure que les données nécessaires à la fixation des taux
seront disponibles et à la condition qu'un nombre minimum de producteurs
de culture spéciale manifestent leurs intentions d'adhérer au
régime d'assurance-rêcolte.
Quelle en sera l'organisation administrative? La loi est
administrée par une régie dont la structure est analoque à
celle des autres organismes provinciaux du même genre. Le ministre de
l'Agriculture et de la Colonisation sera le responsable de l'application.
L'entente avec le fédéral
La loi prévoit cette entente. Une telle entente permettra en
particulier le remboursement à la province de la moitié des frais
d'administration et de la moitié du remboursement de la contribution
provinciale, c'est-à-dire le remboursement de la moitié de la
contribution provinciale au régime d'assurance. Cette entente pourra
comprendre aussi la réassurance des risques comme cela se pratique du
reste dans les autres conventions signées par le gouvernement d'Ottawa
et le gouvernement des autres provinces où il existe à l'heure
actuelle un régime ou un système d'assurance-récolte.
Voilà les principes de base de la Loi de
l'assurance-récolte du Québec que nous croyons ur-
gente, essentielle et efficace pour la classe agricole de notre
province. Il est opportun, je crois, de souligner ici la contribution que le
gouvernement du Québec apporte à ce régime
d'assurance-récolte. L'exploitant agricole ne sera appelé
à payer que la moitié de la cotisation pour garantir ses diverses
récoltes. L'autre moitié du coût de la cotisation sera
assumée par le gouvernement provincial.
Aucune autre province canadienne, à l'exception de l'Ontario, ne
contribue ainsi au paiement d'une partie de la cotisation de l'assuré.
Dans l'Ontario, le pourcentage déboursé par l'Etat se chiffre
à 30%, l'assuré ontarien paie donc 70% de la cotisation,
comparativement à 50% pour l'agriculteur du Québec. Nous sommes
convaincus qu'une telle participation financière de la part du
gouvernement aura pour conséquence d'inciter la majorité de nos
agriculteurs à garantir le rendement maximum de leurs récoltes
à un taux relativement peu élevé et de
bénéficier ainsi d'une protection adéquate qui permettra
de mieux stabiliser les revenus de la ferme et de favoriser le progrès
général de l'agriculture québécoise. Tout ce que
nous ferons pour améliorer le sort de nos cultivateurs ne peut avoir
qu'une influence heureuse sur l'ensemble du contexte économique et
social de notre province.
Je suis fier, à titre de ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation, d'avoir le privilège d'offrir aux cultivateurs de cette
province les nombreux avantages de l'assurance-récolte et, ce faisant,
de contribuer de façon efficace à améliorer leur sort et
à stimuler le progrès général de l'agriculture
québécoise.
Maintenant, la Loi de l'assurance-récolte du Québec est
l'une des plus perfectionnées et des plus généreuses, non
seulement au Canada mais aussi sur tout le continent nord-américain.
Elle peut se comparer avantageusement aux législations de même
nature dans tous les autres pays du monde. Cette loi comporte de nombreux
avantages pour les agriculteurs au point de vue financier et au point de vue
protection.
Comme Je le disais, au point de vue financier, le gouvernement de la
province paiera 100% des frais d'administration et, après entente avec
le gouvernement du Canada, le gouvernement du Canada remboursera à la
province 50% de ces mêmes frais d'administration. En deuxième
lieu, le gouvernement du Québec paie en plus 50% du coût de la
prime ou de la cotisation. Si la prime totale de l'assuré je vous
donne un exemple s'élève à $90 pour protéger
ses récoltes de grande culture, l'assuré n'aura qu'à payer
un montant de $45.
Je mentionnais, tout à l'heure, qu'il existe au Canada plusieurs
plans d'assurance-récolte. Pour l'information des députés,
vous avez un plan d'assurance-récolte qui existe en
Colombie-Britannique. Vous en avez un en Saskatchewan, un autre au Manitoba, un
en Nouvelle-Ecosse, un en Ontario et nous en aurons un au Québec. En
Colombie-Britannique, l'assuré doit payer 75% de la cotisation; 25% est
payé par le gouvernement du Canada et aucune contribution du
gouvernement provincial. En Saskatchewan, l'assuré doit payer 75%; la
même chose au Manitoba, même chose en Nouvelle-Ecosse et, en
Ontario, 70%. Le gouvernement du Canada, dans chacun des cas, rembourse 25% et
les gouvernements provinciaux de Saskatchewan, Manitoba, Nouvelle-Ecosse ne
remboursent rien aux cultivateurs.
C'est donc, à l'heure actuelle, dans le Québec, que le
gouvernement provincial rembourse à part égale avec le
gouvernement fédéral pour permettre aux
bénéficiaires de payer seulement 50% de la prime. Au point de vue
de la protection, si l'agriculteur du Québec paie une partie de
cotisation moins élevée que celle des assurés demeurant
dans les autres provinces du Canada, il jouit en outre d'une protection plus
forte, plus adéquate. En plus de l'indemnité primaire ou
principale pour perte de rendement de ses récoltes, en vertu de
l'article 42 du bill 45, l'assuré de la province de Québec a
droit à trois autres sortes de compensation, qui ne sont pas toutes
comprises dans les autres législations du même genre existant au
Canada ou en Amérique du Nord.
D'après l'article 39, l'assuré a droit à une
compensation pour l'exécution de travaux extraordinaires en vue
d'éviter ou de réduire une perte. En vertu de l'article 43,
l'assuré a droit à une indemnité pour perte d'usage de
pâturages. En vertu de l'article 44, que nous avons discuté en
comité et pour lequel nous aurons un amendement, l'assuré a droit
à une autre indemnité pour valeur de remplacement. Maintenant,
j'ai l'intention de faire distribuer aux députés trois exemples
expliquant le fonctionnement de l'article 44, quand nous serons en
comité, tout à l'heure, afin de leur permettre de mieux
comprendre la portée de cette disposition de la loi. Vous comprendrez
qu'avec ces trois exemples, les députés seront en mesure
d'expliquer aux producteurs de leur région quelles sont les protections
additionnelles que nous donnons aux cultivateurs du Québec en vertu de
ce régime d'assurance-récolte.
M. le Président, avant de terminer et avant que nous puissions
passer en comité où nous
aurons un amendement à apporter à l'article 5, un autre
à l'article 44 que je distribuerai tout de suite d'ailleurs, je voudrais
remercier tous les députés de cette Chambre de la magnifique
collaboration qu'ils nous ont apportée lors de l'étude du bill 45
en comité avant la deuxième lecture. Comme j'ai eu l'occasion de
le déclarer, nous voulons avoir le régime
d'assurance-récolte le plus rentable pour le cultivateur du
Québec et nous avons voulu, lors de l'étude en comité,
demander à tous les députés de nous faire des suggestions.
Vous remarquerez, à la lecture des rapports du comité, à
la lecture des débats du comité, que nous n'avons jamais
refusé toute suggestion constructive afin d'améliorer ce
système d'assurance-récolte que nous mettons à la
disposition des cultivateurs du Québec.
Donc, je suis fier de remercier les membres du comité de ces
suggestions constructives qu'ils nous ont apportées, de remercier aussi
les associations agricoles de la province, tant de langue anglaise que de
langue française, des séances d'étude que nous avons
tenues avec eux, de remercier tous les fonctionnaires qui ont travaillé,
je dirais beaucoup plus qu'ils ne l'avaient prévu au début pour
la préparation de cette loi difficile, je l'admets, mais importante
quand même.
Je suis certain que la publicité ne devrait pas manquer afin que
chaque cultivateur de la province puisse en connaître les avantages et,
si tous remplissent leur devoir comme nous l'avons fait jusqu'à
présent, tant le gouvernement qui nous a précédés
que nous-mêmes, tant les députés d'un côté de
la Chambre comme de l'autre côté, qui ont siégé en
comité sur ce bill 45, je suis certain que le cultivateur du
Québec recevra une protection qu'il attend, une protection dont il a
besoin, une protection nécessaire dans le contexte économique et
social de 1967.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
M. Alcide Courcy
M. COURCY: M. le Président, qu'il me soit permis de faire un
court historique de l'établissement de cette loi qui nous est
présentée, la Loi de l'assurance-récolte. Oui, c'est le 8
février 1965 que le premier ministre avait demandé au
surintendant des assurances de bien vouloir s'attaquer au problème et de
faire l'étude partout au Canada, aux Etats-Unis et même
d'étudier les différents plans d'assurance -récolte qui
existaient dans le monde entier. Le surintendant avait répondu en
engageant, si vous voulez, un homme qui immédiatement s'attelait
à la tache. C'est le 22 février 1965 que M. Maurice Massicotte
conseiller technique au service des assurances fut affecté
spécialement à la préparation d'un plan à implanter
dans la province.
Des le 9 juillet 1965, le surintendant des assurances transmettait
l'étude faite par M. Massicotte. A ce moment-là, on demandait la
nomination d'officiers du ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation et d'agronomes, qui avaient l'expérience dans les
récoltes de nos cultivateurs. Un comité a été
constitué avec MM. André Auger, Pierre Labrecque, Cyprien
Pelletier, Guy Boivin, Paul Robert, et M. Maurice Massicotte a agi comme
secrétaire de ce comité. Qu'il me soit permis aujourd'hui de les
féliciter du travail imposant qu'ils ont fait dans la préparation
de ce mémoire qui réellement nous apprend ce qui s'est
passé dans les différentes provinces du Canada depuis 1959,
depuis que le gouvernement fédéral a établi la Loi de
l'assurance-récolte pour collaborer avec les provinces qui voulaient
adopter le système.
Qu'il me soit permis aussi de féliciter les officier
légistes qui, se basant sur le rapport du comité d'étude,
ont présenté un projet de loi de l'assurance-récolte, qui
nous a été soumis par le ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation actuel.
Le comité d'étude sur l'assurance-récolte a
siégé une vingtaine de fois, est allé en dehors de la
province de Québec, même aux Etats-Unis pour voir ce qui se
passait afin de pouvoir nous apporter, ici, dans la province de Québec,
le meilleur plan d'assurance-récolte que nous puissions connaître,
comme le mentionnait le ministre, même en Amérique du Nord.
Le projet a été soumis au comité d'agriculture qui
a siégé le 18, le 20, le 25 avril, ainsi que le 14 et le 15 juin.
Je pense bien qu'à la réunion du comité de l'agriculture,
des suggestions constructives ont été faites par l'Opposition
afin d'amender le bill, après avoir découvert les lacunes, pour
l'améliorer s'il y avait possibilité. Certains amendements ont
été acceptés.
Le ministre de l'Agriculture et de la Colonisation, à un moment
donné, a soumis des amendements que nous considérons comme des
plus importants, a soumis au cabinet ces recommandations faites par
l'Opposition et je viens juste d'apprendre qu'il est possible que des
amendements soient apportés à l'article 5 et àl'article
44. Nous en prendrons connaissance tout à l'heure, et en comité
nous pourrons certes en discuter.
L'assurance-récolte a certes des avantages. Le ministre les a
énumérés. Je ne les répéterai pas. Je puis
dire que l'assurance-récolte cependant ne réglera pas tous les
problèmes agricoles. C'est un des éléments de solution,
ça va aider au règlement de certains problèmes agricoles.
L'assurance-récolte, à la condition que cette assurance paie aux
cultivateurs des indemnités adéquates, va certes aider. D'abord,
aider au crédit du cultivateur, aider aussi à son
relèvement, advenant le cas d'une perte, et ce n'est pas le cas
actuellement dans le bill qui nous est présenté, avant les
amendements soumis par le ministre de l'Agriculture et de la Colonisation que
nous verrons tout à l'heure.
M. le Président, c'est vrai que de plus en plus notre agriculture
québécoise se transforme. De familiale qu'elle était
autrefois, elle est devenue commercialisée. C'est vrai. Qu'on le veuille
ou non, l'évolution va se produire et de plus en plus l'agriculture
familiale va diminuer dans la province de Québec pour être
remplacée par une agriculture commerciale, par une agriculture
spécialisée et les fermes commerciales ont davantage besoin d'une
protection que la petite ferme familiale. Il est vrai que les coûts de
production augmentent dans tous les domaines: coût des semences,
coût de la machinerie agricole, coût de la main-d'oeuvre sur nos
fermes. Une assurance-récolte appropriée s'impose donc. Je dis
bien appropriée, c'est-à-dire un plan d'assurance qui ne serait
pas trop onéreux pour les cultivateurs et qui, en même temps, leur
donnerait une protection adéquate, c'est-â-dire une
indemnité qui paierait au coût de remplacement et non une
indemnité qui paierait une partie des pertes seulement à un prix
fixé à l'avance. Alors je me demande si le gouvernement, qui veut
avoir la meilleure loi d'assurance-récolte, va apporter dans ses
amendements à l'article 44 les suggestions que nous lui avais faites
pour le paiement de ces indemnités sur la valeur de remplacement.
La loi d'assurance-récolte s'imposait donc depuis longtemps. Les
deux partis politiques l'avaient dans leur programme. Le parti libéral
avait commencé à en faire l'étude avec des fonctionnaires
nommés par le surintendant des assurances avec la collaboration des
fonctionnaires du ministère de l'Agriculture et de laColonisation.
Ceux-ci ont continué le travail commencé. Le gouvernement actuel
a continué le travail commencé et laissez-moi vous dire que nous
verrons une assurance-récolte, si elle n'est pas amendée comme
nous l'avons suggéré, une assurance-récolte qui ne paiera
pas d'indemnités pour les dommages et nous verrons les cultivateurs
réticents à s'assurer dans l'as- surance-récolte actuelle
à moins que le ministre, par ses amendements, arrive tout
àl'heure pour nous démontrer qu'il a accepté les
suggestions de l'Opposition. Pour ma part, je puis vous dire que je suis
favorable à l'assurance-récolte, mais je souhaiterais de tout
coeur qu'elle soit amendée suivant les suggestions faites par
l'Opposition en comité.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. Jean Lesage
M. LESAGE: M. le Président, je crois que nous avons
démontré, nous, de ce côté-ci de la Chambre, comme
vient de le dire, de l'exposer plus en détail le député
d'Abitibi-Ouest, notre accord de principe quant au bill qui est devant la
Chambre. Plusieurs modifications ont été apportées au
comité de l'agriculture. Elles ont rendu ce projet de loi qui
était impossible à digérer, au début, plus
digestible, sans qu'à mon sens il donne aux cultivateurs une protection
efficace.
Evidemment je m'excuse de mentionner un article en
deuxième, lecture, mais c'est le ministre lui-même qui a dit qu'il
serait modifié si le ministre pouvait me confirmer que l'article
44 est modifié de façon à assurer les cultivateurs qu'ils
seront indemnisés sur la base de la valeur de remplacement des plantes
fourragères ou des grains de provende, je serais satisfait. Si ce n'est
pas cela, le bill est déficient.
Alors, M. le Président, tant que je ne saurai pas quelle est la
nature de l'amendement que va proposer le ministre de l'Agriculture, je dois
réserver mon appréciation sur le bill, malgré qu'en
principe, évidemment, je sois favorable à un système
d'assurance-récolte.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint- Maurice.
M. Philippe Demers
M. DEMERS: M. le Président, j'abonde dans le même sens que
l'honorable ministre de l'Agriculture qui nous a parlé de l'excellence
de ladite loi. Il était, je crois, capital de faire cesser le recours
aux subventions puisées à même les fonds publics,
subventions teintées d'un paternalisme et à odeur de fausse
charité, le tout ordinairement conditionné par des interventions
politiques.
En 59/60, on accordait, en subventions pour frais de dommages, $458,000,
De 1960 à 1961,
$510,000. De 1961 à 1962, $401,000. De 1962 à 1963,
$292,000. De 1963 à 1964, $823,000. Et en 64/65, on montait à
$1,230,000 pour passer, en l'année 65/66, à des subventions de
l'ordre de $23,819,000. Et, l'an dernier, les subventions accordées pour
compenser les dommages que les cultivateurs ont subis se chiffraient au montant
de $2,400,000.
Je crois qu'en payant une prime, on revalorise la condition du
métier du cultivateur. Cette prime lui donne le droit qui remplace la
faveur et c'est bien. L'Opposition abonde dans le même sens que le
gouvernement; ce sera, je crois, très facile de faire adopter cette loi.
L'assurance n'est pas une mesure sociale. Si on doit donner au cultivateur des
montants, qu'on ne lui fasse pas payer de prime, mais si c'est une mesure
économique pour aider le cultivateur, pour le remonter au niveau de
toute entreprise qui est industrielle, comme l'a décrit tantôt le
député d'Abitibi-Ouest, qu'on lui fasse payer une prime et qu'on
le compense au maximum des capacités qu'a pu lui donner la loi.
Il y a dans cette loi, M. le Président, je crois, une certaine
originalité qu'on ne retrouve pas ailleurs. Cela a trait à la
grande culture et elle comporte un élément d'assurance, un
revenu, en ce sens que les modalités prévues permettront au
cultivateur de se procurer à même le montant de l'indemnité
la majeure partie de la nourriture requise pour l'hiverné ment de ses
animaux. Bref, il faut considérer que l'exploitant de grande culture
tire ses revenus des animaux qu'il possède, soit aux fins d'industrie
laitière ou d'élevage. Tous les régimes d'assurance en
Amérique du Nord prévoient une indemnité à des prix
unitaires fixés d'avance. Contrairement à ce qui prévaut
en Amérique du Nord, l'assurance suggérée par le
gouvernement est tout autre. Si on offrait à un exploitant de grande
culture, par exemple, d'assurer son foin à $15, $20 ou $25 la tonne, son
problème ne serait pas réglé si, au moment d'un sinistre
majeur dans une région, le prix du foin atteignait $40, $50 ou $75 la
tonne. Le fait d'avoir prévu une indemnité, quel qu'en soit le
prix en équivalence de valeur nutritive, accorde une protection qu'on ne
trouve nulle part ailleurs.
Je crois que c'est une loi excellente et tous les gens des deux
côtés de la Chambre abondent dans le sens qu'a exposé
tantôt le ministre de l'Agriculture et je suis content pour les
agriculteurs du comté de Saint-Maurice et les agriculteurs de toute la
province qu'enfin une loi qui leur donne un statut d'homme d'affaires soit
adoptée en cette Chambre.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture du bill 45, Loi de
l'assurance-récolte est-elle adoptée?
M. LESAGE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LE GREFFIER-ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture propose que la
Chambre maintenant se forme en comité plénier pour l'étude
du bill 45, Loi de l'assurance-récolte. Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
M. LEBEL (président du comité plénier): Est-ce
qu'on doit étudier article par article, ou si l'on va prendre
seulement...
M. LESAGE: Si le ministre veut nous donner la teneur de ses amendements,
cela pourrait hâter les travaux.
M. BELLEMARE: Oui, très bien.
M. VINCENT: M. le Président, nous aurons un amendement à
l'article 5...
M. LESAGE: Un instant, avant d'adopter les articles, je voudrais
connaître la nature des amendements, parce qu'il s'agit...
M. BELLEMARE: ... de la manière dont sera formée la
régie.
M. LESAGE: ... de clauses qui s'imbriquent. Alors il faudrait
connaître la nature des amendements aux articles 5 et 44.
M. VINCENT: Non, je pensais donner l'amendement que nous allons apporter
à l'article 5 et ensuite passer toute la première partie de la
loi. D'accord?
M. LESAGE: Non, je voudrais avoir 5 et 44 avant de décider
comment procéder.
M. VINCENT: Les amendements aux articles 5 et 44...
M. LESAGE: C'est clair, M. le Président, parce que les
amendements à l'article 44 peuvent avoir un effet sur les articles
précédents.
M. BELLEMARE: M. le Président, nous allons procéder selon
le règlement, article par article...
M. LAPORTE: M. le Président, ce n'est pas conforme...
M. BELLEMARE: ... nous demanderons que la procédure soit
suivie.
M. LAPORTE: Je comprends...
M. LESAGE: Alors, ça va être long.
M. LAPORTE: ... qu'on doit nécessairement ajourner le 29, mais ne
faisons pas exprès pour que ça soit long.
M. BELLEMARE: Comment?
M. LAPORTE: Ce n'est pas compliqué, donnez les deux amendements,
et ça ne prendra que quelques minutes.
UNE VOIX: Voyons! Voyons!
M. BELLEMARE: Bien oui, bien je sais bien.
M. LESAGE: Tout amendement à 44 peut avoir une extrême
importance. J'ai dit, tout à l'heure en deuxième lecture, que
j'avais des réticences et c'est justement quant à l'article
44.
M. BELLEMARE: Vous n'en aurez plus après.
M. LESAGE : Sur les articles 5 et 44, oui, mais alors si, comme le dit
le député de Champlain, mes réticences sont pour
disparaître avec la production des amendements, qu'on les produise) Cela
va être très simple.
M. VINCENT: M. le Président, nous allons présenter un
amendement à l'article 5, que je demanderais de distribuer tout de
suite.
M. LAPORTE : Une vraie surprise.
M. VINCENT: L'amendement consiste à remplacer le 3e alinéa
de l'article 5 par le suivant: « Les trois autres régisseurs sont
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil sur la recommandation
conjointe du ministre de l'Agriculture et de la Colonisation et du ministre des
Finances. Deux de ces trois régisseurs sont choisis parmi les
fonctionnaires du gouvernement ou d'un agent de la couronne du chef de la
province et l'autre, qui est nommé pour trois ans, est choisi parmi les
représentants, les associations d'agriculteurs.
Le lieutenant-gouverneur en conseil fixe, s'il y a lieu, les honoraires,
allocations ou traitements ou suivant le cas des traitements additionnels de
chacun de ces trois membres et nomme le vice-président parmi eux
».
Maintenant à l'article 44, nous aurons un amendement.
M. LESAGE: Qu'il nous donne 44! M. DEMERS: L'article 5 est
adopté? UNE VOIX: Non, on l'étudié avant.
M. VINCENT: L'article 44, j'ai ici, M. le Président, des exemples
à donner, comme j'en avais exprimé le désir au
comité l'autre jour. Non, mais à la suite de l'amendement...
M. LESAGE : Non, non, mais c'est un amendement.
M. VINCENT: ... que j'avais suggéré, il y a là
trois exemples que nous donnons, soit d'abord une ferme qui
s'équilibre...
M. LESAGE: Si le ministre veut bien me donner la copie de l'amendement
à l'article 44, je ne le dévoilerai pas.
M. VINCENT: Je vais le donner à tout le monde.
M. LESAGE: Alors,je ne vois pas pourquoi...
M. VINCENT: Mais avec l'amendement à l'article 44, nous allons
faire la distribution des trois exemples. D'abord, nous allons remplacer
l'article 44 par le suivant: « L'assuré qui, pour satisfaire aux
besoins alimentaires des animaux de ferme indiqués aux certificats
d'assurance, et combler en totalité ou en partie une diminution de
rendement pour laquelle il a droit d'être indemnisé en vertu de
l'article 42, a dû acheter des plantes fourragères ou
céréales, a droit à une indemnité additionnelle
égale à l'excédent du prix des quantités de plantes
fourragères ou céréales achetées à ces fins
sur l'indemnité payable en vertu de l'article 42 pour ces mêmes
quantités.
Deux. Aux fins du présent article, le prix des plantes
fourragères ou céréales de remplacement ne doit pas
excéder le moindre des prix suivants: a) le prix du marché des
plantes fourragères ou céréales de remplacement; b) le
prix du marché d'une quantité de plantes fourragères ou
céréales ayant une valeur nutritive équivalente selon la
proportion déterminée
par règlement, compte tenu des besoins alimentaires des animaux
dont il s'agit. Maintenant, j'ai aussi des exemples à faire distribuer
à tous les membres du comité.
M. LESAGE: Alors, le ministre, sur l'article 5 et sur l'article 44, a
accepté les suggestions que j'ai faites à de multiples
reprises.
M. VINCENT: Certainement.
M. LESAGE: Et sur l'article 44, on établit que c'est le prix de
remplacement, soit en plantes fourragères, soit en
céréales.
M. ROY: Cela s'est fait au comité.
M. LESAGE: C'est très bien, mais pourquoi hésiter
tellement à me donner le texte?
M. BELLEMARE: C'est parce qu'on vous connaît aussi, Dya une autre
affaire.
M. LESAGE: Ah! Il y a autre chose que ça?
M. BELLEMARE: Non, il n'y a pas d'autre chose, mais à un moment
donné... Un instant.
M. VINCENT: Maintenant, les exemples, tel qu'on me l'avait
suggéré au comité encore, cette fois-là, pas le
chef de l'Opposition, mais un autre membre du comité.
M. LESAGE: Avant qu'il soit six heures, au lieu de parler d'exemples;
sur l'amendement à l'article 44, afin que le ministre ait le temps d'y
penser, je voudrais attirer son attention sur 44-2: « Aux fins du
présent article, le prix des plantes fourragères ou
céréales de remplacement ne doit pas excéder le moindre
des prix suivants: a) le prix du marché des plantes fourragères
ou céréales de remplacement au moment du remplacement,
mais ce n'est peut-être pas nécessaire de l'indiquer et b)
le prix du marché d'une quantité de plantes fourragères ou
céréales ayant une valeur nutritive équivalente selon la
proportion déterminée par règlement». C'est plus ou
moins clair, mais enfin, est-ce qu'il y aurait moyen que ce soit plus clair? La
proportion déterminée par règlement, c'est la proportion
de l'équivalence en céréales. Ce n'est pas très
clair.
M. VINCENT: C'est la valeur nutritive équivalente qui sera
établie par règlement...
M. LESAGE: Oui, je comprends.
M. VINCENT: ... tel par exemple, l'orge.
M. LESAGE: J'ai très bien compris, mais est-ce que cela pourrait
être plus clair peut-être que le règlement va établir
l'équivalence?
M. JOHNSON: Si le chef de l'Opposition a compris, tout le monde va
comprendre.
M. LESAGE: Oh! je pense bien que le premier ministre aurait eu
intérêt à suivre avec beaucoup d'attention les
délibérations du comité de l'Agriculture.
M. JOHNSON: J'ai eu à travailler sur le texte.
M. LESAGE: Je crois que c'est le prix du marché d'une
quantité de plantes fourragères ou céréales ayant
une valeur nutritive équivalente, compte tenu des besoins alimentaires
des animaux dont il s'agit. C'est l'équivalence qui doit être
déterminée par règlement.
M. VINCENT: C'est ça.
M. LESAGE: Qu'est-ce que le mot proportion vient faire là?
Qu'est-ce que la proportion vient faire avec l'équivalence?
M. VINCENT: Un point qu'on me fait remarquer, ici, à b). «
Le prix du marché d'une quantité de céréales ayant
une valeur nutritive équivalente, selon la proportion
déterminée par règlement. » Peut-être que
c'est la quantité de plantes fourragères ou
céréales qui peut mêler quelque peu la personne qui lit
l'article 2 b).
M. LESAGE: Je sais bien ce que le ministre veut dire.
M. VINCENT: C'est le prix du marché.
M. LESAGE: Il s'agit d'établir par règlement
l'équivalence des céréales avec les plantes
fourragères.
M. VINCENT: C'est ça.
M. LESAGE: La proportion n'a rien à faire là-dedans.
M. VINCENT: Maintenant, M. le Président, est-ce que nous passons
article par article, 1, 2,3?
M. LESAGE: Si le ministre veut étudier l'article 44 d'ici huit
heures, ça pourrait aller vite à huit heures.
M. VINCENT: On ajourne?
M. LESAGE: Non,j'ai dit, s'il veut étudier l'article 44 d'ici
huit heures?
M. BELLEMARE: Est-ce qu'on peut adopter les autres articles?
M. LESAGE: Tantôt, huit heures. Il est six heures, là. Ce
ne sera pas plus long.
M. LAPORTE: Vous allez être pris pour ajourner, on n'aura plus
rien! On reviendra au bill 99. La Grande-Hermine.
M. BELLEMARE: Oui, d'accord.
M. LESAGE: Créer le comité des engagements financiers.
M. LE PRESIDENT: Les travaux du comité sont suspendus
jusqu'à huit heures, ce soir.
Reprise de la séance à 8 h p.m.
M. LESAGE: M. le Président, tous les articles sont adoptés
jusqu'à l'article 44.
M. VINCENT: Tel que suggéré par le chef de l'Opposition,
à l'article 44 nous allons enlevé « Selon la proportion
». C'est le deuxième paragraphe, b): « Le prix du
marché d'une quantité de plantes fourragères ou
céréales ayant une valeur nutritive équivalente,
déterminée par règlement, compte tenu des besoins
alimentaires des animaux dont il s'agit ». Tel que suggéré,
« selon la proportion » est biffé.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. LESAGE: Cela va. Les mots qui disparaissent sont: « Selon la
proportion ».
M. VINCENT: « Selon la proportion ».
M. LESAGE: Le mot « déterminée » s'applique
à équivalente?
M.VINCENT: C'est ça. M. LESAGE: Cela va.
M. VINCENT: Cela compliquait seulement la lecture de l'article. Vous
tenez compte aussi, en adoptant tous les articles jusqu'à 44, de
l'amendement apporté à l'article 5.
M. LESAGE: Oui, c'est parce que je crois avoir déclaré
avec le député d'Abitibi-Ouest, avant six heures, que la
modification à l'article 5 donnait suite à la suggestion que
j'avais fait faire au ministre de l'Agriculture et de la Colonisation.
M.VINCENT: Merci.
M. LESAGE: Il y a un autre article, là.
M. LE PRESIDENT: Articles 1 à 44 adoptés?
M. BELLEMARE: Adopté avec amendements. Un amendement à
l'article 5 et un amendement à l'article 44,
M. COURCY: Juste un instant.
M. VINCENT: C'est un amendement à l'article 44 et un
sous-amendement à l'amendement.
M. COURCY: Juste un instant. Après avoir regardé la loi,
là, eux ils n'indiquent pas « ou-
ragans » ou « excès de vent », ils disent:
« par le vent ».
M. BELLEMARE: Quel article, ça?
M. COURCY: Alors, c'est parce que ça m'a échappé
s'il y a des dommages causés par le vent, on n'a pas besoin de
déterminer l'intensité du vent...
M. BELLEMARE: Quel article?
M. DEMERS: Article 23.
M. BELLEMARE: Cela devait être fait...
M. DEMERS: Il n'y a pas de dégâts.
M. COURCY: La perte occasionnée par... et là on
spécifie: un, deux, trois, quatre, ouragan.
M. VINCENT: C'est ça, qui comprend...
M. COURCY: Au lieu de mettre « ouragan », dans les autres
lois on marque « le vent ». Mais il n'y a pas de dommages quand
c'est un petit vent.
M. ROY: Pour la culture spéciale... M. COURCY: S'il y en a, on
paierait. M. BELLEMARE: Article 23.
M. ROY: Pour la culture spéciale, on a ajouté le mot
« vent ».
M. VINCENT: « Excès de vent ». M. ROY: «
Excès de vent ».
M. COURCY: Excès de vent. Mais pourquoi mettre excès?
M. ROY: Pour couvrir les cultures spécialisées.
M. COURCY: Par le vent, ça suffirait. M. ROY: Oui, mais...
M. COURCY: Pour autant qu'il y a du dommage, peu importe
l'intensité du vent. Pourquoi mettre « excès »?
M. VINCENT: Il faut quand même, dans la loi, qualifier...
M. COURCY: C'est le dommage...
M. VINCENT: ... les dommages causés par le vent, et dire: «
excès de vent ».
M. COURCY: Ce sont les dommages qui sont couverts.
M. VINCENT: Oui, oui.
M. COURCY: Dommages occasionnés par le vent... Pourquoi mettre
« excès »?
M. VINCENT: Bien ce sont les excès, justement les vents
violents...
M. DEMERS: Il y a des vents qui s'avèrent salutaires!
M. VINCENT: ... Qui vont causer des dommages.
M. DEMERS: Il y a des vents qui peuvent être salutaires. On a,
à l'article 23, l'excès de pluie. De la pluie, c'est bon aussi,
mais l'excès ce n'est pas bon. Donc, pour le vent, on met «
l'excès ».
M. BELLEMARE: Article 41, l'assuré n'a droit à aucune
indemnité si les semailles ne sont pas conformes...
M. COURCY: Ce qui a attiré mon attention, c'est que la loi de
l'Ontario dit seulement, « les dommages causés par le vent »
et non pas par l'excès de vent.
M. BELLEMARE: C'est d'accord.
M. VINCENT: On a qualifié le vent par « excès de
vent », tel qu'on l'avait discuté en comité l'autre
jour.
M. COURCY: J'ai juste attiré l'attention.
M. LE PRESIDENT: Article 45.
M. BELLEMARE: Article 46. Article 47.
M. LE PRESIDENT: Article 45, adopté. Adopté. Article 46,
adopté. Article 47, adopté.
M. BELLEMARE: Article 48.
M. LE PRESIDENT: Article 48, adopté.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Article 49, adopté. Article 50, adopté.
Article 51, adopté.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il y en a d'autres?
M. LE PRESIDENT: Article 52, adopté.
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 53.
M. LESAGE: Un instant. Adopté.
M. BELLEMARE: Article 53.
M. LESAGE: Adopté, article 53.
M. LE PRESIDENT: Article 53, adopté. Article 54.
M. LESAGE: C'est le seul article où l'Opposition n'a pas pu
réussir à faire valoir son point de vue jusqu'à
présent, en principe du moins.
C'est que le député d'Outremont et celui qui vous parle
ont, à plusieurs reprises, attiré l'attention du ministre sur le
fait que l'appel n'était prévu que sur les questions de droit. Et
nous avions insisté à plusieurs reprises, je le
réitère, pour qu'il y ait appel sur les questions de fait et les
questions de droit. Est-ce que le ministre ou le gouvernement ont eu le temps
de réétudier l'article 54 et est-ce que, comme dans le cas des
articles 5 et 44, le ministre et le gouvernement ont vu la lumière?
M. VINCENT: Bien, à l'article 44, à l'article 54 les
décisions de la régie sont susceptibles d'appel à la cour
Provinciale sur des questions de droit, d'accord. Sur des questions de fait,
nous avons jugé qu'il était impossible pour un assuré de
se prévaloir devant les tribunaux, des semaines ou des mois après
que l'expertise a été faite devant les questions de fait et
d'ailleurs si nous nous reportons à l'article 12: Il faut que chacune
des décisions de la régie soit rendue par écrit et
être motivée.
Les membres de la régie, d'accord, ne sont pas des avocats, mais
ce sont des personnes quand même responsables et qualifiées qui
connaîtront l'agriculture et qui pourront pour cause reviser ou
révoquer toute décision. Si les assurés ne sont pas
satisfaits de la décision rendue par la régie par écrit et
motivée, ils peuvent revenir à la régie avec des
détails additionnels et, là, la régie peut pour cause
reviser ou révoquer cette décision.
Les personnes qui seront nommées comme membres de la régie
seront, comme je l'ai dit. des personnes responsables, des personnes ayant des
connaissances du milieu agricole et aussi des connaissances des cultures.
D'accord, ce ne seront pas des avocats, mais nous croyons qu'elles seront en
mesure de juger...
M. CHOQUETTE: Cela prendrait peut-être un avocat dans le lot.
M. VINCENT: Disons que nous avons pensé qu'il y aurait un
officier juridique quand même, peut-être pas comme
régisseur. Il y aura certainement un officier juridique pour
interpréter la loi et aussi conseiller les membres de la régie.
D'ailleurs, c'est...
M. CHOQUETTE: Mais...
M. VINCENT: ... très important que nous ayons là un avocat
qui pourra interpréter aux autres avocats...
M. CHOQUETTE: Mais, est-ce...
M. VINCENT: ... ce que veut dire la loi.
M. CHOQUETTE: Mais, je ne sais pas si le ministre comprend
jusqu'à quel point, quand on parle d'une régie dans le cas
actuel, on parle d'un organisme qui est complètement différent de
ce que l'on connaît dans notre législation jusqu'à ce jour.
Cette régie, c'est en fait une compagnie d'assurance de l'Etat qui va
faire de l'assurance-récolte et on va demander aux cultivateurs de payer
des primes d'assurance. Ils vont payer ces primes. S'ils ont une
réclamation à faire valoir à la régie, ils vont
s'adresser à la régie, faire leur réclamation. Si la
régie ne veut pas donner suite à leur réclamation, ces
assurés-là, ces cultivateurs quiaurontpayé des primes
volontairement, n'auront aucun recours contre la régie, contre le
gouvernement, excepté sur les questions de droit, à la cour
Provinciale. Or, c'est créer un précédent
extrêmement dangereux que de mettre les citoyens complètement
à la merci d'un organisme avec lequel ils négocient sur une base
contractuelle.
Je vois que le ministre du Travail s'Intéresse à mon
argumentation. Supposons qu'il assure sa voiture dans une compagnie d'assurance
et que je lui demande d'avance de renoncer à tout recours possible
contre ses assureurs, au cas où ses assureurs ne voudraient pas donner
suite à une réclamation, évidemment sur une question de
fait, puisque sur la question de droit, on a prévu un appel à la
cour
Provinciale. Or, je lui demande, je me demande lequel de nous sera assez
insensé d'aller s'assurer auprès d'un assureur qui dirait
d'avance: C'est moi qui déciderai si vous avez un recours ou si vous
n'en avez pas. Il n'y a personne qui fait des affaires comme ça, enfin
à ma connaissance, excepté des gens qui sont naïfs.
Maintenant, dans le cas actuel, je ne prétends pas que la régie
va abuser des cultivateurs. Je ne prétends pas que l'intention du
gouvernement soit de retirer des primes en grand nombre et de ne pas payer des
réclamations.
Je sais que le projet est empreint de bonne foi, c'est clair, des deux
côtés de la Chambre, mais d'un autre côté, c'est un
droit normal pour n'importe quel citoyen qui a une réclamation, de la
faire valoir et d'aller devant les tribunaux. Or, à l'article 54, non
seulement on ne crée l'appel qu'en matière de droit, mais sur la
question des faits, on ne donne aucun recours aux cultivateurs ou à
l'assuré de cette régie-là. Eh bien, laissez-moi vous dire
que ce ne sera pas un argument de vente auprès de la classe agricole.
Comment allez-vous aller expliquer votre affaire aux cultivateurs? Vous allez
dire: Payez-nous des primes, et quand vous aurez des pertes, on verra si on va
vous payer et vous dépendrez strictement de la décision de la
régie gouvernementale.
M. BELLEMARE: Voyons, voyons!
M. CHOQUETTE: Un instant. Un instant, c'est ça que dit le texte
de loi, excepté sur les questions de droit.
M. BELLEMARE: Bien, je viens de lui dire au docteur.
M. DEMERS: La Commission des accidents du travail.
M. CHOQUETTE: Dans le cas de la Commission des accidents du travail,
c'est complètement différent. L'accidenté du travail ne
paye pas de primes pour bénéficier de la production de la
Commission des accidents du travail. L'accidenté du travail est un
citoyen qui se prévaut d'une loi qui existe en faveur des
accidentés au travail. Les primes sont payées par les employeurs,
pas par lui-même tandis que, dans le cas actuel, ce sont les cultivateurs
eux-mêmes qui vont payer les primes, et d'avance on leur dit qu'ils n'ont
pas de recours.
Deuxièmement, je trouve personnellement que le régime de
la Commission des accidents du travail peut prêter et prête
à des abus, et je pense que le gouvernement devrait étudier
sérieusement la possibilité d'instituer un tribunal d'appel des
décisions de cette commission-là. Comment? Est-ce que c'est
normal dans une société démocratique que l'on mette des
citoyens à la merci d'organismes gouvernementaux qui prennent des
décisions finales et sans appel? Là, le citoyen est obligé
de plier l'échiné devant une décision gouvernementale.
Je pense que tous les honorables membres de cette Chambre sont d'avis
que notre système administratif, notre système judiciaire dans la
province de Québec laisse à désirer. Même cet
après-midi, j'entendais l'honorable premier ministre, parlant de
l'assurance-dépôts, qui déplorait lui-même qu'il n'y
ait pas d'appel des décisions qui pouvaient être prises en rapport
avec la révocation d'un permis. Il disait qu'il faudrait prévoir
des appels sur le plan administratif et, à mon avis, c'est ça
qu'il faut, c'est ça qui manque dans notre système
administratif.
On crée toutes sortes de commissions, on donne toutes sortes de
responsabilités à des corps administratifs, mais il n'y a jamais
de responsabilités clairement définies attribuées à
un corps supérieur qui pourrait examiner le bien-fondé des
décisions lorsque les citoyens se sentent lésés. Il me
semble que c'est la justice élémentaire qui le veut. Maintenant,
je pense qu'on aurait pu, à l'occasion de ce projet de loi, penser un
peu plus sérieusement au droit d'appel des citoyens. On ne l'a pas fait
malheureusement.
M. VINCENT: D'abord, quand l'honorable député mentionne
qu'il n'y a aucun recours, d'accord, il y a un recours en ce qui concerne les
questions de droit. Il y a un recours aussi en vertu de l'article 12. Il y a un
recours pour un particulier ou un groupe de producteurs qui se sentent
lésés. Après avoir pris connaissance de la décision
de la régie, ils peuvent en appeler de cette décision à la
régie même.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas un recours, ça. N'importe quel
tribunal administratif, c'est reconnu en droit administratif, peut toujours
rouvrir ses décisions. C'est reconnu, n'importe quel tribunal
administratif peut réexaminer une décision antérieurement
prise et la reviser. On n'appelle pas ça un recours.
M. VINCENT: Deuxièmement, imaginons un groupe de producteurs qui
se sentent lésés par une décision de la régie, et
le droit de recours sur des questions de fait. Ils vont aller rencontrer un
avocat, aller devant les tribunaux. Qu'est-ce que les tribunaux vont faire? Ils
vont
aller chercher des experts pour évaluer les dommages qui ont
été causés il y a six mois ou un an, dans telle
région donnée. On devance même ça; les experts, on
les nomme membres de la régie, avant même que les tribunaux
aillent les chercher.
Donc les experts seront déjà membres de la régie,
vont rendre leurs décisions, pourront à la lumière des
faits nouveaux donnés par ce groupe de producteurs, reviser leurs
décisions. Mais si devant une cour on étudie des faits qui se
sont produits il y a six mois, un an ou même deux ans, si on fait venir
les experts et qu'on analyse quelles sont les données que nous allons
prendre, parce que la perte d'une récolte peut se produire en l'espace
de quinze jours, une semaine, qui pourra vérifier l'authenticité
d'un rapport soit de la régie ou du particulier ou du groupe de
producteurs.
M. CHOQUETTE: Quand il y a un incendie et que la maison a
brûlé...
M. VINCENT: Et là, vous allez avoir une chicane d'avocat,
ça peut retourner en deuxième appel ou troisième appel,
là ce sont des termes juridiques; mais il ne faut pas oublier non plus
qu'à la suite d'une suggestion des membres du comité, nous avons
cru qu'il serait important d'avoir un représentant des associations
agricoles qui siégerait comme membre de la régie pour un terme de
trois ans. Un membre à temps partiel qui siégerait comme membre
de la régie pour un terme de trois ans, qui, en quelque sorte, serait le
porte-parole des producteurs organisés, des cultivateurs, je suis
certain que cette personne sera qualifiée et probablement experte dans
la production. Je crois à la compétence des avocats mais, en
matière agricole, cette personne sera beaucoup plus en mesure de juger
qu'une cour d'appel, sur des questions de faits, s'il y a lieu de reviser telle
ou telle décision.
Après avoir analysé les suggestions des membres du
comité, le comité des légistes les fonctionnaires qui ont
présidé, qui se sont réunis et qui ont travaillé
sur le projet d'assurance-récolte, n'ont pas cru bon d'insérer
dans cette législation la suggestion de certains membres du
comité. De plus, comme vous le savez, M. le Président, vous qui
connaissez les cours de justice, il y a certaines décisions sur des
questions de fait qui, en cour, pourraient trafner trois ans, quatre ans,
jusqu'à six ans. Mais qu'est-ce que ça donnerait aux
cultivateurs?
M. CHOQUETTE: S'ils gagnent, cela valeur donner quelque chose. Ecoutez,
sur le plan de l'efficacité, il y a toujours de bonnes raisons pour nier
le droit d'appel. C'est vrai que c'est bien plus simple de dire à un
citoyen: Vous n'avez pas d'appel, on va régler votre affaire et
là, on va vous rendre une décision finale. Vous ne serez pas
embarrassé des avocats vous ne serez pas embarrassé des juges,
vous ne serez pas obligé d'aller à la cour perdre votre temps. A
part cela, votre cause ne prendra pas trois ans avant de venir...
M. DEMERS: Arrêtez là.
M. CHOQUETTE: Je suis content de voir que ce sont les membres du parti
qui préconisent la création ou l'institution d'un ombudsman qui
applaudissent par dérision au moment où je parle du recours des
citoyens.
M. BELLEMARE: Allons! L'honorable député d'Outremont n'a
pas raison de...
M. CHOQUETTE: Vous, vous n'avez pas applaudi. Dans votre parti, on
devrait suivre plus votre exemple.
M. BELLEMARE: Un instant. M. COURCY: Pas toujours.
M. CHOQUETTE: Il est vrai que des fois il se trompe.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas besoin de vous dire que l'honorable ministre
de l'Agriculture et de la Colonisation vient de démontrer, dans les
faits et surtout dans les textes, que la régie est bien
intentionnée surtout par ses experts et par les méthodes qui
seront adoptées. Deuxième chose, l'honorable député
d'Outremont...
M. VINCENT: Cela dépend, si on nomme des juges, des agronomes,
des médecins-vétérinaires...
M. LESAGE: Comment peut-on voir dans les textes que la régie est
bien intentionnée?
M. BELLEMARE: J'entendais tout à l'heure l'honorable
député d'Outremont parler...
M. CHOQUETTE: J'avais la parole, vous m'avez interrompu. Est-ce que vous
avez un point d'ordre à faire valoir pour m'interrompre. Je tiens
à continuer.
M. BELLEMARE: Cela va être très intéressant, si vous
voulez m'écouter une minute.
M. LESAGE: Cela va être clair dans les textes, les bonnes
Intentions...
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'invoque le règlement.
J'avais la parole, le ministre m'a interrompu, j'ai pensé que
c'était une question de règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, àl'ordre!
M. BELLEMARE: D'abord, je voudrais dire à l'honorable
député qu'il est faux de vouloir accuser la
députation...
M. CHOQUETTE: Bien non, vous n'êtes pas sur une question de
règlement. J'invoque le règlement, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHOQUETTE: Le ministre est hors d'ordre.
M. BELLEMARE: Oui, oui, mais je vais finir mon point d'ordre.
M. COURCY: A l'ordre!
M. CHOQUETTE: Mais qu'est-ce que c'est votre point d'ordre?
M. BELLEMARE: Mon point d'ordre, c'est que vous n'avez pas, je pense, le
droit de dire, parce que certains députés ont applaudi, en
parlant des avocats comme on dit, que vous vous êtes senti
lésé dans vos droits d'avocat.
M. CHOQUETTE: Je ne me suis pas senti lésé du tout.
M. BELLEMARE: On n'a pas voulu du tout faire allusion à
l'honorable député d'Outremont, au contraire. C'est de la commune
renommée.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHOQUETTE: M. le Président, est-ce que vous prenez mon point
d'ordre en considération?
M. BELLEMARE: Les libéraux n'ont pas le sens de l'humour?
M. LAPORTE: On va tâcher de le trouver.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Outremont.
M. VINCENT: Si on nommait un avocat membre de la régie...
M. BELLEMARE: Non, mais ça, c'est certain qu'on va
siéger...
M. CHOQUETTE: Je disais donc que sur le plan de l'efficacité, sur
le plan de ce qu'on appelle le pratico-pratique, il y a toujours de bonnes
raisons pour nier des recours aux citoyens. Toujours d'excellentes raisons.
Cela va bien plus vite. Comme je le disais tout à l'heure, ils ne seront
pas embarrassés avec les avocats, ils ne sont pas embarrassés
avec les juges. Ils n'auront pas des causes pendant trois ans et, finalement,
ils n'auront peut-être pas les mauvaises décisions. Mais si on
raisonnait toujours comme ça, qu'est-ce qui arriverait? Que le
gouvernement organise la vie de tout le monde tous les jours et ça va
finir là.
Mais personne ne veut de ce régime-là. On vit dans un
régime démocratique, dans un régime libre et on voudrait,
si à un moment donné, on se sent lésé, avoir le
droit de s'adresser aux tribunaux de notre pays pour qu'on corrige le tort qui
nous a été fait. Les tribunaux, c'est une des institutions les
plus importantes dans notre régime démocratique. Alors, ce n'est
pas une raison, à chaque tournant législatif que nous prenons, de
toujours trouver une méthode pour enlever les recours des citoyens aux
tribunaux. Mais je ne dis pas non plus, par contre, qu'il faille multiplier les
recours. Je dis simplement qu'à l'occasion de cette législation,
comme à l'occasion d'autres législations qui nous ont
été présentées par l'actuel gouvernement
malgré que le gouvernement se soit engagé, au cours de la
campagne électorale, à protéger les droits des citoyens,
à instituer un ombudsman il ne se préoccupe nullement des
recours des citoyens qui peuvent être lésés. C'est ce que
je suis obligé de constater.
M. COURCY: Il y a un ministre. Le ministre est là.
M. BELLEMARE: Le député a fait un rapprochement avec la
Commission des accidents du travail. Et je me crois justifié de dire
à l'honorable député que c'est son grand-père
politique, M. Alexandre Taschereau...
M. CHOQUETTE: Ecoutez, je ne l'ai jamais connu.
M. BELLEMARE: Votre aïeul, d'abord. M. COURCY: Article 54.
M. BELLEMARE: ... devant la multiplication des causes qui étaient
prises lors des accidents de travail qui ruinaient les accidentés
les avocats s'en faisaient des causes types, il y avait des bureaux
organisés seulement pour se spécialiser dans les accidents de
travail a dit: Cela n'a pas de bon sens. L'intérêt de
l'ouvrier est mal défendu par les avocats. Nous allons faire une loi et
c'est à ce moment-là que la Loi des accidents du travail est
venue et que les droits des ouvriers ont été véritablement
bien protégés.
M. CHOQUETTE: C'est une très bonne loi. J'approuve le ministre.
La Loi des accidents du travail, c'est indubitable,ça. Je dis simplement
qu'il manque un petit élément: le droit d'appel de celui qui se
sent lésé.
M. BELLEMARE: La proportion de ceux qui se sentent lésés
à la Commission des accidents du travail est tellement faible...
M. LESAGE: Ah! Ah!
M. BELLEMARE: ... que cela ne vaut pas la peine d'encourager dix avocats
pour gagner...
M. CHOQUETTE: Non, non, non, vous déplacez le débat
continuellement.
M. BELLEMARE: Je suis en contact avec la Commission des accidents du
travail tous les jours et je vois continuellement ce qui s'y passe.
M. LESAGE: Non, non, il y a des plaintes constantes de la part...
M. BELLEMARE: Il y a des plaintes constantes, M. le
Président...
M. CHOQUETTE: Vous essayez de blanchir votre commission, là.
M. BELLEMARE: ... et nous aurons le plaisir d'en discuter avant
longtemps. Nous allons déposer très prochainement une loi qui va
intéresser bien des gens à ce moment-là. Pardon?
M. LESAGE: Nous discuterons de l'histoire de la loi et...
M. BELLEMARE: Oui, oui, oui, mais qu'on ne dise pas, qu'on ne prenne pas
ça comme un appui pour dire que la Loi de l'assurance-récolte
n'est pas bonne et que les officiers qui vont être nommés ne
seront pas des gens compétents qui vont essayer...
M. LESAGE: Mais ce ne sont pas des plaintes.
M. BELLEMARE: ... de ne pas rendre justice aux intéressés
et surtout qui vont être à ce moment-là, des
sinistrés. Allons donc! Jamais dans cent ans! Les membres de la
régie ne permettraient pas ça, au contraire!
UNE VOIX: Pauvres cultivateurs!
M. CHOQUETTE: M. le Président, je voudrais simplement
enchaîner avec ce que disait le chef de l'Opposition en réponse
à l'honorable ministre du Travail. Tous les gens qui sont en contact
avec l'application de la Loi des accidents du travail rencontrent
fréquemment des cas d'accidentés qui ont été
indemnisés par la Commission des accidents du travail. Maintenant pour
ces gens-là qui, à tort ou à raison je ne dis pas
qu'ils ont nécessairement raison pensent qu'ils n'ont pas eu
justice auprès de la Commission des accidents du travail, je dis qu'il
serait nécessaire de créer un appel, je ne dis pas multiplier les
appels, mais un appel à un tribunal administratif supérieur qui
aurait juridiction sur la Commission des accidents du travail, sur la
commission qui sera créée par la loi actuelle, de même que
sur d'autres commissions gouvernementales de la province de Québec, de
façon que les citoyens qui ont des droits à faire valoir et qui
pensent qu'ils ont été traités injustement, puissent faire
valoir ces droits-là à ce tribunal administratif.
UNE VOIX: Adopté.
M. VINCENT: En ce qui concerne l'article 54, quand l'honorable
député d'Outremont affirme qu'il n'y a aucune protection ou pas
assez de protection accordée à l'assuré, je tiens
simplement à répéter ceci: D'abord, sur les questions de
droit, pas de problème. L'assuré peut aller consulter son avocat,
aller devant les tribunaux et peut régler une question de droit en ce
qui concerne le bill 45. Deuxièmement, en ce qui concerne les questions
de fait, si la régie a rendu une décision écrite et qu'il
n'est pas satisfait de cette décision, il y a certainement pour lui
avantage, comme groupe ou comme particulier, à porter ses revendications
devant l'attention de la régie.
M. CHOQUETTE: Avez-vous déjà vu un ju-
ge refaire son jugement? C'est très rare, parce qu'en
général l'orgueil...
M. VINCENT: Oui, mais écoutez, on n'aura pas d'avocat comme
membre de la régie.
DES VOIX: Vous n'êtes même pas sérieux.
M. VINCENT: Je retire ces dernières paroles.
M. CHOQUETTE: Oui, retirez-les parce que cela ne vous grandit pas.
M. VINCENT: Non, non, c'est fait. Donc, la régie peut pour cause
reviser ou révoquer toute décision. C'est là justement que
nous avons pensé sur la question de fait, quand nous avons
discuté cette recommandation de certains membres du comité, nous
avons cru que ceci ne ferait qu'ajouter une superrégie qui pourrait
vérifier ou renverser les décisions de la régie
elle-même. Au lieu d'avancer le travail ou au lieu encore de donner
complète responsabilité aux membres de la régie, ceux-ci
pourraient rendre une décision et dire: Voici, maintenant il n'y a pas
de problème, si les producteurs ne sont pas satisfaits, ils iront devant
les tribunaux. Ils iront devant les tribunaux, ça prendra un an, deux
ans, trois ans, avant d'avoir une décision. Vous avez le cas du
Manitoba, sur une période de six ans, là où
l'assurance-récolte existe, il y a eu deux appels devant les
tribunaux.
M. COURCY: Bien alors...
M. CHOQUETTE: Ne nous faites pas peur avec ça d'abord.
M. COURCY: Bien oui.
M. VINCENT: Ne nous dites pas que la loi ne protège pas les
intérêts des assurés.
M. COURCY: Non, non, pas comme c'est là.
M. CHOQUETTE: Vous employez le mauvais argument là.
M. VINCENT: Comme protection additionnelle...
UNE VOIX: Adopté.
M. VINCENT: ... nous avons pensé qu'en ajoutant ceci est
une suggestion qui nous est venue même de l'Opposition en ajoutant
comme membre de la régie un représentant des associations
agricoles qui connaît son affaire, qui connaît son boulot. Ceci
permettra encore aux cultivateurs, aux producteurs, en groupe ou en
particulier, d'avoir quelqu'un là comme membre de la régie pour
pouvoir les représenter. C'est donc dire que nous croyons...
M. LESAGE: Les membres de la régie ne représentent
personne.
M. VINCENT: Non, ils ne représentent personne, mais quand
même...
M. LESAGE: ... il peut être porté plus à
défendre les intérêts des cultivateurs que d'autres.
M. VINCENT: Non, mais ils peuvent quand même juger si certaines
revendications...
M. LESAGE: D'accord.
M. VINCENT: ... sont bonnes ou mauvaises ou laissent à
désirer.
M. LESAGE: D'accord, mais ils ne représentent personne.
M. VINCENT: Mais une chose est certaine, c'est que si nous arrivions sur
des questions de fait devant les tribunaux, ceux-ci seraient obligés de
faire venir des experts pour analyser un problème qui a existé il
y a six mois, un an ou un an et demi.
M. LESAGE: Cela dépend de la question de fait qui se
présente.
M. VINCENT: Oui, mais là nous avons devancé en nommant des
experts comme membres de la régie.
M. LESAGE: Je pense que, dans les affaires de causes là, le
ministre peut...
M. VINCENT: D'accord, merci.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LESAGE: Qu'il attende l'ombudsman.
M. CHOQUETTE: L'honorable ministre, tout à l'heure, disait
qu'avec les avocats, c'était pour durer un an, deux ans ou trois ans,
n'est-ce pas?
M. VINCENT: Pardon?
M. CHOQUETTE: L'honorable ministre disait tout à l'heure qu'avec
les avocats, c'était pour durer un an, deux ans et trois ans.
M. VINCENT: Non, non.
M. CHOQUETTE: Moi, je dis qu'avec la loi actuelle et avec le
gouvernement et la régie, ça sera « jamais »...
M. COURCY: C'est bien plus longtemps!
M. CHOQUETTE: Cela sera «jamais »,pour les cultivateurs!
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 54.
M. CHOQUETTE: Cela sera exactement « jamais »!
M. ROY: Qui vous l'a soufflée, celle-là? UNE VOIX: Elle
est bonne!
M. LE PRESIDENT: Article 54, adopté. Article 55, adopté.
Article 56, adopté. Article 57, 58, 59, 60, adoptés. M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté le bill 45 avec des amendements qu'il vous prie
d'agréer.
M. PAUL (Président): L'honorable ministre de l'Agriculture et de
la Colonisation propose que les amendements soient maintenant reçus, lus
et agrées. Cette motion est-elle adoptée? Adopté. De
consentement, l'honorable ministre de l'Agriculture et de la Colonisation
propose la troisième lecture du bill 45, Loi de
l'assurance-récolte. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. Jean Lesage
M. LESAGE: Un mot seulement, M. le Président, sur la
troisième lecture. Je voudrais rappeler que le projet de loi, tel qu'il
a été d'abord lu en première lecture, a été
référé pour étude au comité de
l'agriculture. Il a subi de très nombreuses modifications, non pas
à la suite, mais au cours d'une étude très sérieuse
qui a été faite par tous les membres du comité. Il restait
en réalité trois articles auxquels il était, à
notre sens, nécessaire d'apporter des modifications. Le ministre, en
comité plénier, a donné suite aux suggestions que nous
avons faites dans deux de ces trois cas. Le cas le plus important étant
sans doute celui de la compensa- tion additionnelle à accorder au
cultivateur qui subit un dommage pour une des causes mentionnées au
bill.
Nous avons soutenu, tout au long de l'étude du projet de loi en
comité de l'agriculture, que la seule compensation juste pour le
cultivateur, c'était celle qui était basée sur le
coût de remplacement. Ce n'est qu'en comité plénier, ici en
Chambre, que le gouvernement a reconnu la justesse de cet avancé. Le
gouvernement l'a reconnu lorsque le ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation a proposé la modification que nous avons adoptée en
comité plénier à l'article 44. Nous avons toutes les
raisons de croire que les sinistrés peuvent s'attendre à des
compensations justes. Il ne faut pas s'imaginer, a dit le ministre, qu'il
s'agit d'une compensation à 100%.
Il s'agit d'une compensation à 80%, ce n'est pas tout à
fait ça; il s'agit d'une assurance qui couvre 80% de la moyenne de la
récolte. C'est donc dire que, si un cultivateur a une récolte de
60% il sera compensé pour la moitié de sa perte.
S'il y a une perte de 50%, il sera compensé pour les 2/5 de sa
perte. S'il avait fallu pardessus le marché que le prix des plantes
fourragères et des grains de provende au moment du remplacement soit
à la hausse à la suite d'une disette, ce qui s'est produit en
64/65 à la suite des sinistres que les cultivateurs ont subis soit par
la sécheresse, soit par l'excès de pluie, s'il avait fallu
par-dessus le marché qu'il n'y ait pas compensation complète en
ce qui concerne le coût de remplacement, eh bien, la situation du
cultivateur sinistré, pour autant que la compensation pour la perte
subie est concernée, n'aurait pas été juste.
Surtout si l'on tient compte, M. le Président, de la politique
énoncée par le gouvernement, politique énoncée tant
par le premier ministre que par le ministre de l'Agriculture, je crois, je ne
suis pas sûr, par le premier ministre, j'en suis sûr, lors de
l'étude du bill au comité de l'Agriculture à l'effet
qu'étant donné que l'assurance-récolte, à partir de
1968, sera à la disposition des cultivateurs, ces derniers ne pourront
pas s'attendre, en cas de sinistre, à des compensations sous forme
d'assistance comme cela s'est fait dans le passé. Et le
député de Saint-Maurice, cet après-midi, adonné les
chiffres pour une période d'années antérieures à
venir jusqu'en 65/66, je crois.
M. DEMERS: En 1967.
M. LESAGE: Peut-être en 1967 aussi. Mais le premier ministre, et
d'ailleurs le député de Saint-Maurice l'a confirmé cet
après-midi, le premier ministre a déclaré qu'étant
donné que
l'assurance-récolte serait maintenant à la disposition des
cultivateurs, ces derniers ne pouvaient pas s'attendre de recevoir compensation
sous forme d'assistance. Il était donc extrêmement important, je
le répète, que la compensation aux cultivateurs soit telle qu'ils
puissent sans autre perte que celle prévue à la loi, sans autre
coût, devrais-je dire, que celui prévu à la loi, acheter
des plantes fourragères et des grains de provende pour pouvoir nourrir
leur bétail au cours de la saison hivernale en particulier.
Je crois donc que, même si on n'a pas accepté d'accorder un
appel sur les questions de fait, nous devons nous déclarer dans
l'ensemble satisfaits de la loi avec toutes les améliorations qui lui
ont été apportées aux divers stades de son étude et
nous espérons que les cultivateurs du Québec en profiteront pour
s'assurer. Il n'y a pas que les cultures spéciales qui sont
assurées, il y a la grande culture, comme l'a dit le ministre cet
après-midi et c'est une innovation en Amérique du Nord,
innovation que nous saluons avec plaisir. Et je tiens à féliciter
tous ceux qui ont travaillé à l'élaboration de cette loi
depuis bientôt trois ans. M. Massicotte en particulier avait fait un
rapport préliminaire qui a servi de base à un rapport plus
détaillé et ce rapport plus détaillé, eh bien, nous
a donné les jalons essentiels du projet de loi que nous nous proposons
d'adopter en troisième lecture.
Espérons que les cultivateurs sauront en profiter et que la loi
s'avérera aussi utile qu'elle a été voulue tant par le
gouvernement actuel que par le gouvernement précédent.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
M. Marcel Plamondon
M. PLAMONDON: M. le Président, vous me permettrez de dire
quelques mots à l'occasion de cette loi qui m'apparaît très
importante pour la classe agricole de la province de Québec. Cette loi
donnera certainement une orientation nouvelle à notre agriculture. Bien
plus, cette loi amènera un changement de mentalité chez plusieurs
de nos cultivateurs. En effet, au lieu de s'abandonner aux différents
aléas de la nature pour ensuite quémander une aide
gouvernementale, le cultivateur pourra se protéger et être
assuré d'avance d'une indemnité donnée. La loi de
l'assurance-récolte contribuera à libérer l'agriculture
des mesures de cataplasme dont on a fait l'usage pendant trop longtemps, et par
le fait même, placera le cultivateur sur un pied d'égalité
avec les autres classes de la société. En d'autres mots, ce ne
sera plus une faveur qu'on consentira au cultivateur lorsqu'on lui versera une
indemnité, ce sera un droit dont il se prévaudra. Cette loi
aidera l'agriculteur à planifier davantage ses investissements,
assuré d'avance que ce qu'il investit dans une semence, par exemple, ne
sera pas perdu lors d'un sinistre quelconque. L'obtention de crédits
additionnels lui sera certainement facilitée par l'existence de cette
loi.
Nous n'avons pas, M. le Président, la prétention de croire
que tous les problèmes agricoles seront réglés par les
effets de cette loi, mais c'est certainement un pas important dans la bonne
voie, un élément valable dans cet ensemble de mesures
nécessaires à la solution du problème. Etant donné
que le bill 45 présente des avantages qui n'existent nulle part ailleurs
en Amérique du Nord, la prudence administrative exige qu'on prenne les
précautions requises lors de la mise en vigueur d'une nouvelle mesure
comme celle-là. Bien qu'elle nous semble presque parfaite,
l'expérience démontrera peut-être qu'il y a
possibilité de l'améliorer. Je suis assuré que l'actuel
ministre de l'Agriculture et de la Colonisation sera le premier à
vouloir le faire si c'est possible, car il nous a démontré sa
bonne foi, lorsque, à l'occasion de l'étude de ce bill, il a
accepté tous les amendements qui étaient de nature à
rendre la loi meilleure, et ce, d'où qu'ils viennent, tant du
côté de l'Opposition que du côté ministériel
et je veux lui en rendre hommage.
Cependant, pour que cette loi soit vraiment efficace, pour qu'elle
apporte les résultats qu'on en attend, il faudra avoir le plus grand
nombre possible d'assurés, car le principe de base en assurance, eh
bien, c'est la loi des grands nombres. Considérant le sérieux
dont on a fait montre lors de la discussion de ce bill, j'ai toutes les raisons
de croire et le chef de l'Opposition l'a fait tantôt que
l'Opposition continuera à se joindre au gouvernement pour lancer un
appel unanime à tous les cultivateurs de la province qui pourront
être assurables et les inviter à se prévaloir de la loi de
l'assurance-récolte, et ce, dans le meilleur intérêt des
cultivateurs eux-mêmes, et de toute l'agriculture
québécoise.
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre.
M. Daniel Johnson
M. JOHNSON: M. le Président, vous me permettrez d'intervenir
brièvement pour re-
mercier tous ceux qui sont responsables d'une des législations
les plus mémorables que cette Chambre ait jamais adoptée, dans le
domaine agricole depuis le prêt agricole et l'électrifi-cation
rurale.
M. CHOQUETTE : On va en entendre parler longtemps.
M. JOHNSON: M. le Président, je n'ai pas à vanter les
mérites du crédit agricole, c'est une mesure qui est
arrivée en son temps, qui a été
dépréciée par l'Opposition du temps et qui, M. le
Président, a quand même...
M. COURCY: Pas encore!
M. JOHNSON: ... sauvé la classe agricole.
M. COURCY: De quoi parlez-vous? De l'assurance-récolte?
M. LAPORTE: Vous pensez ça? C'est un préambule
historique.
M. JOHNSON: M. le Président, je parle de choses que le
député d'Abitibi-Ouest aimerait oublier.
M. COURCY: De quoi parlez-vous?
M. JOHNSON: Il aimerait oublier que...
M. COURCY: Le premier ministre ne sait même pas de quoi il
parle.
M. JOHNSON: ... chaque grande mesure agricole qui a été
adoptée dans cette province le fut par un gouvernement de l'Union
Nationale.
M. le Président, une autre grande mesure fut
l'électrification rurale...
M. COURCY: La colonisation.
M. JOHNSON: ... celle-là combattue avec mollesse.
M. LAPORTE: Après que le bill 34 eut été...
M. JOHNSON: Instruits par l'expérience, les libéraux du
temps n'ont pas osé aller aussi loin dans leur critique de la Loi de
l'électrification rurale, et je crois qu'ils ont été bien
inspirés. Nous aurions pu nous attendre que, de 1960 à 1966,
l'équipe du tonnerre, l'équipe dans laquelle il y avait,
disait-on, de si grands esprits, aurait pu produire en faveur de la classe
agricole une mesure. J'ai beau, M. le Président, faire appel à ma
mémoire qui est encore assez bonne, j'ai consulté...
M. MCHAUD: Elle est trop courte, votre mémoire.
M. LESAGE: La Loi des marchés agricoles, trois semaines en
bas.
M. LAPORTE: Vous avez la mémoire qui flanche!
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai consulté les gens qui
sont compétents en la matière...
M. LESAGE: La Loi des marchés agricoles.
M. JOHNSON: ... et tout ce qu'on a pu me rappeler, c'est la Loi des
marchés agricoles qui est la Loi de l'Office des produits agricoles,
modifiée évidemment, adaptée...
M. LESAGE: Voyons donc!
M. COURCY: La Loi de la Régie des marchés agricoles du
Québec.
M. JOHNSON: ... M. le Président, adaptée aux circonstances
nouvelles, tant mieux, mais quand même ce n'était pas là
une mesure nouvelle. La véritable mesure qui innove, c'est celle de
l'assurance-récolte.
M. LESAGE: Oui, mais c'est nous...
M. JOHNSON: Je dirai, M. le Président, au chef de l'Opposition,
que, comme d'habitude, ils en ont parlé et nous, nous avons agi.
M. LESAGE: Ah non, non!
M. JOHNSON: Ils ont étudié, nous sommes passés
à l'action.
M. LESAGE: Non, non! Non, c'est l'Opposition qui a fait le bill, c'est
l'Opposition qui a fait le bill, et le premier ministre le sait. Qu'il soit
juste.
M. JOHNSON: Ils s'en sont vantés, M. le Président, et
nous, nous le mettons à exécution.
M. LESAGE: Non. Votre bill n'était pas « re-gardable
».
M. JOHNSON: M. le Président, instruite par l'expérience,
l'Opposition n'a pas voulu combattre cette loi et je pense qu'elle était
bien...
M. LESAGE: Non, nous l'avons refaite, nous l'avons refaite,
M. JOHNSON: M. le Président, je dois rendre, moi aussi, hommage
à ceux qui ont travaillé très fort...
M. LAPORTE: Alors vous rendez hommage à l'Opposition. Je savais
que vous nous le rendriez, merci.
M. JOHNSON: Cela leur a pris six ans d'étude pour ne pas
s'opposer à la présentation de la loi. M. le Président,
toute une équipe a travaillé très fort à
l'élaboration d'une loi extrêmement complexe, une loi qui innove,
comme le chef de l'Opposition l'a signalé tantôt à juste
titre. A la tête de cette équipe, il y avait M. Massicotte
à qui nous rendons volontiers nous aussi tout le crédit qui lui
revient. Et, en mentionnant son nom, je voudrais qu'on songe en même
temps à tous ceux qui, derrière lui, ont trimé fort. J'en
ai vus autour de lui aux différentes réunions du comité de
l'Agriculture et je connais particulièrement le travail très
efficace, très assidu qu'a apporté à l'élaboration
de cette loi M. Jean Blanchet, un agronome, sociologue, qui s'y connaît
en la matière et qui est venu s'ajouter à l'équipe.
M. COURCY: Un ancien candidat battu de Matane.
M. JOHNSON: Oui, oui, ancien candidat de Matane, battu par M. Bernier.
M. le Président, M. Blanchet, quels qu'aient été ses bons
coups dans le passé ou ses manques à gagner des élections,
demeure l'un des agronomes compétents en la matière et je pense
bien que tous les membres de cette Chambre reconnaissent que l'équipe ne
s'en est pas trouvée affaiblie lorsqu'il s'est amené pour l'aider
à mettre au point cette loi. M. le Président, M. Massicotte et
tous ses collaborateurs méritent beaucoup d'éloges du
gouvernement, des députés de cette Chambre et de la population
agricole. Ils y ont mis leur coeur et M. Massicotte a même failli y
laisser le sien.
Comme disent les gens qui fréquentent le député de
Gouin, c'est une loi qui va piger loin, car elle marque un virage sensationnel
dans la conception qu'on a du revenu garanti et du sort en
général fait aux cultivateurs. Le député de
Portneuf, très brièvement, mais d'une façon très
éloquente dans une intervention bien pensée et bien
rédigée, a, je pense bien, frappé la note juste. Le
cultivateur, au lieu de s'en remettre, comme le disait le député
de Portneuf, aux aléas de la température, pourra maintenant,
grâce à l'assurance-rêcolte, se fier à un revenu
minimum qui ne sera pas, évidemment, suffisant pour lui permettre
d'aller passer les mois d'hiver sur des plages ensoleillées, mais quand
même lui assurera une compensation minimale pour le efforts et les
déboursés qu'il aura consentis au cours de la saison
précédente en vue de récolter.
La classe agricole, dans cette province, ne demande pas des faveurs;
elle demande seulement qu'on lui apporte une législation qui soit
adéquate. La classe agricole est très heureuse de cette loi,
parce qu'elle lui laisse sa dignité. La classe agricole n'aura pas
à quémander de l'aide. La classe agricole ne sera pas
exposée à souffrir d'injustices comme elle en a subies à
plusieurs reprises. On m'informe que le député de Saint-Maurice a
développé cet aspect et il a frappé juste, car la classe
agricole que le député de Saint-Maurice connaît à
cause de la fréquentation quotidienne qu'il entretient avec elle,
était en train de se décourager dans cette: province, avant ces
lois que j'ai mentionnées, toutes des lois de l'Union Nationale. Nous
assistons, en 1967, à exactement la même psychose que nous avons
connue dans les années 1936, alors que le cultivateur, c'était
l'abandonné de la province, le grand oublié, comme on a dit dans
une publicité désormais fameuse qui était
évidemment bien formulée, mais qui a fait naître des
aspirations qu'on n'a pas trouvé le temps, en six ans, d'assouvir, ni
même de satisfaire partiellement.
M. KIERANS: Quand même, vous avez coupé le budget de ce
ministère, cette année.
M. JOHNSON: Ce que fallals dire plus exactement, c'est que la mesure de
l'efficacité d'une politique agricole, ce n'est pas le quantum des
sommes d'argent...
M. KIERANS: Ceux qui ont posé des questions hier soir n'ont pas
abondé dans ce sens.
M. JOHNSON: N'importe qui peut faire de belles choses avec beaucoup
d'argent, mais là où on se montre administrateurs...
M. KIERANS: Pas vous.
M. JOHNSON: ... c'est en effectuant le maximum de biens avec un minimum
d'argent. C'est ça, l'administration.
M. LAPORTE: Cela est émouvant!
M. JOHNSON: Ce n'est pas émouvant, mais c'est exact et c'est un
principe de base.
M. LAPORTE: Nos cultivateurs vont tous être en larmes.
M. JOHNSON: Juger un gouvernement par le montant inscrit dans le livre
vert, c'est injuste. Dans une seule année, à même un budget
de...
M. COURCY: Vous direz ça à la
télévision.
M. JOHNSON: Dans une seule année, l'ancien ministre de
l'Agriculture a retourné aux fonds consolidés, à la fin,
au 31 mars, $14 millions.
M. KIERANS: Que vont rapporter vos projets?
M. COURCY: J'ai dit au premier ministre que l'ancien ministre de
l'Agriculture, à cause des conditions climatiques et autres, n'a pas pu
dépenser toutes les sommes qui avaient été
votées.
M. BELLEMARE: On les a jetés dehors.
M. JOHNSON: Alors, M. le Président, à cause de...
M. COURCY: Ce sera la même chose cette année.
M. JOHNSON: Je disais donc que l'efficacité d'un gouvernement ne
se juge pas au montant d'argent qu'il dépense dans tel ou tel secteur,
mais à la façon dont il utilise l'argent des contribuables. Je
crois que l'argent des contribuables, dans le présent cas, en ce qui a
trait à la législation que nous étudions en
troisième lecture, est bien dépensé. Le cultivateur,
évidemment, est aidé par le contribuable en
général.
Il fut un temps où je me demandais comment il se faisait qu'on
doive toujours subventionner le cultivateur. N'y aurait-il pas moyen de trouver
un système en vertu duquel le cultivateur serait, comme dirait Bossuet
et le député de Notre-Dame-de-Grâce, « self
sufficient »?Car on sait que ce sont de grands amis, Bossuet et le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. KIERANS: M. le Président, sur un point d'ordre. Je cite
seulement les paroles de 200 cultivateurs. Ilier soir, dans le comté de
Nicolet, ils ont violemment critiqué le ministre actuel de
l'Agriculture, dans son propre comté.
M. JOHNSON: M. le Président... M. KIERANS: Violemment! 200!
M. VINCENT: Il reste seulement 200 libéraux dans le comté
de Nicolet.
M. KIERANS: 200, hier soir, à Saint-Léonard. C'est dans le
comté de Nicolet.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Peut-être que les honorables
députés pourraient tous concourir à l'application de
l'article 572 de notre règlement qui prévoit qu'en
troisième lecture, nous pouvons analyser la portée d'un bill et
le détail de chacun de ses articles. Lorsque nous référons
à certains crédits passés, je crois que nous nous
éloignons dangereusement de la troisième lecture du bill
présentement à l'étude.
M. LESAGE: Je le connais par coeur, 572.
M. VINCENT: M. le Président, je viens d'entendre le
député de Notre-Dame-de-Grâce mentionner qu'il y avait 200
cultivateurs réunis à Saint-Léonard, hier soir...
M. LAPORTE: Nous, cela nous fait plaisir.
M. VINCENT: Le comté de l'ancien député
libéral?
M. LAPORTE: Le futur député libéral!
M. KIERANS: Le futur député de votre comté.
M. VINCENT: Avant le 5 juin, les libéraux pouvaient réunir
encore de 500 à 600 cultivateurs.
M. LESAGE: C'est ça, 572?
M. VINCENT: Mais là, c'est rendu seulement à 200, c'est
consolant.
M. KIERANS: C'était seulement les organisateurs de notre
parti.
M. JOHNSON: M. le Président, vous avez noté comme moi que
nous sommes un peu hors des lignes principales du bill en question, mais c'est
le député de Notre-Dame-de-Grâce qui nous attire dans ses
hors-d'oeuvre, et je suis très heureux d'apprendre, quant à moi,
qu'il peut encore, comme président de la fédération
libérale, attirer au moins 200 personnes. Autrefois, c'était 500.
200, c'est mieux que rien.
C'est deux fois plus que le chef de l'Opposition a attiré
à Rivière-du-Loup, un dimanche soir.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LAPORTE: Etes-vous pris pour répéter les farces du
ministre de l'Agriculture?
M. JOHNSON: On voit comme il est insidieux. EL a voulu que tout le monde
sache qu'il avait deux fois plus de monde que le député de
Louis-Hébert quand il va dans une assemblée à
Rivière-du-Loup. Je voudrais protéger le chef de l'Opposition
contre ces attaques qui lui viennent de tout bord et de tout
côté.
M. COURCY: Le premier ministre se promène en dehors.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. JOHNSON: M. le Président, je reviens à
l'assurance-récolte.
M. LAPORTE: Ah! On l'avait oubliée!
M. JOHNSON: L'assurance-récolte c'est beaucoup moins
compliqué que l'assurance qu'on voudrait donner à la population
que le parti libéral va arriver au pouvoir un de ces jours.
L'assurance-récolte, en 64/65, on s'en souvient, le député
d'Abitibi-Ouest, ministre de l'Agriculture, répondait à une
question du député de Beauce, aujourd'hui ministre d'Etat
à la Voirie. Le député de Beauce lui demandait: Mais
pourquoi n'avez-vous pas d'assurance-récolte? Qu'est-ce que vous
attendez? Votre promesse de 1960, qu'est-ce que vous en faites?
A ce moment-là, le député d'Abitibi-Ouest avait
répondu: C'est impossible, c'est trop compliqué, la culture est
trop diversifiée dans la province de Québec pour que nous
puissions apporter une loi d'assurance-récolte. C'était le mur de
l'impossibilité que frappait le député d'Abitibi-Ouest,
alors ministre de l'Agriculture et de la Colonisation.
M. COURCY: C'est vrai ce que le premier ministre vient de dire et si
nous étions encore dans les mêmes circonstances, ce serait encore
vrai.
M. BELLEMARE: Vous n'êtes plus là.
M. COURCY: C'est parce qu'en 1964 et en 1965, il y a eu des rencontres
entre le ministre de l'Agriculture et de la Colonisation du temps, qui
était député d'Abitibi-Ouest et les officiers du
gouvernement fédéral pour que la loi fédérale soit
amendée pour que nous puissions, dans la province de Québec,
déposer cette loi de l'assurance-récolte que nous avons
aujourd'hui.
M. JOHNSON: Donc, l'agriculture... M. LAPORTE : Bien oui,
l'agriculture.
M. JOHNSON: ... ne peut pas faire vivre son homme sans subsides. Il
semble bien qu'il faut en arriver...
M. LESAGE: Pourquoi durant la campagne électorale disiez-vous que
les subventions étaient des cataplasmes?
M. JOHNSON: ... à cette conclusion. Quand je parle de subsides,
je parle de subsides au sens large du mot. La loi de l'assurance-récolte
est, évidemment, une loi qui fait bénéficier le
cultivateur de certains subsides...
M. LESAGE: De subventions.
M. JOHNSON: ... puisque toute l'administration de la loi elle-même
est assumée par le gouvernement provincial qui en récupère
50% du gouvernement fédéral.
M. LESAGE: Bien oui!
M. JOHNSON: Quand arrive le temps de payer la prime, 50% de la prime
sont assumés par le gouvernement provincial qui récupère
la moitié de ces 50% du gouvernement fédéral. Il y a donc
là un subside. Qu'on le veuille ou non...
M. LESAGE: Nous le voulons.
M. JOHNSON: ... c'est une loi. Alors, nous sommes devant une situation
de fait qui s'explique difficilement pour ceux qui n'ont pas
étudié le problème. Mais dans quels pays
développés l'agriculture n'est-elle pas subventionnée? Je
n'en connais pas, même dans les pays les plus évolués,
même dans les pays qu'on considère à l'avant-garde dans le
domaine agricole, il y a de forts subsides. On sait que ce fut, d'ailleurs, la
pierre d'achoppement de l'entrée de la Grande-Bretagne dans le
marché commun. On sait que ce fut la cause du quasi éclatement du
marché commun, cette question des subventions à l'agriculture et
particulièrement à l'agriculture de l'Allemagne de l'Ouest.
Donc, dans tous les pays, l'agriculture doit
être subventionnée d'une façon ou d'une autre. Il y
a à ça une justification. D'abord, il faut que la masse de la
population puisse avoir à sa disposition les biens de consommation, qui
nous viennent de nos terres, à un prix abordable. Je crois que nous
rendons service, non seulement aux cultivateurs lorsque nous leur fournissons
des subsides tant fédéraux que provinciaux par cette loi
d'assurance-récolte, mais également que nous contribuons de cette
façon à rendre accessible, à un prix moins
élevé, les biens dont ont besoin nos familles urbaines.
C'est une loi qui marque la fin d'une époque et le début
d'une autre si l'on veut. C'est une loi qui demande de la part d'un
gouvernement qui se décide à l'édicter assez de courage,
car, comme j'ai eu l'occasion de le dire devant le comité de
l'agriculture, lorsque 1'UCC était représentée, il y a
là, comme préliminaire, la proposition suivante: Du moment que
l'assurance-récolte est en vigueur, il ne servira à rien au
cultivateur qui n'est pas assuré de tenter d'obtenir une
indemnité. Il y a maintenant un système à la disposition
du cultivateur qui s'appelle l'assurance-récolte.
Tout gouvernement conscient de ses responsabilités, qui propose
une pareille loi, doit s'attendre que sa politique ne soit pas
nécessairement populaire en certains milieux, c'est-à-dire que
ceux qui ne se seront pas prévalus de cette loi de
l'assurance-récolte ne pourront pas être indemnisés.
Comme je l'ai dit publiquement dans d'autres circonstances, tous et
chacun des députés de l'Union Nationale, après
s'être fait expliquer en caucus, le mécanisme de cette loi, ont
compris qu'il ne servirait désormais à rien de tenter de faire
pression sur le ministre de l'Agriculture et de la Colonisation ou sur le
premier ministre ou sur le cabinet, pour obtenir une indemnité en faveur
d'un voisin ou d'un électeur qui n'aurait pas été
assuré et qui ne serait pas indemnisé.
Si nous établissons le système d'assurance, c'est que nous
voulons que ceux qui paient des primes soient indemnisés. Si nous
indemnisons dans la même mesure ceux qui ne paient pas des primes, c'est
un encouragement à tous les cultivateurs d'ignorer le système
d'assurance-récolte.
C'est là un risque qu'un gouvernement prend.
Il compte heureusement sur la coopération des cultivateurs
réunis en association professionnelle. L'UCC, en public, à
plusieurs reprises, s'est déclarée disposée à faire
de la publicité en faveur de cette loi, à inciter les membres et
les cultivateurs en général à s'assurer. Nous sommes
moralement convaincus que les organismes de crédit auront
intérêt à voir à ce que le cultivateur soit
assuré et nous espérons, contre toute espérance, que tous
les députés se feront les propagandistes de cette loi. Je dis
contre toute espérance car je suis convaincu, d'une part que les
députés de l'Union Nationale vont faire de la propagande en
faveur de cette loi et j'espère encore que les députés de
l'Opposition, qui n'ont pas voté contre cette loi, qui ont
travaillé assez ferme pour l'étude article par article de cette
loi, qui en ont vanté les mérites tout en formulant quelques
critiques sur des points secondaires, se feront les propagandistes de cette
loi. Et, si le président de la Fédération libérale
veut entendre un conseil d'ami, dans toutes ses réunions tenues dans les
comtés agricoles il devrait, aussi religieusement et aussi
assidûment qu'il dit sa prière, débuter en demandant aux
cultivateurs de s'assurer sur le plan de l'assurance-récolte.
M. COURCY: Et de leur dire de faire leurs prières pour avoir du
beau temps. Ils ont besoin de faire des prières pour qu'il fasse
beau!
M. JOHNSON: Non, le gouvernement va payer des messes pour qu'il fasse
beau afin que ça coûte moins cher aux contribuables.
M. COURCY: Ce n'est pas un cadeau!
M. JOHNSON: Le président de la Fédération
libérale, comme dit...
M. KIERANS: Vous avez peur de la fédération
libérale n'est-ce pas? Vous avez peur!
M. JOHNSON: J'ai peur?
M. KIERANS: Oui, vous avez peur!
M. BELLEMARE: Il n'en reviendra pas dix!
M. KIERANS: Pourquoi insister toujours sur la fédération
libérale?
M. JOHNSON: Il faut que j'en choisisse un.
M. KIERANS: Cela commence à vous faire mal!
M. JOHNSON: Il faut que j'en choisisse un dans ce groupe que j'ai devant
moi et, comme je suis très respectueux de la hiérarchie, je
choisis celui qui, démocratiquement, a été élu dans
la paix et la concorde, comme tout le monde en a été facilement
témoin. Si je mentionnais le député d'Abitibi-Ouest, il y
a tout un clan de la Chambre qui s'y opposerait. Si je mentionnais
le député de Gouin, tout de suite je verrais le
député d'Outremont être jaloux.
UNE VOIX: Tout le monde serait content!
M. JOHNSON: J'ai mentionné un député de ville, et
oublier celui qui s'y connaît le plus en agriculture... Parmi les
avocats, il faut le reconnaître, le député d'Outremont en
est un qui s'y connaît en matière agricole. Il a plaidé des
causes célèbres...
M. COURCY: Le premier ministre perd son temps I
M. JOHNSON: ... dans le domaine agricole.
M. COURCY: Bill 45! Le premier ministre a bien du temps à
perdre!
M. JOHNSON: Je pense bien que le député d'Outremont
voudrait entendre ça. C'est le député de Joliette qui dit:
Il connaît ça, l'avocat, le député d'Outremont. Il a
mangé deux terres. Mais on pourrait...
M. COURCY: Contez nous d'autres histoires. M. JOHNSON: Entre
avocats...
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas le député de Joliette qui a dit
ça.
M. ROY: Cela ne se peut pas.
M. CHOQUETTE: Non, ça ne se peut pas, le député de
Joliette est trop gentil pour dire des choses comme ça.
M. JOHNSON: Entre avocats, on pourrait montrer un peu de
solidarité, on pourrait dire que c'est du comté de
Joliette...
M. COURCY: Si vous avez du temps à perdre là, contez- nous
des histoires.
M. JOHNSON: ... qu'on disait que toutes les terres sont bornées
par quatre jugements.
M. LAFRANCE: Le bill! Le bill!
M. JOHNSON: M. le Président, pour revenir au bill, je compte sur
le député de Richmond pour faire la propagande de cette loi. S'il
y mettait autant d'ardeur qu'il y met pour prêcher contre l'alcoolisme,
les cultivateurs entreraient à pleine porte dans
l'assurance-récolte.
M. COURCY: Non, il y a 100,000 Lacordaires dans la province.
M. JOHNSON: Imaginez, s'il y avait un mouvement concerté des
Lacordaires pour...
M. COURCY: Alors suivant la même proportion, il va y avoir 5% des
cultivateurs qui vont s'assurer, c'est la proportion que le ministre nous
donnera peut-être l'an prochain.
M. JOHNSON: Mais pourquoi lancer ce cri pessimiste?
M. COURCY: Vous allez voir.
M. JOHNSON: Pourquoi...
M. COURCY: C'est l'histoire qui parle.
M. JOHNSON: Pourquoi faire le jeu des pessimistes? Le
député d'Abitibi-Ouest risque de se faire accuser un de ces jours
de prédire le malheur précisément parce qu'il croit que
ça peut servir des fins politiques. J'ai entendu d'autres propos
pessimistes au sujet de législations importantes au point de vue
agricole. J'ai entendu des députés libéraux dire que les
cultivateurs ne rembourseraient jamais le prêt agricole. Eh bien,
l'expérience nous a démontré qu'ils se sont
avérés les meilleurs débiteurs, ils n'ont rien fait perdre
à la province si ce n'est un montant insignifiant de $7,000 ou
$8,000.
M. le Président, j'ai entendu des députés tenir de
pareils propos pessimistes quand il s'agissait des cultivateurs. Eh bien, nous,
nous avons fait un acte de loi envers la classe agricole. Nous croyons, et
jusqu'à preuve du contraire, nous persévérerons dans cette
croyance que le cultivateur de 1967 est un homme qui veut réussir, est
un homme qui exerce cette profession parce qu'il l'aime, est un homme qui a le
sens des responsabilités, est un homme qui veut se dégager du
paternalisme de l'Etat et qu'il se servira de cette Loi
d'assurance-récolte pour s'assurer un revenu minimum garanti.
M. le Président, c'est l'une des grandes lois de cette
législature, c'est un précédent au Canada sous certains
aspects de cette loi, et, je crois bien, c'est un fleuron déjà
à la couronne d'un jeune et brillant député qui a
accédé au ministère de l'Agriculture le 16 juin 1966.
L'ancien premier ministre sait combien une administration qui vient d'arriver
en place est bousculée par des demandes de tous les ministères,
de toutes les régies. L'ancien premier
ministre sait bien qu'il faut, dans tout cet amas de projets qui nous
arrivent en même temps à la table du cabinet, qu'il faut
établir des priorités. Or, je puis donner l'assurance...
M. LESAGE: On commence par celles qui ont été
préparées par le gouvernement précédent.
M. JOHNSON: Je puis vous donner l'assurance, M. le Président, que
le ministre de l'Agriculture est revenu à la charge pour que nous
accordions une priorité à cette loi. J'ai entendu tantôt le
chef de l'Opposition dire que c'était une loi préparée
par...
M. LESAGE: Vous aviez tous les rapports. M. JOHNSON: C'était
tellement préparé... M. LESAGE: Vous aviez tous les rapports.
M. JOHNSON: ... elle était tellement à point que le
même chef d'Opposition se vante de l'avoir fait amender.
M. LESAGE: Certainement, parce que vous l'aviez gaspillée.
M. JOHNSON: Il avait certainement un projet prêt...
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: ... et la preuve, c'est qu'il l'a fait amender, et la
preuve, c'est que certains de ses députés en critiquent certains
aspects.
Il est bien clair qu'il y avait des travaux de base de faits, comme il y
en a eu dans bien d'autres domaines, mais c'est précisément
ça que les cultivateurs ont reproché à l'ancienne
administration: des études pendant six ans et, au bout de six ans, on
n'avait rien de concret dans ce domaine particulier de
l'assurance-récolte. Or, l'énergique et dynamique...
DES VOIX: C'est ça.
M. JOHNSON: ... député de Nicolet, lui, nous a
talonnés, M. le Président. Il a tiré son épingle du
jeu, il a obtenu les services de gens compétents, il a mobilisé,
pendant des semaines et des mois, les services de certains des membres du
comité de législation et il vous a apporté une
législation tellement potable qu'avec un peu de retouches, faites
à la suggestion de l'un ou l'autre des partis, comme l'a
mentionné le député de Portneuf, vous avez devant vous, M.
le Président, un projet de loi qui rallie, du moins publiquement, les
suffrages de tous les membres de l'Opposition. Mais si je croyais, assis au
pupitre du député d'Abitibi-Ouest, que cette loi
n'intéressera que 5% des cultivateurs, j'aurais le courage de voter
contre la loi.
M. COURCY: Ah bien! mieux vaut un petit pain.
M. JOHNSON: Mais voter pour la loi et ensuite proclamer qu'elle n'est
pas bonne, qu'elle ne doit pas intéresser les cultivateurs...
M. LESAGE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. JOHNSON: ... cela est une façon, M. le Président, de
vouloir récolter de prétendus succès politiques.
M. LESAGE : M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable chef de l'Opposition sur un
rappel au règlement.
M. LESAGE: M. le Président, le premier ministre impute des motifs
au député d'Abitibi-Ouest et cela, d'une façon absolument
injuste. Le député d'Abitibi-Ouest a démontré, tant
au comité de l'Agriculture qu'en deuxième lecture et au
comité plénier qu'il était favorable au bill qui est
devant nous. Le premier ministre n'a donc pas le droit de lui imputer un motif
qui est contraire à l'expression publique de son opinion. D'ailleurs,
lorsque j'ai déclaré moi-même que nous étions
favorables à ce bill, lorsque j'ai déclaré que
j'espérais que tous les cultivateurs s'assureraient, M. le
Président, j'ai exprimé l'opinion de tous et chacun des membres
du parti que je dirige.
M. JOHNSON: On pourra s'en rendre compte en lisant les Débats. Le
député d'Abitibi-Ouest...
M. LESAGE : Je l'ai dit, il y a une demi-heure, devant le premier
ministre.
M. JOHNSON: ... a dit: Vous verrez, il n'y aura pas plus que 5% des
cultivateurs qui s'assureront.
M. LESAGE : M. le Président, c'est dans un autre contexte, tout
à fait différent.
M. COURCY: Bien oui. M. JOHNSON: Oui.
M. COURCY: D'ailleurs, vous n'avez qu'à lire les rapports.
M. JOHNSON: Alors, si c'est une loi qui est de nature à
intéresser seulement 5% des cultivateurs, le député
d'Abitibi-Ouest devrait se lever en troisième lecture et nous dire
comment la rendre intéressante pour la très grande
majorité des cultivateurs, sinon, il devrait voter contre la loi, M. le
Président, c'est ça.
M. FRASER: M. le Président, est-ce que vous me le permettez?
M. COURCY: Que le gouvernement augmente son paiement.
M. JOHNSON: Pardon?
M. COURCY: Que le gouvernement, au lieu de payer seulement 25%, augmente
son paiement et diminue le paiement de la prime du cultivateur.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est toujours facile de le dire,
c'est toujours facile à promettre, c'est toujours facile de faire
miroiter de pareilles choses aux yeux des cultivateurs, mais les cultivateurs
de la province savent qu'avec l'Union Nationale et particulièrement le
ministre de l'Agriculture et de la Colonisation et ses adjoints, ils sont bien
représentés au niveau des décisions et que leur voix est
écoutée par le premier ministre...
M. COURCY: C'est pour ça qu'il vont à Ottawa.
M. JOHNSON: ... et le cabinet qui n'hésitent pas à
accorder...
UNE VOIX: C'est pour ça qu'ils marchent sur Ottawa.
M. JOHNSON: ... la priorité...
M. COURCY: Cela dénote leur confiance envers le gouvernement
actuel.
M. JOHNSON: ... la préférence aux mesures agricoles. Car
il s'agit de la classe qui a le plus de besoin, M. le Président,
d'être aidée. Le chef de l'Opposition a raison de gronder le
député d'Abitibi-Ouest.
M. LESAGE: Je ne compte pas le gronder.
M. JOHNSON: Il est en train, par ses propos, de détruire la bonne
impression que voulait donner le chef de l'Opposition en se prononçant
en faveur de la loi. C'est là qu'est le problème. Non,
j'espère...
M. GABIAS: Il est contre les cultivateurs.
M. JOHNSON: Non, j'espère que le vote que donne le parti
libéral en faveur de cette législation est un vote inspiré
par une opinion éclairée sur la valeur de la loi. Autrement, si
on n'est pas convaincu que cette loi peut rallier plus que 5% des cultivateurs,
comme l'a dit le député d'Abitibi-Ouest...
M. LESAGE: M. le Président, j'invoque le règlement de
nouveau. Le premier ministre n'a pas le droit d'exprimer des doutes sur les
motifs qui nous amènent à voter en faveur de ce projet de loi.
D'ailleurs, je suis le seul de ce côté-ci de la Chambre à
avoir participé au débat de troisième lecture. J'ai
été le premier à y participer et j'ai
déclaré sans embages que nous étions favorable au projet
de loi, à son principe, à sa portée, et que nous
espérions que les cultivateurs en profiteraient. Il me semble que c'est
clair, il n'y a pas de motif à nous imputer. M. le Président,
c'est contraire au règlement de le faire.
M. JOHNSON: Je voudrais comprendre, M. le Président, les propos
tenus par le député d'Abitibi-Ouest. Je voudrais comprendre
pourquoi, de son siège, alors que son chef était absent, il a
déclaré que...
M. COURCY: Lisez le rapport.
M. JOHNSON: ...5% seulement des cultivateurs seraient
intéressés à cette loi et pourquoi il vient de
déclarer que le gouvernement devrait contribuer davantage...
M. LESAGE: Ah! bien ça, pourquoi? C'est bien simple...
M. JOHNSON: Il n'en a jamais parlé...
M. LESAGE: ... c'est parce que l'assurance serait plus facilement
à la portée des cultivateurs.
M. JOHNSON: ... avant ce soir, M. le Président.
M. COURCY: Certainement au comité. L'Opposition en a fait la
suggestion.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre de l'Agriculture me
rappelle que dans toutes les autres provinces, la contribution est moindre. En
Ontario, elle est de 5%, la contribution du gouvernement provincial...
M. LESAGE: Si le premier ministre avait assisté aux
délibérations du comité de l'agriculture, il saurait
ça.
M. JOHNSON: ... et dans les autres provinces, elle est tout simplement
absente. Pardon?
M. LESAGE: Si le premier ministre avait, premièrement,
assisté aux délibérations du comité de
l'Agriculture, deuxièmement, s'il avait écouté le discours
en deuxième lecture du ministre de l'Agriculture, il saurait ce qu'il
est à dire depuis longtemps.
M. JOHNSON: Oui, oui, je sais ça, M. le Président. Je
savais tout ça avant de présenter la loi.Le ministre de
l'Agriculture a plaidé sa cause au cabinet des ministres, et il a obtenu
une décision favorable à une contribution de 25% par la province.
A ce moment-là, il a évidemment exposé la situation telle
qu'elle prévaut dans les autres provinces.
Et, M. le Président, en terminant, après avoir
remercié le ministre de l'Agriculture, je voudrais faire un dernier
appel au sérieux des députés de l'Opposition, pour leur
demander de se joindre à nous pour inciter les cultivateurs à se
prévaloir de cette loi. Si elle n'est pas parfaite, et je serais le
premier surpris qu'elle soit parfaite, nous aurons d'autres sessions, nous
pourrons l'amender à la lumière de l'expérience que
prendront les régisseurs, à la lumière des suggestions qui
nous seront faites lors des premières indemnisations. Nous pourrons, M.
le Président, apporter à la loi quelques amendements qui la
rendront, je l'espère, de plus en plus parfaite.
M. le Président, aujourd'hui marque une date importante dans
l'agriculture de la province, une date aussi importante que le jour où
le crédit agricole a été adopté malgré les
libéraux, le jour où 1'électrification rurale a
été votée dans cette Chambre...
M. LESAGE: Duplessis!
M. JOHNSON: M. le Président, on dira ce que l'on voudra du
fondateur du parti, mais je serai heureux si, après un aussi long
règne que lui, que je ne me souhaite même pas, M. le
Président, j'aurai pu à ce moment-là accumuler...
UNE VOIX: Illusion!
M. CHOQUETTE: Vous rêvez en couleurs.
M. JOHNSON: ... autant de titres à la reconnaissance et à
la gratitude des cultivateurs qu'il a lui accumulés dans sa
carrière. M. le Président, c'est lui qui a sauvé la classe
agricole et au moment où elle était encore sur le point de
sombrer, c'est encore un gouvernement de l'Union Nationale, grâce au
ministre de l'Agriculture et à l'équipe que j'ai l'honneur de
diriger.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Huntingdon.
M. Kenneth Fraser
M. FRASER: Je suis une personne rare ici ce soir: un cultivateur. Le
premier ministre a parlé longuement et éloquemment de sa loi de
l'assurance-récolte. Il a parlé de l'histoire ancienne de M.
Taschereau, de M. Duplessis. Nous vivons aujourd'hui au temps de M. Daniel
Johnson, et j'espère qu'il prendra note que les cultivateurs ont besoin
de vivre comme le reste de la population.
He spoke long and eloquently of the Crop Insurance Act. It made me think
of a farmer who had bought a new water-pump. Ile showed it to all his neighbors
and told them how fast and how long it could pump. But when he had installed it
in the well, he found that there was no water in the well and it was pumping
air instead.
The wise farmer goes step by step. First, the well, then the water, then
the pump. The Government should first see that the farmer has a fair price for
his products before selling him an insurance policy. Crop Insurance should have
been enacted when other measures had been taken. By this, I mean support prices
so that the farm produce the Act will insure will not be sold at less than the
cost of production. I am in favour of crop insurance and a good water-pump as
well, but I would rather like to see a little water in the well. What good is
crop insurance to the milk industry where they are selling their milk at the
cost of production? What good is it for the pork industry where a man kept 40
pigs last winter, fed them all winter on his grain and lost $200 on the
deal? What good is it to the potato industry? The potato industry where
the potatoes were selling for $0.75 a bag on the Montreal Market last winter
and the Federal Government had to give grants this Spring to rescue the potato
industry. To the poultry industry, where broilers are selling at $0.26 and
$0.27, what good is crop insurance? Thos are my feelings and I feel them very
strongly. I feel that the Government should make a deep investigation into what
is really wrong with agriculture, the low prices of farm produce and do
something about it in the time of Daniel Johnson.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
M. Alcide Courcy
M. COURCY: Si tout à l'heure j'ai mentionné qu'environ 5%
des cultivateurs de la province de Québec s'assureraient, c'était
justement pour attirer l'attention et du premier ministre et du ministre de
l'Agriculture et de tous les députés de cette Chambre. Parce que
si je regarde les résultats obtenus dans toutes les autres provinces du
Canada où l'assurance-récolte existe, par exemple, au Manitoba,
depuis 1960, assureront les récoltes de blé, d'avoine, d'orge, de
lin et de betterave à sucre, l'an dernier, 8610 cultivateurs ont
assuré leurs récoltes. Alors le premier ministre peut-il dire
combien il y a de cultivateurs au Manitoba? Donc, 8,610.
M. JOHNSON: Sur combien de cultivateurs?
M. COURCY: Nous prenons l'assurance-récolte en Saskatchewan,
établie en 1961. En 1965, 3,172 cultivateurs ont protégé
leurs récoltes de blé, d'avoine et d'orge. En 1965, 1'Alberta
inaugurait dans trois régions pilotes un programme d'assurance pour le
blé, l'avoine et l'orge; 1,300 cultivateurs se sont assurés. Le
programme d'assurance de l'Ile-du-Prince-Edouard a débuté en
1962. L'an dernier, 267 cultivateurs ont assuré leurs récoltes de
céréales et de pommes de terre.
M. JOHNSON: C'est 100% des cultivateurs.
M. COURCY: C'était justement pour attirer l'attention du premier
ministre et du ministre de l'Agriculture qu'il va leur falloir absolument
organiser un système de propagande et de vente afin que les cultivateurs
comprennent le système, afin que les cultivateurs s'intéressent
au système d'assurance-récolte. Comme le premier ministre, vous
pouvez être assuré, que je souhaiterais pour ma part, de tout
coeur que tous les cultivateurs de la province de Québec s'assurent dans
l'assurance-récolte mais vous pouvez être assuré que c'est
encore quelque chose dans les nuages que de penser que 85,000 cultivateurs
s'assureront.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Brome.
M. Glendon Brown
M. BROWN: Mr. President, it seems that we always sometime rather during
a law have to listen to a success story. Whether it is a success or not, it
doesn't matter very much but our friends from across the floor always to make
it a success. And the argument about this crop insurance is not whether the
crop insurance is good or not. It is the fact that it only takes in 20% of the
farmers in the Province of Quebec. 80% bring their revenues from milk, and
sources such as that. Now, admittedly, with the crop insurance, this is going
to help some with the price of milk because in extreme cases, it will save
farmers crops to their ground that are feeding their cattle as such. But it
doesn't by a long shot even remotely resemble legislation that is going to help
the farmer right across the board. And what we disagree with these momentous
statements of the Union National Government that they are going to save the
farmers.
Now, I heard the honourable Prime Minister speaking about the wonderful
record that his Government had before in Parliament, the Union National
Government. Ilere are your statistics. In 1951, the net income of the farmer
was $261 million...
M. BELLEMARE: A l'ordre! M. le Président...
M. LAPORTE: C'est le premier ministre qui a ouvert la porte.
M. BELLEMARE: I beg the pardon of the Honourable Member...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: M. le Président, je soulève un point
d'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je suis sûr que l'honorable ministre
du Travail veut référer à l'article 572 de notre
règlement, mais je
crois que ce soir, j'ai laissé un peu de latitude aux honorables
députés pour établir certains points de comparaison. J'ai
l'assurance que l'honorable député de Brome ne basera pas
exclusivement ses remarques sur la portée du crédit agricole. Et
je suis bien convaincu que ses remarques ne sont qu'une brève
référence pour revenir auprincipe même de l'article 572 de
notre règlement qui, en résumé, prévoit que
l'étude de troisième lecture doit se faire quant à la
portée exacte du bill adopté ou à adopter. L'honorable
député de Brome.
M. BROWN: In the arguments of the Prime Minister, he took some minutes
do discuss the fact that during the liberal regime, all we did was studying
things and nothing was accomplished. While during the Union National
regime...
M. BELLEMARE: Ce n'est pas ça du tout. C'est la Loi de
l'assurance-récolte.
M. BROWN: ... 1944 until 1960, everything went well with the farmer,
they saved his life. I merely want to point out figures that are found in the
book...
M. BELLEMARE: Voyons donc. Ce n'est pas ça du tout.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: Qu'il nous donne des statistiques sur l'assurance, c'est
d'accord.
M. LE PRESIDENT: Si l'honorable député de Brome veut
donner des statistiques quant à l'application ou à
l'efficacité ou au nombre de bénéficiaires de la loi du
crédit agricole, à ce moment-là, je devrais, bien à
regret, lui rappeler que certains remarques de comparaison ou certaines
constatations peuvent être admises pour autant que ces remarques ne
portent pas exclusivement sur un projet de loi qui n'est pas à
l'étude ou sur la rentabilité d'une loi agricole
déjà existante.
J'ai l'assurance que l'honorable député de Brome pourra
réserver ses intéressantes remarques pour le jour où la
Chambre siégera de nouveau en comité des voies et moyens pour
l'étude du budget.
M. BROWN: Well, on the bill that we are now discussing, Crop Insurance,
In the Speech from the Throne, the Government announced that they were going to
save farm in the Province of Quebec They brought in the Act and in the third
reading, the Honourable Prime Minister empha- sized the fact that now the
farmer is saved and everything is under control. But unfortunately, during the
time of the Liberals, nothing was done but a study. And during the time of the
Union National, between 1944 and 1960, well everything was rosy with the
farmer. And I merely want to say that during this regime, from 1951 until
1960...
M. BELLEMARE: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. COURC Y: Il répond au premier ministre. M. BELLEMARE: Non.
M. COURCY: Il n'est pas intervenu tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Puis-je assurer les honorables
députés que lorsque l'honorable député de Brome qui
a actuellement la parole, voudra m'éclalrer quant à la
portée exacte des remarques qu'il peut faire, je me lèverai
volontiers avec empressement pour le rappeler à l'ordre, si j'en viens
à la conclusion que les statistiques ou les données qu'il veut
communiquer à la Chambre n'ont aucune référence avec le
bill présentement à l'étude en troisième
lecture.
Tout ce que j'ai remarqué jusqu'à présent dans les
remarques de l'honorable député de Brome, c'est qu'il se
référait à l'année 1951 lorsque j'ai
été dans l'obligation de me lever. J'ai l'assurance que les
honorables députés me faciliteront la tâche pour
écouter les intéressantes remarques de l'honorable
député de Brome pour autant qu'elles soient pertinentes à
la portée du bill à l'étude.
M. BROWN: Mr. Speaker, I appreciate your lecture very very much and I
will try to abide by it, but the bill as such, we are all for it in the amount
that it covers and that is 20% of the farming population, but we are not for
the sweeping statements of the Prime Minister or the Ministers or any other
member of the Union National that they have saved the farming situation in the
Province of Quebec by bringing in this bill. I merely say this because having
been here for a few years and heard these stories over and over, another
legislation on farming similar to the bill that has been brought up on crop
insurance, that during nine years the Union National when in power, lost $72
million of net income for the farmers.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation.
M. Clément Vincent
M. VINCENT: Seulement quelques mots non pas pour répondre, mais
pour donner certaines informations à la suite des pourcjentages ou du
nombre de producteurs assurés dains la province de Manitoba, tel que
donné par le député d'Abitibi-Ouest. D'abord, au Manitoba,
il faut comprendre qu'au début l'assurance-récolte était
appliquée dans des zones d'essai sejulement. Cette année, au
Manitoba, d'après les informations que j'obtiens, on a l'intention
d'étendre les bénéfices de la loi de
l'assurance-récolte à approximativement 90% du territoire de la
province. On croit qu'avec ceci, au moins 50% des producteurs pourront devenir
bénéficiaires de l'assurance-récolte au Manitoba. C'est
donc dire qu'en prenant comme exemple des provinces qui ont fait des
expériences au début dans des zones d'essai seulement, il est
impossible de prévoir quel sera le pourcentage de cultivateurs du
Québec qui pourront bénéficier de la Loi de
l'assurance-récolte.
D'abord, la loi de l'assurance-récolte au Québec, il faut
bien le reconnaître, est la loi la plus complète qui existe
à l'heure actuelle sur le continent nord-américain. Elle couvre
les cultures générales et couvrira éventuellement les
cultures spécialisées. De plus, le député
d'Abitibi-Ouest a mentionné qu'il faut entreprendre une campagne de
publicité; là-dessus, nous sommes tous d'accord. Il faudra une
campagne de publicité très intensive et c'est notre intention au
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation de donner tous les
détails pertinents à cette loi d'assurance-récolte,
d'abord, aux députés de cette Chambre, ensuite, àtous nos
fonctionnaires du ministère de l'Agriculture et de la Colonisation
répartis à travers la province.Nous voulons, de plus, fournir la
documentation nécessaire aux banques, aux caisses populaires, aux
institutions de crédit et aux industries paraagricoles, tant
coopératives que non coopératives. Cette publicité
nécessaire, telle qu'ellej a été demandée par tous
les membres du comité je crois que c'est le député
de Brome qui nous a mentionné la nécessité d'avoir de la
publicité dans plusieurs journaux agricoles du Québec
bien, ça je crois que c'est important pour que tous les producteurs,
tous les cultivateurs sachent qu'il existe un système
d'assurance-récolte, quelles sont les conditions à remplir, quels
sont les avantages, quels sont les bénéfices.
Pour ceci, nous avons besoin de la collaboration de tous les membres de
cette Chambre et nous pouvons être déjà assurés de
cette collaboration, car je le dis, nous avons étudié cette
législation en comité, nous avons reçu des sug- gestions
constructives qui nous ont permis d'améliorer le premier projet de loi
c'est-à-dire, peut-être, le 16e ou 17e projet de loi que
nous présentions en comité la version que nous
présentions en comité. Je crois qu'à l'heure actuelle,
avec le bill 45, tel que nous allons l'adopter en troisième lecture,
nous avons non pas quelque chose de parfait, mais quelque chose qui
répond aux besoins de la classe agricole présentement.
M. LE PRESIDENT: La motion de troisième lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. BELLEMARE: Numéro 16, comité des subsides.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Travail, pour et au nom de
l'honorable ministre des Finances, propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme de nouveau en comité des subsides. Cette
motion est-elle adoptée?
M. BELLEMARE: Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté.
Crédits de l'Education
M. BERGERON (Président du comité des subsides):
L'honorable député de Saint-Jean.
M. PROULX: J'ai l'honneur de faire rapport que le comité des
crédits, chargé d'examiner les articles du budget du
ministère de l'Education, a adopté tous les articles du budget de
ce ministère. Merci.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que la Chambre est
prête à adopter ce rapport et les résolutions?
M. LESAGE: Je n'ai pas vu le député de Vaudreuil-Soulanges
alors...
M. JOHNSON: Il s'est vidé.
M. LESAGE: Il vaudrait peut-être mieux attendre à
demain.
Crédits du Conseil exécutif
M. JOHNSON: D'accord. M. le Président, Conseil exécutif,
page 41, poste 1.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
Bois de Coulonge
M. LESAGE: Non, s'il vous plaît, j'ai peut-être quelques
questions, quelques brèves questions. Je voulais demander au premier
ministre s'il était en mesure de dire aux députés de cette
Chambre ce que le gouvernement a l'intention de faire, pour me servir d'une
expression courante, avec les terrains du Bois de Coulonge?
M. JOHNSON: C'est une question qui préoccupe à juste titre
tout particulièrement les Québécois. La décision
n'est pas prise quant à l'utilisation des terrains du Bois de Coulonge.
On m'a informé par exemple que, dans les titres, il y avait certaines
prohibitions. A tout événement, nous ne nous sommes pas
penchés sur ce problème car nous ne le considérions pas
comme prioritaire. Nous avons enfin trouvé une solution très
acceptable et qui a eu le mérite surtout de plaire à monsieur et
à madame Lapointe, c'est celui de l'achat de la maison que le chef de
l'Opposition connaît bien...
M. LESAGE: Quel prix a-t-elle été payée? M.
JOHNSON: $200,000.
M. LESAGE: Quel a été le montant de la commission?
M. JOHNSON: Pardon?
M. LESAGE: Est-ce qu'il y a eu une commission payée à un
agent d'immeubles?
M. JOHNSON: Oui, le premier compte était de... Non, ça
relève des Travaux publics qui ont fait les achats pour nous. Le premier
compte était basé sur une commission de 5%, mais le ministre m'a
informé qu'il avait fait réduire le compte à $6,000, soit
l'équivalent...
M. LESAGE: Cinq pour cent de $200,000, ça fait $10,000.
M. JOHNSON: Cela faisait $10,000, mais il a fait baisser à
$6,000, 3%.
M. LESAGE: Mais le gouvernement n'a pris aucune décision pour ce
qui est des terrains de Bois de Coulonge?
M. JOHNSON: Aucune.
M. LESAGE: Est-ce qu'ils sont entretenus? Je n'ai pas eu la
curiosité d'aller voir.
M. JOHNSON: Oui, le personnel qui était déjà en
fonction au moment du tragique accident dont on se souvient a été
maintenu en fonction. Ils se sont affairés, les uns auprès du
lieutenant-gouverneur pendant qu'il était au Château et les autres
à leur besogne ordinaire comme à l'entretien et
particulièrement aux travaux de culture des fleurs...
M. LESAGE: Les serres sont entretenues?
M. JOHNSON: Et malheureusement je ne suis pas passé par là
récemment, je ne suis pas entré...
M. LESAGE: Moi non plus, c'est pour ça...
M. JOHNSON: ... je ne suis pas allé voir l'état des
terrains, mais c'est l'un des sites les plus splendides du Canada, et je pense
que le gouvernement...
M. LESAGE: Devrait l'utiliser.
M. JOHNSON: ... devrait l'utiliser. Il n'est pas question d'accepter
aucune offre de « développeur »...
M. LESAGE: J'espère.
M. JOHNSON: ... au lendemain de l'accident, je suis certain que l'ancien
premier ministre a dû avoir des approches. Je sais, moi, que...
M. LESAGE: Non, je n'ai eu aucune approche, parce que le gouvernement
qui a précédé le gouvernement actuel avait
décidé de reconstruire Bois de Coulonge.
M. JOHNSON: Mais, avis public est ici, par les présentes
données, qu'il n'est pas question de vendre pour quelque prix que ce
soit à des spéculateurs, ce site splendide. Il sera
utilisé pour les fins du gouvernement dans des modalités qui
restent à établir et nous n'avons fermé la porte à
aucune des possibilités.
M. LESAGE: Le projet de reconstruction est complètement
écarté?
M. JOHNSON: On pourrait faire un duplex, une partie pour le premier
ministre et l'autre partie pour le chef de l'Opposition.
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition actuel est logé à
Québec. Là où il demeure, il est moins loin du
parlement...
M. JOHNSON: On aurait une porte communicante en bas...
M. LESAGE: Il est moins loin du parlement que s'il était au Bois
de Coulonge.
M. BELLEMARE: Cela a été accepté. M. LE PRESIDENT:
Poste 1, adopté.
M. JOHNSON: Le député de Champlain s'était
lancé un bon jour dans une proposition qui n'a pas été
acceptée, celle de construire une maison pour le premier ministre. M. le
Président, la décision n'est pas prise, mais nous ne fermons la
porte à aucune des options qu'on peut normalement formuler relativement
à l'utilisation de ce terrain.
M. LESAGE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste 1, adopté. Poste 2?
M. JOHNSON: Administration...
Traverse de Lévis
M. LESAGE: Lors de l'étude des crédits du ministère
de la Voirie, le député de Jean-Talon a demandé au
ministre de la Voirie si le premier ministre avait l'intention de donner suite
à la promesse formelle qu'il avait faite, le 15 mai 1966, d'abolir le
péage sur une traverse de Lévis améliorée, et je
cite le premier ministre d'aujourd'hui, chef de l'Opposition à ce
moment-là, et également une promesse répétée
à plusieurs reprises par l'adjoint-parlementaire du premier ministre, le
député de Lévis, et réitérée en
particulier le 19 décembre 1966 alors qu'il promettait l'abolition du
péage pour le printemps. C'était le cadeau de Noël pour ses
électeurs à la veille des fêtes. Alors à quel moment
le premier ministre a-t-il l'intention de donner suite...
M. LAPORTE: A quel printemps?
M. LESAGE: A quel printemps, oui, le premier ministre a-t-il l'intention
de donner suite à ses promesses?
M. JOHNSON: Si ce n'est à Pâques, ce sera à la
Trinité.
M. LESAGE: On le sait bien, c'est ce que j'attendais.
M. JOHNSON: Mais nous avons l'intention de donner suite à cette
promesse, nous attendons cependant des rapports sur un problème qui est
joliment complexe...
M. LESAGE: Oui. Cela n'avait pas l'air complexe quand le premier
ministre en a parlé au mois de mai 1966.
M. JOHNSON: C'est toujours plus facile dans l'Opposition.
M. LESAGE: Merci pour l'admission.
M. LEDUC (Taillon): C'est une bonne admission, ça, très
bien.
M. JOHNSON: Ah! oui, oui. Même si c'est difficile, nous autres,
nous le faisons quand même.
M. LESAGE: J'ai enregistré.
M. JOHNSON: Nous le faisons quand même. M. le Président,
cette question de la traverse de Lévis doit être examinée
dans la perspective de l'abolition du péage dans d'autres
endroits...
M. LESAGE: Nous, nous savions ça.
M. JOHNSON: Evidemment, c'est d'abord à cette traverse que nous
apportons notre attention. Le député de Lévis a
examiné plusieurs projets qui ont été soumis.
L'exécutif a déjà des données qui ont
été accumulées lors de l'adoption d'une loi
spéciale pour la Traverse de Lévis et, quand nous aurons un peu
de temps pour examiner tous ces rapports, je pense bien que les gens de
Lévis seront heureux de nous voir passer à l'action dans ce
domaine. Je puis donner l'assurance à cette Chambre qu'il y en a un qui
y pense plus souvent que le chef de l'Opposition, c'est le député
de Lévis et il en parle beaucoup plus souvent que le chef de
l'Opposition.
M. LAPORTE: C'est le premier ministre. M. LESAGE: Il n'a pas de
chance.
M. LAPORTE: Pendant qu'il y pense... les gens dépensent, eux, sur
les bateaux de la Traverse!
M.. KIERANS: Ils payent.
M. LAPORTE: Et comme ça risque d'être
long, ces études-là, est-ce qu'on peut suggérer
comme moyen terme, que les gens cessent de payer pendant les études,
quitte à prendre une décision finale après?
M. JOHNSON: Ce ne serait pas une mauvaise idée.
M. LAPORTE: Alors, dans les 15 ou 20 lois que le premier ministre veut
nous faire passer à notre retour, nous espérons trouver
celle-là pour que, temporairement, respectant une promesse du premier
ministre, conformément à la pensée continuelle du
député de Lévis... Les gens qui se sont rendus des le
lendemain de l'élection à la Traverse de Lévis, croyant
que c'était gratuit, là ils ont trouvé, eux les premiers,
que Johnson, ce n'était pas un cadeau!
M. MICHAUD: M. le Président, au poste no 2, administration,
est-ce que le premier ministre... Est-ce qu'on est encore à 1 ou si on
est à 2?
M. LESAGE: On n'a pas fini. M. MICHAUD: On est rendu à 2. M. LE
PRESIDENT: Article 2.
M. LESAGE: Si je comprends bien, le premier ministre n'a pas le temps,
de même que les membres de son cabinet, d'étudier les rapports qui
ont été présentés par le député de
Lévis. C'est exact?
M. JOHNSON: Non, non, c'est le député de Lévis qui
est en train de les étudier. Il a bien hâte que nous prenions une
décision et je le comprends.
M. LESAGE: Oui, mais si je comprends bien, c'est le député
de Lévis qui étudie et qui attend la décision du
gouvernement et le gouvernement n'étudie pas.
M. JOHNSON: Le député de Lévis lui, aimerait
l'abolir rétroactivement, le péage.
M. LESAGE: Rétroactivement, est-ce que le premier ministre
pourrait me dire comment il peut l'abolir rétroactivement?
M. LAPORTE: S'il pouvait juste activer, ce serait toujours quelque
chose.
M. LESAGE: Il n'y a pas de traversier à Joliette... Si je
comprends bien ce que le pre- mier ministre a dit tout à l'heure, le
gouvernement n'a pas eu le temps d'étudier les rapports du
député de Lévis sur la question.
M. JOHNSON: M. le Président, tout se tient dans le
règlement de ce problème. On sait qu'il y a, depuis des
années, un fort mouvement en faveur de la construction d'un pont-tunnel
ou d'un tunnel.
M. LESAGE: Le député de Lévis est bien inquiet. Le
premier ministre va être prudent dans sa réponse.
M. LAPORTE: Il a mis son écouteur pour ne rien perdre de ce que
dit le premier ministre. Il dit que ça y est.
UNE VOIX: Il l'enlève.
M. LESAGE: Ah! il se demande s'il se fait faucher ou s'il a la bonne
nouvelle?
UNE VOIX: Ce n'est pas le ministre des Transports.
M. JOHNSON: Il y a, depuis plusieurs années, un mouvement
très fort de communication entre la rive nord et la rive sud. Nous
avions déclaré, dans une assemblée à Saint-Romuald,
que nous abolirions le péage car nous croyions que les gens de la rive
sud avaient été plutôt négligés par
l'administration libérale, et qu'en attendant un moyen de communication
de nature permanente, soit un pont ou soit un tunnel ou soit la combinaison
d'un pont-tunnel...
M. LAPORTE: Pourquoi pas les deux?
M. JOHNSON: ... il y aurait gratuité de passage sur la traverse
de Lévis. Tout le monde a compris dans le temps qu'il s'agissait
évidemment de gratuité pour les passagers...
M. LESAGE: Pour les piétons.
M. JOHNSON: Pour les passagers ordinaires, piétons, qui ne sont
pas en véhicules et non pas pour les véhicules. Car tout le monde
comprend bien...
M. LESAGE: Ce n'était pas la gratuité à tous les
niveaux.
M. JOHNSON: ... que si on accordait la gratuité pour les
véhicules, il faudrait pourvoir la traverse d'assez de bateaux pour que
tous les gens qui veulent l'utiliser gratuitement puissent
avoir un service convenable, mais nous croyons, et c'est là que
se dessine la solution, que la gratuité pour les piétons pourrait
être établie dans un avenir relativement court. Je pense que les
gens de Lévis seront très heureux et...
M. LESAGE: Le premier ministre croit ça, lui?
M. LAPORTE: Ce n'est pas la gratuité à tous les
niveaux!
M. JOHNSON: Oui, même sur le pont d'en haut, ce sera gratuit.
M. LESAGE: Surtout le pont d'en haut, parce que c'est là que les
piétons se rendent.
M. JOHNSON: Ce sera gratuit même enbas.
M. LAPORTE : Je pense qu'on va s'asseoir et écouter le
député de Lévis pendant quelques minutes. Ce serait
intéressant de savoir ce qu'il a à nous dire!
M. JOHNSON: Le député de Lévis est parfaitement
libre d'intervenir dans ce débat.
M. LAPORTE: C'est une liberté surveillée.
M.JOHNSON: Surtout s'il veut se lever dans cette Chambre et me
délier de ma promesse.
M. LAPORTE: Alors, on l'écoute, c'est bien.
M. JOHNSON: Mais le député de Lévis sait bien que
ça va venir.
M. LAPORTE: Il est prudent, rétroactivement.
M. MORIN: Effectivement, celui qui est aujourd'hui le premier ministre
avait déclaré à Saint-Romuald, non pas le 15 mai dernier
mais bien le 14 mai 1966, qu'en attendant un service, de communications
améliorées, soit par un tunnel, soit par un pont-tunnel entre les
deux rives, il y aurait gratuité sur les traversiers, mais bien entendu
pour les piétons.
M. LESAGE: Non. Il a dit qu'il avait consulté des experts et que
ça coûterait $1 million.
Il a dit ça à Saint-Romuald le 14 mai.
M. MORIN: Toutes les fois qu'il m'a été donné de
parler de cette question...
M. LAPORTE: Vous en avez parlé souvent?
M. BELLEMARE: Laissez-le donc parler.
M. MORIN: ... J'ai toujours dit en fait qu'il s'agissait de
gratuité pour les piétons. C'est ce que j'ai
déclaré au cours de la campagne électorale, à la
télévision et c'est également ce que j'ai
déclaré au mois de décembre, déclaration à
laquelle faisait allusion tantôt l'honorable chef de l'Opposition,
lorsqu'il a parlé d'un cadeau de Noël que j'avais voulu offrir aux
gens de Lévis.
M. LESAGE: Oui, oui.
M. MORIN: Evidemment, je l'avais dit pour les piétons. Je ne me
suis pas constitué du tout en père Noël chez nous.
Seulement, les gens savent bien que le gouvernement actuel va respecter ses
promesses et également, ils savent que tout ceci demandait des
études assez longues avant d'en venir à une conclusion.
M. KIERANS: Qu'est-ce que vous avez fait...
M. MORIN: Quoiqu'il en soit, même si c'était gratuit demain
matin sur les traversiers, entre Lévis et Québec, ceci ne
réglerait pas le problème énorme qu'on a à
envisager, surtout pendant la saison d'hiver. Et le problème de la
traversée Québec-Lévis doit être envisagé
d'une façon beaucoup plus globale que ça. De façon
parallèle aux études poursuivies dans le domaine dont je viens de
parler, il y a eu également des études faites en vue de savoir
s'il était vraiment possible de régler le problème d'une
façon définitive par une communication directe. Et j'ai
déclaré à plusieurs reprises que trois projets
sérieux nous avaient été soumis, trois projets qui ont
retenu notre attention. Les études se sont prolongées
au-delà de ce que j'aurais voulu, comme disait aussi tantôt
l'honorable chef de l'Opposition lorsqu'il a dit que le député de
Lévis avait promis la gratuité pour le printemps. Il y a des
printemps qui retardent, comme celui de cette année, par exemple.
M. KIERANS: Deux ans, trois ans peut-être.
M. MORIN: De toute façon, j'avais bien précisé
qu'on espérait en venir à une conclusion vers le printemps et que
nous espérions, avant la fin de l'année 1967, être en
mesure de trouver un moyen pour régler le problème par des voies
directes entre les deux rives.
M. LAPORTE: M. le Président, je suis très inquiet.
M. MORIN: Non, non. Allez-y! Est-ce qu'il y a quelque chose qui ne va
pas?
M. LESAGE: Nous n'avons pas le droit de poser des questions au
député de Lévis. Il nous faut les poser au premier
ministre.
M. MORIN: De toute façon, j'ai dit que les études avaient
été un peu plus longues que prévues parce que dès
la fin de février ou au début de mars, des firmes, qui avaient
fait des propositions jusque là très sérieuses, ont
demandé de retarder la remise de mes rapports au premier ministre, parce
qu'ils avaient d'autres propositions financières à faire à
ce moment-là. C'est ce que j'ai fait et c'est ce qui justifie que les
rapports ont été soumis beaucoup plus tard que je ne l'avais
prévu. Mais encore ne s'agit-il que de rapports
préliminaires.
M. LESAGE: Est-ce que le premier ministre a reçu du
député de Lévis un projet d'étatisation du service
de traversiers entre Québec et Lévis?
M. JOHNSON: J'ai demandé moi-même qu'on étudie la
possibilité d'étatiser toutes les traverses.
M. LESAGE: Mais est-ce que le député a remis au premier
ministre un projet d'étatisation?
M. JOHNSON: Je n'ai pas eu le temps de lire tous les documents que m'a
remis le député de Lévis.
M. LESAGE: Ah bon! alors, le premier ministre admet.
M. JOHNSON: Je prends toute la responsabilité. Ce n'est pas le
député de Lévis qui est en retard. C'est le gouvernement
qui n'a pu.
M. LESAGE: Ah ça! c'est normal.
M. JOHNSON: Cela fait plaisir à l'Opposition, ça?
M. LEDUC (Taillon): On le savait, ça. Ce n'est pas
nécessaire de le dire.
M. LAPORTE: Est-ce que je peux rappeler au premier ministre...
M. JOHNSON: Cela inquiète le député de Chambly.
M. LAPORTE: Cela m'inquiète profondément et combien
davantage le député de Lévis! Pour vous montrer combien le
gouvernement devrait agir avec célérité et passer une loi
spéciale pour qu'il y ait un nouveau printemps très
prochainement, le député de Lévis pour vous montrer
combien il portait attention à ça et combien il avait des
arguments décisifs, disait que les communications devaient
s'améliorer rapidement parce que la capitale celle que le premier
ministre affirme qu'il est en train de sauver pour quelques mois
deviendrait vite « une ville-musée dont le coeur est en train de
mourir ». Il serait temps de commencer immédiatement la
respiration artificielle!
M. JOHNSON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: Cela presse! Non, est-ce qu'on peut s'attendre à ce
qu'il y ait...
M. JOHNSON: Oui, oui, je l'ai dit.
M. LESAGE: Très bientôt? Oui. Est-ce que le premier
ministre peut fixer une date?
M. JOHNSON: Non. M. LESAGE: Non. UNE VOIX: Oui, demain.
M. ALLARD: Je vois mal le chef de l'Opposition poser des questions aussi
précises. Je me rappelle que, lors de sa première visite...
M. LAPORTE: Vous voyez mal? Placez-vous donc autrement!
M. ALLARD: ... dans la Beauce en 1960, il avait promis une route
à quatre voies. De 1960 à 1966, il n'a pas trouvé le moyen
d'en faire une seule.
M. LESAGE: Non, dans la Beauce, l'engagement que j'avais pris,
c'était d'améliorer le flot de la rivière
Chaudière, et c'est fait et ça continue à se faire.
M. JOHNSON: Ah non!
M. ALLARD: On est en train de le faire.
M. JOHNSON: Les gens de la Beauce ne
voyagent plus par canots. Il y a longtemps que les gens de la Beauce ne
se servent plus du canot pour voyager, ils ont des automobiles.
M. LESAGE: Non, mais il y a longtemps qu'ils se font inonder, par
exemple, par la Chaudière.
M. LE PRESIDENT: Poste 2. M. LESAGE: Poste 2, article 1.
M. MICHAUD: Sur le poste 2, est-ce que le premier ministre peut dire
s'il y a des dépenses afférentes à l'Office de
l'information et de la publicité dans l'article 1, oui, traitements,
$635,000?
M. JOHNSON: Non, non je veux bien, pour éviter au
député de Gouin de faire de l'obsession, lui dire que
toutes...
M. MICHAUD: De l'obsession systématique.
M. JOHNSON: ... les dépenses pour l'Office de l'information se
trouvent à...
M. MICHAUD: Au poste 8.
M. JOHNSON: Au poste 8. Oui, si on veut en parler tout de suite, il y a
peut-être une question d'honoraires là. Un instant.
M. LESAGE: D'après ce que je puis lire au poste 2, article 1, le
personnel administratif est passé de 60 personnes à 81 personnes.
Est-ce que cette augmentation de 21 personnes ou de 21 emplois, c'est pour des
permanents ou des temporaires ou les deux?
M. JOHNSON: Je dois répondre au chef de l'Opposition que c'est un
cas clair où les yeux étaient plus grands que la panse. Mon chef
de cabinet m'informe que, si nous avons obtenu un effectif de 81 personnes,
nous n'avons effectivement que 55 personnes à l'emploi. Nous croyions en
avoir besoin davantage à cause, on le soupçonne bien, de l'Expo,
mais nous avons pu nous organiser avec beaucoup moins de monde que nous
n'avions prévu en avoir besoin.
M. LESAGE: Est-ce que le personnel du protocole est compris dans le
chiffre de 50...
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Combien y a-t-il de personnes au protocole?
M. JOHNSON: Il y a actuellement au protocole évidemment le chef,
M. Patry, mais...
M. LESAGE: Je ne demande pas les noms, je demande le nombre de
permanents et le nombre de temporaires, c'est tout ce que je demande.
M. JOHNSON: Auprès de M. Patry, il y a...
M. LESAGE: Le nombre d'employés permanents et le nombre
d'employés temporaires, c'est tout ce que je demande.
M. JOHNSON: Auprès de M. Patry, on a détaché de
certains ministères des personnes, comme, entre autres, M. Lasnier qui
nous arrive des Affaires culturelles.
M. LESAGE: Ma question est très simple; sur les 55 ou 57
personnes, combien y en a-t-il qui sont affectées au protocole?
M. JOHNSON: Le chef du cabinet me dit que tous les employés
temporaires sont sur le budget de l'Expo.
M. LESAGE: Les employés temporaires sont sur le budget de l'Expo.
Combien y a-t-il d'employés permanents sur les 57, au protocole?
M. JOHNSON: Au protocole, il n'y a de réellement permanents, qui
relèvent de l'exécutif et qui sont payés par
l'exécutif, que M. Patry et ses trois secrétaires. Il y a M.
Couture qui est là à temps partiel...
M. LESAGE: A honoraires.
M. JOHNSON: ... à honoraires et qui a bien voulu...
M. LESAGE: Et quant aux employés temporaires, ce sont des
employés du ministère de l'Industrie et du Commerce
affectés à l'Expo.
M. JOHNSON: Il y a un poste spécial pour l'Expo un peu plus loin,
poste 11 du budget.
M. LE PRESIDENT: Poste 3, adopté.
M. LESAGE: Non. Est-ce que le Conseil exécutif a du personnel
à Montréal, à l'édifice de l'Hydro par exemple?
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Combien de personnes?
M. JOHNSON: Il y a quatre personnes per-
manentes attachées à l'exécutif, dont la
secrétaire adjointe, Mlle Marcoux.
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: Mlle Marcoux.
M. LESAGE: Et les trois autres personnes sont également des
secrétaires ou des messagers?
M. JOHNSON: Une sténo, un messager et une
téléphoniste.
M. LESAGE: Est-ce qu'il y a des employés temporaires?
M. JOHNSON: Des employés temporaires? M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Toutes les autres personnes qui travaillent dans le secteur
de l'exécutif...
M. LESAGE: Je parle de Montréal, là.
M. JOHNSON: ... au bureau de Montréal sont des
préposées aux travaux de l'Expo. Il y a aussi un membre de
l'Office de l'information, M. Saint-Pierre, qui, pour le temps de l'Expo,
s'occupe du pavillon du Québec. L'adjoint auprès de
l'exécutif est M. Robert Letendre, qui, lui aussi, s'occupe de
l'Expo.
UNE VOIX: Adopté?
M. LESAGE: Un instant.
M. ROY: Postes 1, 2, 3, adoptés.
M. LESAGE: Un instant. Je prends moins de temps que le premier ministre
sur d'autres choses. C'est tout pour l'administration.
M. LE PRESIDENT: Poste 2, adopté? Poste 2, adopté. Poste
3.
Service des achats
M. LESAGE: Au service général des achats, est-ce que la
procédure suivie est la même qui était suivie avant le 5
juin?
M. JOHNSON: Oui, mais elle est en train d'être transformée
dans certaines modalités.
M. LESAGE: Dans quel sens et comment peut-on le faire en vertu de la loi
telle qu'elle est?
M. JOHNSON: Brièvement, le service des achats est un service
extrêmement difficile à administrer, on le sait. Et nous avons
demandé à son directeur de nous faire des suggestions qui ne sont
pas encore complètement en place ou mises à exécution pour
être plus exact.
Substantiellement, ça se résume à ceci. Le
système sera accéléré car plusieurs
ministères se plaignaient de la lenteur du système des achats. A
la suggestion du directeur général des achats, nous avons
décidé de permettre l'engagement d'agents d'approvisionnement qui
seraient attachés à chacun des ministères. Pour les
ministères où il se fait moins d'achats, ceux-ci seraient
groupés. Et il y eut un concours de la fonction publique et on est en
train d'engager des agents d'approvisionnement dont le rôle sera...
M. LESAGE : Ceux qu'on appelait les pourvoyeurs?
M. JOHNSON: Non, les pourvoyeurs demeurent, mais l'agent
d'approvisionnement deviendra, quant aux achats, l'équivalent du
comptable ou du représentant de la trésorerie dans le
ministère.
M. LESAGE: Alors les achats se feraient...
M. JOHNSON: Se feraient de la même façon, sauf que les
achats seraient représentés sur place pour régler toute
une série de petits problèmes. On sait, l'ancien premier ministre
s'en souvient...
M. LESAGE: Ce n'est pas très clair ce que le premier ministre
dit.
M. JOHNSON: ... il achète pour $100 millions...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: ... environ par année. 80%des achats de moins de
$500. Alors 80% de la paperasse pourront être éliminés si
sur place on avait un officier qui est responsable au directeur des achats,
mais qui comprend tout le mécanisme et qui voit à l'actionner.
Tout ça sera fait selon une procédure établie par
arrêté ministériel. Comme je vous l'ai dit, elle n'est pas
encore en place, cette nouvelle méthode. Les agents d'approvisionnement
ne sont pas tous encore trouvés par concours. Il y en a onze qui se sont
qualifiés dans un concours...
M. LESAGE: Est-ce que les agents d'approvisionnement exécutent
leur fonction sous la
direction du directeur général des achats ou sous la
direction du ministre concerné?
M. JOHNSON: Oui, oui, ils répondront au directeur des achats. Si
on veut prendre le problème de plus haut, nous avons l'intention, nous
songeons à transférer à un autre ministère le
service des achats et nous tentons...
M. LESAGE: En d'autres termes, si je comprends bien...
M. JOHNSON: Pardon?
M. LESAGE: En d'autres termes, les agents d'approvisionnement
rempliraient au ministère mutatis mutandis les fonctions, non pas les
fonctions, mais enfin seraient dans la même situation auprès des
ministères que les gens des services comptables qui sont sous
l'autorité du ministre des Finances, mais sont attachés au
ministère.
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LESAGE: Alors, si je comprends bien, les agents d'approvisionnement
seraient sous l'autorité du directeur général des achats,
mais ils seraient loin de lui.
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LESAGE : Leur bureau serait au ministère.
M. JOHNSON: C'est ça... et devraient suivre une procédure
qui reste a être établie.
M. LESAGE: Oui, mais c'est ça, c'est la procédure qui
m'intéresse. Comment le directeur général des achats
va-t-il pouvoir exercer sa surveillance et sa direction des achats? En vertu de
la loi le directeur « a la surveillance et la direction de tous les
achats faits par les ministères du gouvernement. »
M. JOHNSON: On sait que c'est la loi telle qu'amendée ça,
en...
M. LESAGE: C'est la loi telle qu'elle est dans les statuts refondus.
M. JOHNSON: Quand a-t-elle été amendée? En
1962.
M. LESAGE: Entre 1960 et 1964. C'est la loi telle que je la vois ici,
c'est 9-10, Elizabeth Il, chapitre 38, article 7.
M. JOHNSON: Elle a été amendée en 1961. M. LESAGE:
9-10, Elizabeth Il.
M. JOHNSON: Elle contenait autrefois l'expression: « le
contrôle des achats ». On a enlevé, en 1961 le mot «
contrôle » des achats...
M. LESAGE: C'est la surveillance et la direction.
M. JOHNSON: ... pour ne donner que la surveillance et la direction.
M. LESAGE: Oui, mais cela donne toute l'autorité
nécessaire au directeur.
M. JOHNSON: Cela en donne moins que l'ancienne loi qui disait le
contrôle des achats.
M. LESAGE: Bien non, je ne suis pas d'accord, mais enfin, je pense que
la direction...
M. JOHNSON: ... surveillance, direction et contrôle...
M. LESAGE: ... la direction, c'est la direction et le
contrôle...
M. JOHNSON: ... c'est plus fort que surveillance et direction.
M. LESAGE: Bien, je ne suis pas d'accord. M. JOHNSON: Bien, c'est
évident.
M. LESAGE: Quand même nous nous obstinerions toute la nuit tous
les deux, je ne suis pas d'accord.
M. JOHNSON: Même un étudiant de première
année de droit saurait ça.
M. LESAGE: En éléments français, il le saurait.
M. JOHNSON: Alors, le contrôle, c'est plus fort que la
surveillance.
M. LESAGE: Non, le contrôle, on fait un rapport à l'effet
qu'on n'est pas satisfait. La direction, c'est immédiat.
M. JOHNSON: M. le Président, on sait que tout ça...
M. LESAGE: On peut contrôler sans avoir la direction, mais on ne
peut pas diriger sans avoir le contrôle.
M. JOHNSON: ... c'est un bon jour résolu en une situation
extrêmement complexe, au mois d'avril 1966, il y en avait pour quoi? $10
millions d'achats en confirmation qui étaient bloqués, $10
millions d'achats qui étaient bloqués et c'était
généralement des petits achats. Il s'agissait d'achats en
confirmation ou encore de comptes qui comprenaient à la fois du
matériel et de la main-d'oeuvre. A ce moment-là, on est en avril
1966...
M. LESAGE: Est-ce que le blocage de ces $10 millions-là,
d'après le premier ministre, a pu avoir une incidence sur le
résultat des élections.
M. JOHNSON: C'était une autre preuve d'administration...
M. LESAGE : Oui, mais il n'y avait pas de patronage.
M. JOHNSON: ... qui n'était pas efficace. J'aimerais être
bien poli.
UNE VOIX: ... fait confiance, vous savez...
M. JOHNSON: M. le Président, la trésorerie ou
l'exécutif à ce moment-là a demandé une opinion
comme c'est normal au ministre de la Justice et, le 16 juin, un des officiers
du ministère de la Justice a donné l'opinion suivante...
M. LESAGE: Je ne l'ai pas vu cette opinion-là.
M. BELLEMARE: Il a oublié de l'apporter.
M. LESAGE: J'ai compris le 16 juin. J'avais démissionné,
le matin.
M. BELLEMARE: Il est parti le 15. M. LESAGE: Est-ce que le...
M. JOHNSON: L'opinion de M. Lapolnte, c'est que le directeur du service
des achats n'avait pas la responsabilité de ce genre de comptes, des
achats en confirmation. Et deuxièmement les comptes comprennent à
la fois du matériel et du travail.
M. LESAGE: Qu'est-ce que le premier ministre appelle des « achats
en confirmation? »
M. JOHNSON: C'est-â-dire des confirmations d'achats, M. le
Président.
M. LESAGE: Ah bon!... faites par les pourvoyeurs de
ministère.
M. JOHNSON: Bien oui, vous avez une équipe...
M. LESAGE: Des achats faits...
M. JOHNSON: ... des Richesses naturelles qui se trouve à
Natashquan et qui s'en va à l'épicerie...
M. LESAGE: Oui, oui, je comprends.
M. JOHNSON: ... acheter deux livres de beurre.
M. LESAGE: Très bien, je ne comprenais pas l'expression «
achats en confirmation », mais confirmation d'achats, je la
comprends.
M. VINCENT: Deux bâtons de dynamite pour faire sauter une
branche.
M. LESAGE: Bien oui, ou encore deux pelles pour l'équipe de la
Voirie.
M. VINCENT: Deux manches de hache pour couper les branches.
M. LESAGE: Alors, tous les achats continueront de se faire sous la
direction du directeur général des achats.
M. JOHNSON: Alors, M. le Président, le responsable sera le
directeur général des achats, mais voici ce que je voulais dire.
Nous voulons donner à ce problème des achats une attention encore
accrue; on sait que le gouvernement provincial est un très gros acheteur
environ $100 millions on sait que l'Hydro est un très gros
acheteur, on sait que les commissions scolaires qui sont subventionnées
sont de très gros acheteurs et que les hôpitaux qui sont
subventionnés par l'Etat sont aussi des acheteurs pour des montants
considérables. En coopération avec l'Hydro et d'autres services
et organismes de la Couronne, nous allons tenter un effort pour préparer
une projection des achats sur une période de trois, quatre ou cinq ans,
de façon à pouvoir en tenir compte dans une politique de
développement économique. Quand on songe que c'est par dizaines
de millions de dollars que, pendant cette période, certains articles
seront achetés par le gouvernement, par quelques-unes de ses agences ou
par des organismes publics subventionnés totalement
par le gouvernement, quand on songe à ces quantités
formidables, on peut, peut-être, faire naître certaines industries
sur le territoire. Il y aurait une politique d'achat à établir
qui prendrait l'ampleur de tout le budget direct et indirect de la province, de
sorte que nous pourrions, je crois, renforcer notre économie par une
telle politique.
M. LESAGE: De toute façon on ne pourrait mettre en oeuvre une
telle politique sans modifier les lois existantes. Le gouvernement devra pour
mettre en oeuvre une telle politique, celle que vient de décrire le
premier ministre, modifier les lois existantes, parce que le gouvernement ne
peut pas confier à d'autres directeurs généraux des
achats, en vertu du chapitre 19 des Statuts refondus, les achats pour les
ministères du gouvernement.
M. JOHNSON: D'accord. Il faudra amender la loi et, dans le temps comme
dans le temps, nous informerons la Chambre de nos intentions. Voici l'opinion
de M. Lapointe; c'est daté du 16 juin, drôle de
coïncidence.
M. LESAGE: Est-ce que c'est bon que ce soit au journal des
Débats?
M. JOHNSON: Je le crois, oui. M. Lapointe disait, le 16 juin, à
M. Châtelain de la trésorerie: « Quant aux demandes en
confirmation que vous avez envoyées pour examen avec votre lettre, je
constate que, dans tous ces cas, il s'agit non seulement d'achats à
faire, mais aussi de main-d'oeuvre pour un montant parfois assez
considérable et je crois que l'acceptation de ces contrats
dépasse l'autorité établie au directeur du service
général des achats. Seul le contrôleur de la
trésorerie, le conseil de la trésorerie ou le
lieutenant-gouverneur en conseil, suivant le cas, pourrait accepter ou
confirmer les engagements pris par les différents ministères.
»
En somme, on était dans un « dead-lock », comme
dirait le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. MCHAUD: Une impasse.
M. JOHNSON: Le problème était là sur la table, on
se renvoyait la balle de la trésorerie au service des achats et le
service des achats, très alerte d'ailleurs, retournait la balle à
la trésorerie. Finalement, nous avons adopté un
arrêté ministériel après avoir consulté le
vérificateur des comptes et nous avons débloqué, pour la
période qui allait jusqu'au 10 avril, ces comptes, comme nous avons
dû en débloquer aussi à la fin de la période du 31
mars 1967. Mais, après l'adoption de nos crédits et après
l'ajournement de la session, nous espérons pouvoir mettre au point ce
nouveau système par les agents d'approvisionnement et nous avons aussi,
de la part de M. Bussières qui s'y connaît, qui a
étudié le problème, une suggestion qui va beaucoup plus
loin.
M. LESAGE: Je n'avais pas l'intention de questionner plus longuement
quant au service général des achats; je voulais simplement savoir
si le gouvernement avait l'intention de changer la procédure. Le premier
ministre m'a éclairé sur le sujet et il a également
exprimé son accord lorsque j'ai affirmé que pour mettre son plan
à exécution le plan qui continue de faire objet
d'études il faudrait des modifications à la loi. Fort de
cette assurance du premier ministre, quant à moi, je dis adopté
le poste 3.
M. LE PRESIDENT: Poste 3, adopté. Poste 4.
M. JOHNSON: Commission de la fonction publique.
Fonction publique
M. CHOQUETTE: Sur ce poste, en vertu de la convention collective
intervenue entre le gouvernement et ses fonctionnaires, il a été
convenu que la Commission de la fonction publique, avec la collaboration des
parties à la convention collective, préparerait une nouvelle
classification des emplois régis par cette convention. La nouvelle
classification des emplois des fonctionnaires a été effectivement
préparée par la commission et approuvée par le
lieutenant-gouverneur en conseil. A la suite de la préparation de cette
nouvelle classification, la direction générale des relations de
travail a procédé au classement individuel des fonctionnaires en
vertu des dispositions de l'article...
M. BELLEMARE: A l'ordre!
M. JOHNSON: ... Peut-être que si on veut parler de la direction
générale des relations de travail, c'est l'objet du poste
suivant.
M. CHOQUETTE: Voici, M. le Président.
M. LESAGE: Sur les crédits de la commission de la fonction
publique, je m'excuse auprès de mon collègue, mais je voudrais
bien avoir la réponse à la question 1.
M. JOHNSON: Question 1, voilà. Voici comment se lit la question
1. Combien de nouveaux employés réguliers, temporaires ou
occasionnels, de contremaîtres généraux, et autres le
gouvernement a-t-il engagés à salaire ou à honoraires
à la législature, dans les ministères, bureaux, offices,
régies et commissions relevant du gouvernement depuis le 16 juin 1966
à aujourd'hui? Deux: combien ont été engagés
après s'être dûment qualifiés pour les postes qu'ils
occupent à des concours de la Commission de la fonction publique
annoncés par voie des journaux? Trois: quel est le coût annuel de
ce nouveau personnel? M. le Président, nous espérions avoir une
réponse à fournir mais le chef de l'Opposition sait que c'est
extrêmement complexe puisqu'il s'agit...
M. LESAGE: C'est là depuis le 24 janvier.
M. JOHNSON: Puisqu'il s'agit non seulement des employés
réguliers mais aussi des temporaires ou occasionnels et qu'il s'agit des
employés comme tels non seulement dans les ministères mais dans
toutes les commissions et bureaux, les offices, les régies relevant du
gouvernement. Alors, ça va piger loin, comme dirait le
député de Gouin.
M. LESAGE: C'est la fonction publique. M. JOHNSON: Cela va jusque...
non. M. LESAGE: Les employés réguliers.
M. JOHNSON: Cela va jusqu'aux employés de Manicouagan, sur les
chantiers de Manicoua-gan.
M. LESAGE: Ce ne sont pas les employés de l'Hydro.
M. JOHNSON: La question était ainsiformu-lée qu'il a fallu
obtenir des renseignements de tous les...
M. LESAGE: Le premier ministre est Intéressé à
faire une montagne probablement parce qu'il trouve la question plus
embarrassante que complexe.
M. JOHNSON: Si j'avais la réponse, je pourrais peut-être
passer un jugement sur l'embarras que cela peut créer soit au
gouvernement, soit à l'Opposition. Mais je serais prêt à
lui donner tout de suite une réponse qui prouve que je ne suis pas
embarrassé du tout.
Et c'est la réponse à la question numéro 6
posée par M. Lacroix: Combien y a-t-il de personnes chargées de
diverses fonctions au bureau? Quel était le nombre de personnes à
l'emploi de chacun des ministères, offices ou commissions,
régies, syndicats, bureaux et corporations de l'administration
provinciale?
A) en date du 16 juin 1966.
B) en date du 31 janvier 1967. Questions de M. Lacroix. Je ne sais pas
si on a déposé la réponse, je le crois.
La deuxième question de M. Lacroix: Parmi ces personnes, combien
recevaient en date du 31 janvier 1967 un salaire ou traitement annuel
inférieur à ...Et il continuait selon les divers
échelons.
Or, à la première question, à savoir quel
était le nombre de personnes à l'emploi de chacun des
ministères, offices, ou commissions, régies, syndicats, bureaux
et corporations, la réponse c'était, au 16 juin 1966: 56,406
personnes; au 31 janvier 1967: 56,243, soit 163 de moins. On comprend pourquoi
nous ne pouvons répondre à une question comme celle du
député des Iles-de-la-Madeleine. Il nous demande combien de
personnes étaient à l'emploi de chacun des ministères,
offices, commissions, régies, syndicats, bureaux et corporations
à une date déterminée. Chacun des chefs de ces commissions
ou des sous-chefs ou des comptables en chef nous fait parvenir le total de la
liste de paye, le total de personnes qui étaient sur la liste de paye
à telle date. Mais quand on demande combien de nouveaux employés
réguliers, temporaires, ou occasionnels, de contremaîtres
généraux etc., le gouvernement a engagés à salaire
ou à honoraires, là il faut passer à travers tous ceux qui
ont été à l'emploi du gouvernement entre les dates
indiquées, soit du 16 juin 1966 au 24 janvier 1967. Il faut donc faire
un relevé de tous ceux qui étaient au service et qui ont
été engagés par l'Hydro à Manicouagan, à
Témiscamingue et ailleurs. On comprend que c'est un travail
drôlement plus compliqué.
Deuxièmement, on avait mal compris la question. On avait
interprété d'abord cette question comme voulant dire qu'il
fallait inclure tous ceux qui étaient mutés d'une position
à une autre. A la Trésorerie, on considère comme un nouvel
employé celui qui part de l'échelon numéro 4 pour monter
à l'échelon numéro 5. Celui qui est monté de
l'échelon numéro 5 à l'échelon numéro 6, si
toutefois il y a six échelons, est considéré lui aussi
comme un nouvel employé pour les fins de la trésorerie. Alors
deux personnes déjà
au service du gouvernement qui changeaient d'emploi étaient
considérées par la trésorerie comme des nouveaux
employés.
Or, ce n'est pas ça que voulait avoir le chef de l'Opposition,
mais nous avons demandé qu'on nous fournisse par catégories,
c'est-à-dire employés réguliers, occasionnels ou
temporaires, pour chacun des ministères, commissions, bureaux, offices
et régies, mais nous n'avons pas encore tous ces renseignements de la
trésorerie. Ils sont en train d'être compilés.
M. LAPORTE: M. le Président, je trouve les explications que nous
donne le premier ministre absolument inacceptables et je trouve que la
façon qu'il a de traiter cette Chambre est pour le moins
cavalière. Je crois que c'est un cas où l'on peut très
carrément invoquer l'article 193 du règlement, une question de
privilège concernant cette Chambre, à laquelle on a
négligé de fournir les documents dont la communication a
été demandée. Si nous avions posé une question il y
a quelques jours, il serait compréhensible que le premier ministre nous
dise qu'il n'a pas eu le temps de faire faire par ses fonctionnaires ou les
fonctionnaires d'autres ministères les recherches voulues.
Vous voyez que mes arguments ont du retentissement quand même.
C'est du côté de la gauche, alors préparez-vousl
DES VOIX: L'équipe du tonnerrel
M. LAPORTE: Je présume que le premier ministre s'en va chercher
les renseignements, et qu'on va les avoir dans quelques minutes!
M. le Président, le 24 janvier 1967, c'est-à-dire il y a
cinq mois et trois jours aujourd'hui, le chef de l'Opposition... Qu'est-ce que
ça peut vous faire, l'heure? Vous ne répondez pas à
n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Je dis qu'il y a cinq mois et
trois jours, le chef de l'Opposition a demandé au gouvernement de lui
dire combien de nouveaux employés réguliers, temporaires ou
occasionnels, de contremaîtres généraux, etc., le
gouvernement avait engagés à salaire ou à honoraire
à la législature, dans les ministères, bureaux, offices,
régies et commissions relevant du gouvernement depuis le 16 juin 1966
jusqu'à présent. Le premier argument que nous a donné le
premier ministre il y a quelques minutes à l'effet que la ou les
questions posées par le député des Iles-de-la-Madeleine
comportaient une date et que c'était plus facile d'y répondre
parce qu'il y avait une date. Cette première condition est parfaitement
respectée dans la question du 24 janvier, puisque nous deman- dions
« entre le 16 juin 1966 et le 24 janvier 1967 ». Si nous nous
étions contentés de poser une question et que nous avions ensuite
laissé aller les choses, il eût été
incompréhensible déjà que le gouvernement ne
réponde pas. Mais, à plusieurs reprises, avant que les
crédits du premier ministre ne soient discutés, le chef de
l'Opposition, il y a une semaine, il y a deux semaines, il y a trois semaines,
il y a un mois, a dit: Quand aurai-je une réponse à mes
questions?
J'en aurai besoin pour l'étude ces crédits du Conseil
exécutif. Et l'on répondait: Ce n'est pas encore tout à
fait prêt. La semaine prochaine, peut-être dans deux semaines,
aussitôt que ce sera prêt. Si bien que nous arrivons, après
cinq mois d'attente, à l'étude des crédits de la
Commission de la fonction publique et de la Direction générale
des relations de travail et que nous n'avons pas encore de réponse
à une question des plus importantes. Nous devons conclure de deux choses
l'une, ou bien le gouvernement a été d'une négligence
impardonnable envers les membres de cette Chambre ou bien, tout simplement, il
ne veut pas répondre à la question.
M. le Président, est-ce que c'était tellement
compliqué de répondre à la question que nous avons
posée? Si la procédure qui était mise en application
lorsque nous avions la responsabilité du gouvernement a
été maintenue, je suis convaincu que c'est le cas
> les ministres individuellement avaient devant eux, pour
l'étude de leurs crédits, toute la liste de leurs fonctionnaires,
tous ceux qui avaient pris leur retraite au cours des douze derniers mois, tous
ceux qui avaient été permutés à d'autres
ministères, tous ceux qui avaient été
congédiés et tous les employés dont les services avaient
été retenus au cours du dernier exercice financier.
Il eût été facile de colliger, à travers les
divers ministères, les noms des nouveaux employés dont le
gouvernement avait retenu les services, de déposer cette liste bien
avant l'étude des crédits afin que nous puissions en prendre
connaissance, l'étudier et poser, si nous le jugions nécessaire,
des questions. Je dis que le gouvernement, par sa négligence ou son
refus de répondre à la question, place l'Opposition dans
l'impossibilité de remplir la tâche qui lui a été
confiée par l'électorat, c'est-à-dire la tâche de
surveiller l'administration de la province de Québec
M. le Président, il eût, été facile, dis-je
de colliger d'un ministère à l'autre les noms des fonctionnaires
qui sont devenus fonctionnaires depuis le 16 juin 1966 jusqu'au 24 janvier
1967. Mais cela n'a pas été possible pour l'ensemble
des ministères, est-ce que le premier ministre fera croire
à cette Chambre qu'il n'y a pas un seul ministère qui a produit
une seule liste de ses nouveaux fonctionnaires? Le gouvernement a agi
exactement en sens contraire lorsque l'un d'entre nous a posé une
question demandant quels étalent les bureaux, immeubles qui avaient
été achetés ou loués par le gouvernement, depuis le
16 juin jusqu'à la date où la question a été
posée. Deux ou trois semaines après, on a répondu pour le
ministère des Travaux publics, on a répondu pour le
ministère de la Voirie, on a répondu pour quelques
ministères, mais nous avons, à ce moment-là, dit au
gouvernement: Vous devriez répondre pour les autres ministères
maintenant, parce que votre réponse n'est pas complète.
Mais il arrive que, dans le cas des fonctionnaires, nous n'avons pas
reçu une seule réponse d'aucun de tous les ministères du
gouvernement. Cela devient incompréhensible. Si c'était la seule
question, on pourrait comprendre à la rigueur que le gouvernement nous
dise que, sur la question posée, le 24 janvier, par le chef de
l'Oppo-sition, les recherches étaient complexes.
Mais comment expliquer qu'après deux mois et demi, aux questions
5 et 6 du feuilleton posées par l'honorable député des
Iles-de-la-Madeleine, nous n'ayons pas encore eu de réponse? Est-ce
qu'il était bien compliqué, M. le Président, de
répondre à la question suivante: Combien y avait-il de personnes
chargées de diverses fonctions au bureau du premier ministre et quel
était leur traitement annuel total au 15 mars 1966 et au 15 mars 1967?
La liste complète des fonctionnaires du bureau du premier ministre, mon
Dieu, en mettant ça au grand maximum, ne doit pas dépasser 50 ou
75 personnes. Est-ce qu'il est explicable qu'après deux mois et demi,
alors que nous nous apprêtions à étudier les crédits
de la fonction publique, le premier ministre n'ait pas encore trouvé le
moyen de faire préparer la liste des fonctionnaires de son propre bureau
et d'avoir la liste de ceux qui étaient là douze mois avant?
Est-ce qu'il est compréhensible qu'à la question suivante:
« Combien y a-t-il de personnes chargées de diverses fonctions aux
bureaux de tous les ministres? » Et le premier ministre nous
répond 56,000 personnes. Est-ce que je dois comprendre que le premier
ministre n'a pas saisi le sens de la question?
M. BELLEMARE: Pas celle-là.
M. JOHNSON: Pas à cette question-là.
M. LAPORTE: Pas à cette question-là, alors on n'a pas de
réponse non plus à celle-là.
M. BELLEMARE: L'autre a obtenu réponse le 7 juin.
M. LAPORTE: 56,000. M. JOHNSON: Oui.
M. LAPORTE: L'autre question, est-ce que c'était tellement
compliqué? Nous avons demandé aux divers ministres combien il y
avait de personnes à leur emploi directement attachées à
vos bureaux de ministres et quel était leur traitement annuel total?
Quels sont les noms, prénoms, fonctions, traitements et date de
nomination de chacun des membres actuels de ces bureaux? Quel montant total
chacun d'eux a-t-il reçu en rémunération additionnelle
depuis le 16 juin jusqu'au 15 mars 1967? Même dans les bureaux de
ministres le plus importants, le nombre de fonctionnaires attachés au
bureau du ministre ne doit pas dépasser dix ou douze, peut-être
une vingtaine. Et l'on va nous faire croire qu'après deux mois et demi,
il n'a pas été possible d'obtenir une seule réponse d'un
seul ministère?
M. le Président, à l'étude des documents que le
gouvernement aurait pu nous livrer, s'il avait simplement rempli sa fonction
première qui est de renseigner cette Chambre, il est bien probable que
nous aurions eu bien peu de questions à poser, que nous aurions
peut-être constaté que les ministres nouveaux et le premier
ministre, comme c'était leur droit, avaient organisé leur travail
avec un personnel nouveau, peut-être augmenté, ce que
personnellement j'aurais trouvé absolument normal. Mais devant la
négligence ou le refus de répondre à nos questions, c'est
nous qui nous posons des questions. Pourquoi? Est-ce que, devant des questions
aussi précises, devant des questions auxquelles il aurait
été aussi facile de répondre, pourquoi est-ce
qu'après cinq mois et trois jours et après deux mois et demi,
dans le cas des questions numéro 5 et 6, nous n'avons pas encore de
réponse? Et même si le premier ministre avait décidé
ce soir de déposer des réponses à ces trois questions,
nous n'aurions pas été satisfaits, parce que c'est un droit de
l'Opposition d'avoir les documents en temps utile pour les étudier, les
scruter, pour poser, si nous le jugeons à propos, des questions
additionnelles pour en savoir plus long.
Pas pour embarasser le gouvernement, pas pour nous montrer tatillons
le gouvernement a constaté que sur certaines lois, comme la Loi
de l'habitation, nous avons procédé avec toute la
célérité compatible avec l'exercice de notre
responsabilité dans l'Opposition mais simplement pour remplir le
devoir de surveil-
lance qui est le nôtre. Oh! j'imagine ce que le premier ministre
actuel, alors qu'il était le chef de l'Opposition, aurait dit si,
après cinq mois et demi, des questions qui le touchaient plus
particulièrement, parce que c'est lui et nul autre qui s'occupait
d'année en année d'étudier les crédits du Conseil
exécutif... J'aurais aimé ou je n'aurais probablement pas
aimé entendre le député de Bagot soulever la question de
privilège que je soulève ce soir.
Il aurait trouvé, monsieur, des termes aussi émouvants que
son ami et chef d'Ottawa, M. Diefenbaker, pour flétrir un gouvernement
qui a répondu à un grand nombre de questions, mais qui semble
avoir systématiquement négligé de répondre à
quelques-unes qui nous intéressent particulièrement.
Ça ne surprendra pas le gouvernement après les
questions que nous nous sommes fait poser alors que nous avions la
responsabilité de l'administration, après les problèmes
qui se sont soulevés à la transmission des pouvoirs, alors que
nous étions censés avoir fait promener la guillotine aux quatre
coins de la province de Québec que nous soyons
intéressés à savoir ce qui s'est passé depuis. Si
on a pris des moyens indirects il en est question dans un document que
nous aurons à étudier un peu plus tard pour contourner la
loi qui avait été votée par cette Chambre, actuellement,
il nous est bien impossible de nous prononcer sur ces questions-là,
parce qu'on n'a pas de réponse.
Et si nous arrivons avec des documents, si nous arrivons avec des
questions précises, je suis certain que le premier ministre va dire:
« J'aimerais bien savoir quels sont ceux qui vous renseignent chez les
fonctionnaires ». Il portera des accusations imprécises contre un
grand nombre de fonctionnaires, en prétendant qu'on a encore des
intelligences parmi ceux qui sont chargés simplement de remplir leur
devoir envers l'Etat québécois. Cela soulève toutes sortes
de problèmes, ce refus de répondre à nos questions; non
seulement ça nous empêche de remplir notre devoir normalement,
mais ça peut même nous empêcher d'utiliser des
renseignements que nous pourrions avoir d'autres sources qui,
généralement, ne sont pas confirmés, parce qu'en utilisant
ces renseignements, nous pourrions laisser planer des doutes et on entendrait
peut-être encore le premier ministre affirmer que des têtes vont
rouler. Nous voulons, nous, publiquement, ouvertement poser des questions,
obtenir des réponses sans exposer aucun fonctionnaire quel qu'il soit
à se faire dire que sa tête va rouler et sans même exposer
le premier ministre à faire des déclarations de cette nature
qu'il regrette quelques minutes après qu'il les a faites.
Alors, M. le Président, pour toutes ces raisons, je trouve que le
gouvernement particulièrement le premier ministre, parce que
ça le concerne est absolument indéfendable et que
l'Opposition serait justifiée de refuser d'étudier les postes 4
et 5 des crédits devant le manque évident de collaboration du
gouvernement.
Je me demande, après les explications très peu
convaincantes que nous a données tantôt le premier ministre,
quelles explications sérieuses il va donner à cette Chambre en sa
qualité de chef du gouvernement pour ne pas avoir répondu
à des questions aussi simples et aussi importantes pour nous.
M. JOHNSON: Evidemment, le député de Chambly vient de
prouver qu'il ferait peut-être un bon chef de l'Opposition.
M. LAPORTE: J'ai au moins prouvé que vous n'avez pas
répondu aux questions, je pense bien.
M. JOHNSON: Il a, avec une base assez peu solide, quand même
trouvé moyen de se lancer dans de grandes tirades et de poser en sauveur
de la démocratie et des privilèges des députés.
D'abord, disons tout de suite qu'il a eu tort de vouloir me prêter les
intentions, les sombres desseins qu'il a formulés. Je n'avais pas du
tout l'intention de formuler quelque reproche que ce soit envers des personnes
inconnues qui auraient ou qui n'auraient pas renseigné l'Opposition. Le
député de Chambly s'est assuré cependant que ce genre de
propos seraient quand même entendus ce soir, même si je n'avais pas
l'intention, moi, de les utiliser.
M. LAPORTE: Si je songe à ma publicité, ce n'est pas une
bonne heure.
M. JOHNSON: Il y a toujours les journaux de l'après-midi.
M. LAPORTE: Les journaux de nuit.
M. BELLEMARE: Les sorties nocturnes...
M. MICHAUD: Pas de choses nocturnes ici.
M. JOHNSON: Il y a, à la base de la grande tirade du
député de Chambly, une très grande faiblesse. Il n'a
parlé que de fonctionnaires, alors que la question du
député de Louis-Hébert, ancien premier ministre
chargé de l'adminis-
tration pendant six ans, parle non seulement des employés
réguliers mais également des employés temporaires ou
occasionnels. A moins qu'on ne sache pas lire, une réponse
complète devrait comprendre le nom de tous ceux qui, depuis le 16 juin
1966, ont été engagés à quelque titre que ce soit
comme occasionnels ou temporaires ou réguliers, ne serait-ce que pour
une heure. Tous les employés qui auraient pu être employés
par la Voirie depuis 1966. Tous les employés qui combattent les feux de
forêt, qui travaillent une journée, deux jours, dix jours. Tous
les employés temporaires ou occasionnels de l'Office de
récupération. Tous les employés occasionnels ou
temporaires des pêcheries maritimes. Tous les employés
occasionnels ou temporaires du ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche. Tous les employés occasionnels ou temporaires de quelque
ministère que ce soit, du ministère des Transports et de tous les
ministères pour ce qui est des étudiants, par exemple. La
question posée par le chef de l'Opposition couvrait tout ce qui s'est
fait comme emplois depuis le 16 juin 1966 jusqu'à la date de sa
question, soit le 24 janvier.
M. LAPORTE: Votre réponse ne vaut rien du tout.
M. JOHNSON: Si ce n'est pas ça qu'on voulait demander, on n'avait
qu'à le formuler autrement et c'est pour ça que la
trésorerie, partant de cette question, s'est mise au travail et elle a
travaillé trois mois.
Le ministre du Travail qui s'est occupé, depuis quelques
semaines, de ces problèmes de questions au feuilleton a eu une
information qu'on avait dépensé $1,200 pour trouver les documents
et les ramasser. Maintenant, il reste...
M. LAPORTE: Sur $2 milliards, même si cela coulerait $5,000, c'est
un devoir de renseigner la Chambre.
M. JOHNSON: S'il ne s'agissait que de fournir la liste des
fonctionnaires, des employés réguliers, même temporaires,
pour chacun des ministères, c'eût été facile. Le
député de Chambly a raison. Mais quand on parle de tous ces
occasionnels, de ces employés au ministère de l'Agriculture, les
employés à la Voirie qu'on engage pour une journée ou deux
dans le troisième rang de Ste-Christine, cela n'en finit plus. La
question était mal formulée. Nous avons, malgré sa
formulation, demandé à la Trésorerie de se mettre à
l'ouvrage, et la Trésorerie n'a pas fourni les réponses comme
nous les voulions, aussi clairement que nous les voulions. On voulait
considérer comme nouvel employé un ancien employé qui
changeait de fonction. Or, ça donne une image faussée de la
situation. Ce qui donne une image vraie de la situation quant au nombre
d'employés qui sont actuellement au service de la province, c'est cette
réponse fournie le 7 juin qui indique qu'il y avait, à cette
date, 56,240 employés au gouvernement et dans ses offices, commissions,
régies, syndicats, bureaux et corporations. Parce que là, on
pouvait demander à chacun des services quel était le nombre de
personnes sur votre bordereau de paie. On fait le total et on le donne à
la Chambre. On est allé plus loin dans la réponse à cette
question et on a satisfait pleinement à la demande du
député des Iles-de-la-Madeleine en indiquant combien de
fonctionnaires gagnant moins de $3,000, entre $3,000 et $4,000, $4,000 et
$5,000, $5,000 et $10,000, $10,000 et $15,000, $15,000 et $20,000 ou un salaire
ou traitement de plus de $20,000. Nous avons donné toutes ces
réponses et avec plaisir. Et nous l'aurions fait pour le chef de
l'Opposition s'il avait formulé sa question comme le
député des Iles- de-la- Madeleine l'avait formulée.
M. LAPORTE: Vous n'avez pas répondu non plus.
M. JOHNSON: Bien, voyons donc! M. LAPORTE: Cinq et six, le sept?
M. BELLEMARE: La question numéro trois, le 7 juin.
M. JOHNSON: M. le Président, cinq et six. Prenons le cas de cinq
et six. La question du député des Iles-de-la-Madeleine demande
combien il y a d'employés aux diverses fonctions au bureau du premier
ministre et quel était leur traitement annuel total a) au 15 mars 1966,
b) au 15 mars 1967. On sait que ça n'existe pas, cette classification de
bureau du premier ministre. Il y a un organisme qui s'appelle
l'exécutif. Alors, comment peut-on identifier ceux qui travaillent au
bureau du premier ministre? Si on veut avoir le nom de tous les employés
de l'exécutif avec leur fonction, on pourrait le fournir.
Deuxièmement, même si cette classification existait en fait, sinon
en droit, comment voulez-vous que je puisse répondre ou que n'importe
qui puisse dire quelles étaient, au 15 mars 1967, les personnes
chargées de diverses fonctions au bureau du premier ministre du
temps? C'est lui qui pouvait répondre à ça et non
pas son successeur. Qu'est-ce que c'est le bureau du premier ministre? Il y a
des employés qui ont leur bureau tout près du mien, mais qui ne
travaillent pas exclusivement pour moi, qui travaillent pour le Conseil
exécutif.
C'est le cas, entre autres d'un conseiller juridique à plein
temps qui non seulement travaille pour le premier ministre...
M. BELLEMARE: Ce n'est pas vrai, ça!
M. JOHNSON: ... mais qui assiste aux réunions du cabinet, qui
s'occupe de législation...
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. JOHNSON: ... qui travaille pour tous les ministères, qui est
conseiller pour plusieurs ministres sur des problèmes. Alors, est-ce
qu'on peut appeler ça un employé du bureau du premier ministre?
Cela n'existe pas. C'est inexcusable pour des gens qui ont été
six ans au pouvoir...
M. LAPORTE: Ne répondez pas...
M. JOHNSON: Il faudrait savoir formuler...
M. LAPORTE: Ne répondez pas, mais, au moins, ne nous engueulez
pas en plus de ça.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas la question, elle est mal posée.
M. JOHNSON: Un instant, je vais terminer.
M. CHOQUETTE: Si le premier ministre voulait admettre que vous arrivez
avec cette réponse-là au moment où on attaque le
problème de vos crédits. C'est assez étonnant que cela ait
été sur le feuilleton pendant cinq mois et qu'on n'ait jamais
entendu parler de ça.
M. BELLEMARE: Non, non pas cinq mois, celle-là.
M. CHOQUETTE: Au contraire, le ministre du Travail a dit qu'il faisait
des recherches pour répondre à la question, il y a
déjà plusieurs mois.
M. BELLEMARE: M. le Président, j'avais donné la
réponse.
M. JOHNSON: L'étonnement du député d'Outremont, je
le comprends. Cela l'étonné, lui de voir que des gens comme le
député de Chambly et les autres qui ont été en
Chambre si longtemps n'aient pas su formuler une question.
M. CHOQUETTE: Non, je trouve étrange...
M. JOHNSON: Cela l'étonne, ça le déçoit
puis...
M. CHOQUETTE: Non, ce n'est pas précisément mon
étonnement.
M. JOHNSON: Non?
M. CHOQUETTE: Mon étonnement, c'est qu'on nous a laissé
entendre depuis plusieurs mois qu'il y aurait une réponse donnée
à cette question-là et, au moment où il faudrait avoir la
réponse pour questionner le gouvernement en connaissance de cause,
là, le premier ministre donne une foule de raisons pour ne pas
répondre à la question. C'est ça la source de mon
étonnement.
M. BELLEMARE: Bien non!
M. LAPORTE: En fait, vous avez réussi à ne pas
répondre. Le premier ministre doit être content.
UNE VOIX: Il est content.
M. JOHNSON: Pour éviter toutes sortes d'accusations inutiles,
pour qu'on ne conclue pas à de mauvaises intentions de la part du
gouvernement, nous allons tenter de déposer des réponses à
ces questions. Si on tient absolument à la formulation actuelle, nous
répondrons en conséquence; mais, si on veut les reformuler, nous
pourrons répondre. Je pense que nous pourrons, d'ici quelque temps,
donner une réponse exacte à la question numéro 1 telle que
formulée. A ce moment-là, la session n'étant pas
terminée, mais ajournée, au moment où nous reviendrons, on
pourra faire un débat sur la question. Je n'ai pas d'objection. Il y a
cinq ou six manières d'amorcer un débat sur une question
pareille, même après que les crédits sont votés.
Alors, si, de l'autre côté, on ne sait pas comment s'y prendre,
qu'on voie l'ancien chef de l'Opposition et j'en suggérerai un moyen
d'amener un débat sur tout le problème.
M. LAPORTE: Répondez aux questions, puis laissez-nous faire avec
le reste!
M. BELLEMARE: Posez-les comme il faut! M. JOHNSON: Je dis aux gens de
l'Opposition,
M. le Président: Apprenez donc à poser des questions et
vous aurez des réponses plus rapidement.
M. LAPORTE: Oui, c'est-à-dire que je pense que vous avez appris
très vite à ne pas répondre, c'est ça qu'on
constate surtout là.
M. BELLEMARE: Non, non. On en a eu des réponses comme ça,
nous autres aussi, apprenez à en avoir. Adopté.
M. CHOQUETTE: M. le Président...
M. LAPORTE: Demain. On est pris jusqu'à l'automne, pourquoi se
ferait-on...Vous avez fait adopter une motion pour hâter la session et
vous la retardez de trois mois.
M. BELLEMARE: Non, mais c'est parce...
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'avais commencé une
intervention et on m'a dit que je devrais peut-être la faire au moment
des crédits de la direction générale des relations de
travail. Cette intervention-là porte sur le classement des
fonctionnaires...
M. JOHNSON: Le poste 4 est adopté?
M. CHOQUETTE: Non, non, je veux savoir si je pourrai intervenir lorsque
viendra la direction générale des relations de travail. Mon
intervention porte sur le classement des fonctionnaires et les griefs
d'échelons.
M. JOHNSON: Les griefs...
M. CHOQUETTE: D'échelons.
M. BELLEMARE: Cela, c'est simple.
M. JOHNSON: Oui, je n'ai pas d'objection à ce qu'on étudie
les deux, si on veut vider le problème.
M. CHOQUETTE: Alors, je pourrais le faire tout de suite. Je pense que
c'est connexe en réalité. Que je le fasse tout de suite ou plus
tard...
M. JOHNSON: Vous savez, il n'y a pas de gouvernement aussi large pour
l'Opposition que le gouvernement actuel. Le député d'Outremont,
s'il avait connu l'ancien système qui a duré jusqu'au 5
juin...
M. BELLEMARE: Un vrai corridor, et puis « drette »!
M. JOHNSON: La on se faisait « rider », comme dit le
député de Champlain, là on passait au « bat ».
Ce n'était pas drôle. Non, mais je suis d'accord, postes 4 et
5...
M. LAPORTE: Nous sommes en comité, je vais répondre de
n'importe où.
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. CHOQUETTE: Alors, M. le Président, voici ce que j'avais
à dire au sujet de l'application de la nouvelle classification qui a
été mise en vigueur par la Commission de la fonction publique et
le gouvernement. En vertu de la convention collective intervenue entre le
gouvernement et ses fonctionnaires, il a été convenu que la
Commission de la fonction publique, avec la collaboration des parties à
la convention collective, préparerait une nouvelle classification des
emplois régis par cette convention. La nouvelle classification des
emplois de fonctionnaires a été effectivement
préparée par la commission et approuvée par le
lieutenant-gouverneur en conseil. A la suite de la préparation de cette
nouvelle classification, la direction générale des relations de
travail a procédé au classement individuel des fonctionnaires, en
vertu des dispositions de l'article 1502 de la convention des
fonctionnaires.
Ce classement des fonctionnaires a donné naissance à
environ 6,000 griefs dont 1,000 environ sont des griefs d'échelons,
logés par des fonctionnaires qui, dans une classe donnée, n'ont
pas été situés à l'échelon auquel la
convention collective applicable en l'occurrence ainsi que la justice ou
l'équité leur donnent droit d'être situés.
La cause de ces quelque 1,000 griefs d'échelons est que le
classement n'a pas tenu compte de l'expérience ou de l'ancienneté
dans leur classe de tel fonctionnaire, mais seulement de leur salaire en vertu
des anciennes classifications. Le gouvernement n'a pas analysé à
son mérite le cas de chaque fonctionnaire pour déterminer s'il
n'était pas mal classé antérieurement et si la nouvelle
classification, compte tenu de son ancienneté dans sa fonction et de son
expérience, ne lui méritait pas un échelon
supérieur à celui qui pouvait lui être accordé par
la seule appréciation de son salaire antérieur.
C'est par suite d'une interprétation erronée de l'article
1502 de la convention collective que le gouvernement a refusé de tenir
compte, dans le classement de ces employés, de leur expérience
acquise ou de leur ancienneté dans leur fonction, à moins que
cette expérience acquise ou cette ancienneté ne soit
reflétée dans le sa-
laire antérieur gagné par un fonctionnaire. Ainsi, par
exemple, une sténo dactylo, ayant trois années
d'expérience et se trouvant au deuxième échelon de sa
classe en vertu de l'ancienne classification. Dans son classement en vertu de
la nouvelle classification, la direction générale des relations
de travail n'a tenu compte que de son salaire antérieur sans lui donner
le bénéfice de ses trois années d'expérience ou
d'ancienneté dans sa fonction, lesquelles lui mériteraient
d'être classée au quatrième échelon de sa classe et,
par conséquent, un salaire supérieur suivant la nouvelle
classification.
La raison invoquée par le gouvernement est la raison fallacieuse
que celui-ci n'est pas obligé de tenir compte de l'expérience
réellement acquise ou de l'ancienneté dans la fonction, mais
seulement du salaire antérieur, même si la personne était
mal placée antérieurement.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député dit dans sa phrase que
c'est la direction générale des relations du travail qui l'a
classée?
M. CHOQUETTE: Bien, le classement a été fait par le
gouvernement...
M. BELLEMARE: Non, mais il vient de dire ça. La direction
générale l'a mal classée, c'est lui qui a dit
ça.
M. CHOQUETTE: J'ai dit ça, oui,
M. BELLEMARE: Voulez-vous relire ça pour voir si c'est vrai?
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas besoin de le relire.
M. BELLEMARE: Est-ce que c'est vrai, ça?
M. CHOQUETTE: Je dis, enfin, que c'est la direction
générale des relations de travail qui en porte actuellement la
responsabilité.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas de même que ça s'est fait.
M. CHOQUETTE: En tout cas, le classement est fait par le
gouvernement.
M. BELLEMARE: Ah! ce n'est pas signé par le député
d'Outremont.
M. CHOQUETTE: C'est signé par moi-même, ne vous
inquiétez pas.
M. BELLEMARE: Ah oui! je connais le gars qui l'a signé.
M. CHOQUETTE: Bon, cette interprétation de l'article 15.02 est
erronée pour trois raisons principales. Premièrement...
M. BELLEMARE: C'est bien lui, ça.
M. CHOQUETTE: ... la première phrase de l'article 15.02 se lit
comme suit: « Le classement des employés, conformément
à la classification visée au paragraphe 15.01, sera fait avant le
1er janvier 1967. » Le classement doit donc se faire conformément
à la classification établie par la Commission de la fonction
publique. Or, cette classification, si on l'examine, tient compte, dans les
échelons, des années d'expérience dans une fonction. Le
gouvernement se doit donc de tenir compte des années d'expérience
dans la fonction accomplie par un employé dans le classement par
échelons et pas seulement du salaire antérieur, car celui-ci peut
ne pas refléter l'expérience réellement acquise et
l'ancienneté dans la fonction.
Deuxièmement, dans le cas d'un nouvel employé, la
classification établie par la Commission de la fonction publique tient
compte de l'expérience passée de tel nouvel employé.
Ainsi, à titre d'exemple, la fonction numéro 418 de la
classification de 57 corps de fonctionnaires. Le nouveau classement si
on devait suivre le raisonnement adopté par le gouvernement ne
tiendrait pas compte du facteur de l'expérience proprement dite dans le
cas d'employés travaillant pour le gouvernement, alors que la
classification établie par la Commission de la fonction publique en
tiendrait compte dans le cas de nouveaux employés du gouvernement. Cette
conception est manifestement absurde puisqu'elle conduit à un traitement
moins favorable à l'égard des fonctionnaires actuels du
gouvernement par rapport à de nouveaux fonctionnaires.
Troisièmement, l'article 15.05 de la convention collective des
fonctionnaires tient compte pour l'avenir de l'expérience acquise et de
l'ancienneté dans la fonction. Il se lit comme suit: « Nul
employé ne peut bénéficier de plus d'un avancement
d'échelon ( augmentation statutaire) par année. » Par
conséquent, la convention énonce que l'expérience d'un
fonctionnaire lui permet de gravir les échelons de sa classe à
raison d'un échelon par année et ainsi de
bénéficier de l'augmentation statutaire qui s'attache à
chaque nouvel échelon.
Pourquoi tenir compte de l'expérience à venir pour
accorder de l'avancement suivant les échelons et ne pas tenir compte de
l'expérience passée dans le classement initial d'un
fonctionnaire?
L'article 34 de la Loi de la fonction publique n'a aucune application
dans le cas actuel. Il ne s'agit pas de nomination à une fonction
supérieure ou de promotion, cas dans lesquels, en vertu de l'article 34,
l'ancienneté ne compte pas, excepté chez les ouvriers. Lorsqu'un
fonctionnaire passe d'un échelon à l'autre, il ne s'agit pas de
promotion ou de nomination à une fonction supérieure.
La politique du gouvernement est donc de perpétuer dans le
nouveau classement les erreurs de classement existant en vertu de la
classification antérieure, ce que nous déplorons vivement. Cette
politique crée des inégalités entre employés du
gouvernement ayant le même nombre d'années de service ou
d'expérience dans une fonction. Même si le gouvernement avait
raison juridiquement en vertu des textes de la convention collective, il est
clair que de s'attacher au texte de la convention, sans égard aux
injustices qui pourront en résulter, ne pourra que créer un
profond malaise dans la fonction publique et affecter sérieusement le
rendement des employés de la province.
Dans la mise en vigueur d'une nouvelle classification, il importe de
respecter deux règles fondamentales: a) respecter les droits acquis des
employés en fonction, de telle sorte qu'un employé, malgré
qu'il ait été antérieurement surclassé, ne subisse
aucune baisse de salaire par suite de la mise en vigueur de la nouvelle
classification. Ce principe a été énoncé et reconnu
par la convention collective des fonctionnaires. b) grouper dans chaque classe
les employés accomplissant le même travail, et à chaque
échelon de chaque classe, les employés ayant la même
expérience ou ancienneté dans la fonction. Ce principe n'a pas
été respecté par le gouvernement, ce qui permet que des
inégalités se perpétuent entre employés du
gouvernement accomplissant la même fonction, ayant la même
expérience dans cette fonction et risque de compromettre gravement les
bienfaits résultant de la nouvelle classification, le moral des
employés et leur rendement au travail,
DES VOIX: Adopté.
M. ROY: Signé, Raymond Parent.
M. JOHNSON: M. le Président, très brièvement, tout
d'abord disons qu'il a pu y avoir des erreurs lorsque des employés,
individuellement, ont été placés par leur chef de service
dans un des casiers prévus dans les nouvelles classifications et,
deuxièmement, il y a des plaintes dont le député s'est
fait le porte-parole, comme c'est son droit. Il sera Intéressé
d'apprendre qu'il y a eu entente entre la direction générale et
les unions pour faire une cause-type qui sera, selon la convention, entendue,
et du jugement sur cette cause-type, évidemment, dépendra le sort
des autres personnes qui prétendent à tort ou à raison
qu'on devait, en plus de les caser selon le travail qu'elles accomplissent,
leur accorder des années d'expérience dans leur fonction. Alors,
il y a une cause-type au sujet de laquelle on a convenu de faire une audition,
selon la convention. Du jugement qui en sortira, évidemment,
dépendra le sort de tous ceux qui formulent cette plainte dont le
député nous a fait part ce soir et que nous connaissons bien,
évidemment.
M. CHOQUETTE: M. le Président, évidemment, la cause-type
peut aboutir à un jugement qui réglera les autres causes, mais
d'un autre côté, il ne faut pas oublier que, dans le jugement qui
sera rendu sur la cause-type, le juge ou l'arbitre qui entendra ce grief se
basera sur le texte de la convention collective. Or, j'ai soumis dans mon
argumentation tout à l'heure que non seulement, me semble-t-il, la
convention collective donnait raison en principe à ceux qui faisaient
des griefs d'échelon, mais que, même si le texte de la convention
collective ne les favorisait pas, nous arriverions à un résultat
désastreux, si le gouvernement voulait maintenir des différences
entre des employés ayant le même nombre d'années
d'expérience dans une fonction et ne pas leur accorder le même
échelon.
Supposons que vous avez une sténo dactylo qui a trois ans
d'expérience et vous en avez une qui a la même expérience,
il faut les situer au même échelon dans la classification de
sténo dactylo. Si on les situe à des échelons
différents, à ce moment-là, on va arriver à
créer de la bisbille entre ces deux sténos-là, à
créer une inégalité qui va se ressentir dans le travail
des employés du gouvernement, et c'est pourquoi je prétends que,
même si le gouvernement avait raison sur l'interprétation de la
convention collective, il ne serait pas dans l'intérêt du
gouvernement, et dans l'intérêt des fonctionnaires non plus, mais
qu'il ne serait surtout pas dans l'intérêt du gouvernement de
maintenir des inégalités entre des employés ou des
fonctionnaires ayant le même nombre d'années d'expérience
dans une fonction.
C'est ce principe-là que j'ai essayé de mettre en
lumière. Je pense que le gouvernement devrait profiter des circonstances
actuelles pour s'entendre avec le syndicat des fonctionnaires sur un
règlement global des griefs d'échelon, des quelques milliers de
griefs d'échelon. Il me semble qu'il n'y a pas réellement
intérêt à aller à l'arbitrage pour obtenir une
interprétation, parce que, même si la position du gouvernement est
maintenue, l'effet sera à mon avis défavorable sur le rendement
des fonctionnaires impliqués.
Ce n'est pas uniquement une question de droit. C'est une question du
moral des fonctionnaires dans la fonction publique.
M. JOHNSON: Adopté. M. BELLEMARE: Adopté.
M. LAPORTE: Un instant, M. le Président, sur les articles 4 et 5,
un rapport a été soumis au premier ministre par le syndicat des
fonctionnaires provinciaux de Québec et j'aimerais à poser un
certain nombre de questions. Je me demande puisque ça pourrait
prendre un certain temps s'il ne serait pas préférable que
nous reprenions cette étude demain après-midi à trois
heures.
M. BELLEMARE: Non, ça ne peut pas être bien long, on a les
réponses.
M. LAPORTE: Je comprends, mais nous, on a peut-être un plus grand
nombre de questions, alors...
M. BELLEMARE: Bien non, on va répondre.
M. LAPORTE: M. le Président, à la page 4 du rapport qui a
été soumis au premier ministre, il est dit que l'on
s'était entendu, afin de faciliter l'application de la convention, pour
publier conjointement un manuel d'explications, que ce manuel d'explications a
été préparé par le service technique du syndicat
des fonctionnaires provinciaux.
M. JOHNSON: Quelle page?
M. LAPORTE: Page 4. Au bas de la page.
Ce manuel d'explications a été préparé par
le service technique du syndicat, il a été soumis à un
conseiller juridique du gouvernement qui a accepté ce manuel
d'explications et le rapport dit que, beaucoup plus tard, la Direction
générale des relations de travail a refusé de
l'entériner. Est-ce que je pourrais deman- der au premier ministre si ce
document qui s'appelle Manuel d'explications, pour faciliter l'application
d'une convention de travail extrêmement complexe, a été
entériné par la Direction générale des relations de
travail et, sinon, si l'on se propose de l'entériner prochainement?
M. JOHNSON: M. Gérin me fait part qu'il n'était pas encore
en fonction lorsque ce refus d'adopter ce manuel a été
communiqué au syndicat. Est-ce que c'était convenu dans la
convention que les deux parties devaient rédiger et publier
conjointement un manuel d'explications? Je ne retrouve pas ça dans la
convention. Je ne sais pas à quel article de la convention on peut
s'accrocher pour dire que le gouvernement du temps avait convenu de publier
conjointement avec les syndicats un manuel d'explications.
M. LAPORTE: Ce n'était pas compris dans la convention, mais le
texte que je cite au premier ministre et qu'il a certainement devant lui,
à la page 4, dit: « Afin de faciliter l'application desdites
conventions, les deux parties avaient alors convenu de rédiger et de
publier conjointement un manuel d'explications. Ce manuel devait être
à l'usage de toutes les personnes qui auraient à participer
à l'application de la convention. » Ce manuel d'explications avait
sa raison d'être, étant donné, dit le syndicat que l'on a
décidé non plus de négocier au niveau des
différents ministères, mais de négocier pour des
unités de travail qui groupaient tous les ministères, ce qui
était parfaitement normal et conforme à la convention, et que
ceux qui devaient, à l'intérieur de chacun des ministères,
appliquer la convention c'est-à-dire, les sous-chefs,
généralement les sous-ministres n'étaient pas
suffisamment au courant de la façon dont la convention avait
été négociée et des implications de la
convention.
C'était pour faciliter au niveau de chacun des ministères
l'application de la convention, pour éviter que des griefs trop nombreux
ne soient formulés, que l'on s'était entendu pour préparer
ce manuel d'explication. Effectivement, ce manuel a été
préparé: il a été soumis, dit le rapport, à
un conseiller juridique qui l'aurait accepté, mais la Direction
générale ne l'a pas entériné. Et, finalement, le
manuel a été publié et diffusé par le syndicat
seul. Est-ce que le premier ministre ne jugerait pas pour la bonne
administration de la convention, pour faciliter à tout le monde le
travail. Je sais qu'il a, à quelques reprises, manifesté son
désir de voir à ce que
la convention soit non seulement respectée, mais qu'elle soit
comprise et appliquée partout que l'acceptation officielle de ce
manuel d'explications pourrait rendre service?
M. JOHNSON: M. Gérin m'informe que, de son côté, la
direction générale a constitué un cahier de directives
portant sur l'interprétation des clauses des conventions à
l'usage des organismes centraux et des ministères. Jusqu'à
maintenant, la direction a émis 66 directives dont 41 pour les
unités fonctionnaires et ouvriers, 13 pour les professionnels, 7 pour
SPEQ et 5 pour les agents de la paix. Ces directives permettent une
interprétation uniforme à travers tout le gouvernement; elles
sont émises au fur et à mesure que l'interprétation d'une
clause des différentes conventions soulève des problèmes
d'interprétation et d'application.
Il y eut un effort depuis l'arrivée de M. Raymond Gérin,
surtout, et un effort pour éduquer nos directeurs de service au
syndicalisme. Ils n'avaient pas tous une préparation bien rodée
pour l'application d'une convention. Une convention collective, ce n'est pas
une vieille tradition au gouvernement. Cela date exactement du mois de mars
1966. Cela a été adopté le 25 mars. C'est donc à
partir de ce moment-là que le gouvernement s'est déterminé
ou résigné, comme l'on voudra, à appliquer le syndicalisme
dans la fonction publique. C'était un défi de taille avec tout un
groupe de chefs non entraînés pour la plupart. Il y a des
exceptions, il y a de jeunes chefs de service qui s'y connaissent dans
l'administration où il se trouve des syndicats. Mais je songe surtout
aux directeurs de service qui ont des décades de bons et loyaux services
et qui, tout à coup, voient arriver l'union avec son directeur et les
griefs. Cela les fatigue énormément, ces gens-là. Cela
dérange leurs habitudes, les habitudes acquises depuis des
siècles au gouvernement. Alors, il ne faut pas être surpris qu'il
y ait des difficultés mais je sais que M. Gérin a réuni
les chef de service. Il les a vus. Il est venu au cabinet des ministres. M.
Parent est venu au cabinet des ministres à ma demande. Nous avons, quant
à nous, fait appel à chacun de nos collègues pour qu'ils
passent leur mot à leurs sous-chefs respectifs et tentent d'obtenir que
l'on ait une attitude positive envers l'application d'une convention collective
de travail.
Evidemment, étant réaliste, je ne suis pas du tout surpris
qu'il y ait des difficultés mais si on veut dégager le
problème de tout aspect politique, si on veut chercher d'autres effets
que du clinquant dans les journaux ou les huit colon- nes, je pense qu'il y
aura moyen de s'entendre et il serait très important qu'on apprenne
à travailler ensemble.
Et il y a un renouvellement qui s'amène déjà. La
convention n'a qu'une durée de deux ans, elle expirera au mois de mars
1968. Il faut se mettre tout de suite à l'oeuvre pour tenter de
régler les griefs. Je serais très heureux de voir
réglés les problèmes de ces 1400 ou 1500 personnes qui se
plaignent de l'échelon. Le député d'Outremont a raison, ce
n'est pas bon pour le moral des troupes quand on se voit simple soldat au lieu
de caporal ou quand on est seulement caporal quand on croit être
qualifié pour être sergent, et ainsi de suite. Alors, vous verrez
des améliorations et, quant à moi, je suis encore un
perpétuel optimiste qui s'imagine qu'entre hommes de bonne
volonté on peut s'entendre.
Maintenant, il faut quand même s'en remettre à des textes
et quand les textes prévoient des mécanismes, il faut les
utliser. Le cas est en train de se régler. J'espère que ne
tardera pas, cette décision du tribunal qui doit statuer sur le
cas-type.
M. CHOQUETTE: Je pense que l'honorable député de Chambly
tout à l'heure référait à un document que, sans
doute, M. Gérin a vu. Je ne sais pas s'il l'utilise lui-même, mais
il l'a certainement vu entre les mains des représentants du syndicat des
fonctionnaires; c'est la convention collective qui est intervenue entre le
gouvernement et les fonctionnaires avec des notes explicatives. Je pense que
c'est à ce document que le député de Chambly
référait tout à l'heure; ce sont des notes explicatives et
on a convenu, au cours de la période des négociations, de les
publier, je pense, aux frais des deux parties, pour leur usage commun, dans
l'interprétation de la convention collective. Je pense que c'est ce
document que Me Pratte avait apparemment examiné et avait trouvé
satisfaisant et qui, par la suite, n'a pas été reconnu par la
Direction générale des relations de travail comme
représentant des explications valables de la convention collective.
Est-ce que le premier ministre pourrait nous donner un éclaircissement
sur ce point-là? Est-ce que les notations qui se trouvent dans ce
document-là ne sont pas une explication valable des conditions de la
convention collective?
M. JOHNSON: Il est question d'interprétation; je ne sais pas, je
n'ai pas vu ce manuel.
Il reste que M. Gérin a, lui, un cahier de directives pour nos
chefs de service. Je ne comprends pas qu'on ne l'ait pas publié, tant
s'il est vrai qu'on avait convenu d'en publier un conjointement.
M. CHOQUETTE: L'honorable premier ministre, tout à l'heure,
référait à l'utilisation des mécanismes qui ont
été mis en place et sans doute il avait raison sur ce
point-là. Dans le mémoire des fonctionnaires, qui a
été soumis au premier ministre, on parle du mécanisme de
l'arbitrage des griefs durant la convention collective. En vertu de la
convention collective, cinq juges ont été nommés pour
entendre les griefs qui surgissent de la convention collective. Aucun de ces
juges-là on nous le signale dans le mémoire des
fonctionnaires n'a été libéré de ses
fonctions habituelles comme juge de la cour Provinciale. Ces juges sont
appelés à siéger tant comme juges de la cour Provinciale
que sur les arbitrages de griefs. Ces cinq juges ont entendu jusqu'à
maintenant 26 arbitrages et ils ont rendu huit décisions.
M. JOHNSON: Oui.
M. CHOQUETTE: Mais il y a le chiffre formidable de 809 griefs qui ont
été présentés à l'arbitrage. Je me demande
comment le gouvernement pense qu'il pourra vider le rôle de ces 809
griefs ainsi que tous les autres griefs qui surviendront par la suite avec ces
cinq juges-là, s'il ne les libère pas de leur fonction comme
juges de la cour Provinciale.
M. JOHNSON: Le député sera heureux d'apprendre que ce
problème est en voie de solution, car c'est un problème. Les cinq
juges en question n'ont pas réellement travaillé à plein
temps. Il y en a deux qui ont fait du boulot un peu c'est
mentionné à la page 7, entre autres mais dans la loi des
tribunaux judiciaires que nous avons revisée, j'espère, pour une
dernière fois hier soir, entre minuit et une heure, nous
prévoyons l'augmentation du nombre des juges de la cour Provinciale
ainsi que du nombre des juges de la cour des Sessions de la Paix.
Car on sait, il faut le dire à la décharge de ces
honorables messieurs, que ce travail additionnel d'entendre des griefs leur est
échu au moment où la juridiction a été
augmentée à $1,000 et qu'un flot de causes leur est arrivé
au point de les affoler dans certains cas. Prenons le cas, par exemple,du juge
Lippé à la demande d'Ottawa. Nous avons permis qu'il serve de
nouveau à ce bureau de fiduciaire de...
M. CHOQUETTE: Le syndicat des marins.
M. JOHNSON: ... du syndicat des marins. Alors nous allons augmenter le
nombre de juges et nous allons voir à ce qu'il y en ait un nombre
suffisant détachés et libérés pour faire ce
travail. Incidemment, j'annonce tout de suite qu'il y aura des postes d'ouverts
si le député d'Outremont veut faire une demande. Elle sera prise
en sérieuse considération.
M. CHOQUETTE: Non, je ne suis pas candidat.
M. BELLEMARE: Vous avez déjà refusé qu'on m'a
dit?
M. CHOQUETTE: Non, non, je n'ai jamais refusé!
M. JOHNSON: M. Maurice Sauvé aimerait ça venir au
provincial dans le comté d'Outremont.
M. CHOQUETTE: Non, je ne suis pas candidat.
M .LAPORTE : M. le Président, toujours dans le même
document et parlant de la direction générale des relations de
travail, le syndicat se plaint non pas que la direction générale
des relations de travail ait beaucoup de responsabilités, mais que cette
direction ait si peu de moyens. L'on cite une déclaration faite le 5 mai
1967, reproduite au journal des débats, par le premier ministre qui
déclarait ceci: « Quand j'ai obtenu du ministre du travail qu'il
me prête les services du sous-ministre adjoint, M. Raymond Gérin,
j'ai demandé à M. Gérin au bout de quelques mois: Cela va
bien? Est-ce qu'enfin on sait combien on a de fonctionnaires? Il dit: Non, on
ne l'a pas, on ne le sait pas. On essayait d'appliquer la convention collective
avec ça. M. Gérin m'a demandé: Est-ce que je pourrai avoir
le personnel additionnel pour faire une carte qui servirait sur les machines
cybernétiques pour chacun des employés? Mais j'ai dit
c'est le premier ministre qui parle: Ce n'est pas fait, ça au
gouvernement? Il dit: Non. Alors il m'a demandé six mois à 60
personnes, je pense. Alors j'ai dit c'est le premier ministre qui parle:
Engagez 120 personnes et prenez trois mois pour qu'on sache enfin et qu'il y
ait un dossier pour chaque fonctionnaire ». Et le syndicat ajoute:
« A notre connaissance, il n'y a eu, à la direction
générale des relations de travail, à l'exception du
greffier et du greffier adjoint, que l'addition de deux ou trois personnes
depuis le mois de juin 1966 ». Alors s'il est vrai que les 60 personnes
demandées par M. Gérin qui sont devenues 120 personnes offertes
par le premier ministre se
sont résumées à deux ou trois personnes, est-ce que
je peux demander au premier ministre, puisqu'il y a des crédits plus
importants prévus cette année, si l'on songe véritablement
à donner à la direction générale des relations du
travail le personnel minimum dont elle a besoin pour s'acquitter de ses
responsabilités?
M. JOHNSON: Quand à cet aspect du travail, celui qui consiste
à utiliser la mécanographie pour tenir les dossiers des
fonctionnaires à jour, il faudrait dire que c'est fait sous la direction
du conseil de la trésorerie par le centre des données
mécanographiques. Alors, ce n'est pas M. Gérin qui doit effectuer
le travail, ni même le surveiller; il n'a qu'à le commander et
attendre son tour pour que sa demande soit remplie. L'autre aspect, c'est le
nombre de personnes qui viennent assister M. Gérin. M. Gérin a
pris la direction d'une équipe de huit en s'incluant lui-même; il
y en a cinq de plus maintenant et ce sont des hommes qu'il est allé
chercher à cause de leur expérience dans le domaine de
l'application des conventions collectives.
Je ne sais s'il est complètement satisfait, je crois qu'on a
prévu une augmentation d'effectifs de 13 à 23, dix de plus.
Encore là, s'il y a un député de l'Opposition qui s'y
connaît en relations de travail et qui est intéressé
à une bonne position avec stabilité, congés statutaires,
assurance- maladie...
M. BELLEMARE: Excellent patron.
M. JOHNSON: ... excellent patron, il est le bienvenu. Parmi les
députés libéraux, là, j'en connais quelques-uns qui
feraient d'excellents employés à la direction
générale des relations du travail.
M. HARVEY: Le ministre du Travail serait bien bon; il a encore sa carte
de l'union en règle à part ça,
M. JOHNSON: Le problème avec le ministre du Travail, c'est qu'il
s'y connaît dans tellement de domaines qu'on ne sait pas quand
arrêter de lui donner des responsabilités.
M. HARVEY: Otez-lui ses deux ministères, puis envoyez-le à
la Commission des relations du travail.
M. BELLEMARE: Là, vous seriez heureux. Vous seriez content.
M. HARVEY: La Chambre se porterait mieux.
M. CHOQUETTE: M. le Président, au sujet des causes de destitution
et de révocation de promotion. Comme on le sait, c'est la Commission de
la fonction publique qui a juridiction sur ce genre de griefs, n'est-ce-pas.
Dans le mémoire des fonctionnaires, auquel le député de
Chambly a fait allusion et auquel j'ai fait allusion tout à l'heure,
l'on se plaint de la procédure qui a été suivie par la
Commission de la fonction publique dans l'audition de ces causes-là.
J'ai compris que le principal grief que les fonctionnaires soulevaient
était que la Commission de la fonction publique déléguait
quelqu'un pour entendre la preuve et ce délégué
transmettait un dossier à la Commission de la fonction publique qui,
elle, rendait son jugement ultérieurement.
Je sais que, par la Loi de la fonction publique, il est permis à
la Commission de la fonction publique de procéder de cette
façon-là, c'est-à-dire de désigner quelqu'un qui va
entendre les parties et qui va lui faire rapport. Mais je ne peux pas dire que
c'est une procédure qui me plaît en général, parce
que l'on sait très bien que celui qui entend la cause va toujours
normalement y mettre un peu de lui-même; il va prendre parti pour un
côté ou pour l'autre, c'est-à-dire qu'au fond la Commission
de la fonction publique est appelée à juger un peu sur du
out-dire, une fois que ça arrive à son niveau pour prendre la
décision.
Donc, je vois un grand nombre de possibilités d'erreurs à
cause de cette procédure-là, mais je reconnais, d'un autre
coté, que c'est peut-être inévitable à cause du
grand nombre de causes et à cause des autres responsabilités de
la fonction publique qui ne peut pas entendre, disons en « full bench
», si je peux employer l'expression, toutes les causes de
révocation de promotion ou de destitution.
Mais ce que je voudrais savoir plus précisément, c'est si,
une fois que le délégué a entendu la preuve, a entendu les
témoignages, a recueilli les documents, quand il envoie le dossier
à la Commission de la fonction publique pour que, elle, prenne une
décision, est-ce qu'il communique intégralement son dossier, le
dossier de la preuve, à celui dont on recherche la révocation ou
la destitution? Est-ce que ce fonctionnaire a un droit en quelque sorte de
regard sur le dossier tel que dressé par le délégué
enquêteur pour voir si le dossier est conforme à la preuve qui a
été faite devant le délégué?
Ma deuxième question est celle-ci: comme le signale, très
justement à mon avis, le syndicat des fonctionnaires dans son
mémoire, d'une part ou nomme un
délégué-enquêteur pour en recueillir la preuve et,
d'un autre côté, la Commission de la fonction publique a le
pouvoir
d'aller rechercher des preuves ailleurs. On fait la distinction dans le
mémoire entre obtenir la preuve et recevoir la preuve, comme
méthode d'obtenir la preuve. Obtenir la preuve voudrait dire, dans le
sens étroit du mot, là je l'emploie entre guillemets, que le
délégué-enquêteur va consulter par exemple les
collègues de l'employé qui est destitué ou va aller
consulter son patron en dehors de la présence du sujet dont il s'agit.
On va obtenir des documents hors sa présence. Ceci s'appelle «
obtenir » la preuve, entre guillemets. « Recevoir » la
preuve, c'est l'attitude un peu passive de n'importe quel tribunal qui entend
les deux parties, et les deux parties sont devant lui, et c'est de la
contradiction en quelque sorte que surgit la lumière. Or, on sait que
nos tribunaux fonctionnent traditionnellement par le système de la
réception de la preuve. Ils reçoivent la preuve. Ils ne vont pas
la solliciter, la rechercher. Alors, je voudrais donc avoir une réponse
à ces deux questions.
Premièrement, est-ce que le
délégué-enquêteur communique son dossier au complet
au fonctionnaire dont on recherche la destitution? Deuxièmement, est-ce
que le délégué-enquêteur fait plus que recevoir la
preuve? Est-ce qu'il obtient la preuve?
M. JOHNSON: M. le Président, il y a peut-être là un
problème. J'ai annoncé que j'aurai un ministère de la
Fonction publique et, à l'occasion de cette nouvelle loi, c'est un
aspect que nous étudions. Il y aura peut-être possibilité
de protéger davantage le droit de l'employé à entendre ou
à connaître la preuve qui a été
présentée contre lui afin qu'il puisse, s'il y a lieu, la
contredire.
M. CHOQUETTE: Est-ce que je comprends qu'actuellement, il ne l'a pas le
dossier.
M. JOHNSON: Non, il ne l'a pas.
M. CHOQUETTE: Il ne l'a pas. Et, est-ce que je comprends que le
délégué-enquêteur a un rôle actif...
M. JOHNSON: Il a un appel cependant. Il y a un appel au conseil des
ministres.
M. BELLEMARE: Il y a un appel au conseil des ministres.
M. CHOQUETTE: Oui, mais évidemment c'est la commission de la
Fonction publique qui recommande la destitution au conseil des ministres. Mais
je pense que le conseil des ministres a toujours suivi les recommandations de
la Commission de la fonction publique dans ces cas-là. Il n'y a pas
d'audition à proprement parler devant le conseil des ministres.
M. JOHNSON: Nous avons nommé au cabinet un comité ad hoc
pour reviser plusieurs cas et, dans chaque cas, même si c'était le
député de Sainte-Marie qui étudiait ces cas, nous avons
maintenu la décision de la commission et si le député de
Sainte-Marie avait pu trouver une seule petite raison pour renverser la
décision, voilà un député qui l'aurait
utilisée. Quand on le connaît comme moi... Il trouvait terrible
qu'on doive appliquer la loi à un moment donné. Je me souviens
d'un cas en particulier où on a découvert que quelqu'un avait
commis un...
M. CHARBONNEAU: Un faux serment 33 ans plutôt.
M. JOHNSON: ... un faux serment 33 ans plutôt.
M. CHARBONNEAU: Sans savoir la conséquence que cela avait.
M. JOHNSON: La loi est« mandataire» dans ce cas, il faut
absolument le mettre à la porte. C'est raide, ça n'a pas de sens,
mais c'est un de ces cas où la loi, jouant jusqu'à la limite,
cause des injustices au lieu de donner justice. Mais voyez-vous ça, si
on n'avait pas suivi la loi, on se serait fait accuser d'avoir
protégé quelqu'un et il y en a un député surtout
qui se serait levé en cette Chambre: Des criminels dans la fonction
publique! Des gens qui ont des dossiers judiciaires! Comment voulez-vous qu'on
obvie à de tels inconvénients de l'application d'une loi? Non,
non, je n'accuse pas une personne présente, mais même si cette
personne était présente, j'utiliserais l'expression.
Non, ce n'est pas satisfaisant. Il va falloir trouver un
mécanisme.
M. CHOQUETTE: J'irais même plus loi, M. le premier ministre. Je
dirais qu'à l'heure actuelle, si le dossier tel qu'il est recueilli par
le délégué-enquêteur... si le sujet du grief, celui
dont on recherche la destitution ne prend pas connaissance de ce
dossier-là et s'il n'a pas le droit de le voir, je soupçonne que
toute la cause serait susceptible d'être annulée par la cour
Supérieure. Comment voulez-vous que quelqu'un soit jugé en
quelque sorte sur une preuve dont il ignore des parties?
M. BELLEMARE: Est-ce que le député me
permet? Je pense qu'il ne connaît pas le mécanisme
parfaitement. Vous avez, à un moment donné, un
juge-enquêteur nommé par la Commission de la fonction publique. Un
cas particulier par exemple. Il est représenté, lui par son
avocat et son avocat suit toutes les procédures, il suit tous les
témoignages, comme l'autre, comme celui qui représente le
gouvernement le fait exactement aussi, déposant les documents qu'il a
pour l'incriminer et là, c'est un procès pur et simple devant
témoin, comme ça se produit...
M. CHOQUETTE: A ce point de vue-là, je dirai au ministre du
Travail que c'est très bien.
M. BELLEMARE: L'avocat de l'intimé prend connaissance de tous les
documents qui sont déposés, les lit, prend des notes. Il peut
même avoir à ses côtés sa propre secrétaire et
quand arrive la fin des témoignages, il y a, comme dans les cours de
justice, les plaidoiries qui peuvent durer trois, quatre ou cinq jours,
à Montréal et reprises à Québec, quipeuvent
inversement être plaidées à Montréal ou à
Québec et après...
M. LAPORTE: Devant le délégué enquêteur.
M. BELLEMARE: Devant le délégué-enquêteur,
toujours. Et toujours devant le témoin lui-même. Devant les deux
parties en cause.
M. LAPORTE: Oui, mais en autant que...
M. BELLEMARE: ... Alors à ce moment-là, c'est 61 qui
s'applique mais quand la décision est rendue...
M. LAPORTE: Le reproche majeur que l'on fait, non pas à des
fonctionnaires ou au conseil des ministres, mais disons au système, le
syndicat se plaint qu'à aucun moment du procès, pour employer le
mot qu'a utilisé le ministre, les personnes qui rendent jugement,
d'abord en première instance, la Commission de la fonction publique et
en dernière instance, le conseil des ministres...
M. BELLEMARE: A la demande de l'employé.
M. LAPORTE: ... à la demande de l'employé, qu'aucun de ces
deux-là ne prend une connaissance directe de la preuve dans presque tous
les cas. Excusez, je vais juste finir mon argumentation. Le
délégué-enquêteur, évidemment entend les deux
parties en présence des avocats: celui du gouvernement, celui du
fonctionnaire.
Il n'y a généralement pas de sténographie de prise,
dit le syndicat, c'est sur un rapport, bien fait, je ne discute pas ça,
du délégué-enquêteur que la Commission de la
fonction publique se prononce sur les documents au meilleur de son jugement,
sans l'ombre d'un doute. Si le jugement qui a été rendu par la
Commission de la fonction publique ne satisfait pas le fonctionnaire, les
mêmes documents sont envoyés au conseil des ministres qui juge en
dernière analyse.
Alors, le syndicat dit que nos gens ne se sentent pas suffisamment
protégés parce que, devant un tribunal ordinaire, celui qui va
être appelé à rendre le jugement en première
instance, le juge, entend les témoins lui-même et prend
connaissance de tous les faits de la cause, pour et contre, tandis que, dans le
cas des fonctionnaires, c'est un délégué-enquêteur
qui, lui, est au courant de tout et qui fait son rapport. Lorsque nous avons
proposé cette loi à l'Assemblée législative, les
syndicats ne s'étaient pas montrés très satisfaits de ces
prescriptions et je me souviens d'avoir déclaré à
l'époque: Il me semble qu'on devrait de part et d'autre accepter de
bonne foi de mettre la loi à l'expérience pour une certaine
période.
Je pense qu'aujourd'hui cela reflète ce que nous a dit le
premier ministre il y aurait peut-être lieu d'améliorer ces
procédures pour accorder aux fonctionnaires la plus grande part possible
de justice. On dit, par exemple, que c'est un des rares cas dans nos lois
où le fonctionnaire peut être appelé à s'incriminer
lui-même. Il faudrait que le fonctionnaire soit placé dans des
conditions telles qu'il ne se sente pas écrasé par une machine
extrêmement complexe et qu'on lui accorde toute la protection possible.
Je suis convaincu que tout le monde est d'avis que ceci devrait être fait
et, dans une prochaine loi créant un ministère de la Fonction
publique, j'espère que ce pas additionnel dans la direction de la
protection du fonctionnaire pourra être franchi.
M. CHOQUETTE: Le ministre du Travail est intervenu tout à l'heure
et nous a dit que, devant le délégué-enquêteur,
toute la procédure se passait comme dans une cause ordinaire,
c'est-à-dire qu'il y avait une poursuite et une défense et les
avocats étaient présents, contre-interrogeant les témoins.
A la suite de la cause, ils faisaient un résumé ou un plaidoyer
qui est recueilli et que c'est ça qui constitue le dossier. Je pense que
c'est ça que le ministre du Travail nous a dit.
M. BELLEMARE: C'est cela.
M. CHOQUETTE: Maintenant, je me suis demandé et j'ai posé
la question tout à l'heure au premier ministre mais je n'ai pas
eu de réponse précise est-ce que en plus de cette fonction
de recueillir la preuve de cette façon-là, le
délégué-enquêteur poursuit jusqu'à un certain
point son enquête, indépendamment des parties qui sont devant lui?
Je veux dire, est-ce qu'il va chercher, par exemple, le dossier de
l'employé comme fonctionnaire? Est-ce qu'il va interroger son patron
immédiat?
Est-ce qu'il interroge ses collègues, tout ça hors de la
présence de l'accusé? Je vais l'appeler, l'accusé. Ce
n'est peut-être pas l'accusé, mais enfin, le fonctionnaire
impliqué.
M. BELLEMARE: Certainement, en vertu de l'article 13.
M. JOHNSON: J'ai entendu la question du député. C'est
l'article 14 de la Loi de la fonction publique, et ce n'est pas nous qui
l'avons édictée, cette loi-là. Elle a été
sanctionnée le 5 août 1965. Je vous demande pardon, le ministre
avait raison. C'est l'article 13.
M. CHOQUETTE: Quel article?
M. JOHNSON: La commission ou l'un de ses membres ou
délégués, instruisant une enquête, a tous les
pouvoirs et immunités d'un commissaire nommé en vertu de la Loi
des commissions d'enquête, Statuts refondus 1964. chapitre 11. Or, on
sait...
M. CHOQUETTE: Non, j'ai lu l'article. D'accord, c'est l'article, mais
cela ne veut pas dire du tout ce que vous dites.
M. JOHNSON: Ah oui!
M. CHOQUETTE: Bien non. Cela veut dire que le
délégué-enquêteur a les pouvoirs et immunités
d'un commissaire nommé en vertu de la loi des commissions
d'enquête, d'accord. Mais dans sa façon de procéder, est-ce
qu'il procède en dehors de la connaissance des parties? Si oui, à
ce moment-là, toute la procédure est entachée
d'irrégularité.
M. JOHNSON: Voussavezqu'envertuducha-pitre 11 des Statuts refondus, la
commission d'enquête ou le commissaire-enquêteur a le droit
d'établir sa procédure.
M. CHOQUETTE: Oui, par tous les moyens légaux.
M. JOHNSON: Il peut faire toutes les études en cabinet qu'il veut
et il peut servir tous les...
M. CHOQUETTE: Oui, oui, mais pas recueillir de la preuve.
M. JOHNSON: Statuts refondus, chapitre 11, s'il vous plaît. On
sait que...
M. CHOQUETTE: Je crois que, dans le chapitre auquel le premier ministre
réfère, on donne le droit de trouver la preuve par tous les
moyens légaux, ou une expression aussi générale que
celle-là.
M. BELLEMARE: C'est pour ça que c'est consigné dans la
loi.
M. CHOQUETTE: A mon avis, cela viole les principes fondamentaux qu'un
commissaire enquêteur aille chercher de la preuve en dehors de la
présence du principal intéressé qui va être
condamné, qui va perdre son emploi comme fonctionnaire. Je pense que
toute la procédure est à réétudier dans ce
domaine-là.
M. JOHNSON: En attendant, on pourrait trouver dans le mémoire le
paragraphe où on déclare qu'on n'a pas à se plaindre de la
façon dont cet article 13 a été appliqué.
M. CHOQUETTE: Bien, écoutez. Je ne suis pas tout à fait de
votre avis. Quand on lit, par exemple, tout ce que le syndicat dit, à
partir de la page 38 et suivantes, il se plaint justement de cette
procédure-là. Il va même bien plus loin que nous allons
ici.
Il se plaint même du fait que les jugements ne sont pas
publics.
M. JOHNSON: Voici ce que dit l'article 6 du chapitre 11: « Les
commissaires peuvent, par tous les moyens légaux qu'ils jugent les
meilleurs, s'enquérir des choses dont l'investigation leur a
été référée. » Alors, les moyens
légaux, c'est quoi? Faire venir du monde? Les interroger?
M. CHOQUETTE: En présence de la personne
intéressée.
M. JOHNSON: En vertu de quelle loi?
M. CHOQUETTE: Je pense que c'est en vertu du grand principe qu'on ne
peut pas condamner quelqu'un sur une preuve qui est faite hors sa
présence. C'est un principe de justice naturelle.
M. JOHNSON: Un principe qui n'a pas été appliqué
par les commissions nommées en vertu du chapitre 11.
M. CHOQUETTE: Cela dépend du type de commission. Supposons, par
exemple, qu'on prend une commission d'enquête qui fait simplement
recueuillir et enquêter sur le fonctionnement d'un hôpital...
M. JOHNSON: J'en connais un qui...
M. CHOQUETTE: ... qui ne rend pas une condamnation, qui ne rend pas un
jugement, qui ne rend pas un verdict. Leurs règles sont beaucoup plus
générales, beaucoup plus faciles, mais, ici, il s'agit d'une
procédure où quelqu'un va perdre son emploi, donc d'une sanction.
Je prétends que celui qui va être le sujet de la sanction doit
être présent physiquement à toutes les étapes de la
procédure de l'audition.
M. JOHNSON: Cela m'intéresse. Je suis presque d'accord avec le
député. Quand nous édlcterons la Loi créant le
ministère de la fonction publique, nous aurons certainement l'occasion
de toucher à cet aspect du problème.
Je prends note de ces remarques.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LAPORTE: Le même document, toujours, fait état des
longues négociations qui, au ministère de la Voirie, ont conduit
d'abord à une interprétation de la convention à un
rajustement des heures de travail pour un certain nombre d'ouvriers.
M. BELLEMARE: Quelle page?
M. LAPORTE: Page 20 et suivantes.
M. BELLEMARE: Page 20.
M. LAPORTE : Ceci a commencé au mois de septembre 1966,
même avant. Quelques semaines après la signature de la convention,
des pourparlers ont été entrepris. On s'est entendu, le 19
septembre, sur un compromis qui accordait des ajustements de salaires à
environ 2,000 ouvriers. Une fois l'entente conclue, l'entente
était signée par le ministre du Travail le 27 janvier
1967, l'on informait les fonctionnaires que les rajustements de salaires ne
pourraient être versés avant le 31 juillet 1967,
c'est-â-dire six mois plus tard, alors que les changements dans les
heures de travail, dans les con- ditions de travail étaient
entrés en vigueur, comme c'était normal, immédiatement.
C'est à ce moment-là que le syndicat des fonctionnaires a offert
qu'on lui envoie un chèque global pour le paiement de tous ces
rajustements, déclarant que, lui, se chargerait, dans les huit jours, de
faire parvenir à chacun des employés concernés sa part de
rajustement. Alors, je voudrais demander au premier ministre si ça a pu
être réglé plus tôt qu'on ne le pensait?
M. JOHNSON: Oui, oui, on y a vu. Sur un total de 997 cas, 49 ont
été réglés à la paie du 15 juin; 948
recevront ce qu'il leur revient d'arrérages, au plus tard le 5 juillet.
Cela devient presque de l'épargne forcée. Il y a même des
chèques de l'ordre de $2,000 qui ont été
payés...
M. BELLEMARE: Ah oui!
M. JOHNSON: ... à ces gens en arrérages. Alors, la bonne
humeur revient quand le chèque arrive.
M. BELLEMARE: Ah oui!
M. JOHNSON: Je comprends que c'était un inconvénient le
temps que ça a duré, mais, à la suite des
représentations du syndicat, M. Gérin a pris les mesures
nécessaires pour que tout soit réglé au plus tard le 5
juillet, c'est-à-dire 26 jours avant la date déjà
annoncée, soit le 31 juillet.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je voudrais poser une question au
premier ministre, s'il permet. La Commission de la fonction publique est
appelée à dresser les listes d'éligibilité pour les
promotions, n'est-ce pas? Je voudrais demander quelle est la durée de
ces listes d'éligibilité une fois qu'elles sont
dressées.
M. JOHNSON: Il n'y a pas de durée statutaire, il y en a qui
durent jusqu'à épuisement. Quand le panier est vide, on le
remplit au moyen d'un nouveau concours.
M. CHOQUETTE: Alors est-ce que ça veut dire qu'il y a des listes
d'éligibilité, par exemple, qui vont durer deux ans? Quand on a
épuisé la liste, on en confectionne une autre.
M. BELLEMARE: On demande un nouveau concours.
M. CHOQUETTE: On demande un nouveau concours.
M. JOHNSON: M. Fournier me dit qu'il n'y en a pas qui durent aussi
longtemps que deux ans, sauf si on se ramasse quatre ou cinq candidats pour le
poste de législateur à Montréal, ça pourrait durer
peut-être des décades.
M. CHOQUETTE: Est-ce que la Commission de la fonction publique a
pensé de passer un règlement en vertu duquel seraient
élégibles, par exemple, les trois premiers ou les quatre premiers
qui auraient, par ordre d'excellence, réussi au concours? Je veux dire
que la liste d'éligibilité ne serait pas uniquement une liste
générale d'éligibilité. Ce serait une liste
où ceux qui seraient éligibles pour la promotion ou la nomination
seraient les trois premiers ou les quatre premiers de la liste
d'éligibilité, suivant la pratique qui existe dans d'autres
endroits.
M. JOHNSON: On me dit que la liste est toujours établie par ordre
de mérite.
M. CHOQUETTE: Par ordre de mérite.
M. JOHNSON: Le premier nom en haut, c'est le premier de classe.
M. CHOQUETTE: Ah bon!
M. JOHNSON: Le deuxième, c'est le deuxième de classe.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LAPORTE: M. le Président, non, ce n'est pas adopté.
Est-ce qu'on peut suggérer qu'il est minuit et ajourner?
M. BELLEMARE: Non, non.
UNE VOIX: On est payé pour travailler!
M. LAPORTE: Oui, de façon que vous travaillez, vous pouvez bien
dire ça! Ce sont toujours les mêmes qui font le travail. Il me
semble qu'avec une session qui va durer encore pendant deux mois, c'est
absolument...
M. MASSE: Demandez aux autres députés libéraux de
venir vous aider!
M. LAPORTE: ... injuste.
M. MASSE: Demandez aux autres députés de venir.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il y en a encore plusieurs questions?
M. LAPORTE: J'en ai encore certainement pour une demi-heure.
M. BELLEMARE: On pourrait peut-être pour dix minutes, un quart
d'heure...
M. JOHNSON: Je n'ai pas d'objection à continuer. Demain il y a
les crédits du ministère des Richesses naturelles.
M. LAPORTE: Comment?
M. JOHNSON: Il y a les crédits du ministère des Richesses
naturelles.
M. LAPORTE: Je comprends, mais il y a demain, il y a jeudi et puis il y
a le 11 et puis il y a le 12 juillet et puis il y a le 13. Il n'y a aucune
espèce de raison sérieuse d'imposer à ces
députés qui ont fait une journée de travail
considérable de continuer à travailler après minuit.
M. BELLEMARE: Finissons-le! Ne faisons pas de débat pour
rien!
UNE VOIX: A l'ordre!
M. LAPORTE: Je pense que je n'ai jamais donné ni l'impression de
faire perdre le temps de la Chambre...
M. BELLEMARE: A l'ordre!
M. LAPORTE: ... ni de refuser de travailler quand c'était le
temps, mais je trouve que, rendu à minuit, ce n'est plus
raisonnable.
M. le Président, il avait été question, puisqu'on
parle des gens qui sont placés par ordre de mérite sur les listes
d'éligibilité, ce qui je pense avait été acquis par
la convention et qui est très bien, il était question d'organiser
des programmes de perfectionnement et de recyclage de la main-d'oeuvre. Je
voudrais demander je pense que c'est particulièrement au ministre
du Travail que ça peut s'adresser mais ça relève du
premier ministre, si quelque chose a pu être fait dans ce domaine. Je
sais que le syndicat fait une longue thèse pour dire combien les
fonctionnaires sont désireux d'améliorer leur sort et
d'améliorer leur classification. Est-ce qu'il y a eu des programmes de
perfectionnement mis en marche? Est-ce que le recyclage de la main-d'oeuvre a
pu être commencé à l'intérieur des cadres du
gouvernement?
M. BELLEMARE: Si le premier ministre me permet...
M. JOHNSON: Allez!
M. BELLEMARE: Je n'ai pas besoin de vous dire que nous aussi, au
ministère du Travail, il faut passer par la fonction publique et il faut
s'astreindre aux dures réalités et que souvent les candidats qui
aspirent à certaines responsabilités ne possèdent pas
toujours les qualifications que demande la fonction publique. Je suis d'accord,
mais je pense aussi que, de ce côté-là, il y a eu
énormément de coopération pour la partie de ceux qui sont
déjà dans la boîte, comme on dit dans le métier, qui
sont déjà dans la fonction puis qui ont acquis un certain nombre
d'années d'expérience pratique. Je suis sûr que la Fonction
publique a pris ça en bonne considération et nous sommes
actuellement à organiser nos régions pilotes et notre programme
de recyclage qui, pour la main-d'oeuvre comme pour le fonctionnarisme va donner
beaucoup, va donner énormément d'avancement dans
l'intégration future des fonctionnaires qui voudront être promus
d'un poste à l'autre.
Nous avons sûrement du retard, d'accord, parce que c'est
très long. Il faut toucher un nombre considérable de
détails qu'il s'agit d'aligner avant de lancer véritablement le
mouvement.
M. LAPORTE: Mais est-ce que le ministre peut nous dire si ces
choses-là seront bientôt en marche?
M. BELLEMARE: Ah oui! d'accord. Les cours commencent le 27,
c'est-à-dire qu'ils ont commencés aujourd'hui, les cours
donnés à nos chefs pilotes de régions, nos
délégués, ni plus ni moins, de main-d'oeuvre. Ils ont
commencé aujourd'hui. Alors c'est sûrement en bonne voie de
réalisation.
M. CHOQUETTE: M. le Président, si je peux revenir à un
sujet antérieur, au sujet des listes d'éligibilité, tout
à l'heure le premier ministre me répondait qu'on épuisait
la liste d'éligibilité et puis, une fois épuisée,
qu'on en faisait une autre quand on en avait besoin. Alors je me demande
comment on peut appeler ça une liste d'éligibilité si on
procède comme ça. Supposons que 40 personnes ou 25 personnes se
présentent à un concours et qu'elles sont classées par
ordre suivant les notes qu'elles ont obtenues au concours. Alors de 1 à
25. Premièrement, on sait que celui qui fait la nomination, si c'est le
lieutenant-gouverneur ou si c'est le ministre concerné, n'est pas
obligé de choisir par ordre d'excellence suivant la liste. Il peut
choisir qui il veut sur la liste.
M. BELLEMARE: Non, non, non.
M. CHOQUETTE: Il n'est pas obligé de choisir celui qui arrive
premier au concours. Il peut choisir qui il veut sur la liste.
M. BELLEMARE: Non, non.
M. CHOQUETTE: Bien, j'aimerais savoir où, en vertu de la loi, il
est dit que le ministre est astreint à choisir celui qui réussit
le mieux au concours. Ce n'est pas dit.
M. JOHNSON: Dans la convention, oui. M. CHOQUETTE: A quel article? M.
JOHNSON: L'article 16. M. CHOQUETTE: L'article 16?
M. BELLEMARE: L'article 16-0-3. En bas de la page.
M. CHOQUETTE: Oui, c'est vrai. Mais voici la question...
DES VOIX: Bon.
M. CHOQUETTE: Je suis ici pour apprendre, aussi. Mais je voudrais savoir
ceci, c'est que lorsque tout le inonde est classé par ordre, admettons
qu'on a fait un concours pour des sténodactylos et qu'il y en a 25 qui
se sont présentées, qu'on a classées de 1 à 25,
suivant leur compétence, suivant leur résultat au concours.
Une fois qu'on a épuisé les 25, je veux dire qu'on est au
fond du baril, rendu à la 25e, supposons qu'elle aurait obtenu 25% sur
ses notes ou 33%, est-ce qu'il y a quelqu'un qui dit qu'elle n'a pas
passé l'examen?
M. BELLEMARE: Bien oui. Voyons donc!
M. CHOQUETTE: Est-ce que la commission le décide?
M. JOHNSON: La liste d'éligibilité n'est pas formée
de toutes les personnes qui se sont présentées au concours,
mais...
M. CHOQUETTE: Il y en a qui sont calés. M. JOHNSON: ... quel que
soit...
M. CHOQUETTE: Ah bon! c'est ce que je voulais savoir.
M. JOHNSON: C'est comme dans les écoles ordinaires, même
polyvalentes.
M. BELLEMARE: Il y a eu M. Masse. C'est très bien,
adopté?
M. LAPORTE: Non, non, pas adopté. M. ROY: Faites venir
Basile.
M. LAPORTE: M. le Président, il y a eu pour les ouvriers une
classification; je reviens à des délais dont j'ai parlé
tout à l'heure dans un autre groupe qui est évoqué
à la page 53 du document. Il y a eu certains problèmes;
évidemment, on imagine que, devant tout faire en même temps,
certaines choses ont dû être retardées. Il y a eu
particulièrement la classification des ouvriers et, comme ils n'avaient
pas reçu les mêmes augmentations moyennes que les autres, il
était entendu que, lorsque cette classification serait faite, ils
recevraient un ajustement. Mais voici que, pour des classifications faites
durant l'année 1966 et le début de 1967, ces ajustements ne
pourront être versés que le 31 août 1967, sinon plus tard, a
dit le syndicat. Comme le premier ministre au sujet d'autres fonctionnaires
nous a dit tout à l'heure qu'on avait pu avancer la date de plusieurs
jours, est-ce qu'il pourrait renseigner la Chambre sur ce deuxième cas
et nous dire si ces fonctionnaires auront la même surprise
agréable que les autres?
M. JOHNSON: M. Raymond Gérin m'informe que ça va bien dans
tous les ministères.
M. LAPORTE: Cela va bien, quoi?
M. JOHNSON: Cela va assez bien dans tous les ministères, sauf
celui où ils sont le plus nombreux et nous sommes à faire la
queue à la mécanographie. Les services de mécanographie
sont insuffisants pour répondre à tous les besoins qui se
multiplient à un rythme géométrique.
M. le Président, le directeur de la direction
générale des relations du travail...
UNE VOIX: Il se fait très tard.
M. JOHNSON: ... fait diligence dans ce cas-là, mais il ne peut
car il est bien prudent fixer une date, de peur,
évidemment, de ne pouvoir rencontrer son engagement. Alors, je regrette,
j'aurais aimé pouvoir donner une date, mais je pense que nous pouvons
nous fier à M. le directeur de la direction générale qui
va pousser...
M. LAPORTE: Je n'ai pas l'ombre d'un dou- te, M. le Président,
que, si l'on me demande de parler du directeur, M. Raymond Gérin, je
n'aurai que des compliments à lui faire et il semble que tous ceux qui
ont affaire à lui, que ce soit le syndicat ou la fonction publique, sont
satisfaits des hauts fonctionnaires du service de la fonction publique et du
service du bureau des relations de travail.
On regrette que l'on n'ait pas donné à ces gens les
instruments de travail suffisants pour hâter les choses. Alors, comme il
y a des augmentations de traitements assez substantielles, j'imagine que ces
problèmes pourront être réglés dans le courant de
l'année financière qui a commencé il y a quelque
semaines.
M. CHOQUETTE: J'aurais une question générale à
poser au premier ministre. Pourrait-il nour dire si le gouvernement a pris une
décision au sujet de la demande des policiers provinciaux pour obtenir
l'arbitrage obligatoire avec le gouvernement?
M. JOHNSON: Ma réponse générale c'est, non,
même si ça ne s'applique pas. La question n'est pas du tout du
ressort...
M. CHOQUETTE: Vous n'avez pas pris de décision?
M. JOHNSON: Pardon?
M. CHOQUETTE: Vous n'avez pas pris de décision?
M. BELLEMARE: Non.
M. LAPORTE: M. le Président, le dernier problème, dont je
voudrais discuter sur le ton de la conversation que j'ai voulu adopter ce soir,
est très délicat... Le problème de la fonction publique
est extrêmement complexe à cause des développements
considérables et des transformations qui ont eu lieu au cours des douze
ou quinze derniers mois. Je voudrais conserver le même ton pour le
dernier problème. Le syndicat s'est ému de la déclaration
qu'afaite le premier ministre de la province le 30 mai 1967 et qui se
résume comme ceci: «Ilsc'est-à-dire ceux qui agissent
comme secrétaires de syndicats ils font du patronage
libéral dans tous les comités de la province de Québec.
» Le journal des Débats, disent les fonctionnaires, page 3,300,
vous attribue, M. le Premier ministre, la déclaration suivante: «
Or, une fois installé au poste de secrétaire d'un syndicat, ils
font du patronage libéral dans tous les comtés de la province de
Québec » Le syndicat, après
avoir cité cette déclaration a fait le commentaire
suivant: « Nous préférons croire que la chaleur des
débats est la seule justification de cette déclaration qui
autrement nous apparaïï imprudente. » Le syndicat, dans son
mémoire soumis au premier ministre il y a relativement peu de temps,
explique comment il est à peu près impossible que l'accusation
dont il a été l'objet puisse être fondée, et c'est
surtout sur la conclusion que je veux insister. Le syndicat dit: « Si
vous avez le gouvernement des faits voulant que nos officiers
syndicaux aient utilisé ou utilisent leur mandat d'élus syndicaux
pour favoriser un parti politique ou un autre, nous ferons en sorte si,
après enquêtes, les accusations se révêlent
fondées de faire destituer de leur fonction syndicale les coupables.
» Et le syndicat ajoute: « Nous attendons de votre part le
même engagement. L'enquête demandée nous permettrait de
prouver nos accusations. »
Je demande simplement au premier ministre si, devant
l'imprécision d'une part et le sérieux d'autre part de
l'accusation qu'il a portée, c'est son intention de se rendre à
la suggestion qui a été faite de tenir une ou des enquêtes
aux endroits qu'il jugera à propos, s'il a des faits à soumettre
aux enquêteurs, comme l'espère le syndicat.
M. JOHNSON: Je n'ai pas à nier la déclaration qui est
rapportée dans le journal des Débats. Il en a été
question lors de l'entrevue avec le syndicat. On se souvient que cette
déclaration à laquelle on réfère date du mois de
mai...
M. LAPORTE: Fin de mai.
M. JOHNSON: ... alors que le syndicat avait publié des
déclarations que je trouvais, moi, enfantines. Quand on a autant de
problèmes sérieux concernant 50,000 ou 56,000 employés, on
ne pique pas, là, presque systématiquement sur un prétendu
pretit cas de patronage dans un comté ou dans l'autre. Cela donne
l'impression, à tort ou à raison, qu'on veut plutôt faire
de la politicaillerie, que du syndicalisme; je l'ai dit, d'ailleurs, aux gens
des syndicats. J'ai demandé aux députés, qui m'ont
renseigné sur plusieurs cas de patronage exercé par des officiers
du syndicat local, de m'apporter des précisions et je serai très
heureux de les transmettre aux gens des syndicats, à M. Parent, à
M. Fortin et aux autres.
Quant aux cas mentionnés par les syndicats, je dois dire
immédiatement qu'une enquête sommaire menée auprès
des ministres mentionnés ou des comtés de ministres,
établit que des syndicats auraient une preuve plutôt faible. Je
songe au cas du comté de Labelle, entre autres, au sujet des
prétendus grands scandales de patronage, qui auraient consisté
à faire réparer des machines de la Voirie à Mont-Laurier.
Or, j'ai appris que c'est à la suite de demandes de soumissions; le plus
bas soumissionnaire compétent était un homme de Mont-Laurier et
sur les quatre niveleuses qu'on a réparées, auxquelles on a, pour
être plus exact, accroché des ailes pour le déneigement, il
y en avait deux qui venaient de Mont-Laurier et deux qui venaient de
Sainte-Thérèse. Alors, si on avait fait faire le travail à
Sainte-Thérèse ou à Montréal, on aurait
été obligé de déménager deux des niveleuses
de Mont-Laurier à Montréal. Or, le grand scandale qu'un homme qui
passe pour sérieux, M. Parent, a exposé, c'a été le
favoritisme, le patronage exercé par le député ministre de
la Voirie et ça prend toute mon autorité pour empêcher le
ministre de faire ravaler leurs paroles à M. Parent et à ceux qui
l'ont ainsi accusé. On pourrait dire la même chose en ce qui
concerne les accusations relativement à une situation dans la
Beauce.
M. ALLARD: Complètement faux.
M. JOHNSON: Le député est ici et il peut,
évidemment, faire une déclaration, mais c'est faux ce qu'on a
allégué. Les journaux ont fait des titres avec ça.
M. LAPORTE: Avec votre déclaration aussi, d'ailleurs.
M. JOHNSON: Le syndicat part de là.
M. LAPORTE : Avec votre déclaration aussi, d'ailleurs.
M. JOHNSON: Ah, oui, oui. Je n'ai pas d'objection non plus.
M. CHOQUETTE: Mais dans le même mois...
M. JOHNSON: Vous savez, si on veut jouer à la politique, on
choisit très mal son terrain, car ça, c'est un terrain que je
connais.
M. MICHAUD: Qu'est-ce que vous faites à cette heure-ci?
M. JOHNSON: Si on veut faire du syndicalisme, je vais en faire
sérieusement. Mais si quelqu'un dans le syndicat, à quelque
niveau que ce soit, veut se servir du syndicalisme pour faire de la politique,
je l'attends sur le terrain
politique. Je n'ai aucune inquiétude là-dessus. Je veux
bien qu'on fasse des erreurs, qu'on se laisse influencer et qu'on cherche
peut-être à avoir des titres en montant en épingle certains
petits faits qui s'avèrent d'ailleurs faux. Mais je pense que ce
système ne peut pas mener à une véritable entente entre
les syndicats et le gouvernement, et en temps et lieu nous ferons
éclater la vérité, en détail, s'il le faut. Mais je
pense que c'est stérile, ça. Ce n'est pas la façon de
régler, il y a des problèmes tellement plus sérieux.
Il y a cinquante députés libéraux dont c'est la
responsabilité première de dénoncer ces cas de patronage,
et ils peuvent, eux, être en Chambre des porte-parole valables, mais du
« placotage », du on-dit rapporté de deuxième ou de
troisième source par le chauffeur, le « driver de la flotte
», comme on m'a dit, ce n'est pas bien solide. Le « driver de la
flotte », il ne savait pas, lui, qu'il y a eu des demandes de
soumissions. Il ne savait pas ça, mais celui qui s'en est servi pour
faire une déclaration et accrocher des manchettes aurait dû
s'informer avant. Et ce que je dis là, je n'hésite pas à
le dire face au syndicat.
M. LAPORTE : Je pense bien que le premier ministre ne tentera pas de
faire dévier le débat sur d'autres sujets que celui que nous
abordons actuellement, et je ne pense pas non plus qu'il veuille nier au
syndicat une fonction de surveillance pour ses membres. Je pense que ce serait
absolument oiseux et contraire à toute l'économie du syndicalisme
de vouloir nier au syndicat le droit de protéger ses membres. Mais ce
n'est pas exactement la discussion que nous avons ce soir.
M. JOHNSON: Je voudrais savoir en quoi ça protège un
membre d'accuser le député de Labelle d'avoir fait du
patronage.
M. LAPORTE: C'est-à-dire que c'est une des fonctions du syndicat
de travailler à chasser le plus possible, dans toute la mesure où
c'est humainement possible...
UNE VOIX: De chasser des maux.
M. CHOQUETTE: Au moins le patronage dans l'emploi, vous allez
l'admettre.
M. ALLARD: Lorsqu'un membre aussi haut placé que le
président du syndicat fait une déclaration portant une accusation
directe, je me demande si le président est réellement
sérieux. A ce moment, je crois qu'il doit vérifier ses sources
d'information et ne pas lancer d'accusations en l'air comme ce fut le cas pour
mon comté où le président, malheureusement, a
manqué de s'informer. Je ne voudrais pas lui prêter d'intention,
mais j'ai des raisons de croire qu'il a agi avec un manque de
précautions qui frise la malhonnêteté.
L'accusation qui a été portée dans mon cas
était que, dans la Beauce, on prétendait que la machinerie de la
Voirie avait été mise de côté pour favoriser les
amis du député. Les faits sont que jamais, en aucune
circonstance, la Voirie n'a demandé de mettre de côté ses
propres machines pour employer celles des amis de l'Union Nationale. Elle a
tout simplement exigé, lorsqu'elle manquait de machinerie, de se servir
de la machinerie de ceux qui en avaient. Et, si le chef syndical avait voulu
référer aux années précédentes, il aurait vu
qu'un cantonnier en 1962 a été destitué de ses fonctions
pour avoir osé se servir d'un camion qui lui appartenait en propre. Et
aujourd'hui, on accuse un député de faire du patronage alors que
je n'ai été mêlé d'aucune manière à la
décision qui a été prise par la voirie. J'imagine que M.
Parent aurait dû au moins prendre ses informations sérieusement et
ne pas porter à la légère des accusations aussi
graves.
M. LAPORTE: M. le Président, personne dans cette Chambre n'a
porté d'accusation contre qui que ce soit. Nous sommes en train de
discuter du droit qu'a le syndicat de dénoncer des faits qui lui
apparaissent comme du patronage. Si le syndicat se trompe, c'est sa
responsabilité, et je n'ai pas à le défendre, pas plus que
le premier ministre n'a à le défendre.
M. BELLEMARE: Vous avez lu l'article, tout à l'heure, dans lequel
on demande des preuves. Le ministre vient d'en donner une.
M. LAPORTE: Une petite seconde. Si on me laissait faire ma thèse
sans m'interrompre à toutes les secondes, on verrait où je m'en
vais et on s'entendrait facilement.
M. BELLEMARE: C'est cela. Mais vous avez dit ça, alors il a dit
ça.
M. LAPORTE: Dès qu'on mentionne le mot patronage, cela se met
à sauter, monsieur, comme des...
DES VOIX: Ah non!
M. LAPORTE: Alors, je dis que c'est un
problème dans la province de Québec. Pas besoin de se
faire d'illusions. Le premier ministre a dit que, de temps immémorial,
cela a été un problème, et une des façons de
régler le problème, ça a été le
syndicalisme. Ce n'est pas devenu parfait du jour au lendemain parce qu'on a
créé un syndicat. Cela n'était pas parfait avant, cela ne
l'était pas il y a vingt ans et cela ne l'était pas il y a trente
ans. Mais c'est une responsabilité commune des députés et
de ceux qui s'occupent de la chose publique de voir à ce que, avec les
années, cela se régularise et que le fonctionnaire qui entre au
gouvernement sache qu'il y entre selon des normes précises et qu'il ne
sera pas congédié quels que soient les avatars de la politique.
Je ne parle pas du gouvernement libéral ou de l'Union Nationale, je
parle des fonctionnaires du gouvernement. Nous avons une responsabilité
commune. Que l'on soit libéral ou que l'on soit de l'Union Nationale,
est-ce que cela nous enlève la responsabilité de notre serment
d'office? On peut se lever à tour de rôle, chacun notre tour,
pendant deux jours, pour dire: Dans votre temps, vous avez fait telle chose et,
dans le nôtre, on a fait telle chose. C'est clair, c'est évident.
Cela prouve que, dans la province de Québec, le mal du patronage est une
chose sérieuse. On a commencé d'un commun accord, les deux partis
puisque vous avez voté la loi comme nous autres, l'Union
Nationale on a commencé à régulariser la
situation.
M. BELLEMARE: On l'a appliqué toujours, nous.
M. LAPORTE: Ah! Vous, vous l'avez appliqué. Encore une fois, je
le dis souvent, c'est toujours la soupe au choux du voisin qui pue, jamais la
sienne, c'est clair.
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LAPORTE: Mais là on a essayé, en passant des lois,
l'une de la fonction publique, l'autre du syndicalisme, on a commencé
à régulariser la situation. On va s'entendre sur ça. Puis,
le premier ministre a été clair, quand il a reçu les
syndicats il a dit: C'est une des vocations premières de mon
gouvernement de combattre le patronage. Alors, je dis simplement que c'est un
droit du fonctionnarisme, du syndicat, de voir à ce que le patronage
soit chassé de l'administration publique, comme c'est notre
responsabilité à nous.
Si le président du syndicat, en accusant un député
quel qu'il soit n'a pas vérifié ses sources, c'est sa
responsabilité. On a le droit de le dénoncer, c'est clair, c'est
évident, il n'y a pas l'ombre d'un doute là-dessus. Mais je peux
me servir du même argument envers le premier ministre. Il a
déclaré, le 30 mai, que des secrétaires de syndicat
faisaient du patronage libéral. Puis, ce soir, il nous dit, plusieurs
semaines après avoir fait sa déclaration: J'ai demandé aux
députés qui m'en ont parlé de vérifier ça.
Quelle différence y a-t-il entre M. Parent qui n'a pas
vérifié, selon le député de Beauce, les accusations
qu'il a portées contre lui et le premier ministre, chef du gouvernement,
qui déclare que les syndiqués font du patronage libéral,
et, plusieurs semaines après, vient dire: « J'ai demandé
à mes gars de vérifier ».
M. BELLEMARE: Un instant, un instant. Le premier ministre n'a pas dit
seulement ça. Il a dit qu'après avoir pris des informations, il
avait eu en main des preuves suffisantes pour contredire...
M. LAPORTE: Je pense que vous êtes en train de compléter sa
déclaration.
M. BELLEMARE: Uninstant,iladit:Qu'est-ce que ça va nous donner?
Qu'est-ce que ça va donner au climat?
M. LAPORTE: Oui, oui, c'est très bien.
M. BELLEMARE: Il a ajouté ça, pourquoi ne le dites-vous
pas? Il a dit: Qu'est-ce que ça va donner au climat demain matin?
M. LAPORTE: C'est pour ça que je veux simplifier la discussion en
disant: Le syndicat et le premier ministre, sur un sujet précis, ne
s'entendent pas. Le premier ministre dit: J'ai déclaré, le 30
mai, que des secrétaires de syndicat faisaient du patronage
libéral ou de n'importe quelle couleur. Le syndicat prétend que
non et dit: Faites enquête, et si votre enquête
révèle que vous avez eu raison, on s'arrangera pour les
congédier, ces gars-là. Je demande au premier ministre, davant
les accusations qu'il a portées...
M. JOHNSON: Comment pourront-ils les congédier?
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. LAPORTE : Ah bien! c'est leur responsabilité à ce
moment-là...
M. JOHNSON: Ah oui, ah oui!
M. LAPORTE: ... c'est une façon d'éviter le débat.
Sans savoir ce qu'il y a dans le dossier, moi-même, je n'en ai pas la
moindre idée, je demande au premier ministre, devant l'offre du
syndicat, de faire conjointement une enquête dans tous les cas que sa
déclaration générale pouvait couvrir. Est-ce qu'il est
disposé àfaire conjointement, privément ou publiquement,
cette enquête sur les prétendus secrétaires de syndicat qui
auraient fait du patronage? C'est la seule question que je voulais lui
poser.
M. BELLEMARE: C'est tellement vrai que chez nous, dans mon
comté...
M. LAPORTE: Ah, Seigneur!
M. BELLEMARE: Un instant, c'est tellement vrai que, dans mon
comté, j'ai porté une plainte personnelle contre le chef du
syndicat avec des preuves à l'appui et le syndicat l'a
changé.
M. LAPORTE: Bon!
M. BELLEMARE: Et ça, ça prouve qu'il y en avait.
M. LAPORTE : Cela prouve qu'il y en avait dans ce
comté-là.
M. BELLEMARE: Il y en avait dans d'autres! M. LAPORTE: Cela prouve deux
choses... M. BELLEMARE: Et pire!
M. LAPORTE: Une minute là, j'avais la parole puis vous m'avez
interrompu...
M. BELLEMARE: Non, non, vous étiez assis.
M. LAPORTE: Bien, je parle assis des fois. Cela prouve deux choses: que
dans les comtés, où c'est prouvé, le syndicat est capable
de les mettre dehors. Le premier...
M. BELLEMARE: Oui, mais qu'est-ce que ça donne, demain matin,
dans les relations patronales ouvrières?
M. LAPORTE: Mais qu'est-ce que ça donne quand le chef...
M. BELLEMARE : Oui, mais on en a, puis on en a partout. Or,
actuellement, on essaie d'avoir un bon climat et c'est ça que
l'honorable premier ministre leur a dit quand on les a rencon- trés, il
y a à peine 15 jours, trois semaines: On veut essayer de vivre avec le
syndicat, sans être tracassiers; c'est ça qui compte. Et si on
veut véritablement appliquer cette politique dont, d'un commun accord,
nous avons voté la loi, c'est que le patronage nous essayons de le faire
disparaître. Mais nous ne voulons pas, non plus, qu'en travaillant dans
ce domaine-là très activement, d'autres, par exemple, qui n'ont
pas de mandat, eux qui ne se font jamais élire, viennent prendre la
place et puis nous causer des préjudices politiques...
M. LAPORTE: Ah! Vous entrez dans un domaine dangereux, là.
M. BELLEMARE: Cela, c'est dangereux, oui, parce que...
M. LAPORTE: J'aimerais bien que celui qui...
M. BELLEMARE: Vous n'étiez pas assis, vous?
M. LAPORTE: Juste une seconde, je vais vous poser une question.
M. BELLEMARE: Vous êtes encore debout!
M. LAPORTE: Je vais vous poser une question si vous me le permettez.
J'aimerais bien que celui qui a la responsabilité du ministère du
Travail dise à cette Chambre et à cette province quelle est,
à son avis, sa conception du rôle d'un syndicat dans ce
domaine.
M. BELLEMARE: Oui, mais en autant que le syndicat s'occupe de son
affaire, de l'application de la loi...
M. LAPORTE: Il s'est toujours occupé de ses affaires.
M. BELLEMARE: ... de l'application de sa convention collective, de
l'application de son décret, il fait son devoir.
M. LAPORTE: C'est ça.
M. BELLEMARE: Mais en dehors de ça, par exemple, ne pas se
servir...
M. CHOQUETTE: Mais est-ce que le ministre me permet une question?
M. BELLEMARE: Bien, mon Dieu Seigneur! est ce que c'est un
contre-interrogatoire?
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas un contre-interrogatoire. Vous avez bien peur
des contre-interrogatoires!
M. LAPORTE: Vous répondez si bien!
M. CHOQUETTE: Vous ne voulez pas que je vous pose une question?
M. BELLEMARE: M. le Président...
M. JOHNSON: Ce sont mes crédits, à moi?
M. BELLEMARE: Oui, c'est vrai. Alors je termine mon intervention au sein
de votre ministère.
M. JOHNSON: C'étaient des questions.
M. LAPORTE: Très bien. Entendez-vous; nous allons réserver
nos questions!
M. BELLEMARE: Non, non, c'est parce que c'est choquant, la
manière dont vous dites ça du premier ministre.
M. LAPORTE: C'est choquant, quoi?
M. BELLEMARE: Le premier ministre a dit ça, mais il a
ajouté tout à l'heure aussi dans sa déclaration: Nous
essayons de vivre avec vous dans l'accord et l'harmonie.
M. LAPORTE: Ce n'est pas le député de Chicoutimi, il est
capable de se défendre.
M. BELLEMARE: ... pas Chicoutimi...
M. LAPORTE: N'ayez pas peur, il est capable de se défendre. Le
député de Bagot est capable de se défendre, ne vous
inquiétez pas.
M. BELLEMARE: Non, non, mais il était en dehors de la Chambre
tout à l'heure.
M. LAPORTE: Pas besoin de le défendre.
M. CHOQUETTE: M. le Président, on conviendra au moins que le
syndicat a le droit de s'occuper du patronage dans la fonction publique,
c'est-â-dire du patronage des emplois...
DES VOIX: Quoi?
M. CHOQUETTE: Un instant. Le premier ministre tout à
l'heure...
DES VOIX: Ah!
M. BELLEMARE: Un autre, le bon puis le mauvais.
M. CHOQUETTE: Le premier ministre tout à l'heure...
M. GOSSELIN: Vous avez été à une bonne
école, ça ne fait pas longtemps que vous...
M. CHOQUETTE: ... nous a dit que ce n'était pas la fonction ou le
rôle du syndicat de s'occuper du patronage et il nous a donné
l'exemple de certaines accusations qui auraient été
proférées à l'égard du ministre de la Voirie, ce
sur quoi le député de Beauce s'est également levé
pour citer un autre cas où il aurait été injustement
accusé de patronage dans l'emploi de l'équipement. Qu'on mette
les questions de patronage dans l'achat de fournitures du gouvernement ou de
services, qu'on mette ce patronage de côté puis qu'on dise au
syndicat: Vous n'avez pas le droit de vous en occuper de celui-là,
c'est-à-dire vous n'avez pas le droit même d'en parler, je vais
admettre ça pour les fins de la discussion. Mais on admettra que le
syndicat a quand même le droit de critiquer le gouvernement sur le
patronage qui peut exister et qui peut être pratiqué par le
gouvernement dans la fonction publique et dans les emplois, comme le fait le
syndicat dans son mémoire. Et le premier ministre s'est bien
gardé de nous en parler, ainsi que le ministre du Travail, de nous
parler des accusations qui sont portées par le syndicat quant à
des fonctions qui ont été données à des partisans
reconnus de l'Union Nationale et même à des organisateurs
chevronnés. C'est à la page 81 du mémoire du syndicat des
fonctionnaires.
Alors, je pense qu'il faut reconnaître que le syndicat des
fonctionnaires a le droit d'attirer l'attention du public sur le patronage que
le gouvernement peut exercer au niveau des emplois.
M. JOHNSON: M. le Président, disons tout de suite qu'un syndicat
a, pour défendre le droit de ses membres au travail et aux promotions,
le droit de protester quand il s'aperçoit que des gens sont
employés sans qu'on suive la procédure ou reçoivent des
promotions qui ne sont pas faites selon les mécanismes prévus
dans la convention. Alors si c'est ça, d'accord. Mais que les syndicats
se plaignent qu'un contrat au sujet duquel des soumissions ont
été demandées est exécuté dans un
comté plutôt que dans un autre, ce n'est pas leur affaire. C'est
aussi simple que ça.
M. MICHAUD: ... la sécurité de l'emploi.
M. JOHNSON: Qu'ils s'occupent de leurs oignons. Quand on demande des
soumissions et que le plus bas soumissionnaire se trouve à un endroit
plutôt qu'à un autre, ce n'est pas l'affaire d'aucun des
syndicats...
M. LAPORTE: Il faut dire qu'indirectement là...
M. JOHNSON: Non, en quoi la sécurité de l'emploi peut-elle
être menacée?
M. MICHAUD: Ce n'est pas sûr!
M. LAPORTE: Je ne dis pas qu'ils ont raison d'intervenir ou qu'ils ont
tort, mais je pense que ça peut les justifier d'intervenir si, dans un
secteur de la province de Québec, il y avait du chômage et qu'on
ferait venir des gens de l'extérieur. Je pense bien qu'à ce
niveau-là ils auraient une justification morale d'intervenir.
M. JOHNSON: On fait des erreurs même, par exemple on dit que, dans
le comté de Mé-gantic, il y a un nommé Paul Rodrigue qui a
été nommé parce qu'il était organisateur. Or, ce
n'est pas dans le comté de Mégantic, il n'y a pas de Paul
Rodrigue qui a été nommé dans ce comté-là.
C'est peut-être dans un autre comté, mais ce n'est pas là.
Alors c'est quand même injuste de faire planer des soupçons.
M. CHOQUETTE: C'est dans cette liste-là que je reconnais... Je
suis familier avec ces noms-là.
M. BELLEMARE: Celui qui a de l'asphalte de...
M. BERGERON: Paul Rodrigue n'existe pas dans le comté de
Mégantic.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas la première fois... Pardon?
M. BERGERON: Paul Rodrigue n'existe pas dans le comté de
Mégantic.
M. CHOQUETTE: Mais il y a un autre Paul Rodrigue.
M. GOSSELIN: Il y a un nommé Choquette aussi.
M. JOHNSON: M. le Président, à tout
événement, la sécurité de l'emploi, les droits de
ses membres quant aux promotions, le syndicat a certainement raison de s'en
occuper, et nous ne nous plaindrons pas de ça, mais comme l'a si bien
souligne' le ministre du Travail, plus on va parler de ces vétilles et
plus on va empester l'atmosphère, alors qu'il y a le cas de milliers de
fonctionnaires à régler au chapitre des griefs et qu'il y a
56,000 employés qui dépendent de la convention. Je pense que nous
sommes prêts, nous, à travailler sérieusement avec les
syndicats, et nous n'aimerions pas vicier le climat par les discussions
interminables sur le patronage.
Alors, M. le Président, y a-t-il d'autres questions à ce
chapitre?
M. LAPORTE: M. le Président, là on retrouve le premier
ministre comme nous voudrions le voir continuellement, mais il reste que cet
homme qui ne veut pas empoisonner le climat, cet homme qui veut travailler
sérieusement à la revalorisation de la fonction publique, cet
homme qui voudrait passer l'éponge sur tout ce qui a pu se faire pour
éviter qu'on envenime les situations a déclaré le 30 mai,
publiquement, et les journaux l'ont reproduit à larges manchettes, que
des secrétaires de syndicats dans la province faisaient du patronage
libéral alors qu'ils étaient syndiqués. Si le premier
ministre veut ce soir dire que, mon Dieu, c'était dans la chaleur de la
discussion et qu'on passe l'éponge sur sa déclaration, je n'ai
pas d'objection. Mais je pense que, s'il est prêt à maintenir
cette affirmation, la seule chose qu'il pourrait normalement faire à
l'invitation du syndicat, c'est de faire une enquête conjointement avec
les syndiqués pour savoir ce qui s'est passé.
M. JOHNSON: C'est un problème à régler avec les
autorités des syndicats et non pas avec les députés de
l'Opposition.
M. LAPORTE: M. le Président... M. MICHAUD: Oh! quelle
jactance!
M. LAPORTE: ...précisément, je pense bien, à titre
de députés libéraux, nous aurions également des
questions à poser puisqu'il s'agissait de nous, et, deuxièmement,
c'est l'opinion du syndicat que je donne au premier ministre.
S'il a un problème à régler avec le syndicat? Je
veux bien, mais c'est le syndicat lui-même qui dit: Si le gouvernement
veut coopérer avec nous, nous allons faire l'enquête. Je lui
demande si ce problème qu'il a avec le syndicat, il est prêt
à le régler de la façon que lui suggère le
syndicat. Qu'il fasse enquête s'il a des preu-
ves à soumettre et les gens qui seront reconnus coupables de
patronage, de quelque couleur qu'ils soient, seront congédiés.
C'est ça le problème qu'il a à régler avec le
syndicat.
M. JOHNSON: Nous allons coopérer avec le syndicat, même au
chapitre du patronage.
M. LAPORTE: Comme d'habitude, nous n'avons pas de réponse!
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LAPORTE: Articles 4 et 5, je n'ai pas d'autres questions.
M. LE PRESIDENT: Articles 4 et 5, adoptés. Article 6.
M. LAPORTE: Conseil de l'orientation économique, je n'en ai
pas.
M. LE PRESIDENT: Article 6, adopté.
M. LAPORTE: Commission d'aménagement de Québec,
adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 7, adopté.
M. LAPORTE: Bon, il est 12 h 45, M. le Président.
M. JOHNSON: Office d'information et de publicité.
M. LAPORTE: Comment?
M. JOHNSON: Office d'information et de publicité.
M. LAPORTE : M.le Président, il est 12 h 45, remettons donc cela
à demain. Le leader du gouvernement est prêt à
ajourner.
M. JOHNSON: Ah!on termine cela.
M. BOURASSA: Juste une question au premier ministre sur le conseil
d'orientation économique. Quand les projets de loi sur l'Office du plan
et sur le conseil de développement seront-ils déposés?
M. JOHNSON: Le projet de loi est préparé, sauf quant
à sa dernière toilette juridique. Je voudrais bien pouvoir le
déposer, dès le retour le 11, mais je ne puis pas en donner
l'assurance à la Chambre.
M. BOURASSA: Merci.
M. LAPORTE: On propose l'ajournement.
M. JOHNSON: Information et publicité.
M. MICHAUD: Je suis sûr que le premier ministre, qui a une
très longue carrière politique d'ailleurs, qui a
été jalonnée et parsemée de son attachement aux
valeurs démocratiques, ne voudra pas abordant ce problème de
l'Office d'information et de publicité, discuter des crédits de
l'office en l'absence ou la quasi-absence, ou qu'il n'y a qu'un seul
journaliste à la tribune de la presse des intéressés
eux-mêmes. Mes principales critiques venant de la part des journalistes
de la tribune de la presse.
M. BERGERON: Vous ferez des conférences de presse.
M. MICHAUD: ... il serait à tout le moins normal que les
intéressés eux-mêmes soient là pour écouter
et entendre les débats.
M. ALLARD: Vous verrez que dans le journal des Débats, ils vont
prendre connaissance de tout cela, comme ils le font
généralement.
Information et publicité
M. MICHAUD: Est-ce que je dois comprendre que le premier ministre
persiste à vouloir étudier les crédits de l'Office
d'information et de publicité en l'absence des journalistes
eux-mêmes?
M. JOHNSON: Je pense que les journalistes étaient avertis depuis
très longtemps de l'intervention que se proposait de faire le
député de Gouin au chapitre de l'information et de la
publicité, mais ils ont le journal des Débats et ils sont
représentés par un très bon journaliste qui est à
la tribune et dont la ligne de tombée de l'impression n'arrive pas avant
4 heures du matin.
M. LAPORTE: C'est nous qui allons tomber. M. JOHNSON: Alors...
M. GOSSELIN: Vous allez être encore moins forts.
M. JOHNSON: Les députés de l'Union Nationale sont
très désireux d'entendre le député de Gouin.
Tantôt, on a entendu les trois coups
réglementaires donnés à coups de pétards
pour la levée du rideau.
M. MICHAUD: La voilà la direction.
M. JOHNSON: Le député de Gouin est un peu en retard pour
entrer en scène, mais nous l'attendons.
M. MICHAUD: Je voudrais bien que le premier ministre se rende compte,
lui qui a manifesté à maintes reprises au cours de sa
carrière qu'il avait une conception fort élevée du
débat public, que, persistant à vouloir étudier les
crédits de l'Office, actuellement il se rend coupable de tricherie et
d'abus de pouvoir.
M. BELLEMARE: A l'ordre!
M. MICHAUD: Cela étant dit et n'étant pas constesté
par les ministériels, j'aurais quelques remarques à faire en ce
qui concerne...
M. ALLARD: Vous n'avez jamais protesté... M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. MICHAUD: Puisque le député aune question à me
poser, je veux volontiers l'écouter.
M. ALLARD: Pour un député qui se lamente qu'on le
martyrise, vous semblez suivre la politique depuis plusieurs années, je
me demande pourquoi, M. Michaud...
M. MICHAUD: J'invoque le règlement. Il est absolument contraire
au règlement...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
UNE VOIX: Nous allons siéger jusqu'à 5 heures du
matin.
M. MICHAUD: J'invoque le règlement. Il est absolument contraire
aux prescriptions impératives de notre règlement qu'un
député ministériel, et cela prouve jusqu'à quel
point...
M. BELLEMARE: Vous perdez votre temps pour rien.
M. MICHAUD: ... les députés sont fatigués, que l'on
interpelle par leur nom propre un député vis-à-vis.
M. ALLARD: Je retire mes paroles. M. BELLEMARE: Adopté.
M. ALLARD: Je m'excuse si j'ai utilisé votre nom et que vous
n'aimez pas ça. J'aime mieux utiliser le nom de votre comté.
M. MICHAUD: Non, je n'ai pas d'objection, moi.
M. BELLEMARE: Non, pas adopté.
M. MICHAUD: Nous touchons donc là, en ce qui concerne l'Office
d'information et de publicité, à l'un des problèmes les
plus vitaux, étant donné le développement moderne des
sciences de la communication, nous touchons donc là, dis-je, à
l'un des problèmes les plus cruciaux de l'orientation des gouvernements
modernes. L'Office d'information du Québec, d'après ce que j'ai
pu voir au cours de cette année, me semble à la fois l'un des
endroits les plus mystérieux, les plus clandestins de tous les services
gouvernementaux. Tout se passe, ou a l'air de se passer, dans un climat
d'obscurité et de conspiration, d'information voilée, de
demi-renseignements, comme si l'on voulait absolument soustraire l'office
à l'inévitable et nécessaire censure de l'opinion publique
et à celle aussi des parlementaires. Il y a déjà quelques
mois, j'ai inscrit au feuilleton de l'Assemblée législative, par
exemple, une question qui se lisait comme suit, question qui apparaît au
feuilleton. 1) Relativement à la mission, appelez ça la mission,
l'enquête, le travail ou le reste, que le gouvernement a confiée
depuis le 16 juin 1966 à M. Jean Loiselle et Paul Gros d'Aillon de faire
une étude du système d'information de l'administration
gouvernementale, a) quelle est la nature exacte du mandat confié
à ces enquêteurs, b) un rapport final a-t-il été
remis aux autorités gouvernementales? Dans la négative, des
rapports préliminaires ont-ils été soumis et à
quelles dates? 2, a) à quelle date les services de MM. Loi-selle et Gros
d'Aillon ont-ils été retenus? b) sur quelle base chacun d'eux
est-il rémunéré? c) combien cette étude a-t-elle
coûté à ce jour et quel est le détail des
déboursés?
Il me semble, et j'attends une réponse du premier ministre
là-dessus, qu'avant de poursuivre l'étude des crédits...
J'aimerais avoir une réponse à cette question no 12 inscrite au
feuilleton de l'Assemblée législative. Est-ce que le premier
ministre pourrait répondre avant que...
M. JOHNSON: Quelle était la question?
M. MICHAUD: La question est celle-ci. J'avais inscrit il y a plusieurs
mois au feuilleton de l'Assemblée législative, étant
donné que nous venons discuter ce soir, cette nuit, le lendemain de la
veille, que nous venons discuter les crédits de l'Office d'information
et de publicité... Ma question était précise. Est-ce qu'il
y a une réponse à cette question inscrite au feuilleton puisqu'il
s'agit d'une enquête qu'aurait confié le gouvernement à
deux personnes sur les structures et les mécanismes de l'information
gouvernementale.
M. JOHNSON: M. le Président, nous n'avons pas confié
d'enquête à M. Paul Gros D'Anton et M. Jean Loiselle, deux
personnages que le député de Gouin connaît très
bien, et c'est pour ça qu'il n'y a pas de réponse. Nous avons
répondu la première fois que ces messieurs n'avaient pas de
contrat ni d'entente avec le gouvernement.
M. MICHAUD: M. le Président, de l'aveu même du directeur de
l'Office d'information et de la publicité, il se serait fait une
enquête sur les mécanismes de l'information gouvernementale. En
réponse à une question qui a été posée par
les journalistes, le directeur de l'office a dit qu'une enquête
était en cours.
M. JOHNSON: D'accord. Cela est vrai. Il se poursuit une enquête
par une compagnie dans laquelle ces messieurs sont intéressés,
Jean Loiselle et Paul Gros D'Aillon.
M. MICHAUD: Alors, je comprends bien que cette enquête a
été confiée à une compagnie privée qui aura
à déposer un rapport. Est-ce que le rapport a été
déposé? Il y a déjà plus d'un an que le contrat a
été confié à la compagnie. Est-ce qu'actuellement,
le premier ministre a le rapport en main?
M. JOHNSON: Non, cette compagnie a reçu un mandat et elle est
rémunérée au moyen d'honoraires. Cette compagnie nous a
fait, par MM. Loiselle et Gros D'Aillon, des suggestions que nous avons
déjà mises à exécution à l'Office
d'information et elle nous a déjà évidemment fourni
d'excellents conseils. Nous n'avons pas son rapport définitif qui
couvrira tout le domaine de l'information dans tous et chacun des
ministères et tous et chacun des organismes gouvernementaux.
M. MICHAUD: Le premier ministre aurait-il objection à dire quel
est le nom de la compagnie?
M. JOHNSON: Intermédia.
M. MICHAUD: Intermédia. Est-ce que le premier ministre pourrait
nous dire et informer la Chambre du montant des honoraires qui à ce jour
ont été versés à la compagnie
Intermédia?
M. JOHNSON: A ce jour, il y a eu un acompte de versé au montant
de $10,000.
M. MICHAUD: Au montant de $10,000, à l'a-gence de
publicité Intermédia pour un rapport.
M. JOHNSON: Ce n'est pas une agence de publicité, c'est une
agence de communications, si on veut Le député de Gouin
connaît la différence entre agence de publicité, agence de
relations extérieures et agence de communications. Ce sont des experts
en communications qui font aussi, évidemment, des relations
extérieures. Ce sont des gens qui s'y connaissent dans ce domaine des
communications. Le député de Gouin le sait, et certains
résultats en sont une preuve assez éclatante et assez cuisante
même.
Ces messieurs travaillent à honoraires, ils produisent des
comptes. Le conseil de la trésorerie en a approuvé un pour
$10,000 à ce jour.
M. MICHAUD: Donc un acompte a été versé au montant
de $10,000. Est-ce qu'il y a d'autres comptes qui ont été
produits et qui s'élèvent à plus que ce $10,000?
M. JOHNSON: Pour le moment, non. Il n'y a pas d'autres comptes.
M. MICHAUD: Bon, est-ce que le premier ministre pourrait nous dire
quelles sont les parties du rapport qui ont déjà
été mises en application?
M. JOHNSON: Oui, d'abord, j'avais demandé au directeur de
l'office du temps, M. Lorenzo Paré, de me faire un rapport sur
l'état de l'Office de l'information et de publicité. M.
Paré a fait un rapport qui était plutôt une oraison
funèbre. Il concluait d'une façon assez claire. De deux choses
l'une : tel qu'il est, l'office ne mérite pas de vivre. Son extinction
en cours doit être achevée au plus tôt.
Il disait dans ce même rapport: « L'office est né
comme un géant et il est devenu un nain qui cherche sa voie. « Ce
n'était pas du tout optimiste. M. Paré m'a, dans le temps,
déclaré qu'il ne se sentait pas le courage de réorganiser
cet office. J'ai, à ce moment-là, demandé à
Intermédia d'examiner la situation, de me faire des recommandations; on
m'a recommandé de réorganiser l'office. Je suis parti en
quête d'un
homme compétent et j'ai été extrêmement
heureux d'en trouver un qui avait une expérience extrêmement
variée et qui est doué d'une énergie formidable. Donc nous
avons décidé de remettre en selle un office qui, le géant
qu'il était, était devenu nain, comme disait M. Paré.
Ces messieurs, Gros D'Afllon et Loiselle, intéressés dans
cette compagnie qui s'appelle Intermédia, ont fait d'autres
recommandations, entre autres de tenter d'éviter la duplication. Ils ont
découvert qu'il y avait nombre de services qui faisaient le même
travail. Il y a, dans un très grand nombre de services, des gens qui
s'occupent de monter des « stands », il paraît que c'est
aujourd'hui français, des kiosques pour les expositions. On a
tenté un premier effort de coordination de tout ce travail et l'office
s'est occupé du kiosque à la foire d'Alençon. Les journaux
d'Europe ont loué cette initiative de la province de Québec et
l'assistance, qui s'est chiffrée par 37,000 personnes au kiosque du
Québec, à la foire d'Alençon, sont là des preuves
que lorsque l'office s'en occupe, c'est de beaucoup préférable et
on obtient un plus grand succès.
M. Cyr nous a demandé, oui, de coordonner tout le travail de
publicité. Il y a quatre services qui publient des cartes
routières. Cela n'a pas de sens. Chacun fait ses erreurs. Je pense que,
si on les habituait à travailler ensemble, on sortirait une bonne carte
avec moins d'erreurs.
Il y a dans chaque service des officiers d'information, des assistants,
des aménagistes. J'ai vu moi-même, lors d'une exposition
concernant plusieurs provinces et les envois de la province de Québec et
j'ai trouvé que c'était pitoyable. On fait ça avec de la
broche à foin, alors que ça serait si facile, si on coordonnait
le tout, de monter des kiosques qui seraient dans le vent et qui donneraient
une image beaucoup plus réelle de la province de Québec. C'est
à ce travail que s'appliquent, dans ce domaine, M. Cyr et son excellent
personnel.
M. MICHAUD: Est-ce que le premier ministre aurait objection à
déposer le rapport, le mini-rapport ou le rapport préliminaire de
l'Intermédia qui a suggéré précisément cette
coordination des activités de l'Office?
M- JOHNSON: On comprendra, M. le Président, que, lorsque je
consulte un conseiller juridique, par exemple, qui est payé à
honoraires, je ne dépose pas ses opinions ni ses conseils, et je pense
qu'il faudra considérer le cas d'Intermédia exactement de la
même façon. Ce sont des professionnels qui louent leurs services
au gouvernement. Comme ils les louent d'ailleurs à d'autres organismes,
je ne pense pas que je doive déposer ce rapport en Chambre.
M. MICHAUD: Est-ce qu'Intermédia loue également ses
services? Le premier ministre vient de dire qu'Mermédia loue ses
services au gouvernement. Est-ce qu'Intermédia loue également ses
services au parti de l'Union Nationale?
M. JOHNSON: Non, il n'y a pas d'entente avec le parti, avec
Intermédia.
M. DOZOIS: Cela ne regarde pas les crédits!
M. JOHNSON: D'ailleurs je ne voudrais pas que le député de
Gouin court tout de suite au chef du parti ou au président de la
Fédération libérale ou au comité de finance pour
qu'on aille retenir les services d'Intermédia avant que je ne les
retienne pour le parti de l'Union Nationale.
M. MICHAUD: Est-ce qu'il y a d'autres contrats gouvernementaux?
M. JOHNSON: Non, mais il est fort possible, vous savez, qu'on les
utilise pour le parti. Il n'y a aucune incomptabilité non plus à
ce qu'ils soient utilisés pour le parti.
UNE VOIX: Adopté?
M. MICHAUD: M. le Président, est-ce que le premier ministre
pourrait éclairer cette Chambre sur la déclaration qu'il a faite
en avril 1964, au moment de la création de l'office, quand il a dit que
l'Office de l'information et de publicité devrait être
également au service de l'Opposition. Cela a été
consigné dans le journal des Débats. Et aussi l'autre
déclaration qu'il a faite à la suite du bill 25, au sujet du
travail qu'on a qualifié dans certains milieux de travail de propagande
effectué par l'Office, déclaration à l'effet qu'il
était parfaitement normal que l'Office d'information et de
publicité ne fasse que la publicité des ministériels ou du
gouvernement. Est-ce que le premier ministre peut me dire s'il a changé
d'Idée ou si ce qu'il a dit quand il était dans l'Opposition
correspondait réellement à une chose qu'il pensait? Est-ce qu'il
peut nous éclairer là-dessus?
M. JOHNSON: Oui, c'est le 15 avril 1964, à l'occasion de
l'ouverture ou de l'inauguration de l'Office de l'information, tel que
l'avait
conçu et monté M. Montpetit, que j'avais fait certaines
déclarations que le député de Gouin utilise. Cela remplit
bien une partie de ses articles dans Sept-Jours ou ailleurs. J'avais, à
ce moment-là, demandé au chef du gouvernement qu'il mette
l'office à la disposition de l'Opposition. Le gouvernement n'a pas
obtempéré à ma demande et, maintenant que j'ai la
responsabilité d'administrer, je me rends compte pourquoi il n'a pas
obtempéré à ma demande. Le gouvernement, dans un Etat
démocratique moderne, a besoin de faire connaître au public ce
qu'il fait au jour le jour ou à la semaine. Il a droit, je crois bien,
de recourir aux moyens les plus modernes, les plus efficaces, pour diffuser de
l'information. Je sais que ce mode de procéder n'a pas plu
nécessairement à mes amis de la galerie de la presse, mais je
pense que, de plus en plus, on se rend compte que le gouvernement ne peut pas
s'en remettre uniquement au courriériste parlementaire pour diffuser de
l'information.
Il doit renseigner tous les organes d'information et nous tentons de
faire connaître à toute la population les décisions du
gouvernement en utilisant tous les moyens. Quand nous sommes en session,
lorsque nous pouvons rencontrer ces messieurs de la galerie de la presse
et nous pourrons le faire d'une façon systématique lorsque nous
serons mieux équipés nous le faisons, mais ce ne sont pas
les postes de télévision, ni tous les postes de radio qui sont
représentés à la tribune de la presse et nous croyons
qu'il est de notre devoir de renseigner les gens du Témiscamingue comme
de Rouyn-Noranda, comme du comté de Pontiac, en même temps que
nous renseignons les gens de Montréal et de Québec, de
Trois-Rivières et Sherbrooke, qui, eux, ont les moyens d'être ici
représentés par d'excellents journalistes, d'ailleurs.
M. MCHAUD: Personne ne le conteste.
M. LEDUC (Taillon): M. le Président, excusez, vous avez fini?
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. LEDUC (Taillon): Je pense bien qu'il n'y a personne de ce
côté-ci de la Chambre qui va contester au gouvernement le droit,
le devoir en fait, de se servir de l'Office d'information et de
publicité pour faire connaître ses politiques à travers la
province. Je pense bien que nous serions bien mal venus de critiquer cette
politique. Cependant, je crois que nous sommes tout à fait d'accord avec
ce que le premier ministre déclarait, le jeudi, 27 janvier 1966, alors
qu'il suggérait au gouvernement du temps de mettre l'Office
d'information et de publicité sous la juridiction du président de
l'Assemblée législative, évitant ainsi la
possibilité de partisanerie politique dans l'information, évitant
surtout d'influencer l'information d'une façon trop tendancieuse. Il
pourrait peut-être aussi donner à l'Opposition l'occasion de
bénéficier des services de l'Office d'information et de
publicité.
J'admets bien volontiers, M. le Président, que le gouvernement
aurait sûrement la part du gâteau au sein de l'office, mais je
crois que, représentant une partie de la population qui nous a
élus, qui nous a mandatés, c'est le devoir de l'Opposition de
faire valoir ses idées du mieux qu'elle le peut, mais c'est aussi le
devoir du gouvernement de faciliter la chose à l'Opposition. Et je crois
que ça serait juste et honnête que l'office d'information ait au
sein de son office, un service qui soit mis à la disposition des
députés de l'Opposition, de façon à faire
connaître l'opinion de l'Opposition, d'autant plus que, si c'était
sous la juridiction du président de la Chambre, je pense que cela
empêcherait les gens de penser que, peut-être, depuis que c'est
sous la responsabilité du Conseil exécutif, ça serait un
petit peu plus tendancieux, tandis que, sous la responsabilité du
président de la Chambre, ça serait peut-être un peu plus
objectif.
M. JOHNSON: D'abord, disons que l'office a été
transféré à l'exécutif sur la recommandation encore
de messieurs Loiselle et Gros D'Aillon selon un principe que tout le monde
admettra. Lorsque l'Office est sous la responsabilité d'un ministre, on
peut s'imaginer que ce ministre voudrait faire de la partisanerie, mais quand
c'est sous l'exécutif, c'est tout le gouvernement qui prend la
responsabilité des activités de l'Office. Et ici, il faut
distinguer entre le gouvernement et l'Assemblée législative. Le
gouvernement fonctionne à l'année. Le gouvernement agit
même quand l'Assemblée législative n'est pas en session, et
le gouvernement, même quand l'Assemblée législative est en
session, exerce une fonction qui est tout à fait différente de
celle de l'Assemblée législative.
Il n'est pas exact de dire que l'office ne sert pas l'Assemblée
législative. Ce fut une Innovation bienvenue, je n'en doute pas, par
tous les députés, les anciens surtout qui ont connu d'autres
régimes, que de faire parvenir cette revue de presse à tous les
députés et de temps à autre, une récapitulation sur
un problème particulier.
M. LEDUC (Taillon): D'accord. C'est une excellente initiative.
M. JOHNSON: Cela est déjà un service aux
députés. L'Office d'information est à mettre au
point...
M. MCHAUD: Le premier ministre disait que c'était de fournir des
précisions...
M. JOHNSON: ... un fichier central. Nous avons demandé des
crédits cette année. Ce fichier central permettra à
n'importe quel député d'appeler à l'Office d'information
et de dire: Qu'avez-vous sur tel ou tel sujet...
M. MICHAUD: Dans tel article...
M. JOHNSON: ... et en pesant sur un bouton, M. le Président, on
aura une série de cartes qui tomberont et on pourra faire parvenir une
liste de références aux députés qui le demanderont,
comme d'ailleurs les hauts fonctionnaires, les ministres qui auront besoin de
ce service. Donc, l'Assemblée législative aura sa part.
Comment le gouvernement qui doit être distingué,
évidemment, de la fonction législative exercée par
l'Assemblée législative, même si les ministres membres du
gouvernement font partie de cette Assemblée législative, comment
ce gouvernement peut-il placer ses activités sous la
responsabilité de l'Assemblée législative? Il est vrai que
dans le temps j'avais suggéré qu'on prenne cette façon de
nous rendre service, mais à ce moment-là, aucun service
n'était rendu aux députés. C'était uniquement pour
servir le gouvernement. L'Office d'information et de publicité, qui doit
d'abord relever du gouvernement, dont le gouvernement doit prendre la
responsabilité, quitte à se faire critiquer en Chambre par les
députés de l'Opposition, l'Office d'information, dis-je, est au
service non seulement du gouvernement qui en prend la responsabilité,
mais également au service des députés et au service du
grand public éventuellement.
M. LEDUC (Taillon): M. le Président, est-ce que vous me
permettriez une question?
M. JOHNSON: Mais toujours sous la responsabilité du
gouvernement.
M. COURCY: Vous envoyez des papiers. On reçoit des papiers, on
peut les classer.
M. LEDUC (Taillon): En disant que c'est aussi au service...
M. JOHNSON: En recevez-vous trop? M. COURCY: Oui.
M. LEDUC (Taillon): ... est-ce que vous pourriez décrire ce que
vous entendez comme services qui sont à la disposition des
députés? Est-ce que ce sont ceux que vous avez décrits
tantôt qui étaient, disons, l'information qui rentre chez les
députés qui lisaient la revue de la presse, par exemple, qui
serait le fichier éventuel...
M. JOHNSON: Oui.
M. LEDUC (Taillon): ... mais si ça joue des deux
côtés, l'information qui sort du parlement pour aller vers la
population...
M. JOHNSON: Je comprends le sens de la question du député
de Taillon. Le député qui se lève en cette Chambre a
d'abord le journal des Débats qui enregistre ses propos, ce que nous
n'avions pas autrefois. Deuxièmement, il a la faveur de la
présence de ces messieurs de la tribune de la presse qui publient plus
ou moins long des fois sur... Ont aussi parlé un tel et un tel et un
tel, ce qui est un peu choquant quand on est député. Mais le
député a déjà sa tribune. Est-ce qu'on veut dire
que le député pourrait expédier ses messages ou ses
communiqués par l'Office d'information? Je ne crois pas, M. le
Président, que l'Office doive être utilisé à cette
un. Ù y a les moyens de communications, des mécanismes de
transmission de nouvelles auxquels on peut s'abonner et auxquels sont
abonnés les partis politiques et même les députés
à titre individuel, entre autres le député de Gouin, le
député de Vaudreuil-Soulanges, peut-être d'autres...
M. MICHAUD: Pardon?
M. JOHNSON: Le député de Gouin n'est pas abonné
à un service de transmission de nouvelles?
M. MICHAUD: Non.
M. JOHNSON: Non, il devrait...
M. MICHAUD: Le député de Gouin abonné à un
service de transmission de nouvelles? Non, non, erreur.
M. JOHNSON: Alors le député de Gouin d'ailleurs a de
bonnes tribunes. Il a toujours Edition spéciale? Est-ce qu'il est encore
à Edition spéciale?
M. MICHAUD: Relevez les manchettes. M. JOHNSON: Relevez les
manchettes.
M. MICHAUD: Les manchettes de l'Office d'information.
M. JOHNSON: Tiens. Il a une chronique qu'on dit
intéressante...
M. MICHAUD: Fort bien faite.
UNE VOIX: Dans sept jours.
M. JOHNSON: ... dans certains milieux.
M. MICHAUD: Que vous lisez, j'espère, avec
intérêt.
M. JOHNSON: ... dans une revue, dans un périodique, un
hebdomadaire. Alors qu'est-ce qu'on veut savoir sur le bill?
M. COURCY: Répondez au député de Gouin.
M. JOHNSON: Non, je réponds au député de Taillon,
la réponse, c'est que je n'entrevois pas que l'Office d'information
puisse être au service du député, c'est-à-dire pour
la partie de la transmission de nouvelles.
M. MICHAUD: D'accord.
M. COURCY: On n'a jamais demandé ça.
M. JOHNSON: Pour la partie disons de service aux députés:
nouvelles venant par l'Office d'information, revue de presse, fichier
éventuel, d'accord. D'ailleurs, l'Opposition a un attaché de
presse, un homme d'expérience d'ailleurs, qui fait des
communiqués, qui fait du « coaching » auprès des
députés, je présume, pour la TV, comme nous en avions un
lorsque nous étions dans l'Opposition et qui nous a rendu
d'énormes services dans le temps et qui est maintenant dans des
fonctions beaucoup plus élevées. Il a de très grandes
responsabilités. En plus d'être mon secrétaire
général, il est aussi chargé de l'information à
l'exécutif. Il s'acquitte très bien de ses fonctions, je suis
heureux de le proclamer et la meilleure place... Je lui ai dit que je lui
ferais des compliments à condition qu'il ne demande pas d'augmentation
de salaire demain matin.
M. MICHAUD: On va parler tout à l'heure de ça.
M. JOHNSON: Alors l'entente est faite...
M. MICHAUD: A propos, combien le payez-vous?
UNE VOIX: Il n'est pas assez fin pour ses qualités.
M. LEDUC (Taillon): M. le Président, si on est prêt
à accepter, disons temporairement, la réponse du premier
ministre, disant qu'il n'est pas question que l'Office de l'information soit un
élément de propagande pour les députés si vous
voulez, ou leur permettant de laisser passer leurs messages en tant que
députés, est-ce que le premier ministre serait d'accord cependant
pour que l'Office d'information et de publicité puisse être
employé par le parti politique pour expliquer son attitude
vis-à-vis d'une législation, ce qui veut dire l'attitude du parti
X qui peut être, aujourd'hui, le parti libéral qui est dans
l'Opposition, l'an prochain ce sera l'Union Nationale? Est-ce que ce
parti-là peut se servir de l'Office d'information pour expliquer les
idées ou les positions prises par le parti, sans nécessairement,
à ce moment-là, exprimer l'opinion individuelle d'un ou des
députés de ce parti?
M. JOHNSON: Evidemment, il faut toujours distinguer entre le
gouvernement et le parti. Dans notre système parlementaire, le
gouvernement est formé de députés élus qui font
partie de l'Assemblée législative, mais quand ils se
réunissent dans le cabinet, ils ont une autre personnalité
juridique collective qui est celle qu'on appelle le gouvernement selon le terme
propre. C'est le gouvernement qui apporte des législations qui peuvent
être théoriquement agréées ou refusées par
l'Assemblée législative. Alors, si le gouvernement réussit
à voter une loi, le gouvernement peut déclarer qu'il a fait
adopter telle loi et que cette loi a telle ou telle portée. Il n'y a
rien, sur le terrain des principes, qui empêche le gouvernement
d'informer ainsi la population. S'il arrive que le gouvernement est de l'Union
Nationale, bien, mon Dieu, tant mieux pour la population, mais il n'est pas
nécessaire de dire que c'est le gouvernement de l'Union Nationale, car
tout le monde le sait maintenant.
M. MICHAUD: D'accord, mais est-ce que le premier ministre trouverait
normal qu'au moment où une loi est discutée devant la Chambre ou
devant les Chambres, l'Office d'information et de publicité fasse la
publicité du gouverne-
ment? Par exemple, est-ce que le premier ministre trouverait normal
qu'au cours de la discussion d'une loi à l'Assemblée
législative, des fonctionnaires de l'Office d'information et de
publicité aillent « coacher » à la
télévision des ministres du gouvernement ou des
députés, alors que la loi n'est même pas adoptée, ou
fasse publier des pavés publicitaires?
M. JOHNSON: A quoi...
M. MICHAUD: En cours de discussion.
M. JOHNSON: Non, même en cours de discussion, un ministre a le
droit d'aller à la télévision et de dire à la
population: Voici ce qu'il y a devant l'Assemblée législative et
voici pourquoi le gouvernement présente telle loi.
UNE VOIX: Ce n'est pas ça.
M. MICHAUD: Non, non. La question est très précise. Cela,
c'est normal. Le ministre, à ce moment-là, une fois que la loi a
été adoptée, peut bénéficier des services de
l'office, mais, en cours de discussion d'une loi, est-ce que les ministres ou
les députés peuvent obtenir les services de l'office?
M. JOHNSON: Obtenir les services de l'Office?
M. MICHAUD: Oui, alors que les ministres ou les députés
expriment un point de vue quand même partisan, qu'ils soient
libéraux ou de l'Union Nationale.
M. JOHNSON: Vous savez, quand un gouvernement présente un projet
de loi c'est un point de vue partisan ou non, entendons-nous
c'est le gouvernement dûment constitué, chargé d'exercer
l'autorité dans la province, qui présente devant le corps
élu, l'Assemblée législative, un projet de loi qui peut
avoir une portée considérable sur la vie des gens.
Et rien n'empêche, à mon point de vue, sur le terrain des
principes, le gouvernement d'aller expliquer à la population ce qu'il
fait, comme gouvernement, évidemment. Ce que je n'admettrais pas, c'est
qu'on se serve de ce moyen pour faire de la propagande pour un parti
plutôt que pour l'autre, mais que le gouvernement fasse connaître
son point de vue, cela est normal. Le gouvernement doit informer le peuple. Et
quand ces honorables messieurs que j'ai devant moi, étaient ministres,
entre autres l'honorable député de Chambly, qui s'en allait un
peu partout dans la province accompagné de son attaché de
presse...
M. MICHAUD: La loi n'était pas en discussion devant les Chambres.
C'est à ce moment qu'il me semble y avoir une atteinte à un des
principes fondamentaux du parlementarisme pour lequel vous avez beaucoup de
respect. Alors que le parlement ne s'est pas prononcé et que la loi n'a
pas été votée, il me semblerait anormal que l'office
puisse faire un travail de propagande partisane.
M. LAPORTE: M. le Président, j'aimerais bien que le premier
ministre nous explique sa conception de l'égalité des
députés dans cette Chambre. Lorsqu'on a discuté, par
exemple, du bill 25, il est arrivé que les discours d'un ministre et
même de deux ministres ont reçu, de la part d'un office
payé à même l'argent des contribuables, une
publicité à laquelle n'ont pas eu droit de réplique des
membres également élus par les citoyens, mais qui sont de
l'Opposition. Je demande au premier ministre quelle est sa conception de
l'égalité des députés face à l'opinion
publique. Deuxièmement, quelle est sa conception de
l'égalité des députés lorsque nous sommes en
session devant les moyens de publicité qui sont payés par les
citoyens? Troisièmement, lui qui était si chatouilleux, il n'y a
pas si longtemps, en janvier 1966, sur les dangers que la publicité se
transforme en propagande, quelle est son opinion sur les services que doit
rendre l'Office de publicité de la province de Québec lorsqu'un
sujet, normalement débattu, l'est à l'Assemblée
législative? Est-ce qu'il est d'avis, par exemple, que tous les
députés sont égaux. ... mais qu'il y en a de plus
égaux que les autres?
M. JOHNSON: Evidemment, le député de Montcalm, pour
prendre un exemple d'actualité, a deux personnalités. Il est
aujourd'hui en Chambre et il est égal. Il n'a pas plus de droits que
d'autres comme député. Mais le député de Montcalm,
comme membre du cabinet, a des responsabilités. Il est, entre autres,
lié par la solidarité ministérielle; il doit
défendre les projets que le gouvernement a décidé de
présenter. Il est, évidemment, chargé d'administrer
pendant un certain temps, il a des responsabilités que d'autres n'ont
pas.
A fortiori, lorsqu'il s'agit d'un ministre qui a un portefeuille ou deux
portefeuilles. Ce ministre, qui est député en Chambre, est
égal à tout autre et n'est pas supérieur. Mais quand il a
à présenter un projet de loi, ce n'est plus le
député de Missisquoi, ni le député de Bagot...
M. LAPORTE: D'accord.
M. JOHNSON: ... c'est le ministre...
M. LAPORTE: Il y échappe. Oui, c'estd'accord.
M. JOHNSON: ... et c'est dans la même optique que l'on a vu, par
exemple, un ministre partir avec des hauts fonctionnaires, toute une batterie
de hauts fonctionnaires pour aller vendre un projet de loi dans la province,
qui s'appelait l'opération 55, vendre le projet d'écoles
régionales. On a vu un ministre partir à travers la province avec
ses hauts fonctionnaires, voyager dans les avions du gouvernement pour aller
expliquer le bill 60 pendant que la loi avait été
déposée et qu'elle dormait là entre deux sessions.
M. MICHAUD: En admettant, M. le Président, que cela ait
été fait, est-ce que le premier ministre ne pourra pas convenir,
soyons de bon compte...
UNE VOIX: Debout! M. MORIN: Debout! DES VOIX: Debout!
M. MICHAUD: Le premier ministre ne pourrait-il pas convenir qu'au sujet
du bill 25, par exemple, il a pu y avoir des abus et est-ce qu'il n'y aurait
pas une ligne de conduite à donner à l'office qu'à
l'avenir, du moins en ce qui concerne les projets de loi qui sont pendants
devant l'Assemblée législative, il ne fasse pas un travail de
diffusion ou de propagande partisane tant et aussi longtemps que la loi ne sera
pas votée, adoptée par les Chambres et sanctionnée par le
lieutenant-gouverneur? Est-ce que l'on pourrait au moins avoir cette certitude
qu'on donne comme ligne de conduite à l'office de l'information?
M. JOHNSON: D'abord, je compte sur l'Opposition pour attirer l'attention
du public et du gouvernement sur les infractions que pourrait commettre
l'Office de publicité. Il faut admettre au départ que la ligne de
démarcation entre la publicité et la propagande est quelques fois
assez floue, aussi floue que les frontières entre le Labrador et le
Québec à certains endroits. Evidemment, l'Office d'information
doit, à mon avis...
M. LAPORTE: Vous défendez les frontières plus
vigoureusement que la propagande!
M. JOHNSON: L'Office d'information doit, selon moi, s'abstenir de faire
de la progagande, jamais de propagande. Mais, quant à la diffusion de
certains discours, peut-être qu'on pourrait ici convenir que, dans un
état de crise, au moment où le bien de la nation commande que
ceux qui ont à gouverner...
M. MICHAUD: Comment le premier ministre définit-il la
propagande?
M. JOHNSON: ... informent la population, peut-être, dans ce
temps-là, on devrait se servir de l'Office de l'information pour
diffuser des discours. Par exemple, si on avait eu la grève de
l'électricité à un état plus grave et qu'on aurait
eu à présenter un projet de loi, est-ce que, pour le bien public,
on n'aurait pas dû faire connaître le plus rapidement
possible...
M. MICHAUD: Demandez les pleins pouvoirs dans ce cas-là.
M. JOHNSON: ... pourquoi le gouvernement présente un tel projet
de loi?
M. LEDUC (Taillon): A ce moment-là, est-ce que l'Office
d'information peut aussi faire connaître l'opinion et les idées de
l'Opposition?
M. JOHNSON: Eh bien! l'Opposition ne gouverne pas, c'est cela qui est la
différence.
M. LEDUC (Taillon): Pardon, mais la population a toujours bien
élu un certain nombre de députés.
M. LAPORTE: Il faudrait laisser finir le premier ministre, car j'ai des
choses à lui dire.
M. JOHNSON: Disons qu'en règle générale, sauf en
période de crise, l'Office devrait s'abstenir de publier des discours
faits par seulement un coté. Mais en période de crise, et on en a
connu une période de crise...
M. MICHAUD: Aucune crise ne justifie ça.
M. JOHNSON: ... relativement au bill 25, et on a connu une
période de crise aussi pendant la grève des hôpitaux, je
pense qu'il faut à ce moment-là ne négliger aucun moyen
d'informer le public et d'apporter un remède à la situation qui
risquerait de tourner au drame. M. le Président, il y en a qui
soutiendront que le discours d'un ministre qui parle en tant que ministre
devrait être diffusé n'importe quand, de n'importe quelle
façon. L'on sait que le ministre peut sortir de la Chambre, convoquer
les journalistes à son bureau, faire une conférence de presse et
obtenir une diffusion
plus large qu'un député de l'Opposition. Cela, c'est
clair, normal et il peut obtenir plus de publicité qu'un
député qui aurait des idées à exprimer,
fussent-elles extrêmement intéressantes, sur le même
sujet.
M. LAPORTE: M. le Président, évidemment le premier
ministre a exprimé des opinions qui sont extrêmement
inquiétantes. La première, c'est que...
M. JOHNSON: Inquiétantes?
M. MICHAUD: Très inquiétantes.
M. JOHNSON: L'inquiétude...
M. LAPORTE: Extrêmement inquiétantes. Je vais tenter de les
résumer brièvement. D'abord, quand il dit que le gouvernement
gouverne, c'est clair.
M. JOHNSON: Le gouvernement gouverne.
M. LAPORTE: Le gouvernement gouverne, c'est évident. Mais il y a
quand même une chose qui est restée assez classique et que le chef
de l'Opposition a invoquée fréquemment et j'espère qu'il
n'a pas changé d'idée, c'est la séparation entre
l'exécutif et le législatif. Quand le gouvernement gouverne,
ça c'est l'exécutif. C'est sa responsabilité, comme membre
du Conseil exécutif, de faire toutes les conférences de presse
qu'il voudra, de s'adresser à l'opinion publique par les moyens qu'il
décide d'utiliser.
Il sera jugé sur les façons dont il le fera. Mais quand on
est au niveau du législatif, c'est complètement différent.
Nous sommes ici pour étudier des projets de loi qui, très
fréquemment, sont controversés. C'est la responsabilité du
ministre, c'est clair, de défendre son projet de loi. Mais je demande au
premier ministre: Est-ce que c'est la responsabilité de l'Office
d'information de défendre le projet de loi pour le ministre?
M. JOHNSON: Non.
M. LAPORTE: C'est ça que je lui demande. Bon, c'est clair. Alors
dans un cas particulier, on a utilisé l'Office de publicité, on
s'en est servi pour faire la lutte que le ministre aurait dû
décider de faire en Chambre avec les moyens qui sont à la
disposition de tous les députés. Je n'accepte pas personnellement
la théorie exprimée par le premier ministre à l'effet
qu'en période de crise on devrait utiliser tous les moyens qui sont
à la portée du gouvernement, que ce soit au niveau de
l'Assemblée législative ou du gouvernement, parce qu'il arrive
que c'est le même personnage, disons le premier ministre pour
résumer, que c'est le même personnage qui aura à
décider quand on est dans une période de crise.
Le premier ministre et ses ministres n'ont qu'à décider un
matin: Cette loi-là, le bill sur l'habitation, étant donné
que dans la province de Québec il y a une crise du logement grave, c'est
une période de crise, donc on utilise tous les moyens de propagande
à notre disposition. Quand arrive le bill sur
l'assurance-récolte, étant donné qu'au cours des deux,
trois dernières années, ça a coûté $25
millions au gouvernement, c'est une période de crise, donc on utilise
tous les moyens de propagande à notre disposition.
C'est inadmissible que ce soit le gouvernement qui profitera de ce genre
de publicité, qui décide lui-même quand il y a une
période de crise. Il faudrait qu'en chaque occasion le gouvernement
vienne devant l'Assemblée législative convaincre les
députés qu'il y a une crise. A ce moment-là, on
décidera d'un commun accord ou par un vote, quels seront les moyens que
le gouvernement utilisera pour atteindre l'opinion publique.
Et le troisième point que le premier ministre a fait, c'est de
dire: Les ministres, naturellement, ont à leur disposition des moyens de
publicité qui dépassent ceux d'un simple député.
Ils peuvent convoquer des conférences de presse, ils peuvent avoir
recours aux moyens ordinaires de publicité dans les journaux. Aucune
objection parce que ça, c'est à la disposition de tout le monde.
Si demain matin, le député de Bourassa, le député
de Mercier ou le député de Maisonneuve veulent convoquer une
conférence de presse, les journalistes iront ou n'iront pas, publieront
ou ne publieront pas ce qui a été dit, mais c'est un moyen qui
est à la disposition de tout le monde.
Ce que nons n'acceptons pas, c'est qu'un système de
publicité qui doit être à la disposition de l'Etat et qui
est payé par tous les contribuables de quelque parti politique qu'ils
soient, que ce moyen de publicité devienne, entre les mains d'un
gouvernement, un instrument de propagande. Et nous devrions ce soir recevoir du
premier ministre, qui l'a indiqué brièvement tout à
l'heure, l'assurance qu'à l'avenir, si une décision est prise
à l'effet de se servir de l'Office de publicité pour diffuser les
discours prononcés par un ministériel au cours d'un débat
en cette Chambre, les mêmes moyens de publicité seront mis
à la disposition de tous les membres de cette Chambre.
Ou alors le premier ministre devrait nous annoncer ce soir que cette
sorte de propagande est définitivement terminée dans la province
de Québec parce que c'est bien beau de nous dire: Ah! c'est le
rôle de l'Opposition de faire remarquer au gouvernement qu'il use ou
qu'il abuse de l'Office de publicité, mais ce qui est bien plus direct
et bien plus efficace, c'est que le premier ministre nous dise que lui,
conscient de la responsabilité extrêmement lourde qu'il a,
à cause justement de la différence très ténue entre
publicité et propagande, que le premier ministre va prendre des
dispositions pour qu'à l'Office de publicité on évite
totalement ce qui serait même teinté de propagande.
Et si le premier ministre n'a pas assez, ce que je ne crois pas
d'ailleurs, de ses responsabilités actuelles pour prendre cette
décision-là, il n'aura qu'à se rapporter aux discours
qu'il prononçait dans l'Opposition et qu'il est sérieusement
temps qu'il mette en pratique maintenant qu'il est premier ministre.
M. JOHNSON: M. le Président, très brièvement, je
voudrais dire au député de Chambly que ses exemples du bill
concernant la société d'habitation et du bill créant une
assurance-récolte, ses exemples sont très mal choisis et si un
gouvernement raisonnait comme a raisonné tantôt dans son
hypothèse le député de Chambly, eh bien, ce gouvernement
se ferait battre assez vite.
M. LAPORTE: C'est ce qui va arriver, mais ce sera pour toutes sortes de
raisons y compris celle-là, c'est clair.
M. JOHNSON: Oui, mais c'est ce qui explique peut-être la
défaite du gouvernement précédent, c'est qu'il raisonnait
ainsi.
M. LAPORTE: Oui, mais en ce cas-là, pourquoi faites-vous les
mêmes erreurs en les multipliant par $500,000 cette année dans le
budget. Vous l'augmentez de $500,000 et ça nous inquiète
profondément de voir comment on s'en sert.
M. JOHNSON: M. le Président, je suis touché de la
sollicitude qu'a le député de Chambly envers le gouvernement
qu'il voudrait maintenir en place en lui évitant des erreurs. Ma
thèse se confirme...
M. LAPORTE: C'est-à-dire que nous avons... M. JOHNSON: ... il est
prêt, lui, à seconder son chef pour une deuxième
élection, à le voir disparaître, puis, ensuite à
prendre sa place.
M. LAPORTE: Non, ce n'est pas comme cela que je juge cela. Je dis que le
chef de l'Opposition et le premier ministre actuel ont chacun une victoire,
mais on se prépare pour le combat final. Cela va être quelque
chose! Le chef de l'Opposition, on va le seconder tous. A ce moment-là,
si le premier ministre peut faire l'unanimité de ses gens, de ceux qui
sont pour la confessionnalité et de ceux qui sont pour la traverse de
Lévis, tout cela, et qu'il réussit à faire l'unité
de son parti, cela ne sera pas assez pour le sauver, mais au moins nous aurons
une belle bataille!
M. JOHNSON: Remplacer le chef actuel, parce que, là, il va
être final.
M. MICHAUD: Vous aurez besoin de l'office.
M. JOHNSON: L'Office d'information, d'abord, a été
créé, on le sait, par le gouvernement antérieur. Cela
faisait suite à un projet préparé et soumis par M. Guy
Gagnon, conseiller spécial du Secrétaire de la province qui...
Oui, évidemment, un homme qui n'avait pas fait de politique du
tout.
M. MICHAUD: Voulez-vous parler de votre administration?
M. JOHNSON: Il ne s'était pas occupé de campagne
électorale.
M. MICHAUD: Parlez donc de votre administration.
M. JOHNSON: Je pense même qu'il avait été candidat
quelque part, oui, et qu'il avait été employé, dès
1961...
M. MICHAUD: Si vous entrez dans ce terrain-là, nous n'en finirons
plus.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il n'y a pas un nommé Beaulieu qui a
été candidat aussi quelque part, un charmant garçon
d'ailleurs?
M.JOHNSON: Oui, oui, il a été candidat dans le
comté de Laurier...
M. MICHAUD: Il n'y a pas un nommé Cyr qui avait des liens avec
l'Union Nationale?
M. JOHNSON: Laurier, oui.
M. LAPORTE: Laurier, ah bon!
M. JOHNSON: Puis, s'il avait eu la lumière verte, une semaine
avant, je pense qu'on n'aurait jamais eu le député de Laurier en
Chambre.
M. LAPORTE: Il a surtout vu la lumière rouge, le soir des
élections.
M. JOHNSON: Oui, il n'y a pas d'erreur, mais seulement, pour seize jours
de campagne, le résultat n'était pas si mauvais; c'est le
ministre qui a eu la plus petite majorité.
M. LAPORTE: Oui, mais est-ce qu'il n'occupe pas aujourd'hui des
fonctions qui sont encore plus importantes que celles qu'occupait M. Gagnon
auprès du premier ministre actuel?
M. JOHNSON: Surtout plus efficaces.
M. LAPORTE: Je ne le sais pas, s'il est plus efficace, mais je trouve
que le premier ministre est fort imprudent de juger un fonctionnaire qu'il n'a
jamais eu à son emploi, jamais, M. Gagnon.
M. JOHNSON: Ah non! mais je sais bien qu'il était chargé
de la dernière campagne et que les libéraux l'ont perdue. M.
Beaulieu était chargé de ma campagne, puis on a gagné.
M. LAPORTE: Oui, mais il était chargé de la sienne en
1960, et il l'a perdue!
M. JOHNSON: Non, mais c'était trop petit ça un
comté, mais la province, lui, il était taillé pour
cela.
M. LAPORTE: C'est sa petite défaite qui l'a catapulté plus
haut.
M. JOHNSON: Oui, oui, c'était un homme qui ayant...
M. LAPORTE: C'est une qualification comme une autrel
M. JOHNSON: ... subi une petite défaite, nous a organisé
une grande victoire.
M. LAPORTE: Revenons donc aux crédits.
M. JOHNSON: Donc, cet organisme a été créé
et, de par la volonté du législateur, a été mis au
service du gouvernement et non pas au service de l'Assemblée
législative. Cela, c'est en 1961, sauf erreur, c'est dans les Statuts
refondus de 1964, chapitre 54.
M. MICHAUD: Est-ce que vous invoquez cela comme un témoignage que
vous acceptez?
M. JOHNSON: Non, non, je fais la genèse quand même...
M. MICHAUD: Vous faites la genèse.
M. LAPORTE: Ne la faites pas trop longue. Passons au déluge tout
de suite, parce qu'il est 1h35.
M. MICHAUD: Je ne savais pas qu'on avait un exégète en
face de nous, mais allons-y.
M. JOHNSON: C'était un M. Montpetit qui a monté cet
organisme. M. Montpetit est un homme extrêmement qualifié.
M. JOHNSON: ... M. Montpetit est un homme extrêmement
qualifié et...
M. MICHAUD: On est en 1967 là, revenez à votre
administration encore.
M. JOHNSON: Plus tard, je ne sais pas ce qui est arrivé, c'est
tombé, et M. Paré nous a dit: Cela se meurt, tuez-le ou faites-le
revivre.
M. LAPORTE : Vous avec une drôle de façon de le tuer.
M. JOHNSON: Alors, on ne l'a pas tué, on l'a fait revivre. Je
pense que le public qui a soif d'information est heureux d'en recevoir et, si
on veut réellement gouverner démocratiquement en 1967, il faut
informer le public. Je n'aimerais pas...
M. LAPORTE: Je tiens beaucoup à la bonne réputation du
premier ministre. Est-ce que, lui qui a renoncé à sa promesse sur
la con-fessionnalité, lui qui a changé d'idée sur le
comité pour les engagements financiers...
M. JOHNSON: A l'ordre!
M. LAPORTE: Non, je veux simplement lui dire combien est menacée
sa bonne réputation. Est-ce qu'il a l'intention de donner suite à
la suggestion qu'il faisait le 27 janvier 1966, de confier l'administration de
l'Office de lafonction publique au président de l'Assemblée
législative?
M. BELLEMARE: Cela a déjà été lu une
fois.
M. LAPORTE: En le mettant en présence de ses autres promesses, il
comprendra qu'il est temps qu'il en réalise au moins une!
M. JOHNSON: Non, non, je n'admets pas avoir manqué à ma
promesse sur la confessionnalité. Au contraire, nous avons assuré
la confessionnalité d'une façon efficace, et nous allons
continuer de l'assurer. Et on le verra bientôt là...
M. MICHAUD: L'instrument de la divine Providence.
M. JOHNSON: ... il y a un bill qui s'en vient là-dessus. M. le
Président, deuxièmement, quant à la traverse, on n'en
parlera pas, on en a déjà parlé. Quant à cette
promesse que j'avais faite dans le temps, ou ce voeu que j'avais exprimé
auquel on était demeuré sourd, il semble que...
M. LAPORTE: Allez-vous demeurer sourd à votre propre voeu?
M. JOHNSON: ... dans le temps, l'Office n'accomplissait pas
réellement son rôle. Je voulais au moins que ça serve
à l'Assemblée législative, mais je vois mal un
office...
M. MICHAUD: Parce que maintenant elle accomplit...
M. LAPORTE : Vous avez des idées sur ça, vous ne voulez
plus que ça serve à l'Assemblée législative?
M. JOHNSON: Je vois mal un organisme au service du gouvernement par
statut, un organisme dont le gouvernement a besoin, être soumis au
président de l'Assemblée législative...
M. MICHAUD: Parce que c'est votre gouvernement.
M. JOHNSON: Là, là, on défait tout le
système parlementaire.
M. LAPORTE : Ah bon! je comprends qu'on défait votre oeuvre,
c'est clair.
M. JOHNSON: C'est un sacrilège.
M. LAPORTE: Ah oui!
M. JOHNSON: Ce n'était pas un sacrilège d'y penser, mais
ce serait un sacrilège de le faire.
M. LAPORTE: C'est-à-dire que maintenant ce serait
sacrilège de le faire, parce que...
M. BERGERON: Adopté.
M. LAPORTE: ... ça débâtirait toute votre machine,
je comprends.
M. MICHAUD: M. le Président, si vous me permettez, si le premier
ministre me permet, avec la bienveillance que je lui connais...
M. LAPORTE : Oui, n'exagérez pas!
M. MICHAUD: ... de terminer un peu l'article no 1, l'administration sur
les crédits de l'Office d'information, par quelques remarques qui
m'apparaissent en tout cas pertinentes sur toutes ces notions qui sont floues
et fort mal définies en ce qui concerne le rôle de l'Office
d'information et de publicité du Québec. Les frontières,
le premier ministre l'admettra, sont mal définies entre l'information
officielle,l'informa-tion gouvernementale, l'information partisane et
l'information tout court. C'est mal défini à tel point que ces
notions-là, même les professionnels du métier, ceux qui
sont engagés dans l'exercice du métier de journaliste, ont
eux-mêmes des discordances, ont eux-mêmes des contradictions. Dans
les pays où les institutions sont marquées, par exemple, par la
tradition britannique, tout ce qui sent information officielle, information
d'Etat, ça répugne à l'opinion publique et ça
répugne aussi à ceux qui sont dans l'exercice du pouvoir. Par
ailleurs, il existe d'autres pays dans le monde où la tradition
démocratique, où les institutions et le fonctionnement
démocratique ne sont ni pires ni meilleurs qu'ici et où il y a,
par exemple, des ministères d'information qui constituent une sorte de
relai entre, d'une part, le pouvoir et, d'autre part, l'opinion publique.
Moi, il me semble que l'essentiel auQuébec, dès qu'on
envisage la question de l'Office d'information et de publicité
j'essaierai que mes remarques soient aussi dépolitisées et aussi
non partisanes que possible c'est que l'Office d'information et de
publicité du Québec devrait être, au même titre que
les divers ministères de l'exécutif, appelons ça pour
protéger, disons, la tradition britannique un secrétariat d'Etat
ou à l'information ou à quelque chose du genre. Je ne conteste
pas le droit incontestable au gouvernement de faire état de ses
politiques et d'essayer de renseigner l'opinion publique, mais à
condition que la source d'information gouvernementale soit soumise
à la contestation et qu'elle ne soit pas la seule source.
Il existe, bien sûr, des Etats fascistes où l'information
gouvernementale n'est pas la seule. Cela n'existe pas au Québec
où ily a des journaux qui peuvent contester les informations qui
émanent de l'Office d'information et de publicité du
Québec. Ce qui m'agace un peu quand on discute de l'Office
d'information, c'est que l'on présente l'office sous un air faussement
vertueux, faussement objectif et faussement démocratique en ce sens
qu'on dit que l'Office d'information ne doit pas faire de propagande. J'emploie
les mots mêmes du premier ministre qui a dit ceci tout à l'heure:
Je serai contre le fait que l'office fasse de la propagande. Or, la
définition de la propagande, je cite de mémoire, c'est la
diffusion d'une doctrine ou d'une idée. C'est la différence qu'on
fait entre propagande et publicité alors que la publicité est
davantage un acte de consommation, un acte de consommateur, tandis que la
propagande est la diffusion d'une doctrine et d'une idée. Or, il est
clair que l'Office d'information fait acte de propagande, fait oeuvre de
propagande puisque ses informations contribuent à défendre dans
certains cas les positions gouvernementales, les positions doctrinales du
gouvernement.
Je pense que le problème de l'Office d'information, c'a
été un peu bousculé, c'a été peut-être
mal interprété au cours des années, mais là on est
en face d'un problème qui va devenir crucial avec les années,
avec les nouveaux développements des sciences de la communication. Cela
va devenir un problème extrêmement grave. Et c'est un
problème de structure, d'abord au niveau des hommes. Les hommes passent
et changent, mais le problème de structure de l'Office d'information
devrait être confié en tout cas, appelez ça
Intermédia ou autrement, à un comité parlementaire pour
étudier ce que devrait être véritablement l'Office
d'information et de publicité dans les années à venir.
De deux choses l'une, ou bien le premier ministre était
sérieux lorsqu'il a parlé en avril 1964 de la possibilité
de mettre l'office au service de l'Opposition... Remarquez bien que je verrais
mal pour ma part comment ça pourrait s'organiser au point de vue des
structures. Je pense que le premier ministre a fait, au moment où il
était chef de l'Opposition, un voeu pieux. Il a une autre solution et je
pense qu'en tout cas, il y en aurait plusieurs solutions, mais dans la
première solution, l'Office d'information pourrait être à
mon sens difficilement un service de l'Assemblée législative.
Pourquoi? Parce que je rejoins le premier ministre là- dessus lorsqu'il
dit que le gouvernement qui est en exercice du pouvoir a le droit de compter
sur des mécanismes qui lui permettraient de mieux véhiculer ses
informations. Alors, il me semble que le premier ministre devrait retenir nos
suggestions. Je ne lui demande pas d'adopter ça immédiatement. La
première à l'effet que l'Office d'information soit sous un
certain contrôle du Parlement.
La première solution serait l'institution d'un comité
permanent de la Chambre, avec des réunions statutaires, qui pourrait
scruter les activités de l'Office d'information à des
réunions. Mais là, il faut vraiment que ce soit statutaire, parce
qu'il y a des risques que ça siège une fois par année. A
ce moment-là, je pense que l'Opposition aurait des garanties normales
quant à l'objectivité du traitement des informations par
l'office. Cela c'est important, si l'on veut garder à l'office son
caractère objectif, mais je n'aurais pas d'objection à ce que
l'on décide carrément que l'Office d'information fasse oeuvre,
disons le mot, de propagande et de publicité, c'est-à-dire que,
par exemple, un secrétariat d'Etat à l'information soit
responsable devant la Chambre du fonctionnement de l'Office d'information,
celui qui est en titre actuellement comme directeur ayant rang de
sous-ministre. Cela me semblerait plus commode, plus pratique et mieux soumis
au contrôle inévitable des parlementaires.
Il y aurait une autre solution qui serait de changer la loi actuelle et
de faire carrément de l'Office d'information un service
paragouvernemental, un peu à l'exemple de l'Hydro-Québec, mais,
là, complètement soustrait de toutes les influences du pouvoir,
avec une marge d'autonomie, avec une marge de liberté, si l'on veut
toujours garder ce caractère sacro-saint et objectif du traitement de
l'information par l'office. Donc, création d'un service
paragou-vernemental jouissant d'une large mesure d'autonomie avec des
structures, bien sûr, capables de résister aux pressions abusives
du pouvoir et ça, quels que soient les partis.
Il reste une troisième solution qui me semble inacceptable, c'est
celle du statu quo. Il y a les problèmes des satellites qui viennent et
qui intéressent l'opinion publique, qui devraient préoccuper les
fonctionnaires de l'Office d'information; il y a tout ce monde des
communications en gestation et j'ai l'intuition je ne veux pas jouer au
prophète ni au devin que, dans quelques années, le
problème...
M. BOUSQUET: Féminine!
M. MICHAUD: ... des communications mo-
dernes sera un des premiers problèmes du gouvernement. Il est
clair que la démocratie n'existe pas sans information et, de plus en
plus, les gens, pour aller voter, pour exercer librement leur droit de vote,
leur droit de citoyen, devront se reposer, devront s'appuyer sur une
information totale, sur une information pleine et entière. Donc, je
suggère je ne sais pas si ma suggestion peut être
agréée une fois dégagés, là, des
liens de la partisanerie et de l'affrontement normal, peut-être qu'un
comité parlementaire pourrait étudier le problème de
l'Office d'information, majoritairement composé des membres du parti
ministériel avec quelques députés de l'Opposition qui
s'intéressent à ce problème-là et qui pourraient
peut-être planifier ou essayer de projeter, dans deux ans, dans trois
ans, ce que pourrait être un Office d'information au Québec, qui
remplirait son rôle véritable d'acheminer des informations
absolument nécessaires à la bonne intelligence du fonctionnement
de nos institutions démocratiques.
M. JOHNSON: Merci.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LEDUC (Taillon): Un instant!
M. MICHAUD: Est-ce que le premier ministre aurait des commentaires
à faire? J'ai essayé d'être aussi peu partisan que
possible.
M. JOHNSON: Mes commentaires pourraient être
Interprétés comme des promesses. J'ai écouté
attentivement le député de Gouin développer sa
thèse. J'ai reconnu là la source...
M. MICHAUD: Non, mais j'ai l'impression...
M. JOHNSON: ... peut-être d'un discours imprudent du
député de Verchères qui avait préconisé
l'établissement d'un ministère de l'Information.
M. MICHAUD: M. le Président, je voudrais bien qu'il soit entendu
que je n'ai pas proposé l'établissement d'un ministère de
l'Information.
M. JOHNSON: Non, non, je sais ça. Mais là où il a
raison le député de Gouin, c'est que le problème des
communications est le grand problème en démocratie et,
deuxièmement, la surveillance des communications.
Dans quelle mesure les journalistes et les journaux sont-ils libres?
Dans quelle mesure les postes de radio et de télévision sont-ils
libres? Dans quelle mesure Radio-Canada est-il libre? Comment maintenir la
liberté d'information dans un organisme nourri à même les
fonds des contribuables, mais qui peut toujours tomber sous la domination d'une
chapelle ou d'une école? Comment le gouvernement doit-il comprendre son
rôle vis-à-vis de Radio-Canada? Et, à un niveau moins
aigü, quelle est la relation qui doit s'établir entre le
gouvernement ou le président de l'exécutif et l'Office
d'Information? Ce sont là des questions extrêmement importantes et
qui le député de Gouin a raison vont prendre de
plus en plus d'Importance dans notre monde de demain. Je ne suis pas du tout
fermé à la suggestion d'une étude très
sérieuse.
M. LAPORTE: En parlant du monde de demain, si on ajournait?
M. JOHNSON: Disons que nous allons commencer par la première
étape, celle de demander à des spécialistes en
communications d'inclure, dans un des chapitres de leur rapport, leurs vues sur
ce domaine.
M. MICHAUD: Le premier ministre n'est pas sérieux. Il n'appelle
pas Intermédia des spécialistes en communications. Ecoutez,
essayez d'élever le débat un peu.
M. JOHNSON: Peut-être qu'une deuxième étape serait
de former un comité, de le faire voyager pour faire enquête dans
les autres provinces, dans les autres pays. Je pense bien que les
députés n'auraient pas d'objection à faire ce travail,
voir comment c'est organisé en France par exemple, comment on maintient
l'équilibre entre le pouvoir politique et l'objectivité de
l'information; en Allemagne démocratique, en Angleterre où on a
deux réseaux parallèles en télévision. En Russie,
peut-être qu'on pourrait aller voir comment s'exerce la liberté
d'Information? On pourrait peut-être faire visiter tous les pays
rouges.
M. MICHAUD: Nommez-les.
M. BELLEMARE: Adopté. Article 9.
M. MICHAUD: Est-ce que le comité est accepté, là?
Nous adoptons ça avec.
M. JOHNSON: Le cabinet va délibérer. M. BELLEMARE: Article
9, adopté. M. LE PRESIDENT: Article 8, adopté.
M. LAPORTE: Un instant. UNE VOIX: Un instant.
M. MICHAUD: On est à administration, numéro 1.
M. LAPORTE: On va faire mieux que ça, suspendons les
activités.
M. LEDUC (Taillon): Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire
s'il entend...
M. LAPORTE: S'il entend!
M. LEDUC (Taillon): ... ou si le gouvernement espère pouvoir
construire ou donner des commodités aux journalistes, des semblants de
studios de télévision, c'est-â-dire des salles
d'enregistrement pour filmer dans un local spécial, des salles de
conférences ou quelque chose comme ça? Est-ce que le gouvernement
s'attend à construire quelque chose?
M. JOHNSON: Oui, c'est actuellement en construction, sous la
responsabilité du ministère des Travaux publics. Il s'agit d'une
salle de conférences de presse où les journalistes auront leur
siège assigné, la possibilité de brancher leurs appareils
d'enregistrement pour fins personnelles ou pour fins des postes de la radio
qu'ils représentent. Ils pourront même avoir aussi de meilleures
installations de photographie. Le gouvernement, de son côté, a
l'intention d'institutionnaliser ses conférences de presse,
c'est-à-dire de convoquer à heures fixes, à jours fixes,
les journalistes pour leur communiquer, en plus de matériel
d'arrière-plan qui leur sera fourni d'avance, la position officielle du
gouvernement, pour ensuite laisser le ministre ou le premier ministre se
soumettre à une série de questions. Le gouvernement a aussi
l'intention de développer ces sessions d'information avec les hauts
fonctionnaires c'est-â-dire que ce sont là des occasions pour les
journalistes de poser toutes les questions qu'ils voudront pour se renseigner
sur l'arrière-plan, les statistiques, les données sociales et
économiques qui, évidemment, sont à la base de la
décision du gouvernement.
Je ne veux pas, moi, jouer à l'omniscient qui peut se lever et
expliquer en détail les mécanismes compliqués de la loi de
l'assurance-récolte et j'aimerais bien, si jamais j'ai à donner
une conférence sur le sujet, être accompagné des
régisseurs afin qu'ils puissent, eux, répondre en détail
aux journalistes sur ces questions techniques.
La politique du gouvernement sera énoncée, chacun y
passera à son tour, lorsqu'il aura des projets importants à
annoncer ou des décisions à communiquer au public; le ministre ou
le premier ministre devront répondre aux questions. Tout se fera dans
l'ordre, selon un système. Les journalistes sauront quand ils auront
l'information. Ils n'auront pas à faire le pied de grue pendant des
heures et des heures pour quelques fois s'apercevoir, très tardivement,
qu'ils n'ont pas de nouvelle pour leur journal. En somme, un peu d'ordre dans
ce système et, à la base, il y a une salle, comme c'est le cas
à Toronto pour le gouvernement d'Ontario et comme c'est le cas, à
Ottawa, dans le West Block, pour le gouvernement.
M. LEDUC (Taillon): Si je comprends bien, M. le Président, cette
salle ne sera pas à la disposition des membres de l'Opposition.
M. JOHNSON: Que voulez-vous? C'est encore une salle du gouvernement.
M. LAPORTE: Encore une journée où l'on rit des
députés.
M. MICHAUD: M. le Président, au poste 1, « administration
», le premier ministre a parlé d'un contrat qui aurait
été donné à l'agence Intermédia pour
présenter un rapport sur la refonte des structures de l'Office
d'information. Est-ce que ce rapport impliquait, dans le mandat qui a
été confié à Intermédia, une enquête
outremer auprès des représentants de la presse française
sur les conditions...
M. JOHNSON: Non.
M. MICHAUD: Vous me répondez non. Intermédia
n'était pas habilité, ni par M. Loiselle ni par M. Gros D'Aillon,
à aller enquêter en France et à interroger des directeurs
de journaux français sur l'attitude du gouvernement français
vis-à-vis du gouvernement actuel.
M. JOHNSON: Non.
M. MICHAUD: Vous répondez non.
M. JOHNSON: Non.
M. MICHAUD: Le premier ministre sait-il...
M. JOHNSON: Cela, c'est un autre...
M. MICHAUD: ... que MM. Loiselle et Gros
D'Aillon ont rencontré à Paris le directeur
général adjoint d'un journal et qu'ils se sont
présentés comme étant fondés de pouvoirs par le
gouvernement pour enquêter et pour essayer de rétablir des liens
harmonieux entre le gouvernement de l'Union Nationale et la presse
française?
M. JOHNSON: Cela, c'est un autre mandat.
M. MICHAUD: C'est un autre mandat. Est-ce que le premier ministre
pourrait me donner des détails là-dessus?
M. JOHNSON: C'est un mandat qui ne vient pas du gouvernement.
M. MICHAUD: Ah! c'est un mandat qui ne vient pas du gouvernement.
M. JOHNSON: Non, non.
M. MICHAUD: Qui viendrait du parti.
M. JOHNSON: Si, si.
M. MICHAUD: Ah bon! d'accord.
UNE VOIX: Adopté.
M. MICHAUD: Donc, il n'y a pas d'honoraires prévus pour ça
et...
M. JOHNSON: Pensez-vous que ces grands spécialistes peuvent vivre
d'un seul petit contrat du gouvernement?
M. MICHAUD: Non, mais les enquêteurs, à ce
moment-là, voyagent aux frais du parti.
M. JOHNSON: Il faut bien qu'ils travaillent pour d'autres !
M. MICHAUD: Ils voyagent aux frais du parti, j'imagine! Les mêmes
qui vous soumettent un rapport sur l'information gouvernementale.
M. JOHNSON: Disons que c'est plus difficile de les payer dans ce
cas-là que lorsqu'ils sont payés par le gouvernement, mais nous
prenons bien garde de ne pas mêler les deux fonctions.
M. MICHAUD: Mais est-ce qu'il n'y aurait pas un risque quand même,
vu que ces personnes émargent, selon l'aveu du premier ministre, aux
fonds du parti de l'Union Nationale, et font une enquête publique ou
semi-publique sur les structures officielles d'un organisme gouvernemental,
qu'il y ait conflit d'intérêts?
M. JOHNSON: Non.
M. MICHAUD: Le premier ministre ne voit pas de conflit
d'intérêts, lui?
M. JOHNSON: Non, moi, je connais des avocats qui ont fourni leurs
services professionnels au gouvernement du temps ce n'était pas
le nôtre et qui ont aussi travaillé pour le parti politique
et je ne vois pas d'incompatibilité. Un professionnel en communications,
un professionnel en droit y inclus les notaires, il faut bien être
gentil peut louer ses services au gouvernement et au parti sans que
ça crée des problèmes. Ce sont deux mandats; deux des
confrères qu'on connaît très bien faisaient des travaux
pour le comité politique du parti libéral et donnaient des avis
au gouvernement sur des lois, et personne ne s'en est scandalisé. Je ne
voudrais pas qu'on se scandalise non plus du fait que des spécialistes
en communications, comme M. Loiselle et M. Gros D'Aillon puissent, à la
fois, offrir leurs services au gouvernement, à un parti politique et
même à d'autres clients.
M. MICHAUD: Le premier ministre pourrait-il informer cette Chambre sur
les relations qui existent entre la compagnie Intermedia et l'agence de
publicité SOPEC qui administre les comptes de publicité du
gouvernement?
M. BELLEMARE: Vous allez siéger certain.
M. COURCY: Bon, si vous voulez veiller.
M. BELLEMARE: Vous nous faites perdre assez de temps.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne suis pas au courant des
relations entre ces deux compagnies. Intermedia et SOPEC; je ne peux pas
être au courant officiellement, avoir des documents ou quoi que ce soit,
mais je suis convaincu qu'il n'y a pas de relation organique qu'il n'y a pas de
fusion ni de relation de filiale a la compagnie-mère. Mais d'où
vient cet intérêt qui devient de l'acharnement du
député de Gouin?
M. MICHAUD: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
premier ministre me prête des motifs; il ne s'agit pas
d'acharnement...
M. JOHNSON: Non, ce n'est pas un acharnement...
M. MICHAUD: ... c'est simplement mon métier de membre de
l'Opposition. Puis-je invoquer le règlement? Il ne s'agit pas
d'acharnement Je soumets très respectueusement...
UNE VOIX: Quel numéro?
M. MICHAUD: ... que, pour ma part, je crois qu'il existe un conflit
d'intérêts véritable entre, d'une part, le fait que le
gouvernement confie à deux personnes, sous la raison sociale Intermedia,
une enquête sur les structures gouvernementales et que ces mêmes
personnes émargent aux fonds d'un parti politique. C'est mon opinion,
elle peut être contestée. Je soumets respectueusement qu'il s'agit
là d'un conflit d'intérêts manifeste et patent et que les
suggestions qu'est censé faire Intermedia au gouvernement en marge de
l'Office d'information risquent d'être teintées de partisanerie et
d'être influencées par le « lobbying »
inévitable qui existe à ces niveaux-là,
M. JOHNSON: Guy Gagnon, candidat en 1960, spécialiste retenu en
1961; il fait le rapport en 1962, $1,200 par mois, ensuite chef de cabinet,
organisateur de la campagne.
M. MICHAUD: M. le Président, nous sommes en 1967, ce sont vos
crédits, votre administration.
M. JOHNSON: Collier qui recevait la publicité du gouvernement,
avait en même temps la publicité du parti libéral; il
s'occupait des relations extérieures, faisait le « coaching
» des vedettes du parti, les vedettes du temps...
UNE VOIX: Maquillage.
M. JOHNSON: ... alors je ne vois pas...
M. LEDUC (Taillon): ... faire maquiller...
M. JOHNSON: ... qu'il y ait de quoi fouetter un chat...
M. LAPORTE: Quelle compagnie fait le « coaching »?
M. JOHNSON: ... ni scandaliser même un député
libéral.
M. COURCY: Lequel dans la « gang » vous égalise la
moustache?
M. JOHNSON: Pardon?
M. COURCY: Lequel dans la « gang » vous égalise la
moustache?
M. LAPORTE: Quelle compagnie vous a cousu vos poches?
M. JOHNSON: C'est le tailleur.
M. LAPORTE: C'est le tailleur! M. le Président, il est deux
heures du matin et je vois qu'on a déjà «
brûlé » deux présidents de comité; c'est un
troisième qui siège.
M. JOHNSON: Il est deux heures du matin, on achève.
M. LAPORTE: Il est pas mal « brûlé »,
celui-là aussi.
M. BELLEMARE: Il est bon au soleil.
M. LAPORTE: Je ne suis pas convaincu qu'il ne dorme pas.
M. JOHNSON: Poste 10, « réceptions et subventions
».
M. MICHAUD: Une minute M. le Président, le poste «
administration » étant adopté, est-ce qu'on ne pourrait pas
ajourner? Ecoutez, il est deux heures et cinq. Je comprends qu'il reste des
questions de détail. A l'Office d'information, y a-t-il eu augmentation
de salaire?
M. JOHNSON: Oui.
M. MICHAUD: ... pour le personnel en place depuis...
M. JOHNSON: Il y aura des augmentations statutaires.
M. MICHAUD: ... A l'article des salaires, cela va.
M. BELLEMARE: Poste 8, adopté.
M. JOHNSON: Poste 8, article 1, adopté.
M. MICHAUD: On est à 2.
M. ROY: Il est fort en chiffres.
M. MICHAUD: Frais de voyage. Est-ce que le directeur de l'Office a
reçu mandat récemment d'effectuer un voyage pour le compte de
l'Office ou pour le compte du gouvernement?
M. JOHNSON: Qui ça?
M. MICHAUD: Le directeur de l'office a-t-il reçu un mandat pour
aller enquêter outre-mer sur...
M. JOHNSON: Non, le directeur de l'office a été
autorisé par les méthodes ordinaires d'aller...
M. MICHAUD: Lors de la visite, par exemple, du...
M. JOHNSON: ... à un congres publicitaire mondial, qui s'est tenu
à Madrid.
M. MICHAUD: Parfait, je suis pour ça. Sous-article 3,
adopté, sous-article 4, adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4, adopté.
M. MICHAUD: L'article 2, « information ». Est-ce que le
premier ministre pourrait déposer la liste des nouveaux fonctionnaires
de l'Office d'information depuis le 16 juin 1966?
M. JOHNSON: Oui, je la déposerai volontiers. M. COURCY: Quels
seront les noms?
M. MICHAUD: Y a-t-il eu de nouveaux engagés, dans les cadres
supérieurs, par exemple?
M. LEDUC (Taillon): Quand le premier ministre va-t-il déposer
cette liste-là?
M. JOHNSON: Information. M. Paré, à Ottawa, est au
même salaire qu'il avait au moment où nous sommes arrivés,
et je dois dire ici que cela a été le désir de M.
Paré d'aller à Ottawa. Il ne voulait pas entreprendre la
tâche de réorganiser l'office. M. Jean Deraspe je pense que
le député de Gouin le connaît et M. Jacques
Archambault, que je ne connais pas, sont entrés au service d'information
au mois de décembre 1966, Patrick Boucher également Madeleine
Campagna, elle est là depuis 1962.
M. MICHAUD: Oui cela va. Est-ce que le...
M. JOHNSON: Le personnel, Bernard Cor-riveau, agent d'information,
ancien secrétaire ou assistant-secrétaire de M. Arsenault,
Gérard Langlois, Denis Morisset, Robert Singher.
M. MICHAUD: Quelle est la fonction exacte de ce nommé Singher que
vous venez de mentionner?
M. JOHNSON: Directeur de l'information. Il est au bureau de
Montréal.
M. MICHAUD: Est-ce que M. Singher était compétent,
habilité à remplir cette fonction?
M. JOHNSON: M. Singher était à l'Hydro.
M. MICHAUD: A l'Hydro. A quel service? Dans le service de
rédaction?
M. JOHNSON: Je ne le sais pas, je regrette. Je comprends qu'il
était aux relations publiques de l'Hydro.
M. MICHAUD: Il pouvait organiser des voyages, mais cela ne lui
confère pas une compétence particulière. Moi, je me
souviens d'avoir vu M. Singher à l'Hydro-Québec alors qu'il
était une sorte de cicérone...
M. JOHNSON: Marcel Thivierge, depuis le 21 novembre 1966, et M. Gaston
Villeneuve, qui était là depuis 1964 et qui est encore en
devoir.
M. BELLEMARE: Adopté. M. MICHAUD: Adopté. M. JOHNSON:
Adopté. M. BELLEMARE: Poste 9.
M. MICHAUD: Non, non. Poste 8, article 2, sous-article 2.
M. BELLEMARE: Poste 8, article 2, sous-article 2.
M. MICHAUD: Adopté. Frais de bureau. Sous-article 3,
adopté. Le 4, comité d'accueil, de $50,000 à $65,000,
est-ce que ça comprend des frais occasionnés par l'Expo?
M. JOHNSON: Oui, c'est en vue de l'Expo. M. BELLEMARE: Les visites.
Journalistes à l'Expo
M. JOHNSON: Je suis très heureux de dire à cette Chambre
que les journalistes de pays étrangers, qui accompagnent les chefs
d'état que j'ai reçus à Québec, m'ont dit avec
enthousiasme que c'était un endroit agréable puisqu'ils
étaient royalement traités à Québec, et qu'ils
avaient l'occasion de rencontrer des confrères du métier. Je
crois que pour la province, c'est une excellente semence. Ces journalistes
retournant dans leur pays et ayant pris contact avec nos excellents
journalistes, invités de l'office, seront peut-être portés
à parler de nous avec plus d'objectivité, sinon avec un peu
d'enthousiasme même.
M. MICHAUD: Est-ce que l'organisation des voyages de propagande
qui sont une excellente chose d'ailleurs sont confiés à
l'office, ou y en a-t-il dans d'autres ministères?
M. JOHNSON: Y en a-t-il de...
M. MICHAUD: Dans d'autres ministères, comme au Tourisme, par
exemple, ou bien si ces voyages de propagande des journalistes étrangers
au Québec, sont centralisés par l'office?
M. JOHNSON: Les voyages...
M. MICHAUD: Est-ce que d'autres ministères en organisent?
M. JOHNSON: Il y en a peut-être, oui, mais il faudrait que ce soit
coordonné avec l'office pour qu'on ne fasse pas double emploi. C'est une
des préoccupations des experts.
M. MICHAUD: Combien de journalistes étrangers ont visité
le Québec par l'entremise de l'office depuis un an? Ecoutez, ma
question, je vais la reformuler autrement. Les efforts sont concentrés
où, en France où aux Etats-Unis? Principalement ce sont des
journalistes français ou américains? Les efforts sont
centrés où?
M. JOHNSON: On aurait reçu environ 300 journalistes
jusqu'ici.
M. BELLEMARE: Plusieurs Anglais, des Américains.
M. MICHAUD: Adopté. Le fichier central, sous-article 5, le
premier ministre en a parlé tout à l'heure abondamment et
longuement, J'imagine que... Adopté?
Article 3, Publicité, administration, En ce qui concerne les
traitements, il n'y a pas de changement de personnel mais les traitements
à la publicité, est-ce que ce sont ceux qui placent l'annonce?
Ou, quelle est la fonction de ceux qui travaillent à la publicité
comme telle? Article 3, sous-article 1.
M. JOHNSON: Ce sont les concepteurs publicitaires et les agents de
média, pour employer les termes.
M. MICHAUD: Les concepteurs publicitaires à l'emploi de
l'office?
M. JOHNSON: Oui.
M. MICHAUD: Est-ce que ce n'est pas un service normalement fourni par
l'agence de publicité?
M. JOHNSON: Non, le directeur de ce service est M. Jean Lenoir qui est
à l'emploi de l'office depuis le 6 mai 1965. M. Lenoir travaille avec
les agences de publicité comme il travaille déjà avec les
agents d'information des divers ministères. Nous espérons en
arriver à pouvoir surveiller, par l'office, le graphisme des
présentations du gouvernement et j'ai hâte aussi de pouvoir faire
surveiller la langue. On a attiré mon attention sur un dépliant
qui était rempli de fautes. Trois mots, quatre fautes. Il faudrait
absolument que nous démontrions dans la pratique un souci extraordinaire
de la qualité du français, de toutes les publications, de quelque
ministère qu'elles émanent.
M. MICHAUD: Est-ce que cela veut dire que les neuf concepteurs
publicitaires, à l'emploi de l'Office de l'information,
conçoivent eux-mêmes les maquettes des programmes de
publicité mis de l'avant par l'office et que l'agence de
publicité, qui traite, n'est à toutes fins pratiques qu'un relai
pour placer dans les journaux les moyens de communication audio-visuelle, les
bons d'insertion?
M. JOHNSON: L'autre concepteur, il n'y en a que deux, est M. Morisset,
et les autres personnes sont des secrétaires ou du personnel
clérical.
M. MICHAUD: Donc, il n'y en a que trois sur neuf.
M. JOHNSON: Je m'excuse, il n'y a pas neuf concepteurs.
M. MICHAUD: J'ai compris tout à l'heure que le premier ministre
avait dit qu'il y avait neuf concepteurs.
M. JOHNSON: D'accord, je pense que j'ai dit ça.
M. MICHAUD: Est-ce que dans ces conditions l'agence de publicité
fait son travail normal de conception de maquettes et est-ce qu'elle est
payée le taux normal pour exécuter ce travail-là?
M. LEDUC (Taillon): Quelles sont les agences de publicité qui
font affaire avec l'Office d'information et de publicité?
M. JOHNSON: Il y a surtout SOPEC, il y en a peut-être une
autre.
M. MICHAUD: Il n'y en a pas d'autres?
M. JOHNSON: Il y en avait une autre, mais le contrat est expiré
récemment.
M. MICHAUD: Et SOPEC est exclusive.
M. JOHNSON: Pas exclusive, disons qu'elle a, pour le moment, toutes les
commandes.
Il n'y a pas de contrat d'exclusivité.
M. MICHAUD: Sur les $1,600,000, c'est uniquement traité par la
compagnie SOPEC.
Il n'y a pas de répartition de budget entre d'autres agences?
M. JOHNSON: Non.
M. LEDUC (Taillon): Par qui la compagnie SOPEC est-elle
contrôlée?
M. JOHNSON: M. Lalande.
M. LEDUC (Taillon): Financièrement, à qui appartient-elle?
Quels sont les détenteurs d'actions de cette compagnie-là?
M. JOHNSON: Je pense qu'on a répondu par écrit à
cette question. Nous n'avons pas au gouvernement des informations quant au
nombre d'actions détenues par chacune des personnes
intéressées dans une compagnie, mais je pense qu'on me
permettrait de dire à cette Chambre que c'est M. Lalande qui a la quasi
totalité des actions, mais il a un contrat de service avec l'agence
Young & Rubicam sur qui il peut s'appuyer pour l'exécution des
travaux.
M. MICHAUD: Est-ce que SOPEC a l'autorité, la latitude voulue
pour placer des contrats d'impression du gouvernement sans demander d'appel
d'offres?
M. JOHNSON: En général non, mais il arrive que l'on donne
en cas d'urgence cette responsabilité à SOPEC. C'est
arrivé à ma connaissance dans un cas. Dans ce cas-là, on a
fait renoncer à la commission habituelle de 15% sur cette partie du
contrat qui consistait en impression.
M. MICHAUD: Il y eut combien de contrats accordés sans
soumission, en ce qui concerne les brochures et les dépliants,
placés par l'Office d'information depuis le 16 juin 1966? Je me
renseigne, je fais mon métier de député
consciencieusement.
M. JOHNSON: Dans les cas où on a confié à l'agence
le travail ou la responsabilité de faire imprimer, il y eut chaque fois
un appel d'offres en circuit fermé par l'agence.
M. MICHAUD: En circuit fermé. Est-ce qu'on peut avoir les noms
des maisons à qui on les a demandées?
M. JOHNSON: Il y avait la Maison DesMa-rais, entre autres, Gazette
Printing, la maison de Lebeau, Lithographie Saint-Laurent.
M. MICHAUD: M. le Président, est-ce que le premier ministre
pourrait me... J'entends mal...
M. LEDUC (Taillon): C'est une bonne question, ça. Demandez-lui
donc.
M. MICHAUD: Est-ce que le premier ministre pourrait simplement
déposer plus tard la liste...
M. BERGERON: Vous allez rester longtemps dans l'Opposition avec des
questions semblables.
M. MICHAUD: Est-ce que le premier ministre pourrait simplement
déposer plus tard la liste des imprimeurs à qui on fait des
appels d'offres en circuit fermé?
M.JOHNSON: Dans un cas, on a demandé des soumissions à The
Gazette Printing. Lithographie Métropole Inc., Pierre DesMarais Inc.,
Ronald's Federated Press, Lithographie Saint-Laurent Limitée, Therrien
et Frères Limitée.
M. MICHAUD: Dans un cas. Quel est le montant total des contrats qui ont
été accordés pour des raisons d'urgence ou autrement sans
soumission publique?
M. JOHNSON: Sans soumission publique...
M. MICHAUD: Sans soumission en circuit fermé. Arbitrairement.
M. JOHNSON: Il y a toujours eu des soumissions.
M. MICHAUD: Alors, est-ce qu'il y a cette liste d'imprimeurs? Est-ce que
c'est une liste privilégiée ou confidentielle?
M. JOHNSON: Ah non! Voici. Cela dépend de la nature du travail.
On sait bien, le député de Gouin mieux que d'autres sait que ce
ne sont pas tous les imprimeurs qui peuvent effectuer certains travaux de
qualité ou des travaux rapides.
Et d'ailleurs, M. Cyr m'informe que nous laissons à l'agence le
choix de ses fournisseurs, car l'agence s'engage à nous livrer un
produit de qualité, et c'est à elle d'y voir.
M. MICHAUD: Donc, le gouvernement n'a aucun contrôle sur les
contrats qui sont accordés par SOPEC à des fournisseurs
gouvernementaux. C'est ma question précise. Est-ce que le gouvernement
n'exerce aucun contrôle sur les contrats qui sont accordés?
M. JOHNSON: Non, non. Quand on commande à SOPEC, comme à
une autre agence, un dépliant avec certaines spécifications qui
déterminent une qualité spéciale évidemment, il
faut, à ce moment-là, M. le Président, laisser
entière liberté à SOPEC de faire effectuer le travail
là où on peut obtenir la qualité requise.
M. MICHAUD: J'ai une dernière question, M. le Président,
est-ce que le contrat avec l'agence de nouvelles Telbec a été
renouvelé?
M. JOHNSON: Il est encore sur une base mensuelle à titre
expérimental.
M. MICHAUD: Est-ce qu'il est renouvelé par tacite reconduction?
Il se renouvelle de mois en mois, de trois mois en trois mois, ou quoi?
M. JOHNSON: Il a toujours été sur une base
mensuelle...
M. MICHAUD: Mensuelle?
M. JOHNSON: ... et il est actuellement renouvelé sur tacite
reconduction, c'est le cas de le dire.
M. MICHAUD: Quels sont les responsables de cette compagnie Telbec?
M. JOHNSON: Les responsables, d'après les documents officiels,
sont MM. Larocque, Jean Côté, Fernand Lévesque, avocat, M.
Lecomte...
M. MICHAUD: Est-ce que c'est André? M. JOHNSON: Oui.
M. MICHAUD: C'est tout, quatre personnes?
M. JOHNSON: Ce sont les noms que je connais.
M. MICHAUD: Y a-t-il un lien entre Intermédia et Telbec?
M. JOHNSON: Non, pas que je sache.
M. MICHAUD: Le contrat de Telbec n'est pas confié via
Intermédia? Ce n'est pas Intermédia qui administre le compte de
Telbec?
M. JOHNSON: Non, pas du tout. C'est une relation directe entre l'office
et Telbec.
M. BELLEMARE: Adopté. Il a décidé de dire
adopté.
M. LE PRESIDENT: C'était le poste budgétaire 8,
adopté.
M. MICHAUD: Est-ce qu'on pourrait aller se coucher?
M. BELLEMARE: Poste budgétaire 10.
M. MICHAUD: Est-ce que le premier ministre a des informations à
donner, des renseignements ou des commentaires sur le poste budgétaire
9, les campagnes d'information spéciales qui ne seraient pas
traitées par l'Office d'information, c'est ça?
M. JOHNSON: Cela, c'est un fonds de suppléance, si l'on veut, qui
est prévu depuis que l'office est fondé. A un moment
donné, un ministère comme les Affaires culturelles sent le besoin
de lancer une campagne spéciale, et les fonds ne sont pas prévus.
Alors on va fouiller dans ce fonds de suppléance et on fait la
campagne.
M. MICHAUD: Est-ce que le fondsadéjà été
utilisé par un ministère?
M. JOHNSON: C'est là justement qu'on a puisé les fonds
pour la campagne « Dites bonjour, cela ne coûte pas cher et c'est
un bon placement ».
M. LAPORTE: Si on disait bonsoir? UNE VOIX: Dites bonne nuit.
M. LAPORTE: Je pense que le gouvernement, au poste 9, puisqu'il s'agit
d'un article de $500,000 qui représente une augmentation de $200,000 sur
les crédits de l'an dernier, devrait à l'avenir nous proposer
avec l'article, un sous-article nous donnant le détail des principales
dépenses qui sont prévues pour un article de cette nature. Il est
impensable, je pense bien, qu'au début d'une année
financière, qu'il y ait une partie d'imprévus, cela se
comprendrait sur des crédits de $500,000, on ne soit pas en
mesure de prévoir pour l'année financière, au moins
l'essentiel des dépenses que l'on entrevoit.
M. JOHNSON: C'est précisément la nature de ce fonds
d'être imprévisible.
M. LAPORTE: D'être quoi?
M. JOHNSON: D'être imprévisible.
M. LAPORTE: Cela ne l'empêche pas d'être gros.
M. JOHNSON: C'est à même ce fonds que l'on puise pour faire
des campagnes que nous n'avons pas prévues. Il était de $300,000
l'année dernière, du temps de nos honorables amis d'en face; il
est augmenté à $500,000 à cause de l'Expo, cette
année.
M. LAPORTE: A cause de l'Expo?
M. JOHNSON: Oui, oui, par exemple, la campagne « Dites bonjour
» a été décidée...
M. LAPORTE: Est-ce que les annonces où apparaît la photo du
premier ministre sont incluses dans ce fonds-là?
M. JOHNSON: Non.
M. LAPORTE: Non, c'est un fonds spécial de propagande, quoi?
M. JOHNSON: Non, c'est un fonds normal d'Information. On a
remarqué que ça apparaît dans des publications à
très bon marché, à l'usage du peuple en
général...
M. LAPORTE: Du peuple.
M. JOHNSON: ... et non pas dans des publications de luxe en
héliogravure.
M. MICHAUD: Est-ce vraiment utile que la photo du premier ministre
apparaisse pour inviter les gens à visiter le pavillon du Québec,
par exemple?
M. LAPORTE: Je trouverais injurieux que la photo du premier ministre
n'apparaisse que dans la publicité à bon marché...
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. LAPORTE: ... alors qu'il laisserait à son collègue du
ministère de l'Industrie et du Commerce, par exemple, des photographies
en pied dans les publications de luxe.
M. BELLEMARE: J'ai juste changé le portrait parce que c'est la
même grandeur qu'avait mon prédécesseur.
M. LAPORTE: Oui, mais cela a changé singulièrement le sens
de la publication.
M. BELLEMARE: Oui, les femmes m'ont dit cela. Les femmes m'ont
écrit.
M. LAPORTE: Les gens se disaient: Pour une si belle publication, la
photo de l'ancien ministre aurait été parfaite.
M. ROY: C'était un si bel homme.
M. BELLEMARE: Adopté, pour ce soir.
M. LAPORTE: Je voudrais simplement rappeler au premier ministre dont la
photo apparaît dans plusieurs publications, combien il était
chatouilleux, il n'y a pas tellement longtemps, lorsque seulement la signature
du ministre apparaissait au bas d'une annonce. C'est terrible qu'il soit si
tard, car on pourrait citer des choses étonnantes, des choses que,
sûrement, beaucoup de députés trouveraient
émouvantes, des anciennes déclarations du premier ministre sur la
façon dont nous faisions de la publicité que lui appelait,
à ce moment-là, de la propagande. Seulement le nom du ministre
apparaissait au bas de l'annonce accompagné généralement
du nom de son sous-ministre. On voit aujourd'hui, et tout le monde trouve cela
parfaitement normal chez les ministériels, dans de la publicité
qui sent terriblement la propagande payée par la province la photo du
chef du gouvernement. Alors, je voudrais simplement l'inviter, durant les
courtes heures qu'il lui reste au cours de la nuit, à
réfléchir sur la transformation étonnante qui s'est
opérée chez lui par le seul passage d'un fauteuil de l'Opposition
à celui de chef du gouvernement de la province de Québec
M. BELLEMARE: Surtout quand vous ne lui en avez pas donné.
M. ROY: C'est tellement sympathique.
M. JOHNSON: C'est effrayant comme le trajet inverse a aussi une
très grande influence.
M. LAPORTE: C'est-à-dire que c'a eu un effet bienheureux, parce
que ça nous a donné le temps de relire vos anciennes
déclarations; Le journal des Débats devient deux choses: la bible
de l'Opposition et le glossaire de toutes les contradictions du premier
ministre.
M. JOHNSON: Effrayant.
M. MICHAUD: Maintenant, M. le Président, un bref commentaire
là-dessus; il me semble anormal...
M. JOHNSON: Si on me permet là... M. MICHAUD: Oui, d'accord.
M. JOHNSON: ... ça m'ennuie beaucoup de voir qu'on a
utilisé ma photo, ce n'est pas mon genre, j'ai un complexe quand je me
compare à l'ancien premier ministre, et si on m'avait
demandé...
M. LAPORTE : Cela, disons que c'est justifié, mais ça ne
vous justifie pas de publier votre photo.
M. JOHNSON: Si on m'avait demandé la permission, je l'aurais
refusée.
M. LAPORTE: Oui, vous ne les avez pas chicanés toujours?
M. JOHNSON: J'ai failli les mettre à la porte, mais il y a la
fonction publique et l'union en plus de cela.
M. LAPORTE: Il y avait aussi la propagande; alors, ces trois
raisons-là ensemble, c'était suffisant pour les garder.
M. MICHAUD: M. le Président, un très bref commentaire
là-dessus et ça s'adresse principalement à ceux qui
manipulent l'information au niveau de l'Office d'information et de
publicité. Je crois que, lorsque le gouvernement du Québec invite
comme tel des citoyens à visiter le pavillon du Québec ou
à participer à des manifestations, il n'est pas nécessaire
de mettre la photo du premier ministre et que c'est précisément
là du travail de propagande et une oeuvre de propagande. Le gouvernement
du Québec comme tel peut très bien inviter les citoyens à
visiter le pavillon du Québec, mais la photo du premier ministre, ce me
semble, ne devrait pas paraître dans ces pavés publicitaires qui
sont payés à même les deniers publics.
M. LAPORTE: On devrait toujours, pour fin d'impartialité, publier
côte à côte la photo du premier ministre et celle du chef de
l'Opposition, dans toutes ces annonces.
M. ROY: Bien oui, mais si c'est une invitation, il ne viendra
personne.
M. BELLEMARE: Adopté. Poste 11, «subventions ».
M. MICHAUD: Poste 10.
M. BELLEMARE: Poste 10.
M. LE PRESIDENT: Poste 9, adopté.
M. LAPORTE: « Réceptions et subventions ». C'est pour
recevoir qui et subventionner quoi?
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. LAPORTE: Enfin, quand c'est le ministre du Travail qui répond,
on a des réponses sérieuses, parlez-moi de ça!
M. BELLEMARE: C'est ça. Alors ça va? M. LAPORTE:
Adopté.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas mon budget, on l'a dit tout à
l'heure.
M. LAPORTE: Poste 10, adopté.
M. BELLEMARE: Poste 10, merci.Poste 11.
M. LE PRESIDENT: Poste 11.
M. LAPORTE: Poste 11.
M. BELLEMARE: C'est l'Expo, elle n'est pas finie.
M. LAPORTE : Ce n'est pas fini? M. BELLEMARE: Non.
Réceptions à l'Expo
M. LAPORTE: Est-ce que les réceptions se continuent encore?
M. BELLEMARE: Vous allez être invité aussi.
M. LAPORTE: Je vais être invité? Est-ce que c'est devenu
une politique du gouvernement d'inviter, disons, tous les maires de la province
de Québec à tour de rôle à des réceptions
organisées au pavillon du Québec, de les inviter, de tous les
coins de la province, à venir assister, au pavillon du Québec,
à des manifestations qui n'ont pas nécessairement un
caractère politique, mais qui sentent terriblement ce genre de choses?
Est-ce qu'à même les $2,300,000 nous sommes en train de servir la
propagande électorale de l'Union Nationale?
M. JOHNSON: Il y a un principe que j'ai demandé d'appliquer,
c'est que l'Expo n'est pas et ne doit pas être seulement un avantage pour
les Montréalais et les gens dans le voisinage immédiat de la
métropole. Il faut que tous les contribuables de la province de
Québec y aient accès; on connaît les mesures qui ont
été prises en d'autres domaines.
Quand il s'agit de l'autorité civile, j'ai demandé
personnellement aux gens qui s'occupent du pavillon d'inviter tous les maires,
quelle que soit leur couleur politique, il n'y a pas de problème
là, tous les maires. J'espère qu'on trouvera aussi moyen
d'inviter des responsables d'autres corps publics, afin que toute la province
sente que c'est son Expo autant que celle des Montréalais. Je pense que,
quand on dépense l'argent des contribuables au rythme que cela
coûte l'Expo...
M. LAPORTE: Voilà l'équipe de nuit!
M. JOHNSON: ... il faut permettre à des citoyens, de quelque
partie de la province que ce soit, d'y avoir accès. Je crois que c'est
montrer envers les autorités civiles un très grand respect que
d'inviter tous les maires, je ne sais pas si on pourra inviter des conseillers,
mais je sais que les maires seront invités les présidents de
Chambres de commerce, de clubs sociaux, d'organisations comme les clubs des 4H.
Tout ce monde là doit sentir que...
M. LAPORTE: Invitez-vous des majorettes?
UNE VOIX: Le Cercle des fermières de Sainte-Foy.
M. JOHNSON: ... le pavillon du Québec, c'est son pavillon.
M. LAPORTE: M. le Président, sur le principe, je suis absolument
d'accord. Nous devrions profiter, en fait on profite de cet
événement unique pour inviter des représentants des corps
publics, des représentants des administrations des divers endroits de la
province de Québec, mais est-ce qu'on ne devrait pas suggérer la
ligne de conduite que le gouvernement a acceptée pour à peu
près toutes les réceptions qui se font à l'occasion de
l'Expo, quand il y a des dîners d'Etat, c'est-à-dire d'inviter des
représentants de l'Opposition. Dans un autre domaine, on a presque pris
l'habitude, lorsqu'un ministre se rend dans un endroit éloigné de
la province pour prononcer une conférence, il invite le
député de la région à l'accompagner. Est-ce qu'on
ne pourrait pas pour éviter toute tentation de partisanerie et pour bien
établir aux yeux des corps publics et des conseils municipaux qu'il
s'agit d'un événement qui intéresse tout le monde dans la
province qu'à ces réceptions un ou des représentants de
l'Opposition soient invités systématiquement à chaque
fois?
M. JOHNSON: Je passerai l'information à qui de droit.
M. LAPORTE: Il est justement assis en arrière de vous ce «
qui de droit »! Cela pourrait se faire vite!
M. JOHNSON: Je pense qu'il a de bonnes oreilles et je pense bien que
nous avons, jusqu'à maintenant en tout cas, pris des précautions
assez évidentes pour démontrer que ce n'était pas
l'affaire d'un parti. Je me suis même fait reprocher en certains milieux
de faire de grands compliments au gouvernement précédent, au
ministre tuteur précédent. Nous avons vu à ce qu'il soit
invité partout. Non, il faut, vis-à-vis de l'étranger,
montrer un front uni. Dès que je franchis les frontières du
Québec, moi, j'oublie la partisanerie politique et, dès que je
reçois des visiteurs de l'extérieur, c'est très facile
pour moi d'oublier la partisanerie politique.
M. LAPORTE: Je félicite le premier ministre pour toutes ces
réceptions avec des gens de l'extérieur, et quand il franchit les
frontières, mais quand il est à l'Intérieur de nos
frontières, avec les gens de la province de Québec, est-ce qu'on
peut lui suggérer d'avoir une égale magnanimité?
M. JOHNSON: Je vais pousser l'abnégation jusque-là.
M. LAPORTE: M. le Président, c'est grand! M. MICHAUD: Est-ce que
les responsables
de l'agence Intermédia, qui me semblent prendre une place
considérable dans la vie politique québécoise, ont quelque
chose à voir avec la visite des chefs d'Etat?
M. JOHNSON: Non.
M. MICHAUD: Avec la visite des autres? Parce que là c'est
marqué: « Visite des chefs d'Etat et autres ».
M. JOHNSON: Non.
M. MCHAUD: Il n'y a aucun mandat vis-à-vis des chefs d'Etat?
M. JOHNSON: Non.
M. MICHAUD: Intermédia ne s'occupe de rien?
M. JOHNSON: Rien.
M. MICHAUD: N'a aucune fonction officielle au pavillon du
Québec?
M. JOHNSON: Non, aucune. M. MICHAUD: Merci.
M. LEDUC (Taillon): J'ai été très heureux
d'entendre le premier ministre dire tantôt que l'Expo, c'était
l'affaire de tout le monde. Evidemment, il essayait d'inviter les maires et
peut-être d'autres personnes, d'autres corps intermédiaires, et je
crois que nous devons, nous de l'Opposition, le féliciter de cette
attitude.
Samedi dernier, c'était la journée du Québec
à l'Expo. Une partie de l'Expo a été payée par les
contribuables de la province qui, eux, ont élu au mois de juin 1966 des
représentants. Ces 5,900,000 habitants de la province ont 108
représentants. Malheureusement, ce n'est pas tout le monde qui va
pouvoir aller à l'Expo et, à l'occasion de la journée du
Québec malheureusement, à la Place des nations, à
l'Autostade, les représentants d'un grand nombre de comtés n'ont
pas été invités à participer aux manifestations de
la journée du Québec. Nous avons été
invités, nous avons reçu une invitation pour assister au buffet
le samedi soir et assister à la parade de la Saint-Jean-Baptiste,
à Montréal. Malheureusement il y a plusieurs collègues de
l'Opposition qui n'ont pas reçu d'invitation pour la journée de
l'Expo...
M. ROY: Le même traitement a été fait de ce
côté-ci.
M. LEDUC (Taillon): Alors, à ce moment-là, je regrette,
mais si ça s'est fait des deux côtés, c'est malheureux,
mais je crois que ce n'est pas justifié. Et je crois que les 108
représentants de ceux qui ont payé une bonne partie de l'Expo,
c'est la province qui aurait été là avec les 108
représentants. Ils auraient dû être invités.
Malheureusement, il est trop tard.
M. JOHNSON: Le député de Taillon fait bien de faire
aboutir cette plaie, mais il faudrait préciser que les Jeux gymniques
n'étaient pas sous le contrôle de la province.
M. LEDUC (Taillon): D'accord.
M. JOHNSON: J'y étais invité ainsi que quelques autres
personnes. La cérémonie du matin et le déjeuner du midi
sont la responsabilité de l'Expo, c'est le procédé. Il n'y
avait sous la responsabilité de la province que le dîner pour
lequel nous avons fait parvenir des invitations à tous les
députés, du moins c'étaient mes instructions.
J'espère qu'on les a reçues. Cela m'a fait plaisir de voir
plusieurs députés présents dont le député de
Taillon.
M. TREMBLAY (Bourassa): Non, mais je voudrais assurer le premier
ministre que même si nous ne sommes pas invités, on va se faire
réélire à la prochaine élection quand même.
Ne vous en faites pas pour ça.
M. LAPORTE: Avant que nous n'adoptions cet article de $2,300,000, je
voudrais dire au premier ministre les excellents commentaires que nous avons
eus sur la façon dont les gens sont reçus au Pavillon du
Québec, sur le travail qui est exécuté par ceux qui y
travaillent. Jusqu'ici nous n'avons eu que des éloges, et je voudrais
que le premier ministre se fasse notre interprète pour transmettre
à qui de droit les commentaire élogieux que nous entendons de
toute part.
M. JOHNSON: Je suis très heureux d'entendre le
député de Chambly exprimer publiquement ses sentiments. Je sais
qu'il est bien informé et j'ai, moi aussi, le même son de cloche,
mais disons que je suis plus sûr que c'est exact quand les informations
vont à d'autres. On peut être poli envers moi à cause de ma
fonction. J'ai mes sources d'information et je suis très fier de la
façon dont les gens sont reçus. J'ai vu à la volée
l'autre jour des coupures qui témoignent de l'efficacité du
travail de ceux qui sont employés tant par la province que par le
pavillon, et je sais que ces
gens-là travaillent extrêmement fort et il est possible que
nous leur donnions des assistants ou des adjoints avant qu'ils ne tombent en
route. Ils travaillent de 18 à 20 heures par jour et, quand je vois des
députés se plaindre parce qu'on veille très tard, qu'on
travaille tard, je me dis: C'est le rythme de ces gens depuis les mois et des
mois.
M. MICHAUD: C'est un manque de courage, c'est de la
déloyauté.
M. LAPORTE: Bon, adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Poste 12.
M. LAPORTE: Un instant, si vous voulez me laisser quelques secondes, je
vais trouver une question ou deux sur ça.
M. JOHNSON: Pas d'objection. M. LAPORTE: Adopté. M. JOHNSON:
Poste 13.
M. LAPORTE: Un instant. $75,000 de dépenses diverses et
imprévues. Quelles sont les principales dépenses imprévues
que l'on prévoit?
M. JOHNSON: Les dépenses imprévues que l'on prévoit
sont aussi diverses et imprévues qu'elles ne l'ont toujours
été, sauf que cette année on prévoit moins de
dépenses imprévues et diverses que l'année dernière
parce que l'année dernière, on en demandait pour$90,000. Mais
cette année, à cause d'une bonne administration, les divers et
les imprévus sont moins nombreux.
M. LAPORTE: Si le premier ministre avait répondu, toujours aussi
clairement et directement aux questions, son budget aurait passé plus
vite! Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste 13, adopté. Poste 14.
M. MICHAUD: Est-ce qu'on va payer le café? Le gouvernement paye
le café?
M. LAPORTE: Un instant. Comme les gens sont pressés. Poste 14
Achat, construction et transformation d'immeubles. Qu'allez-vous acheter
et transformer pour $100,000?
M. BELLEMARE: Il y a $400,000 de moins.
M. LAPORTE: Je comprends. Cela prouve bien que le gouvernement est au
point d'arrêt.
M. BERGERON: On achève de bâtir.
M. LAPORTE: Alors, c'est pourquoi les $100,000?
M. JOHNSON: C'est un des fonds que nous gardons en disponibilité
pour régler une cause en expropriation, soit dans le cas de la Caisse
d'économie.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LAPORTE: Richesses naturelles? Non. J'aimerais mieux les affaires
fédérales-provinciales. M. Lesage serait surpris demain
matin.
M. LEBEL (président du comité des subsides): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté les résolutions et qu'il demande la permission de
siéger de nouveau.
M. PAUL (président): L'honorable ministre des Finances propose
que les résolutions soient maintenant reçues, lues et
agréées. Cette motion est-elle adoptée? Quant le
comité pourra-t-il siéger de nouveau?
M.JOHNSON: Même séance.
M. LE PRESIDENT: Même séance.
M. LAPORTE: Même séance. Avant de partir, dites
bonjour.
M. JOHNSON: Demain, M. le Président, nous entendrons les
pétitionnaires relativement à la refonte de la charte de
l'université de Montréal ainsi que, parait-il, plusieurs groupes
qui ont des représentations à faire. Je doute que nous puissions
siéger avant 3 heures et je ne suis pas certain que nous ayons
terminé l'étude du bill pour 3 heures. A tout
événement, si on voulait ajourner la Chambre à 3 heures,
quitte, après l'ouverture à ce que l'on ajourne, de nouveau pour
accomoder les gens de l'université de Montréal et les
opposants.
M. MICHAUD: Bien jusqu'à 3 heures, de façon à
éviter les visites nocturnes, n'est-ce pas, du ministre du Travail.
M. BELLEMARE: Non, non, ce n'est pas l'Aquarium.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il est toujours défendu de
référer à des débats antérieurs. La Chambre
ajourne ses travaux à ce jour, 3 heures de l'après-midi.