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(Quinze heures deux minutes)
M. LEBEL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus.
L'honorable député de Joliette.
Comité sur le camionnage
M. ROY: M. le Président, le comité des relations
industrielles sur le camionnage a l'honneur de soumettre à votre
honorable Chambre son premier rapport. Votre comité a été
institué par motion le 17 décembre 1968, avec mission de
continuer le travail entrepris par le sous-comité des relations
industrielles sur le camionnage, avec pouvoirs de siéger après la
prorogation, d'entendre des témoins, afin de poursuivre l'étude
des normes de travail dans le camionnage.
Ledit comité s'est réuni le 20 février 1969.
Ont été soumis à la considération des
membres du comité les documents suivants:
Les recommandations du rapport Lippé;
Les mémoires de l'Association nationale des camionneurs-artisans
indépendants Inc., de l'Association du camionnage du Québec Inc.,
du Syndicat des camionneurs du comté de Lévis, de la
Fédération des associations des camionneurs de la Mauricie. De
plus, ces mêmes organismes ont saisi le comité d'une étude
des vingt recommandations du rapport Lippé.
Le mémoire de l'Association des constructeurs de routes et grands
travaux du Québec;
Le résumé des délibérations du groupe de
travail mis sur pied le 3 juillet 1968, au cours d'une séance du
comité permanent des relations industrielles;
Les données extraites du rapport Lippé au sujet des
pesanteurs minimales des véhicules; Un extrait de l'arrêté
en conseil 1045 du 27 mai 1964, ainsi que les arrêtés en conseil
numéro 2484 du 29 décembre 1964 et numéro 133 du 12
février 1966 portant sur les véhicules extra-lourds, les
ensembles de trois véhicules et les limites quant à leur
pesanteur et leur longueur totale.
Le comité recommande l'audition, lors de sa prochaine
réunion, du président de l'Association des pâtes et
papiers. Je dépose également le numéro du journal des
Débats où paraît le compte rendu des
délibérations de la séance du 20 février 1969.
Respectueusement soumis.
M. LE PRESIDENT: Ce rapport sera-t-il adopté? Adopté.
Présentation de motions non annoncées. L'honorable
Secrétaire de la province.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais faire motion pour que M.
Tremblay (Chicoutimi) remplace M. Plamondon à la commission de la
présidence du conseil exécutif.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics. Affaires du jour.
L'honorable député d'Ahuntsic.
Question de privilège
M. LEFEBVRE: M. le Président, je veux invoquer mon
privilège de député pour rectifier certains
événements qui ont été l'objet de commentaires et
en cette Chambre et à l'extérieur de cette Chambre et qui ont
été mentionnés, je pense, en mon absence, par l'honorable
Secrétaire de la province.
Du 23 avril au 1er mai, j'ai pris part aux séances de la
commission parlementaire de l'éducation. En l'absence du
député de Vaudreuil-Soulanges, et à sa demande, j'ai
assumé pendant plusieurs jours la responsabilité d'orienter le
travail de l'Opposition au sein de cette commission.
Le jeudi 1er mai, au cours du débat sur une motion concernant la
convocation d'une autre commission parlementaire, le député de
Chicoutimi et ministre des Affaires culturelles a donné un compte rendu
que je juge contraire à la réalité de l'atmosphère
qui a régné à la commission de l'éducation. Dans
des termes et pour des motifs qui sont consignés au journal des
Débats, vous avez jugé à propos, M. le Président,
de me retirer le droit de répliquer au député de
Chicoutimi.
J'admets volontiers avoir été très
étonné, voir irrité, de cette décision. Le journal
des Débats reproduit fidèlement les propos que j'ai tenus
à ce moment-là. Plus tard, le même jour, j'ai
rencontré, dans la salle des conférences de la tribune de la
presse, quelques membres de la tribune. Mes commentaires ont alors porté
principalement sur l'atmosphère
qui avait régné à la commission de
l'éducation. Ce n'est point le moment de rappeler ici les nombreux
griefs que j'ai énumérés pour justifier ma
déception quant au climat peu parlementaire qui a régné
durant ces séances.
Je regrette, M. le Président, que certains comptes rendus aient
attribué à la présidence de l'Assemblée nationale
des critiques qui visaient la commission de l'Education. Quant à la
présidence de l'Assemblée nationale, la remarque que j'ai faite
aux journalistes, en dehors de la Chambre, était substantiellement la
même que celle que j'ai faite en Chambre. J'ai toutefois pris soin
d'ajouter que c'était la première fois que j'avais à me
plaindre de l'une de vos décisions. Vos propres paroles indiquent, M. le
Président, que cette décision ne vous a pas été
agréable ni facile.
Cependant, pour corriger le tort injustifié qu'un titre de compte
rendu aurait pu faire à votre personne ou à la fonction que vous
occupez, je suis disposé à convenir que vous avez agi de bonne
foi. Quant aux jugements que les observateurs indépendants pourront
porter sur l'ensemble des événements auxquels je viens de faire
allusion, je crois que la lecture du journal des Débats de la
séance plénière du 1er mai et les comptes rendus de la
commission de l'éducation, pour les 30 avril et 1er mai, sont les
meilleures pièces au dossier.
Soyez assuré, M. le Président, que j'apprécie la
difficulté et l'importance de votre tâche.
M. LE PRESIDENT: L'honorable Secrétaire de la province.
M. PAUL: M. le Président, lundi dernier, je vous avais
demandé de me conserver l'avantage de soulever une question de
privilège lorsque l'honorable député d'Ahuntsic serait de
retour en Chambre. A la suite de la question de privilège
soulevée par l'honorable député d'Ahuntsic, je
déclare ne pas avoir de question de privilège à
soulever.
M. BERTRAND: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Si on me le permettait, sur la même question, je
veux d'abord remercier l'honorable député d'Ahuntsic. Je dois
dire que, de prime abord, lorsque j'ai été prévenu,
suivant nos nouveaux règlements sessionnels, que cette question de
privilège serait soulevée, j'aurais souhaité,
personnellement, que cette question n'ait pas à être
soulevée, mais on m'a vite rappelé et je me suis rappelé
moi-même que la présidence était une chose et le
président une autre chose.
Ce dernier se contente de réclamer des membres de la Chambre leur
coopération et leur sympathie, tandis que la présidence est plus
exigeante. Elle doit réclamer et maintenir son prestige et son
autorité. Je sais que tous les membres de cette Chambre sont conscients
de cette nécessité de l'autorité et du prestige de la
présidence, qui seront encore plus appréciés, le jour
où ils viendront à disparaître.
Je remercie donc l'honorable député d'Ahuntsic et je
souhaite fermement que ce genre d'incident ne se répète plus. Je
remercie aussi les membres de la Chambre.
L'honorable premier ministre.
Capture de « Sonny » Coe
M. BERTRAND: M. le Président, on vient de m'informer que «
Sonny » Coe, l'évadé, aurait été
arrêté à Montréal, au domicile de son amie.
M. LESAGE: Est-ce que l'information est exacte, cette fois-ci?
M. BERTRAND: Il serait actuellement sous les verrous à
Montréal. Je tiens à remercier les corps policiers et les
policiers qui ont procédé à l'arrestation de cet
évadé.
M. LESAGE: M. le Président, lorsque le premier ministre nous
avait annoncé que « Sonny » Coe était sous les
verrous, il n'avait pas utilisé le conditionnel. Il avait dit: «
Sonny » Coe est maintenant sous les verrous et, à ce
moment-là, il ne l'était pas. J'espère que nous pouvons
avoir plus confiance au premier ministre quand il parle au conditionnel qu'au
présent.
M. BERTRAND: Vous pouvez toujours avoir confiance en lui, au
passé, au présent et pour l'avenir.
M. LESAGE: Au conditionnel.
M. BERTRAND: Les renseignements me sont parvenus instanter de mon
secrétaire, en provenance du bureau du sous-ministre qui s'occupe des
affaires criminelles.
M. LAPORTE: A-t-il eu le temps de faire une demande de
cautionnement?
M. BERTRAND: J'espère bien que s'il en fait une, elle lui sera
refusée.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. BERTRAND: Qu'importe!
Questions et réponses
Wabush Mines
M. BELLEMARE: M. le Président, hier l'honorable chef de
l'Opposition me posait une question au sujet de la Wabush Mines. Ce matin,
l'honorable député du comté de Duplessis me
téléphonait pour obtenir certains renseignements. Je dois dire
à la Chambre qu'effectivement la grève a pris effet à
minuit et une minute à Pointe-Noire. Cette grève affecte 460
employés. Je crois qu'il y a une différence assez
considérable entre la demande des métallos, dirigés par M.
Bouchard, et l'offre de la compagnie.
La compagnie, il est bon de le savoir, offrait pour la première
année une augmentation de $0.12, soit 3.7%; pour la deuxième
année, une augmentation de $0.08, soit 2.6% et une augmentation de
$0.08, soit 2.5% pour la troisième année, plus une augmentation
de $0.09 sur les écarts entre les différentes tâches
à cause de la durée de la convention qui est trois ans.
Très peu de clauses normatives ont été
réglées à ce jour. Il faut vous rappeler, M. le
Président, que durant la pratique et l'exercice de cette convention
collective qui vient de se terminer, nous avons rencontré
énormément de difficultés au ministère, du Travail
avec les arrêts spontanés des employés qui, brisant les
accords, ont débrayé jusqu'à sept fois. Maintenant, le
syndicat demande $0.50 d'augmentation pour la première année;
$0.25 pour la deuxième et $0.25 pour la troisième année,
ce qui fait $1 l'heure, comparativement à l'offre de $0.37 faite par la
compagnie.
Depuis plusieurs années, on avait pris comme position de
s'aligner sur ce qu'on payait dans le même domaine aux Etats-Unis. Cette
année, il y a eu des ententes signées aux Etats-Unis. Il y a eu
une augmentation de $0.44 l'heure répartie sur trois ans, plus $0.10
d'augmentation sur les écarts entre les différentes tâches.
Notre conciliateur, M. Jean-Marc Jodoin, est d'avis, d'après ses
dossiers, que le règlement pourrait être effectué sur la
base du règlement des Etats-Unis, plus $0.10. On nous informe que M.
Jean Gérin-Lajoie, le directeur des métallos, sera là
aujourd'hui et demain afin de rencontrer les différentes associations et
les différents groupes.
La conciliation se poursuit aujourd'hui à la compagnie Iron Ore,
à Schefferville. Le conciliateur nous mentionne qu'il a un peu plus
d'espoir de ce côté-là, bien que l'on soit à
établir un « pattern » pour les trois grandes organisations:
Wabush Mines, Iron Ore et Qué- bec Cartier Mining. A la Québec
Cartier Mining, toutes les clauses normatives sont réglées, ou
presque; il n'en reste qu'une. Mais à l'Iron Ore et à la
Québec Cartier Mining, les offres patronales et les demandes syndicales
sont identiques à celles qui ont été faites à la
compagnie Wabush Mines.
M. le Président, je sais que les délais pour
l'intervention du conciliateur ont été prolongés à
la Québec Cartier Mining jusqu'au 14 mai, tandis que l'on a
prolongé les délais aussi pour l'Iron Ore jusqu'au 11 mai
prochain, à midi.
Je dois dire que M. Jodoin, après son rapport de ce matin, est
retourné immédiatement sur les lieux pour tâcher de trouver
une solution après des discussions qui doivent avoir lieu, ce soir et
demain, avec les principaux intéressés.
Iron Ore et Cartier Mining
M. COITEUX: Est-ce que l'honorable ministre pourrait me dire si la
compagnie Iron Ore ainsi que Cartier Mining ont déterminé des
délais pour, eux aussi, déclencher la grève?
M. BELLEMARE: Je viens de dire, dans ma déclaration, qu'en ce qui
regarde Iron Ore on a prolongé la conciliation jusqu'au 14 mai. En ce
qui regarde Cartier Mining, ç'a été prolongé
jusqu'au 11 mai.
M. COITEUX: Est-il exact que le ministère aurait demandé
que, d'un côté ou de l'autre, surtout de la part des
employés, on donne un avis de 72 heures avant le déclenchement
d'une grève?
M. BELLEMARE: Ce n'est pas dans le code du travail.
M. COITEUX: Apparemment, il y aurait eu entente.
M. BELLEMARE: Il peut y avoir certainement des ententes; ce sont des
compromis qui peuvent se faire. On a beaucoup hésité, hier,
à Wabush avant de déclencher cette grève. Je ne sais pas,
je ne veux pas faire de prédictions, mais on s'approche d'un
règlement Il y a des questions normatives qui ne sont presque pas
réglées à Wabush, mais qui sont entièrement
réglées à Iron Ore et à Cartier Mining. Quand il
s'agit de la question salariale, les offres patronales sont toujours les
mêmes et celle des métallos n'a pas changé.
M. LEVESQUE (Laurier): Si le ministre du
Travail le permet, c'est à propos de la question des
salaires.
M. COITEUX: Juste une question. Le ministre est certainement au courant
qu'il serait catastrophique pour la région, étant donné
que ça affecterait 90% de l'économie. Les efforts ne doivent donc
pas être ménagés pour essayer de régler ce conflit,
parce que ça implique aussi indirectement tout le transport du
matériel qui se fait actuellement aux chutes Churchill où il y a
environ 2,500 hommes au travail et où on prévoit qu'il y aura
6,000 hommes. S'il y avait une grève du chemin de fer Quebec North Shore
Labrador Railway, qui transporte le matériel pour Churchill, en plus de
la catastrophe économique que cela représenterait pour les
locaux, tout le travail de Churchill serait beaucoup affecté. Il ne faut
pas oublier que nous avons un très fort pourcentage de gars du
Québec qui travaillent à ces projets.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas besoin de vous dire que chaque grève
cause, en tout temps et partout, des perturbations qui dérangent
sûrement tout le commerce et l'intérêt public. Seulement,
qu'est-ce que vous voulez, c'est consigné dans nos lois et nous
respectons les droits de chacun. C'est pourquoi nous avons voulu aussi, en
vertu des pouvoirs qui sont conférés au ministère du
Travail, déléguer, depuis au moins trois semaines, M. Jean-Marc
Jodoin sur les lieux. C'est un excellent conciliateur qui a déjà
à son crédit de nombreuses conciliations où il a
réussi. Après l'avoir vu ce matin, on peut sûrement dire
que tout ce qu'il sera humainement possible de faire va être fait.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, à propos du
« pattern » sur les salaires, est-ce que les demandes des
métallos sont en « pattern »? Le ministre a
mentionné, je crois, $0.50, $0.25, c'est-à-dire $1 sur trois ans
comme demande syndicale.
M. BELLEMARE: L'heure.
M. LEVESQUE (Laurier): Bien, forcément oui, mais sur trois ans,
comme demande syndicale à Wabush. Est-ce la même demande syndicale
qui revient?
M. BELLEMARE: C'est la même offre partout.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais la demande syndicale?
M. BELLEMARE: La même offre partout M. LEVESQUE (Laurier):
Bon.
M. BELLEMARE: La demande de Wabush, la demande d'Iron Ore et la demande
de Cartier Mining sont exactement sur le même principe.
M. LEVESQUE (Laurier): Donc il y a un « pattern » dans les
deux cas.
M. BELLEMARE: Comme les métallos ont toujours
négocié en regard de ce qui existe aux Etats-Unis ou ailleurs, le
« pattern » qui a été fait cette année aux
Etats-Unis est de $0.44 pour trois ans, avec $0.10 d'augmentation.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'il a été signé aux
Etats-Unis? A $0.44 est-ce qu'ils ont signé?
M. BELLEMARE: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, est-ce la raison pour laquelle le «
pattern » du syndicat ici est de $1 sur trois ans, plutôt que $0.44
aux Etats-Unis? Est-ce que ça veut dire qu'ils courent après la
parité complète, qu'ils ne l'ont pas encore ou quelque chose du
genre?
M. BELLEMARE: Non, je ne pense pas; au contraire, je pense qu'elle est
pas mal atteinte.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, est-ce que ça veut dire qu'on
prétend dépasser...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... les salaires américains?
M. BELLEMARE: Si on acceptait la demande syndicale, on les
dépasserait au moins de 22% ou 23%.
M. LEVESQUE (Laurier): Se pourrait-il qu'on se serve tout simplement des
secteurs canadiens comme les...
M. BELLEMARE: Je pense que, dans toute grève, il y a toujours une
offre et une demande. Et c'est après des compromis que l'on vient
à rencontrer le « guide line », c'est-à-dire
la mesure raisonnable entre les parties, et je pense qu'on s'en vient vers
ça.
M. LEVESQUE (Laurier): Vers le règlement américain,
M. BELLEMARE: Peut-être un peu plus à cause du 10.
Même, on met dans notre offre 9% et le conciliateur ajoute 10%.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture.
Versement à la Régie des rentes
M. VINCENT: L'honorable chef de l'Opposition posait une question jeudi
dernier sur les crédits du ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation. Je viens tout juste d'obtenir les renseignements. La question
était la suivante: Pour combien de cultivateurs le gouvernement a-t-il
fait les versements à la Régie des rentes entre le 1er avril 1968
et le 1er avril 1969? Ici je reçois la réponse de M. Robert
Després, sous-ministre du Revenu: « Pour faire suite à une
conversation téléphonique de vendredi dernier, vous trouverez
ci-après les renseignements demandés concernant les
remboursements effectués pour l'année d'imposition 1967, de la
moitié de la contribution au régime de rentes des travailleurs
autonomes gagnant moins de $2,000 dans le cas des célibataires ou $4,000
dans le cas des travailleurs mariés. Le total de ces remboursements pour
l'année d'imposition 1967 s'est élevé à $1,910,877.
Le nombre de contribuables ayant bénéficié de ces
remboursements pour l'année d'imposition 1967 s'est chiffré par
60,840. De ce nombre, on estime que 36,000 sont des cultivateurs. On ne
connaîtra pas avant l'automne de 1969 la somme des remboursements qui
seront faits à cette catégorie de contribuables pour
l'année d'imposition 1968. Toutefois le budget de 1969/70 prévoit
une somme de $2,600,000. »
Gaspé Copper Mines
M. BELLEMARE: Dans un article paru dans le Soleil le 6 mai 1969, M.
François Aubin prédit qu'il y aura 1,000 Gaspésiens en
grève à la Gaspé Copper, à Murdochville et à
la Consolidated Bathurst, à New Richmond. Je sais que l'honorable
député serait bien intéressé à avoir
quelques nouvelles. On n'a pas pris de vote de grève à la
Gaspé Copper. Il y aura demain matin, le 8 mai, à dix heures, une
réunion de conciliation devant M. Pilotte qui doit rencontrer les
parties et qui reste en place jusqu'au 13 mai, date limite.
M. LEVESQUE (Bonaventure): A quel endroit?
M. BELLEMARE: A la Gaspé Copper.
M. LEVESQUE (Bonaventure): A Murdochville.
M. BELLEMARE: Oui. A la Consolidated Bathurst, à New Richmond,
deux votes de grève ont été pris dans les deux locaux qui
sont intéressés aux négociations de la nouvelle convention
collective. Les séances de conciliation se continueront demain à
dix heures. La poursuite de la conciliation devrait expirer le 13 mai. Le
conciliateur est M. Jean-Paul Lafleur, et dans les deux cas, il y a un espoir
assez ferme de règlement.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Très bien.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
Urwick Currie
M. LESAGE: Lundi, j'avais d'abord téléphoné au
premier ministre au sujet du rapport Urwick Currie et, juste avant l'ordre du
jour, je lui avais demandé s'il avait l'intention de déposer le
rapport bientôt. Il m'a répondu qu'à la suite de la
conversation téléphonique que nous avions eue ensemble, il avait
demandé des renseignements et devait me tenir au courant au plus
tôt. Puis-je lui rappeler cet échange.
M. BERTRAND: C'est le ministre d'Etat délégué
à la Fonction publique qui s'occupe surtout de ces problèmes. On
m'informe que ce n'est pas un rapport qui doit être rendu public. C'est
un rapport qui a été commandé pour le ministre et pour le
ministère et non pas pour être déposé publiquement.
Le ministre pourra quand même en parler, lors de l'étude de mes
estimations budgétaires. Lorsque nous étudierons le poste de la
Commission de la fonction publique, il pourra en parler, mais le rapport ne
devrait pas être produit.
M. LESAGE: Je devrai avoir recours aux extraits qui ont paru dans les
journaux pour poser des questions. Alors, il serait peut-être bon que le
ministre fasse vérifier si les extraits de ce rapport qui ont paru dans
les jour-
naux sont exacts, afin que je puisse poser mes questions à partir
de citations authentiques.
M. MASSE: Je demanderai à mon cabinet de vérifier s'il y a
une relation entre les extraits qui ont été reproduits dans les
journaux, si extraits il y a eu. Je vais demander de vérifier d'abord
s'il y a eu des extraits. Je n'en ai pas pris connaissance.
M. LESAGE: Oui, c'était dans le journal. Je ne les ai pas devant
moi, parce que nous n'étudions pas les crédits de la
présidence du Conseil de l'exécutif cet après-midi, mais
je les avais devant moi l'autre jour lorsque j'ai posé ma question au
premier ministre. Il s'agit d'articles publiés dans le journal Le Soleil
sous la signature, je crois, de M. Gilbert Athot.
M. MASSE: Je demanderai de vérifier cela, et nous en discuterons,
je crois bien, aux crédits de la Fonction publique dans quelques
jours.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Ahuntsic.
Commissaires d'école à
Montréal
M. LEFEBVRE: Ma question s'adresse aussi bien au ministre de l'Education
ou au premier ministre, qui ont reçu tous deux une communication de la
part de plusieurs groupes importants de Montréal, au sujet de la
nomination des commissaires d'école à Montréal. Je poserai
peut-être directement la question au ministre de l'Education: A-t-il
l'intention d'accepter l'offre de collaboration que lui ont transmise le
comité conjoint des parents, l'Alliance et tous les autres groupes dont
il a reçu le message?
M. CARDINAL: M. le Président, je suis toujours disposé
à accepter toutes les offres de collaboration et à les
étudier avec le conseil des ministres pour prendre avec eux la
décision la plus judicieuse dans les circonstances.
M. LE PRESIDENT: L'honorable Secrétaire de la province.
M. PAUL: Je voudrais produire le rapport de l'éditeur officiel du
Québec, en vertu des dispositions des articles 25 et 26 de la Loi
d'interprétation, Statuts refondus du Québec, 1964, chapitre
1.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Gaspé-Sud.
Inondations en Gaspésie
M. FORTIER: J'ai trois questions à poser au premier ministre.
Voici ma première question. Comme de fortes inondations ont causé
des dommages de plusieurs millions de dollars à la
propriété municipale, à la propriété
privée de Cap-Chat à Newport, en Gaspésie, le gouvernement
du Québec a-t-il demandé l'aide du gouvernement
fédéral afin de contribuer à dédommager la
région atteinte par les raz de marée de l'hiver dernier en
Gaspésie?
M. BERTRAND: Je prends avis de cette première question. Comme le
député ne m'en a pas parlé, je prends avis de sa question
pour y répondre demain.
UNE VOIX: Demain ou après-demain.
M. FORTIER: Voici ma deuxième question. Est-ce que des conseils
municipaux de la région ont demandé de l'assistance
financière ou de l'aide en vertu de quelque programme de mesures
d'urgence? Si cette requête a été formulée, le
gouvernement a-t-il formé une commission pour évaluer
l'étendue des dommages?
M. BERTRAND: Je prends avis des trois questions.
M. FORTIER: C'est la deuxième seulement.
M. BERTRAND: J'en prends avis quand même.
M. LAPORTE: ... plus vite que cela. M. LACROIX: ... décision et
action. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. FORTIER: Voici la troisième question. Est-ce que le premier
ministre pourrait considérer comme une demande officielle que je fais,
au nom des municipalités de Gaspé-Sud et Gaspé-Nord, de
former une commission pour se rendre sur les lieux pour rencontrer les
autorités municipales?
M. BERTRAND: J'en prends avis également. Nous verrons à la
suite des réponses qui seront fournies aux deux premières.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. L'honorable ministre de
l'Immigration.
M. BEAULIEU: J'ai l'honneur de déposer
le rapport de la Régie de l'assurance-dépôt du
Québec pour l'exercice terminé le 31 décembre 1968. En
annexe, se trouvent l'état des irais d'administration et le rapport du
vérificateur du Québec.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. L'honorable Secrétaire de la
province.
M. PAUL: Conformément à la coutume établie, qu'il
me soit permis de produire ou de faire produire certaines réponses aux
questions qui figurent au feuilleton...
Projets de loi de M. Michaud
M. LAPORTE: M. le Président, avant que nous ne passions à
d'autres articles de l'ordre du jour, le Secrétaire de la province
m'excusera, il y a au feuilleton de l'Assemblée nationale depuis le 11
mars 1969 un projet de loi inscrit au nom de M. Michaud et un autre projet de
loi en date du 25 mars...
M. BERTRAND: Je peux dire que nous nous sommes entendus avec le
député de Gouin tout à l'heure.
M. LAPORTE: M. le Président, je sais que le premier ministre
s'est entendu avec le député de Gouin pour dire que ce serait
appelé la semaine prochaine. Il restera à ce moment-là
à peine quatre semaines de session. Il n'y a aucune espèce de
raison pour que ce ne soit pas appelé aujourd'hui. Je ne prétends
même pas que je suis d'accord. Cela ne prendrait que deux secondes.
M. BERTRAND: C'est entendu.
M. MICHAUD: M. le Président, je suis prêt. Si le premier
ministre veut bien accéder, je suis prêt, moi, à faire la
lecture...
M. BELLE MARE: Ce n'est pas fini.
M. MICHAUD: ... de la première lecture. Il y 4 a trois lignes par
chaque projet de loi.
M. BELLEMARE: Le leader de l'Opposition n'a pas fini de vous
expliquer.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
M. BELLEMARE: Entendez-vous sur le « timing ».
M. LAPORTE: M. le Président, je me souviens que le 18 mars 1969,
le leader du gouvernement avait dit: « A cette occasion, je voudrais
qu'il soit bien entendu que le gouvernement a bien l'intention de respecter la
note 2 de l'article 126 qui prévoit que les ministres n'ont pas de
contrôle sur l'ordre à suivre dans les affaires inscrites au nom
des simples députés. »
S'il ne s'agissait que des deux bills du député de Gouin,
évidemment il pourrait faire je lui en ai dit un mot tout
à l'heure, d'ailleurs avec le premier ministre ou les autres
ministres toutes les ententes imaginables. Nous sommes en présence d'un
principe. Il n'est pas normal que ce soit le premier ministre ou le
gouvernement qui décide à quel moment les projets de loi inscrits
au nom des simples députés seront appelés.
Je n'ai pas d'objection personnellement à ce que ces deux projets
de loi ne soient appelés que la semaine prochaine à la condition
que l'on s'entende clairement sur une chose qui est simplement le respect du
droit des parlementaires. Lorsque des députés inscriront des
projets de loi, ils seront appelés le mercredi suivant en
première lecture parce qu'autrement quel est le droit? On a le droit
d'inscrire des projets de loi sur toute question excepté les «
money bills ». Cela peut durer toute la session sans qu'ils soient jamais
appelés. Cela m'est arrivé l'an dernier.
Alors, nous nous entendons sur ça, je suis tout à fait
disposé et mes collègues aussi à prendre la
parole du premier ministre à l'effet qu'à l'avenir les projets de
loi inscrits au nom des députés vont être appelés le
mercredi qui va suivre leur inscription.
M. BERTRAND: Je n'ai aucune objection à respecter ce droit.
Place Royale à Québec
M. LAPORTE: C'est un pas dans la bonne direction. Très bien.
Est-ce que je peux également, à la période des questions
j'en ai encore deux demander au ministre des Affaires
culturelles, qui a retrouvé un sourire, éphémère
aujourd'hui, j'imagine, si l'on peut espérer avoir bientôt, avant
l'étude de ses crédits, le rapport des activités du
comité consultatif concernant la Place Royale à Québec,
document qui doit être produit dans les trente jours de l'ouverture de
chaque session?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre des
Affaires culturelles don-
nera réponse en temps et lieu et n'entend pas se faire dicter par
l'Opposition sa ligne de conduite.
M. LAPORTE: Je dirai d'abord que le ministre est trop modeste. Il
devrait s'appeler l'honorable ministre des Affaires culturelles à tout
le moins. Deuxièmement, ce n'est pas l'Opposition qui dicte sa ligne de
conduite au ministre des Affaires culturelles, mais bien le règlement de
l'Assemblée nationale qui dit que dans les trente jours de l'ouverture
de chaque session, le ministre...
Je comprends, M. le Président, que ce comité consultatif,
apparemment, n'a pas eu une très grande activité, mais cela peut
être dit dans un rapport. C'est une loi de 1966-1967, chapitre 25,
article 7, et ce n'est pas l'Opposition qui dicte. Alors je m'adresse au
premier ministre lui-même.
Dois-je comprendre que le ministre des Affaires culturelles est toujours
sous l'autorité du premier ministre, en dépit des
événements récents? Je demande au premier ministre
d'insister auprès de son collègue pour qu'il respecte la loi.
M. BERTRAND: Le ministre des Affaires culturelles est responsable de son
ministère et s'en acquitte bien.
M. CADIEUX: Ce n'est pas un cadeau!
M. BELLEMARE: Bon, en voiture!
M. LAPORTE: Cela est de la solidarité...!
M. LESAGE: C'est une responsabilité...
M. BELLEMARE: En voiture.
M. LESAGE: Ont-ils le droit de s'arrêter?
M. LAPORTE: Je comprends le premier ministre de ne pas se rendre
responsable de ce ministre-là.
M. BERTRAND: Le député de Chambly a très mal
compris.
M. PINARD: C'est que tout le monde...
M. BERTRAND: Il veut prêter aux autres des motifs et des
intentions qu'ils n'ont pas.
Aéroport de Sainte-Scholastique
M. LAPORTE: M. le Président, ma dernière question que
j'adresse au premier ministre sur un tout autre sujet est: Si la fantaisie me
prenait de poser des questions sur le problème de Sainte-Scholastique,
dois-je imaginer que je pourrais le faire pendant l'étude des
crédits des Affaires municipales, le ministre qui, en somme, a
été le porte-parole du gouvernement sur cette question?
M. BERTRAND: Pas d'objection. M. LAPORTE: Moi non plus.
M. BERTRAND: Le ministre des Affaires municipales répondra. Il
est capable de répondre et il a très bien présenté
la thèse du Québec.
M. LAPORTE: C'est toujours ce que j'ai compris.
M. BERTRAND: Grâce à lui, en certains milieux, on commence
à voir clair.
M. LAPORTE: Je voulais le féliciter, mais je vais attendre ses
crédits.
M. LESAGE: Pour M. Ryan, la dernière... M. BELLEMARE: En
voiture.
M. LE PRESIDENT: L'honorable Secrétaire de la province.
M. BELLEMARE: « All aboard ».
Questions inscrites au feuilleton
M. PAUL: Question numéro 9, inscrite au nom de M. Lacroix, il y
aurait lieu de faire motion pour que cette question soit transformée en
motion pour production de documents. Réponse de M. Russell.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. RUSSELL: Documents produits, M. le Président.
M. PAUL: Question numéro 20, au nom de M. Houde, réponse
de M. Cardinal.
M. CARDINAL: Lu et répondu, M. le Président.
M. PAUL: Question numéro 31, de M. Cadieux, réponse de M.
Russell.
M. RUSSELL: Lu et répondu, M. le Président.
M. PAUL: Question numéro 53, de M. Tessier, réponse de M.
Vincent.
M. VINCENT: Lu et répondu, M. le Président.
M. PAUL: Question numéro 58, de M. Courcy, réponse de M.
Vincent.
M. VINCENT: Lu et répondu, M. le Président.
M. PAUL: Question numéro 59, de M. Courcy, réponse de M.
Vincent.
M. VINCENT: Lu et répondu, M. le Président.
M. PAUL: Question numéro 60, de M. Pearson, réponse de M.
Russell.
M. RUSSELL: Lu et répondu, M. le Président.
M. PAUL: Question numéro 61, de M. Leduc (Taillon),
réponse de M. Russell.
M. RUSSELL: Lu et répondu, M. le Président.
M. PAUL: Question numéro 70, de M. Leduc (Taillon),
réponse de M. Russell.
M. RUSSELL: Lu et répondu, M. le Président.
M. PAUL: Question numéro 85, de M. Lefebvre, réponse de M.
Bellemare.
M. BELLEMARE : Lu et répondu, M. le Président.
M. PAUL: Question numéro 91, de M. Leduc (Taillon),
réponse de M. Gosselin.
M. LIZOTTE: Pour M. Gosselin, lu et répondu, M. le
Président.
M. PAUL: Question numéro 97, de M. Leduc (Taillon),
réponse de M. Bellemare.
M. BELLEMARE: Lu et répondu, M. le Président.
M. PAUL: Question numéro 100, de M. Leduc (Taillon),
réponse de M. Iizotte.
M. LIZOTTE: Lu et répondu, M. le Président.
M. PAUL: Numéro 118, ordre de la Chambre au nom de M. Courcy,
adopté, documents déposés par M. Vincent.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. PAUL: Numéro 121, adresse au nom de M. Parent, réponse
de M. Bertrand.
M. BERTRAND: Lu et répondu, M. le Président.
Ce que je viens de produire, c'est une réponse
complémentaire concernant la question numéro 37...
M. PAUL: Numéro 37, au feuilleton du 23 avril 1969.
M. BERTRAND: ... quant à la demande de M. Parent, il n'est pas
dans l'intérêt public que ce rapport soit rendu public alors que
les consultations sur le sujet entre le gouvernement du Québec, le
gouvernement fédéral et le gouvernement de l'Ontario ne sont pas
encore terminées.
M. PARENT: M. le Président, des rapports ont été
déposés qui n'engagent aucun gouvernement, rapports contenant des
recommandations à chacun des niveaux du gouvernement. Je ne pense pas
que ces documents-là soient d'intérêt public...
M. BERTRAND: Bien.
M. PARENT: ... il s'agit de recommandations qui ont été
faites aux trois gouvernements concernés. Je me demande pourquoi,
à ce moment-ci, on pourrait s'objecter à les déposer,
quand cela n'engage aucunement les gouvernements.
M. BERTRAND: La réponse tient quand même, M. le
Président. Nous sommes à l'heure actuelle en pourparlers avec le
gouvernement d'Ottawa et le gouvernement d'Ontario. Il y a des consultations
qui ont lieu. La réponse est là, il n'est pas
d'intérêt public de produire ces rapports pour le moment.
Numéro 133. M. le Président, nous appelons le
numéro 133.
M. LE PRESIDENT: L'honorable Secrétaire de la province.
M. PAUL: Merci, M. le Président.
Motion de M. Bousquet concernant le textile
M. PAUL: L'ajournement sur cette motion a été
demandé par l'honorable ministre du Travail et je comprends qu'en vertu
de l'article 261, l'honorable ministre du Travail devrait normalement reprendre
le débat sur cette motion cet après-midi.
Or, à la suite d'une conversation téléphonique que
j'ai eue hier soir avec l'honorable député de Drummond, il fut
convenu que si le consentement unanime de la Chambre était
accordé pour réserver le droit de parole de l'honorable ministre
du Travail et de la Main-d'Oeuvre, l'honorable député de Drummond
pourrait nous faire part de ses remarques sur la motion du textile et suspendre
l'étude des crédits du ministère de la Voirie à la
commission de la Voirie jusqu'à ce que l'honorable député
ait eu l'avantage de faire son discours sur la motion du textile.
Je demanderais donc que le droit de parole de l'honorable ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre soit réservé en raison de cet
échange de courtoisie de bon aloi de part et d'autre.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la Chambre donne son consentement unanime?
Accepté.
M. PINARD: J'ai bien compris que la séance de la commission de la
Voirie était suspendue jusqu'à ce que j'aie terminé mes
remarques.
M. BERTRAND: Oui.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Drummond.
M. BERTRAND: Si le député de Drummond me le permet, il est
bien entendu que nous allons en bas reprendre les travaux de la commission de
la présidence du conseil pour entendre les intéressés.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): A l'ordre!
L'honorable député de Drummond.
M. Bernard Pinard
M. PINARD: M. le Président, j'aimerais souligner tout de suite
l'intérêt que je porte à la motion présentée
par l'honorable député de Saint-Hyacinthe, le mercredi 30 avril,
relativement à la situation faite à l'industrie du textile au
Canada et en particulier dans la province de Québec.
Etant député depuis 1952, sauf les années 1956
à 1960, du comté de Drummond où l'industrie du textile est
l'industrie prédominante qui donne de l'emploi à près de
7,500 travailleurs, vous comprendrez, M. le Président, que c'est mon
devoir...
M. BELLEMARE: Le député dit 7,500 dans Drummond?
M. PINARD: Je parle de la grande entreprise du textile et des
entreprises connexes qui emploient également de la main-d'oeuvre
féminine. Enfin, les statistiques peuvent être un petit peu
imprécises...
M. BELLEMARE: Oui.
M. PINARD: ... parce qu'il y a eu tellement de congédiements
massifs dans cette industrie depuis un certain temps. Je pense que le chiffre
exact serait de 6,000 environ. La Canadian Celanese, la Dominion Textile, la
Dominion Dyeing and Finishing, enfin... De toute façon, les statistiques
ne sont pas précises si je m'en tiens au rapport statistique soumis par
le ministère de l'Industrie et du Commerce et les statistiques ne
remontent qu'à 1961.
M. BELLEMARE: C'est l'institut du textile qui vient de les publier?
M. PINARD: Oui. Enfin, c'est peut-être dans le mémoire. On
a donné, comme main-d'oeuvre totale dans la province de Québec,
Cowansville: 1,475 employés; Drummondville: 4,200 employés.
Alors, je crois que c'est une main-d'oeuvre importante et qui mérite
d'être protégée.
Je ne prolongerai pas mes remarques sur les causes du malaise dans
l'industrie du textile. Je crois qu'elles sont connues car ce n'est pas un
phénomène nouveau. Je me souviens qu'à l'époque
où j'étais député de l'Opposition, de 1952 à
1956, on a présenté une requête relativement au marasme
où se trouvait l'industrie du textile priant le gouvernement
fédéral d'agir et d'établir des mesures de
contingentement, de relever, si possible, le tarif douanier pour
prévenir l'importation ou l'exportation massives selon le point
de vue où l'on se place de produits du textile fabriqués
à meilleur marché dans des pays étrangers. Importation ou
exportation massives qui faisaient que le volume des ventes des produits
fabriqués par l'entreprise manufacturière du textile au
Québec diminuait sensiblement chaque année, ce qui provoquait des
mises à pied et
perturbait, en quelque sorte, l'équilibre de l'économie
québécoise et canadienne.
Durant les années qui ont suivi, alors que le parti au pouvoir a
changé, des demandes de même nature ont été faites
pour alerter l'autorité fédérale de nouveau sur cette
question primordiale de l'industrie du textile. Tout cela pour établir
qu'au départ il ne s'agit pas là d'un problème où
la partisanerie politique doit y trouver son compte. Au contraire, je crois
davantage à la collaboration étroite, consciencieuse et efficace
des membres de cette Chambre, de quelque côté qu'ils
siègent. Il me semble qu'une des suggestions que J'avais faites à
l'époque de créer une espèce de « task force
», de comité d'étude sur cette situation du textile.
Ce comité serait composé de représentants des deux
partis, représentants peut-être plus affectés que d'autres
par cette difficulté qui prévaut dans l'industrie du textile,
pour être en mesure de rencontrer des experts venant du secteur
manufacturier. Il y aurait là les grands gérants de l'entreprise
textile, les experts qui sont actuellement au service du ministère de
l'Industrie et du Commerce à Québec ainsi qu'au ministère
du Travail, les représentants syndicaux qui on le conçoit
facilement, M. le Président sont autant que nous, et
peut-être davantage, soucieux de faire respecter les droits humains des
membres de leurs associations, et surtout de voir à ce que les
conditions de travail soient plus respectées qu'elles ne l'ont
été dans le passé. J'avais alors émis ce voeu qu'il
se forme à l'intérieur de nos rangs, de nos partis, une
commission qui aurait pour but spécifique de rechercher les causes du
malaise et de rechercher aussi les solutions possibles. Cette commission aurait
pu aussi entrer en discussion avec les responsables des ministères
à Ottawa. Nous aurions pu avoir recours aux services techniques des
économistes qui travaillent pour le gouvernement, des ingénieurs
qui se spécialisent dans le génie industriel, dans la production.
Nous aurions pu aussi avoir recours aux spécialistes de la recherche qui
auraient pu peut-être trouver aux profits des manufacturiers, des
débouchés nouveaux, des produits nouveaux susceptibles de capter
l'intérêt du marché canadien et du marché
extérieur, de façon à revigorer cette industrie du textile
qui, il y a jusqu'à quelques années du moins, a été
péréclitante et en danger de disparaître
complètement du moins dans certains secteurs. Parce que les faillites
ont été nombreuses dans ce domaine et parce qu'il y a eu aussi
des fermetures d'usines très nombreuses, il y a eu aussi des
fusionnements des amalgamations, de façon a renforcer la structure
manufacturière et aussi la concurrence dans ce domaine.
M. le Président, je me suis intéressé...
M. BELLEMARE: L'honorable député sait-il qu'il y a
déjà eu un organisme de ce genre au ministère de
l'Industrie et du Commerce et qu'il a fonctionné?
M. PINARD: Oui, je sais qu'il y en a eu...
M. BELLEMARE: Avec M. Bélanger, le sous-ministre.
M. PINARD: Oui, et je pense que l'économiste Jacques Parizeau a
fait aussi des recherches à la demande du conseil des ministres sous le
régime de M. Lesage, alors que j'avais présenté
moi-même au conseil des ministres un travail demandant l'aide
spécifique du ministère de l'Industrie et du Commerce,
dirigé à l'époque par l'honorable Gérard-D.
Levesque. C'est à ce moment-là que le conseil des ministres a
autorisé l'économiste Jacques Parizeau et d'autres experts de son
choix à travailler à cette question, pour que des solutions
soient proposées, non seulement aux autorités gouvernementales de
Québec, mais également d'Ottawa. Je pense que ce sont des
études extrêmement précieuses.
J'ai cependant retenu, des études faites par l'économiste
Jacques Parizeau, que l'industrie du textile n'était pas suffisamment
compétitive, ne faisait pas suffisamment de recherches pour trouver des
débouchés nouveaux, pour manufacturer des produits nouveaux,
qu'elle traînait de l'arrière et que, bien souvent, sur le plan
technologique, elle n'était pas à la fine pointe alors que des
pays comme le Japon, Formose et d'autres pays étrangers ont
trouvé là une raison de redonner une vigueur nouvelle à
leur économie. Ils se sont lancés à bride abattue dans la
fabrication de produits textiles naturels, mais de plus en plus de produits
textiles synthétiques à très bon marché, pour venir
en quelque sorte inonder le marché canadien, pour faire directement
concurrence aux entreprises manufacturières de chez nous, qui ne sont
pas capables de mettre leurs produits en vente sur le marché canadien et
aussi sur le marché extérieur, à aussi bon prix.
Je pense bien que si on considère que l'échelle des
salaires dans les principales villes du Québec est moins
élevé que dans certaines villes des provinces les plus riches, et
notamment
l'Ontario, il est juste de dire que, le pouvoir d'achat étant
moins élevé au Québec qu'ailleurs, les pères et
mères de famille nombreuse, même s'ils veulent encourager l'achat
de produits manufacturés chez nous, se voient dans l'obligation, pour
des raisons d'ordre financier, d'acheter un produit qui n'a peut-être pas
la même qualité. Il s'agit de produits textiles: un
vêtement, des chaussures, mais restons dans le domaine du textile. Ce
sont des vêtements qui se vendent à meilleur prix dans les Miracle
Mart ou dans les grands magasins à succursales, qui font des affaires
d'or au Québec. Nous ne pouvons donc pas adresser de reproche à
l'acheteur québécois, surtout à l'acheteur qui se recrute
dans le monde ouvrier, parce que véritablement il y a là un
problème financier qu'il faut examiner tout de suite. Il est bien
difficile pour nous d'adresser des reproches, même si nous voudrions tous
qu'il se fasse une meilleure politique d'achat chez nous. Mais, ça ne
justifie pas l'entreprise manufacturière de ne pas rechercher des
solutions elle-même, de ne pas aller plus loin dans le domaine de la
recherche. Je me souviens qu'à Drummondville la compagnie Celanese a
ouvert, en 1966, un centre de recherche qui devait être au départ
un centre de recherche pure, mais aussi un centre de recherche industrielle
pour trouver le moyen de manufacturer des produits textiles nouveaux avec les
fibres synthétiques. Cela aurait eu pour résultat
spécifique de diminuer le coût de production et de leur permettre
de fabriquer à meilleur compte des vêtements, des tissus, des
fibres synthétiques qui auraient été revendues à
d'autres manufactures qui les auraient tissées selon les goûts du
public acheteur et des pays importateurs de leurs produits.
Qu'est-il advenu de ce centre de recherche ouvert en 1966 par feu le
premier ministre Johnson à Drummondville? Eh bien, il a
été presque immédiatement fermé. Pour quelle raison
exacte? Je l'ignore. Ce qui est certain, c'est que 75
ingénieurs-chimistes et techniciens ont été mis à
pied; un certain nombre d'entre eux temporairement, mais la plupart de
façon permanente. J'ai ici une lettre du chimiste en chef de ce centre
de recherche, datée du 5 février 1968. Il dit ceci: «
Veuillez accepter mes plus sincères remerciements pour m'avoir fait
parvenir, avec votre lettre du 1er février 1968, photocopie des
épreuves des bills 6 et 7 de la session de janvier 1966. » Le bill
6 prévoyait la création du Conseil de la recherche scientifique
et le bill 7 prévoyait l'octroi de la charte du centre de recherche
industrielle du Québec
Je cite encore la lettre: « Il m'intéresserait grandement
d'être tenu au courant à l'avenir de tout progrès possible,
surtout en rapport avec le projet du centre de recherche industrielle. »
Il s'agit d'une lettre du chimiste en chef de ce centre de recherche
industrielle de la Canadian Celanese, qui m'a écrit le 5 février
1968 pour me dire ses craintes quant à l'avenir. « En effet, des
réductions considérables aux crédits accordés
jusqu'à maintenant pour la compagnie Chemcell à l'administration
de son centre de technologie à Drummondville m'obligent à
congédier 26 employés, y compris huit diplômés
d'université. Il s'agit de gens qui étaient bien établis
à Drummondville et que je me dois d'aider à trouver un nouvel
emploi. S'il se forme au Québec un centre de recherche industrielle, Je
n'hésiterais pas à y recommander plusieurs de ces
ingénieurs, physiciens, chimistes ou tech-nologistes, surtout à
cause de leur expérience dans la recherche et le développement
appliqué à l'industrie. Espérant que le gouvernement au
pouvoir agira bientôt selon les plans que vous et vos confrères du
Parlement à l'époque aviez élaborés. « Dans
le cas contraire, je crains fort qu'encore une fois une bonne partie de nos
chercheurs émigré aux Etats-Unis pour exercer leur profession
dans un milieu favorable. »
Je dois admettre, en toute justice, qu'après quelques
années de retard, finalement, ce centre de recherche a été
créé. Il est peut-être arrivé un peu trop tard pour
fournir de l'emploi à ces physiciens, chimistes, technologistes qui ont
dû émigrer ailleurs au Canada et aux Etats-Unis pour être en
mesure de faire vivre convenablement leur famille.
Je me suis demandé s'il n'y avait pas moyen pour le
ministère de l'Industrie et du Commerce ou pour tout autre
ministère le ministère de l'Education, par exemple
de faire servir le centre de recherche industrielle de la Canadian Celanese
à Drummondville à des fins éducatives. Cela permettrait de
prolonger, si l'on veut, l'enseignement technique spécialisé qui
est donné dans nos écoles d'arts et métiers, dans nos
écoles de technologie et peut-être aussi à l'Institut du
textile de Saint-Hyacinthe. Cet enseignement bien spécialisé
serait donné au centre de recherche industrielle de la Canadian Celanese
à Drummondville, qui avait, au départ, des buts bien
spécifiques: recherche pure et recherche industrielle. Je crois
qu'à ce moment-là il y aurait possibilité de trouver des
débouchés nouveaux pour notre jeunesse qui sort de plus en plus
nombreuse chaque année avec des diplômes en technologie, mais qui
n'est pas capable de trouver, sur notre marché local, régional ou
provincial, des emplois
à la mesure de sa connaissance plus
spécialisée.
A mon avis, il s'agit d'une perte presque sèche. Je sais que la
compagnie Canadian Celanese à Drummondville utilise quand même, de
façon très réduite, son centre de recherche. Elle l'a
converti en un service de production industrielle. Mais, s'il y avait eu une
meilleure collaboration, un dialogue plus étroit et plus rapide entre
l'entreprise Canadian Celanese à l'époque et les autorités
gouvernementales à Québec, en particulier au niveau du
ministère de l'Industrie et du Commerce, peut-être que ce centre
de recherche industrielle n'aurait pas fermé ses portes.
Peut-être, aurait-il pu être intégré dans les
structures du ministère de l'Education, au niveau des collèges
d'enseignement général et professionnel, de façon à
jouer un rôle actif dans l'enseignement technique
spécialisé qui doit être donné de plus en plus
à nos jeunes.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député pourrait me dire, s'il
me le permet...
M. PINARD: Oui.
M. BELLEMARE: ... si le centre de recherche de Drummondville ne s'est
pas employé à faire faire une planification et une automatisation
des métiers? Je crois qu'après que cela a été fait
à Drummondville on a subi, un peu partout dans la province, une
planification dans certaines industries qui, en remplaçant des hommes
par des machines plus modernes, ont produit à meilleur coût. La
planification a été faite.
M. PINARD: Oui.
M. BELLEMARE: Cela s'est fait à Drummondville.
M. PINARD: Je l'admets, parce que la compagnie Canadian Celanese, du
temps de la guerre, employait tout près de 6,000 personnes, 5,600.
Disons qu'elle s'est laissé traîner un peu les pieds. Elle a fait
d'excellents profits durant la guerre, mais elle ne s'est pas aperçu que
des pays concurrents s'en allaient vers la fine pointe de la technologie dans
l'entreprise manufacturière du textile. Elle s'est trouvée dans
une situation difficile sur la plan économique et sur la plan de la
concurrence. Elle a essayé de rattraper rapidement les retards, mais,
pendant ce temps-là, elle a perdu des marchés
considérables et ses profits ont diminué dangereusement. Elle a
fait cet effort de rattrapage sur le plan technologique, mais au
détriment de. la main-d'oeuvre.
M. BELLEMARE: C'est cela.
M. PINARD: Ils ont automatisé à outrance, permettez-moi le
mot...
M. BELLEMARE: C'est dans votre laboratoire que cela s'est produit.
M. PINARD: ... le processus de production, mais en diminuant de
façon très considérable la main-d'oeuvre. Comment a-t-on
pu recycler cette main-d'oeuvre très spécialisée qui ne
peut pas aller dans tous les autres corps de métier? Cela a fait monter
de façon assez aigiie le taux du chômage à Drummondville et
dans la région.
Je pense qu'il y a, quand même, eu un redressement notable de la
situation. Je dois en donner le crédit et à l'entreprise et
à ceux qui, oeuvrant dans les gouvernements aussi bien à Ottawa
qu'à Québec, ont su lui donner un certain élan pour
pallier cette situation qui était de plus en plus
désastreuse.
J'ai été heureux d'entendre le ministre de l'Industrie et
du Commerce faire des remarques qui, à mon avis, ont été
très objectives et qui n'ont pas eu pour résultat de politiser le
débat. Il a voulu s'en tenir à des considérations d'ordre
administratif et d'ordre politique dans le bon sens du mot.
Il a voulu de bonne foi rechercher les causes du malaise et aussi
rechercher parce qu'il y a quand même des responsabilités
au niveau provincial des solutions qui seraient plus directement
appliquées pour empêcher qu'une main-d'oeuvre considérable
soit mise à pied à cause de la situation économique
difficile qui est faite à l'entreprise du textile.
Le mémoire il faut l'admettre aussi quand on le lit
attentivement pose le problème aux deux niveaux de la
responsabilité gouvernementale; à Ottawa et à
Québec.
M. BELLEMARE: A Ottawa.
M. PINARD: Plus directement à Ottawa en ce sens que le
mémoire s'attaque je l'admets bien à toute la
politique commerciale du gouvernement canadien en ce qui concerne les tarifs
douaniers imposés sur les produits venant de l'extérieur et qui
mettent en danger la production canadienne. Politique commerciale aussi qui
entre dans le cadre des accords bien spécifiques du GATT et du Kennedy
Round ainsi que des accords de 1962 sur le coton. Mais ça, c'est un
domaine très spécla-
lisé, très spécifique, très complexe
où il nous est bien difficile, à nous les profanes d'entrer pour
en discuter.
C'est une des raisons pour lesquelles je voudrais qu'il se forme un
comité composé d'un nombre bien représentatif, de
députés de cette Chambre, mais surtout composé des
députés qui représentent les régions ou les
comtés où l'industrie du textile est prédominante, de
façon que nous fassions des recherches avec des spécialistes pour
pouvoir aller à Ottawa, nous, discuter avec les autorités
compétentes des problèmes qui existent chez nous. Nous serons
ainsi en mesure de prouver à notre population ouvrière que nous
nous préoccupons véritablement de ses problèmes, ce qui
augmentera non seulement le respect de l'autorité envers les hommes
publics, mais prouvera aussi, je pense, de façon beaucoup plus
éclatante, que les hommes publics s'occupent réellement des
intérêts de tous leurs commettants à quelque niveau que ce
soit.
J'imagine facilement que le gouvernement fédéral ne
s'opposera pas à une pareille initiative venant des autorités du
gouvernement provincial. Je crois que ce sera même un geste bienvenu
parce que J'ai lu dans le Hansard, le journal des Débats de la Chambre
des communes, du jeudi 20 mars 1969, que cette idée que J'avais
émise à l'époque... Je pense que vous-même, M. le
Président, à titre de député de Sherbrooke, avez
fait un accueil favorable à cette suggestion que j'ai faite à
l'époque dans une conférence de presse, parce que vous
représentez un comté où l'industrie du textile est
très importante et qu'il y a eu des malaises très graves dans
votre comté. Vous avez trouvé que cette idée semblait
avoir beaucoup de bon sens et qu'elle permettrait aux députés un
peu mis en cause par rapport à d'autres de faire un travail
constructif.
Cette idée a été reprise par des
députés fédéraux, et je crois qu'on est en train de
créer actuellement au sein de la députation
fédérale ce comité ou ce « task force » qui
aura pour mission plus directe d'étudier les malaises de l'industrie du
textile et de proposer au gouvernement d'Ottawa certaines solutions, d'accord
en cela avec les ministres responsables soit au niveau du ministère de
l'Industrie et du Commerce, soit au niveau du ministère du Revenu, soit
au niveau du ministère des Finances parce qu'il est directement
impliqué dans toute cette question.
Nous pouvons d'emblée nous déclarer d'accord avec la
motion qui a été présentée par l'honorable
député de Saint-Hyacinthe pour autant qu'on nous donne la preuve
que ce n'est pas une occasion je l'admets, ça n'a pas
été fait jusqu'ici, et je ne voudrais pas que dans la
publicité qui sera faite en dehors de la Chambre, ce le soit pour
le gouvernement de repartir en guerre contre un autre gouvernement, le
gouvernement d'Ottawa...
M. PAUL: M. le Président...
M. PINARD: Je suis convaincu à l'avance que ce ne sera pas les
propos de ceux qui me suivront dans ce débat.
M. PAUL: ... l'honorable député ne devrait pas
prêter au gouvernement des intentions qu'il n'a pas. Jusqu'ici, il a
lui-même signalé que l'honorable ministre du Commerce et de
l'Industrie était intervenu d'une façon bien objective dans le
débat. D'autres collègues vont également le faire, tant de
son côté que du côté ministériel. Je crois que
la question est trop importante pour que nous politisions ce
problème.
Je ne crois pas que l'honorable député soit
justifié de vouloir nous prêter des motifs ou l'occasion de partir
une autre guerre avec Ottawa.
M. PINARD: Je prends note des remarques de l'honorable Secrétaire
de la province. Je suis bien convaincu qu'il serait le dernier à vouloir
faire ce que j'ai peut-être dit, sur le plan hypothétique.
Le tarif, il faut bien l'admettre, n'est pas le seul problème en
cause et qui affecte plus directement l'industrie du textile. Il y a une foule
d'autres questions, en dehors du tarif lui-même, qui font que l'industrie
du textile vit dans ces temps présents une situation difficile. Il faut
bien comprendre qu'il y a tout un problème de rationalisation de cette
industrie, de modernisation de son équipement, de meilleure
administration de l'entreprise, qui font que cette entreprise qui date des
dix-huitième et dix-neuvième siècles n'a pas
été à la hauteur du renouveau technologique dont nous
avons été témoins ailleurs dans le monde, et
particulièrement du côté du pays voisin.
Le Canada, il faut bien l'admettre, à cause de la grandeur de son
territoire, mais à cause aussi de la faible densité de sa
population et de son faible taux d'industrialisation par rapport à ce
qui existe dans le pays voisin, les Etats-Unis, doit jouer un rôle
international. C'est à la fois un pays importateur et exportateur. Il
doit, à mon avis, consentir des accords avec les pays étrangers,
de façon à équilibrer la balance commerciale du Canada, de
façon aussi à permettre
l'entrée de produits étrangers sur son territoire mais,
à la condition, cependant, que nos manufacturiers canadiens puissent
exporter et trouver preneur sur les marchés étrangers. C'est un
équilibre qui, d'après les experts, est assez difficile à
maintenir, parce que nous ne sommes pas dans une position concurrentielle aussi
forte que nos puissants voisins les Etats-Unis qui, eux, étant
très riches, très fortement industrialisés, ayant une
forte population de consommateurs, sont dans une meilleure situation que le
Canada pour exporter. Ils sont, à la fois, aussi exportateurs de
capitaux pour relancer l'économie de pays où l'économie
est déficitaire, pour automatiser, industrialiser davantage certains
territoires étrangers où ils ont intérêt à
aller investir et a aller vendre eux-mêmes leurs produits.
Alors, le Canada est dans une situation difficile et je crois que tous
mes collègues en cette Chambre l'admettront. Mais, ce n'est pas une
raison pour que le gouvernement canadien ne se montre pas plus
sévère dans l'application du système de contingentement
volontaire qui est actuellement en vigueur, parce que toutes sortes de trucs
ont été employés, qui ont trompé la vigilance des
autorités du gouvernement canadien.
On m'a dit qu'il y a même des importateurs qui se rendent sur les
marchés étrangers, à Formose, en Chine, au Japon, qui
achètent des produits textiles fabriqués avec des fibres
synthétiques, à très bon marché, parce qu'elles
sont produites à faible coût de revient, qui réussissent
à arranger les étiquettes de façon que ça ne soit
presque pas perceptible pour les inspecteurs qu'il s'agit d'un produit
fabriqué à l'étranger et importé au Canada. Ils le
mettent sur le marché de la consommation à des prix tellement
réduits que, comparé au prix d'un vêtement fabriqué
par l'industrie manufacturière canadienne québécoise,
à ce moment-là, l'acheteur, ça saute aux yeux, voit une
différence parfois de 30%, 40% et même 50%, si ce n'est pas
davantage, dans le cas de certains articles du textile.
Alors, il faut que le gouvernement fédéral recherche un
système de surveillance et de contrôle beaucoup plus efficace et
beaucoup plus sévère. On comprend pourquoi. Le gouvernement
canadien est obligé de se montrer moins protectionniste que le
gouvernement américain envers l'entreprise américaine du textile
qui a peut-être évolué un peu plus vite que l'entreprise
canadienne mais qui est encore considérablement en retard par rapport
à certaines entreprises du textile étrangères, du Japon,
par exemple, de Formose et d'autres pays.
Eh bien, le gouvernement américain, se trouvant dans une position
de force sur le plan économique, sur le plan industriel et sur le plan
des investissements, est plus en mesure que le gouvernement canadien de donner
un régime protectionniste aux industries du textile aux Etats-Unis, ce
que le gouvernement canadien ne peut pas faire dans les circonstances.
Alors, M. le Président, je pense que le comité dont j'ai
parlé tantôt, pourrait soumettre des propositions aux
autorités fédérales, du moins émettre le voeu que
des mécanismes appropriés de surveillance soient mis en place
pour limiter l'entrée sur notre territoire des produits textiles
étrangers, pour rendre plus sévère la politique des
contingentements volontaires. Le mot le dit, c'est volontaire de la part des
pays exportateurs étrangers, s'ils veulent bien consentir à
respecter les accords qu'ils ont signés avec le gouvernement
canadien.
Mais je voudrais bien qu'il s'ajoute à cette politique de
contingentement volontaire un système de surveillance et de
contrôle, mais aussi avec des clauses de pénalité. Prenons
le cas, par exemple, d'un pays que nous ne nommerons pas, mais que tous
connaissent, je pense bien qui a dépassé l'année
dernière et de beaucoup sur le plan du pourcentage et du volume, le
contingentement fixé et qui voudrait cette année, en 1969, jouer
le même truc. A ce moment-là, le gouvernement canadien devrait
avoir les moyens de pénaliser ce pays exportateur qui n'a pas
joué les règles du jeu et dire: En 1968, vous aviez un quota
évalué à tant en argent ou à telle quantité
en volume, en pourcentage, vous l'avez dépassé de tant. Cette
année, en 1969, nous allons calculer le pourcentage qui a
dépassé le contingentement qui vous avait été
imposé et que vous aviez accepté de respecter et il tiendra
compte du quota qui sera en vigueur pour votre entreprise en 1969.
Alors cette entreprise, étant punie, n'aura pas tendance à
récidiver dans les années à venir. Ce serait une
façon, je pense, de faire mieux respecter les accords du contingentement
volontaire.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): A l'ordre!
Je souhaiterais ardemment pouvoir continuer d'entendre l'honorable
député de Drummond parce que le sujet m'intéresse
particulièrement et tous les membres de la Chambre aussi. Mais à
moins qu'il nous dise qu'il est le délégué officiel du
chef de l'Opposition sur le sujet, je me dois de lui signaler qu'effectivement
la période de temps mise à sa disposition est maintenant
écoulée.
M. PINARD: Je pense que, précisément, M. le
Président, il avait été entendu que, vu que j'étais
le représentant d'un comté où l'entreprise du textile est
plus prédominante qu'ailleurs, eh bien, que je serais le porte-parole
officiel de l'Opposition dans ce domaine. Je ne voudrais pas que ce soit
l'occasion pour moi de prolonger mes remarques, sauf que j'aurais quelques
propos additionnels à tenir pour terminer l'exposé que j'avais
préparé, de façon que je puisse aller discuter le budget
de la Voirie à la commission de la Voirie.
Ce que je viens de dire pourrait être cadré dans ce qu'on
pourrait appeler une politique de moyens à court terme. Que dire
maintenant d'une politique à long terme? Eh bien, le ministre de
l'Industrie et du Commerce à Ottawa, l'honorable Jean-Luc Pépin,
a déjà annoncé à la Chambre des Communes, le 20
mars 1969, que son ministère et d'autres ministères du
gouvernement canadien procédaient à l'inventaire de toute cette
industrie manufacturière du textile pour connaître de façon
plus spécifique les secteurs qui sont rentables par rappont à
ceux qui le sont moins ou qui ne le sont plus du tout, de façon à
pouvoir apporter des correctifs à la situation et peut-être aussi,
et c'est là un souhait que je fais, apporter une législation dans
le plus bref délai possible pour aider financièrement à la
recherche technique dans ce secteur de l'entreprise manufacturière.
Il pourrait en arriver aussi, si possible, à donner des
structures techniques, qui prodigueraient des conseils sur le plan de
l'administration plus moderne et de moyens de production plus modernes à
cette entreprise qui n'a pas toujours les moyens de dépenser des sommes
importantes dans le domaine de la recherche et dans le domaine de la
modernisation de ces moyens administratifs. Je pense que cela a
été fait dans le cas de l'accord automobile intervenu entre le
Canada et les Etats-Unis. Je pense que, dans le cas de l'automobile, cette
politique a donné des avantages économiques indubitables à
l'entreprise manufacturière automobile canadienne. Cela a permis,
jusqu'à un certain point, la presque parité des salaires dans
certains secteurs de production.
Je crois que cela est possible dans le domaine du textile.
J'émets le voeu que notre commission, s'étant penchée de
façon plus directe sur cette possibilité, en fasse la suggestion
au gouvernement canadien qui verra s'il y a moyen d'appliquer cette formule
dans le plus bref délai possible.
Il y a aussi la possibilité d'aider non seulement l'industrie
elle-même, mais également les villes où cette industrie du
textile est prédomi- nante, de façon à accroître
l'embauche, de diminuer le nombre des sans-travail qui ont bien de la
difficulté à se recycler dans d'autres entreprises, parce
qu'après quarante ans de travail dans une industrie du textile, M. le
Président, vous comprenez comme moi qu'il est bien difficile pour un
ouvrier de se recycler dans d'autres métiers. Mais je crois que s'il a
été possible pour la compagnie Kodak, qui a le plus grand nombre
de ses entreprises industrielles aux Etats-Unis... A un moment donné,
cette compagnie a vu que sa production était mise en danger par la
production étrangère, surtout la production japonaise. Le Japon
s'est mis à produire des appareils de cinématographie d'aussi
bonne qualité et à bien meilleur compte que les produits de la
compagnie Kodak, compagnie qui a fait des affaires d'or jusqu'ici. Il a
été possible, dis-je, à la compagnie Kodak, à cause
précisément de la recherche qui était en vigueur chez
elle, de diminuer un peu sa production dans le domaine des appareils de
cinématographie et de diversifier sa production de sorte qu'elle est
entrée, elle aussi, dans le domaine de l'industrie du textile.
Le Secrétaire de la province sait fort bien que la compagnie
Kodak s'est lancée dans l'industrie du textile avec des fibres
nouvelles, des fibres synthétiques.
M. PAUL: Du polyester.
M. PINARD: Du polyester. Elle fabrique du tissu textile de haute
qualité, qui est très recherché de ce temps-ci par les
fabricants de modes pour les tissus à vêtements légers qui
sont surtout achetés par la gent féminine. Grâce aussi
à une politique de commercialisation, de mise en marché et de
publicité bien vigoureuse et bien agressive, la compagnie Kodak a
réussi à maintenir son rang sur le marché et à
faire des affaires rentables à tout point de vue. Il y a aussi la
possibilité, pour le gouvernement canadien, d'adopter des mesures de
dégrèvement fiscal, de dépréciation
accélérée, en plus de toutes les politiques d'aide
financière directe qui peuvent être données aux entreprises
manufacturières du textile qui voudront démontrer un effort
réel de modernisation de leur entreprise sur le plan technologique, sur
le plan production et sur le plan administration.
Ce sont là les remarques que je fais en terminant. Je pense qu'il
y a aussi un autre ministère qui pourrait être mis à
contribution et qui pourrait faire l'objet de nos travaux en commission.
C'est l'action directe et indirecte qui pourrait être
donnée par le nouveau ministère
de l'Expansion économique régionale dirigé par
l'honorable Jean Marchand. Ce ministère, chargé plus
spécifiquement de l'aménagement du territoire, de la
déconcentration économique et industrielle, serait en mesure de
refaire la carte des zones désignées, comme on les appelle
communément chez nous. Il pourrait aider, financièrement et
autrement, des régions nouvellement désignées où
sévit un marasme économique, où il y a un fort taux de
chômage, parce que la main-d'oeuvre ne peut trouver des emplois
diversifiés puisque l'entreprise prédominante, par exemple, dans
la région de Drummondville est l'entreprise du textile. A
Trois-Rivières, il y a également l'entreprise du coton, mais
aussi l'entreprise papetière qui crée quand même une plus
grande diversification dans les emplois, alors que les niveaux de salaire ne
sont pas du tout comparables. Les salaires sont beaucoup plus
élevés dans l'entreprise papetière que dans l'entreprise
du textile. Je crois qu'il y aurait immensément à faire de ce
côté et que notre comité pourra faire des propositions
très concrètes aux autorités fédérales.
M. le Président, il y aurait aussi à faire une
espèce de campagne d'éducation, d'information, qui pourrait
être sous la responsabilité plus spécifique du gouvernement
québécois, par son ministère de l'Industrie et du
Commerce, incitant nos concitoyens à accorder plus d'attention aux
produits manufacturés au Canada et dans la province de Québec,
même s'il peut y avoir une petite différence de prix, en autant
cependant que cette différence ne va pas jusqu'à 50% ou 60%.
Alors, ce serait une politique d'achat chez nous, une politique qui ne
ressemblerait en aucune façon aux anciennes propagandes d'achat chez
nous faites soit par les sociétés Saint-Jean-Baptiste ou par
d'autres sociétés nationales qui, à mon avis, ont
manqué complètement le but visé.
Il faudrait que ce soit bien planifié, qu'avec les études
approfondies des habitudes du marché, du prix de revient de certains
produits sur le marché, de façon que le public, tout en
recherchant la qualité, tout en recherchant le meilleur prix possible,
soit quand même en mesure de donner son encouragement aux entreprises de
chez nous, aux entreprises canadiennes et à nos entreprises
québécoises. II y a là aussi, M. le Président, de
la place pour un travail efficace de la part de notre comité.
En terminant, M. le Président, je voudrais souhaiter que ce
comité soit formé dans le plus bref délai possible, parce
qu'il est indéniable que c'est à l'industrie du textile, celle
qui est la plus en danger au Canada et au Québec, qu'il faut
peut-être porter le plus d'attention. Je sais que la grande entreprise du
textile se montre plus agressive, fait de l'investissement, de
l'automatisation. Mais je me demande si elle pourra tenir longtemps le coup si
les gouvernements, aux deux niveaux de responsabilité, n'étudient
pas plus en profondeur la situation, de façon à donner le coup de
main qui s'impose, et encore une fois, de façon non partisane. Je vous
remercie, M. le Président, de l'attention que vous m'avez
accordée et aussi pour le surtemps que vous m'avez accordé,
étant bien convaincu, comme vous l'êtes, que j'avais, moi aussi,
un devoir à remplir et des commettants à représenter ici
dans cette Chambre dont c'est ma responsabilité de défendre les
intérêts bien compris.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais rappeler aux honorables
députés que la commission des crédits de la Voirie va
commencer à siéger immédiatement à la chambre
91.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
M. Philippe Demers
M. DEMERS: M. le Président, il me fait énormément
plaisir d'appuyer la motion de l'honorable député de
Saint-Hyacinthe.
Je me permets au début de la relire en vous exemptant des «
attendus ». « Cette Chambre prie les autorités
fédérales d'adopter avec diligence les moyens appropriés
et justes pour mettre fin à cette concurrence indésirable desdits
produits étrangers sur le marché de la province. « b) de
créer un climat de confiance indispensable au Québec dans
l'industrie manufacturière des textiles pour permettre une augmentation
suffisante et rapide du nombre des emplois productifs; « c) de tendre
vers une part plus rationnelle et plus équitable des exportations de
pays à faibles salaires comparé à celles d'autres pays;
« d) d'assurer la viabilité d'une expansion d'une industrie
textile québécoise capable de concourir au progrès
économique de la province. « Qu'ordre soit donné au
secrétaire de l'Assemblée nationale... Je vous passe ceci,
sachant que le secrétaire de l'Assemblée nationale s'acquittera
de son devoir.
A la suite de l'exposé de la motion, le député de
Saint-Hyacinthe établissait, dans un discours bien étoffé
situant le problème dans ses
dimensions vraies, le réel problème des textiles au Canada
et surtout dans la province de Québec. A sa suite, le ministre de
l'Industrie et du Commerce, dans un discours réaliste,
dépolitisé à l'extrême et d'une objectivité
tout à son honneur faisait lui aussi l'historique, commentait la
situation et suggérait des méthodes pour remédier à
cette situation qui devient de plus en plus déplorable.
J'aurai, comme contribution, quelques remarques à faire en guise
d'introduction. Je pourrai peut-être faire l'historique de l'industrie
des textiles en vous disant ce qu'elle comprend. Elle comprend en effet tous
les établissements qui fabriquent les filés ou les tissus en
faisant appel à un ou à plusieurs procédés.
L'industrie des textiles primaires se divise en trois branches: les
filés et les tissus de coton, les lainages, les textiles
synthétiques. Cependant, à des fins de statistiques, on y inclut
les auvents, les tentes, les voiles, linoléum, tapis, etc.,
c'est-à-dire des produits résultant d'une transformation plus
poussée des textiles primaires, sauf les vêtements et articles de
tricot.
L'industrie du textile est de plus en plus mécanisée. On
utilise de nouvelles machines automatiques à rendement plus
élevé, avec réduction des frais d'entretien. Cependant,
les procédés étant normalisés et la machinerie
d'acquisition facile, la concurrence y est très forte. Est-ce que cette
industrie a une certaine importance? Je crois que oui, et je tenterai de le
démontrer bien sommairement.
En 1965, l'industrie des textiles du Québec représentait,
dans le secteur manufacturier, 3.9% du nombre des établissements, 8.4%
des salaires, 9.1% de la main-d'oeuvre, 7.7% de la valeur des
expéditions et 7.3% de la valeur ajoutée. Je demande à la
Chambre la permission de déposer au fur et à mesure que
j'énonce, que je débite mon modeste discours, des tableaux qui
seront attachés, si vous me le permettez, au journal des Débats
afin d'illustrer ce que j'avance. C'est dire que je dépose actuellement
le tableau no 1. (Voir annexe). Alors qu'au Québec, en 1957, 405
établissements employaient 38,334 personnes, le nombre des effectifs a
augmenté de plus de 7,500 et le nombre des établissements de 33%.
Pour la période de 1957 à 1965, selon les mêmes
données, l'industrie textile a augmenté de 69.7% dans les
salaires et traitements, de 81.7% et la valeur ajoutée est de 86.3%.
Par contre, le nombre des effectifs ne s'est accru que de 19.2% et celui
des établissements, de 8.1%. Au Québec, l'industrie du textile
pré- sente une forte concentration au niveau des expéditions et
de l'emploi: 7% des établissements rendent compte de 66% de la valeur
des expéditions et emploient près de 60% des effectifs, dans le
groupe des industries de grande taille. Je dépose le tableau
numéro 2, (voir annexe).
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): A l'ordre. J'ai
péché par omission lorsque l'honorable député de
Saint-Maurice a demandé la permission de produire ces documents pour
qu'ils soient annexés au journal des Débats. Je demande cette
permission à la Chambre. Est-ce que la Chambre consent?
M. CADIEUX: D'accord.
M. VAILLANCOURT: D'accord.
M. DEMERS: Je remercie la Chambre qui, avec spontanéité,
acquiesce à la demande du président. Peu de gens ont eu à
se lever. Je continue mon exposé. La localisation des entreprises de
l'industrie du textile revêt une grande importance du point de vue de la
décentralisation industrielle. Elles emploient une main-d'oeuvre
considérable et constituent souvent la principale source d'emplois dans
les régions où elles sont installées, surtout dans les
petits centres.
L'industrie cotonnière est concentrée dans la
région des Cantons de l'Est; 60% de la production du Québec s'y
trouve, et dans la région de Richelieu où s'effectue 25% de la
production. Ces deux régions possèdent également presque
tous les établissements des textiles synthétiques et des tissus
de laine. Le tableau numéro 3 confirme ce que j'avance. Je me
prévaux de l'autorisation qui a été donnée et je le
remets au page pour le journal des Débats. Je le remettrai tout à
l'heure. Il est en dessous de mes documents. (Voir annexe)
Le Québec produit la grande partie des tissus filés et des
tissus de coton du Canada. L'industrie cotonnière est traditionnelle au
Québec; la seconde est l'industrie synthétique. Voici le tableau
numéro 4. (Voir annexe).
La politique commerciale: Dans le commerce international des textiles du
Canada, il faut noter que les exportations comptent pour très peu, alors
que les importations constituent le facteur important. On note que les
importations de coton ont monté de 90% de 1949 a 1963, alors que la
demande canadienne s'est accrue de 30%.
Dans les textiles synthétiques, on note un plus grand
accroissement de la demande; 36% a été satisfait par les
importations qui ont quadruplé. Une baisse de 22% de la demande
totale
de la laine s'est faite au détriment des usines canadiennes,
alors que les importations ont augmenté. C'est ici qu'entre le tableau
numéro 5. (Voir annexe).
Les exportations de textile canadien ont bébéficié
d'une stabilité raisonnable. Cependant, bien souvent, il arrive que les
ventes canadiennes sont constituées de matières premières
destinées à combler les pénuries.
Il y a demande de tissus canadiens à cause de leur
variété et de leur nouveauté. De plus en plus, les
textiles canadiens sont acheminés vers la Grande-Bretagne. Je donne ici
les textiles qui sont exportés dans l'univers et particulièrement
vers la Grande-Bretagne. Tableau numéro 6. (Voir annexe).
Les tissus qui sont les plus vendus sont le coton et les fibres
synthétiques. L'Australie et la Nouvelle-Zélande importent des
quantités croissantes de textiles canadiens, alors que les importations
d'Europe servent à combler des pénuries temporaires.
Des importations d'Europe servent à combler des pénuries
temporaires. Les importations ont des répercussions sur la fabrication
de vêtements et d'autres produits textiles secondaires, car on aurait pu
normalement les fabriquer au Canada.
Tableau no 7: (voir annexe) On peut noter, à la lecture de ce
tableau, un afflux stupéfiant de tissus étrangers qui freinent
l'économie des textiles canadiens. Le Canada est un pays dont les
marchés sont ouverts sans contrainte aux importations de textiles
manufacturés.
La politique commerciale canadienne c'est là, à mon
sens, que se trouve le problème dans les produits textiles est
désavantageuse pour les producteurs canadiens, du moins, pour certains
produits. Les importations massives des pays à faible prix de revient
c'est ce qu'a illustré le député de Saint-Hyacinthe
et ce fut corroboré par l'honorable ministre, ainsi que par le
député de Drummond, qui a tenu tout à l'heure les
mêmes propos créent un problème par l'afflux sur
notre marché de textiles produits à des coûts qui ne sont
même pas compétitifs. Ces produits envahissent notre marché
canadien et nuisent beaucoup à notre industrie québécoise
et canadienne.
La réduction de la valeur du dollar de 1957 à 1963 a
amélioré la position concurrentielle du Canada. Cependant, la
dévaluation n'a eu aucun effet sur les importations des pays à
faible coût de revient, tel le Japon. Le taux de change canadien est un
facteur important à envisager dans la solution du problème du
textile. Les surtaxes à l'importation ont permis aux producteurs
canadiens de démontrer la qualité de leurs pro- duits et de mieux
accaparer le marché canadien pour certains produits.
Le système de contingentement semble peu efficace. Le
député de Drummond, tout à l'heure, a
élaboré sur ce sujet et je n'y reviendrai pas. Souvent, les
accords sont partiels et ne sont portés à la connaissance des
industriels canadiens qu'à la toute fin de la période pour
laquelle ils seront valables.
L'élimination des barrières tarifaires entre le Canada et
les Etats-Unis amènerait, à mon sens, la disparition d'une grande
partie de l'industrie canadienne dont la productivité est
substantiellement moins élevée.
En conclusion, pour le Québec, la politique commerciale
canadienne est d'une importance extrême, car, comme on l'a noté et
comme on le notera encore sans doute, l'industrie y est fortement
concentrée. En effet, en 1964, le Québec possédait plus de
45% des entreprises textiles du Canada et plus de 61% des employés.
Quant aux salaires et traitements, la proportion était de plus de 56%,
tandis que la valeur des expéditions dépassait 58%.
Je note, dans le Courrier de Saint-Hyacinthe, une nouvelle qui vous
intéressera. J'en parle ici afin que ce soit rapporté: «Le
comité de l'Institut des textiles industriels du CEGEP de
Saint-Hyacinthe entreprendra une tournée des CEGEP de la province pour
faire connaître aux étudiants l'option textile, les
débouchés dans l'industrie et la possibilité de devenir
boursier de la fondation Tex-Cop. Les techniques du textile comprendront deux
options distinctes: chimie, teinture; production et contrôle. Les
étudiants qui s'Inscrivent à l'une et à l'autre de ces
options assistent aux mêmes cours pendant les trois premières
sessions afin de compléter leur formation de base. »
C'est une nouvelle qui va remettre le monde du textile à
l'écoute des grandes techniques du textile et qui fera peut-être
qu'un jour on pourra, dans la province de Québec, avoir un excellent
produit. Si on venait à empêcher une trop grande intrusion des
marchés étrangers sur le notre, on pourrait ainsi non seulement
conserver notre marché, mais le développer à tel point que
les gens qui travaillent dans le textile pourraient obtenir des salaires
équivalents à ceux qui sont donnés dans d'autres
industries.
C'est pourquoi avec infiniment de plaisir, j'appuie la motion du
député de Saint-Hyacinthe et demande que, lorsqu'on la
transportera à la commission qui a été
créée, on puisse l'étudier plus S. fond, après
avoir convoqué tous les spécialistes dans le domaine du textile
pour que dans la province, un peu partout, dans les petites, les moyennes et
les grandes villes,
l'Industrie du textile garde sa place et puisse obtenir sur le
marché canadien et étranger cette même place qui lui
revient.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'honorable député
de Stanstead.
M. Georges Vaillancourt
M. VAILLANCOURT: M. le Président, seulement quelques mots sur la
motion concernant l'industrie du textile. L'industrie du textile est
très importante dans notre province, étant donné qu'elle
fournit de l'emploi environ à 50,000 personnes, hommes et femmes.
Seulement dans mon comté, le comté de Stanstead, l'industrie du
textile fournit de l'emploi à environ 3,500 personnes, si nous incluons
les industries du vêtement.
Les industries du textile ont donné les premiers produits qui ont
été ouvrés au Québec. Aujourd'hui, cette industrie
se classe au deuxième rang dans la province par l'importance de sa
main-d'oeuvre manufacturière, après l'industrie du
vêtement. Elle surpasse donc, à cet égard, des industries
aussi importantes que la fabrication des pâtes et papiers.
Les usines de textile du Québec, comme je le disais tout à
l'heure, fournissent plus de 50,000 emplois dans la province de Québec,
soit 60% environ du total national et la valeur annuelle de leur production
s'établit à quelque $850 millions. Si on fournissait aux usines
de textile du Québec l'occasion de poursuivre leur expansion et de
répondre aux exigences d'un secteur plus vaste du marché canadien
du textile, elle accroîtraient vraisemblablement leurs effectifs de
main-d'oeuvre de 17,000 à 18,000, dont un quart environ seraient des
techniciens spécialisés et ce d'ici dix ans si cette industrie
continue de se perfectionner en maintenant au plus haut niveau possible son
rendement, son immobilisation au Canada au cours des six dernières
années. Les conditions optimales de rendement n'impliquent pas
nécessairement de vastes unités de production, mais une forte
proportion de la production du textile dans le Québec, comme dans le
reste du Canada, provient massivement des grandes usines dans lesquelles
l'industrie s'est concentrée afin d'assurer une échelle de
production optimale par rapport aux conditions actuelles du marché. Ce
fait est nettement apparent dans les régions du textile prospères
comme les Cantons de l'Est et la vallée du Saint-Maurice.
Un équilibre entre les exportations et les importations sur le
marché du textile est très désirable pour cette industrie.
Notre pays enre- gistre un déficit de la balance commerciale
d'approximativement $500,000 au seul chapitre du textile ouvré.
En dernière analyse, l'avenir de l'industrie canadienne
dépend de l'importance de l'apport du marché domestique qu'elle
sera appelée à servir au regard des importations.
A l'heure actuelle, les importations détiennent au-delà de
40% du marché total canadien des textiles. C'est dans le remplacement de
la plupart de ces importations que l'industrie voit ses meilleures chances de
progrès.
L'industrie du textile continue ses efforts en vue d'accroître ses
exportations. A la suite de campagnes intensives, ses ventes à
l'étranger sont passées de $20 millions en 1949 à
au-delà de $50 millions en 1966. Un grand nombre de marchés
d'exportation demeureront cependant fermés à l'industrie
canadienne du textile en dépit des efforts qui ont été
faits sur le plan international, notamment par le Kennedy Round, les
négociations du GATT.
C'est d'ailleurs un fait économique bien connu qu'aucune
industrie ne peut espérer établir un important commerce
d'exportation sans d'abord s'être assurée d'une maîtrise
raisonnable des marchés domestiques. Aussi longtemps que le Canada
n'aura pas adopté une politique des textiles à long terme,
l'industrie ne disposera pas d'une maîtrise suffisante des marchés
domestiques pour réaliser, son plein potentiel.
En ce moment, une proportion trop grande des marchés canadiens
est détenue par les textiles des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de
l'Europe, de l'Asie et du Japon. En 1954, alors que le Canada gratifiait le
Japon d'un traitement de nation plus défavorisée à
l'occasion d'une entente commerciale spéciale, les Japonais
expédièrent ici pour $4 millions de textile. En 1966, le tout
avait atteint approximativement $56,300,000. Et tout indique que l'inondation
continue à monter. Par exemple, au cours des années 1964 à
1966 inclusivement, l'augmentation fut de l'ordre de 72.7%.
L'industrie canadienne a tout fait pour s'acclimater à ces
importations en invitant la concurrence directe, en cherchant constamment de
nouveaux marchés et de nouveaux produits. Jusqu'à un certain
degré, ce fut un succès, mais souvent, lorsque la nouvelle ligne
était introduite et prouvait qu'elle avait un certain potentiel, les
Japonais faisaient irruption sur le marché, copiaient la ligne et, en
moins d'une saison ou deux, avaient forcé le producteur canadien, qui
avait conçu, développé et promu la ligne à ses
propres frais, à se retirer du marché.
M. le Président, les importations en prove-
nance du Japon tendent à être parfaitement
compétitives au chapitre de la qualité, mais très
inférieures quant au prix et, par le fait même, détruisent
toute structure de prix du marché domestique. Cest pourquoi les
augmentations des importations, en aussi grande quantité que celles que
nous avons connues au cours des récentes années sur un
marché de la taille du nôtre, sont considérées
excessives.
Le plus grand avantage que possède le Japon sur le marché
canadien réside dans les salaires excessivement bas qu'il paie. La
moyenne des salaires des employés du textile est approximativement un
quart des salaires payés dans notre pays. Et quoiqu'on parle beaucoup
des avantages marginaux japonais dans l'industrie du textile, ceux-ci sont
inférieurs au rapport que nous connaissons au Canada.
M. le Président, il existe un besoin réel, d'objectifs de
marchés auxquels tendraient les efforts, et de l'industrie et du
gouvernement, de sorte que les importations ne continuent pas leur
pénétration excessive de nos marchés les uns après
les autres. Une telle politique définie par l'industrie et le
gouvernement du pays pourrait être communiquée à la faveur
de négociations internationales aux nations avec lesquelles nous avons
des échanges commerciaux.
M. le Président, pour toutes les raisons qui ont
été mentionnées par les orateurs qui m'ont
précédé, j'appuierai la motion du député de
Saint-Hyacinthe, qu'un ordre soit donné au secrétaire de
l'Assemblée nationale de faire parvenir sans délai au premier
ministre du Canada, le très honorable Pierre-Elliot Trudeau, etc.
Merci.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'horable député de
Beauharnois.
M. Gérard Cadieux
M. CADIEUX: M. le Président, j'ai voulu demeurer dans cette
Chambre pendant quelques minutes et même quelques heures
afin d'écouter mes collègues parler et donner des arguments en
faveur de la motion qui est devant nous.
J'abrégerai énormément mes propos puisque
j'aimerais également assister à la séance de l'autre
comité qui siège à la salle 91. De toute façon, je
voulais que l'on sache que, dans le comté de Beauharnois et plus
spécifiquement à Salaberry-de-Valleyfield, un fort pourcentage de
la population est embauché dans l'industrie du textile. Si l'on
considère que, depuis des années, le chômage tend à
augmenter constamment au Québec, je ne puis faire autrement que
d'appuyer cette motion et de demander au gouvernement intéressé,
le gouvernement fédéral, de trouver une solution à long
terme pour régler ce problème de l'industrie du textile. Ce
faisant, il pourrait régler un peu le problème du chômage
et ceci surtout au Québec.
On l'a dit avant moi, il y a tout de même une cinquantaine de
milliers de travailleurs qui sont engagés dans l'industrie du textile,
ce qui représente au-delà de 10% de toute la main-d'oeuvre. Dans
les comtés comme ceux de Drummond, Saint-Hyacinthe, Stanstead et
Beauharnois, cela se chiffre par 20% et souvent jusqu'à 30% de la
main-d'oeuvre disponible engagée dans cette industrie du textile.
Dernièrement, à Salaberry-de-Valleyfield, la Dominion
Textile a mis à pied tout près de huit cents personnes. Je sais
bien que ce n'est pas la faute de la compagnie. Elle doit tenir compte des
problèmes économiques auxquels elle a à faire face.
Même, je me dois également de féliciter la compagnie, les
syndicats et les dirigeants du Centre de la main-d'oeuvre du Canada et du
Québec pour avoir mis sur pied un comité de recyclage et avoir
tenté de réengager la majeure partie de ces huit cents
personnes.
Il y en a quelques centaines qui ont trouvé un autre emploi dans
d'autres compagnies et à l'usine de finition à
Saint-Timothée, dans le comté de Beauharnois. D'autres personnes,
malheureusement, n'ont pas pu se placer ailleurs étant donné
qu'il s'agissait de personnes âgées de 50, 55 et souvent de 60 ans
et plus. Nous savons que, présentement, à cet âge-là
c'est toujours très difficile de trouver un nouvel emploi.
J'ai écouté avec beaucoup d'attention le
député de Drummond, celui de Stanstead et les autres qui ont
parlé auparavant. Je voudrais relever la suggestion du
député de Drummond à l'effet qu'un comité soit
formé sans tarder que ce soit un comité de la Chambre ou
un comité interministériel, on pourra l'appeler comme on voudra
qui sera composé des députés des deux
côtés de cette Chambre afin que l'on puisse vider la question et
se tenir plus au courant des moyens à prendre et des suggestions
à faire au gouvernement fédéral. Je crois que ce
comité pourrait éclairer les membres de cette Chambre. Il
pourrait avoir à sa disposition des recherchistes qui nous soumettraient
tout le problème. Il aurait certainement beaucoup de poids dans les
propositions que nous ferions au gouvernement fédéral.
En terminant, je voulais souligner que, depuis quelque temps, le
gouvernement du Québec a lancé une campagne: Québec sait
faire. Mais, à cause de tous les arguments apportés tantôt,
parce qu'il y a au-delà de 50,000 personnes qui vivent directement ou
indirectement de l'industrie du textile, parce que Québec possède
60% de la main-d'oeuvre engagée dans le textile et ceci à travers
tout le Canada, parce que, pour nous, l'industrie du textile est vitale, parce
que plus de 10% de toute la main-d'oeuvre québécoise travaille
dans l'industrie du textile, je me demande si nous ne pourrions pas demander au
gouvernement et au comité qui sera formé et qui se
penchera sur le problème, d'intensifier sa publicité afin
d'inciter les gens à acheter des produits québécois en ce
qui concerne le textile.
Ce serait vraiment un moyen très efficace.
Nous pourrions faire comprendre aussi à toute notre population
que pour enrayer une partie du chômage, il faut commencer par l'achat
chez nous et leur faire comprendre que le Québec sait très bien
faire dans le domaine du textile.
Je crois qu'on annonce, que le gouvernement annonce, dans ses
émissions « Québec sait faire » plusieurs produits
qui n'engagent à toutes fins pratiques que très peu de personnes.
Peut-être annonce-t-on des choses qui peuvent engager 50, 100 personnes
ici au Québec, et n'insiste-t-on pas assez pour demander aux gens, pour
informer les gens que le Québec sait faire dans des domaines qui
engagent on l'a répété et on le redit encore
plus de 50,000 personnes au Québec.
Ce sont quelques suggestions. Je ne veux pas m'étendre plus
longtemps. Presque tous les arguments ont été employés par
ceux qui m'ont précédé et, comme je le disais
tantôt, j'aimerais énormément pouvoir aller siéger
à une autre commission qui siège présentement à la
salle 91. Alors, pour les arguments que je viens d'apporter, pour les arguments
de mes prédécesseurs, je me ferai un plaisir et un devoir de
voter en faveur de la motion qui est devant nous.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): J'ai reconnu l'honorable
Secrétaire de la province, mais avant le début de son
intervention, je voudrais quand même faire une mise au point de la nature
suivante:
Lorsque l'honorable député de Drummond a fait son
intervention, il y a quelques minutes, la Chambre et la présidence lui
ont permis d'excéder de quelque dix minutes le temps normalement
prévu d'une demi-heure. J'ai invoqué à ce moment-là
le fait qu'il y avait une délégation de pouvoirs de la part du
chef de l'Opposition vis-à-vis le député de Drummond.
Effectivement, cette raison que j'ai invoquée n'est pas
légalement valide, parce que c'est effectivement seulement à
l'occasion du débat sur le discours inaugural et sur le discours du
budget que le chef de l'Opposition et le premier ministre peuvent
déléguer leurs pouvoirs. C'est donc en vertu d'un consentement
unanime de la Chambre que l'honorable député de Drummond a
excédé la demi-heure permise. Je voudrais bien, si la même
situation se présentait pour l'opinant qui vient de demander la parole,
que le même consentement lui soit accordé.
M. VAILLANCOURT: Oui, d'accord, M. le Président.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, fort de l'appui de mon honorable ami,
le député des Iles-de-la-Madeleine, je voudrais commencer mes
remarques en félicitant tout d'abord l'honorable député de
Saint-Hyacinthe pour l'argumentation qu'il a apportée au soutien de sa
motion, qui retient l'attention et l'intérêt de tous les
honorables collègues qui, de près ou de loin, sont
intéressés à la question du textile.
Pour quelques-uns, on se surprendra de constater cet après-midi
l'absence en cette Chambre de nombreux députés, mais il ne faut
pas oublier qu'il faut marier cette intéressante étude à
laquelle nous nous livrons cet après-midi avec la marche de
l'étude des crédits du ministère de la Voirie et une
étude bien spéciale et d'importance primordiale qui se fait
également à la commission de la présidence du Conseil
exécutif.
Mais ce qui importe, M. le Président, de retenir, c'est
l'unanimité qui a jusqu'ici entouré l'étude de la motion
présentée par l'honorable député de
Saint-Hyacinthe. La question du textile a des implications qui ne sont pas
nouvelles, puisqu'en 1953, l'honorable premier ministre, M. Bertrand,
saisissait la Chambre d'une motion à caractère identique à
celle qu'a soulevée l'honorable député de Saint-Hyacinthe.
Il faut vivre dans un comté comme celui que j'ai l'honneur de
représenter, pour s'arrêter sur le caractère d'urgence de
cette motion et sur la nécessité qu'il y avait de son
étude à l'Assemblée nationale. Je m'en voudrais de ne pas
rendre un tribut d'hommage à tous les travailleurs du textile de mon
comté et spécialement ceux de Louiseville qui, depuis 1929 dans
certains cas, sont des employés fidèles, industrieux et
dévoués au service des différentes compagnies qui
trans-
forment le textile sous une forme ou sous l'autre à
Louiseville.
Il me fait plaisir de vous signaler l'intérêt toujours
soutenu qu'a apporté la compagnie The Associated Textiles of Canada
Limited pour parfaire les connaissances techniques d'un grand nombre de ses
employés du textile, qu'elle a dirigés pour des études
spécialisées à l'école du textile de
Saint-Hyacinthe. Dans certains cas, elle est allée jusqu'à leur
accorder des bourses d'étude pour qu'ils aillent se spécialiser
en Caroline du Sud et même jusqu'en Australie. Cette compréhension
entre l'employeur et l'employé et ce commun accord pour trouver des
techniques modernes de production font que la compagnie The Associated Textiles
ne souffre pas trop aujourd'hui de cette concurrence que les industriels
versés dans la même production doivent rencontrer. Je sais
également qu'il y a un autre industriel de Louiseville, M. Alexandre
Béland, propriétaire, principal actionnaire et président
de la compagnie The Empire Shirt Manufacturing Limited qui s'occupe de la
fabrication de chemises depuis 75 ans. Malgré la concurrence
rencontrée également dans ce domaine par suite des importations
de textiles japonais, coréens et autres question sur laquelle
j'ai l'intention de revenir dans quelques instants cette compagnie, par
des prouesses et par un travail soutenu, ainsi que par des recherches
constantes, à maintenu au travail environ 175 employés. Lorsque
l'on constate que la compagnie Tooke a fermé deux usines au
Québec depuis quelques mois et que d'autres compagnies ont
été obligées d'adopter forcément la même
attitude ailleurs dans l'Ontario, c'est avec raison que l'on doit se
réjouir de l'efficacité de travail et de ce climat d'harmonie, de
compréhension et de rendement qui existe entre les employeurs et la
main-d'oeuvre hautement qualifiée au service de la compagnie The Empire
Shirt Manufacturing Company Limited.
Je me suis toujours intéressé à cette question du
textile. Mes premières armes dans la vie publique remontent à
1958, alors que j'étais élu, le 31 mars de cette année,
député du comté de Berthier-Maskinonge de
Lanaudière. Dès la première session, ouverte le 12 mai
1958, je prenais part au débat sur l'adresse en réponse au
discours du trône c'est l'expression que l'on a conservée
à Ottawa alors que, le 19 mai, je traitais ce problème du
textile qui existait au Québec et dans mon comté. Par la suite,
c'est avec intérêt que j'ai dû même au sein de mon
parti, protester, avec celui qui est devenu juge de la cour des Sessions de la
paix, l'honorable juge Maurice Allard, député
fédéral du comté de Sherbrooke, contre cette
libéralisation de l'importation du textile ou du coton au Canada, au
détriment de cette industrie qui existe surtout dans l'Est du pays et
spécialement au Québec, pour sauver l'agriculture de l'Ouest Ce
n'est pas que nous en ayons eu dans le temps et que j'en aie encore aujourd'hui
contre une économie forte de l'Ouest canadien, mais il me semble que le
gouvernement fédéral, quelle que soit la couleur politique des
éléments constitutifs qui l'ont composé, a toujours
négligé d'établir un équilibre entre
l'économie de l'Est du pays, dans un secteur spécialisé
comme celui du textile, et l'économie que commandait l'agriculture
prospère et forte de l'Ouest du pays.
C'est peut-être là une conséquence de ce
marché moussé dans la vente du blé canadien que l'on a
dû nécessairement consentir à un certain équilibre
d'échanges commerciaux. Si, d'une part, le Canada a vendu beaucoup de
blé à la Chine communiste, il a fallu qu'il existe cet
échange international entre la Chine et le Canada. Alors que l'on
ouvrait les portes des greniers de l'Ouest vers la Chine et d'autres pays,
nécessairement nous étions en retour inondés
d'exportations de ces pays qui, dans trop de cas, affectaient l'industrie du
textile, que j'appellerai plutôt l'industrie de l'aiguille. Dans le
textile, nous devons également tenir compte de la fabrication des
chemises, des blouses, des pantalons et en un mot de tout ce qui est
fabriqué de cotonnade ou de textiles synthétiques mais l'on peut
résumer en disant qu'il s'agit ici d'une branche connue comme
étant l'industrie de l'aiguille.
Dès 1967, alors que j'occupais les fonctions de président
de cette auguste Assemblée, je ne me désintéressais pas
pour autant de l'intérêt collectif de mes commettants. Le 21 juin
1967, j'adressais à l'honorable député de Champlain, qui
cumulait à l'époque les doubles fonctions de ministre du Travail
et de ministre de l'Industrie et du Commerce, une correspondance qui
commençait dans les termes suivants: « Qu'il me soit permis de
vous rappeler l'existence d'un problème dont vous êtes
déjà, j'en suis sûr, très bien informé
puisqu'il s'agit de la situation du textile dans la province de Québec
et spécialement dans mon comté de Maskinongé où
l'industrie de l'aiguille est celle où l'embauche est plus
élevée ».
Un peu plus loin dans ma lettre, je disais: « Je reconnais
volontiers que le commerce international relève de la juridiction
fédérale. Mais n'y aurait-il pas avantage à
présenter, par exemple, une motion à l'Assemblée
législative pour inviter le gouvernement canadien à tenir
compte des intérêts économiques de l'Est du pays,
spécialement québécois, en regard de la situation
désastreuse actuellement imposée à nos propres industries
par l'Indifférence des barrières tarifaires et susceptible de
concurrencer au profit des nôtres la production des textiles
étrangers où le coût de la main-d'oeuvre est parfois cinq
fois moins élevé qu'il ne l'est chez nos fr abricants
québécois, le tout sans tenir compte des mesures sociales
totalement inconnues comme, par exemple, au Japon, en Chine, aux Philippines,
au Pakistan, aux Indes, en Corée du Sud. »
L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce de l'époque,
l'honorable député de Champlain, me faisait tenir réponse
en date du 19 Juillet 1967 dans les termes suivants: « Les
représentants de l'industrie textile canadienne ont déjà,
ces dernières années, maintes fois saisi le gouvernement
fédéral de ce problème commercial aigu. Au printemps de
1966, mon prédécesseur au ministère de l'Industrie et du
Commerce, l'honorable Gérard-D. Levesque, avait directement porté
à l'attention du ministre des Finances du Canada l'intérêt
que le gouvernement du Québec attache à l'importante Industrie
québécoise du textile et les craintes que suscitait la
pénétration croissante de l'industrie du Japon sur les
marchés canadiens. « Ces démarches n'ont cependant pas
infléchi le cours des choses, ainsi qu'en témoigne la
réponse de M. Mitchell Sharp, dont vous trouverez ci-joint les
principaux paragraphes ».
Et j'en passe, quant à la teneur de la lettre de l'honorable
Mitchell Sharp, qui se trouvait alors ministre, je crois des Finances. Tout
cela pour vous dire, M. le Président, que j'abonde dans les remarques
faites par l'honorable député de Drummond, qui nous signalait,
lors de ses propos, que le gouvernement précédent avait
déjà fait une ébauche ou du moins avait lui-même
été saisi de cette situation désastreuse qui existe chez
nous dans le domaine du textile.
L'honorable ministre du Commerce, dans une lettre subséquente
datée le 10 août 1967, me disait ceci: « Comme je vous le
mentionnais dans ma lettre le 19 juillet, nous pourrions alors utiliser le
procédé d'une motion de l'Assemblée législative,
cette procédure ayant obtenu l'agrément explicite du
ministère des Affaires Intergouvernementales. Les fonctionnaires de mon
ministère ont récemment rencontré les représentants
de l'industrie textile du Québec et restent en contact étroit
avec eux pour suivre l'évolution de cet important secteur industriel de
chez nous. »
Quand on sait quel dynamisme, quel dé- vouement et quel esprit de
travail caractérisent l'honorable député de Champlain,
vous n'êtes pas sans vous imaginer qu'à maintes reprises,
subséquemment, j'ai été verbalement informé du
résultat des démarches, du travail accompli par ce comité
de fonctionnaires qui avait été chargé d'entrer en
communication avec les industriels du textile et également avec les
autorités fédérales, pour tâcher de saisir ce
problème dans le but, si possible, d'y apporter une solution
avantageuse, efficace pour les travailleurs du textile
québécois.
Mais l'honorable ministre du Travail d'aujourd'hui, ministre de
l'Industrie et du Commerce à l'époque, avait discuté de
cette question avec l'honorable premier ministre, feu M. Daniel Johnson. Je
m'en voudrais de ne pas vous signaler l'intervention personnelle faite au mois
de mai 1968 par feu M, Daniel Johnson sur cette importante question du textile
québécois.
Le 24 mai 1968, feu M. Daniel Johnson adressait une lettre à
l'honorable premier ministre du Canada, M. Pierre Elliot Trudeau, et cette
lettre commençait dans ses termes: « M. le premier ministre, vous
connaissez bien l'importance de l'industrie textile dans la vie
économique du Québec et vous n'ignorez pas d'autre part, j'en
suis persuadé, les perturbations qui agitent depuis plusieurs
années déjà les circuits de production et
d'écoulement des produits textiles à travers le monde. Cette
nouvelle conjoncture très instable et guère encourageante est
entièrement dominée par la multiplication des usines de
fabrication textile dans les pays où les coûts de production sont
peu élevés, et par la recherche par ces mêmes pays de
débouchés commerciaux à l'intérieur des pays
riches, déjà eux-mêmes producteurs importants mais
incapables de faire face à une telle concurrence. »
Et un peu plus loin dans sa lettre, M. Johnson rappelait que, de toutes
les provinces canadiennes, le Québec, avec ses 50,000 personnes
engagées dans le textile, est certes celle qui ressent le plus vivement
les effets alarmants de cette rapide détérioration d'un secteur
entier de son industrie.
Revenant à la charge le 12 juin 1968, l'honorable Johnson
écrivait au très honorable Pierre Elliot Trudeau une autre lettre
dont je tire un extrait qui se lit comme suit: « La politique actuelle de
contingentement l'honorable député de Saint-Maurice a
élaboré cette question et je vois qu'il connaît très
bien le problème puisqu'il y a également dans son comté
beaucoup de personnes intéressées à l'industrie de
l'aiguille alors le premier ministre Daniel Johnson disait donc:
ne per-
met pas aux manufacturiers canadiens de tissus de coton primaire de
prévoir la dimension du marché. C'est aujourd'hui qu'il leur
faudrait savoir ce que seront les contingents d'exportation en 1969 pour
préparer leur production et leur mise en marché. Or, ils ne
connaîtront les contingents pour les divers pays qu'au hasard du
succès des négociations. « Cest vers la fin de 1969
remarquez bien que la lettre était en date du 12 juin 1968 qu'ils
sauront ce qu'aurait pu être, dans l'ensemble, le marché que votre
gouvernement leur aura réservé cette année-là.
»
Des le mois de juillet 1968, l'honorable Daniel Johnson
précédait une action arrêtée de certains industriels
et des syndicats intéressés directement ou indirectement dans
l'industrie du textile et je viens à ce point très
brièvement. L'honorable Daniel Johnson disait: « Il s'agit donc de
définir un seuil global suffisant pour la production canadienne dans son
ensemble, tout particulièrement dans le secteur du coton. Je puis vous
assurer, au surplus que les représentants compétents de
l'industrie cotonnière entretiennent de très vives
appréhensions quant au nouveau code antidumping. »
C'était là le noeud du problème. Cest tellement
vrai que, dans le cours du mois d'octobre dernier, nous avons assisté
à une action commune de la part des principaux intéressés
dans l'industrie du textile. En effet, la Confédération des
syndicats nationaux, l'Union des ouvriers du textile d'Amérique, les
Ouvriers unis des textiles d'Amérique et l'Institut canadien des
textiles ont soumis conjointement au gouvernement fédéral un
mémoire pour l'inciter à adopter et c'est là le
noeud, comme je le disais tout à l'heure, de tout le problème du
textile au pays et spécialement pour le Québec et l'Est du Canada
une politique commerciale pour les textiles. Ce mémoire a
été présenté au cabinet fédéral.
C'est un exemple remarquable de bonne entente, d'intérêts communs
visés entre, d'une part, employeurs et, d'autre part, employés,
pour tacher de maintenir une industrie constamment en butte aux
difficultés et aux conséquences d'une importation irrationnelle
des produits du textile chez nous.
Cette action commune entre employeurs et employés devrait servir
d'exemple dans d'autres domaines de l'activité québécoise
afin que dans certains cas nous puissions nous asseoir à la même
table pour tacher de trouver une solution à une situation
économique que doivent supporter les industriels dans un secteur
donné, et d'autre part les employés qui doivent, dans certaines
circonstances, comme c'est le cas du textile, faire face à un licencie-
ment temporaire ou à un congé temporaire de la part de son
employeur aux prises avec un surplus de production qu'il ne peut écouler
sur le marché canadien.
Le gouvernement fédéral a prêté une oreille
attentive à ce mémoire par les différentes associations
qui ont fait front commun pour discuter du problème du textile. Le
gouvernement fédéral n'a pas encore malgré sa bonne
volonté, j'en suis sur, et pour des raisons que j'ai
préalablement mentionnées pu trouver ou établir
cette politique commerciale pour les textiles, désirée par, d'une
part, les industriels et, d'autre part, les syndicats du textile et ce,
à cause des implications des échanges internationaux.
Si, d'une part, le gouvernement fédéral veut arrêter
complètement l'importation des produits du textile, il en subira
nécessairement des conséquences dans son commerce
extérieur, se trouvant de plus en plus en butte aux difficultés
que présente toujours la vente des produits des cultivateurs de l'Ouest
canadien.
Par conséquent, les intéressés ne veulent pas
arrêter l'importation. Ils sont prêts à concurrencer
l'importation, en autant qu'elle soit maintenue à son niveau actuel. Si
les industriels, si les syndicats étaient informés quelques mois
à l'avance de la masse globale d'importation de textiles qui entrera au
pays, à ce moment-là les industriels pourraient planifier et
organiser leur production. C'est ce qu'ils veulent.
La demande de ce groupe d'employeurs et d'employés du textile
n'est pas à l'effet d'arrêter toute importation, mais la
justification de leur démarche est pour permettre, comme je le disais
tout à l'heure, une concurrence dans le domaine de la production et pour
établir certaines données qui leur permettront de connaître
à l'avance le coût de production d'une marchandise nouvelle sur le
marché ou déjà existante dans la catégorie du
textile.
L'industrie du textile est au nombre des plus avancées dans le
monde de la technologie, et les industriels n'ont pas cessé d'investir
pour se donner des usines plus modernes. En effet, depuis huit ans, les
industriels en textile ont capitalisé pour un montant de $270
millions.
L'organisation des industries du textile est complète et
même très sophistiquée. Mais la difficulté, pour ces
industriels, est de connaître jusqu'à quel degré ils seront
submergés par l'importation des textiles venant des pays
étrangers. Ah, il existe des contingentements ou contingents
volontaires, mais, comme le signalait tout à l'heure l'honorable
député de Drummond, ces contingentements sont
dépassés par toutes sortes d'astuces industrielles. C'est ce qui
fait
que les importations, par exemple, du Japon ont dépassé de
beaucoup celles dont, volontairement, les deux pays avaient convenu et
arrêté.
L'industrie du textile, M. le Président, emploie 110,000
personnes. De ce nombre, environ 50,000 sont directement attachées
à l'industrie même du textile, c'est-à-dire à la
transformation et à la fabrication du textile. Mais il y a beaucoup
d'industries connexes par exemple, la fabrication de blouses, de
pantalons et de chemises qui viennent grossir cette masse
ouvrière Jusqu'à 110,000 employés. Ce sont des gens
directement attachés par des industries secondaires ou connexes au
textile et qui voient à la bonne marche de cette industrie
caractéristique, spécialement au Québec.
Une industrie florissante du vêtement est nécessaire
à l'industrie du textile, attendu que des importations perturbatrices de
vêtements sont également dommageables à l'une ou à
l'autre des spécialités de la production du textile. La situation
devient de plus en plus alarmante quand on constate, par exemple, qu'à
Drummondville, des 4,200 employés du textile, qui constituent plus de
60% du personnel manufacturier de cette ville, quelque 700 ont
été licenciés de façon permanente et 225 autres
l'ont été temporairement. Ces chiffres remontent au 1er Janvier
1967, c'est-à-dire que ce licenciement ou que cette réduction de
personnel, de l'Importance que Je viens de signaler, s'est
écoulée du 1er janvier 1967 au 15 mars 1969.
A Cowansville dans le Québec, le textile compte 1,475
employés. Il est le principal employeur du personnel manufacturier. Une
forte proportion de la main-d'oeuvre, soit 350 ouvriers, ne travaille
qu'à temps partiel, devant chômer une semaine toutes les cinq ou
six semaines. La situation est-elle différente à Montmorency? La
population de cette ville est de 6,000 habitants, environ. L'usine textile de
l'endroit, qui depuis longtemps employait 947 personnes, n'en occupe plus que
799. Or, nous savons que c'est la seule industrie d'importance dans cette
ville.
A Magog, une population de 13,800 habitants, environ. Le textile
occupait, depuis longtemps, 85% de la main-d'oeuvre. Cette proportion a
été beaucoup moindre au cours de l'année
écoulée; il y a beaucoup de chômage chez les
employés du textile. Ces bouleversements et ces pertes
économiques pour des travailleurs condamnés au chômage
total ou partiel seraient facilement évitables s'il était
possible de planifier cette industrie dans le cadre d'une politique bien
comprise. Mais, les conditions présentes déjouent toutes les
prévisions en obligeant les entreprises à prendre des mesures
parfois improvisées, voire brusquées, pour faire face aux
changements imprévisibles du marché, changements causés
par les importations à faible coût de revient.
Il faut quelque assurance de stabilité pour que les travailleurs
jouissent d'un niveau de vie économique et social convenable, ce qui ne
pourra pas leur être accordé si l'industrie du textile est en
butte aux mêmes difficultés et conséquences d'importation
qu'elle vit et qu'elle traverse actuellement.
Quand on considère les importations chez nous dans le domaine du
textile, on est en droit de se demander quel avenir est réservé
à cette industrie qui est la troisième en importance au pays pour
la main-d'oeuvre et la plus nombreuse et la plus importante au
Québec.
Qu'il me soit permis de vous fournir certaines données qui
émanent du Bureau de la statistique du Canada, où on retrouve que
dans l'industrie première et l'industrie des métaux et transport,
le nombre d'employés au Canada est de 374,713, dont 87,598 au
Québec.
Dans le commerce des aliments et boissons, au Canada, 223,713; au
Québec, 55,506. Textiles et vêtements, nombre total
d'employés dans cette branche de notre Industrie canadienne: 181,450;
pour le Québec seulement, 108,345. Par conséquent, l'industrie du
textile et du vêtement est la première quant au nombre
d'employés embauchés au Québec. Si l'on tient compte des
difficultés et des conséquences de l'importation, nous verrons
que cette industrie est de plus en plus menacée au Québec Le tout
comme conséquence d'Importations vraiment alarmantes. Ainsi, par
exemple, pour l'importation des tissus mélangés rayonne-polyester
nous avons comme importation totale, en 1967, 516,700 Uvres. En 1968, 934,000
livres. Par conséquent, augmentation de plus de 80%. Venant du Japon,
143,900 livres en 1967; en 1968, 269,000 livres, augmentation de 86.9%. C'est
là que je rejoins certains chiffres donnés par mon honorable ami
le député de Stanstead lorsqu'il a parlé de cette
question, il y a quelques instants.
Pour les tissus mélangés de polyester-coton, qui sont
encore des importations de textiles en partie synthétiques mais qui sont
également fabriqués au Québec si ces importations
étalent d'avance contingentées, notre industrie textile,
spécialité de polyester-coton, ne serait pas dans l'obligation de
réduire son personnel, comme je l'ai mentionné il y a quelques
instants . Les importations totales en 1967 ont été de
2,876,300 livres; en 1968, de 6,305,700 livres. Donc, augmentation de 140.9% en
une année.
Le tissu des vêtements, qui est une branche du textile comprise
dans ce catalogue ou cette catégorie que je décrivais comme
étant l'industrie de l'aiguille, n'échappe pas non plus aux
conséquences de l'importation puisque, par exemple, pour ce qui a trait
aux chemises en 1967, il s'est importé 509,000 douzaines de chemises de
coton. En 1968, 312,300 douzaines. Par conséquent, une réduction
de 38.7%. Déjà, on pourrait commencer à crier: Victoire!
Mais cette production de coton est remplacée par une production
synthétique qui vient englober et déséquilibrer davantage
cet écart entre la consommation canadienne et la production canadienne,
parce que nous verrons tout à l'heure qu'il s'importe près de 14
millions de chemises de l'étranger, en une année, au Canada.
Les importations de chemises synthétiques en 1967 ont
été de l'ordre de 535,400 douzaines. En 1968, 988,700 douzaines.
Par conséquent, augmentation de 84.7%, comparativement à 99,400
douzaines en 1963, dans le domaine synthétique, c'est 988,700 en 1968.
Dans l'espace de cinq ans, seulement dans le domaine de la chemise en tissu
synthétique, en a subi une concurrence d'importation de 900,000
douzaines de chemises. Pour ce qui est des autres, nous avons, en 1967, 28,300
douzaines d'importation; en 1968, 145,500 douzaines. C'est donc dire, entre
1968 et 1967, une augmentation de 414%.
Quand je parle d'autres, cette catégorie comprend les
mélanges de coton et de fibres synthétiques dans lesquels la
proportion synthétique est 50% inférieure en poids. Les pays
asiatiques sont les plus importants exportateurs de chemises. Ils figurent
ensemble pour 92.7% et 95.9% du total des importations de chemises au Canada en
1967 et 1968. Les blouses sont encore un secteur de l'industrie de l'aiguille,
et, encore là je vais me dispenser de donner tous ces chiffres
nous en arrivons à une augmentation d'importation en 1968,
comparé à 1967, de 12.9%.
M. VAILLANCOURT: Déposez vos tableaux.
M. PAUL: C'est trop barbouillé. Ce n'est pas que je ne voudrais
pas être agréable, mais peut-être que, si l'occasion nous
est donnée de nous rendre à la demande de l'honorable
député de Drummond, nous pourrons analyser de près ces
chiffres. Vous comprendrez qu'étant avocat, je ne suis pas un
manufacturier de chemises. Comme je le disais tout à l'heure, je suis
toujours intéressé à cette industrie de l'aiguille. Les
données que j'ai sont très bien contrôlées et
proviennent de certains gros fabricants de chemises.
Par exemple, dans le cas de la chemise, il arrive que l'on puisse
trouver sur le marché canadien des chemises synthétiques au
coût de $20 de moins la douzaine que le prix d'achat du coton pour
fabriquer ces chemises ici au Québec. Cela fera sans doute l'affaire des
familles nombreuses qui peuvent se procurer du vêtement à bon
compte. Mais, d'un autre coté, les conséquences...
M. VAILLANCOURT: Est-ce que vous parlez de l'importation venant du
Japon?
M. PAUL: De tous les pays.
M. VAILLANCOURT: De tous les pays.
M. PAUL: Et, si vous permettez, je pourrais vous donner quelques
chiffres concernant la chemise. Je sais que mon honorable ami peut être
intéressé par ces données. On a importé en 1968
les statistiques que je donne sont toutes pour 1968 13,800
douzaines de chemises de la Pologne. C'est du coton véritable.
M. LAPORTE: En 1968? M. PAUL: En 1968.
M. LAPORTE: Pour le gouvernement de l'Union nationale?
M. PAUL: Je crois que l'honorable député de Chambly...
M. LAPORTE: On aurait dû lancer des oeufs communistes sur ces
chemises-là.
M. PAUL: ... aurait dû... Je comprends qu'il était pris
ailleurs, mais nous avons analysé les conséquences des
importations.
M. LAPORTE: Oui. Moi, ce n'était pas ces conséquences que
j'analysais. Je le regrette.
M. PAUL: Si on avait frappé...
M. VAILLANCOURT: Cest une vieille histoire.
UNE VOIX: ... vous avez frappé...
M. PAUL: Non, nous avons frappé et les industriels
québécois frappent des noeuds dans la concurrence à
laquelle ils doivent faire face dans la production de la chemise, du coton ou
de la chemise.
La Roumanie, 4,000 douzaines de chemises
de coton importées en 1968; de Hong-Kong, alors que le quota
volontaire ou l'entente internationale entre le Canada et Hong-Kong est de
142,000 douzaines de chemises, nous avons importé 800,700 douzaines de
chemises, 166,600 douzaines de synthétiques, alors que le quota
était de 75,000 douzaines, nous en avons importé 228,800
douzaines. Par conséquent...
M. VAILLANCOURT: De quel pays?
M. PAUL: De Hong-Kong. De la Chine communiste, les chiffres, encore
là, nous démontrent une importation extraordinairement
concurrentielle et néfaste pour notre industrie de l'Est du
Québec et notre industrie québécoise.
M. VAILLANCOURT: Est-ce de l'importation au Canada ou au
Québec?
M. PAUL: Au Canada. Je ne voudrais pas qu'on ait l'impression qu'il
existe des barrières tarifaires entre le Québec et les autres
provinces. Je souhaite qu'il n'en existe jamais.
M. VAILLANCOURT: Moi de même.
M. PAUL: Mais ce qu'il est important de souligner, c'est que nous avons
des importations qui nous viennent du Japon, de Tai-Wan, de la Corée, de
la Malaisie, de Singapour, de ports d'Asie, des Etats-Unis et d'ailleurs. Par
conséquent c'est là que je soutiens l'argumentation ou le
chiffre que j'ai donné tout à l'heure nous importons
1,446,000 douzaines de chemises par année. C'est une branche de
l'industrie du textile.
M. VAILLANCOURT: Est-ce que vous avez le montant en dollars?
M. PAUL: Malheureusement non, mais je ferai remarquer à mon
honorable ami qu'il a été tout à l'heure très juste
dans ses remarques. Quand on sait qu'au Japon, actuellement, on paie les
ouvriers $0.35 l'heure pour la fabrication de la chemise alors qu'ici au
Québec et au pays... J'ai certainement les données ou les
chiffres où l'on parle de cette question de salaires et d'importations
M. VAILLANCOURT: Moi, j'ai dit que le salaire au Japon était
d'environ le quart de la moyenne du salaire au Canada, au Québec.
M. PAUL: C'est ça. Alors que les chiffres officiels sont de 5%
plus élevés dans la moyenne du pays.
Au Canada, nous importons pour $19.32 per capita de textiles alors
qu'aux Etats-Unis on en importe pour $10.89. Le tout résulte d'une
difficulté économique à résoudre entre cette
diversité de production que l'on rencontre chez nous entre l'ouest et
l'est du pays.
Il n'est pas surprenant que les conséquences de cette concurrence
internationale qu'il faut subir, je l'admets, mais qu'on devrait
contrôler, que les effets de ces procédés de
pénétration sur les industries canadiennes soient nombreux et
variés. Il a fallu abandonner la production de séries
importantes, fermer des usines en grand nombre, mettre à pied beaucoup
d'employés je vous ai donné certains chiffres tout
à l'heure enrayer la croissance de régions prometteuses du
marché, fragmenter la production parce que les importations ont
remplacé des articles fondamentaux, baisser considérablement le
niveau des prix, diminuer l'emploi au lieu de l'accroître, limiter
l'amélioration du niveau de vie des employés et laisser remplacer
par des importations à faible coût de revient le volume de
nombreux produits canadiens sur notre marché au détriment des
importations de source traditionnelle.
Je termine ici mes remarques.
J'aurais quelques données que je réserverai pour
l'éventuelle commission susceptible d'être créée,
peut-être une commission de l'Industrie et du Commerce, où l'on
analysera tout ce problème afin que nous puissions faire aux
autorités fédérales des suggestions à court et
à long termes.
Je ne blâme pas les autorités fédérales parce
que, comme je le disais tout à l'heure au début de mes remarques,
j'ai vécu la même situation alors que j'étais
député fédéral et que j'ai fait, en quelque sorte,
les mêmes recommandations que je fais aujourd'hui. Il est à
espérer que l'honorable ministre de Drummond, M. Pepin, puisse, au cours
de ces négociations, trouver une solution pour limiter la masse globale
d'importations, plutôt que de transiger à l'unité avec les
pays exportateurs de textile.
Je sais que l'Assemblée nationale a étudié cette
question avec beaucoup d'objectivité. Au lieu de partir en guerre et de
reprocher à l'autorité fédérale de ne rien faire
pour cette question, il faut plutôt faire une pression digne par la voie
du secrétaire de l'Assemblée, consécutivement à une
motion qui, je l'espère sera adoptée par l'Assemblée
nationale, afin que les autorités fédérales puissent, si
possible, se pencher avec plus d'urgence sur le caractère
économique d'importance primordiale
que représente l'Industrie du textile, chez nous, au
Québec.
Quand nous constatons que, dans la ville de Montréal, il y a
environ 50,000 hommes ou femmes qui gagnent leur vie dans un secteur ou dans
l'autre du textile et que de nombreux employés sont remerciés
temporairement de leurs services, pour une période, d'une, de deux, de
trois ou de quatre semaines, à des intervalles malheureusement
répétés, je crois que ce problème devient
d'intérêt général pour tout le Québec.
Il est intéressant de constater que, dans l'étude de
problèmes à caractère économique, il y a toujours
possibilité de se pencher sur des problèmes, de les sortir de
l'ornière politique et d'analyser l'objectivité avec laquelle les
députés ont participé à ce débat. Ce sont
autant de facteurs qui contribueront sûrement à faire pression sur
le gouvernement fédéral, pour que le problème soit
résolu et qu'on se rende à la demande présentée
lors du mémoire soumis au gouvernement fédéral l'automne
dernier, afin que les producteurs de textile puissent être
prévenus, non pas à la fin d'une année de calendrier, mais
quelques mois avant le début d'une nouvelle année de calendrier,
sur ce que sera la masse globale d'importations. Ainsi, nos industriels, comme
ils l'ont mentionné dans leur mémoire, sont disposés
à faire face à la concurrence pour garder un équilibre
économique à travers tout le pays, pour que cette industrie qui
nous intéresse de près au Québec et dans l'est du Canada
puisse continuer à procurer des emplois nombreux à ceux-là
qui, en certains cas, y ont passé leur vie, comme chez nous, par
exemple, à Louiseville, où il y a des employés qui gagnent
leur vie à la compagnie The Associated Textile depuis près de
quarante ans.
Je sais que la situation existe ailleurs dans la province
également. C'est avec beaucoup de plaisir que j'appuie la motion
présentée par l'honorable député de
Saint-Hyacinthe.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
M. LAPORTE: Est-ce que l'honorable député de
Saint-Hyacinthe entend exercer son droit de réplique?
M. LE PRESIDENT: La motion de l'honorable député de
Saint-Hyacinthe sera-t-elle adoptée?
M. LAPORTE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. PAUL: M. le Président, avant de proposer l'ajournement de la
Chambre, je voudrais rappeler l'ordre des travaux pour demain. Nous pourrions
siéger de dix heures trente à midi trente, ou peut-être
jusque vers une heure, afin de permettre à l'honorable
député de Mercier, si le temps est nécessaire, de
compléter son discours parce que nous reprendrons le débat sur le
budget.
Par la suite, nous pourrions, de consentement unanime, procéder
à l'étude des crédits du ministère de l'Agriculture
ici en haut et, en bas, à l'étude des crédits de la
Voirie, afin de permettre à nos honorables amis de commencer à se
préparer à cette atmosphère de colloque, qui nous les
ramènera, lundi, remplis d'un esprit de collaboration vraiment
remarquable et soutenu, comme celui que nous avons connu depuis le début
de la présente session.
M. CADIEUX: Une « colloquaboration ».
M. LAPORTE: Je me sens vraiment trop ému pour répondre au
ministre.
M. PAUL: Réservez-vous. M. le Président, je propose
l'ajournement de la Chambre à demain matin, dix heures trente.
M. LE PRESIDENT: La Chambre s'ajourne à demain matin, dix heures
trente.
(Fin de la séance: 17 h 59)
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