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(Quinze heures quatre minutes)
M. LEBEL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions
L'honorable député de Napierville-Laprairie.
Pétition
M. BAILLARGEON: M. le Président, je fais motion pour que les
articles 615 et 616 du règlement soient suspendus...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BAILLARGEON: ... et qu'il me soit permis de présenter la
pétition de la ville de Brossard demandant l'adoption d'une loi
modifiant sa charte et que cette pétition soit maintenant
présentée, lue et reçue.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Lecture et réception de pétitions. Présentation de
rapports de comités élus. Présentation de motions non
annoncées. Présentation de bills privés.
L'honorable député de Berthier. Bills
privés
M. GAUTHIER (Berthier): M. le Président, pour M. Théoret,
j'ai l'honneur de faire motion pour qu'il me soit permis de présenter le
bill numéro 109, intitulé Loi concernant la succession d'Alphonse
Valiquette.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. BERGERON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
M. BERGERON: J'ai l'honneur de faire motion pour qu'il me soit permis de
présenter le bill numéro 202, intitulé Loi concernant
l'Industrielle, compagnie d'assurance sur la vie.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
Présentation de bills publics. M. BERTRAND: M. le
Président, F.
Bill 99
M. MICHAUD: L'article 1 de ce projet de loi modifie l'article 102 de la
Loi du Barreau afin de prévoir que les séances du Comité
de discipline du Barreau du Québec devront être publiques. Comme
les dispositions de cet article 102 s'appliquent à tout comité
spécial chargé d'enquêter sur la conduite professionnelle
des membres du Barreau ainsi qu'au conseil de discipline du Barreau il en
résultera que les séances de ces comités spéciaux
ainsi que du Conseil de discipline devront être aussi publiques.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. BERTRAND: G, M. le Président.
Bill 98
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gatineau propose la
première lecture de la Loi modifiant la loi de l'instruction
publique.
M. MICHAUD: Pardon, M. le Président, je crois que le premier
ministre a dit G.
M. BERTRAND: J'ai appelé le bill au nom de M. Fournies Le
député de Chambly...
M. MICHAUD: Très bien.
M. BERTRAND: ... peut sans doute en donner les notes explicatives
à sa place.
M. LAPORTE: Certainement, je vais donner les notes explicatives. Je vais
d'abord les apprendre moi-même.
M. BERTRAND: Il faut s'entraider.
Il s'agit d'un bill portant le numéro 98, intitulé Loi
modifiant la loi de l'instruction publique. En vertu de ce projet, comme je
vous l'annonçais déjà hier, M. le Président, si une
commission scolaire établit devant la cour Provinciale qu'une personne
possédant une propriété commerciale sur le territoire de
la commission et ne résidant pas sur ce territoire s'est
déclarée dissidente dans le but de payer des taxes à un
taux moindre que le taux applicable à la majorité des
contribuables, la cour pourrait obliger cette personne à payer ses taxes
à la commission scolaire au taux applicable à la majorité
des contribuables ou aux corporations,,
Est-ce que la première lecture est unanime?
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. BERTRAND: Le député de Chambly est unanime.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. BERTRAND: 1.
Bill 97
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin propose la
première lecture de la Loi modifiant l'article 1056c du code civil.
L'honorable député de Gouin.
M. MICHAUD: Ce projet de loi prévoit que les montants
accordés par les tribunaux à la suite de dommages porteront
intérêt depuis la date de l'institution de la demande non pas au
taux légal de 5% comme le prévoit la loi actuelle, mais
plutôt au taux fixé par le gouvernement pour les fins de la Loi de
l'habitation familiale, le dernier taux étant présentement de 8
7/8%.
M, LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance subséquente.
L'honorable ministre des Affaires municipales.
Déclaration ministérielle
Loi électorale municipale
M. Robert Lussier
M. LUSSIER: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer
devant la Chambre le projet de la Loi électorale municipale.
M. LAPORTE: Oh!
M. LUSSIER: J'ai une courte déclaration ministérielle qui
accompagne le dépôt de ce projet.
Il s'agit là du produit du groupe de travail formé de Me
François Drouin, président général des
élections, Me Jacques Lafontaine, Me Raymond Pagé et Me Eddy
Giguère, adjoint au président général des
élections et qui agissait comme secrétaire de ce groupe de
travail.
Le mandat confié à ce comité consistait en la
préparation d'une loi électorale municipale unique pour toutes
les municipalités du Québec. Le groupe de travail avait obtenu un
délai de huit mois à compter du 5 février 1969 pour
produire son rapport. Le fait que ce groupe de travail ait déjà
remis son rapport est une preuve évidente de la
célérité avec laquelle ces messieurs se sont
acquittés de leur tâche. On me permettra de les en remercier et de
les féliciter aussi.
Le projet prévoit que la Loi électorale municipale sera
applicable à toutes les municipalités du Québec. Celles-ci
sont divisées en trois groupes, d'après leur population. Il y a
en effet des dispositions spéciales concernant les municipalités
de moins de 10,000 âmes; d'autres dispositions sont propres aux
municipalités de 10,000 à 50,000 âmes et, finalement, des
dispositions supplétives pour les municipalités dont la
population est de 50,000 âmes et plus.
En gros, le projet suggère que des mécanis-
mes soient prévus à la Loi électorale du
Québec pour la délimitation du territoire en sections de vote. La
nomination d'énumérateurs pour chaque section, la
préparation et la révision des listes électorales
s'appliquent mutatis mutandis aux élections municipales. Le projet
maintient le premier dimanche de novembre et le lendemain de ce dimanche comme
dates des élections. Partout, les mises en nomination auront lieu le
troisième lundi d'octobre de façon qu'il y ait un délai de
deux semaines, comme au provincial et au fédéral, entre la mise
en candidature et le jour du scrutin.
Le projet suggère également que la durée du mandat
des maires et des conseillers soit fixée partout à quatre ans et
que la rotation soit abolie pour les municipalités présentement
régie par le code municipal. Le groupe de travail recommande que, dans
toutes les municipalités de 10,000 âmes et plus, le papier servant
à l'impression des bulletins de vote soit un papier contenant un fil
secret que fournirait aux municipalités le président
général des élections et sur lequel le président
général des élections aurait un strict contrôle. Le
projet contient des dispositions concernant le contrôle des
dépenses électorales pour toutes les municipalités de
10,000 âmes et plus et prévoyant le paiement, par la
municipalité, de 50% des dépenses électorales au candidat
élu et à ceux qui récoltent au moins 20% des voix
valides.
Il s'agit d'un projet de loi comportant 466 articles, à part un
certain nombre d'annexes et de formules. Les quelques copies dont je puis
disposer aujourd'hui sont les seules présentement disponibles, mais le
projet devrait être imprimé d'ici une quinzaine de jours en nombre
suffisant d'exemplaires pour que tous les intéressés, y compris
les municipalités du Québec, en reçoivent une copie, soit
en langue française soit en langue anglaise. Nous avons pensé
déposer dès maintenant le rapport de ce groupe de travail de
façon à permettre à toutes ces gens d'en prendre
connaissance suffisamment tôt pour qu'ils soient en mesure de faire aux
législateurs toutes les recommandations qu'ils jugeront pertinentes.
Je tiens à faire remarquer, une fois de plus, qu'il s'agit
là d'un rapport d'un comité ou d'un groupe de travail, et qu'on
ne doit pas déduire, du dépôt de ce rapport, que le
gouvernement fait intégralement, soit le projet que suggère ce
groupe de travail.
Après de nombreuses consultations qui seront faites incessamment,
après avoir pris connaissance des nombreux mémoires que ne
manquera certes pas de susciter ce projet, le gouvernement verra à faire
connaître sa position en soumettant à la Chambre son projet de loi
en première lecture.
J'invite donc les membres des municipalités et des divers groupes
intermédiaires à prendre connaissance de ce projet et de nous
faire dans les meilleurs délais les recommandations favorables ou non.
Personnellement, je pense que ce projet comporte de très valables
éléments et qu'il sera suivi d'un projet de loi de nature
à assurer dans toute la mesure du possible le bon fonctionnement des
élections dans les municipalités du Québec et je remercie
de nouveau les membres de ce groupe de travail de leur collaboration
précieuse et empressée.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
M. Pierre Laporte
M. LAPORTE: M. le Président, il s'agit manifestement d'un rapport
intéressant, et le ministre ne sera pas étonné si je lui
rappelle que ce travail avait été amorcé avant même
que le gouvernement ne change. Je suis heureux que ce document nous soit remis.
Pourrais-je poser une question au ministre? J'imagine qu'il a eu le temps de
parcourir ce document? Une des recommandations de base que nous avions
discutée à l'époque avec M. Drouin pour les
élections municipales ou pour toutes autres élections dans le
Québec, c'était la confection d'un bulletin de vote qui serait
identique, que ce soit pour des élections provinciales, des
élections municipales ou, lorsque la chose se présente, pour des
élections scolaires; que la forme de bulletin et la façon de
voter sur ce bulletin soient toujours la même afin que le citoyen
québécois s'habitue à voter toujours de la même
façon pour éviter que des gens ne soient
défranchisés parce qu'ils apposent la croix au mauvais
endroit.
Est-ce que, dans les recommandations du rapport Drouin, il est
proposé non seulement que le papier pour la fabrication des bulletins de
vote soit distribué par le président des élections mais
que la forme du bulletin soit semblable à celle que nous utilisons pour
les élections provinciales?
M. LUSSIER: M. le Président, je dois dire que cette proposition a
été étudiée très attentivement, et pour des
municipalités d'un certain nombre à un plus grand nombre, il y a
un bulletin uniforme qui est proposé. Mais à cause des
difficultés techniques d'imprimerie dans les localités plus ou
moins éloignées des grands centres, il s'avère presque
impossible d'avoir
un bulletin uniforme pour toutes les municipalités; mais pour le
plus grand nombre, le bulletin sera uniforme.
Dans les annexes, vous trouverez des explications et les formes de
bulletins proposés.
M. LAPORTE: Disons, M. le Président, que la question essentielle
sur laquelle je demanderai au ministre de nous obtenir des explications, ou que
nous demanderons à la commission, c'est pourquoi, encore une fois, cette
distinction entre les municipalités de plus ou moins de 10,000
âmes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): Il y a une autre question qui, forcément,
est imbriquée dans une réforme comme celle que propose le
rapport. Je voudrais savoir du ministre, comme je n'ai pas vu, personne n'a vu
encore le rapport, je crois bien, en détail, si on y a touché, ou
la réponse étant négative, si le gouvernement a
l'intention d'y toucher: il s'agit du droit de vote lui-même. Est-ce que
ça prévoit, d'une façon ou de l'autre, en vue non
seulement d'uniformiser dans le domaine du vote, mais aussi en vue de diminuer
extraordinairement la longueur obligatoire des campagnes électorales
actuelles, a-t-on prévu le droit de vote uniforme, c'est-à-dire
18 ans pour tout le monde, de façon que l'on puisse un jour arriver
à une liste électorale unique et permanente et raccourcir de deux
à trois semaines les campagnes électorales à divers
niveaux?
M. LUSSIER: Cette question a été discutée et
réglée l'année dernière. Nous pourrons,
évidemment, y revenir en comité. Quant au droit de vote, il est
universel, mais à partir de 21 ans.
M. LEVESQUE (Laurier): On n'a pas considéré les
critères qu'on avait fait valoir.
M. LUSSIER: On l'a considéré, mais on a rejeté la
proposition de 18 ans.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Baldwin.
M. SEGUIN: Une question au ministre des Affaires municipales. Je
concède que le dépôt de ce rapport ne veut pas
nécessairement dire loi, mais, pour être pratique, puisque,
déjà, il y a eu des changements dans les procédures et
dans la préparation de listes électorales, après le bill
285 qui a été présenté par le ministre il y a
quelques mois, est-ce que le ministre des Affaires municipales pourrait dire
à cette Chambre s'il prévoit qu'avant les prochaines grandes
élections municipales, soit novembre 1970, une loi électorale
spéciale sera présentée? Si nous devons commencer,
d'après ce qu'on nous dit dans le bill 285, à établir
certaines procédures, est-ce que nous devrons changer ces
procédures ou nous arrêter parce qu'un bill sera proposé?
Est-ce que vous vous proposez d'apporter un bill ou des changements selon ce
que le rapport peut recommander?
M. LUSSIER: Dans l'exposé que j'ai voulu le plus bref possible,
il était dit que, le plus tôt possible ceci veut dire
nécessairement pour novembre 1970, normalement un projet de loi
devait être présenté, ici à l'Assemblée
nationale, faisant suite au rapport de ce groupe d'étude sur la loi
électorale et municipale.
M. LAPORTE: Est-ce que j'ai bien compris le ministre? A-t-il dit que le
projet de loi serait déposé avant que le document soit
étudié par le groupe de travail?
M. LUSSIER: Non. Le député me demandait si, pour les
grandes élections municipales qui auraient lieu en novembre 1970, le
projet de loi... Actuellement, ce n'est pas un projet de loi; c'est un
dépôt de travail.
M. LAPORTE: Un document de travail.
M. LUSSIER: Nous nous proposons bien de le déposer un certain
nombre de mois avant, pour que cette loi électorale municipale soit bien
connue du public.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il serait exagéré de dire qu'il est
impossible que cette loi soit votée avant les élections
prévues pour le mois de novembre 1969, sauf erreur?
M. LUSSIER: Il n'est pas, à mon avis, impossible qu'elle soit
votée, mais il faut absolument que les municipalités, les corps
intermédiaires, l'Assemblée nationale et tout le monde en
prennent connaissance, qu'il y ait des auditions et qu'elle soit
commentée avant que nous rédigions le projet final qui sera
présenté en première lecture.
M. LAPORTE: Autrement dit, ce sera une des premières
décisions que nous aurons à prendre lorsque le gouvernement aura
changé.
UNE VOIX: J'ai des petites nouvelles pour vous.
M. DEMERS: En 1999, vous allez avoir de la barbe.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
Questions et réponses
Semaine du Canada
M. LESAGE: Est-ce que le premier ministre pourrait nous expliquer
comment il a pu en venir à la décision de refuser la
vice-présidence d'honneur de la semaine du Canada, alors que les
premiers ministres des neuf autres provinces l'ont acceptée et que le
premier ministre du Canada en est le président d'honneur? Blague
à part, c'est très sérieux. Est-ce que c'est pour flatter
des éléments séparatistes de son parti, pour les
éloigner du ministre de l'Education ou est-ce pour flatter...
M. BELLEMARE: Sans commentaire!
M. LESAGE: ... les séparatistes du Québec? Est-ce
que...
M. BELLEMARE: M. le Président, je soulève un point
d'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! Il est exact que la
question de l'honorable chef de l'Opposition était
irrégulière.
Il y a déjà une minute que je suis debout pour le
signaler.
L'honorable député de Beauharnois.
M. LESAGE: M. le Président, pourrais-je vous demander bien
respectueusement en quoi la question est irrégulière?
M. BELLEMARE: En vertu de l'article... M. BERTRAND: Ah oui!
M. LESAGE: M. le Président, je me suis adressé à
vous.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Si l'on relit attentivement les articles...
A l'ordre! A l'ordre! Je veux simplement signaler aux honorables
députés de cette Chambre des articles qu'ils connaissent encore
mieux que moi, puisqu'ils ont une plus longue expérience parlementaire,
les articles 666 et suivants dont un, entre autres, nous dit clairement que la
question ne peut s'accompagner de commentaire et donner naissance à un
débat.
M. BELLEMARE: Il va avoir sa réponse.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. LESAGE: M. le Président, si vous me permettez, j'avoue que ma
question ne s'accompagnait pas de commentaires, mais que je demandais des
commentaires au premier ministre.
DES VOIX: Non. Non.
M. BELLEMARE: Des insinuations...
M. LESAGE: Puisque le ministre du Travail n'est pas capable de se
retenir et qu'il faut qu'il parle...
M. BELLEMARE: Des termes agressifs.
M. LESAGE: ... je vais lui poser une question.
M. BELLEMARE: Article 672.
M. LESAGE: Puisque le ministre du Travail n'est plus capable de se
retenir, je vais lui poser une question.
M. BELLEMARE: Ah! bon, c'est bien. Lâchez-le et prenez-moi.
M. LAPORTE: C'est vrai qu'il y a M. Cardinal qui s'en occupe aussi.
Grève à Chicoutimi-Nord
M. LESAGE: Premièrement, est-ce que le ministre du Travail est au
courant de la grève des employés municipaux de Chicoutimi-Nord?
Deuxièmement, est-ce que le ministre du Travail a réussi à
convaincre son collègue, ministre d'Etat et député de
Dubuc, de s'occuper enfin des employés de sa ville?
M. BELLEMARE: Encore une question irrégulière parce que
l'honorable député vient de faire...
M. BERTRAND: Des commentaires.
M. BELLEMARE: ... des commentaires, ce qui est contraire à notre
règlement. Comme je suis un bon prince, je vais dire que je suis au
courant. La réponse à la première question est oui. Il y a
vingt-deux employés municipaux en grève. La deuxième
réponse, sans commentaire. Le ministre du Travail s'en occupe.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. LESAGE: Dois-je prendre la parole du ministre du Travail? Les
règlements m'y obligent, mais le président du Syndicat des
employés municipaux de Chicoutimi-Nord ne représente que le maire
Roch Boivin...
M. BELLEMARE: Oui, mais...
M. LESAGE: ... n'a jamais assisté aux séances de
négociations.
M. BELLEMARE: M. le Président, c'est encore un commentaire.
M. LESAGE: Les employés sont en grève depuis le 5
mai...
M. BELLEMARE: Ah oui! C'est cela, le 5 mai, neuf jours. Moins les
dimanches, il en reste sept seulement. A part cela, les samedis, ils ne
travaillent pas.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Les parents de Saint-Léonard
M. TETLEY: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre de l'Education. Le ministre a-t-il des nouvelles au sujet
d'une réunion avec les parents de Saint-Léonard? Je crois que le
ministre a de bonnes nouvelles.
M. CARDINAL: M. le Président, comme je l'ai déjà
mentionné devant les membres de cette Assemblée nationale,
j'avais convenu avec le député de D'Arcy-McGee d'une rencontre,
non pas directement avec les parents de la commission scolaire de
Saint-Léonard, mais avec les représentants des parties
intéressées.
Cette rencontre aura lieu, si tous les gens sont d'accord sur le lieu,
la date et l'heure, mercredi matin de la semaine prochaine.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député D'Ahuntsic.
Grèves sur la Cote-Nord
M. LEFEBVRE: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre du Travail. Je vais attendre qu'il ait terminé son
colloque.
M. BELLEMARE: Je l'attendais, celle-là.
M. LEFEBVRE: Le ministre du Travail est certainement au courant qu'il y
a une grève fort importante dans les mines de fer sur la Cote-Nord. Nous
savons que les négociations, dans ce cas-ci, ont commencé en
octobre 1968. Ma question au ministre du Travail est la suivante: A quelle date
le ministère a-t-il commencé d'agir dans le cas de ce conflit
spécifique?
M. BELLEMARE: M. le Président, si l'honorable
député avait été à son siège hier, il
aurait eu pleine satisfaction de la réponse que j'ai
donnée...
M. LEFEBVRE: C'est ça.
M. BELLEMARE: ... et selon les délais prescrits par le code du
travail, immédiatement quand nous avons reçu la demande de
conciliation, nous nous y sommes rendus.
M. BERTRAND: Très bien.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauharnois.
Manifestation des enseignants
M. CADIEUX: M. le Président, une question au ministre de
l'Education, Maintenant qu'il vient de constater par la fenêtre qu'il y a
un malaise dans l'enseignement, s'apprête-t-il à rencontrer les
10,000 enseignants qui sont à la porte, afin de les rassurer et rassurer
la population du Québec également? Maintenant qu'il vient de
constater qu'il y a un malaise qu'il vient de regarder par la
fenêtre?
M. CARDINAL: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: Il formera une commission.
M. CARDINAL: A cause de la façon dont la question est
posée, je rappelle simplement aux députés l'article 686,
deuxième alinéa.
M. LE PRESIDENT: A l'ordrel L'honorable député de
Rimouski.
Décret sur l'alimentation
M. TESSIER: M. le Président, comme préambule à ma
question au ministre du Travail, je voudrais donner lecture d'un
télégramme que je viens de recevoir et qui se lit comme il suit:
« Protestons énergiquement contre les nouvelles dispositions qui
viennent d'être ajoutées au bill 24, bill qui s'attaque au
décret dans l'alimentation. Demandons que le bill 24 soit retardé
pour que la Fédération du commerce et des bureaux puisse faire
valoir ses revendications au gouvernement. »
Ce télégramme est signé: Jean-Paul Roy,
président Conseil central de Rimouski, CSN.
Or, ma question au ministre est la suivante: Le ministre du Travail
a-t-il l'intention de recevoir des représentations avant de
présenter le bill pour adoption?
M. BELLEMARE: D'abord la première des choses, le
député qui vient de me poser la question a-t-il lu le bill
24?
M. TESSIER: Non, je ne l'ai pas lu.
M. LAPORTE: Pourriez-vous poser la même question à ceux qui
applaudissent autour de vous?
M. BERTRAND: Non, non.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Rimouski.
M. TESSIER: M. le Président, je n'ai pas lu le bill 24...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TESSIER: ... mais je veux mettre le ministre du Travail au courant de
cette demande.
Je reçois cette demande d'une partie des électeurs du
comté de Rimouski et je dois faire mon devoir en la communiquant
à la Chambre. Je prie le ministre du Travail de bien vouloir
répondre à la demande que je lui soumets.
M. BELLEMARE: Je voudrais dire ceci à l'honorable
député: Il m'a demandé si je serais disposé
à recevoir les gens. Je vais répondre à ça qu'hier
le ministre de l'Industrie et du Commerce, tous les officiers de mon
ministère, le sous-ministre et M. Bernier qui s'occupe
particulièrement des décrets, les ont reçus pendant
plusieurs heures, une heure au moins. Ils étaient accompagnés de
gens qui ont demandé certaines informations. Le ministre leur a dit,
comme je l'ai confirmé plus tard, que les décrets seraient
respectés et M. Rameau, qui est le principal instigateur de la
législation pour les heures de fermeture, l'a
répété, à midi, à M. Archambault. Un des
principaux leaders de la CSN m'a téléphoné, ce matin, pour
avoir d'autres explications. J'ai demandé à M. Rameau de rappeler
M. Archambault pour que M. Archambault soit convaincu que, dans la
législation qui sera présentée, son point de vue sera
considéré. Je déclare que M. Rameau, encore à midi,
m'a affirmé et je suis persuadé que c'est juste que
les décrets ne seront pas affectés par le bill en question. Les
décrets pourront être négociés, quand même,
dans les heures-cadres qui viendront dans le bill que présentera
l'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. TESSIER: M. le Président, je suis à moitié
satisfait seulement de la réponse de l'honorable ministre du Travail. Je
comprends qu'il y a déjà eu des rencontres, mais je crois que ma
question était bien simple et bien directe. La CSN de Rimouski a
demandé une entrevue pour faire des représentations. Le ministre
du Travail est-il prêt à les recevoir?
M. BEAUDRY: M. le Président, le ministre de l'Industrie et du
Commerce est prêt à recevoir les représentants de la CSN de
Rimouski.
M. TESSIER: Je vous remercie, M. le ministre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bonaventure.
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, le ministre de
l'Industrie et du Commerce pourrait-il dire à cette Chambre si le bill
en question a été réimprimé?
M. BERTRAND: Non, pas encore.
M. BEAUDRY: Le bill en question n'a pas été
réimprimé, M. le Président.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, le ministre du Travail devrait en
prendre note. Il n'est pas surprenant que le député de Rimouski
n'en ait pas pris connaissance, parce que, nous, de la commission, nous n'avons
pas encore eu l'occasion de le lire, tel qu'il sera présenté
à la Chambre.
M. BELLEMARE: Comme bouée de sauvetage, ce n'est pas fort.
M. LESAGE: M. le Président, sur ce point, puis-je demander au
ministre de l'Industrie et du Commerce, étant donné que le
rapport de la commission est devant nous, n'est-ce pas il est devant la
Chambre et est inscrit au procès-verbal à quel moment nous
pouvons nous attendre à la première lecture de ce que l'on
appelle le bill 24 qui est, sans doute, le projet de loi inscrit pour
première lecture à l'article K du feuilleton d'aujourd'hui?
M. BERTRAND: Le projet de loi fait, à l'heure actuelle, l'objet
d'examens par nos légistes.
Régimes matrimoniaux
M. LESAGE : Pendant que j'en suis aux travaux de la Chambre, pourrais-je
demander à l'un des deux leaders de la Chambre à quel moment nous
allons référer le projet de loi concernant les régimes
matrimoniaux à la commission?
M. BERTRAND: Ah oui!
M. PAUL: Voici, M. le Président, hier, j'ai discuté de
cette question-là avec le leader de l'Opposition. Nous nous sommes
entendus pour élargir les cadres...
M. LESAGE: C'est la première chose à faire.
M. PAUL: ... de cette commission, spécialement pour les fins de
l'étude de la Loi des régimes matrimoniaux.
M. LESAGE : Je pensais que cela avait été
réglé depuis un bon bout de temps.
M. PAUL: Non. Cela n'a été réglé qu'hier, M.
le Président. Ce matin, je me proposais de rédiger une motion
à cet effet-là, mais j'ai vu à la préparation de
mes crédits qui seront appelés cet après-midi.
M. LESAGE : Vous n'avez pas besoin de ça.
M. PAUL: Probablement demain après-midi, M. le Président,
nous présenterons une motion pour élargir les cadres, en
même temps que nous allons essayer de trouver une ou des journées
pour nous permettre d'étudier ce bill, ainsi que le bill de la
copropriété.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, sur le même sujet,
y aurait-il possibilité de savoir si cette commission doit siéger
cette semaine ou la semaine prochaine?
M. PAUL: Sûrement pas cette semaine.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
Contrat de la Churchill Falls
M. LAPORTE: M. le Président, le règlement puisqu'on
l'invoque de plus en plus en posant des questions m'autorise à
énoncer les faits qui sont indispensables pour rendre ma question
intelligible. Alors, je vais vous énoncer deux faits. Le premier: le
gouvernement de la province de Québec, le 12 mai 1969, a signé
dans la langue anglaise seulement l'un des contrats les plus importants jamais
signés en Amérique du Nord et, disait un commentateur à la
radio, hier soir, peut-être dans toute l'histoire du monde.
Deuxième fait: le premier ministre de la province de Québec a
refusé, paraît-il d'aller assister au lancement d'un volume qui
s'appelle « The Italians in Canada », parce que ce volume n'a
été publié qu'en anglais.
Alors, M. le Président, puis-je demander au premier ministre
quelle réconciliation qu'il peut faire entre ces deux attitudes. Alors
qu'il s'agit d'un événement économique sans
précédent dans l'histoire de la province de Québec, non
seulement, il accepte que le contrat ne soit signé qu'en anglais, mais
il a hier, avec une légèreté incroyable, accueilli nos
remarques et, deuxièmement, il refuse solennellement d'aller au
lancement d'un livre qui n'est écrit qu'en anglais.
M. BERTRAND: C'est faux.
M. LAPORTE: M. le Président, le règlement à
l'article 682 me défend de faire des commentaires, mais est-il
faux...
M. BELLEMARE: C'est l'article 672.
M. LAPORTE: L'article 672, M. le Président.
M. BELLEMARE: Bon. Pas l'article 682.
M. LAPORTE: M. le Président, est-il vrai, oui ou non, que le
contrat entre...
M. BERTRAND: M. le Président, j'ai répondu à la
question du député...
M. LAPORTE: C'est-à-dire que vous n'avez rien répondu.
M. BERTRAND: ... de Chambly hier. Je n'ai pas l'intention d'y revenir.
Cela nous mènera où? Nulle part. Cela va lui permettre de faire
ce qu'il s'est déjà souvent permis, du nationalisme verbal et
verbeux.
M. LESAGE: Ah bien, mon Dieu, on aura tout entendu.
M. LAPORTE: M. le Président, c'est précisément pour
éviter d'être obligé d'admettre que sa politique n'est que
du nationalisme verbeux que le premier ministre nous dit ces choses. Dans les
petits détails, les détails insignifiants, comme nommer cette
assemblée Assemblée nationale, il part en peur avec toute son
équipe, mais quand vient le temps des choses importantes...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je crains qu'un long débat sur cette
question prive des collègues du privilège qu'ils ont de poser de
véritables questions.
M. LAPORTE: M. le Président, c'est l'article 672 qui me
défend de faire le moindre commentaire. Je vais poser une question au
premier ministre. Quelle serait la réaction du premier ministre si on
lui disait, cet après-midi, qu'un Québécois de langue
anglaise a eu la réaction suivante hier, quand il a appris les faits qui
ont été révélés à cette Chambre? Il a
dit: « Vous autres, Canadiens français, vous ne changerez jamais.
Lorsqu'il s'agit de faire du nationalisme verbeux, vous êtes là,
mais les documents importants en matière économique, ça ne
vous intéresse pas ». Je demande quelle est la réaction du
premier ministre.
M. BERTRAND: M. le Président, j'ai répondu hier et c'est
comme ça, il faut le prendre comme un fait acquis. Lorsqu'il s'agit
d'emprunt sur le marché américain, vous n'avez qu'à
examiner les arrêtés ministériels adoptés sous tous
les gouvernements sous le gouvernement précédent comme sous le
nôtre, ces arrêtés ministériels sont en langue
anglaise, en anglais.
M. LESAGE: C'était pour New-York. M. BERTRAND: Pour New-York. M.
LESAGE: Certainement.
M. BERTRAND: Or, le contrat doit faire l'objet d'un financement aux
Etats-Unis. Qu'on aime ça ou que l'on n'aime pas ça, c'est ce qui
est exigé.
M. MICHAUD: On ne pourrait pas faire une traduction
française?
M. BERTRAND: Alors, voilà les faits, sans recherche, voilà
les faits crus et nus.
M. LAPORTE: Avez-vous demandé d'avoir un contrat en
français et en anglais?
M. BERTRAND: J'ai demandé aux commissaires pourquoi ce
n'était pas en français. J'avais l'impression que ce
l'était.
M. LAPORTE: Ah bon! Mais quand on vous a annoncé que
c'était en anglais, quelle a été votre
réaction?
M. BERTRAND: On nous en a parlé avant-hier, quand ç'a
été signé.
J'ai demandé: « Où est la copie
française?» On m'a dit qu'il fallait faire cela en anglais. J'ai
dit: « Au moins, obtenez-nous la traduction. »
M. LAPORTE: C'est cela... les miettes! M. BERTRAND: C'est ce que nous
aurons.
M. LESAGE: M. le Président, il est clair que le premier ministre
aurait pu y penser avant. Parce que la lettre d'intention dont il nous a fait
distribuer copie hier était uniquement en langue anglaise. D'ailleurs,
en autant qu'il s'agisse des arrêtés ministériels qui
autorisent des emprunts...
M. BERTRAND: Ils sont en anglais.
M. LESAGE: Clairement, il faut que cela fasse partie du prospectus qui
est imprimé en anglais.
M. BERTRAND: Ah! Ah!
M. LESAGE: Mais, un instant. C'est pour New York et pour New York
exclusivement Tandis qu'ici, il s'agit d'un contrat de $1 milliard, qui affecte
directement le Québec et toute sa population. Ce n'est pas un simple
emprunt, c'est une grosse affaire.
M. BERTRAND: M. le Président, on reconnaît le chef de
l'Opposition. Quand cela fait son affaire d'utiliser l'argument nationaliste,
il l'utilise. Vous poserez la question au président
de l'Hydro-Québec, qui viendra mardi. Vous le lui demanderez. Ce
qui me surprend, c'est que lorsqu'il s'agit d'un arrêté
ministériel il re-connaît lui-même qu'un arrêté
ministériel qui est adopté au Québec, comme il en a
adopté, il en adoptait en langue anglaise, ici au conseil des ministres,
et ils étaient utilisés à New York pour le financement. La
même chose pour le contrat. Le contrat est fait ici, mais il doit faire
partie du prospectus là-bas et doit être en anglais.
Le chef de l'Opposition le sait, mais, malgré tout cela, il veut
essayer de faire encore une tempête nationaliste dans un verre d'eau.
M. LESAGE: Ce n'est pas un verre d'eau, M. le Président. C'est
loin d'être un verre d'eau. L'arrêté en conseil qui autorise
un emprunt aux Etats-Unis est purement et simplement un billet à ordre
qui est dans la langue de celui à l'ordre de qui le billet à
ordre est fait. Ici, il ne s'agit pas d'un billet à ordre.
M. BERTRAND: Elle est bonne de vous entendre.
M. LESAGE: Il s'agit d'un contrat bipartite...
M. BERTRAND: Elle est bonne de vous entendre.
M. LESAGE: ... d'une extrême importance.
M. BERTRAND: Après avoir emprunté autant aux Etats-Unis en
langue anglaise, vous osez vous lever pour dire cela.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Je dois d'abord prévenir
qu'il est exact que lorsque le président se lève, les autres
microphones cessent maintenant de fonctionner. Disons qu'à la
lumière d'une expérience qui a été vécue
dans une autre Juridiction, j'ai suggéré à la commission
de l'Assemblée nationale d'appliquer, au moins pour faire une
expérience, cette politique ici. Les membres de la commission ont
été d'accord pour que nous appliquions cette façon
d'agir.
Je pense que c'est une technique qui, à mon avis, du moins,
contribuera à renchausser l'autorité de la présidence qui
pourrait, à certains moments donnés, avoir même besoin des
moyens techniques pour réussir dans son travail. Je suis heureux de voir
qu'il y a au moins des gens qui sont d'accord devant cette politique. Je suis
convaincu qu'après un essai loyal de quelques jours, tout le monde sera
d'accord pour dire que cela aidera les travaux de la Chambre.
M. LESAGE: Puis-je maintenant? Bon!
UNE VOIX: M. le Président, vous n'avez pas besoin de le
nommer.
M. LESAGE: Les deux plus affectés seront, premièrement, le
ministre du Travail et deuxièment le ministre du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche qui, lorsque vous vous levez alors qu'ils ont la parole,
M. le Président, vous tournent ostensiblement le dos pour regarder
l'horloge.
M. BELLEMARE: Qui? Je pense, M. le Président, qu'il pourrait
probablement ajouter le député de Louis-Hébert, pour une
grande partie.
M. LESAGE: Au moins, je ne me tourne pas.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
Dossier Nelligan
M. MICHAUD: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
des Affaires culturelles. Hier, à Montréal, une quarantaine de
cinéastes et de professionnels du cinéma signaient une
pétition demandant que l'on retire de la circulation ce chef-d'oeuvre de
mauvais goût et de laideur, commandité par le ministère, le
dossier Nelligan.
Le ministre a-t-il l'intention de se rendre à cette demande
pressante?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai pas pris
connaissance de ladite pétition, toutefois j'aurai l'occasion de parler
de ce film, comme je l'ai dit hier soir, après la séance de la
Chambre, au député de Gouin, et il pourra à ce
moment-là me poser des questions. Quand j'aurai reçu la
pétition des cinéastes, je verrai, j'aviserai afin de voir s'il
est nécessaire de retirer de la circulation ce film au sujet duquel j'ai
reçu beaucoup de représentations, un film du reste que je juge
moi-même comme n'étant pas d'une très grande
qualité. Mais, comme l'on nous avait fait, au ministère, un
reproche de dirigisme, nous avons donné cette fois à un
cinéaste la liberté de faire un film comme il le voulait, selon
qu'il l'entendait afin qu'on ne nous accusât point de
pratiquer le dirigisme. Cela a donné un résultat qui va
convaincre les autres que l'autorité du ministre ou du ministère
est quelquefois utile lorsqu'il s'agit d'utiliser les fonds publics.
M. MICHAUD: M. le Président, une sous-question. Est-ce que le
ministre, quand même, pourrait expliquer comment il peut concilier sa
notion de dirigisme et l'absence de décision en cette
matière?
M. LE PRESIDENT: Je pense que l'honorable député de Gouin
conviendra avec moi que ce serait une excellente question pour la commission
des Affaires culturelles.
L'honorable député de Gouin.
M. MICHAUD: M. le Président, si vous me le permettez, je voudrais
quand même faire état du fait que ce film, actuellement, est
diffusé sur les chaînes de télévision dans le
Québec et qu'il constitue, mais vraiment, une diffusion massive de la
laideur. Alors c'est une question urgente sur le plan culturel, et je me fais
l'écho et l'interprète des cinéastes
québécois...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
faire observer, afin qu'il n'y ait pas d'équivoque, que si cette
distribution a été faite, distribution du film en question, c'est
que ce sont les chaînes de télévision qui nous ont
demandé de le diffuser. Alors nous prendrons des dispositions si cela
est nécessaire. Mais toutes les questions que pose actuellement le
député de Gouin, il les a déjà
évoquées hier soir dans son essai d'esquisse de commencement de
discours, alors il aura l'occasion de...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai cru que l'honorable... A l'ordre! Je
répète qu'il s'agit là d'un débat qui devrait avoir
lieu à la commission des affaires culturelles. Et j'ai bien l'impression
que je ne prive pas les honorables députés d'un droit puisque la
commission des Affaires culturelles, si mes renseignements sont exacts,
siège actuellement.
L'honorable député de Beauharnois.
M. CADIEUX: Alors sans commentaire, M. le Président et sans
prémisse, puis-je demander au ministre de l'Education s'il a l'intention
de rencontrer les milliers d'étudiants qui l'attendent à
l'extérieur du Parlement, de professeurs, plutôt.
A-t-il l'intention de...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Cette question a été
posée au début de la séance et l'honorable ministre s'est
prévalu de son privilège édicté par l'article 686,
deuxièmement.
M. CARDINAL: M. le Président, si vous me permettez, je
rappellerai au député qu'à ma connaissance il n'y a pas
d'étudiants qui se soient présentés aujourd'hui, mais bien
des enseignants.
M. CADIEUX: M. le Président, tantôt le ministre a dit qu'il
ne voulait pas répondre parce que j'avais accompagné ma question
de commentaires. Alors, je l'ai reposée sans commentaires. A-t-il
l'intention de rencontrer les enseignants qui sont par milliers devant le
Parlement ou bien veut-il encore renvoyer la balle à un autre
ministre?
M. CARDINAL: M. le Président, je les ai déjà
rencontrés il y a fort peu de temps, dimanche dernier.
M. CADIEUX: Ils ne doivent pas être satisfaits parce qu'ils sont
venus par dizaines de milliers.
M. LAPORTE: Ils vous ont bien applaudi, paraît-il?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Affaires du jour.
M. CADIEUX: Une réponse très peu brillante!
M. BERTRAND: Avec la permission de la Chambre, j'aimerais déposer
le rapport annuel du ministère de la Justice pour l'année
1968.
Grève à la Canada Iron
réglée
M. BELLEMARE: Je m'en voudrais de ne pas saisir l'occasion qui m'est
donnée, malgré mes nombreux soucis présentement à
cause des grèves multiples qui se font connaître dans le
Québec, de vous annoncer une heureuse nouvelle.
M. LAPORTE: Est-ce que ce sont les élections?
M. BELLEMARE: Non. Vous rêvez en couleurs.
M. BERTRAND: Cela va venir trop vite pour vous.
M. LACROIX: Cela va faire plaisir à tout le monde.
M. BELLEMARE: Vous ne reviendrez pas vite de ce côté.
M. LAPORTE: On va revenir 75, je pense bien.
M. BELLEMARE: Ne rêvez donc pas en couleurs, attendez donc. Vous
n'avez pas fini votre noviciat encore.
M. LAPORTE: Je voudrais simplement dire au ministre qu'on lui a dit tout
ça quand il était dans l'Opposition.
M. BELLEMARE: Mais pour nous, cela a été vrai. Nous avons
pris le pouvoir, mais vous, jamais.
M. LESAGE: J'ai cru entendre M. Duplessis.
M. BELLEMARE: M. le Président, j'ai l'honneur de vous dire qu'il
y a une grève de moins ce matin, celle de la Canada Iron Company. Cette
grève a été réglée: 400 employés ont
accepté les offres de la compagnie, soit $0.48 d'augmentation dans deux
ans et cinq mois. Le salaire moyen horaire atteindra maintenant $3.39 au lieu
de $2.91. Le salaire horaire de base, qui était de $2.19, est
passé à $2.56 et l'ancienneté départementale est
disparue pour donner une ancienneté d'usine. La compagnie a
accordé un congé de plus, ce qui fait dix congés et les
semaines de vacances ont été rétablies sur la base que
demandait leur syndicat. Je voudrais ajouter que le vote donné par 400
employés a été 340 pour et 12 contre.
M. CADIEUX: Combien d'employés? M. BELLEMARE: Quatre cents.
M. CADIEUX: Il en reste encore 79,600 en grève aujourd'hui.
M. BELLEMARE: Combien? Je n'ai pas compris.
M. LAPORTE: Dépêchez-vous de comprendre, parce que
ça va encore augmenter.
M. LE PRESIDENT: L'honorabble Secrétaire de la province.
Questions inscrites au feuilleton
M. PAUL: Qu'il me soit permis de répondre à quelques
questions inscrites au feuilleton.
M. PAUL: Question no 1 de M. Lesage. Réponse de M. Dozois.
M. DOZOIS: Lu et répondu.
M. PAUL: Question no 2. Je fais erreur; 2 n'est pas appelée.
Question no 3 de M. Pinard. Réponse de M. Lafontaine.
M. BEAULIEU: Pour M. Lafontaine, lu et répondu.
M. PINARD: Est-ce que le Secrétaire de la province me permettrait
une question? Quelle est la date de la préparation de la réponse
à la question qui apparaît à l'article 2 du feuilleton
d'aujourd'hui? Quelle est la date de la réponse?
M. BERTRAND: Vous l'avez dans votre livre.
M. PINARD: Je connais la date de la parution au feuilleton; je veux
savoir la date de la réponse.
M. PAUL: Laquelle?
M. PINARD: La question no 2 qui apparaît au feuilleton.
UNE VOIX: Elle n'est pas appelée.
M. PAUL: Elle va être appelée à 11. J'ai cru que
c'était parce que c'est en chiffres romain et c'est 11. Elle va
être appelée dans très peu de temps. J'ai deux questions
à appeler avant d'appeler la question no 11.
M. LAPORTE: La question no 2: De quelle façon la commission
hydro-électrique de Québec procède-t-elle lorsqu'elle
désire disposer... Est-ce que vous avez répondu à
ça?
M. PAUL: Non.
M. LAPORTE: C'est parce que vous avez appelé 2 tout à
l'heure.
M. PAUL: Non. c'était une erreur. Question de M. Pinard.
Répondu. Question no 11 de M. Maltais.
M. BERTRAND: Lu et répondu.
M. PAUL: Question no 18 de M. Pinard. Réponse de M.
Lafontaine.
M. MALTAIS (Limoilou): Pour M. Lafontaine, lu et répondu.
M. PAUL: Question no 23 de M. LeChasseur. Réponse de M.
Bertrand.
M. BERTRAND: Lu et répondu.
M. PAUL: Question no 26 de M. Brisson. Réponse de M. Dozois.
M. DOZOIS: Lu et répondu.
M. PAUL: Question no 30 de M. Lacroix. Réponse de M. Loubier.
M. MALTAIS (Limoilou): Lu et répondu.
M. PAUL: Question no 32 de M. Houde. Réponse de M. Loubier.
M. MALTAIS (Limoilou): Lu et répondu.
M. PAUL: Question no 33 de M. Houde. Réponse de M. Loubier.
M. MALTAIS (Limoilou): Lu et répondu.
M. PAUL: Question no 34 de M. Houde. Réponse de M. Loubier.
M. MALTAIS (Limoilou): Lu et répondu.
M. PAUL: Question no 35 de M. Houde. Réponse de M. Loubier.
M. MALTAIS (Limoilou): Lu et répondu.
M. PAUL: Numéro 36, question de M. Lacroix, réponse de M.
Loubier.
M. MALTAIS (Limoilou): Lu et répondu.
M. PAUL: Numéro 37, question de M. Lacroix, réponse de M.
Loubier.
M. MALTAIS (Limoilou): Lu et répondu.
M. PAUL: Numéro 41, question de M. Binette, réponse de M.
Loubier.
M. MALTAIS (Limoilou): Lu et répondu.
M. PAUL: Numéro 51, question de M. Tessier, réponse de M.
Dozois.
M. DOZOIS: Lu et répondu.
M. PAUL: Numéro 57, question de M. Beaupré, qu'il y aurait
lieu de transformer en motion pour production de documents. Réponse de
M. Russell.
M. RUSSELL: Cette motion est-elle acceptée?
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. RUSSELL: Lu et répondu.
M. PAUL: Numéro 61, question de M. Tessier, réponse de M.
Dozois.
M. DOZOIS: Lu et répondu.
M. PAUL: Numéro 72, question de M. Séguin, réponse
de M. Lafontaine.
M. BEAULIEU: Pour M. Lafontaine, lu et répondu.
M. PAUL: Numéro 74, question de M. Courcy, réponse de M.
Vincent.
M. RUSSELL: Pour M. Vincent, lu et répondu.
M. PAUL: Numéro 86, question de M. Leduc (Taillon),
réponse de M. Johnston.
M. JOHNSTON: Lu et répondu.
M. PAUL: Numéro 97, question de M. Lacroix, réponse de M.
Lafontaine.
M. BEAULIEU: Lu et répondu.
M. PAUL: Numéro 106, ordre de la Chambre, adopté,
réponse de M. Bertrand.
M. BERTRAND: Document déposé.
M. PAUL: Numéro 107, ordre de la Chambre au nom de M. Lacroix,
adopté, document déposé par M. Bertrand.
M. BERTRAND: Document déposé.
M. PAUL: Numéro 108, ordre de la Chambre au nom de M. Michaud,
commentaires de M. Dozois.
M. DOZOIS: Il est contraire à l'Intérêt public de
produire ces documents.
M. MICHAUD: Elle est très bonne, celle-là! L'Office
d'information et Radio-Québec ! Contraire à
l'intérêt public!
M. BELLEMARE: Vous n'avez pas le droit de parler de votre
siège.
M. PAUL: Ordre de la Chambre au nom de M. Lesage.
M. DOZOIS: Document produit.
M. PAUL: Numéro 109. Numéro 115, ordre de la Chambre au
nom de M. Michaud, ordre adopté, document déposé par M.
Loubier.
M. MALTAIS (Limoilou): Document produit.
M. PAUL: Numéro 116, ordre de la Chambre au nom de M. Michaud,
adopté, réponse de M. Bertrand.
M. BERTRAND: Document déposé. M. PAUL: C'est tout, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
M. LAPORTE: Sur la conduite des travaux de la Chambre, je voudrais
d'abord souligner avec plus de force que jamais qu'il devient extrêmement
anormal que l'on ne réponde pas à des questions qui ont
été posées le 18 mars 1969. Nous allons bientôt
célébrer le deuxième mois où ces questions ont
été inscrites au feuilleton.
Il y en a une de M. Pinard, 18 mars: « De quelle façon la
Commission hydro-électrique de Québec procède-t-elle
lorsqu'elle désire disposer de matériaux dont elle n'a plus
besoin? » Il me semble qu'il n'est pas très difficile de donner
une réponse à une question de cette nature. 18 mars, M. Pinard:
« Depuis le 16 juin 1966 jusqu'au 28 février 1969, combien de
projets ont été exécutés sous l'autorité du
ministère de la Voirie dans le comté de Bagot? » Il me
semble que, même si les élections partielles ont donné lieu
à quelques contrats supplémentaires, il ne devrait pas être
très difficile de répondre à cette question.
Les questions numéros 5 et 6, M. Michaud: « Quel est le
taux de la commission payée par le gouvernement à l'agence de
publicité SOPEC limitée? » Est-ce que ceci doit demander
une recherche à n'en plus finir? 18 mars 1969.
M. BERTRAND: Quelle date?
M. LAPORTE: 18 mars 1969. Lorsque des travaux de conception, de
création et de mise en onde sont effectués par des organismes
gouvernementaux, tel que l'Office de l'information et le reste...
M. BERTRAND: Le député de Chambly me permettra, je n'ai
absolument aucune objection. J'ai demandé que toutes les réponses
à toutes les questions soient fournies le plus rapidement possible.
D'ailleurs, le député de Gouin admettra que, depuis la reprise
des travaux parlementaires, nous avons répondu à plusieurs
questions concernant Inter-Media, concernant M. Gros-d'Aillon, concernant M.
Loiselle. Alors, je prends note et je verrai à ce que les
réponses soient produites le plus rapidement possible.
M. LESAGE : S'il était possible qu'elles soient produites avant
que nous reprenions l'étude de l'article 9 des crédits du premier
ministre.
M. BERTRAND: Je pourrais le dire à ce moment-là, mais je
vais m'enquérir pour que la réponse soit produite le plus
rapidement possible.
M. LESAGE: Merci.
M. LAPORTE: Devant la réponse que le ministre des Finances vient
de donner à la question portant le no 108, nous sommes
particulièrement inquiets. Nous jugeons qu'on abuse...
M. BERTRAND: Quoi, des ministres?
M. LAPORTE: ... du règlement de l'intérêt public
pour déclarer qu'il n'est pas d'intérêt public qu'une copie
soit déposée de tous les procès-verbaux du conseil de la
Trésorerie depuis le 1er janvier 1967 jusqu'au 28 février 1969
autorisant des dépenses de $2,000 et plus, relativement à
l'Office d'information et de publicité du Québec, relativement
à Radio-Québec et relativement à SOPEC Ltée.
S'il n'est pas d'intérêt public de répondre à
une question comme celle-là où il s'agit d'utilisation de deniers
publics pour une société
SOPEC Ltée qui est actuellement, à tort ou à raison
les documents l'établiront devant l'opinion publique quant
à des contrats qui sont intervenus avec le gouvernement, s'il n'est pas
d'intérêt public de le déclarer, j'aimerais bien qu'on nous
dise pourquoi.
Deuxièmement, il s'agit de documents relatifs à
Radio-Québec. Ce n'est pas tout pour le premier ministre d'aller, avec
une pompe que je ne critique pas, inaugurer des studios ou un édifice de
Radio-Québec C'est maintenant sa responsabilité de renseigner
complètement cette Chambre et le public sur l'utilisation des deniers de
la province pour Radio-Québec, et la même chose pour l'Office
d'information et de publicité du Québec. C'est à pleins
journaux actuellement des assertions...
M. BERTRAND: Je n'ai pas d'objection à ce que le
député de Chambly fasse un long discours. Mes estimations
budgétaires vont venir. Nous répondrons à toutes et
chacune des questions du député de Chambly.
M. LAPORTE: Très bien, M. le Président. Le premier
ministre est en train de me donner un excellent argument.
M. BERTRAND: Ah non!
M. LAPORTE: Si le premier ministre est disposé à
répondre à toutes nos questions sur ces trois problèmes,
comment se fait-il que le ministre des Finances déclare que ce n'est pas
d'intérêt public de déposer les documents?
M. BERTRAND: Ce n'est pas du tout le même principe.
M. LAPORTE: Ce n'est pas le même principe.
M. BERTRAND: Non.
M. LAPORTE: Le seul principe qu'il y a...
M. BERTRAND: Nous allons voter une motion pour la commission des
engagements financiers.
M. LAPORTE: Oui, j'allais invoquer cela aussi. Comment peut-on invoquer
aujourd'hui que ce n'est pas d'intérêt public de déposer
ces documents lorsqu'on est sur le point d'adopter une motion disant que
l'Opposition et le gouvernement vont conjointement pour l'avenir étudier
tous ces documents?
Le seul problème que je vois, c'est que le gouvernement, le
ministre des Finances, croyant probablement avec raison que nous n'avons pas
tous les documents, ne tient pas à nous les donner tous. Mais c'est
notre droit de réclamer la production de tous ces documents.
Je proteste contre ce que je crois être un abus du
règlement, et je dis au gouvernement: Jusqu'ici je pense que nous avons
fait preuve de la plus grande coopération possible dans l'étude
des crédits, dans l'adoption de la législation qui nous est
proposée. Je dis au gouvernement, à titre de leader parlementaire
de l'Opposition, que si nous n'avons pas, surtout pour des questions qui ont
été posées au mois de mars, de réponses aux
questions que nous avons inscrites au feuilleton, nous allons prendre les
dispositions pour que l'étude des crédits dure aussi longtemps
que nous n'aurons pas obtenu des réponses.
M. BERTRAND: Du chantage! C'est le language des faibles. C'est
épouvantable. Cela, c'est l'arme la plus basse.
M. LAPORTE: J'ai l'impression que vous m'interrompez. Je n'avais pas
terminé.
M. BERTRAND: Très bien.
M. LAPORTE: Alors, je vous laisse...
M. BELLEMARE: Cette dernière partie de l'intervention de
l'honorable député, leader de l'Opposition en Chambre n'est pas
digne de lui.
Ce n'est pas de cette façon que nous allons rehausser et surtout
revaloriser notre parlementarisme.
M. LAPORTE: Je dois dire au ministre que je n'avais pas terminé.
Je n'ai pas d'objection à ce qu'il fasse une incidente dans mon
discours, mais j'aimerais bien terminer mon intervention sur cette
question.
M. le Président, je n'ai pas, dans cette Chambre, je pense, la
réputation d'avoir jamais exercé de chantage auprès du
gouvernement.
M. BERTRAND: Vous le faites.
M. LAPORTE: Quand même on voudrait rire, je pense que ceux qui ont
la tête sur les épaules vont admettre...
M. BERTRAND: Oui.
M. LAPORTE: ... que j'ai offert et que nous
avons collectivement offert et accordé au gouvernement: notre
coopération. Je dis que cette coopération est actuellement en
train de tourner à la faiblesse. Nous avons, avec étonnement,
reçu cet après-midi des réponses à sept ou huit
questions quant au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche alors que les crédits sont terminés; nous avons, avec
étonnement, constaté que de très nombreuses questions
quant au ministère de la Voirie n'ont pas encore reçu de
réponse et que les crédits sont terminés. Nous ne pouvons
plus permettre que ça continue. Nous allons tout simplement non pas
exercer du chantage contre le gouvernement, mais remplir notre devoir
d'oppositionnistes et poser des questions tant et aussi longtemps que le
gouvernement n'aura pas pris des dispositions pour répondre avec
satisfaction aux questions que nous inscrivons comme c'est notre devoir de le
faire, au feuilleton de l'Assemblée nationale.
M. DOZOIS: M. le Président, le député de Chambly
est intervenu parce que tout à l'heure J'ai dit qu'il n'était pas
d'intérêt public de déposer en cette Chambre copie des
minutes du Conseil de la trésorerie. C'est une réponse qui a
été faite antérieurement et régulièrement en
cette Chambre. Cette réponse a été donnée deux fois
l'an dernier pour une demande semblable. L'an dernier, nous avions
étudié toute cette question et nous avions établi que
ça ne s'était jamais fait ni ici ni dans d'autres
juridictions.
Cela n'empêche pas cependant d'obtenir tous les renseignements qui
sont pertinents, par exemple les montants qui ont été
votés, de même que l'objet ou l'utilisation de ces montants qui
ont été dépensés. Nous n'avons jamais refusé
cela. Mais pour ce qui est de produire les minutes du Conseil de la
trésorie, nous avons étudié la question l'an dernier et
c'est une chose qui ne s'est jamais faite.
M. LESAGE: Je ne voudrais pas devancer la discussion que nous devons
avoir dans un instant et qui pourrait être très brève, mais
j'espère que lorsque la commission des engagements financiers
siégera, nous pourrons examiner les minutes du Conseil de la
trésorerie qu'on ne joue pas sur les mots dans les
conditions établies au document qui a été approuvé
par la commission de l'Assemblée nationale ce midi et suivant les
modalités et l'ordre du jour dont nous devons décider ensemble
sur la base de l'échange de correspondance entre le ministre des
Finances et ses fonctionnaires d'un côté et le chef de
l'Opposition de l'autre.
M. DOZOIS: Nous nous sommes entendus à cette commission, pour
établir une procédure qui sera efficace.
M. LESAGE: Je veux prendre mes précautions.
M. DOZOIS: Mais oui.
M. LESAGE: Parce que devant le refus du ministre des Finances, dans un
cas comme celui de SOPEC et de Radio-Québec, je me demande en quoi
l'intérêt public pourrait être violé, si je puis
m'exprimer ainsi.
M. DOZOIS: Je suis prêt à réexaminer toute la
question.
M. LESAGE: Il nous est souvent arrivé, M. le Président, de
demander des copies d'arrêtés ministériels et le
gouvernement a produit les copies.
M. DOZOB: Il est arrivé dans le passé que les
gouvernements aient refusé de produire certains...
M. LESAGE: Oui, c'est arrivé, pour des raisons
d'intérêt public, mais non pas en invoquant la simple raison
d'intérêt public par le fait qu'il s'agit d'arrêtés
ministériels ou de minutes de la trésorerie; il peut arriver
qu'en certaines matières ce ne soit pas d'intérêt public de
les produire, mais ce n'est pas parce que le document en question s'appelle
arrêté ministériel ou minutes du Conseil de la
trésorerie que ça devient contre l'intérêt public de
les produire.
C'est leur contenu, et non pas la forme du document, qui
détermine la question d'intérêt public. C'est
là-dessus que je veux attirer l'attention du ministre des Finances.
M. DOZOIS: M. le Président, j'ai basé cette réponse
sur des précédents qui ont été utilisés l'an
dernier et qui ont été utilisés maintes fois dans des
sessions antérieures. Je suis prêt à
réétudier toute cette question. Je me suis basé tout
simplement, je le répète, sur des réponses qui ont
été faites dans le passé, qu'il n'était pas
d'intérêt public de produire en masse comme ça des minutes
du Conseil de la trésorerie. Qu'on demande une minute en particulier,
là le gouvernement peut peut-être juger s'il est
d'intérêt public de produire cette minute en particulier. Mais
qu'on demande en bloc des dizaines et des dizaines de minutes, il a toujours
été ré-
pondu en cette Chambre qu'il n'était pas d'intérêt
public de déposer de tels documents.
M. LESAGE: M, le Président, dans ce cas-ci, je voudrais profiter
de l'offre que fait le ministre de bien vouloir réexaminer la question.
Dans les circonstances, n'y aurait-il pas moyen de laisser au feuilleton la
motion de M. Michaud, afin que le ministre des Finances puisse examiner les
documents dont la production est demandée et décider, non pas
à la forme des documents, mais au contenu des documents, s'il est oui ou
non d'intérêt public de les déposer? Il me semble que c'est
une suggestion raisonnable.
M. LE PRESIDENT: L'honorable Secrétaire de la province.
M. PAUL: M. le Président, l'honorable leader de l'Opposition a
reproché au gouvernement ce qui lui semblait de la lenteur à
répondre à certaines questions inscrites au feuilleton. Je crois
qu'il faut être de bon compte et réaliser que le gouvernement
répond en moyenne à 20 ou 25 questions par semaine. Nous ne
reprochons pas à l'Opposition ces questions nombreuses, mais lorsque
l'honorable député de Chambly reproche au gouvernement de
profiter de l'adoption de crédits tels que ceux du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche pour répondre à une
série de questions que l'on retrouve spécialement aujourd'hui aux
numéros 30, 31, 32 et suivants, j'attire votre attention, M. le
Président, sur le fait que les crédits du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche ont été
adoptés le 28 mars 1969.
Si nous nous référons aux questions inscrites aux
numéros dont je vous ai donné la liste, M. le Président,
soit plus précisément 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37 et 41, vous
verrez que la plupart de ces questions portent la date du 26 mars 1969. Par
conséquent, si la réponse n'arrive qu'aujourd'hui, ce
n'était pas pour refuser, de la part du ministre, de répondre aux
questions qui lui étaient posées, lorsque ses crédits
étaient à l'étude, parce que ces questions
précèdent de deux jours l'adoption de ses crédits par la
commission du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
Pour ce qui est de la voirie, la semaine dernière, l'honorable
ministre responsable a déposé toute une série de
réponses, de même que le vendredi précédent, alors
que, par entente avec l'honorable chef de l'Opposition, nous avons
dérogé à la ligne de conduite que nous avions
adoptée et nous en avons profité pour répondre
également à de nombreuses questions inscrites à
l'attention du ministre de la Voirie.
Par conséquent, je crois que le leader de l'Opposition n'a pas le
droit de nous reprocher ce manque de collaboration que nous apprécions,
nous, et moi spécialement, de la part de l'Opposition. D'un autre
coté, il faut réaliser que cette coopération doit
être des deux côtés de la Chambre. S'il a déjà
eu cette fonction d'avoir à ramasser les différentes
réponses aux questions inscrites au feuilleton, ce n'est pas une
sinécure. Vous pouvez être assuré, M. le Président,
que nous sommes désireux d'arriver à répondre à
toutes les questions inscrites au feuilleton. Les honorables amis d'en face
peuvent être assurés de ma collaboration et de la collaboration de
tous les ministres concernés pour que réponse soit donnée
le plus tôt possible à toutes les questions qui peuvent être
inscrites.
M. LESAGE: J'ai fait une suggestion quant à la motion
apparaissant au nom du député de Gouin à l'article 108,
pour que cette motion reste au feuilleton en attendant que le ministre des
Finances ait l'occasion d'étudier le contenu des minutes du Conseil de
la trésorerie.
M. BERTRAND: Nous donnerons les renseignements autrement.
M. LESAGE: Il me semble que c'est...
M. BERTRAND: La réponse est fournie et on verra à donner
les renseignements autrement.
M. LESAGE: Mais, comme protection, qu'on laisse la motion au feuilleton.
C'est une suggestion raisonnable.
M. BERTRAND: Non. M. BELLEMARE: Non.
M. LESAGE: Mais, y a-t-il quelque chose à cacher? Qu'est-ce qu'il
y a? Qu'y a-t-il dans Sopec?
M. BERTRAND: M. le Président... UNE VOIX: Il n'y a rien à
cacher.
M. LESAGE: Mais, s'il n'y a rien à cacher, produisez.
M. BERTRAND: ... il n'y a rien à cacher.
Nous verrons à produire les renseignements autrement.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. LESAGE: En information et en publicité, c'est effrayant comme
le gouvernement est sensible du moment qu'on parle de cela.
M. BERTRAND: On a tellement...
M. LESAGE: Je me demande si on n'a pas raison d'avoir peur de
Radio-Québec.
M. BERTRAND: Oh! Oh! Il nous fait trembler.
M. LESAGE: Non, mais la population aurait raison de trembler avec les
accrocs à la démocratie que s'apprête à commettre le
gouvernement.
M. BELLEMARE: Ne demandez pas cela à Radio-Canada.
M. BERTRAND: Le chef de l'Opposition veut-il continuer son très
éloquent discours?
M. LESAGE: Non. Mais vous avez la peau joliment sensible
là-dessus.
M. BERTRAND: Ohl J'aimerais entendre le chef de l'Opposition.
M. LESAGE: J'ai dit ce que j'avais à dire. Je crois que la
suggestion que j'ai faite est raisonnable. Qu'on laisse inscrite au feuilleton
la motion apparaissant à l'article 108, au nom de M. Mlchaud.
M. BERTRAND: M. le Président...
M. LESAGE: Pendant que le ministre des Finances va étudier le
contenu...
M. BERTRAND: J'ai dit que nous répondrions autrement au
député de Gouin. Nous fournirons les renseignements au
député de Gouin. Je n'ai pas la peau sensible du tout, ni pour
l'Office d'information et de publicité, ni pour Radio-Québec.
D'ailleurs, on se souviendra que j'ai écouté ce discours-fleuve
du député de Gouin. Il a parlé pendant...
M. LESAGE: Il y en a d'autres qui s'en viennent.
M. BERTRAND: ... une heure et demie. Il nous a bercés dans les
flots de son vocabulaire tapageur. Je l'ai suivi et j'ai vogué avec lui.
J'ai hâte qu'il reprenne le gouvernail...
M. MICHAUD: Prenez garde de vous échouer.
M. BERTRAND: ... de son petit navire, quand nous reprendrons les
crédits du Conseil exécutif.
M. LESAGE: II y en a plus à venir et du meilleur.
M. BERTRAND: Cela sera bon! D'ailleurs, il y a d'autres dictionnaires de
publiés; alors, il pourra s'en servir.
M. MICHAUD: Le gouvernement va sombrer dans les flots bleus.
M. BERTRAND: Ah! Les flots bleus. M. LESAGE: C'est cela.
M. BERTRAND: Alors, nous l'attendons. Numéro 136.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Michaud, vous devriez me demander une
bourse ou une subvention.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable Secrétaire de la
province.
Comité des subsides
M. PAUL: La Chambre accepterait-elle que la motion no 136 soit
adoptée pour permettre la formation du comité des subsides pour
recevoir le rapport de la commission du Revenu et pour permettre, ensuite,
l'étude des crédits du Secrétariat, en bas, à la
salle 91? Ce qui nous permettrait de revenir à l'article 105
immédiatement. Adopté?
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. BERTRAND: 105.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais signaler à
l'attention de la Chambre que les crédits de la commission du
Secrétariat seront étudiés à la salle 91-A.
Motion de M. Lesage
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition propose que le
règlement de l'Assemblée nationale soit modifié comme
suit:
1) Modifier l'article 462, en ajoutant le paragraphe suivant: «
16e les engagements financiers du gouvernement. » 2) Ajouter,
après la section V, la suivante: Section VI du comité des
gengagements financiers.
Art. 468e. Le comité des engagements financiers siège sans
convocation à trois heures de l'après-midi le deuxième
lundi de chaque mois ou, si ce jour est férié, le
troisième lundi.
Art. 468f. Le comité des engagements financiers peut
siéger pendant que la Chambre est en séance sans autorisation
spéciale et il continue de siéger après la prorogation
jusqu'à l'institution d'un nouveau comité.
Art. 468g. Le comité des engagements financiers examine à
chaque séance les engagements financiers pour un montant de vingt-cinq
mille dollars ou plus, autorisés pendant le mois
précédent, soit par le Conseil de la trésorerie, soit par
le Conseil exécutif et le ministre des Finances doit lui en fournir la
liste avec les renseignements nécessaires. »
L'honorable chef de l'Opposition.
M. Jean Lesage
M. LESAGE: Il se pourrait que les applaudissements soient plus longs que
le discours, M. le Président.
Depuis trois ans bientôt, j'ai inscrit régulièrement
au feuilleton de l'Assemblée nationale c'est-à-dire que
c'est la troisième session une motion pour la création
d'une commission permanente de l'Assemblée sur les engagements
financiers du gouvernement. Il y a deux choses que j'avais faites au
début de chaque session, et cela depuis la première session de
l'Union Nationale, en décembre 1966: inscrire un projet de loi pour
l'abolition du Conseil législatif.
Cela a fini par venir: Trois essais, et maintenant, motion
présentée au début de chaque session pour la
création d'une commission de contrôle des engagements financiers
du gouvernement et c'est enfin accepté.
Je n'ai pas à revenir sur les raisons qui motivent
l'établissement d'une telle commission, qui militent en faveur de sa
création. L'on sait que les comptes publics, qui permettent aux
représentants du peuple de scruter les dépenses gouvernementales,
ne nous parviennent que longtemps après que la dépense
elle-même est effectuée.
Au printemps 1966, feu le premier ministre Johnson, le premier ministre
actuel, le ministre du Travail et celui qui vous parle, lors d'une
séance du comité des comptes publics, nous avions discuté
cette question de l'inefficacité du contrôle par le comité
des comptes publics et par les commissions des subsides. A cause de retard
apporté à l'examen des dépenses, nous cherchions un moyen
de donner aux représentants du peuple un contrôle sur les
dépenses, avant qu'elles ne soient faites. Il est clair que les
représentants du peuple ont un contrôle sur les engagements des
budgets de dépenses des divers ministères. Mais l'approbation de
dépenses précises ne peut se faire et c'est normal
qu'après qu'une décision a été prise par le
gouvernement, soit sous forme d'un arrêté ministériel, soit
sous forme d'une minute du Conseil de la trésorerie.
Alors, au printemps 1966, nous avions causé de la
possibilité d'établir une commission de l'Assemblée qui
examinerait, chaque mois, les engagements pris par le gouvernement le mois
précédent, soit au Conseil de la trésorerie, soit au
conseil des ministres. De là, le texte de la motion qui est à
l'étude, texte qui avait été préparé en
suivant à la lettre le concensus tel qu'exprimé au comité
des comptes publics lors de cette séance de mars 1966 où nous en
avions discuté.
Depuis une couple de mois et je l'ai beaucoup
apprécié il y a une couple de mois, le premier ministre
m'a dit qu'il était disposé en principe à accepter cette
motion à l'étude, mais à l'accepter dans des formes qui
pourraient être modifiées à la suite de discussions qui
auraient lieu entre le ministre des Finances et ses fonctionnaires et le chef
de l'Opposition.
J'en ai causé avec le premier ministre, nous avons établi
les grands principes. Des fonctionnaires compétents ont
préparé des documents qui ont été mis à ma
disposition pour étude. J'ai pu faire mes commentaires sur cette
documentation et au premier ministre et au ministre des Finances. J'ai
discuté avec un des hauts fonctionnaires du gouvernement, M. Edouard
Laurent, à la demande du premier ministre, et nous en sommes venus
à une entente. Cette entente a été couchée dans des
termes qui ont été approuvés vers deux heures et trente,
cet après-midi, à une séance de la commission de
l'Assemblée nationale que vous présidiez.
Quant à moi, je suis pleinement satisfait. Comme je n'ai pas
l'intention de reprendre la parole et que je suggérerai que le rapport
que vous ferez dans un instant soit substitué au texte de ma motion,
comme faisant partie de notre règlement, je voudrais dire tout de suite
qu'il faudrait que personne ne soit surpris de deux aspects ce n'est pas
très régulier puisque ce n'est pas devant la Chambre de ce
rapport. Je pourrais bien en par-
1er sans dire que c'est dans le rapport, mais autant...
Premièrement, lorsqu'il s'agit de la procédure, la
commission qui sera créée, la commission des engagements
financiers peut en définir la procédure pour fixer le huis clos.
Les gens sont peut-être surpris d'entendre parler de huis clos. Il faut
qu'il soit bien compris que le huis clos ne sera pas la règle, que tous
les députés, c'est un comité de huit, les journalistes, le
public en général pourra assister aux séances de la
commission où nous étudierons les décisions du Conseil de
la trésorerie et de l'Exécutif en matière d'engagements
financiers.
Mais il peut arriver ça s'est produit alors que j'occupais
les fonctions qu'occupe aujourd'hui le député de Missisquoi et
ça s'est certainement reproduit qu'il soit d'intérêt
public, non pas à cause de la forme du procès-verbal de la
trésorerie, mais à cause du contenu, qu'il soit
d'intérêt public de ne pas divulguer certains faits. Il est
entendu que dans ces cas, le ministre des Finances, avant les séances,
me montrera le dossier, et s'il y a accord sur le fait qu'il n'est pas dans
l'intérêt public de divulguer le contenu d'une décision du
conseil des ministres ou du Conseil de la trésorerie, eh bien!
après que nous aurons examiné, que nous aurons passé
à travers l'ordre du jour, les membres de la commission siégeront
seuls avec le secrétaire pour examiner le dossier en question.
Il appartiendra aussi au comité, à la commission des
engagements financiers de déterminer le contenu de l'ordre du jour. Il
avait été question, au début, que le document, qui sera lu
tout à l'heure par le président de l'assemblée, contienne
un ordre du jour, un projet d'ordre du jour, ou les grandes lignes d'un ordre
du jour. Mais après en avoir discuté avec le premier ministre et
le ministre des Finances, nous avons cru qu'il valait mieux laisser les
décisions, quant à l'ordre du jour, à la commission
parlementaire, puisque c'est une première expérience
ça n'existe pas ailleurs nous ne pouvons pas nous fier sur des
précédents dans d'autres juridictions.
Nous nous sommes entendus sur ce que devait contenir l'ordre du jour, ce
qu'il ne devait pas contenir dans cette documentation qui a été
échangée entre le ministre des Finances les hauts fonctionnaires
et moi et à laquelle j'ai fait allusion tantôt. Nous
établirons l'ordre du jour au fur et à mesure des séances
de la commission. Nous verrons ce que requiert l'efficacité du travail
de la commission. Nous verrons s'il y a des longueurs que nous pouvons
éviter. Je crois que, de toute façon, avec la bonne foi avec
laquelle et le gouvernement et l'Opposition s'engagent dans cette voie, il y a
lieu d'espérer que nous pourrons oeuvrer au sein de cette commission
pour le plus grand bien de la population et pour la protection des deniers
publics.
Je suis certain que l'existence d'une telle commission pourra être
fort utile, et au premier ministre et au ministre des Finances, pour
prévenir cela arrive dans n'importe quel parti des
demandes, des suggestions que nous ne voulons pas accepter. Ce sera pour le
premier ministre et le ministre des Finances un argument valable de plus pour
assainir encore plus, s'il y a moyen, l'administration du Québec.
M. Jean-Jacques Bertrand
M. BERTRAND: Juste quelques mots au sujet de la motion qui a
été présentée par le chef de l'Opposition. D'abord,
tout vient à point à qui sait attendre. Le chef de l'Opposition a
dit que, depuis trois ans, il avait eu un projet de loi intitulé Loi
abolissant le conseil législatif qui avait été au
feuilleton. Egalement, une motion, celle demandant la formation d'une
commission des engagements financiers.
Les circonstances auront voulu que je sois celui qui, après
combien d'années de promesses par tous les partis politiques au
Québec, propose à cette Chambre l'abolition du Conseil
législatif, deuxième Chambre de ce Parlement et Chambre
maintenant disparue.
M. LESAGE: Cela fait trente-huit mois moins neuf jours.
M. BERTRAND: Oui, mais M. Mercier avait promis cela jadis, cette
abolition du conseil.
M. LESAGE: Trente-huit mois moins neuf jours.
M. BERTRAND: Cela avait été promis vers les années
1887. Nous ne savions même pas, à ce moment-là, le chef de
l'Opposition et moi, que nous naîtrions un jour.
Il avait également présenté comme je l'ai
dit cette motion pour constituer une commission des engagements
financiers. Dès le début de février, j'avais
demandé d'abord à mon collègue, le ministre des Finances,
aux officiers du conseil de la trésorerie, d'examiner la
possibilité de constituer un tel comité qui serait chargé
d'examiner, suivant un ordre du
jour à établir, les faits et gestes, tant du conseil de la
trésorerie que du conseil des ministres, au sujet des contrats, des
subventions, des frais de voyages, de réception, etc. Les officiers du
conseil de la trésorerie, ayant fait une étude, j'ai par la suite
rencontré le chef de l'Opposition. Nous avons commencé à
examiner de plus près la motion et la possibilité de l'accepter
comme une commission permanente de cette Chambre.
Je n'ai pas besoin de revenir sur ce qu'il a dit. Finalement,
aujourd'hui, à une séance que vous présidiez, nous avons
adopté un document qui s'intitule la commission des engagements
financiers dont vous pourrez donner tantôt, M. le Président,
lecture à cette Chambre. Cette nouvelle institution commencera
probablement ses activités au cours du mois de juin. Il est entendu, de
part et d'autre, que c'est un essai. Nous allons voir comment tout cela
fonctionne, étant donné que c'est la première fois,
à ma connaissance, qu'une telle institution est établie dans un
parlement britannique, non pas que ce Parlement soit britannique, mais disons
qu'il respecte les coutumes et les traditions des parlements britanniques.
C'est donc la première fois, et il nous faudra procéder avec une
certaine prudence.
L'établissement de cette commission n'a pas en vue, bien entendu,
de paralyser l'administration de la province. Son but est de fournir aux
membres du Parlement l'occasion d'examiner, au fur et à mesure qu'elles
sont faites, certaines des dépenses gouvernementales. Autrement, comment
les députés peuvent-ils suivre les activités
financières d'un gouvernement? Si on attend l'étude des
estimations budgétaires, sans aucun doute peut-on obtenir des
renseignements du ministre qui, à ce moment-là, est
entouré de ses fonctionnaires.
Sans doute on peut également poser des questions. On peut
demander la production de documents en inscrivant des questions au feuilleton
de la Chambre. On peut également, lorsque siège le comité
ou la commission que l'on appelait des comptes publics, interroger l'auditeur
ou des officiers de certains services. Mais dans le cas des comptes publics,
comme le notait le chef de l'Opposition tout à l'heure, ce volume est
distribué une année après que les dépenses ont
été effectuées.
Donc, aucun contrôle, disons, rigoureux; aucun contrôle
presque immédiat de la dépense et connaissance très
longtemps après de la dépense publique. C'est pourquoi, tous
désireux d'exercer sur les fonds publics le meilleur contrôle
possible, la meilleure surveil- lance qui s'impose, nous avons voulu accepter,
au nom du public contribuable, le principe de la motion qui a été
suggérée par le chef de l'Opposition.
C'est donc dire que le Parlement de Québec donnera un nouvel
exemple aux autres Parlements d'un meilleur contrôle des fonds publics et
que nous nous plaçons ainsi à l'avant-garde dans le domaine des
réformes parlementaires et du contrôle financier par les
élus du peuple.
Nos pères on l'a souvent dit ont combattu pour la
responsabilité ministérielle, pour que les ministres soient
devant la Chambre pour répondre des crédits qu'ils ont
dépensés dans leurs services, mais nous y ajoutons, en permettant
à un groupe de députés qui siégeront à ce
comité et aux autres députés qui pourront également
être présents, la possibilité de suivre, à peu
près au fur et à mesure que la dépense est faite, cette
dépense des fonds publics.
J'ai été heureux de coopérer avec le chef de
l'Opposition à l'adoption du principe de sa motion. Etant donné
que nous devons la remplacer par le document qui vous a été remis
cet après-midi, je vous inviterais maintenant à en donner lecture
à la Chambre pour que ce document fasse partie intégrale de nos
règlements jusqu'à l'année prochaine.
M. LE PRESIDENT: J'ai l'honneur de soumettre à cette Chambre ce
rapport de la commission de l'Assemblée nationale. 1 - Une commission
des engagements financiers est instituée à l'Assemblée
nationale. 2 - La commission est formée de huit députés,
dont le président du Conseil de la trésorerie et au moins un
membre de ce conseil. Le quorum de la commission est de cinq membres. 3 - La
commission, à sa première séance, choisit parmi les
membres son président. Elle peut confier le poste de secrétaire
à un fonctionnaire. 4 - La commission peut siéger sans permission
expresse en tout temps pendant la Législature, même si la Chambre
est en séance, s'est ajournée ou après la prorogation de
la session. Elle se réunit au moins une fois par mois au jour
déterminé par les membres. Le président du Conseil de la
trésorerie doit convoquer la première séance avant le 17
juin 1969. A cette première séance ou à toute
séance subséquente, la commission détermine les
procédés et méthodes pour l'examen des engagements
financiers autorisés au cours du mois
précédent par le Conseil de la trésorerie et par le
Conseil exécutif. 5 - Au cours d'une session, le choix des membres et
leur remplacement se fait de la manière prévue pour les
commissions spéciales de l'Assemblée. Après la prorogation
d'une session, les membres qui en faisaient partie au moment de la prorogation
continuent d'en faire partie. La commission des engagements financiers peut
remplacer un ou plusieurs membres pourvu que le nom du nouveau membre soit
transmis par le chef du parti auquel appartient ce membre ou son
représentant au président de la commission trois jours avant unr
réunion régulière. Toutefois, le président du
Conseil de la trésorerie peut sans avis désigner son
remplaçant. 6 - La commission peut; a) Définir la
procédure pour fixer le huis-clos. b) Fixer les fonctions du
secrétaire. c) Déterminer le contenu de l'ordre du jour. 7- Les
règles de procédure prévues au règlement de
l'Assemblée pour les séances de ces commissions ne s'appliquent
pas, à moins d'une acceptation expresse de la commission. 8- L'ordre du
jour de chaque réunion doit être transmis par le président
aux membres de la commission, au moins cinq jours ouvrables avant la tenue de
cette réunion. 9- Seul un ministre peut être appelé devant
la commission. Le ministre peut, cependant, s'il le juge à propos,
déléguer un fonctionnaire qu'il désigne.
L'avis de convocation à un ministre doit être transmis par
le secrétaire de la commissionau moins deux jours ouvrables avant la
séance et indiquer le sujet sur lequel les renseignements seront
demandés.
M. LESAGE: M. le Président, je voudrais bien laisser au premier
ministre le plaisir et l'honneur de proposer la motion.
M. BERTRAND: Oui, je propose... M. LESAGE: Je retire la mienne.
M. BERTRAND: ... et le chef de l'Opposition seconde.
M. LESAGE: C'est ça. M. BERTRAND: Merci.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. BERTRAND: Article 111.
Motion de M. Brown sur l'Autoroute des Cantons de
l'Est
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Brome propose
que:
Attendu que les tarifs exigés pour franchir les postes de
péage sur l'Autoroute des Cantons de l'Est sont: cinquante sous pour
celui qui est situé près de Chambly et vingt-cinq sous pour tous
les autres postes et que le bilan de l'année 1967 de l'Office des
autoroutes du Québec montre un déficit de $49,178,157;
Cette Chambre prie le gouvernement de considérer
l'opportunité de demander à l'Office des autoroutes du
Québec d'étudier toutes les mesures qui pourraient être
prises afin de rendre l'Autoroute des Cantons de l'Est rentable en favorisant
une utilisation plus fréquente et plus générale.
The Honourable Member for Brome.
M. Glendon Brown
MR. BROWN: Mr. President: It is apparent that the tolls on the Eastern
Townships Autoroute are much too high to encourage the general use on this toll
road from Sherbrooke to Montreal. This elimination of the ordinary driver who
cannot afford to pay exorbitant tolls lays a hardship on many shoulders. The
system of high level tools gives a privilege to a minority of people who ride
in luxury on the tax dollar of the average citizen who in turn cannot qualify
and has to use second class highways to reach certain destinations. The
hardships are on: 1) the tax-payer who supports vast deficits but cannot afford
to use the super highway; 2) the administration that has to arrange difficult
financing to support a losing financial cause; 3) communities within commuting
distance of Montreal where citizens could live but cannot afford the extra cost
of traveling; 4) the suburban dwellers of Chambly and kindred localities that
are forced to pay $0.58 to use a road of eleven miles and a bridge, if they
have tokens, but if they deal in hard cash it is $0.75 one way. 5) the
recreation groups who participate in skiing, golf, fish and game, swim, see
summer theatre, camp, have a silver wall raised against
them if they travel to the Eastern Townships but have a cash bonus if
they seek their recreation in some tourist centers of the province; 6) the
sales experts in housing and real estate and the centers of recreation are
limited to those customers who can afford to pay or sacrifice their budget to
progress to the Eastern Townships.
The hard facts of the centennial year, dealing with autoroutes, were
that the Eastern Townships Autoroute had a defecit of $3,367,521.34. The total
take of the autoroute was a startling $3,363,795.28 which was $3,726. 06 less
than the deficit. What a record! This In a year when traffic coming to Expo was
routed directly over the Eastern Townships Autoroute from the point of view of
direction.
Conversely, the Laurentian Autoroute with bargain tools and increased
use harvested a total of $7,208,291.06. Of course, due to the fact that their
debt and interest obligations are higher, because they have had accumulated
deficits, they had a defecit also of $5,480,513.72; but their profit on the
annual operations, not including payments for the debt ans interest, was a
whopping $4,474,487 compared to a minuscule $1,741,827 for the Eastern
Townships Autoroute.
This, particularly in our Centennial and Expo year, where major members
of our country cousins from the United States used the toll road
exclusively.
There is however another factor to be considered in comparing the use of
the two super highways. Our Eastern Townships Autoroute is 72 miles long while
the Laurentian Autoroute is 44.2 miles long. Therefore, there is nearly double
the mileage to entice users than the Laurentian Autoroute. There is only one
great incentive and that is a bargain to the people using the road.
Today, because of these high level and highhanded financial
arrangements, we are driving traffic off the highway that we should be filling
every possible hour of the day. There are multiple reasons why our traffic
should be routed on this traffic artery. First of all, it is the finest road we
have in the Province of Quebec with a bed of gravel four feet in depth that
cannot move, regardless of climatic conditions. The highway is safer, is better
controlled, has its own maintenance crews. There is a series of radio
sub-stations in each toll booth where information is flashed between police
cars, patrol trucks, ploughing equipment and maintenance trucks. Why should we
reserve this for a privileged few instead of using it for the full potential
that this super highway has.
We are infinitely better off to have six cars passing through a toll
gate at $0.10 a car than we are to have one car throwing in $0.25. At the
Chambly gate, what a boon we would be extending to commuters in that area by
eliminating the robber that clips the cars for $0.50 for 11 miles and
substituting a $0.10 toll for work-hour travel. Not only would we be offering a
quick service to Montreal at a bargain of $0.20 a day, but the traffic jams
currently fowling Highway number 1 with all the traffic hazard that go with it
could be terminated. Can we afford to sit here as Members of this Assembly
voiding our responsibilities while, due to our inertia, people may be maimed
and killed?
There is also another matter to consider that is most important. First
of all, the Government of the Province of Quebec, with credit acquired from the
tax-payers of the province, has signed a note to raise a loan whereby the
Autoroute Authorities were able to finance the construction of the toll roads.
Therefore, the people of the Province of Quebec have to stand good for this
loan. Supposedly, in 1967, the two toll roads, namely the Laurentian and the
Eastern Townships, ran a deficit in their payments of $5,480,513.72 and
$3,367,521.34 respectively, making a grand total, that is the deficit, of
$8,848,035.06.
The deficit is paid out of the consolidated revenue fund to the
Autoroute Authorities who in turn charge an interest rate, but the fact of the
matter is that John Q. Public, with their tax burden, have taken on the added
weight of a deficit which they are quaranteeing, but they cannot drive their
cars on an autoroute without again « decorating the board » ; in
the case of the Eastern Townships Autoroute, a $0.25 toll for every toll
station except the last toll, where they are « held up » for a full
« half buck ».
There is no parallel in democracy where the tax-payer guarantees the
financing of a pseudo government agency, then refinances this agency, and only
at that time is he allowed to use a public utility if and when he pays an
exaggerated premium. In 1774, they started an armed revolution for less in the
Boston area!
I cannot explain to myself how we can stop a tax-payer from using his
own utility if he pays a moderate fee; but I surely could understand any
tax-payer driving up to the toll booth under the present circumstances and
demanding entry without any toll when an injustice such as the present tolls is
perpetrated on a public that pays three ways.
Let us take any worker who commutes to Montreal five days a week. From
Chambly, for
eleven miles this covers the distance over the bridge as well as
the autoroute it will cost for the man or woman $1.16 a day for five
days with bridge tokens, which is an amount of $5.80 a week. Estimating 50
weeks being the average worker's year, the cost, to and from Chambly to
Montreal and back each day, would run an amount of $290 a year. From the
Marieville gate, for the same type of worker, at $8.30 a week for 50 weeks, the
total cost would be $415. From the Granby-Cowansville toll booth, $2.16 a day,
$10.80 a week and $540 a year.
I merely give these figures to establish the gross and utter nonsense
that we are trying to feed the motorist who regularly could use our good
highway. If the tolls were ten cents, there would be a continuous use of the
toll road using its potential to the nth extent and bringing in much more
revenue for the autoroute authorities. Even in the case of the pensioner who is
retired at sixty-five. This person could feel that a spin to Montreal would be
within reach at ten cents a booth. All in all, it is time that we tear away
this veil of indifference and give the moderate salary earner a chance to use a
highway that he built but cannot use.
Now, Mr. Chairman, I would like to be on record with these figures. From
January the 1st 1966 to January the 1st 1967, for the Laurentian Autoroute toll
road, the total revenue was $7,208,291.06. For the Eastern Townships Autoroute
for exactly the same period, the total revenue was $3,363,795. Now, the total
operating expenses of the Laurentian Autoroute during the year 1967 was
$2,733,804.45, when the total operating expenses of the Eastern Townships
Autoroute was $1,621,968. The percentage of the expenses compared to the total
revenue for the Eastern Townships Autoroute was 45%. In the case of the
Laurentian, with the decrease tolls, it was 38%.
Now, the principal and interest that was due in the year 1967 for the
Laurentian Autoroute: $9,955,000.
In the case of the Eastern Townships Autoroute, the principal and
interest, $5,109,348. Now the profit on actual operations during the same year
that is not including the obligations of paying principal and interest
for the Laurentian Autoroute with the decreased tolls $4,474,487. And
the profit on the operations of the Eastern Townships Autoroute with the
exagerated high cost tolls, $1,741,827. Now when we think in terms of the
obligation of the people of the Province of Quebec each and every tax-payer,
the actual deficit on operations for the year 1967 for the Laurentian Autoroute
is a deficit on obligations of $5,480,513 and the deficit on the obligations of
the Eastern Townships Autoroute is $3,367,521.
And, as I mentioned before, the deficit on the obligations exceeded the
total revenue of the road. In our last Public Accounts that we are dealing with
the autoroutes the book that is currently with the Government it is a
Government production we get the financial picture of toll roads from
March the 31st 1967 to March the 31st 1968 and this is on pages 780, 781, 782
and 783 as of December the 31st 1967.
This is to all autoroutes. Advances from the Department of Finance to
the autoroutes authority: $188,075,700. Now, on top of that, and added to it,
anyway obligations unconditionally guaranteed: $101,618,000. The accumulated
deficit as of December the 31st 1967, on payments for all of the autoroutes:
$49,178,157. And the current liabilities for 1967 only: $36,689,197, Mr.
Speaker.
Now this, to me is the crox of the argument. If the autoroutes were
paying their way on current revenues from tolls, then there would be absolutely
no argument. We agreed to guarantee the funds necessary for the Corporation to
build the super highways.
But, it was the idea that these highways through the tolls would be able
to payfor themselves. The fact of the matter is that the Government of the
Province of Quebec represents every man, woman and child in this province.
The fact of the matter is that each and every person is carrying a part
of this load for the figures that I quoted before which are in the
neighbourhood of $300,000,000 and will become and increase more so. Therefore,
it is only good sense that all of the people of the Province of Quebec should
not stand liable for a road that certain people can use if they can afford to
use the road and other people are blocked from using it because of their
financial liabilities.
Now, in considering this matter of deficits and of the services for the
Autoroute, why should we erect a wall against the average person using a road,
the Eastern Township Autoroute a $0.50 toll? Why should we extract this from
motorists and force a great percentage of our motorists off the road? Now some
of the reasons why we have deficits of this type, in the case of the Autoroute,
we have the garanteed plowing of snow and solding of the toll road, while
highways that are complementary to and one paralel to the Autoroute do not have
the same services and this with the taxpayer's money.
In the case of police protection, there are more cars and more polices
that look after the toll road than there are on the other roads of
the Province of Quebec. It is a privelege for a few. In the case of
radio communications, if anybody is driving on the Autoroute and has an
accident or trouble with his car, there are polices travelling the road so that
immediately anybody reporting to a toll booth, there is radio communications
for there is almost instantaneous service.
In the case of a special maintenance, there are two men tor every man on
the Autoroute compared to the other roads of the Province of Quebec. And in the
case of access to a town, to the city of Montreal, where a great many people
go, they can move such easier, much faster, much safer, because of the things I
have mentioned, through the Autoroute, but the large majority of the taxpayers
of the Province of Quebec can not afford to use that road even though they
finance the road and the least, in my opinion, that this Government can do and
that we can do is to see that these people get a fair break.
Now, in studying the revenue coming into the Autoroute, it is very plain
to see that during the toll close to Montreal, the Laurentian picks up much
more money than is picked up at the Chambly station and the last station at
$0.50 toll. And the fact of the matter is there are litterally thousands of
people living in that area that do not use the road because of this exagerated
$0.50 toll that would want to use it.
Now, generally speaking, Chambly and Laprairie are about the same
distance away from the Champlain bridge, and the Champlain bridge hooks into
the system of network of roads that make it convenient for anybody to travel
about Montreal. If a person lives in Laprairie, their home is free, they can
drive along a good boulevard to the connection of the Champlain bridge and into
Montreal for a matter of $0.08. But somebody living in Chambly, which is a
similar suburban area, moving over to exactly the same point, the Champlain
bridge, has to put up this $0.50. I cannot see how democracy can work under
these circumstances. Other things that are entered as a luxery in this toll
road, verification, the roads are well kept, the side of the road with mowing
and raking, there is built-in safety precautions, there are high salaried
people in the toll booth that look after the people moving over the road and
there are similar situations on the toil road as there is in the U.S. toll
roads that make it extremely pleasant for those people using it.
So that in view of the deficits incurred, and in view of the fact that
if we take the past years that we used the autoroute and the revenue we had and
projected for the future, we find that there is not a foreseeable profit in the
next thirty or forty years. It seems only sensible that we should put into
immediate work the motion that I have proposed, namely that whereas the tools
recorded the pass through the toll-gates on the Eastern Townships Autoroute are
$0.50 for the one located near Chambly and $0.25 for all the other toll-gates,
and that the financial statement of the Quebec Autoroutes Authority for 1967
shows a deficit of $49,178,157; wherefore, this House prays the government to
consider the possibility of requesting the Quebec Autoroutes Authority to
examine all the measures which could be taken in order to make the Eastern
Townships Autoroute economically feasible by encouraging its more frequent and
general use. Seconded by the Honourable Member for Stanstead.
M. LE PRESIDENT: (M. Fréchette): L'honorable ministre des Travaux
publics.
M. RUSSELL: D'une façon très brève, je voudrais
simplement relever quelques avancés du député de Brome.
C'est regrettable que le député de Drummond ne soit pas en
Chambre, il pourrait peut-être le faire lui-même car il
était là lors de la construction...
M. LAPORTE: Si le ministre me le permettait, le député de
Drummond vient de m'informer qu'il est précisément allé
chercher les documents pertinents à la cause et qu'il a l'intention
d'adresser la parole.
M. Armand Russell
M. RUSSELL: Je ne voudrais pas lui enlever son droit de parole ou son
privilège de répondre au député de Brome. Je peux
peut-être attendre qu'il revienne et le laisser répondre
lui-même au député de Brome.
M. LAPORTE : Ne prenez donc pas de risque. Parlez tout de suite.
M. RUSSELL: M. le Président...
M. LESAGE: Cela intéresse les gens de Granby.
M. RUSSELL: Oui, d'ailleurs nous en avons discuté longuement en
1963, en 1962 et durant les années qui ont suivi...
M. LESAGE: Oui, je pense qu'il va falloir...
M. RUSSELL: La seule différence si je peux dire au chef de
l'Opposition...
M. LESAGE: Je pense que la population va étre obligée
d'attendre que nous retournions au pouvoir pour voir diminuer les $0.50...
M. RUSSELL: La seule différence qu'il y a entre celui qui vous
parle et le député de Brome, c'est que moi Je n'ai pas
changé d'idée.
Quels sont les reproches ou les critiques actuels du
député de Brome? D'abord, il se plaint du montant de $0.50 qui
est imposé à une barrière ou à un poste de
péage à Chambly. D'un autre côté, il se plaint du
déficit de l'Autoroute des Cantons de l'Est.
Il laisse penser d'ailleurs, il l'a évoqué
clairement dans des lettres qu'il a envoyées aux maires de certaines
municipalités de son comté et des comtés environnants
qu'il avait déposé une loi en Chambre. Il sollicitait leur
appui pour créer un tollé qui amènerait de justifier, soit
l'abolition du péage ou la diminution du péage sur l'Autoroute
des Cantons de l'Est afin qu'elle devienne rentable. C'est là son
argument.
C'est la première fois que je vois quelqu'un diminuer les prix
pour augmenter les revenus. D'ailleurs, l'autre soir, il a eu l'occasion, lors
de la discussion des crédits, d'exposer son point de vue. Il a eu
l'occasion de discuter avec celui qui a été nommé
président de la commission des autoroutes et qui est très au
fait. Il avait avec lui tous les chiffres. Le président a répondu
à toutes les questions du député de Brome. Il aurait pu,
s'il avait voulu, obtenir des renseignements supplémentaires
plutôt que de tenter, lui-même, de présenter une motion, non
pas une loi, teintée de politique lui créant un certain prestige
dans cette région en réclamant l'abolition du péage de
$0.50 au poste de Chambly, et en même temps en réclamant la
rentabilité de l'Autoroute des Cantons de l'Est.
Il est évident que cette réclame a été faite
même avant qu'on décide la construction de l'auroroute. J'ai
moi-même participé à plusieurs comités de chambres
de commerce, formés des maires des municipalités de la
région des Cantons de l'Est, qui réclamaient, à ce
moment-là, une route, pas nécessairement payante, mais qui
pouvait répondre aux besoins existants de la circulation dans la
région.
Après de multiples discussions et de multiples rencontres avec
les autorités du ministère de la Voirie et le gouvernement de
l'époque, on a décidé, à la suite d'une
étude de rentabilité c'est, d'ailleurs, ce que dit la loi
de construire une autoroute pour la région des Cantons de l'Est.
Celui qui vous parle a dit, à ce moment-là, qu'il n'était
pas favorable à une autoroute, mais que, pour répondre à
cette circulation qui augmentait de jour en jour, il valait mieux avoir une
autoroute que de ne pas en avoir du tout. Donc, nous avons accepté
l'autoroute.
Qu'est-il arrivé à l'époque? Ce n'est pas le
ministre de la Voirie du temps qui a fait l'étude, mais il l'a fait
faire par une commission. A la suite de nombreuses études, comme
ça se fait continuellement lorsqu'on veut construire quelque chose, la
commission est arrivée avec une proposition de trois postes de
péage ceci a été relaté au
député de Brome, l'autre soir, par le président
à $0.50, pour une longueur de route de 72 milles. Par la suite, nous
avons transmis le tout à une firme d'ingénieurs à laquelle
nous avons dit: Voici le rapport; construisez-nous une route et occupez-vous de
la rentabilité possible de cette autoroute.
Lorsqu'on a commencé la construction et qu'on s'est aperçu
qu'il y avait là certains problèmes de rentabilité, vu les
difficultés de laisser des sorties a certaines villes, nous avons,
à la suite de rencontres et de discussions, décidé de
partager et de réduire ce taux à $0.25. Le poste de Chambly est
demeuré à $0.50. Pourquoi? Le rapport le disait et je vais tenter
de l'expliquer.
Ce n'est pas un blâme, mais je ne ferai pas ce que faisait le
député de Brome, lui qui faisait partie du gouvernement de
l'époque.
M. LAPORTE: Jamais.
M. RUSSELL: Oui, il faisait partie du gouvernement.
M. LESAGE: Non, non.
M. RUSSELL: Il était député.
M. LESAGE: Il avait l'espoir légitime d'en faire partie, mais il
était adjoint parlementaire et il n'a pas été membre du
gouvernement.
M. RUSSELL: Il était député de la région. M.
LESAGE: Bien oui.
M. RUSSELL: Il faisait partie du parti libéral.
M. LESAGE: D'accord.
M. RUSSELL: C'est vrai, qu'à l'époque des libéraux,
il n'était pas possible pour un député de parler à
un ministre. Cela devait être ça. Il ne pouvait pas parler au
ministre de la Voirie. Il ne pouvait pas faire entendre sa voix.
M. LESAGE: Non?
M. RUSSELL: Cest ça qu'on dit.
M. LESAGE: Pourtant, il a une bonne voix.
M. RUSSELL: Oui, il a pourtant une bonne voix. Je ne comprends pas. Il a
la façon et, même plus que ça, je suis surpris qu'il n'ait
pas écrit au ministre de la Voirie, parce qu'il aime ça
écrire des lettres. Lui, il en écrit des lettres.
M. LESAGE: Cest un travaillant.
M. RUSSELL: Cela me surprend qu'à l'époque il n'ait pas
envoyé une série de lettres à tous les maires des
municipalités leur disant: Appuyez-moi, aidez-moi, nous allons tenter de
créer un tollé contre le ministre de la Voirie afin d'obtenir
cette route gratuite.
M. LAPORTE: Cest ça.
M. RUSSELL: Cela me surprend qu'il ne l'ait pas fait à
l'époque.
M. LAPORTE: Cela prouverait simplement qu'il n'a pas changé
d'idée.
M. RUSSELL: Non, il ne l'a pas fait à l'époque.
M. LESAGE: L'avez-vous fait, vous?
M. RUSSELL: Il ne l'a pas fait, il a été calme...
M. LESAGE: L'avez-vous fait, vous?
M. RUSSELL: Moi, je l'ai dit publiquement, non pas sur les tribunes
politiques, mais aux réunions qui avaient eu lieu et auxquelles
participaient tous les maires de la région, les Chambres de commerce.
J'ai dit, à cette époque, que j'étais favorable à
l'idée d'avoir une route sans péage, mais qu'il valait mieux
avoir une route à péage que de ne pas en avoir du tout.
M. LAPORTE: Vous preniez de gros risques.
M. RUSSELL: Aurais-je eu tort de me fier au ministre de la Voirie de
l'époque? Vous dites que je prenais un risque.
M. LAPORTE: Vous en avez un à côté de vous de temps
à autre; vous pourriez lui en parler.
M. RUSSELL: J'en parle souvent. Nous allons en reparler tout à
l'heure, ne vous pressez pas.
M. LAPORTE: M. le Président, voulez-vous le rappeler à
l'ordre?
M. RUSSELL: M. le Président, revenons à l'autoroute et au
tollé que le député de Brome vient de soulever. Il a
inscrit une motion au feuilleton. La motion que vous voyez réclame la
rentabilité de l'autoroute et laisse entendre qu'il faudrait baisser le
prix et faire en sorte que tout le monde puisse utiliser l'autoroute. C'est une
question de philosophie. Les autoroutes ont été bâties
suivant une certaine philosophie et on savait dans le temps et lui aussi
devait le savoir comme tous les autres que l'autoroute ne pouvait
être rentable avant au moins 25 ans. Lorsque la loi a été
adoptée en Chambre, ceci a été même expliqué
par le ministre de la Voirie du temps et le premier ministre. Il n'y avait pas
d'espoir d'avoir des autoroutes rentables avant plusieurs années. C'est
évident que la situation, en quatre ou cinq ans, n'a pas changé
quoique dans bien des milieux elle ait dépassé toutes les
espérances. Mais l'autoroute des Cantons de l'Est répond à
un besoin. Elle répond à ceux qui sont prêts à payer
un supplément pour pouvoir se rendre dans la métropole plus
rapidement et d'une façon plus sûre. Il y en a d'autres, comme le
député de Brome, qui prétendent que tout le monde pourrait
l'utiliser gratuitement.
Ceci ne peut être possible et il y a des raisons à cela.
Vous avez une route parallèle à l'autoroute des Cantons de l'Est,
la route numéro 1. La même chose existe dans la région du
nord: vous avez la route numéro 11 qui est parallèle à
l'autoroute du nord. Ceux qui ne veulent pas payer et ceux qui ne sont pas
pressés peuvent facilement prendre ces routes parallèles et
ça ne coûte rien. Ceux qui sont pressés et qui veulent une
sécurité maximale tel que l'a invoqué le
député de Brome qui ne critique pas l'administration de
l'autoroute; elle est très bien entretenue, il y a amplement de
policiers pour surveiller et il y a des gens pour porter secours aux
automobilistes en difficulté ces gens-là peuvent prendre
l'autoroute, mais ils paient pour.
En ce qui concerne l'abolition du poste de Chambly, le ministre de la
Voirie a demandé, il y a déjà au-delà d'un an,
à l'Office des autoroutes de faire une étude de
rentabilité sur
l'ensemble des autoroutes, incluant celle des Cantons de l'Est. Nous
avons obtenu, il y a déjà quelque temps, une partie du rapport
qui est actuellement devant le conseil des ministres et qui est en discussion
en ce qui concerne l'autoroute des Cantons de l'Est. Rapport qui, je
l'espère, pourra répondre au désir du député
de Brome. Peut-être pourrions-nous trouver une formule magique pour
rendre rentable non seulement l'autoroute des Cantons de l'Est, mais toutes les
autoroutes de la province. Ceci sera fait à la suite d'une étude
qui dira s'il doit y avoir changement de prix ou changement de conditions,
contrairement au gouvernement précédent qui, durant la campagne
électorale, a promis de baisser de $0.25 à $0.10 le péage
sur l'autoroute du nord durant les heures de pointe.
M. LESAGE: Nous l'avons fait.
M. RUSSELL: Cela a été fait avant étude.
M. LESAGE: Cela a été fait avant la campagne
électorale de 1966.
M. RUSSELL: Non, après la campagne électorale de 1960.
M. LESAGE: Oui, c'est vrai.
M. RUSSELL: Oui, mais sans étude. Sans savoir...
M. LESAGE: Oui, pour les travailleurs...
M. RUSSELL: ... quel émoi cela créerait dans le coin.
M. LESAGE: Au point de vue social, c'était absolument
essentiel.
M. RUSSELL: Au point de vue social, M, le Président! Consultez
donc le président de l'Office des autoroutes pour voir ce qu'il vous
dira. Consultez donc les officiers qui ont l'administration ou la
responsabilité du fonctionnement de l'autoroute. Ils vont vous dire que
cela a créé une heure de pointe...
M. LESAGE: M. le Président, le ministre me permet-il une
question?
M. RUSSELL: Certainement.
M. LESAGE: Le ministre n'admet-il pas que le président de la
Commission des autoroutes doit se préoccuper de la rentabilité
économique des autoroutes, tandis que le gouvernement doit tenir compte
des aspects sociaux? Je suis sûr, je le dis sous forme de question, que
le ministre des Travaux publics comprend très bien qu'au point de vue
social, pour ce qui est des travailleurs qui utilisent l'autoroute pour aller
travailler à Montréal, il était socialement bon pour eux,
juste pour eux et pour leur famille, que nous facilitions leur entrée
à Montréal aux heures de travail.
C'est l'aspect social qui a amené cette décision, non pas
l'aspect de rentabilité économique dont s'occupent
évidemment le président et les commissaires de la Commission des
autoroutes.
M. RUSSELL: Je ne veux pas mettre en doute les paroles du chef de
l'Opposition, mais je vois qu'il se sert de la même philosophie que le
député de Brome pour réclamer l'abolition.
M. LESAGE: C'est la philosophie libérale.
M. RUSSELL: Oui, la philosophie libérale. Mais du même
souffle, le chef de l'Opposition dit bien que le président de la
Commission des autoroutes est obligé de s'assurer de la
rentabilité...
M. LESAGE: Non, de se...
M. RUSSELL: ... et de quelle façon s'assurerait-il de la
rentabilité? En abolissant le péage? Cela, ce serait une aide
sociale...
M. LESAGE: Non, de se préoccuper...
M. RUSSELL; ... pour tous ceux qui veulent l'utiliser gratuitement,
mais, d'un autre côté, on va se tourner vers le président
et on va dire: M. le Président, votre route est déficitaire.
Imaginez si c'est une position confortable pour un président!
J'espère que le président pourra préparer la
réponse au chef de l'Opposition, tout en lui donnant le résultat
de la politique sociale qu'il a instaurée je dirais plutôt
une politique électorale, parce que ç'a été fait en
pleine campagne électorale, c'était une promesse
électorale sans tenir compte des conséquences.
Lui-même le sait, aujourd'hui Si c'était à refaire, il ne
le ferait pas.
M. LESAGE: M. le Président, je dois...
M. RUSSELL: Parce qu'il a créé une heure de pointe qui est
intolérable sur l'autoroute...
M. LESAGE: Je dois invoquer mon...
M. RUSSELL: ... il faudrait doubler l'espace et encore, ça ne
suffirait pas.
M. LESAGE: Je voudrais invoquer mon privilège de
député...
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): A l'ordre!
M. LESAGE: ... pour dire ceci. La décision qui avait
été prise de baisser à $0.10, je crois, le montant de
péage exigé aux heures des travailleurs, le matin et le soir, sur
l'autoroute, a été prise en tenant compte de l'aspect social.
J'en ai discuté avec le président de la Commission des
autoroutes, et, depuis ce temps-là, il a voulu essayer de me convaincre
que j'avais eu tort, mais je n'ai jamais changé d'idée, et je lui
ai toujours reproché de ne pas accepter que nous tenions compte de
l'aspect social de la question.
Alors, ce n'est pas le président de la Commission des autoroutes
qui me fera changer d'idée. Vous savez que je connais très bien
M. Poliquin, ça ne me gêne pas de lui dire ma façon de
penser et je la lui ai dite à plusieurs reprises.
M. RUSSELL: Je sais que le chef de l'Opposition connaît
très bien M. Poliquin, et comment!
M. LESAGE: Cela ne me gêne pas de lui parler et de lui dire ce que
je pense.
M. RUSSELL: C'est lui qui préparait ses discours dans l'avion
pendant la campagne électorale.
M. LESAGE: M. le Président, M. Guy Poliquin n'a jamais
préparé de discours pour le chef de l'Opposition, non, jamais. M.
Guy Poliquin avait d'autres fonctions.
M. RUSSELL: Il avait d'autres fonctions?
M. LESAGE: A la campagne de 1960, il avait bien d'autres fonctions que
celle-là. Il était l'organisateur de...
M. RUSSELL: Comme résultat pour avoir participé à
la campagne de 1960, il a voulu le poste de président de la Commission
des autoroutes.
M. LESAGE: Il était l'organisateur de la tournée du chef
du parti ce n'est une cachette pour personne mais il n'assumait
pas le rôle de « ghost writer ». Il n'a pas demandé la
présidence de la Commission des autoroutes, cette présidence lui
a été offerte, à cause de sa compétence, par celui
qui était premier ministre à ce moment-là et qui est chef
de l'Opposition aujourd'hui. Et je ne l'ai jamais regretté.
M. RUSSELL: Je croyais que ça lui avait été
assuré.
Chose certaine, c'est que tant et aussi longtemps que le chef de
l'Opposition aujourd'hui, premier ministre du temps, lui a créé
des embêtements comme celui de baisser le péage à $0.10,
cela n'a pas assuré la rentabilité de la Commission des
autoroutes.
M. le Président, je suis la même logique. Je me demande
pourquoi le même gouvernement, dans la même voie, moins de deux ans
plus tard, bâtissait une autoroute opposée à celle dont il
est question, celle des Laurentides, qui entre dans la même ville, la
ville de Montréal. D'un côté, on paie $0.10 et, de l'autre
côté, on paie $0.50.
Cela, c'était l'aspect social pour les gens des Cantons de l'Est;
ça, c'était la philosophie du gouvernement du temps. Je n'en fais
pas de reproche au président de l'autoroute. Le premier ministre du
temps admet que c'était son gouvernement qui décidait de l'aspect
social. Donc, il avait décidé que, pour les Cantons de l'Est,
l'aspect social, c'était $0.50. Je peux comprendre le
député de Brome qui proteste aujourd'hui. La seule chose que je
lui reproche, c'est de ne pas avoir protesté dans le temps.
Il aurait pu se lever, de ce côté-ci, et protester contre
son gouvernement. Il aurait pu dire: Vous avez baissé les taux à
$0.10 dans la région du nord, en invoquant l'aspect social, et pour les
Cantons de l'Est, vous nous chargez $0.50. C'est un aspect antisocial. Mais
non, il s'est assis, il a été tranquille, il a été
bon garçon. Il ne voulait pas créer d'embêtements au
ministre de la Voirie du temps, parce que cela aurait peut-être pu
affecter son budget remarquez bien le budget de son comté
ou il ne voulait pas déplaire au premier ministre du temps, pensant
peut-être que cela aurait pu lui donner des chances de s'approcher un peu
plus du gouvernement.
Malheureusement, pour les gens de la région, les maires avec qui
il prend contact aujourd'hui et de qui il demande le concours, n'ont pas
entendu parler de lui dans ce temps-là. Heureusement, il y a aujourd'hui
un gouver-
nement qui s'occupe de deux choses, d'abord de l'aspect
sociabilité puis de l'aspect rentabilité. Nous avons
demandé une étude sur cette question à la Commission de
l'autoroute. La première tranche du rapport a été
déposée devant le conseil des ministres. Nous verrons à
prendre une décision qui sera à l'avantage de la population de la
région des Cantons de l'Est, sans nuire à celles du Nord, sans
nuire à l'autoroute de la rive nord, et sans nuire, le moins possible,
à la rentabilité de l'autoroute. C'est de cette façon que
fonctionne le gouvernement actuel, contrairement à celle du gouvernement
précédent, dont faisait partie le député de
Brome.
Comme dirait le chef de l'Opposition, il n'en faisait pas partie. C'est
vrai. Dans ce temps-là, il n'y avait pas moyen de parler aux ministres.
Un ministre, ce n'était pas approchable. Il fallait leur écrire,
et je pense même que les ministres ne prenaient pas la peine de lire les
lettres des députés; ils les faisaient lire par leurs
secrétaires. Mais aujourd'hui, M. le Président, nous
écoutons avec beaucoup de sagesse les remarques qui nous sont faites par
les députés, non pas seulement de l'Union Nationale, mais aussi
ceux de l'autre côté de la Chambre, qui sont peut-être des
adversaires politiques, mais qui sont quand même des mandataires du
peuple. Nous avons beaucoup de respect pour eux et leurs
représentations. J'espère que les désirs exprimés
par le député de Brome, sans ce tollé qu'il voudrait
soulever, se régleront pour le plus grand bien des gens des Cantons de
l'Est et cela sans nuire à l'aspect social comme en faisait part
le chef de l'Opposition pour ceux de la région de
Montréal.
M. LESAGE: MM. Cardinal et Jean-Noël Tremblay répondent-ils
aux lettres du ministre des Travaux publics, surtout depuis quinze jours?
M. RUSSELL: M. le Président, le ministre des Travaux publics
écrit et répond à toutes les lettres qu'il
reçoit.
M. LESAGE: Je demande si MM. Cardinal et Jean-Noël Tremblay
répondent, depuis quinze jours ou trois semaines, aux lettres du
ministre des Travaux publics.
M. RUSSELL: Certainement, aux appels téléhoniques
aussi.
M. LESAGE: Ah! Même aux appels téléphoniques!
M. RUSSELL: Même aux appels téléphoniques! C'est
différent. Cela a changé depuis 1966. Les piédestals ont
été brisés, les ministres sont tombés les deux
pieds sur terre.
M. LAPORTE: Ils n'ont pas fini de tomber. M. RUSSELL: Nous tentons
d'administrer.
M. LAPORTE: Ce sera bientôt la dernière chute.
M. RUSSELL: Ils sont tombés en 1966. M. LAPORTE: C'est cela.
M. RUSSELL: Ceux qui étaient sur des piédestals.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): A l'ordre!
M. LAPORTE: Des piédestaux.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): A l'ordre!
M. RUSSELL: Ce doit être le bon français.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): A l'ordre! Je ne vois vraiment
pas, dans le texte de la motion, ce qui pourrait nous permettre
d'étudier cette question.
M. LAPORTE: M. le Président, il faut lire entre les lignes.
M. RUSSELL: M. le Président, étant donné que cette
motion a été faite par le député de Brome, et qu'il
demande simplement au gouvernement d'étudier la possibilité de
cette rentabilité, nous allons le faire avec beaucoup d'attention, comme
nous étudions les autres mesures qui nous sont soumises par les
députés de cette Chambre, tant d'un côté que de
l'autre.
Je suis prêt à proposer l'adoption de la motion du
député de Brome.
M. Pierre Laporte
M. LAPORTE: M. le Président, je voudrais, à titre de
député de Chambly précisant bien pour l'excellent
et agréable ministre des Travaux publics que le poste de péage
dont je vais parler n'est pas dans mon comté parce que très
nombreux sont les citoyens de mon comté qui utilisent cette route
participer à ce débat.
Me serait-il permis d'abord, M. le Président, de regretter qu'une
fois de plus sur un ton qui n'avait rien de particulièrement
agréable, mais quand même on ait jugé à
propos d'amener dans un débat entre gens qui sont membres de partis
politiques différents un fonctionnaire, M. Guy Poliquin. Je le
regrette.
Que M. Poliquin, qui est président de l'Office des autoroutes,
ait été nommé par une administration libérale, que
M. Guy Poliquin qui...
M. RUSSELL: M. le Président, c'est le chef de l'Opposition qui
l'a amené dans le débat.
M. LESAGE: Non.
M. RUSSELL: J'ai parlé du président de l'Office des
autoroutes. Il fallait certainement y référer mais c'est le chef
de l'Opposition qui l'a amené dans le débat.
M. LAPORTE: M. le Président, je ne crois pas avoir interrompu le
ministre, et si je l'ai interrompu, je l'ai oublié. Il ne devrait pas
m'interrompre.
M. RUSSELL: Est-ce possible?
M. LAPORTE: La mémoire est une faculté qu'il faut savoir
contrôler.
M. LESAGE: Quand on pense qu'il peut être si bon garçon
quand il veut, le ministre des Travaux publics!
M. LAPORTE: Il est tellement agréable quand il est
silencieux.
M. RUSSELL: D'ailleurs, ça va pour le député de
Chambly aussi.
M. LAPORTE: Oui, mais Il ne m'arrive pas souvent de faire...
M. le Président, il ne s'agit pas de savoir si M. Poliquin a
été nommé par une administration libérale, si M.
Poliquin a ou n'a pas participé à telle ou telle campagne
électorale. La seule question que nous devons nous poser est: M.
Poliquin remplit-il à la satisfaction de son employeur les fonctions qui
sont les siennes? Parce que si nous continuons de part et d'autre ce jeu qui
veut que des serviteurs de l'Etat voient leur rôle, leur fonction, et
leur personne traînés dans des débats politiques, nous nous
retrouverons un jour, collectivement, dans l'impossibilité de recruter
des commis de l'Etat de qualité.
Sommes-nous les seuls à avoir recruté quel- ques hauts
fonctionnaires parmi des gens qui ont exercé des fonctions politiques,
qui ont été candidats? Non, M. le Président. J'avais trois
noms écrits sur une feuille, je m'abstiendrai de les nommer. Qu'est-ce
qu'il y a de si condamnable dans le fait de servir sa province que l'on doive
s'exposer à tout bout de champ à être pris dans le jeu de
la politique partisane?
Je ne voudrais pas que le gouvernement, et ce n'est probablement pas
l'objectif que recherchait le ministre...
M. RUSSELL: M. le Président, j'invoque le règlement pour
poser simplement une question au député, s'il me le permet...
M. LAPORTE: Oui.
M. RUSSELL: ... Est-ce qu'il prétend que j'ai attaqué M.
Poliquin?
M. LAPORTE: Bien, c'est ce que j'allais dire, si vous m'aviez
laissé le temps de finir.
M. RUSSEL: Ah bon!
M. LAPORTE: Cela n'était certainement pas le but de
l'argumentation du ministre. Je ne voudrais pas que le gouvernement donne
l'impression qu'il s'excuse d'avoir conservé M. Poliquin comme
président de l'Office des autoroutes.
C'est un homme qui gagnait largement sa vie dans l'entreprise
privée. C'est un homme qui a fait un travail de géant à la
présidence de l'Office des autoroutes.
C'est un homme qui s'est scrupuleusement abstenu de faire de la
politique depuis qu'il a assumé la présidence de l'Office des
autoroutes. Qu'est-ce que l'on peut demander de plus à un serviteur de
l'Etat? Rien. Mais, lui, peut nous demander, à nous, d'ajouter au
traitement qu'on lui paie et de tenir compte de nos conseils quand nous
demandons qu'on le laisse tranquille. C'est pour cette raison, d'ailleurs, que,
lorsque nous avons devant nous des fonctionnaires pour l'étude des
crédits, jamais, les fonctionnaires ne sont autorisés à
répondre eux-mêmes. En effet, c'est la responsabilité du
ministre de défendre ses crédits et le règlement
lui-même nous interdit d'attaquer la personne des fonctionnaires de la
province de Québec.
Est-ce que je peux espérer ou pouvons-nous dire ensemble que l'on
devrait mettre fin... Je me souviens qu'un fonctionnaire, pas à plein
temps je ne le nommerai pas avait été
attaqué par l'ancien chef de l'Opposition. C'était un homme qui
rendait éminemment service à
sa province. On avait demandé quels avaient été ses
honoraires. Cet homme-là avait pratiquement décidé de
quitter le service du gouvernement. Cela avait été pour lui une
des épreuves les plus pénibles de sa vie professionnelle. On l'a
jugé suffisamment compétent, cet homme, pour lui faire occuper un
des postes les plus élevés au pays dans la magistrature. Pourquoi
nous conduire de cette façon? Nous avons besoin des hommes les plus
compétents que nous puissions trouver. Si nous décidons d'aller
chercher des hommes compétents, nous devons nous attendre à les
payer au même taux que dans l'entreprise privée.
M. RUSSELL: A moins que le député de Chambly ne
prétende que j'ai attaqué la réputation de M. Poliquin, je
pense que nous sommes complètement hors d'ordre. Cela n'a rien à
faire avec la motion. La seule chose que je me reproche, c'est peut-être
d'avoir défendu M. Poliquin à l'issue de l'attaque du chef de
l'Opposition. J'ai référé aux difficultés que lui
créait le chef de l'Opposition avec sa prétendue politique
sociale. J'ai rappelé en les déplorant les problèmes que
pouvait avoir M. Poliquin. Si c'est une attaque contre le président de
l'Office des autoroutes, je m'en excuse. A l'avenir, je ne le défendrai
pas contre les attaques que lui fera le chef de l'Opposition. Je laisserai
simplement dire et on pourra, peut-être, dans l'avenir, éviter ce
qu'ont fait certains des collègues du député de Chambly,
attaquer ceux qui ont été mêlés à la
politique dans le passé, mais qui aujourd'hui sont devenus des
employés de la province.
M. LAPORTE: Je ne prétends ni que le ministre a attaqué M.
Poliquin, ni que le chef de l'Opposition l'a attaqué. Disons que j'ai
saisi cette occasion pour répéter des idées qui me sont
chères et que j'ai eu l'occasion d'exprimer aussi bien quand
j'étais membre du gouvernement que quand je suis dans l'Opposition.
Qu'on laisse donc les fonctionnaires de la province de Québec faire leur
travail consciencieusement et en paix!
M. LAFONTAINE: Pas cachés dans un jet, au moins, dans un
avion?
M. LAPORTE: Vous ne parlez pas au moins du ministre de l'Education qui
fait sa campagne à la chefferie dans le jet du gouvernement?
M. LAFONTAINE: Non, je parle de l'élection de 1962 où M.
Poliquin, qui était, à ce mo- ment-là, à l'Office
des autoroutes, accompagnait le premier ministre du temps.
M. LAPORTE: Voyez-vous le genre d'attaque! Est-ce qu'on attaque la
réputation de M. Poliquin, oui ou non? S'il a fait de la
politique...
M. LAFONTAINE: Quand j'entends le député de Chambly...
M. LAPORTE: Il y a un haut fonctionnaire de la province de Québec
qui, à cause de l'intervention malicieuse du ministre, va être
traîné sur la place publique.
M. LAFONTAINE: Je dis ceci...
M. LESAGE : Je dois invoquer mon privilège de
député. Le ministre de la Voirie vient de dire que le
président de l'Office des autoroutes accompagnait celui qui vous parle,
comme chef du parti libéral, au cours de la campagne électorale,
dans le jet du gouvernement.
Or, le jet du gouvernement a été livré au
gouvernement du Québec en 1965. La seule campagne électorale que
M. Poliquin a faite avec le chef du parti libéral, c'est en 1960.
Lorsqu'il a voyagé en avion avec moi, c'étaient des avions
nolisés. Nous étions dans l'Opposition. Après que nous
avons été au pouvoir, jamais M. Poliquin n'a participé
à une campagne électorale. Le ministre de la Voirie sait cela.
C'est sciemment qu'il a faussé les faits.
M. LAFONTAINE: Lors de la campagne de 1962, je me souviens avoir...
M. LESAGE: 1960.
M. LAFONTAINE: Lors des élections 1962, je me souviens avoir lu
dans un journal que M. Poliquin accompagnait le premier ministre d'alors...
M. LESAGE: C'était en 1960. M. LAFONTAINE: En 1962.
M. LESAGE: Il n'y avait pas de jet.
M. LAFONTAINE: Non, ce n'était pas dans un jet...
M. LESAGE: Je n'ai jamais fait de campagne électorale avec les...
je ne me suis jamais servi des avions du gouvernement pour faire une campagne
électorale.
M. LAFONTAINE: Je ne comprends pas pourquoi le chef de l'Opposition
prend le débat sur ce ton. Tout ce que j'ai dit...
M. LESAGE : Je le prends sur le ton sur lequel vous l'avez pris.
M. LAFONTAINE: Non, je répondais à ce moment-là au
député de Chambly. J'ai dit; Arrêtons de
traîner...
M. LESAGE: Vous avez semé le venin et le mensonge, et vous avez
la réponse que vous méritez.
M. LAFONTAINE : Je demanderais au chef de l'Opposition de tenir un autre
langage. Je répondais au député de Chambly qui parlait des
fonctionnaires que l'on tramait sur la place publique. Je me souviens avoir lu,
en 1962, dans un journal à fort tirage de Montréal que le chef de
l'Opposition faisait sa campagne avec le président de l'Office des
autoroutes de l'époque. Maintenant, si le chef de l'Opposition dit que
ce n'est pas exact, mon Dieu! je prends sa parole. Je ne comprends pas pourquoi
le chef de l'Opposition prend le débat sur ce ton-là.
M. LESAGE: Parce que vous racontez des mensonges.
M. LAFONTAINE: Non, je m'en reporte aux journaux de Montréal de
1962...
M. LAPORTE: Très bien, M. le Président...
M. LAFONTAINE: ... j'apporterai un exemplaire au chef de
l'Opposition.
M. LAPORTE: Vous avez un exemple très précis de ce que je
veux dire. M. le Président, vous avez un ministre de la couronne qui,
invoquant un article de journal qui affirmait certaines choses, qui,
manifestement ne les a jamais vérifiées, qui, partant de la
simple assertion d'un journal, lance une attaque contre un haut fonctionnaire
de la province de Québec.
M. LAFONTAINE: J'invoque mon privilège de député,
M. le Président.
M. LAPORTE: C'est cela.
M. LAFONTAINE: Quand le député de Chambly dit que le
ministre de la Voirie n'a jamais vérifié, je pense qu'il tente
d'induire la Chambre en erreur. Ce qui est arrivé, c'est que le journal
a publié que le président de l'Office des autoroutes accompagnait
le premier ministre du temps. Les journalistes étaient présents.
J'ai rencontré des journalistes dans le temps qui m'ont dit que
c'était la vérité.
M. LESAGE: C'est faux. Ce n'est pas vrai.
M. LAFONTAINE: C'est la première fois que j'entends une
dénégation du chef de l'Opposition. Il ne l'a pas fait en
1962.
M. LESAGE: Vous parlez de la campagne de 1960 ou de 1962?
M. LAFONTAINE: 1962.
M. LESAGE: J'ai dit qu'en 1960...
M. LAFONTAINE: 1962.
M. LESAGE: J'ai dit, avant que le ministre entre en Chambre, qu'en 1960,
M. Guy Poliquin avait agit comme organisateur de la tournée du chef du
parti libéral à ce moment-là et que c'est la seule
campagne électorale qu'il a faite en ma compagnie. Il est vrai qu'il m'a
accompagné en avion, dans des avions nolisés; ce n'étaient
pas des avions du gouvernement, nous n'étions même pas au
pouvoir.
M. LAFONTAINE: Je n'ai jamais dit... M. BERTRAND: Il n'a pas dit
cela.
M. LESAGE: Non, non, quand on dit « le jet »...
M. BERTRAND: Non, non.
M. LESAGE: Oui, M. le Président, vous relèverez...
M. BERTRAND: J'ai entendu, j'étais dans mon bureau.
M. LAFONTAINE: Je n'ai jamais dit que c'était un avion de la
province.
M. LAPORTE: ... étant donné que je n'avais pas compris le
mot...
M. LAFONTAINE: J'espère que le chef de l'Opposition, à ce
moment-là, n'a pas fait sa campagne électorale avec les avions du
gouvernement.
M. LAPORTE: Je lui ai fait répéter.
M. LESAGE: Quand le ministre de l'autre côté...
M. LE PRESIDENT (M. Sauvageau): A l'ordre! Y aurait-il
possibilité de revenir à la motion? A l'ordre!
M. LAFONTAINE: Pour prouver la bonne foi du ministre de la Voirie, si
j'ai employé le mot « jet », que le jet a été
acheté en 1965...
UNE VOIX: Le président est debout.
M. LAFONTAINE: ... et que je parlais de la campagne de 1962, ce n'est,
évidemment, pas du jet à Lesage, comme on l'appelle dans la
province, que je parlais, mais d'un avion nolisé par le parti
libéral pour faire la campagne en 1962.
M. LAPORTE: Pourrions-nous nous demander, M. le Président, pour
revenir à notre débat, si l'autoroute de Chambly est suffisamment
large pour faire atterrir un jet?
M. BERTRAND: On a pris les grands chemins.
M. LAPORTE: Oui, on va revenir.
M. LESAGE: Le ministre de la Voirie aurait pu se dispenser de venir
semer son venin habituel.
M. LAFONTAINE: Je ne demanderai même pas au chef de l'Opposition
de retirer ses paroles.
M. LAPORTE: Non?
M. LAFONTAINE: Non, parce que la bouche parle de l'abondance du
coeur.
M. LAPORTE: Non, la bouche parlait de vous!
M. LAFONTAINE: Ce n'est même pas drôle.
M. LAPORTE: M. le Président, cette première partie de mon
intervention étant terminée, j'espère que le premier
ministre, de son bureau où il était à travailler, a pu en
prendre connaissance.
M. BERTRAND: J'en ai perdu un bout. Je dois avouer que j'ai reçu
des gens et que ça faisait tellement de bruit que j'ai été
obligé de fermer.
M. LAPORTE: Alors, je vous enverrai une copie du journal des
Débats.
M. BERTRAND: Je lirai une partie du discours du député de
Chambly.
M. LAPORTE: Deuxièmement, disons que j'ai regretté la
façon un peu négative avec laquelle le ministre des Travaux
publics a abordé la question. Il eût été possible de
nous dire quelle était son opinion et de nous exprimer les motifs qui
jusqu'ici n'ont pas rendu possible la diminution du péage à
Chambly, mais tout ce qu'il a fait, c'est de nous reporter aux attitudes
qu'aurait prises dans le passé le député de Brome sur
cette question.
J'ai été ministre et, comme d'autres ministres ce
qui peut, peut-être, surprendre quelques ministres du cabinet actuel
j'ai été respectueux de la solidarité
ministérielle. Mais, le ministre de la Voirie de l'époque et le
président de l'Office des autoroutes, qui est resté le
même, pourront témoigner que, même à cette
époque, j'ai fait des démarches nombreuses et exercé des
pressions sur le ministre et sur le président pour que le péage
au poste de Chambly soit ramené au même taux que le péage
aux autres postes, soit à $0.25, ce que le ministre a...
M. RUSSELL: Il ne vous a pas écouté?
M. LAPORTE: Non, il ne m'a pas écouté. Ce n'était
pas sa responsabilité de m'écouter; c'était sa
responsabilité de m'entendre et de décider après. Mais je
n'ai pas changé d'idée.
M. RUSSELL: Vous ne l'avez pas convaincu?
M. LAPORTE: Je ne l'ai pas convaincu et qu'est-ce que cela prouve? Vous
pouvez ajouter quoi à ça? J'ai été voir le ministre
de la Voirie et je lui ai exprimé mon point de vue. C'est lui qui
était ministre de la Voirie et c'est lui qui a décidé.
C'est tout.
M. LAFONTAINE: Il a décidé quoi?
M. LAPORTE: Il a décidé de ne pas changer le tarif.
M. LAFONTAINE: Non, non, M. le Président, sur un point d'ordre.
Ce n'est pas le ministre...
M. LAPORTE: Mon Dieu, que ça discute mieux quand vous n'y
êtes pas, vous.
M. LAFONTAINE: ... de la Voirie qui décide du tarif sur les
autoroutes.
Il faut qu'une résolution soit adoptée par l'Office des
autoroutes, il faut que cette résolution soit enrobée dans un
arrêté ministériel.
M. LAPORTE: Qui vous a dit tout ça?
M. BERTRAND: Voyons donc, il sait tout ça.
M. LAPORTE: Est-il savant! C'est un procédurier redoutable.
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas ce que le député de Chambly
vient de dire. Il dit qu'il a vu l'ancien ministre de la Voirie et que l'ancien
ministre de la Voirie lui a dit non. Pourquoi faire porter l'odieux sur
l'ancien ministre de la Voirie, quand il était solidaire d'un cabinet?
Qu'il prenne donc ses responsabilités. Il y a assez du
député de Brome qui l'a attaqué.
M. LAPORTE: Bon, il faut le défendre. Qui va bientôt
défendre le premier ministre?
M. LAFONTAINE: Nous allons nous mettre tous ensemble.
M. LAPORTE: Contre le ministre de l'Education?
M. BERTRAND: Moi aussi, je vais être obligé de me lever
tantôt pour défendre le député de Drummond contre
les attaques...
M. LAPORTE: Filles de Jérusalem, pleurez donc sur vous!
M. BERTRAND: ... excessivement injustes et injustifiées...
M. PINARD: Etes-vous le gendarme?
M. LAPORTE: M. le Président, cela va peut-être vous
surpendre, mais c'est moi qui ai la parole.
M. le Président, tout ce préambule qui n'a suscité
aucune interruption ce dont je suis reconnaissant à mes
collègues c'était pour exprimer que je pensais et que je
pense encore que le taux de péage au poste de Chambly est trop
élevé. J'ai dit, à l'époque, au président de
l'Office des autoroutes, qui n'était pas de mon avis, que je croyais que
c'était trop élevé.
Il jugeait, le président...
M. BERTRAND: Quelle raison donnait-il pour ne pas partager votre
avis?
M. LAPORTE: La rentabilité. Il prétendait, et avec raison,
j'imagine, si l'on discute seulement en termes de rentabilité...
Alors, qu'avons-nous fait, à l'époque, nous avons
décidé de mettre...
M. BERTRAND: Le député de Chambly me permettrait-il?
M. LAPORTE: Certainement, vous en avez peut-être une bonne.
M. BERTRAND: Qui, véritablement, refusait à
l'époque? Etait-ce le ministre de la Voirie? Moi, j'en doute.
N'était-ce pas plutôt le ministre des Finances? Cela, j'en doute
moins.
M. LAPORTE: Vous avez l'air d'avoir toutes les réponses.
M. BERTRAND: Mais je voudrais les faire confirmer par ceux-là qui
étaient au courant.
M. LAPORTE: M. le Président... M. RUSSELL: Des protestations.
M. LAPORTE: ... je promets au premier ministre de faire faire une
enquête et de lui envoyer une copie avec un Xerox pour son ministre de la
Voirie.
M. LAFONTAINE: Nous connaissons les réponses.
M. LAPORTE: Voyez-vous cette perte de temps? Ils posent des questions et
ils ont les réponses.
M. RUSSELL: Vous avez protesté.
M. LAPORTE: Avez-vous un exemple plus flagrant de faire perdre le temps
de la Chambre? J'espère que le premier ministre n'en posera plus comme
ça.
M. LAFONTAINE: La perte de temps, ce n'est pas l'intervention du
député de Chambly?
M. RUSSELL: Au moment de l'intervention du député de
Chambly, qui protestait le plus? Etait-ce le ministre de la Voirie ou le
ministre des Finances?
M. LAPORTE: Cela, M. le Président, ça fera l'objet d'une
annexe au rapport que j'enverrai au premier ministre. Il y en aura une copie
pour le ministre des Travaux publics.
M. RUSSELL: Je l'espère.
M. LAPORTE: Alors, M. le Président, la principale raison qui
m'avait amené, à l'époque, à suggérer que le
taux de péage soit diminué reste exactement la même
aujourd'hui. C'est que je voudrais que tous les citoyens de la province de
Québec soient placés sur le même pied, qu'il n'y ait pas de
citoyens de première zone et des citoyens de deuxième zone. C'est
le seul endroit dans la province de Québec où l'on doit payer
$0.50 pour franchir la guérite, la barrière.
Il arrive que non seulement c'est une injustice pour un certain nombre
de personnes qui l'utilisent de toute façon, mais je suis convaincu que
c'est un empêchement à l'utilisation maximale de l'autoroute des
Cantons de l'Est.
M. le Président, prenez les gens de la région de Chambly,
de Saint-Hilaire, qui est certainement un réservoir très
important pour alimenter cette autoroute. Seulement pour l'utiliser sur une
distance de six ou sept milles entre le poste de péage de Chambly
et...
M. RUSSELL: Neuf milles.
M. LAPORTE: ... neuf milles. ... il sont obligés de payer $0.50.
Je connais un bon nombre de citoyens de Chambly, banlieusards qui voyagent
matin et soir à Montréal et retour, qui, au lieu d'utiliser
l'autoroute, prennent l'ancienne route no 1.
M. RUSSELL: Le député de Chambly ne devrait pas contredire
le député de Brome.
M. LAPORTE: Bien, qu'est-ce que c'est ça, M. le Président?
On s'est amusé, mais est-ce qu'on veut simplement me ficher la paix?
Est-ce simple ça?
M. BERTRAND: Est-ce que c'est parlementaire?
M. LAPORTE: Vous avez fait toutes vos farces, d'accord?
M. BERTRAND: Est-ce que c'est parlementaire ça?
M. LAPORTE: Non, ce n'est pas parlementaire, mais ça va
peut-être être efficace. Je ne sais pas si c'est parlementaire.
M. LAFONTAINE: C'est parce que c'est une contradiction flagrante avec le
député de Brome.
M. LAPORTE: Vous, pour le nombre de fois que vous êtes en Chambre,
les contradictions, ne vous en mêlez donc pas.
M. LAFONTAINE: Ah, je regrette, M. le Président.
M. LAPORTE: D'accord? Bon.
M. BERTRAND: Ce sont des arguments ad hominem.
M. LAFONTAINE: Je viens aussi souvent au Parlement que le
député de Chambly.
M. BERTRAND: Ce sont des arguments ad hominem. Mutatis mutandis.
M. LAFONTAINE: Mutatis mutandis.
M. LAPORTE: M. le Président, si on devient bilingue maintenant!
Alors là, j'en ai pour quelques minutes. De toute façon,
ça va finir à six heures, d'accord?
M. BERTRAND: Pas avant?
M. LAPORTE: Bien, six heures moins deux. Je vais finir dans deux
minutes.
M. LAFONTAINE: Pour tenir le temps.
M. LAPORTE: Je vais finir dans deux minutes. J'aurais déjà
terminé depuis un grand bout de temps si je n'avais été
obligé de faire du « stick handling » pour me rendre
jusqu'à mes arguments.
UNE VOIX: Du quoi?
M. LAPORTE: Du maniement du bâton. M. le Président, je
trouve donc que c'est une injustice pour les gens d'une vaste région.
Deuxièmement, je trouve que si le péage était de $0.25 au
lieu de $0.50, ça pourrait amener plus de monde. Troisièmement,
je dis que nous avions dès notre régime compris ce
problème et que l'enquête à laquelle se
réfère le ministre des Travaux publics a été
ordonnée par l'ancienne administration. Nous espérons fortement
que, premièrement, copie du rapport de cette enquête nous sera
remise et que, deuxièmement, les citoyens de la région de Chambly
vont être traités comme le sont les autres citoyens de la province
de Québec.
M. LAFONTAINE: M. le Président, disons qu'à titre de
ministre de la Voirie nous allons
et je pense parler au nom du cabinet tenter, dans les
jours qui suivent, de corriger une anomalie qui n'aurait pas dû exister,
mais qui a été mise en place par l'ancien gouvernement
libéral.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'honorable député
Rouville.
M. LAFONTAINE: C'est plus court que le député de Chambly,
mais c'est plus constructif.
M. BERTRAND: Est-ce que le député de Drummond veut
parler?
M. PINARD: M. le Président, j'aurais tout simplement voulu, dans
quelques phrases...
UNE VOIX: Le député de Rouville était debout.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Je l'avais d'ailleurs
reconnu.
M. PINARD: A qui accordez-vous la parole, M. le Président? Le
premier ministre m'invite à dire ce que je pense. Tantôt, il m'a
demandé si j'avais quelque chose à dire là-dessus.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): A l'ordre!
M. BERTRAND: Il ne m'appartient pas d'indiquer... Je pense que le
président avait vu le député de Rouville.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): J'avais reconnu le
député de Rouville et je l'avais même invité
à prendre la parole.
M. BERTRAND: Alors, il ne m'appartient pas d'inviter les gens à
parler.
M. Paul-Yvon Hamel
M. HAMEL: M. le Président, simplement quelques mots sur la motion
du député de Brome concernant le tarif de l'autoroute des Cantons
de l'Est, principalement du poste de péage de Chambly. A plusieurs
reprises, soit par correspondance ou par des interventions je me
rappelle l'avoir fait l'an dernier j'avais attiré l'attention des
autorités sur ce problème.
Comme l'a si bien mentionné tantôt le député
de Shefford, je trouve une certaine anomalie dans les propos qu'a tenus
l'honorable chef de l'Opposition tantôt. Il demandait au président
de l'Office des autoroutes de réduire, pendant les heures de pointe, le
taux à $0.10 pour l'autoroute des Laurentides, donnant pour raison qu'au
point de vue social c'était très avantageux pour cette
région. Quelque temps après, l'autoroute des Cantons de l'Est et
le même gouvernement acceptaient, pour le poste de Chambly, un taux de
$0.50. J'entendais tantôt les paroles de l'honorable député
de Chambly qui, je pense, à ce moment-là, était
député du comté de Chambly qui comprenait la ville de
Chambly. Il était également membre du conseil des ministres. Je
pense qu'il aurait pu se servir des mêmes arguments dont il s'est servi
cet après-midi pour intervenir à ce moment-là.
Je pense qu'il a peut-être eu raison, cet après-midi, de
parler de la façon dont il l'a fait pour essayer de se disculper devant
la population de la région de Chambly.
Mais, comme l'a mentionné l'honorable député de
Shefford, une étude a été faite, et cette étude est
devant le conseil des ministres. Je pense qu'au point de vue du
développement économique, le fait que nous ayons un poste de
péage à Chambly à $0.50, nuit considérablement au
développement de notre région, principalement de Chambly et du
comté que je représente, le comté de Rouville.
Il serait, à mon humble avis, préférable que le
poste de péage de Chambly revienne au même taux. Et comme l'a si
bien dit le député de Chambly, l'autoroute des Cantons de l'Est,
par le fait même, serait utilisée au maximum, et je pense que la
perte de revenu, qui se chiffre par je ne sais quel montant, serait
compensée par l'utilisation au maximum de l'autoroute des Cantons de
l'Est.
M. LAPORTE: Ce n'est pas de la coopération ça?
M. HAMEL: C'est de la grosse, grosse coopération. Je
demande...
M. BERTRAND: That is big co-operation.
M. HAMEL: Je demande instamment à l'honorable premier ministre,
qui, je pense, est lui-même intéressé à l'autoroute
des Cantons de l'Est, de se pencher le plus tôt possible sur le rapport
présenté au conseil des ministres afin que l'injustice qui a
été créée en 1965 soit corrigée dans le plus
bref délai possible à l'avantage de toute la région de
Chambly et principalement du comté de Rouville. Merci.
M. PINARD: M. le Président, je pense que
le premier ministre veut dire quelques mots sur cette motion, de
même que le député de Drummond. Je pense qu'il serait
raisonnable de demander l'ajournement.
M. BERTRAND: L'ajournement.
M. PINARD: Il faudrait quand même replacer certains faits. Parce
que la justice a ses droits.
M. BERTRAND: Oui, oui, je ne blâme pas le député de
Drummond de vouloir prendre la parole.
M. PINARD: C'est beau de parler d'injustice, mais la justice a ses
droits.
M. BERTRAND: Et j'aurais peut-être, également, l'occasion
de dire quelques mots.
M. LESAGE: La vérité.
M. BERTRAND: Quelques mots. Alors la Chambre, M. le Président,
s'ajourne à...
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors la motion d'ajournement de
l'honorable député de Drummond est-elle adoptée?
M. LAPORTE: Le premier ministre, vu l'absence peu fréquente du
leader parlementaire du gouvernement, voudrait-il nous dire de quoi il sera
question demain?
M. BERTRAND: Demain, nous avons le bill de Québec Or comme le
bill de Québec comporte 83 articles, par contre il y a 30 articles au
sujet de la réforme électorale, je pense.
A tout événement, nous allons siéger demain, dans
la matinée. Si nous n'avons pas terminé, nous reviendrons en
Chambre à trois heures pour la période de questions. Après
quoi, nous pourrons retourner au comité, pendant ce temps-là, on
pourra peut-être procéder à l'étude de
crédits en Chambre et deuxièmement, à l'autre commission,
où on vient de commencer l'étude des estimations
budgétaires du Secrétariat provincial.
M. LESAGE: Ici en Chambre, nous avons commencé l'étude des
crédits du ministère des Affaires culturelles.
M. BERTRAND: Nous pouvons continuer.
M. LESAGE: Oui, mais il y a une difficulté. C'est qu'au point de
vue de la réforme élec- torale proposée dans le bill de
Québec, j'ai insisté auprès de mon collègue, le
député de Chambly, pour qu'il m'accompagne. A moins que nous
puissions, demain matin, convaincre les autorités de la ville de
Québec d'étudier d'abord ces articles-là, les articles du
bill de Québec touchant à la réforme électorale. Si
nous pouvions disposer de cette partie du bill de Québec, demain matin,
le député de Chambly serait libre pour discuter des
crédits des Affaires culturelles en Chambre.
M. DOZOIS: C'est fort possible.
M. BERTRAND: D'autant plus que le ministre vient de déposer cet
après-midi un rapport au sujet de cette réforme de nos lois
électorales municipales. Nous pourrions commencer par cela demain matin
et ensuite libérer le député de Chambly, qui pourrait
revenir continuer l'étude des estimations budgétaires du
ministère des Affaires culturelles.
M. LESAGE : L'on comprendra que le député de Chambly est
beaucoup plus versé dans ce domaine des réformes
électorales dans le domaine municipal, parce que le travail avait
été commencé alors qu'il était le ministre
titulaire des Affaires municipales.
M. BERTRAND: Vendredi, si nous avons terminé le bill de
Québec ou même s'il n'est pas terminé nous
continuerons en Chambre les crédits des Affaires culturelles. Si le bill
de la ville de Québec se termine demain soir, nous pourrions prendre
vendredi matin, le projet de loi Radio-Québec
M. LAPORTE: Demain soir?
M. BERTRAND: Demain soir ou vendredi matin.
M. LAPORTE: Si le bill de Québec est terminé, nous
suspendrons l'étude des crédits pour prendre le projet de loi no
11?
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LAPORTE : Est-ce qu'on pourrait faire des crédits toute la
journée demain et le prendre vendredi matin?
M. BERTRAND: Ah oui!
M. LAPORTE: D'accord? Maintenant, d'ici la fin de la session, il peut
arriver que nous ayons en même temps deux ou trois commis-
sions ou que la Chambre siège. Il est bien entendu que cela ne
doit priver aucun député de son droit d'Intervenir sur des
motions de non-confiance ou de ce qu'on voudra. Je ne voudrais pas que l'on
s'étonne qu'à un moment donné, il puisse y avoir une
motion de non-confiance.
M. BERTRAND: Ah!
M. LAPORTE: Enfin, disons que Je ne parle pas au hasard. Si le premier
ministre ou d'autres ministres sont retenus ailleurs, Je suis certain que ce
n'est pas dans l'esprit de ce que nous faisons actuellement que la Chambre soit
privée de son privilège de présenter des motions de
non-confiance ou d'autres procédures dont nous n'avons certes pas
abusé jusqu'ici.
M. BERTRAND: Il appartient...
M. DOZO1S: Personne ne va être là!
M.BERTRAND: Il appartient aux députés des deux
côtés de la Chambre d'être présents...
M. LAPORTE: Nous allons sonner les cloches...
M. BERTRAND: ... et s'il doit y avoir une motion de non-confiance et un
vote, il faut que les gens soient ici.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): La Chambre s'ajourne à
demain après-midi 3 heures.
(Fin de la séance: 18 h 5)
ANNEXE
(Note de l'éditeur: Cette annexe fait suite à la
déclaration ministérielle de l'honorable Maurice Bellemare
à l'Assemblée nationale, le 8 mai 1969. Voir: Journal des
Débats, No 34, page 1447)
LE RETOUR AU TRAVAIL DES ASSISTÉS
SOCIAUX
Le soussigné expose:
ATTENDU QUE le nombre d'assistés sociaux constitue une charge
très considérable pour les finances publiques;
ATTENDU QU'un comité formé de représentants des
ministères des Finances, du Travail et de la Main-d'Oeuvre, du Bien-Etre
et de la Famille, de l'Education et de l'Industrie et du Commerce a
été chargé de trouver des éléments de
solutions rapides à cette situation;
ATTENDU QUE des moyens additionnels à ceux déjà
existants doivent être trouvés pour accélérer la
création de nouveaux emplois;
ATTENDU QUE les programmes actuels de formation de la main-d'oeuvre en
usine ne rencontrent pas les programmes des autres provinces, notamment celui
de l'Ontarion qui prévoit une aide financière à la
formation en usine;
ATTENDU QU'il y a lieu de favoriser certains secteurs industriels moins
favorisés et certaines régions du Québec;
ATTENDU QU'il est nécessaire de sensibiliser les industriels aux
besoins de formation de leur main-d'oeuvre;
ATTENDU QUE sous l'autorité de l'article 3, sous-paragraphe
« c », la Loi du ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre
apour objet d'adopter, en collaboration avec les autres ministères
responsables, les mesures jugées propres à faciliter la formation
professionnelle, le placement, le reclassement, le recyclage, la
réadaptation, la renconversion et la mobilité de la
main-d'oeuvre; et, en conséquence, recommande ce qui suit:
SECTION I
Interprétation 1. Dans le présent
programme les expressions et mots suivants, à moins que le contexte
n'indique un sens différent, signifient: a) « Ministre » :
le Ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre; b) « compagnie »: en
plus de son sens ordinaire, une compagnie visée au sous-paragraphe
« a » du paragraphe 4, de l'article 2, de la Loi de l'Impôt
sur les Corporations (Statuts Refondus 1964, chapitre 67); c) «
entreprise »: une entreprise de fabrication ou de transformation au sens
de l'arrêté en conseil no 1910, du 28 juin 1968, article 1.01
« c »; d) « prime »: une prime accordée en vertu
de l'article 2 de cet arrêté; e) « assisté social
»: toute personne apte au travail domiciliée dans la province de
Québec et qui est dans un état d'indigence au sens de la Loi de
l'Assistance publique du Québec (S.R.Q. 1964, chap. 216, article I,
paragraphe d) et détenteur, depuis six mois ou plus, de la carte
d'assistance médicale prévue à l'article 3 de la Loi de
l'Assistance médicale, chapitre II des lois de 1966; f) «
investissements admissibles »: investissements ayant l'un ou plusieurs
des objets suivants, soit la construction ou l'agrandissement d'usines ou
manufactures soit l'achat de machinerie, d'outillage ou d'équipement
destinés à l'exploitation d'usines ou de manufactures.
SECTION II Règles d'application 2. Le Ministre peut
accorder, avant le 1er avril 1970, des primes à l'entraînement
à des compagnies qui investissent et qui engagent ou projettent
d'engager des assistés sociaux. 3. La compagnie qui désire
bénéficier de telles primes doit, pour être admissible: a)
faire un investissement admissible d'au moins $50,000; b) porter lesdits
investissements à l'attention du Ministre, par écrit, avant le
commencement des travaux de construction ou d'agrandissement ou de
l'installation de la machinerie, de l'outillage ou de l'équipement.
Lesdits investissements doivent être terminés avant le 31 mars
1971 et l'embauchage des assistés sociaux doit être fait au plus
tard trois (3) mois après la fin des travaux; c) collaborer et discuter
avec la Direction Générale de la Main-d'Oeuvre du
Ministère de ses problèmes de formation de main-d'oeuvre et de
ses problèmes d'embauchage à la suite de ses investissements; d)
fournir la garantie qu'il n'y a pas eu de mise à pied depuis l'avis
donné au Ministre ou si des mises à pied ont été
faites, qu'elles étalent justifiées: e) prouver que les
investissements créeront de nouveaux emplois et que des assistés
sociaux ont été embauchés pour occuper de ces emplois; f)
prouver que l'entreprise a gardé tout assisté social à son
emploi d'une façon continue et régulière, soit pour un
nombre d'heures équivalant au nombre d'heures de la journée
normale d'un travailleur et ce, pendant une période de huit (8)
mois.
SECTION III
Versements 4. L'embauchage des
assistés sociaux pour lesquels une prime peut être accordée
peut être effectué dans toutes les parties du Québec. Le
montant de la prime à l'entrafnement varie selon que les compagnies se
trouvent dans la zone 1 et dans tout territoire non inclus dans l'annexe de la
Loi de l'Aide au Développement régional ou dans la zone II telles
que définies dans l'annexe de ladite loi et selon la classification
sectorielle regroupant les secteurs industriels sous trois groupes principaux
tels qu'établis à l'annexe « A ».
Dans la zone I et dans tout territoire non inclus dans l'annexe de la
Loi de l'Aide au Développement régional, la prime à
l'entraînement est de $3,000 pour le premier groupe, de $2,000 pour le
deuxième groupe et de $1,000 pour le troisième groupe.
Dans la zone II, la prime à l'entrafiiement est de $4,000 pour le
premier groupe, de $3,000 pour le deuxième groupe et de $2,000 pour le
troisième groupe. 5. La prime est payée en versements distincts
et séparés de $1,000 chacun. Le premier versement est
effectué huit (8) mois après le début de l'embauchage de
chaque assisté social; le reste de la prime est payé en
versements consécutifs, égaux et distincts de $1,000 chacun qui
sont effectués après chaque période de huit (8) mois
d'embauchage selon les zones et territoires et les groupes. 6. Le Ministre peut
refuser tout montant à titre de prime et réclamer le
remboursement de la totalité ou de partie de tout montant qu'il a
versé à ce titre lorsque la compagnie à qui une prime a
été accordée: a) a fait une fausse déclaration dans
sa demande ou à l'occasion de renseignements qu'elle a fournis au
Ministre pour l'obtention de ladite prime; b) n'a pas satisfait aux conditions
du programme à l'une ou l'autre des étapes. 7. Un comité
d'au moins cinq (5) membres nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil et représentant respectivement les ministères de
l'Education, du Travail et de la Main-d'Oeuvre, de la Famille et du Bien-Etre
Social, de l'Industrie et du Commerce et du ministère des Finances, est
chargé de la vérification des renseignements, de la coordination
et des recommandations à faire au Ministre. 8. Les deniers requis pour
la mise en application du présent programme seront payés à
même le budget du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre
voté à cette fin. 9. Le Ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre est chargé de l'application du présent programme.
10. Une somme de $10,000 sera immédiatement prévue pour
l'étude bénéfice-coût de ce programme.
Humblement soumis,
Ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
QUEBEC, le 7 mai 1969.
ARRETE EN CONSEIL CHAMBRE DU CONSEIL EXECUTIF
Numéro
PRESENT: Le lieutenant-gouverneur en conseil
CONCERNANT les mesures à prendre en vue du développement
et de l'aide à l'Industrie pour favoriser le retour au travail des
assistés sociaux.
ATTENDU QUE le nombre d'assistés sociaux constitue une charge
très considérable pour les finances publiques;
ATTENDU QU' un comité formé de représentants des
ministères des Finances, du Travail et de la Main-d'Oeuvre, de la
Famille et du Bien-Etre Social, de l'Education et de l'Industrie et du Commerce
a été chargé de trouver des éléments de
solutions rapides à cette situation;
ATTENDU QUE des moyens additionnels à ceux déjà
existants doivent être trouvés pour accélérer la
création de nouveaux emplois;
ATTENDU QUE les programmes actuels de formation de la main-d'oeuvre en
usine ne rencontrent pas les programmes des autres provinces, notamment celui
de l'Ontario qui prévoit une aide financière à la
formation en usine;
ATTENDU QU' il y a lieu de favoriser certains secteurs industriels moins
favorisés et certaines régions du Québec;
ATTENDU QU' il est nécessaire de sensibiliser les industriels aux
besoins de formation de leur main-d'uvre;
ATTENDU QUE sous l'autorité de l'article 3, sous-paragraphe
« c », la Loi du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre
a pour objet d'adopter, en collaboration avec les autres ministères
responsables, les mesures jugées propres à faciliter la formation
professionnelle, le placement, le reclassement, le recyclage, la
réadaptation, la reconversion et la mobilité de la
main-d'oeuvre;
IL EST ORDONNE EN CONSEQUENCE, sur la recommandation de l'Honorable
Ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre ce qui suit:
SECTION IInterprétation 1. Dans le présent
programme les expressions et mots suivants, à moins que le contexte
n'indique un sens différent, signifient: a) « Ministre »: le
Ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre; b) « compagnie »: en
plus de son sens ordinaire, une compagnie visée au sous-paragraphe 4, de
l'article 2, de la Loi de l'Impôt sur les Corporations (Statuts Refondus
1964, chapitre 67); c) « entreprise »: une entreprise de
fabrication ou de transformation au sens de l'arrêté en conseil no
1910, du 28 juin 1968, article 1.01 « c »; d) « prime
»: une prime accordée en vertu de l'article 2 de cet
arrêté; e) « assisté social »: toute personne
apte au travail domiciliée dans la province de Québec et qui est
dans un état d'indigence au sens de la Loi de l'Assistance publique du
Québec (S.R.O. 1964, chap. 216, article I, paragraphe d) et
détenteur, depuis six mois ou plus, de la carte d'assistance
médicale prévue à l'article 3 de la Loi de l'Assistance
médicale, chapitre II des lois de 1966; f) « investissements
admissibles »: investissements ayant l'un ou plusieurs des objets
suivants, soit la construction ou l'agrandissement d'usines ou manufactures
soit l'achat de machinerie, d'outillage ou d'équipement destinés
à l'exploitation d'usines ou de manufactures.
SECTION II
Règles d'application 2. Le
Ministre peut accorder, avant le 1er avril 1970, des primes à
l'entraînement à des compagnies qui investissent et qui engagent
ou projettent d'engager des assistés sociaux. 3. La compagnie qui
désire bénéficier de telles primes doit, pour être
admissible: a) faire un investissement admissible d'au moins $50,000.; b)
porter lesdits investissements à l'attention du Ministre, par
écrit, avant le commencement des travaux de construction ou
d'agrandissement ou de l'installation de la machinerie, de l'outillage ou de
l'équipement. Lesdits investissements doivent être terminés
avant le 31 mars 1971 et l'embauchage des assistés sociaux doit
être fait au plus tard trois (3) mois après la fin des travaux; c)
collaborer et discuter avec la Direction Générale de la
Main-d'Oeuvre du Ministère de ses problèmes de formation de
main-d'oeuvre et de ses problèmes d'embauchage à la suite de ses
investissements; d) fournir la garantie qu'il n'y a pas eu de mise à
pied depuis l'avis donné au Ministre ou si des mises à pied ont
été faites, qu'elles étaient justifiées; e) prouver
que les investissements créeront de nouveaux emplois et que des
assistés sociaux ont été embauchés pour occuper de
ces emplois; f) prouver que l'entreprise a gardé tout assisté
social à son emploi d'une façon continue et
régulière, soit pour un nombre d'heures équivalant au
nombre d'heures de la journée normale d'un travailleur et ce, pendant
une période de huit (8) mois.
SECTION III
Versements 4. L'embauchage des
assistés sociaux pour lesquels une prime peut être accordée
peut être effectué dans toutes les parties du Québec. Le
montant de la prime à l'entraînement varie selon que les
compagnies se trouvent dans la zone I et dans tout territoire non inclus dans
l'annexe de la Loi de l'Aide au Développement régional ou dans
dans la zone II telles que définies dans l'annexe de ladite loi et selon
la classification sectorielle regroupant les secteurs industriels sous trois
groupes principaux tels qu'établis à l'annexe « A
».
Dans la zone I et dans tout territoire non inclus dans l'annexe de la
Loi de l'Aide au Développement régional, la prime à
l'entraînement est de $3,000 pour le premier groupe, de $2,000 pour le
deuxième groupe et de $1,000 pour le troisième groupe.
Dans la zone II, la prime à l'entraînement est de $4,000
pour le premier groupe, de $3,000 pour le deuxième groupe et de $2,000
pour le troisième groupe. 5. La prime est payée en versements
distincts et séparés de $1,000 chacun. Le premier versement est
effectué huit (8) mois après le début de l'embauchage de
chaque assisté social; les reste de la prime est payé en
versements consécutifs, égaux et distincts de $1,000 chacun qui
sont effectués après chaque période de huit (8) mois
d'embauchage selon les zones et territoires et les groupes. 6. Le ministre peut
refuser tout montant à titre de prime et réclamer le
remboursement de la totalité ou de partie de tout montant qu'il a
versé à ce titre lorsque la compagnie à qui une prime a
été accordée: a) a fait une fausse déclaration dans
sa demande ou à l'occasion de renseignements qu'elle a fournis au
Ministre pour l'obtention de ladite prime; b) n'a pas satisfait aux conditions
du programme à l'une ou l'autre des étapes. 7. Un comité
d'au moins cinq (5) membres nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil et représentant respectivement les ministères de
l'Education, du Travail et de la Main-d'Oeuvre, de la Famille et du Bien-Etre
Social, de l'Industrie et du Commerce et du ministère des Finances, est
chargé de la vérification des renseignements, de la coordination
et des recommandations à faire au Ministre. 8. Les deniers requis pour
la mise en application du présent programme seront payés à
même le budget du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre
voté à cette fin. 9. Le Ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre est chargé de l'application du présent programme.
10. Une somme de $10,000 sera immédiatement prévue pour
l'étude bénéfice-coût de ce programme.
ARRETE EN CONSEIL
CONCERNANT
LES MESURES A PRENDRE EN VUE DU DEVELOPPEMENT ET
DE
L'AIDE A L'INDUSTRIE POUR FAVORISER LE RETOUR AU
TRAVAIL
DES ASSISTES SOCIAUX
QUEBEC, le 7 mal 1969.
NOTES EXPLICATIVES
PROJET D'AIDE A L'INDUSTRIE EN VUE DE FAVORISER LE
RETOUR AU TRAVAIL DES ASSISTES SOCIAUX
BUT DU PROGRAMME
Ajouter une incitation aux programmes existants en vue d'accroître
la création d'emplois notamment dans les secteurs manufacturiers
où les effets d'entraînement sont généralement plus
élevés.
Relier cette assistance financière à l'embauchage
d'assistés sociaux et à leur entraînement à la suite
de leur retour au travail.
Sensibiliser les industriels aux avantages de la formation de leur
main-d'oeuvre.
NATURE DU PROGRAMME
Le Ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, chargé de
l'administration du programme, recommande le versement aux industriels ayant
investi plus de $50,000 d'un montant de $1,000 pour chaque assisté
social avant reçu plus de six (6) mois d'assistance, embauché et
gardé à l'emploi de l'entreprise pour une période d'au
moins huit (8) mois.
Les industries regroupées d'après le salaire payé
et les régions où sont faits les investissements,
reçoivent de $1,000 à $4,000 par assisté social suivant
qu'elles sont dans un groupe donné et/ou dans une région
donnée mais sont tenues de prouver, pour chaque versement de $1,000,
qu'un assisté social a été à leur emploi pendant
une période de huit (8) mois consécutifs.
La zone II telle que définie dans la Loi de l'Aide au
Développement régional donne droit aux primes suivantes:
Groupe d'industries
Groupe No 1: $4,000 pour chaque assisté employé pendant 32
mois. Groupe No 2: $3,000 pour chaque assisté employé pendant 24
mois. Groupe No 3: $2,000 pour chaque assisté employé pendant 16
mois.
Le territoire du Québec situé en dehors de la zone II
donne droit aux primes suivantes:
Groupe No 1: $3,000 pour 24 mois d'emploi. Groupe No 2: $2,000 pour 16
mois d'emploi. Groupe No 3: $1,000 pour 8 mois d'emploi.
Les groupes 1, 2 et 3 comprennent les 175 sous-secteurs industriels et
leur répartition dans les différents groupes tient compte du
salaire annuel, de la valeur ajoutée et du taux de croissance.
COÛT DU PROGRAMME
Etant donné que le Gouvernement ne paie l'industriel
qu'après huit (8) mois d'embauchage et que l'industriel, pour
bénéficier de la prime, doit faire une demande avant le
début des travaux, le coût pour le prochain exercice financier
serait nul.
Les nouveaux emplois créés en 1967, dans les industries
manufacturières du Québec, d'après la brochure 31-205 du
Bureau Fédéral de la Statistique ont été de l'ordre
de 7,064. Les estimations pour 1968 ne prévoient que la création
de 3,858 nouveaux emplois dans l'industrie. Cette diminution résulte
probablement des effets conjugués de la conjoncture économique et
de 1'automation.
En supposant qu'en 1969, 10,000 nouveaux emplois seraient
créés dans le secteur manufacturier et que le 1/5 de ces emplois
soit occupé par des assistés sociaux et en admettant que
l'estimation du coût moyen par assisté social serait de $2,300, le
coût global du programme s'élèverait à environ
$4,600,000.
En supposant que la moitié des nouveaux emplois
créés serait occupée par des assistés sociaux, le
programme pourrait coûter jusqu'à $11,500,000. Ce chiffre semble,
cependant, élevé, surtout dans le cas des secteurs à haute
intensité de capital nécessitant une main-d'oeuvre
spécialisée.
Les versements faits après des périodes de huit (8) mois
d'emploi seraient répartis sur trois (3) exercices financiers à
partir de l'exercice 1970-1971. Cette répartition dépendrait du
succès qu'aurait le programme au cours du présent exercice
puisque seuls les industriels ayant des projets annoncés au cours du
présent exercice et à être réalisés avant le
31 mars 1971 seraient éligibles.
RAISON D'ETRE DU PROGRAMME
Il s'agit là d'un instrument additionnel de promotion
industrielle qui pourrait résulter en la création d'un plus grand
nombre d'emplois. Ce programme répond aux faiblesses du programme
fédéral d'entraînement de la main-d'oeuvre (Bill C-278) qui
ne permet pas l'entraînement en usine. L'Ontario a prévu des
sommes pour couvrir cette lacune et permet, par des programmes flexibles,
l'entraînement en usine. Plusieurs autres pays, dont les Etats-Unis,
l'Angleterre, la Suède de même que la plupart des pays
européens ont des programmes visant à encourager le plein emploi
et le retour au travail des assistés sociaux.
Les emplois présentement créés au Québec
soit naturellement ou par l'aide de primes, congés de taxe, et autres
formes d'assistance, ne suffisent pas à abaisser le taux de
chômage. Ce programme tendrait à inciter encore plus les
industriels à choisir le Québec comme lieu d'implantation et
s'inscrirait alors comme un atout additionnel devant la difficulté qu'il
y a de créer de nouveaux emplois à même les programmes et
mesures existantes.
Il est possible d'espérer que les argents déboursés
seront partiellement compensés par les économies
réalisées au ministère de la Famille et du Bien-Etre
Social, par les prélèvements d'impôts sur les
assistés employés et par les effets de multiplication
résultant des emplois additionnels créés.
LE MINISTRE DU TRAVAIL ET DE LA MAIN-D'OEUVRE Maurice Bellemare
QUEBEC, le 7 mai 1969.
ANNEXE «A» Liste des 175 codes de
classification industrielles tenant compte du taux hebdomadaire de salaire, de
la valeur ajoutée, de l'importance de l'emploi et du taux de croissance.
Font partie du premier groupe d'industries les entreprises fabriquant
les produits énumérés de 1 à 58 inclusivement.
Font partie du deuxième groupe d'industries les entreprises
fabriquant les produits énumérés de 59 à 118
inclusivement. Font partie du troisième groupe d'industries les
entreprises fabriquant les produits énumérés de 119
à 175 inclusivement.
Ministère de l'Industrie et du Commerce
Province de Québec
Industries du Québec arrangées par ordre d'importance
selon leur évolution au cours des années 1961 à 1966. 1-
Fabrication de véhicules automobiles 2- Construction de véhicules
divers 3- Industrie du vin 4- Fabrication de pièces et d'accessoires
d'automobiles 5- Industrie des produits médicinaux et pharmaceutiques 6-
Manufactures de glace artificielle 7- Fabrication de matériel
électrique industriel 8- Manufacturier de laine minérale 9-
Fabriques de saucisses et de boyaux à saucisses 10- Brasseries 329-
Motor Vehicule Manufacturers 256- Miscellaneous Vehicle Manufacturers 187-
Wineries 171- Motor Vehicle Parts and Accessories Manufacturers 170-
Manufacturers of Pharmaceuticals and Medicines 161- Artificial Ice
Manufacturers 158- Manufacturers of Electrical Industrial Equipment 157-
Mineral Wool Manufacturer 152- Sausage and Sausage Casing Manufacturers 151-
Breweries
11- Fabrication de carrosseries de camions et de remorques 12-
Fabrication d'eaux gazeuses 13- Industries de conservation du bols 14-
Manufactures de timbres et de stencils (en caoutchouc ou en métal) 15-
Fabrication de carrosseries de camions et de remorques 16- Construction et
réparation de navires 17- Fabrication de matériel de
réfrigération et de climatisation pour les établissements
commerciaux 18- Fabrication de produits de beauté 19- Ateliers et
fabrication de patrons 20- Fabrication d'instruments aratoires 21- Fabrication
de fils et de câbles électriques 22- Fabrication
d'éléments de charpentes métalliques 23- Fabrication de
matériel de télécommunications 24- Imprimerie et
édition 25- Industrie du fer et de l'acier 26- Fabrication de machines
et de matériel divers 27- Industrie des chaudières et des
ouvrages de tôle forte 28- Usines d'huiles et de graisses animales 29-
Ateliers de fabrication de poignées de portes et de tournage 30-
Laminage, moulage et refoulage du cuivre et alliages 31- Fabriques de produits
du verre 32- Fabrication de pièces mécaniques 33- Ateliers de
composition commerciale 150- Truck Body and Trailer Manufacturers 146- Soft
Drink Manufacturers 146- Wood Preservation 144- Stamp and Stencil (Rubber and
Metal) Manufacturers 143- Truck Body and Trailer Manufacturers 141-
Shipbuilding and Repair 140- Commercial Refrigeration and Air Conditioning
Equipment Manufacturers 136- Manufacturers of Toilet Preparations 135- Model
and Pattern Manufacturers 135- Agricultural Implement Industry 131-
Manufacturers of Electric Wire and Cable 130- Fabricated Structural Metal
Industry 130- Communications Equipment Manufacturers 130- Printing and
Publishing 129- Iron and Steel Mills 128- Miscellaneous Machinery and Equipment
Manufacturers 127- Boiler and Plate Works 126- Animal Oils and Fats Plants 126-
Wood Handles and Turning 125- Copper and Alloy Rolling, Casting and Extruding
125- Glass Products Manufacturers 124- Machine Shops 123- Trade Composition or
Typesetting
34- Laminage, moulage et refoulage des métaux (n.e.a.) 35- Usines
de fabrication des produits de l'argile (argile importée) 36-
Fabrication d'explosifs et de munitions 37- Industries de l'enregistrement du
son et des instruments de musique 38- Fabrication de tybes et de tuyaux d'acier
39- Fabrication de piles et d'accumulateurs 40- Ateliers de gravure et de
production de plaques duplicatas 41- Industrie des enseignes et étalages
42- Ateliers de lithographie 43- Manufactures de pneus et de tubes 44-
Fabrication de produits métalliques divers 45- Fabriques de parapluie
46- Manufactures d'instruments et de produits connexes 47- Industries diverses
48- Industrie des tapis et carpettes 49- Fabriques d'horloges et de montres 50-
Laboratoires dentaires 51- Fabrication de produits chimiques industriels 52-
Fabrication de machines de bureau et de magasin 53- Construction et
réparation d'embarcations 54- Fabrication de produits du béton
55- Autres industries chimiques (n.c.a.) 56- Manufactures d'appareils
d'orthopédie et de chirurgie 57- Fonte et affinage 122- Metal Rolling,
Casting and Extruding, n.e.s. 122- Clay Products Manufacturers (from imported
clays) 122- Explosives and Ammunition Manufacturers 120- Musical instruments
and sound recording industries 119- Steel Pipe and Tube Mills 119- Battery
Manufacturers 117- Engraving and Duplicate Plates 116- Signs and Displays
Industry 115- Lithographing 114- Tire and Tybe Industries 114- Miscellaneous
Metal Fabricating Industries 114- Umbrella Manufacturers 113- Instrument and
Related Products Manufacturers 111- Other Miscellaneous Industries 110- Carpet,
Mat and Rug Industry 110- Clock and Watch Manufacturers 110- Dental
Laboratories 109- Manufacturers of Industrial Chemicals 109- Office and Store
Machinery Manufacturers 107- Boatbuilding and Repair 107- Concrete Products
Manufacturers 107- Other Chemical Industries, n.e.s. 107- Orthopedic and
Surgical Appliance Manufacturers 106- Smelting and Refining
58- Fabrication d'articles en matière plastique (n.c.a.) 59-
Ateliers d'imprimerie et de reliure 60- Industrie aéronautique 61-
Industrie du béton armé 62- Fabrication de produits
métalliques d'architecture et d'ornementation 63- Fabrication
d'appareils électriques divers 64- Industrie des peintures et vernis 65-
Industrie du ciment 66- Fabrication d'autres produits minéraux non
métalliques 67- Manufactures d'accessoires de machines à
écrire 68- Quincaillerie, coutellerie et fabrication d'outillage 69-
Autres industries du caoutchouc 70- Fabrication d'engrais
mélangés 71- Fabrication de matières plastiques et de
résines synthétiques 72- Distilleries 73- Fabriques de textiles
divers (N.C.A.) 74- Industrie des cordes et ficelles 75- Fabrication de tissus
de laine 76- Teinture et apprêt des textiles 77- Entrepreneurs en
vêtements de femmes 78- Industrie des pâtes et papiers 79-
Laminage, moulage et refoulage de l'aluminium 80- Industries diverses du bois
(N.C.A.) 81- Estampage, matriçage et revêtement des métaux
82- Industrie de meubles de bureaux 106- Plastic Fabricators, n.e.s. 104-
Printing and Bookbinding 103- Aircraft and Parts Manufacturers 103- Ready-Mix
Concrete Manufacturers 102- Ornamental and Architectural Metal Industry 102-
Manufacturers of Miscellaneous Electrical Products 102- Paint and Varnish
Manufacturers 101- Cement Manufacturers 100- Other Non-Metallic Mineral
Products Industries 99- Typewriter Supplies Manufacturers 99- Hardware, Tool
and Cutlery Manufacturers 99- Other Rubber Industries 99- Manufacturers of
Mixed Fertilizers 99- Manufacturers of Plastics and Synthetic Resins 98-
Distilleries 97- Miscellaneous Textiles (n.e.s.) Industry 97- Cordage and Twine
Industry 96- Wool Cloth Mills 96- Textile Dyeing and Finishing Plants 96-
Women's Clothing Contractors 96- Pulp and Paper Mills 95- Aluminium Rolling,
Casting and Extruding 94- Miscellaneous Wook Industries, n.e.s. 94- Metal
Stamping, Pressing and Coating Industry 94- Office Furniture Industry
83- Industrie des tricots (autres que bas et chaussettes) 84- Autres
industries de meubles 85- Fabrication d'autres dérivés du
pétrole et de la houille 86- Industrie des jeux et jouets 87- Industrie
du fil métallique et de ses produits 88- Fabrication de gros appareils
(électriques et non-électriques) 89- Autres transformations du
papier 90- Fabrication de produits de l'amiante 91- Industrie des balais,
brosses et vadrouilles 92- Fabrication de petits appareils électriques
93- Moulins à farine 94- Biscuiteries 95- Industrie des meubles de
maison 96- Fonderie de fer 97- Manufactures d'appareils ophtalmiques 98-
Boulangeries 99- Manufactures de boîtes en carton ondulé 100-
Industrie des corsets et soutien-gorge 101- Fabriques de verre 102- Savonnerie
et fabrication de produits d'entretien 93- Other Knitting Mills 93- Other
Furniture Industries 93- Other Petroleum & Coal Products 93- Toys and Games
Industry 92- Wire and Wire Products Manufacturers 92- Manufacturers of Major
Appliances (electric and non-electric) 91- Miscellaneous Paper Converters 91-
Asbestos Products Manufacturers 91- Broom, Brush and Mop Industry 91-
Manufacturers of Small Electrical Appliances 91- Flour Mills 90- Biscuit
Manufacturers 90- Household Furniture Industry 90- Iron Foundries 90-
Ophtahlmic Goods Manufacturers 89- Bakeries 89- Corrugated Boxes Manufacturers
88- Foundation Garment Industry 87- Glass Manufacturers 87- Manufacturers of
Soap and Cleaning Compounds