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(Quinze heures cinq minutes)
M. LEBEL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus. Présentation de motions non annoncées.
L'honorable ministre de la Justice.
M. PAUL: M. le Président, pour faciliter, peut-être, la
rédaction du procès-verbal, je voudrais confirmer la motion que
j'ai faite dans des termes non conventionnels, hier, basée sur l'article
404, pour que la commission de l'Education puisse siéger cet
après-midi, pendant que la Chambre sera en séance.
Je voudrais aussi faire motion pour que le nom de M. Bousquet soit
substitué à celui de M. Sauvageau à la commission de
l'Education.
M. LE PRESIDENT: Cette motionsera-t-elle adoptée?
Adopté.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. BERTRAND: E.
Bill 96
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre, au nom de l'honorable
ministre des Affaires intergouvernementales, propose la première lecture
de la Loi concernant unimroeuble situé dans la municipalité de la
paroisse de Saint-Esprit, dans le comté de Montcalm.
M. BERTRAND: II s'agit de faire disparaître certaines restrictions
au titre de donation afin de permettre d'utiliser ce terrain pour la
construction d'un centre d'hébergement. Le préambule indique bien
tous les détails de ce projet de loi.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. BERTRAND: F.
M. LESAGE: M. le Président, on vient d'attirer mon attention sur
un point. Je voudrais seulement dire qu'il n'a pas été
coutumier...
M. BERTRAND: N'a pas...?
M. LESAGE: II n'a pas été coutumier, en cette Chambre, que
des ministres présentent des bills privés.
M. BERTRAND: Non. Ils les présentent, disons, comme
députés. On en verra un à mon nom aussi.
M. LESAGE: Bien, je le sais.
M. BERTRAND: Pour l'hôpital Brome Mis-sisquoi Perkins.
M. LESAGE: Je voulais mettre le premier ministre en garde.
M. BERTRAND: Oui, mais j'ai trouvé, d'autre part, que, quand on
est député du comté, on conserve ce titre-là.
M. LESAGE: Cela n'a pas été l'habitude.
M. BERTRAND: Bien, si c'est une coutume, elle devrait disparaître.
La meilleure manière de la faire disparaître, c'est d'en
présenter.
M. LESAGE: M. le Président, je crois qu'on devrait profiter d'une
autre circonstance pour discuter de cette question. Mais la coutume est
basée sur le fait que les ministres agissent en cette Chambre, comme
ministres, comme membres du conseil des ministres et jouissent de ce fait des
avantages comme des obligations de la solidarité ministérielle.
Je pense bien qu'il y a aussi le fait de l'influence, non seulement du ministre
qui présente un bill, mais de l'ensemble du conseil des ministres.
Avant de s'éloigner de cette coutume, je crois qu'il vaudrait la
peine d'en examiner les implications et les conséquences.
M. BERTRAND: J'ai toujours été de ceux qui croient
qu'à toute règle il y a des exceptions...
M. LESAGE: Peut-être, M. le Président,...
M. BERTRAND: ... et que nous sommes en plein dans ce que l'on peut
appeler des cas exceptionnels. Il s'agit de trois projets très urgents
et les délais étaient tous expirés.
M. LESAGE: Je n'en suis pas là.
M. BERTRAND: Je n'ai aucune objection à ce qu'ils suivent,
à compter de ce moment-ci, la voie régulière pour aller
devant le comité.
M. LESAGE: Bien oui.
M. BERTRAND: Le député verra à piloter le bill
devant le comité. Je le ferai, quant à moi, comme simple
député. On verra que les amendements apportés à la
Loi de la charte de l'hôpital Brome Missisquoi Perkins n'ont rien qui
soit de nature à engager la solidarité ministérielle.
M. LESAGE: M. le Président, je n'en ai aucun doute, mais ce n'est
pas sur ce point que j'ai fait les remarques que j'ai
énoncées.
C'est sur le fait que l'on ne respecte pas une tradition qui est
fondée, me semble-t-il, sur des raisons très valables. Je ne
demande pas au premier ministre d'enlever son nom ni d'enlever le nom du
député de Montcalm. Je demande au premier ministre de faire
examiner toute cette question afin que l'on ne procède pas suivant une
nouvelle méthode qui pourrait comporter, dans des cas
hypothétiques, des désavantages et des inconvénients
sérieux. C'est tout ce que je demande.
M. BERTRAND: J'avoue...
M. LESAGE: Je sais qu'il s'agit de bills urgents. Je prends la parole du
premier ministre qu'il s'agit de bills de détail, mais on pourra
peut-être se servir de ces précédents pour des projets de
loi qui seraient beaucoup plus importants.
M. BERTRAND: C'est justement pourquoi j'ai dit tantôt qu'il y
avait une règle établie; le chef de l'Opposition l'appelle la
tradition, moi je l'appelle la règle. Nous nous entendons.
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: Et je dis qu'il y a des exceptions à toute
règle, surtout quand nous sommes dans des cas d'urgence et qu'il s'agit
de problèmes mineurs. Il ne s'agit pas de problèmes
contentieux.
M. LESAGE: M. le Président, le député de Brome
aurait été heureux de présenter le projet de loi pour le
premier ministre.
M. BERTRAND: J'ai voulu le décharger de cette lourde
responsabilité. C'est dans ma ville de Cowansville et j'ai toujours eu
l'habitude de m'occuper de mon comté.
M. LESAGE: M. le Président, je ne voudrais pas que l'on conclue,
des remarques du premier ministre, que lorsque j'occupais son fauteuil je me
suis désintéressé de mon comté. Respectant la
tradition, j'ai toujours demandé à mon voisin, le
député de Jean-Talon, de présenter les projets de loi
concernant le comté de Louis-Hébert.
M. BERTRAND: Je répète que je connais la règle et
la tradition, mais à toute règle et toute tradition il y a des
exceptions. J'en profite ici pour dire qu'un député de la Chambre
m'a indiqué hier que le bill pour la cité de Salaberry
était au nom du député de Saint-Jean. Je crois qu'il
serait normal, puisqu'il n'est pas ici pour faire la motion, que le nom du
parrain en soit changé et que le nom du député de
Beauharnois, M. Cadieux, soit substitué à celui du
député de Saint-Jean.
M. LESAGE: S'il est nécessaire de faire une motion, je comprends
que c'est peut-être embêtant pour le premier ministre de le
faire.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LESAGE: On peut l'inscrire à mon nom.
M. PROULX: Il ne me reste plus rien.
UNE VOIX: Nous le savons, mais n'en parlez pas.
M. BERTRAND: La fabrique de Salaberry est située dans le
comté de Beauharnois.
M. LESAGE: La cité de Salaberry-de-Valleyfield, dans le
comté de Beauharnois.
M. BERTRAND: En appendice, il y a...
M. LESAGE: Les trois projets de loi ont-ils été
appelés?
M. BERTRAND: Comment?
M. LESAGE: Les trois projets e, f et g ont-ils été
appelés?
M. BERTRAND: Oui. Les projets e et g l'ont été, mais pas
f.
Bill 95
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre, au nom de l'honorable
député de Joliette, propose la première lecture de la
Loi
concernant un immeuble situé dans la municipalitée de la
paroisse Saint-Ambroise-de-Kildare.
M. BERTRAND: M. le Président, il s'agit de faire
disparaître la charge qui était dans cette donation faite à
charge. Le préambule, dans ce projet de loi urgent, en indique bien
toute sa portée.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté,
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente. Bill
73
M. BERTRAND: Je crois qu'il y a eu entente pour que nous appelions un
bill qui apparaît en appendice aujourd'hui, à la page 4, au nom de
M. Beaulieu, Loi concernant l'Institut de microbiologie et d'hygiène de
l'Université de Montréal. Il serait très urgent qu'on
l'adopte. Mon collègue, le ministre de la Santé, pourra fournir
les notes explicatives.
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre, au nom de l'honorable
ministre des Finances, propose la première lecture, de consentement
unanime, de la Loi concernant l'Institut de microbiologie et d'hygiène
de l'Université de Montréal. L'honorable ministre de la
Santé.
M. CLOUTIER: M. le Président, il s'agit d'un très court
projet de loi qui ne comporte que quatre articles. Il s'agit de permettre au
gouvernement de garantir non seulement les emprunts obligataires de l'Institut
de microbiologie et d'hygiène de l'Université de Montréal,
mais aussi tout autre emprunt de l'institut.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
Affaires du jour.
L'honorable député de Deux-Montagnes.
Questions et réponses
Polyvalente de Deux-Montagnes
M. BINETTE: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
l'Education. Depuis trois ans, à la régionale de Deux-Montagnes,
il est question de bâtir une section métiers à la
polyvalente. Je sais pertinemment que les plans et devis sont prêts
depuis cette période et, jusqu'ici, la province a perdu certains
montants qui auraient dû venir d'Ottawa pour cette construction, dans la
proportion de 75%. La construction de cette école retarde et aujourd'hui
les élèves voyagent aussi loin que de Deux-Montagnes à
Verdun pour suivre ces cours de métiers.
Je crois donc qu'il est urgent que cette section métiers soit
construite et je demande au ministre pour quelles raisons cette construction
est retardée.
M. CARDINAL: M. le Président, il y a environ un mois et demi,
j'ai autorisé le départ de neuf chantiers de construction; il y a
environ quinze jours, de neuf autres pour $35 millions. J'ai alors
mentionné que 26 autres chantiers, avec la collaboration du ministre des
Finances, seraient annoncés d'ici la fin de cette année pour
débuter au cours de l'année prochaine.
Au ministère de l'Education, comme il y a 108 circonscriptions,
55 ou 56 régionales, 1,000 commissions scolaires, nous devons
procéder par priorité. Il y a, à plusieurs endroits du
Québec, des doubles horaires, des triples horaires, des
intégrations d'écoles professionnelles ou d'écoles de
métiers. La seule réponse que je puisse donner au
député de Deux-Montagnes, quitte à vérifier au
ministère pour une réponse plus précise, c'est qu'au
ministère nous nous en tenons strictement, indépendamment de
toute autre raison, aux urgences qui nous sont dictées par les
clientèles scolaires et les autres critères qui ont
été établis par le ministère.
M. BINETTE: M. le Président, une question supplémentaire.
Est-ce que le ministre de l'Education pourrait tout simplement prendre avis de
ma question et me donner une réponse? Deuxièmement, est-ce qu'il
ne croit pas que, dans la région de Deux-Montagnes, avec l'implantation
de l'aéroport qui s'en vient, on ne devrait pas se préparer pour
recevoir la clientèle scolaire qui va augmenter considérablement
dans les prochaines années?
M. CARDINAL: M. le Président, gouverner
c'est prévoir, et avec le ministre des Affaires municipales qui
s'occupe de cette question, nous verrons, s'il y a lieu, de changer nos
priorités.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Jacques-Cartier.
Services optométriques
M. SAINT-GERMAIN: J'aurais une question, M. le Président,
à poser au ministre de la Santé. Est-ce que l'honorable ministre
est prêt à informer les membres de l'Assemblée nationale si
des décisions ont été prises relativement à
l'inclusion des services optométriques dans le régime
d'assurance-maladie prévu pour juillet 1970?
M. CLOUTIER: M. le Président, nous avons eu l'occasion, le
député de Jacques-Cartier et celui qui vous parle, au cours de
l'étude des prévisions budgétaires, de discuter
abondamment du problème des optométristes et des
paramédicaux.
J'ai eu également, récemment, l'occasion de rencontrer des
représentants du Collège des optométristes. Ils m'ont
soumis une proposition bien précise, avec des mémoires complets,
sur la question, mémoires que j'ai transmis au conseil des ministres
pour étude et considération. Il en a été question
à la dernière conférence des ministres de la Santé,
à Ottawa, conférence qui s'est terminée hier. Je serai en
mesure, d'ici probablement une semaine, de faire une déclaration
complète sur le problème de l'inclusion des services
professionnels rendus par les optométristes dans le cadre de
l'assurance-maladie.
Programme sessionnel
M. BERTRAND: II est de mon devoir d'informer la Chambre des projets de
loi à venir. Ce matin, j'ai eu l'occasion d'en causer avec le chef de
l'Opposition. Voici les projets de loi que nous aurons à soumettre au
Parlement avant l'ajournement que nous souhaiterions tous voir venir vers le 18
ou 19 décembre. Je n'ai pas besoin de rappeler que nous avons
été, pendant près d'un mois, occupés à un
projet de loi, ce qui a retardé considérablement tous nos travaux
parlementaires.
Conservation de la faune, du ministère du Tourisme, bill,
d'ailleurs, qui est à l'impression. Il apparaît en appendice
aujourd'hui, à la page 4.
Loteries et courses. Ce projet de loi doit être adopté
avant la fin de cette année, étant donné que les
amendements au code criminel en ce qui a trait aux loteries et courses, aux
loteries plus particulièrement, entrent en vigueur le 1er janvier
1970.
Registre central des régimes matrimoniaux, qui est en appendice
à la Loi des régimes matrimoniaux dont nous recevons le texte
lundi.
Les communautés urbaines. Pour celle de Montréal, le
projet de loi sera déposé demain, pour celle de Québec, le
projet de loi sera déposé lundi ou mardi; pour celle de Hull et
de l'Outaouais, également lundi ou mardi.
Création du ministère des Communications. A ce
moment-là, il y a toujours l'amendement de la Loi des ministères;
disons que ce n'est pas très long.
Trois projets de loi du ministre du Travail, dont l'état de
santé semble satisfaisant et qui probablement pourra venir auparlement,
avec la permission de son médecin, dans le courant de la semaine
prochaine pour soumettre ces trois projets-là à l'attention du
Parlement.
Commission des accidents de travail. Il s'agit d'amendements
mineurs.
Décrets de convention collective et régime de rente dans
l'industrie de la construction. Ce dernier projet est sujet à l'opinion
du Conseil du travail et de la main-d'oeuvre qui tient, je crois, une
séance aujourd'hui.
Code de procédure civile. Les amendements habituels. Ce n'est pas
long.
Caisse d'épargne et de crédit. Associations
coopératives et caisses d'établissement. Trois projets de loi qui
ne sont pas longs et qui ne devraient pas rencontrer d'opposition,
émanant du ministère des Institutions financières.
Quelques amendements à la Loi de l'instruction publique et au
régime de retraite des enseignants. Dans ce dernier cas, pour donner
suite à la convention qui est intervenue entre le gouvernement, la
Fédération des commissions scolaires et les enseignants.
Un très court projet de loi concernant le problème des
infirmiers et des infirmières.
La création d'un fonds de pollution des eaux.
Un projet de loi émanant de l'Office de révision du code
civil pour corriger la situation qui est faite aux enfants naturels qui ne
bénéficient pas de l'article 1056;réclamationsendommages
à la suite d'un accident. C'est très court.
M. LESAGE: A la suite de mort, je crois?
M. BERTRAND: Pardon? Oui. A la suite de décès.
M. LESAGE : A la suite de décès.
M. BERTRAND: Régie des alcools, quelques amendements mineurs.
Au sujet de la chiropraxie, dépôt d'un projet de loi, mais
non pas son étude à cette session-ci.
Centre de microbiologie. Le projet vient d'être
déposé.
Et une copie d'autres petits projets de loi. Je ne crois pas en avoir
oublié. Si, par hasard, j'en avais oublié, j'ai indiqué au
chef de l'Opposition, ce matin, que je m'empresserai de corriger mon oubli.
Tous comprennent que la session est longue, j'en conviens. Le fardeau
est lourd pour tous. Il est lourd pour celui qui parle. D'autre part, je crois
qu'il nous faut, dans toute la mesure du possible, adopter ces projets de loi
avant l'ajournement des Chambres. Je tiens à remercier
immédiatement le chef de l'Opposition et la plupart de ses
collègues qui sont avec nous en Chambre de la coopération qu'ils
nous apportent afin que nous puissions parachever nos travaux
parlementaires.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education.
M. LESAGE: M. le Président...
M. CARDINAL: Si vous me le permettez, M. le chef de l'Opposition,
ça continuerait ce qu'a dit le premier ministre et peut-être qu'on
pourrait tout prendre d'un coup.
M. LESAGE: Très bien.
M. CARDINAL: D'accord? D'ailleurs, je vais parler de vous tout de
suite.
M. le Président, j'ai communiqué ce matin avec l'honorable
cehf de l'Opposition et je crois de mon devoir, pour rassurer les membres de
cette Chambre et la population sur la situation, de donner les détails
suivants. Cet après-midi commence la première séance de la
commission permanente de l'Education pour étudier le projet de loi 62
sur la réorganisation scolaire de l'île de Montréal.
Le chef de l'Opposition et moi-même avons reçu plusieurs
télégrammes et lettres à ce sujet. Je voudrais Indiquer
dès maintenant qu'il est de l'intention du gouvernement que nous tenions
au moins deux séances avant la fin de l'année 1969 et que,
d'accord avec l'Opposition, nous puissions, en fin de session, présenter
une motion pour que cette commission siège entre les sessions pour faire
rapport à la prochaine session, de façon que tous ceux qui ont
des suggestions à nous soumettre, qui ont des appréhen- sions,
des critiques ou des questions à présenter ou à poser
puissent le faire, qu'ils aient le temps de le faire.
Je suis heureux de souligner que, lors de la conversation que j'ai eue
avec l'honorable chef de l'Opposition ce matin, nous avons convenu de cette
façon de procéder, et d'avance je remercie tous les membres de
cette Chambre et de la commission de leur collaboration, et j'assure la
population que nous siégerons tout le temps nécessaire pour
entendre tous ceux qui ont des remarques ou des suggestions au sujet de ce
projet de loi important.
M. LESAGE: M. le Président, je remercie le premier ministre et le
ministre de l'Education des renseignements qu'ils viennent de donner à
la Chambre. Je leur sais gré d'avoir donné ces renseignements
à mes collègues. J'avais été mis au courant par le
premier ministre hier après-midi et ce matin de la législation
qu'il avait l'Intention de proposer à l'étude de
l'Assemblée d'ici la prorogation de la session, et le ministre de
l'Education, comme il vient de le dire, a communiqué avec mol ce matin.
Nous nous sommes parfaitement entendus et je ne sais pas s'il y aura, cet
après-midi, beaucoup de citoyens, de corps publics ou de corps
intermédiaires qui seront prêts à faire des
représentations ou à donner leur opinion sur le bill 62, mais
disons qu'il est certain que, le 11 décembre, d'après la teneur
des communications que j'ai reçues, c'est-à-dire jeudi dans deux
semaines, il y aurait peu d'excuse de ne pas être prêt à
faire valoir son opinion devant la commission de l'Education sur le bill
62.
Je voudrais en profiter tout de suite, avant de traiter d'une
manière plus générale ce que le premier ministre nous a
annoncé, pour dire que l'opinion générale de mes
collègues, pour autant que j'ai pu l'obtenir, est que pour ce qui est
des projets de loi de communautés urbaines de Montréal,
Québec et Hull, le gouvernement et particulièrement le ministre
des Affaires municipales devraient être animés des mêmes
sentiments de démocratie dont vient de faire preuve son collègue
de l'Education quant au bill 62.
Il s'agit de projets de loi extrêmement importants qui
soulèvent et soulèveront, sans doute, les opinions les plus
contradictoires. Dans les circonstances, il me semble qu'il serait plus
démocratique que ces projets de loi soient soumis à
l'étude de la commission des Affaires municipales.
Je sais que, dans le cas de Québec, les opinions sont fort
partagées et que nous ne sommes pas près de l'unanimité
qui permettrait
au ministre de faire à la population de la région de
Québec son cadeau de Noël, sous forme de communauté urbaine.
Dans le cas de Hull, je sais pertinemment que des gens importants de cette
municipalité, dont le maire, ne sont pas satisfaits de certains aspects
du projet de loi qu'a l'intention de proposer le ministre des Affaires
municipales.
Dans le cas de Montréal, il paraît qu'il s'agit d'un
madrier de 400 articles qu'on apporte à la toute dernière minute,
à la fin d'une session. Je demanderais au ministre des Affaires
municipales et au premier ministre de tenir compte de ce sentiment qui est
assez général parmi ceux qui m'entourent de ce
côté-ci de la Chambre, pour autant que j'ai pu le constater par
des conversations que j'ai eues avec des groupes de députés. Nous
n'avons malheureusement pas eu le temps d'avoir de caucus, vu que nous sommes
constamment-pris en Chambre ou en commission.
M. BERTRAND: Je laisserai à mon collègue, le ministre des
Affaires municipales...
M. LESAGE: Le premier ministre...
M. BERTRAND: ... qui est au courant des projets qui sont soumis, qui ont
été discutés depuis fort longtemps, qui ont fait l'objet
de rencontres, qui ont fait l'objet de séances de commissions, le soin
de dire combien la démocratie s'est appliquée dans ce
cas-là.
M. LUSSIER: Alors, M. le Président, pour répondre au chef
de l'Opposition...
M. LESAGE: II est bien compris que je n'ai pas terminé mon
intervention.
M. LUSSIER: ... ces projets de communautés urbaines pour
Montréal, Québec et Hull sont étudiés avec les
intéressés, les corps intermédiaires et la population
depuis de nombreux mois et je dirais même, depuis de nombreuses
années.
En bon démocrates, nous avons discuté, nous avons
dialogué avec toutes ces personnes depuis fort longtemps. On nous a fait
parvenir et on nous a remis des multiples rapports, de multiples
mémoires. Nous savons exactement ce que veulent ces gens.
Nous connaissons exactement l'état d'esprit de toute cette
population et nous sommes fermement convaincus qu'avec toutes ces
études, ces analyses, ces examens il est temps, et plus que temps, que
nous prenions nos responsabilités. Ces projets sont extrêmement
sérieux et très fouillés. La population, le Québec
en général a absolument besoin de ces outils, de ces organismes
régionaux s'il veut, d'une façon concrète et
réelle, poursuivre son progrès économique et aussi que les
municipalités régionales naissent pour que nous connaissions les
vraies structures de 1969 quant aux affaires municipales.
Les députés en cette Chambre, qui sont les
représentants de leurs concitoyens et de leur parti, auront, en
comité plénier, tout le temps voulu pour connaître,
discuter, représenter les opinions de tous et chacun.
Après ces nombreuses études, après ces dialogues
continuels et constants depuis des années, il est temps que nous
passions à l'action et que nous prenions nos responsabilités.
C'est ce que nous faisons.
M. LESAGE: M. le Président, il ne faudrait pas que le ministre
des Affaires municipales se fatigue trop. Qu'il passe à l'action.
M. GOSSELIN: II est en parfaite santé. UNE VOIX: II en a
l'air.
M. LUSSIER: Je peux encore résister plus longtemps que vous, de
même que vous résistiez aussi longtemps que vous le pourrez.
M. LESAGE: Je décèle chez le ministre des Affaires
municipales un manque total du sens de l'humour.
M. LUSSIER: J'ai plus que le sens de l'humour, j'ai le sens des
réalités.
M. LESAGE: Vous avez le sens de l'humeur. De la mauvaise humeur 1
M. ALLARD: ... conservation.
M. LESAGE: II est évidemment très difficile pour
moi...
M. LUSSIER: Nous savons que ça vous fait mal ces
projets-là, mais si la population en a besoin...
M. LESAGE: M. le Président, il n'y a plus rien qui puisse me
faire mal.
M. BERTRAND: C'est le cri du coeur!
M. ALLARD: Alors, vous allez accepter cela...
UNE VOIX: On vous comprend. M. Lefebvre a quelque chose à
dire.
M. LESAGE: M. le Président, il est évident qu'il sera
beaucoup plus facile pour moi de répliquer au ministre des Affaires
municipales sur la nécessité de référer ces projets
de loi à une commission pour entendre les intéressés,
lorsque j'aurai pris connaissance de la teneur des projets de loi. Le ministre
sait ce qu'il y a dans les projets de loi, moi je ne le sais pas. Mais, il
semble qu'il y a déjà des oppositions qui se dessinent, et des
oppositions importantes. C'est dans ce sens-là que j'ai fait mes
remarques. Nous verrons.
Il est clair que, si les bills présentés par le ministre
font l'unanimité ou entraînent le consensus des autorités
municipales concernées, nous n'aurons pas besoin d'entendre les
intéressés. C'est une question à laquelle nous ne pouvons
pas répondre dans le moment, parce que nous ne connaissons pas la teneur
de ces trois projets de loi.
M. LUSSIER: M. le Président, M. le chef de l'Opposition a
associé le mot de démocrate à quelqu'un qui
nécessairement est toujours en comité.
M. LESAGE: M. le Président, le ministre des Affaires municipales
doute-t-il de l'esprit démocrate du ministre de l'Education?
M. LUSSIER: Absolument pas.
M. LESAGE: Alors, pourquoi lui faire des reproches?
M. LUSSIER: Je ne lui fais pas de reproche. M. BERTRAND: II est
allé en comité.
M. LUSSIER: C'est vous qui déformez mes paroles.
M. LESAGE: Faites attention. N'en dites pas trop, vous allez être
fatigué.
M. LUSSIER: J'ai dit que vous associez nécessairement... Ne
déformez pas ce qu'on dit.
M. LESAGE: Je ne déforme rien. Tout ce que j'ai dit c'est que
nous prendrions connaissance de la teneur des projets de loi.
M. LUSSIER: Oui.
M. LESAGE: Les intéressés vont prendre connaissance de la
teneur des projets de loi.
S'il y a des oppositions féroces, là je pense qu'en bons
démocrates que nous sommes, nous devrions entendre les opposants,
même si c'est pour essayer de les convaincre du bien-fondé des
projets de loi du ministre. C'est cela que j'ai dit.
M. LUSSIER: C'est cela, mais il ne faut pas partir en guerre avant de
savoir pourquoi.
M. LESAGE: Je ne suis pas parti en guerre, pas du tout. J'ai fait part
au premier ministre et au ministre des Affaires municipales de l'opinion qui
semblait prévaloir parmi mes collègues, c'est tout. Je ne vois
pas là qu'il y ait de quoi soulever l'ire du ministre des Affaires
municipales.
Alors, je ne ferai plus jamais de comparaison pour savoir quel est le
degré de démocratie qu'entretient chacun des ministres par
rapport à l'autre.
M. LUSSIER: Faites-moi pleurer!
M. LESAGE: J'ai l'impression d'avoir semé la zizanie dans le
conseil des ministres.
M. GOSSELIN: Vous faites pleurer le ministres des Affaires
municipales.
M. LUSSIER: Ne me faites pas pleurer.
M. LESAGE: Les hommes bien « corpo-rants » sont
ordinairement des hommes tendres.
M. GOSSELIN: Il parle de nous.
M. LESAGE: Pour en revenir à la liste impressionnante qui nous a
été donnée par le premier ministre, il s'agit
évidemment d'une liste qui comporte 25 projets de loi: 25 bien
comptés dont un, celui de la chiropraxie, ne sera que
déposé. Il en reste 24 et je décèle bien qu'il y en
a qui peuvent ne pas prendre beaucoup du temps de la Chambre, mais d'un autre
côté, il y en a qui peuvent être contentieux ou
volumineux.
A ce moment-ci, je ne dévoile pas une confidence, j'en suis
sûr, en disant que le premier sur la liste, conservation de la faune, est
une refonte de trois lois. Les refontes, d'ordinaire, doivent venir au
début d'une session et non pas à la fin. C'est le devoir des
députés de l'Opposition, non seulement de déceler quelles
peuvent être les nouvelles politiques qui sont permises par cette
nouvelle législation, mais aussi de faire le travail mécanique de
vérifier la refonte. C'est notre devoir de le faire. Quand on refond
trois lois dans une, cela veut dire, pour les députés et le
personnel de l'Opposition, un travail mécani-
que de vérification qui est long et fastidieux, surtout lorsque
nous sommes dans la presse des derniers jours ou des dernières semaines
d'une session, c'est très difficile.
Nous sommes, le premier ministre l'a dit tantôt et je
l'apprécie, surchargés nous aussi. Nous voulons faire notre
travail en toute conscience et du mieux que nous pouvons. Nous ne refusons pas
notre collaboration au gouvernement. Je pense que nous en avons donné la
preuve. D'un autre côté, il faut qu'on nous donne le temps
d'examiner à leur mérite les projets de loi.
Même si je suis déçu personnellement, et mes
collègues le sont aussi à cause des circonstances, que nous ne
puissions, comme nous l'avions espéré, terminer la session le 5
ou le 6 décembre, même si nous devons envisager la
possibilité que la session soit prorogée le 18, le 19 ou le 20
décembre, même si nous le savons, c'est inévitable, il n'y
a pas à le cacher et je le dis publiquement, à cause de la
campagne à la direction du parti, il y aura de l'absentéisme de
notre côté. Il faut être réaliste et je ne m'en cache
pas.
M. GRENIER: Ah! DES VOIX: Ah!
M. LESAGE: Que le député de Frontenac ne fasse pas son
scandalisé, il a été un de ceux qui ont été
le plus souvent absents durant la campagne du ministre de l'Education.
M. GRENIER: M. le Président, ce que vient de dire le chef de
l'Opposition est absolument faux. Pendant la campagne à la chefferie,
c'était mon devoir, on me l'a demandé, et j'étais en
Chambre chaque après-midi è trois heures dès l'ouverture.
Nous ne partions que vers les cinq heures.
M. LESAGE: M. le Président, je regrette, mais...
M. GRENIER: Je venais en Chambre régulièrement. C'est le
chef de l'Opposition lui-même qui demandait que la commission de
l'Education siège à ce moment-là. On s'en souvient; c'est
encore trop frais.
M. LESAGE: M. le Président, c'est tellement facile pour nous de
savoir que le député de Frontenac est absent. C'est le seul temps
où nous avons la paix.
M. CARDINAL: M. le Président, « il ne faut pas parler de
corde dans la maison d'un pendu ». Est-ce que le député de
Chambly...
M. LESAGE: C'est ce que Je viens de dire.
M. CARDINAL: Justement, j'aime le répéter.
DES VOIX: Le député de Mercier est ici.
M. HOUDE: Le député de Mercier est présent.
M. SAINT-GERMAIN: Il y en a un ici.
M. CARDINAL: Au moins, M. le Président, j'étais là
pendant la période des questions pour répondre aux questions de
l'Opposition.
M. LESAGE: M. le Président, je ne comprends pas l'intervention
intempestive du ministre de l'Education. C'est ce que je viens de dire, que
nous allons souffrir, de ce côté-ci, de l'absentéisme et
que ce serait ne pas être réaliste que de penser que ça
pourrait être autrement, à ce moment-ci.
M. CARDINAL: D'accord. Je le sais, ce que vous venez de dire, M. le chef
de l'Opposition.
M. LESAGE: Vous le savez? Vous l'avezen-tendu sans le comprendre,
alors.
M. CARDINAL: Oh non, non! pour les fins du journal des Débats, M.
le Président, je soulignerai même la présence du
député de Mercier, si Je ne me trompe.
M. ROY: Lequel, l'ancien ou le nouveau Bourassa?
M. CARDINAL: Je voudrais rappeler, M. le Président, que, pendant
la période des questions, jour après jour, ceux qui
m'accompagnaient et moi-même étions ici.
M. LESAGE: Alors, M. le Président, je continue la mienne, ma
confession publique, pas celle du ministre de l'Education. Je dis que
l'absentéisme...
M. CARDINAL: Ce n'est pas une confession.
M. LESAGE: .. de notre côté sera impossible à
éviter d'ici le 20 décembre. Le congrès à la
direction du parti sera tenu les 16 et 17 janvier. Il est clair que, durant la
période des Fêtes, le temps n'est pas propice pour les
députés qui sont candidats à la direction du parti et pour
leurs organisateurs-députés de visiter les comtés de la
province. Le temps des Fêtes, c'est du 20 décembre au 10
janvier.
Le seul temps où ils peuvent efficacement, selon eux, visiter les
comtés de la province, c'est particulièrement la période
du 15 novembre au 20 décembre. Nous sommes au 27 novembre et il y a 108
comtés. Alors, je demanderais à ceux qui parlent
d'absentéisme d'être réalistes et de comprendre qu'il est,
à toutes fins utiles, impossible qu'il en soit autrement.
Sur les autres députés de ce côté-ci de la
Chambre ceux qui ne sont pas candidats et ceux qui ne s'occupent pas de
l'organisation des candidats eh bien, cette situation fait peser un
lourd fardeau. En leur nom et au mien, je demanderais au premier ministre et au
leader du gouvernement de voir à ce que les projets de loi soient
déposés rapidement, afin qu'il me soit possible, avec la
coopération de mes collègues, de distribuer le travail. Je pense
que si nous avions l'assurance que le premier ministre va hâter le
dépôt des projets de loi... Je comprends qu'il est courant de
toujours tenter, comment dirais-je...
M. BERTRAND: Je peux dire immédiatement au chef de l'Opposition
que je fais de mon mieux pour que ça aille rapidement. Quand on ne me
volt pas en Chambre, je suis ailleurs, en train de travailler.
M. LESAGE: Oui, je le sais.
M. BERTRAND: J'aimerais noter ici que, parfois, il y a beaucoup de
places vides en Chambre. Il ne faudrait pas penser que tous les
députés sont absents de la Chambre. Il y en a qui travaillent
à leur bureau. Il ne faut pas l'oublier. Le public vient ici et note
souvent beaucoup d'absences; il n'y a pas beaucoup de monde en Chambre. Il y a
des gens qui sont à leur bureau, premièrement, et qui travaillent
pour leur comté. Deuxièmement, il y a des commissions qui
siègent. Tantôt, il n'y aura peut-être pas beaucoup de monde
en Chambre puisque la commission parlementaire de l'Education siégera.
Mais, pour revenir à la question du chef de l'Opposition, j'ai
donné des instructions que, dès qu'un projet est
approuvé,...
M. LESAGE: Sur ce point, est-ce que le premier ministre me permet?
L'autre jour, des journaux ont mentionné qu'au moment d'un vote, jeudi
dernier, l'appel d'un des votes sur le bill 63, il n'y avait que très
peu de députés en Chambre.
Or, celui qui vous parle, avec plusieurs autres ministres et
députés, était à ce moment à la commission
des engagements financiers. Cela n'a jamais été
mentionné.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LESAGE: Et pourtant, Dieu sait qu'à la commission des
engagements financiers, nous faisons un travail considérable, souvent
fastidieux et certainement très fatigant. Quand on parle
d'absentéisme, il faut tenir compte de ça aussi. C'est là
un cas précis qui a été mentionné dans les journaux
mais de ceux qui siégeaient à la commission des engagements
financiers par exemple, pas un mot.
M. BERTRAND: Ce même jour, au moment où la commission des
engagements financiers siégeait, la commission du Bien-Etre social,
chargée de l'étude du projet de loi 26, Loi de l'aide sociale,
siégeait à la salle du conseil. Je demanderais, pour autant que
c'est possible je ne pense pas qu'on le leur demande souvent aux
journalistes d'essayer parfois de donner justice aux hommes politiques.
J'ai donné des instructions pour que dès que les projets
de loi sont approuvés par le comité de législation,
dès que je les ai signés pour impression, les premières
épreuves soient transmises au chef de l'Opposition et à
moi-même, de manière que, même avant l'Impression
définitive, le chef de l'Opposition puisse en prendre connaissance. Si
je le peux, je lui ferai même transmettre deux ou trois
épreuves.
M. LESAGE: Je sais que le premier ministre veut nous mettre au courant
le plus rapidement possible, mais ce n'est pas toujours facile. Ainsi, ce
matin, le sous-ministre des Finances m'a appelé disant qu'il
était prêt à me donner des renseignements sur le projet de
loi qui a été lu en première lecture, celui de l'Institut
de microbiologie. Or, je n'ai pas eu une minute pour le recevoir,
siégeant ce matin à la commission de la constitution et
étant pris en Chambre cet après-midi et ce soir. Je sais qu'il
faut que ce projet de loi soit adopté et sanctionné au plus tard
demain, me dit-on.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LESAGE: Ce qui veut dire que ce sera après les séances
que j'aurai le temps de voir M. Cazavan pour être mis au courant dans le
détail des buts que l'on poursuit par cet amendement. Nous allons
coopérer dans toute la mesure du possible. D'un autre côté,
il faut comprendre que nous ne sommes que des humains et que, comme tels, comme
tout le monde, nous avons des limitations dont il faut tenir compte,
limitations physiques et intellectuelles.
M. LAPORTE: Je remarque avec plaisir que mon absence a été
remarquée.
M. BERTRAND: Votre présence aussi.
M. BINETTE: Sur le même sujet du dépôt des bills,
est-ce qu'on peut interpréter ce dépôt de 25 bills à
la fin d'une session comme celle-ci comme le présage d'une
élection hâtive au printemps?
M. BERTRAND: Je peux dire au député de Deux-Montagnes
qu'il y aura élection en 1970.
M. BINETTE : Au printemps, à l'automne? M. BERTRAND: Choisissez
un mois. M. BINETTE: Octobre» M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GRENIER: Ce sera assez vite pour vous autres.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: J'ai peur que le soir de la prochaine élection
générale, les resplendissantes dents blanches du
député de Frontenac soient moins apparentes.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'aurais bien dû rester debout.
L'honorable député de Fabre.
Education physique
M. HOUDE: J'adresse ma question au ministre de l'Education. J'admets
qu'il n'y a aucune malice dans ma question, mais j'aimerais quand même
que le ministre puisse...
M. BERTRAND: Il va y en avoir.
M. HOUDE: ... soit prendre cette question comme préavis, soit
convoquer une conférence de presse à un moment donné.
J'aimerais savoir de la part du ministre de l'Education s'il est conscient que
les politiques annoncées depuis quelques jours, par tous les
média d'informations en matière d'éducation physique et de
sports scolaires, sont conformes aux politiques annoncées,
également, depuis plusieurs mois par son collègue, le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche? Je lui dis qu'il y a contradiction
à peu près de a à z entre ces deux courants
annoncés depuis quelque temps. J'ai- merais savoir ce que le ministre a
l'intention de faire.
M. CARDINAL: M. le Président, ce n'est pas une question, c'est
une opinion. Je ferai simplement deux réponses, pas deux commentaires,
parce qu'on n'a pas le droit d'émettre d'opinion en cette Chambre.
A) La première réponse, c'est que tout ceci s'est
passé après que j'eusse eu de nombreuses rencontres avec le
ministre responsable du Commissariat des loisirs et des sports.
B) M. le Président, je n'admets pas que cette question,
posée sans malice aucune, d'ailleurs,...
UNE VOIX: Non?
M. CARDINAL: ... vienne alors que ce même député m'a
souvent dit que le ministère de l'Education ne faisait pas suffisamment
pour les sports. Au contraire, alors qu'une fois nous faisons quelque chose de
beau, de grand, d'immense, d'énorme, que l'on veuille souligner des
apparentes divergences. Au contraire, M. le Président, c'est en tout
accord entre tous les membres de ce gouvernement, et particulièrement
les ministres intéressés, que, comme d'habitude, le gouvernement
de l'Union Nationale annonce ses réalisations.
M. HOUDE : M. le Président, question supplémentaire. Je
pense que le ministre aurait grand intérêt à lire les
documents. Vous venez.,.
(Le président est debout)
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Bills privés envoyés au
comité
M. PAUL: M. le Président, en passant aux affaires du jour,
j'aimerais, si possible, que vous appeliez la deuxième lecture des
articles 14, 15, 16, 17, e) et f) afin que, par la suite, ces projets de loi
soient renvoyés à la commission permanente des bills
privés et des bills publics qui pourrait siéger jeudi prochain le
4 décembre à 10 heures du matin.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
deuxième lecture des projets de loi 104, 233, 237 et 240. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
M. PAUL: Plus, M. le Président, les deux articles e) et f).
M. BERTRAND: Lois 95 et 96.
M. LE PRESIDENT: Plus les articles e) et f).
M. LESAGE: Les lois 95 et 96.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ces bills. Second
reading of these bills.
M. PAUL: No 3, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: De nouveau en comité.
M. FRECHETTE (président du comité plénier): A
l'ordre ! A l'ordre !
M. PAUL: M. le Président, je voudrais rappeler aux membres de la
commission de l'Education que la commission se réunit à la salle
81 immédiatement.
Bill 24 Comité plénier
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, bill 24, article 15.
M. BEAUDRY: M. le Président, nous avons un amendement à
suggérer.
M. COURNOYER: M. le Président, à partir du texte
déjà sur la table, nous ajouterions pour les besoins de la
cause, je vais relire l'article 15 au complet ...
M. LESAGE: Si le député de Saint-Jacques le permet, je
vais sortir la copie du projet de loi pour pouvoir suivre plus facilement.
M. COURNOYER: L'article 15 se lirait maintenant comme suit: «
L'article 12 ne s'applique pas aux décrets qui sont en vigueur en vertu
de la Loi des décrets de convention collective lors de l'entrée
en vigueur de la présente loi, y compris les décrets en vigueur
par suite d'un renouvellement jusqu'à la date à laquelle ils
doivent expirer et, s'ils sont renouvelles par la suite, jusqu'à la date
à compter de laquelle ils seront renouvelles ou c'est la partie
que nous avons ajoutée jusqu'au 1er janvier 1971, si cette date
est postérieure à la date d'expiration de tout tel décret.
»
M. LESAGE: Pardon. Si la date... ou jusqu'au...
M. COURNOYER: « Ou jusqu'au 1er janvier 1971, si cette date est
postérieure à la date d'expiration » non pas d'un
décret mais « de tout tel décret. »
M. LESAGE: Très bien.
M. COURNOYER: Disons que c'est juridique, mais on remonte en haut.
M. LESAGE: Cela va. Evidemment, il faut ajouter: Ne s'applique pas non
plus.
M. COURNOYER: L'autre paragraphe demeure tel qu'il était
auparavant.
M. LESAGE: De tout tel décret...
J'aurais quelques questions à poser pour que toute la chose soit
très claire dans mon esprit. A partir de l'amendement que vient de lire
le député de Saint-Jacques et à partir d'un document que
m'a remis le ministre de l'Industrie et du Commerce, ce document comporte une
liste des décrets en vigueur ou en instance de renouvellement ou
enfin... Il y a, dans chaque cas, des notes; il y a aussi ce que j'avais
demandé, des définitions de renouvellement automatique, de
prolongation de décrets, etc. Ces renseignements sont très
précieux. Cependant, je voudrais d'abord une explication sur le texte
même. « L'article 12 ne s'applique pas aux décrets qui sont
en vigueur en vertu de la Loi des décrets de convention collective lors
de l'entrée en vigueur de la présente loi, y compris les
décrets en vigueur par suite d'un renouvellement jusqu'à la date
à laquelle ils doivent expirer... » Cela va bien. Mais, s'ils sont
renouvelés par la suite, ce sera jusqu'à la date à compter
de laquelle ils seront renouvelés ou bien à l'expiration du
renouvellement? Est-ce que le député de Saint-Jacques voudrait
examiner attentivement la chose?
M. COURNOYER: Disons que ce n'est pas nécessairement le
député de Saint-Jacques qui a écrit celle-là, mais
ce qu'elle veut dire, c'est qu'on parle de la date à compter de laquelle
ils seront renouvelés pour ne pas parler de la date à compter de
laquelle ils expirent.
M. LESAGE: Evidemment, c'est parce que l'article 12 ne s'applique pas
aux décrets jusqu'à la date à compter de laquelle ils sont
renouvelés. Ç'est comme cela qu'il faut le lire. Alors, l'article
12 s'appliquera à partir du renouvellement.
M. COURNOYER: C'est cela.
M. LE SAGE: Alors, cela ne vaut pas la peine de renouveler,
M. COURNOYER: L'article 12 s'appliquera à partir du
renouvellement, à condition il faut lire maintenant la
dernière phrase: « ou à compter du 1er janvier 1971, si le
1er janvier est une date postérieure à la date du renouvellement
en question. »
Donc, nous avons en fait, non pas accepté, mais
considéré le fait qu'un an pour pouvoir s'ajuster à de
nouvelles conditions était satisfaisant.
M. LESAGE: Autrement dit, les seuls décrets qui resteront en
vigueur après le 1er janvier 1971 seront celui de la région de
Montréal, qui expirera le 31 mars 1971, celui de la région de
Saint-Hyacinthe, qui expirera le 21 juin 1971, et celui de la région de
Sherbrooke, qui expirera le 14 octobre 1971.
M. COURNOYER: Oui. Je dois ajouter celui de Chicoutimi et de
Jonquière, qui a une date postérieure, même à 1971,
à cause de la requête dans le dernier paragraphe.
M. LESAGE: Bien voici, la note pour Chicoutimi et Jonquière sur
le document que m'a remis le ministre de l'Industrie et du Commerce, la note
« petit c » au bas de la première page ne nous donne pas la
date du renouvellement.
On nous dit qu'une requête a été reçue le 29
septembre 1969, mais que cette requête aurait pour effet, lorsqu'elle
aura été approuvée par le lieutenant-gouverneur en
conseil, de mettre en vigueur un seul décret pour les régions de
Chicoutimi et Jonquière, en remplacement des deux décrets sur
prolongation. Or, les décrets sur prolongation, d'après la
définition que j'en ai ici, expirent à une date
indéfinie.
M. COURNOYER: C'était jusqu'au 31 décembre 1969.
M. LESAGE: Oui.
M. COURNOYER: C'étaient les décrets de prolongation.
M. LESAGE: Oui.
M. COURNOYER: Maintenant en attendant les décrets de
prolongation, il y a eu la requête présentée par les
parties le 29 septem- bre 1969. C'est cette requête que nous voulons
maintenant reconnaître telle qu'elle est écrite. Or, il semble que
dans cette requête, ce serait à compter du 1er janvier 1970 et que
cela irait jusqu'au 1er janvier 1972.
M. LESAGE: Bon, c'est ça qui n'est pas mentionné à
la note c), n'est-ce pas? La note que je viens de lire.
M. COURNOYER: Disons que d'après les arguments auxquels nous
avions voulu répondre, il s'agissait de conserver l'économie de
la négociation qui avait été faite entre les parties.
M. LESAGE: Oui, c'est ça.
M. COURNOYER: Je lis maintenant - et je vous le donne à titre
d'information parce que je ne l'avais pas ici, pas plus que vous que
« le présent décret est valable à compter du jour de
sa publication dans la Gazette officielle du Québec et demeure en
vigueur jusqu'au 30 juin 1970 ».
M. LESAGE: Bon, c'est la note que j'avais donnée...
M. COURNOYER: Et cela a été signé... C'est
ça.
M. LESAGE: ... hier, je crois.
M. COURNOYER: C'est signé par les parties. Par l'effet de ce que
nous faisons ici, il est clair que, pour moi, cela doit maintenant être
mis en vigueur jusqu'au 1er janvier 1971.
M. LESAGE: Oui, ça c'est clair. M. COURNOYER: Pour ça.
M. LESAGE: C'est la modification que j'avais demandé d'apporter
hier. En même temps que je demandais une définition des termes,
j'avais suggéré que la date la plus rapprochée soit l'an
et le jour. Mais avant la séance, j'en ai dit un mot au ministre de
l'Industrie et du Commerce et je lui ai fait remarquer que l'an et le jour,
cela voudrait dire l'expiration à une date qui tombe dans la
période des Fêtes.
M. BEAUDRY: C'est ça.
M. LESAGE: C'est un bien mauvais temps pour chambarder les heures de
travail du personnel d'une épicerie.
M. COURNOYER: Absolument.
M. LE SAGE: Dans les circonstances, j'ai suggéré le 1er
janvier, ce que le ministre a agréé avec beaucoup de bonne
grâce.
Quant à moi, je crois qu'il y a lieu d'être satisfait que
des droits acquis sont protégés, même les droits acquis qui
sont en instance. Evidemment, j'aurais aimé mieux que, pour ceux qui
étaient habitués à ce régime, cela puisse
continuer, mais pour les raisons que j'ai données hier, je dois
être réaliste. Quand on ne peut pas avoir tout un pain, on se
contente d'un petit pain plutôt que d'être obligé de manger
de la galette.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté.
M. BEAUDRY: Maintenant, à l'article 16, je ne sais pas si
l'Opposition a des objections, à ce que nous insérions dans
l'article: « La présente loi entrera en vigueur le 1er janvier
1970 ».
M. LESAGE: Ça va très bien. M. BEAUDRY: Ça va
très bien?
M. LESAGE: Oui, pour ne pas faire de chambardement pendant la
période des Fêtes.
M. BEAUDRY: Oui. M. LESAGE: D'accord.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 16 amendé,
adopté.
M. BEAUDRY: M. le Président, la réalité...
M. LESAGE: Il y a l'article 12 qu'il faut adopter.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): II est adopté.
M. LESAGE: D'accord.
M. BEAUDRY: La réalité que représente aujourd'hui
la législation sur les heures d'ouverture et de fermeture des commerces,
je crois que c'est un progrès immense dont toute la population...
M. LESAGE: M. le Président, je crois que le ministre n'a pas
remarqué que vous n'aviez pas encore fait rapport.
M. BEAUDRY: Excusez-moi.
M. PAUL: M. le Président, c'est parce que l'honorable ministre
voulait tout simplement remercier le comité...
M. LESAGE: Ah bon, très bien, très bien. Je pensais qu'il
entreprenait un long discours en troisième lecture.
M. BEAUDRY: Non. Je disais donc que toute la population du Québec
en bénéficiera. Un tel résultat est l'oeuvre d'une foule
de personnes qui ont contribué effectivement de leurs suggestions et de
leurs recommandations.
A cette fin, M. le Président, je désire adresser des
remerciements très sincères aux honorables députés
ministériels, à ceux de l'Opposition, ainsi qu'au chef de
l'Opposition qui n'ont pas ménagé leurs efforts dans
l'exécution du mandat confié à la commission
spéciale des industries et du commerce.
Je remercie les dirigeants et les représentants des nombreux
organismes et associations d'hommes d'affaires, d'employés et de
consommateurs qui, par leurs mémoires et leurs interventions, ont fourni
les éléments pratiques qui constituent la teneur du bill 24.
Merci également aux média d'information qui, par la diffusion
objective des incidences de cette législation, ont maintenu en
éveil l'attention de toute la population. Merci, enfin, aux
fonctionnaires du ministère de l'Industrie et du Commerce, à ceux
des ministères du Travail et des Affaires municipales dont le rapport a
servi de tremplin dans la recherche de la meilleure législation possible
dans un domaine aussi important.
Bref, M. le Président, à tous et à chacun de ceux
qui ont participé à la réalisation de cette
législation, je transmets mes sincères remerciements et
l'expression de ma profonde gratitude.
M. HARVEY: M. le Président, je voudrais remercier le ministre de
l'Industrie et du Commerce qui a bien voulu, à la suite des
représentations que lui a faites l'Opposition, apporter des amendements
au bill 24. Il n'y a pas de doute que les très nombreux
règlements municipaux qui régissaient les heures d'ouverture et
de fermeture des commerces dans la province de Québec entraînaient
des difficultés nombreuses et l'application de ces lois pratiquement
impossible.
Nous avons décelé des faiblesses dans cette loi,
spécialement à l'article 5, qui a été amendé
à la suite de propositions concrètes soumises par le chef de
l'Opposition et député du comté
de Louis-Hébert. Il y avait également ce problème
qui affectait les ouvriers syndiqués, spécialement dans le
domaine du commerce de l'alimentation. Nous aurions, comme le disait tout
à l'heure le député de Louis-Hébert, bien
aimé conserver l'avantage pour les syndicats de négocier les
heures d'ouverture et de fermeture, mais ce fut impossible.
De toute façon, le gouvernement a été assez
réaliste pour respecter les droits acquis des travailleurs par le biais
des conventions actuellement en vigueur et également de celles qui sont
en voie de négociation. Il a même prolongé de quelques mois
les conventions qui deviendront effectivement périmées au cours
de l'année 1970, puisque la première uniformisation de la loi
sera le premier janvier 1971 pour sept, au moins, des dix décrets en
vigueur dans ce genre de commerce.
En tant que député d'un comté'ouvrier à
100%, d'une région qui a toujours été à
l'avant-garde du syndicalisme et qui donnait un exemple d'entente entre patrons
et ouvriers dans ce domaine, je dois vous dire que je suis très
satisfait de voir que le ministre a bien voulu consentir à l'amendement
que je lui ai suggéré.
M. GARDNER: M. le Président, je voudrais également joindre
ma voix à celle du député de Jonquière pour
remercier le ministre de l'Industrie et du Commerce pour sa très grande
participation démocratique dans ce projet de loi.
Je veux le féliciter sincèrement parce qu'il a su entendre
la voix des députés de l'Opposition comme celle des
députés au pouvoir et que ces mêmes députés
ont pu dire leur mot dans l'élaboration de cette loi.
Personnellement, en tant que député ministériel, je
suis très heureux de cela. Je verrais bien que chacun des ministres
fasse également la même chose dans à peu près tous
les projets de loi qui intéressent la majorité des
députés.
Des amendements ont été apportés à cette
loi-là, qui est étudiée depuis un an, et cela est, je
crois, pour le bien de tous les commerces de la province de Québec. Ces
amendements ont non seulement été apportés par des
députés ministériels ou par des députés de
l'Opposition, mais également par le ministre, à la suite de
répercussions qu'il y a eu dans la population.
Une commission a siégé à ce sujet. Nous avons
entendu des gens qui étaient intéressés au problème
des commerces. Je crois que cela est heureux pour la démocratisation de
nos lois, pour les rendre les plus adéquates possible.
Mes remerciements vont au ministre de l'Industrie et du Commerce parce
que, à ma con- naissance depuis trois ans et demi que je suis
député, c'est la première fois qu'un député
ministériel peut dire son mot dans l'élaboration d'une loi.
M. PAUL: M. le Président, je crois que l'honorable chef de
l'Opposition avait raison de reconnaître que les remarques de l'honorable
ministre de l'Industrie et du Commerce s'imposaient dans les circonstances, de
même que le ministre de l'Industrie et du Commerce avait raison de
vouloir exprimer ses remerciements. Une fois de plus, nous pouvons
réaliser qu'avec la collaboration et le travail des fonctionnaires
compétents, qu'avec un ministre dynamique et des suggestions vraiment
cons-tructives de l'Opposition, nous pouvons atteindre, autant que faire se
peut, la perfection dans un projet de loi.
Maintenant, il serait peut-être bon de noter que cette
procédure semble un peu nouvelle dans le travail de notre comité.
Ce sera toujours la règle 5 de l'article 1 qui devra prévaloir
dans l'étude de nos projets de loi.
M. COITEUX: Souhaitons que le ministre des Terres et Forêts suive
l'exemple du ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, j'ai dû
m'absenter quelques instants et je m'imagine que les remarques que je vais
faire ont dû être faites, en toute justice par ceux qui ont
parlé il y a quelques instants. Il s'agit simplement de rappeler le
mandat que nous avions donné au comité, comité dit Rameau,
en 1965. J'imagine bien que ceux qui ont parlé il y a quelques instants
ont dû rappeler l'excellent travail qui avait été fait par
ce comité.
M. BERTRAND: Très bien. M. BEAUDRY: Très bien.
M. FRECHETTE (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que le comité a
adopté le bill 24 avec les amendements qu'il vous prie
d'agréer.
M. LEBEL (président): L'honorable ministre de l'Industrie et du
Commerce propose que les amendements soient maintenant lus et
agréés. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Troisième lectureM. LE PRESIDENT: De consentement
una-
nime, l'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce propose la
troisième lecture du bill 24. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. PAUL: Quatre, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: De nouveau en comité.
Bill 57 Comité plénier
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): A l'ordre! Le bill 57, Loi de la
Société de récupération et d'exploitation
forestières du Québec, article 1.
M. LESAGE: Comment traduit-on Rexfor en anglais?
M. GOSSELIN: Récupération et exploitation
forestières.
M. LESAGE: En anglais?
M. GOSSELIN: Le sigle est le même en anglais et en
français.
M. COITEUX: M. le Président, l'article 1, Société
de récupération et d'exploitation forestières du
Québec. Avant qu'on aille plus loin dans l'étude des articles, je
crois que des discours qu'on a entendu en deuxième lecture il ne ressort
pas clairement, dans l'idée du public et d'après les explications
du ministre, ce qu'est réellement cette Société de
récupération et d'exploitation forestières et surtout
quelles en seront ses répercussions. On a dit, Société de
récupération et d'exploitation forestières.
Mais il y a un angle qu'on a, volontairement ou non, refusé
d'attaquer ou de toucher, c'est le côté rentable d'une pareille
institution. Quel est le but réel? Le but réel, le ministre nous
l'a dit, il a mentionné certaines compagnies. Il a ajouté que
plusieurs industries de bois situées au coeur du Québec
n'hésiteraient pas à s'agrandir et même à combler
l'Installation si elles avaient des garanties d'approvisionnements accrues.
Est-ce que le ministre croit, lorsqu'il fait pareil avancé, ou
pareille affirmation, que si les usines comme Luceville, par exemple, manquent
de bois, que la Société de récupération
forestière peut compenser ce manque d'approvisionnement? S'il croit
cela, je ne sais pas où il a pris son expérience en exploitation.
C'est une chose complètement contradictoire. Il est impossible qu'une
société d'Etat fasse mieux qu'une société
privée. Et si Luceville et plusieurs autres compagnies que le ministre a
citées en deuxième lecture veulent, par sa société
de récupération forestière, combler ces manques, je pense
qu'il se trompe d'adresse, parce que l'expérience a été
tentée.
Luceville Lumber a essayé de se procurer du bois sur la
Côte Nord, dans des terrains, comme le dit le bill, des terrains
difficiles d'accès, passés maturité. Richardson, de
Cap-Chat a essayé, ç'a été un désastre
économique. Et aujourd'hui, le ministre vient nous dire que la
Société de récupération et d'exploitation
forestières, elle, peut le faire économiquement, lors que l'on
sait que la société de récupération
forestière ne possède aucune expérience dans le domaine et
elle va faire mieux que ces compagnies qui fonctionnent depuis 75 ans?
A cela on n'a pas eu de réponse. On n'a pas eu d'explication
plausible. Il continue, le ministre: « Il s'agit donc pour nous de mettre
en avant le moyen le plus efficace pour faire la récolte du bois dans
des régions inaccessibles. » Mais encore là, M. le
Président, si les compagnies forestières, avec tout leur
équipement, tous leurs hommes, n'ont pas pu économiquement aller
exploiter le bols dans les régions inaccessibles, ou d'une teneur
très pauvre, comment le ministre peut-il prétendre que sa
société va régler le problème de
l'inaccessibilité du point de vue économique? A cela je n'ai pas
eu de réponse. J'avais ouvert la discussion là-dessus.
M. le Président, j'aurais aimé entendre le premier
ministre exprimer son opinion, mais je crois que ce que l'on vise dans le fin
fond de tout cela, c'est le service social, parce que, économiquement,
ça ne peut pas être rentable, puis le ministre le sait. Une
compagnie comme Price Brothers ou d'autres compagnies qui donnent en
forêt domaniale des terrains qu'ils n'ont pas exploités depuis
vingt ans, c'est parce qu'il y a des difficultés. Si ces
compagnies-là n'y vont pas, c'est parce que le prix de revient de leur
matériel est trop cher pour concurrencer le marché international.
C'est clair comme de l'eau de roche.
Alors pourquoi laisser croire au public que la société de
récupération forestière est le point d'appui de toute
législation forestière? C'est un non-sens économique,
complètement un non-sens économique. On m'apporte l'argument
puis d'ailleurs je pense bien que dans le fin fond c'est ce qu'on pense,
du moins j'ai cru m'apercevoir que le premier ministre pense ça
ce n'est pas pire donner de l'argent là qu'au service social. Alors
à ce moment-là, M. le Prési-
dent, la loi est fausse. On devrait dire, Loi du ministère de la
Famille et du Bien-Etre social pour venir en aide aux assistés sociaux.
Et la loi devrait être patronée par le ministre de la
Santé. Parce que je n'en vois aucune autre utilité pratique et je
crois que, comme forestier et comme ministre des Terres et Forêts, comme
exploitant, l'on ne peut pas prendre cet angle du bien-être social parce
que je le disais dans mon discours de deuxième lecture, le
bien-être social est encore mieux servi lorsque le projet
réussit.
Le ministre disait que c'était pour être une source
d'emplois considérable. Ce sera une source d'emplois tant et aussi
longtemps que sa production pourra être absorbée.
Maintenant, qui absorbera le déficit? J'ai hâte de voir le
premier rapport de la première année et de voir quel prix le
ministre va obtenir pour son bois de récupération et combien
ça va lui coûter. J'ai aussi mentionné dans le discours de
deuxième lecture et le ministre ne m'a pas répondu :
Est-ce qu'il n'y a pas danger que les exigences du gouvernement, du
ministère des Terres et Forêts à l'égard de sa
société soient beaucoup moindres pour camoufler certains
déficits? Même à ça, il ne réussira pas. Au
lieu de cette loi, si le ministre voulait réellement
récupérer les terrains inaccessibles pour pouvoir faire un usage
à 100% du potentiel forestier du Québec, ce serait très
facile. Il n'avait d'accord!, après discussion avec les
compagnies qui font face à ces problèmes de territoires pauvres,
éloignés, difficiles d'accès qu'à consentir
à certains amendements à la loi actuelle des terres et
forêts. Après discussion. Là, on dit: C'est pour aller
récupérer les bois inaccessibles. Imaginez que, demain, les
compagnies forestières vont arriver et vont dire: Cela est du bois non
accessible, ce n'est pas rentable. Et, là, le sauveur du monde, le
ministère des Terres et Forêts, va venir couper ce bois! II faut
tout de même être plus sérieux que ça. Je sais, et
c'est une affirmation que je ne peux pas laisser passer, le ministre nous a
qualifiés de sépulcres blanchis. Je pourrais rétorquer que
l'actuel ministre des Terres et Forêts semble ne pas avoir assez de
connaissances en sciences forestières pour lui donner, à lui, un
vernis qui en ferait un ministre présentable. Je n'ai jamais vu une
demande d'autorisation, un blanc-seing pour dépenser des deniers publics
avec aussi peu de facteurs de sécurité, de réussite au
point de vue économique. Si le ministre prétend que son affaire
va fonctionner avec profit, à ce moment-là il se déclare
meilleur administrateur que ceux de Price Brothers, de l'International, que
tous ces gens-là. Hier, je voyais dans le journal et le Devoir
l'a bien rapporté en première page ce matin que M. Lesage
croit que c'est un mouvement de péquistes. Je sais que cela en est un.
Cela vient de là; le grand instigateur de ce projet, c'est un de mes
collègues, et aujourd'hui ce collègue est candidat pour le PQ, Si
le ministre veut de plus amples informations, je lui en donnerai dans son
bureau. Je pense que le ministre « se fait passer un sapin » dans
cette affaire; il va être tellement facile de l'attaquer après ce
qu'il nous a dit, quand il viendra avec son premier rapport.
M. LESAGE: C'est le temps de parler de sapin.
M. COITEUX: Oui, il se fait passer un sapin.
M. LESAGE: Ce n'est pas une épinette, plutôt?
M. COITEUX: Non, c'est un sapin. Je l'attends, l'année prochaine,
avec son premier rapport. Je l'attends, s'il est encore là. Au point de
vue économique, ça va être un non-sens. Le ministre et le
premier ministre le savent. S'il y a une industrie où ne peut se
substituer à l'industrie privée, c'est l'exploitation
forestière. C'est le seul endroit où on ne peut même pas
espérer arriver à un résultat. J'ai travaillé
pendant des années pour des compagnies. Je sais à quel point les
gens sont entraînés, à quel point on coupe les
dépenses. Je sais les difficultés qu'on a pour faire face aux
prix de revient au ministère, au service du bois, pour que le produit
fini reste concurrentiel sur le marché. Pour toutes ces
considérations, nous étudierons le bill article par article, si
le ministre insiste; moi personnellement, je n'y vois pas d'utilité,
parce que je sais que c'est un bill dont éventuellement le ministre et
son gouvernement porteront pour longtemps l'opprobre.
M. GOSSELIN: Je n'ai pas l'intention de relever chacune des assertions
du député de Duplessis. J'ai bien l'intention aujourd'hui, au
cours des diverses explications que je donnerai, de ne faire aucune attaque
personnelle ni d'essayer de comparer les talents de deux hommes comme vient de
le faire le député de Duplessis.
Je lui dirai tout simplement, M. le Président, qu'avant
même que nous ayons décidé, au ministère des Terres
et Forêts, si oui ou non il était opportun de renouveler ou de
continuer l'expérience tentée en 1961, alors qu'une situation
d'urgence exigeait que les bois soient récupérés, nous
avons analysé très sérieusement et confié à
une firme de comptables, d'experts,
l'étude en totalité de toutes les opérations qui se
sont déroulées sur les bassins des rivières Outardes et
Manicouagan.
Je m'en reporterai à la page 38 de ce rapport dans lequel on dit:
« En résumé, le résultat est le suivant. La
création de l'office et l'acquisition d'expérience par le
gouvernement dans les opérations forestières, les nouvelles
activités économiques, le nouvel investissement, les nouveaux
emplois, les nouveaux revenus pour le gouvernement et l'individu. Il est
à noter, comme nous l'avons indiqué à plusieurs reprises,
que ces chiffres ne comprennent pas l'indemnité de $14,196,820
payés par l'Hydro-Québec pour l'inondation d'un territoire
forestier. En plus d'un léger surplus à ce chapitre, la
décision de récupérer a permis, à partir d'une mise
de fonds de $6,468,659, des dépenses de $23,301,817avant amortissement
pour l'office, dont environ $14 millions en salaires et $8,273,677 en achat de
biens de service. « Cette décision a également rendu
possible des améliorations de $4,725,800 à l'infrastructure
économique de la Côte Nord. Enfin, cette décision a
injecté environ 80% de toutes ces dépenses dans le territoire du
Bureau d'aménagement de l'Est du Québec, sur la rive sud, dont
l'économie est une des plus faibles au Québec. «
D'après nous, la décision de récupérer par
l'intermédiaire de l'office a été économiquement
rentable pour le gouvernement et l'économie du Québec.
»
M. LESAGE: Est-ce que le ministre me permet une question?
M. GOSSELIN: Oui.
M. LESAGE: Les $14 millions de l'Hydro sont-ils inclus dans les calculs
du ministre? Je n'ai pas très bien compris.
M. GOSSELIN: Non, ils sont enlevés. M. BERTRAND: Ils les ont
enlevés. M. GOSSELIN: Ne comprenant pas...
M. LESAGE: Quel est le profit, depuis le début jusqu'à
présent, de l'Office de récupération forestière, si
profit il y a, pour les opérations de Manicouagan-Outardes, sans tenir
compte des $14 millions versés par l'Hydro?
M. GOSSELIN: Oui. Je voudrais dire à l'honorable chef de
l'Opposition qu'il est très difficile d'établir un profit, parce
qu'il y a une comptabilité différente qui est établie
à l'Office de récupération des bois de la Manicouagan. On
ne considère pas comme immobilisation et actif les dépenses
faites par l'office. Le chef de l'Opposition le sait, d'ailleurs.
M. LESAGE: Pour une excellente raison, c'est que c'était une loi
à caractère essentiellement temporaire.
M. GOSSELIN: Oui.
M. LESAGE : Je l'ai dit en deuxième lecture.
M. GOSSELIN: Oui, mais même à cela, on a trouvé que
les opérations de l'office ont été telles qu'elles sont
à peu près équivalentes aux dépenses. On n'a pas
réalisé de profit. Par contre, si on compare...
M. LESAGE: L'on tient compte des $14 millions?
M. GOSSELIN: Oui. Si l'on considère l'essor économique que
cela a donné dans la région et aussi les bienfaits de tous
ceux-là...
M. LESAGE: Un instant, je voudrais que nous nous comprenions bien, le
ministre et moi. Nous sommes de bonne humeur, tous les deux...
M. GOSSELIN: Oui, oui.
M. LESAGE: ... et je voudrais que nous nous comprenions. Il y a les
incidences économiques et les effets...
M. GOSSELIN: Oui.
M. LESAGE: ... économiques, d'accord. Je sais que ce sont les
gens de la région du BAEQ, les gens de la Gaspésie, les gens du
Bas Saint-Laurent qui ont travaillé à la coupe du bois, au
transport du bois dans le bassin de Manicouagan-Outardes. Il est clair que,
plus on fait travailler les gens, plus cela a une incidence économique.
Cela, c'est un aspect de la question. Mais, ce dont a causé le
député de Duplessis et ce à quoi je m'en tiens dans le
moment, c'est de l'aspect financier des opérations, sans tenir compte
des incidences économiques et sociales. L'Hydro-Québec a
payé $14 millions. Cela a été inscrit, évidemment,
à l'actif.
Le coût de l'exploitation du bois, me dit le député
de Compton, le coût de la coupe et du transport du bois, plus $14
millions, égalent à peu près le montant des recettes pour
la vente du bols. Est-ce bien l'équation telle que la pose le ministre,
au point de vue financier?
M. COITEUX: Les $14 millions...
M. LESAGE: L'équation se pose comme ceci: Vous avez les
dépenses et vous avez les recettes.
M. GOSSE LIN: Oui.
M. LESAGE: Le ministre me dit qu'il est très difficile de donner
les chiffres exacts, mais que les dépenses et les recettes
s'équivalent à peu près. Alors, je dis ce sont les
dépenses, plus $14 millions.
M. GOSSELIN: Je crois que si je lisais un autre paragraphe du rapport,
le chef de l'Opposition...
M. LESAGE: Je ne demande pas mieux que d'être
éclairé, c'est ce que je veux.
M. GOSSELIN: Et c'est ce que je vais tenter de faire.
La décision de récupérer par l'intermédiaire
de l'office a été économiquement rentable pour
l'économie et pour le gouvernement du Québec. En effet, si
l'office a enregistré un déficit, au cours de ses
activités, de $4,539,000 depuis ses débuts, il a permis au
gouvernement d'augmenter ses recettes fiscales et diminuer ses dépenses
en assistance-chômage pour un total de $5,091,000, sans compter
l'indemnité de $14,196,820 payée par l'Hydro-Québec.
M. LESAGE: Très bien, j'ai maintenant la réponse.
L'opération financière s'est soldée par un déficit
de $4 1/2 millions. Quel a été le total des dépenses?
Même si je n'ai pas le chiffre exact, je voudrais avoir l'ordre de
grandeur. Ne parlons plus des $14 millions, vous venez de régler ce
cas.
Il s'est vendu combien de bois?
M. GOSSELIN: La vente de bois se chiffre par $19,891,401, et il y a eu
des revenus divers de $161,483.67.
M. LESAGE: Alors, ce qui fait à peu près $19 millions en
tout.
M. GOSSELIN: Oui. En retour de cela, il y a eu des dépenses en
frais d'administration, salaires et autres pour environ $23,301,000.
M. LESAGE: C'est cela. Alors, $19 millions de recettes et $23 millions
et quelques cent mille de dépenses, ce qui fait $4,500,000 de
déficit. Quatre millions cinq cent mille dol- lars de déficit
pour des ventes de $19 millions. A part cela, évidemment, on a
reçu $14 millions de l'Hydro-Québec.
M. BERTRAND: Cela est à part.
M. LESAGE: Mais lorsqu'il s'agit d'étudier la rentabilité
financière, encore une fois je ne parle pas de la rentabilité au
point de vue économique. Quand on parle de rentabilité au point
de vue économique et social, il faut tenir compte du fait qu'on a
donné du travail aux gens de la région de la Côte Nord, de
la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent, il faut tenir compte d'une
entrée accrue des taxes. Mais ce ne sont pas des facteurs dont un
gouvernement ou qui que ce soit peut tenir compte dans la rentabilité de
l'opération comme telle.
Donc, sur $19 millions de vente, $4,5 millions de déficit, et
cela dans un territoire accessible, dans un territoire où il ne s'agit
pas de bois en perdition parce qu'il est trop vieux, dans un territoire de bois
sain.
Pendant ce temps-là, la Quebec North Shore continue d'exploiter
ses forêts dont elle a la concession.
Elle-même a fait des travaux de récupération de bois
pour fournir son usine; elle a fait ces travaux de récupération,
cette compagnie Quebec North Shore, en coupant tout le bois des bassins qui
devaient être inondés au-dessus de Manic-2 ou Manic-3. Je
comprends que c'était plus proche du fleuve que la plupart des travaux
à effectuer par l'Office de récupération forestière
des bassins Manicouagan-Outardes. Mais il est une chose certaine, c'est que
dans cette région le bois est de qualité telle que la Quebec
North Shore trouvait profitable de couper ce bois pour fournir son usine.
C'était donc rentable pour la Quebec North Shore. Tandis que l'Office de
récupération forestière exploité par le
gouvernement pour des travaux d'urgence, nécessaires avec tous les
effets économiques que l'on dit a fait une perte. Je ne regrette rien,
je ne regrette pas cette opération dont nous avons été
responsables. Il y a eu un déficit de $4,500,000. Il y a eu $14 millions
de l'Hydro-Québec. C'est dans du terrain avantageux, difficile
peut-être parfois, mais en général avantageux, et c'est du
bois sain.
Qu'arrivera-t-il lorsque la société dont le ministre
propose la création aura à entreprendre ou à poursuivre
ses activités dans des agglomérations forestières en
perdition, à cause de l'âge de la forêt, ou encore
lorsqu'elle aura à poursuivre ses activités dans ce que le
ministre appelle des forêts inaccessibles? A ce moment-là, il n'y
aura pas de compensation par
l'Hydro-Quêbec de l'ordre de millions et de millions de dollars ou
par quelque autre organisme que ce soit.
Le ministre devrait réaliser, comme le lui a si bien dit le
député de Duplessis, qu'il court au désastre financier. Il
court au désastre financier. S'il le sait et qu'il forme cette
société pour donner du travail aux gens, il faudrait le dire. Il
faudrait dire qu'on sait à l'avance, qu'on réalise froidement que
l'on s'en va vers des déficits cosidérables.
Manicouagan-Outardes, $4,500,000 sur $19 millions, c'est quoi? C'est
25%. C'est un déficit de 25%. C'est un principe difficilement admissible
que l'on forme une société d'Etat, sachant d'avance que l'on s'en
va au désastre financier.
Où le ministre a-t-il l'intention de faire faire des travaux par
cette société? A quel endroit dans la province? Ou le bois est-il
en perdition dans la province? Ce n'est certainement pas à des endroits
qui doivent être inondés. Certainement pas. Parce que, comme je
l'ai dit en deuxième lecture, il n'y a pas de projet de
l'Hydro-Québec en cours ou même d'envisagé. Où les
activités de cette société qu'on appelle Rexfor vont-elles
se poursuivre? Quelles sont les régions? Les localités?
M. GOSSELIN: D'abord, comme réponse à l'honorable chef de
l'Opposition, je dois dire que loin de moi l'idée de vouloir laisser
quelqu'un sous l'impression qu'il y a eu quelque anomalie dans la
récupération des bois de la Manicouagan.
M. LESAGE: Personne n'a parlé de ça; c'est le ministre qui
en parle.
M. GOSSELIN: Une minute.
M. LESAGE: Pas d'insinuations. Cela allait bien, continuez sur le
même ton. N'insinuez rien.
M. GOSSELIN: Attendez donc pour entendre ce que j'ai à dire,
après ça, vous parlerez.
M. LESAGE: Je l'ai entendu ce que vous aviez à dire.
M. GOSSELIN: Je veux dire, M. le Président, qu'au tout
début, lorsque l'office a été créé, il est
évident qu'il a dû prendre une certaine expérience. Comme
le disait si bien le chef de l'Opposition, il y a quelques minutes, lorsqu'on
commence une opération semblable, avant d'avoir rodé le
personnel, avant d'avoir monté toute une organisation, à la fois
de sur- veillance, d'exploitation et d'utilisation, souvent, on fait des
opérations qui sont fort souvent coûteuses.
Les opérations du début ont été fort
coûteuses. Aussi, il est arrivé qu'à cause de l'urgence
à faire les travaux, en diverses occasions, on a dû faire des
dépenses beaucoup plus considérables que l'on n'aurait
été en droit de le faire.
Il faut également comprendre qu'on ne pouvait pas, non plus,
considérer l'amortissement de tout l'équipement des chemins
d'accès et de la machinerie. Cela n'est pas entré à
l'intérieur des chiffres mentionnés.
Tout cela, nécessairement, a concouru à accentuer le
déficit. Il y a maintenant un autre aspect de la question, c'est que
le chef de l'Opposition s'en souvient fort bien à
différentes reprises, dans l'urgence des cas, pour se départir de
certains bois que l'office avait sur les bras, il lui a fallu accepter des prix
de vente beaucoup moindres que ce qu'il aurait pu obtenir s'il avait
été en bonne position pour négocier.
Or, je dois dire à l'honorable chef de l'Opposition je
pense bien qu'il me le permettra de ne pas me demander de divulguer les
prix que nous avons sur le marché extérieur. Mais, je lui dirai
que nous recevons, aujourd'hui, au bas mot cette année, je viens
de négocier un contrat de vente d'environ 100,000 cordes de bols
30% plus cher pour notre bois qu'il y a trois ans.
M. LESAGE: Oui, mais pensez à l'incidence économique de
l'exportation du bois à l'état brut, lorsque vous le ferez sur
une grande échelle avec votre nouvelle société.
M. GOSSELIN: Nous n'avons pas l'Intention...
M. LESAGE: Je dis que tous les avantages économiques que nous
pourrions retirer en donnant du travail aux gens seront inévitablement
plus que contrebalancés par les effets nocifs sur l'industrialisation de
la province de l'exportation du bois à l'état brut.
M. GOSSELIN: Je pense que là...
M. LESAGE: Est-ce que le ministre a bien compris que l'industrie
papetière dans la province de Québec avait pris son essor
principalement parce que l'exportation du bois avait été
prohibée à partir de 1910?
M. GOSSELIN: Je n'accepterai pas, M. le Président, cette
assertion.
M. LE SAGE: Alors, le député de Compton renie feu son
chef, M. Duplessis...
M. GOSSELIN: Non.
M. LESAGE: ... qui, en 1945...
M. GOSSELIN: M. Duplessis était de son temps et je ne le renie
pas. M. Duplessis a fait ce qu'il se devait de faire. Par contre, ce que je
trouve étrange...
M. LESAGE: Oui, mais, s'il a bien fait, pourquoi le député
de Compton refuserait-il de l'imiter?
M. GOSSELIN: S'il y a possibilité de faire encore mieux,
allons-nous nous arrêter pour tout cela? M. Duplessis ne voulait
pas...
M. LESAGE: On ne peut certainement pas faire mieux dans ce domaine.
M. GOSSELIN: Ce n'est pas parce que, depuis 1910, on marche dans une
voie qu'on ne changera pas, après 50 ans d'essais. Je ne dis pas que
nous allons exporter en totalité les bois que nous allons
récupérer.
M. LESAGE: M. le Président, les lois de l'économique, que
ça fasse 50 ans ou 100 qu'elles s'appliquent, elles continuent de
s'appliquer. Si vous nourrissez vos concurrents de votre propre matière
première, vous commettez l'erreur la plus élémentaire.
M. GOSSELIN: Nous ne nourrirons pas nos concurrents, pas plus...
M. LESAGE: Alors, vous n'exporterez pas. Très bien, ça ira
beaucoup plus vite pour l'étude du bill, M. le Président.
M. GOSSELIN: Un instant. Vous avez eu votre tour pour parler,
laissez-moi parler.
M. LESAGE : Maintenez la prohibition d'exportation et votre bill sera
très vite adopté. Je conseille au ministre d'y songer très
sérieusement.
M. GOSSELIN: J'y ai songé suffisamment longtemps pour ne pas
revenir sur cette décision. Nous avons analysé...
M. LESAGE: Comme cela, le ministre est décidé. Il n'y a
rien à faire, il va exporter notre matière première
à l'état brut, et il le fait sciemment.
M. GOSSELIN: Quand bien même le chef de l'Opposition essaierait de
faire une scène dans ce domaine-là et laisserait croire à
la population...
M. LESAGE: Comment, faire une scène! Je ne fais pas de
scène.
M. GOSSELIN: ... que nous pourrions nuire, de quelque façon que
ce soit...
M. LESAGE: M. le Président, j'invoque le règlement. Tout
va très bien, la discussion est posée, et voici le ministre qui
me provoque encore une fois en disant que le chef de l'Opposition fait une
scène.
M. GOSSELIN: II y a une limite! Il y a une limite!
M. LESAGE : Je voudrais bien que le ministre garde ses sens...
M. BERTRAND: M. le Président...
M. LESAGE: ... pour que nous puissions discuter sérieusement
d'une question très grave.
M. BERTRAND: ... j'assiste à ce débat depuis le
début. Je dois dire que, depuis au moins dix minutes, cinq grosses
minutes, surtout, le chef de l'Opposition prête à l'autre, disons,
certains motifs...
M. LESAGE: Non, pas des motifs.
M. BERTRAND: ... ou veut laisser croire que le député de
Compton a perdu ses nerfs. Je dois lui avouer...
M. LESAGE: Je dis qu'il devient...
M. BERTRAND: ... très honnêtement et très
objectivement j'étais assis très calmement ici que
le chef de l'Opposition commence, que ça commence...
M. LESAGE: M. le Président, le premier ministre connaît
ça, un homme qui plaide. Je ne fais pas de personnalité.
M. BERTRAND: Non, mais...
M. LESAGE: Je n'ai pas prétendu...
M. BERTRAND: A trois reprises, pendant que le député de
Compton essayait de placer un mot, le chef de l'Opposition s'est levé.
Trois fois.
M. LESAGE: Je fais comme les juges de la cour d'Appel et de la cour
Supreme.
M. BERTRAND: Trois fois. Mais les juges restent assis.
M. LESAGE: Je suis poli, je me lève.
M. BERTRAND: Disons donc que le député de Compton a
à coeur comme l'Opposition semble vouloir l'avoir à coeur
de fournir des explications. Qu'on laisse le député de
Compton au moins expliquer.
M. LESAGE: Qu'il explique, mais...
M. BERTRAND: Le député de Louis-Hébert et chef de
l'Opposition veut tenter de laisser croire que, à cause de l'exportation
qui sera permise dans certains cas...
M. LESAGE: Qu'on le dise!
M. BERTRAND: Qui n'a pas l'expérience du gouvernement? J'ai
été ministre des Terres et Forêts...
M. LESAGE: Je sais.
M. BERTRAND: ... et je sais que jamais nous n'acceptions d'adopter
d'arrêtés à moins qu'il y ait des raisons. La règle
le député de Compton l'accepte comme je l'ai
acceptée, ministre des Terres et Forêts, comme le chef de
l'Opposition l'a énoncée et comme le député
d'Abitibi-Est a également voulu la mettre en pratique est d'abord
que ce bois soit ouvré chez nous.
M. LESAGE: C'est cela.
M. BERTRAND: C'est la règle. L'exception, par contre, est dans la
loi, comme elle l'a été pour la société de
récupération du bois de la Manicouagan.
M. LESAGE: Oui. D'accord.
M. BERTRAND: Le principe était là.
M. LESAGE : L'exception, mais sur une base très temporaire...
M. BERTRAND: L'exception, vous l'avez mise.
M. LESAGE: ... temporaire et d'urgence.
M. BERTRAND: Peu importe, temporaire. M. LESAGE: D'urgence.
M. BERTRAND: Oui, d'urgence. Le député de Compton et
ministre des Terres et Forêts l'explique. J'ai lu son discours et,
d'ailleurs, nous avons discuté de ce projet de loi.
M. LESAGE: J'ai le droit de dire que je ne suis pas satisfait.
M. BERTRAND: Que vous ne soyez pas satisfait, d'accord, mais ne le dites
pas chaque fois qu'il dit un mot en faveur de son bill.
M. LESAGE: II plaide mal.
M. GOSSELIN: Puisque je plaide mal, M. le Président, article
1.
M. LESAGE: Ah, non, non! Cela va bien. Où vont les 100,000 cordes
de bois?
M. GOSSELIN: Quelles 100,000 cordes de bois?
M. LESAGE : Celles dont le ministre a parlé. Il vient de dire
qu'il a fait une transaction pour vendre 100,000 cordes.
M. GOSSELIN: En France. M. LESAGE: A M. Fraizal?
M. GOSSELIN: A trois différentes compagnies.
M. LESAGE: Faisant partie de l'organisme présidé par M.
Fraizal?
M. GOSSELIN: Oui...
M. LESAGE: Est-ce que le ministre sait que M. Fraizal est un des plus
grands protectionnistes qui existent sur la terre?
M. GOSSELIN: Protectioniste de quoi? C'est un acheteur de bois, pour
moi.
M. COITEUX: Le bois provient d'où?
M. LESAGE: M. Freizal, il était le président de
l'Association des pâtes et papier de France, c'est un
protectioniste...
M. GOSSELIN: Cedal.
M. LESAGE: ... ce qui l'intéresse, c'est d'avoir du bois brut
pour ne pas acheter de papier de la province de Québec, Je l'ai eu dans
mon bureau à je ne sais combien de reprises, nous avons eu des
discussions ensemble. Je l'ai dit en deuxième lecture, tout ce que
l'Italie et la France pourront obtenir de bois brut de la province de
Québec ils l'obtiendront, ils tenteront de donner des prix
considérables pour être capables d'ouvrer ce bois chez eux, parce
que c'est leur intérêt au point de vue industriel, d'expansion
industrielle; et c'est le nôtre, d'ouvrer notre bois au Québec.
C'est en ouvrant le bois au Québec qu'on va donner beaucoup plus
d'emplois que si on l'exporte à l'état brut. Et les emplois dans
la transformation du bois sont beaucoup plus rémunérateurs que
les emplois dans la coupe et le transport du bois à l'état brut,
le ministre sait ça.
Au point de vue de l'expansion...
M. BERTRAND: C'est clair.
M. LESAGE: ... industrielle, de l'expansion économique du
Québec, ce qui est important c'est d'ouvrer notre bois chez nous. Et
toutes les fois que l'on consent à exporter du bois vers la France et
vers l'Italie, on donne à ces deux pays et à d'autres, si on
veut, un approvisionnement qui fait que la demande internationale est moindre.
Et c'est ainsi, à cause d'une demande internationale moindre, qu'il
arrive que les nouvelles usines de pâtes et papier ne s'érigent
pas. C'est l'argument au point de vue économique; il est clair, il est
patent, on ne peut pas en sortir. Est-ce que le ministre ne croit pas que son
projet de loi devrait tout au moins énoncer d'une façon
précise, étant donné qu'il s'agit de
l'établissement d'une société à caractère
permanent ici, ce n'est pas une question d'urgence temporaire, ne devrait pas,
le projet de loi, dis-je, donner d'une façon précise, les cas
d'exception ou des catégories de cas d'exception où le
lieutenant-gouverneur en conseil pourra permettre l'exportation de
quantités, mais de petites quantités.
M. BERTRAND: Cela n'a jamais été fait.
M. LESAGE: Non, ça n'a jamais été fait pour
l'excellente raison que la seule fois que nous avons permis l'exportation en
dehors du Canada, c'est pour le bois de Manicouagan-Outardes; et
Manicouagan-Outardes était une situation d'urgence et une situation
temporaire. Tout le monde l'admet, nous sommes tous d'accord, au point que le
projet de loi, je le répète, créant l'Office de
récupération forestière du bassin
Manicouagan-Outardes n'a même pas été
incorporé aux Statuts refondus de 1964, alors c'est clair. Puis le
ministre nous a dit également, en deuxième lecture, que ça
achevait, que c'était fini, à toutes fins pratiques.
C'était d'un caractère temporaire.
Mais ici, c'est quelque chose de permanent. Il me semble que l'on
devrait restreindre et la quantité et les catégories de bois. Si
on disait, par exemple, qu'on ne pourra exporter que certaines essences qu'on
n'utilise pas ici, ou encore qu'on ne pourrait exporter que le bois pour lequel
on n'a pas trouvé preneur au Québec d'abord et au Canada
ensuite...
M. GOSSELIN: Il est inscrit, c'est 19,..
M» LESAGE: Non, je regrette, M. le Président, c'est
là-dessus que je ne suis pas d'accord. On parle d'avantage
général. C'est beaucoup plus précis quand on dit qu'il
faut trouver preneur, beaucoup plus. Ce n'est pas ça qui est dans la
loi...
M. GOSSELIN: Voyons!
M. LESAGE: ... le ministre l'a interprété de cette
façon-là en deuxième lecture et à ce
moment-là, c'est une des fois, des multiples fois...
M. GOSSELIN: Tous les légistes...
M. LESAGE: ... je le confesse, où je l'ai interrompu pour lui
faire remarquer que cette qualification...
M. BERTRAND: J'aime les mots, une des multiples fois.
M. LESAGE: Ah oui, M. le Président, j'ai conscience de ce que je
fais.
UNE VOIX: Dans son intérêt à lui.
M. LESAGE: J'ai eu l'impression que je l'interrompais dans son
intérêt, comme dit le député d'Abitibi-Est. S'il
écrivait au moins ce qu'il vient de me dire, ce qu'il a dit en
deuxième lecture, s'il écrivait mot à mot
l'interprétation qu'il donne à son propre texte, ce serait
déjà quelque chose. Est-il prêt à faire ça?
Il devrait l'être, puisque c'est l'explication qu'il donne.
M. GOSSELIN: J'ai eu l'occasion à différentes reprises,
depuis le tout début de l'étude de ce projet de loi, de dire que
c'était un projet de loi en vue de récupérer et
d'exploiter des bois en
voie de perdition et que ce n'était pas une société
d'exportation de bois. Partant de cela, j'ai dit que nous avons essayé,
avec les légistes, de trouver une phraséologie qui correspondait
en tout point à l'assurance que l'on devait donner à tous les
concitoyens du Québec qu'aucune corde de bois, ni même une bille
de bois, ne sortirait de la province avant qu'elle n'ait trouvé preneur
ici à l'intérieur même du territoire de la province de
Québec.
M. LESAGE: II s'agit de l'écrire.
M. GOSSELIN: Partant de cela, les légistes ont employé la
phraséologie suivante et ont bien spécifié, dans l'article
19, que pour tout accord ou toute entente ou tout contrat fait avec quelque
organisme public ou privé que ce soit, à l'intérieur de la
province de Québec, à ce moment-là, la
société pourra le faire avec l'assentiment du ministre
uniquement. Cependant, lorsqu'il s'agira de bois qui n'auront pas trouvé
preneurs à l'intérieur des limites de la province de
Québec, aucun bois ne pourra être expédié à
l'extérieur du Québec sans au préalable avoir
l'assentiment du lieutenant-gouverneur en conseil. Cela veut dire que tous les
membres du conseil devront avoir pris connaissance et devront s'assurer, tant
le ministre de l'Industrie et du Commerce que tous les autres ministres, et je
verrais d'ailleurs très mal un ministre des Terres et Forêts qui,
avant de servir ses compatriotes ici du Québec, irait fournir une
occasion meilleure à des gens à l'extérieur de sa
province. Partant de cela, le chef de l'Opposition dit que le fait que nous
exportions du bois à l'extérieur du Québec pourrait, de
quelque façon, nuire au développement industriel du
Québec.
M. LESAGE: C'est évident.
M. GOSSELIN: Je dis que l'expérience de 50 ans nous prouve le
contraire, puisque j'ai déclaré avec chiffres à l'appui
que, même si une loi existait, il y a eu des quantités assez
considérables de bois qui sont sorties du Québec, et
contrairement aussi à ce qui s'est dit, du bois non ouvré, du
bois de pulpe et des billes. C'est bien stipulé, d'ailleurs, que ce sont
des billes, lorsqu'on parle du P.M.P., c'est en billes. J'ai donné la
liste des montants.
M. LESAGE: Sur un point de règlement, si le ministre veut faire
état de ces petites exportations, je demanderais qu'il dépose les
arrêtés ministériels.
M. GOSSELIN: II n'y a pas eu d'arrêté mi- nistériel.
Ç'est justement là qu'est l'erreur, il n'y a même pas eu
d'arrêté ministériel de passé pour ces bois qui sont
sortis.
M. LESAGE: Comment le ministre sait-il qu'ils sont sortis?
M. GOSSELIN: Parce qu'un certain contrôle a été
exercé au ministère des Terres et Forêts, et ça a
été ainsi sous tous les ministres. Cela se faisait de votre temps
et avant.
M. LESAGE: Cela a arrêté en 1961, d'après les
chiffres que le ministre a donnés. Après 1961, les exportations
du bois...
M. GOSSELIN: Cela a arrêté en 1968.
M. LESAGE: Non, en 1961, d'après les chiffres que le ministre
nous a donnés, parce que les exportations, après 1961, auraient
été des exportations de bois provenant de Manicouagan-Outardes,
et c'était permis. C'est ce que j'ai compris des chiffres que le
ministre a donnés l'autre jour. D'ailleurs, il s'agit de petites
quantités. Cela ne change rien au principe. On ne peut pas
conclure...
M. GOSSELIN: Voici. On dit en petite quantité. Il y en a eu, tout
de même, en 1960-1961...
M. LESAGE: Non, non!
M. GOSSELIN: J'aimerais que le chef de l'Opposition me laisse terminer.
Je le laisse faire quand il parle; alors, qu'il me laisse terminer et, quand je
me rassoirai, il prendra son tour.
En 1960-1961, 27,118 cordes de bois à pâte et 860,000 pieds
de billes de sciage. En 1961-1962, 450 cordes et 1,100,000 pieds de billes de
sciage et nons pas de bois ouvré. En 1963-1964...
M. LESAGE: Ce sont des essences particulières? C'est du
tremble?
M. GOSSELIN: Oui, dans le bois...
M. LESAGE: Ah bon!
M. GOSSELIN: Un instant, du tremble...
M. LESAGE: Ne vous fâchez pas, mais ça revient à ce
que je disais tantôt. Ce sont des essences particulières qui ne se
vendent pas au pays.
M. GOSSELIN: Oui, oui, cela, je l'admets.
M. LESAGE: Alors, mettez donc ces qualifications-là dans votre
bill.
M. GOSSELIN: J'admets tout ça. On n'a pas besoin de le mettre
dans la loi.
M. LESAGE: Bien oui, M. le Président, et c'est là... Le
ministre nous a dit tantôt...
M. GOSSELIN: M. le Président, en 1963... M. LESAGE: D'accord,
très bien.
M. GOSSELIN: ... 1964, 21,800 cordes de bois.
M. LESAGE: C'est entendu qu'il y en a eu des exportations.
M. GOSSELIN: Oui.
M. LESAGE: Le ministre vient de dire qu'il s'agit d'essences qui ne
s'écoulaient pas au Canada.
M. GOSSELIN: Oui, mais dans le bois de papier...
M. LESAGE: Le ministre m'a dit tantôt qu'il a consulté les
légistes qui ont rédigé le bill. Est-ce que le ministre
consentirait à revoir les légistes, entre six et huit heures, et
à leur dire qu'au sujet de l'exportation, ce qu'il veut, c'est la
possibilité d'exporter en dehors du Québec, vers les autres
provinces lorsqu'il ne trouve pas preneur dans le Québec et à
l'extérieur du Canada, lorsqu'il ne trouve pas preneur au Canada? Le
ministre n'a qu'à dire ça aux légistes et ils vont
l'inscrire dans la loi, en termes juridiques et législatifs. C'est
ça que le ministre veut. Il nous dit qu'il veut cette
permission-là, dans ce cas-là seulement? Qu'il le dise aux
légistes dans les termes qu'il a employés tantôt, en me
répondant. Je connais les légistes. Ils vont lui rédiger
tout de suite un amendement à l'article 19 qui va dire exactement ce
qu'il veut, mais qui ne fera pas de ça une question
d'intérêt général, qui peut s'interpréter de
n'importe quelle façon. Que le ministre me dise qu'il va voir les
légistes à six heures et il n'aura aucune difficulté. Cela
va aller beaucoup plus vite avec son bill.
M. GOSSELIN: M. le Président...
M. LESAGE: D'ailleurs, je regrette que M. Normand ne soit pas ici,
à côté du ministre. Il pourrait, premièrement, le
conseiller et, deuxièmement, lui rédiger, au bout de la table,
tout de suite, une modification...
M. GOSSELIN: Monsieur...
M. LESAGE: ... qui ferait son affaire et qui réglerait bien des
difficultés.
M. GOSSELIN: ... Normand est précisément occupé
à préparer d'autres lois très urgentes
également.
M. LESAGE: Celle-ci est extrêmement importante.
M. GOSSELIN: J'ai consulté M. Normand; j'ai consulté
également M. Rioux, des avocats et des légistes qui nous ont
aidés, qui venaient de l'extérieur pour préparer cette
loi.
M. LESAGE: J'ai confiance aux légistes qui en font à la
journée.
M. GOSSELIN: Tous, sans exception, m'ont dit que l'article 19 atteignait
pleinement...
M. LESAGE: Donnez-moi cinq minutes avec M. Normand, je vais vous en
fabriquer un amendement.
M. GOSSELIN: ...tous les buts. Oui, on pourrait avoir la même
réflexion qu'on a eue sur une suggestion que vous avez faite hier aussi,
quand on étudiait une autre loi et quand on a dit que c'était
tout de même compris, que c'était alourdir la loi que d'ajouter
toute cette phraséologie à un certain article d'une loi, hier. On
l'avait déjà.
M. LESAGE: Pardon?
M. GOSSELIN: On l'avait déjà.
M. LESAGE: Je n'ai aucune idée de ce dont le ministre parle.
M. GOSSELIN: Je dis qu'hier, alors qu'on a accepté l'une de vos
suggestions...
M. LESAGE: Oui.
M. GOSSELIN: ... les légistes étaient tous d'accord pour
dire que c'était tout simplement des phrases qui alourdissaient...
M. LESAGE: Un instant, quel amendement?
M. GOSSELIN: ... le projet de loi. M. LESAGE: Quel amendement? M.
GOSSELIN: L'amendement... M. LESAGE: Dans quelle loi?
M. GOSSELIN: ... dans notre société de cartographie.
M. LESAGE: Je ne suis pas de leur avis. M. GOSSELIN: Bien, c'est
ça...
M. LESAGE: Et je suis un aussi bon avocat qu'eux.
M. GOSSELIN: Bon, tant mieux si vous êtes si bon avocat que
ça; vous allez retourner à la pratique...
M. LESAGE: Alors, s'il vous plaît...
M. GOSSELIN: ... et vous allez avoir toutes les chances, d'ailleurs, de
le prouver.
M. LESAGE: ... ne vous érigez pas en juge des opinions
divergentes d'avocats. Je ne pense pas que vous soyez qualifié pour le
faire.
M. COITEUX: M. le Président, est-ce que le ministre...
M. GOSSELIN: Bien, s'en tenir aux avocats! Vous passez votre temps
à vous contredire.
M. COITEUX: Au lieu de commencer à parler des avocats, je
demanderais au ministre...
M. LESAGE: Je vais vous laisser aux ingénieurs.
M. COITEUX: ... la provenance des 100,000 cordes.
M. GOSSELIN: La provenance des 100,000 cordes, c'est dans les bassins
des rivières Manicouagan et Outardes.
M. COITEUX: Encore du bois de récupération?
M. GOSSELIN: Non.
M. COITEUX: Du bois neuf?
M. GOSSELIN: Oui.
M. COITEUX: L'argument que le ministre donne dans le bill, est-ce du
bois en perdition?
M. GOSSELIN: Non.
M. COITEUX: Alors, son bill ne tient plus.
M. GOSSELIN: Voici, pour tâcher d'éclairer ou d'ouvrir la
lumière...
M. COITEUX: Cela veut dire exactement ce que le chef de l'Opposition
craignait tantôt. C'est qu'on va continuer dans du beau bois, on se
ca-mouffle sous le fait que c'est du bois de récupération, du
bois d'accès difficile, et, dès le premier geste que cette
compagnie pose, on s'en va carrément vendre 100,000 cordes de bois pour
empêcher que des industries s'installent au Québec et que nos gens
restent des coupeurs de bois.
M. le Président, que le ministre sache bien que s'il y a une
chose qui n'est pas génératrice d'emplois, c'est la coupe du
bois. Dès le premier geste, la compagnie n'est pas encore formée,
on va vendre, dans du terrain qui n'est pas en perdition, dans du terrain
parfaitement exploitable, 100,000 cordes de bois. Alors, nous avons raison de
craindre que cette loi, le ministre va s'en servir à bon et mauvais
escient pour empêcher que d'autres industries viennent s'installer sur la
Basse Côte Nord.
M. BERTRAND: Voyons donc!
M. GOSSELIN: M. le Président, nous allons assister encore
à la même scène qu'hier soir.
M. COITEUX: Non. Vous vous y exposez.
M. GOSSELIN: Lorsque le député de Duplessis dit que
l'office, ou Rexfor, pose déjà des gestes qu'il n'a pas le droit
de faire, j'ai bien dit au début de la présentation de cette loi
que, lorsque je suis arrivé au ministère, il y avait eu une
entente de prise et des contrats de signés pour l'exportation de
certains volumes de bois avec des compagnies européennes. Il
était stipulé que ces bois devaient provenir des bassins de
récupération des rivières Manicouagan ou Outardes.
Or, il arrive que l'élévation des eaux s'est produite plus
rapidement que le programme qui avait été établi par
l'Hydro-Québec et que, là, on a inondé les territoires
où on devait récupérer les bois. Par la suite, l'office ne
pouvait plus récupérer à l'intérieur des bassins
mêmes qui étaient compris dans la loi.
M. COITEUX: Oui.
M. GOSSELIN: Or, nous étions pris entre deux possibilités,
la première, celle de révoquer le contrat, de ne pas le remplir
tel qu'il était et d'invoquer que les bois ne pouvaient plus provenir
des bassins. L'autre, force majeure. Or, les officiers légistes ont
analysé toute cette situation et ils en sont venus à la
conclusion que nous ne pouvions pas révoquer le contrat sous peine de
poursuite et d'avoir à payer de très forts montants d'argent,
puisque nous ne remplissions pas les engagements que nous avions pris
vis-à-vis de ces compagnies européennes.
A ce moment, il a été décidé que, même
si nous fonctionnions en quelque sorte dans l'illégalité, parce
que nous n'étions plus à l'intérieur des bassins des
rivières Manicouagan et Outardes, il était
préférable, pour deux raisons: La première, ne pas voir
des procédures être intentées contre nous, et il aurait
été très difficile d'invoquer la force majeure et
d'invoquer que nous n'avions plus de bois à fournir pour remplir nos
contrats; l'autre: Mettre à pied quelques 1,500 bûcherons qui,
à ce moment-là, travaillaient sur les chantiers.
Or, devant l'alternative, mes conseillers juridiques m'ont
conseillé de continuer les activités, mais, par contre, de
négocier à nouveau le contrat, négocier la vente. Or, j'ai
renégocié les contrats, et j'ai obtenu un montant passable ment
considérable, plus élevé, pour les bois et aussi des
conditions différentes puisque antérieurement, nous vendions du
bois de 38 pouces et du bois de 42 pouces, contrairement à la coutume
établie ici au Québec de couper le bois à 48 pouces.
Alors tout de suite là, nous réalisions un très
fort pourcentage de profit, parce que le bois étant coupé
à 48 pouces à la tête de la rivière sur les
chantiers, flotté, descendu à l'écorceur, là, on
écorçait le bois et on enlevait soit six pouces ou dix pouces
pour remplir le bateau selon la commande que l'on recevait.
Or, la nouvelle négociation a fait que nous avons diminué
d'abord une opération fort coûteuse, soit celle de couper le bois
et de perdre tout de suite sur chaque corde de bois, ou chaque bille, dix
pouces ou six pouces. Alors nous avons réalisé des profits encore
plus grands et le bois que nous avons vendu a été un plein volume
puisque nous vendions le bois mesuré à 48 pouces dans le bois et
48 pouces aussi rendu au bateau. Cela a fait que nous avons
réalisé, à ce moment-là, des profits contrairement
à ce qui arrivait antérieurement, lorsqu'on avait toutes ces
opérations qui, automatiquement, entrafnaient un déficit
très élevé. Je pense que le député comprend
ça.
Alors, partant de cela, il ne faudrait pas qu'il vienne laisser croire
ici, par son argumentation, que nous avons manqué à la loi et que
nous manquons même au but de la loi, telle qu'il vient de l'exposer et
telle que nous la préconisons. Il me semble que son raisonnement porte
à faux. Or, c'est en partant de cette nouvelle expérience que
nous avons eue, que, maintenant, nous pouvons dire qu'il y a possibilité
que ce soit rentable. Non seulement ce sera rentable, mais aussi, nous
créerons de multiples nouveaux emplois.
Je ne crois pas...
M. CLICHE: Le ministre me permettrait-il une question...
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: ... dans la ligne de son exposé? L'engagement ou les
engagements actuels de son ministère ou de l'office de
récupération s'étend encore sur une période de
combien d'années et pour un volume de combien par année?
M. GOSSELIN: C'est justement là qu'est l'avantage. C'est que,
d'après le contrat qui avait été signé du temps de
mon prédécesseur, je crois, contrat très bien fait
d'ailleurs, le contrat se terminait en 1970. On avait pris des engagements pour
fournir jusqu'en 1970.Etc'est là qu'était le hic aussi, pour bris
de contrat. Et c'est là que les avocats qui ont analysé le
contrat ont dit: Vous ne pouvez pas parce qu'il y a deux clauses qui vous
empêchent de discontinuer le contrat, d'abord, jusqu'en 1970; et il
faudrait, après cela, que vous invoquiez force majeure. Or, on ne peut
pas dire que le fait que l'Hydro-Québec ait devancé
l'exécution de son plan pour inonder les terrains, soit un cas de force
majeure. Et, on ne voulait pas plaider sur cet argument-là. Alors, c'est
là que nous avons préféré continuer les
opérations et à ce moment, j'ai négocié avec...
M. CLICHE: Un nouveau contrat à long terme.
M. GOSSELIN: Non, pas un nouveau contrat... Non, non, annuellement. On
n'a aucun engagement à long terme, maintenant, à partir de 1970,
aucun engagement à long terme. Absolument pas, nous les négocions
à chaque année. Et plus que ça, on met un minimum, mais
non pas un maximum. Alors nous sommes parfaitement libres
et nous ne nous engageons pas. Si nous avons des surplus, nous les
passons. Mais s'il n'y en a pas, nous ne sommes pas pris avec le contrat.
M. CLICHE: Alors je comprends, de l'exposé du ministre, qu'il
devait, à cause d'un contrat existant, faire face à une
échéance, à une livraison qui devait être faite,
même si la loi devenait inopérante par la fin des
aménagements hydro-électriques. Alors à ce
moment-là, il pouvait, sans passer la nouvelle loi, par un amendement
à la loi existante, obtenir, de la Législature, la permission de
continuer pendant une année ou pendant deux années, la livraison
de telle quantité de bois par année, et ainsi remplir les
engagements que la province de Québec avait signés, avait conclus
avec les pays étrangers.
Je pense que, s'il s'adressait à la Législature pour
obtenir cette permission, tout le monde serait d'accord que les contrats que
nous avons signés doivent être respectés, même si les
conditions ont changé depuis cinq ou six ans, parce que les
aménagements ont été faits plus rapidement qu'on le
prévoyait.
Le ministre a parlé de bois de différentes longueurs. J'ai
moi-même négocié la vente de bois de pulpe en Europe et je
suis fort au courant de la situation. Les marchés européens, soit
les marchés de France, de Belgique, d'Italie et d'Espagne qui nous
étalent disponibles utilisaient la longueur de bois qui pouvait passer
dans leurs machines à pâte. Cela a été, dès
le début, l'entente que nous avons dû faire. Nous avons
été dans l'obligation, à ce moment-là,
d'expédier du bois de différentes longueurs pour pouvoir le
vendre à l'étranger, à ces différents
marchés qui achetaient de nous, parce que nous avions fait une entente
par l'intermédiaire de l'Hydro-Québec, l'Hydro-Québec
achetant de la machinerie hydro-électrique en France. Nous avions conclu
l'entente avec le ministère des Richesses naturelles du temps à
l'effet que l'Hydro-Québec achèterait cette machinerie si, en
compensation, la compagnie française qui la vendait voyait à
faire un troc pour le bois que nous avions à vendre ici à
Manicouagan, qui était coupé, qui était à l'eau,
qui devait être vendu et que nos compagnies forestières du
Québec refusaient d'acheter en totalité. Nous étions pris
avec un volume de bois qu'il fallait absolument liquider dans une
période de temps assez restreinte si nous voulions en conserver la
valeur.
Nous avons conclu ces ententes à différents prix, sujets
à révision. Je pense que nous avons choisi la meilleure solution,
dans les circonstances. Le contrat que nous avons rédigé à
Pa- ris a été, avant d'être conclu définitivement,
évidemment accepté par le conseil des ministres ici et
révisé par Me Pigeon, aujourd'hui juge de la cour Suprême.
Nous avons donc dû procéder par l'intermédiaire de
l'Hydro-Québec pour pouvoir vendre à des prix plus ou moins
intéressants sur le seul marché que nous trouvions à ce
moment-là.
Depuis, la demande du bois de pulpe a augmenté en Europe, en
France, dans les pays où nous pouvions livrer du bois, pays qui en
avaient besoin pour fabriquer du papier. La demande étant plus grande,
dis-je, présentement, et les marchés russes, les marchés
nordiques de Norvège et de Finalnde étant fort restreints pour
différentes raisons, ces pays se sont tournés vers nous pour
acheter davantage de bois.
Nous devions c'était le devoir de la province de
Québec et je pense que c'était l'opinion unanime de la Chambre
récupérer ce bois-là. Je ne veux pas revenir sur
des discussions qui ont été faites l'autre jour. Il fallait le
récupérer.
Or, si le ministre venait nous dire présentement: Il va y avoir
des aménagements hydroélectriques sur les rivières qui se
jettent dans la baie James, disons pour prendre un endroit qui sera sans
doute développé un de ces jours, je ne sais pas quand, c'est
l'Hydro-Québec qui le sait en fonction de la demande qui augmente
considérablement; naturellement je ne sache pas qu'il y ait de
décision définitive d'envergure à ce sujet-là, si
le ministre, dis-je, en présentant sa loi venait nous dire: Nous prenons
immédiatement les mesures pour aller récupérer du bois qui
va se perdre dans deux ans, dans cinq ans, d'ici dix ans, parce qu'on sait que
ça prend quelques années d'abord pour s'installer, pour la
construction de routes, la construction d'aménagements, je dirais au
ministre: Votre loi est sûrement bien fondée; vous avez raison,
vous êtes bien motivé, vous avez le droit, c'est même votre
devoir de le faire. Parce qu'à Manicouagan, on est arrivé en
retard et on sera peut-être en retard lorsqu'il y aura un autre
aménagement hydro-électrique.
Donc, là-bas, sur la rivière aux Outardes et à la
Manicouagan, il n'est pas possible maintenant, d'après les informations
qui nous sont données, de couper du bois qui est en perdition parce que
les aménagements hydro-électriques sont faits.
M. GOSSE LIN: Le député me permettrait-il, pour aider
peut-être à me faire comprendre, de lui dire que les bois que nous
coupons à l'heure actuelle ont 18% de pourriture, 18% des bois que nous
récupérons dans le moment
sont rendus tellement à maturité qu'ils ne sont d'aucune
utilité. D'ailleurs, je pense que le député
d'Abitibi-Est...
M. CLICHE: Vous perdez cette quantité de 18%, vous ne la livrez
pas.
M. GOSSELIN: Nous ne la livrons pas, mais cela veut dire que, s'il y en
a déjà 18% de pourris, cette forêt-là est rendue
à maturité. Il me semble que le député
d'Abitibi-Est...
M. CLICHE: II n'y a pas seulement...
M. GOSSELIN: ... qui a été ministre des Terres et
Forêts, le sait. Quand un arbre est rendu à 80 ou 90 ans, il ne
pousse plus. Il ne se conserve pas; au contraire, il continue de descendre de
l'autre coté, et là cela va très, très rapidement.
Le député dit qu'on aurait dû amender la loi
déjà existante; on ne pouvait pas le faire. D'après
messieurs Normand et Rioux, c'est impossible de le faire seulement par les
attendus du préambule de la loi.
On dit: « Attendu que les travaux nécessaires pour
l'aménagement hydro-électrique des rivières Manicouagan et
Outardes nécessiteront l'occupation ou l'inondation d'une étendue
très considérable de terre boisée de la Couronne. »
Ce même préambule-là n'aurait pas fait; il fallait
absolument revenir avec une loi nouvelle.
M. CLICHE: Très bien.
M. GOSSELIN: On semble vouloir croire que, dès l'an prochain, on
va se lancer dans les chantiers et qu'on aura 300,000 ou 500,000 cordes de bois
à mettre sur le marché. Nous n'avons pas l'intention de faire
cela. Loin de nous cette pensée, parce que cet office, même si il
a une certaine expérience... Nous ne sommes pas pressés, il n'y a
rien qui nous bouscule. Il y a bien, dans certains parterres de coupe, des
chablis dont il va falloir récupérer le bois avant qu'il se
perde.
Il y a également, sur certaines lignes de transmission qu'on veut
établir, du bois à récupérer. Il y a d'autres
secteurs où il y aurait urgence, mais nous ne serons pas pressés.
Il me semble qu'on devrait être de bonne foi et comprendre la situation.
Je l'ai dit hier dans mon exposé: s'il fallait arriver, même avec
cet organisme-là, au moment où l'on voudrait
récupérer certains bois qui serviraient à alimenter une
scierie, dans ces bois-là, on ne pourrait pas faire autrement que de
récupérer de la pulpe. S'il fallait arriver demain matin avec
100,000 ou 150,000 cordes de bois à pulpe qui entreraient tout d'un coup
sur le marché, il pourrait y avoir une perturbation
épouvantable.
Or, le ministre des Terres et Forêts, qui aura la surveillance de
cette loi, utilisera son jugement et verra, en quelque sorte, à freiner
les activités de l'office, s'il le faut. Il me semble que c'est tout
à fait normal. On l'a fait depuis huit ans. Depuis huit ans, on en a
récupéré des bois, on a sorti de la province de
Québec 1,200,000 cordes. Cela n'a pas empêché uncertain
développement. Tous les efforts sont faits au ministère. Nous
scrutons, par tous les moyens, le jour, le moment où nous arrive un
client quelconque pour venir implanter une industrie au Québec,
quelqu'un qui nous dit qu'il aurait des capitaux disponibles. Nous mettons tout
notre service de planification à la disposition de ces
gens-là.
Nous ne négligeons aucun effort. Nous faisons même de la
réclame. Hier, le député d'Abitibi-Est disait qu'on
devrait prendre certains moyens pour aider des industries déjà
existantes par des réductions quelconques. Je l'ai fait dans le cas de
Saint-Raymond Paper à Desbiens. A un moment donné, quelqu'un me
disait que je ne pouvais le faire; même les officiers de mon service
légal disaient qu'il était impossible de le faire. On a
trouvé, dans la loi du ministère du Revenu, un article qui nous a
permis de le faire, et qui est très intéressant, d'ailleurs.
M. CLICHE: Le ministre se rappellera que j'ai déjà
été blâmé sévèrement par l'Opposition
du temps...
M. GOSSELIN: Non, non!
M. CLICHE: ... de parler de réduction de droit de coupe. J'ai
été sévèrement blâmé, surtout dans le
cas de Saint-Félicien...
M. GOSSELIN: Non.
M. CLICHE: ...où on avait parlé d'une réduction de
droit de coupe. J'avais été sévèrement
blâmé, je ne me souviens pas si c'est par le ministre actuel, mais
je me souviens très bien que c'était par l'Opposition du
temps.
M. GOSSELIN: Admettons que ce serait moi qui vous aurais
blâmé dans le temps...
M. CLICHE: Non, non, je viens de dire que je ne me souviens pas.
M. GOSSELIN: ... si, par l'expérience que j'ai acquise depuis,
j'accepte que vous avez fait un bon geste. En ce qui a trait au droit de coupe,
ce n'est pas cela qui compte tellement.
On a l'air de penser, quant au revenu de la province de Québec,
qu'il n'y a que le droit de coupe à la base qui peut payer. Il y a 50
ans, ça représentait 50% du revenu de la province, les droits de
coupe, sur les forêts. Et aujourd'hui, si on le compare au revenu total
de la province de Québec, le revenu du droit de coupe lui-même ne
représente que 1/2 de 1% du revenu de la province. Alors à ce
moment-là, on n'est pas pour s'« enfarger » avec ce que
j'appellerai une pé-cadille. Comparativement, c'est environ $19 millions
en totalité sur un potentiel de tout pris de $2 milliards. Je dis que
nous prenons toutes les dispositions possibles, et au moment où cet
office sera créé, nous allons voir à ce que, d'abord et
avant tout, le bois soit usiné en totalité ici et ouvré et
qu'il ait trouvé preneur à l'intérieur de la province de
Québec. Cela c'est bien stipulé. C'est clairement expliqué
d'ailleurs dans l'article...
M. CLICHE: Ce n'est pas expliqué. Ce ne sont pas dans ces
termes-là. Je continue ce que j'avais commencé à
élaborer, c'est que notre intention à nous c'est que dès
que la loi donne ouverture à l'expédition à
l'étranger, vous allez être immédiatement et
continuellement inondés de demandes pour expédition I
l'étranger. Bon, je dis d'abord que l'office que veut créer le
ministre va continuer les opérations de l'autre office en usinant du
bois, en coupant du bois, en envoyant la coupe à l'expédition du
bois d'un endroit qui s'appelle toujours Vandry ou Baie-Comeau, la
région de Baie-Comeau, le bois provenant de la rivière aux
Outardes ou de la rivière Manicouagan. Je pense que c'est plutôt
de la rivière aux Outardes.
Alors, nécessairement, dès le départ, je pense que
le bois que l'on fabrique présentement, c'est du bois que l'on appelle
du bois à papier, du bois pour faire de la pâte et du papier.
Alors ce bois-là il est vendu nécessairement à
l'extérieur, parce que la compagnie qui est là, qui pourrait
l'utiliser, qui devrait peut-être l'utiliser mais qui
préfère le couper sur ses propres concessions, selon ses propres
opérations, selon sa propre administration, cette compa-gnie-là,
la Quebec North Shore, qui est une compagnie considérable, bien
organisée, bien montée, qui ajoute des machines à papier
régulièrement à tous les trois ou quatre ans à coup
de plusieurs millions, qui fait des millions de profit aussi, cette
compagnie-là qui fait ses propres opérations, n'est pas
intéressée à acheter le bois à ptte que va produire
l'office dont parle le ministre.
Alors le bois à pâte fabriqué à cet
endroit-là va nécessairement être expédié
à l'extérieur à un autre endroit qu'à Baie-Comeau
ou à HauteRive parce qu'il y a seulement un consommateur possible, c'est
la compagnie Quebec North Shore, à Baie-Comeau. Alors il faut que le
bois soit expédié de cet endroit-là.
M. GOSSELIN: II reste tout de même que Quebec North Shore saute
à pieds joints sur tout le bois de l'office qui est disponible.
M. CLICHE: Oui, mais c'est l'un ou l'autre. C'est un raisonnement,
à mon point de vue, qui n'est pas sain parce que la compagnie Quebec
North Shore a toutes les réserves forestières pour aller couper
du bois sur ses propres limites, limites forestières qui ont
été concédées par la province. Il y en a encore
plus que ça.
M. GOSSELIN: II y en a encore. Ah oui il y en a encore plus que
ça.
M. CLICHE: Ah probablement deux ou trois usines comme il y en a
déjà à Baie-Comeau. Bon alors si c'est l'office qui le
fournit, c'est autant de bois que la compagnie Quebec North Shore ne coupera
pas sur ses limites pour alimenter son moulin. Cela veut dire que ça
n'augmente pas...
M. GOSSELIN: II n'est pas question d'augmenter Quebec North Shore.
M. CLICHE: ... le nombre d'emplois en aucune façon. Le nombre
d'emplois n'est augmenté, le ministre le sait, que lorsque le bois est
expédié à l'étranger. J'admets ça. C'est
augmenté immédiatement, mais pas nécessairement, si on
fait la somme des conséquences, des résultats, le nombre
d'emplois n'est pas nécessairement augmenté parce que le
marché général est affecté. Le ministre sait que,
présentement, la situation du marché des pâtes et papier
est excellent. Les journaux nous ont révélé, ces jours
derniers, qu'on est très optimiste. On est heureux des résultats
de l'année. On a fonctionné pratiquement à plein
rendement, les prix sont bons, la demande augmente, on prévoit ici et
là, au Canada, la construction additionnelle de plusieurs moulins
à papier.
Je sais que ce n'est pas facile. Je sais que c'est le désir du
gouvernement d'amener des usines de pâtes et papier au Québec,
mais je suis convaincu qu'il y a des attitudes qu'il faut prendre pour amener
l'implantation de ces usines.
M. GOSSELIN: Donnez-moi une de vos recettes.
M. CLICHE: Présentement, on annonce qu'une compagnie de la
Colombie-Britannique, la BC Forest Products, va investir, je pense, $90
millions dans l'implantation d'une nouvelle usine de pâtes en
Colombie-Britannique. Il n'est pas question d'aller voir cette compagnie pour
qu'elle s'implante au Québec, je ne crois pas. Mais on a vu des
compagnies du Québec, comme la Noranda Mines, aller investir
considérablement en Colombie-Britannique dans l'industrie des
pâtes et papier et également dans les mines. On a vu la compagnie
Price faire une étude de rentabilité relativement à un
projet d'implantation d'usine de pâtes et papier en Colombie-Britannique.
Par la suite, on a décidé de retarder le projet. J'ignore si on y
a donné suite, peut-être que si.
Je veux donner une recette au ministre. Je pense qu'il faut, d'abord,
avoir des consultations constantes avec les grandes compagnies de pâtes
et papier au Québec. Formule d'aide et formule de participation de la
part du gouvernement. Je pose une question au ministre. Je ne parle pas des
grandes compagnies qui ont des territoires immenses concédés par
l'Etat. Je pense à Sacré-Coeur dans le comté de Saguenay.
Est-ce que le projet qu'on avait à l'idée est en marche? Il
s'agit d'un projet de l'UCC. Je pense que ça doit être
considéré, parce que, là, on va utiliser du bois. Est-ce
que ça marche? Est-ce que le ministère aide
financièrement? Ceci est un cas, je vais revenir avec d'autres.
M. GOSSELIN: Le député d'Abitibi-Est dit: Je vais donner
une recette au ministre: II faut qu'il soit en contact constant avec toutes les
grandes compagnies. Or, il y a à peine une heure et demie, j'assistais
à un banquet avec tout un groupe de directeurs et de présidents
de compagnies. Encore là, j'ai discuté avec eux. A toutes les
occasions que j'ai de rencontrer tout industriel, toute personne
intéressée au domaine des pâles et papier, je le fais. En
fin de semaine encore, j'ai rencontré deux présidents, un de
Finlande, un de la Suède et un autre président d'une compagnie
américaine. Pendant deux jours, j'ai été avec eux pour
discuter d'affaires, essayer de les intéresser à
l'intérieur.
Il y a une chose qui n'est pas facile, c'est qu'il n'y a pas tellement
d'années nous pouvions arriver et faire le financement d'une usine
à 5% et 6%; aujourd'hui, c'est 10%. Quand on investit $50 millions dans
une usine, immédiatement, c'est $5 millions d'intérêt par
année qu'on doit payer. Il y a une foule de détails aussi. Il y a
la concurrence. J'ai vu dernièrement, dans le sud des Etats-Unis, des
arbres qui, à 18 ans, ont entre 10 et 14 pouces de diamètre et 70
pieds de hauteur. Si le député est intéressé
à aller les voir... Il l'a visité, d'ailleurs, ce territoire. Il
le sait, il l'a vu comme moi.
M. CLICHE: Je ne veux pas interrompre le ministre, mais j'ai des
arguments à ce sujet-là.
M. GOSSELIN: II y a toutes sortes de contingences. Je peux amener les
mêmes arguments que vous allez apporter. Ce sont les mêmes que j'ai
constatés. Il va me dire: La fibre du bois n'est pas aussi bonne que
celle de notre épinette noire de la Côte Nord. Cela est admis. Par
contre, il y a le volume qui arrive à côté. Il y a d'autres
contingences aussi. Il va falloir que nous soyons le plus dynamique possible,
si nous ne voulons pas être devancés. Le ministre de l'Industrie
et du Commerce m'a rapporté des exemplaires, dernièrement, d'un
journal fabriqué en Italie qui ne contient pas un seul gramme de
cellulose de bois; c'est fait avec des rebuts. Les Japonais s'en viennent aussi
avec un autre procédé. Il y a un autre procédé qui
est le blanchissage du papier.
M. CLICHE: Les Japonais importent leur pâte de la
Colombie-Britannique, en grande partie.
M. GOSSELIN: Oui, les Japonais importent leur pâte et la
Colombie-Britannique leur vend 1,000,000 de tonnes de copeaux par
année.
M. CLICHE: Mais, à part les copeaux...
M. GOSSELIN: J'ai été approché par des financiers
japonais pour me dire qu'ils seraient prêts à acheter 1,000,000 de
tonnes de copeaux au Québec Jamais ils n'en auront. Nous allons faire
tous les efforts possibles pour que tout soit usiné, ici, à
l'intérieur du Québec. Mais, en attendant que ça vienne
ça, est-ce qu'on est obligé de se croiser les bras et de laisser
tout aller? Est-ce qu'en attendant on ne peut pas aller récupérer
certains bois et aider certaines industries qui en ont absolument besoin? Hier
midi, j'ai passé trois quarts d'heure à l'Association des
manufacturiers de bois de sciage. Ces gens-là m'ont exposé toutes
leurs doléances. Ils m'ont dit dans quel état ils se
trouvent.
Je pourrais nommer plusieurs propriétaires de scieries de la
péninsule de Gaspé qui voudraient avoir des volumes de bois plus
considérables et qui pourraient donner de l'ouvrage à un nombre
considérable de chômeurs qu'il y a là-bas. Ils ne peuvent
pas le faire. Pourquoi? On le sait. Ce n'est pas la faute de mon
prédécesseur, pas plus que de ceux d'avant lui. Mais
ils avaient une théorie différente dans l'utilisation de
nos forêts. Je pourrais prendre l'exemple, également de l'Abitibi,
ces immenses territoires qu'on a volés à la forêt,
où on a essayé de faire de l'agriculture. Ce n'était pas
la vocation principale le député le sait de ce
secteur-là. Vous n'avez ni le climat ni la topographie du sol pour faire
de l'agriculture.
M. CLICHE: Je ne suis pas d'accord avec le ministre.
M. GOSSE LIN: Je ne vous de mande pas d'être d'accord avec moi non
plus. Je peux vous dire, cependant, que, dans le projet de loi que nous
présentons et qui est devant la Chambre, je pense qu'il y a toute la
sécurité possible et que rien n'est négligé pour
qu'en aucune circonstance il n'y ait de bois qui sorte du Québec, sans
qu'au préalable nous ayons pu l'utiliser ici, au Québec.
M. CLICHE: Le ministre répondrait-il à ma question
concernant Sacré-Coeur?
M. GOSSELIN: Sacré-Coeur, oui. Je remercie le
député de m'y faire penser. J'ai négocié encore
dernièrement avec Sacré-Coeur...
M. CLICHE: Comté de Saguenay, oui.
M. GOSSELIN: Comté de Saguenay, oui, avec M. Léopold
Lévesque et avec M. Paul Mercure qui est le président de la
Société des pâtes et papier populaires du Québec.
Là encore, la compagnie, qui veut venir s'installer, a posé des
conditions très rigides pour financer le projet. Elle demande, d'abord,
que l'équité proposée par le syndicat lui-même soit
à peu près trois fois ce que les gens peuvent payer ici. Ils
demandent aussi une certaine garantie des bois. Là où est le
problème...
M. CLICHE: Pardon, une garantie de quoi?
M. GOSSELIN: Ils veulent obtenir une garantie de l'approvisionnement de
bois de la part des cultivateurs. Je pense que le député le sait.
On veut bâtir une usine de carton ondulé qui utiliserait 70% de
feuillus et environ 30% de résineux. Or, le feuillu est
présentement sur les boisés privés, c'est-à-dire
sur les terrains privés détenus par les cultivateurs.
M. CLICHE: Le ministre me permet-il une... M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: ... intervention? C'est le même cas qu'à Matane?
La compagnie, à Matane, doit acheter la majeure...
M. GOSSELIN: Oui, c'est exact.
M. CLICHE: ... partie de son bois de boisés privés.
M. GOSSELIN: Oui, c'est exact. Seulement, la compagnie qui
négocie, elle, demande qu'il ait une garantie bien précise
d'approvisionnement en feuillus. Elle voulait que le gouvernement garantisse
cet approvisionnement-là. J'ai dit à M. Landager, le
président de Parsons & Whitemore: Nous pouvons vous le garantir,
mais si vous faites l'inverse. Nous pouvons vous garantir 70% de votre
approvisionnement en résineux, mais nous ne pouvons pas le faire du
côté des feuillus parce que nous ne possédons pas de
territoire sur lequel nous avons suffisamment de feuillus pour fournir le
volume demandé.
Cela a changé en totalité la vocation de l'usine. Les gens
de Sacré-Coeur l'ont reconnu, d'ailleurs, et ils le savent. Lorsqu'ils
sont venus devant les cultivateurs pour leur dire.
Il va falloir que vous signiez un engagement pour x années
à venir que d'abord vous allez vendre votre bois à tel prix,
livré àSacré-Coeur, et qu'en plus on s'assure qu'un volume
adéquat, soit de 70%, puisse entrer chaque année.
Immédiatement, cela n'a pas répondu en totalité, à
l'assentiment. Les cultivateurs sont prêts à cela, mais le
président de la compagnie a passé une remarque qu'il était
assez difficile d'accepter. On a déjà de la difficulté
lorsqu'on négocie avec trois, quatre ou cinq fournisseurs ou «
brokers », je me demande ce qu'on va faire pour arriver quand on va
négocier avec 35,000.
M. CLICHE: Oui, mais...
M. GOSSELIN: Quelle sorte de sécurité nous donnez-vous
dans l'approvisionnement à ce moment-là?
Alors, moi j'ai tenté, par tous les moyens possibles, de leur
dire qu'en toutes circonstances les ententes prises par nos cultivateurs,
jusqu'à maintenant, ont été respectées et qu'il y
avait une évolution très considérable. D'ailleurs, on sait
que, pour les plans conjoints cette année, on n'a pas eu de
difficulté, ni l'an dernier. Cela a bien été. Pourquoi?
Parce qu'on a fini par roder cette nouvelle formule, qui est celle des
syndicats de producteurs de bois, et, maintenant, on a de meilleurs
succès.
Mais tout cela pour essayer de faire entrer
cela dans la tête d'un financier qui dit: Moi, je vais mettre 90%
des fonds dans un organisme semblable. Là, c'était une tout autre
histoire. Or, nous continuons de négocier encore avec la compagnie, il
n'y a absolument rien de fermé, nous faisons tous les efforts, je suis
à sa disposition. Nous avons vu à ce que le ministre de
l'Industrie et du Commerce mette à sa disposition toutes les mesures
incitatrices pour que...
M. CLICHE: Quel est le capital requis pour la construction de l'usine
prévue?
M. GOSSELIN: Environ $24 millions. Au début, le rapport de
rentabilité demandait environ $21 millions et, avec la hausse de
l'argent, nous sommes rendus à $24 millions. C'est un peu la même
chose d'ailleurs qui se reproduit dans le cas de l'usine Kruger. En 1966, au
moment où nous avons établi le rapport de rentabilité pour
le moulin de Saint-Félicien, nous pouvions obtenir l'argent pour 5 3/4%
à 6% d'intérêt; aujourd'hui, c'est rendu à 10%, et
encore là c'est un taux d'intérêt coté au mois.
M. CLICHE: Oui, je réponds à la question que le ministre
me posait tout à l'heure. Dans le cas de Sacré-Coeur,
comté de Saguenay, je suis parfaitement au courant pour avoir, avant
1966, avec le gouvernement d'alors, convenu que le gouvernement paierait
l'étude de rentabilité de l'implantation d'une usine que l'UCC
voulait à Sacré-Coeur. L'étude de rentabilité
même n'a été déposée qu'après juin
1966, c'est-à-dire après l'avènement du présent
gouvernement au pouvoir, je pense; peut-être que c'est arrivé a
peu près en même temps, je ne me souviens pas exactement. Mais
l'étude de rentabilité a été faite et payée
par le gouvernement du Québec et a démontré qu'il
était possible d'implanter une usine, et que c'était rentable de
le faire. Il y avait des problèmes...
M. GOSSELIN: Un instant.
M. CLICHE: Une seconde. Il y avait des problèmes, là comme
ailleurs, d'approvisionnement, parce que le bois devait provenir de
boisés privés, de cultivateurs ou de petits propriétaires.
Le même problème qui existe dans plusieurs cas, entre autres dans
les Cantons de l'Est, est le même problème qui se présente
à Matane. Bon, j'ai compris par la réponse du ministre,
dès le départ, que c'était une question d'argent. On
manquait de capital, on ne voulait pas investir tout ce capital-là.
Cela veut dire que si on avait le capital, on aurait une décision
affirmative, sur l'implantation de l'usine. Je ne sais pas qui est
intéressé. De mon temps, c'était l'UCC. J'ignore si c'est
encore l'UCC.
M. GOSSELIN: C'est encore l'UCC.
M. CLICHE: C'est encore l'UCC. Si c'est l'UCC de la province de
Québec, je pense que c'est un mouvement sérieux. On ne doit plus
avoir les restrictions qu'on avait auparavant à l'endroit de tel
mouvement...
M. GOSSELIN: Non, je pense que je me dois de corriger le
député. Juste un instant. Lorsqu'il dit l'UCC, il y a eu un autre
problème dans ce cas-là. C'est que c'est une
fédération seulement. C'est la fédération de
Québec nord-sud. Mais non l'UCC proprement dite. Disons que le mouvement
de M. Lionel Sorel n'a jamais voulu endosser les engagements de ce secteur.
M. CLICHE: Là, j'ignore les détails. Mais...
M. GOSSELIN: Mais c'est là qu'il y a une autre différence
aussi,..
M. CLICHE: J'ai su du père Poulin, le curé de
Sacré-Coeur, comté de Saguenay, qui s'est occupé
très activement du projet, qui s'en est occupé
sérieusement, qui l'a vécu probablement du début
jusqu'à actuellement, que les caisses populaires de la province
étaient prêtes à investir un certain montant.
C'est-à-dire qu'à un moment donné, on a cru que les
caisses populaires investiraient un certain montant.
C'est donc probablement une question d'argent qui empêche ce
développement et c'est probablement la même chose dans la
région de Saint-Félicien.
M. GOSSELIN: C'est une question d'argent partout. Il n'y a rien de neuf
dans ça.
M. CLICHE: Une seconde. On a une idée du capital
nécessaire. On a une étude de rentabilité qui
démontre que c'est possible, que ce serait payant de l'installer. On a
ça en main. Bien, si c'est payant ailleurs dans d'autres provinces... Je
vais citer un cas au ministre. Il doit être au courant d'une usine qui
s'est installée avec du capital américain dans le nord de la
Saskatchewan. Une usine s'est installée là...
M. GOSSELIN: Vous avez lu le Financial Post dernièrement?
M. CLICHE: Ce n'est pas récemment que j'ai lu ça. Mais le
gouvernement de la Saskatchewan...
M. GOSSELIN: Vous avez vu dernièrement ce qui arrive à
cette usine?
M. CLICHE: Le gouvernement de la Saskatchewan est intervenu et a offert
et peut-être garanti par la suite à un moment
donné, de garantir l'emprunt total que devait faire la compagnie qui
s'installait là. Ce n'était peut-être pas le meilleur des
marchés d'aller garantir ça. Il y a des conditions meilleures que
ça que l'on peut obtenir. Mais je pense que c'est cette méthode
de participation que le gouvernement devrait avoir, conjointement par
une société de participation que le ministre devrait créer
avec la Société générale de financement. On
pourrait implanter une usine à cet endroit-là, de même que
dans la région de Saint-Félicien. Je parle de ces endroits parce
que j'ai vécu le travail qui a été fait pour obtenir que
les réserves soient disponibles aux deux endroits. Le ministre sait que
ça prend des mois et des années avant d'en venir à tasser
tous ceux qui ont des intérêts dans un secteur. Ainsi, au nord de
Saint-Félicien, la compagnie International Paper croyait avoir des
droits pour aller chercher du terrain forestier et il a fallu que la compagnie
St-Lawrence, qui est devenue la Domtar, laisse une certaine partie de son
territoire, de sa concession à l'ouest pour en prendre au nord, pour
libérer suffisamment de terrain afin qu'il devienne possible et
souhaitable qu'une usine s'installe à Saint-Félicien.
Je pense que si le gouvernement arrivait avec une formule de
participation, une formule active, agressive même, je pense qu'on
marcherait dans ce sens-là.
C'est de cette façon que nous avons réussi dans le
passé. Je pense que le gouvernement actuel, au lieu d'aller couper du
bois, au lieu d'aller, par un office, s'occuper de couper du bois sur la
Côte Nord et de le livrer à l'étranger, ferait mieux de
s'associer à des compagnies comme Donohue, à des compagnies
québécoises, à des Canadiens français, s'il vous
plaît, qui iraient s'intéresser à ce domaine-là.
Nous en avons, j'ai moi-même fait de la réclame à l'endroit
de nos financiers canadiens-français, qui, par la suite, se sont
intéressés au domaine forestier, mais qui ne l'étaient pas
avant.
Je pense à un Desmarais, je pense à des Lévesque,
je pense à d'autres personnalités en vue du monde financier du
Québec. Je crois que nos gens sont plus en mesure actuellement d'y aller
dans ce domaine-là que par le passé.
On sait que le domaine des caisses populaires... on sait qu'on est
capable de faire un succès. Je soumets au ministre un cas exemplaire,
typique de la formation qu'on a maintenant, du sérieux qu'on met
à l'implantation et à l'administration d'une usine dans le
domaine forestier.
Le ministre connaît l'usine à Taschereau, dans le
comté d'Abitibi-Ouest. C'est une usine propriété d'une
fédération de coopératives de producteurs de bois, usine
qui fait des profits très importants, très brillants et qui est
admirablement administrée. Si le ministre prétend le contraire,
il pourra le dire, mais je dis...
M. GOSSELIN: Je n'ai pas parlé.
M. CLICHE: ... alors il consent. Qui ne dit mot consent. Alors, c'est
sur que nos gens peuvent le faire, ils peuvent administrer, ils peuvent s'y
intéresser, ils doivent s'y intéresser, à condition qu'on
commence par les convaincre, par leur démontrer les avantages et par les
aider avec une formule de financement.
Si nous gaspillons ces efforts à couper du bois et à
l'envoyer en Europe, nous n'aurons pas le temps de faire les deux. Va-t-on
faire du bois de sciage à cet endroit-là? Va-t-on couper des
billes? Va-t-on les expédier? Va-t-on faire du bois plané, du
bois de construction, là-bas, dans la région de Baie-Comeau? Le
ministre peut-il nous le dire? Parce qu'il y a du bois respectable qui devrait
servir au bois de sciage.
Si on pousse la logique de son raisonnement, il faut
nécessairement qu'éventuellement il fasse du bois de sciage. S'il
l'expédie en billes sur la rive sud, il sait fort bien que
l'étude a été faite par les Saint-Laurent de Luceville,
par d'autres, par des experts du gouvernement. Si c'était payant pour
ces messieurs d'aller sur la Côte Nord couper du bois et de l'amener chez
eux, je pense qu'ils l'auraient fait. Même les Saint-Laurent avaient une
concession sur la Côte Nord, et je ne crois pas qu'ils l'aient
utilisée pendant maintes années, je pense qu'ils l'ont
abandonnée. En tout cas, cette concession-là pouvait alimenter
leur usine, et ils n'ont pas décidé de l'exploiter pour continuer
leur usine.
Si c'est le ministère des Terres et Forêts qui fait ce
travail-là, opérera-t-il de façon plus économique
que l'entreprise privée? Le ministère des Terres et Forêts;
le gouvernement, l'office ou toute corporation? Le ministre est-il d'avis
qu'une corporation du gouvernement opère plus économiquement que
l'entreprise privée généralement? Celle-ci doit
nécessairement faire un profit à la fin de l'année, elle
doit arriver,
parce qu'autrement ce sont les contribuables québécois qui
paieront la note tout le temps.
Je lui demande si on va s'intéresser au sciage et si l'on
va...?
M. GOSSELIN: Ce que je trouve étrange dans la question du
député c'est que, si nous allons là pour faire une
opération forestière et que, sur le parterre de coupe, il se
trouve des arbres qui sont de diamètre suffisant pour faire du bois de
sciage, automatiquement nous ferons du bois de sciage.
Nous allons transporter des billes. Je vois que, dans l'esprit du
député, il s'est dit tout de suite que nous allions construire un
moulin à scie. Il n'est pas question de cela. Nous le disons en toutes
lettres, dans l'article 19, qu'on va récupérer du bois et qu'on
va le transporter. Nous avons aussi le pouvoir de le transporter tant par
bateau qu'autrement. Cela veut dire que nous pourrons en faire la
livraison.
J'ai répondu à toutes ces questions. Je regrette beaucoup
qu'elles ne satisfassent pas en totalité mes amis de l'Opposition, mais
il y aura d'autres articles sur lesquels je pourrai répondre.
M. LESAGE: La raison pour laquelle nous ne pouvons pas être
satisfaits des réponses du ministre c'est que ses réponses
comportent trop de « si ». J'en ai compté trois ou quatre,
au moins, dans la réponse qu'il vient de donner à l'ancien
ministre des Terres et Forêts. S'il y a telle sorte de bois, s'il y a un
marché, on verra. Ce que nous voulons, c'est avoir des réponses
aussi précises que possible aux questions suivantes.
M. GOSSELIN: Nous le saurons quand nous aurons commencé à
exploiter. Comment voulez-vous... Vous faites cette scène-là, et
c'est la première fois que je vous interromps, c'est fini. Allez-y.
M. LESAGE: M. le Président, quelles sont les régions
où il y a du bois en perdition?
M. GOSSELIN: II y en a dans toute la pro-vince de Québec en
totalité. On n'a pas besoin de faire un long cours pour savoir cela.
M. LESAGE: Si je comprends bien, Rexfor va exploiter dans toute la
province de Québec.
M. GOSSELIN: Là où il y aura, du bois en perdition. C'est
écrit dans la loi.
M. LESAGE: Même s'il s'agit de terres du domaine public dont
l'exploitation a déjà été concédée
à des personnes, individus ou compagnies? La réponse? Je viens de
poser une question. J'ai pris la peine de dire: point d'interrogation,
M. GOSSELIN: Sur ce point d'interrogation, s'il y a du bois... Je vais
donner un autre exemple: vous avez, dans le parc des Laurentides, un territoire
extraordinaire, le parc du Mont-Tremblant.
M. LESAGE: Les Laurentides ou le Mont-Tremblant?
M. BERTRAND: II en donne deux.
M. GOSSELIN: Le Mont-Tremblant. Vous avez le parc du Mont-Tremblant. A
l'intérieur de ce parc, il faut absolument que la forêt soit
polyvalente. Ce que j'entends par là, c'est qu'elle serve, à la
fois, aux sportifs, à la conservation de la faune et aussi à
toute personne qui voudra aller faire des promenades à
l'intérieur de cette forêt. Or, nous savons que, si on laisse une
forêt à l'état vierge, automatiquement elle devient un
foyer infect d'insectes. Cela peut créer des problèmes
très considérables, pour le feu, sans parler des autres
inconvénients que cela peut apporter.
Or, si nous demandions à une société quelconque
d'entrer à l'intérieur de cette forêt pour la nettoyer,
ça deviendrait une opération assez dispendieuse. Par contre, si
nous demandons à Rexfor d'aller faire le nettoyage de cette
forêt-là, de faire bénéficier...
M. COITEUX: Cela ne lui coûtera rien, à elle?
M. GOSSELIN: ... M. le Président, des usines qui ont fortement
besoin de bois dans le secteur... Je n'ai qu'à me retourner vers
certains de mes collègues, ici, tant du comté de Portneuf que du
comté de Berthier ou du comté de Maskinongé et tous
conviendront avec moi que leurs industries présentement sont au ralenti.
La, nous pourrions aller récupérer des bois qui se perdent dans
le moment et fournir à ces usines-là des volumes de bois qui
automatiquement deviendraient productifs.
M. LESAGE: Oui, mais à quel prix? A un prix qui entraînera
nécessairement un déficit considérable, le ministre vient
de l'admettre.
M. GOSSELIN: Ce qui m'étonne...
M. LESAGE: II n'a pas répondu à ma ques-
tion. Ma question demeure toujours, parce que j'ai parlé de
forêts déjà concédées, données en
concession. Il n'a pas répondu à ma question. Il a «
switché » dans le parc du Mont-Tremblant pour me prouver qu' il
savait définitivement qu'il s'en allait à des déficits. M.
le Président, en réponse à ce que vient de dire le
ministre sur la question précise de l'opération nettoyage du parc
du Mont-Tremblant, je dis que le coût excédentaire du nettoyage du
parc du Mont-Tremblant...
M. BERTRAND: Vous condamnez par vos propos les opérations de la
Manicouagan.
M. LESAGE: Pas du tout! Si le premier ministre voulait m'entendre
jusqu'à la fin. C'est que le déficit devrait être
imputé au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche qui exploite les parcs, de la même façon que le
déficit dans le cas de la Manicouagan a été porté
contre les $14 millions reçus de l'Hydro. Je voulais expliquer au
premier ministre comment je voyais la chose. Il est injuste que les
contribuables du Québec ne sachent pas exactement combien
coûterait, par exemple, le nettoyage du parc du mont Tremblant. Le
déficit, le coût de cette opération doit être
porté au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
qui est responsable des parcs. Cela est tout de suite une erreur fondamentale
qui est à la base même de la conception que le ministre se fait de
ce que devrait être Rexfor. Ma question n'était pas pour le parc
du mont Tremblant. Ma question était la suivante: S'il y a des bois en
perdition parce que trop vieux, je ne sais pas, sur des terres
déjà concédées pour fins d'exploitation
forestière, est-ce que Rexfor ira couper ce bois?
M. GOSSELIN: Il est évident que nous allons commencer par les
terrains de la couronne.
M. LESAGE: Est-ce que je pourrais, aulieu d'entendre dire: « Nous
allons commencer... » avoir une réponse précise? Est-ce oui
ou non?
M. GOSSELIN: Nous avons déjà plus de territoires ou nous
pouvons couper sans aller sur les terrains qui sont déjà
concédés.
M. BERTRAND: II est six heures.
M. LESAGE: J'ai une chose à dire avant la suspension. Je voudrais
bien que le ministre des Terres et Forêts fasse écrire dans le
projet de loi les réponses précises qu'il nous a données
quant aux conditions d'exportation. Cela facilitera de beaucoup l'adoption de
son projet de loi. Qu'il le fasse au lieu de s'entêter sur des termes
vagues.
M. BERTRAND: Voyons donc! Quand vous avez présenté le
projet de loi de la Manicouagan, il n'y a pas eu d'entêtement de ce
côté-là. On s'est fié au jugement du gouvernement
à l'époque.
M. LESAGE: Il y a eu une jolie bataille; cela a duré une semaine.
Mais c'était une chose d'urgence et temporaire. Ici, c'est permanent.
C'est une politique permanente et elle doit être entourée de
toutes les précautions possibles.
M. BERTRAND: Il est six heures.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Les travaux du comité sont
suspendus jusqu'à huit heures.
Reprise de la séance à 20 h 2
M. FRECHETTE (président du comité plénier): A
l'ordre, messieurs!
M. LESAGE: Est-ce que le ministre est en mesure de nous dire quelles
sont les régions où la société Rexfor fonctionnera
plus particulièrement?
M. GOSSELIN: M. le Président, nous allons finir, cette
année, les engagements que nous avons pris dans la région de la
rivière aux Outardes. Maintenant, il est difficile de déterminer
exactement où nous exploiterons dans deux ou trois ans. Pour le moment,
comme je l'ai dit à différentes reprises, il y a plusieurs
endroits dans le Québec où les bois sont rendus à
maturité et sont dans un tel état que...
M. LESAGE: Dans quelles régions y en a-t-il le plus?
M. GOSSELIN: M. le Président, il y en a dans toutes les
régions.
M. LESAGE: Mais dans quelles régions y en a-t-il le plus?
M. GOSSELIN: Le plus? Vous en avez sur la Cote Nord. Vous avez aussi
certains secteurs de la région de l'Abitibi qui pourraient être
exploités. Il y en a, comme je le disais tout à l'heure, à
peu près dans toute la province. Comme on le sait, au Québec, il
y a quelque 354,000 milles carrés de forêt, dont 250,000 milles
carrés sont exploitables. De ces 250,000 milles carrés, il y a
à peine 110,000 milles carrés de forêt qui sont
concédés. Alors, cela veut dire qu'à l'intérieur de
tout ce vaste territoire, qui forme un grand tout avec les frontières du
Québec de 600,000 milles carrés, il y a plusieurs parterres de
coupe où les bois sont rendus à maturité et auraient
besoin...
M. LESAGE: Pardon?
M. BERTRAND: Voici ce que je veux dire. Je crois que, si le principe
était valable pour une exploitation partielle et temporaire... Or, il
l'était.
M. LESAGE: A l'occasion d'une inondation.
M. BERTRAND: Oui, il l'était Mais c'était du bois en
perdition.
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: Si le principe était valable pour une exploitation
temporaire, dans des conditions spéciales, ayant été
ministre des Terres de 1958 à 1960, je crois qu'il est important que
l'Etat se dote d'une structure comme celle-ci, afin de posséder certains
pouvoirs qui lui permettent d'agir dans un domaine où il y a du
bois.
Personne, aucun des ministres qui sont passés au ministère
des Terres et Forêts, ne pourra nier le fait qu'il y en a du bois en
perdition. Je crois...
M. LESAGE: Je suis moi-même le dernier à le nier.
M. BERTRAND: Je crois qu'il est important que l'Etat soit doté
d'un tel pouvoir. C'est mon opinion, après l'exercice des fonctions
pendant deux ans là-bas. On s'est souvent plaint premièrement
qu'il n'y ait pas, au ministère, disons une certaine planification.
Deuxièmement, que l'Etat ne puisse pas jouer le rôle de
coor-donnateur. Le ministre a donné des exemples tantôt pour
l'utilisation de certaines essences de bois. Il faut que l'Etat joue ce
rôle de coor-donnateur parfois lorsqu'il y a des conflits entre deux ou
trois compagnies. Il ne faut pas avoir été longtemps au
ministère pour voir que ces conflits-là se présentent
souvent. Par exemple, on veut alimenter une scierie. Il faut, à ce
moment-là, pénétrer à l'intérieur de
boisés qui appartiennent à une compagnie qui pratique des
opérations forestières qui ne sont pas de même nature que
l'opération forestière pour la scierie. A ce moment-là, il
y a des conflits, des chocs et l'Etat ne peut pas agir.
M. LESAGE: Bien, M. le Président, si le premier ministre me
permet une question, est-ce que l'Etat n'a pas agi dans ces cas et il me semble
je voudrais que le premier ministre me corrige si j'ai tort que
l'Etat peut certainement exiger comme condition des concessions que les
essences dont ne se sert pas le concessionnaire soient cédées
à d'autres à des conditions raisonnables.
Cela a été fait quand je présidais le conseil des
ministres.
M. BERTRAND: Il le fait.
M. LESAGE: Ce problème-là est venu souvent devant nous. Ce
n'est pas nécessaire d'avoir une...
M. BERTRAND: Il le fait, mais c'est toujours des cas
d'espèce.
M. LESAGE: Ce n'est pas nécessaire d'avoir une
société d'Etat pour cela.
M. BERTRAND: Non, mais il le fait toujours devant des cas et à la
dernière minute. Il est bon que l'Etat ait à côté de
lui un organisme comme celui-là au point de vue de la planification, de
la coordination. On n'a qu'à lire les pouvoirs qui sont contenus
à l'article 19. Il va permettre à cette société de
jouer un rôle. Le ministre vient de le dire, si on demande
d'établir des plans immédiats, il va continuer d'abord les
opérations. Il s'est rendu compte depuis qu'il est là, de la
nécessité d'une telle société. Il a vu les
bienfaits, dans certains cas, des activités de l'Office de la
Manicouagan.
Or, je dis, si cette société, créée dans un
but temporaire, pour des activités spéciales au sujet du bois en
perdition, à cause de la construction du barrage de la Manicouagan, je
dis qu'a fortiori, il est important que l'Etat se dote d'une manière
permanente, d'une telle société, car du bois en perdition,de
l'avis de tous l'ingénieur forestier député du
comté de Duplessis le sait il y en a.
L'Etat a certainement un rôle à jouer dans ce domaine comme
agent de planification et comme agent de coordination.
M. LESAGE: M. le Président, il y a tout de même une
question très sérieuse qui se pose. Jusqu'à quel point
devons-nous puiser dans le revenu des impôts pour combler les
déficits inévitables de la société dont le
gouvernement nous propose la création?
Nous avons eu, je le répète, l'expérience de
l'Office de récupération des bois du bassin
Ma-nicouagan-Outardes. Nous savons que l'opération jusqu'à
maintenant s'est soldée par un déficit de $4,500,000,
évidemment contrebalancé par le paiement de $14 millions de
droits par l'Hydro-Québec. Cette opération à elle seule a
entraîné $4,500,000 de déficit, mais elle était
nécessaire à cause de l'urgence.
La société dont on propose la création commencera
par terminer le travail. Donc, pour terminer ce travail, on n'a pas besoin de
cette société. On n'avait qu'à laisser l'office actuel
terminer le travail. Cela aurait pu être fait. Le but de la
société n'est donc pas de terminer le travail
Manicouagan-Outardes; cela aurait pu se faire avec la loi actuelle.
M. BERTRAND: Le ministre l'a donné comme exemple.
M. LESAGE: Oui, oui. Il dit que c'est la première chose que cette
nouvelle société va faire. Donc, la raison de la création
de cette société, ce n'est certainement pas de terminer
l'opération Manicouagan-Outardes, parce que cela aurait pu se faire par
la société qui existe actuellement et dont on prévoit
l'abolition, ou la disparition, devrais-je dire, au projet de loi qui est
à l'étude.
Mais, où se feront les travaux de la société?
Principalement sur la Côte Nord et en Abitibi. C'est là et
je pense que tout le monde le sait ici, tout le monde l'admet qu'il y a
le plus de bois vieux; on peut dire en état de perdition.
Il y a du bois, également, je le sais, le long de la
rivière Natashquan, qui est partiellement mangé par les insectes
comment dit-on...
M. COITEUX: La mouche à scie. M. BERTRAND: Ah oui!
M. LESAGE: Par la mouche à scie, je l'ai constaté de mes
propres yeux. Les forêts de l'Abitibi et de la Côté Nord,
surtout sur la basse Côte Nord, à partir de Sept-Iles, sont
beaucoup moins denses que les forêts du bassin
Manicouagan-Outardes.
Le premier ministre a été ministre des Terres et
Forêts. Moi, je ne l'ai jamais été, mais nous savons tous
cela. Les forêts sont beaucoup moins denses; elles sont beaucoup plus
éloignées. Le coût d'exploitation de ces forêts est
certainement beaucoup plus élevé qu'ailleurs.
A mon sens, l'exploitation que se propose Rexfor est, nous le savons
à l'avance, déficitaire.
M. BERTRAND: Cela peut l'être.
M. LESAGE: Je crois que c'est inévitable.
M. BERTRAND: II ne sert à rien... D'ailleurs, le ministre a
été très honnête et il l'a dit.
M. LESAGE: Au point de vue financier, ce sera déficitaire. Il
peut y avoir certains avantages économiques, d'accord. Mais, il ne
faudrait pas que les avantages économiques que l'on peut en retirer
disparaissent devant les désavantages économiques qui surgiront
de l'exportation de ce bois en dehors du Québec et du Canada.
Nous serions satisfaits si le ministre était prêt à
apporter un amendement au projet de loi qui dirait exactement...
M. BERTRAND: Non.
M. LESAGE: ... ce qu'il nous a dit être son interprétation
de l'intérêt général. C'est-à-dire
que,lorsqu'il n'y a pas moyen de vendre le bois dans le Québec, on
pourrait le vendre au Canada et c'est seulement s'il n'y avait pas moyen de le
vendre au Canada que le lieutenant-gouverneur en conseil, à ce
moment-là, aurait à porter son jugement sur la question de savoir
s'il est dans l'intérêt général d'émettre un
permis d'exportation.
Le ministre va me dire: C'est ça que j'ai dans la tête. Je
le sais; il nous l'a dit trois fois, quatre fois, peut-être cinq fois. Il
l'a dans la tête, mais, comme diraient des gens, ce n'est pas sur le
papier. C'est ce que je désire.
M. BERTRAND: Je respecte l'opinion du chef de l'Opposition.
Premièrement, je crois qu'il faut toujours, dans tout domaine,
présumer d'une certaine bonne foi. Deuxièmement, on doit, surtout
lorsque le ministre est obligé de présenter un
arrêté ministériel et d'être autorisé par le
conseil des ministres, présumer également qu'à ce
moment-là l'on pèse les avantages et les désavantages
économiques.
Il y a des rapports qui accompagnent d'habitude ces mémoires. Il
y a des officiers, dans un ministère. Quant à moi, je serais
prêt, et j'en al parlé avec le ministre, c'est qu'en pareil cas
les arrêtés ministériels et je crois que cela l'est
à l'heure actuelle doivent être déposés dans
les quinze jours. Il me semble que c'est cela: Qu'ils soient
déposés dans les quinze jours de leur adoption, en Chambre, si la
Chambre est en session; si elle n'est pas en session, que l'arrêté
ministériel soit déposé dans les quinze premiers jours de
l'ouverture de la session.
Si mon souvenir est bon, je me demande si, en vertu de la Loi du
ministère des Terres et Forêts, on n'est pas obligé de
déposer, à l'ouverture de la session, les arrêtés
ministériels qui auraient été adoptés pour
l'exportation du bois.
M. CLICHE: Certainement. Exactement.
M. BERTRAND: Il me semble que nous l'avons déjà.
M. CLICHE: Oui.
M. BERTRAND: II me semble, en autant que mon souvenir est
fidèle.
M. CLICHE: Oui, c'est dans la loi.
M. BERTRAND: Nous sommes obligés de dé- poser pareil
arrêté ministériel dans les quinze jours ou trois semaines
de l'ouverture de la session. Je pensais avoir mon livre des
procès-verbaux de l'ouverture de la session dans lequel on trouve
cela.
M. LESAGE: Mais nous ne l'avons pas parce...
M. BERTRAND: Je ne l'ai pas, parce que nous avons commencé la
session dans le mois de février.
M. LESAGE: C'est cela. Nous n'avons que les procès-verbaux de la
deuxième moitié de la session.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LESAGE: Mais, si nous avions le livre des
procès-verbaux...
M. BERTRAND: Je demanderais au secrétaire de l'Assemblée
s'il peut nous procurer...
M. LESAGE: ... du jour de l'ouverture.
M. BERTRAND: ... le premier procès-verbal.
M. LESAGE: Le procès verbal du jour de l'ouverture.
M. BERTRAND: II est ici. Il me semble l'avoir déjà vu.
Ministre des Terres et Forêts. Rapport des affaires qui relèvent
de son ministère.
M. LESAGE: Industrie et Commerce.
M. BERTRAND: Si cela n'y est pas, à tout événement
on pourrait le mettre dans la loi.
M. GOSSELIN: Peut-être que, si on procédait à
l'étude de certains articles, on arriverait à l'article 16...
M. BERTRAND: Non, cela n'y est pas.
M. GOSSELIN: ... où il est dit: « La société
doit, au plus tard le 30 juin de chaque année, faire au ministre des
Terres et Forêts un rapport de ses activités pour son année
financière précédente.
M. LESAGE: Ce n'est pas satisfaisant.
M. GOSSELIN: « Ce rapport doit contenir
tous les renseignements que le ministre des Terres et Forêts peut
prescrire. Il est déposé devant l'Assemblée nationale si
elle est en session ou, si elle ne l'est pas, dans les trente jours de
l'ouverture de la session suivante. » Or, peut-être y aurait-il
possibilité...
M. LESAGE: Le ministre des Terres et Forêts est beaucoup moins
généreux que le premier ministre.
M. BERTRAND: Est moins?
M. LESAGE: II est beaucoup moins généreux que le premier
ministre.
M. BERTRAND: Je serais prêt à mettre cela à
l'article 19.
M. GOSSELIN: Voici...
M. LESAGE: J'ai compris la suggestion du premier ministre. Le premier
ministre nous déclare je n'ai pas raison de ne pas le croire
qu'il n'y aura exportation que lorsqu'il n'y aura pas possibilité
de vente.
Le ministre nous déclare, il l'a répété je
ne sais pas combien de fois, qu'il n'y aura exportation en dehors du
Québec que lorsqu'il n'y aura pas possibilité de vente au
Québec.
M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: Je me demande pourquoi il aurait objection à
l'inscrire au projet de loi. Je n'ai pas de raison de douter de sa bonne foi,
alors je prends sa parole, inscrivons-le.
M. GOSSELIN: C'est que j'en ai encore discuté et de façon
bien précise, avec les légistes, et on me dit qu'à
l'article 19 et c'est de commune renommée, il paraît que, dans les
lois, lorsqu'on dit: « Elle peut aussi, avec l'approbation du lieutenant
- gouverneur en conseil, faire l'expédition en dehors du Québec
ou du pays, du bois qu'elle récupère, s'il parait contraire
à l'intérêt général d'en disposer autrement
», ces trois mots « d'en disposer autrement » englobent
exactement toute l'argumentation que nous apporte le chef de l'Opposition.
M. LESAGE: Non, absolument pas, je regrette. Je ne sais pas qui donne de
telles opinions juridiques au ministre des Terres et Forêts...
M. GOSSELIN: Ce sont les mêmes qui vous conseillaient.
M. LESAGE: ... je ne puis les accepter. Est-ce au ministre des Terres et
Forêts qu'on...
M. GOSSELIN: Non, c'est M. Normand lui-même.
M. LESAGE: Ah, j'aimerais bien discuter avec M. Normand à ce
sujet-là.
M. BERTRAND: Oui, mais je pense que l'opinion du chef de l'Opposition,
ça je comprends ça, l'opinion du chef de l'Opposition c'est celle
du chef de l'Opposition. C'est son devoir...
M. LESAGE: Non, non!
M. BERTRAND: C'est son devoir d'agir ainsi, c'est son devoir d'inciter
le gouvernement, par ses propos, à ne pas accepter que ce bois
récupéré puisse être expédié en dehors
du Québec ou en dehors du Canada, et c'est bon qu'il le fasse inscrire
dans le journal des Débats.
M. LESAGE: Non.
M. BERTRAND: ... non, ça met un gouvernement sur la sellette,
ça oblige un gouvernement, quel qu'il soit, à surveiller...
M. LESAGE: Le premier ministre ne me gagnera pas à coup de
compliments en me disant que c'est mon devoir.
M. BERTRAND: Ah ce ne sont pas des compliments.
M. LESAGE: II est très habile.
M. BERTRAND: Ce ne sont pas des compliments, je dis que les propos qu'il
tient...
M. LESAGE: J'ai la tête aussi dure que celle de son ministre des
Terres et Forêts.
M. BERTRAND: ... naissent de la situation où il se trouve, et que
s'il était ici...
M. LESAGE: Ah non!
M. BERTRAND: ... de même qu'il a, lorsqu'il s'est agi d'un
chapitre 46...
M. LESAGE: Je ne crois pas que j'aurais présenté un tel
projet de loi.
M. BERTRAND: ... pour la loi de la recu-
pération du bois dans les terrains requis pour
l'aménagement hydro-électrique des rivières Manicouagan et
aux Outardes, utilisé exactement la même phraséologie, M.
le Président.
M. LESAGE: C'était totalement différent.
M. BERTRAND: Je vous lis l'article 13 du chapitre 46: « L'Office
peut, avec le consentement du ministre, faire émettre des permis de
coupe à des conditions spéciales et vendre le bois
récupéré en grume ou partiellement ouvré et, avec
l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, il peut en permettre
l'expédition en dehors de la province (cela veut dire en dehors du
Québec) ou du pays (ça veut dire du Canada) s'il paraît
contraire à l'intérêt général d'en disposer
autrement?
Je crois que le chef de l'Opposition...
M. LESAGE: Ce n'est pas ma faute si l'Opposition, à ce
moment-là, n'a pas fait son devoir.
M. BERTRAND: ... a été sage de conserver un tel
pouvoir.
M. LESAGE: Ce n'est pas de ma faute.
M. BERTRAND: Je le félicite d'avoir donné l'exemple
à tous les gouvernements. Qu'il ne blâme pas le gouvernement
d'appliquer une règle de bon sens.
M. LESAGE: M. le Président, je ne reviendrai pas sur les
arguments que j'ai développés.
M. BERTRAND: Non, c'est un excellent argument, parce que c'est
l'argument le plus fort. C'est celui que le chef de l'Opposition d'aujourd'hui
et premier ministre d'alors a utilisé dans le chapitre 46 de la Loi de
la Manicouagan.
M. LESAGE: M. le Président, je suis forcé de
différer d'opinion avec le premier ministre. Il s'agissait d'une loi
d'urgence, à caractère temporaire.
M. BERTRAND: Temporaire depuis neuf ans.
M. LESAGE: C'est temporaire; cela achève. C'est la
dernière année.
M. BERTRAND: Depuis neuf ans.
M. LESAGE: Est-ce ma faute, à moi, si l'Opposition du temps n'a
pas fait valoir les argu- ments que je fais valoir aujourd'hui? Est-ce ma
faute? Est-ce qu'on peut me le reprocher?
M. BERTRAND: A l'époque, le ministre des Terres et Forêts,
si mon souvenir est bon, c'était l'honorable député de
Matapédia.
M. LESAGE: Malheureusement, il n'est pas ici. Il a une excellente
mémoire; il pourrait nous en conter des choses...
M. BERTRAND: A ce moment-là, quand on lui posait une question, je
m'en souviens, il fouillait dans sa serviette; ça prenait beaucoup de
temps à aller chercher le document pour qu'il puisse fournir la
réponse, et ça finissait par une boutade.
M. LESAGE: Il était très habile.
M. BERTRAND: Il était très habile. Pendant qu'on posait la
question, il n'entendait pas la question. Il était penché pour
puiser des arguments dans sa serviette.
M. LESAGE: Il avait un commencement de surdité dont il prenait
avantage avec une habileté consommée.
M. BERTRAND: Disons qu'à ce moment-là le projet de loi a
été adopté. Il ne semble pas que le gouvernement en ait
abusé dans l'expédition du bois à l'étranger.
Pourquoi présumer qu'un autre gouvernement, pour du bois en perdition...
Le bois de la Manicouagan était du bois en perdition. Je me rappelle
qu'à l'époque, quand j'étais ministre des Terres et
Forêts, on avait commencé à en parler de ça. Quand
le projet de loi a été présenté, je me souviens que
nous en avions discuté de l'autre côté. J'ai dit que ce
serait dramatique pour l'opinion publique du Québec de savoir qu'une
quantité énorme de bois allait être inondée, et du
bois de bonne qualité.
Alors, le principe que nous avons ici, c'est du bois en perdition,
premièrement. Il est bon, je le répète, que le
ministère des Terres et Forêts possède ce
pouvoir-là, non seulement d'une manière temporaire et pour des
situations spéciales, mais d'une manière permanente.
M. LESAGE : M. le Président, dans le cas du bassin de
Manicouagan-Outardes, il s'agissait d'une quantité limitée et
connue de bois. Ici, il s'agit de tout le bois qui peut être non pas
inondé, mais trop vieux. D'après les réponses que j'ai
eues et les faibles connaissances que j'en ai personnellement, il s'agit de
très vastes territoires de la Côte Nord du Saint-Laurent et de
l'Abitibi. Il y a même le territoire de la rivière du Chef
qui devait aller à la Kruger et qui est libre ou peut être
libre.
Les quantités en cause ne sont pas les mêmes et le
caractère de ce projet de loi, c'est la permanence d'une
société d'Etat, contrairement à l'autre. Deux
différences. Mais les vastes quantités qui pourraient être
exportées - le premier ministre a dit qu'en vertu de la loi du bassin
des Outardes, les quantités qui ont été exportées
ne sont pas tellement fortes...
M. BERTRAND: Bien!
M. LESAGE: Bien! J'aurais détesté que nous exportions des
quantités telles que cela constitue une raison pour ne pas
établir de nouvelles industries par des gens qui au lieu de ce faire
recevraient notre bois brut en Europe.
Mais avec les quantités énormes qu'il y a sur la Cote
Nord, en Abitibi et ailleurs, quantités mentionnées par le
ministre des Terres et Forêts, je dis qu'il y a un danger d'être
tenté par l'exportation, surtout si l'on peut obtenir sur le
marché européen un prix qui est de 30% plus élevé
que le prix que l'on peut recevoir au Québec ou au Canada.
La tentation serait tripartite avec, hélas, tous les risques que
comporte une telle exportation pour l'expansion de notre industrie
pape-tière. M. le Président, c'est non seulement mon devoir de
dire ce que je dis, mais c'est ma conviction. C'est qu'il y a une
différence, une très grande différence entre les deux
projets de loi: celui que vient de citer le premier ministre et celui que nous
avons à l'étude.
Etant donné le caractère de permanence du projet de loi,
de l'office à être créé, étant donné
également les vastes quantités de bois qui sont en jeu, je crois
que des restrictions dans le sens que je suggère et dont je laisse la
rédaction au gouvernement sont nécessaires. Je n'ai pas
l'intention de présenter un amendement précis, malgré que
je pourrais le faire, je n'aurais qu'à utiliser les termes
employés par le ministre des Terres et Forêts. Il serait
très simple de présenter une modification à l'article 19,
mais je préférerais de beaucoup que le ministre, en collaboration
avec les légistes, prépare quelque chose qui lui est acceptable
et qui donne des garanties, non pas à moi, non pas tellement aux
représentants du peuple, mais aux Québécois, des garanties
qui ont existé depuis 1910 et qui ont eu de si heureux résultats,
que je n'ai pas l'intention de répéter à ce moment-ci.
Alors, je demande au premier ministre et au ministre de faire un nouvel
effort pour comprendre que, si je remplis mon devoir, c'est vrai, mais, en
même temps, j'exprime une conviction profonde qui est mienne depuis
toujours,, Je m'en suis servi sur les tréteaux politiques, le premier
ministre s'en est servi sur les tréteaux politiques. J'entends encore M.
Duplessis vanter les bienfaits de sa loi de 1945. C'est très difficile
pour moi de me départir de cette conviction que j'ai que l'exportation
du bois à l'état brut en dehors du Québec et du Canada
constitue un réel danger pour notre industrie papetière.
M. BERTRAND: M. le Président, je partage les mêmes
convictions que mon collègue, le ministre des Terres et Forêts,
qu'il faut que le bois soit ouvré ici. Par contre, je crois qu'il est
bon que ce pouvoir existe, bien que nous sommes conscients du danger que son
exercice comporte; il doit exercer avec la plus grande prudence, dans des
circonstances absolument exceptionnelles. Afin que les députés
soient bien informés, je serais prêt a suggérer je
pense que le ministre en a discuté avec moi que
l'arrêté ministériel qui peut être adopté en
vertu de l'article 19 soit déposé devant l'Assemblée
nationale, si elle est en session, dans les 15 jours de son adoption, ou, si
elle ne l'est pas, dans les 30 jours de l'ouverture de la session suivante.
Alors, je pourrai préparer un court amendement qui sera
greffé à l'article 19 quand nous y serons rendus.
M. LESAGE: Regardons l'article 19; pendant ce temps, le premier ministre
et le ministre auront le temps de rédiger.
Il y a une chose qui m'a frappé dans un des discours du ministre,
c'est quand il a référé à des attitudes ou à
des paroles de mon prédécesseur à la tête du parti
libéral du Québec, lorsqu'il a référé
à M. Lapalme.
M. GOSSE LIN: « Avec des lambeaux de la patrie ».
M. LESAGE: En gesticulant comme il le fait présentement, le
ministre des Terres et Forêts a rappelé certains discours de M.
Lapalme; je dois dire que les termes du ministre des Terres et Forêts
étaient moins bien choisis que ceux de M. Lapalme.
M. GOSSELIN: Il y avait une différence, mais on sait ce que cela
veut dire.
M. LESAGE: Lorsqu'il se référait aux navires qu'il voyait
passer remontant le Saint-Laurent chargés du minerai de fer de
l'Ungava,
le ministre a dit que si j'ai bien compris les bateaux
charroyant le bois de la Côte Nord seraient chargés pour nourrir
les usines du Québec.
M. GOSSE LIN: Cela peut arriver.
M. LESAGE: C'est ce que le ministre a dit.
M. GOSSELIN: C'est cela, je confirme, je dis que cela pourrait
arriver.
M. LESAGE: Le ministre n'a pas dit que cela pouvait arriver, il a dit
que c'était cela qui arriverait. Il y a une distinction entre cela peut
arriver et c'est cela qui va arriver.
Il y a une distinction entre « cela peut arriver » et
« c'est ça qui va arriver ». Quand nous lui parlions
d'exportation, il a dit non! Ah non, ce ne sera pas comme le minerai de fer! Ah
non, ça va être dans l'autre sens. Ça va être pour
nourrir les industries du Québec.
Est-ce que le ministre peut me dire quelles sont les industries
papetières au Québec dont les concessions forestières ne
sont pas suffisantes pour l'approvisionnement en bois?
M. GOSSELIN: M. le Président, même à cela, j'ai
donné comme exemple, en particulier, les trois moulins que nous avons
dans ma région, dont l'un est à East Angus, l'autre à
Bromptonville et l'autre à Windsor Mills. Deux appartiennent à
Domtar et un appartient à Kruger.
M. LESAGE: Ils utilisent du bois et des copeaux, eux.
M. GOSSELIN: Oui. Mais on est à faire des réparations
très considérables à ces usines dans le moment et en
particulier au moulin d'East Angus. On a déjà tout près
d'un million de dollars pour transformer l'usine. Or, il arrive que sur 130,000
cordes de bois nécessaire à l'approvisionnement du moulin d'East
Angus, il y en a 70,000 qui proviennent d'un rayon dépassant 150 milles
et allant Jusqu'à 450 milles de l'usine.
M. LESAGE: Oui.
M. GOSSELIN: Or, il arrive que cette distance occasionne des
dépenses tellement considérables que cela affecte la
rentabilité de l'usine et peut, automatiquement, le rendre totalement
hors de concurrence avec d'autres usines. Si certains volumes de bois qu'il y a
dans les comtés de Beauce, tout près de Lévis, tout ce
qu'il y a en s'en allant vers le sud, vers chez nous...
M. LESAGE: II n'y en a certainement pas dans les comtés de
Bellechasse, de Montmagny et de l'Islet. C'est rasé.
M. GOSSELIN: Bien, je vous demande pardon mais je pourrais sortir ici
les chiffres de bois vendu...
M. LESAGE: ... des réserves?
M. GOSSELIN: Non des bois vendus par...
M. LESAGE: Ah, par des particuliers.
M. GOSSELIN: ... par les offices de producteurs à
Anglo-Québec, qui se totalisent à quelque 40,000 à 45,000
cordes de bois...
M. LESAGE: Et cela vient du haut du comté de Montmagny et du haut
du comté de Bellechasse?
M. GOSSELIN: Cela vient dans un rayon de Québec, peut-être
une cinquantaine ou une soixantaine de milles.
M. LESAGE: Oui, mais cela vient plutôt du comté de
Charlevoix, je crois.
M. GOSSELIN: Cela vient, j'ai dit, des comtés de Beauce, de
Mégantic, et on vient s'alimenter jusqu'aux abords de l'usine,
même à East Angus.
M. LESAGE: Oui?
M. GOSSELIN: Alors je dis que si...
M. LESAGE: Il en vient de Portneuf beaucoup...
M. GOSSELIN: ... par une planification bien précise, on gardait
tout le bois dans un rayon de 90 milles d'East Angus, à ce
moment-là, cela nous donnerait suffisamment de bois pour assurer la
survie et aussi la rentabilité encore de l'usine d'East Angus.
M. LESAGE: M. le Président, c'est normal ce que le ministre dit,
mais il n'a pas besoin de Rexfor pour ça.
M. GOSSELIN: Là oùonabesoinde Rexfor...
M. LESAGE: Parce que Rexfor ne vend pas de bois jusqu'à
présent.
M. GOSSE LIN: Je n'ai pas interrompu le chef de l'Opposition depuis le
début...
M. LESAGE: D'ailleurs je le fais très aimablement. C'est une
conversation.
M. GOSSELIN: Non, non, j'ai écouté votre réplique
tout à l'heure...
M. LESAGE: Allez-y.
M. GOSSELIN: Partant de cela, je dis qu'il y a un volume d'environ
50,000 cordes de bois qui va à l'Anglo Pulp qu'on vient chercher aux
abords de l'approvisionnement de notre usine.
M. LESAGE: Pardon? M. GOSSELIN: Oui.
M. LESAGE: L'Anglo va chercher du bois dans les Cantons de l'Est?
M. GOSSELIN: L'Anglo Pulp vient acheter du bols qui provient des
terrains privés des cultivateurs de Dorchester, de la Beauce, de
Mégantic et de Frontenac.
M. LESAGE: C'est normal, c'est à côté de
Québec. Ce n'est pas dans les Cantons de l'Est.
M. GOSSELIN: Oui, mais il est beaucoup plus facile et beaucoup plus
avantageux que, par une planification et un mouvement des bols bienfait, ce
bois-là s'en vienne à East Angus, à Windsor Mills ou
à Bromptonville et qu'on se serve du fleuve. D'ailleurs,
déjà, l'Anglo Pulp transporte du bois qu'elle va chercher
à Forestville et quelle descend.
M. LESAGEs Dans des navires.
M. GOSSELIN: Or, nous pourrions facilement les approvisionner d'un
volume de 25,000, 30,000 ou 40,000 cordes par l'entremise de Rexfor, ce
bois-là provenant des champs de compensation que nous avons sur la
Côte Nord.
Nous pourrions aller même jusqu'à Trois-Rivières
pour aider les usines de Trois-Rivières.
M. LESAGE: On n'a pas besoin de Rexfor pour cela; c'est du
réaménagement.
M. GOSSELIN: Oui, on a besoin de Rexfor parce qu'il y a des
activités...
M. LESAGE: Dans tout ce que vous avez dit, Rexfor n'a pas vendu un
morceau de « pitoune » encore.
M. GOSSELIN: M. le Président, ces volumes de bois que nous allons
échanger vont automatiquement libérer d'autres volumes de bois
qui sont à l'intérieur des terres et qui sont absolument
nécessaires pour faire survivre une très grande quantité
de scieries qui automatiquement alimentent l'industrie du meuble. Or, je dis
que Rexfor, en pareille circonstance, pourrait rendre des services immenses
à la planification et à la coordination des approvisionnements de
la province.
M. COITEUX: Vous avez déjà, au ministère, le Bureau
de la planification qui est bien plus important que Rexfor.
M. GOSSELIN: C'est précisément parce que nous l'avons que
je suis capable de faire ce rai-sonnement-là. Avec l'expérience
que j'ai eue également, depuis trois ans et demi, j'ai vu les
difficultés que nous avons à intercéder auprès des
compagnies pour leur faire céder certains volumes de bois qui sont
absolument nécessaires à la survie de certaines usines.
M. COITEUX: Quelle différence fera Rexfor là-dedans?
Absolument rien; c'est un contrôle du ministère qui doit
être fait.
M. GOSSELIN: La différence c'est quelle va apporter les volumes
de bols nécessaires et compenser pour d'autres volumes dont nous avons
besoin pour d'autres fins.
De toute façon, je pense que la loi, telle que
préparée, avec l'amendement que l'honorable premier ministre a
suggéré, va donner toute la garantie nécessaire. D'autant
plus que je vais, en tant que ministre des Terres et Forêts, du moins
pour le temps que j'y serai, être obligé de revenir chaque
année pour présenter le rapport de cette
société.
M. LESAGE: Vous le recevrez peut-être assis de ce
côté-ci, si vous êtes réélu dans votre
comté.
M. GOSSELIN: Je le lirai avec grand plaisir. Je ne peux vous cacher que,
depuis trois ans et demi que je suis au ministère des Terres et
Forêts, j'ai éprouvé immensément de plaisir et de
satisfaction, parce que j'ainettement l'impression cela, je l'ai
déjà dit antérieurement, d'ailleurs que,
grâce au travail commencé en partie par mon
prédécesseur, nous avons placé le ministère des
Terres et Forêts à la place qui lui convenait.
Pendant trop longtemps, on a oublié le ministère des
Terres et Forêts. On l'a négligé et on ne lui a pas
donné les outils nécessaires. Surtout quand on regarde l'impact
économique que peut apporter l'industrie forestière à
l'intérieur du Québec, je crois sincèrement que cet
organisme dont nous allons doter la province aidera encore à faire la
coordination et la planification de tous les approvisionnements qui sont
absolument nécessaires pour accentuer l'économie de la province
de Québec.
M. COITEUX: J'écoutais le premier ministre tantôt et la
réplique du chef de l'Opposition. Il y a certainement une distinction
très nette entre ce qui a motivé la Loi de la
récupération forestière pour un but bien précis, on
l'a dit à satiété depuis le midi. Mais là, ce n'est
pas cela, c'est une loi pour récupérer du bois en perdition.
Qu'est-ce qu'on entend d'abord par du bois en perdition en foresterie? Si on
dit que c'est du bois qui est trop vieux ou qui est renversé, à
ce moment-là on veut exercer ce que le gouvernement n'a pas encore fait
exercer aux compagnies, c'est-à-dire qu'on veut se lancer dans le
domaine de la sylviculture, dans la normalisation des forêts.
Le but n'est pas le même du tout. On pourra facilement dire, par
exemple pour justifier la vente aux Italiens de 150,000 cordes de bois en
provenance de Natashquan, que ce bois-là est en perdition. Le ministre
dira qu'il est en perdition, et moi je lui dirai qu'il n'est pas en perdition.
Où va-t-on se ramasser avec cela?
M. BERTRAND: Ou menacé de perdition.
M. COITEUX: C'est une couverture qui ouvrira la porte à des
expéditions. Notre région pourrait facilement alimenter trois
magnifiques industries de pâte et papier. Nous resterons des producteurs
de bois. D'ailleurs, le ministre le sait. On parle de nos richesses naturelles;
mais les pays qui possèdent le plus de richesses naturelles, dans bien
des cas en Afrique, sont les pays qui sont les plus
sous-développés. Pourquoi? Parce qu'on a permis à ces
richesses naturelles d'être fabriquées ailleurs.
Disons que le ministre, pour l'instant, est très bien
intentionné, je n'en doute pas, mais la porte est ouverte, parce que la
définition des mots « en perdition », le ministre ne me l'a
pas donnée encore. Il m'a dit: C'est du vieux bois. Il a parlé de
18%, cet après-midi. Je vais aller sur le même terrain et je vais
peut-être trouver 2% ou 3%.
M. BERTRAND: Je pense bien que le député de Duplessis, qui
est un ingénieur forestier, admettra avec moi qu'il y a de ses
confrères qui sont au ministère des Terres et Forêts.
M. COITEUX: Oui.
M. BERTRAND: Il faut toujours être réaliste! Ce n'est pas
une loi qui arrive d'en l'air, qu'on apporte sur un bureau. Il y a des gens qui
travaillent dans ces bureaux-là, il y a des ingénieurs forestiers
très compétents, très qualifiés.
M. COITEUX: Oui. Le discours en deuxième lecture...
M. BERTRAND: Ces gens connaissent la forêt. S'il y a un domaine,
entre nous, où il est important de doter le ministère d'outils,
c'est celui-là. L'ancien ministre des Terres et Forêts, le
député d'Abitibi-Est, le sait aussi. Il faut donner au
ministère, par le truchement d'une société comme
celle-là, des pouvoirs qui lui permettent de jouer son véritable
rôle. Quand l'Etat va exercer son rôle, ce sera celui de gardien de
la forêt. Il devra sauvegarder et utiliser cette richesse avant qu'elle
ne décrépisse. C'est cela qui est important.
M. COITEUX: Quelle attitude le gouvernement entend-il prendre pour les
mille et les mille cordes de bois qui se perdent actuellement dans les
concessions forestières?
M. BERTRAND: Nous ne pourrons pas toutes les sauvegarder, c'est
sûr. Au moins, si nous pouvons enrayer ce
phénomène-là, ce sera déjà beaucoup. La
crainte que le député de Duplessis exprime pour l'exportation
à l'étranger...
M. COITEUX: Oui.
M. BERTRAND: ...je sais qu'il y a lieu d'envisager ce danger et
d'être très prudent. Je n'ai pas besoin de reprendre les quelques
propos que je tenais tantôt en réponse à ceux du chef de
l'Opposition. Nous sommes sensibilisés à cela, nous aussi. Le
ministre l'est, le conseil des ministres l'est aussi, le ministère
également. Nous savons que l'industrie forestière au
Québec est à peu près notre plus grande richesse. C'est
celle-là qui procure à peu près les meilleurs
salaires.
Entre l'expédition de bois à l'étranger et
l'établissement d'une usine ici, grands dieux! il faudrait qu'un
gouvernement soit joliment dénué de bon sens pour aller choisir
l'expédition du bois à l'étranger. Qu'on fasse au moins
confiance un peu aux hommes qui exercent une autorité.
M. COITEUX: C'est que nous avons lieu de douter, M. le Président.
J'ai posé une question cet après-midi. Il nous manquait 100,000
cordes de bois pour compléter un contrat ou des engagements pris au
préalable.
J'ai posé la question au ministre: Est-ce que c'était du
bois en perdition? Non. Est-ce que c'était du bois sain? Non. Alors,
pourquoi est-ce qu'on n'est pas allé, s'il y en a tant que ça du
bois en perdition dans la province de Québec, le récupérer
là pour le vendre?
Le premier geste qu'il pose, c'est d'aller chercher 100,000 cordes de
bois sain. Alors, le but de son affaire, l'affaire du ministre des Terres et
Forêts, Rexfor... S'il y en a tellement de bois en perdition dans la
province de Québec, il aurait pu en récupérer une partie
quelque part dans cette affaire-là.
M. BERTRAND: II n'a pas posé de geste avec Rexfor. Rexfor
n'existe pas encore.
M. COITEUX: De toute façon, il l'a posé. Je ne sais pas de
quelle façon, mais il l'a posé certainement.
M. BERTRAND: C'est du bois de Manicoua-gan, ça.
M. GOSSELIN: C'était du bois des bassins. Seulement, il
était en dehors des territoires qui devaient être
inondés.
M. COITEUX: Oui, mais, justement, s'il y en a tellement de bois en
perdition, pourquoi est-ce qu'il a pris du bois sain?
M. GOSSELIN: Dubois sain! J'ai dit au député, cet
après-midi il n'a rien compris qu'il y en avait 18% de ce
bois-là qui était pourri, qui est resté sur place et qu'on
n'a pas pu vendre.
M. COITEUX: Où avez-vous pris vos informations de 18%?
M. GOSSELIN: Elles viennent d'autres ingénieurs-forestiers, aussi
compétents que vous, de vos confrères ayantle même
diplôme, la même science.
M. COITEUX: Je suis obligé de prendre votre parole, mais, du 18%,
il n'y a aucune compagnie qui va l'acheter.
M. GOSSELIN: II est resté sur le terrain. On voit clairement que
le député...
M. BERTRAND: Et le reste, 82%! S'il ne l'avait pas fait, ce serait
peut-être devenu à 100% du bois perdu.
M. COITEUX: Ah bien, il faut prendre la parole d'un ministre à
18%, mais, moi, écoutez...
M. BERTRAND: II a des ingénieurs autour de lui.
M. COITEUX: Le premier ministre, tantôt, semblait penser que
toutes les remarques que j'ai faites... Il dit qu'il y a des confrères
ingénieurs très compétents au ministère des Terres
et Forêts. Je ne le nie pas, mais je peux dire au premier ministre que
ça fait un an qu'un groupe d'ingénieurs - forestiers
extrêmement compétents, en dehors du gouvernement, travaillent
à la préparation de mon discours en deuxième lecture.
Alors...
M. GOSSELIN: Cela avait l'air de ne pas venir de vous, ça.
M. COITEUX: Non, non. Je pense que le ministre aurait gagné
à se faire aider, car si ça n'avait pas toujours sorti de sa
tête, on aurait peut-être des réponses plus claires.
M. BERTRAND: Je pense que le député de Duplessis discutait
bien tantôt; il est aussi bien de maintenir le même ton.
M. COITEUX: Oui, bien, qu'il arrête, parce que ces
sépulcres blanchis, je ne les endurerai pas. Pas avec un vernis...
M. BERTRAND: Je suis, moi aussi, favorable à l'entreprise libre,
à l'initiative personnelle. C'est générateur ça,
créateur d'emplois, admis. Mais, quand on a été ministre
des Terres, on sait qu'il est important que le ministère des Terres et
Forêts du Québec, qui a la responsabilité de ce patrimoine
immense, soit ou directement doté d'outils, d'instruments essentiels
pour jouer un rôle de planification et de coordination ou qu'il le soit
indirectement. Indirectement, il l'est par cette société que nous
rendons permanente, en fait. Cette société, on le sait, avait
été créée pour un objet temporaire, pour un objet
spécial. J'ai dit tantôt: Si c'était bon pour la
récupération du bois autour de ce bassin de la Manicouagan, c'est
bon que ça demeure permanent.
M. GOSSELIN: M. le Président, je répète ici, une
fois de plus...
M. LESAGE: Un instant, s'il vous plaît. Ne poussez pas tous
ensemble.
M.BERTRAND: On ne pousse pas!
M. LESAGE: Je voudrais dire que, lorsque le premier ministre a
développé, tout à l'heure le raisonnement qu'il vient de
développer à nouveau, je lui ai répondu.
M. BERTRAND: Oui, oui.
M. LESAGE: La réponse de tantôt demeure. A mon sens, elle
continue de valoir.
M. BERTRAND: La réponse de tantôt vaut et le chef de
l'Opposition peut continuer...
M. LESAGE: Oui, et je ne recommence pas.
M. BERTRAND: ... à travailler sur les autres projets de loi qu'il
est en train d'analyser.
M. LESAGE: II est tout de même une chose, c'est que, dans tous les
plans que le ministre a exposés il a parlé de
planification, il a parlé de la nécessité de
réaménager les concessions, de réaménager les
approvisionnements de bois à aucun moment, ne m'est-il apparu
clairement que, pour l'aider soit directment ou indirectement dans ce
réaménagement, il avait besoin d'une société ayant
les pouvoirs de Rexfor et plus particulièrement les pouvoirs
d'exportation.
M. GOSSELIN: M. le Président, je voulais ajouter ceci au
débat. J'ai suivi aussi les activités du député de
Mercier qui, très souvent...
M. LESAGE: Vous voulez recommencer la chicane, là, hein? Vous
allez l'avoir!
M. GOSSELIN: Mais est-ce que...
M. LESAGE : Laissez le député de Mercier tranquille.
M. GOSSELIN: Bien oui, mais...
M. LESAGE : Je vous avertis, ça va être la chicane.
Répondez à mes arguments.
M. GOSSELIN: M. le Président, le député de Mercier
dit ceci...
M. LESAGE : Le député de Mercier était ici cet
après-midi.
M. GOSSELIN: Oui.
M. LESAGE : Le ministre aurait pu faire ce qu'il fait, mais il ne l'a
pas fait. Il attend qu'il soit reparti, parce qu'il sait que le soir il est
engagé.
M. GOSSELIN: M. le Président...
M. LESAGE: Demain matin, le député de Mercier sera ici.
Suspendons, rapportons progrès et le ministre lui parlera en face
demain.
M. GOSSELIN: Je n'ai absolument rien à dire contre le
député de Mercier. Au contraire, je veux lui faire des
compliments...
M. LESAGE: Mais je sais...
M. GOSSELIN: ... et le chef de l'Opposition a tellement peur...
M. LESAGE: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
sais d'expérience que ce que le ministre des Terres et Forêts va
faire, ça va être d'interpréter encore une fois d'une
façon absolument fantaisiste, de bonne foi parce qu'il ne comprend
pas...
M. GOSSELIN: Non, non.
M. LESAGE: ... les paroles du député de Mercier.
M. ROY: Ce n'est pas gentil, ça.
M. LESAGE: Bien, qu'il le soit, lui. Qu'il ne cite pas les
députés, qu'il ne profite pas pour les citer de leur absence en
Chambre.
M. GOSSELIN: Le chef de l'Opposition devrait savoir que je ne me
défile pas, même devant lui.
M. LESAGE : Moi non plus je ne me défilerai pas. Qu'il attende
que mes collègues soient ici pour les citer.
M. GOSSELIN: Un instant. Ecoutez ce que le député de
Mercier dit, lui. Il dit: « La pénétration étatique
dans le secteur de l'exploitation forestière par l'intermédiaire
d'une société d'Etat est d'autant plus urgente selon M.
Bourassa qu'il y a des régions du Québec dont le
développement économique dépend de la forêt
».
M. LESAGE: M. le président, j'invoque le règlement.
M. GOSSELIN: Et ça, c'est un économiste
éminent.
M. LESAGE : J'invoque le règlement. Le ministre ne comprend pas
ce qu'il lit. J'ai déjà répondu à cela. J'en ai
causé avec le député de Mercier ce midi. Une
société d'Etat peut aider au réaménagement des
ressources forestières...
M. GOSSELIN: Bon, vous le dites.
M. LESAGE: ... sans exporter, en s'asso ciant avec d'autres. C'est
d'ailleurs ce que nous avons toujours suggéré.
M. GOSSELIN: Oui.
M. LESAGE: Comme pour Soquip...
M. GOSSELIN: On va l'avoir...
M. LESAGE: ... comme pour Soquem.
M. GOSSELIN: C'est précisément ce que nous faisons.
M. LESAGE: Je voudrais bien savoir qui interrompt l'opinant. Comme pour
Soquip, comme pour Soquem, en participation avec d'autres pour aider au
réaménagement, mais pas pour nourrir les marchés
étrangers de notre bois brut.
M. BERTRAND: Mais non!
M. LESAGE: Jamais le député de Mercier n'a
prôné cela. Il a prôné la création d'une
société d'Etat pour aider au réaménagement
forestier, d'accord. C'est dans notre programme. C'est entendu; c'est dans
notre programme. Mais ce n'est pas une société d'Etat qui va
fonctionner à perte et qui va...
M. GOSSELIN: Comment pouvez-vous le dire?
M. LESAGE: ... vendre notre butin de l'autre côté de
l'océan, pour me servir des expressions de M. Duplessis.
M. BERTRAND: M. le Président, il y a toutes sortes de
façons à l'heure actuelle pour l'Etat d'aider l'industrie. Vrai
ou faux?
M. LESAGE: Oui, mais nous croyons en celui que je viens d'exposer.
M. BERTRAND: Vrai ou faux? Le gouvernement fédéral...
M. LESAGE : II y en a des bons et il y en a des pas bons. Nous, nous
croyons que nous avons le bon.
M. BERTRAND: ... et le gouvernement provincial adoptent des politiques
à l'heure actuelle pour aider.
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: Cela, c'est de l'argent qui vient de tous les
contribuables.
M. LESAGE: Mais Rexfor, nous prétendons que ça va
nuire.
M. BERTRAND: Et c'est de l'argent qui va aider l'industrie. Nous venons
d'en avoir la preuve ici, les aigles d'or, en face, $5 millions du
fédéral, $500,000, je pense, du Québec: donc, $5,500,000
des contribuables. Tout le monde nous dit de tâcher d'adopter des
politiques qui peuvent aider. En voilà un moyen. Et en même temps
on verra, comme le ministre l'a indiqué dans son discours, à
fournir de l'emploi à des gens qui, à l'heure actuelle,
reçoivent des allocations sociales. Cela, il l'a mentionné dans
son discours. Quand on envisage tout ce problème sous tous ses angles,
aspect social, aspect économique, aspect politique, même si en
conclusion il y a un déficit en signe de dollars, est-ce que dans
l'ensemble c'est un véritable déficit? Je dis: Non.
Voilà un moyen. Il pourrait y en avoir d'autres. On en
atrouvé d'autres. L'Etat pourra voir, à ce moment-là, s'il
n'y a pas d'autres politiques qui pourraient être ajoutées
à celles que nous avons déjà. Mais je crois que cette
mesure-là va atteindre le but qu'elle poursuit, et c'est un but
certainement louable, et ce sont des pouvoirs qui vont être
exercés par le ministère ou par la société qui
dépend du ministre et avec l'avis de conseillers, d'ingénieurs
forestiers au courant du problème forestier du Québec, et en
collaboration également, comme l'article 19 le dit, avec des organismes
privés ou publics, avec des compagnies, etc.
M. le Président, je pense que nous avons là des
réponses qui devraient être de nature à satisfaire
l'Opposition.
M. CLICHE: Une remarque, M. le Président, à la suite des
observations du premier ministre. L'attitude de l'Opposition est une attitude
objective et positive. Nous voulons, nous aussi, que le bois en perdition dans
cette province soit utilisé. Nous voulons que la forêt
québécoise soit utilisée de façon maximale, le plus
possible. Mais nous voulons que ce soit fait d'une façon qui va
contribuer davantage à l'économie de la province. Nous aurions
voulu, nous aurions été fort heureux que le ministre des Terres
et Fo-
rets nous présente une loi et nous dise en même temps!
Voici les projets que nous avons à l'idée présentement et
pour lesquels et à la suite desquels nous demandons la formation d'une
telle corporation de la couronne. Si le ministre nous avait donné un
autre projet que celui d'expédier du bois à l'extérieur du
Québec, parce que je conclus que, présentement, c'est le seul
objectif qu'il a, il prévoit une autre utilisation...
M. GOSSELIN: Non, non, voyons donc! Ce sont des formules; plus
tard...
M. BERTRAND: Le député est injuste. Il fausse totalement
les propos du ministre.
M. CLICHE: Présentement, c'est la seule utilisation qu'il a
donnée et que je retiens. Je dis que notre attitude est objective, et
objective dans le sens...
M. GOSSELIN: Retenez le reste aussi. M. CLICHE: Une seconde. M.
GOSSELIN: Soyez juste.
M. CLICHE: Une seconde. Je dis que s'il nous disait: Le bois de
Manicouagan et des Outardes n'est pas utilisé. Nous devons trouver une
formule pour l'utiliser. Je dirais très bien, mais utilisons-le,
ouvrons-le au Québec...
M. GOSSELIN: C'est ce que j'ai dit cet après-midi.
M. CLICHE: ... par une formule...
M. GOSSELIN: C est ce que j'ai dit cet après-midi.
M. CLICHE: ... qui sera une autre formule, une formule pensée,
une formule réfléchie, une formule étudiée qui sera
une autre que de l'expédition du bois brut à l'étranger,
en dehors du Québec et du Canada.
M. GOSSELIN: J'ai tout expliqué ça cet
après-midi.
M. CLICHE: Le ministre sait qu'au ministère des Terres et
Forêts on parlait, depuis quelques années, de l'ouverture de
manufactures de bois là-bas, dans ce territoire-là. On en a
déjà parlé pendant que j'étais là. Si l'on
amenait un projet, un projet complètement défini, connaissant les
implications financières et la rentabilité, nous serions
immédiatement en faveur d'une telle corporation. Je l'ai même
suggéré cet après-midi. J'ai même reproché
que cette corporation-là ne soit pas en mesure de venir en aide à
un projet, celui de Sacré-Coeur, comté de Saguenay, où on
a étudié et où on est convaincu de la rentabilité
d'une usine de carton à cet endroit-là, usine de même
nature que l'usine de Matane. Alors, je dis et je répète: Le
ministre n'a pas de projet concret, étudié, défini et
positif. C'est pour ça que nous nous objectons dans les
circonstances.
M. BERTRAND: Très bien. Alors, article 1...
M. LESAGE: II n'y a pas moyen de savoir quels sont les plans du
ministre, de savoir où il va. Il ne le sait pas. Il n'y a rien de
précis. C'est toujours: Nous verrons... Peut-être...
M. GOSSELIN: Bien, je vous dirai ça l'année prochaine!
M. LESAGE: Bien, M. le Président, devant cette attitude, je pense
bien que nous ne pouvons pas avoir confiance. Quand on nous répond: On
vous dira ça l'année prochaine, quelle confiance voulez-vous que
nous ayons, M. le Président? Le ministre devrait être en mesure de
nous dire combien de bois il a l'intention d'exporter à même les
forêts qu'il dit en perdition. Je pense que nous avons le droit d'exiger
une réponse à cette question.
M. GOSSELIN: M. le Président, il est évident que, depuis
le tout début de la discussion de ce projet de loi, on a essayé
de me faire subir un interrogatoire, un contre-interrogatoire.
M. LESAGE: C'est normal.
M. GOSSELIN: On a essayé par tous les moyens d'argumenter, de
façon à laisser croire à la population que la
totalité de ce projet vise l'exportation des bois en dehors du
Québec ou du Canada.
M. LESAGE: Oui, qu'allez-vous en faire?
M. GOSSELIN: J'ai dit à maintes reprises qu'avant que ce projet
de loi soit adopté il était impossible pour nous de faire quelque
négociation que ce soit, puisqu'il nous fallait une autorisation. J'ai,
à maintes reprises depuis le début du débat,
expliqué de quelle façon cette société pourrait
trouver preneur de ses bois à l'intérieur du Québec. Il
est clairement stipulé, il me semble, et puisqu'on ne semble pas
comprendre, à l'article 19: « A cette fin, la
société peut, avec l'approbation du ministre des Terres et
Forêts: a) conclure des accords avec toute personne ainsi qu'avec tout
organisme public ou privé, en vue de contribuer â
l'approvisionnement des industries forestières en matière
première et à la stabilisation de ces industries ».
Or, ce sont là des pouvoirs dont nous avions besoin, mais qui ne
pouvaient pas arriver avant que nous ayons la loi. Commentpouvait-on commencer
à planifier, à programmer, à donner la garantie à
quelque usine que ce soit dans le Québec que nous pourrions lui donner
des approvisionnements pendant que nous n'avions pas cet outil que nous
demandons? b) conclure des accords avec toute personne ou avec tout organisme
public ou privé pour la coupe, l'écorçage, le sciage,
l'usinage et la vente du bois et des produits du bols ».
Or, il me semble que ce sont là des articles très clairs,
et je suis certain qu'à la fois le chef de l'Opposition, le
député d'Abitibi-Est, qui est un avocat compétent, et le
député de Duplessis, qui est censé être un
ingénieur forestier compétent, savent ce que ça veut
dire.
Au troisième paragraphe, encore là, on dit: « Elle
peut aussi, avec l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, faire
l'expédition en dehors du Québec ou du pays, du bois qu'elle
récupère, s'il paraît contraire à
l'intérêt général d'en disposer autrement ».
Et là nous sommes prêts à ajouter la phrase suivante:
« Tout arrêté ministériel adopté en vertu du
présent alinéa doit être déposé devant
l'Assemblée nationale, si elle est en session, dans les 15 jours de son
adoption ou, si elle ne l'est pas, dans les 15 jours de l'ouverture de la
session suivante ».
Or, ceci vient encore donner une garantie additionnelle au rapport que
devra présenter le ministre des Terres et Forêts à tous les
ans à l'Assemblée nationale et par lequel toute la province de
Québec sans exception pourra connaître quelles ont
été les activités de cette société au cours
de l'année qui vient de s'écouler. En plus de cela, comme
sécurité supplémentaire, nous avons le comité des
organismes paragouvernementaux que l'on peut convoquer, questionner en tout
temps, tout officier d'un office paragouvernemental, et savoir exactement
où l'on va. A ce moment-là, le devoir de l'Opposition sera
d'attirer l'attention du public en général, si elle
prétend que les activités de l'office de Rexfor ont
été à l'encontre de l'intérêt
général des concitoyens ou de l'économie de toute la
province de Québec.
Alors, il me semble que, quand bien même l'on discuterait des
heures et des heures, il n'y a qu'une seule façon de savoir si oui ou
non le geste que nous allons poser sera un geste juste et à l'avantage
de l'économie: C'est de tenter de faire un essai loyal. D'ailleurs, on
a, à maintes reprises depuis le début de ce débat, fait
appel â une expérience qui a été faite par nos
prédécesseurs, qui a commencé en 1961.
On parle d'un déficit de quelque $4,500,000. Mais, dans l'analyse
des états financiers, il est bien stipulé qu'il n'a jamais
été tenu compte des inventaires de bois en main en fin
d'exercice, pas plus que des comptes à recevoir ou a payer, parce que
c'était une comptabilité totalement différente. Ce
n'était pas une comptabilité commerciale, mais bien une
comptabilité d'opération forestière de
récupération. Deplus, les immobilisations n'ont pas
été comptabilisées comme telles, mais simplement comme des
déboursés à même les affaires courantes. Il y a
aussi divers dépôts retenus sur contrats, réclamations,
etc. Or, cela veut dire que sil'on tient compte de tous ces facteurs, on peut
facilement affirmer ici, en cette Chambre, et tel que le dit d'ailleurs la
conclusion du rapport, que ces travaux faits dans le bassin des rivières
Manicouagan et Outardes ont été à l'avantage de
l'intérêt économique du Québec. Partant aussi de
cette expérience, là où nous avons un personnel
rodé, un personnel qui travaille à l'intérieur de l'office
maintenant depuis plusieurs années, il est évident qu'il pourra
réduire, peut-être faire disparaître en totalité ce
semblant de déficit qu'il faut imputer au système de
comptabilité que l'on a eu.
Dans les études faites par le groupe d'experts qui a
analysé l'affaire en totalité, il y a certains tableaux fort
intéressants à retenir. Entre autres, on dit que dans chaque
corde de bois qui est coupée au Québec, il y a $22.58 de taxes
directes et indirectes. De ces $22.58 le gouvernement fédéral
perçoit en impôts $11.64, Le gouvernement provincial, aux
impôts et redevances, $7.59 et les taxes municipales et scolaires, $3.35,
ce qui fait un grand total de $22.58. Et advenant le cas où, pour une
certaine période de temps que nous voulons la plus limitée
possible et même, si possible, faire disparaître en
totalité, s'il sortait hors du Québec cet aspect a
été également analysé selon les auteurs de
cette même expertise, les divers gouvernements mentionnés ne
reçoivent que $5.59 de moins. A ce moment-là, vous avez pour le
gouvernement fédéral, lorsque les bois sortent non ouvrés
du Québec, $0.51 soit une perte de $11.13. Le gouvernement provincial,
lui, ne perd que $3.52 et les municipalités $2.94.
Or, si on fait une analyse totale, je l'ai dit
à maintes reprises, il y aura de ces travaux qui,
automatiquement, seront déficitaires comme dans toute opération
et comme dans tout commerce, d'ailleurs. Mais il pourra y en avoir
également qui rapporteront des profits. Nous avons eu cette
expérience dans les bassins. Au moment où on
récupérait dans des territoires très avantageux,
automatiquement, des profits ont été constatés. Mais
ailleurs où c'était plus marécageux ou plus
escarpé, on a encouru des pertes. Je l'ai bien expliqué et je
tiens à le répéter à nouveau. On ne semble pas, de
l'autre côté, se scandaliser au moment où, comme je le
disais hier, on va donner, en vertu des bills 23 et 24, des sommes fabuleuses
d'argent, des subventions. Je dis que ce sont des mesures incitatrices
excellentes, mais cet argent que nous donnons en subventions, nous devons aller
l'emprunter. Nous ne l'avons pas et nous devons payer de très hauts taux
d'intérêt.
M. LESAGE: M. le Président, j'invoque le règlement. Il
faudrait quand même que les ministres soient d'accord. Je ne sache pas
que le gouvernement ait un déficit aux comptes ordinaires...
Or, les dépenses encourues, en vertu de la loi qui est
administrée par mon excellent ami le ministre de l'Industrie et du
Commerce, les sommes d'argent qui sont distribuées en vertu des articles
23 et 24 ne sont pas des dépenses d'immobilisation mais des
dépenses ordinaires. Par conséquent le gouvernement n'emprunte
pas pour cela.
M. GOSSELIN: Même si le gouvernement n'emprunte pas pour cela, il
est obligé d'aller emprunter pour...
M. LESAGE: Pour les dépenses capitales, pour construire des
routes. J'en appelle au règlement. Il faut tout de même qu'un
ministre de la couronne s'en tienne aux faits. Je pense que le ministre des
Terres et Forêts a assez de son ministère sans aller s'occuper de
celui de l'Industrie et du Commerce pour dire des choses que serait
obligé de condamner son collègue.
Qu'il s'en tienne à son ministère.
M. PAUL: M. le Président, vous voyez la mauvaise foi. Pour cette
question de rappel au règlement, voici que depuis le début de la
soirée ou à peu près l'honorable chef de l'Opposition
interrompt à tout moment pour contredire ou pour exprimer une opinion
contraire à celle du ministre des Terres et Forêts.
Un rappel au règlement, c'est lorsque le rè- glement de la
Chambre est enfreint ou encore quand on peut se lever, en vertu de l'article
270, et immédiatement corriger une erreur d'interprétation ou
nous prêter des propos que nous n'avons pas tenus.
Mais l'on ne peut pas, sous ce couvert d'un appel au règlement,
interrompre le ministre pour entrer en contradiction de propos ou tenir une
assemblée contradictoire avec lui. Lorsque l'honorable ministre aura
terminé ses propos, l'honorable chef de l'Opposition aura alors tout le
loisir ou tout le temps voulu pour contredire ou discuter l'argumentation ou
les opinions émises par le ministre des Terres et Forêts.
M. BERTRAND: Et Dieu sait qu'il l'a eu ce temps-là!
M. LESAGE: ... par le ministre de la Justice. Je dois dire que si j'ai
invoqué le règlement, cette fois-ci, c'était pour rendre
service au premier ministre qui était distrait c'était pour
rappeler au ministre des Terres et Forêts qu'il existe quelque chose qui
s'appelle la solidarité ministérielle. Je pense que
c'était important que je le fasse, et à ce moment-là je
rendais service au premier ministre et au ministre.
M. BERTRAND: S'il y a quelqu'un qui n'a jamais commis de
péché...
M. LESAGE: Le ministre de la Justice ne m'en voudra pas d'avoir agi dans
de bonnes intentions.
M. BERTRAND: ... Si le ministre des...
M. PAUL: M. le Président, une fois de plus je reconnais la
grandeur d'âme du chef de l'Opposition.
M. BERTRAND: Alors avec ce compliment-là, pour moi il ne se
relèvera plus d'ici la fin de la...
M. LESAGE : Mais je pense que le ministre est mieux de s'en tenir
à son ministère, car il va embarrasser ses collègues.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 1 adopté?
M. LESAGE: Non, le ministre est debout.
M. GOSSELIN: Je vais me rasseoir, adoptez-le.
M. LESAGE: Non, le ministre est debout et je n'ai pas le droit de
l'interrompre.
M. BERTRAND: Ecoutez, n'invoquez pas le règlement pour qu'il se
relève.
M. LESAGE: Tout de même..!
M. GOSSELIN: ... je vais répéter ce que j'ai dit hier,
exactement comme fait le chef de l'Opposition depuis le début de
l'étude de cette loi-là. Il se répète constamment,
alors je répétais le boniment que j'ai fait hier.
M. LESAGE: M. le Président,...
M. ROY: « Ils s'aimaient d'amour tendre ».
M. LESAGE: ... je ne suis pas d'accord avec le ministre des Terres et
Forêts...
M. ROY: Bon, une autre petite chicane.
M. LESAGE: ... et la preuve en est que, tout à l'heure, lorsque
le premier ministre a dit, au cours de l'intervention, « je
répète les arguments que j'ai donnés tantôt, »
et il les a répétés, le premier ministre s'en souvient, je
me suis levé et j'ai dit: la réponse que j'ai donnée
tantôt vaut, je ne la répète pas. Le ministre des Terres et
Forêts est mal venu de dire que je me répète puisque je
refuse de me répéter.
M. le Président, je reviens au bateau de minerai de fer.
M. BERTRAND: Attention, vous allez vous répéter!
M. LESAGE: Pas du tout, je reviens au bateau chargé de minerai de
fer.
M. BERTRAND: II était un petit navire.
M. LESAGE: Le ministre des Terres et Forêts,... je suis
obligé de poser la prémisse de ma question...
M. BERTRAND: Cela a été dit hier soir.
M. LESAGE: Le ministre des Terres et Forêts...
M. PAUL: Vous l'avez dit hier soir cela.
M. LESAGE: ... la prémisse de la question que je vais poser: le
bois servira à alimenter la grande industrie papetière et
l'industrie du sciage, le bois coupé par Rexfor.
A ce moment-là, le ministre aura toujours le pouvoir, avec
l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, s'il le juge
d'intérêt général, de vendre à
l'extérieur du Canada. Le ministre nous dit que le prix qu'il obtient
à l'extérieur du Canada est de 30% supérieur à
celui qu'il pourrait obtenir ici au Québec. Voyez-vous l'arme de
chantage que l'on donne au ministre vis-à-vis des exploitants forestiers
au Québec? Voyez-vous l'arme de chantage qu'on lui donne avec
l'établissement de cette société? Ilpourra lui,
marchand de bois par l'intermédiaire de sa société d'Etat
dire...
M. GOSSELIN: Me permettez-vous? Je vous le demande bien poliment.
M. LESAGE: Oui, si je peux finir ma phrase, je vais tout vous
permettre.
M. GOSSELIN: En tout cas.
M. BERTRAND: Là, cela se fait en beauté.
M. LESAGE: Il pourra dire aux exploitants d'usines de papier ou encore
d'usines de sciage: Je peux avoir 30% de plus en Europe. Vous me le donnez pour
mon bois, ou vous me payez 25% plus cher, sinon je l'exporte. Il pourrait
essayer de forcer les exploitants à prendre son bois, alors qu'ils en
auront peut-être assez sur leurs propres concessions. Je crains des
bouleversements. A part cela, cette société sera dirigée
par d'autres que le ministre. Elle sera tentée de prendre tous les
moyens possibles pour démontrer, à la fin de l'année,
qu'il y a eu profit ou que la perte a été moins grande que celle
que le chef de l'Opposition craignait. Elle va essayer de vendre au plus haut
prix possible. J'ai peur du chantage.
M. BERTRAND: Ils ne connaissent pas le futur chef de l'Opposition. Ils
connaissent l'actuel, mais pas le futur.
M. LESAGE: Us diront l'ancien. J'ai peur du chantage. Comment le
ministre évitera-t-il cette situation d'intérêt, pour les
autorités de cette société, à faire chanter,
disons...
M. GOSSELIN: M. le Président, il n'y aura pas plus...
M. LESAGE: ... à exercer des pressions je n'aime pas le
mot « chantage » sur les exploitants de nos usines?
M. GOSSELIN: Il n'y a pas eu plus de chantage...
M. LESAGE: De pressions, j'entends.
M. GOSSELIN: ... plus de pressions depuis huit ans. Y en a-t-il eu des
pressions?
M. LESAGE: Non, mais l'approvisionnement. Un instant.
M. GOSSELIN: Mais pourquoi y en aurait-il soudainement?
M. LESAGE: Le ministre me pose...
M. GOSSELIN: Du Jour au lendemain le chef de l'Opposition voit cela dans
sa tête.
M., LESAGE: ... une question, je veux lui répondre. C'est que les
approvisionnements étaient limités et la situation était
temporaire. D'après ce que nous a dit le ministre, les
approvisionnements seront maintenant illimités et la situation sera
permanente.
M. GOSSELIN: J'ai bel et bien dit...
M. LESAGE: J'ai répondu à la question qu'il m'a
posée.
M. GOSSELIN: ... que la structure de la société, telle
qu'elle se trouve présentement, ne permettait pas qu'elle se lance dans
un chantier où la même année elle pourrait récolter
300,000, 400,000 ou 500,000 cordes. Nous avons une organisation, dans le
moment, qui peut récolter 100,000 cordes par année. Pour les
écouler présentement, il n'y a pas de problème. Avec les
nouveaux pouvoirs que va nous donner l'article 19 de la présente loi,
nous allons pouvoir négocier plus facilement à l'intérieur
du Québec et nous allons pouvoir écouler plus facilement ces
bois-là.
M. LESAGE: ... exercer des pressions.
M. GOSSELIN: C'est ce que nous allons faire d'abord. Je l'affirme ici
encore une fois: Entant que ministre des Terres et Forêts, je ne
laisserai sortir aucune corde de bois du Québec avant qu'au
préalable on ait pris toutes les dispositions nécessaires pour
trouver preneur à l'intérieur de notre territoire. Avant de faire
des cadeaux à qui que ce soit en dehors, ou avant de vendre du
bois...
M. LESAGE: Des cadeaux!
M. GOSSELIN: ... à qui que ce soit en dehors du Québec ou
du Canada, nous allons trouver des marchés à l'intérieur
même du Québec. Le chef de l'Opposition me demandait s'il y avait
d'autres cas dont on pourrait discuter, sur lesquels on pourrait
peut-être faire des arrangements si nous avions les pouvoirs de le faire.
Vous avez la compagnie Donohue qui vient d'installer une nouvelle machine.
D'ailleurs, le premier ministre y est allé il y a à peine
quelques semaines.
Nous sommes à négocier avec la compagnie Donohue pour
échanger certains territoires qui sont au sud contre certains
territoires au nord. Nous éprouvons d'immenses difficultés
à trouver les volumes nécessaires à alimenter cette usine
dans ces environs, parce que, au moment où nous prenons certains
territoires pour les réserver pour la compagnie Donohue, nous causons un
préjudice très grave à environ sept usines de sciage qui
sont au Petit-Saguenay, à Baie-Trinité et dans les environs. Or,
M. le Président, si, par la chambre de compensation que nous avons sur
la Côte Nord, nous pouvions fournir quelque 50,000 cordes à
l'usine Donohue et cela serait très facile à faire avec
toutes les organisations portuaires qu'il y a immédiatement, nous
trouverions une solution qui serait fort avantageuse pour la planification et
le mouvement des bois de ce secteur. Alors, ça, c'est encore un autre
exemple, M. le Président. Je pourrais en trouver des centaines, mais,
afin de savoir exactement de quelle façon peut fonctionner cette loi, il
faut d'abord avoir l'outil; il faut l'adopter, il faut donner des pouvoirs
à l'organisme que nous préconisons par le projet de loi 57,
Rexfor.
M. le Président, il me semble que, depuis le tout début de
la discussion, j'ai apporté suffisamment d'exemples. Je regrette
infiniment de n'avoir pu être plus convaincant pour mes amis de
l'Opposition, mais je crois sincèrement que Rexfor sera un apport
éminent dans l'économie et dans la planification de notre
richesse forestière.
M. LESAGE: M. le Président, seulement une chose. Le ministre dit:
Nous ne pouvions pas savoir ce que nous ferions avec Rexfor, parce que nous ne
l'avons pas expérimentée. Je ne peux pas vous le dire.
M. GOSSELIN: Tel quel.
M. LESAGE: On verra lorsque nous nous en servirons. C'est comme le type
qui décide de s'acheter un outil. Il peut agir de deux façons. Il
peut avoir un travail à faire et se dire: J'ai besoin de tel outil, pour
telle fin; ça, c'est normal. Mais, le bricoleur achète un outil
pour dire: Je vais toujours bien voir si ça pourrait me servir à
quelque chose, ça. Cela, c'est ce que le ministre vient de nous
dire.
M. GOSSELIN: Bien, ce n'est pas votre meilleure.
M. LESAGE: Ce n'est pas fort de la part du ministre.
M. GOSSELIN: J'aurais pensé que vous m'en auriez trouvé
une meilleure que ça.
M. LESAGE: II veut une société de la couronne pour
expérimenter et voir ce qu'il va pouvoir en faire. Il est comme un
enfant qui veut un joujou et qui se demande ce qu'il va en faire. Il
espère qu'il va s'amuser...
M. GOSSELIN: Je vous ai déjà entendu donner des meilleures
comparaisons que ça.
M. LESAGE: Bien, j'espère qu'il va s'en servir à bon
escient.
M. GOSSELIN: Bon, nous allons faire notre possible.
M. LESAGE: Et j'espère que ses collègues et le conseil des
ministres, le premier ministre en particulier, vont avoir l'oeil sur lui. Il va
falloir le guetter. C'est un enfant qui a entre les mains un outil
dangereux.
M. BERTRAND: II n'y a pas d'autoritarisme, chez nous, il n'y a pas de
paternalisme chez nous; il y a de la collégialité et de la
solidarité.
M. LESAGE: C'est le devoir collégial et solidaire du premier
ministre...
M.BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: ... et de ses collègues de surveiller le ministre des
Terres et Forêts, parce qu'il est un enfant ayant entre les mains un
instrument très dangereux pour l'économie du Québec.
M. BERTRAND: Je n'ai pas l'habitude de lancer des fleurs, mais je crois
qu'il est temps de le dire: Ayant été ministre des Terres et
Forêts pendant deux ans, s'il y a un homme qui sait quel
dévouement...
M. LESAGE: Je n'ai pas dit...
M. BERTRAND: ... quelle application, quelle ténacité et
quel sérieux un collègue apporte dans l'exercice de ses
fonctions, c'est bien moi. Celui qui les exerce, c'est le ministre des Terres
et Forêts. Il est bon de le dire de temps à autre, surtout quand
on devient, à certains moments, la victime de l'humeur de certains
collègues en cette Chambre.
S'il y a un homme, premièrement, dont l'honnêteté
foncière est reconnue des électeurs de Compton et du
Québec, c'est le ministre des Terres et Forêts. Et je n'ai, quant
à mol, dans les rencontres que j'ai avec des gens, des associations, que
j'ai revus depuis l'époque où j'étais au ministère
des Terres et Forêts, tous ont été unanimes à dire
que c'est là un des meilleurs ministres des Terres et Forêts qu'on
n'ait jamais connu et je m'inclus là-dedans comme étant
moins bon qu'il l'a été l'intérêt qu'il porte
à son ministère, l'application qu'il y apporte.
M. ROY: M. le Président...
M. LESAGE: Un instant, s'il vous plaît. Je pense qu'il
m'appartient de répondre. Le premier ministre a laissé entendre
que j'avais exprimé des doutes sur l'honnêteté du ministre
des Terres et Forêts, je n'ai jamais fait ça. Je ne suis pas
obligé d'aller aussi loin que le premier ministre dans les éloges
dithyrambiques.
M. BERTRAND: Ce ne sont pas des éloges dithyrambiques. Ils sont
sincères, je n'en fais pas souvent.
M. LESAGE: Tous les humains ont des limites.
M. BERTRAND: Ah oui!
M. LESAGE: Et je dis, M. le Président, que l'arme qu'il a entre
les mains est une arme dangereuse et qu'il va falloir le surveiller, qui qu'il
soit. C'est ça que je veux dire. Je me suis servi d'une figure de style
pour faire part de mon inquiétude à la Chambre. Cette
inquiétude, je continue de l'entretenir et j'espère que celui qui
me succédera aura les mêmes préoccupations lorsqu'il
s'agira de surveiller...
Il y a quelqu'un qui est debout devant le comité, M. le
Président.
UNE VOIX: A l'ordre!
M. ROY: J'essayais de vous imiter, vous avez été debout
pendant à peu près une heure depuis le début de
l'après-midi en même temps que le ministre des Terres et
Forêts. Ce n'est pas plus mal pour le député de Joliette,
qui s'était levé avant vous.
M. LESAGE: Est-ce que le député de Joliette est devenu un
expert en terres et forêts?
M. ROY: Je vais vous dire quelques mots tantôt.
M. LESAGE: Vous direz ce que vous voudrez.
M. ROY: Et je le connais, le problème et je le comprends...
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): A l'ordre!
M. ROY: ... parce qu'on le vit chez nous. M. LE PRESIDENT (M.
Fréchette): A l'ordre!
M. LESAGE: M. le Président, ce que j'ai toujours voulu dire,
c'est que Rexfor est un instrument qui peut être utilisé au plus
grand désavantage économique du Québec. Et j'espère
que le gouvernement verra à ce qu'on n'en abuse pas.
M. ROY: M. le Président, sur les propos du chef de l'Opposition,
député de Louis-Hébert, je voudrais objectivement apporter
les commentaires suivants. Le nord du comté de Joliette,
particulièrement Saint-Guillaume, et le chef de l'Opposition
connaît très bien l'installation de Jean-Charles Martel Inc C'est
exactement le genre de problème au Québec qui nécessite
l'adoption du bill 57.
Nous avons, au nord du comté de Joliette, des richesses
forestières inouïes entre les mains d'un concessionnaire qui
s'appelle Consolidated-Bathurst et qui coupe rationnellement pour le sciage et
pour les pâtes et papiers. Je regarde le député de
Duplessis qui fait signe que non...
M. COITEUX: Rexfor ne réglera pas ce
problème-là.
M. DE MERS: Laissez-le donc parler.
M. ROY: Ecoutez! Quand même vous ne comprendriez pas, je ne serai
pas fâché.
M. LESAGE: Un instant. M. ROY: Ecoutez.
M. LESAGE: Ce que le député de Duplessis veut dire, c'est
qu'il serait intéressé de savoir comment Rexfor pourra aider
à régler votre problème.
M. DE MERS: Laissez-le faire.
M. ROY: Ce que le député de Compton, ministre des Terres
et Forêts, a tenté d'expliquer depuis la présentation du
projet de loi, c'est que ça va être une arme pour discuter avec
les compagnies d'échanger les territoires ou de céder des parties
de territoires contre des approvisionnements qui vont venir de l'office.
M. COITEUX: Le chantage!
M., LESAGE: Le chat sort du sac.
M. COITEUX: Le chantage.
M. ROY: Vous avez été tellement habitué de faire
chanter tout le monde que vous nous prêtez vos intentions»
M. LESAGE: Qu'est-ce que vous venez de dire?
M. DE MERS: Laissez-le donc parler!
M. ROY: Ce n'est pas du chantage, de la négociation et de la
médiation.
M. DE MERS: Lui arrive, et vous, vous partez; il y a une
différence.
M. ROY: Il y a 355 employés qui travaillent actuellement chez
Jean-Charles Martel Inc. et qui, quatre mois par année, sont
arrêtés, sont à ne rien faire à cause de l'absence
de quantités de bois suffisantes. L'office de
récupération, ou la société Rexfor, sera capable de
fournir le supplément entre les 6 millions de besoins minimaux et les 11
millions de nécessités pour l'exploitation annuelle de
Jean-Charles Martel Inc.
Ce n'est qu'un cas. Il est question que la Birch Wood, dans le
comté de Berthier, ferme ses portes à cause d'un manque
d'alimentation. Quand on pense que la Birch Wood est obligée d'importer
du bois du New Hampshire et d'ailleurs aux Etats-Unis, lorsqu'à quelques
milles du territoire de ses entreprises la Consolidated laisse du bois non
coupé, du bois qui périt! L'ancien ministre des Terres et
Forêts est au courant. Comment vous dire, comment vous traduire le
sentiment des gens de Saint-Côme? Comment vous traduire le sentiment des
gens de Saint-Guillaume qui voient des petites entreprises de sciages fermer
leurs portes à cause des nombreuses concessions à la Consolidated
Bathurst?
Je dis que Rexfor, c'est l'organisme, c'est
le mécanisme, c'est la société d'Etat qui va venir
remplacer, qui va devenir le générateur de ces petites
entreprises et qui va... Si le chef de l'Opposition prend ça pour du
chantage... Si cela mettait à la raison les compagnies qui ont
abusé...
M. LESAGE: Je n'ai pas parlé de chantage. M. DEMERS: Voyons
donc!
M. ROY: Ah bon, vous retirez ça, du chantage?
M. LESAGE: J'ai dit: Je n'aime pas le mot « chantage », Je
vais me servir du mot pression.
M. ROY: Alors, moi non plus, je ne l'aime pas le mot « chantage
». Moi, je vous...
M. LESAGE: Mais vous aimez le mot pression.
M. ROY: ... dit négociation.
M. LESAGE: Les pressions, vous appelez ça des
négociations.
M. ROY: J'apelle ça de la négociation. M. LESAGE: Avec
pression.
M. ROY: Je dis donc que Rexfor... Je félicite le ministre des
Terres et Forêts. Depuis 30 mois, mon collègue, le
député de Berthier et moi-même avons fait des centaines de
démarches pour la survie des entreprises de chez nous, pour garder des
gens au travail, pour garder des gens en mesure de gagner leur vie là
où il y a des richesses inexploitées. Or, Rexfor, entre les mains
de l'Etat, va faire réfléchir. Vous appelez ça de la
pression? Bien, nous appelons ça, nous, l'outil dont nous avions besoin
pour faire survivre des gens qui sont conscients de l'existence de
réserves forestières mal exploitées.
Je félicite le ministre des Terres et Forêts. Je
félicite le conseil des ministres d'avoir présenté cette
loi. Elle vient en son temps; elle est à la fine pointe du
progrès; elle porte la marque de l'Union Nationale. Nous nous
rapprochons des gens et nous voulons les faire vivre là où ils
sont. Cessons de les expatrier vers les villes. Ils peuvent gagner leur vie
à Saint-Côme et à Saint-Michel. C'est la même chose
dans les autres coins de la province de Québec.
M. TREMBLAY (Bourassa): Il fait vivre tout ça, sans savoir le
coût.
M. ROY: Ne vous en faites pas!
M. TREMBLAY (Bourassa): Sans savoir le coût.
M. ROY: Ne vous en faites pas, là.
M. TREMBLAY (Bourassa): Même si ça coûtait $10,000
par année, sans savoir le coût.
M. ROY: Vous irez leur dire ça.
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est de la bonne administration!
M. ROY: Vous irez leur dire ça.
M. TREMBLAY (Bourassa): De la bonne administration!
M. ROY: J'inviterais le chef de l'Opposition et le député
de Duplessis à lire dans la Presse de ce soir, à la page
financière, ce qu'on en pense de Rexfor.
M. LESAGE: Je l'ai lu. M. ROY: Oui?
M. LESAGE: C'est ce qu'un type en pense, son nom est là.
M. ROY: Bien!
M. LESAGE: C'est un journaliste qui, évidemment, essaie de tirer
avantage de tous les petits points...
M. ROY: S'il pensait comme vous, il serait excellent.
M. LESAGE: ... qui peuvent exister. Il est très fantaisiste.
M. ROY: Vu qu'il pense comme le ministre, il est moins bon.
M. LESAGE: Il est très fantaisiste. Il y a une chose qu'il ne dit
pas, c'est que...
M. ROY: M. le Président, je veux féliciter le gouvernement
et le ministre des Terres et Forêts pour l'excellente loi qu'ils nous
présentent. Je pense que tous les membres du Parlement conscients de
leur rôle et du devoir que nous avons de créer des emplois
devraient voter en faveur du bill 57, de tous ses articles, sans aucun
amendement.
M. LESAGE: Je remercie bien le député de Joliette. Si je
comprends bien, le ministre des Terres et Forêts aura en main un outil
qui lui permettra de mieux négocier le réaménagement de
territoires forestiers. C'est bien ça? Je ne voudrais pas mal
interpréter les paroles du député de Joliette.
M. ROY: Vous me demandez, moi, qu'est-ce que j'en pense? Je dis oui.
M LESAGE: C'est ça, d'accord. M. ROY: Moi, je dis oui.
M. LESAGE: Alors, je me tourne maintenant vers le ministre des Terres et
Forêts. Est-ce qu'il a l'intention de se servir de Rexfor et de la
production de Rexfor comme un outil vis-à-vis des détenteurs de
concessions forestières dans le sens qu'a mentionné le
député de Joliette?
M. GOSSE LIN: Le ministre des Terres et Forêts fera l'impossible
en toute circonstance pour ne pas léser les droits de qui que ce soit,
mais négociera des ententes qui, automatiquement, feront une meilleure
répartition et une meilleure coordination de tous les approvisionnements
forestiers du Québec, peu importe où ils se trouveront.
M. LESAGE: M. le Président, je regrette, le ministre n'a pas
répondu à ma question qui était précise et qui est
la suivante: Est-ce que le ministre va se servir de Rexfor comme d'un outil de
pression au cours des négociations pour le réaménagement
des concessions forestières?
M. GOSSELIN: Le ministre des Terres et Forêts va se servir d'un
outil pour mieux coordonner et mieux planifier tous les approvisionnements de
bois.
M. LESAGE: Et cet outil, ce sera Rexfor?
M. GOSSELIN: Bien voici, employez le mot que vous voudrez, cessez donc
de jouer avec les mots.
M. LESAGE: Ce n'est pas moi qui joue, je répète, f emploie
les mots...
M. GOSSELIN: Cet outil, moi j'appelle cela une société de
récupération et d'exploitation forestières et qui servira
à mieux coordonner et à mieux planifier les approvisionnements de
bois et les mouvements de bois à la grandeur de toute la province de
Québec, au meilleur avantage économique de toutes les
régions. Est-ce assez bien chanté?
M. LESAGE: Non, M. le Président, le ministre ne répond pas
à ma question. Ma question vient de l'affirmation d'un de ses
collègues qui siège présentement à
côté de lui, le député de Joliette. Il dit que
Rexfor va être, entre les mains du ministre des Terres et Forêts,
un outil qui sera utilisé pour obtenir, des concessionnaires forestiers,
une meilleure répartition.
M. GOSSELIN: Une meilleure planification.
M. LESAGE: C'est ce qu'il a dit. Est-ce l'intention du ministre des
Terres et Forêts de se servir de cette société de la
couronne comme d'un outil de pression sur les concessionnaires forestiers?
M. GOSSELIN: Le ministre des Terres et Forêts n'a pas l'intention
de se servir...
M. LESAGE: Alors, le député de Joliette s'est
trompé.
M. GOSSELIN: Voulez-vous me laisser finir? C'est le gars qui va se lever
dans quelques minutes et qui va dire que je passe mon temps à
l'interrompre et que je l'insulte, et que je fais ceci et cela.
M. LESAGE: Allez, allez, je vous écoute, répondez,
sortez-en.
M. GOSSELIN: On se demande, des fois, s'il a conscience de ses
actes.
J'ai dit, M. le Président, qu'en toute circonstance, l'organisme,
l'outil, si le chef de l'Opposition aime mieux, qui s'appellera Rexfor, qui
sera un organisme paragrouvernemen-tal, servira en tout temps les meilleurs
intérêts de la province de Québec, de telle sorte que la
planification et le mouvement du bois se fasse de façon raisonnable et
alimente logiquement toute industrie qui aura besoin de ses services.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. CLICHE: Une dernière remarque concernant l'observation du
député de Joliette au sujet de l'usine Martel. Je suis convaincu
que la formation de cette société ne peut, en aucune
façon, aider ... une seconde... à régler le
cas dont a parlé le député de Joliette et dont
pourrait parler aussi le député de Berthier.
Il est très clair que le ministre des Terres et Forêts, qui
renouvelle chaque année le permis d'exploitation de chaque
concessionnaire, peut dire dès maintenant aux concessionnaires, à
chaque année: Vous allez utiliser tel volume, et tel autre volume va
servir à alimenter telle industrie. Je le sais parce que je m'en suis
servi de cet outil-là. Dans le cas concerné, dans le cas de
l'usine Martel, le volume accordé à ce moment-là semblait
être satisfaisant et suffisant pour assurer la rentabilité de
l'usine. Par la suite, avec les années, on a dû constater, du
moins c'est ce qu'on m'a dit, que le volume n'était pas suffisant. Je le
sais que le volume n'est pas suffisant. Je connais un peu l'industrie du sciage
pour en avoir exploité dans ma propre région; je sais qu'il faut
que le volume soit de plus en plus élevé.
Je dis que ce n'est pas avec Rexfor qu'on va régler le
problème, c'est absolument impossible, on manque de bois dans cette
région-là. J'imagine difficilement qu'on prenne du bois
là-bas à Baie-Comeau et qu'on l'amène à Joliette ou
dans le comté de Berthier. Le seul outil dont on peut se servir et dont
devrait se servir le ministre, c'est de dire aux concessionnaires
concernés; Vous allez voir à donner le volume requis à
l'usine dont il s'agit.
C'est le seul moyen de le faire et c'est ce qu'on devrait faire. C'est
ce que nous avons fait, nous autres.
M. ROY: Est-ce que le député me permettrait cette
remarque? Si le ministre des Terres et Forêts, responsable de
l'administration du ministère, négociait, discutait, dialoguait
avec les gens de Consolidated-Bathurst de réserves et d'alimentation de
leurs usines plus rapprochées, de la récupération qui se
fera à l'aide de Rexfor, est-ce qu'il n'y aurait pas là
possibilité de faire des échanges? Bien, voyons donc! C'est le
gros bon sens qui parle.
M. CLICHE: Ce n'est pas nécessaire d'avoir...
M. ROY: Si on va récupérer du bois près de
Blanc-Sablon...
M. CLICHE: ... la société dont il s'agit pour faire des
échanges.
M. ROY: ... et qu'on donne 5 millions de pieds à Consolidated
pour livrer soit à Trois-Rivières, soit ailleurs, ce sera 5
millions de pieds qui vont être libérés au nord du
comté de Joliette. C'est le gros bon sens qui parle.
M. CLICHE: Ah non, non.
M. ROY: Pas besoin de faire un cours d'ingénieur forestier.
Voyons donc!
M. CLICHE: J'aimerais bien que le député ait raison, parce
que ce serait dans l'intérêt de sa région.
M. ROY: Pas seulement de ma région.
M. CLICHE: Mais, c'est absolument impossible que cela puisse se
régler de cette façon-là. L'industrie en question a besoin
d'une augmentation de volume qu'elle n'a pas obtenue et qu'elle peut
difficilement obtenir. Seule l'intervention du gouvernement, du ministre et
l'imposition d'un volume additionnel peut régler le cas. C'est
difficile. C'est très compliqué, je le sais.
M. GOSSELIN: Mais, ce que je comprends mal...
M. CLICHE: Mais, ce n'est pas avec Rexfor qu'on va faire des
échanges. Si le ministre veut me le permettre.
M. GOSSELIN: Allez-y.
M. CLICHE: Les échanges se sont toujours faits, de tout temps, au
cours des années antérieures, sans l'aide de Rexfor. Je ne crois
pas que ceci puisse être l'outil dont aurait besoin le ministre ou le
député de Joliette pour régler le cas. Ce n'est pas de
cette façon-là que cela peut se régler.
M. ROY: Disons que, moi, je fais confiance au projet de loi, tel que je
l'ai lu et tel que je le comprends. Connaissant l'honnêteté
intellectuelle du ministre, les explications...
M. CLICHE: II n'est pas question d'honnêteté dans
ça.
M. ROY: ... qu'il nous a fournies me confirment que c'est la solution
à notre problème. Si ce n'est pas la solution, bien, on y verra.
Mais, il faut commencer par faire un effort loyal et faire confiance au
ministre.
M. BERTRAND: Le projet est utile ou il est inutile. S'il est utile,
pourquoi êtes-vous contre? S'il est inutile, qu'est-ce que vous perdez
à nous laisser un outil inutile?
M. CLICHE: Pourquoi être pour?
M. BERTRAND: Je me demande pourquoi une discussion aussi
prolongée là-dessus.
M. CLICHE: Ah non, non.
M. BERTRAND: A certains moments, oui, il n'y a pas de doute.
M. CLICHE: Je pense que la discussion...
M. BERTRAND: Le chef de l'Opposition lui-même l'a admis, il
répète la même chose à peu près, depuis le
début.
M. CLICHE: Je pense que la discussion a été fort
sérieuse. Elle a été prolongée de part et d'autre,
c'est vrai. Elle a sûrement été fort sérieuse. Des
points de vue très intéressants ont été
exprimés et cela va sûrement aider à la solution de
plusieurs problèmes.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, article 1,
adopté?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 2?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 2, adopté. Article
3?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 4?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 4, adopté. Article
5?
M. GOSSELIN: A l'article 5, je voudrais, comme on l'a fait pour deux
autres projets de loi qui ont été présentés,
ajouter ceci...
M. LESAGE: Etes-vous contre?
M. BERTRAND: « Leur traitement ne peut être réduit
».
M. GOSSELIN: « Leur traitement ne peut être réduit
».
M. LESAGE: Oui, oui, d'accord.
M. GOSSELIN: « La société est formée d'un
président, d'un vice-président et d'au plus trois autres membres,
tous nommés pour au moins un an et au plus dix ans par le
lieutenant-gouverneur en conseil qui fixe les honoraires, allocations ou
traitements ou, suivant le cas, les traitements additionnels de chacun d'eux.
Leur traitement ne peut être réduit. »
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté?
M. CLICHE: Les membres actuels de l'office de
récupération...
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: ...qu'est-ce qu'il advient d'eux? Est-ce qu'ils deviennent
nécessairement des officiers ou des membres de la nouvelle
société ou...
M. GOSSELIN: On verra. M. CLICHE: Pardon? M. GOSSELIN: On verra. M.
LESAGE: Pardon? M. GOSSELIN: On verra.
M. LESAGE: Oui, mais qui sera nommé président?
M. GOSSELIN: Pardon?
M. LESAGE: Qui sera nommé président de cette
société?
M. GOSSELIN: Nous avons un excellent président, dans le moment,
dans la personne de M. Côté.
M. LESAGE: De monsieur?
M. GOSSELIN: De M. Côté, ici, en arrière de moi.
M. CLICHE: Admis. Admis.
M. LESAGE: Oui. D'ailleurs, j'ai vu M. Côté, l'autre jour,
à la commission des engagements financiers.
M. GOSSELIN: Pardon?
M. LESAGE: Oui, M. Côté vous accompagnait à la
commission des engagements financiers, l'autre jour.
M. GOSSELIN: Oui, oui, très bien. Un gentilhomme
compétent.
M. LESAGE : Alors, quels seront les autres membres?
M. GOSSE LIN: Les autres membres, dans le moment, à titre de
directeurs, vous avez M. Raymond O'Hurley et M. Léon Darche.
C'est un bon gars.
M. LESAGE: C'est un nom que je connais.
M. GOSSE LIN: C'est un gars qui a une vaste expérience, à
la fois dans le domaine forestier...
M. LESAGE: Le député de Lotbinière connait-il M.
O'Hurley?
M. GOSSELIN: Oui, il le connaît très bien.
M. BERNATCHEZ: Je le connais intimement, et M. Lapointe aussi.
M. LESAGE: Oui, je le sais.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 5, adopté tel
qu'amendé. Article 6.
M. CLICHE: Quant aux employés de l'Office de
récupération de Manicouagan, il y a combien d'employés
actuellement, à caractère permanent, disons?
M. GOSSELIN: Dans le moment nous n'avons que quatre employés
permanents, mais nous avons un très grand nombre d'employés
saisonniers au moment des coupes et au moment des activités. Il va sans
dire que c'est une autre des raisons qui militent en faveur de la
création de cette société afin d'assurer la
stabilité d'emploi.
M. CLICHE: L'office actuel a une structure administrative?
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Certainement plusieurs employés, combien
d'employés...
M. GOSSELIN: A la période des chantiers, ça peut aller
jusqu'à une soixantaine pour la surveillance...
M. CLICHE: ... en temps normal, qui travaillent
régulièrement et de façon permanente?
M. GOSSELIN: De façon permanente...
M. CLICHE: Si on compte les employés de bureau de
l'administration.
M. GOSSELIN: Environ 30 employés réguliers.
M. CLICHE: Qu'adviendra-t-il de ces employés-là?
M. GOSSELIN: Nous verrons vers la fin de ce projet de loi. D'abord, ils
restent en fonction jusqu'à la sanction du projet de loi. Par la suite
nous allons remodeler en quelque sorte la structure de l'office.
M. CLICHE: Oui, mais à quel article? As-sure-t-on la continuation
de leur travail, de leur emploi?
M. GOSSELIN: Tel que la structure le veut présentement, dans le
projet de loi qui a formé l'office de récupération des
bois ils étaient temporaires, mais par contre à peu près
la quasi totalité a été réintégrée
automatiquement.
M. CLICHE: Mais à quel article le ministre va-t-il nous...?
M. GOSSELIN: II n'était pas nécessaire, puisque ce projet
est totablement nouveau. Il faudra refaire en totalité la structure du
nouvel office.
M. BERTRAND: Ils n'étaient pas engagés en vertu de la loi
de la Fonction publique.
M. GOSSELIN: Non, aucun employé n'était engagé en
vertu de la loi de la Fonction publique.
M. CLICHE: Je m'adresse au premier ministre en particulier. Il y a
sûrement toute une série d'employés qui travaillent
là de façon permanente depuis maintes années.
M. GOSSELIN: Oui.
M. CLICHE: Qui sont là depuis 2, 3, 4 ou 5 ans. Je voudrais que
par la présente loi on protège leur emploi, si réellement
ils font...
M. BERTRAND: La loi disait article 9-: « Avec l'approbation
du Conseil de la trésorerie, sur la recommandation du ministre, l'office
peut nommer tous officiers ou employés nécessaires, fixer leur
rémunération et retenir les services d'experts. »
M. CLICHE: Oui, mais ce que je veux dire au premier ministre, c'est que
la présente loi...
M. GOSSE LIN: Si nous continuions, vous allez voir cela plus loin
à l'article 26: « La société succède à
l'Office de récupération forestière des bassins des
rivières Manicouagan et aux Outardes, en acquiert les droits et en
assume les obligations. »
M. CLICHE: Je comprends que les droits et les obligations, ce n'est pas
la même chose que le personnel. Cela n'assure pas au personnel actuel une
certaine permanence, une permanence.
M. GOSSE LIN: Ils n'en avaient pas plus avant. M. BERTRAND: Ils sont
dans le même cas. M. GOSSELIN: Ç'est cela d'ailleurs... M. CLICHE:
Une minute...
M. GOSSELIN: ... qui a causé beaucoup
d'insécurité...
M. CLICHE: Pardon?
M. GOSSELIN: Le fait que l'ancien office ou l'office existant,
jusqu'à ce qu'il soit changé, les employés ne pouvaient
sentir une sécurité, parce qu'il n'y avait pas de
caractère de permanence, tel que ce nouvel organisme en aura.
Alors, puisque nous en assumons les obligations, automatiquement, le
personnel...
M. CLICHE: Oui, je comprends que le ministre pense à ça.
J'aimerais, je suggère que la loi dise clairement que le personnel,
administratif au moins, soit protégé, que la loi mentionne bien
qu'ils seront employés, que les employés de l'ancien office
seront les employés du nouvel office.
On ne pourrait pas les protéger? Je vois que le
député de Bellechasse fait signe que non.
M. GOSSELIN: Tout cela a été analysé par les
légistes et la présente loi englobe en totalité cet
état de choses.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 7? Article 6
adopté, article 7? Adopté.
M. BERNATCHEZ: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 8?
M. GOSSELIN: Article 8.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté.
M. GOSSELIN: Article 9.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 9, adopté. Article
10? Adopté.
M. GOSSELIN: Article 11.
M. LESAGE: Un instant. Pas trop vite.
M. COITEUX: Une minute. Il faut toujours prendre le temps de lire.
M. LESAGE: Je comprends que le député de Lotbinière
a pris des cours de lecture rapide, mais...
M. BERNATCHEZ: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M.Fréchette): J'en étais à
l'article 10; est-il adopté?
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 11.L'article 11 est
adopté aussi?
M. GOSSELIN: Oui.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 12. Article 13.
M. LESAGE: Ce sont des articles que l'on retrouve dans toutes les lois
similaires.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 14, article 15, article
16.
M. GOSSELIN: A l'article 16, je voudrais tout simplement faire la
remarque suivante: C'est qu'en 1961, dans la courte participation que j'avais
faite à ce moment-là lors du débat, j'avais proposé
un amendement par lequel je demandais qu'un rapport soit produit à
chaque année par l'Office de récupération des bois. A ce
moment-lâ, l'honorable chef de l'Opposition, qui était premier
ministre du temps, avait refusé, maison retrouvera l'amendement que
j'avais apporté en 1961 dans cet article 16.
M. LESAGE: Le député de Compton se répète
après huit ans.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 16 adopté. Article
17? Adopté. Article 18?
M. LESAGE: Un instant. Sur division à cause du vague de la
rédaction.
M. GOSSELIN: Très bien, adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. Article 19?
M. GOSSELIN: A l'article 19...
M. LESAGE: A l'article 19 il y a un amendement, je crois.
M. GOSSELIN: ... nous allons ajouter...
M. LESAGE: Avez-vous l'amendement par écrit? S'il est très
court ce n'est pas nécessaire.
M. GOSSELIN: « Tout arrêté ministériel
adopté en vertu du présent... »
M. BERTRAND: Nous avons l'arrêté ministériel,
ici.
M. LESAGE: Oui.
M. GOSSELIN: « ... alinéa doit être
déposé devant l'Assemblée nationale, si elle est en
session, dans les quinze jours de son adoption... »
M. LESAGE: Oui, ensuite.
M. GOSSELIN: « ... ou, si elle ne l'est pas, dans les quinze jours
de l'ouverture de la session suivante. »
M. LESAGE: C'est cela.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): C'est à la fin de l'actuel
article.
M. LESAGE: Oui, c'est cela.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): D'accord.
M. BERTRAND: Cela c'est contraignant. C'est joliment contraignant!
M. LESAGE: C'est impératif.
M. BERTRAND: C'est le gouvernement qui va poser un acte imprudent.
M. LESAGE: M. le Président, l'amendement est adopté et
l'article amendé est adopté sur division.
M. BERTRAND: Le chef de l'Opposition veut me faire taire.
M. LESAGE: Pardon?
M. BERTRAND: Bien oui, vous dites: Adopté.
M. LESAGE: J'ai dit: L'amendement est adopté et l'article...
M. BERTRAND: J'étais en train de parler sur l'amendement.
M. LESAGE: ... tel qu'amendé est adopté sur division.
M. BERTRAND: C'est joliment contraignant! M. LESAGE: C'est
impératif.
M. BERTRAND: Un gouvernement qui est pris, il adopte. Et puis si c'est
risqué, il est sous le feu de l'Opposition, du futur chef de
l'Opposition...
M. LESAGE: Ah, je serai encore ici, un peu plus vers la droite, mais je
serai encore ici.
M. GOSSELIN: Adopté.
M. LESAGE: J'aurai les mêmes défauts, les mêmes
qualités, s'il m'en reste.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors article 20, adopté.
Article 21.
M. GOSSELIN: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 20 et 21, adoptés.
Article 22?
M. GOSSELIN: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 23?
M. GOSSELIN: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 24?
M. GOSSELIN: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 25?
M. GOSSELIN: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 26?
M. GOSSELIN: Adopté.
M. CLICHE: A l'article 26, M. le Président, je reviens avec ma
demande de tout à l'heure, et je m'adresse de façon toute
particulière au premier ministre pour demander que l'on protège
le personnel qui est là actuellement.
M. BERTRAND: Par l'article 9 on l'a vu, comme le ministre l'a dit, il y
a un personnel permanent. Il y en a un autre qui est occasionnel. Il y avait
une trentaine de personnes.
M. CLICHE: Je parle des employés qui travaillent de façon
permanente.
M. BERTRAND: Oui.
M. CLICHE: On pourrait demain, après l'adoption de la loi, les
« fouter » dehors sans s'occuper d'absolument...
M. BERTRAND: On n'est pas habitués à ça, nous.
M. CLICHE: Je ne dis pas que le premier ministre va le faire, mais je
propose que la loi les protège.
M. BERTRAND: A ce moment-là il faut les engager suivant les
effectifs, normes et barèmes établis par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil. Ils ne peuvent être destitués
que conformément à l'article 61 de la Loi de la fonction
publique, article 9, alors on va les protéger.
Article 9.
M. GOSSELIN: Pas de problème.
M. BERTRAND: Vous en avez combien, dedans?
M. CLICHE: Parfait.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 26, adopté.
Article 27. Article 28...
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 29...
M. BERTRAND: Adopté.
M. FRECHETTE (président du comité plé- nier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté le bill 57 avec les amendements qu'il vous prie
d'agréer.
M. LEBEL (président): L'honorable ministre des Terres et
Forêts propose que les amendements soient maintenant lus et
agréés, cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. PAUL: Troisième lecture.
M. LESAGE: Demain, la nuit porte conseil.
M. PAUL: M. le Président, demain, nous passons à la
troisième lecture de Rexfor. Ensuite, projet de loi sur la
microbiologie. Troisièmement, M. le Président, nous appellerons
l'article 6, Loi des produits laitiers et de leurs succédanés, et
probablement que nous pourrons entreprendre le projet de loi inscrit au nom du
ministre de l'Industrie et du Commerce concernant les matériaux de
rembourrage et les articles rembourrés.
Nous pourrions convenir dès maintenant que demain nous
siégerons de dix heures trente à midi trente et de deux heures
trente à quatre heures trente.
M. LESAGE: M. le Président, pourrais-je demander au leader du
gouvernement si c'est son intention d'entreprendre l'étude du projet de
loi de l'aide sociale lundi?
M. BERTRAND: Lundi.
M. LESAGE: Lundi, dès l'ouverture à quatre heures. A moins
qu'il y ait...
M. BERTRAND: Lundi, je pense que mon collègue, le ministre de la
Famille et du Bien-Etre social... C'est lundi.
M. LESAGE: Lundi? M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: Et tentativement, si c'est français, je comprends que
ce serait suivi de l'étude du bill des régimes matrimoniaux.
M. PAUL: Et il y a la loi des tribunaux judiciaires, M. le
Président.
M. LESAGE: Après les régimes matrimoniaux.
M. PAUL: Mercredi.
M. BERTRAND: Mercredi.
M. PAUL: Après, les trois lois du ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. LESAGE: Pourquoi mercredi, les tribunaux judiciaires?
M. PAUL: Pardon?
M. LESAGE: Pourquoi attendre à mercredi pour les tribunaux
judiciaires?
M. PAUL: Disons que l'herbe tendre, les circonstances... Il y aura les
trois projets de loi du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre qui
viendront mardi.
M. LESAGE: Oui, mais le député de Marguerite-Bourgeoys
insiste pour que le bill concernant les régimes matrimoniaux soit
appelé le plus tôt possible.
M. PAUL: Immédiatement après... M. LESAGE: L'aide
sociale.
M. PAUL: ... l'aide sociale, mais il pourrait arriver que nous
suspendions cette étude-là pour permettre au ministre du Travail
et de la Main-d'Oeuvre de présenter ses trois projets de loi.
M. LESAGE: Ah oui, ça dépend de son état de
santé.
M. PAUL: Son état de santé...
M. BERTRAND: Cela dépend des ordres de son médecin.
M. LESAGE: Parce que nous ne les avons pas vus, ces...
M. BERTRAND: Non, vous les aurez... Je ne crois pas que nous les ayons
avant lundi ou mardi.
M. LESAGE: Bien, alors, il serait difficile... M. LOUBIER: Ce sera clair
mercredi.
M. LESAGE: II sera difficile de suspendre mardi si on n'a pas les bills
avant mardi.
M. BERTRAND: Il est difficile de suspendre avant que les projets ne
soient déposés.
M. PAUL: J'ai l'honneur, M. le Président, de proposer
l'ajournement de la Chambre à demain matin, dix heures trente.
M. LE PRESIDENT: La Chambre s'ajourne à demain matin, dix heures
trente.
(Fin de la séance: 22 h 1)