Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures huit minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
Commission de la Voirie
M. LEGER: M. le Président, qu'il me soit permis de faire motion
pour substituer le nom de M. Laurin à celui de M. Burns à la
commission de la Voirie.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. LEVESQUE:A.
Projet de loi no 23 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Transports propose la
première lecture de la Loi des transports.
M. TREMBLAY (Bourassa): Merci. M. le Président, la Loi des
transports est le projet de loi no 23. Je vais vous en lire les notes
explicatives. Je vais le faire le plus brièvement possible. Comme c'est
un projet de loi assez volumineux, cela peut prendre quelques minutes.
Ce projet propose une refonte complète de la Loi du
ministère des Transports et de la Loi de la Régie des transports.
Les fonctions, les pouvoirs et les devoirs du ministre des Transports sont
clarifiés et augmentés. Le projet prévoit que le
gouvernement établira par règlement une politique concernant les
transports que devra appliquer la Commission des transports du Québec
qui remplacera la Régie des transports. Ce règlement
détermine notamment: 1) les normes, conditions ou modalités
d'utilisation, d'entretien, de propriété ou de possession des
moyens ou systèmes de transport; 2) les exigences applicables à
l'équipement et à la gestion des systèmes de transport,
à l'établissement ou à la modification des circuits ou
parcours; 3) les normes de sécurité; 4) la nature, la
catégorie ou le nombre des permis de transport; 5) les normes de tarifs,
de taux et de coûts de transport.
Un conseil consultatif pourrait être constitué pour donner
avis et faire des suggestions au ministère. Le projet prévoit
aussi l'abolition de la Régie des transports et la constitution de la
Commission des transports du Québec.
La commission sera formée de sept membres dont un
président et deux vice-présidents qui devront être juges de
la cour Provinciale et quatre commissaires. Elle comprendra quatre divisions
administratives. Chacune d'entre elles étant chargée d'un secteur
déterminé du transport dans le cadre des règlements qui
pourront être adoptés par le gouvernement. La commission aura
compétence pour décider, dans toute matière de transport
déterminée par la loi ou par règlement, en outre des
devoirs précis qui lui sont attribués.
Un tribunal des transports est constitué; il sera formé de
trois juges de la cour Provinciale désignés par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Ce tribunal aura notamment juridiction pour
connaître et disposer, premièrement, en appel sur toute question
de droit, des décisions de la commission; deuxièmement, en appel
sur les faits et les questions de droit des décisions de la commission
de retirer les plaques et le certificat d'immatriculation du véhicule
d'un exploitant qui met en danger la santé ou la sécurité
publique; troisièmement, par voie de révocation lorsque la
commission aura omis ou négligé de rendre une décision
dans les six mois qui suivra la présentation d'une demande.
Le transport des élèves sera désormais sous la
juridiction du ministère des Transports. Le projet prévoit la
procédure que devra observer une commission scolaire pour accorder un
contrat pour le transport des élèves ainsi que la
compétence de la Commission des transports du Québec dans ce
domaine du transport scolaire. Un contrat pour le transport des
élèves sera fait pour une durée initiale de trois ans. Il
se prolongera d'année en année pendant trois autres années
avec l'approbation annuelle de la Commission des transports du Québec
qui pourra la refuser uniquement si le transport n'est pas effectué ou
ne peut l'être conformément au règlement adopté par
le gouvernement ou au contrat.
Ces prolongations seront soumises à l'application des taux et
tarifs que le gouvernement aura adopté en tenant compte de
l'évolution des coûts depuis le début de la période
initiale de trois ans. De plus, le projet régionalise le transport des
élèves. Le versement des subventions pour le transport des
élèves relèvera aussi du ministère des Transports.
Les communautés urbaines ou régionales pourront dorénavant
régir l'utilisation, la possession et la propriété des
véhicules taxis dans leur territoire. Tout règlement
adopté à cette fin n'entrera en vigueur qu'après avoir
été approuvé par le ministre des Transports. Il sera
loisible aux commissions des transports des communautés urbaines ou
régionales d'effectuer du transport pour l'accomplissement de voyages
spéciaux à charte-partie par autobus, à l'intérieur
du territoire de la communauté, en obtenant un permis à cette fin
de la Commission des Transports du Québec.
II en sera de même pour tout autre transporteur à
l'égard des voyages à charte-partie dans l'ensemble du
Québec.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. BERTRAND: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance.
Déclarations ministérielles.
L'honorable ministre d'Etat responsable de l'environnement.
Dépollution de 34 lacs
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai l'honneur d'annoncer, dans le
cadre d'une politique générale de récupération de
la qualité des eaux récréatives du Québec, la liste
des 34 lacs qui seront étudiés, cet été, en vue de
leur dépollution.
Ce travail comprend quatre éléments, soit le
prélèvement pour analyse bactériologique
d'échantillons d'eau devant chaque source possible de pollution;
l'inspection et la classification des installations septiques; l'animation
sociale auprès des propriétaires riverains pour les amener
à assumer leur responsabilité pour la qualité de l'eau et
la publication des directives pour indiquer les interventions
nécessaires.
Il a été malheureusement impossible d'inscrire à la
liste tous les lacs dont l'étude a été demandée,
mais je tiens à dire que cette politique sera poursuivie d'année
en année, pour répondre à l'ensemble des besoins.
Il se peut que, dans quelques cas seulement, la période de
l'été 1971 ne suffise pas pour l'accomplissement du travail
entier; celui-ci sera donc achevé l'an prochain.
Là où des municipalités ou des industries
contribuent à la pollution du lac, des directives nécessaires
seront également émises.
Ce travail concorde avec les activités du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et a pour but d'assainir
l'environnement récréatif pour le bénéfice, non
seulement des touristes, mais aussi des Québécois
eux-mêmes.
Il pourrait intéresser les députés de prendre
connaissance immédiatement de la liste: Lac-à-la-Truite, dans le
comté de Mégantic; lac Ar-chambault, dans le comté de
Montcalm; lac aux Grelots, dans le comté de Frontenac; lac Beau-champ,
dans le comté d'Abitibi-Est; lac Beau-lac, dans le comté de
Montcalm; lac Bonnalay, dans le comté de Shefford; lac Bowker; dans le
comté de Shefford; lac Brome, dans le comté de Brome; lac
Caché, dans le comté de Labelle; lac
Chaud, dans le comté de Labelle; lac Clapham, dans le
comté de Mégantic; lac Corbeau, dans le comté de Berthier,
lac Creux dans le comté de Terrebonne.
Lac des Becs-Scie, dans le comté de Terrebonne; lac des Chats,
lac des Seigneurs, lac Dufresne, lac Guindon tous dans le comté de.
Terrebonne; lac Long, dans le comté de Joliette; lac Marois, dans le
comté de Terrebonne; lac Massawippi, dans le comté de Stanstead;
lac Mégantic, dans le comté de Frontenac; lac
Memphrémagog, dans les comtés de Stanstead et de Brome...
M. BERTRAND: Libera nos a malo.
M. GOLDBLOOM: ... lac Millette, dans le comté de Terrebonne; lac
Ouareau, dans le comté de Montcalm; lac Ouimet, à
Sainte-Anne-des-Lacs, et un autre lac Ouimet à Saint -Jovite, les deux
dans le comté de Terrebonne; lac Paré, dans le comté de
Montcalm; lac Poulin, dans le comté de Beauce; lac Rose, dans le
comté de Nicolet; lac Saint-Amour, dans le comté de Terrebonne;
lac Saint-Joseph, dans le comté de Portneuf; lac Simon, dans le
comté de Papineau, et le lac Théodore, dans le comté de
Terrebonne.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. BERTRAND: M. le Président, les échos de
l'Assemblée populaire nationale sont déjà parvenus
à l'honorable député à la suite de la litanie des
lacs où il entend, avec les officiers de son ministère
lequel ministère est ramifié dans plusieurs autres
effectuer une opération antipollution. Je prends acte de son travail et
je crois qu'il est juste de noter que l'honorable député de
D'Arcy-McGee s'intéresse activement à ce problème. Je sais
qu'il donne des causeries un peu partout dans le Québec pour alerter
l'opinion publique à ce problème de la pollution qui est
important.
Je l'inviterais, lors de l'étude des crédits concernant la
lutte contre la pollution, à nous indiquer quels sont ceux qui ont
choisi les 34 lacs où l'on effectuera une opération
antipollution.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
M. DUMONT: M. le Président, nous avons en main la
déclaration ministérielle qui nous a été remise une
heure avant l'ouverture de la Chambre. Je remercie le ministre de nous avoir
fait parvenir ce communiqué.
A la lecture de ces quelques lignes, j'ose croire que le ministre
trouvera d'autres responsables que les propriétaires de chalets pour la
pollution, car à mon sens les industries sont en grande partie
responsables de cette pollution. Pour empêcher cette pollution, des
mesures sévères devront être utilisées à
l'exemple de
l'Ontario qui a actionné pour plusieurs millions de dollars
certains industriels responsables de cette pollution. Enfin, dans cette longue
liste de lacs qu'il nous a énumérés et qui, à son
avis, seront dépollués, j'ai retenu le nom de deux petits lacs du
comté de Mégantic.
On oublie cependant le lac William à Saint-Ferdinand.
L'année dernière, on avait pourtant demandé au ministre
des Ressources naturelles de voir s'il n'y aurait pas possibilité de
dépolluer ce lac qui a été pollué parce qu'on y a
déversé des tonnes de vase à la suite de l'extraction de
l'amiante par les propriétaires de ces mines d'amiante.
A mon sens, parce qu'on ne peut trouver ou qu'on a peur de trouver les
responsables de cette pollution dans le lac William, on tente de trouver
d'autres petits lacs à dépolluer, et ces exemples, M. le
Président, pourraient être cités par centaines dans la
province.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais féliciter le
ministre pour le geste qu'il pose. Je pense que c'est une étape,
cependant très minime, devant l'ampleur du problème et j'ose
espérer que cela fait partie du plan d'ensemble qu'il doit nous
présenter bientôt dans sa législation.
Je pense, M. le Président, que la pollution de l'eau au
Québec a atteint un point critique, justement parce que la fonction de
dilution des déchets n'a jamais été conçue en
relation avec le seuil de régénération de l'eau naturelle
dans son cours d'eau. Aussi, j'ose espérer que dans la loi-cadre, dans
les projets de loi que le ministre veut nous présenter, ce sera
intégré dans un tout cohérent, c'est-à-dire un code
de l'eau, de façon qu'une réforme complète du
régime juridique et administratif nous soit présentée.
De plus, je pense qu'il faudrait tenir compte de la
réalité juridique devant la réalité de la
société d'aujourd'hui. Quand on sait que près de 300
millions de gallons d'eau polluée sont jetés chaque jour dans le
Saint-Lament, je me demande quelle va être la rapidité avec
laquelle le gouvernement va pouvoir légiférer dans ce domaine, et
je me pose une dernière question en terminant: Est-ce que le ministre a
l'intention de négocier, avant la présentation de cette
loi-cadre, avec chacun des agents de pollution les étapes d'une
dépollution, comme cela a été le cas avec Union Carbide de
Beauharnois?
M. LE PRESIDENT: Dépôt de documents. Est-ce qu'il y a
d'autres déclarations ministérielles?
M. LEVESQUE: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer l'arrêté en conseil no 3791, du 21 octobre 1970,
concernant le paiement d'une subvention à la compagnie Northern Electric
Limitée.
M. LEGER : Vous avez prévenu ma question.
Questions et réponses
M. LE PRESIDENT: Questions des députés. Le
député de Saint-Maurice.
Syndicalisme agricole
M. DEMERS: Ma question devrait s'adresser au ministre de l'Agriculture,
mais comme je crois qu'elle relève de la marche de nos travaux
parlementaires, je l'adresserai au leader parlementaire, le ministre de
l'Industrie et du Commerce.
Est-ce qu'on va établir, en cette Chambre, de nouvelles coutumes
à savoir que les projets de loi, en première lecture, seraient
déposés via appels téléphoniques dans le journal de
l'UCC comme pour la Loi du syndicalisme agricole qui est toute
détaillée dans le journal de l'UCC...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. DEMERS: ... du 19 mai?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Je ferais remarquer, ce n'est pas
la première fois d'ailleurs, qu'une question se référant
à un article de journal ne peut pas être posée. C'est bien
clair dans les règlements.
M. DEMERS: Est-ce que...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je crois que vous pouvez très bien
formuler votre question sans vous référer à un article de
journal.
M. DEMERS: Je ne me réfère pas à un article de
journal. Je demande si ce sera par appels téléphoniques,
dorénavant, que les projets de loi seront déposés en
première lecture.
M. LEVESQUE: M. le Président, il faudrait d'abord que ce projet
de loi soit étudié au comité de législation; je ne
peux pas comprendre que nous en soyons rendus à la publication dont
parle le député.
M. VINCENT: Question supplémentaire, M. le Président.
M. DEMERS: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que vous me permettez de donner le texte, tel qu'il fut
déposé dans le journal? Est-ce que le leader parlementaire, par
le président, me permettrait de remettre le texte qui a
été déposé dans le journal?
M. LEVESQUE: II me semble, M. le Président, que la réponse
que j'ai donnée indique clairement qu'il ne peut pas y avoir de texte
à moins que le gouvernement ne le fasse sien et que le comité de
législation ait eu l'occasion de l'étudier.
M. DEMERS: Dois-je comprendre que le projet de loi n'a pas
été étudié?
M. LEVESQUE: Ce projet de loi a été
déféré au comité de législation et
l'étude n'en est pas encore faite.
M. DEMERS: Nous vous remercions.
M. VINCENT: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le projet de loi-cadre du syndicalisme agricole est accepté
en principe par le cabinet avec toutes les modalités que nous retrouvons
indiquées dans certains journaux du Québec?
M. LEVESQUE: Le député sera bien au courant de la
politique du gouvernement, dans ce domaine, dès que le projet de loi
sera déposé pour étude en première lecture.
M. PAUL: Question additionnelle, M. le Président. Sur le
même sujet de base que celui soulevé par l'honorable
député de Saint-Maurice, j'aimerais savoir du leader
parlementaire comment il se fait que les employés de Radio-Québec
sont informés de certains amendements que se propose d'apporter le
gouvernement au projet de loi 36, dont la première lecture a
été faite la semaine dernière.
M. LEVESQUE: M. le Président, je crois que la question pourrait
être posée au ministre responsable parce que je ne suis pas au
courant qu'il y ait un tel état de fait.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Prêts sans intérêt
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais adresser une question
à l'honorable premier ministre. Le gouvernement du Canada a
annoncé, hier encore, deux nouveaux prêts sans
intérêt pour cinquante ans. Je voudrais demander au premier
ministre, premièrement, s'il a été consulté avant
que ces prêts soient faits; deuxièmement, si le gouvernement
fédéral nous a offert les mêmes avantages pour le
développement de la baie James et, troisièmement, si le
Québec a l'intention de demander ces mêmes avantages du
gouvernement fédéral.
M. BOURASSA: M. le Président, je ne suis pas au courant. Ce sont
des prêts au Tiers-Monde.
M. DUMONT: Pour le développement.
M. SAMSON: Peut-être que, pour éclairer le premier
ministre, je pourrais ajouter que cela fait suite à des prêts qui
ont été faits à une trentaine de pays différents
on doit en compter 35 ou 36 présentement sans
intérêt, pour cinquante ans. C'est là que j'en arrive
à poser la question au premier ministre, à savoir si on a offert
au Québec les mêmes avantages ou, si on ne nous les a pas offerts,
est-ce que nous avons l'intention de les demander?
M. BOURASSA: M. le Président, le député ne sera pas
surpris si je lui dis que de tels prêts n'ont été offerts
ni au Québec, ni à aucune des provinces. Quant à
l'ensemble des arrangements fiscaux, on sait qu'ils sont présentement
négociés. Les arrangements actuels doivent prendre fin le 31 mars
1972 pour faire place à d'autres arrangements fiscaux.
M. DUMONT: Est-ce que le premier ministre a l'intention de faire une
demande semblable lors de la conférence de Victoria, au mois de
juin?
M. BOURASSA: M. le Président, la question de la
péréquation ou des arrangements fiscaux n'est pas à
l'ordre du jour de la conférence de Victoria.
M. DUMONT: Pas pour des prêts sans intérêt.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
CEGEP de Saint-Hyacinthe
M. CHARRON: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
l'Education. Le ministre peut-il nous dire s'il est au courant de la nature du
contrat renouvelé entre le directeur général du CEGEP de
Saint-Hyacinthe et le conseil d'administration du CEGEP? Est-ce un contrat de
trois ans, comme le précédent, ou si c'est un contrat avec une
clause permettant résiliation dans les 90 jours?
Une question supplémentaire, déjà, M. le
Président: Est-ce que le ministre pourrait en profiter pour nous
informer de la situation du CEGEP de Saint-Hyacinthe?
M. SAINT-PIERRE: Pour le contrat, M. le Président, je pense que
la clause est effectivement un renouvellement pour une période de trois
ans. Maintenant, je puis vérifier si le contrat de renouvellement
contient des dispositions, comme vous l'avez signalé.
Quant au CEGEP de Saint-Hyacinthe, au début de mai, quelques
difficultés avaient surgi là-bas touchant en particulier le
remplacement du directeur général. Nous avions envoyé, du
ministère de l'Education, le directeur général de
l'enseignement collégial qui avait fait fonction, un peu, de
médiateur ou d'arbitre entre les parties et qui avait permis de
rétablir un climat normal à l'intérieur du CEGEP. Les
derniers jours ont vu ce climat se détériorer.
La même personne était à Saint-Hyacinthe toute la
journée vendredi et samedi et on
m'informe que demain matin nous devons avoir une réunion pour
décider de la ligne à suivre pour ce CEGEP. On comprendra que
nous sommes à la toute fin de l'année; les examens ont
déjà commencé et si toutes les parties en cause ne veulent
pas que le CEGEP fonctionne, à l'intérieur de certaines mesures,
nous n'avons pas l'intention de forcer tout le monde. Je pense que le
problème est non pas récent, mais nouveau dans son acuité
actuelle. Il prend des dimensions nouvelles et nous allons voir demain matin
ies mesures qu'il y a à prendre.
M. CHARRON: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce qu'est fondée la nouvelle qui veut qu'advenant le maintien de
l'actuel directeur général, la session d'été serait
compromise au CEGEP de Saint-Hyacinthe?
M. SAINT-PIERRE: Tout dépendra du comportement des parties en
cause. Il est évident que si les professeurs veulent bien enseigner et
que si les étudiants veulent bien étudier, il n'est nullement
question de remettre en cause la session d'été ni même la
session d'automne.
M. LAURIN: Si le gouvernement...
M. SAINT-PIERRE: Pardon?
M. LAURIN: Si le gouvernement veut bien...
M. SAINT-PIERRE: Je ne comprends pas la question. Voulez-vous vous
lever...
M. LAURIN: Si le gouvernement veut bien gouverner.
M. SAINT-PIERRE: Nous regarderons le tout de nouveau demain, faisant le
point avec les parties concernées. A la suite des informations obtenues
aujourd'hui, il me fera plaisir de renseigner demain la Chambre sur les mesures
prises pour tenter de rétablir le climat.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Déménagement de familles de
Shipshaw
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
poser une question au premier ministre concernant le problème de
Saint-Jean- Vianney.
Au cours de la fin de semaine on nous a annoncé que l'on devait
déménager 350 personnes qui habitent à Shipshaw, soit
à proximité de Saint-Jean-Vianney.
Le premier ministre pourrait-il nous dire si le comité
interministériel, avec l'aide du ministre des Affaires municipales, a
pris des dispositions pratiques en ce qui concerne ces gens qui commencent
à s'inquiéter et à faire preuve de nervosité au
sujet de la situation qui est la leur présentement? Le premier ministre
a-t-il un rapport additionnel à nous faire?
M. BOURASSA: M. le Président, j'avais demandé au ministre
du Revenu de rencontrer les députés de la région à
la fin de la semaine dernière pour leur faire part des décisions
qu'avait prises le gouvernement. Cela me surprendrait que le comité
interministériel n'ait pas pris des dispositions pratiques. Je vais
m'informer au cours de l'après-midi auprès du ministre du Revenu
et auprès de M. Gérard Frigon, qui a été
nommé par le cabinet pour cette question de Saint-Jean-Vianney, et je
pourrai informer le député.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président. Le premier ministre pourrait-il nous informer des
dispositions pratiques dont a parlé l'autre jour le ministre des
Affaires municipales? Ce ministre nous avait dit que les citoyens de
Saint-Jean-Vianney avaient toutes les raisons de se réjouir des
décisions qu'il allait prendre à la suite d'une rencontre.
Quelles sont ces décisions? En fin de semaine, au cours de conversations
avec les citoyens intéressés, l'on m'a dit que le gouvernement
n'avait pas encore fait connaître de façon précise ses
intentions.
M. BOURASSA: M. le Président, je ne puis pas dévoiler les
décisions qui ont été prises. Je sais qu'il y a des
négociations actuellement entre le ministre du Revenu et les
autorités fédérales sur la contribution
fédérale en question. C'est peut-être la raison qui retarde
la publication des décisions qui ont été prises. Je
préférerais en discuter avec le ministre du Revenu pour savoir
où en sont je crois qu'il y a eu rencontre samedi les
négociations fédérales-provinciales sur cette
question.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
Sévérité à l'égard
des petites scieries
M. DROLET: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre d'Etat responsable de l'environnement. A la suite de
lettres parvenues aux petites scieries de nos comtés ruraux, lettres
provenant de la Régie des eaux du Québec qui, en
définitive, leur ordonne pratiquement de cesser leurs activités
et de fermer parce que de l'écorce et de la sciure de bois tombent
à l'eau.
Le ministre a-t-il l'intention de continuer à donner des ordres
pour ainsi écraser ces petits commerces pendant que de puissantes
compagnies continuent à jeter dans le fleuve Saint-Laurent des acides de
toutes sortes?
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
UNE VOIX: Démagogie!
M. LEVESQUE: La question est maintenant posée, mais, je m'oppose
à la façon dont elle l'a
été, même si ce qui a été dit ne peut
pas être réparé. Ce genre de question est une sorte
d'accusation, de déclaration non fondée et qui, une fois dite,
est difficilement réparable.
De toute façon, je crois que nous devrions nous en tenir à
la forme des questions prévues par le règlement, M. le
Président. Vous avez, à maintes reprises, rappelé à
nos honorables collègues de respecter le règlement quant à
la façon de poser des questions.
M. DROLET: M. le Président, je pose la question de
privilège. Lorsque le leader du gouvernement dit qu'elle n'était
pas fondée, j'ai en main, ici, les lettres...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DROLET: ... de la Régie des eaux ordonnant la fermeture des
scieries. Je pense que c'est fondé.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le ministre responsable de la qualité
de l'environnement voudrait répondre?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, premièrement, la
Régie des eaux du Québec est un organisme paragouvernemental qui
jouit d'une autonomie en vertu de sa loi constitutive. Je suis le ministre
responsable pour la régie, mais je n'ai pas autorité sur les
activité de la régie, en ce moment, de façon directe.
Deuxièmement, il y a un problème de la qualité des
eaux de nos rivières. Ce problème est constitué, en
partie, par les activités de toutes les compagnies qui travaillent avec
le bois et qui l'apportent soit vers les scieries, soit vers les usines de
pâtes et papier. Nous essayons présentement de développer
une politique par laquelle l'écorce ne sera pas déversée,
d'une manière ou d'une autre, soit pendant le transport, soit pendant le
traitement à l'usine, dans nos cours d'eau.
Le député souligne le problème particulier des
petites industries. Je voudrais, pour cette partie de sa question, en prendre
avis, en discuter avec la régie et lui fournir une réponse plus
ample d'ici quelques jours.
M. SAMSON: Question supplémentaire, M. le Président. Le
ministre vient de nous déclarer qu'il n'a pas encore autorité sur
les activités de la Régie des eaux du Québec. Le ministre
pourrait-il nous dire qui a autorité sur cette régie
présentement?
M. GOLDBLOOM: Toutes sortes de régies jouissent d'une autonomie
et dont l'autorité est constituée par les commissaires ou
régisseurs, et cela de par leur loi constitutive. Un ministre
répond en Chambre sur les activités de la régie, mais il
n'a pas d'autorité exécutoire sur ses actions. Une consultation
se poursuit entre la régie et celui qui vous parle. Je n'ai quand
même pas l'autorité de diriger les activités de la
régie et l'empêcher d'émettre certaines directives.
Ces directives émanent quand même d'une politique
générale et, là où l'on me signale des
difficultés qui peuvent survenir à la suite de l'émission
des directives, je fais, comme je viens de promettre de le faire, enquête
et je fais rapport, par la suite, à la Chambre.
M. ROY (Beauce): M. le Président, question supplémentaire.
Est-ce que le ministre d'Etat à l'environnement serait prêt, dans
sa lutte contre la pollution, à faire des recommandations auprès
de la commission municipale pour que des dispositions soient prises afin
d'offrir de l'aide ou des prêts aux municipalités qui
désirent ériger des usines d'épuration au cours de
l'année?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ce sujet sera à l'ordre du
jour de la conférence provinciale-municipale, jeudi et vendredi de cette
semaine, et est en discussion, entre les trois paliers de gouvernement. Une
formule de financement sera établie et proposée aux
municipalités aussitôt que possible.
M. BROCHU: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre pourrait nous informer si le même genre de lettres
qui ont été adressées à nos petites usines de
sciage de bois l'ont été à des grosses compagnies comme la
Domtar ou la Kruger, qui déversent énormément de produits
chimiques dans nos rivières?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président. Des directives ont
été émises à l'endroit des compagnies de
pâtes et papier, dont 21 seront traduites devant la cour par le
ministère de la Justice, parce qu'elles n'ont pas été en
conformité avec ces directives en date du 1er juillet 1970. Une
deuxième série de directives est présentement en
préparation et est en discussion avec les compagnies
concernées.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay. Question
supplémentaire?
M. BOIS: Question supplémentaire, M. le Président. Ma
question s'adresse au ministre d'Etat à l'environnement. Est-ce qu'il
entre dans ses attributions ou dans celles du ministre des Affaires municipales
d'obliger les municipalités à adopter les règlements
appropriés visant à la préservation des lacs ou des
rivières qui sont situés dans leur territoire?
M. GOLDBLOOM : Actuellement, M. le Président, c'est de la
juridiction de la Régie des eaux du Québec d'émettre des
ordonnances à l'endroit des municipalités.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
Paiement des enseignants de la Côte-Nord
M. LESSARD: J'aimerais poser ma question au ministre de l'Education.
Est-ce que celui-ci pourrait me dire s'il a reçu un
télégramme de l'Association des enseignants de la
Côte-Nord, l'informant que la Commission scolaire de Baie-Trinité
n'a pas payé ses enseignants depuis près de trois mois? Si oui,
quelles sont les mesures que le ministre entend prendre pour régler
cette situation, qui s'est présentée au moins à deux
reprises dans la même année?
M. SAINT-PIERRE: La commission scolaire que le député
mentionne est la seule qui ne paie pas ses enseignants actuellement. C'est donc
dire qu'il y a environ, si ma mémoire est bonne, 17 enseignants sur les
70,000 qui ne sont pas payés. Le problème survient du fait que la
commission scolaire refuse d'établir dans son territoire le taux
normalisé, pour la province de Québec, qui est à $1.40 par
$100 d'évaluation, valeur réelle. Tant que la commission scolaire
n'aura pas accepté ce taux normalisé qui représente la
contribution du milieu au financement des dépenses, de taxes scolaires,
le gouvernement n'a pas l'intention de donner les lettres nécessaires
lui permettant d'obtenir un crédit auprès de la banque.
Il nous semble que toutes les commissions scolaires du Québec
doivent faire un effort en proportion des richesses du milieu, quitte à
l'Etat de combler l'écart entre la contribution du milieu et celle
nécessitée par les coûts de l'éducation.
Alors, dans ce cas précis, il reste aux élus du peuple
nous sommes dans un système décentralisé où
les administrateurs du milieu ont des responsabilités à les
prendre. Lorsque eux auront pris leurs responsabilités, il nous fera
plaisir d'envoyer les lettres nécessaires.
M. LESSARD: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre pourrait nous informer s'il a eu certaines
communications avec cette commission scolaire pour lui demander de normaliser
sa taxe scolaire? Il faut aussi comprendre le milieu. La compagnie Domtar
étant disparue de la région, c'est un milieu assez pauvre. Mais
est-ce qu'il y a eu des communications entre le ministère et la
commission scolaire concernée?
M. SAINT-PIERRE: II y a eu plusieurs communications entre le directeur
général du financement au ministère et les
autorités de la commission scolaire depuis déjà quelques
mois.
M. CHARRON: Question supplémentaire sur le même sujet.
Est-ce que le ministre entend donner suite au projet de l'ancien gouvernement
de payer directement les enseignants à partir du mois de septembre?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense bien qu'il ne s'agit pas d'une
question supplémentaire. Le député aura l'occasion de
poser la question et d'en faire une question principale.
M. CHARRON: Bien, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Iberville.
Vente d'animaux vivants à
Montréal
M. CROISETIERE: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de l'Agriculture et de la Colonisation. Est-ce que le ministre est au
courant s'il est question présentement d'interdire la vente d'animaux
vivants dans les marchés publics de Montréal?
M. TOUPIN: Non, M. le Président, je ne suis pas au courant.
M. CROISETIERE: Vous n'êtes pas au courant?
M. VINCENT: Est-ce que le ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation pourrait étudier la résolution qui a
été adoptée par le conseil de ville de Montréal, la
semaine dernière, interdisant dorénavant toute vente d'animaux
vivants dans les marchés de Montréal, si cette résolution
entre en vigueur immédiatement, et si oui, quelle est l'implication
économique sur le plan agricole de la province?
M. TOUPIN: M. le Président, je ne suis pas au courant de cette
résolution. Néanmoins, je vais m'informer dès cet
après-midi ou dès demain matin et je ferai, comme le
député de Nicolet l'a dit, l'analyse nécessaire en vue de
sauvegarder et de protéger les intérêts des
agriculteurs.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
Route Villebois-Baie-James
M. AUDET: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre, et j'aimerais ici lui faciliter la tâche en demandant au
ministre de la Voirie de bien vouloir prendre bonne note de ma question, au cas
où le premier ministre lui soumettrait ce problème
particulier.
M. le Président, vous me permettrez sans doute une brève
explication pour justifier cette question additionnelle sur un sujet qui est
toujours d'actualité, qui revêt un caractère d'urgence et
qui est aussi d'intérêt public. A la suite de récentes
lettres et télégrammes adressés au premier ministre...
DES VOIX: Question.
M. AUDET: ... par M. Roland Côté, président de la
Chambre de commerce de La Sarre,
par M. Dominique Godbout, secrétaire du comité routier de
cette même Chambre de commerce, toujours en rapport avec la route
Villebois-Baie James et j'arrive...
M. LE PRESIDENT: Question.
M. AUDET: Je n'avais pas fini mes...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
UNE VOIX: Vous seriez mieux de l'arrêter.
M. AUDET: Est-ce que le gouvernement que vous dirigez pourrait nous dire
quand les $170,064 réclamés seront versés à cet
organisme concerné vu que ce projet a rapporté dans les coffres
du gouvernement beaucoup plus que le montant réclamé
jusqu'à maintenant?
M. BACON: Au feuilleton. UNE VOIX: C'est sub judice.
M. PINARD: M. le Président, le député je ne
le lui reproche pas est fortement intéressé à la
route demandée par ses commettants, par des organismes
représentatifs de la population, mais je lui ai déjà
expliqué que le problème n'était pas aussi simple. Cette
route est une route de pionniers, c'est-à-dire qu'elle a
été construite par des pionniers sans la participation du
gouvernement parce que les ingénieurs ne recommandaient pas au
ministère de la Voirie de la construire sur le tracé qui avait
été choisi par ces personnes. Nous allons quand même
l'utiliser pour une certaine distance, mais malheureusement lorsqu'il s'agira
de conduire cette route vers les grands travaux de la baie James, il faudra
faire une bifurcation. Je le regrette, mais les pionniers en ont
été quittes pour leurs frais, même s'ils ont
été aidés par le gouvernement à l'époque
d'une autre façon que d'une façon financière.
Le ministère a fourni une certaine aide technique, sous forme de
matériaux et aussi des subventions. Je pense que le ministère ne
peut pas prendre complètement l'entretien de cette route-là
à ses frais.
M. AUDET: Une question additionnelle, M. le Président.
Je vais m'expliquer. Nous ne demandons pas présentement la
continuation de la route; nous demandons simplement la reconnaissance du fait
qu'une population entière a construit une route. Le ministre nous dit
bien aujourd'hui qu'on acceptera d'utiliser cette route. Alors, si le
gouvernement accepte d'utiliser la route, à plus forte raison, vous
devez reconnaître que la population a construit cette route-là.
Donc, si vous le reconnaissez, pourquoi ne voudriez-vous pas accepter de verser
les $170,000 réclamés par la Chambre de commerce, qui constituent
un montant minime comparativement à ce qu'elle coûte.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je me pose des questions sur le
critère d'intérêt public de cette question.
M. AUDET: M. le Président... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. AUDET: Je crois que c'est d'intérêt public; c'est toute
la population d'un comté.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! D'ailleurs, il y aurait une autre occasion
beaucoup plus propice où le député serait beaucoup moins
cerné par des obligations que demande le règlement, c'est
justement à la discussion des crédits du ministère de la
Voirie, qui sont à l'étude actuellement. Là il y a
beaucoup plus de latitude et le député trouverait beaucoup plus
de liberté pour obtenir les renseignements qu'il désire.
M. SAMSON: M. le Président, une question additionnelle. Je suis
au courant du problème, et ça relève également du
ministère des Richesses naturelles. Etant donné que nous avons eu
l'occasion sur ce sujet particulier de rencontrer par voie de
délégation et le ministre des Richesses naturelles et le premier
ministre, est-ce que nous pourrions nous attendre, de ce
côté-là, à obtenir de l'aide?
M. MASSE (Arthabaska): Est-ce que vous adressez la question au ministre
des Richesses naturelles?
M. SAMSON: Oui, oui, au ministre.
M. MASSE (Arthabaska): J'ai participé à la rencontre dont
vous faites mention. Maintenant, il n'est pas dans la juridiction du
ministère des Richesses naturelles, présentement
même, je ne sais pas si cela l'a déjà été
de verser une subvention pour le paiement de travaux qui auraient
été faits par les citoyens.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
Autobus scolaires au petit Colisée
M. PAUL: M. le Président, je m'excuse auprès du ministre
de la Justice si je ne lui ai pas fait parvenir avis de ma question. Le
ministre de la Justice a-t-il l'intention de donner suite aux recommandations
du service d'inspection du ministère des Transports et de porter
plainte, malgré l'opinion contraire du ministre des Transports, contre
les propriétaires d'autobus scolaires qui ont fait un voyage à
Québec, moyennant rémunération, pour la soirée du
30 avril dernier au Petit Colisée de Québec?
M. DEMERS: 125,000 autobus.
M. CHOQUETTE: M. le Président, le député
ne m'ayant pas prévenu de sa question me prend quelque peu par
surprise.
M. PAUL: Nous autres aussi.
M. CHOQUETTE: Parce que, M. le Président, je ne suis pas au
courant de toutes les poursuites qu'intente le ministère de la
Justice.
M. PAUL: Surtout celle-là.
M. CHOQUETTE: Alors, M. le Président, je vais vérifier. Je
prends avis de la question, et je répondrai au député
à la prochaine occasion.
M. PAUL: Merci beaucoup.
M. LESSARD: Une question supplémentaire. Est-ce que cela entre
dans la politique du gouvernement de création d'emplois nouveaux?
M. LE PRESIDENT: Une dernière question. Le député
de Lotbinière.
Permis de circulation maritime
M. BELAND: Au ministre des Transports. Est-ce que le ministre pourrait
nous dire pourquoi le gouvernement, par l'entremise des bureaux de permis de
circulation maritime, n'émet que des permis en anglais où l'on
inscrit "British ship"?
M. TREMBLAY (Bourassa): Je prends avis de la question, M. le
Président. Je n'ai pas regardé les contrats.
M. BELAND: Une question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que l'Angleterre a des droits prioritaires sur le Saint-Laurent?
UNE VOIX: Extrêmement urgent.
M. LE PRESIDENT: Avant de passer aux affaires du jour, le ministre des
Affaires sociales aimerait répondre à une question posée
antérieurement.
Obligations d'étudiants
M. CASTONGUAY: Le député de Beauce, M. le
Président, m'a demandé si des instructions avaient
été données aux bureaux régionaux d'aide sociale de
considérer comme obligés en loi les étudiants fils ou
filles de mères nécessiteuses, de personnes invalides ou
âgées, qui ont terminé ou termineront leurs études
au cours de la présente année scolaire, même s'ils n'ont
pas réussi à se trouver un emploi.
Je dois dire que, sur ce plan, les règlements sont les
mêmes que ceux qui ont été adoptés lors de la mise
en vigueur de la Loi de l'aide sociale, qu'ils n'ont pas été
modifiés et que selon les renseignements que je possède aucune
directive nouvelle n'a été donnée aux bureaux
régionaux d'aide sociale.
Quant à la suggestion qu'a faite le député de
prendre en considération le fait d'accorder un délai de trois
mois à ces personnes afin d'éviter la constitution de milliers de
nouveaux dossiers, nous examinons périodiquement, comme je l'ai
déjà mentionné, le fonctionnement de cette loi et des
règlements. La suggestion du député est retenue pour
étude et, dès que nous aurons d'autres modifications à
annoncer aux règlements de cette loi, je peux l'assurer que cette
suggestion aura été prise en considération.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je remercie le ministre d'avoir
répondu à la question que je lui ai posée la semaine
dernière. J'aurais une question additionnelle à lui poser,
à savoir si le gouvernement a fait une étude concernant le
coût additionnel que cette attitude va entraîner dans les
déboursés de l'aide sociale, suite aux dispositions actuelles de
la loi.
M. CASTONGUAY: Si nous avons fait une étude du coût
additionnel de l'ouverture des dossiers?
M. ROY (Beauce): Oui. M. CASTONGUAY: Non.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Voirie m'a donné
préavis d'une question de privilège qu'il voulait soulever.
Question de privilège Réseau
routier
M. PINARD: M. le Président, j'aimerais faire une mise au point
à la suite d'un article paru dans le Soleil d'aujourd'hui, à la
page 21, et intitulé "Le réseau routier doit primer dans l'effort
de l'industrialisation du Bas-Saint-Laurent". On m'y impute une
déclaration à l'effet que je me serais inscrit en faux contre
l'opinion de deux collègues du conseil des ministres,
c'est-à-dire le ministre des Affaires municipales, M. Maurice Tessier,
et le ministre de l'Industrie et du Commerce, M. Gérard Lévesque,
qui croient que certains projets d'infrastructure industrielle doivent
précéder les routes.
On m'attribue les paroles suivantes: "Ce n'est pas logique, d'ajouter le
ministre de la Voirie, en remarquant que la pénétration des
routes doit venir d'abord et que l'industrie suivra nécessairement par
la suite. C'est pourquoi M. Pinard a déclaré qu'il entend se
défendre fermement contre des recommandations partagées par le
CRD de l'est du Québec à l'effet de diminuer de quelque dix
millions de dollars les crédits devant être affectés
à l'amélioration des routes du territoire pilote pour les
négocier en faveur d'autres budgets présu-
mément plus directement reliés à l'amorce
industrielle de cette région." M. le Président, je voudrais dire
que j'ai été loin de mettre en cause mes deux collègues du
cabinet de la façon dont on le déclare dans cet article de
journal. Au contraire, j'ai voulu appuyer leur action, leur déclaration
et leur recommandation en disant, tout comme eux, qu'à mon point de vue
la route devait précéder l'industrie et que ce serait une
condition sine qua non de l'industrialisation du territoire. C'est
exactement...
M. BERTRAND: C'est normal.
M. PINARD: ... le contraire des propos que j'ai vraiment tenus. Je tiens
à rectifier de façon que la population du Bas-Saint-Laurent ne
soit pas mal informée des véritables intentions des ministres du
gouvernement actuel à ce sujet.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. VINCENT: M. le Président, en vertu de l'article 114,
j'aimerais poser une question à l'honorable leader parlementaire pour la
bonne marche des travaux de cette Chambre. Comme il nous l'a indiqué
vendredi, il est question que nous passions cette semaine à
l'étude des crédits du ministère des Terres et
Forêts. Nous avons regardé les rapports très nombreux que
nous avons à nos bureaux et le dernier rapport du ministère des
Terres et Forêts est celui de 68/69. Le rapport du ministère pour
l'année se terminant le 31 mars 1970 n'a pas encore été
déposé. Je crois, M. le Président, que le leader
parlementaire comprendra qu'il est assez important que nous ayons ce rapport
avant d'entamer l'étude des crédits du ministère des
Terres et Forêts.
M. LEVESQUE: Ce n'est pas nouveau. Il est arrivé
régulièrement, à cause de certains retards dans
l'impression, que des rapports des ministères arrivent quelques jours et
même quelques semaines en retard. Je suis convaincu que mon
collègue, le ministre des Terres et Forêts, a bien entendu la
question et qu'il en a pris bonne note.
Mais on peut s'attendre que ces crédits ne puissent pas
être étudiés ni aujourd'hui, ni demain. Enfin, nous
essayerons d'avoir une réponse d'ici à demain ou aussitôt
que possible.
M. VINCENT: Si le leader parlementaire me permet, je pourrais
peut-être faire une suggestion. Le ministre, qui a certainement une copie
du rapport, pourrait la distribuer au représentant de chacun des partis
afin que nous puissions en prendre connaissance. Je ne parle pas du rapport
imprimé mais de la galée dont nous pourrions prendre
connaissance.
M. DRUMMOND: Aucun inconvénient.
M. LE PRESIDENT: Avant de passer aux affaires du jour, j'aimerais
fournir un renseignement qui m'avait été demandé par le
député de Maisonneuve la semaine dernière, lors de
l'étude des crédits de l'Assemblée nationale, relativement
au rapport du protecteur du citoyen, qui, normalement, doit être produit
à la fin du mois de mars mais qui, cette année, pour des raisons
qu'on peut comprendre, ne l'a pas été. J'ai eu l'occasion de
causer avec lui au téléphone ce matin et il garantit aux
parlementaires que son rapport sera produit avant la fin du mois de juin.
M. LEVESQUE: Article 4.
Projet de loi no 1 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles propose
la deuxième lecture du projet de loi no 1, Loi modifiant la charte de la
Société québécoise d'exploration
minière.
M. LEVESQUE: M. le Président, on me permettra à ce
moment-ci de rappeler aux membres de la Chambre que la commission parlementaire
de la Voirie poursuivra ses travaux à la salle 81-A. J'en profite pour
faire motion pour que le nom de M. Pelletier soit substitué à
celui de M. Saindon. M. Giasson assumera la présidence en l'absence de
M. Saindon.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
L'honorable ministre des Richesses naturelles.
M. Gilles Massé
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, l'honorable
lieutenant-gouverneur de la province a pris connaissance de ce bill et il en
recommande l'étude à la Chambre.
Aux termes de sa charte, la Société
québécoise d'exploration minière a pour objet de faire de
l'exploration minière, participer à la mise en valeur de ses
découvertes et de celles d'autres compagnies avec possibilité de
s'associer avec elles et, éventuellement, de mettre en exploitation des
gisements découverts.
Lors de sa création, en 1965, Soquem a été
dotée d'un fonds social de $15 millions divisé en 1,500,000
actions de $10 chacune payées par le ministère des Finances
à même les fonds consolidés à raison de $1.5 million
par année pendant dix ans. De fait, la société a bien
rempli son mandat depuis 1965. Une trentaine de programmes d'exploration ont
été entrepris ou réalisés, le plus souvent avec la
participation financière et technologique d'autres entreprises
privées. En moins de cinq ans, Soquem aura
parcouru toute;, :es étapes de la recherche et de la
mise en valeur d'une découverte minérale jusqu'à
l'exploitation commerciale d'un gisement de cuivre dans le canton de
Louvicourt, près de Val-d'Or.
Il est à signaler que la mise en production de Louvicourt n'aura
pas axigé plus de deux ans et trois mois alors que la moitié des
gîtes miniers canadiens mis en exploitation depuis 1950 ont
été découverts entre les années 1920 et 1950.
En plus de Louvicourt, Soquem a découvert deux complexes
géologiques porteurs de co-lumbium et autres métaux et
minéraux industriels, respectivement à Saint-André,
comté d'Argenteuil, et Saint-Honoré, comté de Dubuc. La
mise en valeur a été entreprise avec un partenaire privé
qui, pour acquérir un intérêt de 50 p. c, devra
débourser $1,400,000 alors que la Soquem souscrira $500,000,
probablement en moins de trois ans si les travaux en cours confirment
l'évaluation actuelle.
Les milieux d'affaires canadiens acceptent généralement un
déboursé moyen de $35 millions par découverte
minérale et les milieux techniques spécialisés
évaluent ce coût moyen à environ $15 millions. Or, au 30
avril 1968, le gouvernement du Québec avait souscrit au capital social
de Soquem un total de $3,750,000 et les trois découvertes
précitées étaient faites. Si l'on ajoute un montant
additionnel de $1 million pour la mise en valeur de chacune d'elles, on atteint
la somme de $6,750,000, soit une moyenne inférieure à $2.5
millions par découverte alors que la moyenne des
déboursés, comme je l'ai dit précédemment, est de
$35 millions au Canada.
Certes, une période de cinq à six ans est trop courte pour
juger de la productivité d'une compagnie d'exploration minière,
surtout lorsqu'elle a dû démarrer à zéro sans
s'appuyer sur les ressources de toutes sortes d'une compagnie mère
déjà en activité.
Mais pour respecter les rapports moyens de fréquence des
découvertes en fonction des fonds disponibles, Soquem aurait pu se
contenter d'une découverte minérale à tous les quinze ou
dix-huit ans. Elle se serait cependant située dans une bonne
moyenne.
Au titre du rendement financier global, Soquem compte retirer des
opérations de la société minière Louvem
incorporée, des bénéfices nets de $4,300,000 permettant de
récupérer en trois ans les $3,750,000 déboursés
pour l'ensemble de ces programmes à la date où ce calcul a
été fait.
Ces exemples permettent de conclure que Soquem répond,
jusqu'à présent, à l'attente du ministère des
Finances, son unique actionnaire, puisque grâce à
l'efficacité de sa gestion, elle paraît capable de rembourser les
sommes investies par les contribuables du Québec dans son capital
social.
Cependant, le très fort taux d'inflation monétaire qu'a
connu l'économie mondiale et nord-américaine depuis 1965 n'a pas
été sans frapper Soquem plus durement encore que ses concurrentes
qui n'ont pas un capital fixe en diminuant de près du quart la valeur
réelle de son fonds social.
De sorte que le $1,500,000 prévu comme dotation initiale annuelle
de Soquem sur la base des dépenses moyennes d'exploration des
principales compagnies minières canadiennes, c'est-à-dire
$1,675,000 en 1963, date à laquelle des études pour la
création de Soquem ont commencé, est devenu tout à fait
insuffisant pour faire face à la hausse des salaires et des coûts
d'exploration intervenus depuis 1965 et une expansion normale des
activités de la société.
Depuis huit ans, des sociétés minières comme
International Nickel ou Hudson Bay Mining, cette dernière étant
alors sensiblement de l'importance de Soquem, ont doublé ou
triplé leur budget d'exploration.
Du strict point de vue des dépenses d'exploration, Soquem devient
donc de moins en moins compétitive et fait de plus en plus figure de
société plutôt modeste puisque du cinquième rang des
sociétés d'exploration canadiennes en 1965, elle a passé
au 25e rang en 1970.
Une telle situation est d'autant plus dangereuse que les nouvelles
dépenses d'exploration, condition de la survie de l'industrie
minière, à plus forte raison de sa croissance, se localisent de
moins en moins volontiers au Québec relativement à d'autres
provinces.
Or, dans les dix dernières années, la part du
Québec dans les dépenses d'exploration des grandes compagnies
minières, semble avoir baissé d'au moins 6 p. c. à 7 p. c.
ce qui explique en partie la baisse relative et absolue de la production
minière québécoise depuis 1968.
En 1970, on prévoyait une nouvelle diminution des dépenses
d'exploration des compagnies par rapport à 1969. Cette diminution s'est
réalisée pour diverses causes à caractère plus ou
moins durable comme les réactions des entreprises à la
réforme de la fiscalité minière, la diminution des prix
des métaux de base à partir de juin 1970, des taux
d'intérêt trop élevés, la réévaluation
du dollar canadien qui défavorise l'exportation de nos produits pour
lesquels il existe une concurrence internationale serrée et aussi
d'autres raisons.
Les registres du ministère des Richesses naturelles montrent que
la superficie des "claims" enregistrés par le service du domaine minier
a diminué de 59 p. c. entre 1969 et 1970 alors que le nombre de "claims"
enregistrés baissait de près de 56 p. c.
Ainsi l'exploration minière du Québec se retrouve au
niveau de la décennie 1950-1960 et l'effort de prospection et
d'exploration minière est tombé en dessous du seuil critique qui
permettrait le simple renouvellement normal des gisements épuisés
sans expansion de la production.
Il n'y a pas, pour l'instant, de problèmes
d'épuisement des gisements pour l'amiante et le fer.
De tels problèmes se posent, avec plus ou moins d'acuité,
pour l'or, le cuivre, le zinc et quantité de produits de moindre
importance. Par conséquent, une menace sérieuse pèse donc
à terme sur l'ensemble de la production minière
québécoise, d'autant plus grave que cette dernière n'est
pas répartie entre un grand nombre de substances et de
régions.
En principe, les produits métalliques représentent
près de 61 p. c. de la valeur de notre production minière, les
non-métalliques 27 p. c. et les matériaux de construction un peu
moins de 13 p. c. En fait, onze produits assurent la quasi-totalité de
la valeur de la production minière du Québec et trois produits
plus de 60 p. c. de cette dernière, c'est-à-dire le cuivre 25 p.
c, l'amiante 22 p. c. et le fer 16 p. c. Quand l'une des trois substances
majeures connaît des problèmes d'épuisement des gisements
et de baisse des teneurs c'est le cas pour le cuivre c'est
l'expansion de l'ensemble de notre production qui s'en trouve
affectée.
Le déséquilibre de la production par substance se double,
malheureusement, d'un déséquilibre régional. Or, d'une
façon générale, la mise en production de nouvelles mines
est ou a été un facteur premier de démarrage
économique des régions du Québec, des Cantons de l'Est
à l'origine, au Nouveau-Québec actuellement, en passant par le
développement de l'Abitibi, de la Côte-Nord et plus
récemment des régions de Chibougamau, de Joutel, Poirier, etc.
Inversement, quand les mines ferment, les régions pour lesquelles elles
constituaient la source principale d'investissement et d'emploi sont
menacées de disparaître avec elles de la carte économique
du Québec.
Or, de 1965 à 1970, 23 mines ont fermé par suite
d'épuisement des gisements, de la baisse des teneurs, etc., dont 11 dans
le district Val-d'Or-Matagami, 4 dans celui de Noranda, 7 dans celui de
Chibougamau, 1 dans la région d'Ottawa. Le Nord-Ouest
québécois est ainsi la région la plus touchée,
à la fois par la disparition prochaine de l'industrie de l'or,
l'épuisement des gîtes de cuivre et de zinc dans l'axe
Noranda-Val-d'Or et la difficulté de trouver de nouveaux gisements dans
les secteurs sud de la région. Au total, les fermetures de mines d'or et
de quelques exploitations anciennes de cuivre entraîneront une baisse
considérable de l'emploi minier d'environ 2,500 au cours des cinq
prochaines années.
Dans une telle situation, un effort important de la Soquem est requis
pour trouver de nouveaux gisements. Or, pour le seul exercice 1969-1970, la
société a dépensé, avec ses partenaires, plus de
$963,000 dans la région de l'Abitibi pour une vingtaine de projets
d'exploration. Si on exclut de ce total les dépenses pour la mine de
Louvicourt, qui se chiffrent par un peu plus de $432,000, dont $402,000
imputables à Soquem seule, la part des partenai- res de Soquem
représente à peu près 2.45 fois celle de cette
dernière, soit $530,000 contre $218,000, ceci pour seize projets
considérés.
Vu la situation critique du Nord-Ouest québécois, ce
travail d'exploration de Soquem et de ses partenaires est donc vital et
irremplaçable pour cette région minière. Pour la
Gaspésie, une autre région critique, Soquem a conçu un
programme d'exploration expérimental de 5 ans portant sur la recherche
de gisements de cuivre, de plomb et de zinc, habituellement associés aux
zones de roches volcaniques, faisant appel au procédé Digital
Recording Helicopter Borne Electromagnetic Laboratory.
Ce programme ne pourra être financé sans une augmentation
substantielle du capital de la société d'Etat qui,
malheureusement, a déjà dû renoncer, faute de capitaux,
à plusieurs projets d'envergure portant notamment sur les régions
critiques. Les conséquences cumulées de l'inflation et de la
fixité de son capital amèment en effet Soquem à consacrer
une part croissante de sa disponibilité à faire face à
l'accroissement mécanique des frais d'administration, au
détriment des programmes d'exploration dont dépend, avant tout,
la découverte de nouveaux gisements. Pour l'exercice 1969/1970, les
coupures apportées au programme d'exploration de Soquem
s'établissaient à $400,000 et portaient sur des programmes
liés à la région minière de l'Abitibi,
c'est-à-dire Témiscamingue, Courville et Tiblemont, région
des rivières Octave et Turgeon.
Au total, il s'agissait, tant pour le gouvernement responsable de la
santé de l'industrie minière, surtout dans une région
comme l'Abitibi où elle représente un facteur
irremplaçable d'emplois, que pour Soquem, dont les programmes
d'exploration sont vitaux pour l'avenir minier de cette région, de
remédier à deux déficiences: d'abord, l'érosion de
la valeur réelle de la dotation annuelle de Soquem, due, entre autres,
à l'inflation et au renchérissement des coûts
d'exploration; deuxièmement, l'insuffisance ou le retard des programmes
d'exploration en Abitibi, essentiellement, et aussi en Gaspésie et dans
d'autres régions qui connaissent une situation minière
critique.
Dans le cas de l'Abitibi notamment, le doublement des programmes
d'exploration de Soquem et de ses partenaires s'impose au cours des cinq
prochaines années, si l'on veut retrouver une part significative des
emplois perdus par suite de la fermeture des mines d'or et de
l'épuisement de certaines mines de métaux de base, notamment de
cuivre. Ainsi, les ministères des Richesses naturelles et des Finances
ont-ils calculé avec Soquem le rajustement de son capital qui lui
permettrait d'atteindre ce double but. Il faudrait faire passer ce capital de
$15 millions à $21,250,000, moyennant le versement par le
ministère des Finances d'une dotation annuelle supplémentaire de
$1,250,000 pendant cinq ans.
Soquem a préparé, par ailleurs, pour le
Nord-Ouest québécois, des programmes d'exploration
nouveaux propres à réaliser le doublement dans cette
région de ses dépenses d'exploration et de celles de ses
partenaires, avec de bonnes chances d'y découvrir un gisement de valeur
commerciale d'ici cinq ans. Des programmes analogues sont examinés,
d'autre part, pour la Gaspésie et la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Jean-Jacques Bertrand
M. BERTRAND: M. le Président, quelques remarques seulement
à l'appui de ce projet de loi, dont le principe a déjà
été approuvé par la Chambre, en 1965, principe qui
était de nature à inciter l'Etat à jouer un rôle
direct et indirect dans le domaine de l'exploration minière et de la
mise en exploitation de gisements miniers. Au moment où, de plus en plus
dans ce domaine, il est important et parfois même essentiel que l'Etat
soit bien documenté, que l'Etat joue un rôle de premier plan, le
législateur à l'époque a soumis ce projet de loi. Nous
l'avons, comme je l'ai dit tantôt, largement approuvé. Un
capital-actions, soit une somme de $15 millions a été mise
à la disposition de ladite société.
A l'heure actuelle, le gouvernement demande que l'on augmente cette
somme. Nous sommes favorables à ce que le gouvernement continue cette
politique d'aide à ce qui s'appele communément Soquem. Le
ministre a noté les difficultés que rencontre, à l'heure
actuelle, l'industrie minière au Québec. Elles sont
fondées. Elles sont vraies. J'ai été heureux qu'il nous
dise que la société entendait, en particulier, continuer des
activités très intenses dans le Nord-Ouest
québécois, dans toute cette immense région de l'Abitibi.
J'ai eu l'occasion, lors de la campagne électorale et lors d'une autre
campagne, en 1969, de rencontrer les gens de certaines villes de l'Abitibi, de
Rouyn-Noranda, de Malartic, de toutes ces villes dites minières.
Partout, là-bas, on est inquiet et avec raison. Ces populations se sont
établies; toute une infrastructure a été
édifiée. Il y a des villes intéressantes, bien
organisées. Par contre, elles sont toutes soumises à ces
entreprises minières qui, à l'heure actuelle, connaissent un sort
qui est loin d'être intéressant.
J'incite donc le ministre et Soquem à porter une attention encore
plus particulière à cet immense territoire, soit dans le domaine
de l'exploration minière ou de l'exploitation, comme on l'a fait
jusqu'à présent dans des entreprises mixtes où Soquem et
les compagnies privées jouent un rôle très actif.
Par contre, je me surprends des propos du ministre, au moment où
l'on a annoncé à grand renfort de publicité un
développement futur d'une immense région du Québec. Non
seulement ça me surprend de sa part, mais, dans le rapport de Soquem, on
ne trouve rien ou à peu près sur des explorations minières
qui auraient
pu être conduites dans ce qu'on appelle le fameux projet de
développement de la baie James. J'ai eu beau examiner le rapport annuel
de 69/70 qui a été produit, je ne note absolument rien dans ce
domaine.
Bien entendu, le ministre l'a dit, je l'approuve là-dessus,
Soquem doit porter à ce moment-ci une attention très
spéciale à la région du Nord-Ouest québécois
et de l'Abitibi en particulier. Mais si j'examine, à la page 15 du
rapport, les nouveaux programmes, je ne trouve rien non plus qui pourrait
démontrer un intérêt pour ces territoires où l'on
fait reluire à l'heure actuelle des espoirs qui, d'après moi, se
révéleront probablement fallacieux, à moins que, et je
l'ai dit, le gouvernement se serve de ses outils. Au moment où le
gouvernement veut s'apprêter, et j'espère qu'il ne le fera pas,
à établir une régie d'Etat pour le développement
hydroélectrique, forestier, minier de cet immense territoire qui
s'appelle la baie James, je redis que nous avons déjà des outils,
dont Rexfor dans le domaine forestier, Soquip dans le domaine du pétrole
et Soquem dans le domaine minier.
Il faut ajouter que non seulement il y a Soquem mais les compagnies
privées elles-mêmes, qui, sans aucun doute, comme on le sait, ont
des budgets d'exploration minière. Biles ont effectué de la
recherche. Il appartient donc au ministre qui doit répondre en Chambre
des activités de Soquem de s'enquérir auprès de selle-ci,
de l'inviter à coordonner avec les compagnies privées
l'exploration minière, non seulement dans le Nord-Ouest
québécois, mais dans toute cette partie du territoire où
probablement des développements hydro-électriques auront lieu.
C'est son devoir, et je ne vois pas iu tout pourquoi on viendrait nous
présenter la création d'une nouvelle régie d'Etat quand
nous avons déjà des outils. Soquem en est un. Qu'on les utilise.
Je l'ai dit, à force de multiplier les outils, on manquera d'ouvriers.
Utilisons ceux que nous avons, utilisons-les pleinement. Les buts poursuivis
par Soquem sont vastes, faire de l'exploration minière par toute
méthode, participer à la mise en valeur des découvertes, y
compris celles faites par d'autres c'est là qu'on voit les
compagnies privées avec possibilité d'acheter et de vendre
des propriétés à divers stades de développement et
de s'associer à d'autres pour ces fins.
Voilà des pouvoirs joliment généraux. Des pouvoirs
exhaustifs qui embrassent un champ l'action très vaste.
J'espère que le ministre, si on propose, au conseil des
ministres, la formation d'une nouvelle régie, saura dire à ses
collègues qu'il a, quant à lui, dans le domaine minier, un outil
formé par un ancien gouvernement et que nous avons appuyé
à l'époque, pour que, tant dans l'exploration minière que
dans l'exploitation minière, nous puissions connaître des
succès, l'ajoute un des derniers buts: participer à la mise en
exploitation des gisements, soit en les
vendant, soit en prenant une participation contre la valeur des
propriétés transmises.
M. le Président, voilà l'organisme qui, en droit et en
fait, relève de l'Etat et qui peut jouer un rôle avec le vaste
secteur de l'entreprise libre au Québec. Voilà donc un outil
excellent pourvu que le gouvernement s'en serve, que le gouvernement l'appuie.
C'est pourquoi, vu qu'on a l'intention de verser à Soquem un montant de
$6,250,000 payable en quelques versements de $1,250,000 par année, nous
sommes favorables à cette mesure. J'inviterais le ministre tantôt,
sans doute dans une courte réplique, à nous indiquer si Soquem a
déjà entrepris l'exploration minière dans ce territoire
dont j'ai parlé, la baie James.
Par contre, M. le Président, certains faits sont portés
à notre connaissance, surtout par la lettre qui est annexée au
rapport. Cette lettre du 3 décembre 1970 est adressée au ministre
des Richesses naturelles, étant donné que c'est lui qui doit
être le porte-parole de Soquem en Chambre. Il y a dans cette lettre la
narration de faits au sujet d'un conflit qui oppose, à l'heure actuelle,
Soquem à la compagnie Timrod Mining, Nemrod Mining, Naganta Mining and
Development Company Limited.
Etant donné que des procédures ont été
intentées et que cette cause est à l'heure actuelle devant les
tribunaux, je sais qu'on ne peut pas en parler, comme telle. Par contre, il est
certes possible si le ministre n'a pas les renseignements aujourd'hui,
il pourra nous les communiquer lors de l'étude de ses prévisions
budgétaires de nous dire où en est rendue l'action et,
peut-être, de nous obtenir une photocopie de la déclaration et de
la défense qui a été produite, par la compagnie Soquem,
à l'encontre de la déclaration. Ce n'est pas pour discuter des
faits, des positions respectives des parties ce n'est pas à nous
d'arbitrer ou de départager les torts, ce n'est pas à nous de
rendre jugement mais pour être bien informés. Je crois
qu'il serait à propos qu'il se procure cela auprès des
procureurs, des conseillers juridiques de la compagnie Soquem et, par eux, il
pourra obtenir également copies des autres procédures aux
dossiers.
C'est un problème dont j'ai été mis au courant
alors que j'étais premier ministre et que l'ancien député
de la Beauce était ministre des Richesses naturelles. J'ai
malheureusement déploré qu'il n'y ait pas eu de
possibilité d'entente et que la conciliation entre les parties n'ait
produit à peu près aucun résultat.
Dans ce domaine, je crois qu'il est bon que nous invitions, par le
truchement du ministre, qui pourra leur en faire part, les autorités de
Soquem à être extrêmement prudentes dans de pareils
domaines. S'il y a quelques chose de nature à faire tort à une
compagnie de la couronne, c'est certainement une poursuite devant les
tribunaux, qui met devant l'opinion publique le nom d'une compagnie que nous
avons créée. Je ne juge personne, je n'accuse personne. J'ai
été mis au courant, comme je l'ai dit tantôt, des faits,
mais j'espère qu'on essaiera par tous les moyens possibles, lors de la
rédaction d'ententes, de contrats entre Soquem et d'autres compagnies,
de faire effectuer, avant la signature de pareilles ententes, toutes les
recherches qui s'imposent et d'obtenir tous les conseils juridiques requis afin
d'éviter qu'une autre situation semblable ne se présente.
M. le Président, donc, après ces quelques commentaires,
nous serons heureux d'appuyer la deuxième lecture de ce projet de loi.
Nous sommes en faveur du principe.
M. LE PRESIDENT (Brown): L'honorable député
d'Abitibi-Est.
M. Ronald Tétrault
M. TETRAULT: M. le Président, nous voulons féliciter le
ministre des Richesses naturelles pour nous avoir apporté en
deuxième lecture ce bill et nous sommes d'accord sur le principe. Nous
le trouvons très recommandable. Nous comprenons que Soquem, qui effectue
des recherches dans la région du Nord-Ouest québécois, a
besoin d'une augmentation de capital pour continuer ses recherches. Mais du
même fait, nous nous souvenons, comme l'a si bien souligné
l'ancien premier ministre, l'affaire de la Louvem, comme nous l'appelons
communément chez moi.
Faisant partie de cette grande région du Nord-Ouest
québécois où Louvem et Soquem sont venues en conflit, nous
pouvons remarquer que certaines gens ont dit que le gouvernement avait tort
d'avoir envahi le terrain de l'entreprise privée. Donc, il faudrait que
ce conflit soit réglé et que le gouvernement en sorte pas
sur recommandation, nous allons laisser cela aux tribunaux vainqueur
pour garder le nom de Soquem intact; d'ailleurs, sa réputation est
très bonne jusqu'à présent.
M. le Président, nous sommes d'accord sur la recommandation
d'augmenter le capital de $1,500,000 par $1,250,000, ce qui porterait le total
à $2,750,000. Mais nous aimerions, en même temps, voir ce montant
d'argent augmenté plus considérablement. Sur ce, nous voulons
porter à l'attention du ministre des Richesses naturelles que le
gouvernement fédéral, pour un même programme qui est
étendu à travers les dix provinces, à un capital de $2
milliards répartis sur quatre ou cinq ans. Donc, le gouvernement
fédéral se lance dans la grande recherche, dans l'exploitation
pour compenser ce que le ministre lui-même a souligné, le
déclin qui existait dans la prospection, dans la découverte de
nouvelles mines, spécialement dans la région d'Abitibi ou du
Nord-Ouest québécois.
Ne tenant pas compte de la région de la baie James ou du Grand
Nord, il y a plusieurs recherches qui furent effectuées dans cette
région. Même plusieurs mines sont prêtes à être
exploitées aussitôt que l'accessibilité aux terri-
toires sera possible. Je ne sais pas si Soquem elle-même a
participé à ces découvertes, mais je sais entre autres
que, près de la chute Rouge, deux mines sont prêtes à
commencer leur exploration aussitôt que des routes convenables seront
faites.
M. le Président, le ministre soulignait qu'il y a
présentement, dans la prospection, un déclin considérable
et que les mines du Nord-Ouest s'en ressentaient, surtout la population. Nous
pouvons attribuer ce déclin à plusieurs facteurs. Est-ce qu'il
n'est pas occasionné par nos propres gouvernements? Entre autres,
j'aimerais souligner ce que le gouvernement fédéral se proposait
de nous amener : le livre blanc, qui était au détriment des
institutions minières ainsi qu'à la prospection. Il y a aussi le
gouvernement provincial, qui, avec son projet de loi sur la dynamite, projet
qui paraît si simple à première vue mais qui affecte encore
nos prospecteurs parce qu'ils se voient obligés d'aller sur de grandes
distances avec une vingtaine de livres de dynamite ceux qui sont au
courant de l'exploration minière le savent se voient restreints
dans le dynamitage parce qu'avec 20 bâtons, on ne va pas bien loin dans
la prospection.
Donc, tous ces facteurs réunis nous permettent de constater le
grand déclin qui existe. Nous sommes d'accord parce que, moi-même,
dans mon comté d'Abitibi-Est, comme le ministre l'a si bien
souligné, onze mines ont fermé depuis quelques années et
il y en a encore trois ou quatre qui s'apprêtent à fermer.
M. le Président, si le gouvernement, avec un effectif de
$2,750,000 se lance dans l'exploration, je ne peux pas concevoir comment le
gouvernement pourrait participer à des programmes conjoints
d'exploitation. Parce que tout le monde sait que lorsqu'on ouvre une mine,
comme on l'a fait remarquer pour la mine Louvem, où la participation du
gouvernement a été de $402,000. il faudrait toujours prendre en
considération... Aussi, Louvem est une très petite mine, ce n'est
pas une mine de l'ampleur de la mine Noranda ou de celle des autres mines d'or,
Lamaque ou Sigma de la région. Donc, à $402,000, cela montre la
quantité ou la grosseur qu'il peut y avoir dans la mine. C'est un petit
gisement. C'est un gisement de surface. Donc, le coût d'opération
ou le coût d'investissement initial est très minime comparé
à celui d'une autre mine.
Donc, M. le Président, le ministre devrait prendre en
considération qu'avec un effectif de $2,750,000 dans l'exploitation, il
ne peut pas entrer en concurrence avec les autres. S'il le fait, il est
obligé d'affecter directement son exploration globale, car à
$2,750,000, le gouvernement, ou Soquem ne peut pas se permettre de se lancer
dans une aventure où elle serait obligée ou forcée, par
entente, de verser des montants peut-être de $2 millions, $3 millions ou
$4 millions.
Pour donner un peu plus d'ampleur à ce que je dis, il y a
présentement, dans la région du Nord-Ouest, le
développement d'une mine de nickel, appelée la Dumont Nickel, qui
demande un investissement de $100 millions. Donc, je ne peux pas voir le
gouvernement, malgré qu'on ne lui ait pas demandé d'y participer,
se lancer à l'aventure dans une mine ou dans un projet assez
considérable avec une petite somme de $2,750,000 et arriver à
faire les développements nécessaires comme ils sont situés
dans le Québec entier.
M. le Président, nous aimons la participation qu'il y a,
l'accessibilité au public qu'il peut y avoir, mais nous aimerions aussi
que le gouvernement prenne en considération et qu'il soit sûr
qu'avec ce bill 1 ou Soquem il ne crée pas un autre Sogefor ou une autre
Société générale de financement qui, après
des années, s'est vue dans l'obligation de laisser plusieurs compagnies
partir de la province de Québec pour s'en aller chez les
Américains, vu le manque de capital, pour finalement acheter une
compagnie qui fait plusieurs...
Donc, M. le Président, nous aimerions que le gouvernement
continue l'ouvrage louable ou exceptionnel que Soquem fait dans le Nord-Ouest
québécois nous parlons en connaissance de cause car nous
vivons tous les jours avec cette compagnie et à faire toutes les
démarches nécessaires, toutes les recherches et l'exploitation
mais qu'il ne se lance pas dans une aventurre où les fonds
consolidés qui y sont accumulés ne pourraient pas suffire
à cette aventure.
M. le Président, en deuxième lecture, nous serons en
faveur de ce bill.
M. LE PRESIDENT (Perreault): M. le député de Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. LESSARD: M. le Président, il s'agit sans aucun doute, ici,
d'un projet très important, parce qu'il s'inscrit dans une politique qui
avait été établie en 1960-1966 et qui a même
été continuée par la suite, en ce qui concerne la
formation de Rexfor. Il s'agit de la création d'une institution qui nous
appartient, une institution qui appartient à l'ensemble du peuple du
Québec par l'intermédiaire de l'Etat.
Comme on le disait tout à l'heure, Soquem constitue un instrument
extrêmement important dans la politique minière du Québec.
C'est ce qui explique pourquoi nous appuierons certainement ce projet. Mais
nous appuierons ce projet avec certaines réserves qui vont un peu dans
le même sens que celles que le député d'Abitibi-Est a
développées tout à l'heure.
Ce projet prend aussi de l'importance à cause de ce que le
ministre nous a décrit tout à l'heure, c'est-à-dire la
situation minière au Québec. L'on sait, par exemple,
qu'actuellement la situation minière au Québec est assez
déplorable. Ce n'est d'ailleurs pas d'aujourd'hui
que cette situation existe. Quand on regarde, par exemple,
même si pourtant nous sommes assez riches en ce domaine; je dis assez
riches en territoires la production minière du Québec, on
constate que par rapport à la production canadienne, elle est assez
faible.
En effet, en 1968, la valeur de notre production minière ne
représentait que 15.4 p. c. de la production canadienne alors que celle
de l'Ontario atteignait 28.3 p. c, et je pense qu'avec la situation qui existe
actuellement dans la région de l'Abitibi on ne peut pas espérer
que cette situation s'améliore. D'ailleurs, le ministre confirmait tout
à l'heure un peu cette situation. Le pire est que cette
régression se continue depuis 1965 alors que nous produisions pour 19.1
p. c. de la production minière canadienne.
Il est donc devenu extrêmement important de prendre conscience de
cette situation, de prendre conscience qu'il faut absolument, si nous voulons
coordonner, si nous voulons réorganiser la production minière au
Québec, faire quelque chose. Et le seul instrument actuellement
à part l'entreprise privée qui a été
créé, le seul instrument qui nous appartienne, le seul instrument
qui soit contrôlé par des Québécois, c'est si
nous faisons exception de quelques-unes, Beauchemin, en particulier la
Société québécoise d'exploration
minière.
Il est donc devenu urgent de donner à Soquem les instruments
nécessaires pour se développer d'une façon assez
importante. Il est certain que lorsque nous avons constitué Soquem en
1965 nous devions alors être prudents. Nous n'avions en effet pas de
cadres à l'intérieur du secteur minier ou nos cadres
étaient éparpillés à l'intérieur de
quantité d'autres entreprises, entreprises étrangères pour
la plupart. Il est certain que nous devions être prudents à ce
moment-là, mais aujourd'hui, après cinq ans, nous prenons
conscience que nous avons là véritablement un instrument qui a
produit des fruits, un instrument qui s'est même développé
considérablement, un instrument qui s'est imposé au niveau du
secteur privé.
Déjà, par exemple, un an et demi après la formation
de Soquem, le Financial Post disait que Soquem pouvait devenir le pivot du
développement minier du Québec. Eh bien, si on veut que Soquem
devienne le pivot du développement minier du Québec il va falloir
lui donner les instruments économiques pour qu'elle le devienne. Si on
devait être prudent en 1965, après l'expérience que nous
avons aujourd'hui, après avoir constaté que nous avons des gens
là-dedans, le président et tout le conseil d'administration, qui
ont acquis une expérience formidable, qui ont prouvé qu'ils
étaient capables de développer ce secteur, pour ma part, je pense
qu'il faudra augmenter ce montant de $1,250,000 qui n'est pas assez important,
pas assez élevé. Je pense qu'il faut aller plus loin, pour les
raisons mêmes que nous donnait le ministre tout à l'heure. On
disait, par exemple, que Soquem, qui était au cinquième rang en
1965, est tombée maintenant au 25e rang parmi les sociétés
d'exploration minière. On disait que certaines sociétés
avaient doublé, triplé leurs investissements dans l'exploration
minière. Or, puisque nous avons là un instrument il ne faudrait
quand même pas nous laisser dépasser par les autres. Il faudrait
au contraire augmenter notre participation à l'intérieur du
secteur minier.
En plus des raisons données par le ministre, telles que la baisse
de l'exploration minière, la diminution, par exemple, de la superficie
des concessions, nous pouvons constater aussi, dans les rapports que nous donne
Soquem, qu'en 1967-1968, à peu près deux ans après sa
formation, Soquem refusait déjà, sur 104 projets, 91 projets
miniers. Ces projets avaient une certaine importance, mais, à cause du
manque de capitaux, ils n'ont pas pu être étudiés par
Soquem.
Aujourd'hui, on dit que, dans les $1,250,000, $500,000 iront à la
région de l'Abitibi. Or, dans un rapport, le rapport CERNOL, qui
concerne la région de l'Abitibi...
M. MASSE (Arthabaska): Quel rapport dites-vous?
M. LESSARD: Le rapport CERNOQ.
M. MASSE (Arthabaska): CERNOQ, d'accord.
M. LESSARD: Dans ce rapport, ce n'est pas $500,000 que l'on demande pour
la région de l'Abitibi; c'est $1 million dont on a besoin pour relever
l'activité minière dans cette région. Le
député de Missisquoi, chef de l'Opposition officielle, a
parlé tout à l'heure de toute l'immense région de la baie
James qui va nécessiter des investissements considérables de la
part de Soquem. Si l'on veut que Soquem continue son rôle, qui
n'était pas seulement un rôle économique, mais qui avait
aussi un genre de rôle émotif, en ce sens, il faut que Soquem
aille plus loin que le développement économique et qu'elle nous
amène, nous Québécois, à participer beaucoup plus
au développement minier du Québec.
On sait, par exemple, que notre représentation est
extrêmement faible de ce côté-là. On sait quelle est
notre situation : à peu près nulle. On établissait, par
exemple, à environ 5 p. c. notre participation au niveau des
administrateurs des grandes compagnies minières. Je pense que, si on
veut vraiment changer la situation, il faut donner à Soquem les
instruments nécessaires. En 1965 Soquem était une
expérience; on essayait. On savait très bien que l'on ne pouvait
pas régler tous les problèmes économiques, en particulier
les problèmes miniers du Québec. Cependant, il fallait
acquérir, dans ce secteur, une certaine expérience pour voir ce
que l'on pouvait faire. Il fallait essayer.
C'est drôle: même si on a eu des mauvaises
expériences, toutes les fois que l'on s'est essayé, au
Québec, toutes les fois que l'on a créé quelque chose qui
nous appartienne, que ce soit l'Hydro-Québec ou d'autres institutions,
on a réussi. D'accord, on a eu des problèmes avec Sogefor. Mais,
justement, parce qu'on a eu des problèmes avec Sogefor, il ne faudrait
pas refaire la même chose avec Soquem. Il faudrait donner à Soquem
les instruments nécessaires pour qu'elle se développe d'une
façon efficace. H ne faut pas régresser; au contraire, il faut
améliorer notre situation.
Justement, parce que nous sommes faibles au point de vue du
développement et au point de vue de la participation au niveau des
industries minières, il ne nous reste qu'un seul moyen, c'est d'utiliser
l'Etat. On l'a dit, bien souvent: L'Etat est devenu l'instrument collectif de
notre libération économique. Au moins, c'est un moyen. Il faut
s'en servir, de ce moyen-là, même si certains ont encore une peur
morbide de l'Etat. Pourtant, chaque fois qu'on s'en est servi, chaque fois
qu'on l'a utilisé, on a réussi à créer quelque
chose d'efficace et d'utile dans le domaine minier comme dans d'autres
domaines.
Il y a aussi quantité d'autres régions qui sont à
explorer. Quand on regarde, par exemple, le rapport de Soquem de 67/68, on
constate qu'à peu près 6 p. c. des investissements dans
l'exploration minière couvrent cette région du
Nouveau-Québec. Dans la région du Lac-Saint-Jean, la même
chose, un très minime pourcentage d'investissements.
Dans la région de l'Abitibi, c'est 28 p. c, mais pour presque
toute la Côte-Nord, qui est une nouvelle région économique,
on constate que Soquem n'a pas de projet. Soquem a été le
ministre l'a souligné tout à l'heure créée
justement pour tenter de régionaliser le développement minier,
d'aider au moins certaines régions à se développer de ce
côté.
M. le Président, pour nous du moins, en association avec ce que
le député d'Abitibi-Est disait tout à l'heure, il nous
semble que le gouvernement n'est pas tellement combatif, que le gouvernement
est encore craintif, que le gouvernement ne va pas très loin de ce
côté. Quand on compare ce qu'on donne par le projet de loi no 20
et le projet de loi no 21 à l'entreprise privée avec ce qu'on
donne à une des institutions qui nous appartient, qui est à nous
autres, on trouve qu'on ne fait pas vraiment d'efforts.
On nous a parlé tout à l'heure du développement de
Louvicourt. Admettons la possibilité que dans le procès qui est
sub judice, Soquem perde. Soquem est déjà actionnée pour
$6 millions. Ses réserves ne lui permettent même pas de faire face
à pareille somme. Même dès 1967 et 1968, Soquem n'avait pas
assez d'argent dans ses coffres pour développer essentiellement les
projets qui étaient à l'étude. On avait enregistré
un déficit.
Il faut, je crois, aller beaucoup plus loin qu'on ne le fait
actuellement au sujet du financement de la Société d'exploration
minière. Il faut s'en servir, comme le disait tantôt le
député de Missisquoi, pour développer des régions
qui sont maintenant ouvertes et non pas créer à
côté, parallèlement à ces instruments qu'on
possède déjà et qu'on a déjà, d'autres
instruments qui, à un moment donné, rendent inutiles les
instruments qu'on a déjà.
M. le Président, j'invite donc le ministre à demander...
Je comprends qu'il doit se battre à l'intérieur du cabinet pour
obtenir ces montants; je comprends que le ministre, il manque parfois un peu
d'efforts de sa part...
M. MASSE (Arthabaska): C'est ce que vous dites.
M. LESSARD: ... mais il faudrait aller plus loin. Nous l'avons
constaté un peu à la commission des Richesses naturelles.
M. MASSE (Arthabaska): Vous ne me suivez pas partout.
M. LESSARD: Pardon? Cela s'impose d'autant plus qu'au Québec le
développement minier, c'est-à-dire l'exploitation minière,
se fait surtout à l'extérieur, que la transformation, on n'en
fait pratiquement pas. J'y reviendrai tout à l'heure. Je pense qu'il va
falloir, à mon sens je le soumets au ministre et je le soumettrai
lors de la discussion en comité transformer un peu la charte de
Soquem. Quand on regarde le degré de transformation de nos ressources,
le degré de transformation que subissent nos ressources minérales
au Québec, on constate que notre industrie est essentiellement une
industrie d'extraction. En effet, les substances minérales qui subissent
une certaine transformation ou une transformation poussée au
Québec sont très peu nombreuses. Si on excepte le cuivre et le
zinc, on aurait vite fait d'épuiser la liste des transformations
à divers degrés. Une très faible partie du minerai
d'amiante, par exemple, conduit à la fabrication de produits finis.
Quand on regarde notre minerai de fer, il est dans l'ensemble exporté
vers l'extérieur, vers les acieries américaines, les acieries
japonaises, ou les acieries de l'Ontario. Cela n'a pas changé tellement
depuis 1954, moment où il y a eu un contrat entre l'Iron Ore Company et
le gouvernement pour lui céder une partie du territoire pour
exploitation, dans le nord du Québec.
Justement parce que notre participation, parce que la transformation de
nos ressources sont extrêmement faibles chez nous, il faut que Soquem
puisse avoir la possibilité d'influencer certaines décisions. On
constate que Soquem est dans un milieu concurrentiel extrêmement fort,
extrêmement puissant. H faut lui permettre de pouvoir combattre à
l'intérieur de ce secteur. Il faut lui permettre d'aller plus loin que
de s'associer même avec d'autres.
Si on regarde la charte de Soquem, à l'article 3, on voit que
Soquem a pour objet de faire de
l'exploration minière, de participer à la mise en valeur
des découvertes, y compris celles faites par d'autres, avec
possibilité d'acheter et de vendre des propriétés à
divers stades de développement. Il y a un autre problème que je
veux discuter. Nous constatons que dans la région de l'Abitibi certaines
compagnies menacent continuellement le gouvernement de fermer leurs portes.
Pourquoi Soquem n'aurait-elle pas la possibilité d'aller, en accord avec
le lieutenant-gouverneur, si vous voulez, jusqu'à exproprier ces
compagnies qui veulent fermer leurs portes, qui veulent arrêter
d'exploiter?
A l'article c) on donne comme pouvoir à la Société
québécoise d'exploitation minière de participer à
la mise en exploitation des gisements, soit en les vendant, soit en prenant une
participation contre la valeur des propriétés transmises,
pourquoi ici limiter Soquem? Je comprends qu'en 1965, et je le disais tout
à l'heure, il fallait être prudent parce qu'on avait plus ou moins
d'expérience dans ce domaine, parce que les cadres que l'on a
créés n'existaient pas ou ils étaient répartis dans
des compagnies américaines. Nous avons été capables,
grâce à la formation de cette société, d'aller les
chercher. Mais pourquoi limiter Soquem? Si elle constate que ça peut
être rentable, si elle constate qu'elle a les budgets nécessaires,
pourquoi ne pas lui permettre d'exploiter elle-même ces gisements? Cela
ne veut pas dire qu'elle va le faire tout le temps, ça ne veut pas dire
qu'elle ne s'associera pas avec d'autres, mais nous limitons, par ce texte, la
société d'exploitation minière. Puisqu'on constate, dans
les rapports de la société, que les sociétés
s'associent avec Soquem une fois que le travail d'exploration
préliminaire est déjà fait, une fois que la
société a déjà fait les dépenses, une fois
qu'elle a déjà pris une grande partie des risques et, parce
qu'elle a pris une grande partie des risques, il faudrait lui permettre d'aller
plus loin. Il ne faudrait pas nécessairement l'obliger à
s'associer avec d'autres compagnies.
Ce sont là certaines remarques sur la Société
d'exploitation minière du Québec, et nous y reviendrons lors de
la discussion en comité plénier. A partir de ça, nous nous
demandons si le gouvernement actuel du Québec a véritablement une
stratégie du développement dans les secteurs publics, des
secteurs qui nous appartiennent. Après l'expérience de Sogefor,
il me semble qu'on aurait dû constater que Soquem avait des besoins
extrêmement importants, qu'il fallait lui combler si on voulait qu'elle
concurrence les autres compagnies. Il ne faudrait pas acculer Soquem au mur, il
ne faudrait pas mettre Soquem dans une situation telle qu'elle doive toujours
venir quêter auprès du gouvernement pour pouvoir se
développer, pour pouvoir s'agrandir. Il faudrait que Soquem puisse se
développer elle-même, puisse voler de ses propres ailes.
Alors, j'invite le ministre à aller plus loin dans sa loi. Nous
l'appuierons certainement de notre côté; j'invite le ministre
à aller même jusqu'à doubler le capital. Si on le fait pour
l'entreprise privée, si on aide celle-ci d'une façon
considérable, pourquoi ne pas aider d'une façon
particulière une entreprise qui nous appartient, qui appartient aux
Québécois et qui a besoin de capitaux québécois
pour pouvoir se développer? Je lisais le compte rendu de la discussion
qui avait eu lieu en 1965 lorsqu'on a formé Soquem.
On a insisté d'une façon assez particulière sur le
fait que Soquem était créée, mais à l'égal
des autres compagnies privées. Actuellement, au niveau du
ministère des Richesses naturelles, je pense qu'on fait aussi de la
recherche géologique. Je pense que le ministère des Richesses
naturelles peut avoir certaines concessions qui lui appartiennent. Je me
demande, moi, dans cette situation-là, pourquoi Soquem n'aurait pas
priorité sur ces concessions qui appartiennent au ministère des
Richesses naturelles.
Le ministère des Richesses naturelles fait des études avec
les deniers publics, avec l'argent du gouvernement. Puisque nous avons, d'un
autre côté, une société d'exploration
minière, pourquoi, au moins, du côté gouvernemental, ne pas
lui donner certaines priorités, ne pas lui donner au moins une option?
Actuellement, je crois qu'on vend les concessions au plus offrant, aux
enchères publiques. Je pense qu'il ne faut pas complètement
séparer la Société d'exploration minière du
gouvernement, de l'Etat, parce que ce sont les mêmes deniers qui sont
utilisés. C'est une société qui nous appartient.
Voilà, M. le Président, les quelques remarques que j'avais
à faire. J'espère que le ministre en tiendra compte. Il est
certain que, $1,250,000 par année valent mieux que rien. Il est certain
que, pour notre part, nous appuierons le gouvernement dans ce projet, mais nous
invitons le ministre à y aller plus à fond. Nous invitons le
ministre à aller plus loin, s'il veut vraiment que Soquem puisse
transformer l'exploitation minière chez nous, si on veut vraiment
reprendre le terrain perdu, prendre notre place, non pas la place des autres,
dans le développement minier, tant au point de vue de la transformation
qu'au point de vue de la participation au niveau des entreprises
québécoises. Merci.
M. LE PRESIDENT (Phaneuf): Le député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, nous avons aujourd'hui à
discuter du bill 1 qui, évidemment, nous parle de la compagnie de la
couronne Soquem. Puisqu'il est question d'exploitation et d'exploration,
évidemment, ça ouvre des avenues à une discussion beaucoup
plus complète de tout le problème minier, en même temps
qu'on parle de l'augmentation du capital de la compagnie Soquem.
Evidemment, nous reconnaissons que l'avenir du Québec, M. le
Président, repose sur les capacités que nous avons d'exploiter
nos différentes ressources naturelles. Maintenant, le problème
qui se pose à nous j'espère que ce ne sera pas un
problème et que c'est plutôt une solution c'est de savoir
si nous sommes, oui ou non, d'accord pour que cette compagnie de la couronne
voit augmenter son capital. Evidemment, si on augmente son capital, ça
lui permettra de faire beaucoup de choses. Il s'agit de savoir quelles seront
ces choses qui seront faites avec cette augmentation de capital. Evidemment,
ça arrive à un moment où nous sommes, je crois, en droit
d'espérer que cette augmentation de capital ne sera pas uniquement pour
la frime, mais bien pour apporter des solutions.
Lorsque nous parlons de territoires miniers, lorsque nous parlons de
Soquem, qui est une compagnie de la couronne qui s'intéresse
particulièrement aux questions minières, évidemment,
ça regarde particulièrement la région du Nord-Ouest
québécois dont je suis l'un des représentants en cette
Chambre. Le Nord-Ouest québécois, c'est la région, c'est
le territoire où nous retrouvons les ressources naturelles, les
richesses minières. Ce bill devrait inciter la compagnie Soquem à
faire plus d'exploration, parce que le grand problème qui se pose, au
point de vue minier actuellement, c'est un problème de fermeture de
mines.
Point n'est besoin de vous dire, M. le Président, que lorsque
nous parlons du problème de la fermeture des mines, cela veut dire
également le problème du chômage. Cela se relie à
une autre sorte de problèmes qui est le problème de la fermeture
de certaines villes aussi, qui existent depuis 20 ou 30 ans, parfois même
davantage et qui se voient acculées, lorsqu'on parle de fermeture de
mines, à la fermeture. Cela relie ce problème à un autre
qui est celui de la dévaluation des propriétés, la
dévaluation de la ville, etc. Cela est un problème
extrêmement grave lorsque nous connaissons des mineurs. Cela se fait
actuellement puisque nous avons parlé, il n'y a pas tellement longtemps,
de la mine Preissac à savoir si elle ferme ou si elle ne ferme pas. La
question ne semble pas encore réglée. Il semble que c'est une
question de $64,000. Dans un cas comme Cadillac, pour ne citer qu'un exemple,
si cette mine fermait, cela voudrait dire que la ville devrait
évidemment fermer, car cela voudrait dire la dévaluation totale
des propriétés privées ainsi que des
propriétés commerciales. Lorsqu'un mineur a travaillé
toute sa vie, pendant 15 ou 20 ans et même davantage, dans des mines et
qu'il a réussi à accumuler un petit capital, c'est-à-dire
se payer une maison par voie de versements mensuels qui, parfois,
s'échelon-
nent aussi sur une période de 20 ou 30 ans et qui se ramasse, du
jour au lendemain, avec une maison qui a coûté de $20,000 à
$30,000 et qui nu vaut que $2,000 ou $3,000 ou guère moins que
ça, cela veut dire que nous sommes devant un problème assez
grave.
Or, si ce bill avait pour but de permettre que ces choses ne se
produisent pas, ce serait déjà beaucoup. Evidemment, si nous
rejoignons les idées qui ont été émises
tantôt par un certain parti voulant que Soquem devrait devenir une
société d'exploration parce que c'est l'Etat qui doit tout
prendre en main, à ce moment-là, je pense que nous pourrions
soulever certaines objections parce que l'expérience nous prouve que ce
n'est pas parce que c'est une société de la couronne que c'est
nécessairement mieux qu'une autre compagnie. Généralement,
nous connaissons plus de problèmes avec les sociétés de la
couronne. Nous pourrions citer beaucoup de cas où les
sociétés de la couronne ont dû vendre à des
coûts souvent plus bas que le coût d'achat, ont dû perdre de
l'argent et c'est évidemment les contribuables qui en font les
frais.
Alors, pour ces raisons, nous croyons, de notre côté, que
ce n'est pas le rôle du gouvernement de se substituer à
l'entreprise privée. C'est son rôle d'inciter davantage au
développement de l'entreprise privée. En ce sens, nous aimerions
voir Soquem faire davantage d'exploration, trouver de nouvelles mines, trouver
de nouveaux gisements et sur un territoire qui a été
mentionné tantôt, ce ne sont pas les gisements qui manquent. Il y
en a, je pense, pour des centaines d'années à venir. Mais il
s'agit de les trouver, là où ils sont. Il s'agira peut-être
pour le ministre aussi de nous amener devant la Chambre un autre bill à
un autre moment donné qui complétera les bills que nous avons
connus concernant les ressources naturelles parce qu'évidemment, lorsque
nous parlons d'exploration, même Soquem pourra se buter à certains
problèmes. Le problème, par exemple, où nous voyons dans
un même territoire donné, assez restreint parfois, de multiples
propriétaires de "claims" qui, évidemment, ne permettent pas ou
n'incitent pas à l'exploration parce que cela coûterait trop cher.
Nous assistons généralement... parce que lorsque nous parlons de
mines, il est, je pense, raisonnable de parler en même temps de question
de spéculation. Or, il y a de multiples petits propriétaires de
"claims" qui détiennent des "claims" parfois et qui attendent qu'une
compagnie vienne les acheter. Il y a là des gisements, M. le
Président, et parce que cela est fractionné en plusieurs
propriétaires, au lieu d'inciter les compagnies à faire de
l'exploration, cela les repousse.
Evidemment, Soquem pourra connaître le même problème.
Cela veut dire, M. le Président, que nous devons être
prudents.
Nous devons aussi, M. le Président, quoique nous soyons d'accord
en principe sur le bill qui nous est présenté, soulever la
question de l'aide
fédérale dans le domaine de l'exploration minière.
Nous croyons que le bill no 1 est un outil, mais nous pourrions peut-être
demander davantage. Nous pourrions peut-être profiter, alors que nous
discutons le bill no 1, pour souligner, suivant les renseignements que nous
avons justement eus par le comité de la construction du chemin
Villebois-baie James, un comité sérieux qui a fait des
études assez prolongées non seulement sur la question du chemin
parce que le fameux chemin dont on a parlé au début de la
séance n'est qu'un instrument mais concernant les ressources
naturelles, concernant les mines, concernant les forêts, concernant, en
fait, l'attrait touristique de cette région de la baie James, le fait
qu'il a découvert, je ne sais par quel hasard, que les côtes du
côté est de la baie James sont explorées par des compagnies
en provenance du Yukon et non par des compagnies en provenance du
Québec.
Evidemment, ce renseignement, M. le Président, je le transmets
parce que je l'ai eu. Je ne l'ai pas vérifié auprès du
ministère des Richesses naturelles. Mais s'il se trouvait que ce
renseignement soit vrai, les raisons qu'on nous a données pour
lesquelles on voit des compagnies en provenance du Yukon faire de l'exploration
sur cette côte seraient que le programme d'aide fédérale
dans ce domaine favorise davantage les compagnies du Nord-Ouest canadien que
les compagnies québécoises ou autres. Ce seraient, selon les
membres de ce comité, les raisons qui font que ces côtes sont
explorées par des compagnies du Yukon. Il y a des avions, justement, qui
amènent là des prospecteurs en provenance du Yukon.
Toutefois, je crois que le ministre est aussi au courant de cette
situation parce qu'il en a été question lors de la rencontre que
nous avons eue avec le ministre et avec le premier ministre accompagnés
des délégués du comité de développement de
la baie James.
M. le Président, nous aimerions connaître parce que,
évidemment, nous nous en tiendrons surtout, de notre côté,
à la question de l'exploration puisqu'on nous demande un capital
augmenté si vous le voulez, quel sera le programme d'exploration de la
compagnie Soquem. Evidemment, nous pourrons le demander en comité
tantôt, mais je voulais le souligner. Si le capital augmenté
servait à de bonnes fins, si on pouvait nous assurer que cela servirait
à de bonnes fins, je pense que l'effort serait louable. Mais nous sommes
en droit de nous poser des questions quant à la compétence de la
compagnie de la couronne Soquem.
Je dis: quant à la compétence parce que cela devient
important à ce moment-ci, M. le Président. Cela devient important
étant donné que les capitaux qu'on demande aujourd'hui devront
servir à de l'exploration. S'ils servent à de l'exploration, qui
prendra les décisions? Je ne connais pas tous les membres du conseil
d'administration de la compagnie de la couronne
Soquem, mais nous avons dernièrement il y a à peine
deux ou trois mois assisté à la nomination de deux membres
au conseil d'administration de Soquem. Je les nomme. Il s'agit de l'ancien
ministre, l'honorable Lucien Cliche, et de M. Lucien Fontaine, journaliste de
Val d'Or.
Quant à l'ancien ministre, M. le Président, nous lui
reconnaissons des compétences dans ce domaine. C'est vous dire
jusqu'à quel point nos remarques ne sont pas partisanes. Nous lui
reconnaissons des compétences dans ce domaine et nous croyons que le
gouvernement a bien choisi. Mais quant au deuxième il s'agit de
M. Lucien Fontaine, de Val d'Or, journaliste il semble que ses
compétences minières soient réduites à
écrire la propagande du Parti libéral dans son journal.
M. BERTRAND: Vous pensez que c'est pour ça qu'on l'a
nommé?
M. SAMSON: M. le Président, nous en arrivons à douter de
la compétence de certains membres du bureau de direction de Soquem. Ce
ne sont pas les experts miniers qui manquent dans la région. Nous
pourrions citer des noms; pour dire jusqu'à quel point nous ne sommes
pas imbus de partisanerie, nous aurions aimé mieux voir et je le
dis à titre d'exemple un ancien député
fédéral, M. Jean-Jacques Martel, d'Amos, qui a été
chef de cabinet du ministre de l'Agriculture dans l'ancien gouvernement. Lui a
des compétences en matière minière et nous le
reconnaissons.
C'est pour prouver jusqu'à quel point nous sommes en droit de
nous poser des questions en prouvant que nous ne sommes pas là pour
faire de la partisanerie mais pour essayer de savoir ce qui se passe à
cette compagnie minière qu'on appelle Soquem.
Si nous devions voter une augmentation de capital pour que ça
devienne, au contraire de ce qu'a dit le député de Saguenay
tantôt, un instrument de patronage, à ce moment-là nous
serions en droit de nous poser de sérieuses questions.
Alors, nous allons laisser la question en suspens puisque la population
du Nord-Ouest elle-même s'est permise de juger ce geste, qu'elle a
trouvé scandaleux.
Evidemment, l'exploration et l'exploitation sont deux choses
différentes. Quant à l'exploration, nous sommes d'accord pour que
Soquem en fasse. Pour l'exploitation, il pourrait dans certains cas arriver
qu'on soit obligé de se servir de cette compagnie de la couronne mais il
faudrait que ce soient des cas très rares, des cas limites, si vous
voulez.
La question est donc très délicate. Je pense que le
ministre va bien comprendre ce que je veux dire parce qu'il a dû faire
plusieurs démarches pour tenter de sauver des mines du Nord-Ouest. Nous
savons tous que six mines
doivent fermer leurs portes éventuellement d'ici quelque
temps.
Cela va créer un problème extraordinaire, cela va
créer du chômage, cela va créer un malaise social.
Evidemment, ça nous fait un peu de peine de constater que le
gouvernement est réellement obligé parce que la question
sociale est importante de subventionner des mines pour leur permettre de
survivre.
Durant les différentes discussions, avec les différentes
rencontres que nous avons eues, nous avons été à
même de constater, en particulier en ce qui concerne deux mines qui ont
demandé l'aide du gouvernement, c'est-à-dire la Preissac
Molybdenite et la Molybdenite Corporation de Lacorne, qu'un problème
existe; le gouvernement est obligé d'intervenir, et je crois qu'il est
intervenu parce qu'il ne pouvait pas faire autrement. Mais si nous allons au
fond de la question, et je crois que le gouvernement se doit de profiter de
l'occasion qui est donnée pour le faire, nous nous apercevrons
peut-être qu'il y a anguille sous roche. En effet, ces compagnies
minières, la Preissac et la Molybdenite Corporation, sont des compagnies
privées. Il y a, et c'est une curieuse coincidence, aux conseils
d'administration de ces deux mines, les mêmes personnes, à
quelques exceptions près.
Il se trouve que ces deux mines vendent des matériaux de base
à deux compagnies de courtage, dont l'une s'appelle Metal and Ore
Corporation et l'autre Continental Ore Corporation. Il semble que les
affinités de ces deux compagnies sont reconnues.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. SAMSON: M. le Président...
M. LEVESQUE: J'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT (Phaneuf): Sur un point de règlement.
M. LEVESQUE : Je ne veux pas être désagréable, M. le
Président, mais je veux simplement rappeler à l'honorable
député qu'il s'est éloigné grandement du principe
du bill à l'étude devant cette Chambre. Je n'ai pas d'objection,
quant à moi, à ce qu'il y ait certaines incursions, mais
très rapides de ce côté-là; autrement, je crois
qu'il faudrait demander à l'honorable député de revenir au
principe du bill à l'étude.
M. BERTRAND: M. le Président, sur le point d'ordre. Il ne faut
pas oublier que le gouvernement s'est peut-être éloigné de
certains principes aussi quand il a procédé à certaines
nominations. C'est peut-être pour cela que le député a
voulu rappeler ce problème-là.
M. LE PRESIDENT (Phaneuf): Je demanderais, quand même, au
député de Rouyn-Noran- da de limiter son intervention au principe
du bill.
M. SAMSON: M. le Président, vous connaissez sûrement le
grand respect que j'ai pour la présidence. Je ne discute
généralement pas l'autorité. Je voudrais faire remarquer
au leader parlementaire du gouvernement que, lorsque nous parlons d'un bill de
la sorte, lorsqu'il est question d'exploration et d'exploitation, cela ouvre
des avenues. Je crois, M. le Président, avec tout le respect que je vous
dois, que j'étais parfaitement dans l'ordre en citant ce que j'ai
cité tantôt.
Je comprends, néanmoins, que cela puisse faire mal un peu au
gouvernement, mais je voudrais faire comprendre au gouvernement que, si cela
fait mal un peu, cela donnera peut-être le même résultat que
lorsque nous allons chez le dentiste: cela fait mal quand on arrache la dent,
mais cela fait du bien après.
M. MASSE (Arthabaska): Pourrais-je poser une question au
député?
M. SAMSON: C'est pour mieux leur faire comprendre la situation.
M. MASSE (Arthabaska): Est-ce que je peux vous poser une question?
M. SAMSON: Oui.
M. MASSE (Arthabaska): J'aimerais voir la relation entre les mines
Preissac et Soquem dont on doit discuter. J'aimerais que vous me le disiez.
M. SAMSON: M. le Président, je viens de le dire. Je comprends que
le ministre n'aime pas que l'on parle de ces questions, mais je vais quand
même en parler! C'est clair? Ce n'est pas le gouvernement qui va
m'indiquer quoi dire, ici. Je représente des électeurs qui
s'aperçoivent qu'il y a quelque chose qui ne va pas et chez qui des
compagnies comme Soquem auront peut-être à intervenir un jour. Je
préviens le ministre qu'il y a anguille sous roche, en effet. J'ai
déjà demandé une enquête et, avec votre permission,
M. le Président, en revenant au principe du bill, je veux vous dire que,
si on est pour voter des augmentations de crédits qui vont servir
à des choses comme celles-là, alors que nous savons fort bien que
les compagnies Metal and Ore et Continental Ore font faire des déficits
à leurs compagnies Preissac Molybdenite et Molybdenite Corporation pour
que le gouvernement vienne à leur rescousse... Le gouvernement ne
viendrait pas à la rescousse d'une compagnie de courtage, mais la
population l'oblige à venir aider une compagnie minière parce que
c'est proche du peuple. C'est cela que je voudrais faire comprendre, M. le
Président.
Je n'ai jamais voulu je crois que cela a été
bien compris de la part du ministre entraver son travail. Au
contraire, je veux l'aider. Je voudrais qu'il sache que notre population veut
vivre dans cette région, avec ses mines, mais il ne faudrait pas que
cela profite à de l'exploitation qui ne serait pas d'ordre minier. Je
voudrais, en terminant, que le ministre, puisqu'il est si sensible à
cette question, puisqu'il a si peur d'en parler et puisqu'il pose des
questions, en profite pour nous donner des réponses, pour nous dire
pourquoi il ne veut pas ordonner l'enquête que nous demandons dans ces
cas précis. Peut-être qu'on n'aurait même pas besoin
d'augmenter le capital d'une compagnie telle que Soquem si nous pouvions savoir
ce qui se passe dans ces questions-là.
En terminant, je voudrais souligner au gouvernement que, même si
nous sommes favorables au principe du bill, même si nous reconnaissons
que ce peut être un outil intéressant et important il ne faut
quand même pas faire l'autruche, il ne faut quand même pas se
mettre la tête dans le sable et le derrière à l'air. Nous
sommes ici pour prendre nos responsabilités et dire ce que nous avons
à dire.
Dans son principe le bill fera en sorte que le ministre des Finances
devra verser annuellement, prises à même les fonds
consolidés de la province, des sommes pour augmenter le capital de
Soquem. Or, M. le Président, nous avons une caisse de
dépôt. Je ne vois pas pourquoi on prendrait des sommes d'argent en
provenance des taxes. Alors que la caisse de dépôt sert à
autre chose actuellement, elle pourrait servir à cela. C'est une
modalité. Le principe est là. Nous sommes favorables au principe,
mais dans son application et quand on en parlera tantôt nous verrons que
le gouvernement aurait peut-être avantage à changer certaines
choses.
M. le Président, c'est ce que j'avais à dire. Je regrette
que le ministre n'ait pas compris que nous voulons l'aider. De toute
façon, c'est notre devoir à nous de défendre les
intérêts de toute une population représentant une si grande
région du Nord-Ouest québécois, dont la survie
réside dans l'exploration et dans l'exploitation minières, car
c'est la seule possibilité principale, les autres étant toutes
secondaires.
M. LE PRESIDENT (Phaneuf): L'honorable député de
Roberval.
M. Robert Lamontagne
M. LAMONTAGNE: M. le Président, je vous remercie d'abord de votre
libéralité à l'égard de mes autres
collègues. Ceci me permettra également, j'en suis assuré
à l'avance, de faire un tour d'horizon à l'occasion du projet de
loi no 1 concernant Soquem.
Personnellement., lors de la création de Soquem, en 1965, je
m'étais réjoui, comme tous les Québécois
d'ailleurs, de retrouver enfin au Québec un instrument qui permettrait
de développer nous l'espérions du moins les riches-
ses minières qui constituent pour nous une des principales richesses du
Québec.
Par la suite, les gouvernements ont toujours donné une attention
bien spéciale à Soquem au cours des années, pour en
arriver aujourd'hui avec la présentation du projet de loi no 1 qui
demande à l'Assemblée nationale le droit de donner à
Soquem des subventions, des sommes d'argent supplémentaires.
J'aurais aimé cependant, M. le Président, qu'à
l'occasion du projet de loi no 1 il nous soit permis aujourd'hui de
réévaluer justement la compagnie Soquem depuis sa création
en 1965. Tout à l'heure, l'honorable ministre nous faisait part des
réalisations de Soquem jusqu'à ce jour. En effet, depuis sa
fondation, depuis sa création, Soquem a effectivement plusieurs
réussites à son actif. C'est donc dire que tous les espoirs que
nous avions mis dans Soquem lors de sa création n'ont pas
été déçus. C'est justement pour cela
qu'aujourd'hui, fort des résultats passés et devant le potentiel
extraordinaire que nous retrouvons au sol québécois, j'aurais
aimé, comme mes autres collègues qui sont tout
particulièrement intéressés à la cause
minière au Québec, que nous profitions tous ensemble de
l'occasion, étant donné le climat économique que nous
connaissons au Québec, pour voir si justement nous n'aurions pas en
Soquem un des instruments les plus extraordinaires pour relancer
l'économie du Québec en partant des principes qui ont
prévalu lors de sa création.
J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt mes
collègues, principalement ceux de l'Abitibi et du Saguenay, qui, il faut
le reconnaître, sont directement intéressés à toute
l'opération de Soquem.
Pour ma part, bien que je vienne d'une région semi-rurale, je
tiens à donner mon point de vue sur le projet de loi no 1, car moi
aussi, comme le député d'Abitibi, je suis demeuré assez
longtemps dans la région de l'Abitibi et j'y ai même encore
quelques intérêts qui me permettent de suivre d'assez près
tout le développement minier du Nord-Ouest québécois.
Sans vouloir répéter ce que mes collègues ont dit
tout à l'heure, il faut, lorsqu'on parle de Soquem, diviser deux choses
extrêmement importantes: l'exploration minière au Québec et
l'exploitation minière.
Il est bien évident que, lors de sa création, Soquem s'est
dirigée vers l'exploration minière, qui est à la base
même de tout développement minier subséquent. Nous avons eu
par la suite Louvicourt, la compagnie Louvem, et nous aurons dans notre
région, Saint-Honoré; peut-être mon collègue de
Chicoutimi pourra-t-il parler lui-même de la découverte de Soquem,
à Saint-Honoré, dans le comté de Dubuc. Une chose frappe
particulièrement ceux que la cause minière concerne, c'est le peu
d'argent que l'on met pour l'exploration minière, compte tenu de
l'immense potentiel qui est à sa portée. Il est assez difficile
pour nous de ne pas faire certaines comparaisons entre les sommes
allouées à
l'exploration minière et celles, astronomiques, que l'on met
à la disposition de différents organismes pour arriver à
des fins souvent limitées, des organismes dont le potentiel est
limité. Par contre, nous avons des richesses minières importantes
au Québec. J'ai lu d'ailleurs avec beaucoup d'attention au cours de
l'année les nombreuses déclarations de l'honorable ministre des
Richesses naturelles concernant le potentiel québécois de
l'industrie minière. Mais devant ça, nous demeurons quelque peu
perplexes. En effet, nous convenons tous ensemble que le Québec est un
territoire minier de très grande valeur, qui peut devenir sur le
continent nord-américain une force assez extraordinaire qui lui
permettrait de devenir l'un des territoires miniers les plus riches au monde.
Cependant, dans les faits ce n'est pas la même chose. Il ne s'agit pas
là de mauvaises intentions, on en convient puisqu'avec le projet de loi
no 1 on veut prêter encore tous les instruments qu'on juge utiles et
nécessaires à Soquem pour mieux développer et mieux
concrétiser ses objectifs.
Cependant, on réalise qu'avec le montant d'argent que l'on donne
à Soquem il lui sera assez difficile d'atteindre même à
court terme des objectifs qui pourtant sont à la portée de la
main. Le député de Rouyn-Noranda faisait une grande distinction,
comme je veux la faire moi-même entre l'exploration et l'exploitation
minières. Nous avons dans le Nord-Ouest québécois, comme
ailleurs au Québec, un vaste territoire encore inexploré, un
territoire qui, souvent, a été la propriété par
bail ou autrement de petites ou grandes compagnies minières et qui est
devenu ouvert par la suite. D'autres territoires sont simplement la
propriété de la couronne.
D'autre part, nous savons également par les relevés
géologiques effectués par le ministère des Richesses
naturelles qu'un grand nombre de ces territoires sont très riches. Et
enfin nous avons Soquem qui est là et attend justement les moyens
pécuniaires nécessaires pour aller explorer ce territoire qui
permettrait à vous, à nous, à tous les
Québécois de retrouver un élément, une force
extraordinaire. Je connais plus particulièrement une partie de l'Abitibi
qui est connue sous le nom de la région de Chibougamau et le territoire
au nord de Chibougamau. Je puis dire, comme d'ailleurs l'affirment tous les
géologues qui connaissent bien ce territoire, qu'environ 80 p. c. en est
encore inexploré. Je connais, d'autre part, comme le
député de Saguenay le mentionnait tantôt, un très
grand nombre de compagnies qui, ayant fait certains relevés
préliminaires, se sont adressées à Soquem; celle-ci,
malheureusement, par les moyens financiers très restreints qu'elle
possède, n'a pu prêter une oreille attentive à ces
compagnies, qui, faute de moyens financiers, doivent abandonner leurs claims ou
encore presque les donner aux grandes compagnies minières, qui, elles,
les prennent tout simplement pour se créer un plus gros
approvisionnement leur permettant, dans les années futures, de continuer
une exploitation rentable. Quant à moi, M. le Président, je
formule un voeu; chaque collègue qui a parlé avant moi distingue
tout comme moi l'exploitation et l'exploration.
Je pense qu'après six années d'existence, la compagnie
Soquem a fait ses preuves et on doit se réjouir et féliciter
grandement tous ceux qui de près ou de loin travaillent et ont
travaillé à cette réussite que nous avons aujourd'hui.
Mais cette réussite, tout en ayant été atteinte avec des
moyens minimes, nous force, nous oblige presque à en évaluer la
portée future et à nous pencher sur ses besoins. Soquem, à
mon avis, M. le Président, devrait se diriger exclusivement vers
l'exploration minière et explorer ce grand territoire
québécois. On devrait donner à Soquem tous les moyens
nécessaires que l'on peut lui donner pour assurer son succès.
Ceux qui sont plus familiers avec l'exploration minière savent
qu'il n'y a rien de plus décevant justement, qu'explorer un territoire
minier. On dépense des sommes astronomiques et, la plupart du temps
les moyennes sont là pour le prouver sans résultat.
Cependant, lorsqu'on explore un territoire géologiquement bon, on peut
être assuré qu'en intensifiant les recherches, un jour viendra
où l'on trouvera justement le produit que l'on recherche, mais pour
ça, les moyens financiers sont très exigeants. Il faut
absolument, pour faire une exploration digne de ce nom, donner à la
compagnie Soquem, notre compagnie, les moyens nécessaires pour arriver
à ses fins.
Et, d'un autre côté, lorsqu'on parle d'exploitation, on
parle justement du prolongement des trouvailles qu'on pourrait faire par
l'intermédiaire de Soquem. Je suggérerais que le ministère
des Richesses naturelles étudie attentivement, à l'occasion d'une
réévaluation des succès de Soquem et face à son
avenir, compte tenu de toutes nos richesses, la création d'une autre
société de la couronne, qui, elle, pourrait être
dirigée exclusivement vers l'exploitation minière. Nous aurions
donc, d'une part, Soquem qui aurait tous les moyens nécessaires et
financiers dans un seul but, celui d'explorer le territoire et advenant les
résultats espérons-les probants, pourrait avec la collaboration
d'une autre compagnie de la couronne qui serait la jeune soeur de Soquem,
permettre au gouvernement, permettre aux Québécois, d'exploiter
seuls ou avec d'autres, leurs propres richesses.
M. le Président, voilà mes commentaires, mais je voulais
surtout vous dire qu'il est absolument impossible, aujourd'hui, de se dissocier
des succès actuels de Soquem et de se dissocier en même temps du
grand avenir qu'on pourrait lui réserver et qui serait par ricochet le
nôtre.
M. LE PRESIDENT (Phaneuf): Le député de Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le
Prési-
dent, je ne puis pas me désintéresser de l'étude de
ce projet de loi puisque, non seulement il touche certaines régions du
Québec éminemment stratégiques en matière de
développement minier et industriel, mais parce qu'il touche
également la région que je représente. Mais si
j'interviens, ce n'est pas pour entrer dans des considérations d'ordre
technique, n'étant pas, comme la plupart des membres de cette Chambre,
un spécialiste de l'exploration minière. Or, en présentant
ce projet de loi, modifiant, non pas la charte, mais l'acte constitutif de la
Société québécoise d'exploration minière, le
ministre des Richesses naturelles avait une fort belle occasion de remettre en
cause la politique générale du gouvernement du Québec, non
seulement en ce qui concerne Soquem, mais en ce qui concerne l'ordre des
priorités qu'il a établi dans les domaines industriel, minier,
forestier, etc.
Il ne nous est pas permis, M. le Président, de discuter des
autres sociétés, comme Soquip, etc., mais, dans le cadre de
l'étude que nous faisons de ce projet de loi je me demande pourquoi le
ministre, après avoir fait un bilan des réussites de Soquem
depuis sa création en 1965, ne nous a pas indiqué quelles
pourraient être, éventuellement, les orientations qu'il entend
donner à une société créée, au
départ, pour faire de l'exploration minière. Il est bien
évident que la première vocation, la vocation originelle de
Soquem, c'était de faire de l'exploration minière. Les
résultats, comme le disait tout à l'heure le député
de Roberval, à ce jour, semblent assez probants pour que le gouvernement
nous demande de mettre à la disposition de Soquem des montants
additionnels. Mais, s'il nous demande de voter des crédits additionnels
à Soquem, c'est qu'il entrevoit, sans doute, pour cette
société un avenir qui soit encore plus intéressant que
celui que nous entrevoyions au moment de sa création et qu'ont
actualisé, en quelque façon, les résultats obtenus
jusqu'à présent par Soquem.
Mon collègue, le député de Roberval, disait tout
à l'heure que Soquem doit demeurer une société
d'exploration minière. Je n'ai pas d'objection à cette
proposition, à condition, toutefois et je rejoins là les
préoccupations du député de Roberval que le
gouvernement, après avoir redéfini la vocation de Soquem, prenne
des dispositions pour que l'Etat entre dans le domaine de l'exploitation
minière et, par voie de conséquence, dans le domaine de la
transformation de la matière première. Tout à l'heure, le
député de Saguenay a touché ce sujet. Il est bien
évident que le Québec doit se donner les instruments dont il a
besoin pour réaliser cette vocation industrielle qui doit être la
sienne dans un pays aussi riche en richesses naturelles qu'est le
Québec.
Ce pays est riche et il l'est particulièrement dans certaines
régions que nous avons indiquées tout à l'heure, soit la
région du Nord-Ouest québécois, la région de la
Côte-Nord, qui rejoint évidemment tous les territoires du
Nouveau-Québec, et la région plus circonscrite de Chicoutimi
où, déjà, Soquem a atteint des résultats, est
arrivée à des conclusions qui sont quand même prometteuses
pour l'avenir.
J'aurais donc aimé que le ministre indiquât, en même
temps qu'il nous demandait de donner des crédits additionnels à
Soquem, dans quel sens il entendait, lui, diriger Soquem et ce qu'il
conçoit pour l'avenir comme complément à cette
société d'exploration minière. Le bilan qu'il nous a
tracé était très exact, fort intéressant et fort
utile, mais ce n'était que le bilan d'une société.
Or, en présentant son projet de loi, en nous demandant de voter
des crédits additionnels, c'est que le ministre a des raisons de croire
que Soquem, compte tenu des résultats actuels, a quand même des
projections d'avenir qui vont fatalement amener le gouvernement à
inventer d'autres structures qui prolongeront, elles, l'action de Soquem dans
les domaines de l'exploitation et de la transformation du produit minier.
Je ne fais pas reproche au ministre de nous présenter ce projet
de loi que j'approuve, bien entendu, mais j'aurais aimé qu'il fût
beaucoup plus explicite sur l'objectif à long terme du geste qu'il pose
aujourd'hui. Certes, cet objectif, on peut le circonscrire de la façon
suivante, en disant: Voilà, le bilan de Soquem est tel que nous croyons
devoir investir davantage dans cette société. Mais, si nous
investissons davantage, c'est que l'on a fait des découvertes qui,
elles, exigeront une action positive de la part du gouvernement afin que le
gouvernement ne se contente pas de découvrir le minerai, mais qu'il
prenne aussi des initiatives qui nous indiquent très bien qu'il entend
prendre en main le domaine de l'exploitation et le domaine de la
transformation.
Il y a donc trois plans d'action qui s'offrent au gouvernement. Il y a
le plan de l'exploration et la société Soquem s'en occupe. Il y a
le plan de l'exploitation qui, on peut le dire, est encore vierge. Et il y a le
plan de la transformation qui, lui aussi, n'a pas encore véritablement
été touché.
Certes, M. le Président, cela demande des fonds. Tout à
l'heure, on nous disait évidemment, c'est une rengaine que j'ai
entendue très souvent qu'il faut que le Québec prenne
l'initiative, que le Québec se donne les instruments, que le
Québec devienne maître de ses richesses naturelles; en somme,
qu'il assume toutes responsabilités dans ce domaine. Cela, c'est placer
le problème au niveau de l'idéal que nous souhaitons tous. Mais
il nous faut quand même considérer un fait: c'est que le
Québec n'est pas un pays de milliardaires. Le Québec est
dépendant, pour son économie, de l'économie
nord-américaine. Il est surtout dépendant des investisseurs
étrangers. Par conséquent, ce serait rêver en couleurs que
de dire: Nous allons tirer sur les fonds de la Caisse de dépôt,
nous
allons tirer sur les fonds privés des citoyens du Québec,
nous allons tirer sur les fonds qu'amasse régulièrement le
gouvernement par ses diverses sociétés. Cela, c'est une
possibilité, mais cela restera toujours une possibilité
limitée, parce que il faut bien l'admettre de façon
très réaliste nous n'avons pas l'argent nécessaire
à l'exploration, à l'exploitation et à la transformation
de tous les produits miniers qui peuvent se trouver dans le sous-sol
québécois.
Il reste, cependant j'incite le ministre à y penser
que le Québec ne doit pas se laisser devancer dans ce domaine. A mesure
qu'il est capable de franchir une étape, compte tenu de l'état de
notre économie, de la situation de notre économie, de la
santé de notre économie, le gouvernement doit marquer ces
étapes, à peine de se voir devancer par le gouvernement central,
d'une part, et par des promoteurs étrangers qui, subrepticement,
s'introduisent chez nous et s'approprient en quelque façon les richesses
du Québec.
Cela nous place dans un dilemme. D'un côté, nous ne pouvons
quand même pas refuser les investissements étrangers que tous les
premiers ministres, l'un après l'autre, vont réclamer lorsqu'ils
font leurs grandes visites dans les pays où se trouvent les grands
investisseurs. Par ailleurs, l'autre aspect du dilemme est le suivant: nous ne
pouvons pas indéfiniment laisser les investisseurs s'implanter chez nous
sans les mettre en face de certaines situations, et ces situations, elles
seront clairement établies le jour où le gouvernement du
Québec aura mis en place des mécanismes, des
sociétés d'Etat qui obligeront les investisseurs à tenir
compte de cette nécessaire participation des Québécois
à l'exploration des richesses naturelles, à l'exploitation des
richesses naturelles et à leur transformation.
C'est dans ce sens-là que j'aurais aimé entendre le
ministre nous exposer de quelle façon il conçoit l'avenir de
Soquem et nous indiquer en même temps quelles sont, par rapport à
ces immenses richesses qui se trouvent dans le Nord-Ouest, dans le territoire
de la Côte-Nord et du Nouveau-Québec, dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, les priorités auxquelles le gouvernement
obéit dans ce domaine. Le gouvernement a-t-il une sorte
d'échéancier dans l'élaboration de ces structures qui
permettront progressivement et, je le dis toujours, compte tenu de
l'état de santé de notre économie, aux
Québécois de prendre en main ces domaines d'exploration,
d'exploitation et de transformation des richesses naturelles du
Québec?
Il y a des régions je les ai mentionnées et tous
les collègues qui ont parlé les ont mentionnées qui
sont quand même pour l'avenir les grandes régions
stratégiques, les points d'appui de toute l'économie du
Québec: c'est la région du Nord-Ouest québécois,
cette région a été développée, des mines
sont en exploitation, il y a des mines par ailleurs qui sont en mauvaise
situation; la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean; il y a toute la
région de la Côte-Nord et son prolongement et, si l'on veut aller
plus loin, la région de la baie James. Il faudra en reparler lorsque
nous discuterons de façon plus précise du cas de la baie
James.
Or, ces régions ont été mises en valeur par les
gouvernements précédents et par un gouvernement qu'on a beaucoup
critiqué, le gouvernement de M. Duplessis qui, lui, a fait les
premières démarches, a mis le chantier en oeuvre et a permis un
développement qui ne doit pas s'arrêter là. Ces
régions semblent à l'heure actuelle être, je dirais,
négligées par le gouvernement du Québec.
Certes, le gouvernement nous dira: Nous ne négligeons pas ces
régions, voyez ce que fait Soquem, voyez ce que fait Rexfor, voyez ce
que fait Soquip, voyez ce que l'on va faire pour la baie James, etc. Mais je me
pose la question suivante:
II semble que le gouvernement veuille concentrer son activité,
faire porter son effort économique en vue de développer les
grandes agglomérations, particulièrement la grande
agglomération de Montréal. On multiplie et je ne peux pas
m'opposer à ce qu'on le fasse dans une certaine mesure, par
exemple, les infrastructures, on investit des sommes considérables
d'argent dans le domaine des infrastructures dans le domaine de la
construction, etc., pour accroître le potentiel économique de ces
régions, de la grande région métropolitaine, de la
région de Québec également, en nous disant: C'est parce
que le développement de la région métropolitaine de
Montréal a des retombées économiques telles que sans cela
les autres régions du Québec ne pourraient pas vivre.
Il y a une part de vérité là-dedans, mais il y a
surtout un postulat. Il y a un postulat là-dedans. Un économiste,
l'autre jour, prétendait que tout le développement que l'on
faisait dans la région de Montréal avait des retombées
économiques sur le reste du Québec. Il disait: L'avenir
économique du Québec est lié à ce
développement de la région métropolitaine. Je crois que
c'est un postulat, que ce n'est pas encore démontré et qu'au
contraire, ce qui se produit, à l'heure actuelle, c'est ceci: Ce
développement très intense, cet effort économique que l'on
fait porter sur la région métropolitaine de Montréal, a
une action qui est la suivante: Cela produit une succion des énergies
vitales, particulièrement des énergies humaines, et ces
énergies sont canalisées en direction de Montréal. Et
pendant ce temps-là, les régions plus éloignées,
comme celles que j'ai mentionnées tout à l'heure, sont à
la fois dépouillées de leurs énergies humaines et ainsi
privées du potentiel dont elles auraient besoin pour se
développer et intéresser le gouvernement à leur
développement.
Ainsi donc, le projet de loi que présente le ministre, afin de
modifier l'acte constitutif de la Société
québécoise d'exploration minière, est
excellent. On a dit qu'il était timide et disons que je partage
aussi cette opinion. Je dis que c'est timide. Mais, considérant
l'état de l'économie du Québec, je me dis qu'il y a une
forte présomption que si le gouvernement n'a pas voulu demander plus
d'argent qu'il ne nous en demande, c'est qu'il est dans une situation telle
qu'il ne peut pas le faire. Quant à nous, nous nous inquiétons de
ce qui se passe chez nous, nous nous inquiétons de cette succion que
Montréal produit sur les régions du Lac Saint-Jean, du Saguenay,
de la Côte-Nord, etc., cette canalisation des énergies humaines en
direction de la région métropolitaine. Nous nous en
inquiétons parce que nous vivons dans ces régions où les
taux de chômage sont très élevés. Et, en
dépit de tous les efforts que font les corps intermédiaires, de
toutes les rencontres de conseils régionaux de développement, de
chambres de commerce, etc., personne n'est encore capable, à l'heure
actuelle, de nous dire comment, concrètement, tous les projets que nous
avons soumis au gouvernement, dans divers domaines d'activités, pourront
être réalisés.
J'assistais, il y a quelques semaines, avec mon collègue de
Roberval d'ailleurs, à une réunion du Conseil régional de
développement. On a mis de l'avant certains projets de
développement industriel, certains projets de relance économique.
Or, la relance économique, chez nous, elle est liée au domaine
des mines, comme à bien d'autres domaines évidemment, mais
peut-être plus particulièrement à celui-là. Tant et
aussi longtemps que le gouvernement ne manifestera pas plus de vigueur... Quand
je dis le gouvernement, je parle du gouvernement actuel, mais le reproche que
je pourrais faire au gouvernement actuel, je pourrais le faire exactement de la
même façon au gouvernement dont j'ai été membre et
au gouvernement qui avait précédé celui dont j'ai fait
partie. Il semble qu'il y ait une sorte de mouvement, qu'on croit et qu'on veut
irréversible, qui consisterait à canaliser toutes les
énergies, à faire porter tous les efforts du gouvernement en
matière économique et industrielle sur le développement de
la grande région métropolitaine de Montréal, au
détriment de nos régions qui se vident.
Comment réintéresser les gens, plus tard, à nos
régions, si l'on n'y trouve même plus le capital humain qui s'y
trouve à l'heure actuelle? J'avais l'occasion de le faire observer,
l'autre jour, à une séance d'une commission parlementaire.
Parlant de la France ou l'on a pratiqué une centralisation
administrative, industrielle, commerciale, économique, le professeur
Mey-naud nous disait ceci: En France, où l'on a pratiqué cette
centralisation en direction de Paris, on a vidé les régions dites
provinciales et il n'est plus possible aujourd'hui de les ressusciter.
C'est le danger qui nous guette. C'est ce qui nous menace et c'est ce
qui inquiète profondément la population que je représente.
Soquem a fait, dans la région de Chicoutimi, des découvertes
extrêmement intéressantes. Il faut maintenant actualiser tout
cela. Il faut que le gouvernement nous indique de quelle façon il entend
mettre en exploitation ce qu'on a découvert comme potentiel. Ce
potentiel, il est difficile de l'évaluer de façon précise
à l'heure actuelle, mais il semble bien réel.
Alors, j'imagine que, dans sa réplique, le ministre voudra bien
reprendre, peut-être le sujet qu'il a traité.
Il pourra nous indiquer quelle est l'optique qu'il a adoptée
lorsqu'il a décidé de nous présenter ce projet de loi,
lorsqu'il a décidé de nous demander plus d'argent pour Soquem.
C'est donc, je le présume, qu'il prévoit que les résultats
qu'apporteront les recherches d'exploration de Soquem seront tels que l'on
devra bientôt penser à mettre en place d'autres mécanismes
en vue d'exploiter les richesses naturelles et de les transformer sur
place.
Je rappelle pour mémoire au ministre des Richesses naturelles que
le parti dont je suis membre avait mis à son programme, lors des
dernières élections, un article très précis
indiquant que le gouvernement de l'Union Nationale avait l'intention d'imposer,
et c'était un article formel du programme, aux sociétés
d'exploitation l'obligation de transformer sur place la matière
première.
Alors je demande au ministre de dépasser en quelque façon
le cadre un peu restreint de Soquem et nous indiquer, ayant
décidé de nous demander plus d'argent que l'on consacrera
à l'exploration minière, quelles sont les priorités du
gouvernement dans ce domaine et quelles sont les étapes maîtresses
d'une politique générale qu'il va devoir compléter, lui,
en sa qualité de ministre des Richesses naturelles.
M. le Président, je ne veux pas insister davantage. Il est acquis
que je suis d'accord avec le ministre et que je voterai pour ce projet de loi,
mais je souhaiterais que le ministre nous parle davantage de la politique de
Soquem et de ses prolongements. Ce qu'il nous a dit jusqu'à
présent a été circonscrit aux problèmes
spécifiques de Soquem, mais celle-ci s'intègre dans un cadre
beaucoup plus général.
C'est précisément la situation de Soquem à
l'intérieur de ce cadre général que je voudrais voir le
ministre nous expliquer, nous justifier afin que nous soyons non pas
rassurés sur les intentions du ministre nous les connaissons
très bien mais afin que nous soyons rassurés sur cette
évolution du gouvernement dans le sens que j'indiquais tout à
l'heure, c'est-à-dire dans une direction qui amènera le
gouvernement à s'occuper non pas seulement d'exploration, mais aussi
d'exploitation et de transformation.
M. LE PRESIDENT: Le député de Duplessis.
M. COITEUX: M. le Président, j'ai quelques remarques à
faire sur le même sujet et je
constate qu'il est six heures. Puis-je demander la suspension du
débat?
M. LEVESQUE: A huit heures et quart.
M. LE PRESIDENT (Phaneuf): La Chambre suspend ses travaux jusqu'à
huit heures et quart.
Reprise de la séance à 20 h 20
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
M. COITEUX: M. le Président, est-ce que nous avons quorum avant
que le député de Chicoutimi n'en parle?
M. PAUL : Ne réveillez pas les morts !
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je signale que nous
n'avons pas quorum. C'est le député de Duplessis qui me demande
de le dire.
M. PAUL: M. le Président, j'inviterais mon collègue
à recompter de nouveau avant que vous ne vous prononciez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va demander un recomptage officiel.
M. Henri-L. Coiteux
M. COITEUX: M. le Président, lorsque la Chambre a suspendu ses
travaux, cet après-midi, à six heures, nous étions
à la deuxième lecture du bill no 1 qui consiste surtout à
demander des crédits supplémentaires pour Soquem. Les
différents orateurs qui ont parlé cet après-midi ont voulu
profiter de ce bill pour faire un peu l'historique et, comme le
député de Chicoutimi le mentionnait si bien, dire ce qu'ils
pensaient de Soquem. C'est pourquoi, sachant que vous ne me rappelerez pas
à l'ordre étant donné que certaines libertés ont
été permises cet après-midi concernant Soquem, la
Société québécoise d'exploration minière,
vous me permettrez d'intervenir, comme représentant d'un comté
qui a nom Duplessis et qui, en définitive, représente tout le
territoire du Nouveau-Québec.
J'entendais cet après-midi les députés de
Chicoutimi, de Saguenay et d'Abitibi vanter l'immensité de leur
territoire. Cela me faisait sourire parce que de petits comtés comme les
comtés de Saguenay, de Chicoutimi et d'Abitibi, nous pouvons les placer
225 fois dans le mien.
M. LESSARD: Vous parlez de la Côte-Nord.
M. COITEUX: Tout ceci pour vous dire à quel point le
député du comté de Duplessis représentant...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faudrait 225 députés!
M. COITEUX: ...le Nouveau-Québec est intéressé au
plus haut point au bon fonctionnement et surtout au progrès
anticipé, que nous espérons de la Société
québécoise d'exploration minière. Vous me permettrez, pour
situer le problème, M. le Président, de faire quelque peu
l'historique de cette société.
Lorsqu'en 1960, le Parti libéral a pris le pouvoir dans la
province de Québec, nous avions, d'un commun accord avec la population,
décidé de faire du Québec la province la plus progressive
qu'on puisse connaître.
Pour ce faire, le gouvernement libéral du temps, soucieux des
devoirs qui lui incombaient, a mis l'accent sur certains domaines qui pouvaient
nous assurer, au Québec, une progression rapide à laquelle notre
province a le droit de s'attendre. C'est pourquoi, dès le point de
départ, nous avons mis un accent aigu sur l'éducation et sur la
santé. Nous avons créé la Société
générale de financement, le Régime de rente et de
retraite, outils qui permettaient à la longue, par un programme à
long terme, de donner au Québec les outils économiques pour
devenir la province la plus prospère de la Confédération
et la province où, avec ces richesses, si nous réussissions dans
notre programme de conviction à enthousiasmer les jeunes, l'on ne
devrait pas songer un seul instant à se séparer du reste de la
Confédération.
Dans l'acheminement des outils que nous nous donnions, M. le
Président, nous avons, en 1965, créé Soquem. Comme
représentant d'un comté du territoire du Nord
québécois, j'ai été un des plus enthousiastes
à défendre ce projet de loi car je voyais là un autre
outil merveilleux pour permettre au Québec, un jour, de s'affranchir
économiquement, d'être respecté des autres provinces et, au
lieu de faire cavalier seul dans la Confédération, d'être
un partenaire respecté, ce que tout bon Canadien français et tout
Québécois désire être.
Soquem, M. le Président, c'est à la suite de tous les
autres projets qu'il est venu: Société québécoise
d'exploration minière. M. le Président, l'on a doté au
départ cette société d'un budget qui, à mon sens,
était trop petit. Contrairement à ce que mon bon ami le
député de Roberval disait cet après-midi, dans mon
concept, en 1965, je voyais la société québécoise
Soquem non pas tellement et uniquement comme une société
d'exploration minière, mais éventuellement comme une
société d'exploitation.
Le raisonnement était facile à comprendre:
éducation de nos jeunes, création de pouvoirs financiers que nous
procure actuellement la Société générale de
financement, le Régime de rente et de retraite, le capital de plusieurs
millions, sinon de plusieurs milliards de dollars que représente pour le
Québec l'Hydro-Québec.
Avec cette société de gens formés, dans mon
optique, je voyais la Société québécoise
d'exploration minière aller sur les territoires inexplorés car,
M. le Président, l'on connaît à peine 15 p. c, 20 p. c. du
potentiel du Nouveau-Québec. Il faut venir dans nos régions pour
voir le nombre des compagnies qui viennent, qui savent qu'on aura
l'électricité à nos portes avec les chutes Churchill, qui
savent que les chutes Churchill vont doubler, qui savent maintenant que le
potentiel électrique énorme de la baie
James sera à notre disposition, qui connaissent l'existence de
toutes sortes de minerais et non seulement le minerai de fer, le minerai de
cuivre, le minerai de zinc. Il faut aller à Deception Bay aujourd'hui
pour voir les immenses constructions qui se font là. On a entendu parler
d'uranium enrichi qui doit venir sur le marché bientôt pour faire
compensation au pouvoir hydro-électrique lorsque viendra l'heure du
pouvoir nucléaire. C'est dans la région de la Côte-Nord,
c'est dans le Nouveau-Québec, M. le Président, où l'on a
fait ces découvertes. Actuellement, je ne trahis le secret de personne
en disant que Brinco fait faire des recherches sur la Côte-Nord pour
trouver les ports de mer, trouver les accomodations. Tout cela, M. le
Président, pour vous dire à quel point Soquem, dans la province
de Québec, a une mission à remplir. Si nous avons les richesses
naturelles et que Soquem, comme outil du gouvernement, se permet, ou a le
devoir, ou la mission d'aller trouver ces minerais, d'aller faire ces
explorations, nous serons en mesure alors, si l'on découvre quelque
chose de potable au point de vue économique en faisant l'inventaire de
nos richesses de jeunes, l'inventaire de nos richesses argent c'est
là le seul reproche peut-être que je ferai au gouvernement
précédent et ce n'est pas un reproche parce qu'il n'y avait
pas...
M. PAUL: C'est ça.
M. COITEUX: ... en 1946, les pouvoirs qu'on a actuellement de
dire à des investisseurs possibles, car il ne faut pas s'en faire
présentement on ne peut pas développer la province de
Québec sans l'aide extérieure. Il faut rêver en couleurs
pour ce faire et à ce moment-là, dès le point de
départ, après quatre ans, cinq ans de fonctionnement de Soquem,
c'est la façon dont je le voyais, c'est la façon dont je le vois
encore aujourd'hui comme outil potentiel pour la province de Québec. On
pourra aller trouver un investisseur possible et lui dire ceci: Nous avons des
jeunes formés, nous avons une puissance monétaire de tant, nous
avons découvert tel gisement, nous sommes en mesure aujourd'hui de
devenir partenaires à 10 p. c, 15 p. c. ou 20 p. c.
L'histoire continue. Soquem continue ses activités. Un jour, en
ayant plus de jeunes de formés, notre puissance financière
étant plus grande, l'on pourra se permettre, à la
découverte de gisements très importants, d'aller trouver des
investisseurs possibles et de leur dire: Aujourd'hui, nous sommes en mesure de
vous offrir 95 p. c. du matériel humain. Nous sommes en position pour
détenir 40 p. c. des parts. A ce moment-là, nous aurons un
capital dé soutien. En faisant ceci, 100 p. c. des Canadiens
français du Québec seront un jour en mesure d'accepter des postes
dans ces compagnies-là.
Nous serons assez forts pour dire: Aujourd'hui, notre puissance
financière nous permet
de détenir 51 p. c. des parts. A ce moment-là, nous
n'aurons plus besoin de la séparation; nous serons économiquement
les plus forts et nous serons reconnus par tout le Canada. Nous serons
respectés. A la place d'avoir des capitaux de soutien, nous aurons, nous
les Québécois, un capital majoritaire. C'est la façon dont
je voyais, dans Soquem, un outil merveilleux pour doter la province de
Québec d'un avenir fantastique, étant donné que nous avons
des richesses naturelles.
Le député de Chicoutimi, cet après-midi
très justement d'ailleurs disait: C'est bien beau de dire que nous
avons des richesses naturelles; qu'on donne cela aux Québécois.
Voyons, il ne faut tout de même pas rêver en couleurs! Le
député de Chicoutimi le notait. J'ai entendu le
député de Saguenay, cet après-midi. Naturellement, il est
jeune, il est enthousiaste. Québec aux Québécois! Le
député de Saguenay doit savoir une chose: il est bien beau
d'avoir des richesses naturelles, mais il faut de l'argent pour les
développer et des têtes pour les exploiter. La chose principale:
il nous faut les marchés.
Pensez-vous qu'en 1946, si M. Duplessis n'avait pas ouvert le Grand Nord
québécois, nous aurions actuellement à Sept-Iles
l'expédition de 35 millions de tonnes de minerai? Qu'on aime cela ou
non, qui a la maîtrise du marché de l'acier? Ce sont les
compagnies américaines. Que l'on aime cela ou non, c'est un fait; je
suis Canadien français, et je n'aime pas cela. Mais tant et aussi
longtemps que nous ne serons pas indépendant économiquement, il
ne faut pas y penser parce que, du minerai de fer et de la pâte de
papier, on n'en met pas dans la soupe aux pois!
Il faut absolument avoir les marchés. C'est un projet à
long terme et c'est pourquoi je voyais dans Soquem l'outil merveilleux. Je
terminerai ces quelques remarques en me joignant à tous mes chers
collègues qui en ont parlé cet après-midi.
Il faut que le gouvernement du Québec fasse en sorte que le
cheminement normal pour lequel Soquem a été créée
se fasse et, pour cela, il faut des millions de dollars. On en donne à
l'éducation. Je ne suis pas contre l'éducation, mais si, au lieu
de lui donner un milliard et plus, on lui donnait dix millions de moins, mon
Dieu que cela aiderait Soquem. Soquem est un outil qui va créer des
emplois. Qu'on forme des techniciens, j'en suis. Je m'adresse aux jeunes. Dieu
sait qu'il va falloir, dans les programmes des CEGEP, comme on le fera à
Sept-Iles, donner des cours orientant les jeunes vers ce domaine, ce potentiel
immense qui est le développement de nos richesses naturelles.
Naturellement, les jeunes ne sont pas tellement attirés par cela
aujourd'hui. Il va falloir cependant qu'ils comprennent que nos richesses
naturelles, ce n'est pas seulement sur les "hustings" qu'on va les
développer. Il va falloir qu'ils fassent comme les anciens ont fait,
qu'ils étudient, qu'ils se qualifient, qu'ils mettent leurs bottes et
qu'ils aillent sur le terrain, s'ils sont réellement sincères en
disant qu'ils veulent faire un grand Québec.
M. le Président, je demande au gouvernement de faire tous les
efforts possibles pour doter Soquem du capital dont elle a besoin pour remplir
adéquatement sa mission. Car, moi, je vois Soquem, non pas seulement
comme une société d'exploration; je veux en faire une
société d'exploitation qui, graduellement, nous donnera le
contrôle de la majeure partie des richesses naturelles que nous avons, en
se créant des marchés, en formant des gens et en prenant en main
le contrôle économique de notre province. A ce moment-là,
M. le Président, je continuerai d'être fier. Sans faire de
révolution, sans vouloir tout bouleverser, l'on pourra dire que nous
tous de la province de Québec, Canadiens français, nous avons
pris le contrôle de notre économie. Nous sommes et nous
continuerons d'être Québécois et Canadiens français.
Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de l'Assomption.
M.Jean Perreault.
M. PERREAULT: M. le Président, on a dit et
répété ces dernières années que les mines du
Québec souffrent de maladie grave. C'est peut-être vrai si on
considère que le Québec, qui avait une production minière
de $760 millions en 1966, n'en produit plus que pour $710 millions en 1969.
Et si on corrige pour le taux d'inflation, c'est une baisse effective de
20 p. c. Si on compare ça maintenant à la production
minière du Canada qui est de l'ordre de $5 milliards, on n'est pas loin
de 15 p. c. Alors, il faut redresser, il faut donner un coup de barre. Mais il
y a une raison à ceci, c'est qu'au Québec, dans un territoire
développé, toutes les mines en extrusion à la croûte
terrestre ont pratiquement été découvertes. Les nouvelles
mines qui seront découvertes le seront par de nouveaux
procédés et n'apparaissent plus à la croûte
terrestre.
De là l'importance de Soquem dont le rôle est de promouvoir
des méthodes modernes d'exploitation, des outils modernes, des
méthodes basées sur la physique, des méthodes qui
permettront de découvrir sous le sol ces immenses gisements. Je suis
certain que tout le Nord-Est québécois les renferme encore.
Soquem a trois objectifs majeurs. Premièrement, l'exploration.
C'est ainsi qu'en investissant la somme de $6 millions à Soquem, on
amènera de la part de l'entreprise privée un montant égal
sinon supérieur qui permettra pour $12 à $13 millions
d'exploration. Deuxième objectif, la mise en valeur des
découvertes. Troisième objectif, l'exploitation des gisements
miniers en association avec le capital privé. Soquem peut aussi acheter
et vendre des proprié-
tés minières dans les différentes régions de
la province. Ainsi, pour démontrer l'importance de Soquem, dans le
Nord-Est québécois, chaque dollar investi par Soquem a
amené un investissement de $2.43 par ses partenaires. Soquem nous montre
une société mixte, la société par excellence pour
le Québec, avec la participation gouvernementale et celle de
l'entreprise privée.
Dans le moment, plusieurs s'étonnent, lisant dans les journaux
qu'on fait de grandes découvertes en Australie, que beaucoup de
compagnies s'en vont là. C'est justement parce qu'en Australie on vit la
période que l'on a connue ici il y a vingt ou vingt-cinq ans: la
période des découvertes, des masses de minéraux qui
viennent en extrusion à la croûte terrestre. Nous avons
dépassé ce stade.
Nous devons, avec le ministère des Richesses naturelles,
l'université, Soquem et les centres de recherche, développer des
méthodes nouvelles, plus modernes, de façon à diminuer le
coût de forage des puits, car l'exploration coûte excessivement
cher. C'est tout ce que j'avais à dire sur le bill 1.
M. LE PRESIDENT: Le ministre entend exercer son droit de
réplique, ce qui mettra fin au débat en deuxième lecture.
Est-ce qu'il y a d'autres députés qui désirent prendre la
parole?
Le ministre des Richesses naturelles.
M. Gilles Massé
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je tiens à
remercier maintenant les députés de l'Assemblée qui ont
bien voulu prendre la parole sur le bill 1. Les suggestions qui ont
été avancées par certains, je les ai prises en bonne
note.
L'automne dernier, nous amendions la Loi des mines afin de favoriser
davantage l'exploration dans la province de Québec. Dernièrement,
le gouvernement décida d'accorder une aide à la mine Preissac
afin de relancer cette industrie minière, du fait que,
déjà, la situation du Nord-Ouest était très
mauvaise et surtout que les réserves de minerai de cette mine
étaient assez importantes.
Cette année, on a prévu, dans les crédits de mon
ministère, des travaux de levés géophysiques, dans le
Nord-Ouest québécois et le prolongement d'une partie de la route
Matagami, lac Chabinoche. Tout cela pour en arriver à constater, comme
le député de Chicoutimi l'a fait cet après-midi, que les
régions périphériques sont axées justement sur
l'industrie primaire et qu'il appartient à des ministères comme
le mien et à des organismes comme Soquem d'accélérer ou
d'augmenter leur aide à ces régions axées sur le
développement minier ou forestier.
Le problème qui se pose, entre autres dans le Nord-Ouest surtout,
c'est que les gisements qui étaient faciles à découvrir
l'ont été et que, maintenant, il faut, comme le disait le
député de l'Assomption, utiliser des méthodes plus
modernes, recourir davantage à la technologie, ce qu'a fait Soquem.
Aussi, il va falloir que les compagnies d'exploration montent de plus en plus
vers le nord, c'est-à-dire vers la baie James, dans la fosse du
Labrador, c'est-à-dire au nord de Schefferville.
On a dit aussi entre autres le député de Saguenay
que le montant de $1,125,000 n'était peut-être pas
suffisant pour répondre aux besoins d'exploration au Québec. Je
sais que les besoins d'exploration sont grands, d'immenses territoires restent
à être scrutés. Je sais aussi l'essor de l'activité
de Soquem. Je sais aussi la compétence des cadres de Soquem. Si le
montant a été fixé à $1,125,000, c'est justement
selon les capacités actuelles de Soquem de dépenser ce montant.
D'ailleurs, avant de fixer le montant de cette augmentation, des consultations
assez étroites ont eu lieu avec les dirigeants de Soquem.
Je pense qu'il faut respecter les contraintes humaines auxquelles est
soumise, comme toute autre entreprise, Soquem, de même que le personnel
de cadre dans ce genre d'entreprises est assez restreint. Soquem a un
rôle important à jouer et c'est par étapes, à mon
avis, c'est d'une façon progressive qu'elle le fera.
Quant à l'exploitation, certains députés voudraient
que Soquem joue un rôle accru; par contre, d'autres voudraient qu'elle
s'en tienne au rôle d'exploration. Soquem, pour ceux qui ne seraient pas
au courant, est déjà dans le domaine de l'exploitation en
association avec d'autres partenaires. C'est le cas de la compagnie Louvem
à Louvicourt où déjà Soquem, en association, fait
de l'exploitation. Comme on disait tout à l'heure, c'est avantageux pour
le Québec et pour Soquem du fait que, pour $1 investi par celle-ci, le
partenaire en a investi $2.45. C'est ce qui va lui permettre d'ailleurs de
réaliser des revenus qu'elle pourra, par la suite, investir dans
l'exploration.
On a parlé également de la nécessité de
transformer notre minerai au Québec. Tous les députés,
à n'en pas douter, désirent que nos richesses profitent au
maximum au Québec et aux Québécois. C'est la
préoccupation de mon ministère. C'est d'ailleurs aussi son
mandat. Nous avons ce souci également, comme le député de
Saguenay, de tirer le maximum de profit pour les Québécois, au
niveau de la transformation de notre minerai. Il faut, d'autre part, que cette
question soit examinée d'une façon très sérieuse,
dans une optique des plus rationnelle. Il faut examiner les différents
secteurs miniers. Est-ce que, par exemple, il y a les mêmes chances que
le fer extrait soit transformé au Québec que pour le cuivre ou le
zinc?
Il ne faut pas, non plus, ignorer le contexte nord-américain dans
lequel nous avons à oeuvrer. Il faut examiner la question
économique ou de rentabilité. Il faut connaître, aussi, le
marché de consommation québécois. C'est à cette
série de questions que nous devons répondre avant de faire des
choix. Malheureusement,
quand je suis arrivé au ministère des Richesses
naturelles, nous n'avions pas ces données de base qui nous auraient
permis d'examiner plus en profondeur cette question, mais cette étude
est actuellement en cours. Elle a entre autres pour mandat de recueillir les
données de base. Nous aurons à analyser ces données et
aussi à faire des recommandations au gouvernement par la suite.
Le chef du Ralliement créditiste a parlé de la mine
Preissac et des administrateurs de Soquem. J'ai pu faire difficilement la
relation Soquem-Preissac mais même s'il n'est pas ici, M. le
Président, j'aimerais qu'on lui fasse part que s'il possédait des
informations précises, je l'inviterais à me les communiquer. Je
pense que les critiques qu'il a adressées, aussi, à l'endroit
d'un administrateur de Soquem du Nord-Ouest Québécois sont assez
mal fondées du fait que M. Fontaine a de l'expérience dans
l'administration, qu'il est du milieu Nord-Ouest québécois,
c'est-à-dire du milieu minier, et qu'il est parfaitement au courant de
ces problèmes.
Je comprends difficilement qu'on critique les administrateurs de Soquem
alors que cette société a connu les plus grands résultats
possible. Découvrir trois gisements importants en l'espace de cinq ou
six ans, c'est quand même remarquable si on considère que la
moyenne est évaluée à quinze ou dix-huit ans avant de
découvrir un gisement valable.
Quant à l'utilisation, la question que se posait également
le député de Rouyn-Noranda, de la somme de $1,250,000 qui
représente l'augmentation qu'on voudrait donner à Soquem, je
pense qu'il va de soi que le premier point du mandat de Soquem est
l'exploration et que cette somme sera dépensée en grande
majorité, effectivement, pour l'exploration.
Quant à la demande du chef de l'Opposition concernant certains
documents relatifs su procès qu'on connaît, c'est-à-dire
Nemrod et Soquem, j'ai pris bonne note de cette demande pour savoir s'il y a
possibilité de communiquer des photocopies aux membres de
l'Opposition.
C'étaient les quelques remarques, M. le Président, que
j'avais à faire au sujet du bill no 1.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LEVESQUE: Comité plénier.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier.
Cette motion est-elle adoptée?
M. LEVESQUE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Comité plénier
M. BLANK (président du comité plénier): Article
1.
M. BERTRAND: A l'article 1, c'est là que l'on note que l'on porte
de $15 millions à $21,250,000 le fonds social autorisé de la
Société québécoise d'exploration
minière.
Aucun doute que lorsque les administrateurs de Soquem ont
présenté au ministre cette demande d'augmenter le capital
autorisé ou le fonds social de la compagnie, ils ont dû
présenter au ministre qui, lui, l'a remis au conseil des ministres ou au
premier ministre, un ou des projets que la société souhaite
réaliser ou entreprendre.
Etant donné que depuis quelques semaines, et en particulier le 30
avril, on a mis l'accent sur le développement de la baie James et ce
dans tous les domaines: minier, forestier, hydroélectrique, est-ce que
l'on pourrait savoir ce que la société projette d'accomplir dans
ce territoire de la baie James? Je ne reviens pas sur les dépenses qui
peuvent être faites pour fins d'exploration minière dans tout cet
immense territoire du Nouveau-Québec ou ailleurs, mais je parle d'un
territoire qui, jusqu'à présent, ne semble pas avoir
été exploré, du moins en profondeur. Est-ce que le
ministre peut nous donner des détails là-dessus? Dans sa
réplique, il n'a pas répondu à cette question que j'ai
posée cet après-midi.
M. MASSE (Arthabaska): Dans le rapport de Soquem qui est daté du
30 mars 1970, il y a quelques travaux, entre autres, dans le programme de
recherche, damas minéralisé, en Abitibi...
M. BERTRAND: Quelle page, s'il vous plaît?
M. MASSE (Arthabaska): Page 15.
M. BERTRAND: Le dernier rapport soumis, 70/71?
M. MASSE (Arthabaska): Non, 69/70.
M. BERTRAND: Rapport 69/70, page 15.
M. MASSE (Arthabaska): Alors, c'est le rapport daté du 30 mars
1970.
M. BERTRAND: Le 30 mars 1970, à la page 15, les nouveaux
programmes.
M. MASSE (Arthabaska): Ces programmes sont en cours surtout dans la
partie sud de la baie James. Il y a des levés géophysiques et il
y a eu des sondages d'effectués également. Ces travaux se
poursuivent continuellement.
M. BERTRAND: Oui. Je note qu'il y en a eu dans le comté de
Missisquoi, à Saint-Armand, cela me fait grand plaisir, c'est dans ma
région. Mais, sautant par-dessus ces recherches qui ont pu y être
effectuées et qui, je l'espère, s'avéreront fructueuses,
je demande au ministre ce qu'on se projette d'accomplir dans ce territoire de
la baie James. A la page 15, si j'examine ce qu'on annonçait comme
nouveaux programmes, on dit que trois programmes en participation ont dû
être abandonnés au moins temporairement en raison des
résultats peu encourageants obtenus. A la liste des programmes en
marche, durant l'année 69/70, s'ajoutent maintenant les suivants et on
les note au bas de la page. Je n'ai pas besoin de les citer, mais le lieu des
travaux c'est le Vermont aux Etats-Unis, Chibougamau, Cantons de l'Est,
Saguenay, Lac-Saint-Jean, Saint-André d'Argenteuil et Gaspésie.
Je ne vois rien du côté de la baie James. Premièrement,
est-ce qu'on a à l'heure actuelle sur le chantier des projets en
préparation pour de l'exploration minière du côté de
la baie James, par Soquem? Deuxièmement, est-ce qu'au ministère
on a des noms de compagnies qui, à l'heure actuelle, feraient de
l'exploration minière dans ce territoire de la baie James?
M. MASSE (Arthabaska): Je pense que c'est assez difficile de se
référer au rapport de Soquem parce que ça se terminait en
date du 30 mars 1970. D'autre part, les programmes de recherche en termes
d'exploration qu'on a à présent dans le haut de la page 15, dans
l'Abitibi, ce sont les programmes qui sont toujours en marche. Des compagnies
font de l'exploration dans la région de la baie James. Soquem, c'est
plutôt dans la partie sud de la baie James qu'elle effectue actuellement
ses travaux. D'autre part, on sait que, dans l'ensemble du territoire qui
pourrait être inondé en partie par les rivières N.B.R.
(Nottaway, Broadback, Rupert), environ 16 ou 17 gisements sont actuellement
connus.
La rentabilité n'est pas connue, excepté peut-être
dans deux cas. Les travaux de notre ministère, pour 1971-1972, sont
également d'effectuer des levés géophysiques sur les
parties du territoire où cela n'a pas été effectué.
D'autre part, la décision de réaliser le projet de la baie James
étant connue uniquement depuis le mois de mars, nous aurons à
réajuster le budget. Nous examinons actuellement
l'accélération que l'on aura à donner à
l'exploration du secteur minier dans le territoire au nord du Nord-Ouest
québécois.
M. BERTRAND: On a parlé l'autre jour d'une régie. J'ai dit
que nous étions contre parce qu'il y a un gouvernement pour coordonner
l'activité.
M. PAUL: Oui, M. Charbonneau...
M. BERTRAND: Voici que l'on entreprend un développement qui va
s'avérer assez grand au point de vue hydro-électrique. On veut le
faire et je le souhaite quant à moi par étapes, par
phases. Et voici que dans tout ce territoire il y a des richesses
peut-être incalculables. On va entreprendre des travaux
hydro-électriques et le ministre s'interroge et dit : Nous sommes
obligés de réorienter nos plans au point de vue de l'exploration
minière, c'est joliment important. Si, dans ce territoire et la
région proprement dite que l'on est appelé à inonder
on sait que de l'aveu de ceux qui s'y connaissent, je n'y suis jamais
allé, c'est un territoire plutôt plat; imaginez combien on va en
inonder, de ce territoire il y a des mines d'une valeur inclaculable,
probablement, dont l'exploration et surtout l'exploitation seraient de nature
à rapporter des bénéfices mirobolants dans les
années qui viennent, à l'heure actuelle, si je pose la question
au ministre, si je lui demande quelles sont ces valeurs, quelle exploration
nous en avons faites, je constate...
M. MASSE (Arthabaska): Je peux vous répondre que...
M. BERTRAND: Oui.
M. MASSE (Arthabaska): ... actuellement il y a une mine dont la teneur
en minerai est connue...
M. BERTRAND: Quel genre de minerai?
M. MASSE (Arthabaska): C'est du cuivre, si je me souviens bien.
M. BERTRAND: Du cuivre.
M. MASSE (Arthabaska): Du cuivre.
M. BERTRAND: Une mine.
M. MASSE (Arthabaska): Une mine sur un ensemble de 17 gisements
possibles.
M. BERTRAND: Un ensemble de 17...
M. MASSE (Arthabaska): C'est-à-dire qu'il y a 16 ou 17 gisements
possibles. Maintenant, la teneur n'est pas encore commerciale, on n'en est pas
au courant, du fait que cette région est quand même passablement
sauvage et l'exploration assez difficile à cause du manque de routes
d'accès. J'aurais une chose à ajouter, c'est qu'une mine
selon les experts peut être exploitée même
inondée. Bien sûr, le coût est plus élevé.
M. BERTRAND: Oui...
M. LAFONTAINE: II y a seulement une mine de connue; il peut y en
avoir...
M. MASSE (Arthabaska): Commerciale.
M. LAFONTAINE: Oui, de connue.
M. BERTRAND : Pourrais-je inviter le ministre, même si son budget
est devant la Chambre, à tenir un caucus, une réunion le plus
rapidement possible, avec son sous-ministre, ses officiers et les
représentants de la compagnie Soquem, afin de se faire voter les sommes
qu'il faudra obtenir pour accélérer l'exploration dans ce
domaine-là? J'ai la conviction je ne m'y connais pas en
exploration minière, mais les autorités du ministère
pourront lui dire ce qu'il faut qu'on trouvera facilement des
ingénieurs et des ouvriers. Du côté des ingénieurs,
on se plaint qu'il y a un manque d'emploi pour les étudiants.
Je pense qu'on pourra trouver autour d'un ingénieur beaucoup
d'étudiants qui seront prêts à travailler. Je pense qu'il y
aurait lieu de mobiliser toutes les énergies, afin que le ministre ne
puisse pas être accusé, dans trois ou quatre ans, d'avoir
manqué cette occasion. L'inondation du territoire ne viendra pas
immédiatement. Des travaux vont commencer, en fait, dans trois ans,
quatre ans, cinq ans. Il ne faut pas se leurrer, la réalisation d'un
projet comme celui-là, c'est au minimum sept ans. C'est facile, dans une
causerie, c'est facile devant une foule...
M. PAUL: Au Petit Colisée.
M. BERTRAND: ... de bâtir tout cela en l'espace d'un moment, comme
jadis, quand M. Gérard Filion bâtissait des sidérurgies
dans la page éditoriale du Devoir. C'est facile, et lui-même Ta
déjà dit. C'était plus facile de bâtir une
sidérurgie dans l'éditorial du Devoir et il en a eu
l'expérience Dieu le sait quand on connaît
l'histoire de Bécancour...
M. PAUL: Sidbec.
M. BERTRAND: ... de cette sidérurgie gigantesque...
M. PAUL: Dans la région de M. le ministre.
M. BERTRAND: ... de centaines de millions de tonnes. A tout
événement, M. le Président, j'invite le ministre à
ne pas perdre une minute dans ce domaine-là. Pour cela, on n'a pas
besoin de régie d'Etat. Il y a un ministre, il y a Soquem dans le
domaine minier. On verra aux autres ministères en temps et lieu. Soyez
prêts dans ce domaine-là.
M. MASSE (Arthabaska): Croyez bien, M. le chef de l'Opposition, qu'on
n'a pas l'intention, au ministère des Richesses naturelles,
d'épargner quoi que ce soit pour la mise en valeur de ces richesses.
M. BERTRAND: Justement, on va vous aider auprès du ministre des
Finances.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aurais quel- ques questions à poser
au ministre. D'abord, j'aimerais lui faire une observation à l'article
1, au sujet du titre de la loi. Evidemment, j'espère qu'il va en changer
le nom, qu'il ne mettra pas charte, mais acte constitutif. Il faut quand
même commencer à franciser nos lois.
Mais j'aurais quelques questions à lui poser, en particulier,
reprenant les propos du chef de l'Opposition. Le ministre nous a dit qu'il y
avait à l'heure actuelle, dix-sept gisements miniers et il a
parlé des gisements qui, dans le territoire de la baie James, seraient
éventuellement mis en exploitation d'ici quelques années. Tout
à l'heure, alors que le chef de l'Opposition parlait, il a dit que ce ne
serait pas avant 1978. On est en 1971...
M. MASSE (Arthabaska): II faudra produire l'électricité
pour 1978.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord! Cela fait sept ans. Le ministre a
dû savoir avant nous qu'il y aurait un grand spectacle au Petit
Colisée et qu'on annoncerait le projet de la baie James. Alors,
prévoyant l'éventualité du projet de la baie James et
prévoyant que des terrains seront fatalement noyés, est-ce que le
ministre pourrait nous dire s'il a un échéancier? Avec Soquem, au
ministère des Richesses naturelles, est-ce qu'on s'est
déjà mis à l'oeuvre pour faire un échéancier
qui permette de savoir s'il y a là des gisements miniers de valeur, afin
de prendre toutes dispositions utiles pour parer à cette
éventualité?
Le ministre nous disait tout à l'heure j'espère
qu'il va m'expliquer cela techniquement; s'il n'en est pas capable, il pourra
le demander à ses fonctionnaires qu'on peut exploiter même
sous l'eau. D'accord. Mais cela doit, quand même, représenter un
coût additionnel d'exploitation. Alors, est-ce que le ministre pourrait
nous dire, d'abord, s'il y a un échéancier et nous dire, ensuite,
techniquement parlant, combien cela peut coûter de plus si on est
obligé, à un moment donné, de faire de l'exploitation
sous-marine? Est-ce que cela va être le cas, si on en vient à
inonder ces terrains?
Ce sont trois questions; le ministre en prend note. Il y a une autre
question que je voudrais lui poser. Est-ce que le ministre est en mesure de
nous dire quelle est la situation en ce qui concerne la recherche qui a
été faite dans le comté de Dubuc et quels sont les projets
de Soquem en ce qui concerne le comté de Dubuc. Quelle partie des
crédits additionnels qu'on nous demande sera affectée aux
recherches qui sont déjà faites dans le comté de Dubuc?
Est-ce que le ministre peut nous dire s'il y a une rentabilité telle que
son ministère est disposé à affecter une partie des
crédits additionnels qu'il demande à l'exploration dans le
comté de Dubuc?
Ce sont les trois premières questions que j'ai à lui poser
à l'article 1.
M. MASSE (Arthabaska): Pour répondre à la dernière
question en ce qui concerne Saint-Honoré dans le comté de Dubuc,
actuellement les fonds non augmentés de Soquem prévoyaient
déjà qu'il y avait descente d'un puits d'exploration afin de
sortir des échantillonnages pour connaître la teneur du minerai
et, comme je l'ai dit, c'était déjà prévu dans le
montant qui était déjà voté.
Quant au coût d'exploitation d'une mine...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelle sorte de minerai était-ce?
M. MASSE (Arthabaska): A Saint-Honoré?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. MASSE (Arthabaska): Du colombium.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voulais voir si le ministre le savait.
Qu'est-ce que c'est le colombium? A quoi ça sert, scientifiquement
parlant, du point de vue de l'utilisation industrielle?
M. MASSE (Arthabaska): Si je peux vous renseigner, ça sert
à l'alliage pour renforcer l'acier ou le fer. De toute façon, si
le député de Chicoutimi veut en savoir davantage il a de bons
compagnons d'université qui pourront lui expliquer ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, M. le Président. D'office, nous
autres, nous ne savons rien. C'est le ministre qui, d'office, sait tout.
M. MASSE (Arthabaska): D'accord!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour ça que je pose des
questions.
M. MASSE (Arthabaska): Je pourrais peut-être vous faire parvenir
un mémoire sur la question.
M. BERTRAND: C'est une présomption, ce n'est pas absolu.
M. MASSE (Arthabaska): Non, pas du tout. En ce qui concerne les...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Que le ministre ne s'inquiète pas, j'ai
le dictionnaire des mines, et je suis bien renseigné
là-dessus.
M. MASSE (Arthabaska): En ce qui concerne les coûts de
l'exploitation sous-marine, je pense qu'il serait très
prématuré de répondre à une question semblable du
fait que tout dépend du minerai qui pourrait s'y trouver, de l'ampleur
du gisement, etc. C'est très hypothétique. Je pense que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. Le ministre charrie un peu
là !
M. MASSE (Arthabaska): Bien, il n'y a pas de charrie. Effectivement on
ne peut pas compter sur des hypothèses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre nous dit ceci: II y a des
gisements miniers dans le territoire où on fera les aménagements
de la baie James. Et il nous dit que par la suite on pourra en faire
l'exploitation même de façon sous-marine. C'est une
possibilité. Donc on n'a pas à se préoccuper tout de suite
de ce qui pourra survenir. Mais c'est précisément parce qu'on ne
le sait pas et qu'on se doute qu'il peut s'en trouver que le ministre doit
prendre tout de suite des dispositions afin de savoir si ça
coûtera plus cher de l'exploiter quand les terrains seront
inondés, ou si ça coûtera moins cher de le faire avant que
ces terrains ne soient inondés et afin de décider aussi si on
doit les inonder ces terrains.
Alors, j'imagine que le ministre a déjà des données
là-dessus puisqu'il est capable de nous dire que cela n'a pas tellement
d'importance puisqu'on pourra exploiter même lorsque les terrains auront
été inondés.
M. MASSE (Arthabaska): Je veux dire que s'il se trouvait un gisement
sous l'eau, actuellement ou plus tard, il y a des possibilités
d'extraire le minerai. Maintenant, quelle est la proportion ou l'augmentation
du coût que ça peut occasionner? Vous comprenez comme moi que ne
sachant pas l'ampleur du gisement, n'en sachant pas la teneur, ni la sorte,
c'est-à-dire si c'est du cuivre ou du fer, c'est très
hypothétique. L'exploitation d'une mine varie selon le minerai qu'on y
trouve et aussi selon l'ampleur de la réserve.
Je pense qu'il est assez difficile de répondre à cette
question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela rend la question du chef de l'Opposition
plus pertinente. Il y a des gisements, dites-vous, bon! C'est clair, c'est
acquis, vous venez de nous le dire. Quelles sortes de minerais y a-t-il dans
ces gisements? Le ministre n'est pas capable encore de nous dire
évidemment quelle est la teneur, quelle peut être la
rentabilité, quelle peut être la valeur commerciale de tout cela
et précisément parce que vous ne le savez pas. Est-ce que la
question qu'a posée le chef de l'Opposition ne rend pas plus urgente,
plus impérieuse la recherche que vous devez commencer d'effectuer si
vous ne l'avez pas déjà fait? Est-ce que le ministre peut nous
dire quelles sont les étapes que l'on a franchies jusqu'à
présent afin de s'assurer qu'il y a des gisements, que ces gisements ont
une certaine valeur et qu'il est important de voir à connaître
quelle est exactement la situation avant de laisser commencer le projet de la
baie James?
M. MASSE (Arthabaska): Dans un premier temps, le montant de $300,000 est
prévu au budget 71/72 pour des levés géophysiques.
C'est un premier temps. Je voudrais ajouter aux propos du chef de
l'Opposition officielle que pour ce qui est de la préoccupation de tirer
le maximum du minerai ou des gisements qui pourraient être dans ce
territoire, depuis un certain nombre de mois déjà, nous sommes
à travailler sur la question, et aussi en terme
d'échéancier, afin de définir en 1971, cet
été, à l'automne, en 1972 et à chaque année
jusqu'à réalisation ou inondation du sol, quels seront les
travaux que devra faire mon ministère non seulement en termes
d'exploration, mais également en ce qui concerne les routes. D'ailleurs
où il y avait déjà un montant assez important de
prévu pour la route conduisant de Matagami au lac Chabinoche.
M. PAUL: M. le Président, j'ai écouté avec
intérêt les questions soulevées par le chef de l'Opposition
officielle lorsqu'il a demandé au ministre quelles pouvaient être
les nouvelles exploitations que son ministère avait l'intention
d'entreprendre par suite de cette somme d'argent additionnelle qui...
M. MASSE (Arthabaska): D'exploration. Cela va mener à une
exploitation...
M. PAUL: ... d'exploration, je m'excuse. Oui, et nous espérons
que consécutivement nous pourrons avoir une exploitation. Le chef de
l'Opposition officelle a demandé au ministre quels pouvaient être
les nouveaux projets qu'il envisageait. Je comprends qu'il serait assez
difficile et imprudent de la part du ministre de localiser, de donner le nom de
la mine, etc. Je pense bien que c'est son devoir d'éviter toute
spéculation possible. Mais d'un autre côté, le chef de
l'Opposition officielle voulait savoir à quelles fins et dans quelles
régions seraient utilisés ces deniers additonnels qu'on lui
demande de voter.
Le ministre n'a pas répondu. Il nous a
référés au rapport du ministère pour l'année
1969-1970 rapport de Soquem où on parle des programmes
déjà entrepris, et où il n'y a rien pour les programmes
entrepris depuis qu'il est en office. Depuis le 12 mai 1970, quels sont les
projets d'exploration mis de l'avant par son ministère?
Deuxièmement, le chef de l'Opposition officielle et mon collègue
le député de Chicoutimi ont rappelé au ministre l'urgence
qu'il y a d'établir un calendrier, un échéancier dans
cette aventure de l'exploration de la baie James.
Je comprends que ce projet de loi a été le premier
déposé en première lecture le jour de l'ouverture de la
session. A ce moment-là, M. le Président, le grand "show", le
grand spectacle du 30 avril n'était pas encore arrêté. Mais
pourtant on prévoyait...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On cherchait les vedettes.
M. PAUL: Les acteurs n'étaient pas encore trouvés...
M. BERTRAND: On cherchait le ballon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le régisseur, M. Desrochers, qui
n'était pas là.
M. PAUL: Ah! le grand Paul n'avait pas encore fini la mise en
scène, mais cependant on nous demandait le premier jour de la session de
voter un montant d'argent en faveur de la Société
québécoise d'exploration minière. Voici, M. le
Président, que depuis le 30 avril, et surtout antérieurement au
30 avril, le ministre a dû se pencher, étudier le problème
de l'exploitation de la baie James. Il se rappelle l'étude de ses
crédits l'automne dernier, alors qu'il nous a parlé de la
formation du comité interministériel qui devait se pencher sur
l'exploitation de toutes les richesses de la baie James: richesses
minières, richesses forestières, richesses hydrauliques. Comment
se fait-il que le ministre "énergétique", mais comment se fait-il
que le ministre ne nous demande pas de majorer ce montant aujourd'hui? Ce
serait très facile, M. le Président, pour atteindre l'objectif
signalé par le député de Chicoutimi et par le
député de Missisquoi, d'augmenter le montant d'argent qu'on
retrouve à l'article 1 du présent projet de loi.
Là, nous verrions un acte de sérieux, un geste positif de
la part du ministère des Richesses naturelles quant à
l'exploitation éventuelle des gisements miniers de la baie James. Si on
avait besoin de $21,250,000 avant le 30 avril, est-ce que, depuis le 30 avril,
on n'aurait pas besoin d'un montant additionnel? Quel est le calendrier de
prévisions, de recherche et d'exploration de son ministère dans
le territoire de la baie James? A quel endroit va-t-on utiliser cette somme
additionnelle que le ministre nous demande de lui accorder? Où va-t-on
faire des recherches d'exploration et, éventuellement, d'exploitation?
Est-ce que le ministre est au courant? Comment le ministre envisage-t-il une
exploitation ou une exploration rationnelle du territoire de la baie James?
Comment va-t-il procéder pour s'assurer qu'il y a là des
gisements miniers dont la teneur est commercialement rentable? Est-ce que le
ministre...
M. MASSE (Arthabaska): II y en a un.
M. PAUL: Pardon?
M. MASSE (Arthabaska): II y en a un.
M. PAUL: II y en a un ! Mais est-ce que des recherches ont
été faites sur tout le territoire?
M. MASSE (Arthabaska): Si on n'a pas de route, on ne peut pas
l'exploiter.
M. PAUL: Pardon?
M. MASSE (Arthabaska): Cela prend des routes pour exploiter une
mine.
M. PAUL: Oui, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'êtes pas allés voir s'il y
en a.
M. PAUL: II faut aller voir. Qu'est-ce que vous attendez pour marier vos
activités avec celles du ministère des Terres et Forêts et
de la Voirie? C'est ça que nous voulons voir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça, l'équipement.
M. PAUL: Le nouveau ministère de l'Equipement...
M. LAFONTAINE: Le futur ministère.
M. PAUL: ...le futur ministère de l'Equipement, qu'est-ce qu'il
fait là-dedans? Quelle est la planification du gouvernement et quel est
votre rôle? Je crois que le ministre doit être le pilier de toutes
les activités futures dans l'exploitation de la baie James. Quelles sont
les négociations entreprises par le ministre, par des fonctionnaires
extrêmement compétents qui l'entourent et qui donnent un certain
panache au ministère? Je dis que les fonctionnaires donnent un certain
panache au ministère.
Voilà, M. le Président, des points d'interrogation.
Voilà des questions. Nous espérons une réponse. Nous
espérons que le ministre, ce soir, va enfin nous faire part des grands
projets arrêtés, étudiés. Est-ce que le ministre a
l'intention de convoquer les principaux ingénieurs des ministères
concernés pour l'exploitation des richesses de la baie James, comme le
signalait l'honorable député de Chicoutimi? Le ministre est-il
informé par ses fonctionnaires de la différence du coût
d'exploitation entre une exploitation sous-marine et une terrestre? Quelles
sommes d'argent va-t-on accorder à cette recherche spécifique de
la baie James?
M. le Président, j'ai posé assez de questions au ministre
pour qu'il nous entretienne jusqu'à dix heures.
M. MASSE (Arthabaska): D'accord. Quant à la première
question qui a été posée en ce qui concerne l'augmentation
du capital à $1,250,000, déjà, il est prévu des
recherches d'exploration dans le secteur Val-d'Or - Rouyn-Noranda. Comme je le
disais tout à l'heure, je pense que le député de
Maskinongé était peut-être absent à la
réplique en deuxième lecture...
M. PAUL: Pardon?
M. MASSE (Arthabaska): Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Combien pour Rouyn-Noranda
déjà?
M. MASSE (Arthabaska): Environ $500,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Donc, $500,000.
M. MASSE (Arthabaska): Oui. Comme je vous l'ai dit tout à
l'heure... Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour Val-d'Or?
M. MASSE (Arthabaska): Je ne comprends pas.
M. TETREAULT: Pour Val-d'Or?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Val-d'Or.
M. MASSE (Arthabaska): Val-d'Or - Rouyn-Noranda.
M. TETREAULT: Les deux ensemble.
M. MASSE (Arthabaska): Comme je le disais en réplique, tout
à l'heure, dans ce territoire du Nord-Ouest québécois, il
y a des difficultés énormes parce que l'économie est
axée sur l'industrie primaire, surtout.
Les mines qui ont été découvertes l'ont
été par du minerai qui était en surface,
c'est-à-dire que des mines ont été découvertes
d'une façon assez facile, par les effleurements rocheux. Certaines
demandent davantage d'exploration, de levés géophysiques, de
travail sur le terrain. Alors, une partie du montant de $1,250,000 sera
consacrée à l'exploration de ce secteur.
En ce qui concerne le reste du montant, vous comprendrez comme moi que
le conseil d'administration de Soquem pouvait difficilement prendre des
décisions, alors qu'il n'était pas adopté. Mais de toute
façon, en Gaspésie, les travaux se poursuivront, seront
améliorés et augmentés, ainsi que dans la région
des Cantons de l'Est, en somme dans les régions qui ont un potentiel
minier.
Pourquoi cela a-t-il été augmenté et pourquoi
$1,250,000 et non plus ou moins? Comme je l'ai dit en deuxième lecture,
la détermination du montant de $1,250,000 s'est faite en collaboration
avec les dirigeants de Soquem. Il faut penser que ce montant d'augmentation est
demandé à la Chambre afin de rattraper le temps perdu depuis cinq
ou six ans causé par l'inflation.
Au départ, vous saviez que Soquem, par son capital, se situait au
cinquième rang alors qu'en 1970, début de 1971, elle occupait le
25e rang. Ce montant de $1,250,000 était d'abord pour rattraper cette
perte de vitesse qu'avait connue Soquem.
M. LESSARD: Elle se situe à quel niveau à peu
près?
M. MASSE (Arthabaska): Elle reviendrait à
peu près à la même position qu'elle occupait au
départ.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. J'aimerais bien savoir exactement
ce que le ministre est en train de nous dire. Vous nous dites que Soquem a
besoin de plus d'argent. Vous demandez $1,250,000 et vous nous dites que c'est
pour rattraper le retard causé par l'inflation. On se retrouve au point
de départ. Donc, il n'y a rien de nouveau et cela explique ce que vous
venez de nous dire, à savoir que Soquem ne sait pas exactement de quelle
façon orienter son travail, puisque vous ne lui avez pas indiqué
dans quel sens le gouvernement ira.
M. MASSE (Arthabaska): Dans l'exploration minière, il
n'appartient pas à un ministre de déterminer les techniques ou
les endroits les plus minéralisés du territoire.
M. PAUL: Vous avez laissé le sous-ministre... M. MASSE
(Arthabaska): D'autre part,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'appartient pas à un ministre de
dire aux spécialistes des mines de faire ceci de telle façon mais
il appartient quand même au ministre, en sa qualité de responsable
des richesses naturelles, de leur découverte et de leur exploitation, de
dire: Ecoutez, nous allons établir telle et telle priorité. Ceci
implique que le ministre aille ensuite trouver son collègue des Finances
et lui dise: Nous avons besoin de tant et tant d'argent.
Or, reprenant les questions du député de Missisquoi, du
député de Maskinongé et celles que je vous ai
posées moi-même, je vous ai demandé ceci et vous êtes
en train d'y répondre sans y répondre. Nous vous disons: Est-ce
que vous avez prévu le problème de la baie James?
M. LEVESQUE: Le député de Chicoutimi aurait-il objection
à s'adresser à la présidence?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je m'adresse toujours
à vous. Je m'adresse au ministre via la présidence. Excusez-moi,
M. le Président. Je ne vous avais pas oublié, vous pensez bien.
D'ailleurs, on ne vous oublie pas quand on vous a vu une fois et quand on vous
a entendu surtout.
M. le Président, je disais donc au ministre qu'il y a le
problème de la baie James. J'ai dit tout à l'heure que le
ministre devait en avoir entendu parler. Du moins ce soir, il en entend parler,
On lui pose des questions bien précises. Vous nous demandez des fonds,
des crédits additionnels. Vous nous dites qu'il y aura à peu
près $500,000 pour la région de Val-d'Or Rouyn-Noranda.
Pour Chicoutimi, vous ne m'avez pas encore dit exactement combien. Vous avez
dit qu'il y avait eu $300,000 mais, cette année, je ne sais pas quel est
exactement le montant. Mais est-ce que des montants déterminés
seront affectés aux recherches dans cette région qui,
éventuellement, pourra être inondée à la suite du
développement de la baie James?
Là, vous avez complètement détruit l'excellent
effet qu'avait produit cet après-midi la présentation de votre
projet de loi, et nous avons dit que nous étions d'accord.
M. LEVESQUE: Le député ne s'adresse pas à la
présidence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, je m'excuse,
mon ami le député de Bonaventure me rappelle à
l'ordre.
M. LEVESQUE : Je suis peut-être aussi persévérant
que le député de Chicoutimi l'est pour le quorum. J'y reviens
continuellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre vient de
détruire l'excellent effet qu'avait produit cet après-midi la
présentation de son projet de loi. Il a commencé par nous faire
le bilan de Soquem; on l'avait de toute façon, il nous a lu ça,
il nous a récité ça gentiment comme un bon
collégien. Et après cela, il nous a dit: Bien, le présent
projet a pour but de, et il nous a lu les notes explicatives, deux paragraphes.
C'était une répétition, on le savait, d'ailleurs le projet
de loi est déjà depuis assez longtemps au feuilleton pour qu'on
le connaisse. Le ministre vient de nous dire: Nous demandons $1,250,000, on lui
demande ce qu'il va faire avec ça, et là il détruit toute
son affaire d'un coup en nous disant: C'est simplement pour rattraper les
effets de l'inflation.
M. MASSE (Arthabaska): Je m'excuse, M. le Président, est-ce que
vous me permettez?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, que le ministre nous dise exactement
quels sont les projets précis, quels sont les montants qui seront
affectés à chacun d'eux et quels sont en particulier les montants
prévus selon un échéancier bien déterminé au
sujet de la région qui éventuellement pourra être
inondée à la suite du développement de la baie James.
C'est ça l'essentiel des questions que nous avons posées. Ce que
vient de dire le ministre a détruit complètement la thèse
qu'il avait essayé d'écha-fauder cet après-midi, pour
laquelle d'ailleurs on l'avait félicité; on était d'accord
et puis on va retirer notre accord.
M. MASSE (Arthabaska): Vous permettez, il y a peut-être eu une
mauvaise interprétation de ce que j'ai dit, mais dans le $1,250,000
c'était contenu dans mon exposé en deuxième lecture
on demande à Soquem de dépenser $500,000 dans la
région du Nord-Ouest pour tenter d'améliorer la situation
minière. Il y a $750,000 qui restent, qui représentent
l'inflation, la perte que Soquem a pu réaliser de 1965
à 1971. Ce montant va lui permettre de rattraper son rang,
c'est-à-dire remonter au cinquième rang ou à peu
près.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permet de lui
demander qu'est-ce que ça veut dire ça: Remonter à son
rang, c'est-à-dire au cinquième rang?
M. MASSE (Arthabaska): C'est-à-dire le cinquième rang dans
les compagnies d'exploration. En 1965...
M. PAUL: II y a seulement $750,000 qui séparent le
cinquième et le 25e rang?
M. MASSE (Arthabaska): A peu près. D'autre part, ces compagnies
d'exploration qui...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ce n'est pas le cas.
M. MASSE (Arthabaska): En 1971, le capital voté de toute
façon pour Soquem la mettait au 25e rang, c'est-à-dire une perte
due à l'inflation. On ajoute le montant de $750,000 à son
capital-actions; il me semble qu'il n'est pas nécessaire
d'élaborer énormément sur ça.
M. PAUL: Est-ce que le rang est basé sur le capital-actions?
M. MASSE (Arthabaska): Non, sur l'ensemble des dépenses en
exploration, le montant disponible en exploration.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas très clair.
M. MASSE (Arthabaska): II n'y a rien de compliqué dans
ça...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que c'est basé sur le
capital-actions, sur les découvertes?
M. MASSE (Arthabaska): Est-ce que vous permettez, dans deux mots? On
dépense $500,000 dans le Nord-Ouest pour relever l'économie
minière, tenter de découvrir d'autres mines; $750,000 pour
atténuer les effets de l'inflation que Soquem a dû subir au cours
des six dernières années. Alors, Soquem revient au même
rang qu'auparavant.
M. PAUL : Combien pour la baie James?
M. LE PRESIDENT (Blank): Le député de Saguenay.
M. MASSE (Arthabaska): II n'est pas question de baie James dans
ça. J'ai dit tout à l'heure au chef de l'Opposition que
déjà notre ministère effectue des levés
géophysiques dans la région. Nous faisons actuellement des
études pour tenter de déterminer les échénaciers de
notre ministère.
A la suite de l'établissement de ces échéanciers,
si Soquem doit intervenir dans le projet de la baie James, ce pourrait
être à l'occasion d'un contrat que le gouvernement, ou une autre
entreprise, ou l'Hydro-Québec, ou quelqu'un d'autre pourrait lui
donner.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a eu des relations, des
contacts?
M. LE PRESIDENT (Blank): Le député de Saguenay a
demandé la parole.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président. Je demande
une précision au ministre. Est-ce qu'il y a eu des contacts avec
l'Hydro-Québec en ce qui concerne Soquem en regard de la baie James?
M. MASSE (Arthabaska): Oui, il y en a eu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelle sorte de contacts? De quelle nature,
quand et sur quoi ont eu lieu ces discussions?
M. MASSE (Arthabaska): De nature minière. De toute façon,
je pense que l'objet...
M. PAUL: Est-ce que ça ne serait pas dans la journée du 30
avril?
M. MASSE (Arthabaska): L'objet des discussions était, bien
sûr, sur la capacité de Soquem d'effectuer des travaux à la
baie James.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, on va oublier les gisements
miniers.
M. LESSARD: M. le Président, au préalable, je voudrais
vous demander un avis. Puisqu'il s'agit d'une Loi modifiant l'acte constitutif
de la Société québécoise d'exploration
minière, cela veut dire que je peux proposer des amendements non
seulement sur les articles qui sont ici, mais sur les articles de l'acte
constitutif. Le principe du bill a tout simplement pour but de modifier l'acte
constitutif de la Société québécoise d'exploration
minière. En ce sens-là, il me semble comme on l'avait
d'ailleurs fait pour la Loi sur les mines qu'on a la possibilité
d'ajouter des articles et de modifier certains articles compris à
l'intérieur de la charte, ou de l'acte constitutif de la
Société québécoise d'exploration
minière.
M. LE PRESIDENT (Blank): A mon avis, ce n'est pas cela du tout. Ce
bill-ci a pour but principal de changer le capital et le moyen de payer ce
capital. Il ne concerne en rien les pouvoirs généraux de la
compagnie.
M. LESSARD: M. le Président, ce que je ne
comprends pas, c'est que l'on discute le principe d'un bill. Le principe
du bill, on le discute...
M. LEVESQUE: Le principe a été adopté.
M. LESSARD : Oui, d'accord. Ce que je veux dire, c'est que le titre du
bill n'a pas seulement pour objet de changer deux articles comme tels; il a
pour objet de modifier l'acte constitutif de la Société
québécoise d'exploration minière. Cela veut donc dire que
selon les règlements, il m'est possible de toucher aux articles 3, 4, 5,
6, 7, 8 et 9.
M. LEVESQUE: Je rappellerai au député de Saguenay que dans
chacune des lois qui modifie une loi existante, c'est la formule que l'on
emploie pour établir le titre: Loi modifiant... Et là, on
répète le nom de la loi que l'on veut modifier. Cela ne veut pas
dire, à ce moment-là, parce que l'on apporte certaines
modifications, que le débat soit ouvert pour apporter des modifications
à tous les articles.
Je crois que ce serait un mauvais principe. Le seul principe que l'on
retrouve dans ce projet de loi est retrouvé dans les notes
explicatives.
M. LESSARD: M. le Président, le ministre vient de nous informer
qu'un certain montant d'argent, soit $500,000, est prévu pour
l'Abiti-bi. Il nous a informés, lors de la discussion du principe du
bill, au moment de la deuxième lecture, qu'il y avait au moins un quart
de ce montant-là qui comprenait le taux d'inflation de l'argent. Cela
veut dire $312,000. Cela veut dire que, déjà, sur le
million...
M. MASSE (Arthabaska): J'ai dit $750,000 tout à l'heure.
M. LESSARD: Vous avez dit $750,000 tout à l'heure. Lors de la
discussion du principe du bill, vous nous avez dit qu'il y avait à peu
près 25 p. c. de ce montant. Mais, on y reviendra. Vous avez dit
je l'ai noté 25 p. c. Si vous me dites $750,000, cela va
être encore pire, M. le Président, parce que cela veut dire que la
Société québécoise d'exploration minière
revient à la période de 1965, pas plus, pas moins.
Cela veut tout simplement dire que, si l'on reprend le rapport de
1968-1969 dans lequel on nous donne un peu le résumé ou le
sommaire des activités de Soquem, en 1967-1968 Soquem est arrivée
avec un surplus budgétaire de $12,435. En 1968-1969, Soquem est
arrivée avec un déficit budgétaire de $269,426.
Déjà en 1967, Soquem devait refuser je l'ai dit ce matin
après avoir reçu des propositions touchant c'est
dans le rapport 94 propriétés minières.
Sur 94 propriétés minières, 91 ont
été refusées et on dit bien précisément dans
le rapport: L'épuisement des fonds disponibles a fait que la très
grande majorité des offres, soit 91, ont été
refusées. De plus, on dit que, depuis sa fondation, il y a deux ans et
demi c'est en 1967, 1968 la société a
accepté 27 propositions sur un total de 316. Voici la situation telle
qu'elle nous est décrite par le rapport de Soquem. Le ministre nous dit:
II faut prévoir un budget de $500,000 pour la région de l'Abitibi
et le reste de l'argent, c'est simplement pour prévoir le taux
d'inflation. Mais quand va-t-on avancer? Le ministre nous dit même que,
selon des rencontres qu'il aurait eues avec les représentants de Soquem,
ils n'auraient pas besoin de plus d'argent.
Bien, moi, comme le disait le député de Chicoutimi, je
commence à m'inquiéter au sujet de l'administration de la
Société québécoise d'exploration minière. Je
commence à me demander s'ils ne veulent pas tout simplement rester
à la situation de 1965, pas plus, pas moins, au cinquième rang.
D'ailleurs, le fait que le ministre dise simplement que $1,250,000, cela nous
fait passer du 25e rang...
M. PAUL: $750,000. Non, non, il reste simplement $750,000 pour faire
disparaître l'inflation.
M. LESSARD: Oui, d'accord. Alors, cela m'inquiète passablement
qu'il y ait seulement $750,000 qui séparent le 25e rang et le 5e rang.
De plus, on nous a fait des annonces, toute une publicité autour d'un
projet qui est extrêmement important, semble-t-il, le projet de la baie
James. Là, on nous dit que, dans cette région, il faut
prévoir des développements miniers considérables. Cette
région peut être un lieu de ressources minières
extrêmement importante. Mais qui va faire les études? Qui va faire
l'exploration? C'est là qu'on arrive probablement avec la régie
d'Etat qui devrait investir de l'argent dans cette région pour faire de
l'exploration, alors que le gouvernement québécois a
déjà une société qui a pour but de faire de
l'exploration minière. Depuis 1965, cette société a
prouvé qu'elle était capable de faire un travail efficace, elle a
acquis une expérience extrêmement enrichissante et elle s'est
créé de plus des cadres extrêmement importants qui sont
aussi efficaces. Il a fallu cinq ans pour créer cela. Qu'est-ce que cela
va prendre à la régie d'Etat pour créer une autre
association à côté pour faire de l'exploration
minière?
Alors, M. le Président, je ne comprends absolument plus rien dans
ce que le ministre nous dit. Veut-il véritablement développer
l'industrie minière? Quand on constate je le disais cet
après-midi par exemple, que la situation de l'industrie
minière n'est pas en hausse depuis 1965, mais qu'elle est en baisse
d'une façon constante, cela veut dire qu'il faut injecter de l'argent
dans Soquem pour faire de l'exploration minière. Mais quelle sorte
d'injection le ministre nous donne-t-il? Il nous dit tout simplement: Bien, il
y a une différence, il y a un taux d'inflation et il s'agit de remettre
un peu d'argent pour pouvoir compenser cette
différence. Cependant, il y a d'autres projets qui sont
extrêmement importants et qui doivent se réaliser à mon
sens et selon l'avis de certains députés de l'Opposition, par la
société qui a été créée pour faire
cette exploration.
Alors, M. le Président, je me demande si le ministre est vraiment
sérieux, lorsqu'il nous dit tout simplement que le budget prévu
pour Soquem $1,250,000 par année, dont $500,000 s'en vont dans
l'Abitibi aurait été accepté par les
administrateurs de Soquem, que ce seraient même ces administrateurs qui
auraient demandé ce budget. C'est ça que vous nous avez dit, M.
le ministre?
M. MASSE (Arthabaska): J'ai dit qu'il y avait eu consultations avec les
autorités de Soquem.
M. LESSARD: Et les autorités de Soquem sont complètement
satisfaites du montant qui est placé là? Est-ce que cette
société et là je rejoins le député de
Chicoutimi est-ce que cette société est vraiment
intéressée au développement minier de la baie James?
Est-ce que le ministre lui a donné certaines directives à ce
sujet? Et la société se contenterait de $1,250,000?
A moins que le ministre ait dit à la société:
Voici, vous n'avez plus rien à faire, vous autres, on vous met de
côté, vous avez fait un bon travail pendant une période de
cinq ans, mais là il faut faire du patronage pendant le reste du temps,
il faut créer une société d'Etat...
M. MASSE (Arthabaska): Soyez sérieux!
M. LESSARD: A moins que le ministre ait dit ça à la
société et que la société se retire tout simplement
et dise: Bien, $1,250,000, ça va faire notre affaire, ça va
permettre de rester à la surface...
M. MASSE (Arthabaska): Accélérer un peu.
M. LESSARD: ...pas plus. Rester à la surface. Et pendant ce
temps-là quantité de projets qui sont soumis par des
régions comme le Lac Saint-Jean, qui sont soumis par des régions
comme la Côte-Nord... On constate par exemple que la Côte-Nord,
comme le Lac Saint-Jean, a un très petit pourcentage de l'investissement
ou de l'exploration de Soquem. Comme le disait le député de
Duplessis, on constate aussi que ces régions ont été
délaissées depuis un certain temps par Soquem parce qu'on avait
des priorités ailleurs. Mais il va falloir, si on veut
véritablement reprendre le terrain perdu, donner à Soquem
l'argent nécessaire pour qu'elle puisse avancer et non pas reculer ou
rester stable, comme le veut le ministre. Qui n'avance pas recule.
Si la Société québécoise d'exploration
minière demande $1,250,000 au ministre, si la société
n'est pas plus dynamique que ça, on va commencer à se poser des
questions pour savoir si ce n'est pas le ministre qui la bloque et si ce n'est
pas elle, et ça, ça me surprendrait.
C'est un peu les questions que je pose au ministre et je rejoins dans ce
sens-là les autres questions qui ont été posées
tout à l'heure par les membres de l'Opposition officielle.
M. MASSE (Arthabaska): Dire que la société Soquem, selon
votre affirmation, soit restée au même niveau en 1965, je pense
que c'est errer un peu, à mon avis. Au lieu de $1,500,000 par
année que l'on devait donner en 1965, en 1971, si le projet de loi no 1
est accepté, elle recevra $2,750,000. Il y a là tout un
écart qui lui permettra de reprendre le rang qu'elle avait lors de sa
création, et je pense...
M. LESSARD: Elle va être au cinquième rang avec $1,250,000
par année, c'est ça que vous nous avez dit?
M. MASSE (Arthabaska): Bien oui, mais d'autre part, c'est le rattrapage,
c'est ce que l'inflation a apporté à Soquem. C'est que sur les
$1,500,000 qu'elle avait au départ, il y a une perte due à
l'inflation. Mais il y a autre chose aussi sur ce point. Vous savez
qu'actuellement il y a trois gisements qui semblent devenir très
rentables pour Soquem, dont un est déjà en exploitation, celui de
Louvem, qui va rapporter aussi des revenus. Ces revenus seront consacrés
à l'exploration. Quand on demande une augmentation encore plus
considérable...
M. LESSARD: D'où proviendront les revenus de Soquem? De
Louvicourt?
M. MASSE (Arthabaska): Je parle de l'exploitation de la mine de
Louvem.
M. LESSARD: De...?
M. MASSE (Arthabaska): Louvem, à Louvicourt dans l'Abitibi.
M. LESSARD: Aucune décision n'est prise au sujet de Louvem
actuellement.
M. MASSE (Arthabaska): La mine est en exploitation.
M. LESSARD: Oui, c'est en exploitation, mais c'est encore devant les
tribunaux. Aucune décision n'a été prise.
M. MASSE (Arthabaska): Je parle de revenus possibles. On sait qu'une
mine en exploitation rapporte des revenus, est rentable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De quel ordre?
M. MASSE (Arthabaska): De l'ordre d'envi-
ron $2 millions de profits nets par année, à diviser entre
deux partenaires.
Aussi, vous parliez d'augmentation du capital, qui, selon vous,
n'était pas assez considérable.
M. TETRAULT: Qui fait à peu près combien pour la
durée de la mine Louvem?
M. MASSE (Arthabaska): De prévu, ça serait d'environ de $4
millions à $6 millions. Quand vous parlez d'augmentation plus
considérable du capital de Soquem, je pense, comme je l'ai dit dans mon
exposé en deuxième lecture, qu'il serait souhaitable que Soquem
reçoive davantage d'argent et puisse faire plus d'exploration, mais
Soquem est prise avec des problèmes de cadres; il y a un manque de
spécialistes. C'est la raison pour laquelle aussi, à mon avis,
comme de l'avis des administrateurs de Soquem, il est préférable
que la société connaisse une progression par étapes, mais
sans brûler ces étapes-là.
M. LESSARD: M. le Président...
M. MASSE (Arthabaska): Je suis complètement d'accord avec vous,
car il y a un besoin immense d'exploration à Québec.
M. LESSARD: ... est-ce que vous me permettez une question?
M. MASSE (Arthabaska): Oui.
M. LESSARD: En 1965, on a accordé $1,500,000 à Soquem. Il
n'y avait, à ce moment-là, aucun cadre; il n'y avait, à ce
moment-là, aucune expérience technique. Il y avait des individus
qui avaient de l'expérience, mais ces individus-là étaient
répartis. Or, M. le Président, je demande au ministre comment il
se fait que si, au cours des cinq années précédentes, on a
réussi à absorber annuellement $1,500,000, avec tous les nouveaux
projets qui viennent Soquem ne réussirait pas à absorber plus que
$1,250,000 et ne pourrait pas, comme elle l'a fait dans les cinq années
précédentes, se créer des cadres correspondant aux
véritables besoins d'exploration minière du Québec. Cela
veut donc dire que les ingénieurs miniers seraient actuellement
épuisés au Québec? Cela veut dire que les géologues
sont épuisés au Québec?
M. MASSE (Arthabaska): Ce n'est pas du tout la raison. Vous faites la
comparaison en partant des $1,500,000 que Soquem avait au début. Ils ont
dû se créer une équipe; cela a pris un certain temps.
Malgré tout ça, Soquem a connu des réussites assez
formidables. D'autre part, en augmentant le capital de $1,250,000, nous
doublons ou presque le budget ou le capital de Soquem annuellement.
Déjà, c'est une augmentation assez considérable qui est
prévue pour Soquem. Alors, comme je vous le disais tout à
l'heure, il est préférable, à notre avis, que Soquem
progresse, mais qu'elle ne brûle pas les étapes. Avec les
augmentations graduelles et, dans quelques années, les profits
d'exploitation de mines, le rôle de Soquem sera toujours accru.
Mais je ne suis pas, de même que les administrateurs de Soquem,
pour une augmentation plus considérable que celle que nous avons
à discuter ici.
M. LESSARD: Alors, vous dites que les administrateurs de Soquem vous ont
demandé $1,250,000 et qu'ils en sont satisfaits.
M. MASSE (Arthabaska): Effectivement.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, encore une fois, j'aimerais
bien entendre M. Carbon-neau à ce sujet-là à la
commission. J'aimerais bien être assuré de ça. Mais je me
demande comment développer certaines régions minières. Je
parlais tout à l'heure d'un rapport qui nous disait que sur 316
propositions, 27 propositions seulement ont été acceptées,
non pas nous dit le rapport parce qu'on n'a pas de cadre, ou les
ingénieurs nécessaires, mais parce que, tout simplement, les
fonds n'étaient pas disponibles, parce qu'on manquait d'argent. Alors,
je me satisfais, parce que là le ministre nous a bien dit que le
président et l'administration de Soquem étaient vraiment
satisfaits de ce montant-là. Je me demande, dans ces circonstances,
quelles sont les vues, quelles sont les directives que le ministre a pu donner
à la Société d'exploration minière du
Québec. Je me demande quelles sont les directives en ce qui concerne,
par exemple, la région de la baie James. Cela veut donc dire qu'avec ces
montants-là...
M. MASSE (Arthabaska): J'ai dit à...
M. LESSARD: ... Soquem va simplement continuer à faire les
explorations qu'elle faisait avant.
M. MASSE (Arthabaska): Absolument pas. S'il y a augmentation dans le
capital de $1,250,000, il est bien sûr qu'il va y avoir une augmentation
dans l'exploration pour l'équivalent de $1,250,000. Il me semble que
dire qu'avec cette augmentation-là on ne consacrera pas plus qu'avant
à l'exploration, c'est erroné. Je pense que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. MASSE (Arthabaska): II s'agit de le compter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... la réponse justement que donne le
ministre m'incite à lui poser à nouveau la question que je lui
avais posée et cela rejoint les préoccupations du
député de Missiquoi et du député de
Saguenay. Est-ce que le ministre a eu des entretiens avec les gens de Soquem
concernant le projet de la baie James? Lorsqu'il a décidé de
demander un montant additionnel pour la soquem, est-ce que le ministre avait
discuté avec les administrateurs de Soquem de
l'éventualité du projet de la baie James et de la
possibilité d'accélérer la recherche, l'exploration dans
ces territoires au cas où ils viendraient à être
inondés, parce qu'il me semble que le ministre aurait dû
prévoir cela? Il est membre d'un conseil de ministres. Il a entendu
parler du projet de la baie James. En sa qualité de ministre des
Richesses naturelles, il a aussi, il me semble, quelques raisons de causer avec
les gens de PHydro. J'espère qu'il connaît les gens de l'Hydro,
qu'il connaît les gens de Soquem et qu'il sait que sa fonction de
ministre des Richesses naturelles l'oblige à se tenir au courant de
l'activité de chacune de ces sociétés qui s'occupent, en
somme, du développement des richesses naturelles du Québec.
Alors, je lui pose la question à nouveau: Est-ce qu'il a eu des
entretiens avec Soquem concernant les conséquences du
développement de la baie James et est-ce qu'à la suite de ces
consultations il n'a pas cru devoir demander un montant plus
élevé que celui qu'il nous demande de lui voter par le projet de
loi no 1? C'est ça le fond de nos questions et c'est ça que le
chef de l'Opposition lui a demandé tout à l'heure.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, il faudrait dissocier
complètement le projet de la baie James du projet que nous avons
à étudier, qui est le bill no 1. Le projet de la baie James, je
suis d'accord qu'on en a parlé dernièrement et qu'on voudrait
bien qu'il soit rattaché à ce projet de loi, mais ici il est
question de discuter de la Loi modifiant la charte de la Société
québécoise d'exploration minière. S'il y a une
augmentation de capital de $1,250,000, c'est pour les raisons que j'ai
énoncées tout à l'heure et qui n'ont absolument rien
à voir avec le projet de la baie James.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous me permettrez
d'intervenir ici encore une fois. Le ministre nous dit il a raison
que le projet de loi ne porte pas sur la baie James. D'accord. On veut
donner à la Société québécoise d'exploration
minière un montant additionnel pour lui donner une marge de manoeuvre
plus large, mais il reste que cette société a comme vocation de
faire de l'exploration minière et de la faire là où cela
devient nécessaire de la faire.
Or, il s'avère, depuis le moment où le gouvernement a
annoncé l'intention de mettre en chantier les aménagements
hydro-électriques de la baie James, qu'il y a un territoire qui devient
stratégique pour Soquem. S'il y a des gisements miniers d'importance
dans la région de la baie James, comme on s'apprête à y
faire des aménagements hydro-électriques et que cela
entraînera l'inondation d'un terrain quand même
considérable, il me semble que dans l'ordre des priorités du
ministre des Richesses naturelles et dans l'ordre des priorités de
Soquem on ne peut absolument pas écarter la question de la baie James,
même si le projet de loi n'a pas pour but de traiter
spécifiquement du problème de la baie James. Mais la
société Soquem existe simplement pour faire de l'exploration
minière là où on pense qu'il y a du minerai. Bon. Le
ministre a convenu tout à l'heure avec nous qu'il y avait probablement
du minerai dans la région de la baie James. Par conséquent, il
m'apparaît que, dans l'ordre de ses priorités, il aurait dû
demander aux gens de Soquem, en même temps qu'il consultait les gens de
l'Hydro, quelles étaient exactement leurs préoccupations en ce
qui concerne ces territoires qui, à un moment donné, peuvent
être inondés et qu'il sera très difficile d'explorer par la
suite.
Même si le ministre nous a dit tout à l'heure qu'on pouvait
faire de la plongée sous-marine à tout vent et à tout
propos, il reste que le ministre doit prendre des précautions avant
d'engager des scaphandres. S'il est possible d'envoyer des ingénieurs en
combinaisons, qu'il les envoie tout de suite et qu'il nous dise si Soquem a
prévu cela et s'il en a discuté avec Soquem. J'ai nettement
l'impression que le ministre ne connaît pas exactement la vocation de
Soquem et qu'il n'y a pas, dans son esprit, de priorités dans le domaine
de l'exploration minière. Or, il vient de nous dire lui-même qu'il
y a quelque chose qui l'inquiète: les territoires où seront
aménagés les barrages de la baie James. Bon! C'est une
priorité, cela. Est-ce que cela entre dans les projets de Soquem et
est-ce que dans le montant additionnel qu'on veut mettre à la
disposition de Soquem on a pensé à la baie James? Les questions
que nous posons au ministre actuellement, s'il n'y répond pas, nous
devrons les reposer lorsqu'on discutera de l'entier du problème de la
baie James. Le ministre ne peut pas se désintéresser de ce projet
s'il a vraiment une conception exacte de ce qu'est une société
d'exploration minière.
Le projet de loi ne vise pas simplement à nous demander de voter
des crédits, mais il doit nous indiquer, en même temps, quelle est
l'utilisation qu'entend en faire le ministre.
M. MASSE (Arthabaska): J'ai répondu à ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'utilisation que doit en faire le ministre,
ce doit être une utilisation rationnelle et réaliste qui colle
à des réalités qui s'imposent dans l'immédiat. Or,
il y en a une réalité, c'est celle du territoire qui sera
touché par les aménagements hydro-électriques de la baie
James. Le ministre ne peut absolument pas éviter cette
question-là; il ne peut pas l'éluder. Qu'il nous dise exactement
si, dans ses conversations avec Soquem, il a été question de la
baie James et quels sont les montants que
l'on va consacrer à l'exploration minière dans ce
domaine-là.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je ne veux absolument pas
éviter les questions des membres de l'Opposition. Seulement, ce sont des
questions auxquelles j'ai déjà répondu
antérieurement. J'ai dit que le projet de loi no 1 et la baie James
étaient deux choses différentes. Et je veux ajouter...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En quoi cela est-il différent?
M. MASSE (Arthabaska): Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que cela veut dire, dans l'esprit du
ministre, que, pour ce qui est de l'exploration minière dans la baie
James, il y aura une autre source de revenus?
M. MASSE (Arthabaska): Absolument, absolument !
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! ça, c'est une acceptation et c'est
une déclaration de la part du ministre! Le ministre vient de nous
indiquer qu'il y aura cette régie dont a parlé le
gouvernement...
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, est-ce que je peux..?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et que les fonds dont on aura besoin pour
faire de l'exploration minière à la baie James seront
donnés à la régie qui fera les aménagements
hydro-électriques. Au fond, ce que vient de faire le ministre, c'est une
déclaration?
M. MASSE (Arthabaska): Vous faites de la contorsion. Absolument pas.
D'ailleurs, j'ai répondu tout à l'heure au député
et puis je l'ai répété à deux occasions. Le
député peut penser ce qu'il veut, il peut tenter de me
coincer...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! non, M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. MASSE (Arthabaska): ... avec des questions très
précises...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II s'agit d'un projet de loi; ce n'est pas une
question en Chambre à la période des questions.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, est-ce que je peux
continuer la réponse?
M. LE PRESIDENT (Blank): A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut que le ministre réponde de
façon précise aux questions que nous lui avons posées
concernant la loi qu'il nous demande d'adopter.
M. LE PRESIDENT (Blank): Laissez-le répondre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais il n'a pas répondu; il nous dit:
J'ai répondu.
M. MASSE (Arthabaska): Est-ce que je peux continuer?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Répéter...
M. MASSE (Arthabaska): II faudrait peut-être
répéter. J'ai répondu que le projet de la baie James et le
projet de loi no 1 étaient deux choses complètement
différentes; c'est la troisième fois que je le
répète. Ce qui semble très confus dans l'esprit du
député de Chicoutimi, c'est qu'il n'appartient pas à la
société Soquem de faire des levés géologiques ou
des levés de cartographie du terrain pour tenter de déterminer
des endroits de minéralisation qui pourraient être importants. Il
appartient au ministère des Richesses naturelles d'effectuer ces
travaux-là et les endroits où l'on a détecté des
gîtes minéraux qui pourraient être intéressants,
bien, je suppose que, déjà, c'est détenu par des gens qui
ont des permis d'exploitation, soit des individus ou des compagnies. Alors, 0
faudrait complètement dissocier les deux, M. le Président. Je ne
vois pas l'avantage de tenter de vouloir rapprocher l'augmentation de
$1,250,000 qu'on demande pour Soquem du projet de la baie James. Après
les travaux qui se font actuellement, les réunions
régulières qui se font à mon ministère pour tenter
de définir les échéanciers de la réalisation
à l'intérieur de ce territoire de la baie James...
Je ne vois pas du tout, actuellement, pourquoi je continuerais à
répondre à des questions semblables.
M. BERTRAND: M. le Président, il est dix heures.
M. TETRAULT: M. le Président...
M. BERTRAND: J'ai une question à poser au ministre.
M. LE PRESIDENT (Blank): Le député d'Abitibi-Est a
demandé la parole.
M. BERTRAND: II est dix heures.
M. TETRAULT: Est-ce que cela finit à dix heures ou si cela
continue?
M. LE PRESIDENT (Blank): Je ne sais pas. Il faudrait consulter le leader
parlementaire du gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le leader nous a dit que ça finissait
à dix heures.
M. BERTRAND: Où est le leader du gouvernement?
M. TETREAULT: M. le Président, ce que je ne puis pas comprendre
c'est qu'il semble y avoir confusion, entre tous les partis de l'Opposition et
même certains membres du gouvernement. Pourquoi le gouvernement
à titre de suggestion ne convoque-t-il pas Soquem en commission?
Nous pourrions alors poser toutes les questions que différents membres
de l'Opposition veulent poser et peut-être pourrions-nous avoir des
réponses. Le ministre consentant irait-il à convoquer Soquem?
M. COITEUX: M. le Président, j'écoutais tantôt le
député de Chicoutimi. Il faut tout de même être de
bonne foi. Pourquoi s'acharner aujourd'hui sur un bill et vouloir mêler
cela avec la baie James? La réponse est tellement simple. Quand le bill
1 a été présenté...
M. TETRAULT: M. le Président, je pense que ma question
s'adressait au ministre des Richesses naturelles et non au député
de Duplessis.
M. COITEUX: Non, mais, comme député, j'ai tout de
même droit de parole autant que le député qui se
lève. Que le Ralliement créditiste ne s'imagine pas que, parce
qu'il arrive en Chambre, il va enlever le droit de parole à un
député qui siège ici depuis dix ans.
Je voulais dire aux députés de l'Opposition que la chose
est bien simple. Le bill 1 a été présenté au
début de la session actuelle. Le projet de la baie James était
à l'étude mais n'était pas décidé. Qu'est-ce
qui empêchera le gouvernement au lieu d'essayer de vouloir
mêler les cartes si des études subséquentes sont
nécessaires au ministère des Richesses naturelles, de revenir en
Chambre et de demander un crédit supplémentaire? la
réponse est aussi simple que cela.
M. BERTRAND: M. le Président, j'ai écouté...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas si simple que cela.
M. BERTRAND: ... les réponses du ministre. Le
député de Duplessis dit que nous posons des questions qui sont
peut-être plutôt de nature à embêter qu'à
éclairer. Je diffère d'opinion avec lui et voici pourquoi: Ce
projet de loi a été déposé dès le jour
d'ouverture du Parlement. Exact? Le projet est étudié
aujourd'hui, le 25 mai 1971; cela fait à peu près un mois qu'on
l'a annoncé. On a discuté de ce projet-là devant la
commission parlementaire où nous avons entendu une compagnie de la
couronne qui s'appelle l'Hydro-Québec.
Nous avons parlé, à ce moment-là, de la
création d'une régie, c'est vrai. Nous avons exprimé notre
point de vue, appuyés par les autres partis de l'Opposition, à
l'effet que cette régie n'était pas nécessaire pour la
raison bien simple qu'il existait, à l'heure actuelle, des compagnies,
en particulier puisque nous sommes dans le domaine minier Soquem.
Nous avons dit: Nous avons un outil. Il s'agit, pour le gouvernement, de
coordonner tout cela. Les réponses qui nous ont été faites
par le ministre et je le crois d'une parfaite bonne foi c'est
qu'il n'y a rien là-dedans ou à peu près j'y
reviendrai pour le projet de la baie James.
On va continuer des opérations. Les nouveaux programmes sont
annoncés à la page 15 du rapport 1969-1970, parce qu'il s'agit de
programmes qui doivent être sans doute accélérés. On
doit augmenter les fonds pour ceux-là et peut-être pour certains
autres.
Je prends la réponse du ministre. Le projet de la baie James
n'est pas compris dans l'augmentation de capital autorisée. Autrement
dit, dans les fonds que Soquem pourra se procurer pour les fins d'exploration
minière, il n'est pas question de la baie James. On demande au ministre:
Avez-vous rencontré des gens de Soquem pour savoir s'il en faudrait
davantage si on veut se tourner vers la baie James, à la lumière
de ce qui est connu présentement? Apparemment, on n'en a pas
discuté. Il l'a dit tantôt : II est peut-être possible que
le ministère voie à ce que les fonds mis à la disposition
de mon ministère soient augmentés ou que je le demande
moi-même. Ma question est la suivante: Qui est en meilleure posture pour
faire de l'exploration minière? Le ministère ou Soquem? A
première vue, je peux me tromper, je dis que c'est Soquem. J'aimerais
entendre le ministre pour qu'il me dise si, d'après son point de vue,
c'est le ministère. Si c'est Soquem et que l'on sait à l'heure
actuelle que s'en viennent ces développements, pourquoi, à la
suite de rencontres avec la corporation de Soquem, le conseil d'administration,
ne pas voir immédiatement à augmenter le capital qui sera mis
à la disposition de la société? L'augmenter
immédiatement par un amendement que le lieutenant-gouverneur,
très gracieusement je n'en ai aucun doute, autorisera. C'est la question
du député de Chicoutimi. Ce sont les questions que j'ai
posées. Si le ministre dit: Je peux atteindre les mêmes fins par
le ministère, je lui réponds: Qu'il nous le dise. C'est pourquoi,
qu'il le veuille ou non, étant donné tout ce qu'on a
annoncé au point de vue des développements minier, forestier et
hydraulique dans ce territoire, tout ce problème va revenir, tant sur
ses crédits que sur Soquem, comme ils reviendront avec les autres
compagnies qui peuvent être reliées directement ou indirectement
à l'exploitation de ce territoire. C'est ainsi que nous
connaîtrons comment le gouvernement entend préparer la
coordination des différents agents. Quant à nous, nous disons
qu'il y a des ministres, des ministères et des compagnies de la
couronne. On n'a pas besoin d'en créer d'autres.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je
pense qu'il y a deux choses qu'il faut clarifier. C'est que, d'abord,
avant qu'il y ait une exploration, il faut des cartes ou des levés
géologiques, qui sont la responsabilité du ministère des
Richesses naturelles. Ces cartes guident les prospecteurs ou les travaux
d'exploration; c'est le genre de travail qu'effectue Soquem. Il y a
déjà une partie du territoire où les levés sont
effectués, mais dans plus de la moitié de ce territoire, on n'a
pas les levés géologiques dont mon ministère est
responsable.
J'ai dit précédemment qu'avant qu'il y ait des
décisions ou avant qu'on détermine les échéances,
déjà, dans le budget de 71/72, il est prévu un montant de
$300,000 pour des levés géologiques au sud de la baie James.
C'est pour répondre à une des deux questions que vous vous
posez.
L'autre, c'est que, par rapport aux travaux ou à l'aide que le
gouvernement, l'Hydro-Qué-bec ou un autre organisme, aurait besoin de
Soquem, bien ça peut être donné par contrat à Soquem
comme cela peut être donné par contrat à une autre
entreprise d'exploration qui travaille au Québec si Soquem n'avait pas
les cadres ou le potentiel humain pour effectuer ce travail. Au départ,
il est bien sûr que Soquem est favorisée, mais il n'est pas
certain que Soquem puisse effectuer des travaux qui pourraient lui être
demandés d'une façon spécifique.
C'est la raison pour laquelle je dissociais tout à l'heure le
projet de la baie James du projet de loi no 1.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant.
M. TETREAULT: M. le Président, est-ce que le ministre prendrait
en considération de convoquer Soquem à la commission?
M. MASSE (Arthabaska): Bien, je n'en vois pas la raison. Quelles sont
les questions qui n'ont pas reçu de réponse? Je pense que cela a
été assez clair et net.
UNE VOIX: Parce qu'il n'a rien compris.
M. LESSARD: M. le Président, quelles questions pourrions-nous
poser à Soquem? Je pense que nous avons quantité de questions
à poser à Soquem et nous avons surtout la question que nous a
laissé entendre le ministre tout à l'heure, nous voulons savoir
justement ce que Soquem a l'intention de faire avec ce budget
supplémentaire, avec cette augmentation. Par exemple, le ministre a dit
tout à l'heure: C'est ce que Soquem a demandé, c'est ce que
Soquem a exigé. Mais on voudrait bien savoir si véritablement
c'est le montant que Soquem a exigé, on voudrait bien savoir par exemple
si Soquem ne voudrait pas des montants supplémentaires, on voudrait bien
savoir si actuellement les cadres de Soquem ne permettent pas un
développe- ment minier plus considérable, si elle a
été capable de partir en 1965 jusqu'à 1970 pour se
créer des cadres pour monter cette société qu'on appelle
Soquem. Je me demande pourquoi elle ne pourrait pas utiliser des montants
beaucoup plus importants que ceux-là étant donné que le
domaine minier est dans une situation assez déplorable, étant
donné qu'il y a quantité d'autres projets qui sont à
l'étude, qui peuvent être à l'étude
actuellement.
Vous nous dites, par exemple, que $500,000 iront en Abitibi. Est-ce
annuel, ce montant?
M. LEVESQUE: M. le Président, je veux rassurer le
député de Saguenay, je viens d'avoir une conversation avec M.
Carbonneau et, pour le moment, c'est satisfaisant. Cela va?
M. LESSARD: Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président. Le
ministre de l'Industrie et du Commerce, à une question que pose le
député de Saguenay, nous dit: J'ai eu une conversation
privée avec M. Carbonneau, et puis tout est réglé.
M. LEVESQUE: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La Chambre ne se contente pas de ça,
elle. Si vous voulez nous faire croire à la conversation privée,
laissez-nous convoquer la commission et à ce moment-là on
interrogera M. Carbonneau et on sera informé de vos
décisions.
M. LEVESQUE: Lorsqu'on voudra convoquer la commission...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je fais confiance...
M. LEVESQUE: Lorsqu'on voudra convoquer la commission des Richesses
naturelles, comme nous l'avons fait récemment avec la baie James
où on a eu l'occasion de poser toutes les questions, il s'agit
simplement...
M. LESSARD: On a voulu convoquer des experts, on a voulu que la
commission siège encore, on a réussi à la faire durer
pendant deux jours et, avec combien de difficultés! Le gouvernement,
quand il a vu que son ballon commençait à rapetisser, voulait
simplement laisser tomber la discussion. On avait d'autres questions à
poser aussi, on voudrait bien que le leader parlementaire s'engage
prochainement à faire siéger de nouveau la commission des
Richesses naturelles et sur l'Hydro-Québec et sur Soquem.
M. MASSE (Arthabaska): On a répondu à ces questions en
commission.
M. LE PRESIDENT: (Fortier): Adopté. Article 1, adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi); Avant qu'on l'adopte, je voudrais revenir
à ce qu'a dit le leader de la Chambre. Le leader de la Chambre nous dit
bien gentiment sur une question qu'on pose. On n'insistera pas
là-dessus, on ne lui fera pas un débat jusqu'à trois
heures du matin, mais il nous dit: J'ai parlé à M. Carbonneau....
C'est comme le petit garçon qui demande quelque chose à son papa,
il dit: J'en ai parlé à ma mère puis c'est
réglé. Non, non, nous autres nous ne sommes pas des enfants. Le
ministre nous a répondu dans la mesure où il était capable
de nous répondre. Nous aurons d'autres occasions de l'interroger, lors
de l'étude de son budget, lors d'une nouvelle convocation de la
commission des Richesses naturelles, lorsqu'on étudiera tous les projets
de la baie James, suite au grand spectacle du Colisée, organisé
par M. Desrochers, qui est peut-être en dessous de ça aussi;
alors, à ce moment-là, on interrogera les personnes responsables.
Le leader parlementaire, tout ami que je sois avec lui, doit considérer
que c'est un peu enfantin.
M. LEVESQUE: D'accord! D'ailleurs, je voudrais dire au
député de Chicoutimi que la seule raison pour laquelle j'ai dit
ça, je ne veux pas faire preuve de paternalisme et tout ça, c'est
parce que M. Carbonneau ne peut pas tellement s'exprimer ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça.
M. LEVESQUE: Alors, je me suis dit: Bien! je vais lui poser la question,
puis j'en...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous crois!
M. LEVESQUE: ... ferai part aux collègues.
M. BERTRAND: Je prétends...
M. TETRAULT: ... la commission de siéger.
M. BERTRAND: ... qu'on aurait une bien meilleure réponse que
celle que nous a fournie le ministre. A la manière dont a répondu
le ministre, est-ce qu'il est allé voir la pièce de Montherlant,
vendredi soir?
M. LEVESQUE: Non, mais d'autres m'en ont parlé.
M. BERTRAND : La ville dont le prince est un enfant. Alors, c'est ce
genre de réponse que les enfants donnaient.
Aujourd'hui, il y a une caricature: La province dont le prince est un
enfant. Vous l'avez vu? J'ai vu la pièce aussi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et dont le ministre des Richesses naturelles
est un enfant.
M. BERTRAND: On se réserve, M. le Pré- sident,
d'interroger le ministre à l'occasion de ses crédits et,
deuxièmement, de demander la convocation...
M. MASSE (Arthabaska): Je réserve les qualificatifs pour le
député de Chicoutimi.
M. BERTRAND: ... de la commission pour entendre les administrateurs de
Soquem.
M. LE PRESIDENT (Fortier). Adopté. Article 2. Adopté.
Article 3.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, je voudrais poser une question au
ministre. Je lui ai signalé tout à l'heure que la loi doit
être refrancisée. On dit: Loi modifiant la charte. J'ai
demandé qu'on inscrive: Loi modifiant l'acte constitutif de la
Société québécoise d'exploration minière.
Est-ce que le ministre est prêt à accepter ce petit amendement de
langue française?
M. LEVESQUE: M. le Président, il faudrait bien que le
député de Chicoutimi et moi nous nous entendions au moins sur
quelque chose; c'est qu'il existe une loi, dans nos statuts, qui s'appelle la
charte...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon, la loi s'appelle, la Loi de...
M. BERTRAND: La société québécoise.
M. LEVESQUE: Bien voici, le chapitre 36...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. LEVESQUE: ... des Statuts de Québec, 13-14, Elizabeth II,
1965, volume I, Charte de la Société québécoise
d'exploration minière.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord!
M. LEVESQUE: Une compagnie à fonds social et conçue sous
le nom de Société québécoise d'exploration
minière. Alors, il faudrait, par cet amendement, changer même le
titre de la loi qui apparaît dans les statuts de 1965.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Commencez ici, et cela va être inscrit.
Quand nous y reviendrons, nous ferons la concordance. Autrement...
M. LEVESQUE: Enfin, personnellement, je n'ai pas d'objection, mais je
pense que nous pourrions demander au ministre des Affaires culturelles de faire
un examen, parce que cela ne concerne pas seulement ce projet de loi. Ce sont
toutes les lois qui commencent par Charte de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça qui est mauvais.
M. LEVESQUE: Je pense que c'est une excellente suggestion, mais je
demanderais au ministre des Affaires culturelles de faire une étude.
M. BERTRAND: II faudrait avoir une loi modifiant toutes les lois...
M. LEVESQUE: Toutes les lois où il y a "charte".
M. ROY (Beauce): M. le Président, à l'article 2, j'aurais
une question au ministre...
M. LEVESQUE: II est adopté.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté.
M. ROY (Beauce): Nous avons demandé la parole et le
président...
M. LEVESQUE: Que le député demande le consentement
unanime. Adopté.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Adopté. M. LEVESQUE: Oui. M. TREMBLAY
(Chicoutimi): Adopté. M. LEVESQUE: Rapport.
M. FORTIER (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que le comité a
adopté le bill 1 sans amendement.
M. LEVESQUE: Troisième lecture.
3e lecture M. Lucien Lessard
M. LAVOIE (président): L'honorable ministre des Richesses
naturelles propose la troisième lecture du projet de loi no 1.
Cette motion est-elle adoptée?
M. LESSARD: M. le Président, simplement quelques remarques. Ce ne
sera pas très long. J'avais demandé, à l'intérieur
de mon discours de première lecture, que le projet de loi aille un peu
plus loin que celui-là. H me semble que le fait qu'actuellement Soquem,
la Société d'exploration minière du Québec, fasse
déjà de l'exploitation et qu'elle doive s'associer avec d'autres
pour le faire, c'est une limite que nous aurions dû lui enlever dans son
acte constitutif. C'était la première remarque.
D'autre part, j'espère que le ministre des Richesses naturelles
va bien réfléchir sur le fait qu'actuellement, au niveau du
ministère des Richesses naturelles, il se fait aussi de l'exploration
minière et que les concessions qui sont la propriété du
ministère des Richesses naturelles sont tout simplement vendues à
l'enchère. Comme il s'agit d'une société d'Etat, comme il
s'agit aussi d'un ministère qui est financé par les deniers
publics, il me semble que la Société d'exploration minière
du Québec devrait avoir priorité sur ces concessions ou ces
gisements miniers.
Troisième et dernière remarque: étant donné
la situation qu'on constate actuellement dans la région de l'Abitibi et
que certaines compagnies minières font un peu de chantage auprès
du gouvernement pour obtenir des subventions, il me semble que la
Société québécoise d'exploration minière
devrait avoir, en accord si vous voulez avec le lieutenant-gouverneur en
conseil, la possibilité d'aller jusqu'à acquérir, par voie
d'expropriation, tout droit de mine, concessions, permis d'exploraiton,
etc.
Je soumets, M. le Président, ces quelques remarques au ministre
en espérant qu'il saura, comme les membres de l'Opposition le lui ont
demandé cet après-midi de même qu'un membre du gouvernement
libéral, prendre ces remarques de bonne part et analyser prochainement
d'une façon sérieuse tout l'acte constitutif de la
Société québécoise d'exploration minière en
vue de faire des changements assez importants pour permettre à la
Société d'exploration minière de bien faire son travail et
faire en sorte qu'elle soit un instrument efficace et utile entre les mains des
Québécois.
Merci beaucoup, M. le président.
M. LEVESQUE: Le sort en est jeté.
M. LE PRESIDENT: Avec le consentement unanime de la Chambre, nous
procédons à la troisième lecture.
Cette motion de troisième lecture est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
Ajournement
M. LEVESQUE: M. le Président, demain, nous passerons à une
motion du député de...
M. VINCENT: Nicolet.
M. LEVESQUE: ... Nicolet. C'est la journée des
députés.
M. VINCENT: Après celui de Bonaventure.
M. LEVESQUE: Nous pourrons continuer à la salle 81-A
l'étude des crédits des Affaires culturelles.
M. BERTRAND: Demain après-midi, je pense bien que nous prendrons
toute la séance pour la motion...
M. VINCENT: Si le ministre de l'Agriculture accepte avec amendement la
motion, pas de problème, nous pourions procéder tout de suite
à autre chose.
M. BERTRAND: Cela dépend des collègues qui voudront
parler.
UNE VOIX: Combien y en a-t-il qui parleront?
M. LEVESQUE: Est-ce que le député de Nicolet pourrait me
dire quelle est la motion suivante?
M. VINCENT: C'est que la commission de l'Agriculture...
M. LEVESQUE: Non. La motion suivante. M. VINCENT: Ah! Excusez-moi.
M. LEVESQUE: II faudrait retourner au feuilleton de mercredi dernier.
C'est la motion de M. Cloutier.
M. BERTRAND: M. Cloutier?
M. LEVESQUE: La motion de M. Cloutier sur la commission permanente du
Travail et de la Main-d'Oeuvre relativement au livre blanc sur
l'assurance-chômage. Mais je pense bien que nous prendrons la
journée de demain...
M. BERTRAND: Oui.
M. LEVESQUE: D'ailleurs, peut-être que nos collègues
seraient d'accord, si on finissait un peu avant six heures, pour entreprendre
l'étude des crédits d'un ministère. Nous aimerions
entreprendre l'étude des crédits du ministère de la
Fonction publique. Enfin, je le dis sous toutes réserves.
M. BERTRAND: Nous pourrions peut-être entreprendre l'étude
du projet de loi du ministre de l'Education, la taxe...
M. LEVESQUE: Celui du ministre des Finances.
M. BERTRAND: Des Finances.
M. LEVESQUE: D'accord. Est-ce qu'on est d'accord, de part et
d'autre?
M. BERTRAND: Nous pourrions entreprendre cela, après quoi la
Curatelle publique.
M. LEVESQUE: Oui. Alors...
M. LAURIN: La Curatelle publique.
M. LEVESQUE: C'est-à-dire que nous pourrions prendre le projet
loi du ministre des Finances et ensuite la Curatelle publique.
M. LAURIN: Jeudi, la Curatelle publique.
M. LEVESQUE: Jeudi, la Curatelle publique.
Mais cela veut dire que, si on disposait de la motion, même si
c'est la journée des députés, on pourrait procéder
à l'étude du projet de loi du ministre des Finances.
D'accord?
M. ROY (Beauce): M. le Président, il y a plusieurs motions
inscrites au feuilleton. Je voudrais faire remarquer que nous en avons
également et que nous aimerions bien pouvoir discuter de nos motions
quand le jour viendra, un jour que ce sera possible. Alors, pour quelle
raison...
M. LEVESQUE: Voici, on s'attend bien d'être en session jusqu'au
mois de décembre 1971. Je suis convaincu que l'une ou l'autre des
motions du Ralliement créditiste pourrait être appelée,
mais, pour être bien pratique, on parle seulement de la journée de
demain. Je crois qu'une fois qu'on aura disposé de la motion du
député de Nicolet, on pourrait finir les quelques minutes qui
resteront avec le projet de loi au nom du ministre des Finances.
M. BERTRAND: Alors, pour demain?
M. LEVESQUE: Je propose l'ajournement de la Chambre à demain,
quinze heures.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La Chambre ajourne ses travaux à demain, quinze
heures.
(Fin de la séance: 22 h 24)