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(Quinze heures dix minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
Commission des finances
M. PAUL: M. le Président, qu'il me soit permis de faire motion
pour que le nom de M. Cloutier (Montmagny) soit substitué à celui
de M. Russell à la commission des Finances.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics. Déclarations ministérielles.
M. PAUL: M. le Président, l'honorable ministre des Institutions
financières nous avait quasiment promis une déclaration pour
aujourd'hui.
M. TETLEY: Merci, M. le Président. J'espère faire cette
déclaration demain. Je regrette, mais je n'ai reçu que ce matin,
d'Ottawa, le compte rendu final ou officiel de la conférence. Je
préfère attendre pour faire ma déclaration demain.
M. LE PRESIDENT: Dépôt de documents. Questions des
députés.
Questions et réponses
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
Assurance-bétail
M. DEMERS: Ma question s'adresse au ministre de l'Agriculture. Comme
c'est le 1er juin, le ministre pourrait-il nous dire si c'est aujourd'hui que
débute la mise en marche de l'assurance-bétail, telle que
préconisée dans les règlements du ministère de
l'Agriculture?
UNE VOIX: II est encore surpris.
M. TOUPIN: Je n'ai pas compris. L'assurance-bétail?
M. DEMERS: Si vous voulez des précisions, c'est pour les
animaux.
M. TOUPIN: J'ai compris la question, M. le Président. Le
programme est différé de quelques semaines, dans son
application.
M. DEMERS: Question additionnelle, M. le Président. Le ministre
pourrait-il nous dire comment seront traités les professionnels de la
santé dans cette négociation?
M. TOUPIN: Ils seront bien traités, M. le Président.
M. DEMERS: Est-ce que je pourrais avoir des détails sur la
façon dont vous les reconnaf-trez comme agents de
négociation?
M. TOUPIN : Nous sommes en discussions avec les médecins
vétérinaires présentement. Nous leur avons demandé
de nous donner un délai de quelques jours pour réfléchir
sur la demande qu'ils nous ont faite. Aussitôt que notre décision
sera prise elle le sera d'ici quelques jours je pourrai en
informer la Chambre.
M. VINCENT: M. le Président, question supplémentaire. Le
ministre de l'Agriculture vient de nous dire que le programme
d'assurance-santé animale est différé de quelques
semaines.
Ce programme, d'après tout ce qu'on a lu dans les journaux,
devait entrer en vigueur ce matin. Quand le ministre dit: Quelques semaines,
est-ce que ceci signifie que le programme pourra entrer en vigueur le 1er
juillet?
M. TOUPIN: Oui, M. le Président, il poura entrer en vigueur le
1er juillet.
M. VINCENT: II pourra entrer en vigueur, mais est-ce que le ministre
pourrait nous dire à quelle date exactement?
M. TOUPIN: La date exacte, je ne puis la dire; néanmoins, je puis
informer le député de Nicolet que nous appliquerons le programme
dans le plus bref délai. Je puis, je pense, assurer la Chambre qu'il
pourra s'appliquer à compter, au moins, du 1er juillet.
UNE VOIX: Quelle année?
M. VINCENT: Question supplémentaire, M. le Président. Le
ministre est au courant que tous les cultivateurs du Québec ont
été informés...
M. LEVESQUE: Question.
M. VINCENT: C'est ça la question... que le programme entrait en
vigueur aujourd'hui. Est-ce que le ministre pourrait nous dire si un
communiqué de presse émanant de son ministère informera
les cultivateurs, le plus tôt possible, de la date exacte de
l'entrée en vigueur, afin d'éviter qu'il y ait des
problèmes d'ordre financier tant vis-à-vis du ministère
que des médecins vétérinaires et des cultivateurs?
M. TOUPIN: Nous avons dit aux agriculteurs, au cours de la
tournée que nous avons
faite, que nous ferions tout notre possible pour mettre en vigueur le
programme d'assurance-santé animale le 1er juin. Il n'a jamais
été question, je pense, de façon très officielle,
qu'il entrerait en vigueur le 1er juin; néanmoins, je pense qu'il serait
de bonne guerre que nous fassions une déclaration
précisément en vue d'éclairer l'ensemble des agriculteurs
et de les informer sur les nouveaux délais dont nous avons besoin avant
de mettre en vigueur ledit programme.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: Question supplémentaire, M. le Président. Selon
tout ce que vous avez dit jusqu'à maintenant, est-ce que cela
signifierait que des négociations seraient en cours présentement?
A quel point en est-on rendu?
M. TOUPIN: J'ai dit qu'il y a eu des consultations constantes, depuis
que nous préparons ce programme, avec les médecins
vétérinaires. Ils nous ont présenté
récemment un document de travail. Nous leur avons demandé
quelques jours pour y réfléchir et nous donnerons bientôt
notre point de vue sur ce document; aussitôt que notre point de vue sera
donné, nous le ferons connaître à la Chambre.
M. DUMONT: Question supplémentaire, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Marie,
question supplémentaire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que le ministre pourrait nous dire
s'il est exact qu'il entend convoquer directement tous les médecins
vétérinaires pour discuter de la question?
M. TOUPIN: Non.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Que vous devez les convoquer en
assemblée générale?
M. TOUPIN: Non, il n'est pas question que nous convoquions tous les
médecins vétérinaires pour discuter avec eux du programme
d'assurance.
C'était notre intention de le faire, mais puisque
l'exécutif de l'Association des professionnels de la médecine
vétérinaire nous a présenté un document de travail,
nous préférons, d'abord, regarder le document de travail, donner
notre opinion à l'exécutif et, s'il y a lieu, par la suite,
rencontrer l'assemblée générale des médecins
vétérinaires. Mais il n'en est pas question pour le moment.
M. DEMERS: Sur le même sujet, M. le Président. Est-ce que
le ministre pourrait nous dire s'il a l'intention de faire siéger la
commission parlementaire de l'Agriculture et de la
Colonisation pour discuter à fond ce sujet? Dans le
problème il y a d'abord les cultivateurs qui sont
intéressés, puis les médecins vétérinaires
et enfin le gouvernement. Il y a les patients, mais on leur en parlera plus
tard!
M. TOUPIN: Pour le moment, il n'est pas question de convoquer la
commission de l'Agriculture et de la Colonisation pour étudier ce
problème.
M. LAURIN: Question additionnelle, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Mégantic
avait une question additionnelle?
M. DUMONT: On y a répondu.
M. LAURIN: Est-ce que le ministère a l'intention de
reconnaître l'Association des médecins vétérinaires
comme agent négociateur et interlocuteur valable dans les
négociations avec le ministère?
M. TOUPIN: Cette décision que nous avons à prendre fait
précisément partie des raisons du délai de quelques jours
que nous avons demandé à l'exécutif de l'Association des
médecins vétérinaires et une fois comme je le
disais tantôt que nous aurons donné notre point de vue sur
ce document de travail dans lequel précisément est inclus le
point de vue que vous venez d'exprimer, nous verrons à faire
connaître notre opinion à la Chambre. Néanmoins, je puis
dire qu'il n'est pas question que nous ne reconnaissions pas l'exécutif
de l'Association des médecins vétérinaires comme agent
plus que valable, mais agent nécessaire au moins de consultation pour le
moment. C'est ce que nous avons fait depuis le début,
c'est-à-dire, depuis que nous avons commencé à
préparer le programme.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
La Saint-Jean sur l'île d'Orléans
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais poser une question
à l'honorable ministre de la Justice. L'an dernier, à peu
près à ce temps-ci de l'année, il était question du
festival pop de Manseau. Cette année, les journaux nous rapportent qu'il
est question de la Saint-Jean sur l'île. Je voudrais savoir si le
ministre a pris connaissance de ce projet et quelles seront les dispositions
qu'il prendra ou qu'il entend prendre concernant ce sujet puisque
déjà nous sentons qu'un débat est soulevé entre les
organisateurs de cette association et les maires de l'île
d'Orléans.
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'ai pris connaissance d'une
lettre du préfet de l'île
d'Orléans ou, enfin, du préfet du comté de
Montmorency et je délibère à l'heure actuelle sur cette
lettre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Permis d'exportation de minerai
M. LAURIN: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Richesses naturelles. Est-ce que le gouvernement a accordé, ou a
l'intention d'accorder des avantages identiques ou analogues à ceux
qu'il a accordés à la Raglan Mines à Katinik, à la
compagnie Asbestos Mines dans l'Ungava pour l'exportation de son minerai hors
du Québec?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, le nom de la compagnie
est Asbestos Hill and Mine. On pourrait peut-être me contredire, mais
déjà en 1968 je ne veux pas me tromper
l'autorisation d'exporter le minerai avait été donnée
à la compagnie Asbestos Hill par le conseil des ministres.
M. LAURIN: Est-ce que ce sont des avantages identiques à ceux qui
ont été accordés à la Raglan Mines?
M. MASSE (Arthabaska): C'est-à-dirè qu'il n'y a aucun
avantage, attaché à l'autorisation d'exporter. Si je me souviens
bien, on avait tout simplement donné l'autorisation à 1'Asbestos
Hill d'exporter son minerai. Je ne pense pas qu'il y ait eu d'autres clauses ou
conditions dans cet arrêté en conseil.
M. LAURIN: Une question additionnelle. Est-ce à dire que la
compagnies Asbestos Hill pourrait exporter son minerai tout en étant
exemptée des taxes prévues par la loi?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je pense qu'il y a
confusion dans la compréhension de la loi. Une compagnie minière
qui veut exporter hors du pays doit demander l'autorisation au
lieutenant-gouverneur en conseil de le faire sans qu'il n'y ait de droits
à imposer à cette compagnie.
Si la compagnie néglige de demander cette autorisation, selon
l'article 17 de la Loi des mines, une pénalité peut être
imposée à la compagnie, mais uniquement dans ce cas
précis.
M. LAURIN: Une question additionnelle, M. le Président. Est-ce
que le gouvernement a fait des pressions auprès de la compagnie pour
qu'elle implante une usine de raffinage d'amiante au Québec
même?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, comme j'ai dit tout
à l'heure, cet arrêté en conseil n'a pas été
adopté sous le présent gouvernement. J'ai dit d'ailleurs, lors de
l'étude des amendements à la loi de Soquem, que j'étais
préoccupé par la transformation possible qui puisse se faire au
Québec du minerai qu'on extrait de notre sol, autant pour l'amiante que
pour tout autre minerai qu'on peut extraire du sol du Québec. En fait,
j'ai commandé une étude il y a une couple de mois sur cette
question de la transformation de notre minerai au Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: Est-ce que le ministre peut nous dire, dans le cas d'Asbestos
Hill, l'exemption de pénalité, si vous me permettez de le
formuler ainsi, est pour combien d'années et si vous le savez de
mémoire?
M. MASSE (Arthabaska): Je veux préciser qu'il n'y a aucune
exemption. Il y a tout simplement autorisation d'exporter. Malheureusement, je
ne peux pas vous, dire la durée de l'autorisation. Je pourrai
peut-être répondre demain.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet.
Ouvriers de la construction
M. VINCENT: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre du Travail. Vu que nous avons d'ailleurs je pense
qu'il est au courant de nombreuses représentations de la part des
ouvriers de la construction concernant les fameuses petites cartes qu'ils
attendent avec impatience depuis nombre de semaines, le ministre du Travail
pourrait-il nous dire où en est le travail du ministère pour
l'émission de ces cartes et si on a l'intention, au moins, d'accuser
réception de certaines demandes deuxième ou
troisième demande des ouvriers de la construction qui veulent
avoir leur carte?
M. COURNOYER: Comment dites-vous cela?
M. VINCENT: Pas les cartes d'assistance médicale.
M. COURNOYER: Non, non, pas celles-là, les autres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ni d'assurance-bétail.
M. COURNOYER: Les cartes de travail.
J'ai justement à l'occasion des différentes
représentations qui me sont faites régulièrement par les
députés de cette Chambre sur ce fameux problème des cartes
insisté de nouveau auprès des officiers de mon
ministère afin qu'on émette les cartes une fois pour toutes. Je
ne peux pas dire autre chose que cela. Je ne suis
pas moi-même dans les différents centres de main-d'oeuvre.
Comme la situation m'est décrite par ceux qui sont les premiers
impliqués la plupart du temps, les ouvriers, ou par leurs
représentants légitimement autorisés, c'est-à-dire
les députés, il m'arrive de constater que mes officiers sont
surchargés par ce problème des cartes et qu'ils ne s'occupent
pratiquement, présentement, que du problème de la main-d'oeuvre
de la construction.
J'ai demandé qu'on émette, encore une fois, les cartes
dites temporaires pour qu'on puisse, au moins, donner le droit de travailler
à des personnes qui pensent qu'elles ne l'ont pas. J'espère que
ces instructions, même si elles n'ont pas été suivies
continuellement par tous les centres de main-d'oeuvre du Québec, le
seront dorénavant.
M. VINCENT: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre accepterait la suggestion suivante: qu'à la
Direction générale de la main-d'oeuvre on utilise les services
des bureaux régionaux ou locaux de main-d'oeuvre afin de
démêler, à ce qu'on me dit, des caisses complètes de
demandes auxquelles on n'a pas encore répondu.
M. COURNOYER: Disons que la procédure que je voulais, que je veux
encore et sur laquelle les officiers supérieurs de mon ministère
et moi-même nous sommes entendus, c'est que les bureaux régionaux
de main-d'oeuvre émettent les cartes temporaires, compte tenu du fait
que c'est assez difficile à démêler.
La machine IBM, quand cela commence à se mêler...
M. VINCENT: M. le Président... M. LESSARD: M. le
Président...
M. VINCENT: ... il semble que des formules de demandes sont
rejetées parce qu'elles ne sont pas bien complétées. A ce
moment-là, le demandeur n'en est pas informé. Je pense que c'est
là la lacune, à l'heure actuelle, au sein de la division. C'est
pour cela que je faisais la suggestion au ministre d'utiliser le personnel des
bureaux locaux et régionaux pour en arriver à faire une
compilation exacte et savoir, pour pouvoir répondre à la personne
qui en fait la demande, les raisons pour lesquelles elle n'a pas reçu sa
carte, car la formule a été rejetée parce qu'elle
était mal complétée.
M. COURNOYER: M. le Président, je réponds favorablement
à la suggestion du député de Nicolet. Cependant, je tiens
à dire que très souvent les cartes sont rejetées parce
qu'on ne peut pas identifier la personne.
M. VINCENT: C'est un facteur.
M. COURNOYER: Alors, même si j'avais un autre système, je
ne pourrais pas identifier la personne.
M. LESSARD: Une question supplémentaire, M. le Président.
Le ministre pourrait-il donner des instructions au Centre de la main-d'oeuvre
pour que les personnes qui n'ont pas actuellement reçu leur carte
puissent au moins avoir la possibilité de travailler sur les chantiers
lorsqu'elles peuvent obtenir une preuve écrite indiquant qu'elles ont
travaillé, par exemple, huit cents heures ou un certain nombre d'heures
au cours de l'année passée ou des trois dernières
années?
M. COURNOYER: Je tiens à mentionner qu'une telle instruction de
la part du ministre serait contraire à l'arrêté en conseil
4119, qui n'est pas encore amendé et que j'espère
peut-être, avec le consentement des parties, amender très
bientôt. Mais dire cela au Centre de la main-d'oeuvre, ce serait dire:
Mettez de côté le règlement 4119, qui est
déjà très contesté par deux parties au moins
à la table des négociations de la construction et demandé
par l'autre partie. Alors, je ne peux pas donner des instructions contraires
à l'arrêté en conseil 4119 tant et aussi longtemps qu'on
n'a pas fait des tentatives.
M. LESSARD: M. le Président, une question supplémentaire.
Est-ce que cela veut dire que les ouvriers de la construction doivent
être pénalisés par suite du fait que le système ne
fonctionne pas?
M. COURNOYER: Non. Les ouvriers de la construction ne doivent pas
être pénalisés. Dans le sens où je viens de
l'indiquer, nous émettons ou nous devons émettre si nous
ne l'avons pas fait encore, nous devrons le faire; cela, je puis le dire d'une
façon véhémente parce que, parfois, des ordres sont
donnés, mais ne sont pas toujours suivis des cartes temporaires
et nous voulons expliquer d'une façon définitive à toutes
les personnes que, même si elles n'ont pas encore une carte, elles ont le
droit de travailler dans la construction. Ce sont des réservistes. Ce
n'est pas parce qu'elles n'ont pas un petit bout de papier dans leur poche
qu'elles ne peuvent pas travailler.
M. LESSARD: Une dernière question supplémentaire, M. le
Président. Est-ce que, pour pouvoir permettre
l'accélération de l'inscription des ouvriers, il serait possible
que le ministre donne l'autorisation aux centres de main-d'oeuvre d'ouvrir le
samedi?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Frontenac.
M. LATULIPPE: Le ministre pourrait-il nous dire si son ministère
entrevoit la possibilité
d'émettre des cartes temporaires aux étudiants afin de
leur donner accès aux travaux de construction cet été?
M. COURNOYER: M. le Président, les étudiants qui n'ont pas
travaillé l'année passée sont des réservistes au
sens de l'arrêté en conseil 4119 comme n'importe qui qui ne peut
pas prouver qu'il a travaillé l'année passée. En ce sens,
il est placé, suivant le système, après que les
employés réguliers, les employés permanents ont du
travail. Il n'y a pas de différence entre les étudiants, que je
sache, quand ils sont réservistes, mais cela ne veut pas dire qu'on peut
leur donner un emploi demain matin. Ils passent après ceux qui sont
réguliers ou permanents.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis.
Placement des étudiants
M. ROY (Lévis): M. le Président, ma question s'adresse au
ministre d'Etat affecté aux Affaires sociales et responsable du
placement des étudiants.
Je remercie le ministre qui a fait part à tous les
députés de chaque comté qu'ils devaient recommander un
certain nombre d'étudiants...
DES VOIX: Question.
M. ROY (Lévis): Le ministre tiendra-t-il compte, dans les
recommandations et lors du placement d'étudiants de chaque comté,
du nombre d'étudiants qui ont fait une demande d'emploi? Parce qu'il y a
des comtés qui ont 100 étudiants, d'autres en ont 1,000 ou
700.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, nous tiendrons certainement
compte du nombre d'étudiants qui font des demandes dans chaque
comté, mais je peux dire au député que notre
problème n'est pas tellement de tenir compte des demandes d'emploi comme
du nombre d'emplois disponibles pour les étudiants.
M. ROY (Lévis): Question supplémentaire, M. le
Président.
Le ministre nous répond qu'il tiendra compte du nombre de
demandes dans chaque comté, mais ce que je veux savoir c'est si ce sera
réparti suivant les demandes de chaque comté, ou si un
comté qui a 50 demandes aura 50 étudiants de placés.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, dès le début, un
des critères principaux était la distribution géographique
qui tenait compte du pourcentage de jeunes chômeurs dans chaque
comté. Alors, nous avons toujours les mêmes critères et
nous tiendrons sûrement compte de ce critère-là dans la
distribution des emplois.
M. ROY (Beauce): M. le Président, question
supplémentaire.
Est-il exact que les étudiants qui auront été
recommandés par les 108 députés de cette Chambre ne seront
pas nécessairement engagés selon les programmes d'emplois
d'été?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, ce n'est pas exact.
M. ROY (Beauce): Question supplémentaire: Est-il exact que les
candidats libéraux défaits ont également fait parvenir
leurs listes et que celles-ci auraient préséance sur celles qui
sont fournies par les députés de l'Opposition?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, ce n'est pas exact.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Projet de la société Kruger
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
poser une question au ministre de l'Industrie et du Commerce. Le ministre
pourrait-il faire le point sur le problème de Kruger et nous dire
exactement si le gouvernement central a décidé de consentir un
prêt de $21 millions, d'assurer une garantie de $30 millions à la
société Kruger, et si l'on peut s'attendre à ce que le
gouvernement du Québec et celui du Canada s'entendent afin que ce projet
démarre, comme cela avait été promis par le gouvernement
depuis déjà assez longtemps?
M. LEVESQUE: M. le Président, je vous rappellerai que j'ai
déjà répondu à cette question et, si je me rappelle
bien, ce n'était pas à la satisfaction de l'honorable
député. Je ne puis pas ajouter à son insatisfaction.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, question
additionnelle. Le ministre a-t-il pris connaissance des représentations
qu'a faites la centrale syndicale de la CSN concernant le projet Kruger et
est-il informé de l'inquiétude des représentants des
sociétés de pâtes et papier concernant ces projets et de
l'inquiétude qui, également, se manifeste dans la région
du Saguenay-Lac-Saint-Jean, étant donné que le ministre m'avait
assuré qu'il me donnerait une réponse précise concernant
le moment de l'implantation de la société Kruger à
Saint-Félicien?
M. LEVESQUE: M. le Président, comme le député qui
vient de poser la question, j'ai lu cette nouvelle à l'effet que des
représentants de certains syndicats manifestaient une certaine
inquiétude. D'ailleurs, ceci fait écho à d'autres
représentations que j'ai reçues d'un autre milieu, qui
n'est pas syndical, celui-là.
M. le Président, tout ce que je puis dire, c'est que je suis au
courant qu'une inquiétude s'est manifestée, mais je n'ai pas
d'autres commentaires à faire pour le moment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président. Le ministre pourrait-il, ainsi qu'il nous l'a promis la
semaine dernière, faire un rapport complet sur l'état de la
question concernant Kruger, concernant Price, concernant Domtar,
Consolidated-Bathurst et la Saint-Raymond, à Desbiens, afin que l'on
sache exactement quelle est l'attitude du gouvernement en ce qui concerne les
industries de pâtes et papier?
M. LEVESQUE: Puis-je demander à l'honorable député
de m'indiquer à quelle page du journal des Débats j'aurais fait
une telle déclaration?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désire
rappeler au ministre qu'à plusieurs reprises je l'ai interrogé
là-dessus. S'il est bien conscient de ce qui se passe en Chambre, il
pourra peut-être se reporter lui-même au journal des Débats
et retrouver là les promesses qu'il m'avait faites de faire un rapport,
de même que son collègue le ministre des Terres et
Forêts.
De toute façon, peu importe le moment où la promesse a
été faite, le gouvernement nous a indiqué qu'il devait
faire un rapport sur le problème des pâtes et papier en ce qui
concerne les sociétés d'exploitation forestière que j'ai
mentionnées.
DES VOIX: Question.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
DES VOIX: A l'ordre!
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Excusez-moi, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Lafontaine.
Centre de recherche des communications
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
l'Education. Je désire poser une question concernant le Centre de
recherche en ingénierie des communications que l'Institut national de
recherche scientifique compte établir à Ottawa avec
l'appui...
UNE VOIX: Avec la pluie et le beau temps...
M. LEGER: ...avec Bell Canada, mais je veux dire avec
l'Université du Québec. Est-ce que le ministre de l'Education a
donné son consente- ment pour que ce centre de recherche soit
établi en Ontario? Si oui, quelles sont les raisons d'un tel geste?
Sinon, est-ce que le ministre tente d'intervenir pour modifier cette
décision?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, l'Université du
Québec, comme toutes les universités, jouit d'un certain
degré d'autonomie dans son champ d'action. Elle a identifié
certains secteurs qui lui semblent prioritaires et qui ont reçu un avis
favorable de la part du conseil des universités, en particulier, le
comité des nouveaux programmes.
Le Centre de recherche de l'Université du Québec, comme
tous les autres centres de recherche, particulièrement à
l'Université du Québec, n'est pas relié à un
endroit physique précis. C'est une tentative moderne que je trouve fort
dynamique, dans laquelle on tente de regrouper des chercheurs qui peuvent
travailler dans des milieux physiques différents.
Dans ce cas-ci, c'est simplement une entente entre le milieu
universitaire et le milieu industriel de la société Northern
Electric, qui a des installations de recherche et de développement fort
nombreuses, ici au Canada, et une très forte proportion de cette
recherche sera faite au Québec même.
M. LEGER: Questions supplémentaires, M. le Président.
Première question: Est-ce que ce centre n'aurait pas pu être
établi au Québec, c'est-à-dire Hull ou ailleurs?
Deuxième question: Est-ce que le ministre des Communications a
été consulté à ce sujet et est-ce qu'il est
d'accord sur le projet de l'INRS?
M. SAINT-PIERRE: A la première question, comme je l'ai
répété, une très forte proportion des chercheurs
résident au Québec, habitent au Québec, travaillent au
Québec. Mais, tenant compte du degré fort élevé de
spécialisation que nous rencontrons dans le domaine des communications,
il est évident que, pour une société canadienne, on ne
peut multiplier les centres de recherche, particulièrement lorsqu'il y a
un degré de spécialisation à un endroit donné et
qu'ici même au Québec on retrouve d'autres secteurs
d'activité à l'intérieur de la même compagnie.
Deuxièmement, le ministère des Communications a été
effectivement consulté à ce sujet. Il fut même partie
à une entente récemment avec l'Université du
Québec. Un des clients de ce centre de recherche d'ingénierie en
télécommunications sera justement le ministère des
Communications du gouvernement du Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
Etudiants adultes en sylviculture
M. BELAND: M. le Président, j'aurais une
question à poser à l'honorable ministre des Terres et
Forêts. Est-ce que le gouvernement a un programme d'emplois pour les
étudiants adultes qui ont fini des cours de sylviculture? Cette question
a été posée la semaine dernière, vous deviez y
répondre cette semaine.
M. DRUMMOND: Si l'honorable député parle des
assistés sociaux qui ont suivi des cours pendant l'hiver, la
réponse est oui.
M. BELAND: Question supplémentaire. A quel endroit seront
situés les chantiers de travail?
M. DRUMMOND: C'est un peu difficile de répondre à cette
question maintenant, parce que je n'ai pas toute la liste, mais il s'agit de
plus d'une trentaine de comtés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il est exact que
ce programme a été retardé?
M. DRUMMOND: M. le Président, on commence cette semaine avec 200;
la semaine prochaine, il y aura à peu près, 1,000 personnes au
travail et, d'ici trois semaines, nous aurons les 2,000 personnes.
M. SAMSON: Est-ce que tous les étudiants qui ont suivi ces cours
auront un emploi, tel qu'il leur a été promis?
M. DRUMMOND: Je pense que oui. C'était l'optique du programme. Il
peut arriver que quelques-uns ne soient pas acceptés, mais, dans notre
optique, il y aura du travail pour tout le monde.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre des Terres et
Forêts pourrait nous dire si, dans le cas du programme dont il vient
d'être fait mention, il arrive ce qui se passe dans d'autres programmes
de recyclage, que, volontairement, l'on refuse des étudiants aux
examens, parce qu'on n'a pas d'emploi à leur fournir?
M. DRUMMOND: Je ne suis pas au courant de cette situation, mais je vais
m'informer.
M. LE PRESIDENT: Question supplémentaire?
M. LATULIPPE: Question supplémentaire.
Est-ce qu'il est vrai que les étudiants en question sont
appelés à fournir leurs outils de travail, tels que cheval, scie
mécanique, casque protecteur et autres, pour avoir accès à
ces travaux en forêt, ce qui nécessite un déboursé
initial d'à peu près $1,000 avant de pouvoir commencer à
travailler?
M. DRUMMOND: Non, ce n'est pas vrai. Nous achetons les scies
mécaniques pour ce programme. Je pense qu'on pourra discuter plus
longuement de toute cette question pendant l'étude des crédits
qui aura lieu demain ou jeudi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
Expropriation de la compagnie Eddy
M. PAUL: M. le Président, jeudi dernier, l'honorable
député de Hull, répondant à une question je
relève la page 1840 des Débats de l'Assemblée nationale
disait ceci: "Ce que je puis dire et ce que j'ai déclaré
déjà, c'est qu'il n'est pas question pour nous, dans les
négociations que je poursuis au nom du gouvernement avec la Commission
de la capitale nationale, de l'expropriation de la compagnie Eddy."
Hier, à la Chambre des communes à Ottawa, cette question a
été soulevée alors qu'il a été fait mention
que l'expropriation des usines Eddy demeurait un objectif à court terme
du gouvernement fédéral. Ma question est la suivante: Devant
cette contradiction du moins c'est mon opinion qui existe entre
la déclaration du ministre d'Etat aux Finances et les
déclarations qui ont été faites à la Chambre des
communes, est-ce que le ministre des Affaires intergouvernementales ne pourrait
pas faire des représentations auprès des autorités
fédérales pour qu'un observateur du ministère des Affaires
intergouvernementales assiste à toute négociation d'expropriation
entre le gouvernement, la Commission de la capitale nationale et la compagnie
Eddy?
M. LEVESQUE: M. le Président, le ministre d'Etat aux Affaires
intergouvernementales a dû s'absenter pour quelques heures. Je lui ferai
part des remarques de l'honorable député de Maskinongé et
j'espère bien que dès demain le ministre pourra apporter les
éclaircissements qui s'imposent et en même temps peut-être
donner suite aux suggestions de l'honorable leader de l'Opposition
officielle.
M. LE PRESIDENT: Dernière question. L'honorable
député de Saint-Jacques.
Prêts et bourses
M. CHARRON: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
l'Education. Suite à sa déclaration de fin de semaine à
Valleyfield où il
qualifiait les étudiants et les hippies de véritables
exploiteurs de la société, est-ce que le ministre peut nous dire
si c'est l'intention de son ministère de réviser sa politique en
ce qui touche les critères d'obtention des prêts et des bourses
aux étudiants?
M. SAINT-PIERRE: Je pense, M. le Président, que dans ma
réponse, je dois apporter un correctif. Je n'ai jamais dit que les
étudiants étaient les exploiteurs de la société. Ce
que j'ai dit, c'est que certains groupes dans la société nous
faussaient l'image réelle des faits en tentant de faire croire, de faire
porter la responsabilité de l'exploitation... J'ai dit "certains groupes
et certains étudiants", et j'insiste sur ceci. Je vois que le
journaliste qui a rapporté mes paroles l'a fait d'une façon
très honnête, mais encore une fois on a oublié
d'insérer quelques phrases. En particulier lorsque j'ai parlé de
ceux qui étaient aux crochets de Radio-Canada, je ne visais pas les
journalistes, mais les artistes qui, dans l'espace de quelques semaines,
peuvent se faire des revenus fort importants pour ensuite se moquer
complètement d'une population et pratiquement rire d'elle. J'ai dit que
les gens qui étaient honnêtes, qui travaillaient du matin au soir
pour relever le Québec et tenter de nous donner des actes positifs dans
le sens du progrès en auront un jour assez et demanderont des comptes
à toutes ces personnes, que ce soient des étudiants qui abusent
de leur position, que ce soient des artistes qui abusent de leur position ou
d'autres personnes qui abusent du public en général. Voici le
sens de mes paroles, elles n'impliquent aucun changement dans la politique du
ministère.
M. CHARRON: Question supplémentaire. Le ministre a
répété son délire de samedi dernier, mais n'a pas
répondu à ma question. Je la précise donc. Dans
l'hypothèse du ministre, qui vient de répéter sa
théorie, quels sont les critères qui peuvent différencier
des étudiants qui rapportent à la société et ceux
qui ne rapportent pas à la société? Et est-ce que, dans
ces catégories, le ministre est prêt à inclure les
industriels?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: II y a des industriels qui vivent également aux
crochets de la société.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense bien que la question du
député de Saint-Jacques apporterait une question d'opinion
personnelle. Je pense qu'il serait bien difficile d'établir des
critères légaux ou juridiques...
M. CHARRON: M. le Président, c'est le ministre qui a dit
ça.
M. SAINT-PIERRE: Je vais lui en donner au moins un critère. Les
étudiants qui passent quatre ans dans les CEGEP, qui sont
d'éternels étudiants et qui ne peuvent réussir un seul
semestre, eh bien, quant à ceux-là, le gouvernement va prendre
ses responsabilités, non seulement au niveau des bourses, mais au niveau
de l'admission et au niveau de la gratuité de l'enseignement; nous
allons intervenir.
M. CHARRON: Une question supplémentaire. Est-ce que vous allez
prendre également des mesures à l'égard des industriels
qui ont des subventions et qui ne créent pas d'emplois avec l'argent du
gouvernement?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Avant de passer...
M. LEVESQUE: Vous ne connaissez rien dans l'industrie,
premièrement, ni chez les industriels.
M. CHARRON: Vous nous avez prouvé, vous, que vous ne connaissiez
pas grand-chose, non plus, depuis le début, je vous l'assure! Avec le
nombre d'emplois que vous avez créés, puis le chômage qui
existe, vous n'en avez pas donné la preuve, certain.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. JORON: De toute façon, ce n'est pas une réponse.
M. LE PRESIDENT: Avant de passer aux affaires du jour, le
député de Nicolet aimerait soulever une courte question de
privilège.
Question de privilège Programme
d'assurance-santé animale
M. VINCENT: M. le Président, en vertu de l'article 114, une
courte question de privilège. Le ministre de l'Agriculture, il y a
quelques instants, a déclaré qu'aucune date n'avait
été annoncée en ce qui concerne l'entrée en vigueur
d'un programme d'assurance-santé animale con-tributoire. Il y a quelque
temps, les députés de cette Chambre, les cultivateurs et les
bureaux régionaux ont reçu une documentation du ministère
de l'Agriculture et de la Colonisation. Dans cette documentation,
intitulée Programme agricole, nous pouvons retrouver les normes et les
conditions d'admissibilité pour l'assurance-santé animale
contributoire. Au dernier paragraphe, on dit: "Ce programme entrera en vigueur
le 1er avril 1971, pour y demeurer jusqu'à nouvel ordre." C'est sous la
signature de M. Gaétan Lussier, sous-ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation.
C'est la raison pour laquelle, tout à l'heure, j'avais
demandé au ministre de donner un autre communiqué ou un autre
ordre du ministère pour annoncer que ce programme n'entre pas
en vigueur et qu'il entrera en vigueur plus tard.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai permis au député de
Nicolet de soulever cette question de privilège, à titre
d'information qui aurait été procurée aux membres de cette
Chambre, mais je me rappelle bien qu'à la période des questions
le ministre a répondu que ce programme était retardé. Je
ne peux pas permettre de commentaires à qui que ce soit sur cette
question, mais j'ai permis au député, quand même,
d'invoquer sa question de privilège.
Membres des commissions
M. LAURIN: M. le Président, avec le consentement unanime de la
Chambre, me permettriez-vous de revenir à l'article des motions non
annoncées? M. le Président, j'ai l'honneur de faire motion pour
que le nom de M. Laurin soit substitué à celui de M. Charron sur
la liste des membres de la commission des Affaires culturelles.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LAURIN: J'en ai une autre, M. le Président. J'ai l'honneur de
faire motion pour que le nom de M. Tremblay (Sainte-Marie) soit
substitué à celui de M. Burns sur la liste des membres de la
commission de la Fonction publique.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, comptant recevoir le même
consentement unanime, vous me permettrez de faire motion pour qu'à la
commission des Affaires culturelles le nom de M. Lafrance soit substitué
à celui de M. Assad et celui de M. Picard à celui de M. Pearson.
Qu'à la commission parlementaire des Finances le nom de M. Bienvenue
soit substitué à celui de M. Bourassa, celui de M. Faucher,
à celui de M. Brisson, celui de M. Cornellier à celui de M.
Harvey (Jonquière), celui de M. Bacon à celui de M. Kennedy,
celui de M. Pelletier à celui de M. Pilote et qu'à la
commission...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je pourrais demander peut-être au
leader parlementaire, pour les officiers de cette Chambre qui doivent faire
toutes les mutations...
M. LEVESQUE: J'avais pensé leur remettre ce document, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A moins qu'il ne demande une élection
générale, M. le Président, pour tous ces
députés-là.
M. LEVESQUE: Et qu'à la commission par- lementaire de la Fonction
publique le nom de M. Larivière soit substitué à celui de
M. Phaneuf, celui de M. Leduc à celui de M. Saint-Pierre, celui de M.
Saindon à celui de M. Veilleux.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ces multiples motions sont adoptées?
Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'ils sont assermentés, M. le
Président?
M. DUMONT: Qu'aux Affaires culturelles le nom d'Yvon Brochu soit
remplacé par le nom de Ronald Tétrault.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Affaires du jour.
M. LEVESQUE: Article 1.
Comité des subsides
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme de nouveau en comité
des subsides. Cette motion est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, la commission parlementaire des
Affaires culturelles va siéger immédiatement à la salle
81-A et la commission parlementaire des Finances à 91-A. On me permettra
de faire motion pour qu'à la suite de l'étude des crédits
du ministère des Finances on puisse entreprendre ceux du Conseil du
trésor. On s'est aperçu que c'était une rubrique
spéciale, mais c'est un peu dans le même sens.
M. VINCENT: Dans le même sens.
M. LEVESQUE: Oui, exactement.
Alors, M. le Président, la Chambre en comité des subsides
pour les crédits de la Fonction publique.
Crédits du ministère de la Fonction
publique
M. HARDY (président du comité des subsides): A l'ordre,
messieurs! Ministère de la Fonction publique, article 1.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que nous pourrions demander au
ministre de la Fonction publique de nous faire une courte revue de la situation
qui existe actuellement dans la négo-
ciation qui met aux prises le gouvernement avec ses différents
fonctionnaires? Il pourrait nous parler des agents de la Sûreté du
Québec je ne sais pas si cette table de négociations est
commencée ensuite des fonctionnaires; troisièmement, des
employés de la RAQ; quatrièmement, des employés de la CEQ;
cinquièmement, des professionnels qui sont à l'emploi du
gouvernement; sixièmement, des autres que j'aurais pu oublier. Le
ministre pourrait peut-être nous dire un mot également de la
négociation pour ce qui a trait aux différents secteurs du
ministère des Affaires sociales ainsi qu'au monde de l'Education. Alors,
le ministre pourrait nous faire une courte revue, disons jusqu'à six
heures, par exemple, de toute cette situation qui existe dans ces
négociations.
Si le ministre est en mesure de le faire, pourrait-il nous faire part de
son enthousiasme ou de son appréhension au sujet des négociations
qui doivent débuter d'une façon effective le, ou vers le 9 juin
prochain?
M. L'ALLIER: M. le Président, l'étude des crédits
du ministère de la Fonction publique nous amènera sûrement
à parler des relations de travail du gouvernement et de ses partenaires
avec les employés des secteurs public et parapublic. La question que
pose le député et leader pourrait être vue au moment
où nous discuterons des crédits de la direction
générale des relations de travail. Par contre, si le
député est d'accord, je pourrai situer dans le contexte
général du ministère de la Fonction publique les relations
de travail et dire quelques mots à ce stade-ci là-dessus, quitte
à entrer dans le détail des dates d'échéance des
conventions collectives et de toutes les choses qui s'y rapportent au moment de
l'étude du poste 3.
J'aimerais, M. le Président, avant de présenter les
crédits budgétaires du ministère de la Fonction publique
et de la Commission de la fonction publique, faire un très bref rappel
historique. Cela m'apparaît nécessaire dans la mesure où le
ministère est jeune et que sa formation récente, en fait
qui remonte au 28 novembre 1969 ne lui a pas encore permis d'atteindre
tous les objectifs que le gouvernement lui avait fixés.
On se souviendra en effet que la nécessité de centrer
l'attention d'un ministre sur le problème de l'efficacité
administrative alliée à celle de permettre aux centrales
syndicales d'identifier un représentant responsable avait conduit le
gouvernement d'alors à créer le ministère de la Fonction
publique. On lui confiait ainsi la tâche d'élaborer et de proposer
au gouvernement des mesures visant à accroître l'efficacité
du personnel de la fonction publique, de surveiller l'application de ces
mesures et d'en coordonner l'exécution. Par ailleurs, il devenait
conseiller du gouvernement en matière de relations de travail,
négociant les conventions collectives et en surveillant leur
application.
Ainsi, à partir de ce triple rôle, le ministère mit
sur pied trois directions générales: celle de l'administration du
personnel et de l'organisation, celle de la rémunération et
enfin, celle des relations de travail. Ces directions ont déjà
accompli un certain nombre de tâches. Qu'il me suffise de mentionner pour
l'instant que celles-ci s'inscrivent dans une double perspective: les unes
constituent l'un des aspects importants des travaux effectués
présentement dans le cadre de la réforme administrative et les
autres, par ailleurs, sont reliées à la préparation de la
troisième ronde de négociations dans le secteur public et plus
particulièrement dans la fonction publique à laquelle vous
faisiez allusion il y a un instant.
A ce propos, et pour la première fois, un gouvernement remettait,
le 30 mars dernier, au front commun des syndicats et à la presse, un
document exposant la politique salariale. Ce document contient les principes et
les règles qui animeront la structure de rémunération au
cours de la troisième ronde de négociations, règles qui
s'inspirent principalement d'un souci de parité et d'harmonisation dans
les salaires et les traitements.
Comme je l'ai dit à cette occasion, le document était
soumis pour avis, commentaires et discussions. Ainsi, depuis cette date, six
rencontres ont eu lieu au cours desquelles les experts du gouvernement ont
fourni à un comité technique formé par les centrales toute
une série de données pertinentes à la prochaine ronde de
négociations. Les syndicats ont annoncé cette semaine qu'ils
étaient prêts à entamer les discussions. J'espère
qu'il y aura entente sur la plupart des points de la politique salariale avant
que ne débute le travail des tables de négociations. Nous les
rencontrerons de nouveau le 9 juin, à Québec, pour entendre leurs
commentaires relativement aux principes que nous leur avons proposés et
à la lumière des informations que nous leur avons fournies par la
suite.
Je n'ai pas, M. le Président, à insister, je crois, sur
l'envergure et l'importance de cette ronde de négociations. Elle
implique plus de 250,000 travailleurs des secteurs public et parapublic, soit
près de 14 p.c. de la main-d'oeuvre du Québec dont les
traitements représentent un peu moins de 50 p.c. du budget, soit environ
$1,250 millions.
Ce sont les directions générales de la
rémunération et des relations de travail qui auront
principalement cette responsabilité. La première est surtout
chargée de l'étude des clauses à incidence
monétaire. Elle précise les mandats à remettre aux
négociateurs des différentes parties. Quant à la seconde,
elle participe à la préparation des offres gouvernementales les
plus normatives et, surtout, mène directement les négociations
proprement dites dans la fonction publique ainsi que, de concert avec les
partenaires du gouvernement, celles du secteur parapublic. Ce rôle
explique les légères augmentations que présente leur
budget respectif par rapport au dernier exercice financier.
La direction générale des relations de travail
étudie aussi dans ses fonctions un projet de loi que je
présenterai sous peu à l'Assemblée nationale et qui a pour
principal objectif de rendre une meilleure justice aux travailleurs en arrivant
à des conditions de travail uniformes et de faciliter la poursuite des
pourparlers en accroissant le rendement des structures de négociation au
Québec.
La troisième direction du ministère, c'est-à-dire
celle de l'administration du personnel et de l'organisation, sera aussi
impliquée dans cette opération. Sa principale activité
résidera néanmoins dans la poursuite de ses travaux en vue
d'accroître l'efficacité du personnel et de l'organisation.
Ceux-ci, comme je l'ai dit plus haut, s'insèrent dans le cadre de la
réforme administrative. Ils visent à élaborer
progressivement une véritable politique du personnel qui permette
d'obtenir un rendement maximum de l'utilisation de nos ressources humaines.
De nombreuses études ont été conduites à
cette fin. La plupart d'entre elles se sont achevées l'an dernier en
même temps que, parallèlement, débutait la mise en oeuvre
de leurs conclusions.
Ce fut principalement cette direction générale qui a
été chargée de cette opération. Contrairement aux
deux autres, il n'existait pas d'unité administrative équivalente
avant la création du ministère. La direction était donc
complètement à bâtir. C'est maintenant chose faite et elle
compte déjà un certain nombre de réalisations à cet
égard. L'exercice financier 71/72 sera précisément
consacré à compléter l'application et le
développement des programmes instaurés et à en introduire
de nouveaux.
C'est ainsi, par exemple, qu'elle parachèvera le premier
véritable plan d'effectifs pour l'ensemble du personnel de la fonction
publique. Ce plan fournira une représentation dans le temps de la
quantité et de la qualité des employés nécessaires
à une administration pour atteindre ses objectifs. Elle poursuivra ses
études sur l'organisation des différents ministères
à partir des principes et de la méthodologie qu'elle s'est
donnés à cette fin et qui d'ailleurs ont été
utilisés pour un certain nombre d'organismes. Elle se propose aussi de
développer le nouveau système d'informatique qui est à la
base de la gestion intégrée du personnel.
D'autre part, de nouveaux programmes seront incessamment
réalisés. En effet, les documents sont en voie de
préparation concernant la votation et le perfectionnement du personnel.
Le premier permettra de nous assurer que nous possédons, au moment
opportun, les ressources humaines requises et de favoriser une meilleure
utilisation du personnel de la fonction publique. Le second document
établira un vocabulaire, définira des objectifs, précisera
les responsabilités et les champs d'application et enfin indiquera le
cheminement méthodologique nécessaire à la conception et
à l'exécution des interventions de perfectionnement de la
fonction publique. Enfin, de nouvelles initiatives sont prévues en
matière d'affectation du personnel et de procédures et normes de
gestion.
Je suis maintenant à votre disposition pour vous fournir toutes
les informations que vous jugerez utiles et nécessaires à
l'étude des crédits budgétaires du ministère et de
la commission de la Fonction publique.
Quant à la question qui a été posée tout
à l'heure par le leader parlementaire, j'y ai répondu en partie
dans le texte en faisant allusion aux conversations préliminaires qui
ont eu lieu avec le front commun syndical.
Je peux résumer ici cette situation d'une façon plus
précise, si vous voulez. Le gouvernement et ses partenaires ont
rencontré, fin mars, la partie syndicale, le front commun syndical, les
trois centrales, soit la CSN, la FTQ et la CEQ.
Cette rencontre, qui s'est étendue sur deux jours, a permis au
gouvernement et à ses partenaires d'exposer les principes et les
règles sur lesquelles se base la politique de rémunération
que nous entendons suivre cette année dans les négociations
collectives. Les syndicats, de leur côté, ont pu soit commenter
ces principes, soit, surtout, déposer eux-mêmes des documents
quant à cette politique de rémunération. Il a
été convenu alors qu'un comité technique soit
formé. Il l'a été, et il s'est réuni à six
reprises, de sorte que le gouvernement a pu fournir un bon nombre
d'informations techniques aux syndicats, via ce comité. Il est
maintenant convenu d'une deuxième rencontre générale qui
doit avoir lieu le 9 juin prochain, à Québec.
A ce moment, le gouvernement et ses partenaires demanderont, comme
c'était le but de la première rencontre, au front commun syndical
de commenter et de discuter des principes de la politique de
rémunération. Si nous pouvons nous entendre sur le plus grand
nombre possible de ces principes, nous pouvons, du même coup,
réduire non pas le champ des négociations, mais les questions qui
sont abordées à la table des négociations, de sorte que
les négociations portent véritablement sur le fond des questions
de relations de travail. Eviter, en d'autre sorte, qu'à la table des
négociations nous ayons, pendant des heures et des heures, à
discuter sur la validité de telles ou telles statistiques qui viennent
soit du gouvernement, soit de la partie syndicale, pour en arriver, à
force de discussions et par épuisement, souvent, à ne pas nous
entendre ou à nous entendre sur quelque chose qui n'est pas satisfaisant
et à entamer les négociations dans ces conditions qui, vous
l'admettrez, sont loin d'être favorables. C'est donc l'état de la
question pour l'instant.
Quant aux dates précises d'échéance de chacune des
conventions collectives et aux dates possibles pour le début des
nouvelles négociations, si vous me le permettez, je pourrai aborder,
dans le détail, ces questions à l'occasion de l'étude du
poste 3 du budget proposé pour le ministère de la Fonction
publique.
M. PAUL: M. le Président, le ministre pourrait-il nous dire qui
est représenté dans ce front commun syndical qui agit comme
partie des négociations déjà entreprises avec le
gouvernement par le canal du ministère de la Fonction publique? Je ne
vous demande pas nécessairement le nom des personnes, mais les corps
qu'elles représentent.
M. L'ALLIER: Est-ce que vous parlez de la partie patronale à ce
front commun?
M. PAUL: La partie syndicale...
M. L'ALLIER: La partie syndicale, c'est la CEQ.
M. PAUL: ... parce que, dans la partie patronale, il ne doit y avoir que
le gouvernement.
M. L'ALLIER: Non, la partie patronale ne comporte pas que le
gouvernement. Le gouvernement a des partenaires comme l'Association des
hôpitaux, la Fédération des commissions scolaires, la
Fédération des CEGEP, les foyers pour adultes et quelques autres
partenaires dont je pourrais vous donner la liste d'une façon plus
précise.
Du côté syndical, le front commun est essentiellement
composé de la CSN, de la FTQ et de la CEQ.
M. PAUL: Qui, chacune d'elles, représente un groupe ou l'autre
d'employés du gouvernement.
M. L'ALLIER: Des fédérations d'employés du
gouvernement ou du secteur parapublic.
M. PAUL: Du secteur paragouvernemental.
M. L'ALLIER: Maintenant, il y a des unités de négociations
qui ne sont pas, elles, représentées par ce front commun. Donc,
il y a des employés du gouvernement qui ne sont pas
représentés par le front commun. Ces employés sont
représentés par des unités de négociations ou par
des unités syndicales distinctes que nous rencontrons exactement de la
même façon que nous les avons rencontrées pour leur exposer
la politique de rémunération du gouvernement ainsi que les
règles de cette politique. Il s'agit du SPIQ, pour les
infirmières, et des United Nurses.
M. PAUL: Est-ce que cette formation d'un front commun syndical va avoir
pour effet d'éliminer différentes tables de négociations
ou si le gouvernement va être obligé de négocier avec
chaque groupement syndical qui représente X employés, soit dans
le secteur de la Sûreté du Québec, de la RAQ, etc?
M. L'ALLIER: Les discussions que nous avons maintenant ne font pas
partie du mécanisme normal des négociations, comme on les a
connues par le passé.
En d'autres mots, nous sommes en présence d'un front commun
syndical pour fins de discussion de la politique de rémunération
du gouvernement. Pour répondre précisément à votre
question, l'existence même de ce front commun n'a pas pour effet direct
de diminuer les tables de négociation. Pour ce qui est de celles-ci, le
gouvernement continuera à négocier avec les employés. Il
pourra arriver toutefois que dans certains secteurs, par législation,
et c'est un peu le projet de loi auquel je faisais allusion nous
en arrivions à proposer à l'Assemblée nationale une
nouvelle répartition des tables de négociation.
M. PAUL: M. le Président, si je comprends bien, dans ces
réunions patronales-syndicales, il n'y a que les principes de la
politique de rémunération qui sont discutés.
M. L'ALLIER: C'est exact.
M. PAUL: Et chaque unité syndicale fera ensuite l'objet de
négociations futures après qu'on aura accepté ou qu'on
aura imposé les principes généraux de la politique de
rémunération.
M. L'ALLIER: La distinction faite par le député est
extrêmement importante. Je suis content qu'il la fasse. Effectivement,
les négociations comme telles ne commenceront qu'à la date
prévue ou aux dates prévisibles. Les discussions
préliminaires, c'est une expérience, c'est une première
les syndicats l'ont reconnu que nous tentons de part et d'autre.
C'est pour faciliter les négociations. Mais cela n'a pas pour but de
constituer des mesures dilatoires aux négociations, non plus de les
bloquer. En d'autres mots, si nous pouvons, avec les parties syndicales, nous
entendre sur un certain nombre de principes, nous souhaitons à ce
moment-là pouvoir nous entendre avec elles par protocole, sur des points
précis de cette politique de rémunération, sur ses
principes, et faciliter d'autant la discussion à la table de
négociation. A la limite, si nous ne nous entendions sur rien, la
situation serait celle que nous avons connue à l'occasion de la
deuxième ronde de négociation.
Je suis confiant que nous pourrons nous entendre sur un bon nombre de
points.
M. PAUL: Est-ce que, dans l'énoncé des principes de la
politique de rénumération du gouvernement, il est question, par
exemple, d'une masse salariale ou d'un pourcentage d'augmentation que se
proposerait de consentir le gouvernement? Un pourcentage global sans,
cependant, que cette augmentation soit nécessairement la même pour
chaque unité syndicale de négociation?
M. L'ALLIER: La politique de rémunération que nous avons
proposée à la partie syndicale porte sur deux catégories
de principes distincts. D'abord, les principes ou les règles relatifs
à la structure de la rémunération. Qu'est-ce qui compose
la rémunération? Dans ces principes, on retrouve par exemple la
parité des traitements entre les hommes et les femmes et la tendance
à la normalisation de la rémunération d'une région
à l'autre.
Il y a une deuxième catégorie de principes qui sont
relatifs au niveau de la rémunération. Combien paiera-ton les
employés du secteur public et parapublic? Quant au niveau de cette
rémunération, trois principes sont énoncés et je me
permets, M. le Président, de vous les donner ici. Le premier est le
suivant: la rémunération des employés devra se situer au
niveau de la moyenne générale observée au Québec
pour des emplois identiques ou analogues.
Deuxièmement, les accroissements de rémunération
auront pour objectif de maintenir le pouvoir d'achat des
rémunérations.
Troisièmement, les accroissements de rémunération
auront aussi pour objet de permettre à l'ensemble du personnel des
secteurs public et parapublic de bénéficier périodiquement
de l'accroissement de la richesse collective au Québec.
M. PAUL: J'ai l'impression, en vous écoutant, que c'est assez
impersonnel et imprécis tout cela.
M. L'ALLIER: C'est impersonnel et imprécis si on veut parler de
statistiques et de chiffres, mais ce sont quand même des principes
fondamentaux sur lesquels on peut s'entendre.
M. PAUL: Ce sont des principes d'économie, ça.
M. L'ALLIER: Des principes d'économiste?
M. PAUL: D'économie et d'économiste. Je ne les discute
pas, je pose la question.
M. L'ALLIER: Je ne suis pas en mesure de juger si ce sont des principes
d'économiste; ne l'étant pas moi-même, je ne peux pas
identifier, si vous voulez, la qualité d'un texte sous cet aspect.
Je peux vous dire toutefois que dans la mesure où il s'agit de
rémunération et non pas uniquement de traitement,
rémunération englobant les heures de travail, les congés,
etc., ces principes m'apparaissent absolument valables en ce sens qu'ils sont
réalistes dans le contexte et des relations de travail et de
l'économie québécoise et, d'une façon
générale, des prestations de travail fournies par les
employés. En d'autres mots, on leur dit: II faut faire en sorte que
l'employé de l'Etat, du secteur public ou parapublic, ne soit pas
pénalisé dans son traitement par l'augmentation du coût de
la vie.
Donc, il faut un rajustement qui fait que le même salaire puisse
continuer à acheter la même chose.
Deuxièmement, parce qu'il ne s'agit pas ici de discuter
d'augmentation de traitement, de fonction ou de modification d'un emploi, il ne
s'agit pas de discuter d'augmentation de salaire de quelqu'un qui changerait
d'emploi. Il s'agit de faire en sorte que les rémunérations pour
des tâches qui étaient les mêmes avant les
négociations qu'après, ces rémunérations permettent
aux employés de continuer à vivre dans le contexte
québécois avec le même pouvoir d'achat et, dans la mesure
où augmente la richesse collective, de participer à
l'augmentation de cette richesse collective.
M. PAUL: M. le Président, peut-être une dernière
question et après je laisserai... je constate que j'avais l'impression
d'être devant un tribunal. Alors, je vais poser cette dernière
question pour donner la chance ensuite à mes collègues d'en
poser. Je m'excuse de cet oubli bien involontaire...
M. DUMONT: II y a d'autres bons avocats de ce côté-ci.
M. PAUL: Ah oui! M. lé Président, est-ce que le
gouvernement, dans ses principes de rémunération, a
envisagé je parle de la partie patronale, pas
nécessairement le gouvernement, mais plus spécialement le
gouvernement l'opportunité de reclasser un grand nombre de
fonctionnaires provinciaux?
En 1967, l'ancien gouvernement dont je ne faisais pas partie puisque
j'occupais les hautes fonctions de président de l'Assemblée
nationale, à un moment donné, a accepté des normes de
classification à l'endroit des fonctionnaires. Par après,
l'expérience nous a démontré que dans trop de cas
s'étaient glissés, bien involontairement, mais en fait, beaucoup
d'erreurs et de préjudices à l'endroit de fonctionnaires loyaux
qui comptaient à leur crédit quinze, vingt et vingt-cinq
années de services alors qu'ils ne possédaient pas
nécessairement la classification ou la scolarité que la
Commission de la fonction publique à l'époque avait
envisagée comme critère de base surtout pour la classification du
personnel en place.
Je dis que, de bonne foi, mais effectivement cependant, et en fait, les
règles de classification qui ont été reconnues et
employées ont causé des préjudices à des
fonctionnaires qui, ne possédant pas la scolarité de dix ou
onzième année, avaient cependant une expérience beaucoup
plus grande et beaucoup plus efficace au point de vue de l'administration que
les frais diplômés de nos écoles. Je ne vous parle pas ici
au niveau universitaire, mais au niveau secondaire parce qu'à
l'époque on n'avait même pas de CEGEP. Je parle, au niveau
secondaire, de fonctionnaires qui sont entrés dans la Fonction publique
et parce qu'ils avaient une scolarité de
dixième, onzième ou douzième année ont
obtenu, dès leur entrée, une classification supérieure
à l'employé qui était en place depuis dix, douze ou quinze
ans, qui ne possédait pas la scolarité du nouvel employé,
mais qui, par contre, possédait à son crédit une
expérience et une efficacité de travail beaucoup plus
avantageuses pour l'employeur qu'est le gouvernement dans chacun de ses
ministères.
Alors je dis qu'à maintes reprises des représentations ont
sûrement été faites aux fonctionnaires de la Commission de
la fonction publique précisant que des erreurs ou des injustices ont
été commises de bonne foi, mais par suite de l'adoption de
certain critères au nombre desquels on n'a pas tenu compte de
l'expérience et des années de services du fonctionnaire en place
au moment de la classification de la part des officiers supérieurs, de
l'agent du personnel, sur recommandation des chefs de service à
l'intérieur d'un ministère.
M. le Président, je ne dis pas que chaque employé, que
chaque fonctionnaire devrait voir son statut révisé, mais dans
certains cas, là où le nombre d'années supplée avec
avantage à la scolarité, le gouvernement c'est une
suggestion que je lui fais à l'occasion de ce début de
négociation, devrait reconnaître ce principe de la
nécessité de révision du dossier pour que certains
fonctionnaires qui ont lésés par suite de l'adoption de cette
norme administrative que l'on a recommandée à l'ancien
gouvernement, que l'on a adoptée, que l'on a même tenté de
vivre ou d'appliquer...
Vous remarquerez, M. le Président, que je suis très mal
placé pour vouloir reprocher à l'ancien gouvernement l'adoption
de cette politique. Ce n'est pas une erreur de la part du gouvernement. Ce sont
des principes que l'ancien gouvernement devait accepter, mais qui, au fur et
à mesure de l'expérience vécue, ont démontré
la situation que je viens de décrire et qui, à mon humble point
de vue, devrait susciter une correction, dans le meilleur intérêt
d'un trop grand nombre de fonctionnaires. Malheureusement, ceux-ci n'ont
peut-être pas été classés en 1967 suivant non
seulement leur scolarité, mais en plus l'expérience acquise et
les années de service qu'ils avaient à leur crédit, depuis
leur entrée dans le fonctionarisme du Québec...
M. L'ALLIER: M. le Président, cette question extrêmement
importante a effectivement fait l'objet des négociations de 1968. Je
dois dire ici que ce n'est pas le ministère de la Fonction publique,
mais bien la Commission de la fonction publique, de par la loi, qui a la
responsabilité de la classification des fonctionnaires, en vertu de
l'article 21 de la Loi de la fonction publique. Ceci dit, la convention
collective de 1968 prévoyait qu'il serait procédé à
cette reclassification, à cette révision de l'ensemble de la
classification de tous les fonctionnaires.
Je peux vous informer, M. le Président, que ce travail de
révision, qui s'est fait conformément à la convention
collective et qui s'est fait avec la participation des employés, est
à toutes fins pratiques presque terminé. Les plans de
classification sont à toutes fins pratiques presque terminés. Je
peux vous dire ici en quelques mots comment ceci s'est passé pour que
vous puissiez constater le sérieux du travail fait par la commission
à ce sujet.
Les règles régissant les personnels de la catégorie
des fonctionnaires, ouvriers et agents de la paix ont en particulier fait
l'objet d'une révision en profondeur. Cette mise à jour concerne
les règlements actuels de la classification approuvés par les
arrêtés en conseil 2308, 18, 19 et 1867, respectivement du 30
novembre 1966, des 6 et 12 juillet 1967, pour ce qui concerne les
fonctionnaires. Les règlements approuvés par les
arrêtés en conseil 184 et 969 sont en date respectivement du 31
janvier 1967 et du 18 avril 1967, pour ce qui concerne les agents de la paix.
Le règlement approuvé par l'arrêté en conseil 185
est du 31 janvier 1967 pour ce qui concerne le personnel ouvrier. Passons aux
objectifs que s'était fixés la direction de la classification de
la commission. Ces travaux de révision ont pour principaux objectifs,
d'une part, d'adapter la classification à l'évolution des emplois
et de la formation qui prépare à son exercice. D'autre part, de
résoudre le mieux possible les difficultés d'application des
normes actuelles, comme vous l'avez souligné, difficultés
démontrées notamment par l'étude des griefs de classement
et par les problèmes de recrutement et de gestion.
De façon plus particulière, la révision vise
à mieux décrire et à mieux grouper les emplois en classes
selon leur nature et leur rang, à mieux définir les conditions
à l'admission aux examens, compte tenu des programmes de formation
scolaire et professionnelle principalement, à exclure de la
réglementation les matières reliées à la
rémunération de ce personnel faisant partie de
négociations. Quant à sa méthode de travail, la direction
a procédé comme suit: La révision de la classification des
catégories fonctionnaires, ouvriers et agents de la paix prévoit
pour chacune de ces catégories un processus de consultation des parties
intéressées, ce qui s'est fait.
Ce processus de consultation s'est manifesté dans le cadre de
deux comités consultatifs de la révision de la classification. La
nature et le rôle de ces comités sont définis par les
résolutions approuvées par les arrêtés en conseil
3105 et 1776, datés respectivement du 3 octobre 1968 et du 8 avril 1970.
Ces comités consultatifs ont pour rôle d'aviser la Commission de
la fonction publique sur les consultations à poursuivre, d'examiner les
travaux effectués et de recommander à la commission des
modifications aux règlements de classification.
Comme je vous l'ai dit, les travaux de cette direction sont, à
toutes fins pratiques, terminés
et nous mettrons présentement la dernière main à
ces plans de classification. Il faut dire que, pour ce qui est des postes de
direction supérieure, cette classification continuera d'être une
activité régulière de la direction de la
classification.
M. le Président, je ne voudrais pas élaborer plus
longuement sur cette question. J'aurais encore quelques notes, mais je crois
que les informations que je viens de vous donner répondent du
moins je le souhaite à la question que vous vous posez. Ce qu'il
est important de noter, c'est que cette classification tient compte de
l'ensemble de la situation du personnel auquel elle s'applique et fait une
place importante à la consultation de ce même personel pour en
arriver à une classification qui tienne compte d'un certain nombre de
situations acquises. Vous faisiez allusion, tout à l'heure, à la
formation scolaire et à des choses comme celles-là. Cette
classification tient compte de tous ces facteurs, y compris des recommandations
des deux comités consultatifs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président...
M. LATULIPPE: M. le Président, sur le même sujet,
c'est-à-dire sur la classification.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est sur le même sujet? Allez-y
donc.
M. LATULIPPE: M. le Président, sur le même sujet. Est-ce
que je pourrais vous demander si la classification des professeurs est en voie
de règlement ou si c'est encore dans une situation d'impasse? Est-ce que
vous avez réellement de bonnes nouvelles à nous annoncer sur ce
plan-là? C'est parce que vous ne l'avez pas abordé dans votre
exposé, tout à l'heure.
M. L'ALLIER: Je n'en ai pas parlé parce que cela ne touche pas
précisément le ministère de la Fonction publique. C'est
une des activités de la Direction générale des relations
de travail. Toutefois, je pourrais rapidement vous dire ici que la
dernière rencontre avec les enseignants a eu lieu, si ma mémoire
est exacte, le 21 mai. A cette rencontre, la partie syndicale ne s'est pas
déclarée entièrement satisfaite de la proposition qui a
été faite par la partie patronale. Toutefois, il a
été convenu que les négociations n'étaient pas
rompues et que la partie syndicale devait faire rapport à ses mandants
pour pouvoir, ensuite, éventuellement, communiquer avec la partie
patronale.
De notre côté, nous continuons à travailler sur ce
dossier, en collaboration avec le ministère de l'Education. Nous
continuons les analyses de diplômes et de différentes combinaisons
possibles et imaginables qui se chiffrent dans les milliers pour voir de quelle
façon nous pouvons, le plus rapidement possible, en arriver à la
solution de ce problème extrêmement com- plexe. Quoi qu'il en
soit, les travaux effectués à la suite de la dernière
commission parlementaire établissent que plusieurs cas qui
étaient litigieux au moment de la tenue de la dernière commission
parlementaire ont pu être réglés, si vous le voulez, du
moins sur leurs principes. Il y a eu entente de principe entre les parties par
négociation. Et quand je dis plusieurs cas, notre évaluation nous
indique que cela touche au moins la moitié des enseignants.
M. BOIVIN: Je voudrais savoir du ministre quelles sont les relations du
ministère de la Fonction publique avec les autres ministères.
Est-ce que, par exemple, en ce qui regarde l'Education, en ce qui regarde les
Affaires sociales, il y a un bureau de relations de travail dans chacun de ces
gros ministères où il y a beaucoup d'employés? Dans le
secteur de la santé, par exemple, surtout dans le domaine parapublic, en
ce qui regarde les hôpitaux, je pense -qu'il y a au-dessus de 85,000
employés. Est-ce qu'au ministère des Affaires sociales la
même chose pour le ministère de l'Education vous avez un
bureau de relations de travail? Quelles seront les relations de ce bureau de
relations de travail avec le ministère de la Fonction publique?
M. L'ALLIER: M. le Président, cette question est assez importante
pour la compréhension du mécanisme des relations de travail.
C'est le ministère de la Fonction publique, depuis sa création,
qui a la responsabilité de l'ensemble des négociations et de
l'application des conventions collectives pour tous les employés du
gouvernement. C'est lui également qui doit faire en sorte qu'avec les
partenaires du gouvernement, comme l'Association des hôpitaux et la
Fédération des commissions scolaires, les négociations
aient lieu avec les employés et les travailleurs.
Par ailleurs, pour répondre précisément à
votre question, dans le cas des ministères qui sont les plus directement
touchés par les relations de travail et par les conventions collectives,
notamment le ministère de l'Education et le ministère des
Affaires sociales, il existe dans la structure administrative de ces
ministères deux directions générales des relations de
travail: une au ministère des Affaires sociales et une au
ministère de l'Education. Ces directions générales des
relations de travail sont, pour les ministères, responsables de
l'application des conventions collectives et elles travaillent en relations
très étroite avec la direction générale des
relations de travail au ministère de la Fonction publique. Nous
travaillons constamment en collaboration pour préparer et tenir la
négociation avec les employés soit du secteur hospitalier soit du
secteur de l'éducation.
Au ministère des Affaires sociales, je crois que c'est M.
Gaudreault, sous-ministre adjoint, qui est à la direction
générale des relations de travail. Il est avec M. René
Morin au ministère
des Affaires sociales. Au ministère de l'Education, c'est M. Huot
qui est directeur général des relations de travail.
M. BOIVIN: Qui nomme les membres aux tables de négociation dans
les deux grands ministères concernés, le ministère de
l'Education et le ministère des Affaires sociales? Est-ce le
ministère des Affaires sociales et le ministère de l'Education ou
est-ce le ministère de la Fonction publique? Je trouve cela un peu
curieux; on a convoqué, dernièrement, la commission de la
Fonction publique pour discuter de façon ' particulière des
négociations dans le domaine de l'éducation alors que je
m'attendais que ces discussions se fassent au niveau du ministère de
l'Education. Pouvez-vous me dire qui des trois ministères
concernés organisera et nommera les représentants aux tables de
négociation?
M. L'ALLIER: La nomination des représentants aux tables de
négociation se fait par le gouvernement. Elle se fait après
entente avec chacun des ministères concernés, qui ont, eux, une
responsabilité précise et spécialisée, celle de
représenter les intérêts du ministère
approprié, que ce soit le ministère de l'Education ou celui des
Affaires sociales. Mais les représentants aux tables de
négociations sont nommés après entente entre le
ministère de la Fonction publique et le ministère des Affaires
sociales comme entre le ministère de la Fonction publique et le
ministère de l'Education.
Nous avons, à la direction générale des relations
de travail, un agent de liaison sous le sous-ministre, M. Gérin, qui est
à temps plein agent de liaison avec soit le ministère des
Affaires sociales soit le ministère de l'Education. Ce sont M. Grandbois
pour le ministère de l'Education et M. Delisle pour le ministère
des Affaires sociales. Donc, c'est une opération conjointe de deux
ministères, un ministère ayant comme responsabilité
celui de la Fonction publique l'ensemble des relations de travail et
l'autre ministère ayant une responsabilité précise, celle
de la défense des intérêts particuliers du secteur
concerné, soit le ministère de l'Education, soit le
ministère des Affaires sociales. Donc, il y a une collaboration
étroite. Je ne connais pas d'exemple où le ministère de la
Fonction publique aurait procédé à la nomination de
représentants aux tables de négociation contre l'avis de l'un ou
de l'autre des ministères.
M. BOIVIN: Dans les conflits qui peuvent survenir dans les
hôpitaux, dans le domaine parapublic, est-ce le bureau des relations de
travail du ministère. des Affaires sociales qui s'en occupe ou est-ce
que cela va directement au ministère de la Fonction publique? S'il y a,
par exemple, un lock-out ou des difficultés dans un hôpital
donné, est-ce que le ministère de la Fonction publique
répond immédiatement à ces difficultés ou si ce
sont les ministères concernés, le ministère de l'Education
et le ministère des Affaires sociales, qui en ont la charge par leur
bureau des relations de travail
M. L'ALLIER: Dans l'application des conventions collectives, lorsqu'il
se pose un problème, un grief, une difficulté, une grève,
c'est la direction des relations de travail du ministère concerné
qui est la première saisie de ce problème. En d'autres mots c'est
cette direction générale, au sein du ministère, qui a la
responsabilité de l'application de la convention collective. Lorsqu'il
s'agit de négociations, le problème remonte au ministère
de la Fonction publique.
Quoi qu'il en soit, je crois, M. le Président, que la question
est à la fois intéressante et pertinente parce qu'elle permet de
souligner la très étroite collaboration qui existe entre ces deux
services qui ont des fonctions très rapprochées l'une de l'autre,
complémentaires et en aucune façon contradictoires. Il est
cependant possible qu'à l'occasion d'un problème particulier, la
Direction des relations de travail, dans l'un ou l'autre des ministères
et c'est normal présente le problème dans l'optique
spécifique de ce ministère. Cette direction des relations de
travail n'a pas a priori à tenir compte de l'ensemble des relations de
travail et de l'ensemble des contingences, si vous voulez. Sa fonction
première est d'étudier le problème, la question, le grief
dans l'optique d'une convention collective spécifique à ce
secteur. La liaison se fait avec le ministère de la Fonction publique
qui agit comme conseiller et, au moment des négociations, comme
négociateur au nom du gouvernement.
Je ne sais pas si ça répond à votre question.
M. BOIVIN: Cela répond, mais c'est plutôt en pratique
où ça soulève des difficultés. Les bureaux de
relations de travail n'ont peut-être pas toujours la confiance du
ministère de la Fonction publique et la fonction publique n'est pas
très spécialisée, soit dans le domaine de
l'éducation ou dans le domaine de la santé.
Alors, je demanderais au ministre de la Fonction publique de donner
confiance à ces deux bureaux de relations de travail dans un domaine qui
est très spécialisé, qui soulève des
difficultés énormes lorsque ces bureaux de relations de travail
ne sont pas bien organisés dans ces deux secteurs.
Encore une fois, j'ai été surpris que tout
dernièrement la commission de l'Assemblée nationale soit
convoquée par la fonction publique pour régler un problème
d'éducation plutôt que par la commission de l'Education.
Alors, c'est une recommandation que je fais au ministre de la Fonction
publique de renforcer ce comité de relations de travail dans ces deux
domaines bien spécialisés.
M. PAUL: Mon honorable collègue me permet-il une question?
UNE VOIX: Certainement.
M. PAUL: Mon honorable collègue pourrait-il me dire, son
expérience nous permet-elle de nous informer si en fait il y aurait une
certaine contradiction dans la conception des problèmes de relations
entre, d'autre part, les commissions dont il vient de nous parler et la
commission ou le ministère de la Fonction publique d'autre part?
M. BOIVIN: C'est peut-être au-dessus des conflits de
personnalité, mais ce que j'ai remarqué pour avoir oeuvré
surtout dans le domaine des relations de travail au ministère des
Affaires sociales, c'est que la Fonction publique avait de bons hommes pour les
négociations, pour faire des calculs généraux, comme vous
en avez parlé tout à l'heure, mais dans les conflits de travail,
les conflits de personnes, nous n'avions pas les résultats attendus de
la fontion publique. Nous avions M. René Morin, par exemple, dans tous
ces problèmes-là. Chaque fois que nous avons renforcé ce
bureau de relations de travail, c'est là que nous avons eu les
résultats. Je trouve que la fonction publique a sa place, ce sont des
calculs généraux, des statistiques, mais nous n'avons pas
à la fonction publique, il me semble c'est ce qui existait dans
le passé toutes les personnalités pour régler les
problèmes bien spécialisés dans le domaine de la
santé et même de l'éducation où j'ai moins
travaillé. Mais, je me suis rendu compte lors de grandes
négociations qu'on avait le même problème à
l'éducation.
Nous avions à la santé, dans le temps, un bureau de
relations de travail assez bien organisé mais qui nous demandait encore
davantage des chercheurs, des gens bien spécialisés pour aller
aux tables de négociations. Nous avions tous les vendredis, toute la
journée, des rencontres avec ce bureau de relations de travail pour
préparer les négociations à chacune des tables.
Nous n'avions pas nécessairement, au niveau du travail
effectué au ministère, à régler des
problèmes de chiffres, des problèmes d'offres monétaires.
Il y a un travail dans ce domaine spécialisé qu'est la
santé, qui a un caractère bien particulier, et c'est par ce
bureau de relations de travail que nous avons le mieux réussi à
régler beaucoup de difficultés.
M. L'ALLIER: M. le Président, je remercie le député
de ses remarques qui sont pertinentes. En effet, même si nous avons
maintenant quelques années de négociations dans le domaine des
relations de travail, ce sont, comme je l'ai dit au début, des secteurs
où notre expérience administrative est relativement nouvelle.
Nous ferons l'impossible pour continuer d'améliorer les relations
de travail c'est le cas de le dire qui peuvent exister entre deux
ministères. Le premier objectif, c'est que l'employeur soit bien servi
par ses employés, qu'ils fournissent un rendement maximum. Il faut que
les employés soient aussi bien servis par des relations de travail qui
font que leurs conditions de travail sont acceptables, valables et même,
dans certains cas, confortables.
Le problème que vous soulignez peut exister. Pour ma part, je le
fais reposer davantage sur la disparité apparente, à mon avis,
des objectifs du ministère de la Fonction publique et des
ministères de l'Education et des Affaires sociales en matière de
relations de travail. Ces deux ministères ont des vocations
spécialisées qui touchent une clientèle
particulière. Il est normal que, pour bien appliquer les conventions
collectives et pour bien conseiller le gouvernement, ces directions
générales soient équipées de spécialistes en
relations de travail conscients des problèmes sectoriels.
Il est, par ailleurs, normal que le ministère de la Fonction
publique assume la coordination des relations de travail. Comme vous le savez
par votre expérience de l'administration, quelle que soit l'agence,
l'organisme ou le ministère qui a une fonction de coordination, c'est
toujours la fonction la plus difficile à exécuter et celle qui
donne le moins de rendement apparent. Il ne faut pas, non plus, oublier que le
ministère de la Fonction publique, comme tel, lui aussi, a une
clientèle spécialisée, soit les fonctionnaires, et qu'il
doit négocier pour l'ensemble des employés de l'Etat.
En terminant là-dessus, M. le Président, je prends bonne
note des remarques qui sont formulées par le député et je
peux l'assurer que nous continuerons de travailler dans le sens qu'il a
indiqué.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je pense que nous
sommes toujours dans les discussions d'ordre général. Je voudrais
parler au ministre d'un sujet qui m'intéresse beaucoup,
c'est-à-dire les fonctionnaires et la politique. Vous savez que, dans la
Loi du ministère de la Fonction publique, l'article 55 régit les
activités politiques des fonctionnaires. Cette loi-là se limite
à l'interdiction, pour un fonctionnaire, de participer ouvertement
à une élection fédérale ou provinciale. Cependant,
la réalité est beaucoup plus vaste.
On sait qu'après chaque élection je ne dis pas que
cela s'est fait principalement après l'élection du 29 avril, pas
plus qu'une autre; je parle en général il y a des
mutations, des promotions dégradantes, des mises sur les tablettes,
qu'il y a même des congédiements. Pour ma part, il ne s'agit pas
de savoir que M. X a été muté ou destitué, que M. Z
a été congédié. Je voudrais tout simplement que le
ministre nous dise s'il a l'intention d'établir des règles
d'application, autrement dit, un code d'éthique qui définirait
les droits des fonctionnaires en période interélectorale. Ainsi,
entre les élections, est-ce qu'un fonctionnaire a le droit de militer
dans un parti politique au niveau d'un comté? A-t-il le droit de tenir
la caisse d'un parti?
En somme, est-ce qu'un fonctionnaire, entre
les élections, a le droit de participer activement à un
parti politique? Est-ce que le ministre a l'intention de définir ces
choses? Je pense que cela crée beaucoup de problèmes pour
certains fonctionnaires.
M. L'ALLIER: La question qui est posée par le
député est extrêmement complexe et il faut, pour
l'étudier, je crois, partir de la Loi de la Fonction publique. Vous vous
êtes référé à l'article 55; il faut
également se référer à la fin de cette loi, qui est
le chapitre XIV, à l'annexe a), qui est le serment ou l'affirmation
d'allégeance ou d'office.
Pour ce qui est de la situation actuelle, les droits des fonctionnaires
en matière de participation à la vie politique active sont,
à mon avis, extrêmement vastes. En d'autres mots, à
l'article 55, on dit que "nul sous-chef donc, sous-ministre ou
fonctionnaire, nul ouvrier permanent ne doit se livrer à un travail de
partisan dans une élection fédérale ou provinciale.
Quiconque enfreint le présent article est passible de destitution
à la matière prévue, etc..."
Cela veut dire qu'en dehors des périodes électorales les
fonctionnaires peuvent, en vertu de la loi, se livrer à des
activités politiques. C'est la loi telle qu'elle existe. Cela ne veut
pas dire, cependant, que ces mêmes fonctionnaires peuvent le faire
pendant les heures de travail et en prenant du temps pour lequel ils sont
payés. En d'autres mots, le fonctionnaire, parce qu'il est
fonctionnaire, ne perd pas ses droits de citoyen sauf, peut-être, au
moment de la période électorale où il ne peut pas faire de
politique partisane. Il a accès aux fonctions électives et ce
sont des choses qui se sont vues.
Cependant, il faut noter ici qu'il est extrêmement difficile, pour
ne pas dire impossible, de vérifier, de contrôler, à moins
de mettre sur pied tout un système infernal, la façon quotidienne
dont, à l'intérieur de l'exécution de ses fonctions, un
fonctionnaire agit. Fait-il ou non de la politique à partir de son
travail ou avec son travail? C'est là qu'il faut se
référer au serment ou à l'affirmation d'allégeance
qui dit, si je peux le lire ici et tous les fonctionnaires, je crois,
sont obligés de prêter ce serment ou de faire cette
affirmation "Je, A.B..., jure ou affirme solennellement que je serai
loyal et porterai vraie allégeance à l'autorité
constituée et que je remplirai les devoirs de ma charge de... avec
honnêteté et justice et que je ne recevrai aucune somme d'argent
ou considération quelconque pour ce que je fais ou pourrai faire dans
l'exécution de mes devoirs, de ma charge, dans le but de favoriser,
etc... l'achat ou l'échange..."
M. PAUL: M. le Président, j'ai compris "je jure que je serai
loyal..."
M. L'ALLIER: Loyal.
M. PAUL: Excusez-moi.
M. L'ALLIER: Je m'excuse. J'ai effecti- vement, pour être
très précis, fait le lapsus que je me suis empressé de
corriger.
Comment, comme je vous l'ai dit, à moins de mettre sur pied des
systèmes de contrôle qui seraient absolument impraticables, voir
si tel ou tel fonctionnaire fait ou ne fait pas parce que cela peut
être extrêmement subtil de politique dans l'exercice de sa
fonction précise? S'il en fait, pour le compte de qui? Cela peut
être pour le compte d'un parti politique. Cela peut être pour le
compte d'une association politique. Cela peut être pour le compte d'un
groupement politique. Cela peut être pour le compte d'un groupuscule,
pour le compte de n'importe qui. Cela peut être pour le compte d'une
société privée. C'est l'exécution, en
définitive, de ses fonctions qui, lorsqu'il est fonctionnaire, fait en
sorte qu'un individu ne doit pas faire de la politique.
Pour ce qui est de militer au sein d'un parti, de tenir une caisse dans
un comté ou d'être secrétaire-trésorier d'un
comité local, un fonctionnaire, d'après la loi actuelle, a tout
à fait le droit de le faire dans la mesure où c'est en dehors de
ses heures de travail.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, je comprends les
explications que vous venez de donner. Je l'avais mentionné, vous l'avez
ajouté dans votre réponse: La réalité est tout
autre, vous savez. Vous dites ici, par exemple: "Je, A.B..., jure... je
passe quelques lignes avec honnêteté et justice que je ne
recevrai aucune somme d'argent ou considération quelconque..." Je pense
que c'est quelqu'un qui jure de remplir ses fonctions honnêtement, de ne
pas accepter de pots-de-vin, etc.
Mais, pour les activités politiques, il y a seulement cet article
55. L'article 55 se limite tout simplement à un travail partisan dans
une élection fédérale ou provinciale. Cela, on s'entend,
on le sait.
Mais ce qui arrive, c'est que des gens font de la politique entre les
élections. Mais il arrive des élections. Et là, je
n'accuse ni le ministre ni d'autres de l'avoir fait, je parle de ce qui se
passe dans le Québec depuis vingt, vingt-cinq ou trente ans. C'est que
des gens ont adhéré et milité dans un parti politique
autre que celui qui était au pouvoir, que ce soient des
crédi-tistes ou péquistes, peu importe. Et quand est
arrivée une élection et que le pouvoir a changé de
côté, ces gens-là ont perdu leurs fonctions, ça vous
le savez.
C'est très difficile de surveiller chacun des fonctionnaires, de
dire: Lui, il est membre de tel parti, il milite à l'intérieur
d'un parti qui n'est pas le parti au pouvoir. Je le comprends, mais je vous
pose une question: Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de définir un code
d'éthique pour les fonctionnaires qui dirait les activités
politiques auxquelles ils ont droit l'article 55 dit bien que c'est en
temps de période électorale qui définirait les
droits des fonctionnaires entre les élections pour les protéger
afin qu'ils puissent adhérer au parti politique de leur
choix, parler librement de leur allégeance politique? Je demande
au ministre si le ministère de la Fonction publique ne pourrait pas
établir des droits pour les fonctionnaires, des règles strictes,
un code d'éthique qui leur dirait exactement ce à quoi ils ont
droit.
J'ai vécu un peu le problème moi aussi, je travaillais
pour l'Hydro-Québec; par contre, je ne faisais pas partie de la Fonction
publique, mais j'ai eu des problèmes. J'ai eu des patrons avec lesquels
j'ai réussi à m'organiser quand il a été question
de militer à l'intérieur du Parti québécois. Est-ce
qu'il n'y aurait pas moyen d'établir des règles strictes qui
diraient aux fonctionnaires ce à quoi ils ont droit et ce qui leur est
défendu?
C'est la question, est-ce qu'il y aurait moyen de définir
ça?
M. L'ALLIER: Est-ce que je peux poser une question au
député? Je n'ai pas très bien compris et je m'en excuse;
au cours de ses remarques, j'ai cru percevoir deux choses. A un moment
donné, qu'il souhaitait une restriction du droit des fonctionnaires de
faire de la politique, une précision et, à un autre moment, qu'on
affirme d'une façon précise le droit des fonctionnaires de faire
partie de telle ou telle organisation politique dans telle et telle condition.
Est-ce que c'est l'une ou l'autre?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous avez compris ça, je me suis
mal exprimé ou vous m'avez mal compris, je ne le sais pas. Je pense
qu'un fonctionnaire, quand ce n'est pas en période électorale,
aurait au moins le droit d'afficher publiquement ses allégeances
politiques, de militer à l'intérieur de n'importe quel parti
politique. Actuellement, il peut le faire, la loi ne le restreint pas, la loi
ne le lui défend pas, mais, s'il le fait, son poste est en jeu quand il
arrive une élection.
Alors, il faudrait que cela soit défini. A l'Hydro-Québec,
quand il a été question de moi qui militait à
l'intérieur du Parti québécois et que je me
présente à la convention dans Sainte-Marie, j'ai eu beaucoup de
difficultés à cause d'une restriction qui était dans notre
convention collective. Il a même fallu que je négocie parce que,
en réalité, la loi me le défendait. J'avais le droit
d'être candidat je ne plaide pas mon cas personnel, je vous le
donne comme exemple étant élu candidat du Parti
québécois, il fallait que je demande un congé sans solde.
Mais, avant d'être candidat, il fallait que je fasse une certaine
campagne. Et là, suivant notre convention collective, je n'avais pas le
droit de le faire. Il a fallu que j'use un peu d'astuce pour pouvoir le
faire.
UNE VOIX: Ah!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous savez, il a fallu que je le fasse parce
que la convention collective de l'Hydro-Québec me le
défendait.
M. VINCENT: C'est pour ça qu'il a prêté serment.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On peut être astucieux tout en
étant honnête. Il ne faut pas confondre. Je n'ai pas dit que
j'étais malhonnête.
M. PAUL: Habile.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous me le condédez, j'accepte le
compliment.
M. PAUL: Voyons donc! Pensez-vous que...
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que vous comprenez très bien ce
que je veux dire? Alors, il faudrait donner le droit à tous les
fonctionnaires, quand ce n'est pas en période électorale, de
faire de la politique dans le parti de leur choix; il faudrait définir
ce droit et dire qu'ils ont le droit de le faire. Actuellement, ils ne le
peuvent pas.
M. L'ALLIER: M. le Président, vous comprendrez bien que le but
premier de l'emploi d'un fonctionnaire permanent n'est pas de faire de la
politique. Cela, il faut que ce soit bien entendu. On parle toujours,
là, du fonctionnaire qui fait de la politique. Quand le fonctionnaire
fait de la politique, d'après la loi, il est citoyen. Lorsque, de 9
heures à 5 heures, il est fonctionnaire, il n'a pas le droit de faire de
la politique, parce que c'est incompatible avec ses fonctions.
Comme fonctionnaire, il a la responsabilité de conseiller ou
d'exécuter. Il conseille le gouvernement sur des politiques que le
gouvernement, lui, a le devoir de faire et il les exécute. Si un
fonctionnaire, dans l'exercice de ses fonctions, est en désaccord avec
le gouvernement ou avec l'organisme pour qui il travaille, c'est sa
responsabilité, à ce moment-là, de se retirer comme
fonctionnaire et de prendre ses décisions. Lorsqu'un individu est
fonctionnaire de 9 heures à 5 heures, pendant la période
où il est au service de l'Etat, il est seulement et uniquement soit un
conseiller, soit un exécutant, soit un gestionnaire, soit un
administrateur, soit un vérificateur.
Il n'a pas c'est contraire, à mon avis, au bien commun
à traduire dans ses fonctions des options politiques, des options
de mouvement, des options d'association, des options de quelque nature que ce
soit. En dehors de son travail, sans incidence sur son travail, la loi
actuellement, à mon avis, donne les droits les plus larges possible.
Maintenant, si le député veut pousser cette question plus loin,
je serais heureux de recevoir ses suggestions quant à
l'amélioration de cet article de la loi qui pourrait être
modifiée d'une façon ou d'une autre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'ai une suggestion très courte, en
deux phrases. Vous
m'avez demandé si je veux faire des suggestions. C'est que tout
fonctionnaire, en dehors de son travail, devrait avoir le droit d'appartenir au
parti politique de son choix, de faire de la politique, peu importe son option,
que ce soit le Parti québécois ou l'Union Nationale. C'est
ça ma suggestion et ça, il n'a pas le droit de le faire. On ne le
lui défend pas ici; on le lui défend en temps de période
électorale, mais, s'il le fait, sa position est en jeu.
M. L'ALLIER: On parle au conditionnel, M. le Président. S'il le
fait.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Alors, pourquoi ne pas le protéger
par un code d'éthique, ou par un autre article de la Loi du
ministère de la Fonction publique pour que ce type-là soit libre
comme citoyen d'adhérer au parti politique de son choix? Vous demandez
mes suggestions? C'est ça: tout fonctionnaire devrait avoir le droit
d'aller sur une tribune politique, ce soir et de parler pour un autre parti
politique que le parti au pouvoir. Je ne pense pas que ce soit manquer de
loyauté. Il devrait avoir le droit de le faire comme citoyen. Vous
demandez mes suggestions? C'est ça ma suggestion.
M. LEVESQUE: Je ne parle pas; j'aime autant ne pas parler.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que vous voulez me poser une
question?
M. LEVESQUE: J'aime autant ne pas parler.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Quand on sera au pouvoir, ça vous
donnera le droit de continuer à parler pour le Parti libéral.
M. LEVESQUE: On voit bien que vous n'êtes pas réaliste.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Bien pas du tout, vous! Pas du tout. Ce
n'est pas un rêve ça; c'est absolument normal que quelqu'un puisse
s'exprimer...
M. LEVESQUE: Des rêves en couleurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... même s'il travaille pour le
gouvernement.
M. L'ALLIER: M. le Président, j'aimerais que le
député, s'il en a le temps, puisse prendre connaissance des lois
qui existent dans d'autres provinces, dans des Etats américains ou
même dans d'autres pays à ce sujet. H constatera que la loi
québécoise actuellement est d'assez loin la plus libérale
en ce sens-là. Je ne vois pas qu'on puisse vraiment aller plus loin. Ce
serait probablement une phase un peu de masochisme pour un gouvernement d'aller
dans la loi inviter les fonctionnaires à faire partie d'un parti
politique et à militer de 5 heures à 9 heures le soir ou pendant
la nuit ou quoi que ce soit.
M. BOSSE: Ils en font assez sans être invités.
M. L'ALLIER: La loi ne l'empêchant pas, je peux vous donner des
noms de fonctionnaires qui l'ont fait et qui n'ont pas été
poursuivis, qui n'ont pas été pénalisés d'aucune
espèce de façon, qui l'ont fait pour des associations, pour des
mouvements, pour des partis politiques. Vous en voyez
régulièrement. Est-ce que ces gens-là sont suffisamment
intelligents pour faire une distinction nette entre leur "hobby" politique et
leur travail professionnel? C'est leur responsabilité de le faire. S'ils
ne le font pas, c'est la responsabilité du gouvernement de faire en
sorte que ne déteignent pas, dans le travail quotidien, dans le travail
professionnel, les tendances ou les convictions politiques qui sont, par
ailleurs, le droit de chaque citoyen, je le répète.
M. PAUL: M. le Président...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous me permettez, sur le même sujet,
une minute et je vais terminer, quant à moi. Je suis bien d'accord sur
le fait qu'un haut fonctionnaire ne puisse pas se servir de son travail pour
faire de la promotion pour un autre parti politique. Ce n'est pas cela que je
dis. Peut-être que le leader parlementaire a compris cela, et c'est pour
cela qu'il souriait. Mais c'est tout simplement en dehors de son travail. Je
pense que ce n'est pas exagéré de demander cela. Mais cela
protège le fonctionnaire contre un changement de gouvernement, contre
certaines reconnaissances, contre du patronage. Là, je n'accuse pas le
ministre, ni personne. Je parle en général. Cela protège
les fonctionnaires contre tout cela, contre les abus. Le ministre dit qu'il
connaît une foule de fonctionnaires qui ont fait de la politique et qui
ont gardé leurs fonctions. Moi aussi, j'en connais. Par contre, je
connais des fonctionnaires qui ont fait de la politique et qui ont perdu leur
job après les élections. Alors, tous ces gens-là seraient
protégés par... En tout cas...
M. L'ALLIER: Seulement un tout petit mot pour dire que c'est le statut
de la très grande majorité des fonctionnaires que d'être
des employés permanents de l'Etat. Or, s'il s'est avéré
que tel ou tel fonctionnaire a perdu son emploi, c'est que ce n'était
pas, au sens de la loi, un fonctionnaire. C'était un employé
occasionnel ou temporaire. Les employés permanents sont effectivement
protégés par la loi, notamment par l'article 61 de la loi qui
parle de destitution. Lorsqu'un employé est permanent, il est permanent,
et je ne connais pas de procédure autre que le tribunal d'arbitrage pour
le remercier de ses fonctions. Pour vous donner une illustration, sur 40,000
fonctionnaires, au cours de la dernière année budgétaire,
42 employés ont été destitués de leurs fonctions.
C'est une proportion qui se compare avec aventage à la proportion des
renvois ou des destitutions dans n'importe quelle grande entre-
prise de même nature. Cela m'apparaît une proportion infime
que 42 employés sur 40,000 ou 42,000 employés, dans une
année, soient renvoyés pour incompétence ou pour manque
à l'une ou l'autre des obligations, l'éthique en particulier, qui
sont prévues dans la loi.
Alors, encore une fois, je répète que la loi
québécoise, sur ce plan, est certainement la plus libérale
qui existe. Deuxièmement, au cours de la dernière année,
42 fonctionnaires ont perdu leur emploi alors qu'ils étaient permanents
soit pour manque d'éthique, manque de compétence, ou autres. La
procédure pour remercier un fonctionnaire permanent est
extrêmement longue et même assez onéreuse, de sorte que
c'est une chose qui ne se fait que dans des recours extrêmes.
M. VINCENT: M. le Président, le député de
Sainte-Marie, justement, nous a donné son expérience personnelle
avant qu'il ne soit député. Il était fonctionnaire
à l'Hydro-Québec. Il a eu certaines difficultés à
adapter son travail avec la possibilité qu'il puisse être
candidat. Nous avons également le ministre de la Fonction publique qui
était fonctionnaire avant le 29 avril, c'est-à-dire avant qu'il
ne soit candidat officiel du Parti libéral. Peut-être que celui-ci
pourrait nous dire si cela a été difficile pour lui d'être
fonctionnaire, de faire ou de ne pas faire de la politique alors qu'il
était fonctionnaire. Même, on nous a affirmé que lorsqu'il
était fonctionnaire, il avait une carte de membre du PQ.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'ai pas parlé de cela.
M. VINCENT: Est-ce que c'était difficile de concilier le travail
de fonctionnaire et de membre d'un parti politique?
M. L'ALLIER: Si, l'ex-député de Lévis, l'ancien
collègue du député de Nicolet, était dans cette
Assemblée je regrette personnellement qu'il n'y soit pas
il aurait pu certainement témoigner sur la non-partisanerie de mon
travail comme fonctionnaire. Je peux dire ici, pour éclairer le
député, que lorsque j'ai pris la décision d'entrer dans la
politique active, je n'ai eu, de la part du ministre responsable de l'organisme
que je dirigeais, aucune forme d'empêchement ou aucune forme de
difficulté. J'ai étudié de très près la Loi
de la fonction publique au cas où on s'en serait servi de quelque
façon.
J'ai, comme lui, dû faire extrêmement attention, jusqu'au
moment où j'étais candidat officiel, pour ne pas faire de
politique. En d'autres mots, jusqu'au moment où on est
déclaré candidat officiel...
M. PAUL: C'est encore mieux quand il n'y a pas de convention.
M. L'ALLIER: Il y en a eu une.
M. VINCENT: M. le Président, dans un autre domaine...
M. PAUL: J'ai une remarque dans le même domaine.
M. VINCENT: Ah! Excusez-moi.
M. PAUL: M. le Président, dans le même domaine, c'est, en
réponse à l'honorable ministre, pour lui dire qu'il n'est pas
informé de ce qui se passe dans son ministère et surtout dans les
ministères.
Le ministre nous a dit il me corrigera si j'ai mal
interprété, si j'ai mal compris ou si je cite mal ses paroles
que dans le cours de l'année 1970, 42 fonctionnaires permanents
auraient été remerciés de leurs services pour
activités politiques. Est-ce bien cela?
M. L'ALLIER: Pas pour activités politiques.
M. PAUL: Pardon?
M. L'ALLIER: Pas pour activités politiques.
M. PAUL: Ce sont 42 fonctionnaires permanents qui ont été
congédiés pour une raison ou pour une autre.
M. L'ALLIER: Oui.
M. PAUL: Le ministre est-il au courant de ce qui s'est passé dans
les ministères par la voie des sous-ministres ou des agents du personnel
entre le 29 avril 1970 et le 1er mai 1971? Voci ce qui se passait, M. le
Président. Et cela se fait aussi encore, moins
régulièrement, cependant. C'est que des employés de
différents ministères qui avaient eu la malchance d'être
engagés sous l'ancien gouvernement l'année
précédant la prise du pouvoir par le gouvernement actuel se sont
vu remercier de leurs services la veille ou l'avant-veille de leur année
complète de travail pour le compte d'un ministère.
En vertu de la loi, un employé n'acquiert la permanence d'emploi
qu'après une année de service, si c'est un professionnel. Le
ministre ne m'obligera pas à citer des noms. Je pourrai lui citer
personnellement des cas où des fonctionnaires ont été
remerciés la veille ou l'avant-veille de l'année complète
de service pour l'un ou l'autre des ministères du gouvernement. Ce n'est
pas le ministre qui a fait cela. Ce sont des sous-ministres, dans certains cas
nouveaux, ce sont des agents de personnel qui ont été victimes de
pressions de la part de "patroneux" et de politicailleurs.
UNE VOIX: Y a-t-il des gens comme cela?
M. PAUL: Oui, il y en a. Il y en a. Il faut comprendre, M. le
Président, le statut de certains fonctionnaires qui sont
régulièrement, hebdomadairement victimes de pressions et de
chantage de la part de candidats défaits lors des
dernières élections. Et si vous rencontrez les fonctionnaires qui
occupent des postes de responsabilité, ils seront assez honnêtes
pour vous dire qu'ils ont beaucoup plus de difficulté avec les
"patroneux" qu'avec les députés.
Je connais, M. le Président, de nombreux fonctionnaires qui
reçoivent hebdomadairement la visite de "patroneux" qui viennent leur
faire des demandes, exercer des pressions sous peine de chantage à leur
endroit s'ils ne veulent pas jouer le jeu de la petite politique partisane.
C'est là qu'est la tragédie, M. le Président, et c'est
là qu'il faut comprendre, aussi l'embêtement dans lequel se
trouvent placés ces fonctionnaires, de loyaux serviteurs de l'Etat qui
veulent, souvent, servir leur employeur, quelle que soit la marque ou la
couleur politique des hommes en place, mais qui, par faiblesse, par
crédulité, craignent des représailles de la part de ces
"patroneux".
J'en ai un, M. le Président, dans mon comté, c'est
effrayant. C'est le spécimen rare. Mais heureusement il fait tellement
de bêtises qu'ils sont à le remplacer, paraît-il, un vieux
patroneux de 1960. Heureusement, ce sera une amélioration, parce que,
celui-là, je vous dis que ce n'est pas un embarras ordinaire et pour le
gouvernement et pour les fonctionnaires. Mais on le liquide petit à
petit, on l'éloigne. Un ancien "patroneux" déclarait
solennellement dans le cours de la semaine dernière, à
Saint-Paulin, par exemple, que c'est lui qui à l'avenir sera, avec la
"bénévolence" du ministre de la Voirie, le porte-parole officiel
du ministre dans le comté. Placez-vous à la tête du bureau
régional de la Voirie, à la place de cet ingénieur
fonctionnaire qui reçoit la visite du "patroneux" officiel, qui
reçoit la visite du "patroneux" successeur éventuel, qui
reçoit la visite des fonctionnaires en place au niveau de la voirie du
comté et qui se voit répondre à des demandes logiques
d'information de la part du député. Il faut comprendre ces
fonctionnaires qui sont embarrassés, gênés, nonobstant les
grandes déclarations de principe du premier ministre.
Il ne faut pas toujours blâmer les fonctionnaires mais
peut-être ceux qui sont en place et qui refusent de se conformer aux
directives ronflantes et publiques du premier ministre et aux
déclarations pieuses et de bonne foi que l'on fait ici à
l'Assemblée nationale mais qui, rendues dans les bureaux de
l'administration, sont tout à fait contraires.
Il ne faut pas blâmer les fonctionnaires, il faut surtout
blâmer ceux qui tolèrent la présence d'intrus, dans les
bureaux gouvernementaux, qui n'ont pas reçu de mandat de la part de
leurs électeurs. J'espère que le ministre de la Fonction publique
finira par émettre des directives pour la bonne marche de
l'administration de la chose publique, pour "saprer" dehors ces "té-teux
de crèche"; le mot est peut-être dur, mais c'est ça. Ils ne
sont que des embarras qui nuisent à la bonne marche de l'administration
gouvernementale.
Il y a différentes façons de faire de la politique. Des
actes positifs peuvent être posés; il y a également
l'abstention d'actes positifs. Je ne sais si l'honorable ministre de la
Fonction publique a entendu cet après-midi la déclaration que
nous a faite le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Il a émis
des directives à ses fonctionnaires pour régler le
problème de l'émission des cartes des employés de la
construction. On se fait fi des directives, des ordonnances du ministre et des
hauts fonctionnaires du ministère.
Les fonctionnaires qui n'exécutent pas les ordres des ministres
responsables qui ont arrêté une politique à la
lumière des renseignements qu'ils possèdent et de la
nécessité de poser tel geste dans des cas donnés devraient
être suspendus d'abord et s'expliquer devant la Commission de la fonction
publique quant aux raisons qui les justifiaient de passer outre à une
directive qui venait du ministre ou d'un sous-ministre. C'est une autre
façon de faire de la politique. On appelle ça de la politique du
Cheval de Troie, la politique qui ronge par l'intérieur, comme ça
se présente malheureusement dans de trop nombreux bureaux d'assistance
sociale aujourd'hui. Heureusement que j'ai le privilège d'avoir dans mon
comté un bureau très bien organisé, composé
d'employés exceptionnels.
Par contre, je sais que dans trop de bureaux, les fonctionnaires
s'appliquent à gruger l'autorité en place. Si ces fonctionnaires
n'ont pas la décence et la loyauté de servir ceux-là que
le peuple a voulu élire pour diriger les destinées de la
province, qu'ils aient au moins le courage de partir, de s'en aller. Qu'on ne
gruge pas l'autorité en place par l'intérieur en appliquant une
interprétation volontaire des règlements pour nuire parce qu'un
assisté social, qui réclame du bien-être, ne partage pas la
même philosophie politique que celle du fonctionnaire en place!
Ici, je ne parle pas pour mon comté, car je souhaiterais que tous
les comtés aient l'avantage d'avoir un personnel aussi compétent,
aussi dévoué et aussi honnête que celui que l'on rencontre
au bureau du ministère des Affaires sociales à Louiseville. Par
contre, je sais qu'encore là il y a des fonctionnaires qui grugent, par
l'intérieur, l'autorité du ministre et la politique du
gouvernement. Ce n'est pas à eux qu'il incombe de le faire, ce n'est pas
leur rôle à eux de jouer cette politique, c'est le rôle de
l'Opposition, des députés ministériels, dans les caucus,
de critiquer la politique du ministère.
Il n'appartient pas aux fonctionnaires, par une conduite
abstentionniste, de détruire, de démolir, de faire de la
politique pour satisfaire des ambitions personnelles ou pour satisfaire
l'idéologie politique d'un autre parti que celui qui est en place. Que
ce soit du parti de l'Union Nationale, du Ralliement créditiste ou du
Parti québécois, je dis que ce n'est pas honnête de la part
de ces fonctionnaires. Je dis que ces fonctionnaires qui sont aux prises, d'une
part, avec les "téteux" de crèche, et d'autre part, qui
s'appliquent à interpréter des lois, des règlements
dans le but d'être les complices d'un parti politique, dans ces deux
cas-là, le ministère de la Fonction publique devrait intervenir
et mener des enquêtes sérieuses.
J'espère qu'au ministère de la Fonction publique on va
finir par aboutir dans les enquêtes que l'on mène. Je me pose la
question: Devant un ministère de la Fonction publique aussi bien
rodé expression qu'aimait employer l'ancien ministre du Travail
et de la Main-d'Oeuvre, le coloré député de Champlain
je me demande à quoi sert, aujourd'hui, la Commission de la
Fonction publique. Est-ce qu'il n'y a pas chevauchement de pouvoirs? Est-ce
qu'il n'y a pas double administration au sein même de la fonction
publique, globalement? Est-ce que la Commission de la fonction publique ne
devrait pas devenir un service du ministère de la Fonction publique?
Ce n'est pas que j'en aie contre les fonctionnaires qui travaillent
à la Commission de la fonction publique, mais je me pose des questions,
je m'interroge sur la nécessité d'un tel organisme si l'on
envisage la structure actuelle, l'excellent fonctionnement du ministère
de la Fonction publique, et surtout quand on a l'insigne privilège
d'avoir, comme sous-ministre, un homme que l'on appelle Bolduc. Lui, M. le
Président, a été l'âme, le générateur
de cette fonction publique que nous connaissons aujourd'hui. Cela fait
longtemps qu'il est là, M. le Président, dans le temps de M.
Laforce, ce n'est pas d'hier!
M. VINCENT: Le père...
M. PAUL: II a vécu toutes les étapes de l'organisation de
l'embryon de fonctionnarisme que l'on avait à l'époque
jusqu'à l'organisme vivant-, bien structuré, nécessaire et
efficace que nous avons aujourd'hui, mais qui ne devrait être qu'un
service du ministère de la Fonction publique et non pas un organisme
quasi indépendant. Je dis que le ministre devrait envisager une refonte
possible.
J'ai l'impression peut-être que je peux me tromper
qu'il y a tellement de bons hommes à la Commission de la fonction
publique et au ministère de la Fonction publique que c'est regrettable
de les laisser là et de ne pas utiliser leurs compétences
ailleurs.
Alors qu'on fait du recrutement un peu partout plus tard, nous
reviendrons sur le recrutement je dis que je m'interroge. Il est
possible que je sois dans l'erreur et, à la lumière des
renseignements que me donnera le ministre, je n'aurai pas honte de confesser
publiquement ma faute. Mais personne ne me reprochera ce privilège que
j'ai de m'interroger. C'est le devoir du ministre de m'éclairer et
d'éclairer les députés de cette Chambre. D'abord, qu'il
nous fasse connaître je résume et je reprends mon
siège son opinion quant aux directives éventuelles qu'il
pourrait être appelé à donner aux fonctionnaires pour
mettre dehors les "téteux" de crèche qui viennent embarrasser les
bureaux, qui viennent paralyser l'administration et qui viennent nuire à
l'honnêteté des fonctionnaires en place par toutes sortes de
moyens que je vous laisse le soin de deviner.
Deuxièmement, est-ce que le ministre pourrait envisager des actes
disciplinaires à l'endroit des fonctionnaires qui se refusent
d'exécuter les ordres des ministres et des sous-ministres, comme nous
l'a signalé, cet après-midi, en nous donnant un exemple, le
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre?
Troisièmement, qu'est-ce que le ministre pense de cette fusion ou
de la nécessité de cette dualité administrative dans son
ministère, d'une part, par les officiers compétents de son
ministère et, d'autre part, par ceux de la Commission de la fonction
publique envers qui j'ai beaucoup de respect, parce qu'ils ont
été les initiateurs de cet organisme tel que nous le vivons
aujourd'hui, dès 1960? Alors, je dis que, dans un grand esprit
d'économie et d'efficacité administrative, comme se plaît
à le prêcher le premier ministre dans des circonstances où
il ne devrait pas le faire ou sur des sujets qui ne tiennent pas debout, c'est
un domaine où le ministre, en reconnaissance de la confiance que lui a
témoignée le premier ministre, devrait décider, comme
idéal de vie administrative chez lui, de mettre de l'économie
dans son ministère, afin que nous puissions connaître une
meilleure administration en général dans les différents
ministères, parce que l'on pourrait déléguer ou mettre en
place des hommes d'expérience. Il y en a trop au ministère de la
Fonction publique et à la Commission de la fonction publique pour ce que
l'on trouve ailleurs dans certains autres ministères. Il s'agit pour lui
de déverser ce surplus de hautes compétences qu'il a chez lui,
d'ouvrir cette digue vers les autres ministères et, ainsi, le ministre
aura réellement accompli quelque chose pour l'administration de la res
publica.
M. VINCENT: M. le Président, avant que le ministre réponde
au député de Maskinongé, je voudrais, seulement pendant
quelques instants, souligner certains propos que le député de
Maskinongé a tenus en ce qui concerne d'ex-candidats qui auraient
l'entrée très facile dans les bureaux de certains hauts
fonctionnaires et qui le ministre en conviendra placent ces hauts
fonctionnaires dans une situation difficile.
En effet, nous constatons que, dans certains comtés de la
province, il y a de ces ex-candidats défaits aux élections qui
exercent une influence malheureuse auprès de ces fonctionnaires et
peuvent à l'occasion leur faire faire des bêtises. On sait qu'un
ministre et le ministre en conviendra avec moi a quand même
un personnel, à son cabinet, de cinq ou six secrétaires
exécutifs; en ce qui me concerne, je n'ai pas d'objection à ce
qu'un citoyen du
Québec, qu'il ait été candidat pour un parti
politique ou pour un autre, comme tout citoyen, rencontre le personnel
immédiat d'un cabinet de ministre, parce que celui-ci, naturellement,
appartient au personnel politique. Que ces gens rencontrent une des personnes
au cabinet du ministre, je n'ai aucune objection. Si, par les personnes qui
sont au cabinet du ministre, elles peuvent obtenir certains renseignements,
c'est la responsabilité du ministre comme tel. S'il veut, oui ou non,
donner tel ou tel renseignement, c'est sa responsabilité. Il doit faire
confiance à ses adjoints, aux membres de son personnel.
Mais là où c'est dangereux, c'est quand un ex-candidat
qui, en quelque sorte, parle de son autorité de représentant du
parti au pouvoir place le fonctionnaire dans la situation délicate de
dire non ou encore de choisir entre sa volonté et la volonté
exprimée par un groupe de citoyens; ça c'est dangereux.
Même plus, M. le Président, je veux profiter de la circonstance
pour mentionner qu'il s'est produit une chose très déplorable au
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation. Temporairement
et le mot le dit on a engagé de façon occasionnelle le
candidat libéral aux dernières élections dans le
comté de Nicolet. On l'a placé au ministère de
l'Agriculture et de la Colonisation, au service des subventions et primes. Je
n'ai aucune objection, le candidat libéral aux dernières
élections dans le comté de Nicolet est un honnête citoyen,
un homme...
M. LEDUC: Compétent.
M. VINCENT: ...compétent. Je n'ai absolument aucune objection
à ce qu'il soit engagé dans un des services d'un des
ministères du gouvernement provincial.
M. LEDUC: Excellent.
M. VINCENT: Qu'il entre comme fonctionnaire, je n'ai pas d'objection.
Mais ce candidat libéral, qui est quand même un honorable citoyen
du Québec, lorsqu'il accepte un poste dans un ministère, que ce
soit un poste occasionnel ou permanent, eh bien! à mon sens, il ne doit
plus continuer à exercer une fonction qu'on qualifie de "patroneux",
pour un comté. Cela devient réellement difficile pour ceux qui
l'entourent là où il travaille. Ce qui s'est produit, c'est que
le candidat en question, même très honnête, bon citoyen,
voulant faire un travail exemplaire, était tous les jours assailli de
visiteurs qui venaient le rencontrer parce qu'il avait été
candidat libéral, et je suis certain qu'il n'a pas donné le
rendement qu'il aurait dû donner. Ce qui devait arriver est
arrivé; lors-qu'est venu le moment de renouveler son engagement comme
occasionnel, le ministre ne l'a pas fait parce que probablement il n'avait pas
donné assez de rendement pour pouvoir occuper ce poste de façon
permanente.
Et, aujourd'hui, notre bon citoyen du comté de Nicolet est
retourné chez lui tout penaud. Il n'a pu obtenir le poste d'une
façon permanente parce que, probablement, on a constaté qu'il ne
pouvait se concentrer à son travail, ayant trop de visiteurs au
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation.
Cela pose un problème. Je répète, en amplifiant ce
que le député de Maskinongé a voulu souligner tout
à l'heure, qu'il est dangereux de laisser à certaines personnes
l'accès facile dans les bureaux des hauts fonctionnaires et de les
placer dans des situations difficiles.
Il y a et je le répète au service de chacun
des ministres, de chacun des ministères, un personnel, un personnel
politique. C'est la responsabilité du ministre d'inviter ces gens, qui
sont des hommes du Québec, qui sont des hommes politiques. Au lieu de
transiger directement avec les fonctionnaires, qu'il transige au moins avec le
personnel immédiat du cabinet du ministre. Le ministre prendra ainsi ses
responsabilités, ce qui évitera de placer certains hauts
fonctionnaires ou certains fonctionnaires dans des situations difficiles.
M. le Président, c'est un problème qui s'est toujours
posé. C'est un problème difficile à résoudre, mais
c'est un problème qui, dans certaines régions, a quand même
tendance présentement et je vous le dis très
sérieusement, M. le Président à s'amplifier,
à devenir dangereux pour la bonne marche et l'administration des
ministères dans la province de Québec. C'est l'observation que je
voulais faire en soulignant avec quelques exemples ce que le
député de Maskinongé a mentionné.
M. LE PRESIDENT: Le député de Papineau.
M. ASSAD: M. le Président, j'ai écouté avec
intérêt les propos du député de Maskinongé.
J'ai fait partie de la commission parlementaire de la Fonction publique. Je ne
voulais pas exactement faire des commentaires, mais l'aire part de très
courtes expériences que j'ai eues comme député d'un
comté où j'ai énormément d'électeurs. Je me
pose des questions, moi aussi. Je reçois à mon bureau plusieurs
personnes qui demandent de l'aide cela peut être l'aide de
l'assistance sociale et, naturellement, je leur donne des
renseignements: Veuillez vous présenter à tel ou tel bureau qui
se trouve dans mon comté, quand il y a un bureau d'assistance
sociale.
Naturellement, ces gens se trouvent dans l'obligation de venir voir le
député parce qu'ils ne savent pas où obtenir de l'aide ou
poser les questions. Trop souvent, des fonctionnaires du ministère des
Affaires sociales, au lieu de donner des renseignements, ont des remarques
à faire concernant le député, parce qu'il y a beaucoup de
gens qui disent aux fonctionnaires, aux types qui travaillent à ces
bureaux d'assistance sociale: Je suis allé voir le député.
Ces gens veulent montrer qu'ils ont fait des démar-
ches et que peut-être le député va parler. Vous
savez ce que c'est. Ils croient certainement qu'un député a de
l'influence, puis il y a des remarques qui sont faites.
Je me demande s'il y a des mesures disciplinaires pour ces gens. Depuis
quelques mois, on m'a traité de tous les noms que je pouvais imaginer.
Je sens que je faisais mon devoir en donnant des renseignements, mais des
remarques ont été faites, qui sont arrivées à mes
oreilles, parce que j'ai simplement donné des renseignements.
Il y a une autre chose que je demande à la fonction publique.
Beaucoup de gens de mon comté ont fait des offres de service comme
garde-chasse, garde-pêche, etc., et ils ont essuyé un refus.
Plusieurs d'entre eux vont ensuite me téléphoner ou
m'écrire pour me demander pour quelles raisons ils ont été
refusés. Est-ce que c'est par manque de compétence, ou est-ce
parce qu'on n'était pas du bon parti? Je me demande s'il serait possible
pour la fonction publique, quand quelqu'un envoie une demande d'emploi, une
offre de service, de faire connaître la raison pour laquelle son offre de
service a été refusée. Si la fonction publique de
Québec n'explique pas ou ne donne pas les raisons pour lesquelles
quelqu'un a été refusé, c'est nous qui sommes
obligés de donner des explications, si c'est possible, et de faire les
démarches pour savoir pourquoi il a été refusé.
Donc, M. le Président, j'espère que le ministre de la
Fonction publique aura la possibilité de prendre des mesures
disciplinaires parce que notre rôle est assez difficile sans avoir des
gens qui ont l'intention de faire leur propre politique sur notre dos.
Donc, j'espère, M. le Président, que les propos que je
viens de tenir à la suite des députés de Maskinongé
et de Nicolet, nous subissons tous les conséquences dans le temps. Nous
serions très reconnaissants puisque nous avons tous les
intérêts du Québec à coeur, qu'au moins il y ait des
possibilités de prendre des mesures disciplinaires contre ces
gens-là.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Taillon.
M. LEDUC : M. le Président, je voudrais vous faire part d'une
expérience que j'ai vécue au moment où j'avais à
faire face à un "patro-neux" de comté.
Dans quatre jours, je célébrerai mon cinquième
anniversaire comme député du comté de Taillon. J'en aurai
vécu quatre dans l'Opposition.
M. VINCENT: Vous allez être éligible à la pension
dans quatre jours!
M. LEDUC: Pendant un certain temps, naïf, nouveau
député tout vert, lorsque les gens venaient me voir chez moi, au
sujet des problèmes d'emploi ou des problèmes de bien-être
social, j'avais l'audace de les référer au ministère du
Travail, au centre de la main-d'oeuvre ou au bureau du bien-être social
sur la rive sud. Les gens, bien naïvement, se rendaient là se
disant: Lorsque j'arriverai, je dirai que c'est le député qui
m'envoie. Effectivement, les gens, en arrivant là, disaient: M. Leduc
m'a envoyé ici. La première réponse qu'on leur donnait: Ce
n'est pas de ses affaires. Quelque temps après, je rencontre un maire de
la rive sud où la même circonstance s'était
présentée, c'est-à-dire que M. Therrien, maire de
Jacques-Cartier dans le temps, avait référé des gens au
bureau du bien-être social. Les gens arrivaient et ils disaient: M. le
maire Therrien m'a référé ici. On disait: Ce n'est pas de
ses affaires.
Disons que ma naïveté s'est estompé assez rapidement
pour décider, à un moment donné, de prendre le boeuf par
les cornes et de faire face moi-même au bureau du bien-être social.
J'ai rencontré le personnel du bien-être social. J'ai
discuté avec lui. J'ai rencontré le personnel du bureau de la
main-d'oeuvre sur la rive sud et, à ma grande surprise, je peux vous
dire, M. le Président, que depuis un peu plus de deux ans et demi, suite
à ces communications que nous avons eues, sans faire de politique
à quelque moment que ce soit, en nous entendant et en discutant, en
communiquant au lieu de rester chacun dans notre coin et nous critiquer l'un et
l'autre deux montagnes ne se rencontrent pas mais deux hommes se
rencontrent nous nous sommes rencontrés, nous avons
discuté. Et depuis un peu plus de deux ans et demi, sans l'intervention
du ministre de la Fonction publique, sans l'intervention du ministre du
Bien-Etre social, sans l'intervention du ministre du Travail, nous avons
réglé nos problèmes entre nous, entre hommes adultes qui
peuvent se parler. Je pense que c'est peut-être une façon de
travailler, en oubliant la politique partisane. Faire de la politique partisane
pendant une campagne électorale, d'accord! Mais ensuite, nous avons un
mandat que nous devons exercer, que ce soit des bleus, des rouges, des verts,
des jaunes ou des cailles. C'est la seule suggestion que je me permettrai de
faire, M. le Président. J'admets que le ministre est très
prêt à accepter toutes les recommandations que nous lui ferons
mais peut-être que chacun d'entre nous pourrions prendre le boeuf par les
cornes si nous avons de la difficulté et essayer de régler nos
problèmes nous-mêmes. Cela simplifierait probablement les
communications entre le député et les officiers des
différents ministères dans nos comtés. Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmorency.
L'honorable ministre de la Fonction publique.
M. L'ALLIER: Est-ce que le député de Montmorency avait
demandé la parole?
M. PAUL: Oui, oui...
M. LE PRESIDENT: Oui...
M. PAUL: ... il a demandé la parole.
M. LE PRESIDNET: L'honorable ministre de la Fonction publique. Le
député de Montmorency renonce à son droit de parole.
M. L'ALLIER: M. le Président, plusieurs exposés ont
été faits. Je voudrais commencer par la fin pour dire au
député de Taillon que je suis entièrement d'accord sur les
remarques qu'il a faites. C'est effectivement vrai que, par des conversations
et des rencontres avec les fonctionnaires qui sont affectés à un
territoire donné, à une ville donnée, on peut arriver
à s'entendre sur un mécanisme de travail. Cela ne veut pas
nécessairement dire qu'il y aura du patronage et de la politicaillerie
là-dedans. Cela veut tout simplement dire que le député,
qui a été élu pour représenter toute une
population, se voit face à son véritable mandat, celui de
représenter cette population. Il a reçu de cette population le
mandat de la représenter au niveau législatif et il a aussi
reçu de cette population le mandat de lui faciliter l'accès
à l'administratif et à l'exécutif. Alors, cette
dernière fonction, le député doit la remplir. Il ne doit
pas avoir peur des obstacles à franchir. Il ne doit pas, non plus, avoir
peur des critiques qu'on pourra lui faire lorsqu'il rencontre les
fonctionnaires. Par ailleurs, du côté des fonctionnaires, il faut
également noter que bon nombre d'entre eux, par le passé, ont
été pas mal échaudés par la façon dont on a
pu traiter avec eux.
Je crois qu'on peut dire que, s'il y a un effort à faire du
côté des représentants des comtés, il y a aussi, du
côté de la fonction publique, un effort à faire pour que
l'on considère le député comme le véritable
représentant d'une population. Dans ce sens, pour répondre au
député de Papineau qui référait au ministère
des Affaires sociales, je le reporte à une directive qui a
été, je crois, publiée à deux reprises par le
sous-ministre des Affaires sociales, le Dr Brunet, adressée à
tous les fonctionnaires de tous les bureaux de service social du
ministère et dont copie a été envoyée, je crois,
à tous les membres de l'Assemblée nationale. Dans cette
directive, il précisait et demandait à ses fonctionnaires
d'accorder à tous les députés qui s'adressaient à
ces bureaux le même traitement qu'à tous les citoyens et de faire
en sorte que les députés aient accès à tous les
services du bien-être social pour leurs électeurs et pour
l'ensemble de la population de leur comté.
On a souligné quelques problèmes qui, s'ils étaient
facilement solubles, auraient sûrement été résolus
par le précédent gouvernement.
M. VINCENT: M. le Président, si le ministre me le permet, avant
de continuer, c'est que réellement le député de Taillon a
fait une très bonne suggestion, tout à l'heure, que plusieurs
députés mettent en pratique. Là où nous avons voulu
intervenir, c'est surtout quand j'ai mentionné que certains candidats
dans des comtés pouvaient faire le travail. S'ils veulent faire de la
politique, ils peuvent en faire avec le bureau du ministre. Mais quand, dans un
bureau comme l'a mentionné le député de Taillon, que ce
soit un bureau de service social ou un bureau de la main-d'oeuvre, nous venons
discuter des problèmes inhérents au comté et que, trop
souvent, malheureusement, nous arrivons face à face avec le candidat,
nous plaçons les fonctionnaires dans une position délicate. Je
pense, sans faire de grand débat politique, que c'est très
désavantageux pour le député et le candidat défait
de se rencontrer trop souvent face à face dans un bureau de
fonctionnaires. On place les fonctionnaires presque dans l'eau bouillante
continuellement.
Le député de Taillon, quand il allait discuter au bureau
là-bas, je suis certain qu'à ce moment-là il y avait
beaucoup plus de collaboration, quand il arrivait au bureau et discutait avec
les fonctionnaires sans avoir cette rencontre presque mensuelle avec le
candidat du même comté.
M. LEDUC: M. le Président, je dois dire que le "patroneux",
candidat de l'Union Nationale, de 1966 à 1970, on l'a mis dehors avant
de discuter avec le personnel des bureaux locaux. Je n'avais plus de
difficulté avec le "patroneux" de comté dans le temps.
M. L'ALLIER: De toute façon, M. le Président, ce sont
certainement des conversations qui pourraient être poursuivies entre le
député de Taillon et le député de Nicolet, mais
j'aurais une tendance naturelle à favoriser la position du
député de Taillon dans ce débat.
Le député de Maskinongé a posé trois
questions et, avant, il a fait état de certains fonctionnaires qui, la
veille de la fin de leur période de probation, ont été
remerciés de leurs services. Je n'ai pas ici les statistiques sur cette
question mais je voudrais tout simplement préciser, parce qu'il a
mentionné à quelques reprises le délai d'une année
pour la période de probation des fonctionnaires. Pour les
professionnels, c'est une année mais ceux-ci sont 4,000 employés
sur 40,000; la période de probation de la très grande
majorité des fonctionnaires est de six mois.
Vous comprendrez, par ailleurs, que les autorités des
ministères, quelles qu'elles soient, exercent, lorsqu'elles ont à
prendre une décision négative face à un candidat qui est
en fonction depuis six mois, ce droit de ne pas lui accorder sa permanence,
à la dernière minute, pour lui donner, à toutes fins
utiles, toutes les chances possibles. Si, au bout d'un mois ou deux, comme
ça peut se faire à l'occasion, on disait à un
fonctionnaire qu'il est insatisfaisant
et qu'il ne peut pas remplir ses fonctions, nous prêterions
certainement le flanc à une critique qui pourrait être
justifiée parce que la marge d'évaluation ne serait pas
suffisante.
L'ancien gouvernement a justement, dans sa législation et sa
réglementation, prévu, je ne sais pas si ça
l'était auparavant ces périodes de six mois et d'un an. Il
faut les remplir au maximum pour leur donner toute leur efficacité.
M. PAUL: L'honorable ministre me permet-il une question?
M. L'ALLIER: Certainement.
M. PAUL: Le ministre peut-il «l'expliquer pourquoi au bout de
quinze jours on rappelle le même employé pour lui faire
recommencer un nouveau stage de probation?
M. L'ALLIER: Probablement par souci d'équité et parce
qu'il a posé une candidature à une autre fonction.
M. PAUL: Dans la même fonction.
M. L'ALLIER: Le député pourrait-il me donner le cas
particulier, que je pourrais vérifier?
M. PAUL: Disons que je ne voudrais pas causer plus de tort qu'il faut au
ministre mais je lui donnerai ça incomunicado.
M. L'ALLIER: Sur cette question de six mois ou d'un an, ce sont les
informations que je voulais fournir. Maintenant, deux autres points ont
été mentionnés, tant par le député de
Nicolet que par le député de Maskinongé, à savoir
les personnes qui iraient dans l'administration, auprès des
fonctionnaires, faire des pressions indues. On a mentionné que ces
personnes étaient souvent reliées de très près
à l'activité politique. Que peut-on faire dans des cas comme
ça, sinon souhaiter que ces personnes aient entendu le vibrant appel qui
leur a été lancé cet après-midi et qui a par
ailleurs également été lancé par le premier
ministre?
L'autre solution consisterait en une chose qui m'apparaît
inacceptable, ce serait de dresser l'équivalent d'une "black list", si
vous voulez, contenant les noms d'un certain nombre de personnes et que l'on
diffuserait dans les ministères, en leur disant: Quand ce sont ces
gens-là, vous ne les recevez pas. Quelle est la solution? Tous les
citoyens peuvent se présenter dans les ministères.
Certains citoyens et pas nécessairement toujours des gens
mêlés à la politique connaissent mieux que d'autres
les mécanismes. Je pense, par exemple, dans le domaine des loisirs,
à tous ceux qui sont responsables d'associations de loisirs et qui
peuvent, en un temps record, grimper jusqu'au premier ministre sans même
qu'on les voie passer. Je pense à d'autres associations et à
d'autres mouvements organisés, qu'il s'agisse de mouvements syndicaux ou
de tout mouvement organisé. Pour ce qui est des citoyens qui viennent
dans les ministères, qui rencontrent des fonctionnaires et qui
pourraient leur créer des difficultés dans l'exercice de leurs
fonctions, je crois qu'il appartient aux fonctionnaires d'en faire état
à leurs supérieurs pour que le ministre en soit saisi le plus
tôt possible et, comme vous le dites, qu'il puisse rapatrier ces
personnes à son bureau, pour fin de discussion. Effectivement, si c'est
une discussion politique que l'on doit avoir, c'est là qu'elle doit
avoir lieu. Etablir une liste pour chaque ministère et identifier des
personnes, même si ce n'est que verbalement, m'apparaf-trait
extrêmement dangereux, quel que soit le parti, l'association ou le
mouvement représenté par ces personnes.
Le député de Maskinongé a souligné un autre
point. Il a parlé des fonctionnaires qui ne remplissaient pas ou qui
pouvaient négliger de remplir leurs fonctions. Cela m'amène
à lire l'article 54-A de la Loi de la Fonction publique, cet article,
d'ailleurs, a été ajouté, en 1969, à la Loi de la
Fonction publique et il permet précisément au gouvernement, sur
recommandation du ministre de la Fonction publique, d'établir, par
règlement, des normes d'éthique et de discipline applicables aux
personnes qui font partie de la fonction publique.
A la suite de l'exposé complet qu'a fait le député
de Maskinongé, j'ai noté un certain nombre de points et de
remarques qui pourraient, assez favorablement et avec de bons résultats,
figurer dans un éventuel code d'éthique qui est permis par la
loi. Cela pourrait probablement répondre, en même temps, aux
exigences qui ont été exprimées auparavant. Quoi qu'il en
soit, j'ai l'intention d'étudier cette question pour voir si on ne peut
pas, pour faire en sorte que les citoyens reçoivent de l'administration
tous les services auxquels ils ont droit, permettre aux fonctionnaires
d'exercer leur travail dans les meilleures conditions et être
protégés par un code d'éthique.
Un code d'éthique ou des normes d'éthique, ce ne sont pas
des règlements qui ont pour but de brimer un fonctionnaire ou un
individu; ce sont des règlements qui ont, lorsqu'ils sont
appliqués normalement, l'avantage de l'éclairer sur les attitudes
qu'il doit prendre et, en définitive, de le protéger. On
retrouve, dans toutes les professions, des codes d'éthique. M. le
Bâtonnier, vous en savez quelque chose. Le code d'éthique est une
chose qui protège d'abord l'avocat plutôt que de le brimer dans
ses fonctions. J'étudierai avec attention la façon dont on
pourrait, s'il y a lieu, mettre en application cet article 54-A qui permettrait
au fonctionnaire de mieux se situer dans la fonction publique et de mieux voir
la façon dont il doit remplir ses fonctions, sans que ce soit, encore
une fois, brimer sa liberté.
Enfin, M. le Président, on a parlé de la Commission de la
fonction publique et du ministère de la Fonction publique. On s'est
posé la question à savoir: Est-ce que le personnel de la
Commission de la fonction publique ne fait pas, ou est-ce que le personnel du
ministère de la Fonction publique ne fait pas double emploi l'un avec
l'autre? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'en faire, à toutes fins
pratiques, un service du ministère de la Fonction publique?
Je peux informer la Chambre que nous sommes à étudier,
d'ailleurs c'est un travail qui avait été amorcé
depuis un certain temps une refonte de la Loi de la Fonction publique.
C'est un travail extrêmement délicat. Mais je me permettrais de
diverger d'opinion avec le député de Maskinongé en ce qui
concerne le statut de service qu'on pourrait donner à ce qui est
aujourd'hui la Commission de la fonction publique. A moins que j'aie mal
compris, je vois mal comment un service d'un ministère pourrait
présider et procéder à l'établissement de
l'éligibilité des fonctionnaires, à leur
catégorisation, à leur évaluation, si vous voulez, pour
fins d'emplois. De même que pour les problèmes de
révocation, ceux de tribunaux d'arbitrage, lorsqu'un fonctionnaire doit
être révoqué ou lorsqu'il veut porter une cause en
arbitrage, il serait extrêmement difficile que ce soit un service
ordinaire d'un ministère qui procède à cela.
Nous sommes en présence, à ce moment-là, de
fonctions semi-judiciaires et de fonctions qui se rapprochent davantage de
celles d'un tribunal administratif, qu'il s'agisse des griefs, de la
révocation ou de fonctions strictement administratives.
Voilà les remarques que je voulais faire. Je me souviens que le
député de Maskinongé avait terminé sur ce point, en
disant que nous pourrions sûrement faire beaucoup d'économies dans
l'optique de la politique du premier ministre. Je suis convaincu et, comme je
le souhaite, si nous passons rapidement à l'étude des
crédits, il verra que nous n'exagérons en rien les
dépenses du ministère ou de la Commission de la fonction
publique.
M. VINCENT: M. le Président, dans les fonctions
générales du ministère, le ministère a un
rôle, comme l'a mentionné le ministre il y a quelques instants,
quand il s'agit de négociation. Est-ce que le ministre pourrait nous
dire quel a été le rôle effectif du ministère de la
Fonction publique, quand il s'est agi des négociations du régime
d'assurance-santé versus les médecins de médecine
générale ou encore les médecins spécialistes du
Québec?
M. L'ALLIER: On m'informe que la Loi de l'assurance-maladie
prévoit d'une façon précise que les négociations
avec les médecins sont conduites, dans le cas de l'application de la Loi
de l'assurance-maladie, par le ministre des Affaires sociales.
M. VINCENT: Par?
M. L'ALLIER: Par le ministre des Affaires sociales. La Loi de
l'assurance-maladie prévoit d'une façon spécifique que les
négociations avec les médecins sont conduites par le ministre des
Affaires sociales
M. VINCENT: Si la loi ne l'avait pas prévu, quel aurait
été le rôle du ministre? Et le ministre me voit...
M. LE PRESIDENT: Je ne voudrais pas restreindre le débat. De
toute façon, je pense que nous avons été très
larges puisque depuis deux heures nous en sommes toujours à la politique
générale du ministère. Je veux bien respecter cette
largeur de vues, mais je me demande sincèrement si la dernière
question du député de Nicolet est dans l'ordre puisqu'il la fonde
sur une hypothèse, sur une chose qui n'existe pas. Je me pose de
sérieuses questions; je suis très sceptique sur la
légalité de la dernière question du député
de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, le ministre nous a mentionné
que dans ce cas spécifique cela n'existait pas parce que la loi
prévoyait que ce devait être le ministre des Affaires sociales.
Mais le ministre sait très bien pourquoi je lui pose cette question.
C'est à cause d'un problème que nous avons soulevé
vendredi ensemble, ici en arrière, problème qui est
présentement assez difficile dans les discussions avec les
médecins vétérinaires sur le programme
d'assurance-santé animale. Est-ce que le ministre a un rôle
spécifique à jouer dans une telle négociation entre les
médecins vétérinaires et un ministère du
gouvernement, en l'occurrence le ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation?
M. L'ALLIER: M. le Président, si vous le permettez, je
répondrai brièvement a la question du député de
Nicolet. Dans le cas particulier auquel il fait allusion et je comprends
qu'il faisait allusion à l'assurance-santé par analogie au cas
qui se pose maintenant le ministère de la Fonction publique n'a
pas eu de rôle à jouer comme tel, sauf que suite et
simultanément, si vous voulez, à son intervention, le
ministère de la Fonction publique, par la Direction
générale des relations de travail, est entré en
communication avec le ministère de l'Agriculture et de la Colonisation,
et nous offrons au ministère de l'Agriculture et de la Colonisation les
conseils techniques que nous pouvons avoir à lui donner. Mais, comme je
le disais tout à l'heure au député, le problème a
été d'abord porté au ministère de l'Agriculture et
de la Colonisation, qui l'a traité.
Dans la mesure où ça devient de la négociation de
conditions de travail, le ministère de la Fonction publique peut
intervenir. Mais, quoi qu'il en soit, nous ne sommes pas et nous ne
voulons pas être formalistes dans le travail que nous faisons. Je
crois que la meilleure attitude que le ministère puisse prendre est
d'avoir des services disponibles et, si certains ministères ne
s'adressent pas à nous, alors qu'il y a véritablement un
problème de relations de travail, nous pouvons, lorsque nous en sommes
saisis, essayer de les conseiller.
Dans le cas particulier dont il est ici question, le
député de Nicolet se souviendra de la réponse qui a
été faite cet après-midi par le ministre de l'Agriculture.
Il ne s'agissait, dans les termes du ministre de l'Agriculture, ni de
reconnaissance syndicale ni de négociation; il s'agissait de discussion
avec un groupe de professionnels. En ce sens-là, l'intervention du
ministère de la Fonction publique est strictement une
intervention-conseil auprès du ministère de l'Agriculture.
M. LE PRESIDENT: Le député de Mégantic.
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Comme je suis en politique
provinciale depuis 13 mois et que j'ai vu depuis cette date des choses pas
tellement catholiques se dérouler, vous comprendrez que je sois
tenté de prendre la parole. J'ai même une pensée
très précise, je ne peux résister à poser certaines
questions au ministre, qui, avec la bonne grâce qu'on lui connaît,
pourra sans doute nous répondre.
Je n'ai pas entendu la réponse à une question qui a
été posée par le député de Papineau et qui
est très sérieuse. Entre autres, il y a les appels d'offres que
tous les députés reçoivent à leurs bureaux. En
apparence, ça semble formidable, les secrétaires du comté
sont très heureux parce que cela aidera à donner les 100,000
emplois promis. Mais les appels d'offres viennent et jamais nous ne recevons de
réponse. Pourquoi? Les gens font application, se rendent dans les
ministères, pourquoi il y a un refus d'emploi pour ces gens?
Au sujet de cette question du député de Papineau, le
ministre, qui répond toujours de bonne grâce, pourrait nous
permettre, par ses paroles élogieuses, de donner une directive et
peut-être il considérerait qu'il y a quelque chose dans ça
qui semble un peu anormal. Je comprends aussi que le député de
Taillon a parlé de dialogue possible avec les gens de certains
ministères. M. le Président, j'ai fait mention, tout à
l'heure, de choses pas tellement catholiques pour des gens qui ont l'intention
de bien servir la province, un peu révoltantes.
Puisqu'il est six heures, si M. le Président veut bien me le
permettre je donnerai ces explications après la suspension des travaux
de la Chambre, à l'heure décidée.
UNE VOIX: Sous-article 1, adopté?
M. LE PRESIDENT: Sur ces bonnes paroles, je voudrais rappeler au
député de Mégantic qu'il y a quand même
séparation entre l'Eglise et l'Etat. Alors, l'allusion au catholicisme,
là...
M. DUMONT: Mais des paroles catholiques et des gestes pas catholiques,
ce sont deux choses.
M. LEVESQUE: Est-ce que le sous-article 1 est adopté?
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 1 est-il adopté?
M. DUMONT: Non, non, je vais continuer à huit heures.
M. LEVESQUE: Suspension jusqu'à huit heures quinze minutes.
M. LE PRESIDENT: La séance du comité est suspendue
jusqu'à huit heures quinze.
Reprise de la séance à 20 h 21
M. LEDUC (président du comité des subsides): A l'ordre,
messieurs!
Ministère de la Fonction publique. Article 1, adopté?
M. DUMONT: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Leduc): L'honorable député de
Mégantic.
M. DUMONT: Je vous remercie, M. le Président. J'avais fait
quelques remarques avant six heures et je continue à les exprimer en
cette Chambre. J'avais aussi remarqué que le député de
Nicolet nous a déclaré que le problème du patronage s'est
toujours posé. Il a avoué bien humblement que ces choses ont
existé dans le passé. Or, M. le Président, comme nous ne
sommes en politique provinciale que depuis treize mois, je disais que les
paroles entendues cet après-midi nous ont un peu scandalisés.
Nous pensions que, par la Loi de la Fonction publique, nous pouvions obtenir la
perfection. Or, M. le Président, il ne faut, à mon sens, jamais
oublier que l'injustice appelle l'injustice et qu'elle a comme fille la
violence. C'est pourquoi j'aimerais que le ministre prenne bien note des
quelques exemples que j'ai à citer ce soir, et des faits que je lui
raconte, car nous venons de les vivre et nous plaignons bien sincèrement
les fonctionnaires qui en sont victimes.
Il me semble qu'être fonctionnaire et être obligé de
recevoir certains patroneux, certains "seineux" politiques qui s'imaginent que
tout leur est dû parce qu'un parti politique est au pouvoir... Le vote,
même minoritaire, fait croire à ces patroneux de villages ou de
villes respectables, qu'ils doivent conduire les fonctionnaires jusque dans
leur travail. Je donnerai un exemple: à la Commission des liqueurs, par
exemple, le candidat attaché anciennement au ministre des Finances,
candidat défait dans le comté de Mégantic, rendu, comme
l'honorable député de Maskinongé l'a souligné,
à la Commission des liqueurs comme commissionnaire à
Montréal...
M. PAUL: M. le Président, sur un point d'ordre.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Maskinongé sur un point d'ordre.
M. PAUL: M. le Président, je n'ai jamais parlé de la
Commission des liqueurs. Cela n'existe plus. Qu'on ne me prête pas des
termes que je n'ai jamais utilisés.
M. LE PRESIDENT: Je prends acte du point d'ordre soulevé par
l'honorable député de Maskinongé.
L'honorable député de Mégantic.
M. DUMONT: Trêve de mots, M. le Président. Je disais que la
Régie des alcools, ayant comme commissaire un candidat libéral
défait dans le comté de Mégantic, ancien secrétaire
particulier du ministre des Finances, parce qu'on avait découvert son
incompétence, je ne peux comprendre qu'on ait décidé de
l'envoyer dans cette crèche et qu'il aille là ordonner à
des fonctionnaires d'agir de telle ou telle façon. Or, M. le
Président, j'ai à citer en exemple un cas du comté de
Mégantic où, par la suite, un bon et brave épicier qui
désirait son permis de la Régie des alcools a été
empêché d'obtenir ce permis. Laissez-moi vous dire que celui qui
se vantait tous les jours de pouvoir dire: II n'aura pas son permis.
Heureusement, il y avait de bons fonctionnaires qui ont réussi,
après trois ans, à passer outre aux recommandations de cet homme,
d'un homme que je ne peux pas qualifier car à mon sens les gestes qu'il
a posés pendant trois ans sont inconcevables en 1971.
Ordonner à des fonctionnaires ou empêcher qu'un permis
d'épicerie soit accordé parce qu'on a été
président de la Fédération libérale comme le
notaire Tétrault de Plessisville l'a fait pour ce citoyen en ordonnant
à des fonctionnaires d'agir, avoir, pendant trois ans,
empêché l'action comme telle, c'était complètement
anormal. Il était temps de dire à certains fonctionnaires qu'il
était normal qu'ils replacent de l'ordre dans ça et que ce brave
citoyen obtienne son permis.
Heureusement...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Je veux bien écouter avec beaucoup d'attention le
député de Mégantic, mais je pense qu'il y a
peut-être une petite erreur d'aiguillage. Je pense que ses reproches
s'adressent à ce que l'on appelle les commissaires et régisseurs
de la Régie des alcools.
Je ne sache pas que ces personnes relèvent de la Fonction
publique. Je ne pense pas que je puisse permettre au député de
Mégantic de discuter de ce point lors de l'étude des
crédits du ministère de la Fonction publique.
M. DUMONT: Ici même, M. le Président, à
Québec, ce permis a été bloqué pendant trois ans et
si ce ne sont pas des fonctionnaires qui, à un moment donné, en
faisant leur devoir, ont été empêchés par des
rapports qui étaient glissés par l'homme que j'ai nommé
tout à l'heure, je vous dis que je ne désirerais pas être
un jour président d'un organisme tel que le Parti libéral a connu
avec un homme qui s'appelle le notaire Tétrault.
J'ai trop déploré...
M. LEVESQUE: II n'y a pas grand danger pour vous.
M. DUMONT: ... des gens qui faisaient bien leur travail, nous avons
été en mesure de
constater que parfois ces gens sont empêchés par ce que
l'on appelle des "patroneux" de pouvoir bien réaliser leur devoir comme
ils l'ont toujours fait.
Dans le domaine de la voirie, le même problème se
présente qu'au niveau de certains fonctionnaires qui sont aussi au
ministère de l'Agriculture et qui, par les travaux
mécanisés, qui devraient être exécutés
normalement, reçoivent des ordres et regrettent eux-mêmes
d'être obligés d'agir ainsi car sous prétexte qu'ils
peuvent perdre leur poste, ils sont parfois obligés de poser des gestes
qu'ils regrettent eux-mêmes.
M. le Président, je n'avais que quelques mots à dire sur
ce sujet. Ces exemples, nous pourrions les donner à la centaine. Nous
nous en réservons pour plus tard. Il est complètement anormal et
illogique de voir de telles situations en 1971. Je connais l'esprit de justice
du ministre; je sais qu'il pourra donner des ordres très
sévères pour que le premier ministre, les ministres, les
députés, par ordre, tout le monde soit respecté et puisse
se faire respecter. Qu'on mette de côté, une fois pour toutes,
ceux qui viennent placer du sable dans l'engrenage de l'administration
québécoise.
Pour consoler le ministre, je me permettrai de lui rappeler ces quelques
lignes, car je sais que tout n'est pas perfection ici-bas et que, en nous
aidant à empêcher ces gens de continuer, ce qui a
été trop de fois la raison de la chute de certains gouvernements,
il pourra remettre de l'ordre là où il y a du désordre. Je
lui rappelle une lecture que je faisais récemment; la confiance
chrétienne trouve en elle-même de quoi mettre en question les
conditions de l'existence politique et sociale, même si elles
étaient, par bonheur, belles et harmonieuses, car les libertés ne
sont jamais la liberté, ni les justices, la justice. Appel puissant qui
vient de plus profond que le monde, de plus loin que la cité à
l'imagination créative et au renouvellement des formes politiques et
sociales.
Une fois de plus, c'est par l'impatience que nous avons du meilleur que
nous saurons ouvrir les portes de l'avenir.
M. VEZINA: M. le Président, je voudrais relever certains propos
du député de Mégantic. Je pourrais peut-être, moi
aussi, me référer à la conscience chrétienne pour
dire que je n'ai pas besoin de leçon du député de
Mégantic. La conscience chrétienne, cela évite d'attaquer
des gens qui sont absents et de les nommer ici. C'est de la
lâcheté, cela.
M. DUMONT: C'est du patronage éhonté comme...
M. VEZINA: Je disais donc que je voulais relever certains propos pour
démontrer jusqu'à quel point le député de
Mégantic a l'art de ne pas discuter du sujet en question et de
mêler toutes les cartes. D nous a parlé du candidat libéral
défait dans son comté comme commissaire de la "Commission des
liqueurs".
Premièrement, comme l'a rappelé le député de
Maskinongé, la Commission des liqueurs, cela fait des années et
des années qu'elle n'existe plus.
Ceux qui vivent au niveau actuel de 1971 savent que cela n'existe plus
et on n'en parle plus.
Deuxièmement, ce ne sont pas des commissaires, ce sont des
régisseurs; troisièmement, il n'y a pas de régisseur
nommé Giguère.
Le député de Mégantic a voulu soulever des propos,
qu'il en supporte les conséquences dans le silence, qu'il se mette le
nez dans le sable s'il veut, mais qu'il écoute.
C'est facile, M. le Président, d'aller accuser à gauche et
à droite des citoyens du Québec, qu'ils appartiennent au Parti
libéral, à l'Union Nationale ou au Parti québécois.
C'est très facile derrière l'immunité parlementaire. C'est
plus difficile d'accepter la réplique. C'est facile d'aller accuser
Untel qui aurait dit à Untel, dans le domaine de la voirie, dans le
domaine des travaux mécanisés, qu'il y a eu telle ou telle
pression. Un homme qui a des accusations à porter cela s'est
déjà fait moult fois dans cette Chambre par tous les partis
porte des accusations précises, de façon,
premièrement, que la personne ou le groupe qui est attaqué puisse
se défendre et connaisse le champ du débat. L'insinuation, c'est
toujours facile. Ordinairement, quand un député est
incompétent, il met cela sur le dos des fonctionnaires. C'est le truc le
plus facile, le plus connu. Mais quand on consulte les plus anciens ou les
moins jeunes, disons, de cette Chambre, on s'aperçoit que chaque fois ou
à peu près chaque fois, s'ils ont pu réaliser quelque
chose de positif, régler des problèmes, avoir des discussions
absolument avantageuses pour la population, c'est parce qu'ils ont su
travailler en collaboration avec les fonctionnaires qui sont en place.
Ce n'est pas en jetant de la hargne à gauche et à droite,
en essayant de créer des soupçons, en faisant des insinuations,
que l'on va continuer la revalorisation de la fonction publique. C'est à
se demander s'il ne faudrait pas revaloriser certains de nos collègues.
J'entendais à la radio, dimanche j'étais à
Montréal un de nos collègues de cette Chambre qui parlait
à un poste que je ne nommerai pas, à Verdun, et qui disait
combien il avait été stupéfié, voire même
qu'il était loin d'être enchanté d'être membre de
cette Chambre, lors de la journée de vendredi...
M. PAUL: Ce n'est pas ça que le député a dit.
M. VEZINA: ... ou dans ce sens-là.
M. PAUL: II a dit qu'il avait eu honte. C'est ça que le
député a dit.
M. VEZINA: J'ai cru reconnaître...
M. PAUL: II a dit qu'il avait eu honte d'être membre de
l'Assemblée nationale, vendredi après-midi.
M. VEZINA: C'est vrai.
M. DUMONT: On se rend compte que tous les députés
écoutent le député qu'on veut nommer et on félicite
les membres de cette Assemblée nationale.
M. VEZINA: Commencez à féliciter maintenant! D'ailleurs,
vos félicitations, personne ne veut les recevoir.
Alors, je disais donc que dans le domaine de la critique du
fonctionnarisme, c'est trop facile.
Il faut plutôt être positif. Ce n'est pas en se demandant si
le fonctionnaire a fait telle chose, a subi telle ou telle influence ou quoi
que ce soit. Cela fait des années que j'ai l'honneur de traiter avec la
fonction publique dans différents ministères et chaque fois ou
à peu près dans 99 p.c. des cas, que ce soit à la Justice,
à l'Education, aux Affaires municipales, aux Affaires sociales, dans le
temps la Santé et le Bien-Etre social quand on arrivait avec des
demandes logiques, des dossiers bien préparés, quand on arrivait
avec des documents complets, on avait la collaboration des gens.
Et si, on a été capable depuis quelques années
d'inviter, de réussir à amener à la fonction publique des
gens qui sont extrêmement compétents, qui permettent aux divers
gouvernements qui se sont succédé de réaliser des choses
importantes pour le Québec, ce n'est pas en tentant de briser cet esprit
de confiance et de respect que l'on doit aux fonctionnaires, à quelque
degré qu'ils soient, qu'on va être constructif, qu'on va
être positif.
Rappelons-nous donc, bien humblement, que le fonctionnaire est là
pour servir l'Etat du Québec et non pas tel ou tel député
ou tel ou tel parti. C'est fondamental. Les fonctionnaires sont permanents,
nous ne le sommes pas. Travaillons en collaboration avec eux. J'ai eu
très souvent l'occasion de le remarquer, on peut obtenir d'eux des
conseils qui sont très sages et qui nous aident à mieux faire
notre boulot ou tout au moins qui nous aident à éviter des
pièges administratifs ou autres.
M. le Président, je n'avais pas l'intention de parler lors de
l'étude de ces crédits, mais j'ai cru de mon devoir de dire ces
choses parce qu'il est anormal qu'en 1971, en cette Chambre, on tienne des
propos dont le principal caractère est, quant à moi, une
ignorance la plus crasse.
M. DUMONT: La vérité choque! M. LATULIPPE: M. le
Président...
M. PAUL: M. le Président, des remarques sur trois points
particuliers. Je puis assurer le ministre que mes remarques seront courtes. Je
crois qu'elles s'imposent, cependant. Tout d'abord, cet après-midi, je
me suis interrogé au sujet du rôle de la Commission de la fonction
publique. Loin de moi l'idée qu'ont pu retenir certaines gens à
l'effet que j'avais demandé l'abolition de la Commission de la fonction
publique. Loin de moi une telle recommandation de ma part parce que je sais
quelle objectivité, quelle dépolitisation préside aux
délibérations de la Commission de la fonction publique. Je crois
que c'est une excellente protection pour tous ceux qui occupent des postes de
commande au niveau de l'exécutif, comme adjoint parlementaire ou comme
simple député.
Le rôle joué par la Commission de la fonction publique est
essentiel si nous voulons avoir dans la fonction publique des hommes
compétents. Je me suis tout simplement interrogé, M. le
Président, et j'ai été heureux d'apprendre de la bouche
même du ministre que l'on envisageait éventuellement une nouvelle
législation sur toute cette question de la fonction publique. Je suis
sûr qu'on gardera ces éléments de base essentiels
prônés jusqu'ici et mis en application par la Commisssion de la
fonction publique, par son président, ses commissaires et tout le
personnel immédiat.
M. le Président, je voudrais poser quelques questions au
ministre. Il pourra certainement me répondre. Elles ont trait à
la banque des employés pas la Banque du Canada, la banque des
employés qui sont actuellement en congé, qui, dans
certains cas ne sont pas encore au travail parce que l'un ou l'autre des
ministères ne les a pas appelés à travailler. Est-ce qu'il
y aurait possibilité de connaître le nombre de ces employés
qui sont des réservistes? Est-ce qu'il y aurait possibilité de
savoir le nombre de ceux-là qui ont été embauchés
depuis le 1er mai l'an dernier à venir au 1er mai, ou disons pendant
l'année fiscale 70/71? Pourquoi la Commission de la fonction publique
appelle-t-elle des concours lorsque dans cette réserve il y a
sûrement des compétences, des gens diplômés qui
pourraient oeuvrer au sein d'un ministère plutôt que d'être
dans l'attente d'une convocation pour travailler dans l'un ou l'autre des
ministères?
Je spécifie, M. le Président, que je ne parle pas du pool
des secrétaires. Je parle de la banque qui a été
généreusement engraissée surtout à la suite de la
disparition de nombreuses écoles de métiers, lorsque le
ministère de l'Education a fait disparaître les écoles de
métier pour les intégrer dans les CEGEP ou les polyvalentes.
Je crois qu'à ce moment-là il y a eu beaucoup
d'employés du ministère de l'Education qui, sans être
nettement sur le carreau, ont été mis sur des tablettes pour
attendre une convocation afin d'aller travailler dans un endroit bien
défini.
M. le Président, j'espère que le ministre pourra nous
donner quelques précisions là-dessus avant que nous commencions
l'étude de chacun des postes de son ministère. En termi-
nant, je me permettrais de faire une suggestion au ministre, aux
officiers supérieurs de son ministère et à la Commission
de la fonction publique.
On a dit, M. le Président, qu'après chaque élection
des députés sont rejetés par l'électorat et, dans
certains cas, nous devons assister à des tragédies familiales et
économiques. Après chaque Parlement il y a des
députés qui, n'étant pas réélus, ne peuvent
espérer une pension de l'Etat. Ils sont dans l'obligation, après
avoir oeuvré durant quatre années à l'Assemblée
nationale, de retourner dans leur milieu et quelques-uns, ayant pris de
l'âge, ayant été remplacés par leur ancien employeur
ou ayant eu un commerce et n'ayant pu exercer une surveillance complète,
se trouvent aux prises avec de graves problèmes financiers.
A Ottawa, M. le Président, le service civil fédéral
a un traitement spécial à l'endroit des vétérans.
Cette politique trouve de moins en moins d'application en raison des
années qui se sont écoulées depuis cette deuxième
guerre de 1939-1945 qu'on a connue. Cependant, il y a dans la loi
fédérale du service civil un statut particulier et
préférentiel à l'endroit du vétéran; si
celui-ci a obtenu 70 p.c. aux examens auxquels il doit se soumettre comme tout
autre postulant à un poste du service civil, il se voit automatiquement
préféré dans l'engagement à celui-là
même qui aurait obtenu 80 p.c. et même 90 p.c.
Pourquoi, M. le Président? Parce que nous, ici, à
l'Assemblée nationale, nous formons une famille. Je sais que nous
pouvons avoir assez souvent des divergences d'opinions. Nous pouvons nous
attaquer sur le plan de l'idéologie politique, mais il reste que nous
formons une famille. Ceux-là qui sont ici pour la première fois
et qui auront connu le résultat d'une autre élection seront
retournés au Parlement ou remerciés de leurs services. Ceux qui
reviendront, M. le Président, auront la nostalgie et le souvenir
d'anciens collègues contre qui ils ont lutté, mais avec qui,
également, ils ont travaillé dans le meilleur
intérêt de la population du Québec.
D y a ceux qui, ayant été défaits dans
l'élection générale, auront le souvenir des heures de
dévouement qu'ils ont apporté à l'Assemblée
nationale. C'est avec un certain regret qu'ils se rappelleront ces beaux jours
qu'un député connaît dans la vie publique. L'Etat ne
devrait-il pas donner un statut particulier aux députés
défaits qui ont oeuvré dans le Parlement? Je comprends
qu'aujourd'hui il est plus facile d'obtenir la pension, puisque nous pouvons
nous y qualifier après cinq années de vie parlementaire au sein
de l'Assemblée nationale.
M. LACROIX: Les cinq huitièmes.
M. PAUL: Pardon?
M. LACROIX: Les cinq huitièmes.
M. PAUL: Oui, les cinq huitièmes. Mais disons qu'une pension de
base est acquise après cinq années. Pour obtenir le maximum de la
pension, cela prendrait huit ans, M. le Président. Mais il y en a qui
ont été élus le 29 avril dernier et qui ne seront pas
réélus, et cela dans tous les partis politiques, probablement, M.
le Président, lors des prochaines élections.
M. LACROIX: Les douze créditistes et les sept
séparatistes.
M. DUMONT: Les libéraux viennent d'en perdre!
M. PAUL: M. le Président, je n'ai aucun doute que l'honorable
député des Iles-de-la-Madeleine pourra mettre le grain de sel
nécessaire pour donner encore plus de piquant au mets que j'ai
l'intention de vous offrir.
Je dis, M. le Président, qu'après la prochaine
élection il y a des députés qui ne seront pas
réélus. Ds se seront dépensés durant quatre
années au service de leurs concitoyens. L'Etat du Québec ne
devrait-il pas considérer d'une façon toute spéciale ces
serviteurs de l'Etat? Ne devrait-on pas, à l'instar de la politique qui
existe dans le Service civil fédéral à l'endroit des
vétérans, donner la même considération à
l'endroit de l'ancien député? Lorsqu'un député,
participant à un concours de la Commission de la fonction publique, aura
réussi à atteindre 70 p.c, il devra nécessairement avoir
la préférence sur tout autre candidat dans un concours, comme la
chose se produit au niveau du gouvernement fédéral. Si le
gouvernement fédéral protège ses vétérans,
pourquoi l'Assemblée nationale ne protégerait-elle pas ses
anciens députés qui ne sont pas qualifiés pour une
pension?
C'est une suggestion, M. le Président: Je suis bien à
l'aise pour en parler parce que le 5 juin, comme vous le signaliez
vous-même, M. le Président, je serai qualifié pour une
double pension. Pour une pension fédérale que je retire
déjà et une autre que j'accroîtrai encore durant de
nombreuses années, j'en suis convaincu.
Les remarques que j'ai faites sont dégagées de toute
partisanerie politique et j'invite mes collègues, et surtout le ministre
de la Fonction publique, à s'arrêter sur le caractère
social et humain du problème que j'ai soumis. Je suis sûr qu'avec
l'expérience qu'il a déjà, il connaît, sans que nous
soyons dans l'obligation de les nommer, d'anciens collègues qui sont aux
prises avec des difficultés financières sérieuses et
surtout leur famille. Pourquoi? Parce qu'ils ont sacrifié quatre
années de leur vie au service de l'Etat. Peut-être que dans cette
modification, dans ces amendements futurs à la Loi de la fonction
publique je suis certain qu'il n'y aurait pas de reproche de la part des
associations ouvrières, de l'association du patronat; qu'aucune critique
ne pourrait venir devant un tel geste que pourrait poser l'Assemblée
natio-
nale à l'endroit de ces serviteurs qui n'ont pas
mérité plus, mais qui cependant auront donné durant trois
ou quatre ans le meilleur d'eux-mêmes on pourrait leur donner un
statut spécial dans le recrutement futur de la Commission de la fonction
publique. Disons qu'il y aurait alors une certaine sécurité
morale acquise au départ pour celui-là qui ne peut se faire
élire sous toutes sortes de prétextes, à la suite de
toutes sortes d'événements hors de son contrôle et pas
nécessairement à cause de son incompétence. C'est une
mesure sociale que l'on doit envisager à l'endroit des collègues
anciens et futurs qui sont placés dans ces difficultés que trop,
hélas, ont connues à la suite de leur passage à
l'Assemblée nationale.
M. LACROIX: M. le Président, si le ministre me le permet, vous me
permettrez de souscrire entièrement aux propos qui ont été
tenus par le député de Maskinongé concernant les
députés qui oeuvrent en cette Chambre, qui y donnent le meilleur
d'eux-mêmes et qui, en certaines occasions, même s'ils ont
oeuvré, s'ils ont travaillé dans le meilleur intérêt
de leur comté, se font battre à cause du contexte
général de la politique que connaît la province.
Naturellement, pour un député qui n'est pas professionnel,
comme c'est mon cas un avocat peut toujours se faire nommer juge,
président d'une commission ou n'importe quoi; un médecin peut
toujours retourner à son cabinet de médecin qui est
entré dans la politique à l'âge de 35 ou 40 ans, qui
gagnait sa vie raisonnablement, qui, par suite d'un accident électoral,
est défait après trois ou quatre ans et se voit acculé
à des difficultés considérables, je pense
sincèrement que le député de Maskinongé a
soulevé un point très valable.
Je ne vois pas, nulle part dans l'industrie privée, où
l'on ne protège pas l'individu qui donne le meilleur de lui-même
dans le meilleur intérêt de la compagnie.
Au Parlement de Québec, nous nous faisons
régulièrement attaquer, nous nous faisons descendre. Quand nous
sommes dans l'Opposition, nous ne sommes pas bons pour telle raison; quand nous
sommes au pouvoir, nous ne sommes pas bons pour telle autre raison. Il y a des
amis, qui logent un peu plus haut que nous qui aident à nous descendre
un peu plus, qui ne considèrent jamais le travail important et valable
qu'un député fait afin d'améliorer la situation
culturelle, sociale ou économique de son comté, mais qui aiment,
par exemple, à détruire le député dès qu'il
a commis la plus petite erreur.
Je pense que nos familles méritent un peu plus de
considération. Il n'y a pas un député dans cette Chambre
qui a réussi à passer l'épreuve d'une ou de deux
élections, qui n'a pas fait quelque chose pour son comté, dans le
meilleur intérêt de sa province. Je pense que ceux qui veulent le
plus nous déprécier vis-à-vis de la population, ne
seraient peut-être pas capables, dans leur vie, de faire autant qu'un
député, même un simple député pour ne
pas dire un député simple peut faire en quatre ans.
Je pense, M. le Président, que lorsqu'il s'agit de
l'intérêt et de l'avenir d'une famille, ce ne sont pas des
assistés sociaux, mais je pense que les députés...
M. LE PRESIDENT (Leduc): A l'ordre! Je dois suspendre la séance
à loisir pour des raisons techniques.
M. LE PRESIDENT (Blank): A l'ordre! L'honorable député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: M. le Président, même si la console a eu
certains problèmes et que cela nous a retardé de quelques
minutes, cela ne m'a pas fait changer d'opinion en ce qui concerne l'avenir des
membres de l'Assemblée nationale qui travaillent dans le meilleur
intérêt de la population de leur comté et du Québec.
Je n'ai jamais été et j'espère n'être jamais un
hypocrite. Quant à moi, je crois qu'un bon homme doit être bien
payé. Il reste que j'ai assez confiance au jugement de la population
pour qu'au bout de quatre ans elle décide si elle a été ou
non bien servie par son représentant.
Quand nous entrons en politique, le point sur lequel nous insistons
peut-être le moins, celui que nous considérons le moins est la
sécurité de notre femme et de nos enfants. Il est très
facile d'augmenter son train de vie, mais il est très difficile de le
diminuer.
Quant à moi, hier, je suis allé aux Iles-de-la-Madeleine,
dans mon comté. Mon voyage a coûté à l'humble
personne qui vous parle $250. La semaine dernière, je n'ai pas pu m'y
rendre à cause des obligations qui me retiennent en Chambre, soit pour
assister aux commissions parlementaires ou aux séances de
l'Assemblée nationale, et je pense que les leaders parlementaires de
tous les partis reconnaîtront que le député des
Iles-de-la-Madeleine est un de ceux qui sont les plus assidus en Chambre.
La semaine dernière, mes deux secrétaires se sont rendus
aux Iles-de-la-Madeleine et ce n'est pas avec leur salaire qu'ils peuvent payer
leurs dépenses. C'est le député qui a payé leurs
dépenses. Quand il y a des convocations pour les noces, les
services...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: M. le Président, j'espère que ce n'est pas moi
qui dérange...
(Panne d'enregistrement)
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'honorable député
des Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: Je vous remercie, M. le Président, et j'espère
que je ne dérangerai pas, pour
une troisième fois, la console. Je voudrais continuer sur la
question de la sécurité que le gouvernement doit assurer aux
représentants du peuple qui se dévouent afin d'améliorer
la situation qui prévaut dans leur comté. Comme je le disais un
instant avant que la machine ne se...
UNE VOIX: Détraque.
M. LACROIX: ... détraque, oui, lorsque nous entrons en politique,
nous oublions peut-être le confort de nos familles, la
sécurité. Je pense qu'il devrait faire une publicité afin
de renseigner les ignorants, pour ne pas dire les imbéciles, qui, le
matin, appellent des "hot lines" à la radio pour dire que les
députés gagnent trop cher et qu'ils ne font pas un excellent
travail.
Peut-être devrais-je faire appel à certains de mes
collègues en Chambre afin qu'eux-mêmes, comme j'essaie de le
faire, fassent connaître à la population le travail d'un
député, le dévouement qu'il doit apporter afin, non
seulement d'assurer sa réélection, mais d'assurer le
mieux-être de la population qu'il représente.
Je pense que nous devons faire en sorte d'assurer à nos
représentants une sécurité qui éviterait
peut-être à certains membres ou à certains
députés la tentation d'accepter des pots-de-vin ou autre chose
qui leur permettent d'assurer leur mieux-être pour l'avenir. De toute
façon, les avocats qui sont députés, comme le
député de Maskinongé et comme d'autres de mes
collègues, lorsqu'ils ont oeuvré dans la politique pendant quatre
ans ou pendant huit ans et qu'ils retournent à la pratique
privée, doivent recommencer à zéro parce qu'ils ont perdu
leur clientèle.
Lorsque je vous dis ça, ce n'est pas pour défendre les
avocats. Un avocat qui se fait battre au bout de quatre ans et qui a
conservé sa clientèle, c'est parce qu'il ne s'est pas
occupé de ses électeurs. L'avocat qui a oeuvré pendant
quatre ans, huit ans, qui s'est occupé de ses électeurs et qui
retourne à son étude à 45 ans ou 50 ans doit recommencer
à zéro et reconquérir la clientèle qu'il
s'était bâtie de peine et de misère pendant plusieurs
années.
Quant aux autres professionnels, le chirurgien ou le médecin, qui
a abandonné sa clientèle pendant quatre ans ou pendant huit ans,
il a vu, lui aussi, sa clientèle aller vers d'autres chirurgiens, vers
d'autres médecins.
Il a vieilli, lui aussi, sa dextérité n'est pas aussi
bonne et il peut plus difficilement gagner sa vie convenablement, même si
on a aujourd'hui le régime de l'assurance-maladie qui apparemment permet
aux médecins de vivre très confortablement. C'est un autre
problème.
Quant aux gens, aux hommes d'affaires qui quittent leur domaine, leur
entreprise pour venir en politique, ils délaissent des revenus
intéressants, il voient leur entreprise dans bien des cas
péricliter, ils ne peuvent pas avoir de contrats du gouvernement, parce
qu'ils sont députés de la Chambre et il va de soi que cela ne
sert pas leurs propres intérêts, ni ceux de leur famille. Quant
aux autres, qui comme vous, M. le Président, comme l'humble
député des Iles-de-la-Madeleine, sommes entrés dans la
politique croyant qu'il y avait possibilité de faire
énormément afin d'améliorer la situation
économique, sociale et culturelle de nos milieux, non seulement dans
bien des cas nous sommes déçus, mais lorsqu'arrive le moment de
la retraite volontaire ou forcée, nous arrivons à 45 ou à
50 ans, il est très difficile pour nous, de refaire notre vie, de
reconnaître la sécurité que nous avions avant d'être
dans la politique. Parce que je pense que la plupart d'entre nous, M. le
Président, lorsque nous sommes entrés dans la politique, la
population a eu confiance en nous parce que nous avions réussi à
nous créer ainsi qu'à nos familles un avenir prometteur.
Nous étions des hommes en qui la population avait confiance et
pour notre travail et pour notre réussite personnelle et pour les
idées que nous préconisions. Et je pense qu'il appartient au
gouvernement de faire en sorte d'assurer à tous et à chacun des
membres de l'Assemblée nationale, une sécurité
après ou une retraite ou une défaite, qui permette à un
homme public, d'assurer à sa famille, de s'assurer lui-même un
revenu raisonnable, normal, qui lui permette de connaître une vie qu'il
aurait connue s'il n'était pas entré en politique.
Je crois que personne dans cette Chambre, aucun des 108
députés qui sont membres de cette Assemblée nationale, ne
devrait porter un jugement ou dire des choses qui iraient à l'encontre
de l'avenir d'un député, parce que si nous voulons avoir des
députés honnêtes, si nous voulons avoir des
députés vaillants, si nous voulons avoir des
députés travailleurs, si nous voulons avoir des
députés intéressés au développement non
seulement de leur comté, non seulement de leur région, mais
intéressés également au développement de leur
province, nous devons non seulement les payer raisonnablement, mais nous devons
les assurer d'une sécurité qui est absolument nécessaire
et que nous donnons à bien d'autres personnes qu'elles dans le domaine
de la fonction publique ou dans le domaine de l'entreprise privée.
M. le Président, je demande à tous les membres de cette
Chambre, quelle que soit leur allégeance politique, de souscrire aux
propos du député de Maskinongé, afin d'éviter que
d'autres membres de cette Chambre connaissent des situations difficiles, des
situations intenables comme plusieurs de nos anciens collègues en
connaissent parce qu'ils ont sacrifié quelques années de leur vie
au service de la population du Québec, au service de leurs
concitoyens.
Je pense, M. le Président, qu'il est temps que nous nous
penchions sérieusement sur le problème du traitement des
députés, sur le problème de leur sécurité.
Quant à moi, je puis vous assurer qu'advienne que pourra, les
critiques
viendront de n'importe où, je ne ferai jamais de politique ou de
politicaillerie avec le traitement des députés, avec leur
sécurité. Je travaillerai toujours afin que les assistés
sociaux puissent recevoir le strict minimum vital nécessaire mais je ne
le ferai pas au détriment de ceux qui travaillent, qui oeuvrent afin
d'assurer à ces assistés sociaux de recevoir le maximum possible
selon les possibilités financières de la province.
M. le Président, je vous remercie de l'attention que vous avez
apportée. Je vous remercie de m'avoir permis de dire ce que j'ai dit.
Peut-être que j'ai été, à un moment donné,
hors d'ordre. Mais je pense qu'il y a des choses que nous devons dire et il
appartient à certaines personnes qui occupent certains postes, qui
acceptent certaines responsabilités de dire la vérité
purement et simplement. Je crois qu'il appartient aux 108 députés
de l'Assemblée nationale de cesser de jouer à l'autruche, de se
cacher la tête dans le sable et de faire savoir à la population
qu'il coûte moins cher au peuple de bien payer ses députés,
de leur assurer une sécurité que de faire ce que nous avons connu
déjà, permettre à certains députés
d'être à commission plutôt qu'à salaire.
Merci, M. le Président.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aurais quelques brèves
questions à poser au ministre. Peut-être pourrait-il me
répondre en même temps qu'il donnerait réponse à mes
prédécesseurs.
Dans le court tour d'horizon que vous avez fait en introduction, M. le
ministre, vous avez parlé un peu de la masse salariale. Est-ce qu'il
serait possible d'établir exactement pour les 260,000 fonctionnaires de
la province de Québec, en incluant les professeurs, les
infirmières et autres, quelle est la masse salariale au Québec et
également quelles sont les prévisions au niveau de chaque
ministère ou globalement, si vous aimez mieux? J'aimerais
également savoir si en vertu de ces prévisions on a fait
certaines réserves en vue d'une augmentation possible et
également si le taux de croissance de la masse salariale va
dépasser les 6 p.c, tel que déjà réclamé en
d'autres milieux.
J'aimerais également qu'on se penche aussi sur le sort que l'on
réserve aux secrétaires particuliers, car l'on sait qu'à
chaque changement de gouvernement un certain nombre de personnalités se
retrouvent sans travail bien qu'elles soient rémunérées.
J'aimerais savoir si le ministère a prévu quelque
mécanisme afin qu'elles se rendent utiles à la
société. J'aimerais également avoir, dans le même
ordre d'idée, des renseignements sur le cas des professeurs qui ont
été payés, sans travailler. Les journaux ont
rapporté qu'il y en avait environ 1,000. Ds ont même formé
une espèce de groupement pour réclamer des faveurs
spéciales. J'aimerais savoir du ministre quelle attitude il entend
prendre dans ce domaine. J'aimerais également avoir du ministre, des
renseignements en ce qui concerne les temporaires-permanents; par exemple, il y
a des cas typiques à la section 411 au ministère de la Voirie.
Certains employés que je connais personnellement sont là depuis
déjà un certain nombre d'années, j'oserais même dire
plusieurs années, cela va approcher les dix ans bientôt et ils
n'ont...
M. MARCHAND: Est-ce que je peux poser une question au
député?
M. LATULIPPE: Oui.
M. MARCHAND: Je voudrais savoir ce qu'est un temporaire-permanent.
M. GUAY: C'est ce qu'il veut savoir.
M. LATULIPPE: C'est exactement ce que j'aimerais que le ministre nous
définisse. Dans mon esprit, cela ne devrait pas se concevoir, le terme
de temporaire-permanent. Mais il arrive qu'il existe, à un certain
niveau, dans le classement 411, surtout à la Voirie, des gens
engagés soi-disant comme temporaires et qui sont là depuis
déjà sept ans.
A ce moment-là, c'est devenu une quasi-permanence et ils
travaillent à temps plein, surtout au secteur des plans et devis.
M. DUMONT: Le ministre a compris.
M. LATULIPPE: J'aimerais également, M. le Président, que
l'on aborde la question des employés saisonniers pour qu'ils aient droit
éventuellement aux bénéfices marginaux. Je sais que cette
politique est actuellement à l'étude et j'aimerais
connaître l'opinion du ministre sur le sujet.
J'aimerais, enfin, que le ministre précise la politique de son
ministère en ce qui regarde les bureaux de placement du Québec. A
la discussion des crédits du ministère de la Voirie, le ministre
titulaire nous avait dit que les bureaux locaux de placement n'étaient
plus maintenant affectés au recrutement du personnel saisonnier pour les
besoins des ministères. J'aimerais savoir de la part du ministre si
c'est une attitude qui se généralisera ou si c'est seulement une
mesure temporaire, justement parce que le ministère avait un
surcroît de travail à cause des besoins de la construction.
Merci beaucoup, M. le ministre.
M. L'ALLIER: M. le Président, j'ai essayé de faire
l'addition des questions qui m'ont été posées. Cela en
fait quand même un bon nombre. Si jamais j'en oubliais dans les
réponses, vous voudrez bien me les rappeler. J'essaierai quand
même d'être assez rapide. Si j'accepte de bon gré, ici, de
répondre à des questions qui ne se rapportent pas
nécessairement à un article particulier, notamment à
l'article 1 dont nous n'avons pas commencé l'étude, c'est dans
l'espoir que ces énoncés généraux ou ces
réponses à des questions d'ensemble permettent ensuite
d'accélérer l'étude poste par poste des
crédits du ministère de la Fonction publique.
Le député de Mégantic a abordé une question
importante, celle des surnuméraires. On peut rattacher à la
question des surnuméraires, celle qui a été posée
au sujet des secrétaires particuliers, en disant tout de suite que la
procédure pour les secrétaires particuliers anciens, si vous
voulez, est employée pour les surnuméraires. En d'autres mots, il
n'y a qu'une procédure, maintenant, au gouvernement et c'est celle qui a
été définie par le ministère de la Fonction
publique pour les surnuméraires.
En ce qui concerne les surnuméraires, par arrêté en
conseil, en février 1971, le gouvernement a pris un certain nombre de
décisions. Etant donné que nous acceptons, il va de soi, au
départ, le principe qu'il y a lieu d'utiliser d'abord le personnel
surnuméraire de la fonction publique avant de procéder au
recrutement de personnel venant de l'extérieur et que l'application
d'une telle pratique administrative permet une utilisation plus efficace du
personnel, ainsi qu'une économie en coûts et en ressources
humaines; compte tenu également que c'est la Commission de la fonction
publique qui doit déclarer, s'il y a lieu, l'éligibilité
des employés surnuméraires à un autre emploi de la
fonction publique, le gouvernement a pris une décision qui porte sur
l'utilisation des surnuméraires.
Je vous résume ici cette politique et cette procédure qui
expliquent quand même assez bien ce qui se passe, pour pouvoir, ensuite,
faire la référence et répondre à la question qui a
été posée par le député de
Maskinongé. D'abord, avant qu'un employé soit
déclaré surnuméraire par un ministère ou un
organisme, les mesures nécessaires doivent être prises en vue de
l'affectation adéquate de cet employé à son
ministère ou à son organisme, en suivant les modalités
prévues à la procédure de mise en disponibilité. On
doit donc d'abord voir, au sein du ministère, si on ne peut pas
réutiliser cette personne.
Si l'employé est déclaré surnuméraire parce
qu'au sein de son organisme ou au ministère on ne peut pas le
réutiliser, s'il est donc mis en disponibilité auprès du
ministère de la Fonction publique c'est le réservoir
auquel faisait allusion le député de Mégantic le
ministère ou l'organisme concerné doit entreprendre de faire
passer ce fonctionnaire au ministère de la Fonction publique.
Les ministères ou organismes du gouvernement doivent d'abord
utiliser, en vue de combler leurs postes vacants, le personnel
surnuméraire qui leur est référé par le
ministère de la Fonction publique avant de recruter du personnel de
l'extérieur. Cela pourra supposer du recyclage, et une certaine phase
d'adaptation dans certains cas.
La décision comporte également qu'il soit formé,
sous l'autorité de la Commission de la fonction publique, autant de
comités de reclassement qu'il s'avère nécessaire, la
composition de ceux-ci faisant l'objet de recommandation du sous-ministre de la
Fonction publique. Le rôle de tels comités est de recommander
à la Commission de la fonction publique l'éligibilité de
l'employé surnuméraire à un autre emploi de la fonction
publique, le cas échéant. Ces comités peuvent
également faire des suggestions au ministère de la Fonction
publique quant à l'affectation de ces employés.
Finalement, la question du traitement.
Les deniers prévus au budget du ministère ou de
l'organisme d'origine pour la rémunération de l'employé
surnuméraire sont transférés, s'il y a lieu, aux
crédits de l'article budgétaire approprié du
ministère ou de l'organisme d'accueil sous l'approbation du
contrôleur de la trésorerie.
Donc, en résumé, l'on essaie, pour les
surnuméraires et l'on prend les moyens nécessaires
de les réaffecter à l'intérieur du ministère. Si ce
n'est pas possible, on les inscrit au ministère de la Fonction publique
et ils deviennent partie, si vous voulez, de ce réservoir au
ministère de la Fonction publique.
Les ministères et organismes, lorsqu'ils ont des postes à
combler, doivent d'abord faire appel à ce réservoir et la
procédure de transfert des fonds nécessaires doit
s'accomplir.
L'application de cette procédure a été faite dans
un premier cas important: c'est celui auquel vous faisiez allusion tout
à l'heure, à savoir le ministère de l'Education. Le
ministère de l'Education a entrepris, il y a quelques années,
l'intégration de ses écoles aux différents réseaux
d'enseignement de la province, c'est-à-dire aux commissions scolaires
régionales, aux CEGEP et à l'Université du Québec,
d'où un certain nombre de problèmes pour les professeurs qui
n'ont pas pu être réaffectés.
Selon certaines ententes intervenues entre les unités de
négociation concernées et le gouvernement, les employés,
professeurs, fonctionnaires et ouvriers de ces écoles pouvaient à
leur gré s'intégrer ou demeurer à la fonction publique.
Même si la majorité des quelque 900 employés qui ne se sont
pas intégrés avant le 31 août 1970 ont été
replacés depuis dans la fonction publique par le ministère de
l'Education au 31 août 1970 est remonté à 697, dont 371
professeurs. Ce fait est surtout attribuable aux nombreux retours à la
fonction publique d'employés au terme de leur congé sans
traitement, soit le 31 août 1970.
M. PAUL: D'employés qui sont encore réservistes ou
surnuméraires?
M. L'ALLIER: Voulez-vous que je vous le donne tout de suite?
M. PAUL: Non.
M. L'ALLIER: Cela vient, de toute façon, dans quelques minutes.
Je pense qu'il faut quand même donner ce contexte pour montrer qu'il ne
s'agit pas d'un réservoir stagnant où des
personnes attendent depuis des années pour être
réaffectées. C'est un réservoir où il y a quand
même un certain roulement. Or, pour répondre, au mois de septembre
1970, à plusieurs demandes d'engagement de personnel reçues du
ministère des Affaires sociales et de différents autres
ministères, le ministère de la Fonction publique a entrepris en
collaboration avec le ministère de l'Education et la Commission de la
fonction publique, de combler les postes vacants au moyen de ce personnel
surnuméraire. En définitive, plusieurs sont devenus des agents de
sécurité sociale...
M. DUMONT: M. le Président, le ministre me permettra de souligner
qu'au début de ses remarques, répondant à la question sur
les surnuméraires, il a mentionné le député de
Mégantic. Or, c'était bien le député de Frontenac
qui avait posé les questions.
M. L'ALLIER: Je m'excuse. Je corrige et je réponds maintenant, M.
le Président, aux questions posées en partie par le
député de Frontenac.
Environ 227 mutations de professeurs ont été alors
effectuées, et en excluant les mises à la retraite, les
démissions et les renouvellements de congé sans traitement ou
pour intégration, le nombre de surnuméraires au 28 octobre 1970
était de 270 dont 66 professeurs. Par contre les mutations de personnel
ouvrier entre le 31 août 1970 et le 28 octobre 1970 ont été
effectuées en grande partie par le ministère de l'Education en
collaboration avec le ministère des Travaux publics. Depuis le 1er mars
1971, date à laquelle la nouvelle procédure de mise en
disponibilité, en fait celle dont je vous ai parlé tout à
l'heure, a été mise en application, le ministère de la
Fonction publique a reçu dix dossiers d'employés mis en
disponibilité. De ce nombre sept ont déjà
été déférés à différents
ministères, desquels nous attendons des réponses.
Pour répondre d'une façon plus précise à la
question du député de Maskinongé, le personnel
actuellement en disponibilité serait très limité. En fait,
de ce groupe, il y a sept personnes pour lesquelles nous attendons des
réponses quant à leur affectation. Elles ont été
proposées à des ministères et à la fin de juin, un
certain nombre d'autres professeurs devront suivre le même
mécanisme, la même procédure.
En fait, c'est une portion très infime du personnel de la
fonction publique qui doit maintenant être réaffecté depuis
la mise en application de la procédure de transfert des
surnuméraires.
M. PAUL: Le ministre a-t-il répondu à ma question
seulement pour le personnel affecté autrefois à l'Education ou
s'il me déclare qu'il n'y a, en tout et partout, que sept
employés qui attendent des postes dans toute cette banque de
fonctionnaires qui existait depuis près de deux ans?
M. L'ALLIER: La réponse que je vous donne, au sujet de sept
personnes, c'est dans le cas du ministère de l'Education. J'avais cru
comprendre que la question du député portait davantage
là-dessus.
M. PAUL: Entre autres.
M. L'ALLIER: Si le député fait porter sa question sur
l'ensemble du personnel de la fonction publique qui serait actuellement en
disponibilité, ce volume de personnel varie de jour en jour; au fur et
à mesure que certains sont affectés, d'autres deviennent en
disponibilité. Comme ordre de grandeur, on pourrait dire qu'il y a
environ 200 personnes, plus ou moins; cela diminue ou augmente à la fin
des mois.
M. PAUL: Nous allons vous encourager parce que c'était beaucoup
plus que cela...
M. L'ALLIER: Je crois que cette nouvelle procédure d'affectation,
dans la mesure où on l'applique avec une certaine
sévérité, porte des fruits intéressants. Pour ce
qui est de la référence que vous avez faite aux
ex-secrétaires particuliers, jusqu'ici nous avons appliqué cette
procédure et la très grande majorité d'entre eux,
actuellement, occupent des fonctions au sein des ministères.
M. LATULIPPE: Combien reste-t-il de surnuméraires non
affectés jusqu'à présent?
M. L'ALLIER: De surnuméraires non affectés?
M. LATULIPPE: Parmi les secrétaires particuliers seulement.
M. L'ALLIER: II y en a sept.
M. DUMONT: M. le ministre, pourriez-vous répondre à une
question? Je m'interroge parce que j'ai eu à communiquer avec lui
dernièrement. Il s'agit de Roger Houde, attaché au ministre des
Terres et Forêts comme secrétaire particulier. Est-ce qu'à
ce moment-là on ne devrait pas d'abord utiliser les sept disponibles au
lieu d'engager un candidat libéral défait?
M. L'ALLIER: Pardon, je m'excuse.
M. DUMONT: Vous prétendez qu'il y a sept secrétaires
particuliers encore disponibles, que l'on avait placés sur les
tablettes, comme en a parlé tout à l'heure dans une question, je
crois, le député de Maskinongé. Maintenant qu'il en reste
encore sept, pourquoi engage-t-on comme secrétaires particuliers de
certains ministres, des gens comme Roger Houde, candidat libéral
défait?
Est-ce qu'on ne devrait pas plutôt utiliser les sept disponibles
dans le moment?
M. L'ALLIER: M. le Président, il s'agit là de
postes particuliers. Chaque ministre, dans un ministère,
décide du personnel dont il a besoin. On ne peut imposer, même si
on a un réservoir de personnel, l'entourage immédiat du ministre
en lui disant: Vous allez prendre telle et telle personne.
Je peux vous assurer cependant d'une chose, c'est que nous travaillons,
avec la plus grande énergie, à faire en sorte que les
fonctionnaires qui sont payés par l'Etat servent au mieux, compte tenu
du traitement qu'ils reçoivent. Si l'on considère le nombre de
personnes qui ont, à un moment donné, à ce
niveau-là, été en disponibilité, le fait que
maintenant il y en ait sept qui ne soient pas affectés d'une
façon précise, je crois que l'on ne peut pas en déduire
que le gouvernement n'a pas, au niveau de la Commission et au niveau du
ministère de la Fonction publique, fait plus qu'un effort
considérable pour régler ce problème, qui, de toute
façon, sera toujours un problème.
M. PAUL: M. le Président, il faut comprendre que le statut de
secrétaire particulier est un statut extraordinaire. Je sais que le
ministre de la Fonction publique n'a pas craint de donner sa confiance, avec
raison d'ailleurs, à quelqu'un qui, autrefois, était le
secrétaire d'un autre ministre. La compétence et
l'honnêteté sont reconnues et sont toujours les mêmes, quel
que soit le ministre en poste. Il arrive que, dans certains cas, par suite
peut-être d'un décalage de formation intellectuelle ou d'un bagage
de connaissances intellectuelles, peut-être une prédisposition
naturelle, tous les secrétaires particuliers ne peuvent pas continuer
à remplir des fonctions sous un nouveau gouvernement.
Cela va de soi qu'il y a des cas d'exception. Il y a des cas
d'espèce, et leur fonction est parfois trop délicate. Il y a trop
de problèmes confidentiels qui sont traités au niveau du
ministre, pour que l'on puisse placer sur le même niveau ou sur le
même pied tous ceux-là qui, autrefois, sous un ancien
gouvernement, comme la chose se présentera nécessairement
lorsqu'il y aura un nouveau gouvernement, c'est-à-dire en 1973
probablement...
Il faut analyser des cas d'espèce, et veuillez croire que nous
comprenons parfaitement la logique des arguments soulevés par le
ministre de la Fonction publique. Ce qui compte, c'est que le ministre continue
à s'intéresser au sort de ces fonctionnaires et de leurs
familles, afin de les intégrer dans la fonction publique, qu'ils
occupent des fonctions qui correspondent à leurs aptitudes et talents en
tenant compte des services qu'ils ont rendus dans le passé à des
personnes en autorité et également des nombreuses heures
supplémentaires de travail qu'ils ont été appelés
à effectuer.
Alors, ce qui compte, c'est l'humanitarisme qui caractérise le
ministre actuel dans la classification de ce personnel et nous avons bon espoir
que, finalement, tous pourront être intégrés à la
fonction publique à des postes qui leur conviennent et qui leur donnent
satisfaction.
M. LE PRESIDENT (Leduc): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, seulement quelques mots. J'aimerais
demander au ministre de la Fonction publique si nous pouvons nous attendre
à des modifications dans la façon de tenir les concours, par
exemple, pour embaucher des candidats qui font des demandes d'emploi.
Aujourd'hui, on sait qu'il faut qu'ils soient classifiés par la fonction
publique. Il semble que nous ayons certains problèmes à certains
niveaux, voulant que les concours retardent. On a des plaintes aussi à
savoir que même après les concours les gens n'entendent plus
parler de grand-chose pour un bon bout de temps. Nous aurions peut-être
des exemples concrets dans le domaine des gardes-chasse. On sait qu'il y a un
besoin de gardes-chasse de ce temps-ci. Il y a beaucoup de gens qui sont
candidats, évidemment beaucoup d'appelés et peut-être peu
d'élus. Nous voyons dans ce domaine particulier c'est pourquoi je
me permets de donner quelques explications par exemple, des cas
où l'expérience est beaucoup plus importante que certaines
qualifications académiques. Je voudrais que le ministre me donne des
explications, peut-être que je fais erreur, mais nous entendons dire
parfois par des gens qui ont été candidats, qu'ils n'ont pu
passer certains examens par manque d'instruction alors qu'ils ont toute la
compétence et l'expérience nécessaires pour remplir ces
fonctions. Alors, est-ce que cela a été prévu? Est-ce
qu'on peut s'attendre à certains changements de ce
côté-là pour que dans certains domaines particuliers
l'expérience soit prise beaucoup plus en considération que le
degré d'instruction ou l'âge aussi? Parce qu'il y a des gens de 40
ans qui peuvent exercer ce métier pendant encore une bonne vingtaine
d'années et qui se voient évidemment repoussé par
l'âge, d'autres par l'instruction, etc.
Alors, je voudrais demander au ministre si on peut espérer des
changements, s'il en envisage ou le genre de solution qu'il a en vue quelle
qu'elle soit.
M. LE PRESIDENT: Avant que le ministre réponde, je voudrais faire
un seul commentaire qui pourrait m'éclairer. Depuis le début de
l'étude des crédits de la Fonction publique, je crois qu'on a un
peu couvert par un parapluie tous les sujets. Je profite de l'intervention du
député de Rouyn-Noranda pour faire remarquer que, par exemple, sa
question logiquement aurait dû être posée à l'article
5. Etant donné qu'on a couvert tous les sujets, je me permets de vous
rappeler que, lorsqu'on arrivera à l'article 5, ce sujet ayant
été discuté, il ne faudrait pas y revenir inutilement. Je
pense que c'était, au
départ, l'entente acceptée. Je demanderais au ministre
maintenant de répondre.
M. L'ALLIER: Je vous remercie, M. le Président, de ces remarques.
Effectivement, on pourrait, chaque fois qu'une question est posée,
l'analyser pour dire que cette question devrait venir à tel article. Ce
qui compte en définitive, c'est que le gouvernement fournisse à
l'Opposition l'information nécessaire à la compréhension
du fonctionnement du ministère et, ensuite, à l'étude des
crédits. Les crédits comme tels du ministère et de la
commission ne sont pas des crédits, en volume, extrêmement
importants. Quand on regarde les chiffres dans la colonne, on se rend compte,
à quelques très rares exceptions près, qu'il s'agit
uniquement de la continuation de crédits de l'année
précédente et de quelques réaménagements ou de
quelques augmentations nécessaires. C'est pourquoi j'accepte avec
plaisir de discuter assez librement de ces questions ici, même si
ça fait probablement une entorse aux règlements.
Pour tenter de répondre à la question qui vient
d'être posée par le député de Rouyn-Noranda, j'ai
parlé cet après-midi d'une révision de classifications,
qui était en cours au sein du ministère et de la Commission de la
fonction publique. Le député de Rouyn-Noranda a fait allusion
plus particulièrement aux normes de recrutement. Est-ce que l'on doit se
lier toujours d'une façon irrévocable à la question des
diplômes, par exemple? Est-ce l'addition des années de
scolarité qui fait effectivement qu'un candidat est
compétent?
La révision des classifications entrafne logiquement la
révision des normes. Je peux assurer le député que les
normes sont essentiellement en évolution et que la Commission de la
fonction publique étudie actuellement l'adaptation de ces normes de
recrutement aux besoins de chacun des ministères. La commission, pour ce
faire, prend avis des ministères concernés pour qu'on puisse par
des normes, non pas d'une façon théorique ou quasiment
électronique, si vous voulez, aller chercher des numéros ou des
dossiers, mais bien faire en sorte que telle fonction, à tel niveau dans
tel ministère ou dans tel organisme, puisse être remplie par les
gens qui ont soit la préparation scolaire, soit l'expérience ou
soit les deux pour la remplir.
A titre d'illustration, je voudrais ici vous informer que, pour ce qui
est de la direction du recrutement et de la sélection du personnel
à la Commission de la fonction publique je vous fais un rapport
assez réel de la situation quant au recrutement extérieur,
il y avait au 17 mai 1971, à traiter, 15,754 candidatures.
En 1970, la commission a reçu, pour des emplois au gouvernement,
environ 70,000 candidatures et 30,000 candidatures ont été
traitées, environ, en 1970. Pour les cadres supérieurs et les
adjoints, en 1970, 54 concours de recrutement ont été tenus: 25
pour les profes- sionnels et 20 pour les fonctionnaires. Quant aux
séances d'examen tenus en 1970, dans le cadre des concours permanents de
recrutement, la commission en a tenu 93 pour les professionnels, 134 pour les
fonctionnaires et 10 pour les agents de la paix.
Quant aux candidats qui ont été déclarés
éligibles à la suite de leur participation à une
séance d'examen dans le cadre d'un concours permanent, il y en a 1,218
au niveau des professionnels, 2,455 au niveau des fonctionnaires et 250 au
niveau des agents de la paix. Quant aux statistiques sur le recrutement
universitaire, environ 1.000 candidats ont été
interviewés, 636 se sont qualifiés et 120 ont été
différés. Je pourrais ainsi continuer en ce qui concerne le
recrutement interne et vous dire que pour ce qui est de l'avancement de classe,
par exemple, chez les professionnels, il y a eu 940 candidats dont 626 ont
été recommandés à l'avancement et chez le
fonctionnaires il y a eu 2,444 candidats dont 1,550 ont été
recommandés pour avancement.
Pour ce qui est des promotions au niveau des cadres supérieurs,
il y a eu 15 concours, 41 candidats inscrits et 10 recommandés. Au
niveau des adjoints aux cadres supérieurs, 78 concours, 245 candidats
inscrits et 69 recommandés. Au niveau des agents d'administration, 66
concours, 215 candidats, 61 recommandés et enfin, au niveau des agents
d'administration, 59 concours, 110 candidats et 41 dont l'avancement a
été recommandé.
Je ne sais pas si cela répond au moins en partie, je
l'espère à la question du député de
Rouyn-Noranda, mais pour résumer, en fait, sur le plan des normes, nous
allons toujours faire l'impossible pour que les normes soient adaptées
d'abord aux besoins des ministères et ensuite au marché du
travail auquel s'adresse la Commission de la fonction publique et en
définitive l'Etat comme employeur.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, une dernière question quant
à nous de l'Opposition officielle avant de procéder à
l'étude des postes article par article. Est-ce que le ministre peut nous
expliquer comment il se fait qu'il y a eu une augmentation de 96
employés à son ministère durant le dernier exercice?
Qu'est-ce qui a motivé l'engagement d'un si grand nombre de personnes?
Quels ont été les services nouveaux que la commission de la
fonction publique ou le ministère auraient pu absorber et quelles ont
été les principales causes de cet engagement accru de
personnel?
M. L'ALLIER: M. le Président, on n'informe que l'augmentation de
personnel de 96 est due à plusieurs facteurs.
Premièrement, au niveau des relations de travail. La Direction
générale des relations de
travail, en mars 1970, était au Conseil exécutif. Cette
direction générale a été rattachée au
ministère de la Fonction publique.
Deuxièmement, au niveau de la rémunération. Ce
service était au Conseil de la trésorerie, aux Finances, et c'est
maintenant intégré au ministère de la Fonction
publique.
Au niveau du nouveau personnel, comme tel, on peut dite de ce nombre
qu'environ 30 à 40 personnes ont été ajoutées au
personnel de la fonction publique et qui se divisent en trois groupes: le
perfectionnement qui était une fonction du personnel qui venait de la
Commission de la fonction publique; ensuite, vous avez le personnel qui faisait
l'administration et la gestion du service de paie; finalement, dans le
troisième groupe, c'est un service qui est, à toutes fins
pratiques, nouveau au ministère de la Fonction publique, c'est
l'organisation administrative et l'analyse des effectifs.
Les augmentations de personnel sont dues, d'une part, à des
regroupements et, deuxièmement, à la mise en place d'un certain
nombre de services, de systèmes de gestion intégrée,
d'analyses des effectifs, services de recherche, etc. D'une façon plus
particulière, je pourrais vous donner, si vous le souhaitez, des
chiffres précis et le détail du nombre exact de ce personnel.
M. LE PRESIDENT (Leduc): L'honorable député de
Frontenac.
M. LATULIPPE: Seriez-vous en mesure de nous donner la valeur globale de
la masse salariale, ainsi que l'augmentation annuelle prévue en fonction
des renouvellements des contrats de travail? Pourriez-vous, aussi aborder la
question des temporaires permanents, des employés saisonniers et des
bureaux de placement?
M. L'ALLIER: J'étais à peu près sûr d'oublier
vos questions. Vous allez croire que c'était intentionnel, mais ce n'est
pas le cas. Vous avez posé une question au sujet de la masse salariale.
Je ne peux que vous donner la réponse que j'ai déjà
donnée à plusieurs reprises en dehors de cette Chambre sur la
masse salariale. La masse salariale, c'est le résultat de
négociations et c'est fonction non seulement des salaires qui sont
payés, mais de l'augmentation d'effectifs, de nouveaux programmes,
etc.
La masse salariale, actuellement, est de l'ordre de $1,700 millions. Je
ne puis pas vous dire actuellement quelle est la masse salariale pour
l'année qui vient, parce que c'est précisément le
résultat de l'augmentation du personnel dans différents
ministères, de nouveaux programmes, etc. C'est aussi, surtout, le
résultat des négociations précisément qui
commencent. Or, cette masse salariale touche, à toutes fins pratiques,
280,000 personnes. Pour ce qui est du détail de cette masse salariale
par ministère, je ne peux pas vous le donner ici, non plus, étant
donné que c'est dans chaque ministère qu'on peut faire l'analyse
des effectifs et le coût de cette opération.
Quoi qu'il en soit, la masse salariale, ce sont les traitements qui sont
versés, plus les augmentations de traitements qui seront
négociées, plus le rattrapage qui sera négocié,
plus le nouveau personnel ou les additions d'effectifs qui seront faites dans
les différents ministères et organismes, de même que dans
les hôpitaux et dans les écoles.
Si vous le souhaitez, je peux vous donner ici, à titre
d'information, la répartition de ce personnel. C'est assez long. Dans
les CEGEP, il y a 6,200 personnes; dans les institutions privées
d'enseignement, 6,200 personnes, etc.
M. LATULIPPE : J'aimerais bien en avoir une copie. Le ministre
pourrait-il m'en faire parvenir une?
M. L'ALLIER: Sûrement. M. LATULIPPE: Merci.
M. L'ALLIER: Ensuite, vous avez posé une question sur les
temporaires permanents. Je ne sais pas si nous parlons de la même chose.
Est-ce que par temporaires permanents, vous pensez à des personnes qui
occupent effectivement des fonctions temporaires et qui, d'année en
année, les occupent? Parlez-vous, en même temps, des
employés saisonniers ou faites-vous la distinction?
M. LATULIPPE: J'exclus les saisonniers. Je parle seulement de la
première classe à laquelle vous faisiez allusion tout à
l'heure.
M. L'ALLIER: Les employés temporaires, si l'on s'en
réfère à la terminologie assez technique de
l'administration, je m'en excuse, ce sont ceux qui sont en instance de devenir
permanents. En d'autres mots, quand un fonctionnaire a passé un concours
et qu'il est recruté par la fonction publique, il est temporaire pendant
six mois ou un an six mois s'il est fonctionnaire et un an s'il est
professionnel et au terme de cette période de travail de
probation, ce fonctionnaire devient permanent.
Si, par temporaires, vous faites allusion aux employés
occasionnels que l'on retrouve au ministère de la Voirie ou dans les
autres ministères, à un moment donné, je n'ai pas ici de
chiffres à vous donner parce que cela dépend de chacun des
ministères. Ce nombre varie de semaine en semaine et de mois en mois,
suivant les ministères. Vous en avez où il y en a
énormément à cause de la nature des travaux et d'autres
où il y en a peu.
Si vous faites allusion au fait que des employés... Vous avez
suggéré dans votre dernière question, si je me souviens
bien, que les employés saisonniers aient la même protection ou au
moins le droit aux bénéfices ou aux avantages marginaux. Les
employés saisonniers
ont un certain nombre d'avantages prévus dans la convention
collective dans la mesure où ce sont des employés saisonniers.
Ces avantages sont négociables et sont négociés
effectivement pour chaque convention collective.
M. LATULIPPE: La question des bureaux de placement du Québec,
est-ce que ça relève de votre compétence?
M. L'ALLIER: Non, M. le Président, les bureaux de placement du
Québec relèvent du ministère du Travail.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais poser une question au
ministre. Certains problèmes se posent. Je pense que le ministre est
peut-être au courant. On vient de parler d'employés temporaires.
Je pense que dans certains domaines, il existe des employés
qualifiés d'occasionnels. Par expérience, nous avons vu, par
exemple, des employés occasionnels occuper le même emploi pendant
deux ans, trois ans ou même une période de quatre ans et ne jamais
avoir obtenu leur permanence. Je conviens que plusieurs d'entre eux ont
peut-être été nommés par arrêté en
conseil. C'est peut-être le cas de certains secrétaires. C'est
peut-être le cas, par exemple, de certains officiers à la
Régie des loyers. Est-ce que cela relève également de
votre compétence? Vous pourrez nous donner la réponse
tantôt.
Je cite comme exemple qu'à la Régie des loyers, en
particulier, il y a eu des employés engagés après la prise
du pouvoir en 1966 d'un nouveau gouvernement.
Ces personnes furent engagées à titre occasionnel par voie
d'arrêté en conseil et ont été renvoyées
à un moment donné. C'est une question que je pose parce que la
même chose pourrait se produire. Evidemment, il n'est pas question de
partisanerie, cela peut arriver à toutes les couleurs politiques.
Avez-vous envisagé une solution permettant d'en arriver un jour à
ce que ces gens aient leur permanence, obtenant ainsi la sécurité
d'emploi, pension, congés, toutes ces choses-là?
M. L'ALLIER: M. le Président, la question du député
de Rouyn est intéressante, mais je dois peut-être le
décevoir sur un point; c'est que le personnel de la Régie des
loyers ne tombe pas sous la fonction publique, de même que le personnel
de la protection civile. A l'origine, si mes informations sont exactes sur ce
point et je suis convaincu qu'elles le sont ces employés,
qui sont des employés publics et non pas des fonctionnaires, qui ont
travaillé à la Régie des loyers ont toujours
été considérés comme des employés
occasionnels parce que précisément la Régie des loyers a
été créée d'une façon temporaire et
prolongée d'année en année, en espérant toujours
qu'à un moment donné on n'aurait plus besoin de ce genre de
régie. C'est ce qui s'est passé, de sorte que le personnel de la
Régie des loyers n'est pas actuellement régi par la fonction
publique, mais par la Régie des loyers elle-même. Peut-être
qu'éventuellement il faudra réétudier toute cette question
et voir de quelle façon, si la régie doit avoir un
caractère de permanence, doit continuer, si vous voulez, dans ses
structures, la fonction publique pourrait au moins normaliser les conditions de
travail, d'engagement, de sécurité par rapport au reste de la
fonction publique.
Par ailleurs, vous aves posé la question de la durée des
emplois occasionnels. Un emploi occasionnel, c'est un emploi qui est par
définition pour une durée limitée et
déterminée. Il peut être d'une durée d'un jour
à cinq ans. Vous avez des contrats importants que le gouvernement doit
réaliser, disons par exemple la construction du pont de Québec.
Vous pouvez avoir des employés occasionnels pour deux ou trois ans qui
sont à contrat. Il serait très onéreux pour l'Etat
d'accorder la permanence à des employés qui sont, dans un secteur
donné, requis pour des travaux précis, lesquels travaux ne se
retrouveront pas nécessairement avant un certain nombre d'années,
ou ne se retrouveront plus jamais.
Donc, ce serait surcharger la fonction publique en donnant un
caractère d'employés permanents à des travailleurs qui
occupent des postes qui ne sont pas réguliers et qui ne sont pas
permanents eux-mêmes dans la fonction publique. La notion de permanence
dans la fonction publique doit être davantage rattachée au travail
à accomplir et à la permanence de l'emploi lui-même
qu'à ceux qui peuvent le remplir.
M. LATULIPPE: M. le Président, je voudrais apporter le
témoignage d'un cas typique. Il s'agit justement, dans ce domaine des
plans et relevés techniques au ministère de la Voirie, des aides
techniques. Par exemple, j'ai le cas typique d'un bonhomme que je connais qui
travaille depuis sept ans comme aide technique. Peut-être que ses
qualifications ne lui permettent pas d'aller beaucoup plus haut, mais, à
toutes fins utiles, cet homme-là se retrouve, après sept ans,
pratiquement exclu des avantages de la fonction publique; il est un peu en
marge des avancements possibles.
J'inviterais le ministre, si c'était possible, à faire une
petite enquête dans ce service pour voir s'il n'y aurait pas justement un
secteur oublié qui ne profite pas des avantages généraux
offerts par son ministère.
M. L'ALLIER: M. le Président, le dernier groupe d'employés
occasionnels qui a été déclaré permanent par la
fonction publique l'a été en novembre 1964. Depuis ce temps, le
statut, la durée des emplois, le droit au rappel, par exemple, sont des
questions qui sont négociées
avec ces employés et cela fait partie de conventions collectives.
Je ne sais pas si cela répond à votre question.
Il est possible qu'un employé, à un moment donné,
dans des emplois occasionnels, ait effectivement travaillé pendant sept
ans. Cela ne donne pas nécessairement à l'emploi ou à la
nature de l'emploi un caractère permanent qui nous permette ensuite de
le transférer sur la personne ou la catégorie de personnes qui
remplissent ces emplois. On pourrait dire, à la limite, que pour
éviter ce genre de problèmes, tous les deux ans, tous les ans ou
tous les six mois on va changer ce personnel pour lui enlever une permanence
dans l'emploi qui ne se traduit pas nécessairement par une permanence
dans le statut.
M. LATULIPPE: Le bonhomme en question me dit qu'ils sont 24 dans son
cas, justement à ce niveau. Ils travaillent avec lui, ils sont
coéquipiers. Rendu à ce stade, c'est un peu
généralisé. Je ne pourrais pas dire que c'est partout,
mais dans ce domaine bien spécifique de la Voirie, dans le domaine des
plans et relevés techniques, il y aurait peut-être quelque chose
à faire.
De toute façon, nous soumettrons ce cas particulier au ministre,
puisqu'il s'agit d'un cas isolé qui lui servira peut-être aussi
pour ses confrères.
M. L'ALLIER: Quand on se réfère aux problèmes qui
peuvent se poser au ministère de l'Equipement ou au ministère de
la Voirie sur ce point en particulier, la question est assez complexe. Les
investissements immobiliers, la construction ou l'entretien varient
d'année en année au niveau du budget du gouvernement.
Deuxièmement, les chantiers se déplacent.
Si nous donnions un caractère de permanence à ces
employés, il faudrait éventuellement songer à les
déplacer d'un bout à l'autre de la province avec tout ce que cela
supposerait de difficultés et de problèmes, localement, lorsque
arriverait dans une région donnée que ce soit dans votre
région ou ailleurs un groupe d'ouvriers de l'extérieur.
Cela se fait pour les techniciens et les ingénieurs, mais cela ne se
fait pas pour le personnel de soutien. Quoi qu'il en soit, vous faites
référence, semble-t-il, à un cas particulier. Je serais
très heureux que vous communiquiez avec moi sur ce point et je pourrai
voir à l'étudier de plus près.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: J'ai posé tantôt une question au ministre en
donnant un exemple partiel et j'ai obtenu une réponse aussi un peu
partielle. Je voudrais souligner je sais que le ministre aurait voulu me
donner une réponse plus complète, mais j'ai peut-être
posé une question incomplète que justement en ce qui
concerne les employés occasionnels ou ceux qu'on appelle de type
occasionnel, cela ne se passe pas uniquement dans le cas de la Régie des
loyers. Nous aurions pu donner d'autres exemples. Je pourrais mentionner qu'au
niveau des gardes-chasse de la province de Québec il y a des
employés qui sont encore occasionnels après plusieurs
années d'emploi, qui ont été employés ou
engagés, si vous voulez, je ne sais au juste de quelle façon,
mais qui, après une dizaine d'années de service, se retrouvent
encore avec un statut de non-permanence.
On n'a pas besoin d'aller tellement loin. Nous avons les employés
du Parlement, ici, les messagers et les huissiers qui ont encore un statut
d'occasionnels, qui n'ont pas de permanence et, à chaque fois qu'on doit
discuter de leur cas, chaque fois qu'on en parle en Chambre pour demander
à quel moment on voudrait bien reviser leur salaire, on nous dit:
Ces gens-là n'ont pas encore leur permanence.
Evidemment, je comprends que le ministre est au courant de la situation.
Cela pose un problème très grave, je pense, de voir des
employés ici, autour de nous, qui ne gagnent que $3,000 à $3,500
par année. C'est un peu honteux j'emploie le mot car c'est vrai
de notre part. Je dis: de notre part, parce que je pense que nous devons
tous nous sentir un peu responsables de cela. C'est honteux de notre part
d'avoir des gens à $3,000 par année, autour de nous autres, qui
font un travail extraordinaire, alors que, évidemment, dans tous les
domaines, on demande des augmentations de salaires. Dans tous les domaines, on
trouve qu'on n'en a pas assez. On aura des négociations collectives
à l'automne qui s'en vient et, sûrement, les employés du
gouvernement demanderont des augmentations de salaires. Je ne verrais pas des
négociations collectives autrement. Ce serait bien la première
fois que cela vous arriverait si on ne vous demandait pas d'augmentations de
salaires. C'est normal, je crois, étant donné la hausse du
coût de la vie. Or, nous assistons à ce que nous
considérons comme peut-être de l'injustice involontaire, si vous
le voulez, mais c'est quand même de l'injustice pour eux qui sont
là, à des salaires de crève-faim. Apparemment, les
services de bien-être social, dans le cas de certaines familles,
rapportent plus annuellement que le salaire d'un employé du
Parlement.
Alors, je demanderais au ministre si on a prévu, à
brève échéance, des redressements de ce côté
pour que ces gens obtiennent d'abord leur permanence, qu'ils obtiennenet les
ajustements de salaires en conséquence, qu'ils obtiennent aussi la
sécurité d'emploi et qu'ils obtiennent les
bénéfices marginaux que nous retrouvons dans les autres secteurs
de la fonction publique.
M. L'ALLIER: M. le Président, sur ce point, je vais essayer de
compléter la réponse que j'ai
tenté de donner tout à l'heure. Bon nombre de ces
questions, comme je l'ai dit, font partie des conventions collectives
négociées au niveau, soit de chacun de ces organismes, soit de
chaque catégorie d'emplois ou d'employés. Par ailleurs, il existe
une commission de la réforme administrative qui actuellement
siège et travaille sur l'ensemble de ces questions-là. Plus
particulièrement, au ministère, nous avons une direction
générale qui se penche sur ces questions. Il faut regarder chaque
organisme. Il faut regarder la nature des emplois. Ce n'est pas une question
qui peut être réglée facilement. Quand on pense à
traduire un emploi occasionnel ou temporaire en emploi permanent, il faut bien
se rendre compte que c'est l'équivalent de 35 années de
traitements, plus la pension et tout ce que cela suppose.
En d'autres mots, si vous prenez un emploi qui est
rémunéré à $4,000 par année, qui est dans la
partie la plus basse de l'échelle, il s'agit d'un engagement de fonds
publics d'environ $150,000. Si vous prenez un emploi de $8,000, cela fait tout
de suite une dépense, à toutes fins pratiques, non pas pour le
gouvernement cette année, mais pour l'Etat, si vous voulez, de $300,000,
etc. Si on applique cela ensuite à un corps où il y a 150, 200,
300 employés, multipliez $300,000 par 300 personnes et vous conviendrez
avec moi que ce ne sont pas des décisions qu'on puisse prendre à
la légère, parce que cela grève considérablement
les budgets, et pour des années à venir, de l'Etat et du
gouvernement ou des gouvernements. A partir de là, tout en étant
d'accord avec vous qu'il faut, le plus rapidement possible, étudier ces
questions, tout en étant d'accord avec vous que cela pose des
problèmes aux individus et aux personnes qui sont touchées par
cela, il faut qu'on soit aussi conscient des problèmes que cela pose au
niveau de la gestion et au niveau de l'évaluation de ces
décisions.
C'est très facile pour un gouvernement de déclarer telle
catégorie d'employés ça pourrait être facile
de le faire permanents du jour au lendemain. Dans telle ou telle
catégorie, il pourrait effectivement en apparence se
révéler que l'emploi pendant les prochaines années est
permanent et que dans cinq ou six ans, par suite de modifications
technologiques ou de changements dans les techniques, on se retrouve avec des
employés qui ne sont plus utilisables, qui sont à la charge de
l'Etat et à qui on n'a pas rendu service de toute façon.
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais quand même souligner
au ministre que ces inquiétudes qu'il a, à savoir que ça
pourrait grever lourdement le ou les budgets à venir, nous les
comprenons. Mais quand même, il y a dans certains domaines, si on ne veut
pas parler de l'ensemble, car je crois qu'il serait peut-être un peu
difficile de régler l'ensemble d'un seul coup, puisque le ministre
semble inquiet des positions occasionnelles que nous connaissons et qui ne
seront pas différentes ou ne seront peut-être pas
nécessaires dans quatre ou cinq ans... Alors, je crois qu'il y a quand
même dans un secteur donné du moins la garantie que nous devrons
avoir besoin pour assez longtemps de certains employés dans tel ou tel
autre secteur, l'exemple que je vous donnais tantôt des messagers et des
huissiers du parlement, ce n'est sûrement pas des positions
occasionnelles parce que vous en aurez toujours besoin. De ce
côté-là...
M. LE PRESIDENT (Leduc): Si le député de Rouyn-Noranda
veut bien me le permettre pour éviter d'engager une discussion sur la
question des messagers et des huissiers, il y a une quinzaine de jours, il y a
eu un concours. Ils ont maintenant leur permanence et ils ont un salaire
bénéficiant de tous les bénéfices marginaux. Alors
cela a été réglé dans la mesure où le
personnel de l'Assemblée nationale est concerné. Je ne veux pas
enlever le droit de parole au député de Rouyn-Noranda, mais pour
éviter de déborder sur un autre débat pour ce personnel,
cela a été réglé.
M. SAMSON: Je vous remercie, M. le Président, de m'avoir fourni
les détails et justement ça m'amène à poser une
question. Comment se fait-il que nous ne le savions pas et que le ministre de
la Fonction publique semblait ne pas le savoir?
M. PAUL: M. le Président...
M. SAMSON: De toute façon, M. le Président, si ce
cas-là est réglé, j'accepte de ne pas en parler. Mais il y
a les autres cas que j'ai mentionnés tantôt, la question des
gardes-chasse, il y en a encore plusieurs dans la province qui sont dans la
même situation.
De ce côté-là non plus je pense qu'il n'y a pas de
risque à prendre parce que nous aurons toujours besoin de gardes-chasse
surtout avec la démocratisation des territoires que nous semblons
connaître depuis quelque temps; au ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche on semble vouloir de plus en plus
démocratiser les territoires de chasse et de pêche. Cela prendra
nécessairement plus de gardes-chasse. Je vois mon ami le
député de Témiscamingue, qui est adjoint parlementaire
à ce ministère, qui me fait un signe amical; il sait
reconnaître que, ce que nous disons là, ce n'est pas de la
partisanerie.
Nous reconnaissons qu'ils ont commencé, nous les encouragerons,
c'est bien normal, à aller plus loin dans ce secteur-là. Mais
ça nous permet de renforcer notre argumentation, à l'effet que le
ministre de la Fonction publique pourrait peut-être prendre ces cas en
haute considération et nous offrir au moins, s'il ne veut s'engager
immédiatement, d'étudier cette situation dans les plus brefs
délais.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, qu'il me soit permis de signaler au
député de Rouyn-Noranda que les crédits de
l'Assemblée nationale ont été étudiés alors
qu'il se trouvait à l'hôpital. Il trouvera sûrement avec
intérêt, à la page 1597 du journal des Débats,
l'information qui nous avait été transmise par le
président de la Chambre, à l'effet que le problème des
hussiers de l'Assemblée nationale était réglé et
qu'effectivement le samedi 15 mai ils ont subi un examen de la fonction
publique. Il y avait alors une possibilité de carrière pour eux
avec salaire pouvant aller jusqu'à $6,763. Je suis sûr que le
député de Rouyn-Noranda, qui s'intéresse à cette
question, l'apprend avec plaisir; c'est compréhensible, M. le
Président, puisque le député se trouvait à
l'hôpital lorsque cette question-là s'est discutée.
Il reste cependant un autre aspect à sa question, c'est le
problème qu'il a soulevé comme deuxième exemple, celui des
gardes-chasse...
M. GAGNON: Gardes-pêche.
M. PAUL: ... gardes-pêche, je tire ma révérence sur
ce point particulier.
M. THEBERGE: M. le Président,...
M. SAMSON: Je pourrais immédiatement remercier le
député de Maskinongé, qui a cité la page du journal
des Débats concernant le problème que vous avez soulevé
tantôt, les explications que vous m'avez si gentiment données. Je
voudrais le remercier pour avoir donné ces explications et aussi pour
avoir eu la gentillesse de souligner qu'à ce moment-là, pour
cause de maladie, je n'étais pas présent. Alors, si, à
chaque fois que j'aurai à être malade, on règle si
facilement les problèmes, je veux bien être malade plus
souvent.
M. THEBERGE: M. le Président, je remercie le député
de Rouyn-Noranda d'avoir félicité le ministère dont je
fais partie.
Maintenant, je lui rappellerais que les gardes-chasse, pour autant
qu'ils remplissent les trois conditions de grandeur, d'âge et de
scolarité, au bout d'un an, sont automatiquement permanents ou sont
remerciés, s'ils ne sont pas compétents.
Maintenant, je sais que le député de Rouyn-Noranda a eu un
cas dont nous nous sommes occupés ensemble. C'était un cas un peu
différent parce qu'à ce moment-là le monsieur en question
était entré sans les conditions préalables qu'on exige
aujourd'hui.
UNE VOIX: Ah!
M. THEBERGE: Evidemment, ce monsieur-là ne remplit pas les
conditions. Je pense qu'on a fait un cas d'espèce avec le monsieur en
question. Mais, à ma connaissance, les seuls gardes-chasse qui ne sont
pas permanents au bout d'un an, ce sont ceux qui ne remplissent pas les
conditions. S'ils ne sont pas compétents, à ce moment-là,
ils sont remerciés tout simplement.
M. SAMSON: M. le Président, étant donné que le
député de Témiscamingue...
M. GAGNON: On ne peut pas parler deux ensemble.
M. SAMSON: ... fait allusion à un cas particulier, j'aimerais
souligner, quand même, que je ne faisais pas allusion à un cas
particulier, parce que je ne crois pas que nous devions faire allusion à
des cas particuliers en cette Chambre. Ce serait peut-être, si vous
voulez, mettre dans l'eau bouillante des personnes qui n'ont rien à voir
avec nos délibérations. Je faisais allusion à des cas qui
sont peut-être un peu généralisés, il s'agit de gens
qui peuvent être dans la même situation et qui sont
déjà employés. Comme je l'ai mentionné, au
début de mes interventions tantôt, surtout dans le domaine des
gardes-chasse ou des gardes-pêche, évidemment, la Commission de la
fonction publique exige un certain degré de scolarité, un certain
âge et certaines choses qui, cependant, pour cette fonction en
particulier, ne sont pas tellement nécessaires. Le ministre m'a dit
tantôt qu'il était prêt à reconsidérer la
situation.
Je sais particulièrement, pour avoir été forestier
pendant plusieurs années, que ce n'est pas l'instruction qui permettra
à un garde-chasse ou à un garde-pêche d'être un bon
garde-chasse ou un bon garde-pêche. C'est surtout l'expérience,
les connaissances de la forêt et des cours d'eau qui sont
nécessaires. Un type peut bien avoir quinze années de
scolarité, entrer en forêt et se perdre facilement, alors qu'un
autre qui n'a aucune espèce de scolarité va s'en sortir de toute
façon et à n'importe quel moment. C'est ce que je voulais
mentionner. Je trouverais normal que cette question particulière des
gardes-chasse ou des gardes-pêche soit revisée et que ces
personnes qui ont l'expérience voulue, qui ont d'ailleurs, donné
huit ou dix ans de leur vie, si vous voulez, à ce métier, aient
au moins le privilège d'obtenir leur permanence. Qu'on parte de
ceux-là. Pour l'avenir, qu'on exige les normes, si vous le voulez, nous
en sommes, mais que l'on fasse en sorte que ces normes, dans ce domaine
particutier, se fondent d'abord sur l'expérience des candidats.
M. GAGNON: M. le Président, simplement pour faire un peu de
lumière sur le sujet que le député de Rouyn-Noranda
discute, je crois que ce ne serait pas tellement le problème des
gardes-chasse, lesquels, lorsqu'ils sont appelés à remplir les
fonctions de gardes-chasse, sont appelés en même temps à
subir les examens oraux et écrits de la fonction publique. Ceux dont le
député de Rouyn-Noranda veut parler
sont possiblement les gardes-pêche qui, eux, ne sont pas
appelés à compléter des examens ni oraux, ni
écrits, mais dont les services sont simplement retenus par le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche pour une
période de X mois.
Il y a quelques années, ces périodes variaient
habituellement de cinq à six mois. Cette année, suivant les
informations obtenues, la période serait diminuée à trois
mois, ce qui leur ferait gagner environ de $1,500 à $2,000 et qui
entamerait considérablement la période estivale où la
saison de l'emploi est plus forte. Ces personnes n'ont aucune protection au
niveau de la permanence. Même si cette protection n'était pas
à ce niveau, elle pourrait tout de même consister en une
durée d'emploi convenable. Soit qu'elles pourraient être
employées, disons, à la pêche pour trois, quatre ou cinq
mois, mais qu'elles pourraient être transférées à un
autre service pour une autre période de temps.
Je comprends très bien que si on veut les employer pour une
période à l'année longue, avec X années, il est
essentiel que ces personnes soient qualifiées par des examens à
la fonction publique. Ce à quoi le député se
réfère, c'est au fait que la période est trop courte. On
les emploie pour deux ou trois mois et après on les remercie de leurs
services. Cela permet d'éclair-cir le problème.
Maintenant, j'ai une autre question à poser au ministre. Vous me
permettez sans doute, pour mieux illustrer ma question, de faire un bref
historique. Vers les années 1964, je crois, le ministre de la Voirie du
temps, qui était le même qu'actuellement, avait pris l'initiative
d'ouvrir au ministère de la Voirie, de nouveaux postes pour les
contremaîtres de voirie. Ce poste n'existait pas et on appelait ces gens
des chefs cantonniers. A ce moment, des postes ont été
comblés. Le changement de gouvernement est arrivé et on a
continué à combler les postes. Ces employés ont
été admis à la fonction publique, j'imagine, par des
examens en bonne et due forme.
J'apprenais tout dernièrement qu'une équipe que je
qualifierais d'équipe volante de la fonction publique parcourt
tous les comtés de la province et ferait subir des examens à ces
contremaîtres. S'il s'agissait d'examens de promotion pour des personnes
remplissant des fonctions autres que celles de contremaître, je dirais
que c'est un peu normal. Il est possible d'avoir des promotions. Mais lorsqu'il
s'agit d'examens pour les contremaîtres de voirie, la seule promotion
qu'ils peuvent avoir est celle de remplacer l'ingénieur de voirie.
C'est une impossibilité. C'est dire que pour le
contremaître de voirie, il est au maximum de sa promotion, il est
contremaître pour la division et il dépend directement de
l'ingénieur. Alors, je voudrais simplement demander au ministre s'il
s'agit de nouvelles mesures qui ont été adoptées à
l'intérieur de la fonction publique, quel est le but à atteindre
par les examens que l'on fait subir à ces contremaîtres et si non
seulement cette mesure s'appliquera aux contremaîtres de la voirie mais
si également on l'appliquera aux employés des magasins de la
Régie des alcools.
C'est à ce moment-ci que j'aimerais avoir des explications sur
ces examens qui se tiennent un peu partout dans la province actuellement.
M. L'ALLIER: M. le Président, la dernière question
à laquelle fait allusion le député de Gaspé-Nord
est la suivante: Les ministères de la Fonction publique, de la Voirie et
de l'Equipement sont actuellement à réévaluer le travail
de voirie au niveau des...
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement. Je
ne voudrais pas être désagréable à l'endroit de mon
honorable ami, mais il ne peut pas présumer de l'adoption par cette
Chambre du grand ministère de l'Equipement. Nous avons encore les
ministères de la Voirie et des Travaux publics.
M. L'ALLIER: M. le Président, donc, dans une opération
conjointe, si vous voulez, des ministères de la Fonction publique, des
Travaux publics et de la Voirie, nous réévaluons actuellement les
fonctions et la nature des opérations au niveau des travaux des
régions et des divisions.
Donc, l'opération en cours actuellement est essentiellement une
opération d'évaluation des fonctions qui pourra
éventuellement se traduire par des classifications et des modifications
de codification. Mais ce qui a lieu actuellement, c'est une évaluation
des fonctions et de la nature des fonctions qui sont remplies dans le cadre de
la réorganisation des travaux au niveau du ministère de la
Voirie. Si vous faites allusion à quelque chose de plus particulier,
comme des examens à des individus, selon l'information que j'ai ces
examens ont pour but précisément dans ce contexte
d'évaluer les personnes, ce qui n'a jamais en aucune espèce de
façon été fait. Je comprends qu'il puisse s'agir de
personnes qui travaillent depuis un certain temps, mais en aucune façon
nous n'avons procédé soit à une enquête, à
des relevés, ou à une analyse qui permette d'évaluer les
fonctions qui sont remplies.
M. GAGNON: J'ai bien compris le ministre. Disons que j'admets que l'on
peut évaluer les fonctions, mais pour l'évaluation des fonctions,
la meilleure chose pour la faire, c'est de rencontrer le divisionnaire qui est
ingénieur, qui connaît la compétence de son personnel, qui
connaît la valeur de son personnel, qui connaît toute la valeur de
la fonction.
C'est la personne bien choisie que l'équipe de la fonction
publique, et peut-être aussi un officier du ministère de la Voirie
peuvent rencontrer pour mieux évaluer la fonction. C'est un point.
Mais là, j'ai l'impression que l'on n'évalue pas la
fonction, on évalue les hommes; cela devient dangereux. J'ai toujours eu
peur des examens oraux. On peut crucifier n'importe quel homme. Imaginez-vous
donc que l'homme passe un examen oral. Qu'est-ce qu'on rapporte à
Québec de cet examen oral? Il n'a pas de personnalité.
L'employé qui rencontre, à un certain moment, des officiers du
ministère, qui ont sans doute de grandes compétences, qui le
bombardent de questions, qui sont deux ou trois à lui poser des
questions qui n'ont aucun rapport avec les fonctions qu'il remplit, à ce
moment-là, on peut créer, chez l'individu, un état
psychologique et le mettre en face d'une situation qui le classerait mal par
rapport à son emploi.
Encore là, si l'on veut évaluer la compétence de
l'employé, la première chose à faire est de voir
l'ingénieur. Je connais des hommes qui sont entrés à la
fonction publique après avoir subi des examens. Ils avaient des
parchemins, ils n'étaient pas nombreux mais c'étaient des
canailles. A ce moment-là, des suggestions ont été faites.
On disait: Qu'est-ce que vous voulez, il a le parchemin et l'autre n'a
peut-être pas tout le parchemin. Tout de même, après X
temps, ils ont été congédiés, je l'admets. Mais la
fonction publique avait été avertie. Ce n'étaient pas les
hommes, c'était peut-être la Loi de la fonction publique qui
cadrait avec le parchemin de tel et tel monsieur. Cela arrive parfois.
Je crois que, dans le contexte actuel, l'ingénieur est l'homme
qui peut mieux désigner, l'homme qui peut dire aux officiers de la
fonction publique: Telle personne remplit bien les conditions, elle fait bien
son travail; c'est un homme qui a les pieds sur terre et qui est
réaliste devant des problèmes. Je vais donner un exemple.
L'ancien ministre du Travail, M. Bellemarre, le député de
Champlain disait: Moi, si on m'avait fait subir des examens, avec mes
certificats, je n'aurais même pas été garde-chasse.
Pourtant, ce fut l'un des plus grands ministres du Travail. C'est pour vous
dire qu'il y a une équivalence aux connaissances de la personne.
La fonction publique, au tout début, demandait tel degré
d'instruction ou l'équivalence et, à un moment donné, le
mot "équivalence" a disparu. On s'est ainsi privé des services de
bien des personnes. Le ministre semble dire non, mais je le sais. Que l'on
regarde les avis dé concours de la fonction publique. On a enlevé
le mot "équivalence".
Je connais des hommes qui auraient servi leur province d'une
façon merveilleuse. C'est ici que je rejoins ce que je veux dire pour
l'équivalence des hommes. C'est encore l'ingénieur de la Voirie,
qui est un homme compétent, tout de même, qui est un homme qui a
des connaissances il coudoie ses hommes tous les jours et ses hommes lui
font rapport tous les jours qui peut le mieux dire aux membres de la
Fonction publique: Tel homme, c'est l'homme merveilleux. Il exécute bien
son travail.
Jamais on ne me fera croire que la fonction publique, après une
heure ou deux heures d'examen, peut classifier un homme, le mettre dehors ou
lui faire donner des promotions. Alors, c'est à ce point de vue
là que la Fonction publique devrait être compréhensive et
surtout référer le tout à l'ingénieur, après
que l'examen est subi je suis d'accord, on peut faire subir un examen
pour dire: Croyez-vous que cet homme a été un peu
paralysé par des examens de deux ou trois officiers qui se sont
présentés devant lui et qui l'ont bombardé de questions?
Est-ce qu'il était bien érudit ou incompétent? C'est
à ce point de vue, je crois, que le ministre de la Fonction publique
devrait demander à la fonction publique d'agir avec humanitarisme et
réalisme.
M. L'ALLIER: Je prends bonne note des remarques du député.
Je souligne ici qu'il faut distinguer l'opération de
réorganisation du travail à savoir si, au niveau d'une
division, par exemple, avec les effectifs qui sont là, on exécute
effectivement le travail qui existe ou si on fait ce qui doit être fait
de l'évaluation du personnel. Pour ce qui est de
l'équivalence de l'expérience, je ne crois pas qu'on puisse dire
que c'est disparu complètement. Cependant, dans la mesure où, par
la commission de la fonction publique ce sont les exigences de plus en
plus précises des parlementaires comme de la population - on
recherche l'objectivité, si vous voulez, dans le recrutement, il faut se
référer à un certain nombre de critères apparemment
ou tout au moins plus objectifs, dont un certain nombre d'années
d'expérience calculées, un certain nombre de certificats, un
certain nombre de diplômes. Mais ce n'est pas uniquement cela et je le
disais, tout à l'heure, en réponse à une question du
député de Rouyn-Noranda. Dans la mesure ou l'on touche presque
exclusivement l'expérience par rapport à d'autres
critères, on se rapproche dangereusement de la subjectivité, si
vous voulez. Tout en y voyant des avantages pour certaines catégories
d'emplois, d'une façon générale, il pourrait y avoir des
inconvénients et il en a déjà existé.
Alors, je prends bonne note des remarques que vous faites. En ce qui
concerne les gardes-pêche, c'est une question qui relève
essentiellement parce qu'il s'agit d'occasionnels du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. C'est une
question dont, comme ministre de la Fonction publique, je pourrai discuter avec
mon collègue du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
M. PAUL: M. le Président, pour enchafner dans le sens des
remarques de l'honorable député de Gaspé-Nord, cela m'a
rappelé un cas qui fut porté à ma connaissance vers la fin
du mois d'avril ou au début de mai alors que sous prétexte de la
réorganisation des tâches parce qu'on escomptait que le
ministère de l'Equipement serait créé pour le 1er avril
dans la
région de Saint-Hyacinthe, un contremaître
général a été tout simplement remercié de
ses services après quatre ans. Heureusement, il a logé un appel
devant la Commission de la fonction publique. Nous espérons qu'on
reconnaîtra les droits acquis, mais il ne faudrait pas qu'à
l'occasion d'une réorganisation d'un ministère on puisse se
ficher des droits acquis par certains employés et également les
juger incompétents après quatre ans.
C'est un problème que nous allons suivre de près, car nous
ne voudrions pas que la vindicte de "Papa Doc" se fasse sentir jusqu'au niveau
des contremaîtres du ministère de la Voirie. Je dis que les
remarques de l'honorable député de Gaspé-Nord
étaient tout à fait bien fondées parce que nous avons un
cas à la mémoire qui vient de se produire. Je suis sûr que
si on envisage la réorganisation, l'évaluation des tâches,
cette évaluation et cette réorganisation ne devraient pas se
faire au détriment de droits acquis. Surtout, on ne devrait pas, sans
aucun prétexte, sans aucune considération, tout simplement
remercier un employé. Qu'on le réassigne à de nouvelles
tâches, à de nouvelles fonctions, c'est parfait, mais qu'on ne le
juge pas comme inapte à toute fonction au sein du ministère de la
Voirie sous prétexte que l'on procède à une
réorganisation qui ne devrait pas se prêter à du petit
patronage avec des petites lettres.
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais réaffirmer
certains propos que je tenais lorsque j'avais la parole tantôt.
L'honorable député de Gaspé-Nord mentionne que je voulais
peut-être parler des gardes-chasse au lieu des gardes-pêche...
M. GAGNON: Des gardes-pêche au lieu des gardes-chasse.
M. SAMSON: ... c'est-à-dire des gardes-pêche au lieu des
gardes-chasse ou vice versa. Je voudrais réaffirmer que les propos que
je tenais concernaient bien les gardes-chasse.
J'étais au courant de la situation en ce qui concerne les
gardes-pêche et je rejoins aussi, M. le Président, les propos du
député de Gaspé-Nord en ce qui concerne
l'équivalence. On a des normes à la fonction publique qu'il nous
faut faire respecter. C'est probablement là que le député
de Gaspé-Nord a touché le bobo de la façon la plus
pratique, lorsqu'il a parlé des équivalences.
Evidemment, nous comprenons que des diplômes et des certificats,
c'est pratique, c'est commode. Mais quand même, pour certains emplois
c'est ici que nous réitérons notre demande de
révision les diplômes et les certificats ne
confèrent pas nécessairement la compétence, ne
confèrent pas nécessairement l'expérience, ne
confèrent pas non plus nécessairement l'intelligence à
quelqu'un qui n'en a pas.
M. GAGNON: Du jugement.
M. SAMSON: C'est dans cet article que nous allons demander au ministre
de la Fonction publique de réviser certains cas où une personne
manquant peut-être de scolarité pourrait offrir de très
bons services dû à sa compétence et à son
expérience.
Maintenant, on a mentionné antérieurement la question de
sept secrétaires particuliers qui apparemment seraient sur les
tablettes. Je voudrais demander au ministre de la Fonction publique puisqu'il
semble qu'on n'a pas pu expliciter c'est venu à la suite de
propos de différents députés quelles sont les
attributions de ces personnes maintenant. Je voudrais en profiter pour offrir
notre collaboration au ministre. S'il y a sept secrétaires particuliers
que l'on ne sait pas où utiliser, quant à nous, notre
collaboration vous est acquise, nous serions bien prêts à en
utiliser deux ou trois, ça vous rendrait sûrement service et
ça nous permettrait aussi de rendre service dans nos fonctions puisque
nous manquons, comme vous le savez, de personnel dans nos bureaux.
M. L'ALLIER: Je prends très bonne note de la suggestion du
député de Rouyn-Noranda, et nous pourrons sûrement
éventuellement nous entendre sur cette question.
M. le Président, est-ce...
M. THEBERGE: M. le Président, est-ce que je peux dire un mot sur
le beau ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche? A ma
connaissance, les gardes-chasse sont aussi gardes-pêche et les
occasionnels sont des gens qui sont employés pendant un mois ou deux
durant la saison de frai ou durant la saison de chasse.
Ces gens ne peuvent pas être permanents à moins que, les
budgets le permettant et les besoins se faisant sentir, le ministère
demande un garde-chasse permanent. Ce monsieur aura une chance comme n'importe
qui, peut-être davantage parce qu'il a de l'expérience, mais il
n'est pas engagé dans le but de devenir permanent.
M. GAGNON: La durée de l'emploi est un peu plus longue.
M. L'ALLIER: M. le Président, nous avons, depuis le début
de la séance, cet après-midi, fait le tour de l'ensemble du
ministère. Comme je l'ai dit tout à l'heure, si on regarde au
budget, aux pages 113, 114 et 115, on peut facilement constater que les
crédits du ministère ne sont pas, d'une façon
considérable, modifiés par rapport aux années
dernières. Lorsqu'il y a des tirets ou des chiffres qui sont nettement
majorés, c'est, dans la très grande majorité des cas, pour
ne pas dire dans tous les cas, pour des regroupements de services
administratifs ou des déplacements d'effectifs, par exemple, au niveau
des sous-ministres adjoints, qui étaient,
dans un premier temps, affectés à l'administration. Cela
donnait en 70/71, une dépense totale de $216,000 pour les traitements,
salaires et allocations. Les deux sous-ministres adjoints sont maintenant
affectés à des directions générales et les
traitements sont assumés par celles-ci, de sorte qu'on note une
diminution du budget de l'administration au niveau des traitements et une
augmentation dans le reste.
Je ne sais pas, M. le Président, si ma proposition, dans ce
contexte, recevrait l'agrément des partis de l'Opposition. Mais, quant
à moi, je demanderais si dans ce contexte nous pourrions procéder
à l'adoption des crédits du ministère de la Fonction
publique.
M. PAUL: M. le Président, comme sous-amendement à la
proposition de l'honorable ministre, je proposerais qu'on appelle les postes un
par un.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Poste 1, administration.
M. PAUL: M. le Président, jusqu'ici il nous a été
assez difficile d'obtenir une définition assez précise quant aux
mots traitements, salaires et allocations. Est-ce qu'il y aurait
possibilité de savoir du ministre qui est responsable de la Fonction
publique quelle poste commande un traitement, quelle fonction appelle un
salaire et quelle tâche justifie une allocation?
M. L'ALLIER: Je vais essayer de répondre à cette question.
On va commencer par la fin. Les allocations sont pour les ministres et les
sous-ministres; les salaires sont pour les ouvriers et les traitements sont
pour les professionnels, les cadres, les adjoints aux cadres et les
fonctionnaires.
M. PAUL: Pour qui sont les salaires? M. L'ALLIER: Les ouvriers. M. PAUL:
Les ouvriers?
M. L'ALLIER: Le personnel ouvrier. Les traitements sont pour les cadres,
les adjoints aux cadres et les fonctionnaires. Les allocations sont pour les
ministres et les sous-ministres.
M. PAUL: Avez-vous beaucoup d'ouvriers au ministère?
M. L'ALLIER: Pardon?
M. PAUL: Avez-vous beaucoup d'ouvriers au ministère?
Qu'entendez-vous par le mot "ouvriers"?
UNE VOIX: Les menuisiers.
M. PAUL: Je n'ai pas parlé de menuisiers. Je n'ai pas
parlé de journaliers non plus.
UNE VOIX: Pour le député!
M. PAUL: Qu'entendez-vous par le mot "ouvriers"?
M. L'ALLIER: Cela ne veut pas dire, ici, que sur un budget de $183,000
il y a $80,000 pour les cadres, les adjoints etc. et $100,000 pour les
ouvriers. C'est une formule qui se retrouve, M. le Président, dans la
nomenclature de tous les postes à l'administration ou même au
sous-article 1 : Traitements, salaires et allocations.
M. PAUL: M. le Président, nous n'avons pas été
capables d'obtenir ces informations des autres ministres et je suis sûr
que nous avons le bon ministre ce soir.
M. L'ALLIER: C'est ce que je vous ai dit. Si vous faites la division de
tous les emplois au niveau du gouvernement, vous avez les ministres, les
sous-ministres, les cadres, les adjoints aux cadres, les professionnels et les
fonctionnaires. En dessous de cela, vous avez les ouvriers, le personnel de
bureau également. Non, je m'excuse. Le personnel de bureau est compris
dans les fonctionnaires. Mais vous avez, en dessous de cela, les ouvriers.
M. PAUL: Oui, mais au ministère de la Fonction publique, en
dessous de tout cela, avez-vous beaucoup d'ouvriers?
M. L'ALLIER: Nous n'en avons pas. M. PAUL: Vous n'en avez pas?
M. L'ALLIER: Non. C'est une formule consacrée.
M. PAUL: Alors, à toutes fins pratiques, le mot "salaires" ne
s'applique pas au ministère.
M. L'ALLIER: Si on voulait se référer pour un
instant...
M. PAUL: Etre puritain.
M. L'ALLIER: ... à la commission des Affaires culturelles, on
pourrait certainement dire pour le ministère de la Fonction publique:
Traitements et allocations.
M. PAUL: Bon.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté.
M. PAUL: Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Sous-article 1, adopté.
Sous-article 2.
M. PAUL: M. le Président, au sous-article 2,
est-ce qu'on a tenu compte de l'augmentation du prix de l'essence?
M. L'ALLIER: Je m'excuse, je n'ai pas compris.
M. PAUL: A-t-on tenu compte de l'augmentation du prix de l'essence dans
l'évaluation des crédits nécessaires aux frais de
déplacement des fonctionnaires du ministère? Est-ce que cette
somme de $12,500 couvre les frais de déplacement avec les
véhicules privés des fonctionnaires ou si c'est pour couvrir les
frais de déplacement avec les véhicules du ministère?
M. L'ALLIER: M. le Président, le ministère comme tel n'a
pas de véhicule, sauf une camionnette pour le service de la paye, ce qui
est extrêmement utile. Le ministre des Communications a une voiture, mais
le ministre de la Fonction publique n'en a pas.
M. GAGNON: C'est le même!
M. L'ALLIER: Pour ce qui est de l'augmentation du coût de
l'essence comme telle, notre administration ne nous a pas permis d'aller dans
de tels détails et nous n'avons pas effectivement...
M. PAUL: Est-ce que l'allocation de déplacement pour les
fonctionnaires qui doivent se servir de leur véhicule est encore de
$0.14 le mille?
M. L'ALLIER: Oui, c'est par décision du Conseil du
trésor.
M. PAUL: Prévoyez-vous augmenter cette allocation?
M. L'ALLIER: M. le Président, je ne peux pas répondre
à cette question d'une façon précise, étant
donné que ce facteur est également en négociations, avec
le fonctionnaires.
M. PAUL: Je m'excuse de mon indiscrétion.
M. GAGNON: Le ministre dit qu'il a une automobile comme ministre des
Communications et qu'il n'en a pas comme ministre de la Fonction publique.
M. L'ALLIER: Cela est exact.
M. GAGNON: Est-ce que cela suppose qu'il va demander à être
remplacé prochainement?
M. LE PRESIDENT (Leduc): Sous-article 2, adopté. Sous-article
3?
M. PAUL: M. le Président, c'est nouveau. L'an passée, nous
n'avions pas ça, "honoraires et commissions". Qu'est-ce que ça
couvre, qu'est-ce que ça justifie? Qu'est-ce que ça explique?
Quelles sont les raisons qui poussent le ministre à nous demander une
somme de $21,600 pour "honoraires et commissions"? Est-ce qu'il y a des
honoraires de conseillers juridiques là-dedans?
M. L'ALLIER: M. le Président, à ce sous-article de
l'administration, en 70/71, il y a effectivement eu des honoraires
versés. Il y en a eu pour $560...
M. PAUL: Avez-vous procédé par virements de fonds, parce
qu'il n'y en avait pas de demandés?
M. L'ALLIER: L'an passé le ministère était
nouveau.
M. PAUL: Est-ce que vous avez recouru au fonds de secours?
M. L'ALLIER: Non, il n'y avait qu'un sous-article, les traitements.
Comme le ministère était nouveau, qu'il venait d'être
créé, c'est à ce sous-article que cette dépense a
été faite.
Pour cette année, la somme de $21,600... C'est à
celle-là que vous faites allusion, je présume?
M. PAUL: Oui.
M. L'ALLIER: "Honoraires et commissions", cette somme se répartit
comme suit: il y a $3,000 en frais de consultation qui sont payés
à M. Mainguy, un historien qui va travailler pour le ministère de
la Fonction publique à une compilation historique ou monographie qui
touche les différents ministères, en commençant par les
plus anciens.
Deuxièmement, une somme de $18,600 est consacrée pour fins
de publicité, information et sondage. C'est dû essentiellement et
entièrement à la période de négociations dans
laquelle nous nous engageons. Le ministère de la Fonction publique a la
responsabilité de ces négociations et il a besoin d'un minimum
d'oxygène, si vous voulez, pour procéder à de
l'information, à des sondages ou à de la publicité.
Je souligne ici que le ministère ne dispose pas, comme tel, d'un
agent d'information comme on en retrouve dans d'autres ministères parce
que, jusqu'ici, cela n'avait pas été considéré
comme prioritaire au sein du ministère. Il nous faut donc
dépenser des fonds pour des fins de publicité, d'information et
d'impression de documents, par exemple, les documents que nous avons
distribués à quelques milliers d'exemplaires sur la politique
salariale du gouvernement. Ce sont des documents qui ne sont pas requis en
dehors des périodes de négociations et ce sont ces
dépenses qui sont comprises à cet article.
M. PAUL: A l'article honoraires et commissions?
M. L'ALLIER: Oui, étant donné que c'est une période
de pointe pour la question des relations extérieures, des relations
d'information. H serait, je crois, malheureux sur le plan administratif de
greffer au ministère des équipes permanentes importantes. Dans
ces périodes de pointe, il est préférable de
procéder de cette façon.
M. PAUL: Pourquoi ne pas vous faire faire de la publicité par
l'Office d'information et de publicité?
M. L'ALLIER: L'Office d'information et de publicité collabore,
mais il n'est pas équipé pour fournir, actuellement, en tout cas,
des services intensifs à un moment donné. Par ailleurs, cela
posait des problèmes d'éthique parce que l'Office d'information
et de publicité ne pouvait pas, comme agence gouvernementale, se lier
à la partie patronale dans les négociations collectives.
M. PAUL: Vous avez consulté le ministre des Communications; vous
n'auriez pas pu lui...
M. L'ALLIER: Je lui en ai dit effectivement un mot récemment et
il m'a annoncé des modifications qui pourront peut-être obvier
à ce genre de difficultés pour l'avenir.
M. PAUL: M. le Président, quant à nous, c'est
adopté jusqu'au sous-article 11.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Adopté. Sous-article 11.
M. PAUL: Aux services contractuels, le ministre pourrait-il nous
expliquer cette hausse vertigineuse que nous constatons, une hausse de $58,000?
Il me semble que le tarif d'honoraires des avocats n'a pas été
augmenté.
Est-ce que le ministre peut nous expliquer cette hausse de $58,000 aux
services contractuels au poste budgétaire administration?
M. L'ALLIER: M. le Président, d'abord nous sommes relativement
optimistes quant à l'issue de nos négociations collectives et
nous nous attendons à imprimer et à publier les conventions
collectives dans les secteurs où nous négocions. C'est une
dépense de l'ordre de $20,000 qui est prévue pour ces
publications et cette diffusion des conventions collectives qui seront
négociées et signées.
Par ailleurs, il est question d'un projet d'un journal pour les cadres
du ministère, journal qui sera un agent de liaison, si vous voulez, pour
tous les cadres du gouvernement sur les actions administratives qui sont en
cours, pour que les cadres d'un ministère sachent ce qui se passe
ailleurs et puissent ainsi coordonner davantage leurs activités.
L'impression et la publication de ce journal de cadres est une dépense
prévisible de l'ordre de $3,000.
M. PAUL: Ce sera de la publicité patronale et non pas un organe
d'information.
M. L'ALLIER: Non, non! cela n'a rien à voir, à toutes fins
pratiques, avec les négociations collectives. Ce journal de cadres,
à mon avis, est une chose qui devrait exister depuis déjà
longtemps. C'est un organisme de liaison des cadres qui va les informer sur les
politiques de gestion, les politiques administratives, la gestion du personnel,
en définitive, tout ce qu'un cadre doit savoir.
M. PAUL: Cela existe déjà depuis plusieurs années?
Comment se fait-il? Vous nous avez donné une explication pour une
dépense de $20,000, la publication des textes des nouvelles conventions
collectives...
M. L'ALLIER: Oui.
M. PAUL: II reste encore un écart de $38,000. Qu'est-ce que
c'est?
M. L'ALLIER: Un instant. A quel chiffre vous référez-vous
exactement? On n'a pas la même addition.
M. PAUL: Au poste budgétaire, administration, sous-article 11,
services contractuels, $73,500 pour l'année 71/72...
M. L'ALLIER: D'accord, $73,500. Dans ce sous-article...
M.PAUL: II y a $20,000 pour la publication...
M. L'ALLIER: II y a $20,000 pour la publication; $3,000 pour
l'impression et la publication du rapport annuel et d'un journal des cadres;
$500...
M. PAUL: II existait l'an passé?
M. L'ALLIER: Non.
M. PAUL: II n'existait pas l'an passé?
M. L'ALLIER: Le journal des cadres, non.
M. PAUL: C'est nouveau?
M. L'ALLIER: Oui.
M. PAUL: C'est pourquoi je vous le demande. Cela va être un
journal d'information, de propagande administrative en faveur du gouvernement,
propagande dans le bons sens, ou si cela va être tout simplement un
journal d'information?
M. L'ALLIER: Indépendamment des négociations collectives,
ce journal devrait exister. Cela n'a pas de lien avec les
négociations
collectives. C'est pour informer le personnel de cadre des politiques de
gestion, des politiques administratives, de la réglementation du Conseil
du trésor et ainsi de suite, de sorte que plutôt que de continuer
à empiler des séries et des séries de documents sur des
bureaux, on puisse d'une façon régulière faire
connaître aux cadres et ce sera aussi accessible,
évidemment, aux membres de l'Assemblée nationale les
règlements de la fonction publique, etc.
M. PAUL: II reste encore $35,000.
M. L'ALLIER: ... $500 à la réparation et à
l'entretien de l'équipement de bureau du ministère et $50,000
pour la publicité et l'information pour la période des
négociations.
M. PAUL: $50,000?
M. L'ALLIER: Oui. cela doit être étudié...
M. PAUL: II vous en manque.
M. L'ALLIER: Cela fait $73,500, $20,000 plus $3,000 plus $500 plus
$50,000.
M. PAUL: Alors, adopté.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Poste budgétaire no 1, adopté.
Poste budgétaire no 2, sous-article 1, adopté?
M. PAUL: Comment expliquer cette hausse de $400,000 au sous-article
Traitements, salaires et allocations?
M. L'ALLIER: M. le Président, c'est à cette direction
générale que l'on retrouve les plus grosses additions de
personnel. On a mis sur pied cinq directions à l'intérieur de la
Direction générale de l'administration du personnel et de
l'organisation. C'est là qu'a porté l'effort du ministère
en matière de nouveau personnel, tant pour la gestion que pour l'analyse
des effectifs, ce qui n'existait pas auparavant. Je peux vous donner ici le
décompte détaillé du personnel si vous le souhaitez. Il y
a la direction des systèmes, la direction des programmes et des normes,
la direction de la planification et de l'orientation, la direction du
perfectionnement et la direction de l'organisation administrative. Or, le
nombre prévu en 71/72 est de 131 personnes, plus dix postes qui seront
éventuellement transférés du ministère des
Finances.
C'est un accroissement prévu de 47 personnes sur le nombre de
fonctionnaires, qui était de 84 au 31 janvier 1971. Alors, c'est
là que porte l'effort du ministère: l'organisation et la
gestion.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Sous-article 1, adopté. Sous-article 2,
adopté. Sous-article 3, adopté. Sous-article 4, adopté.
Sous-article 5, adopté. Sous-article 6, adopté. Sous-article 7,
adopté. Sous-article 8, adopté. Sous-article 10, adopté.
Sous-article 11?
M. PAUL: Un instant, M. le Président. Au sous-article 11, est-ce
que le ministre peut nous donner des détails sur le montant de $615,000
pour services contractuels?
M. L'ALLIER: M. le Président, au niveau des services
contractuels, à la direction des systèmes, il y a $511,000 qui
sont dépensés. Le détail de ces dépenses à
la direction des systèmes est le suivant: $382,000 de temps; pour les
machines au CTED, le Centre de traitements électronique des
données, il faut payer, à toutes fins pratiques, près de
$400,000 par année pour obtenir le traitement des données.
Deuxièmement, $50,000 pour la perforation des cartes; $75,000 de
contrats de programmation pour alimenter ces machines; $4,000 pour
employés de bureau. Vous avez ensuite, dans les services contractuels,
$2,300 pour l'entretien de l'équipement de bureau, pour l'ensemble de la
direction générale. Alors, l'augmentation au niveau des services
contractuels, on peut dire qu'elle est due essentiellement aux sommes que nous
devons payer au ministère des Finances pour la location de ces
équipements.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Sous-article 11, adopté. Sous-article
13, adopté?
M. PAUL: Sous-article 13, M. le Président. Pourquoi va-t-on
pénaliser de $80,000 les fonctionnaires qui ne recevront pas
d'allocations, de primes et de bourses?
Est-ce qu'il s'agit de l'économie administrative dont parle le
premier ministre?
M. L'ALLIER: M. le Président, les dépenses effectives, en
70/71, ont été de $9,956 à ce poste, et je pourrais vous
en donner le détail. Maintenant, pour 71/72, on prévoit des
dépenses de $20,400.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Alors, poste 3, sous-article 1.
M. PAUL: M. le Président, au sous-article 3, est-ce qu'il y
aurait possibilité de savoir du ministre à quel endroit nous
allons trouver le montant des honoraires qu'il entend payer aux
négociateurs qui vont agir pour le compte du gouvernement dans les
différentes rondes de négociations? Est-ce qu'on doit attendre la
venue d'un budget supplémentaire pour couvrir ces dépenses, ces
honoraires? Qu'est-ce qui se passe?
M. L'ALLIER: M. le Président, au poste 3, sous-article 3, vous
voyez en 71/72 une somme de $25,000 qui permet de payer les honoraires
des deux négociateurs de la fonction publique. C'est uniquement
pour la fonction publique. Pour ce qui est des négociateurs du secteur
des affaires sociales et de ceux de l'éducation, ces négociateurs
sont payés respectivement par l'un et l'autre de ces
ministères.
M. PAUL: Alors, il n'y a pas possibilité de savoir, dans une
référence précise, quel est le coût de ces
négociations que doit supporter le gouvernement et quels sont les
honoraires, les commissions qui sont payés pour ces différentes
tables de négociations. Est-ce que ce n'est pas normal...
M. L'ALLIER: M. le Président, on m'informe ici que les normes
suivies dans la détermination des honoraires des négociateurs
sont celles du ministère de la Justice, telles qu'établies il y a
déjà quelques années sous l'ancien gouvernement...
M. PAUL: C'est ça.
M. L'ALLIER: ... normes qui seraient, me dit-on, familières au
député de Maskinongé.
M. PAUL : Nous avions établi tellement de bonnes normes, M. le
Président, qu'on trouve curieux qu'on ne puisse pas les retrouver d'une
façon bien précise.
Est-ce que c'est normal qu'on n'impute pas au ministère de la
Fonction publique, qui est le grand patron des négociations et qui en a
la charge à toutes les tables de négociations, les
dépenses consécutives et nécessaires à la
menée des négociations, des discussions, des frais de
représentation, de déboursés, d'honoraires, de tout ce que
vous voudrez pour arriver à la signature de la convention
collective?
M. L'ALLIER: M. le Président, je me suis posé la
même question effectivement quand nous avons préparé le
budget.
M. PAUL: Comme cela, ma question n'est pas trop bête.
M. L'ALLIER: Non. Je me suis posé la même question, mais il
arrive que, si techniquement on pourrait considérer que cela va mal, il
faut également considérer, et je crois que le
député de Dubuc sera d'accord là-dessus, que tant au
ministère de l'Education qu'au ministère des Affaires sociales
nous avons des partenaires et que le porte-parole n'est pas le porte-parole
unique du gouvernement mais qu'il est aussi le porte-parole de nos
partenaires.
Les frais du porte-parole sont partagés entre nos partenaires et
le gouvernement. Donc, c'est plus facile quant à l'administration au
niveau de ces ministères de partager les honoraires entre l'Association
des hôpitaux et le ministère des Affaires sociales ou la
Fédération des commissions scolaires, organismes qui sont, de
toute façon, subventionnés par ces ministères.
M. LATULIPPE: Une question supplémentaire, M. le
Président, sur le même sujet. A combien évaluez-vous
globalement le coût des négociations à l'échelle
provinciale?
M. L'ALLIER: C'est difficile, M. le Président, de faire une
évaluation. Tout dépend de la durée de ces
négociations. Si les négociations durent trois ou quatre mois,
cela coûtera un prix. Si les négociations durent dix-huit, ou
vingt mois, ou vingt-huit mois comme on l'a vu dans le domaine de
l'enseignement, cela coûtera autre chose. Mais je ne peux pas vous dire
maintenant à combien on peut les évaluer. Ce serait
présumer de la durée des négociations.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Alors sous-article 1, adopté?
M. LATULIPPE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Adopté. Sous-article 2,
adopté.
M. PAUL: M. le Président quant à nous, jusqu'au poste 5,
Commission de la fonction publique, tous les sous-articles sont
adoptés.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Est-ce que tout le monde est d'accord?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Poste 4, sous-articles 1, 2, 3, 4, 5, 7, 10 et
11 adoptés.
Poste 5, Commission de la fonction publique.
M. PAUL: M. le Président, quant à nous, nos remarques ont
été non pas complètes mais assez détaillées
sur ce sujet pour que nous puissions prendre le risque de faire confiance au
ministre.
M. L'ALLIER: Et à la commission.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Poste 5, adopté. Article 1, 2 et 3 de la
Commission de la fonction publique, adoptés.
M. PAUL: II me resterait une petite question tout à fait anodine
comme dessert, M. le Président. Ce serait de m'informer auprès du
ministre à savoir quelles sont les normes qu'il a acceptées et
recommandées pour l'engagement du personnel de bureau des
différents ministres. Quelle est l'échelle des salaires, combien
il y a de secrétaires qui ont été engagées?
Pourrions-nous avoir la répartition de cette classification?
Voilà autant de renseignements, M. le Président, que nous voulons
obtenir afin que nous ayons l'âme en paix.
M. L'ALLIER: M. le Président, je dois d'abord dire que les normes
de rémunération, de traitements sont conformes aux normes qui
étaient suivies précédemment par le
gouvernement.
Deuxièmement, en ce qui concerne les procédures de
nomination des fonctionnaires du personnel des cabinets de ministres il faut se
référer à l'article 65 de la Loi de la fonction publique,
loi qui dit que toute personne peut être nommée par un ministre,
par le chef de l'Opposition ou par le président de l'Assemblée
nationale, etc., et qui détermine la façon dont le personnel est
nommé. Quant au volume du personnel actuellement...
M. PAUL: Quel est le caractère de la position de ces
employés, quel est le statut qu'ils occupent?
M. L'ALLIER: Actuellement c'est celui qui est prévu par la Loi de
la fonction publique. Je ne vous cache pas toutefois que nous sommes à
compléter une étude du statut du personnel de cabinet qui
engloberait éventuellement le personnel des différents postes
d'autorité dans l'Opposition afin de ne pénaliser d'aucune
façon ce personnel par des mesures administratives et faire en sorte que
son statut soit plus conforme à la réalité afin qu'on ne
se retrouve pas dans une situation difficile comme celle qu'on a pu
connaître par exemple au moment de la réaffectation de certains
secrétaires particuliers. C'est une étude qui est en cours et qui
est complexe parce qu'il faut tenir compte précisément de
l'ancien et du nouveau personnel. Nous ne pouvons pas appliquer deux poids deux
mesures et il nous est extrêmement difficile d'en arriver à une
solution qui soit juste pour le personnel actuel et futur et qui ne soit pas
injuste pour l'ancien personnel, ou inversement, si vous voulez. Mais c'est
essentiellement les articles 29, 61 de la Loi de la fonction publique qui
s'appliquent actuellement comme tels. Nous avions au 25 mai 101 personnes qui
étaient en fonction dans les différents cabinets de
ministres.
M. PAUL: Combien?
M. L'ALLIER: C'est 101 personnes.
M. PAUL: Combien en plus viendront s'ajouter lorsque ces personnes
auront complétées un délai de six mois d'emploi?
M. L'ALLIER: Oh, je pourrais...
M. PAUL: C'est une question subtile, mais...
M. L'ALLIER: Non, elle est excellente, parce que j'ai été
témoin de certains passages rapides par le passé de cabinets vers
la fonction publique. Je puis vous dire que, depuis un an, le passage du
personnel d'un cabinet vers la fonction publique, ne dépasse pas quatre
ou cinq personnes.
M. PAUL: Quatre ou cinq.
M. L'ALLIER: Au maximum.
M. PAUL: C'est donc dire que nos brillants ministres auraient à
peu près un bataillon de 110 personnes pour les servir, pour les
défendre.
M. L'ALLIER: Je m'excuse, j'ai mal compris la question. Demandez-vous
s'il y a du personnel de la fonction publique qui travaille au sein des
cabinets.
M. PAUL: Non, je demande quel est le nombre de secrétaires qui
servent nos brillants ministres.
M. L'ALLIER: Nous avons 101 secrétaires, au 25 mai 1971.
M. PAUL: Est-ce 101 nouveaux employés? M. L'ALLIER: Non, pas
nécessairement. M. PAUL: Combien de nouveaux employés?
M. L'ALLIER: Je pourrai, si vous le souhaitez, répondre à
cette question au feuilleton. Je pourrai faire le décompte des nouveaux
employés.
M. PAUL: On pourrait peut-être convenir que je comprends qu'en
comité on ne peut pas déposer de document.
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que le document que j'ai en main
actuellement ne comporte pas la compilation des dates d'entrée en
fonction.
M. PAUL: Y aurait-il possibilité que le ministre le dépose
comme document sessionnel demain, si possible, ou pour l'autre mercredi? Je
comprends que le ministre attend de la grosse visite demain. Alors, cela irait
peut-être à l'autre semaine.
M. L'ALLIER: Oui, plutôt.
M. PAUL: Que le ministre nous donne le nombre exact de
secrétaires, ainsi que le nombre affecté à chaque
ministre.
M. L'ALLIER: Le nombre de secrétaires, le nombre
affecté...
M. PAUL: Les secrétaires et le secrétaire particulier
adjoint.
M. L'ALLIER: Oui, et je pourrai ajouter à cela, si vous voulez,
le nombre de nouveaux employés et le nombre d'anciens
employés.
M. PAUL: Oui et combien ont été mutés de
différents ministères à des bureaux de ministre.
M. L'ALLIER: Oui, d'accord.
M. LEDUC (Président du comité des subsides): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que votre comité a
adopté des résolutions et demande le privilège de
siéger à nouveau.
M. HARDY (Président): Quand siégera-t-il? Prochaine
séance.
M. L'ALLIER: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à demain matin, dix heures trente. Nous continuerons
l'étude des crédits commencés et, si nous en avons le
temps, nous prendrons ceux des Terres et Forêts et des Institutions
financières.
M. PAUL: M. le Président, dois-je comprendre que, demain matin,
les crédits du ministère des Terres et Forêts seront
appelés ici, en haut?
M. L'ALLIER: Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy); La Chambre est ajournée à demain
matin, dix heures trente.
(Fin de la séance: 23 h 12)