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(Quinze heures huit minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes. Présentation de pétitions.
Pétition
M. VEZINA: Pour M. Blank, M. le Président, je propose,
appuyé par M. Caron, que les articles 615 et 616 du règlement
soient suspendus et qu'il me soit permis de présenter la pétition
de Sylvia Morris et autre, demandant l'adoption d'une loi concernant le
testament de Emmanuel Solomon, et que cette pétition soit maintenant
présentée, lue et reçue.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
M. LEVESQUE: Même procédure, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics. Déclarations
ministérielles.
L'honorable ministre des Richesses naturelles.
Problèmes juridiques de l'eau
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, la semaine
dernière, j'ai déposé à l'Assemblée
nationale le rapport de la Commission d'étude des problèmes
juridiques de l'eau. Je voudrais aujourd'hui faire connaître la position
du gouvernement et l'action que nous prévoyons entreprendre.
On se rappelle que, le 13 juillet 1968, le gouvernement mettait sur pied
une commission d'étude des problèmes juridiques de l'eau. Sa
nécessité était justifiée du fait que la
législature de l'eau était fort ancienne et inadéquate et
que la commission apportait les données juridiques nécessaires
à l'élaboration d'une véritable politique de l'eau.
De plus, il était devenu urgent, pour satisfaire aux besoins
croissants en eau des industries et des municipalités et pour assurer la
conservation de cette richesse naturelle, d'aménager nos rivières
et nos lacs de façon à obtenir une utilisation optimum de l'eau
disponible.
Les recommandations du premier rapport de la commission nous sont
maintenant parvenues. Nous les avons révisées avec les
ministères impliqués et sommes actuellement prêts à
faire connaître notre position, ainsi que les mesures que nous entendons
prendre. Principes de base : a) Le gouvernement accepte les recommandations de
base du rapport de la commission et suggère de définir l'eau
comme une ressource et une richesse naturelle dont la gestion serait
placée sous le contrôle de l'Etat.
En effet, l'eau est un bien économique de plus en plus rare et ne
saurait faire l'objet d'une propriété privée. Il
appartient donc à l'Etat, responsable de l'intérêt public,
de reconnaître et de faire connaître cette vocation collective de
l'eau et de définir en conséquence une politique globale de
gestion en fonction d'un cadre d'administration approprié à la
gestion de l'eau.
De plus, l'eau constitue pour l'homme une substance irremplaçable
tant pour satisfaire ses besoins vitaux et domestiques que pour ses besoins
sociaux et récréatifs.
Etant donné ce caractère vital de l'eau et sa
rareté croissante dans une société industrielle,
l'utilité publique et universelle de l'eau doit être reconnue. b)
Le gouvernement accepte le principe de la concertation des autorités
administratives, ce qui amène à faire une distinction entre la
gestion de la ressource et l'administration des usages.
Il importe en effet qu'au sein de l'administration la
responsabilité à l'égard de l'eau soit dissociée de
celle de ses usages afin d'assurer une gestion impliquant la reconnaissance de
l'eau comme richesse naturelle.
Ces recommandations expriment toute la philosophie qui présidera
à la réforme juridique dans le domaine de l'eau et qui conduira
à la promulgation d'un code de l'eau. Ces principes étant
acceptés, le gouvernement entérine les recommandations
suivantes:
Recommandations d'ordre administratif sur le contrôle dos
utilisations et des effets nuisibles. L'Etat doit renforcer son rôle dans
l'aménagement et la conservation de l'eau face au problème des
usages; sur la répartition fiscale de l'utilisation de l'eau. Son
coût doit être réparti selon un mécanisme de prix en
vertu de sa valeur économique; sur la concertation des autorités
administratives afin de simplifier les normes applicables aux milieux
hydriques.
Recommandations d'ordre juridique afin que l'eau soit définie
juridiquement comme ressource collective placée sous le contrôle
de l'Etat, quelle que soit sa forme et où qu'elle se trouve.
Recommandations d'ordre législatif sur la modernisation de la
législation afin d'enrayer la situation complexe actuelle.
Recommandations d'ordre constitutionnel sur la modification de la
constitution canadienne de manière à établir clairement le
partage des responsabilités constitutionnelles à l'égard
de la ressource elle-même.
Pour les autres recommandations concernant le point de vue juridique,
administratif ou
fiscal, elles feront l'objet d'une évaluation plus poussée
lorsque les études seront terminées par la commission.
A la lumière de ces études, nous pourrons prendre position
sur ces recommandations.
Mesures:
Il s'agit donc, M. le Président, d'une réforme
d'importance dont les conséquences seront perceptibles à moyen et
à long terme. Je puis vous manifester mon désir de
réaliser cette réforme en tant que ministre des Richesses
naturelles.
Ce changement est devenu un impératif pour le bien-être des
Québécois tant en matière de services essentiels qu'en
matière de besoins sociaux et récréatifs.
Nous avons donc l'intention de commencer cette réforme en
sensibilisant la population au problème de la conservation et de
l'utilisation de l'eau. C'est pourquoi nous lancerons une campagne
d'information par les différents moyens de communication.
Sur ce sujet, je n'ai pas besoin de vous préciser le rôle
important que les mass media peuvent jouer pour la conservation de l'eau et la
protection de l'environnement.
De plus, nous avons mis sur pied une équipe de travail
formée au sein du ministère des Richesses naturelles. Cette
équipe a pour mandat d'élaborer une politique de gestion de
l'eau. Conséquemment, nous pouvons prévoir la publication d'un
livre blanc et l'élaboration d'une loi-cadre après entente avec
les différents ministères concernés, en tant que
gestionnaire des usages.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. BERTRAND: M. le Président, la commission Legendre a
été établie par notre gouvernement à
l'époque; elle vient de produire un rapport, comme le rapporte le
ministre, rapport qui a été déposé la semaine
dernière.
Je dois avouer qu'après avoir fait l'examen de ce problème
pendant plusieurs années, quand nous avons établi la commission
Legendre, c'était pour essayer de mettre de l'ordre dans la coordination
absolument essentielle dans l'action des différents ministères
qui s'occupent des problèmes de l'eau. Es sont nombreux: les Richesses
naturelles, les Affaires sociales, les Affaires municipales, l'Agriculture et
la Colonisation et d'autres.
J'ai pris connaissance de la déclaration ministérielle,
que le ministre a eu l'amabilité de nous faire parvenir avant la
séance je l'en remercie et j'en ai entendu la lecture. Ma
conclusion est la suivante et c'est à peu près mon seul
commentaire: On ne jugera pas le gouvernement à ses voeux, à ses
intentions, si bonnes soient-elles. Nous allons le juger à son action.
Je l'invite immédiatement à mettre de côté la
publication d'un livre blanc. Nous avons le rapport d'une commission et
malheureusement, il faut l'avouer, quand on veut noyer un problème
cela va bien en l'occurrence car c'est un problème d'eau
on publie un livre blanc.
M. PAUL: C'est cela, c'est pour cela.
M. BERTRAND: C'est le cas de le dire parce que l'action est blanche, par
la suite. Cessons de nous gargariser de déclarations annonciatrices de
réalisations fulgurantes; de l'action! L'enfer, on l'a souvent dit, est
pavé de bonnes intentions, de voeux pieux et le ministre est
prédisposé à des voeux pieux.
M. le Président, nous demandons que le gouvernement agisse, qu'il
dépose, peut-être pas la loi la plus parfaite, mais si imparfaite
soit-elle, elle vaudra mieux que tous les livres blancs, elle vaudra mieux que
toutes les campagnes de publicité par tous les mass media du
Québec, si, en guise de conclusion d'une action publicitaire et la
publication d'un livre blanc, on est encore devant le le néant.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
M. DUMONT: Nous regrettons que le ministre ait oublié de nous
faire parvenir un rapport, le rapport qu'il a lu tout à l'heure, et nous
nous réservons de plus longs commentaires lors de l'étude des
crédits.
M. MASSE (Arthabaska): Question de privilège. Je voudrais
souligner au député de Mégantic que, hier soir, le rapport
est peut-être parvenu au bureau du chef du Ralliement créditiste;
il se peut qu'il ne vous l'ait pas remis. De toute façon, il a
été distribué à chacun des partis hier soir.
M. DUMONT: M. le Président, c'est la deuxième fois que
quelque chose survient, que quelqu'un intercepte un rapport. Alors j'imagine
qu'en en faisant parvenir un au leader et un au chef vous n'aurez pas
d'inquiétude, à ce moment-là. On vous remerciera comme le
ministre des Affaires sociales, qui en a fait parvenir un et il est
parvenu.
Alors, M. le Président, je dis...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. DUMONT: ...que nous avons eu du ministre des déclarations
pieuses, mais il pourrait y avoir déjà, par les
municipalités par les villes, beaucoup de travail de fait pour la
conservation des eaux, si elles avaient les moyens financiers
nécessaires. Comme ce problème n'a pas été
réglé, on est obligé d'avoir une régie et d'avoir
des déclarations comme le ministre vient de nous en faire.
A tout événement, comme je l'ai dit au début de mes
remarques, nous lirons le rapport et nous avons observé les
déclarations du ministre tout à l'heure. Pour l'étude des
crédits, nous nous réservons des suggestions qui seront
en mesure d'aider encore une fois la Belle Province.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: La déclaration ministérielle nous apprend que
le gouvernement accepte deux principes de base. Après dix mois
d'étude par le gouvernement, puisque le rapport a été
remis à la fin de l'été dernier, deux principes de base
parmi plusieurs autres sont finalement acceptés. Nous remarquons
malheureusement que le ministre n'accepte pas ces autres principes juridiques,
tout aussi fondamentaux, que sont la dissociation de l'eau du régime de
la propriété foncière, le statut unique de l'eau,
l'"inappropriabilité" de l'eau, la reconnaissance de deux droits
fondamentaux: le droit à l'alimentation et le droit d'accès aux
étendues d'eau.
Ce principe et ces droits qu'expose le rapport et qu'oublie le ministre
sont précisément ceux qui dérangent les
intérêts, chambardent une conception séculaire, innovent et
engagent sur la voie des solutions réelles.
Dans un deuxième temps, le gouvernement entérine quelques
recommandations éparses qui nous apprennent que l'Etat doit renforcer
son rôle dans l'aménagement et la conservation de l'eau, que son
coût doit être réparti selon un mécanisme de prix,
que le gouvernement libéral est pour la concertation des
autorités administratives, que l'eau doit être définie
juridiquement comme ressource collective, que la législation doit
être modernisée et, enfin, qu'on doit établir clairement le
partage des responsabilités constitutionnelles.
La commission Legendre a fait un bon travail. En plus de principes
généraux, elle a précisé les principes de
fonctionnement nécessaires à l'action du gestionnaire public. Le
gouvernement nous semble n'en avoir retenu que les recommandations dont
l'énoncé engageait le moins à une politique
économique, celles qui appellent le moins une intervention radicalement
nouvelle du législateur et de l'administrateur public.
Les principes acceptés ne prennent de sens que si l'on adopte
leurs corollaires, ce que le ministre ne fait pas dans sa déclaration
par timidité ou par inconséquence. Ces recommandations impliquent
un bouleversement fiscal, la consécration de l'égalité des
utilisateurs, l'ouverture au public des concessions forestières,
l'obligation de déclarer les rejets, la disparition des baux de
pêche, etc. Dans le domaine de la révision constitutionnelle, tout
ce que le ministre nous dit, c'est qu'il faut modifier l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique de manière à établir
clairement le partage des responsabilités à l'égard de
l'eau. Cela trahit l'esprit du rapport qui non seulement recommande un partage
constitutionnel, mais établit aussi les termes de ce partage.
En effet, la commission recommande, tout d'abord, qu'un seul organe
législatif soit clairement identifié comme responsable de la
conservation de la ressource et titulaire de toutes les compétences
étatiques à cette fin et que cet organe législatif unique
soit l'Etat membre, c'est-à-dire le Québec, sans quoi les autres
recommandations deviennent caduques.
A cette fin, la commission recommande que le gouvernement
québécois fasse inscrire en priorité le problème de
l'eau dans la révision constitutionnelle, ce qui n'a pas
été fait si l'on en croit l'ordre du jour de la conférence
de Victoria qui nous a été communiqué.
Le ministre, qui a reçu le rapport depuis plus de neuf mois, n'a
même pas osé dans sa déclaration affirmer la
compétence de l'Etat québécois dans ce domaine vital et
nécessaire au plein épanouissement du Québec.
Il s'agit là d'un oubli qui nous révèle
l'inconséquence de la déclaration du ministre ou son
incompréhension du rapport de la commission. Enfin, le gouvernement nous
annonce une campagne d'information et la mise sur pied d'une équipe
chargée d'élaborer une politique de la gestion de l'eau. La
première mesure ne semble pas correspondre à ce que la commission
recommande et la seconde est l'annonce d'un comité un autre
qui sera chargé d'élaborer une politique après
entente avec les ministères concernés.
Or, c'est justement l'échec de la coordination et de la
consultation de ces ministères que constatent les commissaires à
la page 253, quand ils soulignent qu'il faut une volonté politique, pour
forcer les administrations concernées à se plier aux principes
directeurs de la réforme. Autrement, le ministre nous apprend qu'il
décline la responsabilité que lui confiaient les commissaires
d'imposer la réforme qu'ils ont conçue auprès de
l'instance de coordination politique par excellence c'est-à-dire le
cabinet. Nous sommes donc déçus de cette déclaration,
parce qu'on n'y sent pas la volonté politique d'envergure qui seule
pourra permettre à cette réforme fondamentale de voir le jour au
milieu de tant d'inerties comme le souhaitait la commission Legendre à
la page 253 de son rapport.
Bien plus, nous ne comprenons pas comment l'on peut accepter quelques
recommandations parmi une série qui forme un tout cohérent et
logique. Si ce n'avait été que quelques aménagements, mais
non, ce sont des parties importantes qu'escamote le gouvernement. Si l'on ne
veut pas faire de réformes administratives, au moins qu'il le dise, mais
qu'on ne fasse pas semblant d'endosser des recommandations, alors qu'on n'a pas
compris, ou pire, qu'on rejette le rôle qu'elle demande à l'Etat
d'assumer. Cette déclaration aurait pu nous annoncer que
déjà la Direction générale des eaux
commençait à établir l'inventaire de la ressource,
c'est-à-dire l'inventaire...
DES VOIX: A l'ordre!
M. LAURIN: M. le Président, je vous demande de m'excuser. Mon
texte n'est pas plus long que celui de la déclaration
ministérielle, et même si ce que je dis ne plaît pas
à l'Opposition j'espère qu'elle voudra bien l'entendre! Et je
continue.
M. LEVESQUE: Ce n'est pas une question de longueur, c'est un bref
commentaire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Justement, j'ai noté les remarques du
député de Bourget...
UNE VOIX: Qui comptaient pour deux.
M. LE PRESIDENT: Je tiens à faire remarquer également que,
lors de l'étude de la refonte des règlements, c'est à la
demande des partis de l'Opposition que les déclarations
ministérielles ont été limitées au minimum, soit
à trois minutes. Par contre le règlement sessionnel ne dit pas
que les commentaires des chefs de partis de l'Opposition ne doivent pas
dépasser la longueur de la déclaration ministérielle. Tout
ce que le règlement sessionnel dit, c'est: de brefs commentaires.
J'espère que la déclaration du député de Bourget
arrive à sa conclusion, parce qu'autrement je ne pourrais pas lui
permettre de continuer.
M. LAURIN: Nous arrivons à la conclusion. Cette
déclaration est relativement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur un rappel au
règlement. Est-ce que le député de Bourget ne pourrait pas
consigner au journal des Débats le texte de M. Louis Bernard?
M. LAURIN: ... très brève, M. le Président,
à l'égard de tout ce que nous aurions à dire sur ce
très volumineux rapport, vous le savez.
Donc, cette déclaration aurait pu nous indiquer comment les
regroupements administratifs patronnés par M. Goldbloom s'inscrivent
dans la réforme de l'administration de l'eau et se concilient avec les
mises en garde que fait la commission d'une administration de l'eau qui serait
faite uniquement en fonction de la dépollution. "En effet, il se trouve
je cite les commissaires que le problème de l'eau est
aussi celui de l'accès du public, de l'harmonisation des usages entre
eux et, de façon générale, c'est celui de
l'aménagement de l'eau et de l'intégration des interventions en
milieu hydrique dans un plan d'ensemble."
J'en arrive à ma conclusion, M. le Président. La
déclaration du ministre nous a déçus, je l'ai
déjà dit, car pour une fois nous avions cette chance unique
d'innover, de créer, de régler d'une façon radicale une
situation qui sera bientôt intolérable. Mais malheureusement, le
ministre des Richesses naturelles a lui aussi la marque de commerce du
gouvernement libéral, c'est-à-dire la foi en un ballon
publicitaire que nous devrons, encore une fois, dégongler, et la
soumission aux intérêts privés...
DES VOIX: Oh!
M. LAURIN: ... plutôt que le respect...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, messieurs !
M. LAURIN: ... de l'intérêt public. M. LEVESQUE: Cela
suffit!
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales.
Loi de l'aide sociale
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'ai une brève
déclaration à faire qui ne porte pas sur une politique du
gouvernement mais plutôt sur les mécanismes administratifs de la
Loi de l'aide sociale. Si j'ai voulu le faire à ce stade-ci, c'est en
raison des nombreuses questions qui m'ont été adressées au
cours des dernières semaines sur l'administration de cette loi. Je veux
faire part de nouvelles mesures destinées à améliorer les
mécanismes administratifs reliés à cette loi. Ces mesures
sont prises dans le cadre de l'évaluation aussi permanente et
systématique que possible de l'application de cette loi.
Depuis l'entrée en vigueur de la Loi de l'aide sociale, le 1er
novembre 1970, les bénéficiaires qui doivent se procurer des
médicaments gratuitement doivent obtenir une prescription d'un
médecin et se présenter par la suite au bureau du
ministère afin d'obtenir les fonds nécessaires à l'achat
de ces médicaments. Pour réduire le plus possible les
délais et les inconvénients qui surviennent par suite de cette
procédure, le coût des médicaments sera payé
directement aux pharmaciens par les bureaux locaux du ministère, d'ici
quelques semaines, soit le temps nécessaire pour mettre au point les
mécanismes requis.
Cette mesure s'inscrit dans la perspective de l'approbation et de
l'application du projet de loi no 69, qui sera incessamment
étudié par l'Assemblée, qui vise à rendre
accessible, sur le plan financier, les médicaments aux
bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale.
En ce qui a trait au paiement des prestations aux
bénéficiaires de la loi, les chèques sont
présentement envoyés aux bureaux du ministère, qui voient,
par la suite, à leur distribution. De façon à
réduire les délais de livraison, les chèques payables
mensuellement aux bénéficiaires leur seront transmis directement
par la poste à compter du 20 juillet.
Par ailleurs, l'expérience de l'application de la loi a
démontré que le personnel de certains bureaux continue d'avoir
une tâche très lourde à remplir en dépit du fait que
la mise à jour de
tous les dossiers est terminée. En raison de cette situation, le
ministère a décidé de prolonger pour quelques mois
l'engagement d'une partie des employés occasionnels, engagement qui
avait été rendu nécessaire pour mener à bien la
tâche de réviser tous les dossiers des bénéficiaires
de la loi pendant les six premiers mois de son application.
Les bureaux locaux et régionaux du ministère ouvrent
actuellement leurs portes entre neuf heures et cinq heures p.m. A compter du 21
juin, les bureaux ouvriront à neuf heures trente pour fermer à
quatre heures trente. A compter du 1er septembre, la période d'ouverture
des bureaux s'échelonnera entre dix heures et cinq heures. Ces
modifications permettront aux employés de compléter leur travail
administratif quotidien, de répondre à la correspondance, etc. et
ceci, avant de répondre aux bénéficiaires de la loi. En
définitive, cela leur permettra de préparer adéquatement
leur journée de travail avant que les bureaux ne soient ouverts.
L'expérience de l'application de la Loi de l'aide sociale a
également démontré que malgré l'existence d'un
réseau d'au-delà de 80 bureaux locaux et régionaux, le
nombre des dossiers dont sont responsables certains bureaux est trop
élevé pour assurer une administration efficace. En
conséquence, le ministère ouvrira quelques nouveaux bureaux au
cours des prochains mois. La localisation précise de ces bureaux fait
présentement l'objet d'études par les services
intéressés. Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais faire un
bref commentaire, sans texte. Je voudrais seulement dire que la Loi de l'aide
sociale est difficile dans son application. Nous l'avions prévu,
d'ailleurs, puisque nous avions déclaré à maintes reprises
que la loi ne pourrait être mise en vigueur que lorsque tous les
mécanismes administratifs auraient été bien mis en place.
Chaque fois que le ministre apportera des modifications aux règlements
ou des correctifs administratifs, nous les accueillerons avec beaucoup de
satisfaction.
Quant aux médicaments, M. le Président, et au sujet des
chèques, il s'agit de simplifier la procédure. Il s'agit de
transmettre les chèques le plus tôt possible aux
bénéficiaires d'assistance sociale. Quand on sait que les
bénéficiaires d'assistance sociale doivent déjà se
soumettre à des démarches qui sont parfois difficiles et
humiliantes pour eux, je crois que c'est de nature à faciliter les
communications entre les assistés sociaux et les bureaux.
D'autre part, M. le Président, je crois qu'il est important, en
effet, que les effectifs les surnuméraires, les occasionnels qui
ont été employés étant donné que,
pendant encore quelques mois, il y aura beaucoup de travail dans les bureaux
d'aide sociale, avant que la machine ne soit rodée, soient
suffisants.
Comme le ministre l'a dit il y a un instant, il est important que le
personnel puisse préparer le travail avant l'ouverture des bureaux de
sorte que l'accueil qui sera réservé à chacun des
bénéficiaires soit beaucoup plus personnel qu'il ne l'est
actuellement et que chacun puisse se sentir bien accueilli et bien
traité dans les bureaux d'aide sociale.
M. le Président, je voudrais insister sur deux choses qui ne sont
pas directement dans la déclaration ministérielle, si le ministre
me le permet je l'ai déjà dit en Chambre c'est
l'information que les agents de bien-être doivent donner aux
bénéficiaires d'assistance sociale quant à leurs droits
pour la révision et la commission d'appel.
Je sais que ce n'est pas encore parfait de ce
côté-là. Les bénéficiaires qui viennent
à nos bureaux ne connaissent pas les mécanismes mis à leur
disposition par la loi pour faire revérifier leur dossier et se
prévaloir de leurs droits.
Alors, je demanderais au ministre de revenir à la charge
vis-à-vis des agents de bureaux de bien-être pour insister sur ce
fait. Quant à l'autre remarque, je n'ai pas encore rencontré,
comme député, d'assisté social dont l'allocation ait
augmenté. Je sais que le ministre en est conscient. Il s'agit du taux
des tables, je sais que le contexte actuel n'est pas facile avec le nombre de
chômeurs et d'assistés sociaux mais, par contre, je crois qu'il y
a des classes de bénéficiaires, actuellement, dont l'allocation
ne peut correspondre à leurs besoins essentiels.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: Merci, M. le Président. Je dois ici remercier le
ministre et mentionner que j'ai bien reçu son communiqué et qu'il
n'a été, comme le mentionne parfois l'Opposition officielle,
intercepté par aucun espion.
M. PAUL: C'est le député de Mégantic qui parle de
ça.
M. BOIS: Je dois dire ici mon appréciation au ministre des
Affaires sociales pour les paiements qui seront effectués directement
aussi bien pour les médicaments que pour les chèques d'allocation
sociale. Cette procédure aura l'immense avantage d'aider beaucoup de
personnes malades qui éprouvent beaucoup de difficulté à
se rendre aux bureaux aux heures mentionnées.
Je profite cependant de l'occasion du communiqué pour demander au
ministre s'il n'y aurait pas lieu de continuer à scruter davantage la
possibilité d'augmenter le nombre des enquêteurs. Parce qu'en
réalité, le nombre de ces enquêteurs sur la route,
d'après les informations que nous avons recueillies sur place, semble
sans aucun doute peu élevé en regard des cas à
examiner.
J'en profite pour formuler au ministre une demande à laquelle il
avait accédé lors du dernier amendement apporté au
règlement, en avril, soit la révision de l'équité
de la propriété à $15,000. Est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu, lorsque les règlements et le temps le permettront aux
fonctionnaires, de bien vouloir réexaminer la possibilité de
ramener tous ceux qui ont subi la restriction du maximum de $8,000, à
$15,000, c'est-à-dire, ceux qui ont été, non pas
pénalisés, mais qui ont quand même souffert de cette
restriction.
Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, nous ne critiquons une
déclaration ministérielle que lorsque la logique et le souci du
bien collectif nous y obligent.
Dans la présente déclaration ministérielle, nous ne
trouvons rien à critiquer, et il me fait plaisir d'en féliciter
le ministre.
M. LE PRESIDENT: Dépôt de documents. Questions des
députés.
Questions et réponses
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
Fedco
M. DEMERS: Ma question s'adresserait au ministre de l'Agriculture.
DES VOIX: II est là.
M. DEMERS: Je ne sais pas s'il est allé soigner ses
volailles.
M. LACROIX: H est allé ramasser ses oeufs.
M. DEMERS: Je la pose et on la lui transmettra.
DES VOIX: Le voici.
M. DEMERS : Le ministre ayant déclaré hier, à la
suite de la rencontre avec les producteurs d'oeufs qui ne font pas partie de
Fedco, qu'il pourrait agir comme intermédiaire entre eux et la compagnie
Fedco, je lui demanderais s'il a trouvé des mesures ou des moyens pour
pratiquer cette action. S'il en a trouvé, j'aimerais qu'il en fasse part
à la Chambre avant que cela prenne les galeries et que cela s'envole
comme les oiseaux que nous avions hier devant le parlement.
M. TOUPIN: M. le Président, je leur ai proposé d'entrer en
contact avec Fedco et de tenter de faire valoir leur grief. Une fois que ce
premier contact sera établi entre Fedco et ce groupe de producteurs,
comme je l'ai dit hier, je suis prêt à rencontrer les deux groupes
et à discuter avec eux de la possibilité de trouver une solution
au problème qui, au fond, n'est pas aussi grave qu'on le croit, parce
que, déjà, une bonne partie de ce problème a
été réglée hier.
M. DEMERS: Question additionnelle, M. le Président. Le ministre
pourrait-il nous dire quels sont les griefs exacts qu'ont fait valoir les
producteurs d'oeufs?
M. TOUPIN: Le principal est le suivant: Fedco offre à des
distributeurs des contrats, mais en vertu d'un certain nombre de normes. Les
normes établies par Fedco sont trop sévères pour que ces
derniers, les producteurs d'hier, puissent obtenir des contrats. C'est le grief
fondamental. On dit bien des contrats de distribution. Il n'est pas question,
à ce moment-là, de contrats de production, car il n'en existe
pas. Un cas déjà, entre cinq exposés hier, est
réglé; un deuxième est sur la voie du règlement. Il
ne restera que deux ou trois autres petits cas qu'il faudra régler
à mesure que les contacts s'établiront avec la
fédération.
M. VINCENT: Question supplémentaire, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet, sur une
question additionnelle.
M. VINCENT: Est-ce qu'en définitive les Producteurs progressifs
veulent être exemptés de l'application du règlement no 5?
N'est-ce pas, en définitive, leur but?
M. TOUPIN: Non, M. le Président. Hier, comme je l'ai
déclaré, tout le monde était entièrement d'accord
sur le principe de l'agence; ils étaient également tous d'accord
sur le principe du plan; ils étaient également tous d'accord pour
qu'il y ait une organisation qui fasse la mise en marché de ce produit
au Québec. Tous étaient d'accord. Le seul problème
rencontré et qui fait l'objet d'un grief, c'est celui que j'ai
expliqué tantôt au député de Saint-Maurice.
M. VINCENT: M. le Président, question supplémentaire. Le
problème se situe au niveau du règlement no 5, à un
article...
M. LE PRESIDENT: Question, s'il vous plaît.
UNE VOIX: C'est un préambule. M. VINCENT: M. le
Président... UNE VOIX: II n'a pas de question.
M. VINCENT: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si, en vertu de la
loi de mise en marché des produits agricoles du Québec...
UNE VOIX: Question!
M. VINCENT: ... loi administrée par la Régie des
marchés agricoles, il est possible qu'un groupe de producteurs puisse
dans le cas présent, selon les griefs exposés par les
producteurs hier faire une demande à la régie des
marchés et être exempté d'une partie d'une clause du
règlement no 6?
Je pense que c'est clair. C'est le seul problème qui est en
litige à l'heure actuelle et tous ces pouvoirs sont présentement
entre les mains de la régie des marchés.
M. TOUPIN: M. le Président, je suis d'accord avec le
député de Nicolet que tout groupe de producteurs peut demander
à la Régie des marchés agricoles du Québec
d'être exempté d'un plan conjoint de l'application, en
totalité ou en partie. Je ne sais pas si cette requête a
été formulée à la Régie des marchés
agricoles du Québec, mais ce n'est pas ce qui fut hier l'objet de nos
discussions.
L'objet de nos discussions était purement et simplement d'essayer
de s'entendre avec la fédération sur le problème que
j'expliquais au député de Saint-Maurice. Rien de plus.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lotbinière,
sur une question additionnelle.
M. BELAND: M. le Président, est-ce que la totalité des
oeufs saisis à venir jusqu'à ce jour provenait de producteurs
québécois?
M. TOUPIN: M. le Président, j'ai déjà
répondu à cette question. Le mandat confié aux inspecteurs
n'est discriminatoire envers quiconque. Lorsqu'il y a une saisie à
faire, on ne regarde pas d'où provient le produit.
M. BELAND: Question additionnelle, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: Est-ce que le ministre pourrait préciser davantage?
J'ai bien demandé si la totalité des oeufs saisis provenait de
producteurs québécois ou s'il y en avait de producteurs d'autres
provinces?
M. TOUPIN: II y en a des provinces extérieures, de l'Ontario
notamment, et il y en a également des producteurs
québécois. Des deux. Il y a deux secteurs, celui du Québec
et celui de l'Ontario. Mais il n'y a pas de discrimination. Ce que je veux dire
par là, c'est que tous les oeufs qui sont mis en marché au
Québec à l'encontre du règlement de mise en marché,
s'ils se trouvent dans un établissement où sont des inspecteurs,
on en fait la saisie. C'est ce que je veux dire.
M. BELAND: Quelle est la proportion entre les oeufs provenant des autres
provinces et les oeufs provenant des producteurs québécois?
M. TOUPIN: Je pense que tout le monde connaît la proportion. Cela
fait assez longtemps qu'on en parle. On dit que les producteurs du
Québec en produisent 50 p.c. et ceux de l'Ontario et des autres
provinces, évidemment, peuvent satisfaire le reste du marché.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TOUPIN: Dans le domaine des saisies, je ne puis donner de
façon précise la provenance du produit. Je pense qu'il serait
peut-être assez difficile de l'établir.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis, sur
une question additionnelle.
M. ROY (Lévis): M. le Président, toujours sur le
même sujet. Avant-hier, j'avais posé une question à
l'honorable ministre de l'Agriculture et de la Colonisation. Est-ce
qu'après l'entrevue d'hier le ministre de l'Agriculture a consenti, vu
qu'il y a de présumés arrangements qui doivent se faire avec
Fedco, à ce que les producteurs du Québec aient l'avantage de
pouvoir continuer à écouler leurs produits jusqu'au jour
où des arrangements seront faits avec la firme concernée?
M. TOUPIN: M. le Président, rien n'empêche quelque
producteur que ce soit de mettre en marché son produit au Québec.
Des règlements sont établis et ont été
acceptés par le gouvernement. Si les producteurs, d'où qu'ils
soient, ne respectent pas ces règlements, ils sont assujettis aux lois
qui existent.
Le problème posé hier par ce groupe de producteurs regarde
surtout une partie de la mise en marché, ne regarde pas
nécessairement la vente ou la non-vente par un producteur de son
produit, ça concerne surtout la possibilité d'obtenir des
contrats avec la fédération. Absolument rien n'empêche
quelque producteur que ce soit de vendre son produit à la condition
qu'il se conforme aux règlements qui existent.
M. BELAND: Question supplémentaire, M. le Président. Etant
donné la situation...
M. LE PRESIDENT: Je ne voudrais pas brimer le droit d'autres
députés de poser des questions sur des sujets peut-être
moins brûlants que les oeufs.
M. VINCENT: Moins cassants.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je n'ai au-
cune objection personnellement, mais il ne faudrait pas que les
députés se plaignent si les trente minutes passent uniquement sur
ce sujet. Je sais que le députés sont libres de juger de
l'urgence de la question, je suis prêt à considérer une
certaine urgence, mais nous allons étudier très prochainement les
crédits du ministère de l'Agriculture et de la Colonisation. Je
crois qu'à ce moment-là il y aurait lieu peut-être
d'étudier plus en profondeur cette question.
Maintenant, libre à vous, messieurs, si vous le jugez bon; je
suis bien prêt à accorder une ou deux questions, mais vous allez
être les premiers à en souffrir.
M. BELAND: M. le Président, étant donné la
situation précaire de beaucoup d'aviculteurs, est-ce que le ministre
prévoit une certaine rétribution, une certaine subvention pour
ceux qui sont près de la faillite présentement?
M. TOUPIN: Non, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
Représentants de commerce
agréés
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Ma question s'adresserait au
ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives, mais en son absence je l'adresse au leader du
gouvernement. Est-ce que le gouvernement aurait l'intention de présenter
un projet de loi constituant en corporation professionnelle les
représentants de commerce agréés du Québec?
M. LEVESQUE: Evidemment, M. le Président, toutes ces questions de
corporations relativement aux professions font l'objet d'une étude
particulière. Il n'est pas question uniquement de cette corporation,
mais de toutes les corporations professionnelles. Nous serons probablement en
mesure de faire connaître la politique du gouvernement dans un avenir
prochain.
M. DUMONT: M. le Président, question supplémentaire.
Considérant que ce projet de loi est à l'imprimerie de
l'Assemblée nationale, est-ce que le leader du gouvernement ne pourrait
pas en demander l'impression le plus rapidement possible afin de pouvoir
étudier en première et en deuxième lectures les avantages
de ce projet de loi énoncé tout à l'heure?
M. LEVESQUE: M. le Président, je ne veux ni infirmer ni confirmer
le fait qu'il soit à l'impression, mais je dois dire que le
gouvernement, comme d'habitude, lorsqu'il le jugera opportun, présentera
toute législation qu'il jugera à propos. Mais, comme d'habitude,
il en donnera suffisamment avis aux honorables membres de cette Chambre afin
qu'ils aient tout le loisir d'étudier, comme ils le font toujours
d'ailleurs, la législation gouvernementale.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
Grève à 1'Hydro
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, ma question
s'adresse au ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. On sait que les
employés de l'Hydro-Québec, local 1,500, qui sont affiliés
au Syndicat canadien de la fonction publique sont en grève depuis
quelques jours. Est-ce que le ministre a l'intention d'intervenir d'une
manière ou d'une autre afin d'aider les deux parties à en venir
à un accord qui donnerait satisfaction à tout le monde?
M. COURNOYER: La position du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
jusqu'ici a toujours été et continue d'être, jusqu'à
demain matin au moins, d'intervenir lorsque les deux parties le demanderont. A
ce moment-ci, aucune des deux parties, que je sache, ne m'a demandé
d'intervenir pour régler le problème.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que les rumeurs d'une injonction sont
fondées? Est-ce que le ministère a l'intention de prendre une
injonction contre les employés de 1'Hydro?
M. COURNOYER: Disons que ce ne serait pas le ministère qui
prendrait l'injonction, ce serait probablement l'Hydro, mais
l'Hydro-Québec ne parle pas tellement de ce temps-ci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
CEGEP de la région de Chicoutimi
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai une question
à l'intention du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. A la suite
de la déclaration qu'a faite le ministre de l'Education concernant la
création d'un CEGEP région-1 j ai reçu un
télégramme du syndicat des professeurs de la région de
Chicoutimi qui se plaint de ce que ni les étudiants ni les professeurs
ni les conseils d'administration locaux n'ont été
consultés.
Mais ce qui intéresse le ministre du Travail, c'est ceci: on dit
que cette décision du ministre de l'Education a été prise
au mépris des conventions collectives. Est-ce que le ministre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Après ce trop long préambule,
je demanderais au député de poser sa question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, M. le Président, si vous me le
permettez, il était important que j'indiquasse au ministre quel
était l'objet de ma question et que je lui donne
les sources de renseignements. Je sais que vous êtes fort aimable,
M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Je connais trop bien la clarté de pensée
du député de Chicoutimi pour qu'il ait besoin de l'abus de
préambules. Je sais bien que, s'il voulait poser sa question, les
préambules ne seraient pas nécessaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vous remercie de
cet hommage que vous me rendez. Je vais poser ma question directement. Est-ce
que le ministre du Travail a été informé, par le syndicat
des professeurs de la région de Chicoutimi ou par son collègue de
l'Education, du fait que la décision qui a été prise l'a
été au mépris des conventions collectives existantes qui
régissent les professeurs de toute cette région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean?
M. COURNOYER: Telle que posée, la question s'adresse bien au
ministre du Travail. Effectivement, je ne suis pa's au courant du contenu des
conventions collectives en question. Je ne sais pas s'il y a eu infraction. Je
n'en ai été informé ni par mes officiers, ni par le
ministère de l'Education. Maintenant, vous dites que ç'a
été fait au mépris de la convention collective. Reste
à voir quelle est la version de celui qui a créé le CEGEP,
qui a "extensionné" le CEGEP. Ce n'est pas moi; c'est le ministre.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education répondra,
M. SAINT-PIERRE: Je suis effectivement au courant qu'au moment
même, je pense, où nous nous parlons, il y a quelqu'un de la
Direction générale de l'enseignement collégial du
ministère qui rencontre le syndicat des professeurs. Dans la
déclaration que nous faisions l'autre jour, il faut voir deux temps. Un
premier temps qui est un processus de recherche avec le milieu pour trouver une
formule juridique apte à assurer la qualité de l'enseignement
collégial dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. La
deuxième étape, celle que nous traversons dans le moment, c'est
la prise de décision qui revient aux institutions qui existent
actuellement et qui implique, évidemment, une participation avec les
étudiants, avec les parents et avec les professeurs.
Alors, au moment même où nous nous parlons, je pense qu'il
a des rencontres effectivement avec le syndicat des enseignants aux deux
endroits, Jonquière et Chicoutimi. Enfin, la convention collective sera
respectée entièrement même s'il y a changement du statut
juridique de l'institution concernée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que le ministre de l'Education peut me dire si, avant
l'annonce de la décision qu'il a prise, les parents, les professeurs et
les conseils d'adminis- tration, de même que les étudiants avaient
été consultés?
M. SAINT-PIERRE: Eh bien, M. le Président, il n'y a pas eu
effectivement une décision du ministère dans ça. Nous
avons endossé les recommandations d'un comité du milieu qui,
depuis neuf mois, s'était penché sur le problème. La prise
de décision revient au conseil d'administration des deux CEGEP qui
existent actuellement. Déjà, hier soir, le conseil
d'administration de Jonquière a endossé à
l'unanimité les recommandations. A chacune de ces
institutions-là, il y à effectivement une représentation
des parents et des professeurs. Dans le cas de Chicoutimi, des consultations,
des démarches vont se poursuivre pour mettre au courant le syndicat des
professeurs, pour voir quelles sont les mesures de transition qui devraient
être respectées et quel est le cheminement que nous devrions
suivre au cours des prochains mois.
Tout ça pour dire que les décisions ne sont pas prises
actuellement. Nous avons simplement, nous du ministère, à
endosser les recommandations, je dis bien, d'un comité régional
qui s'était penché sur le problème.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que le ministre de l'Education pourrait consulter son
collègue des Affaires municipales afin d'étudier les implications
fiscales en ce qui concerne la ville d'Arvida?
M. SAINT-PIERRE: II n'y a aucune complication puisque la loi que nous
avions prévue l'autre jour mentionnait spécifiquement les
superficies de plancher utilisées pour fins d'enseignement. Dans le cas
d'Arvida, même si le siège social est là, il n'y a aucune
implication sur le plan des $25 par élève, si c'est ce que vous
mentionnez, en vertu des dispositions récentes qui ont été
votées par l'Assemblée nationale. Il n'y a aucun changement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
Promotion et Succès Limitée
M. BOIS: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
l'Education. Le ministre est-il au courant qu'une nouvelle
société, agissant sous le nom de "Promotion et Succès
Limitée" maintenant, ils ne sont plus inspirés, il sont
promus fonctionnerait depuis dimanche à Granby et que ladite
société serait enregistrée à Edmunston,
Nouveau-Brunswick?
M. SAINT-PIERRE: J'en prends note. Je sais, pour en avoir discuté
avec le contentieux du ministère de l'Education, que nous avons
actuellement un nombre très élevé de causes pendantes avec
des institutions, causes que le député avait portées
à notre attention antérieu-
rement. Je prends note de celle qui est mentionnée aujourd'hui et
nous allons entreprendre des démarches immédiates pour avertir
ces gens et faire cesser leurs activités. Nous allons prendre les
procédures nécessaires.
M. BOIS: Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Jeux d'été du Québec
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
l'Education responsable du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs
et aux sports. Est-il exact que le mandat d'organiser et de planifier les jeux
d'été du Québec, qui avait été confié
jusqu'ici aux services régionaux de loisirs, aurait récemment
été transféré aux différentes
fédérations sportives, c'est-à-dire à la
Fédération des sports du Québec?
M. SAINT-PIERRE : A ma connaissance, c'est inexact. Il n'y a eu aucun
changement par rapport à la politique de l'an dernier. Ce sont encore
les conseils régionaux de loisirs qui auront le mandat d'organiser, sur
leur territoire, les jeux du Québec.
M. LEGER: Question supplémentaire, M. le Président. Est-ce
que le ministre peut nous dire quels sont les objectifs que le gouvernement
entend atteindre par ces jeux du Québec? Est-ce d'abord la participation
de la masse ou simplement la formation d'une élite sportive qui devrait
nous représenter aux Jeux olympiques bientôt, selon l'optique des
services régionaux de loisirs qui désirent la participation de la
masse ou celle de la Fédération sportive qui veut préparer
des athlètes pour les jeux olympiques?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, c'est un peu comme en
matière constitutionnelle: il n'y a pas de blanc ou de noir, il y a
beaucoup de gris. C'est un peu les deux objectifs. D'une part, nous voulons
susciter une participation de la masse. Mais il est évident que le but
ultime ou la fin ultime d'une telle démarche, sur le plan des loisirs et
des sports, est de permettre à des Québécois de participer
et de nous représenter avec un certain brio aux Jeux olympiques de 1976.
Or, pour avoir un sport d'élites, pour avoir une participation
d'élites, il nous faut susciter la participation de la masse et tenter
de l'encourager.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Berthier.
Compagnie Jean-Charles Martel
M. GAUTHIER: Ma question s'adresse au premier ministre. Il y a quelques
semaines, déjà, j'avais adressé certaines questions au
ministre de l'Industrie et du Commerce relativement à la compagnie
Jean-Charles Martel de Saint-Michel-des-Saints. Depuis ce temps, la situation
dont j'avais fait état ne fait que se détériorer. Les
rumeurs veulent que cette compagnie soit bientôt obligée de cesser
ses activités. Les billes de merisier qui étaient
entreposées...
M. LE PRESIDENT: Question s'il vous plaît.
M. GAUTHIER: Oui. ...près de l'industrie n'ont jamais
été sciées. L'on m'informe aujourd'hui qu'elles sont en
train d'être transportées. On m'a avisé ce midi...
M. LE PRESIDENT: Question, s'il vous plaît.
M. GAUTHIER: II faut que j'en vienne là, M. le Président,
malheureusement. Les gens de la région tenteraient de barrer les routes
pour empêcher ce transport dès cet après-midi. Je voudrais
savoir du premier ministre j'arrive à ma question ce qu'il
entend faire pour corriger cette situation, ce qu'il entend faire pour
maintenir l'ordre et surtout ce qu'il entend faire pour donner de quoi vivre
à toute cette population.
M. BOURASSA: M. le Président, je prends avis des faits
énoncés par le député. Je vais entrer en
communication avec les responsables pour voir s'il n'y a pas lieu de corriger
la situation.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
Représentants de l'Opposition à
Victoria
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce que je pourrais demander
au premier ministre si au cours des dernières 48 heures il a
modifié sa décision et aurait enfin accepté de permettre
la présence des représentants des partis de l'Opposition à
la conférence de Victoria?
DES VOIX: A l'ordre! DES VOIX: Non.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Richmond.
M. BROCHU: J'espère que je vais être plus chanceux avec ma
question et que j'aurai une réponse! M. le Président, ma question
s'adresse...
M. BOURASSA: M. le Président, je n'ai pas compris le début
de la question. Le début de la question, qu'est-il?
M. ROY (Beauce): J'ai demandé au premier ministre si au cours des
dernières 48 heures il a modifié sa décision...
DES VOIX: Non.
M. ROY (Beauce): ...et avait enfin accepté de permettre la
présence des représentants des partis de l'Opposition à
l'importante conférence de Victoria.
M. BOURASSA: J'ai répondu hier, M. le Président, qu'il est
à prévoir que la majeure partie de la conférence sera
à huis clos. Seule la séance d'ouverture, sauf imprévu,
sera publique. Donc, je ne vois pas en quoi le voyage serait utile. Et, selon
mes informations, il n'y aura pas d'observateurs des partis de l'Opposition du
côté fédéral.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Richmond.
M. BROCHU: Ma question s'adresse au député de Charlevoix,
adjoint à la Voirie, je crois.
M. LE PRESIDENT: Au ministre. Calcium sur les routes
M. BROCHU: En l'absence du ministre de la Voirie, je demanderai au
premier ministre d'en prendre note et de la transmettre. Est-ce que le ministre
de la Voirie pourrait intervenir auprès du Conseil du trésor pour
donner suite aux demandes de chlorure de calcium qui sont effectuées par
les différents comtés, entre autres ceux des Cantons de l'Est,
pour l'épandage du calcium sur les routes qui fait défaut?
On m'a avisé que c'était bloqué au niveau du
Conseil du trésor. Alors pourrait-on aviser le ministre de la Voirie
d'intervenir?
M. MAILLOUX: M. le Président, pour le ministre de la Voirie, je
voudrais répondre que ce matin même, le sous-ministre de la
Voirie, M. Blais, a fait le nécessaire afin de s'enquérir
où en étaient rendues les livraisons de calcium dans tous les
comtés ruraux du Québec. Je pense que, dans le cours de la
journée, les ordres seront donnés, pour que, dans toutes les
régions, le calcium soit livré là où il ne l'a pas
été.
M. LE PRESIDENT: Dernière question. Le député de
Lafontaine.
Films des prochains Jeux Olympiques
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Affaires culturelles. A la suite de plusieurs rumeurs qui nous sont parvenues
de sources différentes, le ministre est-il au courant que le contrat
principal de tournage de films au cours des prochains Jeux olympiques de 1976
serait prêt à être donné à une firme
américaine plutôt qu'à des maisons
québécoises? Si le ministre n'est pas au courant, peut-il
vérifier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je prends avis, M. le Président, et je
vérifierai.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LEVESQUE: Affaires du jour? M. le Président, voici ce que nous
suggérons quant à la marche des travaux de la Chambre
aujourd'hui. Nous pourrions, à la salle 81-A, terminer les travaux
entrepris par la commission des bills publics et privés. On me dit qu'il
en reste pour environ une demi-heure. Je ne le sais pas. Ensuite, à
cette même salle nous pourrions entreprendre l'étude des
crédits du ministère de l'Agriculture et de la Colonisation.
Je ne sais pas, évidemment, si le leader parlementaire de
l'Opposition officielle siège à deux endroits. Je ne voudrais pas
le surcharger lors de son anniversaire de naissance mais tout de même, je
suggérerais qu'à... Pardon?
M. DROLET: Allons-nous lui donner la bascule?
M. PAUL: C'est un gros contrat que vous avez là!
M. VEILLEUX: Vingt-cinq ans?
M. LEVESQUE: Je suggérerais qu'à la salle 91-A, nous
puissions tenter de terminer l'étude des crédits du
ministère des Affaires municipales, sauf pour ce qui est du domaine de
l'environnement auquel on reviendra dès le retour du responsable.
A huit heures quinze, ce soir, nous pourrons poursuivre, à la
salle 91-A, quel que soit le sort que l'on réserve à mon
collègue des Affaires municipales, l'étude des crédits du
Conseil exécutif.
M. LEGER: M. le Président, puis-je faire remarquer au leader
parlementaire que la commission des Affaires municipales ne pourra pas se
terminer ce soir puisque le Dr Goldbloom ne doit revenir que demain, pour la
section de la pollution?
M. LEVESQUE: Je viens de le dire.
M. le Président, ici, en Chambre, nous pourrions entreprendre
l'étude des deux projets de loi, soit le projet de loi no 40, d'abord,
et ensuite le projet de loi no 69, pour répondre au désir du chef
du Parti québécois, qui doit en même temps être
critique de ces deux bills. Nous siégerons ce soir à la
commission du Conseil exécutif, à la salle 91-A. Nous aborderons
donc l'étude du projet de loi no 40, la Loi médicale, tout
d'abord et ensuite celle du projet de loi no 69, jusqu'à six heures.
Nous ajournerions le débat à six heures pour revenir en
comité des subsides. A huit heures et quart, nous pourrions entreprendre
l'étude des crédits du ministère des Richesses naturelles
quitte, demain matin, à revenir à la législation si
elle n'est pas terminée. Cette législation comprendrait
également, s'il est possible de le faire, l'étude du bill 39
dès demain, Loi modifiant la loi des tribunaux judiciaires.
Alors, M. le Président, demandons-nous d'aller en subsides ou
simplement que les entrées soient faites? Que les entrées soient
faites.
J'en profite pendant que je suis debout pour faire motion qu'à la
commission parlementaire de l'Agriculture et de la Colonisation le nom de M.
Fraser soit substitué à celui de M. Blank, comme président
de la commission, et qu'à la commission parlementaire des Affaires
municipales les noms de MM. Séguin, Saindon et Coiteux soient
substitués à ceux de MM. Dion-ne, Picard et Perreault.
M. LE PRESIDENT: Ces motions sont-elles adoptées?
Adopté.
Dépôt de documents
M. LEVESQUE: M. le Président, si on me permet de revenir au
dépôt de documents, qu'il me soit permis de déposer le
rapport annuel de la Société du parc industriel du centre du
Québec pour l'exercice terminé le 31 mars 1970.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
M. DUMONT: En revenant aux motions non annoncées, que le nom,
à la commission des bills publics et privés, d'Armand Bois,
député de Saint-Sauveur, soit remplacé par celui du
député de Mégantic.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, le président de la
commission des Transports me fait remarquer que, vu que des entrées
seraient faites par le secrétaire, il pourrait immédiatement,
avec le consentement unanime, faire rapport.
M. PICARD: M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que
la commission des Transports, qui a étudié les crédits de
ce ministère, a adopté lesdits crédits.
M. LE PRESIDENT: Vous allez faire les entrées nécessaires
avec le consentement unanime de la Chambre.
M. PAUL: M. le Président, vu que les crédits ont
été presque entièrement étudiés en Chambre,
nous n'aurions pas d'objection, même si le rapport nous vient du
comité des crédits, qu'ils soient considérés comme
entièrement complétés.
M. LEVESQUE: Merci. Article 14.
Projet de loi no 40 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales propose la
deuxième lecture du projet de loi numéro 40, Loi modifiant la loi
médicale.
M. CASTONGUAY: M. le Président, comme il a déjà
été mentionné par le gouvernement antérieurement,
c'est notre intention d'apporter dans un ensemble aussi complet et
cohérent que possible des modifications aux lois corporatives des
professions dans le secteur de la santé.
Comme il s'agit d'une tâche considérable, qu'elle n'est pas
terminée et que, d'autre part, deux problèmes nous ont
été soulignés récemment, deux problèmes qui
ont été identifiés à la suite de la mise en vigueur
de la Loi de l'assurance-maladie, il a été nécessaire de
présenter ce bref projet de loi...
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je n'aurais qu'un bref
commentaire à faire. Pour ma part, je n'ai pas d'objection à
aller en comité plénier immédiatement; le ministre pourra
y faire ses commentaires, si c'est l'assentiment des deux autres partis de
l'Opposition.
M. CASTONGUAY: Mes commentaires sont extrêmement brefs parce qu'il
n'y a vraiment pas de principe dans cette loi; il s'agit de régulariser
deux situations qui n'avaient pas été prévues lors de
l'adoption de la Loi médicale il y a bien des années.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, nous pouvons aller en comité,
vous pourrez faire vos observations en comité.
M. TETRAULT: M. le Président, pour notre part, nous aimerions
entendre les commentaires du ministre en deuxième lecture avant d'aller
en comité.
M. LEVESQUE: Si vous voulez aller en comité, il pourra les faire
en comité.
M. TETRAULT: Qu'il continue son exposé et après cela nous
irons en comité.
M. LEVESQUE: C'est votre privilège.
M. CASTONGUAY: Alors, je serai très bref, M. le
Président.
M. Claude Castonguay
Présentement, conformément à l'article 24 de la Loi
médicale, le Bureau provincial de médecine peut accorder à
un médecin qui n'est pas citoyen canadien un enregistrement temporaire
pour la durée de l'engagement d'un professeur dans une faculté de
médecine au Québec.
Toutefois la loi est très claire sur ce point cet
enregistrement ne lui confère pas le droit d'exercer la médecine.
Par contre, l'on sait fort bien que, dans l'enseignement de la médecine,
dans la plupart des spécialités, l'aspect clinique est
extrêmement important. Au cours des années, dans chacune des
facultés de médecine du Québec, des professeurs, qui sont
venus de l'étranger et de différents pays, qui ont reçu
ces enregistrements temporaires, ont pratiqué la médecine dans le
cadre de leur enseignement. L'ayant fait dans le cadre de leur enseignement,
ils l'ont fait également, dans certains cas, à titre de pratique
privée.
Lors de la mise en application de la Loi de l'assurance-maladie, la
Régie de l'assurance-maladie, qui a étudié la Loi
médicale de façon attentive, à nouveau s'est rendu compte
qu'au cours des années cette pratique s'était
développée sans que, pour autant, la Loi médicale ait
été modifiée. La Régie de l'assurance-maladie n'a
donc pas pu verser d'honoraires aux médecins qui ont ce type
d'enregistrement temporaire et qui font de l'enseignement pour les actes
médicaux qu'ils posent. On sait également qu'au cours des
années le niveau de rémunération des médecins qui
font de l'enseignement s'est établi en tenant compte, dans une certaine
mesure, du fait qu'ils pratiquent également la médecine, soit
dans le cadre immédiat de leur pratique ou autrement.
Comme cette situation doit être régularisée,
à notre avis, et qu'il n'est pas question de hausser la
rémunération de tous les professeurs qui s'adonnent à la
pratique de la médecine en même temps qu'ils font de
l'enseignement c'est-à-dire de hausser leur
rémunération pour la partie enseignement la façon
qui nous est apparue la plus logique de régulariser cette situation est
de permettre à ces médecins, pendant la durée de leur
enregistrement temporaire, d'exercer la médecine de plain-pied.
Conformément à l'article 22 de la Loi de l'admission à
l'étude des professions, c'est-à-dire le bill 64 qui a
été approuvé il y a quelques mois, cet enregistrement
temporaire ne devra pas excéder un an. Donc, c'est le maintien de la
situation actuelle.
Enfin, étant donné que, de bonne foi, des médecins
de l'étranger, qui avaient des enregistrements temporaires, ont
posé des actes médicaux et qu'ils n'ont pas été
rémunérés depuis le 1er novembre, nous proposons, dans ce
projet de loi, que les modifications proposées prennent effet
rétroactivement au 1er novembre. Je devrais également mentionner
le nombre de médecins qui ont des enregistrements temporaires
présentement. A la faculté de médecine de Sherbrooke, 24;
à McGill, 28; à Laval, 7 et à Montréal, 5. Il
s'agit d'environ 60 médecins qui, depuis le mois de novembre, ne peuvent
recevoir de rémunération pour les actes médicaux qu'ils
ont posés, ce qui leur crée un problème financier assez
sérieux.
La deuxième modification que nous propo- sons a trait à
l'équivalence des diplômes. La Loi médicale actuelle dit
clairement que, pour être admis à la pratique, il faut
détenir un doctorat en médecine. Or, l'on sait fort bien que,
dans la plupart des universités à l'extérieur du
Québec, les étudiants en médecine, au terme de leurs
études, ne reçoivent pas un doctorat en médecine, mais
reçoivent plutôt soit un baccalauréat, soit une licence,
c'est-à-dire les diplômes réguliers qui sont
décernés dans les diverses facultés. Le doctorat
correspond vraiment, dans ces universités, à ce que nous
convenons d'appeler, en Amérique du Nord, le Ph. D. ou le doctorat
à la suite d'une thèse de doctorat complétant des
études vraiment postuniversitaires.
Or, un certain nombre de médecins français en stage au
Québec, comme internes, résidants ou moniteurs, n'ont pas de
doctorat en médecine, sauf qu'ils ont, dans leur pays, un diplôme
qui leur permet d'exercer la médecine qui est l'équivalent du
diplôme que nos médecins reçoivent au terme du premier
cycle d'études ou encore à leur graduation dans nos
facultés de médecine.
Alors, l'article 2, du projet de loi que nous proposons pour adoption
à la Chambre, permettrait au Bureau provincial de médecine de
reconnaître tout diplôme en médecine, délivré
hors du Québec, comme équivalent à un diplôme de
docteur en médecine délivré au Québec.
Ce n'était évidemment pas l'intention du
législateur d'exiger un doctorat au sens strict au terme d'études
postuniversitaires lorsque la Loi médicale a été
rédigée. Il s'agit uniquement d'une clarification à
apporter à l'article 46 de la Loi médicale.
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, M. le Président, un seul
commentaire. J'ai dit tantôt que j'aurais peut-être quelques
questions à poser au ministre, mais il a répondu par
anticipation. Quant au nombre de médecins, je voudrais dire que nous
sommes parfaitement d'accord sur ce projet de loi qui va, d'une part,
régulariser une situation en permettant aux médecins, qui sont
engagés dans l'enseignement et qui dispensent des soins médicaux,
d'être rémunérés. C'est normal pour les soins
professionnels qu'ils dispensent.
Les deux dispositions du projet de loi, dont celle qui concerne
l'équivalence du diplôme, vont permettre d'accroître les
effectifs médicaux. Comme on le sait, avec la forte demande dans le
domaine de l'assurance-maladie, cela fera des médecins de plus au
service de la population. Nous sommes parfaitement d'accord sur le projet de
loi.
M. Armand Bois
M. BOIS: M. le Président, nous croyons que le projet de loi
présenté est bienvenu dans sa formule générale.
Nous en recommandons la teneur.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, nous sommes également d'accord
sur les deux principes de ce projet de loi. Je crois que la loi vient corriger
une situation qui a été désavantageuse, non seulement pour
les individus qui ne pouvaient pas, jusqu'ici, bénéficier de ces
avantages, mais également pour la situation de l'enseignement dans
certaines facultés de médecine. Je pense que ceci privait
certaines facultés d'attirer ici des savants éminents qui
étaient empêchés d'y venir justement à cause du
manque d'avantages qu'on pouvait leur offrir, relativement à certains
autres pays.
J'ai entendu, durant de longues années, des objections à
cet état de choses et je suis heureux que le gouvernement prenne
l'occasion de l'instauration du régime de l'assurance-maladie pour
apporter un remède à cette situation. Je pense qu'un des effets
heureux, bien que secondaire du projet de loi, sera de permettre à
certaines facultés de médecine d'élargir et de bonifier
leur cadre professoral.
Par ailleurs, M. le Président, toute médaille a son revers
et il ne faudrait quand même pas que ce projet de loi permette à
un trop grand nombre de professeurs étrangers de venir grossir les rangs
du cadre professoral québécois.
Le ministre est peut-être au courant que depuis trois ou quatre
mois, il s'est formé une association de professeurs d'université
qui, aussi bien en milieu anglophone qu'en milieu francophone, aussi bien au
Canada qu'au Québec, s'inquiète énormément de la
main-mise progressive de certaines éminentes personnalités
américaines dans nos facultés universitaires.
Justement à cause d'une certaine saturation du milieu
américain ou à cause de conditions sociales qui prévalent,
plusieurs sommités américaines choisissent d'aller planter leur
tente sous d'autres cieux et tout naturellement ils sont portés, je ne
dirai pas à envahir, mais à dispenser leur enseignement dans un
pays qui est tout près du leur.
Je sais qu'il y a là un danger. Peut-être en
médecine le danger est-il beaucoup moins grand puisqu'à cause de
l'expansion considérable de nos facultés, de la
nécessité où nous nous trouvons d'admettre un plus grand
nombre de candidats à l'étude de la médecine nos cadres
professoraux de facultés de médecine sont encore assez
clairsemés et il y aura nécessité de les étoffer au
cours des prochaines années.
Il reste cependant qu'il vaut mieux prévenir que guérir.
Je demanderais peut-être immédiatement au ministre si cette
question a été abordée avec les autorités du
Collège des médecins lorsqu'il a été question de
présenter ce projet de loi à l'Assemblée nationale et si,
lors de la discussion, des assurances lui ont été données
que ce problème pourrait être réglé au cas où
il se poserait.
Par ailleurs, en ce qui concerne le deuxième principe de
l'équivalence des diplômes, là aussi nous nous
réjouissons de voir et je devrais même employer un terme
assez fort qu'une injustice sera enfin corrigée car nous avons
tous connu dans notre profession des médecins éminents qui
avaient reçu une excellente formation dans des universités
reconnues et qui se voyaient privés de la reconnaissance de ces
études avec tous les avantages pratiques qui devaient en découler
normalement.
Je me réjouis que cette situation soit corrigée, car je
suis convaincu que nous pourrons ainsi, non seulement réparer des
injustices, mais encore une fois attirer un certain nombre de médecins
éminents qui pourront être d'un grand service à notre
collectivité québécoise.
M. CASTONGUAY: M. le Président, en ce qui a trait à la
première observation faite par le député de Bourget, je
voudrais mentionner que ce projet n'a pas vraiment comme objet, en ce qui a
trait aux articles permettant de joindre à l'enregistrement pour fins
d'enseignement la permission d'exercer la médecine, en parallèle,
d'influencer soit positivement ou négativement la venue en nombre de
médecins de l'extérieur pour enseigner dans nos facultés.
C'était simplement pour régulariser une situation.
Je comprends toutefois qu'il pourrait avoir cet effet. C'est pourquoi
nous n'avons pas modifié les dispositions de la loi 64, la Loi de
l'admission à l'exercice des professions, qui imposent une limite d'un
an dans la délivrance de ces enregistrements ou ces licences
temporaires.
Alors, je crois qu'avec ce contrôle nous pourrons suivre la
situation. Si le phénomène mentionné par le
député de Brouget devait se matérialiser, nous aurions
alors là l'outil ou le mécanisme pour le contrôler. Comme
il est indiqué à l'article 22 de la Loi de l'admission à
l'exercice des professions, l'enregistrement ne pourra être
prolongé au-delà d'un an ou une période plus longue qu'un
an si ce n'est avec l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil et
lorsque l'intérêt public le requiert.
Alors je crois que nous avons là la protection requise. Si j'ai
bien compris les remarques des députés, c'était la seule
interrogation qui était vraiment formulée à l'égard
de ce projet de loi. Alors, M. le Président, j'en propose l'adoption en
deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT (Brown): Est-ce que la motion de deuxième lecture
est adoptée?
M. LAURIN: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT ( Brown ): L'honorable ministre de la Santé
propose maintenant que je quitte le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier pour l'étude du projet de loi 40.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. LE PRESIDENT (Bacon): Bill 40, article 1, adopté. Article
2?
M. FORTIER: M. le Président, à titre d'information, afin
de renseigner les jeunes qui veulent pratiquer ou étudier la
médecine. La loi dit "ou un diplôme reconnu comme
équivalent par le Bureau provincial de médecine." Cela veut dire
qu'une université autre que l'Université du Québec peut
donner un diplôme, un certificat et qu'alors le Bureau provincial de
médecine reconnaît ce diplôme et permet aux médecins
d'exercer dans le Québec.
Alors, afin de renseigner nos jeunes, qui veulent étudier la
médecine, et qui, peut-être, ne pourraient pas trouver
d'admission, parce qu'il n'y aurait pas suffisamment de place dans les
facultés de médecine du Québec, est-ce qu'on pourrait
connaître les noms des facultés de médecine ou des
universités qui seraient reconnues comme donnant un diplôme
équivalent à ceux du Québec? Est-ce qu'on pourrait les
assurer qu'une fois qu'ils auront commencé le cours dans cette
université, ils pourront, évidemment, continuer et être
reconnus?
Vous comprenez, j'ai moi-même, dans mon comté, des gens qui
demandent leur admission à la faculté de médecine. Or,
à cause du nombre croissant d'étudiants, ils ne peuvent
être admis et ceci cause ordinairement des problèmes. Par exemple,
en Gaspésie où nous avons besoin de médecins, plusieurs
jeunes veulent étudier la médecine et n'ont pas actuellement de
place dans les universités. Je comprends cela, mais est-ce qu'on
pourrait informer ces jeunes-là des endroits où ils pourraient
aller étudier et dont le diplôme qu'ils obtiendraient à
cette université-là serait reconnu comme équivalent d'un
diplôme leur permettant de pratiquer la médecine dans la province
de Québec?
C'est à titre d'information.
M. CASTONGUAY: M. le Président, il n'est pas possible de
répondre de façon précise en donnant une liste des
endroits, étant donné que le nombre de ces facultés de
médecine peut être passablement élevé. De toute
façon, l'application de la Loi médicale étant
confiée au collège, pour répondre à la question du
député, je crois que le meilleur conseil à donner à
tout étudiant qui veut aller étudier à l'extérieur,
c'est de demander, avant d'entreprendre de telles études, au
Collège des médecins et chirurgiens l'assurance que le cours dans
lequel il s'engage est bien équivalent, aux termes de la loi, au cours
qu'il aurait pu poursuivre dans une des facultés d'une université
du Québec.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté. Article 3, adopté?
M. BOIS: Un instant, M. le Président. A l'article 3, si je veux
me référer à la période d'un an dont parlait tout
à l'heure le ministre, ça veut dire que cette
permission-là sera automatiquement renouvelée tous les ans.
M. CASTONGUAY: Non, M. le Président. Nous avons maintenant, dans
les statuts ou dans la législation adoptée par cette
Assemblée, la Loi de l'admission à l'exercice des professions. Il
faut bien se rappeler que l'article, 1, l'article 2, l'article 3 s'appliquent
à des médecins qui viendraient de l'extérieur. Si ces
médecins ne s'engagent pas, conformément à l'article 4 de
la Loi de l'admission à l'exercice des professions, à
s'établir en permanence et à devenir éventuellement
citoyens, en vertu de la Loi de l'admission à l'exercice des
professions, l'enregistrement ne peut leur être accordé que pour
un an. Ce permis temporaire ne peut être octroyé par le
collège que pour un an.
Toutefois, si l'intérêt public le requiert, le
renouvellement du permis peut être accordé avec l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil. En définitive, le but visé par
la Loi de l'admission à l'exercice des professions était
d'éliminer, d'une part, les exigences de la citoyenneté comme
condition d'exercice immédiat d'une profession au Québec.
Mais, la loi demandait en retour, entre autres choses, que la personne,
pour pouvoir exercer, s'établisse en permanence et en vienne à
demander la citoyenneté canadienne étant donné les
responsabilités particulières que doivent assumer ceux qui
exercent des professions comme la profession médicale à
l'égard des citoyens de la province.
M. BOIS: Je vous remercie, M. le ministre. M. LE PRESIDENT:
Adopté. Article 4? M. BERTRAND: Adopté.
M. BACON (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que votre comité
plénier a adopté le bill 40 sans amendement.
M. HARDY (président): Ces résolutions sont-elles
agréées?
M. BERTRAND: Agréé.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture. La motion de troisième
lecture est-elle adoptée?
M. BERTRAND: Adopté.
Projet de loi no 69 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre
des Affaires sociales propose la deuxième lecture du bill
numéro 12, Loi modifiant la loi de l'assurance-maladie et la loi de la
régie de l'assurance-maladie.
L'honorable ministre des Affaires sociales.
UNE VOIX: Le bill 69.
M. CASTONGUAY: Le bill 69.
M. LE PRESIDENT: Oui, oui, le bill 69. Pardon.
M. CASTONGUAY: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur
de la province a pris connaissance de ce bill et il en recommande
l'étude à la Chambre.
M. LE PRESIDENT: Errare humanum est. M. BERTRAND: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela a dû le fatiguer, n'est-ce pas?
M. BERTRAND: C'est exact. D'accord. M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, ce projet de loi s'inscrit dans
la politique à long terme du gouvernement qui vise à rendre
accessible, au plan financier, sur une période de temps qui variera
évidemment à la suite de divers facteurs tels que les
contraintes financières, l'organisation des services, la formation du
personnel l'ensemble des services de santé aux citoyens du
Québec.
D'une part, ce projet de loi prévoit que les médicaments
prescrits deviendront accessibles, sans frais, pour certaines catégories
de personnes bien identifiées, sur lesquelles je vais revenir dans
quelques instants, et également les soins dentaires pour une autre
catégorie de personnes bien identifiées. On sait que depuis
l'adoption, en 1966, du régime d'assistance médicale dans bien
des cas le fait que les médicaments n'étaient pas couverts
signifiait qu'à la suite d'une consultation médicale des
personnes à faible revenu ou encore n'ayant d'autre source de revenu que
l'assistance financière ne pouvaient originalement se procurer des
médicaments.
Au cours des dernières années, des mesures ont
été prises pour corriger graduellement cette situation de fait
mais nous savons qu'elles ont toujours été assez lourdes, assez
peu pratiques au plan des économies possibles qui peuvent être
réalisées et aussi au plan des bénéficiaires qui
devaient se soumettre à des procédures assez lourdes et complexes
qui exigeaient des délais parfois peu compatibles avec le type de
services nécessaires.
De la même façon, dans le domaine des soins dentaires, nous
savons qu'au Québec nous avons, d'une part, une population dont
l'état de la dentition ou l'hygiène dentaire laisse grandement
à désirer.
Nous devrons, pour corriger cette situation, poursuivre les efforts
entrepris, efforts qui doivent se situer à divers plans, soit au plan de
la prévention, au plan de l'éducation, et également au
plan des traitements. Si nous avons retenu ici la couverture des soins
dentaires pour l'ensemble d'une partie de la population, c'est que nous y
voyons un effet de prévention en ce sens que c'est l'intention du
gouvernement de couvrir, dans un premier temps, par ce projet de loi, les
enfants de sept ans et moins et en parallèle de poursuivre, dans une
action toujours plus complète, plus active quant à
l'élaboration ou au développement des autres mesures dans ce
secteur.
Ce projet de loi constitue également, dans une certaine mesure,
un laboratoire qui nous permettra d'expérimenter en vue d'une extension
plus large de la couverture des médicaments, c'est-à-dire non pas
seulement aux catégories de personnes que je vais décrire mais
à l'ensemble de la population, éventuellement.
Dans un premier temps, M. le Président, nous proposons que les
bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale soient couverts, soit
environ 500,000 personnes. Egalement, par suite des droits acquis qui ont
été protégés par la Loi de l'aide sociale, que les
bénéficiaires des allocations aux aveugles, de l'aide aux
invalides, de l'assistance aux personnes âgées qui
représentent environ 10,000 personnes soient également couverts.
Enfin, nous proposons également ceci constitue un changement par
rapport à la version originale de ce projet qui avait été
déposé à la session précédente, qui avait
été référé à la commission des
Affaires sociales que les personnes qui reçoivent le maximum du
supplément de revenu mensuel garanti, conformément à la
Loi sur la sécurité de la vieillesse, soient admissibles aux
médicaments prescrits en vertu de ce projet de loi.
Donc, au total, environ 650,000 personnes bénéficieront de
ce projet bien que présentement, dans un bon nombre de cas, elles
bénéficient déjà d'une protection en vertu des
besoins spéciaux au titre de la Loi d'aide sociale ou encore en
institution. Pour un grand nombre d'elles, ce sera une couverture nouvelle et
pour plusieurs autres, un mode beaucoup plus adéquat de couverture et
une couverture plus complète, étant donné les limites
actuelles que comportent les besoins spéciaux dans la Loi de l'aide
sociale.
Quant aux soins dentaires, nous avons retenu, après diverses
suggestions qui ont pu être considérées, comme point de
départ, que les enfants de 0 à 7 ans soient couverts, soit
environ 550,000 enfants. Dans cette décision, nous avons voulu, dans la
plus grande mesure possible, tenir compte d'abord de l'insuffisance des
effectifs, de la nécessité de développer d'autres
catégories de personnel, ce qui deman-
dera évidemment que des ressources soient consacrées et
que d'autres mesures, au plan de la prévention et de l'éducation
sanitaire, soient prises, ce qui, également, exige des ressources
financières et des ressources d'autres natures. C'est pourquoi, au
départ, nous proposons que le champ d'application de la loi ne couvre
que les enfants de 0 à 7 ans. Par la possibilité que cette limite
d'âge soit haussée par le lieutenant-gouverneur en conseil, qui
aurait le pouvoir de réglementer, nous avons l'intention d'augmenter
d'année en année l'âge limite de telle sorte que l'effet
préventif visé soit maintenu en permanence dans l'avenir.
Quant au coût et au financement de cette mesure, compte tenu de
l'âge, d'abord, en ce qui a trait aux médicaments et de
l'état de santé d'une grande partie des
bénéficiaires éventuels de ce régime, il nous a
été extrêmement difficile de faire des prévisions
assez exactes des coûts.
En supposant que le coût per capita soit susceptible de varier
entre $30 et $50 par année, les coûts bruts annuels pourraient se
situer entre $20 millions et $32 millions si nous nous reportons au nombre
estimatif d'environ 650,000 bénéficiaires que j'ai décrits
tantôt.
Ce coût brut, d'autre part, nous devons l'examiner en tenant
compte du fait que présentement, selon les renseignements dont nous
disposons, aussi bien en provenance de la Loi de l'aide sociale que d'autres
sources, un montant d'environ $10 millions est dépensé au titre
des médicaments pour ces mêmes bénéficiaires, soit
par le truchement des besoins spéciaux sous la Loi de l'aide sociale ou
encore par la distribution, la remise de médicaments à une
certaine clientèle dans les institutions.
Donc, nous parlons en définitive d'une augmentation de
coûts nets de l'ordre de $10 millions à $20 millions, $21
millions, $22 millions. Nous devons également tenir compte que
normalement ces coûts seront partageables avec le gouvernement du Canada
en vertu du régime canadien d'assistance publique.
Ceci ramène également, en ce qui a trait aux
dépenses publiques ou au budget du gouvernement du Québec...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre me permettrait-il une question?
Le coût des médicaments pour les personnes qui
reçoivent le maximum du supplément du revenu garanti est-il
partageable aussi avec le gouvernement central?
M. CASTONGUAY: Si l'on regarde le régime canadien d'assistance
publique d'une façon très stricte, l'on pourrait avoir des
doutes. Il semblerait qu'en Colombie-Britannique l'on ait reconnu, comme
étant des besoins admissibles, des besoins de même nature, alors
qu'on a défini par un artifice l'établissement des besoins en
prenant toutes les personnes qui recevaient le maximum du supplément du
revenu garanti. Nous avons communiqué avec les représentants du
ministère de la Santé nationale pour entamer les
négociations, les discussions nécessaires à cette fin.
Nous croyons que si ceci a été fait dans une autre province, il
est également possible de le faire ici.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, à Victoria, si le
ministre ne remporte pas le morceau, il pourra remporter ça.
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait finalement au financement de cette
partie du projet de loi, le ministère des Affaires sociales va assumer
les frais de cette couverture, étant donné qu'elle ne s'applique
qu'à une partie de la population et qu'il ne serait pas juste de puiser
à même les contributions au régime de l'Assurance-maladie
pour financer des services réservés uniquement à une
partie de la population. C'est pourquoi le ministère des Affaires
sociales va continuer d'assumer cette partie des coûts bien qu'une partie
de l'administration du régime sera assumée par la Régie de
l'assurance-maladie.
Le ministère va identifier les bénéficiaires de la
Loi de l'aide sociale, leur émettre un carnet de réglamations
dans lequel pourront être inscrits les renseignements pertinents et la
Régie de l'assurance-maladie va transiger avec les pharmaciens en ce qui
a trait au paiement des réclamations.
Quant aux soins dentaires, les prévisions de coût qu'il
nous a été possible de faire à partir des données
disponibles, données qui sont loin d'être parfaitement
précises, nous indiquent un coût sur une base annuelle de l'ordre
de $5 millions. Si nous en jugeons par les estimations originales ou les
premières estimations de coût qui avaient été faites
lors de l'établissement de l'assurance-maladie, estimations qui avaient
été révisées lors de la signature des ententes avec
les diverses fédérations ou syndicats représentant les
professionnels de la santé, nous croyons qu'il est possible de financer
ce coût de $5 millions à même les contributions telles que
fixées par la Loi de l'assurance-maladie.
Si vous vous en souvenez, je vous avais donné, à cette
époque, certaines estimations des revenus et des
déboursés. Tant et aussi longtemps qu'il ne nous est pas possible
de connaf-tre avec certitude les prévisions de coûts pour
l'exercice en cours de la régie, nous ne croyons pas qu'il serait sage,
pour une dépense de l'ordre de $5 millions, de proposer une augmentation
du taux de contribution qui serait, de toute façon, un pourcentage
extrêmement minime. Nous compliquerions l'administration d'un grand
nombre d'entreprises qui seraient obligées de déduire un
pourcentage, de quelques décimales, de leur liste de paie, etc.
Nous n'avons pas cru sage de modifier, à ce stade-ci, le taux de
contribution au régime d'assurance-maladie. Lorsque nous avons
approuvé, ici dans cette Chambre, la Loi de l'assurance-maladie, j'avais
bien mentionné, soit
au cours de l'exposé ou lors de l'étude plus
détaillée du projet de loi, que nous ne considérerions pas
les frais modérateurs comme pouvant être utilisés comme
mécanisme de financement. Evidemment, nous n'avons pas changé
d'attitude à cet égard. Nous ne croyons pas qu'il soit conforme
à l'esprit d'un tel régime de se servir des frais
modérateurs comme mécanisme de financement.
Toutefois, en ce qui a trait aux médicaments cette
question a été discutée lors de l'étude de la
première version du projet de loi en commission parlementaire il
a été fait mention du fait que, dans certains pays, les frais
modérateurs ont eu un effet sur le niveau de consommation. On a dit,
d'une part, que cela avait pu freiner un niveau de consommation qui pouvait
apparaître excessif et, d'autre part, que, dans certains cas, cela avait
pu, par voie de conséquence, priver certaines personnes de
médicaments en quantité suffisante ou des médicaments qui
auraient pu leur être nécessaires.
Cela n'est pas notre intention d'imposer des frais modérateurs.
Toutefois, nous avons cru que, dans un tel projet de loi, compte tenu de
l'expérience dans la couverture des médicaments dans d'autres
pays, il serait sage d'introduire une disposition, dans le projet de loi, qui
permettrait que de tels frais modérateurs soient imposés advenant
que l'expérience démontre clairement que le niveau de
consommation des médicaments est beaucoup plus élevé que
prévu. Il ne faut pas, non plus, ignorer que nous avons plusieurs
indices permettant de croire qu'un certain nombre de personnes font un usage
abusif de médicaments. Nous avons incorporé, dans le projet de
loi que nous proposons, une disposition qui permettrait au
lieutenant-gouverneur en conseil d'imposer certains frais modérateurs,
mais, simplement je veux être bien clair sur ceci tant et
aussi longtemps que l'expérience, bien analysée, n'aura pas
démontré qu'il est nécessaire d'imposer des frais
modérateurs, ce n'est pas l'intention du gouvernement de les
imposer.
Quant à la question de la fixation des prix pour les
médicaments, nous proposons que le ministre des Affaires sociales dresse
une liste des médicaments qui indiquera les dénominations
communes, les marques de commerce, les noms des fabricants et le prix de chaque
médicament, à l'exclusion des honoraires ou du pourcentage
qu'ajoute généralement le pharmacien détaillant.
Selon le mode projeté, en attendant l'aide d'un conseil
consultatif de pharmacologie qui sera établi par la suite, mais,
initialement, nous allons établir, pour chaque type de
médicament, à partir de l'analyse des prix dénués
de la partie des honoraires ou de la partie des profits du pharmacien
détaillant, une limite de prix qui se situe à la médiane
de la liste des prix. La régie ne paiera que pour les médicaments
de fabricants dont les prix se situeront au-dessous de cette médiane.
Périodiquement, environ tous les six mois, à l'examen des effets
que ce mode de fixation des prix pourra avoir, le conseil consultatif pourra
proposer des modifications, soit à la liste, soit au niveau de la
médiane.
Nous croyons que pour un régime partiel, dans un premier temps
également, cette méthode est la plus souple parce qu'elle tend
à introduire une concurrence réelle entre les fabricants. Nous
avons à ce stade-ci, à tout le moins, rejeté l'idée
d'une centrale d'achat. Nous avons également rejeté l'idée
d'une négociation avec chaque fabricant pour le très grand nombre
de médicaments que l'on connaît et qui existent sur le
marché.
Dans ce mécanisme d'établissement des prix que nous
proposons, nous avons également tenu compte de deux
éléments. Un premier élément, c'est-à-dire
la décision du gouvernement fédéral d'étendre
considérablement son système d'enquête et d'analyse tel
qu'il existe présentement dans sa section des aliments et drogues et
aussi sa décision de rendre publique l'information qui se dégage
des enquêtes et des analyses faites par cette division.
L'on sait que cette question a été examinée
brièvement lors du travail en commission. Nous en avons vu quelques
exemples. La Division des aliments et drogues va analyser au cours des
prochaines années, et ceci à partir d'un programme
accéléré, les divers types de médicaments en
partant de ceux qui sont les plus fréquemment utilisés pour
établir quels sont ceux qui, étant fabriqués par divers
fabricants, sont équivalents au plan de la qualité et de leur
effet thérapeutique.
Donc, le complément de ceci, c'est que, lors de la
révision de la Loi de la pharmacie, c'est notre intention de modifier la
loi de telle sorte que nous ouvrions la porte à la substitution de
médicaments dans un cadre donné. Ceci nous apparaît
maintenant possible d'être envisagé, étant donné le
travail d'analyse de la Division des aliments et drogues.
Donc, c'est le système que nous prévoyons, système
qui doit être complété au niveau de la négociation
avec les pharmaciens détaillants, en ce sens que nous avons
examiné les modes de rémunération possibles des
pharmaciens détaillants pour les services rendus dans le cadre de cette
loi. Deux modes de rémunération s'offrent, c'est-à-dire la
rémunération à l'acte et la rémunération par
voie de pourcentage. Nous croyons qu'une combinaison des deux, peut-être,
ou encore l'utilisation d'un pourcentage qui augmente à mesure que le
prix du médicament dispensé ou remis à un
bénéficiaire diminue, peut ajouter un encouragement aux
pharmaciens à faire les substitutions nécessaires et
également réduire les dépenses publiques à ce
titre.
Donc, nous n'avons pas adopté à ce stade-ci une position
définitive quant à la négociation qui doit s'effectuer
avec l'Association des pharmaciens détaillants. Nous avons plutôt
voulu leur proposer des approches que nous négocie-
rons, discuterons avec eux, parce que nous ne pouvons ignorer d'autre
part les aspects administratifs qui en découlent.
Mais, nous croyons que par une combinaison judicieuse des deux
systèmes, nous pourrons avoir le complément du mode de fixation
des prix par la voie d'une liste que j'ai décrite
précédemment.
Enfin, dans ce projet de loi, nous proposons la formation d'un conseil
consultatif de pharmacologie. Comme nous le savons, dans la version originale,
nous avions proposé la formation d'une commission de pharmacologie qui
aurait eu certains pouvoirs d'enquête. Par suite de la décision du
gouvernement fédéral d'accentuer le travail de sa Division des
aliments et drogues, nous croyons que ce serait faire double emploi, surtout
lorsque l'on sait la complexité que représente la tâche
d'analyser les médicaments des divers fabricants et compte tenu du
très grand nombre de médicaments, du très grand nombre de
fabricants, il nous apparaît donc important d'éviter d'une part de
faire double emploi et aussi, d'autre part, par ce pouvoir d'enquête qui
n'aurait pas été utilisé, de laisser peser en fait une
certaine menace, de donner l'impression que nous confions à une
commission de pharmacologie un pouvoir qui, réellement, dans le cadre du
travail qu'elle devra dorénavant faire, ne lui aurait pas
été utile.
Alors nous proposons donc la création d'un conseil consultatif de
pharmacologie qui sera composé de personnes pouvant conseiller de
façon aussi adéquate que possible le ministre dans la
révision de la liste, de personnes qui n'auront pas à oeuvrer
à temps complet dans ce conseil et ainsi nous pourrons également
épargner ou réduire les dépenses qu'aurait
entrar-nées la formation d'une commission telle que nous l'avions
prévue originalement.
Enfin, il me reste à dire quelques mots quant aux aspects
administratifs. Comme je l'ai mentionné tantôt, nous avons
entrepris avec la Régie de l'assurance-maladie des pourparlers depuis un
certain temps pour nous assurer qu'il sera possible de mettre en marche d'une
façon ordonnée cette partie du régime de
l'assurance-maladie, nous assurer qu'aussi bien au ministère qu'à
la régie, les fonctions que chacun devra assumer le seront pleinement et
en coordination étroite.
Nous avons également pris des mesures pour nous assurer que notre
fichier sera mis à jour et ajusté pour identifier clairement les
bénéficiaires du maximum du supplément du revenu garanti.
Il s'agit là de tâches assez complexes, particulièrement en
ce qui a trait à la partie des médicaments. C'est pourquoi, en ce
qui a trait à cette partie du régime, nous ne croyons pas qu'il
soit possible de le mettre en vigueur avant le 1er janvier 1972, même si
les négociations avec les pharmaciens détaillants nous
conduisaient à une entente dans de brefs délais.
En ce qui a trait à la couverture des soins dentaires, le
problème prend des dimensions bien différentes. Nous croyons
être en mesure de mettre cette partie de la couverture en application au
cours de l'automne. Dans ce cas-ci, la longueur du délai dépend
beaucoup plus du résultat des négociations qu'il nous faudra
amorcer avec l'Association des chirurgiens-dentistes et possiblement avec
l'Association des spécialistes en chirurgie buccale.
Alors voilà les grandes lignes du projet de loi que nous
proposons à l'adoption de cette Chambre. Merci.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Montmagny.
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, nous avons eu
l'occasion lors des séances de la commission parlementaire d'entendre
des représentations de plusieurs organismes concernés soit
directement ou indirectement par ce projet de loi.
Tous les membres de la commission ont eu l'occasion d'exprimer leur
opinion sur les différents articles du projet de loi et de faire aussi
des représentations et des suggestions au ministre des Affaires
sociales. C'est ce qui explique, M. le Président, que nous n'avons pas
besoin aujourd'hui, au cours de l'étude de ce projet de loi en Chambre,
de faire une analyse aussi exhaustive puisque déjà nos travaux
parlementaires ont couvert assez bien le sujet.
Je voudrais d'abord le ministre est au courant pour
l'information des députés de cette Chambre, dire que les travaux
dans ce domaine extrêmement complexe des médicaments ont
commencé il y a déjà plusieurs années. Je fais ce
commentaire, qui plaira au député de Bourget, que c'est mon
prédécesseur au ministère de la Famille et du Bien-Etre
social, le chef du Parti québécois, M. René Levesque, qui
le 1er avril 1966 avait déjà demandé à quelques
fonctionnaires de se pencher sur le problème des médicaments. A
mon arrivée au ministère, j'ai continué ce travail. J'ai
même renforcé l'équipe qui avait été mise sur
pied pour prévoir une législation possible, prévoir les
différentes étapes pour l'instauration d'un régime non pas
d'assurance-médicaments, mais d'assistance-médicaments.
Ce comité, M. le Président, à qui je voudrais en
passant rendre témoignage pour l'excellent travail qu'il a accompli,
était sous la présidence de l'ex-sous-ministre adjoint au
ministère de la Santé, le Dr Laurent Lizotte. Ce comité a
fait un travail de plusieurs mois. J'ai eu l'occasion d'obtenir des rapports.
On avait divisé le travail en quatre étapes. Voici le plan de
travail qui avait été proposé.
Dans une première étape le comité
interministériel s'était adjoint des experts consultants pour
l'élaboration d'un premier projet de liste de médicaments.
Dans une deuxième étape, ce comité intermi-
nistériel a formé un comité consultatif
composé je pense qu'il est important de donner la liste des
organismes qui ont été associés de près à ce
travail de préparation d'une liste de médicaments des
facultés de pharmacie, du Collège des pharmaciens de la province
de Québec, des pharmaciens d'hôpitaux, des pharmaciens d'officine,
du Collège des médecins et chirurgiens de la province de
Québec, de la Fédération des omnipraticiens du
Québec, de la Fédération des médecins
spécialistes du Québec et de l'Association des hôpitaux de
la province de Québec.
M. le Président, on voit, par la liste importante de ces
organismes, que tous ceux qui étaient directement concernés par
ce projet d'assistance-médicaments ont été appelés
non seulement à donner leur opinion, mais à travailler activement
au sein d'une commission. Les deux premières étapes ayant
été complétées, la liste des médicaments a
été déposée au ministère. A ce moment, nous
avions une décision à prendre pour les deux dernières
étapes, dont la troisième consistait à élaborer une
législation et à prendre une décision sur le
mécanisme administratif et la quatrième étape,
évidemment, à négocier soit avec les pharmaciens, soit
avec l'industrie pharmaceutique, tout dépendant de l'option qui aurait
été retenue par le gouvernement.
A ce moment, nous avons tardé à prendre une
décision pour la raison suivante: c'est que dans notre esprit, ce projet
d'assistance-médicaments devait être relié de très
près à l'assurance-maladie. On en a la preuve aujourd'hui, parce
que le ministre des Affaires sociales apporte ce projet de loi dans le cadre de
l'assurance-maladie.
Il fallait prendre une décision aussi sur la structure
administrative d'un tel régime, à savoir si ce serait le
ministère de la Santé, dans le temps, ou un autre organisme en
dehors du ministère de la Santé qui en prendrait charge. C'est
à ce moment-là que nous avons décidé de
créer la Régie de l'assurance-maladie. Eventuellement, dans notre
esprit, cela aurait été également la Régie de
l'assurance-maladie, comme c'est le cas avec le projet de loi numéro 69,
qui aurait assumé la responsabilité de l'administration de ce
régime.
Il y avait une autre raison importante, et je vois que le ministre en a
tenu compte dans ses remarques tout à l'heure. A ce moment-là, le
régime de l'assurance-maladie n'existant pas, n'ayant pas
été créé, il fallait faire attention cela, je
l'ai dit dans des débats antérieurs en cette Chambre, alors que
j'étais titulaire du ministère de la Santé à
ce que les avantages procurés aux bénéficiaires de
l'assistance sociale ne soient pas tellement plus considérables que
l'incitation à réclamer des prestations d'aide sociale. Il nous
fallait établir un certain équilibre entre les services de
santé donnés d'une façon générale à
la population et ceux donnés aux assistés sociaux. Alors, il nous
fallait être prudents de ce côté-là.
D'autre part, c'était notre conviction le ministre a retenu
aussi cette option qu'il aurait été imprudent d'entrer
dans un régime d'assurance-médicaments où les coûts
sont assez difficiles à évaluer. On l'a vu tout à l'heure,
quand le ministre nous a cité les chiffres: entre $20 millions et $32
millions. Il y a donc là une marge qui est un peu plus difficile
à apprécier, parce que nous ne connaissons pas la demande, nous
ne connaissons pas bien la consommation et les besoins en médicaments.
Alors, il nous fallait faire une expérience de laboratoire.
Là-dessus, M. le Président, je suis parfaitement d'accord que le
régime d'assurance-médicaments va permettre de faire, en
laboratoire, une expérience dont nous avons besoin comme,
évidemment, l'expérience de l'assistance médicale a permis
l'établissement du régime de l'assurance-maladie avec
toutes les précautions qu'il est nécessaire de prendre dans des
régimes, dans des plans ou dans des programmes aussi importants.
En 1970, avant que je ne quitte le ministère, à regret, M.
le Président, j'avais demandé à M. Després, le
président de l'assurance-maladie en lui transmettant tous les
documents accumulés par la commission, par tous les fonctionnaires et
par les experts qui y ont travaillé ainsi qu'à la
régie de mettre tout en oeuvre pour l'instauration du régime
d'assistance-médicaments, tâche dont ils se sont acquittés
et dont ils s'acquittent encore jusqu'à ce que l'échéance
fixée par le ministre des Affaires sociales, le 1er janvier 1972, arrive
à terme.
Voilà un peu l'historique du travail accompli par ce
comité interministériel par le ministère de la
Santé et, par la suite, par le ministère des Affaires sociales et
par la Régie de l'assurance-maladie au sujet des médicaments.
Le ministre, tantôt, nous a parlé de la clientèle,
de la population qui sera couverte par le régime
d'assurance-médicaments. J'ai noté, évidemment, que, dans
le cas des professionnels de la santé le ministre me corrigera si
je me trompe il y avait une certaine restriction. En effet, dans le
nouveau projet de loi, on tient compte du dentiste qui pratique dans un milieu
universitaire et non pas dans un hôpital général ou
n'importe où dans la province.
Il y a là une restriction. Je pense bien que le ministre nous
dira, dans sa réplique, quels motifs ont fait que cette stipulation a
été inscrite dans la nouvelle version du projet de loi.
Quant aux personnes qui sont couvertes, M. le Président, il y en
a 650,000, qui comprennent ceux qui reçoivent actuellement des
bénéfices en vertu de la Loi de l'aide sociale, en vertu de la
Loi des aveugles et des invalides et les 140,000 personnes j'ai fait le
calcul par déduction, le ministre n'a pas mentionné ce chiffre,
mais, en faisant un calcul comptable, j'en ai déduit qu'il y en avait
140,000 qui reçoivent actuellement le maximum du
supplément du revenu minimum garanti. Donc, nous
avons une clientèle importante de 650,000 personnes qui seront
couvertes par le projet de loi en ce qui concerne les médicaments.
Du côté des soins dentaires, les enfants de 0 à 7
ans, soit 550,000, seront couverts par le régime. Le ministre ne l'a pas
dit, mais je suppose et même je souhaite que, l'an prochain, étant
donné que le régime peut être modifié par
arrêté en conseil, les enfants qui auront dépassé
l'âge de sept ans et qui auront été couverts par le
régime l'année précédente, par cette modification,
pourront bénéficier encore des avantages du régime et que
cet âge sera augmenté d'année en année afin que la
population qui a été couverte au début du régime
puisse toujours ne pas perdre les avantages des soins dentaires qui leur ont
été donnés. Elle pourrait en bénéficier,
dans les années futures, jusqu'à l'âge de 18 ans, sauf,
évidemment, qu'on prévoit qu'à ce moment-là il y
aura certainement un régime universel pour les soins dentaires. Alors,
les gens pourront être assurés que les soins qui leur ont
été donnés ne seront pas perdus.'
D'autre part, M. le Président, avec la baisse de la
natalité, baisse que l'on connaît et que l'on ne peut attribuer
individuellement à aucun des membres de cette Chambre, j'imagine que les
coûts du régime, en ce qui concerne les enfants de 0 à 7
ans, n'en seront pas tellement augmentés si l'on tient compte du fait
que les enfants de la dernière catégorie d'âge, soit ceux
de 4 à 7 ans, sont beaucoup plus nombreux dans cette catégorie
que ceux qui y entreront les prochaines années, sauf si le ministre
trouvait une politique familiale tellement dynamique et vigoureuse que la
baisse que l'on connaît actuellement pourrait être corrigée
assez rapidement.
M. le Président, en ce qui concerne le coût du
régime, le gouvernement assumait environ $10 millions bien que, selon
l'observation du ministre, il soit difficile d'évaluer par la Loi
de l'aide sociale, étant donné que ce sont des besoins
spéciaux qui sont reconnus, ou par le truchement des institutions
hospitalières le coût exact des médicaments
payés par le gouvernement actuellement. D'autre part, les
prévisions faites par le ministre et ses officiers me semblent
être assez justes parce que, si je me souviens bien des calculs de
l'assistance-médicale pour le coût du régime, qui se
situait à environ $20 millions par année, on estimait à ce
moment-là la consommation de médicaments à $10 millions,
soit la moitié du régime. Alors, tenant compte des mêmes
proportions, tenant compte de la consommation faite par les assistés
sociaux, je crois qu'un montant de $20 millions est un strict minimum.
Pour ma part je suis convaincu que le coût final du régime
se situera de beaucoup plus près de $30 millions à $32 millions
que de $20 millions, étant donné qu'il y a une clientèle
nouvelle, les 140,000 personnes qui reçoivent la sécurité
de la vieillesse et son supplément et, d'autre part, il faut penser que
la clientèle de l'aide sociale a été élargie parce
que les chiffres qu'on nous a donnés tantôt sont de 500,000
personnes alors qu'à ce moment-là on parlait des 400,000
personnes qui étaient bénéficiaires de la Loi d'aide
sociale.
Alors je répète au ministre la remarque que je lui ai
faite l'an dernier à l'occasion de la discussion de l'assurance-maladie:
il ne doit pas être trop conservateur et il doit se garder une marge
suffisante de sécurité. Et je souhaite que le gouvernement
central reconnaisse et accepte le partage des coûts quant aux 140,000. Si
le gouvernement central a jugé à propos de verser le maximum du
supplément de revenu minimum garanti à ces personnes, il est
évident qu'elles sont dans une situation qui peut les empêcher de
se procurer les médicaments nécessaires.
Je pense que c'est un changement important qu'a introduit le ministre
dans cette nouvelle version de la loi et je l'en félicite.
Quant aux frais modérateurs, nous sommes d'accord qu'ils ne
doivent pas être appliqués aux assistés sociaux et à
ceux qui bénéficieront de cette loi d'aide sociale. Cependant
nous sommes d'accord que cette stipulation doit être indiquée dans
le projet de loi et le ministre sait pourquoi, il a cité tantôt
brièvement les expériences d'autres pays. Il y a dans ce domaine
de l'utilisation des médicaments des précautions à prendre
et l'on sait combien c'est facile d'abuser des médicaments, d'abord pour
la clientèle, c'est-à-dire ceux qui les utilisent et aussi par
ceux qui les prescrivent.
Il y a là deux dangers à éviter et si l'on
s'aperçoit à l'usage que le régime
d'assistance-médicaments, éventuellement le régime
universel d'assurance-médicaments, conduit à des abus, je crois
qu'il sera du devoir du gouvernement et du ministre des Affaires sociales
d'appliquer cette clause protectrice des frais modérateurs; bien que
pour la classe de personnes que nous couvrons actuellement il ne soit pas
désirable que nous l'appliquions.
Le ministre nous a parlé de la fixation des prix. Il a
adopté une position la plus souple possible, dit-il, dans les
circonstances. Puisque les négociations dans ce domaine des
médicaments se trouvent dans un terrain vierge, parce qu'il n'y en a pas
eu jusqu'à maintenant, je crois qu'elles sont extrêmement
complexes. Elles auraient été plus complexes si elles avaient
été conduites avec l'industrie pharmaceutique. Probablement
qu'elles auraient été plus efficaces, mais de toute façon
il faudra que des négociations se poursuivent un jour dans ce domaine,
que ce soit avec les pharmaciens détaillants, ou ultérieurement,
avec l'industrie pharmaceutique. Il y a des considérations qui doivent
entrer en ligne de compte. Nous avons sur le territoire du Québec une
importante industrie pharmaceutique. Nous devrons en tenir compte, il y a aussi
l'aspect recherche, l'aspect concurrence, alors ce sont là tous des
éléments qui entreront dans une négociation.
Mais de toute façon, je n'ai pas à me prononcer
actuellement. Je ne peux pas me prononcer sur les résultats qu'aura
cette solution médiane qu'a retenu le ministre des Affaires sociales.
Nous verrons un peu plus tard, une fois que le régime sera en
application et que nous pourrons avoir des chiffres, nous pourrons avoir des
résultats de coûts et nous pourrons porter un jugement si
véritablement le gouvernement ne devra pas, le plus tôt possible,
entamer l'autre étape qui sera des négociations soit avec
l'industrie pharmaceutique ou avec les pharmaciens détaillants.
De toute façon, l'objectif que le gouvernement veut atteindre,
pour le bénéfice de la population, c'est de diminuer les
coûts, et cela est important. Même si cette solution qui a
été retenue et qui peut hâter la mise en marche du
régime n'est peut-être pas la meilleure, je crois qu'elle
permettra tout de même la mise en marche du régime le plus
tôt possible, alors que des négociations, actuellement, auraient
été extrêmement complexes et peut-être très
longues.
Quant au conseil consultatif de la pharmacologie, le ministre, au lieu
d'élargir le conseil en lui ajoutant des membres, comme cela lui a
été suggéré à la commission par
différents organismes, a préféré restreindre le
mandat de la commission en tenant compte des travaux d'enquête qui se
font ailleurs. Etant donné que le ministre a justement restreint le
mandat du comité dans des proportions plus réalistes et qui
permettront à ce comité d'exécuter véritablement
les tâches qui lui sont assignées et non pas des tâches qui
auraient pu lui être assignées, je crois, pour ma part, que l'on
peut accepter, au départ, la représentation au conseil
consultatif de la pharmacologie, quitte à la modifier par la suite si
l'on voit qu'il y aurait avantage à ce que d'autres groupes de
professionnels lui soient ajoutés.
Il est bien entendu, M. le Président, que dans ce projet de loi
no 69 nous ne règlons pas tous les problèmes de l'exercice de
cette profession. Au cours des débats à la commission
parlementaire, nous avons entendu des groupements sur différents aspects
de la pharmacie: d'abord le rôle, la formation du pharmacien
lui-même, l'activité de tous les groupes de pharmaciens, le statut
des associations. Le député de Dubuc, qui fera probablement des
remarques au cours de ce débat, de même que le
député de Berthier, qui voudra probablement toucher des points
particuliers en ce qui concerne les médecins, veulent sensibiliser la
Chambre et le ministre à des problèmes particuliers, des
problèmes importants.
Il est entendu, comme je le disais il y a un instant, que ce projet de
loi n'a pas pour but de régler tous ces problèmes en dehors du
projet de loi, mais à un moment donné il faudra s'y attaquer. Le
ministre a dit, en réponse à une question du député
de Dubuc, que c'était son intention de déposer, peut-être
avant ou pen- dant l'étude de ce projet de loi, le projet de loi sur la
pharmacie. Nous ne le connaissons pas; nous ne savons pas quelles pourront
être les modifications. Evidemment, cela nous aurait aidé à
porter un jugement sur le projet de loi no 69, mais nous comprenons
qu'après l'adoption de ce projet de loi ce n'est pas terminé. Le
ministre a plusieurs questions importantes sur lesquelles se pencher afin de
régulariser bien des choses et toute l'activité professionnelle
dans ce secteur.
M. le Président, je termine là mes remarques; d'autres
membres de notre groupement voudront peut-être y ajouter. Pour ma part,
ce que je souhaite, en terminant, c'est que la Régie de
l'assurance-maladie puisse administrer le régime avec les effectifs dont
elle dispose et que ceux qui s'y ajouteront puissent administrer le
régime afin qu'il soit efficace et qu'il n'entraîne pas, du moins
à court terme, de hausse de coût pour les citoyens, pour les
contribuables et que, d'autre part, les professionnels, qui sont
concernés par ce projet de loi, y entrent d'une façon positive
afin que ce soit en définitive les citoyens du Québec qui en
retirent les avantages et les bénéfices.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Le député de Saint-Sauveur.
M. Armand Bois
M. BOIS: M. le Président, à la suite de l'exposé
que le ministre nous a fait tout à l'heure sur la Loi modifiant la loi
de l'assurance-maladie, nous n'aurons pas de commentaires tellement longs
à faire, mais simplement quelques précisions.
En pratique, il serait difficile d'être contre, car, en fait, le
projet de loi vise à la gratuité ou à la
quasi-gratuité, dans certains cas, d'un secteur donné de services
professionnels de santé publique, ainsi que de certaines
catégories de médicaments.
Cependant, nous sommes d'opinion qu'il est regrettable que le projet de
loi n'aille pas plus loin en accordant la gratuité totale à toute
personne qui reçoit une aide sociale quelconque et à toute
personne qui reçoit la pension de vieillesse. Quant aux personnes qui
reçoivent le maximum d'aide sous la Loi de la sécurité de
la vieillesse, nous sommes d'avis qu'il ne devrait pas y avoir de restriction,
surtout lorsqu'il s'agit d'un couple.
Nous constatons aussi qu'un article de ce projet de loi comprend des
médicaments que pourrait fournir un professionnel de la santé
dans l'exercice de sa profession. Nous demandons au ministre si, lorsqu'on
parle d'acte médical, cela comprend tous les services que rendent les
médecins et qui sont requis au point de vue médical. Nous
demandons, en plus, si la même précision s'appliquera pour les
chirurgiens dentistes que le ministre a inclus dans le projet de loi.
M. CASTONGUAY: Je m'excuse...
M. BOIS: Nous avons un avantage à signaler...
M. CASTONGUAY: Me permettriez-vous une question? Je m'excuse, mais je
saisis mal l'objet de la question que vous venez de formuler. Pour
préparer adéquatement une réponse, est-ce que vous
pourriez m'indiquer plus précisément à quelle partie du
projet de loi vous faites allusion en formulant cette question?
M. BOIS: Oui. Ici, nous nous référons à l'article
3a) des Lois du Québec, 1970, chapitre 37, où on inclut aussi les
médicaments que pourrait fournir un professionnel de la santé
dans l'exercice de sa profession. L'article 3a) se lit comme suit: "Tous les
services que rendent les médecins et qui sont requis au point de vue
médical."
Alors, si on applique cela aux chirurgiens dentistes, est-ce que les
médicaments prescrits par les chirurgiens dentistes viendraient à
être couverts par ce projet de loi? C'est entendu que le ministre pourra
préciser, lorsque nous serons à la commission.
Il y a un avantage à signaler dans la législation que nous
présente le ministre. C'est l'amendement qui est apporté à
un article du projet de loi pour tenir compte des compétences en ce qui
regarde la liste, les dénominations communes, les marques de commerce
des médicaments, etc.
Pour autant que le projet de loi est concerné lui-même, il
y a un point que nous regrettons, mais nous comprenons que le ministre ne peut
pas l'ajouter, parce que la société n'est pas légalement
reconnue comme telle, c'est le service de la chiropraxie. Nous aimerions, un
jour, que cette province, comme certaines autres, soit dotée de ce
bénéfice. Nous croyons que, devant le manque constant de
médecins dont la population nous fait part présentement, c'est un
sujet qui devrait certainement être considéré par
l'honorable ministre des Affaires sociales.
Juridiquement, nous ne trouvons pas beaucoup à dire sur le projet
de loi qui nous est présenté à l'heure actuelle. C'est de
la législation sociale qui améliore les lois existantes. Mais, il
faudrait, tôt ou tard, que l'on pense à codifier les lois et
règlements de façon à les rendre plus simples,
d'application et, surtout, de compréhension plus faciles.
Nous comprenons que le ministre des Affaires sociales n'a, en fait, que
quelques millions à sa disposition. Nous sommes certains qu'il est assez
difficile pour lui de venir à augmenter ces bénéfices. Ce
sera donc une série de bénéfices extrêmement
complexe, aussi longtemps que le gouvernement qui préside
présentement aux destinées de la province refusera de
considérer l'usage adéquat du crédit public et de
l'épargne privée. Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Le député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, toute législation qui a pour
but d'augmenter la couverture de la sécurité sociale,
particulièrement en ce qui concerne les couches les plus
défavorisées de la population, ne peut que recevoir un accueil
enthousiaste de la part du parti que je représente.
Nous avons manifesté cette position de principe lorsque nous
avons discuté en long et en large de l'instauration du régime de
l'assurance-maladie au mois de juillet 1970. Lors de la discussion de ce projet
de loi, nous avions même invité le gouvernement à presser
le pas, en autant que faire se peut, dans l'extension des services rendus
à la population. Nous lui avions même soumis un
échéancier plus serré, plus rapide que
l'échéancier qu'a retenu le ministre des Affaires sociales. Nous
ne reviendrons pas sur ce sujet tellement notre intention a été
clairement perçue par le ministre à cette occasion.
Nous nous félicitons donc que ce projet de loi 69 soit maintenant
soumis à l'attention de l'Assemblée nationale. Ici, je voudrais
remercier particulièrement le ministre des Affaires sociales d'avoir
adopté la procédure qu'il a adoptée pour l'étude de
ce projet de loi. Dès la première lecture, il a demandé
que ce projet de loi soit envoyé à la commission parlementaire
des Affaires sociales. C'est là une mesure qu'on n'a pas vue souvent
dans cette Assemblée nationale, de diriger, avant même la
discussion en deuxième lecture, un projet de loi à une
commission. C'est là une mesure, à mon avis, qui devrait
être adoptée beaucoup plus souvent.
Nous avons eu en effet l'occasion d'en étudier, d'en ressentir
tous les bénéfices. Non seulement avons-nous vu défiler
durant de nombreuses et longues séances les représentants de tous
les corps privés et publics qui avaient un intérêt à
étudier de près ce projet de loi et à faire valoir leurs
représentations au gouvernement, non seulement avons-nous pu nous rendre
compte du sérieux de ces représentations, mais également
ces séances ont permis aux divers partis représentés dans
cette Chambre de faire valoir leur opinion avec le résultat que le
ministre a pu bonifier son projet de loi grâce à toutes les
représentations qui lui ont été faites.
Il a pu également augmenter sa connaissance du sujet. Ceci lui a
permis de prévoir d'autres législations qui viendront en leur
temps. Cela lui a permis d'avancer le travail de coordination de toutes les
mesures de sécurité sociale qui est l'ambition suprême de
son ministère. Pour notre part, ceci nous a permis également,
à la dernière séance de la commission parlementaire, de
préparer une opinion définitive sur les divers articles du projet
de loi et de présenter au
ministre des recommandations qui avaient trait plutôt à son
application et également des recommandations plus
générales qui visaient l'action ultérieure du
ministère. Je crois que, aussi bien pour les partis d'Opposition que
pour l'équipe ministérielle, cette façon de
procéder s'est soldée par des avantages dont nous voyons les
effets aujourd'hui dans le projet de loi qui nous est présenté,
mais également ceci a donné un modèle au gouvernement
qu'encore une fois, à mon avis, il devrait suivre plus souvent et en
particulier en ce qui concerne les projets de loi 27 et 28, qui touchent
l'essence même de notre collectivité.
En ce qui concerne le projet de loi lui-même, nos remarques seront
moins longues qu'elles l'auraient été évidemment si nous
n'avions pas eu l'occasion d'entendre ceux qui se sont présentés
à la commission. En ce qui concerne la couverture des soins dentaires,
nous avons fait valoir en commission que cette couverture aurait dû
peut-être être plus large que celle qu'a retenue le projet de
loi.
Nous avions parlé d'étendre cette couverture de
façon que par règlement le ministre inclue tous les enfants de 14
ans et moins. Le ministre, probablement pour des raisons budgétaires,
n'a pas pu retenir notre suggestion surtout du fait que déjà, en
couvrant les enfants de 7 ans et moins, il arrive à un chiffre de
550,000.
Je serais curieux de savoir si des études ont été
faites sur le nombre d'enfants qui auraient été couverts si
l'extension de la couverture avait été portée aux enfants
de 14 ans et moins, et aussi de savoir si des études ont
été faites sur l'extension de la couverture à des
âges qui sont entre 7 et 14 ans, de façon à couvrir la
période de la puberté qui, comme on le sait, est une
époque où les soins dentaires peuvent s'avérer
particulièrement nécessaires pour cette classe de la
population.
Ici, à cette occasion, j'aimerais aussi recommander au ministre
que, dans les règlements qui seront approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil en ce qui concerne cette couverture, il ne se
limite pas à l'âge des enfants, mais qu'il puisse également
penser à faire sa réglementation assez large pour qu'elle puisse
également couvrir certaines catégories de personnes ou certains
types de soins. Certaines catégories de personnes puisque les
représentations que nous avons entendues à la commission, en ce
qui concerne la couverture des soins dentaires pour les femmes enceintes,
n'avaient pas permis d'en arriver à des conclusions
définitives.
Nous ne savons pas encore jusqu'à quel point il est important que
les femmes enceintes puissent bénéficier de l'assistance-dentaire
durant cette période. En attendant qu'une opinion définitive soit
émise à ce sujet, il nous semble qu'il serait prudent pour le
ministre, dans la réglementation adoptée par le cabinet, qu'une
place possible, éventuelle soit réservée à cette
catégorie de personnes.
De même, nous avons fait valoir en commis- sion que cette
couverture devrait s'étendre aux enfants des assistés sociaux,
c'est-à-dire aux enfants des assistés sociaux jusqu'à
l'âge de 18 ans. Cette suggestion n'a pas été retenue, mais
il nous semble, pour des raisons qu'a déjà évoquées
le député de Montmagny, que si nous avons affaire à un
assisté social qui est obligé de compter sur les prestations de
l'Etat pour mener une vie décente, on devrait peut-être
étendre à ses enfants cette couverture qui permettrait
d'améliorer son sort.
M. CASTONGUAY: Me permettriez-vous ici une brève intervention? Si
j'ai donné l'impression que les enfants des bénéficiaires
de la Loi de l'aide sociale n'étaient pas couverts, c'est par
inadvertance. Mais, au même titre qu'ils sont couverts dans le cadre de
l'aide sociale, ils vont l'être pour les médicaments.
M. LAURIN: Je remercie le ministre de cette décision et je m'en
réjouis. Je souhaiterais aussi que cette réglementation
adoptée par le conseil des ministres laisse la porte ouverte à la
couverture de certains types de soins. Nous avons entendu des
représentations en commission sur la couverture des soins
orthodontiques. Je vois que le ministre n'en a pas parlé. Je ne sais si
c'est parce que les suggestions qui ont été faites à
l'occasion n'ont pas été retenues, mais il me semble qu'une
réglementation pourrait permettre que les soins d'orthodontie qui sont
médicalement requis puissent être couverts par cette
réglementation du cabinet.
En ce qui concerne la couverture des médicaments, je pense bien
que le ministre a voulu tenir compte, dans les décisions qu'il a prises,
des disponibilités financières du Québec.
Je me demande cependant s'il y a lieu pour nous d'être satisfaits
des amendements qu'il a apportés au projet de loi. Il est sûr que
cette couverture est maintenant plus vaste qu'elle ne l'était, qu'elle
couvre tous ceux qui bénéficient de l'aide sociale, qu'elle
couvre ceux qui sont bénéficiaires des allocations aux invalides,
aux aveugles et les vieillards qui reçoivent le supplément de
revenu garanti.
Il nous semble cependant, M. le Président, qu'il y a d'autres
catégories de citoyens qui, sans bénéficier de ces
allocations ou de ces lois, ont quand même un très grand besoin
d'être aidés par l'Etat. Je parle ici de ces chômeurs qui,
sans avoir droit, sans pouvoir bénéficier de la Loi de l'aide
sociale, se trouvent quand même dans une situation difficile, surtout
quand ils ont une grande famille dont ils doivent s'occuper et qui
déjà, avec les allocations d'assurance-chômage, ont
beaucoup de difficulté à joindre les deux bouts.
Je pense également à ces vieillards qui ne sont pas
couverts par les catégories qu'a mentionnées le ministre et qui
sont, eux aussi, lorsqu'on connaît leur situation de près, dans
des conditions parfois extrêmement difficiles. Je pense aussi aux enfants
d'assistés sociaux,
mais j'espère que ce qu'a dit le ministre tout à l'heure
s'adresse également à eux. Je vois son signe de tête et je
m'en réjouis.
En somme, je pense à tous ceux, dont parle le rapport
Castonguay-Nepveu, qui vivent en deça du seuil de la pauvreté et
qui ne peuvent encore bénéficier des diverses lois qui ont
été édictées à l'intention des classes
défavorisées, soit parce que ces lois sont encore
incomplètes ou soit parce que leur situation n'a pas encore
attiré l'attention du législateur. J'aurais
préféré, pour ma part, qu'il y ait, dans le projet de loi,
une sorte de disposition générale qui aurait permis de faire
bénéficier de la couverture pour les soins dentaires et pour les
médicaments tous ceux qui sont en deçà du seuil de revenu
qu'a fixé la commission Castonguay-Nepveu et qui permet de dire qu'ils
vivent en deçà du seuil de la pauvreté.
Il me semble que le critère du revenu, en l'occurrence, est plus
important que les critères définis par les lois existantes. Je ne
sais pas quelle forme d'amendements nous pourrions suggérer au ministre
ou auxquels il pourrait lui-même penser. Nous n'entendons pas
présenter d'amendement précis en ce sens. Mais, plus qu'une
suggestion, c'est un souhait que nous exprimons au ministre pour que toute
cette catégorie de gens, sur lesquels lui-même et la commission
qu'il a présidée se sont penchés avec beaucoup de
générosité et beaucoup de sens éthique, puissent
également bénéficier de cette mesure absolument
essentielle de sécurité sociale.
En ce qui concerne maintenant les coûts de ces régimes,
n'ayant pas l'expérience du député de Montmagny, je ne
peux pas dire si ces coûts me paraissent justes ou non. Je suis bien
prêt à adopter l'opinion du ministre là-dessus.
Il reste, quand même, une remarque que j'aimerais faire.
Jusqu'ici, M. le Président, c'est toujours le gouvernement
fédéral qui est entré le premier dans ce champ de la
sécurité sociale. C'est au gouvernement fédéral que
nous devons d'abord l'instauration de l'assurance-hospitalisation, de
l'assurance-maladie et de plusieurs autres programmes de sécurité
sociale dont nous parlions l'autre jour. Il me semble que le moment est venu,
maintenant, de constater que le Québec est en train de prendre le
leadership au Canada dans le domaine des législations de
sécurité sociale. Il me semble, en l'occurrence, que la situation
devrait être renversée. Alors qu'auparavant, c'est le
fédéral qui entrait le premier dans ce champ d'application et
qui, en conséquence, édictait les normes et dictait les
modalités de financement, c'est-à-dire frais partageables
à 50 p. c. par le fédéral et par les gouvernements
provinciaux, il me semble que le moment serait venu non pas de servir au
fédéral la même monnaie qu'il nous a servie durant
plusieurs années, mais de l'inciter à valoriser l'effort que fait
une province et à contribuer d'une façon financière
à cet effort social que fait une province particulière dans un
champ qui intéresse, quand même, le bien-être de tous les
citoyens.
Il serait, par exemple, possible de calculer ce que coûteraient,
pour tout le Canada, les mesures dont vient de nous parler, dans son projet de
loi, le ministre des Affaires sociales. Que coûterait pour tout le
Canada, par exemple, l'extension aux soins dentaires et aux médicaments
pour les catégories d'assistés sociaux, ces diverses mesures? Une
fois qu'on saurait ce que coûteraient à l'ensemble du Canada ces
mesures, il serait facile de calculer la part que le fédéral
pourrait verser au Québec en compensation pour des projets de loi qui
ont le mérite, justement, de situer le Québec à
l'avant-garde du Canada en cette matière.
Je sais que le ministre des Affaires sociales trouvera cette suggestion
inférieure aux demandes qu'il fait actuellement au gouvernement
fédéral et à celles qu'il fera dans quelques jours
à la conférence de Victoria. Je sais qu'il
préférerait un amendement qui redonnerait au Québec tout
le champ de la sécurité sociale avec les ressources
financières qui lui permettraient d'assumer ses responsabilités.
Mais, dans l'attente de cette concession majeure essentielle du gouvernement
fédéral, il me semble qu'il y aurait peut-être moyen de lui
proposer immédiatement une mesure qui permettrait au Québec de
récupérer non seulement la moitié de ce que coûtera
l'assistance-médicaments, tel que vient de nous le suggérer le
ministre, mais également la moitié du coût de l'extension
aux soins dentaires pour le projet de loi qui nous a été
soumis.
Maintenant, M. le Président, je dois dire que la méthode
de fixation des prix des médicaments dont nous a parlé le
ministre ne me satisfait qu'à moitié. Je sais bien qu'il s'agit
d'un projet de loi partiel, étant donné que certaines
catégories de citoyens, même la plus grande partie, ne
bénéficieront pas de cette loi. Il s'agit d'une loi partielle
aussi bien pour ceux qui bénéficieront de la couverture pour les
soins dentaires que pour les médicaments mais il me semble que
l'occasion aurait été bonne d'instaurer des politiques nouvelles,
de mettre en place des mécanismes nouveaux pour la fixation des
prix.
Parmi toutes les suggestions qui lui ont été faites, le
ministre a retenu une méthode qui laisse un champ non pas
complètement libre mais relativement libre à la concurrence, par
cette échelle médiane qu'il a retenue. Ceci est à mettre
en corrélation, évidemment, avec les négociations qui se
poursuivent actuellement avec les pharmaciens sur leur mode de
rémunération. Seront-ils rémunérés, comme
cela a toujours été jusqu'ici, sur une base commerciale ou
à l'acte?
Il me semble, M. le Président, que les représentations qui
ont été faites à la commission par les
intéressés, par les professionnels de la santé montrent
bien que l'unanimité est en train de se faire, si elle n'est pas
déjà faite, sur le
statut du pharmacien. Le pharmacien est d'abord un professionnel.
Un professionnel doit être rémunéré non pas
sur une base commerciale mais sur une base professionnelle. Je ne puis pas
accepter pour ma part que l'on continue à encourager l'évolution
de la profession pharmaceutique dans le sens malheureux qu'elle a pris depuis
longtemps en maintenant ce régime de rémunération sur une
base commerciale.
Il est vrai que le ministre nous a dit qu'il n'a pas encore
adopté une position définitive sur le sujet, qu'il songe à
une combinaison de rémunération à la fois sur une base
commerciale et sur la base de l'acte pharmaceutique, mais il nous semble, pour
notre part que l'évolution devrait se faire immédiatement, dans
le sens de la reconnaissance complète et absolue du statut professionnel
du pharmacien et de sa rémunération sur une base professionnelle
que cela soit sur la base d'un acte médical ou sur la base du
salariat.
Je sais, encore une fois, que cette réforme doit attendre, pour
se réaliser complètement, l'instauration des centres locaux de
santé, les offices régionaux de santé. Mais, encore une
fois, l'on devrait profiter de toutes les occasions pour bien indiquer à
la population ainsi qu'aux corporations professionnelles, le sens de
l'évolution du gouvernement. Et si le ministre voulait retenir ces
suggestions, peut-être que nous nous approcherions un peu plus du moment
où le prix des médicaments doit être diminué puisque
plus nous nous dirigeons vers l'universalité, plus il devient
impérieux de réduire les coûts, nous nous dirigerions alors
vers un nouveau mode de fixation des prix, fixation des prix qui serait
établie sur une base de négociation que ce soit avec les
pharmaciens ou avec l'industrie pharmaceutique.
Le ministre pour le moment nous dit qu'il a rejeté cette
négociation. Je comprends une de ses raisons, il fallait mettre le
système en vigueur le plus rapidement possible et cette
négociation aurait quand même pu prendre du temps. Mais j'aurais
quand même aimé, compte tenu de cette raison qui est
réaliste et que j'accepte, que le ministre nous indique qu'il s'oriente
dans la direction d'une négociation avec les pharmaciens
détaillants et avec l'industrie pharmaceutique et qu'il nous indique
même qu'il est prêt à envisager dans un avenir prochain une
action qui ressemblerait à celle dont nous lui avons parlé en
commission et qui a déjà été entreprise par un
gouvernement d'une province canadienne, c'est-à-dire la province du
Manitoba.
H nous semble en effet que c'est là le meilleur moyen de
réduire à court et à long terme le coût des
médicaments qui, encore une fois, s'il est laissé à la
libre concurrence même surveillée, comme le ministre vient de le
dire, est quand même susceptible d'augmenter le nombre des
intermédiaires et susceptible d'augmenter pour la collectivité le
coût d'un pareil régime.
En ce qui concerne maintenant ce qu'il nous a dit de l'action de la
Division des aliments et drogues, je suis bien prêt à
reconnaître que le travail qu'effectue cette division s'est
avéré jusqu'ici assez efficace et on ne peut qu'espérer
que cela continue et surtout que les travaux soient menés avec toute la
célérité nécessaire.
Je me demande cependant, malgré tous les éloges que l'on
peut faire à cette division s'il n'y aurait pas eu profit, pour le
Québec, à l'occasion de la présentation de ce projet de
loi et pour prévoir le projet de loi général qui viendra
d'ici une année ou deux au maximum, de mettre en place
immédiatement une sorte d'équivalent, une sorte de laboratoire
pilote qui aurait étudié ces médicaments et qui aurait pu
aussi accélérer le processus qui est maintenant en marche
à Ottawa. Il y a tellement de médicaments à analyser et la
venue de médicaments sur le marché est tellement rapide qu'il ne
serait peut-être pas contre-indiqué de doubler la Division des
aliments et drogues, dans la mesure, justement, où chacune de ces
divisions pourrait se répartir le travail de façon que leur
action soit non seulement coordonnée, mais complémentaire.
Il est bien entendu que les modifications que nous a annoncées le
ministre en ce qui concerne la fixation des prix et le rôle qu'il entend
faire jouer à la commission demandaient une modification du statut de la
commission, ainsi que des pouvoirs qui lui avaient été
assignés dans le premier projet de loi. Pour le moment, nous
reconnaissons, en effet, que, si la partie la plus importante du travail qui
devait être le sien, c'est-à-dire mener des expériences,
des enquêtes et des expérimentations, lui est enlevée, il
est bien entendu qu'il nous paraît plus logique de créer un
comité consultatif plutôt qu'une commission de pharmacologie.
Quant à la date d'entrée en vigueur du régime, nous
nous réjouissons que le ministre ait fixé à l'automne la
mise en vigueur en ce qui concerne les soins dentaires. Nous nous demandons,
quand même, s'il n'y aurait pas moyen d'accélérer la mise
en vigueur du projet de loi en ce qui concerne les médicaments. Je sais
le danger qu'il y a nous en avons tous fait l'expérience
d'annoncer d'une façon prématurée la mise en vigueur d'un
projet de loi. J'espère quand même, que cette date du 1er janvier
1972 est un maximum et que le ministre nous fera l'heureuse surprise d'avancer
la date de cette mise en vigueur du projet de loi.
En ce qui concerne la prescription par noms génériques, je
comprends que le ministère continue ses études et qu'en temps et
lieu, lorsque les renseignements auront été accumulés, il
deviendra peut-être possible de remplacer les marques de commerce par des
noms génériques, tout en admettant quand même qu'un travail
préliminaire scientifique très sérieux doit être
effectué dans ce domaine afin que la santé des citoyens ne soit
pas menacée.
Le ministre ne nous a pas parlé des opinions qui avaient
été émises en commission sur la
prescription par format thérapeutique. Je ne sais pas si le
ministre veut, à l'occasion de la mise en vigueur de ce projet de loi,
pousser davantage les intentions que lui ou ses fonctionnaires avaient
manifestées en ce qui concerne cette prescription par format
thérapeutique, mais cela nous semble être une mesure louable sur
laquelle nous aimerions être éclairés davantage.
Voilà à peu près les remarques que nous voulions
faire sur ce projet de loi. Nous nous réjouissons encore une fois de
cette addition importante à la législation de
sécurité sociale et nous souhaitons que le ministre fasse
poursuivre toutes les études qui sont en cours. Nous lui souhaitons
bonne chance dans la réalisation de l'ensemble complet des mesures de
sécurité sociale, dont le rapport de la commission qu'il a
présidée nous parle et que nous approuvons encore une fois
entièrement et avec enthousiasme.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Témiscamingue.
M. Gilbert Théberge
M. THEBERGE: M. le Président, je m'en voudrais de ne pas dire
quelques mots sur cette loi que je considère comme l'une des plus
progressives que nous ayons eu à étudier depuis un certain
temps.
Evidemment, vous comprendrez merci, M. le député de
Brome que je vais parler surtout de l'article 14 du projet de loi no 69,
parce que cela me touche tout spécialement et pour cause.
Nous connaissons d'ailleurs le ministre et le
député de Montmagny l'ont mentionné l'état
déplorable de la santé dentaire des Québécois en
général et surtout des enfants.
Je donnerais trois facteurs responsables de cet état. Je dirais
que c'est le manque d'éducation dentaire, la peur et aussi le
coût. L'éducation se fera si on peut en venir à faire
entrer l'enfant dans le bureau du dentiste. Celui-ci est conscient de ses
responsabilités et a pour tâche, en plus de faire les
réparations qui s'imposent, de parler de prévention et montrer
à ses patients, surtout les plus jeunes, le besoin qu'ils ont d'avoir
une dentition aussi parfaite que possible.
Je suis convaincu par ailleurs que les dentistes, tous tant qu'ils sont,
sont conscients de cette tâche et la remplissent admirablement bien.
Le deuxième facteur, je dirais que c'est la peur. C'est un
cliché de dire aujourd'hui que les dentistes sont à peu
près les gens les plus craints parmi les professionnels. Autrefois,
c'était vrai, heureusement qu'aujourd'hui cela disparaît
lentement. Lorsque l'enfant entre chez le dentiste, il va réaliser
qu'après tout les dentistes ne sont pas tellement menteurs, ni
bourreaux, comme certaines mauvaises langues aiment à le faire
croire.
En effet, combien d'enfants, quand ils entrent pour la première
fois dans le cabinet du dentiste, sont tellement tendus qu'il est à peu
près impossible de faire un travail adéquat. Mais je peux vous
dire par expérience qu'après quelques séances ces enfants
sont parmi nos meilleurs patients. Tout cela pour dire que pour contrecarrer le
manque d'éducation et pour contrecarrer la peur, il faut qu'on puisse
faire entrer les enfants dans le bureau du dentiste. C'est justement ce que le
projet de loi 69 apporte. Avec le projet de loi 69, les pères de
famille, surtout les pères de famille nombreuse, qui n'ont
malheureusement pas les moyens d'amener leurs enfants
régulièrement chez le dentiste, grâce au projet de loi 69,
auront l'occasion d'y envoyer leurs enfants. Du même coup, la peur et le
manque d'éducation disparaîtront.
M. le Président, je sais que le ministre a décidé
de couvrir les soins dentaires jusqu'à l'âge de sept ans. C'est un
début, et je suis convaincu que d'ici quelques années ils seront
couverts jusqu'à l'âge de 18 ans, alors que l'âge critique
au point de vue dentaire pour l'adolescence est passé.
Je félicite le ministre et je suis convaincu que c'est là
une de nos meilleures lois.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Gaspé-Sud.
M. J.-Arthur-Guy Fortier
M. FORTIER: M. le Président, je ne veux prendre que quelques
instants pour remercier le ministre d'avoir adopté cette loi parce que
j'ai eu l'honneur et le plaisir de présider à la commission qui a
préparé la loi de l'assurance-maladie. Comme député
et comme médecin, j'en connais tous les effets bénéfiques
pour la population.
Je puis aussi assurer que tous les médecins qui pratiquent sont
heureux de cette loi. D manquait une chose et la loi, le bill 69 va y
remédier, c'est que maintenant les assistés sociaux vont avoir
leurs médicaments payés et cela va leur permettre enfin d'avoir
une réglementation. Ils ne seront pas obligés d'aller chez le
médecin et de faire remplir une nouvelle formule d'assistance sociale.
De plus, le médecin était obligé d'indiquer le prix des
médicaments qu'il devait prendre par mois.
Par cette réglementation, les assistés sociaux vont avoir
enfin les médicaments payés. Les médicaments
étaient pour eux une dépense considérable. Je tiens
à féliciter le ministre d'avoir pensé aux assistés
sociaux ainsi qu'à pourvoir les enfants des soins dentaires qui sont
couverts maintenant par la Loi de l'assurance-maladie.
M. le ministre, en tant que médecin et député, je
vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Affai-
res sociales a son droit de réplique. Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui désirent prendre la parole?
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: Simplement, M. le Président, quelques
renseignements rapides, compte tenu du fait que certaines questions ont
été soulevées. Je crois qu'il sera plus facile d'y
répondre d'une manière détaillée lors de
l'étude du projet de loi, article par article. Mais pour corriger une
fausse impression possible, le député de Montmagny s'est
demandé pourquoi, dans le projet de loi, à l'article 2a), nous
définissions les cliniques d'enseignement des facultés d'art
dentaire. Ceci a trait uniquement à la chirurgie buccale. Nous les
ajoutons aux hôpitaux, mais ça n'est pas pour la couverture des
soins pour les enfants.
Alors, ce n'était pas notre intention par cette addition de
limiter la couverture des soins dentaires uniquement à l'hôpital
et aux cliniques d'enseignement, mais dans tous les cabinets. Quant aux autres
questions, on a soulevé à nouveau la possibilité que les
enfants soient couverts de 7 à 14 ans au lieu de 0 à 7, ou encore
de 0 à 14 ans. Pour prendre ce premier groupe, nous avons examiné
les diverses possibilités et, en plus des aspects financiers, il y a un
aspect qui est assez important, c'est celui de la suffisance des effectifs.
Dans un premier temps, compte tenu des opinions qui nous ont
été remises et que nous pourrons rediscuter, au besoin, demain ou
lors de l'étude du projet article par article, on nous indique que, s'il
y a un choix entre les deux groupes, soit de 0-7 et de 7-14, il est
préférable de prendre le groupe de 0-7. Vous comprendrez que,
pour moi, il est difficile d'expliquer toutes les raisons, mais c'est l'opinion
que nous avons eue.
Quant à d'autres catégories de personnes, par exemple,
pour les femmes enceintes, parce que c'est la catégorie qui me vient
à l'esprit et c'est celle qui avait été mentionnée,
toujours en ce qui a trait aux soins dentaires, on nous a donné, comme
avis sur ceci, que la couverture de soins dentaires n'est pas vraiment la
réponse à ces types de problèmes. Encore là, lors
de l'étude, lorsque nous passerons sur les articles pertinents, il sera
possible de donner plus de détails lorsque j'aurai avec moi les
officiers du ministère ou ceux qui nous ont conseillés.
On a soulevé également la possibilité
d'élargir la couverture ou le champ d'application en ce qui a trait aux
médicaments d'autres groupes de population, par exemple tous ceux dont
les revenus se situent en deçà d'un certain seuil. Bien,
là, il y a évidemment deux aspects: celui des coûts et
celui aussi de la complexité d'une telle mesure. Il importe,
croyons-nous, de nous lancer avec une certaine prudence dans la couverture des
médicaments. D'autre part, au plan administratif, présentement,
nous n'avons aucun outil qui nous permettrait d'étendre la couverture
à partir d'un tel critère. Lorsqu'il nous aura été
possible de modifier la Loi de l'aide sociale et d'autres mesures de
sécurité du revenu de telle sorte que nous aurons un
régime vraiment fondé sur un critère de revenu, cette
possibilité s'ouvrira. Présentement, avec les mécanismes
administratifs à notre disposition, nous avons examiné ces
possibilités et cela ne nous apparaissait pas possible.
D'autres questions ont été soulevées, par exemple,
sur le rôle du pharmacien. Nous convenons vraiment que le rôle du
pharmacien est en pleine évolution et qu'il faut en faire un
professionnel.
Des suggestions ont été formulées à la
commission. Nous les avons étudiées et nous avons essayé
d'en retenir le plus grand nombre possible dans la révision de la Loi de
la pharmacie que nous comptons présenter à cette Chambre avant
l'ajournement d'été des travaux. Il ne nous était pas
possible dans le bill 69, comme, d'ailleurs, les députés le
comprennent, d'apporter ces changements.
Je voudrais tout simplement dire, toutefois, que si j'ai
mentionné un mélange d'honoraires et de pourcentage pour la
rémunération des services du pharmacien, il ne s'agissait pas,
dans notre esprit, de maintenir un caractère semi-professionnel,
semi-commercial au rôle du pharmacien, mais plutôt de trouver un
moyen de rémunération qui soit compatible avec le type de
services qui sont rendus. En définitive, ce que nous essayons de faire,
au lieu de retenir l'idée d'une centrale d'achat, c'est d'introduire
c'était l'autre possibilité un plus grand
degré de concurrence entre les fabricants au niveau de leurs prix. C'est
vraiment le principe que nous avons retenu. C'est vraiment, d'ailleurs, une des
conclusions qui se dégageait de l'étude de François
Lacasse, étude effectuée par la commission. C'est qu'il n'existe
pas, à toutes fins pratiques, de concurrence au niveau des prix entre
les fabricants. C'est donc vraiment de ce côté que nous tentons
d'innover plutôt que de l'autre par un processus de
négociation.
Quant à la question de la couverture de la chiropraxie, il nous
faut évidemment reconnaf-tre cette profession, la circonscrire, faire en
sorte qu'il soit possible d'identifier qui est apte à la pratiquer avant
qu'il nous soit possible d'envisager la couverture de ces soins.
Je crois bien, M. le Président, que ce sont les points qui
m'apparaissent les plus importants à mentionner au cours de cette
brève réplique. Nous aurons l'occasion de discuter les autres
questions plus à fond, au besoin, lors de l'étude article par
article. Aussi, quant à certaines questions, comme celle portant sur les
noms génériques, le format thérapeutique, ceci sera repris
lors de l'étude de la Loi de la pharmacie, étant donné que
nous comptons, comme je
viens de le mentionner, présenter ce projet de loi à la
Chambre avant l'ajournement des travaux pour l'été.
Je propose donc, M. le Président, l'adoption en deuxième
lecture de ce projet de loi.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LEVESQUE : Comité plénier, M. le Président, pour
faire rapport.
Comité plénier
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales propose que
je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier.
Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
L'honorable député de Saint-Louis.
M. BLANK: Avant que la Chambre se forme en comité, ai-je la
permission de faire le rapport de la commission des bills privés et des
bills publics?
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il consentement?
M. LAURIN: Non, M. le Président.
M. BLANK: Je voudrais faire remarquer au député de Bourget
que ce n'est pas le rapport de la troisième lecture; ce n'est que le
rapport d'une discussion qui aura lieu en troisième lecture.
M. LAURIN: D'accord.
Commission des bills privés et publics
M. BLANK: J'ai l'honneur de soumettre le quatrième rapport de la
commission des bills privés et des bills publics. Suis-je
dispensé de le lire?
M. LEVESQUE: Dispensé.
M. LAURIN: Je m'oppose quand même à ce que ce soit
reçu parce que je veux que nous puissions parler en troisième
lecture sur un de ces projets de loi.
M. LEVESQUE: Le rapport étant fait, M. le Président,
ça ne veut pas dire... Lorsque demain ou les jours suivants je ferai
motion pour que ces projets de loi franchissent l'étape du comité
plénier et de la troisième lecture, à ce moment-là,
l'honorable député aura l'occasion de se faire entendre.
M. LE PRESIDENT: Ce rapport est-il agréé?
M. LEVESQUE: Agréé. M. le Président, article 1.
M. LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité des
subsides. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Comité des subsides Crédits du
ministère des Richesses naturelles
M. LEVESQUE: Alors, nous entreprendrons, à la reprise, à
huit heures quinze, l'étude des crédits du ministère des
Richesses naturelles.
M. le Président, suspension jusqu'à huit heures
quinze.
M. LE PRESIDENT (Blank): La séance est suspendue jusqu'à
huit heures quinze.
Reprise de la séance à 20 h 18
M. HARDY (président du comité des subsides): A l'ordre,
messieurs!
Ministère des Richesses naturelles, poste 1. article 1 : Services
administratifs.
M. PAUL: M. le Président, je vois que mon collègue, le
député de Chicoutimi, aura une question fort intéressante
à poser à l'honorable ministre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais d'abord
remercier le ministre de nous avoir fourni certains documents qui nous
permettront de faire un examen plus positif et plus expéditif, je le
souhaite, du budget de son ministère. Toutefois, avant d'aborder
l'examen des articles et des divers postes de ce budget, nous serions
extrêmement heureux d'entendre le ministre des Richesses naturelles nous
faire un exposé de la politique de son ministère,
c'est-à-dire les grandes lignes qui définissent cette politique,
des réalisations au cours de l'exercice financier qui s'est
terminé le 31 mars 1971 et des perspectives en ce qui concerne le
présent exercice.
Nous attendons donc, du ministre, qu'il nous fasse connaître les
orientations générales de son ministère,
conformément à la loi qui définit les pouvoirs de
l'important ministère dont il a la responsabilité.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je remercie le
député de Chicoutimi de m'offrir l'occasion de parler des grandes
lignes que nous voulons suivre durant l'année 71/72. Au point de vue de
l'administration, on a voulu, au cours de l'année qui vient de se
terminer, et nous voulons, pour l'année qui vient, mettre l'accent sur
une efficacité ou une rationalisation des méthodes
d'administration.
Dès l'an dernier, nous avons mis en place le système PPB.
Nous avons créé un comité d'organisation et méthode
afin d'analyser les effectifs, afin d'examiner également les
méthodes administratives à l'intérieur du ministère
des Richesses naturelles. Toujours dans le domaine de l'administration, le
service de planification et d'étude économique, qui était
auparavant une direction générale du ministère, a
été muté en service du ministère, directement
rattaché au bureau du sous-ministre dans le but de tenter de coordonner
les différentes directions générales du
ministère.
Comme vous le savez, il y a quatre grandes directions
générales qui, en apparence, sont vraiment distinctes,
c'est-à-dire la Direction générale des eaux, la Direction
générale de l'énergie, celle du Nouveau-Québec,
celle des mines. Il doit aussi conseiller le ministre sur les aspects
économiques de la politique du ministère.
Au niveau de la Direction générale des mines, on pourrait
résumer à trois les grands objectifs que nous poursuivons.
Premièrement, le développement et la mise en valeur de nos mines
au Québec. A cela peut se rattacher un effort de régionaliser les
politiques de notre ministère dans le domaine minier. On sait l'effort
que le ministère et le gouvernement ont fait dans le cas de la mine
Preissac, par exemple, à Val-d'Or, qui connaît des
difficultés de fonds de roulement. Alors que les réserves
minières et le marché existent et qu'il y avait des
difficultés de fonctionnement, nous avons apporté une aide
jusqu'à concurrence de un million et quart de dollars, qui pouvait
garantir, d'une certaine façon, un prêt que la compagnie Preissac
pouvait effectuer auprès d'une firme prêteuse.
Ici, je dois dire, dans ce premier objectif, que j'ai demandé au
Service de la planification du ministère d'effectuer une étude
sur la transformation du minerai extrait de notre sous-sol pour savoir si,
économiquement, il n'y aurait pas moyen d'augmenter la transformation du
minerai extrait du sous-sol au Québec. Aussi, comme vous le savez, les
amendements à la Loi des mines, qui ont été votés
l'automne dernier, veulent inciter à l'exploration. On sait que la
production minière a diminué au cours des dernières
années au Québec. Si on ne fait pas d'exploration, il est
très difficile de découvrir de nouveaux gisements miniers.
Le deuxième objectif tend à conserver et à
exploiter rationnellement notre sous-sol. Le troisième objectif que nous
mettons de l'avant pour 71/72 et qui est vraiment nouveau, c'est la promotion
minière pour tenter, par rapport aux immenses richesses du sous-sol du
Québec, de promouvoir des investissements ou d'attirer des capitaux dans
ce secteur de l'exploitation minière.
Dans le domaine des eaux, vous avez vu cet après-midi qu'à
la suite de la publication du rapport de la commission d'étude des
problèmes juridiques de l'eau nous avons l'intention d'amorcer cette
réforme. Si le gouvernement a fait connaître sa décision
sur la majorité, une cinquantaine des 65 recommandations du rapport, ce
n'est pas pour mettre les quinze qui restent aux oubliettes, mais plutôt
afin d'attendre les trois autres rapports que doit nous soumettre la commission
des problèmes juridiques de l'eau, c'est-à-dire un rapport sur
l'administration, un sur l'aspect juridique et un sur la fiscalité.
Vous savez que dans le secteur de l'eau nous avons la fonction de
connaître les ressources d'eau par notre Direction générale
des eaux; aussi nous avons comme fonction la protection des rives et des
riverains. Plusieurs études sont effectuées dans ce domaine et
nous avons des réalisations en termes de constructions de barrages ou de
murs de soutènement. Certains ont été faits et d'autres le
seront; on le verra dans le budget de 71/72. Mais surtout nous avonsformé à la fin de l'hiver le comité "Urgence-
inondation" afin de détecter le plus rapidement possible les
inondations qui auraient pu survenir au début du printemps 1971.
Malheureusement, des inondations se sont produites à plusieurs
endroits dans la province, mais d'autre part, dès qu'il y avait
augmentation de la crue des eaux, nous étions avisés. Nous
dépêchions immédiatement un inspecteur de notre
ministère.
Au niveau de l'énergie, vous savez qu'une nouvelle direction
générale de l'énergie existe au ministère des
Richesses naturelles.
Elle avait été formée par l'ancien gouvernement,
mais le présent gouvernement l'a parachevée en nommant d'abord un
directeur général, M. Réal Boucher. Cette direction
générale est en train d'élaborer plusieurs études
qui avaient déjà été effectuées, mais
plusieurs éléments manquaient encore afin de définir une
politique énergétique du Québec, politique que nous
espérons pouvoir communiquer à cette Chambre dans les prochains
mois.
Au Nouveau-Québec, nous avons, au point de vue administratif,
modifié légèrement la structure de la direction
générale du Nouveau-Québec, pour s'adapter davantage aux
besoins de la population esquimaude et indienne qui vit au
Nouveau-Québec, Nous l'avons fait dans un esprit de vouloir
développer, en tenant compte toujours de la culture et des modes de vie
différents de cette population, un service de développement
communautaire à l'intérieur de cette direction
générale qui oeuvre sur le territoire du Nouveau-Québec et
qui tente de permettre à la population esquimaude, par ses propres
moyens, de développer son territoire.
On verra tout à l'heure les réalisations dans ce
domaine-là. Voilà, M. le Président, les grandes lignes qui
guident notre action au ministère des Richesses naturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie le
ministre de l'exposé qu'il a fait, qui, vous le comprendrez, n'est pas
de nature à nous informer sur la politique du gouvernement du
Québec en ce qui concerne le ministère des Richesses naturelles.
Certes, le ministre nous a donné des indications assez brèves,
puisque nous aurons l'occasion d'y revenir dans l'examen en détail des
articles du budget, sur le travail que son ministère a accompli au cours
du dernier exercice financier.
Mais en posant le problème comme je l'ai posé au
départ, je souhaitais que le ministre nous informât de la
politique globale du gouvernement en matière de richesses
naturelles.
En effet, si l'on examine la loi qui régit ce ministère,
il est prescrit au ministre qu'il a le devoir "d'élaborer des plans pour
la mise en valeur, l'exploitation et la transformation, dans la province, des
richesses naturelles qui s'y trouvent et, avec l'autorisation du
lieutenant-gouverneur et en collaboration avec d'autres ministères, voir
à l'exécution de tels plans".
Je ne retiens donc que ce paragraphe de la loi qui a créé
le ministère des Richesses naturelles, m'en autorisant pour interroger
le ministre sur la politique globale que le gouvernement dont il est membre
entend mettre de l'avant pour atteindre cet objectif qui est défini
à l'article 1 de la Loi du ministère des Richesses naturelles. Si
j'aborde le problème de cette façon, si je choisis cette
approche, c'est qu'encore hier, nous avons eu l'occasion, en examinant les
crédits du Conseil exécutif, de parler de planification. Il y a,
en effet, dans l'administration gouvernementale, dans les mécanismes de
cette administration, un organisme qui s'appelle l'Office de planification du
Québec, cet office étant, en quelque façon, le moteur qui
doit activer l'action gouvernementale dans tous les secteurs de la vie du
Québec. Or, le secteur des richesses naturelles est certainement l'un
des plus importants. C'est un secteur vital, tout le monde en convient. Il
n'est pas nécessaire de procéder à de longues
démonstrations pour en faire la preuve.
Il arrive que l'Office de planification du Québec a, lui aussi,
une responsabilité qui est définie par la loi qui l'a
créé. Obligation est faite à cet office de coordonner
l'activité de tous les ministères du gouvernement en fonction
d'un développement maximal de toutes les ressources humaines et
physiques du Québec.
Le problème que je pose, M. le Président, est le suivant:
De quelle façon le ministère des Richesses naturelles
établit-il la coordination avec les autres ministères du
gouvernement? Comment le ministre des Richesses naturelles établit-il
ses politiques et, si tel est le cas, comment les coordonne-t-il avec celles de
l'Office de planification du Québec?
Le problème qui doit nous préoccuper à l'heure
actuelle, alors que le gouvernement a déclaré avoir axé
toute sa politique et toute son action sur l'économique, le
problème qui à mon sens se pose dans le cas du ministère
des Richesses naturelles est le suivant: Quel est à court, à
moyen et à long terme l'objectif du ministre des Richesses naturelles
dans les domaines de l'exploration, de l'exploitation et de la transformation
des richesses naturelles?
C'est le genre d'exposé que j'aurais voulu que le ministre nous
fît avant de nous donner certains détails sur les gestes qu'il a
posés en sa qualité de ministre au cours du dernier exercice
financier. Ce qu'il nous a dit peut peut-être nous fournir des indices
mais n'établit pas à la satisfaction des citoyens du
Québec la politique de son ministère non plus que la politique de
son gouvernement parce que si son gouvernement veut placer son action sous le
signe de l'efficacité, de la rentabilité, du rendement
économique, il est évidemment de la plus grande importance que ce
gouvernement situe son action sur des assises solides et les assises les plus
solides qui soient sont précisément les richesses naturelles du
Québec.
Je voudrais donc que le ministre nous dise, lui qui est porte-parole du
gouvernement, res-
ponsable du ministère des Richesses naturelles, qui est en
quelque façon le ministre clef à un moment où l'on veut
s'occuper de développer le Québec, qu'il nous indique quelle est
sa conception de l'exploration, de l'exploitation et de la transformation des
richesses naturelles au Québec.
Il y a quelques jours ou quelques semaines, nous avons eu l'occasion
d'interroger le ministre, alors que nous étudiions un projet de loi qui
accordait plus d'argent à SOQUEM, sur la conception qu'il se faisait de
l'exploration, de l'exploitation et de la transformation des richesses
minières. Mais il y a bien d'autres richesses naturelles au
Québec.
Je voudrais donc que ce soir le ministre, en rendant ses comptes
puisqu'il a le devoir de rendre des comptes, c'est un mauvais moment
à passer, mais le système démocratique que nous avons
exige que nous imposions ce travail de reddition des comptes au ministre, et
qu'il ne s'effraie point, nous n'avons pas l'intention de le torturer, de le
mettre à la question veuille bien définir les grandes
politiques du gouvernement toujours en fonction de l'objectif économique
dont nous parle continuellement le premier ministre du Québec.
Le ministre a abordé certains sujets tout à l'heure. Il
nous a dit: Nous avons réaménagé l'administration du
ministère, les mécanismes, nous avons voulu donner plus
d'efficacité au ministère. Objectif fort louable, et nous croyons
bien que le ministre, assisté de gens aussi compétents que ce
sous-ministre que je vois ici ce soir, sera capable de donner de plus en plus
d'efficacité au ministère.
Le ministre nous a parlé de planification. Nous aurons l'occasion
de lui poser des questions sur le problème de la planification, sur les
budgets qui sont consacrés à la recherche dans son
ministère et sur la conception qu'il se fait de la planification dans
l'optique générale de la grande planification qui, elle,
relève de l'Office de planification du Québec.
Dans le domaine des mines, le ministre a fait part de certaines
réalisations de son gouvernement, enfin, de certains gestes, de
certaines tentatives. Nous serons heureux de le féliciter, lorsque nous
aurons eu des détails qui nous prouveront, de façon nette et sans
équivoque, qu'il y a eu réellement progrès dans ce
domaine, particulièrement dans le domaine qu'il a qualifié de
promotion minière, dont l'objectif est d'attirer le plus grand nombre
d'investisseurs au Québec. Il a parlé du problème des eaux
en faisant référence à la déclaration
ministérielle que nous avons entendue cet après-midi et qui n'a
pas, comme l'a dit le chef de l'Opposition officielle, apporté
grand-chose de nouveau puisqu'on nous promet une loi-cadre et que tout devrait
être prêt pour que cette loi nous soit présentée le
plus tôt possible.
Le ministre a parlé du Nouveau-Québec. Nous avons
hâte de l'entendre nous dire quel est l'état des relations entre
le gouvernement du
Québec et le gouvernement central dans le domaine du traitement
accordé aux Esquimaux et aux Indiens. Le ministre a parlé ensuite
des ressources énergitiques. Il peut donc s'attendre que nous
l'interrogions à moins qu'il ne prenne lui-même
l'initiative de nous dire tout ce que son gouvernement entend faire sur
le sujet de la baie James parce qu'il m'apparaît que c'est là une
des articulations majeures de la politique de développement du
Québec pour les sept ou dix prochaines années dans le domaine du
développement des richesses naturelles.
Par conséquent, le ministre a ce soir la tâche, le devoir,
la responsabilité dont, je sais bien, il va s'acquitter avec brio
de tracer, si vous voulez, de définir les politiques du
gouvernement, de nous montrer quel est l'échéancier qu'il s'est
fixé, quelle est cette sorte de calendrier de travail qu'il a
préparé au ministère des Richesses naturelles afin que
l'on sache exactement le cas précis qu'il va faire des mines, des
ressources énergitiques et de toutes les autres richesses naturelles du
Québec.
Il faudra aussi que le ministre nous renseigne là-dessus
je veux être clair et formel et fasse complètement
l'état de la question en ce qui concerne le gouvernement du
Québec et toutes les sociétés qui exploitent les richesses
naturelles au Québec, que ce soit dans le domaine des mines ou dans
d'autres domaines. Le ministre a le devoir de nous renseigner sur ce qui s'est
passé au cours du dernier exercice financier et sur ce que son
gouvernement entend faire. On entend parler d'investissement à droite et
à gauche, on entend parler de grands développements dans la
région de la Côte-Nord.
Je sais que mon collègue, le député de Duplessis,
voudra bien prêter main forte au ministre des Richesses naturelles pour
défendre les politiques que le gouvernement a annoncées et dont
on ne voit pas encore très bien les réalisations. Alors nous nous
attendons donc à ce que le ministre nous informe de ce qui se passe
là-bas où on doit procéder à de grands
développements, à l'établissement de grandes industries.
Quelle est la situation, par ailleurs, des autres industries existantes,
particulièrement dans le domaine des mines? Je pense à la
région du Nord-Ouest québécois, comme à la
région de cet immense pays du Nouveau-Québec.
Alors, M. le Président, je ne voudrais pas prolonger plus
longuement ces observations préliminaires, mais j'ajoute que le ministre
a aussi l'obligation de nous dire quelle sera la politique de son
ministère, en ce qui concerne l'analyse des sols, par exemple, afin de
rassurer la population du Québec qui s'est inquiétée,
après la catastrophe de Saint-Jean-Vianney, de la sécurité
du sol québécois.
Nous imaginons que le ministre sera capable de nous fournir des
indications sur les études qui ont été faites ou sur
celles qui sont en cours. A cela, le ministre ajoutera sans doute des
commentaires extrêmement importants, des
commentaires que nous attendons, des indications qu'il se doit de nous
donner sur l'ensemble de la politique du ministère des Richesses
naturelles, en coordination avec celle que le gouvernement applique dans
d'autres secteurs de l'activité québécoise, des
indications sur la politique de la langue de travail dans les divers secteurs
auxquels son ministère s'intéresse. Parce que le ministre,
évidemment, en sa qualité de ministre des Richesses naturelles,
n'exploite pas lui-même les mines, n'exploite pas toujours lui-même
les richesses naturelles comme telles, mais il est quand même commis
à la surveillance de ces grandes entreprises qui exploitent les
richesses naturelles, ces grandes entreprises auxquelles le gouvernement
libéral doit bientôt imposer l'obligation de faire du
français la langue de travail au Québec.
Ainsi, je crois que j'ai présenté au ministre un menu
assez copieux. Il n'a qu'à choisir et peu importe qu'il commence par le
hors-d'oeuvre, par le dessert ou par le champagne. Mais j'imagine qu'il va
prendre chacun des mets que j'ai décrits il en a d'ailleurs
déjà l'eau à la bouche, on le voit, il a hâte de me
renseigner là-dessus et qu'il va me dire, premièrement,
quelle est la politique globale du gouvernement pour les cinq prochaines
années à venir, en ce qui concerne le développement des
richesses naturelles du Québec, soit l'exploration, l'exploitation et la
transformation. Qu'il nous dise ensuite, exactement, quels sont les grands
projets que son gouvernement va mettre de l'avant dans le domaine des richesses
naturelles. En corollaire, qu'il nous fasse connaître de quelle
façon vont s'établir, désormais, les relations à la
fois politiques, financières et économiques entre le gouvernement
du Québec et les sociétés qui exploitent nos richesses
naturelles.
Comme pousse-café, le ministre, bien entendu, va nous parler de
Soquip et de Soquem. Bien entendu ça, c'est un pousse-café
qui est d'importance, si on pense à toutes les turbines qui vont pousser
l'eau plus tard le ministre va nous parler de la baie James.
Alors, M. le Président, nous sommes tout ouïe pour entendre
le ministre et, lui ayant présenté le menu, nous allons
maintenant avoir l'occasion d'entendre le ministre nous indiquer, selon l'ordre
de ses préférences...
M. PAUL: La valse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...quels sont les plats que le Québec
se verra servir, plats qui permettront de donner à manger aux personnes
qui attendent toujours les 100,000 emplois du gouvernement Bourassa.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je suis certain que le
député de Chicoutimi va me permettre de manger son plat
pièce par pièce.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah oui! On vous donne tout le temps, vous
savez.
M. MASSE (Arthabaska): Vous êtes très gentil.
M. PAUL: On ne vous l'enlèvera pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): S'il faut faire un dfner aux chandelles, on y
verra en temps et lieu.
M. MASSE (Arthabaska): II est bien sûr qu'en termes de
planification, pour le prendre dans le sens très large, le
développement économique du Québec devra se faire dans le
sens de la planification, avec les méthodes de planification. Le
ministère des Richesses naturelles n'écarte pas ces moyens pour
le développement du Québec. D'ailleurs, ceux qui ont pu lire le
rapport de la mission du Nord-Ouest québécois ont pu le constater
que le ministère des Richesses naturelles a voulu insister et
entreprendre une action surtout dans le domaine de l'exploration, dans le
domaine des relevés géologiques et géophysiques afin de
favoriser la venue de prospecteurs et la venue de nouveaux investissements dans
le territoire du Nord-Ouest québécois.
Je pense que tout le monde en cette Chambre est conscient des
difficultés économiques qui existent dans ce territoire du
Nord-Ouest québécois. Le ministère des Richesses
naturelles a effectivement une responsabilité importante étant
donné que l'économie est axée davantage sur l'exploitation
minière, que, malheureusement, les sites minéraux ont
été découverts parce qu'au départ ils
étaient faciles à découvrir et que, depuis quelques
années...
M. LAVOIE (Wolfe): Qu'est-ce que vous entendez par là, faciles
à découvrir?
M. MASSE (Arthabaska): C'est que ces mines, qui ont été
découvertes à partir d'affleurements rocheux, étaient plus
faciles à découvrir que maintenant, de sorte que,
présentement, au niveau de l'affleurement rocheux, toutes celles qui
étaient faciles à découvrir l'ont été.
M. LAVOIE (Wolfe): Qu'est-ce qui vous dit qu'il n'y en a pas encore de
ça?
M. MASSE (Arthabaska): Maintenant nous devons explorer davantage en
profondeur par les nouvelles méthodes techniques pour tenter de
découvrir de nouvelles mines.
On verra tout à l'heure quand on étudiera le budget
article par article, qu'un effort dans les levés géophysiques et
aéroportés a été fait dans ce territoire. On verra
aussi qu'avec l'ODEQ le ministère des Richesses naturelles entreprendra
des travaux très importants dans la région du Bas-du-Fleuve et la
Gaspésie. Dans les actions du ministère qui impliquent d'autres
ministères, tels l'Industrie et le Commerce ou la Voirie, les
décisions qui doivent être prises au ministère
des Richesses naturelles le sont toujours en consultation avec ces
ministères.
Bien sûr que pour le développement économique...
M. LAVOIE (Wolfe): Avez-vous quelque chose de spécial pour
Bécancour?
M. MASSE (Arthabaska): Mon ministère, à ce que je sache,
n'a pas de travaux spéciaux dans la région de Bécancour.
En ce qui concerne le développement minier, comme je l'ai dit dans
l'exposé de départ, si nous voulons augmenter la production
minière au Québec, nous devons favoriser davantage l'exploration
minière. Cela a déjà été fait l'année
passée par les amendements à la Loi des mines. Nous pensons que
nous favorisons la prospection minière, surtout dans le Nord-Ouest
québécois, alors que les prospecteurs dans cette région
changent de provinces selon les avantages qu'elles peuvent offrir à la
prospection ou à l'exploration minière.
Bien sûr, on ne peut pas dire que dès l'année
prochaine ou dans trois ans ou dans cinq ans des mines importantes pourront
être exploitées, mais c'est dans cette optique que des efforts
pourront favoriser la découverte de nouveaux gisements. Comme je l'ai
dit dans l'exposé de départ, afin de favoriser l'économie
du Québec dans le domaine minier, une étude est
présentement en cours pour examiner si d'une façon
économique il est possible d'augmenter la transformation de nos produits
miniers au Québec.
Dans le secteur du pétrole, la Direction générale
de l'énergie a vu le jour en 1970 et l'équipe qui s'y trouve
n'est pas tellement nombreuse. Elle doit au départ déterminer ou
me suggérer des choix, afin de définir la politique du
ministère en ce qui concerne le développement dans le secteur des
hydrocarbures, dans le secteur du gaz naturel. Alors, comme je l'ai dit au
début, dans quelques mois, nous espérons pouvoir faire part
à cette Chambre des politiques du ministère dans ce secteur. En
ce qui concerne les investissements qu'on a annoncés au cours de
l'année 1970 dans le secteur minier, je pense que nous sommes tous au
courant que Quebec Cartier, Gaspé Copper Mines, New Quebec Raglan ont
annoncé des investissements importants.
Je pense qu'en dehors des discussions générales que nous
avons au départ, plusieurs questions pourront recevoir une
réponse au cours de l'étude article par article du budget.
En ce qui concerne Saint-Jean-Vianney, la malheureuse catastrophe qui
est arrivée dans cette municipalité, nous avons fait rapport
dernièrement que des études sont en cours afin de
déterminer des travaux rémédiateurs dans cette
région et afin d'accroître le service de géotechnique du
ministère qui est responsable de l'étude des sols. Nous avons une
demande présentement afin d'augmenter l'équipe d'au moins deux
spécialistes et, un peu plus tard, de restructurer d'une façon
différente ce service. Je pense que nous devons augmenter les efforts au
niveau de la connaissance du sous-sol ou des sols surtout dans les sols
argileux, tels que celui de Saint-Jean-Vianney.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): L'honorable député
d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: M le Président, je veux souhaiter,
premièrement, la bienvenue au ministre et à ses fonctionnaires.
Je voudrais remercier le ministre pour l'exposé qu'il nous a fait. Sans
critiquer trop fortement le ministère, parce que je comprends, venant de
la région du Nord-Ouest québécois, plus
spécifiquement du comté d'Abitibi-Est, l'effort que le
ministère fait avec Soquem dans cette région pour venir en aide
aux mines.
Mais j'aurais aimé voir le ministre nous annoncer aujourd'hui
qu'à son ministère il aurait créé une banque
d'épargne ou une banque d'aide aux mines, qui sont parfois dans des
situations financières précaires, comme la mine Preissac
où il y a encore du minerai qui peut être extrait pour donner de
l'ouvrage à la population environnante. J'aurais aimé aussi que
le ministre nous dise qu'il allait établir à son ministère
une politique qu'il aurait tenté de mettre en vigueur, cette
année, en vertu de laquelle les matières premières
seraient extraites et recevraient un premier traitement dans la région
même où le minerai est extrait. Pas faire comme je vous
cite un exemple à la mine Matagami où le minerai est
extrait du sous-sol, mis dans des wagons de chemin de fer et envoyé dans
le sud de la province. Il n'y a aucun revenu ou aucune possibilité
d'accroître la main-d'oeuvre dans cette région. C'est toujours au
profit du sud. Comme on le dit si couramment, le sud aide le nord pour
favoriser le sud.
M. le Président, dans ce même exposé, le ministre
nous a parlé d'un nouveau développement dans le
Nouveau-Québec, particulièrement dans la région de
l'Ungava, Harbour Douglas et Deception Bay. Encore là, nous croyons
qu'il y a plusieurs points techniques qui sont soulevés, et qu'à
cause de la distance, il est peut-être plus avantageux de faire traiter
les minerais en Norvège et en Allemagne plutôt qu'ici même,
dans le Québec. A titre de suggestion peut-être que c'est
réfutable immédiatement, sans aucun autre discours plus long
le ministère devrait imposer à ces compagnies une taxe
peut-être plus élevée qu'en d'autres régions, vu que
le minerai est simplement extrait et envoyé dans un autre pays. Le
Canada va se voir encore dans la position d'acheter d'un autre pays pour le
ravoir. Je comprends que le ministre peut me dire que dans le cas de l'Abestos
Corporation, le minerai va être traité, mis sous forme de fibre et
pourra, en fait, être envoyé en Allemagne.
Dans le même exposé général des politiques de
son ministère, le ministre a parlé des
prospecteurs qui s'en allaient du nord-ouest québécois en
Ontario parce que les conditions de travail leur étaient plus
favorables. Je crois que le ministre est au courant qu'il y a eu plusieurs
plaintes de l'Association des prospecteurs du Québec et même de
l'Association des prospecteurs de l'Ontario, à savoir que la loi qui les
empêche de travailler et de faire un ouvrage adéquat dans le
nord-ouest québécois ou dans tout le secteur de la province de
Québec, est une loi qui a été adoptée en cette
Chambre, la Loi des explosifs, qui limite les prospecteurs à une
quantité très minime de dynamite. Ils ne peuvent pas entrer dans
le bois pour une période de un ou deux mois et faire de la prospection,
étant obligés de ressortir pour acquérir d'autres
explosifs.
Ce sont les quelques remarques que je voulais faire.
Un autre sujet auquel le ministre a à peine touché est
celui du territoire de la baie James.
Mais je remarque dans le rapport 69/70 qu'une étude de $10,000 a
été faite pour la construction de la route donnant accès
à la baie James.
M. le Président, encore dans le même domaine des mines, je
sais que présentement, il y a un transfert de capital du
ministère des Richesses naturelles au ministère de la Voirie. Le
ministère de la Voirie, vu son ampleur, ne peut pas satisfaire tous les
besoins de la population en même temps. Le Nord-Ouest
québécois est principalement aux prises avec un problème
minier, un problème qui s'amplifie tous les jours. Dans la région
de Matagami, il devrait y avoir une route d'accès qui se rende
jusqu'à Chute-Rouge, où il y a deux mines, présentement,
qui sont prêtes à venir en exploitation, mines dont l'exploration
a été faite depuis plusieurs années. H y a encore,
présentement, un gisement qui, selon tous les rapports, existe, et
pourrait devenir une mine dans cette région du Nord-Ouest
québécois. Du même fait, le développement de tout ce
grand territoire se ferait.
Maintenant, M. le Président, j'aimerais que le ministre
réponde je sais qu'il en est capable aux quelques
questions ou aux quelques points que j'ai soulevés, afin de renseigner
aussi une population. En même temps, je lui poserai une question
précise: J'aimerais que le ministre nous dise quel a été
le résultat de la rencontre avec les représentants de Metal and
Ore et ceux de la mise Preissac qui a eu lieu à Montréal la
semaine passée. Est-ce que la compagnie qui a maintenant le
contrôle de la mine Preissac rouvrira les portes de cette mine ou est-ce
qu'elle espère seulement avoir les $1,250,000 à son actif?
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre.
M. MASSE (Arthabaska): ... je voudrais répondre à
certaines questions qui ont été soulevées par le
député.
En ce qui concerne, d'abord, la mine Preissac, vous savez
qu'effectivement, le ministère, ou le gouvernement a souscrit un effort
assez substantiel afin de permettre de continuer l'exploitation de la mine, et
d'autre part, les mines qui peuvent présenter autant de réserve
ou de potentiel, dans le Nord-Ouest québécois, sont assez
limitées. Actuellement, les mines qui ont annoncé leur fermeture
sont surtout des mines d'or alors que le marché est plus ou moins
rentable pour ces entreprises et aussi à cause de l'épuisement du
minerai.
Dans le cas de Preissac, c'est une des rares fermetures de mines
où le gouvernement pouvait intervenir, justement à cause des
réserves qui semblent assez importantes et aussi le marché qui,
même s'il est plus ou moins bon, existe quand même.
Pour répondre à la question du député,
à la rencontre dont vous faites allusion, je ne sais pas si le
représentant du ministère y participait, mais je sais qu'il y a
eu une rencontre entre Metal and Ore, les propriétaires de Preissac,
ainsi que le ministère du Travail, je crois, et notre ministère.
La difficulté qui persiste encore est un manque de financement de la
part d'entreprises prêteuses. Il semble qu'on a visité plusieurs
entreprises et qu'il n'est pas possible, du moins jusqu'à aujourd'hui,
de trouver un financement qui est quand même assez important, qui peut
être de l'ordre de $2 millions, même si le gouvernement a offert de
garantir un certain pourcentage de ce montant et aussi de payer des
intérêts de cet emprunt.
En ce qui concerne la transformation au Québec, effectivement,
une grande quantité de minerai brut s'en va en dehors du Québec.
D'autre part, dans le cuivre, on transforme environ 95 p.c. du minerai au
Québec. Là où il semble plus difficile de transformer,
c'est soit dans le secteur du minerai de fer, soit dans celui de l'amiante.
C'est à cause, justement, des marchés qui sont en dehors du
Québec.
Par exemple, prenons l'amiante.
Il est plus facile et moins coûteux d'expédier l'amiante
brut que les produits composés d'amiante. Je pense, par exemple, aux
tuiles d'asphalte que nous trouvons sur les couvertures de maison. Il semble
qu'il entre de l'amiante dans ce produit, mais la transformation se fait
à l'endroit où existe le marché.
M. TETRAULT: Le ministre me permettrait-il une question?
M. MASSE (Arthabaska): Oui.
M. TETRAULT: En ce qui concerne l'amiante, pour un profane qui le
demanderait à titre d'information, n'y a-t-il pas un
procédé sur
les lieux pour extraire la fibre et pour la séparer de l'amiante
brut, parce qu'elle est très inflammable et se manoeuvre très
difficilement?
M. MASSE (Arthabaska): Effectivement, la fibre est séparée
et classée au Québec, mais elle est utilisée dans les
produits finis à l'extérieur du Québec, là
où l'on trouve le marché. Le Québec, dans ce
sens-là, est défavorisé à cause de son
marché assez restreint.
Au départ, il y a certaines contraintes semblables, mais il n'est
pas dit que certains autres produits ne puissent pas être
transformés au Québec. C'est dans cette optique que j'ai
demandé, il y a quelques mois, au ministère de nous faire une
étude sur la transformation du minerai au Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, naturellement, le ministère
des Richesses naturelles est extrêmement important, puisqu'il sert de
cadre pour le développement de ce que nous possédons dans notre
sous-sol en particulier.
Un peu comme dans la forêt, nous vivons actuellement dans les
mines des heures assez difficiles. Nous constatons, par exemple, que, depuis
1965, notre production a diminué considérablement. Nous
constatons aussi le ministre nous l'a fait remarquer tout à
l'heure que nous sommes essentiellement un pays d'exploitation de
matières premières et que, pour une grande partie de nos
ressources naturelles, nous ne sommes qu'un réservoir de matières
premières pour les pays étrangers.
On nous a fait aussi constater qu'actuellement certains problèmes
existent à l'intérieur du développement des ressources
naturelles. L'un de ces problèmes est justement le manque d'exploration
qui se fait actuellement au Québec, le ministre nous a dit qu'il a
tenté de corriger par une loi ce problème. Cependant, je ne crois
pas qu'essentiellement nous allons corriger cette lacune exclusivement en
adoptant une loi, peut-être plus libérale, qui exige moins de la
part des explorateurs. Je crois qu'il faut beaucoup plus utiliser ce que nous
avons déjà créé à l'intérieur de ce
secteur. Nous avons eu l'occasion, il y a quelques jours, de discuter d'un
projet de loi extrêmement important qui concernait Soquem. Nous avons eu
l'occasion, à ce moment-là, de faire valoir certaines
revendications. Nous avons eu l'occasion aussi de demander au ministre
d'élargir sa loi concernant Soquem afin de lui donner un pouvoir
beaucoup plus important et de lui permettre d'exploiter ces richesses
naturelles non seulement en s'associant avec d'autres, mais en pouvant le faire
par elle-même.
Il y a sans doute un problème d'exploration, mais il y a aussi un
grave problème de transformation de nos richesses naturelles chez nous.
Le ministre vient d'en parler tout à l'heure et il est extrêmement
important de tenter d'y trouver une solution. Il faut bien se mettre dans la
tête que les ressources du sous-sol sont essentiellement des ressources
qui ne se reproduisent pas. Contrairement à certaines autres ressources
de la forêt les ressources du sous-sol sont épuisables et
demandent à être utilisées d'une façon rationnelle,
si on veut qu'elles puissent servir non seulement à la population
actuelle mais à la population future.
D faut aussi constater le ministre le soulignait tout à
l'heure qu'à cause de notre territoire nous sommes
immensément riches en ressources, que notre territoire est à
peine exploré actuellement, que nous n'en connaissons qu'environ 20 p.c.
et que, plus nous allons nous éloigner vers le nord, plus le coût
du transport s'élèvera dans l'exploitation de nos ressources.
C'est pourquoi si l'on considère les problèmes
d'exploration, les problèmes de transformation qui existent actuellement
chez nous, si l'on considère aussi que nos ressources ne sont pas
inépuisables, ce n'est pas, à mon sens, par des mesures
partielles, tel que nous l'a précisé tout à l'heure le
ministre, que nous allons véritablement donner une directive, donner un
certain leadership au développement de nos ressources naturelles.
Il faut, à mon sens, se pencher sur chacun de nos
problèmes et tenter d'y trouver, peut-être des solutions qui
seront nouvelles, peut-être des solutions qui ne seront pas celles que
nous avons vécues dans le passé, mais des solutions qui nous
permettront, cette fois peut-être, de profiter de nos ressources
naturelles et de ne pas être essentiellement des porteurs d'eau dans ce
domaine mais, au contraire, de pouvoir utiliser nos ressources naturelles pour
les transformer. A ce sujet, le ministère des Richesses naturelles est
le cadre de développement de nos ressources naturelles,
c'est-à-dire qu'il n'est pas là pour développer
directement ces ressources; il est certain que le ministère doit compter
sur des compagnies qu'elles soient de l'extérieur ou du
Québec.
Cependant, le ministère, par ses directives, par ses politiques,
peut, d'une façon plus ou moins parfaite, je suis d'accord,
accélérer le développement de nos ressources naturelles et
permettre, comme on l'a fait, par exemple, dans la forêt dans le
passé, que ces ressources soient transformées chez nous. Ceci
devient de plus en plus important. Ce n'est pas lorsque des régions
comme c'est le cas actuellement de l'Abitibi seront
épuisées, ce n'est pas lorsque la Côte-Nord sera
vidée de son minerai de fer qu'il va falloir penser à
créer de l'industrie chez nous.
Chez nous, sur la Côte-Nord, par exemple, nous constatons que
toutes les ressources que nous avons, toutes ces ressources dont nous pouvons
profiter ne suscitent pratiquement pas d'industries secondaires, d'industries
qui peuvent créer beaucoup plus d'emplois que l'industrie d'exploitation
comme telle des ressources
naturelles. Nous savons, par exemple, que chaque emploi directement
créé dans les mines peut créer six emplois dans des
secteurs connexes. Je crois qu'il est extrêmement important de constater
qu'il faut maintenant non plus élaborer des cataplasmes, non plus tenter
de corriger les problèmes un par un, mais véritablement trouver
l'imagination nécessaire pour élaborer une véritable
planification dans ce sens, non seulement à l'intérieur du seul
ministère des Richesses naturelles, mais de l'ensemble des
ministères. C'est là nous aurons l'occasion d'en discuter
que nous aimerions savoir comment le ministère des Richesses
naturelles va coordonner, par exemple, avec l'Hydro-Québec
l'exploitation de la baie James.
Nous l'avons dit à maintes reprises, nous croyons que le
gouvernement actuel possède, en Soquem, en Rexfor, dans
l'Hydro-Québec, les instruments nécessaires pour exploiter et
développer cette région et nous croyons ne pas avoir à
créer d'autres régies d'Etat. Le ministre nous a parlé
aussi d'une politique future en ce qui concerne l'énergie. Pour notre
part, nous avons été heureux de savoir qu'il y avait maintenant
une direction de l'énergie à l'intérieur du
ministère des Richesses naturelles.
Nous avons, de ce côté-là, manqué bien des
chances. Nous avons, à maintes reprises, posé des questions en
Chambre au ministre au sujet de l'affaire Caloil. A ces questions, le ministre
nous a continuellement répondu qu'il était actuellement en
négociations avec le gouvernement fédéral pour essayer de
trouver une solution à ce problème. Il existe là un
problème fondamental pour le Québec, un problème qu'il
faudra régler si nous voulons véritablement développer une
politique d'énergie au Québec.
Nous avons aussi entendu parler de la possibilité, pour la
Société québécoise d'initiatives
pétrolières, de créer elle-même certains
réseaux de distribution du pétrole. Eh bien, je crois qu'il est
extrêmement important, si nous développons actuellement une
politique énergétique, que Soquip ait la possibilité de
créer son propre réseau de vente, de telle façon que,
lorsqu'elle réussira à pouvoir exploiter des gisements
pétroliers, elle ait déjà la base même qui lui
permettra de pouvoir écouler son produit.
Le ministre nous a aussi parlé du Nouveau-Québec. Nous
savons que le Nouveau-Québec est sous l'administration du Québec
depuis 1962. J'aurai l'occasion de demander au ministre quelles sont,
actuellement, dans cette région, les problèmes qui peuvent
exister même dans l'administration de cette région qui devrait
être actuellement administrée presque exclusivement et même
exclusivement par le Québec. J'aurai l'occasion de demander au ministre
quels sont actuellement les problèmes qui se posent, dans cette
région, entre le gouvernement fédéral et le gouvernement
québécois. Pourquoi le gouvernement québécois,
depuis 1962, n'a-t-il pas réussi à s'instaurer d'une façon
définitive dans le Nouveau-Québec, de telle façon
qu'aujourd'hui le gouvernement québécois serait le seul
administrateur dans cette région? Ce qui ne semble pas être le
cas. Au contraire, nous savons actuellement du moins d'après nos
informations, que le Nouveau-Québec continue à être
administré, au moins en partie, dans certaines régions, par le
gouvernement fédéral. Ainsi, là comme ailleurs, là
comme au Québec, bien souvent, les Esquimaux sont tout simplement
anglicisés et continuent de l'être par le gouvernement
fédéral.
Pour ma part, ayant eu l'occasion d'être critique de mon parti
pour une quantité de ministères, j'ai tenté de savoir
comment tout cela pouvait être intégré par une certaine
planification économique. Depuis 1960, surtout, depuis la formation du
Conseil d'orientation économique en 1962, on a bien parlé de
planification économique. Nous retrouvons, à l'intérieur
des différents ministères, une direction de la planification
économique, mais quand nous tentons, par exemple, de voir comment
s'effectue la collaboration, non seulement entre les directions de
ministères, mais entre les ministères, nous constatons que tout
cela ne semble pas se faire. Nous constatons qu'il n'y a même pas
actuellement d'ébauche de véritable planification
économique.
De plus en plus, à travers les différentes
expériences que nous avons actuellement, par l'expérience que
nous vivons actuellement dans la forêt, par l'expérience que nous
vivons actuellement dans les mines, je crois qu'il va falloir comprendre ou
constater qu'il faut, chez nous comme cela se fait ailleurs, établir de
véritables priorités, établir certaines directives
globales à l'intérieur des ministères, de telle
façon que nous n'attendrons pas d'être acculés aux
problèmes avant d'y trouver des solutions.
Le ministre nous a fait une déclaration, ce matin, au sujet de la
nouvelle politique concernant les eaux. Encore là, M. le
Président, nous avons pu constater combien le gouvernement était
timide à ce sujet, combien le gouvernement ne semblait pas
véritablement vouloir établir une véritable politique dans
ce domaine alors qu'il devient extrêmement urgent de s'emparer de cette
richesse qui est une ressource essentielle au Québec, exactement comme
n'importe quelle richesse naturelle, exactement comme n'importe quelle
mine.
J'ai eu l'occasion et j'en parlerai au cours de la discussion de
ces crédits d'écrire au ministre concernant un
problème que j'ai vécu dans ma région, concernant par
exemple la destruction presque définitive, presque finale d'une
rivière qui était auparavant une rivière à saumon
et qui a été tout simplement détruite par suite de la
négligence d'une compagnie. Et la réponse que j'ai reçue
du ministère des Richesses naturelles, c'est qu'on ne pouvait rien
faire. On ne pouvait rien faire parce que le lit de la rivière avait
été vendu à cette compagnie.
Bien, justement, à cause de faits comme
celui-là, à cause du fait qu'actuellement les eaux sont
administrées par sept ministères, à cause du fait que nous
constatons combien le Québec, graduellement, se pollue, il devient
urgent que le ministère des Richesses naturelles puisque l'eau
est une richesse naturelle s'empare définitivement de
l'administration de cette richesse et crée à l'intérieur
de son ministère une direction pour pouvoir régler d'une
façon, non pas partielle, mais d'une façon globale cette richesse
selon le sens et les directives qui sont prônées dans le rapport
Legendre.
Voilà, M. le Président, les quelques remarques que j'avais
à faire pour ma part. Si le ministre ne peut pas véritablement
nous donner les grandes politiques de son ministère, nous tenterons au
moins au cours de la discussion par poste de connaître les politiques
partielles de telle façon que nous pourrons constater qu'encore une fois
dans ce ministère, la planification n'existe pas.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Gaspé-Sud.
M. FORTIER : M. le Président, puisque nous sommes encore à
la période de la discussion générale, je voudrais en
quelques mots féliciter le ministre et le gouvernement pour l'effort
qu'ils font pour développer le sous-sol gaspé-sien. C'est
grâce en effet au gouvernement et au ministère des Richesses
naturelles que la compagnie Noranda a décidé d'investir une somme
de $90 millions en Gaspésie. Cette somme va permettre de construire une
fonderie de cuivre, va donner de l'emploi à plus de 500 personnes dans
l'immédiat et ce développement industriel va ensuite continuer de
donner de l'emploi à au moins 400 personnes. Ce qui veut dire que
directement et indirectement, environ 1,500 personnes vont profiter de cet
investissement.
M. le Président, permettez-moi de rendre tout de même un
hommage au gouvernement et aussi à la compagnie Noranda. Je connais bien
la compagnie Noranda. Cette compagnie a investi de l'argent en Gaspésie
à la suite de la découverte d'un sol minier très important
en cuivre à la suite d'une découverte par les frères
Miller, des Gaspésiens et elle a donné de l'emploi
à des Gaspésiens. Elle a donné des cours permettant aux
Gaspésiens de se spécialiser dans l'industrie minière.
Aussi je veux lui rendre un hommage parce que je sais ce que fait cette
compagnie. Non seulement elle aide au développement du sous-sol
gaspésien, elle donne de l'emploi, mais elle a aussi comme souci de se
servir de la langue française comme langue d'usage dans sa compagnie en
Gaspésie. Je veux lui rendre un hommage parce que, très souvent,
on a dit que les compagnies étrangères ne se servaient pas du
français.
Je sais pertinemment que la compagnie Noranda a donné la
directive à ses officiers supérieurs d'apprendre le
français et de voir à ce que dans la compagnie, là
où les gens travaillent, le français soit une langue reconnue. Je
veux rendre à cette compagnie l'hommage qu'elle mérite.
M. le Président, je voudrais faire un bref résumé
historique. En Gaspésie nous avons du cuivre, le gouvernement
libéral, de 1962 à 1966, a permis l'ouverture du parc de la
Gaspésie à la prospection, ce qui a permis l'exploration et
permet maintenant l'exploitation minière qui a développé
la région voisine de la mienne, le comté de Gaspé-Nord, et
nous avons toujours le souci de voir à ce que le sous-sol
gaspésien soit une des principales sources d'emploi et de richesses pour
notre territoire. En effet, je vais le rappeler au ministre en
1966, un projet avait été élaboré entre la
compagnie General Electric, le gouvernement fédéral et le
gouvernement du Québec d'alors, pour implanter une usine d'eau lourde
à Gaspé.
Malheureusement, les élections sont arrivées et
évidemment, pendant le temps qui normalement se passe pour un changement
de gouvernement, nous avons perdu, à Gaspé, cette industrie d'eau
lourde. Je ne blâme personne, je ne blâme pas le gouvernement
d'alors; c'est seulement une question de changement de gouvernement et de temps
et l'industrie d'eau lourde n'est pas allée à Gaspé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais faire un
rappel au règlement ici, pour indiquer à mon collègue et
ami, le député de Gaspé, que ce n'est pas le changement de
gouvernement qui a empêché que l'usine d'eau lourde soit
établie dans sa région. Ce sont d'autres raisons qui tenaient
à l'obstination du gouvernement central, le même gouvernement
central qui encore une fois offre toute résistance aux propositions du
Québec, résistance à laquelle se butte le gouvernement
actuel. Alors ce sont les pressions d'un gouvernement d'un autre Etat membre de
la fédération qui, avant même 1966, avait obtenu la
promesse formelle du gouvernement central que l'usine d'eau lourde serait
établie là où elle est maintenant, alors qu'on amusait le
Québec en disant: Envoyez-nous des experts, envoyez-nous des gens, des
spécialistes, des techniciens et puis peut-être qu'on va vous la
donner. L'affaire était toute cuite, était toute
réglée et on s'est servi de ça comme argument
électoral pendant la campagne de 1966 justement dans le comté de
mon ami.
M.FORTIER: Bon, très bien! Tout de même les faits ont
prouvé que l'implantation de l'industrie d'eau lourde dans une autre
province n'a pas été rentable. M. le Président, il est
très possible et il sera même pratique de faire les études
nécessaires pour que cette usine d'eau lourde puisse encore être
implantée en Gaspésie. Au nom des gens de mon comté, comme
au nom des gens de toute la Gaspésie, je demande qu'on voie à ce
que des études puissent amener
un jour cette installation d'une usine d'eau lourde.
Deuxièmement, nous sommes très heureux de voir qu'en
Gaspésie nous avons une usine qui va permettre, comme j'ai dit, de
produire, d'affiner plus de cuivre mais nous voudrions aussi, sans rien enlever
à qui que ce soit, avoir une affinerie de cuivre en Gaspésie,
parce que nous croyons que c'est l'endroit idéal pour avoir cette
affinerie. Je demande au ministre, au nom des gens de la Gaspésie,
d'étudier les possibilités d'avoir une affinerie de cuivre en
Gaspésie. Evidemment comme je représente le comté de
Gaspé-Sud, j'aimerais bien que cette affinerie soit installée
dans mon comté.
Je suis donc heureux...
M. TETRAULT: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. FORTIER: Oui.
M. TETRAULT: Le député a fait une couple de remarques
concernant la mine Noranda qu'il vient de louanger énormément. Je
comprends que la mine Noranda a une exploitation dans sa région,
à Murdochville plus précisément. Est-ce qu'il pourrait
nous dire de quelle façon le gouvernement est intervenu auprès de
la mine Noranda afin de la décider à faire des travaux de $80
millions à Murdochville? Est-ce qu'il serait dans le secret des dieux
pour la construction d'une affinerie par la mine Noranda?
M. FORTIER: Disons que je suis au courant je peux répondre
au député des pourparlers qu'il y a eus entre la compagnie
Noranda et le gouvernement puisque, moi-même, je suis allé
à Toronto. J'ai rencontré les directeurs de la compagnie à
deux reprises. J'étais au courant des faits qui ont amené le
projet de construction qui se fait actuellement à Gaspé. Mais
nous avions, en plus de cela, un autre objectif. Je crois que c'est le devoir
de tout député d'aider les gens de chez lui. Nous croyions qu'une
industrie comme une affinerie de cuivre aurait certainement aidé nos
gens à pouvoir trouver de l'emploi. Ceci aurait certainement aidé
à régler le chômage qui existe actuellement en
Gaspésie. Malgré tout cela...
M. TETRAULT: On dit la même chose pour le Nord-Ouest
québécois.
M. FORTIER: Oui. Je parle évidemment pour la Gaspésie,
parce que je suis représentant...
M. TETRAULT: L'Opération Nord-Ouest... M. FORTIER: ...de la
Gaspésie.
M. TETRAULT: ...stimulée avant l'Opération
Gaspé.
M. FORTIER: Au nom des Gaspésiens, j'ai le droit de faire les
demandes qui concernent ma région et je les fais. Je sais que le
gouvernement, actuellement, fait tout son possible, par l'exploration
minière, pour trouver des objectifs qui vont permettre l'implantation
d'autres industries. Ceci permettra ainsi de créer de l'emploi et de
régler, peut-être pas totalement, mais dans une grande proportion,
le chômage qui existe dans nos régions. Je ne veux, comme je le
dis, enlever à personne ce qui leur appartient, mais je revendique pour
les Gaspé-siens ce qui appartient aux Gaspésiens.
M. TETRAULT: M. le Président, j'ai posé une question.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. TETRAULT: Est-ce que le député me permettrait une autre
question?
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. TETRAULT: De quelle manière le gouvernement en est-il venu,
par des ententes ou par la force non force serait le mauvais terme; je
m'excuse de l'avoir employé à stimuler la compagnie
Noranda à investir $80 millions dans la région de Murdochville et
$19 millions ou $20 millions dans la région de Noranda? Quelle
participation le gouvernement provincial a-t-il directement dans cette
décision?
M. FORTIER: Moi-même, je me suis rendu à Toronto. J'ai
participé à certains pourparlers. Evidemment, je ne voudrais pas
parler au nom du premier ministre parce qu'il peut...
M. TETRAULT: Je pose la question parce que j'ai rencontré
M...
M. FORTIER: ...lui-même, de façon supérieure, vous
dire comment se sont passé les pourparlers et quel a été
l'apport du gouvernement pour amener la compagnie Noranda à prendre une
décision afin d'investir un montant de $90 millions en
Gaspésie.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. TETRAULT: Est-ce que le député consentira à dire
que la compagnie Noranda a investi $90 millions...
M. PAUL: M. le Président...
M. TETRAULT: ...dans la région de Murdochville parce que le
cuivre est récupérable et que c'est bon pour les profits de la
compagnie?
M. MASSE (Arthabaska): Le député parle en son nom. Il a
fait ses propres démarches.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: Mon bon ami, le député de Gaspé-Sud, me
permettra peut-être d'ajouter quelques commentaires aux réponses
données par mon collègue, le député de Chicoutimi,
au sujet de l'usine d'eau lourde dans la région de la Gaspésie.
Je l'inviterais à discuter de tout ce problème avec des
directeurs de General Electric, entre autres, Paul Desruisseaux de Sherbrooke
et Alexandre Béland de Louiseville. A ce moment-là, l'honorable
député apprendra que les raisons qui ont motivé le
non-établissement de l'usine d'eau lourde dans la Gaspésie,
c'était par suite des exigences du gouvernement central qui tenait
à tout prix à l'avoir en Nouvelle-Ecosse.
Cela a été vite fait cette période de
négociation lorsqu'ils ont appris d'une personne assez honnête au
niveau du gouvernement fédéral, lorsqu'on les a informés
de ne pas continuer les démarches et les négociations car la
décision était prise que l'usine s'en allait en Nouvelle-Ecosse.
Le changement de gouvernement n'a absolument rien eu à voir
là-dedans. Aucun reproche ne doit être adressé à
l'un ou l'autre des gouvernements, soit celui qui était en place au mois
d'avril 1966 ou celui qui est entré en fonction au mois de juin 1966. Si
la Gaspésie n'a pas eu son usine d'eau lourde, c'était par suite
de directives bien précises et d'une décision bien
arrêtée du gouvernement central.
Pour contrôler toutes ces informations, j'invite l'honorable
député de Gaspé-Sud à consulter les deux directeurs
canadiens de General Electric dont je viens de lui donner les noms.
M. le Président, j'ai écouté avec déception
mon bon ami, le ministre des Richesses naturelles. Nous avons assisté,
M. le Président, à une espèce de casse-tête, mais en
ligne droite. Et là, nous avons reçu des phrases clés, de
style télégraphique, sans connaître les détails de
la réalisation de ces grandes déclarations de principe que nous a
données le ministre à l'occasion de son discours de remarques de
portée générale à l'occasion du début de
l'étude des crédits de son ministère.
Je suis certain que les fonctionnaires qui l'entourent ont
désiré, à un moment donné, que le
député de Chicoutimi soit ministre des Richesses naturelles parce
qu'il a fait un tour d'horizon complet. Personnellement, M. le
Président, si j'étais ministre des Richesses naturelles, je me
demande si je pourrais réellement dormir en raison des lourdes
responsabilités qui pèseraient sur mes épaules.
M. le Président, le ministre s'est levé. Il a
récidivé dans ses grandes déclarations de principe. Il n'a
pas répondu à une seule des questions soulevées par
l'honorable député de Chicoutimi. J'ai hâte qu'il
réponde aux remarques de l'honorable député de Saguenay et
je me permettrai, M. le Président, à mon tour de lui adresser des
prières. Si nous posons des ques- tions, nous sommes sûrs de ne
pas avoir de réponses. Peut-être que si nous le prions de daigner
condescendre jusqu'à nous, connaf-trons-nous la politique effective
qu'il a l'intention d'appliquer et de mettre en place. D'abord, qu'il nous dise
comment il accentuera la transformation du minerai tiré du sous-sol
québécois. Cela a été une grande déclaration
de principe. Mais comment? Par de l'incitation, par de la législation,
par des subventions? Comment? Comment le ministre instaurera-t-il cette
politique de transformation accentuée du minerai tiré du sous-sol
québécois?
Je l'ai pris mot à mot, M. le Président. Et vous aussi, je
sais que cela vous a frappé d'entendre une déclaration aussi
précise de la part du ministre qui, dans une deuxième phase,
lance encore une grande déclaration d'intentions en disant: L'objectif
de mon ministère pour l'année 71/72 est de procéder
à la promotion minière. Encore là, comment? Où?
Quand? Au moyen de quelles mesures?
Je vois le ministre. Je ne parlerai pas trop vite pour qu'il prenne des
notes, pour qu'il fournisse des réponses à ces questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Surtout pour qu'il consulte ses
fonctionnaires.
M. PAUL: Certainement, M. le Président. Je ne ferai pas reproche
au ministre de ne pas savoir tout cela. Ce sont ses fonctionnaires qui sont en
mesure de lui donner les réponses.
Le ministre a certainement planifié une politique avec le
directeur du service du plan, M. Arthur Tremblay; certainement que le ministre
a oublié de répondre à une question fort pertinente de mon
collègue le député de Chicoutimi quant à la
planification du ministère pour atteindre ses objectifs qu'il nous a
déclarés par des phrases clefs; mais nous voulons connaître
l'escabeau, les paliers, les marches, les degrés, les moyens pour
atteindre cet idéal qui pousse sur la côte, nous voulons
connaître le canal de liaison entre le réalisation et
l'objectif.
Le ministre a oublié de nous parler de son fameux comité
interministériel sous lequel il s'est réfugié comme dans
une tour d'ivoire à l'occasion de l'étude des crédits de
son ministère au moins de juillet 1970. Nous avons été
indulgents pour le ministre à ce moment-là; il arrivait en
fonction, nous savions que ça le dépassait de beaucoup, les
responsabilités qu'on venait de lui accorder. Il manquait de ressources
pour être en mesure de répondre à toutes nos questions. Il
nous a parlé de la formation d'un comité interministériel
dans lequel lui et ses collègues, le ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation, et celui des Terres et Forêts devaient se pencher sur tous
ces problèmes des richesses de la baie James, on devait trouver un moyen
efficace pour trouver une solution. A ce moment-là on n'avait pas
rêvé à la baie James et aux 125,000 nouveaux emplois. Il y
avait bien eu le ministre de l'Education qui s'était
échappé
par distraction. Il avait fait une grande déclaration que les
journaux lui ont attribuée et qu'il a niée comme ayant
été faite de sa part, mais disons que c'était à ce
moment-là, à l'état encore éthéré.
Mais, cependant, nous lui avions mentionné, à ce nouveau
ministre, la nécessité d'adopter des politiques
nécessaires au développement de toutes les richesses de la baie
James. Le ministre n'a qu'à se référer à
l'étude des crédits de son ministère. Sur ce
point-là, l'an dernier, nous l'avons tenu pendant près d'une
heure et exclusivement avec mon collègue le député de
Bellechasse. Nous n'en avons pas entendu parler ce soir, M. le
Président.
M. MARCHAND: C'est la fois du ballon.
M. PAUL: Tiens, je ne savais pas que vous étiez ici, vous!
M. MARCHAND: Ce n'était pas nécessaire, mais j'apparais
parce qu'il est temps.
C'est la fois du ballon crevé, mais le ballon est encore gros et
il est encore là.
M. PAUL: Ce ne sera pas drôle quand vous allez crever, vous !
M. MARCHAND: Je suis moins "balloune" à crever que vous!
M. PAUL: M. le Président, si mon bon ami le député
de Verdun, lorsqu'il a été parrain...
M. MARCHAND: Non, pas Verdun, député de Laurier.
M. PAUL: Ah, c'est le député de Laurier! S'il a
été parrain d'un projet de loi devant la commission
parlementaire, il ne faudrait pas qu'il croie que sa mission est accomplie,
qu'il participe au...
M. MARCHAND: Je comprends que je ne suis pas encore Bâtonnier de
Trois-Rivières.
M. PAUL: Nous l'invitons à aller au ministère de
l'Agriculture. C'est moins compliqué, c'est plus terre à terre,
c'est plus du terroir. Peut-être que l'honorable député se
sentira dans son milieu. M. le Président, donc, le ministre devra nous
faire rapport, à moins qu'il ne soit pas d'intérêt public.
Il ne peut pas dire que je ne suis pas généreux et
compréhensif à l'endroit du ministre. Je lui donne une porte, un
faux-fuyant, pour ne pas me répondre, mais en invoquant cette
raison-là, aura-t-il la conscience nette?
J'aimerais que le ministre nous parle, à moins qu'il l'ignore
totalement, de la situation qui existe dans le territoire du
Nouveau-Québec. Le député de Saguenay a effleuré ce
problème-là.
Le ministre est-il au courant des agissements de ses fonctionnaires dans
ce milieu-là? Ses fonctionnaires font-ils l'impossible pour que le
Québec ait voix d'autorité chez les Esquimaux et les Indiens de
l'endroit? Je n'en fais pas reproche aux fonctionnaires; ne se sentant pas
appuyés par le ministre, quel intérêt ont-ils à
faire plus qu'il ne fait lui-même pour régler ce problème
alors que nous assistons, encore là, à une intrusion, à
une influence du gouvernement fédéral qui paie un salaire de
$25,000 à M. Gros-Louis pour que les Indiens et les Esquimaux donnent
leur préférence à l'endroit des politiques du
fédéral plutôt qu'à l'endroit des politiques du
Québec.
Le ministre pourrait-il consulter son collègue, le ministre de la
Justice, pour qu'il soit informé de tous les événements
qui se passent dans ce milieu, sous l'oeil bienveillant des fonctionnaires de
son ministère? Le ministre me pardonnera et m'excusera de ne pas donner
plus de détail. J'attire son attention sur ce problème-là;
nous mettons le ministre dans une bien petite patinoire, nous le mettons sur
des patinoires bien précises, à la grandeur de son
évolution possible, aux dimensions qui puissent correspondre à
ses aptitudes et talents.
Le ministre pourrait peut-être nous dire ce qu'il fait, en tant
que ministre, pour promouvoir le français comme langue de travail dans
le milieu industriel, dans le milieu minier. Quelle est la politique qu'il a
adoptée? Quelles sont les directives, les consultations, les dialogues
échangés entre lui et le ministre de l'Education ou des Affaires
culturelles? Est-ce que le ministre pourrait nous parler de l'attitude qu'il a
tenue depuis qu'il est arrivé à la tête du ministère
des Richesses naturelles quant aux droits miniers sous-marins? Qu'est-ce que
vous avez fait?
Pourquoi ne pas vous être rallié aux revendications et
à la politique adoptées par les provinces maritimes sur le sujet?
Mais non! Québec muet. Pourtant, M. le Président, c'est un
domaine devant lequel le ministre n'a pas le droit de dormir. Qu'il adopte donc
la politique de son prédécesseur, qui n'a pas résolu le
problème je vais être honnête mais qui n'a pas
négligé ses rencontres avec les autorités
fédérales et avec ses collègues, les ministres des
Richesses naturelles des autres provinces, pour essayer de présenter un
front uni et commun contre les exigences du gouvernement fédéral;
mais non. Le ministre s'élève, il nous fait de grandes
déclarations pieuses et il nous dit: Votez-moi des crédits.
Pardon, M. le Président. Il va falloir qu'il aille à la
confesse avant. Il va falloir qu'il s'accuse de ses péchés
d'omission. Je crois que le ministre, au repas complet que lui a
présenté mon collègue de Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la diète d'une semaine.
M. PAUL: ... au plat de résistance que lui a
offert mon collègue, le député de Saguenay, et aux
quelques prières que je lui ai adressées, bien respectueusement
mon père...
M. MARCHAND: Vous n'êtes pas très pieux. M. PAUL: Tiens,
regardez-moi ça!
M. MARCHAND: Nous autres, nous avons eu le plat de résistance,
nous n'avons pas le dessert.
M. PAUL: Voyez-vous ça, M. le Président! Je ne comprends
pas. Us sont nerveux. Ils sont moins calmes. J'espère que vous ne
retarderez pas l'honorable ministre quand il voudra nous fournir des
réponses intelligentes par le canal de ses fonctionnaires.
Nous sommes tout yeux, mais surtout tout oreilles pour entendre les
paroles de vérité. Si le ministre n'a pas fait son possible, s'il
a négligé de prendre toutes les mesures dans tel ou tel domaine,
qu'il s'accuse, nous lui pardonnerons. Mais au moins il aura été
honnête. S'il a tout accompli, s'il a tenté de tout régler,
qu'il nous fasse part de toutes les initiatives qu'il a prises, de toutes les
démarches qu'il a faites, de toute la planification qu'il a
arrêtée et de toutes les législations qu'il a l'intention
de nous offrir. Je crois que le ministre aura d'autant déblayé le
chemin qu'il devra parcourir avant d'atteindre la réalisation,
c'est-à-dire ce qu'il pense, ce qu'il désire à juste
titre, de passer à travers le Golgotha de ses crédits.
M. LACROIX: Adopté. M. PAUL: Oh non !
M. MASSE (Arthabaska): Je vais prendre cela point par point. En ce qui
concerne la promotion minière dont on a parlé tout à
l'heure, effectivement, pour vendre les avantages du Québec, autant dans
le secteur industriel que dans le secteur minier, nous avons à vendre le
potentiel minier du Québec, comme nous avons à vendre les
avantages industriels du Québec, autant à l'intérieur du
Canada qu'à l'étranger.
J'ai l'intention de charger au moins un fonctionnaire de répondre
à des invitations de groupes étrangers, par l'entremise des
directions du ministère de l'Industrie et du Commerce à
l'étranger, afin d'exposer la situation et de faire connaître le
potentiel du sous-sol du Québec à ces groupes
étrangers.
Au Nouveau-Québec, comme on l'a souligné à
plusieurs reprises depuis le début, on rencontre l'administration
fédérale et l'administration provinciale. Déjà, en
1964, il y avait eu une entente entre le Québec et le
fédéral en ce qui concerne le transfert d'administration du
fédéral au provincial. Depuis ce temps, plusieurs rencontres ont
eu lieu. Cette entente avait été faite à la condition
qu'au départ une consulta- tion soit effectuée dans le milieu,
c'est-à-dire chez les Esquimaux et chez les Indiens. Cette consultation
eut lieu en 1970 et depuis ce temps le ministère que dirige M. Jean
Chrétien et le mien, nous sommes en pourparlers et en négociation
pour effectuer graduellement ce transfert d'administration. Pardon?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que cela va durer longtemps ces
rencontres oecuméniques avec M. Chrétien?
M. MASSE (Arthabaska): II me semble que si cette entente avait
été signée en 1964, l'ancien gouvernement aurait quand
même pu également la réaliser.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais votre fédéralisme
rentable, ça n'a pas l'air de fonctionner vite.
M. MASSE (Arthabaska): Bien, à mon avis, nous sommes sur la voie
de nous entendre sur les modalités de transfert. Déjà, une
expérience eut lieu à Fort Chimo, l'année passée,
alors qu'un fonctionnaire était chargé de l'administration
fédérale et de l'administration provinciale.
En ce qui concerne les droits miniers sous-marins, je ferai part au
député de Maskinongé qu'il existe un président du
comité conjoint des ministres des Ressources qui groupe les ministres du
Québec et des provinces maritimes.
S'il n'y a pas eu plus de rencontres ou si le député de
Maskinongé juge qu'il aurait dû y en avoir davantage, je puis dire
que personnellement à plusieurs reprises j'ai eu l'occasion de souligner
ce fait au président. Malheureusement il y a eu changement de
président et changement de participants à l'intérieur du
comité du fait d'élections dans les provinces maritimes.
M. PAUL: Est-ce que l'honorable ministre me permet une question?
M. MASSE (Arthabaska): Certainement.
M. PAUL: Au point de vue pratique, qu'est-ce que vous avez fait
auprès de vos collègues des autres provinces pour forcer le
président à convoquer des réunions?
M. MASSE (Arthabaska): Je viens justement de dire que de la
correspondance a été échangée sur ce sujet...
M. PAUL: On prend le téléphone, on n'attend pas les
lettres.
M. MASSE (Arthabaska): ...et aussi que je n'ai pas le pouvoir
d'arrêter la tenue des élections dans les provinces maritimes.
Sur les problèmes de transformation qu'a voulu souligner encore
davantage le député de Maskinongé, je suis parfaitement
d'accord. C'est
un problème qui doit nous intéresser au plus haut point.
Je suis parfaitement d'accord aussi que, s'il y a possibilité
d'augmenter les minerais transformés au Québec, nous devrons le
faire si c'est économique.
Actuellement, les fonctionnaires sont à élaborer une
étude et, comme je l'ai dit, j'espère que, dans les prochains
mois, à la suite du rapport de cette étude, il sera possible pour
le ministère des Richesses naturelles de faire connaître une
politique dans ce sens-là. En ce qui concerne le comité
interministériel de la baie James, d'abord sa composition était
de six ou sept ministères en plus de l'Hydro-Québec. Son
rôle était de coordonner les actions des différents
ministères avec les études produites à
l'Hydro-Québec et ce rôle de coordination a véritablement
été effectué et continue de l'être.
Je pense que l'examen des résultats des études de
l'Hydro-Québec qui sont entrés et qui entreront au cours de
l'été et de l'automne permettront d'assurer encore une meilleure
coordination en ce qui concerne la réalisation de ce projet de la baie
James.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait une
question au sujet de ce comité interministériel de la baie
James?
A quel moment a-t-il été créé?
M. SAINT-PIERRE: Deux jours après le changement de pouvoir.
M. MASSE (Arthabaska): Mai 1970.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mai 1970. Combien de fois se sont-ils
réunis?
M. MASSE (Arthabaska): En moyenne, une fois par mois.
C'est-à-dire qu'il pouvait y avoir des espaces un peu plus
étendus, mais la moyenne est d'une fois par mois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et à quel moment ce comité
interministériel a-t-il été saisi de la décision du
gouvernement de procéder à l'aménagement
hydro-électrique de la baie James?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, déjà en
janvier 1971, un rapport était envoyé au conseil des ministres
à l'effet que, justement, déjà il y avait la
recommandation de réaliser les travaux de la baie James. Depuis ce
temps, on sait les décisions qui ont été prises par le
gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ne nous dit pas grand-chose.
M. JORON: M. le Président... M. AUDET: M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: A ce sujet, je voudrais demander au ministre si un inventaire
véritablement complet et fouillé existe des ressources naturelles
du territoire qui est concerné dans l'histoire de la baie James, des
ressources minières, d'une part, forestières, d'autre part.
Est-ce qu'on a autre chose qu'une estimation? Et quand, d'autre part, a-t-on
fait cet inventaire, si ça a été fait de façon
extensive, qui l'a demandé et est-ce que l'Hydro-Québec en
particulier a demandé le résultat de cet inventaire?
M. MASSE (Arthabaska): Nous disposons de cartes au ministère des
Richesses naturelles, comme j'ai eu l'occasion de le dire lors de
l'étude de l'amendement à la loi de Soquem, nous savons qu'il
existe quelques mines sur ce territoire. On ne connaît pas la
rentabilité commerciale de ces gisements miniers.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Combien de mines existe-il?
M. MASSE (Arthabaska): J'avais répondu lors de l'étude de
la loi de Soquem...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non, vous n'avez pas donné de
détails à ce moment-là.
M. MASSE (Arthabaska): ... et c'est environ 16 ou 17.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Combien de ces gisements étaient
exploitables? Est-ce que vous avez des renseignements sur la rentabilité
de ces gisements?
M. MASSE (Arthabaska): Pas la rentabilité commerciale. Et la
poursuite de l'inventaire géologique de cette région se
continue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quels sont les minéraux?
M. JORON: Quant aux ressources forestières de la
région?
M. MASSE (Arthabaska): Bien c'est le ministère des Terres et
Forêts qui est chargé de cet inventaire.
M. LESSARD: Les membres du comité interministériel?
M. MASSE (Arthabaska): Oui.
M. JORON: L'Inventaire au point de vue minier, l'inventaire en question
dont vous parlez, c'est donc... D n'y a pas de connaissance plus approfondie de
ce territoire-là qu'il y en avait, par exemple, il y a cinq ans ou il y
a sept ans? C'est ce que le ministère savait depuis toujours. Des
études précises n'ont pas été commandées
spécifiquement dans les derniers
douze mois pour fouiller davantage cet inventaire dans cette
région-là?
M. MASSE (Arthabaska): Depuis sept ou huit ans, il y a eu des travaux de
relevés qui ont été effectués par le
ministère des Richesses naturelles dans ce territoire-là et qui
se poursuivent comme je viens de le dire, mais il n'y a pas eu de commandes
précises de la part de l'Hydro au ministère des Richesses
naturelles. D'ailleurs, je pense que la coordination qui s'effectue à
l'intérieur du comité interministériel est justement pour
tenter d'accélérer ces travaux qui se font dans les
différents ministères en vue de la réalisation du
projet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président. Nous sommes
encore dans un cul-de-sac. Lorsque nous avons étudié la loi
amendant la Loi de Soquem, nous avons posé des questions au ministre. Il
nous a dit qu'il y avait environ 17 gisements miniers. Nous lui avons
demandé quels étaient les minéraux et nous lui avons
demandé, d'autre part, quel était l'échéancier,
c'est-à-dire le programme de travail qu'il avait dressé afin de
prévoir ce qui résultera fatalement à la suite de
l'aménagement hydroélectrique de la baie James.
Nous lui avons dit: Ecoutez! les terrains vont être
inondés, cela va de soi, puisqu'on va faire des barrages, et des
barrages importants. Nous lui avons demandé: Dans les régions qui
seront inondées, est-ce que le ministère a un programme de
travail, un programme d'exploration, un programme d'exploitation en vue de
faire face à cette situation qui naîtra de l'aménagement
hydro-électrique de la baie James? A ce moment-là le ministre
nous a dit, et j'ai retenu cela: Oui, nous allons faire des explorations, nous
allons probablement faire de l'exploitation. A propos de l'exploitation, je lui
ai demandé: Quelle peut être la rentabilité commerciale de
ces gisements miniers? D'abord, de quelle sorte de minerai il s'agit? Et puis :
Quelle peut en être la rentabilité commerciale? Est-ce que vous
avez des données? Si vous n'en avez pas, est-ce que vous avez
préparé un programme de travail qui va permettre d'exploiter ces
gisements miniers, si tant est qu'ils ont de la valeur, avant que l'on inonde
le terrain? Et le ministre a eu cette réponse absolument ineffable: Que
l'on pouvait quand même faire de l'exploitation en terrains
inondés, de l'exploitation sous-marine. Je lui ai posé la
question, mais j'ai dit: Est-ce que vous ne pensez pas qu'il serait plus facile
de commencer alors que les terrains ne sont pas inondés, que d'attendre
d'envoyer des scaphandriers pour aller découvrir le minerai?
Alors là le ministre m'a dit: Oui! non! oui! non! je ne sais pas
trop. Il était tellement embêté que nous avons dû
adopter sa loi parce que nous ne voulions pas vraiment provoquer chez lui un
infarctus, ou enfin, tout autre genre de catastrophe quelconque, tout autre
genre d'accident de santé qui aurait privé le...
M. MASSE (Arthabaska): J'ai une bonne santé.
M. PAUL: Psychose quelconque.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... gouvernement d'une de ses plus brillantes
lumières éteintes.
Alors, M. le Président, je demande encore, ce soir, au ministre,
quel est le programme de travail qu'il a proposé à son
ministère, à Soquip par exemple, à Soquem, à
l'Hydro-Québec en vue de découvrir s'il y a là-bas, dans
ce territoire qui sera probablement inondé, si tant est que le
gouvernement réalise le projet de la baie James, un potentiel de
richesses. Et ce programme de travail, le ministre n'a pas tellement le temps
pour le préparer s'il n'y a pas déjà pensé.
Le premier ministre nous a dit que ces aménagements seraient
probablement prêts pour 1978.
M. PAUL: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ne donne que sept ans. S'il y a des mines
de valeur évidemment, il a toujours la possibilité d'y
aller en plongée sous-marine il est temps que le ministre s'avise
de nous dire si elles existent, s'il y en a, si on a fait des études sur
leur rentabilité. Qu'il nous dise quelle sorte de minerais il y a
là. Le ministre...
M. SAINT-PIERRE: Ah! vous n'êtes pas sérieux !
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre de l'Education, tout
ingénieur qu'il soit,...
M. PAUL: Oui, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... aurait intérêt...
M. SAINT-PIERRE: A suivre votre diction.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à suivre mon discours d'abord.
M. PAUL: Non, non, non!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A suivre nos discours...
M. SAINT-PIERRE: On suit cela...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et ensuite, à...
M. PAUL: A s'intéresser...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... répondre plus que ça
aux questions auxquelles son collègue ne peut pas
répondre. Nous avons assisté lors de la réunion de la
commission des
Richesses naturelles lorsque nous avons entendu
l'Hydro-Québec à ce spectacle, affligeant et humiliant
pour le ministre des Richesses naturelles, du premier ministre demandant au
ministre de l'Education de prendre la parole, de répondre à
toutes les questions techniques au lieu et place du ministre des Richesses
naturelles qui, lui, n'était pas capable de le faire.
M. SAINT-PIERRE: Cela témoigne...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'en fais pas de reproche au ministre des
Richesses naturelles. On ne peut pas être universel.
M. SAINT-PIERRE: ... de la polyvalence des ministres parce que, dans
l'Education, je fais appel au ministre des Richesses naturelles...
M. PAUL: En Education, le ministre des Richesses naturelles!
M. SAINT-PIERRE: ... lorsqu'il est question de l'éducation des
Indiens.
M. PAUL: On va vous rejoindre dans l'Education.
M. SAINT-PIERRE: Je suis désolé de voir un ancien ministre
nous faire part de questions qui n'ont aucun sens. Il est évident que la
responsabilité du ministère des Richesses naturelles, ce n'est
pas d'établir une encyclopédie de toutes les richesses du
Québec dans tous les minerais. Est-ce que le député de
Chicoutimi peut simplement donner une statistique de ce que pourrait être
l'étendue de l'inondation des terres? A l'entendre parler, on penserait
que toute la baie James va être inondée !
UNE VOIX: C'est une question de jugement.
M. SAINT-PIERRE: C'est uniquement la question d'un aménagement
hydro-électrique.
M. PAUL: Quelle partie va être inondée? Vous ne le savez
même pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre de l'Education vient justement de
poser le problème que nous avons posé au ministre des Richesses
naturelles...
M. PAUL: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... l'autre jour. Nous n'avons pas
l'impression que l'aménagement des rivières qui est compris dans
le programme de l'aménagement hydro-électrique de la baie James
va recouvrir tout le Québec, va inonder le Québec.
M. SAINT-PIERRE: A vous entendre parler, on pensait que vous aviez
l'impression que toute la baie James serait inondée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre de l'Education pourrait
peut-être retourner à ses dictionnaires pendant quelque temps,
retourner au règlement six sur la langue dans les écoles...
M. PAUL: Pour se préparer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... afin de se préparer à la
présentation de son budget.
M. SAINT-PIERRE : On revoit le bill 63, c'est encore plus grave.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! Le ministre de l'Education va avoir
à nous répondre de l'application qu'il a faite de cette loi que
son gouvernement a appuyée, d'ailleurs, et que son premier ministre
appuie encore à grands cris aujourd'hui. Est-ce qu'il se
désolidarise du premier ministre?
M. PAUL: Qu'il aille donc régler les problème des
CEGEP.
M. SAINT-PIERRE: Revenons au ministère des Richesses
naturelles.
M. PAUL: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre de l'Education a du pain sur la
planche. Il a toute une boulangerie! Nous allons examiner cela tranche par
tranche.
M. PAUL: II n'a pas de levure pour faire lever le pain, par exemple.
M. SAINT-PIERRE: Vous êtes...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En attendant, s'il a un peu trop de levure,
qu'il en passe à son collègue et cela va le souffler un peu afin
qu'il puisse nous répondre. M. le Président, j'interrogeais donc
le ministre sur le problème de la baie James, le problème de
l'heure, et cela, ce n'est pas de la blague.
M. SAINT-PIERRE: La baie de James.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Peu importe. Pardon! Vous trouverez sur une
carte de l'époque du XVIIe siècle, une carte française
rédigée, faite, confectionnée par des Français de
France, l'indication "baie James".
M. PAUL: Vous ne savez pas ça, le ministre de l'Education?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre de l'Education?
M. PAUL: Bien, voyons donc!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ne connaît même pas son
histoire.
M. SAINT-PIERRE: L'ancien ministre des Affaires culturelles a tellement
subventionné M. Dagenais que je pensais réellement qu'on pouvait
se fier à un linguiste !
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre des Affaires culturelles a tout
simplement reconnu les mérites d'un ouvrage publié par M.
Dagenais. Il en a acheté un certain nombre d'exemplaires, selon la
politique du ministère des Affaires culturelles qui a été
conservée par le ministre actuel.
Revenons, M. le Président, au ministre des Richesses naturelles
qui est gêné, à l'heure actuelle, par les observations
intempestives du ministre de l'Education. Qu'il attende lui, on va...
M. PAUL: Qu'il aille donc à l'agriculture, là, pour les
cultivateurs de Verchères, qu'il aille donc faire oeuvre utile.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, quand nous avons
interrogé le ministre, lors de l'étude de la loi de Soquem, nous
lui avons dit: Ecoutez, n'exagérons rien, les aménagements
hydro-électriques ne vont pas inonder tout le Québec. J'en sais
quelque chose, je vis dans une région où on en a construit des
barrages et des barrages, et j'en ai vu partout. J'en ai vu à Manic.
J'ai même vu le barrage d'Assouan, si le ministre sait où c'est.
Est-ce que le ministre se rappelle le barrage d'Assouan?
M. MASSE (Arthabaska): II faudrait que vous nous contiez votre
voyage.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non! Moi, j'aimerais savoir si le
ministre sait où est le barrage d'Assouan et quels sont les travaux
qu'on a faits là, qui sont exactement de la même nature que ceux
que je demande au ministre d'effectuer.
M. MASSE (Arthabaska): En Egypte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lorsqu'on a construit le barrage d'Assouan, M.
le Président, parce qu'il y avait des richesses archéologiques,
on s'est empressé de les retirer avant que le terrain ne fût
inondé. C'est ce que nous demandons au ministre des Richesses
naturelles. Y a-t-il là des gisements miniers?
M. PAUL: Mais je pense que le problème...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelle est la nature des minéraux?
M. PAUL: II faudrait enlever le ministre avant d'enlever le minerai.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quel est, M. le Président, le programme
de travail que le ministre a tracé, soit à 1'Hydro, soit à
Soquem, soit à Soquip, soit à n'importe lequel So quelque chose?
Est-ce que le ministre a préparé un programme de travail afin que
l'on sache s'il y a là des richesses qui méritent d'être
exploitées? Tout d'abord, elles doivent être explorées, on
doit les découvrir. Pour cela, il faut faire de la recherche. Soquem est
là pour cela. Est-ce que le ministre a fait faire des études sur
la rentabilité des 17 gisements dont il a parlé tout à
l'heure? Le ministre a-t-il, d'autre part, établi un programme de
travail afin que l'on puisse raisonnablement prévoir des travaux
d'exploration et d'exploitation d'ici le temps où l'on procédera
à l'aménagement hydro-électrique des rivières
comprises dans le programme de la baie James?
Il me semble que ce sont là des questions très simples,
très claires. Je ne fais pas état ici de l'obligation dans
laquelle se trouvera le ministre, s'il ne procède pas, d'utiliser des
scaphandres. J'en ai assez parlé pour que toute la province en rigole.
Même les journaux de l'Ontario ont rapporté mes propos à ce
moment-là. Us se sont demandé: Est-il possible qu'un
député soit obligé de poser une question comme cela au
ministre des Richesses naturelles du Québec, quand on sait combien riche
est le sol du Québec? Que le ministre se reporte au Globe and Mail, au
Telegram, au Star, au Winnipeg Free Press et au Halifax Herald Tribune.
M. PAUL: Page 7.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, que le ministre regarde cela.
M. MASSE (Arthabaska): Quelle colonne?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai posé, à ce
moment-là, des questions au ministre. Il n'a pas répondu. Alors
je lui demande encore une fois ce soir de répondre à des
questions aussi simples. C'est primaire. C'est primordial pour nous mais pour
le ministre c'est primaire. Est-ce que le ministre est prêt à
répondre?
M. MASSE (Arthabaska): Certainement, si vous m'en laissez le temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ecoutez, je vous ai laissé assez de
temps l'autre jour.
M. MASSE (Arthabaska): Bon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'avez pas été capable de
me répondre l'autre jour.
M. MASSE (Arthabaska): Je pense que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'espère que, depuis ce temps, vous
avez appris votre cathé-chisme.
M. MASSE (Arthabaska): J'espère que vous exagérez...
M. LE PRESIDENTS L'honorable ministre.
M. MASSE (Arthabaska): Vous exagérez drôlement la situation
parce que, par rapport aux études qui sont effectuées à ce
jour, à peu près 7 p.c. de l'ensemble du territoire
affecté seront inondés.
Au sujet des sites possibles d'un nouveau gisement minier, nous avons
des indications mais nous ne savons pas la rentabilité commerciale des
indications qu'on peut trouver sur ce territoire. Nous continuons la
géologie de surface, l'étude géologique de l'ensemble du
territoire. Ensuite, s'il semble qu'il y ait des gisements exploitables, les
routes qui seront construites pour aménager le projet de la baie James
serviront à l'exploitation d'une façon davantage rentable
qu'elles pourraient l'être acutellement, en pleine forêt.
H me semble que tout à l'heure j'ai indiqué que, depuis
quelques années déjà, nous faisions des relevés
géologiques. Nous continuons ces relevés. En ce qui concerne le
programme de réalisation de cet inventaire, nous sommes à
l'établir par rapport aux échéances de
l'Hydro-Québec.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Quel est exactement ce programme? Voilà,
M. le Président.
M. MASSE (Arthabaska): Nous sommes à l'établir en terme
d'échéance de l'Hydro-Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les questions que je pose au ministre ne sont
pas de la même nature que celles que nous posons en Chambre, à la
période des questions.
M. PAUL: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A ce moment-là, le ministre peut nous
répondre de façon assez vague : Nous faisons des études,
des recherches et nous pourrons informer la Chambre en temps utile. Là,
c'est l'heure de la reddition des comptes. Le ministre sait ce que cela veut
dire en termes de gouvernement responsable.
Nous vous avons voté un budget l'année passée; nous
allons peut-être vous en voter un cette année, si vous êtes
gentil et si vous nous répondez, mais nous voulons savoir ce que vous en
avez fait l'année passée et ce que vous entendez en faire. Or,
dans le budget que nous entendons vous voter cette année, nous voulons
savoir quelle est la part d'argent qui pourra être attribuée
à cet aspect recherche. Nous voulons savoir surtout c'est
là l'essentiel de ma question, les chiffres, nous y viendrons plus
tard quelles sont les étapes du programme que vient
d'évoquer le ministre. Il nous a dit:
C'est 7 p.c. de territoire; ça va calmer l'inquiétude du
ministre de l'Education qui se voyait déjà inondé avec
toute ses riches propriétés.
M. SAINT-PIERRE: Cela va surtout instruire le député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai pas
reçu d'instruction militaire et je ne prétends pas en recevoir ce
soir.
M. SAINT-PIERRE: Merci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que je n'aime pas les caporaux, ni les
"lance-caporaux" encore moins les adjudants, ceux qui cirent les bottes des
autres. D'accord? Bon, le problème du ministre de l'Education est
réglé. Revenons à son brillant collègue des
Richesses naturelles.
Alors, quelles sont les étapes du programme dont nous a
parlé le ministre, en coordination ou en collaboration, pour m'exprimer
plus clairement, avec l'Hydro-Québec, avec Soquem? Quelles sont les
étapes de ce programme? C'est ce que je lui demande. Il me semble que
c'est simple. Il n'est pas nécessaire de faire des thèses; qu'il
me dise: Nous vons prévu, pour cette année, de faire ceci,
l'année prochaine cela, l'année prochaine cela, etc., jusqu'en
1978.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, en ce qui concerne la
carte géologique, d'ici trois ans, cette carte sera
complétée. Tenant compte qu'uniquement 7 p.c. du territoire sera
inondé, par la suite, nous ferons l'exploration géophysique,
c'est-à-dire la géologie plus en détail. Si c'est ce que
le député de Chicoutimi demande comme échéance, ou
programme: d'ici trois ans, la carte géologique sera
terminée.
M.PAUL: C'est tout ce qu'il y a!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est tout ce qu'il y a! Alors, on fait des
cartes !
UNE VOIX: Ils sont plusieurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, comme le disait Rostand: "C'est un peu
court, jeune homme". On pouvait dire aux dieux bien des choses, en somme, en
variant le ton. Est-ce que je vais devoir varier le ton pour que le ministre me
dise quelles sont les autres étapes dans le domaine de l'exploration? Y
en a-t-il d'abord, des étapes, et quels sont les mécanismes de
coordination avec l'Hydro-Québec dans ce domaine? Comment Soquem,
l'Hydro-Qué-bec et les Richesses naturelles fonctionnent-ils ensemble
pour préparer le terrain, c'est le cas de le dire, à
l'aménagement de la baie James afin de sauver, le cas
échéant parce que je ne sais pas, moi; je ne suis pas
allé explorer là-bas les richesses qu'il y a là, si
tant est qu'il s'en
trouve? Je ne demande pas l'impossible au ministre. Je ne lui demande
pas de partir, ce soir, en tournée, de faire, comme son collègue,
M. Toupin, et d'aller voir les troupeaux de buffles là-bas et que
ça coûte $1,200 au gouvernement. Je lui demande de rester ici, ce
soir, et de répondre à la question très simple que je lui
ai posée.
M. MASSE (Arthabaska): Pour le ministère des Richesses
naturelles, en ce qui concerne les relevés ou l'inventaire en question,
il me semble que c'est clair et net: la carte géologique sera
terminée d'ici trois ans. La coordination entre 1'Hydro et le
ministère des Richesses naturelles? Les relations sont, bien sûr,
constantes, étant responsable devant la Chambre de
1'Hydro-Québec. D'autre part, il ne faudrait pas relier les travaux qu'a
à effectuer le ministère des Richesses naturelles, qui sont
surtout des travaux de connaissance, à l'exploitation ou à
l'exploration minière plus poussées qui, à ce
moment-là, pourraient être effectuées par Soquem ou par
toute autre entreprise d'exploration du Québec, si l'inventaire premier
démontre des indices plus sérieux de rentabilité dans
certains gisements miniers.
Actuellement, comme je le disais tout à l'heure, il y a des
indications, mais il n'est pas dit que ces gisements miniers puissent
être exploités d'une façon rentable.
M. PAUL: M. le Président, le ministre a émis, quand il a
parlé d'une exploitation sous-marine des richesses naturelles de ce
territoire que l'on va noyer, une telle thèse à l'occasion de
l'étude du projet de loi de Soquem.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, on a dit que, si un
gisement minier était inondé, il y avait quand même des
possibilités techniques d'extraire le minerai de ce gisement. C'est tout
ce que l'on a dit. La plongée sous-marine, cela ne vient pas du ministre
des Richesses naturelles, mais plutôt de votre collègue de
Chicoutimi.
M.PAUL: Pardon!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon! Je vais replacer les faits...
M. PAUL: II n'a jamais fait de plongée sous-marine.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ...dans leur perspective exacte. J'ai
posé, à ce moment-là, une question précise au
ministre. Je lui ai dit: Bon, il y aura un territoire qui sera inondé.
Je lui ai demandé: Est-ce qu'il y aura des richesses minières
valables? Le ministre m'a dit: Nous avons fait des relevés, des
recherches, etc., appelez cela comme vous voulez, et il a dit: II y a dix-sept
gisements possibles.
Je lui ai demandé, à ce moment-là, étant
donné l'imminence du projet de la baie James, parce qu'à ce
moment-là c'était imminent et l'on a su peu après que
l'imminence reculait, j'ai demandé au ministre: Est-ce que le
gouvernement, via le ministère des Richesses naturelles, a pris des
dispositions pour exploiter ces gisements s'ils ont une valeur commerciale? Le
ministre m'a alors répondu ceci et c'est ce à quoi je faisais
allusion tout à l'heure, il a eu cette réponse absolument
époustouflante : Ecoutez, si on était obligé d'exploiter
alors que le terrain serait inondé, il y a des techniques qui permettent
de le faire. J'ai dit au ministre, à ce moment-là: Vous ne pensez
pas que ce serait mieux de les exploiter avant?
J'ai posé, tout à l'heure, la même question au
ministre, il n'est pas capable de me répondre et il prétend que
c'est nous qui avons inventé cela...
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, j'ai répondu d'une
façon claire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...l'histoire de l'exploitation et de
l'exploration sous-marine. Je pense que le ministre doit regarder trop souvent
l'émission Minos 5; cela l'impressionne, c'est une émission pour
enfants.
M. MASSE (Arthabaska): Je n'ai même pas le temps.
M. JORON: M. le Président, je trouve qu'il y a quelque chose
d'assez inquiétant dans ce que vient de nous dire le ministre des
Richesses naturelles à l'effet que la carte géologique ne serait
véritablement connue que dans trois ans et que la connaissance actuelle
des ressources minières, des ressources géologiques de la
région n'est guère plus avancée aujourd'hui qu'elle ne
l'était il y a quelques années, que c'est une connaissance
sommaire.
D'autre part, il est possible, d'après ce que le premier ministre
vient de nous annoncer, il y a à peine une heure dans une autre
commission, qu'une loi soit présentée avant le 24 juin,
créant une régie ou une corporation quelconque. Cela n'est pas
encore déterminé, on ne peut donc pas en parler comme tel, mais
elle pourrait, par bail, concéder les ressources minières de ce
territoire-là. Il m'apparaît curieux que très bientôt
l'on s'apprête peut-être à concéder une partie des
ressources minières de ce territoire sans véritablement savoir ce
qu'on concéderait. Il m'apparaît, à la lumière de ce
que le ministre des Richesses naturelles nous dit ce soir, que la
décision, telle qu'annoncée par le premier ministre le 30 avril,
de commencer le développement global de toute la région
était drôlement prématurée. On n'avait pas une
connaissance véritablement approfondie de ce qu'on allait faire
là-bas et surtout quelle était l'étendue des richesses que
peut-être on pourrait être appelé à concéder.
C'est une première chose qui m'a inquiété.
D'autre part, j'ai entendu, un peu plus tôt ce soir, le ministre
nous dire, dans la description, je pense, d'une des tâches, des
priorités ou des fonctions de son ministère, qu'il allait former
des équipes de façon à intéresser
l'étranger, à vendre à l'étranger les avantages du
Québec en matière de ressources naturelles. Je pense qu'il
faudrait faire ici une distinction. Les ressources naturelles, dans les pays
qui ont l'avantage d'en posséder, ne sont véritablement des
avantages, pour les populations concernées, que dans la mesure où
ces ressources permettent la fabrication sur place de produits durables ou de
produits de consommation.
Si ce n'est pas le cas, les avantages sont très sommaires et
peuvent même, à long terme, devenir des désavantages. On
constate, par exemple, que les pays que l'on appelle
sous-dé-veloppés, ou qui ont des niveaux de vie très bas
en termes de revenu par habitant, sont souvent ceux qui ont d'immenses
ressources naturelles. Mais, dans la mesure où ces ressources sont
exploitées tout simplement dans le but d'en livrer le produit, le
minerai, de façon brute à l'étranger, cette
activité n'apporte finalement que bien peu d'avantages à la
population concernée.
Alors, il est clair que, dans des cas semblables, l'avantage du
Québec pourrait même être de ne pas les développer
immédiatement, dans la mesure où elles ne sont pas prêtes
à être transformées sur place, mais de les conserver, de ne
pas les épuiser, parce que c'est une ressource qui s'épuise, de
les conserver pour le jour où elles pourraient signifier ici des
produits fabriqués à meilleur compte par la présence de
ces ressources.
L'idée on en a parlé, j'en suis conscient, je ne
voudrais pas revenir là-dessus de la nécessité
impérieuse de la transformation locale des ressources naturelles est
capitale et centrale. C'est là que peut résider l'avantage du
Québec de posséder des ressources naturelles. Ce n'est pas le
fait, comme tel, que les ressources soient là, dans le terrain. A cet
égard, j'aurais une question à poser au ministre. Il est clair
que ce n'est pas un domaine facile. Dans la mesure où certaines des
ressources minières que nous possédons au Québec se
retrouvent ailleurs, dans d'autres parties du monde, je pense au minerai de
fer, par exemple, au cuivre qui se retrouvent partout, ce n'est pas facile
d'imposer un haut degré, ou un haut pourcentage de transformation
locale. Mais il y a des domaines, et un en particulier, c'est celui-là
sur lequel je voudrais poser une question au ministre, l'amiante, où le
Québec a visiblement le gros bout du bâton, un "bargaining power"
très fort, en raison d'une exclusivité que l'amiante se retrouve,
je pense, dans une proportion de 60 p.c, au Québec.
Véritablement, là, le Québec a le gros bout du
bâton. Précisément dans ce secteur, si on pouvait commencer
par celui-là avant de s'attaquer aux autres, est-ce que le ministre des
Richesses naturelles envisage des actions concrè- tes, précises,
visant à une plus grande transformation des produits qui sont faits
à partir de l'amiante au Québec?
M. MASSE (Arthabaska): Comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
toute la question de transformation de notre minerai au Québec fait
l'objet d'une étude, depuis quelques semaines; et j'espère que
cette étude pourra nous démontrer une certaine rentabilité
à ce que d'autres produits, et l'amiante, puissent possiblement
être transformés. Maintenant, si, actuellement, il n'y a pas eu,
dans le domaine de l'amiante entre autres, de transformation appréciable
qui se soit faite au Québec ou au Canada, c'est effectivement parce que
le marché est à l'extérieur et que les produits finis qui
sont composés d'amiante ne permettent pas de transformer ou de fabriquer
ces produits au Québec, alors qu'on est loin des gros marchés
américains.
M. JORON: Le ministre est d'accord qu'il n'y a pas de produit fini, au
départ, s'il n'y a pas d'amiante. Comme l'amiante, ils ne peuvent pas la
trouver ailleurs, c'est très facile de leur imposer de faire le produit
fini ici de le finir sur place.
M. MASSE (Arthabaska): Je vais poser une autre question au
député. Si nous faisons un produit fini qui n'est pas vendable
sur le marché, est-ce que nous sommes plus avancés avec
l'amiante?
M. JORON : Bien je vous pose une question en retour. Pourquoi ne
serait-il pas vendable?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avez-vous fait l'inventaire des
marchés?
M. MASSE (Arthabaska): Je vous pose la question.
M. JORON: 11 y a une demande considérable pour des produits, des
matériaux de construction à base d'amiante et le Québec a
une exclusivité quasi mondiale sur le produit. A la rigueur, en fait, il
pourrait se permettre de faire ici sur place tous les matériaux de
construction incluant de l'amiante. Le marché resterait là.
M. MASSE (Arthabaska): Remarquez bien que le ministre des Richesses
naturelles ne peut pas y être opposé. Au contraire, il ne peut que
favoriser une telle transformation. C'est pourquoi j'ai demandé, il y a
quelques mois, une étude sur la question de la transformation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, le ministre pourrait-il répondre
à une question que je lui ai posée dans mes observations
préliminaires? Je lui ai demandé ceci: Quelle est la politique de
son gouvernement en ce qui concerne précisément le
problème de la transformation? Je lui rappelle, pour mémoire,
que,
dans le programme électoral que nous avions publié lors
des élections de 1970, nous avions indiqué l'intention formelle
du gouvernement d'exiger de toutes les sociétés qui
s'établieraient ici de transformer un pourcentage X de la matière
tirée du sol dans le Québec.
Alors, est-ce que le gouvernement actuel a une politique en ce
sens-là? Il a évoqué tout à l'heure des
investissements, etc. J'attends qu'il nous donne les détails sur ces
investissements mirobolants. Mais est-ce qu'il a l'intention d'imposer des
conditions à certaines entreprises? Des conditions normales, pas des
conditions exorbitantes qui éloignent les investisseurs et qui effraient
ces entreprises. Est-ce qu'il est dans l'intention du gouvernement d'exprimer
à ces sociétés le désir de les voir s'implanter
ici, mais, en même temps, de les voir transformer, ici au Québec,
le minerai qu'elles extrairont du sous-sol québécois?
D'accord, le ministre nous parle de marchés, etc. Son
collègue de l'Industrie et du Commerce est capable de lui fournir des
renseignements sur l'inventaire des marchés. La réponse qu'il
donne au député de Gouin ne règle pas le problème.
C'est une réponse passe-partout, de dire: On n'a pas de marchés.
Mais, est-ce qu'il y a un inventaire des marchés? Est-ce que le
ministre, en collaboration avec le ministre de l'Industrie et du Commerce, a
procédé à l'inventaire des marchés ou s'il a repris
les dossiers qui se trouvaient à son ministère et qui se trouvent
dans d'autres ministères sur l'inventaire des marchés?
Je comprends que le problème est difficile et je n'en ferai pas
un casus belli au ministre, un cas de guerre, s'il préfère, en
français. Mais je voudrais qu'il nous indique quelles sont les
orientations générales de son gouvernement et de son
ministère en cette matière stratégique. Alors, je pense
que le ministre devrait être capable de répondre à cette
question.
M. MASSE (Arthabaska): C'est l'ensemble des données qui peuvent
exister et d'autres données que nous devrons posséder, mais qui
se préparent actuellement. Ce n'est pas mon intention d'imposer des
obligations afin qu'on transforme au Québec le produit brut aussi
longtemps que l'étude en question ne m'aura pas été
remise. C'est à partir de là qu'on pourra établir des
politiques sur la question de la transformation du minerai.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): L'honorable député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Puisqu'on parle de revalorisation de nos gisements miniers et
que, justement, les députés d'à côté disaient
qu'il faudrait nécessairement avoir des industries secondaires pour
pouvoir transformer nos produits miniers sur place, ne croyez-vous pas que nous
devrions revaloriser surtout nos gisements de minerai de fer de l'Ungava,
plutôt que de les donner à l'étranger? Actuellement, nous
exploitons des gisements de fer fabuleux. Nous serions aussi bien de les
laisser dans le sous-sol que de les faire exploiter par des étrangers et
de les leur donner.
C'est là que l'industrie secondaire prendrait de l'importance,
lorsque nous parlons d'exploitation minière. Maintenant, j'aurais une
question à poser au ministre. Est-ce que le ministre pourrait nous
informer des résultats des recherches faites par quelques compagnies
minières dans les territoires qui longent le chemin
Villebois-Baie-James? Il y a quelques compagnies minières, cet hiver,
qui ont fait de l'exploration minière dans cet endroit-là.
Une autre question: Dans les études préliminaires qui ont
mené à la décision de faire les grandes recherches ou les
grands projets du bassin de la baie James, est-ce que le rapport de la firme
d'ingénieurs Desjardins et Sauriol a été
déposé auprès de votre ministère?
Est-ce que le ministère l'a étudié, ce rapport?
Est-ce qu'il en a pris connaissance? Est-ce que le ministre est au courant que
cette firme d'ingénieurs favorisait et suggérait le
côté ouest du bassin de la baie James, le terrain sablonneux
étant plus efficace pour construire le chemin qui mènerait
à la baie James?
M. MASSE (Arthabaska): En ce qui concerne le chemin Villebois-baie
James, dont vous faites mention, il s'effectue présentement de
l'exploration, mais jusqu'ici on me dit qu'il n'y a pas eu d'indications nous
permettant de croire qu'il pourrait y avoir un gisement rentable. En ce qui
concerne l'étude dont vous faites mention pour la route de la baie
James, je ne peux pas vous répondre sur cette question à savoir
si cette étude a été produite au ministère. Elle a
peut-être déjà été produite à
l'Hydro-Québec.
M. AUDET: M. le Président, est-ce que le ministre n'a jamais
entendu parler du rapport de la firme d'ingénieurs Desjardins et
Sauriol?
M. MASSE (Arthabaska): Vous faites mention de la partie ouest de la baie
James?
M. AUDET: La partie ouest du bassin...
M. MASSE (Arthabaska): C'est en Ontario.
M. AUDET: Non, non ce n'est pas en Ontario, c'est dans le Québec.
Au nord de Villebois, vers la baie James, on a fait une route.
M. BACON: Vous voyez comme le député vient de loin.
M. MASSE (Arthabaska): Les études que nous avons eues de cette
firme d'ingénieurs concernent uniquement un chemin allant de Matagami
à la baie James.
M. LE PRESIDENT: Le député de Duplessis.
M. COITEUX: M. le Président, depuis le commencement des
discussions ce soir, j'ai écouté avec assez d'attention toutes
les remarques qu'on a faites et à plusieurs reprises on est venu, comme
vient de le faire encore une fois le député d'Abitibi-Ouest,
à la question de la transformation du minerai au Québec. En
principe, je suis d'accord, mais il y a tout de même un facteur que l'on
peut baser sur l'expérience que nous avons vécue, et on en fera
un peu l'historique. Lorsqu'en 1960 nous nous sommes présentés
devant le public, nous avons promis, devant l'immensité des richesses
que nous avions sur la Côte-Nord, dans le Nouveau-Québec, une
industrie sidérurgique, et nous étions sincères lorsque
nous l'avons promis.
Quand nous avons été élus, nous avons voulu tenir
cette promesse et nous avons fait faire des études très
poussées qui ont duré une couple d'années. Les
résultats ont été qu'une industrie sidérurgique,
pour être rentable au Québec, devait produire un minimum de
1,800,000 à 2 millions de tonnes par année de matériel
fini. Par contre, un inventaire de notre potentiel de marché, en prenant
au maximum ce potentiel, amenait à une production d'environ 450,000
tonnes, mettons 500,000 tonnes. Il nous manquait tout de même 1,500,000
tonnes qu'il fallait placer sur le marché extérieur. Qu'on aime
ça ou non, on nous a laissé entendre d'une façon
très polie, chez ceux qui contrôlent le marché de l'acier,
U.S. Steel, Bethleem Steel et tous ces géants de l'acier je ne
les aime pas plus que vous, mais les faits sont là, on a bien beau crier
on nous a dit bien poliment: Ecoutez, Québec peut bien
s'embarquer là-dedans, seulement nous, les géants de l'acier, qui
contrôlons les marchés possibles, si on baisse l'acier de $10 la
tonne, nous pouvons le supporter pendant trois ans, mais est-ce que, soi-disant
pour transformer son minérai chez elle on peut demander pareil sacrifice
économique à la population du Québec? Nous en sommes venus
à la conclusion que c'était un non-sens.
Et à ce moment, on n'exploitait pas la quantité de minerai
qu'on exploite au Québec. En 1944, lorsque les premiers gisements ont
été découverts à Shefferville, on avait une
position excellente pour négocier, avec un échéancier,
l'installation d'une industrie sidérurgique, parce que nous
étions les seuls au monde à traiter du minerai à 65 p.c,
70 p.c. de teneur. Et, si on avait alors, posé des
échéanciers pour qu'éventuellement, sur une période
de vingt ans, on en vienne à une transformation graduelle, on aurait eu
des chances que ce soit accepté par les géants de l'acier aux
Etats-Unis, parce que de ce minerai, il n'y en avait pas dans le monde.
Mais voici que les développements technologiques, en cours de
route, on fait qu'on a découvert la concentration du minerai. On prend
un minerai, aujourd'hui, de 20 p. c. à 30 p. c. en teneur nature et on
le transforme en un minerai de 65 p. c, uniforme. A ce moment- là, notre
minerai à 65 p. c. nature n'est pas aussi intéressant pour les
industries sidérurgiques, parce qu'il s'agit d'un mélange; il y a
du 60 p. c, 65 p. c. et du 75 p. c. Il faut voir le travail.
Cela a fait quoi? Cela nous a fait perdre notre pouvoir de
négociation et cela a permis une course au minerai de fer dans le monde
entier. On a même recommencé à développer les Masabi
Range, que tout le monde connaît et qui avaient été
abandonnés. Nous en trouvons en Australie, au
Vénézuéla et en Afrique. Alors, pouvoir lire dans les
journaux: On développe notre minerai de fer au Québec qui, tout
de même, emploie actuellement tout près de 15,000 hommes qui ont
des revenus d'au-delà $60 millions par année, c'est quelque chose
pour les Québécois.
Est-ce que nous aurions dû exiger la transformation au
Québec et risquer que ces gens-là ne s'en aillent ailleurs? Nous
n'avions pas le même pouvoir de négiociation. Ce n'est pas parce
que j'aime cela, mais c'est parce que j'ai les deux pieds sur la terre et que
nous sommes des Canadiens français. Nous les avons, les richesses, mais
nous ne sommes pas les seuls à avoir du minerai de fer aujourd'hui. Il y
a une quantité d'autres pays qui en ont. C'est pour cela que, lorsque le
ministre dit : II nous faut chercher les marchés, il faut être
prudent, parce qu'on peut risquer de perdre d'énormes investissements
qui, en définitive, rapportent quelque chose au Québec.
On a gagné déjà. Il y a du progrès de fait.
On concentre le minerai. Aujourd'hui, on fait des boulettes, c'est comme cela
qu'on les appelle, les usines de bouletage, ce qui est un autre stade vers la
fabrication de l'acier. On est en train d'étudier le laminoir
aujourd'hui; c'est un autre stade. Graduellement, je pense que nous nous
acheminons vers une transformation de plus en plus complète de notre
minerai de fer au Québec. A ce moment-là, il ne faut tout de
même pas agir en enfant, vouloir avoir hier soir ce qu'on pense avoir ce
matin. Il faut donner aux choses le temps de se tasser.
Je crois que le ministre est très prudent lorsqu'il dit: On ne
peut pas se lancer à corps perdu là-dedans sans avoir notre
potentiel de marché. Cette année, nous allons produire tout
près de 40 millions de tonnes de minerai concentré dans le bout
de Sept-Iles. Nous nous acheminons vers une production de 50 à 55
millions de tonnes. Si nous avons un potentiel, au Québec, de 500
millions de tonnes, le reste, nous ne le mettons pas dans la soupe aux pois.
Nous n'en mangeons pas de ça.
M. AUDET: M. le Président,...
M. COITEUX: Non, qu'on me laisse finir. Je veux expliquer bien
carrément qu'il y a des cas d'espèce. Cela en est un que je
connais personnellement bien parce que je suis là depuis 1946. Je pense
que le député de Saguenay comprend
aussi ce problème-là. Théoriquement, c'est beau de
transformer chez nous. On a parlé aussi de Deception Bay et de l'autre
baie. Je la connais, c'est le fin nord de mon comté. Mais il ne faut pas
oublier que, là, les conditions sont difficiles. C'est bien beau de
transformer cela. Mais n'oubliez pas que vous avez des marées de 40
pieds qui exigent des installations portuaires qui n'existent pas ailleurs et
qui demandent à ces compagnies-là des dépenses
épouvantables. Le transport pour le transformer au Québec
coûterait plus que l'investissement. Alors, ces gens-là, s'ils
n'ont aucune chance de profit... Lorsqu'un investissement est fait, pourvu que
le profit reste normal, je pense que c'est une notion juste de l'entreprise
privée. La philosophie socialiste ne prêche pas cela, mais, moi,
j'y crois pour le développement de nos richesses.
Qu'éventuellement on s'achemine, qu'on force les compagnies... J'ai
parlé d'une formule, l'autre fois, qui, à mon sens, est
absolument normale avec Soquem, qu'on procède par étapes.
Que Soquem découvre aujourd'hui un gisement de minerai d'une
certaine valeur éconimique, qu'est-ce qui empêche le gouvernement
du Québec, le ministère des Richesses naturelles de faire un
inventaire de notre potentiel humain, d'abord, ce que le ministre de
l'Education essaie de donner, depuis 1960, soit une poussée à
notre éducation pour former nos gens, pour préparer des gars?
En faisant cet inventaire humain, on pourra dire: Nous sommes en mesure,
actuellement, de vous fournir dans votre domaine 40 p.c. du potentiel humain.
On fait l'inventaire, ensuite, des organismes que nous avons
créés et qui s'acheminent vers un affranchissement
économique du Québec: Soquem en est un, la Société
générale de financement, la Caisse de rente et de retraite. Ces
organismes sont du potentiel. On peut aussi faire l'inventaire, à ce
moment-là, de tout ce potentiel pour savoir de combien on peut disposer
aujourd'hui pour dire à ces compagnies: Voici. Ce gisement est
prêt à être exploité et il est rentable. Nous vous
fournirons 40 p.c. du matériel humain, nous sommes en mesure de vous
fournir tel pourcentage au point de vue de l'argent. Nous demandons 30 p.c. des
parts.
Et le cheminement continue. Un jour viendra où nous aurons
formé, par le ministère de l'Education, 100 p.c. du potentiel
humain, où peut-être avec notre puissance financière qu'on
est en train de bâtir, au Québec, avec la Société
générale de financement, la puissance d'emprunt de
l'Hydro-Québec et toutes ces choses, nous serons en mesure de dire
à ces compagnies: Venez chez nous. Mais, par contre, vous prendrez 98
p.c. du matériel humain que nous pouvons vous offrir. Nous vous offrons
non pas un capital principal mais un capital de soutien. Nous voulons avoir 51
p.c. des parts.
A ce moment-là, par un cheminement normal, sans se battre, sans
chanter de bêtises, en se faisant respecter, nous aurons atteint ce que
nous visons tous, les Canadiens français du Québec,
l'affranchissement économique du Québec. A ce moment-là,
nous aurons d'une façon définitive le respect des autres
provinces. Nous n'aurons pas besoin de nous séparer pour tout cela.
M. LESSARD: M. le Président...
M. TETRAULT: M. le Président, pour en revenir aux suggestions du
député de Duplessis.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Est-ce pour poser une question?
M. TETRAULT: C'est une question. Le député de Duplessis a
donné comme exemple un cas typique de sa région. J'ai un cas
typique, pour revenir à ce que le député d'Abitibi-Ouest
disait, dans une autre extrémité de la province de Québec,
soit la région de l'Abitibi, l'est, l'ouest et tout le territoire.
Vous avez parlé d'une sidérurgie qui serait située
dans Duplessis mais, pour ses causes techniques, cela serait impossible.
Maintenant, je vous parlerai d'une région d'Abitibi, une région
où les mines Matagami sont en exploration, le même gouvernement,
en 1960 et en 1962, avec son ancien ministre des Richesses naturelles,
matière grise du Parti québécois, à la place de
construire une usine d'affinage dans la région de Matagami, l'a
construit dans la région de Valleyfield pour pourvoir au prestige
politique, aucun autre. Donc, quand il dit de finir nos produits dans une
région donnée, lorsque le produit est extrait, c'est de cela
qu'il parle.
Je comprends qu'on peut citer de multiples exemples pour des raisons
techniques. Par exemple, vous avez parlé de la région de
l'Ungava, en disant que c'est impossible à cause des glaces, d'un port
de mer extraordinaire, les galces dix mois de temps. Il ne faut pas être
borné pour comprendre ce point. C'est simple, clair et précis.
Mais on vous relève une région précise avec un
problème donné, où, pour une raison politique, ce fut
transféré ailleurs, pour se faire un capital ou un ballon
politique. C'est de cela que le député d'Abitibi-Ouest
parlait.
M. LESSARD: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, simplement quelques remarques sur ce
que disait le député de Duplessis. Je suis d'accord à au
moins 90 p.c. de son intervention, si ça n'avait été de sa
conclusion.
Il est certain que lorsque nous avons découvert le minerai de fer
nous avions à ce moment-là la possibilité d'imposer sinon
la transformation complète du minerai, du moins un
échéancier dans cette transformation, et ça justifie ce
que disait mon collègue concernant l'amiante.
Nous savons qu'actuellement dans cette ressource nous avons un certain
contrôle au Québec. Et justement, parce que nous avons subi une
expérience qui s'avère actuellement en partie mauvaise, si,
lorsque nous avons concédé nos ressources de fer, nous avions
imposé une certaine échéance, nous aurions aujourd'hui
probablement cette sidérurgie dont nous avions besoin. On ne l'a pas
fait. Cependant, ceci nous amène à constater que, dans d'autres
ressources où nous avons encore aujourd'hui cette force que nous avions
alors dans le minerai de fer, il faut imposer cet échéancier le
plus tôt possible et c'est le cas de l'amiante. Il ne faudrait pas
renouveler ce que nous avons vécu pour le minerai de fer. Il ne faudrait
pas attendre, avant d'imposer la transformation chez nous, qu'on
découvre de l'amiante ailleurs de telle façon qu'à ce
moment-là la force que nous avons aujourd'hui, nous ne l'aurons pas
à cette période.
Alors, c'est dans ce cens-là que nous demandions au ministre s'il
y avait des possibilités d'obliger certaines compagnies d'amiante
à faire la transformation. Le ministre nous répond qu'il y a un
comité d'étude. A chaque fois que nous discutons les
crédits d'un ministère il y a donc des comités
d'étude. On étudie partout mais je pense que dans ce cas, le
comité d'étude n'a pas besoin de chercher tellement, il s'agit de
constater un fait que développait tout à l'heure le
député de Duplessis, à savoir que c'est nous qui avons
véritablement le gros marteau. L'argumentation qu'a
développée tout à l'heure le ministre était
vraiment inacceptable. Si la ressource était transformée ches
nous au Québec, le marché serait là quand même. Ce
n'est pas parce que nous allons transformer chez nous de l'amiante que le
marché américain va disparaître. S'il ne se trouve pas
d'amiante ailleurs, ils seront bien obligés de venir chercher leurs
produits chez nous. Je termine en posant la question suivante concernant ce
comité: Est-il composé de fonctionnaires du ministère? De
combien de personnes est-il composé?
M. MASSE (Arthabaska): Cette étude est faite par le service de
planification et d'études économiques du ministère.
M. LESSARD: Par le service de planification du ministère. Et vers
quelle date devrait-on déposer le rapport de ce comité?
M. MASSE (Arthabaska): Je ne pourrais pas l'affirmer présentement
mais j'espère avoir un rapport préliminaire dans les prochaines
semaines; après ça, s'il y a suffisamment de données pour
véritablement évaluer la situation, il y aura peut-être
possibilité de faire des choix à ce moment-là. C'est
fortement possible. Cette question est beaucoup plus compliquée que
semble le croire le député de Saguenay.
Il y a des implications, il y a différents aspects à
considérer, il y a des études de marchés qui, si elles ne
sont pas faites par le ministère de l'Industrie et Commerce, devront
être effectuées d'une certaine façon. Il est possible que
le rapport préliminaire nous arrive dans les prochaines semaines, mais
actuellement, je ne peux pas dire l'étendue de cette étude et le
temps que cela pourra nous prendre.
M. JORON: Pourriez-vous, par exemple, donner une directive à ce
comité d'étude pour qu'il se penche prioritairement sur la
question de l'amiante, puisque c'est là où l'avantage du
Québec est le plus évident?
M. MASSE (Arthabaska): Je sais que c'est l'un des secteurs où
l'on a énormément de données, entre autres, sur cette
question de transformation de l'amiante.
M. LE PRESIDENT (Picard): Sous-article 1, adopté?
M. TREMBLAY(Chicoutimi): Un instant, M. le Président, nous
commençons. J'aurais eu d'autres questions qui devaient se greffer aux
remarques préliminaires, mais enfin, de guerre lasse, je suis
obligé d'abandonner, n'ayant pas eu les réponses que j'attendais.
Article 1, Services administratifs. J'aimerais que le ministre nous dise de
combien de personnes se compose son cabinet.
M. MASSE (Arthabaska): Y compris le secrétaire du comté et
la secrétaire, dix personnes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comment le ministre peut-il détailler
cela?
M. MASSE (Arthabaska): Un attaché de presse, un chef de cabinet,
un secrétaire adjoint, un secrétaire de comté et une
secrétaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Deux personnes dans le bureau de comté
du ministre.
M. MASSE (Arthabaska): C'est-à-dire un secrétaire plus une
secrétaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela fait deux personnes. Un plus un, demandez
au ministre de l'Education, cela fait deux.
M. MASSE (Arthabaska): Plus une directrice du secrétariat du
cabinet à Québec et quatre sténodactylos.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au total, combien de gens? M. le
Président, combien de gens le ministre a-t-il dit au total?
M. MASSE (Arthabaska): Dix.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dix personnes.
M. MASSE (Arthabaska): Oui.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a-t-il un chauffeur?
M. MASSE (Arthabaska): Non, pas de chauffeur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'a pas de chauffeur, le ministre. Le
ministre a-t-il une limousine?
M. MASSE (Arthabaska): Une limousine, oui.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Et pas de chauffeur?
M. MASSE (Arthabaska): J'ai un garde du corps qui se charge de conduire
l'auto.
M. PAUL: Un garde du corps pour garder quoi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce qu'il garde? J'ai l'impression que
cela doit être plutôt un entrepreneur de pompes
funèbres.
UNE VOIX: Ah oui!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors le ministre a un chauffeur et une
limousine.
M. MASSE (Arthabaska): Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a un chauffeur et une
limousine.
M. MASSE (Arthabaska): Non, je n'ai pas de chauffeur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, c'est-à-dire que vous avez un
garde du corps qui sert de chauffeur?
M. MASSE (Arthabaska): Oui, mais dont le salaire n'est pas payé
par le cabinet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais il est payé par le gouvernement,
de toute façon.
M. MASSE (Arthabaska): Si vous voulez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors le ministre maintient le scandale
épouvantable énoncé par son collègue, le ministre
des Finances, l'an passé, à propos...
M. MASSE (Arthabaska): Lequel?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...des membres du personnel de cabinet, du
chauffeur et de la limousine. Est-ce que, comme celui de votre collègue
des Affaires culturelles, votre chauffeur a une casquette?
M. MASSE (Arthabaska): Je n'ai pas de chauffeur, il ne peut pas avoir de
casquette.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre nous dit qu'il a une voiture.
Cette voiture ne se conduit pas toute seule. C'est bien évident. Alors
quand Lazare est dedans, j'imagine qu'il y a quelqu'un qui conduit la
voiture.
M. MASSE (Arthabaska): J'ai aussi mon permis de conduire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a donc un chauffeur, que ce soit
un garde du corps, un policier, appelez ça comme vous voudrez...
M. MASSE (Arthabaska): C'est ça, qui ne porte pas de
casquette.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a un chauffeur qui s'occupe de la
voiture. C'est bien ça?
M. MASSE (Arthabaska): C'est-à-dire qu'il n'est pas directement
affecté à cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien oui, il n'est pas directement
affecté...
M. MASSE (Arthabaska): C'est une personne de la Sûreté
provinciale. Si vous voulez...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Quelqu'un qui conduit une voiture, c'est un
chauffeur.
M. MASSE (Arthabaska): Si vous voulez nommer chauffeur cette
personne-là, je suis d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors le ministre a donc à son service
dix personnes, plus un monsieur, enfin qui est chauffeur ou pas chauffeur, mais
en tout cas qui conduit une voiture, qui fait démarrer une voiture et
qui la laisse aller sur la route. Enfin, je ne sais pas comment cela se passe,
mais on imagine que cela doit être comme ça. Alors le ministre
maintient donc le scandale épouvantable dénoncé par son
collègue des Finances, puisqu'il a exactement le même personnel
qu'il avait auparavant.
Quels sont les salaires maintenant de ces employés? Quel est le
salaire du directeur du cabinet?
M. PAUL: Vous nous avez fait voyager déjà.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'était pas pour aller voir les
buffles.
M. LEVESQUE: Nous pourrions faire rapport.
M. MASSE (Arthabaska): Alors, si vous permettez, on n'a pas les salaires
qui sont payés à ce personnel du cabinet. On pourra vous le
fournir lors de la prochaine séance.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): A une séance ultérieure.
M. MASSE (Arthabaska): C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci. On me signale qu'il est...
M. LEVESQUE: Nous faisons rapport.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Sous-article 1, adopté?
M. PAUL: Non, nous commençons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, c'est l'article le plus important.
M. PAUL: Faites rapport pour ce soir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le poste budgétaire 1,
sous-article 1.
M. LEVESQUE: C'est l'anniversaire de naissance du leader parlementaire
de l'Opposition. On ne veut pas qu'il dépasse onze heures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II lui reste trois minutes.
M. LEVESQUE : II lui en reste un petit peu pour la soirée. Il lui
reste une heure pour fêter.
M. PAUL: Est-ce qu'on va veiller ensemble?
M. CARPENTIER (président du comité des subsides): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté des résolutions et demande la permission de siéger
à nouveau.
M. HARDY (président): Quand siégera-t-il? M. LEVESQUE :
Prochaine séance.
M. LE PRESIDENT: Prochaine séance.
M. LEVESQUE: M. le Président, pour demain je suggérerais
que la commission parlementaire des Richesses naturelles reprenne ses travaux
après l'ordre du jour, à la salle 91-A. A la salle 81-A, on
continuerait l'étude des crédits du ministère de
l'Agriculture et de la Colonisation. Ici, en Chambre, nous pourrions continuer
l'étude du projet de loi no 69, en comité plénier, et
prendre le projet de loi no 39 sur les tribunaux judiciaires. Finalement, il
reste un article de l'ODEQ...
M. PAUL: C'est ça.
M. LEVESQUE: ... que nous étudierons ici en Chambre après
la législation, s'il y a lieu, si nous avons le temps. Puis
peut-être l'environnement. Si le ministre d'Etat à l'Environnement
est revenu, nous terminerons la journée, ici, avec le docteur en
question.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que l'honorable leader a fait
une projection quant à l'heure d'ajournement possible demain?
M. LEVESQUE: C'est difficile pour moi, M. le Président, de
deviner les intentions, de sonder les quoi? Les reins et les coeurs?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça.
M. LEVESQUE: Mais d'un autre côté, connaissant le
désir de collaboration très évident de tous les
collègues, j'en suis convaincu, et ayant entendu dire qu'il va faire 80
degrés demain...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Excellent, ça va réchauffer les
débats.
M. LEVESQUE: ... je ne sais pas, mon instinct me laisse entendre qu'il
est possible qu'avant les six coups de la fin de l'après-midi, nous
devrions pouvoir...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les six coups de 18 heures.
M. LEVESQUE: Les six coups de 18 heures, c'est ça. Nous devrions
pouvoir ajourner pour la fin de semaine et reprendre les travaux lundi à
trois heures.
M. PAUL: Pour faire plaisir à l'honorable ministre de l'Education
et pour employer un terme de trigonométrie, est-ce qu'on peut dire que
ce sera plus grand que quatre et plus petit que six?
M. LEVESQUE: Oui, cela se peut.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... on l'attend.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à demain, dix heures trente.
M. LE PRESIDENT: La Chambre est ajournée à demain matin,
dix heures trente.
(Fin de la séance: 23 h 1)