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(Quinze heures dix minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre
messieurs!
Affaires courantes. Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
commissions élues.
Commission de l'Assemblée nationale
M. LEVESQUE: M. le Président, la commission de l'Assemblée
nationale a l'honneur de soumettre à votre honorable Chambre son 13e
rapport. Votre commission est d'opinion que la pétition et l'avis sont
réguliers et suffisants et que le bill est régulier et conforme
à la pétition et à l'avis dans chacun des cas
ci-après: de la ville de Laval, demandant l'adoption d'une loi modifiant
sa charte; de la cité de Magog, demandant l'adoption d'une loi modifiant
sa charte.
M. LE PRESIDENT: Ce rapport est-il agréé?
Agréé.
M. PAUL: Oui.
Commission des bills privés et publics
M. BLANK: M. le Président, la commission des bills privés
et des bills publics a l'honneur de soumettre à votre honorable Chambre
son 6e rapport. Votre commission a décidé de rapporter avec des
amendements le bill suivant: bill 154, Loi modifiant la charte de la ville de
Sainte-Foy.
M. LE PRESIDENT: Ce rapport est-il agréé? M. PAUL: On n'a
pas de rapport pour Hull?
M. BERTRAND: Où est le projet de loi de Hull?
M. PAUL: On n'a pas de rapport sur le projet de loi de Hull?
M. BERTRAND: C'est "dull"
M. LE PRESIDENT: Présentation de motions non
annoncées.
Changements à des commissions
M.PAUL: M. le Président, qu'il me soit permis de faire motion
pour que le nom de M. Tremblay (Chicoutimi) soit substitué à
celui de M. Cardinal, comme membre de la commission de la Fonction
publique.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEGER: M. le Président, qu'il me soit permis de faire motion
pour que le nom de M. Charles Tremblay soit substitué à celui de
Marcel Léger à la commission des Transports.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Présentation de bills privés.
Projets de loi privés
M. PEARSON: M. le Président, j'ai l'honneur de faire motion pour
qu'il me soit permis de présenter le projet de loi no 124,
intitulé Loi modifiant la charte de la ville de Laval.
M. LE PRESIDENT: La motion du député est-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou une
séance subséquente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le premier ministre pensait que c'était
pour lui, mais c'était pour le projet de loi.
M. BLANK: M. le Président, j'ai l'honneur de faire motion pour
qu'il me soit permis de présenter le projet de loi numéro 144
intitulé: Loi modifiant la charte de la cité de Magog.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou une
séance subséquente.
Projets de loi privés
déférés à la commission
M. LEVESQUE: M. le Président, quant aux bills privés dont
nous venons d'adopter la première lecture, qu'il me soit permis de
demander le consentement unanime de la Chambre pour que nous puissions
procéder à la deuxième lecture afin de
déférer ces projets de loi à la commission parlementaire
des bills publics et privés et pour que ces projets de loi soient
étudiés à la prochaine séance de la commission
parlementaire des bills publics et privés à la salle 81-A, mardi
le 29 juin 1971 à dix heures du matin.
M. PAUL: Adopté immédiatement.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ces projets de loi.
Second reading of these bills.
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture, prochaine séance.
M. LEVESQUE: M. le Président, puis-je revenir à l'article
"Motions non annoncées" pour qu'à la commission parlementaire de
la Fonction publique, les noms de MM. Coiteux, Hardy et Veilleux soient
substitués à ceux de MM. Cornellier, Larivière et
Saindon.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Présentation de bills publics.
M. LEVESQUE: E.
Projet de loi no 50 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre propose la première
lecture du projet de loi intitulé Loi du développement de la
région de la baie James.
M. BOURASSA: M. le Président, ce projet de loi a pour principaux
objets de constituer la Société de développement de la
baie James qui sera chargée de mettre en valeur les richesses naturelles
du territoire décrit à l'annexe ainsi que d'administrer et
d'aménager ce territoire; de prévoir que le développement
des ressources hydro-électriques du territoire sera effectué par
une filiale dont la moitié des actions seront détenues par
l'Hydro-Québec et au moins 40 p.c. par la société;
De prévoir la constitution d'autres filiales en collaboration
avec Soquip, Soquem et Rexfor où la société
détiendra 51 p.c. des actions et chacun de ces autres organismes 49
p.c.
D'ériger le territoire en une municipalité qui sera
administrée par la société tout en prévoyant la
constitution de conseils locaux qui pourront exercer certains pouvoirs de la
société en matière municipale lorsqu'au moins 500
personnes habiteront en permanence une localité sur ce territoire ;
De soumettre toute concession du domaine public dans le territoire
à l'avis préalable de la société tout en
soustrayant ses opérations de l'application des lois mentionnées
à l'article 42.
Les affaires de la société seront administrées par
un conseil d'administration de cinq membres nommés par le gouvernement.
Il disposera d'un capital-actions de $100 millions payé par le ministre
des Finances à raison de $10 millions par année pendant dix
ans.
La société devra veiller à la protection du milieu
et prévenir la pollution dans le territoire. Elle pourra exproprier tout
immeuble situé dans le territoire et se faire concéder tout bien
du domaine public qui en fait partie. Elle ne pourra toutefois céder les
biens acquis par expropriation ou autrement si ce n'est par vente à
l'enchère ou par soumission publique, sauf à ses filiales.
La société devra faire un rapport de ses activités
annuellement au premier ministre qui devra le déposer à
l'Assemblée nationale.
La filiale de la société qui sera chargée du
développement des ressources hydro-électriques du territoire sera
administrée par un conseil composé de cinq membres nommés
par le gouvernement, dont trois le seront sur la recommandation de
l'Hydro-Québec et deux sur celle de la société.
La société pourra aussi constituer toute autre filiale
pour des fins d'exploitation des autres richesses naturelles, y compris le
tourisme, la chasse et la pêche, pourvu qu'elle détienne au moins
51 p.c. des actions.
Les municipalités déjà existantes sur le territoire
et les réserves indiennes ne font pas partie de la municipalité
constituée par le projet de loi.
J'avais dit, M. le Président, il y a quelques semaines que
j'essaierais de déposer ce projet de loi, l'un des plus importants de
mon administration, avant la fête des Canadiens français. C'est
donc avec fierté que je le fais aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. CARDINAL: Sous réserve de la petite annonce de la fin.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. LE PRESIDENT: Déclarations ministérielles.
Amendements à la constitution
M. BOURASSA: M. le Président, je voudrais résumer la
déclaration que j'ai faite hier. J'ai essayé de communiquer avec
les différents chefs de l'Opposition mais, comme il était un peu
tard dans la nuit, j'ai communiqué avec eux ce matin. Au moins une
soixantaine de journalistes attendaient au milieu de la nuit hier; j'ai donc
cru normal de leur faire une brève déclaration, quitte à
répondre aux questions à l'Assemblée nationale.
Le fédéralisme constitue pour les Québécois
le meilleur moyen d'atteindre leurs objectifs économiques, sociaux et
culturels. Les Québé-
cois ont appuyé cette option du gouvernement du Québec
lors des dernières élections générales. Soucieux de
respecter cette volonté clairement exprimée par la population du
Québec, le gouvernement s'applique à renforcer le
fédéralisme canadien.
Dans cet esprit, il estime que ce fédéralisme doit
être décentralisé pour refléter la diversité
des régions de notre pays. Ce fédéralisme doit ainsi
garantir aux provinces la liberté d'action nécessaire pour
qu'elles assument pleinement leurs responsabilités à
l'égard de leurs citoyens.
Ce fédéralisme doit aussi permettre au gouvernement du
Québec d'assurer l'avenir culturel de la majorité de sa
population. La révision constitutionnelle est précisément
la voie qui doit nous donner ce type de fédéralisme. Les travaux
des trois dernières années ont permis aux Canadiens de progresser
dans cette voie. La récente conférence des premiers ministres du
Canada a constitué un pas en avant dans cette direction. Des
progrès importants ont pu être réalisés en ce qui
concerne le mécanisme de rapatriement et de modification de la
constitution, les droits politiques et linguistiques, le statut de la cour
Suprême.
Dans l'état actuel du dossier de la réforme
constitutionnelle, le gouvernement du Québec ne peut toutefois pas faire
une recommandation positive à l'Assemblée nationale en ce qui a
trait à l'acceptation du présent projet de charge
constitutionnelle.
Cette décision relève de la nécessité qu'il
y a de convenir dans toute la mesure du possible de textes constitutionnels
clairs et précis évitant ainsi de transporter au pouvoir
judiciaire la responsabilité qui appartient avant tout au pouvoir
politique, c'est-à-dire aux élus du peuple.
Ainsi, les textes traitant de la sécurité du revenu
laissent subsister une incertitude qui cadre mal avec les objectifs
inhérents à toute idée de révision
constitutionnelle. Si cette incertitude était éliminée,
notre conclusion pourrait être différente.
Ainsi le gouvernement du Québec entend-il signifier au
secrétaire de la conférence constitutionnelle qu'il ne peut
accepter ce projet de charte constitutionnelle.
Cette décision du gouvernement du Québec fait appel
à la capacité d'innovation et à la détermination de
tous les Canadiens et les incite à poursuivre la tâche qu'ils ont
entreprise pour donner au Canada une constitution vraiment moderne.
M. BERTRAND: M. le Président, je ne chercherai pas querelle au
premier ministre d'avoir, la nuit dernière, remis à la presse la
déclaration dont il vient de nous donner lecture. C'est une exception
et, quant à moi, je la lui pardonne aisément aujourd'hui. Avant
la conférence de Victoria, l'Opposition officielle a multiplié
les mises en garde à l'adresse du gouvernement. L'Union Nationale
savait, par expérience, que le premier ministre du Québec y
serait l'objet de pressions très dures et de manoeuvres très
habiles.
A plusieurs reprises, devant la commission parlementaire et à
l'Assemblée nationale, elle a dit au chef du gouvernement qu'il devait
éviter de se laisser enferrer dans un statu quo inacceptable, qu'il
devait éviter de sacrifier à une sécurité illusoire
l'avenir du Québec, la fierté du Québec, les droits et les
libertés inaliénables du Québec. L'Opposition officielle a
même présenté une motion à l'effet que le
Québec ne devait accepter aucune formule d'amendement constitutionnel
avant que n'ait été résolu le problème capital de
la répartition des pouvoirs, spécialement en matière de
sécurité sociale.
Le premier ministre a alors déclaré qu'il était
d'accord sur l'esprit de cette motion qui a été appuyée
sans réserve par nos collègues du Ralliement créditiste.
Je suis donc heureux de constater que le premier ministre a tenu compte des
réactions des divers groupes parlementaires et de l'opinion
québécoise. A mon tour et en plein accord avec le nouveau chef de
l'Union Nationale, j'appuie le "non" poli que le premier ministre vient
d'opposer à ce que l'on a appelé une charte
constitutionnelle.
Maintenant que nous en connaissons le texte et le contexte, nous savons,
d'abord, que ce document n'est pas une charte; ce n'est qu'un assemblage de
propositions hétéroclites dont aucune ne va au fond du
problème et que ne relie aucune idée maîtresse, si ce n'est
une volonté intransigeante et manifeste de maintenir, sous un
déguisement superficiel, un statu quo depuis longtemps
dépassé. De plus, la méthode utilisée pour faire
accepter cette charte au Québec, est totalement inacceptable. Inutile de
jouer sur les mots: il s'agit d'un ultimatum. On nous donnait à peine
dix jours pour accepter ou rejeter en bloc le document, sans en changer un
iota.
La version française, d'ailleurs, n'est parue que dans les
journaux de samedi dernier. Comment, dans ces conditions, le peuple souverain,
véritable détenteur de l'autorité constituante dans un
pays démocratique, pouvait-il débattre les propositions qui y
sont contenues et participer avec nous, les représentants du peuple,
à l'élaboration des décisions à prendre?
Le contenu de ces propositions n'est pas plus acceptable que le
contenant. L'article 94-A avait été introduit dans la
constitution en 1951, non pas comme une concession d'Ottawa ou du gouvernement
central aux provinces, mais comme une permission donnée par les
provinces à Ottawa de légiférer dans le domaine des
pensions de vieillesse. En 1964, cette concession des provinces à Ottawa
a été étendue au régime des rentes et autres
prestations connexes. Chaque nouvelle extension de l'article 94-A ne peut
qu'augmenter les -pouvoirs du gouvernement fédéral, surtout
et j'appuie là-dessus, M. le Président, c'est fondamental
si l'on ne donne pas aux provinces les moyens financiers d'utili-
ser le droit prioritaire que M. Duplessis avait eu soin de conserver aux
provinces en 1951 et que M. Lesage avait sauvegardé en 1964.
Le projet de charte n'accorde aucune compensation aux provinces
désireuses d'exercer leur droit de priorité. Le communiqué
officiel émis par les premiers ministres, après la
conférence de Victoria, dit que tous les aspects financiers des
problèmes constitutionnels sont renvoyés à une
conférence ultérieure.
Or, cette distinction que l'on continue de faire entre le droit de
légiférer et le droit de taxer a toujours été le
cheval de Troie de la centralisation. C'est toujours l'érosion des
pouvoirs fiscaux qui entraîne la perte de l'autonomie législative.
C'est toujours parce qu'elles n'ont pas les moyens d'exercer leurs droits que
les provinces finisssent par les perdre. Ce que vaut une priorité
purement théorique, M. Trudeau lui-même en est parfaitement
conscient. Lui qui a déclaré à la
télévision, d'après le compte rendu qu'en a publié
le Devoir du 21 juin: "Si le gouvernement du Québec déboutait le
fédéral du secteur des allocations familiales, il devra le faire
à même ses propres impôts."
Après avoir été taxés par le gouvernement
central pour les allocations familiales des autres provinces, les
Québécois devraient-ils donc se retaxer entre eux pour maintenir
leurs propres allocations? Est-ce là l'image d'une société
juste? Il est de l'essence même du fédéralisme que les
pouvoirs législatifs et fiscaux soient clairement répartis dans
une constitution écrite entre la fédération et les Etats
membres. C'est ce que réclame le Québec depuis toujours.
Actuellement, le gouvernement fédéral se sert de son
prétendu pouvoir illimité de taxer et de dépenser pour
intervenir sans scrupule dans toutes sortes de domaines provinciaux. Il s'en
sert comme d'une constitution parallèle ou clandestine qui lui
permettrait de contourner et d'annuler à toutes fins pratiques la
constitution officielle.
C'est une situation génératrice de conflits innombrables
répétés depuis au-delà de vingt-cinq ans qui
empêche l'avènement d'une véritable compréhension,
d'une véritable amitié, d'une véritable solidarité
entre Canadiens de l'une et de l'autre culture. Si, au moins, nous avions un
véritable tribunal constitutionnel pour régler les conflits
toujours possibles dans un Etat fédéral entre les deux ordres de
gouvernement ! Mais comment le Québec peut-il donner sa confiance
à un tribunal d'arbitrage dont tous les membres sont nommés par
Ottawa et dont tous les pouvoirs sont également définis par
Ottawa?
J'invite les premiers ministres anglophones des autres provinces du
Canada à se poser la question suivante: Qu'auraient-ils fait à la
place du premier ministre du Québec si le Québec eût
été anglophone et le reste du pays francophone? Qu'ils se posent
la question, qu'ils se mettent dans nos bottes! Ils auraient dit non à
un projet de constitution comme celui qui nous a été
présenté à Victoria.
Et ce qui me renverse, il n'y a de souplesse dans cette prétendue
charte qu'au chapitre des droits linguistiques. Là, les provinces ne
prennent que ce qui fait leur affaire. C'est du véritable
fédéralisme à la carte.
Si une telle souplesse est possible dans le domaine linguistique,
pourquoi s'obstiner à maintenir une inflexible uniformité dans
d'autres domaines?
Bref, le Québec ne pouvait répondre que par un non
à l'ultimatum. J'ajoute, connaissant le premier ministre du Canada, avec
son esprit cartésien, de logique et de méthode, que, si le
premier ministre du Canada eût été premier ministre du
Québec, il aurait refusé une telle offre de la part des
autorités centrales et des autres privinces canadiennes.
Ce n'est pas en pareil cas, M. le Président, une attitude
négative que de savoir dire non. C'est parce que M. Duplessis a dit non
aux subsides fédéraux, qu'on voulait nous donner en
échange de nos droits de taxation, qu'il y a eu, à un moment
donné, la péréquation. C'est parce que M. Lesage a dit non
à la conférence de 1964, qu'il y a eu, du moins jusqu'à
l'avènement du régime Trudeau, généralisation du
droit d'option, avec pleine compensation fiscale. Parce que le gouvernement
actuel a dit non à la prétendue charte constitutionnelle, je suis
convaincu que les autres provinces vont mettre de côté cet
ultimatum enfantin et infantile et que l'on va continuer à
négocier.
Vous voulez le sauver, le Canada? C'est avec le Québec que vous
le sauverez. Je suis convaincu donc, M. le Président, qu'on va continuer
de négocier et, grand Dieu! , que l'on inventera un
fédéralisme assez souple pour convenir à nos deux
communautés culturelles et pour faciliter leur solidarité dans le
respect total de l'autodétermination de chacune. Nous ne recherchons la
guerre avec personne dans ce pays. Nous voulons mettre fin aux deux solitudes,
mais nous voulons le faire sur un pied d'égalité et de
fierté pour les deux groupes.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, il parait que la nuit porte conseil.
C'est probablement pourquoi le premier ministre a fait connaître son
communiqué vers deux heures quinze, ce matin, et que les chefs de partis
d'Opposition n'ont pas pu en prendre connaissance avant ce matin.
M. BOURASSA: J'ai essayé de vous rejoindre; vous étiez
à Montréal.
M. SAMSON: Je n'ai pas l'impression d'avoir fait un reproche au premier
ministre. J'ai l'impression que ça lui fait plaisir qu'on reconnaisse
que c'est à la faveur de la nuit qu'il a trouvé une solution.
M. LACROIX: Alors, vous seriez mieux de
rester debout la nuit, puis de vous coucher le jour.
M. DUMONT: Le premier ministre reste debout la nuit, lui.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. SAMSON: M. le Président, c'est quand même très
intéressant venant d'un député back-bencher qui dort le
jour sur son banc au lieu de dormir la nuit, chez lui.
M. LACROIX: On nous reproche de ne jamais dormir!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAMSON: M. le Président, après de multiples
conférences constitutionnelles qui durent depuis de nombreuses
années, je pense que la preuve est maintenant faite qu'il ne sert pas
à grand-chose de continuer à patauger dans la vieille
constitution communément appelée l'Acte de l'Amérique du
Nord britannique. Il y a eu, dans le passé, trop de violations et
d'interprétations à l'entour de ce texte de loi qui n'est, en
fait, qu'un projet de loi privé émanant du Parlement de
Londres.
Nous comprenons, M. le Président, que le gouvernement a dû
faire face à l'arrogance du gouvernement fédéral de M.
Trudeau. C'est pourquoi je pense qu'il faut prendre le taureau par les cornes
le moment est venu de le faire et travailler maintenant en
collaboration plutôt avec les provinces qu'avec le gouvernement central
sur la question constitutionnelle. Nous aurions, évidemment, M. le
Président, préféré que la commission siège
et que le peuple soit consulté avant de donner une réponse
à Ottawa. De nombreux télégrammes que nous avons
reçus disent à peu près la même chose: "II est
inconcevable que le gouvernement du Québec accepte la charte
constitutionnelle dans les délais proposés, sans consultation
préalable des citoyens du Québec." C'est une chose qui nous a
été dite par plusieurs corps publics.
Or, M. le Président, nous aurions préféré
que la population soit consultée parce qu'en donnant une réponse
avant la date limite fixée par M. Trudeau le gouvernement du
Québec a, en quelque sorte, cédé au chantage quant
à l'ultimatum et quant à la date. En effet, si le gouvernement
avait dit oui, cela aurait voulu dire céder nos droits. Mais, en disant
non, cela confirme pour un bon bout de temps, malheureusement, le statu quo.
C'est pourquoi nous croyons qu'il est très urgent que la commission
parlementaire de la constitution devienne itinérante et consulte le
peuple québécois afin que, suite à ces travaux, les
conclusions du rapport de ladite commission fassent l'objet d'un
référendum auprès des électeurs du
Québec.
En résumé, M. le Président, ce n'est pas tout de
dire non. Il faut maintenant savoir ce que l'on veut et ce que l'on peut faire
de positif. Le problème est donc maintenant posé dans toute sa
dimension. Mais il ne faut pas oublier que ce problème n'est pas le
seul. Il en est un parmi tant d'autres dont le problème
économique, celui du chômage, celui de la pénurie
d'investissements. Cependant, la question constitutionnelle...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les chemises blanches!
M. BOIS: Allez donc à votre siège pour parler!
M. SAMSON: ...constitue un outil très important pouvant servir
à résoudre plusieurs autres problèmes. C'est pourquoi le
gouvernement se doit maintenant de proposer, après consultation, une
solution acceptable par le peuple du Québec. La réponse d'hier
soir, M. le Président, est négative. Nous reconnaissons cependant
qu'il valait mieux dire non que de dire oui, mais c'est négatif. C'est
négatif et le gouvernement du Québec doit prendre ses
responsabilités. Il a eu beau dire non, mais le communiqué que
nous avons reçu est encore pour encenser M. Trudeau, c'est aussi pur et
aussi simple que cela. Nous sommes en droit de nous demander si ce n'est pas de
nature à aider grandement M. Trudeau dans ses prochaines
élections fédérales. Cela voudrait dire que ce serait
purement et simplement, encore une fois, de l'électoralisme.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, la décision du gouvernement a
été accueillie avec une immense soulagement dans tous les coins
du Québec car, tout le monde en est maintenant convaincu, le pire a
été évité. Le premier ministre en est bien
conscient, lui qui a vu la montée progressive de la campagne du "non"
dans toutes les régions du Québec et dans tous les secteurs de
l'opinion. Je pense qu'il a eu le bon sens et l'intelligence d'écouter
ces voix de plus en plus pressantes, et de cela nous devons, au nom du
Québec, le remercier.
Il reste toutefois, M. le Président, que ceci nous semble une
victoire à la Pyrrhus, c'est-à-dire que le gouvernement du
Québec s'est désengagé d'une lutte, d'un conflit où
il savait qu'il lui était désormais impossible d'avoir le dessus.
En ce sens, ce geste et cette décision nous apparaissent de cet autre
angle comme une défaite de la politique gouvernementale exposée
lors de la dernière campagne électorale et de l'année de
session qui vient de s'écouler.
Où sont en effet, M. le Président, ces appels pour un
fédéralisme rentable dont on a tellement entendu parler depuis un
an? Où sont ces moyens ingénieux et inédits qu'on devait
utiliser pour faire progresser cette cause du fédéralisme
rentable? où sont-ils, ces succès? Il faut
plutôt reconnaître, M. le Président, que le premier
ministre actuel s'est lui-même enfermé dans ce dilemne impossible
lorsqu'en septembre il a accepté que la question de la formule
d'amendement devienne un sujet prioritaire de discussion et lorsqu'en
février il a laissé tomber cette phrase fatale que la formule
d'amendement suggérée paraissait susceptible d'aboutir à
un accord. Il s'est ainsi enfermé dans une impasse qu'il ne pouvait
dénouer que par le "non" décisif et retentissant qu'il a
prononcé hier, mais qui consacre quand même la défaite de
la politique qu'il a préconisée il y a un an.
Québec est désormais seul à pouvoir se prononcer
pour ce genre de fédéralisme décentralisé qui
ressortait des déclarations du premier ministre et du chef de
l'Opposition officielle. Nous sommes désormais le seul Etat à
avoir le pas, étant donné que toutes les autres provinces et le
pouvoir fédéral ont désormais affirmé d'une
façon définitive que leur conception du fédéralisme
était une conception centralisatrice.
On peut bien rêver du passé; on peut bien faire des
rêves pour l'avenir également. Mais l'attitude des deux grands
partis en cette Chambre me fait quand même penser à cette attitude
d'un poids plume qui persisterait à monter dans l'arène pour se
battre contre un poids lourd et qui s'étonnerait de tous les coups et de
toutes les blessures qu'il ne cesse de recevoir. Il est désormais
entendu que cette conception du fédéralisme
décentralisé, malgré sa logique, malgré sa
rationalité, ne sera jamais accepté par le reste du Canada et par
le pouvoir central. Au contraire, aujourd'hui, le Québec se retrouve
dans une très fâcheuse posture. D'une part, il est
complètement isolé, car il y aura un "backlash" émotif de
la part des autres provinces du Canada à l'endroit du Québec
à qui l'on reprochera d'avoir fait avorter la révision
constitutionnelle après avoir été celui qui l'a
imposée au reste du Canada.
Par ailleurs, la déclaration du premier ministre Trudeau que nous
avons entendue à midi laisse bien voir qu'il faut abandonner tout
espoir, du moins pour les prochaines années, d'une révision
constitutionnelle, car le premier ministre a déclaré qu'il
n'était plus question de convoquer une nouvelle ronde de
négociations entre les premiers ministres et que c'était au
Québec à s'expliquer, à dire ce qu'il voulait, laissant
cependant entendre que la cause était entendue.
Dans ces circonstances, M. le Président, le Québec se
trouve dans une posture d'autant plus fâcheuse que nous devons
négocier très prochainement aussi bien la répartition
nouvelle des pouvoirs fiscaux que l'harmonisation des grandes politiques
administratives d'Ottawa et de Québec. Dans quel climat vont maintenant
se dérouler ces négociations?
Dans un climat de méfiance, dans un climat d'hostilité
entre partenaires dont l'un se retrouvera impuissant devant la majorité
des autres et durant tout ce temps-là, le fédéral continue
sa politique et en particulier dans le champ de la sécurité
sociale.
Déjà, au mois d'avril, il a mis en vigueur sa nouvelle
politique de pensions de vieillesse, il se prépare à mettre en
vigueur sa nouvelle politique d'assurance-chômage, le 1er juillet, qui
constitue un nouvel empiètement sur la juridiction du Québec en
matière de services sociaux et bientôt, en septembre, il mettra en
vigueur son nouveau projet d'allocations familiales qui sera extrêmement
difficile à harmoniser avec celui du Québec.
Où sont alors les propositions du rapport Castonguay-Nepveu qui
avaient été approuvées par l'ensemble de la population
tellement elles se recommandaient par leur logique et par leur
rationalité? Où sont les pouvoirs? Où seront les
ressources fiscales pour mettre en vigueur ce plan qui répond aux
aspirations des Québécois? Comment serait-il possible
d'harmoniser cette politique avec la politique fédérale? Comment
serait-il possible d'en arriver à une conception intégrée,
logique, globale, cohérente de la sécurité sociale au
Québec?
Dans les autres domaines, aussi bien ceux qui touchent le souverainisme
culturel, dont le premier ministre nous parle souvent, que dans les politiques
économiques, il sera de plus en plus difficile de faire bouger le
pouvoir central et de faire droit ainsi aux réclamations du
Québec.
Le Québec se trouvant dans cette fâcheuse posture, quelles
sont les voies qui s'offrent à son examen et à ses
décisions? Je pense qu'il n'y en a plus qu'une seule: le Québec
doit maintenant se donner les pouvoirs et les ressources que le Canada
anglophone vient de lui refuser soit en se hâtant d'occuper les champs
qui sont les siens, soit en mettant le fédéral lui-même
devant le fait accompli, mais surtout en se mettant au travail lui-même
pour écrire sa nouvelle constitution et se donner cette liberté
que maintenant, il est évident, le Canada anglophone ne veut plus lui
donner.
M. LACROIX: M. le Président, pourrais-je suggérer au
député de Bourget de faire parvenir les pancartes sur les Plaines
d'Abraham pour le feu de la Saint-Jean ce soir?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Dépôt de documents. Questions
des députés.
Questions et réponses
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur
Comité Détresse 26
M. BOIS: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre des Affaires sociales. Le ministre a-t-il pris
connaissance du mémoire préparé par le comité
Détresse 26 et si
oui, a-t-il l'intention de mettre en application les demandes des veuves
et mères nécessiteuses dont le réquisitoire explique
vraiment les carences du projet de loi 26?
M. CASTONGUAY: J'ai pris connaissance, M. le Président, de ce
mémoire. D'ailleurs, je dois rencontrer certaines des personnes qui en
ont fait la rédaction. Quant aux façons de corriger les
problèmes qui y sont soulevés, je crois qu'il ne s'agit pas d'une
réponse qui peut être donnée d'une façon très
simple, c'est une question qui touche à plusieurs politiques et nous
pourrons au besoin y revenir lors de l'étude des crédits de mon
ministère qui commencent cet après-midi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
Réparations dans les postes d'essence
M. GUAY: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre du Travail. Le ministre pourrait-il nier, infirmer, ou
confirmer une rumeur voulant qu'il serait bientôt défendu de faire
de la mécanique dans les postes d'essence de la province de
Québec?
M. COURNOYER: Je n'ai pas compris 1a dernière partie, de faire de
la mécanique...
M. GUAY: De faire de la mécanique dans les postes d'essence de la
province de Québec.
M. COURNOYER: Je ne peux ni nier, ni infirmer, ni confirmer cette
rumeur, car j'en suis mis au courant pour la première fois. Cela ne
viendrait pas de chez nous.
UNE VOIX: Cela viendrait de chez nous.
UNE VOIX: Non, nous ne sommes pas comme ça.
M. CHARRON: M. le Président, me permettrez-vous d'abord de saluer
le retour de celui à qui j'adresse ma question, le ministre de
l'Education?
M. LEVESQUE: Jamais une déclaration du député de
Saint-Jacques n'aura mérité de tels applaudissements.
M. BOURASSA: II a un habit créditiste aujourd'hui.
M. CHARRON: Ce gouvernement-ci est trop faible pour se passer du moindre
guerrier.
Projet Multimedia
M. CHARRON: Ma question s'adresse au ministre de l'Education. Est-ce que
le ministre peut communiquer à la Chambre les raisons qu'il a
invoquées hier pour retarder l'implantation du projet Multimedia?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, on avait accusé le
gouvernement, à la mi-mars, de vouloir retarder ou mettre un projet sur
les tablettes. J'en ai moi-même pris connaissance au mois d'août.
Tenant compte que c'est un projet aussi important que le rapport Parent, il me
semble qu'il a franchi, dans une période relativement courte, les
différentes étapes. Qu'il me suffise de mentionner l'approbation,
par le conseil des ministres, d'une nouvelle forme d'éducation des
adultes au début de décembre. Qu'il me suffise également
de mentionner le fait que, vis-à-vis du ministère des Finances,
vis-à-vis des nouvelles formules budgétaires, il me fallait
approuver un nouveau programme de $2.6 millions.
Au mois de mars, devant la publication de l'arrêté en
conseil, tenant compte de la composition de cette commission administrative,
des groupes populaires, en particulier l'ICEA, l'Institut canadien
d'éducation des adultes, devant nous donner le nom des personnes
représentant le milieu, nous ont demandé des délais
additionnels pour compléter la consultation. Ces mêmes
délais nous ont été demandés également par
le Conseil supérieur de l'éducation qui voulait nous donner un
avis. Tout ceci pour dire que le gouvernement a accepté ces
délais pour s'assurer que le projet allait démarrer dans de
bonnes conditions.
Or, nous avons démarré, hier, avec la formation de la
commission administrative. Nous avons reçu, avant-hier, les noms de
l'Institut canadien d'éducation des adultes, mais il semble impossible
et peu réaliste de vouloir miser sur le début de janvier 1972.
Donc, nous voyons septembre 1972 comme étant la date la plus
rapprochée pour lancer ce projet d'éducation des adultes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
Rénovation de Thetford Mines
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre des Affaires municipales. Le leader du gouvernement m'avait,
d'ailleurs, invité à lui poser la question à son retour de
Saskatoon parce qu'il devait passer par Ottawa. Le ministre pourrait-il nous
dire si les négociations en cours pour obtenir la subvention
nécessaire au plan de rénovation de la ville de Thetford Mines,
au coût de $10 millions, ont avancé dans les projets
annoncés il y a quelque temps?
M. TESSIER: Les négociations progressent, M. le Président,
mais il n'y a encore rien de concluant.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
Perspectives-Jeunesse
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une question à
poser à l'honorable ministre d'Etat aux Affaires sociales et je remarque
qu'il quitte la Chambre.
UNE VOIX: II va revenir.
M. ROY (Beauce): J'avais posé la question au premier ministre
hier et il m'a demandé de reposer la question au ministre d'Etat aux
Affaires sociales. Le ministre pourrait-il nous informer des
représentations qui auraient été faites auprès du
gouvernement fédéral pour protester contre les décisions
unilatérales de celui-ci en ce qui a trait au programme
Perspectives-Jeunesse?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, je pense avoir répondu
à cette question.
M. ROY (Beauce): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'étais porté à croire
que cette question avait déjà été posée et
que le ministre y avait répondu. Maintenant, le ministre confirme
à la Chambre qu'il a déjà répondu à cette
question.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je me permets de vous
expliquer. Nous avions demandé, l'autre jour, si le gouvernement du
Québec avait eu son mot à dire dans les décisions qui
avaient été prises concernant les programmes
Perspectives-Jeunesse. Aujourd'hui, ma question est la suivante: Etant
donné que le ministre nous a déclaré, la semaine
dernière, que le Québec n'avait pas été
consulté...
M. LE PRESIDENT: Question.
M. ROY (Beauce): ... pourrait-il nous dire si des protestations ont
été faites au gouvernement fédéral à cause,
justement, de ces décisions unilatérales?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, je crois avoir répondu.
Si le député veut se référer au journal des
Débats, il n'est pas exact de dire que nous n'avons pas
été consultés. J'ai dit que nous avions joué un
rôle consultatif; je pense bien que nous avons été
consultés.
UNE VOIX: II ne comprend pas.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: Question supplémentaire, étant donné
qu'il y a confusion. Le ministre nous dit qu'il a été
consulté, qu'il a joué un rôle de consultation. Le premier
ministre disait qu'il y avait un droit de veto.
M. LE PRESIDENT: Question, s'il vous plaît.
M. SAMSON: Ecoutez, M. le Président, c'est ce que je fais, je la
pose, cela vient.
Je demande au premier ministre si sa déclaration du mois de mars,
disant qu'il y avait un droit de veto sur cette question, tient encore.
M. BOURASSA: M. le Président, le ministre a répondu, je
pense, à cette question la semaine dernière. Je peux m'informer
du dossier et je pourrai répondre la semaine prochaine.
M. SAMSON: Le premier ministre s'aperçoit...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, ma question s'adresse au
ministre d'Etat responsable du placement des étudiants, si vous voulez.
Vu qu'on est à la veille de la Saint-Jean-Baptiste et que, quand il y a
une fête, on doit avoir des cadeaux, est-ce que le ministre pourrait nous
informer si, à cette date-ci, tous les étudiants qui ont
été recommandés par les députés sont
déjà en place?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, je peux vous dire qu'au moins 80
p.c. des étudiants recommandés ont déjà
été embauchés.
M. ROY (Lévis): Merci.
M. BELAND: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que cela voudrait dire qu'il ne resterait que les recommandations qui
viennent des députés de l'Opposition?
UNE VOIX: C'est ça.
M. QUENNEVILLE: J'aurai sûrement l'occasion de fournir la liste
des étudiants qui ont été employés. Je peux vous
dire que plusieurs députés créditistes retireront leurs
avancés à ce moment-là.
M. SAMSON: C'est pour ça que les étudiants retirent leur
paie.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Dépollution
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
d'Etat responsable de l'environnement. Dernièrement, le ministre donnait
aux industries du Québec un an pour voir à présenter ou
à trouver des solutions pour la dépollution de leur milieu. Le
ministre disait aussi qu'il s'attendait à recevoir beaucoup de plans.
Est-ce que le ministre peut me dire si,
premièrement, il a l'intention d'attendre un an avant de
présenter un plan global pour ces industries? Deuxièmement, si,
après un an, toutes les compagnies n'ont pas présenté de
plan, est-ce que le ministre a l'intention d'en présenter un qui
ressemblerait à celui de la Union Carbide à Beauharnois et qui
prendrait cinq ans à se réaliser?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je n'ai pas dit que j'accordais un
an. J'ai dit que l'attitude du gouvernement sera différente en 1972 de
ce qu'elle est en 1971, car, à ce moment-là, le gouvernement sera
muni de la législation nécessaire." Deuxièmement, si les
industries ne soumettent pas leurs projets de dépollution, nous irons
les chercher.
M. LEGER: M. le Président, je ferai remarquer au ministre que le
titre de la Gazette disait bien "You've got one year..."
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! C'est justement pour ces raisons qu'on ne
peut pas se référer aux articles de journaux. L'honorable
député de Bourget.
Mines de l'Abitibi
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre. Un comité interministériel a été
formé, selon ce que le ministre nous disait, pour étudier la
situation des mines en Abitibi. Est-ce qu'on peut demander au ministre si ce
comité interministériel a travaille au point que maintenant le
ministre peut nous annoncer des décisions?
M. COURNOYER: Je ne peux pas vous annoncer de décisions, mais le
comité a travaillé. J'ai justement ici le rapport de ce
comité pour les travaux préliminaires. Il ne me reste qu'à
trouver, bien sûr, les sommes d'argent requises pour cela.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances aimerait
répondre à une question posée à une séance
antérieure.
Obligations d'épargne
M. GARNEAU: M. le Président, on m'avait demandé des
renseignements additionnels concernant la vente des obligations
d'épargne. Comme un journal, tout au moins, a rapporté un
chiffre, je voudrais indiquer à cette Chambre que la vente des
obligations, dont les entrées sont terminées ou presque, a
atteint le chiffre de $140 millions.
M. BOURASSA: Confiance dans le gouvernement; ça, c'est un signe.
La Baie-James.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Northern Electric
M. LEVESQUE: M. le Président, en réponse à une
question du député de Lafontaine et suite à un engagement
que j'avais pris, il me fait plaisir de déposer copie d'un document
notarié daté du 26 mai 1971, relativement à une
déclaration par la compagnie Northern Electric Limitée et qui a
trait à une subvention accordée à cette compagnie.
Questions inscrites au feuilleton
M. LEVESQUE: M. le Président, article 1. Question de M.
Béland, réponse de M. Bourassa.
M. BOURASSA: Lu et répondu.
M. LEVESQUE: Article 12, question de M. Roy (Beauce). Je fais motion
pour que cette question soit transformée en motion pour
dépôt de document. Réponse de M. Garneau.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. GARNEAU: Document déposé.
M. LEVESQUE: Article 20, question de M. Drolet, réponse de M.
Bourassa.
Article 22, question de M. Lavoie (Wolfe). Je fais motion pour que cette
question soit transformée en motion pour dépôt de document.
Réponse de M. Bourassa.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: Revenant à l'article 19, question de M. Lavoie
(Wolfe), réponse de M. Goldbloom.
M. GOLDBLOOM: Lu et répondu, M. le Président.
M. LEVESQUE: M. le Président, à une question de M. Lavoie
(Wolfe) concernant la ville de Disraëli, le premier ministre
déposait une réponse rapportée aux procès-verbaux
de l'Assemblée nationale no 33 du 5 mai 1971. Aux fins de
compléter la réponse fournie à cette Chambre, il
conviendrait d'ajouter celle qui a été reçue du
ministère des Affaires municipales. Avec le consentement unanime de
cette Chambre, je propose donc que le ministre des Affaires municipales puisse
déposer le complément à la question du
député de Wolfe.
Troisième lecture de projets de loi
privés
M. LEVESQUE: M. le Président, aux articles 75, 76, 77 et 78, je
fais motion pour que les
projets de loi nos 130, 147, 184 et 192 franchissent l'étape du
comité plénier et de la troisième lecture. J'ajouterais
à cette liste l'article apparaissant aux projets de loi privés
transmis pour étude à des commissions, le projet de loi 154, Loi
modifiant la charte de la ville de Sainte-Foy.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, je fais motion pour qu'aux articles
79, 80, 81, 82 et 83, les projets de loi nos 100, 118, 134 et 138 ainsi que
150, respectivement, franchissent l'étape de la deuxième lecture
et soient déférés à la commission parlementaire des
bills privés et des bills publics pour être étudiés
mardi prochain, 29 juin, à dix heures du matin à la salle
81-A.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée.
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, article 36. C'est afin de pouvoir
déférer à la commission parlementaire des Affaires
sociales l'étude des crédits de ce ministère. Si on veut
faire simplement les entrées... D'accord?
DES VOIX: Oui, oui.
M. LEVESQUE: Nous entreprendrons donc immédiatement à la
salle 81-A l'étude des crédits du ministère des Affaires
sociales.
M. le Président, article 40.
Projet de loi no 27 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education propose la
deuxième lecture du projet de loi no 27, Loi concernant le regroupement
et la gestion des commissions scolaires.
M. Guy Saint-Pierre
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, pendant les quelques minutes
mises à ma disposition, je voudrais rappeler les objectifs du projet de
loi no 27, faire quelques considérations sur les remarques qu'a
suscitées le projet de loi et troisièmement, indiquer les points
majeurs à propos desquels des suggestions positives nous ont
été faites.
Un rappel des objectifs. J'ai, à plusieurs reprises,
exposé les objectifs du projet de loi no 27 touchant le regroupement des
commissions scolaires. Vous me permettrez de les rappeler brièvement,
pour mieux préciser le cadre général des discussions que
nous entreprendrons maintenant sur ce projet de loi tel que
déposé ici même le 11 avril dernier. 1) Une
péréquation des services éducatifs sur l'ensemble du
territoire du Québec, au niveau élémentaire. 2) Une
décentralisation et une efficacité administratives accrues pour
assurer la péréquation de ces mêmes services. 3) Une
participation plus intense du milieu à la vie sociale notamment par
l'institutionnalisation de la participation des parents en élargissant
le cens de l'éligibilité au poste de commissaire et le droit de
vote. 4) Une modernisation de la gestion scolaire à tous les
paliers.
Dans la réforme des structures scolaires, le projet de loi no 27
se situe dans la continuité des objectifs poursuivis par les politiques
amorcées en 63/64. Il vise, en effet, à mettre en place des
structures administratives permettant la péréquation des services
éducatifs sur l'ensemble du territoire du Québec au niveau
élémentaire.
Ce projet de loi complète ou parfait la régionalisation
scolaire accomplie au niveau secondaire en ce sens qu'il propose une
réorganisation du niveau élémentaire permettant d'assurer
une accessibilité réelle à des services éducatifs
comparables dans toutes les régions du Québec.
En 1975, en effet, nous aurons vraisemblablement complété
la réorganisation de l'enseignement secondaire et notre
échéancier prévoit que toute les polyvalentes du
Québec seront alors en opération. Pendant ce temps, les
structures administratives et l'organisation des services à ce niveau se
complèteront et se consolideront.
Il nous faut, dès maintenant, poser les gestes requis pour la
réorganisation administrative du secteur élémentaire,
conditions sine qua non de la réorganisation des services
éducatifs qui justifient en fin de compte notre démarche.
La nécessité du regroupement des commissions scolaires a
été reconnue par de nombreux citoyens et par de nombreux
organismes, notamment le Conseil supérieur de l'Education, la
Fédération des commissions scolaires, la Corporation des
enseignants du Québec, les cadres scolaires, de nombreuses associations
impliquées et intéressées par la chose scolaire au
Québec et, finalement, de nombreuses associations de parents.
Nous voulons profiter de la circonstance qui nous est offerte pour
souligner le travail remarquable qu'a effectué la
Fédération des commissions scolaires au moment de
l'opération du regroupement volontaire. Le projet de loi no 27, comme je
l'expliquerai un peu plus loin, vise à compléter ce regroupement
volontaire de façon à garantir à tous les mêmes
privilèges, les mêmes droits, les mêmes pouvoirs dont
jouissent déjà plus de 500 commissions scolaires qui se sont
regroupées. Il appartient à l'Etat, gardien du bien commun, de
faire maintenant en sorte qu'aucun secteur de la population ne soit
lésé dans le domaine des services éducatifs,
qu'une réorganisation administrative a déjà permis
de réaliser dans un nombre important de régions.
Le présent projet de loi fonde la péréquation des
services sur la décentralisation et l'efficacité administratives.
Il vise à fortifier les instances locales qui oeuvrent dans le secteur
de l'enseignement élémentaire tout en permettant une meilleure
coordination avec les commissions scolaires régionales de niveau
secondaire. La nouvelle entité administrative que crée le projet
de loi devient un interlocuteur de plus grande valeur et pour le milieu et pour
le ministère de l'Education. Il assure une administration
centralisée au niveau d'une collectivité locale et non plus d'une
seule paroisse ou d'un seul clocher. Par ailleurs, il permet à un autre
point de vue, une décentralisation sur laquelle se fondent nos espoirs
d'une plus grande efficacité administrative en matière de gestion
scolaire au Québec. La décentralisation possède un effet
direct sur l'humanisation du système administratif de
l'éducation. Il ne s'agit certes pas dans ce cas de rendre
l'école plus humaine, plus ouverte, ce qui repose essentiellement sur
des services pédagogiques plus dynamiques, mais de rapprocher
l'administration de la population d'une région, de lui permettre des
recours réels plus immédiats, de lui offrir des informations
traitées et complétées en fonction d'une région et
non plus un stéréotype d'informations visant un ensemble
national.
Le projet de loi institutionnalise la participation de la population et
particulièrement des parents au niveau de l'administration des
commissions scolaires. Les principales mesures qui traduisent ces objectifs
d'amélioration de la participation de la population à la vie
scolaire sont les suivantes :
Premièrement, élections au suffrage universel, cens de
l'éligibilité au poste de commissaire plus large, division de la
commission scolaire en un certain nombre de quartiers dont la
répartition appartient aux milieux concernés, enfin, et surtout,
aux niveaux de l'école et de la commission scolaire, nous
institutionnalisons la participation réelle des parents par la
création du comité d'école et du comité consultatif
des parents.
Nous avons veillé, de plus, à ce qu'un lien étroit
soit établi entre la commission scolaire locale administrant
l'élémentaire et la commission scolaire régionale
administrant le secteur secondaire. Les mêmes personnes élues par
la population au niveau élémentaire seront également ses
représentants directs au niveau de la commission scolaire
régionale.
Modernisation de la gestion. Enfin, le projet de loi propose
l'instauration de processus plus modernes de gestion.
En effet, nous avons introduit les notions de conseil d'administration
et de comité exécutif. Nous désirons que le conseil des
commissaires d'écoles élabore des politiques globales pour la
commission scolaire, prenne les décisions conformes à ces
politiques et organise les mécanis- mes voulus pour assurer une
supervision et un contrôle efficaces du travail du comité
exécutif. Le comité exécutif voit ses tâches
définies par le conseil d'administration et s'occupe, entre autres, de
l'administration des affaires courantes. Il est clairement établi que le
comité exécutif est soumis à l'autorité
entière du conseil d'administration.
Certains nous ont reproché de ne pas préciser, dans le
texte de loi, l'autorité exacte du comité exécutif et son
mandat précis. Je pense qu'un tel point de vue ne veut pas
reconnaître les divergences que nous rencontrons à
l'échelle du Québec où, dans certaines régions, on
voudrait confier au comité exécutif beaucoup de pouvoirs, alors
que, dans d'autres secteurs, on voudra plutôt garder au niveau du conseil
d'administration la plupart des prises de décisions
nécessaires.
Tels sont les grands objectifs que poursuit le projet de loi no 27.
Quelques considérations maintenant sur les remarques
générales concernant le projet de loi.
Depuis le dépôt en Chambre, en avril dernier, du projet de
loi sur le regroupement des commissions scolaires, nous avons recueilli
suggestions, remarques, critiques, objections, recommandations de toute nature
et de toute provenance.
Dans cette deuxième partie de mon allocution, je tenterai de
faire le point sur un certain nombre de réactions
générales que le projet de loi a déjà
provoquées.
On peut distinguer cinq types différents de remarques ou
d'observations: 1. Les réactions de ceux qui s'opposent absolument au
projet de loi dans sa totalité et au regroupement sous quelque forme que
ce soit.
Selon ces critiques, le projet de loi affaiblit ou détruit la
confessionnalité actuelle du-nisation de l'école, il favorise une
centralisation excessive, il reproduit des erreurs commises au moment de la
régionalisation des commissions scolaires ou de la création de
nos CEGEP. 2. Des réactions provenant de ceux qui ne s'opposent pas au
regroupement, mais auraient souhaité qu'il se poursuive sur une base de
volontariat et non sur une base législative.
Selon ces critiques, l'expérience du volontariat ou du
regroupement volontaire a donné de bons résultats et il eût
été souhaitable qu'on la continuât.
Le projet de loi serait fondé sur une approche technocratique du
problème à résoudre et ne tiendrait pas assez compte de la
réalité complexe au niveau local ou même régional.
3. Des réactions provenant de ceux qui ne s'opposent pas au regroupement
ni à la loi en tant que telle, mais qui, par ailleurs, auraient
souhaité une plus large participation et une plus longue consultation
des intéressés et, en
conséquence, trouvent le projet de loi relativement
prématuré.
Selon ces critiques, la participation des intéressés a
fait défaut et les premiers concernés n'ont pas été
suffisamment consultés. Implicitement, ces critiques suggèrent
une reprise des consultations, une plus grande participation et, à
toutes fins utiles, une remise à plus tard de l'étude et de
l'adoption du projet de loi regroupant nos commissions scolaires. 4. Des
réactions provenant de ceux qui trouvent que la loi, dans son ensemble,
est satisfaisante et qu'on devrait hâter son adoption plutôt que de
perdre ses énergies à discuter des modalités de son
application. Selon ces observations, le projet de loi présenterait
suffisamment d'éléments positifs pour permettre de passer
à l'action immédiatement.
Les solutions aux problèmes concrets d'organisation ou de
réorganisation pourraient être trouvées en cours de route
et les amendements à la loi formulés au moment jugé
opportun. 5. Des réactions provenant de ceux qui soutiennent que le
projet de loi ne va pas assez loin et que, malgré les lacunes à
ce point de vue, tout retard apporté à son adoption constitue une
situation déplorable.
Ces remarques portent, en particulier, sur le regroupement des locales
et des régionales, des commissions scolaires francophones et
anglophones, ou catholiques et protestantes.
Face à un aussi large éventail d'opinions, le ministre de
l'Education ne peut avoir la prétention de satisfaire tout le monde.
Un certain nombre de réactions s'enracinent dans des
mésinterprétations, des malentendus, des appréhensions et,
parfois même, des préjugés. D'autres s'enracinent dans des
faits observables, des données factuelles, des considérations
objectives.
A l'égard de la première catégorie de
réactions, le ministre peut encore une fois tenter d'éclaircir
certains malentendus, rectifier certaines mésinterprétations,
calmer des appréhensions mais il ne peut faire mourir tous les
préjugés.
A l'égard de la seconde catégorie de réactions, le
ministre doit, dans toute la mesure du possible, tenter de tenir compte des
critiques pour autant qu'elles ne sabotent pas le projet de loi dans sa
totalité. J'en ferai l'objet de la troisième partie de mon
allocution.
Certains des points qu'on a soulevés touchent aux suivants:
Premièrement, la confessionnalité. Le projet de loi
respecte absolument le caractère confessionnel des structures, des
écoles, de l'enseignement et des services éducatifs en
général. Il confirme qu'à l'échelle du
Québec nous aurons, à l'extérieur de la région de
Montréal, des commissions scolaires dites catholiques ou
protestantes.
Il contient même des dispositions qui permettront aux parents
d'exercer une action véritable à l'endroit même où
le processus éducatif prend place, c'est-à-dire au niveau de
l'école.
Deuxièmement, les droits des parents. On fait état que les
droits des parents sur l'éducation de leurs enfants seront brimés
par le présent projet de loi.
Nous avons, au contraire, cherché à introduire dans la loi
des méthodes de représentation équitables au niveau des
structures administratives et nous avons innové en institutionnalisant
la participation des parents au niveau des activités de l'école
et en assurant dans le texte même du projet de loi à la fois le
fonctionnement et le financement des comités de parents au niveau de
l'école.
Troisième aspect, centralisation excessive. Au sujet de la
centralisation excessive, il faut affirmer qu'il y a un malentendu.
D'un point de vue local, il est bien certain que le regroupement des
commissions scolaires constitue une forme de centralisation administrative
encore que celle-ci soit assaisonnée de correctifs nettement
identifiés dans la loi: modes de représentation, comités
d'écoles, etc.
D'un point de vue provincial, le regroupement des commissions scolaires
vise la décentralisation administrative, en ce sens que la
réduction du nombre d'organismes administratifs et leur renforcement
structurel permettront au ministère de l'Education de se départir
de certains contrôles administratifs que lui impose contre son
gré la situation qui prévaut à l'heure
présente où nous avons plus de 1,000 commissions scolaires
à l'échelle du Québec.
Quatrième point, déshumanisation et gigantisme du
système. Voici une appréhension qui me semble fausse car le
projet de loi vise le regroupement des organismes administratifs pour diverses
raisons, notamment pour des raisons d'efficacité organisationnelle.
Rien dans la loi n'impose le gigantisme, qui, nous le reconnaissons,
pose des problèmes de relations humaines personnalisées.
Il appartiendra à telle ou telle commission scolaire de
décider des mesures à prendre pour favoriser la poursuite des
objectifs d'individualisation et d'humanisation qui correspondent à sa
philosophie de l'éducation.
Le regroupement des commissions scolaires n'implique pas
nécessairement ni le regroupement ni le transport des
élèves puisque, différant du niveau secondaire, nous avons
au niveau élémentaire un cours qui est essentiellement le
même au Québec et où le niveau des options n'implique pas
le regroupement de grands ensembles.
Le ministère croit que les modalités d'organisation des
services d'enseignement doivent être la responsabilité de la
commission scolaire. Celle-ci les détermine à la lumière
des impératifs pédagogiques et éducatifs et des exigences
organisationnelles, sous les aspects de l'efficacité et de la
rentabilité.
Cinquièmement, le caractère antidémocratique et
technocratique de notre loi. Je suis bien à l'aise pour parler de cette
réaction qu'a provoquée le projet de loi car, sur le sujet du
caractère antidémocratique du projet de loi no 27, on peut
rappeler que tous mes prédécesseurs ministres, comme moi, ont
considéré comme nécessaire, au moment où ils
occupaient le poste de ministre de l'Education, de procéder au
regroupement des commissions scolaires locales.
Il est facile de voir dans ce fait que l'opération ne se justifie
pas par des visées politiques partisanes ni par des idéologies
non avouées.
Quant au caractère technocratique, il faut s'entendre. Si l'on
veut dire par là qu'il répond à des critères
raisonnables, le regroupement se fait, s'est fait ou se fera d'une façon
technocratique. Si, au contraire, on veut dire qu'il a été
élaboré en circuit fermé par des technocrates en chambre,
sans relation aucune avec le milieu, rien n'est plus faux.
A ma connaissance, des miliers de personnes et des milliers d'organismes
ont participé, à un moment ou à un autre, à
l'élaboration des plans de regroupement des commissions scolaires
locales. D'ailleurs, le projet de loi présenté par le
présent gouvernement sur le regroupement des commissions scolaires a
tenu compte et a analysé les multiples mémoires que nous avons
reçus des différents organismes intéressés par
l'éducation au Québec.
Sixièmement, le régime du volontariat ou la poursuite de
l'opération Regroupement volontaire. Certaines critiques portent sur le
fait que le projet de loi se substitue au régime du volontariat. Ce
qu'il faut dire, c'est qu'il complète et parfait une opération
bien amorcée. Je me suis déjà expliqué sur cette
question.
Je crois sincèrement que l'opération Regroupement
volontaire a donné tous les fruits qu'il était possible
d'espérer et qu'elle ne pouvait plus progresser sans un certain nombre
d'amendements à la Loi de l'instruction publique.
Il était devenu absolument nécessaire de compléter
ce qui avait été entrepris de concert avec la
Fédération des commissions scolaires. La justice nous obligeait
à prendre les mesures que nous avons prises. Les retards
inévitables qu'aurait entraînés le régime du
"volontariat" auraient eu des effets néfastes sur la réussite de
l'opération et des conséquences préjudiciables sur les
commissions scolaires regroupées et sur la population en
général.
Septièmement. Participation ou consultation
inadéquate.
La consultation a été une règle constante dans
l'élaboration du projet de loi no 27. Les grands organismes directement
en cause, du point de vue administratif, ont participé activement
à la préparation du projet qui vous est soumis.
Des consultations multiples ont eu lieu à la fois avec le Conseil
supérieur de l'éducation, la Fédération des
commissions scolaires et son homologue anglophone.
Huitièmement. Le caratère tardif ou pas assez radical du
projet de loi.
Le projet de loi sur le regroupement des commissions scolaires locales
n'a pas tardé pour autant que je suis en cause.
Dès mon arrivée au ministère, j'ai annoncé
que je m'occupais de ce problème. Depuis cette déclaration, j'ai
mis en marche les mécanismes nécessaires à l'examen de
cette question. La consultation terminée, nous nous sommes
assurés de la participation effective des organismes directement en
cause et nous avons élaboré le projet de loi 27. Je souhaite
seulement maintenant que ceux qui trouvent que nous avons trop tardé
nous aident à améliorer rapidement le projet pour que l'on puisse
l'adopter et le mettre en vigueur dans les délais prévus.
Quant aux critiques de ceux qui ne trouvent pas le projet assez radical
quant au regroupement de l'élémentaire et du secondaire, des
anglophones et des francophones, des catholiques et des protestants, je pense
qu'ils n'ont pas bien lu lu projet de loi qui laisse ouvertes toutes sortes
d'alternatives aux diverses collectivités.
De la même façon que le projet de loi doit avoir
suffisamment de flexibilité pour permettre à certains milieux
et j'emploie l'expression de courir, de procéder à
des regroupements de l'élémentaire et du secondaire, je pense,
pour avoir parcouru la province de Québec, qu'il nous faut aussi
reconnaître que dans d'autres milieux c'est une étape qui ne
saurait être acceptée par la population et qui risquerait de
saborder les objectifs mêmes que nous nous sommes fixés. C'est
donc dire que dans un premier temps, le législateur demande à
toutes les régions du Québec de faire l'effort d'au moins
marcher, de procéder à ce regroupement des commissions scolaires
et que dans un deuxième temps nous laissons à différents
milieux qui voudraient courir, qui voudraient aller plus vite, le soin de
procéder au regroupement des secteurs élémentaire et
secondaire.
Plusieurs suggestions très positives nous ont déjà
été faites pour améliorer le projet de loi no 27. Nous les
avons examinées attentivement et il me paraît opportun, même
au stade d'un discours de deuxième lecture, d'en mentionner
quelques-unes, non pas pour indiquer notre intention de les retenir sans que
cette assemblée n'ait eu le loisir d'en discuter, voire même de
suggérer elle-même certains amendements, mais simplement pour
indiquer notre volonté d'être à l'écoute de
remarques et de critiques qui nous aideront à préciser les moyens
qui nous permettront d'atteindre les objectifs que personne ne semble
sérieusement contester, particulièrement lorsque ces remarques et
ces critiques ne sont point fondées sur des préjugés mais
sur une observation objective des faits et des causes en éducation.
On a touché au territoire des nouvelles municipalités
scolaires. Le projet de loi no 27, à l'article 1, prévoit
l'établissement, à compter du 1er juillet 1972, de 168 nouvelles
municipalités scolaires.
Les municipalités scolaires qui étaient établies
exclusivement pour catholiques, soit 71 sur 902, ainsi que celles qui
étaient catholiques de fait, soit 831, sont regroupées en de
nouvelles municipalités scolaires qui sont établies pour
catholiques au sens de l'article 49 de la Loi de l'instruction publique.
Certains territoires non organisés sont ajoutés à ces
nouvelles municipalités scolaires. Il en est de même pour les
municipalités scolaires établies exclusivement pour protestants
et les municipalités scolaires qui sont protestantes de fait.
Ces municipalités sont décrites aux annexes a) et b) du
projet de loi. Certaines corrections d'ordre technique dont la
nécessité apparaît d'ores et déjà
évidentes seront apportées à ces annexes en
troisième lecture.
Deuxièmement. Le regroupement de l'élémentaire et
du secondaire.
Des interprétations du projet de loi no 27 laissaient entendre
qu'il n'était pas possible de procéder au regroupement de
l'élémentaire et du secondaire avant le 1er juillet 1973.
Il faut noter que le projet de loi no 27 n'abroge pas les articles 495
a) et b) de la Loi de l'instruction publique. En conséquence, il demeure
donc possible, avant le 1er juillet 1972, pour les commissions scolaires qui le
désireraient d'opérer le regroupement des niveaux d'enseignement
élémentaire et secondaire en se prévalant de ces deux
articles.
En vertu de l'article 77, le gouvernement peut, en effet,
décréter qu'une commission scolaire régionale cesse
d'exister si une commission scolaire qui en est l'unique membre lui en fait la
demande. La même demande peut être également faite au
gouvernement par toutes les commissions scolaires membres d'une même
régionale, au moment où elles demandent d'être
fusionnées en une seule municipalité scolaire. En un tel cas, la
nouvelle commission scolaire ou celle qui subsiste, selon le cas,
succède aux droits et obligations de la commission scolaire qui cesse
d'exister.
Liquidation des dettes. Concernant les dettes des commissions scolaires,
les dispositions de l'article 16 permettent à une commission scolaire,
annexante ou fusionnante, d'identifier la part du passif d'une commission
scolaire, partie à une fusion ou annexion, qui demeure à la
charge exclusive de son territoire. La même disposition s'applique pour
le coût des engagements contractuels pour lesquels la commission n'a pas,
avant sa fusion ou son annexion, pourvu à l'appropriation des deniers
nécessaires. Dans de tels cas, une taxe spéciale, avec
l'approbation du ministre, peut être imposée sur le territoire
dont il s'agit.
Il nous a été suggéré de modifier cet
article en imposant aux commissions scolaires existantes l'obligation de
pourvoir à l'appropriation des deniers pour l'acquittement des
dépenses inadmissible encourues par ces commissions et de leur laisser
la possibilité de répartir cette appropriation sur un certain
nombre d'années. 4) Elections et nombre de quartiers, soit l'article 18.
Le bill 27 apporte des modifications importantes au chapitre des
élections des commissaires. Les commissaires auront l'obligation de
diviser, tous les trois ans, pour fins d'élection, leur
municipalité scolaire en quartiers dont le nombre varie de neuf à
quinze, suivant le nombre d'enfants inscrits dans leurs écoles le 30
septembre précédent. Quant aux syndics d'écoles, ils
devront pourvoir à une division de quartiers dont le nombre est
fixé à trois.
L'article 19 établit que le nombre des commissaires et de syndics
d'une corporation scolaire est égal à celui des quartiers et un
candidat ne peut être mis en candidature à la charge de
commissaire ou syndic que pour un seul quartier. Selon l'article 25,
désormais, tout citoyen canadien majeur, domicilié dans la
municipalité scolaire depuis six mois et qui n'est frappé
d'aucune incapacité légale, est éligible à la
charge de commissaire ou de syndic d'écoles dans n'importe quel quartier
de la municipalité scolaire, mais il ne peut être mis en
candidature que pour un seul quartier. Cette mesure, on le constatera,
représente une fonction nouvelle de démocratisation de nos
structures scolaires puisqu'elle permet à un très grand nombre de
gens qui, autrefois, ne pouvaient assumer des responsabilités au niveau
de la commission scolaire de se porter au service de leur
collectivité.
Enfin, par l'article 27, tout citoyen canadien, âgé d'au
moins 18 ans, domicilié ou propriétaire dans la
municipalité scolaire et qui n'est frappé d'aucune
incapacité légale autre que la minorité a le droit
d'être inscrit sur la liste électorale et de voter dans chaque
quartier où il a qualité l'électeur. A l'article 37, on
prévoit que le remplacement des commissaires ou syndics de la
corporation scolaire après une nouvelle érection de
municipalité scolaire se fera par tirage au sort.
Alors que le projet de loi prévoit la diminution aussi bien que
l'augmentation du nombre des quartiers, compte tenu des mouvements de
clientèle, nous sommes disposés à retenir une proposition
visant à maintenir le nombre de quartiers sur le territoire d'une
commission scolaire, nonobstant la diminution du nombre d'enfants. Nous voulons
ainsi souligner que le milieu ne voudra probablement pas diviser ses quartiers
par l'unique critère du nombre d'enfants d'un endroit à l'autre.
5) Le conseil provisoire qui touche les articles 87 et subséquents. Le
projet de loi 27 prévoit, aux articles 87 et suivants, de confier
à un conseil provisoire, composé de quinze représentants
des commissions actuellement existantes, l'organisation et la mise en place des
nouvelles commissions scolaires. Chacun de ces conseils est une corporation qui
doit prendre les mesures préparatoires nécessaires à
l'établissement et au fonctionnement de la commission nouvelle. Il doit
inventorier l'actif et le passif
des commissions scolaires existantes, préparer un plan
d'intégration de leur personnel au sein de la commission nouvelle pour
l'année scolaire 72/73 et fixer le taux de cotisation applicable pour
cette année. Il doit aussi préparer les élections
scolaires de juin 1972 pour l'élection de tous les commissaires de la
nouvelle commission scolaire.
Les dépenses du conseil provisoire sont assumées par les
commissions scolaires existantes, à même leur budget; les
personnes à l'emploi des commissions scolaires existantes passeront au
service de la corporation nouvelle, conformément au plan
d'intégration établi. Aucune commission scolaire existante ne
peut valablement contracter une obligation dont l'effet se prolonge
après le 1er juillet 1972 sans l'assentiment du conseil provisoire.
Les actes posés par le conseil provisoires lieront chaque
commission scolaire nouvelle. Certaines propositions intéressantes nous
ont été faites qui pourraient donner lieu à des
modifications pour les articles visés. Par exemple, il est
suggéré, pour des raisons pratiques, de reporter du 1er
août au 15 septembre la date de la formation du conseil provisoire. On
nous soumet également que le conseil provisoire devrait avoir, comme une
de ses fonctions, de changer, s'il y a lieu, le nom de la nouvelle commission
scolaire proposé dans l'annexe.
Enfin, il nous est apparu que la formule établie pour
déterminer la composition du conseil provisoire ne répond pas
suffisamment aux aspirations des commissions scolaires existantes. Nous sommes
disposés à retenir toute proposition qui pourrait rendre mieux
justice à la population concernée. 6) Le conseil des commissaires
et le comité exécutif.
Pour ce qui est du fonctionnement des nouvelles commissions scolaires,
le projet de loi 27 contient des dispositions concernant le conseil des
commissaires. Le comité exécutif comprend cinq commissaires
nommés par le conseil des commissaires, le directeur
général et le directeur général adjoint sont
d'office membres de ce comité exécutif mais sans droit de
vote.
Le conseil des commissaires a les droits et pouvoirs que la Loi de
l'instruction publique confère aux commissaires d'écoles.
A l'article 40, on prévoit que le conseil des commissaires peut
déléguer, par règlement soumis à l'approbation du
ministre, et conformément aux dispositions et aux voeux du milieu,
certains de ses droits, pouvoirs et obligations au comité
exécutif et également à certains employés du
conseil.
Le conseil des commissaires doit tenir au moins quatre sessions par
année, mais il serait faux de considérer que la loi stipule
quatre sessions par année. C'est bien évident que quatre
sessions, c'est un minimum requis. Rien n'empêche les commissaires de se
réunir beaucoup plus fréquemment si la chose est
nécessaire.
L'administration courante relève du comité
exécutif, qui exerce en outre les droits, pouvoirs et obligations qui
lui sont délégués par le conseil des commissaires.
Le comité exécutif a, par la loi, l'obligation de tenir au
moins deux réunions par mois.
Au sujet du nombre de commissaires qui constituent le comité
exécutif, on nous a fait valoir le besoin d'une disposition
particulière pour le cas où un conseil de commissaires ne
compterait que neuf membres afin d'équilibrer le rapport entre le
conseil et le comité exécutif.
Personnel administratif.
L'article 41 amende l'article 204 de la Loi de l'instruction publique
dans le sens suivant :
A savoir que le conseil des commissaires a l'obligation de nommer un
directeur général, un directeur général adjoint et
un secrétaire général. Il lui est permis de nommer, selon
les besoins, un directeur des services de l'enseignement, des services aux
étudiants, des services du personnel, des services de
l'équipement et des services financiers et de réunir certains de
ces services sous l'autorité d'un même directeur. Le conseil des
commissaires devra, par règlement soumis à l'approbation du
ministre, déterminer les fonctions du personnel de direction,
répartir les responsabilités du secrétaire
trésorier entre le directeur général, le secrétaire
général et le directeur des services financiers, s'il y en a un,
et nommer le personnel requis pour l'administration.
L'on notera que nous avons retenu pour la commission scolaire et
l'élémentaire le principe de l'unicéphalie,
c'est-à-dire le principe du directeur général directement
responsable au conseil des commissaires et de qui relève tous les
employés de la commission scolaire.
Des représentations nous ont également été
faites de diverses sources concernant certaines implications des dispositions
de cet article et des propositions intéressantes nous ont
été soumises pour des modifications qui tiendraient davantage
compte de situations existantes et des perspectives de développement de
la politique administrative dans les services publics et parapublics. Il faut
retenir cependant que nous ne mettons nullement en doute la validité du
principe de l'unicéphalie dans la direction administrative des
commissions scolaires.
Les comités d'école.
Parallèlement à la mise en place de nouvelles structures
administratives au niveau de la commission scolaire, le projet de loi no 27
prévoit une participation officielle des parents au niveau de
l'école et au niveau de la commission scolaire.
A cet effet, il est prévu à l'article 18, qu'avant le 15
octobre de chaque année, les parents établissent un comité
consultatif pour chaque école.
Ce comité consultatif d'école a pour fonction d'encourager
les parents à collaborer à l'amélioration des services
scolaires et de faire à la direction de l'école des
recommandations pertinentes.
Le directeur de l'école et un représentant
désigné par les instituteurs sont d'office membres de ce
comité mais sans droit de vote.
La composition des comités consultatifs d'école, les
modalités de mise en place, de fonctionnement et de financement seront
déterminés par règlement du lieutenant-gouverneur en
conseil après consultation avec les différentes associations
intéressées dans ce secteur d'activité.
Les présidents des comités consultatifs d'école
constituent le comité consultatif de la municipalité scolaire,
dont le lieutenant-gouverneur en conseil détermine les modalités
de mise en place, de fonctionnement et de financement.
Des suggestions ont été faites sur la
réglementation du lieutenant-gouverneur en conseil concernant les
comités consultatifs d'école. Nous en avons pris note et nous
sommes disposés à retenir toutes suggestions utiles à cet
égard.
En conclusion, je crois justifié d'affirmer que le projet de loi
no 27 est à la fois opportun et démocratique. Dans l'ensemble de
sa facture actuelle et avec les propositions d'amendements dont j'ai
parlé plus haut, il répond adéquatement aux objectifs que
nous poursuivons tous.
C'est un projet de loi longuement mûri qui avait même
été annoncé par mon prédécesseur. Il est le
fruit d'une large participation et d'une collaboration des
fédérations de commissions scolaires. Il ne s'agit surtout pas
d'un projet de loi improvisé et antidémocratique. Nous avons la
ferme intention de poursuivre nos efforts dans la direction adoptée.
Evidemment, nous sommes conscients qu'un projet de loi ne peut fixer
toutes les modalités que tous et chacun pourraient souhaiter. Il
contient toutefois des dispositions qui permettront de se réajuster
constamment aux nouveaux besoins.
Nous sommes toujours ouverts à l'examen de toute suggestion
positive visant à parfaire ce projet. Cependant, nous n'accepterons pas
de le retarder indûment ou de le reporter aux calendes grecques. C'est
dans cette perspective que je compte sur la meilleure collaboration de tous les
membres de l'Assemblée nationale et des participants aux travaux de la
commission parlementaire de l'Education.
Nous croyons sincèrement que les modalités, que les grands
principes qui ont animé le projet de loi no 27 nous permettront
d'atteindre deux objectifs que nous nous étions fixés: d'une part
accroître la participation des parents au niveau de la vie scolaire de
chaque milieu et, deuxièmement, accroître la qualité de la
gestion scolaire dans notre système tant au niveau de la direction
administrative que de la direction pédagogique.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): L'honorable député de
Bagot.
M. Jean-Guy Cardinal
M. CARDINAL: M. le Président, si le député de
Saint-Jacques ne l'avait pas fait au préalable, cela aurait
été mon grand plaisir de saluer le retour du ministre de
l'Education. De toute façon, j'ajoute à ce que le
député de Saint-Jacques a déjà dit des voeux de
prompt rétablissement, si déjà ce n'est pas fait, et des
voeux que le ministre demeure avec nous jusqu'à la fin de cette session,
qui je l'espère pour sa santé et la nôtre ne
sera pas trop éloignée de cette date.
Je voudrais aussi remercier le ministre de sa délicatesse
à mon égard puisqu'il m'a fait parvenir, hier en fin de
journée, le texte de son discours de deuxième lecture. D
remarquera que j'ai respecté l'embargo et que ni les journalistes ni
quelque autre personne n'ont pu se servir de l'essentiel de ce texte.
Comme le ministre l'a fait, c'est sur une base non partisane que je
voudrais voir les principes de ce projet de loi comme il se doit à
l'occasion d'une deuxième lecture. Le ministre de l'Education l'a
souligné, il n'innove pas entièrement en proposant le projet de
loi no 27 puisque déjà son prédécesseur
c'est ce qu'il a dit et j'ajouterai ses prédécesseurs
l'avaient ou prévu ou déjà entamé.
En effet, dès le mois d'octobre 1967, l'honorable
député de Missisquoi, alors ministre de l'Education, à une
réunion générale du Conseil supérieur de
l'éducation qui se tenait au Mont-Gabriel, faisait un très large
tour d'horizon des réalisations du ministère de l'Education
depuis sa fondation en 1964 et indiquait l'avenir de ce ministère un peu
sur la base d'un plan quinquennal. Et déjà en octobre 1967, le
député de Missisquoi, devant les membres du Conseil
supérieur de l'éducation, invitait les commissions scolaires sur
une base volontaire, à diminuer leur nombre, à se regrouper de
façon humaine en tenant compte des réalités
régionales. A ce moment, il y avait presque 1,800 commissions scolaires
au Québec.
Par la suite, j'ai rencontré, dès le mois de novembre
1967, exactement le 23 novembre, la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec.
Dans un texte assez long je ne retiens qu'une phrase
précise que j'avais indiquée j'avais invité
fortement la Fédération des commissions scolaires à
commencer un travail d'animation, un travail d'approche, un travail de
conviction pour que l'on puisse justement diminuer ce nombre énorme de
commissions scolaires dont certaines étaient des unités
très réduites, très petites qui ne pouvaient pas suffire
à donner tous les services requis et surtout n'étaient pas
rentables au sens où les contribuables ont à payer pour ces
services qui peuvent être donnés à tous les
élèves du Québec et qui doivent être de même
qualité.
J'avais demandé aux commissions scolaires
de le faire sur une base volontaire, à ce moment-là, mais
en spécifiant et en soulignant dans mon discours que ça devait se
faire dans un délai court. C'était le 23 novembre 1967. Je dois
féliciter, comme le ministre l'a fait, la Fédération des
commissions scolaires du Québec d'avoir accepté mon invitation et
d'avoir, presque tout de suite après, créé des
équipes qui ont parcouru la province, qui ont rencontré des gens,
des commissions scolaires locales et régionales, qui ont vu les
territoires et qui ont lancé l'opération Regroupement.
Le ministre pourra me corriger, parce que je n'ai plus les derniers
chiffres du ministère. Quand je l'ai quitté, il y avait
peut-être environ 1,200 commissions scolaires. Il y en a plus de 500 ou
environ qui se sont regroupées durant cette période. C'est la
différence entre le chiffre que j'ai indiqué tantôt et
celui-ci. Cela s'est peut-être poursuivi, mais les commissions scolaires,
dans une forte proportion, ont donc accepté l'invitation de la
fédération et elles ont accepté aussi les critères
et les considérations que la fédération leur
proposait.
Le ministre dans son discours, d'avance, répond à de
nombreuses objections. Parfois même, M. le Président, sur le plan
d'articles précis. Ici, je ne voudrais absolument pas être
méchant envers le ministre. J'aurais pu, à ce moment-là,
me lever et demander au président d'interrompre le ministre qui, en
deuxième lecture, se référait à des articles
précis...
M. PAUL: On a donné un accord.
M. CARDINAL: ... à tel et tel article. Cependant, je me rappelle
bien que, s'il m'arrivait de commettre des choses semblables, les gens qui
occupaient la place que j'occupe aujourd'hui se dépêchaient de se
lever rapidement. C'est, cependant, avec patience, intérêt et
attention que j'ai suivi le ministre dans son parcours, même lorsqu'il y
avait quelques errements dans le domaine du règlement de cette Chambre,
M. le leader de l'Opposition.
Donc, le ministre est allé au devant des coups en voulant
répondre aux diverses objections, objections, d'ailleurs, qu'il n'est
pas le seul à connaître. J'ai ici toute une série
d'objections qui sont parvenues aux critiques de l'éducation de
l'Opposition officielle. J'ai répondu à chacune de ces personnes,
comme le ministre probablement a dû le faire à chacun de ces
groupes qui déjà a présenté des objections ou,
heureusement parfois, des suggestions au ministre de l'Education.
Je prendrai le sujet d'un haut niveau, dans son ensemble,
c'est-à-dire au niveau des principes. Comme ce n'est pas le temps, au
moment de la deuxième lecture, de formuler des amendements
précis, je voudrais réfléchir devant vous et inviter
également le gouvernement à réfléchir avec
l'Opposition ou les oppositions et les intéressés qui sont en
dehors de cette Chambre. Ce sont les parents, les enseignants, les
administrateurs des commissions scolaires, les citoyens qui,
présentement, élisent les commissaires. Ce sont les commissaires
et les employés de ces commissions scolaires. Je voudrais inviter tous
ces gens à réfléchir sur les principes
généraux qui doivent guider l'évolution de cette
institution qu'est la commission scolaire et qui remonte à
déjà très longtemps chez nous.
C'est pourquoi je tenterai en cette Chambre de m'interroger sur la
nature et sur le rôle de la commission scolaire. La commission scolaire,
telle que constituée par la Loi de l'Instruction publique et par
d'autres lois spéciales adoptées depuis ou par des amendements
à cette loi de l'Instruction publique, est un corps administratif
directement et immédiatement responsable des écoles et de
l'enseignement dans un territoire donné.
Elle est donc un instrument créé par le gouvernement et
mis au service de la société québécoise en vue
d'atteindre certaines fins particulières. Personne n'oserait
prétendre que la commission scolaire est une fin en soi, que la
commission scolaire soit propriétaire, même, je dirais, des
édifices payés par les contribuables, soit propriétaire
des enseignants, des employés et des étudiants. Et que les
écoles, l'enseignement, le personnel enseignant et les enfants existent
en vue de cette fin que constituerait la commission scolaire. Au contraire!
Il va de soi, en saine philosophie, comme on nous l'a appris au
collège, que tout moyen, tout instrument doit être
nécessairement ordonné à une fin et constamment
aujourd'hui surtout alors que tout évolue ajusté et
réadapté aux fins auxquelles ils est ordonné. Ce n'est pas
à nous, qui avons vécu depuis plusieurs années et d'une
façon intense des transformations rapides, nombreuses et profondes et
parfois sous forme de soubresauts l'ancien ministre de l'Education qui
m'a précédé s'en rappelle, surtout à l'occasion
d'un célèbre projet de loi ce n'est pas à nous qui
avons vécu, dis-je, cette période assez longue de 1966 à
1971, où tout évoluait rapidement dans l'éducation, qu'il
faut rappeler la nécessité d'adopter l'instrument ou le moyen
dont nous disposons. Les commissions scolaires doivent elles-mêmes
comprendre, aujourd'hui comme hier, qu'elles doivent s'adapter à ces
mêmes changements.
Les travaux des derniers congrès, d'ailleurs, de la
Fédération des commissions scolaires, les articles de leur organe
officiel, la Revue scolaire, et tout particulièrement ceux des
dernières années, de même que leurs récents
mémoires, de même que l'action dont j'ai parlé tantôt
et qu'ils ont effectuée au cours, tout particulièrement, des deux
dernières années, sont la preuve évidente que la grande
majorité, je pense, des commissions scolaires est parfaitement
consciente de l'évolution profonde de notre milieu et du monde de
l'éducation en particulier, de même que de la
nécessité d'une évolution aussi profonde des commissions
scolaires, mais adaptée aux exigences du temps présent.
D'ailleurs, il suffit de visiter des maisons d'enseignement pour se
rendre compte qu'en certains milieux les commissaires eux-mêmes,
indépendamment des questions de regroupement, font des efforts
remarquables pour parfaire ce qu'on a appelé autrefois la réforme
de l'éducation mais qui aujourd'hui, est une consolidation de tout ce
qui s'est fait, est un rajustement. Puisque c'est l'évolution de
l'enseignement, et non pas des édifices ou des hommes, qui commande
l'évolution des commissions scolaires, il n'est peut-être pas
superflu de se rappeler rapidement les transformations les plus importantes et
les plus récentes afin d'en dégager l'orientation que pourrait
prendre l'évolution des commissions scolaires elles-mêmes.
Pour ce qui est des changements, M. le Président, je ne
m'arrêterai pas à vous citer des chiffres qui illustrent ce qu'il
est convenu d'appeler l'explosion démographique scolaire. Les journaux
et les revues en ont publié au cours des années dernières
à satiété, et j'en ai déjà eu sur mon bureau
plus que je ne pouvais en étudier. Si l'augmentation du nombre des
écoliers et des édutiants n'était que le résultat
d'une natalité plus élevée, il n'y aurait vraiment pas le
problème que nous connaissons actuellement.
D'ailleurs au contraire, tout le monde le sait, la natalité, au
Québec, va diminuant.
Il y a eu ce qu'on peut appeler l'évolution de la population
scolaire, c'est-à-dire une augmentation quantitative seulement du fait
que les étudiants, contrairement à ce qui se produisait
autrefois, au lieu de quitter après l'élémentaire, au lieu
de quitter au cours du secondaire, au lieu de se mettre sur le marché du
travail à la fin du secondaire, commencent au niveau préscolaire
et vont presque tous au moins jusqu'à la fin du secondaire. Qu'on se
rappelle simplement qu'il y a plus de 50,000 étudiants,
déjà, dans les collèges d'enseignement
général et professionnel. Ils ne peuvent pas venir d'ailleurs que
des écoles secondaires et primaires, les écoles privées,
dans ce domaine, étant peu nombreuses.
Cette augmentation, chacun le sait, est aussi le résultat d'une
diversification de la population scolaire, qui, dans nos écoles, n'avait
autrefois qu'une seule catégorie d'élèves: ceux qui
entraient à la petite école pour obtenir un diplôme,
à ce titre seulement. Mais on pourrait mentionner, M. le
Président, les enfants d'âge préscolaire, les
handicapés physiques et psychiques, les adolescents touchés par
la prolongation obligatoire de la scolarité, loi qui a
déjà été adoptée, ou tout simplement par les
exigences d'une scolarité prolongée pour atteindre à une
meilleure préparation. Les adultes reviennent dans ces mêmes
écoles, soit pour y compléter leur formation de base ou
acquérir un complément de formation générale et
professionnelle ou s'y recycler. Il y a les immigrants et les enfants
d'immigrants qu'il faut intégrer à la société
québécoise. Je pourrais poursuivre cette
énumération pour montrer cette prolifération de ce que
j'appellerai des élèves dans des écoles qui servent
aujourd'hui non seulement de telle heure à telle heure pour des enfants
mais de plus en plus à toute la communauté
québécoise.
A cet élargissement des clientèles que les commissions
scolaires doivent recevoir et auxquelles elles doivent assurer un enseignement
approprié s'ajoute la multiplication des services pédagogiques.
C'est un autre phénomène. Autrefois, c'était très
simple. Il y avait tel programme, telle matière: le cathéchisme,
l'histoire du Canada, l'arithmétique, etc. et on arrivait au bout.
Aujourd'hui, on parle d'options et de travaux de recherche que
déjà les élèves, même à
l'élémentaire, doivent faire. Il faut donc remarquer cet autre
phénomène que j'appelle la multiplication des services
pédagoqiques dont un enseignement moderne ne saurait se passer.
Que l'on songe un instant au nombre considérable de
spécialistes, de toute catégorie et de tout niveau, qu'une
commission scolaire doit réunir pour dispenser à des
catégories très différentes d'élèves
on vient de le voir, M. le Président, par ce que j'ai déjà
dit des enseignements diversifiés qu'ils requièrent, par
exemple dans le domaine des arts, ce qui était oublié autrefois,
des sciences, des métiers et des techniques. Que l'on songe
également à la multiplication des services auxiliaires non moins
indispensables comme l'orientation, le service social scolaire, les services
psychologiques, les services de santé, au sujet desquels, d'ailleurs, le
ministère autrefois de la Santé et aujourd'hui des Affaires
Sociales et le ministère de l'Education ont fait des ententes,
l'enseignement correctif, etc., etc., etc.
Est-il possible, M. le Président, qu'une telle
variété de services et de spécialistes puissent se
concevoir et fonctionner sans une direction pédagogique professionnelle
compétente? C'est une autre question qui vient s'ajouter aux deux
précédentes.
Les changements n'ont pas seulement affecté les
élèves, les services, les cadres, la structure de l'école.
Ds ont même atteint ces objectifs. En effet, l'école
élémentaire ne peut plus poursuivre l'objectif qu'on lui
attribuait, puis-je dire, il y a vingt ans alors que la majorité des
étudiants, la majorité des enfants la quittaient pour entrer dans
la vie et sur le marché du travail, si on pouvait appeler ça un
marché du travail.
Puisque tous les enfants, ou presque, entreprennent et qu'un très
grand nombre complètent des études secondaires et même
collégiales, il est bien évident que la notion même de
l'école élémentaire doit aujourd'hui préparer ces
élèves aux études secondaires et non pas à un
diplôme terminal d'études élémentaires.
Quant à l'école secondaire, elle n'est pas non plus
aujourd'hui comme elle a pu l'être un certain temps, celle d'une
élite qui se prépare à des études universitaires,
mais elle est devenue l'école de la masse, et combien de fois
n'avons-nous pas entendu justement de critiques sur ces monstres qui ont
été construits où il y avait des masses terribles
d'élèves.
C'est un fait qu'on ne peut pas nier, c'est devenu non plus l'affaire
d'un petit groupe, d'une élite, d'une coterie, d'un certain nombre de
personnes ayant les moyens ou recevant de l'aide mais l'école de la
masse. Et l'école secondaire doit assumer et assurer à tous ces
jeunes le minimum de culture générale requis par la
société présente au Québec en même temps
qu'elle doit assurer, car ceci ne serait pas suffisant, à un très
grand nombre d'entre eux la formation professionnelle nécessaire
à l'entrée dans un véritable marché du travail. ,
Enfin, M. le Président, l'école devient rapidement l'un, des
éléments les plus dynamiques du milieu, que l'on aime ça
ou pas, selon les points de vue, qu'on l'analyse d'une façon ou d'une
autre, qu'on la considère de plus en plus comme telle. Ce milieu
lui-même s'est développé au point que la petite
communauté rurale ou paroissiale n'a presque plus, sur le plan de
l'école de vie personnelle propre, tellement elle participe à la
vie d'un milieu élargi aux dimensions des métropoles
régionales. Qu'il suffise de se rappeler que sous l'ancien gouvernement,
je parle de l'Union Nationale avant même que les libéraux ne
viennent, que déjà nous avions eu la session de 1958 qui avait
été appelée la session de l'éducation et
qu'à ce moment-là il y avait eu la guerre autour de la
disparition des écoles de rang!
Aujourd'hui qui parle je suis député
représentant d'une circonscription rurale de ces écoles de
rang? Même dans ce milieu rural, tout se fait, au point de vue scolaire,
sur le plan régional. Tout n'est pas parfait et je ne veux pas dire que
ceci dépend du ministre, comme on me l'a déjà dit,
d'ailleurs j'y étais avant, parce qu'il a fallu quand même aller
rapidement.
Mais il faut quand même remarquer que les élèves
eux-mêmes, que les enfants eux-mêmes ont élargi leurs
préoccupations et ils les ont élargies au moins aux dimensions de
ce que j'ai appelé ces métropoles régionales.
C'est à toutes ces transformations que j'ai
énumérées, en en oubliant bien d'autres, mais je ne
voudrais pas abuser du temps de cette Chambre bien que les règlements me
donnent beaucoup plus de latitude, que la commission scolaire doit s'adapter si
elle veut vraiment remplir son rôle, c'est-à-dire être
directement et immédiatement responsable des écoles et de
l'enseignement dans toute l'étendue de son territoire.
Les principes généraux. Quelles que soient les
modalités de l'organisation des commissions scolaires, elles devront
toutes, à mon avis, s'inspirer de certains principes
généraux que nous pouvons dégager de la
réalité que je viens de tenter de décrire.
L'évolution de notre société exige, tout d'abord,
un organisme vraiment démocratique, non pas au sens ancien d'une
démocratie d'élection ou de semblant d'élection ou
d'élection, comme le mot l'indique, à l'époque
électorale, pour choisir des commissaires. Le ministre le sait. Dans
quelle proportion les citoyens sont-ils vraiment intéressés
à élire des commissaires? Dans une proportion minime.
C'étaient les mêmes gens qui étaient là
d'année en année parce que personne ne se présentait ou
c'était le ministre lui-même qui devait, par arrêté
ministériel, nommer les commissaires. Il n'y a pas 20 p. c. des
commissions scolaires où cette participation ou cette démocratie
de participation existait vraiment. Il ne faut pas partir du juridisme pour
cacher la vérité.
Donc, l'évolution de notre société exige, tout
d'abord, un organisme vraiment démocratique au sens relativement nouveau
d'une démocratie de participation. Je ne voudrais pas qu'on se gargarise
avec des mots. Les mots "démocratie, participation", on les emploie
tellement que leur sens en est vraiment oublié, sinon perdu ou
biaisé. Par là, j'implique une collaboration constante et
étroite entre le corps administratif et la population qu'il
représente et qu'il sert. Il ne suffit plus que les citoyens et
je le souligne les parents, en particulier, choisissent ceux qui auront
la responsabilité de l'éducation de leurs enfants pour, ensuite,
l'oublier et dire: Bon! Us sont élus, qu'ils fassent leur travail! On
verra à la prochaine élection, si on y voit.
Il ne suffit plus que les citoyens, et les parents en particulier,
choisissent ceux qui auront la responsabilité de l'éducation de
leurs enfants, mais ils doivent partager avec eux cette responsabilité,
et d'une façon permanente. Les structures et l'organisation de la
commission scolaire doivent donc rendre cette participation possible. Quand je
parle des structures de la commission scolaire, je pense à toutes les
structures dont a parlé le ministre, y compris les comités
d'écoles. Je prends ici l'expression "commission scolaire" dans son sens
le plus large, je veux dire cette nouvelle institution qui, avec cette
démocratie de participation constante et permanente avec tous les
intéressés, à tous les niveaux et dans toutes ses
structures, vient participer pour le bien et la meilleure éducation de
l'enfant.
C'est donc dire que les citoyens, les parents doivent partager avec ces
responsables, cette responsabilité. Les structures et l'organisation de
la commission scolaire doivent donc rendre cette participation non seulement
possible au plan théorique, mais ils doivent inciter les gens à
la réaliser sur le plan pratique. La commission scolaire doit donc
intéresser à son fonctionnement, et d'une manière directe,
le plus grand nombre de parents et de citoyens.
Un deuxième principe, qui me paraît se dégager de la
diversité nouvelle des fonctions que doit assumer la commission
scolaire, est celui d'une responsabilité réelle et pratique.Il ne
s'agit pas vous me comprendrez de cette responsabilité
juridique dont a, d'ailleurs, parlé le ministre en citant les articles
de la Loi de l'instruction publique. Il ne s'agit pas du code scolaire, il ne
s'agit pas des responsabilités juridiques attribuées par la loi
au ministre, aux fonctionnaires ou à la commission scolaire, mais
bien de la capacité d'assumer toutes les obligations
imposés par la loi et par la réalité et dans la
réalité.
En ce sens, une commission scolaire est vraiment responsable si elle
peut grouper, si elle peut regrouper les ressources humaines et
matérielles nécessaires à l'accomplissement de toutes les
tâches nouvelles que j'ai décrites il y a un instant que je
résume en deux mots: Premièrement, dispenser un enseignement
approprié à chacune des catégories d'élèves
et, deuxièmement, assurer tous les services scolaires et parascolaires
requis auxquels tous, quelle que soit leur langue, leur religion, le lieu
où ils habitent, ont un droit égal et se donner une direction
pédagogique efficace, capable d'assurer la coordination
nécessaire à ces diverses fonctions.
La coordination des fonctions constitue, en effet, un autre principe
fondamental, dont doit s'inspirer tout mode d'organisation des commissions
scolaires, et le gouvernement doit bien le comprendre.
J'ai déjà signalé, M. le Président, que la
continuité j'emploie le mot avec précision pour ne pas
blesser les oreilles lorsqu'on parle de cette jonction entre
l'élémentaire et le secondaire et ne pas faire partir en peur des
règles simples qui, dans la réalité, peuvent revêtir
diverses modalités j'ai déjà signalé, donc,
la continuité qui doit, dorénavant, nécessairement exister
entre le cours élémentaire et le cours secondaire. Je me rappelle
le temps où je suis passé par chacun de ces cours. Il y avait une
partie des élèves qui, au cours élémentaire, se
dirigeaient vers le cours classique, d'autres se dirigeaient vers le cours
supérieur. Ils ne se partageaient même pas au même moment.
Les uns, selon les années, selon qu'il y avait une préparatoire
ou qu'il n'y en avait plus, quittaient après une sixième ou une
septième; les autres, après une dixième ou une
onzième. On ne savait plus où on était. Les
élèves recevaient une même préparation pour des buts
différents. Il y avait une discontinuité totale. Le petit
garçon, parce que rares étaient les petites filles qui le
faisaient à l'époque, qui quittait l'école pour entrer au
collège entrait dans un milieu complètement nouveau,
complètement séparé de l'élémentaire
où il avait vécu pendant six ou sept ans. Ceci n'est plus
possible dans un système unifié en vertu de la loi 56
adoptée par notre gouvernement quand nous y étions, en
décembre 1968.
Donc, je veux souligner la nécessité de cette
continuité qui devrait exister entre le cours élémentaire
et le cours secondaire. Il va se soi que cette continuité suppose plus
qu'une coordination de ces deux niveaux d'enseignement. Il en est ainsi en ce
qui concerne les liens entre l'éducation des jeunes et celle des
adultes.
Actuellement, je l'ai déjà dit tant au gouvernement que
dans l'Opposition, dans nos écoles, les enfants ne vivent pas dans le
monde. Ils vivent dans un milieu à part. Le jour, il y a des enfants ou
des adolescents qui vont à l'école. Ils ont leur monde à
eux, avec leur mode de vie à eux, avec leur vocabulaire à eux,
avec les moyens d'éducation qu'on leur fournit à eux. Ils en
sortent. Des adultes entrent le soir dans les même édifices et
c'est un tout autre jeu qui se fait. C'est tout un autre monde qui existe. Si
l'on a pu parler, cet après-midi, dans un autre sujet de deux solitudes,
il y a présentement ces deux solitudes entre la jeune
génération et celle qui l'a précédée.
C'est ainsi, donc, en ce qui concerne les liens entre l'éducation
des jeunes et celle des adultes, puisque ces deux formes d'enseignement ne
seront, de plus en plus, que deux étapes du processus continu de
l'éducation permanente, qu'on appelle d'ailleurs, aujourd'hui,
éducation continuelle ou par d'autres mots.
D'ailleurs, est-ce que ces gens qui viennent le soir ne sont pas les
parents de ceux qui sont là le jour, sur un même territoire
donné? Si l'on veut qu'entre les deux il y ait compréhension, il
faut qu'il y ait au moins entre ces deux la même continuité que je
souhaite entre l'élémentaire et le secondaire.
Quant aux enfants handicapés de toute catégorie,
problème sur lequel chacun des ministres de l'Education a dû se
pencher, il semble de plus en plus généralement admis je
ne suis pas un spécialiste en matière de psychologie, de
psychiatrie, d'orientation d'après ce que je puis lire, que leur
éducation doive se faire en coordination aussi étroite que
possible avec celle des enfants normaux.
Ce principe de coordination des fonctions s'applique également,
et il suffit de le mentionner, aux services auxiliaires. Je n'insisterai pas
sur ce point où j'entrerais dans des questions techniques. Je voudrais
préciser cependant que cette coordination ne s'oppose pas au maintien de
distinctions nécessaires. Ainsi, la continuité entre le cours
élémentaire et le cours secondaire n'exclut pas les
différences fondamentales de programmes, de méthodes,
d'organisation ma-tiérielle, pédagogique et disciplinaire qui
existent entre ces deux niveaux d'enseignement, qui sont à
définir et qui s'adressent à des enfants d'âges
différents à des stades différents d'évolution dans
leur vie.
De même la coordination des services auxiliaires entre eux et leur
coordination avec les services d'enseignement n'implique nullement la fusion
des uns et des autres. Je ne crois pas que le principe de coordination soit un
argument décisif en faveur de l'unité immédiate de la
direction pédagogique ou administrative, comme je ne crois pas que le
maintien des distinctions nécessaires soit un argument décisif
contre cette unité de direction pédagogique ou
administrative.
M. le Président, le ministre peut voir que par là
l'Opposition officielle est vraiment ouverte à un dialogue pour en
arriver à une loi qui puisse être la meilleure. S'il en
était ainsi, comme il doit exister une continuité analogue entre
le secondaire, le préuniversitaire ou le collégial et
l'universitaire, il faudrait en toute logique
cartésienne conclure à la nécessité de
l'unité de la direction immédiate à partir du
préscolaire jusqu'au postuniversitaire.
Jamais personne n'a pu penser une chose semblable en cette Chambre. Mais
de là à séparer chacun en des unités absolument
sans continuité, je reprends le même terme, il y a toute une marge
et, comme en toutes choses, la vérité ou le réalisme se
situe probablement entre les deux.
D'autre part, si le maintien des distinctions nécessaires au plan
des fonctions était un argument décisif contre l'unité de
directions pédagogiques ou administratives, il faudrait morceler la
direction de l'enseignement au secondaire et celle de l'enseignement
universitaire et professionnel. Ici, on n'a qu'à prendre l'exemple des
Collèges d'enseignement général et professionnel. Est-ce
que, parce qu'il y a diverses options, il va falloir autant de directions
pédagogiques sous prétexte qu'il faudra que, dans ces directions
pédagogiques, il y ait des experts dans chaque matière?
Ces considérations m'amènent directement à aborder
le problème des modalités d'application et des principes
généraux qui doivent régir l'organisation future des
commissions scolaires. Quelles sont ces modalités, M. le
Président? Vous comprendrez facilement que je n'ai pas eu le temps
d'étudier en profondeur les diverses formules selon lesquelles les
commissions scolaires pourraient être organisées et pourraient
fonctionner pour répondre aux exigences de l'heure.
Entre deux solutions extrêmes que nous rejetons, je
l'esprère, en cette Chambre d'un accord unanime, savoir le statu quo qui
consisterait à conserver les quelque 1,200 commissions scolaires
actuelles et la suppression totale de ces organismes intermédiaires qui
placerait toutes les écoles sous la dépendance immédiate
et directe du ministère de l'Education.
La Fédération des commissions scolaires catholiques a
déjà, au cours de ses études, exploré les avantages
et les inconvénients que pourraient présenter chacune des cinq
formules qu'elle avait trouvées.
Seulement ce groupe, la Fédération des commissions
scolaires, avait proposé au ministre cinq modalités
différentes. Le ministre actuel pourra certainement retrouver cela dans
ses dossiers. D'ailleurs, avec tous les rapports que l'on reçoit au
ministère de l'Education et toutes leurs suggestions, je ne suis pas
certain, pas du tout, qu'avec un peu d'imagination, chez les fonctionnaires,
chez les associations, chez les parents, chez les membres de l'Opposition ou
chez n'importe quel membre de la députation, on ne pourrait pas en
suggérer encore autant sinon dix fois plus.
Il s'agit, en effet, de moyens, comme je l'ai dit au début, et
non de principes dogmatiques. Nous ne sommes pas dans les dogmes ici, nous
sommes dans les moyens d'arriver aux fins que j'ai mentionnées. Je
comprends très bien les discussions qui se font autour des
différentes formules. Je comprends très bien ceux qui craignent
le changement, parce qu'ils en ont vu peut-être trop pendant certaines
années où les révolutions se faisaient tranquilles.
Je comprends très bien les craintes de ceux à qui les
choses n'ont pas été suffisamment expliquées. Elles sont
le signe que les gens n'admettent pas qu'un gouvernement leur dise qu'il
n'existe qu'une formule idéale et absolue qui ne comporterait que des
avantages. Ainsi, il n'existe pas de formule magique qui réglerait
automatiquement tous nos problèmes. Si une telle formule existait, M. le
Président, il est probable qu'elle serait déjà en
application. Il est probable aussi qu'elle serait déjà en
discussion, qu'elle aurait déjà évolué et qu'on
aurait déjà un nouveau projet de loi pour la modifier.
Si une telle formule existait, il est certain que les
prédécesseurs du ministre actuel l'auraient déjà
mise en vigueur. Il est certain, en tout cas, que l'ancien gouvernement
l'aurait adoptée avec la législation importante, en nombre et en
qualité, qu'il a adoptée. Or, il suffit d'une connaissance
très superficielle de l'organisation scolaire des autres pays pour
constater la grande diversité des modes d'organisation au niveau local
et au niveau régional.
Le ministre a dû voyager, comme l'ancien ministre, d'ailleurs. Il
a pu se rendre compte que les choses sont différentes en des lieux
divers et que chacun de ces systèmes est critiqué, critiquable,
améliorable. Même si une telle formule existait dans l'ordre
idéal, sur le papier au ministère de l'Education, il n'est pas du
tout certain quelle serait la mieux adaptée à la
réalité concrète de tous nos milieux diversifiés au
Québec.
Plutôt qu'une formule idéale qui ne colle pas à la
réalité, je préfère une formule moins parfaite,
mais réaliste et qui fonctionnera. Peut-on même affirmer, M. le
Président, qu'une formule unique serait bien adaptée à la
diversité des milieux socio-économiques et culturels de notre
vaste province?
La preuve, c'est que, sous l'ancien gouvernement, on avait
proposé le projet de loi 62 et que le ministre actuel nous annonce, pour
la région de Montréal, le projet de loi no 28. Ce simple fait,
déjà, indique que l'on voit cette diversité. Elle est
évidemment, patente entre Montréal et le reste de la province,
pris au sens strictement français du dictionnaire.
Mais la diversité dans le milieu scolaire, entre un endroit et un
autre, est remarquable. Quiconque a fait le tour des dix campus universitaires
se rend compte que les élèves de l'Université de
Sherbrooke, de l'université Laval, de l'Université de
Montréal, de l'université McGill et de l'Université du
Québec à Montréal sont déjà
différents. Qui admettra que la région de Québec
ressemble, en quoi que ce soit, à la région de Saint-Hyacinthe,
et celle de Bagot à celle de Drummond? Il faut être
réaliste et s'il faut qu'il y ait une loi qui s'appelle Loi
concernant le regroupement et la gestion des commissions scolaires, il
faut que cette loi colle non seulement bien sur le papier du ministère
de l'Education mais colle à la réalité
québécoise dans toute sa diversité.
La sagesse et la prudence ne consistent pas à ne rien faire, ce
n'est pas ce que je soumets au ministre, mais bien à agir en prenant
toutes les précautions nécessaires.
En conclusion, M. le Président, nous comprenons cette
nécessité de l'action, je le souligne au ministre. Je suis
personnellement d'avis que tout ce que les commissions scolaires ont fait en ce
domaine est et sera éminemment utile. Cela aura sensibilisé un
grand nombre de personnes et d'organismes aux problèmes de
l'évolution des commissions scolaires et aura, de ce fait,
préparé un grand nombre de personnes à assumer de
nouvelles et de plus lourdes responsabilités. Je formule
également le voeu que tous ceux qui, comme vous et nous, ont une
responsabilité en matière d'éducation soient de plus en
plus conscients que l'éducation exige d'eux une solidarité et un
sens du bien commun qui transcendent les intérêts particuliers des
individus et des groupes. Nous sommes tous, du ministre de l'Education à
l'instituteur, sans oublier les commissaires et les députés, au
service de toute la population du Québec, désireux d'assurer ce
service. Il ne saurait exister entre tous ces divergences fondamentales et
parfois, je le dis, irréductibles, dans la recherche honnête de la
vérité.
Ici, je me permets une paranthèse. Pourquoi se fait-il qu'au
Québec on ait ce manichéisme, c'est-à-dire cette habitude
de croire que les méchants ce sont toujours les autres et que si
quelqu'un n'est pas membre de son association, c'est nécessairement
quelqu'un qui n'est pas honnête et qui ne possède pas la
vérité et qui veut, comme le ministre l'a dit,
déconfessionnaliser, abolir, détruire? Je suis, en cette Chambre,
membre d'un parti, et j'admets qu'il y a des gens compétents dans chacun
des autres partis. J'aimerais que tous les gens en cette Chambre l'admettent
aussi et que tous les gens intéressés en éducation
admettent que leur association au nombre de 10 ou 3,000 ou 30,000 personnes n'a
pas nécessairement toutes les informations que possède le
ministère, n'a pas nécessairement, dans son entier, toute la
vérité et la réalité des choses. La recherche
honnête de la vérité, la précision objective et
lucide de la réalité et la poursuite
désintéressée du bien commun, mais dans un régime
humain, non théorique, devraient nous engager dans la seule voie
possible, celle de la collaboration intelligente mais non sans cesse sans
réserve. C'est pourquoi nous, de l'Opposition officielle, en
deuxième lecture, nous voterons en faveur du principe du projet de loi
no 27.
M. BERTRAND: Pour le principe. M. PAUL: Le principe.
M. CARDINAL: Je répète que l'Opposition officielle votera
en faveur du principe du projet de loi no 27. J'ai souligné que les deux
ministres qui ont précédé le ministre actuel avaient
déjà ce principe parmi leurs objectifs. Je suis
étonné de surprendre certains membres ministériels.
M. BERTRAND: Ils ne connaissent pas l'histoire.
M. CARDINAL: II faut connaître son histoire du Québec,
quand même, et savoir où on en est rendu après un certain
chemin parcouru.
M. le Président, je reviens à mon sujet. Nous voterons, en
deuxième lecture, favorablement au principe du bill. J'ajoute ceci: Nous
demandons d'ailleurs là-dessus, nous sommes encore d'accord avec
le ministre que les intéressés puissent se faire entendre
devant la commission parlementaire permanente de l'Education, mais dans un
délai de convocation raisonnable, et où on ne fera pas une
étude comme celle qu'on a voulu faire, alors que nous étions de
l'autre côté, au sujet du projet de loi no 62, une étude
article par article de la loi. Ce n'est pas le rôle de la commission
parlementaire. C'est le rôle du comité de l'Assemblée
nationale.
Nous sommes en deuxième lecture. Si nous allons en
deuxième lecture, devant une commission, c'est là que les
intéressés, sans précipitation, pourront venir s'exprimer.
Il ne faut pas, M. le ministre c'est une suggestion que je me permets
que votre action en fin de session surtout je commence à
connaître les fins de session paraisse je ne fais pas
d'imputation de sentiment un semblant de consultation. Le ministre est
trop décent pour hâter des choses en matières si
importantes.
Je termine donc, M. le Président, en disant qu'il n'y a aucun
problème quant au principe du regroupement des commissions scolaires par
région. Nous aurons, en temps et lieu, à un autre moment des
travaux de cette Chambre, du travail à faire pour aider le ministre
à améliorer la loi. Nous devrons peut-être voir l'annexe
parce que, quand on la voit sur le terrain, ce n'est peut-être pas la
même chose que quand on la lit dans ce projet de loi.
Sous ces réserves, d'ailleurs normales pour l'Opposition, je ne
retire rien de ce que j'ai dit et je pense qu'à ce moment-là je
représente vraiment la pensée de l'Opposition officielle à
l'Assemblée nationale du Québec. Merci, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): L'honorable député de
Richmond.
M. Yvon Brochu
M. BROCHU: M. le Président, je veux à mon tour, à
la suite de certaines études qui ont été faites sur le
projet de loi, de certaines consultations que nous avons pu faire au niveau
des
organismes et associations intéressés, faire certains
commentaires relativement à ce projet de loi no 27 visant au
regroupement des commissions scolaires.
Depuis plusieurs mois, et même depuis plusieurs années,
peut-on dire, une propagande bien orchestrée suit son cours afin de
vendre cette idée dans le public que le regroupement est une absolue
nécessité. On représente même, comme logique de
raisonnement pour vendre ce produit, que le regroupement est indispensable
à une éducation de qualité au Québec et même
que, sans ce dernier, l'éducation de nos jeunes pourrait se solder par
une certaine faillite. Je reviendrai, d'ailleurs, plus loin dans mon
exposé sur ce problème de l'accession à un
véritable éducation de qualité au Québec et sur les
moyens véritables pour y arriver, moyens qui ne sont pas
nécessairement liés au regroupement tel que proposé.
Il ne s'agit pas, M. le Président, de s'opposer
systématiquement à toute forme de regroupement parce que nous
sommes d'avis qu'un certain besoin de ce côté doit être
comblé à plus ou moins brève échéance.
Cependant, il y a certains principes fondamentaux ou, plutôt,
certains droits inaliéables que l'on ne peut obolir par une loi. En
particulier, il y a la responsabilité des parents et du milieu
représenté par la commission scolaire, puisque le droit des
parents en éducation est antérieur à celui de l'Etat. Il y
a également le principe, souvent mis de côté ou quelque peu
foulé aux pieds, mais non moins réel et inviolable, de la
liberté des parents et du milieu de participer à
l'élaboration de politiques nouvelles en matière
d'éducation. Surtout, finalement, il y a la liberté de choix dans
l'élaboration des politiques et la liberté également
d'être entendus.
Il y a, à mon sens, danger réel et fondé de voir
mis en application tel quel le projet de loi 27. Cela signifie, d'abord, un
éloignement encore plus marqué du centre de décision et
des champs d'exécution.
En d'autres termes, avec une superstructure telle que celle qu'on
préconise, ceux qui pren-dont des décisions importantes en
éducation seront situés encore davantage dans un monde un peu
à part, un monde souvent trop théorique risquant ainsi de perdre
de vue les réalités dans lesquelles évoluent l'enfant, les
parents et aussi les éducateurs.
Le véritable but de l'éducation et de l'enseignement
n'est-il pas, en fait, de former un individu en devenir plutôt que de
l'informer, c'est-à-dire de lui donner une quantité
d'informations? Si notre mode éducatif devient vraiment un processus de
formation, à ce moment-là, nous donnons plus d'envergure au
savoir et à l'acquis scientifique. L'individu, qui a eu, de cette
façon, beaucoup plus de chances d'intégrer son savoir à sa
personnalité propre, est en mesure, par voie de conséquence,
d'offrir à ses semblables et à la collectivité dont il
fait partie un apport qui a beaucoup plus de valeur parce qu'il devient un
apport non seulement technique, mais humain à une
société.
En somme, l'éducation doit donner une formation à
l'individu pour l'utilisation future humaine de ses capacités et elle
doit favoriser son adaptation à la société où
s'étendra son champ d'action.
D'où l'importance, M. le Président, à mon sens, du
milieu dans lequel évolue l'enfant en devenir, l'enfant qui fait partie,
à un moment donné, d'un système d'éducation. Pour
qu'il puisse, en toute latitude assimiler les valeurs qu'on veut lui inculquer
plus facilement, il y a nécessité pour lui d'évoluer
à proximité de son propre milieu.
On peut hélas! je pense, se poser certaines questions.
Premièrement, malgré que l'éducation soit, au point de
départ, une question de gros sous, doit-elle devenir prioritairement une
préoccupation administrative plutôt que d'axer ses efforts sur son
objectif premier qui est la formation? On peut se demander encore, en
continuant avec la même forme de conceptualisation ou d'idée
sous-jacente au projet de loi, si, consciemment ou non, on n'est pas en train
d'orienter l'élève en devenir à exister en fonction des
structures, plutôt que les structures en fonction de
l'élève. Là, on pense à une rentabilité
éducationnelle; on n'est plus sur un palier de rentabilité
administrative. But premier de l'éducation observer. Je pense qu'il ne
faut jamais le perdre de vue, malgré les préoccupations
administratives qu'on devra rencontrer par la suite.
Demandons-nous aussi si actuellement l'on considère vraiment les
enseignants comme des collaborateurs en éducation, des gens
impliqués dans une situation et qui doivent aussi être
consultés pour l'élaboration de certaines politiques, ou si l'on
ne tenterait pas, par la force des choses peut-être, de les
considérer de plus en plus comme des fonctionnaires qui doivent remplir
un poste.
J'ai eu l'occasion de le souligner un peu hier soir à l'occasion
du dépôt du projet de loi no 46 qui demande la négociation
au niveau provincial. A mon sens, c'est une atteinte, si l'on revient au projet
de loi no 27 qui nous intéresse, à la qualité de
l'enseignement, qualité dont une des raisons de base serait justement de
considérer les enseignants comme des collaborateurs à part
entière plutôt que comme des fonctionnaires. C'est autant de
questions, questions fondamentales, que nous avons la responsabilité de
nous poser sincèrement. Dans l'optique d'une critique objective, qui se
veut génératrice d'améliorations, en fin de compte, que
doit être une éducation de qualité, qui a pour objectif la
formation d'individus et leur adaptation à une société
donnée? Cette forme d'éducation doit être moderne,
c'est-à-dire appropriée au temps présent, mais aussi assez
flexible et intégrée pour s'adapter, sans trop de heurts, au
courant évolutif de toute science et de toute société.
Préparer une personne à une forme de pensée, lui
enseigner comment penser plutôt
que quoi penser, ce qui est une ouverture à la recherche et au
choix, il y a une façon de développer cette habitude à la
recherche et au raisonnement. A mon sens, si l'on tient compte du processus
évolutif de l'enfant, on doit, pour favoriser une telle
intégration du savoir, tenir compte des impératifs du contact de
ce même enfant avec son milieu de vie. On ne peut absolument pas
négliger cet aspect important de la formation de l'individu. Il y a
certaines conditions de base, M. le Président, si l'on va plus loin
aussi pour une éducation de qualité au Québec. En passant,
je vous réfère rapidement à un petit volume qui vient de
paraître aux Presses libres, qui s'appelle justement Pour une
éducation de qualité au Québec, qui est écrit par
M. Clément-H. Rondeau, et dont j'ai remis au ministre un exemplaire il y
a deux ou trois semaines.
On dit d'abord: "Pour une éducation de qualité, une bonne
ambiance physique." A ce moment, on parle du lieu matériel, du lieu de
travail qui doit quand même répondre à certaines normes de
base en éducation pour que le processus se rende à terme de
façon normale et donne les résultats voulus.
Deuxièmement, suffisamment de professeurs pour qu'en fin de
compte, ces derniers puissent se mieux donner à leur tâche
d'enseignants parce qu'une telle attitude favorise le contact humain avec leurs
élèves, avec ceux à qui ils sont chargés
d'enseigner ou de donner la préparation nécessaire sur
l'apprentissage du comment penser.
Troisièmement, des professeurs de qualité. Pour avoir des
professeurs de qualité, il faut quand même leur donner un champ
d'action; il faut quand même aussi permettre à ces individus, qui
sont directement impliqués dans les situations éducationnelles au
Québec, de participer aux décisions qui mettent en cause le
devenir de leur travail, de leurs conditions de travail et le devenir de ceux
à qui ils ont décidé de consacrer leur carrière,
c'est-à-dire les élèves.
Je vais plus loin dans ce sens-là parce qu'à mon avis le
gouvernement ne devrait pas avoir peur de ce contact.
A mon sens, dis-je, le gouvernement devrait encore axer davantage la
consultation au niveau du personnel enseignant pour élaborer certaines
politiques. Parce que ce sont eux, en fin de compte, qui sont impliqués
directement dans cette situation. Consultation également avec les
parents. J'ajoute également la mise de l'avant encore de
possibilités de recherche au niveau de découvertes ou de mises en
place, de méthodes modernes d'apprentissage au niveau de
l'éducation qui favorisent encore davantage, si on parle sur le plan
technique, l'apprentissage de nos différentes matières.
Dans un autre ordre d'idée, M. le Président, je pense, et
d'ailleurs je l'ai souligné rapidement tout à l'heure aussi et ce
n'est un secret pour personne, que le problème majeur, ou plutôt,
que la cause véritable des difficultés rencontrées en
éducation au Québec ou du moins, pour une partie importante
d'entre elles, c'est le problème financier. Cependant, il serait de la
plus haute fantaisie ou complètement illogique, à mon sens, de
prétendre que ce problème d'ordre financier sera automatiquement
réglé par le regroupement scolaire qui nous est
proposé.
Sur ce sujet, je me pose de sérieuses questions et j'attire aussi
l'attention du ministre sur ce fait : Pourquoi nos gouvernements
québécois, à venir jusqu'à ce jour, et surtout dans
le domaine de l'éducation, s'évertuent à se
présenter un peu faussement comme des innovateurs, comme des
créateurs de nouveautés, tout en répétant
souventefois à plusieurs exemplaires, les erreurs commises dans d'autres
provinces ou dans d'autres pays?
Si l'on veut véritablement apporter des améliorations
à notre système d'éducation, en lui conservant surtout son
but véritable et unique, soit celui de la formation de l'enfant en tant
que personne humaine, pourquoi le gouvernement ne s'interroge-t-il pas un peu
sur ce qui s'est fait ailleurs ou sur ce qui se fait présentement? A ce
moment-là, le ministre pourrait, dans l'établissement de ses
politiques et de ses mesures législatives, profiter au maximum des
inévitables erreurs des autres, ce qui éviterait une recherche
souvent pénible, toujours très coûteuse et dont les
résultats laissent fortement à désirer quand ils ne se
soldent pas tout simplement par un échec. Qu'on se serve donc de
l'expérience des autres pour atteindre directement notre but.
On dit que c'est inscrit dans la nature humaine d'avoir cette
possibilité de se servir de l'expérience des autres. Alors qu'on
mette cette inscription si je puis m'exprimer ainsi à
profit. On a qu'à regarder, par exemple, nos voisins de l'Ontario qui
ont tenté des expériences similaires déjà et voir
la valeur des résultats obtenus. Je cite ici, à titre d'exemple,
le journal The Montreal Star, en date du 14 mai 1970, où l'on donne
justement une information relative au regroupement, sous le titre: "Big Boards
Mean High Cost".
Et on nous dit ceci: "Doctor D.A.Dawson found in a two-year
investigation of secondary school boards in the Province that larger boards
have higher per student cost and show no significant increase in quality on
education."
Alors, M. le Président, je pense, d'après ce que j'ai pu
déceler dans la déclaration du ministre, qu'on recherche une
rentabilité administrative. A ce moment-là, il conviendrait qu'on
s'arrête sérieusement ce n'est qu'un exemple que je viens
de citer, il y en a d'autres aux expériences qui ont
été faites ailleurs, aux objectifs qu'on poursuit, à une
éducation de qualité au Québec et aux moyens à
prendre pour y arriver.
M. le Président, avec le dépôt en deuxième
lecture de ce projet de loi sur le regroupement volontaire, mais obligatoire
par voie de législation, le Québec et sa population se trouvent
à
un point tournant de leur histoire en éducation, à un
carrefour décisif où les deux voies possibles sont
définitivement opposées l'une de l'autre tellement l'idée
fondamentale de l'une et de l'autre est différente. C'est un peu l'heure
du choix final, dirais-je, pour le Québec.
Cela semble peut-être un peu hors d'ordre ou même illogique
de prononcer ce mot choix en ce moment en parlant du projet de loi no 27
puisque le gouvernement actuel semble décidé à tout prix
à le faire adopter tel quel sans tenir compte de toutes les
requêtes qu'il a reçues des parents du Québec et d'un grand
nombre d'associations pour que le projet de loi soit rejeté ou tout au
moins retardé pour étude sérieuse au lieu d'être
imposé démocratiquement à des gens qui non seulement n'en
ressentent peut-être pas le besoin, mais n'en veulent tout simplement
pas.
Quoi qu'il en soit, nous devons, M. le Président, en tant que
législateurs, nous poser une question fondamentale qui, à mon
sens, constitue le point de départ de toute discussion valable sur les
deux voies ou les deux options qui s'offrent à nous à l'heure
actuelle en éducation. La question est la suivante: La commission
scolaire représente-t-elle l'Etat ou plutôt les parents? Ou bien,
en d'autres termes, de qui la commission scolaire tient-elle son
autorité ou par qui est-elle élue, choisie ou
déléguée? Par l'Etat ou par les parents?
Si l'on veut répondre adéquatement à une question
qui revêt autant d'importance présentement, il nous faut aller
plus loin encore et peut-être toucher à la source même des
valeurs fondamentales de notre société québécoise
et nous poser une question toute simple mais de combien d'envergure:
L'enfant appartient-il aux parents ou à l'Etat? A mon sens, M. le
Président, tout le noeud de notre problème réside dans la
réponse que nous sommes prêts à apporter à ces
questions. De cette réponse toute simple dépend l'orientation
future de notre éducation au Québec. En effet, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, si notre premier objectif
québécois en éducation est d'abord de viser à une
éducation de qualité, rentable au point de vue
éducationnel, est-ce que le regroupement est le moyen pour y
arriver?
M. le Président, je demande donc au gouvernement Bourassa et, en
particulier, au ministre de l'Education, de bien réfléchir,
sincèrement et honnêtement, à ces quelques questions, au
nom du simple fait qu'ils représentent la majorité et qu'ils
doivent tenir compte des volontés de cette majorité, à une
simple condition, M. le Président, si la démocratie existe
encore. Je ne demande pas, M. le Président, au ministre de me
répondre tout de suite, mais plutôt de réfléchir
avant. S'il le faut, je lui suggère de se retirer quelques jours dans un
endroit tranquille. Bien que le ministre vienne à peine de sortir de
l'hôpital, ce n'est pas de faire encore de la bile que je lui souhaite.
Qu'il se retire simplement dans un lieu tranquille, non dans un hôpital,
hors du champ de tir ou, plutôt, hors de la portée de quelques-uns
de ses hauts fonctionnaires à l'esprit centralisateur, qui sont à
la source de ce projet de loi antidémocratique. Je pense qu'on peut le
dire.
Le ministre comprendra que je ne l'attaque pas lui-même en disant
ça. On sait, d'ailleurs, très bien que les hauts fonctionnaires
avaient tenté, quoique timidement à l'époque, de faire
vendre l'idée par l'UN, appelée communément l'Union
Nationale.
M. CARDINAL: Ils ont fait ça?
M. BROCHU: Ils ont fait ça! A ce moment-là, l'idée
n'avait pas suivi son cours jusqu'à l'endroit ou l'on aurait
désiré la voir aboutir. On change le gouvernement et on reprend
le même processus. On retrouve, d'ailleurs, l'idée fondamentale,
le même principe de gouvernement, que ce soit d'une couleur ou de
l'autre. Cependant, M. le Président, attention à cette fausse
démocratie! C'est un mot qui semble de plus en plus drôle,
à mon sens. Parfois, si j'étais certains individus et que
j'allais en province, je n'oserais peut-être pas le dire trop fort.
Attention à cette fausse démocratie où les lois
sont dictées par certains fonctionnaires, où, en somme, les
directives viennent d'en haut. C'est de la démocratie
contrôlée, de la démocratie imposée qui est,
souventefois, non voulue, mais qui est démocratiquement dictée et
à laquelle les individus doivent démocratiquement aussi se
soumettre.
D'ailleurs, M. le Président, le comité pour le maintien
des commissions scolaires a déjà présenté un
mémoire à cet égard en vue de maintenir les commissions
scolaires ou d'apporter certaines transformations mais non dans le sens de
celles qui sont apportées présentement. On y indique clairement
cette mise en garde qui veut qu'on n'accepte pas de voir de hauts
fonctionnaires diriger les gouvernements mais que ce soit les hommes en place,
élus démocratiquement, qui prennent les décisions et qui
donnent les orientations.
Pour ma part, je serais beaucoup plus heureux de faire une critique du
projet de loi no 27 si je savais, fondamentalement, que cette politique avait
été mise de l'avant par le ministre actuel de l'Education,
à la suite d'une consultation ou d'une connaissance personnelle du
problème éducatif au Québec, et qu'à la suite d'une
telle situation, le ministre aurait décidé lui-même ou en
conseil des ministres de proposer une législation mais non pas de se
soumettre à une législation qui était voulue depuis
plusieurs années par de hauts fonctionnaires.
M. le Président, pour bien éclairer ma prise de position
là-dessus et parce que moi, personnellement, et aussi les membres de mon
groupe, nous croyons en la représentation démocratique d'un
comté, nous avons consulté, comme je vous l'ai dit tout à
l'heure, nous avons demandé
des recommandations à différents corps
intéressés, à des parents, à des commissions
scolaires et à des associations. Nous avons reçu certaines
réponses, en grand nombre. Je vous cite ici, entre autres, une
résolution qui m'a été envoyée par la commission
scolaire d'Asbestos. Je profite de ces dépôts de documents pour
souligner les raisons où les mises en garde que certaines personnes
veulent faire au ministre. Et, étant donné que je suis leur voix
en Chambre, je me permets, M. le Ministre, de déposer ces documents et
d'attirer votre attention sur les raisons qui y sont soulignées. Je vous
fais grâce de l'entête de la copie de la résolution:
"Considérant que le projet de loi 27, s'il était adopté
durant la présente session, laisserait trop peu de temps pour la mise en
place des dispositions transitoires; "Considérant que les structures
proposées par les commissions scolaires nouvelles sont justement celles
des CEGEP lesquels sont loin d'avoir fait leurs preuves;
Considérant que plusieurs articles de ce projet de loi manquent
de clarté, sont difficiles à interpréter ou prêtent
à confusion, tels que division en municipalités pour fins de
taxation et en quartiers pour fins de représentation, confection de la
liste électorale, comité exécutif, conseil provisoire,
intégration des employés à temps partiel, organisation des
cours dans les commissions scolaires nouvelles; "Considérant que ce
projet de loi, au lieu de clarifier la Loi de l'instruction publique, ne fait
que la rendre plus difficile à comprendre et à appliquer;
"Considérant aussi que les parents n'ont aucune garantie d'être
représentés par un commissaire de leur quartier tant à la
commission scolaire nouvelle qu'à la commission scolaire
régionale, "Le commissaire Gaston Lambert propose et il est
résolu à l'unanimité que l'adoption du projet de loi no 27
soit reportée et que copie de cette résolution soit
envoyée au ministre et au député, etc."
M. le ministre, je pense que, devant une telle résolution, on
peut déceler la bonne foi des individus qui veulent participer à
l'élaboration de politiques nouvelles en matière
d'éducation, sincèrement et honnêtement. Ds profitent de
l'occasion pour vous demander d'agir avec extrêmement de prudence parce
qu'au niveau du projet de loi no 27 des principes fondamentaux sont mis en
cause et certaines garanties ne nous sont pas données à
l'intérieur du projet de loi.
D'autre part, M. le Président, l'Association féminine
d'éducation et d'action sociale, fédération de la
région de Sherbrooke, nous donne les recommandations suivantes: "Nous
désirons apporter à votre attention la demande des
délégués de l'AFEAS réunies à
l'assemblée annuelle et représentant les 3,250 membres de la
fédération de Sherbrooke. "Considérant que le projet de
loi no 27 arrive à un moment où le système
d'éducation est dans une situation chaotique aux niveaux secondaire et
collégial; "Considérant que le projet de loi no 27 expose
l'éducation, au niveau primaire, à la même situation
déplorable en érigeant des commissions scolaires monstres et fait
disparaître un grand nombre de commissions scolaires viables et aptes
à répondre adéquatement à l'éducation des
enfants au niveau primaire; "Considérant que les parents n'ont pas
été convenablement consultés et n'ont pas eu
l'opportunité de connaître suffisamment le contenu du projet de
loi avant qu'il soit présenté; "Considérant que le projet
de loi no 27 enlève le droit primordial des parents d'exercer leur
responsabilité dans l'éducation de leurs enfants, "L'AFEAS,
fédération de Sherbrooke, réunie en assemblée
annuelle en 1971 vous demande instamment de suspendre les débats
parlementaires sur le projet de loi no 27 jusqu'à ce qu'il soit
modifié de telle sorte qu'il réponde aux aspirations de la
population catholique de la province de Québec et qu'il assure le droit
primordial des parents d'exercer leur responsabilité dans
l'éducation de leurs enfants."
C'est signé par Mme Thérèse Laverdière qui
est secrétaire de la fédération.
M. le Président, voilà une autre demande qui est quand
même faite au nom d'un corps intermédiaire d'assez grande
importance et qui relate sérieusement les problèmes qui sont
contenus dans le projet de loi 27 que les parents du Québec, comme les
associations, comme les commissions scolaires dans l'ensemble de mon
comté craignent de voir adopter tel quel.
J'aimerais continuer en citant également l'Association des
commissions scolaires confessionnelles du Québec qui a fait certaines
recommandations.
M. le Président, il est six heures, je demande l'ajournement du
débat.
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plait. On me fait remarquer que
l'honorable député de Richmond aurait épuisé son
droit de parole.
M. DUMONT: M. le Président, avec l'indulgence qu'on a
accordée à tous les autres porte-parole, j'imagine qu'on laissera
au moins quinze minutes...
M. BERTRAND: S'il est le porte-parole il a droit à plus d'une
demi-heure.
M. CHARRON: Non.
M. BERTRAND: En vertu de...
M. LE PRESIDENT: Je ne veux pas soulever de difficultés à
quiconque en cette Chambre. On me dit que le député de Richmond a
commencé à cinq heures vingt-cinq. Il aurait même
dépassé son temps de cinq minutes. Je ne
voudrais pas que cette question soit soulevée lundi à la
reprise des travaux et que le député de Richmond veuille parler
encore dix ou quinze minutes. S'il y a consentement de la Chambre, je suis
d'accord mais j'aimerais peut-être que cette question soit
réglée.
M. DUMONT: Pourrions-nous demander ce consentement
immédiatement?
M. LEVESQUE: Vous en avez pour combien de temps?
M. BROCHU: J'en ai encore pour quelques minutes, c'est difficile
à évaluer.
M. LEVESQUE: II est trop tard.
M. BROCHU: Disons que je veux quand même faire montre de
gentilhommerie...
M. DUMONT: On a laissé presque une heure au député
de Bagot.
M. CARDINAL : M. le Président...
M. LEVESQUE: C'était le député de l'Opposition
officielle qui répondait...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre Messieurs! En vertu du règlement, le
ministre qui propose une motion de fond a un temps illimité; le
député qui répond immédiatement au ministre comme
membre de l'Opposition officielle a également un droit de parole
illimité; les autres chefs de parti ont une heure, sauf le chef de
l'Opposition officielle qui a toujours un temps illimité, et tous les
autres députés ont 30 minutes.
M. BROCHU: M. le Président, puis-je vous demander une directive?
N'avait-il pas été convenu à un moment donné que le
chef de parti pouvait déléguer son droit de parole à un
député?
Non pas que j'aie l'intention de remplir l'heure, mais j'ai quand
même certaines choses dont j'aimerais faire part à la Chambre.
M. CHARRON: M. le Président, sur le point d'ordre. Votre rappel
au règlement est absolument pertinent et je pense que vous l'avez
répété en des termes fort clairs. Le député
de Richmond n'a droit qu'à une demi-heure, mais, comme il est le
porte-parole officiel de son parti dans cette matière, je serais
d'accord, au nom de mon parti, pour lui donner le droit de poursuivre pendant
quelques minutes, ce que je n'accepterais pas pour n'importe quel autre
député.
M. LE PRESIDENT: Pourrions-nous convenir, du consentement unanime de la
Chambre, que, lundi, le député de Richmond pourra parler...
M. LEVESQUE: Cinq minutes, pas plus. M. DUMONT: Disons dix minutes.
M. LEVESQUE: Cinq minutes, parce que c'est fête demain.
M. LE PRESIDENT: De toute façon, vous pourrez y penser
sérieusement en fin de semaine. Est-ce que la motion d'ajournement du
débat de l'honorable député de Richmond est
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE : M. le Président, tout en souhaitant une excellente
fin de semaine à tous nos collègues de cette Chambre et en les
félicitant pour le travail qu'ils ont accompli, qu'il me soit permis,
avant de faire la motion d'ajournement, de rappeler à cette Chambre que
vous avez vous-même, M. le Président, le programme de la semaine
prochaine et que ce programme a été remis aux différents,
leaders des partis d'Opposition.
Si les honorables députés veulent en prendre connaissance,
je suis sûr que ce sera facile. M. le Président, je dois rappeler
que, lundi matin, la commission parlementaire de la Fonction publique se
réunira à dix heures, à la salle 81-A. Je propose que la
Chambre elle-même s'ajourne à lundi, quinze heures.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. PAUL: Adopté en totalité.
M. LE PRESIDENT: La Chambre ajourne ses travaux à lundi, quinze
heures.
(Fin de la séance: 18 h 4)