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(Dix heures trente cinq minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
Bienvenue au nouveau chef de l'Union nationale
M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: M. le Président, il me fait grand plaisir de
souhaiter la plus chaleureuse bienvenue au nouveau chef de l'Union Nationale,
le député de Bellechasse.
J'ai eu l'occasion publiquement d'exprimer mes félicitations et
je suis bien heureux de les répéter à l'Assemblée
nationale.
Sa tâche ne sera pas facile, ne serait-ce que parce qu'il remplace
le député de Missisquoi, un homme dont on connaît la grande
valeur et l'expérience. Je ne doute pas et j'espère que le
député de Missisquoi et je profite de l'occasion pour le
dire poursuivra sa contribution, contribution positive qu'il a toujours
apportée aux travaux de la Chambre.
Je suis convaincu qu'en raison de son expérience le nouveau chef
s'adaptera très rapidement à ses nouvelles fonctions, au point
où il pourra demeurer très longtemps chef de l'Opposition.
Le chef de l'Union Nationale, par son intelligence, par sa
simplicité, par son entregent, possède les qualités qu'on
a toujours retrouvées chez les chefs de ce parti. Je suis convaincu que
sa contribution aux travaux de l'Assemblée nationale maintiendra le
climat de discussion constructive que nous avons connu depuis quelque
temps.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, il ne m'arrive pas souvent d'appuyer
avec autant d'enthousiasme une motion aussi irrégulière, mais
cependant tellement importante. Je m'associe aux bons voeux que vient de
formuler l'honorable premier ministre à l'endroit du dynamique chef de
l'Union Nationale, le député de Bellechasse.
Le député de Bellechasse a une grande qualité,
c'est qu'il n'est pas économiste. C'est un homme d'affaires averti qui
saura, par son expérience du monde des affaires, par son dynamisme, par
sa sincérité, par sa bonhomie créer ce climat de confiance
ches les industriels du Québec.
M. le Président, je suis sûr que le député de
Bellechasse s'inspirera de la vie parlementaire d'un grand premier ministre,
Honoré Mercier, pour partir à l'assaut du député de
Mercier afin de lui rappeler ses engagements politiques et d'essayer de
revigorer notre économie si latente au Québec.
Quant à nous, nous sommes fiers de notre chef à qui je
souhaite la plus cordiale bienvenue. Il peut être assuré de la
loyauté, du dévouement, de l'appui, sans exception, de toute la
députation de l'Opposition. Dès aujourd'hui, nous partons vers la
remontée du pouvoir. Nous invitons le premier ministre à bien
réfléchir quant à la date des prochaines élections
générales, car, pour lui et pour son équipe, les jours,
hélas! sont déjà comptés. ,
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais également, au nom
de notre parti, offrir nos sincères félicitations à
l'honorable député de Bellechasse, maintenant chef de
l'Opposition officielle, pour sa récente élection à ce
poste. Nous sommes assurés que son esprit de travail et de
combativité sera sûrement très utile aux travaux de cette
Chambre.
Qu'il me soit permis, en terminant, M. le Président, cependant,
de ne pas souscrire au lancement de flèches humoristiques venant des
deux partis qui, je pense, sont tous deux de futurs aspirants à une
oppositiqn permanente.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, nous ajoutons nos
félicitations à celles qui ont déjà
été exprimées. Pour notre part, nous nous sommes
réjouis également de la victoire du député de
Bellechasse, car, pour nous aussi, "Loubier, c'est la clef" et, avec Loubier,
on est sûr de passer !
Dans une veine plus sérieuse, nous souhaitons au nouveau chef
tout le courage et tout l'héroïsme dont il aura probablement besoin
pour redonner à son parti une âme, une philosophie et un
programme.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. Gabriel Loubier
M. LOUBIER: Mes premiers mots, M. le Président, seront pour faire
un rappel au règlement! J'ai constaté, tout à l'heure, que
la présidence avait quitté spontanément sa mante
d'impartialité pour saluer l'entrée en Chambre du nouveau chef de
l'Opposition officielle. Je pense qu'unanimement nous accepterons cette marque
de délicatesse que vous avez eu l'amabilité de poser à mon
endroit.
Si je n'étais pas un néophyte en politique, j'aurais la
tentation de succomber et de som-
meiller sur cet oreiller capiteux d'hommages et de compliments que
viennent de me tendre le premier ministre, le leader de l'Oppisition
officielle, le chef du Ralliement créditiste et le leader parlementaire
du Parti québécois.
Encore une fois aujourd'hui j'ai remarqué que le premier ministre
était très libéral dans ses voeux. Je tiens à lui
dire, M. le Président, 100,000 fois merci. Quant au chef du Ralliement
créditiste, ses propos très aimables à mon endroit lui
donnent l'occasion de pratiquer un vrai "crédit social" qui me
plaît et qui le rend toujours sympathique à l'endroit de tous ses
collègues. Et pour une fois, M. le Président, vous avez
constaté que nos amis du Parti québécois n'ont pas voulu
se "séparer" de ce fédéralisme de louanges. Je remercie le
député de Bourget de l'avoir fait avec autant de
délicatesse, sauf qu'il a un petit peu délayé ses
compliments vers la fin lorsqu'il a voulu paraphraser le slogan de ma campagne
au leadership en disant: Loubier, c'est la clé! Avec Loubier, nous
allons passer! C'est sûr qu'ils vont passer, M. le Président, et
par le trou de la serrure!
A quelques semaines d'intervalle, comme tous mes collègues de
l'Assemblée nationale, j'ai assisté au départ et à
l'arrivée d'un chef.
J'ai été obligé de conclure que, dans la vie d'un
chef de parti, il y a deux jours où tous les collègues de quelque
parti que ce soit font l'unanimité dans un concert de
félicitations et de louanges, le jour du départ d'un chef et le
jour de son arrivée.
Or, je devrai, M. le Président, savourer intensément le
parfum de ces louanges du premier jour et attendre probablement une vingtaine
d'années pour connaître une autre journée semblable de
louanges.
Mais, d'une façon très sérieuse, M. le
Président, je mesure toute la dimension des responsabilités d'un
chef de parti, quel qu'il soit. Je sais qu'un chef de parti est quotidiennement
et littéralement 24 heures par jour en butte à toutes les
difficultés et souventefois c'est dans une solitude très froide
qu'il a à méditer et à prendre des décisions qui
engagent non pas seulement et non pas surtout l'avenir de son parti, mais
l'avenir de la collectivité québécoise.
Je sais qu'un chef de parti doit s'abreuver d'une façon
très continue à des sources quasi inépuisables de courage,
de générosité et de patriotisme. Celui qui me
précède a pratiqué ces vertus à un très haut
point. Il a servi avec une telle intégrité, une telle
générosité, un tel dévouement son parti et le
Québec qu'il mérite, d'une façon spontanée,
l'admiration inconditionnelle et la reconnaissance de tous les membres de cette
Chambre et de tous les Québécois et j'ai parlé du
député de Missisquoi.
Comme chef de l'Union Nationale, comme chef de l'Opposition officielle,
c'est sans aucune restriction, que je tiens à servir avec toute la force
et les implications de ce mot. Je sais que dans cette Chambre et sur la place
publique nous divergerons d'opinion.
Je sais également que, dans le feu du combat, les coups viendront
durs et, parfois, d'une façon très brutale. J'accepte d'avance,
M. le Président, toutes les implications de ces frictions ou de ces
batailles, parce que j'ai la profonde conviction que tous les membres de cette
Chambre à quelque parti qu'ils appartiennent poursuivent le même
objectif, c'est que nous ayons un Québec où puisse régner
la paix sociale, où puissent s'établir non seulement la
stabilité, mais le progrès économique et un Québec
où nous pourrons vivre heureux et en plénitude de nos pouvoirs et
de nos possibilités.
M. le Président, dans ces objectifs, au-dessus des
barrières partisanes, je sais que nous nous rejoignons tous. C'est dans
les moyens pour arriver à ces objectifs que nous différons. Mais,
comme vous tous, je ne suis pas résigné aux injustices sociales.
Comme vous tous, je ne puis accepter la pauvreté, les taudis, les
inégalités régionales, les injustices constitutionnelles.
Comme vous tous, avec des approches différentes, avec une philosophie
peut-être plus singularisée, je veux de toutes mes forces, avec
mes collègues, que le Québec puisse s'épanouir dans le
sens de ses traditions, dans le sens de ses possibilités et dans le sens
de ses aspirations. M. le Président, c'est nourri par une volonté
farouche de faire valoir notre philosophie et de faire connaître les
moyens par lesquels nous voulons atteindre nos objectifs, c'est
imprégné de ces sentiments et avec un très grande
détermination que je veux, avec mes collègues, faire en sorte que
nous atteignions, le plus rapidement possible, ce bien-être, cette
prospérité et cette paix qui sont recherchés par tous au
Québec.
M. LE PRESIDENT: Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
Projet de loi no 28 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education propose la
première lecture du projet de loi intitulé Loi concernant la
restructuration des commissions scolaires sur l'île de
Montréal.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je désire souligner le
dépôt, en première lecture, du projet de loi no 28
instituant un nouveau régime de gestion scolaire pour l'ensemble de
l'île de Montréal.
Le projet de loi no 28 stipule que l'île de Montréal
comptera, à partir du 1er juillet 1973, onze commissions scolaires
unifiées, chargées de dispenser l'enseignement catholique,
l'enseignement protestant et l'enseignement dit "autre" aux termes de la loi.
Un conseil scolaire de l'île
de Montréal sera chargé d'assurer des services communs
à ces onze commissions scolaires tout en ayant la responsabilité
d'établir le taux de taxation de l'île et de répartir les
ressources en fonction des besoins réels de chaque secteur.
Je soulignerai au passage que les taxes ne seront plus divisées
en rôles catholique, protestant et neutre, mais bien sous les
catégories: particuliers et corporations, les propriétés
privées de $100,000 et plus étant taxées comme les
propriétés corporatives pour la somme qui excède les
$100,000 de valeur. Les objectifs essentiels de la restructuration sont:
premièrement, d'assurer l'équilibre administratif entre les
diverses corporations scolaires de l'île; deuxièmement, de voir
à une répartition équitable des ressources en fonction de
la communauté de l'ensemble du territoire de l'île de
Montréal sans distinctions de religion, de race ou de fortune;
troisièmement, de compléter un plan global de rationalisation
administrative amenant une décentralisation des services du
ministère de l'Education.
Afin d'oeuvrer en fonction de ces objectifs, chaque nouvelle commission
scolaire de l'île de Montréal comptera quinze commissaires
élus au suffrage universel. Si, dans une commission scolaire, aucun
représentant de la minorité linguistique francophone ou
anglophone n'est élu, le lieutenant-gouverneur en conseil pourra
désigner, sur recommandation du ministre, deux commissaires
supplémentaires devant assurer la représentation de cette
minorité linguistique. Ces commissaires seront choisis parmi les membres
des comités consultatifs représentant les parents de la
minorité.
Chaque commission scolaire offrira des services multiconfessionnels
également adaptés aux réalités linguistiques de
chaque secteur de l'île. Les commissaires de chaque nouvelle commission
scolaire comportant une comité exécutif chargé de
l'expédition des affaires courantes devront nommer, dans chaque
commission scolaire, un directeur général et deux adjoints dont
l'un francophone et l'autre anglophone; des directeurs adjoints de la langue de
la minorité assisteront les directeurs des services majeurs comme ceux
de l'enseignement, du personnel et de l'aide aux étudiants. Le conseil
de l'île sera formé de quinze membres, dont un
délégué de chaque commission scolaire unifiée. Ce
délégué sera choisi par les commissaires de chaque
commission scolaire unifiée.
Outre les onze délégués des commissions scolaires,
le conseil de l'île comptera également quatre membres
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil, sur la recommandation du
ministre de l'Education.
Dès le 1er août 1972, un conseil provisoire de treize
membres devra être formé. Il comptera nécessairement cinq
membres de la Commission des écoles catholiques de Montréal, dont
le nombre sera porté à dix membres nommés jusqu'à
sa dissolution.
Deux membres du Bureau métropolitain des écoles
protestantes de Montréal; deux membres choisis parmi les commissaires
des autres commissions scolaires catholiques de l'île de Montréal
et un membre choisi parmi les commissions scolaires protestantes de l'île
qui ne sont pas sous la juridiction du Bureau métropolitain des
écoles protestantes.
Tous les membres du conseil provisoire seront nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil sur la recommandation du ministre. Ils auront
pour responsabilité de procéder à l'inventaire des biens
des commissions scolaires de l'île de Montréal et de
préparer 1er structures des nouvelles commissions scolaires et,
notamment, des plans d'intégration du personnel élaborés
en collaboration avec les organismes actuels, en conformité des diverses
dispositions de notre législation en matière de relations de
travail.
Enfin, le conseil provisoire devra assurer la mise en place de
mécanismes visant à assurer l'élection des membres des
nouvelles commissions scolaires au 1er juillet 1973.
En plus des comités d'écoles et des comités de
parents, chaque commission scolaire compte un comité catholique et un
comité protestant de trois membres chacun, lesquels sont élus
pour un mandat de trois ans parmi et par les parents faisant déjà
partie des comités consultatifs d'écoles. Ces comités sont
chargés de veiller à l'application des règlements du
comité catholique ou du comité protestant du Conseil
supérieur de l'Education dans les écoles où s'appliquent
ces règlements. Les commissaires doivent les consulter pour la
nomination des directeurs d'écoles confessionnelles.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance.
M. PAUL: M. le Président, avant que nous passions à un
autre article, est-ce que le leader du gouvernement peut nous dire si c'est
l'intention du ministre ou du gouvernement d'envoyer ce projet de loi à
la commission de l'Education?
M. LEVESQUE: Le ministre va faire une déclaration
immédiatement.
M. SAINT-PIERRE: Le projet de loi ayant été
déposé en première lecture, je dois dire qu'il nous est
apparu comme prioritaire. C'est pourquoi, malgré la
nécessité d'une étude prudente et patiente de ce projet,
nous avons décidé d'en faire dès maintenant le
dépôt avant l'ajournement de la Chambre.
Je me permets d'insister sur le fait que les
délais encourus dans la présentation et la
préparation de ce projet ne sont nullement dus à des pressions
d'ordre politique, mais bien plutôt à la nécessité
d'une étude approfondie de toutes les implications d'une loi que nous
souhaitons voir adopter et dont nous aurons à expliquer et, dans
certains cas, à défendre les principes. La commission
parlementaire de l'Education siégera durant les mois de septembre ou
octobre et pourra entendre les témoignages ou opinions des divers
groupes qui sont intéressés par ce projet de loi.
A la suite de l'étude de ces témoignages des groupes de
différentes parties, il n'est pas exclu que le gouvernement,
particulièrement en ce qui touche l'aspect constitutionnel de ce projet
de loi, réfère l'ensemble du projet de loi à la cour
d'Appel et, éventuellement, à la cour Suprême pour statuer
sur son statut respectant l'article 93 de la constitution. Mais je dois assurer
les membres de cette Chambre qu'avant le dépôt de ce projet de loi
nous avons pris les derniers mois pour faire une étude exhaustive et
complète de différents aspects du projet de loi. Nous
considérons que les différentes dispositions tant en ce qui
touche le respect des minorités confessionnelles comme des
minorités linguistiques et en particulier l'établissement d'un
comité catholique et d'un comité protestant à
l'intérieur des commissions scolaires unifiées, comités
dont les membres sont élus par les parents protestants et les parents
catholiques suivant le cas, permet de satisfaire toutes les garanties qui
étaient données à ces groupes confessionnels lors de la
constitution de 1867.
A tout hasard, suivant les mémoires que nous entendrons des
différents groupes, je répète qu'il n'est pas exclu que le
gouvernement décide à cette période de
référer le projet de loi à une cour d'Appel pour statuer
sur la constitu-tionnalité du projet de loi.
M. CARDINAL: M. le Président, comme ce n'est pas une
première lecture, mais une déclaration
ministérielle...
M. LE PRESIDENT: Oui, nous sommes aux déclarations
ministérielles.
M. CARDINAL: ... j'ai droit de réplique. La première chose
que je...
M. LEVESQUE: Bien, c'était plutôt à la suite d'une
question posée sur la motion de première lecture, mais
évidemment si le...
M. CARDINAL: Bien, je ne veux pas être capricieux, mais si le
leader parlementaire me permettait, vu que déjà le fait que le
leader parlementaire de l'Opposition officielle a posé une question au
moment où ce n'est pas la période des questions et que le
ministre a fait une déclaration au moment où ce n'était
pas la période des déclarations, je pourrais peut-être
faire une réplique au moment où ce n'est pas la période
des répliques. Elle sera très brève.
Première chose, nous ne pouvons que nous réjouir que ce
projet pour lequel des travaux fort nombreux et fort importants avaient
été faits par l'ancien gouvernement vienne enfin devant cette
Chambre. La commission de l'Education vient de siéger de nombreux mois,
de nombreux projets avaient été préparés par les
technocrates du ministère et le gouvernement avait même
présenté en première lecture et
référé immédiatement, comme le fait le ministre, le
projet de loi qui portait alors le numéro 62.
La deuxième remarque, cependant j'ose espérer et j'ai
confiance que le ministre ne retiendra cette suggestion qu'à cause de
l'importance du projet, même s'il aurait dû venir avant le 27, nous
pourrons entendre toutes les parties intéressées et prendre le
temps de le faire pendant le jour, à tête reposée et en
pouvant discuter avec ces parties intéressées. J'insiste sur ce
point pour le meilleur avantage du gouvernement, de la population et de
l'Assemblée nationale.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, il semble que le ministre a
décidé, en ce qui concerne le bill 28, de consulter un peu plus
que cela n'a été le cas pour le bill 27. Alors, nous ne pouvons
que nous réjouir de son esprit qui semble vouloir s'élargir de
plus en plus. Nous espérons, cependant, qu'une fois ces consultations
faites des dispositions seront prises suivant le résultat des
consultations avant qu'on nous présente ce bill en deuxième
lecture.
M. CHARRON: M. le Président, cette reformulation du projet de loi
no 62 a mis quatorze mois avant d'apparaître à nouveau en Chambre.
Ce retard symbolise probablement l'importance de la nouvelle structure scolaire
qui rayonnera désormais sur l'île de Montréal. Je profite
donc de l'occasion pour me joindre à ceux qui ont parlé avant moi
et pour inviter, de cette Chambre, tous les intéressés à
ne pas hésiter à venir témoigner à la commission
parlementaire, à l'automne, parce que, je le répète, le
retard symbolise véritablement l'importance de ce projet de loi. Aucun
corps intermédiaire, de près ou de loin intéressé
aux conséquences de l'application de cette loi, ne doit hésiter
à venir nous rencontrer à la commission parlementaire.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y aurait d'autres bills publics?
M. PAUL: M. le Président... M. LE PRESIDENT: Pardon?
M. PAUL: ... il n'y a pas encore de motion pour qu'il soit
déféré. Il y a eu une déclaration, mais il n'y a
pas eu de motion.
Projet de loi déféré à la
Commission de l'Education
M. LEVESQUE: M. le Président, je voudrais faire motion pour que
ce projet de loi soit déféré à la commission
parlementaire de l'Education et que la convocation soit faite à une date
ultérieure.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement unanime? Cette motion
est-elle adoptée?
Adopté.
Dépôt de documents
M. LE PRESIDENT: J'ai l'honneur de déposer deux copies du
deuxième rapport annuel du Protecteur du citoyen, pour l'année
1970.
Questions des députés.
Questions et réponses
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Amendements à la constitution
M. LOUBIER: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. Est-ce que le premier ministre a l'intention de se mettre en contact,
cette semaine ou la semaine prochaine, avec le premier ministre du Canada pour
discuter des avatars ou des possibilités de la formule d'amendement
à la constitution?
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai eu une brève
discussion, hier soir, avec le premier ministre du Canada et je lui ai fait
part du fait que nous étudions l'opportunité de soumettre de
nouvelles propositions en ce qui a trait, notamment, à la
sécurité sociale.
M. LOUBIER: M. le Président, comme question
supplémentaire, est-ce que le premier ministre a l'intention de discuter
avec le premier ministre du Canada de l'embryon de décision, de
créer un ministère fédéral des affaires
urbaines?
M. BOURASSA: M. le Président, je crois qu'hier le ministre des
Affaires municipales a répondu à cette question.
M. PAUL: Non, il n'y a pas répondu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II a dit qu'il n'en savait rien.
M. LEVESQUE: Oui, oui, il a répondu.
M. BOURASSA: Je ne peux que répéter ce qu'a dit le
ministre des Affaires municipales, soit que nous allons exercer toute la
vigilance nécessaire pour que la constitution soit respec- tée en
ce qui a trait à la juridiction de la province dans les questions
municipales.
M. LAURIN: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que le
premier ministre favorise l'idée de réunions tripartites entre
les municipalités, les gouvernements provinciaux et le gouvernement
fédéral pour la discussion des projets municipaux et la prise de
décisions surtout?
M. BOURASSA: M. le Président, nous nous opposons à toute
réunion qui pourrait impliquer que le gouvernement du Québec ou
les gouvernements des provinces n'auraient plus la juridiction qu'ils ont en
vertu de la constitution.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que le premier ministre est bien au courant de la
déclaration qu'a faite son collègue, hier, indiquant qu'il
n'avait pris connaissance de ce projet du gouvernement central que par les
journaux?
M. BOURASSA: M. le Président, je n'ai pas pris connaissance de
toute la déclaration du ministre, hier. Je n'ai lu que là
où il disait que la juridiction du Québec serait respectée
en cette matière.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle. Comment le premier
ministre peut-il nous assurer que la souveraineté du Québec va
être respectée en ce domaine quand il ne sait même pas de
quoi il retourne et que son ministre des Affaires municipales ne le sait pas
non plus?
M. BOURASSA: M. le Président, ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai
dit que le projet de loi actuel du fédéral pouvait être
considéré comme un organisme de coordination.
Il y a, à ce qu'on nous dit, 28 organismes ou institutions
fédérales qui font affaires avec les municipalités. Que le
gouvernement fédéral ait jugé à propos de regrouper
tous ces organismes ou institutions qui font affaires avec les
municipalités, comme la Société centrale
d'hypothèques et de logements, le Conseil des ports nationaux, qui donne
des subventions en lieu de taxes foncières, que le gouvernement
fédéral ait établi une structure de coordination, dans la
mesure où cela respecte la juridiction des provinces, nous ne pouvons
pas avoir d'objections.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Des chevaux de Troie!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: Une question supplémentaire
au premier ministre, M. le Président. Etant donné qu'il
semble y avoir possibilité, suivant sa réponse de tantôt,
d'une rencontre avec le premier ministre du Canada, concernant les questions
constitutionnelles, serait-ce l'intention du premier ministre de convoquer la
commission parlementaire de la constitution avant une telle rencontre?
M.BOURASSA: M. le Président, il nous faudra décider de
l'opportunité d'une telle rencontre. Nous verrons, à ce
moment-là, s'il y a lieu de convoquer la commission parlementaire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
M. DROLET: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable Solliciteur général. A la suite de la
réinstallation de deux gardiens suspendus, à la prison
d'Orsainville...
M. BOIS: La passoire!
M. DROLET: ...le Solliciteur général peut-il dire à
cette Chambre pourquoi il a changé d'attitude d'une façon aussi
radicale, si on se rappelle la sortie assez violente qu'il avait faite la
semaine dernière, en cette Chambre, contre les surveillants de cette
prison?
Deuxièmement, a-t-il l'intention d'annoncer sous peu la
réinstallation de M. O'Neil?
M. FOURNIER: M. le Président, une enquête approfondie a
été menée par un lieutenant de la Sûreté,
enquête qui a démontré que les deux gardiens en question
avaient fait ce qu'ils avaient à faire et qu'ils ne pouvaient faire
davantage pour empêcher les évasions. C'est pourquoi ils ont
été réinstallés.
M. SAMSON: Une question supplémentaire, M. le Président.
Le ministre accepterait-il aussi de faire le même genre d'enquête
pour ceux qui ont été suspendus auparavant?
M. FOURNIER : II n'y a pas eu de suspensions auparavant. Il y a eu un
chef surveillant...
M. BOIS: Une destitution.
M. SAMSON: Le directeur O'Neil.
M. FOURNIER : Son cas est pendant à la fonction publique.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Employés de l'Assemblée
nationale
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
poser une question et je crois que c'est à vous que je dois l'adresser.
Auriez- vous l'obligeance de faire le point sur la situation des huissiers et
autres employés de l'Assemblée nationale qui se plaignent de ne
pas avoir reçu, tout d'abord, les documents établissant leur
classification et, d'autre part, les montants représentant les
augmentations de salaire et la rétroactivité auxquelles ils ont
droit?
M. LE PRESIDENT: J'ai justement discuté de cette question, je
crois, la semaine dernière avec le sergent d'armes, qui est le
responsable de ce corps de surveillance. Il m'assurait que tout était
dans l'ordre, que tout était complété et, entre autres,
qu'à la suite de l'examen de reclassification ou d'intégration
tout l'effectif avait été accepté.
Je suis un peu surpris de cette question. Je croyais personnellement que
tout était dans l'ordre, même s'ils n'avaient peut-être pas
reçu leur chèque de réajustement, du fait que leur
nouvelle classification est rétroactive au 1er avril. De toute
façon, je voudrais, avec la permission du député de
Chicoutimi, donner une réponse plus complète et plus
détaillée à la séance de demain. Cela me donnerait
l'occasion d'obtenir tous les détails qui me manquent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président. Je vous remercie de votre bienveillance mais, si je vous ai
posé la question, c'est que ce sont les personnes
intéressées elles-même qui m'ont informé. On m'a,
d'autre part, informé du fait que l'on exigerait de certaines de ces
personnes, dont les huissiers, qu'ils subissent une période
d'entraînement à l'école de police de Nicolet. Cela serait
une des raisons qui expliqueraient le retard qu'apporte la Commission de la
fonction publique à leur faire connaître ses décisions.
M. AUDET: Une question additionnelle, M. le Président. Ces
mêmes huissiers nous ont rencontrés et nous ont fait part du fait
que, loin d'avoir reçu leur chèque, ils ont vu leur horaire
hebdomadaire de travail augmenté de 32 à 40 heures. Pourriez-vous
vous informer de cela également?
M. LE PRESIDENT: Je pourrai répondre à cela demain.
M. TETRAULT: Question supplémentaire, en même temps,
lorsque vous allez faire votre enquête, M. le Président,
pourriez-vous prendre en considération les guides de l'Assemblée
nationale dont M. Paré, entre autres qui reçoit le même
salaire depuis plusieurs années?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
Grève des transports
M. PAUL: M. le Président, pourrais-je de-
mander à l'honorable ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
de faire le point, si possible, sur la grève des transports dans le
Québec métropolitain?
M. COURNOYER: II ne m'est pas possible de faire le point ce matin, mais
avec votre permission, M. le Président, demain matin, j'aurai un rapport
détaillé pour l'Assemblée nationale.
M. PAUL: Question additionnelle. Le ministre pourrait-il nous informer,
demain, s'il envisage la présentation d'une législation
particulière pour mettre fin à ce conflit comme ça s'est
produit à quelques reprises dans le passé, comme par exemple la
grève de la Traverse de Lévis et la grève des transports
à Montréal en octobre 1967?
M. COURNOYER: Je rappelle au leader de l'Opposition qu'en octobre 1967,
il y a bien eu une loi mais c'était un mois après le début
de la grève. J'y étais.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous attendez un mois de grève?
M. COURNOYER: M, le Président, qu'on ne me prête pas
d'intentions, je pense bien que je peux invoquer, moi aussi, le
règlement une fois par année.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
Dégâts causés par la
tempête
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une question à
poser au premier ministre. Le premier ministre a-t-il pris connaissance des
nombreux télégrammes qu'il aurait reçus de
différentes personnes de Saint-Joseph-de-Beauce et du
télégramme que je lui ai fait parvenir relativement aux
dommages occasionnés par la tempête, la tornade de la semaine
dernière qui a causé de nombreux dommages et détruit de
nombreuses propriétés dans cette localité?
M. BOURASSA: M. le Président, je viens à peine de prendre
connaissance de la lettre que m'a fait parvenir le député,
tantôt, et je vais en discuter avec les responsables.
M. ROY (Beauce): Le ministre pourrait-il nous informer, demain matin, en
cette Chambre des intentions de son gouvernement et s'il entend donner suite
à ces demandes pour venir en aide à ces personnes, car les
dommages causés sont trop élevés pour permettre aux gens
de s'entraider suffisamment pour qu'il y ait une compensation raisonnable pour
les dommages subis?
M. BOURASSA: Le député est au courant que nous
siégeons sans interruption à toutes fins utiles, mais
aussitôt que possible je ferai rapport soit à la Chambre soit au
député lui-même.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. Rapport anglais du Protecteur du
citoyen
M. PAUL: M. le Président, avant de passer aux affaires du jour,
pourrais-je poser une question à l'honorable premier ministre afin qu'il
nous dise si c'est dans sa philosophie du français langue de travail que
nous avons reçu ici comme premier volume le rapport en anglais "The
Public Protector, Second Annual Report" plutôt que de recevoir le rapport
français du Protecteur du citoyen? Est-ce dans la politique du premier
ministre du français langue de travail?
M. BOURASSA: M. le Président, je n'ai pas eu de rapport. Quant
à moi, je prends note très attentivement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous pouvons aller vous le porter.
M. BOURASSA: ... de la remarque du député de
Maskinongé qui, à première vue, parait très
pertinente.
M. SAMSON: M. le Président, nous l'avons reçu en
français, probablement parce que nous avons demandé la traduction
simultanée, nous autres.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LEVESQUE: M. le Président, ce matin, nous pourrons continuer
l'étude des crédits du ministère... Ah! est-ce qu'elle est
commencée? Oui. Nous...
M. BOURASSA: J'ai reçu une copie française, M. le
Président, du rapport du Protecteur du citoyen. Qu'on la porte au
député de Maskinongé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le premier ministre a-t-il des copies en
"jouai" pour les créditistes?
M. PAUL: M. le Président, pourrais-je échanger ma copie
contre celle du premier ministre?
UNE VOIX: Il va l'envoyer à Ottawa. M. BOURASSA: Cela est en
français.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous pourrons poursuivre
immédiatement à la salle 81-A l'étude des crédits
du ministère de l'Education.
Et, comme je l'ai annoncé hier, nous pourrons, en Chambre, faire
de la législation, particulièrement ce matin et cet
après-midi sur des bills à caractère technique quitte
à huit heures ce soir à entreprendre l'étude du projet de
loi relatif au développement de la région de la baie James et en
soirée nous pourrons continuer d'autres projets.
Alors, M. le Président, nous appelons immédiatement
l'article...
M. PAUL: M. le Président, l'honorable leader du gouvernement me
permettrait-il ainsi que la Chambre de revenir aux motions non annoncées
pour demander que le nom de M. Lavoie (Wolfe) soit substitué à
celui de M. Tremblay (Chicoutimi) comme membre de la commission de
l'Education?
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: Article 12.
Projet de loi no 61 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: Le ministre du Travail propose la deuxième
lecture du projet de loi no 61, intitulé Loi concernant le code du
travail.
Le ministre du Travail.
M. Jean Cournoyer
M. COURNOYER: M. le Président, ce bill très simple a
déjà été annoncé en Chambre lorsque les
ingénieurs à l'emploi de l'Hydro-Québec et les
ingénieurs à l'emploi de la ville de Montréal ont
manifesté devant le Parlement. J'avais annoncé, lors d'une
question posée par le leader du Parti québécois en
Chambre, que je verrais à prolonger d'une façon indéfinie
la reconnaissance de facto qui avait été donnée par
l'Hydro-Québec et la ville de Montréal au syndicat des
ingénieurs de l'Hydro-Québec et de la ville de Montréal,
contrairement à ce qui existait dans la loi de l'an passé,
adoptée par mon prédécesseur, le ministre du Travail.
Ce bill, qui est très court, n'annonce rien. Il ne fait que
donner ou maintenir une permission de facto reconnue par la loi d'une
façon spéciale l'an dernier. Il la maintient, cette fois-ci, pour
une période indéterminée jusqu'à ce que d'autres
législations générales soient applicables aux cadres ou
aux professionnels à l'emploi non seulement de 1'Hydro et de la ville de
Montréal, mais d'autres compagnies ou d'autres organismes
gouvernementaux ou para-gouvernementaux.
Je ne peux dire à quelle époque ce projet de loi peut
venir. Je n'ai qu'un projet de loi ici, c'est celui qui prolonge une
reconnaissance de facto déjà consentie par les deux organismes en
question à des syndicats d'ingénieurs qui pouvaient comporter des
cadres dans leur sein. Si vous vous en souvenez, on en a parlé
longtemps. Il s'agissait d'un accident, semble-t-il, de la nouvelle
rédaction du code du travail qui avait aboli tous les syndicats reconnus
et ordonnait une accréditation nouvelle par le
commissaire-enquêteur pour tous les syndicats, y compris les syndicats
d'ingénieurs de la ville de Montréal et les syndicats
d'ingénieurs de l'Hydro-Québec.
Ce bill a donc pour effet, au moins pour le moment, de permettre que les
négociations qui avaient eu cours auparavant entre le syndicat des
ingénieurs et l'Hydro-Québec ou le syndicat des ingénieurs
et la ville de Montréal se fassent sur la même base qu'elles se
faisaient avant que le code du travail, par radiation, ne détruise la
reconnaissance de facto consentie par les deux organismes en question. C'est
donc une prolongation, tout simplement, du bill de l'an passé qui avait
été adopté par mon prédécesseur pour
permettre justement la même négociation d'une convention
collective chez les ingénieurs à l'emploi de l'Hydro et de la
ville de Montréal.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous n'avons pas, quant
à nous, d'objection à l'adoption de ce projet de loi qui permet,
en somme, au ministre de prolonger les délais. Nous comprenons dans
quelles circonstances le ministre a dû concocter cette loi avec ses
collègues afin de parer à des situations qu'il avait
prévues, mais dont il ne semble pas qu'il se soit
préoccupé tellement. Nous aurions préféré
naturellement qu'il présentât un projet de loi un peu plus
complet, comportant des modifications substantielles au code du travail. Mais,
puisqu'il lui faut faire face à des situations d'urgence et aller au
plus pressé, nous n'avons pas d'objection à donner notre
agrément à ce projet de loi qui survient dans les toutes
dernières heures, tout au moins aux tout derniers jours de cette
session. Nous tenons à indiquer au ministre le désir que nous
avons de le voir s'attaquer de façon radicale, si je puis dire, à
une refonte en profondeur du code du travail, étant donné
l'ensemble des problèmes qui ont été portés
à son attention et ceux, en particulier, que nous avons
évoqués lors de l'étude du projet de loi no 46.
Ainsi donc, nous voulons bien aider le ministre du Travail à
accomplir son travail de ministre, mais nous ne le tenons pas quitte pour
autant et nous souhaitons qu'il reprenne l'ensemble de cette
législation, qu'il revoie le projet de loi no 38, et qu'il
réexamine le code du travail à la lumière des diverses
représentations qui lui ont été faites de part et d'autre
à propos des multiples conflits qui divisent les forces ouvrières
et patronales du Québec.
M. le Président, nous donnerons donc notre agrément tout
en regrettant que le ministre soit obligé de procéder ainsi,
à la sauvette, en une matière très sérieuse et qui,
nous le croyons, va l'inciter à réfléchir davantage sur
les implications de ces projets de loi parcellaires, mais qui laissent intact
l'entier du problème de la révision du code, comme il en a
déjà d'ailleurs lui-même parlé.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, seulement quelques mots sur ce projet
de loi no 61, Loi modifiant le code du travail. Comme vient de le dire le
ministre, ce projet de loi vient corriger un incident qui s'était
glissé dans la rédaction passée. Pour notre part, nous
sommes favorables à ce projet de loi d'abord pour une énorme
raison, une grande raison, parce que ce projet de loi no 61 est tout à
fait contraire au projet de loi no 46 dans le domaine de
l'éducation.
Je pense que je pourrais profiter de la circonstance pour dire au
ministre du Travail qu'il parle au ministre de la Fonction publique qui ne
semble pas partager les mêmes vues en matière
d'accréditation. Je pense que le projet de loi no 61 vient justement
louanger l'esprit volontaire en matière d'accréditation. C'est
peut-être un peu fort de féliciter le ministre du Travail de son
projet de loi, mais je pense qu'il y a là un grand principe de reconnu,
le principe du volontariat en matière d'accréditation. C'est
peut-être aussi une petite loi d'exception, mais disons que nous sommes
entièrement pour le principe de ce projet de loi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
M. Charles Tremblay
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, naturellement, nous
sommes d'accord sur le projet de loi no 61. A toutes fins pratiques, ce projet
de loi amende de nouveau l'article 20 du code du travail pour permettre aux
ingénieurs de l'Hydro-Québec et de la ville de Montréal de
continuer à négocier des conventions collectives de travail.
Cependant, je prends avis des remarques du ministre du Travail lorsqu'il disait
qu'il avait l'intention, dans un avenir assez rapproché peut-être,
d'amender le code du travail afin d'avoir une loi qui permettrait à tout
le personnel de cadre de toutes les entreprises de la province de Québec
de pouvoir négocier des conventions collectives de travail.
On prolonge cette loi, mais cela ne règle pas le cas des
ingénieurs de la ville de Québec, par exemple; cela règle
tout simplement le cas des ingénieurs de la ville de Montréal et
de l'Hydro-Québec. Nous voterons nécessairement pour ce projet de
loi, mais avec l'espoir que le ministre nous présentera, dans un avenir
assez rapproché, une loi qui amenderait le code du travail afin de
permettre à tout le personnel de cadre de toutes les associations de la
province de Québec de se syndiquer et de négocier des conventions
collectives de travail. Nous voterons donc pour ce projet de loi. Merci.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. LEVESQUE: Réplique.
M. COURNOYER: Je pourrais répliquer dans le particulier, si vous
voulez, mais j'aurais juste quelques mots à dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Répliquez.
M. COURNOYER: Je tiens strictement à rappeler aux
distingués membres de l'Opposition ce que je disais lors de
l'étude des crédits de mon ministère sur le syndicalisme
de cadre.
Je n'aurais pas objection, d'ici peu de temps pas
nécessairement en plein milieu de l'été, je tiens à
vous le dire qu'à un moment donné on demande les opinions
de la population ou des cadres, parce qu'il est bon que les cadres se
prononcent parfois sur leur propre sort. Il est possible que la commission
parlementaire du Travail et de la Main-d'oeuvre soit appelée lors du
début de la prochaine session à entendre les mémoires de
personnes qui sont intéressées à la solution de ce
problème, vu qu'il semble bien que le Conseil consultatif du Travail et
de la Main-d'Oeuvre soit en face d'un constat d'échec encore sur cette
étude du syndicalisme de cadre.
Comme je l'ai dit lors de l'étude de mes crédits, la
commission parlementaire du Travail et de la Main-d'oeuvre pourrait fort bien
se réunir pendant la prochaine session et entendre les mémoires
qui pourraient lui être présentés par une foule de
personnes, y inclus les cadres, pour étudier ou donner aux
parlementaires l'occasion de sentir le pouls des cadres, des entreprises et des
corps publics face à la venue du syndicalisme de cadre au Québec.
C'est tout ce que j'avais à dire.
M. LAURIN: Est-ce une invitation officielle que le ministre du Travail
et de la Main-d'Oeuvre fait actuellement à tous ceux qui sont
intéressés par la question de préparer des mémoires
et de demander à être entendus au cours de
l'été?
M. COURNOYER: M. le Président, c'est une invitation que je rends
maintenant officielle à la suggestion du leader du Parti
québécois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Prési-
dent, je ne sais pas si les députés des autres partis sont
d'accord, mais on pourrait passer toutes les étapes, le comité et
tout cela et faire les entrées.
M. LAURIN: Oui, j'aurais juste une autre petite remarque à faire.
Je vois que le ministre a été prudent cette fois-ci. Il se
contente de retrancher la date pour éviter d'avoir à
présenter probablement un projet de loi analogue l'année
prochaine ou lorsque le syndicat des employés de la ville de
Montréal sera placé dans la même situation. J'espère
que cela ne reflète pas un certain pessismisme de la part du ministre du
Travail quant à la date de la présentation de la Loi sur le
syndicalisme de cadre. J'espère que cela reflète quand même
un optimisme modéré quant au rythme des travaux qui sont
actuellement effectués au sein de son ministère. J'aimerais quand
même être rassuré une nouvelle fois sur ce point.
M. COURNOYER: Très modéré.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Comité plénier et troisième
lecture
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture, adopté. Comité
plénier. La motion de troisième lecture est-elle
adoptée?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. GUAY: Adopté.
M. LAURIN: Adopté.
M. LEVESQUE: Article 10.
Projet de loi no 60 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire, pour l'honorable
ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives, propose la deuxième lecture du projet de loi no 60,
Loi modifiant la loi des renseignements sur les compagnies.
Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
L'honorable ministre.
M. LEVESQUE: Comité.
M. TETLEY: Très bien, M. le Président.
UNE VOIX: Comité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant! Un instant!
M. LEVESQUE: D'accord.
M. William Tetley
M. TETLEY: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur de
la province a pris connaissance de ce bill et il en recommande l'étude
à la Chambre.
M. le Président, le projet de loi déposé devant
l'Assemblée nationale a pour but de remédier à des
problèmes juridiques et administratifs causés par des lacunes et
des imprécisions dont souffre l'actuelle loi des renseignements sur les
compagnies. En effet, c'est un bill assez technique.
Un des rôles essentiels du ministre des Institutions
financières est de recueillir les informations exigibles des
corporations en vertu de cette loi. Encore faut-il qu'il soit en mesure de
forcer les corporations à respecter la loi. Un prérequis est
qu'il sache quelles corporations sont en existence et quelles sont celles qui
n'existent plus.
Il doit également être en mesure d'établir un
constat de décès lorsque les faits lui démontrent qu'une
corporation est décédée, même si la date
précise d'extinction ne peut être arrêtée avec
certitude.
Enfin, il doit être en mesure de mettre fin à l'existence
d'une corporation lorsque les circonstances démontrent qu'elle n'exerce
plus de pouvoirs corporatifs et qu'elle n'est plus, à toutes fins
pratiques, qu'une coquille affublée du nom de corporation.
Il apparaît pour le moins normal que l'Etat soit assuré de
l'existence ou de l'extinction des corporations qu'il a lui-même mis au
monde. Or, à défaut d'avoir été doté d'un
tel outil, les classeurs du ministère sont encombrés de dossiers
de corporations dont nous avons la certitude morale, mais non légale, de
leur extinction. On comprendra facilement que ce n'est pas le genre de
certitude dont se contente le public investisseur, créancier ou
détenteur de valeurs.
Le doute légal engendré par cette situation embarrasse
considérablement la bonne administration de cette loi. En effet, lorsque
le ministre tente de forcer les corporations qui n'ont pas satisfait aux
exigences de cette loi à produire les renseignements requis, il se
heurte à tant de corporations éteintes et donc à des
dépenses élevées et inutiles qu'il est devenu prohibitif
de tenter de lui donner quelque effet.
Le présent projet aura pour effet de nettoyer les dossiers
(à peu près 40,000 à 60,000 dossiers) des corporations
mortes ou dont l'existence est douteuse, de maintenir l'ordre ainsi
établi et de permettre de suivre pas à pas, si l'on peut dire,
les corporations existantes qui ne se conforment pas à la loi.
Grâce à ces amendements, nous pensons éliminer et
enterrer définitivement quelque
30,000 corporations non officiellement liquidées, sommer ensuite
quelque 20,000 corporations récalcitrantes et redonner à cette
loi le sérieux qu'elle n'est pas loin d'avoir perdu
complètement.
M. LE PRESIDENT (Blank): Le député de Montmagny.
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'ai une seule remarque
à faire en deuxième lecture. Il me semble que la loi a une
portée un peu trop générale. Le ministre vient de dire que
les classeurs du ministère sont encombrés de dossiers pour des
compagnies qui ne font pas de rapport. Je crois bien qu'il s'agit surtout de
dossiers de compagnies incorporées en vertu de la troisième
partie de la Loi des compagnies. Dans le cas d'une compagnie qui a
été incorporée en vertu de la première partie de la
loi, il s'agit d'une entreprise qui est en affaires et il y a une
déclaration d'impôt certainement qui est produite au
ministère du Revenu, parce que le ministère du Revenu suit de
près les affaires de la compagnie par les déclarations
d'impôt.
Alors, je ne sais pas s'il n'y aurait pas une distinction à faire
au lieu de mettre toutes les entreprises sur le même pied et
d'entreprendre une série de publications. A ce moment, au bout d'un
certain intervalle de temps, un créancier pourrait entreprendre
certaines procédures de réinstallation ou redemander la
permission pour que la compagnie fonctionne à nouveau. Je me demande
s'il n'y aurait pas une distinction à faire pour ces entreprises qui
sont en affaires, qui font une déclaration d'impôt, qui sont en
loi avec le ministère du Revenu, mais qui peuvent être en
défaut avec le ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives. Il ne semble pas y avoir de lien
établi entre, d'une part, le ministère du Revenu et, d'autre
part, le ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives dans cette loi.
C'est une suggestion que je fais au ministre. En comité,
peut-être qu'il y aurait moyen d'introduire une disposition pour
faciliter l'application de la loi.
M. LE PRESIDENT (Blank): Le député de Frontenac.
M. Paul-A. Latulippe.
M. LATULIPPE: M. le Président, au nom de mon groupe,
évidemment, nous sommes aussi favorables au principe de ce bill.
Permettez-moi de souligner qu'il est très difficile d'application pour
la majorité des petites compagnies...
Le principe du projet de loi même, c'est justement de permettre de
dissoudre les compagnies qui ne se soumettront pas à la
réglementation voulant qu'elles produisent des renseignements.
Actuellement, dans la majorité des petites compagnies, j'oserais
dire que nous avons chaque mois quatre à cinq rapports assez volumineux
à produire pour des dates fixes avec des amendes. Justement, j'aimerais
que le ministère fasse preuve de beaucoup plus de coopération
avec le ministère du Revenu pour qu'éventuellement il y ait une
simplification des rapports et non pas duplication, comme cela se produit
actuellement.
Actuellement, nous produisons un rapport pour le Bureau
fédéral de la statistique, un rapport similaire pour le Bureau de
la statistique du Québec, des rapports similaires pour les
comités paritaires et bien souvent pour les unions auxquelles nous
sommes accréditées et également pour le ministère
du Revenu. Ce qui fait qu'il se produit une duplication
répétée. Nous estimons que le ministère aurait
certainement avantage à introduire une collaboration étroite avec
d'autres ministères dans le but de simplifier cela, notamment avec les
ministères du Revenu et de l'Industrie et du Commerce.
Sur ce, merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Blank): L'honorable député de Gouin.
M. Guy Joron
M. JORON: M. le Président, me référant à un
article publié dans le Financial Post le 26 juin 1971, qui reproduisait
certaines déclarations du ministre des Institutions financières
quant à l'opportunité d'avoir au Québec un
répertoire des compagnies, un dépôt central des
renseignements, et je serais intéressé à savoir de quelle
façon le bill 60 est pour le ministre un instrument qui permet la mise
en oeuvre de ce répertoire, d'une part. D'autre part, je voudrais tout
simplement dire qu'il est important me référant à
une déclaration du ministre d'il n'y a pas tellement longtemps
qu'il y ait un ministère, un endroit où les renseignements sont
centralisés et qu'il y ait un ministre responsable. Il est important de
toujours être au courant et le plus au courant possible de ce qui se
passe dans les différentes entreprises, dans les différentes
compagnies. Nous sommes encore loin, malheureusement, d'un véritable
office de planification où il s'agit non pas seulement de renseignements
concernant par exemple, les actionnaires, le dernier état financier de
la compagnie, mais d'un endroit où pourrait être discuté
avec les autorités publiques, dans le cadre d'un plan de
développement, l'opportunité de tel investissement ou de tel
autre. Cela, je pense que ce n'est pas encore pour aujourd'hui,
malheureusement. Le projet de loi nous apparaît certainement favorable
dans le sens qu'il permet, pourvu qu'on sache bien l'utiliser, au gouvernement
de mieux connaître la réalité des acteurs de la
scène économique québécoise.
M. LE PRESIDENT (Blank): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'aurais quelques
suggestions à faire à l'honorable ministre des Institutions
financières à propos du projet de loi no 60. Je ne veux pas
prêter des intentions au ministre, mais nous avons l'impression que c'est
une loi dite de débarras que le ministre propose à l'adoption de
la Chambre. J'aimerais que le ministre nous dise quelles sont ses intentions
concernant la publication régulière d'un répertoire des
sociétés industrielles, commerciales, etc. J'aimerais qu'il nous
dise si, dans l'avenir, il a l'intention puisqu'il s'agit de
renseignements sur les compagnies, cela comporte tout genre de renseignements
d'établir des normes concernant les noms, c'est-à-dire les
raisons sociales des sociétés et d'exiger de ces
sociétés d'abord qu'elles n'aient pas des noms ridicules et
surtout qu'elles aient des noms français. J'aimerais que le ministre
nous fasse part des intentions de son ministère concernant les raisons
sociales. J'insiste sur ceci que les raisons sociales devraient normalement
être maintenant en français avec, le cas échéant,
une traduction anglaise quand cela est absolument nécessaire.
Et surtout, que l'on ne retrouve plus, puisqu'il s'agit d'un
renseignement important que le nom d'une compagnie ou d'une
société, de ces noms ridicules comme ceux que j'ai
déjà vus, comme on me l'avait signalé. Il y avait, entre
autres, un restaurant de Montréal qui avait été
incorporé sour la raison sociale suivante: "Chez on se bourre la fraise
Inc.,". C'était "On se pacte la fraise" ou "On se bourre la fraise", peu
importe. J'espère que le ministre voudra tenir compte de ces suggestions
en ce qui concerne le répertoire, les noms, c'est-à-dire les
raisons sociales, et que ces raisons sociales seront désormais en langue
française et en excellent français.
Je lui suggère, à cet égard, de se mettre en
relation, comme il l'a sans doute déjà fait, avec l'Office de la
langue française du ministère des Affaires culturelles qui est
toujours disposé à fournir aux requérants des suggestions
concernant les noms de ces sociétés.
M. TETLEY: M. le Président...
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président... M. TETLEY: Je vous demande
pardon.
M. PAUL: J'en serais agréable à mon honorable ami...
M. le Président, nous assistons à l'Assemblée
nationale aux mêmes événements qui se déroulent
lorsque la fin de l'année scolaire approche. Nous sommes dans la
période du grand ménage. Je me demande, M. le Président,
quelle efficacité administrative le ministre entend obtenir avec cette
législation, si ce n'est que pour dégraisser les dossiers du
ministère, que de vider les classeurs. Je comprends, M. le
Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est l'opération
"débarras"!
M. PAUL: ... que c'est l'opération, comme le mentionne le
député de Chicoutimi, "débarras" alors qu'on est
censé, M. le Président, nous présenter aux tout derniers
jours de cette session, avant l'ajournement d'été, que des
législations à caractère d'urgence.
M. le Président, ce n'est pas cette législation que le
ministre redorera le blason du ministère des Institutions
financières. Le mécanisme de décès et de
résurrection des compagnies ne mérite pas de commentaires ni
désapprobateurs, ni approbateurs. Cette législation est tout
à fait anodine et, parmi les législations les plus insignifiantes
que le gouvernement nous aura demandé d'adopter, certainement que le
bill no 60, comme le bill no 14, Loi sur le poisson, auront ce caractère
d'inutilité.
Je me demande en fait, M. le Président, si on n'aurait pas pu se
servir de la clause omnibus que l'on peut retrouver dans le chapitre 26 des
lois de 1969, pour faire les corrections et les juxtapositions qui s'imposent
dans la loi fonctionnelle du ministère.
De toute façon, M. le Président, comme c'est une loi
à caractère insignifiant, nous souscrirons à l'acceptation
en deuxième lecture de ce projet de loi, sauf qu'elle aura permis des
remarques fort appropriées à des suggestions constructives de la
part de mon collègue, l'honorable député de Chicoutimi,
qui a soulevé un point. Je sais que le ministre se fera un apôtre
auprès des fonctionnaires de son ministère afin que ces
fonctionnaires consultent l'Office de la langue française pour que le
Québec, dans le domaine de l'appellation des compagnies, puisse garder
un caractère français.
Le ministre, M. le Président, qui améliore sa langue
française de jour en jour, ce dont nous le félicitons très
sincèrement, vit intensément un véritable bilinguisme. Je
sais qu'il l'imposera.
Contrairement à mes habitudes, j'ai commencé par lancer le
pot avant d'envoyer les fleurs.
Les remarques du député de Chicoutimi devraient faire le
sujet d'une étude sérieuse des fonctionnaires du ministère
des Institutions financières, Compagnies et Coopératives.
Sûrement qu'à la lumière des remarques fort à point
faites par le député de Chicoutimi le ministre verra à
donner des instructions pour que nous puissions connaître une
amélioration marquée dans ce domaine de la dénomination de
nos compagnies québécoises.
M. William Tetley
M. TETLEY: M. le Président, qu'il me soit permis de
répondre aux remarques des honora-
blés députés. Tout d'abord je crois que la loi est
très importante, ou assez importante, car c'est elle qui fait le
nettoyage de nos documents, de nos fichiers. Pour moi et pour le
ministère, c'est très important. Evidemment, comme l'a
noté le député de Montmagny, nous avons déjà
fait un travail énorme avec le ministère du Revenu. En effet,
nous sommes certains que 20,000 compagnies sont mortes à l'heure
actuelle, en vertu de ses chiffres. Nous avons les noms mais il faut quand
même les tuer ou les déclarer mortes.
Le député de Montmagny a soulevé un point
intéressant: La Loi des compagnies a une formule pour terminer les
activités d'une compagnie mais pas pour les corporations sans but
lucratif. H n'y a pas de possibilité pour terminer les activités
de ce genre de compagnie.
Le député de Frontenac, je crois, a soulevé la
question des petites compagnies. Je reçois chaque jour des lettres de
sociétaires de petites compagnies demandant la dissolution de telles
compagnies ou voulant obtenir des renseignements au sujet de ces compagnies.
Nous n'en avons pas, c'est pourquoi nous allons forcer les compagnies à
nous donner des renseignements ou à se dissoudre.
La Loi des compagnies a une procédure très lourde,
très lente et très dispendieuse. Les procédures que nous
avons ici sont moins lourdes, beaucoup moins longues et beaucoup moins
dispendieuses pour le gouvernement et pour les petites compagnies en
question.
Le député de Gouin a soulevé la question du fichier
central. C'est, en effet, une étape vers un fichier central. On ne peut
pas inscrire 110,000 compagnies dans un fichier central lorsque nous croyons
que ces compagnies n'existent plus sinon qu'elles n'existent que parce qu'elles
ont une charte du lieutenant-gouverneur de la province, du Secrétaire de
la province ou du ministre des Institutions financières, suivant le
cas.
Donc, il faut, dès aujourd'hui, mettre fin à ces
compagnies par des procédures qui sont assez longues. Vous verrez qu'il
y a des délais d'un an, etc. Les sociétaires sont
protégés.
L'honorable député de Chicoutimi a soulevé une
question très importante : les raisons sociales, les noms ridicules, les
noms qui ne sont pas français. Depuis quelque temps et ce n'est
pas simplement la politique du gouvernement actuel mais de mes
prédécesseurs, y compris, je crois, l'honorable
député de Maskinongé, lorsqu'il fut Secrétaire de
la province il existe une politique de noms français et
aujourd'hui, certainement, une coopération avec l'Office de la langue
française.
Hier, j'ai eu l'exemple d'une compagnie. Un avocat
canadien-français voulait le nom Giroux Imprimerie. Je crois que
c'était le nom ou quelque chose comme ça, et notre service
voulait le nom Imprimerie Giroux Limitée. L'avocat a dit: Il faut mettre
le nom dans l'annuaire, on est connu sous le nom Giroux, tout le monde
connaît M. Giroux, qui n'est pas ici le nom réel. En tout cas,
malgré cela nous avons insisté, il fallait trouver un nom, une
formule acceptable.
Je remercie le député de Maskinongé de ses
compliments. J'ai pris bonne note de ses remarques et je crois qu'il est
essentiel que ce projet de loi soit adopté en deuxième
lecture.
M. LE PRESIDENT (Blank): Est-ce que la motion de deuxième lecture
du projet de loi no 60 est adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT (Blank): Le ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives fait motion pour que je
quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier pour étudier le bill no 60. Cette motion est-elle
adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. LE PRESIDENT (Phaneuf): Bill no 60, article 1.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je reviens sur une
demande que je faisais tout à l'heure au ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives concernant le
répertoire des sociétés commerciales, industrielles, etc.
Est-ce que le ministère publie régulièrement un
répertoire indiquant tous les noms des entreprises, le type des
entreprises, le lieu des entreprises? Nous en avons quelquefois des fascicules
détachés, mais est-ce qu'il existe un grand répertoire de
toutes ces sociétés?
M. TETLEY: En effet nous n'en avons pas, mais c'est notre but avec le
fichier central, un bon jour. Pour le moment c'est impossible, surtout avec
peut-être 40 p.c. qui sont des compagnies dont l'existence est
douteuse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre parle de fichier central, ce qui
est excellent, mais ce fichier central, évidemment, permet à
quelqu'un qui veut avoir un renseignement de l'obtenir par le truchement du
ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives. Mais si, régulièrement,
périodiquement, le ministère publiait un répertoire auquel
s'annexeraient chaque année des fascicules concernant les nouvelles
sociétés incorporées, cela nous permettrait d'avoir un
instrument de consultation et de référence extrêmement
utile. Je ne crois pas que ce soit une complication ni même que cela
coûte très cher puisque c'est une publication qui pourrait
être vendue. A partir du fichier central, le ministère pourrait
publier chaque année d'abord un premier répertoire sur les
sociétés existantes et ensuite y ajouter
chaque année des fascicules ou des encarts sur les noms et la
nature des nouvelles sociétés qui naissent jour après
jour, en même temps que l'on pourrait avoir aussi une liste des
sociétés qui meurent ou qui sont dissoutes.
M. TETLEY: Je vous remercie de votre question. Cela n'existe pas et je
n'ai jamais pensé à un tel répertoire, pour être
franc. D'autre part, cela ne veut pas dire que ce n'est pas une bonne
idée. C'est peut-être une très bonne idée. Je sais
qu'aucune province, ni le fédéral ni, évidemment, les
Etats-Unis n'ont un tel répertoire. Quant au coût, je me
demande...
Je suis certain que ce sera d'une grande utilité parce que
lorsque je pratiquais le droit dans une étude légale, il fallait
envoyer une lettre à Ottawa ou à Québec ou visiter la
bibliothèque du Barreau de Montréal où il y avait un seul
répertoire pour la province, si je ne me trompe pas. Vous avez
peut-être raison de dire que c'est notre devoir, au ministère, de
préparer un répertoire. Je voudrais évidemment commencer
ce travail peut-être un an après la mise en oeuvre, après
que nous aurons au moins biffer de nos listes 20,000 ou 30,000 compagnies.
Je vois l'utilité d'un tel répertoire dans chaque district
judiciaire. En tout cas, le sous-ministre est ici et il faut qu'il prenne bonne
note de votre suggestion. Je vais faire rapport au député de
Chicoutimi du coût du projet et si ce répertoire existe ailleurs.
Je trouve cela très intéressant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie le
ministre de la considération qu'il apporte à cette suggestion que
je lui fais. Il va entreprendre là quand même un travail assez
important à partir de la mise en application de ce projet de loi. On va
faire, en somme, l'examen des dossiers de toutes les sociétés
dissoutes ou qui devraient l'être. Cela va évidemment obliger le
ministre à considérer aussi le cas des sociétés
existantes; il pourrait, dès maintenant, demander à un
fonctionnaire de préparer ce qui est en fait une sorte de catalogue.
J'insiste là-dessus parce que j'ai souvent affaire avec des gens qui
travaillent dans les sociétés d'assurances et qui ont besoin de
renseignements sur les médecins. Il y a un répertoire des
médecins comme il y a un répertoire du Barreau, il y a un
répertoire des divers ordres de professions.
Il serait extrêmement utile, pour les investisseurs comme pour
tous les citoyens en particulier, qui ont quelque relation avec des
sociétés, d'avoir un tel répertoire. Je comprends que la
mise de fonds initiale peut être d'une certaine importance, mais comme je
le signalais tout à l'heure au ministre, ce répertoire pourrait
être vendu par l'Editeur officiel du Québec aux gens qui: en ont
réellement besoin dans l'exercice de leur profession.
M. VINCENT: D'ailleurs, pour ajouter à ce que vient de dire le
député de Chicoutimi, je crois qu'un tel répertoire existe
déjà en ce qui concerne les coopératives. Nous avons, tous
les ans je crois, un document qui, autrefois, émanait du
ministère de l'Agriculture et qui donnait le répertoire de toutes
les coopératives de la province de Québec. Je ne sais pas si cela
existe encore, je le crois, cela venait du service concerné.
M. TETLEY: Oui, mais le nombre de coopératives n'est pas grand,
évidemment. Je note, par exemple, que le Barreau de l'Ontario n'avait
pas de répertoire. Le répertoire du Barreau de Montréal
était sur. de petites cartes et c'était très bien.
Antérieurement, le Barreau de Montréal avait un répertoire
pour toutes les compagnies du Canada et les compagnies de la province de
Québec. Je recevais souvent des appels d'avocats de Toronto me
demandant, si une telle compagnie existait, de faire une étude pour
eux.
En tout cas, je trouve la suggestion intéressante; je vais faire
une étude le plus tôt possible et je ferai rapport.
M. LAURIN: Par ailleurs, M. le Président, j'ai remarqué
que dans son discours de deuxième lecture le ministre demeurait
très flou sur le nombre de sociétés déjà
mortes ou en voie d'extinction.
Il a d'abord commencé par mentionner le chiffre de 40,000, puis
il est monté à 50,000, puis il est monté à 60,000.
C'est véritablement des écarts extraordinaires qui
témoignent justement de l'absence d'un instrument de travail qui
m'apparaît absoluement essentiel. Cela m'apparaît inconcevable pour
la saine administration de l'économie. En ce sens-là, je
joindrais ma voix à celles qui se sont déjà fait entendre
pour demander que le ministère se dote au plus tôt de cet
instrument, qui, pour ma part, m'apparait essentiel.
M. LATULIPPE: M. le Président, est-ce qu'on me permettrait de
faire une suggestion au ministre également? Je l'ai abordée un
peu, c'est justement la question du dédoublement de renseignements. Le
ministre a abordé aussi la question de la banque de renseignements en
matière de dossiers de compagnies. J'imagine qu'il serait très
facile d'inclure une banque de renseignements à même les
données du bureau québécois de la statistique et, par ce
fait même, on éviterait certainement un dédoublement de
rapports. Actuellement, il faut produire un rapport au ministère des
Institutions financières. On produit un rapport avec à peu
près les mêmes données plus un certain nombre de
données au ministère de l'Industrie et du Commerce pour fins de
statistiques et également à Ottawa avec à peu près
les mêmes normes.
Alors, il y a certainement beaucoup de travail à gagner pour tout
le monde là-dedans, pour les compagnies et pour le gouvernement. Je me
demande justement si cette future banque de renseignements que le
ministère a l'intention d'instituer ne pourrait pas se faire justement
à partir des données du ministère de l'Industrie et du
Commerce, ce qui serait de nature, j'en suis convaincu, à assurer un
meilleur fonctionnement et à économiser du temps pour tout le
monde.
M. TETLEY: En effet, le fichier central, c'est une banque
d'informations. Un comité interministériel cherche à
trouver quelle information il nous faut au Québec, dans sept
ministères ou dans les 23 ministères. Mais sept ministères
sont impliqués dans ce comité interministériel.
J'espère que d'ici deux ans nous aurons notre fichier central avec les
données que vous voulez et que tout le monde veut.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je reviens sur le
sujet que j'ai abordé tout à l'heure. Je ne veux pas prolonger
plus longuement cette discussion, mais, à l'occasion de la
préparation de ce fichier central, le ministère va avoir à
examiner les dossiers de chacune des sociétés existantes. Ce
serait, à mon sens, l'occasion trouvée pour étudier le cas
spécifique de la qualité de la raison sociale en ce qui concerne
la langue française.
Le ministre, je sais, est tout à fait d'accord là-dessus.
Il y a un très grand nombre de sociétés qui ont des noms
anglais, des raisons sociales en langue anglaise, et il y a des raisons
sociales en langue française qui, tout simplement, consistent en une
juxtaposition de mots à consonnance française, mais qui sont
formulés de telle façon que, syntaxiquement, ce n'est pas
français.
Je donne un exemple très précis au ministre, je ne fais de
reproche à aucune société de transport, mais il en existe
de multiples au Québec. Elles ont à peu près toutes le
même nom. C'est Rimouski Transport, Chicoutimi Transport, Hamel
Transport, Cartier Transport, Beaumont Transport, etc. Ce sont deux mots
français, si vous vouiez, mais, en réalité, c'est
bâti, c'est construit selon les règles de la syntaxe anglaise. A
ce moment-là, on ne dira pas Rimouski Transport, on dire Les transports
Rimouski ou Les transports de Rimouski ou la Société de transport
de Rimouski. C'est un peu plus long peut-être, mais, lorsqu'on dit
Rimouski Transport, on peut traduire immédiatement en anglais, Rimouski
Transport. Vous avez une raison sociale qui est anglaise à sa face
même, même si les mots qui la constituent ont une consonnance
française ou une visualisation française.
Alors je signale ce point de vue au ministre et je le mets en garde
justement contre cette résistance qu'il a dit lui-même avoir
rencontrée chez des avocats qui sont appelés à agir en
leur qualité lorsqu'il s'agit d'incorporation.
Ces gens-là ont une attitude d'esprit ici, tous les avocats
sont attaqués du même coup à mon sens,
réactionnaire en ce qui concerne les raisons sociales. Je vois le leader
parlementaire du gouvernement qui fronce les sourcils, mais qui me donne
raison. Alors, les avocats ont toujours une attitude, si vous voulez, de
réaction. Ils disent: Cela va compliquer le problème devant la
cour, lorsqu'on aura à plaider devant un tribunal ou devant un juge de
langue anglaise; c'est un peu compliqué, etc., l'habitude, la
jurisprudence. Ils font appel à toutes sortes de raisons fort valables,
mais qui ne devraient plus exister à un moment où le
gouvernement, à la suite de celui qui l'a précédé,
s'est engagé à faire du français vraiment la langue
d'usage. L'un des meilleurs moyens d'indiquer aux citoyens que le
français est la langue d'usage, c'est de rendre, visuellement parlant,
le français présent partout. D n'y a rien de plus visuel, il n'y
a rien de plus percutant que l'enseigne d'une société. On n'a
qu'à se promener ici dans la ville de Québec ou dans la ville de
Montréal plus encore pour voir jusqu'à quel point on
méprise la langue française.
Je donne cet exemple au ministre: quand j'entends à la radio ou
que je vois à la télévision une réclame commerciale
pour une entreprise qui s'appelle Paradis Muffler ou le Roi du Muffler,
à ce moment-là, vous comprenez que je sursaute, parce que c'est
quelque chose d'absolument inacceptable.
Alors, en préparant ce fichier central, en examinant les dossiers
des sociétés existantes et en bonne santé et des
sociétés qui vont disparaître, le ministre pourrait
s'attaquer immédiatement à cette réforme et surtout exiger
de toutes celles qui vont demander à être incorporées de
présenter une requête portant un nom qui soit vraiment
français et dans sa consonance et dans sa syntaxe et dans son aspect
visuel.
Je sais que le ministre est très sensible à cette
question. Le député de Maskinongé le félicitait
tout à l'heure. Je m'associe à lui pour féliciter le
ministre de l'excellente langue qu'il parle, et français et anglais. Je
voudrais qu'il mette en application les principes qu'il pratique lui-même
et qu'il en convainque ses collègues de langue française. En
effet, je suis sûr que la résistance qu'il va rencontrer, ce sera
davantage chez ses collègues de langue fraçaise que chez ses
compatriotes de langue anglaise.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On a un grand débat.
M. PAUL: Un instant, M. le Président. Est-ce que l'honorable
ministre pourrait nous dire combien de compagnies vont décéder
à la suite de l'adoption de sa loi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II a dit qu'il allait les tuer.
M. TETLEY: Les tuer ou constater leur décès. C'est
très difficile à dire parce qu'il y a des compagnies qui n'ont
pas fourni, depuis onze ans, les renseignements requis. Il y en a d'autres qui
vont les fournir dans les délais. Nous leur donnons ce droit le bill
n'est pas si injuste qu'on le pense. H y en a d'autres qui sont en règle
avec le ministère du Revenu, mais pas avec notre ministère. Il y
a peut-être des erreurs dans notre ministère ; peut-être que
nous avons bien reçu les renseignements et que nous ne les avons pas
notés. Donc, je crois que le total se chiffre par 40,000 compagnies,
même 50,000 compagnies.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, le ministre vient de
parler surtout de ces vérifications avec le ministère du Revenu.
Mais il y a d'autres sociétés qui font surtout rapport au
ministère de l'Education et au Haut-Commissariat à la jeunesse,
aux loisirs et aux sports. Il y a toutes ces sociétés sans but
lucratif, incorporées en vertu de la troisième partie de la loi,
qui sont des organismes pour la promotion des loisirs et des sports. Il y a
probablement des milliers de ces petites sociétés. Sur la
quantité, il y en a probablement 25 p.c, 30 p.c. ou 40 p.c. de ces
petites sociétés qui ne font pas de rapport annuel au
ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives. Est-ce que le ministre ne croit pas que s'il n'a pas
établi de contact assez étroit avec le ministère de
l'Education et le Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux
sports, qui reçoit un rapport annuel de ces sociétés qui
sollicitent une subvention on sait qu'en vertu d'une autre loi, tout
organisme qui reçoit une subvention doit faire un rapport à un
service gouvernemental il va alourdir considérablement et
gêner considérablement le fonctionnement de ces petites
sociétés? Est-ce qu'il n'y aurait pas d'autres mécanismes
plus souples que celui-là, de publier un avis qui pourrait entraf-ner la
dissolution de la société? Ne pourrait-il pas se contenter du
rapport qui est produit au haut-commissariat pour l'obtention d'une
subvention?
M. TETLEY: N'oubliez pas, M. le Président, qu'en vertu de la Loi
des renseignements sur les compagnies, chapitre 273, bien des compagnies sont
exclues: ni corporation ecclésiastique, religieuse ou
éducationnelle, ni un syndicat professionnel formé en vertu de la
Loi des syndicats professionnels, ni un syndicat coopératif formé
en vertu des dispositions de la Loi des syndicats coopératifs, ni des
sociétés coopératives agricoles formées en vertu
des dispositions de la Loi des sociétés coopératives
agricoles, ni aucune compagnie de cimetière, qu'elle soit
constituée en vertu d'une loi générale ou spéciale
de la province...
Donc, il y a bien des exceptions qui ne sont pas touchées ici.
J'espère qu'un bon jour toute compagnie, toute association se retrouvera
dans notre fichier central et qu'une loi sur les renseignements des
institutions financières, compagnies, coopératives, associations,
etc., existera pour tout le monde. C'est un premier pas. Je ne veux pas
créer un empire, je ne veux pas être celui qui contrôle
toutes les associations de tous les ministères. On m'a donné le
fichier central à mon ministère. C'est un pas, une étape.
J'espère, un bon jour, tout contrôler. Si le conseil des
ministres, le gouvernement et l'Opposition trouvent une telle décision
valable. Mais pour l'instant il faut faire la preuve de notre efficacité
dans ce domaine. Nous avons aussi consulté, par exemple, le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche au sujet de
leurs compagnies et de leurs rapports. Nous avons tout un système. Donc,
je crois qu'à l'avenir... En tous les cas, le bill est une grande
amélioration.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 3?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 4? Adopté. Article 5?
Adopté. Article 5 a)?
M. PAUL: M. le Président, je connais tellement le ministre comme
un grand démocrate, est-ce que cela ne lui répugne pas un peu de
poser des gestes que l'on pourrait qualifier de quasi dictatoriaux?
M. TETLEY: Je crois que non, parce que la même procédure
existe dans la Loi des compagnies. Une compagnie qui n'a pas fourni les
renseignements est injuste envers les sociétaires. De qui
reçois-je les demandes? Des créanciers. Il faut de l'ordre. Il
faut que les compagnies, les administrateurs et les officiers de ces compagnies
suivent la loi. Je ne crois pas que ce soit injuste. Je crois qu'on insiste
pour que ces compagnies suivent la loi.
M. PAUL: Je suis sûr que cela vous répugne. M. TETLEY:
Pardon?
M. PAUL: Je suis sûr que cela vous répugne. M. TETLEY: Je
n'ai pas compris.
M. PAUL: Je suis certain que cela vous répugne.
M. TETLEY: Cela ne me déplaît pas du tout.
M. PAUL: C'est plus grave, à ce moment-là. C'est du
masochisme.
M. LE PRESIDENT: Article 5 a), adopté. Article 5 b)
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 5 c)
M. PAUL: Un instant, M. le Président. Nous ne sommes pas
pressé. Nous sommes ici jusqu'à la fin d'août.
M. LE PRESIDENT: Article 5 b).
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 5 c), adopté?
M. PAUL: Vous avez peut-être eu le temps de lire les articles mais
nous, nous avons siégé jusqu'à une heure et demie, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: J'étais présent moi aussi.
M. PAUL: A l'article 5 c), M. le Président, le ministre
pourrait-il nous donner un exemple d'une dissolution par péremption?
M. TETLEY: M. le Président, l'article 25 de la Loi des compagnies
donnait, peut-être il y a longtemps, un moyen de dissoudre une compagnie.
Personne ne savait si la compagnie était dissoute ou non. Mais il faut
ce paragraphe parce que si, par exemple, la compagnie est, en effet, dissoute
depuis dix ans, il ne faut pas lui redonner vie. Autrement, les
créanciers ou peut-être les officiers auront toutes sortes de
responsabilités.
M. PAUL: Mais vous allez les faire revivre, ces compagnies?
M. TETLEY: Non.
M. PAUL: Avec l'avis. Si elles se conforment à l'avis.
M. TETLEY: Non parce qu'en vertu du paragraphe 2 de l'article 5 c), on
ne peut pas faire revivre une compagnie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quel est, dans l'esprit du ministre, le
délai qu'il fixera?
M. TETLEY: J'ai posé cette question moi-même à mes
fonctionnaires depuis longtemps. Nous avons discuté cette question. Je
crois, peut-être, de 60 jours à six mois. Moi-même, je suis
entre ces ceux chiffres, pour le premier avis, à l'article 5 b).
M. PAUL: C'est instanter.
M. TETLEY: Pardon?
M. PAUL: Le deuxième avis est instanter.
M. TETLEY: Oui mais voici: S'il faut préparer un livre de 40,000
noms, cela fera plusieurs livres, plusieurs Gazettes officielles. Votre
répertoire sera peut-être d'une grande importance.
M. PAUL: N'oubliez pas cela. C'est bon.
M. TETLEY: Vous aurez votre nom au répertoire.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 5 d), adopté. Article 5
e), adopté. Article 5 f ).
M. PAUL: A f), M. le Président, on parle d'un créancier;
est-ce que ce sera un créancier de dette liquide, chirographaire ou
ordinaire?
M. TETLEY: II n'y a aucune distinction.
M. PAUL: Alors, à ce moment-là, le ministère
exigera-t-il une preuve du caractère ou de la qualité de
créancier de la part du réquérant? Et s'il
s'avérait que c'est une créance non liquidée, le
ministère accepterait-il quand même la requête qui lui
serait présentée?
M. TETLEY: En effet, l'article 5 f-a) est à l'effet que le
ministre peut juger à propos. Je vais juger chaque cas suivant ces
faits.
M. PAUL: Alors, c'est le ministre qui va, dans certains cas, se
substituer au tribunal.
M. TETLEY: Oui.
M. PAUL: Est-ce un signe précurseur de votre montée sur le
banc?
M. BLANK: Le Protecteur du citoyen va... M. PAUL: Adopté, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: L'article 5 f) est adopté. Article 5 g).
M. TETLEY: Avez-vous des nouvelles que je ne connais pas?
M. PAUL: ...mon rapport final. DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 5 g) adopté. Article 5 h),
adopté. Article 5 i).
M. PAUL: Le ministre peut-il nous dire ce qu'il entend par son sceau
d'office?
M. TETLEY: Je n'ai pas de sceau, je crois que c'est une formule...
M. PAUL: Une estampille.
M. TETLEY: ...qui est dans toutes les lois au Québec, depuis
longtemps. J'ai posé la même question et on m'a répondu que
c'est en vertu de la jurisprudence, etc. que l'on emploie cette formule dans
les lois.
M. PAUL: C'est un terme légal qui ne décrit en pratique
rien.
M. CLOUTIER (Montmagny): Personne.
M. PAUL: On me suggère de dire que ça ne décrit
personne, je m'opposerais à cela.
M. TETLEY: Un petit sceau! M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 6, adopté. Article 7, adopté.
UNE VOIX: Sur division.
M. PHANEUF (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté le projet de loi 60 sans amendement.
M. LEVESQUE: Troisième lecture, M. le Président.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT (Blank): Le ministre des Institutions financières
propose la troisième lecture du bill 60.
M. PAUL: Même en présence d'étrangers, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT (Blank): La troisième lecture du bill 60 est-elle
adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: Article 14.
M. PAUL: Ne pourrait-on pas dire qu'il est midi trente?
M. LEVESQUE : Je veux simplement appeler l'article 14, afin de donner
une chance aux membres de savoir ce que nous allons faire après la
suspension.
Projet de loi no 63 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives propose la deuxième lecture de la Loi
modifiant la loi des valeurs mobilières.
M. PAUL: En sous-amendement, M. le Président, je proposerais que
vous déclariez qu'il est midi trente.
M. William Tetley
M. TETLEY: Le lieutenant-gouverneur de la province a pris connaissance
de ce bill et il en recommande l'étude à la Chambre. M. le
Président, je demande la suspension du débat.
M. PAUL: M. le Président, je retire ma motion.
M. LE PRESIDENT (Blank): La Chambre suspend ses travaux jusqu'à
deux heures et demie.
M. LEVESQUE: Exactement.
Reprise de la séance à 14 h 31
M. HARDY (président): A l'ordre, messieurs !
L'honorable ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives.
M. TETLEY: M. le Président, je remercie les honorables
députés, et j'espère qu'ils vont applaudir après le
discours.
M. SAMSON: Tout dépend de ce que vous allez dire.
M. TETLEY: M. le Président, j'ai l'honneur d'appuyer et de
présenter le bill 63, Loi modifiant la loi des valeurs
mobilières. Le projet de loi amendant la Loi des valeurs
mobilières s'inscrit dans les préoccupations et les objectifs du
ministère qui veut doter le Québec d'instruments
appropriés pour la protection de l'épargnant et le
développement financier du Québec.
Les amendements proposés ne constituent qu'une première
étape pour moderniser notre commission des valeurs mobilières et
nous assurer de moyens adéquats plus forts et plus souples devant le
développement rapide que connaît l'industrie des valeurs
mobilières. Les amendements sont également conformes à la
philosophie générale du ministère et lui permettront de
mieux assurer, avec la Régie de l'assurance-dépôts, la
surveillance des institutions financières, la protection des
épargnes québécoises et la confiance dans nos
corporations.
Notre ministère recevra, d'ici quelques mois, le rapport d'un
comité à qui il a confié l'étude de l'industrie des
valeurs mobilières, le marché du capital québécois,
à l'occasion de la publication du rapport Moore. En effet, ce
comité de notre ministère s'appelle le comité Bouchard.
Ces études nous fourniront peut-être des éléments de
solution pour le développement et la consolidation de notre
marché financier. Des remèdes immédiats s'imposent et ne
peuvent attendre. C'est pourquoi je propose comme mesure urgente le
présent projet de loi. Je ne veux pas réciter tous les articles
du projet, dont les explications sont assez explicites et dont plusieurs ne
constituent que des précisions ou des compléments
nécessaires à la loi actuelle commandée par
l'expérience.
Il m'apparaît surtout utile de vous souligner cependant ce qui est
vraiment nouveau dans ce projet.
D'abord, la structure de la commission sera renforcée par la
nomination d'un directeur général qui viendra libérer la
commission des tâches plus routinières pour lui permettre de jouer
vraiment son rôle de tribunal et d'agent moteur dans l'industrie des
valeurs mobilières. Les commissaires pourront se consacrer à des
travaux plus en profondeur et à plus long terme.
Deuxièmement, le mode de nomination des commissaires est
changé pour assurer une plus grande vitalité à la
commission. On remarquera, par les dispositions finales, que le nouveau mode ne
s'appliquera qu'à l'occasion de la nomination des nouveaux commissaires.
Le statut des commissaires actuels est protégé et n'est pas
changé.
Troisièmement, il y aura appel à la commission des
décisions du directeur général qui pourra même voir,
révoquer ses décisions.
Quatrièmement, il y aura également appel des
décisions de la commission devant trois juges de la cour Provinciale.
C'est une chose qui a été demandée par la commission
elle-même.
Cinquièmement, désormais, les bourses fonctionnant au
Québec seront soumises à la surveillance de la commission. Les
dispositions contenues dans le projet s'inspirent largement des dispositions
similaires existant en Ontario. En effet, la Commission des valeurs
mobilières de Toronto a déjà ce droit.
Sixièmement, les pouvoirs de réglementation reproduisent
de façon moins confuse les dispositions antérieures, en y
ajoutant une disposition très importante concernant les transactions
entre initiés, c'est-à-dire "insider, trading" et les offres
d'achat, c'est-à-dire "take-over bids".
Septièmement, une nouvelle section prévoit la nomination
d'un administrateur dans les cas qui y sont mentionnés. Cette
disposition inscrite dans les lois récentes du ministère,
existant également en Ontario, a montré son utilité et
s'avère nécessaire. Nous aurions aimé présenter une
refonte complète de la Loi des valeurs, mobilières, mais cette
refonte ne peut se faire, qu'en regard d'un travail similaire pour notre Loi
des compagnies.
Il faut en effet faire ces deux refontes ensemble. Avec les amendements
proposés, le ministère et le gouvernement pourront cependant
faire face aux besoins pressants tout en se dotant d'instruments plus modernes
et plus adéquats.
Je ne doute pas que le projet recevra le consentement unanime et
immédiat de l'Assemblée nationale.
M. Guy Joron
M. JORON: M. le Président, si vous me permettez, avec la
complaisance des autres députés, j'aimerais rappeler qu'hier soir
le leader parlementaire du gouvernement n'avait pas annoncé à
l'ordre des travaux le bill 63, qui est une loi très importante
déposée en première lecture hier seulement, appelée
en deuxième lecture de façon inattendue aujourd'hui. Comme c'est
une loi qui en modifie une autre déjà très
considérable et qu'il faut les étudier toutes les deux en les
comparant, je me demande s'il ne serait pas possible de proposer d'ajourner le
débat à demain ou après-demain, de façon qu'on
puisse prendre connaissance, d'une façon
plus approfondie du projet de loi, non pas que nous en remettions le
principe en cause, mais parce que ça arrive un peu comme un cheveu sur
la soupe. On a appris à midi et demi que ce serait appelé
aujourd'hui, contrairement à l'entente d'hier, d'ailleurs.
M. LEVESQUE: M. le Président, en effet il n'avait pas
été tellement question hier de présenter ce bill en
deuxième lecture aujourd'hui. Par contre, les travaux ont
procédé assez régulièrement depuis lors. Ce matin,
j'ai rencontré le chef parlementaire du Parti québécois;
je lui ai fait part de notre intention d'appeler ce projet de loi et il m'a dit
qu'il apprécierait avoir à peu près deux heures de plus
dans la préparation. Alors les deux heures sont bien
dépassées depuis ce temps-là.
M. LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, j'abonde dans le sens des remarques du
député de Gouin. Depuis environ une semaine, nous assistons
à un tâtonnement, à une hésitation continuelle et
quotidienne de la part du gouvernement. On nous avait signalé que
certains projets de loi devaient être présentés, et
effectivement ils l'ont été. Et voici qu'hier, en vrac, en bloc,
on nous présente sept nouveaux projets de loi. On nous dira que ce sont
des amendements, des lois de technicalité administrative, mais il reste
qu'il nous faut nécessairement avoir le temps d'étudier ces
lois.
J'espère que le gouvernement verra à mieux planifier. Je
n'en fais pas un reproche au ministre, leader du gouvernement. Il n'est pas
obligé de nous le dire. Il peut peut-être se lever sur une
question de privilège. Mais personnellement, avec l'expérience
que j'ai de la fonction qu'il occupe lui-même, je crois qu'il ne
reçoit pas de collaboration de la part des autres membres du Conseil
exécutif. Il doit agir pour garder cette harmonie nécessaire au
sein de tout le Conseil exécutif.
Il y a longtemps que le ministre sait que cette loi va être
présentée pour étude. Il a pu en discuter avec les
fonctionnaires de son ministère. Quand nous pensons aux heures
prolongées de session que nous avons connues hier, M. le
Président, je serais fort surpris si vous-même aviez eu le temps
de lire cette loi. Cependant, le ministre, dirigé, conseillé par
des fonctionnaires et des sous-ministre, vient nous réciter des notes
qu'on lui a sans doute préparées. Ce n'est pas un reproche, cela
se faisait aussi et cela se fait continuellement de cette façon.
Quant à nous qui sommes dans l'Opposition, eh bien, on nous
invite à nous mettre la tête sur la bûche et à
participer à cette expédition de la part du gouvernement qui nous
tient sous pression depuis quinze jours. Si le gouver- nement prétend
nous avoir de cette façon, il ne nous aura pas. Quand on voit des lois
aussi importantes alors que l'on doit réaliser le rôle que la
Commission des valeurs mobilières devrait jouer dans l'économie
du Québec et qu'on nous bouscule pour adopter une loi sans
préparation, est-ce parce que le gouvernement a peur qu'on lui signale
les lacunes administratives que nous pourrions relever au sein de la Commission
des valeurs mobilières? Je me le demande, M. le Président.
D'autant plus que nous assistons, une fois de plus, à de grandes
déclarations de principe de la part du ministre comme il nous en faisait
une il y a quelques instants en disant qu'il espère qu'avec cette loi il
trouvera le moyen de développer le marché immobilier au
Québec. Ce n'est pas avec des lois de la sorte, mais, au contraire, par
une communion d'action entre la Commisssion des valeurs mobilières et le
ministère des Richesses naturelles, qui devrait avoir les sommes
d'argent nécessaires à l'exploitation de nos richesses
naturelles, que la Commission des valeurs mobilières pourra
s'intégrer dans le mécanisme opérationnel de recherche, de
production, d'extraction du minerai et consécutivement par la suite,
créer un intérêt économique, un intérêt
sur le marché des bourses.
C'est à ce moment-là que nous connaîtrons l'essor
dont rêve et que veut obtenir le ministre qui préside aux
destinées du ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives.
M. le Président, nous sommes obligés d'étudier
cette loi d'une façon bien imparfaite. Nous l'admettons. Une chose est
certaine, c'est que cette loi a, malgré tout, un caractère
d'efficacité. Je m'en rapporte surtout au rôle que devra jouer le
directeur général dont la nomination est prévue par
l'article 8 de la loi. Ce directeur général, M. le
Président, on sait qu'il verra à accomplir différentes
fonctions dont, entre autres, celles que remplissait bien imparfaitement,
jusqu'ici, la commission, rôle qui devra consister, quant à ce
directeur, à surveiller les procédures quant à l'octroi,
la suspension et la révocation des enregistrements et les transactions
des courtiers, des conseillers financiers et des vendeurs de valeurs
mobilières.
M. le Président, il y a tout un monde de travail à
attendre de ce directeur afin de sortir de la Bourse tous les escrocs, les
renards. Il faut que nous ayons un mécanisme de contrôle, de
surveillance. Il faut que des pouvoirs qui, jusqu'ici, étaient
accordés à la Commission des valeurs mobilières, soient
centralisés, soient délégués entre les mains du
directeur général puisqu'on le nommera comme tel, dans la loi,
lorsqu'elle aura été adoptée.
M. le Président, ce travail de surveillance est excessivement
important. Pour ce qui est de la sécurité d'emploi que l'on veut
accorder aux membres de la commission, nous n'y mettons aucune objection. Quand
on est excellent fonctionnaire, on a le droit d'exiger. L'Etat doit
donner la sécurité d'emploi aux membres de la commission,
les exempter de tout souci, de toute insécurité qui peut leur
causer préjudice ou leur nuire dans l'exercice des tâches et des
fonctions qui leur sont assignées.
M. le Président, nous ne mettons aucune objection à ce que
les commissaires connaissent un statut plus défini, plus complet, plus
sécuritaire que celui qui était jusqu'ici connu dans la loi.
La Commission des valeurs mobilières doit agir comme chien de
garde afin de surveiller toute opération mobilière dans le
domaine de l'économie, de la Bourse. En même temps, la commission
doit surveiller constamment afin de protéger les épargnes des
individus ou des citoyens du Québec. Trop de fois, par le passé,
nous étions invités à souscrire dans des compagnies,
à investir des montants d'argent assez importants sans que nous
puissions obtenir soit le bilan ou soit le prospectus d'information
nécessaire afin de nous guider dans le placement que nous nous
proposions de faire.
L'initiative du ministre est excellente lorsqu'il a pris sur lui de
créer le comité Bouchard, chargé de faire enquête
sur le marché des valeurs mobilières au Québec. Je ne sais
si on appelle ce comité Bouchard en raison de son président qui
serait le sous-ministre ou s'il s'agit d'un autre M. Bouchard.
M. TETLEY: Du sous-ministre.
M. PAUL: Du sous-ministre. C'est un homme d'expérience et,
surtout, un loyal serviteur de l'Etat. Je sais qu'il a à coeur de mener
à bonne fin toutes les charges administratives et l'application des lois
qui sont déférées au ministère des Institutions
financières. En même temps, il ne se gêne pas pour
conseiller le ministre dans tous les amendements suggérés, qui
s'imposent, comme c'est le cas présentement par la présentation
du projet de loi no 63.
Il nous faut prendre les moyens pour développer notre
marché de valeurs mobilières. Je me demande si, au sein de la
commission, on ne pourrait pas faire diligence dans certains cas.
Peut-être qu'il y a un manque de personnel, mais il y a également
une lenteur administrative qui nuit, en quelque sorte, au bon renom
administratif de la Commission des valeurs mobilières.
Je sais par contre qu'aucun permis, aucune valeur mobilière n'est
inscrite sur le marché de la Bourse canadienne sans qu'on ait pris
toutes les mesures de vérification, de contrôle et de surveillance
nécessaires pour la protection des deniers publics.
Par contre, M. le Président, j'inviterais le ministre à
faire les représentations qui s'imposent pour que la commission ait tout
le personnel administratif requis, pour que son travail soit plus
expéditif et afin que ceux-là qui s'adressent à la
Commission des valeurs mobilières puissent obtenir une réponse,
des rensei- gnements précis de nature à hâter assez souvent
l'émission des permis requis pour qu'une valeur mobilière puisse
être inscrite sur le marché de la Bourse, après un
séjour sur le marché des valeurs non cotées.
Le ministre doit définir la politique qu'il entend faire suivre
à la Commission des valeurs mobilières. On nous répondra
que ce sera probablement l'une ou des recommandations de la commission
Bouchard. Nous espérons que cette commission pourra produire
bientôt son rapport. Entre-temps, M. le Président, il ne faut pas
que nous lésinions, que nous piétinions sur place. Il faut, au
contraire, que nous soyons aussi dynamiques que la Commission des valeurs
mobilières de la Colombie-Britannique ou de la province d'Ontario si
nous voulons faire face à la concurrence et susciter un
intérêt des citoyens canadiens dans l'investissement et
spécialement des citoyens québécois dans l'investissement
éventuel dans leur propre marché de Bourse.
Le rôle que l'on veut assigner au directeur général
est extrêmement important. J'espère qu'on placera à ce
poste un homme d'expérience, très bien reçu dans les
milieux financiers, un homme avec une réputation de dynamisme, d'action,
de logique, d'expérience, d'accessibilité, de bonnes relations,
car c'est avec cet individu que nous serons appelés à transiger.
Quand je dis nous, M. le Président, je parle de ceux qui évoluent
dans le milieu, de ceux qui ont des rapports, des prospectus, des bons de
commande, qui ont toutes les négociations à discuter avec la
Commission des valeurs mobilières. Et je sais que cet inspecteur
général verra à être ce vestibule pour franchir une
autre étape, en certaines circonstances, soit l'étape des
commissaires.
Les commissaires devront être vigilants eux aussi pour soustraire
des mains du directeur tout dossier dont l'étude serait prolongée
ou qui pourrait causer injustement des torts à ceux qui attendront des
décisions soit de la part du directeur ou de la part de la Commission
des valeurs mobilières. Il y aura appel des décisions de ce
directeur général et il y aura également appel des
décisions de la commission devant les juges de la cour Provinciale.
Voilà, en quelques mots, les vues du parti de l'Opposition
officielle sur ce projet de loi, tout en regrettant que nous n'ayons pas eu le
loisir d'en faire une étude comparée avec le texte et de marier
les amendements au texte de la loi telle que nous la connaissons. Il nous
aurait fallu beaucoup plus de temps que les quelques minutes prises à
l'occasion de la suspension pour le lunch pour analyser toute la portée,
toutes les mesures, toutes les implications et les conséquences, les
modalités, l'application et le résultat espéré des
amendements que l'on nous propose d'apporter au chapitre 274 de la Loi des
valeurs mobilières.
M. le Président, nous allons risquer notre confiance à
l'endroit du ministre; nous espérons
n'être pas trompés et nous sommes convaincus que nous ne le
serons pas parce qu'il est lui-même, personnellement, toujours bien
intentionné. Nous formulons cependant le voeu que la refonte de la loi
dont il nous a parlé devienne une réalité, si possible
dès l'automne ou à la prochaine session, et qu'il aura la
générosité de nous communiquer au moins quelques jours
à l'avance au lieu de quelques heures à l'avance
son ou ses projets de loi futurs pour que nous puissions les étudier
adéquatement.
M. le Président, je ne comprends pas que le gouvernement, depuis
le mois de février, n'ait pas eu le temps de présenter cette
législation avant hier. De deux choses l'une: ce sont des amendements de
dernière minute ou il y a eu une négligence soit au niveau des
fonctionnaires du ministère, soit au niveau du ministre lui-même.
Il est impensable qu'un gouvernement prévoyant attende jusqu'à la
dernière minute ou dans les derniers jours d'une session pour nous
présenter des lois aussi importantes que celles que nous demande
d'adopter le ministre des Institutions financières.
M. le Président, nous allons voter, s'il y a lieu, pour le
principe de cette loi tout en invitant le ministre à une certaine
prudence, tout en invitant le ministre à aiguillonner les fonctionnaires
de la Commission des valeurs mobilières, tout en l'invitant à
exercer une très grande prudence dans le choix qui sera fait du
directeur général qui sera appelé également
à travailler en collaboration avec les commissaires en place.
Ce directeur général deviendra, en quelque sorte, l'agent
de liaison entre la commission et le public en général.
Nous n'avons aucun doute qu'il s'agira d'une compétence reconnue,
dont les allégeances politiques seront inconnues? J'en doute. Ce sera
plutôt le contraire qui se produira. Je ne reprocherai pas au ministre de
faire l'utilisation maximale de la compétence si elle se trouve chez un
adhérent ou un adepte du Parti libéral. Je l'inviterais,
cependant, à chercher ailleurs d'autres compétences.
M. LACROIX: II n'en reste plus chez les bleus; vous les avez tous
placés.
M. PAUL: Tiens, il y a des coqs qui chantent de bonne heure le matin,
d'autres tard le midi! Je comprends que mon honorable ami, le
député des Iles-de-la-Madeleine, est parfaitement reposé
à la suite des longues heures de sommeil qu'il a pu se procurer.
M. LACROIX: Un beau voyage de fin de semaine avec le premier ministre,
dans mon beau pays.
M. PAUL: M. le Président, on lui en parlera de ce beau voyage et,
surtout, de cette usine qu'on vient d'ouvrir aux Iles-de-la-Madeleine. Projet
irréalisable d'après certains fonction- naires, alors que nous
étions au pouvoir, mais qui, tout à coup, devient comme le tapis
magique qui créera un essor économique merveilleux et
espéré dans le territoire des Iles-de-la-Madeleine. Nous
souhaitons que cela devienne une réalité.
M. LACROIX: Vous auriez dû consulter le député du
temps.
M. PAUL: M. le Président, vous admettrez que, quand on est au
pouvoir, on a autre chose à faire que de perdre son temps.
M. LACROIX: On remplit nos engagements et vous n'aimez pas
ça.
M. PAUL: M. le Président, je vous prie de l'arrêter parce
que je ne lui parlerai plus.
M. LEVESQUE: A l'ordre! A l'ordre!
M. PAUL : Tel que nous invite à le faire l'honorable leader,
mais, dans le fond, ça fait son affaire parce que cela prend quelques
minutes de plus, nous allons terminer nos remarques en disant que nous
appuierons ce projet de loi. Nous invitons le ministre à nous donner,
soit au cours de sa réplique ou en comité plénier, les
raisons du retard apporté à présenter une loi qu'il nous
décrit comme étant urgente et si importante, afin que nous
sachions où se trouve les faiblesses dans son ministère. Est-ce
que c'est lui qui est trop faible, ou est-ce son entourage qui est trop fort
pour lui? Est-ce lui-même qui est trop compétent pour ses
sous-ministres? Nous voudrions qu'il se place sur la même longueur
d'ondes et qu'à l'avenir on nous présente des lois bien
préparées et, surtout, qu'on nous donne le temps de bien les
étudier.
M. Fabien Roy
M. ROY (Beauce): M. le Président, nous avons également
quelques brefs commentaires à apporter lors de l'étude en
deuxième lecture de ce projet de loi no 63, Loi modifiant la Loi des
valeurs mobilières du Québec.
M. le Président, je ne voudrais pas répéter les
paroles qui ont été prononcées par le député
de Gouin tout à l'heure et par le député de
Maskinongé. Disons que je souscris à leurs propos en
déplorant l'attitude du gouvernement depuis quelques jours, depuis la
semaine dernière, de nous arriver avec une quantité énorme
de projets de loi à la dernière minute et de nous faire
siéger en quelque sorte jour et nuit pour les faire accepter, sans que
nous ayons le temps nécessaire pour en faire une étude objective
et, de ce fait, apporter notre collaboration et notre contribution afin que les
projets de loi soient meilleurs et que nos lois au Québec remplissent
davantage les fonctions pour lesquelles elles existent.
De cette façon, tous ceux qui seront régis par ces lois
pourront jouer plus efficacement leur rôle dans l'intérêt de
toute la population du Québec.
M. le Président, cette façon de procéder, je le dis
et je le répète, nous la jugeons tout à fait inacceptable.
J'ose espérer que le gouvernement révisera ses positions au cours
de cette journée afin que demain il redevienne plus réaliste et
que nous puissions avoir le temps à l'avenir de pouvoir faire une
meilleure étude des projets de loi qui nous sont
présentés.
Ce projet de loi a pour objet de rajeunir en quelque sorte la Loi des
valeurs mobilières et de lui donner plus de souplesse afin que ceux qui
auront à administrer cette loi puissent être plus efficaces pour
permettre à ceux qui seront régis de jouer un meilleur
rôle.
Parmi les principaux objets de ce projet de loi, il y a la nomination de
commissaires dont la limite sera de dix ans. Nous souscrivons à cette
mesure que nous jugeons tout à fait acceptable et que nous
considérons comme une bonne amélioration dans le projet de loi.
Je ne voudrais pas discuter du rôle qu'ont joué les commissaires
antérieurement, mais il y a tout de même des principes que nous
devons repenser au cours des années soixante-dix, soixante et onze et
soixante-douze de façon à éviter des nominations à
vie qui peuvent créer certaines complications et empêcher une loi
d'être efficace. Alors à cet objet du projet de loi, nous
souscrivons entièrement.
Un deuxième aspect de ce projet de loi consiste à npmmer
un directeur général qui aurait les pouvoirs que la commission
pouvait avoir auparavant. Ce rôle de directeur général,
avec tous les pouvoirs accordés de suspendre les permis, d'exercer une
surveillance va évidemment donner plus de souplesse à la loi,
tout en permettant une administration plus efficace.
Mais nous demandons au gouvernement, et j'ose croire qu'il en prendra
bonne note, que le choix de ce directeur général se fasse selon
des critères de compétence. Je pense que c'est extrêmement
important. Le gouvernement devrait s'en faire une règle d'honneur, une
règle de bonne administration de nommer cette personne selon des
critères de compétence pour que cette personne joue son
rôle et voit à ce que la loi soit très bien
administrée. Nous espérons que le gouvernement évitera la
tentation de faire des nominations politiques comme malheureusement ce fut le
cas dans le passé.
Le troisième aspect du projet de loi indique que l'on veut
accroître les pouvoirs de la commission. On veut également
accroître les pouvoirs du ministre. Il y a certains articles dans la loi,
que nous n'avons pas le droit de nommer. Par ces articles, on étend
énormément les pouvoirs du lieutenant-gouverneur en conseil de
façon qu'il puisse décréter par règlement tout ce
qui touchera à l'administration de cette loi.
Quant à nous, nous avons une remarque à faire. Nous avons
l'impression que le gouvernement demande encore, comme cela a été
la coutume depuis le début de la session, de faire d'immenses cadres aux
lois et d'en limiter le contenu. Cela comporte un danger très grand. Le
gouvernement, par suite d'une réglementation qui peut être
changée à la suite d'une autre réglementation, apporte une
certaine instabilité dans l'administration de cette loi. Alors il y a
toujours ce danger que la réglementation soit changée et que les
entreprises concernés soient dans l'obligation, autrement dit, de
toujours se tenir sur le qui-vive et d'être en quelque sorte dans une
certaine insécurité dans l'administration de la loi.
C'est cet aspect de la loi que nous déplorons. C'est encore une
immense loi-cadre et le cadre autrement dit, ce contenant est
à peu près sans contenu. Alors le gouvernement a le droit de tout
faire, mais il a également le droit de ne rien faire.
Nous osons donc espérer que cette loi nouvelle, que ce
rajeunissement de la loi ne soit pas une cause d'embêtements pour les
institutions qui ont déjà une place importante et qui jouent un
rôle excellent dans l'économie du Québec. Nous
espérons plutôt que ce sera une loi qui favorisera une saine
gestion des entreprises nouvelles et exercera une étroite surveillance
sur celles qui sont douteuses.
Nous souhaitons que cette loi permettra de mettre un frein aux
éternels exploiteurs de l'épargne du peuple
québécois.
La Commission des valeurs mobilières du Québec a un
rôle très important à jouer. Nous espérons, comme je
l'ai dit tout à l'heure, que cette loi permettra de le jouer davantage
et le gouvernement, dans l'administration de cette loi et dans
l'établissement de ses règlements, a des responsabilités.
Nous demandons au gouvernement de les prendre et de ne pas avoir peur de faire
des règlements positifs, généraux qui permettront une
saine gestion de la loi. Comme cette loi a des aspects positifs et que ceux-ci
l'emportent sur les aspects négatifs, nous voterons en faveur du
principe en deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT (Blank): L'honorable député de Gouin.
M. Guy Joron
M. JORON: M. le Président, une chose me frappe, à
première vue, dans la méthode avec laquelle nous abordons
l'étude de ce projet de loi. Alors que la province voisine, l'Ontario,
modifiait il n'y a pas tellement longtemps sa loi des valeurs mobilières
de façon assez substantielle, elle le faisait après avoir
discuté la chose devant l'opinion publique pendant plus de deux ans,
à la suite de commissions qui avaient été formées,
de séances publiques où différents groupes dé
pression, individus et autres avaient fait valoir certains points, avaient fait
valoir leurs représentations. Ceci avait eu pour l'effet
que, pendant une longue période, la chose avait été
portée, par les journaux principalement, devant l'opinion publique.
Quels résultats une telle procédure a-t-elle? Finalement, cela
forme une opinion publique éclairée. Un des devoirs des
parlementaires et des législateurs n'est pas seulement d'adopter le plus
rapidement possible des projets de loi mais aussi de faire participer la
population à l'élaboration de ces projets de loi, de façon
à s'assurer, d'une part, que les lois soient bien comprises et pour
être plus sûrs, nous- mêmes, d'autre part, que ces lois
correspondent le plus fidèlement possible aux souhaits de la population.
Si on a pris deux années en Ontario pour accoucher d'une loi des valeurs
mobilières, ceci devant l'opinion publique, avec la participation du
public, je trouve fort déplorable qu'au Québec nous prenions,
à toutes fins pratiques, moins de 24 heures pour faire la même
chose. D y a moins de 24 heures que ce projet de loi a été
appelé en première lecture et que nous, de l'Opposition, comme le
public en général, pouvions en prendre connaissance pour la
première fois. Vingt-quatre heures après, nous sommes
appelés à en faire l'étude en deuxième lecture et
à l'adopter. Quelle participation...
M. TETLEY: M. le Président,...
M. JORON: ...quelle sorte d'opinion publique, quel éclairage de
l'opinion publique une telle procédure va-t-elle donner?
M. TETLEY: ... est-ce que vous me permettez de rétablir les
faits? Cela fait tout simplement un an que nous sommes au pouvoir.
J'apprécie votre première observation, M. le député
de Gouin. Mais cela fait tout simplement un an que nous sommes au pouvoir.
Deuxièmement, est-ce qu'il faut attendre une autre année?
De plus, j'ai consulté les officiers, les gouverneurs de la Bourse. J'ai
fait plusieurs déclarations dans les journaux. Il y a eu toute une
série d'articles dans le Financial Post, la Gazette, le Soleil et la
Presse ainsi que d'autres journaux. J'ai reçu bien des lettres. Pour des
raisons que j'expliquerai plus tard, nous croyons qu'il faut, pour l'instant,
procéder à cette première étape. Mais
j'apprécie beaucoup l'affirmation du député de Gouin
à savoir s'il faut attendre deux ans. L'Ontario n'avait pas
présenté le bill.
L'Ontario avait fait les mêmes consultations, si ma mémoire
est bonne. Nous avons le bénéfice de l'expérience de
l'Ontario. D'autre part, ce n'est pas une révision complète.
C'est tout simplement une étape.
M. JORON: M. le Président, j'apprécie les mises au point
du ministre. Je sais que le ministre a tenté de faire un bon travail.
Mais il aurait quand même été souhaitable d'associer, d'une
part, à l'étude par l'Assemblée nationale de ce projet de
loi, les partis de l'Opposition.
Comment peut-on associer les partis de l'Opposition à
l'élaboration d'un projet de loi, au moment de sa discussion? C'est
évidemment, au minimum, en leur donnant d'abord un certain délai
pour en prendre connaissance. Ce délai a été de 24 heures.
Il nous semble insuffisant.
D'autre part, je ne voudrais pas que le ministre comprenne que je
suggère que l'on prenne une période de deux ans avant d'accoucher
d'une loi des valeurs mobilières. Non pas, mais peut-être qu'un
certain nombre de mois auraient apporté des fruits en ce sens que les
débats qu'aurait suscités le dépôt du projet de loi
auraient eu le temps de mûrir dans l'opinion publique, auraient
provoqué des controverses et auraient certainement amené une
discussion différente de celle que nous avons en ce moment.
Je pense que surtout dans les choses financières et dans les
choses économiques qui ont longtemps été mises au rancart
au Québec cela tout le monde l'a déploré le
manque de souci, dans le passé, dans notre système
d'éducation, le manque d'information, et d'éducation des choses
financières et économiques est quelque chose sur lequel tout le
monde sera d'accord.
Il est déplorable, alors qu'un moyen d'éducation et
d'information populaire dans les choses financières, nous est justement
offert, de rater cette occasion. On demeure, dans un sens, un peu traditionnel.
Que s'est-il passé, traditionnellement, au Québec, dès
qu'on touchait les choses financières, la finance, l'économie,
etc? La tradition séculaire des gouvernements du Québec,
l'attitude défaitiste des Québécois francophones,
était de dire: Ces choses sont pour être confiées à
un ministre anglophone. Nous, nous ne les discutons pas. Nous lui faisons
confiance. Prenons son avis, prenons ses conseils mais, surtout, ne nous en
mêlons pas trop.
C'est un peu ce qui se passe encore aujourd'hui, en 1971, et je le
déplore parce que c'est un débat intéressant. Non pas
nécessairement que le projet de loi porte à controverse et qu'il
y ait là-dedans des oppositions farouches, mais cela aurait quand
même été un moment choisi pour faire oeuvre
d'éducation populaire.
Ayant déploré la méthode par laquelle nous sommes
obligés de discuter de ce projet de loi, je dirai ceci: Evidemment, je
n'ai pas la prétention d'être en mesure d'en faire une critique
exhaustive ou de lui donner un appui aussi fondamental ou aussi profond que
j'aurais pu le faire si nous avions eu plus de 24 heures pour comparer les deux
lois. Il ne s'agit pas seulement de lire cette loi qui est déjà
suffisamment importante. Elle comprend 27 articles. Ce ne sont pas seulement
ces 27 articles, mais la comparaison à toute l'ancienne Loi des valeurs
mobilières que cette loi vient modifier qu'il aurait fallu faire. En
conséquence, nous sommes placés dans une situation où il
nous faut signer un blanc-seing au ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives. Après
avoir lu les notes explicatives parce que c'est à peu près
tout ce que nous avons eu le temps de faire nous sommes forcés de
dire qu'en gros la loi ne nous semble pas soulever de principes sur lesquels
nous sommes en désaccord. Nous sommes obligés de faire acte de
foi, acte de confiance et de dire: Bravo! Nous souscrivons au principe.
Je le déplore; je regrette de devoir faire ça, mais c'est
ce que je fais parce qu'à la lecture des notes explicatives la loi ne
m'apparaît pas fondamentalement erronée. Donc, le principe qui la
sous-tend me paraît favorable. C'est ce que je puis dire au niveau des
principes qui sous-tendent la loi.
J'aimerais dire quelques mots sur ce que m'a inspiré la
brève lecture des notes que j'ai faite. A première vue, la loi
m'apparaît plus efficace que l'ancienne, en ce sens qu'elle devient un
meilleur outil administratif. Tant mieux ! D'autres l'ont dit avant moi; je ne
répéterai pas ce que les intervenants précédents on
dit. La loi m'apparaït avoir aussi un peu plus de dents, en ce sens
qu'elle augmente les pouvoirs de la Commission des valeurs mobilières.
Par exemple, si je me réfère aux notes explicatives, "le ministre
peut, sur la recommandation de la commission, suspendre le conseil
d'administration d'une compagnie, au cas de malversation, abus de confiance ou
autre inconduite ou au cas de manquement grave à ses obligations ou si
le conseil agit de façon à déprécier la valeur des
titres, etc." C'est une extension des pouvoirs, si vous voulez. Il y a
également extension des pouvoirs de la façon suivante: les
pouvoirs de réglementation du gouvernement en matière de valeurs
mobilières sont étendus de façon à couvrir
maintenant le ministre en a glissé un mot, tout à l'heure
les cas d'"insider trading" ou les "take over bids", les batailles de
procuration, ce genre de choses là.
La loi apparemment si je dis apparemment, c'est toujours à
défaut d'avoir pu en faire une étude exhaustive
réserve quand même aux règlements qui suivront la
détermination exacte de ces nouveaux pouvoirs.
Cela aurait été justement une chose importante, dès
l'étape de cette deuxième lecture, d'avoir un aperçu des
règlements, d'avoir, peut-être, dans la loi même des
précisions un peu plus grandes sur la façon dont on entend,
justement, couvrir les cas d'"insider trading" ou de "take over bids". Pour
l'instant, on s'aperçoit ça reste presque dans un sens un
voeu que le ministre a l'intention, par réglementation la
loi lui permettra de le faire d'intervenir dans ces cas-là.
Une autre chose c'est que je cite les notes explicatives
"des règles nouvelles sont édictées au sujet des Bourses
de valeurs mobilières qui devront désormais être reconnues
par la commission pour pouvoir opérer au Québec et qui devront
aussi se conformer aux ordres et directives de la commission". Le
contrôle des
Bourses, c'est une chose assez intéressante, parce que la
façon dont se sont développées les Bourses, pas seulement
au Québec, mais probablement dans les autres pays occidentaux, est assez
intéressante.
Qu'est-ce qu'une Bourse finalement? Il serait peut-être
intéressant d'en dire quelques mots. Pour bien des gens, Bourse singifie
deux choses: ou bien ça signifie l'équivalent de la piste de
course; c'est Blue Bonnets, la table de baccara, la roulette ou le casino. Pour
d'autres, Bourse signifie un sorcier, une espèce de pouvoir occulte qui
contrôle toute l'économie, toute la finance, le système
bancaire, cette espèce de monstre qu'on n'arrive jamais à cerner,
à préciser, à personnifier, mais qui est
omniprésent, omnipuissant et sous l'égide duquel nous, pauvres
citoyens, vivons, subissant ses directives, etc.
Il aurait été intéressant justement de pouvoir
élaborer davantage à l'occasion de ce projet de loi, de faire
beaucoup d'information populaire à ce sujet et de vraiment porter la
chose devant l'opinion publique, parce qu'en fait une Bourse, ce n'est ni l'un
ni l'autre. C'est tout simplement un lieu où se rassemblent des gens qui
ont choisi comme métier d'être des intermédiaires. A la
façon des agents d'immeubles qui sont des intermédiaires entre un
acheteur ou un vendeur d'immeubles, d'une maison, les membres des Bourses,
sont, au même titre, des intermédiaires entre des acheteurs ou des
vendeurs de titres mobiliers cette fois-là, non pas d'actifs
immobilisés, de maisons, mais d'actions, de titres mobiliers,
c'est-à-dire de papiers qui représentent soit des
créances, soit des droits.
En l'occurrence, quand on parle d'actions, il s'agit d'une partie de
droit de propriété d'une entreprise. Les variations des prix en
Bourse ne traduisent qu'une question d'offre et de demande, variations, si vous
voulez, dans l'humeur des acheteurs ou des vendeurs de ce titre.
A cet égard, la Bourse n'est pas un lieu de fabrication de
richesses nouvelles. C'est un endroit où des gens se rassemblent pour
s'échanger des titres. C'est un marché au même titre que
l'ancien marché Jean-Talon à Montréal, par exemple,
où des agriculteurs de la région venaient offrir leurs produits
à des consommateurs. Ils avaient trouvé plus efficace de se
rassembler au même endroit, de se fixer rendez-vous au même
endroit, où les échanges peuvent se faire beaucoup plus
rapidement, parce que les vendeurs savent que c'est là que les acheteurs
vont se rendre et vice versa. C'est un lieu de rendez-vous, une Bourse, et rien
de plus. Historiquement, les gens qui avaient commencé à exercer
ce métier s'étaient réunis dans des endroits physiques
comme ça, que l'on a appelés des Bourses, et ils se sont par la
suite incorporés à la façon, si vous voulez, d'un club
social.
Et pour appartenir à ce club, pour entrer dans cette profession,
celle d'agent non pas d'immeuble mais de meuble si vous me passez
l'expression il fallait avoir subi certains examens
imposés par les autres membres du club et recevoir leur approbation.
C'est comme ça qu'on devient ou pas membre d'une Bourse. C'est un club
fermé mais, évidemment, le développement, la
complexité croissante de nos économies, la plus grande
circulation des titres de propriété, la plus grande circulation
des actions dans la société ont rendu ce lieu de plus en plus
important. Au nom de la protection du public et de l'intérêt
public, parce que de plus en plus de gens étaient concernés par
ces échanges, l'Etat a dû intervenir, de façon à
réglementer l'activité de ces gens-là et leur façon
de s'organiser.
Il n'apparaît peut-être pas à première vue que
tout l'intérêt public est en jeu; plusieurs des 6 millions de
Québécois diront par exemple: Quel est mon intérêt,
moi, à la Bourse? Je n'ai pas d'action. Il y a peut-être au
maximum 500,000 détenteurs d'actions au Québec. Ce n'est
même pas 500,000, peut-être que le ministre pourrait nous dire le
chiffre, je ne l'ai plus à la mémoire. Enfin ce n'est même
pas si élevé que ça.
Alors, finalement, les autres Québécois pourraient se
dire: Quel est mon intérêt, moi, à la question des Bourses?
Je ne suis pas actionnaire, peut-être que je ne le deviendrai jamais. Ce
n'est pas tout à fait exact, parce que, à travers des
institutions financières auxquelles des Québécois
contribuent, finalement à peu près tout le monde est directement
ou indirectement touché. Ainsi, par exemple, d'une façon fort
évidente, dans la mesure où à peu près tous les
Québécois qui travaillent contribuent au régime de rentes
et que les prestations du régime de rentes sont versées à
la Caisse de dépôt et placement. La Caisse de dépôt,
au nom des participants au régime de rentes, achète à
l'occasion des titres en bourse et se retrouve détentrice d'actions de
telle et telle et telle entreprise. A ce moment-là, indirectement, par
le truchement d'une institution financière, tout le monde est
impliqué. De la même façon, quand on contribue à un
fonds de pension privé, à une assurance, une assurance-vie, par
exemple. Dans la mesure où l'on confie une partie de son épargne
à une compagnie d'assurance-vie et que cette compagnie, en retour, fait
des placements en bourse, on est directement impliqué. Dans la mesure
aussi où d'autres contribuent à des fonds mutuels qui sont des
réservoirs communs, collectifs de capitaux devant être
placés en Bourse.
Il y a beaucoup plus de gens qu'on le croit à première vue
qui sont concernés par cette activité, si bien qu'il est juste de
dire que la chose est devenue d'intérêt public aujourd'hui. Il est
impensable maintenant, dans une économie moderne, de concevoir cette
activité comme étant une prérogative privée dans
les seules mains de ceux qui exercent ce métier-là.
Un peu comme le Collège des médecins, par exemple, dans
une autre profession, conserve, bien entendu, certaines prérogatives
vis-à-vis de ses membres dans la détermination des examens, des
conditions d'admission, pour entrer dans la profession, mais l'on s'est
aperçu que l'intérêt public commandait au
législateur, à l'Etat, d'intervenir lui aussi pour
réglementer ce que ces gens faisaient entre eux. Dans un certain sens,
c'est presque même mettre en tutelle ces anciennes corporations
professionnelles.
La Bourse n'est rien d'autre qu'une telle corporation professionnelle et
nous sommes heureux de voir que le projet de loi no 63 placera les Bourses
davantage sous le giron de l'Etat et, par conséquent, protégera
davantage l'intérêt public.
Il faudrait dire ceci en terminant: Une bonne loi ou une meilleure Loi
des valeurs mobilières, même si l'on dit qu'il faut se donner une
meilleure Loi des valeurs mobilières on l'entend
répéter souvent doit viser à moderniser notre
marché des capitaux de façon à faire de Montréal,
par exemple, une grande place financière en Amérique du Nord.
D'autres rêvent de faire du Québec une grande place
financière internationale, un peu peut-être à l'image du
rôle que joue la Suisse en Europe.
On s'est dit: C'est en modernisant nos lois, en rendant le cadre
opérationnel de ces cadres d'ordre financier plus maléables, plus
modernes et plus efficaces que l'on attirera ici une activité qui,
évidemment, sera génératrice de progrès
économique. Il ne faudrait pas se leurrer. Il faut savoir ce qui vient
en premier : la charrue ou le boeuf. L'activité financière
découle généralement d'une certaine intensité
d'activités économiques qui ne la précède pas.
Ainsi, on ne peut pas souhaiter avidement faire de Montréal une grande
place financière et penser que de cela va rejaillir en un grand
développement économique au Québec. C'est un peu
l'inverse.
Je suis, en quelque sorte, un peu déçu de voir non pas que
le gouvernement se soucie comme, par exemple, le ministre des Institutions
financières semble s'en soucier, de se donner une bonne Loi des valeurs
mobilières, je suis déçu que, si bonne que soit sa loi, si
grands soient ses espoirs de faire de Montréal une grande place
financière, ses espoirs seront vains si l'économie du
Québec n'est pas revivifiée. Pour ce, ce sont des mesures d'une
tout autre nature qu'il faudrait prendre. Il faudrait redonner, à cette
économie, le grand maître d'oeuvre dont elle a besoin et qu'elle
n'a jamais eu de la part des pouvoirs publics, d'une part, parce que ceux-ci se
fractionnent en deux niveaux de juridiction très clairement
séparés et qu'elle n'a jamais eu, d'autre part, parce que la
collectivité, se servant de son Etat comme instrument, n'a jamais non
plus voulu, ses gouvernements n'ont jamais eu la volonté un
gouvernement ou peut-être deux, récemment, mais pas celui devant
lequel nous sommes aujourd'hui timide de commencer à donner au
Québec des instruments d'action économique. Des instru-
ments timides, il est vrai, mais il faut toujours un commencement
partout, dirons-nous. Bon, soit. Il faut une volonté de commencer
à prendre en main notre développement économique et de
terminer cette attitude séculaire, cette attitude d'ailleurs
défaitiste d'attendre que la manne nous tombe du ciel, que d'autres
viennent développer notre pays à notre place et qui, de toute
façon, le font toujours à même les fonds qu'ils puiseront
ici.
Il ne faudrait pas se faire d'illusion là-dessus, il n'y a aucun
pays au monde qui ait été développé
carrément par un autre. Temporairement, cela s'est vu; des
périodes où il y a eu de l'aide fournie, par exemple, par les
Etats-Unis à la fin de la deuxième guerre mondiale, le plan
Marshall, une aide considérable pour restructurer l'économie
européenne. Vous ne pensez pas qu'aujourd'hui ils se sont amplement
remboursés puisque déjà, depuis dix ans, ils financent
leur déficit, dans leur balance des paiements, justement à
même les Européens principalement. C'est toujours donnant
donnant.
Personne ne fait de cadeau à personne. Il serait absolument
illusoire et stupide de continuer de croire que notre développement
économique va nous venir des autres, que des compagnies
étrangères vont venir nous faire des cadeaux parce qu'elles nous
trouvent fins et qu'elles vont vouloir nous faire travailler, nous donner des
jobs. Ce n'est pas vrai. Les gens vont venir quand ils auront un
intérêt, d'une part. Ils s'installeront ici, en se
finançant ici à long terme. C'est comme ça que, partout
dans le monde, les économies des pays, du plus développé
au moins développé ou au plus sous-développé, si
vous voulez, ont toujours progressé. Jamais personne n'a fait de cadeau
à personne entre peuples et entre nations, à long terme. Cela
peut arriver à court terme, mais pas à long terme.
Ainsi, dis-je, il est important que nous réalisions que la
priorité doit être accordée au développement
économique au Québec. C'est une question de volonté de
vouloir la bâtir, cette économie, et de cesser d'attendre que
d'autres le fassent à notre place. Une fois que ce grand mouvement sera
en marche, il y a des accessoires, comme, par exemple, une bonne loi des
valeurs mobilières qui vient faire, à ce moment-là, du
Québec un marché des capitaux intéressant. Bien,
là, bravo! Là, on peut, peut-être, se mettre à
rêver à des situations, genre Suisse, où le Québec
devient le refuge de tous les capitaux du monde et où on est en train de
se noyer dans l'argent. Mais je pense que la priorité tout le
monde s'en rendra compte c'est de commencer à se donner une bonne
charrue, avant les accessoires qui doivent venir la compléter.
En terminant, M. le Président, je dirai qu'il y aurait
peut-être encore moyen, dans les quelques mois qui viennent, de
provoquer, par l'étude de ce projet de loi cela est plus
nécessaire au Québec qu'ailleurs, parce qu'on a un manque
séculaire d'éducation et d'information dans ces matières
cet éclairage de l'opinion publique auquel je me
référais un peu plus tôt.
Motion de renvoi à trois mois
M. JORON: Je terminerai en faisant motion, proposition, appuyé
par le député de Sainte-Marie, à l'effet que ce projet de
loi soit déféré pour quelques mois, par exemple pendant
l'été, à la commission parlementaire des Institutions
financières pour étude.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
ne crois pas qu'il soit dans l'ordre qu'à ce moment-ci une motion soit
faite autrement que pour reporter le projet à trois mois ou à six
mois.
M. LEGER: M. le Président, le député de Gouin ne
faisait pas une motion. Il faisait une suggestion au gouvernement. Ce n'est pas
la même chose.
M. LEVESQUE: Bien, j'ai compris le mot motion, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: J'ai bien compris le mot motion, du fait qu'il y avait
même un secondeur.
M. LEVESQUE: Oui.
M. JORON: Je remercie le leader parlementaire de son assistance
procédurière. D'accord, je vais reformuler la motion,
appuyé par le député de Sainte-Marie, pour un renvoi
à trois mois.
M. LE PRESIDENT: Trois mois. M. Charles Tremblay
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, comme secondeur de
la motion du député de Gouin, je pense qu'on peut dire que la Loi
modifiant la loi des valeurs mobilières est très importante. Je
suis d'accord avec le député de Gouin pour dire qu'on n'a pas eu
le temps d'étudier toutes les implications ou les conséquences de
cette loi. Cette loi est arrivée en Chambre il y a environ 24 heures et,
aujourd'hui, on nous demande de la voter en deuxième et en
troisième lectures.
C'est une loi qui aura certainement des répercussions
économiques sur le Québec, sur plusieurs citoyens du
Québec. Cette avalanche de lois que nous a présentées,
hier, le leader parlementaire, ce n'est pas ce qu'il nous avait promis
lorsqu'il a présenté sa motion pour changer les heures auxquelles
devait siéger l'Assemblée nationale. Lorsque nous avons
protesté contre la motion du leader parlementaire
où il prolongeait les heures de la session, nous lui avons fait
remarquer qu'il se pourrait fort bien, à ce moment-là,
qu'à la dernière minute, le leader parlementaire nous
présente des lois importantes et nous demande de les voter à la
vapeur.
C'est exactement ce qui arrive aujourd'hui. Le ministre nous dit qu'il a
consulté plusieurs organismes, différentes personnes. D'accord,
mais il reste que ce sont les membres de l'Assemblée nationale, les
députés qui votent les lois. Si la loi est bonne ou mauvaise, ce
sont les députés qui en sont responsables parce que ce sont eux
qui votent les lois.
Quant à la consultation du côté de l'Opposition, au
moins du côté du parti que je représente, nous avons eu
deux heures ce midi pour étudier cette loi. En écoutant tous les
arguments du député de Gouin, je pense qu'il serait logique que
l'étude de ce projet de loi soit remise à trois mois afin d'en
étudier davantage les implications pour ensuite revenir en Chambre et
apporter les amendements qui s'imposeront pour que cette loi soit la plus
efficace possible.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
prendre part à ce débat sur la proposition du
député de Gouin. J'estime que cette proposition est valable et
nous sommes, quant à nous, disposés à l'appuyer pour les
raisons qu'a évoquées le député de Gouin. C'est que
je ne voudrais pas ici être désagréable à
l'endroit du ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives le ministre manifeste une volonté très
nette d'améliorer le système qu'il est appelé à
surveiller et à contrôler en sa qualité de ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives.
Mais je crois qu'il agit peut-être dans certains cas, et
particulièrement dans le cas qui nous occupe, avec une certaine
précipitation. Il veut bien faire. Mais je crois qu'en voulant bien
faire et faire trop vite, on risque de se casser le cou ou de poser des gestes
dont la portée nous échappe. Le ministre nous propose une loi
dont l'objectif est de modifier la Loi des valeurs mobilières. On ne
peut pas dire à l'analyse que cette loi est une modification en
profondeur; elle ne touche que certains aspects de la loi
générale des valeurs mobilières.
Or, reprenant en d'autres termes ce qu'a dit le député de
Gouin, je crois qu'il y a très peu de citoyens, sauf les initiés,
les spécialistes de la finance ou de la "business" qui connaissent
exactement ce qu'est la Loi des valeurs mobilières, ce qu'est la
Commission des valeurs mobilières, quelle est exactement sa fonction
dans l'ensemble des organismes, dans l'ensemble des structures
économiques d'une nation. Par conséquent, lorsqu'on nous
présente un projet de loi comme celui-là à la toute fin
d'une session, alors que nous devons ajourner pour les vacances
d'été, l'on nous met en face d'une situation extrêmement
difficile. Voici...
M. TETLEY: Est-ce que le député me permet une
observation?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, à la condition que ce ne soit pas
un discours de seconde lecture.
M. TETLEY: Non, non! Tout simplement, je n'ai pas expliqué que la
commission Moore veut contrôler le nombre de courtiers de valeurs
mobilières au Canada et à Montréal. La semaine
dernière, j'ai eu un avis que la Bourse de Montréal c'est
quelque chose dont je ne voulais pas parler publiquement mais voici elle
est d'accord avec la commission Moore. Voilà neuf mois que je suis
ministre et à peu près huit mois que je visite et vois les
membres des deux Bourses et les membres de l'Investment Dealers Association,
etc. Or, ces membres auront le droit d'adopter les recommandations de la
commission Moore. Je suis contre.
Le bill est très important parce que nous donnons à une
commission indépendante le contrôle des Bourses. C'est pourquoi je
présente le bill et je crois qu'il doit être adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre vient
justement de fournir des arguments à l'appui de la proposition du
député de Gouin. Précisément parce qu'un nombre
important d'hommes d'affaires, représentant de grandes
sociétés, représentant la Bourse, etc., ont fait des
pressions auprès du ministre pour que de tels amendements soient
apportés à la Loi des valeurs mobilières, il est
extrêmement important que le ministre donne à ces personnes,
à ces sociétés, aux représentants de la Bourse,
à tous les gens qui ont quelque chose à faire dans la
manipulation des fonds de la nation, d'une façon ou de l'autre, la
possibilité de se faire entendre. Précisément parce que
ces gens ont fait ces demandes, je crois qu'il est important que nous
n'adoptions pas à la vapeur un projet de loi de la nature de celui-ci,
puisqu'il remet, en cause une institution financière qui est, à
toutes fins utiles, la grande institution financière du
Québec.
Il n'y a pas que les hommes d'affaires, il n'y a pas que les "business
men", il n'y a pas que les boursiers, il n'y a pas que les courtiers qui soient
intéressés à connaître exactement qu'est-ce que
c'est que la Loi des valeurs mobilières, qu'est-ce que c'est que la
Commission des valeurs mobilières, quelle est la fonction de cet
organisme. Il y a tous les citoyens qui, comme le disait le
député de Gouin, tout à l'heure, se demandent qu'est-ce
que cela mange l'hiver la Commission des valeurs mobilières. La Bourse,
qu'est-ce que cela peut être, ce monstre-là? On
a l'impression le député de Gouin le disait tout
à l'heure en d'autres termes que la Bourse, par exemple, c'est
une sorte de jeu, de "gambling". Evidemment, mon collègue proteste. Ils
ont l'impression que c'est une sorte de jeu, une sorte de "gambling", une
affaire mystérieuse, occulte, clandestine. Les gens ne savent pas
exactement ce que c'est.
Or, le projet de loi que nous présente le ministre touche une des
grandes institutions du Québec, l'institution financière par
excellence, celle sur laquelle le gouvernement a un contrôle direct.
C'est l'institution qu'il doit surveiller de plus près parce que, par ce
canal, cela lui permet de voir quelle est exactement la circulation des valeurs
mobilières au Québec. Bien, tout cela, les gens ne le savent pas.
Les gens ne connaissent pas exactement quelle est la fonction de la Commission
des valeurs mobilières. Qu'est-ce que cela vient faire, dans la
codification des lois, la Loi des valeurs mobilières? Les gens ne le
savent pas du tout. Même dans cette Chambre, M. le Président, il y
a un grand nombre de députés qui, j'en suis sûr, si on les
interrogeait, ne seraient pas capables de nous dire exactement quelles sont les
fonctions de la Commission des valeurs mobilières et qu'est-ce que la
Loi des valeurs mobilières vient faire dans l'articulation
générale des lois du Québec.
Le ministre nous présente son projet de loi et je le
félicite de vouloir apporter des changements, mais, les changements
qu'il apporte ne constituent pas une réforme en profondeur. Parce qu'il
n'y a pas eu consultation au niveau de la population, des citoyens je ne
parle pas des consultations au niveau des financiers, au niveau de tous les
gens intéressés qui ont à traiter
régulièrement avec la Commission des valeurs mobilières
précisément parce que les gens ne savent pas ce que c'est,
parce qu'ils n'ont jamais saisi la dimension de la Commission des valeurs
mobilières, je crois que le projet de loi que nous avons devant nous est
prématuré. Il ne nous donne qu'un aperçu, enfin, il
ébauche une réforme que le ministre, je le sais, très
sincèrement, voudrait entreprendre dans ce domaine.
Or, le projet de loi tel qu'il nous est présenté
nous aurons l'occasion de le dire tout à l'heure est incomplet.
Il n'y a pas eu de consultation au niveau des citoyens. Lorsque je parle des
citoyens, je ne parle pas simplement des individus. Je parle de tous les
groupes qui ont une valeur représentative et qui sont
intéressés à voir exactement comment fonctionne
l'institution financière du Québec. Prenez, par exemple, les
chambres de commerce; prenez tous ces organismes qui s'occupent de
développement économique.
Ils seraient intéressés à venir se faire entendre
parce qu'ils sont, dans un très grand nombre de cas, eux-mêmes des
hommes d'affaires. Ils font partie de caisses d'entraide, de caisses
populaires, etc. Ils seraient intéressés à savoir
exactement comment tout cela fonctionne, quel est le rôle de la
Commission des valeurs mobilières. C'est pourquoi je dis que le projet
de loi que nous présente le ministre n'est que l'ébauche d'une
grande réforme. La demande qu'a faite le député de Gouin
de reporter à trois mois l'étude de ce projet de loi permettrait
au ministre d'aviser, de consulter ses spécialistes, de consulter encore
une fois les gens du monde financier, de consulter la population et de
démythifier une fois pour toute cette sorte de monstre ou cette sorte
d'être imaginaire que constitue la Bourse.
J'estime que la proposition du député de Gouin est
fondée sur une analyse de la situation et sur une connaissance des
réactions du public à l'égard de cet organisme
véritablement essentiel, extrêmement important qu'est la
Commission des valeurs mobilières.
Je ne veux pas, M. le Président, en demandant au ministre
d'ajourner à trois mois l'examen de son projet de loi, lui faire des
reproches parce que je sais qu'il a l'intention de bien faire et
d'accélérer le travail dans ce domaine. Je sais qu'il a
été pris à partie, je crois, si je ne m'abuse, par le
président de la Commission des valeurs mobilières, enfin par
quelqu'un qui fait partie de cet organisme. On a reproché au ministre,
à ce moment-là pas au ministre comme tel mais au
gouvernement de présenter des lois qui plaisent au peuple au lieu
de s'attaquer à des problèmes fondamentaux comme celui auquel
s'attaque le ministre aujourd'hui par son demi, semi ou mini-projet de loi.
Si les personnes qui ont présenté semblable requête
au ministre, qui se sont plaintes au ministre sont réllement conscientes
de la valeur de l'institution qu'est la Commission des valeurs
mobilières, elles accepteront avec nous, à la suggestion du
député de Gouin, d'ajourner l'examen de ce projet de loi afin
que, justement, nous ayons l'occasion d'étudier en profondeur
l'institution qu'est la Commission des valeurs mobilières, d'informer
les citoyens au sujet du rôle de cette institution. Ensuite, le ministre
aura tout le loisir, étant parfaitement renseigné, ayant
tâté le pouls de la population et procédé à
l'information de la population, de nous présenter non seulement une loi
qui n'est qu'une esquisse, qu'une ébauche de réforme mais une loi
beaucoup plus complète qui couvrira tout le terrain et qui
répondra fondamentalement aux exigences qu'ont formulées
eux-mêmes les membres de la Commission des valeurs mobilières.
C'est pourquoi, M. le Président, je crois que la proposition
présentée par le député de Gouin est fondée
et qu'il serait dommage qu'en ces derniers jours de la session l'on accepte un
projet de loi sans savoir si le ministre a l'intention, lorsque nous
reprendrons les travaux parlementaires, de procéder à une refonte
en profondeur de la loi régissant la Commission des valeurs
mobilières.
C'est pourquoi, M. le Président, je crois devoir mes
collègues seront d'accord avec
moi approuver la proposition du député de Gouin
pour les raisons qu'il a évoquées et parce que j'estime je
parle ici en profane qu'il est extrêmement important que les
citoyens sachent de quoi il retourne lorsqu'à l'Assemblée
nationale ou ailleurs dans le monde de la finance, de la Bourse, etc. on parle
de la Commission des valeurs mobilières, qu'on sache exactement de quoi
il retourne et quelle est la fonction de cette institution réellement
essentielle dans ce que l'on appelle les structures économiques d'une
nation.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, la motion qu'a
présentée le député de Gouin nous donne l'occasion
de protester vigoureusement contre la procédure qu'a suivie le
gouvernement pour l'adoption du présent projet de loi. J'ai
prêté une extrême attention à la mini-réplique
du ministre tout à l'heure lorsqu'il a interrompu aussi bien le
député de Gouin que le député de Chicoutimi. Le
ministre prétend d'une part qu'il a consulté tous les organismes
et toutes les personnes intéressées et deuxièmement qu'il
a fait plusieurs déclarations soit devant des clubs sociaux, soit devant
des organismes où il annonçait la teneur de son projet de loi ou
du moins ses orientations fondamentales.
Je mets en doute la première affirmation, car je ne crois pas que
le ministre ait consulté tous les milieux intéressés. Il a
certes consulté les milieux d'affaires qui sont les premiers
intéressés, les milieux du courtage, les milieux de la haute
finance qui ont à prévoir les relations qui peuvent s'instaurer
entre la Bourse de Montréal et la Bourse de Toronto. Il a
peut-être consulté d'autres personnes ou d'autres organismes qui
ont un rôle important dans l'orientation de la vie économique
québécoise, mais je ne sache pas quand même qu'il ait
consulté tous les organismes ou tous les citoyens qui de près ou
de loin sont intéressés à la structure, aux orientations
et au rôle que doit jouer, dans une économie bien
organisée, une commission des valeurs mobilières.
De toute façon, s'il avait procédé à ces
consultations, je pense que dans son discours de deuxième lecture nous
en aurions eu des échos plus nombreux que ceux que nous avons entendus.
Par ailleurs, le ministre dit que dans ses déclarations il a fait part
des intentions de son ministère et qu'il a indiqué les
thèmes majeurs que contiendrait le projet de loi.
Ceci nous paraît bien insuffisant en l'occurrence car, on l'a
souligné à loisir, cette commission des valeurs mobilières
est appelée à jouer un rôle très important dans la
vie du Québec. A cause précisément de cette importance, il
nous faut connaître bien plus que les grandes orientations d'un pareil
projet de loi; il nous faut connaître le texte même de chacun des
articles afin que le législateur puisse étudier les implications
dans la vie quotidienne, dans la vie courante de ce marché des valeurs
mobilières. Précisément, en ces matières infiniment
complexes, il est parfois absolument impensable que l'on puisse connaître
la portée d'un article sans qu'on puisse en étudier les
implications à la lumière non seulement de ses propres
expériences, mais des expériences des milieux d'affaires que
nous-mêmes pourrions consulter et à la lumière aussi de
certaines situations qui ont pu se présenter dans le passé et qui
ont pu donner lieu à certaines impasses ou à certaines
difficultés.
J'en prends à témoin, M. le Président, l'incident
particulier qui, semble-t-il, est à l'origine de ce projet de loi,
c'est-à-dire le rapport de la commission Moore. Lorsque ce rapport a
paru à l'époque je vous rappelle, M. le Président,
que ce rapport a paru il y a déjà plusieurs mois nous
avons vu tous les échos qu'il soulevait dans les journaux financiers,
bien sûr, mais aussi dans les journaux quotidiens qui n'ont pas une
spécialisation marquée pour la question.
Justement, si tous les journaux se sont émus, ont
étudié les recommandations de la commission Moore, ont
discuté des recommandations, c'est que précisément ces
recommandations mettaient eu jeu d'une façon importante non seulement
l'avenir de la Bourse de Montréal, mais également tout l'avenir
de l'économie canadienne et aussi, bien sûr, de l'économie
québécoise.
Ne serait-ce que pour cette raison, M. le Président, il aurait
été important, que dès le rapport de la commission Moore,
dans une déclaration ministérielle, le ministre nous indique la
réaction du gouvernement et les intentions du gouvernement en ce qui
concerne les législations à venir, de façon que nous
puissions nous préparer, dès cette époque, à
étudier un jour un projet de loi qui en entérinerait les
principales recommandations. Mais ceci n'a pas été fait, et parce
que ça n'a pas été fait, nous nous sentons aujourd'hui
dans l'impossibilité d'accepter immédiatement les articles de ce
projet de loi précisément parce que nous n'avons pas eu le temps,
ni de procéder aux consultations générales que cet
important projet de loi implique, ni surtout d'en saisir toutes les
implications au niveau des transactions courantes du marché
financier.
D nous semble, M. le Président, que le gouvernement ne devrait
pas se surprendre de notre réaction, pour deux raisons: La
première, si c'est vraiment le rapport de la commission Moore qui a
donné lieu à ce projet de loi, pourquoi le ministère, le
gouvernement n'ont-ils pas fait diligence pour nous présenter un projet
de loi il y a un mois, il y a deux mois? Ce qui aurait empêché de
le présenter dans les circonstances spéciales que nous vivons
à la fin d'une session et qui aurait évité au gouvernement
de
nous obliger à examiner à la vapeur, sous la pression de
la chaleur et des vacances qui viennent, un projet de loi aussi important.
Il nous semble que c'aurait été du devoir du gouvernement
de nous présenter ce projet de loi bien avant la date du 6 juillet
où nous sommes obligés de l'étudier dans des circonstances
difficiles. Le gouvernement ne devrait pas se surprendre de notre
réaction également pour une autre raison, parce que nous l'avons
prévenu à plusieurs reprises, que nous n'accepterions jamais,
quelles que soient les conditions, d'étudier à la vapeur des lois
importantes.
Nous avons fait entendre cette opinion à plusieurs occasions
déjà, lorsque nous avons discuté les règlements
sessionnels, lorsque nous sommes intervenus à la période des
questions, pour l'ordre du jour, lorsque nous demandions des directives au
leader du gouvernement. En privé également, nous avons
répété ces avertissements. Donc le gouvernement ne devrait
pas se surprendre lorsque, à l'occasion d'un projet de loi, nous faisons
valoir publiquement nos objections, notre opposition, nos
représentations, car nous ne faisons en cela que respecter le mandat qui
nous a été donné par les électeurs, surtout
maintenant qu'on vient de voter des augmentations aux députés,
afin que ces derniers puissent vraiment remplir le rôle pour lequel ils
ont été vraiment élus, c'est-à-dire tenter par tous
les moyens possibles, de saisir les orientations et les implications des
projets de loi et tenter de les améliorer par une critique la plus
sérieuse, la plus constructive et la plus étoffé qui
soit.
Par ailleurs, M. le Président, si nous laissions faire le
gouvernement, à l'occasion de ce projet de loi, nous nous rendrions
complices de l'esprit qui inspire pareille procédure au gouvernement.
Complices justement, parce que nous irions dans le même sens de cette
adoption précipitée à la dernière minute d'un
projet de loi important d'une part et, deuxièmement, parce que nous
consentirions nous-mêmes à jouer simplement le rôle
d'estampille, de "rubber stamp", de sceau d'approbation à des projets de
loi que nous consentons à ne pas étudier. Ce que ne nous
pardonnerait pas, et à juste titre, la population. Car, si d'une part,
le gouvernement doit faire tout en son pouvoir, de ne pas être, de ne pas
devenir surtout ce rouleau compresseur que le pouvoir peut lui donner la
tentation de devenir à n'importe quelle occasion du fait des
responsabilités qu'il exerce, nous, de notre côté, dans
l'Opposition, devons prendre bien garde que la fatigue, la hâte des
vacances ne nous inspirent pas, ne nous donnent pas le désir de nous
réfugier dans la facilité et de devenir simplement ce sceau
d'approbation, cette estampille qui est apposée pour la forme à
tous les projets de loi qui nous sont présentés.
D'ailleurs, M. le Président, le gouvernement ne devrait pas se
surprendre pour une autre raison. Parce qu'en agissant comme nous le faisons
cet après-midi, nous ne faisons que confirmer les déclarations du
premier ministre lui-même qui, lors du discours inaugural au début
de cette session, déclarait que l'intention première du
gouvernement était d'en arriver à une législation par
consensus.
Dans ce discours inaugural, il accordait une très grande
importance à la législation et non pas simplement au pouvoir
exécutif; il accordait une très grande importance au
législateur, qui se devait d'étudier le plus en profondeur les
projets de loi qui lui étaient présentés et il faisait un
devoir à l'Opposition, non seulement d'étudier d'une façon
attentive les projets de loi, mais de lui soumettre les critiques, les
éclairages, les amendements qui pouvaient les améliorer.
En fin de compte, une société est régie par ses
lois. Bien sûr, un gouvernement, avec les pouvoirs exécutifs qui
sont les siens, peut administrer, au jour le jour, peut même administrer
à long terme, en prenant des décisions majeures qui
intéressent l'orientation de l'économie. Il reste que tout cela,
à un moment donné, doit trouver son cheminement naturel et
aboutir à la présentation et à l'adoption de lois qui
confirment les décisions qui ont été prises par le pouvoir
exécutif. Cette dernière étape, qui est l'étape de
la législation, nous ne voudrions pas être accusés de la
négliger, nous ne voudrions pas être accusés de la passer
à la vapeur car c'est l'étape finale qui, au fond, demeure la
plus importante. C'est celle qui trouvera à s'inscrire, d'une
façon définitive, dans les statuts du Québec et c'est
à ces textes que devront se référer non seulement ceux qui
sont les administrés, tous les citoyens, mais également ceux qui
auront à débattre ces lois, à les interpréter
auprès des tribunaux, qui constituent le troisième pouvoir de
toute société démocratique.
C'est la raison pour laquelle nous ne voulons pas faire en sorte
d'être accusés de manquer à notre devoir dans cette
étape extrêmement importante et nous entendons, à
l'occasion de la présentation de l'actuel projet de loi, revendiquer les
droits qui sont les nôtres, qui forment les assises mêmes de nos
institutions parlementaires. Nous prenons l'occasion de rappeler au
gouvernement son devoir et nous l'adjurons de renvoyer ce projet de loi pour
trois mois afin, précisément, comme tous les orateurs qui m'ont
précédé l'ont dit, que toute l'opinion
intéressée soit entendue, tous ceux qui ont quelque chose
à voir dans les affaires dont traite ce projet de loi. Même s'ils
n'y ont pas affaire d'une façon directe, ils ont le droit de le
commenter parce qu'ils sont responsables de l'orientation de la chose publique
au Québec.
C'est la raison pour laquelle la demande du député de
Gouin, appuyée par l'Union Nationale, nous parait absolument essentielle
à ce moment-ci parce qu'elle met justement à nouveau en
lumière les fondements mêmes de notre action...
M. LEVESQUE: Appuyé par le député de
Chicoutimi.
M. LAURIN: ... de législateurs et les fondements mêmes de
nos institutions parlementaires.
M. PAUL: Endossé.
M. LAURIN: C'est la raison pour laquelle j'espère que, dans ce
délai que le gouvernement s'imposera, non seulement tous les
intéressés pourront se faire entendre, mais le gouvernement
pourra procéder à cette opération de sensibilisation de
l'opinion publique, à un certain ordre de réalités qui
malheureusement ne trouvent pas souvent la voie des journaux, contribuant ainsi
à éclairer l'opinion sur l'un des rouages les plus importants de
la vie économique, de la vie financière de n'importe quel Etat,
en particulier du Québec, dans la conjoncture difficile dans laquelle il
se trouve actuellement.
Souvent, nos orateurs politiques, à l'occasion de fêtes
nationales ou de célébrations de toutes sortes, font grief
à la population québécoise d'ignorer par trop les
réalités financières, les réalités
commerciales. Souvent on fait grief à la population de ne pas former
assez d'administrateurs. C'est un petit moyen, comme un autre, que le
gouvernement pourrait utiliser comme on l'a fait pour l'Ontario, ainsi que le
rappelait le député de Gouin, afin de sensibiliser l'opinion
à ces problèmes et afin que la décision qui sera prise
soit une décision de consensus, non seulement au sein des formations
politiques qui sont dans cette Chambre, mais au sein même de la
population, qui comprendrait davantage le sens du projet de loi du ministre,
qui participerait aux impératifs qui lui ont fait le présenter et
qui serait finalement d'accord, mais d'une façon beaucoup plus
éclairée et organique, sur les décisions, je n'en doute
pas, valables que le ministre entend voir adopter par cette Chambre.
M. William Tetley
M. TETLEY: M. le Président, une brève réplique
à la motion. J'ai onze raisons pour lesquelles la motion doit être
adoptée... doit être rejetée, pardon.
M. PAUL: Nous commencions à être contents.
M. TETLEY: Tout d'abord, l'éducation du public a
été faite par plusieurs moyens, par les journaux, par la
commission Bouchard qui a entendu bien des personnes, par mes propres
représentations et par les visites que j'ai faites. D'ailleurs, je n'ai
eu ni de la Bourse, ni de la Investment Dealers Association, ni du public, ni
des journaux, aucune objection au grand principe du bill. Je n'en ai pas eu,
non plus, à la commission des Institutions financières durant
l'étude des crédits du ministère.
Les personnes qui sont contre l'adoption aujourd'hui parlent de
l'éducation du public. Mais ça, c'est un processus à long
terme. Ce n'est pas l'idée principale ou même un but du bill
d'éduquer le public. Nous avons un système au ministère.
Nous avons de la publicité. Nous avons des dépliants. Nous avons
des brochures. Nous avons même une mini-bourse qui parcourt la province.
Il y a un autre principe: nous voulons protéger le public et il faut
adopter le bill pour protéger le public dès aujourd'hui.
Je note aussi que la grande refonte de la loi, y compris la Loi des
compagnies et cinq ou six autres lois, tout cela ensemble, ça va prendre
au moins deux ans. Nous travaillons avec les autres provinces. Nous voulons une
loi assez uniforme, mais cela va prendre au moins deux ans. Attendre la refonte
de la Loi de la commission des valeurs mobilières, en profondeur serait
une grande erreur.
Je le répète: C'est une loi technique. La commission Moore
a pris une décision. Je veux donner, pas à moi-même, mais
à une commission indépendante, avec des gens nommés
à vie, le pouvoir de contrôler, comme la commission en Ontario, la
Bourse de Montréal et la Bourse canadienne qui se trouvent à
Montréal. C'est important aujourd'hui. J'ai déjà
donné la raison. Nous avons appris, la semaine dernière, qu'il y
a des pressions, sinon une décision prise par les Bourses de
Montréal ou par leurs membres d'accepter la commission Moore. Ce serait
un désastre pour Montréal, parce que nous voulons créer
à Montréal un marché de capitaux. Nous voulons admettre
des financiers des autres pays du monde. L'Ontario veut tout contrôler
chez elle et cette commission Moore favorise l'Ontario. C'est pourquoi nous
sommes contre et c'est pourquoi Vancouver est contre.
M. le Président, la seule chose sur laquelle je suis en accord
avec le député de Gouin, c'est que je suis un ministre
anglophone. I accept it. Je sais que c'était une farce. Vous avez
commencé en demandant un délai de deux jours, après cela,
trois mois. M. le Président, je crois qu'il faut adopter dès
aujourd'hui le bill 63.
M. LEVESQUE: Sur division.
M. LE PRESIDENT: Je vais demander aux députés s'ils sont
en faveur. Sans appeler les députés, est-ce qu'il y a
enregistrement des voix ou quoi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur division.
M. LE PRESIDENT: La motion du député de Gouin est
rejetée sur division.
M. PAUL: Avec regret, de notre part.
M. Jean-Noël TremblayM. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le
Pré-
sident, parlant maintenant sur le fond de la question au sujet de cette
loi 63, je regrette, d'abord, que le ministre ne se soit pas rendu à
notre requête.
Les raisons qu'il a évoquées sont valables, mais ne
diminuent, ne minimisent en rien les raisons que nous avions de demander que
l'étude de ce projet de loi fût remise à trois mois. Je
voudrais faire observer ici que si je disais tout à l'heure que nous
reconnaissons la bonne volonté, l'excellente volonté du ministre
des Institutions financières, Compagnies et Coopératives, nous
savons que si ce projet de loi n'est pas venu plus tôt devant la Chambre,
c'est que le ministre n'a pu convaincre le leader parlementaire, probablement,
et même ses collègues du cabinet de l'urgence qu'il y avait de
nous soumettre plus tôt ce projet de loi.
J'espère que dans l'avenir l'on accordera plus d'importance au
ministre des Institutions financières, Compagnies et Coopératives
et que l'on examinera avec beaucoup de soin les propositions qu'il fait au
cabinet. C'est ainsi que si l'on avait tenu compte des demandes
répétées du ministre à ses collègues du
cabinet avant ce jour, il eût été possible au responsable
titulaire de ce ministère de nous présenter d'abord un projet de
loi plus complet et de le présenter en temps opportun,
c'est-à-dire à un moment où nous ne soyons pas
obligés d'examiner rapidement, disons à la vapeur je ne
prête pas l'intention ici au gouvernement un projet de loi
à caractère extrêmement technique, un projet de loi qui a
aussi des implications extrêmement importantes sur l'ensemble des
structures financières et administratives du Québec.
Le ministre et nous voulons lui faire confiance aura, en
vertu de ce projet de loi, beaucoup de pouvoirs de réglementation. Mes
collègues l'ont souligné avant moi, il eût
été normal et essentiel que ce projet de loi fût assorti de
la réglementation ou tout au moins des grandes lignes des principes qui
inspireront la réglementation que le ministre sera appelé
à appliquer dans la pratique, l'exécution de cette loi qu'il nous
demande d'adopter.
Je constate aussi que ces jours derniers le gouvernement a
apporté très rapidement ' une série de projets de loi dont
quelques-uns ont, à mon sens, une coloration politique. Je m'explique.
Certains projets de loi comportent, par exemple, la nomination de commissaires
ou membres de la régie nous le verrons d'ailleurs ce soir
comportent des nominations. On nous demande aux toutes dernières heures,
aux tous derniers jours de cette session d'adopter rapidement ces projets de
loi en nous disant: C'est urgent, il faut absolument que ces projets de loi
soient adoptés parce que nous avons besoin de ces instruments pour
donner au Québec une meilleure administration, pour relancer
l'économie, etc. etc. Toutes raisons valables et qui sont de nature
à donner le change dans l'opinion publique, mais qui toutefois n'abusent
pas les parlementaires.
Il est très clair que la commission que créera le ministre
sera constituée d'un certain nombre de personnages. Ces personnages, je
ne puis pas immédiatement les identifier, encore que j'aie certaines
présomptions concernant les nominations que fera le ministre ou le
cabinet.
A moins que le ministre ne nous le déclare tout à l'heure
lorsqu'il usera de son droit de réplique, ne nous fasse connaître,
plutôt, les noms des personnes qu'il se propose de nommer. Nous devons
maintenir l'objection suivante que l'intention du gouvernement est certainement
de favoriser certains personnages politiques.
M. TETLEY: Ce n'est pas vrai.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, ce n'est pas
l'intention du ministre parce que le ministre est pur et vierge de toutes
sortes d'intentions de cette nature.
M. TETLEY : Je ne suis pas vierge et martyr, mais nous aurons un
concours pour le poste de directeur.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous savons que le
ministre est, dans ce domaine, vierge et peut-être martyr de ses
collègues et que des gens ont fait des pressions' et qui lui ont dit:
Quand même, untel, untel, untel, on ne peut quand même pas...
M. TETLEY: Aucune suggestion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...le laisser en suspens, il a rendu trop de
services au parti, voilà, le lieu tout trouvé pour le caser !
Enfin, faisons acte de générosité et de charité et
espérons que le ministre pratiquera sa vertu dans le sens de la
reconnaissance dont le ministre des Transports s'est fait, à la fois,
l'apôtre, l'exégète et le propagandiste. Ainsi donc, M. le
Président,, je n'oublie pas là-dedans le
député de Hull il m'apparaît que le gouvernement, le
ministre eût dû assortir son projet de loi de la
réglementation et qu'il eût dû aussi nous donner des
indications sur la qualité des personnes qu'il s'apprête à
nommer à cette commission.
Nous l'avons dit tout à l'heure et j'y reviens parce que
cela est très important il n'y a pas eu, à notre sens, de
consultation. D'accord, le ministre nous a dit: Nous avons consulté
telle et telle personne des milieux financiers. Il ne nous a toutefois pas
rendu compte de ces consultations...
UNE VOIX: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...à savoir si on avait approuvé
le projet de loi tel qu'il est libellé. Il ne nous a pas, non plus, dit
qui exactement il a consulté, quels organismes ou quelles
sociétés il avait consultés. H ne nous a pas dit qvec qui
il avait pris contact et quels
étaient vraiment les organismes de pression qui le forcent
aujourd'hui à nous présenter ce projet de loi. Le ministre, tout
à l'heure, déclarait qu'il avait onze raisons impérieuses
de proposer aujourd'hui, à l'adoption de la Chambre, ce projet de loi.
Alors, sur les onze, j'en ai retenu à peu près deux: la
première et la deuxième qui peuvent se réduire à
une, c'est qu'il faut nommer des commissaires pour faire fonctionner la
nouvelle commission. Je crois que c'est là la grande raison que le
ministre pouvait apporter. Il nous a dit c'est un argument qu'il faut
retenir mais qui, à mon sens, ne justifie pas cette procédure
d'urgence que nous impose le gouvernement qu'il y a danger de transfert
de la puissance financière de Montréal à Toronto. C'est un
argument qui, dans l'opinion publique, a certainement une valeur, il a une
raisonnance. Mais, le ministre ne nous a pas fourni d'explication à ce
sujet, il ne nous a pas donné de détail, il ne nous a pas fait
part des transactions qui se produisent, il ne nous a pas fait part des faits
relatifs aux déplacements de sièges sociaux de grandes
entreprises, etc. Est-ce que le ministre n'a pas de faits précis
à nous donner ou est-ce qu'il craint, en nous fournissant des
renseignements précis, de nous indiquer que les investisseurs, les
grands financiers sont inquiets au sujet de la conjoncture économique du
Québec à cause de l'existence du gouvernement libéral dont
est membre le ministre des Institutions financières? Il eût fallu
que le ministre nous donnât au moins quelques indications sur ces
phénomènes qui l'incitent à user d'une procédure
expéditive pour nous faire adopter ce projet de loi.
Le ministre n'en a rien dit. J'attends que, dans sa réplique, il
nous fournisse tous les renseignements.
Le ministre, à mon sens, a mal présenté son projet
de loi. J'ai dit d'abord qu'il n'y a pas eu de consultation, que la loi a un
caractère extrêmement technique, qu'on ne sait pas exactement,
dans le public, ce qu'est la Commission des valeurs mobilières, ce
qu'est la Bourse, ce que sont tous ces jeux de finance, ce qu'est exactement le
monde financier. H ne nous a rien dit de cela.
Le ministre eût d'abord dû nous dire: La Commission des
valeurs mobilières, c'est ceci. C'est tel organisme ou telle structure
à l'intérieur des structures gouvernementales. Son rôle,
c'est ceci, ceci et cela. Voici le rôle qu'elle a joué dans le
passé. Voici le rôle qu'elle a joué jusqu'à ce jour.
Voici maintenant le rôle que nous entendons lui faire jouer à
l'avenir. En fonction de ce rôle que nous entendons lui faire jouer,
voici les raisons pour lesquelles nous vous demandons d'approuver ce projet de
loi qui modifie, en quelque façon, sinon la nature de la Commission des
valeurs mobilières, du moins son mode de fonctionnement.
Si le ministre avait procédé de cette façon, nous
aurions peut-être accepté de bonne grâce même de nous
soumettre à cette procédure expéditive, à cette
sorte de pression qu'on exerce à la toute fin de la session. Mais le
ministre ne nous a rien dit. Donc, nous ne savons pas vraiment pourquoi nous
aurions à adopter un projet de loi.
Le projet de loi n'est pas, en soi, contentieux. Il ne comporte rien de
révolutionnaire, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais on ne sait pas
exactement pourquoi le ministre tient tant à nous le faire adopter
aujourd'hui, précisément, comme je l'indiquais tout à
l'heure, parce qu'il n'a pas fait l'historique de la Commission des valeurs
mobilières. Il ne nous a pas dit d'où elle est partie, pourquoi
elle est née, pourquoi elle a été créée, ce
qu'elle a fait jusqu'à maintenant et pourquoi il est nécessaire
de changer la loi afin de lui faire jouer un rôle différent. Je
dis bien lui faire jouer un rôle différent. Je ne parle pas, pour
l'instant, d'en changer la nature, encore que, dans l'optique d'une refonte
générale de la Loi des valeurs mobilières, il serait
peut-être important de remettre en cause la nature même de
l'institution que constitue la Commission des valeurs mobilières, afin
de l'élargir aux dimensions de la conjoncture économique actuelle
du Québec. Nous espérons que le ministre, évidemment,
procédera à cette refonte dans les plus brefs délais
lorsque, par la voix de la majorité, on aura finalement adopté
son mini-projet de loi.
M. le Président, je me dis que le ministre, à l'occasion
de ce projet de loi, aurait pu aussi nous donner des renseignements sur
l'orientation du gouvernement en ce qui concerne le rôle de la Commission
des valeurs mobilières par rapport à la fonction que doivent
jouer les institutions financières dans l'ensemble de l'économie
du Québec. Dans les notes explicatives, le projet de loi dit ceci: "Des
règles nouvelles sont édictées au sujet des bourses de
valeurs mobilières, qui devront désormais être reconnues
par la commission pour pouvoir opérer au Québec et qui devront
aussi se conformer aux ordres et directives de la commission." Voilà un
aspect extrêmement important. Le ministre, ici, se devait ou se doit,
puisqu'il a un droit de réplique, de nous dire quel cas les institutions
financières dont on parle doivent faire du Québec.
Lorsque nous avons étudié le projet de loi créant
la Société de développement industriel, il a
été question, justement, du rôle des sociétés
financières du Québec dans le développement du
Québec.
Or, par ce projet de loi, le ministre pourrait nous dire il peut
encore le faire comment la Commission des valeurs mobilières
pourrait être chargée de veiller à cet aspect de
l'intégration dans l'ensemble de l'économie
québécoise de toutes les institutions financières qui
opèrent au Québec. Comment se fera la concordance de ces
institutions financières mentionnées au paragraphe que je viens
de lire avec la Caisse de dépôt, par exemple, avec tous les
organismes qui s'occupent ici de placements?
Le ministre se devait et se doit de nous le dire.
Le gouvernement, dans les notes explicatives du projet de loi, dit ceci:
"Le ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives peut, sur la recommandation de la commission, suspendre le
conseil d'administration d'une compagnie au cas de malversation, abus de
confiance ou autre inconduite ou au cas de manquement grave à ses
obligations ou si le conseil agit de façon à
déprécier la valeur des titres émis par la compagnie."
Cela est très technique. Cela touche au fonctionnement, à la
mécanique financière. Peut-être, le ministre pourrait-il
examiner la possibilité de confier à la Commission des valeurs
mobilières cette surveillance, par exemple, des fonds
québécois et de la participation québécoise aux
entreprises. C'est un aspect que le ministre devra considérer. S'il ne
peut le faire dans le cadre du projet de loi qu'il nous présente, c'est
un aspect qu'il devra considérer lorsqu'il s'attaquera à la
refonte de toute la loi régissant la Commission des valeurs
mobilières.
Ainsi, M. le Président, il m'apparaît que ce projet de loi
est, d'une part, prématuré nous l'avons dit tout à
l'heure parce qu'il touche à un domaine vital. Il touche aussi
à une institution extrêmement complexe et technique. Il est
prématuré aussi parce qu'il n'y a pas eu consultation et parce
que nous ne savons pas exactement pour quelles raisons, à ce moment
précis du 6 juillet 1971, le ministre veut modifier la Loi des valeurs
mobilières.
D'autre part, le projet de loi est incomplet parce que je l'ai
dit tantôt il n'est qu'une ébauche, que l'esquisse, qu'une
tentative de refonte de la Loi de la Commission des valeurs mobilières,
refonte dont a déjà parlé le ministre, d'ailleurs, et qui
lui a été demandée par le président de la
Commission des valeurs mobilières. Je dis donc que c'est une loi
prématurée, que c'est une loi incomplète.
En ce qui nous concerne, nous parlementaires, législateurs, je
dis que ce projet de loi nous est soumis à peine 24 heures avant qu'on
ne nous demande de l'étudier, de l'examiner. Vous comprendrez, M. le
Président, que c'est bien peu de temps pour saisir la portée du
projet de loi et pour découvrir aussi les intentions du gouvernement. Je
ne dis pas les mauvaises intentions du gouvernement. Lorsque je parle
d'intentions, je parle des orientations du gouvernement. On pourra nous dire:
Le gouvernement n'accepte pas de retirer un projet de loi comme ça; il
n'accepte pas d'en retarder l'examen, mais le gouvernement vient
déjà de le faire deux fois, pour la Loi des transports et pour la
Loi de l'évaluation foncière. Il le fera peut-être aussi
pour la loi 27, sur le regroupement des commissions scolaires. Alors, je me
demande pourquoi le ministre insiste tant pour faire adopter ce projet de
loi.
La seule chose, la seule raison qui me justifierait... Remarquez, M. le
Président, que je ne m'opposerai pas au projet de loi. Nous allons
accepter même s'il est incomplet, même si en fait il n'a pas une
portée extraordinaire. Je suis disposé à accepter le
projet de loi pour la seule raison suivante, indépendamment des autres
raisons d'ordre technique, administratif, financier, etc., simplement pour
donner raison au ministre lorsqu'il a insisté auprès de ses
collègues pour que ce projet de loi fût présenté
avant ce jour.
Le ministre a eu un mal fou à convaincre ses
collègues.
M. PAUL: C'est pour le couvrir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes prêts, nous, à lui
prouver que nous avons confiance en lui, que nous avons confiance en son
ministère et que nous croyons que son ministère est un
ministère important en dépit de ce qu'en pensent ses
collègues. Simplement pour cette raison, moi, je serais porté
à approuver le projet de loi, et c'est ce que je vais faire. Vous
comprenez,. M. le Président, c'est une raison peut-être
sentimentale, une raison de solidarité avec le ministre. Les
véritables raisons, c'est que le projet de loi apporte certaines
modifications. Il a, dans l'esprit du ministre, une importance dont il ne nous
a pas d'ailleurs encore convaincus, dont il va nous convaincre, j'en suis
sûr, lorsqu'il usera de son droit de réplique. Pour ces raisons,
nous allons nous soumettre à la pression de la majorité je
dis la majorité pas présente, une majorité occulte,
latente ou cachée je ne sais trop où, je ne sais trop où
elle se terre nous allons accepter le projet de loi tout en invitant le
ministre à réexaminer l'ensemble du problème, à
mener auprès de tous les citoyens intéressés, tous les
corps publics, tous les organismes représentatifs, des enquêtes
sous forme de consultations afin qu'il puisse nous revenir d'ici quelques mois.
Et s'il a besoin d'auxiliaires pour faire pression auprès de ses
collègues, nous serons là pour l'aider afin que le ministre
puisse nous revenir avec un projet de loi qui nous indiquera exactement quelles
sont les orientations économiques du gouvernement actuel et quelle est,
par rapport à ces orientations économiques du gouvernement
libéral, exactement la fonction, le rôle que l'on entend faire
jouer à la Commission des valeurs mobilières.
Ainsi, M. le Président, à la fois par solidarité
pour le ministre, en dépit des faiblesses de la loi, de son
caractère incomplet et de la précipitation de la
procédure, en dépit de tout cela, nous allons approuver son
projet de loi. Nous espérons que cela servira de leçon à
son gouvernement, à ses collègues afin qu'ils se rendent compte
que le ministre des Institutions financières a entre les mains
son ministère, je veux dire un instrument extrêmement
important et que le titulaire ne devrait pas avoir à se battre pendant
des mois pour faire accepter par ses collègues l'idée même
de considérer la possibilité de présenter un projet de
loi.
Voilà, M. le Président, la position que je prends en ce
qui concerne ce projet de loi. J'espère que le ministre, appuyé
par son collègue de Matane, ministre d'Etat aux Finances les deux
seuls ministres présents, d'ailleurs voudra bien tenir compte des
suggestions que nous lui avons faites et qui ne sont pas, en ce qui me
concerne, des suggestions d'ordre technique et très savantes, mais des
suggestions qui visent à inciter le ministre à replacer tout le
problème de l'examen du rôle et de la fonction de la Commission
des valeurs mobilières, à replacer tout ce problème dans
l'optique des grandes orientations économiques du gouvernement
libéral.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres députés qui veulent
user de leur droit de parole? La réplique de l'honorable ministre.
M. William Tetley
M. TETLEY: M. le Président, je remercie sincèrement les
députés de l'Opposition de leurs observations, qui sont des plus
valables. Je favorise moi-même le débat, je favorise
l'Assemblée nationale et la démocratie. D'autre part, je favorise
aussi l'efficacité. Je crois que vous avez très bien
exprimé vos idées.
J'ai pris note que la plupart du temps sinon complètement vous
favorisez le bill. J'ai noté des observations assez importantes. Le
député de Gouin a fait un tour d'horizon important de notre monde
financier, je suis 100 p. c. d'accord avec lui. Le député de
Chicoutimi a fait une suggestion à l'effet que, dans la refonte profonde
de la Commission des valeurs mobilières, la commission devrait avoir un
rôle de contrôle de certaines industries, compagnies de la couronne
ou mixtes; c'est une suggestion intéressante.
Pour ma part, je dois signaler que le bill est important aujourd'hui.
Mes collègues sont tous d'accord, je n'ai pas eu de problème au
conseil des ministres. Si c'était votre idée...
M. PAUL: Finalement d'accord.
M. TETLEY: Ils sont toujours d'accord, tout conseil des ministres doit
être d'accord et le nôtre l'est. Le député de
Chicoutimi avait parlé d'un bill prématuré et incomplet.
Mais le bill est complet en soi, c'est un bill ayant trois ou quatre buts
clairs et nets. Ce n'est pas une refonte de la loi et ce n'est pas
prématuré, il faut le présenter aujourd'hui.
Je n'ai pas d'autres remarques sauf de remercier encore mes
collègues d'en face de leurs observations. Je prends note de leurs
critiques et je vais envoyer une copie de leurs compliments à mon
épouse.
M. PAUL: C'est vrai? On va en mettre plus.
M. TETLEY: J'espère que nous allons adopter le bill 63.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture du bill 63
sera-t-elle adoptée? Adopté.
M. PAUL: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives fait motion pour que je quitte maintenant le
fauteuil pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier le bill 63. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. PAUL: Adopté.
Comité plénier
M. CARPENTIER (président du comité plénier): A
l'ordre! Bill 63, article 1.
M. PAUL: M. le Président, l'honorable ministre pourrait-il
préciser, du côté pratique, la définition que l'on
retrouve au paragraphe 9b): "en ajoutant à la fin du sous-paragraphe a)
du paragraphe 11; après le mot "naturel"; ce qui suit: "ou d'un contrat
de concession en vertu duquel le concessionnaire obtient certains droits
particuliers quant à l'exploitation d'une entreprise."
Au point de vue pratique, qu'est-ce que cela veut dire droits
particuliers?
M. TETLEY: En réponse à l'honorable député
de Maskinongé, cela veut dire que c'est un contrat de franchise. Nous
avons copié cela presque entièrement, sinon entièrement,
sur la loi de l'Alberta. C'est pour contrôler les grandes franchises.
M. PAUL: Vous pouvez le faire moyennant des conditions
particulières.
M. TETLEY: Pardon?
M. PAUL: Vous pouvez le faire en accordant certaines concessions
particulières.
M. TETLEY: C'est ça. C'est la définition.
M. PAUL: Est-ce que le ministre a à la mémoire le nom
d'une entreprise qu'il pourrait nous citer, sans vouloir faire de la
publicité autour d'entre elles, par exemple?
M. TETLEY: Peut-être une compagnie de restaurants. Sept
restaurants ou six hôtels.
M. PAUL: Châtelaine, une série comme ça?
M. TETLEY: C'est ça, ou une compagnie qui donne la franchise de
pommes de terre frites, "patates frites", dans toute la province, à
certaines personnes, ou même la crème glacée.
M. PAUL: Est-ce que la chaîne de restaurants Perrette entrerait
là-dedans, éventuellement?
M. TETLEY: Peut-être. C'est au président de décider.
M. le Président, puis-je annoncer que je n'ai aucunement l'intention de
suggérer des remplaçants aux trois commissaires? Les trois
commissaires sont nommés à vie et le député de
Chicoutimi se trompait un peu.
M. PAUL: D'abord, on doit féliciter le ministre de
reconnaître la sagesse de ses prédécesseurs, parce que nous
n'avons nommé que des compétences. Alors, c'est
déjà un bel hommage. A ce point de vue là, vous me
permettrez de remercier le ministre, en même temps que de rendre un
témoignage de compétence, d'efficacité,
d'honnêteté, de savoir-faire, de dirigisme à l'endroit de
messieurs les commissaires.
M. TETLEY: Merci pour eux.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté. Article 2?
M. PAUL: A l'article 2, un instant. Adopté, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 3?
M. ROY (Beauce): L'article 3 dit ceci: "L'Article 4 de ladite loi est
abrogé". L'article 4 dit: "Les dispositions des articles 76, 91, 92, 93,
94, 95, 96, 97 et 100 de la Loi des tribunaux judiciaires s'appliquent mutatis
mutandis aux commissaires. Les années de service pendant lesquelles une
personne, avant d'être nommée membre de la commission, a fait
partie du service civil de la province lui sont comptées pour les fins
de sa pension comme commissaire".
Alors, M. le Président, pourquoi la suppression de cet
article?
M. TETLEY: Parce que, par l'article 25, les commissaires actuels vont
garder leur pension. Les nouveaux commissaires, si d'autres sont nommés
à l'avenir, vont suivre les procédures normales, qui se trouvent
à l'article 26 de la loi, à la page 13.
M. PAUL: Les articles de référence du ministre ne sont pas
tellement bons.
M. TETLEY: Pardon?
M. PAUL: Les articles que vous nous donnez en référence,
l'article 26.
M. TETLEY: L'article 26 du bill, à la page 13.
M. PAUL: Ah! très bien. D'accord.
M. TETLEY: C'est par cette loi qu'ils vont suivre le cours ordinaire des
fonctionnaires. Ils auront la même pension qu'un fonctionnaire et non la
pension d'un juge. Mais ils auraient certains crédits, s'ils
étaient fonctionnaires.
M. ROY (Beauce): Alors, le ministre peut nous dire que les personnes ne
perdront aucunement les droits acquis qu'elles avaient en vertu de l'ancienne
loi.
M. TETLEY: Exactement. C'est pourquoi le président est ici. En
effet, le président et les deux commissaires ont préparé
le brouillon de cet article à mon bureau.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté? M. ROY (Beauce):
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 4? Adopté. Article 5.
M. JORON: M. le Président, l'article 5, si je comprends bien le
poste de directeur général est nouveau. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire qui, dans le passé, à l'intérieur de
l'ancienne structure de la commission, exerçait les fonctions qui sont
dévolues à l'actuel directeur général? Est-ce parce
qu'on a voulu séparer les fonctions? J'imagine que peut-être le
président cumulait plusieurs de ces fonctions autrefois.
M. TETLEY: Exactement.
M. JORON: On veut séparer les choses de nature parajudiciaire de
celles d'ordre purement administratif.
M. TETLEY: Exactement. Autrefois, le président était juge
et aussi administrateur. Par le bill, nous donnons au président plus de
pouvoirs comme juge, le droit d'évocation, même juge en appel un
peu, contrôle des bourses, mais nous retirons certains pouvoirs
d'administration comme l'achat de tables, papeterie, crayons, etc. Et pour une
bonne raison, parce que nous avons mis ensemble la Commission des valeurs
mobilières et les autres services du ministère dans le même
édifice, au même étage; nous avons un chef du personnel, un
pourvoyeur, etc. Un surveillant s'occupe des heures d'arrivée et de
départ des secrétaires de tout l'étage. C'est
nécessaire qu'on ait les mêmes règles partout parce que
tout le monde est ensemble.
Donc, le président a plus de pouvoirs, il garde son pouvoir
d'énoncer les politiques. Ce n'est pas moi, c'est le président
qui me présente, souvent après consultation, toujours
après consultation, les énoncés de politiques pour
l'avenir et il va garder ce pouvoir et tous les autres.
Donc, le directeur général est un homme qui s'occupe de
l'administration telle que le pouvoir
d'émission des permis. Il y a tellement d'émissions de
permis chaque jour. Le président aura le droit d'appel ou même
d'évocation. C'est-à-dire que le président peut dire:
Moi-même, je veux contester votre décision. Ou même: Je veux
contester le fait que vous n'avez pas pris de décision, que le dossier
est toujours ouvert. Il a ce droit en plus des droits au sujet de la Bourse.
Et, même M. Lafferty, avait un problème avec la Bourse. Il m'a
demandé de prendre note du jugement de la Bourse et de me
considérer comme juge ou que M. Lajeunesse soit juge, mais on n'avait
pas ce pouvoir.
A l'avenir, les trois commissaires auront le droit d'écouter
l'appel de quelqu'un comme Lafferty qui a reçu une amende à la
bourse de $15,000.
M. PAUL: M. le Président, l'honorable ministre a bien
spécifié que la nomination du directeur général se
ferait par appel de concours de la part de la Commission de la fonction
publique. Est-ce que dans la désignation des fonctions, le
ministère, le sous-ministre, M. Bouchard, par exemple, verra à
exiger des critères ou des normes de compétence qui seront
acceptées par la fonction publique? Parce que je crois bien que c'est au
ministère même qu'on sera en mesure de connaître et
d'exposer les qualités de base, l'expérience, la connaissance des
milieux, des systèmes boursiers, etc. Alors est-ce que cette
échelle de classification a déjà été
arrêtée? Est-ce qu'elle a déjà été
transmise à la fonction publique?
M. TETLEY: Les qualités requises du directeur
général sont presque préparées. Mais il faut
évidemment que la fonction publique s'en occupe, que le ministère
s'en occupe et que la commission, comme vous l'avez dit, s'en occupe car il
faut que cet homme travaille avec le ministère, avec la commission et
avec la fonction publique.
Il y aura un jury. Qui doit être membre du jury? Je me le
demande.
M. PAUL: Non, je ne demande pas au ministre de nous nommer les membres
du jury.
M. TETLEY: Non.
M. PAUL: Mais qu'on exige des qualifications bien précises de la
part...
M. TETLEY: Ah oui!
M. PAUL: ... des aspirants candidats.
M. TETLEY: C'est ça. Mais c'est très difficile de trouver
des candidats à un tel poste.
M. PAUL: Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté. Article 6?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 7?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté, Article 8?
M.PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 9? Adopté. Article
10?
M. PAUL: M. le Président, au sujet de l'article 10, est-ce qu'il
y a eu consultation avec l'Office de révidion du code civil, même
s'il s'agit d'un article de procédure civile? Est-ce que l'on a
consulté l'Office de révision du code civil dans la
rédaction finale de...
M. TETLEY: Oui.
M. PAUL: ... cet article-là?
M. TETLEY: On m'informe que oui. Nous avons consulté aussi un
comité interministériel...
M. PAUL: De législation.
M. TETLEY: Oh oui! de législation mais aussi un autre
comité de légistes, c'est-à-dire le comité de la
refonte administrative a été consulté ainsi que la
commission de la refonte du code civil.
M. LE PRESIDENT: Article 10, adopté?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 11?
M. ROY (Beauce): L'article 11, M. le Président, modifie l'article
16 de ladite loi en ajoutant à la fin de l'alinéa suivant: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil, peut par règlement, soustraire
à l'application du présent article certaines ventes ou
transactions qu'il désigne."
J'aimerais que le ministre nous précise davantage cet article et
nous donne quelques exemples.
M. TETLEY: Oui. C'est le cas de certaines compagnies d'assurance ou la
Caisse de dépôt et autres organismes comme cela. Le
lieutenant-gouverneur, par règlement, peut soustraire ces compagnies. Je
dois noter qu'il n'y a pas eu de règlement du lieutenant-gouverneur
depuis 1956, je crois. Il n'y a qu'un seul règlement. Nous allons
modifier ce règlement, je l'espère. En effet, c'est le
président et les commissaires qui font ce travail. Il n'y aura aucun
problème entre le ministère et la commission, j'en suis
certain.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 12?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 13? Adopté.
M. ROY (Beauce): Un instant, s'il vous plaît. A l'article 12,
paragraphe g), on dit: "Les ventes de valeurs mobilières à des
compagnies d'assurance ou de fidéicommis ou à des banques
à charte et à toute autre institution ou compagnie
désignée par la commission." Alors, pour quelle raison
demande-t-on à la commission de désigner ces choses-là
plutôt que de les stipuler dans la loi? En somme, on semble donner
énormément de pouvoirs à la commission et, de ce fait, le
gouvernement lui-même, soit par règlement ou autrement, n'aura pas
son mot à dire, en quelque sorte.
M. TETLEY: Oui, mais voici. Pour certains fonds de pension, comme celui
d'Air Canada ou d'autres compagnies, même d'une coopérative, on va
venir devant la commission et non pas devant le gouvernement, parce que la
commission est indépendante. On va demander une exemption pour certaines
raisons ou pour certains achats.
Nous ne donnons pas ce droit d'exemption au gouvernement ni par une loi,
ni par règlement. Nous donnons ce droit d'exemption à la
commission indépendante de par la loi. Mais on ne peut pas donner tous
les exemples, toutes les compagnies, tous les fonds de pension. C'est une
discrétion aux commissaires qui sont en effet nommés comme
juges.
M. ROY (Beauce): En somme, les commissaires ont le pouvoir d'accorder
l'exemption ou de ne pas l'accorder. C'est aussi simple que cela.
M. TETLEY: C'est cela.
M. ROY (Beauce): II me semble que c'est justement là le point. Je
me demande si ce ne serait pas le rôle, justement, du gouvernement qui a
tout de même la responsabilité d'administrer la province, de par
une réglementation qui pourrait tout de même être assez
souple, mais pour que le gouvernement ait tout de même quelques mots
à dire là-dedans.
M. TETLEY: Vous présentez un point de vue: Le gouvernement
doit-il contrôler les exemptions, doit-il contrôler les Bourses ou
est-ce que cela doit être une commission indépendante? Lorsque la
commission a été créée il y a longtemps au
Québec, dans les autres provinces et aux Etats-Unis il y avait
plutôt un contrôle par le gouvernement. Depuis ce temps, au
Québec, nous avons laissé cela à une commission
indépendante.
Pour ma part, je favorise la commission indépendante. J'aimerais
plus de pouvoirs, peut-être. Mon jugement est peut-être meilleur
que le jugement des commissaires, mais j'en doute. Les commissaires sont des
spécialistes. Ils sont indépendants. En vertu du bill, il y aura
un de leur jugement, à l'avenir. Je crois que le système actuel
est meilleur.
M. ROY (Beauce): M. le Président, disons que j'accepte
très bien les explications que le ministre vient de nous donner, mais
j'aimerais tout de même que le ministre nous rassure à l'effet que
les exemptions ou les permis qui seront accordés le seront selon une
réglementation bien établie d'avance, de façon qu'il n'y
ait pas de discrimination ou trop de discrétion. C'est l'assurance que
j'aimerais avoir du ministre avant de donner mon approbation à cet
article 12.
M. TETLEY: Oui. Je peux rassurer l'honorable député de
Beauce. En effet, les commissaires, tous les six mois, toutes les six semaines
ou lorsqu'ils le jugent convenable, émettent ce qu'on appelle un
énoncé de politiques, un énoncé de politiques non
pas par un politicien mais par un commissaire indépendant.
Peut-être y a-t-il d'autres institutions au Québec, le transport,
etc., qui doivent aussi être indépendantes? Je me le demande. En
tout cas, cet énoncé est émis par les commissaires. Je le
reçois à mon bureau le matin, comme vous, la même
journée où cela paraît dans les journaux. Toute personne ou
toute compagnie intéressée peut le lire. Il y a soit appel
à moi ou directement à la commission. L'énoncé de
politiques, quand même, ne vise pas la commission. C'est un
énoncé de politiques, mais vous ou votre association pouvez quand
même venir devant la commission. Disons qu'une compagnie de chaussures ne
peut pas avoir une exemption. Vous pouvez venir devant la commission et
demander l'exemption malgré ce fait. Si la commission n'accorde pas
l'exemption, vous aurez un appel.
M. ROY (Beauce): Au sujet de ce droit d'appel, M. le Président
remarquez bien que je ne mets en doute ni l'honnêteté, ni
la compétence de ceux qui étaient là dans le passé,
de ceux qui sont là encore aujourd'hui et de ceux qui seront là
dans l'avenir il y a une question de principe. Advenant le cas, par
exemple, qu'une institution aurait droit, selon certaines normes, à ce
qu'on pourrait appeler une exemption et que, justement, on se prévaut de
la clause d'appel et que cet appel prend énormément de temps
avant que le jugement soit rendu, quel serait le recours possible pour une
compagnie qui, par exemple, pourrait se sentir lésée dans ses
droits?
M. TETLEY: La justice est lente. Le député de
Maskinongé peut vous expliquer cela. Parfois, la justice est lente. Mais
d'autre part...
M. PAUL: Avez-vous dit que j'étais lent?
M. TETLEY: Non. J'ai dit que vous connaissiez la procédure en
cour et que, quelquefois, c'est lent. C'est comme en Chambre; parfois, un
ministre veut présenter un bill rapidement, mais on conteste et on prend
des risques.
M. ROY (Beauce): C'est justement le point que je voulais souligner, M.
le Président. Si une compagnie se sentait lésée dans ses
droits et avait recours à la justice, à cause des lenteurs qu'a
mentionnées le ministre, il y aurait des délais de deux et
même de trois ans avant que le jugement soir rendu. Je me demande donc
s'il n'y aurait pas lieu, lors de l'étude de ce projet de loi,
d'instaurer un mécanisme qui pourrait faire partie de la loi et qui,
justement, permettrait un jugement beaucoup plus rapide des causes qui
pourraient être soumises. Je pense que c'est très important pour
les compagnies qui seront appelées à jouer un rôle de
premier plan dans l'avenir de la province. Toutes sortes de raisons peuvent
faire que les commissaires n'accordent pas l'exemption qui aurait
été demandée par la compagnie. Le seul recours qu'aurait
la compagnie, ce serait vis-à-vis de la justice. Or, à cause de
tous ces délais, cette compagnie ne pourrait pas
bénéficier des avantages que lui auraient procuré les
exemptions: elle ne pourrait pas jouer son rôle et se verrait ni plus ni
moins, lésée ou dépouillée de ses biens à
plus ou moins brève échéance.
M. TETLEY: Je dois noter que c'est un amendement à l'article 20
de la Loi des valeurs mobilières, chapitre 274. En effet, c'est une
exemption à l'enregistrement. S'il n'y a pas d'exemption, la compagnie
peut quand même enregistrer comme tout le monde et ou aller en appel.
Donc, en vertu de l'article 20 de la loi que nous modifions aujourd'hui, la
droit du citoyen ou de la compagnie en question n'est pas perdu. Jusqu'à
maintenant, depuis environ quinze ans, nous n'avons eu aucune plainte. Mais,
chaque fois qu'il y a une décision, il y a un perdant. Parfois, il y a
deux gagnants, mais c'est rare. Il peut y avoir une décision contre une
certaine compagnie, mais il y a l'appel, le droit d'enregistrement, comme tout
le monde. L'exemption est un cas spécial.
M. LE PRESIDENT: Article 14?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 15, adopté.
M. PAUL: Concordance, adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 16, adopté. Article 17?
M. JORON: M. le Président...
M. ROY (Beauce): A l'article 17, M. le Président, paragraphe
e)...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'honorable député
de Gouin.
M. JORON: A l'article 17, paragraphe j): "Définir et
réglementer les transactions ou activités des dirigeants ou
initiés," c'est-à-dire les "insider trading" les "take over bids"
et ainsi de suite. On dit que le lieutenant-gouverneur pourra, par
règlement, définir et réglementer ces
transactions-là. Cela reste quand même relativement vague. Il est
heureux que le projet de loi mentionne qu'on va s'intéresser à
ça, mais nous n'avons quand même pas l'assurance par cette
loi-là, que, maintenant, les mécanismes existent, puisqu'il reste
à la volonté du lieutenant-gouverneur d'édicter les
règlements ou de ne pas les édicter. Nous ne sommes quand
même pas assurés que les mécanismes existent maintenant
pour protéger les intérêts des actionnaires minoritaires
qui sont souvent lésés dans des "take over bids", par exemple. M.
le Président, vous me pardonnerez, je l'espère, ce langage peu
parlementaire, mais je pense à la saloperie que la famille Brillant de
Rimouski a fait au sujet de Québec Téléphone, il y a
quelques années, en vendant à un taux...
M. TETLEY: Je ne suis pas au courant; je note que je ne suis pas au
courant.
M. JORON: Je ne vous mets pas en cause non plus. D'ailleurs, vous
n'étiez pas ministre des Institutions financières, il n'existait
même pas de tel ministère à l'époque. Et je pense
que la commission n'avait pas le pouvoir d'intervenir. La famille avait vendu
ses actions qui représentaient une majorité dans Québec
Téléphone à l'Anglo Canadian Telephone, mais sans que la
même offre soit faite aux actionnaires minoritaires.
C'est là la question que je vous pose, quand vous parlez d'avoir
éventuellement une réglementation sur "l'insider trading", est-ce
que ce sont des réglementations qui éviteraient des cas
semblables que vous avez en vue?
M. TETLEY: J'espère que les règlements vont éviter
des cas semblables et d'autres cas où les
sociétaires-propriétaires de parts minoritaires ont perdu de
l'argent. Le président qui avait la majorité ou même la
minorité, dans un cas que je connais, avait vendu ses parts
privilégiées. D avait racheté ses parts
privilégiées, parts qui n'avaient que 2 p.c.
d'intérêt, il y a longtemps. La compagnie a payé une somme
énorme, $500,000, et elle a dû trouver de l'argent à la
Bourse ou ailleurs pour payer cet achat-là, sans aucune raison. C'est
complètement, à mon avis, frauduleux et nous voulons
arrêter si possible ces procédés.
M. JORON: Est-ce que ça permet également une intervention
dans des compagnies qui ne sont pas nécessairement à
caractère public ou parce qu'elles sont portées en Bourse, dans
une
compagnie privée par exemple qui serait composée...
M. TETLEY: Oui.
M. JORON: ...de trois ou quatre actionnaires? Est-ce que ça
permet d'intervenir également?
M. TETLEY: Oui, mais pour les compagnies privées il y a la
procédure du "winding up act", la Loi sur la faillite aussi. Depuis la
jurisprudence assez récente et les modifications à ces
lois-là, un actionnaire minoritaire peut prendre action pour mettre la
compagnie en faillite. C'est une procédure que j'ai employée deux
fois avec grand succès, mais nous allons protéger les compagnies
privées aussi ou les actionnaires des compagnies privées.
M. JORON: M. le Président, me permettez-vous d'ajouter que je ne
peux que souhaiter que ces règlements soient édictés le
plus tôt possible? Tant qu'ils ne le sont pas, évidemment,
ça reste un souhait et Dieu sait qu'on a besoin de cette
législation.
M. TETLEY: C'est pourquoi je présente le bill aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, justement à cet article
j'avais fait une observation lors du débat en deuxième lecture,
pour dire au gouvernement ceci : C'est que toute la loi est en quelque sorte un
grand cadre sans contenu. On donne tous les pouvoirs en quelque sorte au
lieutenant-gouverneur en conseil de décider par règlement
à peu près de tout ce qui peut regarder la gestion du commerce
des valeurs mobilières dans la province de Québec.
Si je déplore qu'il y a un grand cadre sans contenu, je
déplore également qu'il n'y a aucune disposition, du moins je
n'en ai pas vu en lisant le projet de loi. Je dirai que nous n'avons pas eu
tellement le temps de le faire comme les autres l'ont dit tout à
l'heure. Je déplore qu'il n'y ait aucune disposition concernant les
entreprises étrangères qui viennent chercher des capitaux au
Québec ou qui viennent vendre toutes sortes de contrats au
Québec. Elles viennent de ce fait chercher nos épargnes chez nous
pour ensuite les mettre à la disposition d'autres entreprises qui
peuvent venir chez nous mais qui ne viennent pas toujours. Ceci contribue en
quelque sorte à une saignée considérable de nos
épargnes, surtout au Québec à l'heure actuelle, qui
prennent le chemin d'autres provinces et qui traversent même la
frontière des Etats-Unis.
Je me permets de le souligner au ministre, parce que je pense que le
gouvernement vient de rater une très belle occasion avec la Loi
modifiant la loi des valeurs mobilières, de mettre des dispositions dans
la loi qui permettraient au gouvernement d'établir une certaine
réglementation à ce sujet-là de façon à
pouvoir exercer un certain contrôle des capitaux qui sortent de chez nous
à chaque année, pour tomber justement entre les mains
d'entreprises étrangères qui viennent nous exploiter en
exploitant nos capitaux.
M. TETLEY: Je suis d'accord pour dire qu'il faut contrôler toute
compagnie, y compris les compagnies étrangères. A l'article 1, se
trouve la définition d'une compagnie; c'est toute corporation,
c'est-à-dire de Québec ou d'une autre province. En effet, la
commission contrôle depuis longtemps aussi bien les compagnies
étrangères que les compagnies du Québec ou du Canada.
M. LE PRESIDENT: Article 17, adopté. Article 18, adopté.
Article 19, adopté. Article 20, adopté. Article 21?
M. JORON: M. le Président, l'article 21 élargit
considérablement le contrôle de la commission sur les
activités des différentes Bourses. Puis-je demander au ministre,
pour nous situer dans le contexte il a abordé le sujet dans son
discours de deuxième lecture si c'est suite aux recommandations
du rapport Moore et peut-être aux décisions que la Bourse de
Montréal et la Bourse canadienne s'apprêteraient à prendre
quant à ces recommandations-là?
En d'autres mots, est-ce que par cet article-là, entre autres,
vous voulez vous préparer à l'avance "to overrule" les
décisions à cet effet-là que pourraient prendre la Bourse
de Montréal et la Bourse canadienne?
M. TETLEY: C'est exact. La coopération que j'ai eue depuis le 1er
octobre, depuis que je suis ministre des Institutions financières, avec
les deux Bourses est remarquable. Je n'ai eu aucune objection. Il y avait aussi
un problème d'éducation de la part du ministre; il y avait aussi
un problème d'éducation de la part des Bourses. Des membres de la
Bourse croyaient que leur seul but était d'aider eux-mêmes les
membres. Si une Bourse à Toronto a été plus efficace pour
eux, deux sièges, un à Toronto et un à Montréal,
tant mieux.
Pour ma part, après tant de réunions, soupers,
dîners, rencontres, enquêtes, lettres, documents, étude
profonde de la commission Moore et d'autres documents de la commission
Bouchard, j'ai vu que c'est dans l'intérêt du Québec
d'avoir un marché de capital, d'avoir nos deux Bourses, pour une bonne
raison, parce que c'est une grande industrie qu'il nous faut au Québec.
Une deuxième raison: Si les gens quittent nos CEGEP et nos
universités pour faire carrière dans le monde financier, je veux
et nous voulons tous qu'ils puissent travailler chez eux à
Montréal ou dans leur province; pour la ques-
tion de langue et aussi parce qu'ils ont le droit d'avoir une industrie
financière à Montréal.
Donc, pour cette raison, après ces études et des
discussions, j'ai rencontré les membres et il y a une grande partie de
ceux-ci qui sont favorables. La commission Moore veut éviter ou veut
prohiber l'entrée d'autres groupes à Montréal, par
exemple, les Japonais. Si les Japonais pouvaient s'installer à
Montréal au lieu de Toronto, tant mieux! Je ne veux pas que
Montréal ni Québec perdent le contrôle. Il pourrait
peut-être y avoir un système de quotas. Nous n'avons aucun
Japonais, nous n'avons aucun membre de France. Il pourrait peut-être y
avoir un quota.
Je ne veux pas que le Québec vende tout. Je veux la
majorité au Québec. Mais, aujourd'hui, ce qui est triste, c'est
que la majorité des membres ont leurs vrais sièges sociaux
à Toronto. Je parle des membres des deux Bourses de Montréal.
C'est une question d'éducation du ministre, depuis neuf mois, et
de quelques membres de la Bourse. Nous travaillons ensemble. Les
règlements, ce sont les commissaires qui vont les préparer. Ils
vont me les présenter. Je vais certainement montrer ces
règlements à la Bourse, comme j'ai montré, non pas le
texte de la loi, mais les grandes lignes et les petites lignes de la loi aux
membres de la Bourse et de l'IDA. Nous voulons travailler ensemble. Evidemment,
je ne veux pas une guerre avec les deux Bourses. Je veux aider les Bourses et
je peux noter pas grâce à moi, mais plutôt
grâce aux commissaires, aux Bourses et au gouvernement
précédent aussi qu'un siège à la bourse, il
y a un an, valait $16,000 et qu'à l'heure actuelle il est de $50,000
à Montréal. Toronto est tombé de $150,000 à
$75,000. Donc, personne à la Bourse ne peut se plaindre de la politique
de l'équipe. Je parle des Bourses, du gouvernement et de la commission.
Nous allons travailler ensemble, et j'espère que les commissaires vont
voir très clair lorsqu'ils prépareront leurs
règlements.
M. JORON: M. le Président, je suis d'accord avec le ministre. En
fait, on a noté une amélioration tout récemment dans la
position concurrentielle, si vous voulez, de la Bourse de Montréal par
rapport à la Bourse de Toronto. D'autre part, les prix de sièges
à Montréal auxquels le ministre fait allusion, en fait, c'est
très volatil. Cela peut changer assez rapidement. J'en ai fait
personnellement l'expérience. Je vous dirai qu'en 1929 un siège
à la Bourse de Montréal s'était vendu au-delà de
$100,000 je ne m'en souviens même plus si ce n'est pas
$200,000. C'est M. Aimé Lafontaine, je pense, qui avait acheté un
siège à ce prix-là. Enfin, c'est de la petite
histoire.
UNE VOIX: Du patronage.
M. JORON: Je suis d'accord avec le ministre sur son opinion face aux
recommandations du rapport Moore. D'autre part, je comprends que les gens de
Toronto puissent trouver favorable le rapport Moore. Je me demande si, à
leur place, en fait, je n'aurais pas souscrit au rapport.
M. TETLEY: A 100 p.c?
M. JORON : Mais, évidemment, les conditions du Québec sont
différentes. Néanmoins, il y a peut-être un point où
les deux principes, celui de l'ouverture totale à n'importe qui et celui
d'une certaine restriction, peuvent se rejoindre. Je voulais demander au
ministre s'il avait l'intention, éventuellement, d'édicter par
règlement il parlait de quotas tout à l'heure
justement, un certain quota. Par exemple, au moins la moitié des
sièges à la Bourse de Montréal pourraient être
détenus par des sociétés, des "partnerships", si vous
voulez, principalement québécois, où les "resident
partners" seraient majoritairement québécois. Est-ce qu'il
entrevoit une espèce de mariage, en d'autres mots, entre certaines
idées qui inspirent le rapport Moore et, d'autre part, une ouverture
plus internationale qui aiderait à faire de Montréal une grande
place financière?
M. TETLEY: En effet, oui. Je suis à 100 p.c. d'accord. Mais nous
allons laisser aux Bourses elles-mêmes le soin de décider du
quota, espérant que ce sera le meilleur. Sinon, nous allons employer
notre nouveau pouvoir ou plutôt M. le Commissaire va l'employer.
M. JORON: Vous pourriez peut-être avoir des suggestions à
leur faire aussi?
M. TETLEY: Pardon?
M. JORON: Vous pourriez peut-être avoir des suggestions à
leur faire. Cela les presserait peut-être.
M. TETLEY: Peut-être.
M. ROY (Beauce): En vertu de cet article, je n'ai pas de recommandation
spéciale à faire, mais j'espère qu'on me permettra de
faire un voeu. Il ne s'agit pas de tout donner, mais j'espère que le
gouvernement, avec la Commission des valeurs mobilières, va faire preuve
d'un dynamisme et d'un courage assez grands pour nous permettre de prendre
notre place dans le monde des affaires au Québec, une fois pour
toutes.
M. LE PRESIDENT: Article 20? Adopté.
Article 21? Adopté. Article 22? Adopté.
Article 23? Adopté. Article 24? Adopté. Article 25?
Adopté. Article 26?
M. PAUL: M. le Président, un instant. A l'article 24, il est
prévu que c'est le ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives qui
est chargé d'assurer l'application de la présente loi. Dois-je
comprendre que c'est le procureur général ou le ministre de la
Justice qui portera les plaintes?
M. TETLEY: La commission elle-même ou le ministre de la Justice,
pas notre ministère.
M. PAUL: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Article 26, adopté. Article 27?
Adopté.
M. TETLEY: M. le Président, à l'article 1, en anglais il y
a dans la traduction un mot qui, pour moi, est inacceptable. A l'article 1. a),
on a traduit "directeur général," par "general manager". Le
président préfère le titre anglais "director" qui est le
même en Ontario. Lorsque les directeurs se rencontrent, car ils vont se
rencontrer... un "general manager", c'est presque un chef d'usine. Il y a
trente endroits où se trouve les mots "general manager" dans le
bill.
M. PAUL: II y aurait peut-être lieu, M. le Président,
d'accepter à l'avance ces corrections techniques.
M. TETLEY: Pouvez-vous accepter cet amendement de la traduction? Dans
les endroits où se trouvent les mots "general manager", on met le mot
"director". Il y en a trente.
M. PAUL: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. TETLEY: Je remercie mes gentils confrères et collègues
de leur coopération.
M. CARPENTIER (président du comité plé-nier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté le bill 63 avec un amendement qu'il vous prie
d'agréer.
M. HARDY (président): Cet amendement est-il agréé?
Agréé.
M. LEVESQUE: Troisième lecture.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives propose la
troisième lecture du bill no 63, Loi modifiant la loi des valeurs
mobilières. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: Article 15.
Projet de loi no 77 Deuxième lecture
M. LEVESQUE: M. le Président, est-ce qu'on pourrait faire motion
pour aller en comité immédiatement?
M. LE PRESIDENT: Alors, la motion de deuxième lecture du bill 77
est-elle adoptée?
M. LEVESQUE: Adopté.
M. PAUL: Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, est-ce qu'on pourrait demander
simplement au ministre de nous expliquer rapidement en quoi consiste le bill
plutôt que de passer immédiatement en comité?
M. LEVESQUE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: M. le Président, pour connaître le motif de ce
projet de loi, il faut remonter à 1910. En effet, c'est cette
année-là que les municipalités des cantons de Chertsey et
de Wexford, devenues aujourd'hui Entrelacs, dans le comté de Montcalm,
échangèrent des territoires en vertu de résolutions de
leur conseil respectif.
Ces résolutions ont été ratifiées par une
résolution du conseil de comté laquelle, cependant, n'a pas
été approuvée par le lieutenant-gouverneur en conseil ni
publiée dans la Gazette officielle de Québec comme l'exigeait le
code municipal alors en vigueur.
M. PAUL: Est-ce que ce n'était pas M. Caron qui était
ministre des Affaires municipales, à l'époque?
M. TESSIER: En 1910, je ne pourrais pas dire. Malgré l'absence de
ces formalités essentielles, les deux conseils ont
considéré ces annexions comme accomplies et ont administré
depuis, ces territoires sur lesquels ils n'avaient pas légalement
juridiction. La seule façon, aujourd'hui, de corriger cette erreur
imputable aux conseils de comté et de régler le sort des taxes
payées ou non payées pour les immeubles compris dans ces
territoires est de valider les actes posés par chacun des conseils
à l'égard de ces même territoires. Par conséquent,
c'est le but de la présente loi. Comme le conseil de comté
agissait alors au nom du gouvernement dans l'accomplissement de cette fonction
et que
le gouvernement assume, d'ailleurs, directement cette fonction depuis
1916, je crois que la solution de ce problème devrait faire l'objet
d'une loi publique. C'est le bill 77.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre...
M. PAUL: Cela s'en vient. Aux prochaines élections...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: ...vous pourrez dire: M. le ministre...
M. CROISETIERE: Préparez-vous.
M. PAUL: M. le Président, ce que je trouve un peu curieux dans ce
projet de loi c'est l'article 6. Je comprends que nous ne sommes pas encore en
comité, mais il y a un principe qui découle de l'article 6.
UNE VOIX: Quel numéro?
M. PAUL: Article 6.
M. VINCENT: Remboursement de la...
M. PAUL: Pourquoi ne légalise-t-on la perception des taxes que
pour les années 1969 et 1970? Est-ce en vertu de la prescription...
M. TESSIER: Non, voici ce qui est arrivé. C'est que, jusqu'en
1968 inclusivement, la question d'illégalité n'avait jamais
été soulevée...
M. PAUL: Ce ne serait pas rendu plus légal, tous les ans,
depuis...
M. TESSIER: C'est-à-dire que jusqu'en 1968, les deux
municipalités ont administré leur territoire respectif comme si
la présente loi avait alors été adoptée. Et en 1968
et 1969, plusieurs procès ont été intentés
contestant les rôles d'évaluation et contestant justement la
légalité des deux conseils municipaux d'exercer leur pouvoirs sur
des territoires. Alors, c'est là qu'il a fallu présenter,
évidemment, la présente loi afin de légaliser une
situation de fait mais qui était illégale.
Ce qui est arrivé, c'est que plusieurs contribuables, à la
suite de ces procès, de ces jugements rendus, ont dû payer deux
fois; ils avaient déjà payé à une
municipalité et ils doivent payer maintenant à l'autre
municipalité, en vertu des nouveaux rôles d'évaluation qui
ont été faits. Alors, ce sont ces quelques contribuables qu'il
faudra rembourser.
M. VINCENT: Les jugements ont été rendus quand? Les
premiers jugements?
M. TESSIER: Bien, je ne pourrais pas dire. Je pourrais peut-être
répondre à cette question-là lorsque nous serons en
comité.
M. PAUL: M. le Président, nous avons affaire à un
gouvernement qui se spécialise dans l'intervention judiciaire. Nous
voyons constamment l'exécutif intervenir dans le judiciaire. Je n'ai pas
le droit de parler du bill de Hull. J'ai le droit de signaler qu'il y a eu
tentative. Mais, grâce à la vigilance de toutes les Oppositions,
le projet de loi a été reporté sine die...
M. LEVESQUE: H n'a pas été rayé.
M. PAUL: Je n'ai pas dit rayé, j'ai dit reporté sine die.
Si c'est vrai, M. le Président, qu'il y a le grand principe...
M. TESSIER: II n'y a pas de litispendance. Il n'y a pas de procès
actuellement pendants devant les tribunaux. On n'intervient pas dans le
judiciaire.
M. PAUL: Cela vous prend du temps à le dire. Nous sommes heureux
de l'apprendre. Cela ne fait rien, ce que j'ai dit c'était bon quand
même. Le ministre vient de me couper tout un beau discours.
Dans les circonstances, M. le Président, nous ne pouvons que
souscrire avec empressement au projet de loi du ministre.
M. TESSIER: Merci.
M. PAUL: Je vois qu'il donne l'exemple à son collègue, le
ministre du Revenu, d'un véritable humanitarisme dans l'application et
la présentation des lois. Là, vous corrigerez des états de
faits; là, vous corrigerez des erreurs; là, vous soulagerez des
contribuables d'une double perception de taxes. Voilà, M. le
Président, ce que c'est administrer!
Quand on entend des grandes déclarations de principe et qu'on
compare l'action positive, les gestes positifs que pose le ministre actuel des
Affaires municipales dans son projet de loi, nous souscrivons avec empressement
et chaleur à un tel projet de loi.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, avant de souscrire à ce
projet de loi, je voudrais tout de même faire remarquer au gouvernement
que nous n'avons pas de remarques particulières à faire. Notre
intervention se limitera à une seule question: Le ministre pourrait-il
nous dire s'il y a des personnes concernées par ce projet de loi qui
auraient fait des représentations contre ce projet de loi ou si toutes
les personnes...
M. TESSIER: Aucune personne. Les deux
conseils municipaux sont évidemment favorables puisqu'ils ont
demandé au ministère des Affaires municipales de légaliser
une situation de fait.
M. ROY (Beauce): Alors, nous approuvons le projet de loi dans son
principe, en deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, quant à nous, je pense que nous
ne pouvons qu'appuyer un projet qui permet de légaliser une situation
qui était illégale et qui permet aux citoyens de ces deux
municipalités de vivre dans une situation normale, alors qu'il n'y aura
aucun conflit de juridiction entre les deux municipalités. C'est
d'ailleurs ce que nous souhaitons pour le Québec, un Québec
où il n'y aura pas de conflits de juridiction.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
M. PAUL: Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier.
Cette motion est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
Comité plénier et troisième
lecture
M. PAUL: Quant à nous, M. le Président, nous sommes
prêt à considérer qu'il y a eu étude du projet de
loi en comité.
M. LE PRESIDENT: La motion de troisième lecture est-elle
adoptée?
M. VINCENT: Adopté. DES VOIX: Adopté. M. LE PRESIDENT:
Adopté. M. LEVESQUE: Article 13. M.PAUL: Article 13.
Projet de loi no 62 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la deuxième lecture du bill no 62, Loi modifiant la loi de la Commission
municipale.
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: M. le Président, la loi actuelle de la Commission
municipale ne permet pas à la Commission municipale d'intervenir et de
mettre en tutelle une municipalité à moins qu'il soit
établi ceci qu'on lit à l'article 37 de la loi: "Lorsque la
municipalité n'a pas acquitté à échéance les
intérêts, le principal ou une partie du principal d'un emprunt
contracté par elle; deuxièmement, lorsqu'elle a cessé
d'acquitter généralement ses dettes courantes à leur
échéance; troisièmement, lorsqu'elle a
négligé pendant plus de trente jours de satisfaire à un
jugement final la condamnant à payer une somme d'argent." A partir de ce
moment, lorsque l'on rencontre une des trois conditions, la cour
Supérieure, sur requête de la Commission municipale, peut
décréter que la municipalité est mise sous tutelle.
L'article 22 donne également des pouvoirs à la Commission
municipale de faire enquête. Lorsqu'au cours...
M. PAUL: M. le Président, je pense qu'on ne parle pas de la
même loi.
M. TESSIER: Le bill 62. M. PAUL: Le bill 62?
M. TESSIER: Nous parlons de la Loi de la Commission municipale.
M. PAUL: Vous parlez de l'article 22. Nous ne l'avons pas.
M. TESSIER: J'explique le but de la loi; je dis pourquoi nous proposons
cet amendement.
M. CADIEUX: II parle des anciens pouvoirs. M. TESSIER: Je parle de la
loi actuelle. M. PAUL: La loi actuelle, bon.
M. TESSIER: Je suis en train, M. le Président, d'expliquer aux
membres de cette Chambre quels sont les pouvoirs actuels de la Commission
municipale, en vertu de l'article 37 et en vertu de l'article 22. J'en
étais justement à parler de l'article 22 lorsque j'ai
été interrompu par mon honorable collègue.
M. PAUL: Merci bien.
M. TESSIER: L'article 22 permet à la Commission municipale de
faire enquête sur l'administration municipale. Lorsqu'au cours de cette
enquête ou après cette enquête la Commission municipale a la
preuve qu'il y a eu malversation ou abus de confiance, elle peut
également
présenter une requête à un juge de la cour
Supérieure pour obtenir la mise en tutelle d'une
municipalité.
Egalement, dans un troisième cas, l'article 93 permet à la
Commission municipale d'adopter toute mesure d'urgence nécessaire pour
l'administration courante d'une municipalité lorsque le conseil ne peut
plus siéger valablement. Disons dans le cas où il y a absence de
quorum parce qu'il n'y a pas suffisamment de membres en fonction.
Ce sont les trois seuls cas, que je viens d'énumérer, dans
lesquels la Commission municipale peut intervenir pour mettre une
municipalité en tutelle.
Or, il se présente un cas bien précis actuellement, qui
est celui de Lachine, ville qui a une certaine importance puisqu'elle a une
population de près de 50,000 habitants. Il arrive qu'à Lachine,
depuis l'adoption d'un certain règlement pour une conduite d'eau, le
conseil est divisé en trois conseillers avec le maire, trois autres
conseillers contre. Jusque là ça n'allait pas trop mal,
c'était quatre contre trois. Mais dernièrement, en date du...
M. VINCENT: Quatre contre trois contre quoi?
M. TESSIER: Avec le maire cela faisait quatre.
M. VINCENT: Pourquoi? Ils étaient contre quoi?
M. TESSIER: Les trois étaient contre les quatre.
M. PAUL: Ils ont pris un vote sur quoi? M. TESSIER: Sur n'importe
quoi.
M. PAUL: Ils étaient toujours divisés au conseil?
M. TESSIER: A peu près. A tout événement, on
pouvait continuer à administrer.
M. VINCENT: Oui, c'est normal.
M. TESSIER: Mais il est arrivé qu'en date du 17 juin un des
conseillers faisant partie du clan du maire a démissionné, et
là on s'est trouvé trois contre trois. La loi actuelle des
cités et villes, amendée par le bill 285, prévoit que
maintenant il n'y a pas d'élection pour combler une vacance de
conseiller. Et c'est le conseil lui-même qui doit combler cette vacance
en nommant un contribuable qui remplit les qualifications que l'on
connaît.
Or, on s'est réuni à cette date du 17 juin, le jour
même où le conseiller en question a donné sa
démission, et chacune des deux parties, trois contre trois maintenant,
voulait nommer quelqu'un pour prendre la majorité.
M. PAUL: Le ministre se trompe. Si un conseiller a
démissionné, il en restait cinq et un maire, et le maire n'a pas
d'affaire à voter.
M. TESSIER: Mais le maire a le droit de vote.
M. PAUL: Non.
M. TESSIER: II restait deux conseillers avec le maire, d'un
côté, et trois conseillers de l'autre côté.
M. PAUL: Le maire n'a pas le droit de vote.
M. TESSIER: Alors, on n'a pas pu s'entendre pour combler la vacance.
Depuis ce temps-là, on a convoqué, c'est-à-dire depuis
près d'un mois...
M. VINCENT: Avant que le ministre n'aille plus loin, je me demande
comment, si...
M. PAUL: Cela ne marche pas.
M. VINCENT: ...un conseiller a démissionné, ils sont
encore trois contre trois.
M. TESSIER: Bien oui!
M. VINCENT: Le maire a-t-il le droit de veto? Le maire ne vote pas.
M. TESSIER: Oui, le maire vote.
M. PAUL: Voyons donc! Us ne sont pas égaux! Il vote en cas
d'égalité.
M. VINCENT: D'accord,...
M. PAUL: Si un conseiller a démissionné...
M. VINCENT: Le maire vote sur un projet, il peut...
M. TESSIER: Absolument, alors on n'a pas pu s'entendre. Depuis ce temps
là, ça fait à peu près dix convocations que l'on
fait.
Or à chaque convocation, à chaque assemblée
où il y a une proposition pour combler la vacance, immédiatement
lorsque la proposition est faite par une partie, les trois autres se retirent
de l'assemblée. C'est ainsi que, depuis près d'un mois, on ne
peut pas administrer. Il n'y a jamais quorum, parce qu'il y en a toujours trois
qui se retirent.
Or, il est arrivé également un autre fait qui est
excessivement grave au point de vue de l'administration municipale, c'est que
le maire a pris sur lui illégalement il n'a pas le droit de le
faire de démettre de ses fonctions le gérant de la
ville.
M. VINCENT: II faut la majorité absolue du conseil pour le
faire.
M. TESSIER: Bien oui, exactement; c'est illégal. C'est ce que je
viens de dire. Alors, il a démis de ses fonctions le gérant de la
ville. Or, il se trouve qu'en vertu de la charte de la ville de Lachine le
gérant occupe, en même temps, les fonctions de trésorier de
la ville. Il occupe deux fonctions.
M. PAUL: La plupart du temps, compromis.
M. TESSIER: II est directeur des finances et trésorier. Alors, on
se rend facilement compte, M. le Président, dans quelle situation se
trouve actuellement la ville de Lachine. Les employés, les directeurs de
services ne savent plus de qui ils doivent prendre leurs ordres. Chacun donne
des ordres contradictoires et c'est la pagaille. Je crois qu'il n'est
certainement pas dans l'intérêt public et favorable à la
sécurité des contribuables, des citoyens de la ville qu'une telle
situation continue davantage. Je cite un cas concret.
M. LEGER: Est-ce que je peux poser une question au ministre?
M. TESSIER: Oui.
M. LEGER : Actuellement, selon les explications du ministre, il semble y
avoir un obstacle majeur à la solution de tous les problèmes de
Lachine, tant qu'il n'y aura pas un sixième conseiller. Est-ce que la
Commission municipale, en mettant la ville sous tutelle, va résoudre le
problème ou est-ce qu'il y a une loi qui empêche une
élection partielle pour un conseiller municipal?
M. TESSIER: Oui, c'est la loi générale des cités et
villes qui l'empêche. C'est pour ça qu'on est dans une impasse.
Evidemment, il y avait deux solutions possibles. Il y avait la solution de
présenter une loi spéciale décrétant que Lachine
est mise sous tutelle. Cela aurait été une solution que j'ai
envisagée. Il y avait une deuxième solution, qui était la
présente, celle d'accroître les pouvoirs de la commission
municipale. D'ailleurs, la chose est déjà survenue dans le
passé. J'ai à la mémoire le cas de la ville de
Saint-Michel où on était dans une situation à peu
près identique et où le gouvernement du temps a dû adopter
une loi spéciale.
Il peut se produire, dans quelques mois ou dans un avenir plus ou moins
rapproché, d'autres situations semblables.
Alors, pourquoi ne pas immédiatement donner ce pouvoir
additionnel à la Commission municipale? C'est pourquoi je
présente le bill 62.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, nous avons écouté avec
beaucoup d'intérêt la récitation des faits que vient de
nous faire le ministre. Nous avions l'impression de tomber de Charybde en
Scylla. Ces pauvres contribuables se trouvent aux prises avec des
problèmes administratifs fort sérieux. Une population de 50,000
âmes, qui assiste à une semblable guerre des nerfs, c'est
inexplicable de la part d'individus qui ont accepté des
responsabilités publiques. Le ministre nous dit : J'aurais pu
procéder de deux façons. Par un projet de loi bien
spécifique, déclarant que la cité de Lachine sera
maintenant sous la tutelle de la Commission municipale. Le ministre constate le
grondement qui existe dans les municipalités du Québec à
la suite de l'échec de la conférence provinciale-municipale de la
fin de mai.
M. TESSIER: Quel échec? Où allez-vous chercher
l'échec?
M. PAUL: Voyant le grondement qui se répand partout dans le
Québec, le ministre ne prend pas de chance.
M. TESSIER: Quel grondement? Soyez plus explicite.
M. PAUL: Le livre blanc. "Mon" livre blanc.
M. TESSIER: Mon livre blanc ne gronde pas...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le principe du bill.
M. TESSIER: ... il n'a pas encore mordu personne, non plus.
M. PAUL: La seule façon de corriger le problème selon le
ministre, c'est la présentation d'une loi déclarant la ville de
Lachine sous tutelle de la Commission municipale. Nous ne pouvons pas accepter
le principe de droit que veut nous passer par le biais le ministre des Affaires
municipales parce qu'il a probablement des informations que nous n'avons
pas.
Nous avons la certitude morale que le pouvoir que nous demande le
ministre lui est nécessaire justement pour prévenir certains
dé-sagrègements municipaux qui grondent actuellement dans le
Québec. C'est facile de dire: C'est l'intérêt public qui
nous justifie de présenter une telle législation. Ce projet de
loi, tel qu'il nous est présenté, ne répond pas, d'une
façon directe, au problème que nous a signalé le ministre.
Pourquoi le ministre n'a-t-il pas pensé de présenter une loi pour
placer la ville de Lachine sous tutelle?
M. TESSIER: J'y ai pensé, je viens de le mentionner. Je ne sais
pas si mon collègue est sourd, mais j'ai justement expliqué qu'il
y avait deux possibilités et que j'ai envisagé cette
possibilité-là.
M. PAUL: Si je suis sourd, vous, vous êtes
aveugle parce que vous n'avez pas pris le bon moyen pour corriger la
situation.
M. TESSIER: C'est une question d'opinion. M. PAUL: C'est justement. M.
le Président...
M. TESSIER: Cela ne veut pas dire que vous ayez raison parce que vous le
dites.
M. PAUL: ... ayant le droit d'exprimer mon opinion, je dis que les
municipalités en ont assez de la politique municipale
prêchée actuellement par le ministre. Le ministre, justement sous
les conseils de ses sous-ministres, préfère que nous adoptions
cet article 43c) pour mettre fin à une répétition des
événements de Lachine qui viennent de nous être
racontés.
Pourquoi? Parce que les municipalités ne peuvent pas accepter la
politique mise en place actuellement par le ministre des Affaires
municipales.
M. TESSIER: C'est tout à fait ridicule, ce que le
député est en train de dire.
M. PAUL: Voulez-vous le rappeler à l'ordre, M. le
Président? L'article 286. Vous n'entendez rien!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: Je vais me taire, vous allez voir ça. Vous allez
entendre un grognement, M. le Président. Cette législation, je
n'ai pas le droit de dire qu'elle est hypocrite, mais si je pouvais le dire, je
le dirais. Je n'ai pas le droit de le dire. Je dis qu'avec cette
législation, on veut donner un blanc-seing au ministre des Affaires
municipales. Il nous demande un mandat en blanc contre l'autonomie
municipale...
M. TESSIER: Est-ce que le député a d'abord lu la loi? J'ai
l'impression qu'il ne l'a pas lue, parce qu'il parle à côté
du texte.
M. PAUL: M. le Président, je ne veux pas répondre à
ses questions.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. PAUL: M. le Président, je ne veux pas répondre à
ses questions, article 286. Je dis que nous n'accepterons pas le principe de la
loi qui nous est présentée, parce que nous allons
éventuellement assister à une autorité abusive du
ministère des Affaires municipales et surtout de la part du ministre des
Affaires municipales. Je vois mon honorable ami, le ministre d'Etat aux
Finances, avec toute l'expérience légale que je lui connais, qui
se retient actuellement pour ne pas me signaler le correctif, le
caractère de protection qui existe dans la loi à l'effet que le
coût devra être sanctionné par une requête devant la
cour Supérieure. Malgré cela, personnellement, je dis que je ne
puis souscrire à un tel projet de loi. Je vois un homme
d'expérience, 22 ans maire de la ville de Chicoutimi-Nord, un homme
solide comme le roc, qui me dit que c'est inacceptable, un tel projet de loi.
Pourquoi? Parce qu'on met de côté l'autonomie municipale. Je dis
que le ministre a eu peur de nous présenter un projet de loi bien
spécifique. Lorsqu'il s'est agi, sous l'ancienne administration, de
mettre certaines villes en tutelle, on n'a pas eu peur de présenter un
projet de loi bien spécifique.
Pour toutes ces raisons, quant à moi, je voterai contre le projet
de loi.
UNE VOIX: Deux fois, si vous étiez capable. M. TESSIER:
D'accord.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, je pense que ce projet de loi ne
résoudra pas le problème qui se pose à la ville de
Lachine. Le ministre disait tantôt qu'il y avait deux solutions. Moi,
j'en vois trois. Il envisageait de mettre la ville sous tutelle ou d'augmenter
les pouvoirs de la Commission municipale. Même si on augmente les
pouvoirs de la Commission municipale, cela ne peut pas régler le
problème fondamental qui est l'absence d'un sixième conseiller
qui permettrait d'administrer la ville.
Ce n'est pas la Commission municipale qui va,
régulièrement, régler les problèmes de Lachine. Il
va falloir, un jour ou l'autre, qu'on arrive à permettre à la
ville de s'administrer elle-même. Je pense que ce projet de loi pourrait
être acceptable à condition que ce soit une loi d'exception et non
pas une loi générale.
Deuxièmement, qu'on accorde spécifiquement à la
Commission municipale le pouvoir de décréter une élection
pour permettre l'élection de l'échevin manquant pour donner une
majorité d'un côté ou de l'autre et permettre ainsi
à cette ville de s'administrer. La Commission municipale, prenant charge
de la ville, ne peut pas ad vitam aeternam régler les problèmes
de cette ville-là.
Ce projet de loi serait acceptable seulement si on permettait à
la Commission municipale, pour ce cas particulier, de décréter
une élection dans la ville de Lachine, de voir à la bonne marche
de cette élection et par la suite on reviendrait à la situation
préalable. A moins que le ministre nous assure qu'il va ajouter un
amendement dans ce sens pour permettre de régler le problème
d'une façon rapide, nous serons obligés de voter contre ce projet
de loi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis.
M. J.-Aurélien Roy
M. ROY (Lévis): M. le Président, de ce
côté-ci de la Chambre, je crois que je vais endosser la
décision de l'Opposition officielle et celle que vous avez entendue
à l'instant. Si le ministre veut régler le cas de Lachine, on
n'est pas obligé de pénaliser toutes les municipalités de
la province de Québec avec une loi qui donnera l'autorité au
gouvernement de dire à un moment donné: Bien, cette
ville-là, on la met en tutelle pour telle et telle et telle raison.
Je vais assez souvent dans la ville de Rimouski, et j'apprécie
beaucoup le ministre. Mais je me suis demandé pourquoi la population de
Rimouski était tellement fière quand son député a
été nommé ministre. Là, j'ai compris que
c'était parce qu'elle voulait s'en débarrasser comme maire,
probablement parce qu'il était trop dictateur.
M. le Président, ce sont toutes ces raisons qui nous
amènent à voter contre le bill. Je crois que nous serons avec
l'Opposition officielle et celle des gens qui viennent de parler, pour voter
contre le bill.
M. TESSIER : Vos raisons ne sont pas bien, bien fortes pour voter
contre.
M. VINCENT: M. le Président... M. TESSIER: II y aurait...
M. TESSIER: ... si nous regardons le principe du bill 62 qui donne de
nouveaux pouvoirs à la Commission municipale, je crois que le ministre
comprendra avec nous que ce nouveau pouvoir ne peut être accepté
par les membres de cette Assemblée nationale. D'abord, on nous dit que
c'est un quatrième pouvoir qu'on donne à la Commission
municipale. Par la suite, on nous dit que c'est pour mettre en tutelle une
ville de la province, en l'occurrence la ville de Lachine.
Mais dans le cas présent, c'est seulement une chicane de
clochers. Sur le navire municipal de ville Lachine, il y a eu une
mutinerie.
M. PAUL: C'est cela.
M. VINCENT: Un groupe de marins se sont placés d'un
côté, un autre groupe de marins de l'autre côté et le
capitaine était entre les deux, jusqu'à ce qu'un marin tombe
à l'eau. Et là, on veut adopter une loi qui régira tous
les navires municipaux qui existent dans la province.
Nous sommes prêts, M. le Président... Puis-je
déclarer qu'il est six heures?
M. PAUL: Oui.
M. LE PRESIDENT: La Chambre ajourne ses travaux...
M. LEVESQUE: Suspend.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux jusqu'à 20
heures.
M. LEVESQUE: Jusqu'à vingt heures exactement. M. le
Président, simplement pour l'information des collègues, nous
entreprendrons immédiatement à huit heures l'étude du
projet de loi relatif au développement de la région de la baie
James, le bill no 50.
M. PAUL: Ça va être bien pire que celui-là!
M. LEVESQUE: II faudrait peut-être ajourner le débat, dans
ce cas.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet propose
l'ajournement du débat de deuxième lecture.
La Chambre suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
Dans le cas qui nous préoccupe, nous n'avons aucune objection
c'est également le point de vue, je crois, du Parti
québécois et du Ralliement créditiste à
voter une loi d'exception qui permettrait au ministre de placer sous tutelle
ou, encore, de décréter des élections dans la ville de
Lachine, parce qu'il y a un cas particulier à régler. Mais, ce
cas particulier, nous pouvons le régler sans pour autant donner à
la Commission municipale de Québec de nouveaux pouvoirs qui peuvent
être très discrétionnaires. Oui, très
discrétionnaires. Prenons un exemple. Supposons que, dans une autre
ville de la province de Québec, il y aurait, pour en arriver au
même résultat, un seul conseiller municipal qui
démissionnerait à la suite de certaines représentations ou
pour placer le conseil municipal dans une situation semblable à celle de
la ville de Lachine. Nous pourrions, par des moyens directs ou indirects, lui
demander bien poliment de démissionner. Nous placerions alors cette
autre ville dans la même situation que la ville de Lachine et nous
obtiendrions de la Commission municipale nous donnons à la
Commission municipale ce pouvoir par le bill 62 la permission de
procéder de la même façon qu'on a procédé
pour la ville de Lachine.
D'abord, il faut se poser des questions. Est-ce qu'il y a eu mauvaise
administration de fonds publics? Est-ce qu'il y a eu fraude? Est-ce qu'il y a
eu détournement de fonds? Est-ce qu'il y a eu des procès
intentés pour incapacité contre des conseillers municipaux
ou...
M. TESSIER: A ce moment-là... M. VINCENT: ... contre un maire? M.
TESSIER: ... le député comprendra... M. VINCENT: Du tout.
M. TESSIER: ... que ce n'était pas nécessaire d'amender la
loi.
M. VINCENT: Oui, mais si cela existe présentement avec la Loi de
la Commission municipale.
M. TESSIER: S'il y avait de la fraude ou de la malversation, la
Commission municipale aurait les pouvoirs.
M. VINCENT: Oui, justement, s'il y avait eu fraude, mauvaise
administration, détournement de fonds, accusation d'incapacité
faite à une cour vis-à-vis du maire ou d'un conseiller municipal,
à ce moment-là, il aurait été possible à la
Commission municipale d'intervenir parce que le bien public,
l'intérêt public l'exigent ou que l'argent des contribuables a
été mal administré.
Reprise de la séance à 20 heures
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs! M. LEVESQUE: Article
8.
Projet de loi no 50 Loi du développement
de la région de la baie James
Demande de révocation de l'ordre du jour.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: Conformément aux articles 555 et 237 de notre
règlement, je désire proposer que l'ordre du jour qui vient
d'être lu soit révoqué. Je formule cette demande d'abord
parce que je m'inquiète du fait que l'Assemblée nationale soit
appelée à se prononcer sur le principe d'une régie sans
que les principaux intéressés aient pu témoigner à
ce sujet devant la commission parlementaire des Richesses naturelles qui n'a
pas complété ses travaux.
Ensuite, la précipitation que met le gouvernement...
M. LEVESQUE: En vertu de quel article. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAURIN: En vertu des articles 555 et 237.
M. LEVESQUE: Qui vous a dit cela vous?
M. LAURIN: ... à faire adopter un tel projet en fin de
session...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plait!
Avec la permission du député de Bourget, me
permettriez-vous de rafraîchir mes connaissances du règlement de
l'Assemblée nationale.
M. LAURIN: Evidemment, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Votre référence est 555...
M. LAURIN: Les articles 555 et 237.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais, sans suspendre la séance, de me
laisser vérifier les articles mentionnés.
Avec votre permission, j'aimerais vous proposer de suspendre la
séance jusqu'à huit heures et quinze minutes, si vous n'avez pas
d'objection.
M. LEVESQUE: Huit heures et quinze.
M. LEGER: Est-ce que, avant d'annoncer sa décision, de nous
permettre d'expliciter les raisons pour lesquelles nous suggérons que
ces articles...
M. LEVESQUE: Non, non, non! Le Président a pris la question en
délibéré.
M. LE PRESIDENT: A la suspension, le député de Bourget
avait le droit de parole. Je me suis fais apporter le texte du début de
son intervention. J'en déduis qu'il conclura lui-même par une
motion. Il s'agit, je le prévois bien, de la révocation de
l'ordre du jour.
Je Deux vous citer, si vous me permettez, M. Laurin:
"Conformément aux articles 555 et 237 de notre règlement, je
désire proposer que l'ordre du jour qui vient d'être lu soit
révoqué. Je formule cette demande, d'abord parce que je
m'inquiète du fait que l'Assemblée nationale soit appelée
à se prononcer sur le principe d'une régie sans que les
principaux intéressés aient pu témoigner à ce sujet
devant la commission parlementaire des Richesses naturelles qui n'a pas
complété ses travaux".
Tout député, nécessairement, a le droit de se lever
pour demander la révocation de l'ordre du jour. Par contre, le
règlement est assez strict quant aux raisons qu'il doit invoquer pour
demander cette révocation. Le député de Bourget, comme
premier argument, demande que l'ordre du jour soit révoqué du
fait que les principaux intéressés n'ont pas été
entendus. Vous conviendrez avec moi que je ne peux pas accepter ce premier
arguement en vertu du règlement. Avant que les parties soient entendues,
à la commission parlementaire élue, il faut que les
législateurs, que la Chambre se prononce sur la deuxième lecture
avant de pouvoir demander la convocation de la commission de l'Assemblée
nationale, pour pouvoir entendre les parties en vertu du grand principe que les
législateurs doivent se prononcer sur le principe du bill.
Je suis prêt à entendre le député de Bourget
concernant son désir de révocation, mais je ne puis accepter cet
argument. Je lui redonne la parole à la condition qu'il apporte des
arguments qui soient acceptables.
M. LAURIN: M. le Président...
M. LEVESQUE: C'est dur, c'est plus pénible.
UNE VOIX: Le filibuster qui le dérange. M. LEVESQUE: Le "show"
est manqué.
M. LAURIN: Je reprends donc mon propos, M. le Président.
Ensuite, la précipitation que met le gouvernement à faire
adopter un tel projet en fin de session, au milieu de l'été, me
porte à me demander si le gouvernement veut vraiment que toute la
lumière soit faite sur cette affaire.
Troisièmement, M. le Président, j'estime qu'avec les
informations qui nous ont été fournies jusqu'ici la Chambre n'est
pas capable de se prononcer avec intelligence sur le principe même...
M. LEVESQUE: Parlez pour vous-même.
UNE VOIX: Ne parlez pas pour les autres.
M. LAURIN: ...du projet de loi. Déjà, lorsque le projet de
la baie James nous avait été...
M. LEVESQUE: C'est un discours de deuxième lecture, M. le
Président, si c'est un discours.
M. LAURIN: ...présenté, nous avions fait valoir
l'insuffisance de la préparation des informations qui nous avaient
été données. Mais, avec la présentation
subséquente de ce projet de loi sur la création d'une
régie, nous sommes obligés de dire que nous sommes encore plus
mal informés quant à tous les renseignements que nous voudrions
posséder, en particulier dé la part des intéressés,
sur les principes mêmes du projet de loi qui prévoit la
création d'un organisme d'Etat.
Après la présentation du projet de la baie James, nous
aurions pu dire, comme Boileau, que c'était comme "la pièce
d'Agésilas", mais, après ce deuxième projet de loi, nous
pourrions paraphraser Boileau encore une fois, en disant: Après
Agésilas, hélas! mais après Attila, holà! En
réalité, il me semble qu'il tombe sous le sens que nous n'avons
pas les informations qui nous permettraient de nous prononcer...
M. LEVESQUE: II y a deux semaines, M. le Président, que ces
gens-là ont le projet de loi en main ! S'ils veulent avoir des
informations, que l'on passe à l'étude du projet de loi.
M. LAURIN: M. le Président, il a été mis en preuve,
à plusieurs reprises, que les études techniques de base, faites
par l'Hydro-Québec...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LAURIN: ...les études d'ingénieurs-conseils ne sont
qu'amorcées.
M. LEVESQUE: J'invoque le règlement.
UNE VOIX: Quel article?
M. LEVESQUE: Le député de Bourget...
M. LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire soulève une
question de règlement.
M. LEVESQUE: ...est en train de parler sur le fond de la question. Ceci
pourrait faire l'objet d'un débat en deuxième lecture. Le
député de Bourget, s'il veut invoquer les articles 555 et 237 du
règlement, doit s'en tenir à cela et pas à autre
chose.
S'il veut parler du projet de loi, M. le Président, je soumets
respectueusement qu'il doit le faire selon les règlements qu'il invoque
avec tellement d'autorité.
M. LAURIN: M. le Président, je vous soumets bien
respectueusement, à l'encontre des vues qui viennent d'être
énoncées par le leader parlementaire, qu'avant que la Chambre
puisse se prononcer avec intelligence sur les structures...
M. LEVESQUE: Parlez pour vous-même.
M. LAURIN: ... d'une régie qui doit présider au
développement hydro-électrique d'une très vaste
région du Québec, il faut quand même que nous puissions
posséder les résultats des études sur le projet
lui-même. De l'avis unanime de tous, même du ministre des Richesses
naturelles, les études qui ont été effectuées sur
les trois rivières dont on a parlé à la commission ne sont
pas complétées, elles sont en train d'être
optimisées. Deuxièmement, les études qui sont actuellement
faites sur les deux rivières du nord...
UNE VOIX: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. LAURIN: ... ne viennent que d'être amorcées et le
ministre...
M. LEVESQUE: J'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable leader parlementaire.
M. LEVESQUE: M. le Président, ce que nous demandons au
député de Bourget me semble bien raisonnable. C'est
lui-même qui a invoqué les articles 555 et 237; ce qu'il veut
présentement c'est simplement révoquer l'ordre de deuxième
lecture. Il doit, à mon sens, s'en tenir à cela. Mais lorsqu'il
essaie de faire son discours de deuxième lecture, lorsqu'il essaie
autrement dit de faire la preuve que le gouvernement présente une
législation qui ne lui plaît pas pour une raison ou pour une
autre, à ce moment-là, il n'apporte pas les arguments qui le
devraient sur une question de procédure. Si le député de
Bourget veut faire de la procédure, qu'il en reste à la
procédure. S'il veut parler du débat de deuxième lecture,
qu'on procède normalement.
M. LEGER: M. le Président, sur le point d'ordre les
règlements sont très clairs. Non seulement l'article 555 et
l'article 237 permettent de demander la révocation de l'ordre du jour,
mais aussi on dit à l'article 278, paragraphe 2, textuellement ceci:
"Toutefois, quand il s'agit de la révocation d'un ordre du jour, la
discussion ne peut porter que sur la question de révocation."
C'est exactement ce que le député de Bourget fait
actuellement, il apporte les raisons...
DES VOIX: Ah!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LEGER: ... pour lesquelles on demande cette révocation.
M. LACROIX: Il n'a rien compris aux règlements.
M. LEGER: Article 278, deuxièmement. La raison précise de
cette révocation ce sont les arguments que le député
apporte pour prouver qu'il faut justement enlever cette demande de l'ordre du
jour. M. le Président, je réfère aussi aux
règlements de Beauchesne...
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît. Quelle est la note 2
que vous avez mentionnée tout à l'heure?
M. LEGER: Article 278, deuxièmement qui dit que..,
M. BIENVENUE: Lisez le premièrement.
M. LEGER: ... quand il s'agit... L'article 1 d'ailleurs précise
que ça ne concerne pas le point qui nous intéresse actuellement,
c'est le point 2: "Toutefois, quand il s'agit de la révocation d'un
ordre du jour, la discussion ne peut porter que sur la question de
révocation." Actuellement le député de Bourget, sur la
question de révocation, explique la raison pour laquelle il veut que cet
article soit révoqué. Il faut quand même donner des raisons
pour lesquelles on veut qu'on révoque l'ordre du jour qui demande la
présentation du bill 50.
Et je continue en disant, si on réfère à
Beauchesne, article 757, il est bien dit: "When the order for the second
reading has been read...
M. LACROIX: Pas en anglais, en français!
DES VOIX: Ah!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEGER: M. le Président, je laisse aux libéraux le soin
de traduire...
M.LEDUC: C'est effrayant! Le Parti québécois qui parle en
anglais à l'Assemblée nationale pour défendre son point de
vue!
M. LEGER: ... ils sont habitués de traduire de l'anglais
régulièrement.
Alors, M. le Président, je continue: "When the order for the
second reading has been read, a Member may move if he should not wish to
proceed with the bill that the order be discharged and the bill withdrawn."
UNE VOIX: Traduction.
M. LEGER: Alors, c'est à la suite de cet article,
complété par le règlement 555 et 237 et 278, que le
député de Bourget est parfaitement
dans l'ordre de donner les raisons pour lesquelles il demande la
révocation.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que d'autres députés
désirent parler sur ce point de règlement?
DES VOIX: Vote!
M. LE PRESIDENT: D'après l'argumentation du député
de Lafontaine, est-ce que le député de Bourget, du fait qu'il a
invoqué cet argument, a l'intention de demander le retrait du bill?
M. LEGER: Non, non, c'est la deuxième étape.
M. LAURIN: La révocation de l'ordre du jour.
M. LEGER: L'ordre du jour. L'autre étape ne nous revient pas,
ça revient à un ministre.
M. LESSARD: On n'a pas le droit de le faire. M. LEGER: On n'a pas le
droit de le faire.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais au député de Bourget de
continuer son intervention.
Je lui demanderais également de se limiter strictement à
invoquer les raisons et les arguments pour lesquels il demande la
révocation de cet ordre du jour sans entrer dans les détails ni
dans le principe, dans l'à-propos du projet de loi. Uniquement les
raisons qu'il entend évoquer pour la révocation de l'ordre du
jour.
M. LAURIN : Je me conformerai à votre souhait, M. le
Président. Je dirais donc, pour résumer une intervention que je
n'ai pas pu compléter tout à l'heure, que les études
techniques de base faites par l'Hydro-Québec et les firmes
d'ingénieurs-conseils ne sont qu'amorcées pour les
rivières les plus au nord, pas encore...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LAURIN: On me demande de donner les raisons...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LAURIN: J'essaierai de les terminer...
M. LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire sur une question de
règlement.
M. LEVESQUE: M. le Président, vous venez de donner des
instructions qui me semblent à moi, bien claires. Vous avez
demandé au député de Bourget de s'en tenir aux
raisons...
M. LAURIN: C'est cela que je fais.
M. LEVESQUE: ... qui pourraient justifier sa motion de révocation
de l'ordre de deuxième lecture. Afin d'être bien clair, pour aider
le député de Bourget à comprendre la portée de vos
instructions, je vais lui donner un exemple. A supposer que, dans l'esprit du
député de Bourget, il serait plus urgent de passer à
l'étude d'un autre projet de loi qui serait plus urgent... Par exemple,
s'il y avait au feuilleton un projet de loi tellement important et tellement
urgent que le député de Bourget serait justifié de
demander la révocation de l'ordre du jour afin de procéder
à quelque chose de plus urgent, d'intérêt plus
général, à ce moment-là nous comprendrions qu'il y
ait des motifs. C'est pour cela que le règlement est fait. C'est
justement dans des cas très exceptionnels... D'ailleurs, c'est tellement
exceptionnel que je ne me rappelle pas qu'on ait utilisé cette
procédure. Tout de même, si on l'utilise, si cette
procédure existe dans les règlements, c'est justement parce
qu'à un moment donné on pourrait croire qu'il y a une autre
législation au feuilleton ou une autre situation tellement grave qu'elle
justifie un député de demander la révocation de l'ordre de
deuxième lecture d'un bill. Mais il s'agit à ce moment-ci d'un
projet qui est le plus important que nous ayons au feuilleton. C'est le projet
de loi qui veut dire, pour la province de Québec, un
développement inoui' et qui fait mal au Parti québécois.
Sans vouloir prêter de motifs à l'honorable député
de Bourget ni à son miniparti, je dirai que c'est justement parce que
cela fait mal...
M. BACON: C'est ça.
M. LEVESQUE: ...parce que le Parti québécois se sent
acculé au mur que, présentement, on utilise la
"procédurite", ce genre de procédure qu'on a reproché
à d'autres collègues dans cette Chambre.
M. JORON: A l'ordre!
UNE VOIX: Les saintes colères!
M. LACROIX: Les vipères qui longent les murs, le soir !
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! M. JORON: Le "crapet" des
Iles!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai cru remarquer que le leader
parlementaire a dépassé, je ne dirais pas
légèrement...
M. LEVESQUE: Je ne faisais que commencer, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: ...mais largement la question de règlement. Il
aura sans aucun doute
le droit de parole, comme tout autre député, sur la motion
du député de Bourget, si elle est acceptée, pour parler
sur l'ordre de révocation. Mais vous comprendrez que je ne peux pas lui
permettre de continuer d'une manière aussi large sur la question de
règlement.
Je dois convenir, par contre, envers le député de Bourget,
que le discours qu'il pourrait faire en deuxième lecture, je ne puis lui
permettre de le faire indirectement sur cette motion. Il aura l'occasion, en
deuxième lecture, d'invoquer tous les arguments qu'il a avancés
jusqu'à maintenant. Le moment le plus propice pour le faire sera
après la deuxième lecture, soit sur la motion pour que la Chambre
se forme en comité plénier. H pourra alors, faire une motion pour
que ce soit déféré à la commission parlementaire
des Richesses naturelles afin que les parties soient entendues.
Je ne puis pas accorder sur cette motion de révocation, une
latitude énorme. Si je la permets là, le député de
Bourget pourra refaire le même discours, textuellement, en
deuxième lecture et il pourra le faire encore textuellement lors de la
motion pour que je quitte le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité.
Je dois convenir avec le leader parlementaire que c'est une
procédure tout à fait exceptionnelle. Je la verrais à un
moment où le gouvernement voudrait apporter un bill no 25, par exemple,
pour arrêter une grève, alors qu'un député
apprendrait que la grève est terminée. Ce député se
lèverait alors pour demander la révocation à l'ordre du
jour qui devait faire adopter un projet de loi pour faire retourner au travail
des grévistes, alors qu'ils y seraient déjà
retournés.
M. LE PRESIDENT: C'est une mesure tout à fait exceptionnelle et
je tiens à aviser le député de Bourget qu'il devra
m'apporter des arguments vraiment plus spécifiques. Autrement, le
même discours pourrait être répété à
trois ou quatre étapes du même bill.
M. LEGER: M. le Président...
M. LAURIN: Si j'ai le temps, M. le Président, si le leader
gouvernemental me permet de parler.
M. LEVESQUE: Ce n'est pas le leader qui vous en empêche, c'est
votre député.
M. LEGER: M. le Président, je me réfère à
l'article 667 pour vous demander une directive. Actuellement, M. le
Président, n'est-ce pas le rôle du président
d'établir la recevabilité de la motion de révocation,
plutôt que de déterminer si son contenu est acceptable? N'est-ce
pas à la Chambre à se prononcer sur le contenu et sur les raisons
apportées.plutôt que sur la recevabilité de cette
motion?
M. LE PRESIDENT: Je suis bien d'accord avec le député de
Lafontaine. Pourrais-je avoir une copie de votre motion?
M. LAURIN: Malheureusement, je n'en ai pas de copie, mais la motion se
lit comme suit : "C'est pourquoi, appuyé par le député de
Gouin, je propose que l'ordre du jour no 8, deuxième lecture du bill 50,
Loi du développement de la région de la baie James, soit
révoqué."
M. LEVESQUE: C'est convaincant.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Cette motion est
recevable, mais ce que l'on peut dire sur la motion est très
limité. La motion est recevable, mais les arguments qu'on doit apporter
doivent être tout à fait exceptionnels.
M. LAURIN: De toute façon, M. le Président, je ne dirai
rien ici que je dirais en deuxième lecture, parce que mon discours de
deuxième lecture est ici et je le mets de côté.
M. LACROIX: René Lévesque a eu le temps de le remettre aux
journalistes.
UNE VOIX: Vous pouvez bien sourire.
M. SAINT-PIERRE: II est trop tôt pour en parler, mais son discours
est prêt.
M. LAURIN: Ce que je dirai en deuxième lecture demain,
après demain ou à l'automne n'a rien à voir avec ce que je
veux dire actuellement.
M. SAINT-PIERRE: Vous dites que vous ne serez pas capable d'en parler et
votre discours est prêt.
M. LACROIX: Vous n'en connaissez rien?
M. LAURIN: M. le Président, je vous remercie de votre
décision. Vous vous êtes montré le véritable
défenseur des intérêts des députés en cette
Chambre. C'est précisément parce que ce projet de loi a
l'importance que le député de Bonaventure lui accordait qu'il
faut se servir des règlements qui ont été
énoncés par tous ceux qui voulaient que les députés
puissent exprimer librement toutes leurs idées, opinions, oppositions
à quelque projet de loi que ce soit. D est heureux qu'actuellement ce
soit le président de la Chambre qui ait la charge, le devoir de
protéger nos privilèges, car si je me fiais au leader du
gouvernement, à l'heure actuelle, je pense que ces droits seraient
foulés aux pieds.
De toute façon, je reprends mes propos, M. le Président,
simplement pour dire, en conclusion de ce premier point, que les études
sont en cours déjà et que la création de la régie
n'y changerait rien. Par ailleurs, dans le cas du complexe NBR, les
études ne seront prêtes qu'à
l'automne; le ministre des Richesses naturelles nous l'a avoué en
Chambre, il y a quelques jours. Dans le cas des deux autres rivières, La
Grande et Eastmain, le ministre lui-même nous a dit que les études
ne seraient prêtes que dans plusieurs mois et que la décision ne
serait prise que plusieurs...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne peux pas accepter cette
argumentation.
M. LAURIN: Bon, d'accord!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je ne peux pas
accepter cette argumentation parce que tout député en cette
Chambre pourrait se lever sur n'importe quel appel à l'ordre de
deuxième lecture, sur n'importe quel projet de loi, et déclarer:
Nous, en tant que parti de l'Union Nationale, en tant que Ralliement
créditiste, en tant que Parti québécois, nous ne sommes
pas prêts à nous prononcer parce que nous n'avons pas assez
d'études et nous demandons la révocation, que ce soit remis
à l'automne, etc.
Pour ces raisons, sur tous les points de loi qu'il y a en Chambre, sur
tout, sans aucune exception, on pourrait apporter...
M. LAURIN: Je vais vous apporter un autre argument dans ce cas, M. le
Président. Le projet de loi porte création d'une
société d'Etat qui a pour but l'aménagement de tout un
territoire. Donc, non seulement le développement de l'énergie
hydro-électrique, mais le développement...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement. Ce
que le député essaie de faire présentement... J'invoque le
règlement. Ce que le député essaie de faire
présentement, c'est de faire tous les points qu'il veut
développer dans son fameux papier, là...
M. LACROIX: Préparé par Lévesque. UNE VOIX: Pas le
mauvais.
M. LEVESQUE: II veut le faire de cette façon-ci. C'est
indécent, c'est irrégulier, c'est antiparlementaire. Tout ce
qu'il veut faire, c'est essayer de saboter l'excellent discours que se
prépare à faire le chef du gouvernement vis-à-vis du plus
grand projet que le Québec ait connu.
M. JORON: M. le Président, sur le rappel au
règlement...
M. LACROIX: Le fils à papa.
UNE VOIX: Le millionnaire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: Nous écoutons le fils à papa.
M. JORON: Sur le rappel au règlement, le point qu'essaie de faire
valoir le député de Bourget, M. le Président, c'est que
l'ordre du jour doit être révoqué parce que nous manquons
d'information. Alors, comment peut-on prouver...
UNE VOIX: La recherche...
M. JORON: ... ce manque d'information? Comment peut-on prouver ce manque
d'information sans faire appel à l'information qui a déjà
été reçue pour montrer justement qu'elle est insuffisante?
Le projet de loi dont il est question à l'ordre du jour, c'est un cadre
pour faire quelque chose. Le projet de loi ne concerne pas le fond du
problème; il vient, si vous voulez, donner les modalités pour
exécuter un projet. Mais, si on ne sait pas au départ quel projet
on va exécuter, il ne sert à rien de se donner un cadre pour le
faire.
M. LACROIX: De l'infantilisme!
M. JORON: C'est ce que nous prétendons. Nous
référant principalement aux séances de la commission
parlementaire des Richesses naturelles, le projet lui-même n'a pas
été suffisamment précisé...
M. SAINT-PIERRE: ... formé Sidbec à cette
époque-ci.
M. JORON: ... en conséquence, il est prématuré de
lui donner des modalités.
M. CADIEUX: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le Solliciteur général.
M. FOURNIER: M. le Président, j'ai entendu les arguments
prononcés par les membres du Parti québécois relativement
à la suspension ou à la révocation des ordres. J'ai lu
attentivement les articles 237 et 555. Il m'apparaït que la
révocation ne doit être demandée que si la procédure
n'a pas été suivie, si les délais n'ont pas
été suivis ou si la motion présentée
n'apparaît pas au feuilleton. Les arguments que l'on nous sert sont au
nombre de trois. Ils ont été invoqués par les deux
députés du Parti québécois. Ce sont les
suivants:
Premièrement, qu'il n'y a pas eu d'audience d'une commission; en
second lieu, que l'on veut procéder avec rapidité à la
veille de la fin de la session et, en troisième Heu, que nous ne sommes
pas dans un état suffisant d'information pour décider
intelligemment. Ce sont là les trois arguments invoqués par les
membres du Parti québécois.
Or, si nous examinons exactement l'article suivant, l'article 556, nous
y voyons que c'est durant la deuxième lecture que toutes les
informations sont transmises à cette Chambre, que les explications sont
données de façon à
voir s'il est à propos d'agréer cette motion. Lorsqu'on a
mentionné, tout à l'heure, qu'il y aurait peut-être lieu,
dans chacun des débats présentés en cette Chambre, de
proposer une telle motion comme celle présentée par le leader du
Parti québécois, je suis d'accord parce qu'on n'interprète
pas les deux articles en question, 237 et 555, de la bonne façon. Il
s'agit d'une révocation de l'ordre du jour parce que la procédure
ou quelque chose a manqué en cours de route.
M. LESSARD: Justifiez.
M. FOURNIER: En deuxième lecture, il faut lire attentivement
l'article, nous avons le droit de discuter, ensemble, de la portée du
bill 50...
UNE VOIX: II n'est pas en mesure de le dire.
M. FOURNIER: ... de l'à-propos du bill, des principes
fondamentaux...
M. LESSARD: Sur un point d'ordre, M. le Président.
M. FOURNIER: ... et de la valeur intrinsèque du bill.
M. LESSARD: Sur un point d'ordre.
M. FOURNIER : Que veut dire la valeur intrinsèque sinon l'analyse
complète du bill lui-même? Je prétends que les deux
articles en question, s'ils étaient interprétés de
façon à retarder injustement les procédures, ce ne serait
pas une interprétation logique et raisonnable en vertu du
règlement. Ces deux articles ne s'appliquent qu'à un
défaut de forme, un défaut de procédure ou lorsqu'on
appelle un article alors que personne n'en a été avisé,
qu'il n'apparaît pas au feuilleton.
Dans le cas présent, tout le monde a été
avisé que ce soir nous commencions la discussion de la deuxième
lecture du bill en question et je prétends que la motion du
député est irrecevable.
M. CHARRON: Je vous rappellerai, M. le Président, sur le point de
règlement, que tout à l'heure vous avez accordé la
recevabilité de cette motion, c'est-à-dire que vous avez reconnu
que les articles 555 et 237 pouvaient être, à ce moment-ci,
utilisés. Quant à notre argumentation, que le
député de Bourget est libre de développer, il restera
ensuite à la Chambre à se prononcer sur la recevabilité ou
non de la motion.
M. SAINT-PIERRE: II faut s'en tenir...
M. CHARRON: Si je peux entendre déjà...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. CHARRON: A entendre les arguments soulevés par les
députés de Bonaventure et de Gatineau, il faut croire que le
parti ministériel se prononcera contre cette motion, parce qu'il jugera
tout simplement nos arguments non valables pour justifier une révocation
de l'ordre du jour, ce qu'il aura le droit de faire. En aucun temps nous ne
l'interromprons pendant qu'il argumentera.
Le fait est que nous avons le droit, à ce moment-ci de nos
travaux, je vous renvoie au journal des Débats de l'année
dernière, à la page 1264, une argumentation entre le leader de
l'Opposition officielle et l'ancien leader du gouvernement sur le même
type de situations.
Nous avons le droit, c'est ici, ici seulement, selon l'article 555 que
nous pouvons faire intervenir une motion de révocation. Nos arguments,
pour justifier cette révocation, ne vous plairont peut-être pas. A
ce moment-là, vous voterez contre la motion. La motion sera battue et
nous passerons donc à cette deuxième lecture. Mais jusqu'ici,
nous sommes pleinement justifiés. A ce moment-ci, je dis, M. le
Président, que le seul moment où vous pourriez nous
empêcher de parler, nous, enfin, le chef de notre parti, ce serait que
nous ayons utilisé l'article 555 au mauvais moment. Or, l'article 555
dit: Aussitôt que l'on dit: "Que ce bill soit maintenant lu une
deuxième fois", un député peut se lever et proposer la
révocation. C'est exactement en conformité avec nos
règlements. Ce que le député de Bourget a fait, libre
à tous les membres de cette Chambre d'épouser ou non la
philosophie qui nous fait valoir la demande de révocation actuelle de
l'ordre du jour. Mais nous n'avons pas à faire deux débats en
même temps, à savoir si on a le droit de faire cette demande de
révocation et si on doit épouser la révocation à
cause des justifications qu'on y apporte.
M. CADIEUX: M. le Président, à l'appui de l'argumentation
du leader parlementaire et ce que ne semble pas comprendre les
députés du Parti québécois, c'est que justement,
ils sont limités dans leurs arguments pour discuter d'une telle
révocation. Vous êtes limités dans les arguments et vous
dites que vous n'avez pas assez de renseignements, ce serait peut-être
bon alors d'écouter le premier ministre. Il va peut-être vous en
donner, des renseignements, tantôt. Vous en aurez peut-être des
réponses à toutes les questions que vous voulez poser. Vous en
aurez en deuxième lecture. Tous les arguments en faveur ou contre, sur
le principe du bill, vous pourrez les émettre tantôt. En ce qui
concerne votre révocation, vous êtes limités dans vos
arguments et vous devez vous limiter aussi aux directives données par le
président, c'est-à-dire il faut qu'il y ait presque des faits
nouveaux. Il faut qu'il y ait quelque chose d'extraordinaire pour
empêcher la Chambre d'étudier en deuxième lecture ce projet
de loi-là. Et le principe du bill, tantôt, vous aurez
toutes les libertés d'en discuter. Si vous avez besoin de
renseignements, le premier ministre, le ministre responsable et les membres du
cabinet pourront vous en donner.
M. LAURIN: On n'a jamais été chanceux
là-dessus.
M. CADIEUX: Vous le seriez peut-être plus, mais posez des
questions intelligentes. Vous allez être sûrs de recevoir des
réponses intelligentes.
M. LESSARD: M. le Président, sur un point de règlement. M.
le Président, nous avons fait valoir un certain nombre d'articles
concernant la recevabilité de la motion qui est présentée.
Vous avez d'ailleurs accepté tout à l'heure la
recevabilité de la motion.
En ce qui concerne maintenant les arguments que nous devons apporter ou
que nous pouvons apporter, le leader parlementaire du gouvernement, tout
à l'heure, a fait valoir qu'il y avait cette possibilité de faire
appel aux articles que nous avons soulignés, lorsqu'il y avait un autre
projet de loi qui serait plus important que celui-là. C'est un cas. Il
est impossible de demander la révocation de l'ordre du jour afin de
discuter autre chose. Mais, M. le Président, il peut y avoir aussi
d'autres cas pour demander la révocation de l'ordre du jour. Et ce que
disait tout à l'heure le Solliciteur général n'est pas du
tout prouvé dans les règlements. Il ne nous a pas du tout
justifié son argumentation. En vertu des articles 237 et 278, nous
voyons que tout député peut demander qu'un ordre du jour soit
révoqué. C'est simplement cela que nous avons dans le
règlement. En ce qui concerne l'argumentation que nous pouvons faire
valoir, c'est à nous à le faire valoir.
C'est notre problème. Il ne s'agit pas, à
l'intérieur de cette argumentation, cependant, de parler du projet de
loi lui-même, mais il s'agit de dire pourquoi le projet de loi qui
peut-être s'en vient, ou que cet ordre du jour, pour nous autres, doit
être révoqué. Nous disons que nous devons le
révoquer parce qu'il s'agit d'un projet extrêmement important. Il
s'agit d'un projet qui semble ne pas avoir été
préparé d'une façon efficace et rationelle. Il y a des
études qui ne sont pas actuellement prêtes et qui ne sont pas
complètement terminées. Cette argumentation que nous voulons
faire valoir, c'est justement pour justifier. Pour justifier, il faut quand
même nous donner la possibilité de le faire, et nous justifions
ceci en disant que nous ne sommes actuellement pas prêts parce que nous
ne sommes pas informés qu'il s'agit d'un projet d'une importance
considérable.
La recevabilité de cette motion, elle est acceptée
actuellement. Vous l'avez acceptée. En ce qui concerne notre
argumentation, il appartiendra, comme le député de Saint-Jacques
le disait tout à l'heure, aux autres députés de prendre
une décision pour ou contre lorsque le vote arrivera.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, je répète que je n'ai pas
appris beaucoup de nouveau. Je m'en tiens aux directives que j'ai
données tout à l'heure à l'effet que le
député de Bourget devra m'apporter d'autres arguments. Je ne suis
pas satisfait des arguments qu'il m'a apportés jusqu'à maintenant
parce que ce sont des arguments qu'il peut apporter dans son discours de
deuxième lecture, qu'il peut apporter dans une motion pour
déférer l'étude du projet à la commission
parlementaire. Ces mêmes arguments, il peut les apporter dans son
discours de deuxième lecture et à d'autres étapes du
projet de loi.
En ce qui me concerne, ce n'est pas suffisant. Je retiens
l'argumentation du Solliciteur général à l'effet que dans
la deuxième lecture le ministre qui propose la deuxième lecture
doit donner tous les arguments voulus pour éclairer la Chambre. En plus
de cela, il y a un principe qui dit que si la loi est mauvaise, le gouvernement
prendra ses responsabilités et en assurera l'odieux. Tout en accordant
la liberté de parole absolue qui est un principe que je veux respecter
pour tous les députés de cette Chambre, je ne peux pas permettre
le même débat à deux ou trois étapes du même
projet de loi.
Le député de Bourget devra m'apporter d'autres arguements
parce que ceux qu'il m'a apportés jusqu'à maintenant à
l'effet que les études ne sont pas complétées, que les
renseignements aux députés ne sont pas suffisants, je ne
considère pas ces arguments-là comme valables. On devra
m'apporter des arguments aussi exceptionnels que le fait que la baie James
n'est pas dans le territoire québécois, qu'on vient de
découvrir qu'elle appartient au Labrador, que la baie James est
asséchée ou quelque chose comme cela. Ce seront des arguments
vraiment exceptionnels, parce que je n'accepterai pas l'argumentation du
député de Bourget.
M. LEGER: M. le Président, tout en respectant la décision
du président, je dois quand même faire remarquer que je ne crois
pas que dans les règlements il y ait un article qui dise que le
président doit juger de l'argumentation sur le...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai accepté la recevabilité
de la motion, mais je réfère le député de
Lafontaine au deuxième alinéa de l'article 278: "Toutefois, quand
il s'agit de la révocation d'un ordre du jour, la discussion ne peut
porter que sur la question de révocation." C'est strictement
limité et libre à moi de décider sur les arguments qu'on
peut apporter.
M. LEGER: M. le Président, en vertu de l'article 667, je demande
une directive au président pour expliquer comment devrait être la
procédure de la Chambre relativement à
l'article 209 du règlement annoté de l'Assemblée
législative du Québec de 1915 qui nous dit que les deux articles
suivants: "209. "tout député peut proposer qu'un ordre soit
révoqué." Et à la note 1: "Une motion portant
révocation de l'ordre du jour n'a pas besoin d'être
annoncée". En aucun endroit j'aimerais que le président
m'explique il n'est marqué qu'il fallait prouver une
argumentation pour nous permettre la révocation d'un article de l'ordre
du jour.
UNE VOIX: Voyons donc! M. LEGER: M. le Président,... M. LE
PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEGER: ... je demande un avis sur ce point.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le seul avis ou la seule directive que je
peux donner c'est que nous sommes régis par les règlements
annotés de l'Assemblée législative de 1941.
M. LEDUC: Excellent.
M. CHARRON: M. le Président,...
UNE VOIX: Un autre.
M. CHARRON: ... sur un point de règlement également. Sur
votre réponse, tout à l'heure, au point de règlement que
nous avions soulevé, j'aimerais avoir des éclaircissements. Vous
avez dit que les arguments que le député de Bourget avaient fait
valoir jusqu'ici sont des arguments qu'il pourra faire valoir
véritablement lors de la deuxième lecture ou même plus loin
au cours des travaux normaux de l'étude du projet de loi.
Mais, avec tout le respect que je vous dois, je crois que vous
présumez, dès ce moment-ci,...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. CHARRON: ... du résultat du vote.
M. LEVESQUE: M. le Président, ce genre de demande de directives
qui se répète d'un député à l'autre
présentement constitue, à mon sens, une atteinte à
l'autorité de la présidence. Vous avez rendu votre
décision. Nous nous soumettons tous ici sauf, évidemment, deux
députés qui croient pouvoir trouver dans des règlements de
quoi mettre en doute l'interprétation que vous avez donnée.
M. CHARRON: M. le Président, je vous demande une directive...
M. LEGER: L'article 285.
M. CHARRON: ... sur l'interprétation...
M. LEDUC: Vous n'aviez qu'à écouter.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LEDUC: II y a des limites à votre stupidité.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne peux pas voir comment je pourrais
ajouter des directives à ce que j'ai dit précédemment,
d'une manière assez élaborée. Je donne la parole au
député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, encore une fois, la création
d'une régie qui constitue un cadre, avant que nous possédions les
informations...
M. LEVESQUE: M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LACROIX: De la folie furieuse.
M. LEVESQUE: II ne comprend rien.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
UNE VOIX: Le vote.
M. LE PRESIDENT: J'ai dit tout à l'heure que je n'accepterais pas
cette argumentation.
M. LAURIN: D'accord. Il y a un autre argument, M. le Président.
C'est qu'il y a une commission qui a siégé durant deux jours, les
20 et 21 mai, où nous avons posé des questions, où nous
aurions aimé avoir des réponses aux questions que nous posions et
encore une fois...
M. LEVESQUE: M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, messieurs!
M. LAURIN: Je répète au député de
Beauharnois que nous n'avons pas été chanceux dans les questions
que nous avons posées parce que les réponses étaient
à côté du sujet ou elles ne venaient pas.
Donc, cette commission a siégé durant deux jours. Nous
avons eu quelques réponses à nos questions.
M. CADIEUX: Vous allez en avoir d'autres ce soir.
M. LAURIN: Cette commission a été ajournée sine
die...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAURIN: ... malgré la demande que nous avons faite qu'elle
siège...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LEVESQUE: C'est évidemment de la mauvaise foi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je ne peux pas me permettre
d'entendre parler des travaux de la commission. En ce qui me concerne, j'ignore
où elle a siégé et sur quoi elle a
délibéré. Il est bien clair, en vertu des
règlements, que, tant qu'il n'y a pas eu un rapport d'un travail de
commission, la Chambre doit rester et demeure ignorante de ce qui s'est
passé à cette commission. En ce qui me concerne, je ne peux pas
accepter ce nouvel argument. Ce n'est pas de ma faute s'il n'y a pas eu de
rapport de la commission des Richesses naturelles. En ce qui me concerne,
j'ignore totalement ce qui s'est dit et je ne peux pas me permettre d'en
entendre parler.
M. LAURIN: Mais c'est troublant qu'il n'y ait pas eu de rapport. De
toute façon, il y a un troisième argument, M. le
Président. C'est que même dans la meilleure des hypothèses,
même si nous avions toutes les informations dont je parlais tout à
l'heure, les véritables travaux d'aménagement ne commenceront que
dans un an ou peut-être deux ans, de l'avis de tous ceux qui se sont
prononcés sur la question.
M. LEVESQUE: II me semble que...
M. LAURIN: Donc, où est donc l'urgence de créer un
cadre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE : On abuse de la patience des parlementaires
présentement avec ces niaiseries-là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Ne vous en faites pas, le président a
beaucoup de patience. Je ne peux pas accepter cette argumentation. Même
si on commence les travaux dans un an ou deux, vous débattrez cette
question en deuxième lecture.
M. LAURIN: II y a également un autre argument, M. le
Président.
UNE VOIX: Nous en avons, des arguments! UNE VOIX: II n'en a pas un de
bon.
M. LAURIN: Le gouvernement a déjà procédé
autrement et d'une façon beaucoup plus sage dans la présentation
de projets de loi qui, malgré leur importance, revêtaient
probablement une importance moins grande que celui que nous discutons
aujourd'hui.
Par exemple, lorsqu'il s'est agi de présenter un projet de loi
sur l'assistance-médicaments, on a procédé autrement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! Encore une fois, les
règlements me défendent de vous permettre de parler d'un autre
débat en cette Chambre. Messieurs, je suis obligé de solliciter
la collaboration du député de Bourget. C'est bien malheureux, je
le regrette, mais je ne peux le laisser continuer.
Après ces multiples rappels à l'ordre je ne les ai
pas comptés, mais cela doit en faire au moins cinq ou six je
désire, tout en restant le plus possible bon prince, lui rappeler
l'article 74: "Si le député qui a la parole continue à
s'éloigner de la question en discussion après y avoir
été rappelé deux fois, l'orateur peut le rappeler
nominativement à l'ordre." Je le préviens que, s'il désire
s'éloigner encore une fois de la question, j'invoquerai l'article
74.
M. LAURIN: Je faisais simplement essayer mes arguments, M. le
Président...
DES VOIX: Ah! Ah!
M. LAURIN: ...avec toute la bonne foi que vous me connaissez.
Je terminerai donc, M. le Président, par un dernier argument qui,
cette fois, s'adresse au premier ministre du gouvernement actuel. Je fais appel
à son sens des responsabilités, à sa bonne foi, à
son devoir comme chef d'Etat en lui demandant de ne pas faire adopter des lois,
particulièrement cette loi, à la vapeur. Qu'il ne nous oblige pas
à juger son projet de loi sur des déclarations parcellaires.
M. BOURASSA: Sur division, M. le Président.
UNE VOIX: Vote!
M. LE PRESIDENT: Vote?
M. BOURASSA: Le député accepterait-il un vote sur
division?
M. CHARRON: Sur quoi voterons-nous? Vous avez dit que la motion
n'était pas recevable.
M. LE PRESIDENT: Sur la motion. J'ai dit que la motion était
recevable.
M. CHARRON: Que la motion était recevable?
UNE VOIX: II vient de comprendre! M. BACON: Le grand procédurier!
M. LEDUC: Des imbéciles péquistes! M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
à l'ordre!
M. LEGER: M. le Président, une question de privilège,
article 285. Je demanderais au député qui veut dire quelque chose
de se lever, de demander la parole et de ne pas prononcer des paroles
antiparlementaires. De plus, ce député n'était même
pas assis à son siège !
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. LEGER: M. le Président, je demanderais au député
de Taillon de retirer les paroles qu'il vient de prononcer.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. LEDUC: M. le Président, je regrette. Je n'étais pas
à mon siège et je n'avais pas le droit de parole.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEDUC: Je ne peux pas retirer quelque chose que je n'avais pas le
droit de dire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Le député de
Lafontaine sait parfaitement que je n'ai aucun contrôle sur des paroles
qui ne sont pas adressées à la présidence. Raison de plus,
c'est du bruit. C'est peut-être désagréable. Je demanderais
aux députés de ne pas abuser de ces écarts, mais le
règlement ne m'autorise même pas à les rappeler à
l'ordre.
M. JORON: M. le Président, sur la motion du député
de Bourget visant à révoquer l'ordre du jour, je voudrais
apporter quelques arguments qui tenteront d'éclairer les
députés de cette Chambre sur la raison pour laquelle nous
croyons...
M. LEVESQUE: Perdez du temps! Perdez du temps ! Parlez plus lentement
encore et cela prendra encore plus de temps!
M. SAINT-PIERRE: Parlez plus lentement!
M. JORON: ...qu'il est trop tôt, qu'il est
prématuré...
M. LEVESQUE: Nous voyons votre petit jeu!
M. JORON: ...et que l'on ne peut pas, à ce moment-ci, se
prononcer intelligemment sur le bill no 50 pour la raison suivante.
M. LEVESQUE: Jamais vous ne pourrez vous prononcer intelligemment !
Jamais !
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LACROIX: Vous n'avez jamais été capables de le faire.
Il faudrait relever le barrage d'un pied pour contenir...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: ...toute la rage baveuse d'un certain parti politique contre
la réalisation d'un tel projet!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. JORON: M. le Président, la raison pour laquelle nous ne
pouvons pas, à ce stade-ci, étudier le bill 50 est la suivante:
cela tient de la nature même du bill no 50, parce que le bill no 50 n'est
rien d'autre qu'un cadre opérationnel pour mettre en oeuvre un
projet.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! Si l'on demande la
révocation de l'ordre de deuxième lecture, il est encore moins
permis de parler du projet de loi. Il est complètement interdit de
parler du projet de loi, car on demande la révocation de l'ordre. Je ne
puis pas permettre au député de Gouin de dire que le bill no 50
n'est qu'un cadre opérationnel, parce que, déjà, il
s'aventure dans le principe du projet de loi.
M. JORON: M. le Président, je tente de vous expliquer pourquoi il
faut retirer le projet de loi. Il faut bien forcément que je le
nomme.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture.
M. JORON: Prenez l'exemple suivant, M. le Président. Quand on
fonde une compagnie, il faut au départ être d'accord sur les fins
que nous allons poursuivre, sur les raisons pour lesquelles nous allons former
un cadre, une compagnie. Précisément, nous croyons, M. le
Président, que nous ne savons pas exactement comment ce projet....
M. BOSSE: Vous ne savez rien.
M. JORON: ... peut-être mis en oeuvre, quelle en est la dimension
exacte. Les séances précédentes, les autres lieux
où nous avons pu avoir une certaine information n'ont pas donné
lieu à préciser de façon exacte la dimension même et
les formes du projet qui doit être entrepris à la baie de James.
Et l'une des raisons pour laquelle il est prématuré de se donner
un cadre qui a des implications financières qui feront que des deniers
publics seront versés...
M. LEVESQUE: ... On entend cela dans le fond du débat de
deuxième lecture.
M. JORON: ... c'est que précisément, nous ne savons pas
encore quel est le montant exact ou même approximatif.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Les mêmes remarques s'appliquent et je
n'en connais pas de raisons, c'est aussi clair que cela.
M. CHARRON: M. le Président, je vais vous en donner une.
M. LE PRESIDENT: Oui, je vais vous donner une raison.
Si le premier ministre désirait retirer le projet de loi de
deuxième lecture, il ne pourrait pas demander par motion le retrait
avant de demander la révocation de l'ordre. A ma connaissance, dans les
règlements, ce cas est prévu où, pour pouvoir retirer un
projet de loi ou une deuxième lecture ou une troisième lecture,
il faut procéder par la révocation de l'ordre. C'est le seul
exemple que je connaisse. Et après quand même une dizaine
d'années d'expérience parlementaire, je n'ai jamais connu en
cette Chambre de débats ou d'argumentations acceptées sur cet
ordre de révocation. C'est tellement exceptionnel, c'est la raison pour
laquelle je dois être très sévère.
M. LEGER: M. le Président, en vertu de l'article 666, je vous
demande des directives. Si le président me dit qu'il ne connaît
aucune possibilité de faire révoquer l'ordre du jour...
M. LEVESQUE: II vient d'en donner une possibilité.
M. LEGER: Comment pouvez-vous expliquer, M. le Président,
qu'à l'article 237, il est bien dit: pas un ministre, mais tout
député peut proposer qu'un ordre soit révoqué? Il
n'est pas question de ministre, mais de "tout député". Il doit
certainement y avoir des possibilités de révoquer, puisque c'est
marqué dans le règlement...
M. LEVESQUE: On peut avoir un projet de loi présenté par
un député. Quelle ignorance!
M. LEGER: M. le Président, si tout député peut le
faire, je me demande, il doit y avoir certainement des raisons pour l'accepter,
et je pense bien qu'à la suite des quantités de raisons que l'on
nous a données, il va y en avoir une que vous allez trouver suffisamment
acceptable.
M. CHARRON: M. le Président, sur la motion du
député de Bourget, j'appuie la motion du député de
Bourget pour cet argument que je vais vous donner à la suggestion
même du député de Bonaventure.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je comprends que le député de
Saint-Jacques parle sur la motion...
M. CHARRON: Du député de Bourget.
M. LE PRESIDENT: D semble dans ce cas-là que vous enlevez le
droit de parole au député de Gouin.
M. CHARRON: Je croyais que vous l'aviez rappelé à l'ordre,
pour la deuxième fois.
M. LACROIX: C'est seulement pour faire perdre le temps de la Chambre. Je
crois qu'il est bon de souligner que les membres du Parti
québécois veulent faire de l'obstruction uniquement pour
empêcher et retarder le développement économique de la
province de Québec parce que cela fait mal à leur petit chef et
à leur petit parti politique.
M. JORON: M. le Président, vous comprendrez que l'argumentation
que nous pouvons faire valoir à ce moment-ci peut certainement, à
certains égards, ressembler à l'argumentation qui pourrait
être tenue en deuxième lecture.
Mais quand vous dites que ces mêmes arguments qui seraient ceux de
deuxième lecture ne peuvent être invoqués à ce
moment-ci, parce que justement il y aura une deuxième lecture, vous
présumez qu'il y aura deuxième lecture. Or, si la Chambre le
veut, il pourrait fort bien ne pas y en avoir.
Comment, à ce moment-là, aurions-nous pu faire valoir nos
arguments? C'est la raison pour laquelle, M. le Président, vous me
permettrez, je le présume, de continuer mon argumentation telle que je
l'avais commencée.
Je disais qu'en raison des implications financières de ce
projet,...
DES VOIX: A l'ordre!
M. JORON: ...de leur dimension même qui en font...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. LAFRANCE : Article 74. M. SHANKS: Article
74.
M. LE PRESIDENT: Vous parlez exactement sur le fond de la question, sur
les implications financières du projet. Si nous étions en
deuxième lecture, vous seriez tout à fait dans l'ordre, et je
rappelle à l'ordre pour la dernière fois le député
de Gouin.
L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: J'appuie la motion de mon collègue de Bourget pour la
raison suivante: C'est notre distingué leader du gouvernement qui tout
à l'heure dans sa verve où toute son expérience et son
antiquité se reflétaient m'a suggéré cet argument
qui, de toute façon, me flottait dans l'esprit, M. le Président,
depuis un bon moment.
M. CADIEUX: II ne doit pas y avoir grand-place pour flotter
là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: J'appuie la motion du député de Bourget, chef
parlementaire du Parti québécois, parce que je trouve que l'ordre
du jour eût dû être formulé d'une façon
différente
pour appeler immédiatement ce qui figure à l'article 7 de
notre programme, la Loi modifiant la loi du ministère des Communications
et d'autres dispositions législatives. Je vais vous expliquer en
quelques minutes pourquoi je considère que cette loi, plutôt que
celle qui a été appelée par le leader du gouvernement
droit que lui-même a reconnu tout à l'heure devrait
être celle qui occupe les travaux de cette Chambre immédiatement
avant l'ajournement plutôt que celle appelée récemment et
qui fait l'objet de notre litige.
Ce projet de loi no 50 qui est appelé actuellement n'a pas le
caractère impératif et sérieux qu'a celui figurant
à l'article 7 de notre feuilleton, le bill 37. Permettez moi une
comparaison...
M. LACROIX: Qui établit les priorités?
M. CHARRON: ...entre l'importance des deux projets de loi. Le projet de
loi no 37 vient légiférer dans un domaine qu'à plusieurs
reprises tous les gouvernements du Québec...
M. GARNEAU: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GARNEAU: M. le Président, il est bien établi en cette
Chambre, depuis des années que j'assiste aux travaux, qu'il y a des
journées où l'ordre du jour est déterminé par les
règlements, c'est la journée des députés. Mais en
d'autres circonstances, et dans la période que nous vivons actuellement,
cette journée des députés...
M. CHARRON: Je me réfère à l'argumentation du
député de Bonaventure.
M. GARNEAU: C'est le leader du gouvernement qui appelle les travaux de
la Chambre, M. le Président.
M. CHARRON: M. le Président, je disais donc que le projet de loi
37...
M. LACROIX: Obstruction.
M. CHARRON: ...qui porte sur la matière aussi importante...
M. GARNEAU: M. le Président, j'ai invoqué le
règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne peux pas accepter cette argumentation
non plus. Je ne me rappelle pas si le leader parlementaire l'a soulevée
mais encore là je me demande où pourrait aller un Parlement alors
qu'il y a 20, 25 ou 30 articles au feuilleton. C'est le leader parlementaire du
gouvernement qui, en vertu des règlements a toute discrétion,
sauf le mercredi, pour appeler les affaires du jour. Il serait tellement facile
à tous les députés de dire: L'article 2 n'est pas
important, l'article 5 ou l'article 7 est plus important.
Cela permettrait des abus et si c'est ça le Parlement, nous avons
le droit de nous poser des questions. Si c'est ça le règlement,
nous avons le droit de nous poser des questions. Je pense bien que la
liberté de parole existe pour tous les députés en cette
Chambre et tout spécialement, je le reconnais, pour les
députés de l'Opposition.
Mais il y a un autre principe qui dit que le gouvernement a le droit de
présenter ses législations. Libre à l'Opposition de voter
pour ou de voter contre.
Mais on ne peut pas abuser et je crois que ce sont des abus. Vous allez
me parler pendant une demi-heure pour dire que l'article 7 est plus important
que l'article 2. Je ne peux pas accepter ça. C'est contre la logique
même. A moins qu'on ne permette que la procédure soit plus
importante que le fond. A mon point de vue, le fond est plus important que la
forme.
M. CHARRON: M. le Président, ce droit qui m'est reconnu à
l'article 237 et à l'article 555 quant à son temps d'exercice me
permet, comme membre de la Chambre, de suggérer la révocation de
l'ordre du jour. Si ce n'est pas l'opinion des membres de la Chambre et si ce
n'est pas la vôtre également, M. le Président, que tel
projet de loi est plus important qu'un autre, je peux quand même
considérer que, pour moi, ça l'est et suggérer aux
collègues de la Chambre d'intervertir l'ordre du jour, après
avoir révoqué celui qui vient d'être appelé.
Autrement, M. le Président, si ce droit qui figure à notre
règlement à deux reprises, à l'article 237 et à
l'article 555, ne devait s'appliquer que dans le cas vous l'admettrez
avec moi ultime que vous lui avez reconnu tout à l'heure,
pourquoi ce cas-là n'a-t-il pas été inscrit, puisqu'il
apparaît comme étant le seul, en toutes lettres quant à
l'usage de ce droit? Il n'y a, aux paragraphes et en note aux articles 237 et
555, aucune circonscription de ce droit-là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Avec la permission du député
de Saint-Jacques, je peux lui donner un autre exemple où ça
pourrait être permis; c'est sur l'ordre de troisième lecture. Sur
l'ordre de troisième lecture d'un projet de loi, un député
ou le ministre qui propose la troisième lecture, pour apporter un
amendement ou un changement à un article quelconque du bill, peut
proposer la révocation de l'ordre pour retourner en comité. Cela
ça peut être une autre raison, s'il s'agit de bonifier la loi,
s'il y a une erreur dans la loi. Juste au moment d'appeler la troisième
lecture, on se rend compte qu'il y a lieu de la modifier; la seule place pour
le faire, c'est de retourner en comité plénier.
M. CHARRON: Très bien, M. le Président, mais alors,
voulez-vous m'expliquer pourquoi l'article 555, lui, spécifie que c'est
aussitôt que l'on dit que cette loi soit maintenant lue une
deuxième fois? On spécifie à l'article 555 que ce droit
est également utilisable dès l'appel de la deuxième
lecture avant même que le ministre en titre, responsable, puisse
l'utiliser. L'article 555, en toutes lettres, confirme que je peux utiliser,
à ce moment-ci, le droit qui m'est reconnu à l'article 237,
deuxièmement. C'est ici, M. le Président, que, selon l'article
555 je veux être complètement soumis aux règlements
de notre Chambre j'essaie d'utiliser l'article 237.
Je développais tout à l'heure une argumentation. Vous
m'avez interrompu; c'est votre droit, M. le Président, et je reconnais
votre autorité, mais je vous mets quand même dans une
hypothèse. Si, après avoir développé tous les
arguments les uns après les autres, il arrivait qu'un puisse satisfaire
votre esprit...
M. LE PRESIDENT: Dépêchez-vous.
M. CHARRON: ... et que vous l'acceptiez comme recevable, qu'est-ce que
ça nous donnerait, à ce moment-là, que notre droit de
motion soit reconnu, puisque tout le débat aura d'abord
été pour vous convaincre, vous, que nous avons le droit d'essayer
de convaincre les autres en cette Chambre? Ce serait allonger bien inutilement,
et c'est loin de notre intention, les travaux de la Chambre.
M. LEVESQUE: Ce que vous tentez de faire, c'est de l'hypocrisie.
M. CHARRON: Ce que vous risquez de faire, c'est de provoquer deux
débats là où le règlement n'en prévoyait
qu'un seul.
M. BOURASSA: Ah! ça fait, là!
M. CHARRON: II suffit que vous reconnaissiez l'application...
M. LACROIX: Radio-Canada vous attend. Lâchez-nous donc la paix et
laissez-nous travailler.
M. CHARRON: ... du règlement 555 ici et il sera libre aux
collègues de juger de mon argumentation.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Votre argumentation actuellement se ferait
normalement sur une question de règlement.
UNE VOIX: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: A ma connaissance, il n'y a aucun député
qui a soulevé une question de règlement et le droit de parole du
député de Saint-Jacques est uniquement sur la motion de
révocation, sur la motion du député de Bourget. Je ne lui
permettrai pas de philosopher ou d'argumenter sur une question de
règlement alors qu'aucune question de règlement n'est
soulevée.
Je lui demanderais de revenir à la motion de
révocation.
M. LEVESQUE: Il n'a rien à dire.
M. CHARRON: Je considère que la Chambre doit immédiatement
révoquer l'ordre du jour qui vient d'être appelé parce que
le projet de loi que nous serions appelés à étudier, si
cet ordre du jour était suivi, est trop important...
M. LEVESQUE: Vous viendrez brailler sur la procédurite de l'Union
Nationale...
M. CHARRON: ... pour que nous décidions...
M. LEVESQUE: ... vous viendrez nous dire cela dans le coin.
M. PAUL: Question de privilège, M. le Président. Depuis le
début de la soirée, nous nous sommes abstenus de participer
à tout débat parce que, qu'on le veuille ou non, le premier
ministre du Québec, c'est le député de Mercier. Il est le
parrain d'un projet de loi et nous sommes absolument contre toute obstruction
publicitaire au sujet de ce projet de loi. J'aurais pu apporter des arguments
au soutien ou au rejet de cette motion; je préfère laisser jouer
les enfants.
M. CHARRON: Je considère que nous ne sommes pas prêts
à nous prononcer sur le projet de loi no 50 parce que je ne
considère pas que sous la responsabilité d'un gouvernement qui se
veut démocratique, il y ait possibilité d'accepter le principe
d'un investissement...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M: LEVESQUE: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: Si vous ne pouvez pas accepter le principe de
l'investissement, vous voterez contre le principe en deuxième lecture.
C'est aussi simple que cela. Vous me donnez la preuve, actuellement, que je ne
peux pas accepter votre argumentation parce que vous dites que vous êtes
contre le principe. Attendez de le dire en deuxième lecture.
M. CHARRON: Vous ne savez pas, M. le Président, s'il va y en
avoir une.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! UNE VOIX: La décision est rendue.
M. LEVESQUE: La décision est rendue, cela suffit.
M. LE PRESIDENT: C'est la dernière fois que je rappelle à
l'ordre le député de Saint-Jacques.
M. LEVESQUE: Très bien.
M. BOURASSA: M. le Président, je vous ferai remarquer que cela
fait trois ou quatre députés du Parti québécois que
vous venez d'avertir que vous les nommerez. J'espère que la leçon
est comprise.
M. CHARRON: II veut nous montrer sa médaille de leadership et de
courage.
M. LACROIX: ... des Chevaliers de l'indépendance.
M. CHARRON: ... de courage et de leadership au cours de la crise
d'octobre.
M. CADIEUX: Lui, c'était un homme. C'est cela que tu n'es pas,
toi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à l'ordre!
UNE VOIX: Ce n'est pas fini! UNE VOIX: Petite fillette.
M. CHARRON: II faut s'armer de courage, M. le Président.
M. JORON: Vous ne dénationaliserez pas l'Hydro si facilement que
cela.
M. CHARRON: Vous ne jetterez pas l'Hydro-Québec par terre aussi
facilement que cela.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît, messieurs!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que vous pouvez demander le silence,
s'il vous plaît?
UNE VOIX: Silence, il va chanter. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président...
UNE VOIX: Juste avant votre dernière parole, vous l'aviez.
UNE VOIX: Placez la bobine.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A l'appui de la motion du
député de Bourget qui demande la révocation de l'ordre du
jour, il y a plusieurs raisons...
UNE VOIX: Ah bon!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... à mon sens et les voici: D'abord,
on sait que le projet de loi est un projet très important, qui aura des
répercussions... Je remercie les ministériels de leurs
applaudissements.
M. CADIEUX: ... depuis tantôt.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On sait que le projet de loi aura des
répercussions économiques sur l'avenir du Québec,
répercussions qui seront bonnes ou mauvaises...
DES VOIX: Bonnes! Bonnes!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ...et actuellement, je pense que le
gouvernement, le premier ministre profite de la fin d'une session pour faire
accepter à la vapeur un projet de loi qui demande d'être
étudié davantage.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LEVESQUE: M. le Président, il n'est pas question de faire
accepter... cela fait deux semaines que ces gens-là ont le projet de loi
entre les mains et nous sommes à la disposition des honorables
députés pour en discuter aussi longtemps qu'ils le voudront. Ce
sont eux qui pensent à la fin de la session.
UNE VOIX: Continuez comme si de rien n'était.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous avons eu...
M. LACROIX: Ils ont à visiter des maisons du pêcheur. Bande
d'anarchistes!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ...cet après-midi,
l'article...J'invoque le règlement, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! M. LEGER: M. le
Président...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Laissez-moi finir.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, j'invoque le
règlement. L'article 242 dit que tout député qui demande
la parole doit se lever de sa place, la tête découverte et
s'adresser à l'orateur en le désignant par son nom. Or, le
député des Iles-de-la-Madeleine a adressé la parole
sept ou huit fois, ce soir, assis sur son siège. Alors, M. le
Président, est-ce que je dois conclure...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, est-ce que je dois
conclure que vous invoquez le deuxième article qui dit: Toutefois un
député peut rester assis pour demander la parole s'il est infirme
ou malade?
M. LACROIX: Dans le cas du député de Sainte-Marie, M. le
Président, il y a longtemps que la preuve est faite; et, de toute
façon, qu'il porte un chapeau ou non, il n'a jamais de tête.
M. CHARRON: Je suis malade! Je suis malade !
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, le gouvernement
actuel, le premier ministre qui nous propose l'adoption du projet de loi no 50
agit comme certains vendeurs sous pression. On profite actuellement de la
fatigue de la session, on profite de la chaleur pour nous présenter un
projet de loi qui est d'une importance capitale.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Et ça, c'est important !
M. LEVESQUE: Ça c'est important!
M. LE PRESIDENT: Je ne peux pas accepter pour les mêmes raisons,
l'argumentation du député de Sainte- Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Alors, M. le Président, je continue.
Si nous avons demandé la révocation de l'ordre du jour, je pense
que c'est pour une raison valable. On ne dira pas qu'on n'a pas vu les
rivières qu'on veut aménager. Elles existent. On ne dira pas que
les rivières sont asséchées, comme vous nous l'avez
demandé, on sait qu'elles existent, mais par contre, il faudrait avoir
beaucoup plus de temps pour étudier toutes les implications...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! DES VOIX: Troisième
avis.
M. LE PRESIDENT: C'est le dernier avertissement parce que les
mêmes arguments ont été apportés par d'autres
députés antérieurement.
M. SAINT-PIERRE: D n'a plus rien sur sa feuille.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
DES VOIX: Debout! Debout! Debout! M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LESSARD: M. le Président...
M. LACROIX: La Chambre perd son temps grâce aux paroles
élogieuses de l'honorable député de Saguenay. De la belle
salive inutile qui fait perdre le temps de la Chambre depuis une heure et
demie.
M. LESSARD : Tiens, le fou de Bassan qui fait ses interventions
habituelles!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LESSARD: Je pourrais évoquer, M. le Président,
quantité d'arguments pour faire valoir la motion que nous discutons
actuellement. On pourrait même prouver au gouvernement que les
rivières sont asséchées, mais j'ai l'impression
qu'après tout, ce gouvernement est tellement têtu, il veut
tellement ne rien comprendre, que, encore là, il aménagerait les
rivières.
DES VOIX: A l'ordre!
M. BERTHIAUME: M. le Président, j'invoque le
règlement...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les députés sont prêts
à se prononcer?
DES VOIX: Oui, oui.
M. LACROIX: Oui, M. le Président.
DES VOIX: Vote! Vote! Vote!
M. LEGER: M. le Président, un point d'ordre. Je pense que chaque
député a le droit d'émettre son opinion.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! C'était à vous de
vous lever.
L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président...
M. BERTHIAUME: M. le Président, j'invoque le règlement,
sur une question de privilège.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Napierville-Laprairie, sur une question de règlement.
M. BERTHIAUME: Sur une question de privilège, M. le
Président. Il est présentement 9 h 40 et nous sommes ici depuis
huit heures. Vous avez rappelé à l'ordre les
députés du Parti
québécois à multiples reprises sur la même
question ou sur les mêmes questions.
Je vous soumets que l'obstruction présentée par le Parti
québécois dans cette Chambre, ce soir, brime le droit de parole
des autres députés qui attendent pour se prononcer et pour
exprimer leurs vues en deuxième lecture sur le projet de loi no 50.
M. LEGER: M. le Président, sur la question de
privilège.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il n'y a aucun débat sur une question
de privilège. J'ai écouté la question de privilège
du député de Napierville-Laprairie. Nous avons des
règlements; je dois les faire respecter. Je dois faire respecter la
liberté de parole dans cette Chambre et je dois accorder, tout en
respectant le règlement, la parole au député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, tantôt, vous avez dit qu'il n'y
avait pas eu d'occasion, jusqu'à maintenant, je pense, de
révoquer un ordre du jour. Je voudrais, quand même, vous
référer au vendredi, 7 août...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne peux pas accepter cette argumentation.
Il ne s'agit pas actuellement d'une question de règlement. J'ai pris mes
responsabilités jusqu'à maintenant sur les décisions ou
sur les directives que j'ai données. Je ne voudrais entendre le
député de Lafontaine que strictement sur la question de
révocation.
M. LEVESQUE: M. le Président, est-ce que les
députés de ce groupuscule n'ont pas tous parlé
présentement?
M. LEGER: M. le Président, je dois dire que je n'ai pas encore
parlé sur la révocation de l'ordre de jour; je n'ai parlé
que sur les points d'ordre.
M. JORON: Sur une question de privilège, je demanderais au leader
du gouvernement de retirer ses paroles qualifiant le groupe que nous sommes de
groupuscule, alors que nous représentons 662,000 électeurs
québécois.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, concernant l'opportunité de
révoquer l'ordre du jour, je voudrais référer à une
même procédure qui a eu lieu l'année dernière et qui
a été présentée par le leader de l'Opposition
officielle à l'occasion du bill sur la construction.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je rappelle pour la deuxième fois
à l'ordre le député de Lafontaine. Ce qui s'est
passé l'année dernière ne m'intéresse pas. Ce qui
m'intéresse actuel- lement, c'est de savoir pourquoi on doit
révoquer l'ordre du jour, strictement ça. Je demande au
député de Lafontaine de ne pas prendre la peine de se
référer à ce qui s'est passé l'année
dernière.
M. LEGER: Alors, M. le Président, disons que la raison pour
laquelle je pense qu'on devrait révoquer l'ordre du jour, c'est pour
permettre la convocation d'une commission parlementaire...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: Ils n'ont rien à dire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Ce n'est pas le moment de demander la
convocation d'une commission parlementaire. Ce moment viendra après la
deuxième lecture seulement...
M. LEGER: Je m'y prends d'avance.
M. LE PRESIDENT: ... si deuxième lecture il y a. Ce n'est pas le
moment de demander cela. Si le député de Lafontaine n'a pas
d'autre argument, c'est la dernière fois que je le rappelle à
l'ordre.
UNE VOIX: Un autre; il n'a plus rien à dire.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les députés sont
prêts?
DES VOIX: Vote!
M. LE PRESIDENT: Enregistré?
M. LEGER: Enregistré.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion de M. Laurin
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Que ceux qui sont en faveur de la
motion de l'honorable député de Bourget veuillent bien se lever,
s'il vous plaît.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Laurin, Léger, Charron, Joron,
Tremblay (Sainte-Marie), Lessard.
M. LEVESQUE: Le député de Bourget connaît sa
procédure. Il doit être à son siège ou il perd son
droit de vote.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: Si on veut faire de la procédure, on va en
faire.
M. LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Lévesque, Hardy,
Castonguay, Garneau, Tessier, Parent, Harvey (Jonquière), Simard
(Richelieu), Quenneville, L'Allier, Cloutier (Ahuntsic), Tetley, Drummond,
Saint-Pierre, Lacroix, Toupin, Massé, Fournier, Goldbloom, Vaillancourt,
Mailloux, Cadieux, Arsenault, Houde (Fabre), Bienvenue, Perreault, Brown,
Blank, Séguin, Saint-Germain, Kennedy, Picard, Pearson, Leduc, Fraser,
Assad, Bacon, Berthiaume, Bossé, Caron, Carpentier, Cornellier, Dionne,
Faucher, Giasson, Harvey (Chauveau), Houde (Limoilou), Lafrance,
Larivière, Ostiguy, Pelletier, Pépin, Phaneuf, Pilote, Shanks,
Veilleux, Loubier, Paul, Cardinal, Vincent, Boivin, Tremblay (Chicoutimi),
Cloutier (Montmagny), Bertrand, Gagnon, Masse, Lavoie, Croisetière,
Deniers, Gauthier, Simard (Témiscouata).
M. LE SECRETAIRE: Pour: 6 Contre: 72 M. LE PRESIDENT: La motion est
rejetée. Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre propose la deuxième
lecture du projet de loi no 50, Loi du développement de la région
de la baie James.
M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur
de la province a pris connaissance de ce bill et il en recommande
l'étude à la Chambre.
Je n'ai pas l'intention, M. le Président, de commenter cette
nouvelle manoeuvre publicitaire proprement disgracieuse du Parti
québécois. C'est, en effet, sans précédent que le
président de la Chambre ait eu à sommer au moins quatre des sept
députés du parti sur une telle question.
Toutes les lois ont leur importance, mais certaines retiennent davantage
l'attention en raison de leurs conséquences sur l'avenir de la
collectivité. A cet égard, le présent projet de loi
s'inscrit en tête de liste des initiatives gouvernementales propres
à accélérer le développement économique du
Québec.
Par son ampleur, son originalité et surtout par ses effets
d'entraînement sur la croissance économique et la création
d'emplois, il ouvre au talent et à l'esprit inventif des
Québécois un nouveau chantier de leur avenir économique.
Un chantier immense: cinq rivières à aménager, la mise en
valeur d'un potentiel considérable de ressources minières et
forestières, la possibilité de découvertes
pétrolières, des établissements portuaires, le
développement des pêcheries et du tourisme, tout cela sans
détérioration du milieu et dans le respect de l'écologie.
En faut-il davantage, M. le Président, pour susciter l'enthousiasme et
appeler les Québécois à la découverte d'un monde
nouveau?
Voilà le but poursuivi par la Loi du développement de la
région de la baie James. Ce projet concrétise la volonté
du gouvernement de mobiliser nos ressources en vue de mieux assurer la
prospérité et la relance économique. Ce projet
représente aussi pour les Québécois un symbole
éclatant de leur vitalité et de leur hardiesse.
C'est tous ensemble que nous arracherons de ce territoire
inexploité les promesses de notre avenir. Ce qui sera fait aujourd'hui
n'aura pas à être commencé demain.
Trop longtemps au cours de son histoire, le Québec a attendu,
d'où les retards à rattraper le rythme d'industrialisation
d'autres régions de l'Amérique du Nord. Nous avons donc
décidé d'agir et nous agissons maintenant. Certains nous
demandent d'attendre. Attendre quoi? Que nous arrivions au tournant de la
prochaine décennie avec un déficit considérable de
production énergétique? Que nous soyons impuissants
à satisfaire les demandes en électricité de notre
marché domestique? Que nous essuyions pour chaque année de
retard une perte de $250 millions?
Gouverner, c'est prévoir, connaître et décider.
La connaissance que nous avons du dossier, les avis non
équivoques des experts et des spécialistes, les impératifs
de la relance économique, tout nous commande de procéder sans
délai aux premières étapes du développement de la
Baie James, pour le progrès du Nord-Ouest québécois et du
Québec tout entier.
Cette décision prise, nous aurions pu procéder, sans grand
effort d'imagination, par les voies classiques qui s'offraient à nous,
en confiant simplement aux institutions existantes des morceaux de
développement : les ressources hydrauliques à
l'Hydro-Québec, les ressources forestières à Rexfor, les
ressources minières à Soquem, les ressources
pétrolières à Soquip, les pêcheries et le tourisme
aux ministères appropriés, l'aménagement routier au
ministère de la Voirie, les communications aux ministères des
Transports et des Communications. Avant même de commencer les travaux,
nous faisions donc face à une dizaine de juridictions autonomes et
compartimentées.
Le risque nous a alors paru grand d'une dispersion des énergies,
d'une confusion des tâches et d'un manque grave de planification
intégrée dans l'aménagement d'un territoire aussi vaste
que promotteur.
C'est la nature même du projet, les impératifs de la
planification et du développement global du territoire qui imposent la
nécessité d'une structure de gestion munie de l'autorité
et des pouvoirs indispensables à la réalisation de cet immense
projet.
Cette structure de gestion, c'est la Société de
développement de la Baie James.
Car le projet de la Baie James est plus qu'un projet purement
hydro-électrique; il touche un vaste domaine: exploitation
forestière, reboise-
ment, développement minier, découvertes
pétrolifères possibles, ouverture d'un vaste territoire à
la pêche, au tourisme et la récréation des années
soixante-dix et quatre-vingt et, ne l'oublions pas, un développement
industriel considérable à moyen terme qui saura profiter non
seulement aux citoyens du Nord-Ouest québécois, mais à
toutes les régions.
Nous proposons donc à l'Assemblée nationale une loi visant
à créer une société investie de pouvoirs
étatiques et qui possède la souplesse de gestion que l'on
reconnaît à d'autres agents de la vie économique. On lui
confiera la responsabilité de planifier l'usage, la sauvegarde et le
développement rationnel des ressources naturelles du bassin de la Baie
James, pour le progrès économique et social de tout le
Nord-Ouest, région jusqu'ici trop souvent négligée par les
gouvernants.
Mais la société ne doit pas seulement planifier. Elle doit
être investie des pouvoirs nécessaires pour mettre ses plans
à exécution. Pour le développement de la Baie James, on ne
peut se permettre de planifier sans agir, ou d'agir sans planifier.
De dures leçons nous ont appris le gaspillage qui résulte
du manque de planification intégrée. Nous voulons lier en un seul
grand projet régional toutes les activités et les facteurs de
développement.
L'originalité du projet vient du fait qu'un seul organisme
gouvernemental sera chargé de toutes ces responsabilités et
qu'aucune de ses activités ne pourra être considérée
comme une fin en soi. C'est là la caractéristique essentielle de
la Société de développement de la Baie James. Alors que
nous avions évolué jusqu'ici dans le sens de la concentration
verticale, la société représente, dans le cadre d'une
unité régionale au Québec, une expérience nouvelle
de concentration horizontale.
Bien que cette technique soit nouvelle au Québec, elle a
été utilisée avec succès lorsqu'un gouvernement
voulait mener à bien d'immenses projets. L'Administration de la Voie
maritime du Saint-Laurent et la Tennessee Valley Authority sont des exemples
éloquents de cette méthode dynamique de gestion.
Ces avantages sont obtenus sans sacrifier le contrôle public sur
l'orientation générale du développement de la baie James,
mais en rendant plus efficace l'administration quotidienne de ce
développement. La loi assure en fait un contrôle efficace de
l'Exécutif et du Parlement sur le pouvoir de décision et de
réglementation du conseil d'administration de la
Société.
La Société représente en fait pour nous une
façon de faire plein usage des techniques modernes de gestion sans
renoncer pour autant aux mécanismes fondamentaux de la démocratie
et aux exigences de l'intérêt public.
Le projet de loi crée une corporation à capital-actions
dont les actions sont détenues par le gouvernement, donc le peuple
québécois. Le pouvoir de la Société de
détenir des biens, d'exploiter le territoire ainsi que d'en susciter le
développement par l'entreprise privée est en fait entre les mains
des citoyens québécois et de leur gouvernement.
Précisons que la Société est une corporation
d'exploitation et de réglementation plutôt qu'une régie
dans le sens strict du mot. Cette formule a été retenue en raison
de sa souplesse, de préférence à celle d'un organisme
exerçant des pouvoirs exclusivement administratifs ou para-judiciaires.
Son capital-actions lui confère une base financière grâce
à laquelle le cas échéant, elle peut emprunter.
L'obligation du gouvernement de souscrire un capital-actions par versements
échelonnés sur dix ans assurera la solvabilité
requise.
L'un des traits les plus originaux du projet de loi est
précisément le rôle imparti aux filiales de la
Société.
Pour ce qui concerne le développement des ressources
hydro-électriques de la baie James, la production et la distribution de
l'électricité de même que sa transmission, la loi accorde
à l'Hydro-Québec un rôle clé. En effet, l'Hydro est
l'actionnaire principal de la filiale, tandis que trois des cinq membres de son
conseil d'administration seront nommés sur recommandation de
l'Hydro.
Non seulement l'Hydro continue-t-elle d'assurer l'exclusivité de
la vente et de la distribution de l'électricité hors du
territoire, mais la vente d'électricité hors du Québec
reste toujours sujette à l'approbation expresse de l'Assemblée
nationale.
Il ne peut être question de créer deux
"Hydro-Québec". Il faut au contraire faire participer l'Hydro-
Québec à la stratégie globale de développement de
la région de la baie James.
En comité plénier, le gouvernement verra à
clarifier le rôle de l'Hydro-Québec en proposant des
amendements.
Dans le cas de l'exploitation des richesses pétrolières,
minières et forestières, SOQUIP, SOQUEM et REXFOR
détiendront 49 p.c. des actions de la société et la
Société 51 p.c.
Pour tout autre genre d'exploitation: tourisme, chasse, pêche, la
Société devra encore là détenir au moins 51 p.c.
des actions des compagnies qui pourraient être consitutées.
La Société n'empêchera pas, mais devra au contraire
susciter la participation de l'entreprise privée au développement
de cette région.
Emanation de l'Etat québécois, la Société de
développement de la baie James devient l'instrument de
l'aménagement global du territoire. Sa structure de gestion est
dynamique, ses pouvoirs sont étendus, et son caractère
inédit correspond aux activités multidisciplinaires des
ministères, agences étatiques, paraétatiques ou
privées qui se dérouleront dans le Nord-Ouest
québécois durant la prochaine décennie.
M. le Président, la loi dont j'ai l'honneur de proposer
aujourd'hui l'adoption à l'Assemblée nationale du Québec
est la première qui fasse obligation à une société
de veiller à la protection du milieu naturel et à la
prévention de
la pollution. Cette obligation traduit le souci du gouvernement du
Québec de maintenir intact l'équilibre écologique.
L'industrialisation doit servir l'homme et non pas détruire son
milieu. Nos besoins économiques sont certes pressants mais ils ne
doivent jamais justifier la pollution du patrimoine public.
On remarquera également dans le projet de loi des dispositions
concernant les droits des communautés indiennes vivant dans les
territoires où la société exercera ses pouvoirs. Les
Amérindiens qui vivent dans la région de la baie James ne devront
pas voir leurs droits spoliés ou remis en Cause. Ce n'est pas là
que pure justice à rendre à ces citoyens du Québec.
Enfin, au fur et à mesure que progresseront les travaux
d'aménagement et que se grouperont des communautés, des
mécanismes de participation démocratique sont prévus, de
sorte que les citoyens aient voix au chapitre dans l'administration de leurs
affaires locales.
Ce projet de loi procède d'une conception moderne et dynamique du
gouvernement et de l'administration des affaires publiques. En somme, la
société planifiera, développera et régira le
développement de la baie James, avec la participation de l'Etat
québécois, de ses agents et de l'entreprise privée.
C'est en ce sens que le projet de loi no 50 occupe une place de premier
rang dans la relance économique du Québec. Il vient s'ajouter aux
efforts que nous avons déployés dans maints secteurs de
l'activité québécoise pour freiner le chômage,
augmenter l'emploi et bâtir une société
économiquement prospère.
M. le Président, il y a quelques jours, j'avais le plaisir
d'annoncer le pius grand projet forestier dans l'histoire du Québec.
Quelques jours auparavant, le ministre des Finances avait l'occasion
d'annoncer, pour la région de Québec, le plus grand projet
immobilier. J'ai annoncé, le 30 avril au soir, le plus grand projet
hydroélectrique. C'est de cette façon et de cette façon
seulement, en se fixant de tels défis, que le gouvernement du
Québec veut arriver à donner à la province une
prospérité comparable à celle de ses voisins.
J'ai dit, au début de mes remarques, que le projet de
développement de la baie James pouvait être le symbole de notre
vitalité et de notre dynamisme collectif. Il deviendra aussi un symbole
de cohésion et de mobilisation derrière une grande aventure qui
appelle tous les Québécois à un meilleur avenir et qui
leur donne un monde nouveau à bâtir.
M. le Président, nous aurons l'occasion, en comité
plénier, de discuter en détail et plus à fond toutes les
dispositions du projet de loi. Je n'ai pas l'intention, ce soir, de
répéter tout ce qui s'est dit durant plusieurs jours de
discussions à la commission des Richesses naturelles. Je voulais, tout
simplement, expliquer et exposer dans leurs grandes lignes, comme c'est normal
en deuxième lecture, les buts de ce projet de loi.
J'ai communiqué, M. le Président, aujourd'hui avec les
différents chefs de partis pour leur annoncer que le gouvernement du
Québec avait l'intention en comité plénier, comme je l'ai
signalé tantôt, de proposer des amendements. C'est pourquoi je me
permets de dire que je trouve quelque peu discutable l'attitude prise ce soir
par le député de Bourget.
M. le Président, nous sommes fiers de présenter un tel
projet de loi, parce que nous sommes conscients que la réussite de ce
projet de loi coïncide avec l'avenir du Québec.
M. LE PRESIDENT: Le chef de l'Opposition.
M. LOUBIER: M. le Président, tel que convenu avec le leader
parlementaire du gouvernement, je demanderais l'ajournement du débat
à demain matin, dix heures trente, je présume.
M. LE PRESIDENT: Je crois que la motion est dans l'ordre, mais on ne
peut pas déterminer exactement à quel moment le débat est
ajourné.
M. LOUBIER: C'est pour ça que j'ai présumé, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cette motion d'ajournement du débat
est adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
Projet de loi no 62 (suite) Deuxième
lecture
M. LEVESQUE: La poursuite du débat sur le projet de loi
présenté par le ministre des Affaires municipales. Je pense que
c'est le député de Nicolet qui avait la parole en deuxième
lecture.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet.
M. LEVESQUE: Le bill 62.
M. Clément Vincent
M. VINCENT: M. le Président, avant que nous suspendions nos
travaux, à six heures, je tentais, comme l'a fait le leader
parlementaire de l'Union Nationale, appuyé également par les
leaders ceux qui ont pris la parole des autres partis, de
démontrer au ministre des Affaires municipales que nous ne pouvions
accepter le principe du projet de loi no 62 s'intitulant Loi modifiant la loi
de la Commission municipale.
Pourquoi ne pouvons-nous pas accepter ce principe? C'est parce que, le
ministre nous l'a expliqué lui-même cet après-midi, cette
modification à la Loi de la Commission municipale
était pour mettre en tutelle la ville de Lachine. Le ministre a
admis qu'il n'y avait eu aucune fraude, aucun détournement de fonds,
aucune mauvaise administration des deniers publics. H a admis que lorsque de
telles choses se produisent dans une municipalité, la Commission
municipale a les pouvoirs, en vertu de la législation existante, de
sévir, de faire une enquête et d'intervenir.
Aujourd'hui, on nous demande de donner un pouvoir considérable
à la Commission municipale seulement pour un cas particulier. Nous
serions prêts à accepter que le ministre nous propose un projet de
loi touchant spécifiquement la ville de Lachine, mais en évitant
de donner de tels pouvoirs à la Commission municipale. Voici le pouvoir
que l'on veut donner à la Commission municipale par le bill 62:
"Lorsqu'un conseil municipal est dans l'impossibilité de fait
d'administrer les affaires de la municipalité depuis plus de trente
jours, bien qu'il puisse siéger valablement..." Donc, le conseil
municipal pourrait siéger valablement mais est dans
l'impossibilité, de fait, d'administrer les affaires de la
municipalité, "...et qu'il apparaît à la commission qu'il
est d'intérêt public de mettre fin à cette situation, elle
peut décréter par une résolution adoptée par le
vote affir-matif de la majorité de ses membres, dont son
président, que la municipalité est assujettie à son
contrôle".
A quel moment, si nous donnons ce pouvoir général à
la Commission municipale de Québec, nous, les législateurs,
pourrons-nous savoir s'il est dans l'intérêt public de mettre fin
à une situation existante dans telle ou telle ville de la province? Nous
ne le saurons pas.
M. TESSIER: Pas plus...
M. VINCENT: Nous donnons un chèque en blanc à la
Commission municipale.
M. TESSIER: ...que dans le cas de fraude.
M. VINCENT: Dans le cas de fraude, M. le Président, ce n'est pas
la même chose.
M. TESSIER: Dans le cas de fraude, l'Assemblée nationale ne le
sait pas.
M. VINCENT: Ce n'est pas la même chose.
M. TESSIER: La Commission municipale a pleins pouvoirs pour
présenter une requête à la cour Supérieure et la
mettre en tutelle.
M. PAUL: Sur un point de règlement, M. le Président.
M. TESSIER: Parce que je n'ai pas enlevé mon chapeau ou parce que
je ne me suis pas levé?
M. PAUL: Que vous ayez un chapeau ou pas, il ne sort pas grand-chose
quand même de là-dedans. M. le Président, puis-je vous
signaler que vous avez donné la parole à l'honorable
député de Nicolet et que le ministre des Affaires municipales
aura un droit de réplique tel que prévu à l'article 269 de
notre règlement?
S'il veut questionner ou intervenir dans les remarques prononcées
par le député de Nicolet, il doit le faire conformément
à l'article 286 de notre règlement.
M. LE PRESIDENT: (Brown): L'honorable député de
Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, en définitive, ce que le
ministre nous demande, c'est de donner un chèque en blanc signé
par l'Assemblée nationale. La Commission municipale pourra se servir de
cette législation pour plusieurs fins, tel que l'a exposé le
député de Maskinongé cet après-midi. A l'heure
actuelle, il existe un malaise dans les municipalités des villes du
Québec. Je pourrais prendre à témoin seulement
l'intervention qu'aurait dû faire le ministre des Affaires municipales et
qui a été faite récemment par le maire de Montréal,
M. Jean Drapeau. Je pourrais citer d'autres interventions de maires de
municipalités de villes qui ne sont pas satisfaits du tout de
l'administration actuelle du ministère des Affaires municipales.
M. TESSIER: Est-ce que le député me permet une
question?
M. VINCENT: Certainement.
M. TESSIER: Quelle intervention du maire Drapeau?
M. VINCENT: Concernant la prise de position du gouvernement
fédéral vis-à-vis du futur ministère qu'il veut
créer.
M. TESSIER: Cela n'a pas de rapport avec le ministère des
Affaires municipales.
M. VINCENT: Non, mais cela a un rapport direct avec l'autorité,
le rôle du ministre qui aurait dû prendre position
immédiatement sur cette intrusion du gouvernement fédéral.
C'est le maire de Montréal qui a pris la place du ministre...
M. TESSIER: Et qui, d'ailleurs, a été contredit hier par
le maire de Québec.
UNE VOIX: Cela n'a pas de rapport.
M. VINCENT: Cela n'a pas d'importance.
M. TESSIER: Bien, cela n'a pas d'importance. Lequel des deux a
raison?
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Je
voudrais demander aux honorables députés, aussi bien de la
gauche que de la droite, de ne pas...
M. PAUL: M. le Président, en aucun temps nous ne sommes
intervenus pour enfreindre le règlement.
M. LE PRESIDENT: Non, mais je voudrais savoir de quelle façon la
discussion actuelle peut se relier au principe du projet de loi.
M. VINCENT: Ah! mais justement, c'est que la Commission municipale
pourra intervenir...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le député qui a fait
ça.
M. VINCENT: ... en vertu de cette législation, quand il
apparaîtra à la commission qu'il est d'intérêt public
de mettre fin à la situation d'une ville qui est dans
l'impossibilité, de fait, d'administrer les affaires de la
municipalité depuis plus de 30 jours. A ce moment-là, nous
signons un chèque en blanc à la Commission municipale pour
régler quoi? Le cas d'une ville, Lachine. Je pourrais employer
l'expression d'un honorable collègue siégeant en face de moi qui
a dit hier qu'on veut donner un bulldozer au gouvernement pour écraser
une punaise.
UNE VOIX: Ah! Ah!
M. VINCENT: C'est ce qu'on veut donner; un "bulldozer" au gouvernement
pour écraser une punaise. Où est le problème? Il manque un
conseiller. Le seul problème qui se pose à l'heure actuelle dans
la ville de Lachine, c'est qu'on ne peut trouver un conseiller qui obtienne la
majorité du vote des conseillers, qui obtienne l'approbation de la
majorité du conseil de ville de Lachine. On propose un tel, mais il
n'obtient pas la majorité. Depuis quelque temps la ville de Lachine a
trois conseillers qui se retirent des discussions et, faute de quorum, on ne
peut siéger.
Ce serait si simple, quand on considère que la ville de Lachine,
représentée par le député de Jacques-Cartier, je
crois, a quand même 50,000 citoyens il y a 50,000 de population
dans la ville de Lachine qui sont responsables puisqu'ils ont élu
le député de Jacques-Cartier pour siéger ici à
l'Assemblée nationale et qui pourraient je suis convaincu que le
député de Jacques-Cartier va donner également son opinion
là-dessus un certain nombre ayant le droit de vote sur le plan
municipal, si le gouvernement, en vertu d'une loi spéciale,
déclarait qu'une élection doit être tenue dans la ville de
Lachine au cours des prochaines semaines, qui pourraient, dis-je, comme c'est
leur droit, en conservant leurs privilèges, en conservant leurs
prérogatives, s'élire un ou deux conseillers ou un conseil
municipal complètement nouveau.
Il serait tellement facile que le ministre des Affaires municipales nous
apporte un projet de loi très simple, faisant un cas d'exception
à la Loi des cités et villes pour la ville de Lachine, en nous
demandant de lui donner le pouvoir de proclamer une élection municipale
au cours des prochaines semaines. Je suis certain que le député
de Jacques-Cartier, comme les autres députés de cette Chambre,
verrait d'un bon oeil que le ministre qui, à mon sens, est un grand
démocrate, du moins dans ses paroles, puisse agir de cette
façon;
Reportons-nous à il y a deux ans, quand le député
de Rimouski était maire de Rimouski. Imaginez la même situation se
produire à Rimouski. Cela est impossible parce que les gens s'entendent
bien là.
M. TESSIER: Ah oui!
M. VINCENT: Mais imaginons la même situation se produire à
Rimouski, à cause d'un genre de sabotage qui existerait au niveau du
conseil municipal. Le député de Rimouski, qui siégeait ici
en Chambre, de ce côté-ci, en arrière, aurait
invoqué le fait qu'il était maire de Rimouski depuis tant
d'années, qu'il était président de l'Union des
municipalités de la province de Québec. Il aurait
été le premier à se lever pour blâmer le
gouvernement du temps d'enlever ce privilège, cette prérogative,
ce droit aux citoyens de Rimouski d'élire leurs propres
représentants au conseil municipal, surtout quand il se pose un
problème nous l'admettons qui doit être
résolu par une législation spéciale.
Là-dessus, nous n'avons pas d'objection. Nous approuvons le
ministre quand il demande de voter une loi spéciale pour résoudre
ce problème qui existe à la ville de Lachine. Mais le ministre
lui-même, quand il était maire, président de l'Union des
municipalités, député dans l'Opposition, aurait
été le premier à se battre pendant plusieurs heures pour
empêcher l'adoption d'une telle législation.
Bien, ce que nous disons au ministre aujourd'hui, c'est simplement ceci:
Nous ne pouvons accepter le bill 62. Nous ne pouvons l'accepter, car il donne
un chèque en blanc à la Commission municipale. Ce chèque,
on pourra s'en servir dans d'autres cas qui ne seront pas du tout similaires
à celui de la ville de Lachine. Nous espérons avoir l'appui du
député de Jacques-Cartier parce que nous croyons que les 50,000
habitants de la ville de Lachine sont responsables. Ce que nous demandonns
si le ministre veut, j'en fais une proposition, j'en fais même une
motion: peut-être qu'il a de bonnes raisons de croire qu'une telle
législation pourra servir à l'avenir, mais qu'il n'aille pas avec
un cas particulier nous faire adopter une législation
générale c'est de déférer ce bill 62
à la commission des Affaires municipales. Nous l'analyserons, nous le
regarderons pour les autres cas. Qu'il défère le bill 62 à
la commission des Affaires municipales pour étude au
cours de l'été ou au cours de l'automne. Qu'il nous
apporte une autre législation spécifiquement pour la ville de
Lachine et il nous fera plaisir de la voter, mais qu'entre-temps il accepte non
seulement les vues des honorables députés de ce
côté-ci de la Chambre, mais également les vues des nombreux
citoyens qui verraient là une intrusion nouvelle du ministre des
Affaires municipales dans l'autonomie même des municipalités ou
des villes du Québec. Si le ministre a des raisons particulières
d'adopter ce bill pour d'autres cas que la ville de Lachine, s'il veut avoir
cette législation ou ce pouvoir à la Commission municipale, qu'il
le dise franchement devant la commission des Affaires municipales et qu'il nous
apporte de bonnes raisons. Je propose donc qu'il envoie ce bill-là et
qu'il nous apporte une autre législation, celle-là
spécifiquement pour la ville de Lachine et il nous fera plaisir de la
voter. Mais, en ce qui concerne le bill 62, nous ne pouvons y souscrire, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le projet de loi que
nous présente le ministre des Affaires municipales est
révélateur. Il est révélateur de sa faiblesse comme
ministre et il est révélateur aussi d'une situation qui
prévaut dans ses relations avec les municipalités. Le ministre a,
depuis qu'il assume la responsabilité qui est la sienne,
multiplié les déclarations. Il a multiplié, en même
temps, les gaffes. Il a effrayé toutes les municipalités. Il
continue de le faire. Et la dernière réunion qui s'est tenue
à Québec a été assez probante à cet
égard, même s'il s'en dégage des effets positifs.
Ce soir, en face de ce projet de loi, nous nous demandons exactement de
quelle façon le ministre conçoit son rôle, de quelle
façon il conçoit sa responsabilité puisque, face à
une situation de fait, le cas de Lachine, il nous présente, au lieu
d'une loi d'exception, ce qui est, à toutes fins utiles, un bill
omnibus. Je ne comprends absolument pas la façon de procéder du
ministre. Qu'est-ce qui l'empêche de présenter une loi d'exception
pour le cas d'exception que constitue le cas spécifique de Lachine?
Quelle est exactement la situation qui prévaut là-bas? Le
ministre l'a expliqué. Nous la connaissons. Les conseillers municipaux
ne s'entendent pas, ils se passent la balle à tour de rôle. Alors,
voilà qu'il y a un problème de conflit de personnalités,
comme il semble, ou conflit d'intérêts, je ne sais trop, je ne
veux pas m'instituer juge de ces personnes. Cela ne fonctionne pas de toute
façon. Alors, le ministre, au lieu de prendre ses
responsabilités, dût-il lui en coûter quelque chose ou
à son parti sur le plan électoral, et de présenter une loi
pour régler le cas de Lachine, préfère s'abriter
derrière la Commission municipale, se soustrayant ainsi aux
responsabilités qui tiennent à ses fonctions de ministre
responsable des Affaires municipales.
Qu'est-ce que cela suppose? Est-ce que le ministre aurait
été l'objet de certaines pressions, de certaines menaces? Voyez,
il est passé de mon côté, il se rapproche, il commence
à comprendre! Est-ce qu'il aurait été l'objet de
pressions, de certaines menaces ou est-ce que, compte tenu de l'administration
qui est la sienne aux Affaires municipales, il prévoit d'autres
situations analogues à celle qui existe à Lachine? Le ministre ne
peut pas expliquer la présentation de ce projet de loi autrement que par
la raison que je viens de lui donner. Le ministre, ayant fait un tour d'horizon
lors de ses consultations avec les municipalités, s'est aperçu
que tout ne tournait pas rond dans le Québec dans le domaine municipal.
Il s'est dit: Voilà, mon prestige est menacé. Ma
réputation est menacée. Je risque de ne plus avoir, lorsque je
fais des discours, les applaudissements qui avaient salué celui que
j'avais prononcé à Rimouski. Alors, en face de ce danger,
prévoyant ce danger, pressentant ce danger parce que l'on dit que
le ministre a le nez fin, en matière de patronage, j'entends le
ministre s'est dit: Moi, je vais me couvrir. Il y a une Commission municipale
et je vais l'investir des pouvoirs qui devraient être les miens lorsqu'il
s'agit de régler des cas spécifiques.
Le cas de Lachine est peut-être un cas grave, un cas
sérieux. C'est un cas de paralysie dans le domaine de l'administration
municipale. Le ministre a donc, face à cette situation, à poser
un geste mais un geste qui soit circonscrit aux limites du problème et
du conflit qui existe à Lachine.
Cela demande, M. le Président, un certain courage et un courage
politique. Je sais que le député de Jacques-Cartier sera d'accord
avec moi là-dessus. Je suis sûr que le député de
Jacques-Cartier sera d'accord pour demander une loi d'exception couvrant le cas
spécifique de la ville de Lachine plutôt que d'accepter de voter
un projet de loi omnibus, afin de sauver le ministre qui a peur de faire face
aux citoyens de Lachine. C'est cela le problème.
C'est là qu'on découvre, M. le Président, la
connotation politique, électorale du projet de loi que présente
le ministre, parce que si le ministre voulait vraiment assumer ses
responsabilités dans un domaine bien circonscrit, restreint, comme
celui-là, il prendrait, comme on dit, le taureau par les cornes. Il
ferait adopter une loi d'exception applicable au seul cas de Lachine. Non, ce
n'est pas ce qu'il fait. Cela s'est fait dans le passé, on le sait. Pour
des raisons que j'ai qualifiées tout à l'heure de politiques et
que je spécifie en disant électorales, pour d'autres raisons que
nous ne connaissons pas, il préfère se rabattre sur
l'autorité de la Commission municipale, se dérobant ainsi
à ses responsabilités. Il crée, en posant ce geste, un
précédent extrêmement dangereux et il suspend
automatiquement sur la tête de toutes
les municipalités une épée de Damoclès.
Toutes les fois que le ministre ne sera pas satisfait, à son
gré, de l'administration d'une municipalité, il peut, vous savez,
lui ou d'autres, lui-même, par personne interposée, provoquer le
même genre d'agitation qui existe dans la ville de Lachine et être
ainsi justifié d'invoquer l'intérêt public pour se
prévaloir de la loi qu'il propose ce soir à notre adoption.
Je ne comprends pas du tout la philosophie si tant est qu'on
puisse parler de philosophie dans son cas du ministre des Affaires
municipales. Qu'entend-il faire avec ce projet de loi? N'incite-t-il pas, par
le truchement de ce projet de loi, certains agitateurs professionnels qu'on
appelle des trublions, dans les municipalités, à créer
chez eux la situation qui existe à Lachine? N'est-ce pas une incitation
à provoquer le même genre de conflit d'intérêt ou de
personnalité, afin que le ministre puisse invoquer ce qu'il voudrait
nous voir consacrer comme loi pour mettre en tutelle des
municipalités?
M. le Président, je ne suis pas personnellement un administrateur
municipal. Je n'ai jamais été maire, ni président des
conseils de comtés, de l'Union des municipalités, etc. Je n'ai
pas tous les titres dans ce domaine qu'a le ministre des Affaires municipales,
mais je connais suffisamment le fonctionnement d'une municipalité pour
me rendre compte que le ministre menace, par ce projet de loi, l'autonomie de
toutes les municipalités puisque, comme je le disais tout à
l'heure, il suspend, en vertu de ce projet de loi, cette épée de
Damoclès en disant aux municipalités: Holà! Moi, au
ministère des Affaires municipales, ce que j'ai essayé, cela ne
va pas très bien. Mon truc d'évaluation foncière, j'ai
été obligé de le retirer. Les apparitions que j'ai faites
à droite et à gauche n'ont pas toutes été
appréciées. "Mon" livre blanc n'est pas non plus
apprécié comme il aurait dû l'être et comme je
souhaitais qu'il le fût. Par conséquent, messieurs les maires et
les échevins, tenez-vous tranquilles parce que toutes les fois que cela
pourra être nécessaire, nous mettrons en marche des
mécanismes qui seront de nature à créer la situation qui
existe actuellement à Lachine. A ce moment-là, je me
déroberai à mes responsabilités en m'abritant
derrière "ma" loi no 62.
C'est là, M. le Président, la philosophie du ministre des
Affaires municipales en face d'un cas spécifique, très simple,
circonscrit, peut-être pas simple dans ses effets et ses
conséquences mais je dis simple en ce sens qu'il est circonscrit aux
limites d'une municipalité bien déterminée.
Nous ne pouvons pas, par conséquent, approuver un projet de loi
de cette nature parce qu'on nous demande de poser un geste législatif.
On nous demande, par un acte solennel, soit un acte législatif, de
donner à la Commission municipale une responsabilité et des
pouvoirs absolument exceptionnels, simplement parce que le ministre je
le dis carrément n'a pas le courage de faire face à la
situation dans le cas de Lachine. Je suis sûr que le député
de
Jacques-Cartier va apporter, tout à l'heure, des renseignements
ou des faits qui vont allumer quelque étincelle dans le cerveau du
ministre des Affaires municipales, si tant est que la batterie ne soit pas
morte.
Alors, M. le Président, en face d'un projet de loi comme
celui-là, le législateur le plus modeste, dont je suis, qui n'a
pas l'expérience de l'administration municipale se rend compte que le
projet de loi, à toutes fins utiles, constitue une dérobade,
qu'il est une incitation à créer les mêmes situations.
C'est une incitation indirecte auprès de certaines personnes à
créer de l'agitation qui justifiera le ministre d'intervenir de la
même façon qu'il le fait, c'est-à-dire de ne pas
intervenir, mais de demander à la Commission municipale
d'intervenir.
Je ne suis pas capable de m'expliquer du tout pourquoi le ministre n'a
pas présenté une loi d'exception couvrant le cas de Lachine pour
la mettre en tutelle, le temps qu'il sera nécessaire de le faire, comme
la loi le prévoit, ou encore une loi pour permettre des élections
pour élire un conseiller afin qu'il y ait ce qu'on appelle dans le
jargon du métier de journaliste une balance des opinions ou des
intérêts. Je ne sais pas ce qu'il y a derrière tout
cela.
J'aimerais savoir aussi de la part du ministre je suis sûr
qu'il va se rendre à ma requête quel genre de consultation
il a eue avec le député de Jacques-Cartier dans ce
domaine-là. Les deux vont-ils nous présenter exactement la
même version? J'aimerais savoir aussi pourquoi le cabinet a
approuvé un pareil projet de loi. Je ne conçois pas que le
premier ministre et que les ministres du gouvernement aient laissé le
ministre des Affaires municipales, pour régler un cas spécifique,
celui de Lachine, présenter un projet de loi qui, en somme, menace
toutes les municipalités du Québec. C'est contre le bon sens.
C'est contre la pratique générale de l'administration. Cela va
aussi contre le principe fondamental, sacré de l'autonomie des
municipalités.
Est-ce que le gouvernement, face à l'incurie du ministre,
voudrait disposer d'un instrument qui lui permettrait d'intervenir partout
où le ministre aurait créé le gâchis? C'est
peut-être la seule raison, d'ailleurs, qui a justifié le cabinet
à accepter ce projet de loi. En effet, j'estime que, si le cabinet
l'avait examiné et l'avait jugé à son mérite, il
aurait demandé au ministre des Affaires municipales de ne
présenter qu'une loi d'exception, soit pour mise en tutelle, soit pour
des élections, au lieu de donner à la Commission municipale des
pouvoirs qui ne sont pas nécessaires dans les circonstances.
Il reste, cependant cela, je l'ignore que le ministre a
peut-être en réserve un certain nombre d'autres cas qui vont se
manifester sous forme de conflits analogues à celui qui existe à
Lachine et que, par crainte d'une prolifération de ces conflits, il
veuille se protéger et, de cette façon, sauvegarder le grand
prestige qu'il s'est déjà acquis dans le Québec, qui lui a
valu, un soir, 18 applaudissements. Alors, M. le Prési-
dent, personne qui a le moindre sens commun ne peut accepter que, pour
un cas spécifique, circonscrit à une ville
déterminée, couvrant un territoire déterminé,
touchant une population de 50,000 personnes ne peut accepter que le ministre
s'autorise de ce fait pour adopter une loi de portée
générale.
Cette loi constitue non seulement une menace mais une incitation, comme
je l'ai expliqué tout à l'heure, et est en fait une
épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de
toutes les municipalités, dont devrait se préoccuper le ministre
des Affaires municipales au lieu de se promener et de créer à
tout le monde des embêtements, surtout sans s'occuper des
conséquences des propos qu'il tient lorsqu'il invite le gouvernement
central à entrer dans nos affaires et qu'il ne s'occupe pas, par
ailleurs, de la création d'un ministère des Affaires urbaines
à Ottawa.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, décidément, le ministre
des Affaires municipales n'est pas chanceux avec ses bills. On remarque que
tout ce qu'il nous a présenté cette année a
constitué des briques qui pourront servir à le masser
lui-même. J'ose espérer qu'il n'est pas celui qui a pensé
à nous présenter de telles lois. J'ose espérer qu'il a
subi l'influence de certains technocrates et j'ose espérer qu'il n'est
pas responsable de la situation.
Même si j'espère qu'il n'est pas responsable de la
situation, je suis quand même obligé de lui attribuer certaines
responsabilités ou encore de reconnaître qu'il n'est pas
responsable, c'est-à-dire qu'il n'a pas le sens des
responsabilités.
Le bill 62 ce n'est pas un numéro chanceux non plus...
M.GAGNON: C'est le bill 69.
M. SAMSON: On se rappelle que le dernier bill 62 a été
obligé de poursuivre un chemin raboteux et qu'il a dû être
changé en bill 28. Il est probable que celui-ci devra suivre le
même chemin et nous revenir avec un numéro différent mais
aussi, je l'espère, avec une essence différente parce que ce que
nous présente le ministre actuellement est totalement inacceptable.
Encore une fois on veut généraliser des situations d'exception.
Si, à chaque fois qu'un problème qui n'est pas prévu par
la loi se pose au sein d'une municipalité quelconque, on nous
amène une loi générale pour faire souffrir tout le monde,
nous sommes en droit de nous demander où cela va nous mener.
Il est impossible pour tout député qui représente
dignement ses électeurs de voter une telle loi. Car voter une loi
voudrait dire exposer tous les contribuables de nos circonscriptions aux
foudres de la commission. Il est dit dans le bill que s'il apparaît
à la Commission que cela est d'intérêt public elle pourra
prendre le contrôle d'une administration municipale. Par ce bill, la
commission deviendrait juge des situations. C'est encore une fois donner des
armes à des personnes qui n'ont aucun compte à rendre aux
représentants du peuple, encore moins au peuple.
On demande trop souvent, je crois, à l'Assemblée nationale
de statuer par voie de législation sur des cas d'exception. Nous
pourrions reconnaître l'importance de statuer sur un cas d'exception s'il
s'agissait de cas de catastrophes ou autres phénomènes du genre,
mais parce que cela va mal au sein d'une municipalité, parce que des
gens ne s'entendent pas au sein de l'administration, on est prêt à
pénaliser tout le monde.
C'est ce que ce bill est en train de nous prouver. M. le
Président, tout pourrait arriver. Au sein d'une administration
municipale, il se pourrait, dans certains cas, que les membres qui la composent
ne plaisent pas au gouvernement en place. Et par ce bill, il serait possible,
comme l'a dit tantôt le député de Chicoutimi, que certains
agitateurs provoquent des malaises permettant ainsi à la commission de
prendre immédiatement le contrôle de la situation.
Et de ce temps-là, lorsqu'on voit l'impopularité du livre
blanc du ministre, l'impopularité de sa proposition de regroupement
volontaire mais obligatoire, il se pourrait dans certains cas, si certaines
municipalités s'opposent trop, que certaines personnes créent des
malaises volontairement. Ces malaises étant provoqués pourraient
justifier la commission de statuer et de prendre le contrôle pour
permettre à d'autres administrateurs de prendre la place,
administrateurs qui évidemment, M. le Président, seraient
susceptibles de plaire plus au gouvernement en place que ceux qui
administraient précédemment.
Or, M. le Président, dans ce bill, on nous dit: "Lorsqu'un
conseil municipal est dans l'impossibilité de fait d'administrer les
affaires de la municipalité depuis plus de trente jours et voici
ce qu'on y ajoute bien qu'il puisse siéger valablement, et qu'il
apparaît à la commission qu'il est d'intérêt public
de mettre fin à cette situation, elle peut décréter par
une résolution adoptée par le vote affirmatif de la
majorité de ses membres", etc., etc. Alors ça veut dire que s'il
apparaît à la commission c'est la commission qui sera seul
juge qu'il est dans l'intérêt public, à ce
moment-là, M. le Président, on peut invoquer toutes sortes
d'arguments possibles valables ou non valables pour mettre en tutelle une
municipalité.
Et je trouve curieux que le ministre se soit fait passer un tel sapin.
On dit: Un conseil qui est dans l'impossibilité d'administrer depuis
plus de trente jours, puis on dit plus loin que: Bien qu'il puisse
siéger valablement, M. le Président, quand un conseil peut
siéger valable-
ment, j'ai la drôle d'impression que nous pouvons traduire qu'il
peut aussi administrer valablement, parce que si on n'administre pas, si on est
dans l'impossibilité d'administrer on ne peut pas siéger
valablement. C'est une question d'interprétation. C'est la mienne,
ça peut être celle d'autres.
Ce n'est peut-être pas l'interprétation que donneront
certains avocats. M. le Président, les lois étant ambiguës
comme ça, c'est justement pour ça qu'on voit des débats
oratoires devant nos cours de justice. Cela permet aux avocats de plaider ces
causes-là et on voit des batailles oratoires autour d'un article comme
celui-là, qui peut prêter à interprétation. On
pourrait voir des procès durer plusieurs jours en se basant sur
l'interprétation d'un seul article. Au moins on aurait dû nous
préparer un bill plus clair. Il n'est pas clair, même s'il
était clair...
M. TESSIER: II ne l'est pas pour ceux qui ne le comprennent pas.
M. SAMSON: II n'est pas acceptable. Je pense que le ministre est au
courant, il est en train de souffrir les heures que nous vivons parce que ses
technocrates l'ont induit en erreur, M. le Président. Je suis le premier
à sympathiser avec le ministre...
M. TESSIER: Je prends toutes les responsabilités, M. le
Président.
M. SAMSON: ... qui s'est fait passer un tel sapin, M. le
Président. Nous avons de la sympathie pour lui, parce que c'est un
ministre sympathique quand même, M. le Président, un ministre qui
va s'attirer des dizaines et des dizaines d'applaudissements lors d'un seul
discours.
C'est quand même une chose qui mérite d'être
soulignée, mais ce n'est sûrement pas avec des choses comme cela
qu'il s'est assuré 18 applaudissements lors d'un seul discours parce que
s'il avait été dire cela au même endroit, il se serait
attiré autre chose que des applaudissements, il en serait sûrement
sorti autrement, M. le Président. Je ne souhaite pas au ministre que
cela lui arrive. Je ne souhaite pas au ministre que la colère
suscitée, provoquée dans certaines municipalités, de la
part de certains citoyens, de certains contribuables du Québec
l'amène à obtenir, lors d'un seul discours, 18 lancements de
tomates au lieu de 18 applaudissements. C'est ce qui va lui arriver s'il
continue à nous présenter des lois aussi vides de sens que
celle-ci.
Ce n'est pas de sa faute, remarquez bien que je ne lui en veux pas, je
ne veux pas faire de personnalité; ce n'est pas de sa faute, on lui a
passé ce sapin-là et j'ai l'impression qu'on a pris le ministre
pour un faiseur de commissions. Cela n'a pas de sens. Le ministre devrait se
relever et c'est le temps plus que jamais. Après nous avoir
présenté plusieurs bills aussi vides de sens les uns que les
autres, on en arrive aujourd'hui... Je vois que le ministre est tellement
docile, même contre l'Opposition, comment voulez-vous qu'il puisse
résister à ses technocrates, M. le Président, alors qu'il
est prêt à faire n'importe quoi que l'Opposition pourrait lui
suggérer?
M. TESSIER: Pas n'importe quoi. M. SAMSON: Non, disons que...
M. TESSIER: Certainement pas retirer le bill.
M. SAMSON: ... si vous faisiez n'importe quoi j'en serais
déçu. Je suis assez déçu comme cela, de
grâce!
M. le Président, je pense que la situation est sérieuse.
Nous pouvons certainement déceler que, sinon le ministre, au moins le
ministère souffre d'un complexe de domination et cela est dangereux, car
un complexe de domination peut mener loin. On veut tout dominer, à ce
ministère-là, comme dans les autres ministères,
d'ailleurs.
Le ministre du Revenu fait signe que non, M. le Président. Lui,
il ne veut peut-être pas dominer, mais je vous assure qu'il a, dans son
ministère, de drôles de façons de nous faire comprendre et
de nous faire écouter, surtout. De toute façon, lui...
M. HARVEY (Jonquière): Vous savez pourquoi, M. le
Président...
M. SAMSON: ... ses bills sont adoptés.
M. HARVEY (Jonquière): ... c'est parce que pour répondre
aux demandes logiques du député de Rouyn-Noranda, il faut bien
exiger les montants dûs à la province.
M. SAMSON: M. le Président, je reconnais que mes demandes sont
toujours logiques mais que ses façons à lui de percevoir ne le
sont pas toujours. De toute façon, ce n'est pas le procès du
ministre du Revenu que nous faisons...
M. HARVEY (Jonquière): Ce sont des méthodes admises dans
tous les pays civilisés.
M. SAMSON: Je reconnais que le ministre du Revenu a voyagé et
cela sert à quelque chose de percevoir des taxes.
M. HARVEY (Jonquière): II est même allé jusque dans
l'Abitibi.
M. SAMSON: S'il est venu dans l'Abitibi, c'est là que son
émancipation va commencer.
Le ministère souffre d'un complexe de domination et je pense que
cela sera admis par tout le monde, surtout quand on va mettre en application ce
genre de bill. C'est tout simplement permettre de la centralisation abusive.
Comme on l'a dit tantôt, le gouvernement
pourrait je ne dis pas qu'il le fera et j'espère qu'il ne
le fera jamais quand même se servir de certains agents
provocateurs dans certains cas où l'administration des
municipalités ne fait pas son affaire pour provoquer un malaise
officiel. Cela le justifierait de prendre le contrôle et ceci, au
détriment des contribuables de l'endroit.
Il n'est sûrement pas justifiable de la part du gouvernement
à ce moment-ci, de nous présenter le bill 62; le gouvernement
n'est pas justifiable de nous présenter un bill qui va faire d'un cas
d'exception une généralité. Je recommande donc au ministre
de retirer son bill tout simplement. Préparez-en un autre concernant la
ville de Lachine, dont vous parlez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela prend dix minutes pour faire cela.
M. SAMSON: C'est aussi clair et aussi simple que cela. Ce n'est pas long
de préparer un bill comme celui-là, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela prend dix minutes pour faire un bill
comme celui-là.
M. SAMSON : On aurait pu faire cela sur une demi-feuille, un bill comme
celui-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien oui. Dix minutes.
M. SAMSON: Comme le dit le député de Chicoutimi, dans dix
minutes il pourrait préparer quelque chose de plus sensé que ce
qui a été préparé probablement dans deux jours.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On peut même l'aider à le faire
ce soir.
M. SAMSON: Nous serions prêts, quant à nous, si le ministre
accepte de retirer son bill, à lui offrir toute la collaboration
possible concernant la seule municipalité mise en cause, la ville de
Lachine. Les autres municipalités, laissez-les donc tranquilles! C'est
aussi simple que cela. Il n'est pas nécessaire de pénaliser tous
ces gens-là.
M. le Président, à notre grand regret, même si nous
avons beaucoup de sympathie pour le ministre, il nous est impossible d'appuyer
une telle loi présentement et nous serons dans l'obligation de voter
contre le bill 62.
M. LE PRESIDENT (Caron): L'honorable député de
Jacques-Cartier.
M. Noël Saint-Germain
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, les membres de l'Opposition
ont semblé vouloir rattacher les problèmes de Lachine à
des politiques provinciales ou à des résultats de
problèmes provinciaux. Je me dois de vous dire que la situation de fait
qui existe dans la municipalité est le résultat de conflits
locaux. Permettez-moi, pour bien éclairer les membres de cette Chambre,
de vous donner un court résumé qui décrira, je
l'espère, à la satisfaction de tous, cette situation de fait qui
s'est créée dans la municipalité de Lachine.
Il existe, au conseil de ville de Lachine, depuis l'année
dernière ceci relativement à un projet de prise d'eau de
$5 millions à $6 millions une division irréconciliable qui
oppose, d'une part, le maire et trois conseillers et, d'autre part, les trois
autres conseillers.
Relativement à ce même projet et au règlement 1980
qui s'ensuivit et qui prévoyait un emprunt de quelque $325 millions pour
frais judiciaires et d'ingénieurs, une enquête a été
ordonnée par arrêté en conseil, selon l'article 22 de la
Commission municipale. Cette enquête a commencé le 17 juin.
Quelques jours après l'annonce de cette enquête, le conseil
municipal, à son assemblée du 25 mai, prenait connaissance de la
démission d'un de ses membres. On tenta vainement, lors de cette
même assemblée, de lui trouver un remplaçant, mais,
à cause de la division du conseil, on n'y parvint pas.
En fait, chaque groupe voulait nommer un conseiller de son choix, ce qui
aurait alors donné à l'une ou l'autre des parties en cause la
majorité voulue pour administrer. Depuis lors, on s'entête
à placer comme premier article à l'ordre du jour la nomination
d'un nouveau conseiller. Arrivés à cet article, les trois
conseillers dissidents se retirent et l'assemblée prend fin, faute de
quorum. C'est ainsi que se terminèrent l'assemblée
spéciale convoquée pour le 7 juin, ajournée au 8 juin,
ajournée au 9 juin, puis au 21 juin, au 23 juin et une autre
convoquée pour le 23 juin et ajournée au 28 juin. Entre-temps,
les trois conseillers dissidents ont convoqué une assemblée
spéciale pour le 21 juin, ajournée au 23 et toujours non tenue,
faute de quorum.
A l'assemblée régulière du 28 juin, le même
phénomène s'est produit. Elle a été ajournée
au 30 juin et ajournée de nouveau au 5 juillet. C'est dire que, depuis
le 25 juin, il n'y a pas eu, à Lachine, d'assemblée dûment
tenue.
Le 14 juin, on signifie à la cour une requête pour obtenir
une injonction interlocutoire pour forcer trois conseillers à assister
aux assemblées. Cette requête est prise à la demande du
maire, au nom de la ville, mais sans autorisation de son conseil, puisqu'il
était impossible d'avoir le quorum. Cette requête a
été étudiée le 28 juin sur question de droit. Le
juge l'a prise en délibéré et le tout est remis au 9
juillet.
Le maire retient un avocat, le même que le conseil avait
engagé pour mener à bonne fin son projet de prise d'eau. Les
services de cet avocat ont été retenus au nom de la ville de
Lachine, mais toujours sans résolution et pour cause. Voilà que
le maire a suspendu, le 23 juin dernier, le gérant de la ville, en vertu
de l'article 51 de la Loi des cités et villes. Le gérant de la
ville, selon la charte de Lachine, est en plus
directeur des finances et trésorier de la ville. Cette suspension
laisse prévoir de longues procédures avant que ne soit
déterminé qui a raison dans cette affaire.
Pendant ce temps, les autres employés de la ville, responsables
des différents services ne savent plus où se trouve
l'autorité. Ils ne sont pas à l'abri des menaces de suspension
qu'ils peuvent recevoir de l'une ou l'autre des deux parties en cause. En plus,
cette situation peut entraver le déroulement normal de l'enquête
en cours.
Comme conclusion, le conseil de Lachine se trouve impuissant à
siéger à cause de la démission d'un conseiller et de sa
division irréconciliable où une majorité ne peut plus se
dégager. Rien ne laisse prévoir qu'une entente puisse survenir.
De plus, la suspension du gérant, en même temps, d'après la
charte, directeur des finances et trésorier de la ville, fait que la
municipalité de Lachine est présentement sans autorité
capable d'agir. Cela laisse les intérêts des citoyens de Lachine
sans protection et la ville sans autorité clairement établie en
cas de catastrophes majeures.
En plus, il faut croire que, puisqu'une enquête a
été ordonnée, des doutes sérieux planent sur le
désintéressement de certains de ses administrateurs. Selon la
loi, le ministre des Affaires municipales n'est pas présentement
autorisé à agir dans de telles circonstances. Donc, pour la
protection des intérêts des citoyens de Lachine et pour la
sécurité de sa population, il y a lieu de présenter
à l'Assemblée nationale un bill qui permettrait aux
autorités compétentes de mettre la ville en tutelle.
C'est une situation qui frise l'anarchie. Il serait déplorable
qu'une catastrophe ou des événements imprévus surviennent.
Cela pourrait être excessivement dommageable aux intérêts et
créer une insécurité inadmissible parmi les citoyens parce
que, dans le contexte actuel, personne ne sait où est centralisée
l'autorité municipale.
M. VINCENT: M. le Président, est-ce que le député
me permettrait une question?
M. SAINT-GERMAIN: Certainement.
M. VINCENT: Le député vient de nous dire que, depuis le 25
juin, il ne s'est pas tenu de séance du conseil municipal, faute de
quorum. Or, si la législation générale était
adoptée par l'Assemblée nationale, on mentionne, dans cette
législation, qu'il doit s'écouler trente jours. Cela nous
conduirait donc au 25 juillet. Ensuite, cette résolution doit être
confirmée par la cour Supérieure. Trente jours doivent
s'écouler avant que la commission se prononce...
M. TESSIER:Non,non.
M. VINCENT: ... et, à la suite de ça, la résolution
doit être confirmée par la cour Supérieure. Est-ce que le
député peut nous dire si, par exemple, une décision
était prise seulement...
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais rectifier.
M. VINCENT: Juste un instant. C'est le député qu'on veut
entendre.
M. TESSIER: Bien, je voudrais faire une rectification. Ce n'est pas
exact, ce que le député vient de dire. Ce n'est pas depuis le 25
juin; c'est depuis le 25 mai que le conseil n'a pas pu se réunir.
M. SAINT-GERMAIN: C'est depuis le 25 mai. C'est la raison pour laquelle
je ne comprenais pas trop le sens de votre intervention. Il y a, en fait,
au-delà d'un mois que le conseil n'a pu se réunir et que la ville
est pratiquement sans autorité.
M. VINCENT: Mais à quelle date le conseiller en question a-t-il
démissionné?
M. SAINT-GERMAIN: II a démissionné quelques jours
après l'annonce de l'enquête.
M. VINCENT: Cela a été le 22 ou le 23 juin?
M. SAINT-GERMAIN: Bien, le conseil de ville en a pris connaissance
à une assemblée...
M. VINCENT: Le conseiller a démissionné le 25 mai?
M. SAINT-GERMAIN: Le 25 mai. C'est ça, quelques jours
après l'annonce de l'enquête.
Alors, ce n'est pas de gaieté de coeur que je constate que c'est
la situation qui existe à Lachine qui est la cause immédiate du
bill que nous avons à étudier ce soir. La population de Lachine
possède un niveau d'éducation relativement élevé,
c'est une ville industrialisée où l'harmonie à tous les
niveaux a toujours existé. C'est une ville dont les citoyens ont fait
preuve dans le passé d'énormément d'esprit civique. Etant
citoyen de Lachine comme eux, je ressens que cette situation est excessivement
pénible, mais, puisqu'à titre de député j'ai
certaines responsabilités que j'ai d'ailleurs sollicitées et
puisque le vin est versé, il faut bien le boire.
Je crois que ce bill est un des seuls moyens qui existent actuellement
pour donner aux citoyens de Lachine un minimum de sécurité,
sécurité à laquelle ils ont droit.
Je comprends difficilement l'Opposition qui voudrait que l'on s'en
tienne exclusivement à un bill d'exception pour résoudre cette
situation particulière car j'imagine bien qu'avec le nombre de
municipalités qui existent dans la province, cette situation s'est
certainement créée dans le passé et elle se créera
certainement
dans l'avenir. Les citoyens de Lachine ont été assez
chanceux que cette situation de fait ait lieu pendant que la Chambre est en
session. On peut s'imaginer les difficultés et les inconvénients
qu'ils auraient pu subir si cette situation de fait s'était
présentée, par exemple, durant les vacances d'été
ou entre deux sessions. On aurait voulu que le ministre des Affaires
municipales administre à la petite journée ou à la petite
semaine. Il a agi avec énormément de rapidité. Il a un
sens des responsabilités et une capacité de décision que
j'admire. Comme il sait que c'est une situation de fait qui peut se
créer ailleurs toujours pour des raisons peut-être tout
autres qu'à Lachine mais pour des raisons tout de même locales
il a voulu, par une loi, protéger le citoyen contre des
situations de la sorte. Grâce au bill 62, dorénavant, tous les
citoyens de la province de Québec qui auront à subir ces
préjudices seront protégés par un bill
général. Ils pourront l'être d'une façon efficace,
avec énormément de rapidité.
Comme je le disais, je suis solidaire de cette législation. J'ai
eu à causer de ce problème fréquemment et longuement avec
le ministre. Au nom de la population de Lachine, je le remercie de sa
coopération. Je le remercie de son esprit de décision, de son
efficacité. Les citoyens de Lachine lui en seront certainement
énormément reconnaissants.
M. François Gagnon
M. GAGNON: M. le Président, nous avons écouté avec
beaucoup d'attention l'exposé du député de
Jacques-Cartier. J'ai la conviction que s'il était possible à
tous les députés de s'exprimer et s'ils avaient le temps de le
faire, ils le féliciteraient en disant qu'il a démontré
sans aucun doute que le projet de loi no 62 que nous étudions
présentement s'applique exclusivement à la ville de Lachine. Il a
exposé d'une façon claire les problèmes qui se
présentaient dans cette ville, problèmes au niveau administratif,
puisqu'il s'agissait des conflits au niveau des administrateurs, même au
niveau des gérants. Il n'y a aucun doute que tout l'exposé qu'il
a fait, qui a duré plus de 20 minutes et qui a porté
exclusivement sur la ville de Lachine, a permis à cette Chambre de
s'éclairer et de constater qu'il y avait un problème à
Lachine et que l'Assemblée nationale devait se pencher là-dessus
avec rapidité pour apporter les correctifs qui s'imposaient.
Mais les informations que le député de Jacques-Cartier a
données à cette Chambre permettent hors de tout doute de juger
l'importance de ce projet de loi pour une ville, tel qu'il a été
fait dans le passé. Je me rappelle qu'entre 1966 et 1970, nous avons
adopté un tel projet de loi. Le député de Jacques-Cartier
a même mentionné l'esprit civique des citoyens. On sait que
l'esprit civique des citoyens, c'est de s'administrer eux-mêmes. On sait
que les conseils municipaux reçoivent leurs devoirs, leurs
responsabilités, leurs droits en vertu du code municipal et celui-ci
permet à un territoire non organisé de s'organiser, de veiller
à la nomination de toutes les personnes qui doivent veiller aux
intérêts de la ville.
En outre, il permet à un conseil municipal de mettre sur place
les services, permet à un conseil municipal d'imposer les taxes
foncières, les taxes des services d'aqueduc et d'égouts, les
taxes de commerce. A ce moment, M. le Président, c'est dire que les
conseils municpaux sont autorisés à fonctionner d'une
façon autonome à l'intérieur de ce que la loi leur
confère, mais, par le projet de loi no 62, on leur enlève d'un
clin d'oeil toutes leurs responsabilités. La loi dit, à l'article
43, entre autres: "Lorsqu'un conseil municipal est dans l'impossibilité
de fait d'administrer les affaires de la municipalité". Qui
décidera...
M. TESSIER: Continuez, continuez. On y dit : Durant trente jours.
M. GAGNON: Oui, depuis plus de trente jours.
M. TESSIER: C'est cela. C'est important.
M. GAGNON: On sait, M. le Président, le ministre le sait, que
tous les conseils municipaux, quels qu'ils soient, connaissent à
certains moments de leur vie municipale des difficultés
financières. J'ai été secrétaire de conseils
municipaux, j'ai été vérificateur de plusieurs
municipalités. J'ai été en lieu de constater que toutes
les municipalités, un jour ou l'autre, passent par des
difficultés financières et que si les administrateurs qui sont en
place, en 1970, rencontrent quelques difficultés, en 1971 la situation
sera meilleure et en 1972 elle sera parfaite.
J'invite le ministre des Affaires municipales à aller
étudier tous les rapports de vérification qui sont transmis au
ministère des Affaires municipales, à la Commission municipale et
il verra dans ces rapports qu'à certains moments de l'année des
conseils municipaux rencontrent des difficultés. Mais ces
difficultés sont surmontées par des administrateurs qui
connaissent bien le contexte municipal, qui connaissent bien la situation
économique de leur secteur, qui connaissent bien la provenance des
revenus et même les projections sur X années, ce qui permet
à leur municipalité de passer à travers ces
difficultés temporaires.
On sait, M. le Président, que les municipalités, surtout
dans le contexte d'aujourd'hui, ont à faire face à des
dépenses en immobilisation pour les services d'aqueduc, pour les
services d'égouts, pour les services d'incinérateur municipal,
pour toutes sortes de choses. Or, M. le Président, ces
municipalités, à certains moments, rencontrent des
difficultés qui sont temporaires. Le ministre, par son projet de loi,
place sur leur tête l'épée de Damoclès. Il pourrait
dire à n'importe lequel conseil municipal: Mes amis, la taxe que vous
imposez n'est pas assez élevée. Vous allez augmenter votre
taux de taxe, peut-être parce qu'un maire ne serait pas dans les
bonnes grâces du ministre.
M. TESSIER: Voyons! c'est ridicule, M. le Président.
M. GAGNON: Je donne comme exemple, M. le Président...
M. TESSIER: Voyons! Tâchez donc de parler sensément !
M. GAGNON: Je parle sensément. Si ce n'est pas sensément,
pourquoi le ministre veut-il englober toutes les municipalités? Qu'il
donne les noms des municipalités qui sont en difficultés
financières et qui demandent la mise en tutelle immédiatement.
Qu'il les donne à la Chambre et je serai prêt à voter avec
le gouvernement pour toutes les municipalités dont le ministre aura
donné les noms, municipalités qui sont en difficultés
financières.
Le ministre n'est pas trop conscient.
M. TESSIER: Il n'est pas question de cela du tout.
M. GAGNON: Oui il est question de cela. M. TESSIER: Pas du tout.
M. GAGNON: On dit que toutes les municipalités de la province
peuvent être placées en tutelle.
M. TESSIER: La loi ne mentionne pas l'impossibilité de fait de
bien administrer. La loi dit "d'administrer", tout simplement.
M. GAGNON: Oui mais, M. le Président, je l'ai dit au ministre. Il
a été maire de Rimouski. J'ai la certitude morale qu'à
certains moments il a eu des difficultés financières.
M. TESSIER: Jamais!
M. GAGNON: Oui, il en a eu comme les autres!
M. TESSIER: Jamais parce que la ville a toujours été bien
administrée.
M. GAGNON: Il en a eu comme les autres et c'est normal. C'est normal.
L'argent ne pousse pas dans les arbres. On doit imposer des taxes...
M. TESSIER: N'essayez pas d'inventer des choses. C'est faux! La ville de
Rimouski a toujours été bien administrée.
M. GAGNON: Si le ministre dit qu'il n'en a pas connu, elle en
connaît actuellement. La ville de Rimouski en connaît actuellement.
M. le Président, le ministre des Affaires municipales, avec son projet
de loi, peut faire trembler n'importe quel conseil municipal à
l'intérieur de la province, s'il rencontre des difficultés
financières passagères.
Plus que cela, M. le Président, je donnerai comme exemple...
M. TESSIER: Vous ne comprenez pas du tout la portée du projet de
loi.
M. GAGNON: C'est de portée provinciale et si le projet de loi a
une portée provinciale, à ce moment-là il faut que je
parle du problème dans le contexte de tout le Québec. Je donne un
exemple: En supposant que des maires feraient parti d'un organisme quelconque
qui ne plairait pas au ministre, comme le CRD, ou il y aurait peut-être
deux maires que le ministre ne trouverait pas de son goût et qu'il
voudrait voir quitter l'organisme, à ce moment-là, s'ils avaient
certaines difficultés, on pourrait peut-être dire: Vous avez
certaines difficultés, vous n'avez même pas le temps d'administrer
votre municipalité et vous êtes à tel endroit, nous allons
nous prévaloir du bill 62, de façon que votre municipalité
soit bien administrée, nous allons nous en occuper.
Le ministre a été, je crois, président des maires
de la province, et il tenait de grands congrès où on y exposait
toute la situation financière des municipalités et où on
demandait au gouvernement de verser l'imposition des taxes scolaires aux
municipalités afin qu'elles puissent faire face à leurs
obligations.
Si le ministre conserve le projet de loi tel qu'il est à ce
moment-ci, il suspend au-dessus des municipalités une épée
de Damoclès, comme l'a si bien dit le député de
Chicoutimi, qui peut faire marcher n'importe quel conseil municipal. Il n'est
pas normal pour une ville en difficulté... je partage l'opinion du
député de Jacques-Cartier, je me demande même si le projet
de loi n'est pas trop en retard, à savoir que nous devons prendre nos
responsabilités et que dans tous les cas où il y a des
difficultés, où ça représente pour une ville
peut-être un recul, nous devons la placer en tutelle. Mais il n'est pas
normal que le ministre demande l'adoption d'un projet de loi qui ait une
portée générale pour toutes les municipalités qui
sont au nombre de près de 1,400 dans toute la province et qu'à
cause de difficultés temporaires, le ministre actuel, ou un autre
ministre, ou suivant les bonnes grâces même d'un technocrate qui
irait sur place vérifier les livres temporairement et qui arriverait
avec un rapport qui demanderait au ministre de placer en tutelle telle
municipalité alors que des municipalités ont déjà
connu des difficultés et que même le ministère des Affaires
municipales avait envoyé des inspecteurs vérificateurs sur les
lieux constater quelle était la situation et qu'on recommandait une
action. Le ministère des Affaires municipales a continué
d'accorder confiance aux autorités municipales de ces endroits et elles
ont surmonté les difficultés. Mais la loi qu'on veut adopter ce
soir est une loi qui place les conseils municipaux dans une camisole de
force en les obligeant par voie de conséquence à imposer
des taux de taxe qui seraient exagérés, qui nuiraient à
une économie. Parce que tel conseil municipal, tels administrateurs
municipaux sont conscients que si cette année, les difficultés
financières que connaît le conseil municipal, l'année
prochaine elles seront surmontées, mais par quoi? Peut-être par
des immobilisations considérables actuellement en cours mais qui ne sont
pas imposées, peut-être par des dépenses d'emprunt capital
parce que cette année on terminera le remboursement d'un emprunt capital
à long terme qui permettra au conseil municipal de s'alléger
considérablement dans ses obligations.
Le ministre ne peut, s'il est conscient du lourd fardeau qu'il place
au-dessus de la tête des administrateurs municipaux... peut-être
que la création des Affaires urbaines par le gouvernement d'Ottawa donne
une peur, sans que le ministre le laisse voir, mais une peur assez forte et
qu'à ce moment-là il donne aux conseils municipaux le pouvoir de
s'administrer d'une main mais de l'autre main il les place par un projet de loi
qui peut leur enlever tout d'un instant à l'autre...
M. TESSIER: Cela n'a aucun rapport.
M. GAGNON: M. le Président, voyons donc! le ministre
connaît ça. J'ai été dans les affaires municipales
pendant seize ans et je sais que quand les organismes ont des droits de regard
sur des conseils municipaux, ceux-ci n'ont rien à dire. A ce
moment-là on est soumis aux bonnes volontés d'un technocrate qui
ne connaît pas le secteur, qui a peut-être été
élevé à Montréal et qui viendra en Gaspésie
étudier le secteur, qui fera une inspection dans des livres municipaux
et, à sa bonne grâce, il verra que l'économie connaît
des difficultés, que le chômage demeure et, à ce
moment-là, il dira au ministre: Mettez-les en tutelle
immédiatement.
Si le ministre comprenait toute la portée de son projet de loi,
il demanderait d'apporter une modification et d'insérer que ce soit la
ville de Lachine qui soit simplement mise en tutelle et chaque cas qui se
présenterait ou encore que le ministre pourrait décréter
des élections.
Lorsqu'une situation financière va mal, le ministre ne peut pas
dire que ça se présente dans un mois, deux mois, c'est de longue
main que ça se prépare. En vertu des lois de la Commission
municipale et du ministère des Affaires municipales, tout
vérificateur qui procède à la vérification des
livres des commissions scolaires ou des conseils municipaux est obligé
de transmettre une copie à la Commission municipale de Québec et
au ministère des Affaires municipales de Québec. Cela, M. le
Président, c'est tous les ans. Alors, le ministère des Affaires
municipales et la Commission municipale peuvent très bien suivre la
situation financière d'une municipalité ou d'une commission
scolaire sans qu'il soit obligé d'adopter un bill, comme le bill 62,
avec une portée générale qui place, comme je l'ai dit tout
à l'heure, les administrateurs municipaux, soit dans un état de
peur, soit dans une camisole de force ou même qui peut leur faire poser
des actes qui seraient contraires à l'intérêt de leur
municipalité.
Pourquoi contraire à l'intérêt de leur
municipalité? Parce qu'une personne à un moment donné,
pourrait venir dans la salle du conseil et dire: Vous agissez mal. Je vais en
parler au ministre des Affaires municipales, ou bien je vais aller voir mon
petit patroneux dans mon comté et nous allons intervenir pour que le
ministre des Affaires municipales vous place en tutelle.
Si le ministre juge qu'une municipalité aura des
difficultés financières, qu'il présente des projets de loi
aussi souvent que le problème se fait sentir, mais pas un projet de loi
qui est de portée aussi générale. Si tous les membres des
conseils municipaux avaient l'occasion de se prononcer, ce soir, sur le projet
de loi, ça serait un tollé général parce que les
administrateurs municipaux, qui sont des gens qui connaissent leurs
problèmes de fond en comble, il peut y avoir des exceptions
ne pourraient pas permettre que le ministre des Affaires municipales,
par le bill 62, leur enlève ou puisse, du moins, leur enlever toute
l'administration de leurs affaires municipales parce qu'ils pourraient avoir
des difficultés temporaires.
Encore une fois, M. le Président, pour la survie des conseils
municipaux, pour la bonne administration des conseils municipaux, pour que les
administrateurs municipaux, qui font leur travail d'une façon
merveilleuse en règle générale, d'une façon presque
bénévole, puissent bien accomplir leur travail, je verrais bien
que le ministre apporte un amendement à son projet de loi. Qu'il stipule
quelle est la ville qui est en difficulté et qu'on y apporte les
correctifs, mais que les autres conseils municipaux qui sont en excellentes
conditions financières aient pleine liberté d'agir sans qu'ils
aient cette épée de Damoclès qui peut les faire couler
tête première dans l'espace d'un an ou de deux ans.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. Armand Bois
M. BOIS: M. le Président, je tiens à déclarer aux
membres de cette Chambre qu'à la suite du discours très complet
que je viens d'entendre, je vais être bref. Cependant, je voudrais
apporter devant cette Assemblée un sujet pratique que j'ai
déjà vécu, que j'ai vu et qui va prouver exactement ce
qu'on vient de mentionner ici, à ma droite. Il ne faut pas oublier que
le gros des difficultés qui naissent et qu'on veut corriger
par le bill 62 sont, en fait, des chicanes de conseil alimentées
par un ou parfois un demi-politicien local.
M. le Président, il peut y avoir de la maladie parmi les membres
du conseil. C'est une chose qui peut arriver, mais c'est, cependant,
extrêmement rare que tous les membres du conseil soient malades en
même temps. C'est une chose impossible. Avec le bill 62 que l'on
présente ici, on vise simplement à instaurer l'autocratisme du
ministre qui ferait beaucoup mieux un ministre de la Justice pour régler
les cas de la pègre.
M. le Président, lors d'un cas municipal, il est survenu
qu'après une demande de soumissions, c'est toujours comme
ça que ces choses-là se produisent cinq entrepreneurs se
sont présentés devant un conseil municipal. Le montant des
soumissions était d'environ $250,000 et le plus bas soumissionnaire
avait une différence d'exactement $22,000 avec l'avant-dernier.
Quatre conseillers qui sont d'un parti politique adverse dans le
temps, ces messieurs étaient bleus ont décidé que
ce devrait être l'avant-dernier entrepreneur qui serait favorisé
du contrat. Pourtant, le plus bas soumissionnaire avait l'outillage, les
ingénieurs, la machinerie, un compte à la banque et tout. De par
la loi, les quatre conseillers ont tout simplement voté pour
l'avant-dernier soumissionnaire, occasionnant des frais de plus de $22,000
à la municipalité sur l'emprunt, et ainsi de suite. On a
forcé le maire à mettre son veto trois fois de suite.
Les conseillers, se sentant dans l'illégalité, m'ont dit:
Nous, maintenant, nous ne viendrons plus siéger. C'est entendu. Quand on
est en faute, généralement on a honte, M. le Président,
alors on s'enfuit. Heureusement que dans ce cas typique il y avait une
élection municipale qui s'en venait. Le député de
Saint-Sauveur, qui vous parle, a été défait pour avoir
simplement voulu soutenir un règlement normal qui prévalait de la
part de la Commission municipale du Québec à l'effet que pour
autant que les entrepreneurs étaient qualifiés, on devait
accorder les soumissions au plus bas soumissionnaire.
C'est simplement une chose normale et régulière. Quand la
petite politique se mêle de ces choses, il se produit des cas où
justement le conseil municipal va arrêter de siéger ou encore une
élection surviendra très bientôt; s'il n'y en a pas,
j'appuie l'opinion de mon prédécesseur à l'effet qu'on
devrait tout simplement en demander une ou encore, dans le cas qui nous
concerne, simplement affecter la ville de Lachi-ne. Le bill qui nous est
présenté est un bill de contrôle, un bill
irrégulier, un bill qui, éventuellement, peut mettre tout le
monde en tutelle pour une chicane qui est fomentée dans un conseil
municipal par n'importe quel petit voyou de village.
Je vous demande encore, M. le Président, que notre ministre des
Affaires municipales reconsidère ce bill. Comme le lui ont si bien dit
tout à l'heure le député de Rouyn-Noranda et le
député de Chicoutimi, un nouveau bill peut être
rédigé, pour ce cas, dans l'espace de cinq à dix
minutes.
Je vous remercie de m'avoir écouté, M. le
Président. Je crois qu'ici on devrait définitivement ne pas voir
seulement un cas de règlement autocratique alors qu'il y aura toujours
des problèmes. Il y en a au Parlement de Québec, il y en a au
Parlement du Canada et il y en aura dans les gouvernements municipaux aussi.
Cependant, il faut quand même leur donner l'occasion de régler
leurs problèmes municipaux sur place.
Donc, s'ils en ont le droit, qu'on leur donne leurs privilèges et
qu'on demande une élection pour ce cas-là. Merci, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (Caron): Y en a-t-il d'autres qui veulent adresser la
parole? La parole est au ministre des Affaires municipales.
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais exercer mon droit de
réplique très brièvement. L'attitude de l'Union Nationale,
l'Opposition officielle, quelle est sa raison? Peut-être est-ce le fait
que le maire actuel de Lachine était le candidat de l'Union Nationale
contre le député de Jacques-Cartier aux dernières
élections? Cela pourrait expliquer votre attitude.
M. PAUL: Cela explique la vôtre aussi. M. SAMSON: Cela explique la
vôtre.
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement.
M. VINCENT: Nous ne le savions même pas. M. PAUL:
J'inviterais...
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé a la
parole.
M. PAUL: Je n'ai pas le droit de me lever quand vous êtes debout,
selon l'article 64, M. le Président. J'ai écouté cette
première partie des remarques du ministre. Il part mal.
M. TESSIER: Comment je pars mal?
M. PAUL: II part mal, parce qu'il n'a pas le droit de nous prêter
des intentions ou des motifs.
M. TESSIER: Vous n'aimez pas ça?
M. PAUL: Ah! ça ne nous fait absolument rien, surtout quand
ça vient de vous.
M. TESSIER: Si ça ne vous faisait rien, vous seriez resté
assis.
M. PAUL: Surtout quand ça vient de vous. Personnellement, je
déclare que je ne connais pas M. le maire de Lachine. Le
député de Nicolet non plus. Alors que le ministre n'essaie pas de
jouer au pur, parce que le projet de loi va durer longtemps.
M. VINCENT: Quel est son nom?
M. TESSIER:M. Chartier.
M. VINCENT: Son prénom?
M. TESSIER: Son prénom, c'est quoi?
M. LACROIX: C'était le candidat de l'Union Nationale aux
dernières élections.
M. TESSIER: Comment, vous ne connaissez pas vos candidats de l'Union
Nationale aux dernières élections? Ce n'est pas surprenant que
vous soyez de ce côté-là de la Chambre.
M. VINCENT: Vous le connaissez mieux que nous autres.
M. TESSIER: Ce n'est pas surprenant que vous soyez de ce
côté-là de la Chambre, vous ne connaissez même pas
vos candidats. C'est pour ça qu'ils ont été battus. A tout
événement, M. le Président, je soumets que l'autonomie des
municipalités n'est pas en cause.
M. VINCENT: Non?
M. TESSIER: Le texte est bien clair, c'est lorsqu'une
municipalité qui peut valablement siéger ne le fait pas pendant
une période de trente jours, c'est uniquement dans ce cas-là que
la Commission municipale, et non pas le ministre, peut agir. Il ne s'agit pas
d'étendre les pouvoirs du ministre des Affaires municipales, mais de la
Commission municipale. Je soumets que cette disposition, dans la loi, aurait
dû exister depuis longtemps. Il s'est produit des cas semblables dans le
passé. J'en ai cité un.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait une
question?
M. TESSIER: Oui, sûrement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a consulté les
municipalités? Par quel truchement? Et est-ce que le ministre, ce soir,
si on adoptait ce projet de loi, projet de loi infâme, pourrait nous dire
quelle serait exactement la réaction des municipalités
menacées d'être mises en tutelle...
M. TESSIER: Non. Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... par le bon vouloir des patroneux qui
servent le ministre dans son comté à Rimouski? Si le ministre,
par exemple, je lui pose une question...
M. TESSIER : M. le Président, je fais un appel au
règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pose une question au ministre, M. le
Président...
M. TESSIER: Point d'ordre.
M. PAUL: Quel article?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Quel article?
M. TESSIER: Le député m'a demandé la permission de
me poser une question. Il me l'a posée. J'ai répondu ou je n'ai
pas encore répondu, mais il est en train de reprendre son discours.
Le député de Chicoutimi m'a posé la question
suivante: Est-ce que j'ai consulté les municipalités? M. le
Président, je n'ai pas consulté les municipalités et,
d'ailleurs, c'est un cas d'urgence qui se présente actuellement.
M. VINCENT: On est d'accord là-dessus.
M. TESSIER : J'ai soumis le cas au conseil des ministres et c'est le
gouvernement qui a décidé de présenter la présente
loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un de vos collègues, tout à
l'heure, m'a dit que c'était le comité de législation et
que le cabinet n'avait même pas eu le temps de l'étudier.
M. TESSIER: Bien, voyons! Voyons! C'est ridicule. La question a
été soumise par moi-même à la dernière
séance du conseil des ministres. D'ailleurs, j'ai des collègues
qui sont ici présents et qui peuvent le corroborer. A tout
événement, le gouvernement et moi-même prenons nos
responsabilités dans les circonstances.
Il y a plus qu'une simple question de remplacer un conseil municipal.
C'est que, dans ce cas-ci, il y a absence totale de bonne et efficace
administration. C'est pour ça qu'il faut étendre les pouvoirs de
la Commission municipale pour lui permettre, dans ce cas-ci, comme dans tous
autres cas semblables qui pourront survenir dans l'avenir, de pouvoir mettre en
tutelle des municipalités qui seront dans une situation semblable. Je
crois, M. le Président...
M. LEGER: Est-ce que je peux poser une question au ministre?
M. TESSIER: Oui.
M. LEGER: Tout à l'heure, à l'occasion de mon discours en
deuxième lecture, je lui avais dit que je serais d'accord pour appuyer
le projet à condition qu'il y ait un amendement concernant la
possibilité pour la Commission municipale de décréter une
élection pour résoudre cette impasse. Est-ce que le ministre,
actuellement, avant qu'on vote en deuxième lecture,
peut nous dire s'il a l'intention d'apporter ce changement?
M. TESSIER: Oui, j'y arrivais. Si vous me permettez, je vais terminer
mon bref exposé. Je disais que des situations semblables peuvent se
présenter dans l'avenir comme elles se sont présentées
dans le passé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avez-vous des raisons de le croire?
M. TESSIER: Oui, j'ai d'excellentes raisons de le croire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quels cas particuliers
prévoyez-vous?
M. TESSIER: Bien, je ne crois pas qu'il serait d'intérêt
public, à ce moment-ci, de nommer des municipalités.
M. VINCENT: Vous les passez toutes dans le même bill.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien non, M. le Président, j'invoque le
règlement. Le ministre, dans ce qu'il vient de dire, a pratiquement mis
en cause des municipalités; il a fait peser sur les municipalités
certains doutes. Il a donc le droit de nous dire...
M. BLANK: Ce n'est pas une question de règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... quels sont les endroits où l'on
risque d'avoir semblables conflits.
M. TESSIER: M. le Président, j'ai dit que la situation
s'était déjà produite dans le passé et j'ai
mentionné le cas de la ville de Saint-Michel. Je suis convaincu que, si
de tels pouvoirs avaient été incorporés dans la loi,
à d'autres occasions, peut-être dans le cas de ville d'Anjou, la
Commission municipale aurait pu se servir de ces pouvoirs-là.
A tout événement c'est un argument très
valable qui a été soulevé par notre collègue, le
député de Jacques-Cartier heureusement que le Parlement
est en session. Si la chose s'était produite au cours d'un ajournement,
s'il n'y avait pas de telles dispositions dans la loi, ça voudrait dire
que la ville de Lachine, comme toute autre municipalité dans l'avenir,
pourrait passer trois mois, même quatre mois dans une situation
absolument intolérable et contre l'intérêt des
contribuables.
Le gouvernement n'a pas voulu adopter une loi spéciale pour le
cas de Lachine, mais étendre les pouvoirs de la Commission municipale
justement pour que, dans l'avenir, si une telle situation se présente et
que le Parlement n'est pas en session, la Commission municipale puisse
intervenir. Ce n'est pas le ministre qui va intervenir; ce n'est pas un pouvoir
donné au ministre. Il faut faire confiance, tout de même, à
la Commission municipale. Nous avons également la double garantie que la
résolution adoptée par la Commission municipale doit être
ratifiée par requête à un juge de la cour
Supérieure.
Par conséquent, si soit la municipalité, soit un
contribuable veut s'opposer à une telle requête, il lui est
loisible de le faire en vertu du code de procédure civile. Je
désire également ajouter, vu que l'on a porté certaines
attaques contre les fonctionnaires et les technocrates du ministère des
Affaires municipales, que je prends en tant que ministre des Affaires
municipales toutes mes responsabilités.
M. VINCENT: Qui a porté des attaques?
M. TESSIER: Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je pose la question de
privilège. Le ministre est dans les patates une fois de plus. Je n'ai
pas porté d'accusation. J'ai dit que ça pouvait mener à
tout. Cela, c'est différent. Je voudrais que vous demandiez au ministre
de retirer ses paroles.
M. TESSIER: Je n'ai rien à retirer, M. le Président.
M. SAMSON: M. le Président, je comprends que ce qu'il a dit
était vide de sens.
M. TESSIER: Je tiens à préciser que je n'ai subi à
aucun moment une influence quelconque. J'ai été saisi d'un fait
et j'ai pris mes responsabilités à ce moment-là en
soumettant le cas au conseil des ministres qui, lui, a pris la décision
de présenter le bill 62. C'est aussi simple que cela.
M. AUDET: C'est encore plus concluant.
M. TESSIER: M. le Président, je termine en disant qu'avant
l'ajournement de cet après-midi le député de Lafontaine
m'a soumis un amendement à être apporté, lequel amendement
j'agrée.
Je trouve qu'il complète le texte de cette loi en ce qui a trait
à l'élection ou à combler une vacance par une
élection. Je soumets donc...
M. VINCENT: M. le Président, sur un point de règlement. Le
ministre des Affaires municipales a devant lui un amendement. D dit que le
député de Lafontaine lui a soumis un amendement qu'il se
prépare à lire. Bien, personne de la Chambre n'a eu connaissance
qu'il y ait eu un amendement...
M. LEGER: M. le Président,...
M. VINCENT: Un instant. Personne du comité n'a entendu une
proposition d'amendement...
M. LEGER: Nous ne sommes pas en comité.
M. BLANK: Nous ne sommes pas en comité encore.
M. VINCENT: ... et encore plus avant le comité. Le ministre
pourrait nous dire, sans mentionner qu'il y a eu un amendement, qu'il a
l'intention d'en soumettre un qui se lirait comme suit en deuxième
lecture.
M. BLANK: C'est le député de Lafontaine... M. VINCENT:
Pardon?
M. BLANK: Le député de Lafontaine a suggéré
l'amendement...
M. VINCENT: Non, M. le Président,...
M. BLANK: ... dans son discours de deuxième lecture.
M. VINCENT: ... personne n'a entendu. M. TESSIER: Bien, voyons donc. M.
BLANK: Oui, il a parlé...
M. LEGER: M. le Président, sur le point d'ordre.
M. TESSIER: M. le Président, je ne sais pas si le
député de Nicolet était présent. Il pourrait
peut-être répondre à la question. Est-ce que le
député de Nicolet était présent...
M. VINCENT: Certainement.
M. TESSIER: ... lorsque le député...
M. VINCENT: Oui.
M. TESSIER: ... de Lafontaine a parlé en deuxième
lecture?
M. VINCENT: Oui, oui.
M. TESSIER: Si le député de Nicolet était
présent, il doit se souvenir que le député de Lafontaine a
suggéré d'apporter un amendement pour donner les pouvoirs
à la Commission municipale d'ordonner des élections...
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. TESSIER: ... pour combler une vacance lorsque les membres d'un
conseil...
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. TESSIER: ... municipal ne peuvent pas s'entendre. Je veux simplement
dire...
M. VINCENT: J'étais présent.
M. SAMSON: Article 557, M. le Président. Je pense que vous
pourriez le lire. "Il peut être proposé d'amender toute motion de
deuxième lecture en en retranchant le mot maintenant et en y ajoutant
des mots exprimant un terme, comme dans six mois, dans trois mois ou dans un
mois." M. le Président, le ministre oublie qu'il est en train de nous
expliquer un amendement qui devrait arriver en comité.
M. LEGER: M. le Président, sur le point d'ordre.
M. SAMSON: Si le ministre est consentant, qu'il nous amène ces
amendements lorsque nous serons en comité plénier.
M. BIENVENUE: M. le Président, je suis d'accord...
M. LEGER: M. le Président, est-ce que je peux avoir la
parole?
M. TESSIER: M. le Président, si on veut me laisser finir, je ne
veux pas amener un amendement à ce stade-ci. Je voulais simplement, en
terminant, dire que le député de Lafontaine a fait une
proposition d'amendement, m'a soumis un texte. Je suis d'accord sur le texte en
question, quitte à ce que nous en discutions, plus en détail,
lorsque nous serons en comité.
M. LEGER: M. le Président, sur le point d'ordre. J'aimerais bien
clarifier la question que le député de Rouyn-Noranda
émettait. Je suis d'accord que ce n'est pas l'occasion, en
deuxième lecture, de présenter des amendements. Mais comme le
principe du bill, selon moi, n'était pas acceptable comme tel, j'avais
suggéré qu'il y ait un amendement permettant à la
Commission municipale de pouvoir décréter une
élection...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! A l'ordre!
M. LEGER: ... et corriger...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense que toute cette discussion est
actuellement inutile et qu'on fait une tempête dans un verre d'eau. Je ne
permettrai pas que l'on continue. Le ministre des Affaires municipales n'a pas
proposé d'amendement. Il a tout simplement parlé de la
possibilité d'apporter un amendement lorsque nous serons en
comité plénier, ce qui se fait très
régulièrement, très souvent. Il est évident
qu'à ce stade-ci des travaux il ne pouvait pas proposer d'amendement
à son projet de loi. Il devra le faire en comité plénier.
Mais je considère le problème réglé et je demande
au ministre des Affaires municipales s'il a terminé.
M. TESSIER: Oui.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la motion de deuxième lecture est
adoptée?
M. SAMSON: M. le Président, nous demandons le vote
enregistré.
M. LE PRESIDENT: Que l'on appelle les députés.
Vote de 2e lecture
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Que ceux qui sont en faveur de cette motion de deuxième lecture
du projet de loi no 62, Loi modifiant la loi de la Commission municipale,
veuillent bien se lever.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Lévesque, Hardy, Tessier,
Harvey (Jonquière), Simard (Richelieu), Quenneville, l'Allier, Tetley,
Drummond, Saint-Pierre, Lacroix, Massé (Arthabaska), Fournier,
Goldbloom, Vaillancourt, Mailloux, Cadieux, Houde (Fabre), Bienvenue,
Perreault, Brown, Blank, Saint-Germain, Kennedy, Picard, Pearson, Leduc, Assad,
Bacon, Bossé, Caron, Carpentier, Faucher, Giasson, Harvey (Chauveau),
Houde (Limoilou), Lafrance, Larivière, Ostiguy, Pelletier, Pépin,
Phaneuf, Pilote, Shanks, Veilleux, Laurin, Burns, Léger, Charron, Joron,
Lessard.
M. LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Lou-bier, Paul, Vincent, Boivin, Tremblay
(Chicoutimi), Cloutier (Montmagny), Gagnon, Lavoie (Wolfe), Croisetière,
Gauthier, Simard (Témiscouata), Samson, Roy (Beauce), Bois,
Tétrault, Audet, Latulippe, Guay.
M. LE SECRETAIRE: Pour: 52. Contre: 18. M. LE PRESIDENT: La motion est
adoptée.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier.
Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: M. le Président, dès maintenant, je voudrais vous
inviter à lire l'article 3. J'entends des pupitres qui s'ouvrent et qui
se ferment. Alors, je vais lire l'article 316 qui dit ceci: "Quand la Chambre a
décidé de se former immédiatement en comité
plénier, ou quand il est lu un ordre du jour décrétant la
formation d'un comité plénier, l'Orateur met aussitôt en
délibération cette motion: Que je quitte maintenant le fauteuil;
à moins qu'il ne soit proposé, par une motion non
annoncée, de révoquer l'ordre du jour...
M. VINCENT: Cela ça s'applique.
M. PAUL: ...et de renvoyer l'affaire à un comité
élu, ou qu'il n'ait été annoncé que des
instructions seraient proposées."
M. le Président, vous voyez la portée de la motion...
M. CHARRON: C'est de la procédurite.
M.PAUL: ...qui est décrite à l'article 316. M. le
Président, comme nous ne sommes pas ici pour faire de l'obstruction
systématique, je ne présente pas de motion.
M. LE PRESIDENT: Cette motion, la vraie, est-elle adoptée?
M. PAUL: La vraie, adopté. Comité
plénier
M. HARDY (président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs! Article 1, adopté.
DES VOIX: Un instant.
M. VINCENT: A l'article 1, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, à l'article 1, maintenant que
le principe du bill a été adopté par nos amis d'en face et
nos amis du PQ, tel que rédigé, nous, de ce côté-ci,
l'Opposition officielle, l'Union Nationale, aurions un amendement à
suggérer. Ce serait d'ajouter à la septième ligne,
après "décréter", le mot "élection" et continuer la
lecture du paragraphe... "par une résolution adoptée par le vote
affirmatif de la majorité de ses membres, dont son
président."
Il faudrait faire disparaître ou biffer l'alinéa suivant,
qui se lisait comme suit: "Cette résolution doit être
confirmée par la cour Supérieure et elle entre en vigueur le jour
de cette confirmation". Donc, on fait disparaître cette phrase et on
ajoute, après "décréter" le mot "élection", par une
résolution adoptée par le vote affirmatif de la majorité
de ses membres, dont le président". On fait disparaître: "que la
municipalité est assujettie à son contrôle". C'est mon
amendement...
M. PAUL: Sur l'amendement, M. le Président, c'est là que
le ministre va nous montrer sa bonne foi. Il nous a dit que cette loi
était dans le but de corriger une situation particulière qui
existe à la ville de Lachine. Bien, qu'on décrète les
élections, qu'on permette à la population, aux principaux
intéressés, aux contribuables de la ville de Lachine de
s'élire un conseiller municipal. Du même coup, M. le
Président, nous aurons respecté... le ministre fait signe que
non; qu'il attende que j'aie fini.
M. TESSIER: Je n'ai pas parlé; je ne vous ai pas interrompu. J'ai
fait signe que non.
M. PAUL: M. le Président, nous venons de découvrir, dans
la réplique du ministre, l'animus de cet article. On sait qu'au point de
vue pratique, quand il n'y a pas de séance du conseil, c'est le maire
qui administre dans une municipalité. On a appris, ce soir, que le maire
de la ville de Lachine serait un des amis politiques de l'Union Nationale. Nous
l'avons appris; personnellement, je l'ai appris de plusieurs ici.
M. TESSIER: Vous ne connaissez pas vos candidats.
M. PAUL: Je dis, M. le Président, que c'est une
législation qui est faite et dirigée contre le maire actuel de la
ville de Lachine. Par conséquent, nous n'avons pas le droit d'accepter
ce texte de loi tel qu'il nous est présenté par l'article 1.
C'est pourquoi la motion proposée par le député de Nicolet
est tout à fait logique. Elle rencontre les arguments qui ont
été apportés en deuxième lecture par le
député de Chicoutimi, par le député de
Gaspé-Nord, par le député de Nicolet et également
par des députés du Ralliement créditiste.
Voilà pourquoi l'amendement proposé par le
député de Nicolet va nous permettre de régler le
problème qui existe à la ville de Lachine, à moins que le
ministre ne tienne absolument à son texte et qu'il ne nous ait pas
informés d'autres situations volcaniques qui peuvent exister dans maints
endroits au Québec.
Dans de telles circonstances, ceci donnerait encore plus de poids aux
arguments que nous avons apportés en deuxième lecture pour nous
opposer au principe de ce projet de loi.
M. le Président, j'espère que le ministre va recevoir avec
empressement l'amendement proposé par le député de
Nicolet.
M. SAMSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: M. le Président, je regrette de ne pouvoir
accéder à cet amendement parce que, d'abord, il est incomplet. Il
est incomplet pour deux raisons. D'abord, parce qu'il y a plus, dans le cas de
Lachine, comme il peut arriver dans d'autres cas, que le fait de combler une
simple vacance. Il n'y a pas d'administration du tout, comme je l'ai
souligné tout à l'heure.
Deuxièmement, si l'on se contente uniquement d'ordonner des
élections sans mettre la ville sous tutelle, il devra s'écouler
un délai beaucoup trop considérable. Si l'on songe qu'il faut
procéder à la confection d'une liste électorale, qu'il
doit s'écouler des délais pour les mises en nomination avant de
procéder à l'élection, ceci veut dire qu'il peut
s'écouler environ deux mois avant que l'élection puisse
être tenue. Or, si l'on ajoute aux trente jours minimum prévus
à l'article 1 deux autres mois de délai pour procéder aux
élections, cela veut dire qu'il s'écoulera un minimum de trois
mois et pendant tout ce temps, une ville va demeurer sans administration. Il
n'est pas également prouvé je prends le cas de Lachine
parce que c'est celui qui nous intéresse présentement, c'est
l'exemple que nous avons que si la vacance était comblée,
par ce seul fait l'administration pourrait redevenir normale.
Il n'est pas prouvé que la tutelle ne devra pas se prolonger
peut-être pendant encore un mois ou deux mois, si nécessaire,
après que la vacance aura été comblée. Si, à
la satisfaction de la Commission municipale, tout est rentré dans
l'ordre après que la vacance a été comblée et que
les élections ont eu lieu, à ce moment-là,
évidemment, la Commission municipale retirera sa tutelle. Or, j'ai
l'honneur de proposer comme amendement...
M. PAUL: Un instant, M. le Président, que l'on suive les
règles de procédure.
M. LE PRESIDENT: Il faudrait d'abord disposer de l'amendement de
l'honorable député de Nicolet avant de procéder à
l'étude d'un nouvel amendement, s'il y a lieu. Est-ce que d'autres
députés veulent parler sur l'amendement du député
de Nicolet?
M. LEGER: M. le Président, l'amendement du député
de Nicolet, je ne serai pas porté à l'accepter tel quel parce
qu'une élection décrétée immédiatement, sans
qu'il y ait un certain contrôle de la Commission municipale, peut
créer des situations explosives.
Etant donné que la situation, telle que nous la voyons dans
Lachine, nous montre qu'il y a deux groupes farouchement opposés qui
vont, au cours d'une élection décrétée rapidement,
apporter des répercussions très onéreuses pour la ville
parce que les esprits ont été surchauffés, nous
préférons qu'il y ait une élection
décrétée par la Commission municipale mais à la
date qu'elle prévoit la meilleure et qu'elle pourra surveiller selon un
amendement que nous avons proposé au ministre tantôt pour
permettre justement que cette élection soit faite d'une façon
honnête et afin d'éviter des problèmes de confrontation au
détriment de la population de Lachine.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: Je regrette que le ministre ait donné son opinion sur
cet amendement avant d'entendre tous les représentants de ce
côté-ci de la Chambre. Il aurait peut-être changé
d'avis.
M. TESSIER: Vous avez besoin d'avoir d'ex-
cellents arguments pour me faire changer d'idée.
M. SAMSON: Je n'ai pas l'intention de fournir au ministre une brique
d'arguments, sauf que je voulais mentionner qu'à la suite de cet
amendement proposé par le député de Nicolet nous serions
d'accord, non seulement sur l'amendement, mais, s'il était possible au
ministre de l'accepter, cela nous permettrait aussi de changer notre position
quant à ce bill. Ce serait un moyen terme. Cela changerait, en quelque
sorte, l'application du bill, sans en changer toutefois le principe. Nous
croyons savoir que le ministre a besoin de ce bill pour régler un
problème particulier. Or, avec l'amendement du député de
Nicolet, il sera possible au ministre, je pense, de régler ce
problème particulier sans que nous soyons obligés d'en faire une
généralité.
Cela nous permettrait d'être d'accord sur le bill en
troisième lecture, si le ministre voulait accepter cet amendement qui,
je crois, est très acceptable. Il est possible au ministre, je pense,
d'y repenser à nouveau. D'ici quelques minutes, les autres
députés auront sûrement quelque chose à dire sur le
sujet et je sais que le ministre voudra le prendre en haute
considération. De notre côté, nous serions prêts
à offrir notre collaboration. Evidemment, nous ne pouvons pas revenir
sur nos décisions, s'il n'y a rien qui change.
Je pense que le ministre est d'accord avec nous que ce qui est
suggéré maintenant est un compromis très acceptable entre
ce qu'il a proposé et ce que nous avons défendu. Croyant que le
ministre pourrait accéder à cette demande, nous attendons
évidemment sa réponse. S'il est possible d'y accéder, je
pense que nous pourrons, en troisième lecture, voter avec le
gouvernement, même si cela ne nous arrive pas trop souvent et même
si cela nous arrive de sortir de temps à autre; c'est justifiable et
justifié. Pour le moment, on pourra peut-être le faire sous
réserve.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, je suis en faveur de la motion de
l'honorable député de Nicolet pour la simple raison que le fait
de demander une élection municipale, dans des cas comme ceux que
l'honorable ministre des Affaires municipales veut apporter, met l'opinion
publique en éveil et que c'est définitivement de nature à
susciter la nomination de bons conseillers et même l'approche pour un bon
maire, sans avoir à laisser la ville, peut-être pendant des
années ou des mois, dans un état d'instabilité. On aura
beau dire ce qu'on voudra sur le bill qui est présenté, il reste
quand même que l'amendement est tout à fait acceptable et
répond au besoin du sens civique et des responsabilités des
populations citadines.
Alors, c'est pour ça que je recommande fortement que l'honorable
ministre veuille bien accepter l'amendement qui est proposé.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, très
brièvement. J'ai nettement l'impression que nous ne réussirons
pas à convaincre le ministre des Affaires municipales, parce qu'il a
résolu de procéder à la présentation de ce projet
de loi et de le conduire jusqu'à son adoption par la voie de la
majorité. Je crois que, s'il acceptait l'amendement qui est
proposé par le député de Nicolet, il respecterait
l'autonomie des municipalités. D'autre part, il se rendrait au voeu des
citoyens de Lachine, tel que l'a expliqué tout à l'heure le
député de Jacques-Cartier.
On nous a dit que ces gens faisaient preuve d'un remarquable sens
civique. Nous le croyons. Eh bien, ce serait le moyen de leur donner l'occasion
de manifester ce sens civique dont nous ne doutons pas. Or, par le refus que
nous oppose le ministre à recevoir cet amendement, on a nettement
l'impression que le ministre ne fait pas confiance au sens civique des citoyens
de Lachine, ce sens civique qu'a vanté le député de
Jacques-Cartier.
Je ne comprends absolument pas l'entêtement du ministre.
Il portera la responsabilité de ses actes, bien entendu. Mais
j'aurais bien voulu qu'il répondît tout à l'heure à
la question que je lui avais posée lorsque je lui demandais: Que diront
les municipalités, l'Union des municipalités, lorsqu'elles
verront un semblable projet de loi étant donné qu'elles n'ont pas
été consultées? Je suis sûr que si elles pouvaient
voir le projet de loi tel que nous le voyons avec l'amendement que propose le
député de Nicolet, elles seraient probablement d'accord avec
nous. Mais tel que libellé, il est bien clair que, sans consultation, le
ministre dérange complètement l'économie de
l'administration municipale.
Alors, pour ma part, je ne peux rien contre la résistance,
l'opiniâtreté butée du ministre.
M. TESSIER: C'est parce que j'ai un meilleur amendement à
proposer.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, c'est justement, nous l'étudierons
au mérite lorsque le ministre l'aura présenté.
M. TESSIER: Bien oui, mais alors, c'est justement pour ça, comme
mon amendement je le considère meilleur, je ne peux pas accepter
l'autre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que vous
pourriez demander au verbo-moteur qu'est le ministre qui, en plus, est
masochiste, il aime ça qu'on le taquine et il
aimerait même ça si on l'insultait... On ne le fait pas
parce que l'on est quand même poli. Alors le ministre nous dit: Attendez,
je vais présenter mon amendement et vous allez voir, ça va
régler tout le problème.
Nous lui présentons un amendement. Nous nous rendons compte
qu'enfin il ne veut pas l'accepter. Il fait preuve d'opiniâtreté,
d'incompréhension...
M. TESSIER: C'est mon droit.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, écoutez, M. le Président,
faire preuve de ténacité, c'est un signe de jugement, mais
lorsqu'on emploie le mot "opiniâtreté", c'est le signe de
l'existence du fait contraire. La ténacité, c'est un signe de
force, mais l'opiniâtreté, c'est ordinairement le signe d'un
esprit buté. Alors si le ministre le prend comme ça, tant mieux,
il est masochiste. Il aime ça, voyez-vous!
M. TESSIER: Quand on est pas d'accord avec vous, on est tous des
imbéciles. C'est ce que vous voulez dire?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, pas du tout, M. le Président. Le
ministre interprète. Au contraire, je lui ai dit que nous ne voulions
pas lui faire des insultes...
M. PAUL: II a la politesse de ne pas dire ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... mais c'est lui-même qui nous a dit
qu'il était opiniâtre. Et j'ai fait la distinction entre
opiniâtreté et ténacité pour qu'il retire ce mot
"opiniâtre" et qu'il ne s'ancre pas dans cette opiniâtreté
qui n'est pas le signe d'un bon jugement. Alors comme je pense, je
présume...
M. LEVESQUE: Le ministre a un excellent jugement.
M. TESSIER: Le ministre a un excellent jugement et le
député aime bien s'écouter parler.
M. PAUL: Bien, j'aimerais mieux que ce soit un autre qui le dise que
vous.
M. LACROIX: A ce moment-ci, je crois que le ministre des Affaires
municipales démontre qu'il est tenace et le député de
Chicoutimi nous prouve qu'il est un peu opiniâtre.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense que
l'intervention du député des Iles-de-la-Madeleine est un peu
tardive.
Alors, disons, que devant l'opiniâtreté du ministre, nous
n'allons pas lui faire la guerre à mort, c'est bien clair.
M. PAUL: Ce serait de valeur de faire mourir cet homme-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Faire mourir un homme comme ça, ce
serait de valeur. Les CRD lui feraient des funérailles solennelles, on
le comprend. Mais nous voulons bien entendre le ministre nous proposer un autre
amendement. Quant à nous, nous demandons l'avis de la Chambre sur cette
proposition d'amendement du député de Nicolet.
M. LACROIX: On va disposer de celui-là. M. LEVESQUE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Quels sont ceux qui sont en faveur de la motion de
l'honorable député de Nicolet?
M. PAUL: Sur division, M. le Président. M. LEVESQUE: Sur
division.
M. LE PRESIDENT: La motion de l'honorable député de
Nicolet est rejetée.
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: Alors, M. le Président, je désire proposer
l'amendement suivant à l'article 1 en ajoutant un alinéa à
la fin de l'article 43c qui se lirait comme suit: "Lorsqu'une
municipalité est assujettie au contrôle de la commission en vertu
du présent article, s'il y a, ou s'il survient une vacance au conseil,
ou si la commission juge qu'une élection serait de nature à
mettre fin à la situation visée par le premier alinéa,
elle peut, nonobstant toute disposition législative inconciliable,
ordonner la tenue d'une élection, laquelle doit être conduite
à tous égards mutatis mutandis comme une élection
générale."
M. PAUL: M. le Président, si le ministre avait eu la finesse de
nous faire part de cet amendement il y a une heure et demie, nous serions
beaucoup plus avancés.
M. TESSIER: Oui. DES VOIX: Adopté. M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. L'article 1 est adopté
tel qu'amendé. Article 2?
M. TESSIER: Adopté. M. PAUL: Adopté.
M. HARDY (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que le comité a
adopté le projet de loi no 62 avec un amendement.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cet amendement est agréé?
DES VOIX: Agréé.
M. LE PRESIDENT: Agréé.
M. LEVESQUE: Troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement de la Chambre?
M. BERTRAND: Adopté.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la troisième lecture du projet de loi no 62, Loi modifiant la loi de la
Commission municipale.
Est-ce que cette motion de troisième lecture est
adoptée?
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous comprenez que
nous n'avons pas beaucoup de félicitations à faire au ministre,
qui a manifesté, lors de l'examen de ce projet de loi, ce que j'appelais
tout à l'heure une opiniâtreté absolument inexplicable,
comme l'est, d'ailleurs, le phénomène de
l'opiniâtreté.
Le ministre nous a paru revenir à de meilleurs sentiments en
apportant un amendement que nous avons cru devoir agréer, à
défaut de mieux. Il reste qu'il vient d'introduire dans l'ensemble des
lois une disposition extrêmement dangereuse. Donc, n'importe qui qui veut
jeter le trouble dans des municipalités pourrait s'en servir aux fins de
soumettre une municipalité donnée à la tutelle de la
Commission municipale. Alors, nous estimons que le projet de loi est un
dangereux précédent. Le ministre nous a dit qu'il aurait fallu
faire cela depuis des années et des années. Si nous avons
donné notre accord à l'amendement que le ministre a
proposé, c'est que nous pensons que le ministre connaît des faits
concernant d'autres municipalités, qu'il ne veut pas nous en parler,
qu'il nous a caché tout cela ce soir et qu'il veut déguiser son
incurie en se dérobant derrière la Commission municipale. Alors,
M. le Président, de guerre lasse et devant les pressions d'une
majorité parlementaire qui, ce soir, depuis qu'elle est mieux
payée, est présente, nous avons décidé d'accepter
le projet de loi, c'est-à-dire que nous avons décidé de
laisser procéder le ministre à l'adoption de son projet de loi.
Quant à nous, évidemment, c'est sur division. C'est très
clair.
DES VOIX: Adopté. DES VOIX: Ah!
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, je veux simplement dire, d'une
façon brève, au plaisir du leader parlementaire d'en face, que,
si nous acceptons de voter pour en troisième lecture, c'est justement
parce que le ministre a bien voulu accepter de déposer l'amendement que
nous lui avons proposé et qui changeait le principe du bill pour lequel
nous avons voté en deuxième lecture.
Ceci prouve que quand nous trouvons que le gouvernement propose des
projets de loi qui sont conformes au plus grand bien de la province, nous y
sommes favorables. Quand c'est le contraire, nous votons contre.
M. PAUL: M. le Président, j'ai écouté...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: Merci, M. le Président. J'ai écouté le
préopinant, et j'ai mal compris son intervention parce qu'il dit
qu'à la suite de l'amendement proposé par le ministre, son parti
appuiera maintenant la troisième lecture de ce projet de loi.
M. le Président, le principe est le même. Où on
aurait dû enregistrer un vote de désapprobation, c'était
devant l'incertitude... à moins qu'il y ait eu des petits billets doux
qui se soient échangés à l'insu de l'ensemble des
députés de l'Opposition entre ceux que l'on appelle les membres
du Parti québécois et le ministre des Affaires municipales.
De toute façon, M. le Président, ce qu'il est permis de
discuter en troisième lecture d'un projet de loi c'est la portée
de cette loi, ce qu'on n'y trouve pas. Je serais malvenu d'ajouter à
l'abondance de la logique de l'honorable député de Chicoutimi. Je
crois qu'il a exprimé avec une sincérité et une
éloquence extraordinaire la justification de notre
opiniâtreté à voter contre la troisième lecture de
ce projet de loi.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, un mot très bref simplement
pour dire qu'il n'y a aucune contradiction entre notre vote en deuxième
et troisième lecture parce qu'à la demande que nous lui avions
faite, le ministre avait répondu qu'il y avait un amendement
prévoyant une élection. Nous n'en avions pas besoin de plus pour
savoir qu'un amendement cohérent serait apporté au projet de loi,
qui répondrait à toutes les objections que nous avions
soulevées. C'est sur la foi de cette promesse que nous avons voté
en faveur de la deuxième lecture.
DES VOIX: Adopté.
M. LEVESQUE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de troisième lecture est-elle
adoptée?
M. VINCENT: Sur division.
M. LE PRESIDENT: Adopté sur division.
M. PAUL: ...amenez-en.
M. LEVESQUE: Article 9.
Projet de loi no 56 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la deuxième lecture...
DES VOIX: Pas encore lui!
M. LE PRESIDENT: ...du projet de loi no 56, Loi modifiant la loi de la
Société d'habitation du Québec.
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur de
la province a pris connaissance de ce bill et il en recommande l'étude
à la Chambre.
Décidément, M. le Président, c'est mon soir.
UNE VOIX: Ce n'est pas le nôtre! M. TESSIER: Ce n'est pas le
vôtre! M. VINCENT: Non, c'est votre matin! M. TESSIER: Ce n'est pas le
vôtre! M. VINCENT: C'est votre matin!
M. TESSIER: II s'agit, par le bill no 56, d'apporter certains
amendements à la Loi qui a créé la Société
d'habitation du Québec qui est contenue aux chapitres 55, 15 et 16,
Elizabeth II.
Il est nécessaire et très urgent d'apporter ces
amendements, pour permettre à la Société d'habitation du
Québec de poursuivre ses activités dans le domaine de
l'habitation et aussi pour lui permettre de régler le plus rapidement
possible les problèmes de relogement des familles affectées par
le sinistre de Saint-Jean-Vianney.
Tout d'abord, en matière d'habitation, comme on le sait, la
Société d'habitation du Québec n'a pas les pouvoirs
d'oeuvrer elle-même directement. Les programmes d'habitation sont
réalisés soit par les organismes sans but lucratif, soit par les
municipalités ou par leurs mandataires, les offices municipaux d'ha-
bitation. De plus, il est à noter que seuls les programmes municipaux
d'habitation peuvent faire l'objet de subventions à l'exploitation.
Or, il est important de mentionner que la Loi nationale sur l'habitation
prévoit l'octroi de subventions à l'exploitation de logements,
soit à une province, à une municipalité ou à un
organisme qui possède et administre un tel projet d'habitation.
La Société d'habitation du Québec ne possède
pas et n'administre pas elle-même. Elle détient, cependant, une
créance hypothécaire sur tous ces immeubles et exerce les
contrôles nécessaires quant à leur exploitation. Elle verse
elle-même, pour et au nom du gouvernement du Québec, des
subventions couvrant 25 p.c. des déficits d'exploitation.
Il est absolument nécessaire de s'assurer la possibilité
de récupérer la participation du gouvernement
fédéral à 50 p.c. des déficits d'exploitation.
C'est pourquoi un amendement est proposé à l'article 71 de la Loi
de la Société d'habitation du Québec à cette
fin.
L'amendement proposé permettra à la Société
d'habitation du Québec de conclure avec la Société
centrale d'hypothèques et de logement une entente en vertu de laquelle
les subventions du gouvernement du Canada seront disponibles pour couvrir 50
p.c. des coûts des déficits d'exploitation de projets d'habitation
municipaux subventionnés.
Par cet amendement, la société, agissant pour le compte de
ces divers organismes, deviendra ainsi effectivement éligible aux termes
de la Loi nationale sur l'habitation.
En ce qui a trait à Saint-Jean-Vianney, nous sommes conscients
que le sinistre qui s'est produit le 4 mai dernier affecte non seulement les
familles de Saint-Jean-Vianney, mais aussi celles d'une partie du quartier est
de Shipshaw. La situation ne permet pas que l'on charge ces
municipalités d'élaborer des programmes de rénovation
urbaine et de relocalisation. De même, on ne peut demander aux
municipalités qui accueillent les familles déplacées
d'élaborer des programmes particuliers d'habitation aux fins de reloger
ces familles.
Considérant l'urgence de résoudre les problèmes de
relogement, il est impérieux que les pouvoirs soient centralisés
au sein d'un seul organisme, soit la Société d'habitation du
Québec.
De par la nature même des travaux requis et à cause des
délais très courts qui nous sont imposés par les urgences
il est important qu'un seul organisme soit chargé de la
préparation d'un programme et de son exécution et que cet
organisme ait une expérience appropriée dans le domaine, comme la
Société d'habitation du Québec. En effet, la
relocalisation devra en certain cas chevaucher la préparation.
Par exemple, afin de pouvoir procéder à la relocalisation
des immeubles le plus rapidement possible, il faut mettre en oeuvre
immédiatement la préparation de sites de relocalisation
pour les rendre accessibles vers le 1er septembre 1971. Je puis vous
énumérer un certain nombre de travaux qu'une telle
opération peut comporter; une telle relocalisation supposera les
principales interventions suivantes de la part de la Société
d'habitation du Québec: négociation, acquisition, expropriation
s'il y a lieu, travaux d'infrastructure, transport de maisons,
déblaiement, contrôle, surveillance et coordination.
C'est pourquoi un amendement est proposé à la Loi de la
Société d'habitation du Québec, afin de lui
conférer les pouvoirs requis pour exécuter le mandat que le
gouvernement veut confier à cet organisme pour s'occuper sans
délai et de façon adéquate du relogement des
sinistrés de Saint-Jean-Vianney. Un sous-amendement similaire, qui est
le sous-paragraphe b) de l'article 2, est requis, de façon à
permettre à la Société d'habitation du Québec
d'exécuter certains programmes de rénovation ou d'habitation si
d'autres situations malheureuses ou des circonstances exceptionnelles devaient
l'exiger.
L'Assemblée nationale n'est pas toujours en session et parfois il
est nécessaire d'autoriser, par le lieutenant-gouverneur en conseil, des
organismes comme la société à procéder à
certains travaux dans les plus bref délais.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre des
Affaires municipales aura raison de se réjouir si je lui dis tout de
suite que nous allons approuver son projet de loi. Mais nous ne l'approuvons
pas parce que c'est le projet de loi du ministre des Affaires municipales, mais
plutôt parce que nous savons très bien qu'il a été
pensé, conçu par le premier ministre et par mon collègue
de la région, le ministre du Revenu.
Il y aurait évidemment beaucoup à dire sur le
problème général que pose l'article 1, tel qu'on nous
l'indique dans les notes explicatives. Il faudra peut-être, et je ne veux
pas le faire ce soir, remettre en cause toute la question des accords avec le
gouvernement central, les mécanismes de fonctionnement de la
Société d'habitation, le champ que doit couvrir la
Société d'habitation dans ce domaine vital du logement.
Nous aurions souhaité peut-être que le ministre
présentât un projet de loi plus complet sur la
Société d'habitation du Québec. Je n'en ferai pas grief au
gouvernement ce soir. Je veux simplement évoquer ces problèmes
pour lui faire comprendre que nous l'inciterons à étudier plus en
profondeur le fonctionnement de la Société d'habitation du
Québec, la nature même de la société, les services
qu'elle offre et, plus particulièrement, la question des relations avec
le gouvernement central et le retour de fonds qui se greffe à ce
problème général de l'habitation.
La raison qui a motivé la présentation de ce projet de
loi, c'est le cas tragique de Saint-Jean-Vianney. Je désire, M. le
Président, vous rappeler que, dès le moment où est
survenue cette tragédie, mon collègue, le député de
Dubuc, ainsi que notre collègue, le député de
Jonquière, se sont occupés des citoyens dramatiquement
plongés dans une situation dont on peut dire qu'elle était
catastrophique et qu'elle demeure toujours très pénible et
même tragique pour les personnes qui en ont été les
victimes et qui en souffrent aujourd'hui. Dès ce moment, le
député de Dubuc, le député de Jonquière et
moi-même, nous sommes occupés des citoyens et je dois dire que le
gouvernement a immédiatement pris toute disposition afin d'aider les
personnes sinistrées.
Il fallait, d'abord, faire face à la situation immédiate
et, ensuite, prendre les dispositions pour aider ces gens à se reloger
et à retirer, si je peux m'exprimer ainsi, certaine indemnisation
à la suite de ce sinistre. Les dispositions du projet de loi que nous
avons devant nous nous paraissent convenir à la situation. Nous avions,
d'ailleurs, fait au ministre du Revenu, ainsi qu'aux autres collègues de
la région, de même qu'au premier ministre, des suggestions afin
d'appliquer les modalités qui se trouvent à l'article 2 du projet
de loi. L'on a retenu notre suggestion. Il y a, d'autre part, dans le projet de
loi, des dispositions aux fins de prévoir certains cas particuliers et
le gouvernement, comme il se devait, se donne le droit d'affecter des fonds
à cet effet.
Nous nous devons de remercier le gouvernement, au nom des citoyens de
Saint-Jean-Vianney, d'avoir présenté ce projet de loi.
Nous espérons que l'application en sera facile, compte tenu de
toutes les discussions qui ont eu lieu entre les autorités
concernées et le gouvernement et les députés qui ont
participé à ces négociations et à ces arrangements.
Il peut arriver, évidemment, que certains cas spéciaux posent des
problèmes. Le projet de loi les prévoit.
Par conséquent, M. le Président, compte tenu des
réserves que j'ai faites au départ sur l'article 1 du projet de
loi, nous sommes, en ce qui nous concerne, le parti de l'Union Nationale,
disposés à adopter le plus tôt possible ce projet de loi,
parce qu'il est devenu urgent de reloger les personnes, en somme de
recréer pour eux des conditions normales de vie dans la mesure
où, psychologiquement, cela sera normal pour eux. Nous appuierons ce
projet de loi en espérant que, dans son application, il ne posera pas
trop de difficultés et que les députés
intéressés seront informés de toutes les
difficultés qui pourraient se produire dans l'application, dans
l'exécution de la loi que le ministre des Affaires municipales propose
à notre adoption.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, quelques commentaires au sujet du
projet de loi no 56. Je pense qu'il est tout à fait normal que nous
appuyions un projet de loi en ce qui concerne un domaine bien particulier,
celui de l'habitation.
J'ajoute qu'on ne fera jamais trop dans ce domaine très important
de l'habitation. Il est absolument normal également, par ce projet de
loi, quand on regarde ses implications et, en fin de compte, l'aide qui sera
apportée à des gens qui ont subi une catastrophe, je pense que
c'est une responsabilité qui doit être assurée par le
gouvernement.
M. le Président, j'écoutais le ministre, au tout
début, quand il nous a dit que le lieutenant-gouverneur en avait pris
connaissance. Je tiens à lui dire que nous aussi, nous en avons pris
connaissance. C'est sans doute pour cette raison que nous pourrons nous
prononcer favorablement.
Je remarquais, juste avant la discussion de ce projet de loi, que quand
c'est une loi de contrôle, c'est une loi, normalement, qui s'étend
beaucoup plus généralement. A la suite d'un cas particulier, on
peut donner au projet de loi une dimension tout à fait
générale. Ma peur, justement, était, concernant ce projet
de loi no 56, parce qu'il accordait des indemnités à des gens qui
ont été éprouvés par une catastrophe, qu'il se
limite spécialement à la tragédie de Saint-Jean-Vianney.
Heureusement, après avoir écouté le ministre, il nous a
annoncé que ce projet de loi pourrait s'étendre dans d'autres cas
assez particuliers ou encore semblables. J'aimerais peut-être attirer
l'attention du ministre sur des situations qui pourraient à l'avenir se
présenter de la même façon.
Je pense à des tempêtes, des cyclones ou encore des vents
violents qui parfois dans certains comtés ou certains coins de la
province font des dégâts assez considérables. Ce n'est pas
prévu dans le projet de loi et...
M. HARVEY (Jonquière): II y a une loi qui existe pour
ça.
M. GUAY: ... M. le Président...
M. HARVEY (Jonquière): La Loi de l'Exécutif.
M. GUAY: S'il y a déjà une loi, je pense qu'elle n'est pas
appliquée parce que je pourrais donner des exemples au ministre.
Justement, il y a un agriculteur dont la grange-étable a
été complètement démolie lors d'une tempête.
Il a demandé au gouvernement d'être indemnisé et ce fut
impossible. Il y a un paragraphe de la lettre qui dit: "Après une
étude attentive des documents que vous nous avez transmis, je suis au
regret de vous informer que malgré toute la sympathie que nous
éprouvons pour cet agricul- teur sinistré, les mesures
d'assistance présentement en vigueur ne nous permettent pas d'accorder
l'aide que vous sollicitez".
Est-ce que ce serait possible dans l'avenir d'étudier la
possibilité que cette loi soit étendue davantage et qu'elle ne se
limite pas à une sorte de sinistre? C'est à peu près en
gros les commentaires que nous avions à faire.
Maintenant, je voudrais dire à l'honorable ministre que nous
serons absolument favorables à cette loi de circonstance qui,
évidemment, dans le cadre représenté répond assez
bien aux gens qui ont connu une situation malheureuse à
Saint-Jean-Vianney.
Donc, M. le Président, nous voterons pour le principe du projet
de loi no 56.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, concernant le bill 56 qui permet de
donner plus de pouvoirs à la Société d'habitation lui
permettant ainsi de résoudre les problèmes que vit ou qu'a
vécus Saint-Jean-Vianney, nous ne pouvons qu'être d'accord sur le
principe du bill et nous voterons en conséquence en deuxième
lecture.
Cependant, nous remarquons que c'est une loi d'exception. Même si
nous sommes d'accord pour cette loi d'exception, nous aurions
espéré que le ministre puisse donner non seulement dans ces cas
d'exception, mais donner d'une façon permanente à la
Société d'habitation du Québec plus de pouvoirs qu'elle
n'en a actuellement.
Actuellement, la Société d'habitation a surtout une
fonction de financement de certains projets qui lui sont la plupart du temps
présentés par des municipalités concernant soit les
rénovations, soit l'habitation à loyer modique. Elle devrait
avoir non seulement d'une façon temporaire ou d'une façon
exceptionnelle, mais d'une façon générale des pouvoirs de
planification, d'organisation, d'administration et d'exécution de
différents projets d'habitation.
Nous espérons que cette loi qui est une loi d'exception
n'empêchera pas le ministre de réexaminer les fonctions de la
Société d'habitation du Québec pour lui donner des
pouvoirs plus étendus lui permettant de réellement remplir le
rôle qu'elle devrait remplir au Québec.
Je voudrais terminer en soulignant les dangers auxquels le
ministère des Affaires municipales du Québec et en particulier la
Société d'habitation du Québec doivent faire face, avec la
nouvelle création du ministère des Affaires urbaines du
fédéral, qui peut amener des conflits de juridictions concernant
la Société d'habitation du Québec et la
Société centrale d'hypothèques et de logement.
L'ingérence du fédéral est dangereuse parce qu'elle peut
créer des relations directes avec les municipalités. Même
si ce sont des réunions tripartites qui ont
été proposées, pour des programmes de
rénovation ou d'habitation à loyer modique, nous trouvons que
c'est une occasion malheureuse de permettre au fédéral de
diminuer l'influence de la Société d'habitation du Québec
vis-à-vis des municipalités pour augmenter l'influence de la
Société centrale d'hypothèques et de logement et permettre
ainsi de diviser pour régner.
M. le Président, je pense que le ministre est au courant de ces
problèmes et qu'il devrait être très prudent. Il ne devrait
pas se gêner pour dénoncer cette nouvelle ingérence du
fédéral dans les choses provinciales. Nous terminons en
souhaitant que non seulement le bill 56 soit adopté mais que le ministre
en profite pour présenter très bientôt une loi qui amendera
la Loi de la Société d'habitation du Québec pour lui
donner réellement les pouvoirs dont elle a besoin pour réaliser
un plan d'urbanisme, un plan de rénovation et d'habitation qu'elle aura
elle-même conçu et qu'elle pourra mener à bonne fin.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Revenu.
M. Gérald Harvey
M.HARVEY (Jonquière): M. le Président, vous me permettrez,
pendant quelques instants, de prendre la parole sur ce projet de loi no 56 qui
permet à la Société d'habitation du Québec de nous
aider, soit le comité interministériel chargé de reloger
les sinistrés de Saint-Jean-Vianney, dans cette opération
extrêmement difficile, opération où cela demande
également d'être très humain. Le 4 mai à
Saint-Jean-Vianney, je n'ai pas à vous raconter ce qui s'est
passé. Mais je puis vous dire que depuis le 5 mai, grâce à
la collaboration du ministre des Affaires municipales, par la voie de la
Société d'habitation du Québec et de ses principaux
dirigeants, des différents ministères impliqués de
même que des membres de cette Chambre, nous nous sommes appliqués
à préparer un échéancier extrêmement
difficile à respecter pour pouvoir, avant les mois d'hiver, reloger ces
personnes qui doivent évacuer cette magnifique municipalité
qu'était Saint-Jean-Vianney.
L'expérience et les résultats fantastiques obtenus par la
Société d'habitation du Québec à Thetford Mines
nous ont permis de réaliser que nous n'avions d'autre choix que
d'amender la Loi de la Société d'habitation du Québec pour
lui donner des pouvoirs qu'elle ne détenait pas auparavant afin
d'être en mesure de respecter cet échéancier.
Jusqu'à présent, les représentants de la
société ont procédé à l'évaluation de
certains dommages; ils ont procédé également à des
négociations avec les gens qui seront relogés. Dans un respect
profond de la démocratie, c'est-à-dire du désir de la
majorité, la majorité des sinistrés sera
relocalisée sur un magnifique terrain situé entre la plus jolie
ville du Saguenay, Arvida, et Kénogami.
La Société d'habitation, grâce à deux sites
(site I et site II) sera en mesure d'ici quinze jours d'avoir les plans et
devis achevés, les demandes de soumissions dès le mois
d'août pour la préparation des rues et des services municipaux et,
enfin, à compter du 1er septembre, à un rythme de quatre à
cinq par jour, seront transportées les maisons, qui sont naturellement
transportables, de Saint-Jean-Vianney à Arvida.
M. le Président, il est bien sûr que si la
Société d'habitation du Québec avait dû
procéder selon sa loi, des délais légaux de trois mois
l'auraient empêchée d'exécuter ces travaux avant le
printemps prochain. Quand on songe aux coûts constants dans l'habitation
d'année en année, l'opération Saint-Jean-Vianney aurait
été plus dispendieuse pour les contribuables du
Québec.
Cette Société d'habitation, riche de son expérience
de quelques années et de son expérience particulière de
Thetford Mines, est en mesure, à l'intérieur du comité
interministériel, de nous rendre d'immenses services. Je voudrais en
profiter, M. le Président, pour dire à mon collègue du
ministère des Affaires municipales qu'il a en main une
société québécoise qui sait où elle va.
Je suis persuadé, au nom de tous les sinistrés de
Saint-Jean-Vianney, de me faire leur porte-parole en remerciant tous les
membres de cette Chambre d'accepter cette législation d'une façon
aussi unanime.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Y a-t-il lieu d'aller en comité
ou de faire les inscriptions?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, cela va, M. le Président.
M. TETRAULT: Vous manque-t-il des fonctionnaires, M. le
Président?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va. M. LE PRESIDENT: Cela va. M. PAUL: M.
le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre est fatigué.
M. PAUL: M. le Président, me serait-il permis de faire motion,
dans les circonstances, pour que nous nommions comme secrétaire ad hoc
pro tempore de notre Assemblée le ministre de l'Education?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela a été vite, notre
affaire!
Comité plénier et 3e lecture
M. LE PRESIDENT: Pourriez-vous faire les entrées du comité
plénier?
M. LEVESQUE: Troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la troisième lecture de ce projet de loi. Cette motion est-elle
adoptée?
Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cette loi, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LEVESQUE: Article 11.
Projet de loi no 2
Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Terres et Forêts propose
la deuxième lecture du projet de loi no 2, Loi modifiant la loi de la
Société de récupération et d'exploitation
forestières du Québec.
Cette motion est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: Adopté?
M. TETRAULT: II faut qu'il fasse la deuxième lecture.
M. Kevin Drummond
M. DRUMMOND: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur
de la province a pris connaissance de ce bill et il en recommande
l'étude à la Chambre.
M. le Président, la forêt étant une ressource
vivante qu'il faut traiter, améliorer et récolter en temps
opportun, le bill actuellement en discussion nous permettra de préciser
et de compléter le champ d'action de Rexfor dans les forêts
publiques du Québec.
La Société de récupération et d'exploitation
forestières du Québec a été créée en
février 1970 pour donner au gouvernement un instrument souple qui lui
permettrait de mieux utiliser les forêts qui, autrement,
dépériraient et ne seraient d'aucun apport à notre
économie.
Depuis son institution, la société s'est occupée
spécialement de compléter le mandat qui avait été
confié à l'Office de récupération forestière
des bassins des rivières Manicouagan et Outardes, habilité
à récolter le bois menacé de perdition lors des travaux
d'aménagement hydro-électriques sur ces deux rivières.
Déjà, cette opération a permis au gouvernement, tout en
récupérant une richesse qui aurait été engloutie,
de verser $25 millions en salaires en prenant bien soin de ne pas concurrencer
l'industrie québécoise des pâtes et papier et la
main-d'oeuvre qu'elle emploie.
En effet, il est dans les pouvoirs de Rexfor d'exploiter le bois qu'elle
récupère, tout en étant disponible à
l'approvisionnement de l'industrie québécoise. Aujourd'hui, nous
élargissons le mandat de Rexfor pour exploiter toute forêt
parvenue à maturité et qui, n'étant pas utilisée,
équivaudrait à une perte de revenus pour la province.
De plus, la restauration forestière étant une
nécessité pour assurer la survie de cette richesse naturelle, il
est normal et essentiel que Rexfor puisse procéder à des travaux
sylvicoles là où les besoins s'en font sentir, tant au plan
forestier que social. Il ne faudrait pas oublier que ces travaux de
restauration nous permettent de donner de l'emploi à des milliers de
travailleurs.
En un mot, cette loi modifiant la Loi de la Société de
récupération et d'exploitation forestières du
Québec permettra à l'Etat d'utiliser ces forêts d'une
façon optimale.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, il s'agit de donner un rayonnement plus
complet à la Société de récupération et
d'exploitation forestières du Québec par l'amendement que nous
propose d'adopter le ministre. Il va de soi que nous appuierons le principe de
cette législation puisqu'il s'agira de donner à ladite
société le pouvoir de récupérer le bois qui se perd
actuellement par vétusté.
C'est une excellente façon d'exploiter nos richesses naturelles.
On met à la disposition de la société une somme de $25
millions sur une période donnée, qui n'est pas
déterminée, cependant, et il y a des montants non fixés.
Nous approuvons cette initiative gouvernementale, surtout quand on
connaît le dynamisme et l'expérience des membres de cette
société.
Je vois le ministre qui sourit d'un signe approbateur. Pour que je ne
sois pas accusé de faire de la politique, je signalerai, par ordre
alphabétique, MM. Alcide Courcy, ex-ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation dans le gouvernement libéral, organisateur en chef du Parti
libéral.
Nous avons ensuite M. Claude Gosselin, ex-ministre des Terres et Forets.
Quand nous sommes capables de marier l'expérience d'hommes politiques
qui connaissent les problèmes nonobstant la toux que cela peut
causer au député de Brome je dis que nous avons raison de
faire confiance à ces administrateurs.
Et il y a certainement une planification qui a été
établie. Il y a certainement, M. le Président, moyen de
récupérer, comme le mentionnait le ministre, ces richesses
naturelles qui se perdront à toutes fins pratiques. Du même coup
la province de Québec perdra une source de revenu en même temps il
y aura aussi perte de revenu de la part d'ouvriers éventuels, de
bûcherons éventuels qui iront sur les territoires de la couronne
récupérer cette richesse forestière.
Je dis que nous approuvons le principe de cette législation. Ce
qu'il y a d'encourageant, M. le Président, c'est cette politique
qu'envisage d'adopter la Société de récupération et
d'exploitation forestières, soit la sylviculture. D y a
également, M. le Président, une source de
récupération pour les générations à venir.
Il faut nécessairement que l'on remplace ces richesses que l'on coupe,
que l'on fait disparaître. C'est une excellente planification. Je suis
sûr que le ministre réalise aujourd'hui qu'il a le mérite
de présenter cette législation, mais que les membres de la
société en sont véritablement les parrains parce qu'ils
sont dans le milieu et qu'ils connaissent l'expérience de rodage qui
était nécessaire à la suite de la formation de cette
société. Je serais fort surpris, M. le Président, si ce
travail de restauration forestière qu'envisage la société,
si cette mise de fond d'une somme de $25 millions qui aidera du moins, nous
l'espérons... C'est peut-être la première
législation qui nous est présentée par le gouvernement
actuel pour se pencher immédiatement sur le problème du
chômage au Québec.
Depuis que la session est commencée, nous avons des
législations... Est-ce que mon ministre préféré a
des remarques à faire?
M. GARNEAU: Je ne suis pas à mon siège, M. le
Président.
M. PAUL: Vous n'êtes pas à votre siège, c'est
peut-être mieux. Vous remarquerez que de plus en plus il se rapproche de
la porte. C'est un signe des temps, M. le Président. Devant cette
politique économique que tente de mettre sur pied le gouvernement avec
le dynamisme que l'on connaît au ministre actuel de l'Industrie et du
Commerce,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec exception pour la Kruger, la
Saint-Raymond, Price» Consolidated Bathurst.
M. LEVESQUE: Ah non! ce n'est pas à cause du dynamisme, c'est
à cause de la discrétion du ministre que les renseignements ne
sont pas plus complets.
M. PAUL: Et avec la promotion envisagée pour l'ingénieur
député de Verchères dont nous parlent avec
générosité et abondance les journaux depuis quelque
temps.
Le gouvernement, jusqu'ici, n'a pas été capable de nous
présenter une loi pour essayer d'améliorer immédiatement
le problème du chômage. Le ministre des Terres et Forêts,
par sa législation, prouve que quelque chose va être fait dans un
avenir rapproché. Je suis sûr que le député de
Westmount, un bûcheron de carrière, bûcheron non pas dans le
sens physique, mais bûcheron parce qu'il a été
obligé de déblayer, auprès de ses collègues du
Conseil exécutif, toutes les objections, les barrières qu'on
voulait placer ou qu'on avait effectivement placées pour
l'empêcher de présenter le projet de loi qui lui était
suggéré par les membres de la Société de
récupération et d'exploitation forestière du
Québec...
Nous nous réjouissons de cette législation et nous
souhaitons sincèrement que la somme de $25 millions soit
dépensée effectivement dans le cadre de la planification de la
société, c'est-à-dire une récupération
totale du bois qui se perd actuellement, par une politique de sylviculture
qu'on devra immédiatement appliquer pour la récupération
future des richesses naturelles dont on va se dépouiller
momentanément. La mise en application de cette politique permettra sans
doute de contribuer à régler un tantinet ce n'est pas
beaucoup le problème du chômage au Québec.
En terminant, je voudrais à nouveau rendre hommages à nos
deux ex-collègues qui, dans le dernier Parlement, se sont
illustrés par leur esprit de travail, la sincérité des
sentiments qu'ils avaient dans la défense des idées qu'ils
prônaient. Je suis sûr que le ministre se sent quelque peu
réconforté par la présence d'hommes d'expérience
comme eux prêts à continuer à servir le Québec. Le
ministre, qui ne nous présente pas souvent des législations, nous
présente une véritable législation à
caractère économique. De ce fait, chapeau bas devant l'initiative
du ministre. J'espère qu'il sera imité par la plupart des
titulaires des ministères à caractère
économique.
J'espère que nous pourrons compléter l'étude de
cette loi avant que nous nous réunissions ce matin à dix heures
trente.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. Fabien Roy
M. ROY (Beauce): M. le Président, même si nous
commençons notre quinzième heure consécutive, sauf
l'exception d'une heure que nous avons prise pour les repas.
Alors, j'ai l'intention de profiter de mon droit de parole pour faire
connaître au gouvernement un autre son de cloche.
J'aimerais bien dire, par exemple, que ce n'est pas parce que nous
manquons de confiance en les administrateurs de la société Rexfor
et ce n'est pas non plus que nous sommes contre le développement
économique du Québec.
M. le Président, ce projet de loi a pour objet de permettre
à la Société de récupération et
d'exploitation forestières du Québec de
récupérer et exploiter les agglomérations de bois du
domaine public qui sont arrivées à maturité et qui ne sont
pas utilisées, chaque fois que le gouvernement l'estimera
approprié. Il autorise aussi la société à
revaloriser par toute mesure sylvicole appropriée des terrains
forestiers indiqués par le gouvernement. Ce sont les buts de la loi.
Les moyens que la loi accorde au gouvernement pour pouvoir permettre
à la société de poursuivre ses buts sont les suivants: Le
ministre des Finances pourra avancer à la société,
jusqu'à concurrence d'une somme de $25 millions, les montants dont elle
aura besoin pour lui permettre d'atteindre ses fins en matière
d'exploitation forestière. Il pourra aussi mettre à la
disposition de la société les montants requis pour ses travaux de
revalorisation forestière, à même les sommes qui seront
accordées annuellement par la Législature.
Nous avons eu l'occasion de le dire et de le déplorer à
l'occasion de demandes semblables précédentes. Le gouvernement
nous demande de souscrire $25 millions à même les fonds
votés par la Législature du Québec, à même
les deniers que le gouvernement a à administrer et on nous
présente un petit projet de loi de 4 articles tout simplement. On dit:
Voici, messieurs les législateurs, votez $25 millions. C'est pour
récupérer le bois de la province de Québec, le bois qui
est en perdition.
Mais, M. le Président, on ne nous dit pas où et comment
seront utilisées ces sommes d'argent et quels sont les montants qui
seront affectés à tel domaine plutôt qu'à tel autre
en particulier. Et ça coûte $25 millions à la population et
évidemment la population sera appelée à payer des taxes
pour financer ce montant d'argent. Pourquoi les $25 millions? Le gouvernement
n'a pas été tellement bavard de ce côté-là.
Peut-être qu'il a cru que, parce que nous étions à la 15e
heure, nous pourrions probablement laisser adopter le projet de loi à la
vapeur, sans faire d'intervention pour essayer d'avoir des explications.
Nous sommes portés à croire qu'il y a une relation entre
le projet de loi actuellement déposé et les grandes
déclarations pompeuses que nous a faites le premier ministre, la semaine
dernière, lorsqu'il a annoncé des investissements
considérables sur la Côte-Nord du Québec. J'aimerais que le
ministre nous domme des précisions de ce côté-là.
Nous avons pu, à la suite de recherches, à la suite des
déclarations que nous avait faites le premier ministre, nous rendre
compte, selon des articles qui ont été publiés, des
communiqués qui ont été émis par le gouvernement,
que celui-ci, pour sa part, par l'intermédiaire de la
Société de récupération et d'exploitation
forestières, Rexfor, investira $19 millions en fournissant les
équipements et les installations nécessaires à la coupe et
à la préparation du bois et ceci dans le fameux investissement de
$165 millions qui a été annoncé par la compagnie ITT.
On peut se poser plusieurs questions. On annonce à grands coups
de canon, à grand renfort de publicité des développements
économiques considérables à l'avantage de tous les
Québécois. Nous sommes d'accord qu'il doit y avoir des
investissements au Québec. Nous sommes d'accord que le Québec
doit se développer et que notre économie devrait être
meilleure nous en sommes pleinement conscients mais pas à
n'importe quelle condition.
Le député de Lotbinière a fait suite à la
déclaration ministérielle du premier ministre. IL a dit, à
ce moment-là: Il nous reste à attendre pour savoir si le fameux
développement que le gouvernement annonce se fait dans
l'intérêt des Québécois.
Alors, on a découvert, justement, par la suite, que $21 millions
seront fournis par Ottawa et $19 millions par le gouvernement provincial. Or,
les $19 millions du gouvernement provincial sont fournis par l'entremise de la
société Rexfor pour laquelle on nous présente un projet de
loi aujourd'hui où l'on nous demande de voter des crédits de $25
millions. Alors, on peut s'interroger sérieusement sur la façon
dont le gouvernement a l'intention d'utiliser les $25 millions qu'il demande.
Les membres de l'Assemblée nationale ne pourraient-ils pas avoir
certaines explications quant à l'utilisation de cette somme d'argent?
Tout de même, ce sont les citoyens du Québec qui devront payer des
taxes et des impôts pour permettre au gouvernement de rembourser ce
montant d'argent.
Alors, est-ce que le gouvernement en est rendu à vouloir financer
à coups de subventions et à prêter de l'argent à des
sociétés multinationales et internationales qui valent au moins
cinq à six fois les actifs nets du gouvernement provincial du
Québec; autrement dit, à des sociétés qui sont en
mesure d'acheter les actifs nets du Québec, de les revendre à
crédit et même de continuer leurs opérations.
Alors, nous sommes en droit de nous demander si les $25 millions qu'on
nous demande ne permettent pas, justement, au gouvernement de donner une
quantité énorme des richessses situées sur des territoires
de 500 milles de longueur et de 250 milles de profondeur. On peut se poser la
question, à savoir si le gouvernement n'est pas en train de vendre la
Côte-Nord, comme Duplessis a vendu l'Ungava.
Alors, tout ceci nous porte à nous interroger. Le gouvernement
nous annonce, à grand renfort de publicité, des politiques qu'il
dit lui-même dynamiques et d'avant-garde, mais on nous envoie la facture
une semaine ou dix jours plus tard et on demande justement à la Chambre
de voter des crédits, sans, toutefois, donner énormément
d'explications.
Or, cette compagnie doit, justement, exploiter des richesses naturelles
sur la Côte-Nord, des ressources forestières. Le gouvernement lui
avance $19 millions qu'il va récupérer à raison de $1.27
la corde de bois pendant une période de 25 ans. Alors, ça va
prendre 25 ans au
gouvernement pour récupérer le montant d'argent qu'il
avance, mais ces $19 millions, le gouvernement du Québec, étant
donné qu'il est déficitaire, devra les emprunter. Ces $19
millions à 9 p.c. d'intérêt, si on calcule que le taux est
à peu près comparable aux $100 millions que le gouvernement vient
d'emprunter sur le marché américain, vont coûter aux
Québécois, au trésor du Québec, dans ce qu'on peut
appeler le service de la dette, $1,700,000 par année. Or, les ressources
forestières qu'on a attribuées à la compagnie ITT à
$0.50 la corde, à la condition que le marché soit bien bon, vont
rapporter $300,000 au trésor québécois, alors que
l'intérêt des capitaux que le gouvernement fournit à la
compagnie coûte $1,900,000. Donc, un déficit de $1,600,000 par
année. C'est ça que le gouvernement appelle des belles
politiques.
C'est cela que le gouvernement appelle de belles politiques, c'est cela
que le gouvernement nous annonce comme étant des politiques d'emploi au
Québec, c'est cela que le gouvernement nous annonce comme des politiques
qui vont permettre aux Québécois d'être maîtres chez
eux et de pouvoir contrôler leur économie.
M. le Président, le gouvernement s'est adressé à
des compagnies, il subventionne des compagnies qui emploient 400,000 personnes.
Ceci est quatre fois 100,000 emplois, M. le Président.
UNE VOIX: Quatre promesses.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'honorable député de Beauce
pourrait m'éclairer de quelle manière, en vertu de ce projet de
loi, le gouvernement pourra subventionner les compagnies forestières? Je
ne vois pas cela dans le projet de loi actuel.
M. ROY (Beauce): M. le Président, dans tous les
communiqués émis par le gouvernement, la semaine dernière,
à la suite de l'annonce que le premier ministre a faite, il est dit
clairement que la Société de récupération
forestière, Rexfor, investira $19 millions dans le projet ITT, dans le
développement de la Côte-Nord. C'est la raison pour laquelle je
dis que nous avons le droit de nous poser des questions concernant
l'utilisation de ces capitaux qu'on demande au gouvernement du Québec de
voter cette nuit. La raison pour laquelle je me pose des questions et que je
mets en doute, à ce moment-là, la nécessité,
justement, d'appuyer ce projet de loi-là; parce que nous estimons que le
gouvernement, dans cette transaction, n'a pas agi de la façon dont il
aurait pu agir dans le meilleur intérêt des
Québécois pour permettre d'être en mesure de
récupérer ces $19 millions que Rexfor aura à investir.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je ne crois pas que
les explications du député de Beauce... Je lui demande, tout
bonnement, de m'éclairer. Est-ce que la somme de $19 millions qui doit
être avancée, ou la subvention de $19 millions à la ITT
n'est pas en vertu de lois qui relèvent du ministère de
l'Industrie et du Commerce?
M. LESSARD: C'est en vertu, M. le Président, de l'entente qui a
été signée j'ai ici l'entente et qui dit que
le Québec assistera activement Rayonier dans la réalisation du
complexe industriel ci-dessus mentionné en assurant la participation
effective de Rexfor pendant une période de 25 ans, sous forme d'avances,
au total de $19 millions destinés au besoin, en capital, des
opérations de coupe et de traitement du bois à l'usine Rayonier,
le tout sujet à un accord ultérieur. Lors...
M. DRUMMOND: II n'y a aucun secret là-dedans, M. le
Président. La somme de $19 millions mentionnée va servir à
l'achat de l'équipement qui sera ensuite loué à ITT. Ce
sera remboursable en 25 ans.
M. LE PRESIDENT: Est-ce en vertu du projet de loi actuel?
M. DRUMMOND: Nous faisons mention de $25 millions et nous prenons les
$19 millions là-dedans.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, merci. Nous avions visé
juste. Alors, nous blâmons le gouvernement, dans l'attribution de cette
grande limite, de cette grande étendue forestière, d'avoir agi de
façon à être obligé de taxer les
Québécois pour être capable d'avoir des montants d'argent
nécessaires pour permettre à cette compagnie de pouvoir faire de
l'investissement chez nous. C'est cela. Et nous disons que si le gouvernement
avait procédé d'une autre façon et si le gouvernement
avait procédé, par exemple, dans cette large étendue de
forêt par des appels d'offres, de soumissions publiques, il aurait pu
aller chercher des capitaux des entreprises intéressées.
Ces entreprises n'auraient peut-être pas eu besoin de demander au
gouvernement les subventions que la grosse compagnie ITT, par l'entremise de sa
filiale, demande au gouvernement du Québec.
M. le Président, nous sommes toujours en face du même
problème. Justement, la question qui se pose est la suivante: Qui gagne,
dans cette négociation : ITT ou les Québécois? C'est la
question que nous posons cette semaine en tentant de fournir un certain nombre
de données que les communiqués officiels se refusent bien
malicieusement à fournir. Ceci a paru dans le journal
Québec-Presse de la semaine du 4 au 10 juillet.
M. le Président, on dit que le gouvernement est un gouvernement
qui se veut un gouverne-
ment fort mais à l'heure actuelle on peut réellement se
demander si ce gouvernement fort peut cesser de vendre le pays. Nous n'avons
pas, malheureusement, ce gouvernement, tellement qu'un citoyen de la
Côte-Nord disait cette semaine: On a l'impression, ici, que l'affaire de
l'ITT, c'est comme le fer à $0.01 la tonne de Duplessis. Jusqu'à
preuve du contraire, nous sommes d'avis que cet homme a raison.
M. le Président, on fait grand état des retombées
économiques qu'on pourra avoir à la suite de ces investissements,
mais des retombées économiques qui permettront peut-être au
gouvernement de taxer davantage les Québécois pour continuer
à payer les intérêts sur les emprunts étrangers,
comme je l'ai signalé tout à l'heure.
M. le Président, nous avons des richesses immenses au
Québec. Le gouvernement s'est donné des sociétés
comme Rexfor pour être capable de les mettre en valeur, pour être
capable d'assurer son développement, de faire une certaine planification
et le gouvernement, aujourd'hui, au lieu de procéder pour mettre ces
immenses richesses à la disposition des entreprises
québécoises existantes, au lieu de permettre la formation de
nouvelles entreprises québécoises, court se promener à
l'étranger pour demander de gros investissements et pour être
capable d'avoir ces investissements, le gouvernement fait adopter des sommes
à la Législature. On taxe les citoyens du Québec pour
permettre de fournir des capitaux et des subventions pour permettre aux
étrangers de venir exploiter nos ressources.
Or, M. le Président, c'est toujours le même problème
qui se pose. Il se posera tant et aussi longtemps que le gouvernement
continuera à marcher à quatre pattes, tant et aussi longtemps que
le gouvernement n'aura pas de politique financière, tant et aussi
longtemps que le gouvernement n'aura pas de véritable politique
économique, tant et aussi longtemps que le gouvernement n'aura pas
organisé une saine planification en vue de développer le
Québec au profit des Québécois.
M. le Président, qu'offre cette compagnie subventionnée
par Rexfor au Québec? Est-ce elle qui coupera le bois? Est-ce elle qui
travaillera à l'usine? Est-ce même elle qui construira les usines?
Qui fournit cette forêt, M. le Président? Qui fournit cette
forêt à cette compagnie, sinon le gouvernement du
Québec?
M. GARNEAU: Le bon Dieu!
M. ROY (Beauce): Qui fournit le montant initial, M. le Président?
Encore le gouvernement du Québec. Qui fournira les capitaux,
tantôt? Ce seront nos banques, nos institutions financières et les
épargnes de nos québécois qui fourniront les capitaux.
M. le Président, c'est un gouvernement de servitude que nous
avons parce que justement, tout ce que nous pourrions faire avec nos
possibilités, le gouvernement le fait faire par des étrangers qui
fourniront tout simplement le système de comptabilité mais qui
mettront tous les profits dans leurs poches pour pouvoir assécher le
gouvernement et l'obliger d'aller encore faire des emprunts à
l'étranger pour être en mesure de se financer et de payer les
intérêts de la dette, parce que la dette, il ne la paie
jamais.
M. le Président, quand le gouvernement du Québec se
décidera-t-il à définir une vraie politique de
développement des richesses naturelles au Québec? Pas à
n'importe quel prix mais au profit des Québécois et au profit des
entreprises québécoises.
Depuis que nous avons été élus en cette Chambre, M.
le Président, nous l'avons réclamé à maintes
reprises. A l'heure actuelle, on refuse l'accès aux concessions
forestières du Québec à quantité d'entreprises chez
nous. C'est un fait connu et admis de tout le monde que l'on se promène
à l'étranger et que l'on taxe les Québécois pour
fournir des capitaux et inviter les étrangers à venir
développer ces mêmes ressources chez nous, alors que nos
entreprises ne peuvent même pas y avoir accès. C'est ça la
logique du gouvernement!
Nous avons des ressources naturelles immenses. Nous avons des ressources
humaines en abondance. D'ailleurs, le problème est un problème de
chômage. Le premier ministre est pris de panique et il est prêt
à n'importe quelle concession en vue de la création
d'emplois.
Nous avons des richesses matérielles et scientifiques, mais, plus
on essaie de les développer chez nous, plus on s'appauvrit. Que se
passe-t-il? Nous nous demandons si, à l'heure actuelle, notre richesse
n'est pas justement la cause de notre pauvreté. Nous sommes en face de
ça et je pense que le gouvernement devrait se pencher
sérieusement sur cette question. Le gouvernement a assez de
fonctionnaires compétents au ministère des Terres et
Forêts, des hommes de grande valeur il peut en engager d'autres
pour être capable d'élaborer des vraies politiques et
d'organiser une politique vraiment québécoise pour favoriser le
développement des entreprises de chez nous. C'est ce que nous
réclamons.
Quand on permet aux entreprises de chez nous de se développer,
quand on permet la formation d'entreprises de chez nous, il est évident
qu'à ce moment-là nous avons des centres de décision chez
nous. Si nous avons les centres de décisions chez nous, nous sommes
capables de faire une planification en vue de développer davantage nos
entreprises, de leur permettre de prendre de l'expansion et de progresser pour
devenir de grosses entreprises. Prenez des pays comme le Japon et l'Allemagne,
entièrement détruits après la guerre. Aujourd'hui nous en
sommes rendus à aller dans ces pays, qui ont pourtant perdu la guerre
alors que nous l'avons gagnée, pour les inviter à venir investir
chez nous afin que nous puissions avoir quelques profits pour payer les
intérêts des
montants que nous avons empruntés pour aller les battre durant la
guerre de 1939-1945. C'est aussi ridicule que ça, la politique
financière du gouvernement québécois! Je regrette,
ça ne fera peut-être pas l'affaire du gouvernement, mais tant
mieux si ça ne fait pas son affaire; ça lui donnera l'occasion de
réfléchir. Alors, nous ne pouvons accepter ce projet de loi parce
que le gouvernement ne sait pas où il va: $25 millions, pas de
prospectus, rien. On vient à bout de découvrir, parce que
justement on a accumulé une certaine documentation, qu'il y a $19
millions qui servent à financer une entreprise qui, comme je le disais
tout à l'heure, peut acheter le gouvernement cinq fois.
Alors, nous sommes en face de ça. Nous sommes pour le
développement économique du Québec. Nous sommes pour qu'il
y ait des investissements au Québec, mais, comme je le disais tout
à l'heure, pas à n'importe quel prix. Nous croyons avoir chez
nous le potentiel voulu pour mettre notre main-d'oeuvre au travail, mais nous
sommes rendus à taxer les travailleurs pour subventionner les
entreprises afin qu'elles leur donnent du travail. C'est la logique du
gouvernement. S'il continue dans ce sens-là, dans cinq ans, au rythme
où vont les choses à l'heure actuelle, toutes nos ressources
financières seront entre les mains d'entreprises capitalistes
internationales ou multinationales. Le gouvernement essaiera alors de sauver la
face auprès d'une certaine partie de la population en faisant de beaux
discours pour sauver la culture et la langue, alors que notre économie
sera entre les mains de toutes les entreprises étrangères.
M. le Président, nous sommes bien d'accord qu'il faut
développer cette région, nous sommes bien d'accord qu'il faut
mettre en valeur nos richesses naturelles, que nous devons donner du travail
à notre population, mais de là à payer pour travailler, M.
le Président, je pense qu'il y a une limite, une nuance assez importante
à apporter.
M. le Président, n'en déplaise à nos
collègues de cette Chambre, les ministériels, nous ne pourrons
accepter ce projet de loi parce que justement il manque de précision. Le
gouvernement n'a pas de politique économique, n'a pas de politique
financière, n'a pas de politique de développement des richesses
naturelles. Alors, tant et aussi longtemps que le gouvernement administrera de
cette façon, nous allons protester et nous allons faire comme je viens
de le dire, nous ne pouvons accepter ce projet de loi en deuxième
lecture. C'est pourquoi nous allons voter contre.
M. LE PRESIDENT (Brown): Le député de Saguenay.
M. SAINT-PIERRE: C'est le même discours que vous avez lu la
semaine dernière.
UNE VOIX: Cela vous prend du temps à comprendre.
M, SAINT-PIERRE: Ah bien ceux-là on ne comprendra pas
j'espère.
M. SAMSON: On va vous le répéter demain et vous n'aurez
pas encore compris.
M. SAINT-PIERRE : Sans cela ça va nous prendre des prêts
sans intérêt.
M. BROCHU: C'est peut-être parce qu'on a le même
problème que la semaine dernière.
M. SAMSON: Ils sont comme les hiboux, ils comprennent la nuit.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. Lucien Lessard
M. LESSARD: M. le Président, quand je vois aujourd'hui les
députés libéraux amender la charte qui concerne la
Société de récupération et d'exploitation
forestières, j'ai un peu l'intention de retourner au débat de
1969.
M. CADIEUX: Ah non!
M. LESSARD: Je n'y retournerai pas, M. le Président. En 1969,
nous avons vu ces mêmes députés libéraux s'opposer
d'une façon assez forte au projet de loi qu'ils amendent
aujourd'hui.
M. le Président, la Société de
récupération et d'exploitation forestières, si on veut en
faire une société forte, peut être chez nous une
société puissante qui pourra, comme on soulignait tout à
l'heure, être créatrice d'emplois.
M. le Président, essentiellement, il y a trois choses dans ce
projet de loi; il y a d'abord le fait qu'on modifie la charte de la
société québécoise en vue de lui donner plus de
pouvoirs. Essentiellement, en 1969, la société d'exploitation
forestière a été fondée à la suite de la
société de récupération forestière pour
pouvoir récupérer le bois en perdition. Cette
société faisait suite à une autre société
qui avait été formé en 1962, soit l'office de
récupération forestière des bassins de la rivière
Manicouagan-Outardes.
Or, M. le Président, aujourd'hui, nous sommes à peu
près dans les mêmes conditions qu'en 1962, lorsque nous avons
fondé l'office de récupération du bois de la Manicouagan.
Notre société, la société d'exploitation
forestière, peut continuer à faire le travail qui a
été fait alors par l'office de récupération
forestière du Québec. Mais, M. le Président, ce
gouvernement, qui en 1962 avait fondé l'office de
récupération, veut aujourd'hui donner plus de pouvoirs à
Rexfor.
Il veut lui enlever la cause, la raison même de sa formation,
c'est-à-dire pouvoir récupérer le bois en perdition. C'est
actuellement le cas qui se présente lorsque nous voulons exploiter la
région de la baie James. Nous aurons l'occasion,
au cours de la discussion du projet de loi no 50, de discuter de ce que
l'on enlève à la société Rexfor. Je voudrais que le
ministre, aujourd'hui, réalise véritablement qu'il a, dans la
Société d'exploitation forestière, tous les instruments
nécessaires pour pouvoir faire la récupération du bois
dans la région de la baie James. Essentiellement, cette
société a été formée dans ce but et on lui
enlève actuellement, tout en lui donnant d'autres pouvoirs, sa raison
d'être en donnant à une autre société, en donnant
à une régie d'Etat le pouvoir qui appartenait à la
Société d'exploitation forestière du Québec. C'est
là, je crois, l'illogisme du gouvernement, c'est là une preuve
que le gouvernement n'a pas du tout de politique économique. Je
souscris...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'invoque le règlement.
Le député sait bien qu'à ce stade-ci il ne peut parler sur
le bill 50. S'il considère qu'il y a une situation illogique dans le
gouvernement, il n'aura qu'à le faire valoir durant l'étude du
bill 50. Le point qui nous intéresse est le bill à l'étude
et il a simplement à dire si oui ou non il est pour ce projet de
loi.
M. LESSARD: M. le Président, sur l'appel au règlement, je
demande au ministre de vérifier l'article 285, onzièmement, qui
dit qu'il est défendu à un député "de se
référer à une affaire renvoyée à un
comité, inscrite...
M. SAINT-PIERRE: Oh!
M. LESSARD: M. le Président, que le ministre écoute et on
va lui apprendre ce qu'est le règlement.
M. SAINT-PIERRE: Oui, c'est la procédure.
M. LESSARD: ... au feuilleton ou annoncée dans le feuilleton,
à moins que cette affaire et celle qui est en discussion ne soient
fondées sur le même principe. Or, M. le Président la
Société d'exploitation forestière a pour but
essentiellement, dans la loi qui a été adoptée en 1969, de
pouvoir récupérer le bois en perdition, c'est-à-dire de
pouvoir récupérer le bois qui pourrait être perdu par suite
de l'inondation de vastes territoires.
Il s'agit essentiellement ici d'un principe qui touche au projet de loi
no 50 que nous aurons l'occasion, d'ailleurs, de discuter. Je n'ai pas
l'intention de m'étendre longuement sur cette argumentation, mais je
veux faire remarquer au ministre qu'il est en train même s'il
accorde plus de pouvoirs à la Société forestière
actuellement de participer à enlever à la
Société d'exploitation forestière l'un des buts premiers
pour lequel elle avait été créée. Lorsqu'on avait
créé l'Office de récupération forestière, on
l'avait créé pour une période de temps
déterminé, pour une période de temps limité.
En 1969, comme ce temps se terminait on a décidé, le
gouvernement de l'Union Nationale d'alors, le ministre a décidé
de fermer la société Rexfor qui avait essentiellement les
mêmes buts que la Société de récupération
forestière et qui devait tout simplement continuer le travail de cette
société.
D'accord, cette société avait d'autres pouvoirs aussi que
n'avait pas la Société d'exploitation forestière. Mais
l'un des buts premiers pour lequel elle avait été formée,
c'était essentiellement de pouvoir récupérer le bois qui
était inondé par suite de la construction de barrages.
Actuellement, même si on donne un nouveau pouvoir, si on agrandit les
pouvoirs de la société, on est en train de lui enlever dans un
projet de loi inscrit au feuilleton, le principe essentiel pour lequel elle a
été créée.
M. le Président, un autre pouvoir de la Société
d'exploitation forestière était de pouvoir approvisionner
certaines compagnies forestières. On sait, par exemple, qu'à
cause de concessions forestières absolument inimaginables,
c'est-à-dire de concessions forestières qui ont été
simplement données à des entreprises sans aucune planification,
sans aucun plan... Par exemple, dans la région de l'ouest du
Québec, toutes les concessions forestières ont été
concédées à des compagnies privées de telle
façon qu'actuellement une compagnie qui désirerait
s'établir dans cette région ne pourrait pas le faire parce qu'il
n'y a plus de concessions forestières actuellement libres. L'ensemble de
ces concessions forestières sont accordées à des
compagnies privées. Nous l'avons vu, d'ailleurs, lorsque nous avons
vécu les problèmes de Sogefor qui était obligée
d'aller tout simplement couper son bois dans des concessions forestières
qui appartenaient à d'autres entreprises et le gouvernement n'a
même pas eu le courage d'accorder à Sogefor la possibilité
d'alimentation de bois.
Nous avons là un problème fondamental, c'est-à-dire
que certaines scieries, certaines compagnies ne sont pas capables de trouver le
bois nécessaire à leur production par suite du fait que les
concessions forestières ont été concédées
tout simplement sans tenir compte des besoins véritables du
Québec.
Nous reviendrons tout à l'heure et j'aurai l'occasion
certainement de souscrire en grande partie aux propos que tenait tout à
l'heure le député de Beauce. Cela devient un danger. L'entente
entre le Québec et Rayonier, on vient de le constater, devient un danger
que la société Rexfor devienne tout simplement un officine du
gouvernement pour pouvoir subventionner indirectement des compagnies
privées et surtout de grosses compagnies privées. Subventionner,
soit en vendant le bois à un prix inférieur ou même en le
vendant au prix coûtant. Nous aurons d'ailleurs l'occasion de revenir sur
ce point tout à l'heure.
L'autre principe du bill, et contre lequel nous n'avons rien, c'est de
pouvoir accorder à la Société d'exploitation
forestière la possibilité de pouvoir utiliser le bois rendu
à maturité.
Mais, encore là, nous avons tenté de connaître
quelle était la politique du ministère des Terres et Forêts
vis-à-vis de l'exploitation forestière. C'est bien beau de dire:
On va couper du bois, c'est bien beau de dire: On va exploiter le bois qui est
rendu à maturité, mais à quelle place va-t-on vendre, ce
bois-là? Nous avons tenté de savoir si le gouvernement avait
véritablement une politique pour régler ou tenter de trouver des
solutions aux problèmes que rencontrent actuellement les
sociétés de pâtes et papier du Québec.
On voyait, encore dernièrement, qu'on s'attendait, au cours de
l'année 1971, à la fermeture de quantité d'usines et qu'un
nombre assez considérable d'emplois devaient disparaître dans les
sociétés de pâtes et papier. Il faut que le gouvernement
ce sera le même cas lorsque nous aurons l'occasion de discuter du
projet de la baie James puisse nous dire comment il va le vendre, ce
bois-là. Je comprends que l'article 19 de la société
d'exploitation...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je m'excuse. Je pense qu'on
fait preuve de beaucoup de tolérance, mais j'invoque le règlement
en vertu de l'article 556. Le projet de loi que nous avons ce soir à
discuter précise deux principes qu'on retrouve dans les notes
explicatives. Il s'agit de donner à une société, Rexfor,
un accroissement de ses pouvoirs et de son mandat. Cela n'a rien à voir
avec les politiques du gouvernement en matière de terres et
forêts. Toutes les analogies que le député de Saguenay
soulève vis-à-vis des projets particuliers ne me semblent
nullement reliées aux pouvoirs qu'on demande d'accorder à la
société Rexfor. Tout au contraire, le projet de loi vise, comme
semble le souhaiter le député, à accorder à cette
société de l'Etat québécois, à cette
société qui a été créée par le
gouvernement ici, des pouvoirs additionnels en matière de
récupération et d'exploitation des agglomérations
forestières. Il lui concède des droits additionnels. Je pense que
tenter de relier ça à des projets concrets, à des projets
précis aurait dû faire l'objet de discussions lors de
l'étude des crédits du ministère des Terres et
Forêts.
M. LAURIN: Sur le point d'ordre. La réponse du ministre des
Terres et Forêts nous a bien fait voir, tout à l'heure, que
c'était donner des pouvoirs additionnels à Rexfor pour qu'elle
vende son produit à une seule compagnie. Ce que tente de
démontrer le député de Saguenay, c'est
précisément que le problème de la
récupération et de la coupe du bois doit être conçu
dans une optique beaucoup plus globale. Je pense, à ce moment-là,
qu'il a parfaitement le droit de situer ce problème particulier à
l'intérieur du contexte général de la politique de
récupération et de vente du bois.
M. SAMSON: M. le Président, sur le point d'ordre...
M. LESSARD: M. le Président, ce n'est pas un point particulier
que je soulève.
M. SAINT-PIERRE: Non, ne vous fâchez pas; je vous laisse
parler.
M. LESSARD: D'accord, vous avez eu l'occasion de faire valoir votre
point de règlement. Alors, il ne s'agit pas du tout d'un point
particulier. C'est inscrit dans le projet de loi le principe de pouvoir
accorder à la société d'exploitation forestière le
droit d'utiliser le bois rendu à maturité. Je dis que nous sommes
d'accord avec ça. Nous sommes d'accord, d'ailleurs, en grande partie
avec le projet de loi qui nous est soumis ce soir, après des
explications. Nous le verrons tout à l'heure. Mais je dis que tout
ça, l'exploitation et la récupération du bois rendu
à maturité, exige que le gouvernement nous présente
certaines politiques.
Actuellement nous vivons dans l'industrie des pâtes et papier du
Québec une situation absolument désastreuse. On sait, par
exemple, que les entreprises fonctionnent à peu près à 80
p.c. Or, si la société Rexfor commence à
récupérer le bois nous sommes parfaitement d'accord avec
cela qui est rendu à maturité, il faut quand même
que le gouvernement puisse nous dire ce qu'il va faire avec ce bois, à
quelle place il va vendre ce bois. La même chose lorsque nous parlerons,
par exemple, lors du projet de loi no 50, de l'utilisation du bois de la baie
James. C'est bien beau comme cela de lancer de grands ballons. Il faut quand
même justifier ce qu'on propose, justifier les décisions du
gouvernement.
Alors, c'est un problème que nous avons.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: J'étais sur le point d'ordre, M. le Président.
Si vous avez une décision à prendre, allez-y.
M. SAMSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay mais plus
près du principe de la loi.
M. SAMSON: M. le Président, sur le point d'ordre. Je pense que
nous pouvons ne pas être d'accord sur les propos du député
de Saguenay, mais en vertu de l'article 556 qu'a invoqué le ministre de
l'Education, je pense que le député de Saguenay a quand
même le droit de tenir ces propos.
En vertu de cet article: "Le débat sur toute motion de
deuxième lecture doit être restreint à la portée,
à l'à-propos, aux principes fondamentaux et à la valeur
intrinsèque du bill pris dans son ensemble ou à toute autre
méthode d'atteindre les fins du bill." C'est là-dedans que le
député de Saguenay se situe présentement. M. le
Président, je conviens que nous avons le droit de ne pas être
d'accord sur les propos qu'il
tient. Quand même, il a le droit de les tenir. C'est son droit, et
même s'il nous arrive de ne pas être d'accord avec les membres du
Parti québécois, ils ont des droits comme tous les autres
députés en cette Chambre. A notre avis, le député
de Saguenay est parfaitement dans l'ordre et peut continuer dans le sens de ses
propos.
M. LE PRESIDENT: The latitude that the deputy did take at the first of
his speach, I am all for it. But I think, finally, you will have to get around
to speaking specifically about the sense of the law. J'aimerais mieux que vous
soyez plus près du principe de la loi.
M. LESSARD: M. le Président, je crois que lorsque je parle de la
récupération du bois qui est rendu à maturité, je
suis directement à l'intérieur du projet de loi parce que cela
concerne le deuxième principe du projet de loi.
M. le Président, un autre principe qui est reconnu à
l'intérieur de ce projet de loi, c'est de pouvoir donner à la
Société d'exploitation forestière la possibilité de
faire des travaux de valorisation forestière. Nous avons d'ailleurs eu,
l'occasion de discuter de cette nécessité au niveau des
crédits du ministère des Terres et Forêts et nous savons
qu'il y a eu, à l'intérieur du ministère des Terre et
Forêts, des études très précises, très
explicites, entre autres une expérience qui a été tenue
à Sainte-Lucie-de-Beauregard dans le comté de Montmagny. Ces
études ont prouvé, contrairement à ce que nous pensions
dans le passé, qu'il était maintenant rentable de faire de la
sylviculture au Québec. Cela devient d'autant plus nécessaire
pour le Québec qu'à cause de notre climat nous avons une
production à l'acre inférieure, par exemple, à des
régions comme les Etats-Unis ou la Colombie-Britannique.
Il était donc très important nous sommes
complètement d'accord sur ce principe du projet de loi que la
société d'exploitation forestière se dirige dans cette
étape extrêmement importante au Québec.
Cependant, M. le Président, on ne réglera pas
essentiellement le problème forestier au Québec par la
sylviculture qui sera faite uniquement par la société
d'exploitation forestière. Encore là, il faudrait établir
une véritable politique de sylviculture qui ne s'appliquerait pas
seulement à la société d'exploitation forestière
mais à l'ensemble des compagnies forestières du Québec.
Cela entrera, justement, dans une tentative de régler les
problèmes économiques des sociétés de pâtes
et papier du Québec.
Nous sommes complètement d'accord sur ce principe du projet de
loi. C'est d'ailleurs une chose qui aurait dû être faite depuis
très longtemps au Québec. On sait qu'on le fait, par exemple,
dans les pays Scandinaves et c'est extrêmement profitable. Nous avons
fait des expériences et nous savons qu'il est devenu extrêmement
important d'appliquer maintenant ces expériences sur une plus grande
échelle, même que c'est devenu rentable de le faire.
Mais encore là, M. le Président, le ministère des
Terres et Forêts n'a pas vraiment commencé sur le bon pied. Nous
avons eu l'occasion de discuter de l'Opération 2,000. Je n'ai pas
l'intention de revenir sur cela. Si l'Opération 2,000 constitue
l'expérience sur laquelle veut se baser la société
d'exploitation forestière pour lancer son projet de sylviculture, j'ai
l'impression qu'on se dirige dans une mauvaise direction.
M. le Président, il est extrêmement important, de ce
côté, qu'une véritable planification s'établisse,
non pas une planification qui soit imposée, comme cela a
été le cas pour l'Opération 2,000, par le gouvernement
fédéral, mais une planification qui soit véritablement
contrôlée par le gouvernement québécois, en ce qui
concerne le choix des étudiants, comme on l'a déploré lors
de la discussion des crédits du ministère, et l'utilisation de
ces étudiants.
Je dis donc, M. le Président, que nous sommes en partie d'accord
sur les deux premiers points du projet de loi en question, soit
d'élargir les pouvoirs de la société d'exploitation
forestière en lui donnant la possibilité d'utiliser le bois qui
est non seulement en perdition mais qui est rendu à maturité.
Je soulignais tout à l'heure, M. le Président, qu'une
partie du projet de loi concernait la somme de $25 millions qui serait
maintenant prêtée par le gouvernement québécois par
l'entremise du ministère des Finances à la société
Rexfor. Là, M. le Président, je souscris en partie aux propos qui
ont été tenus, tout à l'heure, par le député
de Beauce.
M. le Président, lorsque le premier ministre a fait sa
déclaration concernant la société ITT, le mardi 29 juin
1971, il avait, dans un petit paragraphe, parlé un peu du rôle que
devait jouer la société d'exploitation forestière à
l'intérieur de cette entente.
Il disait, entre autres, par exemple: Le gouvernement du Québec
participera à ce projet en investissant $19 millions par
l'intermédiaire de Rexfor donc l'achat d'équipement qui sera
ensuite loué à la compagnie pour une période de 25
ans.
M. le Président, on dit dans cette déclaration "qui sera
loué à la compagnie" et j'espère que le ministre et
c'est ensuite que nous pourrons dire véritablement si nous serons pour
ou contre en troisième lecture pourra nous donner des
explications sur le rôle véritable que devra jouer la
société Rexfor à l'intérieur des ententes qui ont
été négociées avec la société
Rayonier parce que, comme je le soulignais tout à l'heure, dans
l'entente on dit ceci: Le Québec assistera activement Rayonier dans la
réalisation du complexe industriel ci-dessus mentionné en
assurant la participation effective de Rexfor pendant une période de 25
ans sous forme d'avances au total de $19 millions destinés aux besoins
en capital des opérations de coupe et de
traitement du bois à l'usine Rayonier, et on dit ceci: le tout
sujet à un accord ultérieur.
Tout à l'heure, le député de Beauce parlait de
$1.27 la corde qui devait être payé par la société
Rexfor. Or, M. le Président, du moins dans l'entente, je ne lis
absolument rien à ce sujet de telle façon que ça devient
une subvention contrairement peut-être à ce que nous laissait voir
le premier ministre, une subvention directe par l'entremise de Rexfor à
cette société International Telegraph and Telephone.
Alors, le ministre devra nous donner des explications et, de plus, je me
demande même si cet amendement-là n'a pas été tout
simplement imposé par la compagnie parce que déjà quant
à cette demande-là, en vertu du projet de loi de 1969, il me
semble que le ministre des Finances avait tous les pouvoirs, le pouvoir
d'accorder les montants nécessaires à la Société
d'exploitation forestière pour lui permettre d'approvisionner, s'il y a
lieu, certaines compagnies pour lui permettre de pouvoir acheter de la
machinerie et des biens-capitaux. Avec tous ces pouvoirs, pourquoi maintenant,
et c'est là qu'on fait le parallèle entre l'entente qui a
été signée, appor-te-t-on cet amendement très
précis au projet de loi?
M. le Président, je m'aperçois que je parle
essentiellement sur un article du projet de loi, sur ce, le ministre devra nous
donner certaines explications très précises. On se demande
vraiment, contrairement aux pouvoirs et aux objectifs qui ont motivé la
création de Rexfor, si notre gouvernement québécois ne
s'en sert pas ou n'a pas l'intention dans le futur de s'en servir pour
camoufler tout simplement des subventions indirectes à des
sociétés telles que Rayonier ou à d'autres
sociétés. Le gouvernement du Québec n'aurait pu autrement
accorder une aide de $19 millions à la compagnie. Et quand on compare
l'entente signée dernièrement, par exemple, à l'entente
signée en 1948, je crois, entre M. Duplessis et Iron Ore, encore
là, ça me paraît peut-être pire parce que lorsque M.
Duplessis a signé ces ententes il n'accordait pas une subvention de $64
millions, soit $19 millions du côté du gouvernement
québécois et $21 millions du gouvernement
fédéral.
Au contraire, cette société devait investir $300 millions
sans aucune possibilité de profits, du moins pour les premières
années, sans subvention de l'un ou l'autre des gouvernements. Alors, on
peut se demander si cette entente n'est pas pire que celle qui a
été faite du temps de M. Maurice Duplessis.
Il semble que les choses se passeront de la façon suivante.
Rexfor se porterait acquéreur de l'équipement requis pour
l'exploitation forestière c'est ce que permet actuellement le
projet de loi équipement qui représenterait une somme de
$19 millions. Puis Rexfor louerait cet équipement à Rayonier
Quebec Limited, et à quel prix? L'entente nous dit que les accords ne
sont pas conclus. On parle de $1.27 la corde; si c'est le cas, c'est vraiment
un marché de dupe, M. le Président. C'est vraiment placer la
Société d'exploitation forestière dans une situation
où elle serait tout simplement déficitaire continuellement. Etant
donné que c'est un prêt qu'on accorde à la
Société d'exploitation forestière, il faudra, même
si on ne précise pas le laps de temps, que tôt ou tard la
Société d'exploitation forestière rembourse le
gouvernement.
Il n'est pas précisé d'ailleurs à quel taux
d'intérêt cet argent-là est prêté. Alors, il y
a des réponses que le ministre devra nous donner à ce
sujet-là et qui sont extrêmement importantes. Mais, encore
là, on sait que la machinerie dure à peu près 10 ans.
Après 25 ans, M. le Président, ou même après 10 ans,
qui va remplacer la machinerie? Cela ne sera certainement pas la
société Rayonier, ça va être encore la
société Rexfor qui sera obligée de remplacer cette
machinerie-là.
Alors ça devient des subventions qui sont passablement fortes, et
c'est probablement même plus fort que la somme de $19 millions en
réalité, parce qu'il arrivera que la compagnie Rexfor ne pourra
pas rembourser parce qu'elle ne fera pas de profit, sur ses opérations
dans cette société-là. Je n'ai pas l'intention, M. le
Président, de reprendre toute la discussion qu'a soulevée tout
à l'heure le député de Beauce, mais je me pose certaines
questions. On a actuellement des instruments en main, on s'est formé des
instruments et on est en train tout simplement de leur enlever les pouvoirs.
Ou, du moins, si on leur donne les pouvoirs, on ne leur permet pas de les
appliquer. C'est le cas, par exemple, pour l'exploitation de la baie James et
ça va peut-être être le cas pour la Société
d'exploitation forestière en ce qui concerne ITT. On nous a dit, M. le
Président, et l'entente prévoit ça, qu'on ne donne pas des
concessions forestières, c'est de la forêt domaniale, mais
cependant des parties de territoire sont réservées pour 40 ans
avec renouvellement possible de 20 ans à deux reprises. Alors ce ne sont
plus des concessions de territoire, c'est-à-dire je ne sais pas comment
le ministre appelle ça des concessions de territoire. Même si
ça devient de la forêt domaniale, étant donné que
cette forêt est concédée pour une période de 40 ans
et même de 80 ans, c'est aussi bien de dire que lorsqu'une compagnie
voudra aller s'établir dans la région de la Côte-Nord
parce qu'il est dit dans l'entente que cette compagnie-là devra
obtenir l'autorisation de Rayonier lorsqu'une compagnie voudra s'établir
dans la région de la Côte-Nord on se demande, par exemple,
si cette compagnie pourra avoir...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. LESSARD: ... une possibilité d'alimentation.
M. SAINT-PIERRE: Je ne voudrais pas être
désagréable et invoquer de la procédure simplement
pour le plaisir de le faire. Dieu sait que ce soir nous avons perdu beaucoup de
temps avec la procédure, mais je fais remarquer au député
qu'il a expiré son droit de parole, ayant commencé à
parler à 1 h 25.
M. LAURIN: M. le Président, sur le point d'ordre, je ferai
remarquer que le député de Saguenay a commencé à
parler à 1 h 25 exactement et qu'il a été interrompu
à deux reprises sur des points d'ordre. Chaque fois, les discussions sur
les points d'ordre ont duré cinq minutes.
DES VOIX: Oh! Oh!
M. LAURIN: Selon mon compte, il aurait encore droit à dix
minutes, M. le Président, et j'en appelle aux officiers de la
Chambre.
M. LE PRESIDENT (Brown): Je donne au député trois minutes
en plus parce que j'ai eu connaissance...
M. LAURIN: M. le Président, je me permets de vous soumettre
respectueusement d'en appeler aux officiers de la Chambre pour savoir
exactement combien de temps...
M. LEVESQUE: M. le Président, vous avez rendu votre
décision.
M. LAURIN: ... ont duré les représentations.
M. BURNS: M. le Président, il ne s'agit pas d'une
décision. Il s'agit de savoir exactement combien de temps le
député de Saguenay a parlé. S'il a utilisé son
temps de parole, d'accord. Je pense que les officiers de la Chambre peuvent
vérifier exactement la durée.
M. LEVESQUE: M. le Président, je suis informé par les
officiers de la Chambre que le député a commencé à
parler à 1 h 25. Il est présentement 1 h 56 et dans les
circonstances son temps de parole est terminé.
M. BURNS: M. le Président, des points d'ordre ont
été soulevés et je ne crois pas que le
député doive perdre son temps de parole à cause de
cela.
M. LE PRESIDENT: J'ai vu l'heure et j'ai eu connaissance de tout; je
donne trois minutes au député pour finir son discours.
M. LESSARD: D'accord, M. le Président, j'accepte et j'ai
l'intention de terminer mon discours. Je disais qu'essentiellement, même
si nous avons des instruments, nous allons continuellement quêter. Je
comprends que cela crée 1,780 emplois ou à peu près, mais
on va en créer combien à l'extérieur? L'ensemble des
emplois va être surtout créé à l'extérieur
plutôt qu'au Québec. Cela demeure encore dans les ressources
naturelles.
Nous allons continuellement quêter notre développement
économique alors que nous avons certaines sociétés
c'est le cas de Rexfor qui auraient pu justement s'organiser soit en
collaboration avec cette compagnie, peut-être, ou en collaboration avec
la Société générale de financement pour
créer une industrie dans ce genre-là, ce qui nous aurait permis
de lancer un véritable projet parce que, de toute façon, on le
paie, ce projet. Etant donné les questions que je pose je termine
sur cela je pense que le projet entier de cette entente devrait
être déposé en cette Chambre actuellement, j'ai
simplement un résumé le dossier complet du Québec
en ce qui concerne l'entente entre la Société Rayonier et le
gouvernement québécois.
Je termine sur cela. Pour le moment, nous nous posons des questions et
nous croyons que si nous avions véritablement un gouvernement qui ne
serait pas pris par la panique, nous pourrions véritablement
développer nos ressources avec les instruments que nous avons qui nous
permettraient non seulement de transformer nos ressources ou nos
matières premières, par exemple, partiellement, mais de les
transformer chez nous et non pas tout simplement d'importer notre chômage
comme on le fait actuellement. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. LEVESQUE: Le député n'a pas déjà
parlé?
M. Camille Samson
M. SAMSON: Je parle une fois sur chaque bill, pas deux fois. Alors, M.
le Président, un vieux routier de la politique me disait, un jour :
Attention! vers les fins de session, il est parfois possible que le
gouvernement nous amène ce qu'il a appelé, lui, des petits bills
hypocrites.
Ce soir, en regardant le bill no 2, nous nous apercevons
malheureusement, à notre grand étonnement, que ce loustic avait
probablement raison. On nous amène un bill dont le prétexte est
l'exploitation des agglomérations de bois qui sont rendues à
maturité. Parce qu'on veut se pencher sur ce problème des
agglomérations de bois qui sont rendues à maturité, on
nous fait voter, en même temps, sur le même bill, des
crédits pour la société, de l'ordre de $25 millions. Selon
les déclarations mêmes du ministre un peu avant mon intervention,
cette somme de $25 millions permettra d'atteindre des fins en matière
d'exploitation forestière, c'est-à-dire que ces sommes
permettront à des compagnies de bénéficier de l'aide du
gouvernement en ce qui concerne les locations de machinerie pour leur
exploitation. Le ministre a même mentionné que cette machinerie
pourrait
être louée ou prêtée à la compagnie
ITT. C'est bien évident que, si on regarde le bill de prime abord, on
peut se poser des questions, mais on ne voit pas que cela ira
spécifiquement à cette compagnie.
Après étude, on se posait des questions et on a eu la
réponse. Je reconnais l'honnêteté du ministre qui nous a
donné cette réponse. Les fonds de la province qui proviennent des
taxes des contribuables québécois et, parmi ceux-là, nous
savons qu'il y a beaucoup de gagne-petit, seront utilisés pour venir en
aide à une compagnie telle que l'organisation ITT.
Suivant les nouvelles parues pour intéresser cette compagnie
à venir faire de l'exploitation forestière sur la
Côte-Nord, il a fallu que le gouvernement fédéral fasse
certaines concessions, qu'il la subventionne pour la somme de $21 millions,
mais il a fallu aussi une subvention-prêt de $19 millions de la part du
gouvernement du Québec. Cette subvention-prêt de $19 millions
devra, évidemment, être remboursée sur une période
de 25 ans. Où ça devient intéressant, c'est que ces
mêmes sources de renseignement nous disent que, sur une période de
25 ans, ce prêt sera remboursé sans intérêt. On a ri
de ça passablement, on en a ri souvent et, pourtant, le gouvernement du
Québec l'applique. Ce n'est pas pour des organisations
québécoises évidemment; c'est pour des compagnies
étrangères. Four les étrangers, nous sommes au
Québec assez recevant; nous voulons développer notre industrie
touristique et nous sommes prêts à faire des prêts sans
intérêt à tous ceux qui veulent traverser nos
frontières pour venir chez nous. Je me demande même si on ne s'est
pas servi des derniers dépliants touristiques pour attirer cette
compagnie-là.
Dans le bill, on nous demande $25 millions. D'une part on nous dit qu'au
besoin le ministre des Finances pourra prêter à Rexfor de l'argent
avec intérêt, alors qu'on se tourne de côté et qu'on
prête sans intérêt. Cela, c'est fort; c'est dans le vrai
fort ! Cette compagnie qui se verra donc attribuer les gratifications du
Québec. Là où ça devient intéressant, c'est
qu'on mettra à sa disposition 52,000 milles carrés de territoire.
C'est un vaste territoire. Evidemment, on permettra aussi à cette
compagnie de faire la coupe du bois pour laquelle elle devra payer la somme de
$0.50 la corde comme droit de coupe. Comparativement à Kruger qui paie
$3 la corde et qui devra payer $3.50 avant longtemps, c'est six fois moins que
ce que nous exigeons d'une compagnie qui était déjà sur
notre territoire.
M. LEVESQUE: Ce n'est pas le même territoire.
M. SAINT-PIERRE: C'est comme les peintures, ça se vend au pouce
carré.
M. SAMSON : Quand même, la "pitoune" du nord-ouest de la
"pitoune"du sud ou la "pitoune" de la Côte-Nord, c'est de la "pitoune"
pareil!
M. LEVESQUE: Non, le député le sait. M. SAMSON: C'est la
même chose.
M. LEVESQUE: Le député le sait. Il n'y a pas la même
densité dans la forêt, il n'y a pas les mêmes conditions. Le
député devrait le savoir.
M.SAMSON: Le leader du gouvernement me parlera de densité de
forêt. Je comprends qu'il fait des efforts, M. le Président, je le
reconnais d'ailleurs.
M. PILOTE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Je crois que le député du Lac-Saint-Jean,
avec la permission du député de Rouyn-Noranda, aurait une
question.
M. SAMSON: Ah, je m'excuse; je ne l'avais pas vu.
M. PILOTE: M. le Président, je me demande si le
député a fait le tour de la région et de la
Côte-Nord pour parler ainsi. Les deux terrains forestiers sont
complètement différents, et sur la Côte-Nord et dans le
bout de Chibougamau-Abitibi. Alors, c'est pour cela qu'il y a une
différence dans le droit de coupe.
M. SAMSON: M. le Président, ce n'est pas une question; c'est une
affirmation, ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. SAMSON: S'il veut parler, il parlera tantôt.
M. LE PRESIDENT: La question est refusée.
M. SAMSON: Oui, oui. ... faire cette affirmation.
M. LEVESQUE: Oui.
M. SAMSON: Qu'il la prenne à son compte, M. le Président.
A ce moment-là...
UNE VOIX: C'est refusé.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAMSON: ... je serais entièrement d'accord.
M. LEVESQUE: C'est refusé mais il avait raison.
M. SAMSON: Ou le président est plus compréhensif que vous,
même à ces heures tardives.
Alors, quand même, ce qui est intéressant de savoir, c'est
que sur une période de 40 ans, on a octroyé un contrat pour une
période de 40 ans,
à raison de $5 millions par année de rabais de coupe,
comparativement aux autres. C'est une question de $200 millions. En plus de la
gratification de $19 millions de prêts sans intérêt sur une
période de 25 ans, en plus d'autres gratifications qui n'apparaissent
pas officiellement, probablement je dis probablement, parce que nous
n'avons pas accès au dossier secret de la transaction ...
M. BURNS: Une question de règlement, M. le Président.
Est-ce que nous avons quorum actuellement?
DES VOIX: Oui.
M. BURNS: M. le Président, je vous demanderais de vérifier
si nous avons quorum.
M. LE PRESIDENT: Oui, je vais vérifier immédiatement.
L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je disais donc qu'on est prêt
pour des compagnies, comme la ITT, à offrir tout et c'est malheureux.
Cela nous fait penser à certaines transactions faites dans le
passé; dans le domaine forestier. On a des transactions qui ressemblent
drôlement aux transactions du minerai de fer d'il y a plusieurs
années. On a dit souvent qu'on avait presque donné nos ressources
naturelles, notre minerai de fer aux étrangers à l'époque
de M. Duplessis. Mais, ceux qui ont dit cela, à ce moment-là,
pourraient aussi dire que s'il y a eu don, ou presque don, à ce
moment-là, ce fut un don qui a été, par contrat,
renouvelé de bonne main par l'honorable René Lévesque du
temps qui est aujourd'hui chef du Parti québécois.
Or, M. le Président, quels que soient ceux qui ont fait ces
contrats, ou renouvelé ces contrats, un fait demeure, c'est qu'aussi
bien dans ce domaine de notre minerai de fer que dans le domaine forestier, si
on continue à donner nos ressources naturelles...
M. LEVESQUE: M. le Président, est-ce que le député
est actuellement dans l'ordre? Est-ce qu'il parle sur le principe du bill?
C'est une question tout simplement. Je m'interroge.
M. LE PRESIDENT: Je comprends la collaboration que le
député de Rouyn-Noranda entend offrir à ses
collègues, mais je le prie de revenir au principe du bill.
M. SAMSON: Oui, M. le Président. Je m'étais permis de
faire un parallèle pour faire mieux comprendre mes collègues d'en
face. J'espère que ce parallèle leur a permis de comprendre ce
que nous voulons dire. Mais je reviens au principe du bill. Le principe de ce
bill, selon nous, c'est de voter des millions de dollars qui vont servir
à aider une compagnie. Je suis sur le principe du bill, M. le
Président. C'est le ministre lui-même qui l'a dit tantôt que
ces millions serviront à une compagnie qui viendra exploiter chez
nous.
M. DRUMMOND: Une précision. Je n'ai jamais dit que cela irait
à la compagnie, M. le Président.
M. SAMSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Une question de règlement. L'honorable ministre
des Terres et Forêts.
M. SAMSON: Ce n'est pas une question de règlement, M. le
Président.
DES VOIX: Oui.
M. SAMSON: Il n'a pas posé une question de règlement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: Merci, M. le Président. C'est tout simplement ce que
nous voulions dire, que cela servira à des compagnies. C'est ce que nous
soupçonnons. Même si le ministre dit qu'il n'a pas
déclaré cela, nous soupçonnons que cela servira à
ça. Nous avons le droit de le soupçonner de faire cela, M. le
Président. A ce moment-là, cela veut dire que ces compagnies nous
prêtent leur nom et se servent du Québec. Ce n'est pas
acceptable.
M. LEVESQUE: M. le Président, il faut prendre la parole du
ministre.
M. SAMSON: Elles se servent du Québec pour se financer à
même le gouvernement, à même les taxes.
M. PILOTE: Pour donner du travail, M. le Président.
M. SAMSON : Pour donner du travail à ceux qui en ont besoin, on
taxe ceux qui travaillent présentement.
M. ROY (Beauce): On paie pour travailler.
M. SAMSON: Justement comme le dit le député de Beauce, en
vertu du principe que vous êtes en train d'émettre, on paie pour
travailler; c'est tout simplement cela, alors que le travail devrait apporter
un revenu, sans être obligé de taxer les autres.
Maintenant, M. le Président, le principe du bill...
M. LEVESQUE: Bon!
M. SAMSON: Le principe et le prétexte du
bill est de récupérer le bois qui est rendu à
maturité.
UNE VOIX: C'est excellent.
M. SAMSON: C'est excellent, oui. Pourquoi ne l'avez-vous pas
appliqué pour les cultivateurs qui ont des milliers de cordes de bois
qui sont en train de pourrir? Ce n'est pas du bois à maturité,
cela? Pourquoi ne l'avez-vous pas fait à ce moment-là? C'est
excellent pour les grosses compagnies, oui, mais pour les cultivateurs de chez
nous, cela ne marche pas.
M. MARCHAND: Chose certaine, la maturité, ce n'est pas le
Ralliement créditiste!
M. SAMSON: Ce n'est pas excellent, à ce moment-là. Ecoutez
un peu: A quel moment allez-vous revenir les deux pieds sur la terre et penser
aux Québécois d'abord avant de penser aux étrangers?
C'est pour ces multiples raisons, M. le Président, que nous
voterons contre ce bill. Malheureusement, il est impossible de voter
favorablement à un tel bill alors que nous savons que les deniers des
Québécois serviront encore une fois et une fois de plus à
enrichir les étrangers.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, ce qui nous apparaît scandaleux
dans ce projet de loi...
M. LEVESQUE: Pas trop fort!
UNE VOIX: Cela commençait à bien aller!
M. PAUL: Cela va être dur!
M. BURNS: A l'ordre, M. le Président!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LAURIN: ... c'est qu'on nous présente sous les traits, sous le
déguisement d'une loi générale ce qui n'est au fond qu'une
loi d'exception. Jamais nous n'aurions eu à discuter de ce projet de la
loi s'il n'y avait pas eu, il y a quelque temps, une entente entre le
gouvernement et une société multinationale, entente en vertu de
laquelle le gouvernement consentait des avantages importants à cette
compagnie multinationale pour qu'elle vienne s'installer ici.
C'est précisément parce que cette entente qui a
été négociée sur le plan administratif, sur le plan
exécutif a eu lieu qu'on sent ensuite le besoin, pour
l'entériner, pour la rendre applicable, pour la réaliser, pour
l'actualiser, de ce projet de loi qui, justement, est destiné à
donner une forme légale à une des clauses de l'entente. Jamais,
en effet, nous n'aurions eu un projet de loi destiné à augmenter
les pouvoirs de la société de récupération
forestière si auparavant le gouvernement n'avait pas engagé
l'avenir même de cette société de
récupération forestière en vertu d'une opération
destinée à aider cette société multinationale qui
vient s'installer chez nous
En réalité, ce que l'on veut nous faire avaler
aujourd'hui, M. le Président, c'est une sorte de subvention
déguisée à cette société. On a besoin, pour
ce faire, de la Société de récupération
forestière et l'on présente un projet de loi destiné
à rendre possible ce "deal", cette entente que l'on a passée avec
cette société.
Les autres orateurs ont déjà fait remarquer que le
gouvernement, au lieu de donner une subvention directe, simple, comme l'a fait
le gouvernement fédéral par son octroi de $21 millions, dont $13
millions pour la construction de routes et $7 millions en subventions directes,
le gouvernement, peut-être pour cacher sa transaction ou peut-être
parce qu'il n'avait pas les liquidités suffisantes a
préféré utiliser un autre moyen. Ce moyen, c'est la
Société de récupération forestière qui, en
vertu du nouveau projet de loi, devra faire deux choses, c'est-à-dire
louer de l'équipement et ensuite couper non plus du bois en perdition
mais du bois à maturité.
Ce sont exactement les deux principes du projet de loi
prétendument général qu'on nous présente
aujourd'hui. C'est la raison qui me fait dire que ce sont de fausses
considérations générales, que les véritables
arguments sont des arguments particuliers qui sont l'objet d'une entente
particulière et qu'ensuite on essaie de camoufler, de cacher cette
transaction sous le déguisement d'une loi générale.
Ce qui nous paraît scandaleux, à part cette hypocrisie
manifeste du gouvernement, c'est également le fait qu'en retour des
avantages que le gouvernement donne à cette société
multinationale par le biais de Rexfor, c'est-à-dire la location de
l'équipement et des droits de coupe qui sont minimes, le gouvernement ne
semble pas avoir pensé retirer des avantages. Ce sont des cadeaux sans
condition pour lesquels on n'a pas prévu de remboursement d'une certaine
façon, car le remboursement dont on a parlé jusqu'ici, comme
l'ont bien fait remarquer les orateurs qui m'ont précédé,
est cousu de fil blanc.
En effet, rembourser le coût de location d'un équipement
quand ce remboursement est étalé sur un aussi grand nombre
d'années, quand on sait l'usure rapide de cet équipement, cela
équivaut à dire que ce ne sera jamais remboursé.
On a parlé aussi d'ententes qui n'apparaissaient pas dans
l'entente qui a été déposée devant la Chambre. Il y
aurait donc d'autres ententes dont les représentants de
l'Assemblée nationale n'ont pas encore pris connaissance. Cela ajoute un
élément troublant de mystère à toutes ces
opérations.
Nous nous serions attendus qu'en retour des avantages singuliers qui
seront apportés ainsi grâce à ce projet de loi à une
compagnie multinationale le gouvernement aurait exigé en contrepartie
d'autres garanties que celles qui ont été exigées, que
celle de ce remboursement. Nous nous serions attendus, par exemple, à ce
que le gouvernement demande en contrepartie une participation au
capital-actions de la compagnie, c'est-à-dire que ce remboursement de la
location, au lieu de prendre la forme qu'on a mentionnée jusqu'ici,
aurait pris plutôt la forme d'une participation au capital-actions de la
compagnie qui aurait permis quand même cette fois au gouvernement
d'être présent aux opérations de la compagnie, d'être
informé d'une façon beaucoup plus constante de ses projets
d'expansion, par exemple.
Nous nous serions attendus à ce que, en contrepartie, le
gouvernement aurait exigé quelque chose de beaucoup plus important qu'un
remboursement en argent, mais au contraire l'érection, la construction
d'une usine de transformation de ce bois, si simple soit-elle, si petite
soit-elle, au lieu simplement de consentir à ce que l'usine de
transformation de la pâte en rayonne se fasse exclusivement à
l'étranger, là où elle pourra produire des emplois
stables, permanents, bien rémunérés qui sont l'apanage de
ces usines de transformation.
Mais nous ne voyons aucun de ces avantages, M. le Président, ni
dans l'entente dont on nous a parlé, ni en filigrane dans le projet
qu'on veut nous présenter. C'est la raison pour laquelle nous ne pouvons
donner notre accord à ce projet de loi. Egalement pour une autre raison
puisque, on l'a souligné jusqu'ici, le bail va s'étendre sur un
trop grand nombre d'années et surtout que cette forêt domaniale
qui nous reste est la seule grande réserve majeure de bois au
Québec. Voilà, encore une fois, M. le Président, un
argument qu'aurait pu faire valoir le gouvernement, étant donné
que c'est la seule grande réserve de bois qui nous reste qui aurait pu
servir d'instrument de marchandage pour obtenir de cette compagnie des
avantages beaucoup plus signalés que ceux que le gouvernement a
maladivement et étroitement réussi à obtenir dans l'esprit
de mendicité, ou de crainte qui le caractérise vis-à-vis
des sociétés multinationales.
Par ailleurs, M. le Président, je profite de l'occasion pour
dire, encore une fois, que nous n'avons pas pu examiner dans toutes ses
dimensions ce projet de loi précisément parce que le gouvernement
n'a pas voulu déposer en même temps que ce projet toutes les
ententes qui sont intervenues entre le gouvernement et la compagnie puisqu'on
fait allusion à une entente dont le gouvernement ne nous a pas
parlé jusqu'ici, ainsi que toute la correspondance ou, du moins, la
correspondance entre le gouvernement et la compagnie qui nous aurait permis de
nous faire une idée plus exacte des transactions, des tractations qui
ont pu avoir lieu entre le gouvernement et cette compagnie.
Lorsque nous parlons, M. le Président, d'un territoire qui couvre
une si grande superficie, lorsque nous traitons d'une ressource naturelle
à ce point précieuse, que peut-être nous en manquerons
bientôt pour le développement d'autres richesses naturelles et
pour la transformation surtout de ces richesses naturelles, il me semble qu'on
a le droit de se poser des questions, de manifester notre inquiétude et
surtout d'inciter le gouvernement a monnayer davantage d'une façon
beaucoup plus fructueuse les avantages que la Providence nous a donnés
dans ce pays en y implantant un aussi grand nombre de richesses naturelles.
Nous ne comprenons pas que le gouvernement n'ait pas fait valoir ces
avantages avec plus de force, avec plus d'autorité et surtout que les
rendements, que les résultats en soient aussi médiocres. Car je
pense bien que plusieurs autorités en la matière l'ont
manifesté avec nous, le gouvernement n'a pas tiré de cette
transaction tous les avantages qu'il aurait dû en retirer avec un sens
plus aigu des réalités, avec un sens plus aigu du rôle de
l'Etat, avec un sens plus aigu du développement de nos richesses
naturelles. Il est sûr que nous aurions pu profiter de cet investissement
tout en profitant davantage des retombées économiques qui
auraient pu en résulter.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, nous ne pourrons
pas non plus, de notre côté, donner notre accord à ce
projet de loi. S'il en est encore temps, nous demandons au gouvernement de
reprendre les négociations avec la société multinationale
et essayer de faire valoir les suggestions, les représentations, les
recommandations que non seulement les opinants de ce soir ont fait valoir
à l'endroit du gouvernement, mais aussi d'autres autorités qui se
sont exprimées en d'autres lieux, dans les pages financières des
journaux, dans les éditoriaux, ou encore dans les cercles d'affaires qui
ont une opinion semblable à celle que nous faisons valoir, ce soir.
Il n'est pas encore trop tard; la loi n'est pas adoptée. Il
serait encore temps, pour le gouvernement, d'arriver à
résipiscence, de faire un petit bout de chemin sur la voie qui le
mènerait à une sorte de Canossa économique et, ainsi, de
mieux profiter, encore une fois, des avantages de notre territoire afin de les
monnayer d'une façon beaucoup plus fructueuse pour le plus grand
bénéfice de notre collectivité
québécoise.
M. Kevin Drummond
M. DRUMMOND: M. le Président, j'espère que les
députés de l'Opposition qui viennent de parler contre ce projet
auront le courage de visiter la Côte-Nord, cet été, pour
faire les mêmes déclarations là-bas. Le
député de Bourget parle d'une forêt, d'une réserve
là-bas que l'on doit garder. Depuis 400 ans, depuis l'arrivée de
Jacques Cartier qu'on a cette réserve-là et elle est en train de
se perdre. Enfin, le gouvernement a attiré un investissement pour
ouvrir tout ce territoire-là pour le bénéfice de
tous les Québécois.
M. LAURIN: Me permettez-vous de vous poser une question? Où
avez-vous trouvé, dans mon discours, quelque allusion que ce soit qui
constituerait une opposition au développement de cette forêt? Ce
n'est pas du tout à cela que je m'en suis pris; c'est simplement aux
contreparties, au monnayage des avantages que constitue justement cette immense
forêt que nous possédons et que je désire, autant que vous,
voir développée. C'est simplement dans les avantages que vous
auriez pu demander en contrepartie.
UNE VOIX: II ne comprend pas cela.
M. DRUMMOND: C'est un avantage non exploité, cette forêt,
jusqu'à cette date-ci. Enfin, après avoir fait beaucoup de
démarches, comme les gouvernements précédents, on a
attiré une industrie pour développer ce territoire. Pour moi,
c'est très logique et bien défendable. Cela va ouvrir tout le
territoire de la Basse Côte-Nord et cela va jouer en faveur de tous les
Québécois.
En ce qui concerne la question des $19 millions dont on parle, il n'y
avait rien de caché; on en avait parlé dès la
déclaration. Il s'agit, par la participation de Rexfor, d'acheter
l'équipement et de le louer à la compagnie. En fin de compte, si
on pouvait le décrire d'une façon assez exacte, ce serait
remboursé d'ici 25 ans. Comme l'a dit le député de
Rouyn-Noranda, on pourrait le qualifier de prêt sans intérêt
pour 25 ans. Rien n'était caché là-dedans.
M. SAMSON: Ne vous arrêtez pas.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
M. ROY (Beauce): Vote enregistré, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Qui demande le vote enregistré?
M. SAMSON: On s'en garde toujours cinq. M. LEVESQUE: Même
vote?
M. SAMSON: Non, passé deux heures, nous voulons savoir si les
gars sont encore ici. Vous voulez nous faire veiller tard; vous allez veiller
aussi.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
Vote de 2e lecture
M. LE PRESIDENT: Que ceux qui sont pour cette motion de deuxième
lecture veuillent bien se lever.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Harvey (Jonquière),
Simard (Richelieu), Quenneville, Drummond, Saint-Pierre, Lacroix, Massé,
Goldbloom, Mailloux, Cadieux, Houde (Fabre), Bienvenue, Perreault, Brown,
Blank, Saint-Germain, Kennedy, Pearson, Leduc, Assad, Bacon, Bossé,
Carpentier, Faucher, Giasson, Harvey (Chauveau), Houde (Limoilou),
Larivière, Marchand, Ostiguy, Phaneuf, Pilote, Shanks, Veilleux, Paul,
Vincent, Boivin, Cloutier (Montmagny), Simard (Témiscouata).
M. LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre la motion veuillent bien se
lever.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Samson, Roy (Beauce), Bois, Brochu,
Tétrault, Audet, Latulippe, Guay, Laurin, Burns, Léger,
Lessard.
M. LE SECRETAIRE: Pour: 40 Contre: 12
M. LE PRESIDENT: La motion est adoptée.
L'honorable ministre des Terres et Forêts propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier.
Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: Est-ce qu'on serait d'accord pour faire les entrées
nécessaires pour le comité?
M. VINCENT: Je ne crois pas, parce que nous avons des voisins de gauche
et de droite qui ont des interventions en comité.
M. LESSARD: Nous avons des précisions.
M. BROCHU: M. le Président, on n'est pas pour donner nos
richesses naturelles sans poser certaines questions.
Comité plénier
M. BLANK (président du comité plénier): Article
1?
UNE VOIX: Adopté.
M. LESSARD: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 3?
M. ROY (Beauce): M. le Président...
M. CADIEUX: Adopté.
M. ROY (Beauce): ... à l'article 3...
M. CADIEUX: II est trop tard.
M. ROY (Beauce): ... on demande la somme de $25 millions. Alors, nous
avons découvert le ministre l'a admis que $19 millions
allaient servir à une subvention à la compagnie ITT. Nous
aimerions avoir des précisions du ministre, à savoir à
quoi vont servir les $6 millions qui restent.
UNE VOIX: Ils sont d'accord sur les $19 millions.
M. ROY (Beauce): On n'est pas d'accord sur les $19 millions; ne nous
faites pas dire ce que nous n'avons pas dit.
M. VEILLEUX: Des prêts sans intérêt.
M. ROY (Beauce): C'est vous autres qui en faites des prêts sans
intérêt.
M. DRUMMOND: M. le Président, cela va servir pour des fins
ultérieures s'il y a d'autres projets où il serait dans
l'intérêt du gouvernement d'investir.
M. ROY (Beauce): M. le Président, l'honorable ministre ne peut
pas nous donner d'autres précisions sur les $19 millions?
M. DRUMMOND: Lorsque nous aurons un autre projet, disons, dans lequel on
peut investir, ce sera là pour le discuter avec la Chambre. Je peux dire
aussi que l'article était plus large avant cette limitation.
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce que ces $6 millions
pourront servir, par exemple, dans un autre projet similaire comme la baie
James? J'imagine qu'on va revenir devant la Chambre pour demander de nouveaux
crédits pour permettre à Rexfor d'investir dans le
développement des richesses de la baie James.
M. DRUMMOND: M. le Président, les $6 millions qui restent servent
d'une certaine façon comme une limite ultérieure, disons, aux
dépenses que pourrait faire Rexfor. Alors, c'est dans
l'intérêt de la Chambre d'avoir cette limitation dans le bill et
c'est une protection pour l'Assemblée nationale, à mon point de
vue.
M. ROY (Beauce): Maintenant, M. le Président, concernant ces $6
millions qui seront utilisés et concernant Rexfor, est-ce que le
ministre entend déposer prochainement les états financiers de la
compagnie Rexfor?
M. DRUMMOND: Oui, incessamment. C'est-à-dire avant la fin de la
session.
M. ROY (Beauce): Avant la fin de la session, ça veut dire d'ici
la fin de semaine?
DES VOIX: Non, non.
M. ROY (Beauce): La session, ça peut aller au mois de
décembre.
M. LEVESQUE: Oui.
M. ROY (Beauce): Alors, au mois de décembre, puis incessamment,
je pense que ce n'est pas la même chose.
UNE VOIX: Avant l'ajournement.
M. ROY (Beauce): Alors, nous avons "demandé" une question.
M. DRUMMOND: C'est une faute de français, M. le
Président.
UNE VOIX: ... et pas un mot.
M. DRUMMOND: Avant l'ajournement pour l'été, pardon.
M. LEVESQUE: Avant l'ajournement d'été, cela peut
être au mois de septembre ou mois d'août, on ne le sait pas.
M. ROY (Beauce): Avant l'ajournement d'été qui peut aller
en septembre.
M. LEVESQUE: Oui.
M. LESSARD: La question du député de Beauce confirme
exactement ce que nous soulignions tout à l'heure. C'est-à-dire
que Rexfor va devenir une entreprise de subventions indirectes aux entreprises
privées alors que nous avons essentiellement fondé Rexfor dans un
but non pas déficitaire mais dans le but de pouvoir exploiter nos
ressources naturelles. Or, Rexfor devient, à un moment donné, un
intermédiaire pour financer des projets d'entreprises privées. Il
faut bien dire, d'autant plus que cela se fait dans mon comté, dans ma
région, que nous ne sommes pas contre le projet actuel mais que nous
sommes contre certaines modalités, par exemple. Quand le ministre...
M. LEVESQUE: II serait temps de le dire.
M. LESSARD: ... dit que c'est un immense projet, un grand projet...
M. LEVESQUE: C'est le temps de le dire.
M. LESSARD: ... à court terme, cela règle un
problème. Mais à long terme, par exemple, nous avons
concédé, pour une période...
M. LEVESQUE: Vous avez voté contre.
M. LESSARD: ... de 80 ans, les meilleurs territoires qu'il reste
actuellement sur la Côte-Nord; il ne reste plus de territoires au
Québec. Il reste des territoires dans le nord mais dans le sud il n'en
reste pratiquement plus. Il reste
quelques forêts domaniales, forêts qu'on a rachetées,
bien souvent, de l'entreprise privée et qui ont été
exploitées depuis nombre d'années. M. le Président, si
nous allons dans l'ouest du Québec...
M. DRUMMOND: M. le Président, on parle d'une forêt
domaniale, pas d'un concession.
M. LESSARD: Oui, M. le Président, voici.
M. LEVESQUE: C'est justement une forêt domaniale.
M. LESSARD: Le ministre nous parle d'une forêt domaniale, M. le
Président. Mais on dit dans l'entente: Le Québec réservera
et conservera à l'usage de Rayonier tout le bois sur pied de certaines
zones de la forêt domaniale, c'est-à-dire, et cela j'en suis
passablement assuré, les meilleures zones qui existent à
l'intérieur de cette forêt domaniale actuellement décrites
sur la carte jointe en annexe II aux présentes, pourvu que toutefois,
conformément aux articles 3.9 et 3.12 des présentes, d'autres
aient le droit de couper des quantités définies de bois.
Il y aune possibilité d'exploitation de deux millions de cordes
annuellement. La première année, c'est 600,000 cordes. Durant la
première année, on va pouvoir permettre, avec l'autorisation de
la compagnie, l'exploitation forestière. Cependant, lorsque le projet
sera rendu à maturité, à ce moment-là, la compagnie
coupera toute la quantité de bois qui lui est permise à
l'intérieur de cette forêt domaniale. Une autre compagnie pourra
être intéressée parce qu'il s'agit de la seule
réserve domaniale qu'il reste actuellement au Québec et qui peut
être utilisable à s'établir dans notre
région, tel que c'est le cas actuellement. J'ai déjà
posé une question, en Chambre, au ministre des Terres et Forêts
lui demandant s'il avait eu des discussions avec la compagnie MacMillan
Bloedel. Je sais que d'autres compagnies ont déjà
été intéressées à cette réserve
forestière mais on la conservait probablement pour ITT et pour Rayonier.
Je me demande si nous ne nous dirigeons pas vers un cul-de-sac dans
l'exploitation de nos forêts au Québec, si nous ne nous dirigeons
pas, tout simplement, dans une direction où il n'y aura plus de retour,
où nous aurons tout concédé.
Actuellement, nous avons je le disais en deuxième lecture,
je n'ai pas l'intention d'y revenir tout concédé dans
l'Ouest du Québec de telle façon qu'il ne nous reste plus rien
pour alimenter les compagnies forestières actuellement. On est
probablement en train de faire la même chose pour la Côte-Nord.
M. DRUMMOND: M. le Président, pour n'importe quel investissement
dans l'industrie des pâtes et papier, il faut une garantie
d'approvisionnement de bois. C'est seulement ce que nous avons fait pour la
compagnie ITT. C'est une forêt domaniale. Nous gardons le droit de
couper, lorsqu'elle ne coupe pas, la possibilité de couper
nous-mêmes à l'intérieur de cette forêt. Nous gardons
également le droit de développer l'industrie touristique, etc.,
dans tout le domaine. Cela nous amène à la possibilité de
l'aménagement polyvalent de tout ce territoire.
Je ne vois pas d'inconvénients à cela. Il faut une telle
garantie d'approvisionnement, alors il faut définir les limites pour la
coupe. C'est ce que nous faisons.
M. LESSARD: Le ministre vient encore une fois de justifier ce que je
disais. C'est que si la compagnie ITT, si la Rayonier sont venues ici en
exigeant une garantie très forte, soit 52,000 milles carrés
et sur 52,000 milles carrés, il semble que 27,000 milles
carrés soient concédés à la compagnie ITT, parmi
les meilleurs territoires comment une compagnie, par exemple, qui aura
besoin de garanties...
M. DRUMMOND: Le restant du bois est non exploitable.
M. LESSARD: Comment, M. le Président, une compagnie qui aura
besoin d'alimentation de bois pourra-t-elle maintenant venir sur la
Côte-Nord, puisque les meilleures régions, les meilleurs
territoires forestiers auront été concédés à
ces compagnies?
M. DRUMMOND: C'est au point de vue de l'approvisionnement. Au point de
vue de la qualité du bois, au point de vue de la disposition du bois, ce
n'est pas la meilleure forêt de la province de Québec.
Alors, cet investissement a besoin de tout l'approvisionnement qui est
rentable.
M. LESSARD: M. le Président, il est certain que si on la compare
à d'autres concessions forestières, je suis d'accord avec le
ministre, ce n'est pas la meilleure concession forestière du
Québec au point de vue de la production forestière. Cependant,
c'est la seule actuellement qui reste, qui demeure, de telle
façon...
DES VOIX: Non, non.
M. LESSARD: M. le Président, à part les territoires qui
sont complètement situés dans le nord... Si le ministre de
l'Education, ex-ingénieur, veut regarder la carte des concessions
forestières du Québec...
M. CADIEUX: II l'est encore.
M. LESSARD: ... qui m'a été fournie par le
ministère des Terres et Forêts, le ministre de l'Education
s'apercevra que ce que je dis actuellement est réel. A part les domaines
qui restent dans la région de la baie James et dans le Grand-Nord et qui
seront difficilement exploi-
tables, il reste dans le sud, actuellement, une région
forestière à exploiter.
M. SAINT-PIERRE: ... vous dites la vérité.
M. LESSARD: On vient de la concéder complètement, au moins
dans ses meilleurs territoires, pour une période de 80 années. A
quels avantages, M. le Président? Aux avantages suivants:
création nous sommes d'accord de 450 emplois à
l'usine et de 1,300 emplois en forêt, c'est-à-dire 1,300...
M. DRUMMOND: Ce n'est pas exact, M. le Président. C'est pour la
première étape. Si le député veut parler de cela,
il doit parler disons seulement du tiers de la forêt domaniale
également parce que ce serait trois fois cela à la fin de
l'investissement de $500 millions.
M. LESSARD: Qu'est-ce que ce sera à la fin?
UNE VOIX: Trois fois.
M. LESSARD: M. le Président, encore là, on crée
surtout de l'emploi en forêt, c'est-à-dire qu'on continue encore
à faire des Québécois, tout simplement des porteurs d'eau.
Mais au niveau de l'usine...
UNE VOIX: Vous charriez, là!
M. LESSARD : Je ne charrie pas, M. le Président.
M. BIENVENUE: Les arbres sont dans la forêt.
M. LESSARD: A courte période, vous réglez un
problème temporaire, mais, sur longue période, on aura sur la
Côte-Nord le même problème que nous avons vécu, par
exemple, en ce qui concerne Sogefor, il n'y a pas si longtemps. Sogefor n'avait
pas la possibilité d'alimenter son industrie parce que tout avait
été concédé à des compagnies privées.
C'est là qu'est le problème actuellement. On va créer un
certain nombre d'emplois sur la Côte-Nord. Cela va développer
temporairement une partie de la Côte-Nord et j'en suis
particulièrement heureux, mais la grosse production, la création
d'emplois, où ira-t-elle? Elle va aller à l'extérieur.
Moi, je dis qu'il aurait été possible à mon sens, je
crois, au gouvernement d'obtenir des avantages supérieurs.
Je me demande pourquoi, au lieu d'accorder des subventions à tout
vent, le gouvernement n'exigerait pas une participation directe auprès
de l'entreprise?
Ce qui est important, c'est le capital dont l'entreprise a besoin.
Pourquoi n'achèterait-on pas des actions au niveau de l'entreprise?
Pourquoi la Société d'exploitation forestière ne
serait-elle pas devenue une partenaire de la société Rayonier,
par exemple, pour exploiter cette forêt, ce qui nous aurait permis de
développer le "Know-how" dont nous avons besoin dans ce
domaine-là? Il semble que la seule entreprise de production de rayonne
au Canada se situe en Colombie-Britannique; nous n'en avons pas chez nous. Si
le gouvernement avait tenu son bout un petit peu, si le gouvernement
s'était véritablement imposé, il aurait été
possible de faire en sorte que la Société d'exploitation
forestière du Québec devienne partenaire avec cette entreprise de
façon que nous participions, non pas indirectement en accordant comme
ça des montants d'argent qui ne nous rapportent absolument rien, mais,
au contraire, que nous puissions profiter de l'exploitation de la
production.
M. DRUMMOND: M. le Président, on parle d'un investissement de $19
millions. D'abord, ce montant est remboursable; deuxièmement, un tel
investissement, dans un investissement global de $500 millions, serait minime.
Nous aurions reçu les critiques du député pour les
mêmes raisons. Nous ne prenons que les miettes de cette
compagnie-là. Cela n'aboutirait à rien. Je pense que c'est
toujours facile de dire qu'on aurait pu faire mieux. C'est possible. Nous avons
essayé de développer ce territoire-là dès
l'arrivée de Jacques-Cartier, mais sans succès. Nous l'avons
réussi; cela, c'est quelque chose. D'accord, peut-être
aurions-nous pu faire mieux, mais nous avons fait pas mal.
M. LESSARD: M. le Président, le ministre, qui est un homme
d'affaires, sait très bien que, pour investir $500 millions dans une
entreprise, on n'a pas besoin réellement en capitaux de $500 millions.
Je n'ai pas tellement brassé d'affaires, mais...
UNE VOIX: Cela parait!
M. LESSARD: ... je sais très bien que les hommes d'affaires nous
affirment qu'il s'agit d'avoir 10 p.c. du capital.
Or ces 10 p.c. du capital c'est nous autres qui le leur donnons, par les
$40 millions de la première étape, 25 p.c. de leur capital. Alors
cette entreprise, M. le Président, se finance simplement à
même les capitaux du gouvernement, et ceci...
M. DRUMMOND: On ne donne rien, ce n'est pas une subvention, M. le
Président.
M. CADIEUX: On l'a dit tantôt.
M. LEVESQUE: Le dernier qui devrait s'opposer est le
député de Saguenay. Attendez qu'il revienne chez lui!
M. LESSARD: M. le Président, le député de Saguenay
est très heureux, lorsqu'il se fait dans
sa région des investissements. Mais, cependant,...
M. CADIEUX: Cela ne paraît pas.
M. LESSARD: ... il faut se demander aussi si ces investissements qui
règlent un problème à court terme ne bloqueront pas
à long terme le développement économique d'une
région. C'est la question que je me pose en vertu des ententes
signées que nous avons devant nous.
Je me demande s'il sera possible dans l'avenir pour une autre entreprise
de venir s'installer dans ma région par suite du fait qu'on a
concédé, pour une période extrêmement longue, des
territoires forestiers très vastes qui semblent être les derniers
territoires forestiers du Québec qui n'étaient pas
concédés à des entreprises privées. C'est dans ce
sens que nous faisons certaines réserves au sujet de l'article 3.
Concernant les emplois qui seront créés à
l'intérieur de l'usine, nous nous demandons s'ils profiteront
directement à la population de Port-Cartier ou si ce ne seront pas des
gens de l'extérieur qui viendront travailler à l'intérieur
de l'usine. Alors ce sont encore des questions auxquelles l'avenir
répondra. Il y a d'autres points qu'on pourrait toucher, c'est quand le
ministre nous dit que ce n'est pas une subvention, c'est absolument impossible
de comprendre le ministre...
M. LEVESQUE: Pour chiâler, il faut forcer des fois.
M. LESSARD: ... lorsqu'on ne sait même pas, selon l'entente,
à quelles conditions, et le ministre n'a pas répondu...
M. LEVESQUE: Et que c'est dur!
M. LESSARD: On ne sait même pas à quelles conditions seront
louées ces machines. On ne sait même pas qui...
M. LEVESQUE: C'est effrayant! Le député de Saguenay
devrait féliciter le gouvernement, au lieu d'essayer de trouver des
raisons pour chiâler à trois heures du matin. Attendez qu'il
revienne chez lui!
M. LESSARD: M. le Président, le leader parlementaire va apprendre
que, même si nous sommes à la fin de la session, il ne nous aura
pas par la fatigue, que nous allons simplement continuer de débattre des
projets de loi qui sont pour nous extrêmement importants. Si le
gouvernement a pensé pouvoir faire adopter des projets de loi aussi
importants à la vapeur, pour nous ça ne nous fait rien de
siéger jusqu'au matin, s'il le faut, et nous n'avons pas de vacances
planifiées.
M. SAINT-PIERRE: II n'en reste plus gros.
M. LESSARD: Nous n'avons pas de vacances planifiées.
M. SAINT-PIERRE: II n'y en a plus. UNE VOIX: Ils sont allés se
coucher. UNE VOIX: Le dernier de Mohicans.
M. SAINT-PIERRE: Le survivant de la Côte-Nord.
M. LESSARD: Le territoire de la Côte-Nord. M. LEVESQUE: De la
Manicouagan. M. SAINT-PIERRE: Le Canadien errant. M. LEDUC: II admire son
parti.
M. LESSARD: M. le Président, nous n'avons pas de vacances...
M. LE PRESIDENT (Blank): A l'ordre, messieurs!
M. LESSARD: M. le Président, nous n'avons pas de vacances
planifiées. Nous avons hâte de voir véritablement les
conséquences qui se produiront chez nous à l'occasion de ce
projet de loi. Je vous dis sincèrement que je trouverai l'occasion, si
le ministre maintient son invitation, d'aller visiter cette région.
J'aurai l'occasion d'aller survoler le territoire. Cependant, je continue
à avoir quantité de réserves sur ce projet de loi parce
que pour ma part je pense qu'il aurait été possible de participer
directement, à l'intérieur de l'entreprise; là, nous avons
tout simplement enfermé la société Rexfor dans un
cul-de-sac qui nous fera dire que toutes les sociétés du
gouvernement sont des sociétés déficitaires parce que
c'est une société qui financera l'entreprise privée. L'on
dira, à un moment donné: Vous voyez ce qu'est l'entreprise
d'Etat; l'entreprise d'Etat, c'est toujours déficitaire.
Il me semble que si le gouvernement avait au moins voulu ne pas agir
hypocritement, il se serait trouvé un moyen pour financer directement la
société Rayonier...
DES VOIX: Oh! Oh!
M. LESSARD: ...et permettre à Rexfor de se développer
d'une façon normale sans devenir tout simplement un moyen de camouflage
pour le financement de l'entreprise privée.
M. LE PRESIDENT (Blank): L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président...
M. LEVESQUE: Absolument irresponsable et absolument non conscient.
M. ROY (Beauce): ...le leader du gouvernement a mentionné qu'il
était trois heures du matin, c'est vrai. Que le leader du gouvernement
et le gouvernement ne s'en prennent pas à l'Opposition du fait qu'il est
trois heures du matin. Ce projet de loi a été
déposé le 5 juillet et nous sommes le 7 juillet depuis trois
heures. Cela veut dire que nous avons commencé l'étude de ce
projet de loi le lendemain du jour où il a été
déposé en cette Chambre, un projet de loi aussi important.
Si nous sommes à trois heures du matin en train de discuter et ce
n'est pas parce qu'il est trois heures que nous ne prendrons pas le temps d'en
discuter.
M. LEVESQUE: Nous avons tout le temps, nous ne sommes pas
pressés.
M. ROY (Beauce): M. le Président, nous allons prendre le temps,
quatre heures, cinq heures, six heures, cela ne nous fait rien.
UNE VOIX: Cela réveille.
M. ROY (Beauce): Le ministre des Terres et Forêts nous a dit tout
à l'heure que le gouvernement avait réussi à mettre en
valeur ces immenses ressources qui n'avaient pas été mises en
valeur depuis Jacques Cartier. Je dirai ceci: Le gouvernement n'a pas à
se vanter d'une telle réalisation parce que le gouvernement a tout
simplement réussi à donner ce qui était à nous, et
à le donner avec une subvention en plus. La subvention, c'est une
fourniture d'équipement, une fourniture de routes pour permettre
à la compagnie d'être capable d'exploiter ces ressources.
Le gouvernement nous demande $25 millions. On a parlé du bilan de
Rexfor tout à l'heure et on nous a dit que ce serait à la fin de
la session. Or, on n'est pas du tout au courant des états financiers de
la société Rexfor. On n'est pas au courant de la façon
dont la société Rexfor est administrée. Je ne mets pas en
doute la compétence des administrateurs, mais il reste tout de
même qu'il y a un principe d'affaires élémentaire à
l'effet que lorsqu'un individu se présente devant une institution
financière pour aller faire une demande d'emprunt, il est normal qu'il
montre son bilan. Au sujet du bilan de Rexfor nous n'avons absolument rien.
Nous ne connaissons pas les actifs de Rexfor à l'heure actuelle. Nous ne
savons pas ce que cela coûte pour l'administrer. Nous ne savons pas si
elle est déficitaire ou si elle réalise des
bénéfices.
Ce sont toutes des choses comme celles-là qui font qu'aujourd'hui
nous ne pouvons pas donner notre accord à cette demande de subvention de
$25 millions. Je me permets de le dire.
Je ne veux pas revenir sur ce que j'ai dit tout à l'heure,
malgré que je pourrais très bien citer de nouveau certaines
choses que nous avons déclarées, parce que je m'aperçois
que le gouvernement est dur d'oreille, ou il a la mémoire courte.
Peut-être que c'est parce qu'il est trop tard et qu'on est
peut-être rendu trop loin au cours de la nuit.
Alors, M. le Président, je le dis et je veux que ce soit bien
compris. Nous sommes en faveur du développement économique du
Québec. Nous sommes en faveur des investissements qui se font chez nous
de façon ordonnée, sur une base d'affaires. Mais j'aimerais
savoir du ministre si seulement une partie de cet immense territoire a
été offert à des entreprises québécoises et
si les entreprises québécoises l'ont refusé. J'aimerais
que le ministre...
M. LEVESQUE: Cela fait des années. Cela fait des
années.
M. DRUMMOND: On a toujours essayé de trouver des investisseurs
pour ce territoire-là et sans succès. Enfin, on
réussit.
M. LEVESQUE: C'est connu...
UNE VOIX: Depuis Jacques Cartier.
M. LEVESQUE: ... depuis Jacques-Cartier.
M. ROY (Beauce): Est-ce qu'on a essayé de donner, de mettre en
valeur cette richesse, cette réserve forestière d'un territoire
aussi vaste que celui qu'on vient de donner, ou si on l'a offert par petites
concessions?
M. DRUMMOND: Ce territoire de 55,000 milles carrés, dont
seulement 15,000 milles carrés sont exploitables, alors on parle d'un
vaste territoire. C'est mieux de penser la situation comme une garantie
d'approvisionnement. C'est un territoire très difficle à
exploiter. L'étendue de ce territoire est nécessaire pour
garantir l'approvisionnement. C'est aussi simple que ça. Et lorsqu'on
parle des bénéfices directs et indirects, pour chaque emploi
créé là-bas, il y a un facteur de multiplication entre 3.5
p.c. et 4 p.c. pour des travaux indirects. Cela rapporte des taxes à la
province. C'est bien utile. Même avant l'achat de l'équipement, il
y aura du travail de construction. On va toucher des taxes sur les impôts
et la taxe de vente sur l'équipement. Il y a un rendement à la
province.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, même si le dernier des
Mohicans et le Canadien errant sont partis, je pense qu'on doit quand
même dire que la naïveté en matière de
développement industriel du député de Saguenay n'a
d'égale que l'ignorance du député de Beauce en
matière de financement d'entreprises.
M. LESSARD: M. le Président, que le député retire
ses paroles!
M. ROY (Beauce): Je pense que le ministre
de l'Education n'a pas de leçon à nous donner surtout en
ce qui concerne l'administration de son ministère.
M. LESSARD: M. le Président, question de règlement...
M. BOIS: Inspecteur d'école!
M. LESSARD: Question de règlement...
M. ROY (Beauce): Ça va tellement bien dans le ministère de
l'Education, que le ministre pourrait tout de même garder son
expérience pour son ministère.
M. BOIS: Inspecteur d'école!
DES VOIX: Wo! Wo!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOIS: Vous revenez 100 ans en arrière.
M. SAMSON: Son attitude n'a d'égale que son
incompétence.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Saguenay, sur une
question de privilège.
M. LESSARD: M. le Président, question de règlement, je
demande que le député retire ses paroles, parce qu'il vient de
dire tout simplement un terme qui est, à mon sens, antiparlementaire,
c'est-à-dire traiter le député de Saguenay et le
député de Beauce d'ignorants.
UNE VOIX: II n'a jamais dit ça.
M. ROY (Beauce): J'appuie la motion du député de Saguenay.
Je demande au ministre de retirer ses paroles.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je ne trouve pas de mots
antiparlementaires. Il parlait d'une naiveté dans le
développement et il a parlé d'ignorance dans le financement. Il
n'a accusé d'ignorance ni l'un ni l'autre des députés
personnellement.
M. SAMSON: M. le Président, si vous me permettez...
M. SAINT-PIERRE: Je pense que tous les pays occidentaux font face au
même problème, celui de développer des politiques en
matière d'investissement. Or, c'est faire preuve de naiveté de
penser qu'on peut se gargariser de grands principes, de dire qu'on va demander
à nos gens de chez nous d'être capables d'avoir les
approvisionnements, qu'on va nous demander d'avoir le "Know-how" et de
participer aux entreprises. A ce titre, je pense que tous les parlementaires
seront d'accord qu'on ne pourrait dire, ici, au Parlement: Toutes les
compagnies du monde, les compagnies d'Europe qui sont intéressées
à venir ici devront s'approvisionner auprès de chacun des
cultivateurs dans nos beaux comtés de la Beauce ou du Nord-Ouest
québécois. Nous allons leur donner un lopin de terre et on va
faire l'aménagement de ce territoire. A ce compte-là, je pense,
comme l'a souligné le ministre des Terres et Forêts, que les
sapins, les épinettes et tout le bois de la Côte-Nord seraient
encore là dans 400 ans et qu'ils ne seraient pas
développés.
M. SAMSON: Vous n'êtes pas sorti du bois.
M. SAINT-PIERRE: Le présent gouvernement a décidé
de mettre fin à ça compte tenu de la conjoncture, Dieu sait tous
les articles des milieux financiers qui indiquent très clairement la
concurrence très forte qui se fait dans tous les pays quant à
leur politique d'investissement. D'ailleurs, les recherches qui ont
été entreprises en matière forestière le
député de Saguenay devrait le savoir nous montrent
jusqu'à quel point, au cours de la dernière décennie, la
forêt du Québec, en termes de pourcentage de transformation par
rapport à la transformation globale en Amérique du Nord, a
baissé d'une façon très substantielle. Il y a eu un
accroissement marqué par rapport à l'importance des Etats du sud
des Etats-Unis. Devant un tel phénomène, est-ce qu'on doit
continuer de se gargariser de principes ou si on doit passer à l'action
et tenter d'arriver à un compromis qui tienne compte des
intérêts du Québec et de la population du Nord-Ouest que le
député représente?
M. BOIS: Ce n'est pas notre faute s'ils font du papier avec du
blé d'Inde!
M. SAINT-PIERRE: Dans le projet de loi que nous avons, je pense qu'il
n'y a eu aucune hypocrisie. On a donné aux députés le
texte de l'entente même qui a eu lieu entre les sociétés
industrielles et le gouvernement. Il y en a encore qui n'ont pas compris
et; dans ce projet de loi, ils voyaient une subvention
déguisée. H n'est pas question de subvention; c'est un processus
pour faciliter l'implantation de cette usine. Toutes les garanties ont
été données, et le projet de loi lui-même veut
donner des pouvoirs accrus à la société d'Etat, qui
appartient aux Québécois, pour participer à toutes les
élaborations de ce projet de loi.
Cette société, on le voit dans le projet de loi
même, aura des mesures très positives, tenant compte de la
revalorisation des terrains forestiers. Elle permettra de donner au domaine de
la sylviculture, et au renouvellement d'une richesse naturelle une importance
accrue. Il me semble que, dans ce projet de loi, on confirme qu'une richesse
qui dort, qui n'est pas utilisée, que ce soit de l'eau en matière
de ressource énergétique, que ce soit les mines, que ce soit la
forêt, lorsque ce n'est pas exploité, lorsque ce n'est pas
transformé, ça ne donne pas d'em-
plois, ça n'apporte aucun stimulant économique à la
vie d'une province.
C'est lorsque les ressources naturelles sont transformées quelles
sont de véritables richesses pour la collectivité et pour les
Québécois. Or, le projet de loi vise justement à
transformer des richesses pour donner le plus d'emplois à une
collectivité, tout en donnant les meilleures garanties possibles
c'est le texte même du projet de loi à la
société Rexfor dans la participation de ce projet. Je pense que
l'article lui-même devrait être adopté.
M. LE PRESIDENT (Blank): Le député de Richmond.
M. BROCHU: M. le Président, je pense que le ministre vient de
nous faire un exposé fort valable de la situation. Il se base sur
certains principes peut-être fort justifiables, si l'on veut se situer
à son point de vue. Cependant, nous voulons exprimer ici un autre son de
cloche.
M. VEILLEUX: Ding! Ding!
M. BROCHU: J'aimerais demander au ministre, en réponse...
M. LEVESQUE: Est-ce que c'est pour un vote enregistré?
M. BROCHU: ... à l'exposé qu'il a bien voulu nous
faire...
M. LEVESQUE: On pourrait faire sonner les cloches.
M. BROCHU: J'ai écouté, de façon toute
particulière, M. le Président, en respectant le droit de parole
de l'honorable ministre de l'Education. J'espère que l'on fera de
même pour l'exposé que j'ai à faire ici, en ce moment.
Lorsque l'on parle d'efficacité administrative, au niveau
provincial, au niveau de l'administration gouvernementale que l'on
connaît actuellement, que l'on a connue dans le passé et que le
ministre semble vouloir défendre, à l'heure actuelle, est-ce que
le ministre pourrait nous donner un échéancier de travail, un
programme d'action qui nous permettrait d'être véritablement les
possesseurs du Québec en tant que Québécois? Est-ce que le
ministre serait en mesure de nous donner une formule qui mette fin à
l'endettement provincial que l'on connaît dans les différents
secteurs de notre activité économique pour que l'on sache de
quelle façon remédier à ce problème et que les
Québécois deviennent, par voie de conséquence,
propriétaires du Québec? Le ministre nous disait tout à
l'heure, qu'avec l'administration actuelle, qui semble ridiculiser les
propositions de l'Opposition, on passait à l'action. Mais je me demande
justement si le Québec n'est pas en train de trépasser par
l'action du gouvernement libéral.
On nous parle d'une politique d'emploi. On a entendu parler, d'ailleurs,
avant le 29 avril 1970, d'une politique d'emploi avec un chiffre de "100,000",
au bout. Cela fait peut-être penser à une certaine chanson qui
s'appelle "100,000 chansons, 100,000 regrets, 100,000 poèmes". Mais
maintenant, sur le projet de loi qui nous est présenté
présentement...
UNE VOIX: Les artistes.
M. BROCHU: Les emplois que nous aurons au Québec, chez nous, dans
notre territoire, nous serons obligés de les acheter, un par un,
à des investisseurs étrangers à qui nous aurons
passé notre argent pour ce faire.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député me permet une
question?
M. BROCHU: M. le Président, sur ce point...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député me permet une
question?
M. BROCHU: Je m'oppose, personnellement, à certaines questions.
Si vous permettez, M. le ministre, je ne vous ai pas interrompu...
M. LEVESQUE: Ce n'est pas pour interrompre le député; le
ministre de l'Education avait simplement demandé la permission de poser
une question.
M. BROCHU: M. le leader parlementaire, si vous permettez, justement
durant l'exposé très brillant que nous a fait le ministre tout
à l'heure, je ne suis intervenu en aucun moment.
M. LEVESQUE: Vous n'aviez pas de question à poser.
M. BROCHU: J'ai respecté le droit de parole du ministre de
l'Education en me disant qu'après j'aurais l'occasion, à loisir,
d'exprimer mes opinions personnelles et celles de mon groupe relativement au
projet de loi en question. Alors, si vous permettez, M. le leader
parlementaire, avec toute la gentilhommerie que je vous reconnais,...
M. LEVESQUE: L'article 3, M. le Président.
M. BROCHU: ... j'aimerais continuer et exprimer les différents
points de vue de mon parti à ce sujet.
M. LEVESQUE: Ce n'est pas un Bolduc, c'est un bol dur!
M. BROCHU: ... avec délicatesse au ministre de l'Education de
poser toutes les questions.
M. SAMSON: Ne le laissez pas partir, lui; on l'aime, lui.
UNE VOIX: Viens t'asseoir avec nous autres !
M. SAMSON: Non, non, M. le Président, on veut le garder, on
l'aime!
M. BROCHU: ... vous savez que ceux qui sont partis ont toujours
tort.
Restez avec nous, M. le ministre, nous vous en prions. Avec le sourire
que nous vous connaissons, assistez aux délibérations, même
s'il est présentement trois heures et quart du matin. Nous sommes ici
pour travailler. Nous avons l'intention d'assister au progrès de la
province de Québec qui, dit-on, se fera par le bill qui nous est soumis
aujourd'hui.
Mais, M. le Président, à quel prix? A quel prix, puisque
nous devrons payer à un étranger ou à des tiers les
emplois qui nous appartiendraient normalement, chez nous, avec une
matière première qui, normalement, à mon sens, devrait
nous apparternir aussi en tant que Québécois. H y a un principe
fondamental nous l'avons d'ailleurs défendu lorsque nous avons
pris officiellement position sur la Constitution canadienne qui est celui
du droit du domaine imminent, c'est-à-dire que celui qui occupe un
territoire doit en être le propriétaire et en même temps le
propriétaire des ressources naturelles de surface comme des ressources
naturelles du sous-sol.
C'est un peu au nom de ce même principe qu'aujourd'hui nous ne
pouvons accéder au bill tel qu'il nous est présenté
puisqu'il fait appel, justement, à tout un autre principe administratif
fondamental, c'est-à-dire à une toute autre conception
philosophique de base, ayant justement donné naissance au projet de loi
que nous connaissons actuellement. D'un côté nous avons, tel que
le projet de loi du Parti libéral ou le ministre en question nous le
propose aujourd'hui, la donation effective de nos biens et, en même
temps, de nos capacités d'emploi pour nos Québécois alors
que d'un autre côté nous nous situons complètement dans une
autre conception ou sur un autre principe philosophique qui dit que l'on veut
je m'exprime en tant que membre du Ralliement créditiste du
Québec aussi que nos richesses naturelles, au Québec,
appartiennent au Québécois et que nous ayons main-mise et
contrôle dessus.
Ceci, M. le Président, en vue d'assurer, premièrement, une
justice sociale parce que nous croyons qu'un individu qui a eu si je
m'exprime comparativement à certains autres pays du monde la
chance de naître au Québec doit aussi avoir la chance et, en plus
de cette chance, le droit de participer à l'essor économique d'un
pays jeune, d'un pays riche, d'un pays qui doit fournir à chacun des
individus qui le composent la possibilité de vivre normalement dans une
société qui lui fournisse la possibilité de le faire.
Par le bill qui nous est présentement offert aujourd'hui, comme
je l'ai mentionné tout à l'heure, nous nous situons dans une
optique complètement différente, c'est-à-dire celle
d'aller quêter chez le voisin la possibilité de travailler chez
soi en le payant pour venir exploiter nos propres richesses naturelles sur
lesquelles nous aurons à travailler. C'est le principe, M. le
Président, que nous voulons défendre aujourd'hui sur ce bill, le
principe du droit normal primaire et primordial au travail, le droit primordial
de la possession d'un territoire qui nous appartient en tant que Canadiens, en
tant que Québécois surtout puisque nous occupons le territoire du
Québec.
C'est pour cette raison que je considère un peu injustifiable
l'argumentation de ceux qui disent: il nous faut absolument passer à
l'action, et ceci en profitant de cette attitude qui veut qu'à la fin
d'une session on adopte des bills aussi importants dans un temps aussi court.
Considérant les implications immédiates et les implications
futures qu'aura un tel projet de loi, nous ne pouvons absolument pas souscrire
à cette philosophie qui est sous-jacente à un projet de loi qui,
à mon sens, tout d'abord, est antidémocratique parce qu'on se
sert, à la fin d'une session, de la fatigue accumulée par les
députés pour faire adopter coûte que coûte un projet
de loi qui a autant d'implications.
DES VOIX: Non, nous voulons vous garder. M. TETRAULT: L'éducation
gratuite.
M. BOIS: Vous avez parlé de sylviculture et de la coupe de la
forêt.
M. LE PRESIDENT: Article 3,
M. BROCHU: Comme le diraient les gens de chez nous, M. le ministre:
Fumez, fumez, nous ne sommes pas pressés. Malheureusement, le ministre
est sorti.
M. LE PRESIDENT: Le député de Richmond n'est
peut-être pas pressé, mais j'attends depuis une dizaine de minutes
qu'il revienne à l'article 3. Il a discuté du principe du bill;
il a passé cinq ou six minutes sur l'article 2, mais, jusqu'à ce
moment-ci, je n'ai pas entendu un mot sur l'article 3. Alors, j'espère
qu'il revient à l'article 3.
M. SAMSON: M. le Président, en vertu de l'article 87, nous
n'avons pas quorum.
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue pour le quorum. Il
manque trois députés. Je constate le quorum. L'honorable
député de Richmond.
M. BROCHU: M. le Président, je vous remercie bien
sincèrement de vos directives, puisque vous m'avez dit, tout à
l'heure, que vous attendiez depuis déjà cinq minutes le moment
où j'attaquerais le principe même du bill dans mon
exposé.
M. LE PRESIDENT: Nous avons déjà discuté du
principe du projet de loi. Nous sommes rendus à l'article 3.
M. BROCHU: C'est-à-dire l'article 3, je m'excuse. Cela me permet
de souligner que les Québécois attendent peut-être, eux,
depuis des dizaines et des centaines d'années d'avoir, chez eux, la
possibilité d'être pleinement Québécois, de
participer à l'essor de leur pays et aussi aux résultats de
l'efficacité administrative d'un gouvernement qui, peut-être, les
satisferait dans la réalité et non pas simplement au niveau de
certains principes qui font, en somme, une forme d'électoralisme dans le
système que nous connaissons.
M. le Président, on nous demande aujourd'hui de voter $25
millions pour un projet dont nous reconnaissons à la base
peut-être une certaine importance, mais dont nous ignorons
complètement l'utilisation future. A ce moment-ci, M. le
Président, nous émettons un principe qui doit toujours nous
orienter dans les réformes futures en tant que législateurs, un
principe dont nous devons toujours tenir compte si l'on veut
véritablement avoir un essor économique réellement
québécois, c'est-à-dire celui de gérer une
entreprise gouvernementale qui se veuille efficace au niveau des individus, au
niveau de l'entreprise privée, au niveau de l'entreprise de chez nous.
Puisque nous ne savons absolument pas de quelle façon sera
utilisée une somme de $19 millions à l'intérieur de cet
article, une somme de $19 millions qui, d'après les renseignements que
nous avons, sera justement utilisée à favoriser une entreprise
capable à l'heure actuelle d'acheter le gouvernement. Je ne le dis pas
dans un sens politique ni dans un sens péjoratif. On sait qu'il y a des
choses qui s'achètent, mais d'acheter le gouvernement au niveau
simplement de budget... Et ce pauvre gouvernement du Québec qui se dit
fort et se dit un gouvernement puissant, un gouvernement capable d'administrer
d'une façon rationnelle...
M. LEVESQUE: C'est du grand théâtre.
M. BROCHU: ... ce même gouvernement, M. le Président, vient
favoriser cette entreprise capable de l'acheter X fois pour qu'elle puisse
avoir la possibilité, cette pauvre petite entreprise, d'exploiter les
richesses naturelles du peuple du Québec. C'est ce devant quoi nous nous
retrouvons, à l'heure actuelle. Et c'est contre quoi nous nous
élevons, et au sujet de quoi nous nous posons certaines questions
fondamentales sur la redistribution du budget de la province de Québec
par les ministériels à l'heure actuelle. Combien d'entre vous,
messieurs, qui êtes devant moi, ce soir, êtes en mesure de dire
justement de quelle façon seront utilisés ces $25 millions?
Combien d'entre vous êtes capables, ce soir, de nous dire
véritablement si ce budget qu'on veut nous demander d'accepter sera
utilisé de façon rationnelle et efficace en vue d'assurer un
mieux-être aux Québécois et non pas d'assurer justement un
mieux-être à une compagnie ou à une assiociation de
compagnies qui est capable d'assurer, d'acheter le gouvernement X fois?
C'étaient les remarques que j'avais à faire au sujet de
cet article 3 et, à mon sens, je le considère complètement
inacceptable puisque c'est simplement la continuation de ce que nous avons
connu jusqu'à maintenant, en ce sens que nous avons toujours
accepté miteusement comme une civilisation ayant des dirigeants, non pas
la civilisation, ayant des dirigeants complexés à la solde de X
vendant ainsi nos richesses naturelles et vendant ainsi la liberté et
les droits de la population du Québec.
M. BOIS: M. le Président, il y a quelques instants, un honorable
membre de cette Assemblée a dit au sujet du projet de loi en question et
surtout de l'article 3 et avec les $25 millions qui sont
dépensés, pour l'acquisition de machinerie que l'on va faire de
la sylviculture.
En réalité, l'honorable ministre de l'Education aurait
dû savoir que quand on coupe du bois, ce n'est pas de la sylviculture que
l'on fait. Le ministre de l'Education devrait savoir que dans un abattoir ce
n'est pas de l'insémination artificielle que l'on fait. Cela semble
drôle, il ne le sait pas. J'essaie simplement de lui apprendre en des
termes extrêmement simples qu'il a l'autorité de débattre
sur des questions de son propre ministère, mais quand cela concerne les
richesses naturelles, l'article qui nous intéresse ici, je crois...
M. LACROIX: ... on remplace des cochons par d'autres cochons.
M. BOIS: ... que le ministre de l'Education s'est tout à fait
trompé tout à l'heure en mentionnant qu'en coupant du bois on
faisait de la sylviculture. Oui, il y a un paquet de compagnies qui ont eu de
cette province des concessions forestières à des prix
dérisoires. C'est justement cela que l'on répète ici
à l'heure actuelle, un cadeau à des étrangers pour nous
posséder, un cadeau à des compagnies de l'extérieur pour
nous avoir quand ce sera le temps de nous faire parler et de nous mener par le
bout du nez, nous, les Québécois.
Le principe que nous défendons ce soir, c'est le droit de rester
chez nous au lieu de commencer à payer $25 millions pour les rendre aux
étrangers alors qu'ils ont eu nos richesses et le fonds de notre sol.
C'est cela que nous n'aimons pas. J'espère qu'éventuellement nous
réussirons à nous faire entendre. Surtout quand dans des choses
comme celles-là, il y a peut-être des conditions cachées
dans la transaction. M. le Président, à l'heure actuelle...
UNE VOIX: Ce ne serait pas surprenant.
M. BOIS: ... cette question des $25 millions, ce n'est qu'une
façade mais toujours et à nouveau, nous, les
Québécois, nous sollicitons une petite bouchée de pain
alors que nous allons emprunter des millions pour la payer.
UNE VOIX: Votez crédit social.
M. BOIS: Oui, exactement! Et c'est ce que le peuple va faire à la
prochaine élection. Vous le saurez, messieurs les ministres. Ce sera
peut-être vous, l'un de ces ministres en particulier qui a
mentionné dans une allocution qu'on retournait 100 ans en arrière
alors qu'on parle de renommer les inspecteurs. Je reviens à cet article
du bill.
M. LE PRESIDENT: Merci.
M. BOIS: J'espère qu'ici au moins il y aura des inspecteurs de
forêts pour surveiller combien cela coûte à la province de
Québec de faire des cadeaux de millions à des compagnies qui sont
capables de nous posséder 25 fois.
Pour autant que nous sommes concernés, nous en sommes
écoeurés.
M. SAINT-PIERRE: C'est un prêt sans intérêt, cela ne
coûte rien.
M. BOIS: Nous l'avons dit, nous l'avons répété et
nous allons continuer à le dire au peuple...
UNE VOIX: Oui.
M. BOIS: ... que quand on donne chez nous avec des emprunts, les
étrangers rient à gorge déployée des cadeaux que
nous leur faisons. Nous ne savons pas naviguer sur les cours d'eau, nous ne
savons pas couper dans les bois parce que ceux qui nous en parlent parlent de
sylviculture, si on comprend l'éducation.
La sylviculture, cela comprend l'expansion de la forêt, sa
croissance, sa poussée, etc. et non pas la coupe, la dépossession
de nos richesses naturelles.
M. HARVEY (Jonquière): Gardez cela pour tuer les mouches.
M. BOIS: M. le Président, on a bien dit dans Maria Chapdelaine:
Nous sommes venus il y a 300 ans et nous y sommes restés. Mais,
aujourd'hui, je pense que tous ceux qui rient à gorge
déployée devraient éventuellement s'arrêter et
prendre au sérieux qu'à l'article 3 on donne et on ne pourra
jamais récupérer quand cela aura été
concédé.
Je voudrais simplement que ceux qui sont ici et qui discutent en termes
de papeterie s'arrêtent à penser à ce qui sera coupé
dans nos forêts en plus de ce qui sera disparu par le feu. Ici, nous
faisons un cadeau à des étrangers, je le répète, et
éventuellement le gouvernement actuel sera responsable du vrai crime de
lèse-majesté à l'endroit des propriétaires du
Québec, le citoyen de la province, celui qui a le droit de se prononcer
seulement une fois tous les quatre ans. C'est pour ça que nous sommes
ici aujourd'hui, M. le Président. Nous trouvons que cette transaction
n'a ni rime ni bon sens. Je vous remercie, et j'espère que certaines des
personnes politiques qui sont en face de moi ce soir et qui nous parlent
d'éducation arrêteront, un jour, de nous parler de sylviculture
quand on parle de coupe de bois. Merci.
M. LEVESQUE: II y a bien plus de danger pour le bois de Saint-Sauveur
que pour celui de la Côte-Nord.
M. ROY (Beauce): M. le Président,...
M. BOIS: J'aurai l'occasion de répondre au leader parlementaire
à ce sujet-là.
M. ROY (Beauce): Le ministre de l'Education a fait une
parenthèse, tout à l'heure, et j'aimerais tout simplement
préciser un point. Il a dit qu'on se gargarisait de principes. Nous
aimons mieux nous gargariser de principes, mais de vrais principes, de
principes sains, que nous gargariser de dettes et de déficits, comme le
fait le gouvernement actuel.
Si le ministre de l'Education veut être sérieux pour nous
donner des leçons d'investissement, des leçons d'administration,
je pense qu'il devrait suivre un cours à la compagnie ITT, qui a
réalisé $353 millions de bénéfices l'année
dernière alors que le Québec enregistre cette année $420
millions de déficit.
M. LACROIX: Est-ce que le député de Beauce me permettrait
une question?
M. ROY (Beauce): M. le Président, on parle de politique
d'investissement au Québec...
M. LACROIX: Est-ce que le député de Beauce me permettrait
une question? Il ne faudrait pas mélanger des pommes, des oranges, des
choux. Est-ce que le député de Beauce pourrait dire, par exemple,
que la compagnie ITT a réussi à obtenir $300 millions de profits
et plus dans la province de Québec ou dans le Canada? Et si jamais elle
a réussi de tels profits, ce n'était certainement pas parce
qu'elle était administrée par le député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, pour éclairer la
lanterne du député des Iles-de-la-Madeleine, disons que la
compagnie ITT a des exploitations dans 80 pays du monde.
DES VOIX: Oui, ah bon!
M. ROY (Beauce): Elle a 300 usines, pour vous dire la force et la
puissance de cette compagnie.
M. SAINT-PIERRE: C'est pas comme le Ralliement créditiste.
M. ROY (Beauce): Nous n'en avons pas contre cette compagnie en
particulier. Je veux que ça soit bien compris. Ce que nous voulons
illustrer, à l'heure actuelle, c'est que le gouvernement, sous
prétexte de récupérer des forêts en perdition, en
est rendu à taxer les Québécois et à donner les
forêts, en plus. C'est ça le principe que nous voulons combattre.
Le ministre de l'Education voulait parler, tout à l'heure, d'une
politique d'investissement et nous donner des cours d'investissement. Je lui
demanderais de travailler fort au conseil des ministres, parce que c'est, tout
de même, un homme dont nous reconnaissons la compétence, pas comme
ministre de l'Education. On peut reconnaître sa compétence dans sa
profession; il en a donné des preuves. Que le ministre de l'Education
collabore avec les membres du cabinet pour élaborer une vraie politique
d'investissement au Québec parce que le gouvernement actuel n'en a pas.
C'est assez difficile d'en parler, puisque le gouvernement n'a même pas
de politique économique.
Or, je termine mes observations là-dessus pour dire que nous
sommes entièrement opposés à l'article 3 pour les raisons
que j'ai mentionnées tout à l'heure. Nous n'avons pas le bilan de
Rexfor. Le gouvernement ne nous fournit pas de précisions quant à
l'emploi des $6 millions qui restent. Nous ne sommes pas satisfaits de la
façon dont les $19 millions sont employés. Si le gouvernement
adopte cet article, il l'adoptera, mais nous autres, nous allons voter
contre.
M. LEVESQUE: Adopté?
M. LESSARD: M. le Président, simplement une remarque. Je n'ai pas
l'intention du tout de faire de l'obstruction systématique sur ce
projet, mais, à la suite des propos du ministre de l'Education, je n'ai
pas reçu de réponse à la question que je soulevais.
Essentiellement, j'ai basé mon argumentation sur le fait qu'il y avait
un danger dans cette entente qu'on bloque le développement forestier
futur de la Côte-Nord, en ce sens qu'on concédait, pour une
période de 80 années, le meilleur territoire de cette
région, alors que c'est le seul territoire, à mon sens, qui
demeure libre au Québec. Un autre argument que je faisais valoir...
M. LEVESQUE: MacMillan Bloedel tout à l'heure, n'est-ce pas?
M. LESSARD: Oui.
M. LEVESQUE: Est-ce que le député a parlé de
MacMillan Bloedel?
M. LESSARD: Oui.
M. LEVESQUE: Bien, si MacMillan Bloedel était venue, ITT ne
serait pas venue. A un moment donné, il faut choisir.
M.LESSARD: M. le Président, cela veut donc dire que le leader
parlementaire vient de me confirmer les craintes que j'ai. Etant donné
que ITT est dans cette région, il ne sera pas possible de voir, d'ici
quelques années, d'autres entreprises forestières
s'établir dans notre région, de telle façon qu'on vient de
bloquer, pour une seule entreprise, le développement forestier de la
Côte-Nord.
M. LEVESQUE: Cela, c'est absolument irresponsable.
M. LESSARD: C'est ça que vous m'avez dit.
M. LEVESQUE: C'est la plus grande industrie, ITT, qui est là et
qui va exploiter réellement les ressources inexploitées depuis
400 ans, depuis toujours, de la Côte-Nord. Voyons donc, soyons donc
raisonnables!
M. DRUMMOND: D'après tout ce que dit l'honorable
député, on aurait dû faire mieux.
M. LESSARD: M. le Président, je dis tout simplement...
M. LEVESQUE: Soyons sérieux.
M. LESSARD: ...que, pour une entreprise qui produit au niveau de l'usine
450 emplois lors de la première étape, on bloque le
développement forestier futur...
M. LEVESQUE: Est-ce que le député peut donner un exemple
d'une compagnie qui a demandé d'utiliser les ressources de ce
territoire?
M. LESSARD: M. le Président, le leader parlementaire me disait,
tout à l'heure, que, si MacMillan Bloedel était venue, ITT ne
serait pas là. Du fait que ITT ou Rayonier soit là, ça
veut donc dire que d'autres entreprises ne pourront pas s'installer
prochainement dans cette région.
Deuxième argumentation que j'ai fait valoir, M. le
Président, c'est qu'il y a...
M. LACROIX: Est-ce que le député de Saguenay me
permettrait une simple question? Naturellement, à l'heure actuelle, la
ITT ou Rayonier a obtenu... Je vois des gens de l'autre côté qui
trouvent drôle le TT, cela me pousse vers là. Seulement, est-ce
que vous voyez une seule entreprise canadienne-française, une seule
entreprise canadienne qui pourrait investir les fonds nécessaires pour
permettre le développement, l'exploitation de ces forêts qui sont
inexploitées depuis des centaines d'années et où il se
perd, chaque année, des millions et des millions en valeur de bois et de
papier? Est-ce que le député de Saguenay pourrait me nommer une
seule compagnie, qu'elle soit québécoise...
M. BOIS: Oui, le gouvernement du Québec par le contrôle de
son propre crédit.
M. LACROIX: ... canadienne, créditiste ou n'importe quoi, qui
soit capable d'investir les sommes nécessaires pour permettre le
développement de cette région...
M. AUDET: On lui a donné sa réponse, M. le
Président.
M. LACROIX: ... de la province qui est fort importante? Quant aux
députés créditistes, je leur répondrai tantôt
parce que toute leur argumentation n'est basée sur rien. Le
député de Saguenay, certains députés du Parti
québécois ont au moins basé leur argumentation sur quelque
chose qui pouvait avoir un certain sérieux ou de
crédibilité. Mais je pose de nouveau au député de
Saguenay la question suivante: Est-ce que le député de Saguenay
croit sincèrement que non seulement actuellement, mais dans les
prochaines décennies, il y aurait eu une compagnie, ou le gouvernement
québécois, une compagnie canadienne-française, une
compagnie québécoise, une compagnie canadienne qui aurait pu
investir les centaines de millions de dollars nécessaires à
l'exploitation de ces richesses naturelles importantes qu'il ne faut pas
laisser perdre et qui, d'ailleurs, ont trop tardé à être
exploitées?
UNE VOIX: Les clubs 4-H.
M. LESSARD: M. le Président, pour répondre à la
question du député des Iles-de-la-Madeleine, c'est que, pour ma
part, il ne s'agit pas nécessairement d'une entreprise canadienne, d'une
entreprise canadienne-française ou d'une entreprise américaine.
Je dis qu'il y a actuellement une entreprise qui s'est installée dans
cette région-là. Tant mieux! Maintenant, il ne reste, au
Québec, qu'une seule région forestière, les autres
régions forestières de l'ouest du Québec sont
actuellement, en grande partie, concédées. Je dis que je ne
voudrais pas, à cause de l'établissement d'une seule entreprise,
que le développement forestier de la Côte-Nord soit bloqué.
Par l'entente, étant donné que nous avons concédé
les meilleurs territoires pour 80 années, tel que le laisse entendre le
leader parlementaire, cela veut donc dire qu'une autre entreprise qui
voudrait...
M. LEVESQUE: Je pense bien qu'on se comprend.
M. LESSARD: ... s'établir dans cette région est
automatiquement bloquée.
M. LEVESQUE: Je pense bien qu'on se comprend.
M. LESSARD: C'est cela que j'ai fait valoir. Deuxième
argumentation...
M. LACROIX: Me permettriez-vous? Si vous avez bien lu le projet, c'est
pour 80 années, mais seulement à des conditions qui doivent
être complétées, remplies par le gouvernement et
l'entreprise qui exploitera les richesses naturelles. Il ne faut pas aller aux
extrêmes. Il faut s'entendre sur le fait qu'au départ, le
gouvernement donne des concessions. Les compagnies en font également.
Si, entre les deux extrémités, une des parties n'accepte pas de
respecter son contrat, le gouvernement du Québec, le peuple du
Québec reprendra tous ses droits sans avoir rien perdu.
M. LESSARD: Je trouve cela, tout simplement, normal.
UNE VOIX: Alors adopté, M. le Président.
M. LESSARD: Disons que, de ce côté, je veux bien
préciser l'argumentation que j'ai fait valoir.
Deuxième point, je vais simplement l'affirmer. Il me semble qu'il
y aurait possibilité de participer, à l'intérieur de
l'entreprise, sous une autre forme qu'en accordant simplement des dons. Il y
aurait un moyen, si minime soit-il, tel que le précisait, par exemple,
le ministre tout à l'heure. Il me semble que si on accorde $19 millions
non pas en dons gratuits à une entreprise, mais si le gouvernement
s'organise pour participer à l'intérieur de cette entreprise, au
moins ce sera profitable.
En permettant, par exemple, à la société Rexfor de
participer à l'intérieur de l'entreprise, de se créer
probablement des cadres qui nous permettront plus tard de faire de cette
société une société d'exploitation.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté sur division.
M. LEVESQUE: Adopté. DES VOIX: Sur division. UNE VOIX: Article 4,
adopté.
M. BLANK (président du comité plénier): Le bill est
adopté sans amendement.
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le bill 2
est adopté sans amendement.
Troisième lecture
M. LAVOIE (président):
Troisième lecture.
M. LEVESQUE: Troisième lecture, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Avec le consentement, cette motion de troisième
lecture est-elle adoptée?
M. LEVESQUE: Adopté.
M. SAMSON: Sur division.
M. LACROÏX: La division nord-ouest.
Révocation de la 3e lecture du projet de loi no
58
M. LEVESQUE: M. le Président, avant la suspension, j'aimerais
demander la révocation de la troisième lecture du bill 58 afin de
corriger une erreur de copiste qui s'est glissée, qu'on m'a
signalée et qui priverait certains députés de l'effet de
la rétroactivité au 1er janvier 1971, parce que l'article 30 ne
comportait pas tous les articles qui affectaient les différentes
catégories.
M. le Président, comptant sur le consentement unanime, à
ce moment-ci, je fais motion pour qu'au bill 58, on remplace l'article 30 par
le suivant: "Les articles 5, 7, 11 et de 14 à 16 ont effet à
compter du 1er janvier 1971 sans préjudice des droits acquis entre cette
date et le 1er juillet 1971. L'article 10 est déclaratoire.
Les autres dispositions de la présente loi ont effet depuis le
1er juillet 1971 à l'exception du paragraphe a) de l'article 13 de la
présente loi et de l'article 29."
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a le consentement unanime de la
Chambre?
M. SAMSON: Cela va sûrement surprendre le leader, nous sommes
d'accord.
M. BURNS: M. le Président, nous aussi.
Comité plénier et 3e lecture
M. LE PRESIDENT: Le greffier pourrait-il faire les entrées
nécessaires.
M. PAUL: Nouvelle motion de troisième lecture par le leader.
M. LE PRESIDENT: Retour en comité, amendement en comité,
agrément des amendements et nouvelle troisième lecture.
M. PAUL: C'est cela.
M. LEVESQUE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, demain,...
UNE VOIX: Ce matin.
M. LEVESQUE: C'est-à-dire, excusez-moi, tout à
l'heure,...
M. LESSARD: D'accord pour demain.
M. LEVESQUE: ... dans quelques minutes, lorsque la Chambre suspendra ses
travaux, à dix heures trente, nous continuerons l'étude du projet
de loi no 50, Loi du développement de la région de la baie James.
En même temps, évidemment, à la salle 81A, nous
continuerons l'étude des crédits du ministère de
l'Education. Lorsque les crédits du ministère de l'Education
auront été étudiés et adoptés, la même
commission poursuivra l'étude article par article du bill 27 avant de
faire rapport à la Chambre. D y aura également les deux projets
de loi dont nous espérons pouvoir remettre les textes dans quelques
heures aux membres de cette Chambre, soit la Loi de la protection des
consommateurs et Loi de la Régie des alcools du Québec.
D restera, comme on le sait, la Loi concernant la carte
électorale et finalement une autre qui apparaît en appendice
aujourd'hui, Loi modifiant le code civil et concernant la mise à jour du
cadastre.
M. le Président, je propose l'ajournement...
M. PAUL: Avant la motion d'ajournement, me serait-il permis de faire une
demande que je trouverais normale qu'on reçoive: c'est que demain matin
la commission de l'Education ne siège pas pour que nous ayons l'avantage
d'entendre les discours des trois chefs de parti, de l'Union Nationale, du
Ralliement créditiste et du Parti québécois sur cet
important projet de loi de la baie James?
D'ailleurs, ce soir, c'est-à-dire, hier soir, cette même
commission n'avait pas siégé pour que nous ayons l'avantage
d'entendre le premier ministre. Je signale tout simplement cette demande au
leader du gouvernement.
M. LEVESQUE: Alors, M. le Président...
M. BURNS: Nous sommes d'accord avec la requête du leader de
l'Union Nationale.
M. LEVESQUE: ... d'accord. Disons que le ministre de l'Education pourra
s'entendre avec ses collègues pour commencer le plus tôt possible.
Nous ne fixerons pas d'heure ce matin.
M. le Président, je propose l'ajournement de la Chambre à
tout à l'heure, à dix heures trente.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
La Chambre ajourne ses travaux à dix heures trente.
(Fin de la séance: 3 h 48)