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(Onze heures deux minutes)
M. LAVOIE (Laval) (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
Déclarations ministérielles.
M. LEVESQUE: M. le Président, pouvons-nous, à la
présentation de rapports de commissions élues, recevoir le
rapport de la commission parlementaire des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives relativement à l'étude du bill
45?
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président...
Commission des Institutions financières
M. BLANK: M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que la
commission des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives a étudié le bill 45 et en suggère
l'adoption à la Chambre avec des amendements.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ce rapport est adopté?
M. LAURIN: Non, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ce rapport est reçu?
M. LAURIN: Non, M. le Président.
M. LEVESQUE: Bien voyons, il faut toujours bien les recevoir !
M. BOURASSA: Vous retardez encore les bienfaits pour les consommateurs.
C'est ça, le Parti québécois!
M. LAURIN: Nous avons expliqué notre position.
M. BOURASSA: Vous en porterez la responsabilité vis-à-vis
des consommateurs du Québec.
M. LEVESQUE: Ces gens veulent aller en commissions parlementaires
à tout bout de champ !
M. LE PRESIDENT:
Dépôt de documents. Questions des
députés.
Questions et réponses Démission de M.
Jacques Paquin
M. PAUL: M. le Président, vous conviendrez que c'est tout un
honneur de poser une question un samedi matin. Je voudrais la diriger à
mon bon ami, l'honorable leader du gouvernement pour qu'il nous confirme ou nie
la nouvelle à l'effet que M. Jaques Paquin, directeur
général de la Société de développement
industriel du Québec aurait remis sa démission. Si cette nouvelle
est fondée, est-ce que l'honorable ministre pourrait nous dire si M.
Paquin a donné des raisons de sa démission et quels auraient
été les efforts déployés par le ministre aux fins
de retenir davantage et plus longtemps lés services de cet excellent
fonctionnaire de l'Etat?
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai lu dans le journal, ce matin,
la même nouvelle que l'honorable député de
Maskinongé. Cependant, je dois lui dire je le remercie de
l'occasion qu'il me fournit que la façon dont cette nouvelle
était faite ne rendait pas justice au ministère de l'Industrie et
du Commerce et ne rendait pas justice non plus aux six fonctionnaires dont on
parle.
M. PAUL: C'est pour cela que j'ai posé la question.
M. LEVESQUE: Certainement. Je vous en remercie. Il est normal qu'il y
ait des mutations et des changements dans un ministère où il y a
un si grand nombre d'employés, comme dans tous les ministères,
d'ailleurs.
J'avais dit, au cours de l'étude des crédits, que cinq
fonctionnaires étaient passés soit au gouvernement
fédéral ou à la Communauté urbaine de
Québec. J'avais expliqué que les offres qui leur avaient
été faites étaient supérieures à celles
qu'il nous était permis de faire par la fonction publique. Il n'y a rien
d'irrégulier. D'ailleurs, ces gens travaillent encore avec nos officiers
parce que tout le monde travaille pour le développement industriel de la
province.
Quant au cas de M. Paquin, il s'agit d'un cas isolé. M. Paquin
était un excellent fonctionnaire. D a fait un excellent travail à
l'Office du crédit industriel. Je suis bien à l'aise. Je
n'étais pas là lorsqu'il a été nommé. En
1970, lorsque je suis arrivé, j'ai fait sa connaissance. Je l'ai
trouvé extrêmement sympathique et, d'après le travail qu'il
faisait, j'ai trouvé que c'était un homme efficace.
Par contre, il m'a confié lui-même, à ce
moment-là, sans vouloir entrer dans les choses intimes, qu'il avait
toujours l'idée de retourner dans l'entreprise privée.
C'était une question de mentalité, une question d'adaptation
à la vie du fonctionnarisme. Par la suite, particulièrement
lorsqu'il a été question de mettre fin à l'Office
du crédit industriel et d'amener la Société de
développement industriel du Québec, il m'avait confié
qu'il aimerait être relevé de ses fonctions.
Je lui avais dit: II serait mieux que vous restiez pour la
période de transition parce que la Société de
développement industriel est l'héritière de l'Office du
crédit industriel. Il y a nombre de dossiers à passer d'un
endroit à l'autre. Nous avons besoin de vos services pour cette
période de transition.
Et nous avons convenus, ainsi. Cependant, je dois dire que le
président de la Société de développement
industriel, M. Plourde ne m'a pas encore informé lui-même du
désir de M. Paquin de quitter la société bien que j'en ai
été personnellement été mis au courant. Maintenant,
M. Paquin prendra le temps nécessaire et nous aussi. Nous avons convenu
que nous nous assurerions d'un remplaçant, etc. Cela a été
fait dans l'ordre depuis plusieurs mois. Que voulez-vous? Cela arrive et ce
sont des choses qui peuvent encore se produire.
M. SAMSON: Est-ce que c'était un péquis-te? Cela
débarrasserait !
M. LEVESQUE: Je ne pense pas.
Regroupement des fermes
M. DUMONT: Ma question s'adresse au ministre de l'Agriculture. Nous
apprenons ce matin de source sûre que le ministre de l'Agriculture
d'Ottawa voudrait procéder au regroupement des fermes non rentables y
compris celles de la province de Québec. Est-ce que le ministre de
l'Agriculture a été consulté sur cette possibilité
du regroupement des fermes dans le Québec?
M. TOUPIN: M. le Président, cette politique du gouvernement
fédéral a été proposée à la
dernière réunion des ministres de l'Agriculture des provinces,
l'an dernier. Elle fera l'objet d'un des articles de la prochaine
conférence des ministres de l'Agriculture. Quant à nous, nous
avons déjà fait valoir notre point de vue. Nous sommes en
principe d'accord sur une politique fédérale
générale sur ce qu'on appelle le rajustement en agriculture. Mais
nous avons clairement fait valoir au ministre de l'Agriculture du gouvernement
fédéral que nous avions sur le territoire québécois
à peu près tous les instruments requis pour faire un travail de
réajustement de l'agriculture, y compris le regroupement des fermes,
etc. D'autres provinces ont fait valoir également leur point de vue qui
allait à peu près dans le même sens que celui
exprimé par le Québec. Après la réunion des
ministres de l'Agriculture prévue pour la semaine prochaine, je serai
beaucoup plus en mesure de vous donner la position précise que nous
prendrons à ce moment-là.
M. BELAND : Est-ce que le ministre pourrait nous dire quelle est sa
position précise à ce sujet du regroupement des terres du
Québec?
M. TOUPIN: Je pense que je l'ai dit, M. le Président. Nous sommes
en principe d'accord sur une politique générale canadienne. Nous
avons fait valoir clairement nos points de vue soit que nous sommes
équipés au Québec pour faire ce travail.
M. DUMONT: Une question supplémentaire, M. le Président.
Le ministre de l'Agriculture pourrait-il rendre public le mémoire qu'il
a présenté concernant ce regroupement des fermes du
Québec?
M. TOUPIN: Oui, M. le Président, je pense que je vais rendre
public ce document que nous préparons pour cette réunion des
ministres de l'Agriculture du Canada.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
Usine Price à Alma
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désire poser
une question au premier ministre. Le premier ministre a-t-il reçu, du
Conseil central des syndicats nationaux du Saguenay-Lac-Saint-Jean, un
télégramme lui demandant son intervention à propos de la
fermeture temporaire de l'usine de la Société Price à
Alma?
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai communiqué avec M.
Morin, je crois, qui m'avait envoyé un télégramme mais ce
n'était pas sur cette question-là...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Girard. Vous avez reçu le
télégramme de M. Girard.
M. BOURASSA: ...c'était plutôt sur l'ensemble du
problème de l'industrie des pâtes et papier. J'avais
discuté à ce moment-là avec M. Morin qui est
président ou officier du syndicat de l'endroit. Quant à ce
télégramme particulier, je vais vérifier aujourd'hui.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, une question
additionnelle. A la suite de la réception du télégramme de
M. Claude Girard, du Conseil central des syndicats nationaux,
télégramme dont j'ai reçu copie, est-ce que le premier
ministre du Québec il pourra s'enquérir auprès de
ses autres collègues est-ce que le ministre de l'Industrie et du
Commerce, est-ce que le ministre du Travail ont reçu de M.
Jean-Noël Tremblay, député de Chicoutimi, un
télégramme demandant au premier ministre et à ses
collègues d'intervenir dans le cas de la fermeture temporaire de l'usine
Price à Alma, télégramme qui leur a été
expédié hier à trois heures de l'après-midi?
M. BOURASSA: On ne m'a pas encore remis le télégramme du
député de Chicoutimi, M. Jean-Noël Tremblay, mais
aussitôt qu'on le fera, ça me fera plaisir d'en prendre
connaissance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que le premier
ministre du Québec pourrait engager des négociations avec M.
Jean-Noël Tremblay, député de Chicoutimi, au sujet de la
fermeture temporaire de l'usine Price à Aima?
M. BOURASSA: Je prends avis de la question, M. le Président.
Usine de l'Anglo Pulp
M. BELAND: Est-ce que le premier ministre pourrait également nous
dire s'il est vrai que la compagnie Anglo Pulp s'apprêterait à
faire à peu près la même chose vers le mois de
septembre?
M. BOURASSA: Je n'ai pas été informé en ce
sens-là, M. le Président, mais on est au courant du malaise de
l'industrie des pâtes et papier actuellement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
Dégâts dans la Beauce
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une question à
poser au premier ministre pour faire suite aux questions que je lui ai
posées à deux reprises cette semaine. Est-ce que le premier
ministre pourrait me donner des informations ce matin, concernant l'intention
du gouvernement?
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai dit au député,
hier soir, que j'essayais d'entrer en communication avec les fonctionnaires
à qui j'avais demandé d'étudier la question le plus
rapidement possible. Comme il était tard et pour des raisons que le
député connaît, je n'ai pas pu discuter jusqu'à
maintenant avec les fonctionnaires. Je vais essayer de les rejoindre
aujourd'hui, si je peux m'absenter de la Chambre.
M. ROY (Beauce): Est-ce que le premier ministre, même s'il n'a pas
eu un rapport complet de la situation, pourrait nous donner l'assurance que le
gouvernement du Québec est disposé à faire quelque chose
pour venir en aide à ces personnes sinistrées qui ont subi des
dommages considérables à leur propriété?
M. BOURASSA: M. le Président, il faut quand même que
j'attende le rapport qui est fait, pour savoir si c'est arrivé dans
d'autres cas où le gouvernement a donné de l'assistance, mais il
faut que j'aie les éléments essentiels du rapport et de la
situation avant de prendre une décision; je ne peux pas m'engager
aveuglément.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Louis.
Mort de milliers de poissons à
Valleyfield
M. BLANK: J'ai une question à poser au ministre d'Etat
responsable de la qualité de l'environnement. Est-ce que le gouvernement
a une explication sur la mort de milliers et de milliers de poissons dans la
région de Valleyfield, et si oui, qu'est-ce qu'il pense faire?
M. GOLDBLOOM: C'est le 22 juin que des milliers de poissons ont
été trouvés morts dans la rivière Saint-Charles,
dans la région de Valleyfield. Le 24 juin, suite à des
renseignements fournis par le Club sportif des chasseurs et pêcheurs du
lac Saint-François et par la Fédération
québécoise de la faune, des biologistes du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche se sont rendus sur les lieux et ont
fait une évaluation de la situation.
Ils ont trouvé que le taux d'oxygène dans l'eau de la
rivière était à une partie par million seulement tandis
qu'il en faut au moins cinq et de préférence six à huit
pour que les poissons restent vivants. Donc, la cause immédiate est
connue, mais la cause principale ne l'est pas encore.
Le lendemain, des télégrammes ont été
envoyés et la Régie des eaux du Québec a reçu un
appel. Malheureusement, il y a eu malentendu. Un de nos meilleurs
fonctionnaires qui a reçu l'appel a cru bon de répondre par
téléphone qu'il avait l'impression que c'était à
cause d'un débit très faible d'eau dans la rivière, que
les poissons étaient morts. Cette réponse n'a pas satisfait les
pêcheurs de la région et à juste titre.
On sait que la pollution de cette rivière est causée en
partie par les égouts sanitaires des municipalités avoisinantes.
Une ordonnance qui a été émise par la Régie des
eaux du Québec exige la construction d'un collecteur qui réglera
en partie ce problème. Mais là aussi nous ne sommes pas
convaincus que nous avons décelé la cause. On a constaté
que l'eau était rouge...
M. PAUL: Ce n'est pas surprenant que les poissons soient morts.
M. GOLDBLOOM: Nous soupçonnons donc une source industrielle de
pollution, mais les industries de la région nient avoir diversé
quoi que ce soit.
Nous n'acceptons pas ces réponses préliminaires, M. le
Président.
Je tiens à dire que j'ai envoyé un
télégramme en réponse aux chasseurs et pêcheurs qui
disent qu'ils ont l'intention de descendre dans les rues. Je leur ai
envoyé ce télégramme, dont je fais lecture: "Suite aux
communications que vous m'avez envoyées, j'ai ordonné une
enquête. Les
rapports préliminaires ne me satisfont pas et j'ai demandé
une enquête plus complète et plus approfondie. Vous
déclarez, dans votre télégramme du 7 juillet, à M.
Gérard Cadieux, que vous savez qui est responsable de la mort des
poissons. Je vous prie de me fournir toutes les informations que vous
possédez pour que notre enquête en vérifie la justesse. Si
l'enquête révèle une cause autre que naturelle, cette cause
serait intolérable, et nous n'entendrons pas la tolérer. Le
rapport sera rendu public dès que complété."
Je tiens à dire, M. le Président, que si l'on se propose
de descendre dans la rue, et que si en même temps on possède des
renseignements que l'on ne fournit pas au gouvernement pour lui permettre de
faire l'enquête complète et nécessaire, je pense qu'on
n'agit pas de façon responsable. Je demande publiquement aux
pêcheurs de la région de Valleyfield de fournir incessamment au
gouvernement, les renseignements qu'ils possèdent pour nous permettre de
vérifier complètement cette situation malheureuse.
M. LE PRESIDENT: M. Paul.
M. PAUL: Une question additionnelle, M. le Président. Je voudrais
féliciter l'honorable ministre pour s'être conformé d'une
façon tout à fait exemplaire aux dispositions de l'article 687 de
notre règlement qui dit que toute réponse doit être
brève.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Mines Molybdenite
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais poser une question au
ministre des Richesses naturelles. Je voudrais savoir s'il pourrait nous faire
une déclaration ce matin, concernant les développements de
négociations pour les deux mines, Preissac Molybdenite et Molybdenite de
La Corne. Je crois qu'il y a eu des négociations assez sérieuses
ces jours-ci. Est-ce que vous seriez en mesure, ce matin de nous faire une
déclaration?
M. MASSE (Arthabaska): Depuis une semaine, j'ai l'occasion de
répondre à une même question du député de
Rouyn-Noranda.
Très peu de développement se sont produits à
l'exception qu'il y a eu ouverture des soumissions pour la mine Preissac.
Aucune soumission ne fut présentée, étant donné que
le minimum était fixé à $1.5 million. D'autre part, il
semble bien que ce soit le créancier principal, c'est-à-dire la
compagnie Metal and Ore qui ait à reprendre la mine pour l'exploiter de
nouveau. Quant à la condition essentielle, qui est toujours la
même, celle de trouver un financement de $2 millions, à ce jour,
malheureusement je n'ai pas de nouvelle plus récente à donner au
député de Rouyn-Noranda. Je sais cependant que le comité
d'urgence qui devait se réunir mercredi ou jeudi devait rencontrer M.
Sampson, le président de Metal and Ore, afin d'explorer toutes les
possibilités de réouverture de la mine Preissac et l'augmentation
de la production, comme on l'a déjà dit dans cette Chambre.
M. SAMSON: Dans le cas de la Molybdenite de La Corne est-ce que vous
avez des développements?
M. MASSE (Arthabaska): Dans le cas de la Molybdenite également,
plusieurs investisseurs possibles ont été contactés par le
président de la compagnie et par les fonctionnaires de mon
ministère. Dans au moins une occasion des ententes ont failli être
conclues. Mais je sais que des négociations se poursuivent avec des
entreprises privées qui, semble-t-il, pourraient peut-être
être intéressées à rouvrir la mine Molybdenite.
M. SAMSON: M. le ministre, est-ce que vous envisagez la
possibilité, le cas échéant, de voir à ce que ces
mines puissent être rouvertes en étant exploitées
conjointement par certains entrepreneurs et par les employés?
M. MASSE (Arthabaska): Je pense, M. le Président, qu'il
appartient au comité d'urgence de nous faire des recommandations dans ce
sens et, comme on en avait discuté privément avec le
député de Rouyn-Noranda, j'attends les recommandations que le
comité en question pourra nous faire sur ce sujet précis, cette
méthode d'exploitation.
Fermeture d'une mine d'amiante
M. DUMONT: Une question au ministre des Richesses naturelles. Tout
près de son comté, soit à Thetford-Mines, une mine
d'amiante fermera ses portes le 31 décembre prochain, mettant à
pied 131 ouvriers. Est-ce que le ministre a considéré la
possibililté d'ouvrir une mine dans les environs afin de
réengager ces ouvriers?
M. MASSE (Arthabaska): II n'appartient pas au ministère des
Richesses naturelles d'exploiter une mine. D'autre part, je sais que dans la
mine dont il fait état, c'est-à-dire la mine Flinkote, une partie
des employés mis à pied seraient, selon mes informations,
réengagés par la mine Asbestos. D'autre part, pour les mineurs
qui ne trouveraient pas d'emploi, on sait qu'il reste jusqu'à la fin de
l'année pour tenter de leur trouver une nouvelle occupation. Je pense
qu'il appartient davantage au ministère du Travail d'effectuer ce
travail.
M. LE PRESIDENT: Affaires de jour.
Question de privilège Hausse du prix du
lait
M. LE PRESIDENT: Avant de passer aux affaires du jour, l'honorable
député de Maisonneuve aimerait soulever une question de
privilège dont il m'a donné avis hier.
M. BURNS: Merci, M. le Président. Ma question de privilège
concerne une réponse qui a été faite par le ministre de
l'Agriculture hier au député de Nicolet. Le député
de Nicolet avait posé au ministre de l'Agriculture une question
relativement à l'existence ou à la non-existence d'une ordonnance
de la Régie des marchés agricoles concernant l'augmentation du
prix du lait. Me référant à la réponse qui a
été donnée hier par le ministre, on lit ceci:
"L'Association des industriels laitiers avait fait cette demande d'une
augmentation du prix du lait. J'ai rencontré hier le président de
la régie" en l'occuren-ce, si on se reporte au moment où
ces paroles-là ont été dites, comme je l'ai compris,
c'était bien le 8 juillet 1971 J'ai donc rencontré hier le
président de la régie. "Nous en avons discuté quelque peu
et il doit me donner aujourd'hui, au cours de l'après-midi, la
décision qui a été prise." Evidemment, la régie
prend d'abord ses décisions. Je ne sais pas si elle les a prises
présentement de façon définitive".
C'est cette dernière phrase qui fait la base de ma question de
privilège, relié au fait qu'immédiatement avant la
suspension de la Chambre vers 12 h 30, le ministre est revenu en disant que
l'ordonnance avait été rendue le 6 juillet.
Or, comme membre de cette Chambre, j'ai trouvé difficile à
comprendre que le ministre ait pu rencontrer le président de la
régie le 8 juillet, qu'il ait discuté du problème avec lui
et qu'il n'ait pas su à ce moment-là que, le 6 juillet, une
ordonnance avait été rendue.
Je soulève la question de privilège afin que le ministre
puisse se justifier et effacer tout doute dans notre esprit à l'effet
que le ministre aurait voulu tromper la Chambre. J'espère et je pense
que ce n'est pas le cas. Je veux donner au ministre la chance de se justifier
sur ce point.
M. TOUPIN: Effectivement, j'ai rencontré le président de
la régie. Nous avons discuté de ce problème d'augmentation
des prix du lait, mais je n'ai pas demandé au président de la
régie si les régisseurs s'étaient réunis et avaient
pris une décision finale. Je dois préciser que notre discussion a
porté sur la requête que les producteurs j'avais
donné cette réponse-là, je pense, à une question du
député de Nicolet, à savoir si les producteurs allaient
toucher une augmentation j'ai discuté un peu avec le
président de cette partie de la question. Il m'a dit qu'une
décision serait prise incessamment à compter de cette
requête.
Néanmoins, le président de la régie n'est pas tenu
de dire au ministre quand une décision est prise concernant une
ordonnance de la régie. C'est la raison pour laquelle le lendemain, soit
hier, à la demande du chef de l'Opposition officielle, j'ai
téléphoné à la régie et les responsables
m'ont donné de façon précise la date à laquelle les
régisseurs s'étaient réunis et avaient pris la
décision de changer l'ordonnance concernant le prix minimum du lait.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. Demande d'ajournement
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, en vertu de
l'article 188, je désire proposer l'ajournement de la Chambre pour
discuter d'une affaire grave et urgente, c'est-à-dire l'ordonnance
émise le 6 juillet dernier par la Régie des marchés
agricoles, qui autorisait une hausse du prix du lait allant jusqu'à
$0.04 la pinte.
M. LEVESQUE: Ce n'est pas le genre de sujet, M. le Président, qui
peut faire l'objet d'une motion exceptionnelle comme celle-là.
M. BURNS: Laissez-le s'exprimer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Sur la gravité de la question, M. le
Président, je veux simplement souligner que cette hausse frappe tous les
Québécois, les pauvres comme les riches, et que le montant est
estimé entre $8 millions et $16 millions.
Sur l'urgence, M. le Président, je veux souligner que
l'ordonnance entrera en vigueur le 19 juillet et que nous n'aurons pas
l'occasion de débattre cette question d'ici l'ajournement de
l'été. Si, M. le Président, la Chambre voulait demander au
gouvernement de prendre des mesures spéciales sur ce sujet, elle n'aura
pas d'autre occasion que de le faire présentement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! à l'ordre! Je suis prêt
à rendre ma décision immédiatement.
Je considère qu'il s'agit d'une question très importante,
qui a des implications économiques sur tous les consommateurs du
Québec. C'est un problème, sans aucun doute, qui est urgent et
grave. Mais, en vertu du règlement, il est bien reconnu qu'il s'agit de
décider s'il est grave et surtout urgent d'en discuter à ce
moment-ci.
Pour l'honorable député de Sainte-Marie et tout autre
membre intéressé au problème de l'agriculture, au
problème des producteurs de lait, au problème des consommateurs
également, il y aura une occasion beaucoup plus appropriée, pour
discuter de ces questions lorsque le comité de subsides se formera, ou
encore à la reprise du débat sur la motion du ministre des
Finances pour que la Chambre se forme de nouveau en comité des voies et
moyens. C'est donc dire que vous aurez au moins deux, sinon plus d'occasions
pour pouvoir discuter de cette question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a 25 sujets à discuter.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. LEVESQUE: Article 4.
Projet de loi no 50
M. LE PRESIDENT: Formation du comité plénier.
Comité plénier
M. LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire, pour l'honorable
premier ministre, propose que je quitte maintenant le fauteuil et que la
Chambre se forme en comité plénier.
Cette motion est-elle adoptée?
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, avec votre permission, selon la
directive que vous m'avez donnée hier, il semblerait que ce soit
à ce moment-ci que je puisse faire motion pour que le bill no 50 soit
déféré à la commission parlementaire.
La raison qui m'incite à faire cette motion est à l'effet
que nous considérons que nous avons besoin d'un maximum d'informations,
afin de juger, sur une base sérieuse, solide et étayée, la
valeur de la création de cette Société de
développement de la baie James qui fait l'objet du bill 50.
Selon nous, de multiples questions sont demeurées sans
réponse, tant au cours du débat qu'au cours de la commission
parlementaire qui avait précédé. Nous croyons qu'il est
nécessaire, avant que la Chambre ne se prononce définitivement
sur l'opportunité d'adopter ce projet de loi, que des
spécialistes puissent venir répondre à des questions que
les membres de cette Chambre pourraient se poser relativement à la
création de la Société de développement de la baie
James, que les membres de cette Chambre puissent obtenir ce qu'on appelle la
vérité scientifique. Je pense que, peut-être sauf quelques
exceptions, en cette Chambre, aucun membre ne prétend pouvoir en arriver
facilement à la vérité scientifique relativement à
ce problème de la création de la Société de
développement de la baie James.
Le projet intéresse plusieurs ministères. On a
déjà parlé du ministère des Richesses naturelles,
du ministère des Terres et Forêts, de la Chasse et de la
Pêche, etc. Nous croyons que la commission qui devrait en prendre
connaissance et à qui le projet de loi no 50 devrait être
déféré, est la commission de la présidence du
conseil.
Alors, en conséquence, M. le Président, appuyé par
le député de Bourget, je désire proposer,
conformément à l'article 560 de notre règlement, que le
bill 50 soit déféré à la commission de la
présidence du conseil.
DES VOIX: Vote.
M. LE PRESIDENT: ... que ce soit déféré à la
commission permanente...
M. BURNS: ... de la présidence du conseil.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, comme vient de le dire mon
collègue, le député de Maisonneuve, nous sommes d'avis
qu'avant de pouvoir nous prononcer sur un projet de l'importance de la loi 50,
il faut que nous possédions le maximum d'informations. Ceci afin que
nous puissions porter sur ce projet de loi extrêmement important un
jugement étayé et valable. Or, de multiples questions qui se
rapportent au projet de loi et à tout le projet ont été
posées avant, pendant la discussion et sont, jusqu'ici, restées
sans réponse.
Ces questions, c'est aux spécialistes dans les divers domaines
concernés qu'il convient de les poser, afin d'obtenir d'eux les
réponses qui rencontrent les critères de vérité
scientifique.
Pour ce faire, il faut que ces spécialistes viennent à la
barre d'une commission parlementaire et fournissent aux élus du peuple
tous les renseignements qu'ils requièrent.
Parmi ces questions encore pendantes, mentionnons les suivantes:
D'abord, toutes celles qui touchent le coût, la production de
l'électricité.
Le mandat de la filiale hydro-électrique est-il de harnacher les
trois rivières du sud, c'est-à-dire le complexe Nottaway
Broadback Rupert ou les deux rivières du nord, Eastmain et La
Grande? Est-ce de procéder à l'aménagement complet de
toutes les ressources hydroélectrique du territoire ou de s'en tenir
à quelques-unes? Dans l'un ou dans l'autre cas, par où
commencerons-nous les travaux, par le nord ou par le sud?
Le mandat serait-il plus restreint et ne comporterait-il que la
première phase du projet NBR quitte à ce que soient poursuivies
ultérieurement les autres étapes, après un réexamen
complet de la question? Je me permets de souligner, M. le Président, que
les différences de mandat, à ce niveau, ont des
répercussions assez considérables. Est-ce que par le projet de
loi no 50, nous engageons le Québec dans la voie de dépenses de
$1.8 milliard, ce qui est le coût qu'on nous a donné de la
première étape à la commission parlementaire ou de $4.1
milliards, ce qui est le coût complet de l'aménagement des trois
rivières NBR ou de $6.5 milliards, ce qui serait le coût de
l'aménagement complet des cinq rivières et peut-être
même davantage? Avant de signer le chèque en blanc, nous aimerions
au moins avoir une petite idée du montant en jeu.
En d'autres termes, est-ce que nous créons
une filiale qui aura pour tâche de produire 1.3 million de kW, ou
5.3 millions de kW ou encore plus de 10 millions de kW? La question n'est pas
non plus sans intérêt car elle conditionne toute la planification
énergétique pour les vingt prochaines années au
Québec. J'ai une autre série de questions qui portent, cette
fois, sur l'aménagement des ressources hydro-électriques. Ces
questions sont directement reliées à la conception, à
l'aménagement et à l'exploitation des ressources
hydro-électriques de la baie James. Quels instruments seront
utilisés par la filiale pour effectuer la conception_
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je dois interrompre à ce stade-ci le
député de Bourget. Il semble vouloir traiter du principe du bill
alors que, sur cette motion, tout ce que je peux lui permettre c'est de
connaître ses arguments en vue d'éclairer la Chambre. Je voudrais
savoir pourquoi le proposeur de la motion, et ceux qui parlent sur cette
motion, désirent que ce projet de loi soit étudié par la
commission permanente du conseil de la présidence et non pas par le
comité plénier. C'est uniquement ça qui
m'intéresse.
M. LAURIN: Oui, M. le Président. Nous acceptons maintenant, bien
sûr, le principe de la création de la société. Pour
savoir quel genre de société, pour savoir quel mandat elle aura,
pour savoir les modalités de fonctionnement de cette
société, il nous semble qu'il faudrait, pour éclairer
justement notre opinion là-dessus, que nous ayons des réponses
à toutes sortes de questions qui les unes touchent
l'hydro-électricité, les autres les forêts, les autres les
mines, afin que nous puissions voir à l'aide des questions et des
réponses que nous aurons et des experts que nous pourrons entendre,
l'intégration des facteurs socio-économiques dont on doit tenir
compte pour les discussions ainsi que pour les décisions qui auront
à être prises.
Il nous semble, qu'avant d'en arriver à la
nécessité de l'intégration de l'étude de ces
facteurs, il importe de procéder par l'analyse de chacun des secteurs.
Avant d'en arriver à la synthèse, il faut procéder par la
voie analytique. C'est la raison pour laquelle, dans un premier temps, je veux
parler de l'étude des différents secteurs, des questions que nous
aimerions poser là-dessus et, dans un deuxième temps, montrer que
ces facteurs ne peuvent être conçus isolément. Ils ne
peuvent être conçus que par rapport à un tout. C'est la
raison pour laquelle nous aimerions que ce problème soit
étudié surtout à la commission de la présidence du
conseil plutôt qu'à la commission des Richesses naturelles,
étant donné que le projet comporte des incidences qui bien
sûr, pour certaines d'entre elles et peut-être parmi les plus
importantes, touchent les richesses naturelles. Il y en a beaucoup d'autres qui
touchent d'autres secteurs et c'est la raison pour laquelle je procède
de cette façon.
Donc, quant aux questions qui portent sur l'aménagement des
ressources hydro-électriques, nous aimerions avoir des réponses
sur les questions suivantes: Quels instruments seront utilisés par la
filiale pour effectuer la conception et la réalisation des projets?
L'entrepreneur général serait-il exclusivement 1'Hydro ou des
firmes privées d'ingénieurs qui pourront effectuer la
surveillance des chantiers et déterminer les spécifications
techniques de l'appareillage à utiliser?
Autre question qui met directement également en jeu l'avenir de
l'Hydro: Est-ce qu'on laissera, pendant les dix ou quinze ans que durera la
réalisation du projet, l'Hydro rester sur place à attendre son
concurrent? Il serait peut-être bon de rappeler que l'Hydro est
probablement... Il ne faudrait pas que cela nous glisse des mains et il
faudrait, pendant que cette nouvelle société existe, avec les
modalités qu'on lui donnera, prévoir justement pouvoir poser des
questions sur les mécanismes de coordination entre cette
société qui existe actuellement et les liens qu'elle pourra avoir
au niveau de la conception, au niveau de la recherche, au niveau de
l'exécution des travaux ainsi qu'au niveau de la surveillance de
même qu'au niveau de toutes les conséquences qui s'ensuivent,
c'est-à-dire le maintien d'un réseau de distribution et de
vente.
Il s'agit de voir, à l'aide des questions que nous pourrions
poser à des spécialistes, comment cette intégration pourra
être faite afin d'assurer la stabilité technique du réseau,
afin de pouvoir assurer la distribution du courant électrique sans perte
et sans danger de panne. Il y a là des questions techniques, je crois,
que nous aurions le devoir et le droit de poser à des gens qui
pourraient véritablement nous éclairer. Je tiens à vous
signaler, M. le Président, que ces quelques dernières phrases que
je viens de prononcer ne sont pas exactement de mon cru puisqu'elles ont
été prononcées dans un discours à Rimouski, le 14
décembre 1969, en rapport avec le débat sur l'opportunité
de confier à l'entreprise privée la construction de Manic 3 par
celui qui était alors candidat à la "cheffe-rie" du Parti
libéral, c'est-à-dire l'actuel premier ministre.
Je repose donc la question: Quel serait le rôle de
l'Hydro-Québec dans les phases de conception et de réalisation du
projet? Quel rôle aurait-elle? Ce rôle serait-il le premier ou
serait-il réduit à fournir une aide aux firmes privées qui
pourraient avoir reçu le mandat de réaliser ce projet pour sa
plus grande partie?
Autre série de questions sur lesquelles nous aimerions avoir des
réponses, M. le Président, c'est le calendrier et le rythme des
travaux. Nous ignorons en effet qui, aux termes de la loi 50, aura le
véritable pouvoir de fixer le calendrier des travaux et
éventuellement de modifier ce calendrier afin que les diverses phases du
projet soient coordonnées avec les variations des besoins
d'électricité ou les autres projets qui
pourraient être mis en chantier. Sera-ce l'Hydro-Québec
comme telle qui est la plus à même d'analyser l'évolution
des besoins en électricité? Sera-ce la filiale ou sera-ce la
nouvelle société dont on vient d'accepter le principe de la
création?
Dans ce dernier cas, une autre question essentielle doit être
posée, qui demeure toujours sans réponse: Quels seront les liens
entre la société mère et la filiale, quel sera le
degré d'autonomie de la filiale par rapport à la
société mère? La filiale sera-t-elle obligée
d'accélérer ses travaux si la société mère
éprouvait des difficultés de financement et désirait
produire de l'électricité dans les plus brefs délais,
même si le Québec n'en avait pas besoin à ce
moment-là, ou au contraire, l'autre hypothèse, est-ce que la
filiale serait obligée, par exemple, de ralentir ses travaux, sur ordre
de la société mère, si la filiale forestière
était en retard sur son calendrier de coupe de bois dans les
régions à être inondées?
Ceci nous permet de toucher du doigt à quel point il est
impensable de considérer une phase du projet sans en considérer
l'autre, à quel point il est impossible d'envisager ce qui va se passer
dans un secteur, celui de 1'hydro-électricité, sans nous demander
ce qui va se passer d'une façon concurrente, particulièrement
dans le secteur forestier où la poursuite des travaux conditionne la
poursuite des travaux dans d'autres secteurs.
C'est là une autre raison pour laquelle nous croyons à la
nécessité de l'étude intégrée de tout le
problème à une des commissions, qui peut seule poursuivre ces
études d'intégration.
D'autres questions, M. le Président, auxquelles nous n'avons pas
eu de réponses, portent sur la rentabilité. C'est peut-être
la question la plus fondamentale, à laquelle nous aurions besoin d'avoir
des réponses, avant de nous prononcer sur quelque modalité que ce
soit, du projet. C'est celle qui sous-tend toutes les questions et celle, au
fond, qui aura la plus grande importance pour la population du
Québec.
Ces questions, M. le Président, nous voulons bien croire qu'on a
essayé d'y répondre jusqu'ici. Mais les réponses qui ont
été données nous paraissent, ou fragmentaires ou
superficielles. Nous voulons bien croire, par exemple, que l'ingénieur
en chef de l'Hydro-Québec a déclaré, à la
lumière d'études préliminaires, que le projet semblait
rentable, en se référant à la lettre de M. Cahill, du 30
avril. Cela ne nous suffit pas. Nous avons déjà demandé et
on ne nous a pas donné de réponse, qu'on dépose toutes les
études de rentabilité, qu'on fasse comparaître les
ingénieurs de firmes privées qui ont effectué d'autres
études de rentabilité, ainsi que des experts canadiens ou
américains qui ont eu à mener des études analogues. Nous
avons demandé cela, M. le Président. On n'a pas cru bon de
répondre à nos questions. Pourtant voici arrivé le moment
où il nous faut absolument ces réponses. Seuls des techniciens
peuvent vrai- ment nous donner ces réponses. Nous en avons besoin pour
étudier d'une façon véritablement scientifique et valable
les modalités de fonctionnement, aussi bien de la société
mère que des filiales, aussi bien les rapports qui devront être
institués entre ces filiales et la société mère. En
effet, nous ignorons encore, jusqu'ici, M. le Président, le coût
exact en mills de l'électricité qui peut être produite
à la baie James, sur les trois rivières inférieures, et
surtout sur les deux rivières supérieures. Nous ignorons le
coût exact du kilowatt installé, soit du complexe NBR ou soit des
deux rivières du nord. Nous ne sommes pas les seuls à ignorer ces
éléments fondamentaux car les études sur le terrain, comme
on l'a dit plusieurs fois au cours des débats, ne seront pas
terminées avant septembre, en ce qui concerne les trois rivières
du sud, et avant peut-être plusieurs autres longs mois pour les
rivières du nord. Nous savons, cependant, M. le Président...
M. BOURASSA: Tout cela est étudié, M. le
Président...
M. LAURIN: ... que depuis la discussion...
M. BOURASSA: Du placotage, du blablabla...
M. LAURIN: ... on a continué de faire des études sur les
rivières du nord. Cela fait déjà un mois et demi que ces
études se poursuivent, en même temps que sur celles du sud. Il
serait très intéressant pour les membres de l'Opposition...
M. BOURASSA: Tout cela a été discuté, M. le
Président.
M. LAURIN: ... que l'on puisse avoir des spécialistes pour
commenter ces études, afin de savoir quels sont les résultats
préliminaires auxquels ils sont arrivés, aussi bien en ce qui
concerne la rentabilité propre du projet, que le coût
éventuel des projets qui pourraient en être la suite. C'est
pourquoi, nous demandons que la commission parlementaire soit convoquée,
afin que nous puissions poser des questions à ces spécialistes,
à ceux qui sont en autorité pour nous les donner et afin que nous
soyons en mesure d'étudier les structures, les modalités de
fonctionnement de ces structures.
M. BOURASSA: Tenez votre temps.
M. LAURIN: Nous avons aussi d'autres questions, M. le Président,
en ce qui concerne le financement, qui touchent bien sûr aux
études de rentabilité, mais qui ont un aspect plus proprement
financier et qui nous paraissent également fondamentales. Nous l'avons
d'ailleurs signalé à plusieurs reprises. Par exemple, comment le
gouvernement entend-il financer le projet?
M. BOURASSA: Ecoutez, M. le Président, où sont les
députés?
M. LEVESQUE: Quand le député se retourne, il n'en reste
plus un en arrière de lui.
M. LACROIX: Je les comprends, il est tellement ennuyant !
M. LAURIN : Quel sera la dette per capita? Nous avons entendu, bien
sûr, quelques réponses mais c'étaient des réponses
très vagues, qui engageaient l'avenir de certaines
sociétés, mais d'une façon morale, beaucoup plus que
technique. Maintenant que le principe du projet de loi est adopté, comme
disent les américains: "we must to brass tacks". Nous devons avoir des
précisions, beaucoup plus exactes, beaucoup plus documentées,
beaucoup plus étendues. Comment le gouvernement entend-il financer dans
les détails et jusqu'au bout, jusqu'au dernier sou...
M. BOURASSA: Tout des petits détails.
M. LAURIN: ... le capital du Québec?
Est-ce qu'il entend puiser dans les réserves de
l'Hydro-Québec? Est-ce qu'il entend exiger de celle-ci qu'elle augmente
considérablement ses taux pour faire payer le projet par la population?
Est-ce qu'il entend aller sur le marché américain, et si oui,
dans quelle proportion? Et alors, devra-t-il engager toute sa vie le
crédit de la province?
M. BOURASSA: M. le Président, le député n'est pas
sérieux.
M. LAURIN: ... devra-t-il donner la garantie de l'Hydro?
M. BOURASSA: Le député se discrédite aux yeux de
l'opinion publique.
M. LAURIN: II serait vraiment paradoxal qu'on demande la garantie de
l'Hydro après qu'on ait limité son rôle. Faudra-t-il, pour
satisfaire les exigences des bailleurs de fonds étrangers, que la
société leur garantisse un profit, quel que soit le coût de
l'électricité produite? L'Hydro devrait-elle s'engager à
acheter en bloc toute la production d'électricité au cas
où elle n'aurait pas le rôle de maître-d'oeuvre? Si oui,
à quelles conditions devrait-elle acheter ces blocs
d'électricité? Quelle serait la part du financement provenant de
l'autofinancement par l'Hydro-Québec au cas où, encore une fois,
elle aurait un rôle plus important à jouer dans la future
société? Quelle serait la part qui viendrait des marchés
financiers américains? Quelle serait la part provenant d'avances du
gouvernement puisque le projet de loi prévoit à un de ses
articles des avances du gouvernement? Dans ce dernier cas, ces montants
proviendraient-ils d'emprunts, d'émissions d'obligations ou
d'augmentations de taxes?
Voilà en somme, M. le Président, un exemple des questions
que nous aimerions poser. Ce sont des questions techniques, ce sont des
questions délicates et il faudrait que nous ayons quand même des
réponses à ces questions car, autrement, comment pourrons-nous
discuter des modalités d'exécution, des modalités de
structures, des modalités de fonctionnement des filiales et de la
société mère? Comment pourrons-nous nous faire une
idée des relations à tous les niveaux, sur tous les secteurs qui
peuvent exister entre cette société et ses filiales?
Nous avons besoin d'avoir une réponse à ces questions
avant même que nous puissions discuter d'une façon valable et
scientifique.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement. Je m'en excuse auprès du député de
Bourget.
Le député de Bourget demande au premier ministre de nous
donner des renseignements.
M. BOURASSA: II n'en aura pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le premier ministre assis déclare tout
de suite: Vous n'en aurez pas, vous n'en aurez pas. Est-ce que c'est ça
le gouvernement responsable?
M. BOURASSA: Oui.
M. LACROIX: Certainement.
M. BOURASSA: C'est ça un gouvernement qui veut gouverner et qui
va gouverner, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela veut dire, M. le Président,
que...
M. BOURASSA: Cela veut dire ce que ça veut dire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela veut dire que le gouvernement... le
premier ministre nous a répondu, lorsqu'on lui a demandé des
renseignements: Vous n'en aurez pas de renseignements.
M. LE PRESIDENT: J'aimerais faire remarquer à l'honorable
député de Chicoutimi qu'il vient de violer d'une façon
flagrante le règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, c'est le premier viol
de ma vie.
M. LE PRESIDENT: En ce début de séance, en ce début
de journée où nous avons des travaux sûrement très
importants à accomplir,
j'inviterais non seulement l'honorable député de
Chicoutimi mais tous les membres de cette Chambre à se garder de tels
viols.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je m'en excuse. Mais
vous m'aviez accusé de viol, je vous ai dit que c'était le
premier de ma vie. Je m'en confesse.
M. LACROIX: Cela ne fera pas des enfants forts, M. le
Président.
M, LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, il est un autre secteur sur lequel
nous voudrions avoir des renseignements avant de pouvoir discuter d'une
façon valable les articles en comité plénier. Ces
questions touchent à l'exportation, encore une fois, du courant
électrique produit. Est-ce que le gouvernement considère toujours
l'exportation d'énergie de base comme une hypothèse
sérieuse, après ce que nous avons entendu à la commission
parlementaire? Dans ce cas, des contacts ont-ils été
établis avec des acheteurs éventuels, et si oui, à quel
point en sont rendus ces contacts et quels sont les résultats que ces
contacts ont donnés? Est-ce qu'ils ont simplement donné lieu
à des assurances morales ou est-ce qu'ils ont donné lieu à
des engagements précis?
M. SPRING ATE: Le président est en avant.
M. LAURIN: Et si ce sont des engagements précis...
M. SHANKS: Il parle à la tribune.
M. LAURIN: Est-ce qu'on pourrait en savoir les montants et
jusqu'à quel point ces engagements peuvent s'étaler dans le temps
et jusqu'à quel point ils peuvent comporter déjà des
aspects techniques? N'y a-t-il pas danger à ce moment-là si les
contacts ont été pris, s'ils ont été fructueux
il faut se poser la question n'y a-t-il pas danger que le
Québec subventionne ainsi jusqu'à quel point le
développement de ses voisins en consentant lui-même des
investissements considérables qu'exige la production d'énergie et
ensuite en revendant cette énergie à des pays voisins? On sait
que la rentabilité produite par les ventes des courants
électriques est très faible comparativement à ce qui peut
se produire dans d'autres secteurs. Si des transactions devaient être
faites avec l'étranger, le seraient-elles par l'Hydro ou par la nouvelle
société étant donné qu'on ne sait pas encore
exactement quels seront les rapports qui régiront la
société mère et l'Hydro-Québec.
M. BOURASSA: Je l'ai dit hier.
M. LAURIN: Quelle est la part de l'énergie produite qui irait
à l'exportation étant donné que nous savons que certains
prétendent qu'on peut en exporter beaucoup et que d'autres, dont les
spécialistes de l'Hydro que nous avons entendus, disent que toute la
production de la baie James suffirait à peine aux besoins du
Québec jusqu'en 1984. Il y a là des questions que seuls les
techniciens peuvent éclaircir et sur lesquelles les parlementaires
doivent avoir des lumières très précises avant de pouvoir
se prononcer sur les articles de ce projet de loi extrêmement
important.
Délaissant maintenant le champ de
l'hydroélectricité pour entrer dans un autre des secteurs qui
sera couvert par le projet de loi, celui des forêts, on peut se demander
quel est le pourcentage de bois qui pourrait être
récupéré de façon rentable. Je lisais un article,
il n'y a pas très longtemps, où on disait que seulement la
moitié des 13,500,000 cordes de bois pourrait être
récupérée étant donné les caractères
de cette forêt, étant donné le rythme des travaux. Nous
avons besoin de savoir dans quelle proportion ce bois pourrait être
récupéré. Ceci peut avoir une extrême importance sur
tout le marché du bois d'abord, étant donné la crise que
connaît actuellement l'industrie des pâtes et papier, étant
donné aussi les conséquences écologiques que ceci peut
avoir lorsqu'on laisse du bois pourrir dans l'eau, étant donné
également tout ce que nous savons sur les opérations
antérieures de Rexfor afin que l'on puisse se rassurer sur la
façon dont seront traitées ces millions de cordes de bois qui
seront récupérées par Rexfor.
Une autre question à laquelle seuls les spécialistes
peuvent nous répondre. Est-ce qu'on envisage de transformer au moins une
partie de ce bois sur place? Nous savons qu'il y a des usines pas loin,
à Lebel-sur-Quévillon. Est-ce que des arrangements et des
contacts ont été pris avec la compagnie Domtar aussi bien pour la
coupe de ce bois que pour le transport de ce bois, que pour la transformation
de ce bois sur place et éventuellement pour la mise en place d'une
nouvelle industrie de transformation du bois?
Quelle quantité donc de bois pourra-t-on récupérer?
Sur quel marché prévoit-on l'écouler? A-t-on fait des
études de marché qui permettraient de savoir si le bois peut
être écoulé sans que cela devienne du dumping? Ne
risque-t-on pas de porter un très dur coup aux petits producteurs de
bois dont la situation est déjà si alarmante, quand on
connaît toutes les protestations dont on a souvent des échos ici
en Chambre de la part des offices de producteurs de bois, de telle ou telle ou
telle région qui n'arrive que très difficilement à
écouler leur production auprès des grandes compagnies
forestières?
M. BOURASSA: Démagogue!
M. LAURIN: Ce n'est pas de la démagogie,
ce sont des questions auxquelles nous faisons écho ici
très souvent aussi bien des offices de producteurs de bois de la
rivière du Sud que ceux du Saguenay et d'autres régions. C'est
une situation très alarmante à l'heure actuelle. Est-ce qu'on a
pris des précautions? Est-ce qu'on a pris déjà des mesures
pour empêcher que cette situation ne devienne davantage alarmante et au
contraire, pour profiter de cette occasion, pour faire une planification
à l'échelle de tout le Québec de la production du bois, de
sa transformation? Encore une fois, quelle sera l'influence de toutes ces
opérations forestières très importantes puisqu'il
s'agit de 13,500,000 cordes de bois sur le prix du bois? Est-ce qu'il
n'y aurait pas danger d'en arriver à une sorte de dumping à
partir de cette région sur tous les autres marchés existant avec
les conséquences extrêmement désastreuses que cela pourrait
avoir sur les industries déjà installées et qui vivent
déjà dans une situation extrêmement précaire?
Il nous semble, M. le Président, simplement en ce qui concerne
les forêts, en ce qui concerne l'aspect industriel et l'aspect commercial
du secteur des forêts, qu'il y a là des questions
extrêmement importantes, auxquelles seuls des spécialistes soit
des ministères concernés, soit appartenant au milieu industriel,
peuvent apporter des réponses. Sans parler, comme je le disais tout
à l'heure, de l'aspect écologique de la question qui doit
être édudié de la façon la plus approfondie
possible, surtout à la lumière des expériences qui ont
été faites ailleurs, dans d'autres pays, de ces vastes projets
qui, si on n'y prend garde, peuvent amener des conséquences dont
seulement nos héritiers pourront subir les effets malencontreux par
suite de notre manque de prévision.
Dans un autre secteur, M. le Président, celui des mines, il est
aussi extrêmement important d'avoir des réponses aussi bien aux
questions que nous nous sommes posées jusqu'ici qu'aux autres questions
que nous aurions encore à poser.
Evidemment, on a parlé et on parle encore beaucoup du
développement minier éventuel qui peut avoir lieu dans ces
régions. Mais y a-t-il eu, jusqu'ici, une prospection sérieuse de
tout cet immense territoire? Là-dessus, nous aimerions bien entendre les
spécialistes du ministère des Richesses naturelles et aussi des
représentants de la Société d'Etat Soquem. Est-il exact
que les cartes géologiques ne seront terminées que dans quelques
années, comme le disait le ministre des Richesses naturelles il n'y a
pas très longtemps, lorsque nous discutions de ses crédits
à la commission des Richesses naturelles?
A-t-on étudié, également, la qualité des
gisements? On nous a dit, très vaguement, qu'il y avait des gisements de
zinc, de cuivre, peut-être d'amiante, peut-être de pétrole,
également, mais où en sommes-nous rendus dans la prospection de
ces études? Est-ce simplement le fruit d'études menées en
avion ou par reconnaissance aérienne ou est-ce le fruit d'un travail
fait par des prospecteurs qui, d'une façon scientifique et sur le
terrain, ont mené ces études? A quel point ces études
sont-elles rendues? Il serait très important pour nous de le savoir. En
somme, est-ce qu'on a étudié l'ampleur, l'étendue, la
qualité de ces gisements? Est-ce que leur rentabilité, par
rapport au coût du transport, au coût d'extraction, est maintenant
assurée? Si elle n'est pas assurée, quelles études
devons-nous encore mener pour que nous puissions en arriver à prouver,
d'une façon valable ou même éventuelle, cette
rentabilité?
A-t-on l'intention de confier la prospection de cet immense territoire
exclusivement à Soquem ou veut-on intéresser les entreprises
privées à cette prospection qui devrait, de toute façon,
se poursuivre durant quelques années, étant donné
l'ampleur du territoire? A-t-on prévu de confier l'exploitation des
gisements éventuels à des entrepreneurs privés? Si oui,
que faut-il penser de la réaction au projet de loi que nous
étudions de la Fédération des producteurs miniers du
Québec qui semble manifester une très grande
inquiétude?
Voilà, M. le Président, un certain nombre de questions qui
touchent le domaine des mines, qui nous paraissent extrêmement
importantes, qui peuvent avoir une grande influence sur le succès
relatif, absolu ou lamentable du projet puisque, dès le départ,
on a voulu intégrer le développement de toutes les richesses
naturelles de la région. Il est donc très important pour nous que
nous ayons, de la part des spécialistes et des autorités
intéressées, des réponses aux questions que nous avons
posées afin d'avoir dans la tête une sorte de schéma global
de toute la situation et que ceci infléchisse le jugement que nous
serons amenés à porter sur chacun des articles de ce projet de
loi.
Encore une fois, M. le Président, nous n'avons pas eu l'occasion
dans le passé d'avoir des réponses aux questions que nous
posions. Et là, à cette heure fatidique où l'approbation
finale devra être donnée au projet de loi, il importe que nous
ayons ces réponses afin de pouvoir nous faire une idée exacte de
toutes ces études et des résultats qu'elles ont
donnés.
Une autre série de questions, M. le Président, porte cette
fois sur les structures administratives. Ce projet de loi que nous venons
maintenant d'adopter en deuxième lecture, dans les circonstances que
l'on sait, nous paraît encore une fois assez vague pour qu'il puisse nous
amener à poser de très nombreuses questions sur les structures
qu'elle met en place et sur leurs modalités de fonctionnement.
Par exemple, quels seront les rapports entre la société de
développement et ses filiales? Celles-ci seront-elles autonomes ou
seront-elles complètement assujetties aux directives de la
société mère? Quels seront les rapports entre la
Société et ses filiales, d'une part et, So-quip, Soquem et Rexfor
et l'Hydro-Québec,
d'autre part? Quel lien existera-t-il entre la société de
développement et les ministères intéressés? Un
article dans le projet de loi portait là-dessus mais il était,
encore une fois, très général. Il faudrait, avant que nous
puissions l'étudier d'une façon précise, que nous ayons
une idée de ce qui a été prévu, sur les liens qui
pourraient exister entre cette société extrêmement
puissante et tous les ministères intéressés, notamment
celui des Terres et Forêts, celui de l'environnement, celui de la Voirie
et celui du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
Ces rapports entre la filiale et la société mère,
entre la société mère et les ministères nous
paraissent extrêmement importants à élucider, surtout quand
on se rend compte qu'un très grand nombre des interventions qui ont
été faites au cours de ces 23 ou 24 heures de débat ont
porté précisément sur ces questions et c'est
là-dessus que les inquiétudes les plus vives ont
été suscitées.
A toutes ces questions s'ajouteraient d'ailleurs d'autres questions qui
concerneraient par exemple les Indiens de la baie James, qui concernerait
l'environnement, le rôle de l'Hydro-Québec au cours des dix
prochaines années, surtout dans l'éventualité où
elle n'aurait pas le rôle clef dans ce développement, la politique
d'achat que la société de développement devra mettre de
l'avant. Même si on nous dit que les règlements devront être
acceptés par le lieutenant-gouverneur en conseil, il reste qu'il serait
important pour nous de nous rendre compte des intentions du gouvernement en ce
qui concerne la politique d'achats que cette future société de
développement devrait mettre de l'avant, la manière dont les
contrats seraient accordés par la société de
développement, par ses filiales. Par exemple, y aurait-il des
soumissions publiques? A quelles règles seront soumises les offres?
Toutes ces questions sont très importantes et nous aimerions savoir,
étant donné qu'il y a une politique du gouvernement que nous
connaissons, dont on nous a fait part très souvent en cette Chambre,
jusqu'à quel point le gouvernement changera de politique,
infléchira sa politique ou, au contraire, gardera la même
politique et nous donnera l'assurance morale que cette politique sera
instaurée dans cette nouvelle société d'Etat comme elle a
existé dans d'autres sociétés d'Etat.
A toutes ces questions, M. le Président, nous n'avons pas
trouvé réponse, ni dans les nombreux documents que nous avons
poursuivis depuis que l'annonce de ce projet a été faite, ni dans
les discours de l'équipe ministérielle, ni dans les documents mis
à notre disposition par les divers ministères lors de
l'étude des crédits. C'est la raison pour laquelle il nous
apparaît absolument essentiel, fondamental, de soumettre ce projet de loi
à la commission, la commission qui pourra convoquer tous les
témoins, qui pourra exiger la production de tous les documents, de
toutes les études, qui pourra, en un mot, fournir à la population
et aux députés les informations qui leur manquent actuellement
afin de leur permettre de donner un peu d'étoffe à ce projet dont
l'impréparation je ne veux pas y revenir nous a
frappés. Il nous semble, qu'au point de vue analytique, il y a beaucoup
d'informations qui nous manquent, que nous pourrions avoir, que seuls des
techniciens, en certains cas, peuvent nous donner et d'autre part, que tous les
mécanismes de coordination, d'intégration des divers
ministères, des diverses filiales, des divers organismes d'Etat ont
été très pauvrement élucidés. Nous voudrions
poser toutes ces questions qui touchent aussi bien chacun des secteurs que leur
intégration, leur coordination. C'est la raison pour laquelle non
seulement nous désirons que ce projet soit renvoyé en commission
mais qu'il soit renvoyé à la commission de la présidence
du conseil, de qui relève en particulier l'Office de planification. Nous
aimerions, en effet, que l'Office de planification et de développement
du Québec participe d'une façon étroite, d'une
façon constante aux travaux de cette commission de la présidence
du conseil, aussi bien à cause du rôle et du mandat qu'il a mais
aussi à cause des études que lui-même a pu avoir
menées soit du point de vue théorique sur le concept même
de planification, soit également au point de vue pratique, dans toutes
les études qu'il a pu mener dans les diverses régions du
Québec.
Il a mené des études en particulier dans une région
connexe au Grand-Nord québécois, c'est-à-dire dans la
région de l'Abitibi. Les spécialistes de l'Office de
planification pourront ainsi éclairer les membres des divers partis sur
ces études, sur leurs concepts, sur les aspects pratiques des missions
qui leur ont fait rapport. Tout cela afin que les députés aient
une meilleure idée de ce que c'est qu'une véritable
planification, une véritable intégration, une véritable
coordination, afin que les sommes immenses, que le Québec sera
appelé à dépenser dans ce domaine, le soient avec la
certitude la plus mathématique possible, dans le meilleur
intérêt collectif des Québécois. Je vous remercie,
M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Le député de Montmagny.
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais parler
très brièvement sur la motion du député de
Maisonneuve qu'a appuyée le député de Bourget et dire que
nous appuyons cette motion de déférer l'étude du projet de
loi no 50 à une commission parlementaire.
La principale raison que je voudrais invoquer à l'appui de cette
motion, M. le Président, c'est que nous n'avons certainement pas
reçu depuis le début de ce débat, en deuxième
lecture,
toutes les réponses que nous aurions été en droit
d'avoir sur un projet de loi aussi important.
Pour ma part, je n'ai pu suivre tout le débat en deuxième
lecture ayant été retenu, à certains moments, par les
travaux d'autres commissions parlementaires. J'ai pris la peine de relire le
journal des Débats depuis que nous avons commencé l'étude
du projet de loi no 50 et je me suis appliqué surtout à voir si,
dans les interventions des députés ministériels, on avait
réellement touché le fond du problème et si on avait pris
le souci de répondre aux interrogations qui ont été
posées de bonne foi de ce côté-ci de la Chambre.
M. le Président, je ne crois pas que, sur un projet de loi aussi
important qui va engager, d'après les prévisions qui ont
été lancées, pour $6 milliards du crédit de la
province et de ses régies gouvernementales ce qui veut dire en
pratique environ $1,000 par citoyen du Québec je ne crois pas, M.
le Président, que nous ayons pris pour étudier ce projet de loi
toutes les précautions, que nous ayons fait place à toute la
discussion qui normalement entoure les projets de loi de cette importance. Nous
n'avons qu'à nous référer, pour un instant, à la
façon dont nous étudions d'habitude en cette Chambre des projets
de loi importants, que ce soit dans le domaine de la santé, dans le
domaine des affaires sociales, dans le domaine de l'éducation, dans le
domaine du travail. Qu'est-ce que l'on fait, M. le Président, à
ce moment-là? Le gouvernement, et on a eu des exemples hier, propose que
nous nous réunissions devant une commission parlementaire, pour
étudier toutes les implications du projet de loi,
particulièrement, M. le Président, à l'occasion du projet
de loi no 50, où là, on va entrer le plus avant dans le domaine
économique.
Avec ce projet de loi, qui traduit en pratique un engagement collectif
du Québec, on veut, avec sa mise en pratique mobiliser toutes les
ressources, toutes les énergies des Québécois pour le
développement de ce vaste territoire. Je crois, pour ma part, que ce
n'est pas dans l'atmosphère de cette Chambre, ici, où nous avons
assisté depuis quelques jours à des discussions dans lesquelles
est intervenue bien plus souvent la passion que la discussion objective du fond
du problème, mais davantage en commission parlementaire, moyennant un
cadre bien précis que l'on pourrait tracer et non pas en s'en allant
à l'aventure, que devrait se faire le travail.
J'écoutais tantôt le député de Bourget nous
tracer tout un programme, poser toute une série de questions. J'ai
l'impression que malgré le nombre de ses questions, il en aura
peut-être oublié et qu'il en trouvera d'autres, M. le
Président.
M. LEVESQUE: Oh, oui!
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne vou- drais pas, M. le Président
et ce n'est pas le sentiment des députés de cette Chambre
que nous allions à une commission parlementaire pour parler de
n'importe quoi, n'importe comment. Nous irions suivant un cadre, un plan de
travail bien précis. Je crois savoir, par les conversations que j'ai
eues avec certains députés, que les ministres qui sont ou qui
seront en pratique directement touchés par l'application de cette loi,
auraient, eux aussi, une contribution extrêmement positive et importante
à fournir devant cette commission parlementaire.
Si nous n'allions pas en commission parlementaire, si nous n'avions pas
la chance d'en discuter posément, objectivement, à quel moment
pourrions-nous, en cette Chambre, reparler du projet de la baie James, sinon
après que cette société aura déposé
annuellement son rapport à la Chambre? On sait comment cela se passe, le
dépôt annuel d'un rapport d'une commission ou d'une
société à la Chambre. Même s'il est possible de
réunir une commission, à quel moment pourrons-nous
véritablement effectuer un travail d'évaluation, un travail de
révision, de discussion sur les étapes qui auront
été franchies?
Pour ma part, je suis toujours d'avis qu'une fois ce projet de loi
adopté, c'est la meilleure et j'oserais dire la seule et unique chance
que nous ayons de discuter sérieusement les implications de cette
législation. Je n'en prends qu'un exemple:
Le ministre des Finances qui s'engage et qui engage son gouvernement
pour $100 millions, $10 millions par année pendant dix ans. Nous aurons
certainement l'occasion au cours de l'étude de ses prévisions
budgétaires de poser des questions sur cet engagement de $10 millions
qui relèvent de son ministère. Qui nous dit, M. le
Président, au moment présent, qu'est-ce qui prouve à cette
Chambre que ce sera le seul engagement direct du gouvernement durant tout le
temps où se poursuivront les travaux de la baie James? Cette mise de
fonds inscrite dans la législation actuelle de $100 millions sera-t-elle
suffisante? Qu'est-ce qui nous dit, M. le Président, que le plan de
financement auquel on a songé, lequel a certainement commencé
à être discuté dans les milieux financiers, va se
matérialiser? Est-ce que ce sera celui-là qui sera retenu en
pratique? Le gouvernement ne devra-t-il pas moyennant certaines conditions y
revenir avec une injection additionnelle de capitaux?
A ce moment-là, M. le Président, quelle serait la
réaction Ides autres ministres du gouvernement? Ces $100 millions
auxquels s'ajouteront peut-être d'autres fonds directs venant de la
province, qui seront requis directement pour le développement de ce
projet, créeront certainement, M. le Président, une pression
assez considérable sur le développement normal et les programmes
normaux des autres ministères gouvernementaux.
M. le Président, c'est un exemple que je vous ai donné du
genre de questions que nous
pourrions discuter devant la commission parlementaire. Pourquoi cette
commission parlementaire de la présidence du conseil? Entre toutes les
commissions parlementaires, nous n'avons pas besoin de nous interroger
longuement, il y a tellement de ministères impliqués, tellement
de régies gouvernementales impliquées directement ou
indirectement par ce projet de loi no 50 que la commission parlementaire de la
présidence ou du conseil me semble être la commission
parlementaire toute indiquée.
M. le Président, j'entendais tantôt une réflexion du
premier ministre. Il a dit au député de Bourget marquant un peu
un signe d'impatience que le gouvernement était élu pour
gouverner et que le gouvernement prendrait ses responsabilités. Je ne
voudrais pas en ce moment soulever un débat avec le premier ministre sur
cette attitude qui nous surprend un peu. Je comprends, dans l'atmosphère
du débat, atmosphère enfiévrée, après
plusieurs jours de discussions, que le premier ministre et ses collègues
voudraient voir adopter le plus rapidement possible ce projet de loi.
Malgré la longueur de ce débat fait dans des circonstances
un peu difficiles, il est important pour les membres de cette Chambre qui sont
ici pour traduire les inquiétudes, pour demander des informations, pour
se faire les interprètes de la population en général, que
le gouvernement laisse la latitude et là je ne veux pas dire
qu'on ne l'a pas laissée à l'Opposition de s'exprimer.
Nous le faisons cependant dans des conditions extrêmement difficiles.
Mais il est important que le gouvernement ne néglige rien, aucun
mécanisme, aucune procédure, qui pourrait faire qu'une fois ce
projet de loi adopté, même si nous ne sommes pas d'accord sur
certains principes, même si nous ne sommes pas d'accord sur des
modalités, même si nous ne sommes pas d'accord sur les
étapes que l'on a décidées pour la mise en oeuvre de ce
chantier...
Il serait important que tous les membres de cette Chambre, à
quelque parti qu'ils appartiennent, à quelque idéologie qu'ils
appartiennent, puissent de bonne foi obtenir tous les renseignements qu'ils
veulent avoiry tous les renseignements qui nous permettront de nous
faire l'opinion la plus juste et la plus éclairée possible sur ce
programme qui nous est proposé par le gouvernement.
M. le Président, je fais un appel particulier au premier ministre
et à ses collègues malgré l'interprétation qu'on
pourrait en donner de ne pas retenir que la partie péjorative de
ce débat, de ne pas retenir que les longueurs de ce débat, pour
interpréter faussement notre attitude et notre sens des
responsabilités à ce moment-ci. Je crois que l'on doit voir
plutôt dans notre attitude l'aspect positif. D faut y voir que nous avons
conscience que c'est là un projet de loi important et que nous voulons
obtenir les renseignements les meilleurs possibles, une fois que nous aurons
passé au travers de cette législation, même si nous ne
sommes pas complètement d'accord. Même si nous avons dit que sur
le développement de la baie James, sur le programme, sur le principe du
développement nous étions d'accord, nous avions de fortes
réserves sur les modalités, et je crois que l'intervention du
chef de l'Opposition, l'intervention de mes collègues en deuxième
lecture, l'intervention des autres membres de l'Opposition ont fortement
démontré que nous étions capables d'apporter à
l'appui de notre dissidence des arguments sérieux.
Je suis certain aussi que d'autres membres de l'équipe
ministérielle, malgré cette solidarité, je suis certain
que, de l'autre côté de la Chambre, certains ne sont pas
parfaitement d'accord non plus sur les modalités qu'on a retenues pour
ce projet de loi. Mais quand le projet de loi sera adopté...
DES VOIX: C'est faux!
M. CARPENTIER: Vous n'avez pas le droit de présumer de nos
intentions.
M. CLOUTTER (Montmagny): M. le Président, j'ai été
dans une équipe ministérielle, je sais comment ça se
passe.
Je serais fort surpris que tous les députés du
gouvernement, dans leur for intérieur, soient complètement
d'accord sur cette législation. Dans les législations que nous
avons adoptées durant quatre ans, même si à certains
moments nous n'avons pas exprimé publiquement une dissidence, nous
aurions peut-être préféré d'autres modalités.
Nous l'avons fait par esprit de solidarité, solidarité
ministérielle, pour conserver ensemble le dynamisme et le succès
des législations, des programmes d'une politique gouvernementale. C'est
essentiel. Dans l'Opposition, nous avons tout ce loisir d'exprimer des
dissidences et de dire pourquoi nous sommes dissidents. Mais une fois que le
projet de loi sera adopté, même si nous avons montré notre
dissidence en Chambre, ce que je veux dire au gouvernement, c'est que nous
resterons des Québécois. Nous nous sentons profondément
impliqués dans le développement de ce vaste territoire. Nous
sommes aussi fiers que n'importe quel membre de cette Chambre. Que le
gouvernement réussisse cette opération mais s'il veut que, nous
aussi, nous embarquions dans cette opération, et que nous puissions
défendre même à ce moment-là une loi qui a
été appuyée, qui a été passée, qui a
été adoptée ici en cette Chambre, et que nous puissions en
faire ressortir davantage les beaux côtés, en faire ressortir
davantage les lignes de force, il est important que nous ayons tout le loisir
de nous exprimer même si c'est à l'intérieur d'une
commission parlementaire. C'est la raison pour laquelle j'appuie cette motion
du député de Maisonneuve.
M. PAUL: M. le Président, il est 12 h 30 et nos règlements
prévoient une suspension à cette heure.
M. SAMSON: Est-ce que je peux demander la suspension du
débat?
M. LE PRESIDENT: Conformément à la motion adoptée,
je dois déclarer la séance suspendue à 2 h 30 de
même que le débat.
Reprise de la séance à 14 h 30
M. HARDY (président): A l'ordre, messieurs!
L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, quelques brèves remarques sur
la motion actuellement en discussion. Nous, membres du Ralliement
crédi-tiste, avons eu l'occasion, en deuxième lecture, de faire
connaître notre point de vue de façon assez complète. Nous
avons étudié ce bill avec la plus grande objectivité
possible. De ce fait, nous avons rencontré le désir des
électeurs que nous représentons.
Inutile de vous dire, M. le Président, que nous avons eu beaucoup
de communications en provenance des électeurs de nos différents
comtés sur ce sujet qui est de la plus haute importance. Etant les
porte-parole de nos électeurs, nous croyons que nous avons le devoir de
dire ici ce que nos électeurs nous ont demandé de dire. C'est
pourquoi nous avons, dès la deuxième lecture, fait
connaître notre accord de principe sur le développement de cette
immense région de la baie James. Evidemment, nous avons aussi fait
connaître l'urgence d'effectuer ce développement.
Les différentes raisons que nous avons invoquées ont
été les suivantes: nous connaissons actuellement, au
Québec, une vague de chômage assez importante. Nous avons
déjà plusieurs...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. DUMONT: C'est un préambule.
M. LE PRESIDENT: Je veux bien, de même que nous l'avons fait pour
l'honorable député de Bourget et pour l'honorable
député de Montmagny, manifester beaucoup de latitude. Mais il
n'en reste pas moins vrai que le débat doit porter sur
l'opportunité que la loi soit étudiée devant une
commission parlementaire.
Le député de Rouyn-Noranda doit dire aux membres de cette
Chambre quelles sont les raisons pour lesquelles le projet de loi devrait ou ne
devrait pas être déféré à une commission
parlementaire mais non pas reprendre, évidemment, le débat de
deuxième lecture sur cette loi.
M. SAMSON: M. le Président, avec tout le respect que je vous
dois, je crois nécessaire de donner ces explications pour
justifier...
M. DROLET: Continuez!
M. SAMSON: ...l'attitude que nous devrons prendre vis-à-vis de la
motion. Je n'ai pas du tout l'intention de reprendre le débat de
deuxième lecture. Je trouve qu'il a déjà
été trop long.
C'est en vertu des explications que j'ai données que nous croyons
utile de faire savoir que, dès la deuxième lecture, nous avons
réclamé la convocation d'une commission parlementaire en
présence des faits que nous avions devant nous à ce
moment-là, c'est-à-dire en présence du bill 50 tel qu'il
nous apparaissait. Pourquoi avions-nous demandé la convocation de la
commission parlementaire? Parce que nous croyions, à ce moment, que les
différents groupes ou les différents agents de l'économie
et de l'industrie auraient dû être entendus, mais, pour bien
m'expliquer, j'ai fait aussi, à ce moment-là, lecture de
revendications en provenance de ces différents corps de l'industrie et
de ces différents agents de l'économie.
Si nous l'avons fait à ce moment-là, c'est par crainte de
ne pouvoir obtenir, évidemment, la convocation de la commission
parlementaire.
Nos demandes ou les témoignages de ces différents agents
de l'économie et de l'industrie ne sont pas tombés dans l'oreille
de sourds. Nous avons été entendus et c'est avec joie qu'à
la fin de la deuxième lecture nous avons entendu le premier ministre
nous faire part d'amendements qu'il avait l'intention d'apporter en
comité plénier.
Cela explique pourquoi nous avions réclamé, à ce
moment-là la convocation de la commission parlementaire. Maintenant, la
situation est quelque peu changée, étant donné qu'on nous
a fait part des amendements qu'on veut apporter en comité
plénier, et, surtout, parce que nous avons eu, depuis la deuxième
lecture, c'est-à-dire depuis hier soir, de multiples communications avec
les électeurs de nos comtés et les représentants
d'associations. Le résultat de ces communications est tel qu'on
réclame de nous que ce projet puisse être adopté dans les
plus brefs délais.
M. le Président, on nous a demandé à nous, de ne
pas faire d'obstruction, surtout pas d'obstruction systématique. C'est
ce que nos électeurs nous ont demandé, et nous avons
été élus, M. le Président, par le désir de
nos électeurs, pour les représenter et nous avons le devoir de
répéter ici exactement ce qu'on nous a demandé de
faire.
Or, puisque nos électeurs nous ont demandé de ne pas faire
d'obstruction, de procéder, puisque la deuxième lecture est
maintenant faite, nous ne voyons pas à ce moment-ci ce que pourrait
apporter de nouveau, étant donné les changements, je l'explique
bien, qu'on a manifestés, le fait de vouloir reporter le projet à
une commission parlementaire. Nous croyons qu'en comité plénier,
il nous sera permis de pouvoir manifester nos objections s'il y a encore des
objections. Toutefois, nous basant sur les amendements qui ont
été promis hier soir et sachant que ces amendements vont donner
satisfaction aux différents agents économiques et industriels que
nous avons tenté de représenter avec toute la force que nous
avons, sachant tout cela, M. le Président, et sachant aussi que la
population, surtout étant donné la vague de chômage
extraordinaire, a d'abord et surtout faim, nous n'avons, je pense, pas d'autre
attitude à prendre que de lui permettre dans les plus brefs
délais d'obtenir les emplois qui pourront être créés
avec ce projet.
Evidemment, il y a, comme dans tous les projets, plusieurs points
techniques, mais les gens qui sont en chômage, M. le Président,
s'attendent à ce que des membres de l'Assemblée nationale
prennent des décisions dans les plus brefs délais, leur
permettant de ne plus être en chômage, ces gens-là qui ont
faim, permettez-moi l'expression, M. le Président, se foutent des
technicités. C'est pour ces différentes raisons et voulant
être conséquents avec nous-mêmes, avec les électeurs
que nous représentons et voulant satisfaire aux demandes de ces
électeurs, voulant également être conséquents avec
notre propre programme électoral, qui préconisait le
développement de ces richesses immenses que nous possédons, M. le
Président.
Pour toutes ces raisons je pourrais en énumérer
encore plusieurs mais je ne crois pas opportun d'allonger davantage le
débat quant à nous, nous voterons contre la motion
présentée par le député de Maisonneuve.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, pour les mêmes
raisons évoquées par le député de Rouyn-Noranda,
nous appuyons la proposition présentée par le
député de Maisonneuve. Nous sommes, nous aussi,
représentants des électeurs. Nous avons reçu un mandat de
ces électeurs, nous sommes attentifs à ce que pensent, à
ce que nous disent ces électeurs, mais, avant que d'approuver un projet
de loi, avant que les électeurs nous disent exactement ce qu'ils en
pensent, il est important qu'ils sachent, du gouvernement, quels sont les
tenants et aboutissants de ce projet de loi.
Par conséquent, invoquant les mêmes arguments que le
député de Rouyn-Noranda, je dis qu'à ce stade-ci du
débat nous n'avons pas le droit de présumer d'une opinion qui
n'est pas éclairée et qui, par conséquent, ne peut pas
être celle de nos électeurs. Les relations qui
s'établissent entre les électeurs et le député vont
dans les deux directions. Il faut que, d'une part, nous sachions ce que pensent
nos électeurs. Comment les citoyens du Québec, les
électeurs de tout le Québec en l'occurence, peuvent-ils
être renseignés adéquatement à propos d'un projet de
loi au sujet duquel le gouvernement ne nous a encore rien dit de façon
précise? Voilà pourquoi, M. le Président...
M. BOURASSA: Oh! ce n'est pas exact.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... nous ne pouvons pas, nous, nous livrer.
Nous ne pouvons pas accepter de transiger avec le gouvernement en une
matière aussi sérieuse. Nous ne pouvons pas nous rendre à
des arguments sentimentaux, nous ne pouvons pas nous rendre à des
arguments électoraux en prétextant, en pensant, en
présumant que nous pourrions être mal jugés par nos
électeurs en nous opposant à un projet de loi qui, aux dires du
premier ministre, doit créer 125,000 nouveaux emplois.
Nous sommes d'accord sur l'objectif, nous l'avons dit et
répété, mais, précisément pour nous
acquitter de notre mandat, précisément pour nous faire les
porte-parole ae nos électeurs, nous avons besoin d'obtenir du premier
ministre et de ceux qui l'assistent, tous les renseignements utiles.
M. BOURASSA: En comité plénier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, on peut très
bien déclarer sans aucune sorte de preuves, qu'au cours de la nuit, nos
électeurs nous ont fait connaître leur opinion sur le projet de
loi qui est devant la Chambre. Comment nos électeurs pourraient-ils
connaître mieux ce projet de loi que nous, alors que nous qui sommes ici
depuis au-delà d'une semaine à en discuter, n'en savons encore
rien?
M. BOURASSA: Parce que vous ne voulez pas.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, on se demande alors,
quelle est la logique de certaines gens qui ont changé tout à
coup de clan, hier soir. C'est pourquoi, je veux appuyer la proposition du
député de Maisonneuve, parce que le premier ministre n'a pas
encore accepté de faire la genèse du projet de loi, de nous dire,
d'abord, à quel moment s'est située la décision du
gouvernement. Sur quoi se fonde le jugement du gouvernement? En vertu de
quelles orientations politiques, économiques ou sociales, le
gouvernement a-t-il décidé de faire cette option? Nous avons
demandé et supplié le gouvernement de nous renseigner. Pour ce
faire, le gouvernement n'avait qu'un moyen, celui d'accepter de convoquer une
commission parlementaire, ainsi que le demande le député de
Maisonneuve. Cette commission parlementaire nous donnerait l'occasion,
fournirait au gouvernement l'occasion de nous permettre d'entendre des
témoins utiles.
M. BOURASSA : II y a eu convocation de la commission parlementaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le premier ministre dit: "II y a eu
convocation de la commission parlementaire." C'est exact.
M. BOURASSA: Bon!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais il faut bien situer le moment où
cette commission parlementaire a été convoquée. La
commission parlementaire a été convoquée à la
demande expresse du député de Missisquoi, appuyé par
d'autres collègues de cette Chambre, alors que le Parti libéral
du Québec, avait annoncé à grand renfort de
publicité, le lancement du projet de la baie James. On s'est alors
posé la question suivante: Pourquoi le gouvernement du Québec
a-t-il fait le choix entre l'énergie électrique et
l'énergie nucléaire? Afin de savon-pourquoi le gouvernement avait
fait ce choix spécifique dans un ordre qui est rigoureusement
scientifique, avec toutes les répercussions économiques que cela
entraîne, nous nous sommes demandé alors pourquoi le gouvernement
avait fait ce choix.
C'est aux fins de répondre à cette question que les
spécialistes de l'Hydro sont venus devant la commission parlementaire et
nous ont donné les raisons du choix entre l'énergie
électrique et l'énergie nucléaire.
Le député de Missisquoi et moi-même étions
alors à la commission parlementaire et nous avons déclaré
a ce moment-là, que nous étions satisfaits des renseignements qui
nous avaient été fournis par l'Hydro concernant le choix entre
l'énergie électrique versus l'énergie nu-claire. Il
s'agissait, à ce moment-là, d'une question de choix entre une
option que je qualifie d'ordre scientifique. Mais il restait nous
l'avons dit à ce moment-là des zones grises et nous avons
dit: je l'ai répété hier soir et je l'ai dit dans
une intervention antérieure Nous sommes satisfaits sous toute
réserve d'un examen ultérieur de la question. Nous avions
précisément déclaré ceci, à la fin des
auditions de la commission parlementaire: Le gouvernement a fait un choix
s'appuyant en cela sur des rapports de spécialistes dont ceux de
l'Hydro-Québec et de certains bureaux d'ingénieurs.
Le premier ministre nous a dit: Nous allons maintenant procéder
et nous allons présenter à la Chambre un projet de loi. C'est
alors que le député de Missisquoi et moi-même avons
déclaré qu'il s'agissait, dans la conception du projet de loi,
d'un choix politique dont le gouvernement aurait à rendre des comptes en
Chambre. Nous en sommes à ce stade-ci de la procédure, de la
démarche du gouvernement en vue de l'aménagement
hydro-électrique de la baie James.
Mais voilà que le projet de loi nous est présenté.
Il ne correspond absolument pas à ce que nous attendions du
gouvernement. Il ne correspond pas, M. le Président, aux orientations
que le gouvernement du Québec a suivies depuis des années. Il ne
correspond absolument pas à la vocation assignée à une
société d'Etat, soit l'Hydro-Québec, depuis des
années. C'est la raison pour laquelle nous demandons, encore une fois,
comme l'a fait le député de Maisonneuve, la convocation d'une
commission parlementaire aux fins de savoir maintenant pourquoi le gouvernement
veut procéder de la façon dont il l'indique dans le projet de loi
qui est devant nous.
II y a l'aspect scientifique, l'aspect économique, l'aspect
financier du projet. Il y a ses conséquences sociales, ses
conséquences politiques. Nous voulons connaître du gouvernement
quelles sont ses orientations, pourquoi il voudrait créer au
Québec une nouvelle régie, une nouvelle société. Je
ne devrais pas employer le mot régie, puisqu'il s'agit en fait d'un
nouveau gouvernement même pas d'une nouvelle société.
Le but de notre requête, lorsque nous demandons la convocation
d'une commission parlementaire, c'est de savoir pourquoi le gouvernement,
écartant toutes les sociétés d'Etat qui ont
été créées par divers gouvernements du
Québec, écartant tous ces mécanismes qui ont
fonctionné, toutes ces sociétés qui ont fait leurs
preuves, crée-t-il une nouvelle société.
A toutes les questions que nous avons posées, à toutes nos
interrogations, nous n'avons pas obtenu de réponse. Qu'on ne vienne pas
me dire, pour justifier une volte-face, que la petite déclaration qu'a
faite le premier ministre hier soir, à la fin du débat en seconde
lecture, disant qu'on proposerait des amendements, soit satisfaisante pour
répondre à nos légitimes interrogations. Qu'est-ce qu'a
dit le premier ministre? Il a dit qu'il apporterait des amendements. Quels
amendements? Quelle en sera la substance? Est-ce que cela changera
fondamentalement le principe de ce projet de loi, qui est mauvais, qui est tout
au moins suspect? C'est cela qui nous incite à demander à nouveau
la convocation d'une commission parlementaire pour que le gouvernement
s'explique une fois pour toutes sur ce qu'il entend faire d'un sixième
du territoire du Québec, mettant de côté tout ce qui
existe, faisant litière des droits des citoyens.
Au lieu de cela, le gouvernement fait une déclaration d'intention
en disant, par la voix du premier ministre: Nous allons présenter des
amendements, comme on le ferait pour un projet de loi bénin et sans
conséquences graves. Or, reprenant des termes qui ont été
utilisés hier soir, le premier ministre nous a dit, parlant de ce projet
d'aménagement, qu'il s'agissait d'un grand projet collectif. Et cela est
important dans la conjoncture actuelle du Québec, conjoncture politique,
économique et sociale.
En face de l'opposition qui lui a été faite je dis
bien de l'opposition, non pas de l'obstruction, qui a été faite,
parce que ce que nous avons fait ce n'est pas de l'obstruction, c'est de
l'opposition saine et une opposition légitime à un projet de loi
qui, à notre avis, ne va pas du tout dans le sens des
intérêts du Québec et ne constitue pas cette grande
entreprise collective à laquelle on voudrait nous associer avant
même que nous sachions exactement quel est l'objectif de cette entreprise
collective en regard des intérêts de la collectivité
québécoise le premier ministre nous dit: Nous allons vous
présenter des amendements. Quels amendements? Quelle en sera la
substance? Dans quelle mesure ces amendements répondront-ils aux
questions que nous avons posées? D'aucune façon parce que quels
que soient les amendements que le premier ministre proposera, ils ne pourront
se greffer que sur des articles bien précis du projet de loi.
Or, c'est l'ensemble du projet de loi que nous contestons dans son
principe, dans ses modalités. Nous le contestons dans son principe non
pas parce que nous refusons l'objectif que poursuit le gouvernement, soit le
développement de la baie James, mais l'objectif que poursuit le
gouvernement est vicié par les modalités qu'il a choisies pour le
mettre en application, pour le réaliser ou pour l'actualiser.
Nous n'avons aucune donnée qui nous permette de justifier notre
adhésion ou même notre refus au projet de loi. Comment
pouvons-nous alors nous contenter de la déclaration d'intention du
premier ministre? Certains pourront peut-être tirer argument d'un
éditorial qui a paru dans un quotidien de ce matin disant que le
gouvernement va probablement agir dans tel sens ou dans tel autre. Ce sont des
conjectures et cela restera conjectures tant et aussi longtemps que le premier
ministre ne nous aura pas fait connaître ces amendements qu'il propose
d'apporter. Encore...
M. SAINT-PIERRE: En comité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... quand ces amendements viendront devant
nous, ils ne pourront quand même détruire le projet de loi. Ils ne
pourront pas écarter le principe du projet de loi, ils ne pourront pas
écarter les modalités du projet de loi qui sont aux fins de
créer le grand mécanisme d'administration dont on se servira pour
régir un sixième du territoire du Québec.
Je ne vois donc pas pourquoi le gouvernement met tant de pression, tant
de précipitation à faire adopter ce projet de loi. Je ne
comprends pas l'obstination, l'opiniâtreté du gouvernement
à refuser de convoquer une commission parlementaire qui permettra, et
pas simplement à nous, d'obtenir des renseignements mais qui permettra
au gouvernement de se justifier devant l'opinion publique.
Je parle ici au nom des électeurs que je représente, au
nom des électeurs d'une très grande région qui sera
directement ou indirectement affectée par le projet de
développement de la baie James. Il y a un député dans
cette Chambre qui est particulièrement touché par le
développement de la baie James.
Il y a un député, dans cette Chambre, qui se verra ravir
les trois quarts de sa circonscription, si l'on met en application, comme cela
est indiqué ici, le projet de développement de la baie James.
C'est donc un homme concerné au premier chef. Quand on lui aura ravi les
trois quarts de sa circonscription, il sera un quart de député.
C'est ça qu'il va devenir, et il accepte d'être
dépossédé, M. le Président. Il ne veut pas se
joindre à nous pour demander la convocation
d'une commission parlementaire qui permettrait, à lui aussi,
d'obtenir des renseignements.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis revenu à la motion, M. le
Président, avant que vous ne vous leviez.
M. LE PRESIDENT: Depuis quelques secondes, sinon davantage, l'honorable
député de Chicoutimi s'est écarté dans des voies
plus ou moins régulières. Je comprends que son éloquence,
sa maîtrise de la langue peuvent tromper la vigilance du
président, l'enivrer même, mais cela n'empêche pas
qu'à un moment-donné, devant un abus dans ce sens, je suis
obligé de demander au député de Chicoutimi de revenir
à l'objet de la motion, à savoir s'il y a opportunité ou
non que cette loi soit étudiée en commission parlementaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vous remercie de
votre directive. Je disais que ce ne sont pas seulement tous les
députés de l'Opposition qui sont intéressés
à ce que cette commission parlementaire soit convoquée, mais je
précisais qu'il y en avait un en particulier qui, plus que d'autres,
devrait s'inquiéter des raisons qui justifient le gouvernement d'agir
comme il entend le faire. C'est cela l'objet de la requête
présentée par le député de Maisonneuve: obtenir
qu'une commission parlementaire siège de sorte qu'il soit possible
à tous les députés quels qu'ils soient et
particulièrement à ceux qui sont plus immédiatement
concernés de connaître toutes les raisons d'ordre
économique, financier, politique, social de la décision du
gouvernement.
On a, hier soir, M. le Président, fait des gorges-chaudes. On a
prétendu que nous faisions de l'obstruction et on va le prétendre
encore, parce que nous demandons d'être informés. Pensez-vous
qu'en notre qualité de représentants du peuple nous avons le
droit de voter aveuglément un projet de l'importance de celui-là,
le projet du siècle? Pensez-vous que nous sommes disposés
à accepter de devenir les naïfs du siècle, en suivant le
gouvernement dans sa démarche avant qu'il nous ait renseignés
comme nous lui demandons de le faire? Nous avons répété et
répété cette demande, M. le Président, d'être
informés. Qui nous a renseignés dans cette Chambre? Ni le premier
ministre, ni le ministre des Finances, ni le ministre des Richesses naturelles,
ni le ministre de l'Education. Aucun des ministres qui ont parlé au nom
du gouvernement, en vertu de la solidarité ministérielle, ne
s'est aventuré à nous dire exactement ce qui s'était
passé au conseil des ministres, quelles avaient été les
relations entre l'Hydro-Québec et le gouvernement, entre le gouvernement
et les financiers intéressés, entre le gouvernement et les
sociétés d'Etat qui sont impliquées dans ce projet de loi.
Aucun d'eux ne s'est risqué à nous dire ce qui s'était
passé.
Nous ne leur demandons pas de nous livrer des secrets d'Etat. Nous ne
leur demandons pas, M. le Président, de déposer des documents qui
ne seraient pas, pour l'instant, d'intérêt public, mais nous leur
demandons le minimum, soit d'accepter que nous interrogions les personnes qui
ont préparé ce projet de loi. Les personnes qui ont
préparé ce projet de loi, M. le Président, vous le savez,
c'est le gouvernement, mais ce sont les sociétés
intéressées. Quand je dis "sociétés", je donne au
mot son sens le plus large. Je parle des sociétés d'Etat et je
parle de toutes les sociétés financières qui ont eu des
contacts avec le gouvernement et qui sont peut-être, à l'heure
actuelle, les organismes de pression les plus forts, et cela, au mépris
des droits de la députation.
C'est ce que nous demandons au gouvernement, c'est un effort ultime que
nous faisons pour pouvoir porter un jugement raisonnable et raisonné sur
un fait qui va engager l'avenir de millions de Québécois pour des
années et des années à venir. C'est l'avenir de plusieurs
générations qui se joue à l'heure actuelle et c'est
peut-être, si on fait erreur, l'avenir de tout le Québec qui est
en cause.
Nous avons demandé en commission parlementaire que le projet de
loi se fasse par étapes. Pourquoi? C'est que compte tenu des opinions
qui avaient été exprimées sur le choix entre
l'énergie électrique et l'énergie nucléaire, nous
considérions et nous voudrions entendre les experts
là-dessus en commission parlementaire que le gouvernement devait
prendre cette précaution absolument essentielle de procéder par
étapes afin de voir si, à un moment donné, il n'y aura pas
une jonction dans la recherche dans ces domaines de l'énergie
électrique versus l'énergie nucléaire de sorte que s'il
s'avérait et cela il faut que les experts nous le disent
que l'énergie nucléaire deviendrait quelque chose de plus
rentable et pratiquable par rapport à l'énergie
électrique, le gouvernement, à ce moment-là, aura le
loisir d'arrêter les travaux, d'utiliser ce qui est déjà
fait et de se lancer dans un champ de recherche et d'activité.
C'est cela que nous voulons savoir; nous voulons savoir tout cela; nous
voulons savoir aussi pourquoi le gouvernement a changé d'avis à
partir du moment où il a, par décret ministériel,
accordé à l'Hydro-Québec des pouvoirs extraordinaires. Que
s'est-il passé depuis ce moment-là et le moment où le
gouvernement a déposé ce projet de loi et le moment où il
nous demande de l'adopter? Nous avons le droit de le savoir, et pour cela, il
faut avoir en commission parlementaire les gens qui ont été
parties à cette négociation, toutes les personnes qui ont
été parties à cette négociation, y compris les
intéressés et ceux qui en profiteront. C'est assez clair, cela.
Ce sont des raisons impérieuses et impératives. Dans le domaine
des projets de loi, il doit toujours y avoir un impératif
catégorique
qui est le bien commun, l'intérêt collectif. Et
l'intérêt collectif, nous le voyons très bien, dans
l'initiative de développement du bassin de la baie James.
M. ASSAD: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, M. le Président,
l'intérêt collectif...
M. ASSAD: M. le Président, le député de Chicoutimi
me permettrait-il une question?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): All depends on the question, Sir.
M. ASSAD: Vous avez mentionné tantôt que l'avenir est dans
l'énergie nucléaire. Hier, vous avez dit toute la journée
que vous êtes pour le développement de la baie James. Etes-vous en
faveur du projet de la baie James ou êtes-vous en faveur de
l'énergie nucléaire? Il faut décider; on ne peut pas
être pour les deux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense que mon
excellent ami, le député de Papineau, n'a pas compris ce que j'ai
dit. J'ai dit qu'au moment où la commission parlementaire a
siégé, on nous a expliqué qu'il était
préférable à ce moment-ci, à ce stade-ci de la
recherche, tant au Canada qu'ailleurs, d'aller du côté de
l'énergie électrique. Nous avons dit que les spécialistes
de 1'Hydro nous avaient, à cet égard, rassurés mais en
demandant, par ailleurs, que le projet soit accompli par étapes. Nous
entendons dire ceci: Qu'il est important que le gouvernement se réserve
de revenir sur son jugement au cas où, à un moment donné,
l'état de la recherche dans le domaine de l'énergie
électrique et dans le domaine de l'énergie nucléaire nous
permettrait de nous rendre compte qu'il est devenu plus rentable, à un
moment donné, que je ne peux pas prévoir, d'aller du
côté de l'énergie nucléaire plutôt que de
poursuivre des développements dans le domaine de l'énergie
électrique.
C'est ça que j'ai voulu dire et j'espère...
M. LACROIX: Est-ce que le député de Chicoutimi me
permettrait de lui demander le numéro de l'article du bill 50 qui
empêcherait le gouvernement d'agir dans le sens qu'il exprime, si jamais
les autorités décidaient que l'énergie nucléaire
serait plus profitable que l'énergie électrique? Quel article de
la loi défendrait au gouvernement de procéder de cette
façon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je me rends bien
compte que le député des Iles-de-la-Madeleine n'était pas
présent au pageant du Colisée.
M. LACROIX: Je n'ai pas saisi la dernière phase.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai dit que le député des
Des-de-la-Madeleine n'était pas présent au pageant du
Colisée, parce qu'il aurait compris l'intention de son gouvernement qui
a déclaré qu'il était prêt à investir ou
à faire investir $5 milliards à $6 milliards pour le
développement hydro-électrique de la baie James. Bon, c'est clair
ça, et c'est dans le projet de loi. A partir du moment où la
société qui va s'occuper du développement
hydro-électrique de la baie James va être créée, il
ne sera pas possible de revenir facilement en arrière, d'arrêter
le travail. Et justement, M. le Président, si nous demandons la
convocation d'une commission parlementaire, c'est pour savoir, de la part des
experts, de la part des spécialistes, s'ils ont envisagé, avec le
gouvernement, avec tous les organismes intéressés, cette
hypothèse qu'évoque le député des
Iles-de-la-Madeleine et qui n'est pas évoquée dans le projet de
loi que nous avons devant nous.
M. LACROIX: Le député de Chicoutimi, connaissant son
intelligence, est-ce que je pourrais seulement faire une remarque...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: Avec la permission du député de
Chicoutimi...
M. LE PRESIDENT: Si le député de Chicoutimi le permet. Le
député de Chicoutimi ne permet pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président, hier soir j'ai
fait une intervention en deuxième lecture, et j'ai été
interrompu exactement 31 fois; je les ai comptées ce matin, en
corrigeant les épreuves. Je voudrais bien répondre à la
question du député des Iles-de-la-Madeleine, mais je crois qu'il
serait mieux avisé de s'adresser aux spécialistes des membres de
son gouvernement. Et si les membres de son gouvernement, le cabinet ne convoque
pas de caucus et n'a pas convoqué de caucus spécial pour
expliquer aux députés le sens, la portée de chacun des
articles de ce projet de loi, bien là ce n'est pas ma
responsabilité. Je crois que le député des
Iles-de-la-Madeleine serait beaucoup mieux avisé de se joindre à
nous pour demander la convocation d'une commission parlementaire, afin de voir
si, vraiment, le projet de loi répond aux légitimes
inquiétudes, je m'en rends compte, que certains de ses collègues
ont exprimées...
M. LACROIX: Est-ce que le député de Chicoutimi me
permettrait une simple observation?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... M. le Président, de même,
qu'aux légitimes inquiétudes qu'un ministre du gouvernement a
exprimées lors d'une conversation qu'il a eue avec moi en
me disant qu'il n'avait pris connaissance de ce projet de loi qu'au
moment où il allait être déposé à la Chambre.
Si nous, les députés de l'Opposition, M. le Président,
nous n'avons pas tous les renseignements utiles, si les ministres, si un
ministre n'a même pas les renseignements utiles, comment la population
dont a parlé tout à l'heure un député peut-elle
téléphoner, écrire, envoyer des télégrammes
pour supplier ses députés d'approuver ce projet de loi? Nous
n'avons pas, nous, les éléments, les députés du
Parti libéral ne les ont pas, je me demande si le gouvernement les a
tous. C'est pour cela que nous demandons la convocation de la commission
parlementaire, afin que lumière soit faite sur tous les aspects de cet
immense projet de loi.
M. le Président,...
M. HARVEY (Chauveau): Est-ce qu'il a utilisé sa demi-heure?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... je voudrais, en terminant, faire un appel
au premier ministre, faire un dernier appel au premier ministre. Je
n'insisterai pas, je crois que, comme c'est votre devoir de le faire, vous vous
êtes enquis auprès du secrétaire afin de savoir si mon
temps de parole s'achève. Ne vous inquiétez pas, M. le
Président, je veux terminer en faisant un appel au premier ministre, lui
demander d'accepter de convoquer cette commission parlementaire pour que nous
puissions obtenir tous les renseignements dont nous avons besoin.
Je le fais en toute amitié et considération pour le
premier ministre. Personne de cette Chambre ne pourra mettre en doute les
sentiments de respect et de considération que j'ai pour le premier
ministre, pour son autorité, pour la légalité de son
gouvernement, sa légitimité et sa respectabilité.
Je fais appel au premier ministre en lui demandant d'être
extrêmement prudent et de s'interroger sur son entourage, de se confier
plutôt à des spécialistes qui viendraient s'exprimer devant
nous. Il risque, lui qui n'a pas encore toute l'expérience des vieux
routiers de la politique, de se faire circonvenir. Par la vertu toute puissante
de certaines gens qui l'entourent, il risque de devenir, dans l'opinion de la
population, un fantoche et un pantin dont on se débarrassera quand on se
rendra compte qu'il aura accompli la job qu'on lui a confié on
n'en aura plus besoin et dont on se débarrassera aussi quand on
se rendra compte que le manteau d'Arlequin, dont on l'a recouvert pour des fins
que nous connaissons bien maintenant, est délavé et troué
et que le temps est venu d'en affubler un autre pour poursuivre la job.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. Guy Joron
M. JORON: M. le Président, je veux appuyer la motion du
député de Maisonneuve parce qu'il me semble impérieux,
à moi aussi comme aux opinants qui m'ont précédé,
que le projet de loi soit envoyé à ladite commission pour avoir
le temps de l'étudier dans une atmosphère d'ailleurs plus
détendue et peut-être moins partisane d'une commission. Je
comprends que le premier ministre nous répond qu'en comité
plénier nous aurons le loisir de poser toutes nos questions et que nous
en aurons les réponses, bien que ce matin on pourra se
référer au journal des Débats le premier ministre
nous a dit le contraire.
Maintenant, on n'a plus le droit d'avoir réponse aux questions.
Le député de Bourget demande au premier ministre de nous donner
des renseignements, et je cite M. Bourassa au journal des Débats: "II
n'en aura pas." Enfin, excusons la chose par une saute d'humeur,
peut-être, M. le premier ministre. Il faudrait avoir réponse
à un certain nombre d'interrogations d'incertitudes et
d'imprécisions. C'est dans le cadre d'une commission parlementaire que
nous pouvons avoir tout le temps nécessaire et surtout la
possibilité de faire comparaître des experts, des témoins,
parce qu'il y a des questions fort précises que nous voudrions poser,
qui s'adresseraient, par exemple, à des commissaires de
l'Hydro-Québec.
Il faut avoir le temps aussi de prendre connaissance d'un certain nombre
de documents. Tout cet exercice aiderait à rendre le débat moins
partisan et à l'alléger un peu, et c'est dans le cadre d'une
telle commission que nous pouvons le faire. Il existe trop
d'imprécisions à l'heure actuelle, trop d'incertitudes et trop
d'interrogations, à notre avis, pour que nous soyons prêts
à aller immédiatement à l'étape du comité
plénier, parce qu'il faudrait avoir réponse à un certain
nombre des questions que je mentionnerai tout à l'heure. Il faudrait
avoir réponse avant de savoir quels amendements au juste il serait
opportun d'apporter au projet de loi.
On ne fait pas des amendements à la légère à
un projet de loi qui se veut le projet du siècle, pour employer les mots
du premier ministre. Il faut le temps pour faire de bons amendements, pour
bonifier le projet de loi, si tant est qu'il soit encore bonifiable, ou alors
pour avoir l'occasion de prouver au gouvernement, en dehors de la partisanerie,
par le témoignage d'experts et de témoins, que peut-être
finalement il serait souhaitable de retirer carrément le projet de loi.
Cette possibilité existe toujours, M. le Président, et nous
aimerions pouvoir l'exploiter.
M. le Président, quelles sont quelques-unes des interrogations,
quelques-unes des imprécisions, quelques-unes des incertitudes qu'il
serait impérieux d'éclaircir pour poursuivre d'une façon
intelligente ce long débat sur le projet de loi no 50? Il en est une,
tout récente, qui a surgi dans l'esprit de plusieurs
Québécois, à la suite de l'arrêt des travaux que
l'Hydro-Québec avait entrepris dans le territoire de la baie James,
à même le budget supplémentaire de $26 millions qui lui
avait été voté.
Vous me direz que cette question a été posée en
Chambre et que le ministre des Richesses naturelles lui a apporté une
certaine réponse. M. le Président, nous jugeons cette
réponse insuffisante. Nous avons toutes les raisons de croire que c'est
après avoir pris connaissance du projet de loi no 50 et même,
peut-être, des amendements que le premier ministre a promis d'y apporter
que l'Hydro-Québec a décidé de stopper les travaux.
Pourquoi? Parce que l'Hydro-Québec avait entrepris d'acheter pour
$12 millions de matériel; elle avait nolisé un bateau et ce
matériel devait être livré à un port quelconque,
dont le nom m'échapppe, sur la baie James. Ne sachant pas si elle
resterait cette interrogation est née dans l'esprit des
commissaires après avoir pris connaissance du projet de loi no 50
maîtresse des travaux ou si elle ne se verrait pas forcée de
revendre ce matériel soit à l'autre société
hydro-électrique, soit à des entrepreneurs parce que, dans
le projet de loi, rien n'exclut la possibilité pour cette filiale
hydro-électrique de donner en contrat à des entrepreneurs
généraux privés la construction de ces barrages .
l'Hydro-Québec se serait alors vue dans la position suivante:
forcée de vendre $12 millions de matériel inutilisé qui ne
lui sert plus..
M. le Président, allez donc vendre $12 millions de
matériel, déjà livré à la baie James! Les
acheteurs au monde ne sont pas si nombreux. Devant la possibilité
d'avoir à subir une perte considérable sur ses achats de $12
millions, l'Hydro-Québec a sagement préféré
arrêter toute l'affaire, avant d'avoir la garantie explicite qu'elle sera
seule maîtresse des travaux. Elle ne l'a toujours pas eue.
M. le Président, j'affirme que c'est la raison principale pour
laquelle l'Hydro-Québec a arrêté ces travaux. Si le
gouvernement ou un ministre veut mettre en doute cette affirmation, que l'on
convoque la commission parlementaire, tel que la motion du député
de Maisonneuve le demande, et qu'on interroge les commissaires de
l'Hydro-Québec pour voir si cette affirmation est erronée ou
non.
M. le Président, je mets le gouvernement au défi de poser
cette question publiquement aux commissaires de l'Hydro-Québec. en
commission parlementaire. C'est une interrogation sérieuse qui
crée un doute considérable. Si l'Hydro-Québec a cru bon
d'arrêter ces travaux parce que, dans le projet de loi no 50 et,
peut-être, dans les conversations que les commissaires ont eues avec le
premier ministre, rien ne lui indique qu'elle va continuer d'être le seul
grand maître d'oeuvre du développement hydro-électrique au
Québec, alors, sa décision est fort compréhensible. On ne
peut, d'ailleurs, l'expliquer autrement.
M. le Président, il y a des interrogations et des incertitudes
d'une nature moins urgente ou moins évidente que ce qui est
arrivé au sujet de cet arrêt de travaux tout récemment. Il
y en a d'autres à plus long terme.
Nous disons, M. le Président, que le gouvernement s'engage trop
rapidement, à la hâte, à la vapeur, dans ce projet de
développement, en lui donnant un cadre opérationnel, qui est le
bill 50, pour la raison suivante.
On a dit, et c'est la justification même qu'on a faite du projet,
que le projet était essentiel parce qu'il devait coordonner le
développement de différents types de ressources, que
c'était une opération multidisciplinaire devant toucher non
seulement au développement hydroélectrique mais également
aux mines, aux forêts, au développement touristique, et que
sais-je encore?
M. le Président, dans aucun de ces domaines encore nous avons
suffisamment d'inventaire de la question qui permet de justifier justement la
nécessité de cet organisme de coordination. Je ne reviendrai pas
sur des choses qui ont déjà été dites qui visaient
à montrer qu'il y a d'autres façons et beaucoup plus efficaces
encore de faire la coordination qu'en faisant cette intégration d'ordre
vertical à l'intérieur d'une société de
développement. Je ne veux pas revenir là-dessus. Je veux
simplement vous faire part, M. le Président, des choses que nous
aimerions voir inventorier de façon à pouvoir, avec intelligence,
prendre position plus définitivement sur le projet de loi.
Cet inventaire, que nous aimerions faire faire par des experts et des
témoins, à l'aide de documents, tout en colligeant les
études, si tant est qu'elles existent, nous aimerions en voir les
résultats devant une commission. Et voici à quoi il servirait. Un
inventaire de quoi? Qu'est-ce qu'il nous faut savoir avant de pouvoir
véritablement souscrire, sans avoir peur de se tromper, à ce
projet de loi?
A l'heure actuelle, M. le Président, j'ai l'impression que bon
nombre de députés ministériels souscrivent au projet de
loi, non pas parce qu'ils ont été convaincus de cet inventaire,
par ses chiffres, par ses témoignages, mais ce qu'ils ont fait
peut-être qu'on ne peut pas leur reprocher c'est un acte de foi en
leurs dirigeants, en leur cabinet, en leur premier ministre. C'est
peut-être la seule façon d'expliquer la hâte extrême
qu'ils ont.
M. VEILLEUX: Ne vous creusez pas la tête pour nous autres.
M. GARNEAU: Répondez-lui. C'est vous autres qui proposez la
séparation du Québec?
M. VEILLEUX: Occupez-vous de régler vos problèmes dans
votre parti et laissez-nous régler les nôtres.
M. JORON: Tout autant que les membres de cette Opposition, tout autant
que la population en général, les députés
ministériels eux-mêmes seraient fort intéressés de
savoir les choses suivantes. Par exemple je me réfère au
discours que prononçait hier le ministre des
Ressources naturelles qui nous a, un peu à la façon
d'un ancien premier ministre canadien, John Diefenbaker, établé
une espèce de ce que Diefenbaker lui-même avait
appelé sa grande vision du nord vision d'un développement
presque paradisiaque à la baie James, où de partout s'ouvrent des
mines, surgissent des puits de pétrole, se construisent des usines de
transformation des produits de la forêt et même un
développement touristique. Et on peut voir les images futuristes, que
j'oserais qualifier de fantaisistes, qui peuvent venir à l'esprit
à ce moment-là, on peut voir des séries d'hôtels le
long des plages, s'il y en a, de la baie James, etc.
Cette vision emballante, il faut le concevoir, il est explicable qu'elle
puisse attirer l'esprit et enthousiasmer, mais est-elle réaliste? Pour
le savoir, il n'y a pas d'autre moyen que de faire un inventaire de chacun des
secteurs concernés. Quant aux mines, par exemple, à quoi peut-on
s'attendre? Le ministre des Ressources naturelles lui-même nous disait
à l'étude des crédits de son ministère, ou
était-ce à l'étude des crédits du ministère.
Enfin, vous excuserez si ma mémoire fait défaut nous
disait, en cette Chambre, que les cartes géologiques de la région
ne seront terminées que dans plusieurs années et que la
connaissance que nous avons des ressources minières de la région,
à l'heure actuelle, était primaire.
Je veux bien espérer que la région soit très riche
en ressources, mais on ne peut l'affirmer à ce stade-ci et on ne peut
surtout pas justifier la mise sur pied d'un projet de loi si
considérable à partir de l'argument que peut-être il y a
des ressources considérables.
Il y a des façons de terminer et de compléter cette
exploration, parce qu'on n'en est qu'au stade de l'exploration. Si on savait
par exemple qu'il y a un gisement de nickel ou d'uranium considérable
à tel endroit, prouvé, exploré, ayant une teneur, une
capacité de tant, on dirait: II faut mettre ça en branle, il faut
développer ça, parce qu'on sait qu'il est là, tout ce qui
reste, c'est d'ouvrir la mine et de monter peut-être une usine
d'affinage.
Là, nous serions peut-être d'accord sur la
nécessité de mettre en place immédiatement la
société, parce qu'on sait que c'est là, pour exploiter
cette affaire-là.
M. FOURNIER: M. le Président, j'en appelle au
règlement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gatineau.
M. FOURNIER: L'honorable député est en train de nous
parler des conséquences éventuelles des recherches qui seront
faites à l'endroit... Je crois que la motion est en vue de savoir si on
va en commission parlementaire ou si on va en comité plénier.
Dans les circonstances, je crois que le député s'éloigne
énormément du sujet de la discussion.
M. LAURIN: M. le Président, je n'ai pas l'impression que le
député se soit éloigné du règlement,
étant donné que tout ce qu'il a dit, c'est la
nécessité d'avoir des réponses à toutes les
questions que nous nous posions afin d'avoir un tableau global, afin qu'on soit
mieux en mesure d'étudier, article par article, par pièces
détachées, un projet qu'on nous a présenté
justement comme un instrument de coordination et d'intégration...
M. MARCHAND: C'est pour retarder le projet.
M. LAURIN: A ce titre, je crois que les remarques du
député de Gouin étaient parfaitement pertinentes et
entraient dans le cadre de la motion du député de
Maisonneuve.
M. FOURNIER: M. le Président, s'il faut en croire l'attitude et
les paroles du chef parlementaire du Parti québécois, il faudrait
faire l'analyse du sous-sol avant de procéder au développement de
la baie James, ce que nous ne voulons pas. Nous voulons procéder avec le
projet pour le développement économique du Québec et non
pas faire l'analyse du sous-sol et de toutes ses conséquences.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Sur le rappel aux règlements de l'honorable Solliciteur
général, je tiens d'abord à souligner aux membres de la
Chambre qu'il est assez difficile de tracer la frontière exacte entre ce
qui est dans l'ordre et ce qui n'est pas dans l'ordre. Théoriquement,
c'est facile de le dire, c'est tout simplement qu'on doit parler seulement de
l'opportunité de référer le projet de loi à une
commission parlementaire. En théorie, ça va bien. Quand on arrive
à l'appréciation exacte des faits, cela devient plus
difficile.
Toutefois, j'ai écouté avec beaucoup d'attention le
député de Gouin et je pense que, pour une bonne part, le point de
règlement soulevé par le Solliciteur général est
fondé. En particulier lorsque le député de Gouin parle des
cartes géologiques qui ne sont pas encore prêtes, je ne vois pas
comment cela a un rapport avec le fait de référer la loi à
une commission parlementaire, parce que je ne vois pas sans être
un expert en la matière comment ce sera la commission
parlementaire qui puisse compléter la préparation des cartes en
cause.
Je pense qu'au cours de ses dernières remarques, le
député de Gouin s'est éloigné de la substance du
débat et je l'inviterais très aimablement à revenir au
pourquoi de la motion.
M. JORON: Merci, M. le Président. Le pourquoi de la motion, c'est
que nous voulons aller en commission pour y établir un certain nombre
d'inventaires, comme je le disais tout à l'heure.
Il est vrai, et là-dessus je dois avouer que vos directives sont
justes, il est illusoire de préten-
dre, pour ce qui est du point des ressources minières, des cartes
géologiques, que c'est en commission qu'on pourra le faire. On pourrait
peut-être savoir à quel point en est rendue l'étude des
cartes, mais ce n'est pas là et vous avez raison de le souligner
l'endroit où nous pourrions faire compléter ces cartes. En
conséquence, je vais tenter de me restreindre aux choses qui pourraient
être faites en commission.
En voici une seconde et celle-là n'exige pas les longues
années qui sont requises pour l'établissement d'une carte
géologique. Dans le domaine de la forêt, par contre, et là
c'est une chose, qu'avec un certain nombre de témoins du
ministère de l'industrie et du Commerce, des représentants de
l'Association des compagnies canadiennes des pâtes et papier, etc., qui
pourrait être établie.
Ce qui pourrait être établi c'est ceci: Quel est
l'état des marchés à l'heure actuelle? En mettant sur pied
une filiale qui doit s'occuper des ressources forestières à la
baie James, on va couper là des millions de cordes de bois. Quel est
l'état des marchés? Est-ce que le résultat de cette
opération sera bénéfique ou malheureux? Il ne suffit pas
de dire qu'on s'en va là couper du bois pour dire que cela va être
ça le développement économique. Si le fait d'en couper
trop à cet endroit fait que nous ne pouvons plus en couper ailleurs, ce
n'est pas une création nette d'emplois. Le marché est-il capable
d'absorber la production? C'est la question qu'il faut se poser. Le
marché, dans telle circonstance, peut-il absorber ça? La question
qu'il faut se poser est à ce moment-là: Est-ce que nous à
l'heure actuelle au Québec une capacité excédentaire
déjà? On l'a peut-être déjà, M. le
Président, excédentaire ou pas, dans ce domaine-là. A ce
titre, si nous ne nous posons pas cette interrogation avant et si nous allons
aveuglément, sans avoir fait l'inventaire du marché, couper des
forêts immenses à la baie James, nous provoquerons peut-être
ce n'est pas l'intention du gouvernement que je mets en doute au
lieu du développement économique, une catastrophe dans ce
secteur.
M. LE PRESIDENT: Encore une fois le député de Gouin n'est
pas tout à fait dans la note. Il pourrait très bien dire qu'il y
a nécessité d'aller en commission pour avoir des réponses
sur les répercussions que cela peut avoir sur la forêt. Mais, le
député de Gouin va au-delà de ça. Il donne son
opinion sur les répercussions possibles. Je comprends qu'encore
là la distinction est peut-être ténue, mais elle est
là quand même. Le règlement m'oblige à restreindre
le débat à la motion. Encore une fois, je prends comme exemple ce
que le député de Gouin vient de dire. Il pourrait très
bien dire à la Chambre qu'il y a nécessité d'aller en
commission pour avoir des réponses, à savoir ce qui se produirait
sur l'ensemble de l'industrie forestière au Québec. Mais il n'a
pas le droit, à ce stade-ci, de donner ses propres réponses sur
ce qui pourrait arriver.
M. JORON: J'espère que vous ne l'interprétez pas comme une
réponse, ce n'était pas une réponse affirmative. Je
voulais souligner les possibilités causées par le manque
d'information, dans une telle aventure. Je n'affirmais rien, j'ai dit: Tels
sont les résultats possibles si avant nous n'avons pas fait l'inventaire
de la question, de l'état des marchés dans le domaine des
produits forestiers. La raison pour laquelle nous voulons aller en commission,
c'est pour faire entendre des gens des différents ministères
concernés, des associations des producteurs de papier, des experts, et
ça, c'est une chose qui pourrait être faite en commission. Y faire
cet inventaire-là pour éviter les quelques catastrophes, non pas
que j'affirmais, mais que je disais possibles si nous nous lançons
aveuglément sans avoir fait cette étape préliminaire de
constituer l'inventaire.
Dans un autre domaine qu'on a invoqué, je serais bien content si
à la baie James on pouvait développer une industrie touristique
non pas que personnellement j'aurais envie d'y aller, pour des raisons d'ordre
climatique, mais enfin, c'est autre chose, les goûts ne sont pas tous les
mêmes. Avant de penser ou avant de mettre sur pied une
société dans le but de favoriser le développement
touristique, pourquoi là encore ne pas faire tout simplement le tour de
la question? Pourquoi ne pas aller en commission et demander des avis à
des experts, à des témoins il y a des documents qui
existent ne serait-ce qu'à des associations d'agences de voyages,
des associations des transporteurs aériens, des associations
d'hôteliers qui ont fait des études de marché sur le
développement des goûts dans le domaine touristique? Où la
population veut-elle aller? Quel type de tourisme est requis aujourd'hui?
Là, encore, cela viserait à faire un inventaire du marché
pour savoir s'il est illusoire ou pas je ne prends pas position ni dans
un sens ni dans l'autre de penser que la baie James peut être un
lieu de développement touristique.
Elle n'en est peut-être pas un du tout. Alors, il faudrait le
savoir avant d'invoquer cela comme argument justifiant le projet de loi no 50.
C'est une autre des raisons pour lesquelles nous voulons aller en commission,
pour faire le tour de cette question.
Finalement, il y a une troisième série de raisons, M. le
Président, qui seront les dernières que j'invoquerai et qui ont
trait au financement. C'est peut-être l'un des sujets sur lesquels ont a
été le plus parcimonieux, jusqu'à maintenant, dans ce
débat. Véritablement, je trouve que c'est peut-être un peu
typique, si vous voulez, de notre passé. C'est peut-être en accord
sur nos traditions ou avec notre passé de passer assez rapidement sur
les questions financières, présumant que, même si nous n'en
saisissons pas nous-mêmes toutes les ramifications ou les implications,
il y a toujours quelqu'un d'autre qui sera capable, finalement, de
débrouiller ces choses qui, pour la plupart d'entre nous, sont
compliquées et qu'on veut éviter d'approfondir.
Mais, quand même, M. le Président, je pense qu'il serait
souhaitable d'aller en commission, justement, pour entendre, entre autres, le
président de l'Hydro-Québec sur ces prévisions de
financement pour les dix années à venir. M. le Président,
à une commission dont, malheureusement, puisqu'elle n'a pas fait
rapport, nous ne pouvons, du moins de façon élaborée,
évoquer le compte rendu, la commission qui a siégé les 20
et 21 mai où a comparu l'Hydro-Québec, vous vous rappelerez que
deux journées entières de débats n'ont vu que de maigres
cinq minutes consacrées à cette question du plan de financement.
Je pense que cela se résume, si on relit le journal des Débats
que je n'ai pas avec moi, à un petit paragraphe de M. Giroux en
réponse à une question que je lui avais posée. Il nous a
livré un programme d'investissements possibles pour le financement non
pas de l'ensemble du projet des cinq rivières, mais du complexe NBR
seulement et tenant compte d'une augmentation des tarifs de 4 p.c., sans que
nous ayons pu scruter à fond combien de revenus nouveaux cette
augmentation des tarifs allait générer pour
l'Hydro-Québec.
Si bien, M. le Président, que nous entreprenons c'est le
projet de loi no 50 qui la met en branle la plus grosse dépense
qui ait jamais été faite au Québec, le plus gros programme
d'investissements que nous ayons jamais connu, mais sans véritablement
en connaître toutes les implications et surtout le plan.
Disons qu'en gros on a peut-être, relativement, en tout cas,
cerné le coût global du projet. On sait, M. le Président,
que développer un kilowatt d'électricité coûte $700.
Alors, on dit: 10 millions de kilowatts, cela fait $7 milliards. L'ordre de
grandeur est juste. Ce n'est pas tellement cela qui est en cause. Ce qui n'est
peut-être pas en cause, non plus, c'est le nombre d'années sur
lesquelles ces investissements doivent être étalés. Mais
nous aimerions savoir, M. le Président, puisque nous savons le montant
global, en gros, quelles sont nos possibilités soit de l'emprunter ou
soit de le faire payer comptant aux consommateurs d'électricité,
c'est-à-dire en augmentant les tarifs.
Comment pouvons-nous équilibrer ces deux formules? Je pense qu'on
ne pourra pas répondre à cette question. Il serait hasardeux, M.
le Président, de précipiter l'adoption du projet de loi, tant
qu'on n'a pas d'abord établi quel est le plafond prévisible de la
capacité du Québec d'emprunter sur les dix prochaines
années. Il faut partir de là, tenter de situer le plafond
d'abord. Cela nécessite, en commission, justement, de faire un certain
inventaire de l'état du marché financier et de faire
témoigner des experts pour que nous sachions à quoi, en gros,
nous pouvons nous attendre. Jusqu'à combien le Québec peut-il
raisonnablement penser emprunter sur les marchés financiers au cours des
dix prochaines années? M. le Président, nous n'en avons, à
l'heure actuelle, aucune idée.
En conséquence, il m'apparaît aberrant de se lancer dans un
projet qui implique des investissements aussi considérables avant
d'avoir réussi à cerner cette question-là. C'est une chose
d'avoir établi d'abord quel est le maximum que l'on peut penser
emprunter sur les marchés. Il faut faire l'inventaire des
marchés. Que sommes-nous capables d'aller chercher là?
La deuxième chose qu'il faudrait savoir et qu'il faudrait
discuter en commission, c'est sur quel marché. Que peut nous offrir le
marché américain? Que peuvent nous offrir les marchés
internes? Que peut nous offrir le marché européen? Là
encore il y aura moyen de savoir un peu mieux où on peut s'attendre
d'aller emprunter une partie des capitaux nécessaires.
Nous avons eu certains indices je le disais dans mon discours de
deuxième lecture à partir d'une déclaration du
président de la Prudential Insurance Company of America, qui a toujours
été un de nos principaux prêteurs, et qui disait vouloir
investir dans le développement de la baie James la même somme
qu'elle avait investie dans le développement de Churchill Falls. Or,
Churchill Falls a coûté sept fois moins que la baie James.
Si nos principaux prêteurs ne s'apprêtent pas à
augmenter de sept fois leur contribution à Churchill Falls, il est
peut-être illusoire de penser que l'on va financer autant sur ce
marché-là. Ce sont des choses qu'il faudrait inventorier et
discuter ensemble en commission. Un autre point qu'il nous faudrait discuter en
commission c'est qu'il faut bien se rendre compte que...
M. BOURASSA: Vous pourrez en parler en comité plénier.
M. JORON: ...l'Hydro-James, si vous voulez, ne sera pas seule à
emprunter sur les marchés, car le gouvernement continuera d'avoir des
besoins d'emprunter pour faire des investissements, que d'autres agences du
gouvernement, d'autres émanations du gouvernement auront besoin de faire
appel aux marchés financiers.
J'ai demandé au ministre des Finances, lors de l'étude de
ses crédits, pour tenter justement d'avoir une réponse à
cette question-là, de nous donner une idée, une indication des
besoins d'emprunt du gouvernement tout au cours de la période que durera
l'aménagement de la baie James pour savoir comment nous partagerons les
fonds qui sont requis pour le développement hydro-électrique que
l'on fera là-bas et ceux qui seront requis ailleurs.
C'est une autre chose qu'il faudrait établir en commission, si
nous en avions le temps, afin de savoir comment se feront ces
partages-là, et finalement on arrivera à savoir beaucoup plus
précisément ce qu'il reste à emprunter
spécifiquement pour les fins de la baie James.
Quand nous saurons cela, nous pourrons nous organiser et savoir sur
combien d'années nous pouvons penser le faire, maintenant...
M. BOURASSA: M. le Président, le député me
permettrait-il une question?
M. JORON: Certainement.
M. BOURASSA : La société va certainement avoir à
comparaître devant la commission parlementaire. H est évident que
l'on ne peut pas avoir toutes les réponses aux questions qu'il pose.
C'est impensable que la société, que le gouvernement ou que
l'Hydro-Québec puissent répondre en détail à toutes
les questions du député, mais à l'automne, la
société pourra comparaître devant la commission
parlementaire et, éventuellement, répondre à toutes ces
questions-là. Qu'est-ce qui empêche d'adopter le projet de loi en
attendant?
M. JORON: Voici, M. le Président, je veux bien répondre au
premier ministre, c'est que si, justement, ces séances d'automne que
vous prévoyez amenaient des conclusions vous étiez absent
quand j'ai évoqué d'autres domaines...
M. BOURASSA : J'écoutais dans mon bureau.
M. JORON: Si ces séances d'automne nous amenaient à la
conclusion que nous n'avons plus besoin de la société...
M. BOURASSA: Non, non, ça...
M. JORON: II n'y a rien d'urgent. Le premier ministre dira qu'il faut
dès maintenant mettre en branle la construction de routes, la
construction d'aéroports, la construction de bases si nous voulons que
les travaux puissent débuter à telle date.
Il est bien entendu essentiellement que c'est le projet
hydro-électrique qui va débuter d'abord. Que
l'Hydro-Québec commence les travaux, et pendant l'été,
pendant les séances de la commission que nous réclamons, nous
aurons fait le tour de la question, et nous saurons définitivement,
à l'automne, si la société est utile ou inutile et on aura
extrait de ce débat, et ce serait mon plus grand voeu, je termine
là-dessus, toute la partisanerie avec laquelle elle est en train de
s'entourer depuis une semaine.
Je comprends que nous sommes des humains et qu'à l'occasion le
débat s'échauffe, et c'est regrettable parce que si l'on veut,
justement, que ça devienne une oeuvre collective, il ne faudrait pas que
ça devienne une question de "c'est mon projet de loi à moi," "tu
ne me le feras pas retirer parce que je vais perdre la face devant l'opinion
publique. Et s'il est amendé, ça va avoir l'air d'une victoire de
l'Opposition."
Si on pouvait arriver, M. le Président, à vider de toute
partisanerie cette affaire-là, puisque, finalement, on s'assoyait, comme
des hommes sensés, pour dire: Quel est l'état de notre
problème? Il faut répondre à nos besoins
d'électricité futurs. Comment est-ce qu'on fait ça? Bon,
il y a plusieurs façons de le faire. Quelle est la plus rentable?
Comment cela va coûter? Comment est-ce qu'on peut financer ces
choses-là? Bien, voyons, c'est ça. En d'autres mots, les
réponses à ces interrogations-là auraient dû venir
avant que le gouvernement agisse d'une façon un peu autoritaire, en
disant: Nous avons trouvé la réponse; maintenant, on la justifie.
Pourquoi ne pas avoir fait cette oeuvre collective, tous ensemble, là,
à laquelle la population aurait d'ailleurs participé, qui aurait
fait que ce projet aurait été complètement vidé de
cette partisanerie, puis aurait été vraiment le résultat
d'un consensus national, ce que, malheureusement, maintenant, il n'est pas?
Mais, il est toujours temps qu'il redevienne
"départisané", si vous me passez l'expression. Laissez
l'été calmer les esprits; faites siéger la commission,
puis, à l'automne, j'ai bien l'impression que vous l'auriez, votre grand
projet collectif.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education.
M. Guy Saint-Pierre
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je voudrais prendre quelques
instants pour m'opposer à la motion du député demandant
que nous convoquions la commission parlementaire pour répondre à
des questions.
Je m'y oppose, M. le Président, puisque le type de questions que
les honorables membres de cette Chambre nous ont signalées ne me
semblent pas pertinentes et reliées au projet de loi no 50. Je
m'explique. Ces questions, bien sûr, M. le Président, touchent
l'ensemble du projet et témoignent, de la part des membres de
l'Opposition, d'une curiosité voire même d'un intérêt
qui peuvent facilement se défendre vis-à-vis de l'ensemble du
projet de loi. Il me semble que l'ensemble des questions que la plupart des
députés ont soulevées ne touchent pas au point fondamental
du projet de loi no 50 qui est de donner un type de structure et un type
d'organisation pour mener de l'avant le projet. Les questions des honorables
membres de l'Opposition sont beaucoup plus des questions spécifiques
touchant la rentabilité, touchant l'échéancier, touchant
l'intégration de ce projet de loi lui-même.
M. le Président, nous avons eu, au début de mai, deux
jours de session où, pendant plus de douze heures, nous avons eu
l'occasion, à la commission parlementaire des Richesses naturelles, de
poser plusieurs questions à ceux qui étaient, jusqu'à ce
jour, responsables de l'ensemble du développement de la baie James. Nous
avons pu, à cette occasion, poser de multiples questions à
l'Hydro-Québec, elle qui avait, au cours d'une période de plus de
douze ans, dépensé plus de $12 millions pour nous donner les
éléments d'un projet de développement.
Lors de l'étude des crédits des différents
ministères, les membres de l'Opposition ont aussi eu l'occasion de poser
des questions pertinentes au ministère des Richesses naturelles, au
ministère des Terres et Forêts, au ministère des Finances,
touchant l'ensemble des problèmes reliés à cette
région du Québec. Tout cela pour dire qu'auprès de ceux
qui étaient responsables, jusqu'à ce jour, du
développement nous avons toujours eu l'occasion de poser des questions.
Mais, pour poser des questions davantage, je pense qu'il est essentiel que le
gouvernement, comme il le fait par le projet de loi no 50, opte pour une forme
d'organisation.
On peut diverger d'opinion avec le gouvernement. Les débats
d'hier soir ont montré que certains auraient
préféré continuer de confier l'administration et le
développement de cette région, soit à
l'Hydro-Québec, soit aux différents ministères. Nous avons
vu le choix du gouvernement de confier ceci à une société
qui est une institution québécoise. J'admets qu'on peut
différer d'opinion sur cette question, mais je ne vois pas la pertinence
de retourner à une commission parlementaire pour poser des questions
dont justement, la société, comme type d'organisation, devra,
dans les délais appropriés, nous rendre compte.
Nous ne demandons pas, dans le projet de loi no 50, aux honorables
membres de l'Opposition de partager avec nous dans les moindres détails
ce qui semble le succès assuré de ce projet de loi. L'objet
même de nos débats et la pertinence de nos questions touchent au
type d'organisation le plus approprié pour pousser de l'avant ce
développement. En effet, lorsqu'on examine toutes les questions que les
différents députés ont soulevées je leur
souligne que ce sont des questions fort pertinentes, qui témoignent de
la curiosité et de l'intérêt vis-à-vis du projet
on se rend compte qu'avant d'avoir des réponses il faudra confier
à quelqu'un un mandat particulier.
Ce mandat particulier permettra d'aller de l'avant, de pousser plus loin
des études, d'analyser tous les différents secteurs qui ont
été mentionnés, les possibilités d'exportation, les
possibilités de financement, de déterminer un
échéancier des travaux qui convienne le plus à l'ensemble
du projet. Justement, pour être capables de répondre à des
questions intelligentes sur ces points, des questions intelligentes que
sûrement au cours des prochains mois les honorables membres de
l'Opposition poseront, nous devons, dans un premier temps, confier cette
responsabilité à quelqu'un.
A tort ou à raison, le gouvernement a décidé de
confier cette responsabilité à une société qu'on
appelle la Société de développement de la baie James.
M. LAURIN: Est-ce que le ministre va me permettre de lui poser une
question? Le ministre ne penserait-il pas plutôt qu'il aurait convenu,
étant donné justement l'ampleur du projet, que l'essentiel de ces
questions puisse être posé avant et qu'on ait au moins les grandes
réponses, les grandes orientations avant?
Je suis bien d'accord avec lui qu'on ne peut pas répondre
à toutes les questions immédiatement justement parce que le
projet est trop vaste. Mais n'aurait-il pas été
préférable, pour notre propre gouverne personnelle, qu'au moins
on ait répondu davantage aux grandes questions qui ont été
posées avant?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, si on analyse les interventions
d'hier, aucun député n'a mis en doute la rentabilité du
projet, aucun député n'a mis en doute que le projet est un ballon
en ce sens que c'était un projet chimérique comme, je ne sais
pas, pour le Québec d'envoyer...
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement.
Qu'il me soit permis de rappeler à l'honorable ministre de l'Education
qu'il ne peut pas se référer à un débat qui a
déjà eu lieu et dont on a disposé par un vote.
UNE VOIX: Adopté.
M. VINCENT: Article 285, 7e.
M. SAINT-PIERRE: Bon! je continue. Analysons les questions qui sont
soulevées. Je soumets humblement à cette Chambre que personne ne
pourrait nous donner, à ce moment précis, des réponses
aptes à satisfaire la curiosité des députés. On
soulève des questions comme: Quel est le nombre des rivières?
Quel sera l'échéancier exact du plan de développement de
ce projet? On soulève des questions touchant l'exploitation rationnelle
de nos ressources minérales et forestières, on demande s'il y
aura des soumissions publiques par cette nouvelle société.
Au sujet de ce type de questions, il me semble que c'est dans quelques
mois, lorsqu'on aura confié à quelqu'un la responsabilité
de ceci, qu'on devra les poser car il est évident
l'Hydro-Québec l'a dit qu'avec $12 millions, avec douze ans de
travaux on a établi que le projet est sérieux mais le
gouvernement l'a dit lui-même nous ne pouvons pas donner,
actuellement, dans un rapport suffisamment détaillé qui
établirait, dans le moindre détail la planification, la
réalisation de ce projet. Ce sont des études qui se poursuivent
à la fois sur le terrain lui-même, par des explorations
géologiques, des explorations touchant la cartographie du territoire,
d'autres études techniques sont en cours pour non seulement
l'aménagement hydro-électrique, mais d'autres types
d'aménagements.
Sûrement, d'ici quelques mois on pourra demander, à celui
qui aura la responsabilité de l'ensemble de ces études, de venir
nous expli-
quer pourquoi on a choisi tel échéancier, quelles sont les
raisons profondes pour lesquelles on a choisi deux rivières au lieu de
trois ou cinq rivières à la fois. Ce sont des types de questions
auxquelles, même si nous allions en commission parlementaire aujourd'hui,
ni l'Hydro-Québec, ni les firmes privées ne pourraient nous
donner les réponses satisfaisantes parce que justement, dans les
moindres détails, le projet de développement n'est pas
arrêté.
Je me permets de souligner des analogies semblables. Nous avons, au
cours des dernières années, créer différentes
institutions qui appartiennent aux Québécois. Nous avons
créé la Société générale de
financement, nous avons créé Sidbec, nous avons
créé l'Université du Québec, mais à chaque
fois que l'Assemblée nationale a adopté un tel projet de loi,
nous ne tentions pas, comme Assemblée nationale, comme
députés, de délimiter dans les moindres détails
l'action même de ces institutions. Nous tentions simplement de convenir
tel type d'organisations pouvait le mieux satisfaire le mandat qu'on lui
confiait.
Lorsque nous avons créé Sidbec j'ai regardé
moi-même dans le journal des Débats il n'y a eu aucune
discussion sur le projet lui-même, dans ses moindres détails. On
confiait simplement à un organisme, qui relevait de l'Assemblée
nationale avec les différents contrôles, le mandat d'aller plus
loin, d'amorcer des études, d'examiner le financement, de regarder la
rentabilité de l'ouvrage, se réservant pour l'Assemblée
nationale, chaque année, la possibilité de demander des comptes
à ceux qui avaient eu un tel mandat. Lorsque nous avons
créé l'Université du Québec, qu'avons-nous
créer? Est-ce que l'Assemblée nationale a tenté de
délimiter dans les moindres détails le type de recherches que
l'Université du Québec entreprendrait?
Est-ce qu'on a tenté de délimiter dans les moindres
détails le nombre d'institutions et le nombre de constituantes qui
pourraient être créées? Est-ce qu'on a tenté de
donner dans les moindres détails les facultés qui pourraient
être ouvertes? Non, je pense que la question n'aurait pas
été pertinente. On a simplement confié à un type
d'organisation, à savoir une université du Québec, un
mandat donné. Chaque année, lorsque l'université
dépose son rapport annuel, nous pourrions convoquer ses
représentants à la commission de l'Education pour leur demander:
Pour quelle raison vous n'avez pas une constituante à Gaspé? Pour
quelle raison, à Chicoutimi, avez-vous fait tel ou tel programme?
Comment expliquez-vous votre programme de recherche? Enfin, toutes les
questions que les députés de l'Opposition ont à l'esprit.
C'est après que nous avons créé une structure, qui a un
mandat et une responsabilité que nous devons lui demander les comptes.
Il faut bien s'en rendre compte, ce n'est pas le rôle de
l'Assemblée nationale d'être un conseil d'administration. Ce n'est
pas le rôle des 108 députés d'être le conseil
d'administra- tion de la Société de développement de la
baie James. Nous décidons, pour plus d'efficacité, comme nous le
faisons aans d'autres ministères, de confier à des personnes le
mandat d'exécuter et de remplir une mission que nous leur assignons,
nous réservant le droit, une fois l'an, de poser des questions et
d'analyser dans les moindres détails l'orientation prise par ces
mandataires du gouvernement. Il y a un article du projet de loi qui explique
textuellement que les responsables de la Société de
développement de la baie James sont des mandataires du gouvernement.
Je suis certain que, dans quelques mois, le gouvernement n'aura aucune
objection à demander aux responsables de la société, alors
que des études auront été poursuivies davantage, alors
qu'on aura défini plusieurs des questions que soulève le
député, notamment sur le plan technique, sur le plan financier et
sur le plan des exportations, de venir expliquer les décisions qu'ils
ont pu prendre et les orientations qui auraient pu être
envisagées. Mais, il semble que si nous y allions aujourd'hui
même, nous n'aurions aucun interlocuteur, car il n'y a personne
aujourd'hui qui est capable de répondre à plusieurs des questions
que les honorables membres de l'Opposition soulèvent. Il n'y a personne
aujoud'hui qui peut dire: Est-ce qu'on va développer la rivière
La Grande ou est-ce qu'on va développer le complexe NBR?
Il y a, au moins, deux cents personnes de l'Hydro-Québec d'autres
sociétés qui ont pu avoir des mandats, qui sont sur le terrain et
qui justement, recueillent des données pour permettre à quelqu'un
de prendre cette décision. Jusqu'à ce jour, de pareilles
décisions relèvent de l'Hydro-Québec. Demain, nous disons
qu'elles relèveront encore de l'Hydro-Québec, mais avec une
participation extérieure, dans un nouveau type de société.
Nous pourrions aller en commission parlementaire pour faire venir des
témoins et pour nous demander pourquoi tel type d'organisation est bon.
Cela ne semble pas être les préoccupations des membres de
l'Opposition. Les préoccupations des membres de l'Opposition je
répète qu'elles sont fort pertinentes et que je je les comprends
parfaitement me semblent inappropriées aujourd'hui même,
puisque personne ne peut donner des réponses à tous les types de
questions qu'on soulève.
Le chef parlementaire du Parti québécois soulève la
question: Y aura-t-il des soumissions publiques? Il est évident que le
gouvernement désire que cette organisation, comme toutes nos autres
organisations au Québec, se conforme à plusieurs règles de
gestion acceptées. Mais ce n'est pas aujourd'hui qu'on peut demander
ça, parce qu'il n'y a personne qui est responsable de la
société. Ce sera dans quelques mois, lorsque la
société sera établie, lorsqu'elle aura des
règlements internes, qui doivent être approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil, qu'on pourra poser de telles questions.
On pourra leur dire: Comment se fait-il
qu'on donne, pour des procédures d'appels d'offres, tel ou tel
règlements et que vous ne les suivez pas? Mais ce ne sont pas des
questions qu'on puisse poser aujourd'hui. Je pense que, plus tard, on pourra
suivre l'évolution du projet, que constamment l'Assemblée
nationale aura des antennes pour suivre l'évolution du projet pour poser
des questions et obtenir des réponses de ceux qui en sont responsables,
d'une part, le gouvernement, mais, d'autre part, les Québécois
qui se verront confier des responsabilités, incluant les gens de
l'Hydro-Québec qui auront une participation accrue.
Je pense que la motion, telle qu'on la présente aujourd'hui, est
futile et inutile puisque nous ne pourrions avancer dans nos travaux. La
question qui se pose devant nous, c'est strictement de pouvoir progresser sur
le plan de la législation, sur le type d'organisation qu'on
suggère, quitte, dans trois mois ou dans quatre mois, à demander
à ceux qui se seront vu confier des responsabilités au sens de la
loi d'expliquer les questions fort pertinentes qu'on soulève sur le
financement et sur les possibilités d'administration.
Pour toutes ces raisons et si gouverner, comme l'a si bien dit le
premier ministre, c'est poser des gestes concrets qui permettent à des
Québécois d'assumer des responsabilités, je pense que la
Chambre ne peut pas tergiverser. Je pense qu'actuellement
l'Hydro-Québec, qui a le mandat, poursuit les études. Je pense
même le président l'a indiqué lui-même dans sa
lettre que l'Hydro-Québec est prête à collaborer avec
la nouvelle société.
Sûrement, dans plusieurs mois l'Assemblée nationale,
constamment, par le biais du ministre responsable de cette
société, on pourra s'enquérir des autres orientations et
poser les questions voulues, comme pour d'autres institutions
québécoises, comme pour l'Université du Québec,
comme pour Soquem, comme pour Sidbec. On pourra demander à ces
administrateurs de rendre des comptes à l'Assemblée
nationale.
Mais y aller aujourd'hui, c'est simplement partager avec d'autres le
désir de faire perdre un peu le temps de cette Chambre puisque nous ne
pourrions pas avoir les véritables réponses aux questions que les
honorables membres soulèvent.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. Gabriel Loubier
M. LOUBIER: M. le Président, après avoir entendu le
discours du ministre de l'Education, je suis presque assuré qu'il va
voter en faveur de la motion. Le ministre de l'Education, au cours de son
élaboration, a prouvé hors de tout doute que nous nagions dans le
plus grande et entière incertitude. C'est lui-même qui dit, M. le
Président: Attendez que la société soit
créée et, à ce moment-là, nous verrons s'il y aura
demande de soumissions publiques pour les contrats. Attendons, M. le
Président, que la société soit créée et
là on pourra questionner les membres de cette société. Et
tout son discours est fait d'hypothèses, de voeux pieux, tout est fait
au conditionnel, M. le Président.
Or, ce que nous voulons, de ce côté-ci de la Chambre, c'est
d'avoir des certitudes et c'est justement les raisons pour lesquelles nous nous
sommes levés depuis le début pour avoir plus de lumière
sur ce projet de loi. Et ce n'est pas quand la société aura
été créée qu'il sera temps de prévenir les
erreurs ou encore d'empêcher que cette société ne
dégénère en un nid de patronage, ou en un nid
d'improvisations, ou encore que le sixième du territoire du
Québec ne tombe sous la botte de personnes qui n'ont même pas
à rendre compte à l'Assemblée nationale et qui ont tout
simplement à faire rapport à son auguste majesté qui
s'appelle le premier ministre du Québec.
M. le Président, le ministre de l'Education a une drôle
d'opinion de la démocratie. Tout à l'heure, dans son discours, il
disait: II n'appartient pas, je pense, aux 108 députés de cette
Chambre...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président...
M. LOUBIER: J'ai pris note de son affirmation, il n'appartient pas aux
108 députés de cette Chambre de s'interroger à ce sujet ou
de devenir ceux qui voudraient contrôler ou surveiller les gestes du
conseil d'administration de la société. M. le Président,
de ce côté-ci de la Chambre, nous avons une tout autre conception
du système parlementaire et de la démocratie. Il appartient aux
108 députés de cette Chambre, surtout...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, une question de
privilège. Je pense que jamais je n'ai dit dans mon texte qu'il
n'appartenait pas aux 108 députés de s'intéresser à
ce projet. Ce que j'ai dit, M. le Président, c'est que les 108
députés de cette Chambre ne forment pas le conseil
d'administration responsable du développement de la baie James.
Et le député me permettra peut-être une question
simplement pour éclaircir jusqu'à quel point nous pouvons
être près l'un de l'autre ou loin l'un de l'autre, non pas
physiquement mais sur le plan de la conception. Est-ce que le
député admet que toutes ses questions, que tous les points
d'interrogation, fort valables, qu'il pose, ne touchent pas du tout la
société comme type d'organisation responsable du
développement mais touchent le projet lui-même? Ce que j'ai
tenté d'expliquer dans mon texte c'est que nous n'avons pas
demandé à cette Chambre de se lancer dans un projet où il
n'y avait rien de fait. Nous avons dit qu'il y a eu $12 millions de
dépensés par l'Hydro-Québec sur une période de
douze ans. Pendant deux jours, à la commission parlementaire, les
dépu-
tés de l'Oppsition ont pu questionner le président de
l'Hydro-Québec et ses conseillers techniques sur la rentabilité
du projet. Nous ne demandons pas à la Chambre de se lancer dans un
projet hypothétique. Nous disons simplement que nous ne pouvons pas
répondre à des questions aussi précises et fort
pertinentes pour le projet. Toutes ces questions n'ont pas été
résolues. Nous ne trouverons pas une réponse aujourd'hui
même, parce que les études sont encore en cours. Les
interrogations du député ne touchent pas la société
comme type de formation, ne touchent pas la société et ses
relations vis-à-vis de l'Assemblée nationale, mais touchent
beaucoup plus le projet lui-même. Et je dis qu'après $12 millions
nous avons suffisamment de fondations pour aller de l'avant dans le projet mais
qu'il faudra poser les questions de détail fort pertinentes encore une
fois, de financement, d'échéancier, de rentabilité du
projet, à ceux qui se verront justement confier ce mandat.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... M. le Président.
M. LE PRESIDENT: H avait la permission.
M. LOUBIER: Si vous l'avez remarqué, M. le Président, je
n'ai pas voulu porter à votre attention un point de règlement
pour interrompre le ministre. J'aurais aimé l'entendre une heure ou deux
pour qu'il essaie d'éclaircir sa pensée et c'est pourquoi je l'ai
laissé aller. Mais je ne suis pas plus avancé, sauf qu'on vient
de découvrir un autre argument-massue que le ministre nous sert.
Imaginez-vous que $12 millions ont été
dépensés et on s'abrite derrière cet argument-là.
Etant donné que $12 millions ont été
dépensés pour des études, on n'a plus le droit de
s'interroger. Toutes les précautions ont été prises,
imaginez-vous donc $12 millions pour des études. Je pense
que le ministre est plus sérieux que ça. Ce n'est pas une
question de $2 millions, de $10 millions ou de $20 millions en études
qui auraient pu être faites qui vont nous donner la certitude que le
gouvernement a raison et qu'il a des motifs sérieux, pour l'avantage de
ce projet, de nous demander de voter le bill 50.
M. le Président, le ministre, je pense, a déjà
été dans des firmes d'ingénieurs et dans des compagnies.
Il doit savoir, à ce moment-là, que dans toute compagnie il y a
tout de même un mandat préalable qui est donné pour ses
objectifs, pour sa façon d'administrer. Il y a des règlements, il
y a des objectifs de fixés.
Or, actuellement, aucun mandat spécifique n'est donné
à cette société et je vous explique de quelle façon
j'entends cette affirmation. C'est une société qui sera
formée de cinq membres. Qui seront ces cinq membres? On ne le sait pas.
Quelle compétence...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: Je réponds aux arguments, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je voudrais faire remarquer à
l'honorable chef de l'Opposition qu'il s'aventure, d'une manière quasi
parfaite, dans l'étude en deuxième lecture du projet de loi. J'ai
bien écouté les argumentations du député de Gouin
et il défendait très bien sa cause à l'effet que nous
devions aller en commission permanente.
L'honorable ministre de l'Education était totalement
d'idée opposée. H disait qu'ils n'obtiendraient pas plus en
commission permanente les renseignements que désirent obtenir les
membres de l'Opposition. Je voudrais bien que l'honorable chef de l'Opposition
abandonne, pour un certain moment, l'étude en deuxième lecture du
projet de loi, pour établir devant la Chambre qu'il est
d'intérêt public d'aller en commission permanente pour obtenir les
renseignements qui lui manquent.
M. LOUBIER: M. le Président, je vous remercie de me remettre sur
la bonne voie. J'appuierai sans aucune réserve la motion qui est devant
cette Chambre, parce que nous devons avoir infiniment plus de détails,
plus d'explications que ceux que nous avons reçus jusqu'à
maintenant. Le ministre de l'Education nous rappelait qu'il y avait eu douze
heures de séance en commission. Je pense que ce ne doit pas être
limité par le nombre d'heures.
Nous avons eu devant cette commission, pour sûr, des explications
telles que le président de l'Hydro-Québec a conclu en invitant le
gouvernement à ne pas former un genre de société du type
qu'on nous présente aujourd'hui. Et cela a été à la
suite de ces rencontres à la commission que le président de
l'Hydro-Québec a établi clairement que la responsabilité
entière, que le dynamo, le guide de tout ce projet d'envergure devait
être sous l'autorité de l'Hydro-Québec. Si nous retournons
en commission, ça va permettre aux députés de cette
Chambre, d'obtenir réponse à toutes les questions qui nous
viennent à l'esprit, non pas seulement aux 108 députés de
cette Chambre, mais à tous les éditorialistes et au peuple de la
province pour savoir enfin ce qu'on cache derrière le paravent du bill
50, quel genre d'administration nous voulons donner à cette
société, quel sera le mandat explicite et dans la forme
d'administration et dans le rayonnement de cette société.
Ce sont là des questions d'importance et pas un seul homme
d'affaires du Québec ne donnerait la gestion de son entreprise à
une société sans mandat explicite défini, défini
non seulement dans les objectifs, dans ses structures, dans son articulation
mais également dans le type d'administration qu'on lui demanderait.
Le fait de retourner en commission parlementaire, de poser des questions
aux gens de l'Hydro-Québec, qui sont tout de même à
l'origine de ce projet, qui ont tramé phase par
phase tout ce projet, et à d'autres experts, des financiers, tout
ça permettrait aux membres de l'Assemblée nationale et, par
ricochet, au peuple du Québec d'avoir un meilleur éclairage du
bill 50. Cela prouverait aussi que le gouvernement veut agir avec
sagacité, que le gouvernement veut agir avec prudence dans cette
aventure qui va nécessiter l'investissement d'environ $7 milliards.
Le ministre de l'Education c'est son opinion
prétend que nous en avons eu assez de ces douze heures. Douze heures,
encore là, je trouve que c'est une drôle de façon de juger
de l'importance des informations que nous avons. C'est vrai que la commission a
siégé douze heures. Mais si, pour un projet dont l'envergure
sociologique et économique est absolument grandiose, nous avons besoin
de quinze ou de vingt heures avant de prendre une orientation
définitive, une orientation qui ne permettra pas de retour et une
orientation qui demandera au peuple du Québec un investissement et des
sacrifices sous toutes les formes, le gouvernement n'a pas le droit de refuser
aux élus du peuple d'avoir plus de renseignements, pour que nous
puissions comme Québécois responsables vis-à-vis du
peuple, nous prononcer en pleine connaissance de cause.
Pour les raisons que j'ai évoquées et également
pour vous dire à vous, M. le Président, que j'avais
déjà fait une motion, j'avais déjà exprimé
mes doutes sur le bill 50, parce qu'il était prématuré,
improvisé, nous demandons au gouvernement de nous permettre, par le
truchement de la commission parlementaire, de connaître plus à
fond les motifs, l'arrière-plan, l'arrière-scène du bill
50 et de faire en sorte que nous puissions, en toute honnêteté et
librement, nous prononcer en faveur de ou contre cette société
mythologique que l'on veut créer pour l'administration d'un
cinquième du territoire du Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Rémi Paul
M. PAUL: Nous avons bien l'intention d'appuyer cette motion qui nous est
présentée par le député de Maisonneuve. Je n'en
fais pas reproche à l'honorable député de Maisonneuve,
mais s'il n'avait pas été placé dans la position de vous
demander une directive, je crois que c'est nous-mêmes qui aurions
présenté la même motion.
Dans les circonstances, il ne s'agit pas pour nous d'appuyer
aveuglément une telle motion mais si nous avions l'intention de la
présenter et si nous appuyons cette motion c'est parce qu'à notre
point de vue, le résultat ou son acceptation est nécessaire pour
la bonne compréhension du présent projet de loi no 50.
N'ayez crainte, M. le Président, je n'ai aucunement l'intention
d'invoquer aujourd'hui, dans mes remarques, des arguments politiques. J'ai
l'impression que nous en avons discuté suffisamment.
M. le Président, j'ai écouté l'honorable ministre
de l'Education. Vous me permettrez de vous déclarer qu'à mon
humble point de vue, il n'a pas compris la motion présentée par
le député de Maisonneuve. Le député de Maisonneuve
n'a pas demandé la convocation de la commission du Conseil
exécutif pour connaître les raisons qu'a données le
ministre de l'Education, parce que le mandat que nous demandons par cette
motion, que nous voudrions voir consentie, accordée, assignée,
les instructions précises que l'on voudrait voir accordées
à cette commission vont bien au-delà des question secondaires
je dirais même tertiaires soulevées par le ministre
de l'Education.
M. le Président, j'espère que quelqu'un de l'autre
côté pourra répondre aux questions suivantes. Nous avons,
inscrites au feuilleton du jour, différentes références.
On peut les retrouver à la page 4 sous la rubrique: Bills publics
transmis pour étude à des commissions.
Nous avons premièrement, M. le Président: Loi concernant
la cité de Hull. Commission des bills privés et des bills
publics. J'en dispose immédiatement. Deuxièmement: Loi des
transports. Commission des transports. Voici, M. le Président, qu'on
nous a présenté le projet de loi no 23. L'intention de son
parrain était excellente. Il croyait, M. le Président, avoir
présenté ou fait préparer une loi qui pourrait couvrir
toutes les conséquences et tous les terrains possibles du transport au
Québec. Or, ce projet de loi, référé à la
commission a inspiré au ministre, à la suite des
représentations qui lui furent faites, de reporter sine die
l'étude de ce projet de loi. Est-ce que ce projet de loi était
aussi important que la loi du siècle, telle que qualifiée par le
premier ministre, qu'est le bill no 50?
M. le Président, nous avons ensuite: Loi sur l'évaluation
foncière. Tous se rappellent ce qui s'est déroulé ici
même, dans cette Assemblée, lorsqu'on a
déféré à la commission des Affaires municipales de
l'Assemblée nationale ce projet de loi.
Par la suite, M. le Président, nous pouvons lire: Loi concernant
la restructuration des commissions scolaires sur l'île de
Montréal. C'est un autre projet de loi que le ministre de l'Education a
référé à la commission permanente de
l'Education.
Nous avons ensuite: Loi du syndicalisme agricole. M. le
Président, c'est par analogie. Je n'ai pas l'intention d'entrer, je
n'entre pas dans le détail de cette loi. Je l'ai fait pour le bill 23
mais jusqu'à maintenant, je ne fais tout simplement j'en ai le
droit que me référer sans en discuter à ce qui est
inscrit au feuilleton comme point ou base de comparaison.
M. LE PRESIDENT: Je n'ai pas à faire remarquer au
député de Maskinongé le 7 e alinéa de l'article 285
et les notes qu'il y a à cet
article. Il les connaît beaucoup plus que moi. Vous ne pouvez pas
vous référer, sauf pour une question de privilège ou de
règlement, à un débat qui a lieu pendant la session en
cours sur un bill ou une question qui n'est pas alors en discussion. L'autre
note dit: II n'est pas irrégulier de se référer à
une affaire qui n'est pas alors en discussion si c'est seulement en
passant.
M. PAUL: C'est cela. Je passe.
M. LE PRESIDENT: En termes généraux ou par manière
d'exemple.
M. PAUL: Je passe sur chacun des titres.
M. LE PRESIDENT: Votre demi-heure passera en "passant" seulement sur des
termes généraux!
M. PAUL: Pardon, M. le Président, pardon! C'est la base de
l'argumentation que j'ai l'intention de faire.
Je veux tout simplement attirer l'attention des honorables
députés et après, je poserai une question. Bill 45, Loi de
la protection du consommateur, il y a eu un rapport. Nous entreprendrons
l'étude de cette loi probablement lundi ou mardi. Il y a le bill 84, Loi
constituant la Commission de transport de la Rive Sud de Montréal, loi
qui a un caractère régional, un territoire important,
déférée à la commission des Affaires municipales.
Le bill 65, Loi de l'organisation des services de santé et des services
sociaux, inscrite au nom de l'honorable ministre des Affaires sociales,
déférée à la commission des Affaires sociales.
Je pose la question suivante: Y a-t-il une de ces lois qui soit aussi
importante, aussi de conséquence pour l'avenir économique du
Québec que le bill 50? Mais cependant, parce que ces lois peuvent
présenter quelques implications administratives, on ne prend pas le
risque, avec raison, de passer des législations qui ne pourraient pas
couvrir tous les problèmes soulevés dans l'application de ces
lois. Ce sont les commissions désignées qui verront à
entendre les corps intermédiaires et les intéressés qui
présenteront des mémoires ou auront des remarques à faire
sur chacun de ces projets de loi.
Or, voici que pour le projet de loi no 50, qui en réalité
ne prévoit pas l'aménagement de la baie James, le bill 50 et
c'est le principe même de cette loi, est la formation d'une
société chargée de... Or, justement parce que l'on demande
la formation d'une société pour voir au développement,
à l'exploitation du territoire de la baie James, nous, de l'Opposition,
demandons au gouvernement de déférer ce présent projet de
loi à la commission du Conseil exécutif. Justement, au Conseil
exécutif parce qu'il y a dans de nombreux ministères des
organismes prévus. Des rapports, des enquêtes ont
été menées ou conduites et normalement, par le fait que
plusieurs ministères sont impli- qués, tous ces rapports, ces
communications doivent être centralisés au bureau du Conseil
exécutif ou au bureau de l'Exécutif, soit celui du premier
ministre.
Quand j'emploie nous serons, M. le Président, je suis
présomptueux. Je dis que nous serions, parce que je crains de l'issue de
cette motion, intéressés de savoir des commissaires de
l'Hydro-Québec pourquoi après avoir dépensé un
montant de $12 millions les travaux ont été suspendus, nonobstant
un arrêté en conseil qui a été adopté le 10
ou le 11 mai 1971. Nous serions intéressés de savoir de MM. les
commissaires de l'Hydro quel est l'état des recherches entreprises
jusqu'ici, des analyses qui ont été faites, des projections que
l'Hydro envisage dans la réalisation de ce projet de loi. Nous serions
intéressés à connaître de l'Hydro-Québec
quelles sont ses relations avec les autres ministères qui
éventuellement peuvent être intéressés dans le
développement du territoire de la baie James. Nous aimerions interroger,
par exemple, le ministre des Terres et Forêts lui-même, ses
fonctionnaires ou chefs de service, pour que nous sachions quelles sont les
recherches, quels sont les organismes qui, au ministère des Terres et
Forêts, pourraient accentuer le développement des richesses
forestières dans le territoire de la baie James.
Nous aimerions savoir, par exemple, en interrogeant les directeurs de
Rexfor, quelle est la politique suivie par cet organisme pour le
développement des richesses forestières dans le Québec et
spécialement quels seraient les moyens dont disposerait cette
société pour développer les richesses forestières
de la baie James.
Nous aimerions, M. le Président, et nous voudrions entendre les
directeurs de Soquem afin qu'ils nous informent des possibilités que
possède cette corporation, pour accélérer si possible,
l'exploration et l'exploitation des richesses naturelles du territoire de la
baie James. Nous aimerions, M. le Président, avoir l'avantage d'entendre
les autorités du ministère de la Voirie aux fins de savoir si ce
ministère possède les compétences en génie, si ce
ministère possède un service approprié, de nature à
accélérer et à entreprendre l'aménagement du
territoire de la baie James.
Nous aimerions, entendre les directeurs de l'Office du plan pour savoir
si, à la lumière de l'expérience vécue depuis
l'institution d'un tel office, ce dernier est en mesure de recommander au
gouvernement un plan de réalisation pour l'aménagement du
territoire de la baie James. Ici, M. le Président, on est mesure
d'obtenir une réponse affirmative et positive de chacun de ces
ministères concernés ou des organismes de l'Etat. Je dis que le
gouvernement, ignorant probablement les propres richesses administratives qu'il
possède, sera peut-être le premier à retraiter et à
juger que le présent projet de loi no 50 est inutile. C'est là
que l'on rencontrera les objectifs, l'argumentation soule-
vée par le chef de l'Opposition, dans son discours de
deuxième lecture.
Ce que nous voulons savoir, M. le Président, ce sont les
possibilités techniques pour l'Hydro-Québec. En vertu de la loi,
M. le Président, une filiale de la grande société centrale
sera prévue. Elle sera chargée de s'occuper du
développement hydraulique dans le territoire de la baie James. Nous
voudrions savoir des directeurs de l'Hydro, si cette dernière est
capable de voir à mener à bonne fin l'aménagement
hydro-électrique de la baie James.
Nous voudrions savoir si les directeurs de l'Hydro acceptent ce nouveau
principe de dénationalisation de l'électricité et, si oui,
pour quelles raisons. Nous aimerions, M. le Président, connaître
du ministre des Finances quels ont été les approches, en autant
que l'intérêt public lui permettrait de le faire,
déjà effectués par le ministre des Finances
lui-même, ou par une personne déléguée de
l'Exécutif, pour connaître les possibilités du financement
du projet de la baie James. C'est une question économique fort complexe,
M. le Président.
Nous aimerions avoir l'avantage, M. le Président, d'interroger
tous ceux-là qui, de près ou de loin, se sont
intéressés à différents développements de
nos richesses naturelles ou qui ont effectué des travaux de recherche
scientifique.
C'est ce que demande la motion de l'honorable député de
Maisonneuve. Le gouvernement croit-il utile et nécessaire, comme l'a
fait l'ancien gouvernement, de référer à une commission
donnée un projet de loi pour être en mesure d'obtenir toutes les
statistiques, les informations, les renseignements, les conseils de nature
à améliorer la loi ou de permettre de mieux rencontrer les
principes d'une loi?
Je me demande alors pourquoi le gouvernement refuserait que la
lumière se fasse sur la nécessité absolue je ne dis
pas les avantages dans laquelle se trouve placé le gouvernement
de procéder à l'aménagement de la baie James que par
l'intermédiaire de la création d'une société. C'est
tout ce que nous voulons savoir. Nous ne comprenons pas pourquoi le
gouvernement se refuserait d'accorder aux députés, tant du
côté ministériel que de l'Opposition, pourquoi le
gouvernement refuserait à messieurs les journalistes les informations
qu'ils seront ensuite chargés de transmettre à la population par
tous les media d'information.
Je ne comprends pas l'attitude du gouvernement dans un projet de loi qui
engage des générations à venir. Le gouvernement conviendra
que c'est une loi qui ne pourra pas être rescindée dans trois,
quatre, cinq ou dix ans. Nous pourrons facilement et nous pourrions
présenter une législation pour abroger la création, par
exemple, de l'Office du plan. Nous pourrions procéder à
l'abolition de certains ministères. De fait, on sait qu'au mois de
décembre 1968 on a aboli, par exemple, le Secrétariat de la
province. Est-ce que l'on procédera un jour à l'abolition du
projet de loi 50? Non, M. le Président. C'est pourquoi la population
désire connaître et savoir, c'est tout.
Est-ce que le gouvernement reprochera aux députés de
vouloir être bien informés quant à la
nécessité absolue et à la motivation du gouvernement de
procéder, au moyen d'un nouvel organisme plutôt que par appel aux
différents services existants, aux différents organismes sur
place pour l'aménagement de la baie James? Si nous avions l'avantage
d'être bien informés sur le sujet, comme nous espérons que
les ministres le sont, pour ma part je m'engagerais à être un
propagandiste de cette excellente loi qui sera susceptible nous le
souhaitons sincèrement de créer un essor économique
à nul autre pareil dans le Québec. C'est pourquoi je le
répète, sans enfreindre les règles de procédure,
que nous sommes en faveur de l'aménagement de la baie James. Ce que nous
combattons, peut-être à tort, possiblement avec raison, c'est le
moyen, les modalités que nous demande d'accepter le gouvernement pour la
réalisation du projet.
Au soutien de cette motion, je dis qu'il n'y a pas de raison
péremptoire justiciable de la part du gouvernement pour en refuser
l'acceptation. On ira en comité plénier. Ce n'est pas un argument
très fort, et sérieux que nous a servi le ministre de l'Education
parce que s'il avait le moindrement d'expérience parlementaire...
M. SAINT-PIERRE: Je n'en ai pas.
M. PAUL: Vous n'avez pas besoin de me le dire. H aurait vite
réalisé...
M. SAINT-PIERRE: Voyant les débats, je n'ai pas envie d'en avoir
longtemps.
M. PAUL: J'aimerais mieux que vous me parliez de votre siège, je
pourrais vous comprendre. Là, je ne fais que vous entendre.
L'étude du présent projet de loi en comité
plénier ne nous permettra pas d'entendre les témoins et
d'interroger les personnes réellement capables de fournir des
réponses à nos questions bien légitimes, aucunement
partisanes, mais qui sont motivées par le rôle qui nous incombe
à nous de l'Opposition, d'améliorer, si possible, toute
législation qui nous est présentée par le gouvernement. Je
crois M. le Président, que je me suis tenu dans les règles de la
pertinence du débat. Je l'ai fait avec un calme qui contraste grandement
avec celui qui a marqué mes propos d'hier soir. Mais comme je le disais,
quant à nous, nous avons maintenant fini de politiser le
problème. Ce que nous cherchons, c'est la lumière, c'est la bonne
compréhension de la part du gouvernement, qui serait heureux,
après l'ajournement non pas d'avoir comblé une demande de
l'Opposition, mais d'avoir répondu à un besoin d'information qu'a
la population du Québec.
Par conséquent, M. le Président, c'est avec empressement
que nous appuierons, nous de l'Opposition officielle, la motion
présentée par le député de Maisonneuve.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet.
M. Clément Vincent
M. VINCENT: M. le Président, au lieu d'entendre certains
députés ministériels nous dire qu'il ne faudrait pas
perdre de temps, je leur demanderais de prendre entre leurs mains le bill 50,
de lire le titre du bill 50 ce que n'a pas fait le ministre de
l'Education et de bien voir, en lisant le titre seulement, pourquoi nous
voulons que ce projet de loi soit référé à la
commission de la présidence du Conseil. Si nous appuyons la motion du
député de Maisonneuve, c'est afin d'avoir l'opportunité
d'étudier à cette commission parlementaire, en partie, non pas le
développement de la baie James seulement, mais surtout et avant tout
l'objet réel de cette législation, soit la création de la
Société de développement de la baie James.
M. le Président, il est bien entendu que si nous nous
référions seulement au titre du projet de loi, il n'y aurait
probablement pas lieu à ce moment-ci d'aller devant la commission, mais
si nous nous référons aux principaux objets de la
législation en discussion, nous nous devons d'appuyer la proposition du
député de Maisonneuve. Le ministre de l'Education quand il nous a
parlé tout à l'heure, a mentionné la Loi créant
l'Université du Québec. Mais c'était à ce
moment-là la Loi créant l'Université du Québec ou
la Loi de l'Université du Québec et non pas la Loi de
l'enseignement universitaire au Québec. Quand il nous a parlé de
la Loi créant la Société générale de
financement, c'était bien la Loi de la Société
générale de financement et non la Loi pour promouvoir
l'établissement d'usines au Québec. Dans le cas présent,
les principaux objets de la législation ne sont pas le
développement de la baie James, mais c'est une loi créant ou
constituant la Société de développement de la baie James.
Ce que nous voulons, M. le Président, devant la commission parlementaire
de la présidence de conseil, c'est entendre le ministère des
Richesses naturelles ou le ministre des Richesses naturelles, avec ses
principaux fonctionnaires, nous dire pourquoi ils se sentent impuissants,
pourquoi le gouvernement n'a pas confiance en eux, pourquoi il faut donner
à une société le devoir et le pouvoir de mettre en valeur
les richesses naturelles du territoire de la baie James.
H faut savoir du ministère des Richesses naturelles et de
l'Office de planification du Québec pourquoi il faut créer une
société pour administrer et aménager ce territoire, et
pourquoi ceux-ci ne sont pas en mesure de le faire.
C'est ça les objectifs de la loi. Et c'est ça qu'il nous
faut savoir devant la commission parlementaire de la présidence du
conseil. Si l'Office de planification du Québec, si le ministère
des Richesses naturelles du Québec, avec des preuves, avec des arguments
que n'a pas voulu donner le gouvernement, que n'a pas voulu nous donner le
premier ministre, que n'a pas voulu nous donner le ministre de l'Education, que
n'a pas voulu nous donner le ministre des Richesses naturelles, si le
ministère ou les hauts fonctionnaires du ministère des Richesses
naturelles, si les hauts fonctionnaires de l'Office de planification du
Québec sont en mesure de nous donner les raisons pour lesquelles une
société pourrait mieux, elle, administrer, aménager le
territoire de la baie James et mettre en valeur ses richesses naturelles, et
bien là nous aurions certaines raisons de comprendre le gouvernement
dans ce geste sans précédent qu'il pose.
Deuxièmement, il nous faudrait revenir à la commission
parlementaire de la présidence de l'exécutif pour
réentendre l'Hydro-Québec non pas seulement sur les études
qu'elle a faites pendant douze ans au coût de $12 millions mais entendre
ses hauts fonctionnaires ou ses responsables nous dire pourquoi il faut
créer une société nouvelle, nous expliquer pourquoi, ce
que le gouvernement ne veut pas faire, pour développer les ressources
hydro-électriques de la baie James, il faut qu'une grande
société crée une filiale dont une partie des actions
serait détenue par l'Hydro-Québec.
C'est ça que nous voulons savoir, M. le Président, et
c'est ça que le gouvernement ou les ministres qui ont participé
aux débats n'ont pas voulu donner. Nous ne demandons pas seulement
où en sont rendues les études. Nous voulons savoir pourquoi il
faut instituer une autre société pour se substituer à
l'Hydro-Québec dans le développement hydro-électrique du
territoire. Troisièmement, ce que nous voulons savoir, également,
devant la commission parlementaire de la présidence, et c'est pour
ça que nous appuyons la motion du député de Maisonneuve,
ce que nous voulons savoir des officiers de Soquip, des officiers de Soquem,
des officiers de Rexfor, ce sont les raisons, que le gouvernement n'a pas voulu
nous donner, que le gouvernement refuse de donner, les raisons pour lesquelles
il faut créer une société qui détiendrait une
partie des actions d'autres organismes dont ils feraient partie afin d'assurer
la vocation de Soquem, en ce qui concerne les mines, de Rexfor, en ce qui
concerne le bois, ou de Soquip en ce qui concerne l'huile. C'est ça que
nous ne savons pas et ce sont les questions que nous voulons poser devant la
commission parlementaire de la présidence du conseil.
Nous voulons également, M. le Président, devant la
commission parlementaire de la présidence du conseil, recevoir des
réponses aux questions que nous posons au gouvernement et que le
gouvernement ou ses ministres ne veulent pas nous donner.
Nous voulons demander aux fonctionnaires ou au ministre des Affaires
municipales pourquoi ils ne sont pas en mesure eux-mêmes d'ériger
le territoire en une municipalité qui serait administrée par la
commission municipale et qu'il faille recourir à une
société pour
constituer cette municipalité, pour exercer certains pouvoirs en
matière municipale présentement et dans l'avenir.
Est-ce qu'on a besoin et c'est ça que nous voulons
demander au ministère des Affaires municipales d'avoir une
société pour faire ce travail? Egalement dans cette loi, le bill
50 a, à mon sens, un faux titre, ce n'est pas la Loi du
développement de la baie James, c'est la loi créant une
société et non pas la loi du développement.
Nous voulons aller devant la commission parlementaire de la
présidence de l'exécutif pour une cinquième raison, soit
demander aux ministères concernés des réponses aux
questions que nous avons posées au gouvernement, et que le gouvernement
n'a pas voulu nous donner. Pourquoi exempter une société, dans le
territoire donné, de certaines législations existantes au
Québec? Quand le ministre de l'Education nous parle qu'on a
déjà créé la société Sidbec,
Société générale de financement,
l'Université du Québec, jamais dans aucune circonstance on a
soustrait ces sociétés, ces organisations, ces organismes aux
lois qui existent au Québec pour toutes les compagnies, pour toutes les
sociétés, pour tous les corps publics. A l'avenir, si nous
pensons à cette législation, la société qui sera
crée sera soustraite de l'application d'une quantité
considérable de législations.
Le député de l'Assomption me fait signe que non. Qu'il
lise l'article 42 du projet de loi, s'il ne l'a pas lu. Qu'il relise l'article
41, qu'il relise les pouvoirs spéciaux en matière
d'expropriation, qu'il relise les articles 34,35. On permet là à
une société, de se soustraire aux applications de plusieurs lois
mentionnées à ces articles.
Ce que nous voulons savoir? A propos des officiers du ministère
des Terres et Forêts, nous voulons leur poser des questions et avoir les
réponses que le gouvernement n'a pas voulu donner. A propos des
officiers du ministère de l'Agriculture et de la Colonisation, nous
voulons leur poser des questions et recevoir des réponses que le
gouvernement n'a pas voulu donner. La même chose pour la Régie des
eaux, la même chose pour tous les organismes visés à
l'article 42.
Est-ce que les ministères sont consentants à exiger,
chaque fois qu'ils opéreront sur cette partie du territoire de 100,000
milles carrés, un avis de la société ou encore de
soustraire complètement de l'application de ces lois cette
société, créée en vertu du bill 50?
Si le principe du bill en question était écrit, comme nous
pouvons le lire dans tous les articles du bill, ce serait la loi créant
la société de développement de la région de la baie
James. Là-dessus, nous posons des questions. Nous n'avons aucune
objection au développement de la baie James.Que tous les membres de
l'Assemblée nationale relisent les notes explicatives du projet de loi
et on verra là que ce projet a pour principaux objectifs de constituer
la société de développement. Nous voulons poser des
questions sur certains points particuliers.
C'est la raison pour laquelle nous demandons au gouvernement actuel,
à ses ministres, à tous les députés qui
siègent en face de nous de nous permettre d'aller devant la commission
parlementaire de la présidence du conseil recevoir des réponses
à des questions pertinentes, à des questions
d'intérêt public que nous voulons poser. Nous n'avons pas obtenu
ces réponses du gouvernement actuel. On a refusé de nous les
donner. Nous espérons avoir ces réponses devant la commission
parlementaire de la présidence du conseil. C'est pourquoi nous appuyons
la motion du député de Maisonneuve. Nous espérons que le
gouvernement, en accord, demande au député de Maisonneuve de
retirer sa motion et qu'il propose lui-même la convocation de la
commission permanente de la présidence de l'exécutif. Ainsi nous
aurons les réponses aux questions auxquelles on n'a pas
répondu.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. CHARRON: M. le Président, je voudrais, à mon tour,
appuyer la motion présentée par le leader parlementaire de mon
parti, le député de Maisonneuve. Plusieurs de mes
collègues tant de l'Union Nationale que du Parti québécois
ont fait valoir les raisons qui nous motivent à présenter cette
motion. Jusqu'ici je n'ai entendu qu'une réponse du parti
ministériel, celle faite par la bouche du député de
Verchères et ministre de l'Education. Je dois dire qu'à l'instar
des autres membres de l'Opposition enfin, de ceux qui combattent le
projet de loi, encore aujourd'hui nous n'avons pas été
convaincus par les arguments du ministre. Au contraire. Je sais, M. le
Président, que le règlement m'interdit de revenir sur le
débat de deuxième lecture. Mais, vous savez qu'à un
certain moment de nos travaux plusieurs membres de la Chambre ont fait valoir
le manque de préparation qu'avaient les membres de la Chambre pour se
prononcer, en toute bonne foi, sur le principe du projet de loi. Cette question
est désormais réglée. La majorité gouvernementale,
appuyée en cela par son aile créditiste a accepté hier le
principe du projet de loi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, j'invoque le
règlement. Je crois que nous n'avons pas quorum.
M. LEVESQUE (Bonaventure): II faudrait comprendre pourquoi on n'a pas
quorum.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous n'avons pas quorum. Je m'objecte
à siéger quand nous n'avons pas quorum.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Les députés ne sont pas tous
obligés d'entendre des choses...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Les députés sont tous
obligés d'être présents. Faites venir vos
députés.
UNE VOIX: Ils ne sont pas ici seulement pour voter.
M. BACON: Je viens juste d'arriver. Maintenant, je suis là.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si c'est une répétition...
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si c'est une répétition du
discours d'hier soir, on comprendra pourquoi il n'y a pas de
députés.
M. BURNS: Tout le monde a été élu au même
titre en cette Chambre, M. le Président, je pense que le leader du
Parlement doit respecter...
M. LE PRESIDENT: De toute façon, nous siégeons dans
l'illégalité. J'ai déclaré que nous n'avions pas
quorum et j'ai demandé qu'on appelle les députés.
Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Nous avons quorum, M. le Président? Je disais donc
que les arguments du ministre de l'Education, cet après-midi, sur la
motion de l'honorable député de Maisonneuve n'ont fait que nous
inciter à appuyer encore plus fortement la motion
présentée par le leader parlementaire du Parti
québécois. On dit : II est inutile de convoquer la commission du
conseil de la présidence parce qu'il est encore trop tôt pour
pouvoir répondre aux innombrables questions qui flottent dans l'esprit
des membres du parti ministériel. Le projet est encore trop flou, le
projet est encore trop vague pour que la commission apportât quelque
lumière que ce soit qui puisse satisfaire les besoins
légitimement exprimés par chacun des membres du Parti
québécois jusqu'ici, que d'autres auront l'occasion de reprendre
et que d'autres membres de l'Union Nationale pourront reprendre
également.
Et pourtant, M. le Président, s'il est vrai que le projet de loi
que nous étudions actuellement n'en est pas un qui sacrifie les
instruments collectifs que notre développement des dix dernières
années nous a apportés, s'il est vrai que l'Hydro-Québec,
au dire même du parti ministériel, cet instrument collectif
symbole du développement que nous avons pris comme collectivité
au cours des dernières années, n'est aucunement menacé
mais au contraire fortement respecté et qu'on lui reconnaît un
rôle de tout premier plan, digne de la place qu'elle occupe dans
l'histoire économique du Québec; s'il est vrai que la
Société québécoise d'exploita- tion minière
est pleinement reconnue dans le projet de loi, qu'on lui reconnaît encore
une fois le rôle immense qu'elle a joué...
M. FOURNIER: M. le Président, j'invoque le règlement. La
motion en discussion est à l'effet d'aller en commission parlementaire
plutôt qu'en comité plénier.
M. CHARRON: Je n'ai pas fini ma phrase.
M. FOURNIER: J'écoute le député depuis que les
cloches ont sonné, et je constate qu'il n'est pas du tout sur le
sujet.
M. CHARRON: Seulement depuis que les cloches ont sonné?
M. FOURNIER: Oui, absolument. A cause des circonstances et de l'attitude
du député, je pense bien que c'est pour cela qu'il n'y avait pas
grand monde en Chambre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. FOURNIER: De toute façon, je crois qu'il devrait s'en tenir au
règlement.
M. LE PRESIDENT: Encore une fois, ceci révèle la
difficulté d'arbitrer un tel débat. Si l'honorable
député en restait à ce qu'il vient de dire, je serais tout
à fait d'accord avec l'honorable solliciteur général. Mais
si je n'ai pas le droit de juger actuellement l'honorable
député de Saint-Jacques en arrive à dire tout ce qu'il a
dit tantôt, cela prend des explications, cela prend des réponses,
à ce moment-là, il sera devenu dans l'ordre.
Pour le moment, j'avoue qu'il est prématuré pour moi de
décider si les propos du député de Saint-Jacques sont dans
l'ordre ou non.
M. CHARRON: M. le Président, la langue française est une
langue magnifique qui permet des inversions mais, étant trop subtil pour
le député de Gatineau, je la construirai de la façon la
plus grammaticale possible.
M. le Président, il faut convoquer la commission de la
présidence du Conseil parce que, s'il est vrai que
l'Hydro-Québec, cet instrument collectif qui est pleinement
respecté, au dire du parti ministériel, dans le projet de loi
actuel, n'a pas à craindre le projet de loi, je dis, au
bénéfice du député de Gatineau, qu'il faut
convoquer la commission du conseil de la présidence. S'il est vrai que
la Société québécoise d'exploitation
minière, autre symbole de l'embryon de pouvoir que nous pourrions avoir
dans le domaine minier, si seulement nous consentions à l'épauler
un peu plus qu'elle ne l'est actuellement, pourquoi avoir peur de la faire
parler à la commission du Conseil? Quand je dis la
société, je veux dire, évidemment, son directeur, pourquoi
craindre qu'il vienne témoigner à la commission du Conseil de la
présidence? Et si
vraiment il est respecté dans le projet de loi, on ne devrait pas
avoir peur qu'il vienne apporter des lumières absolument
nécessaires sur son appréciation du rôle que lui
réserve le projet de loi.
Le projet de loi, M. le Président, a en principe
créé une Société d'exploitation de la baie James.
On y parle de copartenaires. Et pourtant, à aucun moment depuis le
dépôt du projet de loi, les partenaires qui seront
impliqués dans l'aventure n'ont même eu l'occasion de nous le
dire. Nous avons dit, faussement peut-être, à un moment de nos
travaux, qu'on ne respectait pas ces organismes. La réponse
ministérielle, que je respecte, était que le gouvernement les
respectait pleinement et qu'il allait nous le prouver par des amendements qui
sont encore à venir.
Donc, M. le Président, si c'est vrai qu'on les respecte, pourquoi
ne pas convoquer, tel que le demande la motion du député de
Maisonneuve, cette commission de la présidence du Conseil qui nous
permettrait d'entendre "ces organismes" que l'on respecte dans le projet de
loi.
M. le Président, vous me permettrez d'ajouter comme commentaire,
je crains l'affirmation un peu trop forte mais là n'est pas... et je
n'ai pas le droit d'en parler mais la motion actuelle a pour but de convoquer
cette commission.
J'aimerais, puisque ces gens-là sont appelés à
diriger cette société, aux termes mêmes du projet de loi
présenté par le premier ministre, entendre l'avis de
l'Hydro-Québec actuellement. S'il est vrai qu'aux termes mêmes du
projet et s'il faut en croire les amendements annoncés, qui ont suffi
à chavirer le Ralliement créditiste hier soir et qui vont
consacrer la primauté de l'Hydro-Québec dans le domaine de
l'exploitation des ressources hydro-électriques, pourquoi avoir peur de
la faire parler et de lui faire donner son avis, non pas sur l'ensemble du
projet, je l'admets le ministre de l'Education avait raison tantôt
mais sur le rôle même qu'on lui trace dans la
société? Non pas reprendre le débat à alpha mais de
le reprendre là où nous sommes rendus en deuxième
lecture.
Cette Chambre, majoritairement, le parti ministériel et son aile
créditiste ont adopté le principe qu'il existerait
désormais une société de développement, je n'y
reviens plus. Mais nous sommes en droit de voir ce que pensent ceux qu'on vient
d'embarquer dans cette société. Les termes du projet de loi
décrivent amplement ceux qui seront les partenaires, demain, à
l'exception des cinq directeurs que nous ne connaîtrons que plus tard
mais que déjà les rumeurs laissent entrevoir. Pourquoi...
M. LEGER: II y a un créditiste là-dedans.
M. CHARRON: ... si quand vous formez une société, quand
vous...
UNE VOIX: Parizeau...
M. CHARRON: ... regroupez des gens, pourquoi avoir peur de les laisser
faire et pourquoi avoir peur qu'ils viennent dire ce qu'ils pensent du
rôle qu'on leur donne? Nous ne savons même pas aujourd'hui si
l'Hydro-Québec est satisfaite ou non de ce qui lui prévaut la loi
adoptée hier en deuxième lecture.
M. BOURASSA: Le président de l'Hydro va être en
comité plénier, M. le Président.
M. CHARRON: Je vais vous citer le président de l'Hydro...
M. BOURASSA: II va être en comité plénier
tantôt.
M. CHARRON: Pourrait-on me passer le premier cahier de la Presse? Je
vais vous dire pourquoi je suis d'accord et pourquoi M. Giroux est d'accord
avec la motion présentée par le député de
Maisonneuve. M. Giroux, hier, pour qui le bâillon est devenu
pénible, a quand même eu ses premiers mots...
M. BOURASSA: Les saloperies du député de Saint-Jacques, on
commence à en avoir assez.
M. CHARRON: M. le Président, M. Giroux a dit: "II semble que le
bill 50 subira plusieurs amendements avant de prendre force de loi." Il en est
comme nous, aux mêmes interrogations et au même flou. Il dit,
appuyant en sorte la motion du député de Maisonneuve: "Si j'ai
gardé jusqu'ici le silence, c'est qu'il restait tant de questions en
suspens, tant de flou qu'on pouvait se permettre toutes les rumeurs et cela
crée toujours des embêtements." M. Giroux, hier, en réponse
à une question du journaliste André Chénier du journal La
Presse, Power Corporation, Montréal.
Alors, M. le Président...
M. LACROIX: Le député de Saint-Jacques me permettrait-il
une question?
M. CHARRON: Non.
M. LACROIX: Je voudrais gentiment lui poser une question.
M. CHARRON : Je ne vous le permettrai pas. Je veux que l'on fasse...
M. LACROIX: Le député de Saint-Jacques refuse-t-il?
M. CHARRON: ... respecter le règlement par le
député des Iles-de-la-Madeleine...
M. LACROIX: J'espère que l'on constatera que le
député de Saint-Jacques...
M. CHARRON : Je ne vous le permets pas.
M. LACROIX: ... a conscience de son incompétence en refusant de
répondre à une question.
M. LEGER: Article 242, deuxièmement, rappelez-vous.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président.
M. HARVEY (Chauveau): Le député de Saint-Jacques pourrait
fumer une autre cigarette. Allez-y.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: Je n'ai pas le droit de fumer en Chambre, mais j'irai fumer
là tantôt.
UNE VOIX: De la mari?
M. CHARRON: M. le Président, il est dommage que, par sa
majorité, le gouvernement rejette la motion du député de
Maisonneuve car elle permettrait d'éclaircir... Le premier ministre m'a
interrompu tantôt en disant que M. Giroux est d'accord sur le projet.
Nous n'avons pas eu l'occasion de l'entendre encore. Il est d'accord sur le
projet...
M. BOURASSA: II sera au comité plénier tantôt.
M. CHARRON: Le député de Mercier me permettra de
préciser...
UNE VOIX: Ah! vos petites saloperies, là!
M. CHARRON: II est venu à la commission parlementaire...
M. LACROIX: Ce n'est certainement pas M. Giroux qui est le premier
ministre de la province de Québec.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: C'est un employé de l'Hydro.
M. CHARRON: J'ai relu les témoignages de M. Giroux qui se disait
d'accord. Le premier ministre a parfaitement raison là-dessus, sur le
projet d'aménagement de la baie James. Il a exprimé quelques
doutes que le premier ministre a renversés, c'est son droit. Il est
là pour gouverner, il gouverne.
Mais nous n'avons pas entendu l'opinion de M. Giroux sur le bill 50.
Comme le rappelait le ministre de l'Education, c'est deux choses. Comme nous
l'avons rappelé depuis le début du débat, nous connaissons
l'opinion de M. Giroux, nous connaissons l'opinion de Soquem, nous connaissons
l'opinion de Soquip, nous connaissons l'opinion de Rexfor sur le projet
d'aménagement de la baie James, soit, mais nous ne connaissons pas
l'opinion de l'Hydro-Québec, nous ne connaissons pas l'opinion de
Soquip, de Soquem, de Rexfor sur le bill 50. Cela, ce sont deux choses, et le
ministre de l'Education a été le premier à nous le
rappeler tantôt.
Ce que nous demandons par la motion du député de
Maisonneuve, ce n'est pas de reprendre ce que la commission des Richesses
naturelles a pu apporter comme éclaircissements à sa
séance du mois de mai. Nous voulons connaître leur opinion sur un
projet de loi bien concret, qui comprend 44 articles et où, à
plusieurs articles, cesdits organismes étatiques sont appelés
à remplir un rôle.
Ce que je veux demander, moi, à M. Giroux à la commission,
si jamais la motion était adoptée, ce n'est pas ce qu'il pense de
l'aménagement de la baie James. J'admets qu'on le lui a demandé
au mois de mai et qu'on a eu des opinions. Ce que je veux savoir de M. Giroux,
c'est: Etes-vous content? Etes-vous satisfait? Avez-vous des amendements
à nous suggérer avant le comité plénier quant au
rôle que vous réserve le gouvernement actuel dans le projet de
loi?
M. BOURASSA: Vous venez de le citer dans la presse, là.
M. CHARRON: Etes-vous d'accord, M. le directeur de Soquem...
M. LACROIX: Qui est comptable vis-à-vis de la population du
Québec: le gouvernement ou M. Giroux? Cessez de faire les
imbéciles, vous du Parti québécois.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Les travaux, au cours de la journée,
se sont déroulés dans une atmosphère relativement
paisible. Je comprends que ça fait déjà plusieurs heures
que nous siégeons, que la fatigue s'empare de tous les membres de la
Chambre, que la fatigue, d'une part, et les opinions divergentes, d'autre part,
peuvent faire monter la température, mais j'inviterais quand même,
chacun des députés à lutter contre son tempérament,
à se faire violence afin que l'on puisse terminer cette séance
dans le respect de la morale parlementaire.
M. CHARRON: Merci, M. le Président. Les propos que je tiens sont
absolument en accord avec la motion du député de Maisonneuve et
ils sont basés sur le sens que j'ai cru voir dans les propos du ministre
de l'Education, à son tour de parole. Il nous a dit: Il ne s'agit pas de
reprendre le débat que nous avons tenu en commission des Richesses
naturelles. C'est pourquoi, dit-il, je n'accepte pas la motion du
député de Maisonneuve. Sur cela, je vais lui donner mon accord.
Nous ne voulons pas reprendre le débat aur la question: Faut-il ou non
aménager la baie James?
Tous les membres de cette Chambre sont d'accord. Ce que nous demandons,
ce n'est même pas de faire témoigner des gens sur la question : Y
a-t-il du pétrole ou y a-t-il du bois, ce que nous savons; y a-t-il des
mouches, ce que nous savons également? Nous disons simplement: Vous,
messieurs de Soquem, vous, messieurs de Soquip, vous, messieurs de
l'Hydro-Québec, le projet de loi vous réserve un rôle.
Est-ce qu'en toute conscience, selon votre opinion, parce que vous êtes
des fonctionnaires absolument compétents au service de l'Etat, ces
rôles-là sont satisfaisants?
Nous sommes juste à la veille du comité plénier et
l'avis que ces messieurs nous apporteraient lors de la session de cette
commission de la présidence du conseil pourrait être utile
à tous les membres de la Chambre sans exception, quand il s'agira
d'apporter des amendements. Le premier ministre nous a annoncé un nombre
considérable d'amendements qui devraient venir et dont nous ne
connaissons pas encore la teneur, sinon par les rumeurs des journaux. Mais le
premier ministre peut-il assurer que le fait que la Chambre a été
saisie de la question depuis le début de la semaine ait suffi aux gens
de Rexfor, aux gens de Soquip, qui seront demain, M. le Président, dans
cette société, les pivots qui assureront la réussite ou
non de l'aventure, s'ils n'ont pas l'occasion de venir devant les membres de la
Chambre, devant les membres de la commission plutôt, ce qui est beaucoup
mieux, car cela enlève, comme le disait mon ami, le député
de Gouin, absolument le caractère partisan qui a pu mêler nos
débats nous dire en toute honnêteté: Je crois que le
projet de loi devrait nous réserver tel rôle et tel
rôle.
M. BOURASSA: Est-ce que le député me permet une
question?
M. CHARRON: Ce que ne nous assure pas...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député permet-il une
question?
M. CHARRON: Non, M. le Président. Ce que ne nous assure pas
actuellement...
M. BOURASSA: Est-ce que le député me permet une
question?
M. CHARRON: ... le projet de loi. Nous voulons simplement...
M. BOURASSA: En quoi conçoit-il qu'un gouvernement responsable
doit agir?
M. CHARRON: ... cela, M. le Président. Je vais permettre une
question au premier ministre.
M. BOURASSA: M. le Président, quelle est la conception d'un
gouvernement responsable pour le député? C'est à nous
à décider si Soquip, Soquem et Rexfor doivent être
intégrés dans la nouvelle société. Pourquoi
serait-ce des fonctionnaires qui devraient guider le gouvernement?
M. CHARRON: Alors, quelle est la conception...
M. LACROIX: Lévesque, le peuple l'a rejetté.
M. CHARRON: M. le Président...
M. LEGER: A l'ordre selon l'article 242.
M. CHARRON: ... pouvez-vous le rappeler à l'ordre? Il n'est
même pas à sa place et il est assis comme un malade, M. le
Président.
M. BOURASSA: M. le Président, une autre saloperie.
M. LACROIX: M. le Président, les petites cochonneries du
député de Saint-Jacques me passent dix pieds par-dessus la
tête...
M. CHARRON: A l'ordre, M. le Président!
M. LACROIX: ... parce que ce jeune homme-là ne veut pas
travailler pour l'intérêt de la province de Québec.
M. CHARRON: A l'ordre!
M. LACROIX: II est le fils spirituel de Mao et l'ami de Castro.
UNE VOIX: Nommez-le, M. le Président.
M. LACROIX: II ne viendra pas imposer, dans la province de
Québec, l'anarchie qui ferait l'affaire du PQ, jamais !
UNE VOIX: Nommez-le.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'avertis tous les honorables
députés de cette Chambre, siégeant des deux
côtés de la Chambre, que je n'ai pas l'intention de continuer
à présider dans une atmosphère semblable. J'inviterais
tous les députés à respecter le règlement, à
respecter le droit de parole de l'orateur qui l'a, sinon je me verrai dans
l'obligation de suspendre à loisir.
M. CHARRON: M. le Président, l'intervention du
député des Iles-de-la-Madeleine a brisé un échange
sérieux que j'avais avec le premier ministre après lui avoir
permis sa question. Le premier ministre m'a demandé: Quelle conception
avez-vous du gouvernement responsable? Je lui réponds: Quelle conception
avez-vous de l'Assemblée nationale? Si vous n'avez pas la conception de
l'Assemblée nationale à savoir qu'elle doit être
parfaitement informée et
qu'elle doit entendre les membres de cette société dont
nous venons d'adopter la création en deuxième lecture...
M. BOURASSA: Vous allez l'entendre.
M. CHARRON: Pourquoi ne voulez-vous pas qu'elle vienne témoigner,
avant que nous ayons l'occasion d'apporter des amendements à la loi,
cette commission du conseil de la présidence qui nous permettrait
d'entendre cela?
M. BOURASSA: On va vous répondre tantôt.
M. CHARRON: Très bien, M. le Président, mais surtout ne
m'interrompez pas, conformément à notre règlement. S'il
est vrai que ce projet est un projet collectif, s'il est vrai que c'est la loi
du siècle, s'il est vrai que c'est le projet qui assurera la relance
économique du Québec, pourquoi ne pas faire, à ce
moment-ci de nos travaux, pour cette loi qualifiée de la plus importante
de l'histoire du premier ministre et qui est vraisemblablement la plus
importante qu'il aura jamais à nous présenter au cours de son
mandat, pourquoi ne pas lui assurer la même démarche prévue
à nos règlements, et qui a été appliquée
à des dizaines de reprises sur des projets qui n'avaient, en aucun
temps, l'ampleur de celui-là?
M. le Président, je vous réfère à deux
commissions: Par exemple, quand il y a eu le projet de loi 23, celui qui
prévoit la création d'une nouvelle Régie des transports,
le gouvernement n'a, en aucun temps, refusé d'aller en commission
à ce stade-ci de nos travaux pour entendre les parties
intéressées et les parties qui seront directement
impliquées dans le succès de cette Régie des transports.
Le bill 27, sur lequel j'ai eu moi-même l'occasion de travailler en
commission, n'a pas évité cette phase absolument
démocratique et absolument essentielle pour permettre un meilleur
jugement des membres de cette Chambre. Une fois référé en
commission, on a pris tout le temps nécessaire pour entendre les gens
qui auront à assurer le succès du regroupement scolaire dont nous
avons adopté hier le principe final.
Le projet de loi no 28, avant même de franchir l'étape de
deuxième lecture, vient d'être déféré, par ce
même gouvernement qui se refuse dans ce cas-ci je ne sais trop
pourquoi à la commission. Je suis convaincu que, dans l'esprit du
gouvernement, il est essentiel pour assurer la réussite d'un projet de
loi, que tous ceux qui, de près ou de loin, auront à y
travailler, soient entendus, nous fassent entendre leurs commentaires et nous
aident ainsi à dresser ou à établir les meilleures
suggestions d'amendements que nous puissions apporter.
Là, face à la loi du siècle, face au projet
collectif des Québécois, face au projet de relance
économique totale, face à un projet qui doit assurer 125,000
emplois, on veut écarter une procédure qu'on emploie pour des
lois mineures. Je ne dis pas, M. le Président je serais
même prêt à faire une concession au premier ministre s'il
acceptait que notre commission devrait être ouverte à tout
le monde...
M. VEILLEUX: On n'acceptera que vous autres!
M. CHARRON: ...et que la commission scolaire de je-ne-sais-pas-où
pourrait venir faire entendre son avis sur le bill 50; je n'en demande pas
tant, M. le Président. Ce que nous aimerions c'est pourquoi nous
avons suggéré la commission de la présidence du conseil
c'est que ceux qui sont nommément impliqués dans le projet
de loi, eux, au moins, aient l'occasion de faire entendre leur avis. Je ne
demande pas d'appeler les centrales syndicales. Je serais même prêt
à limiter mon désir là-dessus. Elles ont
déjà fait connaître leur opinion, les
éditorialistes, aussi. Mais Rexfor, Soquem, Soquip et
l'Hydro-Québec sont nommément impliquées dans le projet de
loi. Elles auront demain la gestion de cette entreprise et nous ne savons
même pas ce qu'elles en pensent. Nous sommes déjà
prêts, au seul avis du gouvernement et des amendements qu'il pourrait
accepter, venant des deux partis de l'Opposition. Il pourrait, à ce
moment, peut-être créer une loi et l'adopter d'ici lundi ou mardi,
je ne sais trop. Alors, après que la loi serait votée,
l'Hydro-Québec viendrait nous dire: Nous aurions aimé qu'il soit
précisé à l'article 44... Mais il sera trop tard. Nous
aurons sauté cette étape essentielle pour qu'une loi soit
vraiment démocratique et surtout pour que son succès soit
assuré. Il faudrait entendre les sociétés qui sont
nommément impliquées, et je pourrais vous citer des articles
où ces sociétés d'Etat sont nommées. Il ne s'agit
plus de faire témoinger Paul VI. Il s'agit de voir ceux qui auront
à assurer le succès de l'entreprise du $4 milliards, $5
milliards, $6 milliards, je ne sais pas, de 50,000 ou 125,000 ou 300,000
emplois, je ne sais pas, de l'aménagement de 2 ou 3 ou 4
rivières, je ne sais pas.
Je donne un exemple que nous vivons actuellement. Mon bon ami,
l'honorable ministre des Transports, a fait preuve, au projet de loi... C'est
une comparaison, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne peux pas permettre à
l'honorable député de Saint-Jacques de se référer
à des travaux d'autres commissions. J'ai toléré
tantôt quand il a brièvement parlé d'un autre projet de
loi, mais je ne peux pas permettre une autre fois que l'on se
réfère à des travaux d'une autre commission qui a
siégé pendant la présente session.
M. CHARRON: Je me plie à votre directive, M. le Président,
puisque, de toute façon, cette loi est tellement présente que je
n'ai pas à la décrire; tout le monde a en tête la
procédure
que nous avons suivie pour l'étude de la loi no 23. Tous ceux qui
seront impliqués dans le succès de cette loi ont eu et auront
encore l'occasion de nous dire: C'est parfaitement normal. Qu'est-ce que
ça donnerait à un gouvernement de créer des
sociétés quand ceux qui sont dans le bateau n'ont même pas
l'occasion de se prononcer? Je refuse l'argument du premier ministre, qui
disait tantôt: Ce n'est pas aux fonctionnaires de décider. Soit.
C'est un gouvernement responsable, élu avec une majorité assez
confortable pour prendre ses décisions. Il nous a prouvé, hier,
qu'au-delà des désirs de l'Opposition il était capable de
prendre des décisions; je l'admets. Mais il admettra quand même
car ses fonctionnaires ont suffisamment fait leurs preuves, depuis qu'on
les a placés à la direction de ces sociétés d'Etat
qu'ils ont au moins le droit non pas de décider, mais de dire
leur avis. C'est comme si vous bâtissiez une maison importante dont les
futurs habitants, ceux qui auront à en assurer le succès, ne
seraient même pas appellés à dire comment ils veulent la
voir construire, à suggérer pas à
décider au constructeur qu'est le gouvernement responsable comment
ils voudraient qu'elle soit bâtie.
On a suivi cette procédure pour des lois, M. le Président,
que vous me permettrez d'appeler insignifiantes, mais la volonté
démocratique du gouvernement était suffisamment forte pour dire:
II faut consulter des gens. Nous avons accepté des heures de session
impossibles à plusieurs reprises, simplement pour que les gens aient
l'occasion de venir en commission et dire: Nous sommes d'accord sur le principe
de la loi.
De toute façon, il était trop tard parce que quand on va
en commission, le principe est accepté. Mais nous suggérons tel
et tel amendement et à vous messieurs du gouvernement responsable d'y
faire suite ou de ne pas y faire suite.
J'ai vécu cette expérience, M. le Président, cette
semaine quand les organismes, comme la Fédération des commissions
scolaires, sont venues dire: Pour assurer le succès de la loi 27 nous
vous suggérons tel, tel et tel amendement. Le ministre a
été d'une ouverture d'esprit, M. le Président, qu'il me
faut mentionner et a accepté un grand nombre de ces amendements et je
suis maintenant assuré que le projet de loi 27 va être un
succès.
Il est important, quand on construit un bateau de cette importance, de
savoir l'avis de l'équipage. Et là, avec cette loi du
siècle, ce projet de $6 milliards, cette grande aventure de relance
économique, on ne ferait pas la même chose? L'honorable
député de Maisonneuve est parfaitement justifié, M. le
Président, de demander cela. Il ne s'agit pas de faire de l'obstruction.
Il en va même puis-je employer ses arguments, M. le
Président, pour convaincre mes honorables collègues d'appuyer la
motion du député de Maisonneuve du succès
électoral de l'équipe en place. Il peut, comme le dit le ministre
des Finances, faire le succès du parti Libéral pour des
années à venir. Qu'on s'assure donc que la machine est bonne.
Pourquoi ne pas entendre l'Hydro-Québec, pourquoi ne pas entendre Rexfor
qui peuvent nous suggérer, M. le premier ministre, pas décider
décider, c'est votre sort, vous êtes le gouvernement
responsable, ce que j'admets pleinement. mais vous suggérer
à quel endroit il faudrait améliorer votre projet de loi.
M. le Président, le chef parlementaire de mon parti a fait valoir
un nombre considérable de questions que nous aurions l'occasion de
poser. Je suis même d'avis, parallèlement au ministre de
l'Education, qu'un certain nombre de ces questions étaient
prématurées. Mais la commission...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques a
presque épuisé son droit de parole. Comme question de fait, il
l'a épuisé, et je lui accorderais encore quelques instants pour
conclure eu égard à quelques interruptions qu'il a pu avoir.
M. CHARRON: Je ne parlerai pas plus, M. le Président, et je vous
remercie.
Je terminerai donc avec ceci, M. le Président. Il était
possible qu'une ligne de parti vfnt imposer aux membres de cette Chambre le
vote qu'ils ont donné en deuxième lecture. Mais nous sommes
devant une toute autre question. Il s'agit d'assurer la réussite de ce
projet dont nous avons adopté le principe en deuxième lecture. Et
je dis en toute honnêteté, à tous les membres de la
Chambre, y compris ceux qui seraient intéressés de changer leur
opinion juste avant le vote, je veux dire...
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le règlement
en vertu de l'article 285, paragraphe 19.
M. CHARRON: Je n'ai visé personne. Je regrette, je n'ai
nommé personne.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce invoque le
règlement.
M. ROY (Beauce): Le député de Saint-Jacques a bien dit
qu'on a changé notre opinion juste avant de prendre le vote.
M. CHARRON: ... les personnes, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ROY (Beauce): M. le Président, je pense qu'il
interprète nos intentions, et il n'a pas le droit de le faire. En aucun
temps, pendant nos
interventions, lors de l'étude en deuxième lecture, nous
n'avons pris une position affirmative pour ou contre, M. le Président.
En fait, j'ai fait deux interventions dans ce sens, il en a été
de même du député de Rouyn-Noranda, et je pense que le
député d'Abitibi-Ouest avait dit dans son intervention qu'il
voterait en faveur du projet de loi en deuxième lecture, sur le principe
du développement de la baie James, ainsi que le député
d'Abitibi-Est.
M. le Président, je tiens à préciser ces faits de
façon à ce qu'il n'y ait aucune équivoque. Il n'y a pas eu
de volte-face en ce qui nous concerne et qu'on cesse de nous prêter des
intentions que nous n'avons pas.
M. BURNS: M. le Président, sur le point de règlement
d'abord. L'article 285 19ème, "empêche un membre en parlant
d'imputer directement ou indirectement des motifs indignes ou des intentions
mauvaises à un député". Et le député de
Saint-Jacques n'a pas attribué d'intention à un
député. Et, M. le Président, je soumets respectueusement
que le fait que le député de Beauce ait invoqué le
règlement, est beaucoup plus du ressort de l'article 270,
c'est-à-dire qu'il prétend que ses paroles auraient
été mal interprétées ou quoi que ce soit, chose
qu'il pourra toujours corriger éventuellement mais après que le
député de Saint-Jacques aura terminé son intervention.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur le même article.
M. LE PRESIDENT: Je suis prêt à rendre ma
décision.
Le point de règlement soulevé par le député
de Beauce est fondé, malgré la savante interprétation du
député de Maisonneuve. Si on se fie au contexte actuel, contexte
du débat, contexte général, je pense qu'effectivement
l'article 285, 19o, s'applique. Personnellement, j'ai cru comprendre que le
député de Saint-Jacques imputait certains motifs à des
membres de cette Chambre, sans les avoir identifiés d'une façon
plus claire. Je suis convaincu que le point de règlement soulevé
par le député de Beauce est fondé. Je demanderais au
député de Saint-Jacques de revenir à la motion.
M. LEVESQUE: De conclure, M. le Président. Son temps est
expiré.
M. LE PRESIDENT: J'accorde au plus une minute au député de
Saint-Jacques pour conclure.
M. CHARRON: Je ne prendrai pas même le temps, M. le
Président, je vais simplement dire qu'il en va de l'intérêt
pour tous les membres de la Chambre de la réussite de cette
société dont nous avons majoritairement accepté le
principe hier, que la motion du député de Maisonneuve soit
acceptée et que nous ayons l'occasion, après avoir entendu les
parties nommément impliquées dans le projet, de suggérer
les amendements que nous aurons à faire en comité plénier,
d'adopter la troisième lecture et d'espérer pour le plus grand
bien des Québécois le succès de l'aventure adoptée
hier soir.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
M. LEVESQUE: Pardon, j'ai le droit de parler.
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, l'honorable leader parlementaire.
M. LEVESQUE: Pas toujours les mêmes!
M. BOURASSA: Cela va être un bon discours à part ça.
Vous avez intérêt à l'écouter.
UNE VOIX: Enfin, on va avoir des amendements.
M. Gérard D.Levesque
M. LEVESQUE: M. le Président, lorsque j'ai fait motion pour que
nous allions étudier cet important projet de loi en comité
plénier, il s'est trouvé un collègue qui a pensé
qu'il valait mieux au lieu d'aller en comité plénier. Ceci afin
d'étudier sérieusement ce projet de loi, article par article, et
de prendre connaissance des amendements qu'avaient annoncés le premier
ministre, de prendre connaissance non pas seulement de l'interprétation
véritable qu'on devait donner à ce projet de loi, mais
également de tout ce qu'on pouvait faire pour apporter les meilleurs
éclaircissements possibles. On sait comment on a voulu en certains
milieux donner des interprétations fausses à un projet de loi
qu'on a qualifié avec raison de projet de loi du
siècle. Ça faisait tellement mal à certains milieux ou
certaines personnes qu'un gouvernement responsable et dynamique mandaté
par la population du Québec et ceci ne doit pas être
oublié...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
DES VOIX: Assis.
M. BOURASSA: Cela fait mal, cela fait mal.
M. BURNS: Je crois que les règlements doivent s'appliquer des
deux côtés de la Chambre de la même façon
comme vous le faites d'ailleurs très bien . Le leader
parlementaire doit sûrement parler sur la motion. Là,
actuellement, je n'ai pas entendu le leader parler de la motion.
M. LEVESQUE: Parlant sur ce point d'ordre, qu'il me soit permis de faire
une entrée en matière, si modeste soit-elle.
M. SHANKS: Ils ont peur de la vérité.
M. LEVESQUE: Alors, M. le Président, je conçois que...
M. LE PRESIDENT: (Hardy): Le leader parlementaire ne faisait que
commencer son intervention. Il faut quand même que je voie l'ensemble des
propos qu'il doit tenir pour vérifier s'ils sont dans l'ordre ou non.
J'ai cru comprendre, à l'heure actuelle, que les arguments qu'il
apportait étaient de nature à démontrer c'est ce
que j'ai cru comprendre jusqu'à présent que la motion
n'était peut-être pas bienvenue. Il faudra que j'entende davantage
le leader parlementaire pour décider si ces propos sont dans l'ordre ou
non.
M. BURNS: Ma question était prémonitive.
M. LEVESQUE : Je prends bien note de l'intérêt particulier
du député de Maisonneuve pour le respect des règlements.
Je suis convaincu que cet intérêt ne se traduira pas dans un
filibuster comme celui qu'il conduit présentement avec ses
collègues depuis...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vous demanderais une
directive, s'il vous plaît, avant de donner la parole au
député de Maisonneuve.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Chicoutimi a
préséance sur le député de Maisonneuve?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour vous demander une petite directive.
Est-ce que le temps consacré aux applaudissements est compté dans
le temps du discours du député? Hier soir, vous l'avez
compté, alors que le leader parlementaire m'a interrompu à lui
seul seize fois.
M. BOURASSA: Est-ce que vous êtes jaloux de l'enthousiasme et de
la sincérité des collègues?
M. LEGER: A 72, tout ce que vous pouvez faire, c'est du bruit.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SHANKS: A sept, vous faites la révolution.
M. LE PRESIDENT: Sur ce qui pourrait être interprété
comme une demande de directive de la part du député de
Chicoutimi, je dirai que, quant à moi, j'ai l'habitude
d'interpréter d'une façon très libérale la
période de temps accordée à un orateur.
M. PAUL: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va applaudir.
M. PAUL : Est-ce que vous pourriez me permettre de vous demander de
retirer ces paroles? Sont-ce bien des applaudissements que j'ai entendus?
M. LE PRESIDENT: II ne m'appartient pas de juger de cette question. Cela
n'entre pas dans le règlement.
L'honorable leader parlementaire.
M. BURNS: Sur une question de règlement...
M. LEVESQUE : J'ai compris que le député de
Maskinongé parlait pour le journal des Débats.
M. PAUL: J'espère que mon bon ami, l'honorable leader du
gouvernement, ne veut pas que je me livre à mes ébats.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve, sur
une question de règlement.
M. BURNS: Sur une question de règlement. Les dernières
paroles du député de Bonaventure étaient à l'effet
que je menais un filibuster.
DES VOIX: C'est vrai!
M. BURNS: Je pense que vous avez sagement décidé, M. le
Président, que certaines interventions étaient acceptables et que
d'autres ne l'étaient pas, en vertu de nos règlements. Je ne veux
pas que le député de Bonaventure me prête d'intention. Je
pense que, normalement, il devrait retirer ces paroles.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: Un professeur de morale, comme dirait le
député de Maskinongé à ses meilleures heures.
M. LE PRESIDENT: Pour être conséquent avec moi-même,
j'ai bien dit hier que tout député n'avait pas le droit d'imputer
d'intention à un collègue, mais qu'il avait parfaitement le droit
de juger, d'apprécier ou de qualifier l'attitude ou les propos d'un
autre collègue. Or, le leader parlementaire, à tort ou à
raison, c'est à chacun de l'apprécier a
parfaitement le droit de qualifier l'attitude du député de
Maisonneuve comme des autres membres de cette Chambre pour autant qu'il le
fasse en usant d'un langage parlementaire.
M. LEVESQUE : En effet, M. le Président, comment ne pourrais-je
pas qualifier de filibuster ce qui s'est passé dès que nous avons
appelé l'article du projet de loi 50, avant même que nous
puissions commencer la deuxième lecture.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dès que nous "eûmes"
appelé.
M. BURNS: La motion...
M. LEVESQUE : Est-ce qu'on va traiter mes propos d'antiparlementaires
parce que je n'arrive simplement qu'à faire une petite
réminiscence très salutaire pour celui qui a été
l'auteur...
UNE VOIX: La motion, M. le Président.
M. LEVESQUE: ...de la motion d'amendement, qui est une preuve
additionnelle que c'est vraiment un filibuster que l'on fait
présentement. Tous les media d'information l'on dit!
M. CARDINAL: M. le Président, je soulève un point
d'ordre!
UNE VOIX: L'obstruction!
M. LEVESQUE: Je comprends que "l'évêque" doit s'incliner
devant le "cardinal". D'un autre côté, M. le Président, il
y a toujours des limites.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une chance que vous avez simplement, comme
premier ministre, un diacre.
M. LACROIX: Mais "la croix" passe encore en avant du "cardinal"!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. CARDINAL: Je me demande, M. le Président, si le leader
parlementaire est en train de parler sur la motion ou s'il n'est pas en train
de faire un discours électoral.
M. LEVESQUE: J'y arrive, j'y arrive! Merci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Entrez dans la matière et vous allez
évacuer le projet de loi.
M. LEVESQUE: M. le Président, si on me le permet simplement,
comme nous avons, en de multiples occasions, manifesté une
tolérance particulière envers les préambules du
député de Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon, M. le Président. J'invoque le
règlement. M. le Président, vous êtes mis en cause. C'est
ce qui est grave. On a dit que l'on avait manifesté à mon endroit
une tolérance particulière. C'est vous mettre en cause, M. le
Président. Vous m'avez toujours laissé faire mes
préambules, les appréciant et vous en servant comme exemples de
langue pour vos collègues.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable leader parlementaire du
gouvernement.
M. BOURASSA: Attendez!
M. LEVESQUE: M. le Président, pour faire plaisir à tous
les collègues de l'honorable Opposition...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Retardez le projet de loi !
M. LEVESQUE: ...je tâcherai de mettre fin à ce
préambule.
UNE VOIX: D'accord.
M. LEVESQUE: Je compterais cependant, comme échange de
bons...
UNE VOIX: Procédés.
M. LEVESQUE: ...procédés, que l'on ne m'interrompe
pas.
UNE VOIX: D'accord. M. LEVESQUE: Merci. M. PAUL: Promis.
M. LEVESQUE: M. le Président, la motion que j'avais
présentée, à l'effet que ce projet de loi soit
immédiatement étudié en comité plénier a
été retardée par la motion d'amendement du
député de Maisonneuve. Pour le député de
Maisonneuve, il était bien important d'aller en commission parlementaire
de la présidence du conseil. C'était peut-être plus
important pour lui, à ce moment-là, que d'aller, lorsqu'il s'est
agi du bill 45, en commission parlementaire des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives, qu'il a boycottée
avec son parti!
M. BURNS: M. le Président, j'allais invoquer le règlement,
mais cela n'en vaut probablement pas la peine.
M. LEVESQUE: Non, parce qu'on s'inquiète moins des consommateurs.
Là, ce n'est pas important, mais, quand c'est pour boycotter le projet
de la baie James, présenté pour aider tous ceux qui sont en
chômage et qui attendent du travail, on s'en va et on perd son temps en
commission parlementaire!
M. LESSARD: Il s'agit de la consommation du patronage!
M. LEVESQUE: M. le Président, ce point étant fait...
UNE VOIX: Le petit, là-bas, assieds-toi!
M. LEVESQUE: ...et aucune preuve additionnelle n'étant requise,
on me permettra simplement, pour répondre à certaines critiques
qui ont été formulées de diverses façons, selon,
évidemment, l'intérêt qui était sous-jacent aux
interventions, de dire, M. le Président, que lorsque j'ai fait
motion pour aller en comité plénier, j'étais bien
conscient qu'il y avait eu des études considérables
d'effectuées.
Ces études sont celles effectuées par
l'Hydro-Québec, études par l'ABBBL, études par Rousseau,
Sauvé et Warren, dont les résultats ont bien indiqué que
ce projet était rentable et qu'il était important pour le
Québec d'y donner suite. Il y a eu la commission parlementaire des
Richesses naturelles qui, pendant deux jours, a siégé, permettant
aux parlementaires de s'exprimer et de poser les questions qu'ils voulaient
poser aux représentants de l'Hydro-Québec qui étaient
là présents et qui ont répondu. Il y a eu ce comité
interministériel qui a siégé à sept ou huit
reprises. J'entendais l'honorable député de Chicoutimi se poser
des questions parce qu'un ministre lui avait dit qu'il n'était pas
complètement au courant. Ah! Seigneur, lorsqu'on sait qu'à sept
ou huit reprises, le comité interministériel, formé des
ministres intéressés et des sous-ministres, des fonctionnaires,
ont siégé des journées entières sur ce projet; non,
ce n'était pas suffisant pour les exigences du député de
Chicoutimi.
Nous avions suffisamment de renseignements, et surtout dans le contexte
du discours du ministre de l'Education qui, lui, a bien décrit d'une
façon succincte mais combien éloquente, le projet de loi, de
quelle façon et dans quelle mesure l'Opposition y a-t-elle fait
obstruction. Lorsque je dis l'Opposition je parle de ceux qui se sont
opposés au principe du bill particulièrement. Je parle
également de ceux qui ont participé à la discussion sur
cette motion dilatoire et combien dilatoire du député de
Maisonneuve. Lorsque le ministre de l'Education a fait son exposé, il a
bien précisé qu'il s'agissait, dans ce cas, d'une loi organique
créant une société de développement industriel de
la baie James, et qu'il ne s'agissait pas, à ce moment-là de
prévoir toutes les réponses à toutes les questions
techniques que l'imagination fertile d'un chef parlementaire d'un Parti
québécois a pu inventer avec les recherchistes à sa
solde.
Questions hypothétiques, questions qui se situent en 1975, 1978
mais questions auxquelles il demandait simplement, fictivement et d'une
façon non sérieuse des réponses aujourd'hui.
Lorsque les gouvernements ont eu à créer des
sociétés, ils n'ont pas nécessairement été
obligés de répondre à toutes les questions dans tous les
détails. Que l'on prenne par exemple la Société du parc
industriel du centre du Québec, bien chère au coeur du
député de Nicolet, que l'on prenne Sidbec, que l'on prenne, par
exemple, un projet fédéral mais dans lequel j'ai
été particulièrement impliqué, celui de la
Société créant l'Expo-67, société
canadienne.
Est-ce qu'on pouvait à ce moment dire qui viendra voir et
être exposant en 1966 alors qu'on était en 1962? On avait une
colossale mission, celle de mettre sur place cet Expo 67 qui a eu le
succès que vous connaissez. Bien, à ce moment-là, M. le
Président, si on avait demandé soit au maire Drapeau, soit au
ministre fédéral ou à moi-même tous les
détails de cette gigantesque aventure, nous ne pouvions pas
répondre. Nous n'étions pas en mesure de répondre, comme
le disait si bien le ministre de l'Education lorsqu'il parlait du projet de la
baie James. Ce que nous voulons par cela, par cette loi c'est créer une
société qui nous aidera à déterminer non pas
seulement toutes les structures ou les détails, mais qui nous aidera
à ramener ce projet à la réalisation dont nous avons
accepté les objectifs, dont nous avons accepté comme Chambre en
deuxième lecture, le principe.
C'est facile de s'asseoir puis de poser des questions comme des enfants.
Qu'est-ce qu'il va y avoir, papa? Qu'est-ce qu'il va y avoir, maman? Mais, M.
le Président, nous avons une responsabilité à prendre. Il
y a ici un gouvernement élu par le peuple du Québec, qu'on s'en
rappelle. Nous avons 72 députés sur les 108 circonscriptions
électorales, 72 qui ont été mandatés par le peuple
démocratiquement. Ce peuple qui nous a élus sait que par
justement ce qu'a présenté le parti et son chef le
député de Mercier, le premier ministre d'aujourd'hui, nous avons
établi que nous voulions qu'il y ait une priorité
économique. Le peuple du Québec a mis de côté les
autres options, particulièrement l'option séparatiste qui est une
menace à la postérité et à l'économie.
M. LAURIN: J'invoque le règlement. DES VOIX: Quel article?
M. LAURIN: J'invoque le règlement, M. le Président. Je
demanderais au président de demander aux députés
ministériels de faire moins de bruit parce que je perds les paroles du
leader du gouvernement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: M. le Président, je voulais simplement indiquer
qu'à un moment donné...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président. Est-ce que...
M. VEILLEUX: C'est incroyable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...vous pourriez demander au premier ministre
d'applaudir avec plus d'énergie on ne l'entend pas d'ici?
M. LEVESQUE: M. le Président, laissez faire, le premier ministre,
lorsqu'il reviendra à la charge, aura des petites nouvelles pour
vous.
M. le Président, le seul point que je voulais faire, c'est non
pas seulement sur la légalité du régime, non pas seulement
sur la légalité du
présent gouvernement mais sur sa légitimité. Et si
on se base sur ce facteur, on demandera à nos amis du Parti
québécois de retourner devant le peuple pour obtenir un mandat et
peut-être qu'aucun de ceux qui sont devant nous ne reviendra, et j'en
suis convaincu, M. le Président, parce que tout le peuple du
Québec, incluant l'est de Montréal, tout le monde sera en faveur
du développement de la baie James...
M. CHARRON: Est-ce la motion, M. le Président?
M. LEVESQUE: ... et condamnera à jamais ceux qui ont
été contre ce projet comme l'ont été depuis mardi,
en particulier, et depuis toujours...
M. LEGER: Un point d'ordre, M. le Président, un point
d'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: ... et particulièrement je dirai que chaque fois
qu'il y a quelque chose pour aider à l'emploi, chaque fois qu'il y a
quelque chose pour aider à faire une lutte au chômage, on
rencontre sur notre chemin toujours les mêmes, le Parti
québécois...
M. LEGER : M. le Président, est-ce qu'on peut demander au leader
du Parti libéral de parler sur la motion et d'oublier...
M. LEVESQUE : Avec plaisir, avec plaisir. M. LEGER: ... de
contrôler ses émotions? M. LEVESQUE: Très bien, très
bien! M. SHANKS: A bas la révolution!
M. LEVESQUE: M. le Président, tout ce que je voulais
établir, c'est qu'à un moment donné un gouvernement
élu est obligé de prendre ses responsabilités. Je puis
appeler bien des témoins, je pourrais retourner aux grands premiers
ministres de nos mères patries, on pourrait retourner même
à des "Cardinal", si on veut employer un mot que nous avons
déjà utilisé. Mais ne serait-il pas intéressant de
retourner à ce grand pontife qui dirige aujourd'hui les destinées
du Parti québécois, nul autre que mon cher homonyme?
M. le Président, un peu d'histoire...
M. BOURASSA: Ecoutez ça!
M. LEVESQUE: ... un peu d'histoire, vous savez, ce n'est jamais mauvais
de l'oublier, car notre maître, le passé, est toujours là
pour nous indiquer les voies de l'avenir. M. le Président, ne serait-il
pas salutaire pour ce cher député de Bourget qui, je le comprends
bien, comprend lui-même tellement bien les politiques gouvernementales...
mais que voulez-vous, c'est dirigé par "remote control", comme on dirait
en anglais. M. le Président, en plus de l'honorable député
de Bourget, je suis convaincu que l'auteur de la motion, mon cher ami le
député de Maisonneuve, aura bien avantage à
écouter. Ce serait pour lui et pour tous ses sept j'allais dire,
non, je n'emploierai pas les mots "plaies d'Egypte" mais tout de
même... ce ne serait pas parlementaire. Mais je dirai ceci, ce serait
très avantageux de revenir à l'attitude, à la philosophie,
à la pensée politique du chef du Parti
québécois.
Parce qu'il faudrait voir ce qu'un tel type ferait s'il était au
pouvoir. La meilleure façon de le savoir, c'est de voir ce qu'il faisait
lorsqu'il était au pouvoir.
M. VINCENT: Il était libéral.
M. LEVESQUE: D était libéral, M. le Président, mais
il ne l'est pas resté.
M. VINCENT: II était libéral.
M. LEVESQUE: Lorsqu'il a eu à discuter la Loi des mines,
c'était lui qui défendait ce projet de loi si quelqu'un
veut s'opposer, j'ai vérifié les règlements, et l'on peut
se référer aux débats tant que l'on veut, pourvu que ce ne
soit pas durant la session en cours. Or, M. le Président, on sait que
l'honorable ancien député de Laurier n'est plus de la session en
cours.
M. LACROIX: Il y a le fantôme, là.
M. LEVESQUE: M. le Président, voici ce que disait M. René
Lévesque, lorsqu'il a été confronté avec une motion
de l'honorable député Lavoie de Wolfe. L'honorable
député de Wolfe suggérait, bien respectueusement, comme
toujours, que le projet de loi numéro 8, dans le temps, le 2 mars 1965,
soit envoyé à une commission parlementaire. Voci donc ce que
disait M. Lévesque, et je vous en donne quelques extraits, pour votre
édification personnelle, pour les sept, chacun de vous autres ensemble.
M. Lévesque disait, en page 960 du journal des Débats, session
1965, volume II, numéros 1 à 26: "Bien, essentiellement
là, la raison pour laquelle on ne croit pas qu'il soit indiqué,
sauf pour faire beaucoup de perte de temps et de perte de temps vraiment perdu
là je ne dis pas de la perte de temps artificielle mais on
a l'impression que ça serait des délais inutiles." Et il
continuait: "Alors si on est sur le bill 8, la plupart des changements qui sont
là-dedans, ceux qui sont importants sont des décisions de
principes sur lesquels le gouvernement avait à se prononcer. Quand bien
même on irait faire des sparages pendant une couple de semaines ou
même une couple de jours dans les comités publics, les questions
de principe ont été évaluées.
En deuxième lecture, ça a été voté
par la majorité représentant le public du Québec,
ça a été évalué."
M. le Président, un peu plus loin, il disait ceci et je le
rappelle: "II y aura quelques amendements." J'ai pris mes précautions,
il n'y a rien que j'ai dit qui n'est pas correct. Il n'y a pas de point
d'ordre...
M. LAURIN: Dans l'intervention que nous cite l'actuel leader
parlementaire, est-ce...
M. BOURASSA: Cela fait mal.
M. LAURIN: ... qu'il s'agissait du bill 50?
M. LEVESQUE: Asseyez-vous donc.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEGER: Contrôlez vos émotions.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BOURASSA: Allez prendre un café, si ça vous fait trop
mal.
UNE VOIX: C'était le même hypocrite qu'aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: A la suite de l'intervention du député de
Bourget, je comprends parfaitement qu'il ne s'agissait pas du bill 50. Mais le
règlement, en vertu de l'article 285, permet de se référer
à des débats qui ont eu lieu à des sessions
antérieures et à la session en cours... A l'ordre, s'il vous
plaît! Je permets ces propos pour la simple raison qu'il s'agit d'une
même situation. A l'ordre, s'il vous plaît! D'une même
situation alors que le gouvernement de l'époque proposait d'aller en
comité plénier et qu'il y avait une motion incidente pour aller
en commission parlementaire. Nous sommes exactement au même point. Et je
déduis, je conclus que l'honorable leader parlementaire est tout
à fait dans l'ordre.
M. LEVESQUE: Alors, je continue, M. le Président. Je crois qu'il
approche 6 heures, et je ne voudrais pas qu'on interprète trop
strictement lesirèglements. "Il y aura dit M. René
Lévesque, mon grand ami homonyme quelques amendements en cours de
route. On pourra expliquer également pourquoi certains ont
été refusés vous comprenez bien ça
enfin, il n'y a pas de cachette là-dedans. Ce n'est pas une loi
mystérieuse et puis, le long du chemin, on verra les amendements, on
pourra les discuter comme j'ai fait moi-même, M. le
Président en suggérant d'aller en comité plénier
et donner exactement l'arrière-plan pour lequel telle ou telle
décision a été prise ou pourquoi il y a tel ajustement ou
telle modification. Tout ça, ça implique que ce n'est pas un bill
qui est parfait mais c'est le genre de texte, je crois, qui a besoin
d'être vécu et les gens de l'industrie, la plupart l'admettent
d'ailleurs, ceux qui connaissent l'industrie a besoin d'être vécu
pendant un an.
Il va y avoir les interprétations qui vont s'établir sur
les articles nouveaux. Il va y avoir une sorte de coutume qu'il va falloir
commencer à vivre et puis, comme toutes les lois, c'est fait pour
être amendé mais quand on sait pourquoi l'amender." Ce n'est pas
moi qui le dis, M. le Président. "Alors, on ne voit vraiment pas, sauf
pour faire une sorte de perte de temps, absolument, ou alors avoir des
pressions artificielles, qu'on a déjà vues par écrit et
qui s'imagineraient devoir recommencer. Je crois que c'est la
responsabilité" écoutez-moi ça "du
gouvernement au point où on en est de décider, avec la Chambre,
de l'adoption de cette loi. Un point c'est tout." Voilà ce que
disait...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: J'en ai des meilleures!
M. LE PRESIDENT: II est six heures...
M. LEVESQUE: Si j'avais le consentement, je pourrais finir dans cinq
minutes.
DES VOIX: Non.
M. LEVESQUE: Non? D'accord. On va recommencer.
M. BOURASSA: Cela prouve jusqu'à quel point vous êtes
démantelés par les propos du député de
Bonaventure.
UNE VOIX: La Chambre suspend... M. PAUL: M. le Président, vous
savez...
M. LACROIX: ...les morpions... De l'onguent gris... Il y en a sept qui
vont disparaître.
M. PAUL: Vous savez toute l'amitié que j'ai pour mon honorable
ami, le leader du gouvernement.
Est-ce qu'il y aurait possibilité de savoir quelle serait la
décision qu'il pourrait nous annoncer s'il complétait ses
remarques?
M. LEVESQUE: La même. M. PAUL: Laquelle?
M. LEVESQUE: La même que j'aurais faite si vous m'aviez
laissé continuer.
M. PAUL: C'est cela qu'on vous demande. Quant à moi, je suis
disposé, M. le Président, si nous connaissions, de la part du
gouvernement, ses intentions à la suite des remarques
complétées du leader...
M. BOURASSA: Est-ce que je comprends
que le leader va accepter qu'on aille en comité plénier
immédiatement après les remarques du député de
Bonaventure?
M. PAUL: M. le Président!
M. BOURASSA: Alors, à 8 heures, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux jusqu'à vingt
heures.
Reprise de la séance à 20 h 2
M. HARDY (président): A l'ordre, messieurs!
L'honorable leader parlementaire du gouvernement.
M. LEVESQUE: M. le Président, je sais que le temps à ma
disposition est relativement limité. Alors, loin de moi l'idée de
vouloir, même si nous avons eu quelque temps de réflexion, revenir
pour tenter de résumer les quelques remarques que j'ai faites avant la
suspension.
Vous vous souvenez sans doute, M. le Président, que j'ai
essayé, bien objectivement, de rappeler aux honorables membres de cette
Chambre que la motion que j'avais faite d'aller en comité plénier
avait été malheureusement interrompue par la motion d'amendement
de l'honorable député de Maisonneuve, qui croyait, à tort
ou à raison c'est sa responsabilité s'il a ainsi
retardé les travaux de la Chambre qu'il valait mieux aller en
commission parlementaire de la présidence du conseil.
J'ai tenté, comme le permet le règlement de cette Chambre,
d'apporter certains arguments à l'effet que cette motion d'amendement
était dilatoire et n'était pas reliée aux meilleurs
intérêts du Québec. J'ai rappelé à la
Chambre, évidemment, tous les renseignements qui avaient
été donnés, toutes les études qui avaient
été faites, soit par l'Hydro-Québec ou par les firmes
d'ingénieurs, qui avaient, les unes après les autres,
parlé de la rentabilité de ce projet. J'avais parlé de la
commission parlementaire des Richesses naturelles, qui avait permis pendant
deux jours aux parlementaires de se renseigner et d'interroger à loisir
tous les représentants de l'Hydro-Québec qui ont bien
accepté de répondre à toutes les questions. J'ai
parlé du comité interministériel où plusieurs
ministres, membres du Conseil exécutif, ainsi que les sous-ministres et
d'autres membres de la fonction publique se sont penchés sur ce
problème.
Donc, nous sommes en face d'un sujet qui a été longuement
étudié, profondément analysé, soit par les
parlementaires, soit par la fonction publique, soit par les corps
paragouvernemen-taux ou par les régies, etc.
M. le Président, j'ai ensuite dit que si j'ai fait cette motion
principale d'aller en comité plénier, c'est qu'à mon sens
je croyais que c'était la formule la plus ordinaire, la plus normale
pour renseigner davantage, si possible, les honorables membres de cette
Chambre.
A ce moment là, je me suis bien aperçu qu'il fallait que
je le dise et j'ai parlé de "filibuster". J'ai évité de
parler de l'Union Nationale qui fait son devoir, comme toute Opposition
officielle doit le faire.
J'ai évité de parler du Ralliement créditiste qui a
été même un peu plus rapide que l'Opposition officielle
parce que, dès hier soir, il s'apercevait de son erreur. Mais je
parlais
particulièrement du Parti québécois. C'est
là que nous nous sommes laissés et qu'il me restait à peu
près cinq ou dix minutes, je ne sais pas. J'aimerais continuer avec une
petite leçon de choses pour ces honorables amis qui arrivent et qui sont
à la veille de partir, mais, entre-temps, à ce moment-ci, je ne
peux résister à l'envie de citer encore ce chef enfin, ce
chef du Parti québécois. Evidemment, comme les membres du
Parti québécois, je regrette son absence de la province à
ce moment-ci. Je ne sais pas s'il lit les journaux du Québec où
il est, mais je lui rappellerais la page 700 des Débats de
l'Assemblée législative, en 1965. Bien franchement c'est
sa façon d'être; il est franc et bien ouvert; je connais bien mon
homonyme, c'est un Gaspésien il disait ceci, toujours dans
l'étude du même bill: "J'avouerai que, moi comme d'autres, celui
qui vous parle, arrivant en 1960 après un gouvernement qui, pendant 16
ans, avait eu les dossiers en main, celui qui vous parle n'ayant aucune
expérience puisqu'on arrivait il y a quelqu'un qui arrive
on a pu dire des choses qui, en étudiant la réalité dans
les détails, parfois dans des passages importants, ont eu à
évoluer."
Ecoutez-moi ça, ça va vous rendre service. "Je connais
seulement les ânes et les imbéciles...
M. VEILLEUX: Le député de Saguenay vient de se
reconnaître.
M. LEVESQUE: M. le Président, M. René Lévesque
continuait ainsi...
M. VEILLEUX: Le député de Saguenay vient de se
reconnaître.
M. LEVESQUE: ... et ç'a déjà été dit
bien avant moi, qui n'évoluent pas."
M. le Président, qu'est-ce que vous voulez, M. Lévesque
est un homme très intelligent et il savait fort bien qu'une fois qu'on
lui a confié des responsabilités... C'est bien beau d'être
dans l'Opposition, puis niaiser, puis critiquer, mais une fois qu'on nous a
donné la responsabilité du pouvoir, à un moment
donné, qu'est-ce que vous voulez? La majorité des citoyens vous
disent: C'est à vous, monsieur, c'est à vous, telle
équipe, c'est à vous l'équipe du Parti libéral
à qui on confie l'administration des affaires de la province. Mais il
faut qu'on prenne nos responsabilités, puis qu'on administre, puis qu'on
cesse de niaiser dans les commissions et tout ça, puis poser des
questions, le genre de questions, de mille questions qu'on a voulu poser au
sujet de choses qui vont arriver en 1975, en 1977 en 1980, ce n'est pas
ça ! Il faut administrer aujourd'hui! Il faut qu'on prenne nos
responsabilités, ce sont les responsabilités d'un gouvernement
responsable.
M. le Président, le meilleur témoignage à ce
moment-ci que je peux trouver pour convaincre mes amis effondrés du
Parti québécois, n'est-il pas celui de leur chef qui disait,
à la page 961 des Débats de l'Assemblée
législative, session 1965, à un moment donné, alors qu'il
était absolument, enfin... Non, non, je ne dirai pas le mot, M.
René Lévesque...
M. LESSARD: ... hors d'ordre?
M. LEVESQUE: Ecoutez le sens démocratique de ses paroles: "Parce
qu'on a été élu en 1960, qu'est-ce que vous voulez, on a
bien le droit de faire les choses, c'est notre responsabilité."
Voilà ce qu'il disait. Que disait notre ami René, à un
moment donné? Il disait: "On peut accumuler les objections
jusqu'à la fin du monde." Ce serait encore un vrai "filibuster",
jusqu'à la fin du monde! "On peut accumuler les objections
jusqu'à la fin du monde, mais quand même on irait 20 ans en
comité ou 20 jours, cela ne changerait pas grand-chose. Maintenant, je
m'excuse." Voilà ce qu'a dit le chef du Parti québécois et
voici les représentants de celui qui n'est pas ici, malheureusement ou
heureusement, je ne le sais pas; je demanderai au député de
Laurier de juger.
M. MARCHAND: Heureusement pour l'équipe libérale.
M. BURNS: Vous n'y avez pas gagné au change.
M. LEVESQUE: Un instant. Vous jugez; d'après la Chambre ce soir,
je n'ai pas de doute là-dessus.
M. BURNS: Je vais dire comme on dit, M. le Président...
M. MARCHAND: II y a une chose certaine, c'est que la province y a perdu
en élisant pendant dix ans l'ancien député de Laurier.
M. BURNS: ... ça "rempironne" au lieu de "s'emmieuter".
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: M. le Président, je n'ai pas l'intention,
évidemment, de continuer dans cette veine. Il faudrait que je cite mon
ancien collègue, ami et homonyme, gaspésien d'origine, grand ami
de celui qui vous parle; j'ai beaucoup de respect pour lui et son jugement.
D'ailleurs, on le voit dans les textes.
M. LACROIX: Vous me permettrez, M. le Président, de ne pas
partager toutes les opinions de l'honorable leader.
M. LEVESQUE: Loin de moi l'idée, M. le Président, de me
servir du journal des Débats comme de l'Ancien Testament; cependant,
c'est un testament dont ne peuvent pas tenir compte des gens comme ceux des
Iles-de-la-Madeleine qui protestent, mais dont doivent tenir compte,
cependant, les sept plaies d'Egypte ou enfin les sept membres du Parti
québécois qui sont les héritiers...
M. LACROIX: Et surtout la peste de Saint-Jacques !
M. LEVESQUE: M. le Président, voici ce que disait le chef du
Parti québécois et là, je reviens très
sérieusement à la question: "É y a des décisions
à prendre là-dedans qui, essentiellement, affectent d'une part le
gouvernement qui a été élu pour représenter les
citoyens de son mieux, c'est sa responsabilité de présenter des
projets de loi." Et il continuait comme ceci: "Je ne vois pas de raisons
sérieuses de s'imposer encore une fois des "sparages" publics avec des
porte-parole qui auraient été retenus essentiellement pour
répéter les mêmes affaires. Parce que, ne vous
inquiétez pas..." et là il continue "C'est
essentiellement technique et tout ce qu'il y a là-dedans l'est aussi. Je
pense que l'Opposition en est consciente, alors je ne sais pas où on
s'en va avec ce débat-là, franchement! " Moi non plus!
M. le Président, je me réfère encore une
fois...
M. BURNS: Est-ce que le ministre me permet une question?
M. LEVESQUE: A la condition que ce ne soit pas pris sur le temps.
M. BURNS: Non, une question très courte. Est-ce que le ministre
sait combien de milliards étaient investis dans la loi ou dans le projet
en question?
M. LEVESQUE: M. le Président, si on veut évaluer ses
principes en dollars c'est cela que le Parti québécois
veut faire, il veut évaluer ses principes en dollars M. le
Président, on ne mérite pas de diriger les destinées d'une
province comme le Québec qui, jamais, n'a accepté d'être
dirigée par des gens comme ceux que suggère malheureusement le
député de Maisonneuve. Jamais ils n'ont réussi à
résister à l'opinion publique. Ils ont été mis
dehors. Jamais le gouvernement Bourassa ne sera mis dehors parce qu'il n'a
jamais évalué ses principes en dollars. Si le Parti
québécois est prêt à marchander ses principes pour
des dollars, nous arrêterons de discuter, nous arrêterons de parler
parce que nous ne serons pas des interlocuteurs valables.
M. le Président, quel que soit le projet de loi en question,
qu'il soit de $1 milliard ou de $6 milliards, nous allons continuer d'accorder
à la population du Québec la même considération,
nous allons continuer d'avoir la franchise que le premier ministre a avec la
population du Québec.
Jamais a-t-on vu un premier ministre dans cette province et j'en
ai connu sept person- nellement dans cette Chambre, des gentilhommes, tous
mais jamais je n'ai vu un homme avec un esprit ouvert, une
tolérance, une patience comme M. le premier ministre, jamais! Une
patience que j'aimerais pouvoir avoir pour moi-même. J'aimerais l'avoir,
cette patience et j'admire mon collègue d'à côté,
qui me dit toujours: Calme-toi, accepte les choses. C'est le premier ministre
le plus tolérant, le plus ouvert, le plus démocrate que j'ai
jamais vu, malgré qu'il ait le pouvoir le plus fort, le plus complet que
jamais un premier ministre ait eu dans cette province!
C'est la population entière qui l'appuie, mais malgré
cela, il a toujours un doute parce qu'il restera peut-être un citoyen ou
un groupuscule ou quelque chose quelque part qui aurait une objection. Il a une
considération particulière pour les faibles, M. le
Président. Et c'est pourquoi vous voyez un parti ministériel
extrêmement gentil, extrêmement conscient de la présence des
si petits soient-ils, d'un parti ministériel désireux
d'être l'illustration de la démocratie. Mais jamais le parti
ministériel ne sera l'illustration de la faiblesse et je vous dis, M. le
Président, que nous avons des responsabilités à prendre et
le premier ministre du Québec est le premier à dire: Nous allons
prendre nos responsabilités, nous allons accorder au Québec ce
dont le Québec a le plus besoin aujourd'hui, cette priorité
économique, cette lutte contre le chômage, cette création
d'emplois qui est l'illustration même d'un premier ministre jeune,
dynamique, qui sait prendre ses responsabilités et qui les assumera.
M. LACROIX: M. le Président, pour essayer de donner aux gens du
PQ un peu plus d'information, est-ce qu'on pourrait demander un rappel au
député de Bonaventure?
M. SAMSON: M. le Président, si ça continue comme
ça, à la prochaine séance ça va prendre des billets
réservés.
M. LEGER: Vote. DES VOIX: Vote.
M. CADIEUX: M. le Président, je lui demanderais de ne pas
gâter la sauce.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
M. Charles Tremblay
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président...
UNE VOIX: Cela va être "plate".
M. LESSARD : Faites comme d'habitude, sortez.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CADIEUX: Cela fait trois fois que vous dites: M. le
Président.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, pour appuyer la
motion...
M. CADIEUX: Ne vous répétez pas.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... du député de Maisonneuve
qui demande que l'étude du projet de loi 50 soit
déférée à la commission parlementaire de la
présidence du conseil, naturellement, j'appuie la motion du
député de Maisonneuve. Maintenant, j'espère que sur les
règlements vous serez aussi tolérant à mon égard
que vous l'avez été pour le leader parlementaire. Tout de
même, si je m'écarte du sujet en discussion, à savoir la
motion, vous pourrez me rappeler à l'ordre.
M. le Président, les arguments du leader parlementaire ne m'ont
pas convaincu...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, les arguments du
député de Bonaventure ne m'ont pas convaincu que la convocation
de la commission parlementaire n'était pas importante.
Après la suspension du débat, histoire de m'amuser un peu,
j'ai fait des recherches dans le journal des Débats, pour tout
simplement prouver, M. le Président, qu'avec le journal des
Débats on peut trouver toutes sortes d'interventions de
députés qui ont siégé dans cette Chambre.
Si vous me le permettez, M. le Président, j'espère que
vous m'accorderez la même permission que vous avez accordée au
député de Bonaventure.
UNE VOIX: Est-ce que ce sera aussi long?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, ce ne sera pas aussi long.
D s'agit, tout simplement, M. le Président, du journal des
Débats du mercredi 23 avril 1969, lorsqu'il s'est agi de discuter du
plan de développement de la région du Bas-Saint-Laurent, de la
Gaspésie et des Iles-de-la-Madeleine, une autre région du
Québec qu'on voulait développer. Remarquez bien que, d'avance, je
félicite le député de Bonaventure d'avoir
présenté cette motion, dans ce temps-là. Je l'en
félicite, car la motion était importante. Vous verrez
pourquoi.
Ici, M. le Président, l'honorable député de
Bonaventure propose "que cette Chambre prie le gouvernement d'étudier la
possibilité de créer une commission spéciale
composée de quinze membres en vue de suivre la mise en application du
plan de développement de la région du Bas-Saint-Laurent, de la
Gaspésie et des Iles-de-la-Madeleine ; que cette commission
spéciale soit autorisée à faire les études et
consultations nécessaires à entendre les personnes et les corps
intéressés, à obtenir la communication de pièces ou
de dossiers, à assigner des témoins, à siéger
même les jours où la Chambre ne tient pas de séance et,
aussi, pendant que la Chambre est en séance".
M. le Président, lorsque j'ai lu la motion que le
député de Bonaventure avait présentée à
cette date, cela a contribué à me convaincre davantage de
l'importance d'une commission parlementaire pour étudier toutes les
implications, non pas du développement de la baie James, mais du projet
de loi no 50, qui est intitulé Loi du développement de la
région de la baie James.
Si vous me le permettez, M. le Président, je vous citerai un
autre extrait de la déclaration du député de Bonaventure,
alors qu'il présentait cette motion, le 23 avril 1969. Voici ce que
disait le député de Bonaventure.
M. LEVESQUE: N'essayez pas de copier!
M. BURNS: M. le Président, écoutez comme il le faut!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je félicite le député
d'avoir présenté cette motion. On lit ceci: "Je crois donc, M. le
Président, que le député, et particulièrement le
député du territoire, pourrait remplir son rôle d'une
façon plus positive, d'une façon plus concrète et d'une
façon plus valable c'est toujours le député de
Bonaventure qui parle s'il faisait partie d'une commission parlementaire
qui pourrait faire les études et consultations nécessaires,
entendre les personnes et corps intéressés, obtenir les
communications de pièces ou dossiers, assigner des témoins et
siéger chaque fois qu'il serait justifié de le faire".
Voici, M. le Président, ce qui a fini de convaincre le
député de Sainte-Marie de l'importance de déférer
l'étude du bill 50 à une commission parlementaire. C'est le
leader parlementaire, le député de Bonaventure, par ses arguments
que j'ai lus dans le journal des Débats...
M. LACROIX: S'agissait-il du BAEQ?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II s'agissait du plan de
développement du Bas-Saint-Laurent et cela comportait...
M. LACROIX: II y a une différence énorme. Le
député de Sainte-Marie ne trompera pas la population du
Québec. Je peux lui en parler à n'importe quel moment.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II s'agissait de millions de dollars et dans
le développement de la baie James, il s'agit de milliards de dollars.
C'est la raison pour laquelle j'appuie la motion du député de
Maisonneuve.
Il s'agit, lorsque nous voulons avoir des informations... Même ce
matin, au député de Bourget qui posait une série de
questions, le premier ministre a répondu: Vous n'en aurez pas, de
réponse.
Pour savoir où nous allons avec le bill 50, pour avoir de plus
amples renseignements, il s'agit de convoquer une commission parlementaire,
d'écouter ceux qui sont impliqués, ceux qui vont participer au
développement de la baie James. C'est pour cela que nous demandons la
convocation de la commission parlementaire, pas pour....
M. LACROIX: M. le Président, sur une question de
règlement, le député de Sainte-Marie, je crois,
était présent cet après-midi, lorsque l'honorable ministre
de l'Education a fourni des réponses aux questions précises qui
ont été posées. Le député de Bonaventure a
répondu aussi à toutes ces questions...
M. BURNS: Voyons donc! Ce n'est pas une question de
règlement.
M. LACROIX: Et il est clair, certain, précis,...
M. BURNS: M. le Président, n'utilisez pas deux poids, deux
mesures, s'il vous plaît.
M. LACROIX: ... que l'honorable député de Sainte-Marie
à ce moment-ci ne veut faire que de l'obstruction.
M. BURNS: M. le Président, je vous le demande: Pas deux poids,
deux mesures.
M. LE PRESIDENT: Si le député de Maisonneuve voulait
être juste il admettrait qu'il a été très difficile
aujourd'hui de présider cette séance.
M. BURNS: Sauf que nous sommes rappelés à l'ordre beaucoup
plus vite de ce côté-ci.
M. LE PRESIDENT: Et j'ai dû cet après-midi rappeler
à l'ordre autant les députés de la droite que les
députés de la gauche. La seule différence, c'est que
lorsque nous rappelons les députés de la gauche à l'ordre
ils ont toujours l'impression qu'on ne rappelle jamais les
députés de la droite.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Votre inspiration n'est pas la même.
M. LE PRESIDENT: J'ai même menacé cet après-midi de
suspendre la séance.
M. CARDINAL: Cela aurait été bon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faudrait suspendre le président de
temps en temps.
M. LE PRESIDENT: Les propos du député de Maisonneuve sont
non seulement déplacés mais injustes. Quand même, je ne
ferai pas de plus amples commentaires et j'inviterai le député de
Sainte-Marie à continuer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, si j'ai cité
des déclarations que faisait le député de Bonaventure
lorsqu'il a présenté sa motion, ce n'est pas, croyez-moi, dans
l'intention de ridiculiser le député de Bonaventure parce
qu'à ce moment-là il avait entièrement raison. D
s'agissait de dépenser des millions de dollars dans une région et
le député de Bonaventure exigeait que ce soit surveillé
par une commission parlementaire permanente qui aurait même le droit de
siéger quand la Chambre ne siège pas.
Parce que nous demandons la commission parlementaire, on se moque de
nous et on dit qu'on fait un "filibuster." C'est notre devoir de le faire et
quand le ministre de l'Education nous dit que la commission parlementaire a
siégé, la commission des Richesses naturelles a
siégé pour étudier le projet de la baie James et non pas
le projet de loi no 50. Or, c'est pour étudier le projet de loi no 50
que nous demandons la convocation de la commission parlementaire, tout
simplement parce que nous voulons savoir quel sera le rôle du
gouvernement dans la direction et dans les travaux du développement de
la baie James.
Qu'est-ce que le ministre des Richesses naturelles, fera quelle sera
l'autorité du ministère des Richesses naturelles dans le
développement de la baie James, du ministère des Finances, du
ministère de l'Agriculture? Tous les ministères sont
impliqués dans un projet de $6 milliards qui engage toute la population
du Québec, toute l'économie du Québec pendant des
années. Et on se moque des membres du Parti québécois en
disant qu'on fait un "filibuster," c'est notre devoir de le faire et il n'y a
personne qui va nous en empêcher. On le fera jusqu'au bout et vous ne
nous intimiderez pas, soyez sûrs de ça. Soyez-en certains.
Qu'est-ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce va venir faire
dans le développement de la baie James? C'est ça qu'on veut
savoir à la commission parlementaire. Le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, le ministre des Terres et Forêts, le
ministre du Travail, tous les ministères sont impliqués.
Où est-elle, l'équipe de bons hommes qu'on nous avait promise le
29 avril pour qu'on soit obligé d'aller en chercher cinq autres pour
diriger un projet de cette envergure?
Eh bien, même si je suis un membre du Parti
québécois, j'ai confiance que les ministres sont capables de
faire le travail mieux que cinq patronneux peut-être. C'est pour
ça qu'on veut
étudier les implications du bill 50, et qu'on veut que ça
retourne à la commission parlementaire et je suis sincère quand
je le dis. Ce n'est pas tout simplement une question de faire un filibuster et
de retarder les travaux de la Chambre. Je souhaite que ce projet de loi
retourne en commission parlementaire et même si j'ai hâte de
prendre mes vacances, si tous les gens ont hâte de quitter cette
assemblée, je n'ai pas le droit d'être pour, je n'ai pas le droit
de manquer à mon devoir pour me dépêcher d'aller prendre
des vacances, c'est un problème trop grave.
Il ne s'agit pas d'une loi des mines, d'une loi de
réglementation, comme lorsque le député de Bonaventure
citait les déclarations de l'ancien ministre des Richesses naturelles.
Il s'agit d'un projet de loi qui engage tout le Québec, tout l'avenir
économique du Québec. On sera peut-être obligé de
hausser les impôts, de hausser le coût de revient de
l'électricité. On ne le sait pas, mais je suis pour le
développement de la baie James, je suis pour l'émancipation
économique, le développement économique du Québec,
je suis pour...
UNE VOIX: C'est pour combattre le chômage.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... mais je veux que la loi soit bien
administrée sous la surveillance du gouvernement que le peuple a
élu aux dernières élections. C'est ça qu'on veut,
pas autre chose. Ce n'est pas une question de faire des "filibusters" puis de
faire de la broue aux gens d'en face. C'est une question d'être
sérieux et c'est pour ça et que j'appuie la motion du
député de Maisonneuve.
Je souhaite que cette motion soit appuyée par les membres de
l'Assemblée nationale afin de retourner en commission parlementaire;
nous allons faire venir les dirigeants de l'Hydro, de Rexfor et de Soquem, les
hauts fonctionnaires. Non pas pour venir donner des ordres au gouvernement,
mais pour venir conseiller. Quand les ministres étudient des
crédits, ils ont leurs conseillers auprès d'eux; qu'on les fasse
venir devant la commission afin que nous, les membres de l'Opposition, ayons le
droit de poser des questions et non pas avoir des réponses comme celle
du premier ministre lorsqu'il a dit: Vous n'en aurez pas, de
réponse.
Les sept députés du Parti québécois ont
été élus démocratiquement...
M. LACROIX: Par erreur.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous allons faire notre devoir tant que nous
le voudrons. Ce ne sont pas les gens d'en face qui vont empêcher le
député de Sainte-Marie d'accomplir son devoir et le mandat que
lui ont confié ses électeurs. Cela, ça ne marchera pas; je
vais le faire, mon devoir.
M. LACROIX: Ne vous énervez pas, ce ne sont pas vos sept
députés qui vont conduire le gouvernement non plus.
M. BURNS: M. le Président, sur une question de règlement.
Je demande, par votre entremise, aux députés ministériels
d'au moins avoir presque autant de respect à l'égard du
député de Sainte-Marie que nous en avons eu à
l'égard du député de Bonaventure quand il a
parlé.
M. VEILLEUX: Vous n'en avez pas eu.
M. BURNS: Je le demande par votre entremise, M. le Président.
M. VEILLEUX: Ce ne sont pas des députés de même
calibre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, on m'a dit, cet
après-midi, qu'on n'avait pas le droit de faire des comparaisons avec
des projets de loi qui ont été discutés pendant cette
session, mais qu'on pouvait en faire avec des projets de loi qui ont
été discutés pendant la session
précédente.
Pendant la session précédente, on a eu le bill 8 sur
l'assurance-maladie, qui était très important, et on l'a
envoyé à la commission parlementaire. Le bill 38, qui obligeait
les employés de la construction à rentrer au travail, on l'a
dirigé à la commission parlementaire et on a entendu toutes les
parties parce que c'était un bill important et cela, sans que l'on fasse
des pressions sur le gouvernement. Je pourrais citer des dizaines de projets de
loi qui sont actuellement envoyés à la commission parlementaire
même avant qu'on en fasse la deuxième lecture.
On rencontre des gens qui demandent: Qu'est-ce que c'est, le
développement de la baie James? Comment cela va marcher? On leur dit:
Allez demander au premier ministre, il ne veut pas nous le dire, ni le leader
parlementaire, ni les autres ministres. Attendez la nomination des cinq; vous
irez les voir, ces gens-là, et eux vont vous répondre parce
qu'ils seront les véritables "boss" de la Société de
développement de la baie James. Attendez leur nomination. C'est
cela.
Le leader parlementaire, en citant des déclarations de l'ancien
ministre des Richesses naturelles, a essayé de nous intimider avec un
"show", a essayé de nous faire un spectacle pour nous ridiculiser parce
que le ministre des Richesses naturelles qu'était René
Lévesque refusait une commission parlementaire sur un projet de loi de
réglementation. Le leader parlementaire le sait. Quand le leader
parlementaire a demandé la convocation d'une commission parlementaire
pour le Bas-Saint-Laurent, cela impliquait de l'argent et ça
l'intéressait. Pourquoi pas la baie James? Pourquoi ne pas agir de
même pour le développement de la baie
James? C'est tout ce qu'on vous demande. Le bill 50 est adopté en
deuxième lecture.
M. BRISSON: II va être adopté en troisième.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On le sait, il n'y a pas de problème.
Vous n'avez qu'à aller vider les tavernes en arrière et à
les faire voter.
Pour toutes ces raisons, sincèrement, M. le Président,
nous demandons à tous nos collègues des deux partis de
l'Opposition, nos collègues d'en face, d'accepter de voter pour la
motion du député de Maisonneuve pour envoyer le projet de loi en
commission parlementaire et prendre le temps de l'étudier à
tête reposée, pas comme on l'a fait depuis une semaine en essayant
d'agir à la faveur de la nuit pour nous faire adopter des projets de
loi, en essayant de nous épuiser et de nous user, à des heures
indues, jusqu'à trois ou quatre heures du matin.
Quand on joue l'avenir du Québec et de toute la nation
québécoise, c'est trop important pour cela. C'est pour cela qu'on
demande que le projet de loi soit déféré à une
commission afin qu'on l'étudie. Qu'on en parle des gens de l'Hydro,
qu'on en parle des fonctionnaires, qu'on en parle des autres ministres et
après cela on l'amendera le projet de loi s'il y a lieu!
Je termine là-dessus, M. le Président, et je...
M. LEVESQUE: La vie éternelle!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... n'ai pas besoin d'ajouter que je voterai
pour la motion du député de Maisonneuve.
UNE VOIX: Vote.
M. BRISSON: Les enveloppes!
UNE VOIX: Ce n'est pas la fontaine de jouvence.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, j'aimerais appuyer la motion du
député de Maisonneuve qui nous propose de renvoyer le projet de
loi à la commission parlementaire pour qu'on puisse obtenir de plus
amples renseignements. Ce qu'on désire, par cette convocation de la
commission parlementaire en question, c'est une occasion de faire
répondre à une promesse du chef du gouvernement actuel qui se
disait un gouvernement de participation. La participation, c'est
s'enquérir auprès de la population, auprès des personnes
responsables, auprès des groupes intermédiaires, et auprès
des personnes directement impliquées, c'est s'enquérir
auprès d'eux de leurs préoccupations, de leurs suggestions et par
la suite présenter un projet de loi qui serait réellement une
conséquence d'une participation collective à un projet qui se
veut collectif.
M. le Président, certains des ministres actuels ont eu cette
délicatesse, ont eu cette bonne pensée de permettre à la
population, à des corps intermédiaires de venir s'exprimer, de
venir donner leur appui pour d'autres projets de loi qui étaient aussi
intéressants, qui étaient même moins importants, qui
touchaient moins de personnes, qui demandaient moins d'investissements
financiers et on n'a pas craint de le faire. Le ministre des Affaires
municipales a présenté un projet de loi-cadre, il a
présenté un livre blanc sur les affaires municipales, sur la
réforme des structures municipales, sur le regroupement des
municipalités et il a présenté un projet de loi sur
l'évaluation municipale qui est retourné à la population
pour qu'on puisse lui apporter des solutions. Le projet de loi pour les
consommateurs a été renvoyé à une commission. Nous
avons passé trois ou quatre mois là-dessus. Cela a permis
d'améliorer énormément cette loi que nous aurons à
voter prochainement.
Tandis que dans un projet de cette envergure, qui peut coûter au
bas mot six milliards de dollars parce qu'on ne le sait pas combien cela va
coûter, on ne sait pas quelle sorte d'investissement
supplémentaire nous allons être obligés de requérir
pour atteindre les objectifs qu'on veut donner à la
société... Quand on regarde le bill 50 et son titre: Loi du
développement de la région de la baie James et que le principe
même de cette loi est la formation d'une société, alors, M.
le Président, ce n'est pas la même chose. La société
qu'on veut former et le développement de la baie James ce n'est pas la
même chose. La société va peut-être permettre le
développement de la baie James. On est en train de créer une
société en n'ayant pas en main les renseignements voulus pour
permettre à cette société-là d'exercer et d'obtenir
les objectifs qu'on veut lui fixer.
C'est aussi ridicule que si on voulait confectionner un habit alors que
l'homme que l'on veut mettre dedans n'est même pas encore né. On
va avoir, au mois de septembre ou octobre, des chiffres, des rapports. Le
président de l'Hydro-Québec nous disait que les chiffres seraient
disponibles autour de septembre ou octobre, du moins à l'automne, et
qu'à ce moment on pourrait savoir les possibilités de
rentabilité, les moyens de financement. On va pouvoir établir des
projections. Alors que c'est au mois de septembre ou octobre qu'on aura cela,
on veut bâtir une société aujourd'hui. On est en train de
créer un habit et l'homme n'est même pas né. Est-ce que
ça va "fitter"? Est-ce que l'habit va être conforme à
l'homme qui va être créé? M. le Président, on a
demandé de convoquer cette commission parlementaire pour être
capable d'étudier ces chiffres, d'obtenir ces renseignements qui
permettront d'établir par la suite si la société qu'on
veut créer aura tous les atouts en main, sera structurée en
fonction de ce que nous aurons comme renseignements à l'automne.
M. le Président, on ne sait même pas quel
sort on donnera au développement minier. On ne sait même
pas quel sort Soquem et Soquip vont pouvoir récolter à la suite
de cette union horizontale que le premier ministre nous propose. M. le
Président, nous voulons savoir tout ça. Nous voulons avoir,
à cette commission parlementaire, des renseignements sur la production.
Quelles sont les étapes nécessaires à la
réalisation de ce projet qui nous permettront de savoir le prix, le
coût au mill? Si, à l'étape un, on décidait
d'arrêter le développement hydro-électrique de la baie
James, combien cela coûterait-il? Est-ce qu'on va arrêter à
l'étape deux? Combien cela coûterait-il à l'étape
deux? Est-ce qu'on va arrêter à l'étape trois et à
quel coût en mills?
M. le Président, est-ce qu'on aura besoin d'une production de un
million de kilowatts, de cinq millions ou de dix millions? On ne le sait pas.
Les chiffres nous seront fournis à l'automne. M. le Président, on
veut savoir à cette commission parlementaire quel sera le rôle
réel, final de l'Hydro-Québec. Le premier ministre nous dit:
J'aurai des amendements à vous proposer en comité plénier.
Autrement dit: Si vous voulez être gentils là, si vous acceptez le
principe et arrêtez de poser des questions, vous aurez des
réponses qu'on a déjà préparées.
Est-ce que décemment on peut se permettre de dire: On vous fait
confiance, M. le premier ministre et on est sûr que vous avez des
réponses à tout. Notre rôle, M. le Président, est
d'obtenir les renseignements avant de voter, avant de donner notre appui. Quel
sera le calendrier pour le rythme de ces travaux autant de la
société que de ses filiales? Quelle sera cette
rentabilité? Est-ce qu'il y a des études de terminées au
complet? On nous a dit: II y a eu la commission des Richesses naturelles et on
vous a rendu compte des rapports. C'étaient des résumés de
rapport. On n'a pas voulu nous donner les rapports complets. On nous a dit
tantôt: Vous avez posé toutes vos questions, vous avez eu toutes
vos réponses à la commission des Richesses naturelles. Je me
rappelle fort bien qu'à certaines questions qu'on posait: Combien cela
va coûter? Le président de l'Hydro-Québec, sous le sceau du
secret, nous disait-il, répondait : Je ne peux pas vous le dire, je ne
peux pas dire d'avance mon coût parce que j'aurai à la vendre,
cette électricité. On ne peut pas me demander à moi de
faire connaître publiquement mes atouts. Il faut que je garde des as et
des jokers dans mon jeu de cartes. C'est donc dire qu'il y a une
quantité de questions auxquelles on n'a pas pu avoir de réponse.
Mais, à ce moment-là, il n'était pas question de
créer une société. On parlait du développement de
la baie James alors qu'aujourd'hui on parle de créer une
société.
M. le Président, jamais nous n'avons dit que nous étions
contre le projet de la baie James tel quel. Nous avons dit que le projet de la
baie James devait avoir une certaine forme de développement. C'est
sûr, personne ne peut être opposé à ça.
Personne ne peut être pour le chômage.
Mais le leader parlementaire nous dit que c'est pour créer des
emplois, 125,000 emplois, alors que les chiffres nous ont
démontré que le maximum d'emplois serait de 20,000 à
22,000 pour une période précise au milieu de l'été
et d'une façon non régulière. Où sont ces 125,000
emplois?
Il a essayé de faire croire qu'on est pour le chômage parce
qu'on n'accepte pas ces ballons qu'on nous présente. Il a essayé
de faire croire qu'on est contre le développement du Québec parce
qu'on refuse de donner à cinq dictateurs possibles, à cinq
potentats le droit de vie ou de mort sur une population qui va vivre à
l'intérieur de cette future municipalité, et aussi qu'on s'oppose
à une organisation dont on ne connaît même pas
l'étendue des pouvoirs qu'on lui donne.
M. le Président, on veut avoir une commission parlementaire pour
permettre de savoir quel sera le financement, par l'Hydro, de cette
société et de la filiale. Il faut se rappeler, M. le
Président, le cas de Brinco. Et l'on verra le sérieux des
questions qu'on veut poser à cette commission parlementaire. Il faut se
rappeler les difficultés nombreuses qu'a dû surmonter Brinco pour
financer un projet, au départ plus rentable que celui qu'on nous
présente aujourd'hui. Il y avait un site excellent, une seule centrale,
un bassin naturel ce qui n'est pas le cas aujourd'hui
l'énergie à faible coût de revient et exigeant des capitaux
de beaucoup moindre importance que ceux d'aujourd'hui, alors qu'à ce
moment-là c'était quelque chose comme $900 millions.
Même dans ces conditions optimales qu'on avait à Churchill
Falls, Brinco doit essentiellement le financement du projet à la
participation de l'Hydro-Québec. On veut savoir, M. le Président,
à cette commission parlementaire, quelle sera cette participation de
l'Hydro-Québec. A Brinco, le financement ne s'est
révélé possible qu'après la signature par l'Hydro
du "power contract", en juillet 1968. C'était l'achat en bloc de la
majeure partie de l'énergie produite, permettant au projet de
s'autofinancer à même les premières entrées de
revenus, soit $149 millions.
M. le Président, nous n'avons pas actuellement ces chiffres que
nous avons maintenant pour Brinco. Le leader parlementaire nous disait
tantôt que, pour un petit projet, le bill 8 présenté en
1965, le chef du Parti québécois avait dit: II faut vivre un an
pour le savoir. C'est vrai, pour un petit projet qui n'a pas trop d'importance.
Mais est-ce qu'on peut se permettre de voir comment ça va aller sans
être certain d'avoir certaines garanties pour un projet de $6 milliards,
pour un projet qui englobe l'énergie et les possibilités de toute
une génération? M. le Président, ce n'est pas
sérieux de faire des comparaisons de ce genre.
M. le Président, je reviens à Brinco. L'engage-
ment de l'Hydro-Québec à pourvoir sans limite la part des
fonds provenant de sources extérieures pour toute tranche
supérieure à $700 millions. Quelle sera cette relation entre
l'Hydro-Québec et la société? C'est ça qu'on veut
savoir à la commission parlementaire, M. le Président.
A ce moment-là, l'engagement de l'Hydro-Québec avait
été pris pour assumer une partie du service de la dette dans la
mesure où elle serait dans l'impossibilité Brinco
elle-même d'assumer seule le service de la dette. Le paiement par
l'Hydro était garanti aussi par des suppléments
d'intérêts, c'est-à-dire de 5 1/2 p.c. à 7 3/4 p.c,
soit environ $87 millions. Il y avait une rentabilité, d'abord, M. le
Président. La garantie aussi de l'Hydro-Québec sur les fonds
empruntés en première hypothèque. On veut savoir, M. le
Président, à la commission parlementaire s'il y a encore des
garanties de cette envergure que l'Hydro-Québec devrait faire, alors que
l'Hydro-Québec est un organisme public et que cette
société sera un organisme qui aura des pouvoirs qu'on ne pourra
pas contrôler, sauf par un rapport au premier ministre, qui pourra nous
le soumettre en temps et lieu, à l'Assemblée nationale, une fois
que le tout aura été réglé.
M. le Président, dans la mesure où l'expérience de
Brinco pourrait s'appliquer au projet de la baie James, il devient
évident que l'Hydro-Québec devra jouer un rôle de premier
plan dans le financement du projet. M. le Président, une autre preuve de
l'importance de la motion présentée par le député
de Maisonneuve: une lettre était envoyée dernièrement au
premier ministre Robert Bourassa par la Fédération des
ingénieurs et cadres du Québec qui réclamait, comme
conclusion de ce qui vient de se dire, la convocation de la commission
parlementaire pour être entendue.
M. le Président, voici ce que cette lettre disait: "Le projet du
gouvernement québécois de confier le développement de la
baie James à une régie gouvernementale dont serait
écartée l'Hydro-Québec nous apparaît dangereux et
nous laisse perplexes quant aux motifs véritables qui sous-tendent cette
décision imminente que la Presse du 24 avril nous annonçait en
primeur."
M. le Président, on ajoute: "L'Hydro-Québec est
actuellement la seule entreprise québécoise qui puisse
entreprendre des travaux de cette envergure et les mener à bonne fin.
Elle l'a prouvé dans le passé, dans la réalisation du
complexe Manic-Outardes. Les cadres, ingénieurs et techniciens qui
étaient sur la réalisation de ces ouvrages sont toujours en place
et, grâce à l'expérience acquise, sont plus en mesure que
quiconque d'assurer un développement rationnel et économique des
ressources hydroélectriques de la baie James."
Voilà des affirmations, M. le Président, que nous
aimerions pouvoir élaborer. Ce sont des explications que nous aimerions
pouvoir agran- dir, que nous aimerions obtenir en commission parlementaire,
nous aimerions obtenir des renseignements supplémentaires sur ces
possibilités. "L'Hydro-Québec a entrepris des études sur
le développement des rivières de la baie James il y a une dizaine
d'années et les poursuit de façon intensive depuis cinq ans. Ces
ingénieurs et techniciens sont les seuls à posséder une
connaissance approfondie du dossier et du terrain sur lequel devront être
implantés les ouvrages."
M. le Président, à la commission parlementaire, nous
aimerions pouvoir poser des questions à ces techniciens, à ces
ingénieurs qui ont fait des travaux. "Ces études sont
entrées dans leur phase finale et doivent permettre, à courte
échéance, de dégager la solution optimale quant au
développement de ce réseau très complexe de
rivières."
On poursuit, M. le Président: "II est évident que dans ce
contexte, une régie gouvernementale nouvellement créée
serait complètement dépassée par l'ampleur de la
tâche à accomplir et elle devrait s'occuper de compléter
les études et de diriger les travaux de construction."
M. le Président, nous aimerions savoir, à cette commission
parlementaire, quelles sont les autres études qui devraient être
complétées. "Pour finaliser les études et diriger les
travaux, elle devrait forcément faire appel à des compagnies de
génie conseil qui, à leur tour, devraient forcément aller
chercher leurs renseignements où? A l'Hydro-Québec, puisque c'est
cette dernière qui a effectué les recherches et même les
études à ce jour."
M. le Président, la lettre continuait: "Si nos renseignements
sont exacts, il appert que le gouvernement du Québec aurait
été impressionné par les promesses de réalisation
rapide des ouvrages du complexe de la baie James faites par certaines
compagnies de génie conseil. Les dirigeants de ces compagnies ont
l'imagination fertile lorsqu'il s'agit de poursuivre des contrats aussi
plantureux que ceux qui seraient accordés par ce complexe. Ils versent
alors dans un optimisme irréaliste."
M. le Président, nous aimerions, à cette commission
parlementaire, pouvoir aller plus loin dans ces avancés.
La lettre continue: "Nous partageons par ailleurs le désir du
gouvernement du Québec de planifier le développement des
richesses naturelles de cette région. A cet égard, nous
soumettons les recommandations suivantes: "Premièrement, que le
harnachement des ressources hydrauliques de la baie James soit confié
à l'Hydro-Québec; "Deuxièmement, que les droits
d'exploration et d'exploitation minières sur ce territoire soient
réservés à Soquem; "Troisièmement, que les droits
d'exploitation des richesses forestières soient réservés
à Rexfor."
Nous aimerions, M. le Président, demander à cette
commission parlementaire les motifs qui poussent cet organisme, la
Fédération des ingénieurs et cadres du Québec,
à obtenir cette demande. Pour quelle raison désire-t-on obtenir
ces recommandations?
On demande aussi: "Qu'un comité de coordination et de
planification soit établi par ces trois entreprises non pas des
filiales et le gouvernement du Québec afin d'assurer un
développement ordonné dans cette région."
Voici, M. le Président, les conclusions de cette lettre qui
arrivent justement à point pour prouver le besoin de convoquer cette
commission parlementaire: "Les décisions qu'a prises ou que prendra
prochainement le gouvernement du Québec concernant le
développement de la baie James sont d'une importance capitale pour le
développement économique du Québec au cours des prochaines
décennies. Pour cette raison, nous demandons que toute la question du
développement des richesses naturelles de la baie James soit soumise
pour étude à une commission permanente.
Eux demandent la convocation de la commission des Richesses naturelles,
nous avons demandé celle de la présidence du conseil afin que
tous les intéressés puissent nous soumettre leur point de vue.
Notre proposition va plus loin parce que nous savons que nous pourrons entendre
plus de personnes à cette commission qu'à celle qui est
proposée ici.
J'aimerais faire remarquer un point qui confirme la proposition du
député de Maisonneuve de convoquer cette commission
parlementaire. Il y a un point très important qui n'a pas tellement
été touché. J'en ai parlé déjà une
fois, dans les arguments fournis. Jusqu'à maintenant, la politique
d'achat de l'Hydro-Québec a été une politique
réellement québécoise, et nous aimerions qu'à cette
commission parlementaire nous puissions nous assurer que cette
société poursuivra, parce que ce n'est indiqué nulle part,
la même politique d'achat québécoise que
l'Hydro-Québec a poursuivie, et je cite quelques chiffres.
M. SAINT-PIERRE: J'invoque le règlement, M. le Président,
pourrions-nous rappeler au député de s'en tenir exactement au
sens de la motion? On nous parle de la politique d'achat; Nous pourrons en
parler lorsque nous serons en comité, que nous étudierons le
projet article par article. Je trouve que ce n'est pas une disposition qui se
met dans un texte de loi, mais sûrement qu'on peut avoir les garanties de
la société de la même façon.
M. LEGER: M. le Président, ce n'est pas un rappel au
règlement et je tiens à dire au ministre...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, il y a une motion.
M. LEGER: ... qui est peut-être impatient, que je n'enfreins pas
le règlement...
M. SAINT-PIERRE: J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. LEGER: ... La politique d'achat de cette nouvelle
société, nous aimerions la connaître. Nous sommes
très heureux de remarquer que 83 p.c. des achats de
l'Hydro-Québec à ce jour, ont été faits au
Québec chez des compagnies québécoises. Ce sont...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'invoque le
règlement...
M. LEGER: ... ces questions-là que nous aimerions poser à
la commission parlementaire. Une des raisons, c'est cette politique d'achat qui
est une chose essentielle au Québec, et je cite des chiffres:
l'Hydro-Québec a placé des commandes, en 1970, pour $250 millions
comme suit chez des fournisseurs québécois.
M. SAINT-PIERRE: A l'ordre, M. le Président, nous ne voulons pas
avoir le bilan financier de l'Hydro-Québec, nous voulons avoir les
raisons...
M. LE PRESIDENT (Blank): A l'ordre! Je pense que cet argument peut
être une question de privilège, on a raison, vous allez
peut-être trop loin, je vous demande lors de cette commission que vous
voulez faire convoquer, à qui désirez-vous poser cette question,
la régie n'est pas formée.
M. LEGER: M. le Président, lors de la convocation de cette
commission parlementaire, je poserais la question à
l'Hydro-Québec pour savoir quel contrôle elle aura sur la filiale.
Obligera-t-elle la filiale à suivre la même politique?
L'Hydro-Québec qui est au courant de la façon que ça
fonctionne chez elle, aura-t-elle les pouvoirs de convaincre la filiale de le
faire étant donné que la société sera
indépendante? Ce sont des questions que nous voulons poser au ministre
à ce moment-là mais avant d'approuver le projet de loi, et de
l'étudier article par article.
M. SAINT-PIERRE: Le député me permet-il une question? La
filiale a trois directeurs sur cinq qui sont de l'Hydro-Québec. Si
l'Hydro-Québec a jugé jusqu'à présent d'avoir une
politique d'achat favorisant les institutions québécoises,
sûrement que ces trois personnes qui détiendront le pouvoir
demanderont les mêmes politiques.
M. LEGER: M. le Président, je tiens à vous faire remarquer
que le ministre m'a donné une réponse, il n'a pas posé de
question.
M. SAINT-PIERRE: Cela me semble telle-
ment évident que je ne vois pas pourquoi vous voulez poser des
questions.
DES VOIX: Règlement!
M. LEGER: M. le Président, le seul point du règlement que
pouvait invoquer le ministre c'était de me poser une question et il me
donne une réponse. Je ne la lui ai pas demandée; je le sais que
l'Hydro-Québec sera représentée par trois personnes
à la filiale, mais ça ne veut pas dire qu'elles pourront obliger
cette filiale à agir de cette façon-là étant
donné que la société mère est elle-même
responsable de la filiale.
M. SAINT-PIERRE: Puis-je poser une question au député?
M. LEGER: M. le Président, il ne me reste que trois minutes.
M. SAINT-PIERRE: Le député a-t-il siégé
à un conseil d'administration, et peut-il me dire si les trois
administrateurs de l'Hydro-Québec sur cinq n'auront pas un pouvoir de
décision?
M. LEGER: Alors, pourquoi y a-t-il une régie?
M. SAINT-PIERRE: C'est la filiale qui fait le développement
hydro-électrique, lisez votre texte de loi.
M. LEGER: M. le Président, la motion est claire, nous voulons
qu'on convoque la commission parlementaire pour pouvoir poser des questions,
des questions dans des ordres d'idées différents et importantes.
Alors, quand je commence à dire quelle sorte de questions on veut poser,
c'est pour donner un appui, de la force à cette motion. Il y a tellement
de questions à poser et je n'en ai énuméré
qu'une partie que c'est pour prouver, justement, que cette commission
parlementaire devrait être convoquée, il y a trop de points
obscurs. Si le ministre veut répondre aujourd'hui à toutes ces
questions-là, je suis d'accord, mais jusqu'à maintenant, on nous
a dit qu'on ne voulait pas nous donner de réponse.
Il y a beaucoup d'autres questions qui devraient être
posées à cette commission parlementaire. Vous avez un autre point
important qui n'a pas fait l'objet d'étude et jusqu'à maintenant,
personne n'a semblé répondre.
On donne, à l'occasion du bill 50, un mandat à la
Société de développement: "La société doit
veiller à la protection du milieu naturel et prévenir la
pollution dans le territoire". Cela veut dire quoi? Quelles sortes de moyens
a-t-elle? Sur quelles normes va-t-elle se baser pour pouvoir réellement
réaliser les objectifs que le bill 50 donne à la
Société de développement?
M. le Président, je disais justement les conséquences de
ce manque de normes. Parmi les questions qu'on voudrait poser à cette
commission parlementaire... il y a un article dans le projet de loi qui abolit
la juridiction de la Régie des eaux dans ses territoires et,
jusqu'à maintenant, rien ne nous dit quelles seront les normes que cette
Société de développement utilisera pour permettre
justement de résoudre le problème de la pollution. On ne sait
plus quelles normes seront considérées comme adéquates par
la société. Est-ce qu'elle va être obligée de
prendre les mêmes normes que l'Hydro-Québec et, à ce
moment-là, faire face à un dédoublement de services, un
dédoublement de laboratoires, etc.
M. le Président, je parlais d'un problème de
déplacement du milieu, d'écologie. La Société de
développement aura comme filiale aussi une autre société
avec Soquip et aussi concernant le développement de la forêt,
Rexfor et elles auront à découper une partie importante de
forêt dans ce territoire. Qu'est-ce qui peut arriver quand il y a une
réduction gigantesque de forêts? On le sait, les forêts
fournissent l'oxygène nécessaire à la vie sur terre.
M. le Président, vous êtes sans doute au courant qu'il y a
des conséquences qui peuvent résulter d'un projet de cette
envergure-là. Je le citais, la dernière fois, je ne veux pas
revenir avec l'exemple des sardines, mais je veux donner un exemple de
conséquences imprévues. On veut savoir si, à cette
commission parlementaire, il y aura quelqu'un qui pourra nous dire que l'on a
fait des études sur les conséquences d'un déplacement
gigantesque d'arbres, d'une inondation d'un territoire énorme, par le
fait qu'on va bâtir un barrage. Est-ce qu'on a fait des études sur
les conséquences, seulement un petit paragraphe, d'une
conséquence, qu'on ne peut pas prévoir s'il n'y a pas
d'études de faites? ...
Alors la conséquence est peut-être un peu drôle. Je
lisais ici dans l'Express un exemple qui n'a aucun rapport avec la baie James,
mais qui donne comme analogie une conséquence imprévue. On dit,
si vous tuez des aigles, vous risquez de vous retrouver avec une invasion de
sauterelles; ç'a l'air qu'il n'y a aucun rapport. Bien, voici le rapport
qu'il y a. Les aigles empêchent en effet des lézards de
proliférer, et vous savez fort bien, quand les lézards
prolifèrent, les grenouilles, dont ils se nourrissent, deviennent rares.
Alors, quand il n'y a pas assez de grenouilles, les sauterelles augmentent.
Alors voyez-vous on va permettre...
M. SAINT-PIERRE: Peut-être bien que dans la baie James...
M. LEGER: ...et les conséquences: on voit une
épidémie de sauterelles. Voilà les conséquences
qu'il peut y avoir dans un projet où les études ont
été faites d'une façon superficielle.
M. BIENVENUE: II n'y a pas de sauterelles dans la baie James.
M. LEGER: Tout ça, tout simplement, avant de terminer, pour vous
montrer jusqu'à quel point...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demanderais aux honorables
députés du Parti québécois de laisser parler leur
confrère.
M. CHARRON: Ce n'est pas un "filibuster", M. le Président.
M. LEGER: M. le Président, la seule raison pour laquelle
j'évoque ces différentes conséquences, c'est pour prouver
jusqu'à quel point nous avons besoin de renseignements au niveau du
coût de l'Hydro-Québec, au niveau du coût de la production
de la Société de développement de la baie James, au niveau
des calendriers, du rythme des travaux qu'on ne connaît pas, de la
rentabilité, le problème de financement, le
problème...
UNE VOIX: Des sauterelles.
M. LEGER: ...des politiques d'achat, le problème de la pollution,
le problème de l'écologie que je viens de citer, le
problème d'exportation, le problème des forêts et des
mines, etc. Ce que nous voulons, ce sont des réponses et pour obtenir
des réponses... nous voulons ces réponses avant de donner notre
appui à un projet de loi de cette envergure et je suis convaincu que
nous serions réellement mal placés devant tous les
électeurs de nos comtés... Avant-hier, nous représentions,
les trois partis de l'Opposition, 55 p.c. de la population du Québec;
maintenant, nous représentons peut-être...
DES VOIX: Mais non.
M. LEGER: ...à peu près 46 p.c, parce qu'il y en a qui ont
changé d'idée. Mais, à ce moment-là, nous ne
pouvons pas honnêtement donner notre appui à un projet de loi
quand il y a tellement de points d'interrogation pour lesquels nous n'avons pas
eu les réponses dont nous avons besoin pour, après cela, nous
permettre de dire: Nous pouvons appuyer un projet qui sera pour le plus grand
bien de la province de Québec.
M. SAINT-PIERRE: C'est triste.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. LESSARD: M. le Président, devant l'entêtement de nos
collègues d'en face, je me vois aussi obligé...
M. SAINT-PIERRE: II faut parler d'entêtement, oui.
M. LESSARD: ... de venir appuyer forte- ment la motion de mon
collègue, le député de Maisonneuve. Cette motion
m'apparaît sensée, régulière, normale et absolument
nécessaire. Si nous avions eu toutes les réponses aux questions
que nous avons posées depuis le début de ce débat, nous
n'aurions pas besoin de demander que cette commission puisse siéger.
Vous me permettrez, M. le Président, de prendre à
témoin, au sujet des réponses que nous avons reçues des
ministres, un journaliste qui n'est certainement pas, à ce qu'il me
semble, membre du Parti québécois et qui est reconnu ici comme
assez compétent. En effet, dans le Soleil d'aujourd'hui, M. Normand
Girard écrit ce qui suit: "II est bien beau de dire que "les Oppositions
sont contre la création des nouveaux emplois", comme le gouvernement
s'est contenté de dire. Mais, ne serait-il pas plus rationnel et plus
propice à une bonne compréhension des choses si le gouvernement,
au lieu de demander à son ministre des Finances, M. Raymond Garneau, de
prononcer un discours politique, lui avait demandé de répondre
aux interrogations d'ordre général et technique, à la
fois, que l'on se pose. Cela n'a pas été fait. C'est le
problème du gouvernement Bourassa. Il n'appartient pas aux observateurs
ou aux journalistes de le résoudre."
M. le Président, il nous appartient, à nous, d'insister
pour obtenir toutes les réponses à nos questions. Nous jugeons
qu'il est absolument nécessaire de faire siéger la commission de
la présidence du conseil, parce que trop de questions se posent
auxquelles on n'a pas répondu, parce que ce projet est trop important
pour qu'on laisse le gouvernement actuel aller à l'aventure et parce
qu'il y a trop de gens qui continuent de s'interroger. On dirait qu'il n'y a
que le gouvernement actuel qui a le pas. Actuellement, nous sommes deux
Oppositions, qui représentent 44 p.c. de la population, qui se posent
des questions normales, des questions logiques qui exigent des
réponses.
M. BOSSE: Votre pourcentage diminue à vue d'oeil.
M. LESSARD: II y a aussi, derrière le Parlement, en dehors du
Parlement, des gens sensés, des gens responsables, des gens normaux qui,
eux aussi, demandent au gouvernement de surseoir, pendant une période de
temps limitée, à ce projet parce que nous n'avons pas
réponse à toutes les questions. Il semble et nous l'avons
dit que ce n'est pas parce que nous allons surseoir à ce projet
pendant une période de six mois que nous allons nécessairement
mettre le projet à l'eau. Il ne s'agit pas, en convoquant la commission
de la présidence du conseil, de s'opposer au projet de la baie James. Il
ne s'agit pas de s'opposer au développement économique du
Québec; il ne s'agit pas de s'opposer à la lutte contre le
chômage. Au contraire, s'il y a un parti qui, jusqu'ici en cette Chambre,
a poussé le gouvernement actuel à élaborer des projets
pour résoudre le problème
du chômage, c'est bien nous, du Parti québécois.
M. BOSSE: Dans l'espoir qu'on ne trouve pas de solution.
M. LESSARD: M. le Président, il y a ici des questions
fondamentales. Simplement les circonstances dans lesquelles ce projet-là
a été lancé nous amènent, nous, et la population,
à nous poser quantité de questions.
D'autant plus, et contrairement à ce qu'on a dit, que ce n'est
que pendant deux jours seulement que nous avons pu interroger les experts. Deux
jours seulement pour un projet de six milliards et demi, en ne parlant pas de
tous les autres investissements qui seront nécessaires: investissements
dans les forêts, dans les mines, dans le tourisme. C'est un projet de six
milliards et demi et, quand il s'agit d'autres projets de loi, le gouvernement
actuel n'hésite pas à accepter d'aller devant une commission
parlementaire.
M. le Président, simplement pour vous montrer combien les
questions que nous avons à poser à la commission de la
présidence du conseil sont importantes, je voudrais à nouveau
prendre à témoin un ancien employé de
l'Hydro-Québec qui, en 1968, était interrogé à la
Commission hydro-électrique du Québec sur le projet que nous
discutons aujourd'hui.
Il était interrogé par M. Flamand, qui disait ceci: "Sur
la Nottaway, la Broadback, la Rupert, est-ce que vous êtes plus
avancés dans vos travaux? " Réponse de M. Baribault, qui
était directeur du génie: "Nous avons fait des études
assez complètes sur ces rivières." M. Flamand: "Assez
complètes. Maintenant, je ne sais pas si vous pouvez me répondre
à ce stade-ci. Envisagez-vous de faire des travaux sur les
rivières Nottaway, Broadback et Rupert? Est-ce que vous envisageriez
continuait M. Flamand de faire d'abord des travaux sur des
rivières aménagées complètement ou si vous projetez
des travaux qui pourraient se faire concurremment sur les trois
rivières? Je vous pose la question parce qu'il y a des problèmes
de dénivellation de terrain." On demande au gouvernement libéral
actuel, et même aux députés libéraux actuels,
d'avoir un peu, et de le montrer, le sens des responsabilités. Il s'agit
d'engager un projet qui nécessite beaucoup...
M. BOSSE: Vos électeurs!
M. LESSARD: ... d'investissements, un projet qui, on l'a dit et
répété, demande la participation collective de tous les
Québécois. Il ne s'agit pas de s'opposer, de créer la
désunion. Il me semble que, si le gouvernement avait voulu, il aurait,
comme le voulait le ministre des Affaires culturelles, créé un
véritable projet collectif de tous les Québécois. A cause
de son acharnement, à cause des cachettes qu'il fait actuellement, le
gouvernement est en train de détruire cet immense projet.
Voici la réponse de M. Baribault, au sujet du projet de la baie
James...
M. MAILLOUX: En 1968, cela?
M. LESSARD: Oui, M. le Président, et la région demeure la
même. C'est toujours la même chose, M. le Président; les
rivières sont encore là, le sol est encore là, c'est
toujours le même sol...
M. MAILLOUX: II y a trois ans qu'ils ont arrêté
l'étude?
M. LESSARD: "Toute cette région de la province a une topographie
très peu favorable à des aménagements
hydro-électriques. Nous avons examiné les trois rivières
Nottaway, Broadback et Rupert. Nous avons fait des études très
débaillées et nous avons constaté qu'il était
à peu près impossible d'aménager la rivière
Nottaway parce que le terrain ne s'y prête pas. La Broadback aurait pu
être aménagée avec assez de difficultés, mais la
rivière Rupert semblait la rivière la plus favorable. Nous avons
étudié différents types d'aménagement dont l'un
entre autres comporterait un détournement d'une partie des bassins de la
Nottaway et de la Broadback dans la Rupert et finalement l'aménagement
de centrales sur la rivière Rupert."
Voilà, M. le Président, un expert qui lui-même
s'interroge sur le problème d'aménagement de l'ensemble de ce
projet. Nous, M. le Président, disons que le principe a
été accepté. Le principe de la baie James a
été accepté, mais ce que nous voulons, M. le
Président, c'est simplement pouvoir questionner les experts, questionner
les gens qui en l'espace de trois mois, par exemple, sont allés fouiller
dans les dossiers de l'Hydro-Québec pour préparer un rapport,
à partir des dossiers de l'Hydro-Québec; en trois mois, on a
préparé un rapport. Ces gens-là n'ont pas
été entendus, M. le Président, à la commission des
Richesses naturelles. Devant les nombreuses contradictions qui se
soulèvent lorsque nous prenons connaissance de ces rapports, nous ne
pouvons que continuer à nous poser des questions. Nous savons comment on
s'est organisé pour que les chiffres soient semblables, dans quelle
réunion secrète, par exemple, on s'est organisé pour
pouvoir rendre des chiffres pareils entre l'Hydro-Québec, ABBDL et la
firme Rousseau-Warren...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'invoque le règlement.
Ce que vient d'affirmer le député est complètement faux,
on l'a même dit à la commission parlementaire.
M. BURNS: M. le Président, qu'est-ce que c'est, ces
affaires-là?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne peux pas permettre...
M. SAINT-PIERRE: On nous donne des choses complètement
fausses.
M. LE PRESIDENT: ... le député de Saguenay.
M. LESSARD : M. le Président, nous demandons qu'une commission
puisse siéger, que la commission de la présidence de
l'Exécutif puisse siéger. Pourquoi? Parce que la commission a des
pouvoirs que nous n'avons pas, nous, de l'Assemblée nationale. Parce que
la commission a autorité pour délibérer et
s'enquérir de toutes les affaires et de toutes les matières que
la Chambre lui aura envoyées ou qui sont de sa compétence, pour
faire de temps à autre des rapports exprimant ses observations et ses
vues sur ces affaires et ces matières et pour envoyer chercher les
personnes, les pièces et les dossiers dont elle aura besoin. Pourquoi,
M. le Président, le gouvernement actuel s'oppose-t-il tant à la
convocation de cette commission? Pourquoi, M. le Président, alors que
nous n'avons pas reçu actuellement de réponses aux questions que
nous avons posées? Parce que, tout simplement, et c'est là la
réponse, le gouvernement a certaines choses à cacher? Qu'est-ce
que le gouvernement veut cacher? La population a le droit de le savoir.
M. SAINT-PIERRE: On va vous cacher bien vite, vous.
M. LESSARD: C'est le plus grand projet collectif que nous ayons à
aménager. M. le Président, il est important que nous ayons la
possibilité d'interroger les témoins que la commission
jugera...
DES VOIX: Debout.
M. LESSARD: Oui, debout les libéraux et réveillez-vous
avant qu'il ne soit trop tard et que l'Hydro-Québec ne soit
complètement à terre! Debout, bande d'endormis! Et, M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LESSARD: ... vous n'êtes pas écoeurés de moisir
dans ce parti-là?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La motion!
M. LESSARD: M. le Président, je reviens à la motion pour
féliciter de sa perspicacité, de sa sagesse, de sa connaissance,
même, mon collègue, le député de Maisonneuve. Il a
jugé que c'était la commission de la présidence du conseil
qui devait siéger. On aurait bien pu le demander à la commission
des Richesses naturelles parce qu'il y a des mines là-dedans, des mines
à développer, des ressources naturelles à
développer. On aurait bien pu demander que cette commission-là
siège. Non, l'expérience pratique de notre député,
de notre collègue, M. le Président, nous a démontré
que c'était cette commission qui devait siéger. On aurait
même pu demander à la commission du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche comment, par exemple, on va chasser les mouches noires dans
cette région. Est-ce qu'on va utiliser du DDT? Non, c'est
défendu.
M. VINCENT: Non, mais ils sont exemptés de ces lois.
M. LESSARD: Ah! C'est vrai, eux autres, ils ne sont pas soumis aux lois.
C'est une régie complètement dictatoriale, M. le
Président.
M. LAVOIE (Wolfe): Le 6-12.
M. LESSARD: ... c'est-à-dire que le gouvernement actuel
s'apercevant qu'il n'est même plus capable de gouverner donne tous ses
pouvoirs à cette régie sur un sixième du territoire. Mais,
M. le Président, et je reviens à la motion, nous avons
demandé que ce soit spécifiquement la commission de la
présidence du conseil qui étudie ce problème. Pourquoi, M.
le Président? Parce que c'est justement à cette commission que
nous pouvons interroger tous les experts du gouvernement qui sont responsables
de l'Office de planification du Québec. En effet, M. le
Président, l'une des raisons qu'on a données pour élaborer
ce projet a été de dire qu'il fallait coordonner
l'aménagement de l'ensemble des ressources de cette région.
Mais, est-ce qu'on en a besoin de cette régie? Tout à
l'heure, le ministre de l'Education, qui est devenu, devant le silence du
ministre des Richesses naturelles, le véritable ministre des Richesses
naturelles, disait à mon collègue de Lafontaine: Mais, quoi,
c'est l'Hydro-Québec, puisqu'il y a trois administrateurs de
l'Hydro-Québec qui vont siéger à cette régie. C'est
la même chose que l'Hydro-Québec.
M. le Président, si c'est la même chose que
l'Hydro-Québec, pourquoi créer une autre Hydro-Québec?
Vous venez d'annuler tout ce que vous avez dit...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M.LESSARD: ... depuis le début. M. le Président, nous
n'avons pas du tout besoin de ce projet et c'est sur ça que nous voulons
particulièrement poser des questions. Parce que l'Office de
planification du Québec, qui a été créé
justement pour coordonner d'une façon intégrale le
développement économique du Québec, pour élaborer
au Québec la planification économique, a tous les pouvoirs
nécessaires pour coordonner l'ensemble de ces travaux.
M. le Président, est-ce que les responsables et les experts de
l'Office de planification du Québec ont été
interrogés sur ce projet? Est-ce que les experts, tel que cela leur est
demandé, tel que cela leur est permis par la Loi de l'Office
de planification du Québec et par leurs fonctions, ont eu, par
exemple, à préparer, pour le compte du gouvernement, des plans,
des programmes et des projets de développement économique et
social et d'aménagement du territoire, spécifiquement du
territoire de la baie James mon collègue de Saint-Jacques est
d'accord avec moi en vue de la meilleure utilisation des ressources
économiques et humaines?
Il y a un intelligent qui vient de m'envoyer quelque chose. Je trouve,
M. le Président, que ça n'en vaut pas la peine de reprendre.
C'est le député de Montcalm qui a soulevé cette
question de l'utilisation des ressources humaines de ce territoire. Il faudra
tenir compte des particularités des régions du Québec et
ceci est important, parce que tout le développement économique de
la baie James va avoir des conséquences énormes sur l'ensemble
des autres régions du Québec, en particulier, lorsqu'il s'agira,
par exemple, de développer les ressources forestières.
Là, on se pose des questions. Qu'est-ce qu'on va faire avec ce
bois? Je comprends que le député de Matapédia règle
tout ça, comme ça, ces affaires-là, en disant: On va le
vendre. Mais, justement, on sait ce qui est arrivé, chez nous, avec
l'Office de récupération du bois de la Manicouagan. Nous savons,
nous, comment ça s'est passé, ça. Est-ce que ce n'est pas
exactement ce qu'on veut faire?
M. ARSENAULT: M. le Président, sur un point d'ordre. L'Office de
récupération du bois de la Manicouagan a donné
au-delà de $100 millions en salaires aux ouvriers forestiers de la
Gaspésie et de la Côte-Nord, et il a soldé son budget par
un surplus d'au-delà de $20 millions qu'il a versés aux coffres
de la province.
M. LESSARD: On pourrait poser des questions, M. le Président:
Combien ça a donné au député et combien ça a
donné à Joncas? Combien en patronage, M. le Président?
Alors, est-ce que l'Office de planification a été consulté
dans l'aménagement intégral de ce territoire? C'est important,
c'est fait pour cela, cet office-là. On a créé cet office
explicitement dans ce but. L'office, M. le Président, a même tous
les pouvoirs d'obtenir vous êtes d'accord, M. le Président
toutes les informations nécessaires de tous les ministères
concernant l'aménagement de toutes les ressources.
On n'a pas besoin de régies d'Etat pour cela. Nous avons un
organisme qui coiffera l'ensemble des organismes que nous avons
déjà. Il faut savoir de la commission parlementaire, M. le
Président, qui devrait siéger si cet office a
véritablement le pouvoir nécessaire. Or, la loi nous dit que oui.
Il faut savoir si cet office a été consulté. Est-ce que,
par exemple, cet office a eu à exécuter ou à faire
exécuter, même parce que c'est dans son mandat, c'est dans ses
pouvoirs, pour les fins prévues aux paragraphes a) et b) que je viens de
lire, des recherches, études, enquêtes et inventaires? Est-ce que
cet office, M. le Président, a consulté les dossiers de
l'Hydro-Québec, a consulté les dossiers cachés de
A.B.B.D.L et Warren et Rousseau?
Nous voulons aussi savoir, M. le Président, quelles sont les
relations entre le gouvernement actuel et la Société Acres
Québec, succursale d'Acres Toronto et le ministre de l'Education, M. le
Président...
DES VOIX: Vote!
M. LESSARD: M. le Président, est-ce que l'office aura à
coordonner les recherches qui ont été faites par l'ensemble des
experts, à coordonner les recherches, les études, les
enquêtes et inventaires qui sont faits, soit par les experts, soit par
l'Hydro-Québec, soit par les ministères du gouvernement? Il me
semble, M. le Président, que nous avons un instrument, qui a tous les
pouvoirs nécessaires pour coordonner toutes ces études. Il s'agit
de l'Office de planification économique du Québec en vue du
développement intégral du territoire.
M. le Président, on ne se sert pas de cela. Que fera-t-on, M. le
Président, avec les instruments qu'on a déjà? Faites donc
comme d'habitude, si vous ne voulez pas vous renseigner, sortez donc!
UNE VOIX: Personne ne comprend.
M. BOSSE: Lisez le texte et cela fera quand même.
UNE VOIX: D'ailleurs, cela revient au même. Vous ne comprenez pas
non plus !
M. LACROIX: Cela ferait dur!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. LESSARD: II n'est pas pire ce soir! Il est moins infirme qu'il
l'était, M. le Président. Il se lève.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
UNE VOIX: II est aussi malade qu'avant, par exemple !
M. LESSARD: Cela, ça ne se guérit pas!
M. le Président, est-ce que l'Office de planification
économique du Québec a fait des recommandations au gouvernement
sur ces questions spécifiques d'aménagement du territoire de la
baie James? C'est important. Ces gens-là, on les a placés pour
cela. Est-ce que le gouvernement actuel n'aurait plus confiance à ces
experts qu'il a nommés dans ces régies, qu'il a nommés en
1960, 1962 et 1966, et ensuite d'autres experts qui ont été
nommés par le gouvernement de l'Union Nationale?
Mais, M. le Président, nous avons quand
même un gouvernement que nous pouvons contrôler sans donner
tout simplement les pouvoirs gouvernementaux à une régie d'Etat
qui n'a pratiquement aucune responsabilité devant l'opinion
publique.
M. LE PRESIDENT: La motion!
M. LESSARD: M. le Président, j'y reviens. Il faut aller en
commission parlementaire. Seule la commission de la présidence du
conseil, M. le Président, nous permettra de poser ces questions d'une
façon franche, honnête, sereine, non partisane parce que nous ne
voulons pas, nous, ici, créer de la désunion à
l'intérieur du peuple du Québec au sujet d'un projet aussi
important. Nous voulons créer "l'union nationale" de tous les...
M. SAINT-PIERRE: Vous pouvez bien rire!
M. LACROIX: II s'est présenté candidat à la
convention libérale. Comme ils n'en ont pas voulu, il est allé
à la seule place où il pouvait aller, chez le PQ.
M. LESSARD: M. le Président, cela fait deux fois que le
député des Iles-de-la-Madeleine...
M. LACROIX: Là, il m'ouvre une porte, M. le Président,
j'ai le droit de l'utiliser. Je soulève une question de
privilège!
M. LESSARD: Cela fait deux fois, M. le Président, que le
député des Iles-de-la-Madeleine m'accuse d'avoir
été libéral. Je l'ai été, M. le
Président.
UNE VOIX: II a le droit.
M. LAFRANCE: Une chance que vous ne l'êtes pas resté.
M. LESSARD: Je l'ai été. J'ai le droit. Je l'ai
été jusqu'en 1961. J'ai été assez intelligent, M.
le Président, pour m'apercevoir que cela ne fonctionnait plus
là-dedans, qu'il fallait aller ailleurs, aller plus loin, créer
quelque chose.
Ce n'est pas une honte que d'avoir été
député libéral contrairement à ce qu'a
laissé entendre le député des Iles-de-la-Madeleine.
M. LAFRANCE: A l'ordre!
M. LESSARD: A tout péché miséricorde.
UNE VOIX: Vous êtes loin, par exemple.
M. PILOTE: Content qu'il soit parti.
UNE VOIX: Vous aviez créé la désunion.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: ... comprendre l'intervention que le député de
Bellechasse vous a demandé de faire.
M. LESSARD: De toute façon, nous autres au moins nous faisons des
interventions sérieuses, logiques et non pas des interventions
comme...
UNE VOIX: Bouffon. Debout.
M. LESSARD: .. le député des Iles-de-la-Madeleine, qui ne
fait que lancer des invectives. Je vous l'ai dit tout à l'heure, ce
serait à vous que vous devriez dire: Debout libéraux, parce que
vous êtes en train tout simplement de laisser tomber...
M. BACON: A l'ordre!
M. LESSARD: ... l'un de nos organismes les plus importants comme levier
économique du Québec pour créer une officine de
patronage...
M. SAINT-PIERRE: Un point d'ordre, M. le Président. Pouvons-nous
demander au député de revenir à la motion? Il
s'égare constamment.
M. LESSARD: Quant à ça, M. le Président, nous
aurions pu tout à l'heure, lors du discours du leader parlementaire du
gouvernement, intervenir à maintes et maintes reprises parce qu'il
était...
M. BACON: Vous l'avez fait.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, que je ne peux que
féliciter...
M. SAINT-PIERRE: Le gouvernement de son initiative.
M. LESSARD: ... l'honorable député de Maisonneuve...
M. LACROIX: Asseyez-vous! C'est la seule chose que vous puissiez faire
intelligemment.
M. LESSARD: ... pour sa sagesse, sa perspicacité, pour son
expérience, même d'un an, mais qu'envient tous les libéraux
qui ont été élus depuis peut-être dix ans. Il n'en
reste pas beaucoup, mais il en restera moins en 1974, vous allez voir.
M. LAFRANCE: Je ne peux rien...
M. LACROIX: Quand on vous regarde, l'on s'aperçoit que le
député que vous êtes n'a pas tellement besoin de la
tête mais d'un bon siège.
M. LE PRESIDENT: II reste deux minutes à l'opinant.
M. LESSARD: Merci, M. le Président. Avez-vous tenu compte des
applaudissements de
l'autre côté, M. le Président? Parce qu'ils semblent
s'éveiller un peu.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Deux minutes de paix.
M. LESSARD: M. le Président, je dis que nous avons tous les
instruments nécessaires. Nous voulons, en faisant siéger cette
commission parlementaire, avoir la certitude qu'il s'agit, en posant des
questions aux experts, véritablement d'un projet qui sera rentable, qui
sera logique et cela dans les meilleurs intérêts et des
libéraux et des Québécois collectivement. C'est pour
ça, M. le Président...
M. LACROIX: Votre souffleur arrive.
M. LESSARD: ... que je ne peux qu'appuyer cette motion. C'est pour cela
que, tant et aussi longtemps qu'on ne fera pas siéger cette
commission-là, nous ferons une lutte à mort, farouche...
M. SHANKS: Vous êtes déjà mort.
M. LESSARD: ... contre le Parti libéral; nous irons
jusqu'à faire maison nette...
M. LACROIX: Ils n'ont jamais été vivants.
M. LESSARD: ... et nous allons le faire en 1974...
UNE VOIX: Maison neuve!
UNE VOIX: Vous ne serez même pas là.
M. LESSARD: ... pour nettoyer la maison. Mais nous espérons que
d'ici ce temps-là les libéraux auront l'intelligence, la sagesse,
la perspicacité qu'a démontrées le député de
Maisonneuve pour appuyer la motion...
M. LACROIX: Vous n'avez jamais été autre chose qu'un
foetus.
M. LESSARD: ... que nous leur tendons. C'est une chance que nous leur
donnons pour essayer de se sortir du pétrin dans lequel ils se sont
lancés le 29 avril dernier avec la Brink's et tout ce que vous voudrez.
Merci, M. le Président, et j'espère avoir convaincu mes
collègues d'en face.
DES VOIX: Vote.
M. LAURIN: M. le Président, nous demandons le vote
enregistré.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
Vote sur la motion
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Que ceux qui sont en faveur de l'amendement
proposé par le député de Maisonneuve veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Laurin, Burns, Léger, Charron,
Joron, Tremblay (Sainte-Marie), Lessard, Loubier, Paul, Vincent, Cardinal,
Tremblay (Chicoutimi), Cloutier (Montmagny), Lavoie (Wolfe), Simard
(Témiscouata).
M. LE PRESIDENT: Que celle et ceux qui sont contre cet amendement
veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Hardy, Garneau, Mme
Kirkland-Casgrain, MM. Parent, Harvey (Jonquière), Simard (Richelieu),
Quenneville, Cloutier (Ahuntsic), Tetley, Drummond, Saint-Pierre, Lacroix,
Massé (Arthabaska), Cournoyer, Goldbloom, Vaillancourt, Mailloux,
Cadieux, Arsenault, Houde (Fabre), Bienvenue, Perreault, Brown, Blank, Brisson,
Séguin, Saint-Germain, Kennedy, Picard, Pearson, Leduc, Assad, Bacon,
Berthiaume, Bossé, Caron, Carpentier, Cornellier, Dionne, Faucher,
Giasson, Harvey (Chauveau), Houde (Limoilou), Lafrance, Lamontagne,
Larivière, Marchand, Ostiguy, Pelletier, Pépin, Phaneuf, Pilote,
Shanks, Veilleux, Samson, Dumont, Roy (Beauce), Drolet, Tetrault, Audet,
Guay.
Pour: 15 Contre 63.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît ! La motion
d'amendement est rejetée. La motion principale est-elle
adoptée?
M. LEVESQUE: Adopté.
M. LOUBIER: Non, un instant.
M. PAUL: M. le Président, avec plaisir.
M. BURNS: M. le Président, adopté.
M. LE PRESIDENT: Vote renversé. Motion principale, sur division,
vote renversé.
M. PAUL: II n'y en a pas, M. le Président. M. VINCENT: II n'y en
a pas. M. LE PRESIDENT: Pardon? M. PAUL: II n'y en a pas.
M. LE PRESIDENT: II y a une motion principale devant la Chambre.
M. PAUL: Voici, M. le Président, la demande est à l'effet
que le comité plénier soit formé. H n'y a pas de motion
là-dessus, il n'y a pas de vote.
M. LE PRESIDENT: La motion est à l'effet que je quitte... Elle a
été faite tout à l'heure,
c'est une motion d'amendement sur cette motion-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne veut pas que vous partiez, M. le
Président.
M. LOUBIER: Soyez hardi M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La motion à l'effet que je quitte le fauteuil
est adoptée.
DES VOIX: Oui, oui.
Comité plénier
M. HARDY (président du comité plénier): A l'ordre!
Projet de loi no 50. Article 1, adopté?
M. LOUBIER: Un instant.
M. VINCENT: M. le Président...
M. BOURASSA: Un instant, s'il vous plait.
M. LACROIX: Pour une fois, vous avez un haut fonctionnaire qui n'est pas
assis entre deux chaises; il est assis entre le ministre des Finances et le
premier ministre.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): On a salué l'entrée d'un
président spolié, dépouillé!
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
M. VINCENT: Est-ce que je pourrais, M. le Président, faire la
suggestion suivante au premier ministre? Que le titre du bill 50, qui se lit:
Loi du développement de la région de la baie James, soit
changé, après avoir regardé les autres lois qui
ressemblent à celle-ci, pour Loi de la société de
développement de la région de la baie James.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Loi créant la
société.
M. VINCENT: Ou Loi créant la société de
développement de la baie James. L'un ou l'autre titre.
M. BOURASSA: Je ne vois pas ce que cela va changer.
M. VINCENT: M. le Président, cela change beaucoup. Si nous nous
référons aux statuts et que nous voulons vérifier la
législation créant cette société, il faudrait,
quand même, lire: Loi créant la société de
développement de la région de la baie James, parce qu'en
définitive c'est l'objet principal de la législation.
M. BOURASSA: Cela dépasse la création d'une
société. Il y a des filiales qui sont créées, il y
a l'aménagement.
M. LOUBIER: Pas le texte de loi.
M. PAUL: M. le Président, j'ai une suggestion de compromis
à l'endroit de l'honorable premier ministre. Je vais me
référer à l'article 231 du règlement portant sur la
divisibilité. Pourquoi ne créerions-nous pas deux lois?
UNE VOIX: Deux bills 25!
M.TREMBLAY (Chicoutimi): On est sérieux.
M.PAUL: Nous pourrions avoir une loi décrétant
l'aménagement de la baie James. Nous pourrions, ensuite, avoir la loi
créant la société de la baie James.
M. LE PRESIDENT: Je ne veux pas être désagréable
à l'endroit de l'honorable député de
Maskinongé...
M. PAUL: Vous vous y prenez mal, si vous ne voulez pas m'être
désagréable.
M. LE PRESIDENT: ... c'est, tout simplement, mon grand respect du
règlement, qui d'ailleurs, est partagé par l'honorable
député de Maskinongé. Je suis persuadé que le
député de Maskinongé lui-même, en
réfléchissant un peu à sa motion ou à sa
suggestion, se rendra compte qu'elle est hors d'ordre. Cette motion, en vertu
de l'article 231, ne peut être faite qu'en deuxième lecture,
puisque le principe du projet de loi lui-même est déjà
adopté en deuxième lecture. Je ne peux pas voir comment on peut
le diviser...
M. LOUBIER: Attendez, il va vous le dire.
M. LE PRESIDENT: ... en vertu de l'article 231. Il nous a parlé
de l'article 231.
M. LOUBIER: Attendez, il va vous le dire.
M. PAUL: Voici, M. le Président: "Une motion portant division
d'une question complexe peut être faite en tout temps après que la
question complexe a été mise en délibération et
avant qu'elle soit mise aux voix".
UNE VOIX: Ah bon!
M. PAUL: M. le Président, je fais une suggestion au premier
ministre. Je fais une suggestion. Je ne vous le demande pas, parce qu'en vertu
de l'article 232, deuxièmement, il vous appartiendrait, à vous
seul, de décider de la recevabilité ou non de la motion,
contrairement à 551, par exemple, qui permettrait à la Chambre de
se prononcer sur la question. Je dis que c'est une suggestion que je fais
à l'honorable premier ministre.
Vous voyez toute la publicité que nous pourrions avoir, double
publicité, d'abord, une loi décrétant l'aménagement
de la baie James, et une deuxième loi créant la
Société de la baie James. Si, par hasard, le premier ministre
ne
peut agréer la suggestion que je lui fais, je me demande pourquoi
il rejetterait l'excellente suggestion faite par le député de
Nicolet et qui entrerait dans le cadre général des titres de nos
lois.
Nous n'insistons pas plus que ça, M. le Président. C'est
peut-être pour signaler au premier ministre la suggestion du
député de Nicolet qui est fort sérieuse et fort à
point. Lorsqu'il s'est agi de créer la société du parc
industriel de Bécancour, nous avons adopté un titre qui
correspond à l'objet final de la loi. Si le premier ministre nous dit
que cet amendement n'est pas recevable, nous ne lui en tiendrons pas rigueur,
mais il verra sûrement que, dès le début de l'étude
de cette loi, nous voulons autant que possible améliorer tous les
avantages.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que vous permettez que je
termine? Si nous encourageons la loi qui a créé la
société du parc industriel de Bécancour, je crois que nous
pourrions avoir la loi de la société ou créant la
société de l'aménagement de la baie James ou du
développement de la baie James.
M. GARNEAU: M. le Président, nous avons analysé les
différentes possibilités qu'il y avait de trouver un titre
à cette loi no 50. Compte tenu du fait que le texte de loi comprend
plusieurs aspects : il crée une société de
développement de la baie James, il donne également des pouvoirs
à cette société de gérer, en certains domaines, les
questions municipales, le texte de loi permet également la
création de filiales. Alors, on a pensé qu'il fallait avoir un
terme plus générique qui englobe tous les aspects du contenu de
la loi. C'est la raison pour laquelle nous avons voulu, par le titre de la loi,
englober l'ensemble du problème que voulait régler le projet de
loi no 50, et c'est la raison pour laquelle nous avons suggéré ce
titre que l'on retrouve au projet de loi 50, plutôt que le nom de la
société elle-même, qui vient évidemment au premier
article. Par la suite, on retrouvera dans les autres articles les
références à la formation de filiales, et dans la
dernière partie, également des références en ce qui
regarde l'administration municipale du territoire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, pour répondre
au ministre des Finances, il faudrait bien s'entendre pour qu'il n'y ait pas
d'équivoque. La loi s'intitule, tel que le veut le gouvernement, Loi du
développement de la région de la baie James. Or, l'objet formel
du projet de loi est de créer une société en vue du
développement de la baie James. Le développement de la baie
James, c'est l'objectif général que le gouvernement a
proposé à la population lors de l'assemblée du
Colisée. Et il a voulu manifester son intention pratique d'attendre cet
objectif en présentant un projet de loi portant création d'une
société de développement de la baie James. Et c'est
tellement vrai, et c'est là l'argument du ministre des Finances, je le
lui ressers, c'est qu'à l'article 1, on dit bien qu'une compagnie soit
constituée sous le nom de Société de développement
de la baie James.
Par conséquent, pour éviter toute équivoque, pour
empêcher qu'on pense que ce projet de loi recouvre l'ensemble du
problème politique et je donne au mot son sens le plus large, le
plus noble il faut absolument qu'on change le titre de la loi afin que,
dans les statuts, cette loi soit un point de référence
précis et exact. Lorsqu'on aura à utiliser en cour ou ailleurs ce
texte de loi, on référera à ce moment-là à
la Société de développement de la baie James, puisque
c'est ça que veut créer le projet de loi que nous avons devant
nous.
On ne référera pas au développement de la baie
James, c'est un autre problème. Quand on parle du développement
de la baie James, c'est une réalité. Quand on parlera de la
Société de développement de la baie James, c'en est une
autre. Par conséquent, le titre ne doit pas être en
porte-à-faux. Il faut absolument, M. le Président, au nom
même de la clarté qu'exige la langue française, que le
titre soit bien clair et que la loi s'intitule Loi créant la
Société de développement de la baie James, ou Loi de la
Société de développement de la baie James, ou Loi portant
création de la Société de développement de la baie
James. Je crois que la formule la plus simple, la plus rapide serait Loi de la
Société de développement de la baie James. Autrement on
confondra. Les juristes qui auront à manipuler cette loi, parce que la
loi est déjà extrêmement contentieuse et on imagine tous
les procès qu'elle suscitera, les juristes qui auront à la
pratiquer, les administrateurs qui auront à s'en servir ne parleront
pas, lorsqu'ils référeront au texte de la loi, du
développement de la baie James à ce moment-là, ils
parleront de la société qu'ils ont la responsabilité
d'administrer.
Alors j'estime que les observations que nous faisons, M. le
Président, ne sont pas simplement des observations de forme, mais ce
sont des observations absolument essentielles qu'il faut retenir afin qu'il n'y
ait pas d'équivoque et que, lorsqu'on parlera de la Loi créant la
Société de développement de la baie James, on n'inclura
pas dans ce vocable, ou dans cette expression le problème entier du
développement de la baie James.
M. LACROIX: Est-ce que le député de Chicoutimi voudrait
référer à l'article 16 du bill no 50, s'il vous
plaît, et je crois qu'à ce moment-là il se rendra compte
qu'il y a une différence entre le projet de loi et le
développement de tout le territoire. Si le député veut se
reporter à l'article 16.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien voyons,
M. le Président, si le député des
Iles-de-la-Madeleine et je ne lui en fais pas reproche avait fait
son droit, il saurait très bien que ce qu'il vient de dire n'a rien
à voir. Il est évident qu'à la suite de la création
de la Société de développement de la baie James, il y aura
création...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, un point de
règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...par la société
mère...
M. SAINT-PIERRE: Un point de règlement, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...d'autres sociétés...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je soulève un point du
règlement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education sur une question de
règlement.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'invoque l'article 564, 7e,
qui précise d'une façon très nette que le titre, s'il y a
lieu de l'amender, doit être étudié à la fin
seulement.
M. PAUL: M. le Président, le ministre ne vient pas de faire une
découverte.
M. LOUBIER: Non.
M. PAUL: Parce que nous sommes à l'étude de l'article 1 et
nous voulons qu'il y ait relation directe entre l'article 1 et le titre de la
loi. Parce que dans l'article 1 il n'a rien découvert, le
ministre nous lisons ceci: "Une compagnie à fonds social est
constituée sous le nom de Société de développement
de la baie James". Nous suggérons d'amender le titre de la loi pour
qu'il corresponde à l'acte constitutif de cette société,
au titre, au baptême, au nom de baptême. Et il s'agira d'identifier
cette loi conformément à sa création telle que nous la
retrouvons à l'article 1, à moins que le premier ministre, pour
garder une certaine analogie, à ce compte-là, change le titre de
la loi qu'on lit à l'article 1 pour y trouver: Une compagnie à
fonds social est constituée pour le développement de la
région de la baie James. Et c'est pour cela que l'étude de
l'article 1 doit être en relation directe avec le titre parce
qu'autrement on peut prendre le titre de la loi et demander au gouvernement de
changer la définition qu'il donne, le nom de baptême qu'il veut
donner à cette société de développement de la baie
James.
M. LOUBIER: M. le Président, si vous le permettez, j'endosse les
propos tenus par le député de Chicoutimi et le
député de Maskinon- gé. Dans toutes les autres lois,
lorsqu'on a soumis, par exemple, la Loi créant l'Université du
Québec, on n'a pas dit: Loi créant le développement de
l'éducation universitaire au Québec, mais on a voulu, par ces
lois-là, créer des structures. Je trouverais aberrant, M. le
Président, de dire que l'on crée une loi pour le
développement de la baie James. La société, telle que
conçue dans l'esprit machiavélique ou non du premier ministre,
sera une structure...
M. GARNEAU: Si vous voulez lancer le débat sur ce
terrain-là.
M. LOUBIER: ... qui s'occupera du développement de la baie James.
Ce n'est pas une loi qui va mettre en action le développement de la baie
James. Je pense que le premier ministre ne devrait pas s'abriter
derrière un titre inoffensif. S'il veut avoir autant
d'agressivité qu'il a semblé en démontrer depuis quelques
jours pour que sa loi soit adoptée, il devra carrément, d'une
façon très honnête, dans le titre même de la loi,
dire que c'est une loi qui crée une société ou une
structure qui va se préoccuper et s'occuper du développement de
la baie James et non pas essayer nébuleusement de noyer, dans un titre
inodore et incolore, toutes les turpitudes que le gouvernement se
prépare à commettre avec cette loi.
M. PICARD: M. le Président, si vous le permettez. A la suite de
la suggestion faite par le député de Nicolet, de changer le titre
du projet de loi, le député de Maskinongé est même
allé plus loin. H a parlé de scinder la loi de façon
à avoir une loi pour le développement et une autre loi pour
créer la société de développement de la baie
James.
M. le Président, j'aimerais faire appel à
l'expérience du député de Maskinongé et lui
demander si ce serait conforme, à ce moment-là, à
l'article 541 qui dit: "Le titre d'un bill public doit en couvrir tout le
contenu." D s'agit ici du développement et de la création de la
société.
M. PAUL: Le député n'a pas le droit de me demander une
"opinion légale."
M. BOURASSA: Le député de Chicoutimi, de même que le
chef de l'Opposition disaient qu'on avait l'intention de politiser avec le
titre. Ce n'est pas du tout notre intention. Le député devrait
savoir que l'un des anciens chefs de l'Union Nationale, M. Duplessis, utilisait
les titres de lois pour toutes sortes d'objectifs. Je peux lui citer un cas
où il disait: Loi pour réparer les erreurs de l'ancien
gouvernement. On pourrait avoir un tas de lois, nous, après le
gouvernement de l'Union Nationale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sans porter de
jugement sur ce qu'a entrepris le gouvernement de l'Union Nationale,
la loi, à ce moment-là, portait avec raison le titre de
Loi pour corriger les erreurs du régime libéral, qui avait
duré longtemps.
M. LACROIX: Vous serez longtemps dans l'Opposition. Il y a une chose, M.
le Président, que je voudrais signaler. L'honorable chef de
l'Opposition, tout à l'heure, a parlé de fumisterie ou, si vous
voulez, de supercherie. Je crois que l'on veut jouer sur les mots en parlant de
la société de développement de la baie James ou de la
région de la baie James. A ce moment-là, de quelle façon
la définir exactement? Si vous voulez scinder la loi pour dire que c'est
une question complexe, d'après l'article 231 du règlement et les
suivants, je suis bien prêt à en discuter avec l'honorable
député de Bellechasse et avec celui de Maskinongé parce
qu'il y a ici, à la page 1101 du journal des Débats du lundi, 13
février 1967, une décision qui a été rendue par le
député de Maskinongé, qui, à ce moment-là,
était président de la Chambre, concernant, justement, le projet
de loi no 25.
Maintenant, le projet de loi actuel s'intitule Société de
développement de la baie James. Qu'on veuille ajouter un mot ou qu'on
veuille en retrancher un, je pense, à ce moment-là, qu'il
faudrait préciser davantage.
Je crois sincèrement, connaissant le député de
Bellechasse comme très astucieux, très intelligent, très
bon politicien.
Qu'à ce moment-ci, il s'agit de la réalisation, de
l'adoption d'un projet de loi fort important pour l'avenir, le
développement économique du Québec. Je ne crois pas que
même toute la science de l'honorable député de Chicoutimi
permettrait, par un mot, de changer quelque chose, sinon de retarder l'adoption
d'un projet de loi essentiel au développement économique du
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, ce que dit le
député des Iles-de-la-Madeleine n'apporte rien au débat.
C'est tout simplement une question de clarté, une question de
français en vue de faire en sorte qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté. Il y a le problème de la baie James, c'est le
grand objectif, et ce sera la responsabilité de la société
que nous voulons créer de s'en occuper. Donc, la loi devrait s'intituler
Loi de la société du développement de la baie James. C'est
une affaire tellement simple, tellement évidente. Qui que ce soit qui a
le moindre sens commun admettra qu'il y a une différence entre un
objectif que l'on propose et un projet de loi qui vise à créer la
structure qui s'occupera de réaliser l'objectif. Je demande cela au
premier ministre, tout simplement.
M. BOURASSA: Cela me parait un excès de logique, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au nom de la langue française et de la
clarté française.
M. CARDINAL: M. le Président...
M. LOUBIER: M. le Président, le premier ministre, dans le
discours assez frugal qu'il nous a présenté l'autre soir, nous
mentionnait qu'il avait découvert un mode de gestion absolument
révolutionnaire. Il nous avait dit qu'il abandonnait...
M. BOURASSA: Je n'ai pas dit révolutionnaire.
M. LOUBIER: ... le mode de gestion verticale c'était le
mode classique mais qu'avec sa loi, il apportait aux
Québécois un mode de gestion horizontale.
M. le Président, que le premier ministre soit conséquent
et, qu'à ce moment-là, il dise clairement dans sa loi ce
sera au moins, je pense, assez consistant avec son discours qu'il
intitule sa loi pour cristalliser cette révolution de gestion nouvelle
horizontale au Québec. Qu'il le dise dans sa loi, qu'il crée la
première société du genre au Québec, qui assurera
la gestion horizontale, et qu'il dise qu'il crée, tout simplement la Loi
créant la Société du développement de la baie
James.
M. CARDINAL: M. le Président, pourrions-nous tout simplement, en
dehors de toute question électoraliste, demander au permier ministre
pourquoi il n'accepterait pas cet amendement qui ne change rine à la
substance de la loi et qui la décrit davantage dans sa substance. En ce
sens, pourquoi cette négativité à accepter que le titre
représente la réalité qu'est la loi?
M. BOURASSA: M. le Président, nous avons examiné cela au
comité de législation, comme l'a souligné le ministre des
Finances. Nous avions une dizaine de titres Pour les raisons que j'ai
données tantôt, parce que cela développe une région,
que la société a des filiales, que cela développe une
municipalité, le titre nous a paru plus exact. On peut attendre à
la fin de la discussion pour voir si les arguments qui ont été
avancés seraient justifiés...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. BOURASSA: ... mais à première vue, je crois que le
titre que nous avons chosi parait préférable.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, tout simplement sur ce point de titre,
sans m'exprimer sur le mérite même de la suggestion faite par le
député de Nicolet ou le député de Missisquoi, quant
à nous, nous réservons nos remarques sur le titre en
conformité avec les dispositions de l'article 564, comme
l'alléguait le ministre de l'Education tantôt. Je pense que c'est
parfaite-
ment normal que le titre se discute à la fin. S'il y a un article
de notre règlement qui est logique, c'est bien celui-là.
Autrement, on risque sérieusement de mettre une étiquette sur une
bouteille qui n'est pas encore remplie. Si au cours de la discussion de
l'article 1, on se rend compte que le titre du nom de la société
ne fait l'affaire de personne, à ce moment-là, on se trouverait
obligé de revenir à nouveau après et d'amender le nom de
la société.
Quant à nous, nous réservons, en conformité des
dispositions de l'article 564, du règlement, nos remarques à la
fin du bill, ou au moins après...
M. LE PRESIDENT: Alors conformément à...
M. LACROIX: Le député de Maisonneuve, pour une fois, a
été d'une logique que j'accepte entièrement.
M. BURNS: Je commence à être inquiet, M. le
Président.
M. LAURIN : M. le Président, pourquoi le député des
Iles-de-la-Madeleine gâte-t-il les meilleures interventions qu'il
fait?
M. LE PRESIDENT: Si j'ai laissé la discussion se poursuivre,
c'est que l'honorable député de Maskinongé n'avait pas
fait un amendement comme tel, c'était simplement une suggestion,
ça faisait partie de la discussion générale sur l'article
1. Mais il est évident qu'en vertu de l'article 564, l'amendement au
titre, s'il devait y en avoir un, doit venir à la fin de l'étude
du projet de loi.
M. PAUL: J'ai été assez prudent de ne pas vous proposer un
texte écrit.
M. LE PRESIDENT: L'article 1 est adopté?
M. LAURIN : Non, M. le Président. Nous arrivons à
l'article 1?
M. LE PRESIDENT: Nous sommes à l'article 1 et nous y sommes
déjà depuis un bout de temps.
M. LAURIN : C'est parce que nous discutions du titre et je me demandais
si...
M. BOURASSA: Si le député veut lire l'article 1.
M. CARDINAL: Pardon, le titre est inscrit dans l'article 1?
M. BOURASSA: Société de développement de la baie
James.
M. CARDINAL: C'est ce que vient de dire le premier ministre.
M. BOURASSA: "Une compagnie à fonds social et
constituée..."
M. CARDINAL: Je m'excuse, M. le Président, le premier ministre
vient-il de dire que c'est inscrit dans l'article 1?
M. BOURASSA: Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce qu'il a dit.
M. CARDINAL: J'en appelle au journal des Débats. Nous y
reviendrons à la fin.
M.BOURASSA: Qu'on ne coupe pas les cheveux en quatre sur une chose comme
celle-là.
M. CARDINAL : Je ne coupe pas les cheveux en quatre, je reprends les
paroles de celui qui dirige le Parlement du Québec.
M. BOURASSA: Lisez l'article 1.
M. LACROIX: Je comprends pourquoi vous êtes toujours
demeuré notaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On notera de qui ça vient.
M. LAURIN: Donc, M. le Président, maintenant que nous abordons
d'une façon clarifiée et nette l'article 1, je peux me
référer au titre du projet de loi qui demeure inchangé
pour le moment, c'est-à-dire Loi du développement de la
région de la baie James. Ces mots disent bien ce qu'ils veulent dire, il
s'agit de développer une région. Lorsque nous avons
discuté, en deuxième lecture, nous avons discuté pour ou
contre le principe du développement de la région de la baie James
au moyen d'une société, au moyen d'un organisme quelconque.
Je garde encore en mémoire quelques très bonnes
interventions qui ont été faites à ce sujet, sur les
dangers que pouvait constituer tel ou tel ou tel ou tel type de
société qui pouvait être jugé opportun pour le
développement de cette région de la baie James.
Dans plusieurs des interventions, plusieurs des opinants ont
comparé tel type de société, tel type d'organisme, et je
me rappelle même que le chef de l'Opposition officielle, le
député de Bellechasse, a préconisé, lui, pour sa
part, la création d'un ministère afin de présider au
développement de cette région.
Il suivait probablement en cela l'exemple d'un ancien premier ministre
et chef de l'Opposition qui, lui aussi, avait parlé d'un organisme pour
développer une région assez analogue à celle dont il est
question dans le projet de loi actuel, le Grand Nord
québécois.
Je me rappelle aussi que, dans plusieurs des interventions que nous
avons entendues, plusieurs opinants se sont inquiétés des
relations
trop distantes qui pourraient exister entre cette société
et le gouvernement du Québec, qu'il s'agisse des liaisons avec l'office
de planification, qu'il s'agisse des liaisons avec les divers ministères
que nous avons, et qui craignaient, justement, qu'à cause de cet
écartèlement entre cette organisme qu'on va ficher pour le
développement d'une région lointaine et les organismes centraux
du gouvernement, l'écart ou la distance était telle que la
substance même des décisions gouvernementales pouvait être
sérieusement affectée. C'est bien la raison pour laquelle
plusieurs des opinants ont suggéré qu'au lieu d'une
société à fonds social, on développe quelque chose
qui assurerait d'une façon plus organique, d'une façon plus
cohérente les liens entre cette société de gestion et les
organismes traditionnels gouvernementaux.
Je dois vous avouer que je concours encore à ces vues et que je
me suis posé la question, surtout depuis que le principe a
été adopté en deuxième lecture, sur la façon
de constituer cet organisme ou cette société qui serait le plus
apte, selon nous, à présider au développement d'une aussi
vaste région.
Je crois bien que je serais porté, comme tout premier choix, je
serais porté à me rallier à la solution qui a
été préconisée par le député de
Bellechasse, c'est-à-dire la création d'un ministère
semblable au ministère du Nord qui a déjà
été créé dans un autre gouvernement, un
ministère qui, lui, justement, nous donnerait l'assurance que l'Etat
serait représenté à toutes les étapes de la
réalisation du projet et assurerait, à cause de la
solidarité ministérielle, à cause des contacts
permanents...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je veux bien accorder au
député de Bourget beaucoup de latitude, mais je pense
qu'actuellement il dépasse largement les cadres de l'article 1.
UNE VOIX: "Filibuster."
M. LE PRESIDENT: ... J'ai fait des efforts au cours des derniers
instants, pour suivre la dissertation du député de Bourget, mais
je ne vois pas comment ce qu'il dit peut se relier au nom de la
société. L'article 1...
M. LAURIN: J'y serais arrivé, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: ... parle du nom de la société. Or, j'ai
l'impression qu'il est en train de discuter de tout le principe de cette
question. Je ne peux pas permettre au député de Bourget
à moins qu'il réussisse à me convaincre de
continuer dans ces sentiers.
M. LEGER: M. le Président, sur le point d'ordre, je veux
simplement faire remarquer que le député de Bourget était
en train de présenter un amendement à l'article 1, et pour
présenter l'amendement il fallait nécessairement qu'il explique
le pourquoi...
M. LE PRESIDENT: Qu'il présente l'amendement.
M. LEGER: C'est ça. Il s'en vient avec un amendement et avant de
présenter l'amendement précis, il faut expliquer pourquoi cet
amendement serait une solution à l'article 1.
M. LE PRESIDENT: Je ne peux pas permettre cette façon de
procéder parce que les députés pourraient faire n'importe
quoi en disant qu'ils vont apporter un amendement. Que je voie l'amendement et
je verrai si la discussion se rapporte à l'amendement.
M. LAURIN: Voilà, M. le Président, je vous transmets
immédiatement le texte de mon amendement qui se lirait comme suit: Que
l'article 1 soit amendé en remplaçant les mots "une compagnie
à fonds social et constituée sous le nom de Société
de..." par les mots "un ministère est institué sous le nom du
ministère du" et à b) en remplaçant dans la
dernière ligne le mot "corporation" par le mot "département".
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAURIN: Je voudrais expliquer un peu...
M. LE PRESIDENT: Non! je ne veux pas vous laisser expliquer parce que je
dois déclarer immédiatement l'amendement irrecevable puisque
c'est un amendement qui change tout le principe du projet de loi. Le projet de
loi crée une société et dans l'amendement on veut
créer un ministère. Ce sont deux choses totalement
différentes. L'amendement est déclaré irrecevable.
M. LAURIN: M. le Président...
M. LOUBIER: Si vous permettez, sur le point de règlement...
M. LE PRESIDENT: La décision est rendue.
M. LOUBIER: Est-ce que son auguste majesté me permettrait de lui
demander une directive?
M. LE PRESIDENT: Oui! ah oui, oui!
M. LOUBIER: Bon, très bien. M. le Président, étant
donné que vous venez d'une façon ex cathedra de vous prononcer
sur cet amendement qui est proposé, je vous demande la directive
suivante: Est-ce qu'il est possible, M. le Président, de demander aux
députés de cette Chambre d'étudier la possibilité,
à ce stade-ci comme dirait le député de Chicoutimi
de modifier l'article 1, pour que cela reflète non pas le
principe... On n'en discute pas, du principe actuellement, en ayant
discuté en deuxième lecture. Nous sommes en comité
plénier, et le vote s'est pris sur le principe, M. le
Président.
Or, je ne comprends pas actuellement pourquoi on invoque la question de
principe...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je veux bien que le chef de l'Opposition
officielle me demande une directive, comme il en a le droit en vertu de
l'article 667, mais je ne peux pas lui permettre de profiter de sa demande, de
son désir de s'informer, pour faire un discours.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour s'instruire.
M. LOUBIER: M. le Président, qu'est-ce que vous voulez, je suis
obligé de coiffer ou de préfacer la demande de mes directives par
un préambule qui va vous permettre de comprendre réellement
pourquoi je vous demande des directives. Or, nous ne voulons pas changer le
principe du bill. Nous voulons tout simplement, par l'amendement proposé
par le leader du Parti québécois, donner à l'article 1 une
phraséologie qui corresponde véritablement à la
réalité. Je vous demande la directive suivante, je vous la
demande, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: La directive est très simple. Il est
évident que le chef de l'Opposition officielle, comme tous les membres
du comité, peuvent apporter tous les amendements qu'ils voudront bien
apporter à chacun des articles du projet de loi.
Mais ces amendements devront respecter le règlement et, en
particulier, ils ne devront pas aller en contradiction totale, globale et
absolue avec le principe du projet de loi.
L'esprit juridique du chef de l'Opposition corroborera sûrement ma
décision, si celui-ci oublie un instant qu'il est chef politique. Son
esprit juridique ne pourra que corroborer ma décision puisqu'il
apparaît, d'une façon évidente, prima facie, que
l'amendement voulant créer un ministère va à l'encontre,
d'une façon on ne peut plus totale, du projet de loi qui vient
d'être adopté en deuxième lecture.
La directive est que vous pouvez apporter tous les amendements que vous
voulez, en autant que les articles de notre règlement seront
respectés. L'amendement de l'honorable député de Bourget
ne respecte pas le règlement.
M. LAURIN: M. le Président, il me semble qu'en adoptant le
principe du projet de loi...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous parlez sur l'amendement?
M. LAURIN: Non, j'ai un autre amendement à proposer.
DES VOIX: A l'ordre!
M. VEILLEUX: Déposez l'amendement avant, on ne prend pas de
risque.
M. LAURIN: Je vais vous le lire d'abord, mais je voudrais juste dire une
phrase avant sur certaines remarques qui ont été faites
jusqu'ici. En adoptant le principe du projet de loi 50, il me semble que nous
avons approuvé un principe, et un principe est une idée.
Qu'est-ce que cette idée? C'est l'idée de l'aménagement
intégré des ressources naturelles qui se trouvent dans la baie
James.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. LAURIN: C'est cela...
M. LE PRESIDENT: J'avertis d'une façon très
catégorique tous les membres de cette Chambre, c'est mon devoir
et j'entends l'exercer dans toute sa plénitude d'assurer la
liberté totale de tous les membres de cette Chambre de se faire entendre
sur cette loi comme sur toutes les autres lois. Mais, je ne permettrai ni au
député de Bourget ni à aucun autre député,
premièrement, de violer le règlement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Même par moi?
M. LE PRESIDENT: ... et, deuxièmement, de ne pas accepter les
décisions du président lorsqu'elles sont rendues, même si
elles ne plaisent pas. J'ai rendu ma décision sur l'amendement et je ne
permets pas au député de Bourget de commenter cette
décision, ni directement, ni indirectement.
Le principe que nous avons accepté dans le projet, c'est de
créer une société; c'est le principe qui a
été accepté.
M. CHARRON: Le premier ministre nous a dit exactement le contraire.
M. LE PRESIDENT: Je regrette, mais le projet de loi a pour objet, entre
autres, de créer une société. On a adopté ce
principe, et je ne peux pas permettre que par un amendement on veuille
créer un ministère. Ce sont deux choses différentes et
c'est impossible. J'écouterai maintenant le député de
Bourget sur un autre amendement, mais non pas sur celui-là.
M. LAURIN: Est-ce que je peux vous poser une question, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: Vous pouvez me demander des directives.
M. LAURIN: Bon, est-ce que je peux vous demander une directive? S'il est
vrai que nous avons adopté le principe d'une société,
comment se fait-il que ce projet de loi porte le titre de Loi du
développement de la région de la baie James?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si le
député de Bourget me permet, ce n'était pas futilement que
dès le départ nous
avons engagé le débat sur le titre de la loi. Le premier
ministre nous a donné raison.
M. LE PRESIDENT: Oui?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président.
Laissez-moi faire mon petit préambule. D'abord, cela va vous permettre
de vous reposer.
M. LE PRESIDENT: Je suis en pleine forme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Harmonieusement, vous allez m'entendre. M. le
Président, le premier ministre lui-même, tout à
l'heure,...
M. LE PRESIDENT: Ne m'enivrez pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... nous a dit qu'il n'était pas
tellement disposé à changer le titre de la loi, compte tenu de la
réalité que recouvre ce titre. Or, si la réalité
que recouvre ce titre va au-delà de ce qui est proposé à
l'article 1, pourquoi ne pourrions-nous pas reprendre tout le débat sur
l'opportunité de créer telle société qui aurait le
nom de Société de développement de la baie James au lieu
de créer un ministère du Nouveau-Québec?
C'est le premier ministre lui-même qui s'est tendu un piège
qui vous a embarrassé au point que vous ne pouvez pas porter un jugement
aussi catégorique que vous le désireriez. Le premier ministre a
relancé tout le débat en n'acceptant pas, dès le
départ, de changer le titre de la loi. Nous lui avons ouvert une porte
pour accélérer les travaux; nous l'avons, en quelque
façon, libéré de ses "enfarges", mais il a refusé
notre proposition.
Il a donc rouvert le débat. J'ai l'impression, M. le
Président, qu'il vous sera difficile de donner des directives qui
aillent au-delà de la volonté qu'a exprimée le premier
ministre de façon très nette.
M. LE PRESIDENT: Avec tout le respect que j'ai pour les volontés,
les désirs et les paroles du premier ministre comme de tous les membres
de ce comité, les seuls critères sur lesquels je dois me baser ne
sont pas les paroles d'un membre du comité, mais le règlement et,
encore une fois, le règlement m'interdit d'accepter l'amendement du
député de Bourget. Je considère l'incident clos.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement. Je vous prierais d'être très circonspect lorsque
vous utilisez les termes de la langue française. Ceux-ci ont un contenu
sémantique. Un incident, M. le Président, c'est une affaire.
C'est ce qu'on appelle en anglais "an affair, an issue". Un incident, en latin,
c'est un casus, vous savez cela, M. le Président. Or, ce qu'a
proposé le député de Bourget, c'est un argument à
l'appui, une proposition d'amendement, donc, vous ne pou- vez pas
déclarer que l'incident est clos. Vous dites tout simplement: Le
débat est clos sur la proposition d'amendement.
M. LE PRESIDENT: Dans l'esprit de l'honorable député de
Chicoutimi, l'amendement du député de Bourget étant une
action ou une activité irrégulière, je la considère
comme une affaire, un incident, et pour moi, l'incident est clos.
L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, en vertu de l'article 667, est-ce
que je peux vous demander une directive? Comment, selon vous, pouvons-nous
trouver le principe d'un bill? Est-ce que nous pouvons en cette matière
nous fier au titre du projet de loi?
M. LEDUC: Ce n'est pas le discours de deuxième lecture qui
changera grand-chose. C'est le principe d'un bill. Je suis à un fauteuil
en commission plénière, vous ne pouvez pas me dire que j'ai pris
la parole sans permission.
M. CHARRON: Vous pouvez vous taire quand même. Ce n'est pas parce
que vous n'êtes pas à votre place que vous devez parler.
M. VEILLEUX: Vous non plus, vous ne l'êtes pas.
UNE VOIX: A part de cela, qu'il mette donc ses culottes courtes.
M. LE PRESIDENT: II est bien clair à l'article 67 que l'on peut
adresser des questions au président, sur des questions relatives aux
affaires de la Chambre et aux formes de procédure à suivre. Les
seules questions, d'après le contexte et je pense que c'est assez
logique les seules questions qui peuvent être adressées au
président du comité ou au président de la Chambre ont
trait à des règles de procédure et non pas à savoir
mon opinion sur le principe du projet de loi, sur le projet de loi ou sur des
choses semblables. Je n'accepterai pas que l'on me demande des directives sur
autre chose que sur des règlements ou l'application des
règlements de la Chambre.
M. CHARRON: M. le Président, le règlement le dit bien, et
c'est pour cela que ma question est parfaitement conforme à l'article
667. Je vous demande, sur une question de procédure, de m'expliquer le
règlement qui dit qu'en comité plénier nous ne devons pas
toucher le principe du bill. Je vous demande, pour suivre le règlement
de la Chambre, pour ne pas toucher le principe du bill: Où est-il?
Réside-t-il dans le titre du projet de loi ou selon
l'interprétation du gouvernement?
M. LACROIX: Comme on l'avait dit aux journalistes, nous allons vous
laisser parler et
vous entretenir avec les journalistes. Quant à nous, nous allons
essayer de procéder et de travailler dans le meilleur
intérêt de la province de Québec.
M. CHARRON: Très bien! Si j'ai bien compris, vous allez
désormais vous taire.
M. LE PRESIDENT: Encore une fois, je ne voudrais pas commencer à
donner un cours de procédure parlementaire. Je pense que ce n'est pas
mon rôle. Je le peux à l'occasion, et c'est pour cela que
l'article 667 le dit, mais je ne suis pas pour donner un cours de droit
parlementaire aux membres de cette Chambre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous êtes notre phare, notre
bouée.
M. LE PRESIDENT: ...Puisque le règlement dit que c'est en
deuxième lecture qu'un principe de loi doit être adopté et
que c'est en comité que l'on étudie le projet de loi dans ses
détails, il m'apparaît très logique que l'on ne peut pas
recommencer en comité plénier l'étude du principe.
M. CHARRON: Je suis parfaitement d'accord, M. le Président, mais
où est le principe? Est-ce que c'est le titre de la loi?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, une question reste obscure dans mon
esprit et je pense qu'elle peut rester obscure dans l'esprit de plusieurs
membres de cette Chambre. H y a quand même une ligne de
démarcation qu'il faut établir entre un principe et les
modalités d'application de ce principe. Si on dit qu'un principe vise un
tel objectif et qu'ensuite, en poursuivant la démarche intellectuelle de
quelques pas en avant, on se dit: Comment allons-nous réaliser ce
principe? Nous sommes obligés de penser aux moyens que nous allons
mettre en oeuvre pour réaliser ce principe. Et là, nous arrivons
à cette idée d'un organisme, que ce soit une
société, un ministère, une commission, ou n'importe quel
organisme qui puisse être adéquat, qui puisse être apte
à concrétiser, à actualiser le principe de la loi.
Et c'est précisément la question qui, pour moi, n'est pas
réglée par l'adoption du principe du projet de loi et qui
manifeste dans l'esprit même du législateur, dans l'esprit
même d'un légiste le titre de la loi 50 qui parle de Loi du
développement de la région de la baie James. C'est la raison pour
laquelle je me crois justifié de vous présenter un
deuxième amendement qui se lirait comme suit: Que l'article 1 soit
amendé en remplaçant les mots "compagnie à fonds social"
par le mot "commission". L'article b), en remplaçant à la
deuxième ligne le mot "société" par le mot "commission" et
en remplaçant, à la dernière ligne, le mot "corporation"
par le mot "commission".
DES VOIX: Vote! Vote!
M. LAURIN: Et par "commission", j'entends quelque chose d'analogue
à ce comité interministériel au niveau des
ministères, mais qui serait quelque chose de créé par le
gouvernement, non pas au niveau des ministères, mais
spécifiquement pour les fins poursuivies par le projet de loi no 50,
c'est-à-dire le développement de la région de la baie
James. Ce qui aurait l'avantage de tenir cette commission beaucoup plus
près des organismes gouvernementaux et d'assurer un contrôle de
l'Etat beaucoup plus étroit, beaucoup plus assuré...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education sur un point de
règlement.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je trouve que l'amendement est
complètement irrecevable pour la raison que nous avons, pendant de
nombreuses journées, et Dieu sait combien d'heures, écouté
tous les fastidieux discours des représentants du Parti
québécois. Or, constamment, on s'est appliqué...
M. LAURIN: M. le Président, question de privilège.
UNE VOIX: Est-ce un point de règlement?
M. SAINT-PIERRE: ... à parler contre le principe qui était
dans la loi 50 et on a constamment dit au gouvernement qu'au lieu d'être
une société autonome avec une filiale, ça devrait
être l'Hydro-Québec, ça devrait être un
comité. Or, c'était ça un des principes du projet de loi.
Maintenant, en comité plénier, on nous propose de changer ceci
qui a été accepté en deuxième lecture.
M. BURNS: M. le Président, simplement sur ce point qui est
soulevé par le ministre.
M. LE PRESIDENT: Sur le point de règlement?
M. BURNS: Sur le point soulevé par le ministre.
DES VOIX: Vote! Vote!
M. BOURASSA: Vous ne voulez pas siéger demain?
M. BURNS: Essayez de nous faire siéger demain! Vous avez besoin
de vérifier le règlement, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On est confessionnel!
M. SHANKS: Pas le PQ!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve sur le
point de règlement soulevé par le ministre de l'Education.
M. BURNS: Sur le point soulevé par le ministre de l'Education, il
nous dit que le problème était au niveau du principe dans nos
discours, du moins, quand nous nous opposions au principe, c'était le
fait que l'Hydro-Québec ne se voyait pas confier le projet de
développement. C'est exact. Mais ce qu'un des objets du bill, de par les
notes explicatives, semble vouloir dire être le principe ou l'un des
principes de ce bill est de créer un organisme autre justement que
l'Hydro-Québec. Alors c'est pour cela que le député de
Bourget formule une demande d'amendement. Est-ce à dire que parce que
dans les notes explicatives, premièrement, l'article premier des notes
explicatives, on lit: "... de constituer la société de
développement de...", on ne peut plus changer le nom de cela?
Je soumets que ce serait interpréter le règlement et
interpréter le principe de façon beaucoup trop restrictive.
M. GARNEAU: M. le Président...
M. BURNS: Ce que le député de Bourget essaie de faire,
c'est de changer l'approche à ce qu'un des principes semble
déterminer comme constituer un organisme du nom de la
Société de développement...
M. GARNEAU: M. le Président, sur la recevabilité...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous parlez sur la recevabilité de la
motion? Pas sur le fond.
M. GARNEAU: Sur la recevabilité. M. le Président,
étant donné que la motion du député de Bourget est
susceptible d'engager des fonds publics seul le gouvernement est en
droit de le faire je pense que l'amendement est irrecevable.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! La question de la
recevabilité de la motion est assez complexe. La motion, telle quelle,
ne peut pas me permettre de juger. Si l'idée sous-jacente à la
motion est de transformer substantiellement ce que le bill no 50 a
adopté en principe, je devrais déclarer irrecevable la motion
d'amendement.
S'il ne s'agit que d'un nom, si la substance n'est pas changée
et c'est les articles suivants qui le détermineront alors
je pense qu'à ce stade-ci, puisqu'il s'agit simplement d'une
dénomination, d'appeler une chose commission plutôt que
société...
M. CARDINAL: Article 1, suspendu.
M. LE PRESIDENT: Oui, d'accord, je pense que j'avais simplement vu le
mot "commission" pour "société". Mais le fait de changer les mots
"compagnie à fonds social" par le mot "commission" change justement la
substance de l'organisme qui va être créé par le bill no
50. Le projet de loi no 50 ayant été voté en
deuxième lecture, la Chambre a accepté le principe de
créer une société à fonds social. Je ne peux pas
permettre un amendement qui viendrait changer ce qui a été
adopté en principe en deuxième lecture. Alors, je déclare
l'amendement irrecevable.
Ecoutez, je veux que ce soit bien clair. Lorsque j'aurai
décidé qu'un amendement est irrecevable, il sera inutile de
continuer la discussion sur la décision rendue sinon nous pouvons nous
retrouver dans trois semaines encore à discuter une décision que
j'aurai rendue ce soir. Alors, la décision est rendue sur
l'irrecevabilité de l'amendement de l'honorable député de
Bourget et je ne peux pas accepter d'autres discussions sur cet amendement.
M. SAMSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que d'autres députés veulent
parler sur l'article 1 ?
M. SAMSON: Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: Pas sur l'amendement du député de Bourget parce
que, quant à nous, nous n'avons pas l'intention de mettre en cause la
société aucunement. Nous reconnaissons qu'il faut une
société de coordination et c'est pour spécifier notre
position que je le fais, M. le Président. Ce sont les attributions de
cette société que nous contesterons à certains articles,
en temps et lieu. Cette société de coordination, qu'elle
s'appelle d'une façon ou de l'autre, ça ne changera pas le
principe. Nous sommes d'accord qu'il y ait une société qui
permettra de faire cette coordination sur tout le territoire de la baie
James.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, suite à ce que
vient de dire le député de Rouyn-Noranda, on se rend donc compte
que ces gens-là n'ont pas compris exactement de quoi il retourne.
Voilà que, pour appuyer le gouvernement, pour venir à la
rescousse du gouvernement, qui n'en a pas besoin en raison de sa
majorité, le député de Rouyn-Noranda prétend qu'on
doit créer une société de coordination, parce que ce n'est
pas une société, ça; la société de
coordination, ce n'est pas une compagnie à fonds social. Alors, si
vraiment il veut
continuer d'aider le gouvernement, histoire de payer ses dettes, qu'il
propose autre chose que ça.
M. SAMSON: M. le Président, je n'ai pas, ni moi ni les membres de
notre parti, de leçon à recevoir de personne en cette Chambre,
encore moins du député de Chicoutimi, qui a le don de se mettre
les pieds dans les plats.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: J'accepte évidemment la décision que vous avez
rendue de déclarer mon amendement irrecevable, même si nous
n'avons jamais parlé de cette question de fonds social en cette Chambre.
Donc, j'ai encore mes doutes sur le fait qu'elle soit incluse dans le principe
du projet de loi, puisqu'on n'en a pas parlé. Il reste quand même,
M. le Président, conformément à ce que je disais à
un certain moment de mon exposé, qu'on peut parler quand même des
modalités d'exécution de ce principe. Une autre des
modalités d'exécution auxquelles j'ai pensé, vous y
fermerez peut-être la porte, encore une fois, M. le Président, en
déclarant mon amendement irrecevable, mais nous y avons quand même
pensé et je voudrais le soumettre à votre bonne attention.
M. SHANKS: Le troisième amendement.
M. LAURIN: L'article 1, amendé, se lirait alors comme suit: a) En
remplaçant les mots: Une compagnie à fonds social est
constituée sous le nom de société, par les mots: "Un
organisme est constitué au ministère du Conseil exécutif
sous le nom d'Office" et, b), en remplaçant dans la dernière
ligne le mot "corporation" par le mot "board". A la justification de cet
amendement, M. le Président, je dois souligner que l'organisme qui
s'occupe de la planification au Québec actuellement est l'Office de
développement un mot qu'on retrouve dans le projet de loi 50
et de planification du Québec et qu'il y a une loi
constitutive...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Pour les mêmes raisons, et je n'ai pas
l'intention de détailler de nouveau, je renvoie les membres du
comité au motif que j'ai soumis tantôt. Pour ces mêmes
motifs, je déclare l'amendement de l'honorable député de
Bourget irrecevable.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je voudrais poser une question
au député de Bourget.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce pose une
question à l'honorable député de Bourget sur l'article
1?
M. ROY (Beauce): Sur l'article 1. Combien le député de
Bourget a-t-il d'amendements à présenter pour changer le nom de
la société?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Bourget.
M. LAURIN: Je remercie beaucoup le député de Beauce de me
poser la question. C'est comme s'il s'adressait déjà au futur
gouvernement.
M. ROY (Beauce): Quel nom auriez-vous choisi si vous aviez
été là?
M. SAMSON: On n'a pas le droit de... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAURIN: Puisque les amendements que j'ai proposés sur les
modalités d'application du principe de la loi 50 n'ont pas eu l'heur de
recevoir un agrément de la part du président, je porte mes
remarques sur un autre sujet. Et cette fois, elles porteront sur un sujet qui
est cher à un certain nombre de députés dans cette Chambre
dont, en particulier, le député de Chicoutimi, j'en suis bien
sûr. J'ai des doutes, M. le Président, sur les mots
"société de développement de la baie James" dans l'article
1. Je me demande s'il n'aurait pas fallu plutôt lire
"société de développement de la baie de James". Je
voudrais ici poser... Tous les mots sont importants...
M. LEDUC: En lettres minuscules ou majuscules?
M. LAURIN: ... dans un projet de loi. On a déploré assez
souvent dans cette Chambre les entorses que l'on faisait subir à sa
majesté la langue française pour que, dans ce projet de loi du
siècle, qui doit constituer un projet collectif...
M. SHANKS: Anti-peuple.
M. LAURIN: ... on prenne soin au moins de prendre toutes les
précautions pour que sa majesté, la véritable
majesté, sa majesté la langue française soit
respectée dans ce projet de loi. Et je voudrais demander au premier
ministre, qui est le parrain de cette loi, s'il peut nous assurer que toutes
les études ont été faites pour que cette Chambre puisse
être assurée à son tour que l'orthographe "baie James" est
ici conforme à l'opinion qui est répandue dans les cercles de
phonétistes et de linguistes du Québec.
M. LE PRESIDENT: Evidemment, je déclare l'amendement de
l'honorable député de Bourget recevable. Discussion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je crois que les préoccupations du
député de Bourget...
M. BOURASSA: C'était pour ça le débat marathon
depuis quatre jours, pour changer en baie de James?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On n'en est encore qu'à
l'apéritif. D'accord? Alors, M. le Président, je trouve que les
préoccupations du député de Bourget...
M. LACROIX: ... votre langue le mot "de" est difficile à
prononcer de temps en temps.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au printemps, les
batraciens se font entendre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je disais donc que la proposition du
député de Bourget était quand même
considérable au sens étymologique du terme, c'est-à-dire
digne de considération et non pas au sens où l'entend
communément le député des Iles-de-la-Madeleine,
énorme, gros, éléphantesque.
Je disais donc que cette proposition mérite considération.
Il ne faut pas, M. le Président, bien entendu, en faire ce que j'ai
coutume d'appeler un casus belli, un sujet de guerre. Référence:
Lafontaine, Le chat, la belette et le petit lapin.
M. le Président, il a été porté à ma
connaissance qu'à la suite des discussions qui se sont engagées
et auxquelles la presse a fait écho, on avait découvert des
cartes françaises, rédigées par des Français de
France, et qu'on retrouvait sur...
M. LACROIX: ... et non pas les gens de par ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ces cartes la mention "baie James" et non
pas "baie de James". J'ai nettement l'impression que cette discussion pourrait
devenir une querelle académique.
Nous pourrions quand même accepter pour l'instant ce nom, quitte
à demander au premier ministre de s'enquérir auprès des
experts...
UNE VOIX: Le Dr Papa Doc.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... lexicologues, lexicographes, linguistes,
phonéticiens, etc, étymologistes... En voulez-vous encore? J'en
ai, vous savez. Nous pourrions demander au premier ministre de consulter ces
gens, de nous soumettre cela et nous, nous ferions après cela une
proposition pour convoquer une commission parlementaire afin d'interroger ces
gens!
M. SAMSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON : Je me demande réellement, M. le Président,
quel intérêt cela apportera de plus, le fait qu'on change le nom,
que cela s'appelle baie James ou baie de James, au pauvre ouvrier...
M. CARDINAL : Pourquoi êtes-vous obligé d'en parler,
d'abord?
M. SAMSON: ... qui ira gagner sa vie, là-bas?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'argent n'a pas d'odeur pour le
député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, voulez-vous rappeler à l'ordre
l'honorable député de Chicoutimi...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAMSON: ... qui a l'air à avoir la tête à pouvoir
louer des appartements, tellement elle est vide!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement!
M. SAMSON: J'ai la parole, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Chicoutimi sur une question de règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement!
M. SAMSON: Parfait, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne me suis pas attaqué du tout au
député de Rouyn-Noranda. J'ai tout simplement fait une petite
réflexion en passant. J'ai dit: L'argent n'a pas d'odeur!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je comprends que ce qu'il vient de
dire n'a pas plus d'odeur qu'il n'en a lui-même.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tant mieux parce que, de votre
côté, cela ne sent pas bon!
M. SAMSON: Quand on ne sent rien, on ne vaut pas mieux non plus!
M. PAUL: M. le Président...
M. SAMSON: M. le Président, je voulais dire que cela n'apporte
aucune espèce d'intérêt. Cela m'apparaît comme
étant, de la part du député de Bourget et de son groupe du
Parti québécois, de l'obstruction systématique. Cela
m'apparaît comme quelqu'un qui veut absolument parler
pour le plaisir de s'écouter parler. C'est aussi simple que
cela.
M. le Président, pour vous démontrer comme c'est simple
que d'en parler...
M. CARDINAL : M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
L'honorable député de Bagot sur un point du
règlement. J'invite les honorables députés à bien
soulever le règlement.
M. SAMSON: M. le Président, il n'y a pas de point d'ordre
là-dessus.
UNE VOIX: Non! Qu'a-t-il à dire?
M. CARDINAL: M. le Président, j'invoque le règlement. M.
le Président, je ne vois pas en quoi...
UNE VOIX: Quel article?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. LACROIX: II y a trop longtemps que vous n'êtes pas venu en
Chambre. Vous ne vous rappelez plus les règlements.
M. CARDINAL: M. le Président, je ne vois pas en quoi
l'intervention du député vient avancer les débats, en
invoquant que d'autres députés les retardent.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CARDINAL: Ce n'est pas pertinent à l'article.
M. LE PRESIDENT: Et la question de règlement du
député de Bagot n'est pas pertinente non plus.
Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. SAMSON: ... j'ai le droit de parole.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): j'invoque le règlement, M. le
Président.
M. SAMSON: J'ai été élu, M. le Président,
pour représenter mes électeurs et j'ai l'intention de les
représenter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. SAMSON: Ce n'est ni l'Union Nationale, ni le Parti
québécois, qui...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. SAMSON: ... m'empêcheront de parler en cette Chambre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je supplie le président. J'invoque le
règlement.
M. SAMSON: J'ai parlé pendant deux minutes et ils ont pris 22
heures, M. le Président, du temps de la Chambre. Et ils veulent nous
faire la morale!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. SAMSON: Lorsqu'on parle, M. le Président, de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque de plus en plus le règlement,
M. le Président.
M. SAMSON: ... changer le nom, en cette Chambre, je voudrais vous
démontrer...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque toujours le règlement !
M. SAMSON: ... jusqu'à quel point c'est stupide.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque encore le règlement.
M. SAMSON: J'avais un jour, M. le Président, un bon ami qui
ressemblait à l'honorable député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. SAMSON: II s'appelait
Francis-Anatole-Benoît-Aristide-Panthaléon et il disait:
Appelez-moi Jos, M. le Président !
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. SAMSON: C'est aussi simple que cela.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. SAMSON: Cela n'a pas plus de sens que cela, M. le
Président.
Je vous demanderais de rappeler à l'ordre l'honorable
député qui n'est pas reconnu et qui parle en même temps que
moi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoquais le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A deux ou trois reprises, depuis quelques
instants, les honorables députés, et en particulier le
député de Bagot, ont invoqué le règlement sur des
motifs tout à fait déraisonnables et des questions de
règlement qui n'étaient fondées sur rien. Et c'est la
raison pour laquelle, contrairement à ce qui doit se faire normalement,
j'ai semblé, pendant un certain temps, ne pas entendre la question de
règlement soulevée par le député de Chicoutimi.
Mais...
M. LOUBIER: J'ai hâte de savoir ce que vous comprenez, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: ... je suis bien prêt à écouter le
député de Chicoutimi sur sa question de règlement, mais je
l'inviterais fortement à bien vouloir, comme le demande le
règlement, me signaler l'article sur lequel il s'appuie pour invoquer le
règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vous remercie de
tout coeur, mais le retard que vous avez apporté à m'entendre m'a
privé de mes arguments et je vous prive du plaisir que vous auriez eu
à savoir pourquoi j'avais invoqué le règlement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. PAUL: Avec...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda avait
la parole lorsque le député de Chicoutimi a invoqué le
règlement.
M. SAMSON: M. le Président, je permets au député de
Maskinongé de parler.
M. PAUL: Je demande la permission à mon honorable ami de
Rouyn-Noranda de poser une question au premier ministre. L'honorable premier
ministre n'a-t-il pas l'impression, comme moi, que les ondes intellectuelles
sont quelque peu brouillées, et dans les circonstances...
UNE VOIX: De votre côté, oui, c'est vrai!
M. PAUL: ... M. le Président, je me permets de demander au
premier ministre...
DES VOIX: Non!
M. PAUL: Monsieur le premier ministre, je répète bien
poliment une demande logique. C'est beau de dire non, mais il y en a qui n'ont
pas toujours donné l'exemple de l'assiduité dans cette Chambre,
et l'on ne peut pas m'en faire le reproche ainsi qu'à de nombreux
députés. Et malgré ceux qui crient, non, M. le
Président, je redemande poliment à l'honorable premier ministre
s'il veut consentir à un ajournement des travaux de la Chambre ce
soir.
M. BOURASSA: Nous pourrions adopter quelques articles.
M. LOUBIER: Non!
M. LACROIX: M. le Président, je demanderais à l'honorable
premier ministre, bien poliment, de répondre à l'honorable
député de Maskinongé, qui est un homme assidu en cette
Chambre, et qui, je crois, doit admettre que je suis aussi assidu que lui dans
toutes les possibilités, que nous devons travailler jusqu'à
minuit. Nous avons du travail à faire, nous avons des lois à
adopter, nous sommes ici, dans cette Chambre, des gens qui veulent travailler
sur quelque chose. Quant à moi, si on veut parler pour la baie de James,
je demanderais à l'honorable député de Chicoutimi, qui est
spécialiste en dialectique, de me demander si demain je devrais dire,
quand le député de Chicoutimi aura des chaleurs, s'il pourrait
dire qu'il a de des chaleurs.
M. PAUL: M. le Président, je me permets de demander une autre
fois à l'honorable premier ministre s'il a l'intention ce soir
d'ajourner les travaux de cette Chambre.
M. BOURASSA: M. le Président, si j'acceptais la requête du
député de Maskinongé, ça voudrait dire que ceux qui
présentent, comme on vient de le faire, des amendements tout à
fait irresponsables et saugrenus pourraient être justifiés de
continuer à agir comme ça.
M. PAUL: D'une façon bien calme, je demande une autre fois et le
premier ministre sait fort bien...
DES VOIX: C'est du chantage!
M. PAUL: Un instant, s'il vous plaît. M. le Président, je
demande, et l'honorable premier ministre sait fort bien toutes les
conséquences de la demande que je lui fais...
DES VOIX: Chantage!
M. PAUL: II y a peut-être des discussions de gentilhommes qui
peuvent se dérouler pour essayer de progresser dans les travaux de la
Chambre. Je dis que, personnellement, au nom du simple bon sens, quelques-uns
d'entre nous ont de longues distances à parcourir pour retourner chez
eux. Le leader du gouvernement conviendra que nous pouvons espérer
logiquement terminer la semaine prochaine nos travaux parlementaires dans un
court délai. C'est pourquoi, M. le Président, je me permets de
demander au premier ministre que l'ajournement de la Chambre soit
prononcé jusqu'à lundi prochain.
M. DUMONT: M. le Président, si vous me le permettez, le vendredi,
28 mai 1971, à la page 1,914 du journal des Débats, le
député de Maskinongé donnait lui-même la
réponse à la question qu'il vient de poser. Je lis textuellement:
"Je comprends mal que l'on veuille dans certains milieux interpréter la
motion présentée par le leader du gouvernement comme une motion
de clôture, car, si nous en lisons le texte, nous comprendrons, pourvu
que nous ayons un minimum d'intelligence on sait que le
député de Maskinongé est intelligent que cette
motion est faite justement dans le but de fournir plus d'occasions aux
députés de participer à l'étude des
différentes questions qui nous sont soumises par le gouvernement, qui,
en vertu de l'article 126, a toujours entière discrétion de
déterminer quels doivent les projets de loi appelés pour
étude et considération."
Je crois que c'est la réponse.
M. BURNS: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai laissé tantôt, avec une
certaine tolérance, à l'honorable député de
Maskinongé le loisir et la latitude de formuler une question à
l'endroit du premier ministre, mais je ne peux pas laisser continuer cette
discussion qui n'a rien à voir avec l'article 1.
M. BURNS: Sur un point de règlement, M. le Président,
quelques brèves remarques. Je veux, tout simplement, dire que j'endosse
les propos du député de Maskinongé. Je peux même
dire au premier ministre que le fait que l'ajournement se fasse avant minuit ne
devrait pas être considéré, si c'est ça qui
l'inquiète, comme une victoire de l'Opposition. C'est tout simplement
dans le but, M. le Président...
DES VOIX: Non!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: Regardez, M. le Président, comme ça avance bien;
voyez-vous? Je pense que j'ai parlé très calmement, que je ne
parle pas avec un verbe violent pour provoquer justement ces invectives. C'est
justement la preuve de ce que le député de Maskinongé est
en train de vous dire qui se fait dans le moment, alors que j'endosse la
suggestion du député de Maskinongé très calmement
et dans l'intérêt, je pense, de l'ensemble de la Chambre.
M. LEGER: La parole est au premier ministre.
M. BOURASSA: Le député de Maskinongé a dit "au nom
du simple bon sens". Nous lui répondons, comme au député
de Maisonneuve: Au nom du simple bon sens, pourquoi ne pas adopter quelques
articles, pourquoi ne pas arrêter de présenter des amendements
qui, selon toute certitude, ne peuvent pas être acceptés?
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, au moment où le
député de Maskinongé m'a demandé de lui
céder la parole, je n'avais que quelques instants avant de terminer mes
remarques. En toute franchise, M. le Président, nous ne voyons pas ce
que ça pourrait changer, à tout point de vue pratique, d'ajouter,
avant le mot James, "de" ou de ne pas l'ajouter. Je vous dirai, M. le
Président, que la baie de James, on n'entend pas ça tellement
souvent. Ce qu'on entend, c'est la baie James.
M. le Président, je pense que nous n'avons pas, quand même,
à légiférer en vue de donner des leçons de
français aux Français qui, eux-mêmes, appelleraient
ça la baie James.
De toute façon, un Français, qui était de passage
ici, l'autre jour, me demandait à quel endroit il pouvait trouver un
emplacement de "camping". J'ai dit: Chez nous, nous appelions cela un
emplacement de campement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Un campement et un camping c'est bien
différent. Un campement, ce sont les Indiens.
M. SAMSON: M. le Président, j'ai compris que ce même
Français était en week-end, alors que, moi, j'étais en fin
de semaine. C'est pour cela que je trouve totalement inutile de se chamailler
sur des choses qui n'apportent rien. Quant à nous, nous n'avons pas
l'intention de continuer le débat sur ce sujet. Nous sommes prêts
à accepter cet article tel quel.
M. CHARRON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: ... sur l'amendement proposé par le
député de Bourget, je ne veux pas faire de discours; je veux
simplement poser une question au premier ministre. Le premier ministre est
certainement au courant c'est pour cela que cela a l'air loufoque
que cette question a soulevé de l'intérêt. Elle a, d'abord,
été soulevée par un éditorialiste, dans le Devoir.
Un fonctionnaire, je crois, a répondu au journaliste qui
suggérait d'ajouter la particule "de"qu'il avait tort.
Tout ce que je veux savoir du premier ministre, c'est si cette chose l'a
intéressé au point de demander un avis à l'Office de la
langue française, qui existe, sous la juridiction du ministère
des Affaires culturelles. J'admets les remarques qui ont pu être
lancées par les députés ministériels à
l'effet qu'il ne s'agit pas de faire une guerre autour de cela; il s'agit
simplement de s'assurer. Si tel avait été le geste posé
par le premier ministre, cela aurait pu être une question de jours pour
avoir un avis des linguistes qui sont déjà au service du
gouvernement. Il ne s'agit pas de faire une commission royale
d'enquête.
Est-ce que, oui ou non, le premier ministre a déjà
demandé à l'Office de la langue française son avis sur la
question?
M. BOURASSA: M. le Président, quand la population du
Québec saura que les membres du Parti québécois font
perdre le temps de la Chambre sur des choses comme cela, il n'en restera pas
beaucoup après la prochaine élection.
M. LEGER: M. le Président...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense que le premier
ministre ne doit pas prendre les choses de cette façon-là. La
demande du député de Bourget et celle du député de
Saint-Jacques sont des choses très logiques, très simples,
très pertinentes. On ne lui fera pas un débat de 25 heures sur la
question du nom. On lui pose tout simplement la question suivante: Est-ce que
le gouvernement a consulté l'Office de la langue française? Parce
qu'il y a une dispute, actuellement, entre des linguistes, cela peut
paraître futile à certaines gens. On lui demande, tout simplement,
de nous dire s'il a consulté l'office et l'on n'arrêtera pas
l'étude du projet de loi parce qu'on n'aura pas la réponse ce
soir.
On lui demande tout simplement de consulter l'office, si on ne l'a pas
fait, et de nous dire s'il vaut mieux mettre "baie de James" ou "baie James",
quelle que soit l'importance que certaines gens accordent à la langue
française.
M. BOURASSA: M. le Président, le projet de loi a
été discuté au conseil des ministres et le ministre des
Affaires culturelles était présent. Il a, au moins, autant de
talent que le député de Chicoutimi et il était d'accord
sur le projet de loi.
M. CARIDNAL: Pardon, M. le Président! Le ministre des Affaires
culturelles est responsable de l'Office de la langue française, mais il
n'est pas l'Office de la langue française, malgré toutes les
qualités que je lui reconnais.
La question posée au premier ministre est la suivante: Est-ce que
l'Office de la langue française a été consulté, oui
ou non? C'est clair! Est-ce que le premier ministre veut avoir un débat
là-dessus?
M. BOURASSA: M. le Président, je fais confiance au ministre des
Affaires culturelles; c'est ma réponse.
M. CARDINAL: Vous ne répondez pas à la question.
M. BOURASSA: C'est ma réponse. Si vous n'êtes pas
satisfait...
M. CARDINAL: Est-ce que, oui ou non, l'office a été
consulté?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! UNE VOIX: Comment, à l'ordre? UNE
VOIX: II a répondu.
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre est parfaitement libre de
donner la réponse qu'il veut.
M. CARDINAL: Pardon, on n'est pas en Chambre, là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président. Je
regrette. Le président peut fort bien dire que le premier ministre est
libre de donner la réponse qu'il veut, lorsqu'on pose des questions
à la période des questions, mais, lorsqu'on étudie un
budget ou qu'on fait l'examen d'un projet de loi ou qu'on pose une question qui
n'est pas d'une gravité exceptionnelle et qui est bien simple, on a
quand même droit à une réponse tout au moins respectueuse.
J'ai posé la question très poliment, très gentiment au
premier ministre: Est-ce qu'on a consulté l'Office de la langue
française? S'il ne peut pas me le dire ce soir, qu'il me dise tout
simplement: Nous allons revoir la question. C'est tout.
M. BOURASSA : Je ne sais pas si cela en vaut la peine.
M. LEGER: Est-ce que le Premier ministre ne pourrait pas à ce
stade-ci nous donner les fameux amendements qu'il veut nous présenter de
façon que nous puissions au cours de la fin de semaine qui nous reste,
étudier la valeur de ces amendements et, quand le Premier ministre
daignerait nous soumettre un amendement à un article quelconque, n'avoir
que quelques secondes ici pour les discuter? Est-ce que le Premier ministre
peut me répondre?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEGER: Est-ce qu'il est possible de nous présenter les
amendements pour qu'on puisse les étudier en fin de semaine? J'attends
la réponse du Premier ministre, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: II n'y a pas d'amendement à l'article 1. Nous
sommes à discuter l'article 1. A moins qu'il y ait consentement unanime
de la Chambre pour qu'on propose des amendements sur d'autres articles, je ne
peux pas permettre qu'on le fasse, sauf s'il y a consentement unanime.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais quand même qu'on comprenne
le bon sens. Le Premier ministre, pour nous demander justement
d'accélérer les travaux lorsque nous avons engagé des
débats de fond, nous a dit qu'il y aurait des amendements et qu'il en
proposerait.
Considérant que nous allons évidemment ajourner à
minuit et que nous aurons à revenir sur ce projet de loi, il serait
extrêmement important et utile, pour accélérer les travaux,
que nous ayons le texte de ces amendements afin de les étudier, d'en
juger le mérite. A ce moment-là, nous pourrions concourir avec le
gouvernement à l'examen...
M. LEVESQUE: De consentement unanime.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... mais, M. le Président, ce n'est pas
une question de consentement unanime, cela, M. le Président. On est
seulement à l'article 1...
M. LE PRESIDENT: Je rappelle le député de Chicoutimi
à l'ordre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... on va en faire de la procédure. On
va en faire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je suis debout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je parle sur l'article
1. Je parle sur l'article 1. D'accord?
M. LE PRESIDENT: Très bien! Parlez sur l'article 1.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parlant sur l'article 1, M. le
Président on va en parler longtemps le gouvernement nous
propose par l'article 1 de créer, de constituer une
société.
Une compagnie à fonds social est constituée sous le nom de
Société de développement de la baie James, en
français et "The James Bay Development Corporation", en anglais. Bon,
ça, c'est l'article 1. C'est tout le problème qui est posé
là. Or, à propos des intentions du gouvernement qui sont
manifestées ici dans l'article 1, nous avons engagé des
débats qui ont été assez longs parce que nous avons cru
devoir faire entendre la voix de la population, la voix de l'Opposition, la
voix des parlementaires légitimement élus afin de connaître
les intentions réelles du gouvernement.
L'opposition que nous avons faite on en a voulu l'interrompre en nous
disant et c'est le premier ministre qui a parlé à ce
moment-là, ès qualité le premier ministre nous a
dit: Nous proposerons des amendements. Bon. Et il nous a demandé...
M. BOURASSA: Des clarifications. UNE VOIX: Attendez-les.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... d'attendre les amendements avant de nous
prononcer. Ce n'était pas très logique en passant. Puisque nous
en sommes à l'article 1, le premier ministre déclare tout de
suite, il n'y a pas d'amendement à l'article 1. Bon, admettons qu'il n'y
ait pas d'amendement à l'article 1.
M. BOURASSA: Est-ce qu'on peut l'adopter?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président. L'article
1, comme je viens de le dire, pose tout le problème. Avant que de
pouvoir adopter l'article 1, nous voudrions connaître les amendements qui
vont se greffer à d'autres articles de la loi et qui vont nous
éclairer sur la signification de l'article 1, sur sa portée
véritable.
M. BERTHIAUME: Hors d'ordre, M. le Président, hors d'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est bien simple et c'est bien clair.
M. BROWN: Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors avant de pouvoir nous prononcer en toute
lucidité, en pleine lumière, sur la valeur, sur la portée,
aussi large qu'elle parait être, de l'article 1, nous voudrions
connaître du premier ministre ses intentions en ce qui a trait aux autres
articles qui, eux, vont probablement nous donner des indications sur l'article
1, sur sa portée, sur le sens de cet article et sur la nature même
de la société que le gouvernement se propose de créer par
l'article 1 du projet de loi 50. Il est donc extrêmement important que le
premier ministre nous éclaire à ce moment-ci et nous indique
quels sont les amendements qu'il entend proposer afin que, une fois
adopté l'article 1, nous ne soyons pas prisonniers d'une tactique ou
d'une stratégie du gouvernement.
Il me semble que c'est là un argument raisonnable, c'est une
argumentation fondée en droit et en justice de savoir où nous
allons. Je suis bien prêt, moi, puisque maintenant les choses sont
faites, je suis bien prêt...
M. BOURASSA: Est-ce que je pourrais poser une question au
député?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à accepter l'article 1 à la
condition que le premier ministre nous dise exactement qui va venir se greffer
sur le projet de loi...
M. LEVESQUE: Un instant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à la suite de l'article 1 parce
que, dès là que j'aurai accepté l'article 1, je deviendrai
prisonnier du geste que j'aurai posé si je ne sais pas ce qu'il y a dans
les amendements aux autres articles et qui pourraient donner un sens
très différent à l'article 1 tel qu'il est proposé,
tel qu'il est libellé dans le document que nous avons entre les
mains.
J'aimerais donc avoir de la part du premier ministre un geste de
collaboration. Il est clair je l'ai dit tout à l'heure que
nous n'aurons pas le temps d'ici minuit d'adopter tout le projet de loi, mais
si le premier ministre avait l'amabilité de nous présenter ses
amendements, nous pourrions, lundi ou lorsqu'on décidera de convoquer la
Chambre à nouveau, nous pourrions très bien, nous aurions le
temps, le loisir d'étudier ces amendements, cela faciliterait
l'étude ultérieure du projet de loi et nous permettrait, selon le
gré du gouvernement, de l'adopter.
Je n'engage pas ici, évidemment, qui que ce soit ou
moi-même, mais nous pourrions quand même discuter, lors des
prochaines séances de la Chambre, de ce projet de loi en connaissance de
cause, sachant exactement ce que comporte l'article 1 qui crée la
Société de développement de la baie James.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président...
M. LEVESQUE: J'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire.
M. LEVESQUE: Cela va faire! Un instant! M. le Président, le
député de Chicoutimi est probablement bien intentionné,
parce que c'est un homme juste, honnête, objectif et un homme qui a
donné beaucoup, au cours de la présente session, pour apporter
une certaine contribution. Bon, ceci étant dit, je ne suis pas d'accord
avec lui pour la raison suivante. Le député de Chicoutimi,
présentement, essaie de faire une négociation globale. Or, nos
règlements nous demandent, et que voulez-vous que j'y fasse, je suis le
serviteur, l'esclave et le prisonnier des règlements de cette Chambre.
Nous allons cependant, M. le Président, essayer d'améliorer, de
bonifier nos règlements. Mais en attendant, nous devons nous y
conformer. Et dans cet exercice de nous conformer aux règlements de la
Chambre, nous devons procéder article par article. On demande
présentement à l'honorable premier ministre d'apporter tous les
amendements à la fois. Je pense que c'est contre la lettre et l'esprit
de nos règlements. Je suis convaincu que l'honorable premier ministre
serait très heureux, si on faisait fi des règlements, de pouvoir
le faire. Mais lui-même est prisonnier des règlements.
M. CHARRON: S'il y a le consentement unanime.
M. LEVESQUE: II n'y a pas de consentement unanime, M, le
Président...
M. CHARRON: S'il y avait...
M. LEVESQUE: ... parce qu'on ne peut pas consentir aux mêmes
choses que le député de Saint-Jacques. Jamais je ne
consentirai...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. LEVESQUE: ... à avoir la même philosophie que le
député de Saint-Jacques.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable leader parlementaire.
M. LEVESQUE: M. le Président, ce serait une prostitution que de
m'associer au député de Saint-Jacques dans quelque proposition
que ce soit. Etant donné ceci, il n'y a pas consentement unanime, donc
nous devons procéder article par article pour respecter le
règlement. Et quel que soit le député dans cette Chambre,
quelle que soit sa brillante personnalité, quel que soit son âge
peu avancé ou quel que soit son langage peu accepté, quel que
soit le genre de représentation qu'il puisse faire, chacun de ces
députés, des 108, doit à un moment donné respecter
le règlement. Or, le règlement dit que quelque projet de loi que
nous ayons à étudier doit l'être en comité
plénier, article par article. Alors je suggère que nous revenions
non pas seulement à l'esprit, mais à la lettre des
règlements et que nous étudiions l'article 1.
M. LEGER: M. le Président...
M. CARDINAL: M. le Président, sur le point soulevé...
M. LE PRESIDENT: Le député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, nous pouvons nous emprisonner dans
cette camisole de force qu'est le règlement. Je voudrais rappeler
cependant deux précédents qui se sont produits au cours de cette
longue semaine, jour et nuit, et qui sont venus de la collaboration de
l'Opposition officielle, et j'en appelle à deux ministres de votre
gouvernement qui pourront en être les cautions. A l'étude du
projet de loi 27, malgré le règlement qu'a invoqué le
leader parlementaire, l'Opposition officielle avait quatre amendements à
proposer. Dès le début de la séance, le ministre de
l'Education en est témoin, pour aider les débats, par esprit de
collaboration, pour accélérer les débats, j'ai, dès
le début de la séance, déposé les quatre
amendements que nous proposions.
A la commission qui a étudié le projet de loi 45,
dès le début de la séance, j'ai indiqué au ministre
responsable des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives, quels étaient les amendements, dans l'ordre des
principes que nous proposions.
Je comprends que le leader parlementaire ait le droit d'invoquer le
règlement et ait le droit d'exiger qu'il s'applique. Je comprendrais,
d'autre part, que de même que nous avons eu cet
esprit de collaboration qui a facilité, dans ces deux
commissions, et qui a permis dans les deux cas, en une seule journée, de
régler deux projets de loi très importants, que l'on puisse
peut-être, du côté gouvernemental nous offrir la même
collaboration. C'est tout ce que j'ai à dire, M. le
Président.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président,...
M. LEGER: M. le Président, suite aux remarques...
M. LEVESQUE: Un instant, un instant... UNE VOIX: Voulez-vous regarder en
arrière.
M. LEVESQUE: Le ministre de l'Education a été pris
à partie et c'est à lui que revient le droit de parole.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education sur une
question...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je suis heureux que le
député de Bagot ait souligné les discussions et les
modalités qui ont donné lieu à nos discussions au projet
de loi 27 en comité plénier. Mais la remarque qu'il me lance me
permet de lui rappeler qu'en l'espace d'une journée au comité
plénier, il a été possible d'adopter plus de 119 articles,
que durant toute cette journée, à la fois, de la part de
l'Opposition, de l'Union Nationale, des Créditistes ou du Parti
Québécois, on a vu une opposition qui a été capable
de porter des arguments positifs et des remarques constructives et que,
réellement, les parlementaires du Québec ont fait avancer la
législation. Et nous n'avons pas assisté au spectacle scandaleux
d'aujourd'hui où toute une partie de l'Opposition, en partie dans cette
direction-là, a fait perdre le temps de cette Chambre, a fait perdre le
temps constamment pour nous empêcher d'avancer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur le rappel au
règlement du député de...
M. LEGER: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Vous parlez tous ensemble.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...du ministre de l'Education, tout ce qu'il
vient de dire est justement une démonstration à l'appui de la
demande que j'ai faite au premier ministre. Si nous avons pu procéder
avec autant de célérité en commission parlementaire
à certains endroits et j'étais là c'est
parce que le gouvernement avait bien voulu nous faire connaître la
substance et même le texte des amendements qu'il entendait nous proposer.
Par conséquent, l'argument dont il se sert, c'est celui dont je me suis
servi tout à l'heure lorsque j'ai demandé au premier ministre de
nous faire connaître ses amendements.
M. CADIEUX: En temps et lieu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, ayant disposé
de ce rappel au règlement en ce qui me concerne, je reprends ce que
j'étais à dire sur l'article 1.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je parlais au sujet de l'article 1, j'ai
été interrompu par le député de Bonaventure.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas fini, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: J'admets tout ça et nous avons jusqu'à
minuit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Chicoutimi
voudrait bien aussi respecter la présidence et le droit de parole des
autres membres du comité?
M. LEVESQUE: M. le Président, lorsque j'ai invoqué le
règlement, j'ai demandé qu'on s'en tienne à ce
règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que je vais faire.
M. LEVESQUE: Et qu'on s'en tienne à l'article 1.
M. LE PRESIDENT: Alors, d'une façon très stricte et
catégorique parce que, jusqu'ici, je considère et je m'en repens,
avoir laissé trop de lattitude au député de Chicoutimi en
ce qui a trait à cette question des amendements. Evidemment, avec
beaucoup d'habileté, avec la maîtrise exceptionnelle qu'il a de la
langue française,il a réussi à rattacher ça de
quelque façon à l'article 1, mais il a encore une fois il
avait commencé ce matin ce soir violé le
règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une bonne moyenne.
M. LE PRESIDENT: Et je ne permettrai pas...
M. CADIEUX: C'est bien lui. On le reconnaît.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Je ne permettrai en aucun temps, à
partir de maintenant, au
député de Chicoutimi de parler d'amendements autres que
ceux qui devraient s'appliquer à l'article 1.
M. PAUL: M. le Président... M. LEGER: M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. LEGER: M. le Président, je suis derrière vous, mais
vous pouvez quand même réaliser que je demande la parole de temps
en temps.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. LEGER: Il faudra que je change de place.
M. PAUL: M. le Président, j'ai écouté les propos de
l'instituteur, l'honorable ministre de l'Education...
M. LEVESQUE: Le député de Lafontaine pourrait-il
écouter le député de Maskinongé et respecter un peu
les règlements?
M. LEGER: M. le Président, j'aimerais bien pouvoir parler
à mon tour, mais le président ne me voit jamais.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: Même si le député de Maskinongé
a des choses désagréables à me dire, c'est lui qui a la
parole.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je n'ai pas de paroles
désagréables à adresser à qui que ce soit. Mais
cependant, M. le Président, j'ai une motion à faire. En vertu de
l'article 332, je voudrais faire la motion suivante, basée sur la note
2, à l'effet que le président quitte maintenant le fauteuil. Je
vais justifier la présentation de ma motion.
M. le Président, la nature humaine et les capacités
intellectuelles ont une limite. Considérant que nous avons
siégé à des heures indues, avec ténacité, et
que nous avons étudié des projets de loi très importants,
il est compréhensible et humain que tous les députés
soient quelque peu épuisés, les uns plus ou moins, les autres
davantage.
Il arrive, M. le Président, que votre autorité est
méconnue. C'est regrettable. C'est également une circonstance ou
une atmosphère qui rendent tout à fait inutiles les
délibérations que nous pourrions avoir jusqu'à minuit.
Je me permets donc dans les circonstances, M. le Président, de
vous suggérer de faire rapport. Si le gouvernement veut
réellement utiliser le droit qu'il a de nous faire siéger
jusqu'à minuit, il pourra appeler un autre article qui reste au
feuilleton. Peut-être que changeant de sujet de discussion, il nous sera
possible de rapporter progrès à minuit.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, considérant
qu'il s'agit d'une motion débat-table, je propose, conformément
à l'article 332, que vous quittiez maintenant le fauteuil et que vous
fassiez rapport.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous avons tous le droit de
participer à ce débat. Voici une motion débattable. Je
suis convaincu que les 72 membres du Parti libéral auraient beaucoup
d'arguments à apporter à l'encontre de cette motion.
Je comprends cependant, M. le Président, que nous ne pourrons pas
tous parler là-dessus parce que nos règlements nous imposent une
certaine clôture à minuit, le samedi soir. Nous ne pouvons pas
siéger le dimanche. La motion qui a été adoptée
avec un enthousiasme modéré par les honorables membres de cette
Chambre il y a quelque temps contenait cette disposition, que nous ne
siégions pas le dimanche.
Alors, M. le Président, il est exactement 11 h 40 minutes. Cette
motion est probablement inspirée par un sens que je ne qualifierais pas
de l'honorable député de Maskinongé. Comme je comprends
combien illusoire serait notre désir de vouloir progresser d'une
façon réellement positive à nos travaux, j'en profite pour
lui rendre hommage. C'est peut-être la dernière fois que j'en ai
l'occasion parce que je m'imagine bien que nos travaux parlementaires se
termineront précipitamment lorsqu'enfin ceux qui font une obstruction
systématique, et je ne parle pas de celui qui vient de parler,
s'apercevront que le peuple du Québec condamne à jamais ce genre
d'obstruction, ce "filibuster". Je comprends que, pris dans ce contexte, le
député de Maskinongé veut mettre fin à cette farce
monumentale que seuls ne décèlent pas ceux qui doivent être
les informateurs de l'opinion publique. Ceux-ci, je mesure mes paroles,
devraient décrire à ce moment-ci exactement ce qui se passe ici
alors que presque tous les membres de l'Assemblée nationale approuvent
le gouvernement et son action. On devrait le dire dans tous les journaux,
à la télévision, à la radio, parce que les
élus du peuple repoussent ce que les sept membres du Parti
québécois essaient d'imposer à cette assemblée.
S'il y a une responsabilité pour le gouvernement du
Québec, s'il y a une responsabilité pour l'Opposition officielle,
s'il y a une responsabilité pour le Ralliement créditiste et si
cette responsabilité est foulée aux pieds par le Parti
québécois, il y a une responsabilité pour ceux qui sont
responsables de l'information dans cette province de dire ce qui se passe ici
à l'Assemblée nationale.
M. le Président, le peuple du Québec sollicite la
coopération des media d'information, le
peuple du Québec demande que ses élus aient une voix dans
les media d'information, que l'on respecte l'intégrité de
l'information, que l'on respecte l'objectivité et que l'on dise ce que
disent les 72 députés libéraux. Que l'on dise ce que
disent les 17 députés de l'Opposition officielle et que l'on dise
ce que disent les 12 membres du Ralliement créditiste et que les media
d'information cessent d'être à la solde des 7 parmi les 108.
M. le Président, j'ai toujours été tolérant.
On m'a même accusé d'être trop tolérant. Tout ce que
j'ai fait dans ces seize années de vie politique, c'est d'essayer
d'être objectif, de comprendre tous mes voisins et de faire preuve d'une
charité presque évangélique.
Mais, M. le Président, j'ai mon voyage! Lorsqu'on lit certains
journaux, lorsqu'on écoute certaines informations venant de certains
media d'information je ne me gêne pas pour le dire il y a
une concertation, il y a un militantisme.
M. le Président, la population du Québec a le droit
d'être informée objectivement. Que l'on cesse présentement
ce petit jeu. Je sais que le premier ministre du Québec va me reprocher
ce que je dis présentement, parce que, lui, c'est l'exemple,
l'illustration de la tolérance. Il a cette caractéristique de
pouvoir accepter toutes les classes de la société, toutes les
accusations, même les plus viles, qui ont été faites
particulièrement par certains milieux que je ne dénoncerai pas
d'une façon précise.
UNE VOIX: Ecoeurants!
M. LEVESQUE: M. le Président, quant à moi, je suis
prêt à mettre mon avenir politique en jeu, parce que je n'accepte
plus ce genre d'information qui, plus que jamais, change la nature des choses
quant à l'information qui est donnée. M. le Président, je
mesure ce que je dis. Je n'ai jamais utilisé de violence dans mes
propos. J'ai toujours été objectif, autant que possible, mais, M.
le Président, ce soir, je crois qu'il est temps que l'on dise à
certaines personnes qu'on n'est pas là pour faire du militantisme, mais
du journalisme.
Je n'irai pas plus loin dans ces remarques. A ce moment-ci, il est 11 h
45, je voudrais simplement qu'on revienne à l'article 1 du projet de loi
et qu'on l'étudie dans la sérénité qui devrait
inspirer nos débats. Nous travaillons pour la province de Québec,
nous travaillons pour le Québec, quels que soient nos arguments
politiques.
Les Québécois et les Québécoises, ces 6
millions de personnes, ont le droit de savoir ce qui se passe dans
l'Assemblée nationale.
Qui fait l'obstruction présentement, une obstruction
systématique, un "filibuster" contre la prospérité du
Québec? Qui? Qu'on le dise, qu'on n'essaie pas de faire des interviews
à gauche et à droite pour savoir comment se comportent les 7 sur
les 108. Qu'on demande donc aux 101 ce qu'ils pensent, eux qui sont
également élus par le peuple du Québec.
On a l'impression, à un moment donné, qu'il faut
s'asseoir, écouter, se complaire, se demander si ces sept
représentent 23 p. c, 21 p. c. ou 20 p. c; ils sont battus et ils seront
plus battus que jamais à la prochaine élection.
J'ai le respect des institutions parlementaires, et je fais un appel
particulier à mes bons amis les media d'information, pour qu'on respecte
ce qui se passe ici à l'Assemblée nationale. Voici un premier
ministre dont on connaît la tolérance, non pas seulement le
dynamisme et la jeunesse, la valeur et la compétence, mais dont on
connaît la tolérance, un premier ministre qui est prêt
à accepter de se soumettre à la dernière question du
dernier venu. Mais, M. le Président, il ne faut pas exagérer
à tout jamais.
Il y a ici 72 députés démocratiquement élus.
Qui peut mettre en cause cette légitimité? Il y a là, du
côté du Ralliement créditiste, douze députés
légitimement élus; il y a là, du côté de
l'Union Nationale, 17 membres légitimement élus par la
population. Mettez-vous cela dans la tête: II y en a 101
légitimement élus, aussi honnêtes, aussi légitimes,
aussi valables, dans chacun de leur comté, que ces sept enfin, je
ne dis rien ...
UNE VOIX: Ces sept plaies d'Egypte.
M. LEVESQUE: ... également légitimement élus, si
vous voulez, légalement élus. J'espère que l'on a compris
le message. Je ne voudrais pas le faire faire par d'autres. Je n'ai jamais fait
faire mes messages par d'autres et je n'ai jamais essayé de solliciter
les faveurs de qui que ce soit, particulièrement de ceux qui
m'écoutent. Merci.
M. SAMSON: M. le Président, sur la motion d'ajournement,
évidemment, nous sommes conscients que nous assistons
présentement à une joute, à un espèce de duel
à finir. Il y a, d'une part, M. le Président, le gouvernement,
qui a ses responsabilités, qui veut faire avancer ses travaux, et
d'autre part, un parti en cette Chambre, je ne dirai pas deux, M. le
Président, je dirai un, qui, lui, semble ne pas avoir de
responsabilités, et fait depuis deux jours de l'obstruction. Ils se sont
juré d'arrêter par tous les moyens possibles le bill 50.
M. le Président, si le gouvernement voulait absolument passer un
article avant minuit, je crois que c'est raté maintenant. Il aurait
peut-être fallu comprendre mieux les honorables députés du
Parti québécois. Je pense qu'on ne les a peut-être pas
compris. Avec eux, M. le Président, j'ai l'impression qu'il faut
commencer par la queue, il faut commencer par la fin. Au lieu de commencer par
l'article numéro 1, vous auriez dû commencer par le dernier
article, l'article 44, par exemple, qui dit que la présente loi entre en
vigueur le jour de sa sanction. C'est
généralement le seul article qu'ils ne discutent pas, M.
le Président. Comment pouvons-nous croire que ces gens sont
sérieux quand, depuis deux jours, on présente motion par dessus
motion, aussi inutiles les unes que les autres, M. le Président? Ils
auront à rendre des comptes à la population du Québec.
M. le Président, la population qui nous regarde en ce moment,
s'attend à ce que ce bill soit adopté dans les plus brefs
délais pour développer cette région de la baie James.
Nous avons, nous aussi, nos opinions. C'est bien clair que nous ne
partageons pas toujours les opinions des trois autres partis en cette Chambre,
mais lorsque arrive un sujet aussi important que celui-là, aussi grave
de conséquences, un sujet qui constitue une planche de salut pour
l'économie de notre province de Québec, on n'a pas le droit de
discuter de façon partisane.
M. le Président, la population ne nous a pas élus pour
faire de la politicaillerie. On nous a élus pour venir en cette Chambre
représenter les électeurs. Surtout je n'ai pas honte de le
dire les quatre partis en cette Chambre, lors de la dernière
campagne électorale, ont fait valoir qu'ils voulaient relancer
l'économie de la province de Québec. Ce sont les promesses qui
ont été faites par les quatre partis qui siègent
actuellement en cette Chambre et nous avons, nous, du Ralliement
créditiste, ainsi que les autres, la responsabilité de ne pas
faire obstruction au moins lorsque nous avons un bill devant nous qui est
susceptible de relancer l'économie au Québec, qui est susceptible
de donner du travail au quelques 200,000 chômeurs que nous avons
actuellement, qui est susceptible de donner de l'emploi à plusieurs des
quelque 500,000 assistés sociaux que nous avons présentement au
Québec.
Alors que la population a faim, alors que la population demande que le
gouvernement prenne ses responsabilités, on a devant nous un
gouvernement qui prend ses responsabilités. Même si je ne suis pas
toujours d'accord avec ce qui est fait en cette Chambre, et nous l'avons
prouvé, qu'on ne vienne pas nous dire que nous sommes toujours
prêts à appuyer le gouvernement. Le gouvernement est le premier
à se plaindre du Ralliement créditiste. Quand c'est le temps de
faire la lutte, on la fait et on l'a prouvé lors du bill 27.
Les députés du gouvernement viennent d'applaudir justement
parce qu'ils reconnaissent une saine démocratie.
M. BURNS: Vous êtes de toute beauté!
M. SAINT-PIERRE: Vous, vous n'êtes pas de toute beauté, par
exemple!
M. SAMSON: Le gouvernement a reconnu que nous avons des droits. Le
gouvernement a reconnu démocratiquement que lorsque nous avons une lutte
à faire et que nous la faisons objectivement, on n'a pas de reproche
à nous faire.
Mais, nous n'avons pas le droit, au nom de certains principes, sous le
prétexte de vouloir protéger certains petits amis qui sont dans
une certaine compagnie de la couronne présentement, de faire de
l'obstruction systématique en vue de faire avorter le bill no 50. C'est
ce que nous ne ferons pas, et nous n'accepterons pas, M. le Président,
de nous laisser associer, non plus, à des partis qui veulent faire de
l'obstruction.
Toutefois, nous reconnaissons que ce genre d'obstruction n'est pas
sérieux je termine, M. le Président aussi peu
sérieux que l'Association du Parti québécois du
comté de Jean-Talon qui a envoyé des chèques de $1.03
à chaque chef de parti, M. le Président. Nous ne sommes pas
avares; nous n'acceptons pas les chèques du Parti
québécois, nous, du Ralliement créditiste.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. LOUBIER: M. le Président...
M. HARDY (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que le comité n'a
pas fini de délibérer et qu'il demande la permission de
siéger à nouveau.
M. LAVOIE (président): Quand siégera-t-il? A la prochaine
séance.
M. LOUBIER: M. le Président, je m'excuse, j'avais demandé
la parole. Il n'est pas minuit et je comprends très mal l'attitude assez
arrogante et méprisante du président qui vient de quitter le
fauteuil de ne pas permettre au chef de l'Opposition d'adresser la parole,
alors qu'il n'est pas minuit. M. le Président, d'une façon
beaucoup plus sereine, j'ai écouté les propos du leader
parlementaire et les propos tenus par le chef du Ralliement créditiste.
Je ne commente aucunement l'attitude et les commentaires des deux opinants qui
m'ont précédé, mais je pense, M. le Président, que
c'est l'illustration parfaite de ce climat de tension qui existe actuellement
dans cette Chambre. Je pense que les deux opinants qui ont tenu des propos que
je laisse le soin à tout le monde d'analyser et de juger sont la preuve
flagrante...
M. LE PRESIDENT: Avec la permission de l'honorable chef de l'Opposition.
Je suis bien d'accord pour le laisser parler; il est près de minuit. Si
on lui permet de continuer, il faudra absolument que ce soit du consentement
unanime de la Chambre.
M. LOUBIER: II n'est pas minuit, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je vous préviens qu'il est minuit dans quelques
secondes. Je n'ai aucune objection si la Chambre y consent.
M. SAMSON: M. le Président, question de consentement, est-ce
ça que vous nous demandez?
M. LE PRESIDENT: Dites-moi oui ou non.
M. SAMSON: M. le Président, l'honorable député de
Chicoutimi m'a refusé son consentement sur le bill no 27; je refuse le
mien, ce soir.
M. LOUBIER: M. le Président, il reste, au moins, une minute.
M. LEVESQUE: Je crois qu'à ce moment-ci il faudrait que nous
fassions motion pour que le comité plénier puisse siéger
à nouveau.
M. LOUBIER: M. le Président, si le chef du Ralliement
créditiste et le leader parlementaire m'interrompent alors qu'il reste
encore une minute, c'est bien évident que je ne pourrai pas
terminer...
DES VOIX: Il est minuit.
M. LEDUC: On ne peut plus siéger après minuit. Vous voulez
savoir quand nous allons ajourner, après minuit, nous ne siégeons
plus.
UNE VOIX: Le comité plénier. M. LAVOIE (Wolfe): Le
bâillon!
M. LOUBIER: M. le Président, en terminant, je
réalise...
M. SAMSON: Je refuse mon consentement, M. le Président, il est
minuit.
DES VOIX: II est minuit. M. LOUBIER: II est minuit. M. LE PRESIDENT: La
séance est levée. (Fin de la séance: 0 heure)