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(Quinze heures sept minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes. Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
commissions élues.
Commission de l'Agriculture
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A la présentation de rapports de
commissions élues, j'aurais pensé que le président de la
commission parlementaire de l'Agriculture aurait fait son rapport afin de
hâter les travaux, l'étude du bill 64.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement. Il
ne s'agit pas ici, à mon sens, de parler de l'ordre des travaux de la
Chambre. Si quelqu'un a un rapport d'une commission, il le fait à ce
moment-ci. Si on veut discuter de l'ordre des travaux de la Chambre, il y a une
autre période opportune prévue par le règlement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'y reviendrai.
M. LE PRESIDENT:
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions des députés.
Questions et réponses
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Jeux du Québec
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne sais vraiment
pas à quel ministre poser une question.
M. LEVESQUE: Savez-vous quelle question vous vouliez poser?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'avais plusieurs questions à poser.
J'avais une question à poser au ministre de l'Education.
M. LEVESQUE: Que le député pose la question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a pas de ministre.
M. LEVESQUE: Si le député n'est pas prêt, qu'il
donne sa place au député de Mégantic qui est prêt
à poser sa question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député est bien prêt
à poser ses questions; c'est le gouvernement qui n'est pas
là.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais à l'honorable
député de Chicoutimi de poser sa question, s'il lui
plaît.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désire poser
une question au ministre de l'Education.
M. LE PRESIDENT: Posez-la.
M. TREM BLAY (Chicoutimi): Comme le ministre de l'Education n'est pas
là, je vais poser ma question au leader parlementaire du gouvernement,
représentant le premier des ministres qui, lui aussi, est absent et on
sait pourquoi.
M. CADIEUX: Vous êtes le dernier des députés,
vous!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La question s'il vous plaît.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils arrivent, ça rentre. Le ministre de
l'Industrie et du Commerce pourrait-il prendre avis de la question que je
désirerais poser au ministre de l'Education sur un sujet urgent,
d'intérêt québécois?
Quel est le montant exact que le gouvernement du Québec entend
consacrer sous forme de subventions ou autrement aux Jeux d'été
du Québec de 1972?
M. LEVESQUE: M. le Président, je n'ai pas l'intention de prendre
avis de la question, parce qu'elle est irrégulière à mon
avis. Si vous en jugez autrement, je serai prêt à me rendre
à votre décision. Mais il s'agit là d'une question qui
pourrait être fort bien posée au feuilleton ou lors de
l'étude des crédits. A ce moment-ci, M. le Président, s'il
fallait répondre à chacune des questions ainsi localisées,
nous n'en finirions pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement, et vous me donnerez votre avis là-dessus. Comme on le
sait, les Jeux du Québec sont en train de devenir une institution.
M. LE PRESIDENT: Vous avez soulevé une question de
règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: Je ne voudrais pas que
vous me parliez des Jeux du Québec. Parlez-moi du
règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je justifie ma question, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, j'aimerais bien que vous me laissiez le
temps de m'expliquer. Je vous dis que les Jeux du Québec sont maintenant
une institution au Québec. Ces jeux se passent dans une région
donnée. Alors, je vous demande ceci: Est-ce que, à votre avis,
nous pouvons poser, alors que la ville qui recevra ces jeux s'inquiète
actuellement de l'argent que le gouvernement lui donnera, une question sur ce
problème de l'aide gouvernementale à une institution qui est en
train de devenir une institution permanente du Québec?
M. LE PRESIDENT: Mon opinion est que je considère cette question
comme ayant un certain intérêt public, une question en vue de la
préparation, de l'organisation d'autres Jeux du Québec assez
prochainement. Par contre, je dois considérer que, dans
l'économie de notre règlement, dans l'usage, dans la tradition,
dans la jurisprudence tout ministre est libre de refuser de répondre
à une question. Je pense que tout le monde est d'accord sur ça.
Il est prévu que le ministre a totalement le droit de demander que cette
question soit inscrite au feuilleton; c'est l'économie de notre
règlement. Libre au ministre de dire: Que cette question soit
posée au feuilleton, et je n'aurai aucune remarque à faire s'il
en est ainsi de la décision du ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. le Président. Vous avez
répondu exactement à ma question puisque vous n'avez pas
déclaré qu'elle était irrecevable. Il est bien exact que
le ministre peut répondre ou ne pas répondre.
M. LE PRESIDENT: Vous aviez tous les deux raison.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
Travaux d'hiver
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre des Affaires municipales. A la suite des explications que le ministre
nous a enfin fait parvenir à nos bureaux concernant le programme des
initiatives locales pour tenter de parer au chômage et à la suite
des nombreuses plaintes que nous recevons concernant les trente
mois-homme-travail, est-ce l'intention du ministre de changer ou de
réduire cette obligation pour aider les 1,000 municipalités qui
ne pourront entreprendre ces travaux?
M. TESSIER: M. le Président, je n'ai pas l'autorité, et le
gouvernement du Québec n'a pas l'autorité, de faire le changement
puisque ce sont des normes qui ont été établies par le
gouvernement fédéral lui-même.
M. DUMONT: Question supplémentaire, M. le Président. Etant
donné la réponse que le ministre vient de nous donner, est-ce
qu'il n'aurait pas l'intention d'aider ces municipalités à
obtenir des prêts de $25,000 et moins à de faibles taux
d'intérêt pour qu'elles entreprennent les travaux sous la
surveillance du ministre des Affaires municipales?
M. TESSIER: Le ministère des Affaires municipales n'a pas
d'argent dans son budget pour consentir de tels prêts aux
municipalités.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Le français dans les industries
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre des Affaires culturelles.
En rapport avec la déclaration d'intention qu'il a faite, hier, en ce
qui concerne les équipes d'intervention de l'Office de la langue
française auprès des industries, est-ce que le ministre pourrait
dire à cette Chambre comme il l'a peut-être dit, hier, en
public quelles sont les directives qu'il a données à ces
équipes d'intervention? Quel est le calendrier qui sera suivi? Est-ce
qu'il a l'intention de mettre au travail ces commandos dans toutes les usines
du Québec et à quel rythme?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je regrette que le
député de Bourget n'ait pu assister à ma conférence
de presse. J'aurais pu l'éclairer à ce moment.
M. LAURIN: Vous ne l'avez pas fait ici.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout d'abord, je voudrais préciser qu'il
ne s'agit pas du tout d'une déclaration d'intention mais qu'il
s'agissait de la présentation d'un programme précis. J'ai
inauguré les nouveaux locaux de l'Office de la langue française
dans le quartier des affaires à Montréal et j'ai défini la
nouvelle orientation de cet organisme. Vous n'ignorez pas que cet organisme
avait accompli jusqu'ici d'importants travaux linguistiques et que, depuis que
l'actuel gouvernement a mis l'accent sur le français langue de travail,
il a voulu se doter des structures nécessaires pour intervenir.
L'équipe d'intervention à laquelle le député de
Bourget fait allusion est composée de quelques fonctionnaires des
principaux ministères impliqués, de
conseillers en gestion et d'un certain nombre d'employés qui nous
sont prêtés par certaines industries à titre individuel,
c'est-à-dire que ces entreprises n'engagent pas leur
responsabilité.
Cette équipe a pour fonctions de négocier, dans une
première phase, avec un certain nombre d'entreprises, dans
différents secteurs, de manière à établir, dans une
seconde phase, un bilan de la situation linguistique dans le cas particulier.
En quelque sorte, c'est une expression que le député de Bourget
connaît fort bien. Il s'agit de poser un diagnostic, d'évaluer le
degré de francisation, d'étudier les communications, d'essayer de
déterminer quelle serait la part du français et la part de
l'anglais, compte tenu des besoins de l'entreprise et compte tenu de la
conjoncture économique.
Dans une troisième phase, un projet d'implantation sera
proposé. Pour l'instant voilà le schème qui doit guider
cette équipe d'intervention. C'est en cours de route qu'il sera possible
de préciser davantage ses fonctions.
M. CHARRON: Question supplémentaire, M. le Président, au
ministre des Affaires culturelles. Est-ce que ces mesures incitatrices
annoncées par le gouvernement hier vont remplacer ou ne font que
devancer une politique qui serait menée par législation pour
faire du français la langue de travail au Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le programme "français, langue de
travail" ne préjuge absolument pas d'autres mesures qui pourraient
être prises. En ce qui me concerne, j'ai reçu un mandat, dans la
mesure où l'Office de la langue française relève,
actuellement, de mon ministère, d'essayer de mettre en place des
structures nécessaires pour réaliser ce programme. Je m'en tiens
donc à ce mandat.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre a oublié ou volontairement
négligé l'annonce qu'avait faite le premier ministre
l'année passée, à la suite de son échec personnel
à la General Motors, de procéder par amendements au code du
travail pour faire du français la langue de travail au
Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout d'abord, M. le Président, il ne
s'agissait pas, à mon avis, d'un échec dans le cas de General
Motors.
M. CHARRON: On travaille toujours en anglais à la General
Motors!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, et c'est certainement un
secteur...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... auquel il faudra s'adresser en temps et
lieu. Mais le problème est extrêmement complexe. Je ne crois pas
que ce soit dans le cadre de la réponse que je suis amené
à faire qu'il y ait lieu d'évoquer un véritable
débat sur ce point.
Pour ce qui est d'amendements possibles au code du travail, le ministre
du Travail pourrait y répondre en temps et lieu. Et, de toute
façon, je répète ce que j'affirmais que les mesures
pratiques qui sont prises et qui témoignent de la volonté d'agir
du gouvernement...
M. LEGER: II faut qu'il élève le ton, c'est l'heure des
applaudissements!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela m'étonne que vous n'applaudissiez
pas, d'ailleurs. Il me semble que le député de Saint-Jacques
devrait être ravi...
M. CHARRON: Quand vous haussez le ton...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... de s'apercevoir que l'on accepte d'agir.
Mais il est beaucoup plus facile de vouloir démolir et de vouloir faire
de la démagogie avec les problèmes linguistiques que de prendre
des mesures pratiques qui tiennent compte des véritables
problèmes tels qu'ils se posent.
M. LAURIN: Une question de règlement, M. le Président. Il
me semble qu'il n'y avait absolument rien de démagogique dans les
questions que nous avons posées, qui étaient très
précises et très respectueuses.
UNE VOIX: Question! Question!
M. LE PRESIDENT: C'est une question de règlement.
UNE VOIX: II n'y a pas de question de règlement
là-dedans!
M. LAURIN: Ces questions tendaient simplement à établir
des faits. C'est la raison pour laquelle, M. le Président, je proteste
contre cette interprétation que le député d'Ahuntsic donne
à nos questions. Je pense qu'il en veut simplement au fait que nous
n'applaudissons pas, ce qui est notre droit, puisque nous pouvons penser que
ces mesures sont insuffisantes. Je ne vois donc pas que ce soit
démagogique de ne pas applaudir.
Une question additionnelle, M. le Président. Je pense que le
ministre n'a pas répondu à ma deuxième question, à
savoir s'il y avait un calendrier qui devait porter ces commandos dans toutes
les usines du Québec et à quel rythme. Combien d'années?
Vingt, trente, quarante ans?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis heureux de constater que le
député de Bourget a l'intention de vivre assez longtemps pour
voir les résultats.
M. LEGER: Ce n'est pas un patriarche!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas de calendrier précis,
puisque nous en sommes à la phase d'un projet pilote. Il faut, tout de
même, se rendre compte de la complexité de l'opération. Il
faut aussi se rendre compte que c'est la première fois qu'un geste
pratique de cette nature est posé.
Même si cette équipe voulait travailler avec plus
d'industries que les négociations ne le lui permettent en ce moment
il y a six industries qui sont impliquées elle serait
incapable de faire face à la demande qui se manifeste dès
maintenant. Par conséquent, l'essentiel de l'action entreprise est
d'essayer d'obtenir une percée dans certains secteurs, compte tenu de
l'avancement des travaux terminologiques. Une fois cette percée obtenue,
nous pourrons faire la synthèse et essayer, dans une deuxième
étape, d'aller plus loin et de voir comment il sera possible
d'étendre le programme. Ceci est évidemment
prématuré.
M. LAURIN: Une dernière question additionnelle, M. le
Président. Le ministre a-t-il l'intention de consulter son
collègue des Institutions financières afin que l'Office de la
langue française entre en contact avec les officiels du ministère
pour effectuer la francisation la plus rapide des raisons sociales des
compagnies?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, c'est déjà
fait. Il y a des consultations nombreuses. Il n'y a pas, d'ailleurs, que le
secteur des raisons sociales qui nous intéresse. Il y a tout le secteur
de l'affichage, le secteur de l'étiquetage. Je peux vous affirmer qu'un
comité de fonctionnaires est actuellement très actif et essaie de
tenir compte de tous les points de vue.
Il est évident, d'autre part, que nous attendons certains
rapports d'une commission que vous connaissez, qui est la commission
Gen-dron.
Ces rapports peuvent constituer des éléments majeurs dans
une politique globale. Il est, par conséquent, nécessaire
d'attendre d'avoir une vue globale de la situation avant d'aller plus loin.
M. LEGER: Question supplémentaire, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît. J'avais reconnu
avant l'honorable député de Chicoutimi qui désire poser
une question supplémentaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une question qui va peut-être
régler le problème. Le ministre des Affaires culturelles peut-il
me permettre de le féliciter d'avoir maintenu ce que j'avais mis sur
pied et d'avoir annoncé simplement un changement de locaux pour l'Office
de la langue française?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je veux tout simplement
dire qu'il y a une différence entre les excellentes intentions que
l'ancien ministre a...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne peux pas permettre cet
échange.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez simplement changé de
bureau.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le ministre peut nous
dire...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LEGER: ... quelles sont les motivations que ces industries ou ces
compagnies auront en plus de l'aide technique que le gouvernement peut leur
donner? Quelles sont les autres motivations que ces industries auraient de
réellement faire du français la langue de travail chez elles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que le député se dirige
vers le domaine de la haute spéculation. Comment voulez-vous qu'on
puisse apprécier les motivations d'une entreprise? Tout ce que je peux
affirmer, c'est que la collaboration que l'on a rencontrée jusqu'ici est
excellente. Et j'ai dit à plusieurs reprises qu'à mon avis le
processus de francisation était engagé et était
irréversible malgré les prophètes de malheur qui
s'acharnent à semer le défaitisme et le pessimisme. J'ajoute
également qu'il est parfaitement encourageant de voir comment le groupe
anglophone au Québec se rend compte des problèmes
d'identité du groupe francophone et accepte d'aller plus loin avec
lui.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
Jeux du Québec à Shawinigan
M. DEMERS: Ma question s'adresserait au ministre de l'Education. En son
absence, est-ce que le leader parlementaire pourrait me dire si la
décision prise par le gouvernement en ce qui a trait aux sports d'hiver
à Shawinigan est définitive et que Shawinigan ne peut compter sur
aucune subvention du gouvernement?
M. LEVESQUE: Je pense bien que c'est le même genre de question
posée par le député de Chicoutimi au début de cette
séance et je ne crois pas que je puisse donner une réponse
différente.
Cependant, si le député veut revenir à la charge
lorsque le ministre de l'Education sera ici, libre à lui de juger si la
question est aussi urgente qu'il le prétend.
M. DEMERS: Cela va être un peu tard.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lévis.
Traverse de Lévis
M. ROY (Lévis): M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Transports. La semaine dernière, j'ai posé des
questions auxquelles on a très bien répondu. Je demande
aujourd'hui au ministre des Transports si des mesures ont été
prises, dans les circonstances du côté de la rive sud ce
n'est pas un problème, avec la représentation qu'ils ont, tout
est en ordre du côté de Québec, pour qu'il y ait une
salle d'attente, soit temporaire ou permanente, vu la saison qui s'avance, pour
donner l'avantage aux gens qui circulent d'être à l'abri en
attendant les bateaux.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, pour répondre au
député de Lévis, tout a été prévu
pour cet hiver. H va y avoir des roulottes temporaires, car on ne peut pas
construire de bâtiments. Il va y avoir des roulottes où les
personnes de Lévis pourront attendre le bateau pour traverser, pour
aller chez eux.
M. ROY (Lévis): Une question supplémentaire, M. le
Président, le ministre me dit qu'il va y avoir des roulottes, mais
est-ce que ce sera dans le mois de février ou mars? Je voudrais savoir
si immédiatement des mesures seront prises pour que les roulottes soient
arrivées en temps, vu la température?
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, j'ai répondu
à la question qu'il y aurait des roulottes pour les personnes qui vont
attendre le bateau.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
Achat du câble Belle Vision
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Communications. Il était ici, il y a quelques secondes. Première
question: Où en est rendue la question de La Belle Vision concernant le
prix d'achat pour le câble ainsi que les coopératives qui
pourraient s'unir pour l'acheter, et deuxièmement, est-ce que les
organismes coopératifs de la région se sont prévalus de
l'aide technique faite par le ministère?
M. L'ALLIER: Je vais demander au député de
répéter sa deuxième question que je n'ai pas
complètement saisie. Pour répondre à la première
question, dans le cas de La Belle Vision, le ministère des
Communications a reçu une demande d'avis de abonnés de cette
société quant à l'opportunité pour eux de se porter
acquéreurs, par voie coopérative et conformément à
un projet soumis par la société, des installations et des
équipements de La Belle Vision.
Le ministère des Communications a fait connaître son avis
et l'a rendu public. Pour le reste, dans cette question, tout ce qui suit,
c'est la responsabilité tant de la société que des
abonnés ou de tout organisme ou de tout citoyen de prendre ses
responsabilités.
On nous a demandé un avis; nous avons donné cet avis. Nous
ne pouvons pour l'instant faire plus. Je souligne au député qu'il
y a actuellement devant cette Chambre un projet de loi qui traite
particulièrement de cette question.
M. LEGER: La deuxième question que vous n'aviez pas comprise
était: Est-ce que des organismes coopératifs dans la
région se sont prévalus des services d'aide technique que votre
ministère avait offerts? Je répète ma première
question, parce qu'il y a une partie à laquelle vous n'avez pas
répondu: Où en est rendue la question de prix, étant
donné que vous vous demandiez si les $6 millions pourraient inclure les
intérêts ou non? C'est toute la différence.
M. L'ALLIER: Effectivement, pour répondre à votre
deuxième question, l'ACEF régionale ou locale nous a
demandé un avis, parmi d'autres citoyens. Je dois souligner aussi que le
député du comté a été extrêmement
actif dans ce dossier. Il a lui-même sollicité, pour ses
commettants, l'avis du ministère.
Pour répondre à la première question, en ce qui
concerne le prix, nous n'avons pas fait d'étude technique poussée
sur cette question. Nous avons simplement comparé le prix qui
était demandé par la formule coopérative formule
qui a, d'ailleurs, été refusée par le ministère des
Institutions financières avec les offres qui étaient
faites par ailleurs devant le CRTC. Ces offres variaient entre $1 million et
quelques centaines de milliers de dollars et $3,200,000 ou $3,400,000 par
rapport au coût demandé par la formule coopérative
proposée par La Belle Vision qui était de l'ordre de $6
millions.
Nous n'avons pas reçu, depuis le premier avis que nous avons
donné, d'autres demandes et c'est l'état actuel du dossier en ce
qui nous concerne.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
Revue Terre et Foyer
M. BELAND: J'aurais une question pour l'honorable ministre de
l'Agriculture. L'honorable ministre de l'Agriculture a-t-il l'intention
d'accorder, pour l'année en cours, une subvention quelconque au Cercle
des fermières du Québec afin qu'il puisse continuer
l'édition de sa revue utile Terre et Foyer?
M. TOUPIN: M. le Président, le député de
Lotbinière est en retard, parce que cette subvention fut refusée
l'an dernier et qu'elle n'apparaît pas au budget de cette
année.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
Perspectives-Jeunesse
M. CHARRON: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
responsable du placement étudiant. Lorsqu'il disait, dimanche soir
dernier, à la Pocatière, que son gouvernement hésitait
entre deux hypothèses, celle de mettre son programme sous la juridiction
de Perspectives-Jeunesse et celle d'en faire un instrument parallèle,
est-ce qu'il écartait la troisième hypothèse qui est celle
de rapatrier le programme Perspectives-Jeunesse sous la juridiction, comme il
se doit, du gouvernement québécois?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, il faudrait que l'honorable
député de Saint-Jacques sache qu'il n'a probablement pas lu le
bon journal puisque ce n'est pas exactement la déclaration que j'ai
faite. J'ai parlé, tout simplement, de la possibilité que les
sommes attribuées par le biais de Perspective-Jeunesse soient
administrées par la province de Québec ou que les deux
systèmes fonctionnent parallèlement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
Services biologiques
M. AUDET: Ma question s'adresse au ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche. A la suite des plaintes d'organismes et de pourvoyeurs
à l'effet qu'on obtiendrait très difficilement les services de
biologistes de votre ministère, est-ce l'intention de votre
ministère d'ajouter du personnel dans ce secteur de votre service?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Je regrette, M. le Président, mais je n'ai
pas saisi le début de la question.
M. AUDET: A la suite des plaintes de pourvoyeurs et d'organismes,
d'"outfitters", on nous a dit qu'on a difficilement une réponse aux
demandes de biologistes dont on requiert les services.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, c'est l'intention du
ministère que je dirige d'augmenter le nombre de biologistes au service
de la population. Entre autres, dans le Nord-Ouest québécois, il
est question d'installer un biologiste, un bureau pour donner plus de service
à la population de cette région.
M. AUDET: Question additionnelle, M. le Président. Quand
croyez-vous pouvoir l'ajouter?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Nos projets sont pour le printemps prochain, M.
le Prési- dent, et j'ai déjà fait une annonce publique
dans la région, à Ville-Marie, en particulier, dans le
comté de Témiscamingue, et dans la région de
Rouyn-Noranda.
M. LESSARD: Question additionnelle, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
Conférence sur le tourisme
M. LESSARD: J'aimerais demander au ministre si elle a l'intention de
répondre aux deux questions que je lui posais hier.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: J'avais déjà avisé le
président sur ce point, à la fin de la période des
questions.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche peut procéder à cette réponse.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, je dois d'abord dire que
la réunion des différents ministres du Tourisme à travers
le Canada s'est déroulée dans la plus grande cordialité.
On a obtenu différents résultats. Comme résultats positifs
de cette conférence fédérale-provinciale, je désire
d'abord vous faire part de deux importantes contributions financières
que nous avons obtenues du gouvernement central sur le plan publicitaire.
Ces contribution atteindront la somme de $500,000. La première
consiste en une aide financière technique d'environ $325,000, sinon
davantage, que le gouvernement fédéral a promis d'apporter au
Québec dans l'organisation du congrès mondial du voyage qui doit
se dérouler à Montréal en 1974.
De plus, j'ai obtenu des représentants des autres provinces une
promesse enthousiaste de contribuer à l'organisation du congrès
de l'ASTA.
La seconde contribution consiste en une somme de $100,000 que nous
recevrons au cours de l'année 1972. C'est une contribution qui
amène de la publicité sur le plan que nous avons du "Heritage
Highway" qui, comme on le sait, se poursuit conjointement entre les provinces
de l'Ontario et du Québec. Cette route des pionniers a comme
itinéraire Niagara à Percé en passant par Toronto, Ottawa,
Montréal et Québec.
Enfin, en ce qui concerne les problèmes soulevés au cours
de la conférence, principalement à la réunion qui a
été tenue entre les différents ministres et qui s'est
déroulée à huis clos, je pense qu'il est important de
préciser que la question de l'aide financière que nous devons
fournir à l'hôtellerie a été longuement
traitée. Le gouvernement fédéral nous a fait part d'une
enquête très complète sur le sujet, qui vient
d'ailleurs corroborer l'enquête qui avait été faite
par mon ministère.
Dans le secteur de l'aménagement du territoire et de la formation
du personnel touristique, qui sont en somme des questions de juridiction
strictement provinciale, je suis heureuse de vous annoncer que le gouvernement
fédéral a décidé de freiner ses tentatives
d'assumer lui-même la coordination des activités des gouvernements
provinciaux pour s'en tenir aux techniques éprouvées de
coopération.
Enfin, M. le Président, je pense que je puis conclure en disant
que le gouvernement du Québec, par sa vigilance et les initiatives
déjà prises afin de favoriser l'essor du tourisme au
Québec, en même temps que dans le reste du pays, a fait figure de
chef de file à l'occasion de la dernière conférence.
M. PAUL: Dois-je comprendre, M. le Président, qu'il s'agit d'une
déclaration ministérielle?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: J'ai répondu à la question.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Je considère plutôt
cela comme une réponse à la question, su sujet du résultat
de la rencontre des ministres du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
des différentes provinces. Question supplémentaire.
M. LESSARD: Question supplémentaire, M. le Président.
J'aimerais savoir du ministre si, lors de cette réunion, on a
discuté du statut du Québec à l'intérieur des
organismes internationaux et, deuxième question, de la
possibilité que le gouvernement fédéral crée un
centre d'étude touristique.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Les réponses sont non et à l'une et
à l'autre question.
M. LE PRESIDENT: Dernière question.
M. PAUL: Question supplémentaire, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Question supplémentaire. Le député
de Maskinongé.
M. PAUL: Est-ce que le ministre pourrait nous dire, lorsqu'elle parle de
la promotion touristique, si elle se réfère à un rapport
de son ministère qui a été préparé par la
firme Bau-mann?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: La firme Baumann n'a fait aucun rapport, sauf sur
une phase de l'hôtellerie, en particulier la classification. Il n'y a
pas, à ma connaissance, d'autre rapport; il n'y a pas eu de travail
complet, d'ailleurs, par la firme Baumann sur les problèmes touristiques
dans l'hôtellerie...
M. PAUL: M. le Président, une autre question additionnelle.
Est-ce que le ministre peut nous dire en quoi elle s'est assurée du
respect de la juridiction exclusive du Québec, dans le domaine
touristique, et en quoi a-t-elle obtenu la reconnaissance de droits qui
auraient été antérieurement abandonnés?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, j'ai fait des
représentations complètes à ce sujet, en présence
de tous mes collègues responsables du tourisme à travers le
Canada. Je sais que les représentations que j'ai faites au ministre
responsable, M. Jean-Luc Pépin, ont été prises comme il se
devait, avec le respect qu'on leur devait. Je dois dire que, justement dans un
domaine où le gouvernement fédéral s'était, pour
ainsi dire, infiltré, on a décidé de remettre aux
provinces les annonces au point de vue du voyage à l'intérieur du
Canada.
M. PAUL: Question additionnelle, M. le Président.
Quand le ministre parle du voyage, parle-t-elle du congrès de
l'ASTA de 1974?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Non, M. le Président. En 1970, pour la
première fois dans son histoire, au point de vue de l'information, le
gouvernement du Canada a décidé de mener une campagne
égalitaire pour promouvoir le tourisme à l'intérieur des
frontières du Canada. A mon sens, cette campagne ne rendait pas justice
à la province de Québec. Devant les représentations que
j'ai faites, le gouvernement central a révisé ses positions.
M. LESSARD: Question supplémentaire, M. le Président. Le
ministre affirme qu'elle a imposé dans les discussions, du moins elle
l'a laissé entendre, que tout le développement touristique ou
toutes les initiatives touristiques étaient du domaine
québécois ou du domaine des provinces.
Je voudrais lui demander comment le ministre peut concilier le fait que
la représentation extérieure dans les organismes internationaux
relève du gouvernement fédéral alors que l'initiative dans
le développement touristique relève du gouvernement
québécois.
Est-ce que des ententes existent actuellement pour que la
représentation du Québec dans les organismes internationaux soit
réellement valable?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, je pense que le
congrès de l'ASTA est un exemple parfait puisqu'on m'a
délégué les pouvoirs du gouvernement central dans le
domaine du tourisme, pour aller chercher 3,000 à 4,000 agents de voyage,
et que j'étais à la tête de la délégation
canadienne à Sydney en Australie.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M.LESSARD: Et à l'intérieur de l'Union internationale des
organismes officiels du tourisme.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LEVESQUE: Article 16.
Rapport de la Commission de l'Agriculture
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, me prévalant
de l'article 114, je voudrais faire remarquer que la commission parlementaire
de l'Agriculture qui a siégé hier a ajourné ses travaux
sine die. Etant donné l'importance du projet de loi no 64,
j'espère que le président de la commission va faire son rapport
le plus tôt possible afin de hâter l'étude et l'adoption du
bill no 64, Loi du syndicalisme agricole.
M. LEVESQUE: M. le Président, le voeu de l'honorable
député a été enregistré.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le quoi?
UNE VOIX: Le voeu.
M. LEVESQUE: Article 16.
Motion de M. Vincent sur les problèmes de
l'industrie laitière
Amendement de M. Jean-Noël Tremblay
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. Jean-Louis Béland
M. BELAND: M. le Président, mercredi dernier, lorsque nous avons
ajourné les débats, il était question justement en cette
Chambre de la suite à la motion qui avait été
présentée par l'honorable député de Nicolet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Où en sommes-nous, là?
M. CHARRON: M. le Président, est-ce que le leader du gouvernement
a annoncé qu'il y avait session de la commission parlementaire de
l'Education, à quatre heures?
M. LEVESQUE: La commission de l'Education siège...
M. CHARRON: A quatre heures.
M. LEVESQUE: ... à quatre heures, à seize heures
exactement, aujourd'hui.
M. CHARRON: Merci. C'est un oubli du leader du gouvernement!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: Je disais donc que pour donner suite à l'amendement
qui a été apporté par l'honorable député de
Chicoutimi, l'attention de cette Chambre devrait être portée sur
le fait que le ministre de l'Agriculture convoque, le plus tôt possible,
la commission de l'Agriculture afin d'étudier les répercussions
de ce qui se passe présentement au Québec relativement à
l'agriculture sans sol.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Les honorables députés
de cette Chambre pourraient-ils reprendre leur siège?
Je pense qu'un article du règlement est impératif. C'est
celui suivant lequel lorsque les députés sont en Chambre, ils
doivent occuper leur siège et garder le silence. Alors, j'inviterais
tous les députés qui ne remplissent pas ces conditions
présentement à bien vouloir faire en sorte de les respecter le
plus rapidement possible.
L'honorable député de Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, faisant suite aux observations que
j'ai faites mercredi dernier, j'en étais rendu à demander au
gouvernement de bien vouloir convoquer cette commission parlementaire de
l'Agriculture afin d'étudier toutes les répercussions relatives
à l'agriculture sans sol.
Or, présentement nous en sommes au stade où nous devrions
pouvoir être en mesure d'analyser des mémoires qui nous seraient
présentés à ladite commission afin d'envisager des
techniques nouvelles, basées sur les besoins alimentaires d'un
Québec moderne pour la consommation des surplus que nous produisons, en
tenant compte, il va sans dire, de la refonte nécessaire, obligatoire de
la Loi des marchés agricoles, que nous demandons d'ailleurs depuis
longtemps.
Or, si le gouvernement Bourassa est encore en mesure de s'orienter
malgré que j'en doute il tiendra compte davantage des
besoins croissants des consommateurs au rythme où nous vivons en
1971.
Par exemple, une politique de contrôle du régime des eaux
au Québec. Il me semble que, justement, un travail a été
fait en ce sens, il y a deux ou trois ans. Ce rapport est encore sur les
tablettes. Savoir profiter de façon optimale des secteurs de terre les
plus propices à la culture des grains ou de leurs dérivés,
de façon à concurrencer les prix de certains grains, tel le mais
ou d'autres dérivés de grains, afin de faire en sorte que ceux
qui pratiquent l'agriculture sans sol soient réellement en mesure de
s'approvisionner de grains en quantité et en qualité suffisantes,
à un prix suffisamment bas pour pouvoir faire face à la
concurrence au niveau de la vente de leurs produits. Aider à la
conservation des produits maraîchers en entrepôts
appropriés, ce qui constituerait en quelque sorte ce que nous
préconisons, nous du Ralliement créditiste, lorsque nous parlons
de banques de produits agricoles. Ceci aiderait à la consomma-
tion d'un plus gros volume de produits du Québec.
M. le Président, un écrivain terminait un livre, il n'y a
pas tellement longtemps, en disant tout simplement ceci, qui était court
mais exact: "Les choses ne valent que ce qu'on les fait valoir." Il ne pouvait
dire plus vrai.
Au chapitre des suggestions que nous pourrions faire au gouvernement, si
cette commission était appelée à siéger pour
étudier la motion principale et l'amendement proposé par le
député de Chicoutimi, des experts pourraient venir nous
entretenir de la nécessité d'accorder un escompte au consommateur
sur l'achat de denrées agricoles produites au Québec ou qui
pourraient être produites au Québec subsé-quemment.
A l'intérieur du critère de culture sans sol, nous
pourrions également, M. le Président, inclure l'apiculture. Il
s'agit d'un domaine qui n'a pas été tellement surveillé,
qui n'a pas été tellement stimulé dans le passé,
soit par le gouvernement présent, soit par les gouvernements
passés. Il y a eu un laisser-aller flagrant vis-à-vis de ce
domaine précis, cette culture précise qui se nomme l'apiculture.
En effet, les producteurs de miel du Québec, en 1969, si on se reporte
à ce moment, ont enregistré la plus grande quantité de
livres produites dans leurs secteurs respectifs, à un prix donné.
Cependant, malgré une demande de plus en plus grande, sans être
moussée, eh bien, en 1970, il y a eu baisse; en 1971, il y a eu baisse
encore. Si, il y a environ cinq ans, des conseillers en apiculture faisaient le
tour de la province afin de conseiller les adeptes de ce genre de culture,
aujourd'hui c'est presque annulé entièrement, à peu
d'exceptions près.
Or, si on moussait le moindrement la publicité ou si on donnait
des conseils à ces producteurs, il y aurait possibilité de
reprendre un marché, de l'accentuer pour faire en sorte que ce produit
naturel, ce produit extraordinaire qui est le miel prenne la place qu'il aurait
le droit d'avoir au Québec. On ne fait rien, présentement.
Absolument rien. C'est-à-dire que le gouvernement présent ne fait
rien.
Le ministre de l'Agriculture, de même que les autres ministres
ensemble sont complètement d'accord sur plusieurs points.
Le ministre de l'Agriculture dit, entre autres: Cultivateurs,
producteurs avec sol ou producteurs sans sol, baissez votre coût de
production ou disparaissez. Il ne le dit pas tout à fait comme
ça, mais cela équivaut à cela: Disparaissez.
Par contre, il n'y a rien d'agencé. Il ne fait rien pour agencer
une situation quelconque pour que les cultivateurs ou les producteurs sans sol
trouvent une place dans l'atmosphère économique, afin
d'être en mesure de s'acquitter de leurs responsabilités.
Il existe une situation de fait. Dernièrement, l'honorable
ministre de l'Agriculture a dit, dans une simple déclaration
ministérielle, qu'il fallait, hors de tout doute, apporter un
élément spécial à cause de la situation des
producteurs sans sol du Québec. Cet élément
spécial, c'était, tout simplement, une subvention de
$4,900,000.
Il est entendu que nous sommes en faveur de ces $4,900,000. Nous sommes
en faveur, nous du Ralliement créditiste, qu'ils aient été
donnés. Mais étaient-ils suffisants comparativement au montant de
$16 millions qui était demandé et qui aurait corrigé
sommairement les dégâts ou le pis-aller qui existent chez les
producteurs sans sol?
Mais encore, si on analyse davantage la situation, ces $5 millions qui
viennent d'être accordés, où seront-ils puisés si ce
n'est dans les poches des contribuables, en taxes? Alors, automatiquement, on
donne tout simplement une aspirine à ceux qui ont des dents creuses ou
qui sont près de perdre leur ferme, leur poulailler ou leur porcherie,
etc. On apporte tout simplement une aspirine dans le but de retarder les
conséquences du mal et on ne touche jamais aux vraies causes du mal.
Est-ce que l'honorable ministre a les pieds pris dans un étau
d'où il ne peut bouger? Nous nous le demandons. Nous ne savons
réellement pas à quel point il y a possibilité pour lui
d'agir à l'intérieur du présent système. Oh! Il ne
fait pas exception à ses collègues. Il déplace tout
simplement le problème, mais ne le règle pas ou ne veut pas le
régler.
Il a peut-être de bonnes intentions, mais il y en a beaucoup qui
ont de bonnes intentions dans cette province et il y en a eu beaucoup aussi
dans le passé. Par contre, en ce qui concerne l'agriculture sans sol,
les producteurs s'en vont de plus en plus vers les faillites.
Etant donné que le gouvernement ne s'occupe réellement pas
de la cause des problèmes, il me semble, même s'il n'y avait que
cette raison, que cela voudrait dire qu'il faut absolument et à plus
brève échéance convoquer la commission de l'Agriculture et
de la Colonisation pour étudier tout ce qu'il peut y avoir à
l'intérieur de l'atmosphère qui prévaut
présentement'. On pourrait étudier également les
mémoires qui pourraient nous être présentés par
mille et une associations, qui pourraient nous être
présentés de façon magnifique par les
éléments, entre autres, de la société que
j'appellerai de consommation, afin de faire en sorte qu'il y ait des
suggestions positives pour en arriver à un résultat ou, enfin,
à des changements radicaux, réels, mais positifs et à
courte échéance, à moyenne échéance et
peut-être à longue échéance, parce qu'en agriculture
il ne faut certainement pas penser, en 1971, à n'agencer que des
solutions à court terme; ce serait rêver en couleurs.
D'ailleurs, ce n'est que ça que le gouvernement a apporté
dans le passé, des solutions à courte échéance qui
n'étaient probablement envisagées qu'à cause de rendements
électoraux futurs. Je crois qu'il faut penser beaucoup plus loin que
cela.
Si on regarde la carte de la province de
Québec, l'endroit où il y a possibilité d'une
agriculture réellement intensive, là où le sol est
réellement riche en matières organiques, on s'aperçoit
qu'il y a une concentration dans certaines régions.
Les autres régions pourraient faire l'objet d'une étude
sérieuse, en vue d'une implantation plus intensive de certaines
productions sans sol, dont justement, ce que j'ai dit tout à l'heure,
l'apiculture. D'autres pourraient être envisagées de très
près et menées à bonne fin.
Et cela coûterait de beaucoup meilleur marché que de faire
en sorte qu'il y ait une situation de créée pour diriger les
producteurs qui sont obligés de faire faillite vers le bien-être
social. Présentement, on dirait que c'est intentionnel, que le
gouvernement crée des situations continuelles pour qu'une
quantité de producteurs se dirigent là où ils n'ont pas le
choix, vers un besoin de demander à l'Etat de les faire vivre, parce
qu'ils n'ont pas appris d'autres métiers. Ils n'ont pas de carte de
compétence, ils n'ont pas ci, ils n'ont pas ça. Ils ne peuvent
plus retourner à la classe. Ils ne peuvent plus faire partie de
l'équipe qui est acceptée pour recevoir des cours de formation
aux adultes, malgré qu'il y a beaucoup de sélections
électorales qui se font dans cette atmosphère.
M. le Président, il vaudrait réellement la peine que le
ministre de l'Agriculture y songe sérieusement, pour que cette
commission siège le plus tôt possible, afin que ce qui n'a pas
été étudié pendant les séances concernant le
bill 64, Loi du syndicalisme agricole qui j'espère sera
adoptée très prochainement le soit et qu'il y ait
possibilité pour tous et chacun de s'attarder d'une façon
positive à tous les problèmes agricoles sans sol.
Cela sonne curieux à première vue pour celui qui n'est pas
habitué, dans le champ, à constater ce que ça
peut-être de l'agriculture avec sol comparativement à de
l'agriculture sans sol. Le gouvernement devrait immédiatement corriger
son manque de politique présent et apporter une solution à court
terme plus adéquate et regarder les répercussions du trust des
grains de provende. Ce trust enlève le pain de la bouche de celui qui
veut produire des oeufs, de la volaille, du porc, etc. Il me semble que,
seulement pour cet article-là, cela vaudrait la peine. Par contre, le
ministre reste les yeux ou les oreilles bouchés, il ne veut rien
comprendre, il ne veut pas voir la situation réelle.
C'est une situation désespérée pour une foule de
producteurs. Ils ne savent pas s'il y aura un lendemain pour leur famille, pour
leurs enfants, si leur initiative sera désormais anéantie ou s'il
y aura possibilité de vivre au Québec et non seulement dans les
provinces de l'Ouest canadien, où les fermiers peuvent s'approvisionner
de meilleurs grains à plus bas prix.
Le ministre devrait regarder cela de façon positive et s'attaquer
aux problèmes de base, pas seulement aux effets. On le fait
présentement en cette Chambre et ceci sur plusieurs facettes
différentes; on ne s'attaque qu'aux effets, alors qu'il faut absolument
toucher du doigt la cause. C'est comme si on ne voulait pas, absolument pas. Le
ministre de l'Agriculture, pour sa part, ne semble pas vouloir, mais on ne sait
pas si c'est lui ou ce sont des personnes qui le conseillent.
Il reste un fait: les problèmes de base demeurent ce qu'ils ont
toujours été...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce que je dois comprendre que
l'honorable député de Lotbinière a terminé?
M. BELAND: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
M. Philippe DemersM. DEMERS: M. le Président... M.
OSTIGUY: C'est l'unité. M. DEMERS: Oui, l'unité dans la
diversité.
M. PAUL: Je demanderais à notre distingué ami de Rouville
de patienter. Nous allons lui parler tout à l'heure; qu'il ne nous
interrompe pas.
M. OSTIGUY: J'ai remarqué que c'était l'unité qui
applaudissait.
M. PAUL: M. le Président, je suis sûr que vous êtes
révolté du comportement de ce député.
M. LE PRESIDENT: Je suis révolté à la fois du
comportement du député de Rouville et de celui du
député de Maskinongé qui violent tous les deux le
règlement. L'honorable député de Saint-Maurice.
M. PAUL: Pour une fois, M. le Président, vous avez su maintenir
l'équilibre.
M. DEMERS: Dois-je comprendre, M. le Président, que si je
commençais je n'enfreindrais pas le règlement?
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. DEMERS: M. le Président, en participant à ce
débat, qui se situe dans le cadre des journées des
députés, où une certaine latitude fut donnée aux
opinants de dépasser un peu le cadre de la motion, je me permettrai, M.
le Président, sans exagérer ni dans un sens ni dans l'autre,
d'abord de définir ce qu'à mon sens est l'agriculture, de voir
quelle est sa situation dans le présent, dans le contexte actuel du
Québec, et je me permettrai, en terminant, de faire quelques
recommandations afin, si c'est possi-
ble, d'améliorer le sort de la classe agricole dans cette
province.
L'agriculture c'est, comme vous le savez, la culture du sol. La Palice
ne l'aurait pas définie autrement. Je pourrais peut-être ajouter,
pour donner plus de consistance à cette définition, que c'est le
soin qu'on donne au sol pour le faire produire. L'objet de cette agriculture,
c'est de faire croître les végétaux, les plantes vertes
qui, dans l'élaboration des chaînes alimentaires, sont absolument
nécessaires pour la croissance de la vie animale et partant, celle de
l'homme. Ce n'est pas comme un "hobby" ou un violon d'Ingres que l'homme,
depuis des millénaires, s'adonne à la culture des champs.
Lorsqu'on a dépouillé l'agriculture de ce qu'elle a de
poétique comme, par exemple, lorsqu'on l'a enlevée aux Bucoliques
de Virgile on semble me questionner lorsqu'on a enlevé la
poésie de l'agriculture, il en est resté une chose: l'homme,
depuis des millénaires, a fait de ce domaine un secteur particulier pour
trouver sa subsistance. On a industrialisé cette manière de vivre
où l'homme fut placé par nécessité et on a
créé l'agriculture-industrie. Est venue se greffer sur cette
agriculture-industrie, l'alimentation qui est devenue elle aussi une industrie.
L'humanité a modernisé l'agriculture et elle a, comme je le
disais tantôt, donné naissance à l'industrie de
l'alimentation qui est, comme vous le savez, un secteur très important
de tous nos investissements industriels.
L'agriculture par elle-même, dans le secteur du produit national
brut, ne comporte que 3 p.c., ce n'est pas énorme comme vous pouvez
voir, et 5 p.c. seulement de notre potentiel d'emploi. Par ailleurs,
l'industrie de l'alimentation qui est dépendante et qui constitue
essentiellement une suffragante, si je peux dire, de l'agriculture et le poste
plus considérable de nos dépenses collectives $2 milliards, c'est
20 p.c. de tout ce que produisent nos usines; $250 millions de salaires
accordés à 65,000 Québécois.
Si on tient compte de la provenance de la matière première
entrant dans la fabrication des aliments, on voit, par exemple, et à
notre grande surprise, que seulement 30 p.c. des produits de l'agriculture
québécoise sont placés sur les tablettes de nos
consommateurs dans cette industrie qui, comme je le disais tantôt,
capitalise $250 millions.
L'étude de l'agriculture et de sa rentabilité au
Québec a fourni, depuis que ce Parlement existe, M. le Président,
une foule de sujets de débats. Ce fut, à chaque Parlement,
à chaque session, les mêmes débats, l'Opposition
prétendant d'un côté que l'agriculture était
à l'agonie, le gouvernement, quel qu'il soit, répondant que
l'agriculture se portait on ne peut mieux. Cela s'est continué depuis
une centaine d'années dans notre province et aujourd'hui, le
débat qui se déroule devant vous, M. le Président, n'a
rien de neuf, pas plus qu'il y a quelque chose de neuf sous le soleil. Le nihil
novi sub sole existe encore. C'est, avec des gens qui ont changé,
d'autres opinants qui sont passés en cette Chambre, une discussion qui
s'engage dont l'issue n'aboutira probablement pas, au point de vue constructif,
plus que les autres opinions, que les autres débats n'ont abouti
antérieurement.
Cependant, il y a je me permets de le rappeler une
situation agricole qui, sans être plus alarmante qu'elle ne le fut, n'est
pas idéalisée et idéale dans la province de Québec,
à tel point que le ministre nous a fait une déclaration
ministérielle, il y a quelques semaines, disant qu'il serait
obligé de verser un montant de $5 millions pour compenser les pertes
subies à la suite des restrictions américaines sur nos produits
d'exportation qui se totalisent, je crois, à quelque $94 millions.
La situation se perpétuera et, à intervalles assez
réguliers, le ministre faisant preuve de travail et de
réalisation, il sera obligé de se plier à cette
éventualité, il sera obligé de rajouter dans le domaine
des productions animales. Prenons le secteur de la production des oeufs,
où on a vécu, il y a quelques mois, les avatars de la mise en
marché de la compagnie FEDCO. Le gouvernement et celui qui l'a
précédé ont été obligés de remettre
des montants assez substantiels pour empêcher que cet organisme ne fasse
faillite et pour qu'on puisse le faire surnager.
Hier, à la commission parlementaire de l'Agriculture, on
demandait au ministre si ça allait bien, FEDCO. Il nous a dit que
ça allait mieux. Nous ne l'avons pas contredit là-dessus. Cela ne
va pas plus mal, nous a-t-il répondu; ça va, semble-t-il, mieux.
Nous aurons au feuilleton une question très précise à
savoir si le gouvernement pourrait déposer dans un avenir prochain le
bilan, les états financiers deFEDCO, comme le ministre
s'était engagé de le faire.
Les gouvernements qui ont précédé le
gouvernement libéral avant celui de l'Union Nationale, aujourd'hui
l'Unité Québec avaient mobilisé une équipe
de chercheurs, de gens très sérieux pour étudier la
situation agricole dans la province de Québec. On avait appelé
cela la commission royale d'enquête sur l'agriculture. Elle était
présidée par M. Nolasque April et comprenait une équipe de
gens compétents qui, dans tous les secteurs de l'agriculture de la
province, ont fait des études pertinentes et très
sérieuses.
Depuis une couple d'années que les mémoires nous sont
remis à dates assez régulières, j'ai étudié,
avec infiniment d'intérêt, les recommandations qui avaient
été faites par cette commission dans différents domaines,
dans celui, par exemple, de la mise en marché des différents
produits et dans celui de l'étude des grains de provende au
Québec.
M. le Président, je sais que le ministre a certainement pris
connaissance de ces documents. S'il en a pris connaissance et s'il est en
mesure de les juger et de les apprécier, je
voudrais qu'il nous dise s'il les considère comme valables ou non
valables. Si son jugement ne peut se fixer d'une façon
définitive, je voudrais qu'avec l'aide de ses amis, de ses gens, de ses
grands commis de l'Etat, de ses techniciens, de ses économistes
agricoles, de ses politicologues, de tout ce que vous voudrez en génie
agricole et rural, on fasse étudier les rapports et les recommandations
qui sont faites par la commission April, qu'on appelle la Commission royale
d'enquête sur l'agriculture.
Si c'est applicable, bien, qu'on les applique dans un secteur. Je ne
demande pas au gouvernement qu'on règle tout le problème agricole
d'un bloc; loin de moi cette pensée, mais je voudrais qu'on prenne un
secteur particulier du domaine agricole et qu'on le règle une fois pour
toutes. Il faudrait que le gouvernement actuel puisse régler les
problèmes d'un secteur d'une façon définitive, les grains
de provende, par exemple. Le rapport de la Commission royale d'enquête
April recommandait que l'aide au transport des grains de provende de l'Ouest
canadien soit abolie d'ici cinq ans et que l'équivalent en argent soit
remis au gouvernement du Québec pour être employé à
des fins agricoles. Est-ce que c'est un rêve, une utopie? Est-ce que
c'est applicable ou bien si c'est une affaire de penseurs, de bâtisseurs
ou de pelleteurs de nuages? Si c'est faisable et je crois que cela
pourrait l'être je demande au ministre s'il y aurait
possibilité de régler cela. Cela irait dans le cadre des demandes
de l'UCC qui ont été assez spécifiques et qui ont
insisté, d'une façon qui frise un peu la menace, pour qu'on
règle le problème des grains de provende. C'est un des "must", si
je peux parler ainsi, de son congrès.
On recommandait aussi que tout soit mis en oeuvre pour la production de
grains de provende dans le Québec. C'était très
général. Passons. La commission recommandait aussi qu'on utilise
les renseignements déjà disponibles sur les conditions
pédologiques et climatologiques pour établir, sans tarder, le
programme d'expansion des cultures céréalières au
Québec. La commission recommandait que soit mis en application, sans
tarder, le programme de drainage proposé dans son rapport prioritaire
sur l'assainissement des sols.
Je dois admettre qu'il y a énormément de travail de fait
dans le drainage et l'assainissement des sols. Notre province, avec les travaux
qui ont été commencés il y a trois ou quatre ans et
poursuivis d'une façon progressive et sérieuse par l'Office du
drainage des sols, s'achemine vers un assainissement des sols qui pourra servir
d'exemple à plusieurs provinces du pays.
La commission recommandait que le programme de recherche en culture de
grains de provende soit intensifié dans la province de Québec. Je
crois que, malheureusement, on n'a pas encore fait assez de recherche dans ce
domaine. La commission recommandait aussi la formation, au ministère de
l'Agriculture et de la
Colonisation, d'une forte équipe de spécialistes en
culture de grains pour promouvoir son expansion.
La commission recommande que l'on permette, dans l'Est du Canada, la
parité des variétés de blé. Il y a, M. le
Président, des variétés de blé qui sont interdites
dans la province de Québec. C'est assez ridicule. On ne peut pas semer
le blé qu'on veut sur notre terre, la terre de chez nous, notre terre du
Québec parce que l'Office des blés qui siège dans l'Ouest
ne veut pas. Il ne veut pas parce qu'il veut pouvoir écouler son
blé. C'est assez ridicule. Le même Office des blés oblige
que nous passions, nous du Québec, au deuxième ou
troisième rang lorsqu'il s'agit d'entrer des grains de provende dans nos
principaux ports, les ports du Saint-Laurent, après avoir desservi la
Russie. Par exemple, on paie des grains de provende $0.75 le boisseau dans
l'Ouest et ici $1.50. En Russie, ils les paient $1.22. Imaginez si c'est fort!
On les rachèterait de la Russie, ils nous coûteraient moins cher
que de les acheter directement. C'est une affaire qui ne tient pas debout. Je
m'excuse, mais c'est une affaire de fou. On n'a pas de bateau mobilisé,
retenu quand c'est le temps d'entrer nos grains de provende. Ils partent pour
la Russie.
En plus, c'est encore plus fort que cela, M. le Président,
l'affaire des grains de provende. Là-bas, dans l'Ouest, à l'autre
bout de notre grand pays, ad mari usque ad mare, c'est plus fort que cela, les
producteurs de blé de l'Ouest sont payés pour ne pas semer de
blé. Cela est fort. Cela, c'est fort au "coton". C'est assez fort que
cela dépasse l'entendement des gens qui sont rationnellement
équilibrés d'une façon normale, pas des génies, des
têtes comme les nôtres. Il y a encore plus fort que cela, M. le
Président. Pendant qu'on paie ces gens-là pour ne pas semer, on
pénalise nos gars qui produisent trop de lait. Cela s'est corrigé
un peu, mais il reste encore des vices là-dedans. Nous, si on produit,
on paie pour, et eux, s'ils ne produisent pas, ils sont payés pour.
Essayez de comprendre la logique de ces deux offices.
Je demande au ministre de rencontrer ces gars-là et de leur dire:
Arrêtez donc de niaiser quand il s'agit de l'Est du Canada! On est dans
le même pays.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que je peux poser une question au
député?
M. DEMERS: Oui, oui, allez donc!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Etes-vous d'avis qu'on serait mieux de
pénaliser les vaches plutôt que les cultivateurs?
M. DEMERS: C'est une question très brillante. Je remercie le
député de Sainte-Marie de me l'avoir posée. D'abord, dans
l'affaire des vaches, je m'y entends autant que lui. Je pourrais dire
que les vaches n'ont rien à voir dans les politiques
gouvernementales!
M. le Président, je reviens au sujet que je traitais lorsque
l'honorable député de Sainte-Marie m'a posé une question.
Je persiste à dire qu'il y a certainement, dans la mise en marché
des grains de provende, une faiblesse déconcertante. Si le gouvernement
actuel pouvait régler, d'une façon définitive... Depuis
que je suis d'âge à comprendre un peu les problèmes
politiques de ma province et de mon pays, j'entends parler des grains de
provende. J'ai été longtemps que je ne savais pas ce
qu'étaient les grains de provende. J'ai appris cela un jour, M. le
Président.
M. TOUPIN: Un vieux proverbe.
M. DEMERS: Après cela, j'ai étudié l'application de
la Loi des grains de provende. Je me suis demandé si c'était bien
cela. Mais comme le recommande la commission April, c'est signe qu'eux,
après l'avoir étudiée, si je retourne aux pages
antérieures, à celles où ils analysent la situation des
grains de provende, je réalise que l'opinion que je me suis
formée est belle et bien telle qu'elle existe en fait et en
réalité.
Je demande au ministre de faire l'impossible pour régler cela une
fois pour toutes. Cela va lui enlever des ennuis. Cela va lui enlever la visite
des gens de l'UCC. Il les connaît les gens de l'UCC, le ministre, parce
que c'est lui qui battait la mesure, dans le temps où il n'était
pas député, avec l'UCC, dans les tribunes, pour chanter de petits
cantiques au gouvernement. Ils vont revenir lui en chanter des cantiques. Ils
vont venir lui dire: La question des grains de provende ce n'est pas
réglé.
Il faut qu'elle se règle. Qu'on mobilise tout ce que l'on a ici,
qu'ils prennent tout le personnel qu'ils ont au ministère et qu'ils
fassent une proposition pour régler la question des grains de provende.
Qu'on les paie $0.90 ou $1 le boisseau, cela a du bon sens. Mais $1.50, le
double, cela ne marche pas. Nous sommes dans le même pays. Mais, au
moins, qu'on laisse semer du blé chez nous.
C'est le même problème, M. le Président, en ce qui a
trait à la mise en marché du porc, de la volaille, des oeufs. Au
sujet des oeufs, je pourrais faire une petite parenthèse. Tantôt,
j'ai dit que Fedco avait eu des difficultés. C'est encore une autre
"patente" qui ne tient pas debout, les oeufs. Un oeuf ne peut pas se tenir
debout, mais Colomb en était venu à bout, en lui tapant sur le
bout.
M. TOUPIN: Cela roule.
M. DEMERS: C'est encore un problème un peu ridicule. Le
gouvernement du Canada vient de verser un montant pour arrêter la
production des oeufs. On va tuer les poules! La Palice aurait
réglé cela de la même façon: La meilleure
façon de ne pas avoir d'oeufs, c'est de ne pas avoir de poules. Ils ont
décidé de donner une prime pour tuer les poules. Un
éleveur qui tue tant de poules est payé tant, exactement la
même politique que le blé, là-bas: Moins tu ponds, plus
cela te paie. C'est comme cela. On paie, on fait disparaître les poules.
C'est vrai. Le ministre corroborera ce que je dis. C'est vrai et c'est
sérieux. Le ministre de l'Agriculture donne une subvention aux gens qui
abattent des poules, pour ne pas encombrer le marché, étant
donné que nous ne pouvons plus expédier aux Etats-Unis.
Mais, pendant ce temps, un tiers de l'humanité crève de
faim. Ne serait-il pas mieux de donner une chance aux poules, de laisser vivre
les poules, ramasser les oeufs et envoyer cela aux quêteux,
là-bas, qui crèvent de faim, à ceux du tiers de l'autre
bord? Et s'il faut donner un dédommagement aux producteurs d'oeufs, on
le leur donnera quand même.
La mise en marché du porc. Un éleveur de porcs,
cultivateur sans sol, fait de drôle de cochonneries par les années
qui courent. Il y a un éleveur de mon comté qui, en donnant en
intégration, en fournissant des porcs... Il faut dire que cela ne va pas
aussi bien dans mon comté que dans le comté de Rouville. L'autre
jour, si vous vous rappelez, M. le Président, l'honorable
député nous a dit que, dans son comté, tout allait
bien.
M. OSTIGUY: C'est parce qu'ils ont un bon député,
aussi.
M. DEMERS: C'était parfait. Chez nous, c'est un peu plus
compliqué. Parce qu'il y a aussi des éleveurs, dans le
comté de Saint-Maurice. Vous le savez, M. le Président, pour
demeurer à proximité de mon comté et dans le plus beau
coin de terre de la province de Québec.
M. le Président, je dois vous dire que, parmi les éleveurs
de mon comté, un type élève, par année, 25,000
porcs, multipliés par 2, c'est-à-dire deux "batches" de porcs, si
je peux formuler le terme ainsi. Cela fait 50,000 porcs. Il a perdu, cette
année, $6 le porc. Faites le calcul, M. le Président. Vous verrez
que les éleveurs de chez nous ne sont pas tous des "cassés" pour
pouvoir rester en affaires après avoir attrapé des volées
semblables.
On a recommandé, M. le Président, et depuis longtemps,
à tous les gouvernements, y compris celui-ci, l'autre qui l'a
précédé et l'autre aussi, une mise en marché
sérieuse pour le porc. Si on avait un Office de producteurs; on en a
essayé un et cela n'a pas marché. On aurait voulu que, par
téléscripteur, on puisse établir le prix du marché.
Il y a encore $3 de différence avec l'Ontario: Etre cochon et venir au
monde en Ontario, c'est plus payant, M. le Président qu'être
cochon et venir au monde au Québec. Il y a $3 de différence.
Pourquoi? Parce qu'ils ont une façon de faire une mise en marché
rationnelle et sérieuse. Chez nous, cela manque.
J'exhorte le ministre, en se basant sur les recommandations de la
commission d'enquête sur l'agriculture, d'essayer d'appliquer cela. Pas
tout, je ne veux pas le charger. Je voudrais que par un effort sérieux,
intelligent... Il n'est pas bête, le ministre. Non, non! C'est un gars
qui a des qualités. Je ne veux pas lui dire que c'est parce qu'il a
déjà été de notre parti qu'il n'est plus bon. Non,
non! C'est un jeune homme qui a du talent. Je dis cela parce qu'il est
allé à la bonne école. Il est allé pendant toute sa
vie excepté pendant deux ans à une excellente
école, M. le Président. Vous savez ce que je veux dire, et lui
aussi.
Je voudrais que le ministre s'assoie sur une chaise de bois franc et
qu'il pense aux recommandations de cette commission qui est extrêmement
sérieuse. S'il n'y a rien à faire avec ça, je voudrais
qu'il nous fasse une déclaration ministérielle en Chambre et
qu'il nous dise: La commission d'enquête sur l'agriculture, c'est de la
foutaise, c'est de la bouillie pour les chats; jetons ça au
dépotoir, n'en parlons plus et pensons à autre chose.
Tant et aussi longtemps que ce que je considère comme la bible,
le vade mecum d'un ministère de l'Agriculture structuré dans la
province de Québec n'aura pas été appliqué d'une
façon sérieuse ou qu'on aura pas tenté de l'appliquer,
qu'on ne m'aura pas fait la preuve qu'il y a quelque chose de sérieux
là-dedans ou que ce ne sont que des banalités, je resterai
convaincu qu'il y a quelque chose là-dedans.
J'appuierai un gouvernement à 100 p.c, quelles que soient les
lignes de partis, si on veut, après me l'avoir prouvé, appliquer
ce qui est fait sérieusement, ce qui est préconisé dans ce
mémoire.
J'achève, M. le Président. Vous devez commencer à
vérifier les montres. Je pourrais donner d'autres moyens au
gouvernement. Cela me semble un peu moins sérieux. Par exemple, on avait
préconisé en certains milieux la création de
sociétés régionales de gestion agricole. On attend
ça. Le zonage des territoires agricoles en fonction de la nature du sol
et des marchés; l'établissement d'une politique
d'équilibre des coûts de transport des produits agricoles; une
politique de classification et de mise en marché des produits pour
orienter la production et réduire le prix aux consommateurs;...
M. TOUPIN: C'est fait, ça aussi.
M. DEMERS: ... l'établissement d'usines régionales
d'empaquetage et de conservation des produits.
M. TOUPIN: Cela aussi, c'est fait.
M. DEMERS: On se fait plutôt "paqueter" qu'on se fait empaqueter
de ce temps-ci. L'élargissement du crédit accordé aux
cultivateurs qui se spécialisent dans certaines productions agricoles.
Dans quel secteur des productions agri- coles a-t-on élargie le
crédit agricole? Un système de pension
accélérée et de recyclage aux cultivateurs qui doivent
laisser leur ferme. Cela, c'est à faire mourir de rire. Cela a
été appliqué, vous avez des politiques sérieuses
là-dessus?
M. le Président, vous reconnaîtrez là un document
qui a été mis dans ma boite aux lettres au mois d'avril, il y a
un an et demi.
Je conclus. J'ai fait quelques recommandations qui sont, à mon
sens, si on excepte peut-être la vulgarisation qui n'est pas très
académique avec laquelle j'ai prononcé ce boniment, assez
sérieuses, et je voudrais qu'on en prenne bonne note. Si on ne fait rien
dans le sens que je suggère dans le sens qu'ont
suggéré tous les opinants cet après-midi je
voudrais qu'on cesse ces journées des députés; je voudrais
qu'on foute ça par-dessus bord. Il ne sert à rien de se
préparer de parler et d'essayer de bâtir quelque chose avec un
gouvernement si on n'applique jamais ce qui est recommandé de la part
des gens qui participent à des débats. Si c'est uniquement pour
dire aux gouvernements qu'ils ne sont pas bons et pour qu'eux nous disent
qu'ils sont bons, nous savons ça. Quand on est sur la même
patinoire politique, on se bat. Mais quand vient le temps où il faut
bâtir pour le plus grand bien des Québécois, il me semble
qu'on pourrait cesser de vivre les lignes de partis et trouver pour
l'agriculteur du Québec des politiques qui collent aux
réalités.
Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Le député de Brome.
M. Glendon Brown
M. BROWN: Mr. Speaker, it is an honour for me to be able to say a few
words on this motion that has been put before the Assembly, dealing with the
farmers.
One of the main reasons in the first place that I put my name up to be a
candidate for the Liberal Party was to be able to be in this House and say a
few words for the farmers. Over the past fifteen years, I think I have said a
few words and I have taken quite an interest in this particular part of our
economy, representing the last people in the country who work seven days a
week, who work from five o'clock in the morning until nine o'clock at night,
who have no set vacations.
It seems to me that a subject of this type should be above or below
politics. I do not think that any party should play politics with the farmers
of the Province of Quebec or the farmers of Canada.
We are in this position, Mr. Speaker, today, that a good farmer would
not be able to have a job in the Department of Agriculture. It would be
impossible for him to have work in this Department. You can imagine a good
farmer with the present existing laws who could not
even be hired here in the Civil service or in the careers that represent
the Civil service work. The farmer finds at this time that out of a budget of
around $80 millions, over $50 millions go for purposes that has nothing to do
with him whatsoever. So being in this position, I think we should take an
extremely serious view of the farmers and the things that we intend to do to
help them up.
I have been here sitting for the last three Wednesdays. There are 45
counties of the Province of Quebec, that are excellent farming counties. How
many people of this Assembly have been here since this debate started on either
the Government side or the side of the Opposition? For instance, if we take
today, Wolfe is one of the top counties farmwise; where is the Member for
Wolfe? The Ex-Minister who presented the motion, from Nicolet, has been here
not more than fifteen minutes last week and very little more than fifteen
minutes this week on a motion that he considers is so important to take up the
time of the House for the last four weeks.
And going over this, our Honourable friends who represent the Social
Credit Party, there are 12 elected, there are 4 sitting here, generally
speaking during this debate and it is the party more than any other party who
claims he represents the aspirations of rural Quebec. So I say to you, from a
strictly logical point of view, Mr. Speaker, that there is very very little
interest in this motion, at this time, and the chances are, if a committee were
called in the future, that you would find even less interest by the Members
that go to it. Forty-five Members representing rural counties that know, that
had been advised well ahead of time that the subject was going to be this
motion, and the all says merely a small sitting of Members that are here.
Now, secondly, I would like to point out to you that this is rather part
of a act of Houdini. If you show the people one thing and you pull a
handkerchief out of your pocket with the other, they do not notice the
handkerchief coming out. And this is a play by the Opposition not to help the
farmer at all; it is merely to set up a political facade that would lead
somebody in the Province to believe that they wanted the help the farmers, when
in fact they do not want to help the farmers.
If we look at the agenda here, we notice, first of all, item 16, a
motion for calling a committee. Article 19 in the same agenda, we find another
motion to call a committee.
M. VINCENT: May I ask a question? Est-ce que j'ai bien compris, il y a
quelques instants, quand le député de Brome a affirmé que
j'avais été présent en Chambre, la semaine
dernière, seulement 15 minutes, lors de la discussion de cette motion,
et que j'ai été également aujourd'hui présent en
Chambre seulement quinze minutes? Est-ce que j'ai bien compris?
M. BROWN: Oui, monsieur, vous avez bien compris, et c'est vrai.
M. VINCENT: M. le Président, comment le député de
Brome peut-il affirmer cela? Je lui pose la question: How is it possible to be
15 minutes only in the House last week during this motion, when I have been at
my seat all the day, all the afternoon?
How can he say this afternoon that I have been here in the House only 15
minutes during this motion since we started at four o'clock and we have to go
until six o'clock? I am still in the House and I am going to be in the House
until six o'clock.
M. BROWN: The Honourable Member entered the House at twenty minutes past
four.
M. VINCENT: And I left at ten minutes past four. I have been absent for
ten minutes because I had some newspapermen in my office and I had to go and
meet these guys. I am back to my seat.
M. BROWN: Well, but where are the fellows representing farm counties
from your party, where are they now?
M. VINCENT: Where are the Liberals?
M. BROWN: Where are the ones who have presented the motion?
M. VINCENT: One, two, three, four, five, six, seven, eight...
M. TETLEY: Notre-Dame-de-Grâce is here for the farmers.
M. VINCENT: ... nine; nine Liberals over 72.
M. BROWN: Mr. Speaker, it is a good illustration of what I am talking
about. The motion is so worthless that is is not worth the time of the Liberals
to sit here and waste their time listening to it. To continue...
M. PAUL: M. le Président...
M. BROWN: ... item 20 in the agenda...
M. PAUL: ... sur un point de règlement. Dois-je vous signaler que
nous n'avons pas quorum?
M. VINCENT: Nous n'avons pas quorum. Nous allons jouer le jeu jusqu'au
bout.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Qu'on appelle les députés!
Order! The Honourable Member for Brome.
M. BROWN: As I was saying, in agenda item 19 is a motion for a
committee. No. 20 is
another motion by the Opposition for a committee. No. 22 is another
motion for a committee by the Opposition. No. 23 is another motion on the same
line.
Number 30, another motion for a committee. Number 33 in your agenda,
another motion for a committee by the honourable member for Saint-Maurice.
Number 38, another motion for a committee to meet. Now, beside that, in the
back of the agenda for today, there are notices for committee meetings that
amount to fourteen committees so all together we have now in this agenda eight
motions for committees, fourteen notices for committees so that in all, if all
the committees were called together, there would be twenty-two committees
meetings in this House.
Mr. Speaker, it is a good illustration of the worth of the motion for
this committee. What it is needed today for the farmers of this province of
Quebec is some action not inaction. And I submit to you although there are some
honourable friends of mine on the committee that are exceptional members but
certainly the committee as it is now made up or could be made up out of this
Assembly would be impossible to improve on the technics of the civil service
that we have presently hired in this province of Quebec.
What we need in agriculture is action, the type of action that our
Minister is giving us at this time and I submit to you, Mr Speaker, that a
committee meeting on Agriculture calling different whitnesses in would do
nothing more than to cover up the procedure of Agriculture in this province of
Quebec. It would be similar to some trouble on the transatlantic steamers and
they would call the executive from the executive office to paddle a row boat
out to see if they could get the steamer going in mid ocean.
What we need is not a committee. What we need is to back the Minister of
Agriculture on a nonparty basis to see that he can produce what is needed for
the farmer and a long-suffering farmer in this province of Quebec for his good
and for the good of the province.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Gaspé-Nord.
M. François Gagnon
M. GAGNON: M. le Président, il y a environ quinze jours, j'avais
l'occasion de dire quelques mots sur la motion du député de
Nicolet. Mais vu qu'est venue s'ajouter une nouvelle motion, à savoir
celle de discuter du problème des producteurs sans sol, je crois de mon
devoir de faire quelques réflexions sur ce problème difficile et
angoissant, et qui se situe dans le contexte des problèmes du
cultivateur dans toute la province.
Evidemment, le cultivateur connaît des problèmes, nous le
savons parce que tous les organismes de l'UCC sont sur un pied d'alerte comme
on n'a jamais connu ici au Québec. Le président de l'UCC au
niveau provincial n'y va pas de mainmorte lorsqu'il fait des mises en garde ou
lorsqu'il dit au gouvernement qu'il ne prend pas toutes ses
responsabilités vis-à-vis le fiasco agricole que connaît
présentement cette classe actuellement, ces travailleurs, ces
cultivateurs qui sont pourtant des gens extrêmement intelligents,
travailleurs, qui ont l'esprit pratique des choses, qui font servir $1 à
bon escient, c'est-à-dire par une administration saine, de bon aloi, qui
ont les mains à la pâte de l'agriculture et qui se sentent dans
une situation telle qu'ils se demandent si les années qui sont devant
eux leur permettront de survivre en agriculture.
Je n'ai pas besoin de vous rappeler que le problème des
cultivateurs sans sol est un problème extrêmement important, et
tellement important que le ministre de l'Agriculture, il n'y a pas très
longtemps, informait cette Chambre qu'un montant de $5 millions était
mis à leur disposition pour les aider. Le député de
Nicolet a essayé de savoir quels étaient les normes et les
critères que le ministre de l'Agriculture ou son ministère avait
établis afin de faire bénéficier les cultivateurs de cette
somme de $5 millions. Il a été impossible de le savoir. Les
cultivateurs concernés par cette somme importante de $5 millions sont
dans l'expectative. Ils ne savent pas de quelle façon ils pourront en
bénéficier. Ils ne savent pas quand ils seront payés. Ils
ne savent pas de quelle façon ils seront payés. Ils ne savent pas
de quelle façon cette aide leur sera apportée pour qu'ils
puissent établir, avec une projection raisonnée et raisonnable de
quelques mois, de quelle façon leur industrie pourra survivre.
Or, M. le Président, il n'y a aucun doute qu'il y a une perte de
$1,500,000 par mois, actuellement, chez les producteurs sans sol, ce qui
représente de $18 millions à $20 millions annuellement c'est,
déjà, pour six mois d'exploitation, un déficit qui les met
presque au bord de la banqueroute et qui peut placer ce secteur de
l'économie agricole dans une situation d'où il serait impossible
de la sortir à brève échéance, à moins que
le gouvernement décide de doubler, de quintupler même son aide.
Et, cela serait attribuable à l'inertie du ministre de l'Agriculture,
parce qu'il ne connaît pas le problème à fond, parce qu'il
ne l'étudie pas à fond ou bien parce qu'il ne veut pas que son
ministère trouve les solutions qui s'imposent dans pareil cas. Je crois
que la situation est urgente. Elle est tellement urgente que lorsqu'on regarde
tous les media d'information ou lorsqu'on regarde certaines revues, on
s'aperçoit qu'il y a un malaise incroyable chez les cultivateurs.
J'ai ici un article qui est très récent, daté du 9
novembre. "La colère gronde chez les dirigeants de l'UCC." Imaginez-vous
donc, M. le Président! Lorsque les dirigeants de l'UCC sont
pris par la colère, c'est parce qu'ils ont été
eux-mêmes aiguisés en assemblée par ceux qui forment l'UCC,
c'est-à-dire les membres de l'UCC. "Colère à l'UCC". Une
autre nouvelle du 9 novembre. C'est M. Allain qui en parle. On est impassible,
on refuse de donner simplement des normes ou des critères relativement
à une somme de $5 millions qui est mise à la disposition des
cultivateurs. Pourquoi? Il est possible que le ministre se soit senti
obligé d'annoncer cette mesure. Durement talonné par le
député de Nicolet et faisant face à la colère sans
cesse croissante des membres de l'UCC ou de ses dirigeants, il a cru bon de se
lever pour annoncer une mesure, mais une mesure qui laisse tout le monde sur sa
soif.
Les cultivateurs protestent. Oui. De là la
nécessité de convoquer la commission parlementaire. Cela ne se
passe pas seulement dans les régions où l'agriculture est
très forte, où l'agriculture apporte à l'économie
une contribution extrêmement importante, maïs même en
Gaspésie. J'ai ici l'extrait d'un article d'un journal de 1971. Je vois
le 29, mais je ne peux pas lire le mois. Celui qui parle, c'est M. Adrien
Babin, président de l'UCC et également président du CRD,
le Conseil régional de développement pour la Gaspésie,
reconnu comme organisme étant consultatif auprès de l'ODEQ. Il
déclarait à Rimouski: "Les cultivateurs du comté de
Bonaventure ne pourront survivre ne pourront survivre et pourtant c'est
un comté qui est représenté par le ministre de l'Industrie
et du Commerce, député de Bonaventure s'ils sont soumis
à toutes les nouvelles politiques agricoles adoptées
récemment par le ministre ou le ministère de l'Agriculture." Le
président de l'UCC n'y va pas de main morte. Dans cette région,
l'agriculture n'est pas 100 p.c. de l'économie, mais on reconnaît,
en vertu des études qui ont été faites par le BAEQ, que
c'est là que l'agriculture peut le mieux survivre. Or, M. Babin
déclare que les politiques que le ministre a appliquées et que
nous avons combattues lors de l'adoption des crédits de Tannées
dernière vont faire couler l'agriculture en Gaspésie.
Il déclare de plus: "Telle est l'opinion émise
récemment par le président du Conseil régional de
développement de l'Est du Québec, M. Adrien Babin, à la
suite d'une réunion de deux jours du conseil d'administration de cet
organisme à Rimouski. M. Babin a fait part de son intention de
présenter personnellement, lors de la prochaine réunion du
conseil en fin de semaine prochaine...
M. TOUPIN: M. le Président, j'invoque le règlement pour
une raison très simple. C'est que le député de
Gaspé-Nord est en train d'essayer de nous vendre l'UCC. Je pense que
l'UCC est assez adulte pour se vendre elle-même. J'espère,
évidemment, que le député de Gaspé-Nord, lui, l'est
assez pour s'en tenir à la motion.
M. VINCENT: Ce n'est pas un point de règlement.
M. TOUPIN: S'il n'est pas capable de s'en tenir à la motion et
à l'amendement de la motion, normalement, ce qu'un député
doit faire dans ce temps-là...
M. VINCENT: Mais pourquoi le ministre ne se levait-il pas quand le
député de Brome a parlé?
M. TOUPIN: ... c'est de s'asseoir et d'écouter ceux qui sont
capables de parler sur la motion et non pas essayer de vendre l'UCC partout
dans la province. Elle est capable de se vendre.
M. VINCENT: M. le Président sur le même rappel au
règlement.
M. TOUPIN: Laissez-la tranquille. N'ayez pas peur; elle est capable de
se débrouiller toute seule.
M. VINCENT: M. le Président...
M. TOUPIN: Ce n'est pas nécessaire qu'un député de
l'Assemblée nationale...
M. VINCENT: ... sur le même rappel au règlement.
M. TOUPIN: ... vienne vendre l'idée de l'UCC à
l'Assemblée nationale.
M. VINCENT: M. le Président, sur le même rappel au
règlement.
M. TOUPIN: C'est moi qui avais la parole, M. le Président.
M. VINCENT: Oui, mais à quel moment le ministre fera-t-il valoir
son point de règlement?
M. LACROIX: Aussitôt que vous allez vous asseoir. Quand vous allez
reprendre votre siège...
M. VINCENT: Oui, mais à quel moment? M. LACROIX: ... il va
pouvoir parler.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. TOUPIN: M. le Président, je reste, plus que convaincu,
persuadé que le député de Gaspé-Nord est totalement
à côté de la ligne par rapport à la motion.
Là, il est parti sur une envolée oratoire. Tout ce qu'il peut
trouver, non pas dans son vocabulaire, parce qu'il n'en a pas tellement, ce
sont des idées qu'il va puiser ailleurs; les présidents de l'UCC,
les congrès de l'UCC, les personnes de l'UCC, l'ODEQ...
M. VINCENT: C'est un point de règlement, M. le Président,
cela?
M. TOUPIN: ... le développement régional. Tout ce qu'il
peut puiser ailleurs d'idées...
M. VINCENT: M. le Président, sur une question de
privilège.
M. TOUPIN: ... bien, il essaie de faire valoir cela à
l'Assemblée nationale...
M. VINCENT: M. le Président, sur une question de
privilège, pour vous demander une directive.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TOUPIN: ... alors qu'il n'est même pas capable...
M. VINCENT: Sur une question de privilège pour vous demander une
directive.
M. TOUPIN: ... de discuter cinq minutes sur la motion comme telle. Ce
sont ceux-là, M. le Président, qui essaient de faire la
leçon au gouvernement.
M. VINCENT: M. le Président, sur une question de
privilège.
M. TOUPIN: Ils ne sont même pas capables de s'en tenir à un
problème précis, M. le Président. Alors, j'espère
que le député de Gaspé-Nord s'en tiendra à la
motion.
M. VINCENT: M. le Président, sur une question de
privilège...
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
M. VINCENT: ... pour vous demander une directive. Est-ce que vous pouvez
nous dire si le député de Champlain, ministre de l'Agriculture, a
soulevé une question de règlement? Parce que nous, de ce
côté-ci de la Chambre, nous n'avons vu aucun point de
règlement de soulevé par le ministre de l'Agriculture. Si c'est
de cette façon que nous pouvons soulever des questions de
règlement... Je me souviens, il y a quinze jours, quand j'ai
parlé, le ministre de l'Agriculture a continuellement interrompu mon
discours par des questions de règlement qui n'en étaient
aucunement.
M. PAUL: M. le Président, sur le rappel au règlement
soulevé par mon distingué ami, le ministre de l'Agriculture et de
la Colonisation: Tout d'abord, il vous a rendu un témoignage dont nous
avons raison d'être fiers, nous de la Mauricie, lorsqu'il ne vous a pas
cité l'article qu'il avait l'intention de soulever, présumant que
vous sachiez fort bien en vertu de quel article il se levait!
Maintenant, j'ai été surpris d'entendre les remarques de
l'honorable ministre. Il aura l'occasion, nous le souhaitons, de
répondre à tous les préopinants. Tout à l'heure,
lorsque l'honorable député de Brome a parlé, je ne sache
pas que les règles de la pertinence du débat aient
été scrupuleusement suivies. Mais, connaissant l'éloquence
de mon collègue, le député de Gaspé-Nord, je suis
sûr que ce n'est que par analogie et par incidence qu'il a soulevé
cette question. Si l'honorable ministre avait voulu être patient,
déjà, l'honorable député serait revenu au coeur
même de la motion.
Nous n'aurions pas été privés plus longtemps des
excellentes remarques qu'il a à nous livrer dans le but
d'ébranler le ministre lui-même, pour convoquer la commission
parlementaire de l'Agriculture et de la Colonisation.
M. TOUPIN: M. le Président, c'est leur propre motion!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Je pense avoir été assez libéral en entendant tous
les opinants et en leur laissant faire valoir leur point de vue sur ce
sujet.
J'invite maintenant le député de Gaspé-Nord
à continuer, s'il vous plaît.
M. GAGNON: Merci, M. le Président. Je m'excuserai, M. le
Président. J'ai écouté le député de Brome et
il n'a pas parlé de la motion. Il a parlé d'un sujet, de
présences...
M. BROWN: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'invite tout le monde, s'il vous
plaît, à parler sur la motion.
M. GAGNON: M. le Président, le ministre a fait quelques longues
remarques sur un point de règlement. Evidemment, il a dit que je vends
l'UCC. Je n'ai pas d'objection à vendre ce qu'il ne vend plus, ce qu'il
a vendu longtemps. Cela me fait plaisir de la vendre et de combler les
vides.
Mais, M. le Président, je veux dire qu'en ce qui concerne les
producteurs sans sol il y en a également chez nous. Il y a des
producteurs sans sol dans la Gaspésie, dans la région du
Bas-du-Fleuve, surtout en apiculture. Ces producteurs sans sol, à
l'intérieur des mesures qui ont été prises et qui les
touchent, M. le Président, pour ne pas échapper à la
motion, ils lancent un cri de désespoir. C'est le président de
l'UCC de la région et du CRD qui dit au ministre que ces mesures qu'il a
adoptées, relativement aux producteurs sans sol, contenues dans la
motion devant la Chambre, sont en train de périr. C'est le
président de l'UCC de la région, président du CRD, qui
informe le ministre qu'il est essentiel d'avoir une réunion avec son
ministère et le ministre pour exposer les difficultés dans
lesquelles ils se trouvent.
C'est là, M. le Président, que la motion du
député de Chicoutimi a sa raison d'être. Elle avait
peut-être même précédé les opinions
qu'émettait le président de l'UCC de la région concernant
les producteurs sans sol. Je suis surpris de constater que le minsitre, au lieu
de demander au député de Gaspé-Nord s'il pouvait
peut-être formuler des suggestions, veut empêcher ce dernier de
parler sur ce point et de vendre une organisation qui est importante et
sacrée pour les cultivateurs. Je ne veux plus parler de l'UCC, avec le
ministre actuel, M. le Président. Je ne peux plus faire motion de l'UCC
parce que je vends une mauvaise marchandise, suivant l'opinion du ministre. Il
me reproche de vendre l'UCC, lui, un ancien membre de l'UCC, quelqu'un qui a
été actif et qui, aujourd'hui, est devenu passif par rapport
à une organisation aussi importante que l'UCC.
Or, M. le Président, il est essentiel que le ministre puisse
accueillir, à la commission parlementaire qui doit siéger
prochainement j'espère que le ministre acceptera nos motions
les producteurs sans sol, pour qu'ils puissent se faire entendre. Qu'ils
se fassent entendre pour exposer leurs problèmes, qu'ils se fassent
entendre pour qu'ils disent...
M. LACROIX: Mon honorable ami de Gaspé-Nord me permettrait-il de
lui poser une question?
M. GAGNON: Sans doute. Cela me reposera.
M. LACROIX: II parle des producteurs sans sol. Pourrait-il expliquer aux
membres de cette Chambre s'il est favorable à l'intégration
verticale?
M.GAGNON: Evidemment, le député des Iles-de-la-Madeleine
est très large.
M. HARVEY (Chauveau): M. Vincent va nous le dire !
M.GAGNON: Quand il parle du vertical, a-t-il l'intention de monter vers
le ciel bleu ou de descendre tête première? Je ne le sais pas. Il
faudrait qu'il explique davantage ce qu'est, pour lui, le vertical.
J'espère que ce n'est pas l'horizontal.
M. LACROIX: Avant de commencer votre intervention, vous auriez dû
demander un cours au député de Nicolet.
M. GAGNON: M. le Président, je suis heureux d'entendre le
député des Iles-de-la-Madeleine mais je le serais davantage s'il
parlait en faveur de la motion et s'il donnait son point de vue. Etant un
garçon qui a eu une large presse, ces derniers temps, dans la province,
il serait peut-être écouté du ministre. Le ministre aurait
peut-être craint qu'il lui fasse des suggestions qu'il n'est pas
tellement convaincu d'accepter ou de faire accepter à la commission
parlementaire.
D'ailleurs, M. le Président, il y a quelque chose que j'oubliais.
Je comprends maintenant son point de vue.
M. LEDUC: Le souffleur a soufflé!
M. GAGNON: II était sur la liste des candidats pour le choix du
ministre de l'Agriculture. Je le remercie de son intervention.
M. le Président, encore une fois, j'espère que le ministre
acceptera...
M. LACROIX: II est vrai que, dans le Parti libéral, plusieurs
gars auraient pu faire de bons ministres.
M.GAGNON: ... non seulement cette motion mais la réunion...
M. LACROIX: Vous autres, vous en aviez seulement un et il n'a pas
été bon!
M. GAGNON: M. le Président, il pense qu'il n'a pas
été bon. J'étais le seul en Gaspésie et j'ai
été réélu. Il n'était pas mauvais.
Merci, M. le Président.
M. LACROIC: Vous auriez dû être ministre d'Etat à ce
ministère. Mais vous n'avez pas répondu quant à
l'intégration verticale.
M. GAGNON: Non. Mais qu'est-ce que l'intégration verticale?
M.VINCENT: Cela fait longtemps qu'il en parle.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. GAGNON: Se rendre aux îles, c'est horizontal; ce n'est pas
vertical.
M. TOUPIN: II ne peut pas parler sur la motion; il ne sait pas ce que
c'est.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Est-ce que d'autres veulent se
faire entendre? Vote?
M. PAUL: M. le Président je regrette. Je ne peux pas continuer en
vertu de l'article 64.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, j'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt tous ceux qui, jusqu'ici, ont participé à
l'étude de la motion d'amendement présentée par
l'honorable député de Chicoutimi. Cet après-midi, ce qui
m'a frappé, ce sont les arguments de fond qui ont été
apportés par l'honorable député de Saint-Maurice et par
mon collègue, député de Gaspé-Nord.
Je vais passer sous silence et je n'irai pas au fond du problème
soulevé par mon bon ami, l'honorable député de Brome,
lorsqu'il a fait référence à certaines motions inscrites
au feuilleton.
Tous savent que la seule façon d'entendre des étrangers,
au sens de notre droit parlementaire, c'est par la convocation d'une
commission. Alors, les corps intermédiaires et les
intéressés peuvent se faire entendre et exposer leur point de vue
sur le projet de loi à l'étude ou sur les problèmes
soulevés, par exemple, par un livre blanc.
D'ailleurs, si nous nous référons au calendrier des
réunions des commissions parlementaires qui doivent tenir des
séances d'ici le jeudi 16 décembre, nous verrons que sept ou huit
commissions différentes siégeront pour étudier des lois ou
des livres blancs. A cette occasion, nous pourrons entendre ceux-là qui
peuvent être intéressés de près ou de loin par l'une
ou l'autre des questions soulevées par les lois à l'étude
ou dans les différents livres blancs.
Je dis donc que, si nous voulons avoir un dialogue avec les producteurs
sans sol, le seul moyen disponible en vertu de notre système
parlementaire, c'est la convocation de la commission parlementaire de
l'Agriculture et de la Colonisation.
Lorsque nous avons tenu une séance de collégialité,
ce qui se produit très souvent chez nous dans le parti de
l'Unité-Québec, nous avons pensé que la motion principale
inscrite au nom du député de Nicolet devait être
amendée. C'est pourquoi le député de Chicoutimi a
terminé ses remarques sur la motion principale, en demandant que cette
motion soit amendée pour que nous puissions, du même coup,
étudier tout le problème des producteurs sans sol au
Québec.
D'ailleurs, cette question soulevée par le député
de Chicoutimi dans son amendement a éveillé le ministre de
l'Agriculture et de la Colonisation, puisque, quelques jours plus tard, soit
plus précisément en date du 2 novembre, le ministre, dans un
communiqué de presse, informait la population du Québec d'un
programme spécial d'aide aux éleveurs de porcs et à
certains producteurs avicoles du Québec.
L'honorable député de Chicoutimi avait
présenté sa motion d'amendement le 27 octobre et le ministre,
voyant le bien-fondé, l'urgence, la nécessité
d'étudier et de secourir surtout, partiellement et d'une façon
incomplète, les producteurs sans sol, a présenté une
politique qu'il avait l'intention d'appliquer pour aider ceux-là surtout
qui ont une spécialité de l'agriculture, comme les
éleveurs de porcs, les producteurs d'oeufs, de dindons.
Nous aurions pu également ajouter les éleveurs de poulets
et ainsi de suite. Mais, encore là, M. le Président, le ministre
attend, le ministre hésite, le ministre est incertain, le ministre est
cachottier. C'est tellement vrai qu'il a précédé sa
déclaration ministérielle de certains renseignements
communiqués en dehors de la Chambre et, que par la suite, en Chambre, il
nous a lu sa déclaration ministérielle incomplète.
Depuis ce temps-là nous avons cherché à savoir du
ministre quel serait le moyen mis à sa disposition pour le financement
de cette politique d'aide et de soutien à certains agriculteurs ou
cultivateurs ou éleveurs affectés par le marché qui existe
actuellement au Québec et sur tout le continent nord-américain.
Le ministre des Finances nous a dit: H y a toujours la caisse de secours ou le
virement de fonds. Je ne parle pas de détournement de fonds mais de
virement de fonds. De toute façon, il nous faudra, à un moment
donné, voter un budget supplémentaire pour permettre au ministre
d'appuyer cette mesure d'aide et de soutien qu'il nous a annoncée.
Mais le ministre, j'en suis sûr, ne pourra pas résister
à la tentation avec laquelle il est aux prises actuellement de
participer au débat. J'aurais quasiment une gageure à faire que
c'est lui qui va se lever après mes remarques pour répondre en
quelque sorte aux différents arguments qui ont été
soulevés de part et d'autre dans le cours de la discussion.
M. COITEUX: Cela ne fera pas un long discours.
M. PAUL: Heureusement que vous n'avez pas participé au
débat, parce que cela aurait pu être un discours vide. De toute
façon, M. le Président, je dois ajouter que je retourne cette
remarque avec un sourire, parce que loin de moi l'idée d'attaquer
l'amitié qui m'unit à mon collègue, le
député de Duplessis. Je dis donc, M. le Président, que le
ministre devra cet après-midi renseigner les producteurs sans sol quant
à la mise en application de sa politique. Quels sont les critères
de base qui vont guider le ministre dans le partage de cette somme totale de
$4,977,691.25? Qui va pouvoir bénéficier d'une subvention ou
d'une aide de la part du ministère de l'Agriculture? A quelles
conditions? Quand? C'est important, M. le Président. Je sais que le
ministre, avait déjà mentionné que cette politique serait
en application dès la mi-novembre et hier, à une question du
député de Nicolet, il a répondu que la semaine prochaine,
probablement, il serait en mesure d'apporter plus de précision.
Il semblerait que par contre certaines directives aient
été données au comptable de son ministère de
préparer dès ce matin certains chèques de subventions.
M. TOUPIN: C'est épouvantable! J'aimerais connaître le nom
de ce fonctionnaire. Je pense que le député de Maskinongé
affirme des choses totalement fausses.
M. PAUL: M. le Président, je n'ai jamais fait d'assertion.
M. TOUPIN: Cela dépasse l'imagination la plus
élémentaire. Je suis bien prêt à admettre que le
député de Maskinongé a beaucoup d'imagination; je ne
pensais pas qu'il pouvait en avoir jusque là.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Avec tout le respect que je dois au
ministre de l'Agriculture, je dois lui rappeler que, s'il a de bonnes raisons
de croire que le député de Maskinongé proclame des choses
qui seraient non conformes à la vérité, le
règlement permet au ministre, dès que le député de
Maskinongé aura terminé son intervention, de rétablir les
faits.
M. TOUPIN: On ne peut pas pendant.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: J'ai dit: "II semblerait". Le ministre se lève.
Personnellement, je conclus donc personne ne peut me reprocher d'avoir
une conclusion exacte ou erronée que ce matin encore rien
n'était fait au ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation.
M. VINCENT: On a posé la question hier et il n'y a encore rien de
fait ce matin.
M. PAUL: M. le Président, en vertu de quel barème le
ministre distribuera-t-il ou déliera-t-il les cordons de la bourse de
subventions de son ministère? Est-ce que seulement les personnes morales
pourront bénéficier d'une telle assistance? Est-ce qu'il faudra
un chiffre de production brut de X pour pouvoir bénéficier de
cette assistance? Devra-t-on tenir compte du nombre de têtes pour qu'un
cultivateur puisse se qualifier à telle subvention?
La demande d'assistance devra être présentée dans un
délai de, à qui et avec quelle formalité? M. le
Président, vous pouvez voir que la motion du député de
Chicoutimi s'imposait parce que nous aimerions que le ministre, soit dans ses
remarques, dans sa participation au débat ou à l'occasion de
l'une des séances de la commission de l'Agriculture et de la
Colonisation, nous informe des personnes qui auront charge de préparer
la liste de ceux qui pourront bénéficier de cette politique
d'assistance aux producteurs sans sol.
Quand il s'agira de verser une subvention aux éleveurs de porcs,
est-ce qu'on prendra la liste fournie par les abattoirs? Est-ce une
façon indirecte de remplacer la prime qui existait pour les
éleveurs de porcs alors que leur production était classée
A ou B? On sait qu'il y avait une excellente politique à l'effet qu'un
éleveur de porcs pouvait bénéficier d'une subvention ou
d'une prime de $3 pour un proc de classification A. Cette politique est
disparue. Est-ce un mécanisme nouveau pour remplacer cette politique qui
a désappointé et qui a causé beaucoup de torts chez les
éleveurs de porcs?
A la suite de l'intervention du député de Chicoutimi, nous
avons eu une première action du ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation. Voyant avec quelle logique le député de Chicoutimi
et tous ceux qui avaient participé au débat avaient soutenu le
bien-fondé de la convocation de la commission parlementaire de
l'Agriculture et de la Colonisation pour étudier non seulement le
problème des producteurs laitiers, mais également celui des
producteurs sans sol, le ministre a voulu immédiatement temporiser ou du
moins jeter un peu d'eau sur les bonnes intentions du parti
Unité-Québec. Encore là, cette politique annoncée
par le ministre, le 2 novembre, est incomplète, insatisfaisante. Que le
ministre se rappelle donc les sages propos que tenait cet après-midi
l'honorable député de Saint-Maurice, lorsqu'il a dit que le bien
de la classe agricole imposait l'obligation de mettre de côté les
lignes de parti pour se pencher sur une situation alarmante au Québec.
Que le ministre veuille être assuré de l'appui et de la
collaboration des députés d'Unité-Québec,
spécialement de son prédécesseur, l'ancien ministre de
l'Agriculture et de la Colonisation, aux fins de lui donner des arguments au
soutien de la revendication d'un traitement plus équitable de la part de
la Commission canadienne des grains.
Nous voudrions que le ministre, à l'occasion de la prochaine
conférence des ministres provinciaux de l'Agriculture et du ministre
fédéral de l'Agriculture, puisse se présenter à
Ottawa ou ailleurs, selon l'endroit choisi pour la tenue d'une telle
conférence, et dire: J'ai reçu un mandat unanime de
l'Assemblée nationale du Québec aux fins de vous faire valoir
certaines revendications qui sont les suivantes: A) B) C) D), etc.
Mais, pour cela, il faut que nous ayons l'avantage d'entendre les
premiers intéressés. La demande du député de
Nicolet, ainsi que celle du député de Chicoutimi ont
été bien reçues par la classe agricole. Un
éditorialiste chevronné, du nom de Réjean Lacombe,
écrivait dans le journal Le Nouvelliste, le plus grand quotidien de la
Mauricie...
M. LACROIX: Si l'éditorial que vous avez là est bon, je
peux vous en montrer qui étaient moins bons.
M. PAUL: M. le Président, pensez-vous que je vais citer ceux qui
ne sont pas bons? Je laisse cela au député des
Iles-de-la-Madeleine. Il a tellement de bonnes relations avec la Tribune de la
presse que je suis sûr qu'on l'alimente constamment des éditoriaux
qui peuvent nous causer un certain préjudice.
M. LACROIX: Je suis réellement gâté.
M. PAUL: D'ailleurs, l'intérêt que soulève la motion
du député de Chicoutimi dans la Tribune de la presse, cet
après-midi, nous permet de voir comment la population du Québec
sera
informée demain sur la nécessité de convoquer la
commission parlementaire de l'Agriculture et de la Colonisation. M.
Réjean Lacombe disait ceci il me fera plaisir d'en faire parvenir
une copie à mon bon ami, l'honorable député de Champlain,
dévoué ministre de l'Agriculture en commentant cette
demande de convocation de la commission de l'Agriculture et de la Colonisation:
"Il serait sans doute logique, dans les circonstances actuelles, que les
membres de l'UCC fassent des pressions auprès des dirigeants
gouvernementaux dans le but de demander la convocation de la commission
parlementaire de l'Agriculture. Nous croyons que cette commission serait la
tribune idéale de l'UCC dans le but de faire connaître sa position
en regard des problèmes que ses membres soulèvent." Pendant que
je donnais lecture de ce passage de l'éditorial de Réjean
Lacombe, j'ai entendu le député de Trois-Rivières me
donner un signe d'approbation à sa façon. Je continue, M. le
Président: "Lorsqu'il sera question de l'épineux problème
des grains de provende, il est clair que l'action de l'UCC aurait des effets
importants si elle était portée devant les membres de cette
commission parlementaire. Ce problème traîne depuis trop longtemps
en longueur. Il est temps plus que jamais qu'une solution soit apportée
à ce que M. Allain a appelé le séparatisme
économique pratiqué par le gouvernement central."
Un profane comme l'éditorialiste Réjean Lacombe juge
nécessaire la convocation de la commission parlementaire de
l'Agriculture. Pourquoi? Parce que nous voulons nous pencher sur le
problème des producteurs sans sol. Le ministre le sait peut-être,
lui je dis peut-être mais nous voudrions connaître
tous les moyens suggérés par les gens du métier pour
tâcher de faire les pressions nécessaires auprès du
gouvernement central afin qu'il facilite l'approvisionnement des producteurs en
grains de provende au Québec.
Je me demande pourquoi le ministre refuserait que nous ayons l'avantage
d'entendre ces producteurs.
Ils viendraient ici nous dire que la politique mise en application par
le député de Nicolet, pour ce qui a trait à
l'égouttement des terres, devrait être accentuée, non pas
plafonnée à 15 millions de pieds de drainage souterrain, comme
cela s'est fait cette année, du moins. Nous avons voté des
crédits pour ce nombre de pieds de drainage souterrain, car on sait
qu'une terre bien irriguée permettra une meilleure production des grains
de provende. Une terre bien drainée permettra une production plus
généreuse et, par voie de conséquence, un meilleur prix en
faveur de ceux-là qui en ont besoin pour leur agriculture commerciale et
spécialisée, qui est celle soit de l'élevage du porc, du
poulet, des dindons ou autres formes d'agriculture.
Le ministre aurait besoin de se faire confirmer les idées qu'il
a. Il est peut-être hésitant à s'afficher d'une
façon fière, irréconciliable si nécessaire
auprès de la Commission canadienne des grains, pour que les cultivateurs
du Québec reçoivent un traitement équitable en
approvisionnement de grains, comme le signalait, cet après-midi, le
député de Saint-Maurice dans la citation du coût
d'approvisionnement pour ces grains.
Le ministre ne devrait pas avoir peur de convoquer la commission
parlementaire de l'Agriculture et de la Colonisation. Pourquoi refusera-t-on
cette commission? Je me le demande. J'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt les remarques du député de L'Islet, et en
écoutant la logique de son argumentation, qui a été sans
conclusion, cependant, je me suis dit: Comme il ferait un bon ministre de
l'Agriculture ou du moins, comme il serait un excellent adjoint parlementaire
au ministre, qui n'a pas le temps, écrasé par les
problèmes nombreux qu'il a à régler! Il pourrait
être conseillé par le député de Nicolet, par le
député de L'Islet, par le député de Saint-Maurice,
par le député de Laviolette, par le député de
Rouville. Il pourrait être conseillé...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... par le député de
Sainte-Marie.
M. PAUL: ... par le député de Sainte-Marie,
spécialiste en agriculture pour le Parti québécois. Nous
pourrions, à la lumière de ces discussions ouvertes,
dégagées de tout esprit de parti, à la lumière des
renseignements obtenus, inviter le ministre à établir une liste
de priorités lorsqu'il se présentera à la prochaine
conférence des ministres provinciaux.
Je me demande pourquoi le gouvernement refuserait la convocation d'une
telle commission. Nous ne demandons pas l'acceptation d'un
précédent, parce qu'on sait, aujourd'hui, comment la Loi du
syndicalisme agricole a donné au ministre l'occasion d'être
éclairé sur les lacunes que l'on retrouve dans cette loi et que
nous lui signalerons en temps opportun, à la période
désignée à cette fin. Je suis sûr que le ministre,
de son cru, de proprio motu, a déjà compris les avantages des
séances de cette commission. Ce sera la même chose. Dans le but de
compléter sa politique d'aide aux producteurs sans sol, le ministre
verra, j'en suis sûr, à convoquer les membres de l'UCC, tous
ceux-là qui se spécialisent dans l'un ou l'autre des produits de
l'agriculture, que ce soit dans l'élevage de la volaille, dans
l'élevage de dindes, dans l'élevage de porcs.
Il y aurait avantage à connaître les difficultés
qu'ils connaissent dans la bonne marche de leurs productions. Si, à la
lumière de ce comité, il découlait que le ministère
doit aider, subventionner davantage ceux qui cultivent le mais-grain, eh bien,
peut-être que nous fournirons du même coup à ceux qui en ont
besoin ce mais-grain, ces grains de provende, ce blé, cette orge. Le
ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation verra peut-être à accentuer ou à
subventionner des expériences nouvelles pour tâcher de trouver des
blés de qualité supérieure. Mais comment voulez-vous que
nous puissions obtenir tous ces renseignements indispensables si ce n'est par
le mécanisme de la convocation de la commission parlementaire de
l'Agriculture et de la Colonisation?
Quand le député de Chicoutimi a présenté sa
motion, c'était dans un esprit ouvert de coopération avec le
ministre de l'Agriculture pour ne pas le placer dans une camisole de force ou
dans un cul-de-sac. C'était pour lui permettre d'avoir un
éventail complet sur tous les producteurs du Québec et de nous
inviter, nous, pauvres profanes renseignés par les gens du
métier, à lui faire des recommandations, à lui
suggérer des politiques susceptibles de stimuler davantage une
production accrue, non pas seulement dans le cidre. Le cidre, je comprends que
cela n'a rien à voir avec les producteurs sans sol...
M. OSTIGUY: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. PAUL: ... parce qu'il faut nécessairement un sol...
M. OSTIGUY: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouville invoque le
règlement.
M. OSTIGUY: La semaine dernière, lorsque j'ai voulu parler de
cidre, vous m'avez rappelé à l'ordre. Alors, je voudrais que vous
rappeliez à l'ordre le député de Maskinongé et
qu'il s'en tienne aux cultures sans sol.
M. LE PRESIDENT: Je dois déclarer que l'honorable
député de Rouville, qui semble très bien connaître
son règlement, a soulevé un point fondé. Je rappelle
à l'honorable député de Maskinongé que le
problème du cidre, en particulier, ne peut pas être inclus dans le
débat que nous connaissons présentement sur l'amendement du
député de Chicoutimi.
M. PAUL: M. le Président, je comprends que de 1960 à 1966
nous avons eu Alcide, mais aujourd'hui, nous avons le député du
cidre. Je ne voudrais pas cependant que l'honorable député me
prête l'intention de lui accorder la paternité du cidre,
absolument pas.
De toute façon, je ne veux pas rester hors d'ordre plus
longtemps. C'est par distraction que je ne sais par quelle justification, j'ai
voulu m'égarer momentanément de la règle de la pertinence
de la discussion.
M. le Président, je remercie à l'avance le ministre de
l'Agriculture pour la compréhension avec laquelle il va recevoir les
arguments de tous ceux qui ont participé au débat et surtout bien
comprendre la pensée et le désir de ses propres
députés qui, eux aussi, espèrent que cette commission sera
convoquée. Et spécialement quand on sait tout
l'intérêt qu'apporte à l'agriculture l'honorable
député de Taillon par sa participation intelligente à
l'étude du projet de loi no 64, comme hier soir,...
M. LEDUC: Continuez, continuez !
M. PAUL: ... je sais que lui-même s'inquiète du sort de ses
43 producteurs maraîchers...
M. LEDUC: Quarante, M. le Président.
M. VINCENT: Cela a baissé.
M. PAUL: Quarante et un?
M. LEDUC: Cela a toujours été 40.
M. DEMERS: II en a perdu deux durant...
M. LE PRESIDENT: J'avais dû rappeler, mercredi dernier, que le
débat était assez technique et qu'il m'était parfois
difficile de le suivre. Mais, malgré cette situation de profane qui est
la mienne devant l'agriculture, je dois rappeler à l'honorable
député de Maskinongé que les producteurs maraîchers
ne doivent pas être des producteurs sans sol. Donc, je devrais lui
demander de ne pas en parler.
M. PAUL: M. le Président, je me permettrais, si ce n'était
pas ici, de différer d'opinion avec vous et de vous prouver que cela
peut être inclus.
Mais, comme vous êtes l'autorité et que j'ai toujours
respecté l'autorité, je ne discuterai pas davantage cet
énoncé de principe que vous venez de faire.
De toute façon, M. le Président, aux fins d'avoir une
politique efficace en matière de grains de provende, aux fins de
soutenir le ministre dans la lutte qu'il devrait mener auprès de son
collègue du gouvernement fédéral, pour l'inciter à
s'attribuer encore plus, si possible, les avantages des politiques
fédérales qui seront appliquées dans le domaine de
l'industrie laitière, je dis qu'il est indispensable, nécessaire,
urgent que la commission de l'Agriculture soit convoquée. Pourquoi, M.
le Président? Pour que le ministre de l'Agriculture fasse des pressions
auprès de son collègue, le ministre des Finances.
Je sais par expérience, M. le Président, que cette
période que nous traversons cause déjà beaucoup de souci
aux ministres dans la préparation de leur budget et surtout dans ce
pélerinage que l'on doit faire auprès du ministre des Finances ou
de ses porte-parole, pour faire accepter le budget. J'espère que le
ministre comprendra que nous voulons le soutenir pour que son collègue,
le ministre des Finances, soit plus généreux à son endroit
et, par ricochet, ce sont les producteurs laitiers, ce sont les produc-
teurs sans sol qui bénéficieront d'une politique nouvelle
ou de complémentarité que le ministre verra à nous
apporter. Il conviendra, j'en suis sûr, que sa déclaration
ministérielle du 2 novembre 1971, bien qu'elle suscitât certains
contentements, créa et apporta d'amères déceptions. Je
n'en fais pas de reproche au ministre. Je le félicite. C'est rare qu'il
reçoive des félicitations de ma part, cela prouve quelle est la
sincérité des sentiments qui m'animent en ce moment.
M. le Président, je félicite le ministre d'avoir compris
le problème qui existe chez les producteurs sans sol. Ils ont perdu $18
millions pendant douze mois parce qu'il n'y avait pas de politique à cet
effet. C'est le minstre qui l'a affirmé. Regardez cela, M. le
Président. Vous savez que parfois le silence est remplacé par des
gestes compromettants. Parce que je veux être généreux pour
le ministre, tout de suite il pointe du doigt celui qui a été un
excellent ministre de l'Agriculture, le député de Nicolet. Ce que
nous voulons, M. le Président, c'est qu'il y ait mariage
d'intention...
UNE VOIX: Pas d'amour!
M. PAUL: Non, non! Nous voulons qu'il y ait mariage d'intention chez
tous les députés de cette Chambre, de tous les partis politiques,
pour que nous puissions soutenir le ministre dans la lutte qu'il mène
auprès des autorités fédérales.
Je sais qu'à la dernière conférence de Toronto le
ministre, du moins selon son compte rendu, aurait surpris ses collègues,
les ministres de l'Agriculture des autres provinces, par la logique de son
argumentation, par le bien-fondé des arguments qu'il a apportés
pour établir une politique laitière qui est avantageuse
aujourd'hui, qui est moins néfaste.
UNE VOIX: II s'est surpris lui-même.
M. PAUL: Et à sa grande surprise, M. le Président, le
ministre a appris, par les journaux, par la radio, comme nous, qu'une nouvelle
politique avait été mise sur pied à Ottawa pour aider les
producteurs laitiers du Québec. Si, M. le Président, le ministre
a réussi à ébranler l'ignorance de ses collègues,
ministres de l'Agriculture, à l'endroit des problèmes
réels qui existent au Québec, comment sera-t-il fort, pour une
fois, lorsqu'il aura reçu un mandat unanime de l'Assemblée
nationale dans l'arrêt d'une politique discutée,
suggérée non seulement par l'UCC, mais par tous ceux qui, de
près ou de loin, sont intéressés ou affectés par ce
marasme qui existe chez les producteurs sans sol du Québec !
M. le Président, je sais que le ministre se rappelle ses bonnes
années, alors qu'il oeuvrait dans l'UCC. Il les connaît, ces
problèmes-là. Nécessairement, il est obligé de les
oublier à cause des responsabilités qu'il tente d'assumer.
Mais je dis que le ministre sera heureux et fier d'entendre des
suggestions quant à la mise en application d'une politique qui viendra
au secours de tous les producteurs sans sol du Québec.
M. le Président, vous qui, à deux reprises depuis que ce
débat a commencé, avez eu l'humilité de proclamer votre
ignorance dans la matière que nous discutons, je suis sûr que,
plus que nous encore, parce que vous avez été plus
héroïque, plus généreux que nous en proclamant votre
ignorance, vous seriez comblé d'entendre le ministre nous faire part de
son point de vue sur le sujet présentement à l'étude, soit
l'opportunité de convoquer la commission parlementaire de l'Agriculture
et de la Colonisation. A l'avance, nous remercions le ministre. Nous pourrons
dire que le ministre a compris la nécessité d'une politique bien
définie et arrêtée. Soutenu par tous les
députés de cette Chambre, il aura, au moins pour une fois, fait
oeuvre utile dans l'intérêt de l'agriculture au Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture
M. Normand Toupin
M. TOUPIN: M. le Président, l'objet premier de la motion qui
venait du député de Nicolet portait sur l'industrie
laitière. C'est par la suite, évidemment, que nous en sommes
venus aux productions sans sol.
La première motion voulait que nous discutions en commission
parlementaire les moyens à prendre pour protéger les
investissements laitiers au Québec. Je ne doute pas des intentions du
député de Nicolet vis-à-vis de ce secteur de production au
Québec, parce qu'il est lui-même un producteur de lait et parce
que les résultats de sa politique des quatre années qui ont
précédé les nôtres n'ont pas été assez
concrets et assez efficaces pour permettre aux producteurs laitiers du
Québec de vivre un peu plus honorablement et de protéger, par
conséquent, leur investissement laitier.
Si cette première motion a dégénéré
en une discussion sur les productions sans sol, dans mon esprit, c'est
très simple. Depuis deux ou trois mercredis, on discutait sur la motion
principale pour protéger les investissements laitiers. Evidemment, je
devais être ici le mercredi, mais, les autres jours de la semaine, je
pouvais me permettre de travailler. Or, pendant ce temps-là, au
ministère de l'Agriculture, on a travaillé et on a
travaillé ferme.
On a travaillé au point où on est parvenu, comme le disait
si bien, d'ailleurs, le député de Maskinongé... C'est
probablement la seule vérité que nous retrouvons dans son
discours, mais c'est la bonne vérité.
M. DEMERS: Est-ce que le ministre de l'Agriculture me permettrait une
question?
M. TOUPIN: Laquelle?
M. DEMERS: Bien, je vais avoir beaucoup de peine à vous la dire,
si je ne la formule pas.
M. TOUPIN: Posez-la
M. DEMERS: Est-ce que vous me permettez une question?
M. TOUPIN: Bien sûr.
M. DEMERS: Vous disiez tantôt qu'en votre absence on a
travaillé au ministère. Est-ce que le ministre pourrait me dire
si on travaille mieux en son absence qu'en sa présence? C'est qu'on
avait l'intention de vous garder ici encore pour un bon moment.
M. TOUPIN: Bien, évidemment, je ne sais pas si vous autres, en
Chambre, vous travaillez mieux en mon absence, mais ce que je puis vous
dire...
M. DEMERS: Au feuilleton?
M. TOUPIN: ... c'est que quand je ne suis pas en Chambre pour entendre
toutes sortes de discours plus ou moins cohérents sur les
problèmes agricoles, eh bien, je suis à mon bureau et je
travaille pour tenter de régler les problèmes. Alors, on a
travaillé, le député de Maskinongé le
reconnaît, à la dernière réunion des ministres de
l'Agriculture il a dit Toronto, il s'est trompé de ville
à Edmonton. C'est la seule erreur qu'il y avait dans sa
vérité. Nous avons discuté avec nos collègues et
nous avons convenu qu'il n'était pas normal que les politiques de la
Commission canadienne du lait continuent à s'appliquer de cette
façon. Nous allons proposer...
M. VINCENT: Sur un point de règlement... M. LE PRESIDENT: Le
député de Nicolet.
M. VINCENT: J'invoque le règlement pour suivre en cela les propos
du ministre de l'Agriculture qui l'a invoqué tout à l'heure. M.
le Président, vous avez quand même remarqué avec moi que,
depuis le début du discours du ministre de l'Agriculture, il a
été question seulement d'industrie laitière alors que nous
discutons non pas de la première motion, mais de l'amendement
proposé par le député de Chicoutimi. Lorsque nous aurons
disposé de cet amendement lui, il a perdu son droit de parole sur
la motion de l'industrie laitière moi, j'aurai un droit de
réplique et je lui donnerai des petites nouvelles.
M. TOUPIN: M. le Président, tout ce que je tente de faire, c'est
d'essayer de motiver ceux qui ont proposé cette motion, de donner les
raisons pour lesquelles ils l'ont proposée, cette motion. C'est pourquoi
je parle de la motion principale. Nous avons discuté avec le
gouvernement fédéral et nous nous sommes entendus pour amender
les politiques. Effectivement, elles ont été amendées, de
sorte que les producteurs laitiers présentement...
M. VINCENT: M. le Président, sur la question de
règlement...
M. TOUPIN: ... peuvent toucher plus de $10 millions par rapport à
l'année précédente.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Nicolet.
M. VINCENT: Sur une question de règlement, M. le
Président. Comme moi, vous entendez présentement le ministre de
l'Agriculture discuter de la motion principale alors que nous sommes
lui-même l'a affirmé tout à l'heure sur l'amendement
du député de Chicoutimi. Depuis le début, il n'a pas
mentionné une seule fois l'amendement.
M. TOUPIN: Oui, M. le Président, j'ai parlé de
l'amendement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'inviterais le ministre de l'Agriculture
à revenir sur l'amendement du député de Chicoutimi.
M. TOUPIN: J'y reviens immédiatement. C'est que n'ayant pas
obtenu de succès au niveau de cette première motion, le parti de
l'UQ, l'Unité-Québec a proposé un amendement pour faire
dégénérer le débat ou du moins l'orienter vers un
autre problème, les productions sans sol. Au fond, c'est un peu la
raison pour laquelle il y a un amendement.
Alors, l'amendement fut introduit et les discours ont commencé.
On a parlé. Je ne dis pas que tous les discours ont été
dénués de tout fondement valable, mais un certain nombre de
discours n'auraient peut-être pas valu la peine d'être
prononcés dans cette Chambre.
C'est malheureux, M. le Président. On présente des motions
pour essayer d'éclairer, de suggérer au gouvernement des
solutions aux problèmes avec lesquels non seulement les agriculteurs
mais l'ensemble des citoyens du Québec sont souvent aux prises. On
présente des motions et les discours que l'on fait sont, la plupart du
temps, décousus et non fondés, à quelques exceptions
près. Par exemple, sur cet amendement, que l'on fasse seulement,
à vol d'oiseau, une revue des principaux discours.
On s'est promené des grains de provende jusqu'à l'abattoir
dans le Nord-Ouest québécois. On a inclus, de temps en temps, un
peu de cidre dans cela. On a inclus, de temps en temps, un bout de producteurs
maraîchers; on a inclus, de temps en temps, un bout de problème de
production laitière. Je n'ai pas entendu de discours
véritablement cohérent en ce qui con-
cerne les problèmes de la production sans sol. Le
député de l'Islet a fait un excellent discours sur la question;
il est demeuré dans le sujet et il a touché des points de fond.
Il a parlé de l'intégration, des problèmes que
rencontraient les producteurs d'oeufs, de poulets ou de porcs à cause de
l'intégration, de l'influence et du phénomène de
l'intégration. Il a tenté d'expliquer aux membres de cette
Assemblée comment se posait, tout compte fait, le problème des
productions sans sol dans le contexte de l'intégration verticale.
Evidemment, ce n'est pas le seul aspect que nous retrouvons dans
l'activité des productions sans sol, mais c'est un aspect important. A
part cela, les discours valaient-ils la peine d'être entendus? Je me pose
de sérieuses questions. C'est le quatrième mercredi, je pense,
que l'on discute sur une motion concernant le ministère de
l'Agriculture.
M. VINCENT: Quelle importance cela peut-il avoir?
M. TOUPIN: Depuis ces quatre ou cinq mercredis, après avoir
entendu les discours, je ne pars pas beaucoup plus enrichi que je
l'étais auparavant. On n'est même pas parvenu encore, au moins
à me convaincre que c'est véritablement nécessaire que
l'on réunisse la commission parlementaire.
J'irais plus loin. Quand on a voulu réunir la commission
parlementaire, par exemple, sur le syndicalisme agricole, alors que ça
faisait longtemps qu'on la demandait, il y a des partis qui ont trouvé
le moyen de voter contre. Aujourd'hui, on vient nous demander de réunir
à nouveau la commission parlementaire.
M. VINCENT: M. le Président, sur un point de
règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre !
M. VINCENT: Le ministre de l'Agriculture, à l'heure actuelle, est
en train de parler d'un vote qui a eu lieu dans cette Chambre jeudi dernier. Le
ministre sait très bien s'il ne le sait pas, qu'il l'apprenne
qu'il n'a pas le droit de parler d'un vote qui a eu lieu ici en cette
Chambre.
S'il veut se référer à ce vote qui a eu lieu jeudi
dernier, il sait fort bien que les Oppositions n'ont pas voté contre la
convocation de la commission parlementaire de l'Agriculture comme il vient de
l'affirmer.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il est exact que tel que le mentionne le
député de Nicolet on ne peut pas discuter d'un vote
déjà pris mais je crois comprendre que ce que fait actuellement
le ministre de l'Agriculture n'est pas tellement de discuter d'un vote mais
d'une attitude générale et d'un état d'esprit. Il donne
comme exemple un vote, mais la substance des propos du ministre de
l'Agriculture est de parler de l'attitude générale qu'auraient eu
d'autres membres de cette Chambre sur la question de convocation d'une
commission de l'Agriculture. Evidemment, dans ce sens-là, j'inviterais
le ministre de l'Agriculture à ne pas parler spécifiquement du
vote ou de décisions déjà prises par la Chambre.
M. TOUPIN: Le seul point que je voulais soulever, M. le
Président, c'est que je me demande jusqu'où on est sérieux
lorsqu'on demande la convocation d'une commission parlementaire. Nous sommes
tous d'accord qu'au niveau des productions sans sol, il existe un certain
nombre de problèmes attribuables à des causes lointaines...
M. VINCENT: ... millions de perte.
M. TOUPIN: ... et à des causes immédiates. Alors, quelles
sont les causes lointaines des problèmes que vivent présentement
les producteurs sans sol? Il y en a au moins deux sur lesquelles on peut
s'attarder sérieusement; ce sont les principales dans lesquelles peuvent
se retrouver certaines causes moins importantes. La première, ce sont
les mécanismes de commercialisation qui existent présentement,
non seulement dans la province de Québec mais partout au pays, en ce qui
concerne la mise en marché des productions agricoles. C'est le premier
problème, c'est la première cause que nous rencontrons et partout
on a abordé le problème de la mise en marché lorsque nous
nous sommes rencontrés sur le plan national. J'ai eu récemment
l'occasion d'entrer en contact avec des organismes de commercialisation de
produits agricoles sur le plan international et eux aussi rencontrent ce
problème.
Comment se pose-t-il, tout compte fait? Il existe au Québec et au
pays une structure de commercialisation sur laquelle le producteur n'a
absolument aucun contrôle. Il est, par conséquent, laissé
à lui-même et aux influences de ce que nous appelons
communément la loi de l'offre et de la demande.
Lorsqu'il y a un surplus de produits sur, le marché, il y a une
tombée des prix et, lorsqu'il y a un manque de produits, il y a une
montée des prix. Mais il n'y a pas de contrôle, il n'y a pas de
moyen...
M. ROY (Beauce): ... de produits agricoles.
M. TOUPIN: ... pour les producteurs actuellement; pas toutes les
sections, je vous dirai tantôt quelles sont les sections sur lesquelles
nous avons travaillé et lesquelles ont abouti à des
résultats concrets du point de vue des actions que nous avons mises de
l'avant en ce qui concerne certaines productions sans sol. C'est le
problème de base, ça.
Le second problème, c'est celui des approvisionnements pour
l'alimentation, c'est celui des
grains de provende. Mais cela existe depuis quand, le problème
des grains de provende? Un des députés qui ont fait des discours,
cet après-midi, disait qu'au moment où il a pris conscience des
problèmes politiques du Québec je pense que c'est le
député de Saint-Maurice il entendait parler des grains de
provende. Mais qu'est-ce qu'on est parvenu à faire dans le passé
pour apporter une solution au problème des grains de provende? Quelles
ont été les démarches des gouvernements antérieurs
pour arriver à régler de façon efficace et
définitive le problème des grains de provende?
Je ne veux accuser personne. J'essaie d'expliquer des situations
historiques qui font qu'aujourd'hui nous nous retrouvons dans cette situation
économique vis-à-vis des productions sans sol, vis-à-vis
des producteurs de porcs notamment, vis-à-vis des producteurs de poulets
dans ce cas, nous avons apporté une solution
vis-à-vis des producteurs d'oeufs et vis-à-vis des autres
productions qui ont besoin de s'alimenter à même des grains.
Malheureusement, au Québec, on ne produit pas suffisamment de ces
grains. Quelles ont été, dans le passé, les politiques
cohérentes de développement des productions
céréalières au Québec? Nous sommes encore
aujourd'hui victimes d'un manque de prévoyance dans le passé. Les
producteurs d'aujourd'hui vivent dans cette situation.
Nous sommes bien d'accord qu'il faut trouver des solutions et dans le
plus bref délai. Ce sont les deux principaux facteurs qui causent les
problèmes que rencontrent présentement les producteurs sans
sol.
Qu'est-ce que nous avons fait, au gouvernement, depuis quelque temps
concernant ce problème majeur? Nous n'avons pas attendu deux ou trois
ans d'administration gouvernementale pour proposer aux agriculteurs du
Québec une politique de développement des productions
céréalières. Nous avons, cette année,
augmenté dans l'ensemble de la province la production du mais-grain.
Nous tentons d'implanter certains types de blé et d'orge, qui
conviennent au climat et aux sols du Québec et qui peuvent produire,
avec le temps, rapidement les grains dont les agriculteurs du Québec ont
besoin pour alimenter leur bétail à ce niveau-là.
Vis-à-vis des producteurs de poulets, nous sommes parvenus à
régler le problème dans l'immédiat.
M. VINCENT: De quelle façon?
M. TOUPIN: Qu'est-ce que nous avons fait?
M. VINCENT: De quelle façon?
M. TOUPIN: Nous nous sommes rendus d'abord dans l'Ontario pour
rencontrer notre collègue de l'Ontario et discuter, avec lui, du
problème et de la façon véritable dont il se posait. Nous
nous sommes entendus d'abord sur un partage du marché et nous nous
sommes entendus au Québec pour doter les producteurs d'un plan conjoint
de mise en marché. Ce qui fut dit et entendu à Toronto fut fait.
Nous sommes parvenus à doter les producteurs de poulet du Québec
d'un mécanisme de commercialisation, d'un plan conjoint.
M. VINCENT: II a été voté quand?
M. TOUPIN: II existe.
M. VINCENT: II a été voté quand?
M. TOUPIN: II a été voté en 1970.
M. VINCENT: Bon.
M. TOUPIN: II existe, le plan conjoint.
M. VINCENT: Et cela...
M. TOUPIN: II n'a pas existé avant, s'il veut savoir la
date,...
M. VINCENT: II a été voté en 1970.
M. TOUPIN: ...que le gouvernement change. Ce n'est qu'après.
M. VINCENT: II a été voté en 1970.
M. TOUPIN: Pas avant. Après, un vote a été
proposé mais le plan conjoint n'a pas passé.
M. VINCENT: ...a vendu ses poulets?
M. TOUPIN: Cette fois-ci, il est entré. Il existe...
M. VINCENT: On a vendu des poulets...
M. TOUPIN: ...le plan conjoint. Nous sommes capables maintenant de
contrôler un minimum de production. Nous nous entendons avec les autres
provinces et les producteurs de poulet ont un prix, actuellement, qui
dépasse les coûts et ils font de l'argent. De $0.16 que le poulet
était, il est maintenant à $0.1985 et bientôt à
$0.20. Cela c'est une politique qui a été mise de l'avant...
M. VINCENT: Avant qu'il tombe à $0.16... M. TOUPIN: ...par le
gouvernement actuel. M. VINCENT: ...à quel prix était-il?
M. TOUPIN: Avant qu'il tombe à $0.16, il pouvait y avoir un prix
un peu plus élevé.
M. VINCENT: Oui, oui, pas mal plus.
M. TOUPIN: Alors, écoutez, nous allons l'expliquer...
M. VINCENT: Pas mal plus. M. TOUPIN: ...le problème. M. VINCENT:
Oui.
M. TOUPIN: Nous allons l'expliquer, le problème.
M. VINCENT: Oui.
M. TOUPIN: Mais pendant que les producteurs de poulet ou, du moins,
pendant que nous pensions que les producteurs de poulet étaient en
sécurité,...
M. VINCENT: A quel prix l'a-t-on vendu au Japon?
M. TOUPIN: ... eh bien, on s'est assis tranquille.
M. VINCENT: A quel prix l'a-t-on vendu au Japon?
M. TOUPIN: Nous allons y revenir à la vente au Japon.
M. VINCENT: D'accord.
M. TOUPIN: Nous n'avons pas peur des marchés internationaux. Nous
allons les explorer.
M. VINCENT: D'accord. Nous en parler, de cela.
M. TOUPIN: Nous ne nous promenons pas simplement pour le plaisir de nous
promener.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! M. VINCENT: A quel prix? M. LE
PRESIDENT: A l'ordre!
M. VINCENT: A quel prix est-il vendu au Japon?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
UNE VOIX: Au Japon, $0.06.
M. VINCENT: Est-ce $0.06 la livre?
M. TOUPIN : Avant que le prix du poulet tombe à $0.16, il
était sans doute un peu plus élevé. Mais à ce
moment-là,...
M. VINCENT: Pas mal.
M. TOUPIN: ... on s'est assis là-dessus.
M. VINCENT: Pas mal.
M. TOUPIN: Là, on a dit: II n'y a pas de problème. Cela va
bien. Les producteurs de poulet font de l'argent. On n'a pensé à
rien. On n'a pas regardé en avant. On n'a même pas cru bon de
discuter du problème avec les autres provinces du pays qui font la
même production. Nous sommes tombés dans le problème, pas
longtemps après que nous ayons pris l'administration du
ministère. Cela n'a pas pris deux ans, M. le Président, pour
régler le problème.
M. VINCENT: Quand la guerre a commencé,...
M. TOUPIN: Cela a pris très peu de temps pour régler le
problème. Nous l'avons réglé, non pas à court
terme, mais à long terme.
M. VINCENT: Bien...
M. TOUPIN: Et le problème du poulet, il est réglé
pour un bon bout de temps, tant et aussi longtemps que les ententes nationales
tiendront, la production du poulet au Québec est protégée.
Elle est essentiellement protégée. Le prix du poulet est à
$0.1985.
Il est possible qu'il monte à $0.20
M. BELAND: Est-ce que l'honorable ministre...
M. TOUPIN: Le prix du poulet, actuellement, n'est pas à la
baisse, mais Û est à la hausse.
M. BELAND: Est-ce que l'honorable ministre me permet une question?
M. TOUPIN: Une autre production, sur laquelle nous avons cru bon
travailler...
M. BELAND: Est-ce que l'honorable ministre...
M. VINCENT: II y a justement un éleveur de "broilers", là
!
M. BELAND: Est-ce que l'honorable ministre me permet une question?
M. VINCENT: C'en est un, éleveur de "broilers".
M. TOUPIN: Bien sûr, je suis d'accord.
M. BELAND: Qu'adviendra-t-il des producteurs de poulets et d'oeufs au
Québec, suite à la déclaration concernant le jugement de
la cour Suprême relativement au "Manitoba Egg and Poultry Act"?
M. TOUPIN: M. le Président, je ne vois pas ce que vient faire
cette décision de la cour Suprême en ce qui concerne la mise en
marché des produits agricoles au pays.
M. BELAND: II n'est même pas au courant.
M. ROY (Beauce): II est au pouvoir, mais il n'est pas au courant.
M. TOUPIN: La cour Suprême prend plusieurs décisions. Elle
peut en prendre une en ce qui concerne les organismes de mise en marché
du Manitoba. Mais ce qui est important, M. le Président, c'est que ceux
que nous avons mis sur pied au Québec fonctionnent, sont efficaces et
rapportent quelque chose aux producteurs.
M. VINCENT: Quoi? Nommez-en un!
M. TOUPIN: Cela, c'est important. Ce n'est pas ce qui se passe...
M. VINCENT: Nommez une politique que vous avez mise sur pied.
M. TOUPIN: ... à la cour Surpême par rapport au
Manitoba...
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement !
M. TOUPIN: ... par rapport à la Saskatchewan et par rapport
à l'Ontario.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre !
M. VINCENT: Nommez-en une que vous avez mise sur pied.
M. TOUPIN: Ce qui est important, c'est ce qui se passe au
Québec.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. VINCENT: Pendant 18 mois, une seulement.
M. TOUPIN: Le plan conjoint des producteurs de lait, M. le
Président. Il est capable, maintenant, de donner...
M. VINCENT: Adopté en 1966.
M. TOUPIN: Oui, M. le Président. Il est capable de donner aux
producteurs québécois...
Ajournement
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! La présidence constate
qu'il est six heures.
M. LEVESQUE: M. le Président, l'ordre des travaux a
été annoncé. Je propose donc l'ajournement de la Chambre
à demain, quinze heures.
M. LE PRESIDENT: La Chambre ajourne ses travaux à demain, quinze
heures.
(Fin de la séance à 18 heures)