Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures sept minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
M. LEVESQUE: Article e).
Projets de loi privés
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Taillon propose la
première lecture de la Loi concernant la cité de Chambly.
Cette motion est-elle adoptée.
M. PAUL: Explications.
M. LEDUC: M. le Président, dans ce projet de loi, il s'agit,
à la demande de la ville de Chambly, d'améliorer certaines
conditions qui pourront faciliter une meilleure administration de la ville.
M. PAUL: C'est pour le moins vague, M. le Président, mais nous
allons accepter le louable effort qui a été fait.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Son nom est passé au journal des
Débats.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: Article f).
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Laurent
propose la première lecture de la Loi modifiant la charte de la ville de
Saint-Laurent. Il s'agit d'une réimpression.
Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: Article g).
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Robert-Baldwin
propose la première lecture de la Loi supprimant des restrictions de
construire grevant certains immeubles situés dans la cité de
Beaconsfield.
Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. PAUL: In absentia, oui.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
Déclarations ministérielles.
Avec votre consentement, nous pourrions peut-être passer
immédiatement à la période des questions, mais j'aurais un
dépôt de documents du Protecteur du citoyen à faire,
après la période des questions, si vous n'avez pas
d'objection.
Dépôt de documents Régime de
rentes du Québec
M. LEVESQUE: M. le Président, vous me rappelez, justement, qu'il
y a des documents que je devais déposer aujourd'hui.
Il s'agit de différentes ententes relatives au régime de
rentes du Québec qui avaient été demandées dans le
but d'aider à la préparation de l'étude du projet de loi
sur le régime des rentes du Québec.
Protecteur du citoyen
M. LE PRESIDENT: J'ai l'honneur de déposer le troisième
rapport annuel du Protecteur du citoyen. Il s'agit du rapport pour
l'année 1971.
Questions orales des députés.
Questions et réponses
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Vente de poste de télévision
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
poser une question au premier ministre, faisant suite d'ailleurs à la
question que je lui posais la semaine dernière, que je n'ai pas pu
répéter hier parce que j'étais absent. Est-ce que le
premier ministre pourrait nous dire si lui-même ou son ministre des
Communications ont fait des représentations auprès du CRTC,
concernant la vente des postes de radio et de télévision CFCF et
canal 12?
M. BOURASSA: J'en ai discuté avec le ministre et le
sous-ministre. Je crois que le ministre peut répondre à la
question du député.
M. L'ALLIER: M. le Président, le ministère des
Communications, pas plus qu'il ne l'avait fait dans le passé lorsqu'il
s'était agi de la Buchner Corporation ou d'autres sociétés
désireuses d'acquérir des biens de communication à
Montréal, n'est intervenu et n'interviendra pas auprès du CRTC
dont c'est la responsabilité d'appliquer les règlements du CRTC
en cette matière.
Quoi qu'il en soit, les contenus de télévision et de radio
continuent d'être soumis aux règlements actuellement en vigueur.
Si le député s'en souvient, au moment de la présentation
de la demande de vente, le 19 juin dernier à Kingston, ceux qui, pour la
Société Multiple Access, je crois, ont indiqué leur
intention d'acheter, ont fait part également de leur intention, si le
contrat de vente était agréé pour eux, de transporter
à Montréal le siège social de la société qui
compte déjà cinq de ses dix directeurs comme des résidants
de Montréal.
Quoi qu'il en soit, c'est une politique du ministère des
Communications et du gouvernement précédent également et
du gouvernement actuel de ne pas intervenir auprès d'un organisme
administratif fédéral dans ces matières.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président. Je ne demanderai pas d'opinion au ministre, puisque le
règlement ne me permet pas de le faire, mais est-ce une politique
établie par le gouvernement de ne pas intervenir en pareille instance?
Le ministre des Communications est-il satisfait qu'on lui dise qu'une partie du
siège social de la future entreprise, qui exploitera des communications
sur le territoire du Québec, soit installée à
Montréal? Est-ce que le ministre, pour être bref et pour
résumer, croit à de pareils croque-mitaines?
M. L'ALLIER: M. le Président, je n'ai aucun autre commentaire
à faire sur la question qui vient d'être posée. Je n'ai pas
à donner, comme le dit le député de Chicoutimi, d'opinion.
En conséquence, j'attendrai que la décision du CRTC soit rendue
pour la commenter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, question
additionnelle. Est-ce que, dans l'optique des projets de loi que le ministre
des Communications doit défendre bientôt, il lui apparaît
que cette décision du CRTC, qui serait favorable à une entreprise
torontoise, ne mettra pas en cause et en péril la politique
québécoise des communications qu'il s'efforce, avec beaucoup de
fermeté, mais sans succès, de lancer et dont il essaie de monter
les mécanismes au Québec?
M. L'ALLIER: II s'agit, dans la question en cause, essentiellement, pour
l'instant, du moins, d'après ce qui en est apparent, d'un transfert de
propriétés. Les projets de loi 35, 36 ou 37 ne touchent pas
à la propriété, ni même à des proportions de
propriété québécoise ou canadienne. Je peux
ajouter, à l'intention du député de Chicoutimi, que j'ai
eu des conversations avec mon collègue des Institutions
financières à ce sujet et que lui-même me dit être
satisfait du fait que l'acquéreur de ces effectifs de communications
soit une société ayant feu et lieu au Québec et son
siège social au Québec. Ce serait, en fait, la situation que nous
souhaitons voir se réaliser.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
Grève à l'Hydro-Québec
M. GUAY: M. le Président, en l'absence du ministre de la Fonction
publique, j'adresserai donc ma question au premier ministre. Considérant
la grève de plusieurs employés à l'Hydro-Québec, le
premier ministre peut-il assurer cette Chambre que les services essentiels
seront maintenus?
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai reçu un rapport il y a
quelque temps. On m'a dit qu'à l'occasion d'un premier tour de la
situation, vers onze heures, aucun ennui sérieux n'était
signalé. Les cadres ont pu entrer dans tous les points de production et
les services essentiels étaient en place.
M. GUAY: Question supplémentaire, M. le Président. Est-ce
que des ententes ont été signées afin de maintenir ces
services essentiels?
M. BOURASSA: M. le Président, je pense que la réponse est
incluse dans celle que j'ai donnée tantôt, puisque les services
essentiels étaient en place.
On me signale qu'il y a eu une légère panne à
Matane, qui a été réparée grâce à la
collaboration des grévistes. Donc, la situation actuelle est
complètement sous contrôle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président. Le premier ministre pourrait-il nous dire, dans le cas qui
vient d'être évoqué, quels sont exactement les services
essentiels et quelle dimension cela prend?
M. BOURASSA: Je ne peux malheureusement pas donner au
député la définition technique des services essentiels. Je
peux certainement lui répondre que la définition des services
essentiels, c'est que les services puissent continuer sans qu'il y ait de
dommages sérieux au fonctionnement de la distribution de
l'électricité.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Allocations familiales
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre des Affaires sociales. Le
ministre pourrait-il nous dire si, à la suite de l'entretien qu'il a eu,
hier, avec son homologue fédéral, il y a eu rapprochement des
deux thèses, outaouaise et québécoise, et,
deuxièmement, s'il faut s'attendre à la signature d'une entente
sur les allocations familiales d'ici quelques jours?
M. CASTONGUAY: M. le Président, il s'est agi d'une rencontre
très cordiale, mais, pour le moment, je ne crois pas qu'il me soit
possible d'en dire plus. J'aimerais plutôt faire rapport et discuter de
la question avec le premier ministre. En temps opportun, évidemment, le
gouvernement dira ce qu'il entend faire dans ce secteur.
M. CHARRON: Une question additionnelle, M. le Président, au
ministre des Affaires sociales également. Est-il exact que le ministre
de l'Expansion régionale se serait offert comme médiateur entre
le ministre de la Santé nationale et le ministre des Affaires sociales
du Québec, parce qu'il est parfait bilingue?
M. LE PRESIDENT: Une question additionnelle.
L'honorable député de Maskinongé.
M. PAUL: Le ministre des Affaires sociales peut-il nous dire si la
cordialité a présidé à un point tel, à cette
rencontre, que le ministre a définitivement mis de côté
cette possibilité qu'il envisageait de démissionner?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Iberville.
Mesures d'assistance aux cultivateurs
M. CROISETIERE: M. le Président, en l'absence du ministre de
l'Agriculture, je poserai ma question à l'honorable premier ministre.
Faisant suite à la demande formulée par les cultivateurs des
comtés de Saint-Jean, d'Iberville et de Missisquoi, relativement
à la perte occasionnée par l'impossibilité d'ensemencer,
à cause de la crue des eaux, les terres en bordure du Richelieu, quelles
mesures le ministre entend-il prendre pour régler cette situation qui
cause des préjudices considérables à ces agriculteurs?
M. BOURASSA: Le député peut-il me dire si des
représentations ont été faites par les agriculteurs
auprès du ministre de l'Agriculture?
M. CROISETIERE: Oui.
M. BOURASSA: Alors, j'en discuterai avec le ministre.
M. DEMERS: Oui. En quelle année?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Est.
Fonds de pension de M. Claude Morin
M. TETRAULT: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
des Finances. Pourrait-il nous dire quel est le montant du fonds de pension
dont bénéficie M. Claude Morin, ancien sous-ministre au
ministère des Affaires intergouvernementales, vu sa démission
récente?
M. GARNEAU: J'avais eu avis de la question, M. le Président. Si
vous aimez mieux que je réponde au feuilleton.
M. LE PRESIDENT: Allez-y.
M. ROY (Beauce): Etant donné que le ministre semble vouloir
répondre, j'estime qu'on devrait l'écouter. C'est une question
d'intérêt public.
M. GARNEAU: De toute façon, j'ai la réponse, étant
donné que j'avais eu préavis de la question il y a quelques
jours. La pension de M. Morin serait de $15,043.44 annuellement, payable
à compter du 18 mai 1994, date à laquelle il atteindra sont 65e
anniversaire de naissance. Cette pension est basée sur 8 ans et 106
jours de service effectué au gouvernement du Québec, soit la
période comprise entre le 17 juin 1963 et le 30 septembre 1971. De plus,
M. Morin a racheté un an et 46 jours de service antérieur; il a
transféré six ans et 273 jours de service, alors qu'il
était à l'emploi de l'université Laval, ce qui lui donne
un total de 16 ans et 60 jours de service.
Selon les dispositions du troisième alinéa de l'article
47, M. Morin a également droit à dix ans additionnels en tant que
sous-ministre, ce qui porte à 26 ans et 60 jours de service le temps qui
compte pour sa pension, ce qui lui donne droit, à l'âge de sa
retraite, à $15,000 de pension.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
Ordonnance de la Résie des transports
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ma question s'adresse au ministre des
Transports. Est-ce qu'il a pris connaissance d'un télégramme qui
lui a été envoyé par des propriétaires de taxis de
l'île de Montréal pour protester contre une ordonnance de la
Régie des Transports datée du 8 mai 1972?
Deuxièmement, est-ce qu'il est d'accord sue cette ordonnance qui
a pour effet de réduire les tarifs, donc les revenus de 1,500 chauffeurs
de taxis de sept municipalités de l'île de Montréal?
Et troisièmement, est-ce que le ministre entend intervenir
directement auprès de la Régie des transports en vue d'annuler
l'effet de cette ordonnance, du moins en ce qui concerne la baisse de $0.10 le
mille sur le tarif de $0.50 qui était accordé à sept
municipalités de la Communauté urbaine de la ville de
Montréal?
M. PINARD: J'ai été mis au courant d'un semblable
télégramme qui a été envoyé à mon
ministère. Malheureusement, personnellement je n'en ai pas pris
connaissance, sauf que j'ai lu dans les journaux l'essentiel des
déclarations rapportées par le député. Cela pose
tout le problème des pouvoirs, qui sont actuellement accordés
à la Régie des transports du Québec, de hausser ou
d'abaisser les tarifs, d'adjuger des permis. Et c'est pourquoi le bill 23 est
à l'étude devant la Chambre.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Question supplémentaire. Est-ce que le
ministre est au courant qu'à Montréal-Nord, 140 chauffeurs de
taxis ont fait un arrêt de travail ce matin et que d'autres chauffeurs de
taxis, dans d'autres municipalités menacent de faire la même
chose?
Est-ce que le ministre a été mis au courant de cet
arrêt de travail
M. PINARD: Je n'étais pas au courant d'un arrêt de travail,
mais je pense bien que de toute façon j'aurais été au
courant de ce phénomène au cours de la discussion que nous ferons
du bill 23 cet après-midi. Alors, j'invite le député
à faire part de ses remarques aux membres de la commission. Comme nous
arrivons au chapitre du transport en commun et à la discussion des
règlements qui seront mis en vigueur sur proposition du ministre des
Transports à l'intérieur des dispositions du bill 23, je crois
que c'est l'occasion pour les membres de la commission d'en discuter plus
librement et peut-être de façon plus détaillée.
M. PAUL: Une question additionnelle. Si j'ai bien compris le ministre
des Transports, il n'a pas l'intention d'intervenir auprès de la
régie concernant l'ordonnance qu'elle vient d'émettre.
D'ailleurs, ce serait peut-être indécent de sa part s'il le
faisait, et c'était une partie de la discussion que lui avait
posée le député de Sainte-Marie.
M. PINARD: M. le Président, vous avez remarqué que je me
suis bien gardé de poser quelque jugement que ce soit sur la sentence
rendue par la Régie des transports. D'ailleurs, je n'en ai pas le
pouvoir en vertu de la loi actuelle et je n'ai pas l'intention de dire quoi que
ce soit de plus. Mais quand le bill 23 aura été adopté
et le député de Maskinongé, plus que tout autre,
sait pourquoi comme il contient des dispositions nouvelles à cet
égard, j'aurai peut-être l'occasion d'en discuter plus
librement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Comme le député de
Maskinongé a mal interprété ma question, est-ce que je
peux faire une mise au point? J'ai parlé de la dernière
ordonnance de la Régie des transports qui a été
accordée le 8 mai 1972 et qui annulait une autre ordonnance de la
Régie des transports de décembre 1971.
L'ordonnance de la Régie des transports de 1971 accordait un
tarif de $0.50 au départ aux chauffeurs de taxi de certaines
municipalités de l'île de Montréal et la dernière
ordonnance le fixait à $0.40. Donc ces gens-là subissaient une
baisse de tarif de $0.10. C'est une ordonnance qui allait à l'encontre
d'une autre ordonnance de la même Régie des transports. C'est
ça que j'ai voulu dire dans ma question.
M. PINARD: M. le Président, là-dessus je voudrais que le
député soit bien honnête envers tous les membres de cette
Chambre. Il sait fort bien qu'en vertu de la loi actuelle la Régie des
transports a un pouvoir de révision de ses propres ordonnances. Et c'est
probablement ce qui est arrivé, elle a usé de ce pouvoir qui lui
est accordé par la loi de réviser son ordonnance, probablement
à la suite de requêtes à cet effet, ou bien de son propre
chef, ce que j'ignore.
Nous l'apprendrons au fur et à mesure que nous explorerons le
bien-fondé ou non de cette ordonnance qui a été rendue. Je
pense que le député devrait garder ses munitions pour le moment
où ce sera possible d'en discuter véritablement, plutôt que
de poser des questions susceptibles d'être mal interprétées
dans cette Chambre.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): J'ai beaucoup de munitions.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
Vérification des véhicules automobiles
M. AUDET: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Transports. En rapport avec l'échéance de 1974 pour la
vérification obligatoire des véhicules automobiles, est-ce que
votre ministère a l'intention de former des centres spéciaux de
vérification des automobiles ou si ceci sera confié aux
entreprises privées, c'est-à-dire aux garagistes existants?
M. PINARD: Tout ce problème a été discuté,
de façon détaillée, vendredi dernier à la
commission parlementaire des transports et, de nouveau, ce matin, en
réponse à des questions posées par les membres de la
commission parlementaire des transports. Je n'ai pas l'intention de revenir
là-dessus. Je puis inviter le député à prendre
connaissance du contenu du journal des Débats.
M. AUDET: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que le
ministre a l'intention de prendre des mesures avant 1974 afin d'arrêter
l'entrée au Québec d'autos...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! On m'informe que cette question a
été discutée en profondeur ce matin. Il y aurait lieu,
pour l'honorable député d'Abitibi-Ouest, de prendre
connaissance, comme l'a mentionné le ministre, du journal des
Débats pour connaître les travaux de la commission des transports
sur l'étude du projet de loi no 23.
M.AUDET: M. le Président, si vous me permettez une courte
addition. On se plaint beaucoup aujourd'hui que des autos usagées venant
de l'Ontario...
UNE VOIX: Cela a été discuté, M. le
Président.
M. AUDET: Merci.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'honorable député
de Saint-Maurice.
Drapeau canadien à Paris
M. DEMERS: Ma question s'adresse au premier ministre. Est-il au courant
que des Canadiens en visite à Paris, ont été priés
par M. Michaud d'enlever le drapeau canadien qu'ils portaient au revers de leur
redingote? Est-ce dans la politique du gouvernement?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je crois qu'en général, cet
après-midi, les questions des députés sont plus ou moins
urgentes. Croyez-vous vraiment que ce soit une question urgente?
M. CROISETIERE: Même le premier ministre a hâte de
répondre.
M. DEMERS: Est-ce que le premier ministre pourrait répondre
à ma question? Est-il au courant de la conduite cavalière de son
commissaire à la Maison du Québec?
M.BOURASSA: M. le Président, on m'a soumis cette
déclaration d'une agence de presse.
J'ai demandé qu'on fasse enquête pour voir si
c'était un incident sérieux ou une plaisanterie.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
Société Hachette
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, question additionnelle
au premier ministre. Pourrait-il en même temps demander qu'on fasse
enquête sur les agissements de M. Michaud avec la Société
Hachette, en rapport avec le scandale dénoncé en France?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît!
L'honorable député de Portneuf.
Hôpital de Courville
M. DROLET: M. le Président, j'aurais une question urgente
à poser au ministre des Affai- res sociales. Les nouvelles nous ont
appris que l'ouverture de l'hôpital pour malades chroniques de
Saint-Augustin de Courville avait été retardée une autre
fois. Le ministre peut-il affirmer cette mauvaise nouvelle? Qu'est-ce qui
empêche l'ouverture de cet hôpital et quand prévoit-il qu'il
pourra ouvrir.
M.CASTONGUAY: Je prends avis de la question.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Pollution des eaux du Richelieu
M. LEGER: M. le Président, il y a une dizaine de jours, j'ai
posé, en l'absence du ministre d'Etat responsable de l'environnement,
une question au ministre des Affaires municipales, et je voudrais la
répéter aujourd'hui au ministre qui est de retour de son voyage.
Le ministre sait-il qu'une usine que son ministère n'a pas encore
osé identifier ou ne veut pas identifier procède à des
déversements intermittents de phénol dans l'eau du Richelieu
à la hauteur de Saint-Jean, causant de très graves
problèmes de pollution au niveau des usines de filtration de Richelieu,
Chambly, Victoriaville et de Beloeil, Saint-Hilaire, McMasterville et que des
plaintes répétées adressées à la
Régie des eaux par les différents maires de ces
municipalités n'ont provoqué aucune amélioration de la
situation, même si des personnes responsables du ministère ont
identifié l'usine en question?
Deuxièmement, le ministre est-il au courant qu'une conserverie et
une fromagerie de la région se préparent à fermer leurs
portes à cause de ce phénomène?
M.GOLDBLOOM: M. le Président, mon collègue, le ministre
des Affaires municipales m'ayant fait part de la question posée en mon
absence par le député de Lafontaine, je suis allé aux
renseignements. Je dois dire, premièrement, que nous avons deux
plaintes: une qui se reporte au mois d'octobre dernier et une autre du mois de
mars de cette année. Nous n'avons pas, à ma connaissance,
essayé de cacher quoi que ce soit quant à ces
événements.
Dans le premier cas, nous avons trouvé que c'est la compagnie
Héroux Ltée, qui fait du placage électrolytique et du
traitement des métaux, qui a laissé accidentellement
déverser dans là rivière une quantité importante de
liquide phénolique et les plaintes sont arrivées peu
après, la contamination descendant évidemment la rivière.
Nous avons donné des instructions à la compagnie en question pour
que de tels accidents ne se répètent pas et, effectivement, nous
n'avons pas d'autre plainte au sujet de cette usine.
L'accident qui est survenu au début de mars, a eu lieu à
l'usine de la Cyanamide du Canada et là aussi, cela a été
la rupture accidentelle d'un boyau qui a occasionné le
déversement d'une
quantité importante de liquide phénolique et des
instructions ont été données à l'usine en question.
Nous avons reçu, en date du 23 mai, une lettre confirmant que les
mesures préventives ont été prises et invitant
l'inspection par nos services.
Le troisième phénomène que je dois souligner, c'est
que nous avons appris, au cours de notre enquête, que l'usine de
filtration qui doit traiter normalement l'eau potable de la ville de Chambly ne
fonction que de façon intermittente. Nous avons donc donné
instructions à la ville de Chambly de faire fonctionner son usine
régulièrement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, en l'absence du ministre de
l'Agriculture et de la Colonisation, je préfère retenir ma
question.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce ou de
Lotbinière, mais ce sera certainement la dernière question que je
pourrai accorder aux membres du Ralliement créditiste. L'honorable
député de Beauce.
Responsabilité des infirmières
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une question à
poser à l'honorable ministre des Affaires sociales. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire s'il entend statuer bientôt, concernant la
situation dans laquelle se trouvent les infirmières du Québec
qui, en vertu de leurs responsabilités et des travaux qu'on leur demande
dans les hôpitaux, doivent quand même accomplir des actes
considérés médicaux qui ont des conséquences
juridiques concernant la responsabilité civile? Est-ce que le ministre
est au courant de cette situation? Est-ce que le ministre entend
légiférer bientôt à ce sujet. Si oui, quelle
attitude son ministère entend-il adopter pour corriger cette situation
qui pose des problèmes assez sérieux à toutes les
infirmières dans tout le territoire du Québec?
M. CASTONGUAY: La question a été soulevée lors de
l'étude des projets de loi touchant les corporations professionnelles
et, normalement, si une solution peut être apportée à ce
problème qui est difficile, elle le sera par le biais de ces projets de
loi. Comme vous le savez, l'étude se poursuit présentement en
commission parlementaire des affaires sociales.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une question
additionnelle à poser à l'honorable ministre. Comme cette
situation a actuellement cours au Québec et qu'il y a effectivement des
infirmières qui auraient perdu leur licence à cause de ces faits,
est-ce que le ministère entend au moins faire quelque chose en attendant
que la loi soit adoptée pour clarifier cette situation de façon
à éviter que des personnes, en accomplissant leur devoir
d'état, se trouvent pénalisées et prennent le risque de
perdre leur droit de pratiquer?
M. CASTONGUAY: Nous n'avons aucun contrôle direct sur l'exercice
des professions. Ceci est contrôlé par le Collège des
médecins, l'Association des infirmières, etc. Nous n'avons non
plus aucun contrôle direct sur la distribution des soins en milieu
hospitalier. Il s'agit là de la responsabilité des conseils
d'administration des hôpitaux et des bureaux médicaux.
Il s'agit d'un problème, dont je connais l'existence, qui
présente des aspects complexes mais sur lequel, dans l'état
actuel de la législation, il n'est pas possible d'apporter une solution
immédiate.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Témiscouata.
Auberge de Jeunesse à
Témiscouata
M. SIMARD (Témiscouata): M. le Président, ma question
s'adresse au ministre responsable de l'ODEQ. Je pense qu'il dort.
Devant le refus du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs
et aux sports de subventionner ou de financer une auberge de jeunesse dans
Témiscouata, est-ce que, par le biais de l'ODEQ puisqu'on dit, ce
matin, dans le journal, que l'ODEQ demeure convaincu de la
nécessité d'une auberge de jeunesse dans Témiscouata
le ministre pourrait étudier la possibilité de prendre
à sa charge les dépenses d'animation d'un centre dans le
comté que je représente?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, d'abord, je dois dire qu'au
moment où le député de Témiscouata a posé sa
question je ne dormais pas. Mais, s'il avait continué encore un peu
plus, j'aurais sûrement dormi!
M. SIMARD (Témiscouata): Dormez moins et trouvez une solution
à nos problèmes.
M. QUENNEVILLE: Je dois dire au député de
Témiscouata que cette question des auberges de jeunesse est à
l'étude et que le rapport, normalement, devrait sortir d'ici une dizaine
de jours, tout au plus. A ce moment-là, je pourrai le tenir au courant
de ce qui se passe dans son comté.
M. SIMARD (Témiscouata): Question additionnelle. Est-ce qu'on
peut espérer que le résultat de l'enquête sera connu avant
le mois d'octobre, parce qu'alors il sera trop tard?
M. QUENNEVILLE: II y a beaucoup d'espoir pour le député,
M. le Président.
M. SIMARD (Témiscouata): On va vivre d'espoir.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
Grève des débardeurs
M. CHARRON: M. le Président, ma question s'adresse au ministre du
Travail. Est-ce que, malgré ses performances passées, le ministre
du Travail entend toujours intervenir dans le conflit des débardeurs?
Deuxièmement, est-ce que l'ancien député de Saint-Jacques
pourrait nous dire, en même temps, où il en est dans son
intervention dans ce conflit?
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je dois intervenir pour...
M. COURNOYER: Me protéger?
M. LE PRESIDENT: ... souligner de quelle juridiction dépendent
les dockers?
M. COURNOYER: Non, je peux me protéger seul! Disons que mes
performances passées sont de telle nature qu'il semble que le premier
ministre du Canada ne parait pas savoir ce qui se passe au Québec! Ce
n'est pas la première fois. Quant au reste, je considère, moi
aussi, ceci comme une chiure de mouche! Merci.
M. PAUL: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que
c'est le nouveau fédéralisme rentable que nous annonce
aujourd'hui le ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Dernière question.
L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Mises à pied à la General Motors
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais poser une question au
ministre du Travail. Il a tellement l'air en forme aujourd'hui!
Est-ce que le ministre pourrait nous faire de la lumière
concernant une information à l'effet que la compagnie General Motors de
Sainte-Thérèse serait sur le point de mettre à pied 200
employés et, d'ici quelque temps, un millier d'employés?
M. COURNOYER: Je ne suis pas au courant. Mais il semble
qu'habituellement, lors de la période de renouvellement des
modèles, il y a des mises à pied à la General Motors. Ceci
arrive au mois de juillet.
Cette année, comme vous le savez, la General Motors, non
seulement fait de nouveaux modèles, mais révise totalement ses
lignes de production pour fabriquer la Vega. Les mises à pied dont il
est question ou dont il peut être question peuvent être que de
nature temporaire. Il n'est certainement pas question que General Motors
réduise sa production de moitié lorsqu'elle prévoit,
justement, une augmenta- tion assez considérable du chiffre d'affaires
lorsque les lignes de production seront faites pour la Vega.
Je vais vérifier, cependant, l'exactitude de ces propos.
A toutes fins utiles, j'ai probablement reçu un avis à cet
effet, s'il s'agit d'une mise à pied de type permanent. Mais, s'il
s'agit d'une mise à pied de type temporaire, comme cela se fait chaque
année, je ne pense pas qu'il y ait de problème. Je vous en
reparlerai demain.
M. BOURASSA: M. le Président, j'en avais discuté avec le
ministre du Travail et le président de la compagnie General Motors, il y
a environ dix mois. A ce moment, on nous avait expliqué qu'au cours de
cet été il y aurait cette période d'adaptation et de
transition qui pourrait forcer à certaines mises à pied, mais
purement temporaires, avec des conditions de salaire acceptables, à ce
qu'il nous a assuré, pour l'ensemble des employés
impliqués. Lorsque les nouveaux modèles seront prêts, au
mois de décembre, je pense que le niveau de l'emploi sera
supérieur, du moins à ce qu'on nous avait dit à ce
moment-là, à ce qu'il était auparavant.
M. SAMSON: Une question supplémentaire, M. le Président.
Puisque le premier ministre a eu l'occasion de prendre un bon dfner,
pourrait-il prendre avis de la question et nous dire quelles conditions seront
accordées à ces employés qui manqueront d'emploi d'ici
à décembre, si j'ai bien compris?
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances aimerait
répondre à une question.
Obligations d'épargne du Québec
M. GARNEAU: Le député de Montmagny m'avait posé une
question, la semaine dernière, concernant les obligations
d'épargne, à savoir si nous avions l'intention de prolonger la
date de mise en vente de ces obligations. Je dois répondre
qu'après analyse nous avons décidé de ne pas prolonger la
date de la vente des obligations d'épargne. En même temps, je
voudrais annoncer à cette Chambre que nous avons dépassé,
actuellement, l'objectif de $100 millions que nous nous étions
fixé.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BOURASSA: New-York, Québec, la France, l'Angleterre.
M. GARNEAU: Certains nous incitaient à être prudents. Comme
je ne voulais pas exagérer la situation, j'avais pris l'attitude la plus
conservatrice. La baisse des taux d'intérêt à court terme
dans les banques nous a certainement aidés. La publicité
occasionnée par cette question qu'a posée le député
de Montmagny et par la réponse que j'ai donnée en Chambre, de
même que les nouvelles qui ont paru dans les journaux ont
peut-être aidé également à la vente des obligations.
A toutes fins utiles, nous avons dépassé notre objectif. Nous
avions, ce matin, $109 millions de vendus. Il reste encore cinq ou six jours
d'entrées à compter.
M. BOURASSA: Ralliement derrière le gouvernement !
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Questions inscrites au feuilleton
M. BELAND: M. le Président, l'honorable leader du gouvernement
aurait-il quelques réponses à donner à des questions
posées au feuilleton de la Chambre?
M. LACROIX: Cela s'en vient.
M. LEVESQUE: M. le Président, article 21. Question de M.
Béland. Réponse de M. Toupin.
Pour M. Toupin, lu et répondu, (voir annexe)
Article 25, question de M. Croisetière. Je fais motion pour que
cette question soit transformée en motion pour dépôt de
documents.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: Documents déposés par M. Pinard.
M. PINARD: Documents déposés.
M. LEVESQUE: Article 26, question de M. Croisetière. Je fais
motion pour que cette question soit transformée en motion pour
dépôt de documents.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: Réponse de M. Tremblay. Documents
déposés.
Article 27, question de M. Croisetière. Réponse de M.
Pinard.
M. PINARD: Lu et répondu. (voir annexe)
M. LEVESQUE: Article 28, question de M. Croisetière.
Réponse de M. Pinard.
M. PINARD: Lu et répondu. (voir annexe)
M. LEVESQUE: Article 31, question de M. Croisetière.
Réponse de M. Toupin.
Pour M. Toupin, lu et répondu. (voir annexe)
Article 34, question de M. Cloutier (Montmagny); Réponse de M.
Garneau.
M. GARNEAU: Lu et répondu. (voir annexe)
M. LEVESQUE: Article 37, question de M. Vincent, réponse de M.
Toupin. Pour M. Toupin, lu et répondu. (voir annexe)
Article 38, question de M. Vincent, réponse de M. Saint-Pierre.
Pour M. Saint-Pierre, lu et répondu. (voir annexe)
Article 60, question de M. Lavoie (Wolfe). Je fais motion pour que la
question soit transformée en motion pour dépôt de
documents.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté,
M. LEVESQUE: Réponse de M. Lévesque. Dépôt de
documents.
M. PAUL: Est-ce que l'honorable leader me permet une question? A la
question 60, c'est trop long, il faut que ça soit converti en
motion.
M. LEVESQUE: Oui, parce qu'il y a une liste de déplacements.
Article 85, motion de M. Vincent. Dépôt par M. Pinard.
M. PINARD: Documents déposés.
M. PAUL: C'est M. Tremblay (Sainte-Marie).
M. LEVESQUE: Erreur de copiste. C'est M. Tremblay (Sainte-Marie).
Article 88, motion de M. Cloutier (Montmagny), dépôt de M.
Garneau.
M. GARNEAU: Documents déposés.
M. LEVESQUE: Article 93, motion de M. Vincent. Dépôt de M.
Massé (Arthabaska).
M. MASSE (Arthabaska): Lu et répondu. (voir annexe)
M. LEVESQUE: Article 94, motion de M. Vincent. Dépôt de M.
Lévesque. Documents déposés.
Projets de lois privés Deuxième
lecture
M. LEVESQUE: Avec le consentement unanime de la Chambre, j'aimerais
appeler les articles 128, 129 et 130 pour permettre de faire franchir à
ces projets de loi l'étape de la deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Fabre propose la
deuxième lecture du projet de loi no 141, Loi concernant la Commission
de transport de la ville de Laval. Cette motion est-elle adoptée?
M.PAUL: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Limoilou propose la
deuxième lecture du projet de loi no 107, Loi modifiant la charte de la
ville de Québec. Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Olier propose la
deuxième lecture du projet de loi no 136, Loi modifiant la loi de la
Communauté urbaine de Montréal. Cette motion est-elle
adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LEVESQUE: Je fais motion pour que ces projets de loi, soit les nos
141, 107 et 136 soient maintenant déférés à la
commission parlementaire des Affaires municipales.
M. PAUL: Quand cela va-t-il être étudié?
M. LEVESQUE: Le plus tôt possible. Il y en a déjà
devant la commission. Mais tout dépendra de la
célérité avec laquelle on disposera des autres projets de
loi.
M. PAUL: Pour éviter toute ambiguïté, nous devons
prendre pour acquis que ces projets de loi ne seront pas appelés demain
matin devant la commission permanente des affaires municipales.
M. LEVESQUE: Au calendrier nous avons prévu le 27 juin pour les
Affaires municipales et le 29 juin pour la Justice. Je ne crois pas que
ça apparaisse.
M. PAUL: C'est correct.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Travaux parlementaires
M. LEVESQUE: A la salle 81-A, immédiatement, nous poursuivrons
l'étude en commission du projet de loi no 23 et ici, M. le
Président, nous sommes entre vos mains.
Motion de M. Guay sur les garagistes artisans
M. LEVESQUE: Puis-je vous rappeler qu'il avait été
question des garagistes artisans? Je pense que le ministre du Travail pourrait
peut-être faire une mise au point quant à la motion relativement
aux garagistes artisans puis on pourrait procéder à
l'étude de la motion relativement à l'utilisation de la Banque du
Canada pour certains grands projets.
M. LE PRESIDENT: Le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
M. Jean Cournoyer
M. COURNOYER: M. le Président, à la suite des discussions
que nous avions eues sur le sujet avant que l'Assemblée ne change son
modus procedendi et s'aventure dans les crédits, j'avais cru comprendre
que les députés acceptaient la proposition que j'avais faite
à l'effet de soumettre à la commission parlementaire, avant de le
déposer auprès du conseil des ministres, le projet de
règlement sur la qualification professionnelle des employés de
garage.
A la suite d'une discussion que j'ai eue ce matin avec le leader
parlementaire du Ralliement créditiste, il m'est apparu qu'il semblerait
préférable pour tout le monde qu'on accepte tout simplement la
motion telle qu'elle est présentée, qui est une invitation
à réunir la commission parlementaire sauf, encore une
fois, qu'il s'agit du temps et lieu sur la la question de la
qualification au moment où j'aurai quelque chose à proposer.
Donc, je pense bien qu'on peut mettre fin à cette discussion, M. le
Président, en disant tout simplement: D'accord, aussitôt qu'elle
pourra siéger elle siégera.
M. ROY (Beauce): Est-ce que le chef du gouvernement peut nous dire si la
commission parlementaire pourrait quand même siéger durant
l'intersession, c'est-à-dire entre le moment où nous ajournerons
pour les vacances et la reprise de la session à l'automne?
M. LEVESQUE: II n'y a pas d'objection à ce qu'elle siège
durant l'intersession. J'attendrai d'avoir une indication du ministre
responsable.
M. ROY (Beauce): Mais si vous n'avez pas d'objection, est-ce que vous
accepteriez de prendre des dispositions pour que justement cette commission
siège avant la reprise de la session à l'automne?
M. LEVESQUE: Dès que le ministre me fera signe, nous prendrons
les dispositions nécessaires.
M. LE PRESIDENT: Article 76.
M. ROY (Beauce): Je peux donc conclure que la motion est acceptée
à l'unanimité.
M. LEVESQUE: II s'agit de l'adopter, M. le Président, d'en
disposer tout simplement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Conséquemment, je dois demander le
vote sur l'article 75.
II semble y avoir une adoption unanime de l'article 75. Cette motion est
adoptée à l'unanimité.
Adopté.
Motion de M. Fabien Roy
sur le financement
de la baie James
M. LE PRESIDENT: Article 76. Le député de Portneuf.
M. Antoine Drolet
M. DROLET: M. le Président, nous avons commencé la semaine
dernière à étudier une autre motion que notre parti avait
inscrite au feuilleton. Cette motion, présentée par le
député de Beauce, a semblé sur la fin de la journée
de mercredi dernier, susciter plus qu'au début de l'après-midi
l'intérêt des députés. Je pense que tous les
députés de cette Chambre, en commençant par le ministre
des Finances, auraient avantage à relire les discours du
député de Beauce, spécialement, qui a fait une
rétrospective de ce grand projet de la baie James et surtout de son
financement. M. le Président, il est bien beau dire aux citoyens du
Québec que nous avons un grand projet en réalisation, mais pour
réaliser ce projet, ça prend de l'argent, puis ce fameux argent
semble continuellement un mystère pour les gouvernements qui se sont
succédé et spécialement pour les ministres des
Finances.
Et lorsque les membres de cette Chambre proposent quelque chose de
nouveau, on trouve ça drôle. J'ai entendu la semaine
dernière le chef de l'Opposition officielle dire que c'était une
motion irréaliste. Je ne l'ai pas entendu parce que le ministre des
Finances n'as encore répondu, mais celui-ci a laissé entendre
à des journalistes à la sortie de la Chambre que c'était
une motion illusoire.
Quant au Parti québécois, il n'a pas encore
participé au débat sur cette motion. Peut-être cet
après-midi, verrons-nous un député parler sur cette
motion.
De toute façon, il est quand même curieux de constater que
parce que nous voulons suggérer quelque chose au ministre des Finances,
suggérer un nouveau mécanisme dans le financement de ce grand
projet, il est quand même curieux de voir l'air niaiseux que l'on fait
spécialement face aux motions que nous présentons. J'ai bien
apprécié, quelques minutes auparavant, le fait que tous les
membres de cette Chambre ont accepté à l'unanimité une
motion que nous avons présentée il y a quelques semaines, la
motion de l'honorable député de Dorchester.
Je vois le ministre des Finances qui discute avec le ministre du Revenu
et probablement qu'ils discutent du financement de la baie James.
M. GARNEAU: ... que la motion créditiste.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je veux tout simplement vous dire qu'il ne
vous reste que dix minutes à parler. Vous avez déjà eu
huit minutes la semaine passée, les deux autres minutes sont
déjà écoulées et on peut vous accorder une minute
de plus pour vous permettre de terminer.
M. DROLET: M. le Président, je pense que je peux conclure assez
rapidement.
M. LE PRESIDENT: S'il y a consentement unanime, vous pouvez
continuer.
M. DROLET: Merci, M. le Président. Je savais que le leader du
gouvernement, qui semble en pleine forme aujourd'hui avec son nouveau voisin le
député de Maisonneuve, et mes collègues de cette Chambre
étaient disposés à entendre les allocutions que nous avons
à faire, mais je n'en ai pas pour longtemps.
Je veux tout simplement insister auprès du gouvernement pour
qu'il n'ait pas peur d'accepter quelque chose de nouveau. On dit souvent que le
Québec est en avance dans tout. Oui, le Québec est en tête
du chômage, le Québec est en tête dans le domaine des
dettes, des emprunts et de la contestation. Pourquoi le Québec ne
serait-il pas le premier à préconiser une véritable
réforme financière et monétaire? Avec les noms des
personnages importants qu'a cités mon collègue le
député d'Abitibi-Est la semaine dernière, je sais que le
ministre des Finances l'a écouté attentivement, et je suis
même persuadé qu'il a relu son discours. Je suis convaincu que le
ministre des Finances, comme tous les autres collègues de cette Chambre,
sait qu'il y a du bon dans ce que nous préconisons, mais il semble
figé, il semble que l'on craigne de retrousser ses manches et de
préconiser quelque chose qui améliorerait, une fois pour toutes,
notre système financier, notre système économique.
Je dis au ministre des Finances que je suis même prêt
à voter contre notre motion oui, à voter contre notre
motion si on me prouve qu'on a tort et si on est capable de nous
proposer des solutions réalistes qui seraient autre chose que
l'endettement public. Je sais qu'on ne pourra pas amener autre chose parce
qu'à chaque fois qu'on parle d'argent, à chaque fois qu'on parle
de financement de quelque projet que ce soit et spécialement sur
ce grand projet de développement de nos richesses dans le nord
québécois on trouve toujours le moyen de financer ces
grands projets, spécialement par des emprunts chez les étrangers
et par l'endettement public.
En terminant, j'invite et j'insiste auprès du ministre des
Finances, auprès du gouvernement actuel, qui se doit d'administrer la
province de Québec en homme d'affaires.
Administrer c'est prévoir et je suis convaincu que, si le
gouvernement du Québec veut se tourner de temps à autre vers les
députés du Ralliement créditiste, il aura certainement,
à
l'occasion, des solutions aux problèmes que nous avons dans le
moment. Je demande aux autres partis de l'Opposition, comme au gouvernement, de
faire bloc, comme lors de la motion précédente, et de voter
à l'unanimité afin que nous ayons ce financement sans
intérêt ou, si vous voulez, à faible taux
d'intérêt qui permettrait le développement de la baie
James, donc le développement de nos richesses naturelles en faveur des
citoyens du Québec.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît, on n'a pas le droit
de manifester dans les galeries.
Le député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, la suggestion du Ralliement
créditiste du Québec part d'un bon naturel. J'aimerais aussi
beaucoup que le Québec puisse trouver des instances qui puissent lui
prêter toutes les sommes dont il a besoin, sans intérêt ou
à un faible taux d'intérêt. Donc, en principe, je suis, moi
aussi, pour la vertu et la maternité.
Par ailleurs, je vais être très bref, M. le
Président, trois raisons me semblent rendre très difficile sinon
impossible l'acceptation de la proposition du Ralliement créditiste du
Québec. Premièrement, c'est une raison de
précédents. Si la chose avait été possible, je
pense bien que les deux gouvernements provinciaux créditistes que nous
avons connus auraient pris à leur compte cette suggestion et en auraient
obtenu l'exécution il y a bien longtemps.
Si cela n'a pas été fait, les raisons restent à
trouver et peut-être qu'un orateur du Ralliement créditiste nous
le dira dans une prochaine intervention. Mais je dirais quand même que
durant une trentaine d'années deux gouvernements provinciaux ont eu la
chance de mettre en application cette suggestion et ne l'ont pas fait. J'en
conclus qu'elle est très difficile d'application.
Deuxièmement, il me semble que la demande que fait le Ralliement
créditiste n'entre pas dans le rôle, la mission qu'une banque
centrale doit exercer dans un pays. Je ne crois pas qu'une banque centrale soit
là pour faire des prêts mais plutôt pour régir le
système bancaire, pour régler le taux du crédit et autres
rôles analogues.
Troisièmement, je rappelle ici le proverbe latin Timeo Danaos et
dona ferentes. Je craindrais beaucoup qu'un organisme fédéral, en
l'occurrence la Banque du Canada, qui ferait des prêts, soit directement
soit par l'intermédiaire d'une autre banque d'une aussi grande
amplitude, exigerait en retour des concessions, des servitudes de la part du
Québec alors que celui-ci est affligé déjà à
plusieurs égards par les conditions que lui impose le régime
fédéral.
Il me semble que ce serait simplement augmenter l'assujettissement du
Québec par rapport au Canada et il me semble, si l'on en croit
l'expérience du passé, qu'il faudrait se méfier à
l'extrême de toute intervention du gouvernement fédéral
dans quelque domaine que ce soit et surtout dans le domaine du financement.
Je pense donc que pour ces trois raisons il nous sera impossible de
voter en faveur de la proposition du Ralliement créditiste du
Québec.
M. Raymond Garneau
M. GARNEAU: M. le Président, j'aurais aimé pouvoir
profiter de la motion du député de Beauce pour traiter en
détail des différents aspects du fonctionnement de notre
système monétaire. Malheureusement le règlement, qui me
limite à vingt minutes, m'empêche d'entrer dans les détails
de tout le fonctionnement du système monétaire qui est la
théorie sous-jacen-te à la motion du député de
Beauce.
J'ai donc dû laisser tomber, dans la préparation des
quelques notes que je veux livrer maintenant, plusieurs aspects concernant le
rôle de la monnaie, son utilité, les différentes formes de
monnaie, le fonctionnement détaillé du système bancaire,
entre autres, comment une banque seule ne peut pas créer de monnaie,
mais comment le système bancaire peut remplacer la monnaie de papier par
de la monnaie scripturale et comment, évidemment, tout cela
fonctionne.
Compte tenu du temps restreint mis à ma disposition, je me
contenterai, dans un premier temps, d'exposer comment la Banque du Canada s'y
prend pour contrôler la masse monétaire suivant les besoins de
l'économie. Je verrai, ensuite, quelles seraient les conséquences
de l'application de la motion du député de Beauce et son impact
sur le niveau général des prix et des coûts, non seulement
sur le plan national, mais également en regard de notre position
concurrentielle sur les marchés internationaux.
La Banque du Canada dispose de plusieurs moyens pour influencer les
réserves des banques à charte et affecter ainsi la
disponibilité et le coût du crédit au pays. Elle peut, par
exemple, acheter ou vendre des titres sur les marchés monétaires.
C'est ce qu'on appelle l'opération "open market". Elle peut aussi
déplacer les dépôts du gouvernement fédéral.
Elle peut varier son taux de réescompte, varier le coefficient de
réserve secondaire. Elle peut, enfin, se servir de son influence morale
auprès des banques à charte pour contrôler cette
évolution de la masse monétaire suivant les besoins de
l'économie.
Cependant, le technique la plus utilisée aujourd'hui, non
seulement à la banque centrale canadienne, mais également dans
les banques centrales de différents pays, consiste à acheter ou
à vendre des titres sur le marché, que ce soit des bons de
Trésor ou d'autres titres du gouvernement fédéral.
Dans l'étude de cette motion, je voudrais, pour les fins de la
discussion, déposer deux tableaux que j'aimerais voir inscrire au
journal des Débats, à ce stade-ci. Je vais référer
à ces tableaux. Ce sera pour la meilleure compréhension des
lecteurs du journal des Débats éventuellement. Est-ce qu'il y a
encore des messagers ou s'ils sont en grève?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais poser au ministre la même
question qu'il m'a posée hier. Est-ce que c'est lui qui a
préparé les statistiques qui sont sur les tableaux?
M. GARNEAU: Oui et j'en prends la responsabilité.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
M. GARNEAU: J'ai regardé les notes du député de
Montmagny, hier. Malheureusement, mon droit de réplique ne me permet pas
de corriger les erreurs qui ont été commises dans l'analyse des
pourcentages de croissance des revenus.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est possible, comme je l'ai dit hier. Ce
qu'il fallait retenir, c'était la tendance, parce que les calculs ont
été faits rapidement.
M. GARNEAU: Vous l'avez fait remonter uniquement à trois ans en
arrière, avec des taux de croissance de deux ans. Comme la correction
exigée par la nouvelle formule comptable avait été faite
à partir de l'année financière 70/71 et que cette
année financière comportait 13 mois de revenus, vous avez
comparé un taux de croissance de treize mois avec un taux de croissance
de douze mois. C'est ce qui explique les 6.8 p.c. que vous aviez aux
revenus.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais les chiffres de 70/71...
M. GARNEAU: Ils sont corrigés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, les chiffres de 70/71 sont calculés
d'après la nouvelle méthode, de même que ceux de 71/72 et
ceux de 72/73.
M. GARNEAU: C'est ce que je mentionne, mais votre point de départ
était une année de treize mois, au lieu de douze mois. En tout
cas, peut-être que d'autres de mes collègues pourront vous donner
des explications.
Donc, je voudrais déposer les tableaux qui indiquent comment se
comporte la masse monétaire à la suite d'une opération d'
"open market", (voir annexe II) Dans l'exemple que j'utilise, la Banque du
Canada achète du public $150 millions du bons du Trésor et, en
guise de paiement, émet des chèques tirés sur
elle-même ou plus précisément des traites. Le public
dépose ces chèques de la banque centrale dans les banques
à charte. Ces dernières les retournent ensuite à la Banque
du Canada et elles voient, conséquemment, leurs dépôts
à la banque centrale augmenter. Il en résulte, alors, que les
réserves des banques à charte sont plus élevées que
les réserves exigées et les banques à charte peuvent
maintenant accroître leurs prêts et placements. Autrement dit,
c'est le processus d'expansion multiple des dépôts qui s'effectue.
Ainsi, l'achat de $150 millions de bons du Trésor de la Banque du Canada
peut entraîner une augmentation proportionnelle des réserves
bancaires, ce qui provoque, si on prend comme taux de réserve 6 p.c, un
accroissement de la masse monétaire de $2 1/2 milliards. Il ne s'agit
pas nécessairement d'une augmentation des billets de banque en
circulation, mais la masse monétaire comprend les billets de banque,
entre autres, et la monnaie scripturale.
Il est à noter, toutefois, que l'augmentation de $150 millions
dans les réserves bancaires provoque ou peut provoquer, avec un taux de
réserve de 6 p.c, une expansion de $2.5 milliards dans la masse
monétaire, soit 16 2/3 fois l'augmentation des réserves
bancaires, parce qu'on a supposé, comme je viens de la mentionner, une
réserve primaire de 6 p.c. et qu'on a supposé également
que les possibilités de prêts et placements par les banques
à charte étaient illimités. C'est là,
évidemment, un point important.
Si le système fonctionnait avec des possibilités de
prêts et placements et que le tout fonctionnait, théoriquement,
dans l'absolu, il y aurait des possibilités d'une expansion de la masse
monétaire de l'ordre de grandeur que je viens d'indiquer. Si la
possibilité de prêts et de placements, par les banques à
charte, était limitée, ces dernières se verraient
forcées de conserver une partie des réserves excédentaires
et alors l'augmentation de la masse monétaire serait moindre.
L'intervention de la Banque du Canada, dans ses opérations
d'"open market", est donc le moyen privilégié qu'elle utilise
pour s'acquitter de la responsabilité qui lui est confiée de
contrôler la masse monétaire selon les besoins de
l'économie. C'est là une des responsabilités de la Banque
du Canada. Le député de Beauce, dans son intervention, la semaine
dernière, a cité le préambule de la Loi créant la
Banque du Canada et il s'est référé à cette
notion.
Considérons, maintenant, la possibilité que la Banque du
Canada, comme le suggère le député de Beauce,
achète des titres de gouvernements provinciaux ou garantis par les
gouvernements des provinces, comme ce serait le cas pour la baie James,
plutôt que d'acheter des bons du Trésor du gouvernement
fédéral pour s'acquitter de son rôle de contrôle de
la masse monétaire, suivant les besoins de l'économie.
Disons d'abord que cette suggestion ne s'avère pas impossible,
étant donné, comme le dit le député de Beauce, que
les articles,
compris dans la charte de la Banque du Canada, peuvent permettre
à cette dernière d'acheter, de détenir, de vendre des
titres émis ou garantis par le gouvernement du Canada ou par les
provinces.
Par conséquent, la Loi de la Banque du Canada permet à
cette institution de prêter à une province ou d'acheter des titres
qu'une province émet ou garantit. Toutefois, à la lecture des
différents rapports annuels du gouverneur de la Banque du Canada au
ministre des Finances du pays, on s'aperçoit que notre banque centrale
n'a pas utilisé ce pouvoir que lui confère la loi. Il s'agit donc
de voir pourquoi la Banque du Canada n'utilise pas ce pouvoir bien
précis, dans quelle mesure elle aurait pu l'utiliser et de quelle
façon elle pourrait l'utiliser éventuellement, en tenant compte,
bien sûr, de ses objectifs et de sa raison d'être principale.
Auparavant, permettez-moi de vous fournir certains chiffres qui
pourront, je l'espère, renseigner davantage sur les possibilités
que pourrait offrir la Banque du Canada en tant qu'investisseur. Cette fois, je
fais la distinction entre le rôle, les objectifs ou les
responsabilités que pourra avoir la Banque du Canada en tant
qu'investisseur et en tant qu'organisme devant contrôler la masse
monétaire, suivant les besoins de l'économie.
Si on considère la Banque du Canada comme un investisseur
éventuel, on doit constater que ce rôle est extrêmement
limité. De 1966 à 1970, par exemple, les placements nets, que la
Banque du Canada a effectués, se sont élevés à
environ $216 millions, en moyenne, par année. Si l'on compare ces
possibilités d'investissements, et non pas de "l'open market", de la
Banque du Canada par rapport aux besoins financiers du Québec et de
1'Hydro-Québec, on s'aperçoit qu'il s'agit là d'une somme
assez minime d'autant plus que ces $216 millions d'investissements, en
moyenne, par année, si on les compare à ce qui est
emprunté par l'ensemble des provinces ou par l'ensemble des
gouvernements canadiens, soit le gouvernement fédéral, le
gouvernement des provinces et le gouvernement des municipalités
comparativement aux besoins qui se sont manifestés durant cette
même période de temps.
Ceci démontre, de façon assez évidente, un premier
point. C'est que même si la Banque du Canada avait voulu acheter
uniquement des titres émis ou garantis par la province de Québec,
et aucun émis par les autres provinces ou le pays, elle n'aurait pas pu
les acheter tous. C'est-à-dire qu'elle n'aurait pas pu financer,
investir pour financer complètement les besoins financiers de la
province et de l'Hydro-Québec, encore moins, évidemment, des
besoins financiers des municipalités.
Il ne faut donc pas penser que la Banque du Canada est un gros
investisseur et il est illusoire de croire qu'elle pourrait acheter tous les
titres émis par les provinces et par le gouvernement
fédéral. Ce n'est d'ailleurs pas son rôle d'acheter les
titres sur le marché. C'est plutôt pour elle, comme on l'a vu, un
moyen d'intervention. Quand elle intervient au niveau de la masse
monétaire, ce n'est pas en tant qu'investisseur mais c'est plutôt
dans ces opérations "d'open market".
Ce premier point étant admis, il s'agit de voir maintenant ce qui
empêche la Banque du Canada d'acheter davantage de titres en
procédant par le marché "d'open market", en utilisant ce moyen
avec des titres des provinces qui pourraient être des bons du
Trésor émis par le gouvernement des provinces.
Or, à ce sujet, la raison est assez simple. Tout achat de titre
dans l'opération "d'open market", quel qu'il soit, de la part de la
banque centrale, a un impact sur les réserves des banques à
charte et ainsi un impact sur la masse monétaire.
Nous avons vu en effet que, dans la mesure où les banques
à charte ont des réserves excédentaires, elles peuvent
alors faire des prêts et placements, ce qui se traduit par une expansion
des dépôts et donc une expansion considérable de la masse
monétaire. On voit ainsi la nécessité, pour la Banque du
Canada, qui a pour mission de contrôler l'expansion de la masse
monétaire selon les besoins de l'économie, de surveiller les
réserves des banques à charte. Cela, évidemment, c'est un
aspect plus technique mais il faudrait y ajouter également certains
points qui ont été soulevés par le député de
Bellechasse, la semaine dernière, et certains points que vient de
soulever le député de Bourget, si on analyse la
possibilité de la Banque du Canada d'intervenir sur "l'open market" avec
des titres du gouvernement des provinces. A ce moment-là, c'est un autre
niveau de gouvernement qui déciderait de notre taux d'endettement et qui
déciderait à quel moment on va sur le marché, à
quel moment on rachète des titres, uniquement pour fins de
contrôle de la masse monétaire.
Si la Banque du Canada ne veut pas que la masse monétaire
augmente trop rapidement, elle doit éviter de prendre des mesures qui
augmenteraient les réserves des banques à charte, de façon
démesurée, ce qui serait le cas si elle achetait trop de titres
sur les marchés, dans le cadre de son opération d"open
market".
Par conséquent, la quantité de titres que la banque
centrale peut acheter sur les marchés est limitée par l'expansion
qu'elle veut donner à la masse monétaire. Etant donné
cette contrainte sur le nombre de titres que la Banque du Canada peut absorber
et étant donné aussi le nombre considérable de titres qui
sont émis au pays, il est évident que la Banque du Canada ne peut
pas acheter ces titres et créer de la monnaie, de façon
démesurée, évidemment, à moins qu'il ne
s'agisse...
M. ROY (Beauce): Qui a dit de façon démesurée?
M. GARNEAU: M. le Président, je vais revenir à certains
arguments. Jusqu'à maintenant,
j'ai été assez posé dans mes remarques. Je me suis
retenu de dire au député de Beauce ce que je pensais, d'une
façon émotionnelle, de sa motion. J'ai essayé d'utiliser
des arguments plus sereins, plus convaincants mais, si le député
de Beauce m'invite à laisser mon texte, je puis le déposer et
répondre d'une autre façon à sa motion, qui,
peut-être, lui permettrait de comprendre parce que ce seraient des
arguments peut-être plus frappants, moins techniques. Mais j'essaie de
faire un effort particulier pour que, par la suite, comme moi, il relise
l'exposé que je viens de faire. Peut-être qu'avec le temps, en
s'efforçant un peu, en lisant certains documents, en retournant à
certains volumes, à certains auteurs, en consultant l'expérience
des autres pays, il pourra voir que ce que je dis a du bon sens, bien plus
qu'il ne le pense.
Par conséquent, la quantité de titres que la banque
centrale peut acheter sur les marchés est limitée par l'expansion
qu'elle veut donner à la masse monétaire.
Etant donné, maintenant, cette contrainte sur le nombre de titres
que la Banque du Canada peut absorber et aussi le nombre considérable de
titres qui sont émis au pays, il est évident, comme je viens de
le dire, que la Banque du Canada ne peut pas acheter ces titres et créer
de la monnaie, de façon démesurée. S'il s'agit
d'investissements, évidemment, c'est une autre chose. Elle le fait avec
ses avoirs propres, avec les réserves qu'elle a accumulées, avec
de l'argent, de l'épargne, en fait, qu'elle a faite. Mais s'il s'agit de
ses opérations d'"open market", elle ne peut pas, donc, acheter
n'importe quelle quantité de titres, elle ne peut pas émettre
indéfiniment du crédit parce qu'à ce moment-là cela
augmente la masse monétaire.
Si la Banque du Canada achetait de tels titres et là on
revient à l'investissement, puisque c'est un des aspects de la motion du
député de Beauce et qu'elle utilisait ses réserves,
son épargne pour investir dans des titres du Québec, ou garantis
par les provinces, pourrait-elle le faire avec intérêt ou sans
intérêt? Je dis que si la Banque du Canada achetait des titres
dans le cadre de son investissement, des titres sans intérêt, elle
favoriserait le gouvernement qui les aurait émis ou elle
subventionnerait ce gouvernement, ce qui n'est pas son rôle. En
définitive, si la Banque du Canada, à même les centaines de
millions de dollars dont elle peut disposer chaque année pour investir
dans différents titres, si elle faisait ces placements sans
intérêt, cela voudrait dire subventionner le gouvernement d'une
province ou un gouvernement municipal aux dépens des possibilités
qu'elle aurait d'agir autrement.
Je sais que les députés du Ralliement crédi-tiste
se réfèrent souvent à des prêts sans
intérêt qui sont consentis par le gouvernement canadien à
des pays étrangers. Justement, ces prêts sans intérêt
correspondent, à toutes fins utiles, à une subvention qui
pourrait être versée à un pays en voie de
développement, mais ce n'est pas du tout dans le cadre d'une politique
monétaire que l'on fait de tels prêts. C'est bien plutôt
dans le cadre d'une politique extérieure, qui vise à aider des
pays qui sont en voie de développement, leur permettant d'obtenir des
crédits pour acheter de l'équipement, etc.
Mais, à toutes fins utiles, ça revient à dire faire
un prêt avec intérêt, et le gouvernement
fédéral pourrait donner une subvention au pays X, Y ou Z lui
permettant de rembourser l'intérêt. Au lieu de faire ça, on
fait un prêt sans intérêt, mais c'est dans une politique
extérieure, et non pas...
M. BROCHU: C'est exact. Mais pourquoi est-ce qu'on ne peut pas le faire
pour nous-mêmes?
M. GARNEAU: Est-ce que le député de Richmond ne fait pas
la distinction entre une politique extérieure et une politique
monétaire? Si vous ne faites pas cette distinction, je vais continuer
à donner mon exposé, mais n'essayez pas de le lire, vous ne
comprendrez jamais rien.
M. BROCHU: Mais est-ce que je peux poser une petite question au ministre
à ce sujet?
M. GARNEAU: Je n'ai que vingt minutes. Après ça, si on
veut étirer le temps, au bout de vingt minutes vous poserez toutes les
questions que vous voudrez.
La motion du député de Beauce, telle que
rédigée, impliquerait donc que le gouvernement du Québec,
s'il obtenait des prêts sans intérêt, demande à la
Banque du Canada de laisser tomber sa politique de neutralité pour en
quelque sorte subventionner d'une façon indirecte le gouvernement de la
province de Québec. Et alors on pourrait demander de subventionner le
gouvernement des autres provinces et on pourrait dire où ils vont
prendre l'argent pour pouvoir effectuer de tels prêts, à moins que
les citoyens, d'une façon générale, consentent à
prêter, sans intérêt, de l'argent à la Banque du
Canada, qui elle nous le prêterait sant intérêt. Cela me
paraît assez ridicule.
Qui aurait la responsabilité? Si on demandait à la Banque
du Canada de faire une discrimination en subventionnant d'une façon
indirecte le gouvernement d'une province, d'une municipalité, il
s'agirait de savoir quel montant éventuel pourrait être
affecté dans cette opération, qui établirait les quotas.
Cela deviendrait extrêmement difficile. Partout où il y a eu des
changements de régime où on a renversé le
régime capitaliste, où on a mis un régime socialiste,
où des mutations profondes ont été faites jamais
cette théorie n'a été appliquée, sauf à deux
endroits. J'en retiendrai un en particulier, l'Allemagne, lorsque...
M. ROY (Beauce): Pardon, M. le ministre. Je ne suis pas d'accord. Cela
n'a jamais été appliqué en Allemagne.
M. GARNEAU: ... Hitler a pris le pouvoir pendant les années de
crise. Il a pensé pouvoir régler les problèmes
économiques de l'Allemagne en imprimant d'une façon
démesurée de la monnaie. Dans n'importe quel livre d'histoire
économique que vous allez lire...
M. ROY (Beauce): C'est faux, et vous le savez.
M. GARNEAU: ... vous allez voir entre autres...
UNE VOIX: C'est du bluff que le ministre fait là.
M. GARNEAU: ... qu'on présente assez souvent cette caricature
où les gens se dirigent vers le marché avec une brouette remplie
de "deutschemarks", de marks allemands, et ils reviennent avec un petit paquet,
c'est-à-dire une livre de beurre.
M. ROY (Beauce): C'est de la propagande libérale, de la
propagande de René Lévesque en 1962.
M. GARNEAU: Ce n'est pas le Parti libéral, ni René
Lévesque, du parti séparatiste, qui a écrit ce
texte-là. Je vous renvoie à peu près à n'importe
quel ouvrage d'histoire des doctrines économiques...
M. ROY (Beauce): C'est de l'interprétation fausse de
l'histoire.
M. GARNEAU: ... ou de l'Allemagne. Vous allez trouver ces
choses-là. On pourrait donner des exemples semblables ce qui s'est
passé dans certains pays d'Amérique du Sud, où on a
pensé, comme les créditistes le pensent, qu'on pouvait
régler...
M. ROY (Beauce): Pardon.
M. GARNEAU: ... les problèmes économiques en faisant
tourner la machine à piastres. Ce qui préoccupe davantage nos
collègues des partis du Crédit social parce que là
il semble bien qu'il n'y aura plus de fusion possible ce qui les
préoccupe essentiellement, c'est de savoir pourquoi et c'est
ça qu'ils ne comprennent pas le Québec, comme d'autres
provinces du Canada, est obligé d'aller emprunter sur les marchés
étrangers. Ils ne comprennent pas pourquoi la Banque du Canada
n'augmenterait pas la masse monétaire à un rythme suffisant pour
que tous les titres émis au pays puissent être absorbés sur
nos marchés financiers.
Ils ne comprennent pas pourquoi les taux d'intérêt sont si
élevés. Autrement dit, ce qui préoccupe les
créditistes a trait non seulement au fonctionnement même du
système monétaire ou au rôle que la monnaie joue dans
l'économie, mais aussi au rapport qui existe entre notre
économie, l'économie nationale et le marché
extérieur.
Il est pourtant facile de comprendre que, si la masse monétaire
ou le crédit augmentait trop rapidement au pays, il s'ensuivrait bien
sûr une forte baisse des taux d'intérêt, ce qui pourrait en
principe stimuler les dépenses de consommation, les investissements,
donc la demande globale de biens et de services et, par ricochet, la production
et l'emploi pourraient augmenter.
Malheureusement, certains effets pervers se feraient bientôt
sentir. Le niveau général des prix augmenterait et nos produits
seraient de moins en moins concurrentiels sur les marchés
internationaux, alors que le produit étranger serait de plus en plus
importé. On verrait alors notre balance commerciale et notre balance
courante devenir déficitaire. Parallèlement à cela, notre
compte capital deviendrait lui aussi négatif du fait que les
épargnes seraient attirées à l'étranger par des
taux d'intérêt plus alléchants.
Le résultat de cette expansion trop forte de la masse
monétaire serait donc de provoquer un déficit considérable
dans notre balance des paiements, d'anéantir nos réserves de
change étranger et de forcer une dévaluation de notre devise, en
plus des différentes contraintes qu'il faudrait alors imposer sur les
paiements et sur les échanges.
Les expériences des pays qui subirent très fortement
l'inflation dans le passé sont trop éloquentes pour qu'on les
répète. Il est trop bien montré que l'inflation est
néfaste pour la croissance économique.
L'inflation, en effet, sape la confiance du public dans la monnaie
nationale et décourage l'épargne, en particulier celle du petit
épargnant qui n'a pas accès au type de placement qui peuvent
sauvegarder la valeur de son épargne. L'inflation rend également
l'épargne moins disponible pour les investissements à long terme
et elle est néfaste pour les entrées de capitaux étrangers
à cause des incertitudes qu'elle crée sur le taux de change.
Même les capitaux nationaux auront tendance à fuir à
l'étranger au cours d'une inflation, car la confiance en la valeur
externe de la monnaie diminue.
Par ailleurs, les investissements qui se font auront tendance à
être moins productifs du fait qu'on cherchera surtout à tirer
profit de l'inflation ou de s'en protéger, par exemple en achetant des
terrains ou des biens immobiliers. Enfin, l'inflation provoque des variations
considérables dans les prix relatifs et sa distorsion dans les
structures des prix entraîne une mauvaise allocation des ressources. Il
ne sert à rien de répéter je viens de le dire
l'expérience que l'Allemangne et plusieurs pays d'Amérique
du Sud ont connue pour s'apercevoir que la monnaie ne peut pas jouer un
rôle magique dans notre économie et que l'expansion de la masse
monétaire est nécessairement limitée par les positions
internationales du pays et ou l'augmentation des biens et des services.
Si on ne veut pas accepter cette contrainte externe, il faudrait
nécessairement en accepter d'autres, comme le gel des prix et des
salaires, des restrictions sur les échanges et les paiements, etc. Je
suis toutefois convaincu que nos citoyens sont fiers de la liberté dont
ils jouissent actuellement et qu'ils sont prêts, pour la sauvegarder,
à faire un usage plus modéré de la variation de la masse
monétaire. Quoi qu'il en soit, en 1970 et 1971, la balance des comptes
du Canada a connu un surplus assez considérable, ce qui a
provoqué une augmentation de nos réserves et des devises
étrangères ainsi que des pressions à la hausse sur notre
taux de change.
Dans de telles circonstances, l'expansion de la masse monétaire
est moins limitée par la position internationale du pays. C'est
pourquoi, depuis bientôt deux ans, la Banque du Canada a adopté
une politique monétaire plus expansionniste. En 1971, la masse
monétaire a augmenté d'environ 15 p.c. au Canada et les taux
d'intérêt ont diminué. C'est ce qui explique en partie
pourquoi les émissions nettes en monnaie étrangère ont
été seulement de $450 millions en 1971 alors qu'elles
étaient de $1.4 milliard en 1969.
Si notre position internationale pouvait demeurer aussi bonne à
l'avenir qu'elle l'a été en 1970 et en 1971, il est
évident que la Banque du Canada, pour éviter toute pression
à la hausse sur notre taux de change, devrait adopter une politique
monétaire encore expansionniste, forçant ainsi les taux
d'intérêt à diminuer davantage. C'est un peu ce qu'elle a
fait par des pressions morales auprès des banques, obtenant que
celles-ci diminuent leur taux d'intérêt à court terme, ce
qui s'est produit il y a à peu près sept ou huit jours.
Dans cette perspective, s'il y avait une augmentation plus grande de la
masse monétaire dans le cadre auquel je viens de me
référer, les entreprises, les municipalités et les
provinces pourraient écouler plus facilement leurs émissions sur
le marché canadien et on aurait moins besoin de recourir aux
marchés étrangers; ce qui, en définitive, pourrait
satisfaire en partie la théorie créditiste.
Je tiens toutefois à signaler qu'on ne serait pas aujourd'hui
dans cette position avantageuse, dans la possibilité d'appliquer ces
politiques, si, dans le passé, on avait utilisé le crédit
à la créditiste.
Un dernier point qui me semble préoccuper le parti
créditiste est le fait que notre banque centrale n'adapte pas ses
instruments généraux de la politique monétaire à
l'objectif de développement régional. Autrement dit, la politique
monétaire actuelle s'appuie sur des objectifs nationaux et la question
est de savoir dans quelle mesure elle pourrait également tenir compte
d'objectifs régionaux, comme le taux de croissance économique
dans les différentes régions du pays.
Disons, d'abord, qu'il est possible que la Banque du Canada adapte ses
instruments à une action régionale. Par exemple, dans ses
opérations d'"open market" elle pourrait c'est une supposition
que je fais utiliser les pouvoirs que lui confère la loi et faire
des opérations avec des titres provinciaux. De la même
façon, les coefficients de réserve secondaire pourraient
peut-être c'est là encore une supposition que je fais
être fixés à des niveaux différents selon les
régions. Enfin, les pressions morales de la banque centrale sur les
banques à charte pourraient varier aussi suivant les régions.
Cependant, la plupart des spécialistes sur la question semblent d'accord
pour dire que la portée d'une action monétaire régionale
serait plutôt faible.
Je réfère les membres de cette Chambre à une
étude qui était publiée dans la revue l'Actualité
économique et régionale d'octobre et de décembre 1971
intitulé Palliatif ou panacée, l'article expose bien les limites
de la théorie voulant que les banques centrales pourraient avoir des
taux d'intérêt différenciés d'une région
à l'autre. Même si, par exemple, la Banque du Canada achetait des
titres du gouvernement québécois, l'impact de cette mesure au
Québec pourrait être minime du fait que le capital est très
mobile interrégionalement et qu'ainsi les différences dans la
rémunération du capital seraient très tôt
réduites par les mouvements de capitaux qu'elles susciteraient.
Quoi qu'il en soit, il serait souhaitable que cet aspect de la politique
monétaire soit analysé plus à fond et que notre banque
centrale soit davantage sensible aux problèmes régionaux. Si elle
ne peut pas le faire directement, la Banque d'expansion industrielle, qui
relève de la Banque du Canada ou qui a une affinité très
grande avec la Banque du Canada, pourrait peut-être être
appelée à jouer ce rôle. De notre côté, nous
avons déjà proposé à plusieurs reprises la
création d'une caisse d'aide conjoncturelle laquelle, dans notre esprit,
pourrait faciliter la solution des disparités économiques
régionales tout en maintenant les principes des juridictions de chacune
des provinces. Plusieurs autres réformes pourraient également
être envisagées pour accroître la sensibilité du
système monétaire actuel aux problèmes économiques
des régions. Nous accueillerons sûrement très favorablement
les suggestions qui pourraient nous être formulées dans ce sens.
Pour ma part, j'ai exposé mes vues sur ce sujet d'une façon
très détaillée devant les membres de l'Institut canadien
des affaires publiques.
Dans son exposé, le député de Beauce a
rapporté un certain nombre de commentaires ou de propos qu'auraient
tenus des personnalités sur le plan international. Il a, à
maintes reprises, utilisé le terme de "magicien", etc. Dans son
exposé, celui qui a fait le plus de magie, c'est certainement le
député de Beauce. Je n'ai pas dit "démagogie" j'ai
employé le mot "magie". La magie qu'il a utilisée est de faire
dire des choses à des citations qu'il sortait de leur contexte. Entre
autres, il a cité une déclaration qu'aurait faite un certain M.
Robert
Buron, ex-ministre des Finances de France, à la suite de
l'annonce du président Nixon de changer les relations
économiques, d'imposer une surtaxe et de faire des changements dans la
politique monétaire internationale.
M. Buron disait, je cite les propos du député de Beauce:
"Devant la crise qui a surpris les augures financiers les plus
compétents, devant leurs messages optimistes aux foules en vacances, la
veille encore de la décision du président Nixon, les experts
là, je cite encore le député de Beauce, parce que
je pense que les mots suivants s'appliquent peut-être plus à son
groupe qu'aux personnes qu'il vient de citer ces ignorants qui ignorent
leur propre ignorance, opposent le système monétaire au
système technique comme s'il pouvait exister un système
monétaire en soi distinct de la vie économique des peuples et du
mouvement des échanges."
En fait, le député de Beauce a utilisé une phrase,
tirée hors contexte, d'un ex-ministre des Finances de France. Justement,
il n'a tellement pas compris les propos que voulait tenir l'ancien ministre des
Finances, que je ne connais pas, que cette phrase qu'il a citée
détruit toute la thèse qu'il a essayé de nous exposer. En
fait, pour dire que le système monétaire devait être
modifié, il citait cette phrase de M. Buron: "Comme s'il pouvait exister
un système monétaire en soi, distinct de la vie économique
des peuples et du monvenent des échanges." Pourtant, sa proposition, qui
est la base de la thèse du crédit social et des partis
créditistes parce que, d'après ce que je peux voir, il y
en a trois justement, c'est qu'on ait un système monétaire
qui ne colle pas à la vie économique dans laquelle on est. Il
croit, lui c'est là la thèse du mouvement
créditiste que, quand il y a un problème à
régler, on fait marcher la machine à piastres et qu'on
émet du crédit. C'est ce qu'il veut dire, parce que la masse
monétaire, ça peut être des billets de banque, ça
peut être de la monnaie scripturale. On émet des billets de banque
et on pense que ça va créer de la richesse.
M. ROY (Beauce): Ce n'est pas de ça que nous avons
parlé.
M. GARNEAU: C'est exactement ce que nous a dit le député
de Beauce, la semaine passée.
M. ROY (Beauce): Le ministre cherche à interpréter nos
propos à sa façon.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GARNEAU: M. le Président, le député aura tout le
loisir de me répondre, car je pense qu'il a un droit de réplique
sur une motion semblable.
C'est là toute la théorie créditiste, c'est
là toute la base; quand il y a un problème, on fait marcher la
machine à piastres. Je rencontrais quelqu'un durant la campagne
électorale et je lui disais ceci: c'était un membre de la
presse qui avait suivi la campagne électorale Je voudrais essayer
de comprendre ce que signifie la théorie créditiste. Il m'a dit:
Je vais vous expliquer comment je comprends la théorie
créditiste. Cela me fait penser un peu à une histoire. C'est
comme un gars qui descend de l'autobus et qui voit une petite fille, avec un
chat dans ses mains. Il dit à la petite fille: Tu as un bien beau chat,
ma petite fille. Combien demandes-tu pour ton chat? Elle répond:
$20,000. Il dit: Tu ne pourras jamais vendre ton chat $20,000. La petite fille
dit: Oui, je demande $20,000. Le gars s'en va. Le lendemain, il prend le
même autobus, descend au même arrêt et voit encore la petite
fille avec le chat dans ses mains. Il dit à la petite fille: Tu n'a pas
vendu ton chat? Elle dit: Non. Il dit: Tu demandes encore $20,000 pour ton
chat? La petite fille dit: Oui, je demande encore $20,000 pour mon chat. Le
gars s'en va. La troisième journée, il revient. Il sort de
l'autobus et voit la petite fille avec deux petits chiens dans ses bras.
Bonjour, ma petite fille, tu as vendu ton chat? Elle dit oui. Il dit: Combien
l'as-tu vendu, $20,000? Elle dit: Oui, j'ai eu deux petits chiens de $10,000
chacun pour mon chat. En fait, c'est un peu cela, d'une façon
caricaturée si on peut dire, la théorie créditiste. On
pense qu'avec deux petits chiens de $10,000 elle était plus riche
qu'avec un chat de $20,000 dans les mains.
On pense pouvoir régler les problèmes en faisant tourner
la machine à piastres, alors que la richesse collective se situe dans
les biens et les services disponibles et que la masse monétaire n'est
qu'une façon d'échanger ces biens et ces services. Cette masse
monétaire doit croître dans des proportions ou suivant un rythme
qui ne soit pas trop grand, trop démesuré par rapport à la
croissance réelle des biens et des services. Sans cela, on a une masse
constante de biens et de services et on a un volume monétaire plus grand
pour faire tourner cette masse constante de biens et de services. Alors, quand
on a cinq chaises à vendre, s'il y a $10 de disponibles, on aura $2 par
chaise. S'il y a $20 de disponibles et qu'il y a encore cinq chaises, cela veut
dire qu'on a $4 par chaise. Cela fait $20, mais il n'y a pas plus de chaises
à vendre et il n'y a pas plus de richesse. C'est ça, à mon
sens, l'erreur du crédit social.
Evidemment, je pourrais citer un certain nombre de personnes qui ont
analysé cette thèse et qui en sont toutes venues à la
même conclusion. J'imagine que tout le monde ne peut pas se tromper en
même temps. Ce n'est pas une question de dire que le Parti libéral
s'est opposé à cela, que l'Unité-Québec s'est
opposé à ça, que le parti séparatiste s'oppose
à ça, mais, dans le monde entier je ne peux pas croire que
tout le monde soit fou en même temps là où il y a eu
des révolutions, là où on a renversé
complètement tous les régimes, on n'a pas utilisé
cette formule. Là où on a tenté de l'utiliser, en pensant
pouvoir créer de la richesse, cela a amené une inflation telle
que cela a obligé les pays à établir un contrôle
très strict sur le déplacement des citoyens, les empêchant
de sortir de l'argent du pays, d'aller en vacances à l'extérieur,
d'importer des biens et des services, de prêter de l'argent à qui
ils voulaient. En fait, ce fut une restriction considérable de la
liberté des individus.
A mon sens, ceci devrait faire réfléchir les
créditistes qui se disent les fervents défenseurs de la
liberté individuelle alors que leurs propositions nous mèneraient
carrément vers un contrôle total des échanges de la
circulation des biens et des capitaux et nous amèneraient
évidemment une inflation considérable des prix, des biens et des
services.
Compte tenu de ces remarques, il devient illusoire de penser pouvoir
souscrire à la motion du député de Beauce. C'est la raison
pour laquelle, en tant que représentant du groupe ministériel, je
souligne au député de Beauce qu'il nous sera impossible, pour des
raisons pratiques, pour des raisons d'intelligence, de voter pour sa
motion.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: Bien sûr que vous comprenez que j'avais l'intention
d'intervenir sur cette motion présentée par le
député de Beauce, "proposant que" et on pourrait relire la
motion.
J'ai bien aimé l'intervention du député de Beauce,
premièrement parce qu'elle était fondée sur la
réalité. Ce que je n'ai pas détesté non plus, c'est
d'entendre le ministre des Finances. Cela faisait déjà un bon
bout de temps qu'on attendait évidemment que le ministre des Finances
vienne mettre son mot. Au moins, le ministre des Finances a reconnu certaines
choses qu'il s'était toujours refusé d'admettre avant
aujourd'hui. Le ministre des Finances vient de nous dire que des prêts
sans intérêt, cela existe, que des prêts sans
intérêt, cela s'est fait et cela se fait.
Le ministre des Finances vient de nous prouver l'aspect
bénéfique d'un taux d'intérêt réduit.
Vraiment, ces propos venant du ministre des Finances sont réconfortants.
J'aurais aimé que le ministre des Finances, dans ses citations, lui
aussi, parle des emprunts du Québec de la Colombie-Britannique. Il n'y a
pas touché. Cela aurait été trop plaisant de l'entendre,
mais il n'a pas touché à cela.
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles cette motion a
été inscrite au feuilleton. On se rend bien compte que, dans ce
projet miraculeux, aux dires du premier ministre, à l'annonce de ce
projet au Colisée de Québec, devant les militants
libéraux, qui est le développement de la baie James, on a cru
aussi au miracle. On y croit de temps en temps. Mais jusqu'à maintenant,
quoi qu'en disent certains membres du Parti libéral, il y a encore
très peu de fait dans ce domaine. Il y a une raison pour laquelle
très peu de choses sont faites et il y a quand même une raison
pour laquelle cela n'avance pas plus vite que cela.
Quand on pose la question au ministre de la Voirie, il nous la donne la
réponse, lui. Quand on pose la question au ministre des Affaires
sociales, il nous donne également la réponse. Quand on pose ces
mêmes questions au ministre de l'Agriculture, il nous donne la
réponse. Pas parce qu'il est plus honnête que l'autre pour nous la
donner, mais parce que c'est la seule réponse valable. On n'a pas de
capital.
Il va quand même falloir qu'on l'admette ce problème
à un moment donné, qu'on l'envisage, qu'on l'étudie, qu'on
le regarde bien en face. Le premier problème du gouvernement, c'est
ça. On propose des solutions, on dit: Non, ce n'est pas bon. Il s'agit
de se rappeler que le premier conducteur d'automobile a fait fuir un paquet de
gens. On a dit de lui, c'est un fou, c'est un imbécile et c'est tout
ça. Aujourd'hui, l'automobile fait partie de nos habitudes de vie.
L'automobile fait partie des besoins. Pourtant, c'était nouveau dans le
temps. Ah oui! On a dit de tous les inventeurs, ce sont des fous. On l'a dit!
Aujourd'hui, on réalise que ces personnes, ces gens d'avant-garde, ces
proposeurs de solutions, ces gens, devrais-je dire, ultramodernes, ont
prouvé au monde entier que tôt ou tard, ils ont eu raison.
La première fois qu'on a entendu dire: Les Américains
veulent aller à la lune, je me souviens de ce qui a été
dit autour de ces propos. On a dit: Ce n'est pas possible. Jamais, cela ne se
fera. Pourtant, on a marché sur la lune! Je pense que la motion du
député de Beauce est encore plus réaliste que
l'idée, d'il y a quelques années, d'aller marcher sur la lune. Si
le gouvernement n'a pas recours à d'autres moyens que ceux dont il se
sert actuellement pour développer un projet aussi important que celui de
la baie James, je suis convaincu, à l'avance, de l'échec. Un
échec, cela se voit de plusieurs façons. Quand je parle
d'échec, je fais allusion aux éternelles servitudes que s'est
créées le gouvernement de cette province, qui devront être
payées par les générations futures.
M. le Président, quand nous parlons de nous servir de nos
institutions financières, de ce qui a été mis à
notre disposition, le ministre des Finances vient nous dire: Cela va
créer l'inflation. Que ce soit des capitaux américains, japonais
ou canadiens dont nous devions nous servir pour développer notre
province, qu'est-ce que cela vient faire avec le mot "inflation" qu'on sert
à toutes les sauces? Il ne faut pas oublier que le ministre des Finances
nous a, quand même, refilé certains propos qu'il devrait
reconsidérer s'il veut être honnête avec lui-même et
suivre sa pensée jusqu'au bout. Il a dit : Probablement que notre
solution favoriserait la
diminution du chômage. Pour lui, c'est une probabilité. On
lui a demandé s'il avait déjà fait la demande au
gouvernement central pour l'obtention d'un prêt sans
intérêt. Là, il a dit: Non. Cela ne se peut pas, c'est
impossible. Mais il dit: Je ne l'ai jamais demandé.
M. ROY (Beauce): Je m'excuse auprès de mon honorable
collègue, le député de Dorchester, mais je voudrais vous
faire remarquer que nous n'avons pas quorum depuis fort longtemps en cette
Chambre. Je pensais que quelqu'un s'occuperait de voir à s'assurer de la
présence des députés. Mais je constate qu'il n'y a aucun
député de l'Unité-Québec. Je constate que, sur les
banquettes ministérielles, il n'y a personne, sauf le ministre que je
vois entrer. Nous sommes à peine dix députés en cette
Chambre. Je pense qu'il y a lieu d'invoquer le quorum.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
L'honorable député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, avant d'être interrompu,
j'étais pour dire que je me souviens qu'il n'y a pas longtemps, le
ministre de l'Agriculture, qui a présenté un projet de loi dans
le domaine agricole, nous a suppliés d'appuyer son projet de loi. Voyons
un peu ce que demandait son projet de loi.
Ce projet de loi permettait une plus grande accessibilité de la
classe agricole à des capitaux à taux d'intérêt
réduits. Je me souviens, M. le Président, de ce qui s'est produit
en Chambre, cette journée-là. Le ministre de l'Agriculture nous
supplie d'accepter, l'Opposition officielle nous dit que cela a bien du bon
sens mais qu'il faudrait aller plus loin que cela, qu'il faudrait bien
demander, avant remboursement de l'intérêt, de faire diminuer ce
taux d'intérêt dont nous discutions, à ce moment-là,
de 8 p.c. à 7 p.c. Sur le principe, on s'entend. Cela va bien. Mais
nous, nous allons encore plus loin. Nous disons: Pourquoi ne serait-il pas
possible d'avoir des capitaux pour développer notre province, sans
intérêt? On nous dit: Cela n'a plus de bon sens.
M. le Président, le ministre des Finances a souligné,
tantôt, l'aspect ridicule. C'est lui qui l'a dit, c'est lui qui pense
comme cela, parce qu'il ne pense pas mieux. Je me demande s'il n'est pas plus
ridicule de souffrir de la faim, au sein de l'abondance ou encore de
fonctionner de la façon qu'on fonctionne actuellement. Pour bien des
familles, pour bien des personnes, pour un paquet de gens dans la province,
même les animaux ne sont pas réduits à vivre de la
sorte.
Cette motion, déposée par le député de
Beauce, on pourrait en parler pendant des années. Bien sûr, on
fera en sorte que tout cela s'oublie le plus rapidement possible mais je vous
parie que, dans très peu d'années, nos propos auront
démontré au ministre des Finances et à tout le
gouvernement que nous avions raison. On n'a qu'à analyser dans quel
cul-de-sac l'économie du Québec est orientée
actuellement.
Je pense que cette motion en est une des plus sérieuses et elle
mérite une étude bien approfondie. J'aimerais que le ministre des
Finances soit capable de nous dire, en cette Chambre: Nous avons essayé
et cela n'a pas réussi. Le ministre des Finances, actuellement, ne peut
pas nous dire cela parce qu'il n'a pas tenté ce qu'il devait tenter.
Nous considérons que le ministre des Finances a failli à ses
obligations. Il n'a pas essayé. On a l'impression qu'il n'est pas
intéressé à réussir.
M. le Président, quand on parle de crédit réel, je
me demande ce que le ministre des Finances en pense. Le crédit
réel, en deux mots, c'est nulle autre chose que la confiance. Je dis
aujourd'hui en cette Chambre que plus on est obligé de s'éloigner
pour tenter de vendre notre confiance, plus cela prouve justement que cette
confiance a grandement diminué et qu'il est grand temps de
réviser ses positions.
Si des capitaux sans intérêt, c'est bon pour les
étrangers, comme l'a souligné tantôt le ministre des
Finances, pourquoi cela ne serait-ce pas bon pour nous autres, les
Québécois? Je pense que c'est eux qui mériteraient d'abord
et avant tout l'accessibilité à des capitaux pour
développer un projet aussi important, comme l'a
répété à plusieurs reprises le premier ministre et
plusieurs de ses ministres. Il est grand temps et il est absolument
nécessaire qu'on tente ce qui doit être tenté, qu'on
demande ce qui doit être demandé, afin de réussir à
développer un projet comme celui-là, de la meilleure façon
possible, sans se créer des servitudes que des générations
futures devront malheureusement payer très cher.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Richmond.
M. LEDUC: Un autre qui n'a pas compris.
M. LEVESQUE: Est-ce qu'ils croient à ça tout le monde?
M. Yvon Brochu
M. BROCHU: Je n'ai pas la prétention que mon parti soit le
dépositaire de toute la vérité. Mais je n'ai pas non plus
la prétention de dire comme j'ai pu l'entendre en cette Chambre
et les dernières remarques me le prouvent que les autres partis
sont les dépositaires exclusifs de l'erreur. Je pense plutôt que
face aux situations, aux problèmes que nous vivons nous pouvons tirer la
leçon que jamais on n'a voulu accepter de remettre vraiment en cause
tout un système comptable, qu'on n'a jamais accepté de
réviser ses positions et ses méthodes d'approche
en matière de financement pour ce qui concerne nos projets.
Chaque gouvernement municipal, scolaire, provincial a dans ses classeurs
sa petite brochure, qui attend quoi? Il a un certain nombre de dossiers, de
projets, qui attendent quoi? Ils attendent le bon vouloir des prêteurs
des Etats-Unis, de l'Allemagne, de la France, ou plus loin encore si possible.
Et, selon l'expression de Gérard Fillion, il s'agit surtout de savoir:
"Où est l'argent, et comment aller le chercher? " C'est le moyen et
c'est toujours au niveau de ce moyen que tous nos problèmes restent en
suspens.
Ils attendent que le contribuable récupère sa
capacité d'être plus taxé encore pour réaliser ces
projets, que le gouvernement fédéral cesse d'augmenter le nombre
des chômeurs et des assistés sociaux, par sa lutte aveugle
à son inflation. C'est son petit cheval de bataille, comme c'est le
petit cheval de bataille du gouvernement provincial dans plusieurs domaines,
parce que sa petite inflation il doit la conserver pour avoir une raison de
dire au bout de la ligne: Messieurs, nous n'avons pu répondre de notre
mandat adéquatement, à cause de notre petite inflation.
Pendant ce temps le peuple québécois est bloqué
dans ses investissements publics. Tous les budgets ont, comme article le plus
important, le service de la dette.
Sur les quelques projets qui passent en priorité, le peuple, en
empruntant à 9 p.c. et même 9.99 p.c. comme l'Hydro-Québec,
paiera ses investissements deux fois, trois fois, par les intérêts
sur ses propres travaux, pourtant réalisés par les citoyens du
Québec avec les matériaux du Québec.
Pourquoi, dans un projet comme celui de la baie James, avec les bras
d'hommes du Québec, avec notre technologie, avec nos scientifiques,
devrions-nous aller chercher à l'extérieur ce dont nous avons
besoin? Et pourquoi surtout, après l'avoir réalisé,
devrions-nous le rembourser à quelqu'un d'autre qui n'est pas nous?
M. GARNEAU: Je vais vous acheter votre petit chat.
M. BROCHU: En un mot, actuellement, le Québec attend le bon
vouloir des prêteurs pour décider de ses propres investissements.
Et, ceux qu'il réussit à faire, il les paie deux ou trois fois.
C'est donc un gouvernement fort dépendant et incapable de
réaliser ses propres initiatives puisqu'il attend le bon vouloir des
autres.
Devant cet état de choses, n'est-il pas renversant en notre
siècle de progrès et de technique étonnante, même
parfois effarante, où dans le domaine de la pensée tout est remis
en question que les économistes, eux, continuent d'accepter comme
s'il était une institution divine un système d'endettement
universel dont le coût progressant avec le développement fait
boule de neige pour menacer de faire craquer tout le système
économique lui-même.
Au moment même où tout est remis en question de toutes les
façons possibles, comment se fait-il qu'on soit encore au stade de
vouloir défendre une façon comptable qui ne nous a menés
nulle part, sinon à être dépossédés par ceux
de l'extérieur?
Sur ce plan, à mon sens le gouvernement, en refusant comme le
ministre l'a indiqué tout à l'heure, d'appuyer cette motion du
député de Beauce, refuse en d'autre sorte de voir d'autres
possibilités et tient à tout prix à rester dans le
même mode de pensée, dans le même mode de fonctionnement et
d'aller d'échec en échec en essayant toujours de dire: Bien, nous
avons notre petite inflation, nous avons nos petits problèmes, que tout
le monde nous remette en cause, mais par contre le gouvernement oublie...
M. GARNEAU: ... que d'en avoir des gros avec votre théorie de
fou.
M. BROCHU: ... lui-même de se remettre en cause. Et, M. le
Président...
M.LEDUC: Nous avons nos petits créditis-tes.
M. BROCHU: ... on prête sans intérêt, c'est vrai,
à des pays étrangers je n'ai aucune objection pour
assurer le développement de ces pays pour les aider, et c'est
formidable. Par contre, pourquoi n'est-on pas capable de le faire pour
nous-mêmes, ici? Pourquoi n'est-on pas capable de réaliser le
même processus pour nos entreprises chez nous et pour un
développement aussi important que celui de la baie James que nous
connaîtrons bientôt?
Le Canada emprunte aux Etats-Unis. Les Etats-Unis vont chercher des
capitaux en France. L'Argentine essaie d'aller chercher des capitaux en Europe,
en Australie et dans d'autres pays. Une question bien simple, une question
peut-être simpliste: Est-ce que vous pourriez me nommer le nom du pays
prêteur? Quel est ce fameux pays dans l'univers qui possède toutes
les richesses et toutes les possibilités de financer les autres pays?
Nommez-le.
Je pense qu'à ce niveau on peut trouver une partie de la
réponse dans notre question. On a eu plusieurs objections au cours des
discussions. Une des premières objections était l'inflation, et
le ministre l'a soulignée lui-même. Il y aura trop d'argent en
circulation. Le gouvernement va se mettre à imprimer de l'argent. Ce
sont les paroles du ministre. Quand une municipalité va emprunter $100
millions à New York, qu'est-ce qu'elle fait? Elle draine de l'argent
ici. Alors, quelle différence, quel changement? Il y aurait toute une
distinction à faire sur l'inflation et beaucoup de nuances, d'accord.
Entendons-nous sur les mots et sachons de quoi nous parlons.
M. GARNEAU: Vous relirez mon discours, vous allez voir.
M. BROCHU: Au cours d'un "panel" à la télévision
sur ce sujet, un économiste définissait très
dogmatiquement l'inflation: Hausse inconsidérée des prix
causée par une disproportion entre l'offre et la demande,
celle-là ne pouvant répondre à celle-ci, traduisant en
termes pratiques trop d'argent disponible devant la capacité de
production. Or, un représentant du ministère de l'Industrie et du
Commerce répondit à l'économiste traditionnel que sa
définition ne collait pas à la réalité.
Au Québec, les commerçants se fendent en quatre pour
vendre et ça, vous le savez. Les industriels doivent couper la
production et ça, vous le savez également. Ils imaginent des
plans pour garder en permanence leurs employés que le chômage
menace et que les syndicats veulent protéger par un salaire garanti et
ça, vous le savez également, parce que vous le vivez, le
problème. Et le gouvernement donne des subventions à ces
industries pour conserver de la main-d'oeuvre alors que trois ou quatre ans
après on met la même main-d'oeuvre dehors en se servant de ces
capitaux pour mécaniser. Vous savez que le problème est
là.
Il n'y a pas d'inflation au Québec. L'économiste du
Québec, les deux pieds dans le bain des affaires, le démontre.
Les effets similaires à l'inflation traditionnelle, à la hausse
des prix sont en partie importés d'autres parties du Canada et en partie
causés par leur base de la pyramide d'intérêts que les
citoyens payent depuis 50, 30 et 20 ans sur le développement public,
pyramide qui se traduit en taxes qui entrent dans le prix des produits, hausse
qui se réflète dans des augmentations de salaire, et le cercle
vicieux continue toujours.
L'économiste de salon, lui, les deux pieds sur le bureau, doctus
cum libro, savant avec le livre, raisonne d'après des principes
élaborés. Il y a des siècles, alors que régnait une
économie de privations, chacun devait travailler dix ou douze heures par
jour, chacun, artisan ou professionnel, devait tirer lui-même de le terre
une partie de sa nourriture ou de son vêtement. Ce sont ces
économistes de salon qui, pour guérir leur inflation, ne font que
créer du chômage qui se transforme avec le temps en assistance
sociale et en hausse de taxes. M. le Président, c'est là le
portrait de ce que nous avons à vivre et c'est la réponse
à l'objection d'inflation que je voulais donner au ministre tout
à l'heure.
Deuxièmement, on va dire: II y aura trop d'argent en circulation.
Nous avons déjà répondu qu'en allant emprunter $100
millions dans un pays étranger, le gouvernement drainait $100 millions
nouveaux. Il est vrai que cette permission lui est donnée par des
prêteurs étrangers, mais ce faisant il se déclare
lui-même en tutelle et décerne un beau diplôme
d'incompétence à son équipe comptable de conseillers qui
ont la tâche de planifier le développement du Québec. Cette
attitude, M. le Président, est une attitude de démission, et
quelqu'un qui démissionne est quelqu'un qui abandonne la mission qui lui
avait été confiée et la responsabilité qu'il avait
également de mener tout un peuple à bon terme et d'assurer le
développement économique, social et culturel de tout un
peuple.
J'ai entendu d'autres objections aussi à l'effet que c'est du
ressort du fédéral de demander l'assistance de la Banque du
Canada pour réaliser notre projet de la baie James. J'ai entendu le
député de Bourget dire: II ne faudrait pas. S'il entre trop
d'argent et si ça ne va pas assez mal, on ne pourra pas se
séparer. Cela revient à cela, au bout de la ligne.
Lorsque l'Hydro-Québec ou le Québec importent ici $300
millions de crédits nouveaux à la suite d'un accord avec les
financiers d'un pays étranger, est-ce que le fédéral va y
mettre son nez? Non. C'est le même principe, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'avertis l'honorable député
de Richmond qu'il devra s'apprêter à conclure, puisque ses dix
minutes sont presque terminées, sinon terminées.
M. BROCHU: Merci, M. le Président. Je continue à
m'apprêter encore plus rapidement. Chacun, avec deux secondes de
réflexion, peut constater que toute communauté humaine, province,
ville ou municipalité qui construit un pont en construit deux autres par
le système d'argent-dette; si une école est construite, deux
autres le sont aussi par le même système. Pourtant, on cherche
encore les économistes diplômés qui contestent ce cancer.
Au pied du mur, ils nous disent: Cela se fait comme cela en
Amérique.
Le plus bel exemple est M. Parizeau, sans le nommer, une personne qui a
couché dans tous les lits et qui ressort, au bout de la ligne, avec la
même forme de syphilis parce qu'il n'a pas réglé le
problème.
M. LEDUC: C'est pas mal fort comme argument, cela!
M. BROCHU: Au bout de la ligne on dit: On va essayer autre chose, mais
à l'intérieur même du système. On va replâtrer
les jambes de bois avec des bouts de bois encore. Devrait-on demander aux
économistes diplômés, s'ils Veulent être pris au
sérieux lorsqu'on voit les résultats absurdes du système,
de faire tabula rasa de leurs préjugés et de certaines fausses
sciences apprises dans des manuels maintenant arriérés parce
qu'on ne les a jamais remis en question.
Il est temps que les contribuables regardent les faits et
réclament de leur gouvernement ou de ceux qui sollicitent leur vote
d'agir avec intelligence, sans suivre une routine séculaire,
démodée, devenue fausse prémisse en raison des changements
majeurs survenus dans notre monde moderne, scientifique, technologique et
social.
Je termine avec un petit exemple, celui-ci: A un moment donné, un
président d'entreprise avait une promotion à offrir à un
individu. Deux individus étaient susceptibles de l'avoir. Le premier
avait quinze ans d'expérience et le deuxième cinq ans. Celui qui
avait quinze ans d'expérience se disait, en bon émule du
gouvernement libéral: Je suis sûr de l'avoir; j'ai quinze ans
d'expérience. Il n'y a pas de problème avec cela. Avant d'avoir
même sa promotion, le gars s'achète un bateau et une maison. Tout
va bien et il dit à sa femme: Je viens d'avoir une augmentation de
$4,000; ce n'est qu'une question de temps, il n'y a pas de problème.
A un moment donné, le gérant de l'entreprise fait venir
les deux bonshommes, celui de cinq ans d'expérience et celui de quinze
ans d'expérience et demande à celui de quinze ans
d'expérience: Qu'est-ce que tu ferais à ma place? J'ai deux
individus, toi et l'autre, un a quinze ans d'expérience et l'autre, cinq
ans. Celui qui a quinze ans d'expérience a répété
la même expérience durant quinze ans, alors que le second a appris
à modifier, il a été plus loin et s'est transformé.
Il a répondu: Je prendrais celui qui a cinq ans d'expérience. Le
gérant lui a dit: Tu es dehors. C'est l'autre qui a eu la promotion.
Je termine sur cet exemple pour dire que, depuis 250 ans, on a
répété la même expérience. Notre gouvernement
provincial n'a qu'une année d'expérience et il s'en tient
à celle-là sans vouloir regarder plus loin s'il n'y aurait pas
d'autres possibilités d'en arriver à développer le
Québec et d'être maîtres chez nous. Afin de
développer nos richesses et pouvoir dire que le Québec nous
appartient vraiment, il faut d'abord s'appartenir soi-même. Au lieu
d'aller à l'étranger, à l'extérieur chercher les
capitaux dont nous avons besoin, nous mettre en tutelle pour les années
à venir et hypothéquer les autres générations,
ayons donc le courage de voir une autre méthode, de la considérer
et d'aller plus loin dans ce domaine pour que, chez nous, ce soit vraiment un
Québec où il fait bon vivre dans tout le contexte de technologie,
de richesses naturelles que nous avons, de bras d'hommes. Tout est à
notre disposition; il s'agit de s'en servir, mais de changer le "gearage" entre
les deux oreilles.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. Léo Pearson
M. PEARSON: Trente secondes, M. le Président. Quand le
Crédit social réussira à implanter son système
quelque part dans le monde et pourra le faire fonctionner, je commencerai
à me poser des questions.
Lorsque je constate que leurs propres adeptes créditistes,
lorsqu'ils réussissent à prendre le pouvoir, sont dans
l'impossibilité d'appliquer leur propre doctrine, je me pose d'autres
questions. Voilà pourquoi en attendant, M. le Président, je garde
mon esprit ouvert et voterai contre la motion du Ralliement
créditiste.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
M. Aurèle Audet
M. AUDET: M. le Président, juste quelques mots sur la motion du
député de Beauce pour démontrer, une fois de plus, le
bien-fondé de nos avancés lorsque nous invitons le gouvernement
à faire en sorte que les nouveaux crédits émis soient des
émissions de crédits qui ne portent pas d'intérêt,
c'est-à-dire des émissions de crédits venant de la Banque
du Canada, ne portant pas d'intérêt.
J'écoutais le ministre des Finances tout à l'heure nous
dire justement que la masse monétaire avait augmenté, l'an
dernier, de 15 p.c. Je crois que lorsqu'il y a une augmentation de la masse
monétaire ceci veut dire que nous avons fait, par cette augmentation,
une nouvelle représentation des richesses canadiennes. Donc, si nous
faisons une nouvelle représentation des richesses canadiennes, pourquoi
ne ferions-nous pas une représentation libre de dettes puisque cette
richesse canadienne appartient aux Canadiens? Aujourd'hui, lorsque nous faisons
une augmentation de la masse monétaire, nous la faisons sous forme de
prêts portant intérêt. Donc, à qui appartiendra cette
nouvelle augmentation de nos richesses canadiennes si nous représentons
cette nouvelle richesse par des prêts portant intérêt? Cette
nouvelle augmentation de richesse appartiendra à ceux qui ont
prêté, à ceux qui ont acheté les obligations
canadiennes, à ceux qui ont servi à faire la nouvelle
augmentation de la masse monétaire.
Nous disons, nous, que ces nouveaux crédits représentant
de nouvelles richesses canadiennes devraient être de nouveaux
crédits ne portant pas d'intérêt, c'est-à-dire
qu'ils seraient, par le fait même, la propriété des
Canadiens. Le ministre des Finances, tout à l'heure, justement, disait
que le crédit est ni plus ni moins qu'une forme d'échange entre
des produits et des services. Il disait que, entre autres, que s'il s'agit de
vendre des chaises, il faut absolument avoir un crédit qui facilite ces
échanges. De quelle façon? Pourquoi réellement
devrions-nous payer intérêt sur de l'argent qui sert à
échanger des biens et des services? Pour quelle raison paierions-nous de
l'intérêt sur cet outil qui sert de moyen d'échange entre
biens et services? C'est inconvenable, en 1972, que nous ne puissions
comprendre que l'argent et le crédit sont simplement un moyen
d'échange mais n'est pas une richesse en elle-même.
L'argent et le crédit ne sont que le reflet des
réalités, le reflet de richesses réelles. C'est pour cette
raison que le crédit nouveau ne doit pas porter d'intérêt.
De quelle façon le ministre des Finances pourrait-il concevoir qu'il
serait possi-
ble aux Canadiens ou aux Québécois de rembourser le
capital émis sous forme de prêt plus l'intérêt? Nous
savons si bien que lorsque nous augmentons la masse monétaire par un
nouveau capital, par de nouveaux crédits, il n'y a que le capital qui
est émis, et la partie qui représente l'intérêt n'a
jamais été mise en circulation. Si seulement le capital a
été mis en circulation, comment pouvez-vous croire que nous
puissions remettre capital plus intérêt? Ce n'est pourtant pas dur
à comprendre.
C'est aussi simple que deux et deux font quatre. On ne peut remettre dix
lorsqu'il y en a eu seulement cinq de crées. C'est impensable.
L'intérêt devrait être remis sous forme de richesse
réelle que les Canadiens possèdent.
Lorsque nous parlons, par exemple, du problème de la baie James,
à qui appartiennent les immenses territoires du nord du Québec?
Ces richesses inouïes sont là depuis des siècles et des
siècles et elles appartiennent aux Québécois. Pourtant, ce
n'est qu'en 1972 qu'on a commencé à exploiter ces richesses. On
n'a trouvé rien de mieux, pour exploiter ces richesses, que d'aller
emprunter ou vendre des obligations québécoises aux
Américains pour représenter de nouvelles richesses
québécoises. Il aurait été si facile de
représenter nos nouvelles richesses québécoises par de
nouveaux crédits québécois ne portant pas
intérêt. Mais si, au contraire, nous représentons cette
nouvelle richesse québécoise par des crédits
américains portant intérêt, nous ne serons jamais
propriétaires de nos richesses du nord du Québec. Ce sera une
propriété américaine.
Il serait si facile de garder notre Québec pour les
Québécois, par des crédits nouveaux représentant de
nouvelles richesses et ce, sans intérêt, pour le bien de la
communauté du Québec. Pensez-y bien, mes amis. C'est un
problème simple. C'est tellement simple que je crois que c'est pour
cette raison que vous ne le comprenez pas. C'est la simplicité
même. Vous aimez mieux compliquer les choses, parler de masse
monétaire et donner des prêts sans intérêt aux
étrangers alors que vous ne voulez même pas le faire pour
nous-mêmes.
M. VEILLEUX: Ce n'est pas nous qui contrôlons la Banque du
Canada.
M. AUDET: Demandez-le au moins à la Banque du Canada. Vous n'osez
même pas le demander. Ce serait si facile de demander au moins à
la Banque du Canada d'agir comme agent financier de la province de
Québec. C'est écrit en toutes lettres dans la Loi de la Banque du
Canada. Elle peut servir d'agent financier pour les provinces canadiennes. Mais
on n'ose pas élever la voix et même le demander.
M. VEILLEUX: C'est dans la mesure de votre parti.
M. AUDET: M. le Président, je ne veux pas aller plus loin. Je
sais qu'on ne comprendra pas davantage. Les députés de Beauce, de
Richmond et de Dorchester l'ont dit.
M. VEILLEUX: Ils ne comprennent pas.
M. AUDET: On s'obstine à ne pas voir clair dans la misère
que nous avons d'administrer dans cette province. On aime mieux tout donner aux
étrangers, avoir des dettes qui ne se paieront jamais et donner nos
biens à la haute finance. Merci, messieurs.
DES VOIX: Vote! Vote!
M. LE PRESIDENT: Si l'honorable député de Beauce,
proposeur de la motion, exerce son droit de réplique, ceci mettra fin au
débat.
M. Fabien Roy
M. ROY (Beauce): Au cours de cette motion qui est discutée pour
la deuxième semaine, nous avons eu l'occasion d'entendre les
porte-parole des différents partis d'Opposition, qui ont fait valoir
leurs opinions sur cette motion. Nous avons également entendu
l'honorable ministre des Finances.
Avant de commenter leurs propos, qu'il me soit permis de remercier mes
collègues pour les interventions qu'ils ont faites, pour
l'élément nouveau qu'ils ont apporté dans la discussion.
Je veux les féliciter et les remercier pour l'intérêt
qu'ils ont manifesté à cette motion, parce qu'elle fait partie de
notre programme politique et que nous estimons qu'il est de la plus haute
importance pour le gouvernement de reconsidérer le système
économique.
Il y a eu les premiers propos du chef de l'Unité-Québec,
qu'il a résumés tout simplement par ces mots: illogisme
incommensurable. Après avoir relu ses propos et regardé les
arguments qu'il a apportés, je dirai tout simplement que, de sa part,
c'est de l'ignorance incommensurable. C'est pourquoi je n'irai pas plus loin
à ce sujet.
Pour ce qui est de l'intervention des membres du Parti
québécois, j'ai été très surpris d'entendre,
de la bouche même de ceux qui veulent libérer le Québec, la
motion de précédents, alors qu'eux-mêmes veulent nous
lancer dans une aventure nouvelle sans trop savoir où nous allons, pour
permettre aux Québécois d'être vraiment maîtres chez
eux.
On vient nous donner, comme argument, que l'Alberta et la
Colombie-Britannique n'ont pas eu recours à la Banque du Canada.
Je pense que le chef parlementaire du Parti québécois
pourrait se référer à son chef de parti, M. René
Lévesque, qui, à ce moment-là, était avec M. Lesage
au conseil des ministres. Ils sont allés emprunter de l'argent en
Colombie-Britannique. Pour les dépenses administratives
gouvernementales, l'Alberta et la Colombie-Britannique n'empruntent pas. Elles
ont mis des
prêts à la disposition des municipalités si
on avait été honnête, on l'aurait ajouté et
pour le développement du secteur public de leur province. Il serait
assez étonnant de donner des chiffres.
Or, des précédents ont été
créés. Tous les jours des précédents sont
créés au Québec. Mais on se ferme les yeux.
L'Hydro-Québec a quand même eu un prêt à faible taux
d'intérêt de la Banque du Canada. Cela n'a pas provoqué
l'inflation. La Banque d'expansion industrielle émane directement de la
Banque du Canada. C'est à tous les jours que la Banque d'expansion
industrielle fait des prêts directement de la Banque du Canada. La Banque
du Canada achète les obligations de la Banque d'expansion industrielle;
elle en avait, au 31 mai 1972, pour $484,772,000, en plus d'avoir le
capital-actions de $57 millions de la Banque d'expansion industrielle.
Ceci est pour dire que des précédents ont
été créés. Il n'y a pas de risque à vouloir
créer un précédent de ce côté parce que ce
serait bénéfique. Quant aux propos de l'honorable ministre des
Finances, je voudrais quand même être honnête avec lui; je
dois le féliciter pour le sérieux qu'il a mis dans la tentative
qu'il a faite. Il a donné un exposé très scientifique,
très académique pour tenter de nous convaincre que, dans le
système économique actuel, il n'est pas possible d'utiliser les
services de la Banque du Canada. Malheureusement le temps ne me le permet pas,
mais je pourrais prendre son discours, le défaire d'un bout à
l'autre et lui démontrer clairement qu'il y avait
énormément de contradictions. Il nous a même prouvé,
à trois reprises, que nous avions raison.
M. le Président, j'ai été quand même quelque
peu surpris...
M. GARNEAU: ... votre petit chat!
M. ROY (Beauce): ... et quelque peu déçu de voir de quelle
façon le ministre des Finances a terminé son intervention. Il l'a
terminée en racontant une histoire. Evidemment, on raconte des histoires
pour amuser les enfants. Mais le ministre a quand même oublié de
nous raconter une...
M. GARNEAU: C'est ça que je viens de faire avec les
créditistes.
M. ROY (Beauce): ... histoire.
M. GARNEAU: C'était justement pour ça.
M. ROY (Beauce): Le ministre a quand même oublié de nous
raconter une histoire. Le ministre a oublié de nous raconter l'histoire
du prêt sans intérêt que la société Rexfor,
société paragouvernementale, a consenti à la finance
internationale, à ITT. Le gouvernement lui-même l'a fait...
M. GARNEAU: J'ai expliqué tout ça. Si le
député relit le texte...
M. ROY (Beauce): Vous avez expliqué tout ça, je comprends.
Mais je parle du principe...
M. GARNEAU: ... il va voir quelle différence il y a entre une
subvention et un prêt sans intérêt.
M. ROY (Beauce): du prêt sans intérêt.
M. GARNEAU: Ce n'est pas un prêt, c'est une subvention.
M. ROY (Beauce): Vous êtes allés emprunter aux Etats-Unis,
dans les banques qui contrôlent les actions de ITT, à 8 1/2 p.c.
d'intérêt pour reprêter à la filiale Rayonier. Vous
n'avez qu'à regarder le capital-actions de cette compagnie et faire les
recherches qui s'imposent, pour vous rendre compte...
M. GARNEAU: ... emprunté à 8 p.c.
M. ROY (Beauce): ... que cette compagnie est la propriété,
en grande partie, des plus grandes banques américaines, là
où vous allez vous tramer à genoux pour créer des
servitudes au Québec.
M. le Président, on parle...
M. GARNEAU: Je vais acheter votre petit chat.
M. ROY (Beauce): ... de la Banque du Canada et des possibilités
qu'il y a. Aujourd'hui même, dans les journaux du Québec, il y a
une émission de $400 millions d'obligations du gouvernement
fédéral d'annoncée. L'article dit ceci: "La Banque du
Canada a convenu d'acheter $250 millions des obligations, ce qui laisse $150
millions disponibles pour le public." Je ne sache pas que le fait que la Banque
du Canada achète $250 millions, aujourd'hui même c'est
daté du 1er juillet mais l'annonce parait dans les journaux
d'aujourd'hui va déséquilibrer le système
monétaire international, qu'on va provoquer la ruine du Canada et qu'on
va provoquer, tout simplement, la faillite économique et l'inflation au
Canada. Je pourrais citer...
M. GARNEAU: C'est exactement ce que j'ai dit.
M. ROY (Beauce): ... de plus, mais mon temps de parole est
limité, M. le Président...
M. GARNEAU: C'est exactement ce que j'ai dit.
M. ROY (Beauce): J'ai dit que nous avions demandé des prêts
sans intérêt pour des raisons bien simples. A ce moment-là,
cela va répondre
également à l'inquiétude que l'honorable
député de Bourget avait.
Lorsque la Banque du Canada a ses obligations, elle perçoit
elle-même les intérêts. Dans les états financiers de
la Banque du Canada, pour l'année 1971, on voit Revenus du portefeuille
des titres et autres revenus: $292,583,000.
UNE VOIX: Je suis tanné de l'entendre parler.
M. ROY (Beauce): C'est un document de la Banque du Canada. La Banque du
Canada a dépensé...
M. GARNEAU: Pas sans intérêt.
M. ROY (Beauce): ... pour l'administration je demande qu'on
m'écoute, M. le Président, je pense que j'ai le droit de parole,
quand même $292 millions que la Banque du Canada a perçus
en intérêts, et ses frais d'administration ont été
de $25,700,000. La Banque du Canada, que fait-elle avec ses
bénéfices à chaque année, M. le Président?
Revenus nets versés au compte du receveur général du
Canada ce ne sont pas les créditistes qui l'ont écrit,
c'est le rapport annuel de la Banque du Canada $265,494,000. M. le
Président, cela n'a même pas coûté 9 p.c, pour toute
l'administration de la Banque du Canada, des sommes qu'elle perçoit, et
elle perçoit ces sommes à un taux d'à peu près 7
p.c. d'intérêt. Cela revient à dire 9 p.c. de 7 p.c.
d'intérêt, cela fait .06 p.c. C'est pourquoi nous disons qu'il y a
lieu de songer à abolir l'intérêt parce que si on payait de
gros intérêts à la Banque du Canada, il s'ensuivrait que
les Québécois paieraient une taxe indirecte à la Banque du
Canada pour permettre au gouvernement fédéral d'encaisser les
profits. C'est pourquoi nous disons que la Banque du Canada devrait offrir ce
service au Québec ou remettre la proportion, si vous voulez, qui se
situe à un peu plus de 1/2 de 1 p.c. d'intérêt.
M. le Président, je pourrais citer des économistes
brillants, diplômés du London School of Economics, qui ont
avoué la faillite du système, qui ont avoué qu'ils ont
été complètement incapables. Malheureusement, le temps ne
me le permet pas. Mais je dirai tout simplement ceci, en terminant, à
l'adresse du ministre: Vous nous avez donné un cours, M. le ministre,
sur le système économique actuel. Nous le connaissons. Mais je
pense que nous avons dit souven-tefois que nous ne l'acceptons plus. Il est
désuet. Votre système économique, à l'heure
actuelle, qu'est-ce qu'il provoque? Nous sommes dans l'inflation par-dessus la
tête, dans la province. Nous avons du chômage, dans la province de
Québec. Nous avons de l'endettement pyramidal. Tous les malaises et les
grandes sorcières que le ministre tentait d'illustrer tout à
l'heure, nous les connaissons. C'est votre système qui nous le
donne.
M. GARNEAU: Elles sont en avant de nous autres, un petit peu à
droite, les sorcières.
M. ROY (Beauce): Au moins, la réplique du ministre m'aura permis
de constater une chose. C'est qu'il a parlé non pas comme ministre des
Finances de la province de Québec mais plutôt comme
défenseur d'un système économique.
M. GARNEAU: Ayez donc du bon sens. Je n'ai pas parlé de
dépenses!
M. ROY (Beauce): J'ai plutôt des doutes quant à ses
fonctions de ministre des Finances de la province de Québec, alors que
ses fonctions, comme ministre des Finances, devraient être de prendre
l'intérêt et de travailler à la promotion des
Québécois...
M. GARNEAU: Sans intérêt! Sans intérêt, la
caisse créditiste !
M. ROY (Beauce): ... et regarder pour que les Québécois
puissent bénéficier de leur richesse, puissent travailler dans
leur province et que nous ne soyons pas dans l'obligation d'avoir des
servitudes envers les pays étrangers, comme nous en avons, et d'aller
emprunter des masses de $4 à $5 milliards, sur le plan
international.
M. le Président, au cours de mon exposé, j'avais dit les
dangers qu'il y avait d'aller emprunter sur le marché international des
capitaux pour financer l'immense projet de la baie James. Pas plus tard qu'en
fin de semaine, à Sept-Iles, le baron Edmund de Rothschild a
déclaré, en parlant du projet de la baie James, qu'un financement
reposant trop largement sur de l'argent en provenance de l'extérieur
peut causer de fortes variations au taux de change de la monnaie du pays
concerné. Nous en sommes conscients. Il y a des risques. C'est M. de
Rothschild qui le dit lui-même. Je l'avais dit moi-même, la semaine
dernière, parce que c'est élémentaire. Vous relirez nos
interventions.
D peut en résulter un déséquilibre des paiements
internationaux. J'en ai parlé la semaine dernière. Le ministre ne
nous en a pas parlé dans sa réplique.
M. GARNEAU: Le baron de Roy.
M. ROY (Beauce): Surtout quand le financement est assuré
principalement par des emprunts obligataires.
M. le Président, lorsque nous parlons d'utiliser le crédit
de la province, ce crédit du Québec, c'est notre crédit.
Ce n'est pas le crédit de l'Alberta ni le crédit de
l'Ontario.
M. GARNEAU: Pas d'intérêt.
M. ROY (Beauce): C'est notre crédit. Le crédit, c'est la
capacité, pour un peuple, de produire un bien ou un service et de le
livrer à une date déterminée. Or, nous avons les
richesses, nous avons la main-d'oeuvre, nous avons les
entreprises. Nous sommes capables de nous doter d'une infrastructure au
Québec. Nous avons tout ce qu'il faut, sauf l'argent. Pourtant, si le
ministre avait fait un petit retour en arrière...
M. LE PRESIDENT: Votre temps est terminé.
M. ROY (Beauce): Me permettrait-on de conclure?
M. LE PRESIDENT: II faudrait qu'il y ait consentement unanime.
M. GARNEAU: II n'y a pas consentement.
M. LE PRESIDENT: II n'y a pas consentement. Je regrette. Je suis bien
peiné à l'endroit de l'honorable député de Beauce
mais il n'y a pas consentement unanime.
M. ROY (Beauce): Je constate quand même que le gouvernement a peur
de nos arguments.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DEMERS: Vous masquez vos sentiments.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la motion est rejetée sur
division?
M. ROY (Beauce): Vote enregistré.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cinq députés le demandent?
Que l'on appelle les députés!
Vote sur la motion
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Suis-je dispensé de la
lecture de la motion?
DES VOIX: Dispensé.
UNE VOIX: C'est obligatoire.
M. LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la motion du
député de Beauce veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Roy (Beauce), Latulippe, Brochu,
Tétrault, Béland, Guay, Samson, Audet.
M. LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre veuillent bien se lever, s'il
vous plaft.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Hardy, Castonguay, Pinard,
Garneau, Tessier, Tremblay (Bourassa), Parent, Harvey (Jonquière),
Quenneville, Tetley, Lacroix, Massé, Goldbloom, Houde (Fabre), Coiteux,
Vaillancourt, Perreault, Brisson, Saint-Germain, Kennedy, Picard, Pearson,
Leduc, Fraser, Fortier, Berthiaume, Caron, Carpentier, Dionne, Faucher,
Giasson, Harvey (Chauveau), Houde
(Limoilou), Lamontagne, Larivière, Marchand, Pepin, Pilote,
Shanks, Veilleux, Paul, Tremblay (Chicoutimi), Cloutier (Montmagny), Boivin,
Lafontaine, Lavoie (Wolfe), Croisetière, Demers, Laurin, Tremblay
(Sainte-Marie), Masse.
M. LE SECRETAIRE: Pour: 8 Contre: 52
LE PRESIDENT: La motion est rejetée. Est-ce qu'on peut
considérer qu'il est six heures?
M. TETLEY: II est six heures exactement. Ajournement
M. LEVESQUE: Dans ce cas-là, M. le Président, je propose
l'ajournement de la Chambre. Demain matin, je pense bien que tout le monde est
au courant des commissions parlementaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lesquelles?
M. LEVESQUE: Bonne question. Liberté de la presse, affaires
municipales...
M. LE PRESIDENT: Deux commissions? DES VOIX: Trois.
M. LACROIX: Les engagements financiers à la salle 91; au salon
rouge, la liberté de la presse et les affaires municipales à la
salle 81.
M. PAUL: ... les informations au leader.
M. LEVESQUE: Soyez charitables, à ce moment-ci. A la salle 91-A,
demain à dix heures, commission parlementaire des engagements
financiers; à dix heures également, demain matin, à la
salle 81-A, commission parlementaire des affaires municipales pour
l'étude de projets de loi privés; au salon rouge, à dix
heures également, commission parlementaire de la liberté de la
presse.
M. PAUL: Pour demain après-midi, est-ce que le ministre pourrait
être moins cachottier? Qu'est-ce que nous ferons?
M. LEVESQUE: Nous avons l'intention d'appeler le projet de loi relatif
aux malades mentaux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est à la suite du vote de
tantôt?
M. LEVESQUE: Je propose l'ajournement de la Chambre à demain,
quinze heures.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
L'Assemblée ajourne ses travaux à demain, quinze
heures.
(Fin de la séance à 17 h 45)
ANNEXE Référer à la version PDF page 1529 à
1534