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(Quinze heures cinq minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs !
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports de commissions élues
Commission de l'éducation, affaires
culturelles, communications
M. LEDUC: M. le Président, au nom de M. Ostiguy,
conformément aux dispositions de notre règlement, j'ai l'honneur
de déposer le rapport de la commission parlementaire permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications, concernant
les projets de loi nos 35, 36 et 37.
M. LE PRESIDENT: Ce rapport sera remis à tous les membres de la
Chambre.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais formuler une demande. Vu
les dispositions du code Lavoie, nous sommes dans l'obligation d'informer la
présidence ou le secrétariat de tout amendement que nous aurions
l'intention d'apporter au projet de loi et ce, avant dix heures ce soir.
Considérant que le délai qui nous sera donné pour
la rédaction de certains amendements sera assez court étant
donné que nous n'aurons pas la copie du rapport avant la fin de
l'après-midi, à ce qu'on me dit, j'aimerais, M. le
Président, que nous ayons jusqu'à six heures demain soir pour
faire part au secrétaire de l'Assemblée des amendements que nous
pourrions avoir à présenter en regard de ce rapport.
M. ROY (Beauce): Sur le même sujet que l'honorable
député de Maskinongé, nous voulions formuler la même
demande. Il faudrait quand même que nous ayons le temps de prendre
connaissance de ce rapport avant de vous faire parvenir une copie des
amendements que nous entendons proposer.
Nous sommes entièrement d'accord sur la demande formulée
par le député de Maskinongé et nous espérons que le
gouvernement acquiescera à notre demande.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous n'avons pas d'objection
à accepter cette demande, mais nous aimerions peut-être y ajouter
une condition qui sera facile à remplir; ce serait qu'on puisse voir
demain, au feuilleton, que l'avis est pris en considération. Cela pour
ne pas perdre le jour franc qui doit exister entre la prise en
considération et le dépôt du rapport.
M. LE PRESIDENT: La motion de l'honorable député de
Maskinongé est agréée et, au feuilleton, demain, pourra
paraître l'avis de la considération du rapport.
Présentation de motions non
annoncées.
M. L'ALLIER: M. le Président, en vertu des dispositions de
l'article 126, je fais motion pour que les projets de loi 35, 36 et 37 soient
réimprimés.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: M. le Président, vous allez reconnaître que ma
motion n'a plus grande saveur. Est-ce qu'ils seront réimprimés
avec les amendements ou sans amendements?
M. LEVESQUE: Tout cela va se faire cette nuit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va avoir un autre débat.
M. LEVESQUE: Avec les amendements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va le reprendre en deuxième
lecture.
M. LEVESQUE: C'est évident, M. le Président, que la
réimpression tient compte in extenso des amendements qui ont
été proposés par la commission parlementaire. Si de
nouveaux amendements doivent être présentés selon le
désir que semble exprimer le leader parlementaire de l'Opposition
officielle, on pourra le faire à la troisième lecture. Si la
majorité était impressionnée par les amendements que
voudrait présenter l'Unité-Québec, ce dont je doute,
à ce moment-là on fera les changements.
M. PAUL: M. le Président, je remercie le leader de son
invitation, mais je la crains beaucoup. Supposons que de nouveaux principes
soient introduits dans le projet de loi, qui modifient sensiblement l'un ou
l'autre des principes que nous avons déjà discutés, quelle
sera la position des partis de l'Opposition?
Deuxièmement, M. le Président, si le leader du
gouvernement nous invite à présenter des amendements en
troisième lecture, je me demande si on ne mettrait pas de
côté les dispositions impératives du code Lavoie, qui veut
que les amendements soient présentés et étudiés en
même temps que le rapport.
M. LEVESQUE: M. le Président, il faut bien s'entendre. La
question du principe a été décidée en
deuxième lecture. Quant aux amendements qui ont été
étudiés en commission parlementaire, on a tenu compte du fait
qu'ils ne pouvaient pas être contraires au principe adopté en
deuxième lecture. Les amendements qui ont été
acceptés par la commission parlementaire relativement aux bills 35, 36
et 37 se retrouveront dans la version réimprimée. Si tout cela ne
satisfait pas encore un parti d'Opposition, le code Lavoie prévoit la
façon de procé-
der. C'est lors du rapport qu'on présente des amendements. Si on
le fait je n'invite personne à le faire, mais si on le fait
ce sera d'ici six heures demain soir, je crois.
Lors du débat qui s'ensuivra et qui sera organisé par le
président selon les dispositions du code Lavoie, si la Chambre
décide que dans certaines modalités il y a certaines
modifications à apporter, on pourra le faire comme on le fait pour
n'importe quel projet de loi.
M. PAUL: M. le Président, j'ai une excellente suggestion à
faire au leader du gouvernement. Est-ce qu'il consentirait à retirer la
présentation du rapport, qui nous a été faite cet
après-midi, quitte à attendre la réimpression du projet de
loi? Le jour suivant, il pourra présenter le rapport et ainsi je crois
que nous éviterons toute la complexité de procédures
à laquelle nous nous exposons et vers lesquelles nous nous
dirigeons?
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai toujours été
très ouvert à toutes les suggestions de l'Opposition, mais je ne
vois réellement pas ce que cela va donner. Présentement, nous
réimprimons le projet de loi avec les amendements que suggère la
commission parlementaire. Si nous avions à le réimprimer demain
soir, nous ne tiendrions pas compte des amendements que pourrait apporter un
parti ou l'autre dans le débat sur le rapport.
M. CARDINAL: Je m'excuse, il y a une motion. Est-ce que vous me donnez
la permission de...
M. LE PRESIDENT: Avant de la mettre aux voix tel que le règlement
me le commande, je voulais... Allez-y, je ferai mes commentaires
après.
M. CARDINAL: Comme il y a eu une motion du ministre des Communications
et qu'il y a eu plusieurs remarques du leader parlementaire, je voudrais lui
rappeler, à titre de jurisprudence de cette Assemblée, qu'en
décembre 1971 un incident semblable s'est produit au sujet du
défunt projet de loi 28. J'inviterais le leader parlementaire à
bien réfléchir à la décision qui sera prise cet
après-midi avant de réimprimer le projet de loi sans retirer le
rapport.
M. LE PRESIDENT: Je pense bien qu'il n'y a pas les mêmes
règlements.
M. LEVESQUE: Depuis le mois de décembre 1971, il y a eu de
nouveaux règlements. Je conseillerais au député de Bagot
de relire les procédures législatives, particulièrement
à partir de l'article no 125. La procédure est clairement
établie: "Lorsqu'un projet de loi a été
étudié en commission élue après la deuxième
lecture, le rapport de la commission est déposé à
l'Assemblée et est distribué à ses membres." C'est ce que
nous faisons aujourd'hui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député de Bagot
pourrait aller avec le premier ministre étudier cette partie du
règlement?
M. LEVESQUE: "Au cours de la séance où le rapport est
déposé, un député qui désire proposer un
amendement au projet de loi en remet une copie au secrétaire." Nous
avons jusqu'à demain soir, six heures. "Le président
décide de la recevabilité des amendements et les choisit pour en
éviter la répétition. Ils sont ensuite ajoutés en
annexe au rapport, suivant l'ordre fixé par le président, et le
secrétaire en transmet sans délai une copie à chacun des
leaders parlementaires des partis reconnus. "À la séance
suivante, avis de la prise en considération du rapport et de ses annexes
apparaît au feuilleton."
C'est justement ce qui est contenu dans la motion qui a
été adoptée il y a quelques instants. "La prise en
considération du rapport peut avoir lieu à la séance qui
suit la publication de l'avis". C'est-à-dire qu'elle pourrait avoir lieu
jeudi. "Le président organise le débat, au cours duquel a lieu la
prise en considération du rapport et des amendements proposés. La
règle voulant qu'un député... "Aucun sous-amendement ne
peut être proposé. "Quand le débat est terminé, les
votes sur les amendements sont pris successivement avant l'adoption du
rapport".
M. PAUL: C'est ça.
M. LEVESQUE: L'article 126: "Lorsqu'un ministre qui a
présenté un projet de loi juge qu'il doit être
réimprimé en raison des changements considérables qu'il a
subis, il peut en proposer la réimpression avant la troisième
lecture. Cette motion n'est pas susceptible de débat ni
d'amendement".
Premièrement, la motion du ministre des Communications n'est pas
susceptible de débat. Présentement, je crois que nous sommes
même dans l'illégalité.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! C'est parce que l'honorable
député de Maskinongé avait demandé de faire
certains commentaires. Personnellement, je ne vois aucune
incompatibilité entre les deux motions qui ont été
soumises cet après-midi. Je ne vois rien d'incompatible, même avec
la motion qui a été amenée par la suite par le ministre
des Communications.
S'il désire faire imprimer de nouveau le projet de loi, il n'a
pas le droit d'apporter d'éléments nouveaux. Il peut inclure dans
la nouvelle réimpression uniquement les modifications qui ont eu lieu en
commission. Je ne vois rien d'incompatible. Nous avons le rapport actuellement.
Tout député qui veut apporter de nouveaux amendements à ce
rapport peut le faire cela a été décidé
d'ici à demain soir.
Si nous avons, lors de la considération du rapport, jeudi, le
nouveau projet de loi, il n'y aura pas incompatibilité entre le rapport
et le nouveau projet de loi, parce qu'il s'agira uniquement des mêmes
amendements.
Est-ce que la motion de l'honorable ministre...
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aimerais souligner un fait.
Je suis bien d'accord sur les dispositions de notre règlement, soit les
articles 125 et 126. Nous sommes en face de deux points bien précis: Il
y a la présentation du rapport, d'une part, dont on vient de nous
remettre une copie. Deuxièmement, il y a la présentation d'un
projet de loi réimprimé.
Nous n'avons pas encore en main le projet de loi
réimprimé. Nous devrons le réexaminer. Je comprends que le
gouvernement est soumis à certaines règles bien strictes, mais je
pense qu'on devrait procéder avec plus de diligence de façon
à permettre aux membres des autres partis d'examiner de nouveau ce
projet de loi réimprimé.
J'estime que nous avons la séance d'aujourd'hui et nous aurons
très peu de temps, demain, pour réexaminer ce projet de loi.
Avant de proposer des amendements, qui devront vous être soumis avant
demain soir, nous devrons réexaminer le projet de loi pour voir si les
amendements que nous entendons proposer vont y être inclus.
Je ne veux pas faire un débat de procédure, mais je pense
qu'il y a lieu d'accorder un délai raisonnable. Donc, nous demandons
qu'un délai plus long nous soit accordé afin que nous puissions
faire notre travail avec diligence et encore éclairer le
gouvernement.
M. LEVESQUE M. le Président, ce que contient le rapport,
présentement, c'est le fruit des études faites à la
commission parlementaire où les représentants du parti de celui
qui vient de parler étaient ou devaient être présents.
M. ROY (Beauce): Etaient.
M. LEVESQUE: L'Opposition devrait être bien informée du
contenu du projet de loi et des amendements. Je ne vois pas pourquoi on serait
moins bien préparé à discuter de ce rapport qui est le
fruit des travaux de la commission.
Cependant, nous n'avons jamais voulu bousculer quiconque. La preuve,
c'est que nous avons accepté d'emblée la proposition du
député de Maskinongé à l'effet d'ajouter une autre
journée pour présenter des amendements.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions orales des députés.
Questions orales des députés
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Affaires municipales rurales
M. LOUBIER: M. le Président, je pense bien que vous allez me
permettre, au début, de souligner la venue fracassante du gavroche,
fantaisiste, enjoué ministre des Affaires sociales. Il nous est revenu
avec un teint basané et il nous semble en très bonne forme.
M. PAUL: Le maire de Saint-Féréol!
M. LOUBIER: M. le Président, ma première question, comme
il se doit dans les circonstances, s'adresse au premier ministre,
c'est-à-dire au nouveau ministre des Affaires municipales rurales.
Pourrait-il informer cette Chambre des réaménagements
administratifs qu'il a annoncés aux dirigeants de l'Union des conseils
de comté, vendredi dernier, relativement à un transfert de
responsabilités des Affaires municipales au premier ministre? C'est ma
première question.
Deuxièmement, je demanderais au ministre des Affaires municipales
rurales de nous définir quel sera le mandat du nouveau ministre des
Affaires municipales urbaines, soit le député de Rimouski.
Dans un troisième temps, je demanderais au premier ministre s'il
va déléguer le ministre des Affaires municipales rurales, en
l'occurrence lui-même, à la conférence qui doit avoir lieu
très prochainement entre le gouvernement fédéral et les
gouvernements municipaux.
Quatrièmement, toujours dans le cadre de la réorganisation
administrative, je demanderais au nouveau ministre des Affaires municipales
rurales s'il endosse la déclaration faite par le candidat libéral
dans Gatineau, M. Gratton, à l'effet que toute unité de
regroupement qui s'adjoignait une municipalité devait être remise
au 30 décembre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! Je demanderais la
collaboration du chef de l'Opposition parce que, comme il est parti, il va
accaparer à lui seul les trente minutes de la période des
questions.
M. LOUBIER: Non. M. le Président, avec votre permission, je
demande tout simplement au premier ministre, nouveau ministre des Affaires
municipales rurales, de nous dire quel est son mandat, quelles sont ses
responsabilités, qu'est-ce qu'il reste comme responsabilités
au
nouveau ministre des Affaires municipales urbaines et si la politique de
regroupement sera remise à plus tard.
M. LESSARD: Il répète ce qu'il vient de dire.
M. BOURASSA: M. le Président, il n'y a pas de changements, tel
que suggéré par le chef de l'Opposition. J'ai accepté, en
accord avec le ministre des Affaires municipales, de suspendre les
unités de regroupement en milieu rural, de manière à voir
toutes les implications de ces unités de regroupement. Le ministre et le
ministère des Affaires municipales étaient entièrement
d'accord sur cette décision.
M. LOUBIER: Le premier ministre pourrait-il nous dire s'il va continuer
à être l'interlocuteur valable, comme il l'a dit, auprès
des représentants des conseils de comté et des
municipalités?
M. BOURASSA: Quand on me le demande, M. le Président, j'accepte
toujours de rencontrer l'Union des conseils de comté, comme le chef de
l'Opposition, le chef du Ralliement créditiste ou le chef du Parti
québécois.
M. LOUBIER: Dans un même ordre d'idée, et sur un ton
beaucoup plus sérieux, est-ce que le premier ministre va former
très bientôt le comité juridique qui sera chargé
d'étudier et d'évaluer tous les projets de loi qui ont
été adoptés au nom du ministère des Affaires
municipales au cours des dernières années plus
spécifiquement au cours des derniers mois et plus
spécialement les bills 48 et 276?
M. BOURASSA: Les représentations vont être faites par le
comité juridique formé par l'Union des conseils de comté
au gouvernement et au ministère des Affaires municipales. Nous allons
les examiner avec le plus grand soin.
M. LOUBIER: Dernière question supplémentaire. Est-ce que
ceci signifie que le premier ministre suspend l'application des bills 48, 276
et 53, étant donné qu'il en demande la réévaluation
et la révision?
M. BOURASSA: IL n'y a pas de suspension, le chef de l'Opposition le sait
fort bien.
M. LOUBIER: De l'application.
M. BOURASSA: Pas de suspension de l'application des projets de loi,
c'est évident, mais il y a suspension dans certains secteurs.
C'est-à-dire que, sur le plan administratif, le gouvernement va
suspendre pour l'instant les unités de regroupement en milieu rural. La
loi demeure telle qu'elle est, mais c'est normal que nous puissions examiner
les implications de tous ces regroupements. Le chef de l'Opposition a dit
lui-même vendredi qu'il était d'accord en principe sur la position
du gouvernement.
M. LOUBIER: Non.
M. DEMERS: Vous êtes rendu parent avec Smallwood, là.
M. BOURASSA: C'est ce que j'ai compris du chef de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BOURASSA: De toute façon, en pratique nous voulons examiner
les implications de ces projets de loi. C'est tout à fait normal dans la
démarche du gouvernement ou de n'importe quel gouvernement
responsable.
M. CROISETIERE: Le premier ministre veut aider son candidat dans
Gatineau.
M. PAUL: Question additionnelle. Est-ce que l'honorable premier ministre
peut nous dire ce qu'il va advenir des unités de regroupement mixtes? Il
a parlé de regroupement en milieu rural. Lorsqu'il s'agit du
regroupement d'une corporation de ville avec une corporation rurale, que se
passera-t-il?
En deuxième lieu, est-ce qu'il y aurait possibilité de
savoir si le premier ministre a l'intention de demander à la Commission
municipale de suspendre les auditions publiques qu'elle avait
déjà fixées pour étudier les représentations
des corps intéressés en regard des unités de regroupement
déjà fixées par le ministre des Affaires municipales?
M. BOURASSA: Je sais qu'il y a un cas particulier qui intéresse
l'ancien ministre et je lui dis que dès l'arrivée à
Québec du ministre des Affaires municipales je vais en discuter avec lui
ce soir.
M. PAUL: C'est pour la deuxième partie. Mais, pour la
première partie, est-ce que le premier ministre peut nous faire
connaître quelle est l'attitude qu'il entend tenir en regard des
unités de regroupement mixtes?
M. BOURASSA: M. le Président, je vais en discuter avec le
ministre pour voir le nombre de cas qui sont réellement impliqués
et le ministre pourra répondre demain.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que le premier
ministre pourrait également étudier le cas des
municipalités rurales qui sont comprises dans le programme de
réaménagement municipal dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean?
M. BOURASSA: Certainement, M. le Président, mais je tiens
à souligner encore une fois
que le chef de l'Opposition officielle, vendredi, a été
incapable de donner un seul exemple de regroupement forcé.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LOUBIER: M. le Président, je regrette. Vendredi, j'ai
donné différents cas et le député de Chicoutimi a
également fait des affirmations qui n'ont pas été
contredites par le ministre des Affaires municipales. J'ai parlé
également du cas de Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il s'agit d'une question de
privilège?
M. LOUBIER: Oui, je réponds parce que...
M. LE PRESIDENT: Bon, sans entraîner le débat.
M. LOUBIER: D'accord. M. le Président, j'ai également
parlé de l'unité de regroupement qu'on avait prévue pour
Hull, Aylmer, Deschênes, Touraine, etc.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LOUBIER: J'ai parlé aussi de Sillery.
M. LEGER: M. le Président, une question supplémentaire au
premier ministre concernant un aspect de la question que le chef de
l'Opposition a posée et à laquelle on n'a pas répondu.
Est-ce que le premier ministre a l'intention de diriger lui-même la
délégation du Québec à la conférence
tripartite du fait qu'il est impensable qu'un ministre en tutelle dirige cette
délégation et qu'il n'aurait pas d'autorité auprès
des municipalités qui seront présentes à cette commission
tripartite?
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai déjà
répondu. Je comprends que le député veuille faire des
blagues pour se remonter le moral avant l'examen de conscience du PQ le 18
novembre, mais il n'y a pas de changement pour l'instant à la
composition de la délégation du gouvernement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. ROY (Lévis): Une question supplémentaire, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis.
M. ROY (Lévis): Est-ce que le premier ministre pense qu'il pourra
encore avoir une discussion avec l'honorable ministre des Affaires municipales?
Est-ce que le premier ministre pense qu'il y a encore moyen de faire quelque
chose avec lui? Je crois qu'on est rendu...
M. BOURASSA: M. le Président, je pense que le ministre, vendredi
matin, a répondu avec toute la conviction et la compétence
nécessaires aux objections du député en question.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
Grève à l'Hydro-Québec
M. BOIS: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Richesses naturelles. Est-ce que, devant la grève de
l'Hydro-Québec, le ministre pourrait dire à cette Chambre si des
mesures de sécurité ont été prises concernant les
endroits stratégiques? Deuxièmement, à l'heure où
nous nous parlons, est-ce que l'honorable ministre pourrait dire à cette
Chambre où en sont rendues les négociations?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, la situation concernant
le conflit que vous mentionnez ne présente actuellement rien
d'inquiétant. Des pannes ont eu lieu, certaines ont été
réparées. Le syndicat et l'Hydro, comme vous le savez, ne
s'entendent pas sur les services essentiels. D'autre part, j'ai l'impression
que les parties semblent prêtes à reprendre les
négociations et je pense qu'il faut favoriser cette reprise.
M. ROY (Beauce): Une question supplémentaire, M. le
Président...
M. BOURASSA : Je viens tout juste de parler au ministre du Travail, M.
Cournoyer, et M. Cournoyer m'a assuré qu'à la suite d'une
conversation entre le ministère du Travail et la direction du syndicat
et à la suite d'une demande que j'avais faite personnellement, le
syndicat a tenu à assurer que les pannes dont pourrait souffrir la
population seraient immédiatement réparées par les
ouvriers syndiqués.
M. ROY (Beauce): M. le Président, une question additionnelle. Si
le conflit dure, est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il a l'intention
de prendre les dispositions qui s'imposent pour intervenir directement dans ce
conflit, quitte à forcer ou encore à obliger les parties
négociantes à se réunir et trouver des moyens
d'entente?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, il n'est pas de ma
juridiction d'intervenir dans ce conflit. Je pense qu'il faudrait poser la
question au ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
UNE VOIX: C'est assez mêlé comme ça.
M. CROISETIERE: Le ministre de la noirceur.
M. ROY (Beauce): J'ai posé la question au premier ministre.
Est-ce que le premier ministre
pourrait nous dire quelles seraient les intentions de son gouvernement,
en réponse à la question que je viens de poser au ministre des
Richesses naturelles?
M. BOURASSA: Comme je viens de le dire, M. le Président, le
syndicat a assuré le ministère du Travail que la population ne
souffrirait pas de la grève actuellement en cours, et le
ministère du Travail est totalement à la disposition des deux
parties.
M. ROY (Beauce): Même si le conflit persiste, si le conflit risque
de durer pendant un certain temps, est-ce que le gouvernement envisage
actuellement de préparer un projet de loi ou de présenter un
projet de loi devant cette Chambre, si cela s'avérait
nécessaire?
M.BOURASSA: M. le Président, je pense qu'au cours des derniers
mois on n'a pas montré qu'on se défilait devant nos
responsabilités. Tout dépendra de l'évolution du conflit
et tout dépendra des conséquences. Il y a eu une grève de
l'Hydro-Ontario qui a duré, je ne sais pas, plus de 100 jours. Le
syndicat a dit qu'il n'était pas question que la santé et la
sécurité publiques soient affectées.
M. ROY (Beauce): M. le Président, une question additionnelle.
Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire quels seraient, selon lui,
les délais qu'il pourrait déterminer avant que le gouvernement
puisse intervenir directement?
M.BOURASSA: Le député aura l'occasion, tous les jours de
la session, de poser des questions à la lumière de
l'évolution de la grève.
M. ROY (Beauce): Est-ce que ça veut dire que si, dans dix jours
par exemple, le conflit n'était pas réglé, le gouvernement
songerait à intervenir?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il s'agit d'une question fort
hypothétique...
M. BOURASSA: C'est ce que ça veut dire.
M. LE PRESIDENT: ... et c'est prévu dans nos règlements. A
l'ordre! C'est prévu dans les règlements.
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce que le premier ministre, dans
sa conversation avec la voix autorisée du syndicat, a eu une
révision quant à l'attitude du syndicat à l'endroit des
quartiers résidentiels? On avait déclaré qu'il n'y aurait
pas de dépannage dans les quartiers résidentiels. Est-ce que le
syndicat a donné l'assurance que, même dans les quartiers
résidentiels, s'il y avait panne ou défectuosité, on irait
faire les réparations qui s'imposent?
M. BOURASSA: M. le Président, je ne puis répéter ce
que j'ai dit. Le ministre du Travail ne m'a pas parlé de détails
sur les différents secteurs ou les différentes catégories
d'abonnés, mais à la suite d'une demande que j'ai faite, M.
Brûlé, le directeur du syndicat, a assuré le
ministère du Travail que la population ne souffrirait pas. Alors, je
suppose que ça implique ce que vient de signaler ou de suggérer
le chef de l'Opposition.
M. LAURIN: Une question supplémentaire, M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: La question principale a été
posée. Oui le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: Oui, ma question s'adresse encore au ministre des Richesses
naturelles. Est-ce que la demande syndicale concernant la parité avec
l'Hydro-Ontario est une de celles que le gouvernement entend considérer
à sa valeur réelle?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je pense qu'il ne serait
pas de mise que le ministre des Richesses naturelles fasse des
déclarations à ce moment-ci sur les négociations qui sont
toujours en cours.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: Ma question additionnelle est la suivante, M. le
Président. Est-ce que le ministre des Richesses naturelles peut assurer
la population que les services seront maintenus dans les quartiers
résidentielles? Cela fait suite à la question du
député de Bellechasse, parce que le représentant syndical
a affirmé le contraire. Est-ce que la population peut être
assurée d'un service maintenu dans les quartiers résidentiels? Le
contraire a été affirmé hier.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai répondu tantôt,
et les syndicats eux-mêmes...
M. GUAY: Ce n'est pas sûr.
M.BOURASSA: ... ont dit qu'ils assureraient tous les cas où la
santé publique et la sécurité publique seraient en cause.
Alors je ne puis que vous référer aux déclarations
même du syndicat.
M. GUAY: Ce n'est pas clair.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, une question
supplémentaire.
Est-ce que le premier ministre entend profiter du conflit que nous avons
présentement, à la suite de différents autres conflits,
pour repenser le code du travail et essayer d'éviter ceux qui pourraient
venir par la suite? Est-ce l'intention du gouvernement de repenser le code du
travail
et d'avoir recours plutôt à des tribunaux du travail qu'au
droit de grève comme on le fait présentement dans le secteur
public?
M. BOURASSA: M. le Président, j'accueille avec plaisir le
député de Rouyn-Noranda à la suite de sa tournée et
avant une autre tournée qu'il doit faire dans les prochains mois.
J'ai déjà annoncé, il y a quelques mois, que le
gouvernement, sous la direction du député de Deux-Montagnes,
ancien ministre de la Fonction publique, étudiait différentes
mesures à prendre pour éviter les effets les plus sérieux
de ce genre de grève.
M. SAMSON: M. le Président, question supplémentaire. C'est
vrai que j'ai fait une certaine tournée. Le premier ministre aurait
certainement eu avantage à en faire autant, il serait plus au courant
des problèmes du Québec présentement...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAMSON: Il pourrait sûrement repenser la politique...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAMSON: Est-ce que le premier ministre c'est là ma
question, M. le Président a l'intention d'envisager la
création de tribunaux du travail pour que ces conflits soient
réglés autrement que par des grèves?
M. BOURASSA: On a quand même signé une douzaine de
conventions collectives avec les différents groupes, il n'y a que les
enseignants qui ont été assujettis à un décret.
Mais cela n'empêche pas le gouvernement de continuer l'étude qu'il
avait entreprise relativement à différentes mesures qui peuvent
être pertinentes dans ce genre de conflit.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget. Question
supplémentaire?
M. LAURIN: Oui, au premier ministre. Premièrement, jusqu'à
quel point une grève prolongée pourrait-elle mettre en danger
l'échéancier prévu pour les travaux de la baie James?
Deuxièmement, est-ce que le premier ministre pourrait commenter la
nouvelle parue récemment indiquant que la Société
d'énergie de la baie James aurait signé un contrat de plus de
$150 millions avec la société Bechtel pour s'assurer les services
de cette entreprise à titre de principal gérant des travaux de la
baie James?
M. LE PRESIDENT: J'accepte la première partie de la question
comme question supplémentaire, étant donné que le prochain
député qui doit poser une question principale est le
député de Bourget; vous pourrez donc la répéter
comme question principale. Je crois que l'on peut répondre à la
première partie.
M. BOURASSA: M. le Président, les travaux de la baie James ne
paraissent pas compromis, pour le moment du moins, par la grève en
cours.
Quant à la deuxième question, je me demande si elle ne
pourrait pas être mise au feuilleton, pour ce qui a trait au contrat qui
a pu être négocié entre la firme américaine...
M. LAURIN: Je n'ai pas besoin de la mettre au feuilleton, j'ai
demandé vos commentaires sur cette nouvelle.
M. BOURASSA: La nouvelle est parue dans quel journal?
M. LAURIN: Vous lisez tous les journaux que je lis.
DES VOIX: Il l'a posée sa question. UNE VOIX: Il y a
répondu.
Modification à la Loi de l'aide sociale
M. LAURIN: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Affaires sociales. Un arrêté ministériel, paru
récemment dans la Gazette officielle du 16 septembre, restreignait
à trois cas, c'est-à-dire grossesse, lactation maternelle et
diabète, les cas où un bénéficiaire de la Loi de
l'aide sociale pouvait recevoir un supplément pour la diète.
Est-ce que le ministre est au courant ou est conscient que des milliers
d'assistés sociaux, surtout les défavorisés, les
démunis, que ce soient des enfants, des adolescents ou des adultes,
risquent ainsi d'être privés d'une aide dont ils ont absolument
besoin, étant donné que les allocations prévues par la loi
pour la nourriture sont manifestement insuffisantes devant la hausse du
coût de la vie considérable que nous avons connue
récemment? Est-ce que le ministre est au courant ou est conscient que
plusieurs milliers de ces gens ont besoin de la diète
hyperprotéique ou hypercalorique que les médecins leur
prescrivaient pour tout simplement conserver leur état de
santé?
M. CASTONGUAY: M. le Président, cette modification, que nous
avons apportée au règlement de la Loi d'aide sociale en septembre
dernier, visait à rétablir une situation, en définitive,
parce que ce règlement avait été introduit pour des cas
vraiment particuliers. Au cours des derniers mois, on s'en est servi à
toutes sortes de fins. Le fait, par contre, d'avoir modifié le
règlement crée des difficultés, nous en sommes conscients,
et c'est pourquoi dès jeudi de cette semaine, je ferai une
déclaration complète sur les moyens que le gouvernement prend
pour améliorer cette situation.
M. LESSARD: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre, dans la déclaration qu'il nous fera jeudi, nous
proposera un nouveau plan concernant ce qu'on appelle le "NVPD" (nourriture,
vêtements, dépenses personnelles et téléphones) de
façon que, si ces gens perdent des montants qu'on leur accordait
auparavant, ils puissent au moins compter sur un nouveau montant pour leurs
dépenses personnelles? Ce montant, qui est absolument insatisfaisant
à l'heure actuelle, peut devenir satisfaisant si le ministre
décide de corriger la situation. En particulier en ce qui concerne les
vieillards et les invalides, c'est vraiment ridicule.
M. CASTONGUAY: M. le Président, si j'ai dit que je dirais jeudi
ce que le gouvernement entend faire, c'est que je veux le faire jeudi et non
aujourd'hui. Je répondrai à cette question jeudi.
M. CHARRON: Question additionnelle. Sur ce problème, puisqu'il
remet en lumière toute la faiblesse de la politique sociale du
gouvernement, est-ce que le ministre pourrait nous expliquer, puisqu'il est de
retour en Chambre, pourquoi il n'a pas profité de la campagne
électorale, comme il s'était engagé à le faire,
pour soulever tout le problème de la politique sociale du
gouvernement?
UNE VOIX: Il va y en avoir une autre et il va se reprendre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Question supplémentaire.
M. LE PRESIDENT: Question supplémentaire?
M. LAURIN: Question supplémentaire. Dans la déclaration
qu'il nous fera jeudi, le ministre pourrait-il nous parler également de
l'abolition des mécanismes qui avaient été prévus
pour venir en aide aux personnes qui avaient des besoins extraordinaires ou des
besoins spéciaux? Jusqu'au 1er janvier 1972, c'était par
arrêté ministériel qu'on parait à ces besoins.
Depuis quelque temps, le mécanisme a été aboli. Est-ce que
le ministre peut nous dire par quel mécanisme il remplacera le
mécanisme aboli pour qu'au niveau régional aussi bien qu'au
niveau local on tienne compte des besoins spéciaux extraordinaires et
urgents de certaines personnes qui bénéficient de la Loi de
l'aide sociale?
M. CASTONGUAY: M. le Président, avant de répondre à
cette question, je voudrais simplement dire au député de
Saint-Jacques que ce ne sont pas nécessairement ceux qui parlent le plus
souvent qui ont des coups qui portent.
M. CHARRON: Cela n'a pas paru trop, trop, et ce n'est pas ce que vous
avez dit au mois de mai.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait à la question du
député de Bourget, je devrais d'abord dire que les paiements qui
étaient faits par voie d'arrêtés en conseil jusqu'au 1er
janvier 1972, n'étaient pas légaux, en fait. Le
vérificateur général nous a signalé ce fait et il
n'y a aucune autorité, dans la Loi de l'aide sociale, qui permette au
lieutenant-gouverneur en conseil d'ajouter aux montants prévus dans les
règlements. C'est pourquoi nous avons apporté certains
changements en cours d'année pour corriger des situations
particulières, comme au titre du logement et de l'équité
que l'on peut avoir dans une maison. J'ajouterai d'autres modifications
jeudi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. LEGER: Question supplémentaire.
M. LE PRESIDENT: Question supplémentaire?
M. LEGER: Oui, au ministre des Affaires sociales. A la suite de la
remarque du député de Saint-Jacques, quand le ministre
prévoit-il pouvoir mesurer les effets d'un refus de parler du ministre
quand c'était le temps de le faire?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais demander au
ministre, étant donné qu'il fera une déclaration, jeudi
évidemment, je ne voudrais pas anticiper sur cette
déclaration s'il peut déjà nous dire s'il va
annoncer des modifications à la loi no 26 ou à la
réglementation de la Loi de l'aide sociale. Si ce sont des modifications
à la réglementation, est-ce qu'elles porteront sur les tables
d'assistance versée aux assistés sociaux? Si ce sont des
modifications aux tables, est-ce que le ministre des Finances pourrait nous
dire s'il va y avoir un budget supplémentaire?
M. CASTONGUAY: Ce seront des modifications aux règlements de la
Loi de l'aide sociale qui vont être annoncées jeudi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
Perte de récoltes
M. DEMERS: Ma question s'adresse au ministre de l'Agriculture. Le
ministre pourrait-il me dire si le nombre des comtés
désignés comme zones sinistrées est définitif ou
s'il a l'intention d'en ajouter d'autres?
M. TOUPIN: Je voulais justement répondre à
cette question après la période des questions. Puisque le
député de Saint-Maurice me la pose à nouveau, je vais
donner quelques précisions. Nous avons, à la suite
d'enquêtes menées de façon un peu plus approfondie, convenu
d'ajouter non pas des comtés, mais des paroisses aux régions
déjà désignées.
Nous allons ajouter sept paroisses du comté de Lotbinière,
soit les paroisses de Deschaillons, Val-Alain, Parisville, Sainte-Agathe,
Villeroy, Sainte-Françoise et Fortierville.
A la suite d'études dans d'autres comtés, nous avons
convenu de désigner la municipalité d'Eardley, dans le
comté de Gatineau, qui est une très grande municipalité,
qui se situe exactement... Je ne dirai pas ce que le député de
Maskinongé veut que je dise...
M. DEMERS: On voulait avoir des nouvelles, on en a !
M. TOUPIN: ... en périphérie d'un comté qui a
déjà été déclaré
désigné. Quand nous regardons, par exemple,...
M. DEMERS: Quel comté?
M. TOUPIN: ... les résultats des observations faites concernant
les précipitations, nous nous rendons compte que cette partie du
comté était déjà passablement impliquée dans
des précipitations un peu plus fortes que dans d'autres
régions.
M. CROISETIERE: Dans quel comté?
M. TOUPIN: Ce sont les six ou sept municipalités que nous avons
convenu d'ajouter, mais les enquêtes menées ne démontrent
pas que nous devrons ajouter ou d'autres comtés ou d'autres paroisses.
Ces déclarations de zones désignées nous paraissent
finales.
M. DEMERS: Question additionnelle, M. le Président. La
municipalité d'Eardley est voisine de quel comté qui est zone
désignée? Est-ce que c'est voisin de Papineau?
M. TOUPIN: Je ne connais pas tellement la carte.
M. DEMERS: Non?
M. TOUPIN: C'est passablement technique. M. DEMERS: Nous avons la carte,
nous. M. TOUPIN : Mais je pense qu'on peut...
M. DEMERS: C'est qu'elle est voisine du comté de Pontiac, qui
n'est pas zone désignée.
M. TOUPIN : A la suite des recherches et des études faites,
notamment des enquêtes menées, cela fait longtemps qu'on nous
demande bien avant que les questions électorales viennent
de déclarer cette section zone sinistrée. Le député
de Saint-Maurice n'a pas un mot à dire là-dessus. Le candidat de
l'UQ...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. PAUL: Un instant.
M. TOUPIN: ... se bat à tout rompre pour faire déclarer
cette zone comme désignée.
M. CROISETIERE : Le ministre est nerveux.
M. DEMERS: M. le Président, le candidat de l'UQ ainsi que la
Fédération de l'UPA ont demandé dix fois au ministre
dix lettres et dix télégrammes de désigner
le comté au complet. Là, vous prenez une municipalité pour
faire plaisir à certains coins.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TOUPIN: M. le Président, j'ai eu deux appels
téléphoniques et deux télégrammes. Le
député de Saint-Maurice, là-dessus, est mal
renseigné.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: M. le Président, une question additionnelle.
M. DEMERS: ... il faut préparer les
télégraphes.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que,
sur un ton beaucoup plus serein et dégagé de toute poussée
fiévreuse électorale, le ministre pourrait nous dire si c'est
définitif, comme le demandait le député de Saint-Maurice,
qu'il n'y aura pas d'autre désignation par le rhinistre de l'Agriculture
du Québec, soit pour d'autres comtés en entier ou soit pour des
paroisses de différents comtés? Je demanderais au ministre si
également, dans le comté de Gatineau, puisque c'est lui qui en a
parlé le premier, c'est la seule paroisse qui a été
désignée par le ministre de l'Agriculture du Québec et
recommandée au gouvernement central, afin qu'il verse les subventions de
$400 à ces fermiers qui sont éprouvés par des pertes.
M. TOUPIN: M. le Président, je vais répéter ce que
j'ai dit tantôt. Ce sont les seules municipalités que nous allons
ajouter aux comtés déjà déclarés
sinistrés.
M. LOUBIER: C'est définitif.
M. TOUPIN: Il n'en est plus question maintenant, ni pour l'avenir. C'est
final. D'autres paroisses ou comtés ne seront pas désignés
à nouveau.
M. PAUL: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Question.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je désire vous donner
avis que, suite aux déclarations que le ministre de l'Agriculture vient
de faire et qui ne sont pas tout à fait conformes avec la correspondance
qu'il aurait échangée, je désire inscrire un grief...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il y a une autre manière: Cela
se...
M. ROY (Beauce): ... pour jeudi soir.
M. LE PRESIDENT: ... fait par écrit après la
période des questions.
M. ROY (Beauce): Oui, je peux le faire par écrit, mais je veux
vous en donner un avis verbal, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Suivez le règlement. Cela se fait avant cinq
heures, par écrit. L'honorable député de
Mégantic.
Ensemencement des nuages
M. DUMONT: Merci M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre des Richesses naturelles. A la suite des déclarations du
ministre à l'effet qu'aucun ensemencement des nuages n'avait eu lieu
depuis 1964, au Québec,...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. DUMONT: ... j'ai reçu deux lettres de ministres d'Ottawa.
D'abord, du ministre des Transports, Don Jamieson, disant que la compagnie
Newfoundland Air Transport avait un permis pour agir dans tout le Canada sans
restriction territoriale.
La deuxième confirme je l'ai reçue récemment
que 100 heures de vol pour 33 missions ont été accomplies
au Canada.
M. LE PRESIDENT: Question!
M. DUMONT: Elle vient du ministre de la Défense. Ma question est
la suivante: Le ministre peut-il continuer à maintenir ses
récentes déclarations ou s'il va déclarer que ces deux
ministres n'ont pas dit la vérité, à Ottawa?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je maintiens mes
déclarations. Quant aux lettres qui ont pu être écrites par
les ministres fédéraux, si le député de
Mégantic a des preuves à l'effet que ces compagnies ont fait de
l'ensemencement au Québec, je le prierais d'aviser le procureur
général, en lui donnant ses preuves, afin qu'une action soit
prise, parce qu'au ministère aucun permis n'a été
émis jusqu'à maintenant.
M. DUMONT: Une question supplémentaire, M. le Président.
Le ministre m'ayant refusé une enquête royale, je renouvelle cette
demande de faire comparaître Bernard Power, qui est président de
Génie Météo et de Water Engineering...
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, on veut des preuves!
M. DUMONT: ... et qui a actionné le gouvernement américain
pour $95 millions. Est-ce que le ministre des Richesses naturelles est au
courant qu'au Québec il y a un Canadien français qui a
actionné le gouvernement américain pour $95 millions, parce qu'on
se sert du "weathercord", pour répandre l'iodure d'argent?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, cela n'a aucun
rapport.
M. DUMONT: Est-il au courant de ces faits?
M. MASSE (Arthabaska): Je suis au courant des faits, M. le
Président, mais cela n'a aucun rapport avec la loi que nous avons
à appliquer, nous, au ministère des Richesses naturelles.
M. LE PRESIDENT: Dernière question.
M. DUMONT: Une question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il est au courant que cedit Bernard
Power se sert du centrex téléphonique du gouvernement
fédéral pour diffuser, de Dorval, tous les rapports de la
météo à sa compagnie américaine?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Cela n'a aucun rapport avec la question
principale. L'honorable député de Saint-Jacques.
M. ROY (Beauce): M. le Président, étant donné
l'importance de cette question...
M. LOUBIER: Une question additionnelle, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): ... et l'intérêt qu'elle suscite, je pense
qu'on devrait quand même permettre au député de
Mégantic de donner des explications...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ROY (Beauce): ... pour permettre à l'honorable ministre des
Richesses naturelles de répondre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai bien
écouté la dernière question supplémentaire
qui a été posée. A ma connaissance et d'après les
mots employés, cela n'a pas de rapport direct avec la question
principale qui avait été posée. L'honorable
député de Mégantic voudrait-il formuler autrement sa
question supplémentaire?
M. DUMONT: Je ne suis pas satisfait des réponses du ministre. Je
demande donc, à onze heures, la réplique.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. LOUBIER: Dans le même ordre d'idées, pourrais-je
demander au ministre des Richesses naturelles s'il se propose,
éventuellement, de prendre une action en libelle de $1 contre le
député de Mégantic?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
député de Mégantic a dit que le ministre n'avait pas
répondu à sa satisfaction à la question qu'il avait
posée. La question qu'il avait posée, M. le Président
je vous le soumets bien humblement n'est pas recevable. Il
s'agissait d'une action prise par certaines personnes et cela, en collaboration
avec des institutions fédérales. Je ne vois pas du tout comment
le ministre peut être appelé à répondre à une
question qui n'est pas de juridiction provinciale.
M. DUMONT: Et celle de l'ensemencement des nuages? Il n'a pas l'air de
le savoir.
M. LEVESQUE: M. le Président, avant que vous puissiez accepter ce
minidébat ce soir, je crois qu'on doit se prononcer sur la
recevabilité de la question.
M. LE PRESIDENT: En vertu du règlement, les députés
qui se déclarent non satisfaits des réponses apportées
à leurs questions doivent donner un avis écrit. Je ne peux pas
présupposer de la demande du député de Mégantic.
Peut-être, s'appliquera-t-elle à la question principale. Je ne
sais pas sur quoi sa plainte portera; je jugerai avant de prendre ma
décision, à six heures.
Dernière question principale, l'honorable député de
Saint-Jacques.
CEGEP de Saint-Hyacinthe
M. CHARRON: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
l'Education. Elle porte sur le CEGEP de Saint-Hyacinthe, mais, M. le
Président, le cas le ministre en conviendra peut se
généraliser. Donc, je crois qu'elle est d'intérêt
général. Le ministre peut-il nous dire, d'abord, si la Direction
générale de l'enseignement collégial avait suivi,
évalué et commenté l'expérience de cogestion qui
s'était faite au niveau des services aux étudiants, au CEGEP?
Deuxièmement, le ministre a-t-il l'intention de donner suite à la
pétition qu'il a maintenant entre les mains, signée par 900
étudiants du CEGEP qui demandent de se prévaloir de la loi no 30,
prévoyant la nomination d'un commissaire-enquêteur sur
l'administration du CEGEP?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Saint-Jacques fait
allusion à une situation particulière qui existe actuellement au
campus de Saint-Hyacinthe. Cette situation est un problème de
régie interne qui concerne le renvoi d'un employé. Le
ministère a en effet reçu une pétition signée de
quelques étudiants demandant que l'on nomme un
commissaire-enquêteur.
Il n'est absolument pas question que l'on donne suite à une telle
requête, du moins pour le moment, parce que, dans l'esprit même de
nos institutions d'enseignement, qui est basé sur la
décentralisation, les collèges se trouvent à jouir d'une
certaine autonomie. Il me semble par conséquent que si le
ministère intervenait chaque fois qu'il y a des difficultés au
niveau d'un CEGEP, il irait à l'encontre de cet esprit et serait
peut-être encore plus blâmé.
Ceci ne signifie pas que le ministère se
désintéresse de l'évolution de cette affaire ou de
nombreuses affaires qui peuvent se produire dans d'autres collèges du
Québec. Il suit les situations de très près.
Mais je crois qu'il est extrêmement important de bien
délimiter les pouvoirs et de bien délimiter à quel niveau
ces pouvoirs doivent s'exercer. Une requête de nomination de
commissaire-enquêteur comporte des conséquences extrêmement
graves et il ne faut y recourir que dans des cas spéciaux.
Je crois, par conséquent, avoir répondu à la
première question ou à une partie de la question du
député de Saint-Jacques. Quant à la partie de sa question
qui porte sur la cogestion, il s'agit là d'un problème
extrêmement général, et ceci fait partie de la
réflexion qui se poursuit depuis déjà assez longtemps au
ministère de l'Education sur toute la structure des CEGEP et sur des
modifications éventuelles à la loi 21.
M. CHARRON: Question additionnelle. Est-ce que, quand même, depuis
le début du conflit la Direction générale de
l'enseignement collégial est intervenue de près ou de loin dans
la crise du campus Saint-Hyacinthe? Est-ce que le ministre croit qu'il peut
exister, dans une crise, un point de pourrissement, et est-ce qu'il attend ce
point de pourrissement avant d'intervenir de quelque façon que ce
soit?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, la situation est suivie quotidiennement, et
il n'est certainement pas question d'attendre que les choses se
dégradent avant d'intervenir.
Mais là encore la limite est extrêmement difficile à
tracer. Il faut tout de même, une fois pour toutes, qu'on se
décide au Québec à prendre ses responsabilités. Or,
les responsabilités, dans un domaine de régie interne, se situent
au niveau des CEGEP.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce est
prêt à apporter une réponse à une question
posée antérieurement.
Usine SOMA à Saint-Bruno
M. SAINT-PIERRE: A la suite d'une question du chef de l'Opposition
officielle, la semaine dernière, j'avais déclaré que
j'apporterais des précisions au sujet du statut de l'usine SOMA de
Saint-Bruno.
Après deux mois d'arrêt, l'usine SOMA a repris ses
activités le 8 septembre dernier. Elle occupe depuis lors environ 200
employés et elle a suffisamment de pièces en stock pour permettre
d'assembler plus de 1712 voitures. Il s'agit en fait d'une production de 15
voitures par jour pour les chaînes de montage.
Ce rythme de production permettra une continuité de l'emploi au
niveau actuel jusqu'au 28 février 1973. Il m'est agréable
d'informer cette Chambre qu'un accord de principe a été
récemment conclu entre la régie Renault et la
société SOMA et qu'il est possible que SOMA obtienne de la
régie Renault un certain nombre supplémentaire de voitures de
modèles 1973 devant être assemblées à Saint-Bruno,
afin de répondre aux besoins du marché canadien.
Cet accord de principe négocié à ce jour peut se
concrétiser par des ententes contractuelles entre la régie
Renault et la société SOMA. Il serait alors justifié de
déclarer que l'emploi au rythme actuel à cette usine pourrait se
poursuivre jusqu'au 30 juin 1973.
Je tiens à mentionner finalement que la société
SOMA, la SGF et les cadres supérieurs du ministère font tous les
efforts nécessaires afin de trouver un complément de production
ou une association avec un nouveau groupe. Des négociations et des
discussions se poursuivent actuellement, mais il me semble inapproprié
pour l'instant d'en dévoiler le nature.
L'évolution du dossier jusqu'à ce jour ne nous permet pas
un optimisme complet, mais l'intérêt manifesté par des
groupes étrangers est suffisant pour nous permettre de ne pas
désespérer.
M. LOUBIER: M. le Président, j'aurais une... M. LE PRESIDENT: Une
seule?
M. LOUBIER: Oui, une seule question. Je remercie d'abord le ministre de
sa réponse et je voudrais savoir si le groupe de rechange ou le groupe
qui pourrait éventuellement se substituer à Renault pourrait
donner une réponse vers le mois de janvier ou à une autre
date.
Est-ce qu'il en a été question au cours des
négociations?
M. SAINT-PIERRE: Les négociations se poursuivent avec plus d'un
groupe, et dans un des groupes les plus importants, nous croyons franchir une
étape importante vers le 1er décembre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales a à
répondre à une question, s'il vous plaît.
Institut Albert-Prévost
M. CASTONGUAY: M. le Président, le député de
Montmagny a posé une question la semaine dernière sur l'Institut
Albert-Prévost. Avant de répondre plus précisément
à sa question, je voudrais faire un bref rappel pour bien situer dans
quel contexte les décisions ont été prises.
On se souviendra d'abord qu'en 1962, il y a eu enquête publique
quant à un conflit à l'intérieur de l'Institut
Albert-Prévost. Je mentionne ce fait pour rappeler que les
difficultés au sein de cette institution remontent à un certain
nombre d'années. Depuis, d'autres difficultés ont eu lieu
sporadiquement. Au printemps, la situation s'est
détériorée subitement avec l'arrêt assez
général du travail dans le secteur public et parapublic et,
à la suite de l'adoption de la Loi 19, il y a eu un nouvel arrêt
de travail alors que la loi était pourtant suffisamment claire.
A ce moment, quatre médecins membres du comité
exécutif du bureau médical se sont associés aux
employés syndiqués qui avaient suspendu leur travail alors que,
précisément, la fonction d'un bureau médical est d'assurer
la qualité, les soins, la protection des malades. Il s'agissait
là d'un geste relativement sérieux.
Nous avons nommé un médiateur, Me Jules Corbeil, qui a
fait en sorte que le travail puisse reprendre à l'Institut
Albert-Prévost et des sanctions ont été prises à
l'endroit d'employés syndiqués; congédiements, vacances
plus accélérées et, dans certains cas, suspensions. Par la
suite, le conseil d'administration a jugé nécessaire de suspendre
quatre médecins membres du comité exécutif. Par la suite,
il a changé cette suspension en congédiement.
Nous avons toujours maintenu notre offre de conciliation par la voix de
Me Corbeil, à l'occasion du déroulement de tous ces
événements. Plus tard, on m'a demandé d'instituer une
enquête publique. Etant donné le fait qu'une première
enquête publique n'avait évidemment pas réglé la
situation à long terme à l'Institut Albert-Prévost, d'une
part; deuxièmement, il me semblait que les faits étaient
suffisamment clairs, ce qui d'ailleurs avait été confirmé
par un rapport du Collège des médecins et chirurgiens que j'avais
reçu, j'ai refusé cette demande d'enquête.
Plus tard, on m'a demandé à nouveau d'in-
tervenir, et cette fois, à la fois les médecins me
demandaient d'intervenir et le conseil d'administration. Le conseil
d'administration mentionnait la possibilité d'une fusion avec
l'Hôpital Sacré-Coeur de Cartierville. J'ai accepté cette
demande et je leur ai demandé de mettre le processus de fusion en marche
parce qu'il me semblait qu'en fait le problème le plus profond à
l'Institut Albert-Prévost en est un de structures. Et aussi, cette
fusion s'insère dans les politiques du ministère qui vise
à rapprocher les services de santé physique et les services de
santé mentale.
Nous avons donc mis en marche le processus, nous avons eu des rencontres
avec les responsables de l'Hôpital Sacré-Coeur de Cartierville.
Nous avons rappelé à ce moment que le problème du
congédiement de quatre médecins devait être
réglé par les mécanismes prévus par la loi,
c'est-à-dire le conseil d'arbitrage. Les parties ont nommé leurs
arbitres et les arbitres se sont entendus sur la nomination d'un
troisième arbitre tel que le veut la loi, le juge Lippé. Mais il
semble que, pour diverses raisons, cet arbitrage ne s'est pas
déroulé très rapidement. Il semble que ni l'une partie ni
l'autre soit tellement intéressée à ce que l'arbitrage
s'effectue dans des délais raisonnables.
Depuis, l'événement suivant s'est produit, et je
mentionnais d'ailleurs le 12 octobre qu'il y avait lieu de croire que le
problème à long terme ne serait pas résolu simplement par
le recours à l'arbitrage. C'est pourquoi il nous fallait envisager la
fusion. La situation s'est détériorée encore plus
rapidement et les médecins ont démissionné.
C'est pourquoi j'ai décidé, me servant des dispositions de
l'article 120 de la loi 65, de prendre en main l'administration de l'Institut
Albert-Prévost et un administrateur va être nommé. Les
pourparlers sont en cours présentement avec un individu qui est mesure,
au plan de la capacité, de la responsabilité, de la
compétence, de prendre une telle administration en main. Je compte
être en mesure de donner le nom de cette personne demain.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vendredi dernier, le
premier ministre m'avait promis de me donner une réponse concernant une
question qui regarde le ministre des Affaires sociales. S'il ne peut pas le
faire aujourd'hui, il pourrait peut-être le faire demain, mais je lui
rappelle que...
M. BOURASSA: J'en ai parlé avec le ministre hier soir et il m'a
dit qu'il aurait une réponse aujourd'hui ou demain.
M. CASTONGUAY: D'ailleurs, j'ai vu la question du député
dans la presse internationale, avant même de revenir au
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie le
ministre.
Demande de débat d'urgence: grève
à l'Hydro-Québec
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. Le député de
Maisonneuve m'a donné un préavis pour un débat d'urgence
sur la grève actuelle à l'Hydro-Québec. Tel que le
règlement l'exige, est-ce que le député de Maisonneuve
pourrait me donner de brèves explications, sans aller au fond de la
question?
M. Robert Burns
M. BURNS: Evidemment, M. le Président. Selon l'esprit même
du règlement, précisément l'article 80, je dois, pour que
vous jugiez recevable ma motion, vous convaincre qu'il y a situation grave et
que, d'autre part, il y a urgence d'en discuter. Quant au premier point, M. le
Président, la gravité de la situation, je pense que c'est
là que je vais avoir le moins de difficulté à vous
convaincre.
Il est de notoriété publique, actuellement, qu'une
grève sévit à l'Hydro-Québec et elle vise
au-delà de 8,000 employés. Je pense que je n'ai pas non plus
à insister sur le fait que l'électricité est un service
public de première importance, ce qui à mon avis ajoute à
l'aspect de gravité.
D'autre part, M. le Président, c'est quelque chose qui est
susceptible de toucher l'ensemble de la population. Je pense que
l'électricité, actuellement, comme service public est de
première nécessité partout dans le Québec. D'autre
part, et ç'a été confirmé tantôt au cours de
la période de questions, il n'existe actuellement aucune entente
concernant les services essentiels. Il ne s'agit pas de blâmer l'une ou
l'autre partie, c'est un fait qu'il faut constater.
C'est pour cette raison-là qu'on ne peut pas blâmer l'une
ou l'autre partie, il s'agit là d'une lacune de notre législation
ouvrière au Québec, de notre code du travail, c'est-à-dire
qu'il n'y a pas véritablement de définition de services
essentiels. Donc, chaque partie peut avoir son interprétation. C'est
pour ça que je dis qu'il ne s'agit pas de blâmer l'une ou l'autre
partie.
D'autre part, selon nous, il y a urgence de discuter de ce
problème-là, pour la simple raison suivante. Il n'y a pas eu de
panne, de bris majeur qui puisse nous porter à nous inquiéter
dans l'immédiat. Mais, étant donné la nature même de
ce service public, il est possible que surviennent des conditions qui puissent
changer complètement la situation et ainsi la détériorer
de façon dommageable pour l'ensemble de la population. Par exemple, une
tempête pourrait amener d'une heure à l'autre du verglas. On sait
qu'on est rendu à la période de l'année où c'est
fort possible.
On n'a qu'à se rappeler ce qui est survenu dans le passé,
au cours de grandes tempêtes de verglas. Nous en avons connu
l'année dernière. Alors, selon moi, il y a urgence d'en
discuter
parce qu'il y a danger immédiat et constant qu'un
phénomène survienne. Comme il n'y a aucune entente relativement
aux services essentiels, la population serait mise en face d'un problème
très important.
J'insiste, M. le Président, sur le fait que ma motion n'a
strictement rien à faire avec la légalité de cette
grève. Il est clair aux yeux de tout le monde qu'il s'agit d'une
grève parfaitement légale.
Ceci doit être ajouté à l'examen de ce
problème et surtout au fait de décider s'il doit y avoir un
débat d'urgence. C'est une grève qui est parfaitement
légale. On sait qu'en vertu des dispositions du code du travail, une
injonction a été émise à la demande du
lieutenant-gouverneur en conseil, en vertu de l'article 99, plus
précisément, du code du travail. Cette injonction a interrompu
une grève qui avait déjà été
commencée et le délai prévu à cet article 99 est
maintenant écoulé. Le lieutenant-gouverneur en conseil, de par le
texte même de l'article 99, ne peut plus recourir aux dispositions de
l'article 99 à nouveau si la sécurité et la santé
publiques sont mises en danger.
Les employés de l'Hydro-Québec ont utilisé ce droit
de façon parfaitement légale sauf, comme je le mentionnais
tantôt, qu'une lacune dans le code du travail nous empêche de
savoir exactement ce qu'est un service essentiel. D'autre part, il n'y a aucun
doute que le problème soit, comme l'exige l'article 80, du ressort de
l'Assemblée nationale. L'Hydro-Québec est une corporation de la
couronne qui relève de l'Assemblée nationale. A ce moment-ci,
pendant que les esprits sont calmes de part et d'autre, n'y a-t-il pas lieu de
prévoir une intervention de l'Assemblée nationale? Il y a deux
interventions possibles, évidemment: il y en a une qui serait de laisser
pourrir la situation à un point tel qu'on revive des lois-matraques
comme on en a connu dans le passé.
Il y a, d'autre part c'est celle que je suggère, M. le
Président la solution froide dirais-je. Alors qu'il n'y a pas de
véritable état de crise nationale, on pourrait discuter de cette
affaire. Je mentionne, soit dit en passant, que le texte de l'article 80 est
beaucoup plus libéral libéral dans le bon sens du mot
que notre ancien règlement à ce sujet. Il nous demande
tout simplement d'avoir une question importante et qu'il est urgent de
discuter. Je me dis qu'il serait préférable qu'au cours d'un
débat, qui durerait le reste de la séance ou au moins
jusqu'à dix-huit heures, on puisse tenter de trouver diverses solutions
au problème actuel: cette situation grave, il n'y a pas de doute, mais
parfaitement légale et qui est quand même susceptible de causer
des problèmes à l'ensemble du public.
C'est pour cela, M. le Président, que, très
brièvement, je vous ai fait ces quelques remarques. Dans
l'intérêt du public et dans l'intérêt des
syndiqués, je propose que soit tenu immédiatement un débat
pour discuter une affaire importante, de la compétence de
l'Assemblée nationale et dont l'étude s'impose d'urgence, soit la
grève des employés de l'Hydro-Québec.
M. LEVESQUE: Si je comprends bien, M. le Président, le
règlement Lavoie ne nous permet pas d'apporter la moindre contribution;
autrement, il me semble qu'il aurait été facile de
détruire les arguments apportés par l'honorable
député de Maisonneuve.
Décision de M. le Président
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Pas d'influence indue. Je remercie le
député de Maisonneuve de m'avoir remis, comme il se devait,
d'ailleurs, un préavis de sa demande. Je le remercie également de
ses brefs commentaires à l'appui de cette même demande. Nous avons
établi depuis quelques années certains critères, contenus
d'ailleurs dans le nouveau règlement, qui doivent guider le
président dans sa décision à savoir s'il doit accepter ou
refuser un débat d'urgence.
Je pense bien que la plupart des conditions sont remplies, notamment en
ce qui concerne le point suivant: Cette question constitue-t-elle une affaire
déterminée, importante et d'intérêt public? Je
réponds: Oui. Tombe-t-elle dans les responsabilités
administratives du gouvernement? Je réponds: Oui, également.
Peut-elle être discutée dans un délai raisonnable par
d'autres moyens? Il existe d'autres moyens pour en discuter, même si dans
le temps, la longueur des moyens n'est peut-être pas satisfaisante, soit
par le minidébat ou autrement.
Les lieux derniers critères reconnus soit par notre
règlement ou soit par l'usage établi en cette Chambre
provoquent-ils une crise soudaine? C'est sûr que le problème est
grave. Par contre, cette grève n'a débuté qu'hier,
à ma connaissance. Est-ce qu'elle apporte une perturbation
sérieuse aux citoyens du Québec? Pas pour le moment. Je le
reconnais et le député de Maisonneuve l'a reconnu
également. Cette grève est récente, et les parties
semblent vouloir s'attabler pour tenter d'y trouver une solution.
Dernier critère: Doit-elle faire l'objet d'une étude qui
s'impose d'urgence par l'assemblée? Justement, à cause de cette
grève qui ne date que de 48 heures à peine, je me demande
personnellement s'il y aurait intérêt à ce qu'il y ait un
débat d'urgence sur cette question. Présentement, je sais que je
n'ai pas à juger pour savoir s'il y a intérêt ou non, mais
elle ne crée pas, pour le moment, une crise soudaine au Québec.
Et je voudrais être assez prudent également pour dire à
l'honorable député de Maisonneuve que si cette grève
durait plus longtemps et pouvait peut-être causer justement une crise
grave ou des perturbations sérieuses au bon fonctionnement de la vie
normale au Québec, je serais porté à l'accorder. Si le
député de Maisonneuve considère que cette situation
pourrait durer trop longtemps, je l'inviterais à
répéter sa demande. Peut-être que ma décision
serait autre.
Mais je ne suis pas convaincu que nous devions avoir, aujourd'hui
même, un débat sur cette question, avec la réserve que j'ai
mentionnée tout à l'heure.
M. LEVESQUE: M. le Président, je tiendrais simplement à
rappeler aux membres de cette Chambre que, demain, à dix heures de la
matinée, au salon rouge, la commission parlementaire spéciale sur
les corporations professionnelles se réunira, aux fins d'étudier
le projet de loi no 250, Code des professions et les autres projets de loi qui
lui sont connexes.
Article 6.
Projet de loi no 34 Deuxième lecture
(suite)
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Gaspé-Nord.
M. François Gagnon
M. GAGNON: M. le Président, il y a devant cette Chambre un projet
de loi extrêmement important, portant le numéro 34 et
intitulé Loi de la qualité de l'environnement. C'est un projet de
loi qui contient 127 articles. Pour la première fois au Québec,
le gouvernement, avec ce projet de loi, pénètre d'une
façon assez forte, assez puissante, dans le champ de la pollution. C'est
également un projet de loi qui a fait l'objet d'une critique du leader
de l'Opposition, le député de Maskinongé. Critique bien
pensée, bien sensée, bien dirigée et qui n'était
pas, comme l'a prétendu le ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives, dirigée contre le ministre
responsable de l'environnement, le député de D'Arcy-McGee, mais
plutôt une critique qui concernait la loi d'une façon toute
particulière.
Je connais le député de Maskinongé et je sais
qu'étant un expert en législation, qu'étant une des
personnes compétentes par ses années d'expérience, aussi
bien au Parlement du Québec qu'à celui d'Ottawa, il ne pouvait
pas, à cause de sa compétence, laisser passer un projet de loi
aussi important sans aller au fond de sa critique. D'ailleurs, le ministre des
Institutions financières a qualifié le discours du
député de Maskinongé de discours magistral. C'est que
lui-même, ministre des Institutions financières et avocat, avait
bien compris et saisi les critiques qui avaient été
dirigées, non pas contre le ministre lui-même, mais contre son
projet de loi.
L'on sait qu'un projet de loi s'identifie à un ministre comme le
ministre s'identifie à un projet de loi. Je sais pertinemment que c'est
à regret que le député de Maskinongé a eu à
faire une critique aussi difficile, aussi en profondeur, mais la chose
s'imposait. Personnellement je veux faire une brève
parenthèse pour ne pas être rappelé à l'ordre
je suis d'avis que, en ce qui me concerne, si j'avais fait, entre autres, une
critique beaucoup plus en profondeur contre les projets de loi sur
l'évaluation municipale et les fusions municipales, on n'aurait pas eu
les problèmes qu'on a eus et ceux qu'on a actuellement.
Alors, si nous faisons une critique en profondeur de ce projet de loi,
qui est conséquent, qui est important au Québec, c'est parce que
nous ne voulons pas que les mêmes problèmes se présentent
sur ce projet de loi comme l'on en connaît sur les deux projets de loi
que je viens de citer précédemment.
Evidemment, le ministre des Institutions financières a
séparé ce projet de loi en sept grandes parties. Il a, entre
autres, fait mention qu'il s'occupait des eaux usées, qu'il s'occupait
des eaux au Québec. On sait qu'on a la Régie des eaux. On sait
que c'est un organisme dûment mandaté par une loi. Est-ce que cela
démontre qu'elle a manqué son but, qu'elle n'a pas atteint ses
objectifs? On a le ministère de la Santé, aujourd'hui le
ministère des Affaires sociales, qui intervient sur la qualité de
l'eau. Est-ce qu'il n'a pas atteint ses objectifs? Le ministre ne nous l'a pas
dit.
On a les municipalités qui, en vertu des lois municipales, sont
dûment mandatées pour intervenir au niveau des dépotoirs,
tel qu'en fait mention le ministre des Institutions financières, des
eaux usées, des eaux proprement dites. Alors, est-ce qu'on
considère que les municipalités n'ont pas rempli leur devoir?
Quant au fait de passer par-dessus les municipalités, de ne pas en tenir
compte dans ce projet de loi no 34, est-ce que le ministre responsable de la
qualité de l'environnement considère que ce serait trop demander
que d'aller discuter avec deux ministres des Affaires municipales, soit celui
qui s'est accaparé les affaires rurales, tel que l'a dit dans des
déclarations le premier ministre, ou celui qui s'occupe des
municipalités urbaines? Je comprends qu'il s'agit d'un problème
mais qu'est-ce que vous voulez, le ministre dépose un projet de loi qui
a des conséquences importantes pour tout le Québec, tant au
niveau économique qu'au niveau social. Le ministre doit prendre les
responsabilités de discuter avec ceux qui sont là et qui ont pris
charge de ces responsabilités municipales.
Evidemment, le député de D'Arcy-McGee demeure un gentleman
en tant que personnalité, au point de vue des contacts. Mais cela
n'implique pas le projet de loi, tel qu'il se présente, dans ses
conséquences, comme je l'ai dit tout à l'heure, très
profondes au niveau de toute la vie économique et sociale du
Québec.
M. le Président, la critique d'un projet de loi permet une
meilleure compréhension de ce projet de loi. Il permet également,
aussi bien aux partis de l'Opposition qu'à tous, de donner une bonne
collaboration. Car tout projet de loi, pour atteindre les buts pour lesquels il
est
adopté par le Parlement, doit recevoir nécessairement la
collaboration de toute la population.
Il ne faut pas qu'un projet de loi traumatise les membres d'un cabinet
ou les membres d'un gouvernement comme certains, qui ont été
adoptés. Il faut qu'un projet de loi crée une harmonie à
l'intérieur d'un gouvernement, à l'intérieur d'un
Parlement et, également,à l'intérieur de la population qui
aura à vivre avec ce projet de loi ou ces projets de loi. Il faut
qu'à l'intérieur de toute une population, on puisse collaborer;
il faut qu'à l'intérieur des corps publics, on puisse recevoir
une collaboration du ministère, du ministre ou du gouvernement qui a
adopté le projet de loi, de façon à assurer à ce
projet de loi les buts pour lesquels il a été adopté.
On ne veut pas, M. le Président, que le projet de loi manque ses
effets. Mais on veut, suivant des expressions très populaires,
éplucher ce projet de loi.
Lorsque le Parlement épluche un projet de loi, lorsqu'un ministre
écoute les critiques aussi magistrales comme l'a dit le ministre
des Institutions financières que celles faites par le
député de Maskinongé, leader de l'Opposition officielle,
je crois que ce ministre ne peut rester insensible et qu'il se doit d'apporter
des corrections à son projet de loi. Celui-ci demande des corrections en
profondeur, sans quoi nous allons nous réveiller avec des
problèmes qui seront tout aussi importants que ceux que nous connaissons
dans d'autres domaines.
M. le Président, au projet de loi qui est devant nous, j'aurais
aimé, lorsqu'il a été déposé, qu'on ait
joint une documentation qui aurait fait état des discussions que le
ministre responsable du projet de loi ou que le ministre des Affaires
intergouvernementales ou d'autres ministres auraient pu avoir avec le
gouvernement fédéral. J'aurais aimé que soient jointes
à ce projet de loi toutes les discussions s'il y en a eu, M. le
Président qui ont été faites avec les gouvernements
des autres provinces. J'aurais aimé qu'il soit déposé avec
ce projet de loi tout ce qu'il y a eu de discussion avec les
municipalités rurales, avec les municipalités urbaines, avec les
cités ou les villes, de façon à bien connaître le
point de vue que tous ces différents paliers auraient pu donner. Ils
auraient été sans doute utiles au Parlement, pour les fins de
discussion.
Je n'ai aucun doute que, pour un projet de loi aussi important, les
députés de l'autre côté de la Chambre, les
députés ministériels donneront leur point de vue, pour
essayer avec nous de faire corriger le projet de loi, pour essayer avec nous
d'apporter une collaboration qui soit québécoise, qui soit
importante, qui permette que les buts pour lesquels le projet de loi sera
adopté soient bien atteints. Ce sont tous les députés de
la Chambre, aussi bien du gouvernement que de l'Opposition, qui peuvent donner
au ministre ou au gouvernement d'excellentes idées pour atteindre ce
but.
J'ai également remarqué que le ministre responsable de la
qualité de l'environnement dit qu'il est appelé à conclure
des ententes avec les autres organismes du gouvernement. Je crois que la vraie
voie, en ce qui touche le gouvernement fédéral, c'est le
ministère des Affaires intergouvernementales. Il est dangereux on
sait que la pollution est un problème extrêmement important
qu'avec l'environnement on fasse un ministère parallèle au
ministère des Affaires intergouvernementales. A l'intérieur du
territoire québécois, le gouvernement va adopter des
règlements, des arrêtés en conseil. Qu'on le veuille ou
qu'on ne le veuille pas, qu'on les aime ou qu'on ne les aime pas, ils seront
là pour être exécutés. Mais lorsqu'il s'agira de
discuter, au niveau fédéral ou avec les autres provinces, je
crois que la voie normale est le ministère des Affaires
intergouvernementales. Il est en place depuis longtemps, il a des hommes bien
préparés, dirigés par bon Gaspésien qui, lui, a
certainement la compétence. Je crois que le ministre d'Etat responsable
de la qualité de l'environnement veut lui voler la vedette. Cela ne
porterait pas de bons fruits.
Le projet de loi a une lacune énorme, M. le Président. On
confie au ministre le pouvoir de signer ou de faire des ententes avec les
autres gouvernements, alors que c'est déjà prévu au
ministère des Affaires intergouvernementales, en ce qui concerne le
gouvernement central et les gouvernements des autres provinces.
M. PAUL: Je m'excuse, M. le Président, auprès de mon
collègue, le député de Gaspé-Nord, mais je voudrais
vous signaler que nous n'avons pas quorum. Pour l'étude d'un projet de
loi aussi important, il serait décent qu'un minimum de
députés ministériels assistent au débat.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Qu'on sonne les
cloches!
L'honorable député de Gaspé-Nord.
M. GAGNON: Tout à l'heure, j'ai dit que le projet de loi faisait
état des eaux et des eaux usées. J'ai dit qu'il s'agissait
là d'un problème que nous devions régler avec les autres
gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral. De quelle
façon le projet de loi ne le dit pas le gouvernement
entend-il prendre ses responsabilités, par exemple en ce qui concerne
les eaux du fleuve Saint-Laurent? On sait que le fleuve Saint-Laurent, pour la
partie de l'ouest en particulier, reçoit ses eaux des Grands Lacs qui
sont situés à la frontière du Canada et des Etats-Unis. A
quels niveaux seront faites les discussions? De quelle façon les
discussions seront-elles faites, puisqu'on sait que tous les cours d'eau de la
province et même certains cours d'eau des autres provinces et des
Etats-Unis viennent se jeter dans le fleuve Saint-Laurent?
Le ministre, dans son projet de loi, ne fait
aucunement état de la façon dont il va prévoir sa
réglementation ou être habilité à agir. Je dirai
tout à l'heure comment le projet de loi fédéral a
prévu beaucoup plus en profondeur ces agissements vis-à-vis des
problèmes que je viens d'énumérer.
De quelle façon le ministre d'Etat responsable de la
qualité de l'environnement sera-t-il capable d'aller discuter avec les
Etats-Unis concernant la pollution des eaux? Dans mon opinion, je crois que
c'est une affaire à régler entre les pays. Je crois que le Canada
a déjà commencé à discuter sur ce
sujet-là.
Quels seront les pouvoirs du ministre lorsqu'il s'agira de parler des
eaux polluées du. Saint-Laurent pour la partie située dans
l'ouest? Comment s'attaquera-t-il aux frontières de l'Ontario et des
Etats-Unis par rapport au Canada? Quels mécanismes a-t-il prévus
dans la loi? Va-t-il passer par-dessus le ministère des Affaires
fédérales-provinciales, qui lui, est l'organisme habilité
en vertu des lois actuelles pour discuter avec le gouvernement central ou les
autres provinces? De quelle façon le gouvernement prévoit-il dans
son projet de loi pouvoir agir pour permettre que le traitement de la pollution
des eaux du Saint-Laurent, ne débouche pas, simplement, dans un
cul-de-sac? Il pourrait arriver que le gouvernement provincial dépense
des sommes énormes pour essayer de dépolluer les eaux du
Saint-Laurent, mais que, par ailleurs, à l'autre bout, les autres
parties de l'Amérique du Nord viennent déverser des eaux
usées dans le Saint-Laurent, s'il n'y a pas eu d'ententes. On verrait
alors des milliers et peut-être des millions de dollars perdus parce que
le gouvernement n'aurait pas pris les mesures nécessaires.
Quand le gouvernement a déposé son projet de loi, il
aurait dû déposer en même temps toute la correspondance et
tous les rapports qui se rapportaient aux études ou aux ententes qui
avaient eu lieu entre le gouvernement du Canada, celui des Etats-Unis et les
autres gouvernements provinciaux, de façon à mieux situer le
législateur au Québec, à permettre une critique
constructive et à apporter de meilleurs correctifs par ce projet de loi
qui est plus conséquent que le ministre ne le pense.
Il faut avoir oeuvré sur la scène municipale, comme je
l'ai fait pendant une vingtaine d'années, pour savoir qu'un projet de
loi de cette nature est conséquent et qu'on se pose des questions.
Comment se fait-il que le ministre n'ait pas prévu dans son projet de
loi que les municipalités soient incluses dans les ententes, alors qu'au
Nouveau-Brunswick une petite province qui ne se donne pas comme ayant eu
une révolution tranquille il y a un projet de loi qui, à
l'article 14, dit ceci: "Le ministre peut, avec l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil, faire partie d'une ou de plusieurs ententes
avec une ou plusieurs des entités suivantes vous voyez comme le
projet de loi est intéressant au
Nouveau-Brunswick. Que le ministre s'en inspire; c'est ce projet de loi
qu'il aurait dû avoir "a) Le Canada, "b) Toute province ou toutes
provinces, "c) Toute municipalité ou toutes municipalités, "d)
Toute personne ou toutes personnes."
Le ministre, dans son projet de loi dissocie, au paragraphe h) de
l'article 2: "Conclure, avec l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil,
tout accord avec tout gouvernement ou organisme afin de faciliter
l'exécution de la présente loi." Or, M. le Président,
qu'est-ce qu'un organisme? Dans mon opinion, je ne suis pas avocat, je crois
que ça peut être une entreprise privée, mais une
municipalité, c'est un corps public, c'est une corporation
définie en vertu des lois municipales et alors le gouvernement, pour ne
pas créer d'ambiguité, au cas où il y aurait des
contestations devant les tribunaux d'un tel projet de loi, se doit d'être
très explicite afin, comme disait souvent mon ami,
l'ex-député de Champlain, M. Bellemare, d'éviter les
avocasseries.
Je crois, M. le Président, que le ministre, dans son projet de
loi, n'est pas clair, il est ambigu et cette ambiguïté va se
traduire par des procédures judiciaires qui vont tramer devant les
tribunaux, qui vont coûter à des municipalités ou au
gouvernement, ou même à des individus, parce qu'on parle de la
personne, ou à des industries privées, des milliers et des
milliers de dollars alors qu'il est facile pour le législateur de
prévoir un projet de loi qui soit clair, précis et qui donnera
également des avantages. Comme je l'ai dit tout à l'heure, on va
montrer au ministre que le gouvernement fédéral a
explicité davantage sa loi et que ç'a été bien
parce que ceux qui auront à transiger avec la loi la connaîtront
davantage ou, du moins, connaîtront les intentions du gouvernement.
M. le Président, le ministre a besoin de lumière, il n'y a
aucun doute. Ce n'est pas en tant que personne", le ministre est bien
compétent en médecine, mais en tant que législation comme
le fait état le bill 34; il a besoin de toutes les lumières que
les députés ministériels, j'espère, lui donneront,
comme nous les députés de l'Opposition, lui donnerons. Et encore,
à travers toutes ces lumières surtout les nôtres,
elles sont extrêmement bonnes qu'il recevra, il verra que ce ne
sera pas facile, l'application du projet de loi. Même celles du
Saint-Esprit si parfois, à certains moments, elles peuvent lui
être refusées.
M. PAUL: Il va avoir des petits lumignons.
M. GAGNON: Certaines provinces ont adopté des projets de loi
relativement à la pollution: il y a l'Ontario, la Saskatchewan, le
Nouveau-Brunswick, la plupart des provinces du Canada. Mais le Canada a sa loi
concernant la pollution et on remarque que dans son projet de loi "Ressources
en eaux du Canada", le gouverne-
ment fédéral, à l'article 7, a prévu les
ententes qui pourraient être signées avec les autres
gouvernements. Je vais donner lecture de l'article 7, M. le Président,
pour bien démontrer au ministre de quelle façon le gouvernement
fédéral a été précis. Je suis convaincu
qu'il manque peut-être encore de précision et on s'en apercevra
plus tard, mais tout de même il a voulu pénétrer pour la
première fois, dans un champ qu'il ne connaissait pas, mais qu'il a
voulu également essayer de tracer une voie qui était le plus
possible déblayée. Voici l'article 7 de la Loi des eaux du
Canada: "Lorsqu'en conformité de l'article 4, le ministre conclut un
accord avec un ou plusieurs gouvernements provinciaux, l'accord doit, le cas
échéant, relativement à chacun des programmes qui fait
l'objet d'un tel accord, préciser voici ce que la loi
fédérale dit les parties du programme que devront
entreprendre respectivement le ministre et le ou les gouvernements provinciaux
qui sont parties à l'accord ainsi que les dates et modalités
d'exécution de ces parties du programme."
Or, au niveau d'Ottawa, on est très explicite, on dit que les
gouvernements qui font partie d'une entente verront aux dates, aux
modalités d'exécution et aux programmes. Cela veut dire quoi, M.
le Président? Cela veut dire que la loi fédérale part avec
des dates déterminées dans le domaine de la pollution.
Préparer des programmes, cela veut dire quoi? Cela veut dire savoir
où l'on va; à ce moment-là on n'engagera pas des dollars
plus que le budget peut le supporter et on saura également quelles sont
les sommes investies et si ces sommes investies dans les ententes porteront les
fruits attendus.
La loi fédérale prévoit cela.
Le bill 34 procède par un élargissement tel, M. le
Président, que les municipalités, si elles connaissaient le
projet de loi tel qu'il est parce que les municipalités n'ont pas
été appelées à la discussion pour la
préparation de ce projet de loi pourraient être
appelées à participer financièrement à
l'application de la loi.
La loi fédérale continue, article 7, paragraphe b): les
fractions du coût des parties de programme qui devront être
versées respectivement par le ministre et les gouvernements provinciaux
et les dates auxquelles les montants correspondant à ces fractions
devront être versés, c) la main-d'oeuvre, le matériel et
les biens immobiliers que devront fournir respectivement, pour les parties du
programme, le ministre et le ou les gouvernements provinciaux; d) les
proportions dans lesquelles tout dédommagement accordé à
un organisme ou à une personne ayant subi une perte par suite du
programme, et dont le paiement à un tel organisme ou à une telle
personne a été convenu, devra être payé par le
ministre et le ou les gouvernements provinciaux.
Donc, M. le Président, on considère...
M. LE PRESIDENT: Je voudrais faire remar- quer au député
de Gaspé-Nord qu'il a terminé son temps de parole.
M. PAUL: Ce n'est pas unanime. Le consentement unanime, M. le
Président, demandez-le, vous allez l'avoir.
M. LE PRESIDENT: Alors, s'il y a consentement unanime de la Chambre, je
vous permets de continuer.
M. PAUL: Oui, c'est vrai, ça n'a pas de bon sens. Merci, M. le
Président.
M. GAGNON: Le gouvernement fédéral prévoit qu'il
pourrait y avoir des indemnités de payées à des organismes
ou des personnes qui auraient été lésés dans
l'application de la loi. Supposons que le ministre arrive dans une
municipalité et dise que dans telle partie de l'aqueduc, l'eau n'est pas
bonne ou que tel dépotoir qui existe depuis de nombreuses années
et qui a coûté des dizaines, des vingtaines, des cinquantaines de
milliers de dollars est devenu trop proche de la ville, parce que la ville a
connu une expansion et qu'il faut l'enlever de là. Le gouvernement
fédéral prévoit que des compensations peuvent être
versées, et pas des compensations versées de bric à brac.
Il verra, par une étude, le coût des compensations. Les
gouvernements verront que les municipalités ne soient pas
projetées dans des dépenses qu'elles ne sont pas capables de
supporter. Tous ici, en Chambre, nous avons été d'accord sur le
fait que les municipalités avaient des charges beaucoup trop lourdes
pour leur revenus.
Or, M. le Président, je continue, pour être relativement
bref. Article 7, paragraphe e): le montant de tout prêt il y a
donc des prêts et de toute subvention il y aura donc des
subventions de données que le gouvernement fédéral
prévoit constitue, en tout ou en partie, le coût du programme
à payer par le ministre, que doit accorder ou verser le ministre au
gouvernement provincial ou aux gouvernements provinciaux et la façon de
déterminer les modalités du prêt et de la subvention... je
crois, M. le Président, que le ministre devrait être aussi
explicite dans son projet de loi, aller plus en profondeur. Le
député de Maskinongé a présenté une motion
pour renvoyer ce projet de loi devant la commission parlementaire. Ce sont des
choses que nous aurions vu plus en profondeur.
Nous aurions vu les conséquences, les implications
économiques on va en entendre parler les
conséquences au niveau des municipalités, parce que le
gouvernement, dans son projet de loi, ne dit pas que les municipalités
sont exemptes de toutes les dépenses qui pourraient être
occasionnées par un arrêté ministériel, par des
règlements que le gouvernement va préparer. Il ne dit pas
ça. A ce moment-là, il les implique. Il obligera les
municipalités à agir, alors que le gouvernement
fédéral fait tout le contraire.
Le gouvernement fédéral reconnaît qu'il peut obliger
des municipalités à agir, reconnaît qu'il va
pénétrer dans un champ nouveau, reconnaît que des
personnes, des organismes ou des municipalités pourront être
lésés, mais il reconnaît également qu'il va faire
des prêts, qu'il va accorder des subventions, qu'il va également
dédommager des personnes, des organismes qui auront été
lésés par le projet de loi. Le ministre, s'il apportait des
amendements en profondeur, éviterait la critique ou écourterait
probablement la critique lorsqu'il s'agira d'étudier le projet de loi
article par article.
Ce sont là les suggestions que je donne au ministre. Je le fais
en étant très conscient que ce projet de loi aura des
conséquences énormes au Québec, et je le fais connaissant
les choses municipales, connaissant les finances municipales, sachant que si
tous les administrateurs municipaux étaient au courant du projet de loi,
ça les épouvanterait tout autant que les fusions des
municipalités.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. Armand Bois
M. BOIS: M. le Président, à la suite de la
présentation du projet de loi 34 qui nous intéresse actuellement,
j'aimerais faire des commentaires généraux sur une loi et sur ses
effets. Dans la pratique, il existe l'esprit des lois mais il existe aussi la
période de leur réalisation qui, souventefois, peut
différer considérablement. Au point où nous en sommes,
nous apprécions que le ministre nous apporte un texte de loi qui soit
quand même un outil valable, un outil que nous pouvons apprécier
dans toute sa teneur. En réalité, il faut que le ministre de
l'Environnement accepte les commentaires des partis d'Opposition en vue de
pouvoir corriger ce qui, dans le projet de loi, est de nature à affecter
autant les relations entre le gouvernement et les municipalités que des
municipalités aux individus.
Il y a un premier commentaire qui a été fait par le
ministre et qui avait surtout trait à la question de la
négligence des municipalités. Pour autant que nous sommes
concernés et de la façon dont nous envisageons les choses, nous
constatons que dans le passé les municipalités ont
été laissées sans pouvoir dans le domaine qui nous
préoccupe présentement. J'avais d'ailleurs, l'année
dernière, posé deux ou trois questions au ministre au sujet de la
réglementation à laquelle les municipalités pouvaient
avoir droit afin d'effectuer chez elles le nettoyage nécessaire ainsi
que la mise en application d'une certaine discipline qui pouvait être de
nature à apporter de la salubrité, tel le nettoyage des eaux des
lacs, etc.
A l'heure actuelle, nous croyons que les municipalités n'ont pas
plus d'autorité; c'est probablement une des raisons principales pour
laquelle le ministre des Affaires municipales a été mis sur la
sellette la semaine dernière, et pour des raisons bien
particulières. Quant aux municipalités, on veut les priver de
leur autorité et passer cela à des groupes régionaux qui,
dans la pratique, corrigeront quoi? Il y a des remarques que j'ai beaucoup
appréciées de la part de l'honorable député de
Gaspé-Nord, de l'Unité-Québec. Quand on parle de la
question municipale, on pourra constater que dans l'avenir les
municipalités seront sans vie parce qu'à l'heure actuelle le
gouvernement est en voie d'adopter des règlements, des
arrêtés du lieutenant-gouverneur en conseil et les
municipalités n'auront toujours qu'à s'incliner.
C'est ce que nous trouvons regrettable dans la loi telle qu'elle est
actuellement. Je me permettrai d'ajouter à ceci que l'honorable ministre
des Affaires municipales est en même temps en voie de polluer les droits
municipaux par son propre regroupement ou le regroupement qu'il envisageait. Je
trouve que, dans le texte de loi qui nous est présenté
aujourd'hui, le ministre de l'Environnement a surtout basé la
préparation du texte législatif lui-même sur le rapport de
la commission Legendre que l'on a traité de document
révolutionnaire. Est-ce que le mot "révolutionnaire", M. le
Président, devrait s'appliquer ici au sens péjoratif ou au sens
le meilleur?
M. PAUL: M. le Président, je m'excuse auprès de
l'honorable chef du Ralliement créditis-te. Je tiens à vous
signaler, une fois de plus, que nous n'avons pas quorum.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour une loi aussi importante, c'est faire
injure au ministre.
M. PAUL: On délaisse le ministre, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'a pas d'environnement, M. le
Président!
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés! Qu'on sonne
les cloches! Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: Merci, M. le Président. J'en étais justement au
rapport de la commission Legendre. On dit que ce rapport est
révolutionnaire et, réellement, il peut l'être
jusqu'à un certain point. J'expliquais que le projet de loi était
surtout basé sur ce rapport.
On dit, dans le rapport de la commission Legendre, que l'eau pourrait
devenir la propriété de la collectivité, sous le
contrôle de l'Etat. Sur le plan idéologique, cela peut être
une très bonne chose, mais à l'heure actuelle je pense
que l'honorable ministre en est tout à fait conscient
beaucoup de choses sur lesquelles nous avons légiféré et
dont nous avons confié l'administration au gouvernement ou à la
province causent une foule de perturbations dans notre vie sociale et
économique. Je crois qu'il serait bon de corriger les erreurs de nos
lois passées avant d'entériner une loi comme celle-ci.
On dit même, dans le rapport de la commission Legendre, que l'Etat
assure la primauté de l'intérêt collectif. Chaque fois
qu'il y a une impossibilité sociale, matérielle,
économique ou quelque chose comme cela, on se tourne vers l'Etat et on
le considère comme grand-père qui, finalement, va tout
régler. Nous croyons qu'il faut voir tous les aspects pratiques de la
situation qui nous intéresse. Si vraiment l'eau doit être
contrôlée à ce point, il faudra prendre toutes les mesures
pour que, si l'intérêt collectif doit primer tel qu'on le
mentionne et que le laissent entrevoir tellement d'articles de la loi, les
droits des individus, au moins, soient aussi protégés.
Plus loin, dans le rapport Legendre, on parle d'une dissociation
complète du statut juridique de l'eau et de la propriété
foncière de l'eau. Quelle que soit sa forme et où qu'elle se
trouve, on veut qu'elle ait un statut juridique unique. C'est entendu que, si
on va aussi loin que cela, ce sera drôle quand on arrivera aux trous de
boue. Nous comprenons fort bien que le gouvernement doit viser à
préserver la qualité et la pureté de l'eau là
où elle a son origine et où elle passe vers sa destination
à la consommation.
Cependant, il ne faudrait pas que la question du statut juridique de
l'eau vienne à faire perdre les droits de tous les individus qui ont
déjà des accès particuliers, pour autant qu'ils respectent
les normes que pourrait fixer le ministère et que pourraient appliquer
les municipalités de la province de Québec. L'article 5 du
rapport Legendre demande que l'exercice de ce droit fondamental soit
assuré par l'Etat sur toutes les terres publiques, y compris celles
présentement affectées par des baux de chasse et de pêche,
des droits de coupe de bois et de baux miniers. Mais qu'a-t-on attendu, depuis
de si nombreuses années, pour s'occuper de la question des concessions
forestières et de la question du transport de la "pitoune" dans nos
rivières?
Le rapport continue en disant: "Que soit prévu un
mécanisme pour procéder à la récupération de
terres riveraines privées afin d'assurer le droit fondamental
d'accès à l'eau et de permettre à l'Etat d'assumer ses
obligations."
Si, dans la pratique, le projet de loi veut aller aussi loin que cela et
si c'est sa visée primordiale, je tiens à mentionner que nous
lutterons certainement pour voir à ce qu'il y ait plus de
liberté.
Nous comprenons que le gouvernement devrait sévir contre une
foule d'industriels qui, depuis des années, polluent le firmament du
Québec et ses lacs. Mais il ne faudrait pas qu'on envisage le projet de
loi no 34 comme un élément qui vise à attirer des
sanctions seulement contre l'individu. Pour ne citer qu'un exemple, si l'on
prend un moteur attaché à une chaloupe, il y a un producteur qui
a vendu ce moteur au détaillant. Si le moteur n'est pas en parfaite
condition de fonctionnement lors de son utilisation, c'est entendu que, s'il y
en a 50 sur un lac, on va polluer le lac avec l'huile et des déchets qui
sortiront du moteur.
Je crois que c'est surtout à l'origine que l'on doit retourner et
non pas imposer tous les correctifs qui sont prévus dans la loi
seulement à ceux qui seraient appelés à subir la
pollution, soit l'individu.
En réalité, le projet de loi ne devrait pas devenir
seulement la présumée sauvegarde de la collectivité mais
aussi préserver le droit des individus. Il y a des choses qui concernent
le projet de loi que nous tenons à mentionner, sans vouloir nous
attacher à la discussion des articles parce que nous savons que nous
aurons l'occasion de le faire plus tard.
Il y a quand même des faits qui nous semblent curieux parce que
nulle part rien n'est prévu dans le texte du projet de loi pour rendre
publiques les demandes de permis. Voyez-vous, cette question, à un
moment donné, peut faire l'objet de litiges qui seraient
extrêmement graves. Si les demandes de permis ne sont pas publiques, il
est entendu que le fonctionnaire de l'Etat pourrait, un jour, avoir
l'autorité absolue sur l'émission de tous les documents qui
seraient de nature à faire accorder un permis à des commerces en
particulier, sans que, à un moment donné, comme il se produit
à la Société des alcools, les opposants aient au moins un
droit d'appel devant la commission, c'est-à-dire les pollueurs contre
les opposants ou les opposants contre les pollueurs. Au moins, que ce
privilège puisse exister. Nous croyons que le ministre devrait
insérer des dispositions spéciales dans son projet de loi pour
que le peuple ait le droit de s'exprimer.
Il y a une chose qui nous frappe surtout, ce sont les genres
d'industries devant la loi. Il y a celles qui polluent et celles qui ne
polluent pas. A l'heure actuelle, tout le monde est traité de la
même façon en ce qui concerne la réglementation. Nous
trouvons que les processus des règlements qui vont autoriser les permis
de construction pour l'industrie deviendront beaucoup trop longs et beaucoup
trop onéreux si on n'apporte pas de la légèreté
administrative, c'est-à-dire si on ne rend pas l'accès à
la loi du gouvernement plus facile.
Nous trouvons qu'à l'heure actuelle le gouvernement devrait
sévir contre quelques compagnies, c'est-à-dire voir à
imposer une réglementation extrêmement sévère
à celles qui sont les premiers pollueurs, celles qui depuis des
années polluent l'air, l'eau et l'atmosphère. Incidemment, il est
très facile de les connaître. Nous croyons que nous n'avons pas
besoin d'atteindre les individus qui sont ceux qui souffrent de
la pollution, dans son ensemble, avant que l'on commence à
sévir ou à appliquer à ces compagnies des
règlements dont on pourrait déjà se servir.
Nous retrouvons dans le projet de loi la même question que nous
retrouvons dans chacun des projets de loi que présente le gouvernement
présent, la réglementation par le lieutenant-gouverneur en
conseil. Il faudra quand même un jour venir, chez nous, à admettre
qu'il y ait de le réglementation mais que celle-ci devrait être
préparée de façon à ce qu'elle soit accessible,
discutable devant nos commisssions parlementaires. Je ne parle pas des
détails mais des grandes lignes qui sont de nature à affecter
toute l'administration d'un projet de loi dans la province de Québec et
les municipalités.
Pour revenir à la pollution, il faudrait que le gouvernement
donne l'exemple dans beaucoup d'autres cas. Je constate un cas de pollution.
Prenez simplement un dépliant imprimé par Radio-Québec,
où les deux tiers du papier vont aller aux vidanges. Je crois qu'il y
aurait moyen que des ministères du gouvernement sachent
économiser un peu plus le papier. Alors, on remplirait moins les
poubelles, peut-être, de notre digne parlement. Je crois que l'honorable
ministre responsable de la qualité de l'environnement, s'il avisait ses
confrères, les hauts fonctionnaires, pourrait éviter de la
pollution. Deuxièmement, dans beaucoup de cas, il y aurait une
économie extrêmement appréciable pour sa majesté la
province de Québec.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): On pourrait mettre cela sur du papier moins
glacé, cela servirait à d'autres fins!
M. BOIS: Peut-être! Il y a aussi d'autres pollutions ou d'autres
empoisonnements. Il y a un article que nous trouvons extrêmement grave,
je n'en parlerai pas parce que je n'ai pas le droit, mais il donne au ministre
des droits quasi absolus sur l'eau et les lacs. Si cette chose passe, le
ministre des Affaires sociales n'aurait presque plus besoin d'apporter le
projet de loi sur le fluor parce que vous-même pourriez l'imposer
immédiatement. Alors pourquoi faire nettoyer l'eau pour venir la
repolluer par le fluor? Nous reviendrons sur la question quand ce sera le
temps.
Soyez sans inquiétude, nous pourrons en reparler à
satiété.
Dans les affaires municipales, nous trouvons que la question des
recherches est une bonne affaire mais qu'il n'y a peut-être pas assez de
précision en ce qui concerne l'action des municipalités avec
lesquelles aura à traiter le ministre.
Somme toute, il y a une autre pollution dont il fut question cet
après-midi, en cette Chambre. On peut en rire aujourd'hui, mais nous
trouvons que le ministre devrait quand même, s'il contrôle l'eau de
la terre, pouvoir contrôler aussi celle qui nous sera envoyée de
force par les airs.
M. le Président, je voulais attirer votre attention sur la
question de l'ensemencement des nuages.
M. le Président, nous trouvons que ce projet de loi, même
s'il a beaucoup de bon, ne recevra assurément pas le diplôme
honoris causa. Nous trouvons que le bill 34, tel qu'il est
présenté, constitue une formule avancée d'imposition de
divers règlements aux citoyens et ce, devant un Etat qui, de plus en
plus, devient toujours administrateur au nom de la collectivité et qui,
lorsqu'il se crée à lui-même des problèmes d'ordre
économique, financier ou autre, essaie de pallier les problèmes
qu'il s'est créés avec des lois nouvelles et en modifiant les
projets de loi qu'il a déjà semés.
Tel que le projet de loi est présenté, M. le
Président, nous trouvons qu'il a beaucoup de bon. Nous tenons à
le dire au ministre. Cependant, s'il n'est pas corrigé, nous tenons
aussi à dire que nous verrons, en temps et lieu, si nous devons voter
contre en dernière lecture. Je vous remercie, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmorency.
M. PAUL: II y a au moins un brave!
M. VEZINA: M. le Président, je ne saisis pas les remarques du
député de Maskinongé.
M. PAUL: Je dis qu'il y a au moins un brave. Je vous
félicite.
M. VEZINA: Dans notre parti, il y a un brave à la fois.
M. PAUL: J'ai l'impression que les fois ne seront pas nombreuses !
M. VEZINA: Il n'est pas nécessaire d'avoir des souffleurs
à côté de vous!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ne fait pas des grosses bagarres, un
brave à la fois!
M. Louis Vézina
M. VEZINA: M. le Président, intervenant sur la deuxième
lecture de ce projet de loi no 34, vous me permettrez de signaler, au
départ, mon étonnement devant toute cette science infuse que l'on
retrouve dans les différents exposés qui ont été
faits, par différents membres de cette Chambre, lors du débat du
jeudi 2 novembre 1972 et ceux de cet après-midi, que j'ai
écoutés évidemment avec beaucoup
d'intérêt.
A l'occasion de l'étude du principe de cette loi, j'en suis venu
à me demander si nous ne tombions pas tous dans un certain panneau,
à savoir que nous devenions victimes d'un certain "brain-washing"
nord-américain, qui veut que depuis un, deux ou trois ans, tout, sous
quelque forme que ce soit, et partout, soit dans un état extrême
de pollution.
Comment se fait-il, M. le Président, que, du jour au lendemain,
pour affirmer que tout est pollué, le député de Lafontaine
ne trouve rien de mieux à dire je cite la page 2277 du journal des
Débats du jeudi 2 novembre 1972 que "n'importe quel lecteur de
journal sait que tout est pollué"?
Comment se fait-il que parce que les hommes de science ont
décelé, dans les faits, certains signes de pollution, certains
dangers de pollution, que ce soit de l'eau, de l'air, par le bruit, etc., on en
soit arrivé à en faire une espèce de problème no 1
de la société? Je regrette, je refuse de souscrire à de
telles prétentions. Non pas que je ne reconnaisse pas qu'il y a, dans la
société où l'on vit, des dangers de pollution et
même des problèmes de pollution réelle.
En entendant le député de Gaspé-Nord, on a
l'impression que régler la pollution au Québec ce serait
régler tous les problèmes québécois. On en est
rendu à se demander comment on va négocier les grands
problèmes de la pollution du Québec avec les Etats-Unis, les
autres provinces, etc.
Je ne peux souscrire, encore une fois, à l'importance
démesurée qu'on lui donne, et que l'on veut faire croire à
la population. On veut, je pense, tirer une forme d'électoralisme en
présentant le problème de cette façon.
Il y a, il est vrai, des problèmes de pollution. Il est normal
que le législateur québécois, l'Assemblée
nationale, se penche sur ce problème. Il est normal qu'un projet de loi
soit soumis à l'attention des députés de cette Chambre,
mais de là à dire que le principe qui sous-tend cette loi ne va
pas assez loin, ne couvre pas tous les champs d'action possibles et
impossibles, je pense que c'est rêver en couleurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas de principes, là.
M. VEZINA: Je pense que s'il est normal, encore une fois, qu'un tel
projet de loi soit soumis à cette Chambre, il ne faut pas profiter de ce
tremplin c'est là mon humble avis pour faire du "brain
washing" de la population sur la question de pollution.
Je pense qu'il faut avoir des mesures, que le principe de la loi qui
veut que le lieutenant-gouverneur en conseil aura à adopter des
règlements qui détermineront la conduite que devraient avoir les
personnes physiques ou morales à l'endroit de la population, c'est
concret et réaliste parce qu'on évite le danger que ces
règlements ne concordent pas avec la réalité et que ces
règlements créent des problèmes économiques
à un moment donné.
Que demain matin on décide que toutes les entreprises à
caractère chimique, dans la province de Québec, doivent cesser de
fonctionner si elles ne répondent pas à telle ou telle norme, je
pense qu'entre deux maux il faut choisir le moindre, et ce ne serait pas
intelligent d'agir ainsi.
C'est beaucoup plus normal que ce soit à partir d'une loi
adoptée par cette Chambre que le lieutenant-gouverneur en conseil,
suivant les circonstances de lieu et de temps, en tenant compte de toutes les
implications, décide comment et dans quelle mesure certaines directives
peuvent ou pourront être appliquées d'une façon
posée.
Je pense que c'est important de comprendre qu'une telle loi, si elle
n'est pas appliquée avec une très grande parcimonie, un
très grand jugement, avec beaucoup de prudence, créera beaucoup
de frustrations chez les citoyens eux-mêmes. Et s'il fallait que notre
loi, comme on l'a suggéré antérieurement, notamment
l'honorable député de Maskinongé, et d'autres aussi,
l'honorable député de Montmagny, sauf erreur je lisais son
intervention contienne toute la réglementation ou qu'à
l'occasion de l'étude l'on ait le résumé ou les rapports
d'étude de la future réglementation...
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aime mieux la deuxième partie de
l'alternative.
M. VEZINA: Vous avez le choix.
Je pense, M. le Président, qu'on pourrait arriver à une
situation telle qu'en adoptant une loi trop expansionniste si je peux
dire dans son contenu, par ces détails on va créer des
injustices au niveau des citoyens. Je pense qu'il est beaucoup plus normal que
ce soit par réglementation du lieutenant-gouverneur en conseil,
appliquée par ce que j'espère être des gens capables de
discernement parce qu'on va changer des habitudes et le modus vivendi de
citoyens. Aujourd'hui, il faut le constater, les citoyens sont un peu
j'allais dire tannés, mais je ne le dirai pas, M. le Président
ennuyés d'être bousculés par une machine souvent
trop technocratique sans aucune parcimonie. Cette loi réserve ce danger,
je vous le soumets bien respectueusement, M. le Président, et, pour
l'éviter, c'est justement de donner au lieutenant-gouverneur en conseil
ce pouvoir de réglementer et de décider des parties de
réglementation qui pourraient être applicables, ou de
décider des délais au cours desquels telle ou telle
réglementation entrera en vigueur parce que ça va présumer
une publicité, au sens le plus étymologique du terme, de la
réglementation adoptée. Qu'on exige des citoyens qu'ils ne posent
pas ou qu'ils posent tel ou tel geste, je pense que le citoyen a un droit
fondamental, c'est d'en être informé auparavant, de façon
qu'il se prépare mentalement ou autrement à ne plus poser ou
à poser tel geste.
Cette loi, M. le Président, d'autres orateurs l'ont dit avant
moi, a un excellent principe mais c'est dans son application que je
souhaite...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'y a pas de principe dans la loi.
M. VEZINA: ... qu'on agisse avec toute la prudence...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un objectif.
M. VEZINA: ... que toute règlementation gouvernementale devrait
et aurait dû, par le passé, très souvent, recevoir
vis-à-vis des citoyens qui, eux, doivent s'y conformer.
En terminant, M. le Président, je soumets que s'il est important
qu'on s'occupe des problèmes de pollution au Québec; s'il est
important que le gouvernement du Québec soit présent, qu'il fasse
face à des situations qui peuvent souvent créer des
problèmes qui vont jusqu'à la santé des individus, il est
aussi vrai qu'il y a peut-être des intérêts
nord-américains à ce qu'on tombe dans le panneau et qu'on voit de
la pollution partout. Et ce "brain washing" collectif, à ce
moment-là, pourrait favoriser des intérêts financiers comme
ça existe actuellement où on se promène dans certaines
localités du Québec pour vendre des petites machines quelconques
en disant que ça va fluorer l'eau, que ça va améliorer
l'eau alors que l'eau qui est distribuée à ces citoyens est
excellente. Ce sont des "peddlers" je m'excuse du mot anglais qui
essaient de convaincre les gens qu'ils vivent dans un milieu tellement
pollué, qu'ils se doivent d'acheter...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il est contre la loi de la fluoration!
M. ROY (Beauce): Est-ce que l'honorable député...
M. VEZINA: ... ces petites machines.
M. ROY (Beauce): ... me permettrait de lui poser une petite question? M.
le Président, me permettez-vous...
M. VEZINA: Je m'excuse, tout le monde crie en même temps, est-ce
que j'en ai dérangé quelques-uns?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, on demande au
député...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... M. le Président, le
député a l'air de se prononcer contre la fluoration de
l'eau...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce que le député de Beauce
a une question à poser au député de Montmorency? A la
condition que ce dernier l'accepte.
M. ROY (Beauce): Si le député de Montmorency accepte que
je lui pose une question. Est-ce que l'honorable député de
Montmorency veut nous dire qu'il est contre la fluoration de l'eau?
M. VEZINA: Je dirai si je suis pour ou contre la fluoration de l'eau
quand le sujet sera débattu en Chambre. D'ailleurs, j'attends avec un
plaisir infini des arguments de mes amis créditistes.
M. BELAND: Nous vous les donnerons avec plaisir.
M. VEZINA: Surtout s'ils sont exposés par le député
de Beauce.
M. le Président, je suis certain que ce principe qui sous-tend la
loi 34 recevra l'appui de cette Chambre et je me permets de renouveler mon
souhait personnel que dans l'application de ce principe, l'on agisse avec la
plus grande prudence et la plus grande parcimonie qui ont
caractérisé jusqu'ici les faits et gestes du gouvernement actuel,
en particulier dans ce domaine qui touche la vie individuelle de chacun des
citoyens du Québec.
M. le Président, je vous remercie de l'intérêt que
vous avez porté à mes propos.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que le
député me permettrait une question? Je ne suis pas pressé.
Merci, M. le Président. Je remercie les députés qui ont
applaudi. Est-ce que le député de Montmorency, mon bon ami, me
permettrait une question?
M. VEZINA: Avec grand plaisir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il peut nous dire quel est le
principe de la loi et ce qu'il entendait par parcimonie quand il a dit que le
gouvernement allait appliquer la loi parcimonieusement? Est-ce qu'il va le
faire comme il le fait lorsqu'il donne du bien-être social? On sait que
parcimonie a un sens en français.
M. VEZINA: Il s'agirait de référer au dictionnaire que le
député connaît fort bien. S'il fallait que je
définisse chaque mot que j'emploie et qui échappe à la
connaissance du député de Chicoutimi, je passerais mon temps
à lire le dictionnaire, ce qui ne serait pas intéressant pour les
collègues.
Quant au principe de la loi, il s'agit de lire la loi une fois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement. La version du dictionnaire "jouai" qu'utilise le
député de Montmorency ne m'est pas encore parvenue, parce qu'on
la fait passer par la traduction anglaise avant. Est-ce qu'il veut me dire quel
est le principe de cette loi et faire la distinction philosophique entre un
principe et un objectif?
M. VEZINA: Bien, sur le plan philosophique, M. le Président, vous
comprendrez avec moi qu'il m'est très difficile d'aborder ici le sujet
parce que Platon, dans un de ses ouvrages philosophiques...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lequel?
M. VEZINA: ... a traité du sujet pendant des chapitres et des
chapitres. Or, je vois mal comment, en quelques secondes, je pourrais
résumer la question et définir ce principe et cet objectif.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président. Lorsqu'un député fait une citation, il doit en
donner la source et nous dire à quel livre des ouvrages de Platon il
réfère et à quel article.
M. VEZINA: De pluribus et Unite Quebecci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non! M. le Président, j'invoque le
règlement. Il a tiré cette citation de la prima pars de saint
Thomas, pas de Platon.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Revenons au principe.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, le titre de ce projet de loi, bien
qu'accordé à son objet immédiat, ne me semble pas
correspondre, à la fin, à l'objectif ultime qu'il doit viser,
c'est-à-dire à la protection de l'homme. Car l'environnement ou
encore la nature ont été donnés à l'homme pour son
épanouissement. Et c'est dans ce sens qu'il faut entendre que l'homme
est le roi de la création, ce qui veut dire, M. le Président,
que, pour que notre discussion porte véritablement ses fruits, il faut
inscrire ce projet de loi résolument dans une perspective humaniste.
Or, malheureusement, il est de notoriété universelle que,
jusqu'ici, l'homme a médusé ou abusé de son pouvoir en ce
qui concerne le sort qu'il a fait subir à la nature. Nous pouvons
trouver à ce fait plusieurs raisons. La première, c'est qu'au
début de l'humanité, évidemment, l'homme ne pouvait faire
autrement, ignorant qu'il était et des éléments de la
nature et de ses lois, retard ou fossé que les sciences, en particulier
les sciences de la nature, sont en train de rattraper, de combler graduellement
et de plus en plus rapidement.
En effet, ce n'est quand même que tout récemment que les
sciences fondamentales, c'est-à-dire la physique, la chimie et leurs
subdivisions, et encore plus les sciences appliquées, comme l'agronomie,
la géographie humaine, nous ont fait connaître la nature, la
façon dont on pouvait en mésuser, ainsi que les moyens qui
étaient à notre disposition pour réparer les torts, les
blessures qu'on lui a fait subir.
Une deuxième raison, c'est que l'homme étant ce qu'il est,
le principe de plaisir a malheureusement eu trop souvent le pas sur le principe
de réalité, c'est-à-dire que l'homme a souvent
préféré une satisfaction à court terme, une
satisfaction immédiate, dût la nature en souffrir, aux
satisfactions à long terme, c'est-à-dire aux satisfactions
inscrites sous le signe de la raison.
Une troisième raison est que notre philosophie occidentale a
été fortement imprégnée, particulièrement
depuis une centaine d'années, par la philosophie positiviste qui, comme
on le sait, a mis un accent indu sur la science et en particulier les sciences
de la nature, sur la technologie, sur les sciences économiques,
d'où le mépris, la négligence, pour ne pas dire la
condamnation qui en est résultée pour des valeurs plus proprement
humaines comme, par exemple, la recherche de la vérité, la
recherche des valeurs éthiques ou la recherche des valeurs
esthétiques, pour ne pas dire des valeurs créatrices. Il en est
résulté évidemment que ces valeurs humaines ont
été souvent mises de côté, qu'on n'y a pas
pensé lorsqu'on développait l'économie ou qu'on s'occupait
de croissance industrielle et que, par voie de conséquence, les sciences
humaines et leur application ont connu un retard déplorable dans
l'évolution de l'humanité.
Une quatrième raison, qui découle surtout de la
troisième que je viens de citer, est que l'égoisme et
l'appétit de pouvoir de quelques-uns comme, par exemple, les oligarchies
de l'argent, les oligarchies du pouvoir ou ce qu'on a convenu parfois d'appler
le pouvoir plutocra-tique, ont imposé leur loi aux individus et en
particulier aux individus les moins nantis, les plus démunis, les plus
défavorisés, aux masses, que le bien particulier en est venu bien
souvent à primer sur le bien commun et que l'égoïsme de
quelques-uns en est venu à brimer l'idéal démocratique.
Une bonne illustration de ce principe est l'axiome par exemple, que l'on
entendait il y a quelques années de la part du président de la
General Motors, lorsqu'il disait que ce qui est bon pour la General Motors est
bon pour les Etats-Unis.
Les conséquences de ces diverses causes que je viens de
résumer brièvement sont que l'humanité a connu,
particulièrement depuis une centaine d'années, un progrès
technologique sans précédent, une croissance industrielle
accélérée, mais que les promoteurs de ce progrès et
de cette croissance ont acquis les résultats qu'ils ont acquis à
un prix qui devient de plus en plus lourd pour l'humanité, étant
donné que bien souvent la nature s'en est trouvée ravagée,
étant donné que bien souvent l'homme, particulièrement
dans nos grandes villes, s'en est trouvé robotisé, amputé
de ses dimensions essentielles et souvent menacé dans son existence
collective. Lorsque nous essayons de faire comprendre ces vérités
premières aux responsables de ce progrès et de cette croissance
industrielle, bien souvent, malheureusement, ils nous répondent avec un
sens d'irresponsabilité flagrant: Après moi, le
déluge.
Il reste que la nature, qu'elle soit bafouée ou
ignorée, se venge et souvent d'une façon majeure. Par
exemple, on peut dire que la perturbation des cycles naturels, la perturbation
de ce que l'on a appelé les écosystèmes, commence à
entraîner des conséquences de plus en plus désastreuses
pour l'humanité. Nous savons en effet que toute la vie sur terre est
fondée sur l'existence d'un certain nombre de cycles essentiels, celui
du gaz carbonique, celui de l'oxygène, celui de l'azote, qui constituent
l'armature des écosystèmes.
On constate que ces cycles s'équilibrent, assurant la vie des
plantes et des animaux, tout en conservant sa qualité aux
différents milieux; l'air, le sol, les rivières et la mer. Or,
l'homme perturbe ces équilibres. Il arrache à la terre des
produits minéraux qui viennent polluer les sols et les eaux. Il obtient
son énergie en brûlant des combustibles et en rejetant gaz
carboniques et substances toxiques. Son activité,
s'accélérant avec la croissance démographique, il en
arrive maintenant à fausser les cycles naturels. Il met ainsi en
péril sa propre existence ainsi que celle des autres formes de vie sur
notre planète. C'est ça surtout qui, à long terme, met en
danger l'existence de toutes les communautés humaines, la nôtre
comme celles qui existent sur d'autres hémisphères.
Une autre conséquence, c'est que les ressources risquent de nous
manquer de plus en plus. Bien souvent, ces ressources deviennent relativement
rares, particulièrement dans les pays sur-développés comme
le nôtre, particulièrement aussi en regard de la surpopulation qui
menace certains pays. La conséquence est qu'il faut souvent aller
chercher beaucoup plus loin et à des prix beaucoup plus
élevés des produits que nous avons l'habitude de
considérer comme essentiels, par exemple, le bois des forêts et le
minerai des mines.
Une autre conséquence aussi et peut-être encore plus
malheureuse, c'est que, graduellement, et encore là,
particulièrement dans nos sociétés
développées, nous commençons à être
empoisonnés par les toxines que nous sécrétons, que ce
soit par les résidus des mines, comme ceux qui s'accumulent
actuellement, par exemple, dans l'Estrie, par les résidus des
combustions incomplètes comme en produisent certaines usines, par
exemple, ou les moteurs de nos automobiles ou de nos avions ou, encore, par les
déchets ménagers, agricoles, industriels qui polluent l'air et
l'eau d'une façon toujours plus considérable, puisque les agents
de pollution en même temps que la surpopulation constituent des facteurs
de croissance exponentielle et que la pollution, si l'on tient compte de ces
deux facteurs, s'accroît d'une façon très rapide dans nos
sociétés développées.
Nous sommes aussi empoisonnés par des toxines que nous ne
connaissions pas auparavant et que le ministre, à bon droit, a
appelées le bruit. Bruit qui pollue aussi bien nos usines qu'il pollue
nos aérodromes et même les endroits où nous allons nous
procurer nos loisirs, comme les discothèques ou les rues. Sans parler
évidemment de l'agriculture qui, en certains pays, connaît un sort
très précaire, en raison du fait que la surabondance des
insecticides ou des engrais chimiques constitue un facteur important
d'érosion.
Par ailleurs, nous savons que la ville, selon le mot de Jacques Vernier,
est devenue un amplificateur de pollution à tous les points de vue,
aussi bien pollution physique que pollution esthétique et pollution
spirituelle et qu'en raison de ces facteurs, nos villes se sont graduellement
déshumanisées et, dans bien des cas, sont devenues inhumaines.
Nous avons vu également diminuer ainsi que se détériorer
nos espaces verts au moment précis où notre société
d'abondance nous permettait de compter sur une multiplication des heures de
loisirs et la multiplication des moyens qui nous permettaient d'en
profiter.
Nous assistons également à une prolifération des
maladies industrielles causées aussi bien par le climat qui
prévaut dans nos usines que dans notre milieu de vie en
général, maladies de la civilisation industrielle que les
chercheurs, selon les dires mêmes du ministre, commencent et doivent
étudier selon un tempo accéléré si nous voulons
aller plus vite que les maladies sont produites.
Il y a, enfin, la dernière conséquence des maladies de la
civilisation que l'on commence à constater surtout dans notre jeunesse
qui n'en peut plus de vivre dans cet univers bétonné et
déshumanisé et qui réagit souvent par de l'apathie, par un
manque de motivation, par de la révolte, par un rejet global de cette
société, rejet qui est souvent le lit de l'agitation sociale pour
ne pas dire des révolutions.
C'est donc dire, M. le Président, qu'un redressement vigoureux
s'impose dans plusieurs directions. Le redressement s'impose d'abord, le
ministre est humaniste et il me comprendra, au plan idéologique. Il nous
faut une nouvelle philosophie qui se débarrassera des relents
positivistes dont je parlais tout à l'heure, une philosophie qui soit
plus humaniste, dont la conception de l'homme soit plus en accord avec ce que
nous connaissons des composantes de l'homme, une philosophie qui saura
harmoniser les sciences de la nature et les sciences humaines, qui saura les
hiérarchiser, une philosophie, en somme, qui nous permettra de remettre
en cause, d'une façon radicale, tout le système de
développement matérialiste et libéral qui détruit
la nature pour le profit. Il nous faut une philosophie qui nous permettra de
voir que l'intérêt général n'est pas servi par le
profit maximal, qu'il faut penser non pas à ce qui reste de la nature
après que les industriels ont pris leurs profits mais à la nature
en tant qu'un bien social, qui est le plus vital qui soit, le patrimoine commun
que nous avons à gérer. Il nous faut une philosophie qui fasse
l'équilibre entre ce que l'on peut appeler le progrès
économico-industriel et le progrès écologique,
une philosophie à laquelle on pense constamment, dont on
s'inspirera lorsqu'il nous arrivera de voter des projets de loi comme ceux qui
sont soumis aujourd'hui à notre considération.
Il faut, également, un redressement vigoureux au plan de
l'action. J'entendais, tout à l'heure, le député de
Montmorency. Il est bien évident qu'il ne s'agit pas de bouder la
machine ou le progrès puisque c'est précisément sur la
machine et sur le progrès que nous devons compter pour réparer
les erreurs passées, pour éviter les erreurs futures et, surtout,
pour contribuer à la création d'un monde qui soit enfin plus
parfait, plus ordonné à l'homme.
Il faut, également, un redressement vigoureux au plan de l'action
politique. C'est-à-dire que nous devons sentir une volonté de
l'Etat qui soit incarnée dans les priorités qu'il établit
dans son action gouvernementale, une priorité que l'on doit retrouver
également dans son budget et que l'on n'a pas encore retrouvée,
jusqu'ici, dans les budgets qui nous ont été
présentés lors des deux dernières Législatures, une
priorité qui s'incarne également dans ses lois, dans ses
règlements.
Enfin, comme le ministre l'avait d'ailleurs souligné, il faut
qu'un redressement vigoureux soit établi, soit enfin acquis au plan de
l'éducation, non seulement par une transformation des programmes
scolaires mais, également, par une transformation des programmes
d'éducation permanente auxquels participent les massmedia. Il faut aussi
une action stimulatrice venant s'ajouter de la part des groupes
intermédiaires.
C'est pourquoi je disais, lors de la discussion de la motion du
député de Maskinongé, que notre parti accorde une
extrême importance à ce projet selon les lignes
générales qui paraissent dans notre programme,
c'est-à-dire qu'il faudra prendre, dorénavant, en
considération, au même titre que les critères
économiques et techniques, toutes les incidences écologiques de
ces projets.
Malheureusement, je dois dire que le gouvernement ne nous semble pas
engagé, pour sa part, en aussi bonne voie ou d'une façon aussi
profonde dans cette voie que nous le souhaiterions. Je n'en prends à
témoin pour cela que les quelques lignes seulement qui paraissent au
programme du Parti libéral de 1970 et dans les résolutions des
congrès régionaux que j'ai eu l'occasion de parcourir depuis.
Je veux bien faire confiance, pour ma part, au ministre d'Etat
responsable de la qualité de l'environnement mais je lui dis tout de
suite qu'un soldat ne fait pas une armée. J'aimerais bien voir à
côté de lui beaucoup d'autres soldats, ministériels ou de
l'Opposition, aussi actifs que lui dans la lutte qu'il a engagée depuis
quelques années.
Il a dit lui-même qu'il n'y a rien dans sa loi qu'un cadre. C'est
là aussi un autre motif d'inquiétude pour nous puisqu'il nous
faudra attendre et il nous faudra voir si les intérêts
énormes qu'il devra bousculer, les intérêts très
puissants au niveau du cabinet, de la caisse électorale, que nous
connaissons tous, n'auront pas, en ce domaine, comme en tant d'autres
malheureusement, le dessus sur les bonnes intentions dont il nous a
parlé et dont, comme chacun sait, l'enfer est pavé.
Après le sort qu'a connu la réforme des terres et
forêts qu'on nous avait annoncée avec grand fracas, la
réforme qui touchait la libération des clubs de chasse et des
clubs de pêche, nous sommes devenus sceptiques, M. le Président,
et je ne pense pas que vous puissiez nous en blâmer.
D'autant plus, encore une fois, M. le Président, que depuis les
deux années que nous sommes en cette Chambre, nous avons
constaté, dans ces domaines, les fruits de l'inaction gouvernementale.
Nous aurions aimé que le ministre, dans son discours de deuxième
lecture, nous parle de ces perspectives générales de son
gouvernement, ne serait-ce que pour compenser les carances que nous avons pu
constater jusqu'ici. Par exemple, en ce qui concerne le projet de la baie
James, on s'est rendu compte que les incidences écologiques du projet
n'avaient jamais été étudiées ou qu'on n'en avait
pas tenu compte avant que, le 29 avril 1971, le premier ministre n'annonce urbi
et orbi, ce projet. Nous savons également que dans les travaux qui ont
présidé au plan de l'autoroute est-ouest, on n'avait pas tenu
compte, non plus, des incidences écologiques. Il a fallu des
débats que nous avons nous-mêmes suscités, en cette
Chambre, pour que le ministre de la Voirie et le gouvernement en deviennent
conscients et essaient de réparer sur le tard les dommages
malheureusement irréparables qu'ils avaient causés.
Nous nous rendons compte, également, de cette inaction
gouvernementale ou de ce manque de sensibilisation gouvernementale lorsque nous
constatons, tous les jours, que le premier ministre, hanté qu'il est par
la promesse des 100,000 emplois, ne tient pas compte, dans les projets qu'il
annonce, de la dimension écologique. Nous nous rendons compte
également de cette inaction lorsque nous constatons que, malgré
les dénonciations et les suggestions que nous avons faites, le
gouvernement n'a pas encore institué un système d'inspection
adéquat des accidents industriels sur les chantiers et n'a pas
lancé un programme vigoureux en ce qui concerne l'éradication des
maladies industrielles.
Nous nous rendons compte également de cette inaction
gouvernementale lorsque nous constatons, malheureusement, que certaines lois
valables, qui avaient été adoptées dans le passé,
sont demeurées inopérantes, comme celles, par exemple, qui ont
trait aux cimetières d'autos, aux dépotoirs et autres objets.
Nous sommes donc obligés de conclure, M. le Président, que
ce gouvernement n'est guère sensibilisé à la dimension
écologique.
M. BELAND: M. le Président, en vertu de l'article 27, puis-je
vous informer que nous n'avons pas quorum?
M. LE PRESIDENT (Hardy): Qu'on appelle les députés! A
l'ordre! L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: Nous sommes donc obligés de conclure, M. le
Président, que ce gouvernement ne nous semble pas sensibilisé par
la dimension écologique des problèmes qu'a soulevés le
député de d'Arcy-McGee et que nous craignons beaucoup que le
ministre d'Etat responsable de la qualité de l'environnement soit
utilisé par le gouvernement comme une sorte de paravent ou
d'écran de fumée pour faire disparaître le vrai
problème en tentant de faire croire à la population que le
gouvernement s'en occupe.
Ce qu'il faudrait, M. le Président, en plus de toutes les mesures
dont nous a parlé le ministre, c'est bien autre chose encore comme, par
exemple, la correction des erreurs passées, l'élimination de ces
résidus, de ces montagnes d'amiante dont je parlais tout à
l'heure, la réparation de ces coupes à blanc qu'on a faites dans
nos forêts et que les efforts timides de sylviculture n'arrivent que
très faiblement à réparer.
La réparation des torts qu'on est en train de faire aux
Iles-de-la-Madeleine dont les lagunes sont graduellement fermées, ce qui
rend dangereux les équilibres écologiques en ce qui concerne par
exemple la migration des oiseaux: une étude très attentive du
rapport Spence en ce qui concerne les incidences écologiques du projet
de la baie James sur la faune qui habite en amont des barrages et aussi sur les
effets qu'elle aura sur la population des oies blanches qui avaient pris ces
endroits comme lieu de migration, et enfin en ce qui concerne toutes les
régions qui ont pu être éprouvées d'une façon
ou d'une autre par une croissance industrielle débridée.
Ce qu'il faudrait également, c'est établir des mesures
fiscales appropriées aux divers types de pollueurs industriels. Un
auteur français, Philippe Saint-Marc, proposait que le gouvernement
adopte une loi qui s'appellerait la Loi à la valeur détruite et
qui comprendrait une taxation calculée selon l'intensité des
nuisances.
Il nous semble que cette idée d'une taxation à la valeur
détruite, qui serait le pendant de la taxation à la valeur
ajoutée, pourrait peut-être constituer ce que les anglais
appellent le "déterrent" à la pollution. D'autres mesures
fiscales d'ailleurs pourraient être utiles dans le même sens.
Troisièmement, il faudrait que le ministre nous dise s'il a
l'intention d'établir des normes progressives, c'est-à-dire dont
le seuil maximal serait abaissé au fil des années. On a
trouvé en certains pays que la régression de ces normes pouvait
avoir un effet stimulateur sur la technique, sur les laboratoires de recherche
des industries, car ceci les force à trouver des mécanismes
antipollution. Et bien souvent, de cette façon aussi, on a des
retombées industrielles dans d'autres domaines, étant
donné que ceci favorise la fabrication de nouveaux équipements
antipollution.
Ce qu'il faudrait également, c'est une coordination
interministérielle véritablement efficace. Si nous voulons
étudier les incidences écologiques de tous les projets
industriels qui sont proposés au gouvernement, si nous voulons que les
subventions que les gouvernements donnent souvent à ces industries et
qui viennent de la poche des contribuables, contribuent au progrès et
à la protection de l'environnement, il faudra que nous atteignions
à une véritable coordination interministérielle, afin que
les incidences écologiques de ces projets deviennent aussi importantes
que les incidences économiques et industrielles.
Et enfin, il faudra le ministre y faisait allusion que le
Québec se spécialise, lui qui est à un confluent
absolument important dans ce domaine, dans l'industrie antipollution. Tout le
monde s'accorde à reconnaître que cette industrie est l'industrie
de demain, que c'est une industrie de pointe et qu'on peut assurer son
progrès de deux façons.
D'abord, en spécialisant du personnel scientifique à cet
égard, que ce soit par l'Institut national de la recherche scientifique
ou par des directives données aux universités ou par des
recherchistes engagés par le ministère lui-même et,
deuxièmement, par des recherchistes, des scientifiques qui auraient pour
mission de préparer de l'équipement accordé à la
lutte contre la pollution sous toutes ses formes. Un exemple nous est
donné en ce domaine par plusieurs petits pays, que ce soit la
Suède ou la Suisse, qui ont maintenant des industries très
prospères en ce domaine. Ces industries sont devenues exportatrices et
équipent plusieurs gros pays, comme la France et l'Allemagne, en ces
divers domaines.
Il me semble que ce serait là une vocation toute naturelle pour
le Québec. J'espère que le ministre de l'Industrie et du Commerce
sera convaincu avec moi qu'il s'agit là d'un moyen absolument
idéal pour assurer la relance économique et industrielle du
Québec.
Une dernière remarque, M. le Président. Nous ne sommes pas
sûrs que l'abolition de la Loi de la Régie des eaux soit
absolument indiquée en l'occurrence, car la Régie des eaux a pour
but de régir le domaine entier des eaux. Ceci est une ressource
très importante, comme on l'a vu par le rapport Legendre. Il n'est pas
sûr qu'il soit opportun que toute cette régie soit
transférée au futur ministère de la qualité de
l'environnement, puisque la lutte contre la pollution, qui se situe dans le
domaine des eaux, est autre chose que la gestion du domaine de l'eau, qui,
elle, est d'une beaucoup plus grande ampleur.
Il nous semble que, si cette décision n'est pas
encore finale, il importerait de la reconsidérer, quitte à
ce que nous en arrivions à une nouvelle répartition des
tâches en ce domaine, laissant au ministère des ressources
naturelles ou à un autre ministère ce qui paraît relever de
la gestion des eaux et donnant au futur ministère de la qualité
de l'environnement ce qui pourrait relever de la lutte contre la pollution dans
le domaine des eaux.
Nous espérons, encore une fois, M. le Président, comme
nous l'avons dit lors de la motion du député de
Maskinongé, que le ministre fera tous les efforts pour déposer
ces règlements au plus tôt, afin que tous les organismes
intéressés à débattre ces règlements, qu'il
s'agisse des industries dont les activités seront affectées,
qu'il s'agisse de groupes qui se sont donné comme mission de lutter
contre la pollution, qu'il s'agisse d'hommes de science qui peuvent nous
éclairer en ce domaine, puissent venir devant la commission
parlementaire éclairer la lanterne des députés et les
aider à faire, en ce domaine où nous n'avons encore que trop
tardé, oeuvre la plus utile possible.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. Jean-Louis Béland
M. BELAND: M. le Président, à mon tour, je me dois de dire
quelques mots relativement à ce projet de loi 34, qui, dit-on, vise
à protéger la qualité de l'environnement. Il est bien
clair qu'en 1972 on devait avoir un projet de loi sur ce qu'on appelle
communément la qualité de l'environnement.
Si l'on veut coller ce projet de loi à un système
humanitaire intégral, il faudrait peut-être en changer même
certains principes qu'on retrouve à l'intérieur.
A-t-on agencé une loi pour consacrer ce qui existe
présentement ou pour procéder à l'implantation de normes
plus ou moins rigides qui imposent un correctif, sur une certaine
quantité d'aspects relatifs à ce qui doit exister non pas
seulement dans les mots, mais dans les faits, c'est-à-dire une bonne
qualité de l'environnement? Nous nous posons la question, mais encore
là, ce ne sont que des mots. Qu'est-ce que l'environnement? Quelle fut
la qualité de l'environnement en matière d'atmosphère
naturelle avant que l'homme ne souille le sol de la terre?
Qui a perturbé, si ce n'est l'homme lui-même? A-t-on
jusqu'ici tenu compte des différentes recherches faites dans la
matière, que ce soit par des biologistes, des physiologistes, par
d'autres chercheurs versés dans la matière? Dans le projet de
loi, est-ce que l'on traite de l'aspect le plus important pour l'avenir de la
population du Québec, c'est-à-dire de l'éducation de cette
dernière, de l'aspect préventif, si au moins l'on s'était
arrêté sur le traitement des symptômes décelés
et du traitement des causes de cette pollution de l'environnement?
Nous, des comtés ruraux, pouvons analyser d'une façon
peut-être légèrement différente, un bill de cette
nature, étant donné notre formation terrienne. Lorsque le
célèbre professeur André Mayer déclarait lors d'une
journée sur l'humus, que la vitalité du sol est la base de la
prospérité de la nation, probablement qu'était inclus dans
sa pensée le fait que l'homme ne peut violenter la nature sans
s'attendre à être obligé d'apporter des correctifs majeurs,
afin de pallier les mauvais effets des débalancements.
Dans un système de débit social et ici, je fais un
petit ricochet, à savoir que j'espère que ce sera inclus comme
tel, je dis bien un système de débit social, parce que j'ai dit
il y a quelques jours, que nous vivions dans un système de débit
social et le mot débit a été enlevé, donc n'a pas
été inscrit au journal des Débats; or, c'était pour
apporter tout simplement cette correction aujourd'hui ou le gouvernement
a tendance à donner une plus grande valeur aux structures
gouvernementales qu'aux êtres humains qu'il y a à
l'intérieur, lesquels ont d'ailleurs à subir une diminution de
l'esprit de conservation et de développement de l'état naturel
avec l'avancement de la science, des techniques nouvelles, de tout ce qu'il y
a, de tout ce qui est inclus dans ce que l'on appelle l'environnement, l'on
s'empoisonne par l'air, le bruit, l'eau.
Est-ce que l'on doit faire en sorte qu'il y ait un balancement
biologique de façon que le milieu d'existence soit en fonction d'un
mieux-être de l'homme, mais non pas un milieu de laisser-aller collectif,
comme cela semble être présentement?
Je disais que le passage de l'homme a probablement amené la
pollution. Ici, ne doit-on pas se poser une question? Si l'on regarde
attentivement tout ce qui existe, ne constate-ton pas que seul l'homme a
l'intelligence? Pourtant, lui, le principal, ne se soucie pas de ce que peut
être l'environnement et ne se soucie surtout pas de ce que sera
l'environnement après son passage sur la terre. Il y va d'une
éducation vis-à-vis de chaque individu, vis-à-vis de
chaque famille, de chaque municipalité, de chaque province, de chaque
nation.
On a dit il y a quelques jours, plus précisément la
semaine dernière, que le gouvernement mondial qui s'implante
réglera le problème de l'environnement. Je pense que c'est
rêver triplement en couleurs parce qu'à ce moment-là on
laisse de côté l'aspect humain, l'aspect vécu, ce que l'on
voit tous les jours, ce que l'on sent, ce que la population ressent tous les
jours. On délaisse la base même, ce qui ne doit pas être
laissé de côté si nous voulons réellement penser en
fonction d'une amélioration de la qualité de l'environnement.
Je me permets également de vous citer une phrase de
Molière, qui disait: Guérir la maladie est une chose possible
mais guérir les hommes de la maladie des remèdes est beaucoup
plus difficile. Ici, j'apporte tout simplement un fait. S'il y en a dans cette
Chambre qui ont le
moindrement regardé à fond le problème, on n'a pas
besoin d'aller tellement loin, d'aller tellement profond pour voir que les
arbres, les plantes que ce soit des graminées ou des
légumineuses que l'on rencontre ici au Québec sont des
facteurs dépolluants, non pas polluants. C'est pour cela qu'il y a
quelques mois déjà j'avais apporté une suggestion à
savoir qu'alentour de villes comme Montréal ou Québec, par
exemple, il y aurait possibilité à long terme que nous ayons ce
que j'appelle communément une couronne verte, une bande de terre
où on pourrait voir en grande abondance des arbres, des plantes.
Cet environnement ferait en sorte de constituer peut-être le
facteur premier pour dépolluer tous les éléments
polluants, y compris les gaz.
Etant donné la nature même, la capacité d'absorption
des plantes et des arbres, cela serait un facteur qui aiderait certainement le
ministre responsable de l'environnement à résoudre ce grave
problème au Québec, c'est-à-dire la pollution de
l'environnement.
Il est entendu que le gouvernement a un rôle très important
à jouer en ce qui concerne l'environnement, étant donné
que nous, les hommes, collectivement, ne nous préoccupons pas
suffisamment de ce facteur très important, la qualité de
l'environnement. Il est entendu que, par ce laisser-aller dans ce
système de débit social, il y a un manque de renseignements pour
bien disposer des éléments polluants. Il est entendu que cela
prendrait des campagnes intensives, une éducation intensive dans ce
domaine. Il y aurait possibilité de renseigner, pour tâcher que la
population puisse, d'une façon préventive, corriger certaines
situations. Il y a possibilité aussi d'éduquer, afin que la
population elle-même apporte des curatifs à ce qui existe
présentement.
M. le Président, je constate qu'il est six heures. Puis-je
demander la suspension du débat?
M. LE PRESIDENT: Avant de procéder à la suspension du
débat, je dois donner avis à la Chambre que deux
députés désirent se prévaloir des dispositions de
l'article 179, pour obtenir des renseignements supplémentaires aux
réponses apportées à leurs questions par des ministres,
l'honorable député de Bourget, sur une question au ministre des
Affaires sociales, et l'honorable député de Mégantic sur
une question adressée au ministre des Richesses naturelles.
Conséquemment, soit à 23 heures ou si la séance semblait
se terminer avant, avant que je procède à l'ajournement des
travaux de l'assemblée, nous aurons ces mini-débats.
M. BIENVENUE: M. le Président, j'ai parlé aux leaders des
différents partis d'Opposition et nous nous sommes entendus pour
ajourner le présent débat sur le bill no 34 à dix heures,
ce soir.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cela devient un ordre de la Chambre?
M. PAUL: Oui. Cela va être bon, ce soir, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: La motion est adoptée, à l'effet que
l'assemblée procédera à l'ajournement de ses travaux
à dix heures et avant de procéder à l'ajournement
définitif des travaux de l'assemblée, nous aurons ces
débats.
M. BIENVENUE: Je demande la suspension des débats à 8 h
15, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La séance suspend ses travaux à 8 h
15.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 20
M. HARDY (président): A l'ordre, messieurs!
L'honorable député de Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, le ministre semble éprouver un
grand désir de régler le problème qu'affrontent plusieurs
villes et municipalités dans l'élimination des ordures
ménagères et des déchets de ferraille, bois, plastique ou
autres déchets industriels. Mais même après des
études approfondies, on a trouvé qu'il y avait possibilité
d'utiliser la majeure partie de ces ordures par le compostage, en vue
d'engraisser le sol après avoir passé le stade de fermentation et
de mélange avec de la sciure de bois de pin, de peuplier ou de paille
humide. La qualité de ce compost est à un point tel que l'on
trouverait avantage à l'utiliser pour améliorer la valeur de
l'humus de nos terres sablonneuses et en même temps, cela redonnerait de
la vitalité à certaines régions de culture intensive. Sur
les fermes, dans les communautés religieuses, les établissements
d'enseignement, dans certaines industries alimentaires, les déchets de
légumes et de fruits peuvent être abondants. Leur présence
en grande quantité crée des foyers d'infection ou d'infestation
par les mouches, rats, etc. Là précisément se trouve l'une
des premières conditions à réaliser pour l'hygiène
de nos villages et la propreté des abords de ces établissements.
La vie humaine ne doit jamais être une cause de pollution des milieux
vivants et l'homme ne doit pas se ravaler plus bas que beaucoup d'animaux qui,
eux, évitent de souiller la nature et enterrent leurs déjections.
La loi devrait prévoir, même, envers ceux qui l'enfreignent le
plus durement, la prison sans délai. De cette façon le
véritable pollueur s'éliminerait au grand avantage de l'ensemble
des citoyens.
M. le Président, on a proposé un projet de loi, il y a
quelques jours, mais était-ce une loi pour que, graduellement, on
remplace les produits antiparasitaires chimiques par des moyens de
contrôle biologiques dans le domaine des cultures horticoles, grand
régularisateur de l'atmosphère? L'échelle des valeurs de
notre société est perturbée et toute bouleversée.
Est-ce qu'il y a un degré moyen connu et facilement
compréhensible de pollution que l'homme ne peut dépasser?
J'espère que le ministre a fait faire des études dans ce sens.
Quel est le taux d'absorption de l'homme?
J'ai essayé de déceler dans le bill 34 et je n'en
ai vu aucune trace à quel endroit le ministre prendra les deniers
pour réaliser son programme. De là la nécessité de
changer le système de débit social en un système de
crédit social, c'est-à-dire de crédit à la
société pour l'établissement des services qu'un
gouvernement responsable devrait favoriser.
M. GAGNON: Cela, c'est de la pollution! M. BELAND: L'édifice de
l'harmonie des valeurs ne tient qu'à un fil. Doit-on le laisser
s'écrouler ou, par une loi, cimenter une bonne base? Ce sont là
toutes mes observations, M. le Président. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
M. Philippe Demers
M. DEMERS: M. le Président, je viendrai ajouter quelques propos
à ceux des collègues de mon parti, qui ont bien voulu faire des
remarques très judicieuses sur le projet de loi no 34, qui s'intitule
Loi de la qualité de l'environnement.
Nous avions pensé, depuis le temps que durent ces
pérégrinations ministérielles, que cette montagne qui
s'était mise en mouvement accoucherait de quelque chose. Elle transporta
sa bosse de comté en comté, de ville en ville et, ce soir, M. le
Président, nous en sommes à la conclusion, peut-être un peu
prématurée, que cette montagne, se mettant en mouvement,
accouchera d'une souris, pour ne pas dire d'un souriceau.
C'est qu'en effet, M. le Président, cette loi est une
déception pour tout le monde. Le ministre, lorsqu'il s'assoira seul avec
sa conscience, privé de ses contacts avec l'extérieur, et qu'il
résumera ce qu'il y a dans cette loi, ne pourra venir à une autre
conclusion que c'est une codification de vieilles lois rabâchées.
J'ai retrouvé, dans toutes les lois du ministère de la
Santé publique, les lois de l'hygiène publique, toutes les
précautions que l'on prenait, dans le temps, et qu'on prend encore pour
préserver le milieu.
Les Québécois sont contre la pollution; nous sommes tous
contre la pollution, et c'est un mouvement naturel. C'est un mouvement qui
naît de l'instinct de sécurité, de l'instinct de
conservation qui est inné, qui marque tous les individus.
Il faut être pour la protection de son milieu, afin de se
sauvegarder et de survivre soi-même. Nous sommes pour ces mesures contre
la pollution mais les Québécois sont d'accord pour que le
gouvernement adopte des mesures dans ce sens. Cependant, pas n'importe quelles
mesures, écrites à la hâte et qu'on veut faire passer
à toute vapeur.
Quelles sont les structures proposées par ce projet de loi?
Est-ce que ce projet de loi crée un service, une régie autonome,
un office ou un ministère? Non. C'est la loi de la qualité. On
qualifie l'environnement. C'est métaphysique.
Qui l'administrera? On verra. Le conseil des ministres décidera,
article 78. Il nous manque aussi des définitions fondamentales, comme la
définition d'un service. Qu'est-ce qu'un service? Un ministère.
Quel ministère? Le ministère de la loi de la qualité de
l'environnement? Voyons donc! Ministère des Affaires municipales, avec
un ministre délégué à l'environnement, aux affaires
urbaines? Il y a encore des
distinctions dans ce domaine, parce que le ministre des Affaires
municipales, depuis deux jours, est devenu le ministre des affaires urbaines
municipales, tandis que le premier ministre s'est confié le
ministère des affaires rurales municipales.
Je reviens à la qualité de l'environnement. Le
gouvernement tente d'imposer à la population une structure très
lourde qu'il n'a pas osé définir et stipuler dans le
présent projet de loi. C'est le ministre lui-même qui le dit.
C'est le ministre qui sera peut-être chargé de l'application de
cette loi. Il n'y a rien de spécifique. Le conseil des ministres
déterminera qui sera celui qui sera responsable de l'environnement. Le
ministre se tue en pèlerinages, en explications. Cela part d'un bon
naturel, d'un excellent ami.
Le ministre se tue à la tâche. Il prépare. Mais qui
sera l'homme? Qui sera l'exécutant de ces politiques de la loi de la
qualité de l'environnement? Cela pourra être le ministre des
Affaires municipales, le ministre omnibus des Transports et des Communications
n'importe qui. Cela dépendra du conseil des ministres. Je ne connais pas
la cote du ministre préposé actuellement à
l'environnement, mais s'il n'a pas la cote de faveur des ministres actuels,
c'est garanti que ce ne sera pas lui!
UNE VOIX: Cela va être le ministre des Affaires municipales.
M. DEMERS: Si ce n'est pas l'autre qui mène tout à partir
de la chambre du coin, là-bas, qui est-ce que ce sera? Je pose la
question, M. le Président.
Le ministre, dans le temps, avait dit: II faudrait que nous doublions
les effectifs pour qu'ils puissent répondre aux besoins, en plus de la
surveillance régulière, des problèmes connus, ils doivent
donner une réponse immédiate et définitive aux urgences et
aux plaintes, en parlant des effectifs dont il dispose. Au niveau provincial,
ces inspecteurs sont un peu plus d'une centaine.
M. le Président, on veut qualifier l'environnement et je me
demande comment on veut lutter contre la pollution. Le projet de loi propose
des pouvoirs de surveillance, de contrôle de la qualité de
l'environnement. Il a pour effet de lutter contre les pollueurs de l'air, de
l'eau et du sol. Cependant, ce projet ne souffle pas un mot de la pollution
dans l'asmosphère, dans les lacs et les rivières, celle qui
existe actuellement. Quels sont les moyens que le ministre prendra pour faire
cesser cette pollution existante? Le ministre se comporte, ce projet de loi se
comporte de telle façon qu'on a la certitude que c'est pour un
événement qui s'en vient, la pollution, alors qu'elle est chez
nous, bien chez nous, que nous l'avons partout. Dans ce projet de loi, on
qualifie l'environnement et on ne dit pas ce qu'on fera avec la pollution qui
existe actuellement. C'est le grand reproche que je fais à cette
loi.
M. le Président, si on prend le journal Le Soleil du 25
août 1972, on lit les paroles mêmes du ministre: Les buts de cette
nouvelle législation a précisé le ministre
seront de consolider, de coordonner les responsabilités et les pouvoirs
du ministère de quel ministère d'imposer des
règles plus strictes quelles règles? et des
sanctions plus sévères qui s'identifieront à celles de
l'Ontario. Pour ce qui est de la règlementation, ça
relèvera du lieutenant-gouverneur.
Mon collègue, le député de Maskinongé en a
fait état 90 fois. Selon les déclarations du ministre, le projet
de loi imposera des règles plus strictes et des sanctions plus
sévères. Toutefois, il y a quelques petits passe-droits: Je
voudrais cependant dire ajoute le ministre qu'il me semble que
dans les premiers mois d'un programme de cette nature, on doit faire confiance
à la bonne foi et à la plupart des responsables de la
pollution.
Je fais exception, en particulier, du cas des pâtes et papiers,
qui sont un problème assez compliqué à cause de la
conjoncture actuelle. Il faudra arriver un peu plus tard avec des amendes
très sévères. En quelle année, M. le
Président, quand?
Il y a un autre problème, dans cette loi qu'on semble ignorer. Ce
sont les juridictions. On voit dans la loi que l'objet est de confier à
un ministre la responsabilité d'élaborer, de mettre en oeuvre une
politique de protection de l'environnement, d'instituer un conseil consultatif
de l'environnement, de placer des amis, des faiseux, des artistes, des bons
petits jeunes hommes qui ont toujours voté de la même couleur, des
grands connaissants en environnement, d'obliger des personnes exerçant
certaines activités susceptibles d'altérer la qualité de
l'environnement à se mettre au pas. Ce sont les objets, mais est-ce
qu'on a envisagé qu'il y avait un gouvernement supérieur? Parce
que nous faisons encore partie d'un pays.
Est-ce qu'on a envisagé les implications de la loi
fédérale sur l'environnement? Le gouvernement canadien a fait
adopter par le Parlement trois lois concernant la qualité de
l'environnement. De plus, il a soumis en première lecture un projet de
loi concernant le conseil de l'environnement? Est-ce que le ministre pourrait
nous les nommer ces lois? Est-ce qu'il est au courant? Comment appliquera-t-il
sa loi lorsque de l'autre côté on téléphonera avec
les lignes directes qui réunissent Québec à Ottawa, avec
le gouvernement que nous avons? Lignes directes qui empêchent le ministre
des Affaires sociales d'appliquer ses politiques, qui empêchent le
ministre du Travail d'appliquer ses politiques, qui empêchent le ministre
de l'Agriculture d'appliquer ses politiques. Et le ministre peut-être
nommé à l'environnement prétend, sans ministère
pouvoir faire contrôler ces gens? Illusion, M. le Président, on
rêve en couleur, c'est un échec avant que ça ne
commence.
M. le Président, il faut être sérieux. On
présente un projet de loi. On présente quelque chose pour
bonifier. On s'attendait d'avoir la loi d'un ministère. Nous avons une
codification de tout ce qui s'est fait actuellement, une codification qui
exclut le mécanisme de participation pour les citoyens et les
municipalités. A quel chapitre de cette loi les concitoyens sont-ils
consultés? Je comprends que le ministre s'en va avant rencontrer les
gens. Il est très bien reçu. Le monde est poli, puis lui aussi
est d'une politesse excessive, il ne dit jamais un mot plus haut que l'autre,
c'est un gentilhomme. Il va rencontrer les gens puis il leur dit qu'il va y
avoir une loi de la qualité de l'environnement. Mais le citoyen,
où participe-t-il?
Il ne sera même pas là lorsque les règlements seront
élaborés; c'est le conseil des ministres avec le
lieutenant-gouverneur qui vont faire la consultation et sortir la
décision. Les municipalités vont écoper de l'application
des règlements provinciaux, il faut qu'elles se fassent entendre. On ne
les entendra pas, on les entendra lorsque tout sera révolu; cela fera
exactement comme la loi 276, il faudra que le premier ministre aille ramasser
cela devant les conseils municipaux, et comme il est obligé de le faire
maintenant, il devra aller dire aux conseils de comté et aux unions de
conseils de comté: Ne vous en faites pas, pour le côté
rural ce sera moi. Il n'y a pas encore eu de problèmes sérieux
dans les villes; là, il va y en avoir. Ce sera lui aussi, là, ce
sera lui partout, ce sera lui dans la loi de la qualité de
l'environnement.
J'ai relevé, pour mon information, pour mon édification,
le nombre d'articles couverts antérieurement. Le ministre a bien
l'impression qu'il vient de réaliser la quadrature du cercle en nous
proposant cette loi de la qualité de l'environnement, qu'avant lui
c'était le néant, qu'avant lui rien ne s'était fait,
qu'avant qu'il arrive avec ces données sur l'environnement et sur la
sauvegarde, la protection, le conditionnement de l'environnement il n'y avait
rien. Il pensait avoir créé. Je vais rafraîchir sa
mémoire; nihil sub sole novum, il n'y a rien de neuf sous le soleil.
C'est ainsi que la loi de l'hygiène publique...
M. LEDUC : Un autre Louis Vézina.
M. DEMERS: Louis Vézina, c'est votre meilleur et vous ne le
connaissez pas. J'aimerais que vous parliez de cette loi de l'environnement
dans les nuisances. Cela édifie les gens qu'on parle un peu latin, on
parle au moins cela, nous. La loi de l'hygiène publique comprend un
chapitre de l'article 16 qui traite des devoirs du ministre sur le milieu, des
conditions sanitaires, qui traite de la pollution, des nuisances, des
égouts, de la salubrité des maisons et des cours, de la
salubrité des plages, des piscines, des endroits de villégiature.
Quant au tourisme, rien de neuf jusqu'à présent. Salubrité
des établissements d'embaumement.
Il a changé cela un peu. Il va nous sortir la façon dont
on va disposer des cadavres et les embaumer. On a trouvé un autre mot
aussi : les thanatologues. La façon de traiter les immondices. A
l'article 16, on traite de la protection contre les radiations. Il y a
nuisance. Le ministre pense avoir fait une découverte lorsqu'il nous dit
que le lieutenant-gouverneur va avoir le pouvoir de réglementer tout ce
qui peut se passer dans les ondes, etc.
Je me reporte maintenant aux pouvoirs qu'avaient les bureaux qui
appliquaient la Loi de l'hygiène publique. Ils définissaient les
nuisances d'abord, comme le ministre, dans sa loi, les définit. Ils
parlaient de la visite des immeubles. Ils faisaient cas des plaintes, des
enquêtes. Ils donnaient l'avis de nuisance, avis aux propriétaires
pour l'enlèvement de nuisances. A l'article 47, on parlait des autres
municipalités qui pouvaient être une nuisance pour la
municipalité voisine, à l'article 48, des dépenses, par
qui elles devaient être encourues et payées. Le ministre en parle
dans son projet de loi. A l'article 49, une personne en défaut avait
droit à l'appel. Avis de la décision du ministre. Les amendes. A
part ça, c'était le ministre de la Santé qui en
était responsable, qui était titulaire, qui avait un budget. Il
pouvait faire quelque chose.
Mais le ministre n'aura pas de ministère, il va juste
contrôler ce qu'on appelle la Loi de la qualité de
l'environnement. On traitait aussi aux articles 50 et 51 de l'ordre
d'enlèvement, des amendes, des fosses d'aisance à l'article 52,
à l'article 53, des puits et des maisons malsaines, à l'article
93, de l'inspection des immeubles, à l'article 94, des insignes que
devaient porter ces officiers.
Si je me réfère à la Loi du ministère de la
Santé, c'est un complément très sérieux et
efficace. Il ne faut pas se mettre dans la tête que l'hygiène est
née avec ce gouvernement. Avant, vous savez, on respirait. C'est une
découverte? On ne parle que de pollution depuis quelque temps. On aurait
été mieux de parler moins de pollution et de parler de pain et de
beurre. Cela nourrit plus.
Le ministère de la Santé, dans des règlements
provinciaux d'hygiène, au chapitre 7 de l'habitation en
général, fit adopter un arrêté en conseil, en avril
1963, qui définissait l'obligation générale de
déposer des plans et devis en double copie pour les quartiers
industriels. Quoi de neuf dans la loi de l'honorable ministre? On traite
à l'article 2 de la superficie des immeubles relativement aux lots. Quoi
de neuf dans la loi du ministre?
Dans l'article 3, on traite des cours, des garages, des hangars, des
lots de moins de 50 pieds de profondeur; c'est fait, M. le Président. On
parle même des cours et des "courettes" intérieures et
extérieures, des prises d'air dans ces cours intérieures, des
obstacles qu'il peut y avoir, des drainages sanitaires, du matériel, des
pentes et du diamètre des drains. C'est spécifique, c'est clair;
on était pour la protection de l'environnement. On parle de la
ventilation des drains et de leur étanchéité, du siphon,
du clapet, de tout ce qu'on doit mettre sur un
canal d'égout. Le ministre n'invente rien. Le ministère de
la Santé continue en abordant la salubrité dans les endroits
publics. On définit d'abord l'endroit public et on insiste...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Je me demande si nous avons quorum. Je pense que nous ne
l'avons pas. Cela va reposer le député de Saint-Maurice.
UNE VOIX: Qu'on fasse venir les députés
ministériels!
M. LESSARD: Ce sont toujours les ministériels qui tiennent la
Chambre.
M. BURNS: C'est toujours le côté ministériel qui
nous empêche d'avoir le quorum.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
M. BURNS: Je vous demande une directive. Est-ce que le
député doit être assis à son siège pour qu'on
puisse le compter pour avoir le quorum?
M. LE PRESIDENT: Selon moi, le député est présent
en Chambre lorsqu'il occupe son siège.
M. BURNS: Alors, on va voir exactement si la majorité
libérale peut faire le quorum.
M. LE PRESIDENT: Je veux bien appliquer le règlement d'une
façon intransigeante; si les députés veulent, lorsqu'ils
ne sont pas à leur siège, être comptés pour le
quorum, ils ne doivent pas être derrière le fauteuil. Il y a un
seul endroit où un député peut être, en Chambre,
c'est à son siège. Les députés ne sont pas
censés être sur le parquet ailleurs que sur leur siège.
M. BURNS: Je crois que cela fait déjà cinq minutes. Il ne
faudrait pas que ce soit compté sur le temps de parole du
député de Saint-Maurice. Cette demande n'a pas été
faite contre le député de Saint-Maurice.
M. LE PRESIDENT: C'est une chose tellement évidente que je me
demande pourquoi le député de Maisonneuve la souligne.
M. BURNS: C'est parce que j'ai vu certains accrocs au calcul du temps,
M. le Président, dans le passé. Dans l'intérêt du
député de Saint-Maurice et dans l'intérêt des autres
députés de l'Opposition qui seront placés devant cette
même situation, je posais la question.
M. LE PRESIDENT: Je remercie le député de Maisonneuve de
m'aider à faire en sorte que tous les députés aient leur
droit de parole.
M. BURNS: ... à vous aider à être un bon
président, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'honorable député
de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, je dois d'abord remercier mon
collègue de Maisonneuve pour les égards qu'il a à mon
endroit. Cela m'inquiète un peu. Si ce n'était pas de parler
latin, je dirais "Timeo Danaos et dona ferentes" s'applique encore dans ce
cas.
J'étais à vous parler, M. le Président, des
règlements provinciaux d'hygiène de la Loi du ministère de
la Santé. Je disais qu'on avait prévu, dans cette loi,
l'approvisionnement et c'était dans les endroits publics
en eau potable. On avait prévu aussi qu'elle devait être...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Nous allons appliquer le règlement
intégralement. Je demande aux députés d'occuper leur
siège ou de quitter le parquet.
M. DEMERS: M. le Président, dois-je attendre que tous les
députés soient assis?
M. LE PRESIDENT: Je demande à tous les députés,
quels qu'ils soient, de quelque formation politique à laquelle ils
appartiennent, d'occuper leur siège ou de quitter le parquet. C'est une
chose essentielle si nous voulons que nos délibérations
respectent un...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Décorum! M. LE PRESIDENT: ...
décorum minimum.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Là, M. le Président, on avait
des quorums!
M. LESSARD: Vous avez bien dit "leur siège", M. le
Président, pas le siège d'un autre. Leur siège!
M. DEMERS: Est-ce que vous me permettez de reprendre, M. le
Président?
M. MARCHAND: M. le Président, je suis à mon
siège.
M. DEMERS: Je reviens donc aux spécifications et ça
fera trois fois ...
M. CROISETIERE: II y en a 90.
M. DEMERS: ... du ministère de la Santé en ce qui a trait
aux règlements provinciaux d'hygiène relativement aux endroits
publics.
Je lisais qu'on avait prévu l'approvisionnement en eau potable,
la confection et la disposition des égouts sanitaires, l'approbation des
systèmes d'égout et d'eau. On a même l'article 5 qui
prévoit que les peignes, les brosses, le savon usagés, dans les
endroits
publics, doivent être interdits. On a même prévu
à l'article 6, par un souci pour faire plaisir à
l'"establishment", que les coupe-cigares devaient disparaître de ces
endroits publics.
A l'article 7, on prévoyait des serviettes. A l'article 8, on
interdisait les tasses communes. C'était un souci assez évident
de la protection de l'environnement et de l'hygiène. On défendait
de salir les endroits publics, à l'article 9. Défense de cracher
par terre, c'est-y assez fort?
A l'article 11, on émettait des permis pour les plages, les
piscines, les camps c'étaient les terrains de camping dont parle
le ministre dans son projet de loi de la qualité de l'environnement
les colonies de touristes et les colonies de vacances. On a l'article
12, qui fait mention des costumes et des serviettes de bain.
M. MARCHAND: On n'en portera plus.
M. DEMERS: Cela n'édifiera personne la journée où
le député de Laurier ne portera plus de costume de bain!
A l'article 13, on parlait même des serviettes de table. A
l'article 14, la propreté générale des cuisines et des
salles à manger, protection de l'environnement. Peut-être mesures
d'hygiène, me dira le spécialiste, mais à ce jour c'est de
la protection de l'environnement.
On prévoyait le nettoyage des ustensiles, l'entreposage, la
réfrigération, l'hygiène des employés et le poli au
cyanure, qui était toxique et qui l'est encore, même si on a
changé de ministre. Article 20, la propreté des toilettes et des
lavabos. Article 21, les couverts de table en mauvais état.
Les règlements provinciaux d'hygiène traitaient aussi de
la Loi des établissements industriels, au chapitre 406, les mesures
générales applicables dans toutes les industries, la permission
pour les construire, l'eau, l'égout, les toilettes, les canots de bois,
la disposition des eaux résiduaires, puisards dangereux, les fosses
fixes, l'éclairage, l'espace cubique, l'aération, à
l'article 12. A l'article 13, ventilation artificielle. A l'article 14, locaux
où l'on travaille des matières putrescibles. C'est la loi
recodifiée que le ministre nous présente. C'est un nouveau
catalogue, l'édition 1972, avec la même marchandise qu'autrefois.
Rien de neuf. Nihil. Je ne le dis plus, parce que ça scandalise
certaines oreilles.
L'opération dans les chambres séparées, la
salubrité de l'établissement, la limite de concentration de
certains produits dans l'air. Les mesures spéciales relatives aux
industries. On prévoyait même certains détails d'emballage
du sable moulu pour protéger la santé, pour empêcher que
l'environnement soit pollué. Le nettoyage des locaux. Et on traitait de
la pollution de l'air, même à cette époque de 1963, qui
semble très lointaine au ministre.
On a ajouté d'autres conditions sanitaires, pour les campements
industriels et les autres campements. Le ministre parle des camps fores- tiers,
des camps de bûcherons, des camps de l'industrie prévus, plans et
devis déposés.
En novembre 1963, le drainage de ces terrains, la matière
à rebuts, les latrines. Et on prévoyait dans les chantiers des
mesures spécifiques pour les écuries. C'est révolu, M. le
Président, je ne vous apprendrai rien en vous disant qu'aujourd'hui,
dans les entreprises forestières, le canasson a disparu. Je vous dirai
ce que c'est après l'assemblée.
Déchets. On prévoyait même les déchets
d'abattoirs et de carcasses et l'approvisionnement en eau pour les chantiers
industriels et les chantiers forestiers. On le prévoyait aussi dans le
règlement du ministère de la Santé, et on le
prévoit encore, ce n'est pas prorogé. Il faudrait que le ministre
y pense, il va avoir deux livres de règlements. Où va-t-on se
retrouver? Il y a les règlements municipaux qui sont en vigueur, les
règlements provinciaux et les règlements que va édicter le
lieutenant-gouverneur en conseil 92 fois. Il n'aura jamais autant
travaillé.
M. PAUL: Est-ce que le député me permet une question?
M. DEMERS: Oui, M. le Président.
M. PAUL: Je l'écoute avec beaucoup d'intérêt depuis
un certain temps. Est-ce que l'honorable député pourrait me dire
en quoi le ministre d'Etat, député de D'Arcy-McGee, a
innové dans cette lutte contre la pollution de la qualité de
l'environnement?
M. DEMERS: M. le Président, je répondrai à mon
collègue de Maskinongé qu'avec des témoins, je cherche
depuis quinze minutes en quoi il a innové et qu'ensemble, on n'a rien
trouvé jusqu'à maintenant. Il y a peut-être des mots
nouveaux; peut-être qu'il y a des éventails d'options, des
organigrammes, toutes ces choses, la planification horizontale et tous ces
machins dont s'engraissent les nouveaux poètes.
Mais dans les règlements pratico-pratiques, M. le
Président, il n'y a rien de neuf, nihil novum. On a parlé, dans
les règlements provinciaux d'hygiène, des matières de
vidange, on les a définies. Le ministre définit ça aussi
dans son projet de loi, il définit les déchets, les
détritus et les nuisances. On traite à l'article 2 du chapitre
13, de la propreté autour des maisons; on traite des dépotoirs,
de leur établissement de leur entretien. Rien de neuf, M. le
Président. On traite de la façon dont il faut disposer des
vidanges. Rien de neuf, M. le Président. Compostage, a dit tantôt
le député de Lotbinière, enfouissement. On a fait des
recherches sur la façon d'utiliser les matières usées, des
firmes ont travaillé, elles ont fait un rapport et elles ont
trouvé que les villes faisaient encore des vidanges et des
déchets. Le ministre a dit : Il va falloir détruire ça,
les enfouir ou les composter.
On parlait, à l'époque, des vidanges dans des
récipients couverts; rien de neuf, M. le Prési-
dent; le couvercle n'a pas changé, même si la
matière a pu changer pour la poubelle. L'enlèvement des vidanges,
les nettoyages annuels, la pollution des sources d'eau. A l'article 9,
l'obligation qu'il y a de brûler les cadavres d'animaux. Rien de neuf, M.
le Président. Vidanges près des routes, cimetières
d'automobiles ça relève du ministère des Transports
pollution. Les incinérateurs, le ministre en parle. Rien de neuf,
M. le Président. Enfouissement sanitaire et des pénalités
pour ceux qui sont coupables d'infraction. Le ministre innove très peu,
il codifie. Il aura été le codificateur des nuisances dans la
province de Québec et de la façon dont on en dispose. Il a
condifié, il a pris trois lois dans deux ministères, il a mis
tout ça dans la même et, ce qui est pire, il fait administrer
ça par un ministre qui n'est pas nommé.
Voilà, M. le Président, mes réflexions.
C'est une grande déception pour moi de voir qu'un ministre qui
avait de l'allant, qui est parti chargé de bonnes intentions, qui
voulait, comme on dit, au coton, nous arrive avec une loi de la qualité
de l'environnement dont on peut dire que c'est loin d'être fort.
Cela donne peut-être raison à certains journalistes du
Soleil quand ils disent que ce projet de loi est un tissu d'anachronismes qui
risque d'élargir encore davantage le fossé qui sépare le
citoyen de ceux qui doivent défendre ses intérêts. Un tissu
d'anachronismes, c'est un nouveau vêtement dont s'enveloppera le
ministre, si jamais il est nommé à ce ministère. Il devra,
pour ce faire, compter sur le conseil des ministres, car l'article 118 nous
dit: "Le lieutenant-gouverneur en conseil désigne le ministre
responsable de l'application de la présente loi."
Le ministre présente un projet pour améliorer
l'environnement; peut-être qu'il assurera l'exécution de
règlements qu'il ne connaît pas, qui seront édictés
par le lieutenant-gouverneur et qu'on ne connaît pas. C'est, je pense,
travailler à l'envers, mettre la charrue devant les boeufs et
bâtir quelque chose avec très peu de chose. M. le
Président, je voterai contre ce projet de loi en deuxième
lecture.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, vous comprendrez
qu'ayant eu la responsabilité, pendant quatre ans, de parties
importantes de la législation et de la règlementation
antérieures, que l'on retrouve dans le projet de loi no 34, il est
normal, à ce moment-ci, que j'intervienne dans ce débat en
deuxième lecture.
Je ne voudrais pas revenir sur le débat antérieur, celui
dont nous avons disposé par un vote et qui a été
occasionné par la motion du député de Maskinongé
pour retarder l'étude de ce projet de loi, pour en étudier la
règlementa- tion, en même temps que le texte même. Mais vous
comprendrez que l'argumentation que vient de nous donner le
député de Saint-Maurice, en faisant ressortir ce que l'on
retrouvait dans l'ancienne législation et qui a été
transposé intégralement dans la loi actuelle, nous fait justement
penser que le ministre dans sa règlementation désire
peut-être apporter quelque chose de nouveau, tenant compte de
l'évolution, tenant compte des nouvelles recherches tenant compte de ce
que les experts ont produit dans le domaine de l'étude de ce
phénomène de la pollution.
C'est pour cela, M. le Président, que nous avions soutenu
plus le débat avance en deuxième lecture, plus on entend les
opinions de ceux qui interviennent, plus on en est convaincu que cela
aurait été préférable d'étudier en
même temps un projet de loi, qui n'aurait pas été
limité à la qualité de l'environnement. Je pense
qu'à ce moment-ci je dois préciser un peu ma pensée sur
l'objet de ce projet de loi.
Le député de Maskinongé, dans son argumentation en
deuxième lecture, a dit qu'il n'y avait pas de principe sous-jacent
à cette loi. Le député de Montmorency a affirmé le
contraire. Il a dit qu'il y avait des principes à la base de cette
loi.
Pour ma part, si on s'en tenait à la pollution, si la loi
s'intitulait "Loi contre la pollution de l'air, du sol et de l'eau", je me
poserais sérieusement la question et peut-être que je serais
prêt à admettre qu'il y a un principe de lutte contre la
pollution, des mesures qui nous seront annoncées pour lutter contre la
pollution à partir d'éléments qui existent et que l'on
regroupe sous la direction d'un ministre. On parle le titre est
là pour le dire de la qualité de l'environnement. Tous les
experts des organismes qui se sont penchés sur l'environnement je
citerai des témoignages dans un instant disent que
l'environnement est beaucoup plus vaste et beaucoup plus large que l'air, le
sol et l'eau. Donc, ce n'est pas une loi sur la qualité de
l'environnement que le ministre nous présente mais une loi qui traite
d'une partie de l'environnement qui est celle de la lutte contre la
pollution.
Je voudrais citer un témoignage de poids à l'appui de ce
que je viens d'avancer. Il s'agit de la définition de l'environnement
qui a été donnée par le conseil de réflexion de
l'Association internationale pour le développement et l'environnement.
C'est rapporté dans la brochure du Conseil québécois de
l'environnement. Je reviendrai tantôt aux travaux du Conseil
québécois de l'environnement. Voici comment on définit le
terme "environnement". "C'est l'ensemble des milieux d'influence qui agissent
sur l'individu à tous les instants de sa vie quotidienne et
déterminent en grande partie son comportement dans toutes les dimensions
de l'air, dimensions sociales, intellectuelles, affectives, spirituelles et
culturelles."
J'ai déjà dit, sur la motion du député de
Maskinongé, que le titre du projet de loi qu'on nous présentait
voulait rejoindre chacun des individus dans sa vie quotidienne et à
chaque moment de sa vie. Le projet de loi de lutte contre la pollution est une
restriction. La définition que l'on donne du mot "environnement" dans le
projet de loi est une restriction très forte de la désignation de
l'environnement. Je me demande si le ministre ne devrait pas apporter cette
modification et présenter sa loi en deux étapes: une
première étape, serait le bill 34, la lutte contre la pollution,
avec son contenu que le ministre va certainement vouloir améliorer.
D'ailleurs, il a annoncé lui-même qu'il y aurait des
modifications. L'Opposition aura certainement des suggestions à
faire.
En deuxième étape c'est là, après une
période d'essai, après une période de consultation avec le
mécanisme bien imparfait qu'il a prévu dans sa loi, le conseil
consultatif auquel il devra associer d'autres organismes qui font de la
consultation, les individus, la population qui, dans le domaine de la lutte
contre la pollution, dans le domaine de l'étude de la qualité de
l'environnement ont à leur actif un dossier véritablement
impressionnant le ministre pourrait nous apporter une loi de la
qualité de l'environnement, mais une loi qui aura véritablement
un sens dans le contexte dans lequel nous vivons présentement.
Je ne ferai pas grief au ministre de nous apporter cette loi no 34. Si
nous avons présenté une motion pour en différer
l'étude, ce n'était pas tellement pour différer
l'étude de la loi que pour l'associer en même temps à
l'étude de la réglementation. C'est là que notre travail,
ici en Chambre et à la commission parlementaire, aurait
véritablement pris tout son sens.
Aussi, je fais grief au ministre de ne pas nous apporter la
règlementation. Ce qu'il nous apporte, et le député de
Saint-Maurice vient de le dire, il y a un instant, c'est ce qui existe
déjà actuellement. Ce que l'on peut prévoir, c'est ce qui
existe dans la règlementation actuelle de l'hygiène publique, de
la Régie des eaux. Le ministre veut transférer des services qui
existent actuellement dans d'autres ministères du gouvernement. Sous
quelle égide peut-il regrouper cela? On l'a dit tantôt, on ne sait
pas si ce sera une régie. Cela va être transféré
à la Commission municipale. Le ministre sera désigné par
un article du projet de loi. Probablement que ce sera le député
de d'Arcy-McGee qui assumera cette responsabilité dans
l'immédiat.
On l'a dit, dans une motion antérieure, je ne vois pas
personnellement ce que la loi, présentement, sans la
règlementation, peut nous apporter. Mais nous avons parlé de cet
aspect. Je n'entre pas dans les détails pour le moment, mais je sais que
le ministre s'est bien rendu compte du sérieux et de l'à-propos
de notre argumentation sur cet aspect de notre façon de
procéder.
Dans cette loi soit que l'on parle de la pollution ou que l'on parle de
l'environnement, on aurait été en droit de s'attendre à
retrouver un ou des principes. On y retrouve des objectifs. Est-ce que, dans
une loi aussi importante... Je me reprends, M. le Président. Je corrige.
C'est un des sujets les plus importants sur lesquels nous
légiférons. Ce n'est pas la loi la plus importante. Nous ne
l'avons pas encore. Elle viendra en deuxième étape, quand nous
parlerons de l'environnement. Mais nous aurions été en droit de
retrouver davantage même dans cette loi partielle, bien imparfaite, sur
ce problème important de l'environnement, qui intéresse non
seulement les personnes qui ont une certaine expérience dans la vie, qui
ont assumé certaines responsabilités, mais qui intéresse
aussi les jeunes dans le Québec. J'espère que cela les
intéressera davantage et que ce sera un des thèmes autour duquel
ils vont pouvoir se regrouper et faire une oeuvre utile. Parce que
l'environnement que nous connaissons, l'environnement que nous allons
connaître et que nous allons créer, c'est la jeunesse
d'aujourd'hui qui va vivre avec lui.
Peut-être que le problème n'existe pas tellement en 1972,
mais ce problème existera en 1980, 1990 et en l'an 2,000. Actuellement,
nous sommes appelés, en votant une première étape par
cette loi, à poser des jalons. Le ministre en est conscient. Est-ce que
nous avons, dans cette loi, donné des orientations, des indications
là où la société du Québec voulait aller
dans le domaine de l'environnement? Je dis non. Quand nous avons adopté
la loi no 65, qui traitait de l'organisation des services de santé et
des services sociaux, quand nous avons adopté la loi no 26 qui traitait
de l'aide sociale je prends la législation du domaine social, des
lois qui touchent à l'individu nous avons mis des principes dans
la législation. Je le dis, parce que ce sont des lois auxquelles s'est
intéressé particulièrement le député de
D'Arcy-McGee. Nous y avons mis des principes. J'ai les lois ici. Le ministre
n'aura qu'à s'y référer.
Dans la loi no 65, aux articles 4 et suivants: Les droits aux services
de santé et aux services sociaux. A l'article 3, les pouvoirs du
ministre. Dans la loi no 26, on n'aura qu'à se référer
à la section II: Les droits à l'aide sociale. On a donné
des indications. On a donné des orientations.
On a posé des jalons, on a indiqué des droits pour la
population. Est-ce qu'on n'aurait pas pu, dans cette loi de l'environnement,
indiquer quels étaient les droits de la population d'avoir un
environnement qui lui laisse la permission de vivre, de s'épanouir et de
poursuivre des objectifs qui en valent la peine?
Un autre point que je voudrais toucher est que cette loi est
négative. Vous n'avez qu'à faire un relevé des articles de
la loi qui défendent quelque chose. On défend dans la loi. Est-ce
que le ministre, en y réfléchissant bien, n'aurait pas pu donner
à sa loi un caractère un peu plus positif? Est-ce qu'actuellement
on se dirige
vers une attitude de défense? Est-ce que, de plus en plus, cette
loi à caractère négatif et à caractère de
défense sera acceptée ou refusée? Je laisse cela à
la réflexion du ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une loi répressive.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, car on défend; c'est une loi qui
empêche. Est-ce qu'on ne pourrait pas, à l'aide de principes et
d'objectifs, canaliser les énergies autour de quelque chose de positif?
Est-ce qu'on ne pourrait pas expliquer ce que c'est la qualité de
l'environnement? Je pense que le ministre ne nous l'a pas indiqué, en
deuxième lecture. Il aurait dû nous indiquer quelle était
sa conviction personnelle, sincère, en matière de qualité
de l'environnement. On sait que les rivières sont polluées, que
les lacs sont pollués, que la population pollue les rivières, que
les usines polluent l'atmosphère. On sait tout ça. Tout le monde
constate cela, jour après jour, que les automobiles empoisonnent
l'atmosphère, surtout dans les agglomérations urbaines. Ce n'est
pas ça qu'on veut savoir. La réglementation va nous le dire. On
aurait voulu que le ministre, dans une loi de la qualité de
l'environnement, nous en parle, du moins dans son discours de deuxième
lecture. Dans la loi, je pense que le ministre ne fait pas assez de place
à la consultation.
Il y a la création du conseil consultatif. M. le
Président, ce n'est pas d'aujourd'hui que des organismes sérieux
travaillent dans le domaine de la lutte contre la pollution et de l'analyse de
la qualité de l'environnement. J'ai parlé, il y a quelques
instants, du Conseil québécois de l'environnement,
présidé par le docteur Michel Maldague, de l'université
Laval, qui est un professeur. Il s'agit de publications extrêmement
intéressantes et sérieuses. Il y a un bulletin mensuel qui
s'appelle "De toute urgence". C'est une publication très bien faite par
des experts, mais aussi on s'occupe de vulgariser, de mettre à la
portée du public l'essence du problème.
Ce n'est pas, à mon sens, un problème technique. Il n'y a
pas de problème technique. Les technocrates, les techniciens, les
experts sont là pour le résoudre, le problème technique.
Jusqu'où il y a danger de déverser dans une rivière tel
contaminant, ce sont des techniciens, des experts qui vont nous dire ça.
Qu'est-ce qu'on doit enseigner à la population? Le rôle du
législateur, du gouverneur, de l'homme public, que ce soit au niveau
fédéral, provincial, municipal, au niveau des organismes, c'est
de faire un travail d'éducation. La lutte contre la pollution et la
promotion de la qualité de l'environnement, ça commence par
chacun de nous, ça commence par chacun des individus. Je pense que c'est
là la plus grande responsabilité du ministre et surtout le
rôle qu'il devra jouer comme coordonnateur de toute cette vaste
règlementation.
M. le Président, dans la loi de l'OPTAT que j'ai pilotée
dans cette Chambre en 1968 malheureusement, cette loi n'est pas en
application, n'est pas sanctionnée on retrouve une disposition
qui permet aux organismes du secteur privé qui s'occupent de lutte
contre l'alcoolisme et les autres toxicomanies, d'avoir de l'encouragement
tangible, des subventions, de l'aide financière, de créer des
fonds de dotation.
M. le Président, je pense qu'il serait facile d'introduire dans
ce projet de loi no 34, de telles dispositions. Je ne vois nulle part, dans la
loi, de dispositions qui permettent de subventionner des organismes, d'aider
des organismes qui existent déjà dans ce secteur et qui, depuis
de nombreuses années, font une oeuvre non seulement utile mais
essentielle.
Je pense que cela va de soi. Le ministre n'aura qu'à consulter le
chapitre 48 des lois de 1968, à l'article 3, paragraphe d): "L'office a
pour fonction et pouvoir de venir en aide aux autres organismes
constitués dans le but de combattre l'alcoolisme et les toxicomanies" Je
ne trouve rien, dans la loi 34, qui permette cela, M. le Président, si
ce n'est de former des experts, du personnel. Je pense, qu'il y a là un
oubli assez considérable, qui privera ceux qui sont essentiels à
ce travail d'éducation.
Quant au Conseil québécois de l'environnement, c'est un de
ses principaux objectifs. Le travail d'éducation est dans cette brochure
dont je parlais tantôt, qui a été éditée en
1970 et que j'encourage tous les membres de cette Chambre à lire. Je
pense que tous les députés ont reçu cette brochure. Je
pense qu'on verra, par le contenu de cette publication, combien les organismes
du secteur privé font une lutte sérieuse dans le domaine de la
pollution, combien ils font une analyse sérieuse du problème de
la qualité de l'environnement. C'est là que le ministre verra
comment sa loi est restrictive et comment il ne touche qu'une petite partie du
problème.
Il y a bien d'autres aspects que j'aurais voulu traiter, mais il y a
d'autres de mes collègues qui le feront. Vous me faites un signe
désespéré, à savoir que mon temps de parole est
expiré mais je sais que vous appréciez la façon
constructive dont nous parlons d'un problème qui afflige votre
circonscription, M. le Président, problème que vous vivez dans
l'agglomération urbaine de Montréal, problème dont vous
comprenez la gravité. Si vous aviez l'occasion, en cette Chambre, M. le
Président, si le débat se poursuivait un peu, si vous aviez la
chance d'exprimer votre opinion, vous diriez au ministre d'Etat, votre
collègue de D'Arcy-McGee qui, lui aussi, vit les mêmes
problèmes, à Montréal, combien il y a urgence non pas
seulement de chercher, dans toute la législation actuelle, ce qui existe
de réglementation contre la pollution, mais de travailler à
créer, par cette loi, une mentalité, une attitude, positive et
constructive, dans la lutte contre la pollution.
Le ministre sait combien il aurait besoin de l'appui de ses
collègues, non seulement ici, en Chambre, mais au conseil des ministres
parce qu'il y aura aussi un problème de budget qui se posera. D'autres
de mes collègues traiteront de cet aspect. L'aspect économique
est un aspect extrêmement important, quand on songe que seulement pour la
lutte contre la pollution des eaux, en 1970, on estimait le coût à
$600 millions.
Si on veut avoir des chiffres je termine là-dessus
je vais vous laisser sur quelques millions, en terminant, pour la
réflexion du ministre d'Etat. Dans la revue L'Ovale, de la C.I.L., de
l'automne 1970, il y a un très bon article sur l'économique de la
pollution. C'est écrit par l'ingénieur Gantcheff, qui a fait
beaucoup d'études sur les aspects économiques.
J'encourage, j'incite fortement les députés de cette
Chambre et le ministre responsable de la qualité de l'environnement
à lire cette revue qui fait réfléchir sur les coûts
et les aspects économiques de cette lutte contre la pollution.
En terminant, je suis certain que le ministre portera beaucoup
d'attention aux suggestions qui ont été faites dans le cadre de
ce débat. Je sais qu'il est conscient des lacunes de sa loi, qu'il est
conscient également que ce n'est là qu'une première
étape, mais que les étapes essentielles ne sont pas encore
franchies.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bonaventure.
M. Gérard-D. Levesque
M. LEVESQUE: Je prie le député de Rouyn-Noranda de
m'excuser, car je vois qu'il voulait prendre la parole. J'espère que
nous aurons l'occasion de l'entendre avant la fin de la soirée.
Je n'avais pas en effet l'intention de participer à ce
débat. Je vois que plusieurs orateurs voulaient le faire, mais je n'ai
pu m'empêcher, à ce moment-ci, devant les contributions qui y ont
été faites. Je pourrais les qualifier de positives ou de
négatives, c'est une autre question. Mais devant ces contributions, et
j'ai bien employé le mot.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est toujours positif.
M. LEVESQUE: Et lorsqu'on emploie le mot contributions, comme je l'ai
fait, je peux à un moment donné douter du côté
positif de celles-ci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Employez un autre mot.
M. LEVESQUE: J'ai évidemment bien hâte d'entendre le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je peux parler tout de suite.
M. LEVESQUE: Mais comme il semble le faire sans même y être
invité, j'ai cru qu'en présence d'allusions il comprendrait que
son silence serait apprécié à ce moment-ci.
Je me suis levé, non pas parce que j'avais un discours
structuré de préparé sur cette question, mais plutôt
parce que j'ai été scandalisé et je suis
difficilement scandalisé de la façon dont on aborde
l'étude de ce projet de loi et surtout de la façon dont on juge
les intentions et les moyens d'action du parrain de la motion de cette
deuxième lecture.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes scandalisés, nous
aussi.
M. LEVESQUE: Jamais n'avons-nous eu quelqu'un de plus consacré,
de plus dévoué à cette lutte contre la pollution, que le
député de d'Arcy-McGee. Et tous ceux qui ont un minimum
d'objectivité de quelque appartenance politique qu'ils soient, devraient
le dire, l'admettre en toute objectivité, en toute franchise.
M. BURNS : Parlez-nous de la loi.
M. LEVESQUE: Et ceux qui m'interrompent à ce moment-ci et
je ne parle pas du parti ou du particule de l'autre côté, mais je
parle de ceux qui m'interrompent depuis le début de mes paroles, je
parle du parti de l'Opposition officielle attendez!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a des louanges qui calomnient.
M. LEVESQUE: Je dois à ce moment-ci, me reporter à
quelques années en arrière. Et je le fais, non pas pour essayer
de réveiller les morts ou d'apporter des jugements qui seraient
anachroniques, mais simplement par esprit de justice, d'objectivité et
d'équité.
Je me rappelle que dans les années cinquante nous n'étions
qu'une poignée nous n'étions peut-être qu'une
particule à cette époque mais nous étions cependant
un parti d'avenir, contrairement à ce que peut être celui qui est
en face de nous. Je dois me rappeler, et non sans émotion, les discours
que faisaient des gens comme le député, père du ministre
des Affaires culturelles, le Dr Kirkland, les discours que faisait le
député de Notre-Dame-de-Grâce, M. Marier.
Et ces gens-là semblaient prêcher dans le désert,
ils parlaient du danger de la pollution et de la qualité de
l'environnement. Mais de ce côté-ci, sur les banquettes
ministérielles, il y avait le plus profond dédain, le plus
profond mépris pour ces gens qui ne parlaient que de choses absolument
inutiles, qui ne collaient pas du tout à la réalité du
temps, la réalité ministérielle, la réalité
du patronage, la réalité des choses qui étaient absolument
importantes dans le quotidien de ces gens qui pourtant, à ce
moment-là, devaient avoir les vues les plus grandes pour le
Québec.
Mes chers amis, M. le Président, je vous dis qu'à ce
moment-là ceux qui parlaient contre la pollution, qui parlaient de la
qualité de l'environnement parlaient dans le désert. Je voulais
ce soir rendre hommage à ces gens, à ces parlementaires qui
avaient vu clair, qui avaient vu dans l'avenir et qui voyaient ce danger qui
menaçait notre société, non seulement celle du
Québec mais la société universelle. Ces gens avaient de la
vision, ces gens, par coincidence, appartenaient au parti qui dirige maintenant
les destinés de la province de Québec.
Et par coincidence, M. le Président, c'est encore un
libéral, le député de D'Arcy-McGee, ministre du
gouvernement libéral, qui, aujourd'hui, pour la première fois,
apporte une loi, réellement une mesure positive pour faire la lutte
à la pollution et pour souligner l'importance de la qualité de
l'environnement. Et où sont les détracteurs, où sont ceux
qui accusent, où sont ceux qui se scandalisent de l'autre
côté, où sont ceux qui disent que ça ne va pas assez
loin, où sont ceux qui disent que ce n'est qu'une série de
mesures qui ne sont pas adéquates? Le Dr Goolbloom, député
de D'Ary-McGee même si les règlements ne permettent pas de
le nommer, je le nomme parce qu'il le mérite, son nom mérite de
passer à la postérité lui, M. le Président,
il a compris.
M. LOUBIER: M. le Président...
M. DEMERS: II est gêné!
M. LEVESQUE: Le premier des ministres...
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce que...
M. LEVESQUE: ... qui a réellement pris au sérieux le
problème, c'est le premier ministre de la province de Québec. Le
député de Mercier, lui aussi, a compris l'importance de la lutte
contre la pollution et a confié à un ministre
l'exclusivité de s'occuper de cette lutte et de protéger
l'environnement.
M. le Président, je veux rendre hommage au premier ministre du
Québec; je veux rendre hommage au député de D'Arcy-McGee,
responsable de la qualité de l'environnement, pour le travail qui se
fait effectivement depuis qu'il a pris en charge ces responsabilités. M.
le Président, qu'est-ce qu'on a fait pendant quatre ans de l'autre
côté...
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce que...
M. LEVESQUE: ... pour protéger l'environnement? Qu'est-ce qu'on a
fait, M. le Président? Rien. Mais voici ces vierges offensées qui
à ce moment-ci trouvent à redire contre...
M. LOUBIER: ... le leader parlementaire me permettrait de lui poser une
question?
M. LEVESQUE: ... les actions positives pri- ses par le
député de D'Arcy-McGee, le ministre d'Etat responsable de la
qualité de l'environnement. Et je dirai ceci...
M. LOUBIER: Est-ce que le leader me permettrait une question?
M. LEVESQUE: Pardon? Oui, certainement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va le reposer.
M. LEVESQUE: On n'avait qu'à me le dire.
M. LOUBIER: Je voulais poser une question au leader parlementaire pour
lui donner la chance de reprendre son souffle et, en même temps, pour lui
permettre de revenir à l'importance du sujet. Tout à l'heure, il
m'est venu une réflexion à l'esprit lorsqu'il rappelait le
souvenir de regrettés disparus, l'ancien député de
Notre-Dame-de-Grâce, etc. Il nous disait qu'ils prêchaient dans le
désert; M. le Président, je ne sache pas qu'il y ait grand
pollution dans le désert. Et le discours que fait ce soir le
député de Bonaventure, avec toute l'amitié que j'ai pour
lui, ne revêt pas le caractère sérieux que, dans
l'occurrence...
M. LE PRESIDENT : A l'ordre ! Si vous avez des questions, posez-les,
mais pas de discours.
M. LOUBIER : Je veux tout simplement inviter le député de
Bonaventure à cesser d'encenser le député de D'Arcy-McGee
et de traiter du fond de la question.
M. LEVESQUE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le règlement ne permet pas
ça.
M. LEVESQUE: ... le chef de l'Opposition a bien le droit d'avoir sa
propre opinion sur la valeur des propos que je tiens, mais je dois le rassurer
immédiatement et lui dire que c'est simplement le sens des
responsabilités qui doit me guider, le sens de la justice, qui m'a
amené à participer à ce débat. Je crois qu'il
était injuste que pour cet homme, le premier des ministres qui soit
responsable de cette importante question, celui qui travaille jour et nuit, et
je l'ai vu faire...
M. DEMERS: On l'a dit. M. LEVESQUE: Vous ne l'avez pas assez dit. M.
DEMERS: On l'a dit. On va le dire. M. LEVESQUE: Et au cas...
M. DEMERS: On l'a dit. Nous, il nous a cru, mais vous, il ne vous croit
pas.
M. LEVESQUE: ... Il est important de souligner le travail qui est fait
par le député de D'Arcy-McGee, depuis des mois, depuis qu'on lui
a confié la responsabilité de cette importante question. Et
combien de fois n'ai-je pas vu le député de D'Arcy-McGee...
M. BURNS: Est-ce que je peux vous poser une question? Est-ce que le
député de Bonaventure peut me dire si, selon son avis, on doit
juger un projet de loi selon la somme de travail qu'un ministre qui le
présente met à son boulot?
M. LEVESQUE: M. le Président, vous savez que la preuve
circonstancielle...
M. DEMERS: Ce n'est pas une oraison funèbre qu'on fait.
M. LEVESQUE: ... n'est peut-être pas la meilleure preuve, mais au
point de vue de la collaboration, je crois qu'on peut y faire appel.
M. BURNS: Est-ce que c'est comme ça que vous jugiez un projet de
loi quand vous étiez dans l'opposition?
M. LEVESQUE: M. le Président, le député de
Maisonneuve aura toute l'occasion, et on va lui fournir de nombreuses
occasions...
UNE VOIX: II est allé à l'école.
M. LEVESQUE: ... de juger du projet de loi. S'il désire le
bonifier, il ne trouvera pas de meilleur ami pour l'aider que le
député de D'arcy-McGee, dont on connaît
l'objectivité.
M. DEMERS: Ah! il a besoin d'aide!
M. LEVESQUE: II n'est pas justement pris par cette partisanerie comme
malheureusement c'est le sort de quelques-uns d'entre nous.
M. BURNS: Ce n'est pas de la partisanerie, j'ai posé une
question.
M. DEMERS: De quel côté de la Chambre? C'est au cas
où il n'avait pas assez de...
M. LEVESQUE: J'ai voulu être très gentil et très
poli pour le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Qui a été poli avec vous, d'ailleurs?
M. LEVESQUE: Et j'insiste.
M. DEMERS: II ne peut pas défendre le principe, il n'y en a pas.
Le député de Bonaventure ne peut pas défendre le principe
de la loi comme il devrait le faire, parce qu'il n'y en a pas dedans.
M. LEVESQUE: M. le Président, si ce n'était pas une
question de principe, nous ne pourrions pas être en deuxième
lecture.
M. DEMERS: Ah oui! c'est une question de catalogue. Avez-vous
étudié la loi?
M. LEVESQUE: Parce que justement la deuxième lecture a pour
objet...
M. DEMERS: De faire l'éloge des gens?
M. LEVESQUE... de discuter du principe du projet de loi, des principes
qui y sont contenus. Or, comment pouvons-nous, M. le Président, entendre
ce que nous avons entendu depuis le début de ce débat, sans nous
révolter, parce que justement, au lieu de s'attaquer au principe du
projet de loi, on s'attaque à ses modalités, on s'attaque au
ministre, on s'attaque de toutes les façons? Je l'ai entendu. On a dit
que le ministre aurait dû profiter de ceci, pour essayer de faire
l'éducation du peuple sur la question de la pollution et de la lutte
contre la pollution.
M. le Président, tout se retrouve dans le projet de loi actuel,
que ce soit la pollution de l'eau, la pollution de l'air, que ce soit la
pollution par le bruit, que ce soit la pollution de toute sorte. Tout est
prévu dans ce projet de loi et même le débat actuel a pour
objet de justement sensibiliser tous les membres de cette Chambre, afin qu'ils
puissent chacun d'entre eux apporter leur contribution, si modeste soit-elle.
Je suis sûr qu'en commission élue, nous le pourrons. Et je suis
sûr, connaissant le député de D'arcy-McGee, le ministre
responsable de la qualité de l'environnement, qu'il sera le premier
à dire bienvenue aux suggestions qui seront apportées de part et
d'autre pour cet important projet de loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va faire ça.
M. LEVESQUE: Ce que je voulais dire, M. le Président, c'est
qu'à ce moment-ci, je crois que nous devons prendre une approche
beaucoup plus positive, une approche qui sente le désir de contribuer
pour la population du Québec, à nous débarrasser de cette
pollution qui est de plus en plus présente et qui doit de plus en plus
être absente chez nous. D'ailleurs, les efforts faits par le Dr Goldbloom
et je le nomme parce qu'il doit être nommé, malgré nos
règlements. Je le nomme et je tiens à redire les efforts qu'il a
faits continuellement. S'il y a un homme qui a réellement vécu
l'importance de la participation, s'il y a un homme qui a fait toutes les
régions de la province pour sensibiliser la population à ces
problèmes de la pollution...
M. PAUL: J'invoque le règlement.
M. LEVESQUE: ... c'est le député de d'Ar-cy-McGee.
M. PAUL: M. le Président, depuis tout à
l'heure, j'entends l'éloquence longtemps paralysée du
député de Bonaventure. Il a été invité
à parler de l'objectif de la loi, nous ne pouvons pas l'entendre sur les
principes de la loi, mais je voudrais qu'il laisse la personnalité du
député de D'Arcy-McGee.
Je suis même prêt, pour concourir aux propos du leader du
gouvernement, à suspendre le débat et à discuter de
l'opportunité de lui élever un monument ou graver une plaque
quelque part dans cette Chambre. J'inviterais, par votre entremise M. le
Président, le leader à revenir à l'étude du projet
de loi. Nous allons noyer le ministre dans la pollution des compliments dont il
est l'objet actuellement.
M. LEVESQUE: Si c'est ainsi que le député de
Maskinongé a saisi la teneur, la substance de mes propos, alors,
j'ai-atteint mon but. Je suis très satisfait que la Chambre soit
sensibilisée au travail du député de D'Arcy-McGee,
ministre responsable de la qualité de l'environnement. Je suis
très heureux parce que je n'avais pas l'intention...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. LEVESQUE: ... sauf pour une seule...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Un rappel au règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LEVESQUE: Est-ce que je peux continuer? Je voulais justement, M. le
Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement. J'ai
écouté le député de Bonaventure avec beaucoup
d'intérêt et je ne suis pas nécessairement prêt
à souscrire à ce qu'il a dit, mais je serais heureux qu'il
revienne à l'objectif de la loi et qu'il nous serve, dans le même
style, un discours à la louange du ministre des Affaires municipales
qu'a dégommé subrepticement le premier ministre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: M. le Président, si le temps me le permettait et si
la pertinence du débat me le permettait, j'aimerais faire un
discours...
M. DEMERS: Ce n'est pas notre temps qui court.
M. LEVESQUE: ... en faveur du député de Rimouski, ministre
des Affaires municipales.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DEMERS: C'est un tour de force.
M. LEVESQUE: On voit, M. le Président, que vous ne semblez pas
vouloir concourir...
M. LE PRESIDENT: Pas du tout.
M. LEVESQUE: J'aurai certainement l'occasion de revenir dire à
cette Chambre...
M. BURNS: A ce moment-là, vous reviendrez.
M. LEVESQUE: A ce moment-là, certainement.
M. BURNS: Oui, mais pas là, pas dans le moment.
M. LEVESQUE: Très bien, je vais m'en tenir au
règlement.
M. PAUL: Vous êtes vraiment héroïque.
M. LEVESQUE: II y a une chose, cependant, avant de passer à
l'objet de notre discussion, je tiens simplement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous aurez du mal à dire la
vérité.
M. LEVESQUE: ... à souligner la valeur extraordinaire,
l'objectivité, le sens du travail et du devoir du député
de Rimouski, le ministre des Affaires municipales.
M. BURNS: C'est quoi? C'est une farce, cette affaire-là. C'est un
bordel total.
M. PAUL: Le ministre des Richesses naturelles est jaloux, vous ne parlez
pas de lui.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LEVESQUE: J'ai toujours manifesté beaucoup de respect pour
notre règlement et pour la présidence.
M. DEMERS: Vous n'en auriez pas un peu pour le ministre des Richesses
naturelles.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LEVESQUE: M. le Président, vous devrez admettre avec moi que
ceux qui m'ont entraîné sur cette voie...
M. BURNS: M. Duplessis vous a montré cela.
M. LEVESQUE: ... et qui, aujourd'hui, à ce moment-ci, protestent
devraient au moins être assez logiques et conséquents pour me
laisser au moins terminer cette phrase.
M. BURNS: Le projet de loi.
M. LEVESQUE: M. le Président, je reviens au projet de loi en
cours pour relever une remarque faite par le député de
Gaspé-Nord, un excellent Gaspésien, qui semblait avoir certaines
réserves quant à l'action du ministre responsable de la
qualité de l'environnement dans les questions
fédérales-provinciales. Je tiens à le rassurer, car il n'y
a pas un ministre qui a eu plus de soucis et de soins...
M. BURNS: M. le Président, règlement!
M. LEVESQUE: M. le Président, je peux toujours le dire, c'est une
inquiétude du député de Gaspé-Nord.
M. BURNS: M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je voudrais rappeler à
l'honorable leader du gouvernement les dispositions de l'article 122. Il est
lui-même assez sévère au sujet du respect du
règlement et j'inviterais le leader du gouvernement à ne pas
continuer de violer notre règlement comme il le fait ce soir et à
s'en tenir à l'à-propos du projet de loi. Lorsqu'il veut faire
une louange à l'intention de l'honorable ministre, disons que nous
serions d'accord avec lui mais pas sur ce point que nous avons à
discuter. Nous avons à discuter du projet de loi sur l'environnement tel
que présenté par le gouvernement et j'inviterais le leader
à s'en tenir à cela.
M. LEVESQUE: M. le Président... M. BURNS: M. le
Président... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: ... je ne peux pas parler sur le rappel au
règlement?
M. BURNS: Non, M. le Président, j'invoque une question de
privilège.
M. LE PRESIDENT: Sur le même rappel au règlement?
M. LEVESQUE: Oui.
M. BURNS: J'invoque une question de privilège, M. le
Président.
M. LEVESQUE: Oui mais je peux parler sur le rappel au
règlement.
M. LE PRESIDENT: Question de privilège.
M. BURNS: J'invoque une question de privilège, M. le
Président. Je me sens lésé dans mes droits de
parlementaire. Je me demande combien de temps encore un certain nombre de gens
vont croire à ce type de parlementarisme qui nous ramène aux
époques les plus noires du règne de Duplessis.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas une question de privilège. C'est
votre opinion sur le débat.
M. BURNS: M. le Président, c'est une question de
privilège.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas une question de privilège.
M. BURNS: Je ne veux pas soulever de débat par ma question de
privilège. Je vais vous dire en quoi c'est une question de
privilège. Je suis venu ici pour discuter du principe d'un projet de loi
et, actuellement, on discute de la personnalité d'un ministre que tout
le monde en cette Chambre respecte. Il n'y a pas de problème
là-dessus.
M. LEVESQUE: Très bien.
M. BURNS: Nous connaissons les efforts déployés par le
ministre. Mais ce n'est pas de cela que nous sommes venus discuter ici. C'est
du projet de loi et de son principe. Je sais que le député de
D'Arcy-McGee est assez humain et compréhensif pour savoir que les
attaques qu'on fait contre son projet de loi ne sont pas dirigées contre
sa personne. Ce n'est pas du tout dans l'intention de mon groupe et je ne pense
pas que ce soit celle des autres groupes de l'Opposition, non plus. M. le
Président, j'aimerais donc que vous usiez de la force nécessaire,
comme le dit le code criminel, pour ramener le débat dans sa
véritable perspective.
M. LE PRESIDENT: Je vais utiliser la force en disant au ministre qu'il
lui reste trois minutes.
M. LEVESQUE: Merci. M. le Président, je ne veux pas mettre en
doute ces trois minutes. Comme je n'ai besoin que de trois minutes, c'est
suffisant. Je voulais simplement rappeler au député de
Gaspé-Nord qu'à l'article 2, paragraphe h) c'est bien dans
le projet de loi, malgré qu'en deuxième lecture on n'est pas
censé aller aussi précisément dans les articles; il reste
que c'est cet article qu'a commenté en grande partie le
député de Gaspé-Nord on dit que "le ministre a pour
fonctions d'élaborer et de proposer au gouvernement une politique de
protection de l'environnement et de mettre cette politique en oeuvre..."
M. BURNS : Nous sommes en deuxième lecture, M. le
Président, et on discute des articles.
M. LEVESQUE: M. le Président, on a permis au député
de Gaspé-Nord de parler de cela est-ce que je ne peux pas
répondre?
M. BURNS: Je vais vous laisser faire.
M. LEVESQUE: Je suis bien gentil, M. le Président, mais...
M. LOUBIER: M. le Président, sur le point de
règlement...
M. LEVESQUE: ... j'espère que mes trois minutes ne seront pas
comptées.
M. LOUBIER: ... si on me le permet, il est vrai que le
député de Gaspé-Nord a soulevé la question de
consultation et de concertation entre les différents niveaux de
gouvernements, mais en aucun moment le député de
Gaspé-Nord n'a utilisé les clauses de l'article 3 ou de l'article
4 pour ce faire. Il a tout simplement exprimé le désir qu'il y
ait eu consultation. S'il n'y a pas eu de consultation, il voulait que l'on
sache véritablement, à ce stade-ci des discussions, si ces
négociations ont été amorcées. C'est tout
simplement, je pense, l'objet de l'intervention du député de
Gaspé-Nord, mais il n'a pas voulu critiquer l'article 3.
M. LEVESQUE: Je dois, cependant, rappeler à l'honorable chef de
l'Opposition qu'il a peut-être été distrait à un
moment donné ou absent pendant quelques instants, cet après-midi,
alors que le député de Gaspé-Nord a cité exactement
ce à quoi je veux répondre.
Le député de Gaspé-Nord s'inquiète du
pouvoir que la loi accorde au ministre responsable de la qualité de
l'Environnement de "conclure, avec l'approbation du lieutenant-gouverneur en
conseil, tout accord avec tout gouvernement ou organisme afin de faciliter
l'exécution de la présente loi." Je lui dis que nous retrouvons
ces pouvoirs dans d'autres projets de loi d'autres ministères. Mais cela
n'empêche pas que le ministère des Affaires intergouvemementales
conserve ce pouvoir général de coordination afin, justement,
qu'il n'y ait pas contradiction dans les politiques
fédérales-provinciales quant à la position
québécoise.
Je dis simplement que le député de D'Arcy-McGee, le
ministre d'Etat responsable de la qualité de l'Environnement, a
été celui qui a donné l'exemple à tous ces
collègues de ce souci qu'il avait de communiquer avec le
ministère des Affaires intergouvernementales chaque fois qu'il y avait
un problème de nature fédérale-provinciale. Je veux, ce
soir, lui rendre hommage pour ce souci qu'il a du respect de la loi et, en
même temps de respecter justement la volonté du
législateur...
UNE VOIX: La déclaration d'amour!
M. DEMERS: Le bill omnibus, ce n'est pas pour rien.
M. LEVESQUE: ... et le souci qui doit nous animer d'avoir une politique
cohérente.
On ne peut pas toujours parler du principe de la loi. A un moment
donné, il faut avoir une note humaine pour terminer un discours, une
note qui n'est pas exactement dans le règlement, mais qui peut nous
blâmer, à la fin d'une intervention, de se retourner vers celui
qui est le parrain de cet important projet de loi pour lui rendre l'hommage qui
lui est dû.
Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais profiter de l'occasion
pour rendre hommage au ministre qui vient de prendre la parole. Il n'a pas
réussi à me convaincre de la qualité de la loi, mais je
dirais qu'il a peut-être réussi à me convaincre de la
qualité du ministre.
M. le Président, la Loi de la qualité de l'environnement,
si je m'en tenais seulement à ce qu'a dit l'honorable leader du
gouvernement, je serais un peu embêté pour en parler, parce que je
me demande si, à un certain moment, le ministre leader du gouvernement
faisait allusion à la qualité de l'environnement ou à la
qualité du gouvernement. S'il faisait allusion à la
qualité du gouvernement, je serais bien d'accord avec lui pour lui dire
que la loi n'est sûrement pas assez sévère, parce que, de
ce côté, il y a quelque chose qui ne va pas.
Pour en revenir au principe de la loi, je pense bien que personne ne
peut s'inscrire contre le principe d'une telle loi. Le principe de la
protection de l'environnement, je pense qu'on est tous d'accord
là-dessus. On veut tous une protection de l'environnement. Pour ce
faire, nous devons faire la lutte à la pollution. Je pense qu'on entend
plus souvent parler de lutte contre la pollution qu'on entend parler de lutte
contre les pollueurs. Si on veut parler de protection de l'environnement, je
pense qu'il va falloir qu'on parle aussi de ceux qui polluent l'environnement,
ceux qui sont responsables de la pollution.
Est-ce que le gouvernement est en mesure, d'abord, d'appliquer
intégralement sa loi? Est-ce que le gouvernement est prêt à
défendre sa loi jusqu'au bout? Est-ce que le gouvernement est prêt
à mettre le budget nécessaire pour la faire appliquer, cette loi?
Ce sont des questions qu'on peut se poser, parce que nous conviendrons que si
la loi n'est pas appliquée, si on n'est pas à l'avance bien
préparé à faire respecter toutes ces lois, rien ne sert
d'avoir des lois de restriction ou des lois qui exigeront, des compagnies qui
se trouvent sur notre territoire, certaines choses.
Parmi les multiples exemples de pollution que nous avons au
Québec, il y a la pollution de l'air, de l'eau, la pollution par le
bruit. Dans ces
domaines, on pourrait donner certains exemples.
Dans le domaine minier, par exemple, où nous voyons souvent des
industries minières polluer des lacs, des parties de régions et
où le gouvernement semble ne pas vouloir prendre ses
responsabilités dans ce domaine.
On se retrouve malheureusement, dans le domaine de l'industrie
minière, avec des fermetures de mines où on laisse la population
avec ses problèmes, après qu'on soit venu chercher le profit
extrait de ces ressources naturelles.
Dans le domaine des pâtes et papier, c'est un peu la même
chose. Les usines de pâtes et papier sont là, je pense, pour faire
des profits. D'accord, je n'ai rien contre l'entreprise privée non plus,
mais encore là, la population a le droit d'être
protégée. Il me semble que toutes les dispositions ne sont pas
prises de ce côté. Dans le domaine des pâtes et papier, il y
a des usines qui sont fermées, qui nous ont laissés avec la
pollution. L'exemple de l'usine de papier de mon bon ami, le
député de Témiscamingue, eh bien, l'usine de l'endroit est
fermée. Que voulez-vous? L'industrie est partie mais la pollution est
restée. Or il nous faut, je pense, prendre certaines
responsabilités, prendre certaines dispositions, surtout dans le domaine
des pâtes et papier. C'est un domaine où la pollution est assez
forte.
Par exemple, je vous fais part d'un article de la Presse du 6 août
1971, où on y dit que la pollution par les pâtes et papier, au
Québec, est l'équivalent de celle d'une ville de 13 millions
d'habitants. On y dit ceci: Les déchets organiques
déversés dans les rivières du Québec par la seule
industrie des pâtes et papier équivalent à la
quantité des déchets domestiques qui seraient produits par une
ville de 8 à 13 millions d'habitants. Affirmation pour le moins
inquiétante, quand on sait que le Québec compte à peine 6
millions d'habitants et que l'industrie des pâtes et papier n'est pas la
seule, au Québec, qui soit susceptible de polluer nos cours d'eau.
Cela veut donc dire qu'il y en a d'autres mais seulement cette industrie
des pâtes et papier est l'équivalent quant à la pollution
d'une ville de 13 millions d'habitants.
On continue, plus loin, par un rapport publié sous les auspices
de l'aspect écologique de l'industrie des pâtes et papier, dans la
province de Québec: Plus d'une cinquantaine de personnes ont
participé à la réalisation de ce rapport, sous la
direction d'un groupe de professeurs d'université.
Evidemment, M. le Président, on y retrouve plus loin que cette
industrie, qui tire sa matière première en forêt
canadienne, est une des plus importantes au Canada. Elle se situe au premier
rang quant au nombre d'emplois et au montant de salaires payés et
représente près de 4 p.c. du produit national brut. C'est
peut-être une des raisons pour lesquelles, évidemment, on n'a
peut-être pas insisté pour que, du côté des
pâtes et papier, il y ait une protection adéquate de
l'environnement mais quand même, nous savons tous qu'il faut
protéger l'économie, oui, mais il faut qu'on protège
également l'environnement.
Evidemment, dans le contexte actuel, quand on voit une entreprise
nouvelle s'installer, on voit tout de suite les gouvernements
fédéral et provincial qui sont prêts à lui donner un
petit coup de main, soit quelques subventions. On l'installe. Quand elle est
installée, elle fait les profits qu'il faut. Quand elle décide de
partir, elle sacre le camp et nous laisse avec la pollution. Je pense qu'il
faudrait quand même que nous prenions ces choses en
considération.
On continue en disant qu'il y a 137 usines à papier en
fonctionnement, au Canada. Il y en a 55 sur 137 qui sont situées au
Québec. En 1968, la production des usines du Québec était
évaluée à $891.2 millions, soit la plus grande production
pour une seule province, laquelle représentait 36.4 p.c. du total
canadien.
C'est important. Nous le considérons. Nous considérons que
l'importance de l'industrie des pâtes et papier est là.
Evidemment, nous ne contesterons pas son importance. Nous ne contesterons pas
non plus l'importance de permettre aux usines de continuer à
fonctionner, parce que dès qu'il y en a une qui veut fermer, tout le
monde crie pour l'empêcher de fermer. Mais je pense qu'il y a un joint
qu'il faut faire. C'est que malgré tout, il faut penser à la
population. Il nous faut penser aux dégâts que cela cause dans
d'autres domaines également. Quand on parle de la pollution
causée par l'industrie des pâtes et papier, on fait allusion
à Témiscamingue, on fait allusion à la rivière
Saint-Maurice, on fait allusion à plusieurs cours d'eau au
Québec. Justement, quand on parle de la protection de l'environnement,
je pense qu'on doit penser à cela aussi. On doit penser, M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: II est dix heures.
M. SAMSON: M. le Président, je vous remercie. Je continuerai
demain. J'étais tellement bien parti.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda
propose l'ajournement du débat. Cette motion est-elle
adoptée?
Adopté.
Mini débats
Affaires sociales
M. Camille Laurin
M. LE PRESIDENT: En vertu de l'article 179 du règlement, j'invite
l'honorable député de Bourget à nous adresser la parole
pendant exactement cinq minutes.
M. LAURIN: M. le Président, dans la réponse laconique que
faisait le ministre des Affaires
sociales, aujourd'hui, aux demandes que nous lui avons faites, le
ministre nous a laissés sur notre appétit. Nous aurions
aimé qu'il précise l'esprit du changement qu'il doit apporter ou
l'essence de ce changement, même s'il n'était pas prêt
à aller dans le détail, car le problème que nous avons
soulevé est quand même très grave.
Les raisons qu'il nous a données restent quand même
sujettes à examen et nous voudrions lui faire valoir des
considérations, des suggestions additionnelles.
En ce qui concerne notre première question en ce qui a trait aux
diètes, nous sommes bien d'accord qu'il y a eu des abus dans le
passé. Il reste cependant que, parce qu'il y a eu des abus dans quelques
cas, on ne doit pas pénaliser la masse de ceux qui
bénéficient de la Loi de l'aide sociale.
Deuxièmement, on doit se demander s'il y a des abus. Bien
souvent, c'est parce qu'il n'y a pas d'autres façons avec les
mécanismes de la loi actuelle de régler le problème des
diètes, car s'il y en avait eu on aurait choisi, la plupart du temps,
d'utiliser ces mécanismes pour régler le problème des
diètes.
Et ce problème existe, comme je l'ai dit. Malgré
l'augmentation du coût de la vie, particulièrement en ce qui
touche le secteur de l'alimentation, à cause de la condition physique
très précaire de milliers d'assistés sociaux, il devient
essentiel pour un médecin qui voit pérécliter un malade de
lui prescrire bien souvent une diète hypercalorique ou
hyperpro-téique qui va arrêter la dégradation de son
organisme et qui va empêcher l'apparition de certaines maladies
très graves.
Nous pensons donc que le problème est très réel et
qu'il faut le régler dans les plus brefs délais possible pour
sauver le capital-santé de notre population. Peut-on faire valoir au
ministre que la liste telle qu'elle apparaît à
l'arrêté ministériel est très petite? Seulement
trois ou quatre cas sont énumérés. Peut-être
pourrions-nous lui suggérer d'étendre cette liste, afin d'y faire
entrer certaines catégories qui n'y figurent pas à l'heure
actuelle, comme par exemple les états de dénutrition qui sont si
fréquents dans les milieux défavorisés?
Mais, au fond, nous sentons que la question que nous avons
soulignée soulève un problème beaucoup plus essentiel:
Est-ce que les prestations prévues au règlement de la loi 26 sont
suffisantes pour parer aux conditions actuelles, tel que l'évolution de
la conjoncture les manifeste aux yeux des praticiens? Peut-être sera-t-il
important pour ne pas dire essentiel d'augmenter les tables, de
prévoir des prestations plus considérables pour le NVPD en
particulier, afin d'ajuster ces tables à l'évolution de la
conjoncture.
Au fond, je pense que cette solution, le ministre ne pourra pas
l'éviter, même si les fonds de la province sont insuffisants
à l'heure actuelle, en raison de relations
fédérales-provin- ciales qui, le ministre le sait, ne tournent
pas à l'avantage du Québec.
En ce qui concerne la deuxième question, c'est un peu la
même chose. On a aboli un mécanisme et depuis un an on ne l'a pas
remplacé. Et c'est le principal reproche que nous ferions au ministre,
d'avoir attendu un an avant de remplacer ce mécanisme qui a
été aboli le 1er janvier depuis maintenant onze mois
le mécanisme des arrêtés ministériels. Si
j'avais dix minutes, je pourrais en parler un peu plus.
Deuxièmement, il nous semble que la loi lorsqu'elle
énumère des cas devient forcément limitative, parce
qu'on doit laisser échapper certains cas. Il faudrait peut-être,
dans la nouvelle réglementation, prévoir des mécanismes
qui laisseraient un plus grand degré de latitude et de souplesse aux
agents, au niveau régional aussi bien qu'au niveau local.
Et là aussi, même si le mécanisme était
illégal et inapproprié, il reste quand même qu'il a permis
de régler des problèmes très pressants, des
problèmes réels, qu'il s'agisse de vêtements pour des
obèses, de chiens pour guider les aveugles, toutes sortes de cas que
nous pourrions énumérer. Ces problèmes réels ayant
été réglés par un mécanisme
inapproprié, il faudrait se hâter de remplacer ce mécanisme
inapproprié par un autre plus souple qui permettrait de pallier ces
besoins réels que nous rencontrons dans la réalité de tous
les jours.
J'espère que le ministre, par la réglementation qu'il nous
présentera, pourra véritablement tenir compte de la conjoncture,
même si cela l'amène à aller voir son collègue du
ministère des Finances et à demander un mandat
supplémentaire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales.
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, si cet après-midi j'ai
donné une réponse plutôt laconique, ce n'était pas
pour éviter la question; c'est qu'il me faut encore traverser une
étape avant de pouvoir donner une réponse plus explicite, celle
de soumettre un arrêté en conseil au cabinet, et aussi pour
éviter de donner des réponses partielles, soulever de faux
espoirs et peut-être ajouter de la confusion dans l'administration d'une
loi qui n'est pas facile. Je voulais faire une déclaration aussi
précise et aussi détaillée que possible jeudi. Ce sont mes
raisons.
Compte tenu du fait que le député soulève un
certain nombre de questions autour de toute la loi et des règlements de
l'aide sociale, plus particulièrement en ce qui a trait aux
diètes, je devrais dire que, dans la révision de la liste de
médicaments, en vertu du programme d'assistance-médicaments, j'ai
demandé au conseil consultatif de pharmacologie d'étudier de
façon plus précise l'inclusion de suppléments
protéi-
nés de telle sorte que ceux qui en ont vraiment besoin les
obtiennent. Il ne faut pas oublier aussi qu'avec les $10, en plus des abus,
dans bien des cas, on ne sait pas si vraiment ces suppléments sont
obtenus.
C'est une première chose qui va être corrigée avec
la prochaine révision de la liste en vertu du programme
d'assistance-médicaments. Cette révision prend effet le 1er
janvier 1973.
En ce qui a trait aux autres changements apportés aux
règlements de la Loi d'aide sociale, ils portent sur les barèmes.
Je crois qu'ils touchent au point essentiel que vous soulevez,
c'est-à-dire hausser les barèmes pour les besoins ordinaires,
nourriture, vêtements, etc. Ceci tient compte du fait, comme vous l'avez
mentionné que l'indice des prix a augmenté de façon
quelque peu plus rapide au poste de l'alimentation qu'en ce qui a trait
à l'augmentation générale des prix.
Je pense qu'on touche du fait et là, je ne peux pas aller
plus loin pour les raisons que je viens de donner que je veux faire
approuver la chose par le cabinet, de façon complète,
détaillée et aussi avoir une déclaration
précise.
Le dernier point soulevé est celui des arrêtés en
conseil. Je comprends qu'ils pouvaient, à certains moments, donner une
certaine souplesse mais, d'autre part, dans le passé, ce
mécanisme a donné lieu à énormément
d'arbitraire. Or, c'était précisément pour éviter
cet arbitraire que l'ancien gouvernement avait déposé une
nouvelle loi de l'aide sociale où on disait que l'aide serait
apportée conformément aux règlements. C'est ce que nous
faisons maintenant.
Cette loi n'est pas parfaite et je ne crois pas que ce soit jamais
possible d'en arriver à une loi parfaite dans ce secteur. C'est
pourquoi, périodiquement, nous apportons des modifications aux
règlements pour essayer de l'adapter et de la rendre toujours meilleure,
tout en évitant l'arbitraire, parce que j'ai donné
déjà des indications, des notes. Je vous ai distribué
d'ailleurs ces renseignements quant aux différences assez
prononcées qui existaient dans les montants de prestation, simplement
entre régions sous l'ancien système, différences qui,
aujourd'hui, n'existent plus, ce qui démontre que tous ou tous les
bénéficiaires sont traités beaucoup plus sur un pied
d'égalité.
Alors, j'espère que pour le moment, M. le Président, ces
quelques explications additionnelles sauront répondre de façon
plus complète au député de Bourget et lui démontrer
que, cet après-midi, ce n'était pas mon intention du tout
d'éviter la question, parce qu'elle est évidemment
importante.
M. LE PRESIDENT: Le député de Mégantic.
Ensemencement des nuages
M. Bernard Dumont M. DUMONT: Merci, M. le Président. J'ai
posé cet après-midi une question au ministre des Richesses
naturelles concernant le sujet tant controversé de l'ensemencement des
nuages. Le ministre qui nous déclare que, depuis 1964, il n'y a eu au
Canada aucun ensemencement aurait, à mon sens, à répondre,
avec la logique qu'on lui connaît quand il veut aller au fond des
problèmes, à une lettre que j'ai reçue du ministre Don
Jamieson, ministre au fédéral à Ottawa et qui
déclarait: "La présente est pour répondre à votre
lettre du 30 août relativement à la décision 2,463 qui
accordait un permis pour l'ensemencement des nuages à une compagnie
autre... " Mais il termine sa lettre, que je pourrai produire d'ailleurs, en
disant que la compagnie Newfoundland Air Transport a bien un permis pour
fournir le service en question et ce permis vaut pour tout le pays, sans
restriction territoriale.
Donc, M. le Président, il me semble qu'il est absolument
insensé que l'on dise qu'à l'heure actuelle une compagnie a le
droit, dans tout le pays, de faire de l'ensemencement, et que, selon la
déclaration d'un ministre, il faut un permis pour faire cet
ensemencement, quand le même ministre des Transports qui vient de
Terre-Neuve, ministre qu'autrefois était ami intime de Joe Smallwood
déclare qu'il n'y a aucun permis à obtenir et sans aucune
restriction territoriale.
Deuxième lettre que j'ai reçue d'un autre ministre, celui
de la Défense nationale mais qui a un suppléant aujourd'hui: "En
1972, 101 heures de vol et 33 missions ont été accomplies sur le
sol canadien pour l'ensemencement des nuages." M. le Président, j'ai
demandé depuis ce temps-là et je réclame encore
aujourd'hui qu'un comité d'enquête soit institué afin de
connaître les personnes responsables de cet ensemencement des nuages qui
cause tant de dégâts au Québec surtout. Les
expériences sont menées au moyen d'avions et l'on se sert d'un
appareil qui s'appelle "weathercord, inventé par Bernard Power qui,
ayant son bureau près de Dorval, peut en tant que président de
Water Engineering, en français, Génie Météo,
transmettre à sa compagnie américaine qui est Water Engineering
of America, tous les résultats de ces retombées d'ensemencement
des nuages.
Si Bernard Power peut actuellement se permettre d'utiliser le centrex
téléphonique du gouvernement fédéral pour diffuser
à travers le monde les résultats de cet ensemencement des nuages
dans le Québec, je dis qu'il est temps que ce comité
d'enquête soit institué. Si le ministre refuse de demander
l'opinion de ces témoins qui pourraient dire la vérité au
peuple canadien, d'admettre qu'il y a des compagnies qui continuent
l'ensemencement des nuages, bien que le ministre vienne de dire qu'il faut un
permis... On s'en fout, du permis, ou de la loi qu'on a adoptée sous un
ex-ministre des Richesses naturelles qui avait déclaré: Nous
adopterons cette loi pour arrêter la critique dans la province de
Québec.
Je n'ai jamais vu de loi qui serait là seulement pour
empêcher la critique. Il faut que ces lois puissent arrêter les
dommages causés par cet ensemencement, comme le ministre vient de le
dire, pas par des avions qui passent en laissant une traînée,
parce que nous la voyons tous, cette tramée d'humidité qui existe
mais qui ne dure que cinq minutes quand c'est la condensation de
l'humidité. L'iodure d'argent, ça dure une heure, ça
rencontre les nuages qui, par la pesanteur, produisent des retombées
à 24 heures d'intervalle, et c'est fait par des avions qui ont
tourné en rond au dessus du Québec et non pas par des avions de
lignes d'aviation, comme le ministre nous répond, de Montréal,
Rouge-mont, le détroit de Belle-Isle en passant par Québec. Quand
on les voit tourner, ce n'est certainement pas des avions réguliers.
Des avions à réaction, on en a vu circuler et on sait que
la condensation de la vapeur permet pour cinq minutes que ce soit de la vapeur.
Quand ça dure une heure, c'est de l'iodure d'argent. L'inventeur de ce
distributeur d'iodu-re d'argent, le "weathercord", qui fait actuellement le
sujet de beaucoup d'études, pourrait, dans une commission
d'enquête que le ministre devrait instituer pour que l'on connaisse enfin
toute la vérité, venir comme témoin raconter exactement ce
qui se déroule et nous expliquer toute la documentation qu'il fournit
à toutes les organisations qui viennent tenter des expériences
au-dessus du Québec.
Comme je l'ai déjà déclaré, on veut affamer
le peuple québécois en brisant son agriculture d'ici trois
ans, du train où on va, il ne restera même pas 10,000 agriculteurs
dans le Québec qui, à l'heure actuelle, peut nourrir sa
population. Qu'on permette que nous puissions librement dire aux autres ce que
nous pensons. Quand un peuple ne peut plus se nourrir, il ne peut plus aller de
l'avant. C'est pourquoi je dis: Instituons une commission d'enquête pour
que les témoins nécessaires viennent ou que le ministre
démisionne.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles.
M. Gilles Massé
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, le député
de Mégantic, depuis le début de l'été, se
plaît à parler d'ensemencement de nuages, demande qu'on institue
une enquête, demande même au ministre des Richesses naturelles de
démissionner. Le député de Mégantic mentionne des
lettres et je suppose qu'il voudra s'en servir comme preuve. Mais je me demande
pour quelle raison, si c'est une preuve, il n'en a pas fait part
déjà au procureur général. Il y a le bill no 6,
adopté en 1970, qui lui permet d'intervenir et donner suite aux preuves
que le député pourrait lui donner.
Il fait état de lettres dans lesquelles on parle de permis, de
missions, d'heures de vol. Mais est-ce que ces missions, ces 100 heures de vol
sont justement pour l'ensemencement de nuages?
M. DUMONT: Exactement.
M. MASSE (Arthabaska): Les permis, il fait état pour une
compagnie qui s'appellerait Newfoundland Air Transport, par qui ont-ils
été émis? Pour quelle année ont-ils
été émis?
M. DUMONT: C'est en 1972.
M. MASSE (Arthabaska): A notre connaissance et aussi selon les
informations que le gouvernement et les différents organismes du
gouvernement fédéral nous ont fournies, de même que le
Service de l'environnement atmosphérique du Canada, nous avons la
certitude qu'il n'y a pas eu d'ensemencement, en 1972, au Québec.
Selon le ministère des Transports du Canada et ce sont des
informations que nous avons eues au cours du mois de septembre, je pourrai vous
préciser la date plus tard aucun permis, pour des avions porteurs
de générateurs d'iodu-re d'argent, au Canada, n'a
été donné pour 1971 et 1972.
Le député de Mégantic fait état de permis
qui sont donnés. La loi fédérale qui s'intitule Loi sur
les renseignements relatifs aux modifications du temps a été
sanctionnée au mois de décembre 1971 et devait, selon l'article
8, être promulguée plus tard. Je vous lis l'article: "La
présente loi entrera en vigueur à une date qui sera fixée
par proclamation".
M. le Président, cette promotion n'a pas été
promulguée; donc, cette loi n'est pas encore en vigueur.
Vis-à-vis de ces informations qui, sur les bords, font appel à
des sentiments, je voudrais que le député de Mégantic me
fournisse les vraies preuves, s'il en a, et il me fera plaisir d'y donner
suite. Cette demande, je l'ai faite par voie des journaux et même par
lettre au député de Mégantic. Depuis le milieu de
l'été, je lui demande de fournir des preuves, s'il en a. Ce soir,
s'il en a, j'espère qu'il va comprendre qu'il devra les fournir s'il
veut véritablement remplir son devoir de citoyen. En effet, le bill 6
exige que quelqu'un qui veut provoquer de la pluie de façon artificielle
ait un certificat d'habilitation du lieutenant-gouverneur en conseil, ce qu'on
n'a pas émis, comme je vous l'ai déjà dit à
plusieurs occasions. Par la suite, il devra recevoir un permis d'exploitation
du ministre des Richesses naturelles. Si ce permis avait été
émis, il aurait fallu qu'un avis paraisse au moins deux fois dans un
journal français et dans un journal anglais.
M. le Président, vis-à-vis de ces affirmations, que je
considère encore comme peu sérieuses, j'aimerais prendre
connaissance de ces lettres. Par la suite, si nous jugeons qu'il y a des
actions à prendre, nous les prendrons.
M. LEVESQUE: M. le Président, demain, nous pourrons continuer le
débat sur la motion du député de Saint-Maurice. Jeudi,
nous pourrons poursuivre l'étude du projet de loi no 34, au nom du
vaillant et dévoué député de D'Arcy-McGee, ministre
d'Etat responsable de la qualité de l'environnement.
M. le Président, je propose l'ajournement de la Chambre à
demain, quinze heures.
M. LE PRESIDENT. Cette motion est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'Assemblée ajourne ses travaux à demain,
quinze heures.
(Fin de la séance à 22 h 21 )