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(Quinze heures dix minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
L'honorable ministre des Affaires sociales.
Déclarations ministérielles
Prestations d'aide sociale
M. CASTONGUAY: M. le Président, la Loi de l'aide sociale, comme
toutes les lois, doit s'ajuster périodiquement aux changements
éprouvés par les bénéficiaires, afin de rendre ses
effets aussi adéquats que le législateur le voulait au moment
où il l'a fait adopter.
Depuis sa mise en vigueur, en novembre 1970, l'application de la Loi de
l'aide sociale a subi plusieurs modifications au plan des règlements qui
en découlent. L'arrêté en conseil dont je fais état
aujourd'hui vient apporter plusieurs modifications aux règlements de la
Loi de l'aide sociale. Il s'avère, en effet, que les barèmes de
base relatifs aux prestations d'aide sociale ne correspondent plus à la
hausse du coût de la vie, malgré l'augmentation annuelle
automatique de 3 p.c. des barèmes pour les prestations payables au titre
de la nourriture, du vêtement, des nécessités personnelles
et domestiques.
L'indice du coût de la vie, à Montréal, est
passé, en effet, de 127.2, en juillet 1971, à 131.7, en juillet
1972. Il s'agit là d'une hausse de 3.5 p.c. L'augmentation automatique
prévue par les règlements ne suffit donc pas à compenser
les bénéficiaires pour la dépréciation de leurs
prestations réelles.
Cette insuffisance apparaît avec encore plus de clarté si
on examine l'augmentation des prix de la nourriture, en particulier, qui compte
pour plus de la moitié dans le montant alloué pour la nourriture,
le vêtement et les nécessités personnelles et domestiques.
Au cours de la période se terminant en juillet 1972, les prix de la
nourriture ont augmenté de 5.7 p.c.
En haussant les barèmes des prestations, nous avons
cherché à compenser davantage les besoins des adultes pour
lesquels les prestations nous apparaissent aujourd'hui, selon les indices
disponibles, s'avérer trop faibles. Nous avons donc résolu, comme
première mesure, à compter du 1er janvier 1973, de hausser de $5
par adulte, soit $10 pour un couple, le montant de la prestation versée
au titre de la nourriture, du vêtement et des nécessités
personnelles et domestiques.
Cette hausse, qui inclut l'augmentation automatique annuelle de 3 p.c.
déjà prévue par les règlements représente un
accroissement d'environ 11 p.c. du montant mensuel versé à un
adulte et une augmentation d'environ 13 p.c. du montant versé à
un couple au titre des besoins réguliers.
Elle ne s'appliquera pas toutefois aux personnes seules aptes au travail
et âgées de moins de 30 ans. C'est dire par exemple que
grâce à ces nouvelles dispositions, une personne seule obtiendra
$52 par mois au lieu de $47 et un couple sans enfant, $88 au lieu de $78
à compter du 1er janvier 1973.
Comme l'indexation automatique de 3 p.c. s'applique également aux
enfants, les adultes avec enfant verront leurs prestations globales
haussées de plus de $5 ou $10, comme en témoigne un tableau qui
est en annexe à cette déclaration.
On ne tiendra plus compte, dans le calcul des revenus des ménages
qui hébergent leur enfant de 18 ans et plus, du montant que l'enfant
versait ou était censé verser pour défrayer le coût
de sa chambre et pension. Nous réduirons d'autre part de $10 le montant
mensuel de l'aide accordée à une personne seule
hébergée par ses parents et de $15 celui de l'aide versée
à une famille qui vit en chambre et pension chez les parents d'un membre
de cette famille.
Ces modifications ont pour but de mieux équilibrer les
prestations. Comme chacun sait, de nombreuses critiques ont été
soulevées récemment, en particulier dans la région de
Montréal, concernant les restrictions apportées en septembre
dernier quant au supplément de $10 accordé mensuellement sur une
recommandation d'un médecin aux personnes qui, en raison d'une maladie,
nécessitaient un régime hyperprotéiné.
Il était devenu évident que la réclamation de
supplément s'était généralisée dans la
région de Montréal, contrairement à l'ensemble de la
province. Au début, ce supplément était destiné
à faire face à des besoins réels et bien
identifiés, mais en cours de route il s'est développé une
tendance à l'utiliser pour hausser systématiquement les
prestations. Pareille hausse doit évidemment se faire par des
modifications susceptibles d'améliorer la condition de tous les
bénéficiaires, comme celles que nous apportons aujourd'hui.
D'autre part, afin de continuer à répondre aux besoins des
personnes dont l'état nécessite des médicaments
hyperprotéinés, j'aurai l'occasion la semaine prochaine
d'apporter une solution. En effet, des médicaments
hyperprotéinés seront ajoutés à la liste des
médicaments, à l'occasion de sa révision le 1er janvier
prochain.
L'application du programme d'assistance-médicaments a mis en
relief la nécessité de couvrir au titre des besoins
spéciaux certaines fournitures et certains accessoires
paramédicaux nécessaires à la préservation et au
maintien de la santé des bénéficiaires.
Pour cette raison, les articles suivants seront prévus comme
besoins spéciaux dès le 1er décembre 1972:
l'oxygène, les pansements et bandages, les seringues, les aiguilles
ainsi que la liste des fournitures et accessoires paramédicaux
nécessaires au traitement des malades qui souffrent d'ostéomie ou
de paraplégie.
L'ensemble de ces modifications haussera le budget de l'aide sociale
d'environ $10 millions par année. Le gouvernement du Québec, en
les effectuant, estime améliorer le régime de l'aide sociale dans
toute la mesure où ses possibilités actuelles le lui
permettent.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais faire un
bref commentaire sur la déclaration ministérielle du
ministère des Affaires sociales. Nous l'attendions avec impatience,
comme tous ceux qui retirent actuellement des prestations d'aide sociale. Si le
ministre nous avait dit qu'il allait au fond du problème, je lui dirais
que non. Il en est probablement conscient. Ce ne sont que des mesures
provisoires, ce n'est qu'un commencement de réforme. Le ministre le
sait, il devra aller beaucoup plus en profondeur. D'ailleurs, nous aurons
l'occasion d'en discuter à la première occasion favorable.
Je voudrais vous faire remarquer comme premier point que la table des
prestations d'aide sociale a été bâtie vers les
années 1968-69, au moment où nous avons adoptée la Loi de
l'aide sociale. C'est encore la même table, presque la même table,
sauf quelques petites variantes qui étaient en usage en 1972. Donc, M.
le Président, on voit le décalage; il y a déjà
trois ans et demi que ces tables ont été préparées
et elles sont encore en application.
Le ministre a dit qu'il va ajouter, à partir du premier janvier
1973 peut-être que c'est pour des raisons administratives, nous
sommes au début de novembre, il reste encore un mois et demi, un mois et
deux tiers à parcourir; je ne sais pas s'il aurait été
possible de commencer ces améliorations dès maintenant puisque le
montant de $10 enlevé il y a déjà un certain temps
le ministre, dis-je, ajoute $10 mais ça coïncide avec les $10 qui
ont été enlevés. Dans sa déclaration, il dit que
l'allocation pour diète hyperprotéinique a été
utilisée d'une façon générale à
Montréal et qu'au contraire, en province, il semble que cela n'ait pas
été le cas.
Si cela a été utilisé d'une façon
générale dans la région métropolitaine de
Montréal, on va arriver au même résultat puisqu'on ajoute
les $10 qui déjà étaient accordés par les bureaux
pour la diète hyperprotéinée. Le ministre dit qu'il ajoute
$10 millions au budget de l'aide sociale. Je ne sais pas s'il tient compte du
fait que l'Assemblée nationale a voté une loi modifiant la
Régie des rentes, en juin ou en juillet 1972, et la Régie des
rentes assume une partie du fardeau financier du ministère des Affaires
sociales, parce que la Régie des rentes doit assumer le paiement aux
veuves et aux invalides.
Une partie du budget de l'aide sociale va être
transférée à la Régie des rentes. Cela soulagera le
budget. Alors, je voudrais bien savoir si ces $10 millions sont une addition
nette ou s'il faudra tenir compte des sommes qui ont déjà
été transférées à la Régie des
rentes.
Il y a des catégories de personnes qui sont plus mal en point,
par la Loi de l'aide sociale, que d'autres catégories de personnes, et
ça tous les députés le savent par les patients, les
électeurs qui viennent nous rencontrer à nos bureaux. On retrouve
beaucoup plus souvent des mères nécessiteuses, des personnes
âgées de 60 à 65 ans, qui n'ont pas encore la
sécurité de la vieillesse, et là il y a
véritablement un problème pour ces personnes. Je pense que les
modifications que le ministre nous apporte aujourd'hui ne règlent
certainement pas le cas de ces personnes.
Quant à la mesure qui a pour effet de ne pas comptabiliser dans
les revenus les enfants de 18 ans qui sont à la maison, qui demeurent
chez leurs parents, ça va être une nette amélioration,
parce qu'on pénalisait la famille qui gardait des enfants de 18 ans et
plus. En fait, c'est un travail de garder les enfants. La mère de
famille devait leur donner à manger et on considérait ça
comme un revenu, tandis que d'autres personnes pouvaient aller chercher un
certain montant de revenus sur le marché du travail jusqu'à
concurrence de $50, $40 en tenant compte des enfants, et ils n'étaient
pas pénalisés. Et la famille qui gardait des enfants
l'était à partir du premier sou parce qu'on leur
déduisait, sous forme de revenu, une partie du coût de la chambre
et de la pension. Alors ça va être une amélioration
évidente.
Je demanderais au ministre des Affaires sociales maintenant, de faire de
l'information, de faire parvenir à chacun des députés de
cette Chambre le texte de cette déclaration ministérielle, parce
que dès la fin de semaine prochaine les électeurs vont demander
aux députés quelles modifications ont été
apportées. Il faudra que le député soit en mesure, comme
le bureau régional et le bureau local qui, j'imagine, ont dû
recevoir aussi le texte de cette déclaration aujourd'hui, de donner la
meilleure information possible aux bénéficiaires.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, la déclaration du ministre des
Affaires sociales aujourd'hui, je dois dire que j'en suis, d'une part, heureux
et, d'autre part, très déçu. Je suis heureux de
l'augmentation, M. le Président, mais très déçu du
montant de l'augmentation.
Si on analyse l'augmentation du coût de la vie, qui est de 3.5
p.c, ce chiffre n'est nulle-
ment comparable à l'augmentation du coût de la nourriture,
qui est de l'ordre de 8 p.c. par année; donc, sur trois ans, de 24 p.c.
L'augmentation qui est accordée n'est même pas un rattrapage
suffisant uniquement au sujet de la nourriture, sans parler du logement. On
peut dire tout de suite, à partir de là, que l'augmentation est
nettement insuffisante.
Si on compte $52 uniquement pour la nourriture, cela donne $0.57 par
repas; sur cela, l'assisté n'a pas voyagé, l'assisté ne
s'est pas habillé, l'assisté n'a pas pu pourvoir à ses
besoins personnels et à ses besoins domestiques. Si on pousse un peu
plus loin et qu'on regarde une autre faiblesse de la loi no 26, on se rend
compte qu'un montant de $29 est accordé aux parents qui gardent leurs
propres enfants. Si on ajoute à $29 l'allocation familiale qui est
consentie, on se rend quand même compte que, pour des enfants en foyer
nourricier, il est dépensé, par l'Etat, au-delà de
$70.
Nous devons dire, à partir de la déclaration du ministre,
qu'il n'est pas allé au fond des choses; on se rend nettement compte de
cela. Le cadeau que le ministre semble faire aujourd'hui aux assistés,
il le leur a enlevé il y a un bout de temps. Ce n'est pas un cadeau,
comme on le dit assez souvent. On avait dans le passé ce qu'on appelait
un gouvernement de $10 et on est rendu maintenant avec un gouvernement de $5.
On se rend compte, après avoir pris connaissance de la
déclaration du ministre, qu'il n'est pas allé au fond des choses.
Nous exigeons je profite de l'occasion pour le mentionner que la
motion actuellement au feuilleton soit discutée afin de remettre en
cause toute la loi no 26.
J'ajoute que, si c'est le sort réservé aux
Québécois actuellement, ce n'est pas rassurant pour l'avenir.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, avec tout le respect que je peux
avoir pour le ministre des Affaires sociales, je dois dire que nous venons
d'entendre à peu près la déclaration la plus insipide et
insignifiante qu'on ait entendue depuis deux ans. Je m'explique, M. le
Président.
UNE VOIX: Vous avez besoin d'avoir de bonnes explications.
UNE VOIX: II a un texte préparé pour un autre
débat.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: Je le répète, M. le Président, la
déclaration la plus insipide et la plus insignifiante qu'on ait entendue
depuis deux ans. Suite aux questions que nous avons posées depuis
passablement de temps, concernant le fameux bill no 26, nous espérions
au moins avoir quelque chose qui pouvait satisfaire au minimum et strictement
au minimum vital.
On arrive avec une déclaration qui nous dit qu'on va augmenter de
$5 par mois le montant qui est versé aux assistés sociaux. Le
ministre se glorifie d'une augmentation de $5, parce qu'il nous dit que cela
correspond environ à une augmentation de 11 p.c. pour une personne seule
et de 13 p.c. pour un couple. Je suis bien d'accord sur cela, quand on part de
rien, une augmentation de $5 correspond à un fort pourcentage. Or, cette
augmentation de 11 p.c. et de 13 p.c. nous paraît absolument
insatisfaisante parce qu'elle ne part de rien.
Quand on pense qu'une personne seule avait $46 par mois pour se nourrir,
s'habiller, payer son téléphone et ses dépenses
personnelles. Maintenant, on l'augmente à $52. Un couple qui recevait
$78, on l'augmente à $88. Ainsi, on pense régler le
problème, en particulier, comme le disait le député de
Montmagny, des personnes qui sont inaptes au travail. Parce que 61 p.c. des
assistés sociaux, contrairement à ce qu'on pense, sont inaptes au
travail.
Cela veut dire que ces gens doivent vivre douze mois par année
avec des montants comme ceux-là. Je me demande comment le ministre des
Affaires sociales, si on lui réduisait son salaire à ce montant,
pourrait vivre.
DES VOIX: Ah!
M. LESSARD: M. le Président, le ministre se glorifie aussi...
UNE VOIX: Très fort. UNE VOIX: Démagogue.
M. LESSARD: Démagogue, mais à partir des problèmes
qui existent et des problèmes que vous vivez tous les jours. Vous
n'êtes même pas capables d'en prendre conscience.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! UNE VOIX: Démagogue.
M.LESSARD: M. le Président, le ministre nous parle d'une
augmentation de $10 millions du budget du ministère des Affaires
sociales en ce qui concerne cette catégorie de personnes. Est-ce que le
ministre peut nous dire combien il a épargné, par exemple, avec
la coupure qu'il a faite concernant les diètes? J'ai un exemple concret
et je pourrais lui en citer des centaines. Une personne recevait $40 en ce qui
concerne les diètes; et comme aujourd'hui ils sont cinq dans la maison,
avec une augmentation de $5, cela va faire $25. Donc, $15 de moins que ce
qu'elle avait et avec ce montant elle ne pouvait pas arriver. Je trouve cela
passablement ridicule. Donc, les $10 millions que le ministre donne
actuellement, je suis assuré qu'il les a épargnés
ailleurs.
De plus, le ministre réduit le montant accordé aux
personnes seules hébergées par leurs parents. D'accord, les $24
qu'on exigeait autrefois lorsqu'une personne était
hébergée par ses parents, on ne les exige plus. Il faut quand
même créer une relation entre ce qu'on donne ailleurs, par exemple
par le service social, et ce que l'on donne pour les enfants qui sont
gardés dans les familles. Actuellement, la loi est tellement ridicule
qu'on encourage le divorce. C'est plus facile à une personne, à
un moment donné, de divorcer et de faire garder ses enfants par le
service social que de les garder chez elle. La raison, c'est qu'on donne $15
pour un enfant contrairement à $49, au minimum, par le service social et
cela peut aller jusqu'à $72.
M. le Président, on a fait une étude. On donne $52
à une personne; or, personne ne peut se nourrir avec moins de $10 par
semaine, à moins qu'il y en ait qui fassent des miracles.
Peut-être que le premier ministre, qui est économiste, pourrait
nous expliquer ça.
Il reste $12, M. le Président, pour payer son
téléphone, qui coûte $6, pour payer sa pipe, son tabac et
tout ce que vous voudrez !
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: Une étude a été faite par le. Montreal
Diet Dispensary, concernant justement les montants qui étaient
accordés au point de vue N.V.P.D. ou N.V.D.P. Concernant les logements,
je pense que c'est passablement satisfaisant, mais concernant ces montants qui
sont accordés ici, on a prouvé, par une étude, que plus la
famille est grande le ministre se glorifie de vouloir soumettre à
l'Assemblée nationale des projets de loi pour avantager les familles
nombreuses plus la différence est grande, c'est-à-dire que
plus les enfants sont âgés, plus les montants sont minimes.
M. le Président, comment voulez-vous voir une relation entre ce
que le ministre nous dit et ce que le ministre fait?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: Je conclus, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il ne faudrait pas oublier que l'article 184
autorise de brefs commentaires.
M. LESSARD: M. le Président, vous me permettrez de conclure. Tout
cela provient de quoi? Tout cela provient du fait que le ministre des Affaires
sociales n'a pas été capable, pendant la dernière campagne
électorale, de se lever, d'être debout pour réclamer...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît! Je ne suis pas du tout intéressé à la
dernière campagne électorale. A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre! Messieurs, un peu de calme, s'il vous plait.
L'article 184 autorise, à la suite d'une déclaration
ministérielle, de brefs commentaires de la part des partis de
l'Opposition. Je pense bien que l'usage a établi que cela ne doit pas
entraîner de débat. Je pense bien qu'on s'aventure, actuellement,
avec toute la latitude que je veux accorder à la Chambre... D'ailleurs,
c'est une nouvelle philosophie du règlement, ce sont des dispositions
nouvelles. Nous l'avons permis au député de Saguenay, mais si on
veut critiquer la loi maîtresse du bien-être social, la loi no 26,
il y a d'autres façons. Si on n'est pas satisfait de la loi, qu'on en
demande le rappel.
Par incidence, à la suite de la déclaration d'un ministre,
le règlement permet de brefs commentaires, mais cela ne permet pas
d'en-chafner avec un débat sur toute la politique sociale du
gouvernement. Malheureusement, le règlement ne prévoit pas cela.
Permettre qu'on fasse des débats en profondeur sur le bill 26, sur la
politique du ministère ou sur les agissements du ministre, ce n'est pas
le but des déclarations ministérielles.
M. BURNS: M. le Président, sur la question de règlement,
je vous réfère au texte du code Lavoie, comme on se plaît
à l'appeler. Ce sur quoi vous avez rappelé à l'ordre le
député de Saguenay, c'est la durée de son intervention, ce
que vous avez parfaitement le droit de faire, à mon avis, en vertu de
l'article 184, deuxièmement. Ce que vous n'avez pas le droit de faire,
M. le Président je vous le dis avec tout le respect que j'ai pour
vous c'est d'intervenir au sujet du contenu de ses commentaires. Il n'y
a rien, dans cet article 186, qui vous dit qu'il ne doit pas soulever de
débat.
Il est vrai que si un débat doit être soulevé vous
allez l'arrêter, mais vous ne devez pas dire au député de
Saguenay je le soumets encore respectueusement qu'il doit faire
nécessairement des commentaires favorables au gouvernement. Ce ne sont
pas des commentaires favorables qu'il va faire, et nous n'avons pas l'intention
de faire des commentaires favorables. Loin de là.
Mais je ne pense pas, d'autre part et je vous le dis encore une
fois très respectueusement que vous devez dire au
député de Saguenay quel doit être le contenu de sa
réponse à la déclaration ministérielle. Et je
m'excuse, M. le Président, mais c'est là-dessus que vous avez
arrêté le député de Saguenay, et je pense qu'il vous
a dit: Je respecte votre décision, vous avez dit que j'ai
été trop long, je conclus. Et quand il est arrivé à
un point qui n'a pas semblé plaire à la présidence, vous
l'avez arrêté. Je ne suis pas d'accord avec vous
là-dessus.
M. LEVESQUE: M. le Président, pouvez-vous me permettre simplement
de rappeler au député de Maisonneuve que le code Lavoie ne se
limite pas à l'article 184?
M. BURNS: Aux déclarations ministérielles, article
184.
M. LEVESQUE: Certainement. Et on a parfaitement le droit de se
référer à l'article 184, comme le député l'a
fait, et de souligner que le député de Saguenay avait
déjà enfreint cet article parce qu'il ne s'agissait plus d'un
bref commentaire. Et là je tiens...
M. BURNS: C'est le président qui le décide.
M. LEVESQUE: ... simplement à rappeler à l'honorable
député de Maisonneuve qu'il avait raison de reprocher à
son collègue d'avoir été trop long, ça, je
l'approuve sur cette partie-là de son intervention, mais où je ne
suis plus d'accord avec le député de Maisonneuve...
M. BURNS: Je n'ai pas reproché à mon collègue
d'être... Arrêtez de faire vos maudits menteurs, s'il vous
plaît. Je n'ai pas dit ça.
M. LEVESQUE: C'est ça que vous avez laissé entendre.
M. BURNS: Bien, voyons donc! Arrêtez de faire vos menteurs, s'il
vous plaît.
M. LEVESQUE: Et là je m'entends très bien avec le
député de Maisonneuve lorsqu'il a qualifié l'intervention
du député de Saguenay d'être trop longue, et même
peut-être inopportune.
M. BURNS: Bande de "faiseux". Vous êtes une bande de "faiseux".
C'est ça que vous êtes.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: Mais, où je ne m'entends pas avec le
député de Maisonneuve, c'est qu'il prend l'article 184 comme le
seul du code Lavoie, alors que vous avez été très juste et
très sage dans vos remarques, M. le Président, parce que vous
avez rappelé à l'honorable député de
Saguenay...
M. BURNS: C'est ça qu'on appelle des "faiseux".
M. LEVESQUE: ... que s'il devait parler de la politique d'aide sociale
en général, à ce moment-là ce n'était plus
un bref commentaire relatif...
M. BURNS: En attendant il y a des gens qui ne mangent pas, et on
s'amuse. Ce n'est pas grave, ça. Ce n'est pas très grave, des
gens qui ne mangent pas. Cachez-vous derrière le règlement, il y
a juste des gens qui crèvent de faim.
M. LEVESQUE: ... à la déclaration très
précise et très à point du ministre des Affaires sociales.
Le ministre des Affaires sociales a fait une déclaration
ministérielle sur un point précis, et d'ailleurs...
M. BURNS: A l'ordre, M. le Président. Il n'est même pas
là.
M. LEVESQUE: ... les autres représentants des partis d'Opposition
ont très bien saisi...
M. BURNS: Est-ce qu'il faut que je vous demande, M. le Président,
de le rappeler à l'ordre?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce que je pourrais inviter le leader de
la majorité à se limiter au point de règlement
soulevé?
M. LEVESQUE: Je le fais de bonne grâce, et avec tellement d'ardeur
et de ferveur...
M. BURNS: Faites d'autres histoires. UNE VOIX: Assoyez-vous ardemment.
M. CHARRON: Hypocrite.
M. LEVESQUE: ... que ça me fait plaisir, non pas seulement de
confondre le député de Maisonneuve qui est absolument en dehors
de la question...
M. BURNS: Vous êtes une bande d'hypocrites.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce que je pourrais inviter au calme le
leader de la majorité, ainsi que le député de Maisonneuve?
Je suis prêt à rendre ma décision. Je pourrais
peut-être inviter le leader parlementaire du gouvernement et le
député de Maisonneuve à venir argumenter dans un salon
particulier à trois. Nous pourrions...
Est-ce que je pourrais inviter chaleureusement le député
de Saguenay à clore son intervention?
M. LESSARD: Parfait, M. le Président.
Pour vous prouver que ça rejoignait les propos du ministre, c'est
que ce problème fondamental rejoint le problème du revenu minimum
garanti. Et le ministre se bat depuis passablement de temps pour obtenir cette
chose, mais il est bloqué à un moment donné en vertu des
règlements, ou en vertu de la politique fédérale. Mais le
ministre aurait dû se lever justement pendant la campagne
électorale pour réclamer véritablement auprès du
gouvernement fédéral ses besoins, ses exigences...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LESSARD: ... et pouvoir au moins règler ce problème
fondamental, le problème des assistés sociaux, de
façon...
M. LEVESQUE: Une question dérèglement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît !
Est-ce que le député a fini son intervention?
M. LESSARD: Non, M. le Président, je n'ai pas terminé.
M. LE PRESIDENT: Sur une question de règlement, l'honorable
leader.
M. LE LEVESQUE: M. le Président, j'invoque plutôt une
question de privilège parce que je veux être sûr de ne pas
être interrompu par une question de règlement.
M. le Président, vous venez d'entendre le député de
Saguenay s'éloigner de la question qui faisait l'objet...
M. LESSARD: Une question fondamentale.
M. LEVESQUE: ... de la déclaration ministérielle...
M. LEGER: II s'est rapproché du problème.
M. LEVESQUE: ... du ministre des Affaires sociales.
M. CHARRON : Peureux ! Peureux !
M. LEVESQUE: J'ai accepté de bonne grâce, M. le
Président, de mettre fin à mon intervention tout à
l'heure, avant même d'avoir terminé. Je l'ai fait
simplement...
M. CHARRON: Vous avez peur, c'est tout ce que vous faites, vous avez
peur.
M. LEVESQUE: ... pour respecter votre désir.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LEVESQUE: Mais, M. le Président, nous nous faisons bouscouler
par le Parti québécois.
M. BURNS: Pauvre petit gouvernement !
M. LEVESQUE: II essaye de le faire en abusant...
M. BURNS: Vous êtes très petit pour vous faire bousculer
comme ça.
M. LEVESQUE: ... non seulement des droits mais des privilèges de
cette Assemblée. Je vous demanderais de dire au député de
Saguenay de s'en tenir...
M. BURNS: Pensez donc avant de parler, en niaisant de même.
M. LEVESQUE: ... exactement au bref commentaire stipulé par
l'article 184.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. CADIEUX: Une question de privilège.
M. LEVESQUE: C'était une question de privilège.
M. BURNS: J'interviens sur la question de privilège qui est
soulevée, qui en est une de règlement, pour l'intelligence assez
difficile du député de Beauharnois. Je dis que c'est une question
de règlement aussi.
M. CADIEUX: M. le Président, c'est une question de
privilège.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CADIEUX: M. le Président, sur une question de
privilège.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. CADIEUX: C'est une question de privilège.
M. BURNS: Non, M. le Président...
M. CADIEUX: Je croyais que les nouveaux règlements
"interdissaient" l'ouverture...
M. BURNS: II n'y a qu'un "s".
M. CADIEUX: ... du Restaurant "Le Parlementaire" au député
de Maisonneuve après trois heures.
M. CHARRON: Cela dépend du nombre de gin qu'il a pris.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. CHARRON: Quand il a pris deux gin, le député de
Beauharnois met des "s" partout.
M. BURNS: M. le Président, je veux simplement rappeler le plus
calmement possible le fait que vous avez indiqué au député
de Saguenay de terminer le plus tôt possible son intervention. Il vous a
annoncé qu'il la terminait. S'il y a des choses dans ce qu'il dit qui ne
plaisent pas aux députes ministériels, c'est fort possible; nous
ne sommes pas ici pour plaire au gouvernement, M. le Président. Le
député de Saguenay, en particulier, ne fait pas une intervention
pour plaire au leader du gouvernement, le député de
Bonaventure.
Je vous dis tout simplement qu'on ne doit pas recourir au
règlement facilement, régulièrement et constamment pour
interrompre quel-
qu'un quand il dit quelque chose qui ne fait pas plaisir au
gouvernement. C'est ce que j'ai à vous dire.
M. CADIEUX: ... de chialer, le député de...
M. LESSARD : M. le Président, est-ce que je peux continuer?
M. LE PRESIDENT: Vous allez continuer, mais très
brièvement.
M. LESSARD: D'accord, M. le Président. Je dis que...
M. CADIEUX: ... demandé intelligemment.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: II va falloir, je crois, que ce gouvernement se pose une
question une fois pour toutes. Quelle est la place que ces personnes ont dans
la société québécoise? Il faut leur donner leur
véritable place de telle façon qu'elles puissent vivre au moins
avec un revenu minimum garanti. Et cela dépend de certaines relations
fédérales-provinciales. Que le ministre se lève et le
dise.
M. CASTONGUAY: M. le Président, en vertu de...
M. ROY (Beauce): M. le Président,...
M. CASTONGUAY: ... l'article 97...
M. ROY (Beauce): ... j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: J'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît.
M. ROY (Beauce): Dans notre règlement, à l'article 184, M.
le Président, il n'est aucunement question d'une réplique.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, messieurs !
L'honorable ministre a demandé la parole. Quel article?
M. CASTONGUAY: En vertu de l'article 97, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: Je vais être bref parce que je vais répondre
uniquement au député de Montmagny, qui a fait des commentaires
intelligents. Le député de Montmagny...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda, une
question de règlement.
M.SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
voudrais vous rappeler les dispositions de l'article 103, où il est bien
dit que le droit de réplique appartient à un député
qui fait une motion de fond, qui a proposé la deuxième ou la
troisième lecture d'un projet de loi, à un représentant du
gouvernement à l'occasion du débat sur le discours inaugural et
du débat sur le discours du budget et au proposeur d'une motion d'envoi
d'un projet de loi en commission plénière. Il n'est nullement
question de droit de réplique à l'occasion d'une
déclaration ministérielle.
M. le Président, il y a là-dessus, je pense, des
précédents.
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît! Si je comprends
bien, l'honorable ministre des Affaires sociales n'a pas invoqué
l'article 103 mais l'article 97. J'aimerais connaître vos commentaires
sur l'article 97.
M. SAMSON: M. le Président, l'article 97 se lit comme suit: "Le
député qui prend la parole pour donner des explications sur le
discours qu'il a déjà prononcé ne peut le faire que
lorsque le discours qui les provoque est terminé, à moins que
celui qui le prononce ne consente à être interrompu".
M. BURNS: Ce ne sont pas des explications. M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. SAMSON: Un instant! M. le Président, vous avez laissé,
je pense, assez longtemps le député de Maisonneuve dialoguer
tantôt qu'on peut au moins...
M. BURNS: On l'a lu.
M. SAMSON: ... se permettre de revenir sur une question qui a
déjà été posée en cette Chambre. Ce n'est
pas la première fois.
M. BURNS: Allez, déconnez, cher ami.
M. SAMSON: ... qu'on met en question un droit de réplique sur une
déclaration ministérielle qui pourrait engager un débat.
Si le ministre veut un débat, je prends vos conseils, M. le
Président, et je lui demande de rappeler la loi no 26. On va en parler
de la loi no 26, puis on va en parler de la façon dont vous traitez les
assistés sociaux dans le Québec présentement.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: M. le Président, le député de
Montmagny a dit que, dans la région de Montréal, j'avais, par ma
déclaration, laissé
entendre que tous les bénéficiaires se prévalaient
de la possibilité d'obtenir un montant supplémentaire pour les
diètes protéinées. En relisant attentivement ma
déclaration, on voit que j'ai dit qu'il y avait eu une tendance à
utiliser ceci. Alors, il n'est pas juste de dire que c'étaient tous les
bénéficiaires et qu'on n'a fait que rétablir une
situation; premier des points. Maintenant, je voudrais rappeler que, depuis que
nous avons mis en vigueur cette loi en novembre 1970, le budget, qui
était, pour l'exercice 70/71, de $225 millions, est passé
à $340 millions pendant l'exercice en cours, soit deux ans plus tard, ce
qui signifie déjà, au cours de cette période, une
augmentation de 25 p.c. des prestations en moyenne. Aujourd'hui, nous venons
ajouter une augmentation, pour les besoins ordinaires, de l'ordre de 11 p.c. ou
de 13 p.c, selon le cas. Je ne me glorifie pas, comme l'a dit le
député de Saguenay, de cette augmentation; j'en ai fait
état. Merci.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur une question de
règlement, je voudrais vous demander une directive. Est-ce que l'article
97 s'applique à toutes les déclarations, y compris les
déclarations ministérielles, ou si, selon l'esprit de notre
règlement, il s'applique uniquement lorsqu'il est question de
motion?
M. LE PRESIDENT: J'avais déjà donné une directive,
je crois, sur l'article 97, à la première partie de la session.
Lorsqu'on parle d'un discours qui vient d'être prononcé, j'avais
appliqué le mot discours à déclaration
ministérielle. L'article 97, je crois, s'applique chaque fois qu'un
député prend la parole, lorsqu'il a le droit de prendre la
parole. Il peut rectifier les faits, sans soulever de débat, sans amener
d'argumentation nouvelle. Il peut rétablir les faits seulement.
M. ROY (Beauce): M. le Président, une demande de directive.
Est-ce que ça s'applique également au député qui
aurait fait une réplique ou des commentaires après une
déclaration ministérielle que le ministre aurait faite?
M. LE PRESIDENT: Si votre réplique a été mal
interprétée, oui.
M. ROY (Beauce): Très bien.
M. ROY (Lévis): M. le Président, sur une question de
privilège, est-ce que j'ai le droit de vous demander de vous
débarrasser des avocats mal intentionnés et de garder les avocats
qui sont bien intentionnés?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. PAUL: M. le Président, j'invoque mon privilège
personnel. Je vous ferai remarquer qu'aucun député de
l'Unité-Québec n'a voulu participer à ce débat de
procédure, vu que nous avons hâte de procéder à
l'étude de la législation, pour arriver à temps pour le
congé de Noël.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Dépôt de
documents.
Dépôt de documents
M. BURNS: M. le Président, j'invoque mon privilège, parce
que je ne me considère pas parmi les avocats mal
intentionnés.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
UNE VOIX: Est-ce qu'on pourrait connaître les autres qui sont
comme lui?
M. LE PRESIDENT: Le député de Charlevoix, ministre
d'Etat.
Société des traversiers
Québec-Lévis
M. MAILLOUX: M. le Président, pour le ministre des transports,
qu'il me soit permis de déposer le rapport des états financiers
de la Société des traversiers Québec-Lévis, pour
l'exercice financier se terminant le 31 mars 1972.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre a d'autres exemplaires pour
distribution aux députés?
M. MAILLOUX: M. le Président, je pense que les exemplaires
supplémentaires seront disponibles au cours de la séance.
M. LE PRESIDENT: Questions orales des députés.
Questions orales des députés
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Grève des employés de l'Hvdro
M. LOUBIER: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre de la province de Québec. M. le Président, dois-je
attendre?
M. LE PRESIDENT: On pourrait passer à une autre.
M. LOUBIER: C'est que j'ai une question principale d'une extrême
urgence et je voudrais bien que le premier ministre soit présent pour la
recevoir. Je sais qu'il est absent depuis quelques secondes seulement.
M. LEGER: Chantez-nous quelque chose en attendant.
M. LEVESQUE: Allez, posez-la tout de même.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Chantez donc l'Internationale pour le PQ.
M. LOUBIER: Est-ce qu'il arrive souvent, comme cela, que le parti
ministériel perde le premier ministre?
UNE VOIX: Quand Trudeau le demande.
M. LOUBIER: Est-ce qu'il arrive souvent que le premier ministre fasse
faux-bond au parti ministériel?
M. LEVESQUE: Le premier ministre est toujours présent d'une
façon ou de l'autre.
M. LOUBIER: Est-ce que le premier ministre était en panne quelque
part? Je voudrais demander au premier ministre s'il a l'intention de poser des
gestes concrets devant l'état d'urgence créé par la
grève des employés de l'Hydro-Québec et plus
spécialement devant les pannes qui se multiplient dans toutes les
régions du Québec, devant toutes les conséquences d'ordre
socio-économiques, devant les accusations de sabotage? Est-ce que le
premier ministre a l'intention, s'il n'y a pas règlement de ce conflit
d'ici 24 heures, de proposer une loi spéciale à cette Chambre,
même si les lois spéciales ne sont pas souhaitées par qui
que ce soit pour régler les conflits?
Je demanderais au premier ministre s'il a l'intention de se servir de
toutes les règles de procédure et, si, d'ici 24 heures, il n'y a
pas eu règlement du conflit, s'il procédera par une loi
spéciale.
M. BOURASSA: Je dois dire au chef de l'Opposition qu'il y a eu reprise
des négociations ce matin; il faudra donc attendre l'évolution de
cette reprise des négociations. Le chef de l'Opposition suggère
une loi spéciale de retour au travail ou définissant les services
essentiels. On peut peut-être considérer la deuxième
suggestion parce que la perception des comptes n'est pas aussi urgente que la
fourniture de l'électricité.
M. LOUBIER: Je n'ai pas suggéré, j'ai demandé au
premier ministre s'il avait l'intention de présenter une loi
spéciale s'il n'y avait pas règlement du conflit d'ici 24 heures.
Le premier ministre sait-il si le représentant du syndicat va respecter
l'entente à l'effet que le conflit pourrait se régler facilement
dans les 48 heures s'il y avait bonne foi entre les deux parties?
M. BOURASSA: Je préférerais attendre le rapport de la
première réunion sur la reprise des négociations ce matin
avant de commenter davantage.
M. LOUBIER: Quand le premier ministre attend-il ce rapport? Au cours de
la journée?
M. BOURASSA: Au cours de la journée, oui.
M. PAUL: M. le Président, question additionnelle. Est-ce que le
premier ministre pourrait nous avertir dès ce soir s'il a l'intention de
présenter une loi spéciale, considérant que normalement la
Chambre ajournera ses travaux demain à une heure jusqu'à mardi et
qu'à notre humble point de vue nous ne pouvons laisser la population du
Québec sans électricité? Nous invitons et pressons le
gouvernement à poser un geste positif dans les circonstances.
M. VINCENT: Question supplémentaire, au premier ministre. Est-ce
que les travaux de la ferme, comme la conservation du lait, la traite
mécanique, sont considérés comme des services essentiels
présentement de la part de l'Hydro-Québec?
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai dit...
M. BURNS: Question de règlement, M. le Président.
Actuellement, vous n'avez pas de définition dans le code du travail de
ce qu'est un service essentiel.
Je soulève donc la question de règlement à la suite
de la demande du député de Nicolet, parce qu'il s'agit d'une
opinion juridique. Je ne pense pas que le premier ministre soit ni
compétent, ni capable, ni à l'intérieur...
UNE VOIX: Ni aimable.
M. BURNS: Voyons donc!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! messieurs.
M. BURNS: M. le Président, je ne me considère pas
compétent pour donner cette opinion.
M. BIENVENUE: II y a une différence entre les deux. Il y en a un
qui est premier ministre.
M. BURNS: Ce n'est pas de façon...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! messieurs.
M. BOURASSA: M. le Président, je peux dire qu'à la
suite...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce que vous désirez changer la
formulation de votre question?
M. VINCENT: C'est ça, je pourrais changer la formulation de la
question. Est-ce que le premier ministre est en mesure de nous dire si des
mesures spéciales sont prises, avec les
syndicats, et également l'Hydro-Québec, pour donner
certains services absolument nécessaires pour les travaux de la ferme
tels la conservation du lait, la traite mécanique des vaches?
M. BOURASSA: Je ne suis pas au courant de tous ces détails, mais
je sais qu'il y a eu des discussions entre le syndicat et le ministère
du Travail et de la Main-d'Oeuvre. A la suite des événements du
printemps dernier, on a formé un comité d'études sur cette
question très complexe et en même temps très importante,
sur la définition des services essentiels. Il ne faut pas que la
population soit la première victime de tous ces conflits dans les
secteurs public et parapublic. C'est pourquoi nous avons envisagé
différentes mesures. Il se peut que le conflit de l'Hydro-Québec
précipite une action législative du gouvernement sur cette
question des services essentiels pour que la population, comme je viens de le
dire, ne soit pas la première victime de ces conflits.
M. LOUBIER: M. le Président, une dernière question
supplémentaire. Est-ce que le premier ministre a été
informé que, dans différentes régions, des centaines de
cultivateurs sont privés d'électricité depuis une
journée et que si cela persiste encore 24 heures ou 48 heures, ces
cultivateurs seront obligés de sacrifier leurs troupeaux et de les
vendre à l'abattoir le plus près?
M. BOURASSA: Je pourrais dire...
M. LOUBIER: Je pourrais donner au premier ministre le nom de la
région du comté de Mégantic d'où j'ai reçu
des appels téléphoniques, ce matin. A Saint-Ferdinand où
il y a trois rangs, le long de la route no 49. Je pourrais même lui
donner les noms des cultivateurs et s'il en veut d'autres régions...
J'ai eu ces informations.
M. BOURASSA: M. le Président, je peux dire au chef de
l'Opposition que mon bureau reçoit de très nombreuses
représentations de toute nature depuis deux jours. Mais il reste que
c'est un conflit du secteur public et parapublic. Ce n'est pas le premier. Ce
n'est pas le seul endroit où cela arrive. On sait que c'est
arrivé partout.
Comme je l'ai dit tantôt, il y a des secteurs qui sont moins
urgents. Je donnais l'exemple de la perception des comptes. Il y a d'autres
secteurs où on ne peut pas attendre indéfiniment la bonne
volonté de ceux qui ont à réparer les pannes. C'est cela
que le gouvernement a considéré depuis plusieurs mois, parce
qu'il y a eu le cas des hôpitaux, vous vous en souvenez, et maintenant,
nous avons le cas de la fourniture d'électricité. Alors si la
reprise des négociations devait aboutir à un échec, s'il
n'y a aucun espoir d'un règlement rapide et si la situation s'aggrave,
il est évident que le gouver- nement... Je devrais avoir une
idée, au cours des prochaines heures, de l'évolution des
négociations.
M. LOUBIER: Pour le premier ministre, dans un délai rapide, ce
serait pour ce soir?
M. BOURASSA: Non, je n'ai pas dit que je rendrai la décision ce
soir. Mais je dois être informé de l'évolution des
négociations actuellement au ministère du Travail à
Montréal. J'aviserai selon l'évolution de ces
négociations.
M. VINCENT: M. le Président, j'aurais une question
supplémentaire, cette fois-ci, au ministre de l'Agriculture. Est-ce que
le ministre est entré en communication avec les autorités
syndicales de l'Hydro-Québec, comme ce fut le cas pour le ministre en
1968, pour apporter des solutions à ces problèmes d'agriculteurs,
dans des régions spécifiques, et où le syndicat va
apporter sa contribution? Nous avions réglé une série de
problèmes dans les quelques heures après que le problème
se fut posé. Si le ministre ne l'a pas fait, je lui demanderais d'entrer
immédiatement en communication avec le syndicat...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Là, vous répondez en
même temps à votre question. Laissons la chance au ministre de
répondre.
M. TOUPIN: Merci, M. le Président. J'attendais pour me lever,
parce qu'il était justement en train de donner la réponse que je
voulais donner.
M. VINCENT: Pardon? Quelle réponse ai-je donnée à
la question? J'ai demandé au ministre s'il était entré en
communication...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! C'est une question
supplémentaire. Vous avez demandé au ministre s'il a
communiqué avec le syndicat. Je suis aussi intéressé que
vous à entendre la réponse. Tel que le règlement l'exige,
cela doit se limiter à cela. Il y a un abus à la période
des questions et j'entends y mettre fin.
L'honorable ministre de l'Agriculture et de la Colonisation.
M. TOUPIN: M. le Président, je n'ai pas eu de contacts officiels
avec le ministre du Travail sur cette question. Il est possible que les
fonctionnaires en aient eu. Mais lorsque nous discutons de ces
problèmes, le ministre du Travail prend, bien sûr, en
considération cet aspect du problème qu'est l'agriculture. Je
n'ai pas besoin de vous dire qu'actuellement c'est un secteur
considéré aussi prioritaire que n'importe quel autre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: Question supplémentaire, M. le Président, au
ministre de l'Agriculture. Est-ce que l'honorable ministre entend faire en
sorte que le ministère de l'Agriculture indemnisera les cultivateurs
pour les pertes subies dans certains cas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre ! Question
refusée. L'honorable député de Lévis.
M. BELAND: Refusée?
M. ROY (Lévis): M. le Président,...
M. ROY (Beauce): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je vais donner mes
explications. La question principale s'adresse ou vise le problème de la
grève de l'électricité. Je n'entends pas qu'on
règle, par cette question, les problèmes agricoles. J'entends
limiter la période à cette question principale et aux
sous-questions directement reliées à la grève de
l'électricité, et non pas les mille et une incidences que cela
peut amener.
L'honorable député de Lévis.
M. ROY (Lévis): ... ma question supplémentaire est
celle-ci : J'ai entendu dire de la part de certaines gens qu'il était
impossible de traire les vaches parce qu'il n'y avait pas
d'électricité.
M. LE PRESIDENT: Question, question!
M. ROY (Lévis): Question? Je voudrais expliquer le pourquoi de ma
question.
M. LE PRESIDENT: Question.
M. ROY (Lévis): Les gens qui ont des congélateurs ne sont
pas capables d'avoir l'électricité pour les conserver. Traire des
vaches, on peut le faire à la main quand on connaît ça.
Mais la viande, on ne peut pas la conserver dans nos mains !
M. BURNS: M. le Président, à l'ordre!
M. ROY (Lévis): Cela prend l'électricité pour
refroidir le congélateur.
M. LE PRESIDENT: Question principale du député de
Saint-Sauveur.
Motel à Fort-Prével
M. BOIS: M. le Président, en l'absence du ministre des Affaires
municipales, ma question s'adresse à l'honorable premier ministre. Nous
apprenions aujourd'hui qu'un contrat était accordé, au montant
d'environ $180,000, à une entreprise de Joliette pour la construction
d'un motel à Fort-Prével. Est-ce que l'honorable premier ministre
pourrait nous dire s'il est exact que ce contrat a été
accordé sans appel d'offres par le gouvernement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: Le député aurait pu donner avis de la
question.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Ecoutez, il y a une disposition de notre
règlement qui doit guider la période des questions, et c'est la
disposition première. Il y a deux grands critères que les anciens
présidents, entre autres l'ancien député de Westmount,
avaient élaborés en 1963. Le critère premier est
l'urgence. Le critère second est l'intérêt public. Je crois
que la question que vous avez posée pourrait facilement également
être inscrite au feuilleton. Je ne vois pas une urgence, en ce 9 novembre
1972, qu'on apporte une réponse aujourd'hui même. Je vais me
permettre de faire parvenir, dès la semaine prochaine, aux
députés de la gauche, une lettre soulignant tous les articles du
règlement qui concernent les questions. Aux députés et aux
ministres de la droite, je vais faire parvenir une lettre soulignant tous les
articles du règlement qui concernent les réponses. Je pense qu'il
y aura équilibre de cette manière.
Là, j'ai tout de suite une réticence à votre
question, à moins que vous la formuliez autrement et que ce soit
urgent.
M. BOIS: M. le Président, j'obéis à votre
directive. Ma question au premier ministre est celle-ci, elle va être
générale et urgente: Est-ce que le gouvernement a changé
sa formule dans l'octroi des contrats aux personnes qui transigent avec le
gouvernement?
M. BOURASSA: M. le Président, on n'a pas changé notre
formule. Mais si le député avait pu me prévenir de sa
question ce matin, j'aurais pu vérifier le cas concret, à moins
qu'il pose sa question seulement pour faire perdre le temps de la Chambre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOIS: Excusez, M. le Président. La semaine dernière,
j'ai formulé des questions aux ministres et on m'a répondu par
des réponses vagues et loufoques.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
Société Bechtel
M. JORON : M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. Elle fait suite à la réponse, qu'il donnait hier,
à une question du député de Bourget. Est-ce que le premier
ministre a communiqué avec les autorités de
l'Hydro-Québec sur la possibilité de rendre public,
immédiatement, le contrat intervenu entre l'Hydro-Québec et la
société Bechtel?
M. BOURASSA: Les autorités de l'Hydro-Québec, ces jours-ci
et particulièrement aujourd'hui, sont retenues par le conflit dont le
député est au courant.
M. JORON: Question supplémentaire, faisant suite également
à la réponse du premier ministre, hier, où, dans la
même phrase, il parlait à la fois, au sujet de ce contrat, de
contrat de gérance et de contrat à titre de consultant. Le
premier ministre peut-il préciser aujourd'hui sa pensée et nous
dire si le contrat en question est un contrat à titre de consultant ou
un contrat de gérance? Peut-il nous dire aussi à combien
s'élève le montant de ce contrat particulier et d'autres contrats
à d'autres firmes privées, par exemple à la firme Lalonde
et Valois?
M. BOURASSA: Si le député pouvait poser ces questions au
feuilleton ou attendre à l'occasion d'une réunion de la
commission parlementaire, je pourrais lui répondre, car je n'ai pas
devant moi les chiffres sur les contrats avec des firmes.
M. JORON: J'ai une dernière question additionnelle, M. le
Président, à la suggestion du premier ministre. Celui-ci
accepterait-il de faire siéger, dans un bref délai, la commission
parlementaire des Richesses naturelles pour que les commissaires de
l'Hydro-Québec puissent comparaître et répondre aux
questions du public, par l'intermédiaire de leurs députés,
sur toute cette question de contrats avec la Société Bechtel, qui
est restée malheureusement, depuis plusieurs mois, dans une
ambiguïté malsaine?
M. BOURASA: Ambiguïté peut-être pour le
député de Gouin, mais un peu moins forte pour son chef. Je suis
bien prêt à examiner la suggestion du député, et
à en discuter avec les autorités de l'Hydro-Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
Intégration des fonctionnaires
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'adresse ma question
au premier ministre qui répondra certainement pour le ministre de la
Fonction publique. Est-il à la connaissance du premier ministre que
l'opération d'intégration des fonctionnaires est terminée?
Si oui, le premier ministre en a-t-il pris connaissance? Pourrait-il dire
à cette Chambre s'il a eu des remarques particulières au sujet
des résultats de l'intégration?
M. BOURASSA: Pas à ce jour, M. le Prési- dent. Je vais en
parler avec le ministre, mais les conclusions ne m'ont pas été
fournies là-dessus.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le premier ministre pourrait-il, par la
même occasion, demander au ministre de la Fonction publique quels ont
été les critères qui ont servi de base à
l'intégration des fonctionnaires et si on a tenu compte de certains
points extrêmement importants, comme les droits acquis,
l'ancienneté?
M. BOURASSA: D'accord.
M. LOUBIER: Par la même occasion, le premier ministre pourrait-il
demander au ministre de la Fonction publique de nous donner le nombre de
fonctionnaires qui se sont vu attribuer des classifications inférieures
à celles qu'ils avaient antérieurement? Deuxièmement, par
la suite, pourrait-il demander, de plus, au ministre de la Fonction publique de
nous dire quel est le nombre de fonctionnaires dont les salaires seront
gelés pour des années à venir?
M. BOURASSA: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Etant donné que cela occasionne
énormément de recherches, je crois que le règlement
prévoit que ce pourrait être une question posée au
feuilleton. C'est seulement une suggestion que je fais.
M. LOUBIER: Si vous me le permettez, M. le Président, j'ai
été informé qu'à ce jour tout cet inventaire a
été fait. Ce serait strictement une question de formalités
de le remettre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Hôpital Fleury
M. SAMSON: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre des Affaires sociales, à la suite de l'incident
survenu, jeudi de la semaine dernière, à l'hôpital Fleury.
On sait qu'après avoir été refusé à
l'hôpital Fleury un patient est décédé. Le ministre
peut-il nous dire si le ministère a ordonné une enquête
dans cette cause? Si oui, où en est rendue l'enquête
présentement?
M. CASTONGUAY: J'ai demandé un rapport verbal,
premièrement, et un rapport écrit, par la suite. Ce rapport
écrit, je ne l'ai pas encore reçu, mais on m'indique que les
gestes, à tout le moins, qui devraient être posés à
ce moment-ci ont été posés par le Collège des
médecins et chirurgiens. Le Collège des médecins et
chirurgiens, comme vous le savez, est habilité à juger des actes
posés par ses membres. Selon le rapport verbal que j'ai, tout cet
incident est relié à un jugement posé par le
médecin de garde, au moment où les choses se sont
déroulées.
M. SAMSON: Le ministre est-il au courant du fait que le Dr Augustin Roy,
registraire du Collège des médecins, aurait mentionné
qu'un hôpital a le droit de refuser un malade qui n'est pas de son
secteur? Il aurait terminé en disant que ceci est voulu par le
gouvernement.
M. CASTONGUAY: Vous avez lu cela dans l'édition du Devoir de
mardi matin, je crois. Si vous regardez dans l'édition du lendemain,
vous verrez qu'il a corrigé cette affirmation qu'il a faite ou qu'on lui
a prêtée et qui est fausse.
La loi no 65 dit clairement qu'un centre hospitalier doit accepter un
patient dans tout cas d'urgence, et s'il n'est pas en mesure de lui prodiguer
les soins, de prendre les mesures pour que les soins soient prodigués
dans un autre centre hospitalier.
Aucun type de zonage n'est imposé par le gouvernement pour les
cas ordinaires, de même que pour les cas d'urgence.
M. SAMSON: Question supplémentaire. Etant donné
l'importance de la sécurité des citoyens, est-ce que le ministre
a l'intention, à la suite du rapport fourni par le Collège des
médecins, d'ordonner, s'il y a lieu, une enquête publique à
ce sujet?
M. CASTONGUAY: Comme je l'ai dit tantôt, il semble à ce
moment qu'il s'agit d'un cas où le premier des gestes à poser est
d'examiner le comportement, les gestes posés par le médecin de
garde. Ceci est fait par le Collège des médecins. C'est
l'autorité constituée.
J'attends, d'autre part, un rapport écrit, et si ce rapport
révèle d'autres faits, ou encore si l'enquête du
Collège des médecins révélait d'autres faits,
à ce moment je jugerai. Pour le moment, je ne peux prendre aucun
engagement. Je ne peux dire quoi que ce soit d'autre, je crois, sur le
sujet.
M. LE PRESIDENT: Question supplémentaire?
M. ROY (Lévis): Oui. Est-ce que l'honorable ministre a
l'intention de faire ajouter les médicaments supplémentaires qui
sont prescrits par des médecins à la formule des 3,000 reconnus
par le gouvernement?
Cela ne va pas? Je vais m'asseoir.
M. LE PRESIDENT: Malheureusement. L'honorable député de
Maisonneuve.
Politique du travail
M. BURNS: En l'absence du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
absence que je déplore de plus en plus, de jour en jour je
dois poser ma question au premier ministre, ce que je déplore encore
davantage, parce qu'il ne répond jamais. Je dois tout simplement poser
une question relativement à deux situations qui sont arrivées
dans les mois récents: l'une relative à l'abolition des
décrets dans le domaine de l'alimentation; l'autre relative à la
disparition des permis de travail pour les employés journaliers et non
spécialisés dans la construction.
Dans l'un et l'autre cas, il semble que la décision qui a
été prise au ministère du Travail a été
basée principalement sur le fait qu'on...
M. LEVESQUE: Question.
M. BURNS: M. le Président, j'ai droit, je pense, à un
préambule, c'est une question principale. Pour ceux qui ne comprennent
pas le règlement, je vous réfère vous, vous le
connaissez à l'article 173, paragraphe 1, qui parle d' "un
préambule inutile". Moi, je vous donne un préambule que je pense
utile.
M. LE PRESIDENT: Je pense que c'est un peu un épilogue que vous
avez fait. Vous avez posé votre question, et, moi, je l'ai bien saisie.
Je me demande si le préambule que vous avez placé à la fin
était nécessaire.
M. BURNS: Je n'ai pas encore posé ma question.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. BURNS: Laquelle? Voulez-vous me dire...
M. LE PRESIDENT: Formulez-là comme vous l'entendez, suivant le
règlement.
M. BURNS: D'accord. Suivant le règlement et me basant sur ces
deux événements, je demande tout simplement: Est-ce la politique
du ministère du Travail d'écarter un certain nombre de
problèmes en ne légiférant pas à leur sujet, parce
que ce sont des problèmes qui sont difficiles à cerner, ou bien
s'il y a une autre intention de politique ministérielle derrière
ça? C'est ce que...
M. LEVESQUE: C'est exactement ce que l'article 175 défend. Si on
lit cet article, auquel vient de se référer le
député de Maisonneuve...
M. BURNS: Je ne me suis pas référé à
ça, mais à l'article 173.
M. LEVESQUE: Vous auriez dû vous référer à
l'article 175, et vous l'avez fait.
M. BURNS: Ne me faites pas citer des choses que je n'ai pas
citées.
M. LEVESQUE: "Une question ne doit contenir que les mots
nécessaires..."
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement,
l'article 175 concerne la réponse et il me parle d'une question. Maudit
"niaisage."
M. LEVESQUE: Très bien, c'est ce dont je parle, la réponse
qu'il est impossible de donner à une telle question.
M. BURNS: C'est de la folie, ce qu'on fait ici, voyons donc!
M. LEVESQUE: "Une question ne doit contenir que les mots
nécessaires pour obtenir les renseignements demandés. Est
irrecevable une question: 2. Qui contient une hypothèse, une expression
d'opinion, une déduction, une suggestion, une imputation de motifs." Il
n'y a rien de plus clair.
M. LESSARD: Vous n'avez pas d'opinion, pas de politique, vous n'avez
rien.
M. LEVESQUE: Cette prétendue question du député de
Maisonneuve est empreinte d'irrégularité et répond aux
dispositions de notre règlement quant à l'irrecevabilité
d'une question. C'était l'exemple le plus parfait.
M. BURNS: Parfait.
M. LESSARD: C'est parce que les questions vous font mal.
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre.
M. BOURASSA: Le député sait que le ministre du Travail
rencontre aujourd'hui les parties dans le conflit de l'Hydro-Québec. Je
pense qu'on peut certainement comprendre son absence. Je vais lui transmettre
les deux autres questions.
M. BURNS: Est-ce qu'il y a un conciliateur ou s'il n'en a pas
nommé? Et ma question, est-ce que vous y répondez ou non?
M. BOURASSA: Pour le décret dans l'alimentation et la disparition
des permis de travail, le leader parlementaire, qui s'y connaît, dit que
la question est irrégulière.
M. BURNS: M. le Président, c'est de la...
M. le Président, j'ai posé ma question. Je garde tout mon
calme, mais je vous dis que c'est très difficile, parce que je me
demande ce qu'on vient faire ici quand on pose des questions et qu'on
reçoit de telles réponses. Je reviens à la questions de
règlement. J'ai tout simplement posé la question sur la politique
du ministère relativement à deux événements
très précis, c'est-à-dire le non-renouvellement des
décrets dans le domaine de l'alimentation et, deuxièmement,
l'abolition du permis de travail, étant donné qu'actuellement
vous avez trois centrales qui se sont prononcées contre. Je n'irai pas
plus loin. Je vous dis...
M. LE PRESIDENT: Permis de travail.
M. BURNS: ... que c'était de ça que je voulais causer, et
je demandais au premier ministre si c'était la politique...
M. LEVESQUE: Le ministre du Travail a répondu à ça,
il a fait une déclaration ministérielle.
M. BURNS: Non, il n'a pas répondu à cela.
M. LEVESQUE: Certainement qu'il a répondu à cela.
M. BURNS: Non, il n'a pas répondu à cela. M. LE PRESIDENT:
A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: Je le sais fort bien; c'est moi qui ai posé la
question, la semaine dernière.
M. LEVESQUE: Alors, vous vous répétez.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le premier ministre est libre d'ajouter
quelque chose à sa réponse; autrement, nous devrons
considérer sa réponse comme finale.
M. BOURASSA: M. le Président, le député veut savoir
si ces mesures sont prises à la place de la législation.
M. BURNS: Est-ce qu'elles sont prises comme politique du
ministère? C'est ce que je demande, tout simplement. Ce n'est pas
compliqué. Vous avez peut-être de la difficulté à le
comprendre.
M. BOURASSA: Pourquoi serait-ce contraire à la politique du
ministère?
M. BURNS : Comme ça, vous répondez à ma question
que c'est la politique du ministère?
M. BOURASSA: M. le Président, je ne sais pas ce que le
député entend par politique. Ce sont des mesures proposées
par le ministère; cela fait partie d'une politique du ministère.
Est-ce que le député veut savoir si c'est à long terme, si
c'est permanent? Il n'est pas tellement clair dans sa question.
M. BURNS: M. le Président, une question additionnelle. Je n'ai
plus besoin de faire de préambule; je pense que le premier ministre sait
de quel domaine je parle. Est-ce la politique du ministère, lorsque,
dans deux cas précis que je vous cite, il n'y a pas de solution
immédiate, qu'on élimine les quelques solutions à terme
qu'on avait? C'est la question que je pose.
M. BOURASSA: Le ministère a des problèmes
extrêmement complexes. Le député est informé de ces
problèmes comme ancien syndicaliste, toujours syndicaliste.
M. BURNS : Constamment syndicaliste, M. le premier ministre.
M. BOURASSA: D'accord, M. le Président, tant mieux!
M. BURNS: C'est de plus en plus nécessaire qu'il y en ait au
Québec, à part de ça, parce que, de la façon dont
vous menez ça, ça va être grave tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre !
M. BOURASSA: M. le Président, le ministère, en face de ces
problèmes très complexes apporte les meilleures solutions dans
les circonstances, quitte à les réviser ou à les
améliorer.
M. BURNS: M. le Président, il va y avoir un minidébat
là-dessus, ce soir. Cette réponse ne me satisfait pas.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
Malaise dans les CEGEP
M. CARDINAL: M. le Président, c'est devenu difficile de poser des
questions.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous prendre ma place?
M. CARDINAL: Je pose le cahier des règlements devant moi, au cas
où il se passerait quelque chose. Le ministre de l'Education, même
si je ne lui ai donné aucun avis, s'attendait certainement à la
question que je lui adresse par votre intermédiaire et avec votre
bienveillante permission. Préambule très bref et utile, je crois,
car elle fait suite à ma question de la semaine dernière sur le
présumé ou non projet de règlements pédagogiques au
niveau collégial.
Ma question est double: Le ministre est-il au courant que la
contestation ne fait que s'accroître et que, dans le cas d'un CEGEP en
particulier où l'on a voulu établir localement un nouveau
système pédagogique, il y a débrayage et que l'on demande
au ministre de faire enquête? Deuxièmement, le ministre a-t-il
déjà ou a-t-il l'intention un jour de demander l'avis du Conseil
supérieur de l'Education, ce qu'exige la loi dans le cas où l'on
veut adopter un projet en matière pédagogique?
Double question: a) Est-ce qu'on répond à la demande des
900 étudiants de Saint-Hyacinthe pour une enquête et b) Le conseil
supérieur a-t-il été ou sera-t-il consulté avant
qu'on aille plus loin?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, tout d'abord, je
désire remercier le député de Bagot de me poser cette
question. Cela va peut-être permettre de changer le sujet un peu,
d'améliorer l'atmosphère de l'Assemblée, parce que je dois
dire que, depuis quelque temps...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense que vous n'aidez pas tellement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la contagion, M. le Président. A la
première partie de la question, je réponds que les
difficultés actuelles dans un CEGEP, qui est en fait le CEGEP de
Saint-Hyacinthe, ne sont pas liées à l'application du nouveau
régime pédagogique. Il s'agit d'une situation qui évolue
depuis déjà un certain temps, qui est actuellement en train
d'être discutée et qui est suivie de très près. En
fait il y aura une réunion, samedi matin, entre l'administration et
l'équipe de la DIGEC, de manière à ce que l'on puisse
autant que possible en arriver à une solution.
J'ai déjà exposé que le ministère se devait
de respecter l'autonomie des CEGEP, laquelle autonomie est d'ailleurs
revendiquée par les conseils d'administration, fort justement je crois.
Cependant, ceci ne signifie pas que le ministère reste inactif. A la
suite de certaines difficultés, l'année dernière, j'avais
demandé que l'on mette sur pied un groupe de travail composé de
deux fonctionnaires du ministère et d'un représentant de la
Fédération des CEGEP, de manière à recevoir toutes
les demandes en provenance des diverses institutions.
Quant à la deuxième partie de la question, elle concerne
une consultation avec le Conseil supérieur de l'éducation. Cette
consultation aura certainement lieu lorsque le moment sera venu. La loi,
d'ailleurs, nous l'impose mais il y a un cheminement à respecter. Pour
l'instant, ce régime pédagogique est présenté sous
la forme d'un document de travail qui est en consultation. Une fois que ces
consultations seront terminées, il y aura une approbation donnée
au ministère. C'est avant de présenter un programme quel qu'il
soit, puisqu'il n'est pas encore déterminé au conseil des
ministres, qu'il y aura consultation devant le Conseil supérieur de
l'éducation.
M. CARDINAL: Une question additionnelle, M. le Président. Le
ministre a élaboré longuement et je reprends le premier point,
auquel il n'a pas répondu. Il a le droit de ne pas répondre
à la question. Son prédécesseur avait instauré
plusieurs enquêtes. Est-ce que le ministre actuel change la politique du
ministère en ce sens qu'il n'a pas l'intention de donner suite à
cette demande d'enquête dans ce CEGEP en particulier? Deuxième
question, est-ce qu'il y a des raisons qui ont motivé le
ministère, qui travaille déjà depuis plusieurs mois
là-dessus d'après ce que nous a répondu le ministre la
semaine dernière, de ne pas avoir encore consulté le Conseil
supérieur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas saisi la deuxième partie de
la question.
M. CARDINAL: Est-ce que le ministère ou le ministre a des raisons
particulières qui font que le Conseil supérieur n'ait pas encore
été consulté alors que la population est
déjà alertée depuis plusieurs mois?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A la première partie de la question, je
dois dire qu'il n'y a strictement aucun changement de politique. Il ne peut pas
être question, pour le ministère de l'Education, de
décréter des enquêtes chaque fois qu'il y a un
problème de régie interne, parce que ce serait la négation
même du système collégial. Cela signifierait, à
toutes fins utiles, que le ministère en assumerait directement
l'administration. D'ailleurs, dans le cas particulier de Saint-Hyacinthe, il y
a un facteur dont il faut tenir compte, c'est qu'il s'agit d'un campus et non
d'un CEGEP indépendant. C'est un campus qui relève du CEGEP
Bourg-Chemin, lequel en compte deux autres, et il est parfaitement loisible au
conseil d'administration du CEGEP Bourg-Chemin de faire une enquête
maison.
En ce qui concerne la deuxième partie de la question, je ne sais
pas si je me suis exprimé clairement tout à l'heure, j'ai
tenté de mettre en évidence le cheminement qui doit être
fait. Il ne peut pas être question de consulter actuellement le Conseil
supérieur de l'éducation sur un régime pédagogique
qui n'est pas approuvé et qui est en consultation, consultation qui dure
d'ailleurs depuis deux ans. C'est d'une façon tout à fait
arbitraire qu'on a laissé entendre qu'on n'avait pas consulté.
Avant que ce régime pédagogique ne soit envoyé dans les
différentes institutions, deux comités s'étaient
penchés sur certains aspects du régime, comités
composés de professeurs, en particulier dans un des cas, lesquels
avaient été nommés par les centrales syndicales.
Et il y a eu des enquêtes auprès de plusieurs milliers
d'étudiants, dans un autre cas, et tout cela est à verser au
dossier.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
Dernière question additionnelle.
M. CHARRON: Au sujet du campus de Saint-Hyacinthe, du CEGEP
Bourg-Chemin, je veux demander si, lors de la rencontre de samedi entre les
officiers de la DIGEC et le conseil d'administration du CEGEP, seront aussi
invités les représentants des enseignants et ceux des
étudiants. Seront-ils invités à rencontrer la direction de
la DIGEC? Je dis pourquoi, M. le Président. Je le voudrais, parce que le
conseil d'administration a déjà pris partie dans le conflit. Pour
la solution la plus rapide possible du conflit, il ne suffirait pas de
consulter une seule partie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est bien l'intention du ministère, mais
là encore il convient de tenir compte de la juridiction du conseil
d'administration. La rencontre prévue, qui ne sera probablement pas la
seule, l'est avec les conseils d'administration. Pour ma part, je crois qu'il
est également nécessaire d'entendre les autres parties.
Cependant, il faut bien admettre qu'on ne peut plus accepter, dans une
société qui se veut organisée, ces mouvements de
débrayage chaque fois qu'il y a un problème de régie
interne. Indiscutablement il y a, au niveau collégial, un certain nombre
de procédures qui devront être revues. Parce qu'un conseil
d'administration prend ses responsabilités, à tort ou à
raison, concernant un employé qui doit être remercié,
immédiatement il y a des pressions qui s'exercent et qui vont jusqu'au
débrayage des étudiants. Or, ces étudiants doivent tout de
même se rendre compte qu'ils prennent, vis-à-vis la
société qui investit dans leurs études, une
responsabilité considérable en plus de compromettre leur
année scolaire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense que le ministre a
débordé un peu la question. Les deux dernières courtes
questions aux honorables députés d'Abitibi-Ouest et de
Lafontaine.
Revendications des Indiens au suiet de la baie
James
M. AUDET: Ma question s'adresse au premier ministre. Quelle attitude se
propose de prendre le gouvernement du Québec à la suite des
revendications récentes des Indiens et des Esquimaux relativement au
développement du territoire de la baie James?
M. BOURASSA: Quelle était la première partie de la
question? Je m'excuse, je ne l'ai pas entendue.
M. AUDET: Quelle attitude se propose de prendre le gouvernement pour
donner suite aux revendications des Indiens?
M. BOURASSA: Nous avons toujours été prêts à
négocier avec les représentants des Indiens. Je les ai
moi-même rencontrés après un avis de 12 heures seulement et
nous sommes encore prêts à négocier avec eux.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Documents demandés aux assistés
sociaux
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Affaires sociales. Ces jours-ci une lettre a été envoyée
à la plupart des assistés sociaux leur demandant la production de
23 documents. Ma question est la suivante: 1) Est-ce que tous les
assistés sociaux du Québec l'ont reçue ou si c'est
uniquement certains secteurs du Québec?
2) Comme des documents demandent de l'argent pour faire photocopier soit
des baptis-taires, des certificats de mariage, etc., s'ils n'ont pas
donné leurs documents dans un certain délai, est-ce que les
assistés sociaux peuvent être pénalisés,
étant donné que dans la lettre on disait "afin de vous
éviter des contretemps"? 3) Qui va défrayer le coût de ces
documents s'ils ne les ont pas, s'il faut qu'ils paient pour les avoir ou,
s'ils ont besoin de les conserver doivent pour cela en envoyer une
photocopie?
M. CASTONGUAY: Je prends avis de la question, M. le Président.
J'apporterai une réponse à ces questions la semaine
prochaine.
M. ROY (Beauce): Question additionnelle, M. le Président, sur le
même sujet. Est-ce que le ministère des Affaires sociales
accepterait de considérer ces faits et justement de prendre à sa
charge le coût des documents qu'on demande aux
bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale de façon que ces
personnes ne subissent pas une diminution de leur prestation puisqu'elles
doivent faire des déboursés pour répondre aux exigences du
ministère?
M. CASTONGUAY: J'en prends également avis; c'est la même
question que le député de Lafontaine m'a posée.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
J'inviterais l'honorable ministre des Affaires sociales à
répondre à une question posée par l'honorable
député de Chicoutimi.
Centralisation de services chirurgicaux
M. CASTONGUAY: M. le Président, le député de
Chicoutimi a posé une question au sujet de l'intention possible du
gouvernement ou du ministère des Affaires sociales de centraliser
certains services chirurgicaux dans les hôpitaux, les plus grands
centres. Son inquiétude portait plus particulièrement sur le
service de chirurgie cardiaque ou thoracique de l'Hôpital de Chicoutimi.
Est-ce bien la question?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CASTONGUAY: Vis-à-vis des problèmes, des interrogations
que soulèvent le développement et le fonctionnement des services
de cathétérisme cardiaque et de chirurgie cardiaque, nous avons
formé un groupe de travail composé d'éminents
spécialistes dans le secteur et nous avons reçu le rapport de ce
comité ou de ce groupe de travail le 25 août dernier.
On signale dans ce rapport d'abord que nous avons plus
d'hémodynamiciens et de chirurgiens cardiaques qu'en Ontario, même
si notre population est plus faible. Donc, nous ne sommes pas trop mal pourvus
sur ce plan. Nous avons un plus grand nombre de services au Québec
qu'ils en ont en Ontario; également, nous ne sommes pas trop mal pourvus
sur ce plan.
Le rapport souligne également qu'il est important, pour une bonne
qualité de soins, que les deux types de services soient liés
ensemble et qu'il y ait un certain volume de services, si on veut avoir des
équipes qui sont habituées à bien fonctionner.
Après avoir établi ces critères de bon fonctionnement, on
fait la revue des douze centres qui existent. Quant à l'Hôtel-Dieu
Saint-Vallier de Chicoutimi, le rapport note la présence d'une
unité d'hémody-namique avec un seul hémodynamicien et note
qu'il ne se fait pas actuellement de chirurgie cardiaque. Il note
également que le nombre d'examens hémodynamiques est
inférieur sensiblement à la norme proposée. C'est pourquoi
le comité conclut en disant qu'il émet un doute sérieux
sur l'utilité actuelle de ce service.
Sur la réception de ce rapport, nous n'avons pris aucune
décision. Nous n'en avons pas pris jusqu'ici, mais nous avons
demandé à des officiers du ministère de rencontrer les
autorités de l'Hôtel-Dieu de Chicoutimi, pour discuter de la
question avec eux. Il s'agit d'une question fort importante. Il s'agit, pour
nous comme pour les autorités d'un tel centre hospitalier, d'assurer des
services d'excellente qualité, surtout compte tenu de la
complexité de ce type de services.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une brève question au ministre. Est-ce
que le ministre pourrait déposer ou nous faire parvenir copie de ce
rapport qu'il a reçu? Est-ce que le ministre pourrait, en même
temps, demander à ses fonctionnaires de retourner là-bas et de
revoir la situation qui a singulièrement évolué depuis le
25 août 1972?
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Demande de débat d'urgence: Grève
à l'Hydro
M. LE PRESIDENT: Un instant. L'honorable député de Beauce
m'a donné un préavis, demandant la tenue aujourd'hui, avant
d'entreprendre les affaires du jour, d'un débat d'urgence sur la
grève de l'Hydro-Québec.
J'aimerais entendre son argumentation, aussi brièvement que l'a
fait hier l'honorable député de Bourget.
M. Fabien Rov
M. ROY (Beauce): M. le Président, très brièvement,
nous réclamons un débat d'urgence pour discuter des
conséquences de la grève qui sévit à
l'Hydro-Québec et des moyens que le gouvernement pourrait et devrait
prendre pour y mettre un terme au plus tôt.
Nous réclamons que ce débat ait lieu aujourd'hui
même pour les raisons suivantes: lo Selon des renseignements
précis, un nombre imposant de citoyens du Québec sont
privés actuellement d'électricité depuis mardi, et rien
n'indique que la situation sera corrigée pour la fin de semaine.
2o L'électricité joue un rôle vital dans notre
économie. Or, des commerces et des entreprises doivent subir des pertes
quand il s'agit d'entreposage; c'est le cas des usines laitières et les
agriculteurs, à l'heure actuelle, sont gravement affectés par
cette grève. De plus, la nomenclature des services essentiels semble mal
définie. 3o II y aurait eu du sabotage dans différents endroits
et même de la violence dans la région de Chicoutimi, augmentant
ainsi les risques d'escalade du conflit. 4o Certains politiciens chercheraient
à profiter de la fin de semaine pour politiser le conflit pour des fins
publicitaires et électorales, risquant ainsi de compromettre les
négociations et de prolonger le conflit indéfiniment. 5o II est
urgent qu'une décision soit prise avant l'ajournement de la Chambre pour
la fin de semaine, considérant la période de l'année ou
nous sommes et que la santé publique est en danger. On nous informe
qu'au cours de la fin de semaine des personnes seront dans l'obligation de
déménager.
Pour ces considérations, nous estimons qu'il est du devoir de la
Chambre de se prononcer sur ce conflit qui affecte d'une façon
très sérieuse toute la population du Québec. Comme
administrer, c'est prévoir, pourquoi attendre des dégâts
avant d'agir? Pour ces raisons, nous demandons qu'un débat d'urgence
soit tenu dès aujourd'hui de façon que les parlementaires et les
membres des différents groupements politiques puissent se prononcer sur
ce conflit et suggérer au gouvernement toute amélioration ou
encore toute suggestion pertinente.
M. LE PRESIDENT: En vertu du règlement, il est dévolu au
président, ce que je considère comme une très lourde
responsabilité, de devoir décider seul s'il doit accorder,
à l'occasion, un tel débat d'urgence.
Je pense que nous sommes à peu près un des rares
Parlements, au monde, où cette responsabilité est laissée
à un seul homme. A Ottawa, en Ontario, en Angleterre ou ailleurs, la
Chambre se prononce. Ici, nous avons voulu que cette responsabilité soit
dévolue à une seule personne. Personnellement, depuis que cette
demande m'a été faite, mardi, je trouve cette
responsabilité assez lourde.
D'ailleurs, dans le courant de la première partie de la session,
lors de la grève des employés du gouvernement je n'aime
pas tellement refuser les responsabilités j'ai laissé la
Chambre décider. Ce n'est pas ce que je ferai aujourd'hui.
Il n'y a aucun doute que ce problème est très
sérieux, très grave et a des conséquences nombreuses. Je
suis, avec autant d'avidité que vous tous, tout le déroulement de
cette grève depuis lundi dernier.
Je n'ai pas à décider si la question est grave et
sérieuse car tout le monde, je pense, est d'accord qu'elle l'est.
Où je dois intervenir c'est pour décider si cette question doit
être discutée d'urgence. Non pas la question elle-même, mais
l'à-propos de la discussion et du débat.
Lors de la période des questions, des réponses de
l'honorable premier ministre ont indiqué qu'aujourd'hui
d'ailleurs on m'a informé et j'ai fait des recherches ce matin il
doit y avoir une rencontre au bureau du ministre du Travail, si mes
informations sont bonnes. On ne peut pas priver la Chambre trop longtemps du
droit d'en discuter. Je me pose la question: Est-ce qu'il y a
intérêt à ce que cette question soit discutée en
Chambre? Il y a un risque, peut-être, de politisation, ce qui est
toujours délicat dans une période de négociation.
Pour toutes ces raisons, je n'accorderai pas, aujourd'hui, ce
débat d'urgence. Mais je tiens à donner un avis à cette
Chambre que si d'ici demain il ne se passe pas des événements
favorables qui laisseraient présager une solution assez rapide du
conflit en même temps, je donne cet avis aux ministres qui sont
impliqués directement ou indirectement dans le problème,
c'est-à-dire le ministre du Travail, le premier ministre, le ministre
des Richesses naturelles il est fort possible, avec certaines
réserves et si la demande m'était faite demain, que ce
débat soit accordé.
M. ROY (Beauce): M. le Président, considérant les
circonstances, est-ce que vous me permettriez de représenter ma motion
à nouveau, demain?
M. LE PRESIDENT: Ecoutez, je ne peux pas inviter qui que ce soit. J'ai
eu deux demandes mardi et mercredi d'un groupe politique; j'en ai eu une autre
d'un autre parti. Tirez vos conclusions. Demain, j'agirai suivant le meilleur
jugement possible si une demande m'est faite.
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce possible que vous remettiez
la décision d'accorder ce débat à la Chambre, aux membres
de l'Assemblée nationale ou si vous prendrez vous-même la
décision?
M. LE PRESIDENT: J'aime autant me limiter à la déclaration
que j'ai faite.
M. LOUBIER: En réponse à la présentation de la
motion du député de Beauce, vous avez signalé
vous-même, M. le Président, que, s'il n'y avait pas
d'amélioration ou de résultat satisfaisant ou sécurisant,
vous envisagiez vous l'avez dit avec beaucoup de prudence et
hypothéti-quement la possibilité d'acquiescer à
cette motion. S'il n'y a pas de progrès satisfaisant ou
sécurisant et que, d'autre part, vous n'êtes pas, comme vous le
disiez tout à l'heure, prêt à prendre seul la
responsabilité de cette décision, étant donné la
dimension de ce conflit et des répercussions, est-ce qu'à ce
moment-là vous allez déférer l'accord ou le refus aux
membres de l'Assemblée nationale?
M. LE PRESIDENT: Non, je n'avais pas envisagé cette solution. Ce
que je peux vous dire, à la suite de votre intervention, c'est qu'avant
de prendre ma décision, demain, je communiquerai avec les leaders
parlementaires des quatre partis.
M. LOUBIER: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LEVESQUE: M. le Président, s'il n'y a pas de débat,
demain, comme celui dont vous avez évoqué la possibilité
il y a quelques instants, il est possible, pour l'information des membres de
cette Chambre, que nous passions au débat sur le budget.
M. LOUBIER: M. le Président, le leader parlementaire me
permettrait-il une question? Si le gouvernement décidait ce soir,
d'adopter une loi spéciale, y aurait-il possibilité d'en avoir la
galée ou d'en avoir une copie, à n'importe quelle heure ce soir
ou demain matin de très bonne heure? Oui?
M. LEVESQUE: Si je me fie à notre habitude, nous avons toujours
agi ainsi lorsque de telles circonstances se sont présentées,
bien que je réponde présentement à une question purement
hypothétique.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais vous demander une
directive. L'honorable leader du gouvernement vient de nous annoncer que
demain, nous aurions probablement un débat sur le budget, ce qui,
à toutes fins pratiques, vous placera dans la situation suivante? Vous
pourriez répondre demain aux députés de cette Chambre: Je
ne donne pas de débat d'urgence sur l'opportunité de discuter de
tout le problème de la grève qui sévit actuellement au
Québec parce que, aujourd'hui même, il y aura continuation du
débat sur le budget et nous serions privés de discuter, dans
toutes ses modalités et ses détails, de ce problème
particulier.
Suivant les auteurs, "un tel débat ne peut être
accordé lorsqu'il n'y a pas occasion prochaine de débattre le
problème". Or, dès demain, vous entendrez je
présume de la sagesse et de l'expérience du leader du
gouvernement le leader du gouvernement vous dire: Mais, M. le
Président, un tel débat n'est pas nécessaire puisque,
à l'ordre du jour, nos travaux prévoient une discussion sur toute
question d'intérêt public ou même sur toute question qui
relève de la compétence du gouvernement du Québec.
De ce fait, M. le Président, suivant les auteurs de droit
parlementaire, vous ne serez plus justifié et vous serez placé
dans une situation fort embarrassante, parce que vous allez créer un
précédent et, du même coup, mettre de côté
cette règle d'économie de droit parlementaire qui n'accepte pas
un tel débat lorsqu'il n'y a pas une occasion prochaine de
débattre le problème que l'on veut porter à l'attention de
la Chambre.
M. LE PRESIDENT: Je remercie l'honorable député de
Maskinongé de cet aspect tout à fait valable qu'il apporte
à la discussion. Je puis assurer les membres de cette Chambre que
même cette annonce du leader parlementaire du gouvernement n'affectera en
aucune façon la décision que je rendrai demain, pour d'autres
raisons; en aucune façon, parce que la limite du débat est
importante. Sur une motion d'urgence, les députés ont droit
à vingt minutes et sur une motion du budget, ils ont droit à
trente ou vingt minutes.
M. PAUL: Trente minutes.
M. LE PRESIDENT: Un débat d'urgence qui est accepté dans
une journée normale de session doit se terminer à six
heures...
M. PAUL: Demain, c'est deux heures.
M. LE PRESIDENT: ... ce qui fait deux heures de débat. Demain, la
séance, normalement, se termine à une heure, ce qui fait encore
deux heures de débat. Je peux assurer le député de
Maskinongé que l'annonce qui a été faite n'influencera en
rien la décision que je rendrai demain.
M. PAUL: M. le Président, me permettriez-vous de poser une
question au leader du gouvernement? Pourrait-il nous donner un nouveau menu de
travaux pour demain?
M. LEVESQUE: M. le Président, j'avais fait cette annonce en toute
objectivité. Je suis convaincu que nous aurons, demain, toute la
latitude nécessaire pour discuter de toutes les choses importantes qui
peuvent être à l'ordre du jour.
Et c'est à vous, évidemment, que reviendra cette
responsabilité de faire le choix. Mais je trouve assez
intéressantes les remarques du député de
Maskinongé. Je ne sais pas, mais sauf le respect que je vous dois et
votre sagesse que je n'ai jamais mise en doute évidemment, je crois
qu'il y avait beaucoup de bon dans ce que disait le député de
Maskinongé.
Mais, enfin, j'oublie ça. Maintenant, la commission parlementaire
siégera au Salon rouge pour étudier le code des professions, la
Loi des arpenteurs. Immédiatement, nous pourrons passer à
l'article 6.
Projet de loi no 34 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, mardi soir dernier lorsque nous avons
terminé les travaux de la Chambre, j'avais l'occasion de faire quelques
brèves remarques en ce qui concerne le projet de loi no 34 sur la
qualité de l'environnement.
Je voulais souligner à cette Chambre que nous croyons,
évidemment, à l'importance d'une loi voulant protéger
l'environnement, mais que, parmi toutes les questions que nous nous posons,
nous sommes, je pense, en droit de nous demander si la loi no 34 va atteindre
exactement les buts fixés par le ministre et désirés par
les autres membres de cette Chambre, ainsi que par la population.
Ce pour quoi nous nous posons des questions, c'est que justement la
pollution, de nos jours, prend des proportions de plus en plus grandissantes.
Lorsque nous avons terminé les travaux, mardi soir dernier, j'avais
l'occasion de citer le cas de la pollution par les usines de pâte et
papier au Québec, ce qui, évidemment, est connu de tout le monde.
J'ai pris l'occasion pour dire justement que, même si nous reconnaissons
qu'il nous faut donner toute latitude à l'entreprise privée,
qu'il nous faut l'encourager, il reste que cette même entreprise, qui
développe et exploite les ressources naturelles du Québec, a
certaines responsabilités à prendre.
Parmi ces responsabilités, il y a celle de protéger
l'environnement. Donc, dans le domaine des pâtes et papier, il y a
beaucoup de pollution. Nous avions dernièrement comme exemple le moulin
de papier de Témiscaming, qui vient de fermer, laissant la population du
Témiscamingue sans travail, avec sa pollution. Il s'agit donc d'une
compagnie privée qui est allée chercher des profits dans ce
secteur.
Mais, aujourd'hui, ce qui nous fait davantage penser que, dans le
domaine des pâtes et papier, nous n'avons pas demandé aux
compagnies ou aux exploitants de prendre toutes leurs responsabilités,
c'est que nous retrouvons, dans le Soleil du mercredi 8 novembre, un article
très intéressant concernant justement l'usine de pâtes et
papier de Témiscaming, qui est fermée.
M. HARDY (président): A l'ordre! L'honorable député
de Chicoutimi invoque le règlement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'excuse auprès du
député de Rouyn-Noranda, mais est-ce que vous pourriez
vérifier s'il y a quorum?
M. LE PRESIDENT: Que l'on appelle les députés. A l'ordre!
Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: Merci, M. le Président, je disais que, dans le journal
Le Soleil, le mercredi 8 novembre dernier, nous trouvons un article très
intéressant qui se lit comme suit: "Les citoyens de Témiscamingue
au Québec accusent la compagnie internationale de papier de faire
obstacle à toutes les tentatives de racheter et de rouvrir l'usine que
la société, qui est une propriété
américaine, a fermée dans cette ville en mai dernier sous
prétexte qu'elle n'était plus rentable."
Un peu plus loin, on dit ceci: "A la base du conflit, il y a le prix. Il
semble que la Compagnie internationale de papier exige la somme de $2.5
millions alors que la compagnie Tembec n'en offre que $1.5 million." Cette
compagnie est formée, en l'occurrence, des anciens employés de
cette compagnie qui sont intéressés, par une formule
coopérative, à en reprendre les activités. Nous
retrouvons, je pense, un effet de mauvaise foi d'une entreprise qui a
contribué à polluer une région comme, évidemment,
il y a pollution dans d'autres régions.
C'est peut-être le temps de se demander, M. le Président,
si la loi que nous étudions aujourd'hui ne devrait pas être un peu
plus sévère quant à la discipline et aux
pénalités à l'endroit de ces représentants de
l'extérieur du pays une compagnie américaine en
l'occurrence qui viennent exploiter nos richesses naturelles et qui nous
laissent avec notre pollution. Nous savons que le gouvernement
fédéral et le gouvernement provincial apportent une certaine aide
à l'entreprise privée pour lui permettre de l'exploiter afin de
créer des emplois. On paie à même les taxes des citoyens
pour permettre la création de certains emplois; pendant ce temps ces
compagnies américaines viennent chercher les profits, viennent faire
l'exploitation chez nous et s'en retournent en nous laissant avec nos
problèmes et en nous obligeant à prendre, à même les
taxes que les citoyens doivent payer, les sommes nécessaires pour faire
cette dépollution qui est rendue nécessaire.
Evidemment, M. le Président, cette situation qui est
créée présentement à Témiscamingue, nous
devons la prendre comme un exemple, mais la même chose pourrait se
produire dans d'autres villes, telles que Trois-Rivières, où la
compagnie Domtar a certains problèmes de ce temps-ci, et d'autres
régions peut-être du Québec.
Nous avons une loi devant nous qui prévoit des sanctions plus ou
moins valables parce que, justement, dans une autre article du journal La
Presse, le samedi 7 août 1971, concernant encore les compagnies de
pâtes et papier, on trouve ceci, sous le titre: "La pollution par les
pâtes et papier du Québec. Les compagnies préfèrent
payer de légères amendes." Cela veut dire que si la loi
prévoit des amendes, il semblerait que ça fait l'affaire des
exploitants et on est rendu à se demander si la loi qu'on étudie
aujourd'hui n'est pas faite sur mesure pour les exploitants qui l'ont
demandée de telle façon. C'est une question que nous nous
posons
et que nous avons le droit de nous poser parce que lorsqu'on parle de
faire une lutte à la pollution, il semble qu'on oublie de faire la lutte
à ceux qui sont les responsables de cette même pollution.
Lorsqu'on vous donne comme exemple la situation de Témiscamingue,
moulin à papier, on pourrait aussi vous donner comme exemple la
situation des mines dans la région du Nord-Ouest
québécois, dans la région de Rouyn-Noranda où nous
avons des mines qui sont fermées dernièrement, la mine
Cadillac-Molybdenite, la mine Preissac-Molybdenite où des exploitants,
encore une fois, sont partis en nous laissant avec cette pollution.
Le gouvernement devra, pour enrayer cette pollution, payer à
même les taxes des citoyens. En ce qui concerne le cas de la compagnie
Preissac Molybdenite, c'est encore pire. Une autre compagnie américaine
est venue s'installer l'été dernier sur le terrain de la mine
Preissac Molybdenite, alors que la mine est fermée, alors que les
exploitants ont foutu le camp. Cette compagnie américaine est venue
s'installer là, non pour donner de l'emploi à des Canadiens, mais
pour continuer à polluer l'environnement.
En ce domaine particulier, je reconnais qu'en ce qui concerne le
territoire de la mine Preissac Molybdenite le ministre a fait des efforts. Le
ministre, suite à des communications, a fait des efforts très
intéressants et je dirais même qu'il a pris ses
responsabilités pour tenter de corriger cette situation. Mais c'est un
exemple qui demeure et qui pourrait se retrouver dans d'autres secteurs. Il
nous faut absolument prendre des dispositions pour empêcher que ça
nous arrive à nouveau.
Une fois que les mines sont fermées il y a pollution, mais
pendant qu'elles sont encore en activité il y a aussi pollution de
l'eau, pollution de l'air. Nous pouvons citer en exemple les deux villes de
Rouyn et de Noranda, où, à certains jours, il y a un degré
de pollution extrême, des gaz qui proviennent de la mine. On n'a rien
contre l'entreprise qui exploite. On est intéressé à ce
qu'elle continue à faire des profits, mais c'est la
responsabilité du gouvernement de faire en sorte que la santé
publique soit protégée. Lorsqu'on parle de santé publique,
on pourrait non seulement parler de certains jours où il y a un
degré de pollution extraordinaire dans les deux villes de Rouyn et de
Noranda mais on pourrait parler aussi de la pollution de la santé de ces
mineurs qui donnent leur temps. Il y en a qui travaillent à cette
mine-là depuis 20 ou 30 ans et, lorsqu'arrive le moment où il
faut renvoyer des hommes parce qu'on en a trop, on retourne ces gens-là
chez eux avec leur pollution, la pollution de leur santé. Pas un mineur
sorti des mines après dix ou quinze ans de travail n'a pas les poumons
affectés parce que là aussi il n'y a pas contrôle de la
qualité de l'environnement, il n'y a pas contrôle de la
pollution.
On permet malheureusement à ces exploi- tants qui proviennent de
l'extérieur, pour la plupart des cas, de polluer l'environnement, de
polluer l'eau, de polluer l'air et de mettre en danger la santé des
travailleurs. C'est le temps plus que jamais, pendant que nous étudions
cette loi, de voir les conséquences et de les corriger. On ne peut le
faire par de petites amendes, qui peuvent être comparables, si vous le
voulez, à des oboles. Pour une compagnie comme la Compagnie
internationale de papier, qui a pollué plusieurs régions au
Québec, comme une autre compagnie minière qui a pollué
aussi certaines régions au Québec, $10,000 d'amende ça
n'équivaut même pas au petit cadeau qu'on donne aux
employés pour Noël. Cela leur coûte plus cher pour donner une
dinde à tout le monde. Et on pense qu'avec ça on va
empêcher la pollution?
M. le Président, on peut lire un fascicule publié par
l'Association des naturistes; en page 43, voici ce qu'on peut lire. Le titre
est le suivant: "La prison pour les pollueurs". Dans une récente
parution de Paris-Match, on pouvait lire les lignes qui suivent: Contre la
pollution, une seule arme efficace, la prison pour les chefs d'entreprises
pollueuses. En Italie, deux industriels viennent d'en faire
l'expérience. En Suisse, la loi prévoit six mois de prison pour
les pollueurs d'eau. En Angleterre, cinq ans. En France, un industriel du Midi
vient d'être condamné à onze jours de prison."
Chez nous, au Québec, la nouvelle loi-cadre sur la qualité
de l'environnement prévoit des amendes de $10,000 pour toute infraction
subséquente. Ces sommes représentent pour les gros industriels
des montants dérisoires.
Il est à prévoir que bon nombre d'industries pollueuses
préféreront continuer leur pollution plutôt que de
transformer leur méthode de production car des amendes aussi faibles ne
les touchent en rien. Ceci confirme exactement l'article paru dans la Presse du
6 août 1971. Je continue, M. le Président. On y dit ceci: "Nos
dirigeants font preuve de lâcheté devant l'entreprise
privée. Leur attitude, cependant, est facile à comprendre; les
caisses électorales des grands partis politiques sont largement
alimentées par ces grosses industries pollueuses. "Non seulement faut-il
mettre en prison les pollueurs mais aussi les hommes politiques qui les
protègent. C'est ce que fera un jour le naturisme social". C'est
écrit en toutes lettres dans ce fascicule qui vient de paraître en
octobre 1972. Il y a une question que l'on se pose: Pour quelle raison ne
veut-on pas sévir contre ces grandes entreprises, contre ces cartels qui
sèment la pollution sur notre territoire? Quelle est la véritable
raison? C'est à se demander si la loi 34, que nous étudions
présentement, n'est pas seulement une épée de
Damoclès que le gouvernement voudrait suspendre au-dessus de la
tête de ces entreprises afin de s'assurer de l'alimentation de sa caisse
électorale pour les prochaines élections au Québec.
C'est pourquoi M. le Président, nous demandons...
M. LE PRESIDENT : A l'ordre! Je suis obligé de rappeler
c'est avec regret, devant cette envolée oratoire à
l'honorable député de Rouyn-Noranda que le temps qui lui est
accordé est maintenant expiré.
M. SAMSON: M. le Président, je vous remercie. Je termine
brièvement en vous remerciant d'avoir brillamment sauvé le
gouvernement que j'étais en train d'accuser de vouloir emplir sa caisse
électorale pour les prochaines élections provinciales.
En terminant, nous allons sûrement acquiescer au principe de la
loi, nous sommes d'accord, il faut protéger l'environnement, mais sous
toute réserve. Nous verrons ce qu'il y aura lieu de faire une fois que
nous aurons entendu la réplique du ministre, une fois que nous aurons
entendu de quelle façon il entend remédier à cet
état de choses et une fois que nous saurons s'il est réellement
disposé à protéger au Québec la qualité de
l'environnement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
M. Jean-Guy Cardinal
M. CARDINAL: M. le Président, parlant évidemment du projet
de loi 34, sur le principe s'il en est un, Loi de la qualité de
l'environnement, malgré le discours apologétique du leader
parlementaire, j'ai l'intention de critiquer non pas le ministre car je
respecte tous les collègues de cette Assemblée et tout
particulièrement le ministre d'Etat responsable de la qualité de
l'environnement, mais de critiquer le projet de loi 34.
Le projet de loi 34, plusieurs l'ont vu avant ou en même temps que
moi, se présente sous un singulier aspect. Tout d'abord, il n'y a pas de
ministère. La question a été soulevée dès le
début par le leader parlementaire d'Unité-Québec. Ceci ne
semble pas grave. On crée un service qui sera branché
directement, si on me permet l'expression, sur le conseil des ministres,
c'est-à-dire qu'au lieu d'avoir une loi, s'il y a un principe dans le
projet de loi 34, c'est tout simplement le suivant: remettre au conseil des
ministres le droit de légiférer en l'enlevant à
l'Assemblée nationale, ce qui est la façon normale d'un
gouvernement et d'un Parlement de fonctionner.
Ce projet de loi me paraît donc être un projet sans
principe, mais un projet de loi qui vise des objectifs très
précis. Je l'admets. Evidemment, tout le monde est pour la vertu et tous
les gens sont contre la pollution. Quant aux objectifs visés par le
ministre au nom du gouvernement, nous, d'Unité-Québec, sommes
évidemment d'accord. Quant aux moyens que veut utiliser ce même
gouvernement pour atteindre ses objectifs, nous ne sommes plus du tout
d'accord. Il y aurait plusieurs raisons pour ne pas être d'accord.
Certains membres de cette Assemblée les ont déjà
exprimées et je n'ai pas l'intention de les répéter.
Dans les vingt minutes qui me sont imparties, en tentant de restreindre
tout ce que j'aurai à dire sur un tel sujet et en procédant
surtout par des exemples, par des réactions du public par des
réactions même du ministre dans les discours qui ont
précédé à l'extérieur de cette Chambre, par
des réactions de journalistes et d'éditorialistes, je voudrais
surtout m'en tenir aux aspects financiers et fiscaux que ce projet de loi aura
comme effets.
Le ministre d'Etat responsable de la qualité de l'environnement
étant parfaitement bilingue, je me permettrai d'employer un terme
anglais. Je parlerai donc de ce qu'on appellerait, dans le langage
médical les "side effects", c'est-à-dire les effets terribles
et le mot n'est pas trop fort au point de vue économique,
financier et fiscal de la loi no 34, si elle était adoptée telle
qu'elle est présentée devant nous.
Il s'agit presque de la création d'un nouveau ministère de
l'Education, dont le budget, d'ici quinze ans, est absolument inconnu, mais se
situe non pas à $1,600 millions, mais à des milliards de dollars.
Le gouvernement lui-même nous dit, depuis deux ans, qu'il ne veut pas
augmenter les impôts directement, mais il y aura quelqu'un, quelque part,
qui va payer.
Actuellement, nous assistons et nous assisterons davantage, avec le
projet de loi no 34, à ce phénomène où l'on
transpose les impôts que l'Etat devrait normalement prélever au
niveau des instances locales, soit par exemple des municipalités de
paroisses, des municipalités de villages, des cités, des villes
et des communautés urbaines. Nous y reviendrons. Ces impôts sont
directement infligés aux contribuables qui aura à les payer
à ces municipalités ou organismes. L'expérience du
passé, pour ceux qui demeurent dans la région de la
communauté urbaine de Montréal, a été concluante
à ce sujet. Non seulement nous voyons cette imposition indirecte
non pas au sens d'impôts indirects, mais par des voies d'évitement
mais nous verrons aussi le manque à gagner qui se produira pour
beaucoup de personnes qui, déjà, par exemple, autour de lacs ou
de rivières, possèdent des terrains dont elles sont soit les
habitants ou les propriétaires et qui désirent les vendre un
jour.
Nous verrons aussi des règlements dont nous ne connaissons pas la
nature, qui, imposeront des fardeaux financiers aux municipalités
auxquelles on fera des prêts. La loi le dit clairement et le ministre l'a
dit, de toute façon. Des prêts, c'est bien beau pour les
municipalités, mais ici, je rejoindrais nos amis du Ralliement
créditiste il y a le capital et les intérêts sur un
nombre d'années. On sait qu'au simple taux de 5 p.c. pour 11 ans, alors
qu'on nous parle d'une période de quinze ans, on aura doublé le
montant du capital simplement avec les intérêts, en tenant compte
d'un taux composé d'intérêts.
Mais revenons plus sérieusement à ce fameux projet de loi
no 34, sous l'aspect financier. Je procéderai par des exemples
plutôt que d'être dans la théorie. Prenons le cas de la
région de l'Estérel, que je connais très bien,
personnellement. Avant d'être membre de cette Assemblée, j'ai eu
à travailler pour le développement de ce centre qui est devenu
une municipalité. Elle est déjà dans des
difficultés. L'Estérel se situe autour de trois lacs, dont le
principal est le lac Masson. D'après ce qu'on a appris des journaux et
même des expertises du service de l'environnement, ces trois lacs, en
particulier le lac Masson, seraient dans un état que l'on qualifierait,
s'il s'agissait d'un individu, de moribond.
Or, l'on sait que dans cette région les terrains qui ont le plus
de valeur sont situés en bordure de ces trois lacs. Ici, je n'ai pas le
droit de revenir sur une motion du député de Maskinongé,
qui a été malheureusement battue. Mais j'ai le droit de rappeler,
cependant, que Me Lacroix, qui est avocat pour la ville de l'Estérel, a
fait la remarque très claire que, s'il reconnaissait le manque de
qualité c'est le moins que l'on puisse dire des eaux qui
sont au centre de l'Estérel, il était "très surpris et
mécontent qu'on n'ait pas estimé opportun de consulter les
autorités de l'Estérel avant d'informer la population."
Que va-t-il arriver de tous ces règlements internes à
l'Estérel, où déjà les impôts sont
élevés, où déjà des terrains sont en vente
en bordure des lacs? Que va-t-il arriver de ceux qui déjà
possèdent des immeubles et qui voudront les vendre ou les conserver? Il
va arriver qu'ils seront obligés de dépenser beaucoup, pour de
multiples raisons que je ne peux pas analyser dans les détails.
Premièrement, je manque de temps et, deuxièmement, parce qu'elles
ne sont pas dans la loi mais dans des règlements dont nous ne
connaissons pas la teneur. Nous n'en connaîtrons pas la teneur avant que
la loi ne soit votée par une majorité contre trois partis
d'Opposition. Ces gens-là, nécessairement, ou bien auront un
manque à gagner ou paieront des impôts supplémentaires. La
ville de l'Estérel sera encore plus en difficulté.
Remarquons que c'est un endroit non seulement de villégiature
mais que plusieurs des résidences servent à l'année. L'on
a calculé que, simplement pour retirer les sédiments du fond d'un
des lacs, il en coûterait au moins $100,000. Ici, je ne veux pas
être trop technique mais le ministre sait, lorsqu'il s'agit
d'épuration des eaux, qu'il y a trois degrés ou trois niveaux,
qu'on appelle primaire, secondaire et tertiaire. Le ministre d'Etat responsable
de la qualité de l'environnement a dit que le gouvernement pourrait
investir $600 millions pour le traitement des égouts municipaux au cours
des quinze prochaines années. Je pense, si je ne m'abuse, qu'il ne
parlait que du traitement primaire, qui ne permet que d'enlever ce que l'on
appelle les matières solides de l'eau. On n'a même pas encore
évalué si on l'a fait, je n'ai pas les chiffres en main
le traitement secondaire, qui consiste à enlever ce qui reste en
suspension et, enfin, le traitement tertiaire, qui permet d'enlever toutes les
solutions qui sont dans l'eau de façon à la rendre, à
nouveau, potable sinon non polluée.
Le ministre nous dit que le budget du service qu'il dirigera,
c'est-à-dire du conseil qui sera créé, sera de $12
millions. Il y a une bonne différence entre $12 millions et $600
millions. Même sur une période de quinze ans, avec l'inflation, le
coût de la vie et tout le reste qui serait en dehors de la question mais
qui permettrait quand même d'intéressantes discrétions pour
le gouvernement, je me demande où les propriétaires fonciers, le
long des rivières ou autour des lacs, vont se trouver d'ici ces quinze
ans.
Je prends un autre exemple: Sainte-Adèle. A Sainte-Adèle,
présentement, il y a ce qu'on appelle vulgairement un
développement domiciliaire; disons un centre où l'on construit
des édifices, Sainte-Adèle étant devenue une ville.
Sur le lac, déjà, il y a une réglementation locale
qui défend les embarcations à moteur. Mais, quand même,
là-bas aussi les terrains, sur les bords du lac, sont les terrains les
plus chers, donc ceux qui rapportent les taxes les plus élevées
à la municipalité.
Les municipalités, que ce soit l'Estérel ou
Sainte-Adèle, ont planifié des taxes futures sur les terrains
près des lacs. On pourrait parler aussi de tous les lacs qui se trouvent
à partir de Saint-Jérôme jusqu'à Saint-Calixte. On
pourrait parler tantôt du cas particulier de Saint-Jérôme et
de la rivière qui traverse cette autre ville du Québec.
Si, par exemple, comme le ministre l'a dit ou l'aurait dit ses
propos ont-ils été bien rapportés dans les journaux ou
non? on ne peut plus construire qu'à tant de pieds d'un lac, que
va-t-il arriver au propriétaire d'abord, il y a intrusion dans le
droit de propriété; je ne m'en scandalise pas mais je le souligne
quand même qui sera pris avec un terrain qui deviendra
surtaxé ou qu'arrivera-t-il à celui qui voudra s'établir
près d'un lac? Sera-t-il obligé d'acquérir 1,000 pieds de
profondeur pour pouvoir quand même avoir accès à ce lac?
Questions qui, pour moi, demeurent sans réponses.
L'intervention de l'Etat par réglementation, qui n'est pas sous
le contrôle de l'Assemblée nationale, donc qui n'est pas sous le
contrôle des élus de chacune des circonscriptions
électorales, brimera les municipalités, d'une part en les privant
de revenus, parce que certains terrains ne se vendront plus, d'autre part en
réduisant à néant leur planification en matière de
taxation pour d'autres fins que les fins de pollution.
Quels sont les coûts prévisibles, M. le Président?
Pour le Canada, M. André Raynault, dans une étude qui portait le
titre d'Aspects économiques de la lutte contre la pollution, donne
des chiffres qui sont vraiment frappants. Selon M. Raynault, d'ici 1980
ce n'est plus quinze ans il en coûterait au moins $1.5
milliards pour commencer à dépolluer l'environnement. M.
André Raynault, qui est président du Conseil économique du
Canada et qui est un professeur reconnu en matière économique, a
certainement des raisons sur lesquelles il s'appuie pour donner des chiffres
semblables.
Quels seront les coûts des projets actuels? Pour la
Communauté urbaine de Montréal, on nous dit $300 millions en dix
ans. Ceci, encore une fois, je pense, est un fait qui a été
mentionné. Mais ces $300 millions en dix ans, c'est quoi? Il y a $150
millions à la CUM pour un service d'eau adéquat, traitement
primaire, probablement. Lorsqu'il s'agit des eaux usées, cela
coûtera au moins $300 millions pour le traitement primaire, probablement.
Donc, simplement pour la Communauté urbaine de Montréal, nous
avons déjà, sur une période de dix ans, au moins $300
millions en jeu.
M. le Président, il y a l'étude des 43 lacs du
Québec, qui a déjà été entreprise ou qui est
en voie d'être entreprise. Que prévoit-on pour cela? Les
dépenses pour analyser les eaux des 43 lacs seraient, au bas mot, de
$200 millions. Pour les analyser, M. le Président, pour savoir quel est
l'état, la qualité de ces 43 lacs. Or, on sait qu'au
Québec, ce qui manque le moins, ce sont des lacs, peu importe la
qualité de leurs eaux.
Programme de la Yamaska. Ce programme m'intéresse d'abord
particulièrement, puisque la Yamaska et ses affluents traversent la
circonscription de Bagot. Il y a déjà plus de deux ans,
j'étais très heureux d'apprendre que la Yamaska devait être
un plan pilote pour l'analyse des eaux, pour le drainage, pour ce qu'on
pourrait appeler la dépollution des eaux.
Le programme de la Yamaska, d'après un rapport dont je n'ai pas
le texte il n'y a pas eu de coulage, si on me permet l'expression en
parlant d'eau, comme il y en a eu récemment au ministère de
l'Education, sur ce rapport secret, que je traiterai donc de secret
coûterait, d'après ce que j'entends sur la Yamaska, environ $138
millions. C'est un plan pilote. Et Québec nous dit: Nous avons un budget
de $12 millions.
Qui donc va payer tous ces millions et milliards dont je n'ai
cessé de parler, avec détails à l'appui, depuis quelques
minutes? Comment donc seront financés ces millions? Québec dit:
Budget de $12 millions pour l'environnement.
Les municipalités doivent payer une partie. Les règlements
gouvernementaux vont lui enlever une partie des taxes municipales
prévues à cause de nouvelles délimitations des terrains,
en bordure des lacs et des rivières. L'évaluation totale de
Saint-Jérôme j'ai dit tantôt que j'en reparlerais
est de $5 millions. Notre dette s'élève à $10
millions. Je me place dans la peau d'un "Saint-Jérômien", si
ça s'appelle ainsi.
Comment voulez-vous que cette ville seule assume la
responsabilité de purifier la rivière du Nord, alors que le
programme, quant à cette rivière, d'après La Presse du
lundi 7 août 1972, est d'au moins $6 millions. C'est déjà
la moitié du budget de $12 millions.
C'est là tout le problème de la pollution, de bonnes
intentions, d'excellents objectifs, des choses qu'il faut réaliser, mais
une loi qui donne au gouvernement un blanc-seing avec un budget insuffisant et
le tout quant au solde qui se chiffre à $1 milliard est reporté
en manque à gagner, en taxation, en perte pour les individus et les
municipalités.
M. Parent, maire de Saint-Jérôme, disait: "C'est là
tout le problème de la pollution. Les municipalités prises
séparément ou même en communauté sont incapables de
prendre les travaux d'épuration à leur charge. La solution
réside dans des programmes conjoints dont le coût serait
réparti" pas des prêts, pas des impositions par
règlement de telle inspection, de tel genre d'égout, de tel genre
d'usine d'épuration d'eau, de tel genre de fosse que l'on appelle
septique, etc. "entre différents niveaux de gouvernements."
Où en sont en passant les négociations dans
ce contentieux aussi de l'environnement, de la pollution avec le gouvernement
fédéral quel qu'il soit?
Le financement est donc le problème que je voulais souligner.
Comment le gouvernement du Québec entend-il financer le coût des
programmes d'assainissement des eaux avec un budget de $12 millions en 72/73
même s'il ne fait que commencer? Et même s'il se donne 15 ans?
Comment les municipalités sont-elles capables, avec les pertes de
revenu occasionnées par les dispositions du projet de loi 34 et les
règlements qui les complèteront, de réussir à la
fois à continuer la planification d'autres domaines et à
atteindre les objectifs visés par le ministre?
Les industries ne semblent pas intéressées par cette
lutte, et le député de Rouyn-Noranda en parlait tantôt, et
surtout les usines de pâtes et papier. Qu'on se réfère aux
déclarations, celle de l'ingénieur André Asselin, par
exemple, qui ont été faites à Mont-Rolland par les
propriétaires de la compagnie Rolland, qui ont dit : Ce n'est pas notre
problème à nous, qui avons fait une industrie
québécoise ici à tel endroit, maintenant, de tout
réparer à nos frais; nous avons fait des profits, mais nous avons
donné des emplois pendant des années à des gens du
Québec.
Le ministre d'Etat à l'environnement espère beaucoup, et
je le cite ici "de la bonne volonté de l'industrie". Moi aussi, mais je
me rends compte de la bonne somme que le particulier, riche ou pauvre, aura
à payer. Les municipalités sont assez endettées
maintenant, elles ne peuvent pas supporter un fardeau plus lourd.
Et enfin, parce que je pense que mon temps achève au moins
quant au discours je veux en venir là...
M. LE PRESIDENT: Je pense même qu'il est terminé.
M. BIENVENUE: M. le Président, le temps de parole du
député est terminé, mais lorsque nous entendons en cette
Chambre un discours positif, parlementaire et bien structuré, on oublie
le temps.
M. LE PRESIDENT: Et dans le cas de la présidence, je me
retrouvais il y a déjà quelques années à un cours
de droit civil, et le temps passait sans que je m'en aperçoive.
M. PAUL: M. le Président, dans les circonstances, dois-je
déduire qu'il y a consentement unanime pour que l'honorable
député de Bagot complète ses remarques?
M. CARDINAL: M. le Président, je n'abuserai pas; je vais
terminer. Je pense, enfin, M. le Président, aux citoyens et je reviens
au fond de la question. Le ministre responsable de la qualité de
l'Environnement pourrait consulter le ministre des Institutions
financières pour se rappeler comment le projet de loi 45 a
été longuement étudié, après de multiples
consultations. Je me dis que les municipalités, que les citoyens, que
les organismes qui existent déjà devraient être
consultés. Il faudrait que, dans la loi même, au sujet des
règlements, en dehors des comités et conseils qu'on
prévoit, on établisse un véritable mécanisme de
participation permanente de façon que l'on n'arrive pas avec de bonnes
intentions et l'enfer, parait-il, en est pavé à des
résultats aberrants où l'on n'atteindra pas les objectifs
visés et où le coût de la lutte contre la pollution, par
ricochet, nous conduira à une augmentation d'impôts, à une
hausse de la taxe foncière, à une hausse de la taxe d'eau,
à une hausse de la taxe pour le prélèvement des ordures
ménagères, etc.
La solution du ministre, telle que présentée, menace le
salarié moyen et les municipalités déjà
surchargées. Comment le Québec peut-il financer ce que propose la
section XI je sais que je n'ai pas le droit de citer d'article du
projet de loi 34 et tout ce qui découle des dispositions de cette loi et
de tous les règlements que nous ne connaissons pas? C'est ce que je
voulais démontrer, M. le Président. J'espère que, sans
faire d'éclat, sans attaquer le ministre, j'ai pu le convaincre et que,
sans reculer, il pourra avancer, mais en tenant compte des suggestions de
l'Opposition et en établissant dès maintenant des
mécanismes de consultation à tous les niveaux pour que nous
sachions où nous allons avec ce projet de loi 34.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
M. Aurèle Audet M. AUDET: M. le Président, ce projet de
loi est d'une grande importance, lorsque nous considérons toute sa
portée, toutes ses implications d'ordre social, industriel et
économique. Il est à considérer que ce projet de loi
n'arrive certainement pas trop tôt afin de tenter de diminuer, si ce
n'est d'enrayer, ce fléau de nos temps moderne qu'est la pollution. Il
est à se demander cependant, M. le Président, si ce projet de loi
sera réellement à la hauteur pour prévoir tout ce que
comporte la protection de l'environnement.
En effet, nous voyons dans ce bill 34 surtout des énoncés
de principe, qui sont sans aucun doute des plus acceptables, mais qui ne
mentionnent d'aucune façon la mise en application de ce projet de loi vu
l'absence de règlementation. En somme, on nous demande d'accepter les
principes d'un projet de loi sans savoir aucunement de quelle façon la
réglementation de cette loi viendra peut-être bouleverser notre
industrie, notre économie, notre vie sociale aux dépens de la
supposée sauvegarde de l'environnement.
Pourquoi, M. le Président, le gouvernement ne se
déciderait-il pas, une fois pour toutes, à nous présenter
des projets de loi complets, c'est-à-dire accompagnés de la
réglementation? Ceci permettrait aux représentants de la
population de connaître davantage la portée des projets de loi et
leurs effets sur l'individu comme sur le petit industriel, peut-être au
profit du gros industriel qui, lui, pourrait peut-être surnager plus
facilement devant l'assaut de la loi trop astreignante plaçant sur un
même pied le petit et le gros industriel devant de semblables
obligations.
Ce qui serait encore pire est le fait que cette loi que nous propose le
gouvernement entrafne-ra, si nous nous arrêtons quelque peu à
l'évaluation de ses coûts, des dépenses
phénoménales qui ne pourront jamais être absorbées
par le Québec sans avoir encore recours aux emprunts à
intérêts qui minent depuis toujours notre économie. Il y
aurait lieu, avant d'entreprendre cette lutte contre la pollution, qui
s'avère un autre élément d'endettement pour notre province
et notre population, de commencer par dépolluer notre système
monétaire qui contient le pire degré de pollution jamais connu
sur notre planète.
En corrigeant ce système monétaire désuet, le
gouvernement se donnerait du même coup un outil des plus efficace pour
venir au secours de l'environnement et réellement sauver
l'économie en même temps. En d'autres termes, M. le
Président, je crois des plus valables les principes de
dépollution pour conserver notre environnement et je crois que le
ministre responsable fait un travail gigantesque en ce domaine, mais nous
devons nous rendre compte du fait qu'il n'en a pas les moyens financiers.
Nous serions très heureux, M. le Président, que le
gouvernement, dans d'autres domaines, fasse aussi des efforts d'assainissement.
Ici, je veux parler d'une pollution qui est beaucoup
plus grave et néfaste, la pollution de l'esprit, de notre
jeunesse, de notre population par nos CEGEP et nos maisons
étatisées d'éducation ainsi que la libération de
l'obscénité qui pollue nos moeurs au Québec.
A l'exemple de cette politique du ministre responsable de la
qualité de l'environnement, j'invite les autres ministres...
M. LE PRESIDENT (Lafrance): Sur un point de règlement, le
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON : Je veux bien admettre que le député
d'Abitibi-Ouest peut avoir toutes les opinions sur toutes les matières
litigieuses ou non dans le Québec, c'est parfaitement son droit; s'il
veut les conserver également. S'il peut se ramasser tout seul à
les avoir, c'est aussi son droit. M. le Président, le projet de loi 34
et, jusqu'à maintenant, le débat se sont limités à
la pollution telle que nous l'entendons dans le sens économique du mot.
Malgré tout le bon vouloir que je peux avoir à l'égard du
député d'Abitibi-Ouest, allonger inutilement le débat en
faisant des allusions en dehors du projet de loi viole le règlement de
la Chambre.
M. AUDET: M. le Président, je ne prétends pas utiliser
tout le temps de parole que j'avais et je crois que je peux faire un petit
crochet ici, même en dépit des observations du
député de Saint-Jacques. Le gouvernement nous présente
aujourd'hui ce projet de loi pour prévoir l'assainissement de
l'environnement. Je crois réellement que c'est un voile dont on veut
nous couvrir les yeux pour cacher tout ce qu'il y a de mauvais dans la
politique gouvernementale aux autres paliers.
Je crois réellement que la protection de l'environnement est une
bonne chose et je félicite ici le ministre pour son travail mais je
crois aussi que nous devrions nous arrêter à tout ce qu'il y a de
polluant dans les politiques gouvernementales actuellement.
Je me fais un plaisir aujourd'hui de demander aux autres ministres de
dépolluer aussi leur ministère, soit les ministères de
l'Education, des Finances, des Affaires culturelles et de la Justice; qu'ils
fassent un ménage dans chacun de leur domaine pour repousser cette
pollution qui est, dans bien des cas, beaucoup plus grave, plus profonde et
dévastatrice que la pollution de l'environnement.
M. le Président, cette invitation, je la fais au gouvernement.
J'invite le ministre à continuer son travail sur l'environnement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre d'Etat à la Voirie.
M. Raymond Mailloux
M. MAILLOUX: M. le Président, mon exposé sera assez bref.
Je sais qu'en deuxième lecture il est question de principe. J'ai
constaté, cependant, que dans les interventions
précédentes, celui qui a occupé le siège du
président de la Chambre a été assez large. Ce n'est pas
mon intention de prolonger indûment ce débat. Je voudrais traiter
de trois points particuliers dans le champ d'activité du
ministère de la Voirie et qui ont des relations directes avec le sujet
dont il est question dans le projet de loi 34.
Le ministère de la Voirie constate depuis quelques années,
en exécutant ses nombreux travaux dans tout le Québec, que de
nombreuses usines de béton bitumineux, dont les plans sont assez
vieillots, contaminent de façon assez impressionnante les couches d'air
par la pollution qui se dégage des cheminées de ces usines
où l'on constate que des huiles très lourdes sont
chauffées à blanc. Je pense que tous les députés de
cette Chambre ont été à même, dans de nombreuses
régions, de constater les inconvénients que cela entraîne
à la protection de l'environnement.
Qu'il me suffise de rappeler des exemples particuliers qui se situent
principalement dans la région que je représente dans cette
Chambre, Charlevoix. C'est une région montagneuse où il y a une
quantité de lacs propres à la pêche sportive. Dans les deux
dernières années nous avons malheureusement constaté,
devant les représentations faites par de nombreux clubs sportifs, que
l'huile qui se dégageait de ces cheminées se rendait aussi loin
qu'un mille, poussée par les vents qui dirigeaient la fumée. Je
me rappelle que tout dernièrement, dans la région de
Saint-Siméon, près de la traverse Sainte-Catherine, le
ministère de la Voirie devait constater qu'une usine avait laissé
une telle contamination que dans un lac situé à un mille, par un
vent tout à fait particulier, ceux qui s'adonnaient au sport de la
pêche voyaient leur ligne à pêche enduite d'huile.
La faune aquatique, dans de telles conditions, ne mourra peut-être
pas, mais il est indiscutable qu'elle subit des torts considérables.
Dans des conversations précédentes entre les fonctionnaires du
ministère et les principaux propriétaires de ces usines-là
de même qu'avec l'Association des entrepreneurs de routes, nous avons
amorcé des discussions qui permettront, je l'espère, au
ministère de la Voirie d'émettre des directives qui fassent que,
d'ici l'année 1973, avant que les travaux reprennent dans ce secteur
d'activité, l'on impose des conditions ou certains équipements
qui seraient ajoutés à toutes les usines de telle sorte que
l'ensemble de nos villes et de nos villages ne soit pas pollué
davantage, tel que cela s'est trop souvent présenté.
En obligeant l'industrie privée à faire des
dépenses assez importantes, dépenses qui semblent se situer dans
les $25,000 à chaque usine, il est fort possible que le ministère
de la Voirie soit obligé de réviser les prix qui sont consentis
à ces entrepreneurs. Mais je pense qu'une dépense aussi minime,
pour la protection de l'environnement, est assez bien acceptée. Je pense
qu'elle mérite d'être faite.
II y a un deuxième facteur dont s'occupe également le
ministère de la Voirie. Peut-être que les honorables
députés pourraient me dire qu'il y a déjà eu un
projet de loi déposé à cet effet. Je parle ici des
cimetières d'automobiles. Les cimetières d'automobiles,
souventefois, donnent un mauvais aspect à nos régions
touristiques aux abords des routes. Ces premiers cas sont déplorables.
Et que dire de ceux qui sur des terrains, aux abords des cours d'eau polluent
les rivières?
Il n'y a pas tellement longtemps, dans mon propre comté, pour
citer un exemple, la rivière Malbaie était
considérée comme une rivière à saumons, la
rivière du Gouffre, à Baie-Saint-Paul, était aussi
considérée comme rivière à saumons. Il s'y prenait
récemment des saumons aussi gros que 30 livres.
Je pense que cela mérite d'être protégé. On
constate, malheureusement, que des individus, non soucieux de la protection de
l'environnement, déversent des carcasses d'automobiles sur les berges
des rivières. Il n'est pas besoin de faire un dessin devant les membres
de cette Assemblée pour dire que, si cela dépare les abords des
rivières, l'huile qui se dégage des carcasses pendant de longs
mois, pour ne pas dire pendant des années, crée un tel
problème que la vie aquatique, dans nos rivières, est
détruite. Le ministère devra accentuer son action de
manière que disparaissent ces déchets dont tout le monde se
plaint, et avec raison.
Je constatais récemment que le ministère approuvait des
sommes supplémentaires pour ceux qui ont des presses pour
détruire une telle ferraille. Ainsi, un peu partout dans la province
l'action sera plus directe et les visiteurs qui viennent dans la province de
Québec n'auront pas à regarder tous les cimetières
d'automobiles sur nos routes. Dans nos rivières, nous donnerons une
meilleure protection à la faune aquatique.
Il y a un troisième problème qui attire l'attention du
ministère de la Voirie, problème dont on a entendu parler
abondamment au cours de l'été dernier. Celui qui vous a
précédé tantôt à ce siège, l'honorable
député de Terrebonne, aurait peut-être pu en dire
davantage. Je pense que tout le monde a vu, dans des coupures de journaux, ce
qui s'est produit à Val-David. Le député de Bagot parlait
tantôt de l'Estérel. A Val-David, on a vu des entrepreneurs qui
doivent exécuter des travaux pour le ministère de la Voirie
s'approvisionner d'agrégats dans des endroits qui étaient
situés presque au centre du village.
Chacun des membres de cette Chambre a pu constater que les
entrepreneurs, parfois, pour éviter des coûts
supplémentaires, cherchent à s'approvisionner dans les endroits
où il y a le moins de transport à payer. Je pense, sans vouloir
parler d'une politique ministérielle, que le ministère de la
Voirie devra, dans un avenir très prochain, pour tous les
agrégats fournis dont les entrepreneurs auront besoin, peut-être
payer davantage pour le millage parcouru pour le transport de ces
matières premières. Il faudra peut-être, pour une meilleure
protection de l'environnement, assumer cette tâche nouvelle pour garder
les abords des routes dans le meilleur état possible.
Lors des rencontres récentes avec les sous-ministres et les hauts
fonctionnaires du ministère, il a été fortement question,
afin d'éviter des transports trop éloignés pour les
travaux que le ministère doit faire exécuter, si cela devenait
nécessaire, de voter des sommes dans le but de réensemencer tous
les endroits où le ministère doit s'approvisionner. Je pense, en
regardant une quantité de routes publiques où l'on voit des
gravières laissées dans un état de délabrement,
qu'il serait avantageux que l'on dépense quelques dizaines de milliers
de dollars obligeant les entrepreneurs, pour remplacer les agrégats qui
disparaissent, à réensemencer les lieux, de telle sorte que
l'ensemble des visiteurs qui parcourent la province n'aient pas toujours dans
la vue des gravières comme chacun des membres de cette Chambre a
été à même d'en voir. Cette vue, aux abords des
routes, est presque une honte dans bien des cas.
Alors, si le ministère doit engager des sommes
supplémentaires dans le but de protéger l'environnement, je pense
que ce serait une dépense profitable de fonds publics et qui permettrait
que notre industrie touristique en souffre moins. Si le ministère de la
Voirie doit en écoper, chacun en bénéficiera.
M. le Président, c'était simplement quelques commentaires,
à bâtons rompus, que je voulais apporter sur la
présentation du projet de loi 34. Je suis de ceux qui croient que,
malgré que les ministères devront dépenser des sommes plus
importantes dans le but de protéger l'environnement et de combattre
davantage la pollution, c'est devenu une urgente nécessité.
M. LOUBIER: J'avais une question à poser au nouveau ministre,
à toutes fins pratiques, responsable à la Voirie. Je profiterai
de l'occasion pour le féliciter publiquement de sa nomination. Je lisais
les commentaires du journaliste de la Presse, M. Lesage, à l'effet que
le nouveau ministre d'Etat était peut-être un des
députés les plus modestes et les plus efficaces de cette Chambre.
Sans lui faire de compliments à outrance, je dirais, en tout cas, qu'il
mérite au moins le respect de tous les députés de cette
Chambre pour son travail et son efficacité.
M. le Président, la question que je voulais poser au ministre
responsable de la Voirie est la suivante: Est-ce que le ministère de la
Voirie a l'intention d'appliquer d'une façon assez intégrale la
loi qui avait été adoptée en 1964 et 1965, concernant les
cimetières d'automobiles longeant les routes et les cours de rebuts de
métaux ou encore les terrains qui étaient remplis de
déchets? On avait, à ce moment-là, préconisé
que, sur une période de cinq ans, les propriétaires de ces
cimetières d'automobiles devaient déménager ailleurs ces
débris ou ces carcasses d'automobiles, à 500 pieds du bord de
la route, et que, deuxièmement, sur une période de dix
ans, je pense, tout cela devait disparaître complètement mais
qu'à court terme, ces cimetières d'automobiles ou ces cours de
rebuts de toutes sortes devaient être entourés d'une clôture
assez haute pour éviter, à toutes fins pratiques, qu'on voie ces
objets.
Le ministère de la Voirie et le ministre ont-ils l'intention de
faire appliquer intégralement cette loi qui ne semble pas être
comprise ou appliquée depuis plusieurs années?
M. MAILLOUX: M. le Président, si vous me le permettez, je
voudrais d'abord remercier l'honorable chef de l'Opposition des
félicitations qu'il a eues à mon endroit, de même que le
député de Portneuf, qui m'en avait offert
précédemment. Nous fêterons, le député de
Bellechasse et moi-même, notre dixième anniversaire en politique,
je pense, dans quatre ou cinq jours.
M. LOUBIER: C'est vrai.
M. MAILLOUX: C'est un long moment en politique.
M. PAUL: Le 14 novembre.
M. MAILLOUX: Je sais que les titres, en politique, c'est toujours
très relatif. Alors, le moins possible de compliments parce que
probablement que les fleurs auront des épines par la suite.
Pour répondre à la question de l'honorable chef de
l'Opposition, c'est qu'effectivement, le ministère de la Voirie entend
accentuer de façon très directe ce qui est déjà
entrepris. J'ai tantôt dit que, récemment, plusieurs dizaines de
milliers de dollars avaient été affectés à des
compagnies possédant les presses nécessaires. Si l'honorable chef
de l'Opposition était passé dans une région qui va vers
Sainte-Anne-de-Beaupré, je sais que des cours, aux abords des routes,
sont actuellement à se nettoyer.
Dans les conversations avec les officiers supérieurs du
ministère, nous tentons l'impossible pour que d'autres entreprises
puissent agir de la même façon. Il y a cependant des
problèmes un peu compliqués, soit le prix que peut recevoir pour
la vente des rebuts à certaines compagnies, comme Sidbec ou d'autres. Il
y a des négociations en cours dans le but, évidemment, que le
rendement de ces presses puisse être meilleur qu'il ne l'est
présentement. Mais je voudrais l'assurer que le ministère de la
Voirie est bien conscient que l'action entreprise par le
précédent gouvernement et par le nôtre fera
assurément le nécessaire pour que disparaissent ces
cimetières que l'on déplore partout, aux abords des routes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis, sur
une question.
M. ROY (Lévis): Si l'honorable ministre d'Etat me le permet,
j'aurais une question à lui poser. Est-ce qu'il pourrait nous dire s'il
y aura une loi rigide? Vous savez qu'il y a des vendeurs d'automobiles neuves
qui prennent de vieilles automobiles en retour. J'ai des problèmes dans
mon comté et il y en a dans d'autres. Ils envoient ça en
arrière dans la cour et ils sont pénalisés de $100 par
jour pour de vieilles automobiles qui sont "scrapées".
Est-ce que le ministre va avoir une directive à donner à
ces gens pour qu'ils sachent s'ils peuvent vendre une automobile de telle
année ou non? Le gars pourra alors l'envoyer au rebut ou la garder pour
essayer de la revendre.
Est-ce que vous avez une directive à nous donner à ce
sujet?
M. MAILLOUX: Je ne sais pas si le règlement me le permet, mais
disons que le ministre en titre sera ici prochainement et il aura l'occasion de
préciser davantage l'action du ministère de la Voirie.
M. PAUL: Je ferais remarquer à l'honorable ministre d'Etat
à la Voirie que le député de Lévis est contre les
cartels de "minounes".
M. ROY (Lévis): Si le député de Lévis est
contre les cartels, c'est parce qu'il veut donner l'avantage à
l'honorable député de Bellechasse d'acheter les résidus
pour les revendre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Richmond.
M. Yvon Brochu
M. BROCHU: Très brièvement j'aimerais émettre une
opinion sur la deuxième lecture de ce projet de loi que je
considère tout à fait important. Dans son ensemble, dans sa
teneur, le projet de loi n'est pas essentiellement nouveau puisque,
d'après l'étude que j'en ai faite, il s'agit surtout d'une
restructuration, d'un regroupement de services existants déjà au
niveau de différents ministères pour centraliser les
décisions, afin de pouvoir mettre de l'avant certaines politiques en ce
qui concerne l'environnement.
On peut dire, je pense, dans l'ensemble qu'il s'agit d'un premier pas
vers une action qui pourra être entreprise en ce sens. La protection de
l'environnement on en parle énormément, comme on parle
énormément aussi de pollution. On en entend parler souvent
à la radio, à la télévision. On en parle souvent
dans les journaux. Je pense que ça devient des sujets de conversation
courants.
Ce qui est plus grave peut-être, c'est que l'on parle
d'environnement aussi facilement que l'on bavarde de la pluie et du beau
temps.
Ce n'est trop souvent qu'un flot de paroles, mais il y a bien peu de
solutions réelles, à mon sens, pour résoudre la crise du
milieu humain, celle que l'on connaît actuellement. D'abord, c'est une
question de survie. On peut se
demander à un certain moment si, avec des politiques
précises mises de l'avant actuellement au niveau de l'action, non pas au
niveau des principes, on pourrait réparer la situation de
l'écologie en général dans un avenir assez
rapproché.
Je pense que c'est un problème majeur, assez grave et qui a une
ampleur assez considérable. Ce ne sont pas des paroles en l'air, comme
je le disais tout à l'heure, qui nettoieront l'atmosphère. Les
gens dans l'ensemble commencent à se lasser d'entendre parler de ce
sujet. Nous devrons, je pense, aller plus loin. Dans l'ensemble, sur le
principe de la loi, je suis d'accord que c'est un pas de fait mais nous devrons
aller plus loin et remonter surtout, dans les études que nous allons
faire, aux causes réelles de pollution, que ce soit la pollution de
l'eau, la pollution de l'air ou les différentes autres sortes de
pollution qui peuvent exister.
Une fois que les causes auront été bien définies,
je pense que la seule solution, quelle qu'elle soit en détail, sera
d'agir surtout, et j'y tiens. Parce que, comme je le disais, on en a
énormément parlé. Il y a eu des études, des
recherches faites à différents paliers dans différentes
circonstances. Je pense que de ce côté, nous avons suffisamment de
renseignements, nous avons des études et des recherches de faites et ce
serait tourner en rond que de vouloir encore des mécanismes, des
structures pour faire des études et des recherches alors qu'on n'aura
pas osé entreprendre une action réelle pour essayer de contrer
les effets néfastes de la pollution à différents
niveaux.
Pour sauver notre demeure, en fait parce que notre demeure, c'est
l'écologie, notre environnement, nous devons d'abord comprendre comment
elle fonctionne en tant que machine vivante, à interactions multiples et
à interconnections multiples. Rien ne vit par soi-même, aucune
créature ne se suffit à elle-même et les actions de chaque
individu affectent les autres. Une des lois fondamentales de l'écologie,
énoncées par le Dr Barry Commaner, est que tout est relié
à tout. C'est pour ça que j'ai insisté au point de
départ pour mentionner que c'était un problème d'ampleur
générale, un problème qui a énormément de
conséquences mais un problème qui n'est pas simple, un
problème énormément complexe.
A ce sujet, j'aimerais mentionner certaines lacunes qui existent dans la
structuration même des ministères et dans leur interaction.
Le problème n'étant pas simple, le ministère de
l'Environnement aura absolument besoin d'être appuyé par d'autres
ministères dans une action entreprise en commun si l'on veut vraiment
arriver à changer quelque chose dans les faits.
Donc, le problème n'est pas simple et la solution n'est pas
simple, mais elle se situe d'abord au plan de l'action. Je prends simplement un
exemple pour illustrer qu'il devrait y avoir une interrelation et surtout une
interac- tion des ministères pour contrer les effets néfastes de
la pollution à différents paliers. Simplement, par exemple, au
niveau de la faune, on aurait besoin d'énormément plus d'agents
de conservation. Sur ça, je pense qu'on a plusieurs rapports. J'en
recevais encore récemment des gens de ma région, des Cantons de
l'Est. On y note une diminution marquée de la faune et également
une atteinte portée à la flore par la pollution.
On devrait dans ce cas avoir une action connexe, en mettant suffisamment
d'agents de protection de la faune pour faire de la prévention dans les
domaines qui sont encore en bon état si vous voulez, pour les rares
domaines qui demeurent encore intacts ou quasiment intacts. Ainsi, on pourrait
favoriser le développement d'une flore normale au Québec, qui est
une condition essentielle de revie pour l'entourage puisqu'il s'agit de
photosynthèse et de tout le mécanisme de purification de l'air
par les plages et par la verdure. On pourrait, dans une action commune, arriver
à mettre de l'avant des politiques qui, dans le champ d'activité
des différents ministères qui sont concernés, soient de
nature vraiment à apporter des correctifs.
A présent, il faudrait aller plus loin en remontant vraiment aux
causes. Lorsque l'on voit, par exemple, l'étude de certaines
rivières, qui se fait par les fonctionnaires actuellement pour maintenir
un certain degré qu'on appelle acceptable de pollution de l'eau, entre
autres, puisqu'on parle de celle-là, je pense qu'on joue quand
même encore au niveau d'un effet, pour dire: On va essayer de normaliser
un certain degré acceptable de pollution, mais on ne va pas tellement
plus loin. Les amendes imposées à ce niveau-là sont
vraiment désuètes, de sorte que les grandes entreprises peuvent
entrer ces amendes dans leur fonds de roulement normal ou dans leur coût
d'exploitation. Cela devient pour eux, en fait, un jeu d'enfant.
Dans la région de Windsor Mills, entre autres, où on a une
usine de papier assez importante, j'ai vérifié cela à la
demande de certains commettants de cette région qui m'avaient
invité à me rendre sur place et à voir de moi-même
ce qui se passait là. Ce sont des gens qui travaillent à cette
compagnie qui m'ont invité. J'ai pu constater moi-même que, toute
la journée, 24 heures durant, sept jours par semaine, 365 jours par
année, on a d'immenses tuyaux de 20, 24 et même 36 pouces qui
déversent continuellement dans la Saint-François de l'acide chaud
qui détruit toute vie et qui laisse les bords de la rivière dans
un état pitoyable.
A côté de cela, vous avez aussi tous les égouts de
la ville de Windsor qui se déversent dans la rivière
Saint-François qui était autrefois un petit paradis dans la
région, où il se faisait énormément de pêche,
etc.
Même si on a des gars qui calculent le degré acceptable,
c'est encore relatif, on n'a pas encore touché la cause, on joue encore
au
niveau de l'effet. Même de ce côté-là, vos
inspecteurs, M. le ministre, ne sont pas toujours sur place. J'ai
rencontré, là-bas, des employés, des contremaîtres
qui ont témoigné eux-mêmes du fait que les normes
n'étaient pratiquement jamais respectées. Lorsqu'on avait un
surplus de production, on se dépêchait de déverser les
déchets le plus possible dans la rivière pour maintenir la
production à son niveau, quelles que soient les conséquences, la
pollution supplémentaire de la rivière.
Je terminerai là mes remarques, M. le Président, parce que
je ne pourrai pas continuer mon intervention ce soir. J'aimerais qu'on remonte
aux causes de ce côté-là et qu'on fasse vraiment une action
commune avec les autres ministères. En d'autres mots, on a suffisamment
parlé de la pollution, on connaît les principes, on connaît
les agents polluants, il s'agit maintenant de passer à l'action. Que le
ministère se dote d'une structure, d'accord, mais que ça ne reste
pas une structure, des comités qui vont mettre des rapports sur des
tablettes. Qu'on puisse vraiment et réellement mettre des politiques en
action pour contrer les causes, réparer les effets mais surtout
s'attaquer aux causes directes du mal. Je pense que c'est une question de
survie, et nous n'avons pas 20 ans ou 25 ans encore pour réparer la
situation.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
M. GUAY: Je constate qu'il est six heures, M. le Président,
puis-je demander la suspension du débat?
M. LE PRESIDENT: Messieurs, j'ai reçu deux avis, des demandes de
renseignements supplémentaires, en vertu de l'article 179, pour qu'on
puisse discuter ce soir, avant l'ajournement, de certains problèmes,
certains députés invoquant qu'ils ne sont pas satisfaits des
réponses apportées à leurs questions.
Maintenant, j'ai un problème quant à une demande du
député de Maisonneuve. Cela concerne les décrets du
domaine de l'alimentation et du permis de travail pour les employés non
spécialisés dans la construction. Tout le monde comprend que
l'honorable ministre du Travail est occupé à d'autres
problèmes aujourd'hui. Je peux difficilement le convoquer pour ce
soir.
M. LAURIN: On vient de recevoir son appel. Il est justement bien mal
pris.
UNE VOIX: II a un adjoint parlementaire.
M. LE PRESIDENT: Non, on m'informe qu'il n'y a pas d'adjoint
parlementaire au ministère du Travail.
M. CHARRON: Le premier ministre a tellement la science infuse...
M. BOURASSA: M. le Président, je dois partir pour
Montréal. Je rencontre même des gens du comté du
député de Saint-Jacques demain...
M. CHARRON: Occupez-vous en, surtout les assistés sociaux.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on pourrait, avec votre permission, remettre
ce débat possiblement à mardi soir?
M. LAURIN: Si le premier ministre ne peut pas répondre aux
questions, il serait peut-être mieux d'attendre...
M. BOURASSA: Ce n'est pas parce que je ne peux pas répondre,
c'est parce que je dois être à Montréal ce soir. Je
rencontre le premier ministre de l'Ontario demain, comme c'est connu. Je dois
rencontrer...
M. PAUL: Vous allez vous enrichir demain...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'honorable député de Portneuf
est prêt à procéder, ce soir, sur la demande qu'il a faite
concernant le haut-commissariat?
M. DROLET: Je suis prêt.
M. LE PRESIDENT: L'adjoint parlementaire est aussi prêt à
procéder. Je dois, en vertu du règlement, annoncer avant six
heures quels seront les minidébats qui auront lieu ce soir. Il y en aura
un sur la question de l'honorable député de Portneuf.
L'assemblée suspend ses travaux jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 18 h 6)
Reprise de la séance à 20 h 45
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs !
L'honorable député de Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, bien sûr qu'il me fait plaisir
d'intervenir sur un projet de loi aussi important que celui de la
qualité de l'environnement. Etant donné que la pollution devient
un problème mondial, je n'étais pas pour laisser passer
l'occasion sans ajouter mon grain de sel.
Par ce projet de loi no 34, le député de D'Arcy-McGee, qui
devient en quelque sorte le premier environnementaliste du Québec,
désire que la Chambre lui accorde des pouvoirs par voie
législative et veut faire adopter des règlements pour
améliorer la qualité de l'environnement.
M. le Président, ayant eu l'occasion d'intervenir sur une motion
de renvoi à six mois, je n'ai pas l'intention de répéter
les mêmes arguments. En voyant un ministre proposer une loi-cadre sans
outils, sans pouvoirs, c'est un peu comme si ce même ministre demandait
à ses membres de la Chambre de monter dans une voiture luxueuse dont
toutes les commandes seraient à l'intérieur: sous le capot, il y
aurait un moteur de 400 chevaux-vapeur, mais le réservoir serait vide
d'essence. J'ai eu l'occasion de vivre cette expérience plutôt
mécanique. Le résultat a été le même que
celui que nous connaîtrons dans l'application de cette loi, si le pouvoir
économique n'y est pas.
J'ai été en faveur de la motion de renvoi à six
mois, qui avait pour effet de donner le temps au ministre d'Etat responsable de
la qualité de l'Environnement de faire connaître aux membres de
l'Assemblée nationale de quelle façon, par quels moyens, avec
quels outils il tenterait de faire appliquer sa législation.
Même si le projet de loi no 34 lui donne des pouvoirs
extraordinaires, des pouvoirs énormes je qualifie même son
projet de loi d'avoir, dans certains secteurs, des dents qui ont une longueur
de quatre pouces s'il n'a absolument rien pour appuyer...
UNE VOIX: Les dents de Camille!
M. GUAY: ... son projet de loi, si aucune mesure économique, si
aucune transformation économique n'intervient au moment de
l'application, le ministre, c'est bien de valeur, fait fausse route.
Si on regarde les pouvoirs que le ministre se donne, dans son projet de
loi, ce sont des pouvoirs assez grands. Bien sûr, le ministre me
répondra que s'il n'a pas de pouvoirs, il ne pourra pas régler
une situation aussi alarmante et aussi désastreuse. Mais il y a quand
même des organismes, dans le passé, qui possédaient
certains pouvoirs. Le pouvoir de protéger, d'amé- liorer
l'environnement existe actuellement. On n'a qu'à jeter un coup d'oeil
sur un article qui a paru dans un quotidien bien connu, au mois d'août
1970, pour se rendre compte que les pouvoirs que le ministre se donne sont des
pouvoirs accrus mais qui ne donneront pas de meilleurs résultats que les
organismes qui étaient en place, qui n'ont pas réussi, faute de
budgets.
Je pourrais citer, M. le Président, comme on le dit ici: "A
proprement parler, la Régie des eaux ne dispose d'aucun budget
d'opération". Comment voulez-vous qu'un organisme, même avec un
pouvoir de contrôle accru, s'il n'a pas d'argent, puisse fonctionner de
façon normale, de façon logique, de façon, je dirais
même, intéressante.
M. le Président, ce n'est pas là une contradiction, bien
sûr, mais cela prouve que même la meilleure législation, la
meilleure loi devient impossible à appliquer, surtout dans un domaine
comme celui de l'environnement, si ses politiques ne sont pas appuyées
par des bonnes mesures économiques,
M. le Président, dans l'exécution du travail à
faire pour améliorer la qualité de l'environnement, je dis que
c'est un défi à relever. C'est même le défi du
siècle, qui ne peut être, cependant, relevé sans être
accompagné d'une réforme économique en profondeur.
M. le Président, nous le disons et nous le
répétons, le temps s'est chargé de prouver aux
législateurs que, sans une réforme économique, la
législation n'était pas efficace. Le temps se chargera
également de prouver aux même législateurs de cette Chambre
que le beau programme, la belle loi, avec un beau principe de la protection de
l'environnement, ne pourra être efficace si elle n'est pas
appuyée, soutenue, par des bonnes mesures économiques.
M. le Président, j'ai parlé tantôt de
contradictions. J'y arrive.
Au moment où un ministre se donne des pouvoirs, ou un ministre a
préparé un projet de loi, que je dirais quand même bien
pensé peut-être mal mesuré, mais bien pensé
au moment où ce ministre consacrera des crédits quand
même assez élevés pour améliorer la qualité
de l'environnement et, comme faisant partie de cet environnement, la
qualité de l'eau, je commence à me poser certaines questions sur
des contradictions flagrantes.
Pendant que le ministre veut redonner à l'eau sa qualité
naturelle, sa qualité première voulue par la nature il
nous dit qu'il tendra à rendre l'eau pure, claire, limpide, propre
un autre ministre dans un autre ministère s'apprête
celui-là qu'on pourrait qualifier de pollueur à se
faire donner par la Chambre des pouvoirs pour ajouter à l'eau un poison
qui est trois fois ou peut-être davantage plus virulent que
l'arsenic.
Je ne serais même pas surpris que l'environ-nementaliste qu'est le
député de D'Arcy-McGee appuie cette loi qui est tout à
fait opposée au principe de son projet de loi no 34.
Quand on parle de pollution, on touche un très grand secteur.
Quand on parle de la qualité de l'environnement, on se rend bien compte
que c'est un problème mondial. Ce n'est pas un problème
régional, municipal; c'est un problème dont tous les citoyens
sont responsables. Ils doivent participer à l'amélioration de cet
environnement.
Donner des pouvoirs accrus à un ministre ne règle
absolument rien dans cette situation. On pourrait ajouter à la pollution
de l'air, de l'eau, du silence, une quantité énorme de genres de
pollution. Celle qui est de plus en plus connue et qui crée des
problèmes de plus en plus importants après la pollution de l'air
et de l'eau, c'est la pollution alimentaire.
Je serais probablement hors d'ordre en y touchant, mais je pense que
dans cette notion que le législateur, que la société
doivent détenir les instruments qui doivent améliorer
l'environnement, il ne faudrait pas oublier la pollution alimentaire. Dans les
temps modernes, on parle même déjà de réduire ou de
remplacer tous les aliments par des produits chimiques et de
préférence concentrés sur une seule tablette.
C'est peut-être là un problème qui semble nouveau.
Il n'est, à mon sens, pas plus nouveau que le problème de
l'environnement ou de la pollution de l'eau ou de l'air.
Il faudra, tôt ou tard, envisager des mesures avant que la
situation devienne trop difficile à corriger.
M. le Président, évidemment, il y a des mesures qui sont
applicables et c'est urgent. On voit des titres d'articles de journaux aussi
forts, aussi durs que, par exemple: L'eau de la province de Québec est
empoisonnée. Il s'agit de regarder pour constater. On dit: La pollution
est devenue le problème moderne. Egalement: La pollution des eaux dans
les Cantons de l'Est. Il faut réagir vite car le problème est
sérieux. On voit des mouvements antipollution qui sont de plus en plus
nombreux. Il n'y a pas de solution toute faite pour un problème d'une
telle envergure. Cependant, il y a des régions qui sont
prioritaires.
M. le Président, en terminant, je répète au
ministre que sa loi, si elle n'est pas accompagnée de mesures
économiques bien pensées, bien définies, fera comme bien
d'autres lois, elle dormira sur des tablettes et n'aura aucun effet sur
l'environnement. Cependant, nous formulons l'espoir qu'avec la volonté
de tous les membres d'une société, avec une loi bien soutenue,
possible d'application, avec des mesures économiques suffisantes il y
aura quand même quelque chose à faire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouville.
M. Marcel Ostiguy
M. OSTIGUY: M. le Président, devant cet important projet de loi
no 34, Loi de la qualité de l'environnement, je me devais en tant que
député d'un comté qui est entouré de trois cours
d'eau, soit les rivières Yamaska, des Hurons et Richelieu, en plus des
trois montagnes, les monts Saint-Hilaire, Yamaska et Rougemont, d'intervenir
pour l'appuyer.
Cette loi comporte différents sujets mais, en ce qui concerne le
comté que j'ai l'honneur de représenter, c'est le problème
de l'eau qui retient mon attention.
Je pense que le ministre de l'Environnement avait commandé, il y
a déjà un an, une étude très sérieuse sur
l'assainissement des eaux de la rivière des Hurons qui se déverse
dans la rivière Richelieu.
M. PAUL: J'invoque le règlement. J'écoute avec beaucoup
d'intérêt mon collègue le député de Rouville
et je me demande en vertu de quelles dispositions il peut qualifier le
député de D'Arcy-McGee de ministre de l'Environnement. Il ne peut
pas présumer que la loi sera adoptée en deuxième lecture
et, par la suite, surtout que l'article 118 de son projet de loi recevra le
consentement même de la majorité de cette Chambre.
M. LE PRESIDENT: Je connais les idées avant-gardistes du
député de Rouville, mais pour le moment il s'agit du
député de D'Arcy-McGee.
M. OSTIGUY: M. le Président, je suis entièrement d'accord
avec mon collègue le député de Maskinongé, mais je
vois dans le député de D'Arcy-McGee un homme qui a fait un
travail énorme dans le domaine de l'environnement, de
l'éducation, et pour reprendre de vos paroles, M. le Président,
comme je suis réellement un homme avant-gardiste, je vois
déjà le docteur Goldbloom comme ministre en titre de la
qualité de l'environnement.
De toute façon, en 1972, chaque municipalité, chaque ville
de notre belle province connaît des problèmes de pollution, soit
de pollution des eaux, ou soit de pollution par les déchets. Et nul,
peut-être, plus que celui qui vous parle en ce moment, ne rencontre de
difficultés puisque déjà depuis six mois un
dépotoir à ciel ouvert a dû être fermé dans le
comté de Rouville. Il a dû être fermé parce que le
propriétaire de ce dépotoir-là ne se conformait pas aux
normes et aux exigences du ministère, c'est-à-dire qu'au lieu de
faire l'enfouissement sanitaire tel qu'il était demandé par les
hauts fonctionnaires du ministère de l'environnement, il y mettait tout
simplement le feu et polluait continuellement des villes telles que
Mont-Saint-Hilaire, Otterburn Park, Beloeil et McMas-terville.
C'est le propriétaire du dépotoir qui, par ces moyens de
non-conformité, s'est vu forcé de fermer, s'est fait enlever le
permis qu'il détenait pour l'exploitation d'un dépotoir. Nous
sommes aujourd'hui devant une situation telle que
nous avons des villes qui doivent débourser des sommes allant
jusqu'à $1,000 par semaine de plus afin de pouvoir se départir de
leurs déchets. Quand je voyais un de nos collègues de
l'Assemblée nationale demander que le projet de loi soit reporté
à six mois, je me disais qu'il ne fallait pas le reporter à six
mois, car nous sommes au moins six ans en retard. Nous devons remercier le
député de D'Arcy-McGee, qui n'a pas eu peur de parcourir la
province de Québec pour dire aux gens ce qu'était le
problème de la pollution et des déchets chez nous.
J'espère que le projet de loi, comme le disait le
député de Dorchester tantôt, aura les dents
nécessaires afin que chaque municipalité, chaque ville et chaque
propriétaire se conforment aux normes et exigences du ministère.
Nous sommes rendus à un stade où personne ne veut avoir les
déchets de personne; ça, c'est rendu grave, en 1972. Il est clair
dans mon esprit que le projet de loi devra certainement subir des amendements,
mais je pense qu'au moins le gouvernement actuel a eu le courage de former ce
ministère de l'Environnement. Le Dr Gold-bloom, par son courage, a su
démontrer à la population qu'il était nécessaire de
collaborer pour que la qualité de l'environnement soit conservée
dans notre belle province. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. LESSARD: M. le Président, vous me permettrez d'intervenir sur
un projet de loi qui me parait l'un des plus importants qu'on ait eu à
discuter à l'Assemblée nationale et auquel, d'ailleurs, nous
donnerons notre appui, même s'il ne nous paraît pas parfait, au
contraire. Le député de Lafontaine et le député de
Bourget ont eu l'occasion de démontrer au ministre les faiblesses du
projet de loi.
Cependant, pour la première fois, nous avons au Québec un
véritable projet de loi qui nous parle au moins de la protection de
l'environnement. Pour moi en tout cas, c'est un pas extrêmement
important. Parce que le moindre petit pas qui peut être fait en ce sens
depuis quelque temps me paraît important. Comme on le disait, hier,
depuis passablement d'années ici au Québec, on parle de
protection de l'environnement, mais on ne s'en est jamais occupé.
Pourquoi? Parce que le Québec a l'avantage d'avoir un territoire
immense, d'avoir un territoire extrêmement vaste et qui ne subit pas les
conséquences de la pollution comme ailleurs.
Chez nous, nous avons la possibilité de parler de la pêche
et de la trappe. Mais, dans d'autres pays, on n'a même pas cette
possibilité, parce que cela n'existe pas. C'est devenu un luxe, pour
d'autres pays, de pouvoir pêcher ou trapper. Chez nous, c'est une chose
qui nous reste encore. C'est une chose, si on veut véritablement s'en
préoccuper, qui peut être un apport économique
extrêmement important. J'ai déjà eu l'occasion de souligner
cela à la commission du tourisme, de la chasse et de la pêche.
Nous vivons dans un pays qui est très vaste et qui a toutes les
ressources nécessaires pour attirer le touriste.
Nous sommes à proximité des Etats-Unis, surtout de l'Est
des Etats-Unis, qui représente 75 millions d'habitants. Bien souvent,
nous nous disons: Le fait que nous soyons 6 millions d'habitants sur notre
territoire est un désavantage. Je dis non. Au contraire, c'est un
avantage extrêmement important. D'ici quelques années, la faune
deviendra chez nous un apport touristique très important.
Malheureusement, on ne s'en préoccupe pas. Dans la plupart des pays il
n'est guère question de protéger la faune terrestre et aquatique,
par exemple, pour favoriser la chasse et la pêche. Ce sont des
activités de luxe. Chez nous, ce sont des activités dont on peut
profiter. Ce sont des activités qui peuvent nous permettre de
développer considérablement le tourisme.
Mais, nous n'en avons pas conscience du tout. Je dis que le
problème de la pollution n'est pas une question de droit. On a dit hier
que le projet de loi no 34 est surtout une codification des différents
projets de loi qu'on avait adoptée au ministère des Richesses
naturelles, au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
et au ministère des Terres et Forêts. Pour moi, ce n'est pas un
reproche. Le problème fondamental je pense que la commission
Legendre a soulevé ce problème est que toutes ces lois
étaient réparties dans différents ministères et
qu'on ne savait jamais qui était responsable de quoi. Là, c'est
un pas de l'avant. On sait qui est responsable et de quoi.
J'espère qu'on va savoir qui va être responsable, par
exemple, des cimetières d'automobiles, qui va être responsable de
la protection des rivières à saumon dans nos territoires. La
question de la pollution, ce n'est pas tant une question économique.
Tôt ou tard il faut en prendre conscience.
En ce qui concerne la question économique, la commission Legendre
a très bien répondu. C'est que si on ne prend pas conscience
qu'on a là un problème cela va nous coûter passablement
cher. On disait, dans le rapport de la commission Legendre: "Toute
hésitation on parle en particulier de l'eau parce que l'eau est,
je pense bien, plus importante que l'air parce qu'on a d'abord pris conscience
de l'eau; l'air est aussi un phénomène très important au
Québec, mais l'eau est devenue un problème très important
aura inévitablement pour effet d'augmenter la note que les
contribuables devront assumer tôt ou tard." Si on ne fait rien, on devra
là, je résume dépenser autant d'argent en ce
qui concerne la protection de l'environnement qu'on en dépense
actuellement pour l'éducation, soit plus d'un milliard de dollars par
année.
Le député de Bagot, cet après-midi, parlait du
budget du ministère de la qualité de l'environnement. Il
était de $12 millions. D'accord, c'est un budget insatisfaisant, c'est
un budget qui ne nous permettra pas de résoudre tous les
problèmes. Mais, cependant, c'est un début, un commencement. Mais
l'important, c'est la volonté. Je doute que le ministre responsable de
la qualité de l'environnement, qui me paraît actuellement le
ministre en titre, qui me paraît avoir véritablement conscience de
ces problèmes, puisse trouver l'audience à l'intérieur du
cabinet pour pouvoir véritablement appliquer une politique
cohérente dans ce domaine. Pourquoi je dis que j'en doute?
Pour ma part, depuis deux ans ou deux ans et demi que j'ai
été élu député et même avant cela, M.
le Président, je suis intervenu à maintes et maintes reprises
pour faire corriger certaines situations concernant en particulier les
cimetières d'automobiles. J'entendais, cet après-midi, le nouveau
ministre adjoint à la Voirie nous parler du problème des
cimetières d'automobiles. Mais il reste que cela fait, quand même,
au moins huit ans que nous avons une loi pour règler ce problème
et qu'on ne l'a jamais règlé. Nous avons encore les
problèmes et nous les vivons, M. le Président, tous les jours,
lorsque nous visitons un peu le Québec.
Pourquoi avons-nous encore ce problème? Parce qu'on ne s'en est
jamais préoccupé. Parce qu'on fait des lois, ici, à
l'Assemblée nationale, pour s'amuser. Parce qu'on fait des lois qu'on
n'applique jamais. On a peut-être une loi, ici, qui est importante, qui
est valable. Ce qui est important, M. le Président, c'est qu'on ait au
moins la force d'appliquer cette loi. Lorsqu'on parle de pollution, lorsqu'on
parle de l'environnement on se bat contre des grandes entreprises, on se bat
contre des grosses compagnies. Il s'agit de parler simplement des compagnies de
pâtes et papier. Or, depuis pas mal d'années, il n'y a jamais eu
un gouvernement qui a décidé véritablement d'appliquer,
dans ce sens, des politiques qui soient valables.
Pourtant, on a adopté des lois, mais on ne les a jamais
appliquées. On n'a jamais fait d'efforts pour appliquer les lois.
J'espère, en tout cas, que le ministre du futur ministère de
l'environnement aura la force de se battre à l'intérieur de son
cabinet pour réaliser simplement ce qui avait déjà
été prévu à l'intérieur d'autres
ministères et qui est dans la loi 34. Parce que la loi 34, c'est vrai
le député de Saint-Maurice le disait est
strictement une loi de codification. Mais est-ce que le ministre aura la force,
la puissance et le courage d'appliquer ces lois?
Je parlais, M. le Président, des cimetières d'automobiles.
Je peux parler, parce que c'est dans mon comté, d'un autre
problème qui me paraît particulièrement important, en ce
qui concerne les rivières à saumon.
M. le Président, on a tout permis aux compagnies de pâtes
et papier du Québec. On leur a tout laissé faire. En particulier,
par exemple je la nomme, M. le Président la CIP, dans mon
comté, à Rivière-Pentecôte, a détruit une
rivière à saumon. Normalement, toute compagnie qui modifie un
barrage doit, au préalable, obtenir un permis du ministère des
Richesses naturelles. Cette compagnie, M. le Président, a tout
simplement fait sauter un barrage. On a dit que c'était par inadvertance
qu'on l'avait fait.
J'ai fourni au ministère des Richesses naturelles et au
ministère des Terres et Forêts deux affidavits à l'effet
que les deux personnes qui avaient fait sauter ce barrage avait reçu
l'ordre, avaient été mandatées par la compagnie. On n'a
absolument rien fait au ministère des Richesses naturelles, et je peux
faire parvenir la correspondance au ministre.
Ainsi, le gouvernement fédéral a dû dépenser
la somme de $100,000 pour creuser la rivière. Une ex-rivière
à saumon. Nous en avons beaucoup au Québec, mais ça
appartient aux autres, ça ne nous appartient pas. Les saumons, chez
nous, ne mordent pas aux lignes des Québécois, ils mordent aux
lignes des anglophones. Ils sont assez anglicisés.
Le gouvernement fédéral a dépensé $100,000
pour creuser cette rivière et actuellement la CIP, à
Pentecôte, laisse la région parce qu'elle ne peut tout simplement
pas sortir son bois. Etant donné qu'on a fait sauter un barrage, le
sable a recouvert le lit de la rivière et même un petit bateau
bien ordinaire n'est même pas capable d'entrer au quai.
Je suis intervenu auprès de différents ministères.
On n'a pas du tout corrigé la situation. Parce que c'était la
CIP. Est-ce que le ministre aura le courage de corriger des situations comme
celles-là? La question de la pollution, ce n'est pas tant une question
de structures. C'est d'abord la volonté de vouloir régler des
problèmes.
J'ai soumis au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche le cas de la compagnie Domtar à Baie-Trinité. On sait
que le saumon est un apport touristique extrêmement important. Mais,
lorsque des compagnies de bois laissent flotter leur bois sur des
rivières, il est appelé à disparaître.
Ce sont des choses que tout le monde connaît. Tous en ont
conscience, mais on ne les a jamais corrigées. On laisse faire ces
grosses compagnies et c'est là qu'est le véritable
problème qui ont le droit de faire n'importe quoi, les compagnies
de pétrole, les compagnies d'industrie forestière ont le droit de
faire n'importe quoi.
M. le Président, je voyais, il y a quelque temps, un
communiqué du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche qui nous annonçait qu'en ce qui concerne la Côte-Nord
on avait investi passablement d'argent pour mettre des salmonidés dans
des rivières à saumon de la Côte-Nord. Cela donne quoi, si
on ne fait rien pour régler le problème? Cela donne quoi, par
exemple, si on n'empêche pas le flottage sur les rivières du
Québec? C'est
bien beau de faire des lois, c'est bien beau de discuter des lois ici
à l'Assemblée nationale;on en avait dans le passé; toutes
les lois qui sont codifiées à l'intérieur du bill 34 sont
des lois que nous avions dans le passé; ce sont toutes des lois qui
auraient pu être appliquées dans le passé mais qu'on n'a
jamais appliquées parce que les gouvernements étaient bien plus
soumis aux grosses entreprises, aux grosses compagnies qu'aux véritables
intérêts du Québec. On n'a pas le choix. Il va falloir
s'occuper de ce problème; il va falloir prendre conscience de ce
problème.
D'autant plus que nous, les Québécois, pouvons faire du
Québec, si nous le voulons, la Suisse de l'Amérique du Nord; on
peut faire en sorte que le Québec soit le paradis des chasseurs et des
pêcheurs; nous pouvons faire en sorte que nous ayons, au point de vue
apport de l'étranger, par exemple, l'une des industries touristiques les
plus importantes en Amérique du Nord. Parce que, M. le Président,
même au point de vue touristique, on n'a rien fait depuis pas mal
d'années. Cette année, on constate que $1 milliard nous provient
du tourisme. La rivière Matane, par exemple, a apporté dans cette
région, en 1965, $300,000; c'est une rivière à saumon;
c'est une rivière libérée, une rivière qui
appartient au public; c'est une rivière où tout le monde peut
pêcher. Malheureusement, on n'a que quelques rivières comme
ça au Québec, les autres appartiennent aux autres, appartiennent
aux Américains, appartiennent à certaines personnes qui financent
les différents partis politiques. Mais, ça peut quand même
être chez nous l'un des attraits touristiques extrêmement
importants.
Si on laisse corrompre ces rivières, si on ne fait rien, en
particulier dans certaines régions comme la basse Côte-Nord, comme
la Côte-Nord chez nous, dans la Gaspésie, on peut
développer véritablement notre industrie touristique à
partir de ça. Mais, M. le Président, on n'a absolument rien fait
dans le passé. On laisse ces rivières aux grandes entreprises,
aux industries de bois, aux industries de papier qui corrompent tout simplement
les rivières et qui font ce qu'elles veulent.
M. le Président, c'est bien beau de présenter un projet de
loi comme le bill 34. C'est bien beau de soumettre ça à
l'Assemblée nationale. Depuis deux ans, M. le Président, on a eu
quelques beaux projets de loi à l'Assemblée nationale. On a eu le
projet de loi 276, par exemple, mais ça n'a pas donné
grand-chose. On a gueulé, on a parlé pendant passablement de
temps pour discuter de cette affaire, mais, en réalité, ça
ne donne absolument rien. Là, on parle du bill 34, depuis passablement
d'heures, mais ça va donner quoi, M. le Président, sinon une
codification des différentes lois qu'on avait à
l'intérieur de différents ministères et qui sont là
dans le bill 34? L'important, ce n'est pas ça. L'important, c'est le
désir, la volonté de pouvoir corriger certaines situations. La
volonté de s'attaquer, par exemple, aux compagnies forestières et
de leur dire: C'est bien de valeur, mais vous avez créé des
situations telles que vous avez gaspillé, au Québec, des
ressources économiques fort importantes. En retour, vous allez
être obligées de rembourser le ministère, vous allez
être obligées de rembourser le gouvernement. Jusqu'ici, on n'a
rien fait.
Quand je suis intervenu concernant la rivière Pentecôte, on
m'a répondu qu'on ne pouvait rien faire. Le gouvernement a dit que ce
n'était pas lui qui avait le contrôle des rivières,
c'est-à-dire du lit de la rivière, puis que ce n'était pas
la faute de la compagnie, si on avait gaspillé comme ça une
rivière. On n'avait pas fait enquête plus que ça. Moi, j'ai
fait enquête. Moi, je suis allé véritablement auprès
des personnes qui avaient été en partie responsables de ce
problème, et elles m'ont dit véritablement ce qui s'était
passé.
Est-ce que le ministère va faire ce que les autres
ministères ont fait? Est-ce que le ministère de l'environnement,
par exemple, va continuer de nous dire qu'on ne peut rien faire en ce qui
concerne l'environnement, parce qu'il faut créer des emplois dans la
Basse Côte-Nord et qu'il faut donner $40 millions, par exemple, à
ITT Rayonier pour vider la forêt, pour couper le bois dans cette
région, alors qu'il y a d'autres ressources possibles à
développer dans cette région?
Si on avait donné $40 millions dans la région de la
Côte-Nord pour développer le tourisme, je pense qu'on aurait
créé pas mal plus que 1,200 emplois qui sont strictement des
emplois secondaires, des emplois de petits porteurs d'eau. D'accord, je parle
d'un problème peut-être en dehors de ça, mais qui touche
à ça, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Non, le signe que je vous ai fait, ce n'était
pas pour vous ramener à l'ordre, parce que vous l'avez reconnu
vous-même; c'est que votre droit de parole était
expiré.
M. BURNS: Pas de niaisage! Tout le monde l'a dépassé.
M. LESSARD: M. le Président, vous connaissez mes conclusions;
parfois, elles sont très longues. Je termine donc en disant que...
M. LE PRESIDENT: Je connais surtout le respect que vous avez du
règlement.
M. LESSARD: ... c'est un problème complexe. C'est vrai que la
pollution, c'est un problème complexe. C'est vrai qu'on ne peut pas le
régler par un simple projet de loi. C'est vrai que, du jour au
lendemain, on ne peut pas le régler. En fait, le ministre fait un pas.
C'est un problème extrêmement complexe dans le sens que ça
met, en tout cas en relation non seulement un, mais plusieurs
ministères, le
ministère du Tourisme, le ministère des Terres et
Forêts le ministère des Richesses naturelles.
Cela met surtout en relation certains choix économiques. Est-ce
qu'on doit, par exemple, dans certaines régions, créer de
l'emploi ou protéger, comme le cas actuellement se pose, le parc
Jacques-Cartier? Alors, c'est une question d'équilibre entre des
problèmes sociaux et des problèmes économiques. Ce n'est
pas possible de trouver cet équilibre.
Si on présente une loi comme celle-là, c'est justement
parce qu'on a créé un certain déséquilibre au
Québec. Cependant, la chose la plus importante que je demande au
ministre...
M. LEVESQUE : A l'ordre ! A l'ordre !
M. LESSARD: ... ou au supposé ministre de l'environnement, c'est
de ce tenir debout.
M. LEVESQUE: Est-ce terminé, M. le Président?
M. LESSARD: De se tenir debout devant les compagnies forestières,
de se tenir debout devant des compagnies comme Quebec Cartier Mining, par
exemple, qui polluent la Côte-Nord actuellement le ministre a
visité la région de se tenir debout devant toute autre
compagnie pour respecter les principes qui sont à l'intérieur de
son projet de loi. C'est la première qualité que le ministre doit
avoir et c'est une qualité qu'on n'a pas connue dans le passé,
qu'on n'a pas vécue dans le passé.
Tous les ministres qui avaient des projets de loi, en tout cas certains
projets de loi dans leur ministère, ne l'ont jamais fait en ce qui
concerne le ministère de la Voirie et le ministère des Richesses
naturelles. Est-ce que le ministre pourra au moins appliquer ce qu'il y a
là-dedans? C'est ce que je lui demande et j'espère qu'il le
fera.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. BURNS: Vous commencez à neuf heures huit minutes.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... je ne suivrai pas le député
de Saguenay dans la charge qu'il a faite contre les entreprises qui font vivre
les citoyens de son comté. S'il est vrai qu'il y a des reproches
à adresser aux compagnies papetières de même qu'à
l'ensemble d'un grand nombre d'industries, il est vrai également que ces
industries ont pris conscience du problème et, à l'heure
actuelle, en collaboration avec les gouvernements, s'efforcent d'apporter des
remèdes aux maux qu'elles ont elles-mêmes provoqués.
Que cela se fasse avec lenteur, c'est exact, mais il me parait que la
loi que présente le ministre d'Etat responsable de la qualité de
l'environnement est de nature à accélérer le processus qui
permettra d'apporter des remèdes efficaces à ces problèmes
cruciaux qui gênent la vie individuelle et collective du
Québec.
J'entendais tout à l'heure le député de Saguenay
nous parler du tourisme et nous dire, à ce propos, que la plupart des
rivières et des lacs du Québec étaient la
propriété de sociétés américaines ou
d'individus anglophones. Le député de Saguenay devrait poursuivre
ou mener une petite enquête. Il se rendrait compte que bon nombre de ces
rivières et de ces lacs constituent des territoires de chasse qui sont
occupés par des professionnels, avocats, médecins, comptables,
etc., qui, par snobisme, financent la caisse électorale du Parti
québécois.
Ceci étant dit, M. le Président, j'aimerais vous faire
observer que si je ne suis pas d'accord avec le ministre d'Etat responsable de
la qualité de l'environnement, le député de D'Arcy-McGee,
ce n'est pas que je ne conçoive pas l'utilité de la loi qu'il
présente, de la nécessité de combattre la pollution par
tous les moyens dont le gouvernement dispose. Si je n'ai pas l'intention de
voter, en seconde lecture, pour ce projet de loi, c'est qu'il me parait que le
projet de loi du ministre situe le problème dans une optique
tronquée parce qu'au fait, le projet de loi 34 a un titre qui est en
porte-à-faux. Il s'intitule "Loi de la qualité de
l'environnement". Or, le libellé du projet de loi indique, de
façon très nette, qu'il s'agit de la codification d'un ensemble
de mesures qui se trouvent déjà dans des lois du gouvernement du
Québec et qui, une fois réunies et soumises à l'attention
du ministre qui deviendra responsable de l'application de ces lois, permettront
d'appliquer des mesures qui, dispersées comme elles le sont à
l'heure actuelle, n'ont pu être efficaces.
Il s'agit donc de la réunion d'un ensemble de mesures. C'est ce
qui donne d'ailleurs à la loi ce caractère que j'appellerai
répressif ou négatif, qui ne touche pas du tout, à mon
sens, au fond du problème, mais n'aborde que par le biais le
problème général de l'écologie. Le ministre en
conviendra avec moi.
C'est justement ce terme écologie qu'il faudra examiner pour bien
comprendre pourquoi le projet de loi ne s'attaque pas au problème de
l'écologie. Le mot écologie, étymologiquement, vient de
deux termes grecs: "oikos", qui veut dire maison ou habitat et "logos", qui
veut dire science. Il s'agit de cette partie de la biologie qui traite de la
vie des êtres vivants dans leur milieu naturel. Cette motion étant
acquise elle devrait d'ailleurs servir de base et de principe au projet
de loi que présente le ministre cela nous amène à
parler du grand problème de l'environnement, puisque l'environnement,
c'est l'habitat, c'est le milieu naturel dans lequel évoluent les
êtres vivants aux termes mêmes de la notion d'écologie.
Cet environnement, pour être bref, parce que je n'ai pas le temps
d'entrer dans le détail, on peut le diviser en trois parties. Il y a
d'abord un environnement physique. Il y a un environnement social et il y a un
environnement culturel. J'emploie ici le mot culturel au sens anthropologique
du terme et non pas au sens esthétique ou académique du
terme.
Qu'en est-il de l'environnement physique? Il s'agit évidemment du
milieu physique, de l'air, de l'espace, de l'eau, de la flore, de la faune,
etc. C'est de cet aspect que traite précisément le projet de loi
no 34, puisque le ministre se propose, par ce projet de loi, via la
règlementation du lieutenant-gouverneur, de protéger le milieu
physique contre tous les agents polluants. Le milieu physique n'est donc que
l'un des aspects du grand problème général de
l'environnement.
Je suis donc d'accord avec le ministre qui veut rapailler si je
puis employer ce vieux terme québécois les diverses lois
déjà codifiées pour donner à un ministre la
responsabilité de leur application. Le ministre comprendra avec moi que,
ce faisant, il ne touche qu'à un aspect du problème
général de l'écologie et du problème de
l'environnement qui en découle, soit la pollution de l'air, de l'eau, de
l'espace et tout ce qui menace la flore et la faune. C'est le milieu physique
et ce n'est qu'un aspect de ce milieu général, cet habitat
naturel qui s'appelle l'environnement.
Qu'en est-il du milieu social? La loi du ministre d'Etat responsable de
la qualité de l'environnement ne touche que très très peu
à cet aspect du problème général de
l'environnement.
Il ne se trouve rien dans sa loi qui concerne l'urbanisme,
c'est-à-dire la façon de construire les maisons, la façon
de les grouper, la façon de créer des milieux de vie qui soient
favorables au développement individuel et collectif. Si l'on voulait
donner une définition de l'environnement autre que celle qu'a
donnée l'autre jour le député de Montmagny, on pourrait le
faire au sens juridique et en termes de responsabilité du gouvernement:
l'aménagement et la protection d'un milieu ambiant qui favorise la vie
individuelle et collective.
Or, le projet de loi no 34 ne traite pas de cet aspect du milieu social.
La preuve: les silences ou l'inexistence totale de prescriptions concernant
l'urbanisme. Nous vivons dans un monde où se créent, à
l'heure actuelle, de grandes concentrations humaines. On amasse dans des
villes, sur des aires quand même physiquement très
limitées, des masses énormes d'individus sans pour autant prendre
des mesures qui permettraient à ces gens de vivre avec confort, avec
aise et de se retrouver dans un milieu ambiant qui favorise à la fois
leur développement physique, leur développement social et leur
développement intellectuel.
De tout ce problème, le projet de loi no 34 ne parle pas si ce
n'est que par le biais des cimetières d'automobiles, des déchets,
des ordu- res, etc. Cela est un aspect tellement évident qu'on serait
étonné qu'un gouvernement ne s'en occupe pas, d'autant plus que
les municipalités ont déjà, du reste, cette
responsabilité.
Mais j'aurais voulu que le ministre nous présentât une
véritable loi-cadre de l'environnement, une loi qui eût pu
s'intituler loi portant création d'un ministère de
l'écologie...
M. PAUL: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ou de l'environnement. Il n'était
pas nécessaire pour cela que le ministre nous présentât un
projet de loi extrêmement complexe mais qu'il situât le
problème général de l'écologie dans le cadre d'une
loi, quitte, par la suite, à adopter, par des lois ultérieures,
les éléments qui seraient venus, si vous voulez, habiter, si je
puis employer cette expression, ce cadre juridique qu'il aurait proposé
à la Chambre.
Le ministre a, à mon sens s'il me permet l'expression
manqué le bateau. Il a morcellé le problème. Il a
pris une partie du problème, qui traite du milieu physique, sans
s'occuper du milieu social. Qu'en est-il encore d'un autre milieu qui fait
partie de l'environnement. C'est celui qu'on appelle le milieu culturel, au
sens, je le répète pour qu'il n'y ait pas de confusion ou
d'équivoque, anthropologique du terme, pour se développer
normalement, non pas physiquement mais sur le plan intellectuel pour
acquérir les vertus du citoyen j'emploie le mot "vertu" dans son
sens étymologique le plus fort . Il est nécessaire que le
citoyen se trouve dans un milieu ambiant qui favorise son plein
épanouissement intellectuel. Cela ne veut pas dire simplement
fréquenter des écoles, aller aux concerts ou aux spectacles. Cela
veut dire que le milieu physique, que le milieu social, que tout ce qui
constitue l'environnement, dans son vrai sens du terme, permettent à un
individu de se réaliser comme être humain, d'atteindre cette
perfection humaine qui est l'idéal de tout être humain et qui est
une des règles de base d'une société politiquement
organisée qui, elle, a la responsabilité de favoriser
l'épanouissement complet de la personnalité des individus.
Dans cette optique, M. le Président, le ministre aurait pu nous
demander d'examiner, par exemple, toute la question de l'esthétique des
lieux physiques, la préservation des paysages, la préservation
des sites, rivières, lacs, etc., tout ce qui s'appelle "eau". Le
ministre aurait pu nous parler, dans cette optique également, il aurait
dû traiter dans son projet de loi, du problème de
l'esthétique du bâtiment.
Songez simplement et, là, les deux aspects se recoupent:
l'aspect social et l'aspect que j'appelle intellectuel à ces
immenses maisons de rapport, ce qu'on appelle des HLM, des maisons
d'appartements, où l'on oblige des gens à vivre
littéralement en cage. Même s'il s'agit de cages dorées,
à $700 ou $800 par mois, ce sont quand même des cages. Ce n'est
pas un moyen,
dans un pays aussi vaste que le nôtre, de permettre
l'épanouissement de la personnalité, d'autant plus que cela
provoque un phénomène de concentration dans des lieux où
la population est déjà massivement amassée.
Prenez la région de Montréal, prenez la région de
Québec. Déjà, à l'heure actuelle, il se produit un
phénomène de succion qui amène les habitants des
régions dites provinciales ou des diverses régions
économiques du Québec dans les grands centres. Il y a,
évidemment, sous-jacent à ce problème, toute une
série de problèmes économiques dont je ne peux pas traiter
dans le cadre de ce débat. Mais, M. le Président, revenant
à ce que j'appelle le milieu culturel, il me paraissait
nécessaire, naturel, normal et essentiel que le ministre,
présentant un projet de loi qui se veut une loi-cadre si l'on tient
compte du titre dont il l'a coiffé, nous présentât
l'ensemble du problème et nous invitât, par la suite, à
légiférer sur chacun des aspects que je viens de mentionner.
En effet, la dimension de l'environnement qui apparaît dans le
projet de loi est, à mon sens, beaucoup trop restreinte. Je sais
très bien que le ministre a lui-même une vue de l'environnement
qui est beaucoup plus large que cela, qui embrasse davantage les trois
réalités dont je parlais, soit la réalité physique,
la réalité sociale et la réalité culturelle. Mais,
pressé par son gouvernement ou désireux, comme la plupart de ses
collègues ministres, de nous présenter et de nous faire adopter
un projet de loi pour l'inscrire dans un catalogue de lois, il a
préféré la solution la plus facile. Il a
préféré le raccourci. Au lieu de nous présenter une
grande loi-cadre sur l'environnement, il nous présente simplement une
loi dont l'objectif je ne parle pas de principe, parce qu'il n'y a pas
de principe dans cette loi est tout simplement d'amasser les diverses
lois qui se trouvent déjà dans nos recueils et de donner la
responsabilité de l'application de ces lois à un ministre
assisté d'un conseil, comme cela est déterminé aux termes
du projet de loi que nous étudions ce soir.
Ainsi, M. le Président, je crois que le ministre a
été je ne veux pas, naturellement, lui prêter
d'intentions frustré et qu'il doit se sentir frustré,
parce que je sais que le projet de loi qu'il nous présente ne correspond
pas du tout à l'idée qu'il a, lui, de l'environnement et à
l'idée qu'il s'était faite d'une législation qui aurait
correspondu à l'ensemble des études qu'il nous a dit avoir
faites, à l'ensemble des enquêtes qu'il nous a dit avoir
menées à travers le Québec et des consultations qu'il a
poursuivies à travers le Québec.
En effet, si on examine les différents rapports qui nous ont
été soumis par diverses commissions, si on lit les articles des
magazines, des journaux et les études scientifiques faites sur le
problème de l'environnement, on se rend très bien compte que tous
les gouvernements qui veulent légiférer en cette matière
particuliè- rement importante de l'environnement commencent par
présenter un projet de loi-cadre auquel viennent se greffer,
progressivement, des mesures pratiques s'appliquant à tel ou tel
domaine.
M. le Président, je ne voudrais en aucune façon être
désagréable à l'endroit d'un ministre dont toute
l'Opposition a vanté les mérites, ou à tout le moins
l'esprit de travail.
M. PAUL: Ce qui est rare...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais si le ministre allait être
appelé au cabinet comme responsable de l'application de la loi qu'il
nous présente ce soir, à sa place je refuserais. Parce
qu'automatiquement il ne deviendra pas le ministre de l'environnement, il
deviendrait, avec tout le respect que j'ai pour le ministre je suis
désolé d'employer ce mot le ministre des vidanges, mais
pas le ministre de l'environnement.
Or, je sais que le ministre a d'autres ambitions il a le droit
d'en avoir et qu'il veut véritablement être responsable de
l'aménagement et de la protection d'un milieu ambiant qui favorise le
plein épanouissement des individus et de la collectivité. C'est
ça, l'ambition du ministre, son objectif.
UNE VOIX: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, j'ai commencé au quart,
n'allons pas trop vite.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi a encore trois
minutes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. le Président.
Je dis donc que le projet de loi comporte un aspect positif qui est
celui, au fait, d'éliminer les agents polluants, sous toutes sortes de
formes. Retenons cet aspect positif.
Mais qu'on n'aille pas appeler ce projet de loi: Loi de la
qualité de l'environnement, parce qu'il n'est pas question
d'environnement du tout et que la notion d'environnement n'est pas du tout
comprise dans le projet de loi que nous étudions.
Pour ces raisons, en dépit de la sympathie et de l'estime que
j'ai pour le ministre responsable de la qualité de l'environnement, et
précisément parce qu'on le veut ministre responsable de la
qualité de l'environnement, du moins du côté du
gouvernement il semble que ce soit ça je ne voudrais pas
appuyer un projet de loi comme celui-là qui le consacrerait ministre des
vidanges. Parce que c'est tout ce que le gouverneur va avoir à faire,
comme l'a expliqué mon collègue de Maskinongé;
préparer une règlementation afin de déterminer la nature
des vidanges, ce qu'on va en faire, de quelle façon on va s'en
débarrasser, où on va les mettre, et patati et patata.
Ce n'est quand même pas la responsabilité d'un ministre de
s'occuper de cela. Je sais que le ministre veut, comme moi, travailler à
cet épanouissement de l'homme dans un milieu physique, social, dans un
milieu culturel qui convienne à l'homme moderne du Québec. C'est
pour cette raison que je ne voudrais pas que le ministre nous oblige à
lui décerner un titre qu'il ne mérite pas.
En dépit de certains aspects positifs, on a parlé de la
lutte contre la pollution, tout ça c'est admis, c'est acquis, c'est
vendu. On va s'en occuper et le ministre n'a qu'à appliquer ce qu'il y a
déjà dans nos lois et tout sera réglé pour cette
partie du problème. En dépit de cet aspect positif, parce que le
projet de loi est incomplet, j'estime, en toute conscience, que je ne peux pas
donner mon approbation en deuxième lecture à un projet de loi qui
n'est pas du tout un projet de loi qui porte sur la qualité de
l'environnement, et qui me demande simplement d'autoriser le gouvernement
à disposer à sa façon des ordures.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. Guy Joron
M. JORON: Fort brièvement, je souscris aux efforts louables que
fait le ministre responsable de la qualité de l'environnement pour
tenter de cerner et de vaincre ce problème qui est la plaie de nos
sociétés modernes et de nos sociétés industrielles.
Mais je vous avoue que je n'ai pas tellement confiance que la loi que nous
allons peut-être adopter bientôt va permettre véritablement
de protéger l'environnement et d'endiguer cette pollution, pour les
raisons suivantes.
C'est que je fais un parallèle entre les premières mesures
ou les premiers moyens que les hommes se sont donnés pour lutter par
exemple, contre la criminalité.
La première chose qui leur est venue à l'esprit, fut de
faire des lois pénales, de punir, de pénaliser les fauteurs. Et
c'est essentiellement ce que la loi de la qualité de l'environnement va
permettre au ministre de faire: contrôler, punir et enfin sévir
contre les polluants. Les lois pénales il faut quand même se le
rappeler, M. le Président, n'ont pas réussi dans l'histoire de
l'humanité à endiguer la criminalité.
Il est apparu plus récemment une science plus moderne, celle de
la criminologie, qui veut aller aux racines du mal et non pas attaquer le mal
par ses effets extérieurs en prévoyant des peines et des
sanctions pour les fauteurs. Mais elle veut se rendre jusqu'à la racine
pour enrayer le mal lui-même. La loi actuelle est peut-être
nécessaire, je pense, mais il faut bien se rendre compte que, dans ce
domaine de la lutte contre la pollution, nous en sommes à nos premiers
balbutiements. Nous sommes loin encore, et très loin, de nous attaquer
à ce que j'appelle la racine du mal. La racine du mal, c'est quoi?
Qu'est-ce qui a fait que l'humanité, tout à coup, est prise et
mise en face d'un problème de pollution? C'est essentiellement
l'exploitation que les hommes, surtout depuis le début de la
révolution industrielle, se sont mis à faire des ressources de la
terre. Là est apparu un problème de pollution.
Il faut aller, si on veut véritablement atteindre la racine,
passablement plus loin que les mesures policières que l'on vise à
se donner à travers le bill 34. Tant qu'on n'aura pas cerné,
qu'on n'aura pas contrôlé le problème de l'utilisation que
les hommes font de leurs ressources physiques, je pense qu'on ne
réussira pas véritablement à contrecarrer la pollution
dont nous souffrons.
Je veux dire par là que tant qu'il n'y aura pas une espèce
de révolution culturelle, jusqu'à un certain point, qui nous
permettra de savoir pourquoi on exploite les ressources de la façon
qu'on le fait, pourquoi...
M. BURNS: M. le Président, je m'excuse auprès de mon
collègue de Gouin, mais je pense que nous n'avons pas quorum.
Il faudrait peut-être faire sortir les députés
libéraux des différents endroits où ils se trouvent
actuellement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je compte.
L'honorable député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, je pense que l'agent polluant le plus
important dans notre société et dans notre monde est dans la
tête de chacun d'entre nous. Il est dans nos valeurs culturelles; il est
dans les choses que nous désirons. Nous désirons, par exemple,
plus de voitures, de plus en plus longues, de plus en plus chromées.
Nous désirons plus de bebelles, une deuxième motoneige, un
troisième télécouleur et toutes ces choses. La croissance
nous est inculquée comme valeur. Dans un moment, nous essayerons de
cerner par qui ces valeurs nous sont inculquées et là
peut-être que nous trouverons les véritables agents polluants dans
la société. Cette croissance entretenue fait qu'on exploite de
façon déraisonnée des ressources de la terre, qu'on les
exploite souvent pour un rien, qu'on en abuse et qu'on accumule
forcément des sous-produits de cette production, des déchets,
ainsi de suite.
Tous les problèmes que ça cause, c'est là qu'est
l'origine du problème de la pollution auquel on fait face. Puis je pense
qu'il serait intéressant de se demander ce qui nous les a foutues dans
la tête, ces valeurs, dans la tête de chacun des citoyens, dans la
tête de tout le monde, dans la tête de la population qui a
créé cette demande pour une croissance de bebelles, très
souvent croissance pour la croissance et non pas pour la qualité, et qui
nous place aujourd'hui devant les problèmes que l'on sait à
l'égard de la pollution.
Je pense qu'il faut se demander, autour de cette question-là,
quel contrôle les citoyens, quel contrôle la population a eu, quel
mot elle a eu à dire dans la détermination des choses que nous
allons produire, en quelle quantité nous allons les faire, pour servir
à quelles fins et ainsi de suite.
Il n'y a pas moyen de dissocier ça du régime
économique dans lequel on vit. L'une des raisons peut-être pour
lesquelles on a à faire face à un tel problème de
pollution aujourd'hui, c'est que ce n'est pas la majeure partie de la
population, de l'humanité qui a déterminé ce qui allait
être produit, en quelle quantité, puis pour quelles fins. De la
façon dont fonctionne notre système économique et plus
précisément les problèmes reliés à ceux qui
contrôlent et qui ont le pouvoir de décision dans notre
société, dans notre régime économique, l'on peut
peut-être remonter à l'origine du problème de la pollution
auquel on a à faire face.
On sait d'ailleurs que ce ne sont pas particulièrement ou surtout
les individus qui sont des agents polluants. Ce sont les entreprises
industrielles. Or l'industrie aujourd'hui, on le sait tous, en majeure partie
est dominée par un nombre assez restreint de grandes entreprises. Cela
on le sait, on les a maintes fois identifiées, là sont les
principaux agents polluants. On a tort, remarquez, de parler des entreprises
comme l'a fait tout à l'heure le député de Chicoutimi en
nous disant, commentant l'intervention qu'avait faite avant lui le
député de Saguenay, qu'il avait tort de s'en prendre aux grandes
entreprises de son comté qui font vivre les citoyens.
Cela, c'est justement le genre de cliché archaïque,
chéri et entretenu par ceux qui ont peu de connaissances en
matière économique ou par ceux qui, en fait, sont les victimes,
sont les aliénés de tant d'années, justement, d'ignorance
dans ce domaine. Ce ne sont pas les entreprises qui font vivre les citoyens
je vous le soumets et je pense bien que vous le savez vous-même
ce sont plutôt les citoyens qui font vivre les entreprises, parce
que s'il n'y avait pas de consommateurs, il n'y aurait jamais eu d'entreprises.
Mais le problème, c'est que les consommateurs n'ont jamais pu
contrôler les entreprises. La théorie libérale, si vous
voulez, ou la théorie économique du siècle dernier a voulu
que les consommateurs exercent un contrôle sur le choix des entreprises
par le jeu du marché.
En d'autres mots, les consommateurs qui n'auraient pas voulu de tels
produits auraient fait que telle entreprise disparaisse, et ainsi de suite, le
jeu de la libre concurrence. Mais on sait aujourd'hui, par le contrôle de
la publicité, par le nombre de plus en plus restreint de grandes
entreprises, que tel n'est plus le cas, que la population en
général et que les consommateurs ont perdu le contrôle des
entreprises.
M. LEVESQUE: Vous êtes hors du sujet, mais ça ne fait rien,
M. le Président,...
M. JORON: Je ne suis pas hors du sujet du tout. J'essaie de vous faire
comprendre que l'origine du problème de la pollution...
M. LEVESQUE: Le député de Maisonneuve est suspendu
à vos lèvres.
M. JORON: ... J'essaie de faire comprendre, entre autres et je
vois que je n'y suis pas parvenu, c'est peut-être parce que je suis peu
éloquent, pas assez précis, pas assez clair, enfin je tenterai
à nouveau au député de Bonaventure que l'origine du
problème de la pollution tient à notre système
économique, et la façon dont il fonctionne tient aux
mécanismes de contrôle et aux mécanismes de décision
à l'intérieur de ces systèmes économiques. Et tant
qu'on ne voudra pas parler de ce problème, on parlera de la pollution,
comme on a parlé autrefois, il y a des siècles et des
siècles, les premières fois qu'on a eu à y faire face, je
le disais au début, des problèmes de la criminalité par
exemple. La première chose qu'on a pensé à faire c'est des
lois pénales; ça n'a rien dérangé. Cela n'a pas
endigué la criminalité. De la même façon, tant qu'on
ne fera pas l'équivalent, tant qu'on ne fera pas comme le fait la
criminologie, une science plus moderne, qui se penche sur les racines, sur
l'origine du mal.
Tant qu'on n'aura pas fait la même chose dans ce domaine, on
parlera probablement pour rien. On adoptera une loi, à laquelle je vais
souscrire, mais qui, je pense, n'endiguera pas le problème.
M. le Président, je ne prendrai pas davantage de temps. Je vais
simplement faire une invitation au ministre vu que ces autres sujets sont
parfois, peut-être, débattus au conseil des ministres où
siège le député de D'Arcy-McGee. Donc, quand ces
problèmes seront abordés, qu'il ait, à ce
moment-là, la même vigilance ou qu'il soit aussi
intéressé à tenter de cerner le problème de la
pollution par ce biais. C'est peut-être vraiment le fond du
problème ou la véritable façon de l'aborder.
En résumé, je pense que, tant que les citoyens en
général ne pourront pas eux-mêmes décider de
l'exploitation qui est faite de nos ressources, de leur utilisation et des fins
auxquelles cette exploitation doit servir, on aura toujours ce problème
de la pollution. Le mieux qu'on pourra faire, comme la loi 34 nous le propose,
sera de tenter de le cerner par des lois policières. Le fond du
problème restera toujours là tant qu'on n'aura pas abordé
cette question fondamentale de savoir qui, dans notre société, va
décider de la croissance, de ce qui sera produit et de l'utilisation
qu'on va faire de nos ressources. Tant qu'on n'aura pas le contrôle
là-dessus, les centres de décision seront particulièrement
les grandes entreprises privées dont la fin principale, je ne le
conteste pas, n'est pas de se soucier de la protection de l'environnement, des
problèmes sociaux et de toutes ces questions-là. Puisque ce
n'est, en définitive, qu'une structure de mise ensemble
de capitaux, il reste que la préoccupation principale de la
grande entreprise, c'est d'atteindre un certain rendement.
Les à-côtés, les retombées ou les
conséquences des activités de nos entreprises industrielles
cela vaut autant pour les entreprises publiques que pour les entreprises
privées resteront les mêmes tant qu'on n'aura pas
vidé ou réglé le problème premier de savoir la
raison pour laquelle notre économie fonctionne, quelles devraient
être ses fins, etc. On aura toujours un problème de pollution
parce que finalement ce problème est lié directement à la
notion que l'on a de la croissance économique en
général.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Berthier.
M. Guy Gauthier
M.GAUTHIER: En commençant mon allocution, M. le Président,
je serais tenté de vous faire un aveu. Si je n'avais peur que vous me
conseilliez d'aller confier mon cas au député de Bourget, je vous
avouerais que je me sens un peu complexé d'avoir à prendre la
parole après ceux qui ont eu à le faire avant moi, surtout
après avoir entendu de brillantes allocutions.
M. PAUL: Pas Rouville.
M. GAUTHIER: Je n'ai pas nommé Rouville et je ne voudrais pas en
nommer d'autres en particulier. Je serait tenté, dis-je, de vous dire,
au risque d'encourir les applaudissements des membres du parti
ministériel, que j'appuie d'une façon particulière les
allocutions des députés de Saint-Maurice, de Chicoutimi, de Bagot
et d'autres, puis de me rasseoir tout simplement. La Chambre sera
peut-être plus indulgente à mon endroit si elle se rappelle que je
ne suis probablement pas le plus bavard dans cette enceinte. Il est, toutefois,
de mon devoir d'exprimer mon opinion sur le bill 34. Me rappelant d'une
façon particulière que, le 31 octobre dernier, le ministre,
parlant en deuxième lecture sur ce fameux bill 34, nous rappelait qu'il
avait assisté, un juin dernier à New York, aux Nations Unies,
à une conférence sur le sujet qui nous intéresse.
Il nous rapportait, en terminant son allocution, les propos d'une dame
Barbara Ward, qui disait, à peu de choses près: Nous avons la
chance de pouvoir participer au démarrage du travail, à la prise
collective de conscience au début de la protection de l'environnement.
Nous protégeons ainsi non seulement la qualité de la vie humaine,
mais nous protégeons la vie elle-même.
Je pense bien que c'est évident, que le ministre nous convie
à cette tâche. Je tiens à l'assurer, pour ma part que tout
le monde l'appuie.
Je fais miennes aussi les paroles du député de
Maisonneuve. Je ne voudrais pas que le ministre pense, pas plus lui qu'un
autre, qu'on doit ou non appuyer le bill qu'il présente parce qu'il a
une binette qui nous plaît ou non. C'est dans ce sens que l'honorable
ministre voudra bien prendre mes propos en bonne considération, sans
atteinte particulière à sa personnalité.
C'est évident que dans le domaine de la pollution chacun
prêche la vertu et presque chacun, pour ne pas dire la grande
majorité, pratique le vice. Pour ma part, dans la municipalité
où je demeure, je fais comme les autres. Je prêche la vertu et je
pratique le vice. Comme le ministre l'a admis, il ne faudrait pas croire tout
de même qu'avec le bill no 34 tout est à faire et que rien n'a
été fait jusqu'ici.
Le député de Saint-Maurice mentionnait une litanie de
mesures qui existent dans nos lois et plusieurs membres de l'Opposition sont
même d'accord pour reconnaître que le bill no 34 est
peut-être un ramassis de toutes ces lois qu'on peut retrouver ailleurs.
On veut peut-être les codifier. Mais ce qui m'inquiète le plus,
c'est qu'à l'heure actuelle plusieurs municipalités, surtout la
Communauté urbaine de Montréal, la Communauté urbaine de
Québec, ont déjà des règlements concernant la
protection de l'environnement, que ce soit l'assainissement de l'air, l'eau, le
traitement des eaux usées. J'ai l'impression que, si le ministre voyait
son bill no 34 adopté tel que, ces municipalités qui ont
déjà fait des efforts dans ce sens pourraient peut-être
s'en remettre au gouvernement et se désintéresser du travail
qu'elles ont déjà accompli.
S'il y a une inquiétude au niveau des municipalités, il y
en a aussi une au niveau des entreprises. Encore là, le ministre l'admet
lui-même, les entreprises n'ont peut-être pas fait, dans le
passé, le travail qu'elles auraient dû faire dans ce sens, mais
elles ont montré de la bonne volonté. Je comprends que l'enfer
est pavé de bonnes intentions, mais il reste que certaines industries
ont fait un travail valable. Je pourrais mentionner entre autres les
carrières, les usines de ciment et d'autres industries qui ne me
viennent pas à l'esprit. Mais il reste que, dans le domaine industriel,
dans le milieu des affaires l'inquiétude est grande. Parce que, comme je
le disais au début, si chacun est d'accord pour combattre la pollution,
chacun se demande aussi ce que cela pourrait coûter.
Chez les particuliers, l'inquiétude est non moins grande. Je suis
un de ces particuliers qui semblent inquiets dans ce domaine. Je prends
connaissance ici d'une conférence qui a été
prononcée à la Chambre de commerce de la province de
Québec en novembre 1971 par M. Jean-Paul Bourdeau,
vice-président, section des opérations, à la
société Surveyer, Nenniger et Chênevert. Cette
conférence était intitulée: Lutte à la pollution,
objectifs, coûts et bénéfices. Entre autres choses, je
retiens, concernant le coût, une déclaration de M. Bourdeau:
"Personne ne s'oppose réellement à l'assainissement de notre
environnement, du moins jusqu'à une dépollution convenable.
Cependant, le de-
gré d'assainissement nécessaire est toujours
associé à deux facteurs: Les coûts impliqués
et une autre question assez importante et qui paiera la note? " Je pense
bien que c'est une inquiétude qui est valable d'autant plus que le
ministre lui-même, tel que le rapporte la Tribune de Sherbrooke du
vendredi 11 août, 1972, a insisté sur le fait que le
ministère de la qualité de l'environnement possède
seulement un budget de $12 millions pour faire face à toutes les
responsabilités qui lui incombent. Nous devons nécessairement
impliquer que d'autres contribuent. Les autres, cela peut être tous nous
autres. Encore là, je pense bien que personne n'est contre la protection
de l'environnement, personne n'est pour la pollution, chacun veut contribuer
à la combattre mais selon ses moyens. A ce sujet, j'ai entendu d'autres
députés qui ont mentionné, avec plus ou moins de raisons,
qu'il semblait que le petit particulier était plus sujet que les grandes
compagnies aux diktats du futur ministère de la qualité de
l'environnement ou de la régie. Sans avoir de dent contre une compagnie
en particulier, je me permettrais de mentionner au ministre que pas plus tard
que la semaine dernière, je recevais d'un de mes électeurs de
Lanoraie, dans le comté de Berthier, une lettre...
M. PAUL: M. le Président, je m'excuse auprès de mon
collègue, le député de Berthier. Il me semble entendre des
voix, des murmures qui nous dérangent grandement. Je suis fort surpris
que les députés ministériels ne s'intéressent pas
plus aux implications de la loi que présente le député de
D'Arcy-McGee. Alors,...
M. OSTIGUY: Vous entendez des voix!
M. PAUL: M. le Président, ceux qui crient, qu'ils se
lèvent donc pour parler sur le projet de loi et qu'ils nous apportent
une contribution généreuse.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Berthier.
M. GAUTHIER: Mon électeur, M. le Président, me rapporte
qu'il est propriétaire d'un terrain de camping déjà
existant. Il a acheté, dernièrement, pour agrandir son terrain,
une surface de 285 pieds sur 300 pieds. Il m'a dit: "Le ministère de la
qualité de l'environnement parce que le monsieur croit que le
ministère existe comme tel déjà a des
ingénieurs et des supposés techniciens en génie
sanitaire." Entre parenthèses, il me dit: "Celui qui est venu ici est
diplômé en télévision et travaille au
ministère pour calculer la grandeur des champs d'épuration des
égouts. Ce n'est pas dans sa ligne. C'est mon opinion." C'est
peut-être aussi mon opinion si le fait est exact. L'homme en question est
peut-être qualifié pour épurer les écrans, mais le
moins qu'on puisse dire, c'est qu'on peut douter de sa compétence parce
qu'il semble s'être trompé de canal!
Il reste que mon électeur se plaint des exigences et des
contraintes auxquelles on veut l'astreindre. Je ne discuterai pas du bien ou du
mal-fondé de ces contraintes. Evidemment, n'importe qui ne peut pas
ouvrir un terrain de camping sans s'astreindre à certaines exigences.
Mais je trouve tout de même étrange qu'on s'en prenne à ce
type et qu'on oblige cette personne à construire 700 pieds de champ
d'épuration du liquide ou quatre trous de huit pieds de diamètre
et onze pieds de profondeur. Ce sont peut-être des exigences qui sont
valables. Mais tout cela se passe dans la municipalité de Lanoraie,
municipalité qui est aux prises avec des problèmes financiers
depuis des années et des années, et qui ne peut même pas
parvenir à se construire un système d'aqueduc. C'est tout de
même un peu drôle.
Il reste aussi que l'honorable ministre me faisait parvenir, en date du
6 octobre 1972 je l'en remercie d'ailleurs copie de la lettre
qu'il adressait à M. Gérard Beauséjour, maire de
Saint-Michel-des-Saints. Il annexait à sa lettre un rapport qui est fait
par M. Normand Desroches, inspecteur de la santé publique, concernant un
problème dont la municipalité de Saint-Michel-des-Saints s'est
plainte à bon droit, au sujet de la pollution du lac Taureau.
Je retiens ici le paragraphe important de la lettre de l'honorable
ministre. Tout de même, cela me surprend: "Je serai heureux de
communiquer avec la compagnie concernée si vos propres démarches
n'obtiennent pas les améliorations nécessaires". Dans un cas,
vous avez un particulier qui, tout de suite, demain matin, ne peut rien faire,
s'il ne s'astreint pas aux exigences du ministère, de la régie ou
de qui cela relève à l'heure actuelle, et le ministre dit: Je
serai heureux de communiquer. Pourquoi le ministre n'a-t-il pas agi tout de
suite? Entre parenthèses, le ministre sera obligé d'agir, parce
que la municipalité s'en remettra à la teneur de la lettre et lui
fera parvenir la réponse de la Consolidated-Bathurst, qui dit qu'elle ne
peut pas satisfaire aux exigences qui sont inscrites dans le rapport de M.
Desroches.
Il y a deux choses qui me surprennent là-dedans. Pourquoi, dans
le cas d'un particulier, est-on si exigeant et, dans le cas d'une compagnie,
laisse-t-on faire et attend-on?
Je disais, au début de mon intervention, que chacun prêche
la vertu mais que tout le monde pratique le vice. Il est évident que,
dans les milieux ruraux dans lesquels je vis et aussi dans le comté
rural que je représente, les gens, chez nous, ne sont pas plus
pollueurs, ne sont pas plus en faveur de la pollution et sont autant contre la
pollution que les citadins de la ville. Mais il reste qu'à mon point de
vue, si on veut prêcher la vertu, il faudrait tout de même au moins
nous donner la chance de pratiquer aussi la vertu. Je trouve paradoxal qu'on
puisse aujourd'hui ou demain donner des droits au ministre. Le ministre nous
disait justement, dans son discours du 31 octobre: "II
me reste à dire, M. le Président, que le but de cette
éventuelle loi est d'établir une uniformité à
l'échelle de la province, en ce qui concerne une foule de
règlements qui, présentement, sont adoptés ou ne sont pas
adoptés par les municipalités".
Il faudra comprendre, M. le ministre, que nos municipalités
rurales ont les mêmes sentiments que les municipalités urbaines.
Certains règlements ne sont pas adoptés parce qu'elles n'en ont
tout simplement pas les moyens.
Dans les milieux ruraux comme le comté que je représente,
il n'y a que quelques municipalités qui ont un système
d'égout, deux ou trois, et une usine de filtration. La majorité
n'ont même pas de système d'aqueduc. Et on sait que les gens de la
campagne n'aiment pas à boire de l'eau qui vient de n'importe où,
qui n'est pas épurée, pas filtrée.
Je pourrais vous mentionner entre autres le cas de
Saint-Michel-des-Saints, où j'habite. En 1969, la municipalité,
à la tête de laquelle j'étais comme maire, a voulu se doter
d'un système d'égout pour les eaux domestiques, de surface avec
une usine d'épuration. L'estimation a été de $883,000 pour
une population de 2,079 personnes. Comment voulez-vous que nous soyons en
faveur de l'épuration? Nous ne sommes pas plus fous que d'autres. Nous
voudrions bien nous autres aussi nous astreindre à certaines lois
uniformes, mais nous n'en sommes pas capables.
Et même la Commission municipale a fini par dire: Oubliez ce
projet, vous n'en avez pas les moyens. C'est un cas typique, mais il y en a
d'autres que nous pourrions vous nommer un peu partout.
Tout ce que j'ai à dire là-dessus, c'est que moi aussi je
suis en faveur de la vertu. Je prêche la vertu mais malheureusement je
pratique le vice, au moins dans ce domaine. Je répète au ministre
que nous sommes en faveur du combat qu'il mène contre la pollution, nous
l'en félicitons. Mais nous ne voulons pas qu'il obtienne ce qu'il dit
être un pouvoir important, celui d'intervenir et de faire exécuter
ce que la municipalité a négligé de faire. Je comprends
qu'il nous a parlé de l'aide financière qui pourrait être
accordée à ces municipalités via le gouvernement
fédéral et la Société centrale d'hypothèques
et de logement. Mais des sixièmes ça en prendrait beaucoup. Je me
demande de quelle manière nous pourrions nous doter de services, comme
le disait le chef de l'Opposition à l'endroit du député de
Lévis, pour au moins satisfaire nos petits besoins.
Je pense, M. le ministre, que le gouvernement devrait commencer par
établir des priorités et surtout un échéancier. Il
devrait donner aux villes ce dont elles ont besoin personne n'en doute
et donner aux campagnes le nécessaire auquel elles ont droit. Je
suis complètement contre l'idée du ministre d'établir
l'uniformité à l'échelle de la province. Le ministre des
Affaires municipales d'hier, le député de Ri- mouski, a
déjà dit que les municipalités rurales n'étaient
pas plus arriérées que d'autres et étaient capables de se
payer des services comme les gens de la ville. C'est vrai et c'est faux. Il y a
tout de même une limite.
Il y a des fois où on n'est plus capable de payer. Il ne faudrait
jamais oublier que la propriété qu'un type peut avoir à la
campagne n'aura jamais la même valeur marchande de revente qu'une
propriété identique en ville.
Partant de cette idée, je vous prie, M. le ministre,
d'établir des priorités et des échéanciers. Oubliez
la question d'uniformité. Dans les circonstances, à mon grand
regret, je suis obligé de voter contre ce bill en deuxième
lecture.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Est.
M. Ronald Tétrault
M. TETRAULT: M. le Président, quand j'ai pris connaissance du
projet de loi 34, j'ai été fort surpris de sa teneur, surtout en
sachant que le futur ministre de l'environnement si une telle chose
vient à se faire dans notre Parlement a assisté à
plusieurs conférences, à New York, par exemple, si je ne me
trompe, et à Stockholm. Il a lu les rapports de ces conférences,
du moins.
J'aimerais, M. le Président, pour commencer, lire un petit
article qui a été rédigé par le Dr Paul Ehrlich, de
la section de biologie de l'université de Stanford. Je crois que le
député de D'Arcy-McGee le connaît très bien. Il
commence son article en disant: "Notre planète affronte une crise d'une
ampleur véritablement atterrante. Les biologistes et les experts en
matière de population parlent de la mort de la terre. Des avertissements
ont été lancés au sujet d'une famine mondiale
menaçante qui tuerait des centaines et des millions d'hommes. Mais
pourquoi? Où en sommes-nous donc à l'heure actuelle? A quel point
cette crise présente-t-elle un caractère d'urgence? Qu'est-ce qui
nous attend au juste? "
Le Dr Ehrlich, qui est aussi l'auteur d'un ouvrage intitulé "The
Population Bomb" l'explosion de la population a
particulièrement insisté sur la tragédie qui nous attend
à moins que nous ne prenions dès maintenant des mesures
énergiques. Ce spécialiste a condensé tous ces points dans
une revue.
M. le Président, il parle de mesures énergiques. En
regardant et en essayant de comprendre le projet de loi 34, je ne peux pas y
voir ce qu'on appelle des mesures énergiques. M. le Président,
comme le disait si bien le député de Berthier, le
ministère de l'environnement ou la Régie des eaux de la province
de Québec demande à certaines municipalités de faire des
travaux assez importants pour contrôler la pollution.
Il se voit, du fait même que cette fameuse régie est sous
l'autorité ou la responsabilité des
Affaires municipales, refuser en maintes occasions des subventions
justement demandées pour faire spécialement ce que la
Régie des eaux lui recommande.
Je pourrais citer le cas de la ville de Val d'Or, qui est dans mon
comté. Lorsqu'on a parlé d'un projet d'épuration des eaux,
complètement d'accord avec la Régie des eaux de la province de
Québec, notre bon ministère des Affaires municipales y a
opposé un non catégorique et on arrive avec une loi de
l'environnement qui va prendre des sanctions contre ces mêmes
municipalités.
On parle aussi dans ce fameux bill surtout des problèmes des
municipalités. On semble complètement ignorer le fait que
l'industrie cause 80 p.c. des agents de pollution dans la province de
Québec. Je ne voudrais pas blâmer l'industrie globalement, mais je
voudrais aussi, M. le Président, souligner quelques faits importants. Je
vais prendre le comté d'Abitibi-Est, dans la région de Clova; il
y a une compagnie qui s'appelle la CIP et qui présentement fait de
très grands efforts pour dépolluer les eaux de la rivière
Gatineau et je la félicite énormément de ce qu'elle
fait.
D'autre part, M. le Président, je ne peux pas comprendre comment
un ministère ou la Régie des eaux peut poursuivre une compagnie
comme Domtar, qui a une usine à Portneuf, qu'on s'en aille devant la
cour, que la compagnie soit accusée d'être un agent de pollution,
soit trouvée coupable d'avoir pollué le Saint-Laurent et ne se
voit imposer qu'une modique amende de $1 pour avoir pollué le
Saint-Laurent. C'est faire de notre système parlementaire un
système juridique complètement ridicule; c'est faire des lois qui
n'ont absolument pas de dents, des lois qui ne peuvent pas freiner ou
arrêter les différentes industries de polluer nos eaux et c'est
cette loi qu'on demande aux parlementaires de voter, afin de pouvoir
créer un ministère. Je ne sais pas quelle sorte de
ministère on va créer, un ministère qui n'a aucun pouvoir,
un ministère qui, nous dit M. Jolicoeur, qui est régisseur
à la Régie des eaux, n'a que 80 personnes pour faire son ouvrage,
alors qu'on estime qu'en 1981 on va avoir vérifié au moins 42
lacs et 42 rivières dans la province de Québec.
Vérifiez, M. le Président, si ces 42 rivières sont
polluées ou non, je ne trouve pas que ce soit un travail assez important
présentement, parce que personne n'a besoin de vérifier si le
Saint-Laurent est pollué, il est pollué. Il arrive encore que M.
Jolicoeur, dans le même projet de loi qui nous est proposé...
M. VEILLEUX: Ils vont jeter du chlore dans le fleuve pour le
dépolluer.
M. TETRAULT: Avez-vous autre chose de plus intelligent à nous
dire?
M. ROY (Beauce): M. le Président, si un député veut
adresser la parole il doit d'abord être à son fauteuil et,
deuxièmement, se lever.
M. LE PRESIDENT: Je n'ai pas entendu le député de
Saint-Jean.
M. ROY (Beauce): M. le Président, vous pourrez vérifier
dans le journal des Débats demain matin; ses paroles y seront.
M. LE PRESIDENT: Je verrai le journal des Débats mais, pour le
moment, je n'ai pas entendu le député de Saint-Jean.
L'honorable député d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: M. le Président, comme le disait M. Jolicoeur, dans
un article paru dans le Soleil, la province de Québec s'apprête
à créer un ministère de l'Environnement, un
ministère sans fond. Il nous dit que présentement nous sommes au
moins de dix à vingt ans en arrière de l'Ontario et qu'il
faudrait au moins $600 millions pour rendre nos eaux potables ou notre
pollution industrielle contrôlable.
Dans la région d'Abitibi-Est il y a une compagnie j'ai
déjà fait une plainte au ministère ou à la
Régie des eaux qui s'appelle Domtar, qui s'est installée
dans un endroit extraordinaire, où il y a un beau grand lac qui
s'appelle le lac Quévillon, et qui est un agent de pollution dans cette
région. Les représentants du ministère y sont
allés, les mêmes représentants sont revenus et rien n'est
arrivé. On dit que les industries créent des emplois, je suis
d'accord; on dit que l'industrie est l'épanouissement économique
du Québec, je suis d'accord, mais quel prix les citoyens du
Québec sont-ils obligés de payer pour avoir ces mêmes
industries dans nos régions?
Le député de Rouyn-Noranda a fait état du cas de la
mine Preissac aujourd'hui; il y a eu un groupe d'écologistes dans le
Nord-Ouest québécois, spécifiquement dans la région
de Val-d'Or, qui a porté plainte auprès du ministère. Le
ministère nous a répondu qu'il ferait quelque chose. Il a fait
quelque chose, il a interdit qu'on brûle les résidus de cuivre
dans la région pour une période de trois jours. Trois jours
après, cette compagnie, qui importait des produits américains
pour les brûler dans la province de Québec, a continué
exactement la même chose. Si le président voulait prendre le jet
du gouvernement pour aller voir, il verrait qu'on le fait encore
aujourd'hui.
On les avertis, comme des garçons dociles on leur a dit: Soyez
beaux, soyez fins, ne faites pas cela, ça pollue l'air. Les gars
répondent. D'accord, on ne le fera pas. Quand le représentant du
ministère est parti on met encore le feu dans les résidus de
cuivre et on pollue encore toute une région. Ce n'est même pas
l'extrait de nos produits, c'est l'extrait de produits américains. Il
n'y a absolument rien dans la loi, sauf une modique amende de $10,000, contre
ceux qui polluent l'air ou les cours d'eau dans la province
de Québec. Je trouve ridicule, cette loi qui doit régler
un problème d'importance mondiale, un problème qui existe dans la
province de Québec comme partout ailleurs au Canada ou dans le monde, un
problème qui est accentué tous les jours, un problème qui
augmente de plus en plus spécifiquement dans nos grands centres.
Lorsqu'on dit qu'à une compagnie X, agent de pollution, on imposera
$10,000 d'amende afin d'arrêter sa pollution, c'est rire des
parlementaires de présenter une telle loi qui parle d'une amende de
$10,000.
J'aurais aimé que le futur ministre de l'Environnement si
telle chose vient à exister mette dans son projet de loi un
article qui dise clairement et précisément que toute compagnie
qui pollue l'air ou l'eau est obligée de défrayer les coûts
pour rectifier la situation.
Qu'une compagnie comme Domtar qui pollue une rivière
entière est obligée de payer pour dépolluer les eaux. On
aurait eu une loi avec des dents, une loi applicable au Canada. Dans ce
même bill, on arrive à un article où il est dit, et je ne
le comprends pas encore, que le ministre, après avoir averti, a encore
une période de quinze jours pour avertir de nouveau la personne. Est-ce
que c'est une loi ou pas? Est-ce que c'est une loi pour régler un
problème ou si c'est une loi pour jeter de la poudre aux yeux de la
population du Québec afin de pouvoir dire: finalement on a une loi sur
l'environnement, une loi qui est peut-être semblable à celle des
produits pétroliers dans la province de Québec? Exactement neuf
mois après, on nous donne la règlementation.
M. le Président, ce projet de loi, je suis complètement
d'accord qu'il doit exister dans notre belle province. Je suis
complètement d'accord que nous en avons absolument besoin pour faire
quelque chose. Nos cimetières d'autos, les montagnes de déchets
qui existent, nos compagnies qui font la vente aujourd'hui et qui emballent
toute leur marchandise sont des agents de pollution. Nous leur disons de
contrôler la pollution. Pourquoi le gouvernement et le ministère
n'essaient-ils pas de créer une industrie pour réutiliser ces
mêmes déchets? Quelque chose qui va finalement enlever ou freiner
la pollution dans notre belle province de Québec. Mais il n'y a
absolument rien. On ne parle même pas de cela. On dit peut-être...
Cela me fait penser à certains politiciens. Peut-être oui...
Peut-être sur la clôture... les deux oreilles à terre et il
n'y a rien qui bouge.
Donc, je crois que cette loi peut devenir bonne. J'espère de tout
coeur que le ministre va apporter des amendements à cette loi, qu'il va
apporter quelque chose de tangible, quelque chose dont on pourra se servir pour
la population et contre un groupe d'agents polluants tels les industries, les
municipalités. On a des experts ou des présumés experts en
télévision, comme le disait le député de Berthier,
qui se promènent autour des chalets et disent que les fosses septiques
ne sont pas bonnes. C'est un grand agent de pollution de nos lacs, d'accord. Je
crois que le problème est minime quand on connaît le
problème majeur de la province de Québec. Ce sont les centres
où il y a beaucoup de population, les centres industrialisés, et
c'est à ces endroits qu'il faut corriger l'agent de pollution et non
dans les petites campagnes.
On a un projet dans le Nord-Ouest québécois qui s'appelle
le fameux projet du développement de la baie James. Ce
développement vient de commencer et déjà la rivière
Bell, qui est située dans Matagami, avec le lac Matagami, est
déjà polluée. Qu'est-ce que le gouvernement fait pour
arrêter cette pollution? C'est son propre projet. Ce n'est pas le projet
du voisin. Ce n'est pas le projet de l'Ontario. Ce n'est pas le projet de la
Domtar ou de la CEP ou de n'importe quelle autre compagnie, c'est le projet du
gouvernement et il est lui-même l'agent polluant principal qui pollue les
eaux de la rivière Bell et du grand lac Matagami. On va continuer le
développement de ce projet et on va finalement polluer le bassin de la
baie James où il y a encore, dans un rayon de 50 milles, de l'eau
potable, de l'eau qui n'est pas polluée. Lorsque ce fameux projet sera
terminé, on va dire qu'on a pollué, mais on a une loi de
l'environnement qui n'a absolument pas de dents.
On ne peut pas l'empêcher, parce que c'est la technologie qui
avance. Il ne faut pas faire autre chose. Je crois que le ministre et le
vice-premier ministre devraient s'arrêter et regarder les
problèmes. Dans la Gaspésie, où c'est plus vieux que le
Nord-Ouest québécois, Dieu sait combien les rivières sont
polluées et combien les compagnies continuent encore les mêmes
efforts qu'elles ont faits dans les années passées.
M. BIENVENUE: Elles sont les plus belles.
M. LEVESQUE: Ce sont les plus limpides et les moins polluées du
monde.
M. BIENVENUE : Les saumons y vivent avec allégresse !
M. TETRAULT: Après avoir écouté ces interventions,
M. le Président, disons que ce sont les moins polluées.
Donc, cette loi ne donne absolument rien. Le principe est épatant
et peut apporter quelque chose. Mais, lorsqu'on lit ce qui est écrit
dans les 126 articles, on s'aperçoit qu'il n'y a pas grand-chose. On
s'aperçoit que les municipalités seront encore
pénalisées. Ce sera encore les municipalités qui seront
empêchées, par le ministre des Affaires municipales, de poursuivre
les développements nécessaires. Elles vont être punies. On
voit encore que les grosses compagnies, et peut-être les fournisseurs de
fonds du Parti libéral ne seront pas touchés. Merci.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de Dubuc.
M. Roch Boivin
M. BOIVIN: M. le Président, il serait normal de reconnaître
l'effort de participation de l'honorable ministre d'Etat dans
l'élaboration de ce projet de loi no 34 sur la qualité de
l'environnement. Il a tenté de coordonner les fonctions et les pouvoirs
départis aux différents ministères, régies,
commissions et corporations.
La grande question qui se pose maintenant serait qu'il nous dise dans
quel cadre administratif il veut les placer, c'est-à-dire que le
gouvernement devrait nous faire connaître, dès à
présent, si la lutte contre la pollution devrait se faire au sein d'un
ministère, d'une régie, d'un service ou d'un office.
Lorsqu'on nous dit qu'un ministre sera désigné par le
conseil des ministres, doit-on comprendre que nous assisterons à la
naissance d'un superministère conduit par un superministre qui
regroupera sous un même toit toutes les fonctions et
responsabilités envers la qualité de l'environnement? S'il en est
ainsi, qu'en sera-t-il du ministère du Travail avec ses lois du travail
et son code du bâtiment? Qu'adviendra-t-il du ministre des Affaires
municipales avec ses directions, ses institutions municipales qui
relèvent de lui avec des pouvoirs délégués? Le
ministre des Affaires sociales, qui a pour devoir de protéger la
santé publique, pourra-t-il encore exercer son pouvoir de surveillance?
Conserve-ra-t-il son pouvoir d'émettre des ordonnances comme il l'a fait
jusqu'à aujourd'hui? Que sera-t-il ce ministre éventuel? Quelle
structure soutiendra ses efforts et dirigera son cheminement?
M. le Président, si tel n'est pas le cas, s'il ne s'agit pas d'un
superministère, il serait possible, selon les élaborations du
projet de loi no 34, que l'on désigne tantôt l'un, tantôt
l'autre des ministres comme responsable de l'application de cette loi. Si
importante qu'elle soit, elle ne trouverait ses assises nulle part.
Pourtant, nous avons tous été les témoins
ébahis de cette pérégrination du Haut-Commissariat
à la jeunesse, aux loisirs et aux sports. Il a été
ballotté d'un ministère à l'autre, subissant les
conceptions différentes des divers milieux où il devait
échouer. Il n'a guère reçu d'autre traitement que celui
qu'on offre d'urgence à un naufragé.
M. le Président, le ministre que l'on a chargé de la
responsabilité de l'élaboration de ce projet de loi a eu tort de
ne pas profiter de l'occasion que lui a offerte l'Assemblée nationale
d'aller en commission parlementaire avant la deuxième lecture. Il n'en
serait revenu que plus fort de l'appui d'organismes qui seraient pour lui des
alliés dans sa lutte à entreprendre contre la pollution, pour le
bénéfice de l'oeuvre qu'il veut accomplir, c'est-à-dire
bâtir l'environnement idéal pour la société
d'aujourd'hui et de demain.
M. le Président, sa méthode de travail est bien
différente de celle du ministre des Affaires sociales, qui apporte
pourtant d'importantes législations. Lui, il s'évertue à
réveiller et même à créer des sociétés
de participation qu'il rencontre en commission parlementaire avant la
deuxième lecture. Elles lui fournissent de substantielles corrections au
point d'obliger souvent la réimpression.
Je sais que le ministre d'Etat responsable de la qualité de
l'environnement est attaché au ministère des Affaires
municipales, dont le titulaire est le ministre du bill 48, le ministre du bill
20 et le ministre du bill 276. Il est à se demander s'il n'est pas
lui-même une malheureuse victime de la pollution de son
environnement.
M. le Président, je sais que le ministre d'Etat responsable de la
qualité de l'environnement a beaucoup voyagé. Je l'invite
à lire le journal des Débats. Il comprendra peut-être mieux
ce qui a conduit son ministre dans l'impasse qui, aujourd'hui, ébranle
son gouvernement.
Le ministre d'Etat responsable de la qualité de l'environnement,
dans ses voyages multiples et à long cours, qu'a-t-il trouvé de
profitable pour l'élaboration de son projet de loi? N'a-t-il pas
contribué à semer davantage la panique pour une cause
qu'on le tienne pour acquis qu'on est en train de transformer en mythe?
Si le ministre d'Etat responsable de la qualité de l'environnement ne
conduit pas cette lutte à la pollution d'une façon raisonnable et
raisonnée, il pourrait être jugé comme le pourvoyeur
éhonté d'une société industrielle avide de profits
rapides pour laquelle il sacrifierait une société de consommation
impuissante.
Je comprends bien mal qu'on impose au profit d'une société
industrielle un montant d'environ $500 à $600 à tous les
automobilistes pour installer sur un véhicule un système
antipollution lorsque ce véhicule aura à circuler sur 90 p.c. des
territoires où cela ne comporte aucun danger.
Je comprends aussi bien mal tout ce gaspillage qu'on impose aux
municipalités pour le paiement de certains équipements inutiles,
pour le peu d'efficacité de la disposition finale des eaux usées.
Les matières organiques qu'elles apportent dans une proportion de
dilution normale, je le concède, entrent normalement dans les cycles
biologiques.
A la suite d'une question que je posais un jour privément
à un ingénieur qui se préoccupe particulièrement de
pollution, mes problèmes de conscience comme maire d'une
municipalité assez importante se sont dissipés.
Il me disait que les eaux usées comportaient une partie de
pollution pour 500 parties que pouvait apporter dans le même cours d'eau
la pollution industrielle. Devant ces faits, à savoir que diverses
positions devraient être prises à des lieux différents,
pourquoi cette déclaration de guerre totale et générale
contre tous et partout à la fois, en ramenant le pouvoir de
règlementation à l'exécutif de la province?
Pourquoi le gouvernement ne fait-il pas
confiance aux municipalités qui ont oeuvré de façon
extraordinaire dans ce domaine sous l'oeil vigilant des ministères de
qui relevaient les questions en cause? Par exemple, la Communauté
urbaine de Montréal a édicté trois règlements
concernant la pollution de l'air. La ville de Québec a
édicté trois règlements sur la pollution par le bruit, les
règlements 1083, 1548, 1869 et deux règlements sur la pollution
de l'atmosphère, numéros 1643 et 1750.
Elles n'ont pas attendu le gouvernement pour agir. Dans bien d'autres
municipalités, on n'a pas à souffrir d'imposition de
réglementations qui ne pourraient qu'apporter tout un gaspillage
inutile. L'aide que devraient apporter les gouvernements supérieurs
pourrait être dans le domaine technique et financier.
Dans l'éventualité du manque d'une municipalité
à édicter des règlements appropriés pour la
qualité de l'environnement, le ministre des Affaires sociales n'a
qu'à édicter par ordonnance qu'on rappelle inévitablement
la municipalité à la raison. Je conçois très mal
qu'une réglementation parte du gouvernement de la province, car cette
règlementation, si on vise à l'uniformité, apportera un
gaspillage inutile pour des traitements non conformes à la
réalité.
Quel que soit le sort qu'on réserve au projet de loi no 34, qu'on
le confie à un service du ministère d'un ministre actuel ou d'un
ministre éventuel ou à une régie, je voudrais dire un mot
du directeur dont on prépare l'avènement comme d'un messie.
Le député de Maskinongé a longuement parlé
de ces 90 pouvoirs qu'on réclame pour lui de l'Assemblée
nationale, pouvoirs à la fois exécutifs et judiciaires. Ce
personnage que bâtit la loi no 34 serait incontestable, et de plus on le
voudrait incontesté.
Cette espèce d'antagoniste de l'ombudsman n'aurait tantôt
d'égal que son ministre, tantôt que son juge. Il serait à
la fois dénonciateur, juge, exécuteur des hautes oeuvres. Il
serait bien digne d'un régime de colonels. Ou plutôt aurait-on
trouvé ce personnage tout bâti au fond du moyen âge qu'on
nommait l'inquisiteur?
M. LEVESQUE: Ce sont vos recherchistes qui commencent à faire
leurs griffes.
M. PAUL: C'est plus positif que votre prédécesseur.
M. BOIVIN: II remplacerait tantôt les élus du peuples,
ministres, députés, maires et conseillers municipaux,
tantôt les consultants spécialistes en finances, en
administration, en urbanisme et en génie. A bien y penser, il faudra
revenir aux convictions du député de Maskinongé: Ce projet
de loi est à repenser. De la façon dont le ministre qui en est
responsable est engagé, je compte sur le leader du gouvernement pour le
laisser mourir de sa belle mort avec la fin de la session, pour le plus grand
bien de la société québécoise.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de la loyale Opposition.
M. PAUL: C'est beau, ça.
M. LEVESQUE: Le député de Maskinongé a
déjà parlé comme chef de parti.
M. Gabriel Loubier
M. LOUBIER: J'avais craint, pour un instant, M. le Président, que
vous...
M. LEVESQUE: Pas comme député, par exemple.
M. LOUBIER: ... ne fassiez un lapsus, en disant la "royale"
Opposition.
M. le Président, après les exposés marqués
au coin d'une logique qu'on pourra reconnaître assez facilement qui ont
été, faits d'une façon très objective par tous mes
collègues, je pense que je dois souligner ce travail, cette
participation ou cette contribution tant du député de
Maskinongé qui a battu la marche que des autres députés
qui lui ont succédé. Je pense que c'était une façon
extrêmement constructive et positive de faire en sorte que des projets de
loi d'une nature aussi importante puissent être scrutés,
analysés de façon aussi forte que celle qu'ont utilisée
les députés d'Unité-Québec.
Cela m'amène, M. le Président, avec regret, à
signaler à votre attention le désintéressement assez
dramatique et assez mystérieux témoigné par les
députés ministériels sur un projet de loi d'une telle
envergure. Il y a certains députés ministériels qui sont
intervenus dans ce débat, mais avec tellement peu de préparation,
tellement peu de sérieux sur l'essence même du projet que l'on a
cru bon tout simplement d'encenser le ministre responsable de la qualité
de l'environnement. Je me souviens, entre autres, d'une incartade du leader
parlementaire qui, d'une façon que je qualifierais de caricaturale, est
venu essayer d'exposer à cette Chambre la qualité du ministre
plutôt que la qualité du projet de loi que présentait le
ministre en cause.
Dès le début de mes remarques, j'aimerais signaler que,
pour ma part, j'ai infiniment de respect, d'amitié et de
considération pour le député de D'Arcy-McGee. En passant,
j'ai trouvé un peu déplacée et incongrue l'intervention du
député de Bonaventure, parce qu'il voulait nous mettre dans une
position telle qu'en critiquant ce projet de loi, c'était, à
toutes fins pratiques, faire une attaque ad hominem et personnelle à
l'endroit du député de D'Arcy-McGee.
Or, je pense que notre rôle de parlementaire se situe bien
au-dessus des hommes et des personnalités, avec leurs défauts ou
leurs qualités. Nous sommes ici pour étudier un projet de loi qui
aurait pu être un des premiers jalons dans cette nouvelle politique
à court terme, à moyen terme concernant la pollution.
C'est devenu un cliché de dire que le
problème de la pollution est extrêmement important et plus
particulièrement dans le Québec. Je pense que c'est une
préoccupation universelle. Il y a même eu des congrès
internationaux; entre autres en 1967, à Washington, un congrès
eut lieu qui s'intitula: "Water for Peace". Il regroupait 80 ou 90 Etats du
monde entier, pour discuter de ce problème qui devenait de plus en plus
grave, de plus en plus aigu sur tous les continents. Or, M. le
Président, au Québec plus spécifiquement, il ne faudrait
pas verser dans cette psychose lorsqu'on parle de pollution, une psychose qui
est aujourd'hui en train de contaminer les esprits mêmes des
Québécois. On présente ce spectre de la pollution comme
étant une forme de bonhomme sept heures, une sorte de cancer qui est en
train de tout détruire sur les plans social, culturel, physique, comme
le mentionnait le député de Chicoutimi tout à l'heure.
Oui, c'est un problème important; oui, il faut poser des gestes
concrets; oui, il est essentiel d'apporter des lois qui ont une
répercussion à court terme, à moyen terme et à long
terme. Mais, de grâce, n'en faisons pas une psychose collective et
tentons plutôt d'analyser le problème selon ses dimensions, avec
ses répercussions et ses conséquences tant sur le plan social que
sur le plan culturel et économique.
Je dirai que c'est un projet de loi extrêmement décevant.
On en aurait attendu, comme premier jalon, beaucoup plus. On aurait attendu
beaucoup plus de cohérence, de logique, de sens pratique dans la
première loi qui nous est présenté par le
député de D'Arcy-McGee. C'est une loi décevante et les
raisons ont été énumérées par tous mes
collègues et les autres députés qui ont pris la parole. Je
voudrais éviter de répéter toutes les raisons qui font que
cette loi est décevante pour les Québécois. Mais je
voudrais succintement essayer de faire une synthèse de tout ce qui a
été dit, pour expliquer, premièrement, que la structure du
service est absolument absente dans le projet de loi, structure qui est
imperceptible à ce stade-ci de la présentation du projet de
loi.
Je voudrais également dire qu'il y a une absence d'imagination
qui fait défaut dans ce projet de loi, qu'il n'y a absolument rien qui
nous indique des prévisions, des coûts de mise en application des
objectifs énumérés dans ce projet de loi. Je voudrais en
faire une critique positive et, en second lieu, tenter d'exposer au ministre
quelle est notre position à nous, de l'Unité-Québec, de
l'Opposition officielle.
Je voudrais d'abord faire cette critique fondamentale du projet de loi
34 sur la qualité de l'environnement. Premièrement, faiblesse
extrême de la structure juridique, sujet qui a été
abordé par le député de Saint-Maurice. On me permettra de
dire de façon résumée et succincte que d'abord on ne
retrouve dans le projet de loi aucune définition fondamentale de la
structure. Je pense que le ministre le reconnaîtra très
facilement. Il y a absence complète d'identification sur le plan
juridique de la structure fondamentale de ce service, de ce simulacre de
ministère ou de cet embryon de régie, on ne le sait pas
encore.
On se demande même et on est en lieu de se demander si ce projet
de loi marque un premier pas ou marque le pas définitif pour la
création d'un ministère de l'environnement. Est-ce que ce projet
de loi profile la naissance d'un service quelconque, encore mal défini
et encore là imperceptible? Ou est-ce qu'on débouchera sur une
structure qui s'appellera, comme le disait tout à l'heure avec beaucoup
d'à-propos le député de Dubuc, une régie? Nous
nageons dans le vague le plus complet quant à la structure même,
au pivot organique de ce service ou de cette loi qui devrait déboucher
sur des politiques pour combattre la pollution et en même temps pour
prévenir la pollution.
La deuxième critique que je voudrais formuler est la suivante: II
y a un accent extrêmement embarrassant, énigmatique de mis sur la
répression de la pollution. Je pense que c'est le député
de Maskinongé qui a souligné avec beaucoup d'intelligence et
beaucoup de sérieux que ce projet de loi défend de faire telle ou
telle chose. On ne peut pas faire telle chose, vous ne pourrez pas faire telle
autre chose, etc. C'est une litanie de "ne pas faire quelque chose"; je pense
qu'encore là nous nous noyons dans une loi où partout il y a une
saveur de négativisme et où on ne voit rien de positif,
d'audacieux et qui fasse appel à l'imagination pour des politiques
cohérentes.
Il n'y a aucune mention de la pollution existante. Il n'y a aucune
mention de l'environnement. Il y a une définition très
étroite. Par exemple, il y a une chose qu'on oublie complètement
dans ce projet de loi qui, à mon sens, aurait dû embrasser tout le
champ de la pollution et cerner tous les éléments polluants; on
ne retrouve absolument rien en effet concernant les contrées sauvages,
les lacs, la rénovation. Je pourrais en citer à l'infini.
Il y a une troisième critique qui me paraît de bon escient
et qui devra, à mon sens, faire réfléchir le
député de D'Arcy-McGee, qui est un homme pondéré,
sérieux, un homme qui veut, qui a de la bonne volonté; il y a une
autre critique que je voudrais lui formuler concernant le projet de loi no 34.
Il y a dans ce projet de loi la saveur assez forte d'une solution
bureaucratique de nos problèmes. A ce moment, loin de moi l'idée
de vouloir condamner le travail des fonctionnaires ou des conseillers qui ont
rédigé le projet de loi, parce que c'est le devoir et le
rôle des fonctionnaires, des experts et des conseillers d'apporter au
ministre, aux politiciens et au gouvernement des solutions idéales et
souvent des solutions idéalisées. Mais il appartient aux
politiciens, à ceux qui sont les traits d'union entre le peuple et ce
cénacle de penseurs, il appartient aux politiciens législateurs
d'humaniser et de rendre réalistes les
solutions ou les projets de loi qui sont soumis par ces experts.
Or, ce n'est pas dans le sens péjoratif que je dis que c'est une
solution bureaucratique de nos problèmes. On ne connaît même
pas le rôle du directeur du service, si ce n'est qu'il est une
espèce de garde-chiourme. On ne sait pas trop quel sera son rôle,
très mal défini, très mal articulé, et ce qui se
passera à ce moment. On ne le sait pas. Je trouve que c'est une solution
bureaucratique pour règler les problèmes de pollution et en
même temps arriver avec des politiques audacieuses et créatrices
pour prévenir la pollution, je dis qu'on y retrouve une
règlementation excessive. Ce serait, à toutes fins pratiques,
donner un chèque en blanc au ministre, malgré sa bonne
volonté, malgré l'intégrité qu'on lui
reconnaît, malgré toutes ses qualités qui ont
été énumérées de façon un peu trop
exhaustive peut-être par le leader-parlementaire. Cela portait même
à peut-être ridiculiser le caractère très
sérieux du ministre. Mais ce serait donner un chèque en blanc au
ministre, sans savoir exactement quelles seront les orientations, quel sera le
rôle de ce directeur, quel sera véritablement le rôle
également du ministre lui-même et sa responsabilité quelle
sera, vis-à-vis de ses autres collègues, son autorité pour
l'application des politiques qu'il voudrait mettre de l'avant.
Il y a un silence assez mystérieux autour de ces
précisions qui auraient été, à mon sens, absolument
essentielles pour donner de la valeur et de l'impact à ce projet de
loi.
Il y aurait une quatrième critique que je voudrais formuler, M.
le Président. Il n'y a aucune analyse des rapports avec les lois et les
règlements existants. Il n'y a aucune relation de signalée,
où que ce soit, dans ce projet de loi, dans le préambule,
donnant, par exemple, une certaine autorité au ministre éventuel
de la qualité de l'environnement, pour essayer de mettre de la
cohérence dans toutes les autres lois ou tous les autres
règlements qui existent, afin que le ministre puisse
véritablement faire en sorte qu'il ait le contrôle de tous les
aspects, toutes les implications ou tous les éléments qui,
à quelque degré que ce soit, rejoignent cette
préoccupation de pollution.
Je pourrais dire que le ministre aurait dû nous signaler, par
exemple, qu'il y avait une collection de lois et de règlements
éparpillés ailleurs. Je vais lui en citer : les lois de
l'hygiène publique qui relèvent du ministère des Affaires
sociales; les règlements provinciaux d'hygiène qui
relèvent du ministère des Affaires sociales; le code de
l'habitation, le code des municipalités, la Loi des cités et
villes. Est-ce que le ministre pourrait nous donner l'assurance qu'il y aura,
à ce moment-là, une codification ramenée sous son
autorité pour que véritablement il puisse avoir une marge de
manoeuvre assez confortable et assez sécurisante pour assurer une action
positive dans tous les secteurs? Silence complet sur ce plan, à mon sens
extrêmement important.
Le ministre aurait eu, peut-être, intérêt et
cela aurait renseigné davantage, je pense, les membres de cette Chambre
ou l'Opposition à se référer à la solution
fédérale. Il aurait constaté qu'il y a eu inscription dans
une loi-cadre, la loi de 1970, sur l'organisation du gouvernement, la partie I,
ministère de l'Environnement 1970, 19-20 Elizabeth II, chapitre 42, des
lois dont le ministre se voit confier l'application. Je pourrais faire
l'énumération de toutes ces lois qui ont été
ramenées sous la coupole, l'autorité, l'hégémonie
du ministre qui avait la responsabilité de la qualité de
l'environnement.
Or ici, au Québec, comme premier geste concret que l'on pose, on
fait abstraction de toute cette coordination qui est absolument essentielle
pour que véritablement on ait des structures et des politiques qui ne
viennent pas en contradiction sur ce problème.
Une autre critique. Je pense qu'elle est sérieuse. Les
députés de Chicoutimi, de Montmagny, de Berthier l'ont
signalé. C'est qu'il n'y a pas d'incitation. Il n'y a rien qui fait
appel, ou qui stipule, ou qui mentionne même la participation des
citoyens dans le cadre de toute cette politique nouvelle antipollution ou pour
prévenir la pollution.
Il n'y a eu, à mon sens, aucune participation populaire au
préalable et il n'y en a pas de prévue après l'adoption de
ce projet de loi. Il n'y a également aucune précision du
rôle du conseil consultatif, de sa composition, de son autorité.
Je pense que le ministre aurait dû nous signaler, au moins nous profiler
quel serait le rôle de ce conseil, sa composition, etc.
Une sixième critique, M. le Président, c'est qu'on n'a
prévu aucune disposition quant à l'éducation populaire. Le
ministre fera-t-il appel aux services du ministère de l'Education? Le
ministre fera-t-il appel à Radio-Québec? Quels seront les
véhicules d'information, de sensibilisation dont se servira le
ministre?
Une septième critique, M. le Président, il n'y a aucune
disposition... Il me reste trois minutes, à ce qu'on me dit.
M. LEVESQUE: Je viens de demander...
M. BURNS: II a commencé à dix heures et demie.
M. LEVESQUE: A dix heures vingt-huit.
M. LOUBIER: M. le Prérisent, je pense bien que le leader
parlementaire n'est pas parcimonieux au point de priver...
M. LEVESQUE: En temps ordinaire, non, mais ce soir, oui.
M. PAUL: Ce soir, oui?
M. LEVESQUE: Oui.
M. PAUL: M. le Président, un instant. Quand
j'ai parlé, en deuxième lecture, il y a eu consentement
unanime pour que je dépasse mon temps. Par conséquent, je n'ai
pas parlé, à ce moment-là, au nom du chef du parti.
M.LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! Puis-je demander au
secrétaire général adjoint à quelle heure le
député de Bellechasse a commencé?
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: A dix heures vingt-sept.
M. LE PRESIDENT: A dix heures vingt-sept. Y a-t-il consentement ou
non?
DES VOIX: Non! UNE VOIX: Oui!
M. LEVESQUE: Une minute, d'accord. Une minute. C'est pour qu'il finisse
ses phrases, après tout. C'est tellement intéressant.
M. PAUL: Nous allons prendre cela en banque, M. le Président.
M.LOUBIER: Disons que je retiens les commentaires qui s'imposeraient, en
l'occurrence.
M. LEVESQUE: ... il y en a qui abusent du temps de la Chambre.
M. LOUBIER: Cela ne compte pas sur mon temps, M. le Président. Je
passe sous silence ce que je voulais dire.
M. le Président, quelle est notre position à nous,
d'Unité-Québec et de l'Opposition?
L'environnement, on le reconnaît de tous les côtés de
la Chambre, c'est trop précieux pour que sa qualité soit
régie par une loi qui me paraît aussi incolore, inodore, je dirais
même insipide, aussi faible et aussi bureaucratique. 1) Nous proposons
d'abord la création d'un véritable ministère ou encore
d'une régie de l'environnement capable d'assurer de façon
fonctionnelle, de façon organique et dynamique la qualité de
l'environnement à tous les niveaux et sur tous les territoires au
Québec, avec une autorité telle que l'on puisse, vis-à-vis
des autres ministères, faire justement cette coordination qui s'impose
absolument et avoir un leadership via un ministère ou une régie
vis-à-vis de tous les autres ministères du gouvernement. 2) La
création de conseils consultatifs nationaux et régionaux avec des
pouvoirs bien définis sur le modèle proposé par un groupe
intermédiaire en Californie, par exemple. Et c'est là qu'on
rejoindrait cette préoccupation de participation, de sensibilisation au
niveau des localités, au niveau des régions. 3) La
création de grandes directions. Par exemple une direction de recherche
sur l'environnement, une direction de l'amélioration de l'environnement.
Une autre section sur le contrôle, l'analyse de la pollution. Je vais
plus rapidement, M. le Président, même si c'est
intéressant. 4) Nous proposons l'adoption par l'Assemblée
nationale de certains amendements aux lois actuelles qui traitent de pollution,
sans pour cela écarter les lois existantes. La solution serait que le
projet de loi énumère toutes les lois, ou parties de lois, et
tous les règlements déjà édictés qui
seraient sous la responsabilité du ministre éventuel de
l'environnement.
Exemple: la Loi de la conservation de la faune et d'autres lois qui
seraient sous l'autorité, le leadership du ministère ou de la
régie. 5) La redéfinition ou tout simplement la définition
du rôle du directeur pour en faire vraiment le protecteur ou l'ombudsman
de la qualité de l'environnement au Québec.
Surtout, et je termine, tenir compte des disparités
régionales, des conditions régionales dans la conservation de
l'environnement pour édicter les règlements. On ne pourra jamais
traiter la région métropolitaine de Montréal par voie de
règlements de la même façon que l'on pourra traiter la
région de la Gaspésie, par exemple, et on ne pourra pas imposer
selon la capacité de payer des gens de la Gaspésie...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. LOUBIER: ... des fardeaux à ces municipalités
comparables à ceux qui seraient imposés à la ville de
Montréal, puisque le degré de pollution, d'abord...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Vous ne semblez pas vous aventurer vers une conclusion quelconque. Je
n'ai aucune objection... le temps est expiré depuis quatre minutes.
Est-ce qu'il y a consentement unanime, oui ou non?
M. LAURIN: Non.
M. GIASSON: On peut s'en aller en Abitibi tout de suite parce que
Montréal et la Gaspésie...
M. LEVESQUE: Nous avons donné notre consentement tout à
l'heure et nous ne le renouvelons pas.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement, oui ou non?
M. LEVESQUE: Non.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: Je remarque que le leader parlementaire a dit non.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président...
M. LEVESQUE: On voulait savoir...
M. PAUL: II va parler maintenant. La semaine prochaine.
M. LEVESQUE: J'ai encore une liste à donner au
député de Maskinongé des gens qu'il pourrait faire
revenir. On a tous les noms et on va les lui donner après.
M. PAUL: Pardon?
M. LEVESQUE: Les noms de ceux qu'il pourrait faire revenir.
M. PAUL: Cela vous inquiète!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai reconnu le très honorable
député de Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: Je remercie le très honorable président. M. le
Président, il est très difficile pour un député de
l'Opposition d'être contre un projet de loi qui a pour objet de confier
à un ministre la responsabilité de préparer et de mettre
en oeuvre une politique de protection de l'environnement, d'instituer un
conseil consultatif de l'environnement et d'attribuer au directeur des services
de l'environnement des pouvoirs de surveillance et de contrôle de la
qualité de l'environnement.
M. le Président, il est très difficile dans ces
circonstances d'être contre un projet qui a soi-disant pour object les
choses que je viens de lire et qui apparaissent sous les notes explicatives du
projet de loi. Sauf et j'ouvre une parenthèse à ce
sujet-là que je me demande si on n'abuse pas très souvent
de ces notes explicatives, si on ne nous donne pas dans les notes explicatives
des objets de projet de loi, des buts ou des principes de projet de loi qui
n'ont dans le fond aucune véritable résonance à
l'intérieur du projet de loi.
Il y a une autre parenthèse que je fais, parce que le
député de D'Arcy-McGee, semble-t-il, a la chair très
tendre, à un point tel qu'il a été obligé,
peut-être pas lui mais en tout cas son leader parlementaire s'est senti
obligé avant-hier de venir à sa rescousse et de dire: Ce projet
de loi-là est d'une qualité exceptionnelle, parce que, regardez
cet homme, comme il a des qualités exceptionnelles. C'est une chose, M.
le Président, que l'autre soir et je le dis au
début j'ai reconnue sans aucune restriction: le député de
D'Arcy-McGee n'est pas du tout en cause dans ce projet de loi.
Nous admirons le député de D'Arcy-McGee, nous croyons que
c'est un homme qui a des qualités extraordinaires et c'est une chose
remarquez-le que je peux dire en toute liberté, voyant le
résultat des dernières élections en ce qui concerne le
candidat de notre parti dans D'Arcy-McGee, mais probablement que ce sera un
signe des élections prochaines dans D'Arcy-McGee. M. le
Président, ça n'a strictement aucun rapport, c'est ce que je veux
dire tout simplement au départ, toute critique que nous puissions faire
à l'égard du projet de loi n'a rien à faire à
l'égard du député de D'Arcy-McGee, du ministre qui attache
son nom à ce projet de loi.
Cependant, M. le Président, je pense que le projet de loi
et je reviens à ce que je disais tantôt quand on lui donne
un objet aussi vaste et aussi grand que celui-ci, il est très important
de voir s'il pourra remplir les buts que du moins on tente de laisser croire
à la population qu'il remplira. Je ne veux m'atta-cher qu'à un
seul des aspects de ce projet de loi. Sans citer d'article, nous avons dans ce
projet de loi un énoncé qui se trouve à l'article 119, qui
dit que la couronne et ses représentants on est encore
"poigné" avec cela, malheureusement, en droit actuel, la couronne, c'est
le gouvernement qui nous dit donc que la loi s'applique au gouvernement
et à tous ses ministres et organismes. Je ne cite pas d'article, M. le
Président, j'ai tout simplement référé au bout dans
lequel...
UNE VOIX: C'est pour répondre au député de
Matane.
M. BURNS: D'ailleurs, M. le Président, je pense que vous avez
admis depuis le début cette façon de faire. Je veux tout
simplement orienter un peu la discussion. Je suis d'accord pour dire que cette
loi permet que le gouvernement et les autres organismes qui en répondent
soient soumis à ce projet de loi. Tout le monde sait je n'ai pas
besoin de donner un cours très élaboré là-dessus
que la loi d'interprétation nous dit que, si des statuts ne
mentionnent pas spécifiquement les dispositions que je viens
d'énoncer, ces statuts ne s'appliquent pas au gouvernement.
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement, je
m'excuse auprès de mon collègue. Si le leader du gouvernement
avait voulu tout à l'heure donner liberté de parole au chef de
l'Opposition, nous aurions consenti à ce que les débats
dépassent onze heures ce soir mais, dans les circonstances, devant
l'agréable attitude du leader du gouvernement, je dois vous signaler
qu'il; est onze heures.
M. BURNS: M. le Président...
UNE VOIX: II est à peu près onze heures.
M. BURNS: ... on me laissera, selon l'heure que vous voyez et selon
l'angle où vous voyez l'heure, quand même la possibilité de
demander l'ajournement du débat pour que je puisse continuer le brillant
exposé que j'avais commencé à vous faire.
M. LEVESQUE: M. le Président, pendant que vous vous
apprêtez à demander si cette motion est adoptée, je ferai
simplement remarquer à l'honorable député de
Maskinongé que le règlement m'indique que je dois prendre sa
parole.
M. PAUL: C'est bien. Comme le leader semble d'une amabilité
extraordinaire, est-ce qu'il irait jusqu'à nous informer des travaux que
nous devrons envisager demain?
M. LEVESQUE: Cela dépendra des lois qui auront été
adoptées.
Débat relatif aux questions orales Jeux
d'hiver
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, messieurs. Je ne peux pas procéder,
malheureusement, à l'ajournement de l'Assemblée, parce qu'en
vertu de l'article 179...
M. PAUL: Pour les travaux sérieux, j'entends.
M. LE PRESIDENT: ... je dois donner la parole à l'honorable
député de Portneuf. De toute façon, la motion est
automatiquement adoptée en vertu du règlement. Je n'ai pas
à la mettre aux voix. Le débat est nécessairement
ajourné.
L'honorable député de Portneuf.
M. Antoine Drolet
M. DROLET: M. le Président, lors de la période des
questions, hier après-midi, le ministre de l'Education et son adjoint
parlementaire, responsable du haut-commissariat, ont reçu une
série de questions concernant ce fameux Haut-Commissariat à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports et plus spécialement sur la question
qui fait les manchettes des journaux depuis quelque temps, soit l'abolition ou
le retrait des Jeux d'hiver de 1972.
Il est curieux de voir, en 1972, le retrait de ces jeux, lorsque l'on
sait que, l'année dernière, pour la première année,
ces jeux ont été un véritable succès, puisqu'ils
ont permis à un grand nombre de jeunes de faire du sport et surtout
d'apprendre comment faire du sport à la veille des Jeux olympiques de
1976. Je trouve impensable que le gouvernement vienne nous dire en pleine
Chambre, hier, que la seule raison qui l'empêche de faire ces Jeux
d'hiver, c'est le manque d'argent. C'est toujours cette fameuse question du
manque d'argent, alors qu'on sait bien que, pour un budget assez raisonnable,
le haut-commissariat aurait pu certainement faire ces Jeux d'hiver de 1972. De
là découle, je crois, la véritable question: Qu'est-ce qui
se passe au haut-commissariat? Comment se fait-il qu'un front commun ait
été formé justement pour le maintien de ces Jeux
d'hiver?
Ce front commun groupe, à Montréal, toutes les
fédérations de sports d'hiver? Il a fait parvenir au ministre de
l'Education six télégrammes. On demandait: Qu'est-ce qui se
passe? Comment se fait-il que les jeux d'hiver n'ont pas lieu? A chacun des
télégrammes, un M. Gignac, secrétaire du ministre, a
accusé réception mais il n'a jamais donné de
réponse claire et précise. Qu'est-ce qui se passe encore une
fois? Nous ne le savons pas. Tout ce que nous savons, c'est qu'il y a des
démissions régulièrement, démissions,
mécontentements dans ce haut-commissariat.
J'aimerais savoir, lors de la réplique de l'adjoint
parlementaire, s'il peut confirmer l'existence de la lettre suivante,
datée du 24 octobre 1972 et signée par M. Yves Bélanger.
Selon plusieurs, il serait la cause de ce qui se passe présentement au
haut-commissariat, c'est-à-dire qu'il ne se passe rien. Est-ce qu'il est
véridique que ce M. Bélanger aurait fait parvenir au
sous-ministre, M. Martin, une lettre datée du 24 octobre, demandant une
transformation totale et même l'abolition de la Corporation des jeux du
Québec, l'abolition de Mission Québec 76 qui,
d'après ce que nous avons vu dans les journaux, est un nid à
chicane et l'abolition de la CSQ? Nous aimerions savoir
véritablement ce qui se passe et nous aimerions savoir quand le ministre
ou son adjoint parlementaire mettra de l'ordre, comme il nous l'a dit lors de
l'étude des crédits du ministère de l'Education lorsque
nous sommes arrivés à l'article du haut-commissariat.
Les preuves sont maintenant faites. Il y a absolument rien qui bouge au
haut-commissariat. On tourne en rond. Je ne veux pas accuser le
député de Vaudreuil-Soulanges ni l'ancien responsable du
haut-commissariat, le député de Fabre. Ils sont peut-être
les deux seuls, dans le gouvernement actuel, qui connaissent ce que sont les
sports et les loisirs. Mais ils semblent bloqués par quelqu'un. Si ce
n'est pas un ministre, c'est peut-être la personne que j'ai nommé
tantôt, du haut-commissariat. Il semblerait qu'il y a tout un dossier
contre cette personne. Il y a certainement quelque chose qui bloque quelque
part. Cela ne fait que tourner en rond. Il n'y a rien qui bouge. La preuve est
que, dans tous les journaux, il n'y a pas une semaine qui se passe sans qu'on
ait des nouvelles de cette inaction dans cet organisme du gouvernement.
J'aimerais savoir également du haut-commissaire s'il est vrai
qu'il était prévu, au budget de cette année, un montant
d'environ $100,000 pour les jeux d'hiver de 1972, comment il se fait qu'ils ne
se font pas et où sont allés ces $100,000.
M. le Président, je termine en demandant au responsable du
haut-commissariat de donner les véritables raisons pour lesquelles les
jeux ne se font pas. Sinon, qu'il les fasse. Je lui demande
également de convoquer la fameuse commission parlementaire, afin
que toutes ces fédérations puissent venir se faire entendre.
Peut-être qu'à ce moment-là le chat sortira du sac. Le
député...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DROLET: J'avais ma montre, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Paul Phaneuf
M. PHANEUF: M. le Président, il est malheureux que vous soyez
obligé de limiter ce débat à cinq minutes parce que je
pense qu'il était très bien parti. On était en train de
faire un excellent tour d'horizon d'une situation qui pourrait être, mais
qui n'est pas tout à fait comme le député vient de la
décrire.
Vous avez mentionné, dans votre exposé, les jeux d'hiver
du Québec. Premièrement, il faudrait que vous soyez au courant
que le gouvernement n'avait pas prévu les jeux d'hiver du Québec.
Si on relit la correspondance qui s'est établie entre le
haut-commissariat et la Corporation des jeux du Québec, qui a le mandat
de tenir ou de ne pas tenir les jeux, vous verriez qu'en date du 20 avril 1972
c'est quand même au printemps, tout de suite après
l'acceptation du budget, débat auquel vous avez pu participer on
disait ceci: Lettre à M. Poisson, qui était alors le
président: "Pour faire suite à notre discussion sur les Jeux du
Québec, alors que vous avez déposé le rapport sur
l'organisation des Jeux d'été de 1971, qui se sont tenus à
Rivière-du-Loup, je vous confirme notre intention d'apporter un soutien
financier à votre corporation pour la tenue d'une seule manifestation
des Jeux du Québec par année".
Voici que le haut-commissariat se prononçait déjà,
le 20 avril 1972, sur la tenue d'un jeu. A ce moment-là, le choix avait
été fait, à savoir que c'étaient des jeux
d'été. Donc, ce n'est pas une nouvelle pour la corporation,
à ce stade-ci.
Sur le plan des budgets, c'est la même chose. Une lettre avait
été adressée et signée par le ministre Cloutier,
responsable du haut-commissariat, par le biais du ministère de
l'Education, en date du 25 mai, expliquant exactement le budget et ce que le
haut-commissariat a l'intention de donner comme argent pour organiser les Jeux
du Québec, en 1972. Quand vous parlez des Jeux d'hiver de 1972, il
faudrait peut-être apporter une petite correction. Ce seraient les Jeux
d'hiver de 1973, s'ils avaient lieu, parce qu'on ne peut pas les tenir avant
qu'il y ait de la glace, de toute façon.
Deuxièmement, Mission-Québec 1976. On en a beaucoup
parlé. Cela fait suite à une recommandation d'un comité
qui s'appelait
Comité-Québec 1976 qui a fait des recommandations et qui
avait été mis sur pied à la demande même du
haut-commissariat.
Faisant suite à ces recommandations, le gouvernement a
institué ce qu'on appelle aujourd'hui la Mission-Québec 1976. De
dire que tout va mal dans la Mission-Québec 1976 parce qu'une personne a
démissionné, c'est aller un petit peu plus loin.
Il faudrait quand même questionner les fédérations
impliquées au niveau des Jeux olympiques 1976 et qui correspondent aux
fédérations qui sont financées par cette mission. Mais
vous savez fort bien qu'après consultation avec la mission il y a
déjà des fédérations qui ont obtenu l'argent
nécessaire pour le développement d'élites pour obtenir une
participation de 30 p.c. de Québécois dans les équipes
canadiennes en 1976. Défi de la mission.
Troisièmement, l'autre sujet parce que le temps passe
quand même vous mentionnez une lettre à M. Yves
Bélanger qui est signée Yves Martin. Il est quand même
normal pour des fonctionnaires dans une planification à court, à
moyen ou à long terme de faire des suggestions à de hautes
autorités dans le ministère. Dans ce cas-là, c'est
exactement ce qui est arrivé.
Dès mon arrivée au haut-commissariat, j'ai parlé de
consolidation des organismes existants. Donc il n'est pas question pour l'homme
politique d'abolir quoi que ce soit actuellement, au contraire. Et la preuve
est qu'actuellement on consolide ce qui existe. Même le haut-commissariat
est en train de se consolider quoi qu'on en pense et pour le
reste, à moyen et à long termes le gouvernement et les
fonctionnaires peuvent quand même proposer des modifications et des
changements dans des mandats que nous avons confiés et qu'ils nous reste
à négocier dans un temps futur.
Dans un premier temps, les Jeux du Québec ont eu lieu à
Chicoutimi. Cela a été un succès qu'on est en train
d'évaluer. Mais aussi, un des mandats de la Corporation des jeux du
Québec, c'est de nous donner quand même un rapport, pour que nous
puissions, nous, les évaluer. Parce que j'aurai à répondre
tantôt ainsi que d'autres personnes des deniers publics qui
ont été dépensés pour tenir ces jeux. Et je n'ai
pas encore le rapport final de la corporation.
Je sais qu'il y a des lenteurs parce que les gens sont un peu
essoufflés. Je les ai questionnés. C'est beau de dire que
ça ne tourne pas rond. C'est trop facile. Si vous aviez
été à Chicoutimi l'été passé, vous
auriez eu l'occasion de questionner les véritables animateurs sportifs
des 15 conseils régionaux de loisirs. Et ils nous ont dit je les
ai rencontrés moi aussi, les 15, à ce moment-là
qu'ils étaient quand même un peu essoufflés. Pour eux,
c'était important et ils ont le temps de réfléchir et de
reprendre un peu leur souffle. Il faut quand même regarder quand tout
ça a été créé.
Cela ne fait quand même pas dix ans. Il y a
quatre ans, il n'y avait rien; maintenant, il existe pas mal de choses.
Cela a évolué, ça va continuer à évoluer.
Tout n'est pas fait et j'espère que, dans un avenir rapproché, on
aura franchi encore de grandes étapes.
Pour ce qui est de dire que tout va mal au Québec, lisez la
Presse de ce soir. Le Québec a cinq ans d'avance sur la
Colombie-3ritannique en ce qui a trait à l'athlétisme et vous
savez quel parti est au pouvoir en Colombie-Britannique! Là-dessus,
merci.
M. LEVESQUE: Tout en remarquant les applaudissements nourris à
l'endroit du député de Vaudreuil, je fais la motion suivante:
Qu'on ajourne les travaux de la Chambre à demain.
M. DROLET: Vous ne faites pas la suggestion qu'il soit nommé
ministre?
M. LEVESQUE: C'est inscrit dans le journal des Débats. Pour
répondre à la question du député de
Maskinongé, il y a quelques instants, apparemment vous auriez
reçu, si je comprends bien, non? Enfin, si vous recevez des avis, des
demandes pour un débat d'urgence et que vous l'accordiez, ce sera
ça. S'il n'y a pas de demande de débat d'urgence ou si une
demande était refusée, à ce moment-là, nous ferions
l'une des deux choses suivantes: soit continuer le débat sur la loi 34
ou encore procéder à la poursuite du débat sur le budget
ou les deux à la fois.
M. BURNS: M. le Président, je ne sais pas comment on
interprète le règlement...
M. LEVESQUE: Pardon?
M. BURNS: Je ne sais pas comment on interprète le
règlement à ce sujet, mais, habituellement, une heure avant la
fin de la séance et je pense que, dans le règlement, on
précise que c'est à cinq heures de l'après-midi
vous nous dites les avis de demandes de débats d'urgence qui vous ont
été faits. Pour rassurer le leader parlementaire du gouvernement,
je peux lui dire que j'en ai soumis une copie au président pour
demain.
M. LE PRESIDENT: Le mardi ou le jeudi.
M. BURNS: Oui, c'est la directive que j'allais vous demander: qu'est-ce
qui arrive de l'avis que je vous ai donné cet après-midi
relativement à un débat d'urgence?
M. LE PRESIDENT: Je dois annoncer avant dix-huit heures le mardi ou le
jeudi quels sont les débats qui pourront dépasser l'heure.
M. BURNS: Alors il n'y en aurait pas demain.
M. LE PRESIDENT: C'est le mardi et le jeudi, en vertu de l'article
179.
M. BURNS: Très bien, on va être fixé.
M. LE PRESIDENT: C'est le règlement qui est fixe.
M. LEVESQUE: Le débat d'urgence.
M. LE PRESIDENT: Non, non, on parle de...
M. LEVESQUE: Ah! du minidébat.
M. BURNS: Non je parle du débat d'urgence, M. le
Président, de l'avis que je vous ai donné que, demain, j'avais
l'intention de proposer une motion en vue d'avoir un débat
d'urgence.
M. LE PRESIDENT: L'article dit, si je me rappelle bien, qu'avant les
affaires du jour, d'abord cet avis doit m'être donné une heure
avant la séance.
M. BURNS: Une heure au plus tard. Je vous l'ai donné avant
ça, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: II y en a d'autre aussi qui m'en ont donné.
M. BURNS: Pas avant moi, ce n'est pas possible.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas ce soir que je dois dévoiler tout
ce que j'ai reçu.
M. BURNS: M. le Président, je ne veux pas vous forcer à
dévoiler quoi que ce soit, mais je dois vous dire que vous veniez
à peine de rendre votre décision, cet après-midi, que je
vous avais remis une copie de mon avis.
M. LE PRESIDENT: Jusqu'ici j'en ai trois. M. BURNS: Bon d'accord.
M. LEVESQUE: II y a quelqu'un qui a peut-être couru un peu plus
vite. M. le Président, je propose l'ajournement de la Chambre à
demain dix heures.
M. LE PRESIDENT: L'assemblée ajourne ses travaux à demain
dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 23)
NOTE DE L'EDITEUR: Cette annexe devait paraître dans
l'édition d'hier (no 68). Elle fait suite à une série de
questions inscrites au feuilleton.
ANNEXE
Personnel agricole dans Lotbinière
Question de M. Béland 1. a) Combien de personnes sont
à l'emploi du ministère de l'Agriculture et de la Colonisation,
comté Lotbinière? b) Quels sont leurs noms? c) Quels sont leurs
titres? d) Travaillent-elles toutes à temps plein, sinon lesquelles ne
travaillent qu'à temps partiel?
Réponse de M. Toupin 1. a) 13. 1. b) et c) Blondin, Dr.
Denis Médecin-vétérinaire
Chabot, Charles-Henri Technicien
Descarreaux, Gilles Agronome Crédit agricole
Garneau, Ludovic Agronome
Lemay, Marius Inspecteur
Lemay, Marc-Albert Agronome
Léonard, Fernand Agronome
Martel, Diane Sténo-dactylographe * Paquette, Leopold Inspecteur
de produits laitiers Roy, Jean-Paul Agronome * Simard, Julien Inspecteur de
produits laitiers Touchette, Marcel Inspecteur de colonisation Sylvain, France
Sténo-dactylographe * Exercent leur fonction alternativement dans les
comtés de Mégantic et de Lotbinière. 1. d) Oui, à
l'exception d'une sténo-dactylographe qui ne travaille qu'à titre
occasionnel.