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(Onze heures cinq minutes)
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
M. BURNS: M. le Président, il n'y a pas quorum.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Qu'on appelle les
députés!
Dépôt de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées. Présentation de
projets de loi au nom du gouvernement.
M. LEVESQUE: M. le Président, article g).
Projet de loi no 86 Première lecture
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): L'honorable ministre de la
Justice propose la première lecture de la Loi modifiant la loi
constituant le service de police de la Communauté urbaine de
Montréal et modifiant de nouveau la loi de la Communauté urbaine
de Montréal.
M. LEVESQUE: M. le Président, l'article 1 prévoit que
l'intégration des corps policiers des banlieues à celui de la
communauté urbaine avec les avantages en découlant pour les
membres se fera dès que la commission de police aura terminé son
enquête. La loi actuelle prévoit que cette intégration
n'aura lieu que lorsque la commission de police aura terminé l'audition
de toutes les demandes en révision, formulées à la suite
de l'enquête de la commission. Elle prévoit également que
les cotisations syndicales, dès l'intégration, seront payables
à la Fraternité des policiers de Montréal.
Les articles 2 et 3 prévoient que les préposés aux
traverses d'école de Montréal et de Verdun,
transférées à la communauté, seront
représentés par le Syndicat canadien de la fonction publique,
section locale 930, et qu'ils seront régis par la convention conclue
entre le syndicat et la ville de Montréal, le 6 mai 1970, pour la
conclusion d'une nouvelle convention collective avec le Conseil de
sécurité.
L'article 4 habilite la fraternité à négocier
l'unification des régimes de retraite des policiers engagés par
le Conseil de sécurité et prévoit qu'à titre
provisoire, ces nouveaux policiers seront régis par le régime de
retraite des policiers de la ville de Montréal. L'article 5 autorise le
gouvernement à verser à la Communauté urbaine de
Montréal une subvention annuelle n'excédant pas $3 par habitant
du territoire de la communauté, pour les dépenses de police.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamon-tagne): Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First reading
of this bill.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Deuxième lecture,
prochaine séance ou séance subséquente.
M. LEVESQUE: Article h).
Proiet de loi no 276 Première lecture
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): L'honorable ministre de la
Justice propose la Loi modifiant la loi sur les loteries et courses.
M.LEVESQUE: M.le Président, l'article 1 de ce projet ajoute des
définitions à l'article 1 de la Loi sur les loteries et courses.
L'article 2 précise les pouvoirs généraux de la
Régie des loteries et courses du Québec, de surveiller,
contrôler et réglementer les courses. L'article 3 impose
désormais l'obligation de détenir un permis émis par la
régie pour exploiter un hippodrome ou une ferme d'entraînement de
chevaux de course ou exercer un commerce ou une occupation qui ne sont pas
soustraits à l'application de cet article par un règlement de la
régie approuvé par le gouvernement.
L'article 4 est de concordance. L'article 5 donne à la
régie juridiction sur un litige ou une question ayant pour objet
l'application des règles concernant les courses, soit les règles
que la régie peut faire selon la nature, le nombre, la fréquence,
l'organisation, la conduite des courses, ainsi que sur l'application des
sanctions disciplinaires que la régie peut imposer en cas de
dérogation à ces règles concernant les courses.
Cet article donne aussi juridiction à la régie sur les
questions et litiges relatifs aux activités d'un détenteur de
permis, à la suspension et à la rénovation d'un permis,
à la protection du public et à l'ordre public.
L'article 6 précise que les personnes autorisées par la
régie à vendre et décider de certaines affaires peuvent
être choisies parmi des représentants d'associations, d'organismes
reconnus par la régie.
Les articles 7, 8 et 9 précisent certains cas de procédure
et déterminés par règlement.
L'article 10 élimine la valeur minimum de l'objet en litige
indiqué à l'article 41 de la Loi sur les loteries et courses dans
les cas d'appel, lorsqu'il s'agit d'une affaire relative à une
règle concernant les courses, à l'application d'une sanction
disciplinaire ou à un règlement pour assurer la protection du
public et l'ordre public.
L'article 11 modifie l'article 51 de la Loi sur les loteries et courses,
et notamment, permettra à la régie d'adopter des
règlements pour établir les normes relatives à
l'exploitation et à l'organisation d'un hippodrome et d'une ferme
d'élevage et d'entraînement de chevaux de course.
L'article 12 permet à la régie d'édicter des
règles concernant la nature, le nombre, la fréquence,
l'organisation, la conduite des courses ainsi que les sanctions disciplinaires
applicables dans les cas de dérogation à ces règles.
L'article 13 porte de $1,000 à $5,000 l'amende maximum qui peut
être imposée à un individu en cas d'infraction à la
Loi sur les loteries et courses ou aux règlements adoptés en
vertu de cette loi et de $5,000 à $50,000 celle qui peut être
imposée aux corporations.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First reading
of this bill.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Deuxième lecture,
prochaine séance ou séance subséquente.
Projet de loi no 88 Première lecture
M. LEVESQUE: M. le Président, je vous demanderais, avec le
consentement unanime de la Chambre, de proposer la première lecture du
projet de loi no 88, Loi d'expropriation, au nom du ministre des Transports, de
la Voirie et des Travaux publics.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First reading
of this bill.
M. LEVESQUE: IlI s'agit d'un projet de loi qui propose l'adoption d'une
loi unique pour régir, au Québec, toutes les expropriations et
l'imposition de réserves pour fins publiques. Il crée aussi un
tribunal ayant pour seule fonction de déterminer les indemnités
qui découlent de l'expropriation ou de l'imposition de réserves
pour fins publiques.
Le nouveau tribunal, qui remplacera la Régie des services publics
en matière d'expropriation et le bureau des expropriations de
Montréal, sera divisé en deux sections: L'une pour le district
d'appel de Québec et l'autre pour celui de Montréal. Chaque
section sera présidée par un juge assisté d'un autre juge
à titre de président adjoint.
Voici quelques-unes des principales innovations du projet. Toute
expropriation devra être décidée ou autorisée par le
gouvernement, sauf dans le cas des municipalités ou commissions
soclaires.
Les locataires porteurs d'un bail ayant une date certaine avant
l'expropriation devront être notifiés de l'expropriation et
pourront être indemnisés. L'expropriant devra, avant de pouvoir
prendre possession du bien exproprié, verser une indemnité
provisionnelle égale au plus élevé du montant de son offre
ou de celui de l'évaluation municipale de l'immeuble
exproprié.
Dans le cas d'expropriation par le gouvernement ou la ville de
Montréal pour fins de voirie, une indemnité provisionnelle
égale à 50 p.c. de l'offre ou de l'évaluation municipale,
suivant le montant le plus élevé, devra être versée
à l'exproprié dans les 90 jours du dépôt des
plans.
Si une expropriation laisse un résidu de terrain non utilisable
pour fins normales ou si l'exploitation d'une ferme est sérieusement
compromise par une expropriation partielle, l'expropriation de l'ensemble
pourra être ordonnée par le tribunal. Les pouvoirs dits
d'homologation des municipalités seront remplacés par celui
d'imposer des réserves pour fins publiques. Ce pouvoir est aussi
étendu à tous les autres expropriants avec la permission du
gouvernement. La réserve pour fins publiques prohibe pendant deux ou
cinq ans toute construction sur l'immeuble qui en fait l'objet. Par contre,
elle donne droit à une indemnité, qu'elle soit ou non suivie
d'expropriation. L'imposition de réserve pour les municipalités
continue d'être assujettie à l'autorisation de la cour
Supérieure, après avis public.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Première lecture.
Adopté? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First reading
of this bill.
Projet de loi déféré à la commission
M. LEVESQUE: M. le Président, je voudrais faire motion pour que
ce projet de loi soit déféré à la commission
parlementaire des transports, des travaux publics et de l'approvisionnement,
après la première lecture, et que ce projet de loi suive son
cours.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adopté.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Dépôt de documents
Rapport du curateur public
M. PARENT: M. le Président, je voudrais
déposer le premier rapport annuel du curateur public pour
l'année financière terminée le 30 juin 1972.
M. PAUL: Merci.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Questions orales des
députés.
Questions orales des députés
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): L'honorable député
de Chicoutimi.
Place Royale
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne sais pas si le
premier ministre est en mesure de répondre aux questions que je lui ai
adressées il y a déjà deux jours sur le cas de Place
Royale. S'il n'est pas capable de répondre, j'ai une autre question
à lui poser.
M. GARNEAU: M. le Président, j'ai obtenu du ministère des
Affaires culturelles les réponses aux questions posées par le
député de Chicoutimi.
La première question était la suivante: Quels sont les
projets du ministère concernant les locataires actuels, ceux qui ont
été évincés des maisons situées dans le
quadrilatère de Place Royal?
La réponse: Six familles ont été relogées.
Les autres citoyens de Place Royale qui veulent demeurer à Place Royale
seront relogés à mesure que les logements deviendront disponibles
soit une vingtaine en 1973-1974, plus la possibilité de la
banque de logements, qui sera créée par le développement
de l'îlot Fargues. Les locataires de Place Royale évincés
ou non ont priorités sur tous les autres.
Deuxième question, est-il exact que les responsables de Place
Royale refusent de faire les réparations urgentes et essentielles dans
les maisons actuellement occupées, afin d'inciter les locataires qui
réclament à quitter de force les lieux?
La réponse: Les maisons restaurées sont la
propriété du gouvernement. Dans plusieurs cas, il en coûte
beucoup moins cher au gouvernement de dédommager des locataires que de
faire des réparations onéreuses à caractère
très temporaire. Exemple: soutenir à grands frais des murs
lézardés de tout un édifice pour un ou deux logements.
Dans les édifices qui doivent être démolis à
brève échéance, il serait inutile de faire des
réparations onéreuses.
La troisième question: Est-il exact que des compensations en
argent ont été versées à certains locataires
évincés et refusées à d'autres? Dans l'affirmative,
quelles sont les normes et critères définis par le
ministère à ce sujet?
La réponse: C'est inexact. Tous ceux qui subissent un
préjudice réel sont dédommagés selon les normes et
critères de la Voirie qui s'occupe des questions d'expropriation pour le
ministère des Affaires culturelles, dans Place Royale. Ce sont les
mêmes normes que la Voirie applique ailleurs dans la province.
Quatrième question: Est-il exact qu'il existe, au
ministère, une liste d'attente préférentielle pour des
locataires?
La réponse: C'est faux. Les six familles ont été
relogées et le choix des familles a été fait par le
comité de citoyens de Place Royale.
Cinquième question: Le ministre pourrait-il confirmer s'il s'agit
bien de 10 p.c. pour l'administration, 10 p.c. pour la surveillance, ce qui
fait 20 p.c, contrairement à ce qui a été
affirmé?
M. le Président, le sous-ministre des Affaires culturelles a fait
parvenir une lettre. En tout cas, c'est bien 10 p.c. d'administration et 10
p.c. de profit. Il y avait eu une erreur dans le vocabulaire utilisé
dans la réponse. Il y a une lettre je ne sais pas si je l'ai
apportée ici signée par M. Raymond Gariépy, le
sous-ministre adjoint aux Affaires culturelles: "En lisant l'article paru
aujourd'hui dans Le Soleil sur Place Royale, j'ai réalisé que
j'avais fait involontairement une réponse inexacte à la question
no 8-a) posée par le député de Chicoutimi. Il aurait fallu
lire 20 p.c. au lieu de 10 p.c. pour l'administration et le profit des
entrepreneurs. J'espère qu'il sera possible de corriger cette
erreur."
Question no 6: "Est-ce qu'on pourrait donner à cette Chambre les
renseignements précis concernant les maisons qui ont été
restaurées et celles qui ont été reconstituées? "
Réponse: On a tenté de restaurer les maisons Parent et Le Picard.
Après une tentative infructueuse, elles furent reconstituées.
Toutes les autres maisons complétées furent
restaurées.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): L'honorable député
de Chicoutimi, question additionnelle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle. Est-ce que le ministre
des Finances ou le premier ministre pourrait expliquer les différences
de coût dans le cas de restaurations de certaines maisons à Place
Royale et dans le cas de la restauration qui s'est faite à la maison De
Petit Pré?
Et le ministre des Finances pourrait-il nous dire s'il est exact qu'un
certain nombre d'entreprises commerciales, de restauration ou autres, sont des
clients éventuels de Place Royale et ainsi apparaissent dans la liste
préférentielle dont le ministre vient de nous dire qu'elle
n'existe pas et dont nous lui donnerons en temps utile la preuve de
l'existence?
M. GARNEAU: La première question, j'en prends avis. Quant
à la deuxième question, si le député est au
courant, je ne vois pas pourquoi il
la pose. C'est la réponse que j'ai eue lorsque j'ai transmis le
feuillet du journal des Débats au ministère des Affaires
culturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait
vérifier auprès du ministère des Affaires culturelles si
M. Jacques Le Barbenchon envoie des lettres aux locataires actuels des maisons
de place Royale, les invitant à déménager s'ils ne sont
pas contents et à "sacrer leur camp" si les maisons ne les satisfont
pas?
M. GARNEAU: Je prends avis de la question.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Question additionnelle, le
député de Maskinongé.
M. PAUL: Question additionnelle. Est-ce que le ministre des Finances est
en mesure de répondre à la question que je lui ai signalée
en l'absence du ministre des Affaires culturelles quant au pourcentage qu'il a
signalé comme étant de l'ordre de 10 p.c. alors que le document F
qu'il produisait en même temps que sa réponse, samedi dernier,
mentionnait 20 p.c. de profit?
M. GARNEAU: M. le Président, j'ai indiqué l'autre jour
qu'en ce qui regardait la rémunération des entrepreneurs, il
s'agissait du même pourcentage qui avait été utilisé
sous l'ancien gouvernement. Pour ce qui est de l'erreur de vocabulaire, j'ai
répondu à l'ancien ministre des Affaires culturelles. Vous me
demandez si c'est 20 p.c. en tout, j'ai dit oui tout à l'heure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous pouvez faire la
différence entre un contrat principal et les sous-traitants?
M. GARNEAU: Exactement, M. le Président, pour le contrat
principal, c'est...
M. PAUL: C'est 20 p.c.
M. GARNEAU: ... comme je l'ai indiqué tout à l'heure, 10
p.c. d'administration et 10 p.c. de profits. Pour les sous-traitants, c'est 10
p.c. de coordination.
M. PAUL: Cela fait 30 p.c.
M. GARNEAU: Bien non! vous n'additionnez pas le contrat principal avec
les sous-traitants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, une question
additionnelle. Dans le cas des appels d'offre, comment se fait-il qu'à
un moment donné il y a un seul entrepreneur qui présente une
soumission et qu'après on partage un résidu de plus de $600,000
entre d'autres entrepreneurs qui se sont gentiment écartés?
M. GARNEAU: M. le Président, je ne crois pas qu'il s'agisse
là du genre de questions qui peuvent être posées à
ce moment-ci de nos travaux parce qu'il est évident que même si le
ministre était là, ce n'est pas le genre de renseignements qu'on
peut avoir à portée de la main. Si on veut que je prenne avis de
la question, je suis prêt à le faire, mais c'est le type de
questions qui sont régulièrement posées à la
commission des engagements financiers. Je suis obligé de prendre avis de
ce type de questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur un rappel au
règlement. Est-ce que je puis faire observer au ministre
qu'effectivement cette question a déjà été
discutée aux engagements financiers et que nous n'avons pas obtenu les
renseignements dont nous avons besoin? Je prierais le ministre de le noter et
de s'enquérir auprès de qui de droit.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): L'honorable député
de Beauce.
Délégation du Québec à
Paris
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'ai une question à
poser à l'honorable premier ministre relativement à la question
que je lui posais hier. Est-ce que le premier ministre pourrait nous faire part
des intentions ou des décisions qu'il entend prendre à la suite
de mes questions et des demandes que je lui ai formulées hier?
Auparavant, M. le Président, on me permettra peut-être de donner
un peu plus d'explications au premier ministre. Il s'agit d'un monsieur qui
devait rencontrer le maire Lamontagne de Québec, M. Philippe
Barberousse, représentant de fabrique j'ai ici sa carte et son
numéro de téléphone: agencement immobilier, cafés,
restaurants, hôtels et collectivités lors de son passage
à la délégation québécoise de Paris avec le
Bonhomme Carnaval en vue d'étudier la possibilité de
l'établissement d'une usine à Québec. Cette entreprise est
spécialisée dans la fabrication d'accessoires sanitaires pour
salles de bain. M. Héroux, administrateur de la
délégation, a été prévenu pour
préparer cette rencontre et M. Leblond s'est occupé de cette
rencontre.
Il aurait même téléphoné à M.
Barberousse, pour lui dire qu'il lui refusait l'entrevue demandée et de
bien vouloir le rencontrer au préalable, attestant que c'était
lui qui avait la haute direction.
Deuxième point, M. le Président, il y a un fait qui s'est
produit après ma question hier; disons que ceci me laisse
extrêmement perplexe et nous permet de poser d'autres questions. J'ai
cité le nom d'une personne hier, à cette période de
questions, et cette personne a été congédiée hier
midi.
M. BOURASSA: A la première question, j'ai
reçu hier après-midi les documents que le
député m'a fait parvenir; alors, j'ai transmis ça au
ministère des Affaires intergouvernementales, pour voir s'il y avait
lieu de faire le grief qu'a fait le député. Deuxième
question, j'ai été, disons stupéfait, comme l'a
été le député, quand j'ai vu que l'employé
avait été congédié. Je me suis informé pour
voir les causes...
M. LEVESQUE: Suspendu.
M. BOURASSA: ... suspendu, dis-je. Je me suis informé pour voir
les causes de cette suspension ce matin même et on m'a dit qu'il n'y
avait aucune relation entre la question du député et le fait que
le nom avait été mentionné à l'Assemblée
nationale et la suspension; mais j'attends d'autres nouvelles au cours de
l'après-midi.
M. DROLET: C'est arrivé en temps.
M. ROY (Beauce): Etant donné que ce n'est pas la première
fois que nous avons des plaintes de ce genre et que plusieurs personnes n'osent
jamais parler les informateurs n'osent pas trop divulguer des noms de
crainte des sanctions est-ce que le premier ministre pourrait profiter
de l'occasion qui lui est offerte pour faire une enquête en profondeur,
pour voir exactement l'attitude que les personnes de la
délégation du Québec adoptent, pour voir s'il n'y a pas
surtout un conflit de personnalités? Le Québec est victime de ce
conflit de personnalités par le fait que ces employés, ces
délégués ne font pas le travail qu'ils devraient faire,
pour représenter adéquatement le Québec et nous permettre
justement d'avoir des investissements dont nous avons besoin chez nous.
M. BOURASSA: M. le Président, lorsque le député a
mentionné le nom hier, c'est à ma demande qu'il l'a fait pour
appuyer son affirmation. Donc, je pense bien qu'il était très
important, étant donné qu'il avait voulu être très
précis dans son affirmation, qu'il n'y ait aucune espèce de lien
entre la suspension de la personne en cause et le fait que le nom soit
mentionné parce qu'autrement, on en restera toujours dans les
généralités.
C'est pourquoi j'ai immédiatement fait enquête et j'ai
demandé qu'on ait toutes les informations là-dessus et les
premières informations qui m'ont été fournies sont
à l'effet qu'il n'y a aucun lien entre ce fait et l'attitude de
l'employé en question. Quant à l'enquête sur la
délégation du Québec, de façon
générale, je pense que c'est prématuré pour
l'instant. On va d'abord examiner le cas en question. Comme l'a dit hier le
ministre des Affaires intergouvernementales, il a toute une série de cas
où les gens ont été très satisfaits du travail de
la délégation. Donc pour l'instant, il s'agit d'examiner le cas
soumis par le leader parlementaire.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): L'honorable député
de Lafontaine.
Epandage du sel sur les routes
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
d'Etat responsable de l'environnement. A la suite du rapport
préliminaire du consortium de recherches sur l'eau concernant les
menaces que fait peser sur l'environnement l'épandage de sel sur nos
routes, le ministre pourrait-il nous dire 1) Quelles recherches ses services
font actuellement à ce sujet? 2 ) Est-ce que des mesures sont prises
pour remplacer, autant que possible, le sel d'épandage par du sable ou
un autre ingrédient?
UNE VOIX: On va mettre du poivre.
M. GOLDBLOOM: Quant à la première question, nous ne
poursuivons pas présentement de recherches à nos services, mais
des recherches sur ce problème se poursuivent ailleurs et nous les
suivons avec intérêt. Quant à la deuxième question,
oui, nous travaillons de concert avec le ministère de la Voirie pour
trouver un moyen de réduire la proportion de sel utilisée sur les
chemins et rues du Québec.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontange): Le député de
Maskinongé.
Commission des transports
M. PAUL: M. le Président, je voudrais poser une question au
premier ministre. Est-ce qu'il peut nous dire quand il se propose de faire
connaître le nom des personnes qui feront partie de la commission des
transports créée en vertu de la loi 23, adoptée à
la fin du mois de juin dernier, aux fins de régler au plus tôt les
différents problèmes dont, entre autres, celui du taxi et celui
des camionneurs qui veulent devenir membres de l'INCAI, et, du même
souffle, le premier ministre pourrait-il nous décrire les fonctions
actuelles de l'honorable juge Roy Fournier qui a été nommé
membre du tribunal de l'appel de cette commission des transports qui n'existe
pas?
M. BOURASSA: M. le Président, nous avons dû
compléter les règlements et je dois dire que c'était une
chose assez complexe. J'ai moi-même passé une partie de la nuit
à réviser les règlements dans le domaine du taxi, il y en
a plusieurs centaines. On sait à quel point les problèmes de
l'industrie du taxi ne sont pas faciles à résoudre. Ces
règlements doivent être soumis au conseil des ministres ce soir.
Ils seront rendus publics, sauf imprévu, demain.
Nous devrions nommer les membres de la commission d'ici quelques
semaines au plus tard, soit d'ici la mi-janvier. Quant à M.
Fournier, il fait partie de la magistrature, il peut remplir ses
fonctions comme juge de la cour Provinciale en attendant la formation de la
commission.
M. PAUL: Le premier ministre peut-il nous dire s'il remplit
effectivement ces fonctions-là actuellement?
M. BOURASSA: Je peux m'informer, M. le Président.
M. PAUL: Très bien.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): L'honorable député
de Portneuf.
Carrière de Saint-Marc
M. DROLET: M. le Président, j'aurais des questions à poser
à l'honorable ministre des Institutions financières, Compagnies
et Coopératives; je l'ai d'ailleurs prévenu, hier soir, de mes
questions afin qu'il soit prêt à y répondre ce matin.
Est-ce que le ministre a de nouveaux développements concernant
l'enquête demandée par les travailleurs de la carrière
Martineau-Des-chambault à Saint-Marc, enquête sur les
activités passées de cette compagnie? Est-ce que le ministre a
définitivement transféré cette demande et tout le dossier
à son collègue de l'Industrie et du Commerce? Est-il vrai qu'un
haut fonctionnaire de son ministère se serait rendu sur place, la
semaine dernière, afin de rencontrer les travailleurs et qu'il leur
aurait déclaré que la formation d'une coopérative de
production au Québec était une chose pratiquement impossible?
M. TETLEY: M. le Président, il n'y a pas de dossier en soi.
Il est vrai que j'ai transféré toutes les demandes, tous
les télégrammes au ministre de l'Industrie et du Commerce. Je
peux dire, au nom du ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives, que nous favorisons toujours une industrie
gérée par une coopérative ou sous forme
coopérative. Au sujet d'une visite sur place d'un haut fonctionnaire du
ministère des Institutions financières, c'est vrai. Le
sous-ministre associé est allé sur place, mais n'a pas pris de
décision, parce que, si nous sommes toujours prêts à
créer une coopérative, il faut que l'entreprise soit rentable.
Ceci regarde plutôt le ministère de l'Industrie et du
Commerce.
M. DROLET: Question supplémentaire, au ministre de l'Industrie et
du Commerce. Est-ce que le ministre, de son côté, a de nouveaux
développements? Est-ce qu'il a donné suite aux
télégrammes transmis à son ministère concernant
l'enquête demandée?
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'on ne peut taxer la compagnie d'avoir
délibérément tenté de mettre à pied des
ouvriers. Dans une réponse précédente, j'ai indiqué
les causes très profondes du malaise de la compagnie. Je pense que ces
derniers ne peuvent être comme on l'a vu dans les journaux
taxés d'avoir délibérément, par mépris,
tenté de mettre des gens en chômage.
M. Leopold Girard, secrétaire de mon ministère, a
rencontré, à plusieurs reprises, le comité de citoyens qui
tentent, sous la forme d'une coopérative, de racheter l'entreprise et il
a organisé, pour ces gens, des entrevues à Montréal avec
le Trust Général, qui est le fiduciaire de l'actif. On me dit
qu'à la suite de cette rencontre, le comité était fort
encouragé par ses résultats. Nous avons reporté, à
la suite de la rencontre, au 9 janvier, je pense, la date à laquelle la
compagnie ou le fiduciaire recevra toute offre d'achat de la compagnie. Je peux
assurer le député que nous ne ménageons pas les efforts
pour aider le groupe des citoyens ainsi que leurs conseillers financiers sur
tous les aspects de la transaction et qu'en même temps, nous tentons,
comme c'est notre responsabilité, de trouver d'autres personnes
sérieuses qui seraient intéressées à racheter
l'entreprise.
Dans tous les cas, nous avons constamment, comme premier critère,
la rentabilité à long terme de l'entreprise et, dans tous les
cas, nous tentons d'éviter les gens qui pourraient vouloir acheter
l'entreprise pour se débarrasser d'un concurrent gênant sur le
marché.
J'ai bonne confiance qu'à la suite de la rencontre du 9 janvier,
nous pourrons avoir un nouveau propriétaire, soit le groupe de citoyens
ou soit d'autres groupes sérieux, qui pourront assurer la reprise du
travail à long terme pour l'entreprise.
M. DROLET: Question supplémentaire. Est-ce que le ministre, qui
m'avait déclaré, il y a une dizaine de jours, qu'il rendrait
public le rapport du comité interministériel, peut nous dire
quand ce rapport sera rendu public?
M. SAINT-PIERRE: Je l'ai malheureusement oublié, ce matin,
à mon bureau. Il est prêt. Sans le déposer en cette
Chambre, cet après-midi, peut-être que je pourrais en donner une
copie à chaque parti d'Opposition. C'est essentiellement un rapport qui
fait l'historique de toutes les rencontres et qui indique les
problèmes.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): L'honorable député
de L'Islet.
Hausse du prix des céréales
M. GIASSON: J'aurais une question à l'adresse du ministre de
l'Agriculture et de la Colonisation.
Les cultivateurs du Québec subissent présen-
tement des préjudices considérables d'un ordre un peu
spécial. Je voudrais savoir du ministre de l'Agriculture, qui doit
rencontrer très prochainement son collègue fédéral,
s'il a l'intention d'aborder les problèmes que cause présentement
aux cultivateurs du Québec l'escalade effrénée du prix des
céréales. L'on sait que, depuis deux mois, l'augmentation du prix
des céréales, de toutes les céréales qui entrent
dans la fabrication des moulées alimentaires, a connu, en moyenne, une
augmentation de 35 p.c. On nous indique que cette augmentation n'est pas
terminée.
Est-ce que le ministre de l'Agriculture a l'intention d'aborder ce
problème avec le ministre fédéral de l'Agriculture, en
vue, peut-être, d'obtenir une aide de son collègue d'Ottawa?
M. TOUPIN: Oui, j'ai l'intention, bien sûr, de discuter de cette
question avec le ministre de l'agriculture du gouvernement
fédéral, que je rencontre cet après-midi. Je discuterai
aussi, évidemment, d'autres points; notamment, la question de la
commission canadienne du lait, le programme des petites fermes et celui de la
commercialisation des produits au pays.
Le problème que soulève le député de l'Islet
est réel et véridique. Nous assistons présentement,
notamment au Québec, à une augmentation du coût des
moulées qui est vraiment trop forte et qui porte préjudice au
développement économique des fermes. Il semble que cette hause se
fasse sentir dans toutes les provinces du pays et non seulement ici au
Québec. Nous allons regarder avec lui comment, ensemble, nous pouvons
trouver une solution pour faire diminuer le coût des grains et, par
conséquent, faire diminuer le coût des moulées. C'est un
problème qui n'est pas facile à résoudre. On a
déjà discuté à plusieurs reprises de ce
problème avec le gouvernement fédéral. Nous attendons
toujours un rapport de la commission canadienne des grains qui doit nous
proposer une solution. Celle-ci ne nous est pas encore parvenue. Nous allons
aussi profiter de l'occasion pour regarder où en sont rendus les travaux
de la commission ou du conseil canadien des grains sur cette solution possible
à apporter à ce problème au pays, en vue de diminuer
l'écart qui existe parfois entre les grains payés par les
producteurs de l'Ouest et ceux payés par les producteurs de l'Est.
M. DEMERS: Question supplémentaire, M. le Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Question supplémentaire.
Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, je voudrais demander au ministre de
l'Agriculture quels sont les arguments précis qu'il va apporter pour
convaincre son collègue du fédéral. On sait qu'ils vont se
rencontrer. Ils vont se dire bonjour et se souhaiter Bonne année.
Ensuite que va-t-il se passer?
UNE VOIX: Joyeux Noël!
M. TOUPIN: On va commencer par ça!
UNE VOIX: C'est une entrée en matière.
M. TOUPIN: Ensuite, on va énoncer des arguments. L'argument le
plus simple que nous pouvons apporter il me semble que c'est très
facile à comprendre et que c'est assez fort comme argument est le
suivant: Un agriculteur du Québec ne doit pas payer ses grains plus cher
qu'un agriculteur de l'Ouest.
M. DEMERS: C'est un postulat. C'est admis depuis cent ans.
M. TOUPIN: C'est l'argument de fond. Quant aux modalités, quant
aux moyens à prendre pour atteindre cette égalité, il
existe la commission canadienne du blé.
M. DEMERS: Ménagez le "gaz" et n'y allez pas!
M. TOUPIN: Nous lui avons déjà proposé de mettre en
application cette méthode afin que tout le monde soit sur un pied
d'égalité et de trouver la technique pour le faire. C'est
précisément le rapport qui devait nous parvenir contenant la
solution. Nous n'avons pas encore le rapport, donc nous n'avons pas non plus la
solution.
M. DEMERS: Question additionnelle. Est-ce qu'il va être question
du transport des grains de provende, à votre réunion? Je pense
que c'est là qu'est la clé.
M. TOUPIN: Il n'est pas sûr que la clé soit là ou
seulement là.
M. DEMERS: Si vous savez où elle est, prenez-là donc et
ouvrez donc la porte !
M. TOUPIN: Quand on aborde le problème des grains, on aborde, par
conséquent aussi, le problème des transports.
M. DEMERS: Ils font des parties toutes les semaines et cela ne
mène nulle part.
M. TOUPIN: Le transport est subventionné, je pense, à
environ $0.20 le boisseau ou la tonne. En dépit d'une subvention, on
paie encore parfois plus cher. Actuellement l'équilibre s'est fait au
pays, ou à peu près, à cause d'une très forte
demande des grains. Le problème se pose parce que les prix sont trop
élevés à ce niveau, pour les producteurs.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): L'honorable député
de Lotbinière.
M. BELAND: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-il vrai que vous serez le représentant officiel du front commun
créé par l'UPA, le ministère de l'Agriculture et la
Coopérative fédérée? Deuxième volet,
qu'est-ce que vous entendez suggérer pour régler le
problème?
UNE VOIX: Deux volets.
M. TOUPIN: Ce n'est pas un front commun. C'est simplement la mise en
commun d'un certain nombre d'efforts et d'idées pour essayer de trouver
une solution qui soit valable. Je vous ai donné des indications assez
clairement tantôt. Je vous ai dit que l'objectif qu'on poursuit, c'est
que tous les agriculteurs du pays soient sur un pied d'égalité.
Quant au reste, c'est de la technique. Comment va-t-on établir la
fixation des prix? Comment va-t-on régler le problème du
transport? Cela devient des questions techniques. Lorsqu'on accepte ce principe
comme base, je pense que les moyens mécaniques pour appliquer la
solution sont assez faciles à trouver. Il s'agit d'analyser.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Dernière question
additionnelle. L'honorable député de Labelle.
M. LAFONTAINE: M. le Président, le ministre de l'Agriculture
a-t-il invité les responsables de l'UPA de la zone 8 à assister
à la rencontre avec le ministre fédéral, rencontre qui
doit avoir lieu cet après-midi a-t-il dit il y a quelques
instants pour discuter de l'admissibilité des comtés de
Labelle, Gatineau et Pontiac au bénéfice de la politique des
zones désignées, politique qui est censée être
abandonnée depuis le 15, mais le ministre de l'Agriculture...
DES VOIX: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: M. le Président...
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Continuez, je vais vous
suivre.
M. LAFONTAINE: Vous m'avez bien compris, M. le Président?
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Non, je n'ai pas compris,
justement.
M. LAFONTAINE: Vous me reconnaissez? Une politique qui est finie
officiellement depuis le 15 mais dont le ministre dit, à chaque fois
qu'on lui pose la question, qu'il...
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Question, s'il vous
plaît.
M. LAFONTAINE: ... est censé en discuter vers le 20. Le ministre
vient de dire qu'il rencontre, cet après-midi, le ministre de l'Agri-
culture. A-t-il invité ou a-t-il l'intention d'inviter des
représentants de l'UPA de la zone 8 pour le soutenir dans ses
revendications auprès du ministre fédéral de
l'Agriculture?
M. TOUPIN: Non, M. le Président, je n'ai pas l'intention
d'inviter des groupes d'agriculteurs, soit l'UPA ou d'autres groupes, pour
venir discuter de ce problème avec le ministre fédéral de
l'Agriculture. J'en ai déjà discuté avec eux à
plusieurs reprises. Je connais leur point de vue, je connais leur position.
S'ils croient que des pressions sur le gouvernement fédéral
doivent être faites par les agriculteurs, je pense qu'ils peuvent
toujours prendre contact avec le ministre fédéral de
l'Agriculture et essayer de le sensibiliser à leurs problèmes.
Moi, je vais en discuter avec lui et je tenterai, encore une fois, de l'amener
à changer ses critères, à ajouter quelques millions
à son budget. Si tel est le cas, je ne vois pas d'inconvénient
à déclarer d'autres régions désignées mais,
dans le cadre des critères actuels, je ne peux pas me permettre d'en
désigner d'autres.
M. LAFONTAINE: M. le Président, une dernière question
supplémentaire.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Une dernière.
M. LAFONTAINE: Oui, parce que tout à l'heure, c'était une
question principale. Est-ce que le ministre, devant le refus éventuel ou
possible du ministre fédéral d'accepter le point de vue que le
ministre de l'Agriculture aimerait faire valoir auprès de son
collègue fédéral, aurait objection à proposer une
rencontre tripartite entre le fédéral, le provincial et l'UPA sur
cette question des zones désignées et de budgets du
fédéral?
M. TOUPIN: M. le Président, je suis ouvert à toute formule
qui peut être de nature à chercher une solution au
problème. Si, toutefois, les gens de la région ou l'UPA me
demandaient d'organiser une rencontre conjointe, je n'y verrais pas
d'inconvénient. Mais il me paraît bien évident que si les
agriculteurs veulent rencontrer le ministre fédéral, ils peuvent
toujours le faire, en discuter avec lui et faire valoir auprès de lui
leurs arguments. Après, je n'ai pas d'inconvénient à
rediscuter avec mon collègue fédéral.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Dernières questions,
l'honorable député de Sainte-Marie et l'honorable
député de Lévis. L'honorable député de
Sainte-Marie.
Promotions et Succès
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, ma question
s'adresse au ministre des Institutions financières. Celui-ci
pourrait-il
m'expliquer comment il se fait que la compagnie Promotions et
Succès, qui avait été condamnée par la cour
Supérieure à cesser ses activités, les continue dans la
province, et principalement à Sherbrooke? Le ministre pourrait-il
lui-même, ou le ministre de la Justice me donner une réponse?
M. TETLEY: M. le Président, je crois que la compagnie Promotions
et Succès n'existe pas à Sherbrooke ou n'a pas de commerce
à Sherbrooke. Mais si le député a des informations, je
vais demander au ministre de la Justice de procéder dans cette ville.
Nous avons déjà eu un certain succès, très
récemment, cette semaine, je crois, à Rimouski.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, le ministre
pourrait-il m'expliquer le fait qu'après la sentence de la cour
Supérieure, une injonction a été signifiée à
Sherbrooke six mois après la sentence qui avait été rendue
par la cour Supérieure? Deuxièmement, actuellement, la compagnie
Promotions et Succès est devant les tribunaux pour subir un
procès pour avoir continué ses activités. Ce procès
a été remis quatre fois, depuis. Le ministre pourrait-il
m'expliquer la longueur des procédures, pourquoi cela prend autant de
temps pour empêcher une compagnie d'exploiter la population alors qu'on
prend 24 heures pour enfermer quelques grévistes quand c'est
nécessaire? Comment se fait-il qu'il y ait tant de disproportion dans
les procédures?
M. TETLEY: M. le Président, je crois que le député
se trompe. On a pris une soixantaine de procédures contre cette
compagnie, dans différents endroits de la province, avec grand
succès. Il est vrai que la compagnie est allée en appel, il est
vrai qu'après des procédures de plusieurs mois à
Rouyn-Noranda, le juge a rendu un jugement pour $500 au lieu de $100,000. Je
crois qu'en vertu d'un jugement qui sera rendu bientôt, nous aurons un
jugement d'une grande valeur contre la compagnie, à Rimouski.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Question additionnelle très courte.
Est-ce que le ministre m'a bien dit qu'il n'était pas au courant que la
compagnie Promotions et Succès continuait ses activités dans la
région de Sherbrooke?
M. TETLEY: J'ai reçu un appel et une lettre il y a trois
semaines, disant qu'il y avait une rencontre à Sherbrooke. J'ai
immédiatement envoyé des inspecteurs et, apparemment, il y avait
une rencontre de la compagnie qui n'était pas un succès. Mais si
vous avez d'autres renseignements... J'ai des informateurs sur place et
j'attends leurs appels; je vais demander au ministre de la Justice d'envoyer
les membres de la Sûreté du Québec, des avocats et d'autres
inspecteurs.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Dernière question
à l'honorable député de Lévis.
Soins dans les hôpitaux
M. ROY (Beauce): Ma question s'adresse à l'honorable ministre des
Affaires sociales. Je vois qu'un de mes collègues l'a averti en passant,
ça l'a empêché de quitter son siège, et il va
probablement pouvoir répondre à ma question.
Depuis la Loi de l'assurance-maladie, les médecins sont
payés par le gouvernement; j'ai une question pour l'information de tous,
parce que je ne suis pas le seul à avoir eu des plaintes. Apparemment,
il y aurait certaines négligences dans les hôpitaux pour les soins
des malades. Je voudrais savoir du ministre si la compagnie qui paye qui
est le gouvernement de la province de Québec a un certain droit
sur les hôpitaux ou si les hôpitaux sont autonomes et
indépendants complètement des ordres du ministère.
Deuxièmement, est-ce que, si ce que je viens de dire est vrai
je le crois parce que j'ai eu des plaintes formulées le
ministre pourrait faire faire enquête dans les hôpitaux dont je
pourrai lui donner les noms, pour voir si on paie pour ce qu'on a
les malades ont les soins ou si ce sont des placotages?
M. CASTONGUAY: Les hôpitaux au Québec sont sous la
responsabilité de conseils d'administration, de corporations, comme vous
le savez; ce sont eux qui ont la responsabilité de l'administration
courante des hôpitaux.
La question de la distribution des soins à l'intérieur des
hôpitaux est sous le contrôle du conseil des médecins et
dentistes, et c'est lui qui détermine les règles d'admission des
patients, les règles touchant le type de traitement. Et s'il y a des cas
où il y a des abus évidents, qui portent sur la qualité
des soins, ça devrait être rapporté au Collèges des
médecins et chirurgiens, si c'est dans l'exercice professionnel.
Si ce sont des cas où l'hôpital a tout simplement
refusé de recevoir un patient, sans même qu'il soit vu par un
médecin, je pense que vous devez nous en faire état ou encore, en
faire état au Conseil régional des services de santé et
des services sociaux qui vient d'être nouvellement créé et
nous pourrons étudier la question.
M. ROY (Lévis): Question supplémentaire. Cela veut dire
que le ministre est très bien disposé, si nous avons des plaintes
sérieuses, à faire faire enquête auprès des
hôpitaux concernés pour voir s'il manque des soins.
M. CASTONGUAY: Dans ma réponse, j'ai voulu simplement vous donner
l'état de la situation, mais je ne nie pas que, dans certains cas, on
traite les gens de façon un peu cavalière
ou on les renvoie de façon un peu rapide, sans trop s'informer.
Ma réponse était plutôt pour indiquer les recours selon la
nature des cas, mais je ne nie pas que de telles situations existent.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Affaires du jour.
Questions inscrites au feuilleton
M. LEVESQUE: Article 26. Question de M. Latulippe, réponse de M.
Toupin.
M. TOUPIN: Lu et répondu (voir annexe)
M. LEVESQUE: Article 27. Question de M. Simard (Témiscouata),
réponse de M. Simard (Richelieu). Pour M. Simard (Richelieu), lu et
répondu, (voir annexe)
Article 28. Question de M. Cloutier (Montmagny), réponse de M.
Garneau.
M. GARNEAU: Lu et répondu. (voir annexe)
M. LEVESQUE: Article 35.Question de M. Tremblay (Chicoutimi),
réponse de M. Bourassa.
M. BOURASSA: Lu et répondu. (voir annexe)
M. LEVESQUE: Article 47. Question de M. Simard (Témiscouata),
réponse de M. Simard (Richelieu). Au nom de M. Simard (Richelieu), lu et
répondu, (voir annexe)
Article 48. Question de M. Gauthier, réponse de M. Toupin.
M. TOUPIN: Lu et répondu. (voir annexe)
M. LEVESQUE: Article 52, question de M. Béland, réponse de
M. Mailloux... Article 55, question de M. Béland, réponse de M.
Garneau.
M. GARNEAU: Lu et répondu. (voir Annexe)
M. LEVESQUE: Article 56, question de M. Béland. Je propose que
cette question soit transformée en motion pour dépôt de
documents.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Réponse de M. Cournoyer, pour M. Cournoyer, document
déposé. Article 68,question de M. Simard, Témiscouata,
réponse de M. Drummond.
M. DRUMMOND: Lu et répondu. (voir Annexe)
M. LEVESQUE: Les motions. Article 145, motion de M. Lavoie (Wolfe),
dépôt de M. Toupin.
M. TOUPIN: Document déposé.
M. LEVESQUE: Article 162, motion de M. Lavoie (Wolfe),
dépôt de M. Garneau.
M. GARNEAU: Document déposé.
M. LEVESQUE: Article 163, motion de M. Lavoie (Wolfe),
dépôt de M. Garneau.
M. GARNEAU: Document déposé.
M. LEVESQUE: Article 164, motion de M. Russell... Il y a erreur. Copie
de l'arrêté en conseil 2414,c'est bien article 164, sauf que celui
qui a posé la question est M. Gagnon.
M. GARNEAU: Document déposé. M. BOURASSA: On n'a rien
à cacher.
M. LEVESQUE: Article 166, motion de M. Russell, dépôt de M.
Garneau.
M. GARNEAU: Document déposé.
M. BURNS: Cela vise quel arrêté en conseil?
M. LEVESQUE: L'arrêté en conseil 2333. C'est l'article 166.
Il y aura peut-être d'autres questions au cours de la journée,
d'ici la fin de la session, on essaie d'en préparer d'autres pour
compléter le menu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LEVESQUE: M. le Président...
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): L'honorable député
de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à ce stade des réponses aux
questions, est-ce que le leader du gouvernement se propose de déposer la
question qui apparaît au numéro 32 du feuilleton?
UNE VOIX: Arrêtez de marmotter!
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît
!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce que vous avez à dire, vous?
Pourriez-vous demander au jeune garçon qui est là d'aller
rejoindre les pages? M. le Président...
M. CADIEUX: C'est une suggestion du vieux, à votre gauche, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... je de-
mandais au leader du gouvernement s'il avait l'intention de
déposer les documents demandés par la question qui apparaît
au numéro 32 du feuilleton, dont une partie a été lue en
Chambre par le ministre des Affaires culturelles. Je voudrais que le
dépôt complet en soit fait.
M. LEVESQUE: Je crois qu'avec les réponses...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non.
M. LEVESQUE: Est-ce que ce n'était pas la question qui avait fait
l'objet d'une réponse?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la question à laquelle le
ministre des Affaires culturelles a donné partiellement réponse
de façon verbale.
M. LEVESQUE: La réponse a été déposée
et, si je me rappelle bien, pour les douze questions, il y avait douze
réponses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, mais ça n'a pas été
fait de façon régulière.
M. LEVESQUE: Alors, je le fais, M. le Président, et je remercie
le député de Chicoutimi de m'en fournir l'occasion. Je le fais.
J'appelle l'article 32 et je considère que le dépôt qui a
été fait par madame le ministre... D'ailleurs, cela a
été fait avant, en bonne et due forme...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non!
M. LEVESQUE: ... à l'occasion d'une réponse donnée
la semaine dernière, ou au début de cette semaine; la semaine
dernière.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle a répondu verbalement. Nous allons
y revenir.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Le député de
Maskinongé.
M. LEVESQUE: De toute façon, on en fera un autre si vous voulez.
Mais passons à autre chose. Article 30.
M. PAUL: M. le Président, un instant. Je voudrais poser une
question à mon bon ami le député de Bonaventure.
M. LEVESQUE: D'accord.
M. PAUL: J'aimerais savoir de lui quand il pourra fournir réponse
à la question 1. En second lieu, est-ce que l'honorable leader a des
réponses additionnelles à me fournir au sujet de certaines
réponses que j'ai jugées comme incomplètes à la
suite des représentations que je lui ai faites?
M. LEVESQUE: M. le Président, pour la question 1, j'attends
toujours la réponse. Dès que je l'aurai, je la déposerai.
Quant aux questions posées par le député de
Maskinongé sur la régularité ou le fait qu'une
réponse soit complète ou non, dès que j'aurai ces
renseignements, j'en ferai part à la Chambre.
M.PAUL: Merci.
M. LEVESQUE: On comprendra qu'on a fini un peu trop tard pour que je
puisse faire tout l'inventaire de la situation ce matin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Soyez comme nous, debout, de bon, de bonne
humeur!
M. LEVESQUE: Je suis de bien bonne humeur. Je n'ai jamais
été si gai. Je vais dire l'article...
M. ROY (Beauce): En vertu de l'article 33, M. le Président,
j'aurais une question à poser au leader du gouvernement ainsi
qu'à la présidence. Il y a une motion d'inscrite au feuilleton au
nom de M. Joron, une motion privilégiée en vertu de l'article 23
de notre règlement, et qui apparaissait également au feuilleton
d'hier. Si on fait lecture de l'article 23, il est mentionné: "Au cours
d'une session, après que le débat sur le discours inaugural est
terminé, les députés de l'Opposition peuvent, à la
suite d'un avis d'un jour franc, proposer six motions de censure portant sur
tout sujet d'intérêt public, de la compétence de
l'Assemblée. Ces motions sont privilégiées. En donnant
avis de sa motion, le député doit en déposer le texte
entre les mains du secrétaire. Le président fait en sorte que les
motions de censure soient réparties..."
M. LEVESQUE: Qu'est-ce que vous voulez savoir?
M. ROY (Beauce): Je veux savoir, M. le Président, comment se
fait-il que cette motion est inscrite encore en appendice pour la
deuxième journée, alors qu'elle est censée être
appelée comme motion privilégiée? Nous nous attendions que
cette motion soit appelée ce matin, de façon à ne pas
brimer les droits des autres partis qui, eux aussi, pourraient peut-être
avoir une motion de censure à proposer.
M. LEVESQUE: M. le Président, je dirai simplement au
député de Beauce que c'est justement la façon de faire le
calcul d'un jour franc. Entre l'avis qui a paru pour la première fois
hier, au feuilleton, et le jour où la motion peut être
discutée, il doit s'écouler un jour franc. Ce jour franc, c'est
aujourd'hui. C'est tout à fait dans l'ordre.
M. le Président, appelez donc l'article 122.
Projet de loi no 30 Rapport de la Commission
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des
Affaires socia-
les propose la prise en considération du rapport de la commission
permanente des affaires sociales sur l'étude du projet de loi 30, Loi de
la protection de la santé publique.
M. LEVESQUE: Adopté.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adopté.
UNE VOIX: Un instant!
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Sur division?
M. LEVESQUE: Non, tout le monde était d'accord.
UNE VOIX: Sur division. M. LEVESQUE: D'accord.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Cette motion est adoptée
sur division.
M. ROY (Beauce): Inscrivez-le sur division. Le député de
Dorchester devait prendre la parole sur ce rapport; il avait
préparé quelque chose à ce sujet, mais comme il n'est pas
arrivé, je préfère qu'on l'inscrive sur division.
M. LEVESQUE: Sur division. Est-ce qu'on est d'accord sur la
troisième lecture pour disposer de ce projet de loi?
M. PAUL: Sur division.
M. LEVESQUE: Troisième lecture.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): Troisième lecture,
adopté sur division.
M. ROY (Beauce): Un instant, M. le Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): L'honorable député
de Beauce.
M. ROY (Beauce): J'ai le droit de parole, en tant que leader
parlementaire de mon groupe, et je le cède à l'honorable
député de Dorchester qui a une intervention à faire sur la
troisième lecture de ce projet de loi.
M. GUAY: M. le Président, très brièvement.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lamontagne): L'honorable député
de Dorchester.
M. GUAY: J'aimerais signifier, sur ce projet de loi 30 qui est
très important, 1 ) qu'il a été réimprimé;
2) que ce que nous avions à dire, les amendements que nous avions
à présenter, nous les avons faits en commission parlementaire. Je
tiens à souligner que le ministre a modifié son projet de loi de
façon presque convenable. Etant donné qu'il y a eu des
modifications importantes dans le sens que nous l'avions demandé et que
notamment, sur un article très important concernant une disposition
nouvelle du projet de loi, le ministre est arrivé avec un amendement qui
était presque le mot à mot de ce que nous avions l'intention de
présenter...
Partant de là, étant, donné que le projet de loi a
été modifié et qu'il nous semble beaucoup plus acceptable
bien sûr, si le projet était demeuré dans sa
première rédaction, ç'aurait été impossible
pour nous de l'appuyer nous l'appuierons. Le ministre a quand même
gardé la porte ouverte à des modifications, comme tout projet de
loi, et j'appuie la troisième lecture de ce projet de loi.
Troisième lecture
Le PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): Cette motion de troisième
lecture est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: Est-ce qu'on pourrait faire la même chose pour
l'article 123? D'accord. Le ministre responsable de la qualité de
l'environnement.
Projet de loi no 34 Rapport de la Commission
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): Le ministre responsable de la
qualité de l'environnement propose la prise en considération du
rapport de la commission permanente des affaires municipales sur l'étude
du projet de loi no 34, Loi de la qualité de l'environnement.
Est-ce que ce rapport est agréé?
M. PAUL: Excusez-moi de vous déranger, M. le
Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): Le député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, lorsque le projet de loi no 34 a
été déféré à la commission
parlementaire des affaires municipales, nous étions convaincus qu'une
étude objective de ce projet de loi s'imposait, malgré la
déclaration qu'avait faite le ministre parrain du projet de loi,
lorsqu'il avait parlé du vaudeville du député de
Maskinongé à l'occasion de l'étude en deuxième
lecture de ce projet de loi.
Je suis convaincu que l'honorable ministre a regretté l'emploi de
cette expression, parce que s'il y a une commission où le travail a
été fructueux, où nous avons étudié
objectivement toutes les implications d'une loi, ce fut bien à la
commission parlementaire des affaires municipales. Au cours de nos
travaux, il y a bien eu un petit accident de parcours lorsque le gouvernement
s'est trouvé défait sur l'appel à un vote que j'avais
proposé aux fins de rayer l'article 20 de cette loi.
Mais, dans un grand geste de collaboration, nous avons par la suite
trouvé solution à ce dilemme, à ce cul-de-sac
désagréable dans lequel se trouvait placé le gouvernement
par suite de cette défaite des membres de son parti devant la commission
parlementaire des affaires municipales.
Le rapport le mentionne. Nous avons apporté, sans
exagération au-delà de 60 amendements à ce projet de loi,
sans compter tout ce chapitre ou cette série d'articles qui ont
été ajoutés à la loi déférée
en premier lieu à la commission parlementaire des affaires municipales.
Nous avions, mes collègues, le député de Saint-Maurice et
le député de Dubuc, et moi-même suivi avec
intérêt l'étude de ce projet de loi. Nous avons
été fort heureux de constater la bonne compréhension que
manifestait le ministre d'Etat chargé de l'étude de cette loi
vis-à-vis des diverses représentations qui lui furent faites en
commission parlementaire.
Le tout se réroula très bien lorsque, par hasard, le jour
même où nous étions appelés à débattre
la motion la plus funèbre qui se soit jamais débattue en cette
Chambre, soit celle du bâillon, consécutive à
l'étude du projet de loi...
Un instant. Je vois le député de Matane qui sort ses
petits gestes.
M. BIENVENUE: Je fais signe de revenir.
M. PAUL: Non, non, ça va revenir. Mais comme vous êtes
toujours distrait, pour ne pas dire absent... Si vous êtes physiquement
présent, vous êtes intellectuellement absent à toutes nos
délibérations. D'ailleurs, je n'ai qu'à citer en exemple
votre conduite d'hier.
M. le Président, je reviens et je dis ceci, c'est qu'au
même moment où nous étions à étudier la
motion de censure en vertu de l'article 62, il nous fut impossible de nous
rendre à la commission parlementaire que le leader du gouvernement a
appelée le jour même, le soir même où tous les
députés de l'Unité-Québec participaient à
cette motion de censure. Incidemment, le ministre, n'ayant plus aucun obstacle,
aucun député pour le rappeler à la prudence, décida
de faire siéger quand même la commission parlementaire. Ce projet
de loi nous est revenu avec des amendements tels qu'un article que l'on a
d'abord numéroté comme étant l'article 124 a), s'est
rendu, avec les amendements, jsuqu'à l'article 124 z)-2.
Vous pouvez voir le nombre d'amendements que le ministre s'est vu dans
l'obligation d'apporter à cette loi, amendements que nous n'avons pas eu
l'occasion d'étudier par suite d'une décision du leader du
gouvernement dans l'espoir de diviser nos forces. Une telle façon de
procéder nous a empêchés...
M. BOURASSA: On prête des intentions.
M. PAUL: ... de compléter l'étude exhaustive que nous
avions faite de ce projet de loi. Nous ne nous sommes pas battus inutilement
parce que le rapport qui nous est soumis ce matin pour étude mentionne
que nous avons fait disparaître un principe extrêmement dangereux
qui avait été introduit dans cette loi, soit celui de
créer un fonctionnaire, un haut technocrate, un administrateur qui, non
seulement avait tous les pouvoirs d'un sous-ministre, mais qui avait même
autorité sur le ministre en certaines circonstances, puisqu'on allait
jusqu'à lui donner le pouvoir d'émettre des ordonnances.
Heureusement que, dans un excellent esprit de collaboration, et je rends
hommage au ministre sur ce point... Il y a eu consultation du ministre avec ses
hauts fonctionnaires, il y a même eu une petite séance d'un
minicaucus pour analyser toutes les implications politiques d'abord, non pas
politiques au point de vue libéral, mais politiques au point de vue
administratif, et, à l'unanimité, nous avons convenu de
réduire le rôle de ce haut personnage qu'on voulait créer
et qui constituait un précédent dans la législation
québécoise.
Le ministre, dans l'étude de cette loi en commission des affaires
municipales, a tout fait pour que sa loi soit excellente et qu'elle corresponde
au principe qu'il cherchait à atteindre, bien que la loi soit toujours
demeurée sans principe, sauf qu'elle comportait toujours des objectifs
très louables, auxquels nous avons souscrit au fur et à mesure de
l'étude de cette loi en commission parlementaire.
Mais, M. le Président, vous conviendrez que nous ne pouvons pas
aveuglément donner notre consentement à la réception du
rapport qui, encore par une curieuse coincidence, a été
rapporté à l'Assemblée nationale samedi dernier, alors que
nous connaissons les difficultés que nous avions à travailler,
alors que nous avions également à préparer d'importants
amendements à un projet de loi qu'on appelle le projet de loi no 62.
Nous ne pouvions pas être logiques avec nous-mêmes si nous nous
occupions du rapport qui avait été déposé dans le
cours de la matinée, au sujet du projet de loi no 34. Nous avons cru que
notre devoir était de travailler aux amendements du projet de loi no 62.
Impossible sans secrétaires le samedi... Impossible pour elles de se
rendre à notre secours, en raison des conditions climatiques qui
existaient ce jour-là. Nous avons donc été dans
l'obligation de retenir les amendements que nous aurions été
justifiés de présenter pour essayer de bonifier davantage la loi
présentée par le ministre responsable de la qualité de
l'environnement,
M. le Président, encore là, le ministre lui-même,
c'est-à-dire ses conseillers juridiques, dans le cours de la
journée de samedi, soit un peu plus de 24 heures après que
l'étude du projet de loi fut complétée par la commission
des affaires municipales... On a déposé d'autres
amendements de correction, à l'occasion de la production du
rapport. Et lundi, nous avons eu d'autres amendements que nous suggérait
d'adopter le ministre responsable de la qualité de l'environnement.
Je dis, M. le Président, que nous avons été
victimes d'une machine politique qui, d'un autre côté, nous
bousculait, tentait de nous réduire au silence et nous empêchait
physiquement d'être présents à une commission
parlementaire, alors que nous nous battions, ici, à l'Assemblée
nationale, pour la sauvegarde du plus grand principe démocratique dont
jouissent nos parlementaires, soit celui de la liberté de parole.
Dans les circonstances, M. le Président, la loi du ministre ne
pourra recevoir notre appui en troisième lecture, mais nous ne pouvons
pas non plus accepter le rapport tel que préparé par le
député de Rouville, qui est censé rapporter toutes les
délibérations qui se sont déroulées devant la
commission parlementaire, parce que nous avons été victimes d'un
jeu de circonstances, d'une épreuve de force qui nous a paralysés
et empêchés de compléter ce que nous faisions avec
empressement, avec joie, en collaboration avec le ministre. Nous avons
été heureux de contribuer à l'adoption de certains
amendements de la loi et le ministre je lui en rends le
témoignage a été très ouvert, très
objectif et il a vite dénoté chez nous, comme nous avions vite
dénoté chez lui, le désir sincère d'adopter une loi
qui pourrait corriger les situations les plus urgentes dans le domaine de la
pollution ou en regard de la qualité de l'environnement.
Malgré tous les efforts louables qu'a faits le ministre
appuyé ou secondé par une équipe de conseillers juridiques
hautement qualifiés, nous ne sommes pas capables d'accepter ce rapport.
Il a été présenté dans des conditions
extraordinaires, alors qu'il nous a été impossible de
l'étudier comme nous aurions aimé le faire et comme nous aurions
aimé continuer à le faire.
Et vous-même, M. le Président, avez présidé
à plusieurs séances de cette commission élue des affaires
municipales. En aucun temps on a pensé d'imposer le bâillon, parce
que l'étude était rationnelle et progressive.
Et même si, à un certain moment, nous donnions l'impression
de ne pas progresser, on pouvait déceler une philosophie de bonne
entente et de coopération de la part de tous les membres présents
à cette commission parlementaire.
Je regrette, mais comme nous n'avons pu effectivement considérer
ce rapport, apporter les amendements que nous aurions voulu apporter, mais
victimes d'un nouveau règlement qui, j'espère, sera jugé
à sa juste valeur avec les expériences que nous vivons depuis
bientôt quinze jours, nous serons dans l'obligation, nous,
députés de l'Unité-Québec, de nous opposer à
la réception et à l'adoption de ce rapport sur le projet de loi
34.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard ): Le député de
Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: J'ai eu l'occasion d'assister en grande partie aux
délibérations de la commission parlementaire sur le projet de loi
34 concernant la qualité de l'environnement.
Il y a eu à plusieurs moments des discussions, je devrais dire,
très serrées, concernant certains articles de ce projet de loi.
Le ministre d'Etat responsable de la qualité de l'environnement et
député de D'Arcy-McGee, a été d'une part assez
attentif aux nombreuses et profondes modifications qui ont été
apportées à ce projet de loi. Et on peut même dire que les
amendements ont été amendés, c'est-à-dire que le
ministre a apporté certaines modifications au projet de loi, à la
commission parlementaire. Il a été bon à certains moments
de réviser des passages à un point tel que même les
amendements du ministre ont été amendés. Je dois quand
même souligner que le travail qui a été fait en commission
parlementaire s'est fait dans un climat du moins pour une partie
assez sain. Les discussions qui ont eu lieu ont été des
discussions très sérieuses.
Le député de D'Arcy-McGee qui devient le premier
"environnementaliste" au Québec devra continuer de prêter
l'oreille à toute personne bien pensante qui lui proposera des solutions
pour améliorer l'état de notre environnement.
Cependant, là où nous nous sommes également
accrochés et sur le point que j'ai mentionné lors de
l'étude de ce projet de loi en deuxième lecture, tout en faisant
état de l'importance de cette loi je me suis trouvé dans
l'obligation de dire au ministre, même à la commission
parlementaire, que même si nous tentions de rédiger une loi la
plus parfaite possible, une loi qui est très importante, je
déplore que ce projet de loi n'atteindra jamais le but qu'il vise,
puisqu'il n'y a pas d'argent pour le réaliser.
J'ai posé la question au ministre à la commission
parlementaire, à savoir combien coûtera le projet de loi dans son
application. Bien sûr, il fut impossible au ministre d'y répondre,
sauf que nous sommes déjà en mesure de constater que d'autres
lois qui étaient nécessaires n'ont jamais pu correspondre aux
objectifs qui avaient été fixés, parce qu'elles n'ont
jamais pu être appliquées en totalité à cause du
manque de crédit disponible pour leur réalisation.
Nous avons maintenant une loi sur la qualité de l'environnement.
C'est déjà un pas de fait. Mais je pense que le plus important
reste à faire. C'est justement pourquoi je souligne encore une fois
à celui qui sera responsable de l'application de cette loi que si les
budgets ne correspondent pas à sa loi, on aura fait une loi pour
rien.
M. le Président, si l'attention du député de
D'Arcy-McGee demeure ce qu'elle est actuelle-
ment, avec l'acharnement qu'il a démontré afin d'assainir
l'environnement, je suis convaincu qu'avec des efforts multipliés on
réussira non seulement à le protéger mais à donner
de nouveau à notre environnement sa qualité première.
M. le Président, c'est un projet de loi qui, parmi ceux que nous
avons discutés pendant cette présente session, est un des plus
importants. Cela s'impose, mais il ne faut jamais oublier que si on reporte
constamment sur le dos des autres le coût de l'application de cette loi
et qu'on se défend constamment sur d'autres cette loi sera beaucoup
moins efficace.
Cette loi a été étudiée à fond
elle a été amendée, sous-amendée et
réamendée et nous avons eu toute la chance possible d'en
discuter. Je n'ai pas peur d'accepter le rapport puisque j'ai l'intention
d'appuyer également la troisième lecture de ce projet de loi. M.
le Président, nous demandons au responsable de l'application de cette
loi de revenir devant la Chambre aussi souvent qu'il sera nécessaire et
ne pas se gêner pour nous demander notre aide afin d'intervenir
auprès du gouvernement ou des gouvernements pour obtenir les fonds
nécessaires afin que sa loi atteigne l'objectif visé.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard ): L'honorable député de
Saint-Maurice, sur le rapport et la troisième lecture. Le
député de Lafontaine, sur le rapport.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, le refus systématique du
gouvernement d'amender son projet de loi sur la qualité de
l'environnement afin d'y faire une place plus grande à la participation
populaire oblige le Parti québécois à voter contre le
rapport qui est présenté. C'est pour cette raison, M. le
Président, que je n'aurai pas à répéter en
troisième lecture ce que je vais dire ici; ce sont les mêmes
arguments sur l'adoption du rapport.
M. le Président, nous avons en deuxième lecture
voté pour le principe de la loi. Nous croyons que le ministre a fait un
travail de défrichage, un travail très important pour nous
présenter un projet de loi qui se tienne dans le domaine de
l'environnement. Cependant, dans ce projet de l'environnement se trouve le
refus du ministre de prévoir des mécanismes efficaces de
participation populaire ce qui, pour nous, est la base même de ce projet
de loi. Il est évident qu'une telle loi de lutte contre la pollution
n'aura d'efficacité que dans la mesure où les mécanismes
de surveillance seront efficaces. Il est également évident que
cette surveillance ne peut être exercée, dans un domaine aussi
vaste, uniquement par du personnel rémunéré. C'est
pourquoi nous comprenons mal que le ministre ait refusé de
prévoir dans la loi des moyens ou des mécanismes par lesquels la
population pourrait participer activement à la détection des cas
de pollution et amener une intervention rapide des pouvoirs publics.
D'autre part, M. le Président, la loi aurait dû
prévoir un contrôle parlementaire et une participation populaire
au travail de rédaction des règlements.
Quant au conseil consultatif créé par le projet de loi,
nous déplorons qu'on n'en connaisse pas la composition et qu'il ne soit
pas astreint à tenir des audiences publiques inscrites dans la loi. Nous
avons eu des promesses verbales, mais ce n'est pas une garantie que, d'une
façon catégorique, ce sera fait. Seule une inscription dans le
projet de loi nous aurait garanti qu'il y aurait des audiences publiques sur
une base régionale, à date fixe, pour rencontrer ceux que ce
Conseil consultatif veut rencontrer sur les sujets que lui décide et
quand il le désire.
M. le Président, le ministre n'a voulu retenir que l'aspect
technique de la lutte à la pollution et c'est pour ça, M. le
Président, que nous trouvons que c'est un projet de loi contre la
pollution et non pas pour la protection de la qualité de
l'environnement. Il a oublié qu'une telle lutte ne peut être
vraiment efficace que dans la mesure où l'on permet à l'ensemble
des citoyens d'y participer.
Cependant, M. le Président, on doit admettre qu'il y a du positif
dans ce projet de loi et qu'il y a un réel effort d'intégration
de fonctions, de contrôles dispersés et aussi d'extension des
fonctions. C'est pourquoi nous avions voté en faveur au niveau du
principe. Mais, maintenant que la commission parlementaire a
présenté un rapport faisant suite aux études des
différents amendements, tant des partis d'Opposition que du parti
gouvernemental, nous trouvons que le projet de loi n'a certainement pas
été assez loin et que ce n'est, jusqu'ici, qu'un commencement de
réformette et non pas une loi efficace pour contrôler la pollution
et prévenir la qualité de l'environnement. Nous avons dit, M. le
Président, qu'il n'y avait aucune participation populaire à la
surveillance de l'application de la loi.
Je fais justement référence au fait que nous avons
proposé des amendements qui n'ont pas été reçus,
qui auraient pu apparaître dans ce rapport, qui auraient obligé,
dans toutes les régions du Québec où une industrie
voudrait s'implanter et qui aurait pu causer des problèmes de pollution
pour l'environnement, auraient pu, justement, permettre une participation
populaire à la surveillance de l'application de la loi, et auraient pu
l'obliger par la loi, dans la loi, à faire une demande ou une annonce
officielle dans la Gazette officielle, obligeant, par le fait même, le
directeur à ne pas donner de permis d'installation dans cette
région en-dedans d'une période fixe de, peut-être, deux
mois, pour permettre à tous les citoyens de cette région d'avoir
droit de s'exprimer et peut-être d'empêcher l'installation d'un
orga-
nisme qui aurait pu polluer les environs et dont les citoyens auraient
eu à recevoir des effets négatifs.
C'est une des façons de la population de participer, par des
amendements en ce sens dans le projet de loi. C'est la raison, M. le
Président, pour laquelle nous trouvons que la surveillance de
l'application de la loi ne pourra être faite uniquement par les
spécialistes inspecteurs du gouvernement, qui ne seront jamais en nombre
suffisant, jamais capables de couvrir toute la province. Il faut
nécessairement que les citoyens soient impliqués dans ces
régions pour la surveillance d'un sujet tellement important, puisque
c'est l'environnement dans lequel chaque citoyen vit.
Un deuxième point, M. le Président, c'est la mise en place
des règlements. Je félicite le ministre de nous permettre de
participer à une commission parlementaire précédant les
règlements, mais nous trouvons que la population et les organismes
intéressés à la protection de l'environnement auraient
dû être consultés et être présents à ces
commissions parlementaires, pour pouvoir donner leur point de vue, puisque
c'est la vie même de ces gens qui est mise de l'avant. Ces personnes les
plus concernées devraient être présentes.
Vous allez dire, M. le Président, qu'on a des mécanismes
normaux, soit écrire aux députés, ou envoyer une lettre au
ministre, mais ça, c'est une situation qui existe dans tous les autres
projets de loi, qui existe dans le domaine gouvernemental, à travers
tout le pays.
Ce n'est rien de nouveau et on sait la lourdeur du mécanisme
gouvernemental pour résoudre des problèmes, quand un citoyen se
voit seul ou même, quand un groupe de citoyens se voit démuni
devant la lourdeur de l'appareil gouvernemental. Nous croyons que c'est une
déficience du projet de loi.
Finalement, le fonctionnement et la composition du conseil consultatif
de l'environnement. Rien ne garantit, dans la loi, l'obligation de voir que le
conseil soit constitué de personnes polyvalentes, n'étant pas
fonctionnaires et étant directement reliées au domaine de
l'environnement, qui auraient les qualités des scientifiques reconnus et
qui seraient suffisamment polyvalentes pour faire le tour de toutes les
questions concernant l'environnement. Rien ne nous garantit cette composition,
parce que ce n'est pas dans la loi.
Rien ne nous garantit que ce conseil consultatif voudra
réellement faire des audiences publiques régionales, d'une
façon statutaire et sur tous les sujets désirés, pour
entendre qui le voudra. Rien ne nous garantit cela dans la loi. C'est
peut-être l'intention du ministre, mais en ce qui nous concerne, comme
parlementaires, nous n'avons aucune garantie en ce sens.
Le ministre a-t-il peur de la population ou s'il se contente d'une
consultation paternaliste? Le ministre nous dit qu'il est allé voir les
gens, qu'il les a écoutés et convaincus, qu'ils sont tous
satisfaits. Il est faux de prétendre que les gens sont satisfaits. C'est
vrai que le ministre a fait un travail gigantesque, il s'est promené
à travers la province de Québec pour populariser le
problème de la pollution, rejoindre les gens et les intéresser au
problème; c'est vrai. Mais, en aucun temps on ne peut dire que ces gens
pourront eux-mêmes entreprendre leurs travaux, pourront consulter, par
des mécanismes appropriés, le gouvernement pour l'obliger
à fonctionner. Dans un domaine aussi vaste que la pollution, il est
sûr que c'est seulement par des pressions qu'on peut obliger un
gouvernement à fonctionnner. S'il n'y a pas de mécanisme, ce sont
des choses difficiles et la population ne pourra pas se défendre dans
cette situation.
Devant nos critiques, le ministre a reculé un peu et permet
maintenant que nous lui adressions des objections écrites. Quelle valeur
cela a-t-il? Personne n'en saura rien. Le débat n'a aucune dimension
publique. De toute façon, depuis toujours, n'importe qui peut faire
valoir, par lettre, n'importe quoi à tous les ministres. Le ministre
aurait pu utiliser une commission de l'Assemblée nationale, le conseil
consultatif de l'environnement pour systématiser le dialogue de
façon que ça devienne courant, dans le fonctionnement au niveau
du Québec, dans le domaine de la pollution entre le gouvernement
et la population et ne pas le laisser à la discrétion et au
caprice d'un ministre, même si celui que nous avons actuellement est
plein de bonne volonté. Dans trois, cinq ou dix ans, nous ne savons pas
qui sera le ministre.
Le bill 34, en terminant, manque complètement d'esprit
cybernétique. Les possibilités de réaction
intégrées au système sont ridicules. C'est une conception
législative rétrograde. Non seulement dans le bill que nous
étudions mais de plus en plus, nous nous apercevons que les
parlementaires n'ont plus aucun contrôle sur la réglementation. Le
ministre devrait se libérer un peu de l'influence de conseillers qui
adorent vivre en vase clos, loin des sentiments des populations et adopter
l'esprit d'une loi plus moderne, comme la loi 65 sur les services
communautaires de santé, de son collègue de Louis-Hébert.
Le bill 34, de ce point de vue, tente d'atteindre des objectifs par les chemins
les plus arides, centralisateurs et risque peut-être, pour cela
même, de rater ses objectifs.
Le comité de législation qui voit à préparer
les règlements pour tous les projets de loi du gouvernement, a
maintenant une constante que l'on revoit dans tous les projets de loi qui sont
présentés, un style de pensée d'un fonctionnement en vase
clos. De plus en plus, on a une conception législative
rétrograde. Nous ne savons plus, les parlementaires, sur quel projet de
loi nous votons puisque non seulement les règlements sont remis à
ce comité législatif, mais on ne met même pas dans la loi,
de plus en plus, les principes généraux sur lesquels nous
pourrions avoir le pouvoir de légiférer.
Par la suite, ces principes généraux pour-
raient servir de guide au comité de législation qui
pourrait légiférer en tenant compte de la pensée des
législateurs.
En ce qui nous concerne, nous trouvons, de plus en plus, dans les
projets de loi qui viennent d'être adoptés, que nous revoyons les
mêmes problèmes comme dans les bills nos 34, 35, 36, 37, 2, 45,
23. C'est toujours la même situation. Nous avons un comité de
législation qui désire fonctionner en vase clos. Les
députés de cette Assemblée nationale ne peuvent pas voter
un projet de loi en connaissant les principes de base qui guideront ceux qui
établiront le réglementation.
Il faut, je pense, intégrer le plus de gens possible dans cette
loi, pour qu'on puisse se faire dire nos quatre pensées. C'est le
contraire qui se produit. Ceux qui font les règlements
préfèrent s'entourer du moins grand nombre de gens possible pour
ne pas être dérangés. On retrouve le même style de
pensée législative dans toutes les lois qui nous sont
présentées.
Je pense que c'est un accroc à la démocratie puisque toute
loi devrait contenir les principes généraux, les guides, le
corridor de pensée permettant à ce comité de
législation de faire des réglementations sur un style de
pensée que les parlementaires auraient eux-mêmes
défini.
Je termine en disant que nous devrons malheureusement voter contre le
rapport en troisième lecture.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. Philippe Demers
M. DEMERS: M. le Président, un mot pour donner la position que
j'ai l'intention de prendre en face de la loi no 34 qui a été
étudiée en commission parlementaire dont le rapport nous est
présentement soumis.
Je dois vous dire que, en général, ma position sera celle
du député de Maskinongé, notre leader parlementaire.
J'ajouterai quelques raisons additionnelles qui me font abonder dans le sens de
ce député.
Avec la meilleure bonne foi, lorsque la loi no 34 fut
déférée en commission parlementaire, nous nous sommes
transportés à cette salle 81-A et avec le ministre, ses
fonctionnaires et quelques autres membres des partis de l'Opposition, nous nous
sommes mis résolument à la tâche pour faire l'impossible
afin de bonifier cette loi, laquelle, vous l'admettrez, M. le Président,
même si elle a été amendée dans tous les sens,
pèche encore par certains points d'omission qui sont un peu
inquiétants.
Nous avons, durant plusieurs longues séances, travaillé
dans le meilleur esprit de collaboration, en dépit du fait que le
ministre, après nos discours de deuxième lecture, avait
traité mes propos et ceux du député de Maskinongé
de vaudeville. Faisant abstraction de ses paroles qui, sans doute, avaient
dépassé largement son esprit, nous nous sommes dit, le ministre
est jeune, il est fraîchement déballé et il peut se
permettre certains écarts de langage que nous lui pardonnons
volontiers.
C'est dans cet esprit que nous avons commencé à
étudier très sérieusement cette loi. Nous avons
abordé les définitions et je crois que nous les avons toutes
ressassées une à une, en tâchant d'apporter quelque chose
de concret à chacune d'elles. Cette étude a continué ainsi
jusqu'aux articles 68 et 70, alors que ce gouvernement déféra
à une autre commission un autre projet de loi qui était plus
polluant que tout ce que le ministre voulait arrêter dans son projet de
loi no 34. Nous fûmes obligés de séparer nos forces pour
nous rendre dans une autre salle afin d'y soutenir un autre combat.
C'était, si vous vous en rappelez bien, dans le salon rouge.
Après plusieurs journées de travaux, nous avons
été obligés de plier devant l'imposition du bâillon
faite par ce gouvernement tout-puissant. Nous sommes revenus en Chambre ici
pour débattre le bien-fondé de cette loi de guillotine et, en
même temps, le même gouvernement transférait de nouveau la
commission pour l'étude du bill 34 à la salle 81-A. Là,
nous fûmes obligés par les circonstances de nous abstenir encore
une fois.
C'était une loi assez importante qu'il me semble qu'on aurait
dû donner la possibilité, aux parlementaires qui voulaient
l'étudier sérieusement, de le faire. Nous avons été
dans l'impossibilité pour moi en tout cas d'aller
travailler comme nous aurions aimé le faire sur cette loi. Tantôt,
le ministre répondra, corrigera s'il le peut les arguments que je lui
apporte. Il pourra dire que ça c'est passé sans nous, je le
concède. Mais ce n'est pas le devoir des députés de
laisser passer des lois sans eux. Nous sommes ici pour participer à la
législation. Nous sommes ici pour, lorsque nous le pouvons, avec nos
qualifications, avec les aptitudes dont nous disposons, avec le bagage de
connaissances que nous possédons lorsqu'on comprend bien, qu'on
saisit bien le rôle de député participer à
l'élaboration, à la bonification des lois. Ce qui ne nous fut pas
permis pour la loi 34. Je le déplore infiniment. J'ai
arrêté l'étude de la loi 34 à l'article 65. A cette
date nous avions présenté, je crois, dans un esprit de
collaboration, 39 ou 40 amendements qui ont été
étudiés et acceptés. C'est dire que si nous avions pu
étudier ainsi jusqu'à la fin cette loi en commission nous aurions
pu, bien modestement, avec mes collègues et les autres membres de
l'Opposition continuer à la rendre meilleure. On en a disposé
autrement. Le gouvernement aimait mieux nous amener dans le Salon Rouge et
discuter des 110 articles de la loi 62.
M. LEVESQUE: A l'ordre!
M. DEMERS: Oui, M. le Président, j'y reviens, je donne les
préférences de ce gouverne-
ment ... plutôt que de nous laisser travailler sérieusement
sur la loi 34. Cette loi, d'après ce que j'en sais, a des faiblesses qui
sont sérieuses. Elle a des faiblesses d'application... Je salue le
retour de ce vice-président qui a passé une bonne nuit lui
aussi... qui sont extraordinairement lourdes de conséquences.
M. LEVESQUE: Il vous reste une minute!
M. DEMERS: Qui a tenu mon temps? Est-ce vous? Lourdes d'application pour
les municipalités. Les municipalités ne pourront, à moins
que le budget du ministère qui n'en est pas un du service,
plutôt de la protection de l'environnement soit multiplié par dix,
appliquer cette loi.
Le ministre, avec des intentions extraordinairement louables, a
crée une loi monstrueuse, une affaire qui dépasse les cadres. Il
s'est acheté une Cadillac et il n'a pas d'essence pour la faire rouler.
Je me demande s'il saura la conduire sur toutes les routes de la province.
C'est un château habité par un gueux. On n'a pas ce qu'il faut, au
ministère des Affaires municipales, pour appliquer cette loi.
Je sais que tantôt, le ministre me répondra, parce que le
leader parlementaire lui dira ce qu'il faudra dire. Mais en allant à une
telle école, je conseillerais au ministre, de ne pas trop s'y fier.
M. LEVESQUE: Je n'ai pas besoin de dire au ministre quoi dire. Il
connaît très bien le sujet. Il le connaît mieux que tous
nous autres.
M. DEMERS: M. le Président...
M. LEVESQUE: J'ai dit: nous autres. Cela vous inclut et cela
m'inclut.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, j'étais là, moi.
UNE VOIX: Le temps est écoulé, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Messieurs, à l'ordre! C'est
l'honorable député de Saint-Maurice qui a présentement la
parole et je vous demanderais de respecter son droit de parole.
M. DEMERS: M. le Président, lorsque mon temps sera expiré,
j'aimerais que le président me le dise.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Malheureusement, je viens d'arriver. Je
trouvais le député de Saint- Maurice extrêmement
intéressant, comme d'habitude. Mais on me dit que son droit de parole
est expiré.
M. DEMERS: Me permettrait-on de dire deux mots pour conclure? Bon ! Je
remercie le leader parlementaire de cette grande délicatesse. Je le
reconnais. Lorsqu'on veut parler, ordinairement, il nous bâillonne. Ce
matin, il nous libère. Il nous rend la voix. Merci, M. le leader
parlementaire.
Je dirai en terminant, M. le Président, que ce qui va manquer,
dans la loi du ministre, c'est de l'information, de la vulgarisation. Il faudra
que le ministère de l'Education lui prête une oreille attentive et
qu'il lui permette d'éduquer notre jeunesse sur le bien-fondé de
la protection du milieu.
M. le Président, je termine. Cela me fait
énormément de peine. J'aurais voulu être aussi aimable
qu'on l'avait été pour moi, mais je voterai tout de même
contre cette loi, parce que la voiture est trop grosse pour les
capacités de roulement.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai eu le plaisir de
participer au débat sur ce projet de loi no 34, loi dite de la
qualité de l'environnement. Dès le moment où j'ai
commencé mon intervention, j'ai indiqué au ministre qu'il
s'agissait d'un projet de loi qui était évidemment incomplet et
qui ne recouvrait pas la réalité globale de l'environnement. J'ai
insisté sur les aspects, notamment physiques, sociaux et même
socio-culturels de ce qu'on appelle la qualité de l'environnement,
entendue dans son sens le plus complet, c'est-à-dire la
responsabilité qui incombe au gouvernement de créer un milieu
ambiant qui favorise l'épanouissement complet du citoyen et des membres
de la société.
Nous avons déploré, M. le Président, que cette loi
fut incomplète.
Nous avons en même temps proposé au ministre de refaire
avec lui ce projet de loi en commission parlementaire, afin de lui en indiquer
les insuffisances et d'autre part, de lui indiquer en même temps quelles
étaient les difficultés que comporterait l'application de la
présente loi et les charges additionnelles même
extrêmement lourdes que l'application de cette loi ferait peser
sur les municipalités du Québec, sur les industries et même
sur les citoyens individuellement.
Le ministre à prime abord a semblé sourd à nos
propos; il a même utilisé au sujet de mon collègue, le
député de Maskinongé, une expression qui n'était
peut-être pas rigoureusement antiparlementaire, mais qui ne rendait pas
justice à la critique vigoureuse, sévère, mais
fondée que le député de Maskinongé avait faite de
son projet de loi.
Je n'en veux pas au ministre pour tout cela. C'était, je pense,
si je ne m'abuse, la première fois qu'il parrainait un projet de loi et
il était compréhensible qu'il fût un peu nerveux et ne
s'attendit point à une réplique assez vive et à une
critique assez serrée de la part des membres de l'Opposition.
Mais, le ministre est revenu à résipiscence et au cours
des séances de la commission parlementaire, il a examiné
très objectivement, avec tous les membres de cette commission, le projet
de loi, article par article. Il s'est rendu compte avec nous, en acceptant les
propositions d'amendement que nous avons faites et j'ai eu le plaisir de
siéger à deux séances de cette commission, malheureusement
j'ai dû la quitter pour aller aux séances de la commission
parlementaire de l'éducation pour l'étude de la loi 71 que
les arguments que nous avions simplement évoqués et les grandes
critiques dont nous n'avions pu faire que l'esquisse en Chambre étaient
fondés sur des réalités que nous avons découvertes
à mesure que nous étudiions en détail son projet de
loi.
A telle enseigne que c'est plus d'une cinquantaine d'amendement
importants qui ont été apportés au projet de loi qui est
devant nous et qui font le sujet du texte qui nous a été remis.
C'était donc dire que nous avions raison de déplorer les
insuffisances de la loi, nous avions raison d'indiquer au ministre les dangers
que comporterait son application; nous avions raison de lui indiquer que les
pouvoirs qu'il entendait donner à certains fonctionnaires ne
correspondaient pas à la responsabilité ministérielle et
ne correspondaient surtout pas aux exigences de ce qu'on appelle une saine
administration, une administration contrôlée, qui permette au
gouvernement de voir à quel rythme peut grossir le budget du
gouvernement du Québec.
Le ministre aussi a convenu, je pense, que l'application radicale,
rapide, même précipitée des prescriptions de son projet de
loi entraînerait pour l'industrie, comme pour les municipalités,
des conséquences assez graves et comporteraient des charges
onéreuses.
Il a entendu ces arguments et s'est prêté de fort bonne
grâce à l'écoute de ce que nous avions à dire. Il a
accepté les amendements que mes collègues, les
députés de Saint-Maurice et de Maskinongé, et d'autres
collègues, lui ont suggérés.
M. le Président, ce que je regrette c'est que, comme vient de le
signaler mon collègue de Saint-Maurice, nous n'ayons pas pu, en raison
de circonstances que je ne veux pas évoquer à nouveau, parce
qu'elles sont douloureuses pour le gouvernement et surtout pour la
démocratie, c'est qu'en raison de ces circonstances, motion de
clôture ou de bâillon, nous avons été obligés
de nous absenter à un moment où on abordait les dispositions
finales de ce projet de loi, ce qui nous eût permis de proposer des
amendements. Mais le rapport a été présenté
à la Chambre dans les circonstances que l'on connaît et le
délai imparti pour la présentation de nouveaux amendements a
rendu impossible la présentation de ceux que nous avions
déjà préparés et que nous allions soumettre au
ministre en commission parlementaire si le travail de toute la Chambre
s'était déroulé normalement. Ce qui fait que la loi,
même améliorée, ne correspond pas à ce que nous en
attendions, ne correspond pas à la conception que nous nous sommes
faite, avec le ministre d'ailleurs, de ce qu'on appelle la qualité de
l'environnement. Ainsi, cette loi, qui a été grandement
améliorée, me paraît incomplète, me paraît
encore insuffisante et ne présente pas ces garanties additionnelles que
nous voulions lui donner, de telle sorte que, M. le Président, comme on
vient de l'indiquer, en ce qui me concerne, je n'ai pas du tout l'intention de
donner mon agrément à un projet de loi qui, je le
répète et je veux terminer là-dessus est
incomplet et n'a pas épousé toute la dimension de ce qu'on
appelle la qualité de l'environnement.
Cette loi qu'on intitule Loi de la qualité de l'environnement
aurait dû s'intituler Loi portant création d'un ministère
de l'Environnement, de telle sorte que nous saurions à qui l'on a
affaire, de quoi il retourne lorsqu'on parle d'environnement. Ce qui nous est
présenté n'est au fond qu'un aspect de tout ce qu'on appelle
l'hygiène publique et j'ai bien l'impression que le ministre d'Etat
responsable de la qualité de l'environnement aura fort à faire
pour défendre ses droits et privilèges contre les menées
impérialistes, comme je les ai déjà qualifiées, de
son collègue, le ministre des Affaires sociales, responsable de la
santé.
M. le Président, je vous dis donc qu'il ne nous sera pas possible
de donner notre agrément à ce projet de loi. J'invite le ministre
à réfléchir sur les propos que nous avons tenus et
à continuer le travail qu'il a commencé pour en arriver à
perfectionner ce projet de loi et surtout pour en arriver à concevoir un
projet de loi plus global qui répondra véritablement à ce
qui se définit comme l'environnement et la qualité de
l'environnement.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): L'honorable député
d'Abitibi-Ouest.
M. Aurèle Audet
M. AUDET: M. le Président, à la suite de la
présentation de ce rapport de la commission parlementaire sur le bill
34, il me fait plaisir d'apporter quelques idées personnelles sur les
grands pouvoirs que se donne le ministre avec ce projet de loi 34.
Nous avons vu se dérouler les articles de cette loi à la
commission parlementaire et nous nous sommes demandé de quelle
façon le gouvernement pouvait se donner autant de pouvoirs sur les
individus, sur les municipalités, sur les collectivités, tout en
disant tout bonnement que ce projet de loi n'est pas tellement plus dur que les
lois existantes, les lois qui existaient dans le passé.
On remet en cause les lois qui existaient dans
le passé pour nous dire que les lois qu'on nous présente
ne sont pas tellement dures.
Elles sont très acceptables parce que, souventefois, elles
paraissent moins exigeantes que par le passé.
Même dans le passé, je crois que le gouvernement a eu
tendance à s'arroger des pouvoirs sur les individus, des pouvoirs
extraordinaires qui obligeaient même le gouvernement et le
législateur à user de tolérance tellement les individus ou
les collectivités ne pouvaient se rendre à la demande, à
l'exigence de ces lois. Toutes ces lois sont tellement exigeantes que le
législateur est obligé de tolérer, d'être bon
garçon et de dire: C'est réellement trop dur pour la
collectivité, c'est trop dur pour cette municipalité, on va
tolérer, on n'exigera pas, cette fois, tout ce que la loi pourrait
permettre d'exiger.
Nous reconnaissons que le ministre actuel est un très bon
garçon. Je suis sûr qu'il n'ira pas jusqu'au bout de toutes ses
lois, qu'il n'ira pas exiger tout ce que la loi pourrait exiger.
M. le Président, est-ce que je peux demander la suspension du
débat?
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Oui, Il n'est pas tout à fait une
heure, mais pour...
M. PAUL: Vous n'êtes pas encore tout à fait
réveillé, vous.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): ... me rendre agréable au
député de Maskinongé et au député
d'Abitibi-Ouest, je déclare qu'il est une heure et je suspends...
M. PAUL: Question de privilège, M. le Président. Je ne
voudrais pas qu'il soit inscrit au journal des Débats que j'accepte
certaines concessions irrégulières ou certaines offres que je
jugerais indécentes de la part de mon très distingué ami,
l'honorable député de Terrebonne.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Sur cela, je suspends la séance
jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
Reprise de la séance à 15 h 12
M. LAVOIE (Président): A l'ordre, messieurs !
Question de privilège Article de
journal
M. BLANK: M. le Président, je désire poser une question de
privilège. Comme vous le constatez dans les journaux..
LE PRESIDENT: On m'informe que la commission du travail et de la
main-d'oeuvre siège.
DES VOIX: Oui.
LE PRESIDENT: Le député de Saint-Louis m'a donné
préavis d'une question de privilège. Mais je sais fort bien que
nous sommes au milieu d'une séance et que cela doit se faire avant les
affaires courantes. A moins d'avoir le consentement unanime, même si la
question est urgente, cela devra être remis à demain.
M. PAUL: M. le Président, quand il s'agit d'un collègue,
nous devons tout mettre de côté pour lui donner le
privilège de se justifier ou essayer d'expliquer les actes qu'on peut
lui reprocher. Par conséquent, c'est avec plaisir que nous donnons notre
consentement pour que l'honorable député de Saint-Louis ait
l'avantage d'exposer sa question de privilège.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. BLANK: M. le Président, c'est exactement sur le point que le
député de Maskinongé a soulevé que je veux baser ma
question de privilège. Il parle des actes qu'on me reproche. C'est
exactement le contraire. On ne me reproche rien. Mais les journaux ont
exagéré une affaire qui n'a rien à voir avec mon statut de
député, ni personnelle.
Comme tous les avocats, j'ai des clients. Un client, en particulier,
m'avait confié un dossier, il y a deux ans. Ce dossier était
contre Canadian Javelin, et non pour. Il n'y a aucune relation avec mon bureau
et la Canadian Javelin. J'ai pris des procédures contre Canadian Javelin
depuis deux ans. Il paraît qu'il y a même une enquête
à Terre-Neuve à propos des relations de l'ancien premier
ministre, M. Smallwood, et Canadian Javelin. Dans un mandat de perquisition,
ils ont mentionné le nom de mon client. La gendarmerie royale est
arrivée à mon bureau pour avoir ce dossier qui appartient
à mon client. Quand ils sont arrivés, j'étais ici à
Québec. Les personnes de mon bureau m'ont
téléphoné.
J'ai aussitôt appelé le Barreau pour demander quoi faire,
parce qu'il s'agissait d'une
question de relation entre client et avocat. Il y a là une
question de communication privilégiée, une question de secret
professionnel. Ce n'est pas une question de mon ressort. Cela relève du
Barreau. Le Barreau a communiqué avec les policiers. Ils ont
amené les policiers avec le dossier scellé devant le juge de paix
à Montréal qui a endossé le mandat de Terre-Neuve. Le juge
a dit: Je n'ai aucune juridiction dans cette affaire. C'est le juge de
Terre-Neuve, qui doit décider si c'est une question de privilège
ou de communication entre l'avocat et le client. Ils ont rescellé le
document avec la signature du juge et retourné cela à Terre-Neuve
où j'avais pris un avocat pour moi et pour les autres avocats de la
province, même pour les avocats de tout le Canada pour protéger le
droit de communication entre avocat et client. Cela a pris un bref de
certiorari.
Personnellement, ou comme député, ou comme avocat, je n'ai
aucune relation avec les gens de la Canadian Javelin, ni John Doyle. Je ne les
ai jamais rencontrés et je ne leur ai jamais parlé. Je n'ai
jamais rencontré Joey Smallwood. La seule fois que je l'ai vu, c'est de
l'autre côté de l'aréna à Ottawa durant le
congrès pour élire un chef.
Les journaux ont donné l'impression qu'on a fait une grande
perquisition dans le bureau de Harry Blank, comme avocat, comme
député. On ne voulait qu'avoir le dossier d'un de mes clients.
J'avais fait des démarches pour protéger les droits d'un avocat
et d'un client.
LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
Reprise du débat sur le proiet de loi no
34
M. Aurèle Audet
M. AUDET: M. le Président, lors de la suspension j'étais
justement à dire que la présentation de ce rapport de la
commission parlementaire des affaires municipales concernant le projet de loi
sur la qualité de l'environnement, malgré les différents
amendements qui ont été acceptés, nous laisse un projet de
loi qui, à mon sens, donne trop de pouvoirs exorbitants au ministre et
aux législateurs.
Ces pouvoirs sont tels que je crois réellement que le
législateur lui-même sera dans la complète
incapacité d'appliquer cette loi parce qu'il y aura trop de personnes,
trop de gens qui seront hors-la-loi.
Ils ne pourront pas suivre cette loi. Donc, c'est une loi
discrétionnaire. Dans le projet de loi, à presque tous les
articles, on dit "le ministre peut", "le directeur peut", c'est-à-dire
qu'ils pourraient appliquer la loi, s'ils le voulaient, mais c'est seulement
quand ils le voudront qu'ils l'appliqueront. Ceci demeure
discrétionnaire, ceci demeure à leur complète
volonté. Je crois que les pouvoirs que le ministre se donne sont
réellement exorbitants.
Le ministre peut, en tout temps, appliquer cette loi. Tout dépend
de lui, mais personne ne devra lui forcer la main. D'autres personnes pourront
dire que la loi exige cela et forceront peut-être le ministre à la
mettre en application. C'est là, je crois, que l'individu est poursuivi
comme une bête traquée. Ce projet de loi est très dur,
lorsque nous le considérons dans son ensemble.
Un article, entre autres, mentionne que le ministre peut, après
enquête, ordonner à une municipalité d'exercer les pouvoirs
que lui confère la présente loi, de même que toute loi
générale ou spéciale relativement à la
qualité de l'environnement. Lorsque, pour se conformer à une
ordonnance du ministre, une municipalité est obligée de faire des
travaux, elle est autorisée à contracter un emprunt qui ne
requiert pas d'autre approbation que celle du ministre des Affaires municipales
et de la Commission municipale.
M. le Président, imaginez-vous nos municipalités
actuelles, qui sont endettées par-dessus la tête pour la
majorité, obligées de se plier à une ordonnance qui leur
dirait: Il faut absolument installer un système d'épuration des
eaux. Il leur faudra demander la permission au ministre des Affaires
municipales pour contracter un nouvel emprunt et pour se surendetter.
M. BURNS: M. le Président, nous n'avons pas quorum. La commission
ne siège pas actuellement, j'en arrive.
LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plait.
M. BURNS: La commission ne siège pas actuellement, M. le
Président. Alors, le quorum est de trente.
LE PRESIDENT: Pourriez-vous m'éclairer? Est-ce que cette
commission a siégé ce matin?
M. BURNS: Non, elle n'a pas siégé ce matin. Elle est
convoquée pour cet après-midi.
LE PRESIDENT: Pour quelle heure?
M. BURNS: Trois ou quatre heures, et il n'y a personne actuellement.
LE PRESIDENT: Pour quelle heure a-t-elle été
convoquée?
M. BURNS: Trois ou quatre heures.
UNE VOIX: Il a été question de quatre heures.
M. VEILLEUX: M. le Président, la commission a été
convoquée pour trois heures si la séance d'aujourd'hui
commençait ce matin; si elle commençait cet après-midi,
étant donné la période des questions, nous avions dit
quatre heures.
Comme nous avons siégé ce matin, normalement nous devrions
être de l'autre côté à siéger en
commission.
M. PAUL: Ce serait mieux si vous ne fumiez pas en même temps que
vous parlez.
M. VEILLEUX: Un instant. M. BURNS: Il y a un fait...
M. VEILLEUX: M. le Président, j'aime bien les interventions
saugrenues du député de Maskinongé, mais je ne fume pas et
moi je ne m'appelle pas Obélix. Qu'il se tienne tranquille!
M. BURNS: Il y a un fait cependant, il n'y a personne actuellement au
salon rouge à l'endroit où doit siéger cette commission.
Elle ne siège pas actuellement.
LE PRESIDENT: Si elle a été convoquée pour trois
heures, et s'il n'y a pas quorum là-bas, la convocation existe quand
même. Nous ne sommes pas pour nous empêtrer dans des virgules de
règlement. Normalement elle est censée siéger, voyons! Je
m'en fous de ce que dit le règlement.
M. BURNS: C'est important ce qu'il dit votre règlement.
LE PRESIDENT: Nous ne ferons pas de la dissection de règlement. A
l'ordre! Je suis debout. Mon interprétation est que la commission a
été convoquée pour trois heures. Si vous voulez que je
m'exprime vraiment dans les termes et dans les limites, pour ne pas que je sois
interprété à la fantaisie de quiconque... Il y a 30
députés.
L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Je disais que ces municipalités seront contraintes par
la décision du ministre à mettre en application, à un
moment ou à l'autre, la loi telle qu'elle apparaît et dont lui
seul peut dire, oui ou non, si on la met en application. C'est une
épée de Damoclès, cette décision du
législateur.
Je crois que tous les individus, la collectivité et les
municipalités sont à la merci du ministre, car n'importe qui
pourrait obliger le législateur à appliquer cette loi. Il existe
un suspense, M. le Président, il existe une crainte, un esprit de
dépendance extrême. En même temps, on laisse une ouverture
très grande aux puissants de se faufiler à côté de
la loi par des abus et aussi on ouvre la porte aux plus grandes injustices
à l'endroit des plus faibles qui ne peuvent pas se défendre.
Il est compréhensible, M. le Président, que la loi doit
prévoir, si elle veut protéger l'environnement. Cependant, il ne
faudrait pas verser dans l'excès. Il faut aussi protéger les
personnes,
M. le Président. Si on ne fournit pas à la
collectivité et aux individus les moyens de suivre ces lois, je crois
qu'on protège l'environnement en lésant les personnes.
Pour cette raison, je crois qu'il faut y aller prudemment, y aller
suivant nos moyens, puisque nous n'avons pas encore l'appareil qui nous
permettrait d'y aller suivant nos besoins. Nous devrions faire des lois moins
exigeantes, protéger aussi l'individu et la collectivité, y aller
surtout par des incitations, des moyens positifs. Par exemple, la loi devrait
récompenser celui qui améliore son système d'égout
plutôt que d'en pénaliser quelques-uns pour faire peur aux autres.
Les délits seraient tellement nombreux que le ministre sera dans
l'impossibilité d'appliquer sa loi à la lettre. Donc, on en
pénalisera quelques-uns pour faire peur aux autres. C'est donc une loi
inapplicable en général, M. le Président, parce que trop
dure.
Cette loi, M. le Président, c'est ni plus ni moins le
régime de la peur, de la crainte, un jeu de cache-cache.
Traqué par la loi, toujours en défaut, on a toujours tort.
Si je sais jouer, si je peux payer, je suis à l'abri; sinon, je suis
condamné. Pas surprenant, M. le Président, que nos jeunes se
révoltent aujourd'hui. On se sent sans cesse traqué,
surveillé et on se sent surtout en défaut à propos de
tout.
On sème la terreur à coups de lois. Ces lois sont des lois
négatives, des lois de la peur; régime de tolérance,
invitation à l'irrespect de la loi en attendant de se faire prendre.
Commençons, M. le Président, par fournir à la population
les outils économiques qui rendront possible le respect des lois. Que
les lois incitent à faire le bien au lieu de punir les gens surtout pour
ce qu'ils n'ont pas fait ou qu'ils ont mal fait.
M. le Président, je crois que ce projet de loi 34 est un beau
gros bateau auquel on a oublié d'installer un moteur. Ce moteur, c'est
le moyen financier autre que le système d'endettement perpétuel
dans lequel nous vivons et qui nous mène au diable. Donc, M. le
Président, ma suggestion positive: d'abord, se nantir d'un
système de crédit serviteur qui permettrait à la
collectivité de payer une seule fois ce qu'elle se procure, en vue de
préserver la qualité de l'environnement.
Ensuite, nous pourrions élaborer des lois incitatrices pour
promouvoir cette qualité de l'environnement.
LE PRESIDENT: Le député de Bourget. M. Camille
Laurin
M. LAURIN: M. le Président, plusieurs pays et provinces ont
déjà adopté des programmes et des lois pour
améliorer la qualité de la vie et protéger
l'environnement. Nous comprenons pourquoi ils l'ont fait; c'est parce que la
démarche même de la science nous indique
maintenant qu'il n'y a pas de progrès véritable si, au
progrès économique axé sur le profit, ne correspond pas
également un progrès social axé sur la préservation
des valeurs essentielles de l'homme et sur la protection de son milieu.
Ces gouvernements l'ont fait également parce qu'ils ont
écouté leur population qui est de plus en plus inquiète de
la détérioration de son milieu de vie, de la
détérioration des condtions quotidiennes et concrètes de
son existence. Le citoyen, écrasé par un pouvoir
économique qui ne pense qu'à la promotion industrielle et au
profit, se tourne tout naturellement vers l'Etat pour le protéger.
Il y a donc, certainement à ce que vient de dire le
député d'Abitibi-Ouest, utilité à ce que l'Etat
intervienne lorsque le citoyen se trouve en mauvaise posture vis-à-vis
d'un pouvoir économique trop puissant, trop secret et qui, de plus, peut
compter sur l'appui latent, implicite d'un gouvernement que bien souvent il
alimente par sa caisse électorale.
Il est donc tout à fait normal que des pays et provinces aient
légiféré dans ce domaine. Nous nous attendions donc
à ce que le gouvernement, qui légifère pour la
première fois dans ce domaine, nous donne une loi marquée au coin
du progrès dans toutes ses dimensions.
Il nous faut bien admettre que nous sommes extrêmement
déçus par l'attitude du gouvernement telle qu'elle se manifeste
dans ce projet de loi. Ce gouvernement, qui avait une très belle chance
d'exercer son leadership en matière scientifique, en matière
sociale et surtout en matière d'humanisme, de développement de
notre société, a raté le tournant car le projet de loi
qu'il nous présente est condamnable aussi bien par ce qu'il contient que
par ce qu'il omet.
Le gouvernement a senti qu'il lui fallait légiférer dans
ce domaine pour pallier les critiques de plus en plus aiguës et pressantes
de la population en ce domaine mais il a légiféré, comme
d'habitude, d'une façon mitigée, tiède, médiocre de
façon à enlever un peu de pression aux critiques et se
réserver quand même toute la marge d'action ou d'inaction qu'il
entend se réserver dans ce domaine. Notre déception face à
ce projet de loi vient de trois motifs. Nous réalisons, à la
lecture du projet de loi tel qu'amendé, que ce gouvernement a
reculé devant l'entreprise. D'ailleurs, le statut que le ministre d'Etat
à l'environnement s'est réservé montre
précisément la place minime que prendra, dans les
préoccupations du gouvernement, cette lutte pour l'amélioration
de la qualité de la vie et la protection de l'environnement. Le ministre
d'Etat sera encore subordonné à un ministre des Affaires
municipales dont le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a pas donné
beaucoup de signes de la préoccupation qu'il entretient à
l'endroit de la qualité de la vie.
Nous regrettons également que le gouvernement ait refusé
d'examiner les projets que lui soumettent les entreprises, que ce soit des
projets d'implantation ou de modernisation dans les deux dimensions qu'il faut
absolument examiner maintenant, c'est-à-dire la dimension
économique et la dimension écologique. Nous regrettons surtout
que le gouvernement n'ait pas voulu consentir à l'amendement que nous
présentions et qui l'aurait obligé à examiner ces deux
dimensions non seulement d'une façon automatique mais d'une façon
publique afin que tous les citoyens puissent faire valoir leur point de vue sur
la question.
Nous regrettons également que le gouvernement n'ait pas fait
montre d'un sens plus aigu de la prospective dans ce domaine novateur par
essence.
Nous regrettons qu'il se soit limité à une conception
extrêmement étriquée de son rôle, puisque le ministre
d'Etat à l'environnement n'a pas voulu assumer en termes clairs et
définitifs la juridiction qui devrait lui revenir sur tous les domaines
qui ont des rapports avec la protection de l'environnement et la qualité
de la vie, par exemple, l'urbanisme, les richesses naturelles, la voirie et le
transport.
Récemment, un professeur de l'université Laval, M.
Couillard, nous rappelait justement à quel point il faut payer cher les
négligences de ceux qui ne tiennent pas compte de la dimension humaniste
dans le développement des villes. Si nous laissons en effet libre cours
aux appétits des promoteurs industriels et des commerçants, on en
arrive à faire de nos mégapolis des villes où le citoyen
se retrouve bientôt comme un étranger, parce qu'on n'a pas reconnu
les besoins existentiels dans toutes leurs dimensions.
Nous regrettons que le ministre ne se soit pas défini un
rôle plus clair en ce qui concerne la politique des ministères qui
jouent un rôle tellement important dans l'aménagement de
l'environnement. Nous regrettons également que le ministre ne nous ait
pas présenté de programme plus précis, plus défini
en ce qui concerne l'avenir. Par exemple, nous ne connaissons pas plus
qu'auparavant les projets que le ministère entretient en ce qui concerne
tout ce vaste domaine que constitue l'épuration des eaux usées,
l'élimination des déchets et la lutte contre le bruit. En somme,
dans le projet de loi qu'il nous a présenté, nous voyons
très bien le contenant mais nous ne voyons pas le contenu. Il se donne
des pouvoirs, il élabore des mécanismes mais nous ne savons pas
encore sur quels objets portera son action.
Nous déplorons également que le ministre n'ait pas fait
davantage état des programmes de recherche qu'il stimulerait ou qu'il
entreprendrait de son chef, dans le champ de la science pure ou fondamentale,
dans le champ de la science appliquée, comme par exemple l'étude
de toutes les techniques destinées à combattre la pollution
automobile, à mieux assurer l'élimination des déchets,
etc., dans le champ de la recherche industrielle, c'est-à-dire
l'encouragement donné soit à des universités ou à
des compagnies qui viseraient à mettre au
point des techniques qui nous aideraient à lutter d'une
façon plus efficace contre les divers agents de pollution et qui
verraient à faire du Québec un domaine privilégié
pour le développement de l'industrie qui est destinée à
lutter contre la pollution, comme d'autres pays l'ont fait avant nous.
En somme, le gouvernement, par sa loi, nous dit: J'interviendrai
après. J'essaierai de pallier les effets de la pollution, mais je ne me
sens pas encore capable, pas encore assez soutenu par les membres du conseil
des ministres pour établir une véritable politique qui viserait
à améliorer la qualité de la vie et non seulement à
lutter simplement contre la pollution.
D'ailleurs, aux questions que nous avons posées au ministre quant
au budget dont il pourra disposer, quant au personnel cadre dont il pourra
disposer, aussi bien pour les recherches qu'il devrait mener que pour
l'étude des projets qui lui sont soumis que pour l'étude des
programmes qu'il devra' examiner, que pour l'étude des projets qu'il
devra entreprendre de son propre chef, nous n'avons obtenu que des
réponses évasives.
Il nous restera à voir, dans l'avenir, jusqu'à quel point
le conseil des ministres fera écho aux préoccupations de ce
paladin, de ce preux, de ce chevalier qui a voulu se faire le champion de
l'environnement.
Enfin, nous regrettons que ce gouvernement, encore une fois, dans ce
projet de loi, ait fait montre d'une aussi grande méfiance à
l'endroit du public. Il veut élaborer ses règlements dans le
secret, il ne veut pas les soumettre à la critique des citoyens qui
voudraient les commenter. Il se refuse à accepter des mémoires
que nous pourrions discuter à des séances de la commission
parlementaire. Au comité consultatif, il est à craindre qu'il
fasse la part beaucoup plus belle aux entrepreneurs qu'aux citoyens qui ont
à coeur de protéger leur milieu. Nous sommes obligés de
constater que, dans toutes les interventons qu'a faites le ministre ou d'autres
membres du cabinet, il n'a jamais été question de programme de
sensibilisation de la population quant aux dangers que fait courir la pollution
à notre société.
En somme, nous sommes en face non pas d'une réforme mais
plutôt d'un compromis boiteux, qui nous semble beaucoup plus une
compromission et une démission qu'un véritable
progrès.
Après l'adoption de ce projet de loi, il nous restera à
évaluer la vitesse de croisière de ce nouveau ministère.
Nous craignons que cette vitesse de croisière soit très lente et
que le ministère ressemble davantage à une chaloupe qu'au navire
rapide et puissant dont nous aurions besoin si nous voulons reprendre tout le
retard que nous avons dans ce domaine.
Encore une fois, même si nous avons des félicitations
à adresser au ministre d'Etat responsable de la qualité de
l'environnement pour l'action efficace, vigoureuse qu'il est le seul à
avoir menée dans ce gouvernement, nous demeurons extrêmement
sceptique sur l'action résolue, globale de ce gouvernement dans un
domaine qui est à la pointe de l'évolution, que nous devrions
étudier et sur lequel nous devrions agir avec tout le dynamisme qui
caractérise notre société occidentale, et cela dans le
sens des valeurs que nous prétendons précisément
maintenir.
C'est la raison pour laquelle, ajoutant en cela ma voix à celle
du député de Lafontaine, qui a fait d'autres critiques, nous ne
pourrons pas donner notre agrément à ce projet de loi. Nous
incitons, dès maintenant, le gouvernement à améliorer ce
projet de loi et surtout à le compléter par d'autres mesures,
aussi bien sur le plan de l'action que de la législation, des mesures
qui convaincront enfin la population que son gouvernement, son Etat la
représente vraiment et entend lutter d'arrache-pied contre toutes les
forces qui tendent à déshumaniser et détruire notre
société.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Croisetière): L'honorable ministre
responsable de la qualité de l'environnement.
M. Victor-C. Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je n'ai pas l'intention de parler
très longtemps sur le rapport de la commission qui est devant nous. Je
voudrais, cependant, relever certaines affirmations faites par les opinants qui
se sont exprimés sur lui.
Je voudrais d'abord dire qu'effectivement l'étude de ce projet de
loi à la commission parlementaire a été extrêmement
constructive. Je voudrais signaler qu'elle l'a été
également jeudi soir dernier, même si l'un des partis qui
siègent en cette Chambre n'était pas représenté. Je
ne voudrais pas que l'insinuation du député de Maskinongé
suivant laquelle tout d'un coup, en son absence, il n'y avait plus
d'opposition, demeure dans le journal des Débats sans être
contredite parce que, effectivement, les deux autres partis étaient
présents et ont participé au débat ce soir-là.
Je voudrais aussi corriger une erreur de fait commise par le
député de Maskinongé. Il a affirmé que le rapport
de cette commission a été déposé samedi, quand il n
'y avait pas de secrétaire, pas de personnel de soutien pour permettre
à un parti politique de travailler sur un tel document et de
préparer des projets d'amendements. Je souligne que le rapport a
été déposé lundi, et lundi, l'Assemblée
nationale a fonctionné de façon normale. Donc, je voudrais que
cela soit corrigé.
Il a été dit par le député d'Abitibi-Ouest
que l'application de la loi pourrait avoir des effets désastreux sur des
municipalités qui sont déjà fortement endettées,
notamment parce que le projet de loi prévoit que l'ordonnance
émise à l'endroit de la municipalité, si elle
entraîne des dépenses, ne devrait pas exiger, pour que la
municipalité lui donne suite, d'autorisations
autres que celles du ministre des Affaires municipales et de la
Commission municipale du Québec. Je souligne que c'est justement le
rôle de la Commission municipale du Québec de juger de la
capacité de payer de la municipalité. C'est le rôle du
ministre des Affaires municipales de poursuivre et d'appliquer une politique
générale à l'endroit des municipalités et une
politique de subventions à leur égard. Donc c'est justement pour
éviter ce genre de problème que l'on voudrait que toute action de
la part du ministre d'Etat responsable de la qualité de l'environnement
soit conditionnée en ce qui concerne les municipalités par
l'approbation du ministre des Affaires municipales et par celle de la
Commission municipale du Québec. Tout ce que l'on met de
côté, c'est le mécanisme de référendum parce
que si l'on constate un besoin immédiat et réel de
protéger l'environnement, il ne faut pas que l'on puisse écarter
toute mesure si la responsabilité gouvernementale est acceptée au
deux paliers intéressés.
On a parlé de l'action capricieuse du ministre, on a parlé
du ministre qui agirait en vase clos. Je pense bien, si l'on relit le projet de
loi, qu'on trouvera que ce n'est pas du tout ce qu'il prévoit.
D'ailleurs le sujet est tellement étalé sur la place
publique depuis un certain temps qu'il serait impossible pour un ministre,
même s'il le voulait, d'agir en vase clos ou de façon capricieuse
sans tenir compte des principes et des normes qui doivent présider
à la protection de l'environnement.
On a soulevé la question du budget. On a dit que la loi sera
inefficace, inopérente s'il n'y a pas de budget qui lui est
attribué. J'ai dit à maintes et maintes reprises que les sommes
qui sont dépensées au Québec pour la protection de
l'environnement ne se trouvent pas en entier au budget des services
identifiés pour ces fonctions au sein de l'appareil gouvernemental.
J'ai fait un petit relevé rapide et vous savez que le
budget qui est attribué à la responsabilité de celui qui
vous parle est pour cette année de $12 millions et je peux vous
dire qu'au cours des deux dernières années le Québec a
décidé de dépenser, en chiffres ronds, $370 millions pour
la protection de l'environnement, dont $270 millions au niveau des
municipalités et au moins $80 millions au niveau des industries.
Donc, c'est mal représenter les faits de viser seulement les $12
millions de budget administratif et de dire: C'est tout ce que l'on
dépense pour la protection de l'environnement.
Je voudrais ajouter que l'affirmation à l'effet que le ministre
veut agir seulement de façon paternaliste, qu'il ne veut pas consulter
le public, qu'il veut empêcher le conseil consultatif d'agir de son
propre chef n'est pas confirmée par le projet de loi. Celui-ci dit que
le conseil peut recevoir et entendre les requêtes et suggestions des
individus et des groupes sur toute question visée par la loi, et le
ministre est tenu de rendre publiques les études du conseil.
Le conseil, qui sera autonome, pourra agir de son propre chef, pourra
faire comme bon lui semblera pour entendre ceux qui voudraient être
entendus. D'autre mécanismes seront aussi disponibles pour
écouter des intéressés.
Je voudrais relever certaines inexactitudes que j'ai retrouvées
dans le discours du député de Bourget. Il a affirmé
qu'avec l'adoption de la loi, le ministre responsable de la qualité de
l'environnement sera toujours sous l'autorité, sous la tutelle
a-t-il semblé vouloir dire du ministre des Affaires municipales.
Je lui demande de trouver l'endroit dans le projet de loi où cela est
écrit; il ne le trouvera pas, ça n'y est pas. Ce n'est pas
l'intention du gouvernement qu'il en soit ainsi.
Il a affirmé que j'avais donné des réponses
évasives à des questions sur notre personnel. Je crois bien avoir
précisé que nous avons présentement 280 personnes à
notre emploi, que nous allons vers un chiffre de 240 cette année, que
nous espérons d'autres augmentations, mais que seul le ministre des
Finances a le droit de dévoiler les intentions du gouvernement quant aux
augmentations de budget et donc de personnel, et il le fera en temps et lieu.
Ce n'est qu'à ce moment que nous serons en mesure d'examiner les
augmentations de personnel qui seront accordées au ministre d'Etat
responsable de la qualité de l'environnement.
Ce qui me blesse le plus, c'est l'affirmation du député de
Bourget que le ministre, par ce projet de loi, a l'intention de
réglementer secrètement la protection de l'environnement. C'est
précisément le contraire, et cela a été
explicité davantage au cours de l'étude du projet de loi. Les
règlements seront publiés, il n'entreront en vigueur
qu'après un délai de 60 jours. J'ai donné mon engagement
personnel que les nouveaux règlements seront étudiés par
la commission parlementaire en écoutant des témoins. Alors je
pense que les faits sont différents de ceux mis de l'avant par le
député de Bourget.
Je voudrais, même si les opinants qui se sont exprimés sur
le rapport de la commission ne l'ont pas fait, consacrer quelques minutes
à expliquer les amendements qui sont proposés par le
gouvernement, pour qu'ils soient compris et placés dans leur
contexte.
Il y a, premièrement, une modification â l'article 20
un article qui a été controversé, le
député de Maskinongé s'en rappellera et qui a
été rédigé de façon à avoir une
portée extrêmement large. Nous avons repris en
considération l'article en question pour en simplifier la
rédaction; c'est ce que veut atteindre le premier amendement.
Il en est de même avec l'article 24 qui est visé par le
deuxième amendement. On y voit ici, je rejoins une
préoccupation du député d'Abitibi-Ouest une
diminution de l'élément arbitraire de l'action du directeur.
Il y a un article qui est ajouté, ou plutôt qui est
effectivement rétabli, à mon avis, d'une meilleure façon.
Il s'agit de ce qui était un
alinéa d'un article, cet alinéa obligeait le directeur
à consulter le ministre des Affaires municipales avant de prendre une
décision qui pourrait impliquer des dépenses pour une
municipalité. Comme alinéa d'un article, il ne s'appliquait
essentiellement qu'à lui; comme article séparé, il aura
son effet général sur toute la loi, et c'est le désir que
nous avons. Je suis heureux de pouvoir revenir à cette protection pour
l'intérêt des municipalités.
M. PAUL: Est-ce que l'honorable ministre me permet une question?
M. GOLDBLOOM: Certainement, M. le Président.
M. PAUL: Puisqu'il se réfère à l'article 29 qui
entraîne l'addition d'un article 29 a), est-ce que le ministre peut nous
donner la portée du terme "ordonnance" qu'on y retouve? Il s'agit de
l'ordonnance du directeur. Il me semble, d'après mes souvenirs, que le
directeur ne pouvait pas émettre d'ordonnance, si ce n'est dans
l'application des règles administratives découlant de l'adoption
des règlements par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. GOLDBLOOM: C'est essentiellement ce que nous avons voulu. Le
député de Maskinongé se rappellera les longues discussions
que nous avons eues sur cette question et également sur l'utilisation
des mots "ordonnance" et "ordonner". Il ne nous semblait pas possible
d'éliminer complètement ces deux mots ou de leur trouver des
synonymes, mais il est clair qu'à de rares exceptions près c'est
notre désir que l'action du directeur soit l'expression de la loi et des
règlements et soit motivée par des normes définies par
règlement; donc, que ce soit une action purement administrative.
Il y a deux exceptions qui arrivent immédiatement et qui
concernent les articles 34 et 36. J'y reviendrai dans un instant, puisqu'il y a
également l'article 33 qui est modifié dans le sens que je viens
d'indiquer, en attribuant une responsabilité au directeur, mais en
ajoutant les mots suivants "le tout conformément aux modalités
prévues par règlement du lieutenant-gouverneur en conseil".
Aux articles 34 et 36, il y a un retour vers le directeur de pouvoirs
qu'en commission nous avions attribués au ministre.
Précisément parce qu'il s'agit de plusieurs municipalités
qui seraient invitées à poser un geste commun, ou du raccordement
possible d'un système privé à un système municipal,
nous avons cru qu'il était important que la Commission municipale puisse
siéger comme tribunal d'appel s'il n'y avait pas d'entente entre les
intéressés, dans ces deux cas. Voilà, la raison
d'être de ces deux amendements.
Il y a, après cela, une série d'amendements pour enlever
l'expression "embarcation à moteur".
Il a été jugé par les légistes, et donc par
le gouvernement que le fait de trouver dans ces articles le mot "moteur"
était non seulement suffisamment large, mais qu'il y avait un risque
d'en restreindre la portée si l'on ne parlait que d'embarcations
à moteur. Pour cette raison, il a été conseillé par
les légistes que l'on revienne à la rédaction originale
qui parlait de moteur et de véhicules automobiles sans préciser
embarcations à moteur, ce terme étant englobé dans la
définition du mot "moteur"
Il y a un article qui disparaît, l'article 67; il y en aura deux
autres vers la fin, c'est parce qu'à la réflexion, nous avons
trouvé que le pouvoir impliqué était, à notre avis,
excessif. Ce n'est pas qu'on ne voudrait pas agir, ce n'est pas qu'on ne
voudrait pas avoir ce pouvoir, mais imposer à une municipalité de
recevoir les déchets de nature spécialement dangereuse d'une
autre municipalité simplement en permettant à celle-ci une
expropriation à l'extérieur de son territoire qui est directement
sous la juridiction de la municipalité intéressée nous
semblait excessif, et nous avons préféré laisser tomber ce
pouvoir et trouver d'autres moyens de régler le problème.
A l'article 68, nous avons voulu enlever les mots qui se trouvent
à la fin de l'article et qui se lisent: "à moins d'une permission
écrite du ministre" et cela parce qu'il y aurait un règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil, et il ne semblait pas, à la
réflexion, une bonne procédure législative de permettre au
ministre d'écarter un règlement adopté par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Dans la section intitulée Salubrité des immeubles et des
lieux publics, il a été porté à notre attention
qu'il y a un conflit possible dans l'application des pouvoirs parce que, dans
les articles tels que rédigés présentement, et la
municipalité et le directeur pourraient agir. Puisqu'il y a, un peu plus
loin, un article dans cette section qui permettrait, en cas de
nécessité, au directeur d'assumer les responsabilités des
municipalités, nous avons cru bon simplifier l'application
administrative de toute cette section en accordant à toute la
municipalité le droit d'entreprendre les procédures
nécessaires et laissent au directeur le pouvoir de relève, le
pouvoir d'intervenir en cas de nécessité, si la
municipalité ne respecte pas ses responsabilités.
Enfin, il y a deux articles qui disparaissent. Il y a avant eux, un
article de rédaction pour remplacer, dans l'article 98, les mots "dans
les quinze jours" par les mots "sans délai", mais il y a, à la
fin, deux articles qui disparaissent, les articles 124 et 128. L'article 124
est jugé ne pas être nécessaire par les légistes,
à la réflexion. L'article 128 est jugé vraiment un pouvoir
exorbitant. C'est un pouvoir d'exiger, de la part d'industries existantes, le
dépôt d'un plan pour le réaménagement du terrain
qu'elles occupent et qu'elles risquent de défigurer présentement.
Il est hautement désirable, il va sans dire, que les terrains
présentement exploités soient res-
taurés à un état acceptable, mais imposer cela
à toutes les industries existantes qui ont reçu en bonne et due
forme et de bonne foi l'autorisation d'entreprendre leurs activités nous
semble excessif et nous avons préféré laisser tomber ce
pouvoir.
Voilà pour les modifications que nous apportons en ce
moment-ci.
Je voudrais terminer en disant ceci: Nous avons entendu parler, à
plusieurs reprises, de participation populaire. Nous avons encaissé
certaines critiques, notamment de la part du Parti québécois,
cependant, pour ne pas avoir élargi suffisamment, dans l'esprit de cette
formation politique, la loi pour permettre une vraie consultation populaire. Je
voudrais dire qu'il est très clair que le ministre ne voudrait pas et ne
pourrait pas agir indépendamment des tendances de l'opinion publique
aujourd'hui. Ce que nous propose le Parti québécois me fait
penser à un document qui a été distribué
récemment par un des groupements qui se sont donné pour mission
la protection de l'environnement. C'est une espèce de jeu je ne
me sers pas de ce mot dans un sens péjoratif, loin de là
qui est distribué aux enfants, et aux grands enfants aussi, qui
s'intitule "Vous êtes le ministre de l'Environnement". Dans le jeu, on
est mis en face de problèmes et on se dit: Je suis le ministre de
l'Environnement, qu'est-ce que je vais faire pour résoudre ce
problème?
Je pense qu'avec l'entrée en vigueur de cette loi il ne sera pas
possible que tout le monde soit soudainement le ministre de l'Environnement.
Commençons par avoir un ministre avec une loi efficace.
C'est une loi incomplète, d'accord. Plusieurs
députés ont relevé le fait que d'autres
éléments pourraient se retrouver dans la loi; d'autres, par
contre, ont dit qu'on va trop loin, mais je ne mets pas en contradiction les
diverses affirmations.
Si nous sommes pour établir des politiques cohérentes,
pour mettre en vigueur des programmes que nous avons déjà
commencé à établir, il faudra qu'il y ait un centre de
responsabilités, il faudra qu'il y ait un ministre de
l'Environnement.
Je pense bien que le gouvernement s'est fixé l'objectif
précis de donner à l'environnement québécois la
protection dont il a besoin. Il a l'intention d'atteindre cet objectif.
M. LEGER: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président.
M. LEGER: Comment voit-il, dans son projet de loi, des mécanismes
précis de participation des citoyens, incluant les mouvements dont le
ministre faisait mention tantôt, pour qu'ils puissent, d'une façon
systématique, participer et aider le ministre dans les décisions
qu'il a à prendre? Quels sont-ils ces mécanismes bien
précis que la loi permet? Il ne s'agit pas de mécanismes qui
peuvent exister vaguement.
M. GOLDBLOOM: Je ne sais pas si le député de Lafontaine
veut dire participer aux décisions ou conseiller le ministre. Ce n'est
pas la première fois que je le dis: Il y a des organismes qui ont
été créés qui ont le personnel nécessaire et
une façon systématique d'agir. Ils peuvent venir à
Québec comparaître devant une commission parlementaire et
s'exprimer sur le sujet de la protection de l'environnement.
Pour ma part, tant et aussi longtemps que les commissions parlementaires
seront seulement à Québec, je pense que c'est une consultation
partielle qui peut avoir lieu. Il faudra qu'on aille rencontrer le public chez
lui. C'est ce que j'ai toujours fait et c'est ce que j'ai l'intention de
continuer à faire.
Le député de Lafontaine me demande quels sont les
mécanismes précis de la loi.
Il sait qu'il y a le Conseil consultatif de l'environnement et,
contrairement à ce qu'a affirmé le député de
Bourget, ce conseil pourra tenir de son propre chef, de sa propre initiative
des audiences publiques. Il lui suffira d'être saisi d'un problème
ou de s'en apercevoir pour aller de l'avant et tenir ces audiences. Nous avons
prévu des séances de la commission parlementaire. Tout citoyen
qui croit que ses biens ou sa santé sont mis en danger peut demander au
ministre d'intervenir et le ministre est tenu de lui fournir les
résultats de son enquête.
Je crois bien que je ne pourrai aller jusqu'à la limite de ce que
le député de Lafontaine et ses collègues voudraient me
demander. Il y a une tradition législative, il y a une économie
de nos lois qu'il faut respecter. Nous n'avons pas dans notre système
juridique ce que l'on appelle ailleurs la "class action". Puisque cela n'existe
pas, nous ne sommes pas en mesure de faire du droit nouveau dans ce domaine,
à ce moment précis.
Je reviens aux propos du député d'Abitibi-Ouest. Il a dit
que la loi est rédigée de façon à permettre au
ministre de poser certains gestes. Le ministre "peut". Le directeur "peut".
Mais ce n'est pas autrement que l'on peut rédiger nos lois. Il faut que
celui qui atteint un niveau élevé de responsabilité ait la
liberté d'agir et de perendre cette responsabilité. S'il a de
bonnes raisons de ne pas le faire, il doit défendre sur la place
publique ses raisons pour ne pas agir. Mais c'est à lui de mettre sa
réputation publique en jeu. C'est ce que le ministre a l'intention de
faire. C'est ce que le gouvernement fait avec ce projet de loi.
M. LEGER: M. le Président, nous demandons un vote
enregistré.
LE PRESIDENT: Vous êtes cinq. M. LEGER: Oui.
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
Votes sur les amendements et sur le rapport
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur des amendements soumis au
rapport par l'honorable ministre responsable de la qualité de
l'environnement veuillent bien se lever, s'il vous plait.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Hardy, Choquette,
Garneau, Tremblay (Bourassa), Harvey (Jonquière), Tetley, Drummond,
Bienvenue, Saint-Pierre, Massé, Goldbloom, Mailloux, Cadieux, Arsenault,
Houde (Fabre), Théberge, Perreault, Blank, Brisson, Kennedy,
Séguin, Saint-Germain, Picard, Pearson, Leduc, Fraser, Fortier, Bacon,
Berthiaume, Caron, Carpentier, Faucher, Giasson, Harvey (Chauveau), Houde
(Limoilou), Lafrance, Lamontagne, Larivière, Marchand, Ostiguy, Pilote,
Shanks, Springate, Veilleux, Gratton, Roy (Beauce), Latulippe, Drolet, Roy
(Lévis), Tétrault, Béland, Guay, Audet.
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre veuillent bien se lever, s'il
vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Loubier, Paul, Tremblay (Chicoutimi),
Vincent, Cloutier (Montmagny), Boivin, Lavoie (Wolfe), Gagnon, Russell,
Croisetière, Demers, Laurin, Burns, Léger, Joron, Tremblay
(Sainte-Marie).
LE SECRETAIRE: Pour: 55. Contre: 16.
LE PRESIDENT: Les amendements sont adoptés.
Nous devons maintenant voter sur le rapport. S'agit-il du même
vote, sur le rapport? Même vote, sur le rapport. Ce rapport est
adopté.
M. LEVESQUE: Troisième lecture.
LE PRESIDENT: Y a-t-il le certificat du secrétaire?
Troisième lecture
M. LEVESQUE: Troisième lecture, M. le Président.
LE PRESIDENT: Consentement unanime. Cette motion de troisième
lecture est-elle adoptée?
M. PAUL: J'aurais quelques petits reproches.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, nous en sommes maintenant rendus
à la troisième lecture de ce projet de loi no 34, Loi de la
qualité de l'environnement. A l'occasion de l'étude de la
deuxième lecture de cette loi, nous avons reproché au ministre le
pouvoir de délégation qu'il introduisait d'une façon
accentuée et marquée dans cette loi.
Nous avons, avec raison, demandé, à l'époque, la
convocation de corps intermédiaires, afin de connaître quel sera
l'appui, l'apport de la population. Nous avons déploré, comme
nous le déplorons encore aujourd'hui, des mesures incitatrices à
l'endroit de la population. C'est beaucoup plus une loi punitive, coercitive,
dans certains cas, qu'une loi qui prend des moyens incitateurs pour inviter le
grand public à participer à cette grande lutte contre la
pollution que livre le ministre responsable de la qualité de
l'environnement, depuis plus d'une année.
M. le Président, nous avons déploré le fait que le
premier ministre n'ait pas reconnu la nécessité de
présenter une loi aux fins d'instituer un ministère de
l'environnement. Nous nous sommes longtemps interrogés en commission
parlementaire, quant aux raisons qui gênaient le gouvernement, à
aller de l'avant et à mettre sur pied un véritable
ministère de l'environnement. Toujours, on ne parle que d'un service de
l'environnement. Je rejoins les excellents propos tenus par mon
collègue, le député de Bourget, qui disait, dans le cours
de ses remarques, à l'occasion de l'étude du rapport, que le
ministre responsable de la qualité de l'environnement serait constamment
sous la tutelle d'un ministre qui sera probablement le ministre des Affaires
municipales.
M. le Président, si le gouvernement voulait réellement
aller de l'avant, prendre des mesures positives pour combattre la pollution,
que ce soit de l'air, que ce soit de l'eau, que ce soit de l'environnement, la
lutte contre les mauvais usages des ordures et autres mesures sanitaires
semblables, il aurait dû présenter une loi créant le
ministère de l'Environnement.
On s'est inquiété et, encore là, nous ne retrouvons
rien dans la loi quant aux moyens dont disposera le service de l'environnement
puisqu'il ne s'agit pas d'un ministère pour tâcher
d'aider les municipalités aux prises avec le problème de la
pollution.
Constamment nous voyons que les municipalités sont
exposées à prendre des mesures ou à adopter des lois, ou
à imposer des charges sur la tête de leurs contribuables pour
satisfaire les ordonnances du ministre. Heureusement que le directeur ne
possède plus ce pouvoir d'ordonnance.
Nous avons regretté que le ministre d'Etat responsable de la
qualité de l'environnement n'ait pas le pouvoir d'imposer, lui seul, ses
vues, ses directives dans l'administration de la loi,
qu'il soit en quelque sorte totalement indépendant de la tutelle
d'un autre ministre.
Nous avons regretté que le ministre d'Etat responsable de la
qualité de l'environnement n'ait pas voulu entendre les corps
intermédiaires. Il a fait un peu marche arrière. Il s'est
engagé de ce côté-là. Nous n'avons pas raison de
douter de son engagement. Il nous a promis l'audition de séances
publiques pour étudier les règlements que le
lieutenant-gouverneur en conseil va adopter sur au moins 94 sujets
différents dans cette loi.
Le lieutenant-gouverneur en conseil va donc présenter de
multiples lois, parce que la véritable loi en matière de lutte ou
de qualité de l'environnement va résulter des
arrêtés ministériels que va adopter le
lieutenant-gouverneur parce que nous n'avons aucun texte précis, rigide,
déterminé, dans la Loi de la qualité de l'environnement.
Le tout est laissé à la discrétion du
lieutenant-gouverneur en conseil. Il n'y a aucun point de repère
définitif d'orientation.
Nous cherchons même la politique qu'entend mettre de l'avant le
ministre d'Etat responsable de la qualité de l'environnement. Aucune
mesure incitatrice pour inviter la population à travailler de concert
avec les municipalités, avec le gouvernement.
Je dis donc que c'est une loi tiède, timide. On embrasse trop
à la fois et on ne prend aucune mesure pour combattre dans
l'immédiat la pollution qui peut exister. On ne prend des moyens que
pour prévenir une pollution, ou pour éviter une accentuation, une
augmentation de la pollution de l'air, de l'eau, mais on n'offre aucun moyen
à la population, aux corps intermédiaires, aux groupements ou
associations pour lutter contre la pollution existante.
On veut tout simplement fournir l'occasion surtout de prévenir
l'augmentation de la pollution, mais on n'offre pas de moyens pour combattre
dans l'immédiat, dans le quotidien, la pollution qui existe dans nos
milieux, dans nos lacs, dans nos rivières.
Le ministre a répondu à une question que nous lui avons
posée à l'effet de savoir s'il avait l'intention d'imposer ses
vues à ses collègues du conseil des ministres pour que les
dispositions que nous retrouvons dans cette loi soient respectées.
Il nous a répondu oui. J'inviterais donc dès maintenant le
ministre responsable, à moins que ce ne soit pas lui qui devienne
responsable de l'application de la loi 34, le ministre désigné ou
du moins celui que nous souhaitons voir assumer de telles
responsabilités à s'interroger et s'intéresser surtout
à tout ce qui se fait actuellement dans la baie James et qui
détruit l'écologie, qui détruit nos lacs, nos
rivières, là où il y a une abondance de pollution que le
ministre ne tolérerait certainement pas s'il se rendait sur place pour
constater de quelle façon les travaux se font à cet endroit. Le
ministre ne peut pas être partout. Il a prononcé plus de 300
conférences dans l'espace d'une année. Il a donc multiplié
les informations à l'endroit de la population, il a pris certaines
mesures d'incitation, de pression à l'endroit des industries et,
heureusement, dans certains milieux on lui a répondu favorablement.
Mais ce qui manque dans la loi, c'est le pouvoir décisionnel d'un
ministre et non pas d'un directeur de service. On aura beau continuer d'appeler
le député de D'Arcy-McGee ministre responsable de la
qualité de l'environnement, il ne demeurera toujours qu'un chef de
service. Il a trop fait jusqu'ici dans cette lutte contre la pollution pour
qu'on ne lui donne pas le titre de ministre responsable de la pollution,
ministre titulaire de la lutte pour la qualité de l'environnement. M. le
Président, le ministre est trop humble et nous espérons que le
premier ministre va reconnaître l'excellent travail qu'il a accompli dans
ce domaine. Il est seul, il ne se sent pas appuyé et ce sont les
députés de l'Opposition qui ont soutenu le ministre dans la lutte
qu'il a menée auprès des collègues de son propre parti qui
l'ont même abandonné un jour à un tel point qu'il a
été défait royalement sur les premiers champs de bataille.
Mais nous, avec notre grande commisération, avec notre grande
amitié à l'endroit du ministre, nous l'avons remis sur la
sellette, nous avons continué à aller de l'avant avec lui.
Malheureusement, il n'a pas su imposer ses vues, ses directives, son leadership
auprès de ses collègues du cabinet pour que nous n'ayons pas
qu'un service de l'environnement mais un ministère de l'environnement.
L'on va imposer des charges trop onéreuses aux municipalités qui
sont financièrement incapables d'assumer les déboursés que
commandera l'application de cette loi parce que le ministre des Finances
refusera de fournir au ministre chargé de la qualité de
l'environnement les deniers qui lui sont absolument nécessaires pour
effectuer une lutte efficace contre la pollution. Et ce n'est pas surprenant,
le ministre des Finances a tellement de soucis, de difficulté à
équilibrer son budget. Sous prétexte qu'il n'impose pas de
nouvelles taxes, il emprunte constamment pour montrer un déficit
administratif de l'ordre de plus de $450 millions pour l'année 1971.
M. BOURASSA: Pas de nouvelles taxes, cela fait mal.
M. PAUL: Je sais, M. le Président, que j'étais hors
d'ordre et c'est pourquoi je reviens pour inviter le ministre des Finances
à comprendre l'urgence qu'il y a de mettre à la disposition du
ministre chargé de la qualité de l'environnement les deniers
nécessaires pour, du même coup, soulager les
municipalités.
Celles-ci auront une épée de Damoclès sur la
tête, si on abuse des pouvoirs que l'on accorde non pas directement au
ministre, mais surtout au directeur du service de la qualité de
l'environnement.
C'est donc à regret que nous serons obligés
de voter contre cette loi. Nous l'avons améliorée; nous
avons réussi, grâce à un travail d'intelligence, à
obtenir du ministre des amendements sur plus de 60 sujets différents
couverts par cette loi. Malheureusement, ce n'est pas suffisant. Nous
souhaitons, cependant que le ministre soit reconnu comme étant l'homme
de valeur dans le cabinet pour continuer le travail qu'il a déjà
entrepris.
Il aura même, tout près de lui, dans son environnement,
beaucoup de travail à effectuer et je suis certain que le leader du
gouvernement sera l'écho fidèle de nos représentations
auprès des collègues du cabinet pour que cette loi réponde
réellement aux besoins de la population, aux objectifs que l'on veut
atteindre. Il n'y a pas de principe dans cette loi. Il y a seulement des moyens
d'action, le tout laissé à la discrétion, au caprice, au
bon vouloir, aux fantaisies du lieutenant-gouverneur en conseil.
Parce qu'on a encore une délégation de pouvoirs trop
marquée, parce que l'on met de côté nécessairement
ce grand principe pour lequel s'est battu Montesquieu, parce que l'on impose
des charges aux municipalités, je dis que c'est avec regret que nous
serons dans l'obligation de voter contre cette loi, même si nous
apprécions à son mérite l'excellent travail qu'accomplit
le ministre qui s'occupe de ce grave problème au Québec depuis
deux ans.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Le député de
Lévis.
UNE VOIX: Adopté.
M. J.-Aurélien Roy
M. ROY (Lévis): M. le Président, je dirai seulement
quelques mots car je ne voudrais pas retarder les travaux de cette Chambre.
J'ai eu l'occasion, dans le courant de l'année, de travailler avec le
ministre sur l'environnement. C'est là que j'ai compris l'importance
d'une loi qui pourrait peut-être donner à la province de
Québec un certain rôle pour que tout le monde soit traité
de la même manière et suivant ses mérites. J'ai
écouté parler mon honorable ami, tout à l'heure, et j'ai
vu que c'était de la politique pure et simple.
Je comprends que le bill est assez dur, assez rigide. Nous avons pris
une partie des lois du ministère des Affaires sociales et une partie des
lois des Affaires municipales et nous sommes à faire un
ministère, si vous voulez, responsable de l'environnement. Tout le monde
se plaint d'être pollué et, quand on veut adopter une loi pour
prendre des mesures nécessaires, je ne comprends pas que des gens
puissent être contre cette loi qui pourrait nous procurer certains
avantages dans la province de Québec.
Je ne veux pas vanter le ministre; je vous ai dit, tout à
l'heure, que j'avais eu à travailler avec lui.
M. DEMERS: Vous ne vous retenez pas gros.
M. ROY (Lévis): Lorsque vous êtes honnête et que vous
travaillez avec quelqu'un que vous pensez aussi honnête que vous, vous
vous comprenez très bien. Je ne veux pas l'encenser.
M. DEMERS: Non, non, vous ne vous retenez pas trop fort.
M. ROY (Lévis): Le parti de l'Opposition officielle sait
très bien que je pèse mes mots...
M. DEMERS: Cela ne lui fait pas mal.
M. ROY (Lévis): ... et que je donne les mérites à
qui ils reviennent. Je n'ai pas de partisanerie politique et je crois que,
quand une loi est bonne, il faut le dire.
Je ne suis pas un grand avocat, je suis un administrateur, je vous l'ai
déjà dit. Quand une loi est bonne, on doit être pour,
même si elle est dure. J'ai eu à déplorer bien des choses
dans mon comté. J'ai eu à déplorer un gouvernement
libéral qui a donné des permis on parlait tout à
l'heure de faire de grandes dépenses pour l'enfouissement ou
l'incinération sous influence politique pour bâtir des
incinérateurs qui ne fonctionnent plus.
J'ai vu des candidats de l'Union Nationale, à la veille d'une
élection, donner des permis pour s'attirer des électeurs
même s'ils ont perdu leur élection. On a donné des permis
pour des incinérateurs qui fonctionnent à 50 p.c.
M. DEMERS: Au moins 50 p.c.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec les créditistes, M. le
Président, on va avoir des fours crématoires.
M. ROY (Lévis): M. le Président, je voudrais donner des
explications car il y en a qui ont l'air inquiet. Le permis qui a
été accordé par l'Union Nationale, l'incinérateur
fonctionne encore; mais le permis accordé par les libéraux, vu
qu'il était plus vieux, l'incinérateur ne fonctionne plus. Le
premier fonctionne encore mais il est à la veille de ne plus fonctionner
non plus.
M. PAUL: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. ROY (Lévis): Avant d'accepter la question, M. le
Président, est-ce que j'ai une heure, une demi-heure ou vingt minutes
pour parler?
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): L'honorable député de
Lévis a une heure.
M. ROY (Lévis): J'ai une heure, alors posez-moi toutes les
questions que vous voulez.
M. PAUL: Je regrette, M. le Président, c'est seulement vingt
minutes car nous sommes en troisième lecture. Les règlements
n'ont pas changé depuis que vous êtes revenu, M. le
Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): En troisième lecture, chaque parti
reconnu n'a droit qu'à un seul discours, et chaque parti, à une
heure. Si vous faites l'addition des deux.
M. LEVESQUE: Il parle au nom du chef du parti.
M. PAUL: Qui l'a dit?
M. LEVESQUE: On le suppose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quel chef?
M. PAUL: Comme vous avez une heure, est-ce que je peux vous poser une
question? Vous avez fait référence à certains permis
arrachés. Voulez-vous, par hasard, blâmer la politique de mon
collègue, le ministre responsable de la Santé, des Affaires
sociales du temps, l'honorable député de Montmagny?
M. DEMERS: Voulez-vous porter des accusations précises?
M. ROY (Lévis): M. le Président, je ne blâme
personne, je blâme la politique qui n'est pas correcte. Le ministre le
sait, on a étudié le problème l'été dernier.
Le ministre est venu trois fois dans mon comté. J'ai été
honoré, et pas parce que c'était un ministre libéral. Si
ç'avait été un ministre de
l'Unité-Québec...
M. DEMERS: Deux fois honoré.
M. ROY (Lévis): ... qui était venu et qui avait
été aussi honnête que le ministre qui est venu me
rencontrer, j'aurais été aussi honoré. Je suis
sincère comme cela, je n'ai pas d'arrière-pensée.
Aujourd'hui, nous avons une loi que nous avons fait étudier par des
ingénieurs, des experts qui nous ont suggéré
l'enfouissement sanitaire. L'enfouissement sanitaire, je ne sais pas si vous le
savez, j'en ai déjà parlé, c'est à peu près
la manière la plus économique pour se défaire des ordures
ménagers ou des ordures ménagères; c'est à peu
près la politique la plus économique pour s'en
défaire.
M. LEVESQUE: Adopté. M. ROY (Lévis): Adopté.
UNE VOIX: Les ordures ménagers et les ordures
ménagères, ce n'est pas la même chose.
M. ROY (Lévis): Non, non. Vous adopterez ce que vous voudrez;
j'ai dit les deux et vous choisirez le meilleur entre les deux.
Le parti de l'Opposition officielle trouve curieux que nous votions pour
une loi aussi rigide. Nous allons voter pour cette loi parce que nous avons
confiance au ministre, mais je ne voudrais pas que vous pensiez que j'ai dit
que j'ai confiance au gouvernement, il y a une différence. J'ai eu
l'occasion de siéger en commission, nous avons apporté des
amendements, des recommandations.
Nous avons discuté. Nous avont été
écoutés.
M. DEMERS: M. le Président, est-ce que le député de
Lévis pourrait me parler des amendements qu'il a apportés en
commission?
M. BELAND: Question de règlement, en vertu de l'article 25.
M. DEMERS: Un instant! Je lui pose une question. S'il ne veut pas me
répondre, libre à lui.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): A l'ordre! L'honorable
député de Saint-Maurice, avec sa longue expérience
parlementaire, sait qu'il doit d'abord demander la permission au
député avant de poser sa question.
M. DEMERS: C'est ce que j'allais formuler: Si le député
m'en donnait la permission, lorsque l'oracle de Lotbinière s'est
levé.
M. BELAND: En vertu de l'article 25...
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): A l'ordre! Je pense que je suis en mesure
de rendre ma décision sans le député de
Lotbinière.
Ce qui est arrivé, c'est que le député de
Saint-Maurice a sauté une étape. Il aurait d'abord dû
demander la permission et, par la suite, poser sa question. Alors, j'inviterais
le député de Saint-Maurice à demander la permission.
M. DEMERS: M. le Président, maintenant, je n'ai plus de
permission à demander. Je me rassois.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): L'honorable député de
Lévis.
M. ROY (Lévis): Je regrette de ne pas avoir été
capable de répondre à la question du député de
Saint-Maurice. Je l'invite à mon bureau et il pourra me la poser
personnellement.
M. DEMERS: J'aime mieux aller à votre bureau. Ma visite des
Fêtes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va aller prendre notre petit caribou.
M. ROY (Lévis): Si tout le monde parle, je pense que je vais
m'asseoir. Je vais les laisser parler pendant cinq minutes et je recommencerai
après.
LE PRESIDENT (M. Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Lévis.
UNE VOIX: Adopté.
M. BELAND: M. le Président, justement en vertu de l'article 25,
je vous demande des directives. L'article 25 se lit comme suit: "Pendant le
cours des séances...
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): A l'ordre! Je pense que j'ai deviné
la question du député de Lotbinière.
M. BELAND: Cela concerne le côté ministériel, comme
le côté de l'Opposition.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): C'est exact. Alors, mes directives sont
que tous les députés doivent respecter l'article 25,
c'est-à-dire prendre leur siège, garder le silence et
écouter l'orateur qui parle.
DES VOIX: Adopté.
M. ROY (Lévis): Si j'ai bien compris, M. le Président,
cela veut dire d'écouter le député de Lévis
religieusement.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): C'est ça.
M. ROY (Lévis): C'est ça. Je vous disais, tout à
l'heure, que j'avais connu l'expérience de l'enfouissement sanitaire et
que j'ai posé une question. Nous avons apporté des amendements,
posé des questions ou fait des suggestions; cela veut dire que nous
avons apporté quelque chose. J'ai eu l'occasion de vivre l'enfouissement
sanitaire. C'est vrai. Comme administrateur d'une ville, j'ai vécu
l'enfouissement sanitaire qu'on faisait chez nous et cela a bien
été. Je l'ai déjà dit en cette Chambre. Quand le
ministre nous a dit qu'il ferait faire des études sur l'enfouissement
sanitaire, au lieu de faire des études sur l'incinération, pour
voir si ce serait moins coûteux pour les villes, je lui ai posé la
question suivante. Comment se fait-il, vu que, depuis huit ans, l'enfouissement
sanitaire est défendu, qu'aujourd'hui ce soit permis? Le ministre m'a
répondu publiquement: "Je ne suis pas responsable des bévues
qu'ont pu commettre les anciens gouvernements." Est-ce vrai ou pas, M. le
ministre?
M. DEMERS: Vous admettrez que c'est une réponse originale.
M. ROY (Lévis): J'ai déjà eu l'expérience de
ce système. Je vous l'ai déjà dit en cette Chambre. Nous
avons fait de l'enfouissement sanitaire chez nous pendant dix ans. Aujourd'hui,
à cette même place, on a bâti une école. On a fait
l'excavation. On n'a pas eu de problèmes. Il n'y a pas de
problèmes, pas de vermine, rien. C'est à peu près le
système le moins coûteux. C'est le meilleur, de l'avis des
ingénieurs. Même si cela a coûté environ $100,000
pour le savoir, je pense que c'est la manière la moins coûteuse de
nous débarrasser de nos ordures ménagères.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela aide l'éducation.
M. ROY (Lévis): C'est pour cette raison que j'appuie la loi
même si elle est assez dure, comme je le disais tout à l'heure. En
effet on a été obligé d'accepter une partie d'une loi du
ministère des Affaires sociales.
Il va jusqu'à l'eau. Mais, à un moment donné, on
arrive à un point où on sait où on va. Pour une fois, je
ne dirai pas que le gouvernement sait où il va, mais un ministre sait
où il va. Appuyons-le donc.
M. CROISETIERE: M. le Président, est-ce que le
député de Lévis me permettrait une question?
M. ROY (Lévis): Oui.
M. CROISETIERE: Est-ce que l'honorable député de
Lévis serait d'accord avec nous pour que l'honorable premier ministre
nomme le député de d'Arcy McGee ministre titulaire de
l'environnement.
UNE VOIX: Cela serait une bonne suggestion.
M. DEMERS: Au lieu de directeur du dortoir.
M. ROY (Lévis): M. le Président, on m'a dit que le
ministre était responsable de l'environnement.
M. DEMERS: Il n'est pas ministre... M. CROISETIERE: Ministre titulaire.
M. DEMERS: Il n'a pas de ministère.
M. ROY (Lévis): Bien, un gars qui est responsable, il est
responsable ou il ne l'est pas.
M. DEMERS: D n'est pas ministre.
M. ROY (Lévis): Etre ministre parce qu'il y a tant de millions de
dollars à dépenser par année, ce n'est pas cela la
responsabilité d'un ministre. La responsabilité du ministre,
c'est ce qu'il fait durant l'année. S'il a besoin de finance, il ira
trouver le ministre des Finances et il lui demandera de l'argent. Il l'a dit
chez nous. Il est prêt à nous aider. Ce n'est pas parce que je me
suis vendu au ministre! Non, non! Le ministre a dit qu'il verrait le ministre
des Finances.
M. DEMERS: Si vous en aviez un pareil pour les bateaux, cela marcherait
!
M. ROY (Lévis): Si les bateaux avaient été
donnés par le même gouvernement, ils marcheraient peut-être
mieux aussi !
M. DEMERS: Qu'est-ce qu'ils ont, les bateaux?
M. ROY (Lévis): Cela va bien. M. le Président, quand je
suis arrivé en cette Chambre, le premier ministre que j'ai
rencontré, c'est l'honorable ministre des Transports du temps, m'a dit,
en réponse aux premières questions que je lui ai posées:
Si tu t'en viens faire de la politique en cette Chambre, nous pouvons te couper
cela tout de suite! Je veux dire les subventions!
M. DEMERS: Il n'avait pas de microscope.
M. ROY (Lévis): J'ai montré depuis, en cette Chambre, que
je ne fais pas de politique. Je veux essayer d'aider le gouvernement et je
voudrais montrer à l'Opposition officielle comment on administre, mais
je m'aperçois de plus en plus qu'on fait de la politique pour se faire
élire à la prochaine élection. Ils en ont pas mal à
gagner, M. le Président! Imaginez-vous que tant et aussi longtemps que
le Ralliement créditiste va être dans la province de
Québec, ils vont être en perte de pouvoir. Vous savez ça.
J'ai le droit de dire ça en passant. Ce n'est pas de la pollution,
mais...
M. DEMERS: Non. Ce n'est pas de la pollution, mais cela ne sent pas le
"diable".
M. ROY (Lévis): Non, M. le Président, je veux être
large pour tout le monde: Tout le monde a des mérites, tout le monde est
honnête. Je le conçois et je l'accepte. Seulement, j'ai
été un peu déçu de voir la façon dont
ça fonctionne dans un gouvernement. Quand la population est un peu
révoltée il y a des gens qui la forcent à
ça, je ne veux pas nommer personne c'est qu'elle a un peu raison.
Parfois, on est un peu enfantin. On essaie trop de faire de la politique. On
est pour quelque chose mais on est contre parce que cela ne vient pas de soi.
C'est pour cela qu'hier, lorsque j'ai demandé qu'on ait un régime
présidentiel, qu'on nomme des hommes responsables, des hommes qui seront
nommés pour leurs capacités, qui seront capables de
légiférer à leur manière, avec un président
qui sera élu et des députés qui seront élus parce
qu'ils sont ce qu'ils sont...
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): A l'ordre! L'honorable
député de Lévis...
M. ROY (Lévis): C'est en dehors de la pollution.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): ... semble manifester des connaissances
très précieuses dans le domaine constitutionnel. Mais je
l'inviterais à revenir au projet de loi 34.
M. ROY (Lévis): M. le Président, je vais revenir à
la pollution. Je ne parlerai de personne, alors personne ne sera
blessé.
M. le Président, comme je vous le disais, j'ai travaillé
depuis les deux ans et demi que je suis ici et j'ai le premier comté qui
a été considéré. Ce n'est pas parce que
c'était le plus beau député, probablement, pas le plus
vieux non plus, mais c'est mon comté qui a été
considéré le premier. Le ministre est là. Probablement
que, tout à l'heure, il prendra la parole. Si je dis des choses qui ne
sont pas exactes, il me démentira. Je lui poserai des questions si j'ai
le droit de lui en poser. J'ai été le premier parce que j'avais
des problèmes, chez nous. On m'a demandé, à un moment
donné, quand j'ai posé des questions en Chambre: Avez-vous des
problèmes électoraux? J'ai dit non. Je n'ai pas de
problèmes électoraux mais j'ai des problèmes avec les
vidanges. D'accord? C'est pour les raisons que je vous ai données tout
à l'heure. Il y a toujours eu de la politique dans le fond, parce qu'on
voulait se gagner des électeurs, comme l'ancien Parti libéral et
l'ancien parti de l'Union Nationale l'ont prouvé. C'est pour cette
raison que, quand j'ai trouvé un ministre et que j'ai pensé qu'il
avait les compétences pour régler le cas, j'ai dit: On va
travailler ensemble. Je n'ai pas honte d'avoir travaillé avec lui. Les
gens de Lévis n'ont pas honte non plus, ils sont fiers que le
député soit venu régler leurs problèmes, chez
eux.
M. le Président, cela ne veut pas dire que tous les
problèmes sont réglés, chez nous, pour les vidanges. Mais,
avec la nouvelle loi, ils le seront. Je l'ai dit au ministre. Je serai à
côté de lui pour travailler à les régler. Je pense
qu'une fois pour toutes on sera débarrassé et on aura une loi qui
dira quoi faire, dans un comté ou dans un autre.
M. le Président, j'ai une heure pour parler, mais j'ai dit que je
ne voulais pas retarder les travaux de cette Chambre. Tout le monde sait que
Noël s'en vient et que le jour de l'an n'est pas loin, tout le monde veut
entrer en vacances. Le ministre aura probablement quelque chose à dire.
Je voulais seulement vous dire pourquoi j'appuyais la motion. C'est que j'ai
pensé que nous avions un ministre sincère je ne parle pas
de tous les ministres et que j'ai eu confiance. Je l'appuie. S'il me
fait faux bond, je serai le premier à me lever en cette Chambre, M. le
Président, si vous m'en donnez la permission, pour le dénoncer.
Merci, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): L'honorable député de
Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, avec son langage pittoresque,
coloré et plein de verdeur, le député de Lévis
vient de se porter à la rescousse non pas du gouvernement, qu'il a
abondamment critiqué, mais de son ministre préféré,
le ministre d'Etat responsable de la qualité de
l'environnement. On sent bien qu'il donne son accord au projet de loi
uniquement en raison de la crédibilité que lui inspire le
ministre.
Malheureusement, M. le Président, ceci ne me semble pas suffisant
pour donner son accord à un projet de loi. En écoutant d'une
façon très attentive les propos du député de
Lévis, qui justifiait son accord au projet de loi par la confiance que
lui inspire le ministre et les mesures que le ministre a prises dans le
comté de Lévis, pour régler le problème de
l'enfouissement sanitaire et de l'élimination des vidanges, je ne
pouvais quand même pas m'empêcher de penser au plaidoyer
très féroce qu'avait fait à l'encontre du projet de loi un
autre de ses collègues, le député d'Abitibi-Ouest, qui,
lui, invoquait d'autres arguments, de nature tout à fait opposée,
à l'encontre de l'adoption de ce projet de loi. Je me demande comment
les députés de ce parti ont pu harmoniser des points de vue aussi
contradictoires et aussi opposés. J'ai surtout l'impression qu'une aile
du Ralliement créditiste l'a emporté sur l'autre, puisque
finalement cette tension s'est résolue par un vote positif en faveur du
projet de loi. Il reste que les arguments que faisait valoir le
député d'Abitibi-Ouest restent posés et que le
député de Lévis n'y a pas répondu d'une
façon que j'estimerais logique et compréhensible. Le
problème reste donc posé en ce qui nous concerne.
Pour notre part, il nous semble que l'amélioration de la
qualité de la vie ou la lutte contre la pollution ou la protection de
l'environnement sont des sujets trop sérieux, trop importants, trop
complexes pour qu'on laisse le soin de les régler soit à un
ministre responsable de l'environnement, quels que soient ses mérites,
soit aux spécialistes de l'environnement.
Le problème est en effet tellement important que, selon nous,
seule l'élaboration d'une véritable politique nous paraît
susceptible de poser au moins les fondements d'une action, d'une lutte qui se
veulent éclairées et efficaces. C'est donc dire qu'un seul et
unique projet de loi ne nous semble pas suffisant pour régler le
problème, surtout quand cette loi possède toutes les carences,
les omissions et les défauts que nous avons soulignés aussi bien
en commission parlementaire que dans la discussion du rapport qui nous a
été présenté aujourd'hui.
Ce que nous pouvons reprocher à ce gouvernement,
précisément, c'est de ne pas nous avoir présenté
une véritable politique, contrairement à ce qu'ont fait plusieurs
autres ministres lorsqu'ils nous annonçaient des lois qui devaient
bouleverser le champ de responsabilités qui leur avait été
confié.
C'est ce qu'avait fait par exemple le ministre de la Justice lorsque,
dans les lois qu'il nous proposait, il s'appuyait sur le rapport de la
commission Prévost. C'est ce qu'avait fait le ministre des Affaires
sociales lorsqu'il a tenté de concrétiser par diverses lois les
principales recommandations de la commission Caston- guay-Nepveu. C'est
même ce qu'a fait le supérieur du ministre d'Etat responsable de
la qualité de l'environnement, le ministre des Affaires municipales,
lorsqu'il nous a présenté, il y a plusieurs mois, un livre blanc
sur la politique municipale et qu'il nous en promettait un autre sur la
politique d'urbanisme.
Tellement il est vrai que dans des matières encore une fois
aussi importantes et complexes, il faut, avant que nous puissions
discuter pertinemment de lois-cadres, savoir où nous voulons aller,
quels sont les fondements scientifiques, administratifs, sociologiques d'une
politique et quelles sont les grandes orientations qu'un gouvernement doit se
fixer au cours de plusieurs années afin de concrétiser la
politique sur laquelle le lieutenant-gouverneur en conseil se met d'accord.
En l'occurrence, on a suivi la voie inverse. Le ministre ne nous a pas
présenté de livre blanc ; le premier ministre n'a jamais fait de
déclarations solennelles ou quelque peu étoffées sur la
politique qu'il entendait suivre en ce domaine; il n'a même pas
posé les jalons de cette politique. Encore moins le ministre des
Affaires municipales dont dépend, encore une fois, le ministre
d'Etat responsable de la qualité de l'environnement nous a-t-il
jamais renseignés sur la conception qu'il se fait de l'environnement, la
conception qu'il se fait de la protection du milieu et même de la lutte
contre la pollution.
Et nous en arrivons avec un projet de loi qui vient de n'importe
où et de nulle part, qui est comme je le disais tout à
l'heure beaucoup plus un contenant qu'un contenu et on nous demande
d'accorder au gouvernement carte blanche ou blanc-seing pour les actions qu'il
entend mener.
Ceci nous paraît prématuré, téméraire,
et ceci surtout nous parait illogique. Nous aurions de beaucoup
préféré que le premier ministre ou l'ensemble du cabinet
ou le ministre lui-même, par des actes qu'ils auraient posés en
temps opportun, renseignenent aussi bien les parlementaires que la population
sur les grandes orientations et les fondements de leur politique.
Peut-être, si on avait suivi ce cheminement, le projet de loi
qu'on nous a présenté aurait-il été davantage
axé sur les véritables besoins et aspirations de la population.
Nous le déplorons, encore une fois, et nous pensons qu'il n'est quand
même pas trop tard pour faire amende honorable.
Connaissant les qualités aussi bien scientifiques que
démocratiques du ministre responsable de la qualité de
l'environnement, nous espérons que, lorsque le premier ministre l'aura
nommé ministre titulaire ou même maintenant, il mette la
première main à ce livre blanc, à cet énoncé
de politiques générales et que, même après
l'adoption de sa loi, il puisse remplir un devoir que nous estimons absolument
essentiel. Car, une fois ces politiques générales connues, il
sera beaucoup plus facile pour toute la popula-
tion, que ce soit par le canal des groupes intermédiaires, par le
canal des grands organes d'information ou par la critique
éclairée des spécialistes de la qualité de
l'environnement, de savoir où doit aller le gouvernement et quelles sont
les grandes orientations qui devraient inspirer non seulement la politique de
ce gouvernement mais de tous les autres qui lui succéderont au cours des
dix ou quinze prochaines années.
Si cela avait été fait, M. le Président, nous
n'aurions pas à déplorer certaines des carences ou omissions dont
nous avons fait état. Nous n'aurions pas aussi surtout à
déplorer ce dont je parlais lorsque j'ai discuté le rapport,
c'est-à-dire cette absence de coordination des politiques
ministérielles en matière d'amélioration de la
qualité du milieu. Encore une fois, il me paraît inconcevable que
le ministre responsable de la qualité de l'environnement ne
s'intéresse pas d'une façon plus formelle, plus
spécifique, ainsi que des projets de loi pourraient le manifester,
à l'activité des autres ministères qui touche de
très près la qualité de l'environnement par les
décisions qu'ils peuvent prendre.
Si le ministre avait pu installer ou établir à temps ces
mécanismes de coordiantion, peut-être n'aurions-nous pas vu toute
cette controverse au sujet de l'autoroute est-ouest et de tous les autres
grands projets routiers. Peut-être n'aurions-nous pas vu cette
controverse au sujet de l'aménagement de la rivière
Jacques-Cartier. Peut-être saurions-nous davantage où nous diriger
dans le développement industriel et commercial des grandes villes.
Peut-être saurions-nous un peu mieux établir une véritable
politique du logement, de la construction, de la rénovation
domiciliaire, axée sur les véritables besoins de la
population.
Nous avons posé plusieurs questions au ministre à cet
égard. Il a fait part de ses bonnes intentions, de sa volonté
d'en arriver à quelques progrès dans cette direction mais il
reste que nous demeurons sur notre appétit, que nous demeurons
sceptiques, car nous n'avons encore aujourd'hui aucune garantie à cet
égard. Nous ne savons pas plus aujourd'hui qu'hier s'il y aura un
véritable comité interministériel où les
ministères dont je parlais tout à l'heure auront sinon à
comparaître, du moins à expliquer leurs vues, à faire
accepter leurs décisions par un comité où la dimension
écologique, la dimension de la qualité de l'environnement sera
aussi importante que la dimension économique, que la dimension de la
croissance industrielle. C'est là la principale faiblesse de la loi qui
nous est présentée aujourd'hui. Quels qu'en soient les
mérites concrets, quel que soit l'accord que nous pourrions donner
à l'un ou l'autre de ces articles, il y a ce vide fondamental, cette
absence initiale qui nous empêche d'articuler cette pièce
législative à un ensemble aussi bien doctrinal que politique qui
aurait pu nous être fourni.
Aussi longtemps que le gouvernement, que le ministre n'aura pas
corrigé cette carence, aussi longtemps que nous ne serons pas plus
informés de ce que ce gouvernement entend faire, nous resterons avec la
même insatisfaction.
Les propositions que nous faisions pour au moins amener une
véritable participation des citoyens demeureront encore plus valables,
car c'est précisément lorsqu'un gouvernement ne définit
pas ses objectifs et ses orientations qu'il devient encore plus important
d'associer la population aux efforts partiels de ce gouvernement. Nous savons,
en effet, que c'est la population qui est la première à souffrir
des carences gouvernementales. C'est la première qui souffre dans sa
chair de l'absence de politiques. C'est pourquoi nous aurions tellement
aimé c'est, d'ailleurs, pour cela que nous l'avons demandé
à plusieurs reprises que le gouvernement associe davantage la
population à l'application de son projet de loi et aussi,
peut-être, par ce biais, à la définition de ses objectifs
et de ses politiques.
Je ne veux pas répéter ici les objections que nous avons
fait valoir, car je sais que le ministre les connaît, qu'il les a
retenues et qu'il essaiera d'en faire état dans les mois ou les
années qui viennent. Toutefois, je voudrais profiter de cette
dernière occasion qui nous est donnée pour rappeler non seulement
au ministre qui, lui, en est convaincu, mais aux autres ministres du
gouvernement l'extrême importance de ce sujet, de l'effort d'imagination
qu'ils devraient faire pour accepter dans les faits, et non pas seulement en
théorie, toutes les mesures qui nous paraissent indispensables afin de
contrer l'accent exclusif qui a été mis jusqu'ici sur la
croissance économique et industrielle par un accent qui devrait
être mis maintenant sur la dimension humaine du développement
économique, du développement industriel, d'autant plus, M. le
Président, comme j'ai eu l'occasion de le dire à quelques
reprises, que même l'économie, que même la croissance
industrielle y trouveraient leur compte. En effet, si cet équilibre, si
cette pondération pouvaient enfin être acceptés au conseil
des ministres, il s'ensuivrait toute une série de réalisations
qui pourraient s'avérer très bénéfiques pour notre
développement économico-industriel.
Cela pourrait se traduire, par exemple, par un élan qui serait
donné à certains départements universitaires, à la
recherche dans toutes ses dimensions, comme je le disais tout à l'heure,
aussi bien pure qu'appliquée ou industrielle. Ceci pourrait se traduire
par un encouragement qui serait donné à certains types
d'industries de très haute technologie. Ceci pourrait enfin se traduire
par une réduction du fossé de plus en plus grand qui existe entre
la population et l'administration gouvernementale, qui fait justement que le
citoyen se sent de plus en plus écrasé non seulement par un Etat
dont il ne comprend plus les rouages, dont il ne connaît plus tous les
règlements, mais aussi par les lobbies économiques et
industriels, qui, comme
on le sait, même s'ils sont peu nombreux, sont très
puissants et moussent leurs intérêts par toutes sortes de
manoeuvres secrètes auxquelles la population n'entend goutte.
Si donc cet équilibre ou cette pondération étaient
faits et si cela pouvait se traduire par des mesures concrètes dans tous
les domaines où cela devrait se traduire, je pense que c'est non
seulement la qualité de la vie qui en profiterait, non seulement les
conditions, les milieux de vie qui pourraient s'en trouver
améliorés, mais c'est même la croissance économique
et la croissance industrielle du Québec qui pourraient s'en trouver
influencées pour le mieux.
Ce plaidoyer tombera peut-être dans l'oreille de sourds; je le
regrette d'avance si tel est le cas, mais j'espère, en tout cas, que
cette première législation sera suivie rapidement de plusieurs
autres qui seront plus larges, complètes, qui nous proposeront des
mesures plus accordées à nos besoins, à nos aspirations,
et que nous serons peut-être dotés, dans un avenir que je ne
voudrais pas trop lointain, d'une politique qui serait axée enfin sur
l'homme et non plus seulement sur le profit.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Le ministre responsable de la
qualité de l'environnement.
M. Victor Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le débat sur le projet de
loi no 34 ne se termine pas aujourd'hui. Les améliorations que nous lui
avons apportées ici, à l'Assemblée nationale, et
récemment à la commission parlementaire n'auront fort
probablement pas été les dernières.
Il y aura toujours lieu d'améliorer, de moderniser une loi de
cette nature. C'est le désir et l'intention du gouvernement d'agir
ainsi.
Je m'adresse au public, je lui dis: J'ai besoin de vous, ma porte est
ouverte, elle l'est depuis deux ans et elle ne le sera pas moins à
l'avenir.
Dans le public, il y a un courant d'opinions qui dit que le travail
coûtera cher. Je lui réponds: Le travail coûtera à la
fois plus cher et moins cher. Moins cher parce que, si nous attendons, le
coût en sera nécessairement plus élevé. Nous n'avons
pas le choix, nous devons protéger l'environnement
québécois.
Si le travail doit coûter un peu plus cher à l'avenir,
c'est en partie parce que jusqu'à maintenant il a été mal
fait. Dans trop de cas il s'agit de ce que nous appelons ici au Québec
de la broche à foin. Il va sans dire que la broche à foin
coûte moins cher que le bon travail, que les bons équipements. Il
ne faut pas cependant que la broche à foin soit la marque de commerce du
Québec dans la lutte pour la protection et la conservation de son
environnement.
Si je ne réponds pas en ce moment à chacun des discours de
troisième lecture qui viennent d'être prononcés, c'est
parce que ce qui compte pour le Québec ce n'est pas ce qui se dit au
sujet de ce projet de loi, depuis le 31 octobre; ce n'est pas
l'interprétation que nous pouvons donner de lui en en parlant de
façon largement théorique. Ce qui compte pour le Québec
c'est ce qui va arriver dorénavant.
Seuls les programmes et leurs résultats témoigneront de la
valeur de cette loi, et c'est avec eux que le gouvernement a l'intention de se
défendre.
Troisième lecture
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Est-ce que la motion de
troisième lecture est adoptée?
M. LAURIN: Sur division.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Sur division ou selon le vote
antérieur?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le vote antérieur.
M. LAURIN: Le vote antérieur.
M. LEVESQUE: Est-ce que vous votez de la même façon?
M. LAURIN: De la même façon.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): De la même façon
que le vote précédent.
M. LEVESQUE: Pas de conversion? M. LAURIN : Pas de conversion.
M. LEVESQUE: M. le Président, avant que vous prononciez
l'adoption en troisième lecture, vous me permettrez, comme je l'ai fait
pour le projet de loi no 30 ce matin, de remettre le certificat du greffier en
loi à l'effet que le greffier n'a aucune modification de forme à
suggérer eu égard aux modifications qui ont été
apportées au projet depuis sa première lecture. La
troisième lecture du projet de loi est adoptée, M. le
Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Le projet de loi no 34 est
adopté en troisième lecture sans changement ou modification.
M. LEVESQUE: Article 121, projet de loi no 87.
Projet de loi no 87 Deuxième lecture
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Deuxième lecture du
projet de loi 87, Loi concernant la confection des listes électorales
permanentes et modifiant diverses dispositions législatives. Le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Gérard-D. Levesque
M. LEVESQUE: M. le Président, engagée immédiatement
après la dernière élection générale, la
réforme électorale annoncée par le premier ministre
franchit, avec le projet de loi no 87 sur la liste électorale
permanente, une deuxième étape décisive.
La première a consisté dans la présentation de
trois projets de loi dont deux sont adoptés et un troisième
devrait l'être demain, concernant la carte électorale, soit
d'abord la loi no 65 relative aux comtés protégés, la loi
no 80 relative à la commission permanente des districts
électoraux et, enfin, la loi no 62 relative à la nouvelle carte
électorale.
Le projet de loi no 87, que nous étudions présentement,
concerne la confection de listes électorales permanentes. Il fait suite
aux études menées par la commission parlementaire de
l'Assemblée nationale et répond à la
nécessité d'améliorer la qualité de nos listes
électorales. Le projet de loi no 62, concernant les délimitations
électorales, avait pour objet, comme vous le savez, d'assurer
l'égalité du vote de tous les citoyens du Québec où
qu'ils se trouvent sur le territoire québécois.
Le projet de loi no 87, lui, a pour objectif de garantir à tous
les électeurs québécois la protection de ce qui constitue
leur droit démocratique par excellence, c'est-à-dire leur droit
de vote. La protection du droit de vote de tous les électeurs du
Québec, voilà le principe du projet de loi no 87.
On connaît les difficultés qui sont survenues dans le
passé au sujet de la confection de la liste électorale. De
nombreux citoyens du Québec ont été privés de leur
droit de vote à la suite d'erreurs dans la préparation de ces
listes. Il s'agit là d'un problème sérieux. Il importait
donc d'y remédier afin de protéger les droits
démocratiques fondamentaux des citoyens du Québec.
Le moyen d'y parvenir est de chercher à améliorer la
qualité de nos listes électorales. Des discussions ont eu lieu au
niveau de la commission parlementaire de l'Assemblée nationale et
certaines propositions ont alors été soumises. L'une d'elles
consistait à utiliser l'informatique pour atteindre l'objectif
poursuivi. Le gouvernement a jugé bon de mettre de côté,
pour l'instant, cette première approche à cause de la
nécessité qu'il y aurait eu alors d'étendre un tel
système à d'autres secteurs de l'activité gouvernementale.
Cela pour assurer une rentabilité raisonnable des dépenses
importantes que comporte un tel système. Il aurait fallu aussi
entreprendre une série de consultations auprès des
différents ministères gouvernementaux et convenir de
modalités de confection de listes pour des fins variées et
particulières.
Le risque aurait été grand, de ne pouvoir ainsi disposer
pour les prochaines élections d'une liste électorale de
qualité. Nous avons donc préféré nous en tenir au
système de l'énumération pour confectionner nos listes
électorales, parce que c'était moins coûteux, plus rapide
et, probablement plus sûr.
Par ce projet de loi 87, l'amélioration de la qualité de
la liste électorale sera favorisée et cela pour diverses
raisons.
Premièrement, une attention particulière est
accordée à l'éducation et aux instructions qui seront
données aux personnes chargées de faire
l'énumération.
En second lieu, cette meilleure formation des énumérateurs
sera possible en raison du fait que les listes seront confectionnées en
dehors de la période agitée d'une élection.
Troisièmement, les listes étant ainsi
confectionnées en dehors des périodes électorales, nous
avons des garanties additionnelles d'efficacité et de sérieux du
travail d'énumération.
Quatrièmement, une fois la liste confectionnée, les partis
politiques disposeront d'une copie de cette liste et seront appelés, par
la force des choses, à exercer, sur le plan de la qualité de ces
listes, une vigilance qu'ils ne pouvaient assumer dans la précipitation
d'une campagne électorale.
En recevant ces listes, les partis politiques devraient normalement se
charger de vérifier si cette liste est complète, si toutes les
délimitations des bureaux de votation d'un district électoral y
figurent. Cet élément constitue le premier pas que nous faisons
afin de donner à nos partis politiques une présence
institutionnelle en dehors des strictes périodes d'élection.
L'adoption du projet de loi 87 apporte une conséquence
extrêmement importante qui aura des incidences directes sur la campagne
électorale et sur le problème des dépenses
électorales.
En effet, le mécanisme de l'énumération annuelle
permettra la réduction de la période électorale
elle-même, d'une période allant de 32 à 39 jours au lieu
d'une période allant de 49 à 56 jours. Par contre, on sait que
l'une des recommandations majeures du rapport Barbeau, sur la réduction
des dépenses électorales, était précisément
de restreindre la période électorale. C'est ce que réalise
le projet de loi à l'étude.
Ce projet de loi 87 fait obligation au président
d'élections de transmettre une copie des listes électorales aux
municipalités et aux commissions scolaires. Cela constitue un premier
pas vers l'uniformisation des listes électorales pour fins provinciale,
municipale et scolaire.
Nous aurions aimé aller plus loin, mais des disparités au
niveau du cens électoral nous ont empêché de
réaliser, pour le moment, la pleine intégration de ces listes
électorales. Diverses critiques avaient été
soulevées quant à la confection de la liste des jurés
à partir des rôles d'évaluation. A l'occasion du projet de
loi 87, nous apportons les correctifs qui s'imposaient en
décrétant que désormais ce sera à partir des listes
électorales que sera dressée la liste des jurés. Tous les
citoyens du Québec, quel que soit leur statut ou fortune, seront donc
placés
sur le même pied en ce qui concerne la liste des jurés.
La confection de la liste électorale permanente sera faite
à l'occasion d'une énumération annuelle qui aura lieu
à compter du 1er lundi qui suit le 3 mai pour se terminer le samedi
suivant. Cette période nous a paru la meilleure afin, encore une fois,
d'assurer la qualité de notre liste électorale.
Les personnes qui déménagent le 1er mai sont, d'une
façon générale, rendues dans leur nouveau logement le 3
mai ou dans les jours suivants. Ainsi, pour l'année 1973, le recensement
annuel commencerait le lundi, 7 mai, pour se terminer le samedi 12 mai. Une
fois la liste ainsi dressée, une copie en est immédiatement
transmise aux chefs des partis politiques reconnus et à tout
député indépendant, de façon que les partis
politiques puissent assumer un rôle de vigilance sur le plan de la
qualité des listes électorales.
Pour des raisons de coût et également à cause d'une
motivation que nous évaluons assez faible en dehors des périodes
électorales, nous n'avons pas cru nécessaire d'introduire, pour
l'instant, des mécanismes de révision annuelle des
électeurs. Cette révision se fera uniquement à la suite du
déclenchement des élections générales.
Au cours des dernières années, l'Association des hebdos a
multiplié les démarches auprès du gouvernement afin
d'autoriser, en dehors des grands centres, comme Montréal, Laval,
Sherbrooke, Granby, Québec, Trois-Rivières, la publication, par
le président général des élections, dans les
hebdos, des explications et renseignements relatifs aux dispositions de la Loi
électorale.
Nous profitons de ce projet de loi no 87 pour nous rendre à la
demande des hebdos et permettre que, lors de la confection de la
première liste électorale permanente, en 1973, des renseignements
relatifs à la confection de cette liste soient publiés et, par la
suite, toutes les autres informations concernant les dispositions de la Loi
électorale.
M. le Président, ce projet de loi no 87 permettra
d'améliorer sensiblement la qualité de nos listes
électorales et d'assurer à tous les citoyens
québécois la protection de leur droit de vote. Cette protection
du droit de vote des électeurs, tel est l'objectif du projet de loi no
87. Cette deuxième étape de la réforme électorale
témoigne de la volonté et de la détermination du
gouvernement de poursuivre, avec célérité, la
réforme en profondeur de notre système électoral. Si nous
présentons, à ce moment-ci, un projet de loi concernant la
confection de listes électorales permanentes, c'est que nous voulons que
1973 soit une première année d'expérience pour la
confection de listes électorales permanentes, de façon à
nous assurer une plus grande qualité encore pour la liste
électorale de 1974, qui devrait normalement être celle des
prochaines élections générales.
M. le Président, j'ai donc l'honneur de proposer la
deuxième lecture de ce projet de loi. Je vais m'enquérir à
savoir s'il y a une dépense d'argent impliquée dans la
présentation de ce projet. De toute façon, s'il y en a une, le
lieutenant-gouverneur est d'accord.
M. PAUL: Ah bien, c'est grave! Non seulement vous l'avez
consulté, mais, là, il est d'accord!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Où était-il? M. PAUL:
L'avez-vous pris éveillé?
M. LEVESQUE: Il est, comme toujours, à son bureau,
écoutant les discours des membres de l'Assemblée nationale et se
tenant parfaitement au courant de la bonne marche de nos travaux.
M. DEMERS: Il s'est donc couché tard hier soir!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il a aimé cela, les votes?
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose la deuxième
lecture du projet de loi.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. PAUL: Un instant. L'honorable distingué député
de Chicoutimi.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Le député de
Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, la présentation
de ce projet de loi contraste étrangement avec celle que l'on avait
faite du projet de loi qui hante encore cette Chambre, soit le projet de loi
62. Le leader du gouvernement nous demande d'examiner la loi concernant la
confection des listes électorales permanentes et modifiant diverses
dispositions législatives.
Disons au départ que nous n'aurions pas d'objection
sérieuse à donner assez vite notre consentement à ce
projet de loi si cette loi s'articulait de façon rigoureuse sur celles
qui ont été présentées auparavant et qui doivent ou
devaient constituer la série des étapes destinées à
nous conduire à une réforme complète de l'institution
parlementaire.
Le ministre a évoqué la loi 65, la loi 80 et il a, avec
une certaine gêne parlé de la loi 62, puis nous dit: Voici que
maintenant nous apportons un projet de loi qui vient compléter les
autres.
M. LEVESQUE: Il n'y avait pas de gêne du tout. Au contraire,
c'était de la fierté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'il me soit permis de dire au gouvernement
que si on parle de ces projets de loi en termes de réforme de
l'institution parlementaire, on prend grand soin d'éviter des sujets qui
sont discutés par différentes personnes dans le Québec et
qui touchent le problème de l'autorité parlementaire et de ses
diverses formules d'incarnation. Je veux parler en ce qui nous concerne
à tout le moins du système présidentiel.
Ce n'est toutefois pas là l'objet de mon propos, ni non plus le
principe du projet de loi que nous étudions. Mais il reste quand
même que dans les préoccupations que nous avons, et dont nous
partageons certaines avec le député de Bonaventure, nous
n'oublions pas que l'institution parlementaire, pour avoir une véritable
signification et s'accorder à la vie moderne et aux exigences de la
société moderne, doit nous imposer une réflexion sur ce
que j'ai appelé tout à l'heure l'incarnation de l'autorité
parlementaire, de l'autorité étatique à ses divers
paliers.
C'est pour ça que je jette dans le débat cette
réflexion sur le système parlementaire qui fait en ce qui
nous concerne l'objet de ma réflexion et de ma méditation
quand je songe au travail que nous devons accomplir non seulement pour
améliorer, mais transformer radicalement l'institution parlementaire
québécoise afin d'en arriver à changer de façon
aussi radicale, l'organisation des structures qui constituent ce qu'on appelle
l'autorité de l'Etat.
M. le Président, revenant de façon plus spécifique
au projet de loi, je dirai qu'entre la loi 65, la loi 80, le projet de loi 62
et le projet de loi 87 il y a un hiatus; il y a une solution de
continuité très grave et très sérieuse. Le leader
du gouvernement nous dit: Comme nous allons, parce que dans son esprit c'est
déjà acquis, maintenant utiliser une nouvelle carte
électorale il est peut-être présomptueux, il le verra
il nous faut également une liste ou des listes permanentes des
électeurs. C'est simple logique, c'est simple bon sens, nous avons une
carte qui répartit les électeurs sur l'ensemble du territoire;
or, ces électeurs, il faut les connaître il faut si je puis
m'exprimer ainsi les ramasser, il faut les dénombrer au sens
juridique du terme et, pour cela, il est nécessaire de les recenser par
le truchement de ces mécanismes des listes électorales. Ainsi
donc le gouvernement, bon prince et heureux d'avoir imposé à la
Chambre une loi, enfin croyant avoir imposé à la Chambre une loi
que nous considérons à certains égards inique, nous
propose de le suivre dans sa démarche et d'examiner le problème
des listes électorales permanentes.
Mais le gouvernement oublie que le problème du
réaménagement des districts électoraux et le
problème des listes électorales permanentes ne font pas
disparaître pour autant la question fondamentale du mode de scrutin. Ces
électeurs, M. le Président, répartis sur les territoires
selon la volonté du gouvernement en fonction de la carte
électorale qu'il voudrait voir adopter, une fois dénombrés
ils auront à exercer leur droit de vote. De quelle façon, selon
quel mode, conformément à quel mécanisme?
Et c'est là que se posent les problèmes du mode de
scrutin. Et c'est ici que je dis au gouvernement qu'entre le projet de loi 62
et le projet de loi 87 il y a hiatus, il y a solution de continuité, et
solution de continuité sérieuse qui nous fait nous interroger sur
les motifs qui inspirent le gouvernement et sur les raisons de cette
célérité, de cette précipitation à jeter sur
la table des députés, à la toute fin de cette session, un
projet de loi dont nous ne nions pas l'importance, dont nous ne nions pas non
plus la nécessité, mais un projet de loi qui, il me semble, eut
peut-être exigé un peu plus de réflexion, un peu plus de
considération de la part du cabinet des ministres comme de la part de
ceux qui l'ont rédigé.
Le leader du gouvernement nous dira peut-être, et c'est un
argument, Dieu le sait, qui nous a été
répété tant et tant de fois, que, premièrement, la
loi de la carte électorale devait, au dire du président
général des élections, être adoptée avant la
fin de l'année 1972. Or, en aucun temps, d'aucune façon, soit
formelle, explicite, scientifique, il ne nous a été prouvé
que cette loi du réaménagement des districts électoraux
devait être acceptée, votée par la Chambre, avant le 31
décembre 1972.
D'aucune façon, M. le Président, l'on ne nous a
convaincus, l'on n'a même pas essayé de nous démontrer que
cela dût être ainsi. On nous a déclaré que cela
devait être. M. le Président, il s'agissait là
évidemment, de la part du gouvernement, d'un geste, appelons le par son
nom, dictatorial. S'appuyant sur l'expression de la volonté ou sur
l'opinion d'une personne qui se situe en dehors de cette Assemblée
nationale, le gouvernement nous a dit: Cette personne a dit cela, donc vous
devez faire ça, sans établir toutefois la relation
nécessaire qui devait exister entre les deux gestes. Je suis
parfaitement dans l'ordre .
On procède de la même façon en nous
présentant le projet de loi 87, parce que l'on dit que cette loi est, en
quelque façon, un corollaire de la loi que vous allez bientôt
accepter et qui porte sur le réaménagement des districts
électoraux.
Donc, il faut la présenter avant le 31 décembre 1972.
Ainsi donc, le gouvernement, prisonnier de sa stratégie, voudrait nous
en rendre, nous aussi, victimes et il nous oblige à étudier,
à la toute fin de la session, encore une fois au risque de bousculer les
députés, un projet de loi qui, il me semble, eût pu
attendre quelques semaines, sinon quelques mois.
Nous allons l'examiner, le projet de loi. Nous n'irons pas chercher au
gouvernement une querelle d'Allemand à ce propos, mais nous allons lui
dire que le ministre, mon excellent ami, le député de
Bonaventure, l'entende
bien que c'est une bien mauvaise façon de procéder
à des réformes aussi fondamentales que celles qui touchent
à l'institution parlementaire, de forcer les députés
à agir avec précipitation, sans avoir eu tout le temps qu'il faut
pour réfléchir, de les bousculer, de les heurter, de les
violenter et de réduire ainsi leur droit de parole, leur droit
d'expression et le droit qu'ils ont de faire entendre la voix de ceux qu'ils
représentent.
Nous avons connu, en ces jours derniers je n'en fais pas le sujet
de ce discours, car ce ne serait pas conforme au règlement une
expérience extrêmement douloureuse pour nous, peut-être,
mais disons que cela n'a pas tellement d'importance, mais une expérience
douloureuse, dramatique et lourde de conséquences pour le peuple et pour
la démocratie dont nous sommes, dit-on, les champions, dont nous
devrions être les champions et dont le gouvernement nous empêche
d'être les authentiques représentants.
En raison de ce climat, à cause de cette atmosphère,
à cause de tous ces mystères qui ont plané sur la
présentation du projet de loi 62 et sur les méthodes que l'on a
utilisées pour nous forcer la main, nous examinerons avec la plus grande
circonspection le projet de loi que nous propose aujourd'hui le
député de Bonaventure et leader du gouvernement. Notre position
est connue. Dès le départ, quand nous avons commencé
l'étude de ce grand problème de l'institution parlementaire du
Québec, nous avons dit que nous étions pour des changements ou
des réaménagements, selon le cas.
Nous étions en principe et formellement pour une transformation
de l'institution parlementaire.
Donc, comme le rappelait tout à l'heure le député
de Bonaventure, nous avons accepté la loi no 65, nous avons
accepté la loi no 80. Nous nous sommes insurgés non pas contre la
loi no 62, mais contre les méthodes dont on s'est servi pour essayer de
nous la faire adopter.
La loi no 87, de quelle façon allons-nous l'aborder? De la
même façon, avec la plus grande sérénité,
avec la plus grande objectivité, mais aussi avec la plus grande
circonspection, parce que je ne prête pas d'intentions au
gouvernement elle peut receler, dans le système, dans les arcanes
de la formulation juridique, des choses, des réalités ou des
conséquences éventuelles qui pourraient, pour reprendre une
expression populaire, n'être pas très catholiques. C'est donc dans
cet esprit que nous examinerons ce projet de loi.
On nous dit qu'il nous faut une liste électorale permanente. Nous
avons déclaré à la commission parlementaire sur la
réforme électorale que nous étions d'accord. Je ne crois
pas me tromper en disant que tous les partis étaient d'accord:
l'Unité-Québec, le Parti québécois, le Ralliement
créditiste et le Parti libéral. Tous les parlementaires membres
de cette commission étaient d'accord sur le principe de la confection de
listes électorales permanentes.
Nous avons examiné des documents. Nous avons envisagé un
certain nombre d'hypothèses. Nous avons même examiné un
certain nombre de modalités, de façons de confectionner ces
listes.
Au fait, les seuls désaccords qui pouvaient exister, au moment
où nous avons examiné ce problème en commission
parlementaire, ou qui semblaient devoir se manifester portaient sur les
modalités de la confection de la liste. Il n'y a donc pas objection
d'aucune sorte à accepter le principe de la confection d'une liste
électorale permanente puisque déjà nous nous sommes
prononcés à ce sujet. Pourquoi des listes électorales
permanentes? Parce que, s'il y a, comme le disait tantôt le
député de Bonaventure, égalité de droit pour tous
les citoyens sur tout le territoire du Québec et si la carte
électorale, dont il nous a parlé avec grande emphase, doit
assurer cette égalité de droit, il est normal que l'on assure en
même temps l'exercice de ce droit pour chaque citoyen sur tout le
territoire du Québec. C'est une chose qui va de soi. Il n'est pas besoin
d'être grand clerc pour le concevoir. Le député de
Bonaventure, en exprimant cette opinion tout à l'heure, exprimait
simplement un principe que reconnaissent tous ceux qui ont quelque souci de ce
qu'on appelle la démocratie.
L'objectif que se propose ou devrait se proposer ce projet de loi, nous
verrons s'il répond vraiment à ces objectifs, c'est d'abord la
sécurité dans l'exercice du droit de chaque citoyen de se
prévaloir de cet avantage de porter son jugement sur le gouvernement
qu'élisent les citoyens. Sécurité, donc, c'est un
objectif. Une liste électorale permanente va assurer une
sécurité aux citoyens dans l'exercice du droit de vote. Il y aura
aussi commodité pour le citoyen et commodité pour ceux qui sont
chargés d'organiser le scrutin.
Une liste électorale permanente va, par conséquent
permettre de mettre en place des mécanismes qui feront que tout ce
système, ce brassage de noms que l'on fait à l'occasion des
élections générales, soit rendu facile et commode.
Commodité, mais stabilité aussi, parce que, le mot le dit, une
liste permanente aurait, comme le prétendrait M. de La Palice, un
caractère permanent, avec, bien entendu, cette évolution
naturelle qui suivra la courbe de la croissance démographique et les
déplacements, les migrations normales et naturelles des citoyens. Donc,
la stabilité est un objectif de toute première importance. Aussi,
ce qui est important, à mon sens, unité de méthode pour la
confection des listes par tout le territoire du Québec. C'est un autre
objectif valable que semble devoir poursuivre le projet de loi qui nous
occupe.
M. le Président, je pense que tous les députés de
cette Chambre acceptent ces objectifs: nécessité d'établir
la liste électorale permanente pour permettre aux citoyens d'user de
leur droit de vote, nécessité de la liste électorale
permanente pour des raisons de sécurité, de
commodité, de stabilité et d'unité de
méthode. M. le Président, je vous signale qu'il est six heures.
Je demande la suspension du débat.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): La Chambre suspend ses
travaux jusqu'à vingt heures quinze.
M. LEVESQUE: Vingt heures quinze. (Suspension de la séance
à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 19
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): A l'ordre, messieurs! L'honorable
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au moment de la
suspension de ce débat, je disais que nous étions d'accord sur le
principe du projet de loi qui veut que l'on ait des listes électorales
permanentes. J'indiquais certaines raisons qui me paraissent primordiales, des
raisons d'ordre général, soit la sécurité, la
commodité, la stabilité, l'unité de méthode partout
sur tout le territoire. Cela éliminerait bien des problèmes comme
certains aspects dont je reparlerai, en particulier la partisanerie, le manque
de préparation technique des gens qui sont chargés de
confectionner les listes, la difficulté d'exercer un contrôle
efficace et un contrôle réfléchi ou sérieux sur la
façon dont les listes ont été faites et sur les
données qui sont compilées à la suite de ce travail. Il y
a aussi dans le projet de loi certaines dispositions qui concernent le
problème de la révision ou de la demande faite par les citoyens
d'être inscrits sur des listes alors qu'ils ont été
oubliés ou qu'on a omis, volontairement ou non, souvent volontairement,
de les inscrire. Il y a aussi évidemment un ensemble de méthodes
techniques d'affichage depuis longtemps pratiquées qui pourraient
être éliminées si on avait ces listes électorales
permanentes confectionnées au moyen de procédés modernes
tout à fait adaptés aux conditions actuelles de notre
société. Ceci nous permettrait évidemment de rejoindre
dans ce domaine bien des pays du monde qui ont déjà
procédé à cette réforme qui a donné des
résultats très importants et qui semblent satisfaire les
populations ou les collectivités des pays où existent ces types
de listes électorales permanentes.
On pourrait évidemment se poser des questions sur le choix qu'a
fait le gouvernement à ce stade-ci, le député de
Bonaventure l'a dit, en ce qui cconcerne les méthodes
d'énumération et de révision.
Le député de Bonaventure a parlé de la
méthode dite informatique, c'est-à-dire l'utilisation de ces
machines extraordinaires, merveilleuses à bien des égards que
sont les ordinatrices, etc. Le gouvernement l'a écartée pour le
moment. Disons que je m'interroge à ce sujet-là. Ce n'est pas une
intention sournoise que je prête au gouvernement mais je m'interroge.
Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas retenu tout de suite cette méthode
de l'informatique pour procéder à la confection des listes?
D'autant plus que ces listes seront appelées, et ça j'en suis
très heureux, à servir également au plan de
l'administration municipale comme au plan de l'administretion scolaire.
Il aurait donc été, à mon sens, utile et en
même temps économique d'utiliser, si tant est que,
techniquement et financièrement, on est capable de le faire
immédiatement les
méthodes modernes de l'informatique pour codifier, pour indexer
tous ces renseignements que l'on recueille à l'occasion de la confection
d'une liste électorale, renseignements qu'on peut puiser soit dans les
services de la statistique du gouvernement, au bureau de l'immigration, dans
les municipalités, au ministère des Affaires municipales, au
ministère de l'Industrie et du Commerce, dans tous les secteurs de
l'administration gouvernementale où se trouvent en réalité
des répertoires qui nous donnent des renseignements sur les citoyens,
sur leur situation, sur leur âge, etc.
A ce moment-là, on touche aux Affaires municipales, on touche au
ministère de l'Education, au ministère de l'Industrie et du
Commerce, au ministère de l'Immigration, au ministère du Travail
et de la Main-d'Oeuvre, etc. Il y a quand même là un ensemble de
données extrêmement important, et je me souviens que je ne
sais pas si c'est exact, oui, je pense que c'est bien cela les
représentants de la Société de mathématiques
appliquées nous avaient fait part, lors de leur comparution devant la
commission parlementaire, M. le Président, vous vous en souvenez, de
leurs observations à ce sujet et nous avaient suggéré
d'utiliser, justement, ces méthodes modernes d'informatique: le ruban
magnétique, le cardex, enfin tout ce qui s'appelle instrument de la
technologie moderne.
Il me parait que le gouvernement, à cet égard, accuse un
certain retard, et si l'objectif nouveau que comporte le principe d'une liste
électorale permanente est valable, et nous l'approuvons si
cet objectif est nouveau, nous considérons que les moyens dont le
gouvernement entend se servir pour l'atteindre, eux, ne sont pas nouveaux.
Ce sont des méthodes, au fond, un peu anciennes, un peu
artisanales, que l'on va maintenir par les prescriptions qui se trouvent
incluses dans la loi et que nous aurons l'occasion d'examiner soit en
commission parlementaire, soit en commission plénière.
J'estime qu'à cet égard, le gouvernement n'est pas assez
progressiste. Le leader du gouvernement pourra, dans son discours de
réplique et j'aimerais qu'il soit très précis
à ce sujet-là nous donner les raisons exactes pour
lesquelles on n'a pas retenu le système de l'informatique, dans le cas
du projet de loi qu'il nous présente. Je crois que cela aurait
été économique en même temps que beaucoup plus
efficace. Cela aurait permis de confectionner plus rapidement, et d'une
façon plus sûre, des listes électorales permanentes
destinées à servir à la fois au gouvernement du
Québec, aux municipalités, aux commissions scolaires et à
ces divers gouvernements qui constituent, enfin, l'ensemble de notre
organisation politico-sociale.
Et je reviens là-dessus. M. le Président, vous
étiez là. Je reviens aux suggestions que nous avait faites la
Société de mathématiques appliquées, qui
étaient des suggestions très sérieuses et qui, à
l'examen, m'ont convaincu que c'est ce genre de méthode qu'il faudrait
utiliser. On veut innover, on veut perfectionner, on veut moderniser, on se
fixe un objectif nouveau. Je ne vois donc pas pourquoi on n'accorderait pas des
méthodes nouvelles à un objectif qu'on veut nouveau.
Enfin, c'est un reproche sérieux que je fais à la loi et
au gouvernement. Entendons-nous, de façon bien amicale et bien sereine.
Je me dis qu'il eût été, à mon sens, absolument
nécessaire que l'on accordât l'objectif aux moyens ou les moyens
à l'objectif pour atteindre ce résultat que l'on recherche, qui
est le maximum d'efficacité et de sécurité, à un
coût qui, à mon sens, deviendrait, à longue portée,
peut-être pas dans l'immédiat, beaucoup moins important et qui
irait décroissant. Il y aurait là un amortissement, parce qu'il
est bien entendu qu'il faudrait se munir de certaines machines.
Toutefois, ce coup serait amorti du fait que, d'année en
année, on utiliserait lesdites machines, que le personnel, étant
rodé, pourrait procéder avec beaucoup plus de
célérité au réajustement et à la
révision des listes comme le prescrit la loi. Ainsi, M. le
Président, je dis donc que c'est une faiblesse de la loi comme il y a
aussi, à mon avis, une faiblesse dans la loi le leader du
gouvernement n'a pas été assez explicite en ce qui
concerne les personnes. Ce n'est pas assez clair. Ce n'est pas assez explicite
dans la loi. Il y a une faiblesse dans la loi en ce qui concerne les personnes
qui seront chargées de confectionner la première liste
électorale permanente.
D'abord, de combien de personnes disposera le gouvernement? Quel sera
l'appareil technique et quelles seront les ressources humaines que l'on
utilisera? Combien de personnes seront, de façon permanente,
affectées à cette fonction de la confection de la liste, et
ensuite des révisions qui s'ensuivront année après
année, et des révisions qui viendront au moment des
élections? Je m'interroge sur les silences ou les imprécisions de
la loi à cet égard. Et j'attends du ministre, du leader du
gouvernement, des explications à ce sujet, des précisions et des
raisons surtout expliquant pourquoi on a écarté,
momentanément ou pour une période de X années, je ne sais
pas, le système de l'informatique, système éminemment
moderne et quand même d'une grande sécurité, avec certains
quotients de risques et d'erreurs, pourquoi on a écarté ce
système de l'informatique. C'est un choix. Je le comprends mais
qu'est-ce qui le justifie fondamentalement? Je relisais cet après-midi
et encore ce soir, avant le dîner, certaines pages d'un document qu'avait
présenté le Parti québécois lors d'une
séance de la commission parlementaire sur la réforme
électorale. Le Parti québécois avait fait état de
ces oblèmes. Il avait fait état aussi des méthodes il
avait fait état de certains risques, de rtains dangers que comportait
notre méthode tuelle. Il avait fait des suggestions inspirées
par la Société des mathématiques appliquées,
en grande partie en tout cas je le pense et je crois que tout
cela est valable, peut-être repris et devrait être
réexaminé par les députés qui auront à se
prononcer sur ce projet de loi.
Je ne doute pas que le représentant du Parti
québécois reprendra ces données, les explicitera
davantage. Quant à moi, je les ai trouvées fort
intéressantes et elles recoupent un ensemble de renseignements que
chacun de nous a pu puiser à droite et à gauche et que, pour ma
part, j'ai retrouvés dans diverses études
spécialisées sur la question des systèmes
électoraux et de ce que l'on appelle, d'un terme plus
général, l'institution parlementaire.
Alors, M. le Président, je ne puis que vous dire que nous sommes
d'accord sur le principe. Nous sommes d'accord, dans certains cas, sur les
méthodes, sauf en ce qui concerne cet aspect particulier que je viens
d'indiquer, soit l'utilisation des techniques modernes de cueillette des
renseignements. Cela est, à mon sens, très sérieux.
On comprendra que les députés vont s'interroger, à
juste titre, sur la façon dont le gouvernement va éduquer, former
ou instruire les personnes qui seront chargées de préparer ces
listes. De quelle façon ces personnes seront-elles choisies? Quelle sera
la compétence qu'on exigera de ces gens-là? Il y a actuellement
dans le Québec un grand nombre d'étudiants qui sont
spécialisés en informatique, qui sont spécialisés
en démographie, qui sont spécialisés en statistiques, etc.
Dans quelle catégorie de spécialistes seront choisis ces
fonctionnaires ou ces personnes appelés à travailler à
temps partiel et qui auront à confectionner ces listes
électorales? Quel sera l'entraînement qu'on leur donnera? Quelle
sera aussi la motivation qu'on leur inspirera afin qu'ils se rendent compte que
le travail qu'ils auront à faire est un travail fondamental pour la
sauvegarde de la démocratie et le bon fonctionnement des
mécanismes du scrutin? La même chose vaut pour les citoyens comme
tels. Le grand problème, lorsque survient une élection, c'est la
hâte, la précipitation, la fièvre. On sait qu'il y aura une
élection, on se hâte de confectionner une liste et là on
court à droite, à gauche, on va au bureau du président des
élections, on proteste à droite ou à gauche parce que tel
nom a été omis, que tel quartier a été
oublié, que telle partie de rue a été oubliée.
Enfin, il y a une espèce d'affollement général.
Les gens ne se retrouvent pas très bien, comme des
spécialistes peuvent le faire, dans la loi électorale que,
d'ailleurs, très souvent, ils ne connaissent pas. Je m'interroge
précisément sur les moyens que prendra le gouvernement pour
donner à la nouvelle loi qui portera le numéro 87, Loi de la
confection des listes électorales permanentes, une publicité qui
fasse que les citoyens, dès le moment où cette loi sera
sanctionnée, sauront comment on confectionnera les listes, comment ils
pourront être inscrits sur les listes et comment ils pourront
l'être si on a omis de le faire. Que le député de
Notre-Dame-de-Grâce ne proteste pas, c'est important, c'est un
problème d'éducation dont nous avons à nous plaindre.
M. PAUL: Il n'y comprend rien, ne lui parlez pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On s'en plaint au municipal comme au scolaire.
On l'a vu lors des dernières élections scolaires. En dépit
de la publicité qui a été faite par le gouvernement sur
les élections scolaires, on s'est rendu compte que beaucoup de citoyens,
le jour même où se tenaient les élections scolaires, ne le
savaient pas.
M. LAURIN: Participation de 25 p.c.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La participation, comme le souligne le
député de Bourget, a été de 25 p.c. Là, il a
pu y avoir désintéressement pour d'autres raisons, mais une bonne
partie de ce désintéressement a pu être causé par
l'ignorance de l'existence de l'élection et de la façon dont
cette élection devait se faire et aussi par l'ignorance du fait que tel
et tel citoyen avait droit de voter à cette élection. Ce n'est
pas une question secondaire, c'est une question fondamentale, parce que nous
faisons cette loi pour les citoyens. Par conséquent, ce sont eux que
nous devons renseigner. J'interroge le leader du gouvernement sur les moyens
que prendra le gouvernement pour permettre aux citoyens de connaître
à fond les façons de s'inscrire sur ces listes
électorales, les façons de fournir les renseignements et les
façons d'indiquer à ceux qui seront responsables de la confection
et de la révision de ces listes les déménagements, les
migrations, les changements de domicile qu'ils effectueront en cours de route,
d'une élection à l'autre. C'est une question importante. Il n'est
pas nécessaire, pour les citoyens, de connaître toute et chacune
des prescriptions de la loi 87, comme toute et chacune des prescriptions de la
loi électorale prise dans son sens général. Mais il est
important que les citoyens sachent de quelle façon ils peuvent se
prévaloir des droits qu'ils ont de voir leur nom porté sur une
liste électorale et de voir leur nom porté sur une autre liste
électorale s'ils changent de domicile ou s'ils déménagent
d'un comté dans un autre.
C'est une question, à mon sens, fondamentale et très
importante et je trouve que la loi n'est pas suffisamment explicite en ce qui
concerne ces moyens d'éducation du peuple.
Je comprends toutefois, dans toute la rigueur de la technique
parlementaire, qu'on ne puisse pas inscrire, dans le projet de loi, une
prescription disant: Le gouvernement va faire ceci pour éduquer les
citoyens, leur faire comprendre, leur faire connaître ce qu'ils doivent
faire. J'aimerais que le ministre nous dise s'il y
aura publicité, quelle sera la nature de cette publicité
et qui sera chargé de la faire j'imagine que ce sera le
ministère des Communications afin que tous ceux qui sont
intéressés cela veut dire tous les citoyens tous
ceux qui ont le droit de vote ou qui l'auront, sachent à quoi s'en tenir
au sujet de cette nouvelle façon de recenser les électeurs. C'est
un aspect important du projet de loi au sujet duquel, à mon sens, nous
n'avons pas suffisamment de renseignements.
Il y a le problème des coûts. Le ministre des Affaires
intergouvernementales ne nous en a pas parlé beaucoup. Il s'est
même interrogé sur ce que cela pourrait comporter comme
coût, afin d'avoir l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil. Il
serait donc bon de s'interroger sur les coûts. Qu'il nous dise quelles
sont les prévisions ou les projections du gouvernement en termes de
coût pour la mise en application de cette loi parce que, comme membres de
l'Assemblée nationale et législateurs, nous avons aussi un devoir
de surveillance sur les fonds publics.
Enfin, M. le Président, j'estime que cette loi de la confection
des listes électorales permanentes ne sera jamais complète, pas
plus que la loi 62, pas plus que les lois antérieures, si l'on ne
reprend pas, dans l'optique de la réforme de l'institution
parlementaire, si l'on ne s'attaque pas tout de suite, immédiatement, et
cela le premier ministre s'est engagé à le faire, à
l'étude de la réforme du scrutin. C'est très
important.
Je n'insiste pas, M. le Président. Ce n'est pas le sujet ni
l'objet de la loi, mais cela se greffe à ce problème. Le ministre
a dit, cet après-midi, qu'on était entré dans un processus
de réforme. Certaines étapes ont été franchies. La
première a été le réaménagement de la carte;
là, on en est aux listes électorales. J'ai dit, cet
après-midi, qu'il y avait eu un hiatus. Entre la carte et les listes
électorales, il devrait y avoir le mode de scrutin. C'est à ce
niveau que cela se place.
Après ça, il y a tout ce qui est afférent à
la loi électorale, c'est-à-dire les dépenses
électorales, le financement des élections. Cela pose tout le
problème de la caisse des partis politiques. Cela devrait venir
compléter les projets de réforme du gouvernement. Il y a le
problème de la publicité, des sondages et enfin la contestation
des élections. Parce que la contestation est liée aux listes. Il
ne faut pas oublier que des irrégularités sont commises
très souvent et peuvent être des sujets de contestation, parce que
des listes électorales ont été mal faites et que des gens
qui n'avaient pas le droit de vote ont exercé un droit. Cela peut
être matière à contestation devant les tribunaux.
Les réformes que propose le gouvernement qui, dans leur principe
et dans leur intention, sont bonnes, ne seront valables et n'auront sens et
efficacité qu'à partir du moment où le gouvernement nous
aura indiqué quelles sont, et dans des délais très brefs,
les étapes qui constitueront la suite de cette série
d'initiatives que nous avons entreprises ensemble, les parlementaires, pour
réformer l'institution parlementaire et pour procéder, dans
l'immédiat, à une réforme électorale: la carte
électorale, le mode de scrutin, les listes permanentes, le financement
des partis, la publicité, les sondages, la contestation des
élections. En somme, c'est toute la loi électorale qu'il faut
revoir et qui est constituée par tout ce que je viens
d'énumérer, chacun de ces éléments étant un
aspect important et un élément constitutif de la loi
électorale.
Ce n'est pas tout de faire une carte. Ce n'est pas tout de faire des
listes électorales. Il faut encore avoir un mode de scrutin. Qu'on le
change ou non, ce sera une décision politique. Je ne peux pas me
substituer au gouvernement. Le gouvernement connaît notre intention. Il
connaît l'idée de l'Unité-Québec à ce sujet.
Mais il y a tout le reste. Quand cela viendra-t-il? J'attends du leader qu'il
nous en parle. Il a parlé de progrès, cet après-midi,
d'audace, d'initiative, d'esprit d'entreprise, etc., mais qu'il aille jusqu'au
bout. Il prétend avoir posé des prémisses valables, qu'il
tire les conclusions de ces prémisses.
M. le Président, je laisserai à mes collègues le
soin d'examiner certaines modalités de la loi. J'ai essayé, dans
le temps qui m'était imparti et même, je n'utiliserai pas
tout ce temps de vous dire ce que, en gros, je pensais de ce projet de
loi. Comme disait un prédicateur célèbre que j'ai entendu
un jour: En conclusion, bref, pour terminer et pour amorcer ma
péroraison, je voulais vous dire que nous sommes d'accord sur le
principe du projet de loi. Nous avons toutefois des inquiétudes parce
que ce projet de loi ne se situe pas, à notre avis, en son temps. Il
devait se situer après la présentation d'une projet de loi sur le
mode de scrutin. Enfin, le gouvernement a fait son lit, il en portera les
conséquences. D'autre part, il y a toute la question des objectifs. Je
les ai énumérés. Sur les objectifs, je suis d'accord.
Il y a les modalités; je viens d'indiquer au ministre certains
aspects de ces modalités qui ne me paraissent pas suffisamment clairs.
J'ai parlé au ministre du choix que le gouvernement a fait d'un objectif
nouveau, mais de moyens anciens pour l'atteindre.
J'ai parlé de'cette façon qu'il a eue d'écarter des
méthodes modernes de confection de listes ou des méthodes
modernes de recensement. C'est une faiblesse de la loi. Il y a toute la
question de l'éducation des fonctionnaires, des auxiliaires, et
l'éducation du peuple en fonction de cette nouvelle loi. Il y a la
question des coûts et il y a finalement, M. le Président, et c'est
encore une décision politique, les étapes à venir pour que
nous ayons véritablement une loi électorale qui soit
complète et qui puisse servir lors des prochaines élections.
On nous a dit qu'il fallait procéder rapidement pour la carte
électorale, qu'il faut procéder rapidement maintenant à
l'étude de ce
projet de loi sur la confection de listes électorales
permanentes, parce que nous nous apprêterions, dit-on, à accepter
la loi sur les districts électoraux. Je ne verrais pas pourquoi on ne
procéderait pas avec la même célérité dans
les autres domaines que je viens d'indiquer.
M. le Président, en terminant, et cette fois pour de bon, ma
péroraison, permettez-moi de vous dire que j'ai un dernier regret
à exprimer, j'en aurais bien d'autres, c'est que ce genre de projet de
loi à caractère extrêmement sérieux, qui
intéresse toute la collectivité, nous soit encore une fois
apporté à la fin d'une session. Cela survient au moment où
le climat n'est pas favorable, au moment où les députés
sont fatigués, et c'est normal, même au moment où le
gouvernement a dû user du procédé que vous connaissez, M.
le Président, pour nous forcer à approuver des projets de loi que
nous voulions discuter tant et aussi longtemps que nous considérions
nécessaire de le faire. Tout ça provient de quoi? Cela provient
du fait que l'on ne s'est pas encore interrogé, j'en avais fait
le sujet d'une conférence il y a déjà plusieurs
années, avant que je ne devinsse député en cette Chambre
cela vient du fait que nous n'avons pas encore examiné le
problème de notre régime politique et des institutions qui
doivent le sous-tendre.
J'ai évoqué cet après-midi une option qui m'est
personnelle et qui, je crois, est partagée par bon nombre de membres de
mon parti, la question du régime présidentiel. Je vous laisse sur
cette réflexion et j'invite le gouvernement à réexaminer
tout ce problème des réformes en fonction de l'institution
parlementaire, mais plus encore en fonction de l'insertion de l'institution
parlementaire à l'intérieur du grand cadre de vie politique qui
doit être celui d'une société qui a des aspirations, qui a
un vouloir-vivre collectif et qui doit se donner des instruments pour
être, comme le disent les sociologues, politiquement organisés de
façon à répondre non seulement aux besoins des citoyens
mais de façon à s'accorder aux exigences de la vie des Etats
modernes.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Le député de Frontenac
M. Paul A. Latulippe
M. LATULIPPE: M. le Président, dans le cadre de la revision du
processus de la représentation, on nous présente aujourd'hui la
loi 87, Loi concernant la confection des listes électorales permanentes.
Mieux que personne, M. le Président, vous connaissez l'attitude que nous
avons adoptée sur cette question qui est sensiblement la même qui
a été adoptée par tous les partis de cette Chambre, tout
au moins sur le principe, car tous nous nous sommes prononcés
favorablement sur le principe des listes électorales permanentes.
Il y a, aux listes électorales permanentes, des avantages
certains qui contribueraient justement à amener certaines garanties
additionnelles en vue de respecter davantage la représentation
c'est-à-dire les principes de base qui soutiennent la volonté de
l'électorat, qui soutiennent la démocratie elle-même. Or,
M. le Président, nous n'avons pas changé d'idée. Nous
sommes encore favorables au principe d'une liste électorale
permanente.
Vous vous souvenez également, M. le Président, qu'à
cette époque où la commission s'était penchée sur
cette question, nous avions manifesté certaines
préférences envers une formule beaucoup plus intégrale de
réforme dans le domaine de la liste électorale permanente,
c'est-à-dire que nous avions quelques penchants pour l'utilisation de
l'informatique.
Nous concevons cependant que, même si le projet de loi ne fait pas
appel à cette dimension qui, nous l'avouons, aurait été
beaucoup plus coûteuse que la formule qui nous est
présentée, nous n'en sommes pas pour autant contre la formule qui
nous est présentée, parce qu'elle répond quand même
à l'essentiel des besoins que nous voulions couvrir justement avec la
liste permanente confectionnée à partir de l'usage
d'ordinatrices.
Cependant, nous devons quand même, dès le départ,
mentionner que les objectifs que l'on vise, par la méthode qu'on nous
propose, ne seront pas nécessairement atteints. Bien sûr, elle a
le caractère d'être facile à l'usage, d'être souple,
et certainement moins coûteuse que la méthode des ordinatrices.
Cependant, nous doutons qu'il soit possible de donner à cette liste
permanente que l'on veut présenter cet autre caractère de l'usage
multiple. Nous en doutons.
Prenons seulement en considération le cas d'une élection
municipale ou scolaire. Nécessairement, la liste qui sera fournie en vue
de telles élections sera incomplète parce qu'elle ne contiendra
pas, par exemple, les corporations, les compagnies et autres qui ont, de par la
Loi des cités et villes, droit de vote lors de pareilles
élections.
Il va donc sans dire que pour des fins régionales parce
qu'aujourd'hui il faut déjà penser aux communautés
régionales, tant sur le plan scolaire que sur le plan municipal
nous ne croyons pas que la portée de ce projet de loi puisse être
un élément déterminant. C'est donc dire que, pour nous, ce
n'est pas parce qu'il y aura possibilité de passer gratuitement un outil
de travail incomplet aux municipalités que nous souscrirons au principe
de la liste électorale permanente tel qu'il nous est
présenté.
C'est beaucoup plus en fonction des améliorations que comporte la
réforme qui nous est proposée. Nous aurons des listes plus
complètes confectionnées à partir d'un tel
échantillonnage, à partir de méthodes établies, de
méthodes éprouvées. Dès que nous aurons des gens
compétents et mieux formés pour réaliser ce travail, nous
aurons nécessairement des listes
plus complètes. Il y aura beaucoup moins d'erreurs. Il faut aussi
tenir compte qu'avec une liste permanente nous pourrons probablement
restreindre le temps nécessaire à la tenue d'une élection,
d'une cinquantaine de jours à une trentaine de jours. Ce sont donc des
éléments valables.
Mais l'élément le plus valable lorsque nous regardons
l'ensemble, c'est qu'à partir d'une liste permanente il sera possible
pour les divers partis politiques et tous les intéressés de
revoir périodiquement le contenu de cette liste, les dernières
modifications. Il sera possible d'avoir un outil de travail beaucoup plus
valable qui permettra d'éviter non seulement des erreurs mais aussi des
fraudes. Cela se traduira par une expression beaucoup plus valable de
l'électorat. Je crois que c'est le caractère dominant de la liste
permanente, caractère qu'il faut retenir et qui nous amène
à souscrire au principe de ce bill.
Il n'en reste pas moins que nous déplorons qu'à
l'intérieur de ce bill le processus de révision continue ne
semble pas consacré d'une façon suffisamment radicale.
Nous trouvons, M. le Président, que, par exemple, nous n'avons
pas suffisamment retenu, comme l'a souligné le leader parlementaire dans
son exposé de deuxième lecture, ce caractère, essentiel,
à notre point de vue, des bureaux de révision, soit sur une base
régionale ou encore, quand bien même il n'y en aurait qu'un seul
dans la province de Québec. Nous approuverions certes qu'il y en ait le
plus possible, il reste aussi qu'à l'usage il faudrait juger du
mérite pour en venir à avoir un outil qui réponde aux
besoins. Nous trouvons, M. le Président, qu'à partir du moment
où on ne retient plus ce concept du bureau de révision, on doit
se demander ce que vaut une liste permanente si, en cours de route, il n'y a
pas une révision possible en tout temps, un rajustement en tout temps,
à la demande de divers partis politiques ou par un processus à
agencer à l'intérieur même de cette loi.
Nous prétendons, M. le Président, que, sans cet apport que
nous jugeons indispensable, nous serons dans l'impossibilité d'avoir des
listes permanentes qui soient à jour. Il faudra que les organisations
politiques tiennent elles-mêmes à jour une liste correspondante,
ce qui entraînera un dédoublement d'activité qui ne serait
certainement pas à l'avantage de qui que ce soit. Nous souhaitons donc,
M. le Président, à la lumière des travaux de
troisième lecture en commission, pouvoir amener l'autorité
gouvernementale à se pencher sur ce problème et à y
souscrire d'une façon favorable.
Un autre élément qui nous apparaît indispensable et
qui nous préoccupe beaucoup, c'est ce mode de nomination des officiers
d'élection qui devront travailler à la confection de ces listes.
Quel genre de formation, M. le Président, va-t-on leur donner? Quels
seront les critères de compétence pour être reconnu
éligible à un pareil travail? Est-ce qu'il y aura de la part des
partis politiques nomination avec consentement unanime des partis? Autant de
questions qui méritent de retenir notre attention si nous voulons avoir
de l'impartialité, si nous voulons sortir du patronage le contrôle
même de l'élection.
M. le Président, par le passé, vous n'ignorez pas que,
dans la majorité des cas, des officiers d'élection étaient
choisis en grande partie dans les grands partis traditionnels. Or, depuis
l'avènement du multipartisme, il se trouve, que beaucoup de personnes
ont aujourd'hui droit de regard et de participation parce qu'elles ont un
intérêt à protéger.
Dans ce contexte, vous vous souviendrez qu'à la commission
parlementaire qui a consacré une séance à cette question
de la liste permanente, presque tous les partis se sont prononcés d'une
façon favorable à ce que les officiers d'élection soient
nommés, d'une certaine façon, par des organismes
indépendants, ou encore, par un accord mutuel des partis. Cette question
de la nomination des officiers, M. le Président, devrait retenir votre
attention et devrait même faire partie des amendements qui devront
être proposés à cette Chambre pour des modifications
ultérieures à d'autres dispositions de la loi
électorale.
Nous sommes évidemment d'accord sur le principe de la liste
permanente, mais nous tenons à souligner que c'est un outil accessoire
qui ne règle qu'une infime partie du problème du processus de la
représentation. En soi, il ne constitue pas la pierre angulaire de la
réforme électorale. C'est pourquoi nous insisterons
énormément pour qu'il y ait certaines modifications que nous
jugeons d'ordre mineur et, même s'il en coûte quelque chose de
plus, j'estime qu'il est du devoir des autorités gouvernementales de se
donner ou de donner aux Québécois l'outil le mieux adapté
possible pour consacrer davantage le respect des principes
démocratiques. Il y a, dans notre loi électorale actuelle,
surtout dans la confection des listes, des faiblesses qui ont été
consacrées dans le temps, qui sont reconnues, qui ont servi à
certains abus et qu'il convient, de toute urgence, de corriger.
Certains de mes collègues m'ont même souligné qu'ils
seraient, à la limite, favorables, pour corriger cette question de
nomination si on n'en arrive pas à retenir le principe de la
collaboration des partis politiques à ce que l'on fasse usage de
personnes indépendantes, comme les greffiers de municipalité ou
autres. Je ne dis pas que c'est un amendement idéal. Cependant, il faut,
à notre point de vue, retenir ces deux points essentiels qui devront
être introduits dans la présente loi pour en faire un outil
acceptable.
D'autre part, si la réforme reste ce qu'elle est, avec les
quelque faiblesses que nous avons mentionnées, ce sera, à notre
point de vue, un tape-à-1'oeil, de la poudre aux yeux pour mieux cacher
ses intentions. A quoi sert d'avoir des
listes électorales qui, en fait, ne seront jamais à point
parce qu'il y aura des mécanismes mineurs qui n'auront pas
fonctionné dans le sens du respect de la démocratie? Quelle sera
donc l'utilité d'une liste électorale qui n'aura pas pu remplir
d'autres fonctions, entre les élections, que celles qui sont
décrites dans la présente loi? A cause, justement, des faiblesses
que nous avons mentionnées tout à l'heure.
M. le Président, il est incontestable que si la réforme
qui nous est présentée, s'avère aujourd'hui comme un
élément non pas indispensable, mais appréciable, elle
restera toujours subordonnée à la réforme du mode de
scrutin.
Celui-ci sera l'élément réellement
déterminant de l'attitude des gouvernements, surtout lorsqu'on
considère les facteurs de représentativité, afin que
l'esprit qui anime cette Chambre soit réellement celui qui correspond le
plus à la volonté de l'électorat.
C'est donc à ces conditions que nous souscrivons à cette
loi. Nous ignorons, comme l'a souligné le député de
Chicoutimi, quels seront les coûts d'une pareille réforme de
l'implantation d'une liste électorale permanente, mais je dis, M. le
Président, que si nous devons être soucieux d'économiser
les deniers publics, il faut quand même mettre suffisamment d'argent pour
se donner un outil valable.
Si cette liste n'a pour résultat que de réduire les
délais précédant une élection, nous disons que
cette raison n'est pas suffisante à elle seule pour justifier une
dépense. Quant à se donner un outil, je crois qu'il vaut la peine
de se donner un outil qui sera réellement à la mesure de nos
attentes et qui comblera un besoin qui, par le passé, s'est
manifesté d'une façon que nous connaissons tous. Nous connaissons
tous les difficultés que nous avons eues avec la confection des listes.
Tous les députés dans leur comté, ont connu ces
difficultés pour faire inscrire certains électeurs, pour en faire
rayer certains autres. Il est plus que temps de se donner un outil dans ce
sens. C'est pourquoi nous voterons pour le principe de ce bill.
En terminant, qu'il me soit permis de rappeler que, si on veut se donner
un outil universel, un outil à usages multiples, nous devrons nous
orienter vers autre chose que les modalités qui nous sont
présentées, parce que, à mon point de vue, le
présent projet de loi ne répondra même pas aux objectifs
que nécessitent les élections municipales et scolaires. Vous
comprendrez donc que si, d'une part, nous sommes favorables au présent
projet de loi, d'autre part nous ne serions pas contre non plus un projet de
loi qui serait beaucoup plus intégral et qui viserait à doter le
Québec d'un outil beaucoup plus élaboré.
Cependant, à cause justement de la nécessité qu'il
y a d'agir assez rapidement, nous concevons que le présent projet de loi
est une étape normale d'élaboration ou, si vous voulez, de
croissance vers un mode de fabrication des listes électorales
permanentes beaucoup plus élaboré, qui aurait un caractère
permanent beaucoup plus accentué et qui pourrait se prêter
à de multiples usages et devenir même une espèce de fichier
des populations à l'usage de tous les ministères et de tous les
organismes publics qui ont besoin, de temps à autre, de se
référer à des listes soit pour des usages des
référendums, parce que d'ici quelques années ce sera
devenu, j'en suis persuadé, une coutume établie dans la majeure
partie des pays du globe, d'utiliser les référendums afin de
tâter le pouls de la population sur les grandes questions qui animent
l'administration publique.
M. le Président, avant de terminer, nous notons également
que le fait d'avoir une liste électorale permanente permettra justement
à certaines occasions une autre utilité qui n'a pas
été visée de faire certains sondages ou afin de
servir à certains référendums.
M. le Président, nous considérons que le présent
projet de loi constitue une étape d'évolution normale dans le
sens de l'administration et qu'il est préférable, dans ce domaine
comme partout ailleurs, d'y aller plus lentement. Je crois, tout en
étant favorable à un système beaucoup plus
intégré, que l'usage des ordinateurs aurait peut-être
été prématuré d'ici au prochain scrutin. Cependant,
je ne le délaisse pas pour autant et je dis que, compte tenu de toutes
les circonstances, je dois mentionner en toute honnêteté que le
présent projet de loi a une certaine supériorité sur celui
des ordina-trices dans ce seul sens qu'il a au moins le caractère de
prudence essentielle pour ne pas nous donner un outil qui risque de nous
plonger dans une certaine forme d'incohérence ou de nous amener, lors du
prochain scrutin, des embêtements administratifs dont nous ignorons la
portée.
M. le Président, les ordinatrices sont de nature à rendre
d'immenses services, mais la majorité de la population, à mon
point de vue, n'a pas encore pris l'habitude de se servir de pareils outils et
donc un sondage électoral qui se ferait dans moins de 12, 20 ou 30 mois,
il me semblerait prématuré de faire usage d'un pareil
mécanisme.
C'est pourquoi, M. le Président, nous souscrivons au principe
soutenu par ce bill, en y notant deux grandes réticences. Il y a celle
d'abord de la faiblesse inhérente au mode de nomination des officiers
qui auront à élaborer ces listes. Deuxièmement, il nous
faudra retenir..
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): A l'ordre! Je me demande si
je ne dois pas déclarer à la Législature qu'il y a un
étranger en Chambre et je voudrais faire valoriser les personnages dans
les tribunes de la presse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il a démissionné?
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin):
Sans vouloir interrompre le député, je demanderais qu'on
occupe les fauteuils. Je m'excuse de l'interruption. Je demanderais aussi que
les conférences qu'on tient à huis-clos un peu partout restent
complètement à huis-clos parce que c'est très difficile
d'entendre la personne qui a la parole.
UNE VOIX: Vous devenez terre à terre.
M. LATULIPPE: Je disais donc, M. le Président, que nous
souscrivons au principe du projet de loi mais que nous y notons deux grandes
faiblesses, celle de la nomination des officiers et cette question du bureau de
révision permanent. Elles nous apparaissent deux éléments
essentiels pour en arriver â une liste électorale permanente qui
ait réellement le caractère que nous lui voulons pour constituer
un outil valable. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Le député de
Gouin.
M. Guy Joron
M. JORON: M. le Président, le projet de loi 87, qui nous est
soumis sur la liste permanente est le deuxième morceau, si vous voulez,
de cette réforme que l'on souhaite globale. On verra plus tard combien
de morceaux auront composé cette réforme. C'est le
deuxième que nous apporte à ce jour le gouvernement. Le premier a
porté sur la carte électorale comme telle. L'élection de
1970, entre autres choses en tout cas à cet égard a eu le
mérite de porter â l'attention à la fois des hommes
politiques et de l'opinion publique les défauts possibles de notre
système électoral, de notre mode de scrutin, de notre carte
électorale, de la façon dont les listes étaient faites et
de la façon dont les partis étaient financés.
Jamais autant qu'à l'élection de 1970 ces choses-là
n'ont été plus en évidence. Ce qui a peut-être
déclenché cette curiosité ou cette attention c'est
peut-être le fait qu'en 1970 le parti politique qui a recueilli le plus
grand nombre de votes chez les Québécois francophones s'est
retrouvé, dans cette Chambre, avec seulement sept députés.
C'est le parti le moins représenté.
J'imagine qu'il a dû apparaître aux yeux de plusieurs qu'il
y avait des choses qui ne tournaient pas rond. Quand le premier parti du
Québec français est le dernier dans le Parlement du
Québec, en termes de nombre de députés, on peut
soupçonner que quelque chose ne tourne pas rond dans nos institutions
électorales.
Il y a eu tous ces événements-là, toutes sortes de
choses plus secondaires peut-être, mais que l'élection de 1970 a
servi à mettre en évidence, notamment c'est en relation
directe avec le projet de loi qui nous occupe aujourd'hui la
façon, dans certains coins, scanda- leuse avec laquelle les listes
électorales avaient été confectionnées. On avait,
dans certains coins, oublié des milliers d'électeurs.
Peut-être que le cas s'est produit d'un côté comme de
l'autre mais, très souvent, c'est arrivé chez les plus jeunes
électeurs, les étudiants. On les soupçonnait sans doute
je le dis sans prêter d'intentions à personne
d'être plus favorables à un parti politique donné qu'un
autre. Il est curieux que c'est par milliers, dans certains comtés,
qu'on avait, volontairement ou pas on ne le saura jamais
oublié bon nombre d'électeurs, privant ainsi des citoyens de leur
droit de vote et défranchisant un grand nombre d'électeurs.
On a aussi vu bon nombre de citoyens n'ayant pas le droit de vote
être inscrits sur les listes électorales. Vous savez, dans
certains comtés, notamment la région métropolitaine de
Montréal, combien de Néo-Canadiens ne jouissant pas encore de la
citoyenneté canadienne se sont retrouvés sur les listes
électorales. On en a dénoté combien de cas? Je ne
mentionne que cinq exemples, les comtés de Fabre, Laurier, Ahuntsic,
Bourassa et, dans une mesure moindre, Mercier. Cinq comtés où le
Parti québécois avait, entre autres, institué des
procédures.
Dans un cas où le jugement a été rendu, celui de
Fabre, preuve a été faite que dans de nombreux cas des gens
n'ayant pas la qualité d'électeurs, parce que non-citoyens,
avaient été inscrits sur les listes électorales. Lors de
cette élection, il y a eu l'aspect du financement, par exemple. On a eu,
il n'y a pas tellement longtemps, un certain nombre de
révélations, sur les financements des partis en dehors des
à-côtés, des bebelles stupides et niaiseuses de la Brink's
et toutes ces affaires-là. On a su que les principales institutions
financières de la rue Saint-Jacques notamment les banques, dans les
derniers milles de la campagne électorale, devant la
montée...
M. PICARD: M. le Président, une question de règlement. On
étudie présentement les listes permanentes et non pas les caisses
électorales. Est-ce qu'on ne pourrait pas revenir là-dessus?
LE PRESIDENT: Pendant un instant, je m'étais
éloigné un peu de la discussion. Mais j'ai remarqué qu'on
abordait les modalités de la confection des listes
électorales.
M. JORON: M. le Président...
LE PRESIDENT: Nous sommes sur le principe.
Les questions de modalités: qui fera le recensement, qui sera
enregistré ou non, feront l'objet de débats au stade de la
commission.
M. JORON: M. le Président, je comprends très bien, sauf
que vous remarquerez que, dans sa présentation du projet de loi, le
leader du gouvernement a situé ce projet de loi dans
l'ensemble de tout notre processus électoral et tous les opinants
avant moi ont resitué la question de la liste dans l'ensemble de la
réforme électorale. Je parierais qu'à la lecture du
journal des Débats, vous verriez, chez tous les opinants qui m'ont
précédé, y compris le député de Bonaventure,
que plus de la moitié du temps a été employé
à parler non pas de la liste permanente, mais de la réforme
électorale. De toute façon, ce n'était qu'en guise
d'introduction. Je signalais tout simplement le fait que la liste, ce n'est pas
la fin du monde en soi. Il y avait bien d'autres sujets très importants.
Je termine cette courte introduction en disant que la question du financement
des partis était tout aussi importante.
Je signalais un certain nombre d'événements qui se sont
déroulés à l'élection de 1970, auxquels on
réagit aujourd'hui en apportant des morceaux de législation pour
tenter de corriger ce que l'élection de 1970 a mis en évidence.
Entre autres c'était le dernier point que je faisais valoir
parmi tous ces morceaux qui font partie de cette question de la
réforme électorale globale, il y avait celui du financement des
partis. Je tenais à vous dire que cette contribution substantielle
à la caisse électorale du Parti libéral est censée
avoir été faite par les grandes institutions financières
de Montréal, à la lumière de la montée
annoncée par les sondages du Parti québécois.
Tous ces événements ont fait qu'aujourd'hui on se penche
sur la question. L'opinion publique ayant été
éveillée, ayant été piquée, la pression
ayant monté, aujourd'hui on commence à essayer de corriger cette
situation-là. Pour la carte c'était autre chose, on n'avait pas
besoin de l'élection de 1970 pour se rendre compte des iniquités
de représentation entre des comtés qui avaient dix fois plus
d'électeurs que d'autres, et ainsi de suite. D'accord, je ne reviendrai
pas sur ce point-là.
Je vous signalais, il y a un moment, quelques-unes des iniquités
en regard de la confection des listes que l'élection de 1970 avait mises
en évidence. Le projet de loi 87 s'attaque donc à ça. Nous
sommes d'accord sur ce projet de loi en principe, forcément, puisque
c'est un projet de loi qui améliore, de façon, à notre
avis, marginale, la situation actuelle mais qui, quand même, a certains
mérites. Je ne prendrai pas énormément de temps pour les
évoquer à nouveau. Le leader parlementaire, ministre des Affaires
intergouvernementales le faisait avant moi. Il signalait, entre autres
et il a raison qu'une liste électorale permanente avait
l'avantage de raccourcir la période électorale. Partant de
là, on présume que ça peut aussi, dans un sens, même
si le fait de tenir à jour annuellement une liste électorale
permanente implique peut-être des coûts plus élevés
que le système actuel de confectionner une liste, il reste quand
même qu'une période électorale réduite signifie
probablement diminution de frais ou de dépenses et, finalement, je pense
que les citoyens en général, les électeurs, souhaitent un
raccourcissement des périodes électorales.
A cet égard, nous n'avons qu'à comparer notre situation
à celle qui existe dans la plupart des pays du monde, dans les pays qui
ont un système politique ressemblant davantage au nôtre, comme les
Etats-Unis ou les pays d'Europe de l'Ouest, où on retrouve
généralement des périodes électorales beaucoup plus
courtes. Le projet de loi permet donc de les raccourcir. Le ministre
mentionnait également que cette nouvelle façon de faire le
recensement des électeurs, ou de confectionner la liste, permettait, en
quelque sorte de dépolitiser, un peu les listes. La liste n'étant
pas fabriquée en période même d'élections,
peut-être que la partisanerie avant l'émission des brefs est moins
grande qu'après l'émission des brefs et que, dans un climat plus
calme, plus serein, plus normal, on pouvait peut-être éviter
certains des risques que la trop grande partisannerie nous fait encourir par
l'oubli possible d'un certain nombre d'électeurs, etc.
C'est peut-être vrai. Je ne discuterai pas de ce point.
Que d'autre part une liste ainsi faite laisse plus de temps pour la
vérification, cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Cela permet aux
divers partis politiques d'avoir plus de temps pour vérifier la liste et
au citoyen, probablement, de vérifier s'il est inscrit, etc. C'est un
mérite.
Il y a un point intéressant aussi dans le projet de loi qui
touche la formation des recenseurs. Il n'y a pas de doute que cela a
été dans le passé en dehors de la partisannerie politique
pour le moment, nous ne parlerons plus de cela mais le manque de
formation des recenseurs a sans aucun doute été responsable de
quantité d'erreurs dans la confection des listes électorales. Par
exemple, il importe d'être bien entraîné, d'être bien
informé, d'être bien avisé, d'être bien
prévenu de s'informer de la qualité de citoyen, de l'âge de
l'électeur, du nombre de personnes habitant dans un domicile. Ceux qui
ont voté plus d'une fois ou ceux qui ont été
recensés plus d'une fois savent fort bien comment ces choses, dans le
passé, ont été faites plus ou moins à la bonne
franquette. Qu'on puisse prévoir maintenant une formation
professionnelle des recenseurs nous semble fort indiqué.
Ceci dit pour les mérites du projet de loi et ce sont des
raisons, puisque cela ajoute et que cela ne retranche rien à la
situation actuelle. Il est bien évident que nous donnerons notre accord
au projet de loi mais reste que nous ne pouvons que déplorer le fait que
c'est finalement fort peu.
Sans revenir sur ce qu'ont dit avant moi le député de
Chicoutimi et le député de Frontenac, je voudrais simplement
ajouter ceci. Le député de Chicoutimi disait que finalement, il
n'y avait rien de bien nouveau là-dessus, que peut-être la loi
était nouvelle, le fait de faire la liste chaque année, de tenir
la liste de façon
permanente. Il s'agit d'éléments nouveaux, c'est juste,
mais la façon de confectionner cette liste reste ancienne. Je ne peux
pas être plus d'accord sur une telle affirmation. Cela fait un petit peu
archaïque, vous l'avouerez vous-même, j'imagine, cette façon
très ancienne de faire le recensement des électeurs. Finalement,
c'est la même que celle qui existait en Galilée du temps du
Christ, cette façon très archaïque et très
médiévale qui fait sourire d'afficher la liste sur les poteaux,
liste à laquelle les électeurs doivent se référer
pour savoir s'ils sont inscrits ou non, listes qui disparaissent toujours
éventuellement, soit à la faveur d'un coup de vent ou à
cause d'un organisateur politique un peu plus zélé qu'un autre et
qui va l'enlever. Cela fait un petit peu archaïque toute cette
façon de faire...
M. HARDY: Est-ce que l'honorable député de Gouin me
permettrait une question? J'ai peut-être perdu un peu de son allocution
parce qu'il y avait un caucus à ma gauche. Est-ce que le
député de Gouin admettra que, maintenant, daps les sections
urbaines, les listes électorales parviennent à chaque
électeur? Cet affichage sur les poteaux n'existe que dans les sections
rurales et cela pose moins d'inconvénients parce que, dans les sections
rurales, il est déjà assez facile pour les gens de savoir s'ils
sont inscrits ou non.
M. JORON: D'accord. Je n'exagérerai pas. Je ne tenterai pas de
faire une caricature de la chose mais le point auquel je voulais en venir
après avoir caricaturé un peu la situation, était le
suivant. En 1972, des êtres humains reviennent d'un voyage à la
lune. En 1972, nous disposons d'outillage électronique pour faire
à peu près n'importe quoi, d'instruments d'informatique et de
stockage de données absolument inouïs.
Au moment où on peut faire des choses aussi fantastiques
qu'introduire un document dans une machine à photocopier et voir la
copie ressortir à 3,000 milles plus loin à travers un appareil
téléphonique et des choses semblables, au moment où tout
cela existe, il semble un peu curieux qu'on n'ait pas attaché plus
d'importance à établir une liste électorale permanente
basée sur l'informatique et sur un fichier central
d'électeurs.
D'ailleurs, les renseignements nécessaires à ce
fichier-là existent déjà. Je ne veux pas entamer un long
débat sur le sujet, je sais qu'on l'a discuté en commission
permanente de l'Assemblée nationale. Environ 95 p.c. des citoyens sont
déjà inscrits sur l'une ou l'autre liste des fichiers du
gouvernement, que ce soit à titre de contribuables, que ce soit à
titre de détenteurs de permis de conduire, que ce soit à titre de
détenteurs d'une carte d'assurance-maladie, d'une carte de
l'assurance-sociale ou enfin à quelque titre que ce soit. On retrouve
dans les fichiers, quelque part, dans les fichiers de l'Etat, au moins 95 p.c.
des citoyens québécois non pas des électeurs parce
que tous ces gens-là n'ont pas nécessairement le droit de vote ou
ne sont pas nécessairement en âge de voter. Mais à partir
de là, il me semble que si on avait vraiment voulu se mettre à la
tâche on aurait pu commencer plus tôt.
Vous me direz peut-être, et j'en conviendrais probablement qu'il
nous reste relativement peu de temps avant la prochaine élection qui est
peut-être dans un an, un an et demi pour s'organiser en
conséquence. Evidemment, rendu à l'aube de 1973, c'est
peut-être vrai. Je sais que la confection de ces listes, l'organisation
d'un système d'informatique semblable prend du temps et, dans les
débuts en tout cas, il y a un "trial and error", une période
d'essai et d'erreurs assez considérable, ce qui voudrait dire qu'il ne
faudrait pas encourir le risque pour la prochaine élection, si on basait
la liste sur un système électronique, un système
basé sur l'informatique ou sur un fichier central.
Mais je blâme partiellement le gouvernement de ne pas s'être
penché plus tôt sur le problème parce que cela fait quand
même deux ans qu'on en parle. On avait commencé cette
discussion-là, même si on ne l'a pas abordée comme telle il
y a deux ans, à l'automne 1970 ou très tôt en 1971 quand
ont commencé les séances de la commission permanente de
l'Assemblée nationale. Nous avions, dès le mois de septembre 1970
quand je dis nous, je parle du Parti québécois par
une brochure intitulée "La réforme électorale",
publié un document de travail sur l'ensemble de ces sujets-là, et
précisément mentionné des données qui
étaient connues depuis bien longtemps, entre autres, le rapport et
l'étude très fouillés qu'une société
d'informatique, la Société de mathématiques
appliquées, SMA, avait déjà, en 1968, soumis au Parlement
canadien, au gouvernement du Canada, une étude complète sur le
sujet. Et elle est, par la suite, revenue devant la commission permanente de
l'Assemblée nationale du Québec pour expliquer aussi son
système.
Alors, je pense que si on avait vraiment voulu, non pas servir une soupe
ancienne à la moderne mais faire quelque chose de neuf, du moins au
point de vue technique, et adapter des instruments plus nouveaux dans ce
domaine-là, on aurait commencé beaucoup plus tôt et on
aurait pu le faire.
Ceci dit, il reste un autre défaut très substantiel dans
le projet de loi je m'étonne d'ailleurs qu'aucun des deux partis
d'Opposition qui m'ont précédé ne l'ait mentionné
c'est le fait que les énumérateurs continuent d'être
nommés, l'un par le premier ministre, l'autre par le chef de
l'Opposition officielle. M. le Président, nous ne pouvons qu'avoir
objection à cela pour la raison suivante... Je m'excuse auprès du
député de Frontenac s'il l'a mentionné, mais ce
n'était pas aussi fort que je l'aurais voulu. C'est pour cela que je ne
l'ai pas retenu probablement.
Je trouve quand même assez curieux qu'après
l'élection de 1970 qui, pour la première fois, faisait voler en
éclats, en mille miettes le bipartisme au Québec et implantait
quatre partis, de force égale mais implantait quatre partis en Chambre
on n'ait pas tenu compte de ce phénomène fondamental dans le
projet de loi 87. C'est la chose la plus importante qui ressort de
l'élection de 1970.
Je vous dis tout de suite que je ne parle pas par intérêt
partisan. Evidemment, nous avons souffert de ce système. Nous en avons
souffert à l'élection partielle dans le comté de
Duplessis. L'Unité-Québec n'y a pas obtenu la majorité, du
moins plus de votes que le Parti québécois à la
dernière élection. Mais ayant obtenu, par un hasard de
circonstances ou par la carte électorale peu importe pourquoi
plus de députés, il a été confirmé
dans le rôle que je me permettrai d'appeler d'usurpateur. Je ne dirai pas
qu'il l'a usurpé mais le système fait qu'il l'a usurpé. Ce
rôle usurpé d'Opposition officielle a fait que c'est le
député de Bellechasse, pour qui j'ai beaucoup de
considération à un niveau personnel, qui a nommé les
énumérateurs dans le comté de Duplessis à
l'élection partielle où il ne présentait même pas de
candidat. Je ne sais pas comment qualifier l'erreur; le non-sens d'un tel
système est apparu fort clairement à cette occasion.
Dans sa présentation du projet de loi tout à l'heure, le
leader parlementaire parlait d'institutionnaliser l'existence des partis
politiques en dehors des périodes électorales. Il disait que le
projet de loi 87 servait, en quelque sorte, à institutionnaliser nos
partis politiques dans nos moeurs, enfin dans la vie, en dehors des
périodes électorales.
C'est quand même un curieux projet de loi qui veut
institutionnaliser, dans un domaine restreint, les différents partis
politiques alors qu'il oublie le parti politique le plus important au
Québec français. Il oublie aussi le Ralliement créditiste.
Si vous faites l'addition du vote populaire recueilli en 1970 par le Ralliement
créditiste et le Parti québécois, vous arrivez à
quasiment la moitié du nombre des électeurs francophones, 45 p.c.
pour être plus exact; 45 p.c. des électeurs francophones mais ils
n'ont pas le droit de participer à la nomination des
énumérateurs. C'est quand même, vous l'avouerez, une
curieuse façon de faire notre recensement, d'institutionnaliser nos
partis politiques en dehors des périodes électorales. Nous avons
donc une sérieuse objection. Je disais, il y a un moment, que ce
n'était pas une objection partisane; je vous dirais bien
honnêtement que, dans le fond, je m'en fiche. Parce que ça ne
vaudra que pour la prochaine élection. Je sais fort bien que le
Québec se retourne, probablement, progressivement vers le bipartisme et
que l'opposition officielle au moins, sinon le gouvernement, sera le Parti
québécois. Nous n'en souffrirons plus dans l'avenir.
Mais je comprends mal le député de Belle- chasse, qui va
souffrir du système la prochaine fois, de ne pas s'être
opposé et de ne pas l'avoir mentionné. Je comprends
peut-être le Ralliement créditiste de ne pas avoir soulevé
la question outre mesure parce que ça fait 80 ans qu'il est un tiers
parti. Il sait qu'il va toujours le rester. Mais le député de
Bellechasse aurait dû réagir de façon beaucoup plus
virulente, de façon beaucoup plus violente.
M. AUDET: Est-ce que le député de Gouin me permet une
question?
M. JORON: Je pense que je vais m'arrêter là parce que
j'abuse réellement du député de Bellechasse. Vu qu'il a
une extinction de voix depuis trois jours, il n'est pas capable d'articuler un
mot, il ne pourra même pas répondre.
M. AUDET: Dans le bipartisme que vous préconisez, où
situez-vous notre parti?
M. JORON: Je ne préconise pas le bipartisme. Je disais que le
projet de loi 87 impliquait le bipartisme puisqu'il ne donnait qu'au
gouvernement et à l'Opposition officielle le droit de nommer des
énumérateurs. Je disais que, dans un sens, à titre...
M. PICARD: J'aimerais attirer votre attention sur le fait que le projet
de loi que nous étudions présentement touche à une section
de la Loi électorale, la préparation des listes. Il y a d'autres
sections dans la Loi électorale comme, par exemple, celles auxquelles se
réfère actuellement le député de Gouin. Les
officiers d'élection, c'est une autre section de la Loi
électorale.
Les dépenses électorales sont aussi dans une autre section
de la Loi électorale. Je pense qu'actuellement, le député
de Gouin est complètement en dehors du sujet du projet de loi actuel,
qui est la préparation des listes, non pas la nomination des officiers
des élections, pas plus que les dépenses électorales.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Peut-être que je suis
d'accord avec le député d'Olier sur la question des
dépenses électorales mais la question des nominations est
liée directement à la préparation des listes et je ne peux
pas empêcher le député de Gouin d'en parler.
M. HARDY: D'ailleurs ce qu'il dit est intéressant.
M. JORON: M. le Président, j'allais conclure, puisque mon temps
est presque expiré. Je n'abuserai pas inutilement de votre temps.
J'allais préciser le point que je voulais développer. Je voulais
tout simplement dire que si nous sommes d'accord sur ce projet de loi et que,
d'autre part, nous signalons que nous croyons à la réforme quand
même,que c'est une amélioration indiscutable, mais que cela reste
un effort
timide qui ne tient pas compte de toutes les possibilités
scientifiques que l'électronique ou l'informatique nous offrent
aujourd'hui, qui ne tient pas compte aussi d'une réalité
politique actuelle du Québec, celle du multipartisme, que nous ne
retrouvons pas dans le projet de loi, et nous ne pouvons que le
déplorer.
Si nous souscrivons à ce projet de loi, nous demandons quand
même certaines autres choses comme je le disais au début. C'est un
deuxième morceau dans l'ensemble de la réforme électorale
que le gouvernement nous propose. Il y avait la carte électorale, il y a
maintenant la liste permanente. Je le rappelle comme les autres l'ont fait
avant moi, d'autres morceaux aussi importants devront suivre, notamment le mode
de scrutin. Je ne le répéterai pas, parce que cela fait deux ans
que le Parti québécois le répète et le
réclame en suivant en cela, son programme, élaboré en 1968
au moment de la fondation du Parti québécois. Déjà
ce parti inscrivait un système de proportionnelle corrective à
notre mode de scrutin actuel. Je ne fais que souligner à nouveau que
cela aussi nous l'attendons dans un bref avenir, que nous attendons
également un autre morceau qui porte par exemple sur le contrôle
des sondages et de leur utilisation en temps d'élections. Finalement, un
des morceaux qui pour nous restera toujours un des plus essentiels, un des plus
importants, c'est celui qui a rapport au signe de piastre, au financement. Nous
attendons une loi qui vise à obliger les partis politiques à
dévoiler non seulement leurs dépenses mais leurs sources de
financement, pour que cessent les cochonneries qui se sont produites dans le
passé. Là je n'accuse personne, c'est toute notre histoire qu'on
trame derrière nous à cet égard. Malheureusement, c'est
une des parties peut-être les moins brillantes de notre culture, enfin de
notre tradition ou de nos moeurs. A combien d'abus cela a-t-il donné
lieu? Combien de fois a été brimée la volonté
populaire de s'exprimer? Parce que c'est cela le but fondamental d'un
système électoral: assurer la plus fidèle expression
possible de la volonté populaire. Combien de fois cette volonté
populaire a pu être tronquée à cause d'incidences
financières, à cause de moyens financiers supérieurs qui
permettaient à un parti ou à un autre de masquer ou d'enterrer
les faits par la publicité, qui procuraient ce que le libéralisme
lui-même condamne? Je m'étonne que le Parti libéral, qui se
veut évidemment dans la lignée idéologique du
libéralisme, ne soit pas plus sensible à cette argumentation. La
philosophie libérale est basée sur l'égalité des
chances. L'égalité des chances, au point de vue électoral,
c'est un minimum de financement public assuré à tous ceux qui
sollicitent l'électeur de pouvoir compter sur un minimum vital. Parce
que, dans le monde moderne, évidemment cela prend des moyens. Ce n'est
plus comme autrefois. On ne monte pas sur trois planches et on ne parle plus
sur la place publique d'un village. Dans ce temps-là, cela ne
coûtait pas cher.
Aujourd'hui, tout le processus de communications implique des frais,
parce que ça veut dire des journaux, ça veut dire de la radio,
parce que ça veut dire de la TV et ça veut dire des tas de
choses. Par définition, qu'on soit logique. Si on consacre la
liberté d'expression à tout le monde en disant que n'importe qui
peut parler sur la place publique, la même chose devrait s'appliquer
à cet égard. Tout ça, vous le savez très bien, M.
le Président, est intimement lié au financement. Qu'on exige
également des partis politiques, que chaque parti soit obligé de
déposer, annuellement, ses états financiers. Pas des états
financiers truqués, des états financiers certifiés par un
bureau de comptables agréés, comme le Parti
québécois est le seul à en avoir.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): A l'ordre! Revenons au bill.
M. JORON: Vous avez raison. Ce n'est pas dans le bill. Mais, en
terminant, j'indique simplement au gouvernement quelles sont les avenues
futures, quelles sont les pièces de législation, quelles sont les
lois que nous souhaitons le voir apporter prochainement. S'il se contente de ne
nous apporter qu'une façon un peu plus adéquate de fabriquer la
liste électorale, c'est-à-dire en la faisant annuellement, en la
tenant à jour de façon permanente, ce sera bien peu dans ce qui
doit être le but principal de cet ensemble de lois, dans le domaine de la
réforme électorale. Je le répète, le but principal
de toutes ces lois doit viser à assurer l'expression la plus
fidèle possible de la volonté populaire.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Le député de
Lotbinière.
M. Jean-Louis Béland
M. BELAND: M. le Président, à mon tour, il me fait
plaisir, ce soir, de parler sur ce projet de loi portant le numéro 87,
concernant la confection des listes électorales permanentes et modifiant
diverses dispositions législatives, afin que nous évitions que
certaines erreurs du passé, au point de vue des élections, ne se
renouvellent pas dans l'avenir et que nous puissions réellement doter
les Québécois d'un système où la démocratie
jouera réellement son rôle.
M. le Président, le principe de base, à mon sens, c'est
d'établir un mécanisme moderne permettant à toutes
personnes éligibles au vote de pouvoir retrouver leur nom, pour exercer
leur droit de vote, dans la localité de leur domicile ou, s'il y a des
raisons majeures, que ces personnes puissent, en vertu d'un mécanisme
adéquat, se prévaloir de leur droit.
M. le Président, nous pourrions énumérer une foule
de raisons pertinentes pour tâcher de justifier l'agencement ou le
travail sur ce bill, ce soir, en 1972. J'entendais, il y a un instant,
l'honorable député de Gouin dire que nous, du Ralliement
créditiste, si les listes électorales
avaient été mieux confectionnées dans le
passé, nous ne serions peut-être pas douze, ici, aujourd'hui.
C'est rêver en couleurs parce que, même s'il y a eu une
phraséologie à l'effet que ça fait 30 ans que nous
circulons dans la province de Québec, ceci est archifaux. Ce n'est que
depuis 1970 que des candidats se sont présentés à des
élections provinciales.
M. le Président, il ne faut quand même pas faire de
démagogie. Nous sommes en faveur d'un réalisme pratique. Je
reviens au bill. Là, j'y dérogeais, même si vous ne m'avez
pas rappelé à l'ordre M. le Président, et je vous en
remercie. En effet, il faut absolument que nous utilisions des moyens modernes
comme, par exemple, l'informatique.
Ce moyen moderne permet que justement chacun se retrouve au moment
opportun pour exercer son droit de vote et justement pour faire en sorte...
M. GRATTON: Justement.
M. BELAND: J'entends présentement un nouveau député
qui pourrait aller se gratter ailleurs ou, tout au moins, avoir le courage de
se lever quand c'est le temps pour faire des discours. Cela m'a l'air que c'est
un véritable pion.
M. GRATTON: Des discours comme le vôtre, on peut s'en passer.
M. BELAND: M. le Président, justement ce bill qui nous a
été présenté a une grande logique. Il vient
à point. Je suis fier de le dire; lorsque le gouvernement
présente quelque chose qui a un certain sens, nous, du Ralliement
créditiste, avons le courage de le dire. Nous ne sommes pas ici
seulement pour critiquer, nous voyons ce qui a du sens, comme nous sommes
prêts à critiquer le gouvernement lorsqu'il présente une
loi contre les intérêts de la personne humaine.
Il y a une foule de raisons, comme je le disais au début, qui
nous motivent à discuter favorablement ce bill. Entre autres, les listes
permanentes, au moins dans les secteurs principalement urbains, pourraient
empêcher les morts de voter, comme nous l'avons vu si souvent dans le
passé. Nous pourrions corriger plusieurs autres anomalies. Entre autres,
certaines personnes fortement politisées ont été
engagées dans le passé et ont vieilli quelques personnes afin
qu'elles puissent voter sans y avoir droit.
Nous avons vu cela dans le passé. Ce sont des erreurs que nous
avons pu noter. Il y a possibilité d'améliorer le système.
Si le mécanisme est suffisamment souple pour que ladite liste soit mise
régulièrement à jour, elle pourra servir au palier
municipal, au palier scolaire. C'est là que nous allons rendre
véritablement service à la population.
Il y a également d'autres phénomènes qui sont
arrivés dans le passé et que nous pourrions corriger, par exemple
les fameux télégraphes, pour ne pas le dire autrement. Avec cette
liste permanente continuellement mise à jour, il y aurait
possibilité de tenir des élections dans un temps beaucoup plus
restreint.
M. le Président, il doit y avoir, il va sans dire, un processus
de révision continuelle afin d'être véritablement en
mesure, à très brève échéance, de se servir
de cette liste électorale, afin que toute la population puisse
véritablement s'en servir pour une multitude de fins.
La liste doit être beaucoup plus complète qu'elle a pu
l'être jusqu'à maintenant. Nous avons constaté que des
quartiers complets, principalement dans les milieux urbains, n'avaient pu
exercer leur droit de vote. J'espère que le mécanisme pourra
être assez flexible pour qu'on n'oublie plus de petites sections, des
quartiers ou des bouts de rues. De plus, nous pourrions faire comme au
fédéral. En vertu du code fédéral des
élections, tout Canadien peut exercer son droit de vote au Canada, peu
importe l'endroit où il est, à condition de remplir certaines
exigences.
Il est également possible sur le plan provincial d'agencer
quelque chose de semblable afin que nous ne brimions pas, dans l'avenir, le
droit de vote de n'importe quel citoyen du Québec qui a ce droit. Si
nous voulons revaloriser justement ce mécanisme, ce droit de vote
même, nous devons penser à toutes ces allées permettant
à la population de réellement réfléchir sur ce
geste qu'elle doit logiquement poser au moment opportun afin de se rendre utile
au moment où c'est le plus nécessaire.
De plus en plus il y a désintéressement de ce
côté-là et nous ne devons pas laisser de côté
toutes les possibilités d'amélioration afin qu'aux yeux de tous
les Québécois, de tous les électeurs du Québec, il
y ait une revalorisation réelle, dans les faits, non pas seulement dans
les mots afin que chacun se sente fier d'aller voter pour le candidat de son
choix.
Nous pourrions également parler des différentes
modalités de radiation ou de correction lorsque ça doit avoir
lieu. Nous pourrions nous demander à qui devrait incomber le travail de
confection, de correction des listes. Nous pourrions même suggérer
que ce soit, par exemple, dans les comtés ruraux, au secrétaire
de la municipalité, de la commission scolaire, ou à toute autre
personne qui occupe déjà, à l'intérieur de la
paroisse, un poste quelconque et qui le met en contact continuel avec la
population de sa localité. Souventefois, c'est la personne qui est la
plus en mesure de donner très rapidement tous les renseignements
nécessaires en pareille circonstance.
Je ne serai pas plus long dans mes énumérations mais je
tenais à donner ces quelques idées afin que la population du
Québec, si jamais, dans les quelques heures qui vont suivre, ce bill
passait toutes les étapes nécessaires à son adoption,
puisse réllement voir les améliorations qu'elle est en droit
d'attendre de nous
comme législateurs dans ce Parlement. Merci, M. le
Président.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT: Le député de Terrebonne.
M. Denis Hardy
M. HARDY: M. le Président, à entendre les propos qui ont
été tenus ce soir sur la motion de deuxième lecture, de
même que les propos qui ont été tenus à la
commission de l'Assemblée nationale...
M. PAUL: Un fillibuster. M. DEMERS: Un fillibuster.
M. PAUL: M. le Président, je vous donne avis que, dans cinq
minutes, je vais demander le bâillon à l'endroit du
député de Terrebonne.
M.HARDY: J'en conclus, M. le Président, que tous les partis
politiques représentés en cette Chambre sont d'accord sur
l'ensemble des objectifs que nous nous proposons sur la réforme
électorale. Il y a un consensus sur ces différents aspects, et
là où il y a divergence, c'est sur la méthode
employée pour réaliser ces fins. Cette question s'est
posée au sujet de l'étude de la loi 62, elle se pose maintenant
à l'occasion de l'étude de ce projet de loi.
Je n'ai pas l'intention d'entrer plus en profondeur sur cet aspect du
problème, à savoir si nous devrions davantage donner
priorité à telle question plutôt qu'à telle
autre.
Je voudrais simplement relever ce fait, abordé en particulier par
le député de Gouin, à savoir qu'on aurait pu beaucoup plus
tôt, beaucoup plus rapidement adopter telle ou telle réforme. Je
voudrais simplement vous rappeler que la commission de l'Assemblée
nationale a étudié, d'une façon régulière,
les problèmes de la réforme électorale. Bien sûr, on
aurait pu avoir plus de séances que nous en avons eues. Je pense
qu'alors, les députés des autres formations politiques auraient
pu se plaindre, parce qu'il existe d'autres commissions que la commission de
l'Assemblée nationale. Il y a d'autres lois et il y a d'autres questions
qui nécessitent l'attention des députés. Si la commission
de l'Assemblée nationale ne s'est pas réunie plus
fréquemment, c'est précisément parce que les membres qui
siégeaient à cette commission étaient retenus dans
d'autres commissions pour d'autres questions.
Je voudrais répondre à quelques observations qui ont
été formulées au cours des discours sur cette motion de
deuxième lecture. On a abordé, entre autres je pense que
tous les orateurs ont abordé cette question le mode de nomination
de ceux qui auront la responsabilité d'établir cette liste
permanente qui se fera annuellement. Comme j'ai eu l'occasion de le signaler en
commission parlementaire, le problème de la nomination des officiers
d'élections, en commençant par la tête, soit le
président général des élections, en descendant
à tous les échelons pour arriver aux nominations de scrutateurs,
greffiers, recenseurs, constitue un problème global que l'on ne pouvait
pas aborder à l'occasion de l'étude de cette loi. Je pense qu'au
cours de nos travaux subséquents, nous devrons nous pencher sur cette
question de la nomination des officiers d'élections, mais je vois mal
comment nous aurions pu aborder cette question, régler cette question
à l'occasion de l'étude du projet de loi sur les listes
permanentes alors qu'il y aurait tous les autres officiers d'élections
à différents postes qui auraient été laissés
de côté. Je pense qu'il est plus logique et plus cohérent
d'aborder cette question dans son ensemble.
On a également souligné le problème de la
méthode de fabrication de cette liste et la plupart des orateurs,
également, ont signalé qu'on aurait dû faire appel à
l'informatique. Je pense qu'il était prématuré, à
ce stade, de faire appel à l'informatique. D'abord parce que les
coûts demeurent prohibitifs. Là-dessus, il y a des
témoignages divergents. Il y a le témoignage de la
Société de mathématiques appliquées mais, tout en
respectant l'honnêteté, l'intégrité de ces
personnes, il n'en reste pas moins vrai que ce sont des gens qui ont un certain
intérêt dans le domaine. Ce sont des gens qui font ce genre de
travail. Et, pour ma part, j'accorde plus de crédibilité au
rapport de l'ancien président général des
élections, M. Castonguay, à Ottawa, qui fait une étude
complète de cette question, qui a visité, je pense, une vingtaine
de pays...
M. PAUL: Au cas où l'honorable député l'ignorerait,
nous avons également un président d'élections au
Québec qui est le juge Drouin.
M. HARDY: Oui. Si on fait les transpositions entre ce que serait le
coût de l'établissement d'une liste électorale par voie
d'informatique au Canada, si on transpose ce coût au Québec, on en
arrive à des chiffres assez exorbitants. Mais on me répondra, et
peut-être avec raison, que le coût ne devrait pas être une
objection majeure quand il s'agit d'établir une liste électorale
qui aurait pour conséquence d'assurer, comme le disait le
député de Gouin, la représentativité la plus
parfaite, l'expression la plus parfaite de la volonté populaire.
Sur ce point, je suis tenté de donner raison au
député de Gouin. Mais il y a une autre objection plus importante,
je pense, sur cette question. C'est la qualité des travaux que peut
donner l'informatique à ce stade-ci.
Il ne faut pas trop se laisser impressionner par de nouvelles formules
qui, théoriquement et sur papier, semblent excellentes, mais qui,
à l'épreuve, lorsqu'elles sont en exercice, démontrent
qu'elles ont beaucoup de lacunes. Quand on songe, par exemple, à ce qui
se passe dans certains services gouvernementaux qui sont
basés sur l'informatique, on peut s'interroger sur le raffinement
de ces systèmes. Je sais qu'à la Régie de
l'assurance-santé il y a des gens décédés depuis
plusieurs mois qui sont encore considérés par la régie
comme vivants parce que les machines, les ordinatrices déterminent que
ces personnes sont encore vivantes. Et on pourrait parler comme cela d'une
foule d'erreurs.
D'autre part, M. le Président, si l'on considère l'espace
de temps qui nous sépare de la prochaine élection
générale, je pense que ce temps ne serait pas suffisant pour
mettre en place, via l'informatique, un système suffisamment sûr
pour nous assurer d'avoir des listes électorales complètes aux
prochaines élections. C'est pourquoi nous avons considéré
qu'il était préférable de continuer avec une
méthode qui a peut-être l'air artisanal à prime abord, mais
qui, quand même, nous évitera des erreurs peut-être encore
plus grandes. Et quand nous disposerons d'une période de temps plus
grande, nous pourrons avoir recours à l'informatique.
Ce sont les quelques remarques que je voulais faire sur les propos tenus
par les préopinants. Nous aurons l'occasion, en commission, d'analyser
plus en profondeur certains aspects de cette loi.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, le 23 septembre 1970, le Parti
québécois présentait un document de travail sur la
réforme du système électoral dans lequel on pouvait lire
des pages très intéressantes sur la liste unique et permanente.
Je cite ce document de travail en raison de son grand intérêt qui
pourrait peut-être éclairer, même tardivement, le
gouvernement sur la conduite à suivre en l'occurrence. Nous disions donc
ceci: "Sauf sur le plan du coût immédiat...
M. LEVESQUE: Le député de Bourget pourrait le citer en
commission.
M. LAURIN: ... et même ceci est discutable, comme nous le verrons
plus loin, la méthode actuelle de l'énumération des
électeurs à la veille de chaque élection
générale est nettement condamnable. La liste des reproches
à faire au système pourrait être fort longue. Nous
n'isolerons ici que les défauts les plus criants. "Premièrement,
le risque souvent élevé de partisannerie politique de la part des
énumérateurs choisis par le système, qui accomplissent
leur travail dans le climat même d'une élection
générale." Même si ceci est corrigé, la
partisannerie demeure quand même. "Deuxièmement, le risque que les
énumérateurs accomplissent sans beaucoup de soin une fonction
rémunératrice au détriment d'une fonction politique
importante." Je pourrais ajouter: même si on aura plus de temps pour
former les énumérateurs, il reste que la loi ne nous mentionne
pas les critères sur lesquels ces énumérateurs seront
choisis ni leur qualité. "Troisièmement, le manque de
préparation technique et parfois même de simple connaissance
courante d'un grand nombre d'énumérateurs." C'est ce que nous
avons vu dans le passé et que nous pourrions peut-être revoir dans
l'avenir. "Quatrièmement, le manque à peu près total de
contrôle sérieux, par les énumérateurs, des
données fournies par les répondants, par exemple: le nombre exact
de personnes, les âges réels, la citoyenneté et le reste.
"Cinquièmement, les mécanismes de réinscription
jugés comme complexes par beaucoup d'électeurs, par exemple;
obligation de se déplacer, de comprendre les formules diverses, de se
débrouiller avec les officiers. "Sixièmement, la méthode
absolument loufoque et carrément médiévale d'afficher,
particulièrement à la campagne, des listes clouées
à des poteaux de téléphone ou à des arbres
d'où elles disparaissent rapidement grâce aux bons soins du vent
ou à ceux d'un généreux organisateur selon celui des deux
qui sévit le premier.
Donc, aussi bien pour des raisons idéologiques de
démocratie, de respect total du droit de vote, d'élimitation ou
tout au moins de minimisation radicale de la fraude électorale que pour
des raisons d'efficacité pure et simple, le Québec de 1972 doit
se mettre au pas de tous les pays modernes.
Je parle ici de la France, du Royaume-Uni, de la République
fédérale d'Allemagne, de la Belgique, de la Hollande, des pays
Scandinaves, d'Australie, de la Nouvelle-Zélande, des Etats-Unis.
L'acceptation de la liste permanente est tellement courante dans ces pays qu'on
n'y retrouve plus guère d'écrits polémiques sur les
avantages ou désavantages du système.
Parlons durant quelques instants du rapport Nelson Castonguay auquel se
référait le député de Terrebonne, car ce
débat qui s'engage maintenant au Québec se poursuit depuis
quelque temps au Canada. Le dernier rapport sérieux en ce sens provient
d'une étude soumise en septembre 1968 par M. Nelson Castonguay au
président de la Chambre des communes. Tout en se prononçant
contre la liste permanente telle que soumise dans les écrits du temps,
M. Castonguay situe quand même le problème selon ce qu'il voit.
Dans son rapport, dont les principaux éléments ont paru dans le
Montreal Star du 19 septembre 1968, M Castonguay juge, premièrement, que
le système australien, dont les coûts sont d'environ $0.45 par
électeur par année, provoquerait au Canada des coûts
probables de $1.50 par électeur par année. La majoration ici
serait due à une population deux fois plus grande, à un plus
grand taux de mobilité de la population et,
enfin, à des salaires plus élevés pour les
employés qui feraient fonctionner le système. Ainsi, le
coût total annuel pour le Canada serait, selon lui, estimé
à $16 millions. Deuxièmement, comme élément de
comparaison, le coût de l'énumération au Canada est
présentement d'environ $12 millions. Cependant l'opération n'est
mise en branle normalement que tous les quatre ans. Sur une année, le
système actuel reviendrait à $3 millions, comparativement
à $16 millions pour le nouveau. Ce sont les assertions de M. Castonguay.
Le rapport Castonguay a suscité une réaction importante sous
forme d'un rapport scientifique, techniquement bien bâti et
présenté au gouvernement du Canada par la Société
des mathématiques appliquées, le 1er octobre 1968. Le rapport
porte le titre "Un fichier électoral permanent pour le Canada" et a
été préparé par M. Pierre Legeault. L'étude
de la SMA considère les chiffres avancés par M. Castonguay comme
nettement exagérés et estime plutôt que toute
l'opération reviendrait, au maximum, à $2,500,000 par
année, soit moins cher que le système actuel. Le système
préconisé par la SMA aurait les caractéristiques
suivantes. Ses objectifs seraient de déterminer à quel poll un
électeur devra voter et de produire une liste d'électeurs pour
chacun des polls. Le contenu serait un dossier pour chaque personne ayant
résidence au Canada, comprenant pour chacune le nom, le prénom
usuel, le sexe, l'adresse, l'occupation, le rang dans la famille et un code
électoral. C'est dire qu'il s'agit d'un fichier démographique
complet. Le personnel et les instruments nécessaires seraient moins de
150 employés permanents, un ordinateur et environ 115 "key tapes", une
formule d'avis de changement d'adresse et d'occupation.
Le fonctionnement général serait le suivant.
Premièrement, les mariages, décès, naissances sont
enregistrés à partir de rubans magnétiques fournis par les
services provinciaux de démographie. Ces rubans existent
déjà. Deuxièmement, le ministère de l'Immigration
se charge d'inscrire les immigrants ayant obtenu la citoyenneté.
Troisièmement, les personnes âgées de 18 ans et plus
doivent aviser le fichier électoral de tout changement d'adresse et
d'occupation. Elles le font par formule ad hoc mises à leur disposition
dans tous les bureaux de poste. Quatrièmement, chaque mois, toutes les
personnes atteignant 18 ans au cours du mois reçoivent une formule
spéciale dans le but de faire connaître leur occupation.
Cinquièmement, un mois avant une élection, chaque électeur
reçois une carte d'éligibilité. Cette carte doit
être présentée au poll pour que l'électeur puisse
jouir de son droit de vote. La carte est livrée à l'adresse
paraissant au dossier de l'électeur. Toute personne qui ne la
reçoit pas a la responsabilité de s'en procurer une et
d'expliquer pourquoi elle n'en a pas reçu. Sixièmement, les
cartes d'éligibilité pourraient être imprimées en
double et la copie servir d'index des électeurs exigible dans les polls.
Enfin, certains amendements législatifs seraient nécessaires.
Premièrement, toute personne de 18 ans ou plus a l'obligation
d'aviser le fichier électoral de son changement d'adresse ou
d'occupation. Cet avis doit être envoyé avec formule prescrite
dans les 60 jours qui suivent un déménagement ou un changement
d'occupation. Cependant, durant les deux mois précédant une
élection, ce délai de 60 jours est réduit à 15.
Deuxièmement, le père et la mère d'un enfant de moins de
18 ans sont conjointement responsables d'avertir le fichier électoral
d'un changement d'adresse de cet enfant.
Troisièmement, toute personne coupable de n'avoir pas
respecté les conditions mentionnées plus haut peut perdre son
droit de vote. Quatrièmement, toute personne coupable de fraude
électorale, en particulier de ne pas retourner une carte
d'éligibilité qui ne lui est pas destinée, perd son droit
de vote pour les deux élections suivantes. Cinquièmement, le
directeur d'une prison ou d'un hôpital psychiatrique est responsable
d'avertir le fichier électoral du changement d'adresse impliqué
et de l'inégalité de tout détenu ou patient.
Le rapport de la SMA signale enfin un certain nombre d'avantages
au-delà de la perspective directement électorale.
Premièrement, le système pourrait fournir des données pour
la distribution des allocations familiales. Deuxièmement, le
système fournit un décompte automatique et continuel des
habitants, des mariages, des décès, des naissances, des
changements d'adresse. Troisièmement, l'adresse et le nombre des
électeurs étant connus, on pourrait instaurer un système
automatique de redéfinition des comtés. Quatrièmement, le
système peut servir au Bureau fédéral de la statistique
comme source d'échantillons représentatifs en particulier du
point de vue du contrôle de la main-d'oeuvre par l'occupation.
En premier lieu donc, le rapport de la SMA au gouvernement
fédéral renverse l'argument du coût prohibitif. Si,
effectivement, le coût estimé est de $2,500,000 par année
pour le Canada, il est clair que le Québec, avec à peu
près 26 p.c. de la population canadienne, s'en tirerait à un
compte raisonnable.
Nous pensons que la commission de l'Assemblée nationale aurait
dû être saisie du rapport technique de la SMA et qu'elle gagnerait
à entendre un représentant de cet organisme.
En second lieu, le rapport souligne l'utilité du fichier à
plus d'un niveau public. Un fichier québécois unique pourrait
servir au niveau des élections québécoises, des
élections municipales ou des élections de commissions scolaires,
éventuellement, s'il y a lieu, pour les référendums.
En dernier lieu, le rapport met l'accent sur une dimension
extrêmement intéressante. Un fichier électoral complet peut
et même, sur le plan financier, doit devenir un fichier
démographique complet.
C'est dans cette perspective que la SMA a préparé pour le
ministère québécois de la Famille et du Bien-Etre, un
projet de fichier général de la population du Québec.
Ici aussi, le rapport est technique, complet et précis mais
très instructif. Le point de départ, selon la SMA, doit
être l'actuel fichier des allocations familiales, qui contient
déjà au-delà de 4 millions d'individus. Par ailleurs,
déjà au moins 95 p.c. de la population du Québec se
retrouve d'une façon ou d'une autre dans des fichiers du
gouvernement.
Il s'agit tout au moins des catégories de personnes suivantes:
Les pères et mères et les enfants faisant partie d'une famille et
recevant les allocations familiales; les hommes et les femmes possédant
un véhicule automobile ou ayant un permis de conduire; toutes les
personnes fréquentant une institution scolaire, c'est-à-dire
l'école, l'université ou des cours pour adultes; toutes les
personnes ayant un emploi dans le Québec; toutes les personnes ayant
fait un séjour dans un hôpital; toutes les personnes faisant un
rapport d'impôt; toutes les personnes recevant de l'assistance sociale et
plus récemment s'est ajouté le fichier de l'assurance-maladie, le
plus complet de tous sans doute.
L'existence d'un seul fichier général de la population au
lieu d'un ensemble de fichiers dispersés, sans compter qu'il baisserait
considérablement le coût d'ensemble, aurait une utilité
évidente, entre autres, pour le gouvernement dans son ensemble, pour
tous les ministères et services, pour les services de démographie
en particulier, pour les études sérieuses des universités
et d'autres organismes, dans presque tous les domaines imaginables.
Tout compte fait, il faut admettre que le Québec ne peut plus se
contenter d'un recensement tous les dix ans. Dans la mesure où nous
désirons assainir la gestion des affaires publiques d'une
société fortement industrialisée et organisée, il
est impérieux que le Québec possède des données les
plus complètes possible sur la population qui y vit.
Un problème particulier peut être soulevé ici.
Généralement, quand l'argument du coût prohibitif est
contourné, un argument technique demeure, celui de la difficulté
de tenir compte annuellement des changements d'adresse et d'occupation. Le
rapport de la SMA répond à ces difficultés par des mesures
législatives assorties de pénalité. Une autre
méthode ne serait-elle pas possible? Le fardeau de signaler les
changements pourrait être laissé non pas forcément aux
citoyens individuels mais à certains organismes à rayonnement
très large. A titre d'exemple, soulignons, pour ce qui est des
occupations, que le changement pourrait être obligatoirement
signalé par l'employeur. Quant au changement d'adresse, ne pourrait-il
pas être obtenu directement des sociétés de
téléphone, d'électricité et de gaz qui, à
elles seules, ont des registres groupant la quasi-totalité de la
population.
En dernier lieu, nous soulignons, sans y attacher trop d'importance,
l'objection idéologique de ceux pour qui un fichier gouvernemental est
l'inévitable instrument de répression des régimes
politiques totalitaires. Outre que cette attitude, en 1970, témoigne
d'esprits qui se trouvent fort mal à l'aise au XXe siècle, disons
tout simplement que la liste permanente ne semble pas avoir causé de
répression dans les pays libéraux, mentionnés au
début, et que l'absence de la liste permanente ne l'a pas
évitée au Brésil, en Espagne et au Portugal.
La répression tient aux hommes, non aux fichiers.
Voilà donc les vues que nous présentions à la
population, il y a deux ans, et que nous avons également
présentées à la commission parlementaire de
l'Assemblée nationale. Je me rappelle également que la
Société de mathématiques appliquées a dû
comparaître devant la même commission, il y a quelques mois, que
tous les partis politiques ont posé, aux membres de cette commission,
toutes les questions imaginables, que les spécialistes qui sont venus
à cette commission ont répondu d'une façon tellement
complète, étoffée, pertinente à toutes les
questions qui leur ont été posées qu'il s'est presque
dégagé un consensus à la fin des séances de cette
commission, consensus à l'effet que non seulement la liste unique et
permanente devait être acceptée en principe, mais que les
méthodes modernes qu'on nous avait expliquées pouvaient
répondre à toutes les objections que l'on pouvait donner. C'est
pourquoi, j'ai été très étonné du projet de
loi qu'on nous a présenté qui, à mon avis, même si
nous devons en accepter le principe parce que mieux vaut tard que jamais et
mieux vaut une mesure partielle qu'une mesure parfaite, nous sommes très
étonnés que le gouvernement nous ait présenté cette
mesure parce que, selon nous, elle est désuète et
médiévale, elle sent le fagot, d'une part. Deuxièmement,
elle nous parait extrêmement coûteuse et, troisièmement,
elle ne nous parait pas dépourvue de calculs politiques destinés
à maintenir l'emprise du gouvernement grâce à des
méthodes qui sont absolument identiques, dans la nouvelle loi, à
celles que contient la loi électorale actuelle. D'ailleurs, le leader du
gouvernement, quand il a présenté son projet à
l'Assemblée, ne semblait pas lui-même tellement convaincu de son
caractère novateur et il en a souligné uniquement quelques
aspects très partiels qui montraient que, quand même, la nouvelle
loi était préférable à l'ancienne.
Quant au député de Terrebonne qui, lui, a moins de raisons
de se féliciter du projet de loi, parce qu'il a entendu
précisément tous les avis qui ont été
exprimés à ce sujet et qu'il a dû sans cloute pousser ses
études personnelles, je comprends encore moins qu'il supporte ce projet
de loi. Il nous dit qu'un projet basé sur l'informatique est trop
coûteux. Il me semble que cette objection, qui est ancienne, ne tient
plus devant
non seulement la déclaration que je viens de lire et qui est
postérieure au rapport Nelson-Caston-guay, mais ne tient plus
également lorsqu'on se rappelle les réponses absolument
pertinentes qui lui ont été faites, lors de la réunion de
la commission parlementaire qui a étudié ce sujet. Donc, cet
argument ne nous parait pas convenir. Il nous dit maintenant qu'un
système basé sur l'informatique serait prématuré.
Je ne crois pas qu'on puisse parler de prématurité lorsqu'on
parle d'un système qui est maintenant utilisé par toutes les
grandes compagnies du secteur privé, qui est utilisé abondamment
par tous les ministères gouvernementaux et qui le sera de plus en plus
dans l'avenir, puisque, malgré les défauts qu'il peut comporter,
qui sont corrigés d'ailleurs d'une façon très rapide par
les spécialistes en la matière, malgré ses défauts,
ce système tend à se répandre, justement parce qu'il est
beaucoup plus parfait, il est techniquement beaucoup plus au point, il permet
d'éviter beaucoup plus d'erreurs et, surtout, il est beaucoup plus
rapide.
Je ne pense pas qu'un gouvernement qui se veut moderne puisse soutenir,
avec quelque chances de crédibilité, qu'un système
basé sur l'informatique puisse être vraiment qualifié de
prématuré. J'ai été très
étonné d'entendre le député de Terrebonne dire
qu'il se méfiait à ce point des nouvelles formules. Si ces
nouvelles formules ont été essayées avec succès par
tant d'autres pays auxquels, parfois, on donne des leçons, je me demande
comment le député de Terrebonne peut justifier son opinion, car
dans les pays où le système est maintenant adopté et
fonctionne d'une façon adéquate depuis plusieurs années,
nous n'avons pu lire aucune critique véritablement sérieuse
à l'encontre de ce système. Ce n'est pas parce que le
député de Terrebonne nous signale quelques petites erreurs qui
ont pu se glisser dans le système d'informatique de l'assurance-maladie
qu'il nous convaincra.
Car des erreurs, il en existe dans tous les systèmes, et des
erreurs, il en existe beaucoup plus dans le système de recensement que
nous connaissons actuellement. Non seulement des erreurs, mais des fraudes qui
sont des erreurs volontaires qui seraient beaucoup moins possibles, avec le
nouveau système que nous préconisons et qui lui, serait
basé sur l'informatique.
Donc, M. le Président...
M. HARDY: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. LAURIN: A condition que ça ne m'enlève pas...
M. LEVESQUE: A 10 h 28, c'est fini. M. HARDY: M. le
Président...
M. LAURIN: J'ai commencé à 10 h 8, M. le
Président.
M. HARDY: M. le Président, le député de Bourget
parle actuellement de fraude. Est-ce qu'il considère qu'un
système d'informatique pourrait, entre autres, éviter cette forme
de fraude qui fait, qu'à l'émission des brefs et à
l'énumération, il y ait une invasion de 1,000 à 1,500
personnes dans un comté?
M. LAURIN: C'est un problème, M. le Président, que
l'informatique pourra résoudre beaucoup mieux qu'un système
basé sur la partisannerie, comme tout système basé sur le
recensement le sera d'une façon permanente.
M. CADIEUX: Le député de Bourget ne peut pas dire la
partisannerie. Voyons donc!
M. BERTHIAUME: Il ne connaît rien.
M. LAURIN: Tant que nous n'aurons pas un système qui sera
contrôlé par des organismes autonomes qui ne doivent absolument
rien à aucun des partis politiques reconnus, qu'il soit au pouvoir ou
dans l'Opposition,...
M. BERTHIAUME: C'est faux!
M. LAURIN: Donc, M. le Président, le député de
Terrebonne nous dit également qu'on n'a pas eu le temps de penser
à un meilleur système. Je ne crois pas, M. le Président,
que cet argument vaille. On m'a interrompu deux minutes, M. le
Président. Je sais que ce que je dis ne plaît pas aux
ministériels, mais je le dirai quand même.
M. CADIEUX: Vous êtes le réformateur.
M. LAURIN: Cet argument ne tient pas car nous avons eu deux ans pour
étudier tout ce problème, il y a eu plusieurs années
auparavant également où on l'a étudié et dans le
temps qui s'est écoulé depuis l'arrivée au pouvoir de ce
gouvernement, on aurait eu amplement le temps, avec les études qui ont
été faites, d'élaborer un système de beaucoup
supérieur à celui qu'on nous propose aujourd'hui. Ce qu'on nous
propose aujourd'hui, c'est encore la continuation d'un vieux système
provisoire qui deviendra permanent car on ne...
M. CADIEUX: Ce qu'on fait bien, vous êtes contre.
M. LAURIN: ... remettra pas bientôt la hache dans un
système analogue, dans un système pareil surtout, M. le
Président...
M. CADIEUX: Cessez de parler et agissez.
M. LAURIN: ... qu'il favorise encore une fois, d'une façon indue
un gouvernement qui entend se maintenir au pouvoir par tous les moyens.
M. CADIEUX: Vous ne ferez jamais rien dans votre vie excepté de
parlotter.
UNE VOIX : Oui, il va endormir les autres. LE PRESIDENT: A l'ordre
messieurs!
M. LEVESQUE: M. le Président, je voudrais exercer mon droit de
réplique.
LE PRESIDENT: L'honorable ministre...
M. LEVESQUE: M. le Président, l'exposé que j'ai fait en
deuxième lecture, celui du député de Terrebonne et ce que
nous avons à dire en commission, ces trois éléments
constituent ma réplique. Merci, M. le Président.
Je propose que ce...
Adoption de la deuxième lecture
LE PRESIDENT: Un instant. Cette motion de deuxième lecture
est-elle adoptée?
M. LAURIN: Adopté, M. le Président.
M. PAUL: M. le Président, je demanderais bien le vote mais nous
ne sommes que deux. Alors, adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT: Est-ce que je dois lire la motion? La motion est
adoptée.
LE SECRETAIRE ADJOINT: La motion a été adoptée
sans...
Proiet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: M. le Président, après entente avec les
autres partis en cette Chambre, je propose que ce projet de loi soit
déféré à la commission parlementaire de
l'Assemblée nationale qui siègera immédiatement à
la salle 81 A. Nous suivrons, par exception, le règlement se rapportant
à la commission plénière. Procédure de la
commission plénière, avec rapport.
LE PRESIDENT: Premièrement, cette motion de
déférence pour que la commission de l'Assemblée nationale
siège pendant que la Chambre siège est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté. M. DROLET: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté. Deuxièmement, une motion à
l'effet de suspendre les règles pour que la commission de
l'Assemblée nationale siège avec les modalités...
M. PAUL: Commission plénière.
LE PRESIDENT: ... Sa commission plénière en vertu des
modalités de l'article 138...
M. PAUL: C'est parce qu'ils n'aiment pas le rapport.
LE PRESIDENT: ... et suspension conséquemment de l'article
125.
M. PAUL: C'est ça. Adopté.
M. CADIEUX: ... coopératif. Monsieur, nous allons redevenir
amis.
LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs!
M. PAUL: M. le Président, est-ce que par hasard, avant de partir,
le leader du gouvernement... Ah! son assistant est là, je m'excuse.
C'est bien, allez en paix.
LE PRESIDENT: Est-ce que je pourrais demander à l'honorable
député d'Olier d'aller présider en bas?
M. PICARD: M. le Président, je veux participer aux
débats.
LE PRESIDENT: Je vais demander au secrétaire adjoint de
l'Assemblée, M. Lessard, d'agir comme secrétaire en bas.
M. PAUL: Cela va lui faire du bien.
Proiet de loi no 84 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice propose la deuxième
lecture du projet de loi no 84, Loi modifiant la loi de l'aide juridique.
C'est seulement une suggestion, est-ce qu'il y aurait lieu d'adopter ou
non la deuxième lecture et de passer à la commission
plénière où le débat serait plus élargi? A
votre goût.
M. PAUL: Pour être personnellement agréable au ministre,
vous pourriez adopter la deuxième lecture.
M. CHOQUETTE: C'est la suggestion du président, si on trouve que
la procédure est plus simple de cette façon-là.
LE PRESIDENT: Oui. Est-ce que cette motion de deuxième lecture
est adoptée?
M. PAUL: Adopté, M. le Président.
Commission plénière
LE PRESIDENT: Adopté. Le ministre de la Justice propose la
formation de la commission plénière, pour étudier le
projet de loi no 84. Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je ferai seulement quelques
brèves observations avant que nous passions à l'étude des
articles de ce projet de loi. Je crois que tous les collègues se
rappellent qu'à la fin de juin ou au début de juillet, nous avons
adopté la Loi de l'aide juridique. Par cette loi, nous avons
formé la commission des services juridiques. Par la suite, au cours des
mois de juillet et d'août, la commission a été
constituée d'un certain nombre de personnes et elle a été
chargée de prendre la responsabilité des services d'aide
juridique existants dans le Québec. Dans les diverses autres
régions du Québec où des services n'existaient pas, elle a
été chargée dis-je d'organiser la formation de
corporations régionales et de s'en occuper.
A l'heure actuelle, la Commission des services juridiques s'emploie,
depuis qu'elle a été formée et depuis que les membres ont
été désignés, à organiser les corporations
régionales ainsi qu'à voir à ce que des services d'aide
juridique soient dispensés dans la mesure de nos capacités
actuelles. Je tiens à dire aussi qu'à l'occasion de pourparlers
que j'ai eus avec les autorités du gouvernement fédéral,
il nous sera possible de conclure un accord à brève
échéance avec le gouvernement en vertu duquel le gouvernement du
Québec se verra décerner, destiner des fonds pour les fins d'aide
juridique.
On se souvient que le ministre de la Justice fédéral, M.
Otto Lang, a annoncé au mois d'août une politique à l'effet
que le gouvernement fédéral verserait $0.50 par habitant par
province pour les fins d'aide juridique. A compter du 1er janvier 1974, je
compte que nous pourrons obtenir ces fonds fédéraux pour les fins
de notre aide juridique en plus évidemment des montants que
l'Assemblée nationale et le budget nous accordent.
Maintenant, à l'occasion du fonctionnement de la nouvelle
commission des services juridiques, il s'est avéré que quelques
changements étaient requis de façon à mettre
l'organisation de la commission parfaitement au courant.
M. CHARRON: Le ministre me permet-il une question juste sur ce qu'il
vient de dire, pour clore le sujet?
M. CHOQUETTE: Sans doute.
M. CHARRON: Quelle est l'évaluation de la somme totale que le
Québec recevra en vertu de...
M. CHOQUETTE: Je crois que la population québécoise totale
est de quelque six millions d'habitants. En raison de $0.50 par tête,
nous devrions recevoir plus de $3 millions. Ces $3 millions, en vertu de
l'entente qui sera conclue, devront être utilisés pour les fins
d'aide juridique dans le domaine criminel. Nous comptons bien pouvoir les
utiliser, mais l'expérience permettra de juger jusque dans quelle mesure
il sera possible d'utiliser ces fonds. Il y a aussi l'aide juridique sur le
plan civil. Evidemment cette partie-là nous incombe à nous comme
gouvernement du Québec et c'est pour cette partie que nous avons des
fonds d'ailleurs disponibles.
M. DROLET: Quand le ministre aura-t-il la réponse
définitive du gouvernement fédéral?
M. CHOQUETTE: A l'heure actuelle, je dirais que l'accord a
été conclu tacitement et que je me rendrai à Ottawa...
M. DROLET: En jet.
M. CHOQUETTE: ... entre Noël et le Jour de l'An pour signer
officiellement l'entente avec le gouvernement fédéral.
M. CHARRON: Est-ce qu'à un moment ou un autre, peut-être au
début de la prochaine session, l'Assemblée nationale sera
informée des projets de distribution de cette somme par le ministre de
la Justice?
M. CHOQUETTE: Il me serait assez difficile d'énoncer avec
précision les projets de distribution de ces sommes parce que je crois
qu'il appartiendra à la Commission des services juridiques de
déterminer dans quelle mesure elle doit consacrer ces fonds, et dans
quelle proportion aux diverses régions du Québec. Si je peux
obtenir des renseignements suffisamment précis de la Commission des
services juridiques, le député de Saint-Jacques peut être
assuré qu'il me fera plaisir d'informer la Chambre, soit lors de la
reprise de la prochaine session ou soit dans l'intervalle, de
l'évolution des choses sur le plan de l'organisation de l'aide
juridique.
M. PAUL: Les questions posées par mes confrères, les
avocats populaires de Portneuf et de Saint-Jacques, me permettent maintenant de
faire de cours commentaires sur le principe de la loi 84 qui présente
des caractéristiques fort intéressantes, surtout si l'on veut
accentuer la mise en place de toutes les corporations régionales. Le
ministre nous a mentionné que nous devions envisager
l'opportunité d'augmenter de deux le nombre des commissaires à la
Commission des services juridiques. Le ministre allait, dans le cours de ses
propos, justifier cette demande lorsqu'il a été invité
à fournir une réponse à une question, si je me rappelle
bien, du député de Portneuf.
De toute façon, il va de soi que le service d'aide juridique ou
l'aide juridique que nous avons votée vers la fin du mois de juin
dernier commande certains amendements pour rendre efficace dans son application
cette loi d'aide juridique.
J'espère que le ministre fera un excellent voyage à Ottawa
pour récupérer le plus d'argent possible de ce gouvernement ami,
et non pas de
ce gouvernement étranger, et je comprends facilement que l'argent
qu'il obtiendra du gouvernement central sera versé à l'aide
juridique en matière criminelle. En matière civile, il y va de la
responsabilité du Québec, et je suis certain que le ministre fera
les pressions nécessaires auprès de son collègue, le
ministre des Finances, afin qu'il lui accorde un budget ou des deniers
suffisants pour que les différents organismes ou corporations
régionales d'aide juridique répondent aux besoin des corporations
régionales, répondent aux besoin des justiciables.
Je me demande si le ministre établit déjà une
planification pour que nous puissions, de plus en plus, obtenir une forme de
"judicare", au Québec qui soit à l'avantage de tous les
contribuables. Je ne dis pas que nous devrions vivre ou obtenir ou mettre sur
pied une aide ou un service "judicare" semblable à celui de "Medicare",
mais c'est à la lumière de l'expérience vécue de
cette loi de l'aide juridique que le ministre pourra sans doute arrêter
une planification pour que cette excellente loi qui est mise à la
disposition des défavorisés et des gagne-petit puisse leur
permettre de bénéficier de l'expérience, de la
compétence et de tous les services juridiques que ceux qui sont plus
fortunés sont en mesure de se procurer.
Nous avons déjà adopté le principe de cette loi et,
quant à moi, si le ministre veut bien justifier la
nécessité d'augmenter de deux le nombre de commissaires, je crois
bien que l'étude de cette loi aura été
complétée à mon entière satisfaction.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le député de Portneuf me permet
de répondre à l'intervention du député de
Maskinongé? Je lui dirai que, si je demande que nous augmentions le
nombre des membres de la Commission des services juridiques de dix à
douze, c'est parce qu'avec le chiffre de dix nous nous sommes trouvés un
peu à l'étroit pour la représentation des
différents intérêts socio-économiques qui doivent
figurer à ce conseil d'administration. C'est la raison pour laquelle il
a été jugé opportun d'augmenter le nombre de membres
à douze.
M. DROLET: Justement, je voulais demander ces éclaircissements au
ministre, il vient de nous les donner. En ce qui nous concerne, nous sommes en
faveur de cette loi, qui dans l'ensemble est une loi d'amélioration. Je
suis fier d'entendre le ministre dire que les discussions qu'il a eues avec son
collègue du fédéral vont aboutir à quelque chose.
Il semble que le ministre de la Justice s'entend toujours très bien avec
son collègue du fédéral. Je profiterais de l'occasion pour
lui souligner qu'il devrait donner sa recette à certains ministres.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 1, adopté. Article 2?
Adopté. Article 3.
M. CHARRON: A l'article 3, M. le Président, j'aurais simplement
une question sur l'état actuel de l'application du bill 10. Pourquoi
l'article 3 apparaît-il maintenant, est-ce à cause des
difficultés d'application actuelles?
M. CHOQUETTE: En vertu de la loi que nous avons adoptée
l'été dernier, la Commission des services juridiques doit voir
à la création ou susciter des corporations régionales pour
dispenser les services juridiques. La commission, actuellement, fait le
recrutement des avocats et elle est en train de mettre toute cette immense
organisation sur pied dans les diverses régions du Québec. Il se
peut que dans certaines régions, pour des raisons que je ne connais pas,
on ait certaines difficultés à former ou susciter la
création de ces corporations régionales dans le délai que
s'était fixé la Commission des services juridiques. C'est la
raison pour laquelle l'article 89 a) dit que, s'il n'y a pas de corporations
régionales en existence, la commission pourra provisoirement fournir
directement les services d'aide juridique.
M. CHARRON: M. le Président, je voudrais être plus
précis. J'avais compris le sens de cet article nouveau mais je voulais
savoir dans quelle région et quels sont exactement les problèmes
auxquels s'est heurtée la commission juridique depuis le début
pour que ce soir le ministre nous arrive avec un amendement à la Loi de
l'aide juridique qui soit justifié. Il ne s'agit pas de faire un
procès d'intention, il s'agit de savoir où les difficultés
sont apparues, à cause de quoi exactement et ce qui avait
échappé à l'attention du législateur lorsque nous
avons adopté la Loi de l'aide juridique.
M. CHOQUETTE: C'est que la Commission des services s'est fixé
comme objectif le premier septembre 1973 pour avoir en place, dans toutes les
régions du Québec, des corporations qui vont donner des services
juridiques. Actuellement, comme je l'ai dit, la commission prend toutes les
mesures mais il y a beaucoup de choses à faire. Il y a le recrutement
des avocats, je l'ai mentionné, le recrutement des administrateurs; il
faut intéresser les gens, sur un plan local, aux corporations qui vont
dispenser les services.
M. CHARRON: Est-ce qu'actuellement le principal problème c'est le
recrutement des avocats?
M. CHOQUETTE: Non. Je ne dirais pas que c'est le principal
problème. C'est une foule de problèmes administratifs qui
surgissent à la fois et qui font que la commission veut être en
mesure, le premier septembre, de donner les services ou de voir à ce que
les services juridiques soient donnés dans toutes les régions du
Québec. Or, s'il devait se produire le cas où une ou deux
régions n'étaient pas pourvues de corporations dûment
formées, représentatives
des différents intérêts qui doivent s'exprimer au
conseil d'administration, la commission veut simplement être en mesure,
elle-même, d'assurer des services juridiques et ceci sur une base
temporaire.
C'est pour pallier les difficultés qui peuvent surgir en vue du
"deadline" qui a été fixé au 1er septembre 1973.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Est-ce que ces corporations régionales seront
distribuées au niveau du district judiciaire ou suivant les
régions administratives?
M. CHOQUETTE: Je pense que la commission des services juridiques prendra
sûrement en considération à la fois les régions
administratives et les districts judiciaires. Elle installera, sans aucun
doute, ses corporations régionales ainsi que ses bureaux aux endroits
où ils seront le plus facilement accessibles pour les citoyens qui
peuvent avoir des débats judiciaires à entretenir. Mais ça
ne veut pas dire que c'est exclusivement dans les centres judiciaires que
seront installés ces services.
M. AUDET: Est-ce que le ministère de la Justice s'attend à
faire une certaine publicité auprès du public pour faire en sorte
que la population sache que ces services juridiques seront accessibles?
M. CHOQUETTE: Oui, M. le Président, au moment opportun, en temps
et lieu. Quand les corporations d'aide juridique commenceront à
fonctionner, suivant le calendrier que j'ai mentionné tout à
l'heure, c'est-à-dire au 1er septembre 1973, un programme d'information
sera mis sur pied pour que les citoyens soient renseignés.
M. PAUL: Est-ce que le ministre pourrait nous dire comment se fait le
recrutement des avocats? Est-ce que c'est sur recommandation du Barreau, par la
fonction publique ou si c'est laissé à l'appréciation du
ministre et de ses conseillers quant à l'efficacité de l'avocat
recruté pour remplir les fonctions de responsable de la corporation
régionale?
M. CHOQUETTE: Le député de Maskinongé sait que la
commission des services juridiques a une large autonomie par rapport au
ministère de la Justice et par rapport au gouvernement. Ses
employés et ses avocats ne sont pas des membres de la fonction publique,
si je me rappelle bien. Par conséquent, le recrutement ne se fait pas
par les services gouvernementaux ordinaires. C'est la commission qui organise
des concours. Ainsi, j'entendais parler récemment d'un concours qui
avait eu lieu à Montréal pour recruter cinq ou six avocats pour
le bureau de l'assistance judiciaire de Montréal. On a formé un
jury, le jury a examiné les candidatures de divers avocats et on a
déterminé lesquels seraient les meilleurs pour ce genre de
travail.
M. PAUL: Je peux vous dire que celui qui a été choisi
comme responsable dans la région de Trois-Rivières est un avocat
brillant, un excellent travailleur qui jouit d'une très bonne
réputation, qui a l'estime et la confiance de ses confrères, qui
connaît les besoins de la population. Je vois que le président se
tourne vers le ministre. Je dois lui dire que, s'il a toutes ces
qualités, c'est parce que, en quelque sorte, je fus son conseiller,
puisqu'il vient de la même ville que moi, Louiseville. Vous avez
là toute la réponse.
M. AUDET: M. le Président, suivant la rémunération
des avocats que vous nommerez au service juridique rémunération
qui sera peut-être plus faible que les causes libérales qu'ils
auront à défendre, est-ce que vous avez espoir que l'assistance
juridique sera réellement désirée, poursuivie par ces
avocats? Est-ce qu'on donnera un bon service?
M. CHOQUETTE: M. le Président, il faut se rappeler que le projet
de loi que nous avons adopté prévoyait deux modes de services
juridiques. Il y a des avocats à plein temps, qui sont au service des
corporations régionales, et il y a des avocats de la pratique
privée dont les services pourront être retenus par les
justiciables. Ces avocats de la pratique privée seront
rémunérés sur une base, un tarif qui doit être
négocié entre le ministère de la Justice et des
représentants des organismes représentatifs des avocats.
A ce sujet, on m'a dit que des dispositions étaient prises
actuellement pour que ces négociations débutent dans un avenir
rapproché.
Pour ma part, je suis très sûr que les avocats qui seront
retenus à temps plein pour donner des services juridiques seront des
gens qui croiront à l'aide juridique ou à l'assistance
judiciaire. Pour répondre particulièrement à la question
du député d'Abitibi-Ouest, je suis persuadé que le
personnel juridique qui sera offert par nos corporations régionales sera
compétent, intègre et désireux de servir le public.
M. PAUL: M. le Président, sur ce point, je voudrais signaler au
ministre la nécessité qu'il y aurait d'amender la Loi de la
Législature.
LE PRESIDENT (M. Blank): C'était déjà fait.
M. PAUL: Je comprends. Disons, M. le Président, que je porte
à l'attention du ministre une recommandation que le député
de Saint-Louis nous avait déjà faite et que j'ignorais cependant.
Ce que je voudrais signaler au ministre, c'est l'opportunité et la
nécessité
d'amender la Loi de la Législature pour que les procureurs qui
siègent ici, comme les avocats qui siègent à cette
Assemblée, puissent recevoir la rémunération que
prévoira le tarif après que les négociations auront
été complétées entre le Barreau ou la
fédération.
Je sais que le coeur du ministre balance entre ces deux corporations
pour établir le tarif, mais ce qu'il est nécessaire de faire,
urgent, c'est que la Loi de la Législature permette aux avocats de
pratiquer.
M. CHOQUETTE: Le député de Maskinongé sait que, de
notre côté, nous serions favorables à des amendements
à la Loi de la Législature à l'heure actuelle. Il n'ignore
pas que nous sommes favorables à des amendements et que si nous avons
certaines difficultés à apporter certains amendements que nous
aimerions, par ailleurs, apporter, c'est peut-être en raison des
circonstances que connaît le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, puisque le ministre semble en voie de
confidences, je pourrais peut-être lui suggérer aussi de voir
à ce que toutes les professions puissent bénéficier des
avantages que les lois...
M. CHOQUETTE: Je pense que, pour les médecins, ç'a
été couvert.
M. PAUL: Les médecins vétérinaires n'ont pas
été couverts, les comptables non plus, de même que les
optométristes. Tous les membres de ces corporations professionnelles
devraient avoir le droit d'exercer leur profession et tirer
bénéfice et avantage des lois que nous votons ici, afin de ne pas
placer dans un état d'infériorité nos collègues de
l'Assemblée nationale qui en dehors des sessions peuvent continuer
à exercer leur profession.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 3, adopté. Article 4,
adopté. Article 5, adopté.
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que la
commission plénière a adopté le bill 84 sans
amendement.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Croisetière): Ce rapport sera-t-il
adopté?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Croisetière): Adopté.
Troisième lecture
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Croisetière): L'honorable ministre de
la Justice propose la troisième lecture de ce projet de loi.
Ce projet est-il adopté?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Croisetière): Adopté.
Troisième lecture. Adopté.
M. CHOQUETTE: Bill 86.
Projet de loi no 86 Deuxième lecture
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Croisetière): L'honorable ministre de
la Justice propose la deuxième lecture du projet de loi no 86, Loi
modifiant la Loi constituant le service de la police de la Communauté
urbaine de Montréal et modifiant de nouveau la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal.
Les membres de cette Chambre seraient-ils favorables à ce que
nous procédions de la même façon, adopter la
deuxième lecture de ce projet de loi?
Adopté.
L'honorable ministre de la Justice propose maintenant le fauteuil et que
la Chambre se forme en commission plénière pour l'étude de
ce projet de loi.
Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
Commission plénière
M. CHOQUETTE: M. le Président, quelques brèves
explications sur ce projet de loi. Vous vous rappelez que nous avons
adopté, au mois de décembre l'année dernière, le
bill 281, c'est-à-dire la loi qui amendait la Loi de la
communauté urbaine de Montréal et qui créait le service de
police de la Communauté urbaine de Montréal. Je vous dirai que je
suis agréablement surpris du bill 281 tel que nous l'avons adopté
l'année dernière. Il s'agissait incontestablement d'un sujet
extrêmement complexe que celui d'organiser ce processus
d'intégration de 25 corps policiers et c'était rempli de toutes
sortes d'embûches. Cependant, il n'est pas étonnant qu'à
vivre cette intégration de la police sur l'île de Montréal
nous ayons rencontré certaines difficultés d'ordre juridique
auxquelles il s'agit de remédier par le projet de loi que je vous
présente ce soir. Pour être tout à fait bref, je
résumerai les points principaux de ce projet de loi.
Tout d'abord, quant aux policiers de banlieue, on se rappellera que
ceux-ci étaient soumis à certains examens par la Commission de la
fonction publique. Ces examens ont eu lieu, les résultats sont connus
pour la plupart des municipalités de banlieue. Cependant, certains
officiers ont subi des rétrogradations.
M. PAUL: Vous ne voulez pas parler plutôt de la Commission de
police?
M. CHOQUETTE: C'est ça, de la Commission de police.
M. PAUL: Très bien.
M. CHOQUETTE: Certains officiers de banlieue ayant subi des
rétrogradations et ayant indiqué leur intention d'aller en appel
devant la Commission de police, il se fait que, suivant le projet de loi que
nous avions adopté l'année dernière, cette
procédure retarde l'intégration des agents et des officiers de
police de banlieue à la convention collective qui a été
négociée entre la Fraternité des policiers et le Conseil
de sécurité publique. Or, si nous devions nous en tenir au projet
de loi 281, tous les policiers de banlieue que ce soit des agents ou des
officiers, étant donné ces appels inscrits à la Commission
de police, ne pourraient pas bénéficier des avantages que leur
offre la convention collective, qui, d'ailleurs, doit les couvrir puisque
c'était ce que le législateur avait prévu.
Avant que l'année 1972 ne se termine, il devient impérieux
je pense, pour le législateur de faire en sorte que les agents et les
officiers de banlieue bénéficient, rétroactivement au 1er
janvier 1972, des conditions de traitement et des autres conditions qui ont
été négociées lors de la convention collective
intervenue entre la fraternité et le conseil de sécurité.
Ceci représentera un avantage immédiat pour ces agents et
officiers de banlieue, dans le sens qu'ils recevront un montant d'argent auquel
ils ont droit. Nous ne retardons pas la remise de cette somme à plus
tard. J'ajouterai finalement que c'est un avantage fiscal pour eux, puisqu'ils
pourront être payés au cours de l'année 1972 plutôt
que d'être payés en 1973 alors qu'évidemment les
conséquences au point de vue de leur impôt sur le revenu seraient
beaucoup plus considérables. Ceci est un des premiers objets du projet
de loi, remédier â cet obstacle qui existait en vertu du bill 281
et qui nous empêchait d'intégrer à la convention collective
des agents et des officiers de banlieue qui, par ailleurs, auraient droit aux
avantages de la convention collective négociée.
Un deuxième point que traite le projet de loi, c'est que les
questions de fonds de pension ne sont pas encore réglées entre le
conseil de sécurité et la fraternité des policiers. On
sait qu'il y a divers systèmes de fonds de pension qui existent dans les
municipalités. La discussion sur l'intégration de ces fonds de
pension est une matière extrêmement difficile, extrêmement
technique et, par conséquent, qui prend du temps.
Pendant la période où il est impossible de régler
concrètement l'intégration de ces fonds de pension et de prendre
une décision définitive sur le fonds de pension qui couvrira
l'ensemble des policiers intégrés, il se fait qu'en raison du
bill 281, il est impossible au conseil de sécurité d'engager des
policiers parce qu'il ne pourrait pas, en vertu du bill 281, situer ces
nouveaux policiers dans un fonds de pension, que ce soit celui de l'Association
des policiers provinciaux, l'Association des policiers de Montréal ou un
des fonds de pension municipaux.
Par conséquent, le projet de loi prévoit que les nouveaux
policiers qui seront engagés au cours de 1973 et par la suite, si les
questions ne sont pas réglées, seront provisoirement soumis ou
bénéficieront provisoirement des conditions du fonds de pension
des policiers de Montréal. La question sera ultérieurement
tranchée lorsque des discussions entre le conseil de
sécurité et la fraternité dess policiers aura
résulté un accord sur la formule de fonds de pension qu'il
conviendra de donner aux policiers de Montréal.
Troisièmement, le projet de loi traite de la négociation
d'une convention collective entre les brigadiers scolaires et la
communauté urbaine. On sait peut-être que la police est
aidée, dans ses fonctions, par un certain nombre de brigadiers
scolaires. A l'heure actuelle, la convention collective des brigadiers
scolaires est une matière qu'il convient d'autoriser la
communauté à négocier et conclure parce que, dans le bill
281, nous n'avions prévu que le cas des fonctionnaires se trouvant dans
le syndicat des fonctionnaires municipaux. Nous avions oublié les
brigadiers scolaires, et étant donné qu'il faut donner à
ces brigadiers scolaires l'occasion de conclure une convention collective avec
les autorités, nous avons fait en sorte que la communauté urbaine
soit habilitée à négocier une convention au sujet de ces
brigadiers scolaires.
Je tiens cependant à dire, sans vouloir soulever de débat,
que nous avons donné à la communauté urbaine le droit de
négocier cette convention collective plutôt qu'au conseil de
sécurité parce qu'il avait été prévu, dans
le bill 281, que les fonctionnaires seraient réglés par
convention collective avec la communauté urbaine et non pas avec le
conseil de sécurité.
Par conséquent, ne voulant pas modifier le statu quo actuel,
changer les principes administratifs fondamentaux qui ont été
institués dans le bill 281, parce que ceci me semblerait
prématuré à l'heure actuelle, nous avons plutôt
opté pour donner le droit à la communauté urbaine de
négocier cette convention collective avec le syndicat qui
représente les brigadiers scolaires.
Mais on connaît les débats qui existent à
Montréal sur les structures de la communauté, la structure du
conseil de la sécurité publique, les pouvoirs respectifs de ces
organismes. Je tiens à dire à la Chambre que je
m'intéresse à ce problème mais que je ne suis pas en
mesure de le régler et que je ne voudrais pas essayer de le
régler à l'heure actuelle.
Mais suivant l'expérience qui sera vécue d'ici les
prochains mois, il nous sera possible de prendre les décisions, en
matière de structure et d'autorité, soit de la communauté,
soit du conseil de sécurité. Mais pour le moment, je n'ai pas
voulu modifier la situation telle qu'elle avait été
conçue, au moins dans ses grands principes, par le bill 281.
Finalement, M. le Président, le bill autorise
le lieutenant-gouverneur en conseil à décerner à la
Communauté urbaine de Montréal, pour les fins de son service
policier, une subvention annuelle n'excédant pas $3 par habitant du
territoire de la communauté.
A ce sujet, on sait que le nombre d'habitants sur le territoire de la
communauté est d'environ deux millions quelques cent mille. Par
conséquent, le lieutenant-gouverneur serait autorisé à
accorder une subvention annuelle, pour l'année 1972 ou pour toute
année subséquente, pour les fins du service de la police
intégrée.
Je ne veux pas revenir sur ce sujet plus longtemps qu'il ne faut. J'en
ai parlé à la communauté urbaine. J'ai répondu
à des questions du député de Lafontaine sur cette question
en Chambre. Je ne promets pas de subvention, mais s'il nous est possible,
à l'intérieur de nos propres contraintes budgétaires, de
faire bénéficier la Communauté urbaine de Montréal
d'une subvention pour son service policier, le lieutenant-gouverneur en conseil
y donnera suite.
M. SEGUIN: M. le Président, sur cet article no 5, en ce qui
concerne la subvention de $3, est-ce que le ministre pourrait me dire sur quoi
il s'est basé pour déterminer les $3? Première question.
Etant donné les problèmes qui existent, puisqu'il y a une
majoration entre les propos qui ont été tenus au début en
1969, à l'effet que les services de sécurité de la police
de Montréal coûteraient dans les environs de $53 millions,
qu'à la deuxième année, c'est passé à $84
millions et qu'aujourd'hui, c'est rendu à $97 millions... Est-ce que les
$3 que le ministre offre ne seraient pas versés sans qu'on fasse une
enquête complète sur la façon dont les sommes sont
dépensées au point de vue de la sécurité? Voici mes
questions. Pourquoi $3 par tête, pourquoi une subvention sans savoir
où va l'argent?
M. CHOQUETTE: M. le Président, le pourquoi des $3 par tête
s'explique de la façon suivante: J'ai examiné les services que
fournit la police de la Communauté urbaine de Montréal. J'en ai
fait un examen avec le président du conseil de sécurité.
Ainsi, nous avons pu déterminer que le service de la police de la
communauté urbaine a des services dans le domaine du terrorisme, dans le
domaine de la subversion, dans le domaine du crime organisé, dans le
domaine de l'application d'un certain nombre de lois ou d'activités qui,
à mon sens, n'intéressent pas exclusivement un corps de police
municipal. Parce qu'il ne faut pas oublier que le corps de police de la
Communauté urbaine de Montréal comporte 5,000 hommes, 5,000
hommes et plus, et qu'il est le corps de police le plus important, par le
nombre, du Québec. Il est plus important, par le nombre, que la
Sûreté du Québec par exemple. Alors, j'ai toujours dit en
cette Chambre, et je le répéterai toujours, que je ne peux pas
considérer la police de Montréal comme un corps exclusivement
municipal. Je ne peux pas considérer la police de Montréal comme
un corps exclusivement municipal. Je ne peux pas traiter cette police
intégrée, cette force policière importante et qui a une
fonction extrêmement délicate à remplir parce que
Montréal est souvent le lieu de la contestation, est souvent le lieu le
plus violent de la contestation au Québec je ne peux pas me
résigner à accepter que l'on ravale le service de la police de
l'île de Montréal à une force purement municipale.
Et c'est la raison pour laquelle, sur le plan des principes, je suis
d'avis, je le répète et je ne m'en cache pas que, le gouvernement
du Québec a un devoir financier à l'égard de la police de
Montréal. C'est pour donner suite à ce devoir financier que j'ai
proposé la possibilité de cette subvention de $3 par tête
qui arriverait à environ $6 millions. Parce que mes calculs avec le juge
Coderre, président du conseil de sécurité, m'ont
amené à la conclusion qu'on pouvait raisonnablement dire que le
corps de police intégrée rendait des services que l'on pouvait
considérer d'intérêt québécois au moins
jusqu'à concurrence de $6 millions.
Maintenant, si je ne suis pas en mesure de donner la subvention ou
d'engager le gouvernement à la donner.
Je pense que le député de Robert-Baldwin et tous les
honorables députés qui m'écoutent sont parfaitement au
courant que cela n'est pas de la mauvaise volonté, que ce sont
simplement nos propres contraintes budgétaires.
Je veux répondre à la deuxième question du
député de Robert-Baldwin. Il demande: Comment se fait-il aue les
coûts de la police ont crû depuis 1969, qu'ils ont
dépassé certaines prévisions? Je pense que M. Lucien
Saulnier nous faisait ici, en 1969, lorsqu'il nous parlait de $50
millions...
M. SEGUIN: ... de $48 millions par M. Saulnier; $53 millions par M.
Lussier, et c'est passé à $84 millions dans un an et ensuite
à $97 millions.
M. CHOQUETTE: Le député de Robert-Baldwin me dit: Comment
se fait-il que les coûts de la police ont crû dans ces proportions
depuis 1969, date de la formation de la Communauté urbaine de
Montréal? Je ne suis pas responsable de la politique financière
et de la politique législative...
M. SEGUIN: C'est cela.
M. CHOQUETTE: ... de l'ancien gouvernement, en 1969.
M. SEGUIN: C'est cela.
M. CHOQUETTE: J'ai pris un état de choses déterminé
lorsque j'ai assumé les responsabilités du ministère de la
Justice. Et ce que j'ai fait l'année dernière, quand nous avons
adopté le
bill 281, a été une tentative de rationaliser
l'administration de la police, de mettre l'administration dans les mains d'un
corps unique au lieu d'avoir 25 centres de décision qui rivalisaient les
uns avec les autres. Cela permettait l'accroissement des frais.
C'est sûrement un effort de compression de la croissance des
dépenses que le gouvernement actuel a fait malgré que j'en
suis parfaitement conscient dans l'opinion publique je subis les
contrecoups de certaines erreurs qui ont été faites
antérieurement.
Je l'ai dit l'année dernière. J'en étais
parfaitement conscient lorsque nous adoptions le bill 281 et je pense que
l'Assemblée nationale a bien fait de l'adopter. Si nous avions
reculé devant notre devoir je le dis comme ministre de la Justice
si nous avions remis l'intégration de quelques années, je
pense que la situation financière des contribuables de l'île de
Montréal aurait été bien plus dramatique en 1974, 1975 et
1976.
Par conséquent, même s'il y a des difficultés
politiques à soutenir l'intégration de la police de
Montréal, je vais continuer à la soutenir. Non seulement ceci
représente, à mon sens, des avantages financiers, que j'ai
expliqués tout à l'heure, mais je pense qu'un commandement unique
assure à long terme une meilleure protection aux citoyens de
Montréal, où qu'ils se trouvent.
Je ne répudie pas l'ancienne politique et je ne voudrais pas que
le député de Maskinongé prenne ce que je dis pour une
critique intégrale de la politique de l'ancien gouvernement. Mais je
trouve que l'ancien gouvernement a eu tort de ne procéder qu'à
l'intégration des budgets de la police. Je crois qu'on a adopté
une demi-mesure, en 1969, qui a ouvert une espèce de cratère
favorisant l'accroissement des dépenses. Et c'est ce cratère
qu'il s'agit de combler aujourd'hui pour faire en sorte je ne dis pas
diminuer les dépenses de la police, c'est une impossibilité
au moins que le rythme de croissance des dépenses de la police
sur l'île de Montréal soit raisonnable.
C'est ce que je répondrais au député de
Robert-Baldwin.
M. SEGUIN : Je pense que le ministre vient de toucher à la chose.
Il s'agit des implications des coûts du corps de police de
Montréal. Ce sont ses commentaires et c'est là-dessus que je
ferai les miens.
Je me souviens des débats de 1969 et des estimations du ministre
pas le ministre actuel mais le ministre des Affaires municipales qui
préconisait la loi de la communauté urbaine à ce
moment-là. Nous avons entendu M. Saulnier, le roi de la finance, dire:
Cela coûtera $48 millions, et vous des banlieues, vous des autres
communautés autour, vous êtes stupides si vous pensez que le fait
d'intégrer la police dans la région de Montréal
coûtera plus cher. C'est un non-sens. Je regarde autour de moi, je vois
des gens qui étaient alors présents. Le ministre, en tête,
disait: $48 millions, c'est peut-être risqué un peu.
Le ministre du temps, le Dr Lussier, disait: Ce sera $53 millions pour
la première année et, à cause des ajustements, ce sera $55
millions la deuxième année. C'est parfait. La Chambre a
été vendue sur cette base, on a acheté la proposition de
$53 millions pour la première année et de $55 millions pour la
deuxième année, mais ce n'est pas du tout là le
problème. C'est que, la première année, c'est passé
à $53 millions ou $55 millions, la deuxième année c'est
passé à $84 millions et nous sommes rendus à $97 millions
et là on veut subventionner je dis que c'est un non-sens, que
c'est une stupidité un gaspillage. C'est cela que je dis. Je
présenterai une motion en Chambre pour avoir une enquête royale,
si nécessaire, une enquête sur toute cette question de
dépenses de police. Je n'en veux pas aux corps de police, je n'en veux
pas aux officiers de police, je voudrais qu'ils fassent leur travail, mais,
messieurs de la Chambre, pensez-y pour un instant, si vous votez une loi
basée sur des estimations de $48 millions ou de $50 millions, qu'on
arrive deux ans plus tard et que c'est quasi le double, il faut que vous
pensiez à cela. Ce n'est pas une subvention de $3, $5, ou $6 par
tête qui va aider, c'est du bon argent que l'on verse dans du mauvais
parce qu'il y a une administration qui n'est pas saine. Il faudrait voir
à cela, il faudrait faire enquête et savoir où va cet
argent et dans quel sens vont les dépenses. Pour la police, pour le
service, pour la protection du citoyen, j'en suis, mais je n'accepte aucun
lavage. Je vous le dis ouvertement, il n'y a pas de blanchissoir qui passera
là-dessus.
Il n'y a aucune raison, il faut vivre dans cette communauté pour
savoir ce qui en est, les dépenses qui se font, les dépenses
folles, c'est le plus grand bureau d'embauchage de la province, du Canada. Si
vous voulez parler à quelqu'un qui s'y connaît dans la
communauté, je vais vous en parler. Je dis que cette Chambre a
été induite en erreur, et je n'accepte pas qu'on l'induise en
erreur ou qu'on apporte un autre règlement pour la tromper davantage
parce que c'est du bon argent que l'on verse vers du mauvais.
C'est très sérieux, quand une municipalité de
banlieue que je représente je ne parlerai pas des autres
avec 30,000 de population à $260 millions d'évaluation. Calculez
les taxes que cela rapporte à la province et cette banlieue est
censée payer deux fois et demi le prix que cela coûtait pour un
service de police adéquat, un service de photographie, un service
d'empreintes, un service d'investigation, un service de protection à
domicile. Or, on nous renvoie avec la moitié moins de voitures, avec
moins de service d'ambulance, avec moins d'individus, de 60 à 48 ans, et
cela nous coûte à ce moment-ci $1,500,000 pour ce qui nous
coûtait $700,000. Non. Il y a une limite à cela, c'est assez.
Nous
n'acceptons plus ces règlements et je condamne n'importe quel
gouvernement d'affecter $3 de plus ou $5 de plus pour subventionner un service
de ce genre-là. Qu'on enquête où vont les dépenses,
où va 1 argent, comment se fait-il qu'on dépense cet
argent-là?
M. le ministre, vous n'êtes pas responsable, ce n'est pas votre
bill, c'est très bien. Ce n'est pas vous que j'accuse, ce n'est pas le
gouvernement que j'accuse, mais je dis ici en toute liberté, devant une
Chambre de membres responsables, "and if you want me to talk English, you are
going to get it a lot harder, I can assure you. I am talking in a language
which is not mine maybe right now. I am doing my darn best to try and talk when
convinced..."
Je m'excuse, mais c'est sérieux. Ce n'est pas souvent, à
cette Chambre, que nous ayons un plaidoyer semblable. Ecoutez donc vos
banlieues, voyez les dépenses qui se font à ce moment-ci, par ces
banlieues pour le service.
Qu'aurait-il fallu par exemple, pour rattacher tous ces corps de police,
pas 29, pas 25, pas 20, pas 15, les réduire en nombre, faire une
restructuration, employer nos communications, employer un système des
plus efficaces au point de vue des communications, circuit fermé de
télévision, etc. pour tout relier ces corps ensemble, mais il ne
fallait pas nous obliger, nous assujettir à des coûts tels qu'on
en a aujourd'hui. Il y a une limite. Franchement, que vous soyez de la
Gaspésie, de Chicoutimi, des Cantons de l'Est, ou de n'importe
où, c'est un tétage à ce moment-ci en ce qui concerne la
police de Montréal. Je prie et je demande avec ardeur au gouvernement
d'établir une enquête, mais pas une enquête maison. J'ai
confiance aux gens de la province pour faire l'enquête, mais on devra
aller là où il faudra chercher les hommes
désintéressés qui auront plein pouvoir de faire
enquête sur ces dépenses. Je ne parle que de la police, parce que
je pourrais aller à la Communauté urbaine, à part cela. Le
gouvernement métropolitain, oui, nous en sommes; services de police
intégré, oui, nous en sommes, en ce qui concerne la
détection du crime, quand il s'agit de courir d'un pont à
l'autre, d'une maison à l'autre, d'une rue à l'autre, pour
retracer un voleur, un criminel, un meurtrier. Mais pour l'amour du ciel,
pensez donc à la police comme étant 90 p.c. d'un service de
protection du citoyen. C'est ce qui est important et c'est ce que vous enlevez
en rattachant tout au crime. Faites votre bureau spécial de
détection du crime, payez des subventions pour cette détection.
Mais, au moins, laissez aux citoyens de la région de Montréal
leurs mesures de protection, leur assistance et tout ce qui va avec la police
municipale. Je ne plaide pas du tout la cause d'un démembrement du corps
de police, non; une assimilation, soit mais pas au prix de $97 millions tel que
le budget nous le demande. Moi, ici, je parle comme administrateur local, tout
comme d'autres maires. Il y en a 28 autres, je ne parle pas du 29e, parce qu'il
dépense l'argent comme un soldat ivre, vous savez de qui je veux parler,
mais je parle de ceux qui assument des responsabilités dans chacune des
municipalités qui ont à coeur de voir à contrôler
les prix, à contrôler les coûts, à coeur de fournir
à leurs citoyens une protection valable. Ce n'est pas tout de
pourchasser le criminel, celui qui vole, qui défonce une banque, celui
qui commet un meurtre, ça, c'est un service particulier. Mettez cela
ensemble. Mais le service à domicile, chez celui qui s'en va en voyage
en fin de semaine, pour protéger sa maison, pour vérifier les
portes, c'est important, et celui qui va avoir la courtoisie de
reconnaître les citoyens, qui paient son salaire, donnez-lui donc une
chance. C'est là qu'on met tous les oeufs dans le même panier
à ce moment-ci. C'est ce qu'on fait avec ce système
d'intégration au coût de $97 millions, j'en pleure. Franchement,
pensez-y. Pensez-y. C'est une dépense et ne mettez pas du bon argent
à travers le mauvais.
Promettez-le, mais ne le donnez pas, s'il vous plaît. Ne le donnez
pas.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je crois quand même que les
propos du député de Baldwin ou peut-être même du
maire de Pointe-Claire je pense qu'il parle plutôt comme maire de
Pointe-Claire ce soir méritent d'être remis dans leur
contexte. Si le député de Baldwin veut tenir le gouvernement
actuel responsable de la croissance des coûts, je crois qu'il est
à la mauvaise adresse.
M. SEGUIN: Vous me permettrez un commentaire, M. le ministre, avant
d'aller plus loin. Je ne tiens pas le gouvernement responsable d'une chose ou
d'une autre. Ce que je dis à ce moment-ci, à l'occasion de ce
bill, c'est que nous, les élus dans chacun de nos comtés, nous,
législateurs du Québec, nous élus avec chacun son droit,
avec chacun sa majorité, pensons-y. Je ne veux pas un geste
gouvernemental, s'il vous plaît, M. le ministre, je ne voudrais pas que
ce soit attribué comme ça.
Vous avez un problème immense à la communauté.
N'attribuez pas cela au gouvernement actuel ni au gouvernement passé,
mais plutôt aux faits et aux circonstances qui ont voulu qu'on en arrive
à cette situation. Essayons donc d'être hommes d'affaires, sans
parti pris, sans se tracer une ligne de parti. Qu'on y pense, que le
contribuable soit riche ou pauvre.
Il s'agit de fournir à chacun de ces citoyens une protection
adéquate. Ce n'est pas un geste du gouvernement, c'est un geste de cette
assemblée, Messieurs, je vous le demande. Ce n'est pas un geste d'un
ministre ou une politique gouvernementale. Sans cela, je devrais
peut-être suivre une ligne de parti. On me permettra peut-être,
à un certain moment, de m'adresser à l'assemblée quand je
parle.
M. PAUL: Vous n'êtes pas dans l'Opposition. Vous ne vous faites
pas bâillonner.
M. SEGUIN: Non, je ne suis pas dans l'Opposition, mais j'ai le droit de
renseigner le gouvernement. Il me semble que c'est mon premier devoir.
M. CHOQUETTE: Je tiens à dire au député de
Robert-Baldwin que, pour ma part, je suis aussi sensible que lui aux
répercussions sur les contribuables de ces mesures et que les mesures
administratives que nous prenons visent justement à tenter de
réduire la croissance des coûts policiers.
M. SEGUIN: Pour quelle année?
M. CHOQUETTE: Pour toutes les années. Mais on a pris une
situation dans un état.
M. MARCHAND: Cela fait assez longtemps que la ville de Montréal
protège toutes les villes aux alentours de Montréal.
M. CHOQUETTE: Le député va me laisser terminer. C'est donc
que nous avons hérité d'une situation déterminée et
il a fallu prendre les mesures administratives voulues pour tenter de la
régler. Quand même le député de Robert-Baldwin
regretterait l'incidence financière sur ses contribuables, le fait est
que la police est intégrée maintenant et qu'il faut que tout le
monde la supporte d'une façon égale à travers l'île
de Montréal.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank) : Le député de
Verdun.
M. CARON: M. le ministre, je sais que nous sommes devant un fait
accompli. J'ai vécu en tant que conseiller municipal. Depuis
l'intégration, depuis le 1er janvier 1972, nous sentons un
ralentissement de la protection dans les villes de banlieues. Je parle de la
ville de Verdun. Je sais, encore là, que je ne peux pas blâmer
l'Opposition du temps. Il y avait des problèmes financiers pour aider la
ville de Montréal. Ils ont fait pour le mieux et j'imagine que, si nous
avions été au pouvoir, nous n'aurions probablement pas fait
mieux.
Encore là, je ne blâme pas le ministre, mais
j'espère que les villes de banlieues auront la même protection. Je
vous parle de Verdun parce que je vis à Verdun. Si on veut avoir des
services, il faut que le directeur actuel s'adresse au directeur de la police
de Montréal, qui est de la communauté urbaine, pour avoir des
automobiles, pour avoir des services. Nous avons moins de services depuis
janvier 1972 et j'espère que le ministre prendra les moyens pour que les
villes de banlieues aient les mêmes services que Montréal.
Je crois qu'il n'est pas raisonnable qu'on ait à payer des
coûts additionnels, dans les villes de banlieue, et qu'on ait moins de
services.
M. le ministre, j'espère, je sais que la chose n'est pas facile
pour vous... Je ne blâme pas les policiers non plus, avec les
années actuelles et les contrats collectifs qui sont
négociés... Même s'il faut payer plus cher tout
augmente, les contribuables de Verdun comprennent cela j'espère
qu'ils auront les services qu'ils avaient avant d'être
intégrés au 1er janvier 1972.
Un instant, s'il vous plaît. Je peux vous dire qu'à la fin
de juillet, au début d'août, un exemple seulement. Verdun a dix
automobiles mais, avec le nouveau mécanisme nous avions seulement deux
automobiles et une ambulance pour patrouiller toute la ville de Verdun. A
certains moments, il y avait quatre policiers pour patrouiller, durant la nuit,
dans une ville de 92,000 habitants.
J'espère donc, M. le Ministre, que vous prendrez toutes les
mesures pour donner satisfaction aux contribuables de Verdun et aux autres
villes de banlieues de l'île de Montréal.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Le député de
Laurier.
M. MARCHAND: M. le Président, je suis extrêmement heureux
de la loi qui est présentée, de même que, je le pense, les
électeurs de la ville de Montréal, tous ceux qui depuis de
nombreuses années sont la vache à lait de l'île de
Montréal et de la province de Québec. Ils ont subventionné
toute la province et ils payent des taxes à tous les points de vue.
Aujourd'hui il arrive qu'on intègre la force policière de la
ville de Montréal, qu'on intègre les pompiers de la ville de
Montréal, qu'on intègre quoi que ce soit. Il est à peu
près temps que cela se fasse. Avant, on payait pour tout. Je pense que
mes électeurs, qui sont locataires, propriétaires et quoi que ce
soit, sont quand même tannés de payer pour tous les "suburbs".
Comme je suis dans un comté bilingue, je suis fier de dire les
"suburbs". Il faut en venir à un fait accompli. Le fait accompli est que
les "suburbs" de la ville de Montréal ont joui de privilèges
depuis plusieurs années. Je suis d'accord avec le ministre de la
Justice, qui, aujourd'hui, présente une loi qui rend justice à la
population de Montréal, qui est quand même la vache à lait
de l'île de Montréal. Je suis heureux M. le ministre, que vous
donniez raison à cette population qui toujours s'est plainte. Maintenant
ses taxes seront légalisées, urbanisées à tous les
points de vue. M. le ministre, je suis heureux, de même que toute la
population du comté de Laurier, qui est une population de travailleurs,
d'ouvriers avec du coeur plein le ventre. Mais ils sont tannés de payer
pour tout le monde. Aujourd'hui ils vont payer juste pour eux. Je pense qu'ils
n'auront pas de rabais de taxe, c'est impossible aujourd'hui, mais ils n'auront
pas de hausse de taxe. Ceux qui, depuis de nombreuses années, jouissent
de taux privilégiés vont s'abaisser à notre niveau. M. le
ministre, je vous félicite de cette loi, de même que nos
électeurs du comté de Laurier, les locataires, les petits
bonhommes comme moi, le petit monde. Ceux
qui se pensent plus fins que nous autres, ils s'en viendront mais ils
vont s'apercevoir de ce qu'ils sont. Ils vont être avec nous autres parce
qu'on les protège. M. le ministre, je vous félicite de cette loi
parce que vous protégez les gens de Montréal. Pour une fois la
vache à lait de l'île de Montréal est
protégée et je vous en félicite.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, ce n'est pas la
première fois ce soir que nous parlons de la Communauté urbaine
de Montréal. Je me rappelle très bien que, lorsque l'ancien
gouvernement a établi cette communauté urbaine, nous
étions dans l'Opposition. Nous avions fait un débat de plusieurs
jours relativement à cette loi et à l'établissement de la
Communauté urbaine de Montréal. Dans ce temps, il ne paraissait
absolument évident que les citoyens de la Communauté urbaine de
Montréal avaient ressenti que la région de Montréal avait
des problèmes communs et que ces problèmes devaient trouver une
solution commune à toute la région et, politiquement parlant, la
communauté, en principe, était acceptable par tous les citoyens.
Après avoir discuté au niveau théorique de
l'établissement de cette communauté, voilà que tout
à coup, d'une façon très précipitée, nous
l'avons établie pour aider immédiatement Montréal à
résoudre son problème financier.
Il nous a semblé dans le temps, lorsque nous étions dans
l'Opposition, que le gouvernement n'avait pas les finances voulues pour
subventionner Montréal et qu'il trouvait plus pratique et plus
élégant de le faire en établissant la communauté,
en obligeant les banlieues à financer toute la région.
Depuis ce temps, M. le Président, les prévisions que nous
avions établies se sont avérées vraies en ce sens que les
coûts ont constamment augmenté, que ce soit au niveau de la police
ou au niveau des autres services. Les coûts semblent,
premièrement, hors de proportion des services qui sont rendus aux
banlieues et, deuxièmement, on ne semble pas pouvoir les contrôler
pour les années à venir.
Je comprends très bien que le ministre de la Justice fait son
possible, mais je crois que c'est le temps pour lui de faire preuve de beaucoup
d'imagination, comme au gouvernement d'ailleurs, parce que c'est une situation
qui, à la longue, sera dommageable pour toute la région de
Montréal.
Enfin, qu'est qui arrive? Je crois que les problèmes
administratifs de Montréal étaient sérieux. Le coût
des services de la ville de Montréal est excessivement dispendieux
à cause de la grandeur de la ville, de son importance et des centaines
et des milliers d'employés qui y sont engagés. L'administration
de Montréal est pratiquement sans autorité en ce sens que
l'autorité est très diffuse, les contrats de travail sont de plus
en plus complexes et les coûts deviennent prohibitifs.
Même si cette loi a voulu aider la ville de Montréal, je
crois que, à la longue, elle ne fera qu'étendre à toute la
région économique de Montréal les difficultés
administratives qui se trouvaient exclusivement à Montréal dans
les années passées. Contrairement au député de
Laurier, je dis que même si, actuellement, les banlieues payent pour
Montréal, ça ne résoudra pas la difficulté que nous
aurons, dans l'avenir.
Les problèmes antérieurs de Montréal deviendront,
dans très peu d'années, les problèmes de toute la
communauté si on ne fait pas preuve d'imagination pour trouver une
solution pratique et si on ne modifie pas profondément la
Communauté urbaine de Montréal telle que nous la connaissons
présentement.
M. PEARSON: M. le Président, j'aurais seulement une question
à poser au ministre. J'ai l'impression que, quand un ministre
présente une loi, s'il fait ça sérieusement, c'est qu'il a
dû l'analyser et y penser d'abord. Nous les députés, comme
simples députés, n'avons peut-être pas l'expérience
de certains députés maires qui ont soulevé certaines
questions. Les questions qui ont été posées par le
député de Robert-Baldwin et de Verdun ont semblé mettre le
point sur le fait que, actuellement, il y avait peut-être moins de
services avec l'intégration des corps de police et que le coût
était double.
Comme député, j'aimerais bien que le ministre puisse
répondre à ça. Pourquoi les coûts ont-ils
doublé, s'il est vrai que les services ont diminué d'une certaine
façon? Où va la différence?
M. CHOQUETTE: Les coûts ont sûrement augmenté dans
diverses villes de banlieue. C'est manifeste parce que le budget de la police
de Montréal est maintenant réparti à la grandeur de
l'île et tous les budgets sont intégrés. Par
conséquent, des villes de banlieue qui, avant l'intégration,
avant la création de la communauté urbaine, payaient des
coûts policiers de 50 p.c. inférieurs à ceux qui
étaient payés par les citoyens de Montréal, ont
été ramenées au niveau des citoyens de la ville de
Montréal.
Par conséquent, il est indéniable, M. le
député, que, dans les banlieues, il y a eu une
répercussion fiscale douloureuse.
Deuxièmement, au point de vue du service, je ne crois pas que le
service ait diminué dans les banlieues, parce que le bill 281,
adopté l'année dernière, prévoyait que tous les
hommes, les automobiles et le matériel restaient en place tant et aussi
longtemps que le plan d'intégration des ressources humaines et
matérielles n'était pas adopté selon la procédure
fixée, par le conseil de sécurité politique et par la
suite par la Commission de police.
Pour le moment, c'est le statu quo dans l'île de Montréal
au point de vue des services policiers, excepté que les hommes de la
police
de Montréal vont prêter main forte dans certaines
municipalités lorsqu'on les demande, or je pense que le
député de Baldwin, qui a exprimé le cri du coeur du maire
de Pointe-Claire tout à l'heure, va reconnaître avec toute sa
bonne foi je reconnais que son intervention n'était nullement
dirigée contre moi ni contre le gouvernement, je ne l'ai pas prise dans
ce sens-là et je ne crois pas qu'il a voulu s'exprimer dans ce sens
que récemment il y a eu des problèmes policiers dans sa
municipalité. Il y a même eu un décès survenu
à la suite d'une fusillade et qui fait l'objet d'un examen par le
coroner, mais il y a eu en somme des hommes dépêchés de la
police de Montréal pour prêter main forte à Pointe-Claire.
Par une utilisation plus rationnelle des hommes du service de police de
l'ensemble de l'île de Montréal, je crois donc qu'on pourra
arriver, M. le député de Saint-Laurent, à donner une
meilleure protection policière dans l'ensemble de l'île, qu'on
pourra en somme assurer avec plus d'efficacité la protection des
citoyens.
Le député de Baldwin formulait une inquiétude tout
à l'heure, et je suis avec lui sur cela, je reconnais qu'il avait un
point valable. Il s'inquiétait de voir la police de l'île de
Montréal devenir service bureaucratique immense, anonyme, où le
citoyen ne se retrouve plus. Ce n'est sûrement pas l'intention du conseil
de sécurité ou du chef de la police, M. Daignault, de
détacher ou couper le cordon ombilical entre les policiers de
Pointe-Claire et leur maire et les citoyens de Pointe-Claire. Je pense que le
fait que ces gens soient habitués à la région de
Pointe-Claire fait que, dans le plan d'intégration, on
considérera que leur vocation naturelle est de rester à
Pointe-Claire où les citoyens les connaissent et où ils
représentent une certaine sécurité physique et
psychologique pour les citoyens.
Je reconnais que le député de Baldwin avait raison
lorsqu'il parlait de cette dimension du problème, mais c'est une
dimension dont il faut tenir compte dans le plan général
d'intégration.
M. PEARSON: Autre question, M. le Président, une question.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Portneuf.
M. DROLET: M. le Président, en ce qui concerne...
M. PEARSON: Une question supplémentaire au ministre. Je posais
cette question parce que, dans mon milieu, je n'ai pas l'impression que les
services ont diminué. J'ai l'impression nette cependant que les
coûts ont augmenté et ont doublé. Mais, étant
donné les questions des deux députés, je voulais avoir la
réponse du ministre.
Une autre question du député de Robert-Baldwin donnait
l'impression que l'intégration des corps de police se trouvait à
former ni plus ni moins une espèce de bureau d'embauchage,
c'est-à-dire un surembauchage de policiers, j'aimerais que vous puissiez
répondre à cette question.
M. CHOQUETTE : Je suis content que le député de
Saint-Laurent pose cette question. L'année dernière,
première année de l'intégration réelle de la
police, le conseil de sécurité n'a pas engagé un seul
policier. Il n'y a pas eu l'engagement d'un seul policier l'année
dernière.
Cette année, étant donné qu'on me questionne sur
cela et que j'ai été mis au courant de certaines discussions
à l'intérieur du conseil de sécurité, je sais qu'on
essaie de réduire dans la mesure du possible les engagements de nouveau
personnel policier. Le problème de la croissance des coûts de la
police ne se produit peut-être pas au niveau de la police
elle-même, et c'est là que j'aimerais lancer le
député de Robert-Baldwin sur une autre piste. Qui dirige la
Communauté urbaine à Montréal? Qui la dirige depuis
longtemps? Faites donc porter vos attaques au bon endroit plutôt
qu'à l'égard de la police.
M. SEGUIN: Cela viendra.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Portneuf.
M. DROLET: J'étais à me demander s'il n'y aurait pas un
filibuster de la part de certains membres du gouvernement. En ce qui nous
concerne, le filibuster ne sera pas très long. Nous avions, lors de
l'étude de ce projet de loi 281, donné notre accord lorsque nous
avons voté ce projet de loi en décembre l'année
dernière. Lorsque nous avons rencontré M. Marcil, le ministre
nous avait dit qu'il apporterait avant la période des Fêtes
certains amendements pour améliorer ce projet de loi 281. Nous avons eu
ce bill devant nous, nous en avons pris connaissance et, dans l'ensemble, ce
bill est acceptable. Le seul point soulevé tout à l'heure
était à l'article 5 concernant cette fameuse subvention, mais je
me rends compte en le relisant qu'il ne s'agit que d'une recommandation. Le
ministre ne promet pas de donner une subvention. Mais, chose que je trouve
assez curieuse, tous les députés qui m'ont
précédé, qui ont pris la parole et qui voient un genre de
fiasco dans cette communauté urbaine, ont tous pris la précaution
de dire: que le député de Laurier reste assis tranquille, il
parlera à son tour. Nous ne savons qui blâmer, nous ne
blâmons pas le ministre, nous ne blâmons pas l'ancien ministre,
nous ne blâmons pas le gouvernement, nous ne blâmons pas l'ancien
gouvernement. Moi, je blâme ceux qui ont décidé de former
ces monstres que sont les communautés urbaines...
M. MARCHAND: Il était temps que cela se fasse.
M. DROLET: ... que sont les régionales, que sont toutes ces
grosses patentes. Aujourd'hui, le gouvernement a ce qu'il mérite, parce
que celles-ci sont prises dans des patentes et ne savent absolument plus ou
elles vont.
M. MARCHAND: Nous sommes assez hommes pour prendre nos
responsabilités.
M. DROLET: Fermez-vous donc. C'est tout un marchand de bonheur. Qu'il
retourne au café.
M. MARCHAND: Nous sommes assez hommes pour prendre nos
responsabilités.
M. DROLET: Restez assis tranquille et continuez à conseiller le
ministre, cela va bien aller. Je suis même d'accord avec le
député de Robert-Baldwin lorsqu'il dit qu'une enquête
publique devrait avoir lieu sur les dépenses extravagantes de toutes ces
communautés urbaines, de tous ces monstres en réalité que
sont ces communautés urbaines et où la majorité des gens
ne savent pas où ils vont dans ces grosses patentes. On ne sait qui
blâmer. On ne blâme personne. Qu'on blâme tout simplement
ceux qui ont organisé des patentes semblables, ces monstres
gigantesques. C'est incroyable de voir jusqu'à quel point on veut aller
aujourd'hui.
Les recommandations de ce projet de loi 86 sont acceptables, mais il
reste qu'à l'article 5, j'espère comme l'a dit le
député de Robert-Baldwin, que le gouvernement n'ira pas
aveuglément dans la dépense des fonds publics tirer $5 millions,
$6 millions, $7 millions pour essayer de couvrir des dépenses sans
savoir où cet argent va.
En ce qui nous concerne, M. le Président, le projet de loi no 86,
où il y a beaucoup d'amélioration comparativement au projet de
loi 281, est acceptable. Et quant à l'article 5, j'invite le ministre
à la prudence.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais d'abord offrir mes
sympathies pour l'hypothèque dont le ministre a hérité
durant quelques instants lorsqu'il a eu comme compagnon de pupitre le
député de Laurier.
M. VEILLEUX: Règlement!
UNE VOIX: Ce n'était pas mieux quand vous aviez le
député de Labelle.
M. PAUL: M. le Président, ceux qui crient le plus fort auraient
dû assister à toutes nos délibérations, plutôt
que de crier, de s'ameuter, d'écouter les interventions.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, j'invoque le
règlement. Je ne crie pas, je ne beugle pas, je dis au
député de Maskinongé qu'au lieu d'attaquer bassement un
député qui s'est absenté pendant quelques minutes, qu'il
attende son tour. Il y en a de son côté, de ses collègues,
qui n'ont pas d'exemple à donner sur leur conduite en Chambre et
spécialement dans d'autres domaines. Nous n'avons pas de leçon
à prendre de vous autres.
M. PAUL: M. le Président, j'ai l'impression d'avoir
assisté à la pièce "La zoune", en trois actes. Premier
acte.
M. HARVEY (Jonquière): La mienne c'est pour ma femme.
M. PAUL: M. le Président, je ne comprends pas mon bon ami le
ministre, je ne l'ai aucunement provoqué, absolument pas...
M. HARVEY (Jonquière): Sournoisement, comme d'habitude.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. PAUL: M. le Président, vous ne me donnerez pas de directive.
Vous n'êtes pas intervenu quand on a vu la comédie qui s'est
déroulée, ce soir; vous avez toléré parce que
c'étaient des députés qui siégeaient à votre
droite.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! On n'insulte pas le président
en lui disant que ses décision sont motivées par la partisanerie.
Je suis ici comme président de la Chambre et non comme
représentant d'un parti.
M. CARON: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
député de Maskinongé, si c'est de la comédie, qu'il
mentionne les noms. Quant aux propos que j'ai tenus, ce n'est pas de la
comédie, c'est de la réalité.
M. PAUL: M. le Président, d'abord je dois vous signaler que j'ai
toujours beaucoup de respect pour la présidence. J'aime ça quand
elle est vaillante, quand elle est éveillée, qu'elle est
agissante, active et surtout quand elle respecte les dispositions de l'article
40 de notre règlement. Et, comme vous ne semblez pas vouloir le mettre
en pratique trop souvent, je vous inviterais a le lire ce soir avant de vous
endormir.
Pour ce qui est de la question posée par mon honorable ami le
député de Verdun, je le félicite, il a fait une
intervention intelligente et à propos. Je veux également
féliciter l'honorable député de Robert-Baldwin parce que
ceux qui ont vécu la présentation du projet de loi 75 se
rappelleront qu'il avait tenu à cette époque les mêmes
propos que ceux qu'il a tenus aujourd'hui. C'est un homme d'une seule
pièce, d'un franc parler, d'une expérience d'administration
municipale remarquable, à un tel point qu'on a même menacé
de le mettre en tutelle, dans le cours de l'été.
Le député de Robert-Baldwin, ce soir, nous a tenu des
propos qui dénotent peut-être une certaine lacune dans
l'administration de la police sur le territoire de la Communauté urbaine
de Montréal. Je ne porte pas de jugement sur ce problème. Je
voudrais cependant rappeler à l'honorable député de
Robert-Baldwin que les prévisions que l'on a pu faire en 1969, à
l'occasion de la présentation du projet de loi 75, ne se sont
peut-être pas révélées exactes en raison de certains
réajustements de salaire qui s'imposaient à l'endroit de
policiers que l'on a intégrés dans le corps de police de la ville
de Montréal. Il est égaglement possible que l'on n'ait pas
prévu tous les besoins administratifs requis pour que le conseil de la
sécurité exécute toutes les tâches qui lui sont
confiées en vertu...
M. SEGUIN: Est-ce que le député de Maskinongé me
permettrait un commentaire? Je sais qu'il y a des dépenses de
majorées. Mais les estimations du président d'alors. M. Saulnier,
étaient de $48 millions. Elles ont été
réajustées par le ministre d'alors à $53 millions pour la
première année, $55 millions pour la deuxième, en tenant
compte des ajustements de salaire. Mais nous avons passé à $84
millions et aujourd'hui à $97 millions, en deux ans. Les policiers de
Montréal n'ont même pas un renouvellement de cravates, ils n'ont
pas de chemises, ils n'ont pas de souliers. Je voudrais quand même faire
remarquer qu'il ne s'agit pas d'ajustements en ce qui concerne l'habillement de
ces gens. C'est justement une des plaintes que les policiers de Montréal
pourraient faire. Je dis Montréal, parce que naturellement je suis
orienté vers Montréal; mais c'est la communauté urbaine
qu'il faudrait dire. Il ne faudrait pas penser qu'il y a un surcroît de
ce côté. Ce sont $97 millions et ma question est : Où
est-ce que ces $97 millions vont? Et pourquoi?
M. PAUL: M. le Président, je n'ai pas reproché à
l'honorable député de Robert-Baldwin d'avoir traité de
cette question, je l'en ai félicité. Il ne faut pas oublier, d'un
autre côté, que des conventions collectives ont été
renouvelées. Il était normal que ces conventions collectives
appellent une augmentation de salaire méritée à l'endroit
de ceux qui se dévouent pour la protection de la vie et de la
propriété des citoyens. Tel n'est pas là, M. le
Président, nous ne sommes pas appelés à faire l'analyse de
toutes les activités de la Communauté urbaine de Montréal
et, spécialement, du service de police de ladite communauté.
Le ministre nous demande d'apporter certains amendements au chapitre 93
de la Loi de la Communauté urbaine de Montréal. Le tout, à
la lumière de l'expérience vécue par suite de l'adoption
de la loi 281 que nous avions étudiée â la même
époque, l'an dernier. Le ministre nous dit donc, comme soutien à
sa loi, que le fonds de pension des forces policières de la
Communauté urbaine de Montréal devrait être
transféré. C'est un excellent objectif à atteindre. Le
ministre nous dit qu'il y a eu certaines surprises à la suite de
l'intégration des différents corps de police par la commission de
police de Québec et qu'il faut corriger les conséquences d'une
telle intégration. Il va de soi que c'est une mesure nécessaire
dans les circonstances. Il faut également se réjouir que le
projet de loi empêchera des rétrogradations dans certains postes
sans qu'il y ait nécessairement une diminution de salaire. Le ministre,
dans son projet de loi, nous avise qu'éventuellement, il y aura
peut-être versement d'une subvention de $3 par habitant au conseil de
sécurité de la ville de Montréal. Excellente mesure. Je
félicite le ministre de vouloir ainsi soulager le contribuable du
territoire de la communauté urbaine ou de l'aider dans les charges
administratives que représente cette force policière qui est la
plus nombreuse du Canada. Elle est même supérieure à la
force policière de la Sûreté du Québec. D'un autre
côté, je retiens l'invitation qu'a faite le député
de Robert-Baldwin au ministre de la Justice, quant à la direction de
cette subvention de l'ordre d'environ $5 millions à $6 millions. Je vous
dis que nous n'avions pas raison de faire une lutte aussi vive à
l'endroit du ministre ou de nous révolter contre la présentation
de cette loi. Je me surprends à constater que c'est encore l'Opposition
qui comprend la logique de cette loi, qui vole au secours du ministre de la
Justice. Quant à nous, M. le Président, nous comprenons le
rôle du conseil de sécurité de la police de
Montréal. Nous rendons hommage à l'exécutif de la
Fraternité des policiers de Montréal et à tous les membres
de la force policière de la Communauté urbaine de
Montréal. Je suis certain que les mesures que le ministre de la Justice
nous demande d'adopter s'imposent et je l'inviterais à faire les
pressions nécessaires auprès du ministre des Finances pour
tâcher d'obtenir de lui, non seulement $3 de subvention, mais davantage
si possible. Dans les circonstances, M. le Président, nous avons
l'intention d'appuyer le ministre et, à la lumière des
renseignements qui nous ont été donnés, après en
avoir discuté avec mon collègue, le député de
Maisonneuve, qui connaît parfaitement le problème, qui
connaît toutes les implications de cette loi, spécialement dans
les relations de travail du conseil de la sécurité...
M. CHOQUETTE: Tout ce que vous dites, mot à mot...
M. PAUL: Si je ne le dis pas, s'il le suit mot à mot, il aura
sûrement l'avantage de le lire. Ce qui importe, M. le Président,
c'est que le silence est parfois le plus bel appui que l'on puisse donner
à un projet de loi. C'est pourquoi je me tais.
M. LAVOIE (Laval): Est-ce que je pourrais poser une question à
l'honorable député de Maskinongé?
M. PAUL: Certainement, Excellence.
M. LAVOIE (Laval): Ne croyez-vous pas que vous devriez ne pas trop
élever la voix?
M. PAUL: Oui! Alors, dans les circonstances, je propose que notre
travail soit terminé en commission et que vous fassiez rapport pour
bientôt constater qu'il est minuit.
M. SEGUIN: M. le Président, j'ai d'autres commentaires. Je
constate qu'il est minuit. Il y a une proposition de faite par le leader de
l'Opposition officielle mais, d'un autre côté, je ne crois pas
qu'il soit de l'intérêt de la Chambre d'interrompre le
débat qui se déroule autour de ce projet de loi. Il n'est pas
question de vote, nous sommes en commission. Alors pleine liberté
à celui qui voudra s'exprimer. Je demande simplement, s'il est minuit,
qu'on continue les travaux demain, à moins qu'on veuille continuer, et
je suis prêt.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le député de Maskinongé
accepterait qu'on termine ce projet de loi?
M. PAUL: Si l'honorable député de Robert-Baldwin peut nous
donner une idée de la longueur de son intervention, ça nous
permettra peut-être... Il ne faut pas oublier que nous avons eu une nuit
assez dure, la nuit dernière.
M. SEGUIN: C'est en reconnaissance de la longue nuit dernière que
je conseille, M. le Président, que nous ajournions, tel que
proposé par...
M. PAUL: Je ne propose rien.
M. SEGUIN : Non, vous ne proposez rien, mais...
M. PAUL : S'il y en a un qui est prêt à collaborer avec
vous, c'est moi, M. le Président.
M. SEGUIN: De toute façon, M. le Président, je dis tout
simplement, et je veux que ce soit enregistré, que j'ai encore des
commentaires à faire. Maintenant, si la loi m'empêche de faire des
commentaires, ça ira à demain.
M. LEVESQUE: Est-ce que le député ne peut pas les faire ce
soir pour qu'on termine?
M. SEGUIN: Mais, mon Dieu, vous allez être ici longtemps. S'il
fallait que je commence à parler du maire Drapeau, c'est mon premier
sujet, ça va être long. Vous êtes aussi bien d'attendre
à demain.
M. CHOQUETTE : Est-ce que vous voulez une période de
préparation, demain, pour aborder ces sujets?
M. SEGUIN : Quand on vit quelque chose, on n'a pas besoin de
préparation. La préparation, en ce qui concerne la
communauté urbaine et ses problèmes, je n'en ai pas besoin. Je ne
suis pas d'un comté rural, je suis d'un comté du milieu
métropolitain.
M. CHOQUETTE: M. le Président, si la Chambre acceptait, nous
pourrions entendre le député de Baldwin nous dire ce qu'il a
à dire, parce que je crois qu'il a beaucoup à dire.
M. SEGUIN: Non, je regrette. M. le Président, le règlement
veut qu'on termine à minuit, nous ne sommes pas au milieu d'un vote.
Qu'on demande l'ajournement de la Chambre, et je continuerai demain. En 1969,
j'étais d'accord pour le blanchissoir. Maintenant, je ne suis pas
d'accord avec le pinceau. Cela va marcher jusqu'au bout.
M. GAGNON: La salle de lecture.
M. PAUL: Est-ce que M. le leader aurait des nouvelles à nous
communiquer au sujet de son travail en commission parlementaire de
l'Assemblée nationale? M. le Président, on semble
égaré de part et d'autre. Je voudrais poser ma question à
l'honorable leader. Est-ce que l'honorable leader peut nous dire si on peut
faire rapport de l'état de la question, à la suite des
délibérations qu'il a tenues dans un autre endroit, concernant le
bill 87?
M. LEVESQUE: Oui, M. le Président. J'arrive de la commission
parlementaire de l'Assemblée nationale et, il y a quelques instants, on
progressait d'une façon assez évidente.
Je croyais que nous pourrions terminer le projet de loi sur la
communauté urbaine. Nous aurions eu sans doute le temps de faire
rapport. Peut-être, pendant que je parle, que les choses se terminent en
bas, à la salle 81.
Si on veut faire rapport ce soir, il faudra attendre quelques
instants.
M. PAUL: Mais, on ne sait jamais, une tempête peut
éclater.
M. LEVESQUE: Est-ce que je puis avoir le consentement de la Chambre pour
deux minutes? M. Drolet pourrait descendre voir.
M. DROLET: Drolet est ici. M. LEVESQUE: L'autre.
LE PRESIDENT: Avons-nous le consentement unanime pour siéger
après minuit?
DES VOIX: Oui.
M. PAUL: M. le Président, je ne voudrais pas
que cela soit à la discrétion du leader du
gouvernement.
M. LEVESQUE: Pas du tout.
LE PRESIDENT: Il s'agit de la Loi prolongeant et modifiant la loi pour
favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires.
M. SEGUIN: Il n'est pas question...
LE PRESIDENT: Je suis ici le grand protecteur de la minorité.
Projet de loi no 83 Deuxième lecture
Commission plénière et troisième
lecture
M. SEGUIN: Je le reconnais, d'ailleurs.
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la justice propose la
deuxième lecture de la loi prolongeant et modifiant la loi pour
favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires.
M. PAUL: Si le ministre peut nous assurer que l'année 1973 suit
l'année 1972, je suis prêt à consentir personnellement
à la deuxième lecture, aux inscriptions nécessaires et
à la troisième lecture du projet de loi, considérant que
le ministre ne pouvait pas faire autrement dans les circonstances, vu le
dépôt qu'il nous a fait d'un texte réimprimé ou
d'une nouvelle loi sur le code des loyers. Dans les circonstances, nous n'avons
aucune objection que cette loi soit adoptée.
LE PRESIDENT: Vous êtes d'accord, messieurs?
M. CHOQUETTE: J'ai un autre projet de loi.
LE PRESIDENT: Un instant. Cette motion de deuxième lecture
est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté. Inscriptions du comité. Adoption du
rapport. Troisième lecture du projet de loi 83 est-elle
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. PAUL: No 87.
M. CHOQUETTE: No 276.
Projet de loi no 276 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
deuxième lecture du projet de loi 276, Loi modifiant la loi sur les
loteries et courses.
M. PAUL: Je ne voudrais pas embarquer sur la piste ce soir. Cependant,
dans un geste de collaboration, je serais même prêt à
consentir qu'on fasse rapport sur le projet de loi 87, le travail étant
terminé.
M. LEVESQUE: Est-ce que le leader parlementaire de l'Opposition
officielle me permettrait de lui poser la question suivante: Est-ce qu'on
accepterait d'aller en commission parlementaire sur le bill des loteries et
courses...
M. DEMERS: Cette nuit?
M. LEVESQUE: ... et en faire rapport immédiatement, simplement
accepter d'aller en commission parlementaire.
M. PAUL: Alors, vous voudriez que la deuxième lecture de la loi
soit faite.
M. LEVESQUE: Oui.
M. PAUL: Il n'y a pas beaucoup de principe, il n'y en a pas, mais d'un
autre côté il faut aussi que nous mettions un frein. Il ne faut
pas oublier que nous avons été un jour bâillonnés,
et là je m'aperçois que nous fléchissons un peu trop vite.
Alors, qu'on prenne 87 et qu'on ne nous en demande pas plus pour ce soir.
LE PRESIDENT: Dans ce cas-ci, c'est l'ajournement du débat sur le
projet de loi 276 proposé par l'honorable ministre de la Justice.
M. PAUL: Pas pour ce soir.
Projet de loi no 87 (suite)
Rapport de la commission et troisième
lecture
M. PILOTE: M. le Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport
que la commission de l'Assemblée nationale a siégé et a
adopté le projet de loi 87 avec les amendements qu'elle vous prie
d'agréer.
M. DEMERS: C'est mutatis mutandis.
M. LEVESQUE: Très bien.
LE PRESIDENT: Est-ce que le rapport de cette commission,
considéré comme rapport
d'une commission pléniaire, est adopté avec les
amendements?
M. PAUL: Oui, M. le Président. M. DROLET : Adopté.
M. LEVESQUE: Je dépose le rapport du greffier en loi.
M. PAUL: Et après, M. le Président, ... troisième
lecture?
M. LEVESQUE: Est-ce qu'on est prêt à la troisième
lecture? Merci.
LE PRESIDENT: Consentement unanime, c'est le projet de loi...
M. PAUL: Vous nous bâillonnerez...
LE PRESIDENT: Cette motion de troisième lecture du projet de loi
no 87 est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. DROLET: Adopté.
M. BOURASSA : Merci, M. le Président.
M. PAUL: Comment, c'est vous qui avez hérité de
l'hypothèque?
M. BOURASSA: C'est un projet de loi important, c'est une autre
réforme électorale importante qu'on vous fait adopter.
LE PRESIDENT: A l'ordre. Le prochain débat se passera chez le
lieutenant-gouverneur.
M. LEVESQUE: M. le Président, je n'ai pas besoin de donner le
menu pour demain, on sait très bien ce qui reste au menu, incluant la
motion de censure. Alors, je propose l'ajournement de la Chambre à ce
matin 10 heures.
LE PRESIDENT: L'Assemblée ajourne ses travaux à ce matin
10 heures.
(Fin de la séance à 0 h 13)
ANNEXE
Question de M. Latulippe 1. Y a-t-il eu formation d'un
comité fédéral-provincial pour décider de la
formule d'aide et des critères d'éligibilité concernant le
"Programme d'aide aux agriculteurs, victimes des pluies"? 2. Quels sont les nom
et fonction des personnes qui ont fait partie de ce comité? 3. Quels ont
été (le) ou les critères de sélection retenus pour
décider que tel comté serait ou ne serait pas dans la zone
désignée, c'est-à-dire eligible aux avantages des
programmes d'aide? 4. Les critères de sélection tenaient-ils
compte de la valeur qualitative et quantitative de la récolte? 5. A-t-on
procédé à des échantillonnages ou inspection sur
les lieux, afin d'établir que tel comté serait éligible et
que tel autre ne le serait pas? 6. Combien de personnes ont été
visitées par comté? 7. Leur nom et adresse et le résultat
de l'expertise ou évaluation des pertes, dans chacun des cas, tant pour
les comtés retenus, ou non, comme zone désignée?
Réponse de M. Toupin 1. Oui. 2. MM. Olson, ministre de
l'Agriculture du Canada;
Williams, sous-ministre; Philips, conseiller;
Le ministre de l'Agriculture de l'Ontario et ses représentants;
Le ministre de l'Agriculture du Québec; Gaétan Lussier,
sous-ministre; Jean-Claude Simoneau, sous-ministre adjoint; Camille G. Moreau,
président de l'Office du Crédit Agricole; Hubert Melanson,
directeur général des bureaux et laboratoires régionaux.
En deuxième réunion, afin d'étudier les modalités
et les critères de paiement : MM. Philips, du gouvernement
fédéral; Lousley, son adjoint;
Des représentants et conseillers de l'assurance récolte
fédérale; Des représentants de l'Ontario;
J.-Claude Simoneau, sous-ministre adjoint, Québec;
Camille G. Moreau, président de l'Office du Crédit
agricole;
Hubert Melanson, directeur général des bureaux et
laboratoires régionaux.
3. En premier lieu le degré de précipitation, la crue des
eaux, le climat et l'intensité des dommages encourus. 4. Oui, dans
toutes les zones désignées. 5. Oui. 6. L'enquète a
été demandée pour toutes les régions et tous les
comtés du Québec sans exception. 7. Tous les réclamants de
l'assurance-récolte plus un nombre au moins équivalent d'autres
agriculteurs dans les productions de grande culture. Pour les productions
horticoles, suivant les comtés, 60 p.c. à 90 p.c. des
agriculteurs. 8. Il serait trop long et trop coûteux de fournir ces
renseignements ici.
Question de M. Simard (Témiscouata) 1. Un poste d'accueil
sera-t-il construit cette année à l'entrée sud
(Québec) du Parc des Laurentides? 2. Les plans et devis ont-ils
été complétés? 3. Depuis quand et par qui? 4. Quel
est l'estimé du coût des travaux? 5. Quand doivent-ils
débuter? 6. Quel est le nom de l'entrepreneur?
Réponse de M. Simard (Richelieu) 1. Oui, avant le 31 mars
1973, si les conditions le permettent. 2. Oui. 3. Depuis le 20 novembre 1972,
par M. Roland Champagne, jr., architecte. 4. Estimation non établie,
à date. 5. Dans les semaines suivant la demande de soumissions
publiques. 6. Sera connu après l'ouverture des soumissions
publiques.
Question de M. Cloutier (Montmagny ) 1. Depuis le 1er avril 1971
jusqu'à ce jour, le ministère des Finances a-t-il
contracté des emprunts; a) de la Commission des Accidents du travail; b)
de l'Hydro-Québec; c) de la Société des alcools du
Québec; d) de toutes autres régies, commissions ou corporations
relevant du gouvernement de la province? 2. Dans l'affirmative, à quelle
date et pour quel montant dans chaque cas? 3. Ces emprunts ont-ils
été remboursés depuis, et à quelles dates?
Réponse de M. Garneau 1. a) non b) oui c) non d) oui 2.
Emprunts à court terme de l'Hydro-Québec 5 août 1971
$10,000,000. 7 sept. " 5,000,000. 15 sept. " 10,000,000. Emprunts à
court terme de la Caisse de dépôt et placement du Québec
7avril 1971 $10,000,000. 8avril " 5,000,000. 7 mai " 10,000,000. 4août "
10,000,000. 7sept. " 5,000,000. 8sept. " 5,000,000. 9sept. " 5,000,000. 14
sept. " 4,500,000. 5oct. " 50,000,000. lO nov. " 10,000,000. 6déc. "
5,000,000. 7déc. " 5,000,000. 9 déc. " 20,000,000.
3. Oui.
Hydro-Québec 16 août 1971 $10,000,000. 16 sept. "
5,000,000. 20 sept. " 10,000,000. Caisse de dépôt et de placement
du Québec 16avril 1971 $ 5,000,000. 20avril " 10,000,000. 17mai "
10,000,000. 16 août " 10,000,000. 16 sept. " 5,000,000. 16 sept. "
5,000,000. 21sept. " 4,500,000. 22sept. " 5,000,000. 12 oct. " 50,000,000. 15
déc. " 10,000,000. 15 déc. " 5,000,000. 15 déc. "
5,000,000. 15 mars 1972 20,000,000.
Question de M. Tremblay (Chicoutimi) 1. Le gouvernement du
Québec a-t-il autorisé aucun de ses membres ou fonctionnaires ou
tout autre agent à amorcer ou conclure une transaction visant à
l'achat de la Maison Montmorency, propriété des Pères
Dominicains, depuis le 1er avril 1972? 2. Dans l'affirmative: a) lesquels; b)
à quelle date? 3. Quelle utilisation est projetée de cet immeuble
et des terrains environnants?
Réponse de M. Bourassa 1. Le gouvernement du Québec
n'a autorisé aucun de ses membres ou fonctionnaires ou tout autre agent
à amorcer ou conclure une transaction visant à l'achat de la
maison Montmorency, propriété des Pères Dominicains. Par
contre, le ministère des Travaux publics a reçu du Conseil des
Ministres le mandat d'étudier la possibilité pour le Gouvernement
d'acquérir la Maison Montmorency en vue d'en faire un centre de
perfectionnement pour les fonctionnaires. 2. Le Service d'Etudes et
planification-Immeubles du ministère des Travaux publics a, suite
à ce mandat, présenté un rapport exhaustif au ministre des
Travaux publics. Le secrétariat du Conseil du Trésor, suite
à ce rapport, a aussi demandé au ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche de faire valoir son point de vue quant à
l'acquisition éventuelle du domaine des Pères Dominicains. 3. Il
existe deux possibilités, c'est-à-dire son utilisation comme
centre de perfectionnement pour les fonctionnaires ou son utilisation comme
zone verte dans la prolongation du Parc Montmorency.
Question de M. Simard (Témiscouata) 1. Existe-t-il des
projets d'implantation de parcs dans la région de la Chaudière et
dans le comté de Témiscouata? 2. Le ministère responsable
se propose-t-il de réaliser ces parcs et, si oui, quand? 3. Quelles sont
les raisons qui en empêchent l'accomplissement immédiat? 4. Le
gouvernement fédéral a-t-il approuvé un ou l'autre de ces
parcs? 5. Quelles sont ses conditions? 6. Quelle sera sa contribution?
Réponse de M. Simard (Richelieu) 1. a) Le ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche n'a aucun projet immédiat
pour la région de la Chaudière; b) Il existe un projet
immédiat d'aménagement d'une étape touristique dans le
comté de Témiscouata.
2. Le projet "Témiscouata" est inscrit au budget 1973-1974 de
l'Office de Développement de l'Est du Québec (ODEQ) pour le
Ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. 3.
L'affectation et l'adoption des crédits budgétaires
nécessaires à son exécution. 4. Le projet de
l'étape touristique dans le comté de Témiscouata est
prévu selon l'Entente Fédérale-Provinciale (ODEQ)
responsable de tels programmes et sera considéré pour approbation
par l'autorité fédérale lors de la présentation de
l'enveloppe budgétaire. 5. En vertu de l'Entente
Fédérale-Provinciale F.O.D.E.R., (Fonds de Développement
Régional). 6. Participation fédérale: 75 p.c. provinciale:
25 p.c.
Question de M. Gauthier 1. Combien de réunions ont
été tenues par le comité formé pour l'étude
de la mise en marché du mais-grain au Québec, depuis sa formation
en avril 1972? 2. Un rapport a-t-il été présenté
sur le projet d'un plan conjoint déjà déposé
à la Régie des marchés agricoles? 3. Quel rôle exact
a été confié à ce comité dans le domaine de
la mise en marché des cultures industrielles.
Réponse de M. Toupin 1. 7 réunions. 2. Le
comité a étudié le projet de plan conjoint
déposé à la Régie des Marchés agricoles. Des
suggestions d'amendement ont été proposées aux promoteurs
du plan. Un projet reformulé devient alors partie intégrante du
rapport final du comité qui sera déposé à la
Régie des Marchés agricoles à la fin de son mandat. 3. Le
comité formé ne concerne que le mais-grain. Après avoir
étudié le projet de plan conjoint déposé à
la Régie des marchés agricoles, le comité formulera aussi
des suggestions aux parties concernées qui régiront leurs
relations.
Question de M. Béland 1. Depuis quand l'Office des autoroutes
existe-t-il? 2. Qui fut nommé vérificateur de l'Office des
autoroutes par l'arrêté en conseil 2293 du 10 juin 1970 et quelle
était sa rémunération? 3. Quelle fonction
exerçait-il auparavant? 4. Qui fut nommé vérificateur en
1971? 5. Comment se fait-il qu'il n'y ait pas eu de vérification
à l'Office entre 1957 et 1960? 6. En vertu de quoi, l'Auditeur a-t-il un
représentant à l'Office?
Réponse de M. Pinard 1. L'Office de l'autoroute
MONTREAL-LAURENTIDE du 21 février 1957 au 24 mai 1961, et L'OFFICE DES
AUTOROUTES DU QUEBEC à compter du 25 mai 1961. 2. Maheu, Noël,
Anderson, Valiquette & Associés, comptables agréés de
Montréal, rémunération pour l'année 1970:
$15,052.06. 3. L'étude Maheu, Noël, Anderson, Valiquette &
Associés était et est encore un bureau de comptables
agréés de Montréal. 4. L'étude Maheux, Noël,
Anderson, Valiquette & Associés a été nommé
vérificateur de l'Office des autoroutes du Québec par
Arrêté en conseil no 2293 du 10 juin 1970 et est demeuré
vérificateur en 1971. 5. L'étude Maheu, Noël & Cie,
comptables agréés de Montréal nommé
vérificateur de l'Office Montréal-Laurentide par
Arrêté en conseil no 1261 du 18 mai 1961 a fait la
vérification des livres de l'Office de 1957 à 1960. 6. Le
vérificateur général (Auditor General) du gouvernement n'a
pas de représentant à l'Office des autoroutes.
Question de M. Béland 1. Combien de magasins la
Société des alcools exploite-t-elle? a) de ce nombre, combien
sont locataires et combien sont propriétaires; b) combien parmi ceux-ci
sont des magasins libre-service; c) est-il plus économique pour la
Société de louer ou d'être propriétaire de ses
magasins?
Réponse de M. Garneau
1. Au 1er décembre 1972: 241 magasins a) Locataires: 237
Propriétaire: 1 Exploités à même nos
édifices: 3 b) Libre-service: 55 c) Comme la plupart des entreprises
commerciales qui opèrent actuellement un grand réseau de
distribution constitué de plusieurs points de vente, il est
estimé que du point de vue économique comme du point de vue
commercial, de façon générale, il est
préférable de louer plutôt que de posséder des
succursales.
La mobilité de la population, la popularité des centres
commerciaux sont parmi les facteurs qui incitent entre autres la
Société à rechercher la flexibilité que la location
à moyen terme peut offrir.
Question de M. Simard (Témiscouata) 1. Quel est le volume de bois
coupé dans la Seigneurie Nicolas Rioux, comté de Rimouski, depuis
deux ans sous l'autorité du Fonds de recherches de l'Université
Laval? 2. Qui est propriétaire de ce bois? 3. Par qui est-il vendu et
à qui a-t-il été vendu: a) à la suite d'appels
d'offres; b) après négociations? 4. Quel est le volume de bois
vendu à chacun des acheteurs et à quel prix?
Réponse de M. Drummond 1. 3,718,333 p.m.p. de bois de sciage,
2,330 cordes de bois à pâte. 2. Le gouvernement du Québec
était propriétaire des bois coupés par le Fonds de
recherches forestières de l'Université Laval, exception faite de
1,472,470 p.m.p. de bois de sciage exploités par J.E. Dionne, de
St-Mathieu, sous la direction de FRFUL, sur paiement des droits de coupe au
Ministère des Terres et Forêts. 3. Le bois a été
vendu par le Ministère des Terres et Forêts: a) 1,667 cordes
à la suite de soumissions; b) 2,245,863 p.m.p. et 663 cordes
après négociations. 4. J.E.Dionne: 527,680 p.m.p. à $45.00
le mille p.m.p. M. Dionne: 9,109 p.m.p. à $40.00 le mille p.m.p. 35,882
p.m.p. à $50.00 le mille p.m.p. Industrie de Luceville: 777,673 p.m.p.
à $42.75 le mille p.m.p. 895,519 p.m.p. à $45.00 le mille p.m.p.
Fernand Caron: 663 cordes à $12.00 la corde.
J.P. Leblond: 1,667 cordes à $16.25 la corde.